Usages du sapotier blanc (Casimiroa spp.) en Mésoamérique. Histoire, ethnographie et botanique Auréade Henry, Patricia Vera-Caletti

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Auréade Henry, Patricia Vera-Caletti. Usages du sapotier blanc (Casimiroa spp.) en Mésoamérique. Histoire, ethnographie et botanique. Anthropobotanica, Publications scientifiques du Muséum na- tional d’Histoire naturelle, 2010. ￿hal-02057477￿

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Auréade Henry CEPAM-CNRS , UMR 6130 250, av. A. Einstein 06560 Valbonne (France) [email protected]

Patricia Vera-Caletti Area de Biología, UACh, Chapingo C.P. 56227, Edo. de México (Mexique) [email protected]

Henry A. & Vera-Caletti P. 2010. – Usages du sapotier blanc (Casimiroa spp.) en Mésoamérique. Histoire, ethnographie et botanique. Anthropobotanica 1.7-2010.

Casimiroa edulis Llave et Lex. est un arbre fruitier endémique de la Mésoamérique dési- gné en nahuatl sous les termes cochitzapotl et iztactzapotl, d’où dérivent ses noms espa- gnols, zapote somnífero et zapote blanco, mentionnés dès le XVIe siècle par les chroniqueurs. MOTS CLÉS Les textes ethnohistoriques qui y font référence concernent majoritairement le bassin de Casimiroa edulis Mexico et le monde nahuatl et évoquent la consommation des fruits, ainsi que certaines Mésoamérique utilisations médicinales et rituelles. Nous présentons ici les travaux récents sur l’évolution ethnobotanique morphologique du fruit de Casimiroa edulis résultant de processus de sélection anthropi- textes ethnohistoriques que, ainsi qu’un bilan diachronique de ses différents usages, étapes indispensables vers une archéobotanique domestication interprétation plus fine de ses témoignages archéobotaniques.

ABSTRACT Uses of the white (Casimiroa spp.) in Mesoamerica. History, ethnology and botany Casimiroa edulis Llave et Lex. is a fruit tree endemic to Mesoamerica known in Nahuatl as cochitzapotl and iztactzapotl. Its Spanish names, zapote somnífero and zapote blanco appear KEY WORDS in the historical record from the XVIth century onwards. The sources describing this tree Casimiroa edulis refer mainly to the Basin of Mexico and the Nahuatl area, and evoke the consumption of Mesoamerica V ER A N PLUM its fruits as well as specific medicinal and ritual uses. The aims of this paper are to present S D E EX E M

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5 I F ethnohistory recent work on the morphological evolution of the fruit of Casimiroa edulis resultingAPDCA from archaeobotany an intentional selection, as well as to discuss diachronically its different uses, which are domestication. indispensable stages towards a finer interpretation of its archaeobotanical remains.APDCA

ANTHROPOBOTANICA • 2010 • 1. 7. © Publications Scientifiques du Muséum national d’Histoire naturelle, Paris.

Usages du sapotier blanc (Casimiroa spp.) en Mésoamérique. Histoire, ethnographie et botanique

Auréade Henry CEPAM-CNRS , UMR 6130 250, av. A. Einstein 06560 Valbonne (France) [email protected]

Patricia Vera-Caletti Area de Biología, UACh, Chapingo C.P. 56227, Edo. de México (Mexique) [email protected]

Henry A. & Vera-Caletti P. 2010. – Usages du sapotier blanc (Casimiroa spp.) en Mésoamérique. Histoire, ethnographie et botanique. Anthropobotanica 1.7-2010.

Casimiroa edulis Llave et Lex. est un arbre fruitier endémique de la Mésoamérique dési- gné en nahuatl sous les termes cochitzapotl et iztactzapotl, d’où dérivent ses noms espa- gnols, zapote somnífero et zapote blanco, mentionnés dès le XVIe siècle par les chroniqueurs. MOTS CLÉS Les textes ethnohistoriques qui y font référence concernent majoritairement le bassin de Casimiroa edulis Mexico et le monde nahuatl et évoquent la consommation des fruits, ainsi que certaines Mésoamérique utilisations médicinales et rituelles. Nous présentons ici les travaux récents sur l’évolution ethnobotanique morphologique du fruit de Casimiroa edulis résultant de processus de sélection anthropi- textes ethnohistoriques que, ainsi qu’un bilan diachronique de ses différents usages, étapes indispensables vers une archéobotanique domestication interprétation plus fine de ses témoignages archéobotaniques.

ABSTRACT Uses of the (Casimiroa spp.) in Mesoamerica. History, ethnology and botany Casimiroa edulis Llave et Lex. is a fruit tree endemic to Mesoamerica known in Nahuatl as cochitzapotl and iztactzapotl. Its Spanish names, zapote somnífero and zapote blanco appear KEY WORDS in the historical record from the XVIth century onwards. The sources describing this tree Casimiroa edulis refer mainly to the Basin of Mexico and the Nahuatl area, and evoke the consumption of Mesoamerica its fruits as well as specific medicinal and ritual uses. The aims of this paper are to present ethnobotany ethnohistory recent work on the morphological evolution of the fruit of Casimiroa edulis resulting from archaeobotany an intentional selection, as well as to discuss diachronically its different uses, which are domestication. indispensable stages towards a finer interpretation of its archaeobotanical remains.

ANTHROPOBOTANICA • 2010 • 1. 7. © Publications Scientifiques du Muséum national d’Histoire naturelle, Paris. Henry A. & Vera-Caletti P.

Introduction fonction de leur répartition actuelle et non pas selon des critères anatomiques. En second lieu, Les représentants du genre Casimiroa (Ruta- face à l’indigence des données archéologiques, ceae), endémique du Mexique et d’Amérique le recours aux textes ethno-historiques comme centrale, sont désignés en français sous le terme éléments de comparaison reste très fréquent. La vulgaire de sapotier blanc, traduit de l’espagnol pratique de l’analogie historique ou ethnogra- zapote blanco, vraisemblablement emprunté phique, justifiée dans ce contexte, présente tou- au nahuatl istactzapotl1 (Acuña 1985). Tza- tefois le danger d’aboutir à des interprétations potl (fruit sucré), est un terme générique re- généralistes, peu susceptibles de nous renseigner groupant différents genres et familles : Achras, sur la fonction des taxons en question au cas par Lucuma Colocarpum (), Diospyros cas et pour chaque site. (), Annona (Annonnacées), Couepia Cet article a donc un double objectif : tout (Rosaceae), Casimiroa (), etc. (Urbina d’abord, celui de présenter de nouvelles données 1903). Deux espèces de Casimiroa sont cultivées botaniques permettant la discrimination des en Mésoamérique depuis les temps préhispani- endocarpes de C. edulis et de C. sapota. Ensuite, ques : C. edulis Llave et Lex. et C. sapota Oerst. celui de discuter les différents témoignages du (Hernández Xocolotzi 1993). Leur proximité sapotier blanc issus de la littérature et de nos en- au plan morphologique est encore aujourd’hui quêtes ethnobotaniques. Les informations ob- la cause de confusions (Heneka et al. 2005) et, tenues concernent principalement C. edulis, et d’une manière générale, leur processus de do- dans une moindre mesure, C. sapota, sans qu’il mestication comme leur histoire sont encore mal nous ait toujours été possible de distinguer les connus, alors même qu’elles semblent avoir tenu deux dans la bibliographie. une place certaine dans la diète et la pharmaco- pée préhispanique (Gónzalez Jácome 2004, Lo- zoya 1999). Ce cas de figure n’est pas isolé, et il Le sapotier blanc : présentation paraît difficile de parvenir à évaluer le statut de et étude morphométrique nombreuses autres plantes cultivées. En effet, les avancées des études paléobotaniques dans la connaissance des relations entre l’homme et Généralités son environnement sont encore très inégales Le genre Casimiroa compte actuellement neuf selon les contextes chrono-culturels considérés. espèces et de nombreuses entités subspécifiques L’inventaire des témoignages archéologiques du réparties au Mexique et en Amérique centrale sapotier blanc illustre bien cette situation : au (Fig. 1). C. edulis croît de manière spontanée Mexique, seuls trois ensembles archéologiques ou subspontanée dans la partie centre-nord du centre du pays ont livré des restes de Ca- du Mexique sous climat tempéré, jusqu’à simiroa edulis (Smith 1967, Manzanilla 1993, 2000 mètres d’altitude environ, alors que C. Morett Alatorre et al. 1999) ; au Guatemala, un sapota se rencontre principalement dans les « seul reste provenant du site de Salinas la Blanca terres chaudes » du sud du Mexique et en Amé- témoigne de l’utilisation de C. sapota (Coe et rique centrale, sous des climats plus humides, al. 1967). à moindre altitude. (Martínez 1951, Pennigton & Sarukhán 2005). Ce constat entraîne deux remarques : tout C. edulis (zapote blanco) et C. sapota (matasano) d’abord, faute de référentiel, les deux espèces sont des arbres de cinq à douze mètres de haut, C. edulis et C. sapota ont été déterminées en à l’écorce grise à brune dont le tronc et les bran- 1. Les termes espagnols et latins figurent en italique ; les termes en ches sont pourvus de nombreuses lenticelles de langues méso-américaines apparaissent soulignés. couleur plus claire (Fig. 2). Les fleurs sont jau-

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Fig. 1. – Répartition du genre Casimiroa. Carte : Vera-Caletti et Henry. Fond: Encarta, 1998.

Fig. 2. – Casimiroa edulis (Teponahuasco, Jal., 2001). Cliché : Henry.

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Variations de l’endocarpe de C. e d u l i s et de C. s a p o t a Le travail de terrain a été effectué dans toute la zone de répartition de C. edulis dans le cadre de la révision taxonomique du genre Casimiroa (Vera-Caletti, doctorat en cours). L’échantillon- nage botanique de fruits parvenus à maturité au sein de différentes populations de Casimiroa edulis et de Casimiroa sapota a mis en évidence des différences morphologiques entre les deux espèces (taille, forme, couleur, saveur et textu- re). Ces caractéristiques disparaissant au sécha- ge, l’endocarpe ligneux a également été intégré à cette étude et des variations significatives ont Fig. 3. – Feuilles et fruits de C. edulis. Cliché : Vera-Caletti. pu être mesurées concernant sa forme générale et l’agencement des fibres (Tableau 1). Ces va- riations concernent les deux espèces, mais aussi différentes populations de C. edulis. En effet, la structure morphologique de l’endocarpe de C. sapota ne présente pas de variations signifi- catives et la seule différence notée concerne la taille alors que chez C. edulis, des variations ré- gionales importantes ont pu être mises en évi- dence.

Fig. 4. – Endocarpes de C. edulis. L’utilisation du sapotier blanc : En haut : La Venta, Jal. ; en bas à droite : Teponahuasco, Jal. et agencement dans le fruit (en bas à gauche). Cliché : Henry. une histoire ancienne nes-blanc, petites, à l’odeur discrète. Les feuilles Tehuacán : sapotier et premières commu- comportent 3 à 5 folioles. Le fruit est une nautés agricoles drupe charnue dont l’épicarpe est vert à jaune Le plus ancien témoignage de Casimiroa sp. a et le mésocarpe blanc crème, sucré (Fig. 3). Il été mis au jour dans les sites bien connus de la contient entre trois et cinq endocarpes ligneux, vallée de Tehuacán (Mc Neish 1992) et remonte blanchâtres, dont la surface externe est sillon- à la phase Coxcatlán (7000-5400 BP). Le taxon née de fibres et de scléréides (Fig. 4) (Zavaleta augmente tout au long de la séquence stratigra- 1989). Casimiroa edulis et C. sapota, cultivées phique, laquelle s’étend jusqu’au XVIe siècle de pour leurs fruits, sont également appréciées notre ère. D’après Smith (1967), l’apparition dans le sud du pays comme plantes mellifères conjointe de Casimiroa edulis et de Diospy- (Barrera Marín et al. 1976) et fourragères (Na- ros sp. (plaqueminier), témoignant du passage hed et al. 1997). Les feuilles et les graines sont d’une alimentation de subsistance à un spectre employées comme remède naturel et le bois plus diversifié, a contribué à la transition des est utilisé en charpente légère, notamment en groupes de Tehuacán vers les sociétés agricoles Amérique centrale (Morton 1987). à proprement parler. Dans ce scénario, Diospy-

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Ca s i m i r o a e d u l i s Ca s i m i r o a s a p o t a Forme (vue dorsale) Oblongue-lanceolée Oblongue-elliptique

Longueur/largeur (2.3-)4.5 - 5.5 cm / (1.7-)2-3 cm (2.1-) 3.5 - 4.0 cm / (1.8-)2.5 - 3.5 (-4.0) cm

Forme de l’apex Aigu-acuminé Arrondi Longueur (4.0-) 6.0 - 7.0 mm Base Aigüe à arrondie Arrondie

Disposition des fibres Homogène Groupements hétérogènes

Épaisseur des fibres (zone ventrale) 0.3 - 0.5 (1.0) mm (0.8) 1.0 - 1.5 (2.0) mm

Taille du lumen (amplitude) 0.7 - 1.0 mm (1.0) 1.5 - 2.0 (3.0) mm

Tableau 1. – Variabilité morphologique de l’endocarpe de Casimiroa edulis et de C. sapota. ros et Casimiroa, dont les graines ne subissent Oztoyahualco : une utilisation pas d’évolution morphologique dans le temps, médicinale du sapotier ? sont interprétés comme issus d’une importation Le dernier témoignage concerne des restes pol- depuis les terres chaudes, rendue possible par liniques de C. edulis, également déterminés en une amélioration dans le système d’irrigation fonction du contexte puisque le pollen de C. (Smith op.cit.). edulis ne peut être différencié de celui de C. sapota (Arreguin-Sánchez et al. 1986). Ils pro- Ticumán : une utilisation rituelle du viennent du complexe résidentiel d’Oztoya- e e sapotier dès le Préclassique ? hualco (V -VI siècles de notre ère), appartenant au célèbre site classique de Teotihuacan (Man- Le contexte archéologique de Ticumán (Mo- zanilla 1993). Un taux très important de pollen relos) est radicalement différent puisqu’il s’agit de Casimiroa (95 %) a été retrouvé dans une d’une série de sites en grotte ayant vraisem- jarre de stockage située dans une petite pièce at- blablement eu une vocation rituelle et funé- tenante (n° 5) à celle où avait lieu la préparation raire pour les communautés agricoles du fleuve des aliments (n° 3-4). Il s’agit des seuls restes Yautepec depuis le Préclassique (Martínez et polliniques de Casimiroa identifiés à ce jour en al. 2007). Les grottes d’El Gallo et de la Cha- contexte archéologique (Ibarra Morales & Zu- güera notamment, ont livré une très grande rita Noguera 1993). La fonction du sapotier est diversité de restes botaniques, datés entre 3200 dans ce cas interprétée comme médicinale sur et 2000 ans BP, parmi lesquels des endocarpes la base des données ethnohistoriques (Manza- de Casimiroa (Sánchez Martínez et al. 1998). nilla 1993). Ces derniers se retrouvent principalement sous Trois sites archéologiques éloignés dans le temps la forme de dépôts placés au sol ou dans des et dans l’espace, trois usages différents du sapo- caches et ont été interprétés comme des offran- tier : les interprétations des archéologues se fon- des destinées à des divinités agricoles (Morett dent sur le contexte des découvertes, mais aussi Alatorre et al. 1999). sur les textes ethnohistoriques pour conférer au

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zapote blanco une fonction rituelle et médici- dire que le sapotier était relativement commun nale, laquelle a effectivement été relevée par cer- dans certaines régions, notamment le centre du tains chroniqueurs. Mexique.

Usages relevés par les chroniqueurs Casimiroa spp. dans les sources Dans les textes coloniaux, le sapotier blanc est du XVIe siècle présenté comme un arbre cultivé pour ses fruits, dont le goût est davantage mis en avant que les Appellations et témoignages du sapotier propriétés médicinales ; Casimiroa est pourtant au début de la Colonia le seul tzapotl de la classification nahuatl dont le nom cochitzapotl renvoie aux propriétés (Ur- Précédant de près de deux siècles la classification bina 1903). Mais hormis pour « aider à trou- linnéenne, les descriptions ethnohistoriques ne ver le sommeil » (Hernández 1959 : I, 92), on sont pas aussi précises qu’on le souhaiterait, mais l’utilisait comme antidiarréhique, cicatrisant et l’examen des différents éléments permet de les analgésique (Tableau 2). rattacher à C. edulis/sapota (Henry 2002). Le naturaliste Hernández [c. 1577] décrit le co- Les textes ethnohistoriques laissent également chitzápotl ou tzápotl somnífero, et indique son transparaître une relation « évidente et particu- lière existant entre la divinité aztèque Xipe Totec nom espagnol zapote blanco (Hernández 1959 : et le sapotier » (traduit de González González, t. 1, 92). Sahagún, dans l’Historia General de las 2006 : 37). Ce lien se retrouve aussi bien dans Cosas de Nueva España [c. 1582] cite les termes l’origine supposée de Xipe (voir par exemple Sa- cochitzapotl, tzapotl (sapote, fruit sucré) et tza- hagún : I, 39) que dans un avatar qui semble lui pocuauhitl (arbre à , sapotier) (Sahagún être exclusif, la tzapocueitl, « jupe [en feuilles] de 1990 : 858). Le chroniqueur Durán [c. 1570]) sapotier », figurant dans bon nombre de repré- confirme la synonymie entrecochitzapotl et tza- sentations pictographiques (Vié-Wohrer 2000, potl (Durán 1967 : t. 2 : 244). Le terme ystact- González González, op.cit.). Xipe, probable- zapotl (istac : blanc),) n’est mentionné qu’une ment à l’origine une très ancienne divinité seule fois (diocèse de Tlaxcala [c.1580], Paso & agricole (López Austin & Reyes, 1969), était Troncoso 1905 : 88). Au Yucatán, on trouve le célébré par les Aztèques notamment lors du tla- terme maya chocho (de la Garza 1983 : 76 ; caxipehualiztli (« la fête [liztli] où l’on écorche 113). Actuellement, choch ou chooch désigne [xipehua] des hommes [tlaca’] »). Il semblerait C. edulis comme C. sapota (Barrera Marín et al. bien que dans ce cadre rituel, guerre et agricul- 1976, Zolla 1994). ture (concrétisées par l’association entre Xipe et L’étude de 134 unités administratives issues du le maïs) aient été perçues comme des activités corpus des Relaciones Geográficas (Acuña 1982, génératrices de vie (González González, op.cit.). 1984, 1985-6, 1987 ; de la Garza 1983 ; Paso En tant qu’attribut de Xipe, le sapotier blanc & Troncoso 1905) nous a permis de cartogra- joue un rôle non négligeable, déjà décrit ailleurs, phier les mentions du zapote blanco au XVIe siè- durant le tlacaxipehualiztli (Henry 2002, Gon- cle (Fig. 5). La flore et les essences utiles sont zález González, op.cit.). Nous mentionnerons documentées de manière plus ou moins exhaus- donc simplement ici le fait que Xipe était aussi tive (plus d’un taxon cité) pour 70 localités. un dieu guérisseur et propagateur et de mala- L’utilisation du sapotier blanc est attestée dans dies (Loures de Oliveira 1999) et que lors du un quart d’entre elles. En incluant à ces men- tlacaxipehualiztli, la peau de captifs sacrifiés tions strictes les mentions probables, on arrive était revêtue par une partie des participants (se- à environ 40 % des localités, ce qui revient à lon toute vraisemblance des personnes atteintes

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Fig. 5. – Sites archéologiques cités dans le texte. Carte : Henry. Fond : Encarta, 1998.

Source Plante Usage Partie Voie d’administration Sahagún 1990 Hernández 1959 sédatif fruit orale RG Coatepeque (Acuña 1985-6) cochitzapotl Hernández 1959 anti- feuilles orale diarrhéique RG Petlalcingo (Acuña 1985-6) graines locale analgésique tzapocuauitl écorce locale Hernández 1959 cochitzapotl cicatrisant graines locale

Tableau 2. – Usages médicinaux du sapotier au XVIe siècle. de maladies du derme et des yeux), qui repré- Données ethnobotaniques sentaient ainsi l’image du dieu Totec : ces toto- tectin étaient invités dans les maisons des gens, L’étude ethnobotanique a été menée à relati- assis sur des tzapoicpalli, (sièges de sapotier ) et vement vaste échelle, puisqu’elle s’est déroulée dans les communautés et les marchés proches recevaient diverses offrandes alimentaires (Sa- aux lieux de notre échantillonnage botanique, hagún : II, 657). Certaines d’entre elles, tels les totalisant ainsi une centaine d’entretiens. épis de maïs, étaient enveloppées de feuilles de En règle générale, C. edulis et C. sapota sont sapotier blanc (González González, op.cit.). plantés dans les jardins, dans les champs ou les

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terrains de football et ne bénéficient d’aucun par voie orale (infusion de l’écorce) pour calmer soin particulier. Dans tous les villages parcou- les douleurs postprandiales. Enfin, l’usage en rus, les fruits de C. edulis servent à l’alimenta- tant qu’anti-diarrhéique noté par Hernández a tion humaine à l’exception d’une communauté été relevé dans le Yucatán pour l’espèce Casi- du Querétaro où ils sont donnés aux porcs et miroa tetrameria (Barrera et al. 1976, Ankli et aux poules ; à l’inverse, le fruit de C. sapota est al. 2002). peu consommé et utilisé pour engraisser les porcs. À Pátzcuaro (Michoacán), les fruits sont surtout donnés aux enfants énervés pour les Discussion calmer. La production de C. edulis est orientée vers les fruits les plus grands, mais parfois vers Les données présentées ici sont non seulement les plus sucrés (Michoacán). À La Purificación de nature différente, mais aussi très éparses et (État de Mexico), presque toutes les maisons partielles. Cela est évident en ce qui concerne ont leur sapotier et chacun tente d’obtenir les les témoignages archéologiques, mais doit être fruits les plus gros, lesquels sont exhibés et com- rappelé également pour les données ethnohis- parés après récolte. toriques, qui ne couvrent que certaines zones et Dans toutes les communautés parcourues, lors certains aspects de sociétés en cours d’accultura- de la fête du village, laquelle correspond à celle tion. Les peuples d’affiliation nahuatl du Bassin du saint-patron de l’église, on place le pain de de Mexico et/ou les régions « nahuatlisées » du fête (pan de fiesta) sur des rameaux de C. edulis fait de l’hégémonie aztèque à l’arrivée des Espa- pourvus de leurs feuilles. Les informateurs de gnols sont donc surreprésentés et ce, au détri- l’État de Tlaxcala disent que les feuilles conser- ment des autres peuples méso-américains. vent l’arôme et la fraîcheur du pain. Dans une communauté d’Oaxaca, on place les offrandes sur des nattes (petates) de feuilles de Casimiroa La culture du sapotier par les le jour de la Toussaint (Zolla 1994). communautés humaines Les utilisations médicinales de C. edulis sont L’état actuel des connaissances archéobotani- variées, mais la plus commune consiste à faire ques ne permet pas d’émettre d’hypothèses sur une infusion des feuilles (parfois des graines) la domestication du sapotier blanc et, notam- contre l’hypertension artérielle (observations en ment, de traiter la question de son « import » concordance avec Zolla 1994), ce qui corres- depuis les terres chaudes. C. edulis, qui s’accom- pond à l’unique usage médicinal fait de C. sa- mode actuellement d’une certaine aridité, est pota. La même infusion est employée comme capable de résister au gel et croît naturellement remède calmant et/ou sédatif (Michoacán, dans les zones d’altitude (Martínez 1951), sem- Oaxaca, Chiapas et Yucatán ; Zolla 1994, Men- ble être un « faux » taxon tropical. Son appari- dieta & del Amo 1981), ainsi que comme ré- tion à Tehuacán ne dépend probablement pas gulateur du rythme cardiaque (Michoacán ; de l’existence d’un système d’irrigation, ce der- Zolla 1994); (Hidalgo ; Andrade-Cetto 2009). nier ayant néanmoins pu contribuer à optimiser On retrouve les décoctions de feuilles utilisées son cycle reproductif et aurait pu, d’après nos en application locale pour leurs vertus analgé- observations de terrain, permettre la collecte de siques dans les États de Morelos et d’Oaxaca, sapotes plus d’une fois l’an. notamment contre les rhumatismes (Zolla, Au XVIe siècle, le sapotier blanc est mentionné op. cit.). Dans le Morelos (Zolla 1994), mais par les chroniqueurs comme un arbre cultivé aux aussi dans le nord du Honduras (Dalle 2005), côtés d’un certain nombre d’essences (Fig. 6), C. edulis est respectivement utilisée en applica- assurant ainsi aux communautés un spectre ali- tion locale dans le temazcal (bain de vapeur) et mentaire diversifié tel que le décrit, par exemple,

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Fig. 5. – Mentions du sapotier blanc au XVIe siècle. Carte : Henry. Fond : Encarta, 1998

Molina (cité par González Jácome 2004). Les » ou avec peu de maniement de ceux qui étaient zones biogéographiques où l’on trouve mention en contexte de culture ou de sélection constan- du sapotier à l’époque coloniale correspondent te, C. edulis étant sujet à plus de variabilité que en majeure partie à l’aire de répartition actuelle C. sapota. S’il y a continuité dans le maniement de C. edulis, bien que l’on ne puisse rejeter un de ces différentes espèces, il semblerait alors que transport et/ou une acclimatation occasionnels C. edulis ait subi une plus grande pression de de C. sapota vers les terres-hautes, tout comme sélection au fil du temps. une culture de C. edulis dans les basses-terres. Selon les sources, le sapotier blanc est peu adap- Utilisations médicinales et rituelles té aux terres froides (Acuña 1986 : III, 106), Au plan archéologique, les données des sites pousse dans les terres « chaudes ou froides », ou de Ticumán mettent en évidence l’association dans les « champs humides » des terres-hautes du sapotier à un système de croyances agrico- (Hernández 1959 : I, 92). les complexes, dont l’abri Tláloc est une bonne Les données ethnobotaniques collectées au illustration (Martínez et al. 2007). Mais bien Mexique montrent une sélection de C. edulis que religion et médecine soient de longue date orientée vers des fruits plus grands et plus su- liées en Mésoamérique (López Austin 1993), il crés. Casimiroa sapota, au contraire, ne subit semble difficile de conclure d’emblée à l’utilisa- pas actuellement une telle pression de sélection. tion médicinale de Casimiroa par ces sociétés. Ces observations coïncident avec nos résultats De la même manière, l’hypothèse selon laquelle botaniques, puisque nous avons pu discriminer Casimiroa aurait eu une fonction médicinale à des endocarpes issus de populations « sauvages Oztoyahualco peut être questionnée, et à plus

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forte raison qu’aucune des sources consultées en évidence de l’effet hypotenseur de C. edulis ne décrit l’utilisation des fleurs. Pour ne citer date de la fin du eXIX siècle, et c’est en tant qu’une des hypothèses possibles, la présence de que tel qu’on le retrouve depuis dans la phar- pollen pourrait révéler une production de miel, macopée dite « nationale » (ibid.). On constate auquel cas le pourcentage élevé de Casimiroa sp. par ailleurs que les usages médicinaux relevés au relèverait de facteurs taphonomiques. XVIe siècle sont encore en vigueur du centre L’importance médicinale et rituelle du sapo- et de l’Occident du Mexique jusqu’au Hondu- tier dans la société aztèque, l’une des dernières ras, sous des formes métissées. Plus récemment, à s’établir dans le Bassin de Mexico, est issue des études ethnopharmacologiques ont porté d’éléments plus anciens dont l’origine est diffi- sur un certain nombre de ses principes actifs, cile à retracer, éléments qu’il est d’ailleurs risqué mettant en évidence des effets vasorelaxants, d’interpréter en fonction du culte de Xipe To- vasoconstricteurs, analgésiques, anticonvulsifs tec sous la forme décrite par les chroniqueurs. et anxiolytiques susceptibles d’expliquer l’usa- Cela étant, les usages du sapotier blanc que ge de différentes parties végétales dans la mé- nous avons relevés témoignent en faveur de la decine traditionnelle (Enríquez 1994, Garzón place à part entière qu’il occupe au plan symbo- et al. 1999, Ankli 2002, Muccillo-Baitsch et lique et médicinal, et notamment son rôle dans al. 2004 ; Molina-Hernández et al. 2004, Gar- le déroulement de la fête tlacaxipehualiztli, le cía-Argaeza et al. 2005, Awaad et al. 2007). tzapotl étant fortement, voire littéralement, lié à Xipe (feuilles et bois étant en contact récur- rent avec les personnifications du dieu) mais Conclusion aussi à Toci, divinité « des bains de vapeur et des remèdes » (traduit de Sahagún 1990 : I, 38). L’examen des sources existantes et l’obtention de Dans ce contexte, il est vraisemblable que les nouvelles données concernant le sapotier blanc usages médicinaux du sapotier blanc par les in- a permis la discussion des données archéologi- formateurs ou les rédacteurs des R.G. aient été ques et ethnohistoriques. Les premières témoi- volontairement occultés. De même, l’utilisa- gnent de l’usage ancien de Casimiroa spp. par les tion du bois de sapotier blanc par les Espagnols groupes mésoaméricains, mais restent difficiles pour la fabrication de fauteuils à dossier (sillas à interpréter notamment du fait de leur indi- de caderas, Sahagún 1990 : 858), n’est peut-être gence. Décrivant un espace-temps bien délimi- pas innocente, ces fauteuils étant le symbole de té, les secondes sont relativement abondantes et l’autorité coloniale, à laquelle renvoie d’ailleurs nous livrent l’image d’un arbre de culture certes leur représentation pictographique dans les co- secondaire, mais dont les utilisations médicina- dex coloniaux (López Austin, comm. écrite). les et rituelles suggèrent une place à part entière Par ailleurs, l’utilisation de rameaux de Casimi- au sein du système de croyances nahuatl. Si le roa pour le dépôt de l’offrande ou du pain lors sapotier blanc est souvent cité comme « l’exem- des fêtes catholiques actuelles représente un bon ple-type » du syncrétisme médicinal entre l’An- exemple de la persistance fonctionnelle du sa- cien et le Nouveau Monde, il semble en être de potier blanc dans un contexte fort différent. même au plan religieux, le végétal étant totale- En ce qui concerne les concepts médicaux, il est ment intégré au culte chrétien. souvent tout aussi difficile de distinguer claire- Enfin, les résultats de notre étude morphomé- ment apport préhispanique et espagnol (López trique des endocarpes de C. edulis et C. sapota Austin 1993) : le sapotier blanc a été incorporé, permettront le réexamen des échantillons ar- dès les XVI-XVIIe siècles, à des remèdes occi- chéobotaniques existants ainsi qu’une meilleure dentaux (Lozoya & Enríquez 1981). La mise interprétation des trouvailles futures.

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