Quelques vérités pas toujours bonnes à dire (mais ça fait du bien) sur de Gaulle

Cet article est une compilation de mes précédents articles, écrits en grande partie en écoutant et regardant les archives de l’INA et à la lecture des 10 ouvrages suivants :

0) Bibliographie

- « Appels et discours du général de Gaulle » (février 1944), 180 pages

- « Vers l’armée de métier » de (1944), 210 pages

Pour les deux précédents, j’ai dû prendre sur moi !

- « Lui qui les juge » de Maître Jacques Isorni (juillet 1963), 234 pages

- « jusqu’au bout de notre peine » de Maître Jacques Isorni (mai 1965), 228 pages

Maître Jacques Isorni (1911-1995), avocat qui défendit les communistes sous l’occupation, le maréchal Pétain, les nationalistes tunisiens …

- « dix ans avec de Gaulle 1940-1950 » de (colonel) Rémy (1971), 390 pages

- « Algérie, la guerre est finie » de Jean Lacouture (janvier 1985), 210 pages

- « de Gaulle 2. Le politique *» de Jean Lacouture (septembre 2000) (*août 1944 à janvier 1959), un pavé de 720 pages

Jean Lacouture (1921-2015), attaché de presse du général Leclerc, journaliste au Monde, un des premiers partisans de la décolonisation de l’Algérie, biographe autorisé de de Gaulle …

- « le mystère de Gaulle : son choix pour l’Algérie » de … Benjamin Stora (2009), 270 pages

- « de Gaulle une certaine idée de la » de Julian Jackson (août 2019), un autre pavé de près de 1000 pages

Soit un total de plus de 3400 pages !

- « Nostradamus prophète du vingtième siècle » de Jean Monterey (polytechnicien) aux éditions la Nef de Paris (écrit en 1960 achevé d’imprimer le 15 octobre 1963)

Serge Hutin (dans « gouvernants invisibles et sociétés secrètes » en 1971) parle du « machiavélisme des grands « maîtres-nageurs » de la politique ou de la diplomatie … »

Ça ne vous rappelle personne ? Un « maître-nageur … en eaux troubles » …

Jean Lacouture lui-même qualifie de Gaulle de « manœuvrier, machiavélien », lui attribue « machinations, manipulations » et dit de lui qu’il « … navigue sans dégoût apparent dans les eaux mêlées de la politique algéroise. »

Pour les amnésiques, je m’en vais leur rafraîchir la mémoire.

Pour les gaullistes convaincus, passez votre chemin, car, à défaut de pouvoir l’écorcher vif (sort réservé à de nombreux harkis abandonnés par ses soins aux mains du FLN en 1962), nous allons quelque peu égratigner votre idole …

1) De Gaulle prédit par Nostradamus ?

Je n’ai pas pris comme sujet d’étude le fameux Nostradamus, historien et prophète de Jean- Charles de Fontbrune (1981), ni les Prophéties de Maistre Michel Nostradamus expliquées et commentées de son père (1938) …

… Mais plutôt le Nostradamus prophète du vingtième siècle de Jean Monterey (polytechnicien) aux éditions la Nef de Paris (écrit en 1960 mais achevé d’imprimer le 15 octobre 1963)

Sauf erreur, Nostradamus (Michel de Nostredame 1503-1566), qui a prévu les deux guerres mondiales (voire la troisième), l'arme atomique, et même, selon certains, la conquête de la Lune, n'a pas prévu la conquête (puis la perte) de l'Algérie par la France.

La lecture de Nostradamus prophète du vingtième siècle de Jean Monterey devait me faire mentir :

Page 143 : « Mais les quatrains les plus intéressants de ceux qui se situent entre le passé et l’avenir sont, de beaucoup, ceux qui signalent l’entrée sur la scène du monde d’un nouveau personnage historique : le « Coq ». »

Page 145 : « Qui est le « Coq » ou le « grand Coq » … Nostradamus l’appelle continuellement « le Gaulois », jouant de toute évidence sur le mot Gallus, qui veut autant dire un coq qu’un habitant de la Gaule … De Gaulle ! … le coq est cité nommément dans 15 quatrains (soit plus qu’il n’en peut être identifié comme se rapportant à coup sûr à Louis XVI ou à Napoléon) … »

Ne riez pas ! Un certain Pierre Lamotte a « commis » en 1961 un De Gaulle révélé par Nostradamus il y a quatre siècles !

Centurie I Quatrain 18

Par la discorde, négligence Gauloise Sera passage à Mahomet ouvert : De sang trempé la terre et mer Senoise, Le port Phocen de voiles et nefs couvert

Par la discorde, la négligence de la France (la Gaule) mais aussi et surtout de De Gaulle Le passage sera ouvert aux Musulmans (représentés par Mahomet leur prophète) La terre sera trempée du sang (des harkis et des pieds-noirs) et la mer aux environs de La Seyne (sur mer) … ainsi que le port de Marseille (Phocée) seront couvert de bateaux (venant d'Algérie)

Centurie III Quatrain 81

Le grand criard sans honte audacieux, Sera esleu gouverneur de l’armée : La hardiesse de son contentieux, Le pont rompu, cite de peur pasmée.

« Le grand criard sans honte audacieux » : quatre qualificatifs qui s’appliquent très bien à de Gaulle ! Le président du Gouvernement Provisoire de la République Française (de 1944 à 1946) est élu président et donc chef des armées en 1959 A cause de « « la hardiesse de son contentieux » Le pont (entre la France et l’Algérie) est rompu …

Centurie IV Quatrain 62

Un coronel machine ambition, Se saisira de la plus grande armée, Contre son prince fainte invention, Et descouvert sera soubs sa ramée.

Le « colonel motor » (commandant le 507ème régiment de chars de combat de Metz) ambitieux Devient chef de l’armée française Contre son prince (le maréchal Pétain) La ramée peut désigner ce qui figure sur le képi du maréchal : trois rangées de feuilles de chêne, motif interrompu sur le devant par deux rameaux entrecroisés …

En savoir plus : https://portdestenuesmilitaires.webnode.fr/modalites-et-realisation-des-attributs- de-la-tenue/insignes-de-distinction-des-marechaux-de-france-et-dappellation-des-officiers- generaux/

Centurie V Quatrain 68

Coïncidence ? La Centurie porte le chiffre 5 et le quatrain porte le chiffre 68 ! Il pourrait concerner mai (le 5ème mois) 19…68 !

Dans le Danube et du Rhin viendra boire Le grand chameau, ne s’en repentira : Trembler du Rosne et plus fort ceux de Loire : Et près des Alpes, Coq le ruinera.

Du 14 au 18 mai 1968, de Gaulle est en Roumanie Le Danube se jette dans la mer Noire par un delta qui sépare la Roumanie de l’Ukraine, le Rhin se jette quant à lui dans la mer du Nord Le 29 mai 1968, suite à la révolte étudiante, de Gaulle s’enfuit à Baden-Baden (Allemagne) en hélicoptère : le général Massu obtient en échange de la sujétion de l’armée la libération de la prison de Tulle du général Raoul Salan (69 ans) en juin 1968 et les derniers prisonniers quittent le bagne de Saint-Martin-de Ré. De Gaulle est donc bien d’abord près du Danube, puis près du Rhin « Rhin et Danube » est aussi le nom donné à la 1ère Armée française placée sous les ordres du général de Lattre de Tassigny et assignée à la libération du territoire français en 1944-1945.

En revanche, je n’ai pas trouvé d’écrits assimilant de Gaulle à un chameau, ni pu expliquer la suite du quatrain …

Centurie VI Quatrain 54

Coïncidence ? Le quatrain porte le chiffre 54 ! L’insurrection en Algérie date de 19…54 ! Au point du iour, au second chant du coq Ceux de Tunes, de Fez et de Begie Par les Arabes captif le Roy Maroq L’an mil six cent et sept de Liturgie

Paraphrase (commentaire de l’auteur) : Des troubles auront lieu en Afrique du Nord : la Tunisie, le Maroc, puis l’Algérie demanderont leur indépendance. A ce moment, la France commencera à se redresser, à sortir du tunnel, à l’appel du Général de Gaulle. Au moment crucial, en l’an 1607 de Liturgie, le roi du Maroc sera prisonnier des « Arabes ».

Le « coq » = gallus, Gaulois, de Gaule, de Gaulle Le 1er « chant du coq » date du 18 juin 1940 (appel de Londres), le 2nd « chant du coq » mais aussi secundus = favorable le 23 avril 1961 (Souvenez-vous du fameux « Français aidez-moi ! ») 1er Concile de Nicée fin mai au 25 juillet 325 + 1607 = 1932 + cycle lunaire de 19 ans = 1951 ? L’auteur évoque (en 1960) « le « terrorisme », méthode de lutte assez atroce que nous voyons aujourd’hui à l’œuvre contre nous en Algérie. » Le 26 janvier 1951, le général Juin menace de destitution le sultan du Maroc s’il ne désavoue pas le parti de l’Istiqlal ; le 27 octobre 1951, des manifestations ont lieu à Casablanca … Le 2 mars 1956, c’est l’indépendance du Maroc. En juillet 1954, Pierre Mendès-France accorde l’autonomie interne à la Tunisie, autonomie confirmée par des accords signée en juin 1955 … Le 20 mars 1956, c’est l’indépendance de la Tunisie.

Centurie VIII Quatrain 4

Dedans Monech le Coq sera reçu Le Cardinal de France apparaistra, Par Logarien (Logation, Légation) Romain sera déceu Foiblesse à l’Aigle, et force au Coq naistra.

De Gaulle est à Munich le 8 septembre 1962 pour sceller le rapprochement France (coq)- Allemagne (aigle), prélude à l’accord qui préparera la construction de l’Europe Le 11 octobre 1962 s’ouvre le concile Vatican II, où les cardinaux français et de nombreuses légations apparaîtront

Centurie VIII Quatrain 5

Apparoistra temple luisant orné, La lampe et cierge à Borne et Bretueil, Pour la Lucerne le Canton destorné Quand on verra le grand Coq au cercueil.

Lucerne (Suisse) et Colombey sont à égale distance de la frontière française On a vu le grand Coq, Gallus, de Gaulle, au cercueil le 9 novembre 1970 à Colombey les deux églises Le coq n’orne-t-il pas de nombreux clochers, pourquoi pas une des deux églises de Colombey ? Plus sûrement, le coq orne de nombreuses girouettes qui tournent avec le vent … Et puis, pour finir, ne dit-on pas que « le coq ne chante jamais si bien que quand il a les pattes dans le fumier » ?!

Centurie VIII Quatrain 6

Clarté fulgure à Lyon apparante Luysant, print Malte, subit sera estainte : Sardon, Mauris traitera décevante, Genève à Londes à Coq trahison fainte

Le 10 mai 1940, l’aéroport de Bron (Lyon) est bombardé Le 11 juin 1940, l’Italie bombarde Malte puis déclare la guerre à la France pour, selon Mussolini, « reconquérir l’ancien royaume de Sardaigne » … … mais, déception, il obtiendra seulement une bande terrestre allant du nord des Alpes françaises jusqu’à Menton, cette dernière ville passant sous administration italienne C’est le 17 juin 1940 que de Gaulle s’envole pour Londres Le dernier vers me semble évocateur : Genève, pour la Suisse, pour neutre, pour non combattant, à Londres, de Gaulle aurait-il feint de trahir ?

Centurie IX Quatrain 80

Le Duc voudra les siens exterminer, Envoyera les plus forts lieux estranges, Par tyrannie Bize et Luc ruiner, Puis les Barbares sans vins feront vendanges.

En latin, dux, ducis signifie « meneur », « chef » … Des vendanges sans vin : des vendanges de sang ! Je n’ai pu expliquer le reste du quatrain …

Centurie IX Quatrain 89

Sept ans sera Philip fortune prospère, Rabaissera des Barbares (Arabes) l’effort Puis son mydi perplexe rebors affaire, Ieune ogmyon abysmera son fort.

La chance (fortune) sourira à (Louis)-Philippe Qui, en 7 ans (?), fera la conquête de l’Algérie Réduisant l’effort des Barbaresques … Ogmios, dans la mythologie celtique, était le dieu de l’éloquence qui terrasse ses ennemis par la parole : s’agit-il du général micro ?

2) De Gaulle était-il réellement un grand soldat ?

Autrement que par la taille* bien sûr …

Où nous verrons que le capitaine de Gaulle, en 1916, se rend sans combattre :

Le 28 février 1916, le capitaine de Gaulle du 33ème régiment d’infanterie, arrive près de Douaumont. Le 2 mars 1916, la position est pilonnée.

Selon le témoignage du lieutenant Casimir Albrecht du 19ème régiment de réserve de la Reichswehr : « D'une tranchée française émerge une serviette blanche brandie au bout d'un fusil. Les poilus en colère firent feu dans sa direction, et le fusil disparut. Puis, un autre drapeau blanc surgit à nouveau de la même position. C'était celle tenue par la 10ème Compagnie du Capitaine de Gaulle. »

Cela est confirmé en 1966 par Samson Delpech, ayant servi sous les ordres de de Gaulle.

La seule mention dans le JMO du 33ème régiment d’infanterie est la suivante : ème ème « … le sergent Horemans de la 5 Cie parcourt le front en criant : « La 5 meurt mais ne se rend pas ! » tandis que la 10ème Cie, dans une ruée folle, se voyant entourée de tous côtés, s’élançait à l’assaut sous la conduite de son chef, le capitaine de Gaulle, contre des masses denses, vendait chèrement sa vie et tombait magnifiquement. »

La citation signée par Pétain « tombé dans la mêlée » est due au fait que l’on croyait de Gaulle mort ! Que ne le fut-il pas ?

Contrairement aux autres officiers français, il semblerait que les Allemands ne lui rendirent pas son épée pour certaines occasions (messes) et de Gaulle, qui s'en étonnait, s'entendit répondre froidement : « C'est parce que vous vous êtes rendu sans combattre » !

A l’inverse, on peut lire : « Le 5 avril 1863 … en témoignage d’estime, le général mexicain refusa de prendre le sabre que lui remettait le lieutenant (de zouaves) Galland. » in Nos zouaves de Paul Laurencin 1888

Le sabre est, en effet, le signe du commandement de l’officier qui doit être, à l’instar d’une lame, « sûr, pur, dur ».

A l’extrême, dans le Bushido ou code du guerrier japonais, la reddition ne saurait être admise. Se rendre est considéré comme un grand déshonneur, non seulement pour le soldat, mais aussi pour sa famille. Selon le code d’honneur de l’armée japonaise, tout soldat fait prisonnier doit laver sa honte par le suicide dès qu’il retrouve la liberté. S’il hésite, il passe devant une cour martiale. Il demeure un objet de mépris pour les siens et ses compatriotes, même si, aux yeux de la loi, il est réhabilité par le jugement rendu.

« A la division, nous n’avions pas pour le général de Gaulle une estime particulière. A peine arrivée sur la Somme, le 25 mai (1940), la 5ème D. I. C. (Division d’Infanterie Coloniale) s’était vu amputée de son régiment blanc, le 22ème colonial, unité de tradition de Marseille. Cette unité, mise à la disposition de la 4ème division cuirassée, commandée par le colonel de Gaulle, avait été engagée les 28 et 29 mai dans l’opération d’Abbeville. L’affaire s’était mal terminée, les chars et les véhicules avaient pu rejoindre les lignes arrière, mais les fantassins demeurés sur place avaient subi des pertes sensibles. Quelques-uns nous avaient rejoints pour nous dire leur odyssée, d’autres furent faits prisonniers, le restant du régiment, sous un chef colonial réputé, le colonel Le Tacon, mena le combat avec vigueur, et sauva l’honneur. Restée avec seulement ses deux régiments noirs, la division eut à tenir sur la Somme à partir du 4 juin le front normalement dévolu à trois régiments, on a lu plus haut ce qu’il advint. Aussi cet épisode douloureux nous avait rendu le général de Gaulle peu sympathique. » in Mémoires fin d’un empire de Raoul Salan (1970)

Colonel en 1939

En septembre 1943, Macmillan rencontre de Gaulle : « Quand je lui ai dit que le secret militaire et la nécessité devaient se comprendre de la part d’un soldat, il a répondu : « Je ne suis pas un soldat » J’ai été tenté de lui demander pourquoi il s’habillait dans cette tenue excentrique que personne ne choisirait de porter si elle n’était imposée par la nécessité militaire. »

* En parlant de taille, comment un homme de 1.96 m tenait dans un char B1B de l’époque ?

3) De Gaulle est-il réellement général ?

Où nous verrons que de Gaulle n’a obtenu le grade de général (de brigade 2 étoiles) qu’à titre temporaire et qu’il finit sa carrière militaire comme colonel :

Durant la première guerre mondiale, les pertes importantes d'officiers au front font que de nombreux autres officiers doivent être promus en fonction de leur valeur au feu à un grade supérieur « à titre temporaire et pour la durée de la guerre ». Ils sont confirmés dans leur poste avec effets rétroactifs après parfois plusieurs mois de procédure : 36 sont ainsi nommés généraux à titre temporaire !

Dans l’ouvrage Avec Foch d’André Tardieu (mai 1939), on peut lire : « … le général Pétain … Sans la guerre, il eût été retraité comme colonel. »

Le 25 mai 1940 (JO du 26), le colonel De Gaulle est nommé général de brigade à titre temporaire … par le général Weygand ! (soit 2 étoiles, donc en théorie commandant à 10 000 hommes ; à titre d’exemple, le général Raoul Salan était général d’armée 5 étoiles le plus haut grade).

Durant la seconde guerre mondiale, les 5 autres militaires nommés généraux à titre temporaire étaient déjà généraux (d’un grade inférieur) ou ont été confirmés par la suite dans leur grade. Seul De Gaulle n’était pas déjà général et n’a jamais été confirmé dans ce grade !

Au Journal Officiel du 24 juin 1940 paraît ce texte du Ministre de la Défense Louis Colson (sous la présidence d’Albert Lebrun, et non du régime de Vichy comme certains ont pu l’écrire, qui ne commence que le 10 juillet 1940 pour finir le 20 août 1944 et dont les actes sont annulés) :

« Par décision ministérielle du 22 juin 1940, la promotion au grade de général de brigade à titre temporaire de M. le colonel d’infanterie breveté De Gaulle (Charles-André-Joseph-Marie) est annulée. M. le colonel d’infanterie breveté d’état-major De Gaulle est admis d’office à la retraite par mesure de discipline. »

Le 2 août 1940, le tribunal militaire permanent de la 13ème région siégeant à Clermont-Ferrand (alors en zone libre) « condamne par contumace le colonel d’infanterie breveté d’Etat-major en retraite de Gaulle, Charles, André, Joseph, Marie, susqualifié, à la majorité des voix, à la peine de mort, à la dégradation militaire, et ordonne la confiscation des biens meubles et immeubles du condamné. »

De Gaulle est accusé de « Trahison, atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat, désertion à l’étranger en temps de guerre sur un territoire en état de guerre et de siège. » Une majorité « d’au moins 5 voix » sur les 7 généraux composant le tribunal a répondu « oui » à la question « Désertion … en temps de guerre … »

« Tribunal présidé par le général Frère, commandant de la VI° armée qui, après avoir signé, début juin, une des plus belles citations qu'ait reçues Charles de Gaulle, lui a annoncé, le 5 juin, qu'il allait être ministre, lui voue de toute évidence une grande estime - et qui, rallié à la Résistance, sera arrêté et déporté par les occupants. Le tribunal compte (aussi) dans ses rangs les généraux de la Porte du Theil, qui a été à Metz l'un des partisans du « colonel Motor », et de la Laurencie qui, après avoir été le représentant à Paris du gouvernement de Vichy, sera l'un des candidats à la succession de Charles de Gaulle quand les américains chercheront à se débarrasser de lui. »

En avril 1945 « … le gouvernement propose de le promouvoir, avec effet rétroactif, au grade de général cinq étoiles … »

De Gaulle lui-même dira : « Après la Libération, il a fallu s’attaquer à la dictature … de tous ces « généraux » qui s’étaient flanqué des galons de papier sur leurs manches. » !

Dans de Gaulle 2. Le politique, Jean Lacouture, son biographe, écrit : « Charles de Gaulle, mythiquement général à titre éternel, mais légalement colonel à la retraite … »

De même que le « général » George Armstrong Custer (1839-1876), bien qu’il fût le plus jeune officier faisant fonction de général de division de l’histoire de l’Armée des Etats-Unis d’Amérique (en 1864, il avait 25 ans), ne termina sa carrière que lieutenant-colonel …

Le 14 avril 1946, de Gaulle écrit à Edmond Michelet (qui proposait de nommer de Gaulle rien moins que maréchal !) : « Depuis le 18 juin -date du jour où je suis sorti du cadre … il serait impossible de « régulariser » une situation absolument sans précédent. … Toute « solution administrative » qu’on tenterait d’y appliquer aujourd’hui prendrait donc un caractère étrange, et même ridicule. … La mort se chargera, un jour, d’aplanir la difficulté, si tant est qu’il y en ait une. »

4) De Gaulle fut-il réellement « résistant » ou plutôt déserteur ?

De Gaulle est donc accusé, on l’a vue, de « Trahison, atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat, désertion à l’étranger en temps de guerre sur un territoire en état de guerre et de siège. »

L’article 21 du Code Napoléon stipulait que tout Français qui, sans autorisation de l’Empereur, prendrait du service chez l’étranger (pas l’ennemi) ou s’affilierait à une corporation militaire étrangère perdrait sa « qualité de français » !

Or, le gouvernement britannique autorisait la formation d'une force française armée composée de volontaires, sous l'autorité du général de Gaulle, qui acceptait les directives générales du commandement … britannique.

« Le Général de Gaulle et l’ensemble des Français Libres l’ayant rejoint en Angleterre sont des déserteurs, au regard du code de justice militaire. » http://elie39-45.over-blog.com/

Comment de Gaulle considérait lui-même les déserteurs ?

Maurice Thorez, Premier secrétaire du Parti Communiste Français, déserte son unité pour rejoindre l'URSS via la Belgique et la Suède au début du mois de novembre 1939 … sur ordre de l'Internationale Communiste. Entre son pays, sa patrie et son parti, il choisit son parti ! Début 1944, de Gaulle dit que la condamnation de Thorez pour désertion garde force de loi. Le 28 octobre, le conseil des ministres donne un avis favorable au retour de Thorez … Le 6 novembre, quelques jours avant le voyage de de Gaulle à Moscou, Thorez bénéficie d'une grâce individuelle et rentre en France le 27 novembre. Peu de temps après son retour en France, De Gaulle rencontre Staline à Moscou, et ce dernier, déclare à propos de Thorez : "Ne vous fâchez pas de mon indiscrétion… je me permets de vous dire que je connais Thorez, et qu'à mon avis, il est un bon Français ; si j'étais à votre place, je ne le mettrais pas en prison… du moins pas tout de suite…". De Gaulle aurait alors répondu : "Le gouvernement français traite les Français d'après les services qu'il attend d'eux." Après les élections pour l'assemblée constituante d'octobre 1945, qui donnent 26,1% des suffrages aux communistes, c'est comme ministre de la fonction publique, en compagnie de 4 autres ministres communistes que Thorez fait son entrée au gouvernement de De Gaulle. Il a rang de ministre d'État.

Le 5 juin 1940, le président du Conseil nomme de Gaulle sous-secrétaire d'Etat à la guerre. Reynaud projette de créer un gouvernement français en exil et charge de Gaulle de préparer le terrain à Londres, lui confiant 100 000 francs pris sur les fonds secrets.

Churchill charge le général Spears d’amener à Londres une personnalité française, pour le cas où la situation s’aggraverait à . Spears logiquement contacte Georges Mandel … Mais celui- ci décline l’offre … Après en avoir référé à Churchill, Spears fait la même proposition à de Gaulle, qui présente l’avantage de n’avoir aucun commandement, d’être encore membre du gouvernement et de ne pas être frappé du « syndrome de Coblence », le déshonneur d’émigrer …

Le 16 juin 1940, à 17h00, Paul Reynaud, président du Conseil, démissionne. Dans la soirée, le président de la République Albert Lebrun nomme le maréchal Philippe Pétain, vice-président du Conseil, comme successeur de Reynaud : de Gaulle ne figure pas dans la composition du nouveau cabinet Pétain.

La réaction de de Gaulle : « C'est bon, ils ne veulent pas de moi ! Dans ces conditions, je fous le camp à Londres. » dira-t-il à un colonel de son Etat-Major avant de remonter dans l’avion du général Spears pour Londres le 17 juin 1940.

(réf. Le plus illustre des Français de Alfred Fabre Luce (Julliard) ; Au bout de notre peine de Jacques Isorni (La Table Ronde) ; Weygand de Bernard Destremeau (Perrin) ; 18 juin de H. Amouroux (Fayard) ; Secrets II de J.R. Tournoux (Plon) … )

On verra plus loin le fameux appel du 18 juin 1940.

Le 19 juin 1940, de Bordeaux un câble est adressé par le général Colson, secrétaire d’Etat à la Guerre, à l’attaché militaire à Londres, le général Lelong : « Informez le général de Gaulle, qu’il est remis à la disposition du Général commandant en chef. Il doit rentrer sans délai. » (sous peine d’être jugé comme déserteur, la guerre continuant)

Alors de Gaulle écrit au général Weygand la lettre suivante :

Londres le 20 Juin 1940 Mon Général, J’ai reçu votre ordre de rentrer en France. Je me suis donc tout de suite enquis du moyen de le faire car je n’ai, bien entendu, aucune autre résolution que de servir en combattant … (Mémoires de guerre) Charles de Gaulle- Plon 1954 tome I

De Gaulle demande un avion au général Lelong. Celui-ci désigna le capitaine de l’armée de l’air Brantôme, pour l’accompagner avec l’unique avion que les Anglais avaient laissé aux Français. Malheureusement, le plein d’essence n’est pas fait …

Au Journal Officiel du 24 juin 1940 paraît ce texte du Ministre de la Défense Louis Colson (sous la présidence d’Albert Lebrun, et non du régime de Vichy, qui ne commence que le 10 juillet 1940 pour finir le 20 août 1944 et dont les actes sont annulés) :

« Par décision ministérielle du 22 juin 1940, la promotion au grade de général de brigade à titre temporaire de M. le colonel d’infanterie breveté De Gaulle (Charles-André-Joseph-Marie) est annulée. M. le colonel d’infanterie breveté d’état-major De Gaulle est admis d’office à la retraite par mesure de discipline. »

Le 9 juillet 1940, à Vichy, le Sénat se réunit sous la présidence de Jules Jeanneney … qui sera, à la Libération en septembre 1944, ministre d’Etat … du général de Gaulle !

Ce n’est que le 28 juin 1940 que le gouvernement britannique reconnaît en de Gaulle le chef des Français libres. (INA)

Le 16 août 1940, de Londres, de Gaulle : « Le Maréchal Pétain porte la terrible responsabilité d’avoir sollicité et accepté les abominables armistices. »

Le 7 octobre 1940, celui qui devenait devenir l’amiral Ploix est arrêté, interné et jugé par le tribunal maritime de Toulon réuni en cour martiale, il est condamné à cinq ans de détention et à la dégradation pour désertion à l'étranger. Il est interné successivement à Toulon, Saint-Étienne, Gannat et Riom.

Le 2 décembre 1941, de Fort Lamy, le général Leclerc écrit à de Gaulle (à propos de l’AFL) : « Ce n’est pas de Londres que l’on peut commander une pareille boutique … »

En 1942, Churchill fit parvenir à Vichy, pour Pétain, l’immatriculation de l’avion du « chef de la France libre » (de Gaulle, qui devait se rendre en Afrique), l’itinéraire prévu et les escales envisagées : Pétain fit détruire ces documents et déclara : « Je ne mange pas de ce pain-là. »

Le 21 juin 1943, à Caluire-et-Cuire (banlieue lyonnaise), l’ancien préfet d’Eure-et-Loire Jean Moulin est arrêté … Il meurt le 8 juillet 1943.

Le 29 février 1944, de Gaulle adresse au général Mordant, commandant les troupes dans la péninsule indochinoise, un message décrivant sa mission … admet qu’il « a pu ne pas être inutile de tenir la position comme cela a été fait jusqu’ici » (par l’amiral Decoux, représentant de Vichy) …

Le 27 août 1944, de Gaulle renvoie d’ailleurs François de Langlade prendre contact avec l’amiral Decoux … fidèle au gouvernement de Vichy …

Le 6 juin 1944, de Gaulle est encore tenu à l’écart du débarquement en Normandie …

Le 23 avril 1945, le maréchal Pétain est en Suisse : de Gaulle, en secret, prie le gouvernement helvétique de ne point extrader le maréchal … Mais, en même temps, il désire que le maréchal soit condamné par un « verdict solennel » !

Le 25 mai 1946, de Gaulle dit à Claude Mauriac : « J’ai toujours cru que je serais d’abord ministre de la Guerre et que tout viendrait de là … »

En 1947, de Gaulle aurait dit à Gilbert Renault (colonel « Rémy ») : « … il faut que la France ait toujours deux cordes à son arc. En juin 1940, il lui fallait la « corde » Pétain aussi bien que la « corde » de Gaulle. »

Le 6 mai 1951, de Gaulle, à propos du maréchal Pétain : « Il est lamentable pour la France, au nom du passé, et de la réconciliation nationale indispensable, qu'on laisse mourir en prison le dernier Maréchal. »

En 1959, de Gaulle : « Mon intention était qu’après avoir été détenu deux ans dans une enceinte fortifiée, le maréchal Pétain allât terminer sa vie, retiré chez lui, près d’Antibes. »

5) Le véritable appel du 18 juin 1940

Le 25 mai 1940, le colonel De Gaulle est, on l’a vu, nommé général de brigade à titre temporaire.

Le 5 juin 1940, le président du Conseil Paul Reynaud nomme de Gaulle sous-secrétaire d'Etat à la guerre en rappelant les entretiens avec Churchill des 26 et 31 mai 1940 où « j’ai pu lui donner l’impression que nous n’excluions pas la perspective d’un armistice » ! Reynaud projette de créer un gouvernement français en exil et charge de Gaulle de préparer le terrain à Londres, lui confiant 100 000 francs pris sur les fonds secrets. Churchill charge le général Spears d’amener à Londres une personnalité française, pour le cas où la situation s’aggraverait à Bordeaux. Spears logiquement contacte Georges Mandel … Mais celui- ci décline l’offre … Après en avoir référé à Churchill, Spears fait la même proposition à de Gaulle, qui présente l’avantage de n’avoir aucun commandement, d’être encore membre du gouvernement et de ne pas être frappé du « syndrome de Coblence », le déshonneur d’émigrer …

Le 9 juin 1940, première rencontre Churchill-de Gaulle

Le 13 juin 1940, Paul Reynaud adresse au président Roosevelt un appel désespéré mais la réponse du président américain ne fut qu’une … « manifestation de sympathie ». Paul Reynaud dit à Churchill : « L’armistice ou la paix constitueront alors la seule alternative. » et il lui demande de délier la France de son engagement du 28 mars 1940 excluant toute paix séparée.

Le 16 juin 1940, à 17h00, à Bordeaux, Paul Reynaud, président du Conseil, démissionne. Dans la soirée, le président de la République Albert Lebrun nomme le maréchal Philippe Pétain, vice- président du Conseil comme successeur de Reynaud. Pétain désigne de Gaulle pour être secrétaire d’Etat, adjoint du général Weygand : ce dernier s’oppose à la nomination de de Gaulle en raison de son « mauvais caractère ». De Gaulle, impatient d’être fixé sur son destin ministériel, avait envoyé un colonel de son Etat- major prendre des nouvelles de la constitution du ministère. Quand son émissaire l’informa qu’il ne faisait pas partie du gouvernement, de Gaulle dit : « C'est bon, ils ne veulent pas de moi ! Dans ces conditions, je fous le camp à Londres. » avant de remonter dans l’avion du général Spears pour Londres le 17 juin 1940.

Le 18 juin 1940, de Gaulle prononce de Londres un appel tout à fait mesuré qui n’a rien à voir avec l’appel dit du 18 juin, que l’on voit reproduit un peu partout et qui, en réalité, n’a été lancé que le 31 juillet et affiché à Londres le 4 août. Le général d’aviation Le Groignec, compagnon de Saint-Exupéry, parle même d’un « faux » dans son livre paru en 2004 « Philippiques contre les Mémoires gaulliens.» (Nouvelles Editions Latines)

Moins de 10 000 Français auraient entendu son fameux appel du 18 juin, les Français n’écoutant pas les radios étrangères et nombre d’entre eux (près de 10 millions) étant alors sur les routes (Exode) 340 000 soldats français étaient à Londres avant de Gaulle : seulement 200 000 le rejoindront après … Un seul officier général s’est rallié à de Gaulle, l’amiral Muselier …

Le texte prétendu être celui de l’appel du 18 Juin commence par cette phrase :

« Des gouvernants de rencontre ont pu capituler, cédant à la panique, oubliant l’honneur, livrant le pays à la servitude. Cependant rien n’est perdu … »

Or, historiquement, Charles De Gaulle n’a pas pu prononcer cette phrase : a) A cette date du 18 juin 1940, ces « gouvernants de rencontre » n’avaient pu capituler (il n’y eut d’ailleurs pas capitulation mais armistice), car l’armistice ne sera signé que le 22 juin 1940 avec l’Allemagne. b) Il n’aurait pas traité de « gouvernants de rencontre » ceux à l’égard desquels le 20 il s’exprime encore avec déférence. Le 19 juin 1940, de Gaulle : « A l’heure qu’il est, je parle avant tout pour l’Afrique du Nord française, pour l’Afrique du Nord intacte. Dans l’Afrique de Clauzel, de Bugeaud, de Lyautey, tout ce qui a de l’honneur a le strict devoir de refuser les conditions de l’ennemi. Il ne serait pas tolérable que la panique de Bordeaux ait pu traverser la mer. »

Le 19 juin 1940, de Bordeaux, un câble est adressé par le général Colson, secrétaire d’Etat à la Guerre, à l’attaché militaire à Londres, le général Lelong : « Informez le général de Gaulle, qu’il est remis à la disposition du Général commandant en chef. Il doit rentrer sans délai. » (sous peine d’être jugé comme déserteur, la guerre continuant). Alors de Gaulle écrit au général Weygand la lettre suivante :

Londres le 20 Juin 1940 Mon Général, J’ai reçu votre ordre de rentrer en France. Je me suis donc tout de suite enquis du moyen de le faire car je n’ai, bien entendu, aucune autre résolution que de servir en combattant … (Mémoires de guerre) Charles de Gaulle- Editions PLON 1954 tome I De Gaulle demande un avion au général Lelong. Celui-ci désigna le capitaine de l’armée de l’air Brantôme, pour l’accompagner avec l’unique avion que les Anglais avaient laissé aux Français. Malheureusement, le plein d’essence n’est pas fait …

Le 22 juin 1940, 1er message enregistré du général de Gaulle (on peut lire sur le site de l’INA : « quatre jours après son célèbre appel à la résistance du 18 juin -qui n'a pas été enregistré- ») : « Le gouvernement français, après avoir demandé l’armistice, connaît maintenant les conditions dictées par l’ennemi … » (INA)

Le 28 juin 1940, « Gouverneurs dans l’Empire, mettez-vous en rapport avec moi. » (INA)

Le 9 janvier 1941, de Londres, de Gaulle dira : « … des malheureux gouvernants qui prétendent, à Vichy, parler et agir au nom du peuple français. Ces hommes qui ont saisi le pouvoir par un pronunciamento de panique … »

Qu’a-t-il fait lui en 1958, alors que le pays n’était pas occupé par un ennemi étranger ?

6) La légende du général micro

1 - L’appel du 18 juin 1940 (en fait du 31 juillet)

Moins de 10 000 Français auraient entendu son appel pour plusieurs raisons :

- les Français n’écoutaient pas les radios étrangères car c’était … dangereux !

- Nombre d’entre eux étaient sur les routes (Exode)

340 000 soldats français étaient à Londres avant de Gaulle : 200 000 le rejoindront après … dont un seul officier supérieur, l’amiral Muselier.

2 - Le discours du 23 avril 1961 à 20h00 : « 500 000 gaillards, équipés de transistors », appelés du contingent, auraient fait échouer le putsch des généraux

- En fait celui-ci avait avorté avant le discours, dans la nuit du 21 au 22 ;

- D’autre part, les appelés du contingent, qu’on qualifie de « loyalistes », plus préoccupés par la « quille » (la fin de leur période de service militaire) que par l’avenir des départements français d’Algérie, n’ont bien souvent fait preuve que de désobéissance passive à leurs officiers plus que de véritable courage !

7) de Gaulle est-il réellement un « beau parleur » ?

Où nous verrons que de Gaulle n’a rien inventé et qu’il se répète … ad nauseam

1) du Chaos

Du grec Khaos « faille, béance », du verbe kainö « béer, être grand ouvert »

Selon Hésiode, il précède non seulement l’origine du monde, mais celle des dieux

Il désigne la confusion générale des éléments avant leur séparation et leur arrangement pour former , par extension une confusion totale

Le 16 septembre 1959, de Gaulle :

« … la conséquence de la sécession serait une misère épouvantable, un affreux chaos politique, un égorgement généralisé, et bientôt la dictature belliqueuse des communistes … »

Le 4 novembre 1960, de Gaulle :

« Dès lors, leur arrivée (les dirigeants de la rébellion) à Alger ferait de l’autodétermination une formalité dérisoire et jetterait le territoire dans un chaos épouvantable … Cela, je ne le ferai jamais ! »

Le 30 juin 1961, en Lorraine, de Gaulle dit qu’on ne peut pas « décamper » d’Algérie et propose « de regrouper dans telle ou telle zone, afin de les protéger, ceux des habitants (de l’Algérie) qui se refuseraient à faire partie d’un Etat voué au chaos. »

Il n’a rien inventé : Raymond Aron, en mai 1957, déclarait déjà que notre départ de l’Algérie laisserait « probablement même le pays en plein chaos. »

2) du pronunciamento

Mot espagnol d’Amérique latine signifiant proprement « déclaration » spécialisé pour désigner une insurrection militaire tenant de renverser un Etat légal.

Employé (d’abord au Mexique) comme synonyme de « coup d’Etat » et de « putsch »

Le français « prononcement » ne s’est pas imposé.

Le 9 janvier 1941, de Londres, de Gaulle : « … des malheureux gouvernants qui prétendent, à Vichy, parler et agir au nom du peuple français. Ces hommes qui ont saisi le pouvoir par un pronunciamento de panique … »

En juillet 1954, de Gaulle : « Un pronunciamiento ? Comme au Guatemala ? Ça ne sert à rien, à moins que le consentement soit général … »

Le 25 mai 1958, Guy Mollet adresse une lettre au général de Gaulle : « Des fous se lancent dans une tentative de pronunciamento … »

Le 30 mai 1958, Guy Mollet : « … je me suis trouvé devant le dilemme : gouvernement de Gaulle ou pronunciamento des colonels. »

Le 23 avril 1961, de Gaulle : « Un pouvoir insurrectionnel s’est établi en Algérie par un pronunciamento militaire. »

3) du quarteron

Le 23 avril 1961, le général de Gaulle prononce son fameux discours :

« Un pouvoir insurrectionnel s’est établi en Algérie par un pronunciamento militaire. … Ce pouvoir a une apparence : un quarteron de généraux en retraite. »

Petite précision : un officier général n'est jamais "à la retraite" contrairement à la qualification erronée donnée par Charles De Gaulle aux généraux putschistes.

Le 3 décembre 1942, sur Radio Brazzaville (les Alliés ne lui donnent pas l’autorisation de s’exprimer à la BBC), il avait déjà dit : « La nation n’admet pas qu’un quarteron d’hommes qui symbolisent la capitulation, la collaboration, l’usurpation, et qui ont usé et abusé contre les libérateurs de la discipline des autres, en usent et abusent maintenant pour singer l’honneur et le devoir. »

En jazz, quatre musiciens forment un quartet(te) ; en musique de chambre, ils sont un quatuor.

Les informaticiens connaissent aussi le quartet (moitié d’un octet), les mathématiciens le quadruplet.

Les turfistes jouent au quarté comme ils jouent au tiercé.

Mais voyons les différents sens du mot quarteron : a- Dès 1244, au sens de « quart d’une livre », qu’il a encore chez Molière (Georges Dandin 1668) : « Il ne faut point tant de beurre pour faire un quarteron. »

Au sens aussi de quart d’un cent, dans les transactions commerciales … puis Zola (le ventre de Paris 1873) : « Des femmes qui vendaient des paquets de feuilles de vigne attachés par quarterons. » b- Dès 1688, emprunté à l’espagnol cuarteron (de cuarto, quart), pour désigner un homme, une femme, issu(e) d’un(e) blanc(he) et d’un(e) mulâtre(sse). Ainsi chez Stendhal (le coffre et le revenant 1837) : « … lui enlevait ses belles couleurs pour lui donner le teint d’une quarteronne … » : ¼ de sang « autre » que reçoit le quarteron (au niveau des grands-parents) c- En extension du sens 1, pour désigner un petit nombre, une poignée. Dès 1616. Ainsi chez Aragon (Semaine Sainte 1958) : « Ce n’était pas le peuple qui était là, mais un quarteron de conjurés monarchistes. »

La proximité et chronologique (de Gaulle a-t-il lu Aragon ?) et de sens qu’a pu vouloir lui donner de Gaulle (les généraux sont bien des conjurés pour lui) me font pencher pour cette définition.

Et bien oui, de Gaulle a bien lu Aragon : dans son discours prononcé à l’Alliance Française le 31 octobre 1943 « Comment ne pas sentir la déchirante qualité de ces poèmes qu’aujourd’hui toute la France récite en secret ? Ainsi les vers d’Aragon : Le visage sacré, s’il doit renaître un jour Ma patrie est la faim, la misère et l’amour. » Les yeux d’Elsa (1942)

Le 8 mai 1962, Robert Verdier, ancien député et leader du PSU : « Le putsch d’avril n’est pas le coup de tête d’un quarteron de généraux … »

« Ce pouvoir a une apparence : un quarteron de généraux. »

Et pourtant, il y en eut bien plus de quatre, dans le putsch ou même dans l’OAS :

Les 4 généraux Challe, Zeller, Jouhaud (OAS), Salan (OAS)

Mais derrière cette « apparence », il y avait bien d’autres généraux, colonels, commandants, capitaines, lieutenants …

Il y eut au moins 8 autres généraux : Bigot, Crèvecœur, Faure, Gouraud, Nicot, Petit, Gardy (OAS), Vanuxem (OAS)

Les 14 colonels : Broizat, de Blignières, de la Chapelle, Dufour, Antoine Argoud (OAS), Pierre Château-Jobert (OAS), Arnaud de Sèze (OAS), Jean Gardes (OAS), Yves Godard (OAS), Charles Lacheroy (OAS), Lecomte, Masselot, Roland Vaudrey (OAS), Parizot (OAS)

Les 6 commandants : Forhan, Niaux, Robin, de Saint-Marc, Julien Camelin (OAS), Robert Vitasse (OAS),

Le capitaine de vaisseau Jean Joba (OAS), le capitaine de corvette Jacques Roy (OAS),

Les 8 capitaines : Gaston, Murat, Guy Branca (OAS), Ferrandi (OAS), Philippe Le Pivain (OAS), Pierre Montagnon (OAS), Pierre Sergent (OAS), Jean-Marie Curutchet (OAS), Gérard Dufour (OAS),

Le lieutenant de vaisseau Pierre Guillaume (OAS),

Les 10 lieutenants : lieutenants Roger Degueldre (OAS), Robert Planchot (OAS), Michel Alibert (OAS), Daniel Godot (OAS), Jacques Chadeyron (OAS), Alain Bougrenet de la Tocnaye (OAS), Nicolas Kayanakis (OAS), Olivier Picot d’Assignies (OAS), Jean-Loup Blanchy (OAS), Pierre Delhomme (OAS),

L’adjudant-chef Marc Robin (OAS) …

Et combien de sergents-chefs, de sergents … ?

4) Le 13 mai 1958, le général de Gaulle déclamait à la foule venue l’acclamer au Forum à Alger : « Tous Français, de Dunkerque à Tamanrasset »

Un article du 15 avril 1955 attribue à M. Kruger les mots suivants : « La France est agricole et industrielle. Cela forme un tout qui va de Lille au Sahara. »

8) de Gaulle était-il raciste ?

A Alger, en 1943, à Mendès-France, qui vient de se présenter à lui : « Encore un Juif ! Je suis entouré de communistes, de juifs et de francs-maçons ! »

En 1945, à propos du Comité de Lublin (Pologne) Il confie à un de ses collaborateurs … qu’il ne s’agit que d’une « bande de rabbins ; une bande de youtres … »

Le 12 juin 1945 directive au Garde des sceaux : « Sur le plan ethnique, il convient de limiter l'afflux des Méditerranéens et des Orientaux, qui ont depuis un demi-siècle profondément modifié les compositions de la population française. Sans aller jusqu'à utiliser, comme aux Etats-Unis, le système rigide des quotas, il est souhaitable que la priorité soit accordée aux naturalisations nordiques (Belges, Luxembourgeois, Suisses, Hollandais, Danois, Anglais, Allemands, etc.) »

Le 5 mars 1959 (mémoires d’Alain Peyrefitte) « Il ne faut pas se payer de mots. C’est très bien qu’il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu’elle a une vocation universelle. Mais à condition qu’ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. Qu’on ne nous raconte pas d’histoires ! Les musulmans, vous êtes allés les voir ? Vous les avez regardés, avec leurs turbans ou leurs djellabas ? Vous voyez bien que ce ne sont pas des Français ! (...) Essayez d'intégrer de l'huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d'un moment, ils se sépareront de nouveau. Les Arabes sont les Arabes, les Français sont les Français. Vous croyez que le corps français peut absorber 10 millions de musulmans, qui demain seront peut-être 20 millions et après-demain 40 ? Si nous faisons l'intégration, si tous les Arabes et Berbères d'Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s'installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s'appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey- les-Deux-Mosquées ! »

En mars 1960, lors d’une nouvelle « tournée des popotes », à des officiers : « … Les musulmans, qui ne se lèvent même pas quand passe le président de la République française, ne seront jamais des Provençaux ni des Bretons. … »

Entre début 1959 et fin 1961 : « Ce pauvre Debré (petit-fils de rabbin) est toujours devant le mur des Lamentations » CIF

En mars 1962, de Gaulle : « Alors Joxe, vous avez bientôt fini avec vos bicots ? »

Le 4 mai 1962 (Conseil des Ministres rapporté par Alain Peyrefitte dans ses mémoires) : « Les harkis, ce magma dont il faut se débarrasser sans attendre ! »

Il préfère regarder l’objectif plutôt que les hommes qu’il passe en revue !

« Et puis ces gens-là (les Arabes) ne sont pas des Français ; ne seront jamais des Français ... »

« Vous n'imaginez pas, tout de même, qu'un jour un Arabe, un musulman, puisse être l'égal d'un Français ! Voyons, c'est impensable. » (Déclarations faites à son conseiller pour l'Afrique et les affaires algériennes Bernard Tricot)

« Ce n’est pas un Français comme vous et moi. C’est un pied-noir. » répondit de Gaulle à J. R. Tournoux (son biographe) à propos d’Edmond Jouhaud, ancien résistant, général d’armée (5 étoiles).

Dans les Landes, de Gaulle confie à des notables : « Ils vous intéressent, vous, ces Mohammed et ces Fernandez ? »

En 1965, il déclare à Peyrefitte que les Américains … « avec leurs histoires de Noirs … » CFI

En 1967, à Foccart qui lui demande de recevoir un chef d’Etat africain : « Foutez-moi la paix avec vos nègres … cela fait très mauvais effet à l’extérieur : on ne voit que des nègres tous les jours à l’Elysée. » CFI

Le 3 juin 1967, de Gaulle déclare l’embargo des 50 Mirages IV promis à Israël pour les vendre éventuellement à la Lybie !

Lors de sa conférence de presse du 27 novembre 1967 … de Gaulle qualifie les juifs de « peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur. » CFI

L’indignation de Raymond Aron est si grande qu’elle le pousse à publier en 1968 un court livre intitulé De Gaulle, Israël et les juifs, dans lequel il l’accuse d’avoir « sciemment, volontairement, ouvert une nouvelle période de l’histoire juive et peut-être de l’antisémitisme. » 9) de Gaulle était-il fou ?

Source : De Gaulle une certaine idée de la France par Julian Jackson (éd. Seuil) aout 2019

« … Jacques Bingen, jeune ingénieur … Rattaché au ministère britannique des Transports maritimes … contacts avec de Gaulle … « Mon grand chef m’a vivement désillusionné (il aurait besoin d’une bonne cure de psycho-analyse) …

Eden (secrétaire au Foreign Office -Affaires étrangères-) écrit à Churchill : « Il se pourrait que nous découvrions que de Gaulle est fou ; s’il en est ainsi, il faudra le traiter comme tel ».

De Brazzaville, le consul général britannique, favorable à de Gaulle, écrit : « Je suis enclin à penser que de Gaulle est au bord de la dépression nerveuse. »

Morton (assistant personnel de Churchill) … rapporte à Cadogan (sous-secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères) : « … S’il délire comme un dément un jour … c’est parce qu’il pense que ce genre d’attitude est le plus efficace pour parvenir avec ses fins avec son interlocuteur. »

Le 30 septembre (1942) … De Gaulle, furibond, casse une chaise. »

(le 30 mai 1943) (Jean) Monnet n’arrive pas à savoir si de Gaulle est « un dangereux démagogue, un fou, ou les deux à la fois ».

Catroux confie à Macmillan qu’il se retrouve « entre un fou (de Gaulle) et un âne (Giraud) »

Vincent Auriol, le président de la République, commence à douter de la santé mentale du Général lorsque, en février 1947, il reçoit une lettre dans laquelle de Gaulle refuse la médaille militaire que la France lui a accordée en même temps qu’à Staline, Churchill et Roosevelt … Il écrit dans son journal : « Il est vraiment cinglé, il parle à la première personne du pluriel. »

10) De Gaulle et le crime politique

Quand de Gaulle ne commandite pas lui-même le crime politique, il l’excuse et le justifie :

0 - Son père, Henri de Gaulle, par rapport au chapitre que son fils consacre vers 1935 à Hoche, un des généraux les plus brillants de la Révolution, mais responsable de massacres de royalistes pendant la guerre de Vendée en 1793, déplore que son fils ait fait preuve de « tant de sympathie pour ceux qui gardaient les portes de la boucherie, tandis qu’on égorgeait les victimes ».

1 - Le 8 juillet 1940, de Gaulle, à propos du massacre de la flotte française par les Anglais à Mers el Kébir le 3 juillet : « [...] l’affreuse canonnade d’Oran … Les navires d’Oran étaient, en réalité, hors d’état de se battre. Ils se trouvaient au mouillage, sans aucune possibilité de manœuvre ou de dispersion … Ils ont laissé aux navires anglais les premières salves qui, chacun le sait, sont décisives sur mer à de telles distances. »

Mais il rajoute « En vertu d’un engagement déshonorant, le gouvernement de Bordeaux avait consenti à livrer nos navires à la discrétion de l’ennemi. Il n’y a pas le moindre doute que, par principe et par nécessité, l’ennemi les aurait employés soit contre l'Angleterre, soit contre notre propre Empire. Eh bien, je le dis sans ambages, il vaut mieux qu’ils aient été détruits. »

Il écrira pourtant dans ses Mémoires : « [...] contrairement à ce que les agences anglaises et américaines avaient d'abord donné à croire (mais lui ne pouvait l’ignorer), les termes de l'armistice ne comportaient aucune mainmise directe des Allemands sur la flotte française. »

2 - Les 23 et 24 septembre 1940, « le Général de Gaulle crut cependant qu’il lui suffisait de se présenter … devant Dakar pour en être maître. » (Capitaine François Garbit, Compagnon de la Libération) : c’est l’échec du débarquement des forces gaullistes appuyées par la Royal Navy à Dakar …

3 - Le 8 décembre (1942), Alexander Cadogan note dans son journal : « Le seul remède que propose de Gaulle est de « se débarrasser de Darlan » … »

Le 24 décembre 1942, l’amiral Darlan est assassiné par un jeune étudiant, Fernand Bonnier de la Chapelle, qui sera jugé de manière expéditive et exécuté le 26 décembre 1942 … sur ordre du général Giraud … Le juge d’instruction, Voituriez, précise que si l’information n’a pas permis d’établir que l’ordre d’abattre l’amiral Darlan émanât de de Gaulle, elle n’a laissé, par contre, aucun doute sur le fait que de Gaulle a approuvé le projet d’assassinat. Bonnier de la Chapelle sera d’ailleurs réhabilité après son exécution, en vertu d’une législation décrétée en sa faveur par de Gaulle lui-même, qui fera fleurir par ses amis la tombe du-dit Bonnier de la Chapelle.

C’est le décès de Darlan (le 24 décembre 1942), puis la mise à l’écart de Giraud, qui laisseront le « champ libre » à de Gaulle …

4 - Le 21 juin 1943, à Caluire-et-Cuire, près de Lyon, Jean Moulin est arrêté par la Gestapo : dans Histoire secrète de la gestapo française dans le Lyonnais de Philippe Aziz (1976), l’auteur titre un de ses paragraphes : « Hardy et de Gaulle d’accord pour éliminer Jean Moulin ? » : « Moulin ne convenait pas à de Gaulle … Il combattait au cœur de la bataille … Moulin était contre les communistes. Or, de Gaulle traitait avec les communistes. »

5 - Par lettre du 15 février 1943, Giraud autorise Pucheu, alors ministre de l’Intérieur du gouvernement de Vichy, à passer en Afrique du Nord …

Le 16 mai 1943, arrivé en Afrique du Nord, Pucheu est arrêté …

Le 19 mars 1944, de Gaulle lui fait dire par ses avocats qu’il lui « garde son estime » mais rejette sa demande de grâce : le 20 mars 1944, Pucheu sera exécuté pour trahison …

6 - Le 2 août 1943, la condamnation à mort du préfet de Rouen, André Parmentier, pour intelligence avec l’ennemi, est lue, sous la responsabilité de de Gaulle, à la radio de Londres et communiquée, pour exécution, à tous les préfets : « … mande et ordonne à tout Français patriote de le rechercher en quelque lieu qu’il se trouve et d’exécuter la présente sentence. »

N’importe qui recevait ainsi le droit de pourchasser et même de tuer le préfet ! Celui-ci, ayant échappé à la tentative de meurtre, fut jugé, longtemps après la Libération : il fut relevé de toute condamnation pour avoir appartenu à la Résistance …

7 - Le 27 mai 1942, de Londres, de Gaulle : « J’ai, personnellement, comme toute l’armée française, beaucoup de considération et d’admiration pour la personne du Général Giraud. Je crains malheureusement que le général Giraud ne soit actuellement dans l’impossibilité d’agir parce qu’il est soumis au régime, à la discipline, et à la surveillance de Vichy. Mais je suis personnellement certain qu’il est résolu à faire ce qu’il pourra pour que la France fasse son devoir dans cette guerre et reprenne le combat. J’en ai personnellement l’assurance. »

Le 25 février 1943, Alger devient la capitale de la France libre : le Comité Français de Libération National y est créé, dirigé collégialement par les généraux Giraud et de Gaulle.

Le 30 mai 1943, de Londres, de Gaulle : « Nous pensons que … le général Giraud est d’accord avec nous … Demain matin, moi-même, le général Catroux, MM. Massigli et Philip auront, avec le général Giraud, une entrevue, au cours de laquelle nous avons l’espoir de former le noyau du pouvoir central envisagé. »

Le 3 juin 1943, le CFLN est transformé en Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF), présidé par les généraux de Gaulle et Giraud.

L’amiral Muselier est nommé par le général Giraud, responsable civil et militaire d’Alger : il est mis à l’écart par de Gaulle, alors qu’il fut le seul officier supérieur, on l’a vu, à avoir rejoint De Gaulle à Londres ! Le 28 août 1944, à Mazagran, le général Giraud reçoit par derrière une balle qui lui traverse la joue : l’auteur de la tentative d’assassinat (qui avait visé la nuque), un musulman, fut rapidement exécuté malgré que Giraud eût sollicité sa grâce.

Giraud refusera la Grand Chancellerie de la Légion d’Honneur que lui offrira de Gaulle, allant jusqu’à accuser de Gaulle d’avoir fait armer le meurtrier …

Bien qu’étant un des gaullistes les plus convaincus depuis son arrivée à Londres en juin 1942, même André Philip fut choqué par la brutalité dont de Gaulle avait fait preuve dans l’élimination de Giraud après son retour à Alger, et il le lui écrit : « … votre mépris total de la nature humaine … votre orgueil … vous avez un total mépris de l’être humain … »

8 - « … sur le plan diplomatique, la position du général de Gaulle faisait ici (Grande-Bretagne) l’objet d’un statut très particulier, qui l’empêchait notamment d’attenter à la liberté d’aucun de ses compatriotes séjournant en Grande-Bretagne et qui, pour une raison ou pour une autre, ne se seraient pas ralliés sous son commandement. Il a reconnu cette obligation entre les mains de M. Anthony Eden (secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères de sir ) … »

Or, en novembre 1943, le sieur Dufour porte plainte en séquestration arbitraire contre le général de Gaulle et de Gaulle est cité à comparaître devant un tribunal britannique …

Le 15 juin 1944 « … Churchill se résolut à faire pour lui (de Gaulle) ce qui n’avait pas été fait naguère pour l’héritier du trône : il pria en plein conseil de son cabinet de guerre sir Stafford Cripps … de persuader par des moyens sonnants et trébuchants (c’est moi qui souligne) le nommé Dufour de retirer sa plainte, ce qui fut fait. »

9 - Le 25 octobre 1944, de Gaulle : « Et s’il y a un pauvre agent de tué, je le regretterai pour lui, mais il aura au moins l’avantage de mettre une fois pour toute la police du bon côté et de rendre les autres odieux … »

10 - « Les cours de justice condamnèrent à mort plusieurs écrivains notoires. S’ils n’avaient pas servi directement, passionnément l’ennemi, je commuais leur peine par principe. Dans un cas contraire, le seul, je ne me sentis pas le droit de gracier. » Mémoires de de Gaulle

Menteur !

Le 9 novembre 1944, le journaliste et essayiste Georges Suarez (54 ans) est fusillé. Le 9 janvier 1945, l’ancien officier de marine et écrivain Paul Chack (69 ans) est fusillé. Le 6 février 1945, le journaliste et écrivain Robert Brasillach (36 ans) est fusillé.

Robert Brasillach est condamné à mort le 19 janvier 1945. … Mauriac prend sa défense … Avec 57 autres intellectuels, dont Claudel, Valéry, Colette et Camus … il signe une pétition demandant à de Gaulle de gracier Brasillach … Mauriac est surtout frappé par la « force prodigieuse de mépris » d’un homme « plein d’orgueil et de la conscience de sa supériorité. ».

11 - Le 14 juillet 1941, à Saint-Jean d’Acre, de Gaulle donne sa parole de soldat qu’il n’engagera « aucune poursuite » contre le général Dentz …

Le 15 juillet 1941, à Saint-Jean d’Acre, le général Dentz signe un armistice avec les Anglais qui stipule que les militaires de Syrie ne pourront être poursuivis.

Le 20 avril 1945, « le général Dentz est condamné à la peine de mort, mais, tenant compte des loyaux et bons services qu’il avait rendus en d’autres temps, et compatissant à ce drame du soldat perdu, je le graciai aussitôt. » Mémoires de Gaulle

Le général Dentz est resté six mois enchaîné, les fers aux pieds et aux poignets, et il est mort de froid en prison le 13 décembre 1945 !

Le ministère public, à qui il disait : « J’ai obéi aux ordres. », lui répondait : « Au grade qui est le vôtre, aux fonctions que vous remplissez, on est juge de l’ordre qu’on reçoit. »

12 - Le 15 août 1945, la Haute Cour de Justice condamne le maréchal Pétain (90 ans) à la peine de mort

Après son discours du 6 juin 1944, le colonel Rémy : « Si … le général de Gaulle avait pu lire dans le cœur des Français, je pense qu’il aurait ajouté : « Je suis bien sûr que vous qui suiviez le maréchal Pétain de bonne foi et de bonne volonté brûliez du même amour de la Patrie que celui qui enflammait le cœur de mes compagnons. » »

En 1947, de Gaulle : « Il fallait que la France eût alors deux cordes à son arc : il lui fallait la corde de Gaulle, il lui fallait aussi la corde Pétain … la corde Pétain eût pu jouer au profit de la France … elle était seule de nature à permettre d’espérer qu’une représentation française s’opposerait aux exactions de l’ennemi … »

Le 16 mars 1950, conférence de presse au Palais d’Orsay : « C’est un opprobre que de laisser en prison un homme qui va avoir 95 ans. Cela n’est jamais arrivé. C’est une responsabilité qu’on devrait faire en sorte de n’avoir pas sur les épaules. L’amnistie … tous ceux qui ont été de bonne foi, même quand ils se sont lourdement trompés, il faut maintenant qu’ils y rentrent … »

Le 26 mai 1951, discours prononcé au Forum : « Il est lamentable pour la France, au nom du passé et de la réconciliation nationale indispensable, qu’on laisse mourir en prison le dernier Maréchal. »

13 - Le 25 novembre 1946, de Gaulle écrit à Paul Colette, condamné à mort pour avoir voulu tuer Pierre Laval, et qui avait envoyé au général le récit de son attentat : « Mon cher Colette, votre témoignage m’a tout particulièrement touché, c’est avec émotion que j’ai lu votre récit, croyez, mon cher Colette, à mes sentiments cordialement dévoués. »

14 - En novembre 1947, la Commission parlementaire sur les évènements survenus depuis 1939 demande à de Gaulle de venir témoigner devant elle : il lui oppose une fin de non-recevoir par une lettre du 24 !

15 - Dès l'automne 1947 ... La nécessité de grouper des militants capables de soutenir les orateurs (du RPF) -capables au sens physique du mot- fut à l'origine de la création d'un Service d'Ordre.

Dominique Ponchardier monta l'ensemble de toutes pièces ... Service d’Ordre qui sera, 20 ans plus tard, à l'origine du SAC (où s'illustrèrent Pasqua et Pandraud).

De Gaulle (à propos des membres du SO) : « il n'y a pas de connerie qu'ils ne soient pas capables de commettre, ils n'en ratent pas une. »

16 - Le 17 septembre 1948, lors d’une manifestation du RPF dans la banlieue de Grenoble, 1 mort (communiste), « parmi les blessés, seuls les communistes l’ont été par balles. » 26 personnes arrêtées pour port d’engins divers (matraques, coups-de-poing américains …) dont 22 RPF et 4 communistes …

17 - Le 16 janvier 1957, un attentat au bazooka est commis contre le général Raoul Salan, alors nouveau commandant de la Xème Région Militaire : il coûte la vie à l’aide de camp du général, le commandant Rodier (50 ans).

Le 20 janvier, à 9 heures, le commandant Henry, chef de la sécurité militaire, et le lieutenant-colonel Shacken, chef du 2ème Bureau, informent le général Salan qu’il fait l’objet d’une campagne de diffamation, dont l’origine est à Paris, campagne qui n’a commencé qu’après la visite du général Cogny le 15 décembre.

En mai 1958, le général Cogny refuse de remplacer le général Salan en Algérie.

Le général Cogny trouvera la mort dans l’accident du vol 1611 d’Air France qui s’abîme en Méditerranée au large de Nice le 11 septembre 1968 …

18 - Le 27 janvier (1960) … de Gaulle pousse Delouvrier à agir plus vigoureusement : « Il y a des moments où il faut savoir verser le sang français. » !

19 - En février 1962, le général Katz (rallié au mouvement d’Alger en mai 1958) est nommé responsable militaire à Oran.

Le 26 mars 1962, c’est le massacre de la rue d’Isly : 80 morts et plus de 200 blessés !

Le 4 août 1962, Katz est cité à l’Ordre de l’Armée comportant attribution de la croix de la Valeur militaire avec palme pour, entre autres, « avoir su rétablir et préserver avec force et dignité (?) l’autorité légale et l’ordre public. »

Le 28 octobre 1969, Christian Fouchet : « J’en ai voulu au Général de m’avoir limogé au lendemain de mai 1968 … C’était une faute politique. Il m’a reproché de ne pas avoir maintenu l’ordre (!) : - Vous n’avez pas osé faire tirer. - J’aurais osé, s’il l’avait fallu, lui ai-je répondu. Souvenez-vous de l’Algérie, de la rue d’Isly. Là, j’ai osé, et je ne le regrette pas, parce qu’il fallait montrer que l’armée n’était pas complice de la population algéroise. »

Entre « ne pas être complice » et tirer sur une foule désarmée brandissant le drapeau français et chantant la Marseillaise, il y a plus qu’un pas !

20 et 21 - Le 7 juin 1962, le sergent Albert Dovecar (25 ans) et le légionnaire Claude Piegts (28 ans) sont fusillés.

22 - Le 6 juillet 1962, le lieutenant Roger Degueldre (37 ans) est fusillé, ou plutôt massacré.

23 - Dans la nuit du 14 au 15 septembre 1962, le commandant Henri Niaux, membre de l’OAS et suspecté d’être le cerveau de l’attentat du Petit-Clamart, est transféré d’Agen à Paris. Au matin, on le découvre pendu.

24 - Fin février 1963, le colonel Argoud est enlevé dans un hôtel à Munich.

25 - « Celui-là, aurait confié de Gaulle à un Compagnon de la Libération en parlant du colonel Bastien- Thiry (36 ans, assassiné le 11 mars 1963), ils pourront en faire un martyr, s’ils le veulent, lorsque j’aurai disparu. Il le mérite. »

Laval comme Clémenceau, victimes d’attentats et blessés par balle, vinrent à la barre du tribunal demander la grâce de ceux qui en voulait à leur personne, en expliquant qu’étant hommes politiques ils comprenaient que d’autres citoyens puissent ne pas les suivre et veuillent les assassiner compte tenu des décisions qu’ils avaient prises …

26 - En juillet 1964, Sergent échappe à une exécution maquillée en accident de la route sur la N7 entre Fréjus et Puget sur Argens …

La liste n’est pas exhaustive …

11) Heureusement de Gaulle est « jugé » (moralement), par lui-même mais surtout par les siens

Où nous verrons que même les gaullistes les plus convaincus dénoncent ses paroles et ses actes.

En septembre 1948, au Conseil National du RPF à Levallois-Perret, de Gaulle lui-même : « Quiconque abandonnera un territoire français passera en Haute Cour. »

Le 31 mai 1954, de Gaulle lui-même : « Si le désastre balaie les gouvernants, tandis que le pays est sans institutions valables, il arrive qu’il n’y ait plus rien entre le guerrier et la nation. Ah ! Qu’alors Dieu garde le soldat de prendre à sa charge le renoncement national ! »

Dans Le Monde du 31 mars 1957, Edmond Michelet écrit « La retraite française d’Algérie serait la définitive victoire posthume d’Hitler ».

Le 2 décembre 1957, le sénateur RPF Michel Debré écrit dans le « Courrier de la colère » : « Tant que l’Algérie est terre française, tant que la loi en Algérie est la loi française, le combat pour l’Algérie est le combat légal, l’insurrection pour l’Algérie est l’insurrection légale. »

Le 20 décembre 1957, Michel Debré : « Que les Algériens sachent surtout que l’abandon de la souveraineté française en Algérie est un acte illégitime, c’est-à-dire qu’il met ceux qui le commettent et qui s’en rendent complices hors la loi, et ceux qui s’y opposent, quel que soit le moyen employé, en état légal de légitime défense. »

Le 14 août 1958, Pierre Guillaumat, ministre des Armées, soutient que tout plaidoyer pour l’indépendance, fût-ce en réunions privées, serait une « atteinte à la sûreté de l’Etat » !

Le 24 octobre 1958, lettre de de Gaulle au général Salan : « … les délégués de Ferhat Abbas ne verront que des représentants du commandement militaire. Ils ne seront admis à parler que du cessez- le-feu et ce cessez-le-feu comportera nécessairement la remise des armes rebelles à l’autorité militaire. Je vous dis cela à vous seul, pour que vous sachiez à quoi vous en tenir. Naturellement, ne le répétez pas. »

Le 16 septembre 1959, de Gaulle : « … Quant à la date du vote … au plus tard 4 ans après la paix revenue … lorsqu’embuscades et attentats ne coûteront pas la vie à plus de 200 personnes par an … »

Le lendemain de ce discours … de Gaulle répondit au député de Lyon, Charles Béraudier, qui s’inquiétait des termes de cette déclaration : « Béraudier, vous avez déjà vu de Gaulle abandonner quelque chose ? »

Le 3 mars 1960, de Gaulle : « Moi vivant, jamais le drapeau F.L.N. ne flottera sur Alger. »

Le 14 juin 1960 allocution TV de Gaulle : « … toutes (c’est moi qui souligne), oui toutes les tendances pourront prendre part aux débats qui fixeront les conditions du référendum, à la campagne auprès des électeurs et au contrôle du scrutin … »

Le 4 novembre 1960, de Gaulle : « Les dirigeants de la rébellion prétendent ne faire cesser les meurtres que si eux seuls ont fixé avec nous les conditions du futur référendum, comme s'ils étaient des représentants de l'Algérie toute entière ... comme s'ils étaient déjà les gouvernants de l'Algérie ... Dès lors, leur arrivée à Alger ferait de l'autodétermination une formalité dérisoire et jetterait le territoire dans un chaos épouvantable ... Cela, je ne le ferai jamais ! »

Le 20 décembre 1960, de Gaulle : « Quoi qu’il arrive, la France protégera ses enfants et les musulmans qui voudront rompre avec les parties intéressées. »

Le 6 janvier 1961, de Gaulle répète : « Bien entendu et quoi qu'il arrive, la France protégera ses enfants dans leurs personnes et dans leurs biens. »

Le 6 juin 1961, une directive du ministre Pierre Messmer aux cadres de l’Armée est rendue publique qui reconnait que le FLN est : « Battu sur le terrain … »

Le 21 septembre 1961, de Gaulle, à Villefranche de Rouergue : « La France se doit de protéger ses enfants de l'autre côté de la Méditerranée, elle le fait et elle le fera ... »

Le 18 mai 1962, les avocats du général Salan citent le sénateur François Mitterrand comme témoin devant le haut tribunal militaire … : « Commencer à tuer un Français parce qu'on n'est pas d'accord avec lui, cela oblige à poser cette question : quand donc la patrie reconnaîtra-t-elle les siens ? »

Le 24 mai 1962, le premier ministre Georges Pompidou : « Tant que je serais à la tête du gouvernement, Jouhaud ne sera pas fusillé. - Alors, allez-vous-en ! répond de Gaulle - J’y suis prêt, mon général ! »

Le professeur d’économie et Chevalier de l’Economie Nationale Maurice Allais, dans l’Algérie d’Evian, paru en juillet 1962, dénonce : « l’abandon d’un million des nôtres et d’un million de ceux qui sont plus que nôtres pour avoir tout fait pour le rester. »

Le 19 octobre 1962, le Conseil d’Etat décide que l’ordonnance (présidentielle) du 1er juin 1962 qui avait institué « une cour militaire de justice » était annulée … en raison de « l’importance et de la gravité des atteintes que l’ordonnance attaquée apporte aux principes généraux du droit pénal en ce qui concerne notamment la procédure qui y est prévue et l’exclusion de toute voie de recours. »

Je laisserai le mot de la fin (pour ce chapitre) au député gaulliste de la Sarthe Raymond Dronne qui dira au procès des capitaines Met et Renauld, le 11 septembre 1962à propos de la politique du pouvoir : « la plus grande escroquerie au patriotisme de tous les temps »

12) Après tous ces crimes, pas étonnant que certains aient voulu attenter à sa vie … mais, malheureusement, de Gaulle avait la baraka !

Le mot baraka dérive d’un terme arabe qui signifie sagesse, bénédiction, comme dans … Barack Obama.

0) « … l’occasion me serait plus d’une fois offerte de constater qu’il bénéficiait le plus souvent … d’une chance extraordinaire. » in dix ans avec de Gaulle de Rémy (colonel)

0 bis) Le 18 avril 1948 « Dans ce qui n’était -j’en fus le témoin- qu’un effet de sa surprenante « baraka », chacun voulut voir une volonté déterminée de défier les communistes … » (qui avaient menacé de s’en prendre à lui)

1) Le 15 février 1959, alors que de Gaulle va visiter une cathédrale en Haute-Garonne, on lui jette un paquet qui tombe à ses pieds : un de ses gardes du corps, Roger Tessier, donne un coup de pied dans le paquet qui se révèle n’être ni une bombe ni une grenade, mais une roche …

2) En juillet 1959, attentat raté à Toulon

3) le 9 décembre 1960, à Aïn-Temouchent, des garçons décidés doivent poignarder de Gaulle. Mais on a demandé aux dirigeants du FAF de ne rien faire sans l’accord de l’Armée : le FAF s’incline et l’attentat projeté n’a pas lieu.

4) le 13 décembre 1960, de Gaulle a prévu d’achever son périple à Philippeville : un commando civil a prévu de mitrailler de Gaulle à courte distance sur le chemin de l’aéroport : un membre du commando, ancien de l’Irgoun (organisation militaire israélienne créée en 1931 et intégrée à l’armée israélienne en 1948), a parlé à des coreligionnaires et les services secrets israéliens, informés, alertent de Gaulle qui annule son étape et rentre en France.

5) Le 8 septembre 1961, le lieutenant-colonel Jean-Marie Bastien-Thiry organise l’attentat de Pont-sur- Seine contre de Gaulle : une charge explosive endommage la voiture présidentielle.

En novembre 1961, à Birch Grove, la résidence de campagne de Macmillan dans le Sussex … Comme il (de Gaulle) est sous la menace constante d’un attentat, il ne se déplace qu’avec des poches de plasma …

6) Le 1er mai 1962, un ancien sous-officier de parachutistes, qui a connu Dien-Bien-Phu, armé d’un Colt (?), est prêt à tuer de Gaulle qui doit être présent aux Halles pour la remise traditionnelle du muguet : ce dernier n’est pas là.

7) Le 23 mai 1962, opération Chamois où de Gaulle devait être abattu sur le perron de l’Elysée par un tireur posté en face.

8) En juin 1962, une équipe de l'OAS, venue spécialement d'Algérie, débarque en métropole dans un double but : faire évader le lieutenant Roger Degueldre (chef des commandos Deltas), arrêté le 7 avril 1962, et fomenter un attentat contre le général de Gaulle … Delta sera assassiné le 6 juillet 1962.

9) Le 8 août 1962, nouvelle tentative avortée d’attentat contre de Gaulle.

10) Le 22 août 1962, Bastien-Thiry organise l’attentat du Petit-Clamart contre de Gaulle : 73 douilles sont découvertes sur les lieux, dont 24 (seulement ?) de fusil-mitrailleur ; 39 autres sont recueillies peu après dans l’estafette jaune retrouvée le soir même abandonnée. La DS noire immatriculée 5249 HU 75 a été atteinte par 6 projectiles (sur près de 120 tirés !) : 2 ont frappé les pneus, un 3ème a traversé l’intérieur du véhicule après avoir pulvérisé la vitre arrière, un 4ème s’est logé dans le siège arrière, un 5ème a frappé le coffre, le dernier a traversé la portière avant.

Lajos Marton, un des membres du commando, dit avoir « tiré plusieurs rafales de balles de 11.43 de son pistolet-mitrailleur Thompson (chargeur droit de 20 ou 30 coups, à moins qu’il ne s’agissait d’un chargeur « camembert » à 50 coups, à 700 coups/minutes, poids 4.9 kg) avant qu’il ne s’enraye ». Il attribue l’échec de l’attentat à plusieurs raisons : - 2/3 des armes s’enrayèrent ! - les tireurs étaient peu entraînés ! - les deux fusils-mitrailleurs ne tirèrent pas dans l’axe de la DS19 présidentielle ! Les fusils-mitrailleurs, volés le 7 juillet 1962, étaient-ils des FM 24/29 (Chatellerault) que l’armée française utilisa jusqu’à la fin des années 50 (calibre 7.5, chargeurs de 25, 500 coups/minute, portée efficace 600 m, poids 9 kg) ou sa remplaçante l’AA52 (calibre 7.5, chargeurs de 50, 900 coups/minute, portée efficace 800 m) ?

Pourquoi ne pas s’être entraîné avant ? Pourquoi ne pas avoir vérifié les armes avant ou ne pas avoir prévu plus d’armes ? Pourquoi ne pas avoir utilisé un bazooka comme en 1957 contre le général Raoul Salan ?

Sachant qu’une DS19 mesure 4.80 m de long x 1.80 m de large x 1.45 m de haut …

11) Le 31 juillet 1963, complot de l’Ecole militaire par Georges Watin : il inspirera le personnage du Chacal dans le livre de Frédéric Forsyth the day of the Jackal sorti en 1971, qui inspira lui-même le film de Fred Zinnemann de même nom sorti en 1973.

(la version de 1997 de Michael Caton-Jones avec Richard Gere et Bruce Willis dans le rôle-titre n’a rien à voir avec notre histoire : elle met en scène un tueur de l’IRA qui doit abattre la femme du président des Etats-Unis.)

12) Le 14 juillet 1964, un attentat est envisagé contre de Gaulle mais doit être annulé in extremis. (Susini, Buscia …)

13) Le 15 août 1964, Buscia installe des charges explosives au Mont Faron mais de Gaulle échappe une fois de plus à la mort, les charges n’étant pas mises à feu par les exécutants qui arrivent trop tard !

Ce sera la dernière tentative …

13) LE crime : de Gaulle et le 19 mars

« Jamais le général de Gaulle n’avait pardonné au maréchal Pétain l’armistice de 1940. Pour le chef de la France libre, c’était là un crime inexpiable. La politique de Vichy ? Il en réprouvait presque tous les épisodes. Mais ceux-ci passaient, dans son esprit, au second plan. « Pour moi, a-t-il expliqué, la faute capitale de Pétain et de son gouvernement, c’était d’avoir conclu avec l’ennemi au nom de la France, le soi-disant « armistice ». Certes, à la date où on l’avait signé, la bataille dans la Métropole était indiscutablement perdue. Arrêter le combat entre l’Atlantique et les Alpes pour mettre un terme à la déroute, cet acte militaire et local eut été justifié » » in les dossiers secrets du XXème siècle d’Alain Decaux

Et lui, le « grand » de Gaulle, qu’a-t-il fait le 19 mars 1962 ?

Le 2 janvier 1944, d’Alger, de Gaulle : « … la sagesse impose de ne souhaiter le terme de la lutte que s’il doit comporter les conditions d’une paix juste et durable. »

Fin 1957 le ministre-résidant en Algérie demande au général Raoul Salan, sur le plan militaire, d’établir une note sur « les conditions indispensables à un cessez-le-feu en Algérie. » : le général Salan la lui remet le 17 décembre 1957.

Plus tard, en 1959, quand le général Salan sera devenu gouverneur militaire de Paris et membre du Conseil de la Défense, le premier ministre Michel Debré lui demandera ses idées sur un « cessez-le-feu » en Algérie. Le général les lui exposera et Michel Debré les approuvera.

Le 24 octobre 1958, lettre de de Gaulle au général Salan : « Mon cher Salan, … on pourrait voir un jour ou l’autre l’organisation de Ferhat Abbas demander à envoyer des « délégués » dans la métropole. En pareil cas, ces « délégués » ne seront pas amenés à Paris. Ils ne verront, dans quelque coin de province, que des représentants du commandement militaire. Ils ne seront admis à parler que du « cessez-le-feu » et ce « cessez-le-feu » comportera nécessairement la remise des armes rebelles à l’autorité militaire. »

Ces « délégués » seront reçus à l’Elysée, parleront de bien plus que du « cessez-le-feu » et il ne sera plus question pour les rebelles de remettre leurs armes !

Lors de sa tournée dite « des popotes », du 27 au 31 août 1959, de Gaulle dira aussi aux officiers parachutistes : « Jamais je n’entamerai de négociations politiques avec le FLN ! De Gaulle ne traitera jamais avec les assassins. Moi vivant, jamais le drapeau FLN ne flottera sur Alger … »

Il y flotta pourtant du vivant de de Gaulle.

Le 10 septembre 1959, de Gaulle : « La guerre est terminée. Les gens du FLN seront ici demain, après demain, avant huit jours. Ils demanderont la paix à genoux. »

Qui s’est mis à genoux devant l’autre ?

Le 16 septembre 1959, de Gaulle « … Quant à la date du vote … au plus tard 4 ans après la paix revenue … embuscades et attentats ne coûteront pas la vie à plus de 200 personnes par an … »

Le 10 novembre 1959, de Gaulle : « … Si des représentants de l’organisation extérieure de la rébellion décident de venir en France pour en débattre, il ne tiendra qu’à eux de le faire, n’importe quand, soit en secret, soit publiquement, suivant ce qu’ils choisiront. »

Le 20 novembre 1959, de Gaulle à Colmar : « Nous avons dit à ceux qui combattent ce qu’il fallait faire s’ils voulaient la paix comme nous le voulons. Il ne tient qu’à eux de prendre le chemin que nous les avons invités à prendre. Je parle, bien entendu, de ceux qui combattent ; je ne parle pas de ceux qui sont hors du combat. »

En février 1960, de Gaulle répond au général Ely, favorable à la négociation : « Ne pas faire couler le sang ! Avec tout le sang qui a déjà coulé en Algérie, qu’est-ce que cela peut faire ? » Le 14 juin 1960 allocution TV de de Gaulle : « … Une fois de plus je me tourne, au nom de la France, vers les dirigeants de l’insurrection. Je leur déclare que nous les attendons ici pour trouver avec eux une fin honorable aux combats qui se traînent (sic) encore, régler la destination (et non plus la remise) des armes, assurer le sort des combattants. »

Le 5 août 1960, de Gaulle : « Qui peut croire que la France, sous le prétexte d’ailleurs fallacieux d’arrêter les meurtres, en viendrait à traiter avec les seuls insurgés, avec la seule organisation extérieure de la rébellion, à traiter de tout l’avenir politique de l’Algérie ? A les bâtir comme étant représentation unique de l’Algérie toute entière ? Bref, à admettre que le droit de la mitraillette l’emporte d’avance sur celui du suffrage ? Dans quel monde étrange peuvent bien vivre les gens qui se figurent qu’au cœur de Paris la libre circulation dans les rues, les réceptions dans les ambassades, les conférences de presse, les déclarations à la radio pourraient être consenties à l’organisation extérieure de la rébellion tant que des actes meurtriers continuent d’être organisés dans l’Algérie et la métropole ? Et pour qui me prennent-ils moi-même, ceux qui s’imaginent que je pourrais conférer avec les chefs de la rébellion tant que les meurtres continuent, de telle sorte qu’à mesure de la conversation avec eux, on viendrait m’annoncer que des malheureux Musulmans ont été égorgés dans les douars de l’Algérie ou dans les faubourgs de la métropole, qu’on a jeté des grenades sur un marché arabe ou kabyle, qu’on a tiré sur des femmes et des enfants à la baignade sur des plages, qu’on a exécuté des troupiers pris au combat, qu’on les a exécutés sous une parodie de justice et que telle petite fille française était massacrée dans son lit ! Alors ? Allons. Tant qu’on donne la parole au couteau, on ne peut pas parler politique. »

C’est pourtant ce qui a eu lieu après même le « cessez-le-feu » du 19 mars 1962 !

Le 4 novembre 1960 allocution TV de Gaulle : « Les dirigeants de la rébellion prétendent ne faire cesser les meurtres que si eux seuls ont fixé avec nous les conditions du futur référendum, comme s'ils étaient des représentants de l'Algérie toute entière ... comme s'ils étaient déjà les gouvernants de l'Algérie ... Dès lors, leur arrivée à Alger ferait de l'autodétermination une formalité dérisoire et jetterait le territoire dans un chaos épouvantable ... Cela, je ne le ferai jamais ! »

Et pourtant il l’a fait !

Le 8 novembre 1960 : « Jamais je ne donnerai l’Algérie à Ferhat Abbas. La majorité des Algériens ne souhaitent pas voir triompher le FLN. »

Le 20 décembre 1960 : « Nous sommes prêts à recevoir les délégués de ceux qui nous combattent … Quoi qu’il arrive, la France protégera ses enfants et les musulmans qui voudront rompre avec les parties intéressées. »

Le 24 avril 1961, document trouvé dans le bureau du général commandant le Corps d’Armée d’Oran avant le 22 avril émanant de l’Etat-major interarmées du général Gambiez en date du 25 mars s’adressant aux généraux commandant les corps d’armée retransmettant des directives du premier ministre en date du 22 mars, directives donnant l’ordre d’une interruption provisoire des activités opérationnelles, autrement dit un cessez-le-feu unilatéral !

Le 6 juin 1961, une directive du ministre Pierre Messmer aux cadres de l’Armée est rendue publique qui reconnaît que le FLN est « battu sur le terrain … »

Le 27 juin 1961, au cours d’une garden-party à l’Elysée, de Gaulle répond à un député qui l’interroge sur l’éventualité de sa rencontre avec Abbas : « Pendant qu’on zigouille (sic), c’est bien difficile. »

Le 9 février 1962, de Gaulle formule ses dernières consignes aux trois ministres qui vont négocier les accords d’Evian : « … Pour la nationalité n’insistez pas trop pour que les Européens soient Algériens de droit ; vos adversaires l’accepteront difficilement et nos compatriotes auront l’impression que nous les poussons de force hors de France, que nous ne les considérons pas comme de vrais Français … Ce qu’il faut prévoir c’est que les Européens minoritaires auront trois ans par exemple pour exercer leur choix. »

Le 24 mai 1962, de Gaulle lors d’un Conseil des ministres : « La France ne doit plus avoir aucune responsabilité dans le maintien de l’ordre après l’autodétermination … Si les gens s’entre massacrent, ce sera l’affaire des nouvelles autorités. »

Tel Ponce Pilate, le grand Charles s’en lave les mains !

14) bonus

Zorah

Un cavalier (1), qui agit toujours de nuit

Marche vers l’aventure au pas

Son nom, il le signe à la pointe de sa plume

D’un Z qui veut dire Zorah

Zorah, Zorah

Renard rusé qui fait sa loi

Zorah, Zorah

Vainqueur, tu l’es à chaque fois

Zorah, Zorah

Combat tous ceux qu’il a compris

Zorah, Zorah

Ne défend plus son pays

(1) Après la 2ème Guerre Mondiale on parle d’Arme Blindée et Cavalerie

Et un journal qui résume bien le personnage