Villa Vauban

L'exposition rétrospective Jean Schaack (1895-1959) Poursuivant à la Villa Vauban le oriente des Basis") qui Schaack, „peut-être cycle grandes rétrospectives sous l'inspiration lointaine de Cézanne" luxem-bourgeoises,la Ville a commémoré, au (Jean Probst): la citadelle de Corté, celle début de cette année, le 25e anniversaire de Calvi, exposée à. la Villa Vauban, de la mort de Jean Schaack, professeur deux grandes compositions louangées de dessin et artiste Né à Walfer- peintre. entre autres par le chroniqueur Léon non loin dange-Helmsange, de Thyes. De 1933, une vue de Munshau- Schaack sera l'Alzette, l'„interprète" de sen, typique par la stricte composition, ce cours et ses d'eau de sinuosités à la distribution contrastée des lumières et tra-versle Gutland. — des études Après des ombres, l'éclat du coloris. Aux yeux artistiques à Strasbourg et à. , d'une certaine critique, cependant, la jusqu'en 1920, il entame une carrière aurait commencé: d'artiste dégringolade indépendant ponctuée de „Schaack und Rabinger haben ihre Ver- séjours à. l'étranger; en 1929, il entre sprechen keineswegs gehalten, sie sind dans Il est mort à la l'enseignement. im Gegenteil von Jahr zu Jahr ärmer veille de sa retraite. und schlechter La geworden" (Joseph- rétrospective regroupait, Emile Muller dans le Tageblatt du 7 côté de dessins, d'affiches et décembre 1935). La rétrospective d'illustra-tions,plus de cent huiles de 1914 à 1951, amène Lucien Kayser à tirer la même de rendre de susceptibles compte conclusion: „. . . quelle tristesse si l'on l'oeu-vreconsidérable et diversifié d'un artiste se rappelle d'où le peintre était parti. excellait tant dans la de qui peinture Autoportrait (. .) Le cas Schaack fait penser à ces de ou paysages que portraits créateurs, et il s'en trouve jusque chez d'autopor-traits,de nus, de natures de mortes, les plus grands, qui, comme saisis fleurs . . . d'effroi devant leur propre nouveauté, Schaack a débuté dans le sillage s'en détournent et retombent dans les de l'impressionnisme. En 1919, il sentiers battus" ( d'Letzeburger Land découvre Cézanne, Van Gogh, Matisse: du 17 février 1984). la manière du visionnaire Van Gogh, C'est d'autant l'émouvant l'arbre plus regrettable autoportrait (1919), que Nicolas Ries nous parle encore, en ruisselant de fleurs blanches, peint à. 1929, des de le grandes qualités Jean Berbourg (1921), paysage vibrant (la Schaack, de l'homme et du peintre, dont date de 1917 a cru déchiffrer sur le qu'on l'on aimerait percer un peu plus le tableau est-elle exacte?). De 1924 mys-tèreau delà de la nature réservée et 1925, à -la-Morte, tel un Hughes tour-mentéequi semble avoir été la sienne: Schaack étudie les Portrait gravé de Käthe Kollwitz, par Jean Viane, y Schaack Tai toujours été d'avis que, chefs-d'oeu-vredes il au bord (1929) Primitifs, peint des pour être un grandpeintre, il fallait être canaux: la très belle rue d'été (1924) quelque peu philosophe et poète offrira à son ami Nico Puis qu'il Klopp. certai-nement.Le peintre Schaack me semble l'extraordinaire éclosion d'une oeuvre être l'un et l'autre à la fois. coïncide avec la qui période Sa conception du monde est expression-niste,avec l'aventure de la Sécession: d'une austérité remarquable à son quelques toiles où Schaack tient le pas ima-ginationd'allure apocalyptique. Sa avec . Saint Sébastien - fan-taisiepuise à pleines mains dans les (1926), au regard tourné vers l'intérieur, ima-gescrépusculaires où s'est complu le le enchaîné les bras et de corps par percé génie de quelques-uns de ceux dont lumineux comme flèches, transfiguré. l'existence avait été aussipeu chargée de Effet de nuit une (1926), femme avec fleurs que la sienne. son enfant ne tient la qu'elle pas par Il aime le grotesque dramatique main, et un homme se tournent le dos, des danses macabres où s'évoquent les se dans des directions dirigent noms d'Holbein, d'Edgar Poë et de oppo-sées.une Enfant (1925), petite fille James Ensor. Rethel, Kollwitz, E. -Th. - affa-léesur sa à l'air chaise, chétif, malade, A. Hoffmann n'ont pas de secrets pour comme abandonné des et hommes des lui, mais à travers ces ressouvenances dieux. Autant d'expressions de solitude picturales, graphiques et littéraires, il ou d'incommunicabilité humaines. reste lui-même tout entier." (Nicolas Le voyage en Corse (1931) Ries, Quatre compositions de Jean mar-queun tournant: désormais, c'est le Schaack, dans Les Cahiers réa-lisme („Naturalismus auf konstruktiver Luxembour-geois,n° 4, 1929, p. 303).

28 En marge de la rétrospective: une trouverait dans un musée de siège, Niropsgade 38, â Copenhague, le enquête au dénouement surprenant Copenha-gue,tandis que la seconde â. la Maison tableau était pendu alternativement du Peuple de Stockholm dans les salles de réunion et les grands (renseigne-mentsrepris par l'une ou l'autre couloirs de l'immeuble. En 1926, les défenseurs de l'art publi-cations).Par l'intermédiaire des Pour le remercier, la Ville a offert moderne fondent la Sécession â la suite ambas-sades,nous avons tenté d'en retrouver la un album de photographies du de dissensions au sein du Cercle trace. Luxem-bourgau „vigilant" Monsieur Nielsen. Artisti-quede . Aussi Claus Cito Le Ministère des affaires Notons avant de conclure que les (l'auteur de la „Gêne Fra"), Nico cultu-rellesa Copenhague a ordonné tout de Danois sont conscients de la valeur Klopp, Jos Kutter, Jemp Michels, suite des enquêtes dans les musées et artistique du tableau de Jean Schaack et , Jean Schaack, Jos Sün- institutions relevant de son ressort, mais qu'ils ne sont pas près de le céder. „Le nen, J.J. Thiry et Auguste Trémont sans résultat. Contre toute attente, Faucheur endormi", jadis offert à la exposent-ils la première fois en mai 1927 intervient la nouvelle sensationnelle: le Fédération, a été sélectionné en 1974 par â. l'Hôtel de Ville de Luxembourg, ce „Faucheur endormi" est retrouvé grâce l'historien et critique d'art Preben Wil- qui leur vaut un numéro spécial des â. un entrefilet (avec photo) paru le 24 mann ainsi que le peintre Helge Ernst Cahiers Luxembourgeois, intitulé L'art février dernier dans les colonnes du pour être présenté â l'exposition des Jeunes (n° 6, 1927-1928). L'article journal danois Berlingske Tidende, et ce d'oeu-vresd'art provenant de collections du dans lequel Pol Michels présente son l'initiative de Monsieur Tb Bodenha- mouvement ouvrier danois, â. l'occasion ami Jean Schaack est illustré de plusieurs gen, chargé d'affaires à l'Ambassade du 50e anniversaire de l' „Arbejdernes planches: Autoportrait (1926), Nu royale de Danemark â. Luxembourg. Oplysningsforbund" (Organisation cou-ché(Munich 1919), Saint Sébastien L'appel à la population a suscité une d'éducation des ouvriers). Le numéro (1926), Paysanne allaitante, Faucheur réponse téléphonée de Monsieur Carl d'avril dernier de la revue Metal relate endormi, Paysage, les trois premiers Nielsen, sexagénaire en retraite, l'histoire passée et récente du tableaux ont figuré â. la récente révé-lantau journaliste Victor Thomas que le „Fau-cheur". exposi-tiona la Villa Vauban. tableau recherché se trouve en Quant â la „Paysanne allaitante" La Ville de Luxembourg aurait posses-siondu „DanskMetalarbejderforbund" (une femme assise donnant le sein â. son souhaité sinon exposer, du moins (Fédération danoise des métallurgistes). bébé et s'appuyant contre le dos d'un reproduire en couleur dans le catalogue, Du temps où il travaillait comme laveur homme perdu dans la lecture de son le „Faucheur" ainsi que la „Paysanne", de vitres, Monsieur Nielsen l'avait journal), elle n'a pas encore été repérée, peintures du plus haut intérêt, de la tou-joursvu, notre „Faucheur", accroché malgré les interventions de veine expressionniste de Jean Schaack. dans le bureau du trésorier général. Ces l'Associa-tionnationale des Maisons du Peuple en • Dans un manuscrit „Kleiner affirmations ont été confirmées par le Suède et la Direction des affaires Lebenslauf", mis â. notre par rédacteur de la Fédération, Monsieur cultu-rellesdu Ministère des affaires disposition étrangè-res Madame Jean Franck-Schaack, le Preben Bengtsson, qui a tenu â. préciser â. Stockholm. pein-trenotait que la première oeuvre se qu'après le déménagement au nouveau Paul Lanners

Le Faucheur endormi, tableau de Jean Schaack en possession de la Fédération danoise de la métallurgie (Copenhague)

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