Cahiers de l’ILSL, N° 32, 2012, pp. 85-100 MUSELEMENT PLANIFIE ET INDIGNATION SIMULEE : POURQUOI ET COMMENT ISABELLE MERGAULT TENTE DE DISQUALIFIER ERIC NAULLEAU Alain PERUSSET Université de Lausanne – section de français
[email protected] Résumé Débattre, ce n’est pas seulement développer et défendre des thèses face à un autre débattant ; c’est aussi élaborer des stratégies destinées à disqualifier l’adversaire pour emporter l’adhésion du public. Le 2 octobre 2010, lorsqu’elle s’installe dans le « fauteuil de l’interview » d’On n’est pas couché sur France 2, Isabelle Mergault, accompagnée de Daniel Auteuil, sait qu’elle va devoir faire face aux critiques sans complaisance des deux chroniqueurs de l’émission, Éric Zemmour et Éric Naulleau. Afin de soutenir au mieux le film Donnant, donnant dont ils font alors la promotion, les deux invités mettent tour à tour en pratique une variété de stratégies discursives, mais aussi paraverbales, qui empêchent les deux critiques de l’émission d’exprimer posément leurs avis : provocation, ironie, élévation de la voix, coupure et monopolisation de la parole, menaces de départ… Toutes les manœuvres sont bonnes – ou prétextes ? – pour protéger le film de toutes critiques négatives. Par l’analyse linguistique et discursive des échanges des différents protagonistes de la discussion polémique, nous proposerons notre lecture des raisons qui poussent Isabelle Mergault, et Daniel Auteuil dans une moindre mesure, à « ridiculiser » les deux chroniqueurs de l’émission de Laurent Ruquier. De la même manière, nous observerons comment, lentement et méthodiquement, Éric Naulleau parvient à retourner la situation en sa faveur et en celle de son camarade Éric Zemmour.