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BIOLOGIE ET ÉCOLOGIE lessolsdumassif forestier desLandesdeGascogne : formation,histoire,propriétés etvariabilitéspatiale

ClaudyJolivet-LaurentAugusto-PierreTrichet-DominiqueArrouays

« L’aspectdes grandes estd’une beautémonotone ettriste;jusqu’àl’extrémitédel’ho- rizon s’étendlaplaine desable blancoujaunâtre,couverteçà etlàdebruyères,d’ajoncsetde genêts. Auloin,on aperçoitlamasse sombre d’une forêtdepins oubien quelques dunes ondulées comme les vagues delamer ;dedistanceendistance,on rencontre soitune mare d’eaustagnante,soitunprofondravin oùcoule une eaurougeâtre. Tout estsolitaire ;nulêtre humain ne se montre dans l’immense espace,si cen’estparfois unberger montésurdes échasses etvêtu depeaux demouton comme unbarbare des anciens jours » . Voiciles Landes deGascogne,décrites parA.Joanne en 1864,dans son Dictionnaire des communes deFrance . Aujourd’hui,l’aspectdes Grandes Landes (1) abien changé,même si,aupremier regard, lamono- tonie semble être toujours derigueurdans le paysage. Pourtant,derrière les vastes étendues de peuplementséquiennes dePin maritime,quines’interrompentquepourlaisser laplaceaumaïs, se cache une réelle diversitédes paysages etdes sols. C’estdecetteopposition entre une appa- renteuniformitéetune réelle diversitéquecetterégion tire son originalitéetson identité. Après avoir présentédans une première partie les grandstraitsetles particularités dumilieunaturel, puis dressé dans une secondepartie unhistoriquedel’évolutiondes paysages landais,nous tâcherons dans une troisième partie desouligner les principales spécificités des paysages etdes sols landais,en insistantsurlafortevariabilitéquiles caractérise.

LE MILIEU NATUREL

Cadregéographiqueetgéologique

Répartisurles départementsdelaGironde,des Landes etduLot-et-Garonne,le triangle des Landes deGascogne constitueunvasteterritoire s’étendantsurprès d’unmillion trois centmille hectares. Autrefois caractérisé parses étendues delandes marécageuses,il représenteaujour- d’huileplusgrandmassif forestier résineux artificialisé d’Europe occidentale. Ilcouvre unmillion d’hectares boisés donthuitcenttrentemille hectares dePin maritime. Siactuellementl’unitédes Landes deGascogne tientson identitédecemassif forestier,son originalitéluivientégalement delacouche superficielle desable quirecouvre latotalitédeson territoire etàpartir delaquelle se sontdéveloppés les sols :« Iln’estpasderégion naturelle susceptible d’être mieux délimitée

(1) Grandes Landes :nom usuel pourdésigner lapartie centrale des Landes deGascogne,en opposition aux Petites Landes situées en périphérie.

Rev.For. Fr. LIX -1-2007 7 C LAUDY J OLIVET -L AURENT A UGUSTO -P IERRE T RICHET -D OMINIQUE A RROUAYS quecelle des Landes deGascogne. Son étenduecorrespondrigoureusementàcelle duvaste manteaudesable qui,àl’Ouest,surlelittoral,se dresse en dunes entre l’embouchure dela Girondeetcelle del’Adourpours’étaler ensuiteentre les deux fleuves etleurs affluents […]» (Blayac, 1916). Lelien identitaire entre cetterégion naturelle etcetteformation géologiqueestsi étroitquecettedernière apris ladénomination de“Sable des Landes”.

Origine etmiseenplaceduSable desLandes

Les dépôtsderecouvrementquisedéveloppentàl’ouestdelaGaronne ontdepuis longtemps retenul’attention des géologues. Dans une revuebibliographique,Legigan(1979) résume ainsi l’historiquedes travaux surl’origine etlamise en placedecematériau:« Jusqu’audébut du siècle,le sable des Landes estassocié aux grandsépandagesdétritiques etaux différents niveaux deterrasses delaGaronne etdel’Adour. Cen’estqu’àpartir des travaux de L.A.Fabre (1905) qu’apparaîtladistinction d’unhorizon superficiel sableux uniforme pourlequel P.E.Dubalen (1911) puis J.Blayac (1916)réserventle terme deSable des Landes. Parallèlement àl’idée d’une dynamiquemarine puis fluviatilesesubstituecelle d’une action éolienne directe ouindirecte ». Parlasuite,les travaux d’Enjalbert(1960),Legigan(1979),KarnayetDubreuilh (1991) puis Diot(1999) etTastet(1999) ontpermis d’identifier avecprécision les formations géologiques quaternaires quiconstituentles termes superficiels delasérie dedépôtsdecomble- mentduBassin centre-aquitain etdedécrire les modalités deleurmise en place. Schématique- ment,ces formations peuventêtre séparées en deux unités distinctes,reposantsurunsubstratum sédimentaire miocène (figure 1,ci-dessous) : —Àlabase,une puissanteassise plio-pléistocène nommée C o m p l e x e i n t e r m é d i a i r e par Legigan(1979). Cetteformation représenteunensemble dedépôtsfluviatiles d’épaisseuretde nature variables (graviers,sables,argiles,lignites,tourbes),issusdudémantèlementduMassif central,des Pyrénées etdelaMontagne Noire. Ces dépôtsconstituaientune vasteplaine d’épan- dage fluviatile,alimentée parunémissaire majeurorientésud-est–nord-ouestdébouchantaux

F IGURE 1ORGANISATION DES FORMATIONS GÉOLOGIQUES MIO-PLIOCÈNES ET QUATERNAIRES DANS LA RÉGION DES LANDES DE GASCOGNE (d’après Legigan,1979)

-O- -E-

Dunes holocènes Complexeintermédiaire Pliocène continental (lignite) Sable des Landes Quaternaire marin Substratmiocène Terrasses alluviales quaternaires Pliocène marin

8 Rev.For. Fr. LIX -1-2007 Biologie etécologie environs deParentis.Leurmise en places’échelonnedepuis larégression marine delafin du Miocène jusqu’àl’élaboration delaformation duSable des Landes. —Ausommet,une formation meuble pléistocène,le S a b l e d e s L a n d e s ausens large,consti- tuée desables plusoumoins fins,d’une épaisseurde5à40m. Cetteformation correspondà deux assises superposées passantprogressivementdel’une àl’autre etquireprésententla dernière séquencedecomblementduBassin centre-aquitain. KarnayetDubreuilh (1991) identi- fientàlabase decetteformation des sables fluviatiles moyens,épais,blancsàgrisâtres,présen- tantlocalementdes lentilles d’argiles plusoumoins sableuses,rattachés auComplexe intermédiaireparLegigan(1979). Ausommet,une formation peuépaisse (dequelques déci- mètres à3ou4menmoyenne),constituée desable quartzeux moyen éolisé très pur(médiane de0,3mm) àcomplexed’altération réduit.Cesable très homogène estcomposé essentiellement degrains dequartz hyalins,blancs,blanc-jaunâtres ourosés,etdequartzite. Une fraction très minoritaireestconstituée defeldspaths etd’uncortège deminéraux lourds(andalousite,stauro- tide,tourmaline,grenat,amphiboles,pyroxènes,zircon). Cetteformation constitueleSable des Landes ausens strictdécritpardenombreux auteurs dontLegigan(1979). Elle représenteune unitélithostratigraphiquedontlamasse principale aétémise en placeauPléistocène supérieur etdontladernière phase dedépôtetdemodelage dateduWürm final(IV)ouTardiglaciaire. Les associations minéralogiques observées confèrentàcetteformation une origine locale,résul- tantduremaniementdes matériaux détritiques sous-jacentsquiconstituentle substratumdu Sable des Landes.

LeSable des Landes estl’exemple le plustypiqueetle plusvastedes corps sableux éoliens mis en placeenEurope occidentale lors des phases arides etfroides duPléistocène supérieur. Sa mise en placerésulteessentiellementd’unremaniementéolien des dépôtsalluviaux quirecou- vrentlasurfaceduBassin centre-aquitain ets’étalentsurleplateaucontinental,exondélors des phases climatiques arides etfroides delaglaciation würmienne. Sousl’action deventsdomi- nantsdesecteurouest–nord-ouestànord-ouest,plusieurs phases d’épandage desable se succèdent,dontles principales correspondentauWürm III etIV.Aucours decettedernière période,quicorrespondaudernier épisodeglaciaire duWürm,il yaenviron 12000 ans,les sables nivéo-éoliens s’étalentlargementvers l’estsousforme d’ondulations,derides etde dunes plates. Àlafin duTardiglaciaire,les sables éoliens recouvrenttoutelasurfaceducomplexe intermédiaire etdes ventsdenord-ouestédifientles dunes continentales. Les Landes de Gascogne formentalors une vasteétenduesableuse subdésertiqueoùle climatfroidetaride s’oppose àl’installation d’uncouvertvégétal(Legigan,1979).

Géomorphologie actuelle :relief etmicro-relief

Les Landes deGascogne constituentune large étendueplane,légèrementinclinée dusud-estau nord-ouest,d’une altitudemoyenne de50mavecune pentemoyenne del’ordre de1,25%.Il estlocalementd’usage deparler du“plateaulandais” pourdésigner cetteunitégéographique parcequetout le payspeuplé duvignoble etdelavallée delaGaronne esten “contrebas” de lalande(Enjalbert,1960). Enréalité,lafaiblesse des altitudes etdes dénivellations en faitune plaine ausens géographiqueduterme (Filipuzzi,1974). La topographie d’ensemble esttrès plane etne présentepasderelief saillant,àl’exception des dunes littorales del’Holocène. Cependant, dans le détail,lasurfacedusol estparcouruedeformes éoliennes d’accumulation quiseratta- chentàdeux types principaux (Filipuzzi,1974;Legigan,1979) : — L e s d u n e s p a r a b o l i q u e s :dunes dedéflation dontlaconvexitéestorientée souslevent, vers l’estoul’est–sud-est.Elles peuventatteindre jusqu’à10à15 mdehauteur(exceptionnel- lement25m)mais ne dépassentpasgénéralementplusde2mets’étendentsurquelques déca- mètres àplusieurs kilomètres delongueur. Ces dunes continentales sontprincipalementlocalisées

Rev.For. Fr. LIX -1-2007 9 C LAUDY J OLIVET -L AURENT A UGUSTO -P IERRE T RICHET -D OMINIQUE A RROUAYS

àproximitédes cours d’eauettrouventleurorigine dans lareprise etl’accumulation parlevent dusable issuducreusementdes vallées landaises. Detels massifs peuventêtre observés dans larégion deLugos,dePissos,ainsi quesurlarivedroitedelaPetiteLeyre,dans larégion d’Hostens,Mano etSaint-Symphorien. — L e s r i d e s t r a n s v e r s a l e s :édifices constitués depetites buttes etdépressionsdequelques décimètres dedénivellation,formantdes ondulations parallèles généralementorientées suivant unaxenord-sudounord-ouest–sud-est,etmasquées en grandepartie parlavégétation. Ces alignementslarges dequelques mètres se présententsousforme d’élémentsdiscontinus,d’une centaine demètres delongueur,parfois plusoumoins fusionnés entre eux,ne laissantplus alors apparaître d’orientation préférentielle. Ces rides sontàl’origine dumicro-relief caractéris- tiquedes Landes deGascogne.

Hydrogéologie

C’estplusàlajeunesse duréseauhydrographiquequ’il faut attribuer le mauvais drainage des Landes qu’àsafaible pente(Cottinet,1974). L’écoulementgénéraldes eaux superficielles se produitd’esten ouestàtravers unréseauhydrographiquerécentetpeuramifié,ménageantde vastes interfluves maldrainés. L’installationetle fonctionnementduréseauhydrographique actuel résultentd’unphénomène d’érosionfluviatile,postérieuràlamise en placeduSable des Landes. Cetteérosion,strictementlocalisée aux vallées,se traduitdans lagéomorphologie actuelle pardes rivières relativementencaissées dans les formations sableuses,aménageantdes vallées étroites etprofondes avecdes cours d’eauautonomes (Filipuzzi,1974). Les cours d’eau sontdirectementtributaires delaGaronne,del’Adour,del’océan,des étangs littoraux oudu Bassin d’ (Aurouze,1974).

Lesol etle sous-sol dumassif landais sonttraversés parune n a p p e p h r é a t i q u e libre etcontinue, souventtrès proche delasurfaceetd’une épaisseurde10à130 m. Cettenappe estalimentée essentiellementparl’infiltration directedes précipitations. Elle estdrainée parles rivières encais- sées et,defaçon moins intense,parlelittoralatlantique. La cartepiézométriquedecettenappe, dontlaforme suitdeprès celle delatopographie,meten évidencetrois comportementsdistincts quicorrespondentaux trois principales situations géographiques des Landes (Aurouze,1974; Cottinet,1974). Les courbes isopièzes sontdivergentes dans les interfluves,indiquantune alimen- tation parlehaut etundrainage déficient.Ces zones étaientautrefois inondées en hiver. Depuis les travaux dedrainage,les variations delanappe sontgénéralementinférieures àunmètre bien queson toitsoittrès proche delasurfaceenhiver. Les courbes isopièzes sontcylindriques dans les zones intermédiaires,indiquantune alimentation homogène parlasurfaceetundrainage rectiligne. Cettesituation se rencontre dans les zones oùle drainage estmoyen etoùlanappe présenteune amplitudemaximale dedeux àtrois mètres. Enfin,les courbes isopièzes sont convergentes àproximitédes vallées,indiquantundrainage parles cours d’eau.Cecomporte- mentcorrespondaux zones proches des rivières oùlanappe,rabattueenprofondeur,possède une amplitudedebattementsupérieure à3mètres. Ces trois situations correspondentaux prin- cipaux types delandes —humide,mésophile etsèche —décrites ci-après.

Les mouvementslatéraux delanappe sontle plussouventtrès lentsetl’essentiel dudrainage vers les exutoires des bassins versantssefait via le réseauhydrographiqueetles réseaux de drainage anthropiques quiysontassociés (Rimmelin,1998). Sousinfluenceforestière,lacompo- sition decettenappe estrelativementstable dans le temps pourlaplupartdes éléments (tableauI, p. 11).

Dans les interfluves duplateaulandais,lanappe phréatiquesuperficielle alimentedepetites dépressions circulaires ouovales,àfondtourbeux,en relation avecle substratumgraveleux ou

10 Rev.For. Fr. LIX -1-2007 Biologie etécologie

T ABLEAU ICompos i t ion d ela p a rtie supér ieure d ena ppe per m a nent e d u Sable d e s Lan d e s ( v a leurs i ssue s d e R ighi, 1977 ; C o urc o ux, 1982;M e rze a u , 1983;R immelin, 1998 ; L efevre , 1999 ; T homa s ,commu nicat ion personnelle)

I n t e rva lle Var i able (en mg/ l ; E ffec t if t o t a l E ffet E ffet d e c onfia n c e E henmV ) (n) d ela p r ofond e ur d ela s a i s on ( à 0 , 95) - N - NO3 ...... 23 0 , 02 - 0 , 07 ( b )(b ) + N - NH4 ...... 8 0 , 0 8-0 , 14 ––

N ORG...... 60, 51 - 0 , 95 ––

N TOT ...... 60, 72 -1, 18 –– P ...... 7 < 0 , 2 ( a ) –– K ...... 54 0 , 94 -1, 41 –– Ca ...... 5 32, 06 - 3 , 20 –– M g...... 5 3 1 , 62 - 2 , 3 8– – Na...... 3 817 , 1-2 4 , 6 –– C l...... 516 , 7 - 2 5 , 3 –– S i...... 5 2 , 5 6 -5, 0 4– – A l...... 8 0 , 0 9-2 , 66 –– F e...... 33 2 , 3 4-3 , 9 3 ( c )(d ) p H ...... 1 22 5 , 2 9-5 , 55 ( c )– E h...... 1 0 (– 2 5) -(+ 233)(d )(d ) ...... 30 0 , 00 - 0 , 9 3 ( d )(d ) O 2 ( a ) : s e u il d equ a n t ificat ion pour 6 d e s7va leurs. ( b ) :Lefevre(1999) suggèr el’ex i stenc e d ephénomènes d e d énitrificat ion dan s l a p a rtie supér ieure d ela n a ppe àce rta ines pér iod e s d el’ a nnée. ( c ) : le p Hdela n a ppe e st plus f a i b le lorsq u e c elle-c i r entreen c ont act a v e c le s ol. D emême, l aconc entra t ion en F e a u gment e lorsq u ela n a ppe a rri v e d e s hor i z ons illuvi a ux d e type BPhou BPs . I lest à not e r q u elepHdela n a ppe v a r ie a sse z nettementselon les a ute urs. ( d ) : en s a i s on d ena ppe h a ute , les c ond i t ions physi c o-c himiqu e s a u niv e a u d u p r ofil d e s ol t end ent àde v enirré d u c tri c e s ( bai sse d e O 2 e t E h),cequ ifa v o r i s ela r é d u c t ion e t l a s olu b ilis a t ion d e F e. argileux situésousleSable des Landes (Legigan,1979). Ces mares sontdésignées dans les landes sousleterme delagunes. Dedimensions modestes (diamètre inférieurà100 m,profon- deurvariantde0,5à2m),les lagunes se présententle plussouventen essaims cantonnés dans lalandehumide. Plusde4000 lagunes ontainsi étédénombrées,principalementle long d’un axesud-est–nord-ouest(GEREA, 1985). Boyé(1957)attribuel’origine des lagunes àlaformation delentilles deglacedans le sol àune époquecontemporaine àlamise en placeduSable des Landes (durantles derniers épisodes glaciaires delaglaciation duWürm). Leradoucissement ultérieurduclimatauraitentraîné lafontedeces lentilles etlaformation dedépressions circu- laires defaible dimension. D’unintérêtécologiquemajeuretreconnupourleurrichesse floris- tiqueetfaunistique,les lagunes des Landes deGascogne sonten très netterégression, essentiellementdufaitdel’évolution récentedes paysages landais sousl’influencedes activités humaines.

Climatactuel

Les Landes deGascogne bénéficientactuellementd’unclimatdoux ethumidedetype atlantique méridional. Les précipitations annuelles sontabondantes mais variables de800 à1200 mm (le Sudétantle plusarrosé),avecdeux maxima, auprintemps etàl’automne. La température

Rev.For. Fr. LIX -1-2007 11 C LAUDY J OLIVET -L AURENT A UGUSTO -P IERRE T RICHET -D OMINIQUE A RROUAYS moyenne annuelle estde12°C.Les amplitudes thermiques sontrelativementfaibles,marquées toutefois parune tendancelégèrementpluscontinentale vers l’est(Choisnel etal .,1987),oùl’on trouveles altitudes les plusélevées (195 m). L’évolution duclimatdelarégion depuis lamise en placeduSable des Landes aprogressive- menttransformé lavégétation naturelle etle paysage des Landes deGascogne. Lepaysage landais actuel estrelativementrécent.Ilconstitueladernière étape d’une évolution comportant plusieurs épisodes caractérisés pardeprofondes transformations etfortementmarquée parl’em- preintedel’homme.

HISTOIRE DE L’OCCUPATION DES LANDES DE GASCOGNE

CadrepaléoclimatiqueetpaléobotaniqueduPostglaciaire Les études paléopalynologiques dePaquereau(1964) en Girondeontpermis dereconstituer l’évolution postglaciaire delaflore etduclimatdes Landes deGascogne puis demettre en évidencel’origine indigène duPin maritime. Dès le début duPostglaciaire,auPréboréal(de 10200 à8800 BP (2) ),le réchauffementduclimatetl’accroissementdel’humiditéfavorisentle développementd’uncouvertvégétal. Cedernier limitelapropagation des sables vers l’intérieur etcrée des conditions favorables àl’installation d’uncouvertforestierdontle Pin sylvestre paraît être l’espècedominante. La strateherbacée estdominée parles Graminées etles Éricacées. Au Boréal(de8800 à7500 BP),le réchauffementclimatiquesepoursuitetfavorise l’apparition d’essences thermophiles delaChênaie mixte(Chêne pédonculé,Chêne tauzin,Tilleul,Orme, Hêtre) àmesure querecule le Pin sylvestre. LePin maritime commenceàapparaître surtout dans lazone littorale etl’Aulne glutineux semble déjàlocalementassezbien développé auvoisinage d’importantes zones marécageuses quientrecoupentces forêts. Vers lafin duBoréal,uncertain nombre d’espèces méditerranéennes se développentégalementprès dulittoral(Arbousier,Cista- cées,Chêne vert,etc.). L’optimumclimatiqueatteintàl’Atlantique(de7500 à4500 BP)corres- pondàdes conditions beaucoupplushumides,favorables àl’extension duChêne pédonculé et audéveloppementdefougères etd’espèces hygrophiles surdevastes zones ouvertes etmal drainées. LePin maritime,encore peureprésenté,progresse particulièrementàlafin del’Atlan- tique,en même temps quel’Aulne glutineux.Ces deux espèces formentalors,avecle Chêne pédonculé,devastes forêtsmixtes. Aucours d’une nouvelle phase xérothermiqueauSubboréal (de4500 à2700 BP),apparaîtune recrudescenced’espèces méditerranéennes,accompagnée deladisparition duHêtre,ainsi queles premiers indices d’activités humaines (pollens deplantes cultivées,faciès derepeuplementaprès brûlis). Enfin,le rétablissementdeconditions climatiques humides auSubatlantique(de2700 BP àl’actuel) permetl’installationdelaflore actuelle dela région (Chênes,Aulne glutineux,Pin maritime,landes àbruyères etàfougères).

Delaforêtprimitiveàlalande Les Landes deGascogne auSubatlantiquesontparsemées en leurcentre,maldrainé,degrandes étendues delandes rases etdemarécages. Des forêtsmixtes deChêne pédonculé etdePin maritime sontlocalisées dans les zones les mieux drainées,àproximitédes cours d’eauetdes hauteurs (“montagnes” (3) etdunes continentales). Cetteforêtprimitiveoccupaitles secteurs bien drainés des têtes devallons correspondantaux secteurs les plushospitaliers. Pourcetteraison,

(2)L’expression “avantle présent”,ou“ Before Present ”enanglais (abrégé en BP),estutilisée en archéologie pourdésigner les âges exprimés en nombre d’années comptées vers le passé àpartir del’année 1950ducalendrier grégorien. Cettedateaétéfixée conven- tionnellementcomme année deréférenceetcorrespondaux premiers essais dedatation aucarbone 14. (3)Montagne :nom gascon donné aux vieilles dunes boisées dulittoralgascon.

12 Rev.For. Fr. LIX -1-2007 Biologie etécologie elle fut défrichée parles habitantsquiaménagèrentleurs champs etleurs quartiers (4) audétri- mentdes zones boisées. Demême,surlalande,les incendies pastoraux etle parcours des trou- peaux empêchèrentle développementd’une végétation arborée. La landerase àbruyères s’est ainsi progressivementsubstituée aux massifs forestiers del’intérieuretconstituerale paysage gascon jusqu’aumilieuduXIXe siècle,quifut immortalisé parles photographies deFélixArnaudin. Avantd’être conquises parles Pins,les landes furentdoncen premier lieudéboisées.

L’exploitation delalandeauXIXe siècle :unsystème agro-(sylvo)-pastoraldesubsistance (d’aprèsSargos,1997)

Lesystème quialongtemps perduré dans le triangle landais estunsystème agro-pastoral. Ceci estsurtout vraidans la“GrandeLande” oùles arbres avaientpeuleurplace. Àl’inverse,dans les régions pluspériphériques (les “Petites Landes”),laculture duPin poursarésine (etparfois son bois) complétaitle système économique. Lecœurdusystème économiquereposaitsurun transfertpermanentdefertilitéchimiqueentre les zones pâturées etles secteurs cultivés. Les landes étaientparcourues pardubétail,essentiellementovin. Bien queles moutons landais fussentrustiques etdepetitetaille,ladensitédepâturage étaitfaible surces terres peufertiles : environ 1,0à2,5moutons parhectare. Tousles soirs,les bêtes étaientparquées dans des bergeries demanière àpouvoir recueillir dufumier (leurlitière étaitissuedeproduitsdusoutrage delalande). Lefumier étaitutilisé pourfertiliser les champs. Ilfallaiténormémentdelandepour fertiliser les champs (environ 15 à30 hadelandepour1hectare dechamp). Les produitsissus des moutons ne rapportaientpasgrand-chose etc’estsurtout pourlefumier quel’élevage perdurait.L’agriculture étaitentièrementdépendantedupastoralisme :sans l’apportincessantde fumier issudubétail etdusoutrage,les rendementsauraientrapidementdécliné. La majeure partie des terres cultivées étaitconsacrée aux céréales. Les champs étaientlabourés en profonds billons. Leseigle,céréale d’hiver,étaitsemé ausommetdes billons afin d’échapper aux excès d’eau.Auprintemps,dumilletoudupanis étaientsemés dans les sillons,quiconservaientune relativefraîcheurenété.

Depetitsmassifs depins existaient(les “pignadars”,“pignadas” ou“pinadas” (5))etétaient exploités pourlarésine dès le XIIIe siècle. Exceptédans certaines régions limitrophes dumassif landais disposantdemoyen detransportparflottage ouàproximitédeBordeaux,ces pignadars n’avaientpasvocation àproduire dubois mais delarésine (la“gemme”). Ainsi,pourlamajeure partie des habitants,les forêtsnereprésentaientqu’une sourceannexederevenus,voire un simple pointd’approvisionnementen combustibles.

Delalandeàlaforêt:une douloureusereconversion

La création delaforêtmoderne alongtemps étéattribuée auseulméritededeux ingénieurs, Brémontier etChambrelent,ayantprouvél’intérêtduboisementdes landes etmis aupoint,pour le premier,une méthodedefixation des dunes littorales et,pourlesecond, une techniquede drainage des landes marécageuses. R.Sargos (1949) fut l’undes premiers àremettre en question cethistoriqueetàs’engager en faveurd’une réhabilitationdes habitantsdes landes dans la “création” decetteforêt.Àl’appuideses propos,il attestequeles Landais créaientdes pigna- dars àlaplacedes landes depuis le XVIIe siècle. Récemment,J.Sargos (1997)aconfirmé ces observations etmontré quel’histoire delaforêtlandaise estplusquemillénaire. Ilmeten évidenceque,dès l’Antiquité,les Aquitainsavaientdécouvertle moyen deproduire delapoix;

(4) Quartier :terme localdésignantunhameau. (5) Termes d’origine gasconne désignantles bois dePins maritimes (n.m.).

Rev.For. Fr. LIX -1-2007 13 C LAUDY J OLIVET -L AURENT A UGUSTO -P IERRE T RICHET -D OMINIQUE A RROUAYS que,dès le XVe siècle,les Landais créaient,exploitaientpuis commercialisaientles produitsdes forêtsdepins ;quel’utilitédes fossés dedrainage n’étaitàcetteépoqueunmystère pour personne ;etquelaconquêtedes landes parlePin correspondàunmouvementséculaire,puis vivementaccéléré parlaloi de1857 (6) etles plans BrémontieretChambrelent.Àdéfaut d’avoir étéles inventeurs deces techniques,on ne peut doncretirer àces deux figures régionales le mérited’en avoir fortementfavorisé l’application pratique. Les travaux deJ.Sargos montrent égalementque,bien qu’initiée parcertains deses habitantsdepuis des générations,laméta- morphose des landes en massif forestier fut l’objetdeviolentsconflitsentre les habitantsvivant del’agro-pastoralisme etdes particuliers désireux dedévelopper laproduction derésine. La progressiondes forêtsestfreinée parlepoidsdupastoralisme omniprésentsurleterritoire (540000 ovins sontrecensés en 1852pourleseuldépartementdes Landes). La transformation radicale etdouloureuse dupaysage landais,aux dépens d’unpastoralisme séculaire,s’estsouvent traduiteparune destruction systématiquedes nouvelles plantations depins. Plusde30 000 ha dejeunes forêtsontainsi étéincendiés entre 1868et1869. Malgré cetterésistance,attestantde l’attachementdes habitantsdes Landes àlasauvegardedes communaux etaumaintien d’un traditionnel équilibre agro-sylvo-pastoral,le combatentre lalandeetlaforêtarapidement tourné en faveurduPin maritime lorsqueleprixdelarésine explosasurles marchés mondiaux durantles années 1862-1865(figure 2,ci-dessous).Enl’espaced’undemi-siècle seulement,la forêtdePin maritime remplaça laquasi-totalitédes landes (figure 3,pp. 17-18).

F IGURE 2ÉVOLUTION DU COURS MONDIAL DE LA RÉSINE ENTRE 1820 ET 1870 (données deSargos,1997)

GuerredeSécession (*) { 300 s

r a n c s-or 200 nf ( ** )e ba rriq u e d 3 4 0 li t re molle" 100 gemme P ri x d ' u ne d e"

0 1820 1830 184018501860 1870 Date

*:durantlaguerre civile américaine (guerre deSécession :1861-1865),laConfédération sudiste,autre gros producteurmondialderésine,subitle blocusnavaldes ÉtatsduNord.Ils’en suivitune augmentation vertigineuse duprixdecettematière première. ** :la“gemme molle” estlapartie delarésine récoltée quiestexempted’impuretés solides telles que des fragmentsd’écorce.

(6)Loi du18 juin 1857obligeantles communes des Landes deGascogne à“assainir” etensemencer en Pin latotalitédeleurs terri- toires communaux etaliénantdefaitles droitsd’usage etladisposition deces communaux jusqu’alors dévolusaux activités pasto- rales.

14 Rev.For. Fr. LIX -1-2007 Biologie etécologie

Delasylviculturetraditionnelleàlaligniculture:laforêtintensive Bien querécente,laforêtlandaise asubideprofondes mutations dans son modedeculture et dans saproduction depuis sacréation auXIXe siècle. Elle afonctionné pendantplusd’unsiècle, jusqu’àlafin des années 1940,selon unmodedegestion sylvicolehéritédetraditions ances- trales etbasé surlaproduction degemme etdebois desciage (250pins/ha, rotations de80à 90ans). C’étaitalors “l’âge d’or” delapinèdelandaise. Mais le développementdelapétro- chimie etles grandsincendies de1937 à1949,quiréduisirenten cendres près delamoitié du massif (figure 3,pp. 17-18),sonnèrentle glasdel’exploitation résinière. Les forestiers reboisèrent les landes dévastéesalors quesimultanémentundispositif deluttecontre l’incendie étaitmis en place(Billac, 1997). Peudetemps après,les premières tentatives d’amélioration etd’accélé- ration delaproduction debois ontvule jour. La modernisation delasylviculture entreprise depuis lafin des années 1950aprogressivementintroduitpuis imposé dès les années 1960-70, sousleterme deligniculture,des itinéraires sylvicoles pluscourtscomprenantplusieurs éclair- cies etune coupe rase (densitéfinale de400 pins/ha, rotation de35à50ans ;Maugé,1989). Ces itinéraires fontégalementappel audrainage systématiquedes landes humides,autravail mécaniquedusol,audébroussaillage (le plussouventmécanique),àl’emploi devariétés dePin maritime améliorées,etsurtout àlafertilisation phosphatée sans laquelle laproductivitéserait bien moindre. Cemoded’exploitation delaforêtpermetsurdes sols très pauvres une produc- tion debois élevée,estimée actuellementà12m 3 /ha/an(Loustau etal .,1999). Des scénarios plusintensifs fondés surdecourtes rotations (20 à25ans) sontenvisagés parles gestionnaires forestiers pourrépondre àl’évolution dumarché vers laproduction debois detrituration. D’autres scénarios,fondés surl’optimisationdustockage decarbone dans l’écosystème,condui- sent acontrario àrecommander unallongementdes rotations.

Delaforêtaumaïs:unretour partiel del’agriculture Simultanémentaudéveloppementdelaligniculture,le paysage landais vaconnaître une nouvelle évolution avecl’introduction delamonoculture intensivedemaïs. L’apparition delamaïsiculture dans les Landes deGascogne résulteenpremier lieud’opportunités liées àdes défrichements naturels delaforêt—dontprincipalementles grandsincendies de1937 à1949 —appuyées par une dynamiquedemise en valeuragricole etderepeuplementdelalande,commandée parles pouvoirs publics. Suiteàces premiers aménagementslocalisés mais prometteurs,les premières exploitations agricoles sontinstallées ausein delalandehumide (7) ,particulièrementtouchée par les incendies del’après-guerre,afin deconstituer des couloirs cultivés detaille moyenne (70 ha environ) susceptiblesdelimiter lapropagationdes feux deforêt.Une autre raison decechoix étaitliée àlaproximitédelanappe phréatiquedans les sols delandehumide,pouvantfavo- riser l’alimentation hydriquedes cultures,alors non irriguées. Les premières installations agri- coles connurentdesérieux obstacles liés aux aléasclimatiques,àlaméconnaissancedes contraintes culturales imposées parles sols landais etaux difficultés d’attributiondeterres culti- vables aux nouveaux exploitants. Malgré ces contraintes,l’apparition dès les années 1960 de nouvelles techniques dedrainage,d’irrigation etdefertilisation alargementcontribuéàl’instal- lation d’exploitations agricoles desuperficie croissante(Hays,1981). Ainsi,dans unsoucide rentabilitééconomiqued’une exploitation deplusenplusmécanisée,les surfaces défrichées passèrenttrès rapidementde60 à70 hadans les premières années,à150à200 haaudébut des années 1970.En1981,lasurfacecultivée en maïs estestimée à81 500 ha.Parlasuite,une politiquedepréservation delaforêtamis fin aux grandes campagnes dedéfrichementdes années 1970,mais lasurfacetotale cultivée en maïs dans les Landes deGascogne représente

(7)Landehumide:unitépédopaysagère des Landes deGascogne occupantles interfluves maldrainés.

Rev.For. Fr. LIX -1-2007 15 C LAUDY J OLIVET -L AURENT A UGUSTO -P IERRE T RICHET -D OMINIQUE A RROUAYS actuellementplusde100 000 hectares soitentre 10et15 %delasurfacedumassif forestier (figure 3,pp. 17-18).

Cebref historiquedel’évolution des paysages landais permetdeconstater que,depuis toujours, les aménagementssuccessifs des landes ontfinalementconsistéàmaîtriser,d’une manière ou d’une autre,unélémentessentiel àcetterégion :l’eau.Qu’elle soiten excès ouqu’elle fasse défaut,l’eaureprésentedans les Landes deGascogne,le principalélémentresponsable dela différenciation des sols,deladistributiondes associations végétales etdelarépartition des pédopaysages landais.

PÉDOPAYSAGESFORESTIERS ACTUELS DES LANDES DE GASCOGNE

Caractéristiquespédogénétiquesetphysico-chimiquesdessolsforestiers landais

Dans les Landes deGascogne,laprésenceconjointed’unmatériauparentalfiltrant,sableux et très pauvre en minéraux altérables (le Sable des Landes),d’unclimattempéré humideetd’une végétation acidifianteàbase d’Éricacéesafavorisé le déroulementd’unprocessuspédogénétique particulier :lapodzolisation. Contrairementàlapodzolisationboréale,climatiqueetgénéralisée àtousles matériaux,le facteuressentiel responsable delapodzolisationenclimattempéré est lanature dumatériauparental. Les sols delaplaine sableuse des Landes sontessentiellement des Podzosols (Righi etWilbert,1984). La podzolisationrésulted’une acidification accentuée de l’humus,produisantdes quantités massives decomposés organiques solubles oupseudo-solubles quimigrenten profondeurenentraînantle fer etl’aluminiumàl’étatcomplexé(Duchaufour, 1983). La podzolisation impliquedeux processus: —Unprocessusbiochimiqued’altération(acido-complexolyse) défini comme une attaque des minéraux primaires pardes solutions contenantdes composés organiques acides et complexants. Cetteattaqueapoureffetl’éliminationdel’aluminiumetdufer ainsi quecelle des autres cations (Ca2+ ,Mg 2+ ,K+ ,Na + ,etc.). La forteconcentration des solutions en composants organiques “agressifs” estliée àlaprésenced’unhumusdetype moder oumor caractéristique deces sols acides àfaible activitébiologique. —Unprocessusdemigration verticale puis d’immobilisation des constituantsorganiques et des complexes organo-minéraux d’aluminiumoudefer. Des modificationsd’ordre physico- chimique(BurmanetJongmans,2005),biologique(Lundström etal .,1996)etlithologique (Casenave,1970)conduisentàl’insolubilisation deces composés etàlaformation des horizons d’accumulation.

Ces mouvementsverticaux sontàl’origine deladifférenciation verticale des horizons. Les Podzo- sols se caractérisentparlasuperposition d’unhorizon éluvial(E)résiduel,essentiellement quartzeux gris cendreux,voire blancetd’unouplusieurs horizons illuviaux (8) spodiques (BP)au sein duquel l’aluminium,le fer etéventuellementdes matières organiques se sontaccumulés (AFES, 1995). Deplus,lorsqueles conditions le permettent,deux horizons spodiques superposés se formenten profondeurparmigration sélectiveplusprofondedes petites molécules organiques (acides aliphatiques etaromatiques simples) quedes grosses molécules (polymères). Decette manière s’individualisentdes horizons BPhdecouleurnoirâtre,riches en acides humiques,et des horizons BPsdecouleurocre,riches en acides fulviques.

(8) Horizon illuvialspodique:unhorizon illuvialestunhorizon enrichi suiteàunapportdematériaux provenantdes horizons sus- jacents. Les matériaux accumulés peuventêtre del’argile,dufer,del’aluminium,des matières organiques,des sesquioxydes,des carbonates,des sels solubles ouunmélange deces différentsmatériaux.Dans le casdes horizons spodiques,l’illuviation concerne des matières organiques etdel’aluminium,avecousans fer.

16 Rev.For. Fr. LIX -1-2007 Biologie etécologie

F IGURE 3ÉVOLUTION DU BOISEMENT DES LANDES DE GASCOGNE DEPUIS LE XVIIIe SIÈCLE (modifié àpartir deJolivet,2000) e t d B elle y me a rt e d ’ É t - Ma jo r ac d el é d i t ion r e D ’ a p r è s le ca rt e d Ca ss ini 1 a rt e d ’ É t - Ma jo r ac é v i s ée d el r é v i s ion N o uv elle Ca rt e d ’ É t a - Ma jo rr

Rev.For. Fr. LIX -1-2007 17 C LAUDY J OLIVET -L AURENT A UGUSTO -P IERRE T RICHET -D OMINIQUE A RROUAYS

F IGURE 3(suite) ÉVOLUTION DU BOISEMENT DES LANDES DE GASCOGNE DEPUIS LE XVIIIe SIÈCLE (modifié àpartir deJolivet,2000) e t pho og r a phie s é ienne e 00 a n d e s u 1 / 5 00 y pe s d el Ca rt e d st

Une des particularités des Landes deGascogne estlaprésenced’une nappe phréatiquesuperfi- cielle dontles battementsinfluencentl’évolutionpédogénétiquedes sols. L’interactionentre cettenappe phréatiquesuperficielle etlagéomorphologie régionale oulocale (relief etmicro- relief)influencelefonctionnementhydriquedes sols,conditionnantleurévolution pédogénétique etle développementdes horizons EetBP.Ainsi,selon lasituation des sols vis-à-vis durelief oudumicro-relief,les horizons Esontplusoumoins différenciés etles horizons BP sontplus oumoins compacts.

Lorsqueles variations duniveaudelanappe sontrapides etfortes (> 1m)etgénèrentdes alter- nances saisonnières deconditions oxydantes (précipitation dufer) ouréductrices (mobilisation dufer) ausein duprofil,les constituantsamorphes organiques associés àl’aluminiumetaufer cimententles grains desable etformentdes horizons BP indurés,qualifiés “d’alios” dans la région. Ces Podzosols sontqualifiés deDurique(lorsquel’horizon Eestprésent)ouHumo- Durique(lorsquel’horizon Eestabsentoupeudifférencié). Ilexistedegrandes variationsdu degré d’induration,del’épaisseuretdelateneurenfer des alios. Contrairementàune croyance ancienne etencore assezrépandue(Thore,1812 in :Barry etal.,1952;Sargos,1997),la présencedel’alios n’entraîne paslaformation d’une nappe superficielle en hiver. La perméabi- litéestplusfaible dans l’alios quedans les autres volumes dusol,mais suffisantepourassurer undrainage vertical(Casenave,1970). Parailleurs,l’alios estle plussouventdiscontinusous forme delentilles etdoncincapable deformer une barrière imperméable efficace. Ilconvientde différencier l’alios,issudeprocessuspédologiques ethydrochimiques,dela“garluche” quiest unmineraidefer (anciennementexploitéparunréseaudepetites forges) situénon loin dela

18 Rev.For. Fr. LIX -1-2007 Biologie etécologie surfacedusol etse présentantsouslaforme d’une cuirasse ferrugineuse. La garluche résulte d’unphénomène d’oxydation brutale delanappe très chargée en fer le long des cours d’eaules plusimportants(Casenave,1970).

Aucontraire,lorsquelebattementdelanappe phréatiqueestfaible (< 1m)etqueson niveau engorge les horizons supérieurs pendantune grandepartie del’année,limitantainsi les alter- nances saisonnières deconditions oxydantes etréductrices,les horizons spodiques restent meubles etpeudifférenciés. Dans cecas,on observedes Podzosols detype Meuble (lorsque l’horizon Eestprésent)ouHumique(lorsquel’horizon Eestabsentoupeudifférencié).

Malgré des différences morphologiques,ces différentstypes dePodzosols partagentuncertain nombre decaractéristiques communes. La litière acidegénérée parlavégétation herbacée etde résineux,associée àuncontextepédologiquedéfavorable àlabiodégradation induitlaformation d’unhumusbrut généralementdetype mor àhémimoder (Jabiol etal.,1995). Leurforme etleur épaisseursontperturbées parles actions degestion sylvicoleetnotammentles passages répétés d’unrouleauàlames (le “rouleaulandais”) destinés àlimiter le développementdusous-bois. Dans les horizons desurface,lastructure des sols estparticulaire. La texture des Podzosols landais varie peuaveclaprofondeuretse décompose en moyenne delafaçon suivante(Augusto etal.,2006):2,4%d’argiles (< 2 µ m) ;2,9%delimons (2-50 µ m) ;94,8%desables (50-2000 µ m). Ils’agiticidevaleurs moyennes,cequiimpliqueune certaine variabilitédes valeurs selon le profil étudié. Ces propriétés confèrentàcematériauuncaractère meuble ettrès filtrant.Ilfaut souligner latrès faible teneurenargiles des podzols landais,cequiades inci- dences surleurcomportementphysico-chimique,d’autantqueces 2,4%d’argiles granulomé- triques ne contiennentpasquedes argiles minéralogiques,mais aussi une forteproportion de petitsquartz,d’oxydes ferro-aluminiques etdefeldspaths (Righi etdeConinck,1977). Ainsi,l’ex- trême pauvretédeces sols en élémentsfins,particulièrementen colloïdes argileux,estàl’ori- gine d’uncomplexeargilo-humiquepresqueinexistant.Àl’exception des horizons organiques,la capacitéd’échange cationique(CEC ;méthodeMetson) estfaible,inférieure à20 cmolc /kg et souventà10cmolc /kg. Elle estessentiellementliée àlamatière organique. Letaux desatura- tion estfaible (généralementde10à15 %endeçà de20 cmdeprofondeur;tableauII, ci- dessous),cequiindiqueune forteproportiond’ionsaluminiumetdeprotonssurlecomplexe adsorbant.Ces sols présententunpH H2O del’ordre de4,5dans les horizons supérieurs. Il augmentelégèrementdans les horizons profondsoùil atteintdes valeurs del’ordre de5.Le rapportC/Nesttoujours élevé(tableauII),même s’il peut varier demanière conséquenteselon le profil desol étudié (Righi,1977). Comme celaaétéévoquéprécédemment,les matières orga- niques contribuentàl’essentiel delaCEC, mais aussi àune partimportantedes stocks en nutri- ments(Trichet etal.,1997)etàlaréservehydriqueutile dusol (Chossat,1992).

T ABLEAU II Car act é r i stiqu e s physi c o-c himiqu e s moy ennes d e s P o d z o s ols l a n dai s

Da C N P CEC S / T V olu me d e s ol TOT TOT C / N a ss p H e a u (kg/ L ) (g/ kg) (g/ kg) (g P 2 O 5 / kg) ( c molc / kg) (%) 0 -15 c m...... 1 , 14 2 9 , 41, 029 0 , 0 4 0 4 , 55 3 4 1 6 -45 c m...... 1 , 3 817 , 30, 728 0 , 0254, 76 1 2 45-100 c m...... 1 , 51 8 , 5 0 , 324 0 , 030 5 , 03 1 6 Da :dens i t é a ppa r ent e , n > 5 0 pour c h a q u eho r i z on. C TOT e t N TOT :Ce t N t o t a ux, n > 1 00 pour c h a q u eho r i z on. P a ss :Passimilable (mét hod e D u c h a u four e t B onnea u ) , n > 2 5po ur c h a q u eho r i z on. p H e a u , n > 1 00 pour c h a q u eho r i z on. CEC :ca p aci t é d ’éc h a nge cat ioniqu e(mét hod e M e tson), n > 5 0 pour c h a q u eho r i z on. S / T:t a ux d e s a tura t ion d elaCEC en cat ions non aci d e s , n > 5 0 pour c h a q u eho r i z on.

Rev.For. Fr. LIX -1-2007 19 C LAUDY J OLIVET -L AURENT A UGUSTO -P IERRE T RICHET -D OMINIQUE A RROUAYS

Dans le massif forestierdes Landes deGascogne,l’évolution delamatière organiquebruteest différenteenfonction durégime delanappe phréatiquequiaffecteleprofil. Ainsi,la n a t u r e d e s c o n s t i t u a n t s o r g a n i q u e s des horizons desurfaceetdeprofondeursépare nettementles différents types dePodzosols (Righi etWilbert,1984).

Dans les PodzosolsDuriques etHumo-Duriques,lamigrationvers les horizons spodiques des substances solubles etpseudo-solubles (acides fulviques notamment)laisse dans les horizons A, biologiquementpeuactifs,une fraction organiqueconstituée essentiellementd’acides humiques etdefragmentsvégétaux résiduels plusoumoins transformés en bitumes ethumines héritée (Righi,1977). Cettematière organiquetrès stable présenteunrapportC/Ncompris entre 20 et30.La présencedelipides en quantitéimportante,inhibantl’activitémicrobienne,estsuscep- tible d’entretenir etd’accentuer le processusdepodzolisation. La plusgrandepartie dela matière organiqueestjuxtaposée aux grains desable,favorisantl’érosion hydriqueouéolienne si le sol estmis ànu(Righi etWilbert,1984). Les horizons spodiques indurés sontriches en acides fulviques (AF/AH =4)liés sousforme colloïdale àdegrandes quantités d’aluminiumet formantdes revêtementsmonomorphes très résistants(Righi,1977 ;Andreux etal .,1987;Righi, 1987).

Dans les Podzosols Humiques,laminéralisation globale ducarbone organiqueestplusintense (JambuetRighi,1973). L’humificationconduitàlaformation d’acides humiques etfulviques à caractère peumature,liés àl’aluminiumetaufer sousforme decomplexes organo-métalliques (Righi,1977). Les teneurs en matières organiques résiduelles,humines etlipides sontnettement plusfaibles,indices d’une meilleure activitébiologiqueetd’untaux derenouvellementplus élevé. La matière organiquegénérée parune litière,oùdomine laMolinie,possèdeunrapport C/Nplusbas. Elle n’estpastoujours juxtaposée mais peut former unplasmapouvantlier ensemble quelques grains desable (Righi etWilbert,1984),réduisantainsi les risques d’érosion. Les horizons spodiques meubles possèdentune matière organiquerelativementlabile quise présentesousforme d’agrégatsdans lesquels les proportionsd’acides fulviques ethumiques sontéquivalentes (Righi,1977 ;Andreux etal .,1987;Righi,1987).

Les Podzosols Meubles sontcomparables aux Podzosols Duriques,mais lapodzolisation est encore plusaccentuée,dufaitdel’absencetotale d’influencedelanappe phréatique(Wilbert, 1977). La matière organiquedes horizons superficiels formée essentiellementd’acides humiques présenteunrapportC/Ntrès élevédel’ordre de40.Onobserveune réduction delamatière organiquenon transformée etune augmentationdutaux d’humine résiduelle quisemble s’ac- croître avecle caractère xériquedumilieu.Letaux delipides estégalementimportant.Dans ces conditions,lamigration différentielledes composés organiques en fonction deleurtaille etde leurcharge en élémentscomplexés n’estpasperturbée parles mouvementsdelanappe phréa- tique(Righi etWilbert,1984 ;Righi,1987). Parconséquent,lamatière organiquedes horizons spodiques meubles estessentiellementcomposée d’acides fulviques.

Àcôtédes Podzosols quireprésententlagrandemajoritédes sols dumassif,on rencontre d’autres types desols,dans des situations particulières.

Surles dunes côtières holocènes se sontdéveloppés des Arénosols très peuévolués. Les Aréno- sols sontdes sols très sableux etpauvres en argiles. Ils se caractérisentparune structure unifor- mémentparticulaire etparl’absencetotale àlafois d’horizon typiqueoud’engorgement significatif (AFES, 1995). Ils ontune réservemaximale utile en eauextrêmementfaible etun drainage verticalquiexposentlavégétation àdes stress hydriques estivaux prononcés. Les réserves en minéraux altérables sontextrêmementfaibles ainsi quelacapacitéd’échange,cequi leurconfère une fertilitéchimiquetrès faible. Les Arénosols landais se caractérisentparune texture particulièrementgrossière (98-99 %desables) etdetrès faibles teneurs en C.Ilen

20 Rev.For. Fr. LIX -1-2007 Biologie etécologie résulteune aciditémodérée (pHentre 5,0et5,5) mais égalementune capacitéd’échange catio- 3 nique(CEC ≤ 5cmolc /kg) etdes stocks en nutrimentstrès faibles (0,9-2,0.10 kg/had’azote) (Augusto etal.,2006). Ces conditions àlafois très filtrantes etoligotrophes expliquentlafaible vitesse decroissancedes pins (Loustau etal.,1999) ainsi quelafaible abondancedelavégé- tation accompagnatrice(Dobremez etal.,1997). Malgré ces conditions défavorables,lavégéta- tion naturelle des dunes côtières peut être particulièrementdiversifiée,comme dans le casdela forêtusagère delaTeste-de-Buch.

Dans les zones les plusmaldrainées dumassif,notammentàproximitédes lagunes oudans les fondsdevallées encaissées,lapodzolisation peut être contrariée etl’on observealors laprésence desols hydromorphes,Rédoxisols ouRéductisols.Ils sontcaractérisés en surfaceparun horizon Asombre etriche en matières organiques. Enfonction deladurée d’engorgementdu profil,lié aubattementdelanappe phréatique,on observeenprofondeurunhorizon clair plus oumoins marquépardes taches ocres deréoxydation dufer :horizon rédoxiquegtacheté, horizon réductiqueoxydéGopeutachetéouhorizon réductiqueGnon tacheté. Lecaractère acideetréducteurdelanappe phréatiqueentraîne une fortemobilisation dufer etson départ des profils :dans ces conditions,les taches d’oxydation sontpeuexprimées,souventdifficiles à voir,etle diagnosticdutype desol estrendud’autantplusdifficile queledrainage systéma- tiquedes Landes deGascogne aprofondémentmodifié le régime hydriquedes sols (durée d’en- gorgementetamplitudedebattementdelanappe). Hormis le rapportC/Netle pH H2O quisont légèrementplusfavorables,les Rédoxisols etRéductisols landais ontdes propriétés chimiques très similaires aux Podzosols landais (Augusto etal.,2006). Ausein des Rédoxisols,Righi (1977) etJolivet(2000)distinguentdes formes “humifères”(Ah/Cg) et“peuhumifères” (A/Cg) selon la teneurenmatière organiquedel’horizon A.

Les Landes deGascogne doiventune partdeleuroriginalitéàlanappe desable quiles recouvre entièrement.Malgré l’apparentehomogénéitédecesubstrat,les sols développés surces sables possèdentdes caractéristiques etdes degrés d’évolution variés dontladistribution géographique n’estpasaléatoire. Leréseauhydrographiqueetles variations topographiques liées àlagéomor- phologie régionale etlocale fontvarier laprofondeurdelanappe phréatiqueetl’importancede ses oscillations saisonnières (Demounem,1979). Ces variations derelief etd’amplitudedebatte- mentdelanappe phréatiquedéterminentl’évolution pédogénétiquedes sols,les cortèges floris- tiques dusous-bois etd’une manière générale les caractéristiques etlarépartition des pédopaysages dumassif landais.

Caractérisation etrépartition despédopaysageslandais

•Typologies des stations duplateaulandais

En1857,Crouzet( in Sargos,1997)proposaitune typologie simple basée surlaprésenceetla profondeurdel’alios. Plustard, Ducomet(1904) proposaune typologie basée surlavégétation etquidéfinittrois stations principales :les landes “sèche”,“demi-sèche” et“humide”. Duchau- four(1949) fut l’undes premiers àétudier larelation entre lavégétation etles sols forestiers et àmettre en évidencelerôle des oscillations delanappe phréatiquedans l’évolution des sols (en particulier delaprofondeurdel’horizon illuvial).Parlasuite,Barry etal. (1952)ontmontré le rôle déterminantdurelief etduréseauhydrographiquedans larépartition des associations végétales etleurindividualisationendifférentstypes delandes en fonction denuances de drainage. Enfin,Comps etal. (1979) etDemounem (1979) ont,dans des démarches indépen- dantes,mis en relation les conditions dedrainage,les groupementsvégétaux indicateurs etles évolutions pédologiques. Ces auteurs définissentainsi une gamme assezlarge (jusqu’à9) de situations différenciées. Parallèlement,les travaux deRighi (1977)etRighi etWilbert(1984) ont

Rev.For. Fr. LIX -1-2007 21 C LAUDY J OLIVET -L AURENT A UGUSTO -P IERRE T RICHET -D OMINIQUE A RROUAYS mis en évidencelerôle déterminantdelanappe phréatiquesurlapédogenèse etles caractéris- tiques des sols des Landes duMédoc. Tousces travaux ontmontré quelacouverture pédopaysagère duplateaulandais estconstituée d’une juxtaposition deterroirs oudestations présentantdes caractéristiques relativementbien individualisées. Actuellement,il estd’usage dedistinguer trois grandstypes delandes,en fonction durelief généraletdel’intensitédudrainage :lalandesèche,lalandemésophile etla landehumide(tableauIII, ci-dessous). Ces trois principaux types delandesontdéfinis pardes associations végétales caractéristiques,untype desol dominantoudes associations desols organisés en toposéquences (figure 4,p. 23).

La landesèche (ouxérophile) Surles bordures méridionales etoccidentales dumassif,ainsi qu’en bordure des ruisseaux,l’en- foncementrapidedes axes dedrainage vers leurs niveaux debase provoqueunrabattement important(> 3m) delanappe phréatique. Onobservealors surdes versantsdes étendues de landesèche oùs’individualisentdes podzols àhorizon éluvialtrès épais ethorizons spodiques meubles (Podzosols Meubles). Ces podzols se rencontrentégalementausommetdes dunes continentales sèches s’élevantàplusdecinq mètres au-dessusduniveaudelanappe phréa- tique. Dans ces différentes situations,les sols développés en milieubien drainé ne subissent jamais l’influencedelanappe phréatique. Parconséquent,le processusdepodzolisation n’est tributaire queduclimatetdelavégétation. L’Hélianthème faux-alysson ( Halimiumalyssoides)est l’espèceindicatricedes landes sèches. Bien quenon strictementinféodées aux landes sèches,la Callune ( Callunavulgaris)etlaBruyère cendrée ( Erica cinerea )ysontprésentes en abondance.

La landemésophile La landemésophile occupe les versantsdrainés des moyennes etbasses vallées des cours d’eau. La forteamplitudedebattementdelanappe phréatique(jusqu’à2mètres) crée des alternances

T ABLEAU III T y pologie s implifiée d u m a ssif for e stier l a n dai s ( v égét a t ion d ’ a p r è s Barry e t a l., 1952;C omps e t a l., 197 9 ; D o b r emez e t a l., 1997 )

A mplitud e E s pèc e s m a jor i t a i r e s T y pe d e s ol T y pe d ’ a lios S t a t ion d e battement d e o u ind i catri c e s d omina n t d omina n t l a n a ppe phr é a t iqu e D u ne litto r a le Scler opod i u mpurum H y per i c u m A r énos ols Abs ent c u ppr e ssifor me C yti sus s c opa r i us Lan d e s è c he Callu n a vulga r i s * E r i ca c iner e a * > 3 m P o d z o s ols M e u b les M e u b le Halimiu m (na ppe p r ofond e) a l yssoid e s (i) Lan d emé s ophile P t e r i d i u m P o d z o s ols D uriqu e s I n d uré1à 3 m a q u ilinu m ** e t H u mo-D uriqu e s Lan d ehu mid e T opos équ enc e s d e P t e r i d i u m ( a usens l a r ge) P o d z o s ols ( D uriqu e s I n d uré àMe u b le a q u ilinu m ** < 1m àHu miqu e s ) M oliniaca e rulea (na ppe super fic ielle) R é d o x i s ols e t Abs ent E r i ca t e tra lix (i) R é d u c t i s ols *:d ’ a p r è s C omps e t a l. (197 9), Callu n a vulga r i s e t E r i ca c iner e a ne s ont p a s ind i cat e urs d ela l a n d e s è c he m a i sysont plus abondan ts q u e dan s les a utre sst a t ions . ** : P t e r i d i u m a q u ilinu m peut ê tre c o d omina n t e a v e c M oliniaca e rulea . i : e s pèc ein d i catri c e d ’ u ne sta t ion.

22 Rev.For. Fr. LIX -1-2007 Biologie etécologie

F IGURE 4 REPRÉSENTATION SCHÉMATIQUE DE L’ORGANISATION DES PRINCIPAUX PÉDOPAYSAGES DES LANDES DE GASCOGNE (d’après Jolivet,2000,adaptédeGEREA, 1985)

R é d u c t isols e t R é d o x isols s ableux P o d z osols

M e u b les M e u b les P rofils : h u mifères peu h u mifères H u miqu es o u H u mo-D u riqu es D u riqu es d ela n d esè c he

V égét a t ion ind i cat ric e : M olinie b leu e F o u gère a igle B r uyère c end rée

depériodes d’engorgementetdedessiccation permettantl’individualisation d’unhorizon éluvial etfavorisantlaconsolidation des horizons spodiques en alios. Les sols développés dans ces conditions sontqualifiés dePodzosols Duriques (podzols humiques àalios ethydromorphie de profondeur). La végétation caractéristiquedelalandemésophile estdominée parlaFougère aigle ( Pteridiumaquilinum ). Aucœurdumassif landais,on retrouveégalementdes secteurs de landemésophile liés àlaprésencetrès localisée delagunes associées àunmicro-relief caracté- ristique,avecdes amplitudes topographiques plusimportantes qu’en landehumide(>1m). Ces situationspermettentdedéfinir une varianterégionale delalandemésophile dite“àlagunes”.

La landehumide sensulato (ouhygrophile) La majeure partie dumassif landais estoccupée pardevastes étendues planes,maldrainées. Dans ces interfluves,le niveaudelanappe fluctuelentementetelle affleure àlasurfacelors des périodes defortepluviositéprintanière etautomnale. Elle atteintson niveaubasassezsouvent entre 1et2mètres souslasurface. Cetteunitépédopaysagère estcaractérisée parune végéta- tion dominée parlaMolinie ( Moliniacaerulea )etpardes associations dePodzosols etdesols hydromorphesorganisés en toposéquences.

•Variabilitéspatiale des pédopaysageslandais Bien queces associations sol-végétation soientrelativementbien caractérisées,etsousune apparenteuniformité,liée àladominancedans le paysage des pinèdes monospécifiques équiennes,les pédopaysages dumassif forestierlandais présententune fortevariabilitéspatiale àl’échelle parcellaire. Cettevariabilité,quis’observeparticulièrementausein des stationsde

Rev.For. Fr. LIX -1-2007 23 C LAUDY J OLIVET -L AURENT A UGUSTO -P IERRE T RICHET -D OMINIQUE A RROUAYS landehumide sensulato ,correspondaux toposéquences depériodepluridécamétriqueetd’am- plitudegénéralementinframétriqueliées aumicro-relief,décrites pourlapremière fois par Righi (1977)puis Righi etWilbert(1984). Enlandehumide,le micro-relief crée localementdes conditions d’engorgementcontrastées,responsablesd’une évolutionpédogénétiquedifférenciée. Ces conditions d’engorgementvariables(liéesàlaprésenceplusoumoinslonguedelanappe phréatiqueausein des profils) sontàl’origine del’organisation des sols en toposéquences. Cette organisation permetdedistinguer ausein delalandehumide sensulato quatre types destations (landemésophile,landemésohygrophile,landehumide sensustricto etlandetrès humide), depuis le sommetdes buttes relativementbien drainées jusqu’aux dépressions très humides. Sur ces toposéquences,les sols évoluentduPodzosol DuriqueauPodzosol Humiquepuis aux sols hydromorphes dans les situations les plushumides,oùl’omniprésencedelanappe phréatique s’oppose auprocessusdepodzolisation. Les espèces végétales indicatrices sontdupôle le plus ausecaupôle le plushumide: Pteridiumaquilinum,Moliniacaerulea et Erica tetralix .

Depuis les travaux deRighi (1977)puis Righi etWilbert(1984),Jolivet(2000)amontré àpartir d’une analyse fine deladistributionintra-parcellairedes sols delandehumidequeces topo- séquences se traduisaientspatialementparune fortevariabilitélatérale quel’on pouvaitdécom- poser en deux niveaux devariabilité. Dans cetteassertion,le micro-relief peut être divisé en deux composantes dontl’une formeraitun“méso-relief”,correspondantaux toposéquences pluridéca- métriques delandehumidedécrites parRighi etWilbert(1984),etl’autre formeraitun“micro- relief” depériodeinfra-décamétrique,àl’origine d’une partimportantedelavariabilitéspatiale des sols àcetteéchelle. Cemicro-relief infra-décamétriquepourraittrouver son origine dans des formes naturelles derelief,mises en placelors del’épandage éolien duSable des Landes.

Ces travaux récentsontégalementconfirmél’existenceausein des toposéquences denombreux facièsintermédiaires.Untype desol n’estdoncpasexclusifd’untype delande,mais on observe plutôtdes familles desols etdes associations deplantes exprimantune certaine tendance (Comps etal.,1979). Deplus,lafaiblesse delarelation entre le type desol etle type devégé- tation estprobablementliée aufaitquelavégétation esttrès réactiveàunchangementde régime hydriqueengendré parles pratiques desylviculture alors quelesol peut conserver un faciès héritédeconditions hydriques anciennes (Gelpe,communication personnelle). Delamême manière,larelation entre le type desol etlatopographie estentachée d’une très fortevariabi- lité(Jolivet,2000). Cecis’expliqueparlefaitqueles pratiques sylvicoles ontlargementmodifié le modelé dumicro-relief dufaitdulabouroudelastructure rectiligne des plantations. Ainsi, les faibles variations d’altitudequiavaientpermis ladifférenciation des sols sontaujourd’hui invisibles dans laplupartdes parcelles forestières.

•Variabilitéspatiale des teneurs en carbone organiquedes sols forestiers

La variabilitéspatiale des sols se traduitparune fortevariabilitéspatiale des teneurs en carbone. Cettevariabilitédes teneurs en carbone s’exprime aux différentes échelles devariabilitédes sols. Les sols delandehumideetmésophile sontglobalementplusriches en matière organiqueque les sols delandesèche (Juste,1989). Ceciestessentiellementdûàune différenceimportantede productivitévégétale. Eneffet,les landes sèches sontsujettes àdes déficitshydriques sensibles en périodeestivale,etlavégétation xérophile adaptée présenteune faible productivité(environ 0,6t/ha/andematière sèche aérienne ;Poser,1983)générantune matière organiquepeuabon- dante. Àl’inverse,les landes humides etmésophiles bien alimentéeseneaupossèdentune végétation plusproductive(1,5à2,5t/ha/an;Bergeret,1980;Werno,1984) àl’origine deplus grandes quantités derésidusorganiques. Entre ces deux derniers pôles écologiques,lalande mésophile présenteles plusfortstaux dematières organiques,dufaitdelaminéralisation plus intense affectantles sols delandehumide(Righi etWilbert,1984).

24 Rev.For. Fr. LIX -1-2007 Biologie etécologie

Ausein delalandehumide,l’interaction entre le micro-relief etlanappe phréatique,quidéter- mine le régime hydriquedes sols,conditionne leurévolution pédogénétiqueetladynamiquedes matières organiques. Àl’échelle delatoposéquence,l’organisation delateneurencarbone des horizons superficiels des sols suituncertain nombre delois —nilinéaires,ni monotones —qui correspondentàdes conditions particulières d’hydromorphie,deproductivitévégétale oude minéralisation,en relation avecl’organisation durelief,spécifiqueàchaquepédopaysage. Cette organisation se retrouved’unpointdevuespatialàl’échelle delaparcelle. La distribution des teneurs en carbone estaffectée d’une fortevariabilitéspatiale aléatoire quisemanifestesurde faibles distances,pourune même occupation dusol etunmême type desol (Jolivet,2000). Cettevariabilitésetraduitpardetrès fortes variations deteneurs surdefaibles distances,qui peuventainsi passer de10à50gdecarbone parkgdesol en l’espacedequelques mètres (figure 5,ci-dessous).

F IGURE 5TENEURS EN CARBONE ORGANIQUE ET TYPES DE SOLS DANS UNE PARCELLE FORESTIÈRE DE LANDE HUMIDE

La variabilitédes teneurs en carbone peut être accentuée oumodifiée parunchangementd’oc- cupation dusol ouparune intensification des pratiques sylvicoles. L’action dugestionnaire forestier contribueàaccentuer lavariabilitéspatiale des sols aux échelles intraetinter-parcel- laire. Àl’échelle inter-parcellaire,une enquêterécente(2005:Trichet,données en cours detrai- tement),portantsurles pratiques degestion d’unéchantillon représentatif des entrepreneurs opérantdans le massif forestier landais,amontré quedeux parcelles situées dans le même secteuretdemême classe stationnelle pouvaientprésenter defortes différences detraitement en termes defertilisation (0-130 kg/hadeP 2 O 5 )oudetravail dusol. Lors delamise en place dupeuplement,le sol n’esttravaillé quesurune partie delasurfacedusol (quicorrespondaux

Rev.For. Fr. LIX -1-2007 25 C LAUDY J OLIVET -L AURENT A UGUSTO -P IERRE T RICHET -D OMINIQUE A RROUAYS futurs alignementsd’arbres) dans près de9cassur10,cequicrée une hétérogénéitéspatiale périodiquedans les horizons desurface. L’intensification des pratiques sylvicoles (augmentation delafréquencedes éclaircies etdes débroussaillements) se traduitégalementparune augmen- tation importantedelavariabilitéàcourtedistancedes teneurs en carbone organiquetotal. Au cours delavie dupeuplement,le gestionnaireaugmenteeneffetl’hétérogénéitéintra-parcellaire en passantle rouleaulandais pourlimiter le développementdusous-bois,cequicrée une succession delignes decreux etdebosses perpendiculaires aux lignes d’arbres. D’une manière générale,il existedoncdes différences significatives des propriétés dusol ausein dupeuple- ment.Ces différences concernent,àcourtterme,ladensitéapparenteetlateneurenphosphore et,àpluslong terme,l’humidité,lateneurenmatières organiques etlapartie supérieure du profil pédologique.

•Variabilitéspatiale delaproductivitéforestière

La variabilitédes sols etdeleurs propriétés ades conséquences significatives surlaproducti- vitédes peuplementsquis’étage de7àplusde16m 3 /ha/an(Loustau etal.,1999). Cettelarge fourchettedevaleurs estpartiellementliée aux stations. Dans laconclusion générale desa thèse,Demounem (1979) précise queles sols delandemésophile correspondentàl’optimum édaphiqueduPin maritime. Dans ces situations,les conditions d’alimentation hydriquesatisfai- santes (niveaud’étiage delanappe phréatiquecompris entre 100 et200 cm,potentiel capillaire voisin de2,5àlareprise devégétation en mars,vitesse élevée del’eaudepercolation etdéficit hydriqueinférieurà40%àlami-juillet)associées àune mobilisation biologiquedes éléments N, PetKprécoceetcontinue,permettentune alimentationoptimale duPin maritime. Ces situa- tions correspondentaux peuplementsles plusproductifs. Ildécritensuitecommentcetoptimum se dégradelorsqu’on passe àdes situations plushumides ouplussèches,en fonction decondi- tions défavorables d’alimentation hydrique(déficitsouexcès d’eau)etminérale (diminution dela mobilitédePetK). Degrandes disparités existentdeplusausein d’une même station. Ainsi, les informations chiffrées duGroupementd’Intérêtscientifique“Coopérativededonnées crois- sance” indiquentque,àâge etàsylviculture égales,laproductivitépeut aller dusimple au double pourdeux peuplementssurune même station (Céline Meredieu–INRA deBordeaux, communication personnelle). L’originedecettevariabilitéintra-stationnelle n’estpasencore connue,mais plusieurs hypothèses existent,comme celle d’une grandedisparitédes propriétés des sols pourlarétention etl’échange duphosphore (LaurentAugusto,données non publiées). Des recherches sonten cours afin detester ces hypothèses,notammentdans le cadre duPôle deCompétitivité“Industrie etPin maritime dufutur”.

CONCLUSIONS

Les Landes deGascogne formentune grandeplaine sableuse quitire son originalitéetson identitédequatre caractéristiques essentielles. La première caractéristiquetienten grandepartie àl’uniformitédelanappe desable quirecouvre latotalitédeson territoire etquiimpose des contraintes hydriques etnutritionnelles aiguës aux peuplements. La deuxième caractéristique majeure decetterégion luivientdel’eau,omniprésentedufaitd’unréseauhydrographiquepeu développé. L’eauestle principalélémentresponsable delarépartition des paysages,deladiffé- renciation des sols landais etdelaproductivitédes peuplements. Sousl’influencedelanappe phréatique,les sols des Landes deGascogne se différencientnettementtantauniveaududéve- loppementmorphologiquedes profils qu’àceluides processusd’altération delaroche-mère. Eneffet,ladifférenciation morphologiquedes sols estétroitementliée audegré d’évolution du processusdepodzolisationquiestessentiellementcontrôlé parlerégime hydriqueaffectantle

26 Rev.For. Fr. LIX -1-2007 Biologie etécologie massif etquisetraduitparunmoded’humification très différent.La nappe phréatiqueestà l’origine depédoclimatsdifférentsquiinterviennentsurleniveaud’activitébiologiquedes profils etsurles processusdel’humification. Elle estl’agentdetransportdes substances mobiles et favorise les mouvementsverticaux des composés organo-métalliques ainsi queleurdépartvers les horizons spodiques,dans les sols des landes mésophiles oùle battementsaisonnier dela nappe estimportant;aucontraire,elle s’oppose àcetentraînementdans les sols hydromorphes ne s’asséchantpasenété. Endéfinitive,l’action delanappe favorise lapodzolisation dans les zones les plussèches oùse développentles podzols les plusévolués,etlafreine dans les zones humides oùl’on trouveles sols les moins différenciés.

Les sols,majoritairementdes Podzosols,sontpauvres en minéraux altérables mais riches en matières organiques. Cetterichesse des sols en matières organiques constituelatroisième carac- téristiqueimportantedes Landes deGascogne,puisqu’elle constitue,pratiquement,le seulconsti- tuantcapable d’assurer ausol une certaine cohésion,ainsi qu’unsupportderétention d’eauet d’élémentsminéraux en l’absencequasi complètedefraction argilo-limoneuse. La quatrième caractéristiquedelacouverture pédologiquedes Landes deGascogne,etpeut-être lamoins connue,atraitàsafortehétérogénéitéspatiale. Celle-ciestvisible àtoutes les échelles d’ob- servation.

Pourlegestionnaire,il résultedececonstatquelenombre defacteurs àprendre en considéra- tion n’estpasnégligeable.Qu’elle soiten manqueouen excès,l’eauestactuellementtrop souventle seulcritère d’orientation del’itinéraire sylvicole dans le massif forestier landais. Comptetenudel’importancedes autres caractéristiques des Landes deGascogne surlaproduc- tivitéàcourtetlong termes delaforêt,une approche visantàdévelopper des itinéraires tech- niques moins standardisésetprenanten compteune analyse plusfine delasituation seraitune avancée dans le domaine delagestion intégrée des peuplements. Outre une adaptation des scénarios degestion sylvicole aux principaux niveaux écophysiologiques quicorrespondent grosso modo aux principaux types delande,on pourraitimaginer,àl’instardecequiestpratiquéen sol agricole,des’orienter vers une sylviculture deprécision quipermettraitnotammentd’opti- miser les apportsd’élémentsfertilisantsàl’installation des peuplements. Dans cedomaine,le développementderéférentielssimplifiés associés àdes analyses desol pourraitreprésenter une voie d’avenir,pourtendre vers une sylviculture durable duPin maritime dans le massif des Landes deGascogne.

ClaudyJOLIVET –DominiqueARROUAYS LaurentAUGUSTO * US InfoSol UMR Transfertsol-plante INSTITUT NATIONAL DE LA RECHERCHE AGRONOMIQUE etcycle des élémentsminéraux Centre deRecherches d’Orléans dans les écosystèmes cultivés BP 20619 INSTITUT NATIONAL DE LA RECHERCHE AGRONOMIQUE F-45166 OLIVET CEDEX BP 81 ([email protected]) F-33883VILLENAVE D’ORNON CEDEX ([email protected]) ([email protected])

PierreTRICHET UR Écologie fonctionnelle etphysiquedel’environnement INSTITUT NATIONAL DE LA RECHERCHE AGRONOMIQUE 69,routed’Arcachon F-33612CESTAS CEDEX ([email protected]) *auteurcorrespondant

Rev.For. Fr. LIX -1-2007 27 C LAUDY J OLIVET -L AURENT A UGUSTO -P IERRE T RICHET -D OMINIQUE A RROUAYS

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LES SOLS DU MASSIF FORESTIER DES LANDES DE GASCOGNE :FORMATION,HISTOIRE,PROPRIÉTÉS ET VARIABILITÉ SPATIALE (Résumé) Lemassif forestier landais présenteune apparenteuniformitétantdupointdevuesylvicole,dominé parla pinèdeéquienne etmonospécifique,quedusol,développé surundépôtéolien sableux assezhomogène et sans relief apparent.Une étudedelarépartition des sols àdifférentes échelles montre quecetteentité présenteune organisation complexesousles effetsconjugués delanappe phréatique,dumicrorelief etdes associations végétales quiysontinféodées. La variabilitédes sols landais estvisible surtouteune gamme d’échelles etdoitdoncêtre prise en comptelors del’étudeoudel’aménagementdeces terrains.

FOREST SOILS IN THE LANDES REGION:FORMATION,HISTORY,PROPERTIES AND SPATIAL VARIABILITY (Abstract) The ‘Landes’ forestgives animpression of greathomogeneity asitis mainlycomposedof even-aged, single species pine stands. This apparentuniformity is also visible from the geologicalpointof viewasthe parent materialisaflat,sandyandfairlyhomogeneouseoliandeposit.Inactualfact,upon closer scrutinyof the distribution of soils on variousscales,their organisation turns out tobemore complexunder the combined effectsofthe water table,soil microrelief andthe plantassociations thatare specifictothem. This soil varia- bility holdstrueacross arange of scales andshouldbetaken intoaccountwhen studying or managing these soils.

30 Rev.For. Fr. LIX -1-2007