Ue-Algérie : Les Femmes, Actrices Clés Du Changement Ue-Algérie : Les Femmes, Actrices Clés Du Changement
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CHANGEMENT DU CLÉS ACTRICES FEMMES, LES : UE-ALGÉRIE ©Farrah Laddi UE-ALGÉRIE : LES FEMMES, ACTRICES CLÉS DU CHANGEMENT Délégation de l’Union européenne en Algérie Domaine Benouadah, Rue du 11 Décembre 1960El Biar, Alger [email protected] ©Union européenne, 2020 La réutilisation est autorisée à condition que la source soit reconnue. La politique de réutilisation des documents de la Commission européenne est régie par la décision 2011/833/EU (OJ L 330, 14.12.2011, p. 39). Pour toute utilisation ou reproduction de photos ou autre matériel non soumis au droit d’auteur de l’Union européenne, veuillez demander l’autorisation directement aux détenteurs du droit d’auteur. Images : ©Union européenne sauf mention contraire Imprimé en Algérie S Introduction 4 DIVECO 2 : Entre les mailles des filets des ramendeuses de 6 Cherchell A Laghouat, la Kheïma des mille métiers redonne espoir aux artisanes 10 Développement de clusters dans les industries culturelles et créatives dans le sud de la Méditerranée 14 Les « Entrepreneurs Verts » de SwitchMed : un incubateur à suc- cess stories 16 Promouvoir la culture du vivre-ensemble 18 Sharek : Accompagner la dynamique jeunesse 20 Concours de photographies #EU4YOUth “Shoot & Share” Manal Benani, une lauréate aux talents multiples 24 Célébration en Algérie de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes 26 Calendrier 2020 : quand des artistes algériennes peignent l’univers des femmes 28 TABLE DES MATIERE TABLE 3 INTRODUCTION L’égalité homme/femme, enjeu capital de la coopération Algérie-Union européenne Agricultrices, enseignantes, étudiantes, cheffes d’entreprises, artistes, artisanes, militantes, les femmes algériennes sont présentes dans tous les secteurs et sur tous les fronts. Elles mènent un combat au quotidien pour consolider leurs droits et établir une réelle égalité entre les hommes et les femmes dans tous les domaines. Elles sont les actrices incontournables d’un profond changement sociétal et sont au cœur de nombreux projets de coopération entre l’Algérie et l’Union européenne. De par le monde, les défis auxquels font face les femmes sur le chemin de la parité, sont multiples. En effet, de tenaces inégalités perdurent malgré les efforts conjugués des gouvernements appuyés par des organisations nationales et internationales militant en faveur des droits des femmes. En Algérie, d’importantes avancées législatives ont été enregistrées durant la dernière décennie, notamment avec l’introduction d’un système de quotas aux assemblées élues, en 2012 et la pénalisation effective des violences faites aux femmes, en 2015. Toutefois, certains déséquilibres persistent, principalement relatifs à l’autonomisation financière des femmes et leur présence sur le marché du travail algérien. Alors qu’elles constituent un formidable potentiel humain, académique et économique, les femmes ne représentent, en effet, qu’un faible pourcentage sur l’ensemble de la population active. C’est dans ce contexte que l’Union européenne s’est engagée aux côtés des partenaires algériens - institutionnels, associatifs et professionnels - pour permettre à toutes les citoyennes un meilleur accès au travail à travers le renforcement de leurs compétences et la consolidation de leurs acquis. Par le biais de projets bilatéraux et régionaux incluant des sessions de formation, des campagnes d’information, des séminaires et des financements de jeunes entreprises, l’Union européenne œuvre en vue de rendre effective l’autonomisation de la femme en Algérie en lui donnant les moyens de devenir un maillon essentiel de l’économie nationale mais aussi en facilitant sa participation active à la prise de décision et le plein exercice de responsabilités à différentes échelles. 4 5 ©Nabila Berdjane DIVECO 2 : Entre les mailles des filets des ramendeuses de Cherchell Lancé en 2015, le Programme d’appui à la diversification de l’économie du secteur de la pêche (DIVECO 2) a pour objectif d’augmenter la diversification économique de l’Algérie à travers le développement durable et l’amélioration des performances économiques du secteur de la pêche. Le programme s’est articulé autour d’une série d’activités au profit des acteurs du secteur de la pêche et de l’aquaculture portant sur le renforcement des organisations et groupements professionnels, le contrôle sanitaire, la gestion portuaire, la conchyliculture ou encore l’évaluation du cadre juridique national. Diveco 2 a permis de mettre en œuvre plusieurs missions d’appui dans des domaines très précis dont le ramendage. « La formation des ramendeuses a été initiée au terme d’un diagnostic sur les activités de réparation des filets. Des experts du Programme ont mené une étude socioéconomique sur ce métier spécifique dans 28 ports et abris de pêche», explique Nadia Bouhafs, Directrice Nationale du Programme Diveco 2. L’étude a soulevé la question du renouvellement de la profession et la nécessité de mettre en œuvre un programme de formation. « Disposant d’une école de pêche et d’un port important, Cherchell a été choisie comme région-pilote pour le lancement de cette formation. Le métier de ramendeur est essentiellement masculin, mais l’opportunité de former des femmes a pu se concrétiser car il y avait une réelle demande. L’idée était de transmettre ce métier en formant des ramendeuses qui deviendraient à leur tour formatrices », ajoute Nadia Bouhafs. « Mouiller les bottes… » Karima Daïkhi est fière de ses mains rugueuses. Cette mère de famille de 53 ans passe la grosse aiguille plate entre les mailles du filet, fait un nœud et coupe le fil d’un coup sec. Sourire aux lèvres, elle reproduit machinalement ce geste sous le regard de Bouchra Salah, enseignante à l’Ecole de formation technique de la pêche et de l’aquaculture de Cherchell. Karima est ramendeuse. Elle fait partie d’une trentaine de femmes de la région qui maîtrisent les techniques de réparation des filets de pêche. Sa vie, marquée par des épisodes tragiques, est intimement liée à la mer. « Mon mari possédait un chalutier à Cherchell. Il a été assassiné durant la décennie noire par des terroristes en 1994. D’ailleurs je ne sais toujours pas comment j’ai échappé à la mort ce jour-là », raconte-t-elle. Du jour au lendemain, la vie de Karima et de ses enfants a basculé. La jeune mère de famille qui n’avait jamais travaillé auparavant a dû se retrousser les manches et multiplié les petits boulots pour nourrir ses enfants. Un« jour, je suis allée voir la famille de mon époux pour demander la part mensuelle de la pêche qui revient de droit à nos enfants. Ses frères ont refusé. Ils m’ont juste dit : « Celui qui veut manger du poisson doit mouiller ses bottes ». 6 Les prenant au mot, Karima s’est lancé un défi : devenir marin-pêcheur. « En 2006, je me suis présentée avec l’aîné de mes enfants à l’Ecole de pêche. J’ai raconté mon histoire et on m’a autorisé à suivre une formation de matelot ». La mère et le fils ont réussi, avec brio, à décrocher leur fascicule, précieux sésame qui leur permet de prendre la mer à bord d’un bateau de pêche. Karima est revenue à l’école en 2016 pour suivre la formation de ramendage initiée dans le cadre du programme d’Appui à la diversification de l’économie du secteur de la pêche et de l’aquaculture (Diveco 2). Mes enfants ont aujourd’hui leur propre bateau, « un espadonnier » comme on l’appelle ici. Quant à moi, je m’occupe de la réparation des filets. Je reste persuadée qu’il est possible, pour nous, les femmes, de bien gagner notre vie en pratiquant cette activité très lucrative à plein temps, souligne Karima. Féminisation de l’activité Wahid Salah, directeur l’Ecole de formation technique de la pêche et de l’aquaculture de Cherchell a activement participé à l’implication des femmes dans ce programme de formation. « Par le passé, c’était l’épouse du pêcheur qui réparait le filet lorsqu’il revenait de la mer. Mais cela se faisait dans un cadre familial. En Algérie, le ramendage se pratique encore de manière traditionnelle, sur les quais. Le port reste un lieu masculin, mais il est possible d’aménager des espaces afin de permettre aux ramendeuses de travailler sans être gênées » précise-t-il. Véritable professionnel de la pêche, Wahid Salah croit en la féminisation de l’activité de réparation des filets. «Le développement du secteur de la pêche passe par la professionnalisation de l’activité de ramendage. Il ne suffit pas de faire des nœuds pour réparer ces outils de pêche. Encore faut-il maîtriser certaines techniques pour qu’ils restent efficaces même après réparation. Les femmes sont, généralement, patientes et consciencieuses et ce sont là les deux qualités essentielles du ramendeur ». Une expérience fructueuse Le ramendage, Malika Salhi souhaite en faire son métier. Couturière de formation, elle encourage ses amies qui ont suivi la formation à créer une coopérative de ramendeuses. « Grâce à Diveco 2, nous avons été formées à la création et la gestion d’entreprises. L’idéal serait, à ce stade, de nous regrouper et de créer une coopérative. Nous pourrions ainsi mettre à profit nos connaissances et offrir des services de qualité aux pêcheurs de la région. La demande est très importante. Certains patrons de pêche viennent de très loin pour réparer leurs filets car la main d’œuvre est inexistante dans leur région ». 7 Nadjet Belhoundja soutient, elle aussi, l’idée de la création d’une coopérative de ramendage.C’est « un projet rentable mais nous n’avons pas les moyens de le mettre sur les rails. L’idéal serait d’avoir un atelier à proximité du port pour y travailler entre femmes. Pour y parvenir, nous devons nous unir et faire preuve d’engagement. Ce n’est pas évident car nous sommes des femmes au foyer et n’avons pas d’expérience en matière d’entreprenariat», reconnaît Nadjet.