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EN ÎLE-DE-FRANCE a Dans « aden » : tout le cinéma et une sélection de sorties Demandez notre supplément www.lemonde.fr 57e ANNÉE – Nº 17638 – 7,90 F - 1,20 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE -- JEUDI 11 OCTOBRE 2001 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI Chirac, président protégé, justiciable demain b La Cour de cassation rend son arrêt sur le sort pénal du chef de l’Etat mis en cause comme ancien maire de Paris et chef du RPR b La Haute Cour n’est pas compétente b L’immunité présidentielle le protège b La prescription des faits est suspendue b S’il n’était pas réélu, il redeviendrait un justiciable ordinaire LA COUR DE CASSATION, plus diction, le chef de l’Etat « n’est pas haute juridiction de France, a ren- davantage soumis à l’obligation de du, mercredi 10 octobre, son arrêt comparaître en tant que témoin ». sur le statut pénal du chef de Cependant, cette large immunité, SAID MOHAMMAD AZAM/AFP l’Etat. Jacques Chirac est actuelle- accordée à la fonction présidentiel- ment mis en cause, dans trois dos- le, protège celui qui l’occupe seule- siers distincts, en tant qu’ancien mai- ment pendant la durée du man- Des bombes, nuit et jour re de Paris et ex-chef du RPR. En dat. Jugeant que la Haute Cour de deux ans, dans des enquêtes sur le justice n’est « compétente que pour financement du RPR, sur l’office les actes de haute trahison du prési- Les ONG en désaccord avec la « guerre humanitaire » HLM de la Ville de Paris, sur les mar- dent de la République commis dans chés publics d’Ile-de-France et sur l’exercice de ses fonctions », la Cour SOMMAIRE b Enquêtes et sécurité : L’inquiétude les voyages privés de M. Chirac et de cassation affirme que « tous les grandit aux Etats-Unis après la découver- de ses proches, des juges d’instruc- autres actes » relèvent de juridic- b La guerre et l’humanitaire : Les te de deux cas d’anthrax en Floride. Le tion ont déclaré avoir recueilli des tions pénales de droit commun, frappes américaines sur l’Afghanis- FBI prend cette affaire très au sérieux. « indices » le mettant en cause. mais que les poursuites « ne peuvent tan continuent, de jour comme de Les experts privilégient la piste criminel- L’arrêt de principe des hauts être exercées pendant la durée du nuit. Al-Qaida, l’organisation d’Ous- le. Les pratiques financières de la City magistrats énonce « qu’étant élu mandat présidentiel, la prescription sama Ben Laden, appelle à la mises en cause par un rapport d’enquê- directement par le peuple pour assu- de l’action publique étant alors sus- « guerre sainte ». Washington assure te de parlementaires français. p. 5 et 6 rer, notamment, le fonctionnement pendue ». En d’autres termes, Jac- que désormais les Etats-Unis contrô- régulier des pouvoirs publics ainsi ques Chirac bénéficie d’une large lent complètement l’espace aérien b Horizons-Débats-Analyses : Les que la continuité de l’Etat, le prési- immunité tant qu’il est président de de l’Afghanistan. Selon les talibans, points de vue de Michel Tubiana, dent de la République ne peut, pen- la République, mais redeviendrait des dizaines de civils auraient été vic- « Inquiétude », et de Denys de dant la durée de son mandat, être un justiciable ordinaire s’il n’était times des frappes, dont quatre Béchillon et Michel Troper, « Légère- entendu comme témoin assisté, ni pas réélu en 2002. Afghans travaillant pour l’ONU (pho- té » ; l’analyse de Laurent Zecchini, être mis en examen, cité ou renvoyé to). Les ONG sont en désaccord avec « Notre ami Poutine ». p. 17 et 18 pour une infraction quelconque Lire pages 10 et 11 l’emploi, par les Etats-Unis, de « l’ar- devant une juridiction pénale de me humanitaire ». p. 2 à 4 f www.lemonde.fr/11septembre2001 droit commun ». Selon la haute juri- f www.lemonde.fr/chirac-affaires La faillite « Entre Bush et Ben Laden, il y a nous », les journalistes d’Al-Jazira DEPUIS la diffusion, dimanche 7 octobre, leur réputation. « On est plus équilibré dans tions, de choc des religions, c’est vraiment n’im- de la CIA des premières images télévisées exclusives qui notre traitement de la guerre que CNN, affirme porte quoi ! » ont fait connaître au reste du monde les mena- l’un d’eux. On fait parler toutes les tendances : Ils affirment faire pleinement confiance à «ON a, ces dernières années, ces d’Oussama Ben Laden, les journalistes de Tony Blair, qui est quand même le bras droit des Tayssir Allouni, leur correspondant dépositai- a engagé des gosses tout frais sor- la chaîne d’information continue qatarie Etats-Unis, et Ben Laden. » re des messages exclusifs de Ben Laden. Ils tis de l’université, des mordus d’infor- Al-Jazira sont euphoriques. Ils accumulent les Ils ne comprennent pas qu’on puisse leur l’admirent pour son courage. Et balaient les GÉRARD UFÉRAS/RAPHO matique. Il faut aujourd’hui revenir au scoops. Mardi 9 octobre, c’est encore par leur reprocher de « faire de la publicité pour Ben soupçons de collusion avec les terroristes qui travail de fond, à la sale et dure beso- correspondant, Tayssir Allouni, depuis deux Laden » et rappellent qu’Al-Jazira a vingt-sept pèsent sur lui. PRÊT-À-PORTER gne, avec des types aguerris qui n’ont ans à Kaboul, que le message préenregistré du bureaux dans le monde, dont un à Washing- « On croit que c’est simple, que c’est facile pas peur du noir et font preuve de porte-parole d’Al-Qaida appelant à la « guerre ton, un à Kaboul, un à Gaza, un à Jérusalem. d’être là-bas, mais c’est faux », explique l’un de flair. » Ce général américain résume sainte », a transité avant d’être diffusé. « Pro- « Pourquoi la presse occidentale n’a pas repro- ses confrères, à Paris. Pour preuve, l’envoyé En route pour l’état de déconfiture de la Central fessionnellement, on est à l’aise, on est assez ché à CNN d’être présente en Irak lors de la spécial à Kandahar, Mohammed Khayri Al Intelligence Agency (CIA), totale- fiers même », confie l’un des cent vingt journa- guerre du Golfe ? Est-ce qu’on leur a dit, à eux, Burini, un Jordanien, a par exemple été rapa- Las Vegas ment prise de court par les attentats listes de cette chaîne créée en 1996. que Saddam Hussein utilisait leur chaîne ? » trié à Doha fin septembre, après quinze jours Les collections du printemps 2002, pré- du 11 septembre. Fonctionnarisée, Mais ils sont aussi tendus, irrités et déçus. Leur travail, disent-ils, n’a rien à voir avec la de présence en Afghanistan. La chaîne ne lui a sentées mardi 9 octobre à Paris, incapable de recueillir les « rensei- Les observateurs occidentaux qui avaient pris défense d’une religion ou d’une internationale toujours par trouvé de remplaçant, les candida- gnements humains » seuls à même l’habitude de s’émerveiller devant cette « CNN intégriste. « Nous sommes des journalistes avec tures spontanées ne se bousculeraient pas. réveillent l’imaginaire du voyage. A l’hip- de lutter efficacement contre le terro- du monde arabe », s’extasiant sur sa liberté de vingt-cinq nationalités différentes. Parmi nous, « Personne ne voulait aller, non plus, à Kaboul podrome d’Auteuil, John Galliano pour risme, la CIA essuie le feu des criti- ton, lui reprochent aujourd’hui ses accointan- il y a des Libanais, des Algériens, des Jordaniens, avant que Tayssir Allouni y parte ! » Face à la Dior (photo) a bouclé un tour du monde ques. Une enquête de Seymour ces avec les terroristes. Certains n’hésitent des Syriens,… Il y a une majorité de musulmans, kyrielle de questions dont il fait l’objet, un jour- en quarante silhouettes, plus sages qu’à M. Hersch raconte la succession d’er- plus à qualifier Al-Jazira de « bras armé média- mais aussi des chrétiens. A Al-Jazira, on n’est pas naliste d’Al-Jazira répond simplement : « Dans reurs des dirigeants de l’agence tique de Ben Laden ». Comme si ces diffusions dans une mosquée ni dans une église. Une fois le monde, il y a pas que Bush et Ben Laden. Au l’habitude, inspirées par les cow-boys et depuis l’effondrement de l’URSS. relevaient, remarquent-ils, d’une stratégie au boulot, on travaille en professionnels, et c’est milieu, il y a nous. » les paillettes de Las Vegas. p. 28 mûrement préparée. Les journalistes de la tout », explique l’un d’eux avant de conclure, Lire pages 16 et 33 chaîne sont furieux. Et tiennent à défendre narquois : « Ces histoires de choc de civilisa- Florence Amalou f www.lemonde.fr/mode-ete2002 La France Du Kosovo à l’Afghanistan et la guerre C’ÉTAIT il y a deux ans, au siècle Là s’arrêtent les similitudes. Si la dernier. Une coalition menée par guerre du Kosovo avait pour objec- les Etats-Unis sous l’égide de tif d’empêcher que des atrocités ne l’OTAN bombardait le Kosovo et la soient commises au seuil de l’Euro- Serbie. Le premier ministre britan- pe sans que les pays européens – et nique Tony Blair, déjà en pointe a fortiori les Etats-Unis – soient dans le combat, prêchait un « nou- menacés dans leur intégrité, il n’en vel internationalisme ». « Nous ne va pas de même avec l’Afghanis- nous battons pas pour des terri- tan. Les Américains réagissent en toires, mais pour des valeurs, disait- état de légitime défense après il. Pour un monde où les responsa- avoir été attaqués chez eux.