LE MONDE ÉCONOMIE a Les valeurs biotechnologiques a 21 pages d’offres d’emplois Demandez notre supplément www.lemonde.fr 56e ANNÉE – Nº 17351 – 7,50F - 1,14 EURO MÉTROPOLITAINE MARDI 7 NOVEMBRE 2000 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI

Le duel américain Gauche : les Français doutent b a A la veille du Avant le sommet de la gauche « plurielle », un sondage CSA pour « Le Monde » scrutin, le républicain b Pour 55 % des Français, le gouvernement Jospin s’essouffle et manque de dynamisme George W. Bush et b Une majorité d’entre eux demandent une politique plus sociale et une baisse des impôts À LA VEILLE de la réunion des attentes des Français pour l’avenir : le démocrate Al Gore cinq chefs de parti de la gauche 55 % d’entre eux souhaitent, en « plurielle », mardi 7 novembre, à effet, une politique plus sociale et sont au coude-à-coude , un sondage de l’institut CSA 65 % demandent une redistribution pour Le Monde montre que 55 % en faveur des ménages les plus a des Français reprochent au gouver- modestes, qui passe à leurs yeux par AFP « Le Monde » publie nement de Lionel Jospin de « s’es- la baisse des impôts, privilégiée par XAVIÈRE TIBERI souffler » et de « manquer de dyna- 44 % de l’ensemble et par 41 % des les programmes misme », tandis que 36 % d’entre sympathisants de la gauche. eux estiment qu’il « poursuit son Conscientes que les socialistes déter- Procès des deux candidats œuvre de réforme ». Dans leur juge- minent pour l’essentiel les choix du ment global sur le gouvernement, gouvernement, les personnes inter- a les Français dans leur ensemble se rogées aimeraient que les Verts en appel Notre récit disent avant tout indifférents pèsent davantage sur les décisions d’une campagne (36 %), et les déçus (29 %) l’empor- prises. Le procès en appel de Xavière Tiberi tent sur les satisfaits (22 %). Les Le sommet de mardi devrait adop- (photo), qui commence lundi à Paris, sans précédent sympathisants de la majorité sont ter des « engagements communs » devait s’ouvrir dans un climat alourdi plus nombreux à se déclarer satis- pour les dix mois à venir. Outre des par l’affrontement entre le maire de faits (35 %), mais ils sont aussi indif- désaccords durables, comme celui Paris et le RPR. Un an après l’annula- a A Harlem, férents (34 %) ou déçus (26 %). de Jean-Pierre Chevènement et du Les réformes qui paraissent les MDC sur la Corse, des divergences tion des poursuites contre l’épouse de l’ultime appel plus importantes aux Français sont, restaient à réduire, lundi matin, Jean Tiberi, la révélation du témoi- dans l’ordre, la revalorisation du notamment sur l’augmentation des gnage posthume de Jean-Claude Méry de Bill Clinton SMIC, les 35 heures, les emplois-jeu- minima sociaux et sur la représenta- et l’exclusion du maire de Paris par le nes et la couverture maladie univer- tion des chômeurs, réclamées par parti gaulliste ont accru l’inquiétude selle, les partisans de gauche préfé- les Verts et les communistes. rant placer en tête la réduction du de l’Elysée. L’entourage du président Lire pages 2-3 temps de travail. L’importance don- Lire pages 8 et 9 redoute les réactions d’un homme qui et notre éditorial page 19 née au SMIC témoigne surtout des et les points de vue pages 21 et 22 « n’a plus rien à perdre ». p. 12 Proche-Orient, Un célèbre archéologue japonais se révèle un faussaire amateur TOKYO en effet participé aux fouilles sur la dizaine de pel. Bien qu’il ait déclaré n’avoir falsifié ses décou- le dialogue ? de notre correspondant sites de la première période du paléolithique exis- vertes que deux fois, les soupçons s’étendent On disait de lui qu’il avait la « main divine ». tant au Japon. C’est sous sa direction qu’ont désormais à l’ensemble des recherches paléolithi- LE PRÉSIDENT américain Mais ce célèbre archéologue japonais, dont on récemment été découverts plusieurs puits de 15 à ques au Japon, au moment même où elles com- a Bill Clinton ne désarme pas. Il vantait les découvertes, a admis, dimanche 20 centimètres sur le site de Kamitakamori, près mencent à attirer l’attention des chercheurs occi- recevra, jeudi 9 novembre à Wash- 5 novembre, avoir fabriqué de toutes pièces des de Sendai (300 kilomètres au nord de Tokyo), qui dentaux. ington, le chef de l'Autorité palesti- traces d’habitation de l’époque paléolithique auraient pu servir à soutenir des structures de for- Dès les années 20, le Japon a pris en main sa AFP nienne, Yasser Arafat, puis, diman- dont la découverte avait été annoncée avec éclat me conique. La présence d’objets de pierre indi- recherche archéologique, et celle-ci est FOOTBALL che 12, le premier ministre israé- il y a une dizaine de jours. « J’ai été victime de la quait que le site aurait pu servir à des rites reli- aujourd’hui avancée. Il s’est doté en outre, dans lien, Ehoud Barak. Il aura avec l'un tentation. Je ne sais que dire pour m’excuser »,a gieux. Or, sur les trente et une pièces « déter- les années 70, d’une législation qui permet de et l'autre des entretiens séparés à la déclaré Shinichi Fujimura au cours d’une confé- rées », Shinichi Fujimura en aurait falsifiées vingt- faire prendre en charge les recherches par des L’OM rêve Maison Blanche. Cette nouvelle ini- rence de presse retransmise par toutes les chaî- neuf. C’est la publication par le quotidien Maini- aménageurs publics ou privés du territoire. Le tra- tiative diplomatique intervient nes de télévision. Contrit, la tête basse et les yeux chi de trois photographies montrant l’archéolo- vail archéologique est si intense dans l’archipel de Tapie alors que les émeutes continuent rivés à la table devant laquelle il parlait, l’archéo- gue en train de creuser le sol à l’aube pour enter- que le problème est moins la fouille que la valori- Sa défaite face à Rennes (1-0), samedi dans les enclaves palestiniennes logue a reconnu avoir enterré des pièces de sa col- rer des objets lui appartenant qui a contraint sation des découvertes. L’archéologie y est très 4 novembre, place l’Olympique de Mar- même si elles ont baissé d'intensi- lection personnelle, puis les avoir présentées com- celui-ci à avouer. Selon le même journal, il aurait populaire, et les musées, en cherchant à donner seille sous la menace d’une relégation té. Deux Palestiniens ont été tués me des « découvertes » témoignant d’un habitat en outre fabriqué vingt-neufs éléments « décou- aux sites un caractère ludique, attirent des visi- dimanche. La révolte palestinienne vieux de plus de 600 000 ans. L’affaire fait grand verts » en septembre sur le site Soshinfudozaka teurs de tous âges. Répondant enfin à une quête en Division 2 (photo). De quoi aggraver n'a pas été sans répercussion en bruit : selon le quotidien Asahi, elle « remet en en Hokkaido. des origines qui tenaille la plupart des Japonais, encore la crise d’un club dont les suppor- France. Notre enquête à Stras- cause la fiabilité de l’archéologie japonaise »,et Au départ archéologue amateur, Shinichi Fuji- elle est aussi porteuse d’un enjeu politique : ses teurs se disent orphelins de Bernard bourg montre une communauté jui- ses conséquences « ne se limitent pas à l’archipel mura s’était taillé une réputation internationale découvertes mettent à mal la construction d’une Tapie. Egalement en pages « Sports » : ve rassemblée derrière Israël. mais affectent aussi les recherches en Europe et aux grâce à une série de découvertes dans les identité nationale nippone fondée sur le mythe la défaite du XV de France, le report du Etats-Unis sur l’origine de l’homme ». années 80. L’une de ses grandes trouvailles fut un de l’homogénéité raciale et culturelle. Lire page 4 Directeur adjoint de l’Institut paléolithique de site dans la région de Chichibu (nord de Tokyo), départ du Vendée Globe, un drame et notre enquête page 17 Tohoku (nord de Honshu), Shinichi Fujimura a considéré comme l’un des plus anciens de l’archi- Philippe Pons dans le cricket, etc. p. 31-35 Contre la musique M. Jospin doit-il changer gratuite de cap économique ? QUELQUES grands indicateurs, d’Edouard Balladur d’abord, à celui comme ceux de l’inflation, des pré- d’Alain Juppé ensuite – de conduire lèvements obligatoires, des déficits une politique totalement erronée publics ou du commerce extérieur, en favorisant l’« offre », c’est- rythment périodiquement les à-dire la compétitivité des entrepri- débats publics et jalonnent l’his- ses, et en pénalisant la « deman- toire de la politique économique de », notamment en majorant les française. D’autres, en revanche, prélèvements sur les ménages. Des P. NOZOLINO POUR « LE MONDE » comme ceux des goulets de produc- années durant, au lendemain de la ZIZI JEANMAIRE tion ou des taux d’utilisation des récession de 1993, le PS a fait valoir THOMAS MIDDELHOFF capacités productives, ne retien- que les entreprises manquaient de nent l’attention que des spécia- clients, et non pas de fonds Son truc EN S’ALLIANT au site de musique listes et ne prêtent que très rare- propres, et que la bonne politique en ligne Napster, le président du direc- ment à controverse. C’était vrai en économique commandait de soute- en plumes toire de Bertelsmann, Thomas Middel- tout cas jusqu’à l’enquête trimes- nir le pouvoir d’achat des ménages. Dans une mise en scène de Roland Petit, hoff, veut faire payer les services de la trielle dans l’industrie que l’Insee A cette époque, les repères du start-up accusée de violer les droits vient de publier (Le Monde daté débat économique étaient donc son compagnon de toujours, Zizi Jean- d’auteur. Mais les internautes trouve- 5-6 novembre) et qui risque, elle, assez simples : la droite était pour maire revient en chansons sur les plan- ront des solutions pour continuer à de faire grand bruit. Car, au travers une « politique de l’offre » et la ches parisiennes, pour neuf représenta- écouter gratuitement de la musique. des chiffres qu’elle livre, attestant gauche, derrière Lionel Jospin, tions à l’Opéra-Bastille. Trente-neuf ans que le taux d’utilisation des capa- pour une « politique de la après l’avoir créé, celle qui a su imposer Lire page 24 cités productives a atteint en octo- demande ». Or, depuis quelque bre un niveau sans précédent temps, la discussion s’est passable- un nouveau style de music-hall dansera Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 10 F ; Autriche, (88,2 %) et que les goulets de pro- ment embrouillée, et la ligne de avec ses boys son Truc en plumes. p. 37 25 ATS ; Belgique, 48 FB ; Canada, 2,50 $ CAN ; Côte d'Ivoire, 900 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; duction n’ont jamais été aussi nom- fracture traverse la gauche elle- Espagne, 225 PTA ; Gabon, 900 F CFA ; Grande-Breta- breux (41 % des entreprises indus- même. C’est Dominique Strauss- gne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3000 L ; International...... 2 Aujourd’hui ...... 31 Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; trielles), elle ouvre une controverse Kahn, le premier dans son camp, France...... 8 Météorologie ...... 36 Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 270 PTE ; Réunion, 10 F ; de première importance : faut-il qui a jeté un pavé dans la mare en Sénégal, 900 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,20 FS ; Société...... 12 Jeux ...... 36 Tunisie, 1,4 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. infléchir la politique économique défendant l’idée que l’économie Régions ...... 14 Culture ...... 37 du gouvernement ? française souffrait d’un problème Carnet...... 16 Guide culturel ...... 39 Pour comprendre les termes de d’offre. Horizons ...... 17 Immobilier, annonces 40 ce débat, il faut se souvenir que la Entreprises...... 24 Kiosque ...... 42 gauche, lorsqu’elle était dans Laurent Mauduit Communication...... 27 Abonnements ...... 42 l’opposition, a longtemps reproché Tableau de bord ...... 28 Radio-Télévision ...... 43 à la droite – au gouvernement Lire la suite page 19 LeMonde Job: WMQ0711--0002-0 WAS LMQ0711-2 Op.: XX Rev.: 06-11-00 T.: 11:15 S.: 111,06-Cmp.:06,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0390 Lcp: 700 CMYK

2 ¼ INTERNATIONAL LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000

AMÉRIQUES Les Etats-Unis votent, PUBLICAIN du Texas, George W. Bush, est vote.b LE SCRUTIN INDIRECT accroît les favorise la prise en charge individuelle mardi 7 novembre, pour désigner leur en tête, selon les sondages. b LE VICE- incertitudes. Le vainqueur en voix n’est dans la redistribution des surplus. président. L’élection s’annonce comme la PRÉSIDENT DÉMOCRATE, Al Gore, a pré- pas nécessairement celui qui ira à la Mai- M. Gore veut donner à l’Etat la mission de plus disputée depuis la bataille Nixon- vu de se rendre dans 15 villes et 11 Etats son Blanche. Les programmes placent les limiter les inégalités. (Lire aussi notre édi- Kennedy de 1960. b LE GOUVERNEUR RÉ- entre lundi et l’ouverture des bureaux de électeurs devant un vrai choix : M. Bush torial page 19.) L’élection du président des Etats-UnisJ-1 la plus disputée depuis 1960 Les Américains sont confrontés, mardi 7 novembre, à un choix décisif sur l’orientation de la politique économique de leur pays. George W. Bush propose de rendre directement aux contribuables une partie du surplus, tandis qu’Al Gore insiste sur l’équité de la redistribution NEW YORK noir » n’en fait que mieux ressortir la Maison Blanche sur la seule foi empêché de revendiquer ouverte- l’interpellation de George W. Bush Ralph Nader et des abstention- de notre correspondante le point faible d’Al Gore, sa diffi- du bilan économique de l’adminis- ment le bilan économique de huit en 1976 pour conduite en état nistes. « Cette bataille ne serait pas si culté à susciter autant d’enthou- tration qu’il a codirigée. ans de clintonisme. d’ébriété a sans doute gêné le can- En politique étrangère, les rôles serrée si les gens se rappelaient où siasme que M. Clinton en 1992 Diverses explications ont cours. Mais une troisième raison pos- didat républicain car elle a mo- sont inversés : ceux qui étaient nous en étions il y a huit ans, s’ils parmi les fidèles. « Il y a cette chose M. Gore n’a simplement pas eu le sible touche à l’état d’esprit actuel mentanément détourné son éner- contre l’intervention au Vietnam, faisaient la comparaison avec où que l’on appelle l’âme d’un vice- talent politique nécessaire pour des Américains : l’économie leur gie de l’effort final qu’il avait à comme Al Gore, sont aujourd’hui nous en sommes aujourd’hui, et s’ils président, avance Jerry Hagstrom, convaincre ses compatriotes que paraît si robuste, ils sont devenus fournir, mais elle ne semble pas « interventionnistes » à l’exté- comprenaient où nous allons. » A expert électoral au National Jour- la prospérité, c’était lui. si confiants, on leur a tellement avoir eu d’impact profond sur rieur, et vice-versa. trois jours d’une élection qui déci- nal : huit ans dans l’ombre d’un expliqué que ce cycle de crois- l’électorat. Le rédacteur en chef du maga- dera qui, de son vice-président Al président, c’est beaucoup. Gore, sance ne ressemblait à aucun Les clivages idéologiques tels zine Governing, Alan Ehrenhalt, Gore ou du fils de son prédéces- c’est vrai, a un mal fou à se Au cours autre et que grâce aux nouvelles qu’ils avaient marqué les dernières offrait dimanche dans le New York seur républicain George Bush, lui vendre. » Mais en réalité à Harlem, technologies et à une prodigieuse campagnes électorales présiden- Times sa propre interprétation : la succédera à la Maison Blanche, le président Clinton met le doigt de la campagne, hausse de la productivité il n’avait tielles ont, eux aussi, volé en campagne de l’an 2000 symbolise Bill Clinton tente un plaidoyer dé- sur un problème plus profond du pas de raison de s’interrompre, éclats. La droite religieuse n’a pas la fin d’une ère politique ouverte à sespéré, en plein cœur de Harlem, Parti démocrate dans cette cam- les clivages que le choix du prochain occupant été un acteur de cette campagne la fin des années 60. De la fin des en faveur d’une nouvelle équipe pagne 2000 : l’électorat ne répond de la Maison Blanche leur paraît 2000 : sommée de rester sur le années 60 au début des années 90, démocrate à la tête du pays. plus. Vingt-deux millions d’em- idéologiques ont secondaire à cet égard. Seul à être bas-côté pour ne pas mettre en dit-il, la vie politique américaine a Les sondages sont toujours aus- plois créés, une prospérité sans spontanément crédité des succès péril les chances du parti républi- été dominée par un « backlash si indécis, George W. Bush précédent, une nation de boursi- volé en éclats de l’économie, Alan Greenspan, le cain de reconquérir la Maison culturel » contre la criminalité, la conserve une avance de 2 à coteurs, la paix à l’extérieur, le président de la Réserve fédérale, Blanche, elle est si bien restée sur drogue, la permissivité des 5 points mais Al Gore garde une calme à l’intérieur... et un vice- n’est malheureusement pas candi- le bas-côté qu’il paraît douteux mœurs, accompagné d’une remise chance sérieuse de remporter les président à la traîne dans les son- C’est ce qu’implique Ralph Na- dat, mais il est acquis que ni un qu’elle puisse retrouver une posi- en cause de l’Etat providence. La quelques Etats-clés qui font la dif- dages. Quelle ingratitude ! der, le candidat du Parti Vert, lors- président Gore ni un président tion dominante en cas de victoire tendance a commencé à s’inverser férence : le président le sait, la C’est le grand paradoxe de cette qu’il s’exclame : « si Gore n’est pas Bush ne commettrait l’erreur de le de M. Bush. L’homme qui avait avec l’arrivée du centriste Bill mobilisation de l’électorat tradi- campagne : l’équipe sortante n’a capable de battre ce petit gouver- remercier. déstabilisé le président Bush sur Clinton et huit ans après, la droite tionnel démocrate sera détermi- pas réussi à capitaliser sur la réus- neur du Texas au bilan cauchemar- La relation entre l’économie et sa droite à la convention républi- se retrouve sur la défensive. Il n’y nante le 7 novembre, et Al Gore site économique des années 90. desque, alors à quoi est-il bon ? » le politique n’est pas le seul élé- caine de 1992, Pat Buchanan, est, a plus qu’à attendre, maintenant, ne peut pas se passer du vote noir. Alors qu’on avait beaucoup attri- Une autre explication, en vogue ment à ne plus répondre aux cri- cette année, candidat du petit par- la nouvelle échelle de valeurs poli- Harlem accueille Bill Clinton bué à la mauvaise situation de chez certains démocrates, veut tères classiques des campagnes ti de la réforme et, dans les son- tique que devrait générer dans la comme l’un des siens ce samedi l’économie la défaite du président que M. Gore paie là le prix de sa électorales. Cette campagne a été dages, ne dépasse pas 1 % des in- décennie à venir la révolution des 4 novembre et cette affection de la Bush en 1992, Al Gore a tout le rupture avec Bill Clinton, dont il a totalement dépourvue d’attaques tentions de vote. A gauche, le technologies de l’information. communauté noire pour « ce qui mal du monde, cette année, à tellement voulu se dissocier pen- sur la vie privée des candidats ; la désenchantement est si grand se rapproche le plus d’un président convaincre les électeurs de l’élire à dant cette campagne que cela l’a révélation, en fin de campagne, de qu’il a grossi les rangs à la fois de Sylvie Kauffmann Le programme démocrate privilégie la protection sociale Le programme républicain propose de réduire les impôts ÉDUCATION AL technologies pour arrêter la pollu- ÉDUCATION GEORGE doivent pas être la « police-se- Le candidat démocrate Al Gore GORE tion ». Il s’oppose aux forages dans Le candidat républicain George BUSH cours » de la planète. Favorable à promet de recruter massivement une réserve naturelle de l’Alaska. Bush souhaite une évaluation une nouvelle division du travail des enseignants, de rendre l’école Candidat Favorable à la ratification de l’ac- standardisée des élèves. Les écoles Candidat avec les Européens dans les Bal- maternelle accessible à tous, de démocrate, cord de Kyoto sur le réchauffement publiques avec un faible taux de républicain, kans. multiplier les programmes d’ensei- 52 ans. de la planète. réussite auraient trois ans pour 54 ans. Ardent défenseur d’un vaste gnement fédéraux. Il est opposé POLITIQUE ÉTRANGÈRE ET DÉFENSE améliorer leurs performances. bouclier national antimissiles, aux « vouchers » (lire ci-contre dans La politique étrangère améri- Faute de quoi, les parents rece- baptisé NMD (National Missile « Le programme républicain »). caine doit être inspirée par «un vraient un coupon (voucher) de Defense), qui serait destiné à pro- IMPÔTS sens d’une mission » pour exporter 1 500 dollars par an pour financer téger les Etats-Unis, ainsi que leurs Il n’offre qu’une baisse de les valeurs américaines. Il défend la scolarité de l’enfant dans le pri- alliés, contre d’éventuelles at- 500 milliards de dollars des impôts de bénéficier de la prise en charge globalement une vision plus inter- vé. couverture maladie minimale des- taques de missiles intercontinen- sur dix ans.Il privilégie le rembour- de leurs médicaments. Il ne touche- ventionniste que son adversaire. IMPÔTS tinée aux personnes âgées. Il pro- taux. Veut également « re- sement de la dette publique fédé- ra pas à l’actuel système de retraite, Est favorable à un déploiement li- Propose de réduire massivement pose une privatisation partielle du construire une armée » américaine, rale pour l’éliminer d’ici à 2012. Les mais s’engage à garantir sa solvabi- mité du système NMD. Compte re- les impôts pour tous les contri- système de retraites : les assurés en déclin selon lui. réductions d’impôts seraient sur- lité jusqu’en 2054. demander au Sénat de ratifier le buables, à concurrence de pourraient placer eux-mêmes une COMMERCE INTERNATIONAL tout dirigées vers les classes FINANCEMENT ÉLECTORAL traité sur les interdictions des essais 1 300 milliards de dollars, c’est-à- partie de leurs cotisations sur le Demanderait au Congrès de lui moyennes (480 milliards échelon- Il ferait de la réforme du mode nucléaires (CTBT). dire de « redistribuer un quart de marché boursier. Il n’a pas exclu accorder une autorité dite fast nés sur dix ans). Il maintient les de financement des campagnes COMMERCE INTERNATIONAL l’excédent » budgétaire. Propose de devoir élever l’âge de la re- track pour négocier sans tranches actuelles d’imposition électorales sa toute première initia- Il demanderait au Congrès une d’abaisser les tranches actuelles traite. contrainte des accords commer- mais offre des crédits d’impôt pour tive législative. clause garantissant la protection d’imposition de 15 %, 28 %, 31 %, FINANCEMENT ÉLECTORAL ciaux, sans y inclure les normes so- encourager les 42 millions d’Améri- ENVIRONNEMENT des normes du travail et de l’envi- 36 % et 39 % pour les remplacer Aucune proposition concrète. ciales et de l’environnement. cains sans couverture sociale à s’as- Al Gore promet de créer un ronnement dans la conclusion des par quatre taux, 10 %, 15 %, 25 % et ENVIRONNEMENT AVORTEMENT surer. Il souhaite profiter des excé- fonds de 150 milliards pour encou- accords internationaux. 33 %. Cela favoriserait six millions Souhaite augmenter l’explora- Opposé à l’avortement, sauf en dents budgétaires pour constituer rager les industriels à ne pas pol- AVORTEMENT de foyers démunis mais réduirait tion et la production de pétrole et cas de viol, inceste ou de danger une cagnotte de 300 milliards de luer en leur proposant des allége- Pour. Il choisirait des juges à la singulièrement, soulignent les dé- de gaz naturel aux Etats-Unis pour pour la mère. S’est engagé toute- dollars, afin de faire face à un éven- ments fiscaux pour « bonne Cour suprême susceptibles de mocrates, la taxation des plus rendre le pays moins dépendant fois à ne pas en faire un critère ré- tuel retournement de l’économie. conduite ». Il estime que l’environ- maintenir le respect actuel du droit riches. en matière énergétique. N’a pas dhibitoire dans le choix de juges à SANTÉ ET RETRAITES nement est une source d’emplois des femmes à choisir. SANTÉ ET RETRAITES exclu des forages dans une réserve la Cour suprême. Al Gore a présenté un plan de fi- du futur et que les Etats-Unis de- PEINE DE MORT George Bush promet d’investir naturelle dans l’Alaska. PEINE DE MORT nancement de 253 milliards de dol- vraient être à la pointe pour Pour. Mais il faciliterait le recours 158 milliards de dollars sur dix ans, POLITIQUE ÉTRANGÈRE ET DÉFENSE Pour. Depuis qu’il est gouver- lars étalé sur dix ans pour per- « construire de nouveaux camions, aux tests ADN pour éviter les er- dont 110 milliards destinés à réfor- Estime que les Etats-Unis sont neur, 146 détenus ont été exécutés mettre à toutes les personnes âgées voitures, chaudières, avec des reurs judiciaires. mer le programme Medicare, la trop présents dans le monde et ne au Texas.

Les principaux Bush, père de deux jumelles âgées de dix-huit ans. Méthodiste. Dans l’Amérique des stock-options et des Caffe Latte, on attend George Bush candidats b Albert Arnold Gore, cinquante-deux ans, démocrate, MADISON (New Jersey) classes moyennes blanches, des enfants bien tique et la fouille des sacs : trop de monde, on b George Walker Bush, diplômé de Harvard. Fils d’un de notre envoyée spéciale élevés aux joues rebondies et des galeries n’en finira jamais. La file s’accélère, le gym- cinquante-quatre ans, républicain, sénateur démocrate du Tennessee, Il est 18 heures et, comme les grandes stars commerciales immaculées. Il y a beaucoup nase se remplit, 20 heures, toujours pas de diplômé de Yale et Harvard. Fils du Al Gore Sr. Il a servi six mois au de rock, George W. Bush se fait attendre. d’églises à Madison, bien entretenues et visi- « W », mais de la musique plein les oreilles 41e président des Etats-Unis, George Vietnam dans le service de presse Contrairement au public des grandes stars de blement fréquentées, et Drew University qui pour patienter. Ricky Martin chante Livin’la Vi- Herbert Bush (1989-1993). « W » a des forces américaines. Journaliste, rock, heureusement, ses supporters sont pa- accueille ce soir George W. Bush est une uni- da Loca et la foule se réchauffe. « We want servi comme pilote dans la garde puis homme politique, il est élu pour tients et disciplinés : à l’heure à laquelle le versité protestante méthodiste. Bush ! », s’enhardissent les uns, « No More nationale du Texas, sans aller au la première fois en 1976 à la meeting était censé commencer dans le gym- Gore ! », répondent les autres. Mais quand, Vietnam. Il a fondé une société Chambre des représentants. En 1994 nase de Drew University, samedi 4 novembre, DES DÉBATS PAS TRÈS POLITIQUES vers 20 h 30, la sono passe à Shake Your Booty, pétrolière (Bush Exploration) puis au Sénat. Vice-président depuis une file interminable serpente à travers le Ils sont donc là quelque cinq mille, vieux et on fatigue nettement : « No More Music ! ». Ça dirigé l’équipe de base-ball des Texas 1993. Marié, père de trois filles et un campus de l’université, dans la nuit sombre et jeunes, enfants, bébés, grands-parents, à tombe bien, George W. Bush arrive enfin, es- Rangers. Depuis 1994, il est fils. Baptiste. humide, attendant sagement d’entrer. Les pre- avancer pas à pas. Dans la file, on a des corté de sa femme, Laura, « la prochaine First gouverneur du Texas. Marié à Laura b Patrick J. Buchanan, miers, prévoyants, sont arrivés vers 16 heures ; conversations d’électeurs républicains du New Lady », toujours silencieusement souriante soixante-deux ans, Parti de la le candidat républicain n’a pas mis les pieds au Jersey de l’an 2000, pas politiques pour un sou dont, annonce-t-il, c’est l’anniversaire, du gou- Réforme, diplômé de Georgetown New Jersey depuis quatre mois et personne – « ça y est, vous avez ratissé votre pelouse ? » verneur Christine Todd Whitman, pas peu fière University. Pas de service militaire. n’espérait l’y voir à trois jours de l’élection (corvée annuelle des feuilles d’automne) –. de lui servir une foule aussi motivée, et du can- Ancien conseiller de Richard Nixon présidentielle. C’est l’Amérique heureuse et confiante, celle didat au Sénat Bob Franks qui se présente et Ronald Reagan. Mais cette campagne n’est pas comme les des stock-options et des Caffe Latte géants que « contre un distributeur de billets », le million- Ultraconservateur, a quitté le Parti autres, et lorsque, jeudi 2 novembre, le gou- l’on boit au volant de son van. Sur les coups de naire démocrate Jon Corzine. républicain jugé trop mou en verneur du New Jersey, Christine Todd Whit- 19 heures, justement, la faim tenaille, mais Le micro à la main, voûté comme un boxeur octobre 1999. Commentateur à man, une républicaine centriste, prend dans le pays de l’opulence où l’on ne passe pas fatigué, le gouverneur du Texas fait son qua- CNN. Catholique. connaissance d’un sondage révélant une nette une demi-heure sans être sollicité par un dis- trième discours de la journée, compensant en b Ralph Nader, soixante-six ans, progression de M. Bush dans cet Etat en prin- tributeur de quelque chose, ce soir, rien n’est punch ce qui manque en densité, sur le thème Parti des Verts, diplômé de Princeton cipe acquis au démocrate Al Gore, elle suggère en vue. « Si seulement j’avais mon Palm Pilot, je du leadership. Lui, promet-il, saura être un vrai et Harvard. Avocat, auteur, à l’équipe de « W » un détour par le New Jer- ferais Sauerkraut.com et je commanderais un leader. « Notre priorité, c’est notre foi, notre fa- défenseur des consommateurs et de sey. En hâte, la visite est donc ajoutée au pro- casse-croûte », fantasme un monsieur. mille, notre pays, le plus grand pays sur terre. » l’environnement, gramme du candidat samedi, à la fin d’une Plus loin, dans la file, s’élèvent des applau- Lui saura être un rassembleur. « J’irai à Was- antimondialisation. Il s’était journée qui commence dans le Michigan, le dissements. « C’est la bouffe ! », rêve notre voi- hington non pas avec un parti en tête mais avec présenté en 1996 et n’avait obtenu mène en deux endroits différents de Pennsyl- sin. Non, ce sont deux transfuges du Parti dé- le peuple en tête. » Lui rétablira « honneur et di- qu’à peine 1 % des voix. Célibataire. vanie, et se termine, très tard, en Floride où il mocrate, armés d’un panneau « Démocrates gnité » à la Maison Blanche. Et pour « W » On compte en outre une faut être à pied d’œuvre tôt dimanche matin. pour Bush ». Des brochures circulent. « C’est le comme pour ses supporters, ça ne fait plus demi-douzaine d’autres candidats C’est la petite ville de Madison qui est choisie, menu ! » insiste l’affamé. Non, ce sont des l’ombre d’un doute : le 20 janvier, c’est lui qui à la présidence qui ne sont pas au cœur d’une enclave républicaine dans cet tracts de la Christian Coalition, avec les s’y installera. représentés dans tous les Etats. Etat démocrate, cité-dortoir quatre étoiles à consignes de vote pour mardi. une heure de train de New York, paradis des Les services de sécurité abandonnent le por- S. K. LeMonde Job: WMQ0711--0003-0 WAS LMQ0711-3 Op.: XX Rev.: 06-11-00 T.: 10:50 S.: 111,06-Cmp.:06,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0391 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 / 3

Plus de 141 millions d'électeurs inscrits

LE PROCESSUS ÉLECTORAL LES INTENTIONS DE VOTE PAR ÉTAT New Hampshire Vermont Plus de 200 référendums 7 NOVEMBRE 2000 Washington Maine 11 Massachusetts 12 Dakota Minnesota Montana 3 4 L'ÉLECTEUR du Nord 10 3 • vote pour élire les 538 "grands électeurs" Oregon 3 Virginie occ. 4 Connecticut Idaho New Rhode 7 Dakota Wisconsin York associés à la présidentielle Selon le système du « winner take all » 33 Island 4 du Sud 3 11 Michigan le candidat recueillant le plus de suffrages Wyoming 8 4 Iowa 18 Pennsylvanie dans un Etat obtient tous les votes de 3 15 New Jersey WASHINGTON cal. Ainsi les résidents de Hous- Nebraska 7 Ohio 23 grands électeurs de cet Etat. Nevada 5 IllinoisIndiana 3 Delaware de notre correspondant ton (Texas) devront dire s’ils sont 4 Utah 21 Colorado 5 Virginie 10 Maryland • vote pour renouveler la Chambre des 5 Kansas 22 12 Les électeurs de Caroline du favorables à ce que leur ville soit Californie 8 Missouri 8 6 Kentucky 13 3 Washington Sud se prononceront mardi sur la candidate aux Jeux olympiques de représentants 11 Caroline D.C. 435 sièges ; mandat de deux ans Tennessee du Nord création d’une loterie destinée à 2012. La métropole, soumise à la 54 11 POUR GORE Arizona Nouveau- Oklahoma Arkansas Caroline 14 financer l’éducation de leurs en- pression de l’équipe de basket des Dans certains Etats : Mexique 8 du Sud 8 6 Mississippi 8 Sûr fants. Le gouverneur, démocrate, Rockets et de la NBA, qui me- • Election d'un sénateur 5 Géorgie 7 Alabama Penchant avait été élu en 1998 sur ce pro- 34 sièges sont en jeu pour un mandat 13 nacent de quitter la ville s’ils 3 Texas 9 gramme qui permettrait de four- n’obtiennent pas un stade tout de 6 ans 9 Alaska nir des moyens adéquats aux neuf en 2003, demande aussi aux • Election d'un gouverneur 32 INDÉCIS écoles. Il a pris exemple sur la électeurs de trancher. A Saint- 11 sièges sont en jeu pour un mandat Louisiane 25 Hawaï 4 de 2 ou 4 ans Floride POUR BUSH Géorgie, arguant du fait que ceux Paul (Minnesota), plusieurs dis- Sûr qui veulent acheter des billets de tricts scolaires organisent un ré- loterie vont le faire dans l’Etat férendum, afin d’obtenir plus 18 DÉCEMBRE 2000 4 NOMBRE DE GRANDS ÉLECTEURS (270 SONT NÉCESSAIRES POUR ÊTRE ÉLU) Penchant voisin. Les églises, en particulier d’argent pour les matières noires, font campagne contre technologiques et, dans le Park LES « GRANDS ÉLECTEURS » Le 7 novembre, les Américains sont appelés : Sur ces 11 postes à renouveler : cette proposition « immorale ». District (Illinois), on attend une • 538 personnes votent pour élire • à désigner leur président • 7 sont détenus par des démocrates (Delaware, Indiana, Un référendum sur ce sujet a eu forte participation sur la transfor- le futur président • à renouveler les 435 membres de la Chambre Missouri, Caroline du Nord, New Hampshire, Vermont (majorité requise : 270 voix) des représentants et Washington) lieu récemment en Alabama et le mation de Fischer Farm en musée « non » l’a emporté. vivant... 20 JANVIER 2001 • à renouveler un tiers du Sénat • 4 par des républicains (Montana, Dakota du Nord, Utah (deux sièges par Etat). et Virginie occidentale). Dans l’Etat de Washington, sur PRESTATION, SERMENT • à élire leurs gouverneurs dans 11 Etats. Par ailleurs, plus de 200 référendums locaux sont organisés la côte Ouest, trois initiatives sont « CONTRÔLE DÉMOCRATIQUE » ET ENTRÉE EN FONCTION sur des sujets variés. sur les bulletins de vote : la 713 Les Etats-Unis ne sont pas la veut interdire les pièges cruels Suisse, mais chaque élection ap- contre les animaux sauvages, la porte son lot de référendums, 722 plafonner à 2 % la hausse de quelque 200 cette année. La tradi- l’impôt sur les immeubles, et la tion n’est pas très ancienne, Le vainqueur aux voix peut perdre la Maison Blanche 745 obliger l’Etat à dépenser 90 % même si la première législation en de son budget des transports ce sens a été adoptée par le Dako- WASHINGTON et des représentants de chaque pulaire n’a été désavouée que trois si complexe adopté il y a plus de pour les routes ; le Seattle Times, ta du Sud en 1898. Elle remonte à de notre correspondant Etat, soit 3 pour les 7 Etats les fois. deux siècles par des Pères fonda- qui y est opposé, dit qu’elle a été une poussée réformiste il y a envi- Pour les électeurs américains qui moins peuplés contre 54 pour le La dernière, ce fut en 1888 quand teurs qui ne voulaient pas que le financée par les épandeurs ron soixante-dix ans dont l’objec- se rendront mardi 7 novembre aux gros lot, la Californie. Soit un total le président sortant, Grover Cleve- Congrès élise le président mais d’asphalte. En Californie, l’Etat de tif était, selon The American Heri- urnes, le vote ressemblera à un de 538, ce qui signifie qu’il faut land, qui avait obtenu 90 000 voix n’avaient guère confiance dans le pointe pour les référendums, tage Encyclopedia of American QCM (questionnaire à choix multi- 270 voix pour l’emporter. Le vain- de plus que Benjamin Harrison, ne corps électoral ? L’ex-Congress- 8 propositions sont soumises aux History,d’« instaurer un contrôle ples) : il leur faudra cocher sur leur queur empochera tous les délégués fut soutenu que par 168 délégués man républicain Bill Frenzel, qui le électeurs, dont la 36 prévoyant de démocratique sur le pouvoir du bulletin, ou presser le bouton de la en vertu du principe du « Winner contre 233 ; il prendra sa revanche qualifie « d’anachronique, une né- soigner et non d’incarcérer les gouvernement ». machine à voter pour le président, take all » (le gagnant remporte quatre ans plus tard. Samuel Til- gation d’un système électoral démo- toxicomanes et qui, selon la séna- L’ancien représentant devenu leur représentant à la Chambre de tout) dans chaque Etat, sauf le den avait connu la même mésa- cratique » explique qu’il a survécu trice démocrate Diane Feinstein, politologue, Bill Frenzel, explique Washington, peut-être un sénateur Maine et le Nebraska. venture en 1876 – pour un seul dé- en vertu du principe américain se- aboutirait en fait à légaliser la que, dans son Etat du Minnesota, et leurs élus au Congrès de leur légué – après avoir devancé lon lequel « si ce n’est pas cassé, ce drogue, la 37 réduisant le contrôle le référendum n’existe pas : «Les Etat, sans compter les maires, shé- UN SYSTÈME VIEUX DE 200 ANS Rutherford Hayes de 250 000 voix. n’est pas la peine de le réparer ». des entreprises polluantes ou la républicains ont en vain tenté de rifs, juges ou commissions sco- En temps normal, cela ne change En 1824, le général Andrew Jackson Est-il bien nécessaire de réviser 38 autorisant un certain finance- faire passer une législation en ce laires et parfois des référendums pas grand-chose et le choix du col- avait aussi perdu d’une voix après la Constitution pour un accroc en ment publique d’écoles privées. sens. Bien que je sois républicain, je locaux. lège – dont les délégués ont été avoir écrasé John Quincy Adams cent douze ans ? Sans doute pas, D’autres Etats organisent des m’y suis opposé. Les gens pensent Ce sera cependant le scrutin pré- choisis par les partis – reflète géné- au suffrage universel. Il n’accédera sauf si le candidat qui l’emportera référendums, comme le Massa- qu’il appartient aux élus de sidentiel qui attirera le plus l’atten- ralement celui des urnes. Même à la Maison Blanche qu’en 1829. mardi devait être recalé par le col- chusetts où gouverneur républi- prendre les décisions et que, si les tion. Les Américains ne votent pas lors d’élections très serrées comme Dans son cas comme dans celui lège électoral. Ce serait tout à fait cain et syndicats s’opposent sur la électeurs ne sont pas contents, ils directement mardi pour leur futur en 1960 entre Kennedy et Nixon, de Jefferson en 1800, il aura fallu légal mais le vaincu, et peut-être question 4, qui prévoit une baisse n’ont qu’à voter contre eux la pro- président mais pour les délégués ou en 1976 entre Carter et Ford, les aller jusqu’au Congrès, le collège aussi l’opinion et ces élus qui de- d’impôts de 1,2 milliard de dol- chaine fois. C’est la même chose de chacun des cinquante Etats et grands électeurs ont accordé au n’ayant pu départager les candi- mandent depuis longtemps un lars. Le spéculateur milliardaire dans la plupart des Etats de l’Est où du district de Columbia à un col- gagnant une marge plus confor- dats. S’il en est ainsi, la Chambre scrutin direct, pourraient réclamer George Soros a dépensé 1 million l’on estime que le référendum n’est lège électoral qui se réunira «le table que les urnes : JFK n’avait élit le président – chaque Etat que l’on démocratise enfin le sys- pour commanditer la question 8, pas une bonne chose et qu’élire ses premier lundi suivant le second mer- que 118 550 voix d’avance mais le n’ayant qu’une seule voix – et le tème. similaire à la proposition 36 en représentants suffit ». credi de décembre ». Leur nombre Collège électoral lui a donné Sénat le vice-président. Californie. Il existe aussi de multi- est égal à celui des deux sénateurs 303 voix contre 219. La volonté po- Pourquoi conserver un système Patrice de Beer ples consultations au niveau lo- P. de B. Millionnaire recrute sans-abri pour campagne électorale NEW YORK teurs noirs entendront un message enregistré du de notre correspondante président Clinton, les hispaniques un message de Non content d’avoir déjà dépensé la somme re- Bob Menendez, élu du New Jersey au Congrès amé- cord de 60 millions de dollars pour sa campagne ricain et originaire de Cuba, les retraités auront électorale, Jon Corzine, candidat démocrate au siège droit à un appel du candidat Jon Corzine lui-même. de sénateur du New Jersey, prépare une autre inno- Ce devrait être le plus gros effort de mobilisation des vation pour le jour du scrutin : le recrutement de électeurs jamais entrepris dans le New Jersey. sans-abri dans l’Etat voisin de Pennsylvanie qui, M. Corzine craint en effet que, dans la mesure où pour 75 dollars la journée, viendront mettre un peu l’Etat du New Jersey est déjà largement acquis à Al d’animation, agiter des panneaux électoraux dans Gore pour la succession de Bill Clinton, les électeurs les rues et tenter d’encourager les électeurs du ne prennent pas la peine de se déplacer pour aller New Jersey à se rendre au bureau de vote. voter et donc ne votent pas pour lui non plus. L’un de ces sans-abri, Albert Hawkins, âgé de cin- quante-cinq ans, qui vit dans un foyer des quartiers MOYENS FINANCIERS SANS COMMUNE MESURE nord de Philadelphie et prend le car tous les jours L’ampleur des moyens financiers dégagés par Jon pour aller « faire campagne » pour Jon Corzine, a Corzine, en grande partie de sa propre poche, pour déclaré au New York Times avoir déjà gagné plus de cette campagne électorale − sa première – inquiète 1 000 dollars depuis le mois de septembre grâce à cet non seulement son adversaire, le républicain Bob emploi temporaire. « Corzine, c’est l’argent, déclare- Franks, mais aussi de nombreux démocrates qui se t-il, admiratif. Il est pour les gens. Il investit son argent demandent jusqu’où cela peut aller. Le gouverneur dans les gens, et ça se voit. » Certains des foyers pour du New Jersey, Christine Todd Whitman, une répu- sans-abri de Philadelphie prévoient d’envoyer, mar- blicaine modérée, a estimé vendredi que le finance- di 7 novembre, la quasi-totalité de leurs pension- ment du duel Corzine-Franks avait atteint de telles naires participer à la campagne électorale du New proportions qu’il faudrait débattre de ce problème Jersey. après l’élection et « placer le débat au niveau natio- Dans la seule journée de mardi, M. Corzine, qui a nal ». fait fortune à Wall Street lorsqu’il y était l’un des res- L’arrogance avec laquelle M. Corzine distribue de ponsables de la banque d’affaires Goldman Sachs, a l’argent dans cette campagne a, en outre, poussé le l’intention de dépenser 3 millions de dollars. Deux New York Times à appeler ses lecteurs du New Jersey mille étudiants de l’université Rutgers du New Jer- à voter pour le républicain Bob Franks pour l’élec- sey ont été recrutés pour aller frapper aux portes des tion au Sénat, alors que le quotidien a plutôt électeurs, coller des affiches, brandir des panneaux tendance à accorder son soutien aux candidats aux intersections routières. Chaque électeur démo- démocrates. crate recevra au moins un coup de téléphone ce jour-là lui rappelant qu’il doit aller voter : les élec- S. K. Le précédent Nixon-Kennedy de 1960 WASHINGTON Mais une analyse plus fine du compte celui du Collège élec- de notre correspondant collège électoral – qui avait donné toral ! » L’élection du 7 novembre sera-t- l’avantage à Kennedy par 303 voix Bill Clinton, Jimmy Carter et Ken- elle aussi serrée que celle de 1960 ? contre 219 – montre qu’il s’en était nedy ne sont pas les seuls prési- Les spécialistes électoraux ne l’ex- fallu d’un rien pour que Nixon dents à avoir été élus avec moins de cluent guère, les sondages mon- succède à Eisenhower à la Maison 50 % des suffrages : douze autres trant les deux candidats, George Blanche. Selon la League of Wo- élections ont été gagnées à la majo- W. Bush et Al Gore, au coude à men Voters, il aurait suffi que rité relative. Y compris, en 1860, coude. En 1960, le sénateur du 13 000 électeurs votent différem- celle qui envoya Lincoln à la Mai- Massachusetts, John Fitzgerald ment dans cinq Etats car il ne lui son Blanche et déclencha la guerre Kennedy, l’avait emporté sur le avait manqué que 5 000 voix dans de Sécession. La majorité absolue vice-président républicain, Ri- l’Illinois et le Missouri, 1 300 au est souvent difficile à obtenir en rai- chard Nixon, par 118 550 voix sur Nevada, 1 200 au Nouveau- son de la présence de candidatures 68,3 millions, à l’issue d’une cam- Mexique et 200 à peine à Hawaï. multiples et, parfois, d’une troi- pagne marquée par les premiers Quatre autres élections se sont sième voie qui draine de nombreux débats télévisés. La marge était in- aussi jouées dans un mouchoir de votes : Ross Perot en 1992 et 1996 fime, 49,7 % contre 49,6 %. Il avait poche, entre 2 000 et 42 000 votes, ou Theodore Roosevelt en 1912, qui fallu attendre tard dans la nuit dont celle de 1976 entre Jimmy avait quitté les républicains pour pour que les suffrages de l’Illinois Carter et le président sortant, Ge- fonder le Parti de l’orignal (une – étroitement contrôlés par le rald Ford. Le rôle du Collège peut sorte d’élan). Le Vert Ralph Nader maire de Chicago – apportent à donc être crucial et, comme l’écrit n’est pas un exemple unique. JFK les suffrages qui avaient fait le Christian Science Monitor, « Ou- pencher la balance en sa faveur. bliez les résultats du scrutin, seul P. de B. LeMonde Job: WMQ0711--0004-0 WAS LMQ0711-4 Op.: XX Rev.: 06-11-00 T.: 11:00 S.: 111,06-Cmp.:06,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0392 Lcp: 700 CMYK

4 / LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 INTERNATIONAL

Pour M. Hajdenberg, Paris Yasser Arafat et Ehoud Barak vont s’entretenir est hors jeu au Proche-Orient à Washington avec le président Bill Clinton Au dîner du CRIF, M. Jospin Les accrochages israélo-palestiniens ont baissé d’intensité a demandé « des gestes significatifs » Pour contribuer à un retour définitif au calme et 9 novembre, le président palestinien, Yasser frontements entre Israéliens et Palestiniens ont éventuellement à la reprise des négociations de Arafat, avant de s’entretenir, dimanche, avec le baissé d’intensité. Deux Palestiniens ont été aux Israéliens et aux Palestiniens paix, le président Bill Clinton doit recevoir, jeudi premier ministre israélien, Ehoud Barak. Les af- tués dimanche 5 novembre. LIONEL JOSPIN était « atten- Soucieux de la « détresse du peuple L’ARMÉE ISRAÉLIENNE a tué nistre israélien de la coopération du », samedi soir 4 novembre, au israélien qui désespère de la paix », il deux Palestiniens, dimanche 5 no- régionale, Shimon Pérès. Ce der- dîner annuel du Conseil représenta- a aussitôt indiqué que « du côté du vembre, dans la bande de Gaza au nier a rendu un hommage appuyé tif des institutions juives de France peuple palestinien, la violence ex- cours d’une journée marquée par aux « efforts sincères pour réduire (CRIF). Moins de deux semaines prime souvent le désespoir de ceux des affrontements sporadiques, l’ampleur des émeutes » déployés après le soutien apporté par la qui ont le sentiment que le temps mais la diplomatie commençait à par M. Arafat, en soulignant que France à une résolution des Nations passe sans que l’Etat espéré, dans des reprendre ses droits à l’approche « cela prendra plusieurs jours ». De unies dénonçant « l’usage excessif de conditions de dignité et de liberté, des rencontres que le président son côté, le ministre des affaires la force » par Israël dans la répres- voie le jour ». Bill Clinton aura à Washington étrangères, Shlomo Ben Ami, a ad- sion des émeutes palestiniennes, le M. Jospin savait qu’il ne pourrait avec Yasser Arafat et Ehoud Barak. mis que M. Arafat avait « des diffi- premier ministre a été courtoise- pas convaincre son auditoire de la Un porte-parole de la Maison cultés réelles pour contrôler totale- ment mais fermement sommé par pertinence de cet « équilibre ». Il a Blanche a annoncé que M. Clinton ment la situation ». Le chef le président du CRIF, Henri Hajden- donc évoqué plus longuement des recevrait, jeudi, le président pales- d’état-major de l’armée israé- berg, de s’expliquer. sujets plus consensuels : la dénon- tinien et, dimanche, le premier mi- lienne, le général Shaoul Mofaz, a « Vous aviez contribué personnelle- ciation des « violences inadmis- nistre israélien. Un haut respon- toutefois averti, dimanche, que ment à un rééquilibrage de la posi- sibles » perpétrées à l’encontre de la sable israélien, qui a requis l’armée israélienne « saura riposter tion française lors de votre visite à Jé- communauté juive tout d’abord, le l’anonymat, a indiqué à l’AFP avec force » si les violences conti- rusalem en février. Aussi « dialogue et le rapprochement » des qu’Israël souhaiterait reprendre nuent. pouvions-nous espérer de la France les négociations « là où elles Par ailleurs, des soldats israé- une autre politique que celle consis- avaient été interrompues à Camp liens ont ouvert le feu sur des ma- tant à faire condamner Israël dans les Eli Barnavi nommé David », en référence au sommet nifestants, dimanche, à la frontière instances internationales et à le dé- israélo-palestinien de juillet, qui israélo-libanaise, mais il n’y a pas signer comme seul coupable des af- nouvel ambassadeur s’était soldé par un échec. « Ce que eu de blessés, ont rapporté des té- frontements avec les émeutiers pales- nous voulons, c’est un Camp David moins. Selon ces derniers, les Is- tiniens, comme si ces révoltes s’étaient d’Israël en France amélioré » par l’inclusion de ga- raéliens ont tiré en direction de déclenchées spontanément, et comme ranties en matière de sécurité pour manifestants armés de pierres à si Yasser Arafat n’avait pas de respon- Le gouvernement israélien a Israël, a-t-il expliqué. maison d’un citoyen palestinien a été légèrement blessés par des tirs l’ancien point de passage de la sabilités dans le refus des négocia- approuvé dimanche 5 novembre Sur le terrain, malgré les deux été visée, selon lui, par des tirs de de Palestiniens alors qu’ils cir- Porte de Fatma, où une centaine tions de paix et les affrontements, la nomination d’Eli Barnavi au décès de dimanche – qui ont porté roquettes de l’armée israélienne. culaient à bord de leur véhicule de manifestants s’étaient rassem- s’est étonné M. Hajdenberg. Il ne poste d’ambassadeur d’Israël en le bilan de la révolte palestinienne Quelque 4 000 Palestiniens se sont dans le nord de la Cisjordanie. blés pour brûler des drapeaux is- s’agit d’une politique ni d’une diplo- France. Historien, politologue, à 179 morts, en quasi-totalité pa- par ailleurs rassemblés dans le raéliens et américains et scander matie équilibrées. Sortant d’une posi- professeur au département lestiniens, depuis le 28 sep- centre-ville, en présence de HOMMAGE APPUYÉ des slogans anti-israéliens. L’Etat tion balancée, la France s’est mise à d’histoire de l’université de Tel tembre –, la tendance à une baisse M. Arafat, pour commémorer les Les responsables israéliens ont hébreu a mis en garde le Liban et nouveau hors jeu. » Aviv, celui-ci occupait depuis du nombre et de l’intensité des af- morts des affrontements. toutefois reconnu que M. Arafat la Syrie contre tout débordement deux ans le poste de directeur frontements s’est confirmée di- En Cisjordanie, 23 Palestiniens avait donné des ordres pour ré- frontalier, en les engageant à em- « VIOLENCES INADMISSIBLES » du comité scientifique du Musée manche. Cinquante-quatre Palesti- ont été blessés dans des affronte- duire la violence, à la suite de l’ac- pêcher des manifestants d’atta- Le président du CRIF s’était effor- de l’Europe à Bruxelles. Ce mé- niens ont néanmoins été blessés, ments avec l’armée israélienne. cord sur l’arrêt des hostilités qu’il quer des soldats cantonnés du cô- cé auparavant de démontrer la res- diéviste ne s’est jamais coupé la plupart par balles caoutchou- D’après l’armée israélienne, deux a conclu dans la nuit du 1er au té israélien de la frontière. – (AFP, ponsabilité du chef de l’Autorité pa- des combats de l’actualité. Il fait tées, dans la bande de Gaza, où la colons israéliens ont également 2 novembre à Gaza avec le mi- Reuters.) lestinienne, soupçonné de préférer partie de ces hommes de la à la négociation « une guérilla gauche israélienne qui dé- longue, une sorte de lutte de libéra- fendent le droit des Palestiniens tion nationale, à caractère mythique, à disposer d’un Etat aux côtés La Jordanie entre soutien à l’Intifada et crainte de débordements au risque de faire échouer certaines d’Israël. Il s’en est expliqué dans revendications, il faut le dire pourtant de nombreux articles – en parti- AMMAN l’interdisait. La veille du jour J, non pire de ces éventualités serait évi- refuse de préciser quelles mesures légitimes des Palestiniens ». Revenant culier dans Le Monde et Le Nou- de notre envoyé spécial seulement il l’autorisait de nou- demment un effet ricochet des af- de rétorsion Amman pourrait être à la charge et dénonçant sans le vel Observateur – et ouvrages. Il De mémoire de Jordanien, on veau, mais on annonçait la pré- frontements en cours sur l’autre amené à prendre si la répression nommer explicitement Jacques est l’auteur, notamment, d’Israël n’avait plus vu une telle foule de- sence de plusieurs ministres dans le rive du Jourdain, qui mettrait en continuait dans les territoires, re- Chirac, « l’homme d’Etat (...) sensible au XXe siècle (Flammarion), de puis la mort de Gamal Abdel Nas- cortège, au point que de nombreux péril la monarchie. « Nous sommes connaissant cependant que l’opi- aux images » qui « se laisse vaincre Lettre de l’ami israélien à l’ami ser, en 1970. Entre 20 000 et militants palestiniens, dénonçant la l’immédiate arrière-cour de la Pales- nion attend « des actes ». par l’émotion » devant les affronte- palestinien (Flammarion), d’une 50 000 personnes, selon les estima- « récupération » par le régime, déci- tine, les premiers affectés par ce qui Au fond, la monarchie n’est pas ments opposant les jeunes Palesti- Histoire universelle des Juifs (ou- tions, dans un pays où une mani- daient de ne pas y participer. En s’y passe, émotionnellement, démo- mécontente de l’explosion du pro- niens à l’armée israélienne, M. Haj- vrage collectif, Hachette) et a festation « de masse » en ras- même temps, le pouvoir demandait graphiquement et géopolitique- cessus d’Oslo. Depuis sept ans, elle denberg s’est efforcé de pousser patronné avec Saul Friedländer semble au maximum 5 000, voilà aux autorités locales de veiller à ce ment », dit encore M. Rifaï. craignait un accord direct israélo- M. Jospin, jugé plus sensible aux Les Juifs et le XXe Siècle, diction- qui a démontré, le 24 octobre, l’am- que le nombre de véhicules se ren- palestinien qui lui serait préjudi- thèses israéliennes, dans ses retran- naire critique (ouvrage collectif, pleur de la solidarité de la popula- dant sur les lieux soit aussi limité ciable (sur Jérusalem et les pro- chements. Calmann-Lévy). tion du royaume avec ses « frères » que possible. « Notre principal blèmes de l’eau, par exemple). De Il a mis en cause « cette période palestiniens de Cisjordanie et de Résultat : une énorme manifesta- ce point de vue, la volonté de l’OLP subtile de cohabitation dans laquelle Gaza. Mais ce grand rassemble- tion à l’issue de laquelle des partici- problème est de sortir de la logique bilatérale nous savons que vous ne voulez pas diverses communautés religieuses ment a aussi constitué un exemple pants, débordant les barrages mili- d’Oslo, pour élargir la négociation laisser entrevoir des différences d’ap- célébrés auparavant par M. Hajden- grandeur nature des difficultés et taires et policiers, tentaient de se démographique. en y intégrant les Nations unies, préciation sur les positions de la berg ensuite, le travail effectué par des ambiguïtés dans lesquelles se rendre au pont. Bilan officiel : dix- l’Europe et les pays arabes, lui sied France ». « Cette attitude respec- la commission présidée par Jean débat aujourd’hui la monarchie ha- huit blessés. Mais Amman bruit de Notre régime tout à fait. Par ailleurs, bien que ce- table, a encore dit M. Hajdenberg, a Mattéoli sur la spoliation des biens chémite. rumeurs, la garde aurait tiré et il y la soit inavouable, « si Israël débar- pour effet de stériliser tout débat de juifs. Plusieurs semaines auparavant, aurait eu un mort et 300 blessés. ne survivrait pas à rassait les Jordaniens d’Arafat, qui les fond concernant la politique de la Après avoir indiqué qu’il avait les syndicats – dont beaucoup sous Publiquement, le régime soutient a tant trahis, personne ici ne le pleu- France au Proche-Orient (...), à moins proposé à Simone Veil de prendre la influence islamiste – avaient appelé la lutte du peuple palestinien. Le roi un nouveau transfert rerait », estime un fin connaisseur que vous ne nous en disiez plus. » présidence de la future Fondation à une manifestation nationale de Abdallah II a été donner son sang local du palais. Mais M. Jospin s’est gardé de ré- de la mémoire de la Shoah, M. Jos- soutien au « droit au retour » des et toute la presse a titré : « Du sang de population Mais l’escalade en Palestine porte pondre à l’invitation. « La France pin s’est félicité du « travail de véri- Palestiniens. La population était ap- hachémite pour les blessés de Pales- en germe des évolutions inconnues, qui est, vous le savez, l’amie d’Israël, té » effectué en la matière et sou- pelée à converger vers Chouneh, tine ». En réalité, le palais est in- palestinienne » jugées très dangereuses. « Il faut, continue à soutenir qu’il n’y a pas haité que « d’autres moments dernier bourg situé avant le pont quiet. « Le roi est en harmonie totale dit M. Rifaï, que les violences s’ar- pour les deux peuples d’autre chemin sombres de notre histoire nationale » Allenby, qui enjambe le Jourdain, avec son peuple. La situation n’est rêtent immédiatement. Je parle de possible que celui du dialogue et de la et plus précisément la guerre d’Al- point d’entrée par la route vers les pas dangereuse, mais nous sommes La Jordanie compte 4,5 millions l’agression israélienne. » Si la nou- recherche de la paix », a affirmé le gérie « fassent l’objet du même ef- territoires occupés par Israël. Le prêts à toute éventualité », dit Taleb d’habitants, dont plus de 60 % de velle Intifada se poursuit, certains premier ministre qui a demandé fort » (lire aussi page 10). gouvernement avait, dans un pre- El Rifaï, ministre de l’information et Palestiniens, parmi lesquels 1,5 mil- imaginent déjà le pire, jusqu’à une « des gestes significatifs dans le sens mier temps, autorisé la manifesta- étoile montante de la tendance lion de réfugiés de 1948-1949 recen- guerre généralisée dont profite- de l’apaisement » aux deux parties. Gilles Paris tion. Trois jours avant la marche, il « moderniste » de la monarchie. La sés par l’agence onusienne UNR- raient les Israéliens pour, de nou- WA et 400 000 déplacés de la guerre veau, expulser massivement les Pa- de 1967. Ces Palestiniens sont, de lestiniens de Cisjordanie. « Notre fait, des citoyens de seconde zone, principal problème est démogra- largement exclus des fonctions ad- phique, entend-on ici. Notre régime ministratives et militaires impor- ne survivrait pas à un nouveau trans- tantes – mais très présents dans fert de population palestinienne. » l’économie. En temps habituel, une La priorité, pour les autorités, est vraie tension existe entre eux et les donc que le calme revienne en Pa- Transjordaniens de souche. Le pro- lestine et que tout risque de déra- blème, c’est que toute la popula- page régional incontrôlé soit anni- tion, quelle que soit son origine, hilé. En attendant, le gouvernement prend fait et cause pour les Palesti- a positionné quelques chars devant niens. «Et, plus les Israéliens les camps palestiniens d’Amman frappent fort, plus les gens sont durant les trois premières semaines convaincus que c’est un signe de fai- de l’Intifada, et des hélicoptères les blesse », juge la sociologue Anna Ja- survolent régulièrement. La presse, ber. elle, reste très idéologique, mais fait Si des élections libres avaient lieu relativement profil bas sur la cou- dans le pays, on estime que les isla- verture des affrontements dans les mistes, toutes tendances confon- territoires occupés par Israël. La té- dues, recueilleraient 80 % des suf- lévision publique n’en parle pas frages. « Le roi, dit un diplomate plus que de raison – ce qui est sans occidental, fait le grand écart entre grande importance, puisque bien son opinion et une stratégie définitive peu la regardent. d’ancrage occidental et de maintien Il existe à Amman deux grands de la paix avec Israël », paix que son clubs de football, Fayçali, celui des pays est le seul, avec l’Egypte, à Transjordaniens, et Wahdat, celui avoir signée dans la région. des Palestiniens. « A chaque ren- Taleb El Rifaï n’a pas de mots as- contre, raconte un réfugié, c’est la sez durs pour dénoncer « l’arro- bagarre entre les supporters. Mais je gance d’Israël, son incapacité à suis sûr que, si un match avait lieu en comprendre le monde arabe, qui ce moment, ils se mettraient à chan- risque d’amener toute cette région à ter ensemble contre Israël. » Il ne l’explosion ». « Tirer sur des manifes- faudrait pas, craint le palais, qu’il tants désarmés sur l’esplanade des leur vienne l’idée saugrenue de Mosquées, ce n’est pas seulement chanter ensemble contre lui. croire que la force prévaut toujours, c’est du racisme pur. » Pourtant, il Sylvain Cypel LeMonde Job: WMQ0711--0005-0 WAS LMQ0711-5 Op.: XX Rev.: 06-11-00 T.: 09:04 S.: 111,06-Cmp.:06,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0393 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 / 5

La « culture de la haine » gangrène Les plans d’allégement les campus de la Côte d’Ivoire de la dette des pays pauvres A Abidjan, des étudiants témoignent de pressions et d’exactions prennent du retard La rentrée universitaire, prévue d’abord en octobre de grève des professeurs, mécontents de leurs sa- sein de la Fédération estudiantine et scolaire de la à Abidjan, a été reportée à une date indéterminée. laires. Les événements politiques de ces derniers Côte d’Ivoire (Fesci), qui a longtemps incarné la Ce report est lié principalement à un mouvement mois ont provoqué de violents affrontements au lutte pour la démocratie. Les Etats-Unis autorisent le FMI à vendre de l’or ABIDJAN syndicalistes ont, selon lui, cédé. opposé à l’actuelle direction de la taire général de la Fesci, Charles Blé LE CAMEROUN vient de deve- Paris. Ce n’est qu’à l’issue d’une de notre envoyée spéciale La Fesci, qui « incarnait la comba- Fesci. A la mi-mai, huit respon- Goudé, et contre les quatre nir le onzième pays à bénéficier période de trois ans au plus – et Cité Mermoz, dans le quartier tivité des étudiants dans la lutte du sables de sections vont jusqu’à membres du BEN qui encadraient le du programme de réduction de sa au vu des progrès constatés dans de Cocody, plusieurs centaines peuple pour la démocratie, a som- exiger, dans une lettre commune, commando. Depuis lors, je n’ai au- dette mené par la Banque mon- sa mise en œuvre – que le plan de d’étudiants ivoiriens attendent, bré dans la violence, en instaurant la démission du Bureau exécutif cune nouvelle du dossier », ex- diale (BM) et le Fonds monétaire réduction de la dette prendra tout comme dans les autres cités-U le dialogue des machettes en son national (BEN) du syndicat, soup- plique-t-il, en montrant des pho- international (FMI), après le Bé- son effet. d’Abidjan, la rentrée universitaire. sein », souligne-t-il. çonné de « rouler » pour le régime tos de l’hôpital. Il y a passé plus nin, le , le Mali, la D’ores et déjà, l’accord au sein Cette « culture de la haine », militaire du général Gueï et ses al- d’un mois, emmailloté sous les Mauritanie, le Sénégal, la Tanza- du Club de Paris a pour effet de li- REPORTAGE Claver, vingt et un ans, en porte liés du FPI. Cela suffit pour faire bandages. Pas question, jure-t-il, nie, l’Ouganda, le Honduras, le bérer environ 100 millions de dol- Claver et Philippe encore les traces. Il baisse la tête, d’eux des parias. de retourner dans un amphi : Mozambique et la Bolivie. Ce pro- lars par an, a déclaré, dès l’an- pour qu’on voie bien le dessus de « Ceux qui m’ont découpé, qui gramme, intitulé HIPC (Highly In- nonce de son agrément, le portent les traces son crâne : quatre points de suture MACHETTES ET GOURDINS m’ont frappé à coups de machette, debted Poor Countries : pays président Biya. « Ce succès histo- des violences qui ont y sont encore visibles. C’est le Secrétaire général de la section ils ont pignon sur rue ! Tant qu’ils pauvres hautement endettés), a rique est autant le résultat de la po- secoué l’université 14 mai que les militaires sont ve- Fesci de la cité universitaire de seront là, je ne pourrai pas remettre été lancé en 1996 par la BM et le litique de redressement mise en nus l’arrêter, ainsi qu’une dizaine Williamsville, à Abidjan, Philippe les pieds à la fac. » Philippe Hien FMI et renforcé par les grandes œuvre avec détermination par le d’autres étudiants de la cité Mer- Hien, vingt-six ans, n’a pas mis les dit qu’il a peur. Il n’a pas oublié, puissances lors du sommet de Co- gouvernement au cours des deux Celle-ci, prévue fin octobre, a été moz. Les forces de l’ordre ont-elles pieds au campus depuis la fin mai. pas plus que Dominique, Darus ou logne en 1999. Sous la pression dernières années que le fruit des repoussée sine die, non pas tant à agi, comme l’affirment les étu- Lui aussi a été arrêté et bastonné Claver, comment sont morts, le des organisations non gouverne- sacrifices consentis par le peuple cause des « événements » qui ont diants, à la suite de dénoncia- par les militaires. Lui aussi a signé 28 septembre, deux étudiants nor- mentales et notamment du mou- camerounais, qui a su faire preuve marqué les lendemains de l’élec- tions ? Embarqués au camp mili- la demande de démission des distes, Memassa Bakayoto, mili- vement chrétien Jubilée 2000, de courage et de patriotisme pen- tion présidentielle du 22 octobre taire d’Akouédo, les jeunes membres du BEN. Sauf qu’en tant du RDR, et Yves Konan, tous l’annulation partielle de la dette dant les moments difficiles », a dé- qu’en raison d’une grève des en- syndicalistes seront copieusement prime, raconte-t-il, il a failli y lais- deux défenestrés dans des condi- des pays pauvres est devenue une claré M. Biya. seignants, réclamant le paiement bastonnés, avant d’être jetés dans ser sa vie. Le 25 mai, quelques tions mystérieuses. des priorités affichées du G 7 dans des heures complémentaires et de des cellules. Ils y resteront une se- jours après sa libération du camp Doyen de la faculté de droit à le cadre plus vaste de la lutte NOMBREUX ALÉAS meilleurs salaires. En ce début no- maine. Leur crime ? « Les militaires d’Akouédo, le jeune syndicaliste et l’université d’Abidjan-Cocody, le contre la pauvreté. Outre l’effacement de 2 mil- vembre, ce n’est pourtant pas cela nous accusaient d’être “vendus” à plusieurs de ses amis ont, en effet, professeur Ouraga Obou, membre Sur les trente-deux pays sus- liards de dollars en valeur nomi- qui préoccupe le plus Dominique, Ouattara et d’avoir reçu 100 mil- été victimes, au restaurant univer- de la commission nationale de mé- ceptibles d’être éligibles à cette nale (1,26 milliard de dollars en Darus ou Claver. lions » du chef de file du Rassem- sitaire du campus de Cocody, d’un diation, constate que « c’est la pre- initiative, sous le poids d’une valeur actuelle), soit 27 % de l’en- Etudiant en première année, Da- blement des républicains (RDR) « commando » d’une soixantaine mière fois, en Côte d’Ivoire, que des dette qui les empêche de décoller cours total de sa dette – ce qui ra- rus, vingt-cinq ans, natif de la ré- – lequel sera finalement écarté de de membres, armés «de ma- étudiants se comportent de manière économiquement, la communau- mènera la part des recettes pu- gion de Man, dans l’ouest du pays, la course présidentielle, au nom de chettes, de marteaux et de gour- aussi brutale et désolante ». Il n’est té internationale s’est engagée à bliques consacrée au service de la est le seul, parmi ses copains, à « l’ivoirité ». dins ». Philippe Hien et deux de pas le dernier à déplorer les « mé- examiner 20 d’entre eux avant la dette de plus de 23 % actuelle- avoir voté pour Laurent Gbagbo. Ni Claver ni Dominique ne sont ses camarades sont grièvement thodes violentes, anarchistes, et fin 2000. A deux mois du troi- ment à 12 % en 2001 et à moins de Les autres ont voté blanc ou ne membres, pourtant, du RDR. Mais blessés. même un peu mafieuses » des sième millénaire, cet objectif est 10 % en 2008 –, le Cameroun ob- sont pas allés aux urnes. Domi- ils ont eu le malheur, admettent- Le jeune homme porte encore, membres de la Fesci, dont cer- loin d’être atteint. Les 50 milliards tient du FMI un prêt de 23,3 mil- nique avoue avoir voté pour l’ex- ils, de rallier la cause des syndica- toutes fraîches, sur le crâne et tains, assure-t-il, sont « d’ex-étu- de dollars nécessaires à sa mise en lions de dollars dans le cadre d’un chef de la junte, le général Robert listes dissidents, emmenés par un dans le cou, les cicatrices des diants sans emploi ». œuvre, notamment en prove- programme de réduction de la Gueï, grand perdant du scrutin. étudiant nordiste, Doumbia Ma- coups de machette. « J’ai tout de Soumise aux pressions des par- nance des Etats-Unis, ne sont pas pauvreté (FRPC/PGRF) de trois « Je suis content que Gbagbo ait ga- jor. Ce dernier s’est publiquement suite déposé plainte contre le secré- tis politiques, la Fesci, après avoir encore réunis. Certes, le 25 octo- ans. Le total des versements au gné, bien sûr ! », s’exclame Darus, longtemps réussi à rester unie, n’a bre, le Congrès américain a auto- titre de ce programme atteint dé- pour qui la victoire du dirigeant du pas résisté, en décembre 1999, à risé le FMI (dont les Etats-Unis sormais 209,3 millions de dollars. Front populaire ivoirien (FPI) est « Les Ivoiriens savent désormais que le feu brûle » l’éclatement du Front républicain, sont les premiers actionnaires) à Pour ce qui est des autres candi- un gage de progrès. ce fragile attelage réunissant les vendre une partie de son or pour dats, leur passage d’ici à la fin de « C’est pour l’avenir du syndicat La campagne en vue des élections législatives, prévues le 10 dé- opposants du FPI et du RDR. «La payer sa contribution à ce pro- l’année est soumis à de nombreux que je ne suis pas optimiste », cembre, risque-t-elle de relancer la violence estudiantine ? Rien junte militaire du général Gueï a gramme. Mais il n’a toujours pas aléas : l’examen de la Guinée-Bis- ajoute-t-il. Sur ce point, toute la n’est moins sûr. Les autorités ont multiplié, en tout cas, ces derniers utilisé la Fesci contre le RDR, ce qui donné son feu vert à l’administra- sau, prévu, a été reporté pour bande est d’accord. De la Fédéra- temps, les gestes d’apaisement. Bien que certains, visiblement, d’un a précipité l’éclatement du syndi- tion américaine pour débloquer cause de conflit. Des « difficultés » tion estudiantine et scolaire de côté comme de l’autre, rêvent d’en découdre, l’immense majorité cat », résume un enseignant. La di- les 435 millions de dollars qui cor- sont apparues sur les pro- Côte d’Ivoire (Fesci), le célèbre des étudiants ne semble pas pressée de voir le campus s’embraser. A rection de la Fesci ne s’en est pas respondent à la quote-part améri- grammes de la Guyana, du Nica- syndicat créé en avril 1990, au mo- l’image de la Côte d’Ivoire ? « Maintenant que les Ivoiriens ont touché moins félicitée, vendredi 3 no- caine du plan international. ragua, de la Zambie. Le Rwanda ment de l’ouverture au pluralisme, le feu de très près, ils savent qu’il brûle, ils savent que la Côte d’Ivoire vembre, lors d’une conférence de est techniquement prêt, mais des il ne reste aujourd’hui que des peut devenir le Rwanda, le Burundi, la Somalie, le Libéria, la Sierra presse, de la victoire du FPI et du PARCOURS DU COMBATTANT interrogations subsistent sur sa « lambeaux », commente, dans le Leone, le République démocratique du Congo, le Congo-Brazzaville, « premier président de la IIe Répu- Quant à la mise en œuvre, elle participation à des actions mili- mensuel Sentiers d’octobre, l’uni- l’Angola, la Yougoslavie... », estimait, vendredi 3 novembre, dans les blique », Laurent Gbagbo, pour le- tient du parcours du combattant. taires. L’étude du cas du Malawi a versitaire Théophile Koui, qui dé- colonnes du quotidien Le Jour, le journaliste Diégou Bailly, redou- quel elle avait appelé à voter. Pour être qualifiés, les pays été repoussé du troisième au qua- nonce la « culture de la haine et du tant que le décompte des morts ne serve qu’à « approfondir le fossé concernés doivent eux-mêmes trième trimestre, à la même désordre », à laquelle les jeunes de la haine et de la division entre les vivants ». – (Corresp.) Catherine Simon présenter un programme de ré- période que le Tchad. Quant à la duction de la pauvreté, compre- Côte d’Ivoire, elle faisait déjà nant notamment l’amélioration l’objet de désaccords sur le pro- des services de santé, l’éducation gramme de surveillance de ses en- Le bilan officiel des tueries est sans doute sous-évalué et la lutte contre la pandémie du gagements avant même les élec- sida. Ces programmes mettent du tions et les événements tragiques ABIDJAN bo. Parmi ces marcheurs, se trouvaient une quées ont été attaquées. Les victimes de cette temps à être élaborés. Cette len- qui s’ensuivirent. Madagascar, le de notre envoyée spéciale majorité de militants ou de sympathisants du deuxième vague de violences – dont les teur est accentuée par l’instabilité Niger, Sao-Tome-et-Principe, ain- Le bilan officiel des tueries qui viennent FPI, « mais aussi des gens du Rassemblement des 57 hommes du charnier découvert, le 27 octo- politique et les conflits anciens ou si que l’Ethiopie, sont en liste d’ensanglanter la Côte d’Ivoire est-il « très en républicains (RDR), du Parti démocratique de la bre, près du quartier de Yopougon – sont nouveaux, notamment en d’attente. Le et le Laos, deçà de la réalité », comme l’affirme le pré- Côte d’Ivoire (PDCI), tous ceux, en fait, qui en toutes originaires du nord. Afrique, où les trois-quarts des dont le poids de la dette justifie- sident du Mouvement ivoirien des droits hu- avaient assez du régime militaire », assure Oura- « La colère est là, tapie. Il suffirait d’un rien pays retenus sont situés. De plus, rait un effacement, ne souhaitent mains, Zoro Epiphane Ballo, ou seulement ga Obou. pour que le feu reprenne », ajoute le doyen de la certains souscrivent à des engage- pas participer au programme « partiel et provisoire », comme l’indique le pro- faculté de droit, qui veut croire, néanmoins, ments qu’ils se refusent ensuite à pour ne pas discréditer leur signa- fesseur Ouraga Obou, doyen de la faculté de « LA COLÈRE EST LÀ, TAPIE » aux efforts d’apaisement. Il cite en exemple les respecter. ture vis-à-vis des marchés. droit et membre de la commission nationale de La deuxième vague des tueries a commencé réunions entre militants du RDR et du FPI, or- Le Cameroun a franchi les Au total, ce sont quelque médiation, qui devrait tenir sa première réu- le jeudi 26 octobre, quand des manifestants du ganisées, ces derniers jours, à Yopougon et à étapes au prix d’un sévère redres- 90 milliards de dollars qui seront nion prochainement ? Selon le gouvernement, RDR, le parti d’Alassane Ouattara, sont à leur Anyama, près d’Abidjan. Pour qu’une « paix sement de son économie. Cepen- annulés lorsque le programme se- il y aurait eu 171 morts, au total, dont 164 dans tour descendus dans la rue, pour demander durable » s’instaure, « il faudra que l’on sache dant, le programme – dit « intéri- ra totalement bouclé. Pour que le la seule ville d’Abidjan, et plus de 350 blessés. l’organisation d’un nouveau scrutin. Une église ce qui s’est réellement passé : l’objectif de notre maire » – de réduction de la calendrier soit respecté, il faudrait Les premières violences ont éclaté mardi 24 du quartier de Cocody aurait alors été la cible commission nationale, ce n’est pas de juger ou de pauvreté qu’il a proposé aux insti- que, d’ici à la fin de l’année, la et mercredi 25 octobre, lorsque les militaires des militants du RDR. Les forces armées, là en- condamner, mais de faire la lumière et créer les tutions financières internatio- communauté internationale ait ont tiré sur les manifestants, appelés à saluer la core, ont tiré. Mais elles n’ont pas été les seules conditions du dialogue et du rapprochement ». nales ne lui donne droit, pour effacé 17 milliards de dollars. victoire à la présidentielle du dirigeant du à participer au carnage. Des contre-manifes- l’instant, qu’à un rééchelonne- Front populaire ivoirien (FPI), Laurent Gbag- tants chrétiens y ont pris part et plusieurs mos- C. S. ment de sa dette due au Club de Babette Stern LeMonde Job: WMQ0711--0006-0 WAS LMQ0711-6 Op.: XX Rev.: 06-11-00 T.: 11:15 S.: 111,06-Cmp.:06,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0394 Lcp: 700 CMYK

6 / LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 INTERNATIONAL Les autorités marocaines ont expulsé le chef La Russie réimplique l’OTAN dans le naufrage du « Koursk » du bureau de l’Agence France-Presse à Rabat SEVEROMORSK. La marine russe a renouvelé ses accusations, di- manche 5 novembre, contre l’OTAN, en se disant assurée qu’un sous- marin d’un pays de l’Alliance atlantique avait causé le naufrage du Koursk, le 12 août, en mer de Barents. « Le commandement de la ma- Une mesure qui intervient dans un contexte de reprise en main de l’information rine russe est désormais certain que la perte du Koursk est due à une collision avec un sous-marin étranger », a indiqué le commandement Les autorités marocaines ont donné quarante- royaume. Elles reprochent à Claude Juvénal tile ». Cette mesure constitue une « atteinte de la flotte du Nord à l’agence Interfax. « Il n’y a qu’un problème, c’est huit heures au chef du bureau de l’Agence de s’être « écarté de la déontologie » en pu- flagrante au droit d’informer », a indiqué la d’établir à 100 % auquel des pays membres de l’OTAN il appartient », a- France-Presse (AFP) à Rabat pour quitter le bliant des informations « à caractère hos- direction de l’AFP. t-il ajouté. A bord du Koursk, les explosions ont effacé « la plupart des traces » du choc, mais « mais pas toutes ». La Russie est engagée dans LE CHEF du bureau de l’Agence Pour la direction générale de l’AFP, plupart des organes de presse du ment tendues. La couverture ex- l’identification du sous-marin. Dès le naufrage, Moscou avait désigné France-Presse (AFP) à Rabat, Claude les deux décisions prises à l’encontre royaume sont abonnés aux services haustive du procès de Mustapha les Etats-Unis et le Royaume-Uni. – (AFP.) Juvénal, a été prié de quitter le Ma- de M. Juvénal sont « très graves et de l’agence française. Rabat était Adib – un capitaine qui, pour la pre- roc, lundi soir 6 novembre au plus tout à fait inhabituelles ». « En l’ab- d’ailleurs intervenu auprès de la di- mière fois, avait dénoncé, dans les tard, à la demande des autorités du sence de motif les justifiant, elles ne rection de l’AFP pour demander le colonnes du Monde, la corruption Pétition d’intellectuels français en royaume qui lui avaient annoncé, peuvent être interprétrées que comme remplacement de M. Juvénal. dans l’armée – n’a fait qu’envenimer vendredi, le retrait de son accrédita- une atteinte flagrante au droit d’infor- La crise a commencé en août les choses. Fin octobre, à l’occasion tion. Aucune explication précise n’a du « pèlerinage » au bagne de Taz- faveur de grévistes de la faim tunisiens été avancée par les autorités pour mamart, le bureau de l’AFP avait re- justifier leur geste. Citant une Le Quai d’Orsay « regrette » pris un communiqué de l’Associa- PARIS/. Mgr Jacques Gaillot, François Gèze, directeur des édi- « source autorisée au ministère de la tion marocaine des droits de tions La Découverte, le professeur Albert Jacquard, Olivier Mongin, culture et de la communication », la Interrogé, lundi matin 6 novembre par Le Monde, le porte-parole l’homme (AMDH) qui mettait en directeur de la revue Esprit, le professeur Léon Schwartzenberg ainsi MAP, l’agence de presse officielle, se du ministère français des affaires étrangères, François Rivasseau, a cause pour leur activité pendant « les que Robert Verdier, président d’honneur de la Ligue des droits de contente d’expliquer que M. Juvénal fait le bref commentaire suivant : « Nous sommes attachés à la liberté années noires » Hosni Benslimane, le l’homme, viennent d’adresser une lettre ouverte au président Ben Ali « s’est écarté de l’éthique et de la de la presse partout dans le monde et donc, bien sûr, au Maroc. S’agis- chef de la gendarmerie royale, et Ha- pour lui faire part de leur très vive préoccupation quant au sort d’un déontologie de la profession en pre- sant de la mesure concernant M. Juvénal, nous regrettons qu’on en soit midou Laânigri, le patron de la Di- certain nombre de détenus tunisiens, islamistes présumés, actuelle- nant des initiatives à caractère hostile arrivé là. » Aucun autre commentaire du Quai d’Orsay n’est prévu. rection de la surveillance du terri- ment en grève de la faim. Certains observent leur mouvement depuis au Maroc et à ses institutions ». Les Sous le règne de Hassan II, deux autres correspondants de toire (DST), deux hommes très plus de 65 jours et seraient dans un état désespéré. Parmi eux : Ab- dépêches d’agence signées par le di- l’Agence France-Presse à Rabat, Pierre Doublet et Jean-Marie Wetz- influents. dellatif Bouhjila qui a entamé son action le 28 août, et Abdallah Dris- recteur du bureau de l’AFP « étaient lel, avaient été expulsés. Une mesure identique devait frapper, en fé- Pour l’association Reporters sans sa, le 10 septembre. Ramzi Khalsi et plusieurs autres grévistes au- rarement motivées par le souci d’infor- vrier 1983, un journaliste du Monde. Correspondant de notre journal frontières (RSF), l’expulsion de raient interrompu leur mouvement le week-end, mais plusieurs mer mais plus souvent inspirées par la au Maroc, Roland Delcour fut expulsé pour avoir mis en doute la M. Juvénal démontre « l’intolérance d’entre eux risquent de souffrir de séquelles définitives dues à leur volonté de nuire en suscitant confu- version officielle de la mort du général Dlimi, le directeur des aides croissante dont font preuve les autori- jeûne prolongé. sion, ambiguïté et parfois conflits au du camp du roi Hassan II, dans un banal accident de la circulation. tés marocaines [et] rappelle des pra- sein de la communauté internatio- Roland Delcour avait évoqué l’hypothèse d’un assassinat politique tiques autoritaires en vigueur sous le DÉPÊCHES nale », ajoute l’agence. du général sur ordre de Hassan II. règne d’Hassan II que l’on croyait dis- a PHILIPPINES : la Chambre des représentants doit engager De son côté, le quotidien officieux parues ». Elle ajoute que, depuis le cette semaine la procédure en destitution du président Joseph Estra- du royaume, Le Matin du Sahara, début de l’année, sept journaux ont da, impliqué dans une affaire de corruption. L’opposition affirme écrivait dans son édition de di- mer », poursuit un texte publié, sa- 1999 lorsque l’AFP, en se basant sur été interdits et trois journalistes as- avoir recueilli plus du tiers des voix nécessaires à la saisine du Sénat manche que « depuis plusieurs an- medi, à Paris. Même si les autorités « de très bonnes sources », avait fait signés à résidence. RSF déplore que qui serait alors chargé de juger le chef de l’Etat. Parallèlement, une nées, M. Juvénal n’avait de cesse de n’indiquent pas de façon précise les état de l’utilisation ponctuelle du « le Maroc ne tienne pas ses promesses négociation en vue d’une démission à l’amiable d’Estrada s’est amor- mettre en doute, de critiquer, voire raisons de l’expulsion de Claude Ju- Maroc comme base arrière par des alors que tant de signes encourageant cée entre l’ancienne présidente Cory Aquino et le secrétaire aux fi- surtout de dénaturer – avec une mau- vénal, il ne fait guère de doute que, islamistes algériens. L’information, avaient été donnés depuis l’accession nances JoséPardo. – (Corresp.) vaise foi caractérisée –, toutes les ini- depuis près d’une année, celles-ci officiellement démentie, avait de Mohammed VI au trône ». a ETATS-UNIS / CORÉE DU NORD : le président Bill Clinton n’ira tiatives et réformes entreprises par le étaient fort mécontentes de la « cou- contribué à dégrader des relations pas à Pyongyang à la suite de sa tournée en Asie, milieu novembre, Maroc ». verture » du Maroc par l’AFP. Or, la algéro-marocaines déjà passable- Jean-Pierre Tuquoi au cours de laquelle il doit se rendre à Brunei pour le sommet du Fo- rum économique Asie-Pacifique (APEC) puis au Vietnam, a annoncé, samedi 4 novembre, la Maison Blanche. La secrétaire d’Etat améri- caine, Madeleine Albright, en visite à Pyongyang du 23 au 25 octobre, avait retiré l’impression que le dirigeant nord-coréen Kim Jong Il était Le sud et le centre de l’Angleterre victimes de graves inondations prêt à faire des concessions sur son programme de production et LONDRES fuites toxiques provenant d’une usine chimique, du chancelier de l’Echiquier, Gordon Brown, de d’exportation de missiles. – (Corresp.) de notre correspondant située dans une zone inondée qui avait été incen- diminuer les taxes sur le prix de l’essence à la a ETHIOPIE : le dernier empereur d’Ethiopie, Hailé Sélassié, a été Les pluies torrentielles et les inondations qui sé- diée, fin octobre, à la suite d’un violent orage. Des pompe (les plus élevées en Europe) dans le bud- enterré, dimanche 5 novembre, à Addis Abeba, en présence de la fa- vissent depuis plus d’une semaine dans le sud et le centaines de soldats ont été mobilisés pour venir get préliminaire devant être présenté le 8 no- mille impériale, d’officiers de la garde en grand uniforme, d’anciens centre de l’Angleterre n’ont jamais eu d’équiva- en aide aux services d’urgence débordés. Les vembre. Le gouvernement est confronté à l’ulti- combattants en tenue traditionnelle et de dignitaires de l’Eglise or- lence depuis 1947, ni en violence ni en dégâts infli- compagnies d’assurances estiment que les dégâts matum des routiers et des paysans qui avaient thodoxe. Seuls, quelques milliers d’habitants de la capitale s’étaient gés. Des vents venus de l’Atlantique dont la vi- dépassent déjà les 200 millions de livres (2,2 mil- paralysé le pays en septembre. déplacés pour assister à la cérémonie. Les restes de l’empereur étaient tesse dépassait parfois les 160 km/h et des liards de francs). Selon la météo, le mauvais temps John Prescott a, par ailleurs, critiqué ce qu’il conservés depuis 1992 après avoir été inhumés dans une fosse où ils précipitations supérieures à 30 millimètres ont ba- devrait se poursuivre au moins jusqu’au 9 no- considère comme la politique laxiste des autorités avaient été jetés par les dirigeants de la Révolution de 1974 . – (AFP.) layé, dans la nuit de dimanche à lundi, d’abord le vembre. locales en matière de planification de l’habitat. Les a IRAK : les vols intérieurs ont repris, dimanche 5 novembre, pays de Galles et la Cornouailles, avant de frapper municipalités touchées par les inondations sont pour la première fois depuis la guerre du Golfe en 1991. Deux avions les comtés du Yorkshire, Gloucester, Kent, Sussex D’UN EXTRÊME À L’AUTRE accusées d’avoir délibérément ignoré les avertisse- d’Iraqi Airways ont décollé de l’aéroport international de Bagdad et Cambridgeshire. En Cornouailles, les précipita- « C’est une goutte dans l’océan de ce qui est né- ments de l’Agence de l’environnement quant aux pour Bassorah (sud) et Mossoul (nord). Par ailleurs, Bagdad a accordé tions ont atteint 34 millimètres. L’Agence de l’en- cessaire pour empêcher un nouveau désastre », s’est dangers de la construction de nouveaux lotisse- l’asile politique à deux Saoudiens qui avaient détourné, le 15 octobre, vironnement, responsable du dispositif de lutte plaint David Rogers, le chef du conseil de l’East ments près de rivières. Les inondations de ces der- un avion saoudien sur l’Irak, a annoncé le ministre irakien des affaires contre les inondations, a publié douze bulletins Sussex, l’une des régions les plus touchées par les niers jours pourraient remettre en question la étrangères. L’Arabie saoudite avait demandé à deux reprises l’extra- d’alerte prévoyant de graves crues et cent vingt- intempéries, à propos de la rallonge budgétaire de construction prévue de plus de 40 000 logements dition des deux Saoudiens. – (AFP.) six autres « points chauds » potentiels. 51 millions de livres sur quatre ans promise par le par an dans des zones rurales du Sud-Est anglais a DANEMARK : le gouvernement de centre gauche, minoritaire Dans le Yorkshire, déjà en proie à de graves gouvernement pour aider les autorités locales à pour faire face à l’augmentation de la population au Parlement, a conclu, dimanche 5 novembre, un accord sur le inondations la semaine dernière, les rivières Ouse renforcer les mesures de prévention des inonda- dans la région la plus riche du pays. Les promo- budget 2001, qui sera excédentaire — avec des partis d’extrême et Derwent ont atteint leur plus haut niveau de- tions. Mais, pour le vice-premier ministre, John teurs immobiliers, par exemple, pourraient être gauche et une petite formation centriste. Les pourparlers avec la puis 1625. La Severn dans les Midlands, l’Uke dans Prescott, ces intempéries sont d’abord le résultat contraints à participer financièrement à la droite traditionnelle ont échoué, donnant au prochain budget une to- le Sussex et la Dee au pays de Galles sont à nou- d’une terre surchauffée par l’effet de serre, avec le construction de défenses contre les crues. nalité plus sociale : 2,5 milliards de couronnes (335 millions d’euros) veau affectées par la montée des eaux. Le village climat oscillant d’un extrême à l’autre. Cette expli- supplémentaires seront consacrés, en particulier, aux plus défavori- de Sandhurst a été évacué en raison de possibles cation climatique a l’avantage de justifier le refus Marc Roche sés. – (Corresp.) Le mal-être de Brigitte Sauzay à la chancellerie allemande... La leçon de morale politique La conseillère de M. Schröder pour les relations avec la France est de plus en plus marginalisée de Jean Paul II VATICAN. Quelque 2 500 hommes politiques, venus de 90 pays, ont BERLIN présidents Pompidou, Giscard d’Es- au printemps 1998 l’équipe de cam- dessus de la mêlée, s’est trouvée participé, samedi 4 et dimanche 5 novembre, au Jubilé des gouver- de notre correspondant taing et surtout de François Mitter- pagne du candidat Schröder : réputé prise dans la tourmente des diffi- nants et parlementaires. Parmi eux, Mikhaïl Gorbatchev, et douze dé- L’auteur du Retour à Berlin va-t- rand, qu’elle conseilla beaucoup sur eurosceptique et anglophile, ce der- ciles relations franco-allemandes. putés et sénateurs français. Le pape leur a demandé de vivre « l’en- elle rentrer à Paris ? Brigitte Sauzay, l’Allemagne, a des difficultés gran- nier avait fait un « coup » politique Elle a sans doute commis l’erreur gagement politique comme un service, qui exige une grande compétence conseillère pour les relations franco- dissantes à voir aboutir les proposi- pour montrer qu’il prenait au sé- au début de vouloir « survendre » dans l’accomplissement de son devoir et une moralité à toute épreuve allemandes de Gerhard Schröder, tions qu’elle fait au chancelier. «On rieux les relations franco-alle- M. Schröder dans les salons de la dans l’exercice désintéressé et transparent du pouvoir ». Il a ajouté que est de plus en plus marginalisée à la ne la voit plus à aucune réunion », mandes et n’avait rien à envier au gauche parisienne. Sans grand suc- la politique n’était pas réductible « à une pure médiation d’intérêts ou chancellerie à Berlin. Depuis l’été, la commente un fonctionnaire de la grand européen Helmut Kohl. cès, Paris voyant au début plus en à une question de démagogie ou de calculs électoralistes. » – (AFP, Reu- Française, qui fut l’interprète des chancellerie. « Brigitte doit retourner Mme Sauzay a constitué après les lui le provincial de Basse-Saxe que ters.) à Paris », lâche un autre. L’intéres- élections une équipe de cinq per- celui qui permettrait à son pays de sée, qui fait beaucoup la navette sonnes à la chancellerie. Mais elle commencer à se moderniser. Obser- entre Berlin et Paris, où sa famille s’est vite heurtée aux fonctionnaires vatrice privilégiée de l’Allemagne, est restée, s’est elle-même rendue allemands, en particulier à Michael elle avait pourtant vu avant beau- en octobre au Quai d’Orsay, dont Steiner, conseiller diplomatique de coup les dérives conservatrices du elle est en congé, pour discuter d’un M. Schröder, qui avaient du mal à système Kohl, le raidissement de la retour honorable après les élections accepter que cette Française, sans société allemande, mais elle n’a pas allemandes de 2002, estimant compétences techniques, empiète toujours été entendue, car à qu’elle a beaucoup fait pour les rela- sur leurs prérogatives. A Paris non l’époque, il fallait imposer l’euro et tions franco-allemandes. plus, diplomates et énarques ne lui M. Kohl était sacré. In fine, Mme Sau- Gerhard Schröder ne semble pas ont pas facilité la tâche, beaucoup zay a une vision originale, sortant envisager de se séparer d’elle avant ne cachant pas leur méfiance à l’en- des poncifs politiquement corrects ce terme, ce qui serait un aveu contre d’une « intruse » qu’ils quali- sur l’Allemagne. d’échec et pourrait être mal compris fient souvent d’« ancienne inter- Pour éviter des coups dont la mé- en France. Mais il aurait fait part à prète ». « Nous avons le sentiment chanceté surprend, elle s’est des députés sociaux-démocrates de qu’elle n’est pas considérée par le cô- concentrée sur des sujets originaux, sa déception sur les résultats obte- té français comme le souhaiterait le plus sociologiques ou culturels que nus par Mme Sauzay pour faciliter les chancelier. On essaie de la court-cir- diplomatiques. L’intéressée défend relations politiques avec la France, cuiter », explique le député social- son bilan, affirmant que « grâce à la en particulier avec le premier mi- démocrate (SPD) Gernot Erler. confiance que veut bien me témoi- nistre Lionel Jospin. Ses interven- gner le chancelier Gerhard Schröder, tions publiques sont moins souhai- UN « TRAVAIL NOVATEUR » je suis en mesure d’effectuer un tra- tées. Début octobre, le chancelier Ancienne des réseaux mitterran- vail novateur, parfois un peu en de- s’était agacé d’apprendre que sa diens, Mme Sauzay est sans doute hors des schémas classiques, au conseillère avait accepté d’aller sur moins introduite à Matignon et au confluent des relations politiques et un plateau de télévision parler, à Parti socialiste que ne le croyait le des contacts entre les sociétés civiles l’occasion du dixième anniversaire chancelier. « François Hollande ne l’a des deux pays ». C’est ce qu’elle fait de la réunification, du sujet délicat jamais reçue », ricane un de ses dé- notamment avec succès à l’institut des relations Kohl-Mitterrand. tracteurs à Berlin. Grande dame de Genshagen. Mais est-il indispen- Mme Sauzay, cofondatrice avec française devisant philosophie pour sable pour cela d’être conseillère du l’historien Rudolf von Thadden de les Allemands, intellectuelle jouant chancelier allemand ? l’institut franco-allemand de Gens- les diplomates pour les Français, hagen, près de Berlin, avait rejoint Mme Sauzay, qui a voulu être au- Arnaud Leparmentier LeMonde Job: WMQ0711--0008-0 WAS LMQ0711-8 Op.: XX Rev.: 06-11-00 T.: 10:52 S.: 111,06-Cmp.:06,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0395 Lcp: 700 CMYK

8 FRANCE LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000

MAJORITÉA la veille du sommet Français sur le bilan de presque trois déçus est de 29 %. La satisfaction une politique économique et sociale rielle », les Verts sont la formation de la gauche « plurielle », qui doit se ans et demi de gouvernement est l’emporte chez les sympathisants de plus redistributive en faveur des qui suscite le plus fort souhait d’un réunir mardi 7 novembre, un son- mitigé. L’opinion n’est pas hostile, la gauche, mais de peu (35 %) de- ménages modestes, cela devant pas- renforcement de son influence, afin dage de l’institut CSA pour Le mais se déclare avant tout indiffé- vant l’indifférence (34 %). b LES AT- ser avant tout par la baisse des im- d’équilibrer un Parti socialiste perçu Monde montre que le jugement des rente (36 %), et la proportion des TENTES portent essentiellement sur pôts. b AU SEIN de la gauche « plu- comme hégémonique (lire page 9). Les Français reprochent au gouvernement de manquer de dynamisme Interrogées sur leur évaluation du bilan de la gauche au pouvoir et sur leurs attentes pour les mois à venir, les personnes sondées par CSA pour « Le Monde » expriment une opinion mitigée. Les hommes et les cadres sont plus satisfaits que les femmes, les ouvriers et les employés APRÈS le coup de colère de l’opi- Une forte proportion d'indifférents secrétaire du Parti socialiste, Fran- nion, en septembre, contre le pre- çois Hollande, seront d’autant plus mier ministre, tout semble rentré Quelle est votre attitude à l'égard du gouvernement de la majorité « plurielle » ? en % attentifs à ce jugement qu’il té- dans l’ordre : Lionel Jospin a rega- moigne, chez les communistes gné, en deux mois, la vingtaine de SATISFAITS AGRÉABLEMENT SURPRIS INDIFFÉRENTS DÉÇUS HOSTILES Ne se prononcent pas comme chez les Verts, d’une réelle points de confiance qu’il avait per- impatience : alors que les socialistes 2 3 3 dus et a retrouvé le niveau de popu- 7 6 18 5 16 12 14 7 6 8 3 sont 38 % – ce qui n’est déjà pas 25 21 larité – exceptionnel – dont il béné- 4 34 % 39 % 3 14 rien – à juger que le gouvernement 31 % ficie depuis son arrivée à Matignon. 29 % 6 s’essouffle, plus d’un sympathisant 28 % 38 % 38 % Au-delà de ce brusque trou d’air, 36 % 29 % 6 42 % 32 % des Verts sur deux (54 %) partage ce cependant, l’enquête réalisée par 35 % sentiment, de même que près de Le Monde CSA pour démontre que ENSEMBLE PARTI PARTI LES VERTS UDF RPR deux communistes sur trois (62 %). l’élan des trois premières années de DES FRANÇAIS COMMUNISTE SOCIALISTE la législature, sans être brisé, est sé- L’« IMPORTANCE » DES 35 HEURES rieusement ralenti. Non seulement Parmi les mesures suivantes prises par la majorité « plurielle », quelles sont celles qui vous semblent les plus importantes ? en % En dépit de ces frustrations, il est les grandes réformes de cette pre- indéniable que le gouvernement a mière période sont tenues pour ac- LA RÉGULARISATION SUR CRITÈRES construit, depuis trois ans, un en- 1 39 % 7 23 % 13 10 % quises, mais les attentes des Fran- LA REVALORISATION DU SMIC LA PARITÉ HOMMES/FEMMES DES SANS-PAPIERS semble de réformes parfaitement çais ont progressivement changé. identifiées et qui lestent son bilan. L’attitude des personnes interro- 2 LES 35 HEURES 38 % 8 LA RÉFORME DE LA JUSTICE 20 % 14 L'ARRÊT DE SUPERPHÉNIX 7 % Ainsi, 38 % des sondés estiment que gées par CSA à l’égard du gouver- les 35 heures sont la mesure «la 3 9 LA LIMITATION DU CUMUL 15 plus importante » nement et de la majorité « plu- LES EMPLOIS-JEUNES 35 % DES MANDATS 19 % LES PRIVATISATIONS 6 % prise par le gou- rielle » est désormais mitigée. vernement ; ils sont même 49 % à le LA LOI SUR LA COUVERTURE LES RÉFORMES INSTITUTIONNELLES Certes, le premier ministre pourra 4 10 16 penser chez les sympathisants de la MALADIE UNIVERSELLE 31 % LA MISE EN PLACE DE L'EURO 16 % EN CORSE 5 % se rassurer de constater qu’après un gauche « plurielle » et 51 % chez les bail déjà long, 18 % des Français se 5 LES MESURES EN FAVEUR DE L'ÉCOLE 25 % 11 LE PACS 14 % 17 NE SE PRONONCENT PAS 4 % ouvriers. De même, les emplois- déclarent satisfaits, contre 7 % hos- jeunes (35 %) et la couverture mala- tiles (et 12 % seulement parmi les 6 LA POLICE DE PROXIMITÉ 24 % 12 LE QUINQUENNAT 11 % die universelle (31 %) sont mention- sympathisants de droite). Toutefois, nées par le tiers des sondés. En de- 29 % des sondés se disent déçus et, hors de ces trois réformes surtout, 36 % indifférents. Si l’indif- Selon vous, est-ce que actuellement le gouvernement de Lionel Jospin... ? en % emblématiques, plusieurs autres férence peut être jugée par un gou- ont été clairement mémorisées : les vernement préférable à la décep- ... POURSUIT SON ŒUVRE DE RÉFORME ... S'ESSOUFFLE, MANQUE DE DYNAMISME Ne se prononcent pas mesures en faveur de l’école, mal- tion ou à l’hostilité, elle témoigne gré les turbulences provoquées par d’un doute d’autant plus gênant 9 3 5 810 7 Claude Allègre (25 %) ; la police de 38 24 22 qu’il est aussi répandu à gauche 36 35 proximité (24 %) ; la parité (34 %) qu’à droite (33 %). 38 57 % hommes-femmes (23 %) ; la ré- 62 % L’électorat de gauche, lui-même, 55 % 54 % 66 % 71 % forme de la justice (20 %) et la limi- est partagé. Les sympathisants so- tation du cumul des mandats cialistes sont, logiquement, les plus ENSEMBLE PARTI PARTI LES VERTS UDF RPR (19 %). nombreux à se dire satisfaits (39 %) DES FRANÇAIS COMMUNISTE SOCIALISTE Dans ce palmarès de l’action ou agréablement surpris (6 %), mais gouvernementale, toutefois, la me- un sur cinq (21 %) affiche sa décep- sure la plus fréquemment citée tion et plus d’un sur quatre (29 %) loin les cadres (28 %) et les déten- a convaincre les catégories popu- que le gouvernement ne s’est « pas Le constat le plus marquant, ce- (39 %) n’est pas une grande ré- avoue son indifférence. C’est chez teurs de revenus supérieurs à laires que les couches aisées de la suffisamment occupé des classes po- pendant, est celui que, pour une forme, mais la revalorisation du les partenaires du PS que le trouble 15 000 francs (30 %) qui sont les population. pulaires, employés et ouvriers » ; ils nette majorité de sondés (55 %), le SMIC, pourtant modeste depuis est le plus sensible : les sympathi- plus satisfaits du gouvernement, C’est d’ailleurs dans le domaine sont moins nombreux (57 %) à ju- gouvernement « actuellement s’es- trois ans. Cette réponse est moins sants communistes sont un peu contre 24 % chez les ouvriers et seu- de l’action en faveur des catégories ger qu’il ne s’est pas assez occupé souffe, manque de dynamisme », significative d’un jugement sur le plus nombreux à témoigner leur lement 15 % chez les employés. Le populaires que le bilan est le plus « des exclus, des chômeurs et des pré- contre 36 % qui jugent qu’il « pour- passé que d’une attente pour le déception (34 %) ou leur indiffé- constat en a été fait régulièrement négatif : 63 % des personnes inter- carisés » alors que, il y a un un an, suit son œuvre de réforme ». Les par- présent. rence (35 %) que leur satisfaction depuis trois ans mais il se confirme : rogées (et jusqu’à 79 % des sympa- c’était encore l’action en faveur des ticipants au sommet de la gauche, (31 %) ; plus encore, chez les Verts, la gauche « plurielle » a plus de mal thisants communistes) estiment chômeurs qui était jugée déficiente. au premier rang desquels le premier Gérard Courtois les déçus ou hostiles (36 %) et les in- différents (42 %) sont beaucoup plus nombreux que les satisfaits (19 %). A la veille du sommet de la 55 % des sondés attendent de la gauche une politique « plus sociale » gauche et quelques jours avant le congrès du parti de Dominique AU-DELÀ du jugement porté socialistes et 67 % des commu- mée par les priorités que les Fran- gauche), le pouvoir d’achat (23 %, gences qui se sont exprimées au Voynet, un tel constat ne peut que par l’opinion sur le bilan du gou- nistes. De même, il n’y a guère çais souhaitent voir mises en et 20 % à gauche), puis la lutte cours des dernières semaines. Ain- nourrir les forces centrifuges dans vernement, les attentes exprimées d’ambiguïté sur la manière dont les œuvre par le gouvernement. En contre la précarité et l’environne- si, la fibre sociale des sympathi- cette composante de la majorité. par les Français pour les mois à ve- Français souhaitent que le gouver- tête, toutes catégories, c’est la ment (chacun 21 %, mais 25 % à sants communistes est très sen- nir sont également embarrassantes nement utilise les fruits de la crois- baisse des impôts qui est souhaitée gauche). La lutte contre le racisme sible : ils sont 51 % à juger que la CONTENTEMENT DES CADRES pour Lionel Jospin. C’est, en effet, sance retrouvée : deux sur trois par 44 % des sondés (et 41 % des est également largement citée à priorité numéro un est l’emploi Sociologiquement, enfin, l’atti- une sérieuse correction de trajec- (65 %) prônent « la redistribution sympathisants de gauche). La ga- gauche (24 %, contre 19 % pour (contre 43 % chez les socialistes et tude à l’égard du gouvernement toire que souhaitent les personnes sociale vers les ménages les plus mo- rantie des retraites – épineux dos- l’ensemble des sondés), tandis que 31 % chez les écologistes) et 39 % à soulève de nombreuses questions. interrogées par CSA. Ainsi, une destes pour accroître la consomma- sier mis sous le boisseau par le la lutte contre la corruption (18 %) être attachés à la lutte contre la En dépit des réformes engagées, nette majorité (55 %) attendent du tion », contre 30 % seulement qui gouvernement – arrive en et l’égalité hommes-femmes (16 %) précarité (contre 26 % et 24 % res- comme la parité en politique, et gouvernement qu’il conduise une souhaitent « la mise en place de ré- deuxième position (41 %), et l’em- ne provoquent pas de clivage pectivement chez les socialistes et malgré la reconnaissance par l’opi- politique plus « sociale », contre formes structurelles pour adapter ploi en troisième position seule- droite-gauche significatif. A noter, les Verts). Mais les communistes nion de la place déterminante des 24 % qui appellent de leurs vœux l’économie et les entreprises à la ment (36 %), ce qui témoigne indé- enfin, que la modernisation des sont également les plus nombreux femmes ministres dans l’équipe de une politique plus « libérale » et mondialisation ». A l’exception des niablement de la détente sur le institutions n’est une priorité que à gauche à recommander un effort M. Jospin, le taux de satisfaction 16 % seulement qui estiment que sympathisants de l’UDF et de Dé- front du chômage puisque, il y a pour 7 % des Français et les ré- de baisse des impôts (45 %, contre chez les femmes interrogées par l’action du gouvernement doit mocratie libérale, toutes les caté- encore deux ans, l’emploi était, de formes en Corse que pour 2 %. 42 % au PS et 38 % chez les Verts). CSA est beaucoup plus faible (17 % « continuer comme aujourd’hui ». gories politiques se prononcent en très loin, la première préoccupa- Les priorités des Verts ne sont satisfaites ou agréablement sur- De façon encore plus significa- faveur de la redistribution : les tion des Français. TENDANCES « PLURIELLES » pas moins significatives. Outre prises) que chez les hommes (28 %). tive, ce sont les gros bataillons de communistes (89 %), les socialistes Derrière ces trois priorités ma- A l’intérieur même de la majori- leurs attentes prévisibles en ma- De même, plus d’un jeune de moins la gauche qui souhaitent cette in- (77 %), les Verts (73 %), mais aussi jeures, cinq domaines d’action sus- té, le positionnement des trois tière d’environnement (39 %), les de trente-cinq ans sur deux se dé- flexion « sociale » : 63 % des em- les sympathisants du RPR (59 %). citent de fortes attentes : la sécuri- principaux partis par rapport aux sympathisants écologistes sont, de clare indifférent. Enfin, ce sont de ployés et des ouvriers, 63 % des L’attente d’une politique plus té (28 %, mais 24 % à gauche), priorités souhaitées souligne net- très loin, les plus nombreux à sympathisants des Verts, 65 % des sociale et redistributive est confir- l’éducation (27 %, et 29 % à tement les nuances, voire les diver- gauche à attendre un effort plus marqué en faveur de l’éducation Plus de redistribution, moins d'impôts (34 %, contre 29 % chez les socia- listes et 17 % chez les commu- Souhaitez-vous que le gouvernement profite de l'amélioration de la Et quelles sont les priorités que vous souhaiteriez voir mises nistes). De même, ils jugent en situation économique et du moral des Français pour favoriser plutôt... ? en œuvre par la majorité «plurielle» ? nombre que la lutte contre la cor- ruption est prioritaire (23 %, contre 16 % chez les socialistes et 5 % chez NOVEMBRE 2000 AOÛT 2000 SEPTEMBRE 1999 AOÛT 1998 LA BAISSE DES IMPÔTS 44 % L'ÉGALITÉ HOMME/FEMME 16 % les communistes) ou que la dé- fense des droits de l’homme de- 41 % LA GARANTIE DES RETRAITES LES DROITS DE L'HOMME 14 % vrait être une priorité (22 %, contre 65 % ... LA REDISTRIBUTION SOCIALE LA CONSTRUCTION 17 % chez les communistes et 14 % VERS LES MÉNAGES LES PLUS 68 % L'EMPLOI 36 % DE L'EUROPE 11 % chez les socialistes). Enfin, 13 % des MODESTES POUR ACCROÎTRE 55 % écologistes (contre 7 % des socia- LA CONSOMMATION 54 % LA SÉCURITÉ 28 % LA DÉFENSE DE LA LAÏCITÉ 8 % listes) souhaitent un effort en fa- veur de l’intégration des immigrés. LA DÉFENSE Quant aux socialistes, ils offrent 30 % L'ÉDUCATION 27 % DU SERVICE PUBLIC 8 % un profil plus médian et équilibré. ... LA MISE EN PLACE DE RÉFORMES 29 % LA MODERNISATION Installés à égale distance des STRUCTURELLES POUR ADAPTER LE POUVOIR D'ACHAT 23 % 35 % DES INSTITUTIONS 7 % communistes et des Verts selon les L'ÉCONOMIE ET LES ENTREPRISES différentes priorités évoquées, ils À LA MODERNISATION 39 % LA LUTTE CONTRE L'INTÉGRATION LA PRÉCARITÉ 21 % DES IMMIGRÉS 7 % ne se distinguent nettement que sur deux points : la garantie des re- 5 % LA MODERNISATION traites, priorité pour 42 % d’entre L'ENVIRONNEMENT 21 % 6 % 3 % DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE eux (contre 37 % chez les écolo- ... NE SE PRONONCENT PAS LA LUTTE CONTRE gistes et 30 % chez les commu- 10 % LES RÉFORMES EN CORSE 2 % LE RACISME 19 % 7 % nistes), et la défense de la laïcité, LA LUTTE CONTRE mentionnée par 14 % d’entre eux, LA CORRUPTION 18 % Ne se prononcent pas 1 % contre 6 % par les Verts et 5 % par • Ce sondage de CSA pour Le Monde a été réalisé par téléphone, les 2 et 3 novembre, auprès d'un échantillon national représentatif de 1 012 personnes âgées de 18 ans et plus, les communistes. constitué d'après la méthode des quotas (sexe, âge, profession du chef de famille), après stratification par région et catégorie d'agglomération). en % de personnes sondées G. C. LeMonde Job: WMQ0711--0009-0 WAS LMQ0711-9 Op.: XX Rev.: 06-11-00 T.: 10:58 S.: 111,06-Cmp.:06,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0396 Lcp: 700 CMYK

FRANCE LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 / 9

L'appréciation des composantes de la gauche «plurielle» Pour chacune des formations suivantes, dites-moi si vous êtes plutôt satisfait ou plutôt mécontent Des divergences subsistent à gauche de son apport à la majorité «plurielle» ? Plutôt satisfaits Plutôt mécontents Ne se prononcent pas sur les minima sociaux et la défense des chômeurs LE PARTI SOCIALISTE 48 % 38 % 14%

LES VERTS 42 %45 % 13% CHACUN viendra avec son os. énergie, croissance et emploi, vanche partie des points de désac- Jean-Pierre Chevènement, dont jeunes), celle qui est consacrée à la cord, outre la Corse et la LE MOUVEMENT DES CITOYENS 35 %37 % 28% c’est le retour, en tant que chef de redistribution des fruits de la crois- proportionnelle, l’inversion du ca- parti, à une réunion des forma- sance continuait, lundi matin, de lendrier électoral de 2002 et le nu- poser le plus de difficultés. Dans la cléaire. LE PARTI COMMUNISTE 29 %48 % 23% tions qui composent la majorité « plurielle », aura à cœur d’évo- version que les négociateurs du PS La pression qui s’exerce au- ont remise, le 3 novembre, à leurs jourd’hui ne vient pas seulement 25 %47 % 28% quer la Corse. Jean-Luc Bennah- LE PARTI RADICAL DE GAUCHE mias, secrétaire national des Verts, partenaires, « l’augmentation d’ici des alliés du PS, mais aussi de l’in- mandaté par 60 % de ses adhérents à la fin de l’année des minima so- térieur de ce parti. Dans un entre- Et parmi les formations politiques de la majorité «plurielle», y en a-t-il dont vous souhaiteriez sur le sujet, revendiquera imman- ciaux qui permettrait de rattraper le tien publié lundi par Sud-Ouest, qu'elles pèsent plus sur le gouvernement ? quablement l’introduction d’une niveau de seuil de pauvreté » était Henri Emmanuelli, président de la dose de proportionnelle dans le reportée « au début de l’année commission des finances de l’As- Ensemble Parti Parti les Verts 2001 ». De même, le principe d’une semblée nationale, regrette que des Français communiste socialiste mode d’élection des députés. Ro- bert Hue, secrétaire national du « représentation des chômeurs » « le PS penche trop vers le centre ». LES VERTS 45 % 19 % 48 % 83 % PCF, fait « une affaire de principe » dans les organismes qui les Conscients peut-être d’avoir laissé LE PARTI SOCIALISTE 26 % 21 % 46 % 14 % d’une hausse «rapide» du SMIC. concernent était devenu « une les coudées trop franches au PS, De même, Jean-Michel Baylet, pré- meilleure prise en compte des de- depuis la réunion de travail du LE MOUVEMENT DES CITOYENS 21 % 22 % 14 % 17 % sident du Parti radical de gauche mandes de chômeurs ». 31 octobre, les quatre autres partis (PRG), demande à être plus et ont multiplié, depuis, les admones- LE PARTI COMMUNISTE 15 % 78 % 20 % 13 % mieux écouté. Malgré ces diver- « TROP VERS LE CENTRE » tations. Dans un communiqué ren- gences, le sommet de la gauche Malgré ces divergences notables, du public le 3 novembre, le PRG a LE PARTI RADICAL DE GAUCHE 10 % 18 % 9 % 8 % « plurielle » – que l’on prèfère, no- le texte de la déclaration commune ainsi indiqué que le sommet «ne doit pas décevoir dans son contenu Ne se prononcent pas 20 % 2 % 9 % 10 % tamment au PS, appeler réunion devrait comprendre un préambule ou rencontre entre chefs des partis évoquant « le bilan » de la majori- politique ». Sur Europe 1, le même en % de personnes sondées de la majorité puisqu’il est proposé té, « les orientations jusqu’en 2002 » jour, M. Hue avait rappelé qu’«il que ce dialogue s’intensifie et se et « la méthode de travail pour les n’y a pas de majorité sans le Parti régularise dans les mois qui mois et l’année à venir ». Il sera ac- communiste », avant d’estimer viennent – devrait déboucher sur compagné, sur les cinq thèmes, qu’« il n’y a pas d’homme providen- Les Verts offensifs face à un PS dominant une déclaration définissant des d’une liste des points d’accord et tiel de la gauche « plurielle » mais « engagements communs ». de divergence. Parmi les « engage- une démarche générale de gauche PILIER CENTRAL de la majorité, le Parti socialiste a faction à leur égard est particulièrement marquée Avant la rencontre au sommet ments communs » devraient figurer qui permet qu’un gouvernement et bien résisté à l’exercice du pouvoir. Des cinq partis qui chez les moins de vingt-cinq ans (57 %) et les plus di- des cinq chefs de file de la gauche, la pérennisation des emplois- une majorité mettent en œuvre une gouvernent ensemble depuis trois ans, il est le seul qui plômés (51 %), tandis qu’ils suscitent un mécontente- prévue, mardi 7 novembre, à jeunes, l’aide à la diversification politique de gauche ». continue à susciter, majoritairement, l’approbation ment plus marqué (49 %) dans le monde rural. Surtout, 10 heures, à Paris, une ultime réu- énergétique, le soutien au ferrou- Invité, dimanche, du « Forum de des Français interrogés par CSA : 48 % disent être «sa- les Verts sont, de loin, le parti dont les Français sou- nion de mise au point du texte fi- tage, l’interdiction des farines ani- Radio J », M. Bennahmias a indi- tisfaits de son apport à la majorité “plurielle” », contre haitent qu’il « pèse plus sur le gouvernement » : 45 % nal était prévue, lundi, au siège du males, le maintien du moratoire qué qu’il reste « encore un an et de- 38 % de mécontents. Ce taux de satisfaction atteint des sondés expriment ce vœu, contre 26 % qui men- PS. Des synthèses sur les cinq sur les OGM, l’élection au suffrage mi pour prouver que la majorité 59 % chez les moins de vingt-cinq ans et 55 % chez les tionnent le PS, 21 % le MDC, seulement 15 % le PCF et groupes de travail mis en place universel des futurs élus inter- « plurielle » a été utile ». Il faut que cadres, tandis que le mécontentement ne l’emporte, 10 % le PRG. Les sympathisants socialistes, eux- (institutions, Europe, transports et communautaires. Font en re- « la majorité « plurielle » dans son outre les sympathisants de droite, que chez les pa- mêmes, souhaitent majoritairement le renforcement ensemble fasse des propositions pré- trons de l’industrie et du commerce, les femmes au du poids des Verts dans la majorité (48 %, contre 46 % cises », a averti le secrétaire natio- foyer et les catholiques pratiquants. qui citent le PS). Les 35 heures en « souplesse » de M. Fabius nal des Verts. Au « Grand Jury Le PS est nettement perçu comme le moteur de la RTL-Le Monde-LCI » (lire page 18), majorité, celui qui « détermine les choix du gouverne- LES PARISIENS POUR LES VERTS Inlassablement, le ministre de l’économie réclame davantage M. Chevènement s’est montré plus ment » (50 %), alors que 38 % seulement des sondés Cette attente à l’égard des Verts – et de ce qu’ils de souplesse pour l’application des 35 heures dans les PME. résigné, estimant qu’« à partir du jugent que « chaque composante peut se faire entendre peuvent représenter de nouveau et de différent dans le Pas un jour, ou presque, ne s’écoule sans que Laurent Fabius moment où Lionel Jospin a pris une du gouvernement ». A l’autre bout du spectre, une paysage de la gauche – est particulièrement forte chez évoque le sujet. « Souplesse, souplesse, souplesse, cela doit être le orientation, le Parti socialiste nette majorité se montre plutôt mécontente de l’ap- les jeunes de moins de vingt-cinq ans (64 %), chez les mot d’ordre », a-t-il déclaré, lundi 6 novembre, sur France 2. l’épouse ». François Hollande, pre- port du Parti radical de gauche à la gauche « plu- cadres (57 %) et surtout chez les employés (62 %), caté- « On a voté les 35 heures, il n’est pas question de revenir sur ces mier secrétaire du PS, aura pour rielle » (47 % contre 25 %) et de celui du Parti commu- gorie où les socialistes peinent à convaincre. lois. Mais en même temps, il faut que cela se passe bien, que ce tâche de rappeler à ses homo- niste (48 % contre 29 %). Quant au Mouvement des Les Parisiens sont nombreux (50 %) à souhaiter le soit positif pour les salariés, positif pour les entreprises, pour la logues que le contenu des dis- citoyens, son apport est jugé plutôt satisfaisant par renforcement de l’influence des écologistes à gauche. croissance, donc pour l’emploi », a-t-il ajouté. « Il y a certaine- cussions entre partis de la gauche 35 % des sondés contre 37 %. Ces indications ne sont pas de nature, bien au ment des souplesses à introduire, en particulier pour les PME », a ne peut pas être confondu avec ce Autour des socialistes, les Verts sont la composante contraire, à dissuader les Verts de faire entendre leur insisté M. Fabius en suggérant notamment que, dans les pe- qui relève de la politique du gou- la plus dynamique. En effet, 42 % des personnes inter- différence dans le concert majoritaire. tites et moyennes entreprises, les dépassements d’heures sup- vernement. rogées se déclarent plutôt satisfaites de leur apport à plémentaires puissent être affectés à des comptes d’épargne- la majorité, contre 45 % plutôt mécontentes. La satis- G. C. temps. Alain Beuve-Méry LeMonde Job: WMQ0711--0010-0 WAS LMQ0711-10 Op.: XX Rev.: 06-11-00 T.: 11:01 S.: 111,06-Cmp.:06,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0397 Lcp: 700 CMYK

10 / LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 FRANCE La gauche ne parvient pas à s’unir M. Jospin soutient l’appel pour condamner pour reconquérir Vitrolles la torture lors de la guerre d’Algérie Le Parti socialiste et le Parti communiste se disputent la tête Plaidoyer du premier ministre en faveur du devoir de « mémoire » de liste aux élections municipales dans cette ville de la périphérie Lors du dîner annuel du Conseil représentatif des insti- intellectuels sur la reconnaissance et la condamnation tutions juives de France (CRIF), samedi 4 novembre, de l’utilisation de la torture en Algérie, publié par L’Hu- de Marseille, gérée depuis trois ans par l’extrême droite Lionel Jospin a apporté son soutien à l’appel de douze manité (lire aussi page 4). MARSEILLE de 1998, la commune recoupant le fédérée, une fois obtenu le soutien UN TABOU est levé. Samedi tuels. « Je suis convaincu que ce tra- donner une terre où ils étaient nés, à de notre correspondant périmètre du canton. Au premier du RPF. Pour cela, il devra compo- 4 novembre, Lionel Jospin a appor- vail de vérité n’affaiblit pas la laquelle ils étaient profondément at- Deux listes à gauche, peut-être tour, il avait devancé son challen- ser avec Jean-Christian Tarelli, res- té le soutien du gouvernement à communauté nationale. Au tachés ». « Les uns et les autres ont trois... La gauche « plurielle » geur communiste de 12 points. Ce ponsable du parti de Charles Pas- l’appel de douze intellectuels sur la contraire, il la renforce en lui permet- mérité les honneurs de la mémoire », semble vouloir renoncer à s’unir médecin, qui a scellé l’union avec qua dans la circonscription après reconnaissance et la condamnation tant de mieux tirer les leçons de son avait déclaré le chef de l’Etat. dès le premier tour des élections les Verts, le PRG et le MDC, avait avoir appartenu au Front national de l’utilisation de la torture en Algé- passé, pour construire son avenir », a En octobre 1997, le procès Papon municipales à Vitrolles, où la muni- été chargé par le PS de remonter la et exercé les fonctions de premier rie, publié mardi 31 octobre dans le affirmé M. Jospin. avait ouvert une autre brèche en cipalité d’extrême droite donne des section de Vitrolles, dissoute, en adjoint au maire de Marignane. quotidien L’Humanité. Le premier Après Vichy et la reconnaissance évoquant la responsabilité de l’an- signes d’affaiblissement. Le candi- 1997, au lendemain de la défaite de Pendant ce temps, à la mairie, ministre a saisi l’occasion du dîner par Jacques Chirac de la responsa- cien préfet de police dans la répres- dat du PS, Dominique Tichadou, Jean-Jacques Anglade, maire sor- des directeurs de service sont par- annuel du Conseil représentatif des bilité de la France dans les persé- sion de la manifestation du 17 octo- conseiller général, et celui du PCF, tant éclaboussé par les affaires et tis, et les piliers politiques de institutions juives de France (CRIF) cutions des juifs entre 1940 et 1944, bre 1961 à Paris. Alors ministre de la Alain Hayot, conseiller régional, ne rejeté par bon nombre de Vitrol- l’équipe initiale feront défaut du- pour évoquer le nécessaire « travail c’est donc à la guerre d’Algérie culture et de la communication, Ca- se sont jamais rencontrés et lais, puis battu par Catherine Mé- rant la campagne. Le premier ad- de vérité » que doit poursuivre, se- d’être à son tour revisitée au nom therine Trautmann avait annoncé communiquent par fax. Chacun as- gret au second tour. joint, Hubert Fayard, sera tête de lon lui, la communauté nationale du devoir de mémoire et de « véri- l’ouverture des archives concernant sure néanmoins que la porte reste « Il faut s’interroger sur les raisons liste dans le premier secteur de (lire également page 4). « La France té ». ces événements de Charonne, en sa ouverte à l’autre. de la perte de Vitrolles par la Marseille, et Gilles Lacroix dans la a sans doute mis du temps et éprouvé qualité d’autorité de tutelle des ar- Ce dialogue de sourds préoccupe gauche, plaide M. Hayot. Les Vitrol- commune voisine de Rognac. An- quelque difficulté à regarder sa RECONNAISSANCE IMPLICITE chives nationales. les états-majors. Guy Bono, pre- lais ont sanctionné, en 1997, un cer- dré Nouar, présenté comme la propre histoire avec lucidité – la luci- Un premier signe avait été adres- Le premier ministre s’était pour mier secrétaire de la fédération so- tain type de gestion de la ville, auto- « matière grise » de la municipali- dité, ce courage de l’intelligence. Re- sé par le président de la Répu- sa part engagé, le 20 juillet 1997, à cialiste des Bouches-du-Rhône, ritaire, antidémocratique, clientéliste té, a rendu sa délégation aux fi- garder vers le passé, c’était se souve- blique, le 11 novembre 1996. En ac- « faire modifier la loi du 3 janvier juge ces primaires « tout à fait re- et dominée par une démarche parti- nances et s’est installé au conseil nir qu’en des heures sombres, les ceptant d’inaugurer, en ce jour de 1979 sur les archives afin que l’accès grettables », mais il défend l’idée sane, qui faisait de la ville la proprié- régional, où l’emploie le groupe institutions de notre pays avaient fail- commémoration nationale, un mo- à celles-ci pour les travaux d’intérêt que seul M. Tichadou peut légiti- té d’un homme et d’un parti. » MNR. « Sur les six ou sept adjoints li », a observé M. Jospin. nument dédié aux « victimes et historique soit facilité ». Le projet, mement conduire le combat contre de 1997, il n’en reste plus qu’un en Rendant hommage au discours combattants morts en Afrique du qui vise à raccourcir les délais de le MNR de Bruno Mégret. M. Bono VERS UNE TROISIÈME LISTE place », observe M. Rossi. prononcé le 16 juillet 1995 par Nord, 1952-1962 », square de la consultation, est toujours en arbi- souhaite convaincre le premier se- Le conseiller régional commu- Bruno Mégret parle de « réorga- Jacques Chirac sur le site de l’ancien Butte-du-Chapeau-Rouge à Paris, trage à Matignon. Face à la mobili- crétaire du PS, François Hollande, niste a préféré obtenir l’investiture nisation naturelle de la municipali- Vel’ d’Hiv, puis à l’installation de la M. Chirac avait inscrit pour la pre- sation des historiens, qui peinent de mener une dernière tentative de en son « nom propre » auprès d’as- té » et de « stratégie d’essaimage ». commission sur la spoliation des mière fois les combattants d’Algé- toujours à obtenir l’accès aux archi- conciliation. Jean-Marc Coppola, sises citoyennes qui, le 21 octobre, « Si tous étaient restés à Vitrolles, on biens juifs, présidée par Jean Mat- rie, cette « troisième génération du ves « sensibles » de certains minis- secrétaire fédéral du PCF, lui aussi ont réuni des associations vitrol- aurait parlé de repli dans le bunker, teoli, le premier ministre a affirmé feu », dans la lignée des soldats de tères tels la défense ou l’intérieur, navré de cette situation, s’y déclare laises. De son côté, le groupe Résis- justifie le président du MNR. Des que ces deux initiatives avaient 14-18 et de 39-45, reconnaissant ain- M. Jospin a renouvelé, le 5 mai, prêt, car, dit-il, « si on part désunis, ter pourrait annoncer une troi- personnes de la société civile figure- « permis de faire œuvre de lucidité si implicitement qu’il s’agissait bien l’engagement du gouvernement à on fait la part belle à une extrême sième liste à gauche. Selon René ront sur notre liste dans une dé- et, partant, œuvre de mémoire ». d’une « guerre » et non pas d’une « faciliter les recherches historiques droite en déconfiture ». Les commu- Agarrat, conseiller municipal d’op- marche d’ouverture. » Soulignant qu’« en ce domaine, la opération de maintien de l’ordre, sur la manifestation organisée par le nistes soutiennent M. Hayot en dé- position et porte-parole de ce L’opposition conteste le bilan de volonté politique peut beaucoup », le selon la terminologie officielle. FLN le 17 octobre 1961 et plus géné- nonçant l’attitude de leur allié so- mouvement, prêt à signer une al- Mme Mégret, les mesures sécuri- premier ministre a poursuivi : Il avait alors évoqué ces dix an- ralement sur les faits commis à l’en- cialiste, qui revendique la tête de liance avec la LCR, il s’agirait ainsi taires mises en place n’ayant pas « Aussi nous appartiendra-t-il sans nées « qui troublèrent les contre des Français musulmans d’Al- liste dans les quatre villes gérées de sonner le tocsin. permis d’enregistrer dans cette ville doute demain de veiller à ce que consciences, déchirèrent notre peuple gérie durant l’année 1961 ». par l’extrême droite (Toulon, Ma- Cette désunion fait l’affaire de la une diminution de la délinquance, d’autres moments sombres de notre et contraignirent des centaines de rignane, Vitrolles et Orange). droite. « Ils tirent les marrons du feu à l’inverse de la tendance que histoire nationale fassent l’objet du milliers de nos concitoyens à aban- Pascale Robert-Diard A Vitrolles, plus grand monde pour moi », se réjouit Christian connaît le département. Les oppo- même effort. Mon gouvernement l’a n’imagine que M. Tichadou et Rossi (RPR), qui espère profiter de sants présentent Vitrolles comme entrepris en ce qui concerne les évé- M. Hayot puissent un jour figurer la situation à gauche et du « délite- une ville « morte », où l’action so- nements tragiques du 17 octobre sur une même liste. « On ne peut ment » politique et administratif de cioculturelle a été abandonnée et 1961, qui ont provoqué la mort à Pa- L’appel des 12 intellectuels pas passer son temps à essayer de se la municipalité MNR. Investi par qui est tenue à l’écart des grands ris de dizaines d’Algériens. La France rassembler », explique le candidat DL, Génération Ecologie et l’UDF, projets d’aménagement. devra continuer de le faire, avec la VOICI les principaux extraits de nautés qui vivent avec ce poids, socialiste, qui fonde sa revendica- M. Rossi pourra se présenter même exigence », a-t-il dit, en évo- l’appel lancé pour la reconnais- cette culpabilité et ce non-dit. tion sur sa victoire aux cantonales comme le chef de file d’une droite Luc Leroux quant l’appel des douze intellec- sance et la condamnation de la tor- Pour nous (...), qui avons ture lors de la guerre d’Algérie, pu- combattu la torture sans être blié mardi 31 octobre par aveugles aux autres pratiques, il L’Humanité : revient à la France, eu égard à ses Une journée contre « Des deux responsabilités, de condamner la côtés de la torture qui a été entreprise en son Méditerranée, nom durant la guerre d’Algérie. Il le PARE organisée la mémoire en va du devoir de mémoire au- française et la quel la France se dit justement at- mémoire algé- tachée et qui ne devrait connaître par les associations rienne reste- aucune discrimination d’époque et ront hantées de lieu. Dans cet esprit, et dans cet par les horreurs qui ont marqué la esprit seulement, tourné vers un de chômeurs guerre d’Algérie tant que la vérité rapprochement des personnes et n’aura pas été dite et reconnue. des communautés et non vers LES ASSOCIATIONS de chô- Ce travail de mémoire appar- l’exacerbation de leurs antago- meurs AC !, APEIS, MNCP et la tient à chacun des deux peuples et nismes, nous demandons à CGT-chômeurs appellent à manifes- aux communautés, de quelque ori- Jacques Chirac, président de la Ré- ter jeudi 9 novembre, à Paris, contre gine que ce soit, qui ont cruelle- publique, et à Lionel Jospin, pre- la nouvelle convention Unedic. Dans ment souffert de cette tragédie mier ministre, de condamner ces un communiqué publié samedi dont les autorités françaises pratiques par une déclaration pu- 4 novembre et intitulé « Jospin ne portent la responsabilité essen- blique. Et nous invitons les té- doit pas agréer le PARE » (plan tielle en raison de leur obstination moins, les citoyens à s’exprimer d’aide au retour à l’emploi), les à refuser aux Algériens leur éman- sur cette question qui met en jeu quatre organisations demandent cipation. Aujourd’hui, il est pos- leur humanité. » que « 100 % des 100 milliards d’excé- sible de promouvoir une démarche dents économisés [par l’Unedic] sur de vérité qui ne laisse rien dans LES SIGNATAIRES les droits à l’indemnisation des sala- l’ombre. En France, le nouveau té- Ce texte a été signé par Henri Al- riés soient consacrés à l’indemnisation moignage d’une Algérienne, pu- leg, ancien directeur d’Alger répu- des chômeurs et des précaires ». blié dans la presse, qui met en ac- blicain, auteur de La Question ; Jo- Elles réclament également «un cusation la torture, ne peut rester sette Audin, épouse de Maurice système unifié pour l’indemnisation de sans suite ni sanction. Le silence Audin, assassiné par ses tortion- tous les chômeurs et précaires, à tra- officiel serait ajouter au crime de naires ; Simone de Bollardière, vers une charte de service public ». La l’époque une faute d’aujourd’hui. veuve du général Pâris de Bollar- CGT, de son côté, a appelé à une En Algérie se dessine la mise en dière, opposé à la torture et journée d’action le 9 novembre sur cause de pratiques condamnables, condamné à deux mois de forte- les salaires et l’Unedic, à laquelle datant de la guerre et surtout lui resse ; Nicole Dreyfus, avocate de s’est déjà associé le SNU-ANPE (ex ayant survécu, commises au nom Baya Hocine et de Djoher Akrour ; CFDT-ANPE). La procédure d’agré- de situations où « tout serait per- Noël Favrelière, rappelé, déser- ment de la convention d’assurance- mis ». Il reste que la torture, mal teur ; Gisèle Halimi, avocate de chômage, signée par le patronat et absolu, pratiquée de façon systé- Djamila Boupacha ; Alban Liechti, trois syndicats (CFDT, CFTC et CGC) matique par une « armée de la Ré- rappelé, insoumis ; Madeleine Re- mais rejetée par la CGT et FO, a été publique » et couverte en haut lieu bérioux, historienne, secrétaire du lancée par le ministère de l’emploi. à Paris, a été le fruit empoisonné Comité Audin ; Laurent Schwartz, de la colonisation et de la guerre, mathématicien, président du DÉPÊCHES l’expression de la volonté du domi- Comité Audin ; Germaine Tillion, a PARIS : Philippe Séguin devrait nateur de réduire par tous les ethnographe, résistante, auteur de rendre publics, mercredi 8 no- moyens la résistance du dominé. L’Afrique bascule vers l’avenir ; vembre, les noms des candidats qui Avec cette mise à jour, il ne s’agit Jean-Pierre Vernant, historien, ré- conduiront ses listes, dans les vingt ar- pas seulement de vérité historique, sistant ; Pierre Vidal-Naquet, his- rondissements de Paris, aux munici- mais aussi de l’avenir des généra- torien, auteur de La Torture dans la pales de mars 2001. Des incertitudes tions issues des diverses commu- République. demeurent sur le choix des têtes de listes dans certains arrondissements comme ceux du centre ou le 18e , mais un accord général a été trouvé avec le président de Démocratie libérale, Alain Madelin. Onze têtes de listes iraient au RPR, trois à DL, trois à l’UDF et trois à des personnalités is- sues de la société civile. a GUYANE : Air Guyane, seule compagnie qui assure les liaisons aé- riennes vers les communes de l’inté- rieur, a interrompu ses vols, depuis vendredi 3 novembre, estimant que « trop d’incertitudes pèsent sur le renou- vellement de la convention de service public » qui la lie à la région et l’Etat. 12 SOCIÉTÉ LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000

JUSTICE Un an après l’annulation réexaminer, cette semaine, toutes bre, le RPR a exclu Jean Tiberi et le ques Chirac et le maire de Paris rien à perdre ». b UNE POLÉMIQUE de la procédure relative à l’emploi les peines prononcées le 14 décem- témoignage posthume de Jean- n’ont, par ailleurs, pas cessé de se sur la « promotion » du procureur de chargée de mission de Xavière bre 1999 par le tribunal d’Evry. Claude Méry, publié dans Le Monde dégrader. L’entourage du chef de adjoint Hubert Dujardin, proposée Tiberi au conseil général de l’Esson- b DEPUIS un an, le climat politique des 22 et 23 septembre, a jeté le l’Etat redoute les réactions d’un par le ministère de la justice, agite le ne, la cour d’appel de Paris doit s’est fortement alourdi : le 12 octo- trouble. b LES RELATIONS entre Jac- homme qui, désormais, « n’a plus parquet d’Evry. Xavière Tiberi rejugée en appel sur fond de tensions avec le RPR Un an après l’annulation de la procédure relative à son emploi de chargée de mission au conseil général de l’Essonne, l’épouse du maire de Paris devait comparaître, lundi 6 novembre, devant la cour d’appel, au moment où les relations du couple avec le parti gaulliste sont plus tendues que jamais

L’ÉPOUSE du maire de Paris avant même que le pourvoi d’une accroissant le climat de menace qui menace d’impliquer Chirac ».A était ressortie du tribunal d’Evry partie civile ait été écarté par la pèse désormais autour de chaque quoi les conseillers de M. Tiberi (Essonne) sans peine, mais sans Cour de cassation. Sur ce fonde- nouvelle mise en cause du couple répondaient, ces derniers jours, triomphalisme. Un an après, Xaviè- ment, le tribunal avait déclaré l’an- Tiberi. En une année, le fossé s’est qu’il n’était « pas celui à qui ce type re Tiberi devait comparaître devant nulation de toute la partie du dos- creusé entre le maire de Paris et d’écho profite le plus », suggérant la cour d’ap- sier relative à l’emploi de Mme Tibe- l’Elysée. Suspendu en mars de son d’orienter les recherches vers pel de Paris, ri, à la rémunération qu’elle avait poste de secrétaire départemental MM. Séguin et Balladur… lundi perçue (environ 200 000 francs), ain- du RPR, M. Tiberi a été exclu du Devant le tribunal d’Evry, le 6 novembre, si qu’à l’implication de l’ancien pré- mouvement gaulliste, le 12 octo- 19 octobre 1999, Xavier Dugoin sans enthou- sident (RPR) du conseil général, bre, après de longs mois de tergiver- avait affirmé, revendiquant une siasme, cer- Xavier Dugoin, dans la signature de sations. Entre-temps, le paysage « logique de vérité », que le recrute- tes, mais sans son contrat (Le Monde du 16 décem- judiciaire a aussi été bouleversé par ment de Mme Tiberi avait été « une crainte exces- bre 1999). « La nullité de ces actes, l’irruption du témoignage pos- affaire entre [lui] et M. Tiberi », évo- PROCÈS sive – du dont la citation la concernant, n’a thume de Jean-Claude Méry. Dans quant « un accord sur des bases mili- moins en apparence. Avant cet éniè- pas pour conséquence la relaxe de un long « testament » filmé avant tantes et politiques ». Déjà condam- me épisode du feuilleton judiciaire Mme Tiberi, précisait toutefois le sa mort, ce dernier avait décrit le né pour avoir fait rémunérer son qui les mobilise depuis plus de qua- jugement. […] La nullité de la procé- financement occulte du RPR organi- épouse et leur employée de maison tre ans, Jean Tiberi et sa femme se dure à son égard empêchant le tribu- sé autour des marchés publics de la par le département, M. Dugoin est sont rendus, la semaine dernière, nal de se prononcer sur le fond. » capitale à l’époque où Jacques Chi- encore sénateur et maire de Menne- dans un centre de thalassothérapie Fort de ce succès, les défenseurs rac en était le maire. Mis en exa- cy, mais en attente de la déchéance à Port-Crouesty (Morbihan), d’où de Mme Tiberi – Mes Thierry Herzog, men pour « complicité de trafic d’in- de ses mandats depuis le rejet, le Xavière Tiberi n’est rentrée que ven- Marie-Hélène Antonini et Gaetan fluence » dans l’instruction du juge 18 octobre, de son pourvoi en cassa- dredi soir pour préparer le procès Di Marino – devaient à nouveau Eric Halphen en sa qualité de prési- tion. avec ses avocats. « Une étape com- solliciter, devant la cour d’appel, dent de l’office HLM de Paris, « M. Dugoin n’a aucune raison de me une autre », disait avec fatalis- l’annulation de la procédure et exi- M. Tiberi a pu constater sans déplai- ne pas redire ce qu’il a déjà dit me l’un des conseillers du maire. ger d’emblée, la disjonction du cas sir que la cassette de M. Méry, si devant le tribunal », a indiqué au Le 14 décembre 1999, le tribunal de Xavière Tiberi de celui des autres elle met gravement en cause M. Chi- 22 septembre). Depuis l’annula- bre, d’un article invoquant la res- Monde son défenseur, Me Rodolphe correctionnel d’Evry avait épargné prévenus : outre M. Dugoin, qui rac, l’exclut pour sa part de toute tion, le 10 octobre, des poursuites ponsabilité de M. Chirac lui-même Bosselut, concédant que le scénario Mme Tiberi, au terme d’une série s’était vu infliger 18 mois de prison responsabilité dans le « système » engagées par le juge Halphen con- dans l’attribution de la « mission » avancé par Le Canard enchaîné ne d’audiences contrastées, au cours ferme et trois ans d’inéligibilité, l’an- dénoncé. tre les anciens ministres (RPR) de Mme Tiberi au conseil général de coïncidait pas avec la version de desquelles la réalité de sa mission cien vice-président (RPR) du con- Michel Roussin et Robert Pan- l’Essonne. Citant d’« anciens colla- l’ancien président du conseil géné- pour le conseil général de l’Esson- seil général des Hauts-de-Seine « UNE LOGIQUE DE VÉRITÉ » draud, M. Tiberi reste pourtant le borateurs de M. Chirac à la mairie », ral de l’Essonne. Mme Tiberi, elle, ne, en 1994 – qui avait donné lieu à Alain Aubert et le journaliste-humo- Le nom de l’actuel maire de Paris seul politique mis en examen dans l’hebdomadaire relatait une scène pourrait refuser de répondre à de la rédaction de son célèbre « rap- riste Bruno Tellenne, ex-collabora- n’est cité qu’une fois dans le docu- cette procédure. Le dépit que lui remontant à 1993, au cours de nouvelles questions sur son fameux port » sur la francophonie – avait teur de Charles Pasqua, avaient éga- ment, en termes particulièrement cause cette situation, qu’il qualifie laquelle le futur président aurait « rapport », dont elle avait, l’année été très nettement battue en brè- lement été condamnés à des peines vagues : « Je vous passe sur les volontiers d’« injustice », pourrait ordonné à son chef de cabinet de dernière, revendiqué la rédaction. che. Les magistrats avaient suivi les d’emprisonnement ferme. détails d’entente et mésentente avec « augmenter son amertume », suggé- « faire quelque chose » pour que « J’avais souhaité travailler, avait- conclusions de ses défenseurs, esti- Si les débats devant la juridiction Jean Tiberi, expliquait le promoteur raient certains de ses proches à la Mme Tiberi obtienne un salaire. L’en- elle assuré, car je faisais du terrain mant que la relance de l’enquête, d’appel s’annonçaient conformes à devant la caméra, parce que Tiberi veille du procès en appel. tourage de M. Chirac a aussitôt et je voulais me montrer à moi-même après une première annulation de ce qu’ils avaient été devant le tribu- se prenait pour le seul maître à pen- A ce message implicite au chef de attribué à son successeur à l’Hôtel que je pouvais faire autre chose. » la procédure en 1997, était irréguliè- nal, le contexte – politique et judi- ser du RPR au logement. Bon, l’Etat s’est ajoutée la parution, dans de ville la responsabilité de cet arti- re dès lors qu’elle était intervenue ciaire – a sensiblement évolué, passons là-dessus… » (Le Monde du le Canard enchaîné du 1er novem- cle – d’ailleurs intitulé « Tiberi Hervé Gattegno Au parquet d’Evry, la « promotion » controversée du procureur Dujardin L’Elysée redoute les réactions QUATRE ANS après, l’« affaire L’origine de ce différend remon- M. Dujardin, quitte à entraver le Laurent Davenas au poste qu’il bri- Tiberi » continue de hanter le tri- te au 6 novembre 1996. Profitant fonctionnement d’un parquet guait – avocat général à la Cour de d’un homme qui « n’a plus rien à perdre » bunal d’Evry (Essonne) comme des vacances du procureur Dave- pourtant surchargé. Ces dysfonc- cassation – et Hubert Dujardin à une vieille malédiction. Le procu- nas, son adjoint avait délibéré- tionnements ayant conduit Elisa- celui d’avocat général à la cour LONGTEMPS, Jacques Chirac a Du coup, chaque signe, ou pire, reur de la République, Laurent ment contrevenu à ses instruc- beth Guigou à dépêcher l’IGSJ au d’appel de Versailles. Ces deux pro- cru pouvoir arranger les choses. A chaque absence de signe, vient Davenas, et son adjoint, Hubert tions en ouvrant une information tribunal d’Evry, les inspecteurs ont positions, qui s’apparentent à des ses proches, à ses conseillers, à tous dégrader un peu plus la relation Dujardin, qui s’étaient publique- judiciaire contre « Xavière Tiberi conclu que « le principe hiérarchi- « mutations dans l’intérêt du servi- ceux qui voulaient en finir au plus entre M. Chirac et M. Tiberi. Le chef ment opposés sur le traitement de et tous autres » au sujet du que au sein du parquet » était « gra- ce », doivent recueillir l’assenti- vite avec les Tiberi, organiser le de l’Etat était invité, dimanche ce dossier, sont à couteaux tirés. fameux « rapport » de l’épouse vement mis en cause ». Considé- ment du CSM. lâchage politique du couple et éloi- 5 novembre, par M. Tiberi, à l’inau- Dans un rapport daté du mois de du maire de Paris. Cette initiative rant que M. Dujardin avait man- Sans attendre, M. Dujardin a gner ainsi le spectre des affaires de guration du parc « Yitzak Rabin »,à janvier 1999, l’inspection générale avait provoqué la panique au som- qué « aux devoirs de son état de toutefois protesté contre ce qu’il la mairie de Paris, le président n’op- Bercy, en présence de Shimon des services judiciaires (IGSJ) a met de l’Etat : le ministre de la jus- magistrat », ils lui reprochaient, qualifie de « sanction disciplinaire posait qu’un seul souci : « Il ne faut Pérès ? Il n’y a envoyé, au dernier stigmatisé les « relations conflictuel- tice de l’époque, Jacques Toubon pêle-mêle, des « atteintes au princi- déguisée » et a obtenu le soutien pas humilier Jean. » Le chef de l’Etat moment, que son directeur de cabi- les qui existent entre [les deux (RPR), était allé jusqu’à affré- pe hiérarchique », un « manque de du Syndicat de la magistrature a donc accompli ces petits gestes net, Bertrand Landrieu, à la grande magistrats], estimant qu’elles ter – en vain – un hélicoptère délicatesse », un défaut de loyauté (SM, gauche) qui, invoquant l’épi- psychologiques censés contenir la exaspération du maire. M. Tiberi a « perturbent sensiblement la bonne dans l’Himalaya, où se trouvait et une violation du secret profes- sode de l’hélicoptère, a déploré, colère d’un maire qui n’a jamais ces- réclamé un rendez-vous à l’Elysée ? marche du service » au parquet M. Davenas, pour que celui-ci sionnel. « Le comportement de dans un communiqué daté du sé de faire savoir qu’il n’accepterait Il n’a pas encore obtenu de réponse, d’Evry. Pour trouver une issue, la puisse rapporter la décision de M. Dujardin paraît devoir être sou- 18 octobre, que Mme Guigou « achè- pas de payer pour les fautes des l’Elysée ne sachant plus ce qu’il y a chancellerie a décidé la mutation son collaborateur. mis à l’appréciation du Conseil supé- ve les basses œuvres entamées par autres. « Jean » a donc eu droit aux de pire : recevoir M. Tiberi ou des deux hommes – avec un avan- L’épisode a laissé des traces : les rieur de la magistrature », con- son prédécesseur Jacques Toubon et rendez-vous du dimanche à l’Ely- l’éviter. cement à la clé pour chacun d’eux. poursuites engagées contre cluait le rapport. place le respect de la hiérarchie sée, aux coups de fil personnels, aux Mais M. Dujardin refuse par avan- Mme Tiberi ont été par deux fois au-dessus des exigences d’une jus- apartés devant les photographes. MENACE DE LETTRE OUVERTE ce sa promotion comme avocat annulées pour vice de forme, en PAS DE POURSUITES DISCIPLINAIRES tice impartiale ». Puis, il n’a plus eu droit à rien du Il paraît difficile, pourtant, d’en général à la cour d’appel de Ver- juillet 1997 puis en décembre 1999. Ignorant cette recommanda- M. Dujardin a indiqué au Monde tout. Le président s’est lassé des allu- rester là. Car M. Tiberi est sailles (Yvelines) – si elle devait Furieux d’avoir été trahi par son tion, l’ancienne ministre de la jus- qu’« à deux ans de la retraite », il sions de Xavière, et ses proches aujourd’hui dans l’état d’esprit de être approuvée par le Conseil supé- adjoint – et de passer, implicite- tice n’avait engagé aucune poursui- n’avait « plus rien à perdre ni à l’ont convaincu qu’il avait tout à per- celui qui « n’a plus rien à perdre, rieur de la magistrature (CSM) – et ment, pour un « étouffeur » d’af- te disciplinaire. A quelques jours gagner ». Le procureur adjoint per- dre à paraître protéger les Tiberi. c’est-à-dire dans l’état d’esprit le plus s’oppose désormais au cabinet de faires – M. Davenas a retiré une de son départ de la Place Vendô- siste à refuser toute promotion Claude Chirac, soucieuse de l’image dangereux », reconnaît un très pro- la garde des sceaux. bonne partie de ses compétences à me, elle a, au contraire, proposé « tant que la chancellerie ne se sera présidentielle, a éliminé peu à peu che de M. Chirac. Les Tiberistes pas engagée, par écrit, à ne pas [le] toutes les occasions d’apparaître font d’ailleurs savoir que si « Jean » poursuivre disciplinairement ». aux côtés du couple. Le secrétaire n’obtient pas de rendez-vous à l’Ely- « Depuis que le gouvernement s’est général, Dominique de Villepin, sée, alors « Jean » téléphonera lui- engagé à ne plus donner d’instruc- s’est chargé de balayer d’un revers même au président, avant la fin de tions individuelles aux parquets, la de main, auprès de la presse notam- la semaine. Et si « on ne le prend pas chancellerie menace régulièrement ment, toutes les menaces distillées au téléphone », alors « Jean » publie- les magistrats de poursuites discipli- par les proches du maire sur les con- ra une lettre ouverte dans laquelle naires », assure M. Dujardin, séquences, pour M. Chirac, d’un « il expliquera pourquoi il ne veut demandant au ministère de « clari- abandon politique et judiciaire de pas porter le chapeau des affaires fier sa position, en précisant si oui son successeur à la mairie de Paris : d’HLM et d’emplois fictifs ». Dès cet- ou non, [son] dossier relève du disci- « Si Tiberi avait quelque chose à dire te semaine, les deux hommes doi- plinaire ». sur les affaires, cela se saurait ! », vent se rencontrer lors de l’inaugu- Au ministère de la justice, l’arri- disait-il. ration, jeudi, de la statue du général vée de Marylise Lebranchu n’a pas Seulement les Tiberi sont tou- de Gaulle, au bas des Champs-Ely- fait varier l’analyse du dossier. La jours là. Et l’équipe présidentielle ne sées. promotion offerte au procureur sait plus trop quelle stratégie adop- M. Tiberi est aussi résolu à faire adjoint récalcitrant atteste que ce ter. Pris entre les dirigeants du RPR, parvenir à Pierre Lellouche, ancien dernier n’est pas menacé de pour- agitant la menace d’un échec de la conseiller international de M. Chi- suites, expliquent les conseillers droite à Paris, et sa volonté de ne rac à la mairie, une lettre lui récla- de la ministre, écartant l’hypothè- pas pousser « Jean » dans un com- mant le remboursement des aides se d’un « engagement écrit » tel bat vengeur, M. Chirac a hésité, ten- matérielles dont il avait alors bénéfi- que l’exige M. Dujardin. L’entoura- té de convaincre le RPR de ne pas cié. Michèle Alliot-Marie, qui utilisa ge de la nouvelle ministre ne exclure M. Tiberi puis, finalement, aussi pendant quelques années cache pas son agacement face à laissé faire. Entendant « l’exclu » – bien avant de devenir la présiden- l’attitude du magistrat et se dit assurer sur tous les médias qu’il n’ac- te du RPR qui a exclu M. Tiberi – décidé à « faire en sorte que le par- cepterait pas d’être un « bouc émis- une voiture de la mairie, devrait éga- quet d’Evry retrouve sa sérénité ». saire », il lui a cependant envoyé lement recevoir la même demande. Si M. Dujardin refuse de rejoindre son conseiller, Jérôme Monod. Celui- Le maire, qui se révèle dans l’adver- le poste auquel il pourrait être ci a reçu M. Tiberi, le 24 octobre, à sité bien plus coriace et politique nommé, rappelle-t-on Place son domicile pour s’enquérir de son que ses anciens amis avaient pu le Vendôme, il s’exposera, cette fois, état d’esprit et l’assurer de l’estime croire, sait bien que l’Elysée verra là à de probables sanctions discipli- que lui garde le chef de l’Etat. « Mais les avertissements d’un homme qui naires. on n’a plus besoin de calinothéra- refuse de perdre seul. pie », assure Jean-François Probst, Cécile Prieur conseiller politique du maire. Raphaëlle Bacqué SOCIÉTÉ b LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 / 13

Vingt-trois ans après la disparition de l’héritière Des chercheurs établissent du Palais de la Méditerranée, l’enquête est relancée un lien entre un pesticide L’alibi du principal suspect s’est effondré et la réouverture de la procédure criminelle a été requise et la maladie de Parkinson Depuis octobre 1977, Agnès Le Roux, fille de la sur cette énigme criminelle vient d’être relancée disparition. Le rebondissement est consécutif au propriétaire d’un important casino niçois, le par le parquet général d’Aix-en-Provence, qui a revirement d’un témoin essentiel qui fut, com- Palais de la Méditerranée, a disparu. L’enquête requis une réouverture de la procédure sur cette me la disparue, la maîtresse d’un avocat niçois. Une étude expérimentale menée sur des rats

NICE l’autre enquête, destinée à faire la l’absence d’Agnès Le Roux, absen- tion jusqu’en 1979. Interrogé récem- PRÉSENTÉS, lundi 6 novembre, gnée par voie médicamenteuse ou de notre envoyé spécial lumière sur la disparition d’Agnès ce dont, toujours selon le juge, «il ment par Nice-Matin, il reconnaît lors d’une réunion de la société chirurgicale (Le Monde du 3 avril). « J’ai menti » : le 11 juin 1999, à Le Roux. Le 27 ou 28 octobre 1977, était le seul à avoir intérêt » qu’elle toutefois qu’il a peut-être été victi- américaine des neurosciences orga- L’administration du pesticide Nice, dans le cabinet de la juge celle-ci quitte Nice au volant de sa se pérennise. me de « pesanteurs sociologiques » : nisée à La Nouvelle Orléans, les chez les rats, expliquent les cher- d’instruction Anne Vella, Françoise Range Rover et ne réapparaîtra Mais M. Agnelet a un alibi : le « S’il s’était agi d’un petit employé de résultats d’une étude expérimenta- cheurs américains, a justement Lausseure, une femme élégante de plus jamais. En mars 1978, une week-end tragique, il était à Genè- bureau, je l’aurais peut-être placé le menée chez le rat établissent un provoqué une dégénérescence des cinquante-neuf ans, qui s’est pré- enquête est ouverte, sur plainte de ve en compagnie de son autre maî- sous mandat de dépôt. A l’époque, il lien entre l’exposition à un pestici- neurones sécréteurs de dopamine, sentée spontanément, avoue. Elle Renée Le Roux, qui ne croit plus à tresse, Françoise Lausseure. Celle- était difficile d’incarcérer un avocat de très largement employé et les comme chez les malades. Les scien- reconnaît avoir fourni un faux alibi une fugue de sa fille. Un rapport de ci persiste et signe. Les enquêteurs ayant pignon sur rue. » A propos symptômes de la maladie de Par- tifiques ont également observé la à Jean-Maurice Agnelet, principal l’inspecteur divisionnaire Christian ne vérifient pas ses dires. Personne d’Agnès Le Roux, il ajoute ce com- kinson. Ces travaux, menés par formation de structures pathologi- suspect dans la disparition d’Agnès Noguera, chargé de l’enquête poli- ne prend ainsi le temps de se ren- mentaire désarmant : « On sait une équipe du département de ques (ou corps de Lewy) similaires Le Roux, cohéritière du Palais de la cière, éliminera d’ailleurs très vite dre à Genève pour consulter le désormais qu’elle a été assassinée. » neurologie de l’université Emory à celles qui caractérisent la mala- Méditerranée, que personne n’a cette hypothèse, comme celles d’un registre de l’Hôtel de la Paix, où les d’Atlanta, dirigée par le docteur die humaine. revue depuis le week-end de la « suicide réussi » ou d’une « machi- deux amants sont censés avoir pas- MACABRE MANIPULATION J. Timothy Greenamyre, seront Toussaint 1977. Vingt-trois ans nation permettant à Renée Le Roux sé la nuit. Bien des années plus Dans ses déclarations de 1999, publiés dans le numéro de décem- PERTURBATIONS ENZYMATIQUES après les faits, cette déposition ou à Jean-Dominique Fratoni de con- tard, un détective privé, au service Françoise Lausseure n’a pas seule- bre du mensuel Nature Neuroscien- « Ces résultats montrent qu’une relance une affaire que beaucoup server la direction du Palais de la de Renée Le Roux, pourra consta- ment fait tomber l’alibi de ce. L’expérience a consisté à injec- exposition chronique à un insectici- estimaient, et souhaitaient, être à Méditerranée ». Reste la quatrième ter que le nom d’Agnelet ne figure M. Agnelet. Elle a aussi évoqué, le ter à des rats, par voie intraveineu- de ordinaire peut reproduire les jamais oubliée. Si bien que le par- solution : « l’élimination physique ». pas sur ce fameux registre. Les poli- 11 juin 1999, devant le juge d’ins- se et durant plusieurs semaines, caractéristiques anatomiques, neu- quet général d’Aix-en-Provence a « Ce qui conduit tout naturellement ciers sont maintenant accusés truction, la possibilité d’une maca- un pesticide organique – la roténo- rochimiques et neuropathologiques dernièrement requis une réouver- vers le véritable bénéficiaire de cette d’avoir saboté l’enquête. « Pas du bre manipulation, « un pacte de sui- ne – utilisé notamment en agricul- de la maladie », expliquent-ils. Cet- ture de la procédure criminelle sur disparition : Jean-Maurice Agnelet, tout, s’insurge Michel Laffargue, cide, conclu entre Agnelet et Agnès ture pour ses propriétés insectici- te expérience fait suite à l’observa- la disparition d’Agnès Le Roux. qui s’est trouvé à la tête d’une for- aujourd’hui commandant en retrai- Le Roux » – une hypothèse déjà des dans les vergers et sur certains tion, au début des années 80, de Belle fille fantasque, née en sep- tune. » « Sans aller jusqu’à supposer te. L’affaire a été sabotée à l’instruc- évoquée par le juge d’instruction animaux. La roténone est commer- cas de Parkinson apparus brutale- tembre 1948, Agnès Le Roux a com- qu’il ait pu supprimer sa maîtresse, tion. » « Le premier juge d’instruc- Richard Bouazis. « Ces juges, aurait cialisée sous de nombreuses mar- ment chez des toxicomanes qui mencé à faire parler d’elle le 30 juin poursuit le policier, il est permis de tion a traîné les pieds et le second a dit à cette époque Agnelet à sa maî- ques comme Green Cross Warble avaient utilisé par voie injectable 1977 en votant contre sa mère, penser qu’il a favorisé sa fin ou qu’il miné le dossier », ajoute-t-il. tresse, ils ont des idées qui pour- Powder, Fish Tox ou Rotacide. de l’héroïne contaminée par une Renée Le Roux, lors d’une réunion y a assisté. » A l’appui de ses dires, le policier raient tomber juste ! » Commen- Les chercheurs américains expli- substance dénommée méthyl-phé- du conseil d’administration du détaille l’épisode suivant, relatif à taire de Françoise Lausseure : « S’il quent avoir observé l’apparition nyl-tétrahydropyridine (MPTP). Il Palais de la Méditerranée, l’un des ATTITUDE ÉTRANGE DE M. AGNELET une lettre d’adieu de la main y a eu pacte de suicide, je pense que chez ces rats de symptômes neuro- est aujourd’hui établi que les fleurons de la promenade des Les présomptions se multiplient. d’Agnès Le Roux. L’original de ce c’était une trappe pour Agnès, qui logiques similaires à ceux observés lésions dues au MPTP sont la con- Anglais et un des plus beaux casi- L’étrange attitude de M. Agnelet document est d’abord saisi chez la avait déjà attenté à ses jours. En chez les personnes atteintes de la séquence directe d’une altération nos du monde. En fait, elle a vendu lors d’une tentative de suicide jeune femme : « Désolée, mon che- revanche, Agnelet était trop bien maladie de Parkinson. Cette mala- des mécanismes enzymatiques, son vote à Jean-Dominique Fra- d’Agnès Le Roux en octobre 1977 min est fini, je m’arrête là. Agnès. Je accroché à la vie pour que je puisse die neurodégénérative, qui touche organites intracellulaires indispen- toni, propriétaire du Ruhl, le casino est ainsi signalée par un arrêt, qui veux que ce soit Maurice qui s’occu- imaginer une seconde qu’il ait pu plus de 1 % de la population âgée sables à la production d’énergie. concurrent, qui veut bâtir un empi- restera sans suite, de la chambre pe de tout. » Puis une photocopie envisager de se suicider. » de plus de soixante ans, se caracté- La roténone, comme de nom- re des jeux afin, notamment, soup- d’accusation de la cour d’appel du courrier est découverte au Ces éléments sont-ils suffisants rise par l’association de différents breux autres pesticides, a pour pro- çonnait-on localement, de blanchir d’Aix-en-Provence. Averti, l’avocat, bureau de l’avocat. « Lors d’une per- pour permettre la réouverture troubles (tremblements, rigidité, priété de provoquer les mêmes per- l’argent sale. L’intermédiaire est « après avoir fait montre d’un déta- quisition à son cabinet, nous tom- d’une instruction ? Me Christian Boi- difficultés à effectuer certains mou- turbations enzymatiques qui con- l’amant d’Agnès Le Roux, un sédui- chement manifeste, avisera néan- bons sur [ce] document particulière- tel, l’avocat de Renée Le Roux, sem- vements). Elle est la conséquence duisent à l’accumulation de radi- sant avocat de trente-neuf ans, moins, mais tardivement, les sapeurs- ment compromettant pour Agnelet, ble en être persuadé, même si les de lésions spécifiques du système caux libres, composés hautement Jean-Maurice Agnelet, qui sera char- pompiers, sans leur indiquer l’adres- peut-être la pièce à conviction numé- avis juridiques divergent, compte nerveux central dans une région toxiques pour les cellules. Si elle gé de la transaction et, en fin de se exacte et sans préciser qu’il dis- ro un. Il chancelle, devient tout gris. tenu notamment de la prescription. cérébrale où les neurones sécrè- ne permet pas de conclure que la compte, subtilisera à sa maîtresse pose d’un jeu de clefs, faisant perdre Je me dis : “Ça y est, il s’écroule.” Du Panama, où il vit maintenant, tent de la dopamine. Si l’on a réus- maladie de Parkinson (ou les les 3 millions de francs (de l’épo- au secours des instants précieux ». Nous lui demandons : “Qu’avez vous M. Agnelet a fait savoir, par l’inter- si à comprendre certains des méca- tableaux cliniques qui s’en rappro- que) donnés par Fratoni. Le 30 septembre 1985, après de mul- fait d’Agnès Le Roux ?”, il répond : médiaire de son avocat, Me Fran- nismes physiopathologiques à l’ori- chent) sont directement dus à la M. Agnelet, radié du barreau de tiples péripéties juridiques, le magis- “Je ne l’ai pas tuée.” Le bâtonnier de çois Saint-Pierre, qu’il répondrait à gine des symptômes de cette mala- roténone, cette étude soulève Nice, sera condamné, le 13 novem- trat instructeur du tribunal de gran- l’ordre des avocats, qui l’assistait, toute convocation du juge. Saisie die, on ne connaît toujours pas les immanquablement une série de bre 1986, à trente mois d’emprison- de instance de Nice rend une ordon- nous a alors interrompus et le juge par le parquet général, la cour d’ap- raisons qui font que, chez les mala- questions sur l’usage qui peut être nement, dont six avec sursis, pour nance de non-lieu au bénéfice de d’instruction a obtempéré. Lorsque, pel d’Aix-en-Provence doit se pro- des, cette région du cerveau bapti- fait de ce produit, ainsi, plus géné- ce délit. De l’avis unanime, l’enquê- Jean-Maurice Agnelet. «Il est en plus tard, il a revu Agnelet, celui-ci noncer dans les prochaines semai- sée locus niger (ou substantia ralement, que sur les effets d’expo- te diligentée pour mettre au jour toute hypothèse acquis, écrit pour- s’était repris. » nes sur la réouverture d’une affaire nigra) voit apparaître une série de sitions faibles mais prolongées à les circuits financiers complexes de tant le juge, que seul Jean-Maurice « J’ai fait correctement mon tra- assoupie depuis près d’un quart de lésions dégénératives très spécifi- ce type de substance sur l’organis- l’opération a été menée de main de Agnelet a, dès le début de novembre vail. J’ai poussé Agnelet dans ses der- siècle. ques, avec perte de certains neuro- me humain. maître. 1977, agi comme quelqu’un de con- niers retranchements », rétorque nes (dits dopaminergiques). La On ne peut en dire autant de vaincu du caractère définitif » de Richard Bouazis, chargé de l’instruc- José-Alain Fralon maladie de Parkinson peut être soi- Jean-Yves Nau

DÉPÊCHES Renée Le Roux, une mère acharnée à retrouver les traces de sa fille a « VACHE FOLLE » : la France doit se préparer au retrait des fari- nes animales dans l’alimentation des animaux d’élevage, selon Jean Gla- NICE devient avocat et, recommandé par un ami Le Roux met toute son énergie – et elle en a –, vany, ministre de l’agriculture, interrogé, dimanche 5 novembre, sur Fran- de notre envoyé spécial commun, rencontre donc Renée Le Roux. Elle tout son argent – elle en a encore – au service ce 3. « Les Anglais l’ont fait, les Suisses y songent et nous y songeons, a-t-il « Agnelet a développé contre elle une haine qui l’engage comme avocat. « Très vite, ajou- d’une seule question : « Qu’est devenue ma indiqué. Interdire les farines animales nous simplifierait la vie. Même si ce n’a d’égale que celle qu’elle a nourrie contre te-t-elle, j’ai compris qu’il avait des vues sur le fille ? » Usant une bonne dizaine d’avocats, fai- n’est pas forcément une question de sécurité alimentaire, ça éliminera les lui », dit Françoise Lausseure quand elle évo- Palais. Il m’a d’ailleurs officiellement demandé sant appel aux services de détectives privés, fraudes. » que les relations entre son ancien amant, Jean- de l’engager à plein temps. J’ai refusé et il n’a pas engrangeant 15 600 fiches sur son ordinateur, a FAITS DIVERS : un randonneur à raquettes a trouvé la mort, Maurice Agnelet, et Renée Le Roux. Ces deux du tout apprécié. » elle ne baisse jamais les bras. « Renée, c’est Termi- dimanche 5 novembre, dans le massif du Pelvoux (Hautes-Alpes). La victi- personnalités se sont croisées en 1968. Renée nator », plaisante un de ses amis. me, âgée d’une cinquantaine d’années, redescendait du sommet de la Le Roux, la cinquantaine élégante, a perdu son OPPOSITION DE STYLES Jean-Maurice Agnelet a un tout autre style. Sa Blanche lorsqu’elle a déclenché sur son passage une avalanche. mari l’année précédente. D’origine basque, cet « Jean-Maurice faisait la cour à Mme Le Roux force, c’est d’abord sa capacité de séduire. a Un enfant d’une douzaine d’années, qui accompagnait son père à ancien mannequin-vedette de Balenciaga, vir- dans l’intention de devenir directeur, a raconté « Agnelet ? un mélange de force mentale, de perver- une battue de chasse, a été mortellement blessé d’un coup de fusil, tuose de violon à ses heures, décide de repren- récemment Françoise Lausseure à la juge d’ins- sité et de séduction », affirme ainsi un avocat samedi 4 novembre, à Ornon, près de Bourg-d’Oisans (Isère). L’auteur du dre les affaires familiales et se trouve ainsi à la truction chargée du dossier, Anne Vella. Il s’est niçois. « Un serpent, avec des yeux de magnéti- coup de feu a été placé en garde à vue puis libéré samedi soir. Il devrait tête du Palais de la Méditerranée. même posé la question d’engager avec elle une rela- seur », ajoute un policier. Ce voyage au bout de la être convoqué ultérieurement devant la justice. Né en février 1938 à Monaco dans une tion intime. » Il séduira la fille, Agnès. « Je le savais haine, ce duel commencé il y a près de trente ans, a Un homme, âgé de vingt-cinq ans, a été tué de sept coups de cou- famille de commerçants, Jean-Maurice Agnelet et je ne peux pas dire que j’en étais contente », com- est-il en train de trouver son aboutissement ? teau, dimanche 5 novembre, à la sortie d’une discothèque de Nîmes a eu, si l’on en croit Françoise Lausseure, « une mente Renée Le Roux. La disparition d’Agnès, fin (Gard) pour avoir refusé de donner une cigarette. Un ami de la victime a enfance difficile, faite d’humiliations ».Il octobre 1977, va exacerber leurs relations. Renée J.-A. F. aussi été blessé à la clavicule et a dû être hospitalisé. L’agresseur est parve- nu à prendre la fuite. a Deux personnes sont mortes dans un accident d’hélicoptère, dimanche 5 novembre, dans le sud de l’île de la Réunion. L’appareil a Faible mobilisation pour la manifestation en faveur des détenus explosé en vol après avoir heurté le câble d’un monte-charge. a Une prostituée a été griève- AUX CRIS de « Videz, videz les l’assocation Ban public pour demi d’incarcération, est plus pes- très enrichissant pour les uns et les ment blessée dans la nuit du prisons » ou « Prisons, une seule l’information sur les prisons bran- simiste. « Il y a beaucoup de autres. Ça pourrait peut-être samedi 4 au dimanche 5 novem- solution, la démolition », quelques dissaient des pancartes réclamant paroles en l’air, et peu d’actes, rien permettre aux politiques de prendre bre après avoir été jetée d’une voi- centaines de personnes « l’abolition des quartiers discipli- de concret de la part des politiques. conscience que c’est toujours les ture sur le boulevard périphérique – 350 selon la police – ont défilé, naires », « l’application du droit en C’est la sensation qu’ont tous les mêmes qu’on trouve derrière les de Paris, vers la porte de La Villet- samedi 4 novembre à Paris, entre prison » ou la fin de « la double détenus. » barreaux, les chômeurs et les te. Agée de vingt ans, la jeune fem- Sèvres-Babylone et Denfert- peine », qui autorise l’expulsion RMistes. » me, de nationalité sierra-léonaise, Rochereau. Emmenés par l’asso- des détenus étrangers à leur sortie « LES MINISTRES À LA SANTÉ » Dans le cortège, émergent çà et a sombré dans le coma. Son ou ses ciation Act-Up, qui revendique, de prison. A quelques mètres, Bernard ne là des noms de personnes incarcé- agresseurs n’ont pas été retrouvés. notamment, la libération des déte- « C’est la première fois depuis dit pas autre chose. Il s’est confec- rées : Yves Peyrat, détenu aux a JUSTICE : le tribunal correc- nus séropositifs, des militants du trente ans qu’une manifestation est tionné une pancarte : « Les tau- Baumettes, à Marseille, pour des tionnel de Lyon a condamné, ven- Mouvement de l’immigration et organisée pour les détenus, a expli- lards à l’Elysée, les ministres à la dégradations sur des locaux du dredi 3 novembre, à quatre mois des banlieues (MIB), de l’Action qué Stany, qui milite à Act-Up. Santé », parce que, explique-t-il Front national, mais aussi Eric de prison ferme un jeune homme des chrétiens pour l’abolition de Depuis le début de l’année, il y a avec humour, « ça m’a paru être Minetto, incarcéré depuis vingt de dix-neuf ans qui avait inscrit, le la torture (ACAT) ou de une forme d’ébullition sur la prison. un bon programme ». « Ce serait ans pour un braquage et deux 11 octobre, des « tags » antisémi- Il fallait passer du débat à l’action, meurtres. Ce détenu, qui demande tes sur plusieurs bâtiments du dans la rue, au plus proche des pri- en vain sa libération conditionnel- 8e arrondissement de la ville. sonniers. » « Il ne faut pas relâcher le depuis cinq ans, est en grève de a RELIGION : Louis-Marie Billé, la pression sur les politiques, a ren- la faim depuis le 28 septembre. président de la conférence des chéri Nicole, de Ras-les-Murs, une « Révoltée », sa femme, Jeanne- évêques, a estimé, samedi émission de Radio libertaire sur la Marie, est venue manifester pour 4 novembre, en ouvrant l’assem- prison. Dans leur rapport sur la « ne pas attendre en silence que les blée annuelle des évêques à Lour- prison, les parlementaires préconi- politiques prennent des décisions ». des, qu’une « sorte d’antichristia- sent des solutions simples, comme « Cela ne sert à rien de garder mon nisme » se développait en France. l’abaissement du maximum de mari plus longtemps en prison, si ce L’archevêque de Lyon a souligné jours autorisés au mitard ou la télé n’est pour le casser encore plus. Il que « le christianisme en général, gratuite. Il faut mettre tout cela en avait vingt ans quand il a été arrêté, et (…) l’Eglise catholique en particu- place rapidement, pour montrer il en a quarante et un aujourd’hui, lier », étaient de plus en plus vécus aux détenus qu’il y a une réelle il a payé : qu’on le laisse vivre, « comme une réalité sinon margina- volonté de changer les choses. » qu’on nous laisse vivre, enfin ! » le, en tout cas de plus en plus incon- Ramon, qui est sorti de prison il grue ». y a quatre mois, après sept ans et Cécile Prieur LeMonde Job: WMQ0711--0014-0 WAS LMQ0711-14 Op.: XX Rev.: 06-11-00 T.: 10:46 S.: 111,06-Cmp.:06,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0398 Lcp: 700 CMYK

14 RÉGIONS LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 Le Cotentin face à la menace diffuse du « Ievoli-Sun » Six jours après le naufrage du chimiquier, les traces de pollution sont faibles ou inexistantes, mais les conditions météo n’ont toujours pas permis d’intervenir sur l’épave. Troublées par les polémiques sur l’usine nucléaire de la Hague, les populations ont un nouveau sujet d’inquiétude CHERBOURG tuelle de détecter des mines. faire du surplace. Or, pour l’heure, risques sanitaires sur les produits En réalité, c’est du matériel plus oiseaux fraîchement mazoutés sur de notre envoyé spécial D’autre part, la présence de haus- il n’est pas question d’approcher de la mer : des coquillages ou des performant encore qui sera utilisé la plage d’Urville-Nacqueville, Le Ievoli-Sun n’est pas le Titanic, sières, utilisées pour le remor- de trop près le lieu du naufrage, la poissons contaminés seraient pes- pour l’indispensable reconnais- proche de Cherbourg. Le grand et le premier film sous-marin tour- quage, a empêché une reconnais- rupture brutale des cuves pleines tilentiels. sance de l’épave, dès que les condi- cormoran et le fou de Bassan, vic- né autour de l’épave du chimiquier sance de la proue, logiquement de styrène n’étant pas exclue. Ain- L’implication, dans des condi- tions météorologiques le permet- times de la folie des hommes, ne italien qui coulé le 31 octobre au très endommagée. si, samedi après-midi, le patrouil- tions de courtoisie et de transpa- tront. En effet, l’amiral Laurent préfigurent cependant pas forcé- large du Cotentin est loin de crever La faillibilité du PAP fait enrager leur L’Iris, avec à bord des person- rence, des militants écologistes aux Mérer, préfet maritime, ayant ment une nouvelle hécatombe. De l’écran. Lumière glauque, images les militants de Greenpeace, qui nels de la sécurité civile et trois côtés des affaires maritimes, avait adressé une mise en demeure à même, après quelques égarements, brouillées, si la vidéo présentée par ont présenté, samedi 4 novembre, militants de Greenpeace, est pru- d’avance fait grincer René Hébert, l’armateur italien Marnavi SPA les navires qui empruntent les rail la préfecture maritime de Cher- le robot cinéaste dont ils demment resté à 2 miles nautiques maire de Biville, petite commune – qui doit être reçu, mercredi, par bourg permet de déchiffrer avec disposent, qui ne coûte que de la zone sensible pour effectuer proche de la Hague, qui considé- Jean-Claude Gayssot – pour que certitude le nom du naufragé, il a 800 000 francs, et dont ils offrent le des prélèvements, qui se sont révé- rait le possible partenariat des éco- « l’épave et sa cargaison ne consti- Au Cross-Jobourg, fallu l’œil des experts pour affirmer service aux autorités. Le Remote lés négatifs. logistes honnis comme « un coup tuent pas un danger, avant le 23 no- que l’arrière du bâtiment et sa Control Vessel (ROV) pourrait se de poignard ». En s’en remettant à vembre », celui-ci a laissé le soin à les gardiens de la mer quille – les seules parties exami- mouvoir horizontalement et verti- « COUP DE POIGNARD » la sagesse de la marine nationale la marine nationale de désigner un nées jusqu’ici – sont « intègres ». calement autour de l’épave et en- La faible odeur de styrène – elle pour déterminer si les moyens prestataire de service. Ainsi, c’est le A l’ouest de Cherbourg, sur la L’explication de la médiocrité du registrer des images éclairantes. ressemble à celle du vernis à ba- techniques de Greenpeace pou- Northern-Prince, appartenant à la pointe de la Hague, au Centre document est à la fois simple et Seul inconvénient, reconnaît Bru- teau – perçue alors n’a rien d’in- vaient être utilisés ou non, Lionel société britannique Marr Vessel régional opérationnel de sur- double. D’une part, le Poisson au- no Rebelle, directeur exécutif de quiétant, puisqu’elle anticipe de Jospin avait indiqué que, dans l’af- Management Limited, qui devrait, veillance et de sauvetage (Cross- topropulsé (PAP) utilisé par le Greenpeace-France, le ROV doit très loin tout danger de toxicité. firmative, il trouverait cette coopé- dès lundi, se tenir prêt à intervenir Jobourg), les hommes et les chasseur de mines La Céphée ne être mis en œuvre à la verticale du Cette même odeur écarte a priori, ration « excellente » pour faire évo- avec des moyens techniques ap- femmes, derrière leurs écrans- peut opérer qu’à une profondeur site, depuis un bâtiment à posi- selon l’Agence française de sûreté luer l’état d’esprit, accentuer la propriés. Il pourrait être secondé radars et leurs ordinateurs, font constante, et a pour mission habi- tionnement dynamique – qui peut sanitaire des aliments (Afssa), les transparence et l’objectivité. par le navire antipollution alle- preuve d’une impressionnante mand Neuwerk (Le Monde daté sérénité. A leurs pieds, les fa- 5-6 novembre), qui a mouillé dans laises du Nez de Jobourg, les la rade de Cherbourg dès di- plus hautes d’Europe, les cou- manche après-midi. rants les plus forts du monde « Horsain » du Cotentin, Gilles Perrault saisit l’angoisse des « gens d’ici » (après ceux du cap Horn) et un SAINTE-MARIE-DU-MONT tion dans la vie locale n’empêche toujours pas lectif local, Les mères en colère, signale que l’in- DÉGAZAGES SAUVAGES ? panorama à couper le souffle, de notre envoyé spécial d’être perçu comme un « horsain » (un homme quiétude existe face au nucléaire et que des Travaillée par une menace dif- que les grains cinglants et les A Sainte-Marie-du-Mont, le naufrage du Ie- venu de l’au-delà de la commune ou, pour les Cotentinais en ont assez de ne plus être « sire fuse et impalpable pouvant surgir brusques trouées de lumière voli-Sun navre des cœurs déjà bien esquintés esprits larges, du canton) par les habitants du de sei », maîtres chez eux. des fonds marins, la pointe du Co- métamorphosent d’une heure à par les fléaux de la modernité. « Après le nu- bourg. Puis vint la « vache folle ». Dans ce pays aux tentin fait un peu songer au Rivage l’autre. Les fantômes de Guer- cléaire et la vache folle, l’histoire du chimiquier, Pour les gens d’ici, la méfiance paraît une se- prairies vert humide, des troupeaux ont dû des Syrtes. A la surface, le calme, nesey et de Jersey émergent à c’est la cerise sur le gâteau », raconte Gilles Per- conde nature. Leur assure-t-on que la situation être abattus. « Pendant les années 60, l’élevage précédant une tempête annoncée, peine du lointain, mais l’on dis- rault, installé depuis quarante ans dans cette est contrôlée, que la pollution chimique était une civilisation qui faisait notre orgueil, se prévaut. Durant le week-end d’at- tingue jusqu’aux maisons de la commune de huit cents habitants auxquels il a semble écartée ? Ils en ont trop vu, trop enten- souvient Gilles Perrault. Là où le père s’ingé- tente, des nappes irisées ont été re- petite île anglo-normande d’Au- consacré un livre, Les Gens d’ici (Ramsay, 1981). du pour y croire. Ainsi, pour le nucléaire, «la niait à améliorer son bétail inscrit au Herd Book pérées ici ou là, mais rien ne per- rigny — 5 kilomètres sur 2 et En faction derrière sa fenêtre, couvrant du re- Cogema nous a pris pour des crétins pendant des par de savants croisements et une sélection des met de dire si ces épanchements 2 300 habitants —, distante de gard la place ronde du bourg, l’écrivain saisit décennies, avec sa culture du secret et du mé- prairies, le fils reçoit d’une société étrangère des d’hydrocarbure proviennent du Ie- quelque 6 kilomètres. Avec de les peurs et les rumeurs du bocage face aux pris », commente Gilles Perrault. Depuis veaux parqués sous un hangar aux stalles voli-Sun ou d’autres navires qui au- puissantes jumelles de marine, « forces maléfiques » qui s’abattent sur ce coin 1966, l’usine de la Hague retraite des combus- étroites, puis doit les engraisser avec de la nour- raient profité des temps chahutés on peut voir sur zone l’aviso La- perdu du Cotentin. tibles radioactifs à une trentaine de kilomètres riture livrée par cette société ». Sur sa vitrine, pour procéder à des dégazages vallée, qui a relevé le Céphée « Prions, becquerels, et maintenant styrène... de Sainte-Marie-du-Mont. Mais chacun a même le boucher du village a conscience des sauvages. « Il faudrait que ces salo- pour assurer la « police de On entend brusquement des mots vitaux, qu’on trouvé « bizarre » que, certains jours, les bi- abus de la productivité. A la peinture blanche, pards soient menacés de la confisca- proximité », et le navire britan- ignorait la veille et auxquels on ne comprend dons de lait des éleveurs du canton de La il précise que la génisse proposée à la vente tion de leur navire et de peines de nique baliseur Mermaid. rien », témoigne l’homme de lettres. A l’en Hague fussent rachetés à très bon prix par la provient de tel éleveur réputé de la contrée. prison », tempêtait un pêcheur croire, la presqu’île était encore arrimée dans Cogema. Pour l’écrivain, cette dernière reste Les sujets d’inquiétude n’ont pas fini d’agiter cherbourgeois. les années 60 « aux techniques et aux cultures « le marquis de Carabas » du département, qui le pays : deux des quatre titres barrant la une Samedi, des militants d’associa- des Casquets, momentanément du XIXe siècle ». Le traumatisme a été à l’échelle fournit nombre d’emplois, inonde d’argent les du magazine La Manche libre du 5 novembre tions écologistes, qui sont venus en déplacés, obtempèrent aux injonc- des calamités imposées de l’extérieur. « On n’a communes des environs et pratique un mécé- – « La Manche sacrifiée » (pollution chimique) nombre à Cherbourg (WWF, tions répétées et passent au large aucune prise sur des phénomènes qui sont venus nat débridé auprès des clubs sportifs ou des et « Vache folle. Cri d’alarme » – leur étaient Manche Nature, Bretagne vivante, du point névralgique. Jusque-là, bouleverser nos existences. On a cessé d’être des associations culturelles. A la différence de leurs consacrés. groupe ornithologique normand, tout va bien.... sujets de notre propre histoire. Le moral est at- voisins bretons, les Normands n’ont pas eu etc.) et mettent en place un réseau teint », observe celui qu’une patiente implica- leur Plogoff. Mais la création récente d’un col- Erich Inciyan de surveillance, ont récupéré deux Robert Belleret Le lieu du naufrage crée un écheveau juridique difficile à démêler LES EXPERTS de la chancellerie interminables, jamais résolus, au cutifs à des déversements de ces la côte concernée et de ses res- mettrait de renouveler plus d’un est qu’à la constitution de groupes et du Quai d’Orsay ont travaillé fond, entre Paris, Londres et les produits sont applicables, à suppo- sources peut être entachée. tiers de la flotte mondiale de pétro- de travail prévue en... juin 2001) ou pendant le week-end à essayer de autorités de Guernesey ou de Jer- ser, bien sûr, qu’une pollution, Au plan international, la France liers d’ici à 2005 et deux tiers d’ici à de la qualification et des condi- demêler l’écheveau juridique créé sey, très sourcilleuses et sévères même minime, apparaisse. La pol- va essayer, d’ici à la fin de l’année, 2010 ». Le signalement obligatoire tions de travail des marins. Prési- par le naufrage du Ievoli-Sun : le lorsque des chalutiers normands lution pourrait aussi être le fait du de pousser les feux pour faire des navires qui pénètrent dans le dente du Parlement européen, Ni- navire italien, chargé de produits ou bretons empiètent, même invo- fioul de propulsion ou du gazole adopter, par ses partenaires de rail des Casquets, au large du Co- cole Fontaine, dans un entretien appartenant à l’anglo-néerlandais lontairement, sur les limites. de l’épave. Les parquets de Cher- l’UE et de la communauté interna- tentin, sera effectif en juillet 2001, accordé au Parisien Dimanche, re- Shell et à l’américain Exxon Mobil, bourg, Coutances, Avranches, tionale, des mesures de nature à ce qui permettra un suivi précis de grette aussi que, lors des dis- a fait naufrage dans les eaux sous UN DÉRIVÉ D’HYDROCARBURE Saint-Malo ou Saint-Brieuc, selon renforcer la sécurité maritime, sur tous les bateaux qui circulent en cussions à Bruxelles, « les Anglais juridiction du Royaume-Uni, au Or, à ce jour, aucune pollution l’endroit du dommage, seraient la base des trois mémorandums Manche depuis le Pas-de-Calais manifestent presque automatique- large de l’île anglo-normande significative n’est venue souiller les alors compétents. déposés par Paris en février et d’un jusqu’à Ouessant. ment leur frilosité dès qu’ils en- d’Aurigny, mais les autorités mari- eaux ou le littoral français. La Mais les procédures et l’instruc- « paquet » de propositions de la tendent parler d’une réforme » et times britanniques ont délégué la question se pose donc de savoir tion pourraient, par commodité, Commission en date du 21 mars. Il LA « FRILOSITÉ » DES ANGLAIS que « la puissance des armateurs majeure partie de leurs compé- sur quelles bases juridiques les comme dans le cas de l’Erika, dont s’agit essentiellement du calen- En revanche, dans certains do- grecs se ressente dans nos dis- tences à la France, notamment parquets ou les victimes poten- le naufrage avait eu lieu en haute drier et des modalités d’élimina- maines pourtant essentiels, les cussions ». pour traiter l’épave et lutter contre tielles de pollutions pourront mer, être centralisées au tribunal tion des pétroliers anciens à simple choses traînent. Il en va ainsi du Enfin, la France fait preuve de d’éventuelles pollutions. L’ac- s’appuyer, avant de lancer des de grande instance de Paris. Les coque. Adoptés par les Quinze à relèvement du plafond d’indemni- réticences sur deux questions im- cident a eu lieu, en outre, en de- actions pénales ou civiles et procédures civiles apparaissent en- l’unanimité, ils devraient pouvoir sation du Fipol – de 1,2 milliard de portantes : la création d’une hors de la zone économique exclu- réclamer réparation. On précise core plus difficiles à ouvrir, car il être avalisés par le comité de la francs aujourd’hui à 1,8 en 2003, Agence européenne de sécurité sive française. Autour des îles cependant dans l’entourage de faut que soit constaté un préju- protection du milieu marin de l’Or- mais la France demande 6 mil- maritime dotée de réels pouvoirs anglo-normandes (qui bénéficient Marylise Lebranchu que le styrène dice, même indirect. Le fait que ganisation maritime internationale liards –, de la responsabilité des et la création d’un corps de gardes- d’un statut spécial, en dehors de est officiellement considéré l’Etat ait dû mettre en œuvre des (OMI) en avril 2001, pour entrer en opérateurs (affréteurs, compa- côtes européen, à l’image des puis- l’Union européenne), la démarca- comme un dérivé d’hydrocarbure : moyens navals importants peut vigueur en 2003. gnies pétrolières ou pétro- sants coast guards américains. tion des zones de pêche respec- par conséquent, les textes pénaux être considéré, cependant, comme Selon Jean-Claude Gayssot, mi- chimiques, assureurs) et pas seule- tives donne lieu à des contentieux applicables aux dommages consé- un préjudice, car la réputation de nistre des transports, « cela per- ment des armateurs (mais on n’en François Grosrichard LeMonde Job: WMQ0711--0016-0 WAS LMQ0711-16 Op.: XX Rev.: 06-11-00 T.: 11:14 S.: 111,06-Cmp.:06,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0399 Lcp: 700 CMYK

16 / LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 ¼ CARNET

DISPARITIONS AU CARNET DU « MONDE » –Mme Estelle Faingold, Conférences Colloques son épouse, Décès Michel et Maryvonne Faingold, – Les Jeunes Européens, branche jeune – La revue Passages et l’Association Nadine Faingold, du Mouvement européen, vous des amis de Passages-ADAPes organisent Isabelle et Jean-Louis Duhamel, invitent, dans le cadre du dialogue sur le 9 novembre 2000, à l’Ecole normale ses enfants, l’Europe, organisé à l’initiative de la supérieure, un colloque intitulé : « Freud Bernard Kruysen Commission européenne, à une et le génie européen. » – Lyon. Paris. Rennes. Anne et Stanislas Brachet, Charlotte, Samuel, Laure, Stéphanie, conférence sur le thème : « Réformer Intervenants : Dominique Lecourt, l’Europe. » Bernard et Elisabeth Basset, ses petits-enfants, Fernando Arrabal, Geneviève Fraisse, Un grand interprète de mélodies françaises Interviendront : Pierre Moscovici, Julia Kristeva, Jean-Pierre Faye, Maurice- François et Albine Arthaud, ont la tristesse de faire part du décès de ministre délégué chargé des affaires Claire Basset, européennes ; Michel Barnier, commis- Ruben Hayoun, Claude Dumézil, Jean LE BARYTON néerlandais Ber- Pierre Bernac, le créateur de tant ses enfants, M. Georges FAINGOLD, saire européen chargé de la politique ré- Clair, Blandine Kriegel, Alain Prochiantz, nard Kruysen est mort subite- de mélodies de Francis Poulenc. Christophe et Stéphanie Basset, ingénieur E.C.P., gionale et ad personam de la conférence Nicole-Maya Malet, Charles Melman, ment, lundi 30 octobre, à son do- Poulenc le considérera rapidement Raphaël Basset, officier des Palmes académiques, intergouvernementale ; Giorgio Hervé Le Bras, Antoine Culioli et Emile Malet. micile de Ryswyk, aux Pays-Bas. Il comme l’un des successeurs de Laurent, Régis, Philippe, Cyril et chevalier dans l’ordre national Napolitano, président de la commission du Mérite, des Affaires constitutionnelles du Inscriptions obligatoires. était âgé de soixante-sept ans. De- Bernac, qui s’était alors retiré de Céline, Corinne et Hélène Arthaud, ses petits-enfants, Parlement européen. Tél. : 01-45-86-30-02. puis peu, il avait dû ralentir les ac- l’estrade de concert, et accompa- Auguste Basset, survenu le 31 octobre 2000, à l’âge de Mardi 7 novembre 2000, 18 h 30, grand Fax : 01-44-23-98-24. amphithéâtre de la Sorbonne, 47, rue e.mail : [email protected] tivités de chasse sous-marine aux- gnera le jeune chanteur en récital, son arrière-petit-fils, quatre-vingt-treize ans. des Ecoles, Paris-5e. Entrée libre. quelles il tenait tant, à part notamment au Festival de Men- me presque égale avec la musique. ton, le 31 juillet 1962, dans des mé- M. et M Anthelme Perrin, Il a fait don de son corps à la science. – La revue Passages et l’Association Mme Marc Millon, Alliance israélite universelle des amis de Passages-ADAPes avec le Vainqueur de nombreux cham- lodies de Claude Debussy me M Gabriel Perrin, 37, boulevard Jean-Jaurès, CONFÉRENCE-DÉBAT soutien du Fonds d’action sociale (FAS), pionnats, il adorait la plongée au – concert enregistré alors par la son frère, sa sœur et ses belles-sœurs, 92100 Boulogne. le mercredi 8 novembre 2000, organisent le 14 novembre 2000, à la Mai- point de réaliser des films suba- radio nationale et dont une partie à 20 heures, son de l’Amérique latine, un colloque quatiques et de construire lui- a été retranscrite sur disque- ont la tristesse de faire part du décès de à l’établissement scolaire Georges-Leven, intitulé : « L’apport démographique – Périgueux. Aix-en-Provence. Paris. e même ses équipements. Il avait compact. Bernard Kruysen sera 30, boulevard Carnot, Paris-12 de l’immigration. » L’ADOLESCENCE : Intervenants : Hélène d’Almeida décidé d’ailleurs d’illustrer la po- aussi l’élève de Noémie Perugia, Mme Charles BASSET, Gilberte Gascou, CRISE OU RECONSTRUCTION ? Topor, Nadir Boumaza, Catherine chette d’un de ses disques consa- une interprète aujourd’hui ou- née Catherine PERRIN, sa grand-mère, avec les docteurs Lechevalier et Vincent, Borrel, Shérif El Shoubaschy, François cré à Jean-Sébastien Bach par une bliée, mais qui était fameuse aux Jacques Gascou et Simone Klinger, psychiatres, psychanalystes, Heran, Stéphane Hessel, Hervé Le Bras, ses parents, et le docteur Aldo Naouri, Claude Tapia, Catherine Wihtol de photo de lui-même en tenue de Pays-Bas pour des concerts don- Anne Gascou, plongée ! nés en compagnie de la pianiste et endormie dans la paix du Seigneur, le pédiatre, Wenden et Emile Malet. 4 novembre 2000, dans sa quatre-vingt- sa sœur, spécialiste des relations intrafamiliales. Inscriptions obligatoires. Né le 28 mars 1933 à Montreux compositrice Henriette Bosmans dix-neuvième année. ont la douleur de faire part du décès de La conférence sera animée par Tél. : 01-45-86-30-02. (Suisse), Bernard Kruysen a passé (1895-1952), laquelle a d’ailleurs Mme Hélène Trigano, Fax : 01-44-23-98-24. une partie de sa jeunesse dans le écrit de nombreuses mélodies en La cérémonie religieuse sera célébrée François GASCOU, psychologue. e.mail : [email protected] sud de la France. Il devait en gar- français qu’a souvent chantées le mercredi 8 novembre, à 14 h 30, en Entrée libre. l’église de l’Immaculée-Conception, à à l’âge de trente-deux ans, après une der une connaissance intime de la Kruysen. Renseignements et réservation Caluire-et-Cuire (Rhône). courte et cruelle maladie. à l’établissement Georges-Leven, Séminaires langue française, qu’il adorait, En 1961, Bernard Kruysen rem- 30, boulevard Carnot, 75012 Paris. parlait couramment et chantait porte le Grand Prix du disque de Albine et François Arthaud, Ses obsèques ont eu lieu au cimetière Tél. : 01-44-73-80-60 COLLÈGE INTERNATIONAL sans accent, ainsi qu’en té- l’Académie du disque français pour 43, avenue Général-de-Gaulle, d’Aix-en-Provence. DE PHILOSOPHIE moignent ses nombreux disques un enregistrement de mélodies de 69300 Caluire-et-Cuire. Conférence LES CONFÉRENCES DU SALON Agnès Rouveret: « Problèmes de la consacrés à la mélodie française. Claude Debussy, enregistrées en – Henri Jacques-Félix, DE LA COPROPRIÉTÉ – Saint-Maur-des-Fossés. Fournaudin son époux, couleur dans la peinture antique ». Même s’il a chanté à l’Opéra, sa compagnie du pianiste Jean-Charles Jeudi 16 novembre 2000 16 novembre, 18 h 30-22 heures, réputation tenait surtout à ses Richard. Beaucoup saluent chez le (Yonne). Muguette Jacques-Félix-Guedj, sa fille, – Les comptes de la copropriété ; amphi Poincaré, Carré des sciences, 1, rue concerts d’oratorio (aux Pays-Bas, baryton la simplicité d’approche de Mme Jacques Berlot, Son gendre et ses petits-enfants, – La copropriété de demain ; Descartes, Paris. il était reconnu comme un grand ce répertoire, longtemps chanté de son épouse, ont la tristesse de faire part du décès – Sachez lire un contrat de syndic ; Séminaires Christ des Passions de Bach) et à manière affectée et salonnarde. Ces Le docteur Nicole Berlot, survenu le 3 novembre 2000, de – Le nouveau protocole ravalement élargi Maria Letizia Cravetto : « Précarité et ses récitals. Dans ce dernier do- mêmes qualités s’appliqueront sa sœur, aux travaux d’entretien ; me exclusion : éléments pour des conclu- maine, s’il chanta et enregistra bientôt à un disque de mélodies de Sa famille et ses proches, M Micheline JACQUES-FÉLIX, – L’aggravation des charges par les sions provisoires ». ont la douleur de faire part du décès de impayés. aussi bien Franz Schubert, Robert Francis Poulenc qu’Erato n’a mal- née GODFROY, 9 et 23 novembre, 7 et 21 décembre, docteur ès sciences, Pour obtenir une invitation gratuite aux 20 heures-22 heures, amphi A, Carré des Schumann que Modeste Mous- heureusement pas réédité sur M. Jacques BERLOT, ancienne vice-présidente conférences du Salon de la copropriété sciences, 1, rue Descartes, Paris. sorgsky, Bernard Kruysen de- disque-compact, pas plus que l’al- de la Société mycologique de France. (du 16 au 18 novembre), Paris Expo, porte meure identifié au répertoire fran- bum Debussy. Au cours des années survenu le 27 octobre 2000. de Versailles, hall 4-3, adressez votre Antonia Soulez : « Le “voir” des phi- losophes ». çais, qu’il plaçait au-dessus de suivantes, avec le pianiste Noël Lee, Cet avis tient lieu de faire-part. demande à : Les obsèques religieuses ont eu lieu 14 et 21 novembre, 12 décembre, 9 et tout. Rien ne lui faisait plus plaisir Bernard Kruysen enregistre de SQUAD international, dans la plus stricte intimité, le 31 octobre, Muguette Jacques-Félix-Guedj, 17, rue de Choiseul, 30 janvier, 18 h 30-20 h 30, amphi que de prononcer son nom à la nombreux disques pour Valois, le en l’église de Fournaudin (Yonne). 12, rue Pasteur, 75002 Paris. Stourdzé, Carré des sciences, 1, rue française – « Kruisen » plutôt que label de Michel Bernstein : Claudio 94500 Champigny. Téléphonez au : 01-47-42-79-09. Descartes, Paris. « Kreuisen » – et que d’être assi- Monteverdi, Robert Schumann, Ga- 99, rue Ledru-Rollin, Jean-Godefroy Bidima : « Identités et milé à un chanteur français. briel Fauré, Maurice Ravel, Claude 94100 Saint-Maur-des-Fosés. altérité : réceptions et transformations 11, rue du Port, – Philippe Manin, España y Francia : Après avoir étudié les arts gra- Debussy de nouveau et surtout une de la philosophie africaine ». 89320 Fournaudin. son fils, del Siglo de Oro al Grand Siècle. 14, 17, 21, 24 et 28 novembre, phiques – il était fils et petit-fils légendaire intégrale des mélodies Aleth Manin, (L’Espagne et la France : 1er décembre, 20 h 30-22 heures, salle d’artistes-peintres, et l’un de ses d’Henri Duparc. sa belle-fille, du siècle d’Or au Grand Siècle). RC2, université Paris-VII - Denis- fils est sculpteur –, Bernard Kruy- – Avignon, le 29 octobre 2000. Frédéric et Valéry, Cycle de cinq conférences Diderot, 2, place Jussieu, Paris. ses petits-fils, du 13 novembre au 11 décembre 2000 sen fait son apprentissage vocal PRÉCISION ET ÉMOTION L’Association Jean Vilar a la grande ont la tristesse de faire part du décès de à l’Instituto Cervantes, Eric Lecerf : « La réduction du temps aux Pays-Bas. Grâce à une bourse, Commentant dans Le Figaro un peine d’annoncer la mort de dirigé par Bernard Vincent (EHESS) de travail. Entre droit à il vient à Paris travailler avec récital donné à Aix-en-Provence Mme Thérèse MANIN, et José Javier Ruiz l’oisiveté et partage de la nécessité ». 1975, Bernard Gavoty rappelait : «Il Patrick CROS, (université de Murcia). 8 et 22 novembre, 13 décembre, 17 jan- est peu de voix aussi intelligemment survenu le 3 novembre 2000, à l’âge de vier, 18 heures-20 heures, amphi A, Carré qui a, pendant vingt ans, voué son grand quatre-vingt-six ans. b 13 novembre, à 19 h : des sciences, 1, rue Descartes, a LEONARDO BENVENUTI, scé- émouvantes que celle du baryton hol- talent, sa créativité et son imagination à la « Les Bourbons en Espagne et en France. Paris. nariste italien, est mort vendredi landais. Son enregistrement des scénographie des expositions de la 17, rue de Babylone, Louis XIV fut-il un roi espagnol ? » (F). 3 novembre à l’âge de soixante- treize Mélodies de Duparc est une Maison Jean-Vilar. 75007 Paris. Jean-Frédéric Schaub (EHESS). Pascal Michon : « Sujet et discours b 20 novembre, à 19 h : chez Michel Foucault ». dix-sept ans des suites d’une crise pièce de collection. Jamais au monde « Súbditos entre dos reyes : las fronteras 8 et 22 novembre, 6 et 20 décembre, cardiaque à l’hôpital San Giacomo je n’ai entendu Extase comme par – Mme René-Albert Djeribi, – Mme Jean Morel, entre la monarquía española y Francia » (E). 17 janvier, 18 heures-20 heures, amphi B, de Rome. Sa carrière, littéralement lui. Ni très puissante ni très étendue, son épouse, son épouse, José Javier Ruiz (Universidad de Murcia). Carré des sciences, 1, rue Descartes, titanesque – plus d’une centaine de sa voix est parfois victime de défail- Najia, Nathalie Morel et Luc Koschnitzki, b 27 novembre, à 19 h : Paris. films en cinquante ans –, offre une lances imprévues ; il arrive qu’elle sa fille, Catherine et Patrick Coupé, « La France castillane : la littérature entre Espagne et France aux XVIe et XVIIe Dominique Flament et Jean-Jacques Jean-Gérard, Sophie Carbonnier-Morel, Szczeciniarz : « Mathématiques, image assez fidèle de l’évolution du s’évanouisse pour renaître l’instant son fils, ses enfants, siècles » (F). Roger Chartier (EHESS). comique cinématographique ita- d’après. » b 4 décembre, à 19 h : physique, philosophie: les Ses petits-enfants et arrière-petits- Et toute la famille, nombres complexes (II) ». lien. Ces défaillances sont probable- enfants, ont la douleur de faire part du décès de « La imagen de España y los Españoles en Francia » (E). Ricardo García Cárcel 14 et 28 novembre, 12 décembre, 9 et Né à Florence en 1923, Leonardo ment dues au caractère entier, gé- Les familles parentes et alliées, 23 janvier, 18 heures-20 heures, salle 215, ont la douleur de faire part du décès de M. Jean MOREL, (Universidad de Barcelona). Benvenuti débute dès la fin des an- néreux et passionné de Bernard b 11 décembre, à 19 h : Maison des sciences de l’homme, 54, boulevard Raspail, Paris. nées 40 aux côtés du réalisateur Kruysen, lequel ne s’« économi- M. René-Albert DJERIBI, survenu le 4 novembre 2000, dans sa « La práctica del gobierno. Guerra y Carlo Borghesio pour lequel il va sait » en rien ; très vite la voix per- quatre-vingtième année. arbitrios : enajenaciones del patrimonio L’accès à toutes les activités du écrire une série de films interprétés dra un peu de l’extraordinaire quali- survenu le 3 novembre 2000, à l’âge de real en España y Francia durante los Collège est libre et gratuit (dans la par le comique piémontais Maca- té de ses débuts : l’aigu sera moins quatre-vingt-neuf ans. Les obsèques seront célébrées en la siglos XVI y XVII » (E). limite des places disponibles). chapelle du cimetière du Père-Lachaise, Alberto Marcos Martín (Universidad de Renseignements sur salles, rio. Il entame en 1953 une collabo- assuré et l’émission aura tendance à Les obsèques civiles auront lieu le Paris-20e, le mercredi 8 novembre, Valladolid). répondeur : 01.44.41.46.85. Autres mardi 7 novembre, à 14 heures, en ration fructueuse avec son être parfois un peu basse sur les à 10 h 30. renseignements : 01.44.41.46.80. compère Piero De Bernardi, en nuances piano. Mais le timbre ex- la salle de cérémonie du centre Auditorium de l’Instituto Cervantes funéraire intercommunal de La 62, avenue Aristide-Briand, de Paris, compagnie duquel il signera désor- traordinaire, le moelleux de la voix, Tronche. 92120 Montrouge. 7, rue Quentin-Bauchart, Cours mais la plupart de ses scénarios. la virilité du ton, la précision natu- 75008 Paris. Davantage qu’à la série des Don relle de la diction et l’émotion pu- Ni fleurs ni plaques, des dons Tél. : 01-47-20-70-79. Camillo, les principaux titres de dique de l’interprétation resteront pourront être adressés à la recherche Métro : George-V. médicale. DÉCOUVREZ gloire de Benvenuti sont associés pour beaucoup un modèle absolu Louis-Jacques RONDELEUX, Entrée libre. aux noms d’Alberto Lattuada dans le domaine de la mélodie Cet avis tient lieu de faire-part. chanteur classique, L’INFORMATIQUE (Guendalina, 1957), Vittorio De Si- française. professeur au Conservatoire national – Conférences de l’Etoile : À DOMICILE Résidence Saint-Mury, d’art dramatique, e ca (Mariage à l’italienne, 1964), Pie- Le Condillac, Sept questions pour le XXI siècle. tro Germi (Serafino, 1968), Mario Renaud Machart 38240 Meylan. nous a quittés le jeudi 2 novembre 2000. ALDISA, premier organisme Monicelli (Mes chers amis, 1975) ou Sept conférences, sept jeudis de suite à de formation à domicile, Dino Risi (La Chambre de l’évêque, Une cérémonie religieuse aura lieu le 20 h 30, au temple protestant de l’Etoile, 54, avenue de la Grande-Armée, Paris-17e. 1977). On lui doit également le scé- mardi 7 novembre, à 15 heures, en a Configure votre ordinateur, – Conférences introduites par le pasteur nario d’une des rares incursions de l’église Notre-Dame-du-Perpétuel-Se- a Vous aide dans sa prise en cours, 55, boulevard de Ménilmontant, Alain Houziaux. Entrée libre. Libre parti- main, René Clément dans la comédie sa- 75011 Paris, métro Père-Lachaise. cipation aux frais. a tirique, avec Quelle joie de vivre Au sommaire b Demain, quelles nouvelles techniques ? Vous forme sur les principaux (1961). Les années 80 signent ce- L’inhumation aura lieu au cimetière du Pour quel progrès ? Le 9 novembre, avec logiciels, pendant l’inéluctable déclin du du numéro Montparnasse. Jacques Attali, Thierry Gaudin, Nicolas a Vous initie à l’Internet. Prantzos. genre (Mes chers amis 1 et 2), avant 11, cité du Labyrinthe, b Quel avenir pour le christianisme ? Le qu’il ne cosigne, en 1984, le scéna- de novembre 75020 Paris. 16 novembre, avec Claude Geffré, Marcel rio d’Il était une fois en Amérique de Gauchet, Danièle Hervieu-Léger. Sergio Leone. b Demain, pourrons-nous fabriquer la Anniversaires de décès vie ? Le 23 novembre, avec Jean-Claude a KLEMENT LUKES, ex-dissident Guillebaud, Albert Jacquard, Axel Kahn. PRÉSENT SUR TOUTE LA FRANCE – « Pourquoi faut-il que le sens b La mondialisation sera-t-elle forcément anticommuniste tchèque, est mort de la vie n’apparaisse jamais Pour convenir d’un rendez-vous Dossier : malheureuse ? Le 30 novembre, avec contactez vite le jeudi 2 novembre jour de son pendant la vie ? » Michel Albert, Michel Camdessus, Jean- soixante-quatorzième anniver- Luc Mouton. 01-46-67-18-90 saire. Lors de la fête nationale du Le vrai prix de l’école Le 7 novembre 1999, b Demain, y aura-t-il une nouvelle guerre mondiale ? Le 7 décembre, avec Philippe 28 octobre, le président Vaclav Ha- L’argent de l’éducation. Alexandra LOPEZ y LASO, vel, dont il fut un proche, lui avait Delmas, Philippe Engelhard, général Eric Simplifiez-vous l’hébreu ! née LORIN de REURE, de la Maisonneuve. Institut Aleph : Tél. : 01-43-43-99-81. remis l’ordre du Mérite. Aveugle, ● Entretien avec Mireille Delmas-Marty. b Demain, quels risques écologiques (HTTP://members.spree.com/education/ ce géographe fut parmi les pre- disparaissait tragiquement avec sa pour notre planète ? Le 14 décembre, avec benaudis) miers signataires de la Charte 77 et ● Exclusif : les familles dépensent plus pour les deuxième fille, Robert Barbault, Hubert Reeves, Paul Va- l’un des intermédiaires privilégiés ladier. études des garçons. Chloé, b Quel avenir pour les idéaux démocra- Soutenances de thèse des journalistes occidentaux en re- tiques ? Le 21 décembre, avec Jean Bau- – Dorothée Kohler a soutenu, le portage dans l’ex-Tchécoslovaquie ● qu’elle allait mettre au monde. berot, Alain Duhamel, Jean-François normalisée. Financement des ZEP : le mensonge. Kahn. 13 octobre 2000, à l’université Paris-I - Ses très proches n’oublieront jamais. Panthéon-Sorbonne, sa thèse de Né en 1926 en Moravie, Klement ● La vache folle oubliée des programmes doctorat en géographie intitulée : «La Lukes avait reçu une formation de Communications diverses Stahlstadt. Les villes de l’acier en vannier et de facteur de piano scolaires. Avis de messe Allemagne : empreinte et matrice avant d’étudier à l’Université. En – Mardi 7 novembre, à 20 h 30 : «La du triptyque Etat-sidérurgie-ville. L’exemple de Duisbourg et 1961, il fut incarcéré par les auto- ● Diwan : l’accord historique. – Que tous ceux qui ont témoigné leur mort n’est pas un destin ; l’immortalité sympathie à l’occasion du décès de d’Eisenhüttenstadt ». rités et exclu du Parti communiste. demain ? », table ronde avec Claude Co- Le jury, composé du directeur de thèse ● hen-Boulakia, docteur en philosophie, J. Malézieux (université Paris-I) ; du pré- Sans procès, il fut interdit d’activité Quels journaux lisent les enfants ? Jean GALLOT André Klarsfeld, neurobiologiste, cher- Chez votre sident P. Veltz (ENPC) ; des rapporteurs intellectuelle et de séjour à Prague. cheur au CNRS, Frédéric Revah, neuro- M. Grésillon (université du Maine) et Depuis la chute du communisme, marchand soient ici remerciés. biologiste, Institut Pasteur, Samuel Tri- de journaux K.R. Kunzmann (université de Dort- Klement Lukes collaborait avec gano, professeur à l’université mund), et de F. Damette (université Une messe sera célèbrée en sa mémoire une fondation d’aide aux handica- e Paris-X - Nanterre. P.A.F. Centre Paris-I) et J.-M. Holz (université de Le magazine des enseignants qui avancent 30 F - 4,57 le mercredi 8 novembre, à 12 heures, en communautaire de Paris. Renseigne- Perpignan), lui a décerné la mention pés fondée par Olga Havel, la pre- l’église Saint-Thomas-d’Aquin, place ments : 01-53-20-52-52, 119, rue Très Honorable avec félicitations à mière épouse du président. Saint-Thomas-d’Aquin, Paris-7e. La Fayette, Paris-10e, métro Poissonnière. l’unanimité. LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 / 17 HORIZONS ENQUÊTE On a crié « Mort aux juifs » à Strasbourg

E traumatisme re- monte au 7 octobre. Liliane n’est pas près de l’oublier. Elle se promenait en ville, ce samedi, quand sa voiture s’est trouvée blo- quée près du Con- seil de l’Europe. « Il y avait des gens Lqui manifestaient. Je suis descendue de voiture pour voir ce qui se pas- sait. Je ne comprenais pas leurs slogans, mais j’entendais le mot “juifs” qui revenait sans cesse. Plus tard, j’ai su qu’ils avaient crié “Mort aux juifs” pendant toute la manifes- tation. » Comme pour beaucoup d’autres juifs qui flânaient ce jour- là sur la place Kléber ou le long de l’allée de la Robertsau, le choc a été rude. « C’était la première fois depuis la guerre qu’on criait “Mort aux juifs” dans les rues de Stras- bourg. Et personne n’a réagi. Moi- même, j’aurais dû aller chez les flics. Je n’ai rien fait, j’étais abasour- die. » Liliane a perdu onze membres de sa famille dans les camps d’extermination. « Com- ment a-t-on pu laisser faire ça ? », répète-t-elle sans comprendre. La manifestation était organisée par un obscur Parti des musul- mans de France, dirigé par Moha- med-Nasser Latreche. Dans les rangs, des barbus et des femmes voilées, des musulmans venus d’Allemagne, assure un témoin. Un détail revient sans cesse dans les récits : « Ils avaient placé les enfants et les femmes au premier rang. Exactement comme dans les territoires. » Une phrase si souvent entendue et déclinée sur tous les tons : « Pourquoi mettent-ils les enfants devant ? » Elle est lancée par cette femme brune d’une soixantaine d’années qui vient chercher son cise-t-elle). Elle estime qu’«ilne obligé de s’affirmer. L’école publi- plus. Que voulez-vous, on s’embour- Façade de la synagogue petit-fils à la sortie du jardin d’en- Incendie, faut surtout pas transposer ici ce qui que permet aussi de jeter un pont geoise tous ! » Quand il parle d’Is- de la Paix, inaugurée fants, au centre communautaire se passe là-bas. L’antisémitisme a entre les religions. Un enfant qui raël, Arnaud Spielmann dit son en 1958, symbole juif. Son mari la tire par la man- manifestation toujours existé en France. Et il vient fréquente seulement l’école juive ne « malaise », en tirant sur sa pipe. de la communauté juive che : « Viens, on rentre à la mai- d’être relancé par quelques indivi- rencontrera pas un chrétien avant « J’ai toujours été favorable à un de Strasbourg. son… – Laisse-moi. Il faut que les et graffitis dus. » Elle reconnaît que sa rela- l’université. » Elle effleure des Etat palestinien. Mais je suis moins journalistes entendent la vérité. Les tion avec certains jeunes musul- doigts un petit livre des psaumes qu’avant sur une ligne “La paix médias déforment les faits et pren- antisémites mans a changé : « Il faut s’expli- en hébreu, posé sur la table. maintenant ”. Ce que je crains par- nent parti pour les Arabes. Vous quer. Un soupçon pèse sur nous, « Aujourd’hui, les jeunes, c’est tout dessus tout, c’est qu’on dresse des devant la synagogue et s’est arrêté savez, nous avons quitté l’Algérie en à Strasbourg. entretenu par les médias. » Mais ou rien, il n’y a plus de juste milieu. murs, des ghettos, ici et en Israël. » devant la boulangerie incendiée. 1962 et nous avons tout perdu. crier « Israël assassin », est-ce de Presque tous ceux de ma famille La manifestation, qui devait avoir Vous, vous n’avez pas vécu avec les Début octobre, l’antisémitisme ? « Oui, répondent sont partis en Israël. La plupart font E chef d’entreprise n’appar- lieu le samedi, avait été repoussée Arabes, vous ne pouvez pas com- les trois jeunes sans hésitation. leur alya [leur émigration en Is- tient pas à la communauté. au lundi à cause du shabbat. Mais prendre. Nous, on les connaît. C’est la flambée Dans une manifestation comme cel- raël] pour des raisons religieuses. » CIl n’est « ni religieux, ni le rabbin n’est pas venu. « Vous pour ça qu’on a peur. En Algérie, le du 7 octobre, où l’on a promené Son regard se fait lointain. «On croyant » et sa femme n’est pas jui- comprenez, il est âgé, il a peur », des gens se font égorger tous les de violence des banderoles avec une étoile de a crié “Mort aux juifs” dans les rues ve. « Je comprends que ceux qui ont explique un responsable de la jours. Personne n’en parle ! Nous, David associée à une croix gammée, de Paris et de Strasbourg. J’ai eu vécu la Shoah puissent avoir un dis- communauté. nous n’utilisons pas nos enfants a traumatisé c’est une façon détournée de crier mal au ventre, en tant que profes- cours de protection. C’est normal. Je Stella a grandi dans le quartier et comme boucliers humains ! » “sales juifs”. » seur d’histoire juive… Finalement, connais des gens qui vivent à Stras- milité à SOS-Racisme. Son père est Le centre communautaire joux- et rassemblé Nathalie, Sarah et Ilan ont tous nous sommes plus proches des bourg et qui n’ont jamais eu la force un juif italo-tunisien, une « grande te la synagogue de la Paix. Une des parents et des amis en Israël. musulmans que des catholiques, ce de mettre les pieds en Allemagne, à gueule » qui vote communiste et construction moderne et imposan- la communauté Gilbert Roos, le représentant local qui n’est « pas du tout religieux ». te, en lisière du parc du Contades. du CRIF (Conseil représentatif des « Même au sein des familles juives, Inaugurée en 1958, elle symbolise juive institutions juives de France), fait « Les juifs intégrés à la communauté les divisions sont très grandes, expli- à elle seule la renaissance du ce constat : « Presque tous les juifs que-t-elle. Il y a eu des discussions judaïsme alsacien, après la secon- derrière Israël. de Strasbourg ont de la famille n’ont pas de raisonnement. très vives pendant les dernières de guerre mondiale et la destruc- là-bas. Le sentiment de base est une fêtes. ». Pour elle, les incidents de tion de l’ancienne synagogue du Mais, en dehors réaction d’anxiété pour les proches. On est pour Israël et, après, on discute. la Meinau « c’est le problème des quai Kléber par les nazis. Mais Dès qu’un danger menace Israël, la banlieues et rien d’autre. C’est de la aujourd’hui, la synagogue de la des instances solidarité joue à plein. » Les choix politiques valsent, bêtise et de l’ignorance. Avant, on Paix semble en état de guerre. Les trouvait des inscriptions contre les enfants scolarisés au centre com- représentatives, NTRE ici et là-bas, l’informa- et c’est le sentiment d’appartenance arabes, aujourd’hui, c’est contre les munautaire ne sortent plus en tion circule en temps réel. On juifs. Dans le conflit du Proche- récréation sous les frondaisons du le discours Ese téléphone tous les jours. qui l’emporte » Jacky Elharrar Orient, je ne soutiens personne. L’im- parc. « Par mesure de sécurité », On s’envoie des mails. On se refile portant, c’est que les deux peuples disent les parents, qui viennent est un peu plus l’adresse de sites Internet « contre puissent vivre ensemble là-bas com- chercher leurs enfants sans s’attar- la désinformation ». On se branche sont nos cousins, des monothéistes cause de la guerre. Mais pas nous, me ici. Mais il faut comprendre que, der. « Pendant le cycle des fêtes jui- nuancé sur la radio israélienne. On se pas- purs… Mais tous ceux qui ont fait les séfarades ! Nous devrions pous- pour tout juif, Israël est un dernier ves, il y avait des policiers partout. » se le témoignage d’un mystérieux confiance aux Palestiniens dans le ser à l’ouverture, au lieu de favoriser recours. J’ai un frère qui vit là-bas : Des barrières sont encore instal- « journaliste palestinien », qui « dit processus de paix se sont pris une le communautarisme. » ma mère est accrochée au télépho- lées devant le centre. Les entrées enfin la vérité, qui avoue que la gifle monumentale ! » Loin du centre-ville, le quartier ne tous les jours. » sont soigneusement filtrées. Le res- Palestine n’a jamais existé, que la Arnauld Spielmann, lui, n’accep- de la Meinau a retrouvé son calme. Près de la synagogue de la Paix, ponsable de la radio communautai- langue palestinienne n’a pas de réa- te pas « l’amalgame qui se crée en- Le 14 octobre, des inconnus ont Gaston Schwab fait comme cha- re, Radio Judaïca, n’est guère dis- lité », etc. tre la communauté juive et Israël ». incendié la boulangerie de que après-midi sa partie de tarots posé à répondre aux questions des Même Nicole Franck s’est mise Ce gynécologue-obstétricien, ins- M. Blum, au pied d’une tour HLM. dans un café, avec ses copains. journalistes : « Seul le directeur du à Internet, « pour avoir des informa- tallé en plein centre de Strasbourg, Vers 2 heures du matin, ils ont « Nous ne sommes pas toujours d’ac- centre est habilité à parler à la tions de source sûre ». Cette dame se définit comme « juif athée de poussé une voiture contre la vitri- cord entre nous. Le petit jeune que presse. » respectable est une figure de la gauche ». Il paie sa cotisation à la ne, avant d’y mettre le feu. vous voyez là-bas est pour le Likoud. Non loin de là, l’école Aquiba communauté juive de Strasbourg. communauté « par solidarité ». M. Blum n’est pas juif. Mais des Moi je pense qu’on ne peut pas est un établissement privé sous pas peur d’aller à la synagogue. J’ai On la décrit comme « très religieu- Son garçon fera sa bar-mitsva, graffitis antisémites ont été trou- garder tout Jérusalem. Pour obtenir contrat, l’une des plus anciennes plus peur des fachos de la fac. » se ». Pourtant, tout en elle rappel- mais c’est « une concession ».Le vés sur son magasin. La façade est quelque chose, il faut donner. » Ce écoles juives de Strasbourg. Le Nathalie, Sarah et Ilan sont mem- le l’institutrice façon IIIe Républi- Dr Spielmann porte encore en lui désormais murée, les graffitis ont retraité parle avec l’accent du directeur ne souhaite pas, lui non bres de l’Union des étudiants juifs que. Elle reçoit dans un vaste salon la mémoire des juifs polonais. Ils été effacés. « Ça devait arriver, pays, un peu traînant avec des fina- plus, qu’un journaliste visite l’éco- de France (UEJF). Bousculant un au décor d’un autre âge, où les ins- sont arrivés entre les deux guerres, déclare avec fatalisme une jeune les qui chantent. Comme beau- le. « Il a peur parce que certains élè- peu les notables de la communau- criptions en hébreu côtoient des fuyant les pogroms. Les juifs alsa- fille du quartier. Le propriétaire coup de juifs alsaciens, il peut ves sont un peu excités. Ils peuvent té, ils ont organisé un « rassemble- gravures du siècle dernier avec des ciens leur ont fait mauvais accueil : refusait de laisser entrer les gamins retrouver trace de ces ancêtres avoir des réactions imprévisibles », ment de soutien à Israël »,le dames en crinoline. « Je suis une ils étaient les « Polaks », les dans sa boutique, à cause de la fau- dans la région au moins jusqu’au explique une enseignante, gênée. 10 octobre, devant la synagogue enfant de la laïque », dit-elle fière- « loqueteux ». Rejetés par la com- che. Ils ne pouvaient pas le sentir. » XVIIIe siècle. « L’antisémitisme a Et elle ajoute ingénument : « Vous de la Paix. « Nous sommes la géné- ment. Elle vient de prendre sa munauté, beaucoup se sont « assi- Le rabbin de la petite synagogue toujours existé ici. Si un Hitler reve- savez, ils ne font que répéter ce ration de la paix, disent-ils en retraite, après avoir enseigné pen- milés ». de la Meinau n’ose plus sortir. Lui nait, il se répandrait comme une qu’ils entendent à la maison ! » chœur. Nos parents nous jugent par- dant plus de quarante ans la reli- Les grands-pères baragoui- et sa famille ont été insultés par traînée de poudre. » Puis il ajoute, Psychose ? « Aujourd’hui j’ai fois idéalistes, mais nous voulons la gion juive dans les écoles publi- naient le français ; les petits- des jeunes et poursuivis jusqu’à après réflexion : « Mais je crois que peur d’aller à la synagogue », affir- paix. A Strasbourg, les jeunes extré- ques, en vertu du régime des enfants sont médecins, chirur- leur domicile. En réaction à ces vio- la haine contre les Arabes est plus me Sarah, une étudiante de vingt mistes sont rares : il y a tout juste cultes propre à l’Alsace-Moselle. giens, avocats. « Mes parents lences, les associations du quartier forte en Alsace que celle contre les ans. « L’autre jour, je me suis fait cinq membres du Betar ! » Selon ses estimations, 75 % des étaient sionistes. J’étais programmé ont organisée le 23 octobre une Juifs. » traiter de “sale juive” sur l’avenue Nathalie a un tempérament de enfants juifs de Strasbourg fré- pour partir vivre au kibboutz. manifestation, derrière une bande- de la Forêt-Noire. C’était la premiè- militante : elle est membre de quentent désormais les établisse- Aujourd’hui, je ne suis plus un inté- role « Vivons ensemble en paix à la Xavier Ternisien re fois que ça m’arrivait. » « Arrê- l’UNEF-ID et adhérente au PS ments confessionnels. Elle le déplo- griste du sionisme. Je me sens solidai- Meinau. » Le cortège est parti du Photo Olivier Roller te !, coupe Nathalie, moi, je n’ai (« tendance gauche socialiste », pré- re : « A la laïque, un petit juif est re d’Israël, mais je ne m’identifie parvis de l’église, il est passé pour « Le Monde » 18 / LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 HORIZONS-CONFÉRENCES

2000 UNIVERSITÉ DE TOUS LES SAVOIRS Anne Cheng, sinologue Le mythe d’une Chine confucianisée Longtemps perçu comme un obstacle à la modernisation, le confucianisme est apparu, dans les années 80, comme le moteur d’un développement propre à l’Asie. En réalité, il sert surtout les fins des dirigeants autoritaires de Singapour, de Pékin ou de Séoul

Dans le cadre de l’Université de comme la combinaison de deux développement économique, il cle virtuel des individus de par le tous les savoirs organisée par la facteurs essentiels opérant sur des sert les fins des dirigeants autori- monde (intellectuels, journalistes, Mission 2000, Anne Cheng, échelles historiques différentes : taires de Singapour, de Pékin ou hommes d’affaires, etc.), qui s’ef- professeur à l’Institut national d’une part, un facteur de longue de Séoul, qui, confrontés à une forcent de comprendre la Chine et des langues et civilisations orien- durée, culturaliste et identitaire, accélération soudaine du dévelop- qui sont chargés de répandre la tales (Inalco), qui remonte au début du siècle ; pement économique que les struc- bonne parole dans leurs propres a présenté, d’autre part, un facteur conjonctu- tures sociopolitiques n’arrivent communautés linguistiques. lundi 30 octo- rel, qui traduit une volonté d’inté- pas à suivre, trouvent commode Nous pouvons donc espérer bre, une con- gration dans le nouvel ordre mon- de reprendre à leur compte des avoir à terme une « Chine culturel- férence sur dial (…). valeurs confucéennes garantes de le » qui donnera effectivement au le thème Après l’établissement par les stabilité, de discipline et d’ordre confucianisme la dimension d’un « Confucia- communistes, en 1949, de la Répu- social, par opposition à un Occi- système de valeurs « éthico-spiri- nisme, post- blique populaire et la fuite du gou- dent-repoussoir dont le déclin s’ex- tuel » universel, lequel pourra très modernisme et valeurs asiati- vernement nationaliste à Taïwan, pliquerait par son parti pris d’indi- bien se comparer et entrer en dia- ques ». Cette communication, suivi par nombre d’intellectuels vidualisme et d’hédonisme. A logue avec les autres grandes reli- dont nous publions de larges hostiles au marxisme, l’île appa- noter que dans ce néoautoritaris- gions du monde (le christianisme, extraits, prenait place dans un raît comme un conservatoire me se rejoignent les ex-idéologues l’islam ou le bouddhisme). On cycle consacré aux « perspectives vivant de la culture chinoise tradi- marxistes et antimarxistes sur un trouve ici une trace encore vivace sur un monde global et éclaté ». tionnelle. Certains « nouveaux point crucial : aux représentations de la vision de Kang Youwei qui, à La Chine a-t-elle quelque chose confucéens » se regroupent égale- utopiques d’un socialisme sans la fin du XIXe siècle, persistait à à dire dans ce monde ment à Hongkong pour fonder le l’Occident, on substitue une aspira- envisager la Chine, non pas com- d’aujourd’hui, qui est déjà celui de New Asia College. En 1958, quatre tion à une modernité industrielle, me le centre du monde, mais tout demain, à la fois « global et écla- d’entre eux, qui figurent parmi les toujours sans l’Occident, qui passe simplement comme le monde. Le té » ? Les opinions varient d’un intellectuels les plus en vue hors pour une « postmodernité » ou rêve d’une « Chine culturelle » est extrême à l’autre, entre ceux qui de Chine communiste, signent, à une « post-occidentalité » (…). le signe qu’une certaine élite ne voient en elle l’interlocuteur par la « une » du journal de Cela nous amène au mythe, cen- s’est toujours pas résignée à renon- excellence – quand ce n’est pas le Hongkong, La Tribune démocrati- tral dans le dispositif « postconfu- cer définitivement à cette image seul possible – de l’Occident, et que,un« manifeste adressé au DESSIN CHRISTOPHE BRUNCK/AGNÈS céen », d’une Chine confuciani- de l’universalité à la chinoise, mais ceux qui, à l’inverse, comme Jean- monde », dans lequel ils « sup- sée. Il faut décidément prendre un c’est aussi un aveu d’impuissance : François Billeter (Chine trois fois plient » leurs semblables de bien les dix années de délire utopiste renversement des années 80 est à parti résolument anhistorique faute de pouvoir exister autre- muette, Allia, 2000), formulent le vouloir croire que la culture chinoi- de la révolution culturelle et la rechercher dans la situation mon- pour faire croire à l’existence, à un ment, la Chine sera culturelle, ou constat d’une Chine « muette ».La se n’est pas morte et que la philo- mort de Mao, en 1976, le modèle diale et son épicentre à repérer, moment quelconque, et a fortiori à ne sera pas. question de ce qu’elle a à dire est sophie confucéenne est encore communiste révolutionnaire est non pas dans les sociétés chinoi- la restauration possible d’une Il est clair aussi que ce rêve d’un en effet étroitement liée à celle de source vivante de valeurs. abandonné de facto en Chine ses à proprement parler, mais société chinoise unifiée sous la pan-confucianisme vient en dou- savoir si elle est en mesure de Le ton pathétique de l’appel de même, pendant qu’à la périphérie dans des milieux de Chinois occi- bannière de valeurs confucéennes bler un autre, beaucoup plus expli- parler. 1958 traduit bien l’esprit de cette on assiste à l’essor économique dentalisés et anglophones, aux communes, qui feraient primer le citement hégémonique : celui de Qu’avons-nous entendu d’elle génération de l’exil, qui a pourtant sans précédent, dans le sillage du Etats-Unis et à Singapour. Dès la communautarisme, les comporte- la Chine populaire qui prend en au cours de ce XXe siècle ? Incon- formé les futures têtes pensantes Japon, des « quatre petits dra- fin des années 70, on voit le gou- ments ritualisés garants de la cohé- marche le train du discours « asia- testablement, la voix de la révolu- du revival confucéen des vingt der- gons » (Taïwan, Hongkong, Singa- vernement singapourien de Lee sion et de l’ordre hiérarchique, et tiste » en essayant d’en prendre la tion communiste, si elle n’a pas nières années, à commencer par pour, Corée du Sud). Du coup, ces Kwan Yew projeter « l’injection l’harmonie censée se propager tête, à la fois à travers le rêve de la été la seule à se faire entendre, a Tu Wei-ming (né en 1940), qui, « marges de l’empire », en même accrue de valeurs asiatiques dans le dans le corps social à partir du « Grande Chine » et la prétention couvert quelque peu les autres de avant de faire une brillante carriè- temps que les valeurs « asiati- cursus scolaire comme moyen de noyau central qu’est la famille. au leadership dans la région. Mais son bruit et de sa fureur, et a, re universitaire aux Etats-Unis, à ques », notamment confucéen- contrer l’emprise culturelle de l’Oc- Or, dans sa réalité historique et elle ne peut faire valoir sa préten- notamment dans sa version Berkeley et Harvard, fut d’abord nes, qu’elles revendiquent, se trou- cident sur les jeunes ». Le program- institutionnelle, le confucianisme tion à une universalité autre que maoïste, enflammé toute une disciple du philosophe Mou Zong- vent projetées dans une centralité me est ensuite mis en place sur le apparaît avant tout, comme l’écrit celle de l’Occident qu’en termes génération en Occident. Mainte- san à Taïwan. Alors que la course exemplaire, et deviennent l’objet conseil d’universitaires sino-améri- Yves Chevrier dans L’Asie retrou- culturalistes, en brandissant la nant que le réveil s’est fait dans à la modernisation (d’abord sur le de toutes les attentions et de tou- cains de renom, jusqu’à culminer, vée (sous la direction de Jean-Luc bannière des « valeurs asiati- les matins qui déchantent, modèle soviétique, puis sur le tes les émulations, en particulier en 1983, dans l’établissement de Domenach et David Camroux, ques » (comprenez « confucéen- d’autres voix en profitent pour modèle occidental) dans laquelle de la part des Occidentaux. l’Institute of East Asian Philoso- Seuil, 1997) comme « une mise en nes ») face aux droits de l’homme, tenter d’occuper le devant de la était lancée la Chine continentale En effet, au moment où le com- phies, dont l’objectif avéré est de forme des relations sociales venue dont les Occidentaux se font si scène. Nous assistons, depuis ces communiste reléguait nos « nou- munisme en Chine, mais aussi en « promouvoir et réinterpréter le con- d’en haut et transmise par une élite volontiers les champions. vingt dernières années, au surpre- veaux confucéens » à une position Europe de l’Est, connaît une crise fucianisme ». En l’espace d’à peine organisée dans un Etat ». Dans cet- nant retour d’une orchestration périphérique et marginale, il s’opè- majeure, les sociétés occidentales cinq ans, l’enclave singapourienne te perspective, le revival confucia- Anne Cheng confucéenne qui, à défaut de dire re, à partir des années 80, un ren- capitalistes croient percevoir des se retrouve transformée de toutes niste est sans doute en grande par- grand-chose, en dit tout de même versement spectaculaire. Du sta- signes de déclin dans leur propre pièces en un paradis confucéen tie la revanche d’une élite lettrée très long sur la situation de la tut d’obstacle irréductible, le con- développement. Dans ce contex- – et cela grâce à la médiation de qui a pendant deux millénaires Le programme Chine en cette fin de siècle et de fucianisme passe, du jour au lende- te, les valeurs confucéennes, cen- l’anglais ! assuré une fonction médiatrice des conférences millénaire. main, à celui de moteur central de sées expliquer l’essor d’un capita- Au milieu des années 80, la con- indispensable et qui, durant tout Le terme de « confucianisme » la modernisation. lisme spécifiquement « asiati- tagion, qui n’épargne évidemment le XXe siècle, a eu le sentiment de Novembre. Le 6, Mireille est chargé de recouvrir toutes les Ce qui est à l’origine de ce ren- que », arrivent à point nommé pas Taïwan, Hongkong, ni la perdre tout contrôle sur le destin Delmas-Marty, Droit et complexités d’une réalité histori- versement a peu à voir avec le con- pour préconiser le dépassement Corée du Sud (à l’exception, de la Chine. mondialisation. Le 7, Renée que, intellectuelle, mais aussi fucianisme lui-même, mais bien du modèle occidental de la moder- remarquable mais somme toute Cependant, le rêve post-confu- Kœring Joulain, La pénalisation sociale et institutionnelle, sur quel- plutôt avec une situation histori- nité. explicable, du Japon), gagne la Chi- céen ne se limite pas à la « recon- et le droit international. Le 8, que 2 500 ans. Qu’il suffise pour que et économique inédite : après (…) Le facteur déclencheur du ne populaire, qui, depuis la fin des fucianisation » de la société chinoi- Bertrand Badie, Originalité et l’instant de rappeler qu’il se réfère années 70, est occupée à liquider se, il pense pouvoir restaurer et futur de la construction à l’enseignement originel dispensé l’héritage maoïste et voudrait bien élargir l’ancien processus de confu- européenne. Le 9, Daniel par Confucius fin VIe, début Ve siè- ANNE CHENG se raccrocher aux wagons de l’asia- cianisation qui avait porté sur des Cohn-Bendit, Perspective sur les cle avant Jésus-Christ, que cet tisme pour, si possible, en prendre pays considérés comme satellites institutions de l’Europe : droit et enseignement a inspiré et nourri a Née le 11 juillet 1955 à Paris, ancienne élève la tête. Le confucianisme, vilipen- de l’empire chinois, et, à ce titre, construction européenne. Le 10, des développements philosophi- de l’Ecole normale supérieure, docteur en dé depuis deux générations et atta- « sinisés » (comme la Corée, le Antoine Compagnon, La culture, ques d’une grande richesse pen- chinois, Anne Cheng est depuis 1997 professeur qué, voire physiquement détruit, Vietnam ou le Japon). C’est ainsi langue commune de l’Europe. Le dant plus de deux millénaires, à l’Institut national des langues et civilisations avec un comble de violence pen- qu’est lancé le concept d’une 11, Violette Rey, Les Europes mais que le corpus textuel sur orientales (Inalco) après avoir été, de 1982 à dant la révolution culturelle qui « Chine culturelle » que Tu Wei- orientales, la force des différences. lequel il se fonde est devenu le sou- 1997, chargée de recherche au CNRS. Elle est vient tout juste de se terminer, fait ming se représente, exactement Le 12, Jacques Rupnik, L’Europe bassement idéologique de l’empi- également chargée de conférences à l’Ecole des l’objet en 1978 d’un premier collo- comme il le fait pour la société hors et dans l’Union européenne. re centralisé dès le IIe siècle avant hautes études en sciences sociales (Ehess). que visant à sa réhabilitation. A confucianisée, en cercles concen- Le 13, Cengiz Aktar, La Turquie. Jésus-Christ, notamment en deve- Spécialiste de l’histoire intellectuelle de la Chine, partir de cette date, il ne se passe- triques : le noyau central (autre- nant matière obligatoire pour les membre du comité de rédaction des revues ra pas une seule année sans la ment dit : la famille) est composé Les conférences sont données au futurs serviteurs de l’Etat. Etudes chinoises et Asies, elle a notamment publié tenue d’au moins plusieurs collo- de la Chine continentale (Hong- Conservatoire national des arts Le dernier avatar en date de cet- Entretiens de Confucius (1981), Etude sur le ques internationaux sur le confu- kong compris), Taïwan et Singa- et métiers, 292, rue Saint-Martin, te longue histoire, et l’un des plus confucianisme Han : l’élaboration d’une tradition cianisme (…). pour ; ensuite vient le cercle élargi 75003 Paris, à 18 h 30 spectaculaires, est le revival confu- exégétique sur les classiques (1985), Histoire de la Si le confucianisme n’a, en réali- des communautés chinoises de la en semaine, à 11 heures céen des années 80, qui apparaît pensée chinoise (1997). té, pas grand-chose à voir avec le diaspora mondiale ; et enfin le cer- les samedis et dimanches. Jean-Pierre Chevènement, député (MDC) de Belfort, au « Grand Jury RTL-"Le Monde"-LCI » « Faire précéder l’élection présidentielle par les élections législatives serait pérenniser la cohabitation » « Les propos tenus en Corse l’objet du projet de loi en cours de – Je condamne une démarche aurez, mardi 7 novembre, au som- candidat à l’élection présiden- – En dehors de la Corse, dans par votre successeur au minis- préparation, n’est qu’un moment qui ne vise pas à responsabiliser les met de la gauche “plurielle” ? tielle ? quels domaines ? tère de l’intérieur, Daniel dans ce processus. élus, mais qui commence par culpa- – Il y aura des convergences et il – Je n’ai pas pris cette décision. – On pourrait parler de la charte Vaillant, ont rassuré les élus de – Cela veut-il dire que ce biliser l’Etat, l’Etat républicain. Le y aura des divergences. La Corse Je n’ai pas l’intention de vous des langues et des cultures régio- l’île. Vous rassurent-ils aussi ? “moment”-là vous conviendrait processus souffre d’une double sera parmi les divergences. Il y a un l’annoncer ce soir. Il faut être en nales. La non-ingérence dans les – Daniel Vaillant, comme il était s’il ne devait pas être suivi par ambiguïté. Au départ, on accepte désaccord sur le calendrier électo- situation pour dire un certain nom- affaires des grands groupes, qu’on prévisible, a réitéré les engage- d’autres ? de traiter avec des élus indépen- ral. L’intérêt public commande bre de choses qui touchent à l’es- a vue à propos de l’affaire Michelin ments pris le 20 juillet par le gou- – Franchement, non. Pour une dantistes, mais que chacun sait qu’il soit inversé, car l’esprit des sentiel : à la position de la France et qu’on voit aujourd’hui sur Als- vernement. Et de ce fait, comme l’a raison simple, c’est que les proposi- qu’ils sont les otages d’organisa- institutions, comme l’a d’ailleurs en Europe, à sa politique indus- tom, c’est un véritable problème… observé M. Rossi, il est revenu sur tions que j’avais faites – qui tions armées clandestines et qu’ils reconnu le premier ministre, veut trielle, à sa politique énergétique, Cela dit, le MDC soutient toujours les interprétations restrictives qui allaient plus loin, à certains égards, ne répondent pas de leurs actes qu’il y ait une élection directrice, par exemple ; à la conception que le gouvernement de Lionel Jospin. avaient été données, dans le cou- que le projet de loi que confection- devant le suffrage universel, mais c’est l’élection présidentielle. On a l’on se fait de la démocratie, de ce Il a été, dans le passé, et il continue rant du mois d’août ou du mois de nera Daniel Vaillant – prévoyaient devant des groupes armés. Et on institué le quinquennat, il faut que que signifie la citoyenneté, la loi d’être un facteur de cohérence de septembre, de ces accords dits de l’élection d’une assemblée unique discute avec des gens qui ont refu- cela serve à quelque chose. Et faire égale pour tous. Il me semble que la majorité “plurielle” . Matignon. J’ai toujours considéré, avec un scrutin majoritaire. Autre- sé de condamner la violence. précéder l’élection présidentielle j’ai des choses à dire, mais » Je me suis chargé de dossiers et je persiste à considérer, que ment dit, ce n’était pas à cette Donc, on n’est pas d’accord sur la par les élections législatives serait, d’autres, peut-être, sauront expri- très difficiles et je pense avoir ren- nous sommes en présence d’un assemblée-là, où les nationalistes règle du jeu. en quelque sorte, pérenniser la mer cela aussi bien que moi. du service au gouvernement Lionel processus à mèche lente. Ou, si forment la clef des majorités et où » La deuxième ambiguïté de ce cohabitation avec tous ses faux- – En 1995, en 1997, vous aviez Jospin sur des affaires aussi comple- vous préférez, il y a un mécanisme, M. Rossi ne serait pas président s’il processus, c’est que, sur sa finalité, semblants, ce jeu de bonneteau pensé que Lionel Jospin disait xes et délicates que l’immigration un minuteur qui est programmé n’avait pas le soutien des élus indé- on ne peut pas être d’accord. On qui fait que la responsabilité se tout cela fort bien. En êtes-vous ou la sécurité. Cependant, nous sur 2004. C’est en 2004, en effet, pendantistes, mais à une autre ne peut pas être d’accord sur l’indé- perd et qu’on ne sait plus très bien moins sûr pour 2002 ? serons aussi un facteur d’exigence, qu’est prévue une révision constitu- assemblée, que j’aurais confié des pendance, et quand l’heure fatidi- où elle est. – Très sincèrement, j’ai pensé c’est-à-dire que nous poserons la tionnelle destinée à donner à la pouvoirs nouveaux. que arrivera, c’est-à-dire 2004, on » Il faut que le premier ministre et, à un moment, j’ai pu croire que question de l’intérêt public, la ques- Corse un statut de territoire – Vous ne condamnez donc sera obligé de faire un référen- et le président de la République le discours que Lionel Jospin a fait tion du long terme qui, dans notre d’outre-mer, une collectivité uni- pas la logique générale de cette dum, parce qu’il n’y aura pas de s’entendent pour faire des proposi- le 19 juin 1997, après avoir été système, est toujours évacuée. » que, et à confier à l’Assemblée de démarche, consistant à donner majorité au Parlement pour révi- tions visant à inverser le calendrier nommé premier ministre, pouvait Corse un pouvoir législatif. Par con- davantage de pouvoirs à l’Assem- ser la Constitution. électoral. Il est très facile de prolon- correspondre à ce que je pensais Propos recueillis par séquent, il faut juger le processus blée de Corse afin de rapprocher – Cette divergence sur la Corse ger de deux mois le mandat de l’As- moi-même. Je suis obligé de Jean-Pierre Defrain, dans son ensemble et bien perce- les décisions de ceux qu’elle va-t-elle faire figurer à l’ordre du semblée nationale. constater que cette ligne s’est Anita Hausser voir que la première étape, qui sera concerne ? jour des discussions que vous – Avez-vous l’intention d’être infléchie. et Patrick Jarreau HORIZONS-ANALYSES LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 / 19 En Irlande du Nord, la paix contestée 0 123 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD – 75242 PARIS CEDEX 05 EN IRLANDE du Nord plus en cause la poursuite du processus dehors de la structure officielle des armes, David Trimble, pour se sau- Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 202 806 F qu’ailleurs, puisque aussi bien ici politique. « conseils nord-sud ». ver, a accepté d’augmenter la pres- Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 Changement d’adresse et suspension : 0-803-022-021 (0,99 F la minute). elle est réelle, sinon parfaite, la La mesure punitive décidée le Au total, de quoi s’agit-il ? Rien sion sur le Sinn Fein en punissant Internet : http: // www.lemonde.fr paix est un combat. Mené, chacun 25 octobre contre les deux seuls moins que de la survie politique ses deux ministres. « Il me fallait à sa manière, dans les étroites limi- ministres républicains du Sinn d’un délicat processus de réconci- faire quelque chose et j’ai fait le ÉDITORIAL tes que leur imposent leurs man- Fein par David Trimble est autre- liation qui est encore très loin minimum », s’excusait-il mercredi. dants respectifs, par Gerry Adams, ment plus dangereuse. Le chef de d’avoir abouti et qui, surtout, Que les armes des paramilitaires président du Sinn Fein, branche la principale formation protes- demeure extrêmement fragile puis- de l’IRA soient, comme ils le disent politique de l’IRA (Armée républi- tante, qui est aussi, à ce titre, le que presque totalement dépen- eux-mêmes, « silencieuses » Gore plutôt que Bush caine irlandaise), et par David chef du gouvernement semi-auto- dant de la survie politique d’un depuis le cessez-le-feu de 1997 ne Trimble, chef des protestants nome local, avait-il le droit seul homme : David Trimble. Cha- change rien à l’affaire. Que la IEN ne serait plus faux riches. Qu’il le veuille ou non, il modérés du Parti unioniste d’Uls- d’interdire à ses deux ministres de cun le sait, derrière cet austère meilleure manière de s’assurer que que de présenter les sera tenu par une promesse qui ter (UUP), le combat pour la paix participer en tant que tels à un sexagénaire protestant, personne l’organisation clandestine républi- deux prétendants à risque fort de chambouler l’équili- traverse une nouvelle et dangereu- « conseil des ministres nord-sud » dans le camp unioniste n’est à caine ne désarmera pas consiste, Rl’élection présidentielle bre de la politique macroéconomi- se passe. avec leurs homologues de l’heure actuelle prêt à reprendre le pour les unionistes, à lui en inti- américaine de mardi 7 novembre que suivie par les Etats-Unis Depuis une semaine, Londres et Dublin ? Une recherche juridique flambeau du processus de paix. mer pratiquement l’ordre, non comme deux braves centristes depuis le début des années 90 : le Dublin, sans l’exemplaire coopéra- est en cours. Mais le dégât poli- plus. aux programmes sensiblement binôme rigueur budgétaire et tion desquels rien ne serait ni tique est fait, et des hommes de DIFFICILE RÉCONCILIATION Au fond, l’objectif des « refuz- équivalents. Et rien ne serait plus taux d’intérêt contrôlés. C’est ce n’aurait été possible dans les six communautés rivales, censés gou- Les unionistes avaient naguère niks » protestants n’est pas la paix erroné que de croire que la déci- cocktail qui a assuré la croissance comtés britanniques du nord de verner ensemble, ont recommencé tous les pouvoirs ou presque ; l’his- des armes, mais la mort politique sion des électeurs américains sera américaine – entraînant celle de « l’île d’émeraude », sont à nou- à s’invectiver comme avant les toire les contraint à en partager un du bradeur Trimble, puis celle sans aucune conséquence pour l’Europe – et que menace George veau fébrilement engagés dans un fameux accords d’avril 1998. nombre grandissant avec la minori- d’un processus de réconciliation l’Europe. Le poids économique, W. Bush. gros effort commun pour sauvegar- Pas plus le Sinn Fein que la Répu- té catholique, et beaucoup rechi- qui n’eut jamais l’heur de leur plai- financier, militaire, politique et Le vice-président Albert Gore der le processus de paix. Comme blique d’Irlande, pour lesquels les gnent. A l’intérieur du parti unio- re. En janvier, les instances diri- culturel de l’Amérique est tel que entend, lui, assurer la continuité par hasard, les extrémistes des périodiques conseils « nord-sud » niste modéré de l’UUP, les modé- geantes de l’UUP se réuniront à le choix de celui qui occupera la d’une politique économique qui a deux bords profitent de la tension entre dirigeants des deux parties rés authentiques font désormais nouveau pour examiner les pro- Maison Blanche en janvier pro- fait ses preuves. Plus responsable, politique ambiante entre modérés de l’île sont l’embryon d’une éven- pratiquement jeu égal avec leurs grès qui auront été ou non réalisés chain importe au reste du monde. il promet de consacrer les excé- pour se faire entendre. tuelle et lointaine réunification, collègues de ce « front du refus » à en termes de désarmement de On dira que le vainqueur est dents budgétaires au rembourse- Mercredi dernier, une bombe n’ont accepté le « diktat » de l’irlandaise. l’IRA. Les dissidents unionistes ensuite l’otage de la fonction et ment de la dette américaine, à déposée à l’entrée d’un commissa- David Trimble. Une solution ban- Menacé, pour la cinquième fois appellent cela « la tactique du tour- que celle-ci est conditionnée par l’éducation, à la santé et au colma- riat de police par les dissidents cale permettant à chaque partie de cette année, d’être renversé par niquet ». A chaque réunion du par- tant de paramètres intangibles tage du régime des retraites. Dans républicains de l’IRA véritable a sauver la face dans cette affaire a ses dissidents, lesquels réclament ti, le chef contesté est contraint de que les promesses de campagne ces domaines, où la situation provoqué l’amputation d’une finalement été trouvée : Barbara à cor et à cri le retrait unioniste du leur lâcher un peu de lest pour sau- sont sans grande importance. Là n’est pas à la hauteur de la riches- jambe d’un officier de réserve. De Brun, ministre républicain de la gouvernement multiconfessionnel ver sa peau. Jusqu’à l’étrangle- encore, c’est, très largement, une se de l’Amérique, George W. Bush Quelques semaines plus tôt, ce santé publique à Belfast, a pu ren- – ce qui provoquerait sa chute ment final. erreur. Un candidat est toujours n’avance comme solution qu’une groupe clandestin, créé en 1997 contrer son homologue de Dublin immédiate – tant que l’IRA n’aura plus prisonnier de son discours privatisation partielle. Il abandon- par des dissidents républicains vendredi, mais, officiellement, en pas commencé à se défaire de ses Patrice Claude qu’il ne l’imagine. C’est vrai dans ne son masque de centriste pour mécontents du processus en la démocratie américaine, comme laisser apparaître celui de la droi- cours, avait réussi à tirer un obus dans les autres. George Bush, le te la plus conservatrice sur la ques- de mortier sur le quartier général père, n’a pas réussi à être réélu, tion de l’avortement, sur celles du des services d’espionnage britanni- Chronique américaine par Patrick Artinian en 1991, au lendemain de sa vic- contrôle des ventes d’armes, de ques – le fameux MI 6 – en plein toire contre l’Irak, parce qu’il n’a l’environnement, et en garantis- Londres. L’IRA véritable, qui colla- pas tenu ses promesses de campa- sant d’ores et déjà de nommer à bore étroitement avec les dissi- gne. Il avait juré de ne pas aug- la Cour suprême des juges parta- dents d’un autre groupe plus menter les impôts. Il a dû le faire ; geant les convictions de son ancien de « républicains du il a perdu. camp. De même a-t-il manifesté refus », l’IRA de la continuité, Or son fils, George W. Bush, le en politique étrangère une pro- compterait tout au plus quelques candidat républicain, a placé au pension à entendre les sirènes du dizaines d’activistes armés. Mais cœur de son programme une gar- repli des Etats-Unis sur eux- comme le sanglant attentat d’Oma- gantuesque réduction fiscale, mêmes (un gros budget pour la gh – 29 morts en août 1998 – l’a 1 300 milliards de dollars sur dix défense, mais surtout pas d’inter- démontré, les dissidents, qui ans, fondée sur une prévision de vention à l’extérieur), une maniè- avaient revendiqué cette attaque, croissance des plus hypothéti- re d’indifférence de riche aux pro- n’ont pas besoin d’être très nom- ques. Il entend utiliser l’essentiel blèmes du reste du monde. breux pour être très dangereux. des surplus budgétaires pour dimi- George W. Bush serait le prési- A preuve le carnage qui se pour- nuer les impôts, près de la moitié dent d’une Amérique, à l’inté- suit depuis des mois dans la provin- du cadeau fiscal profitant exclusi- rieur, plus dure aux faibles et, à ce entre deux milices protestantes vement aux Américains les plus l’extérieur, plus égoïste. rivales qui se disputent le contrôle du racket et des trafics divers, dro- 0123 est édité par la SA LE MONDE gue comprise, à l’intérieur de la Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani communauté majoritaire d’Irlande Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint du Nord. Le 31 octobre, Tommy English, l’un des leaders des Ulster Directeur de la rédaction : Edwy Plenel Directeurs adjoints de la rédaction : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau Freedom Fighters (UFF), a été Directeur artistique : Dominique Roynette abattu sous les yeux de sa famille Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment Rédacteurs en chef : par un groupe d’hommes en Alain Frachon (Éditoriaux et analyses) ; Laurent Greilsamer (Suppléments et cahiers spéciaux) ; armes. Michel Kajman (Débats) ; Eric Fottorino (Enquêtes) ; Une douzaine d’heures plus tôt, Éric Le Boucher (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Anne Chemin (Société) ; Claire Blandin (Entreprises) ; Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Christian Massol (Secrétariat de rédaction) c’est un membre de la milice rivale Rédacteur en chef technique : Eric Azan de l’Ulster Volunteer Force (UVF) CONTACT PRESS IMAGE qui avait été assassiné dans des cir- Médiateur : Robert Solé constances similaires. Bilan : sept Lawrence Stéphanie Moore est l’épouse du démocrate Denis Moore, représentant au Congrès de la Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg morts en quatre mois. Pour les pis- (KANSAS) circonscription de Lawrence depuis 1998. Ce jour-là, il devait être reçu par les membres du Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ; toleros protestants aussi, la paix « Kiwanis Club », mais il n’a pu se libérer de ses obligations au Congrès à Washington, et c’est… partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre sa femme qui s’y colle. Infirmière de son état, elle se débrouille plutôt bien et on sent qu’elle est une sorte de combat. Au moins n’en est pas à son premier coup d’essai. Le « Kiwanis Club » est un club d’hommes, vieux en Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président leurs meurtrières querelles, unani- général, qui a décidé, dans un élan libéral, de n’accepter les femmes à ses assemblées que depuis deux ans. Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), mement condamnées par toutes André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) les parties, ne remettent-elles pas Avec l’aide du quotidien Laurence Journal World Le Monde est édité par la SA LE MONDE Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. Capital social : 166 859 ¤. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, des capacités productives est à un Ceux qui mènent campagne bre, exigent des gestes forts en Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, M. Jospin doit-il niveau historique, tout comme les pour la modération salariale crain- faveur du Smic ou des minima Le Monde Europe, Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations. goulets de production. Logique draient-ils que l’économie françai- sociaux. Témoin encore le prési- avec lui-même, M. Fabius plaide se n’entre dans un cercle vicieux ? dent de la commission des finan- changer de cap actuellement, avec la dernière éner- On devine le raisonnement : si les ces de l’Assemblée nationale, ILYA50 ANS, DANS 0123 gie, pour qu’aucun coup de pouce capacités de production sont pro- Henri Emmanuelli, qui, ayant salarial ne soit consenti aux fonc- ches d’un point de saturation, si décidé de présenter sa propre économique ? tionnaires. des pénuries d’emploi qualifié motion au prochain congrès du Curieuse Ovalie Les statistiques de l’institut don- commencent à apparaître, c’est PS, a fait des salaires son princi- Suite de la première page nent soudainement du relief à une que le risque de surchauffe n’est pal cheval de bataille. LA CARACTÉRISTIQUE du 10 000 mètres en course à pied. En polémique qui n’était encore que pas loin, et que des dérapages sala- Bref, il est douteux que les sta- début du championnat de rugby, rugby aussi, il faut attendre. Et mal- Mais ce que l’ancien ministre des feutrée. Le patronat, qui défend riaux sont inévitables, avec en tistiques de l’Insee, aussi specta- tel qu’il est conçu depuis quelques heureusement une demi-heure ne finances ne disait encore que mezza depuis longtemps une thèse pro- bout de chaîne, une relance prévi- culaires soient-elles, convain- années, est qu’on n’y comprend suffit pas. Il reste bien la ressource voce au début de 1999, son succes- che de celle de M. Fabius, risque à sible de l’inflation. L’ennui, avec quent le premier ministre d’inflé- rien. Le championnat de France de de s’attacher à un club, de suivre seur, Laurent Fabius, en a fait, son tour de donner de la voix. Le cette démonstration, c’est qu’elle chir son cap économique. C’est football a presque tout de suite un pas à pas le moindre de ses faits et depuis quelques semaines, son prin- gouverneur de la Banque de Fran- est, pour l’heure, purement acadé- toute l’habileté – ou l’ambiguï- leader menacé par deux ou trois gestes. cipal cheval de bataille : il ne cesse ce, Jean-Claude Trichet, lui aussi, y mique. Si l’on scrute les dernières té – de Lionel Jospin : même si, adversaires. C’est un peu comme C’est finalement ce que font de suggérer qu’il faut changer le trouvera prétexte pour poursuivre statistiques, on ne relève, en effet, officiellement, la politique écono- le maillot jaune du Tour qui frappe tous ceux qui gardent intangible cap de la politique économique sa croisade pour une politique plus aucun dérapage salarial. mique qu’il conduit trouve son tellement l’imagination des foules. leur affection pour le ballon ovale. française de telle sorte qu’elle vien- rigoureuse en faveur des entrepri- inspiration dans la politique de la Et même si un club ou un coureur Mais c’est ce qui explique le chauvi- ne soutenir « l’offre ». ses. Les partisans d’une inflexion PRIORITÉ AUX SALAIRES demande et non dans celle de l’of- cycliste doit, au bout d’un nisme du « public rugby » et la vue C’est dans Libération, le 16 octo- de la politique économique, qui C’est même strictement fre, voilà longtemps qu’en réalité moment, rentrer dans le rang, du extrêmement courte dont il fait bre, que le nouveau patron de Ber- viennent d’horizons divers, savent l’inverse. Comme aime à le rappe- il essaie de panacher ces deux moins a-t-il fixé l’attention du preuve lorsqu’on discute des inté- cy a livré le fond de sa pensée. Plai- pourtant qu’ils n’auront pas la par- ler Jacques Chirac, la réforme des orientations. Alors, si le ministre public pendant un certain temps rêts de ce sport magnifique que dant pour que des assouplisse- tie facile, pour plusieurs raisons. 35 heures a eu un fort impact res- des finances revendique un coup et, par conséquent, joué son rôle des dirigeants sans scrupule sont ments à la loi sur les 35 heures D’abord, les enseignements trictif sur la politique salariale de barre à droite, cela ne peut dans l’intérêt de la compétition. en train d’étouffer comme un soient trouvés en faveur des PME, qu’ils tireront des dernières statisti- des entreprises. Tant et si bien que le servir : n’est-ce pas la preu- Mais au rugby il n’y a rien à fai- pigeon. On aimerait avoir une vue il a émis le souhait que celles-ci ques de l’Insee peuvent être contes- que le ministère des finances a dû ve que la politique économique re. Les meilleurs clubs de la saison plus large, plus élevée, de cette « ne se heurtent pas à une impossibi- tés. Pourquoi le gouvernement lui-même admettre qu’en 2000 la jospinienne, tout en étant raison- passée sont soigneusement disper- bataille qui doit attendre les mois lité de produire davantage ». La for- devrait-il se résoudre à réorienter hausse du pouvoir d’achat du nable, est bel et bien de gauche ? sés dans six poules différentes et chauds de l’année pour connaître mule a, au moins, le mérite de la sa politique et accepter qu’elle soit salaire moyen (par tête) serait ne pourront se rencontrer avant sa véritable grandeur. clarté. Pour la première fois, le plus favorable au capital et un peu l’une des plus faibles (+ 0,6 %) de Laurent Mauduit cinq mois. Ce début de champion- ministre des finances a clairement moins au travail ? De nombreuses ces dernières années. Il y a donc nat rappelle les monotones pre- Paul Haedens fait comprendre que, de son point mesures très favorables aux entre- des arguments solides dans les miers tours de cendrée d’un (7 novembre 1950.) de vue, il fallait cesser de donner la prises ont déjà été prises au cours deux camps. Et les dernières sta- RECTIFICATIF priorité à des mesures de soutien de ces dernières années, comme la tistiques de l’Insee ne tranchent de la « demande » pour s’occuper suppression progressive de la part pas le débat. PIE XII 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS enfin des problèmes des entrepri- salariale de la taxe professionnelle Elles peuvent d’autant moins le Lors de la « Nuit de cristal » de ses. On devine l’usage qu’il pourra ou la suppression de la surtaxe à trancher que le contexte préelec- novembre 1938 à Berlin, Eugenio Adresse Internet : http: // www.lemonde.fr faire des dernières statistiques four- l’impôt sur les sociétés. De surcroît, toral conduit de nombreuses com- Pacelli n’était pas encore pape, Télématique : 3615 code LEMONDE nies par l’Insee : si la croissance la situation financière des entrepri- posantes de la majorité « pluriel- contrairement à ce que nous Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC (5,57 F/mn) marque le pas, c’est non pas que le ses est globalement florissante puis- le » à demander, au contraire, avons laissé entendre dans le rap- ou 08-36-29-04-56 (9,21 F/mn) pouvoir d’achat est insuffisant, que les grands indicateurs dont on des gages complémentaires de port historique sur l’Eglise et la mais que les entreprises se trou- dispose, comme le taux de marge l’ancrage à gauche de la politique Shoah (Le Monde du jeudi 26 octo- Le Monde sur CD-ROM : 01-44–88-46-60 Index du Monde : 01-42-17-29-33. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 vent souvent, en fait, dans l’incapa- et le taux d’autofinancement, sont économique et sociale. Témoin le bre). Il était secrétaire d’Etat du cité de répondre à la demande. A toujours à des niveaux historique- PCF et les Verts, qui, à la veille du pape Pie XI, auquel il succédera Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 preuve, le fameux taux d’utilisation ment très élevés. sommet de la gauche du 7 novem- peu après, en mars 1939. HORIZONS-DÉBATS LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 / 21 Les habits neufs de la gauche plurielle par Jean-Christophe Cambadélis

LUS de 800 000 chômeurs aux élections législatives de 1993. La l’a indiqué Lionel Jospin dans son dis- urbain… Le temps où nos forma- renforcé aussi la représentation de façon paradoxale d’entériner une de moins en trois ans et gauche, qui assure tout le poids de cours de La Rochelle, en août 1998, tions politiques visaient principale- chacune de ses composantes. La gau- prétendue hégémonie du PS qu’ils demi, soit la plus forte bais- l’action depuis maintenant trois ans « d’une volonté commune de ses ment à la défense des intérêts de clas- che est de même invitée à adopter nous disent refuser. Le simple accord Pse du chômage que notre et demi, n’est pas contrainte, cette composantes en mutation à vouloir, ses sociales caractérisées, dont elles une démarche similaire aux élections électoral de second tour n’a pas plus pays ait connue depuis vingt-cinq fois, de faire une « pause » ou de dans le même temps et en un même se disputaient d’ailleurs la représen- municipales de 2001, conformément de sens : il ajouterait la confusion à ans. Voilà qui est peut-être la plus négocier je ne sais quel « tournant ». mouvement, à la fois redéfinir leur tation, est aujourd’hui révolu. Elles à la tradition d’unité qui est la sienne la désunion. grande réforme qu’a réalisée le gou- D’abord parce que la gauche pluriel- identité et transformer la société ». cherchent maintenant, chacune à ce scrutin. Alors, il nous faut combiner conti- vernement de Lionel Jospin. Le gou- le est, au départ, le fruit d’une conver- A partir du moment où le clivage selon ses différences et ses nuances, Comment envisager de manière nuité, convergence et autonomie. Il vernement de la gauche plurielle n’a entre réformisme et révolution a per- à être en phase avec une base sociale cohérente et efficace les élections ne me paraît pas hors de notre por- pas encore changé la France ; il l’a du sa pertinence, où la dichotomie dont les intérêts sont bien plus larges législatives de 2002 ? On pourrait dif- tée de travailler à un programme déjà transformée. Il nous faut combiner entre croissance et qualité de la vie que ceux de telle ou telle catégorie. ficilement comprendre qu’après minimum, un contrat d’avenir qui C’est pourquoi, au-delà des inévita- s’est estompée, où preuve est faite C’est dans cette perspective que la avoir été unis sur l’essentiel pendant soit un socle d’engagements com- bles aléas de la conjoncture, le lien continuité, qu’on peut gouverner à gauche à visée de la gauche plurielle est de cinq ans les gauches et les écologis- muns. La gauche plurielle indique- qu’entretiennent les Français avec le l’heure de la mondialisation, et où la trouver des compromis entre ce qui tes s’affrontent pour s’unir à nou- rait ainsi la base de son unité tout en gouvernement est et devrait rester convergence gauche française, rassemblée, a réaf- est bon à la fois pour la société dans veau au lendemain de celles-ci. Il laissant à chaque formation « le solide. En dépit de l’euro et de la mul- firmé le primat du politique sur le son ensemble et pour les différents n’est pas plus soutenable, actuelle- choix des armes » pour manifester tiplication des grandes concentra- et autonomie. centrisme gestionnaire d’un Tony groupes sociaux dans leurs spécifici- ment, que, membres de formations son autonomie. Configuration politi- tions économiques et financières qui Blair, il est plausible de soutenir que tés relatives. Elle est, en vue des différentes, nous présentions une que moderne, jalousée à droite, répu- s’opèrent à l’échelle du monde, les Il ne me paraît pas la gauche plurielle évolue désormais échéances politiques à venir, d’élabo- unité organique électorale sur un tée en Europe et au-delà comme un Français ont le sentiment que les dans un cadre de pensée convergent. rer un projet qui s’appuie davantage programme commun. Le PCF ne le possible modèle politique où chacun choix politiques qui sont faits (conci- hors de notre portée Au sein de la gauche plurielle, les sur un pragmatisme éclairé par des souhaite pas, les écologistes revendi- apporte à l’autre et réciproquement, liation du marché et de l’Etat, de divergences sont devenues plus tech- principes que sur une doctrine fice- quent leur autonomie, les radicaux elle est notre socle commun et notre l’efficacité économique et de la jus- de travailler niques que stratégiques ; la concur- lée de bout en bout. et le MDC tiennent à leur physiono- bien le plus précieux. tice sociale, de l’ouverture et de rence entre ses différents acteurs ne Déjà, à l’occasion des élections mie. Pourtant, il n’est pas plus opé- l’identité) sont le fruit d’une recher- à un programme relève plus d’une compétition entre régionales de 1998, la gauche pluriel- rant d’imaginer reproduire une che permanente, par le gouverne- lignes alternatives mais d’une discus- le, assise sur des programmes com- alliance à la carte dont le PS serait le Jean-Christophe Cambadélis ment, d’un équilibre entre la recon- minimum, un contrat sion sur le choix des moyens à met- muns régionaux, a conquis, en listes seul dénominateur commun. Ce est député (PS) de la 20e circonscrip- naissance des aspirations des tre en œuvre à partir d’objectifs com- d’union, sept nouvelles régions et serait pour nos partenaires une tion de Paris. citoyens et la nécessité de maîtriser d’avenir qui soit un muns : transformer la société, refu- les rythmes du changement. ser la société de marché, promouvoir Encore fallait-il, pour que la gau- socle d’engagements une modernité partagée. Il paraît AU COURRIER DU « MONDE » nal. Certes, il est possible de inquiète ni ne s’en émeut… J’ai che plurielle au pouvoir réussisse à donc possible de confédérer durable- s’émouvoir de cette récusation et entendu cette semaine un prési- concilier la fidélité aux engagements communs ment la gauche plurielle. L’ACCORD D’EVIAN plus encore du fait qu’elle inter- dent de tribunal correctionnel pris et le souci de l’intérêt du pays, La société française est en muta- Dans la chronique nécrologique vienne après plusieurs semaines expliquer calmement à un prévenu que l’ensemble de ses composantes tion rapide. La gauche plurielle aussi, du général Edouard Mathon (Le de débats, mais surtout après que contre lequel était requise une pei- parviennent, sans fracture ni renie- gence démocratique sur des objec- qui est passée d’une culture de l’iden- Monde du 18 octobre), une erreur les avocats demandeurs, ayant ne de trois années d’emprisonne- ment, à mettre en œuvre dans la tifs maîtrisables de transformation tité faite de clivages à une culture de habituelle est répétée. Il n’y a pas entendu les réquisitions du minis- ment, « qu’il le connaissait bien » cohérence et la durée les réformes sociale. Mais aussi, comme l’analyse coalition faite de compromis majori- eu « des » accords, à Evian, le tère public, eurent pris conscience pour l’avoir vu dans de précédents proposées. C’est ce à quoi nous le premier ministre, parce que, «à taires librement consentis. Le temps 18 mars 1962, mais un seul accord, de la gravité de la situation pour dossiers ou comme juge de l’appli- avons travaillé, mois après mois, l’expérience des responsabilités parta- me semble venu d’ouvrir un nou- celui sur le cessez-le-feu. Les leurs clients ! La présidente est cation des peines. Je suis, en toute année après année, chacun dans nos gées, chacune des forces de gauche, veau cycle d’élaboration politique autres documents étaient des récusée parce qu’elle aurait jugé, il hypothèse, certain de la loyauté et formations politiques. C’est ce à en participant à l’action gouvernemen- entre toutes les composantes de la « déclarations gouvernementales », y a plusieurs années, la société de l’honnêteté de ce magistrat. quoi s’emploie, depuis juin 1997, le tale et aux changements de société, se gauche plurielle : celui d’une coali- dont on a vite su le peu d’impor- Gifco. La belle affaire, qui illustre Mais quel avocat oserait, dans nos gouvernement de Lionel Jospin. Si change elle-même ». tion durable. tance qui leur était accordée. ce qu’est la « justice spectacle » tribunaux, récuser un magistrat bien qu’aujourd’hui, et pour la pre- Bien entendu, il existe entre com- L’objectif de la période à venir est, J. Gartner réservée aux grands de ce monde, pour une telle cause, au risque de mière fois dans son histoire, la totali- munistes, Verts, radicaux et mem- à mes yeux, de favoriser une alliance Saint-Clément (Hérault) en tout cas, la différence entre les désorganiser totalement le fonc- té de la gauche est en passe de gou- bres du MDC des analyses et des entre des groupes sociaux différents « grands tribunaux » et la vie tionnement d’une juridiction ? verner la totalité d’une législature. approches qui peuvent rester diver- qui, s’ils ont des intérêts spécifiques, LES « GRANDS » quotidienne des tribunaux de Mais il est vrai, nous ne sommes Cette situation inédite, et qui gentes. Mais, au contraire de l’union voire divergents, se retrouvent sur TRIBUNAUX province. pas à Paris. A moins que, comme appelle l’avenir, est d’abord le pro- de la gauche, où les protagonistes de des préoccupations communes : Vous avez relaté les conditions Des magistrats qui connaissent l’écrivait M. de La Fontaine, duit non de circonstances électorales l’époque peinaient à dégager de fragi- réduction du chômage, recul de la dans lesquelles les avocats de déjà, car ils les ont déjà jugés précé- « selon que vous serez puissant ou mais d’un pari stratégique agréé par les compromis, la synthèse politique précarité, amélioration du système Robert Hue ou du Gifco ont obte- demment, des prévenus ? C’est misérable… » la gauche alors en miettes, au lende- nouvelle qu’incarne aujourd’hui la éducatif, consolidation de la protec- nu in extremis la récusation de notre lot quotidien, celui des petits Yves-Marie Lehmann main de la défaite écrasante subie gauche plurielle témoigne, comme tion sociale, rénovation du milieu Mme Portier, présidente du tribu- récidivistes, et personne ne s’en Dole (Jura) 22 / LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 HORIZONS-DÉBATS Qui sont les visionnaires de l’éducation ? L’école, le vrai par Monique Vuaillat contrat politique ’EXERCE « Le » métier que nous, mais le défi a été relevé. tés complexes qui stimule au quo- perspectives concrètes de poursui- j’ai choisi, professeur, dans Même si aujourd’hui les condi- tidien nos pratiques pédagogi- te d’études aux baccalauréats pro- par Xavier Darcos un lycée technique à Greno- tions sont différentes, puisque le ques. Nous tâtonnons souvent, fessionnels, ce qui n’est toujours ble. Loin des tumultes collège scolarise tous les élèves, faute d’un recul suffisant, mais pas le cas, vingt ans après la créa- A profusion des livres convaincra personne du contraire. Jmédiatiques suscités par un nous sommes encore loin d’avoir avec de tels changements d’échel- tion de ce diplôme. Le système parus lors de la dernière Le savoir, source du libre arbitre, ex-ministre qui n’a pu faire trouvé toutes les bonnes réponses le, l’immobilisme pédagogique est devrait mieux prendre en compte rentrée scolaire sur le thè- doit redevenir la fin de l’enseigne- sa rentrée, professeurs et équipes pour qu’il donne la culture com- impossible, et s’il n’y a pas de véri- l’indécision des jeunes, la possibili- Lme de l’éducation révèle ment, au moment où nous sem- d’établissement sont au travail mune à tous, valorise la diversité tés absolues quand on travaille té pour eux de changer d’orienta- au moins que le débat reste vif et blons passer d’une civilisation de la pour répondre au mieux aux ques- des centres d’intérêt de chacun et avec l’humain, qu’on nous fasse tion. Quant à la formation des que la passion française pour l’éco- transmission à une civilisation de tions des élèves, les motiver, les résorbe la grande difficulté scolai- au moins le crédit de penser que enseignants, elle mérite d’être le ne tarit pas. On a toujours le l’information. écouter, les intéresser, les mettre re avec ses caractéristiques scolai- ce qui nous motive, c’est l’intérêt réformée. Si le niveau de recrute- sentiment qu’il y a en France Troisièmement, l’échec ou le suc- en activité. Cela autorise à dire res et sociales nouvelles. que nous portons à nos élèves. ment des professeurs d’école a été soixante millions de spécialistes de cès de l’enseignement se jouent quelques vérités. Au début des années 80, pour Avec ses qualités et ses défauts, porté à la licence depuis 1989, à l’école. dans la classe, dans cette cellule où Du temps a passé depuis les toute réponse à notre détermina- notre profession s’honore de faire notre demande, celui des person- Cependant, à lire les comptes le maître donne le désir de connaî- années 70, où notre profession, tion à ouvrir les lycées au plus très majoritairement le pari de la nels du second degré n’a pas bou- rendus de ces divers ouvrages, sou- tre, les outils du savoir, les objec- dans sa majorité, ne se résignait grand nombre, les « experts » qualité pour tous. Elle est gé depuis soixante ans, hormis l’ar- vent pessimistes, on pourrait avoir tifs à atteindre. Dans la mémoire pas au collège à filières qui, dès chargés de construire le dixième rêt d’un recrutement à BAC + 2 la trompeuse impression que tout de chacun de nous brille le souve- l’âge de onze ans, « triait » les élè- plan nous expliquaient qu’il fallait que nous avons imposé en 1989. se réduit à une opposition obtuse nir d’un instituteur ou d’un profes- ves dans trois voies très cloison- développer les qualifications de Aucun corps social Est-ce normal ? Une élévation du entre les « pédagogues » (généreux seur qui nous a stimulés et exhaus- nées. Les plus nombreux étaient niveau CAP et BEP plutôt que cel- niveau de recrutement de tous est et progressistes) et les intégristes sés, et non de bureaucrates ou de alors condamnés soit à des sorties les de niveaux Bac et plus. On a n’est parfait, nécessaire, une maîtrise devrait des disciplines (réactionnaires et théoriciens de la scolastique éduca- rapides vers la vie professionnelle, pris du retard dans les construc- être l’objectif pour tous. frileux). L’utilité médiatique de la tive. C’est l’acte pédagogique lui- soit à des formations courtes. A tions de lycées. La vie a corrigé cet- mais si nous nous Il faut se préparer à la situation polémique et des face-à-face expli- même, centré sur les besoins de cette époque, 20 % d’une classe te erreur. Mais, depuis 1995, le que va créer le départ à la retraite que en partie cette réduction à une l’élève, qu’il faut protéger, en lui d’âge préparait un baccalauréat et nombre de bacheliers stagne : étions préoccupés de la moitié des enseignants dans dialectique vainement ressassée. ménageant un espace de paix et les enseignements techniques allons-nous, faute d’ambition, les dix ans qui viennent, pour Pourtant, il est absurde de vou- d’ordre, donc, en renforçant l’enca- n’avaient pas encore conquis leurs être les pilleurs des qualifications de notre confort, repenser la préparation aux loir établir une antinomie entre la drement des établissements, qui lettres de noblesse. acquises par les étudiants des pays métiers en évolution rapide et technique pédagogique et la ne doivent pas se laisser altérer par Nous étions alors bien peu nom- en voie de développement ? nous aurions pu réformer les instituts universitai- culture scolaire. Le métier de pro- la turbulence sociale. Il n’est pas breux à nous élever contre de tel- En 1992, le ministère de l’épo- res de formation des maîtres fesseur (qui le conteste ?) ne consis- avéré non plus que l’apprentissage les discriminations. L’idée qu’on que s’inspirait de la Grande-Breta- préférer continuer (IUFM), pour en faire de vérita- te pas à réciter devant des bûches suppose l’absolu primat de la spon- était doué ou pas pour les études gne pour réformer les lycées : les bles centres de formation universi- un discours figé, puisqu’on n’ensei- tanéité ludique. On s’est trop fié à n’était guère discutée. Et pourtant jeunes devaient se construire leur à n’enseigner qu’à taires et de recherche pédagogi- gne moins des résultats que des l’autonomie de l’enfant, à son pro- nous avons à l’époque pris notre parcours de formation en se com- que. Or une nouvelle crise de méthodes. Il ne s’agit pas de rem- pre projet, à ses sensations immé- bâton de pèlerin – deux films, réa- posant un « menu » disciplinaire. l’élite qui nous recrutement s’annonce et le ris- plir un vase mais d’allumer un feu. diates. La liberté n’est pas un point lisés par le Syndicat national des Liberté bien illusoire qui laissait que existe d’une cécité du type de Il est regrettable que ces jeux de de départ mais d’arrivée, ce qui sup- enseignements de second degré libre cours aux inégalités sociales ! donne aujourd’hui celle que nous avons connue rôle occultent l’essentiel, qui peut pose de l’effort et des exigences. (SNES), sous le bras ! Le Goût L’expérience des lycées techni- entre 1975 et 1985, période durant se résumer en trois évidences, Dès lors, rien ne justifie que la d’apprendre et Le Temps d’ensei- ques, terrain d’une démocratisa- des leçons laquelle les pouvoirs publics n’ont sur lesquelles un consensus est question scolaire continue à se trai- gner – pour convaincre les parents tion active, nous a beaucoup ser- rien voulu faire. D’où l’importan- possible. ter dans le champ clos et infécond d’élèves et l’opinion que leur vis pour convaincre que des forma- ce que nous attachons à la pro- Premièrement, l’école française des supposés spécialistes ou des enfant pouvait, devait avoir un tions structurées, cohérentes, aujourd’hui consciente que le grammation pluriannuelle des reste profondément inégalitaire et syndicalistes. Pourquoi le politi- autre avenir. Cinq ans plus tard, construites autour de dominantes métier doit encore évoluer et inté- recrutements, de façon que tous le premier facteur de réussite sco- après bien des grèves et bien des très diversifiées, étaient une grer des formes nouvelles d’ensei- les jeunes aient des personnels laire pour un enfant résulte du résistances des pouvoirs publics meilleure façon d’ouvrir les lycées gnement, l’usage des technologies qualifiés. C’est d’ailleurs parce niveau d’études de ses parents, de La liberté n’est pas de l’époque, le principe d’un collè- tout en conservant un enseigne- de l’information, le travail d’équi- que nous prenons en compte l’iné- sa mère en particulier. Le nombre ge pour tous était reconnu et l’on ment de culture et de spécialités. pe et l’investissement dans la vie galité de développement des ensei- d’enfants issus de milieux défavori- un point de départ faisait créer des baccalauréats de C’est finalement ce choix qui a été des établissements. gnements supérieurs dans les sés qui accèdent aux études supé- techniciens, qui allaient devenir fait. Aujourd’hui, 62 % d’une géné- C’est bien une révolution qui régions que nous pensons qu’il rieures ou aux grandes écoles ne mais d’arrivée, ce qui dix ans plus tard des baccalau- ration obtient des baccalauréats s’est produite dans les enseigne- faut maintenir un recrutement cesse de diminuer. Les hiérarchies réats à part entière. divers qui ont conservé leur valeur ments de second degré, dans le national des personnels dans le sociales et culturelles se reprodui- suppose de l’effort Au collège, c’était un bouleverse- culturelle, formatrice et sociale. même temps où les inégalités second degré. sent très tôt selon les types ment. Les classes devenaient hété- Pas de quoi rougir ! Mais nous ne sociales se sont accrues. D’autres Aucun corps social n’est parfait, d’établissements, de classes et de et des exigences rogènes et accueillaient des élèves pouvons en rester là. évolutions sont nécessaires, com- mais si nous nous étions préoccu- filières. en difficulté. Les débats ont été C’est aussi cette confrontation me par exemple celles qui doivent pés de notre confort, nous aurions Contre ce fléau, la chasse au nombreux, parfois houleux parmi concrète du métier avec des réali- permettre de donner de véritables pu préférer continuer à n’ensei- mammouth est un leurre. Les pro- que, qui s’estime justement fondé gner qu’à l’élite qui nous donne jets de réforme qui mettent en cau- à se pencher, par exemple, sur le aujourd’hui des leçons. Ce n’est se le gigantisme de la structure ne droit d’ingérence, le nucléaire ou la pas ce choix qui a été fait par la sont pas efficaces. Il est même à bioéthique, serait-il incompétent majorité de ceux qui exercent ce craindre que la dérégulation et pour fixer les objectifs de l’école, métier et c’est une chance. Nous l’autonomie ne renforcent les dis- ses programmes, son ambition, ses avons la conviction qu’il faut enco- parités, où seuls les initiés savent moyens ? Les questions de la vio- re démocratiser, consacrer plus tirer leur épingle du jeu. Et quand lence dans les établissements, de d’efforts et de ressources pour on aura dispersé la décision, l’hété- l’égalité des chances, des compé- réduire l’échec scolaire et donner rogénéité des politiques éducati- tences dévolues aux collectivités, plus de chances à chacun, faire ves en sera accentuée et l’inégalité de la mission des enseignants, de plus encore pour ceux de nos élè- devant le savoir accrue, surtout l’évolution des champs disciplinai- ves qui sont les plus démunis socia- quand, dans le même temps, on res, des contours du savoir (entre lement et culturellement, lutter demande à l’école de s’ouvrir sur autres) sont-elles hors du ressort contre l’homogénéisation sociale son environnement. Or, si l’école des élus de la nation ? des établissements, passer au cri- ne joue plus son rôle de promo- La refonte de l’école républicai- ble les contenus et les pratiques tion sociale et culturelle, qui s’en ne mérite un grand débat parle- dans ces perspectives. C’est chargera ? mentaire et une ambitieuse loi sco- d’ailleurs ce qui nous motive en Deuxièmement, vu l’effort consi- laire digne de succéder aux salu- créant les observatoires des conte- dérable que la nation consent dans bres orientations édictées jadis par nus et des pratiques. Pour réfor- ce secteur déterminant, elle ne Jules Ferry. Le ministère de l’éduca- mer, il faut savoir parfois être à peut pas accepter que tant d’élèves tion nationale est celui du destin. contre-courant, être visionnaire arrivent au seuil de l’adolescence De quel sujet la nation doit-elle se tout en prenant appui sur l’expé- sans culture commune, sans possé- saisir, sinon de celui qui embrasse rience. Si ces qualités n’émergent der ensemble un « noyau dur » de l’avenir des générations futures ? pas spontanément d’un collectif, connaissances et de compétences Qu’elle regarde son école en face d’un syndicat, fût-il majoritaire, fondamentales. Trop sollicités par et en redessine l’évolution émanci- c’est encore plus vrai pour tout des activités et des informations patrice et unificatrice. C’est par là individu, fût-il ministre. périphériques, mal encadrés dans que la France rédigera son nou- Les réformes dans l’éducation une école ouverte à tous les spas- veau contrat social. qui marquent se construisent par mes sociaux, invités à singer les l’échange, la confrontation d’opi- lubies du moment, sans hiérarchie nions et d’expériences profession- ni durée ni mémoire, les élèves Xavier Darcos, ancien doyen nelles diverses, par la prise en sont de plus en plus nombreux à de l’inspection générale de l’éduca- compte des besoins sociaux et par mal lire, écrire et compter. Le collè- tion nationale, est sénateur (RPR) l’anticipation. On ne peut réfor- ge, en particulier, doit être entière- de la Dordogne, maire de Péri- mer sans souci du débat, sans res- ment repensé. Aucune argutie ne gueux. pect des autres et sans vigilance démocratique. Nous souhaite- rions que ces qualités soient mieux partagées par ceux qui assu- rent les responsabilités de l’Etat, dont l’un d’entre eux étala sa pré- férence pour une conception de la réforme commençant par invali- der l’apport d’une profession et des organisations syndicales, « sur- tout quand elles sont représentati- ves ». Va-t-on enfin comprendre que la diversité des points de vue et des expériences est une richesse si on sait être à l’écoute de ce qu’apporte chacun ? Là est la voie d’une nouvelle dynamique du ser- vice public d’éducation. Toute la société vit au rythme de la formation de sa jeunesse. Les familles mettent beaucoup d’elles-mêmes dans leurs projets pour leurs enfants. L’école doit contribuer à bousculer les hiérar- chies sociales. La société le veut- elle ?

Monique Vuaillat est profes- seur certifié d’économie-gestion, cosecrétaire générale de la Fédéra- tion syndicale unitaire. LeMonde Job: WMQ0711--0024-0 WAS LMQ0711-24 Op.: XX Rev.: 06-11-00 T.: 11:00 S.: 111,06-Cmp.:06,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0400 Lcp: 700 CMYK

24 ENTREPRISES LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000

INTERNET Le géant allemand mas Middelhoff entend faire payer Les sites alternatifs, parfois plus per- versal. Les analystes doutent qu’il la volonté de racheter l’éditeur de des médias Bertelsmann s’est allié au les services de Napster. b LES UTILI- formants que Napster, se multiplient. puisse y parvenir, estimant que le disques britannique EMI. Un tel pro- site américain de musique en ligne SATEURS protestent et cherchent des b LE PARI de Bertelsmann est de ral- penchant du public pour la gratuité jet, non confirmé, conduirait à la Napster, accusé de violer les droits solutions pour continuer à écouter lier les autres majors de l’industrie l’emportera. b UNE RUMEUR persis- création d’un groupe qui contrôlerait d’auteur. Le groupe dirigé par Tho- gratuitement de la musique en ligne. musicale, EMI, Warner, Sony, et Uni- tante attribue à la firme allemande 25 % du marché mondial. Les internautes cherchent déjà à contourner l’accord Napster-Bertelsmann En s’alliant à la start-up américaine, le géant allemand des médias souhaiterait en faire le Microsoft de la distribution musicale en ligne. Les habitués de l’échange gratuit risquent de se tourner vers des logiciels ou des sites encore plus performants, qui garantissent l’anonymat

L’ALLIANCE entre le géant alle- D’ailleurs, les rumeurs d’une re- des internautes dénoncent la trahi- qués. Développé par Justin Frankel, mand des médias Bertelsmann et la prise d’EMI par Bertelsmann ont son des dirigeants de Napster, un programmeur de la compagnie start-up d’une douzaine d’em- immédiatement ressurgi après son « vendus à un grand groupe capita- Nullsoft, Gnutella met en relation ployés Napster va-t-elle permettre alliance avec Napster. Selon le Busi- liste ». Certains se proposent de tous les ordinateurs reliés au réseau à l’industrie du disque d’enterrer la ness Sunday du 5 novembre, un tel réécrire des programmes informa- sans l’intervention d’un serveur hache de guerre avec les pillards de groupe représenterait le quart du tiques pour copier sur la plate- central. Résultat, les maisons de la nouvelle économie et de réinven- marché mondial du disque. En tout forme d’échange. « C’est très fa- disques devraient attaquer tous les ter le commerce de la musique ? Le cas, le potentiel commercial de la cile », explique l’un d’eux, qui internautes individuellement si pacte de Bertelsmann avec le musique en ligne s’annonce donne un exemple de service déjà elles voulaient arrêter l’hémorra- « diable » du piratage de la mu- énorme. Selon le cabinet Jupiter en place pour se substituer à Naps- gie... sique sur Internet prouve que les Media Metrix, les ventes représen- ter (www.songspy.com). « Qu’allez- Déjà d’autres technologies se éditeurs musicaux peuvent difficile- teront un marché de 5,4 milliards vous faire quand vous commencerez profilent, encore plus pernicieuses. ment combattre des technologies de dollars aux Etats-Unis en 2005, à être payants, que 95 % de vos utili- Le logiciel Freenet, développé par diffusées sans contrôle sur Internet contre 840 millions en 2000. sateurs iront voir ailleurs et que les Ian Clarke, vingt-deux ans, permet et massivement adoptées par les quelques clients qui vous resteront ne de relier directement les ordina- consommateurs. FIDÈLES TRAHIS pourront plus trouver ce qu’ils teurs entre eux, tout en préservant La stratégie de Bertelsmann De nombreux obstacles risquent obéit à une logique évidente. Le toutefois de bloquer les plans de groupe allemand a voulu donner Bertelsmann. La solution technique Départ des deux dirigeants de BMG un signal à la communauté du Net est loin d’être évidente et les échecs en apprivoisant Napster. Quitte à de l’industrie informatique et musi- Quelques jours après son alliance avec Napster, Bertelsmann a annon- pactiser avec lui et à prendre une cale sont déjà nombreux. L’adop- cé une refonte de l’organigramme de sa filiale musicale BMG. Son pré- participation – elle pourrait s’élever tion d’un format sécurisé, plus sident, Michael Dornemann, ainsi que son bras droit, Strauss Zelnick, à 58 % du capital selon le site Inter- lourd à manipuler, pourrait rendre quitteront l’entreprise l’an prochain. net CNET – dans celui qui le nar- caduc l’argument de la simplicité Rudi Gassner, ex-président de BMG Entertainement International, qui guait en se moquant des droits sur avancé par Napster. Surtout, com- en treize ans a triplé le chiffre d’affaires de cette filiale et l’a développée la propriété intellectuelle. Grâce à ment empêcher ensuite les inter- dans cinquante-trois pays, remplacera M. Dornemann. Ce dernier était un petit logiciel, téléchargeable logies de cryptage. Les plus opti- pour développer ensemble un mo- nautes possédant un fichier légal de considéré comme le protégé de Mark Woessner, l’ancien président du di- gratuitement sur www.napster- mistes se réfèrent à une récente dèle pour le futur », a-t-il déclaré à le copier au profit d’autres inter- rectoire de Bertelsmann, parti en octobre. La direction du groupe a vou- .com, les internautes sont reliés en étude de Webnoise selon laquelle l’hebdomadaire Welt am Sonntag nautes ? Les récents accords signés lu, dans un communiqué diffusé dimanche 5 novembre, minimiser les réseau et peuvent s’échanger des fi- 68 % des « napstériens » seraient du 5 novembre. Universal, EMI, par le site MP3.com avec la plupart divergences stratégiques avec ses anciens cadres. Par ailleurs, elle a an- chiers musicaux pour les écouter, prêts à payer 120 francs par mois Warner et Sony pourraient renon- des majors, qui prévoyaient la fac- noncé la nomination du contrôleur de gestion Arnold Bahlmann à la di- ou même les graver sur un CD. On pour utiliser leur service préféré. cer au procès qu’elles intentent à turation des téléchargements, rection de la division de capital-risque, BeCapital. évalue le nombre des utilisateurs à Bertelsmann pourrait aussi se ser- Napster et l’utiliser à leur tour pour s’étaient immédiatement traduits 38 millions. vir de Napster comme d’une nou- diffuser commercialement leur ca- par l’essor de Napster. En s’alliant avec Napster, Bertels- velle rampe de lancement de son talogue sur Internet. Dans ce cas, Le principal problème auquel cherchent ? », demande un inter- le plus parfait anonymat des inter- mann prend le pari de ramener les commerce électronique aux Etats- qui semble pourtant peu probable risque d’être confrontée la future naute furieux. nautes. Il y a fort à parier que les pirates dans le droit chemin en Unis en associant aux télécharge- à de nombreux analystes, Napster filiale de Bertelsmann est la désaf- « Ils ne pourront pas nous empê- plus avisés basculeront immédiate- payant les artistes et les produc- ments musicaux des offres marke- pourrait devenir « le » canal de dis- fection pure et simple d’une bonne cher d’écouter de la musique », ment vers ces nouvelles technolo- teurs. Le groupe allemand veut fac- ting très poussées (places de tribution numérique du disque, partie de ses utilisateurs. Dès que lance un autre. L’architecture peer- gies, vidant Napster de sa subs- turer 5 dollars par mois (environ concerts, exclusivité en ligne...). voire le Microsoft de la distribution Napster rentrera dans le rang en to-peer (internaute à internaute) se tance. 40 francs) l’accès à son catalogue, de musique sur Internet. C’est aussi devenant un site payant, les inter- répand comme une traînée de Le pari de Bertelsmann, comme BMG. Bertelsmann peut espérer ÉNORME POTENTIEL le parti de Napster. « Si vous pensez nautes, séduits avant tout par la poudre au sein de la communauté avant lui celui d’AOL ou de Vivendi, conserver une partie, même mi- C’est un tout autre scénario qui que Napster est génial, attendez voir. gratuité de ce que proposait Naps- Internet. Le magazine américain est que la grande majorité des in- nime, des fidèles de Napster, qui se déroulerait si l’initiative de Ber- Ça ne fait que commencer », a dé- ter, pourraient s’envoler vers Wired vient de publier un dossier ternautes préférera le confort d’un devrait lui permettre de récupérer telsmann était adoptée par l’en- claré son créateur, Shawn Fanning. d’autres sites ou d’autres technolo- spécial sur ce phénomène en réfé- service simple et stable, moyennant son investissement : 10 % de ces in- semble de l’industrie. Andreas Les grandes maisons de disques gies. rençant des dizaines de clones le paiement d’une mensualité mo- ternautes représenterait un chiffre Schmidt, directeur de la division e- sont capables de s’entendre, Il suffit de se promener dans les beaucoup plus évolués de Napster. deste, plutôt que de parcourir le ré- d’affaires annuel de 228 millions de commerce de Bertelsmann, semble comme l’atteste la reprise forums de discussion en ligne pour Après les fichiers son, on s’échange seau mondial en quête de gratuité. dollars, soit plus de quatre fois le confiant : « Lors de pré-négocia- conjointe, via Listen.com, de Scour- mesurer la violence des réactions des vidéo-clips et, demain avec le prêt consenti par le groupe pour tions, [les autres majors] nous ont .com, lui aussi poursuivi en justice des adeptes de Napster (http ://fo- haut-débit, des films entiers. Les lo- Christophe Jakubyszyn que Napster développe des techno- assuré qu’elles nous rejoindraient pour violation des droits d’auteurs. rum.napster.com). La quasi-totalité giciels sont de plus en plus sophisti- et Nicole Vulser

Des sites alternatifs ordinateur communique avec les ordinateurs les plus proches qui b Napster : le serveur central de lui répercutent l’information Peoplesound.com, l’auberge espagnole des jeunes artistes Napster centralise la liste des qu’ils ont eux-mêmes recueillie, CONNAISSEZ-VOUS le groupe de rock an- sic et de BMG Ariola, « trois d’entre eux ont meilleur de nos artistes a dû vendre au mieux fichiers musicaux présents sur selon le principe de la chaîne. glais Monc, le chanteur français Raphael ou la signé un contrat avec une major ». 2 000 albums », lâche M. Nataf. La société tous les disques durs des Une fois localisé le morceau de pianiste classique Imogen Cooper ? Ce sont les Peoplesound, c’est un peu l’auberge espa- s’oriente plutôt vers une activité de prestation internautes qui ont installé un musique convoité, vedettes de peoplesound.com, un site Internet gnole. « C’est aux artistes de faire vivre leur mise de services musicaux. « Un producteur de longs petit logiciel sur leur ordinateur l’enregistrement s’effectue lancé en novembre 1999 par quatre Britan- en ligne, d’assurer le relais avec leurs concerts ou métrages nous a contactés pour faire une (téléchargeable sur d’ordinateur à ordinateur niques, qui offre aux jeunes artistes la possibi- leur propre site Internet », souligne M. Nataf, bande-son, une bande en ligne va utiliser notre www.napster.com ou (france.gnutellaworld.net). lité d’être écoutés par le plus grand nombre. qui revendique douze adresses et mille visi- fonds pour sonoriser son site Internet », cite, à www.macster.com pour les b Freenet : logiciel en Peoplesound met en ligne tous les artistes qui teurs par jour. « Bien que très attachés au prin- titre d’exemple, le patron de peoplesound.fr. ordinateurs Apple). Chaque développement qui permettra lui en font la demande – ou presque – sous ré- cipe de la gratuité d’écoute, les responsables de Les professionnels du disque observent le membre de la communauté peut d’échanger toutes sortes de serve que la qualité technique des enregistre- Peoplesound rejettent toute comparaison avec phénomène sans trop s’inquiéter. « L’autopro- aller se servir sur le disque dur fichiers sans passer par un ments soit bonne. « Là où une major va élimi- Napster ou avec les autres sites pirates qui font duction a toujours existé », rappelle Pascal des autres internautes et accepte serveur central et en garantissant ner 95 % des musiciens qui la sollicitent, nous peu de cas des droits d’auteur. Nous sommes en Nègre, patron d’Universal Music France, fa- que les autres copient ses le parfait anonymat des échanges retenons un artiste sur deux environ », affirme train de conclure un accord avec la Sacem pour rouche adversaire de la gratuité sur Internet. fichiers. (freenet.sourceforge.net). Fabrice Nataf, le directeur général du site fran- assurer une rémunération de nos auteurs- Détourner le système est un vieux fantasme, b Scour : logiciel similaire dans b Flycode : ce nouveau service, çais peoplesound.fr. compositeurs lors du téléchargement ou de souligne-t-il, « mais, on n’a pas réussi à trouver sa conception à celui de Napster anciennement applesoup.com, Chaque interprète a droit à une page sur la- l’écoute en ligne. » mieux : un artiste n’existe pas sans une maison mais permettant aussi pourrait connaître le même quelle l’internaute peut écouter, charger gra- de disques, et une maison de disques n’existe pas d’échanger des fichiers vidéo. succès que Napster. Il permet tuitement deux titres et commander le disque, UN VIEUX FANTASME sans artistes ». La filiale de Vivendi Seagram Faute d’avoir pu lever de aux utilisateurs d’échanger livré en quarante-huit heures. En moins d’un Pour l’heure, le problème est plutôt de trou- s’apprête à ouvrir son propre site de jeunes ta- nouveaux fonds, scour.com vient directement leurs fichiers MP3 an, 9 000 musiciens ont été mis en ligne en ver un modèle économique fiable. Les fonda- lents, baptisé balanceleson.com, avec, à la clé, d’être racheté par la société sans passer par une discothèque Grande-Bretagne, en France, en Italie, en Es- teurs de Peoplesound ont promis à leurs ac- pour les meilleurs, un précieux sésame, « la si- Listen.com, filiale de plusieurs centrale (flycode.com). pagne, en Allemagne et aux Pays-Bas, dont tionnaires d’atteindre l’équilibre d’exploitation gnature garantie d’un contrat avec Universal majors du disque (scour.com). b Carracho : clone de Napster huit cents pour le seul site peoplesound.fr. Au- en 2002. Aujourd’hui, le chiffre d’affaires (non Music ». Le « système » contre-attaque... b Gnutella : il n’y a plus de installé en Allemagne cun n’est encore devenu une star mais, sou- publié) provient de la publicité. La vente de serveur central. Chaque (carracho.com). ligne M. Nataf, lui-même ancien de Virgin Mu- disques en ligne n’a pas vraiment décollé. «Le Pascal Galinier L’industrie du disque finit toujours par s’adapter L’INDUSTRIE du disque doit-elle non inusable. Dix ans plus tard, la brevet de Charles Cros, en 1877, le teurs. Une étude du Syndicat des de la publicité pour le disque à la la musique. Et ce malgré la qualité craindre Napster et tout site qui se stéréophonie relançait le marché. Compact Disc, inventé par Philips producteurs de matériel haute-fidé- télévision, les multinationales sont du son numérique compressé en fonderait sur la même idée L’apparition de la musique dématé- et Sony, relança les ventes. L’ache- lité avait cependant prouvé que les à la recherche frénétique du ou des MP3, inférieure à celle d’un CD d’échange ? Le géant allemand Ber- rialisée et gratuite sur la TSF avait teur se rua sur ce nouveau produit, copieurs étaient aussi des gros deux ou trois artistes qui affichent standard. Des lecteurs de salon telsmann répond par la négative. déjà affolé cette industrie qui n’al- inusable à défaut d’être inaltérable, acheteurs de disques. En 1998-1999, de gros scores de ventes. équipés de décodeurs MP3 per- Cette industrie ne s’est-elle pas tou- lait pas tarder à faire ami-ami avec écoutable partout grâce au bala- un glissement sémantique transfor- Depuis quelques années, les liens mettent déjà de lire des CD jours sortie de crises récurrentes celle qui l’aiderait bientôt à deur, globalement meilleur du ma en pirates les amateurs qui co- capitalistiques entre le disque et le compressés copiés sur le Net qui grâce à une nouvelle technologie conquérir de nouveaux clients. point de vue sonore. piaient les CD sur le graveur de leur matériel pour les lire sont rompus, contiennent onze heures de mu- La diffusion de nouveaux pro- ordinateur. Or, le pirate est un in- à l’exception de Sony qui continue sique. ANALYSE duits, plus en phase avec l’évolu- COPIEURS-ACHETEURS dustriel qui fabrique des contrefa- de maîtriser la production artis- Ce ne sont que les débuts d’une L’alliance Napster- tion du style de vie de la société, N’analysant pas les causes artis- çons dont il reproduit à l’identique tique et la technologie. Avec l’aide technologie perfectible que l’appa- s’accompagnait d’une refonte des tiques et commerciales profondes et à grande échelle pochettes et éti- de Philips – qui a vendu sa branche rition de lignes à haut débit révolu- Bertelsmann renforce catalogues. Les artistes réenregis- de la chute des ventes de microsil- quettes. musicale et cinéma à Seagram, en tionnera. Prenant en marche le l’idée que la musique traient leurs succès et leurs nou- lons, l’industrie du disque publia, Dans la coulisse, certains em- cours de fusion avec Vivendi –, So- train du Net, l’industrie du disque est gratuite velles œuvres. Le public renouvelait dans un grand désordre tarifaire, ployés des majors reconnaissaient ny a mis au point un nouveau stan- et de la communication attaque les sa discothèque. Tout allait bien. Le jusqu’à mille références par mois, avoir induit l’idée que la musique dard, le Super Audio Compact Disc. sites d’échange. Si l’alliance Naps- marché du disque devait connaître rien qu’en France. Elle tablait sur était un bien de consommation D’autres industriels japonais ont ter-Bertelsmann est une rupture arrivant à point nommé ? sa première vraie grande crise, au une expansion continue du mar- gratuit, en nouant des liens avec mis au point le DVD audio, in- dans cette stratégie, elle renforce Au début des années 50, l’enre- tournant des années 70-80, les ché : il stagne, voire baisse dans des télévisions et des radios dont le compatible avec le SACD. l’idée que la musique est gratuite gistrement sur bande magnétique ventes s’effondrant juste après la certains genres, depuis presque dix nombre a été décuplé par la libéra- Mais cette amélioration qualita- tant est symbolique le coût de et le microsillon faisaient passer de vague du disco. Rompant résolu- ans. tion des ondes, et qui matraquent tive risque de ne pas peser lourd l’abonnement proposé. L’industrie quatre à vingt-cinq minutes la du- ment avec une technologie fonda- Du temps du microsillon, la copie comme jamais sons et images. commercialement face à l’appari- s’adaptera. rée de chacune des faces d’un mentalement inchangée, malgré ses privée sur cassettes avait été ac- Dans le même temps, concentrant tion des sites et des logiciels per- disque, dorénavant incassable, si- améliorations, depuis le dépôt du cusée de tous les maux par les édi- leurs efforts depuis l’autorisation mettant de copier gratuitement de Alain Lompech LeMonde Job: WMQ0711--0026-0 WAS LMQ0711-26 Op.: XX Rev.: 06-11-00 T.: 10:51 S.: 111,06-Cmp.:06,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0401 Lcp: 700 CMYK

26 / LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 ENTREPRISES La Cour de cassation peaufine une Les Chantiers La direction de Michelin de l’Atlantique exploite une divergence jurisprudence marquée par la crise construiront le plus syndicale sur les 35 heures La reprise économique pourrait changer son approche grand paquebot Pour la deuxième année consécutive, les éditions Liai- de la Cour de cassation. L’ouvrage confirme que sons publient une synthèse des principaux arrêts, com- 1999 et 2000 ont été des années de consolidation Appel à une manifestation mardi 7 novembre mentés par des juristes, rendus par la chambre sociale d’une jurisprudence marquée par la crise économique. du monde CLERMONT-FERRAND et à la nuit (jusqu’au dimanche RENDANT plus de six mille ar- treignent sans justification les liber- résulter d’une manifestation non NANTES de notre correspondant 5 heures) les horaires du samedi rêts par an, la chambre sociale de tés des salariés, d’autre part vérifier équivoque de la volonté de celui- de notre correspondant Afin d’accélérer la signature d’un pour les équipes en trois huit la Cour de cassation joue un rôle que ces clauses sont le fruit d’une ci. Ne pas reprendre son travail L’armateur Cunard a confirmé, accord sur la mise en place des (10 000 personnes) tout en rédui- central qui n’est plus à démontrer négociation entre les parties ». après un arrêt-maladie ne consti- lundi 6 novembre, la commande 35 heures, la direction de Michelin sant de dix-sept à quinze le nombre dans le domaine des relations du Mais les magistrats savent par- tue pas une démission (arrêt du paquebot Queen-Mary-II aux s’est adressée directement à l’en- de samedis travaillés par an. De- travail. Pour fois être pragmatiques. En matière Carlavaud c/SDAB Obi Limoges). Chantiers de l’Atlantique, qui fai- semble de son personnel en lui fai- puis la dernière réunion paritaire tenter de de temps de travail, « le change- Fidèle à sa jurisprudence, la sait l’objet d’une lettre d’intention sant parvenir une lettre dans la- signée, tenue le 25 octobre, elle a comprendre la ment d’horaires consistant dans une Chambre sociale a encore renforcé signée en mars. Livrable fin 2003, quelle elle déclare que « l’entreprise accepté d’éliminer de ce schéma les doctrine glo- nouvelle répartition de l’horaire au le contrôle des plans sociaux. Non le Queen Mary II sera le plus grand n’ira pas plus loin dans ses proposi- équipes de nuit qui, dans ce cas de bale de cette sein de la journée, alors que la du- seulement l’employeur est forte- paquebot jamais construit : tions ». Ce courrier qui, dans la figure, étaient les seules à travailler jurisprudence, rée du travail et la rémunération ment incité à tenir compte de l’avis 345 mètres de long, 40 de large, forme, ressemble à un tract syndi- une partie du dimanche. Ce qui fait les éditions restent identiques, constitue un du comité d’entreprise (arrêt CE 1 500 cabines, pour une capacité cal, a été distribué dans les ateliers dire au négociateur de la CFDT Liaisons simple changement des conditions Lasnon c/Lasnon) mais le péri- de 3 000 passagers et une semaine avant que se tienne, qu’il convient désormais de recen- viennent de de travail et non une modification mètre du reclassement qu’il faut 1 300 hommes d’équipage. Il sur- les 8 et 9 novembre à Paris, la qua- trer les négociations sur une aug- publier, pour la deuxième année du contrat » (arrêt Feldmann c/La- proposer aux salariés concernés classera largement le Voyager torzième réunion paritaire sur le mentation du nombre de jours de consécutive, une synthèse des croix). Le salarié ne peut donc s’y par le plan social s’étend désor- construit par le chantier finlandais sujet. Réunion considérée comme congé et sur un recadrage du tra- principaux arrêts commentée par opposer. mais aux sociétés dites partenaires Masa Yard, qui compte 1 300 ca- celle de la dernière chance par une vail le samedi. Si satisfaction était des juristes. de l’employeur (arrêt Hadj Salem bines et détient jusqu’ici le record. direction ayant décidé de jouer la donnée sur ces points, Jean Barrat Pierre angulaire de la relation c/Cerval). Le contrat porte sur un montant carte de la démocratie directe que n’exclut pas alors le recours au ré- qui unit le salarié et l’employeur, le La Cour refuse que Enfin, la Cour refuse que des in- de 700 millions de dollars. lui offre la deuxième loi Aubry. férendum. contrat de travail fait l’objet d’une térimaires soient embauchés sur A la différence des paquebots Dans sa missive, après avoir sou- attention particulière des magis- des intérimaires des postes qui auraient pu être te- actuels qui ont l’allure d’hôtels ligné expressément que les organi- RÉFÉRENDUM trats, comme l’a rappelé l’arrêt nus par des salariés de l’entreprise flottants, le Queen Mary II aura sations syndicales étaient « des par- Ce que la CGT, par la voix de son Perrier (Le Monde du 20 juillet) qui soient embauchés sur victimes d’un licenciement écono- l’esthétique et les performances tenaires incontournables », Michelin représentant, François Boisset, ex- n’autorise que les externalisations mique (arrêt Midioni c/France des « liners » qui assuraient les rappelle que cette loi « impose que clut totalement, en estimant que d’une entité économique auto- des postes ayant pu Ceram). liaisons transatlantiques avant la solution soit l’objet d’un accord « Michelin ne négocie pas les nome et non le simple démembre- A la lecture de cet ouvrage, il ap- l’essor de l’aviation. Sa vitesse de validé par la signature d’au moins 35 heures mais bien une refondation ment d’un service. D’autres arrêts être tenus par paraît clairement que les années 30 nœuds lui permettra de traver- une organisation syndicale et d’une sociale dans l’entreprise, effaçant récents protègent également les 1999-2000 ont été des années de ser l’Atlantique en cinq jours. majorité favorable à l’accord, obte- toutes les conquêtes ouvrières jusqu’à salariés. Comme elle l’avait fait des salariés victimes consolidation d’une jurisprudence Cette confirmation porte à nue lors d’une consultation du per- y compris celles de 1936 ». Le syndi- pour les clauses de non-concur- élaborée depuis plusieurs années treize le nombre de paquebots sonnel effectuée à la demande d’au cat se veut la locomotive d’une ma- rence et de mobilité, la Cour n’ac- d’un licenciement par le président de chambre so- commandés aux Chantiers de moins une organisation syndicale ». nifestation à laquelle se joindront cepte la clause d’exclusivité « que ciale, Gérard Gélineau-Larrivet et l’Atlantique à ce jour, auxquels En s’engageant sur cette voie, la di- la CFDT, la CFTC et Force ouvrière si elle est indispensable à la protec- économique le doyen Philippe Waquet. Mais s’ajoutent deux autres paquebots rection de la manufacture entend en organisant, ce mardi 7 no- tion des intérêts légitimes de l’entre- ces deux fortes personnalités pre- en option et deux frégates. La fi- exploiter une scission syndicale. La vembre, une journée de mobilisa- prise et si elle est justifiée par la na- nant leur retraite en 2001, il est liale d’Alstom emploie 4 500 per- CGT majoritaire refuse en bloc ses tion. ture de la tâche à accomplir et Cela ne concerne pas le passage possible que la jurisprudence, sonnes à Saint-Nazaire et en fait propositions, tandis que la CFDT, Dans le même temps, les six proportionnée au but recherché » aux 35 heures. Si la Cour avait pris marquée par la crise économique travailler autant chez ses sous- deuxième organisation syndicale, « élus indépendants » du comité (arrêt Couzin c/Larousse). les devants sur certains points liti- et les plans sociaux des années traitants installés dans l’enceinte n’hésite pas aujourd’hui à déclarer d’entreprise ont adressé une lettre Par ailleurs, la non-réalisation gieux comme la définition du 1992-1997 évolue à partir de l’an- du chantier naval. Alstom Marine, que les négociations peuvent abou- ouverte à toutes les organisations d’objectifs ne constitue pas un temps de travail effectif, la loi Au- née 2002, surtout si la reprise la division navale du groupe Als- tir par la voix de son négociateur syndicales dans laquelle ils esti- motif de licenciement si ces objec- bry 2 est encore trop récente pour économique se confirme. tom qui comprend également le principal, Jean Barrat. ment que, « faute d’accord, elles ne tifs ont été fixés unilatéralement avoir généré une jurisprudence chantier Alstom Leroux Naval, a Jusqu’alors, le travail du samedi peuvent refuser à l’ensemble du per- par l’employeur (arrêt Gastinger c/ spécifique. Frédéric Lemaître réalisé un chiffre d’affaires de constituait le principal point de sonnel de s’exprimer dans le cadre SGEM). Comme l’analyse Fran- La Cour a par ailleurs continué 1,318 milliard d’euros sur le der- blocage, la direction proposant à d’un référendum ». çoise Champeaux, « la Cour de de se pencher sur la rupture du ૽ Jurisprudence sociale 1999- nier exercice. l’occasion du passage aux cassation entend aujourd’hui d’une contrat de travail. Elle a rappelé 2000, Françoise Champeaux, édi- 35 heures, d’étendre à l’après-midi Jean-Pierre Rouger part annuler toutes clauses qui res- qu’une démission d’un salarié doit tions Liaisons, octobre 2000, 195 F. Dominique Luneau LeMonde Job: WMQ0711--0027-0 WAS LMQ0711-27 Op.: XX Rev.: 06-11-00 T.: 10:17 S.: 111,06-Cmp.:06,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0402 Lcp: 700 CMYK

27 COMMUNICATION LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 Quatre candidats s’affrontent pour l’achat du groupe de presse britannique Express Considérés comme proches du New Labour de Tony Blair, les trois titres (le « Daily Express », le « Sunday Express » et l’« Evening Standard ») du groupe United News & Media sont en vente. Sur les rangs : le Hinduja Group, le canadien Hollinger, David Montgomery et l’éditeur du « Daily Mail » LONDRES presse écrite pour créer de la valeur pro-euro, le Daily Express perd un son rachat en 1977 par le conglomé- rédactionnel », indique le consultant presse est plus complaisante. Elle est de notre correspondant à l’actionnaire après la faillite de argent fou. Il est de surcroît dirigé rat Trafalgar House, les ventes péri- Roy Greenslade. A ses yeux, trois aux ordres » : cette conception par- Au hit-parade des magnats des son projet de fusion avec Carlton par la féministe Rosie Boycott, croi- clitent faute d’investissements. Le facteurs compliquent la vente des ticulière de la presse du clan Hindu- médias qui font parler d’eux, il n’y a Communications, United News & sée de la dépénalisation des Daily Mail s’empare du lectorat fé- titres. ja a de quoi rebuter les syndicats de pas que Rupert Murdoch. Depuis Media a déclenché une belle foire drogues douces... Dans la mytholo- minin. Repris en 1996 par le travail- Sur le plan commercial d’abord, journalistes. Aussi leur projet de quelques mois, Lord Rothermere d’empoigne en décidant de se sépa- gie de la presse, le centenaire Daily liste Lord Hollick, le groupe Express la question est de savoir s’il existe créer une section destinée exclusi- (trente-deux ans) le suit de près. rer de ses journaux. Express fait rêver. Fondé par Arthur devient le porte-voix du New La- un réel créneau pour un tabloïd vement à la communauté indienne Non par goût immodéré pour l’ac- D’autres « tycoons » de la presse Pearson, racheté en 1916 par le lé- bour. La refonte complète de la ma- « people » de gauche capable de vivant en Grande-Bretagne n’excite quisition de journaux – à chacun sont aussi sur les rangs. A commen- gendaire Lord Beaverbrook, faiseur quette, la multiplication des supplé- concurrencer un Daily Mirror «no- guère les publicitaires. Enfin, consi- son registre – mais parce que le pré- cer par le groupe canadien Hollin- de roi et conseiller de Churchill, ce ments et le dynamisme de Rosie tabilisé ». Au niveau politique en- déré comme un fossoyeur de jour- sident du Daily Mail & General ger de l’homme d’affaires Conrad quotidien populaire vend en 1963 Boycott, rédactrice en chef du jour- suite, le gouvernement travailliste naux, David Montgomery, dont le Trust (DMGT) veut racheter au Black. Cet ultralibéral aux dents 4 millions d’exemplaires, le plus nal, ne permettent pourtant pas ne tient pas à laisser filer le groupe montage financier est critiqué par la groupe United News & Media trois longues se sent un peu à l’étroit en grand tirage du monde anglo- d’arrêter l’érosion des ventes. Express à des barons de la presse de City, n’est pas en odeur de sainteté grands titres de la presse quoti- Grande-Bretagne. Son vaisseau saxon. Quant au Daily Star, lancé en 1978 à droite comme Rothermere ou à Downing Street. dienne britannique : le Daily Ex- amiral, le Daily Telegraph, est en ef- Manchester, spécialisé dans le sca- Black, antieuropéens virulents, à Restent les questions de libre press, le Sunday Express, le Daily fet confronté à une sauvage guerre « LE PASSAGER DE L’OMNIBUS » breux, il souffre de la désaffection l’approche d’élections générales. concurrence. Le ministère du Star. des prix lancée depuis 1993 par son Le secret du succès de l’Express ? du public pour la presse dite « de Conscient de cet enjeu électoral, le commerce et de l’industrie redoute DMGT est la « success story » grand rival, le Times de Murdoch. Le De l’humour, une écriture simple, caniveau » depuis la mort de la Daily Mail et le Daily Telegraph ont en particulier la domination du Dai- des tabloïds londoniens. Mais la clan indien Hinduja (voir ci-dessous) des titres accrocheurs et des articles princesse Diana promis de maintenir la ligne édito- ly Mail sur la presse tabloïd de mi- ligne éditoriale de ses principaux est également dans la course. Troi- courts. Sans parler des éditoriaux « Pour un quotidien national, riale pro-Labour du groupe Ex- lieu de gamme. Lord Rothermere a titres (Daily Mail, Mail on Sunday, sième candidat, David Montgome- hostiles à la décolonisation, aux même en mauvaise passe, on trouve press. toutefois beau jeu de répliquer Evening Standard) est résolument à ry, ancien PDG du Mirror Group, syndicats, au Marché commun. Voi- toujours un acheteur. Mais pour per- qu’en cas de victoire sa part du droite et europhobe. Or, le groupe dont la réputation de sabreur de là qui plaît à la petite classe mettre au Daily Express de lutter à CONCEPTION PARTICULIÈRE marché de la presse quotidienne Express est considéré comme la fi- coûts n’est plus à faire. Partis tôt à moyenne symbolisée par le slogan armes égales avec ses rivaux, le nou- « La famille Hinduja aimerait se britannique reste loin de celle de gure emblématique du New Labour l’assaut, les frères Barclay ont ré- de Beaverbrook : « On écrit pour le veau propriétaire va devoir investir montrer plus ouverte avec les médias. Rupert Murdoch, qui avoisine 40 %. de Tony Blair. A l’évidence, pressé cemment jeté l’éponge. passager de l’omnibus de Clapham beaucoup d’argent pour augmenter Mais la tradition des journaux britan- par la City de se désengager de la Trop cher, trop à gauche, trop [banlieue de Londres].»Mais après la pagination et améliorer le contenu niques est trop robuste. En Inde, la M. R. Les trois quotidiens convoités

La famille Hinduja : une fortune bâtie sur le thé et les fruits confits b Filiale du groupe d’édition distribué gratuitement dans le NEW DELHI–LONDRES « bunker » niché au dernier étage de New Zea- Le 9 octobre, Srichand et deux autres frères ont United News & Media, le métro londonien. de nos correspondants land House, le célèbre bâtiment du Haymarket. été formellement accusés par le CBI (Central Bu- groupe Express compte trois Offre de rachat : autour de La candidature du clan Hinduja au rachat de Un autre frère, Prakash, s’occupe depuis Genève reau of Investigation) de complicité de corrup- quotidiens nationaux : 100 millions de livres. au groupe Express a précipité ces businessmen des intérêts proche-orientaux. Quant à Ashok, il tion, conspiration criminelle et escroquerie du Daily Express (diffusion Le Hinduja Group n’est pas énigmatiques sous les feux de la rampe. Le est basé en Inde, à Bombay, où le groupe diversi- Trésor public dans le cadre du scandale Bofors. moyenne en septembre 2000 : présent dans la presse écrite groupe a été fondé par Parnand Deepchand Hin- fié (transport, finance, commerce, audiovisuel) Ils ont démenti toute implication dans cette af- 1 million d’exemplaires) mais possède d’importants duja, négociant en thé et en fruits confits, origi- est devenu plus actif depuis la libéralisation opé- faire de pots-de-vin ayant accompagné la vente Sunday Express intérêts dans la télévision par naire du Sind – aujourd’hui le Pakistan –, qui rée en 1991. à l’Inde en 1986 de 400 canons de cette entre- (971 000 exemplaires) câble en Inde. s’installe à Bombay en 1914. Cet homme d’af- prise de défense suédoise. Daily Star (651 000 exemplaires). Offre : 125 millions de livres. faires et banquier fait fortune grâce au HUITIÈME RANG DES FORTUNES DU PAYS Aux yeux des experts, l’acquisition d’un quoti- b Les candidats à la reprise Hollinger, qui se dit intéressé, commerce avec l’Iran et à ses liens privilégiés Ce conglomérat tentaculaire, qui emploie dien de la stature du Daily Express devrait leur sont au nombre de quatre : comprend en Grande-Bretagne avec le régime du chah. 25 000 personnes dans le monde, a réalisé en permettre d’accroître des contacts utiles aux af- Le Daily Mail & General Trust le Daily Telegraph (1 million A la mort de Parnaud, en 1971, son fils aîné, 1999 un chiffre d’affaires de 6 milliards de livres. faires, à Westminster comme dans le monde po- (DMGT) comprend le Daily d’exemplaires) et Srichand, reprend le flambeau. La révolution ira- D’après le Sunday Times, les Hinduja, classés au litique indien. Se situant au-dessus de la mêlée Mail (2,4 millions l’hebdomadaire politique nienne de 1979 contraint le clan à se replier sur 8e rang des fortunes britanniques, sont les entre- en Grande-Bretagne, les frères continuent d’en- d’exemplaires), le Mail on conservateur Spectator. Londres, où est situé le cœur du Hinduja Group. preneurs d’origine indienne les plus riches du tretenir des rapports amicaux avec les gouverne- Sunday (2,3 millions David Montgomery, dont l’offre Naturalisés britanniques, le patriarche-président royaume. L’absence de transparence dans la ments successifs, conservateurs ou travaillistes. d’exemplaires) et l’Evening est en voie de préparation, est Srichand, soixante ans, et son frère Gopichand structure de l’entreprise, l’obsession du secret et Standard (442 000 exemplaires) financé par la banque HSBC et gèrent cette nébuleuse de sociétés depuis le le refus de rencontrer la presse intriguent la City. Françoise Chipaux et Marc Roche ainsi que Métro, le quotidien le capital-risqueur 3i.

DÉPÊCHES a AUDIOVISUEL : le groupe amé- La Française des jeux et Dargaud Editeur lancent « XIII », nouveau jeu à gratter à 10 F ricain Viacom a annoncé vendredi 3 novembre l’acquisition de BET « IL NE SAIT PAS qui il est. Mais président des Etats-Unis, qui est lancement d’un tel jeu, puisque la fense. L’éditeur prévoit d’en distri- nombre 13 quand on les gratte. Holdings qui possède plusieurs en grattant, vous saurez combien il en quête, depuis treize albums, de société présidée par Christophe buer 500 000 exemplaires, qui de- L’obtention d’une somme de 13 chaînes câblées à destination du pu- vaut », c’est l’une des annonces son identité. Le scénario est écrit Blanchard-Dignac a l’habitude vaient inonder les bacs des permet au joueur de toucher des blic noir américain. La transaction publicitaires que La Française des par Jean Van Hamme, scénariste d’investir « entre 12 et 18 millions libraires, samedi 4 novembre. gains allant de 10 à 130 000 F (en par échange d’actions est estimée à jeux diffuse depuis lundi 15 octo- de BD (Le Major Jones, Le Général de francs pour promouvoir un nou- La Française des jeux a édité passant par 130, 1 300 ou encore 3 milliards de dollars. En reprenant bre, par radio ou par affichage, Carrington, La Mangouste, Maria veau jeu ». Il n’est pas question, ici, 10 tickets de grattage à l’effigie des 13 000 F). Après ce nouveau jeu BET Holdings, Viacom met la main pour lancer son nouveu jeu « XIII, de Los Santos, etc.) et de cinéma de publicité à la télévision, personnages marquants de cette éphémère, la cible des 18-35 ans, sur la chaîne Black Entertainment la BD culte ». C’est la première (Diva) et romancier ; le dessin est « l’image de cette BD étant difficile BD culte. Le tout est axé sur la encore peu visée, fera l’objet Television, reçue par 62,4 millions de fois que la société utilise le succès réalisé par William Vance. Les dif- à faire passer au petit écran ». symbolique magique du « 13 » : ce d’autres projets, destinés à la fidé- foyers aux Etats-Unis, mais aussi des d’une série de bande dessinée, férents albums de XIII se vendent treizième jeu de La Française fonc- liser. chaînes plus thématiques comme après avoir surfé sur celui du film en moyenne à plusieurs centaines SYMBOLIQUE MAGIQUE tionne sur l’addition de quatre BET on Jazz, The Cable Jazz Channel Starwars ou la notoriété ancienne de milliers d’exemplaires chacun. Selon la technique, désormais chiffres devant totaliser le S. Gn. et BET International. d’un jeu comme le Monopoly. Le budget brut de la campagne classique en publicité, du co-bran- a Pathé et RF2K lanceront en mars du nouveau jeu à gratter de ding (échange de notoriété au bé- 2001 une chaîne thématique diffusée SAUF LE PETIT ÉCRAN La Française des jeux est de néfice d’un produit), les deux par- par câble et satellite, baptisée «TV Comme ces jeux précédents, à 16,8 millions de francs : 12 millions tenaires devraient tirer chacun Gourmand ». Pathé, déjà opérateur 10 F, eux aussi qualifiés de « jeux de francs pour les affiches – impri- leur épingle du jeu : La Française de Comédie !, Pathé Sport et éphémères » (ils durent en général mées à 11 700 exemplaires dont des jeux devrait profiter de l’image Voyage, détiendra 51 % de TV Gour- six mois), La Française des jeux plus de la moitié destinées aux forte et dynamique de l’aventurier mand et RF2K les 49 % restants. s’est associée à Dargaud Editeur, flancs de bus –, et 4,8 millions amnésique de la BD pour toucher a PRESSE : un nouvel hebdoma- qui publie les aventures de XIII. pour les spots radio (Europe 1 et 2, un public plutôt masculin, plutôt daire local, Le Grand Lille Stan- Cet homme au patronyme de ma- RTL et RTL 2, NRJ, Skyrock, RFM, urbain et plutôt composé de dard, a fait son apparition la se- tricule est un aventurier amné- Nostalgie, France-Info, etc.). jeunes adultes (18-35 ans). Quant à maine dernière dans les kiosques sique, accusé d’avoir assassiné le Un budget « normal » pour le Dargaud Editeur, il sait que les pe- lillois, s’inspirant directement de la tites cartes vendues dans les bu- presse populaire tabloïd britan- reaux de tabac joueront en faveur, nique. Vendu 4 francs pour 32 pages pour le lancement du 14e album, tous les dimanches, Le Grand Lille des aventures de XIII : Secret dé- Standard consacre une large part à la politique et aux faits divers. Les six journalistes sont également action- naires de ce titre tiré à 8 000 exem- plaires. – (AFP) a PRODUCTION : VM Group lance lundi 6 novembre une télévision sur le web, baptisée « decouverte.tv ». Le site proposera des petits sujets de 4 à 5 minutes, réalisés à partir des 15 000 heures de rushes dont dispose VM Group, qui produit notamment «E=M6» ( M6) et «Les grandes énigmes de la science » (France 2). L’investissement pour cette web-tv s’élève à 1,2 million de francs pour 2000 et 5 millions en 2001. LeMonde Job: WMQ0711--0028-0 WAS LMQ0711-28 Op.: XX Rev.: 06-11-00 T.: 10:59 S.: 111,06-Cmp.:06,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0403 Lcp: 700 CMYK

28 / LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 FINANCES ET MARCHÉS

EUROPE

ÉCONOMIE

TABLEAU DE BORD FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT100 PARIS CAC 40

UIURDVP TRQRDPQ

TRIPDSH di, les grandes lignes du prochain

URQS TWPP

AGENDA reprendre seul Atecs, la filiale de TUWV Vers une croissance budget.

UPQW TUPS

Mannesmann spécialisée dans TTTP

UHRP TSPV

l’équipement automobile et la TSPS de 0,6 % a ALLEMAGNE : le chiffre d’af-

MARDI 7 NOVEMBRE machine-outil qu’il devait acheter TVRT TQQI TQVW faires du commerce de gros en

a FRANCE : enquête mensuelle de avec Bosch, indique le Frankfurter Allemagne a augmenté de 7,1 % TTRW TIQR TPSQ au quatrième trimestre

conjoncture auprès des ménages Allgemeine Zeitung de lundi. en septembre en valeur nominale TRSP SWQU

pour le mois d’octobre. [[[TIIU [[[ [[[LA CAISSE des dépôts et consi- comparé au même mois de l’an

UeF PHƒF TxF UeF PHƒF TxF a ALLEMAGNE : publication des b ALSTOM : le groupe français et UeF PHƒF TxF gnations (CDC) table sur une passé, selon un chiffre provisoire chiffres du chômage d’octobre et vont croissance de 0,6 % au premier tri- annoncé, lundi, par l’Office fédéral l’américain General Motors Indices cours Var. % Var. % de la production industrielle de fusionner leurs activités de Europe 9h57 f se´lection 06/11 03/11 31/12 mestre 2001 et a confirmé ses pré- des statistiques de Wiesbaden.

septembre. HDQS RDQV maintenance de locomotives au EUROPE EURO STOXX 50 SIIWDPW visions de croissance de 0,6 % En valeur réelle (c’est-à-dire corri-

a vente RWHRDSU HDHW QDRP GRANDE-BRETAGNE : niveau mondial, ont annoncé les EUROPE ƒ„yˆˆ SH pour le quatrième trimestre 2000 gée des variations des prix), le

aux enchères de 25 tonnes d’or par RPS HDQS PDII deux entreprises dans un EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ QPR et de 3,2 % pour l’ensemble de chiffre d’affaires des grossistes al-

HDHT IDWP la Banque d’Angleterre. communiqué, diffusé lundi. Alstom EUROPE STOXX 653 QVTDUT l’année 2000, selon son indicateur lemands a, en revanche, diminué

TRQRDPQ HDSS UDWW

a ÉTATS-UNIS : élections prési- sera majoritaire au capital de cette PARIS geg RH avancé d’activité, publié lundi de 0,4 % en glissement annuel, in-

FFFF FFFF FFFF dentielle et législatives américaines. joint-venture. PARIS wshgeg 6 novembre. dique aussi l’Office dans un

RQQUDSH HDSU UDHQ Publication des statistiques sur le PARIS ƒfp IPH La CDC maintient sa prévision de communiqué.

FFFF FFFF FFFF

crédit à la consommation en sep- PARIS ƒfp PSH croissance de 0,7 % au troisième a Le syndicat allemand des ser-

Â

FFFF FFFF FFFF

tembre. SERVICES PARIS ƒigyxh we‚gri trimestre de cette année. vices publics et des transports

TVWDPS HDQI PDTT

b DEUTSCHE BAHN : entre 20 % AMSTERDAM eiˆ « L’incertitude sur l’orientation de (ÖTV) a de nouveau critiqué, di-

± ± QIUUDRR HDIR RDVV

et 25 % des chemins de fer BRUXELLES fiv PH la croissance est toujours forte. Les manche, lors d’un congrès à Leip-

UIURDVP HDTS QDII

MERCREDI 8 NOVEMBRE allemands pourrait être en partie FRANCFORT heˆ QH nouvelles informations ont été très zig, le projet de réforme des re-

± TRIPDSH HDRP UDRU

a GRANDE-BRETAGNE : Gordon vendue à des investisseurs LONDRES p„ƒi IHH mitigées et n’ont pas modifié les traites du gouvernement, sifflant

± IHTPTDPH HDUW VDUP

Brown, chancelier de l’Echiquier, étrangers afin de faire face à une MADRID ƒ„ygu iˆgrexqi projections de septembre dernier », le chancelier Gerhard Schröder qui

RVIVRDHH HDPT IPDHV

présente son avant-projet de bud- situation financière difficile, a MILAN wsf„iv QH soulignent les économistes de la intervenait lors de cette réunion.

VHWRDQH HDRH TDWP get. indiqué, lundi, son patron, Hartmut ZURICH ƒ€s CDC. L’ÖTV n’acceptera pas ce plan a ÉTATS-UNIS : prix à l’importa- Mehdorn, dans une interview au « Pour la seconde moitié de l’année, dans sa forme actuelle, a affirmé la tion pour octobre. quotidien Bild. L’Etat fédéral va AME´ RIQUES le rythme annuel de croissance se- vice-présidente du syndicat, Jutta injecter cette année 4,45 milliards rait toujours, avec les informations Schmidt, devant plus de 500 délé- d’euros, mais la compagnie aurait NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq EURO / DOLLAR connues aujourd’hui, légèrement gués.

JEUDI 9 NOVEMBRE besoin du double pour entretenir inférieur à celui de la première moi- a L’économie allemande va

IHVIUDWS QRSIDSV

a JAPON : masse monétaire, prix son réseau. HDVTW tié (2,4 % contre 2,8 %) », indique la avoir besoin d’au moins

IIQIH RPQR de gros intérieurs et réserves de HDWIS CDC. 200 000 immigrés par an, selon

change pour le mois d’octobre. IIHRQ RHHP b BSKYB : le bouquet satellitaire HDVWU a Le déficit budgétaire pour Klaus Zimmermann, le président

a GRANDE-BRETAGNE : annonce de l’un des six principaux instituts IHUUT QUUH britannique a atteint le seuil des HDVUW 2000 inscrit dans le collectif bud-

sur les taux d’intérêt du comité de cinq millions d’abonnés gétaire, qui sera présenté le allemands de conjoncture, le DIW, IHSHW QSQV

politique monétaire de la Banque numériques. Tony Ball, directeur HDVTI 15 novembre en conseil des mi- cité par le quotidien Berliner Zei-

IHPRP QQHT

d’Angleterre. général de BSkyB, a prévu, vendredi HDVRQ nistres, sera « légèrement infé- tung paru lundi.

WWUS QHUR a FRANCE : premières rencontres 3 novembre, « d’atteindre celui des HDVPS rieur » aux 215 milliards de francs Ce chiffre est un « seuil minimal »

parlementaires sur la sécurité ali- [[[ [[[ [[[ UeF PHƒF QxF UeF PHƒF QxF sept millions d’ici à la fin de 2003 ». UeF PHƒF TxF inscrits dans la loi de finances ini- qui ne permettra pas de couvrir mentaire. Avec cette progression, le bouquet tiale, a-t-on indiqué, vendredi, à entièrement les futurs besoins en a rapport mensuel Indices cours Var. % Var. % ALLEMAGNE : passera au « tout numérique » avec Ame´rique 9h57 f se´lection 03/11 02/11 31/12 Bercy. main-d’œuvre des entreprises, eu

de la BCE. six mois d’avance, en juillet 2001. égard au recul démographique de ± ± IHVIUDWS HDSU SDWI E´TATS-UNIS hy‡ tyxiƒ

a ÉTATS-UNIS : demandes hebdo- a la population allemande, a ajouté ± ± IRPTDTW HDII PDWH E´TATS-UNIS ƒ8€ SHH JAPON : l’indicateur avancé de

madaires d’allocations chômage et b M. Zimmermann. ± QRSIDSV HDTT ISDIV FRANCE TÉLÉCOM : l’Autorité E´TATS-UNIS xeƒhe gyw€yƒs„i la conjoncture, censé préfigurer

indice des prix à la production en

WUPHDRH IDHI ISDSQ de régulation des TORONTO „ƒi sxhiˆ l’évolution de l’économie japo-

octobre. a a ± IRSQQDWT FFFF IRDWT télécommunications (ART) a SAO PAULO fy†iƒ€e naise dans les six mois à venir, IRLANDE : le taux de chômage

reculé à 56,3 points, en septembre, ± ± QSQDTV IDQQ IIDWQ donné, vendredi 3 novembre, son MEXICO fyvƒe en Irlande a encore baissé en oc-

± à la baisse de 6 % des tarifs ± contre 70 en août (chiffre révisé), a RPUDVI PDHR PPDPV feu vert BUENOS AIRES wi‚†ev tobre, pour atteindre 3,7 % de la

VENDREDI 10 NOVEMBRE

des communications locales ± annoncé, lundi, l’agence de plani- selon les WUDVH QDHS QIDTI SANTIAGO s€ƒe qixi‚ev population active,

a publication des ± TRSUDWQ HDTR IWDIW ALLEMAGNE : proposées par France Télécom. CARACAS ge€s„ev qixi‚ev fication économique (EPA). chiffres publiés, vendredi, par le chiffres du commerce extérieur de Avec cette réduction, attendue pour L’indicateur est cependant resté Bureau central des statistiques septembre. janvier 2001, les prix des au-dessus du niveau des 50 points, (Central Statistics Office, CSO). a POLOGNE : date limite du dépôt communications locales passeront ASIE - PACIFIQUE qui sépare théoriquement les Le taux de chômage s’élevait à d’offres pour la téléphonie mobile de 28 centimes à 22 centimes par phases de croissance de celles de 3,8 % en septembre et 4,4 % en de troisième génération UMTS. minute en heures pleines, et de 14 à TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng EURO / YEN récession. août. En octobre 1999, le taux de

a ÉTATS-UNIS : fermeture par- 12 centimes en heures creuses. L’indicateur avancé est fondé sur chômage était de 5 % et, depuis, il ISQUIDRR WQDQI

tielle des marchés en raison du Ve- ISTUIDIS une série de données financières décline tous les mois, entraînant IUIVI WWDS

teran’s day. IUUQR telles que les indices des matières des pénuries de main-d’œuvre

ITTQU WUDR

FINANCE IUHUI premières, les immatriculations dans plusieurs secteurs écono-

ITHWR WSDQ

b NOMURA : la banque japonaise ITRHW automobiles et le nombre de nou- miques.

ISSSI WQDP

AFFAIRES serait candidate à la reprise des ISURU veaux projets résidentiels. Cet in-

ISHHU WIDI hôtels Meridien, mis en vente le ISHVR dicateur fait souvent l’objet de a LITUANIE : le taux de chô-

mois dernier par le groupe fortes révisions. IRRTR VW IRRPP mage en Lituanie a enregistré

INDUSTRIE britannique Granada Compass et [[[ [[[ [[[ une baisse de 0,1 point en octo- UeF PHƒF TxF UeF PHƒF TxF

b 3COM : le groupe américain auxquels le groupe français Accor a UeF PHƒF TxF a ROYAUME-UNI : le ministre bre, comparé à septembre, à d’informatique de réseau va payer renoncé, jugeant le prix excessif. Indices cours Var. % Var. % britannique des finances, Gor- 11,7 % de la population active, a in- Zone Asie 9h57 f

259 millions de dollars pour régler à se´lection 06/11 03/11 31/12 don Brown, va annoncer, mer- diqué, vendredi, le Bureau natio-

±

ISQUIDRR QDTH IVDVP

l’amiable une plainte en nom b DB INVESTOR : la filiale de la TOKYO xsuuis PPS credi, un gel des taxes sur les nal du travail.

± ISTUIDIS HDRW UDTI

collectif déposée par des Deutsche Bank, première banque HONGKONG rexq ƒixq carburants d’avril 2001 à avril Environ 210 000 personnes étaient

± ± PHHTDVR PDTS IWDHU SINGAPOUR ƒ„‚es„ƒ „swiƒ

actionnaires et relative au rachat, allemande, va lancer une Offre 2002, représentant pour le gouver- recensées le 1er novembre comme

± ± TWDQU HDVI RTDTS

en 1997, du fabricant de modems publique d’achat (OPA) sur le SE´OUL gyw€yƒs„i sxhiˆ nement un manque à gagner de sans emploi dans ce pays balte de

QPUW HDQV RDHI

analogues US Robotics. fabricant allemand de piles et SYDNEY evv y‚hsxe‚siƒ 600 millions de livres (870 millions 3,7 millions d’habitants.

±

PHDSP IDWW RHDWQ

batteries Varta, qui valorise BANGKOK ƒi„ d’euros), a affirmé, lundi, le Times. Le taux de chômage en octobre

± QWQUDPI HDHR PIDQS BOMBAY ƒixƒs„s†i sxhiˆ

b SIEMENS : le géant allemand l’entreprise à 287 millions Le chancelier de l’échiquier doit 1999 s’élevait en Lituanie à 8,9 %

± IWTRDWI IDIT IHDWT WELLINGTON xƒiERH de l’électrotechnique veut d’euros. présenter aux Communes, mercre- de la population active.

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone Euro Hors zone Euro

Euro contre f Taux contre franc f Taux Euro contre f 03/11

HDISPRS UDRSHV FRANC...... TDSSWSU EURO...... COURONNE DANOISE.

´ QDQSQVS UDWUUH DEUTSCHEMARK ...... IDWSSVQ DEUTSCHEMARK ...... COUR. NORVEGIENNE

Action Daewoo ´ QDQVUUR VDSRHV PARIS NEW YORK LIRE ITALIENNE (1000). IDWQTPU LIRE ITAL. (1000) ...... COUR. SUEDOISE ......

Daewoo au bord ` QDWRPQV QRDTVHH PESETA ESPAG. (100).... IDTTQVT PESETA ESPAG. (100) .... COURONNE TCHEQUE

en wons à Séoul DANS LES premiers échanges, WALL STREET a terminé la QDPUIWH IDTSPH ESCUDO PORT. (100).... PDHHRVP ESCUDO PORT. (100).... DOLLAR AUSTRALIEN .

lundi 6 novembre, l’indice CAC séance du vendredi 3 novembre RDUTUHQ IDQQSR

du dépôt de bilan SCHILLING AUTR. (10).. IDQUTHQ SCHILLING AUTR. (10).. DOLLAR CANADIEN ....

6 400 ´ ´ VDQPVWR PDIUSH 11 000 40 était en hausse de 0,95 %, à en baisse. L’indice Dow Jones a PUNT IRLANDAISE...... HDUVUST PUNT IRLANDAISE...... DOLLAR NEO-ZELAND

´ ´ PDWUTTH QQWDWHHH le 6 nov. PDPHQUI

DAEWOO pourrait déposer son bi- 6 459,50 points. Le baromètre de perdu 62,56 points (– 0,57 %), à FLORIN NEERLANDAIS FLORIN NEERLANDAIS DRACHME GRECQUE .. IDTPTHU IDTSPH FRANC BELGE (10) ...... RDHQQWW FRANC BELGE (10) ...... FLORINT HONGROIS ..

10 000 IDIHQPR QDWPVU lan dans les jours qui viennent s’il ne la Bourse de Paris avait clôturé 10 817,95 points. L’indice compo- MARKKA FINLAND...... SDWRSUQ MARKKA FINLAND...... ZLOTY POLONAIS...... parvient pas à faire accepter son sur une note quasiment stable, site de la Bourse électronique plan de redressement par le princi- 9 000 en repli de 0,02 %. Le marché Nasdaq, où sont cotées les valeurs pal syndicat de l’entreprise. «A Cours de change croise´s 8 000 n’avait pas réagi aux statistiques de la nouvelle économie, s’est, en moins d’un accord, il nous sera diffi- de l’emploi aux Etats-Unis et aux revanche, apprécié de 22,56 points Cours Cours Cours Cours Cours Cours 06/11 9h57 f DOLLAR YEN(100) EURO FRANC LIVRE FR. S.

cile d’accorder des crédits à la société. 7 000 interventions de la Banque cen- (+ 0,66 %), à 3 451,58 points. La DOLLAR ...... FFFFF HDWQPQT HDVTWWS HDIQPTP IDRSHSH HDSTWTU

Elle pourrait alors devoir déposer son trale européenne pour soutenir tendance boursière avait été très

YEN ...... IHUDPSSHH FFFFF WQDQIHHH IRDIWSHH ISSDSWHHH TIDHWSHH

bilan la semaine prochaine », a dé- 6 000 l’euro. Après avoir ouvert sur un irrégulière, les investisseurs mar- EURO...... IDIRWRW IDHUIUH FFFFF HDISPRS IDTTVUS HDTSRVS

claré, samedi 4 novembre, Uhm gain de 0,44 %, le CAC 40 avait quant une pause après une se- FRANC...... UDSRHTH UDHQHVS TDSSWSU FFFFF IHDWRUIH RDPWSTS

Rak-yong, gouverneur de la Korea 5 000 terminé en dessous du seuil des maine caractérisée par une nette LIVRE...... HDTVWRP HDTRPUH HDSWWPS HDHWIQS FFFFF HDQWPRS FRANC SUISSE ...... IDUSSRH IDTQTUS IDSPUQH HDPQPUH PDSRVRH FFFFF Development Bank, principal créan- 6 400 points, à 6 398,92 points. reprise des actions et avant le 4 000 cier de Daewoo. scrutin présidentiel de mardi. Le constructeur automobile en diffi- 3 000 Taux d’inte´reˆt(%) Matif culté doit honorer entre le 6 et le FRANCFORT M J J A S O N TAUX Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier 15 novembre des créances arrivées à 2000 À LA BOURSE de Francfort, l’in- Taux 03/11 f j. j. 3 mois 10 ans 30ans Cours 9h57 f 06/11 prix prix

Notionnel 5,5 RDVT SDQR SDTW

échéance pour un montant total de Source : Bloomberg dice de référence DAX progres- obligataires euro- FRANCE ...... RDVT

LES MARCHÉS ´ VTDRV VTDRS

DECEMBRE 2000 IIISI SDHV SDPQ SDSW

170 millions de wons (149,7 millions sait de 0,16 %, à 7 139,94 points, péens ont ouvert en léger recul, ALLEMAGNE .. RDVH

TDHI SDIS RDSS GDE-BRETAG. TDQV Euribor 3 mois

de dollars). Le plan de redressement tion a déjà abouti à la suppression lundi matin. L’indice des trente lundi 6 novembre. Après quelques ´ xg xg xg SDHP SDSV TDHP ITALIE...... RDVH DECEMBRE 2000

HDQU IDVQ QDHS a été jusque-là rejeté par les salariés, de 5 000 emplois en Pologne. Une valeurs vedettes avait progressé minutes de transactions, le JAPON...... HDQR

´ TDQV SDVI SDVQ

car il prévoit la suppression de plus délégation du gouvernement polo- de 0,56 %, à 7 128,27 points, ven- contrat euro-notionnel du Matif ETATS-UNIS... TDRU

QDRI QDVR RDPU SUISSE...... PDVV

de 18 % des effectifs de Daewoo, qui nais devait entamer, lundi 6 no- dredi, grâce au redressement des cédait 10 centièmes, à Pe´trole SDHP SDQT SDTU PAYS-BAS...... RDUS emploie 17 000 personnes en Corée vembre, à Séoul, des discussions valeurs technologiques. 86,44 points. Cours Var. %

du Sud. Cette décision est contraire avec les autorités sud-coréennes Le taux de l’obligation assimilable En dollars f 03/11 02/11

± HDUI à l’engagement de la direction signé dans l’espoir d’y obtenir des garan- du Trésor (OAT) à dix ans s’inscri- Matie`res premie`res BRENT (LONDRES) ...... QHDTQ

±

HDTR

en août de ne procéder à aucun li- ties pour l’avenir des usines polo- LONDRES vait de son côté à 5,33 %. En Alle- WTI (NEW YORK) ...... HDQQ

Cours Var. % C HDHW En dollars LIGHT SWEET CRUDE .... QPDTP cenciement pendant cinq ans. naises du groupe. LUNDI, en début de séance, l’in- magne, le rendement de l’em- f 03/11 02/11

Le syndicat s’oppose également à Le ministre des finances coréen, Jin dice Footsie de la Bourse de prunt d’Etat de même échéance ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE

± HDSP

une reprise du groupe par General Nyum, a quant à lui insisté sur la né- Londres était en hausse de s’établissait à 5,22 %. CUIVRE 3 MOIS...... IVPRDSH Or ± HDPH ALUMINIUM 3 MOIS ...... IRWR

Motors (GM). Le constructeur amé- cessité absolue pour le constructeur 0,31 %, à 6 405,1 points. L’indice ± HDSI

PLOMB 3 MOIS ...... RVUDSH

Cours Var %

± HDIW

ricain est pourtant considéré de mettre en œuvre des réformes des grandes capitalisations bri- ETAIN 3 MOIS ...... SPWH En euros f 03/11 02/11

±

HDHS

comme la dernière chance de sauver radicales. « Les efforts réalisés par MONNAIES ZINC 3 MOIS...... IHVTDSH

FFFF

tanniques avait clôturé, vendre- OR FIN KILO BARRE ...... WVSH

± HDUT

NICKEL 3 MOIS ...... UISS

± HDIH

Daewoo depuis la défection de son Daewoo Motor depuis un an pour se OR FIN LINGOT...... WVVH

di, en très légère baisse. L’indice L’EURO reculait légèrement face ME´TAUX (NEW YORK) $/ONCE

FFFF

ONCE D’OR (LO) $ ...... PTTDRH

rival, Ford, en septembre. GM est en transformer n’ont pas été satisfai- ± HDWQ

avait reculé de 0,10 %, à au dollar, lundi matin, sur le mar- ARGENT A TERME ...... RDUU

` ± IDHT PIECE FRANCE 20 F...... ST

C

IDHS

PLATINE A TERME ...... ISWRVWDSH train d’étudier un plan de reprise, sants, a-t-il déclaré dimanche.Si ` ± IDHU 6 385,4 points. ché des changes, ne parvenant pas PIECE SUISSE 20 F...... SSDUH

´

` ± IDHT

dont le principal obstacle reste l’entreprise ne parvient pas à mettre à tirer bénéfice de l’intervention GRAINES DENREES $/BOISSEAU PIECE UNION LAT. 20 .... ST

C ´ C HDPV

PTRDUS ` HDWT

l’énorme dette de Daewoo, estimée en œuvre un plan radical pour son de la Banque centrale européenne BLE (CHICAGO)...... PIECE 10 DOLLARS US ... PIH

FFFF PIH ` FFFF MAIS (CHICAGO)...... PIECE 20 DOLLARS US ... QWWDUS

C C HDWW IUQDWH ` IDPR à 18 000 milliards de wons (16 mil- propre sauvetage, elle ne survivra TOKYO (BCE) vendredi pour soutenir la SOJA TOURTEAU (CHG.). PIECE 50 PESOS MEX...... QTUDSH

liards de dollars), pour des actifs ne pas. » LA BOURSE de Tokyo a terminé, devise européenne. A 8 heures, SOFTS $/TONNE

±

IDWT

dépassant pas 12 000 milliards de lundi, en hausse. L’indice Nikkei l’euro cotait 0,8659 dollar, contre CACAO (NEW YORK)...... URW

´ ± IDIQ CAFE (LONDRES) ...... UHI Cotations, graphiques et indices en temps

wons fin 1999. ± RDWH Stéphane Lauer a fini sur un gain de 3,6 %, à 0,8664 dollar vendredi soir à New SUCRE BL. (LONDRES) ... ITUDPH re´elsurlesiteWebdu«Monde». A l’étranger, le plan de restructura- (avec Reuters) 15 371,44 points. York. www.lemonde.fr/bourse LeMonde Job: WMQ0711--0029-0 WAS LMQ0711-29 Op.: XX Rev.: 06-11-00 T.: 10:33 S.: 111,06-Cmp.:06,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0404 Lcp: 700 CMYK

FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 / 29

STOXX 653 sur 1 an sur 5 jours EURO STOXX50 sur 1an sur 5 jours

SIIWDPW

VALEURS EUROPE´ENNES QVTDUT

RHS SRUP

SIVP

b QVW QVUDWV

L’action du gestionnaire du réseau en hausse, à l’issue de la journée de SIIWDPW

RVWQ

autoroutier italien, Autostrade, a fi- vendredi. L’action a progressé de QUP QVUDUW

RTHQ ni la séance, vendredi 3 novembre, 5,61 % par rapport au cours de la QST SIHHDUS QVTDUT QVTDUS

SHWPDPI

en recul de 1,42 %, à 6,89 euros. La veille, terminant à 3,48 euros. Jeudi QVTDTQ RQIR QRH SHSPDRH

famille Benetton, qui contrôle Auto- soir, Telecom Italia avait annoncé SHVUDVU

RHPR

strade, souhaiterait se désengager de que la fusion entre Tin.it et Seat PG QPR [[[[[[[[ [[[[[[[[

ww t † v V xy†F W wes T xy†F ww t † v l’opérateur téléphonique Blu, après serait effective à partir du 15 no- V xy†F W wes T xy†F

le retrait de la candidature de ce der- vembre. A l’issue de l’opération, le

C ± PDVW PDUW qf IHDHR HDIU nier des enchères pour l’attribution groupe de télécommunications ita- RANK GROUP qf SERCO GROUP

ALIMENTATION ET BOISSON e COMMERCE DISTRIBUTION WDSS FFFF hi TTDWS FFFF

des licences de téléphonie mobile de lien détiendra une majorité du capi- RYANAIR HLDGS si SGL CARBON

± ± C qf QDTQ IDQT gr ITUDTS HDIW

TDQS HDSQ qf WDUS FFFF

troisième génération (UMTS). Auto- tal de Seat PG. L’action Telecom SAIRGROUP N ALLIED DOMECQ qf SHANKS GROUP ALLIANCE UNICHE

C e

± e hu IHDQQ IDWW p‚ TRDWS HDHV TDTS FFFF hi QVDHP FFFF SAS DANMARK A/S ASSOCIAT BRIT F qf SIDEL AVA ALLG HAND.G

Italia e C ±

p‚ TPDUS HDRH qf PDTW HDTI ± IIDTW FFFF qf VDUV HDWR strade détient une part de 32 % dans a terminé la séance en hausse SEB BASS qf INVENSYS BOOTS CO PLC

C

e C e

C e C e p‚ IVWDTH HDRV hi SHDVH IDVH RRDHP HDHS xv QHDSS HDRW

Blu tandis qu’Edizione Holding, la de 0,75 %, à 13,75 euros. SODEXHO ALLIANC BBAG OE BRAU-BE e„ SINGULUS TECHNO BUHRMANN NV

e C e e iƒ RDSH HDWH ƒi ITDUR FFFF

± RIDWW FFFF p‚ UUDIH IDVS

holding familiale des Benetton, dé- b L’action du groupe agroalimen- TELE PIZZA BRAU-UNION e„ SKF -B- CARREFOUR

C C e gr ITPTDVH HDUU qf IPDSW IDTI

± ±

UDTP HDRQ p‚ PPVDIH HDQW

Unilever THE SWATCH GRP CADBURY SCHWEPP qf SMITHS IND PLC CASTO.DUBOIS

C C

e C QPTDRU HDTH hu PRDIT IDIP tient 9 % de Blu. taire s’est appréciée, ven- gr ± SQDSS HDSH iƒ ISDHI HDHU THE SWATCH GRP CARLSBERG -B- hu SOPHUS BEREND - CC CARREFOUR

C ± qf IIDQI IDHP €e SRDRH HDUR ± SIDSR FFFF gr PITDQR HDQH b Le cours de Bourse de Seat Pa- dredi, à la suite de l’annonce, dans la THOMSON MULTIME CARLSBERG AS -A hu SPIRENT CHARLES VOEGELE

e ±

C e s‚ IDRT FFFF qf TDIS IDHU

RSDQT HDQH iƒ IWDHP FFFF

gine Gialle, la société spécialiste des matinée, de son bénéfice net en lé- WW/WW UK UNITS DANISCO hu T.I.GROUP PLC CONTINENTE

± e e C gr IIWTDHV QDTV qf IHDUQ FFFF ITT FFFF fi PSVDSH HDQW WILSON BOWDEN p‚ TECAN GROUP N

pages jaunes en Italie qui est en gère hausse de 1 % pour le troisième DANONE D’IETEREN SA C C e

C ƒi RDUS IDUS iƒ PPDUT HDWQ ± IRDHQ SDVV qf QDVQ IDPW WM-DATA -B- DELTA HOLDINGS q‚ TELEFONICA DEBENHAMS

e e C ±

C C iƒ VDPS IDRV e„ PQDSH IDSW IIDPW HDIS qf QDSV IDRP cours de fusion avec Tin.it, la filiale trimestre 2000. Le titre a pris 5 %, à WOLFORD AG DIAGEO qf TPI DIXONS GROUP

C e

± e C IVHDPW HDQU p‚ SPDPH HDSU PHDSW FFFF p‚ IVSDSH HDVP

Internet de Telecom Italia, a clôturé 62,35 euros. f DJ E STOXX CYC GO P ELAIS OLEAGINOU q‚ THOMSON CSF GAL LAFAYETTE

e C e xy RUDTR FFFF ± WSDIH HDII hi RPDWH IDVQ ERID.BEGH.SAY p‚ TOMRA SYSTEMS GEHE AG

e C qf WDRH FFFF ± RHDWH HDIP qf VDQP HDRH HEINEKEN HOLD.N xv TRAFFICMASTER GREAT UNIV STOR

± e gr PWIDVQ HDRS

± ± ITDHS IDPU xv IIT IDHU

HELLENIC BOTTLI q‚ UNAXIS HLDG N GUCCI GROUP

C

RVQTDTH HDRV

EMS-CHEM HOLD A gr

e ± C C e„ RTDQW HDRU IPDTS HDPQ ƒi PRDSW IDPH

Code Cours % Var. HELLENIC SUGAR q‚ VA TECHNOLOGIE HENNES & MAURIT ±

UDRP HDVW

10 h 12 ICI qf

06/11 PHARMACIE e C C C IRDVH HDQR f e xv e

IVDIH HDST hi RI IDPQ

pays en euros 03/11 e KAMPS hi VEDIOR NV KARSTADT QUELLE

SDSH FFFF

KEMIRA ps

±

hu TSDTQ IDPI

± PRDPV FFFF qf TDWU HDRV

KERRY GRP-A- qf VESTAS WIND SYS KINGFISHER

C

WDRI SDPH

LAPORTE qf

e ±

RRDRS IDPP e p‚

± ±

PDRS HDRI qf QDPR IDSP

MONTEDISON s„ VIVENDI ENVIRON MARKS & SPENCER

AUTOMOBILE C

SVQDTT IDRV

LONZA GRP N gr

±

C ƒi IUDPI IDHI ±

PQWSDRP HDWT qf IPDQW HDPU

NESTLE N gr VOLVO -A- MATALAN

xy RVDIR FFFF

± NORSK HYDRO PSDTR HDRS

AUTOLIV SDR ƒi

± C

C e C e ƒi IUDTP HDQQ gr SPTDIR HDTQ

STDVH HDIV hi RWDUS PDSV

e ACTELION N KONINKLIJKE NUM xv VOLVO -B- METRO

±

p‚ IRDWH HDIQ

e C RHODIA RSDUH HDPP

BASF AG fi

C

e C e SRHDVQ HDQS ± hi IRQ PDIR

IDUQ FFFF qf IIDWT HDIR

e ALTANA AG PARMALAT s„ f DJ E STOXX IND GO P NEXT PLC

±

fi TPDTH IDRP

e C SOLVAY QWDUH HDSI

BMW hi

C

C e C e qf SQDIU IDIU

SR IDRI p‚ PISDUH HDHW

e ASTRAZENECA PERNOD RICARD p‚ PINAULT PRINT.

±

fi QRDIH HDUQ

e C TESSENDERLO CHE IVDIS HDQW

CONTINENTAL AG hi

e C e C ±

p‚ VPDPH IDPQ

P WDVW qf HDWQ QDRS

AVENTIS RAISIO GRP -V- ps SIGNET GROUP

±

QVVDRQ HDPW

e C f STDPH IDPT

DAIMLERCHRYSLER hi DJ E STOXX CHEM P

C C

±

gr IQWPDIT HDPQ VDPS HDTI gr PSVDIU PDTH

BB BIOTECH SCOTT & NEWCAST qf VALORA HLDG N

e ASSURANCES ± PUDUS HDII

FIAT s„

e C

±

qf FFFF FFFF

UDIQ HDPQ xv ISDUH HDVQ

CAMBRIDGE ANTIB SOUTH AFRICAN B qf VENDEX KBB NV

e ± qf PDSV FFFF IUDTI IDTP

FIAT PRIV. s„ AEGIS GROUP

C ±

qf PPDSH PDQI

RDHR PDIH qf TDVR FFFF

´ CELLTECH GROUP TATE & LYLE qf W.H SMITH

e e C ± CONGLOMERATS xv RUDHW HDHW QQDVW HDVV

MICHELIN p‚ AEGON NV

si QTDIW FFFF

QDRT FFFF qf TDRS FFFF

ELAN CORP UNIQ qf WOLSELEY PLC

C

e C e p‚ TU HDVQ p‚ PPPDIH HDUQ

PEUGEOT e C AGF

fi PSVDSH HDQW

D’IETEREN SA e C e ± ± p‚ PVHDWH HDQP

TIDSH HDUQ QVUDUI HDUW

ESSILOR INTL UNILEVER xv f DJ E STOXX RETL P

e e C

s„ ISDWS HDQV s„ QDRS FFFF

PIRELLI SPA e C ALLEANZA ASS UWDSH PDVS

AZEO p‚ e C C

hi WVDSH HDSI

VDRP PDRQ

FRESENIUS MED C UNILEVER qf

e e C ±

hi QWV HDIQ QVSS HDIQ

DR ING PORSCHE hi e ALLIANZ N

PVH FFFF

GBL fi C

±

ƒi WDIW HDTQ

VDWS HDST

GAMBRO -A- WHITBREAD qf

e ±

qf IQDIU FFFF p‚ STDUH HDQS

RENAULT e C ALLIED ZURICH RQDPS HDTH

GEVAERT fi C C

qf QQDTT IDQS

HDIS

GLAXO WELLCOME f DJ E STOXX F & BV P PSRDWV HAUTE TECHNOLOGIE

e e C ±

xv IIIDSH HDRS SQDTH IDQP

VALEO p‚ ASR VERZEKERING

RDRT FFFF

INCHCAPE qf

±

gr IUSPDWR IDWR

NOVARTIS N e C

ISR PDTS

AIXTRON hi

C

e C e

p‚ ITQDTH HDRQ hi THDUH I

VOLKSWAGEN ± AXA

IIDVT HDRW

MYTILINEOS q‚ C

hu PQVDWH IDHP

NOVO NORDISK B e C

UTDRH PDHU

ALCATEL-A- p‚

C

C

gr IPPPDPP IDHV PRIDVH HDVP

f DJ E STOXX AUTO P ± BALOISE HLDG N PWIDVQ HDRS

UNAXIS HLDG N gr C

IHDRT HDIT

NYCOMED AMERSHA qf

±

IHDHP HDUQ

ALTEC SA REG. q‚

ITDHS FFFF

´ BRITANNIC qf

PIDQI FFFF

ORKLA xy e BIENS D’EQUIPEMENT

ps PHDTW FFFF

ORION B e C

QRDRH IDVU

ASM LITHOGRAPHY xv

C

ITDPQ HDPI

e CGNU qf

IDSU FFFF

SONAE SGPS €„ e C

±

xv RVDSH IDVH

gr IIHDPW HDUS

QIAGEN NV ABB N e C

PDRI IDTW

e BAAN COMPANY xv ±

p‚ QUDHI IDVQ

C CNP ASSURANCES

PDUQ HDTI

BANQUES TOMKINS qf C

gr IQIQUDPS HDSH VHHDTS FFFF

ROCHE HOLDING ADECCO N gr ±

VDTQ HDIW

e BALTIMORE TECH qf

± PIDPP HDRU

CORP MAPFRE R iƒ

f QPWDWV FFFF C

DJ E STOXX CONG P C e

± qf IUDQQ HDIW gr IHWQUDWI HDHW

s„ VDTH HDRT

ABBEY NATIONAL ROCHE HOLDING G AEROPORTI DI RO C

RIDHV PDWP

e BOOKHAM TECHNOL qf ITQDSH FFFF

e ERGO VERSICHERU hi e C ±

± xv PUDWW HDPW

p‚ TQDUH IDII TDIW HDPU

ABN AMRO HOLDIN SANOFI SYNTHELA AGGREKO qf

IUDVV FFFF

SPIRENT qf

± IWDWT HDHU

ETHNIKI GEN INS q‚

C C ± e e

qf IHDSI HDIT hi TTDVS HDPP

p‚ PSDWT IDHS

ALL & LEICS SCHERING AG ALSTOM C

TDQP PDUH

e BAE SYSTEMS qf

± SPDSH HDSU

TE´LE´COMMUNICATIONS EULER p‚ C C ± e

qf PHDIP HDVP

qf PRDIH IDIP p‚ PRT HDUR

ALLIED IRISH BA SHIRE PHARMA GR ALTRAN TECHNO e C

SVDWH PDHV

BROKAT hi

VIDPH FFFF

CODAN hu

C ±

q‚ RIDSH QDPP

C gr IIQUDPS PDQS

gr TSQDSW FFFF qf QDPW PDSW

ALPHA BANK SERONO -B- ALUSUISSE GRP N e C

TDVS QDHI

ATLANTIC TELECO BULL p‚

e C

QTDUS HDIT

e FORTIS (B) fi C

€„ PT FFFF C SDPR FFFF ƒi PPDTH HDSP

e qf

s‚ QDPV HDWP BPINTOMAYORR SMITH & NEPHEW ASSA ABLOY-B- e C

WRDSS PDHS

EIRCOM e BUSINESS OBJECT p‚ ±

QVDUS HDPT

e GENERALI ASS s„ C C ±

e„ TQDTQ IDHR C qf ISDIS HDII

qf SDPT HDTR

qf IPDUP P

BANK AUSTRIA AG SMITHKLINE BEEC ASSOC BR PORTS e C

IVTDRH IDVH

BRITISH TELECOM e CAP GEMINI p‚

±

IVPDTH PDUU

GENERALI HLD VI e„

C ±

qf IRDVV HDST

qf IQDPP FFFF ƒi PRDIP IDRV

± qf IRDIR HDVP

BANK OF IRELAND SSL INTL ATLAS COPCO -A- C

QTDSH IDTP

CABLE & WIRELES COLT TELECOM NE qf

±

PIDWV HDRH

INTERAM HELLEN q‚

C C ±

q‚ IUDUH IDIS

gr USHDWV HDRR C

PQDQT HDUT e ƒi RPDPH PDTV

BANK OF PIRAEUS hi SULZER FRAT.SA1 ATLAS COPCO -B- e ± ITDVH PDQQ

DEUTSCHE TELEKO COMPTEL ps

±

IPDHU HDPU

IRISH LIFE & PE qf

C

± ±

qf IIDTR IDRS C USQDSW QDHQ q‚ VDWH IDUW

e gr

s„ ISPDQS HDQT

BK OF SCOTLAND SYNTHES-STRATEC ATTICA ENTR SA e C

WH PDPU

E.BISCOM e DASSAULT SYST. p‚ ±

SDVH HDSI

FONDIARIA ASS s„

e C

e C

± iƒ RRDTW HDTS

C fi RPDWS HDIT qf WDRT HDIV

QDPV HDWP

BANKINTER R si UCB BAA

WIDRU FFFF

EIRCOM DIALOG SEMICOND qf

C

PDWI IDUR

LEGAL & GENERAL qf

C ± e

qf QPDTV HDTI

hu SWDHS HDRT fi IQS FFFF

± QR HDHQ

BARCLAYS PLC si WILLIAM DEMANT BARCO ±

ISDWV IDRR

ELISA COMMUNICA ERICSSON -B- ƒi

e C

IUDUH IDIR

e MEDIOLANUM s„ C ± e

hi TRDVH HDTI

C iƒ PQDVS QDHP qf SDWS FFFF

WDPI HDIV

BAYR.HYPO-U.VER qf ZELTIA BBA GROUP PLC e

TDIH FFFF

ENERGIS F-SECURE ps

e C

QVS IDSV

MUENCH RUECKVER hi

e C

C

± s„ WDTS HDPI

HDUP qf PUDVI HDPR

e SSWDIT QVDSH FFFF

BCA AG.MANTOVAN hi f

DJ E STOXX HEAL BTG C

IQDTS IDWW

EQUANT NV FILTRONIC qf

e C

RRDPH HDVH

POHJOLA YHTYMAE ps

e C

s„ IVDSH HDSR

±

IHDQT HDST

BCA FIDEURAM ƒi e

SHDVS FFFF

EUROPOLITAN HLD s„ Â

A

@€u˜li™ite FINMATICA

C

ISDSH HDTS

e PRUDENTIAL qf ±

s„ RDWP HDRH

e C IPPDUH HDUR

BCA INTESA p‚ e C

IQDVV QDPH

FRANCE TELECOM GETRONICS xv

e C

ISDVH IDPV

e RAS s„ ±

s„ IHDUP HDUR

± IWDTI HDSP

BCA LOMBARDA q‚ PTDSU FFFF

HELLENIC TELE ( GN GREAT NORDIC hu

UDWV FFFF

e ROYAL SUN ALLIA qf ±

RDVI HDTP

s„ e IHPDTH FFFF

MONTE PASCHI SI ps e C

SRDQS PDUR

HELS.TELEPH E INFINEON TECHNO hi

e C

IWDUS HDUU

SAI s„

e C

s„ PHDRU IDPW

± qf SDHI IDWS

BCA P.BERG.-C.V e C

PSDVH IDUV

KINGSTON COM INFOGRAMES ENTE p‚

e C

RW HDUH

e SAMPO -A- ps

±

s„ UDQI HDRI

e C PIDUV IDQH

BCA P.MILANO xv ±

QIDRV HDIW

KONINKLIJKE KPN INTRACOM R q‚

C

PQUWDHV HDIR

e SWISS RE N gr ±

s„ IQDIV HDTV e C

xv ISDIH IDQR B.P.VERONA E S. C

IIDIQ HDTH

LIBERTEL NV e KEWILL SYSTEMS qf ±

SRDUS HDRS

e SCOR p‚ ±

IDPQ HDVI

s„ e

IHV FFFF BCA ROMA hi ±

QPDSS HDRI

MANNESMANN N e LOGICA qf

SWDHW FFFF

e SEGUROS MUNDIAL €„

±

ITDPI HDPS

iƒ e

± US HDTR

BBVA R hi ±

QTRDUI HDQT

MOBILCOM LOGITECH INTL N gr

C

IWDIR HDTP

e SKANDIA INSURAN ƒi

€„ IUDWV FFFF

C

q‚ WDST HDWQ

ESPIRITO SANTO C IRDVU IDQT

PANAFON HELLENI MARCONI qf

SDUP FFFF

e ST JAMES’S PLAC qf ±

QTDTH HDRI

iƒ e

€„ IHDRP FFFF

BCO POPULAR ESP C IPDRR HDTU

PORTUGAL TELECO MISYS qf

VDHW FFFF

e STOREBRAND xy

SDWH FFFF

€„ e ± PRDQS HDTI

BCP R ps e ± SHDQS HDVU

SONERA NOKIA ps

UDWV FFFF

e ROYAL SUN ALLIA qf

s„ WDRI FFFF

C

QHTDPI QDUU

BIPOP CARIRE gr e ±

IV HDSS

SWISSCOM N OCE xv

C

WIPDRP HDPP

SWISS LIFE REG gr

e C

s„ QDWP HDSI

C

hu SSDQH HDRW

BNL e C QDTP HDPV

TELE DANMARK -B OLIVETTI s„

PIDRU FFFF

e TOPDANMARK hu

IHIDSH FFFF

p‚ e IQDTI FFFF

BNP PARIBAS €„ ±

U IDVT

TELECEL PSION qf

SRPDRV FFFF

ZURICH ALLIED N gr

e C

iƒ IIDWP HDIU

e C

s„ IQDVW IDHP

BSCH R C

VDWI HDIW

TELECOM ITALIA SAGE GRP qf

C

SWHDVS HDRR

ZURICH FINL SVC gr

xy TDHW FFFF

e C s„ TDSW IDHU

CHRISTIANIA BK e C

PIUDRH HDIV

TELECOM ITALIA SAGEM p‚

C

HDQS

f DJ E STOXX INSU P RTUDWW

e C

s„ UDHI HDUP

± ƒi UDQV HDUW

COMIT e C IWU PDHU TELIA SAP AG hi

±

SPDVI HDVQ

q‚ e ± IHDIW HDPH

COMM.BANK OF GR s„ e C PRIDUH IDSS

T.I.M. SAP VZ hi

e C

hi QQDQH HDQH

e C QTDWS HDRI

COMMERZBANK s„ ± IRDUH HDST

TISCALI SEMA GROUP qf

e C

RPDQS IDQP

p‚ e MEDIAS ± PRDUH PDWS

CREDIT LYONNAIS xv C USIDTQ QDIR

VERSATEL TELECO SEZ HLDG N gr

C

hu IUQDIR HDUV

± e qf RDIT IDIW

± DANSKE BANK e C s„ IRDIP HDST ISSDQH HDPT VODAFONE GROUP MONDADORI SIEMENS AG N hi

xy SDPR FFFF

C C IDIU

DNB HOLDING -A- VTTDHT e C IUDVR PDHW f qf VDRS UDUV

DJ E STOXX TCOM P BSKYBGROUP MB SOFTWARE hi

e C

hi WWDTS HDIS

DEUTSCHE BANK N e C ± p‚ IURDPH HDUS IIDQI IDHP

CANAL PLUS SPIRENT qf

e ±

fi IUVDWH HDRS

DEXIA e C qf TDSU FFFF SWDTS HDUT

CAPITAL SHOPPIN STMICROELEC SIC p‚

e C

hi RW HDVP

± DRESDNER BANK N e C qf WDPT IDHU R HDSH

CONSTRUCTION CARLTON COMMUNI TECNOST s„

C

QIDIQ HDSU

EFG EUROBK ERGA q‚

± qf ITDVQ FFFF

VDTI QDWP DLY MAIL & GEN ƒi

e C TELE 1 EUROPE

QVDIS IDUQ

ACCIONA iƒ

e C

RUDRV HDHT

e„ e

ERSTE BANK ±

± xv IRDWS HDWQ

RQHDUP IDTR

ELSEVIER gr

e C THINK TOOLS

PSDWV HDVW

ACS iƒ

C

ƒi IUDTP HDTU

FOERENINGSSB A C

qf IRDSP HDRT

IDSH FFFF

EMAP PLC THUS qf ±

IDHV IDSP

AGGREGATE IND qf

C

qf IH HDQQ

C

HALIFAX GROUP e C

qf VDTI RDTS

PSDQH IDUQ

FUTURE NETWORK TIETOENATOR ps

±

UDIV HDRI

AKTOR SA q‚

± qf IUDIH HDRV

e C

HSBC HLDG C

s„ IQDSP HDIS

HDSU

e GRUPPO L’ESPRES f DJ E STOXX TECH P WRWDVV

IVDHP FFFF

UPONOR -A- ps

e C

e C s„ QDST IDUI

ITDQH HDTP

IKB hi CIR

IQDRP FFFF

GWR GROUP qf

e C ´

IUDUW HDPQ

AUMAR R iƒ ENERGIE

e C

qf VDVI HDIW fi SIDTH FFFF

KBC BANCASSURAN CAPITA GRP e C

IWDSH IDHR

HAVAS ADVERTISI p‚ e C

WDHP HDPP

ACESA R iƒ

TDIU FFFF

qf e

BG GROUP ± s„ IIDIH HDVW IIDVU FFFF

LLOYDS TSB qf CDB WEB TECH IN e

QDTT FFFF

INDP NEWS AND M s‚ SERVICES COLLECTIFS

±

UDQP HDTV

BLUE CIRCLE IND qf

C

WDRS IDHU

qf e ±

± BP AMOCO RRDHR HDPU p‚ SHDVH HDQW

NAT BANK GREECE q‚ CGIP

IPDTI FFFF

INFORMA GROUP qf e e C ±

s„ ISDUI HDHT

HDTR TQDQS

BOUYGUES p‚ ACEA

e C

iƒ VDWH IDTH

e C CEPSA p‚ WHDUH HDQW qf TSDSP FFFF

NATEXIS BQ POP. CMG e C

p‚ TWDIH HDWS

LAGARDERE SCA N e C

s„ QDVT IDSV

QDVQ FFFF

BPB qf e AEM

± p‚ IQT IDQV

C ± COFLEXIP

ƒi VDTT HDTU qf QDSQ QDRI

NORDIC BALTIC H COOKSON GROUP P C

PHDTV HDIR

e LAMBRAKIS PRESS q‚

qf IHDHR FFFF

WDIT FFFF

BRISA AUTO-ESTR €„ e ANGLIAN WATER

xv SU FFFF

± DORDTSCHE PETRO hu WDWQ HDTU hu WWQIDVP FFFF

NORDIC BALTIC H DAMPSKIBS -A- e C SRDQS IDSW

e M6 METROPOLE TV p‚ ± ±

qf PDVR HDSV

WDIT HDSR

BUZZI UNICEM s„ e BRITISH ENERGY

TDRI FFFF

e s„ ±

ENI C s„ PIDUP HDSH

hu IIRHVDIU IDVH

ROLO BANCA 1473 e C

IUDRV HDWV

DAMPSKIBS -B- MEDIASET s„ C

qf RDIT HDVI

QDIQ FFFF

CARADON qf CENTRICA

C

qf WDST WDWR

C ENTERPRISE OIL qf PTDQQ IDQR

hu ISSTVDVH FFFF

ROYAL BK SCOTL e C

RHDTR RDQR

DAMSKIBS SVEND NRJ GROUP p‚ e C

s„ IIDHS HDVP

PWDWR FFFF

CRH PLC qf EDISON

±

q‚ IHDWI QDPT

C

HELLENIC PETROL e C ƒi IRDII HDVR

hi TPDVH IDIQ

S-E-BANKEN -A- C

QIDPS IDVR

E.ON AG PEARSON qf e e C

fi PSSDQH HDUI

PTDIV FFFF

CIMPOR R €„ ELECTRABEL

C

PDVV PPDUH

e LASMO qf C IWDQI FFFF s„ e

p‚ PQDTH HDQV

SAN PAOLO IMI e C

PPDWV QDVW

EADS SICO. PRISA iƒ e e C €„ QDPH FFFF

SW QDRP

COLAS p‚ ELECTRIC PORTUG

qf PDQW FFFF

± LATTICE GROUP qf IUDPS HDPW ± IIDQT UDUH

STANDARD CHARTE qf e

IQI FFFF

ELECTROCOMPONEN hi

e PROSIEBEN VZ e C

±

iƒ IWDQU PDQV

IIDPS PDHW

GRUPO DRAGADOS iƒ e ENDESA

±

UUDHV HDQH

e e„

± OMV AG p‚ TTDRS HDRS

e C e WW IDVS

STE GENERAL-A- hi

QQDQH FFFF

EPCOS PT MULTIMEDIA R €„ e e C ± s„ RDPU HDRU

PP HDPQ

FCC iƒ ENEL

xy IUDHS FFFF

C PETROLEUM GEO-S ƒi IWDPT HDTI

e C

e C IDHU IDWH SV HANDBK -A- p‚

RHDVH IDPR

EUROTUNNEL p‚

PUBLICIS GROUPE e C e C

e„ PWDPS HDSV

IRH HDUW

GROUPE GTM p‚ EVN

e C

iƒ IVDVI HDVH

C REPSOL YPF ƒi RDPQ HDPV

±

qf IWDPT IDRS SWEDISH MATCH ±

TUQDPH IDRR

EXEL PUBLIGROUPE N gr e e C ±

ps QDUS QDVS

IRDRH HDTQ

GRUPO FERROVIAL iƒ FORTUM

e C

xv TUDTW HDUR

± ROYAL DUTCH CO gr ITPDWI IDPW

± VDIS FFFF UBS N qf

IHDSV HDIT

F.I. GROUP REED INTERNATIO qf e C ±

iƒ PHDPW HDRW

TDIW IDHW

HANSON PLC qf GAS NATURAL SDG

e C

TDPS IDTQ

e s„

± SAIPEM s„ TDHV HDRW

UNICREDITO ITAL C hu IRPDPU FFFF

PPDUP IDIW

GROUP 4 FALCK REUTERS GROUP qf e e C

iƒ PPDTP HDWV

SSDTH FFFF

HEIDELBERGER ZE hi HIDRO CANTABRIC

C

VDWV PDHV

SHELL TRANSP qf VSDWH FFFF

hu e

UNIDANMARK -A- C

s„ IDQV FFFF

RDRI HDQV

FINMECCANICA qf SMG e C ±

iƒ IRDSS IDIV

UDTS IDQQ

HELL.TECHNODO.R q‚ e IBERDROLA

p‚ ITQ FFFF

± TOTAL FINA ELF QSSDSR HDHT

f DJ E STOXX BANK P e e C ps PHDSH FFFF

QIDUV PDSP

FINNLINES SOGECABLE R iƒ ±

± qf QDPQ Q

IRDRQ IDII

HERACLES GENL R q‚ INNOGY HOLDINGS

C

HDQR

f DJ E STOXX ENGY P QSQDUP

C

qf QDHT HDSS qf RDST FFFF

FKI TAYLOR NELSON S e C e C s„ RDVT HDTP PU IDVW

HOCHTIEF ESSEN hi ITALGAS

C

qf PDHS PDSH IWDHT FFFF

hu TELEWEST COMM. FLS IND.B C qf TDPW HDPU IPRIDVQ FFFF

HOLDERBANK FINA gr KELDA

e C

e C

TSDHS HDIS PRODUITS DE BASE p‚ e„ RPDRV HDUV

e FLUGHAFEN WIEN TF1 C ± qf IHDTR HDWS IIP HDIV

IMERYS p‚ NATIONAL GRID G

±

±

qf UDVH HDPI qf IQDPU IDTH

e C TRINITY MIRROR e C GKN ± iƒ WDPH HDTT qf RDSR IDRR WDIW HDUU ACERALIA ITALCEMENTI s„ SERVICES FINANCIERS INTERNATIONAL P

e

qf IRDSS FFFF ±

xv PVDTS HDRP

e C

UNITED NEWS & M e C e C QPDVQ IDUR iƒ HAGEMEYER NV

e„ WUDVW HDWP VRDRH HDIP

ACERINOX R LAFARGE p‚ OESTERR ELEKTR

±

PTDRR HDRR

3I GROUP qf

e C

C

xv PPDIQ HDQT

q‚ SDSW PDRQ

C UNITED PAN-EURO C

q‚ RQDTW HDVV ± HALKOR

qf IIDTR IDHI

SDRI IDTH

ALUMINIUM GREEC MICHANIKI REG. q‚ PENNON GROUP

e C

RTDUH IDQS

ALMANIJ fi

e C

C

xv SRDQS HDIV

qf SDWS IDRP

VNU C ± qf TQDQQ HDUH ± HAYS qf WDTS IDPP IDSS PDII

ANGLO AMERICAN PILKINGTON PLC qf POWERGEN

QUDHV FFFF

ALPHA FINANCE q‚ e

±

xv PVDPT HDPV e C

hi TIDSH HDIT

C WOLTERS KLUWER C

C PIDHV HDPV

ƒi HEIDELBERGER DR qf W HDIW WDUV HDVT

ASSIDOMAEN AB RMC GROUP PLC qf SCOTTISH POWER

C

PVDQW HDUI

AMVESCAP qf

C

ISDHS HDST e qf

PV FFFF e ps WPP GROUP C

±

e C fi RVDWW HDHP

IPDVW IDIU HUHTAMAEKI VAN qf

ISSDWH IDIU

BEKAERT SAINT GOBAIN p‚ SEVERN TRENT

e C

PSDVH SDUR

BHW HOLDING AG hi

C

RWTDPI HDTV e C

C VDWU HDRS s„ f DJ E STOXX MEDIA P e C

qf RDRT IDIQ ±

p‚ IVRDSH HDRW

RSDTH HDQV

BILLITON SKANSKA -B- ƒi e IFIL SUEZ LYON EAUX

QDVR FFFF

BPI R €„

C

C QDTW IDQU e qf

e„ QTDUH HDIR ± ƒi IUDWI FFFF PDVW HDSU

BOEHLER-UDDEHOL TAYLOR WOODROW qf IMI PLC SYDKRAFT -A-

TDVP FFFF

BRITISH LAND CO qf

e

C PRDSH FFFF

e iƒ qf TDVP HDWW ± ƒi IUDTP FFFF IRWDSH HDRU

BUNZL PLC TECHNIP p‚ INDRA SISTEMAS SYDKRAFT -C-

±

VDUH UDPU

CANARY WHARF GR qf

e C

iƒ PRDSH FFFF

± qf IDHV QDIU ±

qf PHDIR HDHV RPDWV HDPU

CORUS GROUP TITAN CEMENT RE q‚ INDRA SISTEMAS BIENS DE CONSOMMATION THAMES WATER

TDSU FFFF

CAPITAL SHOPPIN qf

±

C ± PTDTR HDPP

e ƒi e q‚ RDHU HDUP ±

iƒ PIDVW HDPQ

PIDUS HDTV

ELVAL WIENERB BAUSTOF e„ IND.VAERDEN -A- FENOSA

C e

±

RDPU IDIV xv QRDIS HDRR

CATTLES ORD. qf AHOLD

C e C

ƒi ISDSU HDUT ± xv RDUS PDIS

qf IIDWI HDST

SDSS FFFF

ISPAT INTERNATI WILLIAMS qf INVESTOR -A- UNITED UTILITIE

C C e

PHDHR PDRU iƒ IUDVP HDUQ

CLOSE BROS GRP qf ALTADIS -A-

C ±

C ƒi ISDTQ HDUS qf IUDSV RDSP

qf IPDRP FFFF

HDPS

JOHNSON MATTHEY f DJ E STOXX CNST P PPTDII INVESTOR -B- VIRIDIAN GROUP C e C e

IDWQ HDSP iƒ WDWI HDTI

COMPART s„ AMADEUS GLOBAL

e

C

± e hu UTDSH FFFF e„ RUDRH HDII

VTDQS IDII

MAYR-MELNHOF KA ISS VIVENDI p‚

e C

TU FFFF q‚ WDVH PDIS

COBEPA fi ATHENS MEDICAL

C e e C

C

ps UDSH IDPI ps QDSW RDHT

HDUP

METSAE-SERLA -B JOT AUTOMATION f DJ E STOXX PO SUP P QRPDPR

e C e ±

VRDSH IDVI e„ SSDPH PDUI

CONSORS DISC-BR hi AUSTRIA TABAK A

C

±

ƒi QHDWI HDIW PSDTR HDRT

HOLMEN -B- CONSOMMATION CYCLIQUE KINNEVIK -B- ƒi

e C ±

QHDSS HDWW qf QDHW HDSQ

CORP FIN ALBA iƒ AVIS EUROPE

e C

ps VDVH QDSQ WPDTI FFFF

OUTOKUMPU e KOEBENHAVN LUFT hu e ± ± ± RTDPQ IDTR gr PPRDSI HDRQ hi IPSDSH HDRH

ACCOR p‚ CS GROUP N BEIERSDORF AG

e e

± p‚ RPDWW FFFF

TU PDWH

PECHINEY-A- KONE B ps

C e C e e ±

SUDPH IDRP hi VTDUH HDWW p‚ RHDWW HDSI

ADIDAS-SALOMON hi DEPFA-BANK BIC

e C

e C ps QDWH PDTQ

IWIDUH HDVW

RAUTARUUKKI K LEGRAND p‚

C e C e ± PSDVH IDSU hi SI IDIW qf VDIQ P

AGFA-GEVAERT fi DIREKT ANLAGE B BRIT AMER TOBAC

±

e C qf IVDPV HDWH

SPDIH PDIT

RIO TINTO e LINDE AG hi e ± ± PHDUW HDRV qf VDUT FFFF p‚ IHRDSH HDRV

AIR FRANCE p‚ MAN GROUP CASINO GP EURO

C RDSU FFFF q‚ e

QIDIH IDQH

SIDENOR MAN AG hi

C C e ±

QDQV IDSH p‚ UIH HDVR gr QQRWDTU HDPH

qf ______

AIRTOURS PLC EURAFRANCE RICHEMONT UNITS

±

C PWDUI VDIV

q‚ e

IQDVS HDTS

SILVER & BARYTE MG TECHNOLOGIES hi

C e C e e ± PDIH IDWR fi QTDUS HDIT p‚ WH IDIH

ALITALIA s„ FORTIS (B) CLARINS

PDII FFFF

qf e

±

IWDIH HDSP

SMURFIT JEFFERS WARTSILA CORP A ps

C C NOUVEAU e e e ±

IPDRS QDSV xv QTDVR HDPR fi SRDWS HDHW

AUSTRIAN AIRLIN e„ FORTIS (NL) DELHAIZE

e C

IPDIH HDVQ

ps e

±

IHDHT PDVH

STORA ENSO -A- METSO ps

e C e e ± ±

IQ QDIU p‚ WVDTH IDIH fi RSDRS IDPH

AUTOGRILL s„ GECINA COLRUYT

e C

IPDIH HDSH

ps ´ C

RDTI IDHW

STORA ENSO -R- e MORGAN CRUCIBLE qf ± ±

SUDRR FFFF fi SWDVS IDHU qf RDHP HDRI

BANG & OLUFSEN hu GIMV FIRSTGROUP MARCHE

C

ƒi PPDWS HDSI

±

SPDWP QDPI

SVENSKA CELLULO e NETCOM -B- ƒi ±

PDPR FFFF qf RDPP HDUV qf PDUR FFFF

BENETTON GROUP s„ GREAT PORTLAND FREESERVE

e C

hi IUDPU IDPW

THYSSENKRUPP C QIRDHT PDIV

hu Cours % Var. C NKT HOLDING

SDUS RDVS qf TDVS FFFF qf TDUW FFFF

BRITISH AIRWAYS qf HAMMERSON GALLAHER GRP

e 06/11 10 h 12 f

RIDUS FFFF fi en euros 03/11

UNION MINIERE ± IWDPT IDRS

e e EXEL qf e ±

IRDRW FFFF xv VQDPT HDIT fi RW FFFF

BULGARI s„ ING GROEP GIB

e

ps QPDQH FFFF

UPM-KYMMENE COR ±

IIDQT PDRQ e PACE MICRO TECH qf ± ± ±

THDSS HDRW hu TWDIP HDQW gr PVQDTT IDSW

CHRISTIAN DIOR p‚ REALDANMARK GIVAUDAN N

e ±

IPDVQ HDWQ

USINOR p‚ e AMSTERDAM

ps IQDIH FFFF

C C e C PARTEK e

WVDRH PDSH qf IPDUI HDPT hi UR IDQU

CLUB MED. p‚ LAND SECURITIES HENKEL KGAA VZ

±

q‚ IQDTP IDSW

VIOHALCO ± ±

HDSS IVDIS qf RDVI HDQR e C PENINS.ORIENT.S AIRSPRAY NV

PQDSH HDVT qf VDQS FFFF qf IIDSW FFFF

DT.LUFTHANSA N hi LIBERTY INTL IMPERIAL TOBACC

e

±

PUDPS IDVH

VOEST-ALPINE ST e„ e ±

HDTQ FFFF ps PSDPS HDSW

C

C e PERLOS e ANTONOV ISDSI IDWP hi ITHDSH HDQI €„ IQDIS FFFF

ELECTROLUX -B- ƒi MARSCHOLLEK LAU JERONIMO MARTIN

C

qf SDHR HDQQ

C

J DWETHERSPOON C

RDUH PDIU qf TDWU HDWT

C e C e e C/TAC

± PREMIER FARNELL QS PDWR s„ IQDPQ HDQH ps WDWQ IDQQ

EM.TV & MERCHAN hi MEDIOBANCA KESKO -B-

C

IURDUI HDII

f DJ E STOXX BASI P C

PDIS RDUS ± qf ITDUQ IDUT

C e CARDIO CONTROL RAILTRACK ± VDUV PDSP qf VDVI FFFF p‚ VWDRH HDQQ EMI GROUP qf MEPC PLC L’OREAL

e C

PQDWH FFFF xv IW HDPT

e C e e CSS ± ± HDTU RDTW iƒ ITDIH HDQI xv IIDQH IDUR EURO DISNEY p‚ METROVACESA RANDSTAD HOLDIN LAURUS NV

±

SDVH QDQQ ± qf PDTI HDTQ

C C HITT NV ± IHDSV IDPU qf UIDSI HDVI qf QDHQ HDSS GRANADA COMPASS qf PERPETUAL PLC RENTOKIL INITIA MORRISON SUPERM

CHIMIE C RDHT PDSP e qf ± ± ± ITRDQH PDIR qf ISDHQ HDPP qf ISDTH HDVS HERMES INTL p‚ PROVIDENT FIN REXAM RECKITT BENCKIS

e ± p‚ VQDIH HDPR C e C e e ± IRP HDUI s„ IDSP IDQQ xv RPDUS HDSV qf RDVP FFFF AIR LIQUIDE p‚ HPI RODAMCO CONT. E REXEL SAFEWAY

e e CODES PAYS ZONE EURO ±

e„ PR PDVU C C C e C e e SSDRH HDVP xv PIDIH RDPH xv RPDWS HDPQ qf TDTW HDSH AKZO NOBEL NV xv KLM RODAMCO NORTH A RHI AG SAINSBURY J. PL

± FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne

C C C QSRDPS HDIV e gr RSDUH HDPP qf QDRW HDWT qf PRDTI SDTR qf IDIH FFFF BASF AG hi HILTON GROUP SCHRODERS RIETER HLDG N STAGECOACH HLDG

C IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande

C e e C e e qf QDHI IDIP ± ± SI HDTV p‚ VTDWH HDRT p‚ UQDWH HDIR hi PRDIS IDRQ BAYER AG hi LVMH SIMCO N ROLLS ROYCE T-ONLINE INT

C LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche

C e C e ƒi PS HDRU ITDIH FFFF hi IPIDSH HDVQ qf T FFFF iƒ QP RDWP BOC GROUP PLC qf MEDION SLOUGH ESTATES SANDVIK TERRA NETWORKS

C FI : Finlande - BE : Belgique. C C e e C e gr SIWDTI IDHP ± PHDVH IDRP p‚ RDPQ IDPH p‚ ISTDVH HDPT qf RDQU IDIS CELANESE N hi MOULINEX UNIBAIL SAURER ARBON N TESCO PLC

e C e ± e ± ± p‚ USDQH HDRT TWDUU FFFF qf RDQW HDUS iƒ TDVH HDIS xv PSDSH HDUV

CIBA SPEC CHEM gr P & O PRINCESS VALLEHERMOSO SCHNEIDER ELECT TNT POST GROEP CODESPAYSHORSZONEEURO

e C

C C C e e ± s„ QDSR IDUP

QTRDUI HDSR qf QDUQ HDRR hi PQDQH IDQH p‚ ISDUS PDUR

CLARIANT N gr PERSIMMON PLC WCM BETEILIGUNG SEAT PAGINE GIA WANADOO CH : Suisse - NO : Norve`ge - DK : Danemark

C C e C e e

qf PDQQ FFFF QIDWS PDHV xv RUDIS HDQP qf TDHW FFFF xv IRDWH RDPH

DEGUSSA-HUELS hi ROY.PHILIPS ELE WOOLWICH PLC SECURICOR WORLD ONLINE IN GB : Grande-Bretagne - GR : Gre`ce - SE : Sue`de.

C C e C e ± ± QRDVU HDUV hi QVDUH HDIQ QPIDVT HDHW ƒi PIDQI IDTP RWQDHV HDTS DSM xv PREUSSAG AG f DJ E STOXX FINS P SECURITAS -B- f DJ E STOXX N CY G P LeMonde Job: WMQ0711--0030-0 WAS LMQ0711-30 Op.: XX Rev.: 06-11-00 T.: 10:39 S.: 111,06-Cmp.:06,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0405 Lcp: 700 CMYK

30 / LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 FINANCES ET MARCHÉS

C C C C ± ± TUDSR PRDTT VTDIS SHIDIS PDHU UIH RTSUDPW HDVR RIDSS PUPDSS HDRV ALCATEL...... w UTDRH EURAFRANCE...... w REMY COINTRE ..... w

C C C ± ± % Var. IVDRU UUDVH SIHDQQ IDUH FFF HDTT RDQQ QDIQ STDUH QUIDWQ HDQS w PTDTT w

ALCATEL O ...... EURO DISNEY...... RENAULT ...... Cours Cours % Var.

31/12 C C International ± ± ± ± f PIDSU VDSR TDPI IUHDPW IDHS IDHU UDHP IDWH VQ SRRDRR HDQT

ALSTOM ...... w PSDWT EUROTUNNEL...... w REXEL...... w en euros en francs veille

 le™tion

ne se (1)

C C C ± ± PHDSU QQDSI PQDHH ITIQDTS HDUR RPDVW PVIDQR HDSR IRDWP WUDVU FFF VALEURS FRANCE ALTRAN TECHN..... w PRT FAURECIA ...... w RHODIA...... w

C C C C ± ± ± ± SSDWS RDUR QVDPI WDQU TTUDII QDPH QUDRQ PRSDSP HDTI SDVH QVDHS QDWR VHS SPVHDRS HDTP ATOS CA ...... w IHIDUH FIMALAC SA C...... w ROCHETTE (LA...... ADECCO ......

C C C C ± ± UDTW SRDQW PPDVW FFF FFF FFF UHDIH RSWDVQ HDSU IHV UHVDRQ HDHW FFF FFF FFF ARBEL...... F.F.P. (NY) ...... PIDIR ROYAL CANIN...... w AMERICAN EXP......

C C C C C C

± VPDPH SQWDPH IDPQ FFF FFF FFF TRDRS RPPDUT PDHT PU IUUDII SDPT QIDSU PDQH IQRDUV b Le cours de Bourse de Multimania, sus- AVENTIS ...... w RPDRT FINAXA...... ROUGIER #...... AMVESCAP EXP ......

C C C C C ± ± ± QSDIT PHDHH RDIR QRDWQ IHUQDIS HDRQ VV SUUDPR HDWH PRUT ITPRIDSH RDRH QQ PITDRU HDQT

pendu à la suite de l’OPE de Lycos Europe, AXA ...... w ITQDTH FIVES-LILLE...... RUE IMPERIAL ...... ANGLOGOLD LT ....

C C C C C ± ± RQDVS PSDHH IHDTV RWDQU SPIDIT PDUV PW IWHDPQ HDVU RUDSH QIIDSV FFF PSDVU ITWDUH IDHP AZEO(EXG.ET ...... w UWDRS FONC.LYON.#...... b SADE (NY) ...... A.T.T. # ......

C C a repris, lundi 6 novembre, en baisse de C ± ± ± ± ± IQDRQ RHDWW PTVDVV HDSI IPPDUH VHRDVT HDUR PIUDRH IRPTDHS HDIV ISDSH IHIDTU HDHT TDSR ISDTT BIC...... w WDPU FRANCE TELEC...... w SAGEM S.A...... w BARRICK GOLD......

C C C ± ± ± ± IHDTV QPDTU IIRDSH USIDHU FFF RUV QIQSDRU HDRP IQS VVSDSR IDIP TVDPS RRUDTW HDQT IHDHV

9,13 %, à 20,90 euros. BAIL INVESTI...... w FROMAGERIES...... SAGEM ADP ...... QIDQT COLGATE PAL......

C C C C C C

± ± WDVH IPDST ITDTH RUDIP WHQDWI PDVR IVSDSH IPITDVH HDVP ISSDUH IHPIDQQ IDHR IIDSH USDRR PDTV

b L’action Alstom s’échangeait en nette BAZAR HOT. V...... IQUDVH GALERIES LAF...... w SAINT-GOBAIN...... w CROWN CORK O ....

C C C C ± ± ± SVDIT ITDHT IRI WPRDWH FFF SPDIH QRIDUS IDSI THDWS QWWDVI QDVQ QQDTH PPHDRH UDQV IVDSI BIS ...... GAUMONT #...... SDPU SALVEPAR (NY...... DE BEERS #......

C C C C ± ± ± ± IHIDQH TTRDRV HDPH WVDVH TRVDHW HDWH TQDTH RIUDIW HDWS IHDUU UHDTS RDRR IHDSV SQDVR PWDIQ hausse, dans les premières transactions, BNPPARIBAS...... w GECINA...... w IIDUV SANOFI SYNTH...... w DIAGO PLC......

C C ± ± ± ± ± IDSQ QDQW IHDTW IWQ IPTT FFF UTDHS RWVDVT HDHU USDQH RWQDWR HDRT QSDRP PQPDQR HDUV

lundi, à la suite de l’annonce, avant l’ou- BOLLORE...... w GEOPHYSIQUE ...... w SSDPH SCHNEIDER EL ...... w DOW CHEMICAL....

C C C C ± ± ± ± UDUQ PPDSV HDRT PSDII PRPDUH QDQU QPDIP PIHDTW PDRW SRDVH QSWDRT HDQT SHDRH QQHDTH IDIP QU w w

verture du marché, de la fusion des activi- BOLLORE INV...... GFI INFORMAT ..... SCOR ...... DU PONT NEMO....

C ± ± ± ± ± ± ± IWDSV PIDVS IHDQS RSDSP PIUDIP HDQH PQDPH ISPDIV HDIU TPDUS RIIDTI HDRH HDUQ RDUW PDTU BONGRAIN ...... QQDIH GRANDVISION ...... w S.E.B...... w ECHO BAY MIN ......

C C C C ± ± ± ± TQDQS RISDSS HDTR IPH UVUDIS HDTT RVDSH QIVDIR IDHR IS WVDQW IDWT IDQT UDUU RHDHH tés de maintenance de locomotives au ni- BOUYGUES...... w GROUPE ANDRE ... QQDQQ SEITA...... w ELECTROLUX......

C C C C

± ± ± ± SDSS SUDWH QUWDVH HDIU UTDSH SHIDVI IDPW ISDRH IHIDHP IDQP IQH VSPDUR HDTI IHDUW PUDRS

veau mondial du groupe français et de BOUYGUES OFF..... w SSDPP GROUPE GASCO.... SELECTIBAIL(...... ELF GABON ......

C C ± ± ± ± ± PIDWU IRDPT QTDUQ IDSW RRDWQ QDHI SQ QRUDTT FFF TRDVS RPSDQW HDPQ ITDHP IHSDHV IDTH w TDVS w w

l’américain General Motors. Le titre ga- BULL# ...... GR.ZANNIER ( ...... SIDEL...... ERICSSON #...... C C C C ± ± ± QVDPR RSDHU PDPT TPIDIW PDPI IRH WIVDQR HDUW ISSDSH IHPHDHI PDVI PW IWHDPQ HDSV FFF BUSINESS OBJ...... w WRDUH GROUPE GTM ...... SILIC CA...... FORD MOTOR #.....

C C ± ± ± ±

FFF FFF FFF FFF SUDIH QURDSS HDHW UQDWH RVRDUS HDIR TIDPS RHIDUU HDSU IUDST VDHP gnait 2,18 %, à 26,25 euros B T P (LA CI...... GROUPE PARTO.... QPDQR SIMCO...... w GENERAL ELEC ......

C

± ± ± ± ± ± RDQR QDIW TDSQ UPDTH RUTDPP FFF WI SWTDWP HDTT ITDWP IIHDWW HDIP TTDSH RQTDPI PDPI

b Le titre Faurecia affichait un léger gain BURELLE (LY) ...... GUYENNE GASC.... w SKIS ROSSIGN...... SDUS GENERAL MOTO....

C C C C C ± ± ± PHDSS ISDRW UDWR QIDRV IIRPDTV HDUS IWDRU IPUDUI HDVV TTDUH RQUDSP HDHU QDPP PIDIP HDQI CANAL + ...... w IURDPH HAVAS ADVERT ..... w SOCIETE GENE ...... w GOLD FIELDS......

C C C ± ± ± ± de 0,54 %, à 42,89 euros, lundi, au début ± UDPV PSDWW PQDUI QPDQR IPPQDQT IDVT IIPDWH URHDSV HDTP IVVDSH IPQTDRV HDII RDQQ PVDRH QDST CAP GEMINI...... w IVTDSH IMERYS ...... w SODEXHO ALLI ...... w HARMONY GOLD ..

C C C ± ± ± ± ± SQDWS QSQDVW HDHW IIR URUDUW HDVU VPDSH SRIDIT HDIP IQDIT VTDQP IDWR ISDPU SDSS IWDPI

des échanges. L’équipementier automobile CARBONE-LORR .... w IMMOBANQUE ..... SOGEPARC (FI...... QDHS HITACHI #......

C C ± ± ± ±

ISDTU UUDPH SHTDRH IDUP IVDUH IPPDTT IDSV SRDVS QSWDUW FFF IUDHS IIIDVR HDRI FFF IHRDRQ

a engagé des discussions en vue d’une CARREFOUR...... w IMMEUBLES DE .... QDIR SOMMER ALLIB ..... w HSBC HOLDING..... w

C C C ± ± ± ± QDHQ SDHP VDHW PIDQR TVSDRV HDRV PSDVH ITWDPR IDUV PVDVS IVWDPR FFF IIS USRDQS HDVT CASINO GUICH...... w IHRDSH INFOGRAMES E..... w SOPHIA...... w I.B.M...... w

C C ± ± ± ± ± VDPW WDWW IRDUP PUDHI RSIDWS HDVT PWSH IWQSHDUQ IDHQ VR SSI IDPQ FFF FFF FFF éventuelle acquisition en Corée du Sud, a CASINO GUICH...... TVDWH IM.MARSEILLA ...... SOPRA # ...... w I.C.I......

C C C C ± ± ± PPW ISHPDIR FFF RSDVS QHHDUT HDQH VTDWH SUHDHQ SDPI STDVS QUPDWI QDPU PRDIU RUDQT IIDRI

annoncé son PDG, Pierre Lévi, dans une in- CASTORAMA DU.... w INGENICO ...... w IIQDVS SPIR COMMUNI .... w ITO YOKADO #......

C C C C C ISIDUH WWSDHW FFF VIDSH SQRDTH FFF RHDIH PTQDHR HDTQ FFF FFF FFF QUDPH UPDRU TDWT PVDUU w w

terview au Journal des finances. CEA INDUSTRI ...... ISIS...... SR TELEPERFO...... I.T.T. INDUS......

C C ± ± ± ± ± SIDIH IDQV RHDRP TIHDHR HDHS IVDVS IPQDTS IDST FFF IH TSDTH IDHI TDWR RSDSP HDUP CEGID (LY)...... WQ KAUFMAN ET B ..... w STUDIOCANAL ...... KINGFISHER P ...... w

C C C C C C C

± WDTH PDHV PPDWI UDUS PTRDQS HDUS WV TRPDVR IDHQ QIS PHTTDPT IDTI QQDQI PIVDSH IDSP b Le cours de l’action Suez-Lyonnaise des CFF.RECYCLIN ...... RHDQH KLEPIERRE...... w SUCR.PITHIVI...... MATSUSHITA ......

C C ± ± ± ±

SHDVH QQQDPQ HDQW FFF FFF FFF FFF IVRDSH IPIHDPR HDRW QTDWQ PRPDPR HDPP PIDVR UDHH

Eaux reculait légèrement, lundi, en début CGIP ...... w LABINAL ...... SUEZ LYON.DE ...... w ISDWT MC DONALD’S ......

C C C C C ± ± PSDUT SDSP UIDSH RTWDHI PDRR VRDRH SSQDTQ HDIP SWW QWPWDIV FFF IHIDPH TTQDVQ HDUH RUDVR CHARGEURS ...... PUDWH LAFARGE...... w TAITTINGER ...... MERK AND CO ......

C C C C C C de matinée, cédant 0,27 %, à 183,1 euros. Le C ± QIDVQ PUDUU PRDVH PIDVS RWWDVR HDHU TW RSPDTI HDVH TRDWH RPSDUP HDHV WDUH TQDTQ UDTT CHRISTIAN DA...... UTDPH LAGARDERE ...... w TF1...... w MITSUBISHI C......

C C C ± ± ± ± ±

RUDQR QPDIW IDVT RDQH QWSDVU HDVP TPDPH RHVDHI HDQP ISH WVQDWR HDIQ PRHH ISURPDWU IDHU groupe n’exclut pas de poser sa candida- CHRISTIAN DI...... w THDQS LAPEYRE ...... w TECHNIP...... w NESTLE SA # ...... w

C C C C C

± ± IIR URUDUW HDVH SHDSH QQIDPT FFF SPDIH QRIDUS HDUT RRDTP PWPDTW HDPS PQDWI SVDVV IPDPP

ture à une licence de téléphonie mobile de CIC -ACTIONS ...... LEBON (CIE) ...... RDTP THOMSON-CSF ..... w NORSK HYDRO ......

C C C C C C ± ± IVDQV IVDVU SSDHS QTIDIH HDIV IWIDUH IPSUDRU HDVW SRDUH QSVDVI IDQH SHDVH QQQDPQ IDSH SVDPH CIMENTS FRAN ..... w LEGRAND ...... w THOMSON MULT.. w IHRDWR PFIZER INC......

C C ± ± ± ± PQDHI TUDWW TDHH PRDII SWSDTI HDPP IHU UHIDVU FFF ITQ IHTWDPI FFF QWDSV PSWDTQ IDHS troisième génération UMTS en Belgique, a CLARINS...... w WHDVH LEGRAND ADP...... TOTAL FINA E ...... w PHILIP MORRI ......

C C C ± ± ± ± ± IRDPV IDIP PDUS PTDIT TRSDRT PDSH QWDSH PSWDIH QDIQ SVDQH QVPDRP HDQR UW SIVDPI IDTU

déclaré son président Gérard Mestrallet CLUB MEDITER ..... w WVDRH LEGRIS INDUS...... w TRANSICIEL #...... w PROCTER GAMB ....

C C C C ± ± QUDHI PRPDUU IDVQ IQDWS WIDSI HDTS FFF SIDVH QQWDUW IDSU FFF FFF FFF IDPQ QHDIS w w w PIDWI

dans un entretien à La Tribune. « Nous n’ex- CNP ASSURANC..... LIBERTY SURF ...... UBI SOFT ENT...... RIO TINTO PL......

C C C C ± ± ± QDTI IHVDQH UIHDRH PDHV FFF IHWDPH UITDQI HDPU ISTDVH IHPVDSR HDPT WHDVH SWSDTI HDPV UPDTS COFACE ...... w LOCINDUS...... UNIBAIL ...... w PSDIQ SCHLUMBERGER...

C C C ± ± WIDIP IPDTI QDHR UIDQH WHRDST FFF VWDUH SVVDQW FFF IHS TVVDUS FFF VDWI SVDRS UDUR cluons pas d’aller en Belgique, mais la déci- COFLEXIP ...... w IQUDWH L’OREAL ...... w UNILOG...... w SEGA ENTERPR......

C C C C

± ± ± ± IHDUW PHDHH QIDIS ITDRV QVUDHI QDRP TT RQPDWQ HDUS IPDVR VRDPP HDVS ISDQH IHHDQT HDHU

sion n’est pas prise. Nous n’avons aucune in- COLAS...... w SW LOUVRE #...... USINOR...... w SEMA GROUP # ...... w

C C C C C ± ± ± RQDHI PVPDIQ IDRU VTDVH STWDQU HDQS SQDSS QSIDPT IDPQ WDQH TI QDST IHDPV ITDVQ QHDHW w PDRH w

tention d’aller en Angleterre ou en CONTIN.ENTRE ..... LVMH MOET HE.... VALEO...... SHELL TRANSP ......

C C C C ± ± ± VDQU PWDVQ STDHS QTUDTT HDHW FFF VVDSH SVHDSP HDTU SSDIH QTIDRQ HDIV IHIDTH TTTDRS HDSW CPR OPA...... MARINE WENDE ... w VALLOUREC ...... w PWDTR SONY CORP. # ...... w

C C

± ± ± ± IRDUS PPDIU WDRS ITDSR WIDIV PDWT TDUH RQDWS FFF QPDIQ PIHDUT HDSQ IIQDSH URRDSI FFF Allemagne où les licences sont trop chères », CRED.FON.FRA ...... IQDWH METALEUROP ...... VIA BANQUE ...... T.D.K. # ......

C C C

± ± ± ± IWDUQ TDUI IQDTW PUUDVH IDQP QQDTT PPHDVH IDSS SV QVHDRT PDQT FFF WDIH SWDTW PDQT

explique-t-il. CREDIT LYONN ..... w RPDQS MICHELIN ...... w VICAT...... TOSHITA # ......

C C C ± ± ± ± ± QW PSSDVP PDWH PSDSH ITUDPU HDQW SVDVH QVSDUH HDQR UU SHSDHW IDQS ISDUT PTDSI PPDHP CS COM.ET SY...... MONTUPET SA...... VINCI...... w PTDRS UNITED TECHO .....

C C C C ± ± ± ± RQDQS QDTV QRDHR UVDWS SIUDVV HDIQ RDQW PVDVH SDHP VTDQS STTDRP IDII HDTP RDHU IDSW DAMART...... SDWU MOULINEX ...... VIVENDI ...... w ZAMBIA COPPE......

C C C ± RIDVV PRDUS IHVVDVW FFF WHDUH SWRDWS HDQW RRDHI PVVDTW PDPH FFF DANONE ...... w ITT NATEXIS BQ P...... w VIVENDI ENVI ...... w

C C C

± ± RDSQ RTDUH IQQHDPV IDSS PPDPS IRSDWS HDWI ISDUS IHQDQI PDUR FFF

´ DASSAULT-AVI ...... PHPDVH NEOPOST ...... w WANADOO...... w ABRE´VIATIONS

C C PREMIER MARCHE C ± ± WH SWHDQT PDPU ITDRQ IHUDUU FFF IUDHV IIPDHR HDHT QWDIH SDRQ

DASSAULT SYS ...... w NORBERT DENT ... PIDUW WORMS (EX.SO ......

B = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ; Ny = Nancy ; Ns = Nantes.

C C C ± ± QDWV UH RSWDIU FFF PTDHQ IUHDUS HDHR PQVDPH ISTPDRW HDQQ IQDRV ______w IUDVR w DE DIETRICH ...... NORD-EST...... ZODIAC ......

C C C TDRQ SHWDTV HDPT RIDSH PUPDPP TDSS FFF FFF FFF FFF FFF DEVEAUX(LY)#...... UUDUH NRJ GROUP ...... w ...... SYMBOLES

v xhs T xy†iwf‚i C ± ± UDIR WVDQW HDTT PQDSH ISRDIS HDRP FFF FFF FFF FFF FFF

Cours a` 9h57 DEV.R.N-P.CA...... IS OBERTHUR CAR.... w ...... 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ;

C C ± ±

VDPV SRDQI IDTH UDRT RVDWQ PDQT FFF FFF FFF FFF IWDIU

DMC (DOLLFUS..... RPDUS OLIPAR...... a coupon de´tache´; b droit de´tache´; # contrat d’animation ;

hernier jour de ne go™i—tion des yƒ‚h X PR novem˜re

C ± ± QDSR PWDUQ IUTDRS FFF RHR PTSHDHU HDRU FFF FFF FFF FFF

DYNACTION...... PTDWH OXYG.EXT-ORI...... o = offert ; d = demande´; x offre re´duite ; y demande re´duite ;

C ± ±

VDII QWDRH RPQDHW QDIP RPDWW PVP FFF FFF FFF FFF FFF w TRDSH w

EIFFAGE...... PECHINEY ACT...... d cours pre´ce´dent ; wValeur pouvant be´ne´ficier du service

± % Var. ± QVDPV UWDRR IDWR FFF FFF FFF FFF FFF FFF FFF FFF

Cours Cours % Var. ELIOR...... w IPDII PECHINEY B P ......

31/12 de re`glement diffe´re´. C France f C FFF FFF FFF FFF TVDVH RSIDQH QDRT FFF FFF FFF FFF

en euros en francs veille ELEC.MADAGAS..... PENAUILLE PO ...... w UPDVT ......

(1)

C ± ± ± ` ´ PHDQS RDIQ PHR HDHT SRDRS QSUDIU PDPS FFF FFF FFF FFF ENTENIAL(EX ...... QIDIH PERNOD-RICAR .... w ...... DERNIERE COLONNE PREMIER MARCHE (1) :

C C

± ± ± ± QDTP PIDHS IDSH QHQDPS IDTR RS PWSDIV IDQS PPP IRSTDPP HDTV FFF FFF FFF FFF ACCOR ...... w RTDPQ ERAMET ...... w PEUGEOT...... w ...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi :

C C C C ± ±

PRDSQ IHDWS IUDTU RQWDRW HDVQ WSDIH TPQDVP HDII PISDUH IRIRDWH HDHW FFF FFF FFF FFF AGF ...... w TU ERIDANIA BEG...... w PINAULT-PRIN...... w ...... montant du coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement

C ± ± ± QUDVH PRUDWS FFF FFF PUWDSH IVQQDRH HDIV IIR URUDUW IDQQ FFF FFF FFF FFF TDQP

AFFINE(EXIMM...... ESSILOR INTL ...... w WDPS PLASTIC OMN...... w ...... dernier coupon ; Jeudi date´vendredi:compensation ;

C C C ± ± ± WDQQ ITDHR PHDUW IQTDQU HDRV TVDRS RRW PDIT UPDRS RUSDPR PDPT FFF FFF FFF FFF

AIR FRANCE G ...... w WDRP ESSO ...... PSB INDUSTRI...... Vendredi date´ samedi : nominal.

C C C ± ± VDVH TDPI WPWDRW HDSH SPDSH QRRDQV HDSU FFF RHDVH PTUDTQ IDPR FFF FFF FFF FFF AIR LIQUIDE ...... w IRIDUH EULER...... w PUBLICIS GR...... w ......

@€u˜li™iteÂA

C C QRWDQH HDRU QP PHWDWI QDPQ COHERIS ATIX ...... SQDPS NET2S #......

C

IUUDII FFF PWDHI IWHDPW SDQH COIL...... PU NETGEM ...... w

NOUVEAU C QWDQT FFF WDSH TPDQP WDHU CION ET SYS...... T NETVALUE # ...... SECOND

C C

QQVDRU RDTU QDUT PRDTT IDHV

CONSODATA # ..... SIDTH NEURONES #...... ______

± ±

WHDUP HDIR VIDWS SQUDST HDTU

´ CONSORS FRAN... IQDVQ NICOX #...... ±

IRUDSW FFF SHDHS QPVDQI QDIW

MARCHE CROSS SYSTEM .... PPDSH OLITEC ...... MARCHE´

± ± IIVDPU HDQW WDHS SWDQT UDTS CRYO # ...... IVDHQ OPTIMA DIREC ....

C ± IPIDQS HDTH SDIQ QQDTS HDQW

CRYONETWORKS. IVDSH OPTIMS #......

†ixh‚ihs Q xy†iwf‚i

± QPDTU HDPH IDIH UDPP FFF CYBERDECK #...... RDWV OXIS INTL RG...... v xhs T xy†iwf‚i

C C

PRUDUS HDTU VS SSUDST IDQI

CYBER PRES.P ...... QUDUU PERFECT TECH ....

 le™tionF

ne se Cours releve´sa` 18 h 10

ne se le™tionF

C ± ´ ` RIDQQ HDVH PHDRH IQQDVP HDRR CYBERSEARCH ..... TDQH PHARMAGEST I.... Cours relevesa9h57

C ± PSDSV HDPT VDUH SUDHU VDHU CYRANO # ...... QDWH PHONE SYS.NE.....

Cours Cours % Var. Cours Cours % Var. C ± ISHDVU HDQS QPDVS PISDRV PDUV

DALET #...... PQ PICOGIGA ......

Valeurs f en euros en francs veille Valeurs f en euros en francs veille

C ISPDIV FFF TV RRTDHS HDPW DATATRONIC ...... PQDPH PROSODIE #......

C C ± VWDPI PDIT RDHI PTDQH TDHV QI PHQDQS FFF RV QIRDVT HDWS ABEL GUILLEM..... IQDTH DESK #...... PROSODIE BS...... d ALTEDIA......

± ± RIDWV FFF HDIV IDIV FFF ISDUH IHPDWW IDPT IPV VQWDTP PDTT AB SOFT ...... TDRH DESK BS 98 ...... d PROLOGUE SOF ... ARKOPHARMA # ...

C ± ± IQSDIQ VDRR WR TITDTH HDUS IDQH VDSQ UDVH SSDWS QTUDHI FFF ACCESS COMME... PHDTH DEVOTEAM #...... w PROXIDIS ...... CNIM CA#......

C ± ± ITPDTV HDVH WDUH TQDTQ Q RRDWT PWRDWP RDST II UPDIT FFF ADL PARTNER ...... PRDVH DMS #...... QUALIFLOW...... FINACOR...... d

± ± ± UVDSV IHDTH IISDIH USSDHI HDVT RDPH PUDSS FFF PVDPS IVSDQI PDSW ALGORIEL #...... IIDWV D INTERACTIV...... QUANTEL...... GFI INDUSTRI......

C C C ± QTDHV UDPI RVDUS QIWDUV IDQS QDPS PIDQP IVDIV PWDQS IWPDSP HDSI ALPHAMEDIA...... SDSH DIOSOS # ...... QUANTUM APPL.. LAURENT-PERR ....

C C C ± SIDVP VDPP IDIH UDPP PHDVV IVDVW IPQDWI HDSV SRDQS QSTDSI IDSW ALPHA MOS # ...... UDWH DURAND ALLIZ.... R2I SANTE...... M6-METR.TV A...... w

C ± ± ± WQIDRT QDWP SI QQRDSR PDUT QW PSSDVP HDPT ITSDWH IHVVDPQ IDIW ALTAMIR & CI...... IRP DURAN DUBOI..... RECIF #...... HERMES INTL...... w

C ± IPRDTQ FFF QDTI PQDTV FFF RQ PVPDHT IDIV TH QWQDSU HDSH ALTAMIR BS 9...... d IW DURAN BS 00 ...... d REPONSE # ...... RALLYE (LY)...... w

± ± ± RSDPT I IRDPH WQDIS FFF WDQW TIDSW HDII IHQDRH TUVDPT IDHS ALDETA...... TDWH EFFIK # ...... d REGINA RUBEN ... MANITOU #......

C C C ISPDVR HDPP TVV RSIPDWV FFF PSDSH ITUDPU HDQW IRU WTRDPT HDPU ALTI #...... PQDQH EGIDE #...... RIBER # ...... ALTEN (SVN) ...... w

± ± ± ± IIRIDQU HDPW IPDIH UWDQU QDPH IHSDSH TWPDHQ HDRU PHRDUH IQRPDUR IDWT A NOVO # ...... IUR EMME(JCE 1/1...... RIGIFLEX INT ...... APRIL S.A.#(......

C ± ± IQIDIW FFF RQDVS PVUDTR HDII IRDUS WTDUS HDTV IPTDQH VPVDRU IDPS ARTPRICE COM .... PH ESI GROUP...... SAVEURS DE F...... BENETEAU CA#.....

C C ± IIDUR PDPW IPDUH VQDQI IDRR PR ISUDRQ FFF IRU WTRDPT HDTV ASTRA ...... IDUW ESKER...... GUILLEMOT BS .... d STERIA GROUP .....

C C ± ± RVDPI P QUDWV PRWDIQ IDQQ IPDTW VQDPR RDHP PTDPV IUPDQW IDHR AUFEMININ.CO.... UDQS EUROFINS SCI...... SELF TRADE #...... PINGUELY HAU.....

C ± ± ± IHQDQI IHDSQ IIDTH UTDHW PDSP URDSH RVVDTW SDUH IWS IPUWDIP IDHP AUTOMA TECH..... ISDUS EURO.CARGO S .... SILICOMP #...... UNION FIN.FR ......

C C C ± TPDQP PDIS PPDQI IRTDQR QDPI QSDSI PQPDWQ IDRT TRDWS RPTDHR HDHV AVENIR TELEC ...... w WDSH EUROPSTAT #...... w SITICOM GROU.... CEGEDIM #......

C C ± ± ± RSDWP TDHT IPDVS VRDPW IDIS VDSH SSDUT SDRS VDIH SQDIQ IDPS PPDSH IRUDSW SDVT IIRDWH USQDTW FFF AVENIR TELEC ...... U FIMATEX # ...... w HI MEDIA...... IPSOS BS00...... SOFT COMPUTI ... FINATIS(EX.L ...... d

C C ± ± ± VVDSS HDUS PPDPU IRTDHV SDHS IHQ TUSDTR HDIW PHDRH IQQDVP IDWU PU IUUDII FFF QSDTS PQQDVS IDTT BAC MAJESTIC...... IQDSH FI SYSTEM # ...... w HOLOGRAM IND.. IT LINK ...... SOI TEC SILI ...... w AB GROUPE......

C ± ± ± ± ± WSDII QDHI SDQV QSDPW SDPV PI IQUDUS UDVW IDSH WDVR SUDIR QTDIH PQTDVH UDRR IPVDVH VRRDVU HDIT BARBARA BUI ...... IRDSH FI SYSTEM BS...... HUBWOO.COM ..... JOLIEZ-REGOL ...... b SOI TEC BS 0 ...... MARIONNAUD P ..

C C C ± ± ± PPQDTV WDPW VDWS SVDUI HDST PS ITQDWW IDWT HDHP HDIQ VVDPR WDSH TPDQP TDIS QHU PHIQDUW HDQQ BCI NAVIGATI...... QRDIH FLOREANE MED .. IB GROUP.COM .... JOLIEZ-REGOL ...... b SQLI ...... RODRIGUEZ GR....

C ± ± ± IHUDSV IDSH VDHS SPDVH HDTQ T QWDQT TDWV ITDIH IHSDTI SDPW IHDSH TVDVV FFF TS RPTDQU FFF BELVEDERE...... ITDRH GAMELOFT COM . IDP ...... KALISTO ENTE...... STACI #...... PIERRE VACAN......

C C C TVDRV IDRT PTDWH IUTDRS TDUS IDHU UDHP FFF SDQR QSDHQ PH HDVH SDPS FFF VW SVQDVH FFF BOURSE DIREC..... IHDRR GAUDRIOT #...... IDP BON 98 (...... d KEYRUS PROGI..... STELAX ...... EXPAND S.A......

C C C C ± ± QUUDIV HDVV QT PQTDIR IDRI IVDRH IPHDUH PDTS RDRS PWDIW IDII PIDQH IQWDUP IDRQ PQS ISRIDSH PDIU BRIME TECHNO... SUDSH GENERIX # ...... IGE +XAO ...... KAZIBAO...... SYNELEC # ...... C.A. PARIS I ......

C C ± ± ± ± PRDVT IDVI SRDSH QSUDSH IDVH QS PPWDSV PDHR UDVH SIDIT HDTR QIDWS PHWDSV HDTT QQDSS PPHDHU PDUS BRIME TECHN...... QDUW GENESYS #...... ILOG #...... LACIE GROUP ...... SYSTAR #...... FININFO ......

C C C ± ± SVDWH HDPP IQ VSDPU FFF QDVH PRDWQ QDSR IU IIIDSI PDVT TDTH RQDPW IDSR ST QTUDQR IDVP BUSINESS INT ...... VDWV GENESYS BS00...... IMECOM GROUP.. LEXIBOOK #...... SYSTRAN...... MANUTAN INTE...

C C C C ± ± QSTDIV HDQU SQDPH QRVDWU IDQQ WDRH TIDTT IDUQ QHDHS IWUDIP HDIU ISDWH IHRDQH IDWP IQDPQ VTDUV IDHS BVRP ACT.DIV...... SRDQH GENSET...... w INFOSOURCES...... LINEDATASERV..... TEL.RES.SERV...... LECTRA SYST......

C C C ± ± RHTDHR FFF RVDVH QPHDII IDVV QR PPQDHQ SDST WDIP SWDVP IDRI UDWS SPDIS QDPS ISDTH IHPDQQ HDPT BVRP ACT.NV...... d TIDWH GL TRADE # ...... INFOSOURCE B..... MEDCOST # ...... TELECOM CITY..... DANE-ELEC ME.....

C C C ± QPDHR HDRQ RDHI QIDQS SPDTH QRSDHQ HDQV SVDPS QVPDHW TQDSS RITDVT IDWV IPDWW FFF QPW PISVDIH FFF CAC SYSTEMES..... RDUV GUILLEMOT #...... INFOTEL # ...... MEDIDEP # ...... TETE DS LES...... d SOLERI ...... d

C C C C ± PQUDRT HDVP HDQH IDWU IIDII RSDWH QHIDHV HDWH WIDWH THPDVP IDSS PVDWH IVWDSU FFF IHPDTH TUQDHI HDIH CAST ...... QTDPH GUYANOR ACTI.... INFO VISTA...... METROLOGIC G ... THERMATECH I ... ALGECO # ......

C C C C ± TTPDSP QDSW WH SWHDQT IDWI VDRQ SSDQH HDRV IHDVV UIDQU RDTP IUDIH IIPDIU FFF WWDSH TSPDTV QDSR CEREP...... IHI HF COMPANY...... INTEGRA NET ...... w MICROPOLE...... TITUS INTERA ...... SECHE ENVIRO .....

C C ± ± VDSQ PDQT IHSDWH TWRDTT HDIW FFF FFF FFF TDRH RIDWV QDHQ QPDRH PIPDSQ FFF PRDTW ITIDWT HDUV CHEMUNEX # ...... IDQH HIGH CO.# ...... INTEGRA ACT...... MONDIAL PECH... TITUS INTER...... d AUBAY......

± ± IPQDWV HDSQ IVI IIVUDPV QDTP ITDHI IHSDHP FFF PQ ISHDVU FFF VP SQUDVV FFF ISVDWH IHRPDQP FFF CMT MEDICAL...... IVDWH HIGHWAVE OPT... w INTERCALL #...... d MULTIMANIA # .... d TITUS INTER...... d GROUPE J.C.D ......

C C C C ± PTTDWU IDSP PUDQH IUWDHV PDSH IPQ VHTDVQ HDUR IP UVDUI VDII PQ ISHDVU FFF UIDVH RUHDWV HDST COALA #...... RHDUH HIMALAYA...... IPSOS # ...... NATUREX...... TITUS INTER...... d LVL MEDICAL......

´ ´ IPRQDVQ HSGII QWDUV PTHDWR PSGIH EC. MONET.D...... IVWDTP CICAMONDE......

´ SG ASSET MANAGEMENT IUSDIU IIRWDHR HSGII RPDSU HPGII

ECUR. OBLIG. INTERNAT. .... CONVERTICIC...... TDRW LEGAL & GENERAL BANK

´ Serveur vocal : PTWDSP IUTUDWR HSGII PUHSDRQ HPGII SICAV et FCP ECUR. TRIMESTRIEL D...... EPARCIC ...... RIPDRR

´ 08 36 68 36 62 (2,21 F/mn) PUDUS IVPDHQ HSGII QTTPDVT HPGII

EPARCOURT-SICAV D...... EUROCIC LEADERS...... SSVDRH ´

IUWTDIR HPGII

´ STRATEGIE IND. EUROPE .... PUQDVP PISHDVI IRIHVDQW HSGII

IHHVDRU HQGII ´ ISQDUR RUVDSP HPGII GEOPTIM C ...... EUROPE REGIONS...... UPDWS CADENCE 1 D......

RHUSDVS HSGII TPIDQT Fonds communs de placements ISQDRI IHHTDQH HQGII  le™tionF QSDHP PPWDUP PSGIH

ne se Cours de cloˆ ture le 3 novembre HORIZON C...... FRANCIC PIERRE...... CADENCE 2 D......

´ ´ WSDWU HSGII IRDTQ ´ VQITDTT SRSSQDUI HPGII WWSDVI HQGII PREVOYANCE ECUR. D...... STRATEGIE CAC ...... ISIDVI WPWQDSQ HPGII MENSUELCIC...... IRITDUW CADENCE 3 D......

´ IPHSIDQR UWHSIDTI HPGII PTRDWU IUQVDHW HQGII RTHSDRI HPGII UHPDHW STRATEGIE INDICE USA...... CONVERTIS C......

´ Valeurs unitaires e Date Fonds communs de placements OBLICIC MONDIAL...... QTWDRQ HQGII

Emetteurs f STDQP ISRDPV HPGII ´ ´ PQDSP INTEROBLIG C ...... PSUDRH HSGII

ee ECUREUIL EQUILIBRE C...... QWDPR RENTACIC......

Euros francs cours www.lapostefinance.fr ´ TRPDSI HQGII

´ INTERSELECTION FR. D...... WUDWS RVWUDQU HPGII ´ URTDTH PIUDWU HSGII

ECUREUIL PRUDENCE C ...... QQDPQ UNION AMERIQUE ......

Sicav Info Poste : ´ ´ IPVQDIP HQGII

AGIPI ´ ´ SELECT DEFENSIF C...... IWSDTI QPQDHT HSGII

ECUREUIL VITALITE C ...... RWDPS

08 36 68 50 10 (2,21 F/mn) ´ IWVTDQU HQGII

www.clamdirect.com SELECT DYNAMIQUE C ...... QHPDVP

IWUDWU HQGII

AGIPI AMBITION (AXA) ...... QHDIV ´ ´ IWHDVT IPSIDWT HQGII TURDIQ HSGII

ADDILYS C ...... IHPDUU SELECT EQUILIBRE 2......

PPHDPU HQGII

AGIPI ACTIONS (AXA)...... QQDSV ´ ´ IPUSDWU HQGII

CREDIT AGRICOLE ´ IWRDSP PPUDWS HSGII ´ QRDUS SELECT PEA DYNAMIQUE .... IRQHDTR HQGII

EURCO SOLIDARITE ...... PIVDIH AMPLITUDE AMERIQUE C ...

´ IUTIDII HQGII

08 36 68 56 55 (2,21 F/mn) ´ SELECT PEA 1...... PTVDRV QRDHV PPQDSS HSGII

TPHSDHQ HQGII

3615 BNP LION 20000 C/3 11/06/99 ...... WRSDWS AMPLITUDE AMERIQUE D...

QUTIDPT HQGII

SG FRANCE OPPORT. C...... SUQDRH

RSDVT QHHDVP HSGII TISDVH RHQWDQV HQGII SSQTDHV HQGII

08 36 68 17 17 (2,21 F/mn) ATOUT CROISSANCE...... LION 20000 D/3 11/06/99 ...... VRQDWU AMPLITUDE EUROPE C......

QSPIDUU HQGII

SG FRANCE OPPORT. D ...... SQTDVW

RRDSI PWIDWU HSGII QQTDSW PPHUDVW HQGII

IRTHDPW HQGII

´ ATOUT FONCIER...... SICAV 5000 ...... PPPDTP AMPLITUDE EUROPE D ......

ISTVQDSR HQGII

BNP MONE COURT TERME . PQWHDWR RIWPDVI HQGII

SOGENFRANCE C...... TQWDIW

IHIDQW TTSDHU HQGII

QIU PHUWDQV HSGII

PSSWDPP HQGII

´ ATOUT FRANCE ASIE D...... SLIVAFRANCE ...... QWHDIS AMPLITUDE MONDE C......

VTPPVDVQ HQGII

BNP MONE PLACEMENT C.. IQIRSDSH QUUVDQV HQGII

SOGENFRANCE D...... SUTDHI

PSIDQT ITRVDVI HQGII

PVTDWH IVVIDWR HSGII

PSTDVU HQGII

´ ATOUT FRANCE EUROPE ..... SLIVARENTE ...... QWDIT AMPLITUDE MONDE D ...... UUPVTDST HQGII

BNP MONE PLACEMENT D.. IIUVPDPT TVTDSW HQGII

SOGEOBLIG C...... IHRDTU

TIDUH RHRDUQ HQGII

IQTRDUP HQGII PQDWH ISTDUU HSGII

´ ´ ATOUT FRANCE MONDE...... SLIVINTER ...... PHVDHS AMPLITUDE PACIFIQUE C ... WUWPRTDVS HQGII

BNP MONE TRESORERIE ..... IRWPVSDPP ´ PVRDWS HQGII

SOGEPARGNE D...... RQDRR

IUUHDTP HQGII

ATOUT FUTUR C ...... PTWDWQ

UQWDSV RVSIDQQ HQGII

ISPDHS HSGII

TRILION...... AMPLITUDE PACIFIQUE D... PQDIV

IHURDRT HQGII

BNP OBLIG. CT ...... ITQDVH

IWWRDII HQGII

SOGEPEA EUROPE...... QHR

ITQWDUH HQGII

ATOUT FUTUR D...... PRWDWU ´ SVDWP QVTDRW HSGII

PPHDWW HQGII

BNP OBLIG. LT...... QQDTW ELANCIEL FRANCE D PEA....

TQIDPW HQGII

´ Fonds communs de placements SOGINTER C...... WTDPR

WIWDRS HQGII

ATOUT SELECTION ...... IRHDIU ´ IQWDQP WIQDVV HSGII

WRUDUQ HQGII

BNP OBLIG. MT C...... IRRDRV ELANCIEL EURO D PEA......

ISSUDQI HQGII

ACTILION DYNAMIQUE C * . PQUDRI

PIQUDWH HQGII

COEXIS ...... QPSDWP ´ Fonds communs de placements

RSDPV PWUDHP HSGII

VVTDRT HQGII

BNP OBLIG. MT D...... IQSDIR EMERGENCE E.POST.D PEA.

ISHHDTQ HQGII

` ACTILION DYNAMIQUE D *. PPVDUU QPIIDTQ HQGII

RVWDTI ´ IRRDSI HPGII

DIEZE ...... DECLIC ACTIONS EURO...... PPDHQ

IIQTDSI HQGII

IUQDPT ´ UQRDUR HSGII

BNP OBLIG. SPREADS...... GEOBILYS C ...... IIPDHI

TPPDWH HQGII

ACTILION PEA DYNAMIQUE WRDWT

RTQWDRS HQGII

UHUDPV ´ RSRDQV HPGII

´ EURODYN...... DECLIC ACTIONS FRANC ..... TWDPU IPPPSDVT HQGII

IVTQDVP ´

TUSDWH HSGII

BNP OBLIG. TRESOR...... ´ GEOBILYS D...... IHQDHR IQRIDQU HQGII

ACTILION EQUILIBRE C * .... PHRDRW

IHITDPU HPGII ISRDWQ ´ QRTDWR HQGII

INDICIA EUROLAND...... DECLIC ACTIONS INTER...... SPDVW

IPWDPW HSGII

´ INTENSYS C...... IWDUI IPVPDPT HQGII

Fonds communs de placements ACTILION EQUILIBRE D *.... IWSDRV

QSUUDPH HPGII

SRSDQR ´ RPHDPI HPGII

INDICIA FRANCE...... DECLIC BOURSE PEA ...... TRDHT

IIPDPQ HSGII

´ INTENSYS D...... IUDII IISIIDVS HQGII IUWDWP IIVHDPH HQGII

BNP MONE ASSOCIATIONS . IUSRDWU ´ ACTILION PRUDENCE C *.... QVQDVH HQGII

SVDSI ´ ´ IPRDWT HPGII

INDOCAM AMERIQUE...... DECLIC BOURSE EQUILIBRE IWDHS

PTPDWH IUPRDSI HSGII

IIPTDHP HQGII IUIDTT KALEIS DYNAMISME C......

ITVDWI HQGII PSDUS ACTILION PRUDENCE D * ... ´ IIPDTQ HPGII

INDOCAM ASIE ...... DECLIC OBLIG. EUROPE...... IUDIU

PSUDTI ITVWDVI HSGII

IRPSDQQ HQGII BANQUE POPULAIRE ASSET MANAGEMENT PIUDPW KALEIS DYNAMISME D ......

IHWSDSV HQGII ITUDHP INTERLION...... ´ PISDRP HPGII

INDOCAM MULTI OBLIG...... DECLIC PEA EUROPE ...... QPDVR

WVDSQ TRTDQI HSGII

VHUDIT HQGII IPQDHS KALEIS DYNAMISME FR C ... PTUDUH HQGII RHDVI LION ACTION EURO...... ´ SRSDHQ HPGII

www.bpam.fr 08 36 68 22 00 (2,23 F/mn) INDOCAM ORIENT C...... DECLIC SOGENFR. TEMPO .. VQDHW

´ PISDHU IRIHDUU HSGII

IPRDUT VIVDQU HQGII

PQVDRR HQGII QTDQS KALEIS EQUILIBRE C...... RUPIDUI HPGII INDOCAM ORIENT D ...... LION PEA EURO...... UIWDVP PPPVDPP HIGII

BP OBLI CONVERTIBLES...... QQWDTW SOGINDEX FRANCE C ......

´ PHWDVH IQUTDPH HSGII

IRQTDVI HQGII PIWDHR KALEIS EQUILIBRE D ...... FFFF FFFF INDOCAM JAPON...... FFFF UIHDIR HIGII

BP OBLI HAUT REND...... IHVDPT ......

´ ´ ´ IWPDTH IPTQDQU HSGII

QPSDHW PIQPDRS HPGII

FFFF FFFF ´ ´ INDOCAM STR. 5-7 C ...... KALEIS SERENITE C ...... FFFF URPDPV HIGII

BP MEDITERRANEEDEV...... IIQDIT ......

IRHPDSH HPGII PIQDVI ´ ´ ´ IVUDRR IPPWDSQ HSGII

FFFF FFFF ´ INDOCAM STR. 5-7 D...... KALEIS SERENITE D...... FFFF ITIHDIV HIGII

BP NOUVELLE ECONOMIE... PRSDRU ......

QHDHT IWUDIV HQGII

WQDWR TITDPI HQGII

WTDTW TQRDPR HSGII FFFF FFFF OBLIFUTUR C...... CM EURO PEA ...... FFFF QPRDSU HQGII

BP OBLIG. EUROPE...... RWDRV KALEIS TONUS C......

WDPH THDQS HQGII VHDVS SQHDQR HQGII

FFFF FFFF CM EUROPE TECHNOL...... FFFF ITPDHP HSGII ´ ´ OBLIFUTUR D ...... PRDUH TRTHVRDSP HQGII

BP SECURITE ...... WVRWRDWS LATITUDE C......

ITVDPQ IIHQDSP HQGII RWDIH QPPDHU HQGII

FFFF FFFF REVENU-VERT ...... CM FRANCE ACTIONS...... FFFF PIDIP IQVDSR HSGII IQVQDTV HQGII

EUROACTION MIDCAP ...... PIHDWR LATITUDE D......

URDHT RVSDVH HQGII

RIDUI PUQDTH HQGII FFFF FFFF

UNIVERS ACTIONS...... CM MID. ACT. FRANCE...... FFFF IRPDSV WQSDPT HQGII TWPDVW HSGII

FRUCTI EURO 50...... OBLITYS D ...... IHSDTQ ......

RHDPR PTQDWT HQGII

RQPDTV PVQVDIW HQGII

FFFF FFFF UNIVERS-OBLIGATIONS...... FFFF

UQWDUW HPGII IIPDUV CM MONDE ACTIONS ...... ´ ...... QSIDQQ HSGII FRUCTIFRANCE C ...... PLENITUDE D PEA...... SQDST

IHQDHU TUTDHW HQGII FFFF FFFF FFFF

QHVSDIH HPGII

FRUCTIFONDS FRANCE NM RUHDQP CM OBLIG. LONG TERME...... ITRRVDVR HSGII

Fonds communs de placements POSTE GESTION C...... PSHUDTI

FFFF FFFF FFFF PSPDTU HQGII

CM OPTION DYNAM...... QVDSP ......

IHUDQT UHRDPR HPGII ISHUQDTQ HSGII

ATOUT VALEUR ...... POSTE GESTION D...... PPWUDWT

FFFF FFFF

´ FFFF QTRDUI HQGII

www.cdc-assetmanagement.com CM OPTION EQUIL...... SSDTH ......

PQTVDRT HPGII QTIDHU ` RRUPWDSI HSGII

INDOCAM VAL. RESTR...... POSTE PREMIERE ...... TVIVDWU

FFFF FFFF FFFF

IHPIDWP HQGII

CM OBLIG. COURT TERME.. ISSDUW ...... QVPDPW HIGII

MASTER ACTIONS...... SVDPV ` PTRQVTDPW HSGII

POSTE PREMIERE 1 AN...... RHQHSDRQ

FFFF FFFF FFFF

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31 AUJOURD’HUI LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000

SPORTS L’équipe de France de champions du monde en Europe. TRAÎNEUR AUSTRALIEN, Rod Mac- gereuse ». b THOMAS CASTAI- ce rendez-vous puisque le Stade de rugby s’est inclinée (13-18) devant b LES BLEUS ont marqué le seul es- queen, a souligné que les Français GNÈDE, victime d’une rupture du France n’était pas plein (68 000 spec- les Australiens, samedi 5 novembre, sai du match (Fabien Galthié, 76e mi- s’étaient ingéniés « à commettre des tendon d’Achille gauche lors de tateurs), et l’ambiance est restée au Stade de France, à l’occasion du nute) mais ont encaissé six pénalités fautes à chaque fois que les Walla- l’échauffement, est indisponible tiède sur les gradins pendant la ma- premier match de la tournée des inscrites par Matthew Burke. b L’EN- bies se retrouvaient en position dan- pour six mois. b LE PUBLIC a boudé jeure partie du match. Le XV de France échoue face à l’Australie, comme d’habitude Dans un Stade de France dégarni, les joueurs de Bernard Laporte se sont inclinés après avoir tenu tête aux champions du monde de rugby. De cette défaite, les Bleus ont nourri quelques regrets. « On aurait pu gagner, on aurait dû gagner », a commenté le troisième ligne Fabien Pelous C’EST BEAU, un stade qui s’en- pénalité de Richard Dourthe qui Denis, à peine perturbé par les gro- dort. C’est beau et c’est rare , mais avait pourtant franchi la barre entre gnements accompagnant les échecs cela s’est brièvement produit à les poteaux (45e). répétés de Christophe Lamaison Saint-Denis, où le XV de France re- Le marchand de sable était déjà dans ses coups de pied (une réussite cevait l’Australie, samedi 4 no- passé au-dessus de l’ellipse de sur quatre tentatives pendant la vembre. Le peuple du rugby fran- Saint-Denis et, sur la pelouse, si le première heure de jeu), les Austra- çais est généreux, mais spectacle n’avait rien de déshono- liens n’ont pas regimbé à l’idée de conservateur, voire grincheux. Aussi rant, il était simplement désespé- faire du jeu. Leurs combinaisons, a-t-il puissamment renâclé à l’idée rant, trop conforme aux prévisions fort heureusement, ont semblé aus- de changer ses habitudes et de se les plus raisonnables. Il était ce à si rouillées que celles de leurs hôtes. rendre au Stade de France en noc- quoi se résument souvent les af- Et surtout, ils sont venus buter sur turne, à l’heure du prime time de la frontements entre Français et Aus- une défense française d’une effica- télévision. Peu importe la présence traliens : un beau combat, engagé, cité rarement observée. des champions du monde en titre, mais dénué d’émotion. Il s’est soldé Bien sûr, il se trouvera toujours les spectateurs ont attendu le der- sur la sixième victoire consécutive des grincheux pour faire remarquer, nier moment pour s’installer en tri- de l’Australie sur la France (18-13). Il avec Rod MacQueen, l’entraîneur bune, prenant bien soin de laisser a laissé aux Bleus le même senti- australien, que les Bleus se sont quelques banquettes dégarnies, ma- ment de travail inachevé, une frus- souvent ingéniés à « commettre des nière de montrer la désapprobation tration identique à celle qui a suivi fautes à chaque fois que les Wallabies générale de la base du rugby fran- leurs défaites depuis 1993. « C’est se retrouvaient en position dange- çais. rageant, c’est dommage, ne pouvait reuse ». Ils n’étaient que 68 000, la plus que constater le demi de mêlée Fa- Mais l’étanchéité de la ligne bleue faible affluence jamais enregistrée bien Galthié. Nous avons eu beau- restera la principale satisfaction au Stade de France pour un match coup de temps forts, mais, quand on française. « La défense, c’est un sec- international de rugby. Ils ont bou- a ces temps forts, il faut marquer. » teur incontournable, souligne Ber- dé, mais ils ont chanté, pas trop « On aurait pu gagner, on aurait dû nard Laporte. Si on n’a pas ça, on fort. Ils ont râlé, mais ils ont poussé gagner », ajoutait Fabien Pelous, pé- peut prendre 40 points. » « Au- les leurs en mêlée, pas trop long- remptoire. jourd’hui, la défense australienne est temps, le temps de regarder les Le capitaine français n’avait « rien la deuxième meilleure du monde »,

Bleus de Bernard Laporte laisser fi- à reprocher » à ses coéquipiers. Ils OLIVIER MORIN/AFP ironise Fabien Pelous, heureux que ler de belles chances de marquer, ont tenté, plus souvent dans le petit Le trois-quarts-centre français Franck Comba échappe à la défense australienne. ses coéquipiers, regroupés derrière faute de patience ou de discerne- périmètre qu’au large. Ils ont appli- Fabien Galthié, aient fini par ins- ment. Et puis ils ont commencé à qué les consignes. « A quoi ça sert ser. Je crois que les Australiens jouent Les Wallabies revenaient sur la succès dans le Tournoi des Tri-Na- crire un essai en fin de match (76e), s’assoupir, discrètement. Ils n’ont d’envoyer les ballons aux ailes si c’est comme cela, non ? C’est tout de scène internationale après deux tions. Ils sont arrivés à Paris avec un sans en rendre un seul. pas trouvé la force, ou l’envie, de pour se fragiliser ?, indique Fabien même eux qui ont le jeu le plus élabo- mois de vacances bien méritées, et seul match dans les jambes – une C’est beau aussi, un stade qui se protester lorsque les deux juges de Galthié. Il faut d’abord jouer là où on ré. Il ne faut pas avoir honte de s’ins- bien occupées à fêter un titre de nette victoire sur le Japon – et la réveille. Après une bonne heure de touche ont refusé d’accorder une peut, là où on est, pour les déstabili- pirer de ce qui se fait de mieux. » champions du monde et un premier conviction que le moins peut tou- frustration et de résignation appa- jours le plus. Si des coups de pied rente, le quart d’heure français est de pénalité suffisent pour s’assurer arrivé. Leur jeu, enfin, a pu rebondir l’emprise sur un match, ils en feront d’un côté à l’autre du terrain. Leurs Thomas Castaignède sera absent des terrains pendant au moins six mois toujours leur affaire. adversaires, enfin, ont montré des signes de fatigue. George Smith, SIX MOIS minimum. Le diagnostic – le plus des Tricolores, joint au téléphone par Le Monde mibie, lors de la Coupe du monde, une dé- PLACIDITÉ INCROYABLE l’un des petits nouveaux de la sélec- optimiste – est tombé dimanche 16 novembre dimanche après-midi. « Thomas éprouvait une chirure à l’âme tout autant qu’à la cuisse Pendant dix minutes, ils ont tion australienne, a commis un vi- en fin de matinée. Thierry Hermerel, le méde- petite douleur au tendon depuis plusieurs se- gauche l’empêche de poursuivre l’aventure qui éprouvé le peu de patience des lain geste en forme de mauvais ré- cin de l’équipe de France, qui aux premières maines. Il m’a dit qu’il y a deux mois les médecins mènera les Bleus à Cardiff en finale contre Français, sans jamais s’affoler, flexe, une « cravate » sur Franck heures avait accompagné Thomas Castaignède du club de Saracens lui avait fait une infiltra- l’Australie le 6 novembre, il y a un an jour pour conformément à leur trait de carac- Comba. L’arbitre l’a envoyé se re- à la Clinique du sport, à Paris, n’a pas ergoté. tion. » Dès lors, n’aurait-il pas fallu envisager jour. tère dominant, une placidité in- poser dix minutes. Son absence a « Thomas sera opéré au plus tard mardi 7 no- une période de repos afin que le joueur ré- Thomas Castaignède, vingt-cinq ans, demi croyable dans les moments les plus laissé des brèches dans la défense vembre à l’hôpital de la Salpêtrière à Paris par le cupère ? « Il faut bien voir que maintenant, à d’ouverture formé au Stade montois, déplacé chauds d’une partie. Ils n’avaient australienne. Quand il a été autorisé professeur Saillant », a-t-il déclaré. Le nouveau l’heure du professionnalisme, Castaignède est un au centre de l’attaque toulousaine de 1994 à plus, ensuite, qu’à faire parler leur à revenir en jeu, ses coéquipiers numéro 15 des Saracens de Londres devra en- produit », explique Max Godemet. 1997, remis à l’ouverture avant de devenir ar- méthode. Etouffer avec une rigueur avaient encaissé dix points – l’essai suite porter un plâtre durant six semaines et Un produit qui, en l’espace de quelques sai- rière, semble comme équipé d’une armure trop scientifique les nouveaux assauts de Fabien Galthié, une transforma- subir une longue rééducation. Thomas Castai- sons, a dû adapter sa morphologie aux exi- lourde pour un gabarit aux mensurations « na- français. Rattraper les impétrants, tion et une pénalité de Christophe gnède en a fini avec sa saison 2000-2001, qu’il gences du rugby moderne. Celui qu’on sur- turelles » raisonnables. Un peu comme s’il comme Franck Comba, au moyen Lamaison (80e). Un grand brouhaha avait entamée fin août dans le championnat nommait il y a seulement trois ou quatre ans, le avait enfilé une carcasse trop grande sous une d’une cuillère portée du bout du secouait le Stade de France. « Ils anglais après son départ du Castres olympique. « petit » Castaignède, est devenu un athlète de peau devenue de ce fait trop étroite. Joueur doigt sur le dernier crampon. peuvent gagner ! » Personne n’a en- Comme le laissaient craindre la veille au soir près de 83 kilos pour un mètre soixante-quinze. aux accélérations aussi inspirées que fulgu- Contre-attaquer avec toute la viva- tendu l’arbitre siffler la fin de la ren- les pires augures, l’arrière du XV de France Sa silhouette s’est étoffée au cours de ces der- rantes, cet attaquant pétri de talents s’inscrit cité requise. Provoquer des fautes. contre, la fin de l’espoir pour les souffre d’une rupture du talon d’Achille. A nières années. Le jeune homme a pris du dans la lignée des Jo Maso, André Boniface ou Transformer les pénalités – Mat- joueurs français, pas celle de leur peine une demi-heure avant le coup d’envoi du muscle. Trop ? Mais force est de constater cette Didier Codorniou. thew Burke en a réussi six sur six, frustration. match France-Australie, alors qu’il terminait succession de malchance qui chaque année de- Quelle place réserve désormais à ces les 18 points de la victoire. l’échauffement, Thomas Castaignède a ressenti puis 1998 renvoie Thomas Castaignède aux fra- « joueurs de ballon » un rugby où la dimension Dans le grand silence de Saint- Eric Collier une très vive douleur au bas de la jambe giles réalités de ce corps meurtri. physique et la capacité à supporter les chocs gauche, a bloqué sa foulée avant de s’effon- l’emportent sur l’art du « cadrage-déborde- drer. Le 30 octobre déjà, lors d’un entraîne- DÉCHIRURE À L’ÂME ment » ? Le joueur biarrot Philippe Bernat ment, le doute l’avait taraudé. Une sensation Une épaule récalcitrante qu’il faut opérer le Salles – appelé pour remplacer Castaignède – inquiétante derrière la cheville gauche l’avait prive d’une tournée en Argentine à l’été 1998. qui, du haut de son mètre quatre-vingts et de poussé à consulter. L’IRM n’avait rien décelé Rétabli, il fait sa rentrée huit mois plus tard, le ses 78 kilos, a su un jour d’octobre 1999 dépla- d’irrémédiable. 21 février 1999, au Stade de France contre cer la montagne Jonah Lomu, dispose de deux Las. Samedi soir, la cheville a lâché. « Ça a l’Ecosse et se blesse après seulement quatre semaines pour réfléchir à cette question. pété comme du verre », a-t-il raconté ensuite à minutes de jeu et une percée de 60 mètres. Puis Max Godemet, l’ancien préparateur physique le 5 octobre 1999, trois jours avant France-Na- Yves Bordenave Deux nouvelles, une bonne et une mauvaise

C’EST UN PEU comme l’histoire contre trois plutôt qu’à trois force de frappe installée par l’en- autre dimension que celle d’un du gars qui vient voir son ami et contre un. On pourrait même dire traîneur de l’équipe de France gain de terrain parfois poussif et qui lui dit : « J’ai deux nouvelles, que le rugby a changé le sport et pour éviter la mauvaise surprise. ennuyeux. On peut aussi regretter une bonne et une mauvaise ! » C’est que, n’en déplaise aux professeurs Et l’on doit reconnaître que si les que les Français n’aient pu infliger un peu l’histoire du match France- de « rugbyrature » française, c’est arrières ont eu bien du mal à faire plus de trois ou quatre temps de ce jeu-là, de cet hémisphère-là, ba- éjecter les « Aussies » de leur trône jeu, car, dans le Sud, c’est souvent ANALYSE sé sur un jeu de « camions-tam- de meilleurs défenseurs du monde, à partir de là que les défenses Une défense motivée, ponneurs » plutôt maniables, qui les avants tricolores ont démontré s’ouvrent. On peut enfin regretter gagne. qu’ils étaient au niveau des plus les absences de Christophe Domi- une volonté d’être Apparemment, nous tous, spec- forts. nici et de Thomas Castaignède, qui disciplinés n’ont tateurs, supporters, joueurs, an- En utilisant le jeu dans l’axe avec auraient sûrement apporté des so- pas suffi aux Français ciens, dirigeants, avons envie que une vivacité et une adresse surpre- lutions à un Franck Comba vire- notre rugby gagne de temps en nantes, en libérant les balles dans voltant. temps. Alors, essayons de le le temps juste, ils prouvaient avec Pour le reste, si l’on devine que Australie (13-18). La bonne nou- comprendre, le rugby qui gagne. succès que les Australiens, à force la tournée des Australiens res- velle, c’est que ces Australiens, Que faut-il donc retenir de ce de s’étaler en défense comme une semble plus à des devoirs de va- champions du monde et de l’hémi- France-Australie ? Eh bien, déjà famille nombreuse à la plage, au- cances, on peut quand même don- sphère Sud, ne sont pas imbat- une chose : on n’en a pas pris qua- tour du parasol, étaient moins ner une note optimiste aux tables. La mauvaise nouvelle, c’est rante. Cela paraît bien restrictif étanches que leur réputation. Pour Français pour cet examen blanc qu’on a encore perdu. C’est donc mais c’est arrivé à tant d’équipes preuve, le seul essai du match, une d’entrée aux grandes écoles. A l’histoire du rugby français qui de France qu’on peut au moins gageure, venant après une belle confirmer, bien sûr, samedi 11 no- cherche « la » solution. C’est une s’en satisfaire. Entre nous, c’était récitation dans l’axe, alternée de vembre, contre les All Blacks car histoire qui se répète. bien la seule vraie hantise de Ber- rimes très légères au large, pour fi- là, attention, ce n’est plus un test, Attention, avant d’attaquer nard Laporte, et de tous ceux qui nir derrière la belle ligne blanche, c’est vraiment une revanche. Sauf toute analyse tactico-technique aiment le rugby en France. cette terre promise depuis le début que dans le rôle du méchant, c’est sur tableau noir, ou toute synthèse D’ailleurs, le système qu’il avait du match, à des Français finale- nous. Et ça, c’est une autre his- post-match sur le pourquoi du mis en place pour ce match était ment plus entreprenants. toire. comment du vers où, il faut défini- surtout fait pour ne pas en prendre On ne peut que regretter les tivement déposer une gerbe sur la quarante, justement. Un jeu échecs (inhabituels) du buteur Philippe Guillard tombe du rugby à l’ancienne. Le simple, sans trop de risques, des Christophe Lamaison, qui auraient rugby a tellement changé qu’il se lancements rigoureux, une défense obligé les Australiens à sortir de ૽ Philippe Guillard a été champion présente plus aux joueurs d’au- motivée et la volonté d’être disci- leur état très agaçant de self- de France 1990 avec le Racing Club jourd’hui des situations à un plinés constituaient à peu près la control et donné au match une de France. LeMonde Job: WMQ0711--0032-0 WAS LMQ0711-32 Op.: XX Rev.: 06-11-00 T.: 10:08 S.: 111,06-Cmp.:06,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0407 Lcp: 700 CMYK

32 / LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 AUJOURD’HUI - SPORTS Les skippers du Vendée Globe Le cricket ébranlé attendent des vents meilleurs par les rumeurs Pour cause de tempête, le départ de la course a été reporté à mardi de corruption Les concurrents du Vendée Globe ont voté, samedi contre une et trois abstentions. Les conditions météo- 4 novembre, pour un report de deux jours du départ rologiques exécrables sont à l’origine de ce report, de la course, qui était prévu dimanche, par vingt voix unique dans les annales. généralisée LES SABLES-D’OLONNE de courses en solitaire. Mais n’a pas tenté d’influer sur la déci- C’EST UN GROS DOCUMENT (Vendée) d’autres lui ont rapidement emboî- sion des skippers. Après une édi- blanc, épais de 160 pages. Sa page de notre envoyée spéciale té le pas, comme Thierry Dubois tion 1996-1997 marquée par la dis- de garde, brandie mercredi 1er no- Bichonnés, astiqués, solidement (Solidaires), vainqueur en 1993 parition de Gerry Roufs et par trois vembre par Sukhdev Dhindsa, le amarrés, les voiles en ordre pour d’une Mini-Transat dont le départ naufrages, il a trop insisté cette fois ministre des sports indien, devant la course, les – donné à Brest malgré une météo sur la sécurité (Le Monde daté les médias de tous les pays du vingt-quatre exécrable – coûta la vie à un skip- 5-6 novembre) pour jouer les va-t- Commonwealth, laisse deviner monocoques per et décima rapidement la flotte. en-guerre. l’ampleur du scandale : « Rapport engagés dans Cette « reculade » quasi géné- Il s’est même entouré de précau- sur les trucages de matches de le Vendée Glo- rale a fait regretter à Jean-Luc Van tions à terre. Dimanche, dès cricket et pratiques illicites affé- be semblent den Heede, vétéran de l’édition 15 heures, face à un avis de tem- rentes », est-il écrit en gros carac- piaffer dans 1992-1993 dont il s’était classé pête, il a fermé le village officiel de tères. Cet ouvrage, explosif, a mis l’eau agitée du deuxième, que le mythe du Vendée la course et fait commencer le dé- en émoi toute la communauté des bassin de Port- Globe ait « vieilli ». Titouan Lama- montage de ses fragiles construc- amateurs de cricket, tenu par les Olona. Mais les hommes qui les zou, victorieux de la course inau- tions provisoires. Malgré la fin des Britanniques pour le « sport des mèneront autour des mers du gurale en 1989-1990, s’est montré congés scolaires de la Toussaint, gentlemen ». globe pendant au moins trois mois plus impitoyable encore. « C’est les curieux se pressaient encore en Six des douze capitaines des et demi ont dit « non ». Presque devenu une course de gonzesses », une file interminable sous un ciel équipes engagées dans la Coupe d’un commun accord (vingt pour, a-t-il lâché. Aujourd’hui, la plupart crépusculaire pour accéder au pon- du monde 1999, disputée en An- trois abstentions et un contre), ils des solitaires engagés dans le Ven- ton. Déçus par le report du départ, gleterre, sont accusés par les en- ont opté, samedi 4 novembre, lors dée Globe savent où ils vont. Ma- mais compréhensifs envers les quêteurs du Bureau central d’in- du dernier briefing, pour un report rins aguerris, ils sont prêts pour skippers, ils voulaient au moins ad- vestigation (CBI) de New Delhi, de quarante-huit heures du départ, des tempêtes violentes dans les mirer les « coursiers » fin prêts et auteurs du rapport, d’avoir colla- prévu à l’origine dimanche 5 no- mers du Sud. Mais ils disposeront désertés pour la plupart. boré à des trucages de matches au vembre à 13 h 11. alors d’un « champ de ma- Seul skipper en faveur du main- cours de leurs carrières. Trois Pluie cinglante, arbres et po- nœuvre » bien plus vaste que le tien du départ, Yves Parlier (Aqui- autres anciens capitaines et une teaux vacillant dangereusement piégeux golfe de Gascogne. taine-Innovations) était finalement poignée d’autres joueurs, notam- sur leur base : le plancher des l’unique vrai déçu. Partisan d’une ment des Indiens, figurent égale- vaches n’était pourtant guère plus YVES PARLIER TRÈS DÉÇU « sélection naturelle », le rigoureux ment dans ce ce que la presse an- engageant, mais ils ont préféré s’y Le Vendée Globe consiste à bou- ingénieur prônait une application glaise a déjà surnommé le hall of cantonner. La météo leur a donné cler un tour du monde en solitaire, stricte du règlement, qui prévoit shame (hall de la honte) du cricket raison : elle prévoyait des condi- sans escale et sans assistance. La que la ligne peut être franchie à mondial. tions encore maniables dans la ma- perspective d’aller s’échouer sur l’appréciation de chaque Des grands noms figurent au tinée de dimanche, mais forcissant les cailloux ou sur la plage après concurrent jusqu’à dix jours après dossier : Brian Lara (Antilles bri- au moment du départ, avec de quelques minutes de course – et le signal du départ. Engagé pour la tanniques), Martin Crowe (Nou- mauvaises vagues contraires. Di- par conséquent d’être déclassé – troisième fois consécutive dans le velle-Zélande), Salim Malik et Asif manche matin, le vent de secteur ne peut séduire aucun navigateur Vendée Globe, le navigateur arca- Iqbal (Pakistan), Arjuna Ranatun- sud-ouest, soufflant en rafales à sensé. Tous s’emploient à chonnais pense tenir la solution ga et Aravinda de Silva (Sri Lan- plus de 100 km/h, avait démonté la convaincre des sponsors d’accep- pour enfin s’imposer : l’anticipa- ka), Mark Waugh et Dean Jones mer, rendant périlleuse toute ten- ter des partenariats de trois ou tion. Il a d’ailleurs « visualisé » sa (Australie). Les faits reprochés à tative de sortie du port. quatre ans. Ils peaufinent leur pré- course grâce à un agenda strict, ces célébrités concernent le plus La veille, lors de la réunion des paration pour le Vendée Globe, consigné à l’intérieur de son ba- souvent les informations qu’ils au- skippers, c’est le Britannique Ri- objectif principal de ces projets, teau. Son calendrier, qui fixe son raient échangées avec des book- chard Tolkien (This-Time) qui avait comme un athlète monte en puis- arrivée au 11 février 2001, n’avait makers indélicats contre des grati- ouvert le débat. Amateur, ce ban- sance jusqu’à l’ouverture des Jeux sûrement pas prévu ce fâcheux fications allant de simples cadeaux quier de la City, âgé de quarante- olympiques. contretemps. à cette enveloppe de 40 000 dol- cinq ans, a la réputation de capitu- Pris de cours, Philippe Jeantot, lars dont aurait bénéficié Brian ler rapidement dans ses tentatives l’organisateur du Vendée Globe, Patricia Jolly Lara. Le batteur antillais nie tout en bloc, comme ses infortunés compagnons de disgrâce. Tous, sauf un : l’Indien Mohammad Az- haruddin a reconnu avoir partici- pé au trucage de deux matches.

ENQUÊTE ANGLAISE Ces accusations ne sont pas nouvelles. En 1999, la réputation du Sud-Africain Hansie Cronje avait été irrémédiablement ternie par des révélations sur de petits arrangements rémunérés qu’il avait passés avec des bookmakers. Le joueur, dont la carrière inter- nationale n’a pas résisté à ce scan- dale, est passé aux aveux. Ses dé- clarations, ainsi que celles du bookmaker indien Mukeh Kumar Gupta, ont servi de base au travail des enquêteurs indiens. La grande nouveauté de l’affaire réside dans la variété des nationa- lités des joueurs mis en cause. A en croire le rapport du CBI, la plu- part des grands pays du cricket se- raient atteints par le fléau de la corruption. Parmi les accusés fi- gure ainsi Alec Stewart, premier cricketer anglais jamais cité dans une affaire de corruption. Sa seule présence dans la liste de la honte a suffi à déclencher la tempête. Le batteur anglais est en effet un des joueurs les plus respectés du Royaume-Uni : il compte 102 sélections pour des tests-mat- ches et 137 pour des rencontres in- ternationales d’un jour. Son père, Micky, fut capitaine de l’équipe d’Angleterre. C’est donc un joueur emblématique auquel s’est atta- qué Gupta, qui l’accuse d’avoir ac- cepté 5 000 livres sterling (environ 50 000 francs) en échange d’une batterie d’informations lors d’une tournée de l’équipe anglaise en Inde et au Sri Lanka, en 1993. Alec Stewart, actuellement en tournée au Pakistan avec la sélec- tion anglaise, a opposé un démen- ti catégorique, aussitôt relayé par Lord Mac Laurin, le président de l’honorable England and Wales Cricket Board, qui refuse de le suspendre avant que sa culpabilité soit prouvée. Au Royaume-Uni, l’affaire a pris une telle impor- tance qu’un ancien commissaire de la police métropolitaine est parti en Inde pour enquêter sur cette salissure indigne, en compa- gnie de trois officiers de Scotland Yard. On ne plaisante pas avec la réputation du sport des gentle- men.

Eric Collier LeMonde Job: WMQ0711--0033-0 WAS LMQ0711-33 Op.: XX Rev.: 06-11-00 T.: 10:48 S.: 111,06-Cmp.:06,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0408 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI - SPORTS LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 / 33

Les errances de l’Olympique de Marseille Les footballeurs de Sedan ravivent le souvenir des années Tapie font sensation Après la défaite devant Rennes (0-1), des supporteurs réclament le retour de l’ancien président En battant Guingamp (0-3), l’équipe La défaite encaissée au Stade-Vélodrome devant l’issue de la 14e journée du championnat de club, dont il est l’actionnaire principal, a été hué d’Alex Dupont remporte sa septième victoire Rennes (0-1), samedi 4 novembre, place l’Olym- France de football de D1. Robert Louis-Dreyfus, par le public marseillais, dont une partie a récla- pique de Marseille en position de relégable à qui a annoncé qu’il allait reprendre en main le mé le retour de Bernard Tapie. de la saison et prend la tête de la D1

MARSEILLE Le championnat de France de football de D1 gner, ça nous arrangerait. » Dans le QUI L’EUT CRU ? Après quator- sormais talonnés par Bordeaux, de notre correspondant régional virage sud, un calicot affichait un ze journées de disputées, le Club revenu à la troisième place du En perdant 0-1 devant Rennes au 14e JOURNÉE CLASSEMENT visage de Bernard Tapie surmonté sportif Sedan Ardennes (CSSA), classement après sa victoire sur Stade-Vélodrome, samedi 4 no- d’un « Reviens » nostalgique. Mais, quatorzième budget du cham- Lille (1-0). Les Nordistes ont vu vembre, l’Olympique de Marseille Monaco-Lyon 0-2 jusqu’à la fatidique contre-attaque pionnat de France (130 millions de s’envoler le point du match nul Points J G N P Diff. Chgts Séries s’est mis en Auxerre-Paris-SG 1-0 rennaise de la 40e minute, tout le francs) occupe, seul, la première pendant les arrêts de jeu lorsque 1 Sedan 25 14 74 3+ 7 2 GGNGG position de re- monde faisait semblant d’y croire : place du classement de Division 1. Pascal Feindouno a trompé le gar- Marseille-Rennes 0-1 2 Paris SG 24 14 73 4+ 8 1 NGGPP légable et ins- reprenant un centre parfait de Cy- L’équipe dirigée depuis cette sai- dien Grégory Wimbée. Bordeaux-Lille 1-0 3 Bordeaux 14 NGNGG tallé dans une 23 65 3+ 6 3 ril Chapuis devant une défense fi- son par Alex Dupont, l’ancien en- NGGGP crise pro- Guingamp-Sedan 0-3 4 Lille 22 14 64 4+ 5 2 gée, Philippe Delaye marquait du traîneur de Gueugnon, s’est impo- NGGPG VICTOIRE À DOMICILE fonde. Les dé- Lens-Bastia 4-0 5 Nantes 21 14 63 5+ 2 4 plat du pied. Un froid glacial tom- sée, samedi 4 novembre, sur la Parmi les équipes ayant fait de 6 Guingamp 14 1 NNGGP clarations de Nantes-Metz 2-0 21 63 5Ð 1 bait sur le stade : chacun avait pelouse de Guingamp (0-3). Un bonnes affaires lors de cette qua- 7 Bastia 21 14 63 5Ð 1 3 GPNNP Robert Louis- St-Etienne-Troyes 4-1 compris que ce match, l’honneur doublé de l’attaquant Tony Bro- torzième journée, se trouve égale- 8 Lens 20 14 55 4+ 3 3 NPNPG Dreyfus, qui Toulouse-Strasbourg 0-0 du club et la saison étaient perdus. gno, ex-meilleur buteur du cham- ment le FC Nantes. Les Canaris avait annoncé juste avant le match 9 Troyes 20 14 55 4 0 2 NNNGP Robert Louis-Dreyfus hochait la pionnat belge, et un but du Came- ont battu le FC Metz (2-0), ce qui qu’il allait reprendre en main le LES CARTONS 10 Lyon 19 13 47 2+ 4 2 PNNNG tête, l’éternel sourire du maire se rounais Pius N’Dieffi ont permis leur a fait gagner quatre places au club, dont il est le principal action- Rouges Jaunes 11 Monaco 19 14 54 5+ 1 3 NGNPP figeait, les autres officiels sem- aux Ardennais d’emporter haut la classement. L’entraîneur Joël Mul- naire, en venant « deux jours par 12 Rennes 18 14 53 6+ 2 1 PGPPG blaient tétanisés. Des virages ne main leur septième victoire de la ler fêtait son 400e match de D 1 à la semaine pour continuer la remise à 1. Nantes 0 22 13 Auxerre 18 14 53 6Ð 2 1 GPNNG sourdaient plus que la colère et les saison. tête du club lorrain. « J’espère que plat de notre équipe rue Negresko 2. Metz 0 28 14 Metz 18 14 53 6Ð 4 4 PNPGP sifflets, avant qu’éclate des « Tapie, La dernière fois que Sedan s’est la 500e sera meilleure », a-t-il com- [siège du club] et à La Commande- 3. Lille 1 21 15 St-Etienne 17 14 45 5 0 1 PPGNG Tapie, Tapie » repris jusque dans la retrouvé en tête du championnat menté. Lens, qui courait après une rie [lieu de l’entraînement] », n’ont 16.Toulouse 4 28 16 Marseille 15 14 43 7Ð 4 2 NPPNP tribune Jean-Bouin, où se trouve le de D 1 remonte à 1966. Depuis son victoire à domicile depuis deux pas suffi à calmer la colère des 17. Bordeaux 4 33 17 Strasbourg 12 14 33 8Ð 18 NPPNN carré des officiels. accession de National (ex-D 3) en mois, a pu enfin satisfaire son pu- supporteurs. D’autant que la suite 18. Troyes 5 30 18 Toulouse 7 13 14 8Ð 8 PPPPN D 2, en 1999, le club est animé blic. Les Sang et Or ont attendu le de son communiqué n’annonce d’une dynamique que rien ne dernier quart d’heure pour passer LES ATTAQUES 1 Paris SG 27 buts • 2 St-Etienne 23 buts « DREYFUS, DÉMISSION ! » rien de bien concret pour remettre • 3 Sedan, Nantes 21 buts Les joueurs, paralysés, sortaient semble pouvoir freiner. Promu au quatre buts à Bastia (4-0). «Un en marche un club dont l’adminis- LES DÉFENSES 1 Lille 10 buts • 2 Lyon 12 buts • 3 Rennes 13 buts du terrain sous les huées, avant de sein de l’élite dix mois plus tard, il score trop sévère », a reconnu l’en- tration est brisée, les joueurs dé- LES BUTEURS 1 Robert (PSG) et Alex (St-Etienne) 9 buts revenir disputer une deuxième mi- a terminé à la septième place, ce traîneur lensois, Rolland Courbis. motivés et les supporteurs exaspé- • 3 Née (Bastia) et Djukic (Troyes) 7 buts temps insipide. Une percée, une qui lui a donné le droit de disputer Saint-Etienne a également mar- rés. 15e JOURNÉE : Vendredi 10 novembre : St-Etienne-Monaco. Samedi 11 : Paris SG- tête ou un tir en pivot de George la Coupe Intertoto cette saison. qué à quatre reprises, samedi soir, Renouvelant toute sa confiance Lyon, Sedan-Marseille, Metz-Guingamp, Lille-Auxerre, Rennes-Toulouse,Troyes- Weah tentaient de faire renaître Dans la nuit de samedi à di- face à Troyes (4-1). Le Brésilien à l’entraîneur Abel Braga, dont les Lens. Dimanche 12 : Strasbourg-Bordeaux. Bastia-Nantes : reporté au 13 décembre l’espoir, mais chacun sentait ce que manche, une centaine de per- Alex a réussi un triplé, ce qui le méthodes d’entraînement sont l’impeccable Zoumara Camara ré- sonnes sont venues à l’aéroport propulse à la première place au contestées par les joueurs eux- maire de Marseille, Jean-Claude sident du club, ni Robert Louis- sumait en fin de match : « Nous attendre les nouveaux leaders du classement des buteurs (neuf buts, mêmes, « RLD » précisait : «Je Gaudin (DL), dans les affaires du Dreyfus, ni Yves Marchand, ni ses aurions pu jouer toute la nuit, nous championnat. « Il se passe quelque à égalité avec le Parisien Laurent n’annoncerai pas de modification club. ennemis intimes Eric Di Meco et n’aurions sans doute pas égalisé. On chose, c’est évident », admettait Robert). Grâce à cette victoire, les de l’organisation du club avant dix Samedi soir, c’était donc aux Marcel Dib, respectivement mana- commence à toucher le fond. » Le Alex Dupont dans L’Equipe du « Verts » ont quitté la zone de re- jours environ. » Samedi soir, après joueurs de jouer dans ce Vélo- ger et directeur sportif du club, dernier quart d’heure fut carré- lundi 6 novembre. légation, cédant leur place à Mar- la défaite face à Rennes, il aurait drome devenu le théâtre de leurs dont les jours à leurs postes res- ment pénible : les hauts-parleurs Les Sedanais ont un point seille qui, en pleine tourmente, d’ailleurs refusé la démission que malheurs. Les supporteurs avaient pectifs semblent comptés. On y des virages déversaient les insultes d’avance sur le Paris - Saint-Ger- s’est inclinée au Stade-Vélodrome venait de lui présenter Abel Braga. fait de leur mieux pour entretenir voyait aussi Pierre Dubiton, qui a les plus crues sur Robert Louis- main qui a subi sa deuxième dé- face à Rennes (0-1). Enfin, le Cet échec vient mettre une conclu- l’illusion : deux immenses bande- récemment dénoncé tout ce Dreyfus, accompagnées de « Drey- faite consécutive en s’inclinant à match entre les deux derniers du sion à une semaine-catastrophe roles neuves recouvraient les vi- monde, ou René Olmetta, candidat fus, démission ! » repris à pleins Auxerre (1-0) sur un but de la tête classement, Toulouse et Stras- qui a vu la démission du président rages et les chants préparatoires socialiste à la mairie, pas mé- poumons. C’est pourtant de lui et du jeune Olivier Kapo. Les Pari- bourg, s’est terminé sur un score Yves Marchand, jeudi 2 novembre, sonnaient haut. Dans la tribune of- content de critiquer la « politisa- de ses joueurs impuissants que dé- siens peuvent toutefois remercier nul (0-0), ce qui n’a arrangé per- et la mise à l’écart implicite du ficielle, personne ne manquait : ni tion excessive de ce dossier ». pend aujourd’hui l’avenir du club. leur gardien de but Lionel Leitizi, sonne. reste de l’état-major du club, suite le maire, salué plus ou moins iro- Un peu inquiet, Jean-Claude auteur, une nouvelle fois, d’un à une intrusion assez singulière du niquement comme le vrai pré- Gaudin glissait : « Si on pouvait ga- Michel Samson match remarquable. Ils sont dé- F. P. LeMonde Job: WMQ0711--0035-0 WAS LMQ0711-35 Op.: XX Rev.: 06-11-00 T.: 10:15 S.: 111,06-Cmp.:06,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0409 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI-SPORTS LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 / 35

Les pongistes se sont vite adaptés Jeannie Longo s’adjuge le record à la moins petite balle blanche du monde de l’heure nouvelle formule Les Internationaux de France de tennis de table ont été la première La Française a parcouru 44,767 km en soixante minutes à Mexico compétition disputée avec une balle légèrement plus grosse. En dépit Jeannie Longo a battu, dimanche 5 novembre à Mexi- que, à quarante-deux ans, la cycliste française n’a rien co, le record du monde de l’heure sur vélo traditionnel perdu de son appétit de victoires, qui lui vaut d’être des craintes des joueurs, cette nouveauté n’a pas bouleversé leur sport en le portant à 44,767 km. Ce nouveau titre confirme surnommée « la Cannibale ». TOULOUSE sur l’attaque. « Pour dire les choses plan de modernisation bien plus LE POIDS DES ANNÉES n’a 40 s 48, soit une vitesse moyenne qui resteront ses « chasses gar- de notre envoyé spécial franchement, nous avions peur que vaste. A Toulouse, les pongistes donc toujours aucune emprise sur de 44,895 km/h. Elle n’est passée dées » jusqu’à la fin des années 80 Qu’ils soient spécialistes de ten- la hiérarchie mondiale soit totale- présents ont également essayé, à Jeannie Longo. A l’âge de qua- sous les 44,8 km/h qu’aux 30e et (trois Tours de France consécutifs, nis de table ou simples joueurs du ment chamboulée avec cette nou- titre expérimental, un nouveau rante-deux – elle a fêté son anni- 40e kilomètres. « Je me suis sentie en 1987, 1988 et 1989). Il lui faudra dimanche, les spectateurs du Palais velle balle, précise Damien Eloi. Ce- système de comptage avec des sets versaire le 31 octobre –, la Fran- assez bien durant les vingt premières attendre sa quatrième participa- des sports de Toulouse n’y ont vu la fait vingt ans que chacun d’entre en 11 points, au lieu de 21 actuelle- çaise s’est of- minutes. Ensuite, le vent m’a un peu tion aux JO, à Atlanta en 1996, que du feu. Aux Internationaux de nous s’entraîne avec une balle d’un ment (le premier arrivé à quatre fert un cin- gênée au point que j’ai un moment pour décrocher sa première mé- France, qui se ont eu lieu du 1er au diamètre donné. Et puis, du jour au manches ayant gagné la partie). quième re- songé à renoncer », a-t-elle déclaré daille d’or olympique. Toujours 5 novembre, une balle de 2 mm lendemain, on nous donne une « Le but est d’avoir davantage de cord du après son heure en piste. aussi insatiable, la « Jeanne d’Arc » plus grande a été utilisée pour la autre balle. Heureusement, il ne de- fins de set et donc davantage de mo- monde de du cyclisme a enlevé son 12e titre première fois dans une compéti- vrait pas y avoir de gros bouleverse- ments dramatiques dans un match. l’heure, di- « LA CANNIBALE » mondial, en 1997, à l’âge de trente– tion internationale. D’un diamètre ments au classement mondial. » Souvent, dans les sets en 21 points, il manche 5 no- Unanimement reconnue comme neuf ans. Cette année, elle a termi- de 40 mm, au lieu des 38 mm se passe peu de chose en début de vembre à une perfectionniste à l’inextin- né à la deuxième place du contre- jusque-là en vigueur, cette petite « TOUT ÇA POUR ÇA ? » manche car les joueurs s’ob- Mexico. En guible soif de titres, celle que l’on la-montre des championnats du sphère de celluloïd répond aux Le seul véritable changement servent », explique l’ancienne parcourant 44,767 km, elle a même surnomme « la Cannibale » monde en octobre et pris la mé- nouvelles normes exigées par la tiendrait, en fait, dans la puissance championne du monde de double pulvérisé de plus de 1 kilomètre la – comme on le disait d’Eddy daille de bronze aux Jeux olym- Fédération internationale de ten- donnée lors de l’impact. « On doit mixte Claude Bergeret, au- distance qu’avait réalisée l’Austra- Merckx dans le peloton masculin, à piques de Sydney dans la même nis de table (ITTF) depuis le 1er oc- réaliser des gestes plus amples et jourd’hui présidente de la commis- lienne Anna Wilson (43,5 km), le l’époque de la gloire du champion discipline. tobre. s’engager davantage dans la balle sion des athlètes au sein de l’ITTF. 18 octobre à Melbourne. Pour belge – a donné ses lettres de no- Déjà détentrice du record du A Toulouse, son baptême s’est afin d’obtenir les mêmes effets A Toulouse, chaque joueur a été améliorer ce record du monde blesse au cyclisme féminin tout au monde de l’heure ancienne for- déroulé sans encombre. Aucun qu’auparavant », note Patrick invité à donner son avis, via un nouvelle formule (c’est-à-dire sur long des années 80 et 90. Exigeante mule (48,195 km en 1996), Jeannie joueur n’a manifesté de critiques à Chila. Christophe Legoût ne cache questionnaire, sur ce nouveau sys- vélo traditionnel), la Grenobloise a autant qu’attachante, colérique et Longo, dès sa première tentative, a l’issue du tournoi, ce qui a plutôt pas son scepticisme : « Le but était tème de comptage qui pourrait utilisé une machine composée d’un sensible, Jeannie Longo s’est forgé donc ajouté une ligne supplémen- réconforté les responsables mon- de rallonger les temps de jeu afin être à son tour généralisé, lors de cadre triangulaire avec des tubes un palmarès à la hauteur de son taire à son élogieux palmarès. diaux de la discipline. Votée lors d’attirer les médias. Avec cette nou- l’assemblée générale de l’ITTF, en droits, de poignées classiques et de courage et de son abnégation. Ayant réservé son vélodrome « fé- du congrès de l’ITFF de février à velle balle, on a dû gagner un avril 2001 à Osaka (Japon). « Il faut deux roues de 16 rayons au dia- Connue d’abord pour ses quali- tiche » jusqu’au 12 novembre, elle Kuala Lumpur (Malaisie), la déci- échange de plus tous les cinq points. bien que les membres de la fédé in- mètre identique (65 cm). tés de skieuse, elle a décroché son n’exclut pas de pouvoir l’enrichir sion de modifier la taille des balles Tout ça pour ça ? » « Est-ce que les ternationale justifient le fait d’avoir Dès le départ, la Française a pris premier titre de championne de encore un peu plus en améliorant avait alors plongé dans un profond télévisions vont s’intéresser davan- été élus », raille Damien Eloi. de l’avance sur la marque d’Anna France en 1979, avant de dompter son nouveau record. désarroi la plupart des pongistes tage à nous ? J’en doute », lance Wilson. Elle a ainsi couvert les cinq les courses en montagne et les de haut niveau. Jean-Philippe Gatien. Frédéric Potet premiers kilomètres en 6 min contre-la-montre, deux domaines Pierre Lepidi (avec AFP) « Finalement, c’est moins pertur- L’origine de cette réforme re- bant que ce que l’on craignait, in- monte au début des années 90. Le dique Jean-Philippe Gatien, battu tennis de table venait de faire son en finale du double avec son coé- entrée au programme olympique quipier Patrick Chila à Toulouse mais n’avait aucune certitude de après qu’ils eurent enlevé le bron- s’y maintenir. « Nous avions alors ze aux JO. Les premiers échanges demandé à Juan Antonio Sama- furent désastreux. Une semaine fut ranch, le président du Comité inter- nécessaire pour m’adapter totale- national olympique (CIO), comment ment. » Christophe Legoût, qui re- il voyait l’avenir de notre sport. Il présenta lui aussi la France à Syd- nous avait dit que le tennis de table ney, associé à Damien Eloi, se devrait être plus visible, plus coloré souvient également d’un premier et qu’il devrait mieux maîtriser sa contact difficile : « Au tout début, durée dramatique, sinon les télévi- j’ai vraiment eu l’impression de faire sions s’en désintéresseraient », ra- un autre sport. Un cauchemar. Et conte Pierre Albertini, le président puis, dès la séance suivante, les de la Fédération française de ten- choses se sont mises peu à peu en nis de table (FFTT) et vice-pré- place. » sident de l’ITTF. Différentes expé- La principale crainte que mani- rimentations furent menées : table festait l’élite du tennis de table plus grande, filet plus haut, service était surtout de voir une catégorie à mi-distance, etc. Seule l’idée de de joueurs, en l’occurrence les dé- jouer avec une balle plus grosse, fenseurs, tirer profit de cette nou- gage d’une meilleure visibilité, fut velle balle supposée être plus flot- retenue. tante. « Ce n’est pas le cas. Je n’ai Présentée comme la modifica- pas eu besoin de modifier mon tou- tion la plus importante de l’his- cher de balle », estime Jean-Phi- toire du ping-pong, cette disposi- lippe Gatien, dont le jeu est basé tion s’inscrit dans le cadre d’un

DÉPÊCHES a ATHLÉTISME : le Marocain Abdelkhader El Mouaziz a gagné di- manche 5 novembre le marathon de New York (2 h 10 min 09 s), après avoir pris la tête peu avant le 20e kilomètre. La course féminine a été en- levée en 2 h 25 min 46 s par la Russe Ludmila Petrova. a BASKET-BALL : Villeurbanne, Chalon-sur-Saône et Le Mans ont préservé leur invincibilité, respectivement contre Cholet (70-59), à Montpellier (73-92) et face à Dijon (83-79), samedi 4 et dimanche 5 no- vembre au cours de la 4e journée du championnat de France. Avec un point d’avance, ils devancent un trio composé de Nancy, Paris-Basket et Dijon. a FOOTBALL : Niort, qui a écrasé Martigues (6-1), a rejoint Sochaux, auteur d’un match nul à Nice (2-2), en tête du championnat de France de D 2, samedi 4 novembre au cours de la 18e journée. Les co-leaders comptent une longeur d’avance sur Montpellier, tenu en échec à Créteil (1-1), et Lorient, vainqueur à Wasquehal (0-1). a Manchester United et Arsenal, vainqueurs respectivement à Co- ventry (1-2) et Middlesbrough (0-1), ont pris le large en tête du Cham- pionnat d’Angleterre, au terme de la 12e journée, samedi 4 novembre. Ces deux clubs possèdent désormais cinq points d’avance sur Leicester, auteur d’un court succès à Manchester City (0-1). a Valence, bien que défait contre l’Espanyol Barcelone (1-0) samedi 4 novembre lors de la 9e journée du Championnat d’Espagne, a conservé sa place de leader avec deux points d’avance sur Alavès, auteur d’une large victoire sur Oviedo (4-0). a Udinese, qui a battu Lecce (2-0), a pris la tête du Championnat d’Ita- lie après le match nul d’Atalanta Bergame au Milan AC (3-3), à l’issue de la 5e journée dimanche 5 novembre. L’AS Rome, victorieuse à Brescia (2-4), se classe deuxième devant la Juventus Turin, vainqueur (0-2) à la Reggina grâce à un doublé du Français David Trézeguet, et la Lazio Rome. a HANDBALL : Montpellier, qui a dominé Dunkerque (30-25) lors de la 5e journée du Championnat de France samedi 4 novembre, a conservé sa place de leader et préservé son invincibilité. Les Héraultais comptent trois longueurs d’avance sur Chambéry, vainqueur à Sélestat (21-26). a RUGBY À XIII : l’équipe de France s’est largement imposée, di- manche 5 novembre à Albi, face à l’Afrique du Sud (56-6) et s’est ainsi qualifiée pour les quarts de finale de la Coupe du monde. Les Tricolores rencontreront la Nouvelle-Zélande ou le pays de Galles, le 12 novembre en Angleterre. a LOTO : résultats des tirages no 89 effectués samedi 4 novembre. Premier tirage : 1, 8, 23, 30, 34, 37 ; numéro complémentaire : 17. Rap- ports pour 6 numéros : 8 050 755 francs (1 227 329 ¤) ; 5 numéros et le complémentaire : 84 685 francs (12 910 ¤) ; 5 numéros : 8 475 francs (1 292 ¤) ; 4 numéros et le complémentaire : 344 F (52,44 ¤) ; 4 numéros : 172 francs (26,22 ¤) ; 3 numéros et le complémentaire : 32 francs (4,87 ¤) ; 3 numéros : 16 francs (2,43 ¤). Second tirage : 8, 16, 22, 24, 41, 44 ; numéro complémentaire : 9. Rapports pour 6 numéros : 11 366 040 francs (1 732 741 ¤) ; 5 numéros et le complémentaire : 60 560 francs (9 232 ¤) ; 5 numéros : 5 025 francs (766,05 ¤) ; 4 numéros et le complémentaire : 260 francs (39,63 ¤) ; 4 numéros : 130 francs (19,81 ¤) ; 3 numéros et le complémentaire : 28 francs (4,26 ¤); 3numé- ros : 14 francs (2,13 ¤). LeMonde Job: WMQ0711--0036-0 WAS LMQ0711-36 Op.: XX Rev.: 06-11-00 T.: 10:42 S.: 111,06-Cmp.:06,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0410 Lcp: 700 CMYK

36 / LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 AUJOURD’HUI ------(Publicité) Temps instable et assez venteux 07 NOVEMBRE 2000 Oslo Stockholm Prévisions Moscou Ensoleillé MARDI. La dépression sur la Bre- de l’ordre de 9 à 12 degrés l’après- vers 12h00 tagne se déplace lentement vers la midi. Manche. La perturbation se décale Poitou-Charentes, Aquitaine, Peu rapidement hors des frontières de Midi-Pyrénées. – Le ciel va être Belfast nuageux l’est. C’est un temps de traîne qui va couvert, avec de la pluie ou des Liverpool Dublin s’installer sur l’ensemble du pays. averses, orageuses près des côtes. Varsovie Kiev Bretagne, pays de Loire, Basse- Le vent d’ouest soufflera entre 70 et Amsterdam Berlin Brèves Normandie. – Les nuages seront 90 km/h et faiblira légèrement éclaircies très nombreux avec de la pluie des l’après-midi. Il neigera sur les Pyré- Londres 5 o Bruxelles averses ou des orages. Une légère nées au dessus de 1 300 mètres. Le 0 Prague accalmie se produira l’après-midi. thermomètre indiquera 11 à 14 de- Couvert Le thermomètre indiquera 11 à grés. Paris Strasbourg Vienne Budapest 13 degrés. Le vent de nord-ouest at- Limousin, Auvergne, Rhône- Brume teindra encore 100 à 110 km/h sur Alpes. – Précipitations assez soute- Nantes Berne brouillard les côtes et faiblira ensuite l’après- nues sur l’ouest du Massif Central Bucarest midi. et des Alpes. Il neigera au-dessus de Lyon Milan Nord-Picardie, Ile-de-France, 1 200 mètres. Les températures se- Belgrade Sofia Averses Centre, Haute-Normandie, Ar- ront de l’ordre de 10 à 12 degrés. Le Toulouse Istanbul dennes. – Le ciel sera le plus vent atteindra 80 km/h en vallée du souvent gris avec des averses par- Rhône. Rome Pluie fois orageuses. Le vent sera modé- Languedoc-Roussillon, Pro- Barcelone Naples ré. vence-Alpes-Côte d’Azur, Corse. – 40 o Madrid Champagne, Lorraine, Alsace, Quelques éclaircies entrecoupées Lisbonne Athènes Orages Bourgogne, Franche-Comté. – Les d’averses en Languedoc-Roussillon. nuages nombreux donneront des Sur les autres régions, les nuages Séville averses parfois orageuses l’après- seront nombreux et donneront des Tunis Neige midi. La neige tombera au dessus pluies orageuses et assez fortes. Les Alger de 1 200 mètres. Le vent de sud sera températures seront de l’ordre de modéré. Les températures seront 14 à 17 degrés. Rabat 0o 10o 20o Vent fort

PRÉVISIONS POUR LE 07 NOVEMBRE 2000 PAPEETE 25/31 S KIEV 10/11 C VENISE 11/14 S LE CAIRE 16/25 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 24/30 P LISBONNE 10/13 S VIENNE 8/13 P 17/27 S et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; ST-DENIS-RÉ. 22/27 S LIVERPOOL 9/12 C AMÉRIQUES PRETORIA 17/28 S C : couvert ; P : pluie ; * : neige. EUROPE LONDRES 9/11 C BRASILIA 19/24 P RABAT 11/18 S AMSTERDAM 8/10 C LUXEMBOURG 5/9 P BUENOS AIR. 13/21 C TUNIS 17/23 S FRANCE métropole NANCY 8/11 P ATHENES 17/24 S MADRID 5/9 S CARACAS 24/27 P ASIE-OCÉANIE AJACCIO 11/15 P NANTES 8/12 P BARCELONE 10/16 S MILAN 10/14 S CHICAGO 6/15 S BANGKOK 18/32 S BIARRITZ 10/13 P NICE 10/15 P BELFAST 6/8 C MOSCOU 5/7 C LIMA 14/20 S BEYROUTH 18/24 S BORDEAUX 10/12 P PARIS 8/11 P BELGRADE 11/22 P MUNICH 1/13 S LOS ANGELES 13/19 S BOMBAY 23/34 S BOURGES 8/11 P PAU 6/11 P BERLIN 9/12 S NAPLES 16/20 P MEXICO 6/23 S DJAKARTA 28/31 S BREST 8/11 P PERPIGNAN 9/15 N BERNE 4/11 C OSLO 0/6 P MONTREAL 2/10 S DUBAI 20/28 S CAEN 9/11 P RENNES 8/11 P BRUXELLES 8/9 C PALMA DE M. 11/17 S NEW YORK 7/15 S HANOI 18/29 S CHERBOURG 8/11 P ST-ETIENNE 7/13 P BUCAREST 7/15 S PRAGUE 9/11 S SAN FRANCIS. 11/16 S HONGKONG 24/29 C CLERMONT-F. 8/11 P STRASBOURG 9/13 P BUDAPEST 10/13 P ROME 13/18 P SANTIAGO/CHI 10/20 C JERUSALEM 15/25 S DIJON 7/11 P TOULOUSE 10/13 P COPENHAGUE 9/10 P SEVILLE 9/17 S TORONTO 3/12 C NEW DEHLI 17/31 S GRENOBLE 6/9 P TOURS 8/10 P DUBLIN 6/8 C SOFIA 8/17 S WASHINGTON 2/18 S PEKIN -2/3 S LILLE 7/10 P FRANCE outre-mer FRANCFORT 7/11 C ST-PETERSB. 5/8 C AFRIQUE SEOUL 7/16 S LIMOGES 7/9 P CAYENNE 23/29 P GENEVE 7/10 C STOCKHOLM 4/8 C ALGER 11/20 S SINGAPOUR 26/31 S LYON 9/11 P FORT-DE-FR. 24/30 P HELSINKI 4/7 C TENERIFE 14/19 C DAKAR 23/28 S SYDNEY 15/17 C MARSEILLE 11/15 P NOUMEA 22/27 S ISTANBUL 16/22 S VARSOVIE 5/14 P KINSHASA 22/29 S TOKYO 15/20 S Situation le 6 novembre à 0 heure TU Prévisions pour le 8 novembre à 0 heure TU ASTRONOMIE Découverte d’une lune autour de l’astéroïde Pulcova

MALGRÉ leur petite taille, les (CFHT) de 3,6 mètres de diamètre lions de kilomètres de la Terre le jumeaux sont plutôt rares », a expli- met de mesurer l’orbite de la pe- lescopes. Celui d’Arecibo, à Porto- astéroïdes peuvent être accompa- installé au sommet du Mauna Kea. jour de leur observation. Les astro- qué William Merline à Pasadena. tite lune et de mesurer aussi Rico, a permis la découverte de gnés d’un satellite. Une équipe in- Mais les astronomes ont préféré nomes choisissent en général un « Nous avons dû étudier environ l’attraction gravitationnelle entre Cléopâtre, un astéroïde qui a la ternationale dirigée par William attendre le congrès de la division moment où les astéroïdes sont les deux cents petits corps pour finale- les deux corps. On calcule ainsi forme d’un gros os pour chien (Le Merline, du Boulder Office of pour les sciences planétaires de la plus proches de la Terre pour les ment n’en détecter que deux dotés leur masse et leur densité. Les me- Monde du 16 mai). Un travail qui a Southwest Research Institute (Co- Société américaine d’astronomie, étudier. Une tâche qui est beau- d’un satellite (Eugenia et Pulcova) et sures récentes réalisées au CFHT été conforté un peu plus tard au lorado, Etats-Unis), a annoncé le qui s’est tenu récememnt à Pasa- coup plus difficile quand leur seulement un double (Antiope). indiquent que l’astéroïde Pulcova, CFHT, avec l’optique adaptative, 26 octobre la découverte d’une dena, en Californie, pour faire leur course autour du Soleil les éloigne Mais il est possible que d’autres de même qu’Eugenia, est léger, et par François Ménard. « Cette « lune » autour de l’astéroïde Pul- annonce officielle. A la même de nous de quelque 750 millions nouveaux satellites émergent que sa densité est à peine supé- convergence de résultats confirme la cova. Le petit corps, d’un diamètre date, la même équipe a démontré de kilomètres. lorsque nous aurons analysé toutes rieure à celle de l’eau. Il ne s’agit fiabilité de cette technique », pré- de 150 km, fait partie de la ceinture que l’astéroïde Antiope, que l’on les données accumulées. » donc pas d’un gros caillou cise l’astronome. principale des astéroïdes située prenait pour un corps unique, est UN PHÉNOMÈNE RARE Les découvertes effectuées à compact, mais plutôt d’un amas Ce fourmillement de résultats entre Mars et Jupiter. Le satellite, en fait un astéroïde jumeau, dont C’est la quatrième fois que l’on partir du sol sont importantes. La assez poreux de glace et de gravier. montre que les astronomes s’inté- dix fois plus petit que sa planète chaque composant a un diamètre détecte un objet gravitant autour possibilité de répéter les observa- Les astéroïdes peuvent être aussi ressent de plus en plus aux asté- « mère », en est séparé d’environ de 80 km. d’un astéroide. En 1993, la sonde tions plusieurs jours de suite per- observés par de puissants radioté- roïdes. Contemporains des tout 800 km. Pour arriver à mettre en évi- Galileo américaine a ouvert la voie premiers instants du système so- La détection du nouveau satel- dence la nouvelle lune, les astro- en mettant en évidence Dactyle, laire, ils ont été très peu modifiés lite a été faite en février par le nomes ont utilisé un système d’op- qui accompagne l’astéroïde Ida. La La sonde NEAR frôle Eros depuis 4,5 milliards d’années et télescope Canada-France-Hawaï tique adaptative. Ce procédé seconde observation, réalisée en nous renseignent sur les condi- permet de corriger en temps réel 1997 par deux astronomes de l’Ins- La sonde américaine NEAR (Near Earth Asteroid Rendez-vous) a tions initiales qui ont prévalu à la SOLEIL ET LUNE DE LA SEMAINE les effets de la turbulence atmos- titut allemand de planétologie à effectué avec succès sa rencontre la plus rapprochée avec l’astéroïde naissance de notre monde. Bien • vendredi 10 novembre 2000 (à Paris) • phérique lors des observations op- partir de l’un des télescopes de Eros, autour duquel elle est actuellement en orbite. Le 26 octobre, du chemin a été parcouru, depuis tiques. « Une telle correction est né- l’Observatoire européen austral elle est passée à moins de 6 kilomètres d’Eros, et elle a maintenu la découverte de Cérès, premier cessaire car la tache lumineuse qui (ESO) au Chili, a découvert que cette distance pendant trente minutes. Puis elle s’en est éloignée astéroïde de l’histoire, en 1801, par représente un couple d’astéroïdes l’astéroïde Dionysos possédait une pour se remettre sur une orbite distante de 200 kilomètres. Il s’agit l’astronome italien Giuseppe Piaz- est très petite. Ils ne sont souvent sé- lune. La troisième observation a d’un véritable exploit technique, car les contrôleurs de vol de la NA- zi. Ensuite, pendant longtemps, été obtenue en 1999 avec le téle- SA ont mené cette manœuvre alors que la sonde se trouve à quelque ces petits corps célestes ont été 7 h 54Lever Coucher 17 h 15 parés que de trois quarts d’une se- conde d’arc », explique François scope Canada-France-Hawaï, en 225 millions de kilomètres de la Terre. NEAR, qui pèse 805 kilos, a appelés « vermines du ciel », car Ménard, chargé de recherches au utilisant le même système d’op- déjà plusieurs actifs à son palmarès. Lancée en 1996, elle a été, il y a les petites traînées qu’ils laissaient CNRS, qui a participé à la décou- tique adaptative que pour Pulcova. huit mois, le premier vaisseau spatial à se mettre en orbite autour sur les plaques photographiques verte du satellite de Pulcova. Une Elle a mis en évidence Petit-Prince, d’un astéroïde (Eros). Auparavant, elle en avait survolé un autre, étaient considérées comme des telle opération est indispensable satellite d’Eugenia. Mathilde. Depuis son arrivée dans les abords d’Eros, NEAR a fourni nuisances. 17 h 05Lever Coucher 6 h 55 pour distinguer deux minuscules « En règle générale, les satellites un grand nombre d’informations sur ce petit corps en forme de (le 11/11) corps qui étaient situés à 150 mil- de gros astéroïdes et les astéroïdes pomme de terre, de 33 kilomètres de long sur 13 kilomètres de large. Christiane Galus

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Pronom. – 8. Reste à la périphérie des villes.– 9. Essaient de tout Quelle cruche ? suivre à l’intérieur. Pareil. Liaisons rapides. – 10. Coup de main. JE DOIS tirer 1 litre d’essence d’une grande cuve. Je plus de mouvements (un mouvement est l’action de Voyelles. Possessif. – 11. Ramasse suis « cruche », j’ai oublié de me munir d’un récipient remplir ou de vider un récipient) ? tout au passage. Délicatement adéquat et ne dispose que de deux bidons : l’un de coloré. – 12. Peuvent enfin faire ce 10 litres, l’autre de 7 litres. Elisabeth Busser et Gilles Cohen qu’elles veulent. Pourrai-je me servir exactement 1 litre, et si oui, en © POLE 2000 combien de mouvements au minimum ? Quels Philippe Dupuis nombres entiers de litres entre 1 et 17 demandent le Solution dans Le Monde du 14 novembre.

SOLUTION DU No 00 - 265 Solution du problème no 195 HORIZONTALEMENT paru dans Le Monde du 31 octo- bre. I. Stupéfaction. – II. Cône. 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 Chaque mardi avec Abreuvé. – III. Ruineuses. Eu. – IV. 18 19 20 21 22 23 24 est un dragon Urée. Tôt. Ost. – V. Te. Ruées. – VI. de vingt et une écailles. Attrait. Cive. – VII. Parcelles. Il n’existe pas de dragon de – VIII. Ea. Nie. Aar. – IX. Unité. Lit. vingt-quatre écailles. Plus généra- La. – X. Ralentisseur. lement, un dragon de 3n écailles existe à condition que n soit im- VERTICALEMENT pair. Il commence alors par HORIZONTALEMENT opposition.– IX. Décidée à manger (n+1)/2. En effet, en appelant 0123 froid. – X. Coules de partout. Ren- 1. Scrutateur. – 2. Touret. Ana. (a + 1) (a + 2) ... (a + 2n) (a + 2n + 1) I. Evitent de prendre les fort en sous-sol. – 3. Unie. TP. II. –4. Pénétrante. – 5. ... (a + 3n) un tel dragon, on de- DATÉ MERCREDI mesures.– II. Se retrouve souvent Arien. – 6. Fautrice. – 7. Absoute. vrait avoir : 2na + 1 + 3 + ... + 2n = sur le carreau. Garantit le paie- VERTICALEMENT Li. – 8. Crête. Lais. – 9. Tes. Eclats. na + (2n + 1) + ... + 3n. Soit na = ment. – III. Monnaie d’échange qui – 10. Iu. Osier. – 11. Oves. Vs. Lu. [3n(3n+1)]/2 − 2n(2n+1), ou encore ne devrait pas avoir cours. Sur les 1. La féminisation des métiers la – 12. Neutre. Par. a = (n-1)/2. façades républicaines. Attention laisse de glace. – 2. Donne à cha- retrouvez de ne pas en manquer. – IV. Note. cun sa part.– 3. Découvre l’amour Prépare l’avenir. – V. Difficile à chez les Maîtres chanteurs. Lettres convaincre. Bien mal accueilli. de récompense. Prière.– 4. Tra- Possessif. – VI. Qui devrait durer vaillent à leurs toiles dans les bien longtemps. – VII. Préposition. coins.– 5. Comme des peaux Fait l’égalité. Noble sous les retournées. En main.– 6. Fait tom- LE MONDE INTERACTIF coups.– VIII. Relance le bâtiment. ber le roi. Pour l’avoir, il faut partir Cité d’Abraham. Deux points en en campagne. – 7. Mis plus haut. 37 CULTURE LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000

SPECTACLE C’est en chanson par son compagnon de toujours, b ZIZI EST NÉE d’un coup de ciseaux, Carmen. Avec son style unique, elle Raymond Queneau, Boris Vian, Serge que Zizi Jeanmaire a choisi de revenir Roland Petit, et qu’elle y donnera en 1949, lorsque Roland Petit deman- relance le music-hall et séduit les fou- Gainsbourg... b « MON TRUC EN PLU- sur scène. A l’amphithéâtre de l’Opé- deux chansons écrites par sa fille, de à la jeune Renée, danseuse de les de Paris à Hollywood et Broad- MES », « J’suis snob », « D’aventure ra-Bastille, et presque en famille puis- Valentine Petit – c’est la première l’Opéra de Paris, de se couper les che- way. Au cours de sa carrière, elle en aventure » et ses autres succès que son spectacle est mis en scène fois qu’elle travaille avec une femme. veux à la garçonne pour le rôle de s’est entourée d’artistes prestigieux : ont été rassemblés sur un disque. Zizi Jeanmaire passe en revue sa carrière à l’Opéra-Bastille Sacrée star dès ses débuts en Europe et aux Etats-Unis, elle a su imposer un nouveau style de music-hall alliant le ballet classique, la danse en talons hauts et la chanson. Elle donne neuf représentations dans le temple du ballet et de l’opéra

DANS LE HALL de l’Hôtel Scri- ses débuts. Plus tard, il a su aller cher- be, Zizi Jeanmaire arrive droite com- cher à son tour les jeunes talents. » me un « i », ses guiches en accent Boris Vian parle de Serge Gains- aigu accrochent ses pommettes, bourg, alors inconnu, à Roland Petit. très hautes, le casque de che- Gainsbourg donnera à Zizi vingt- veux – noir, c’est noir – souligne le trois chansons, dont le fameux La teint blanc, les yeux pâles, inatten- Vie Zizi. On est déjà au Casino de dus. Malgré le jean et les mocassins, Paris, lieu mythique que Roland les jambes sont là, longues à perte Petit vient de racheter en s’endet- de vue ; des jambes qu’on voit sur tant. En 1970, son premier spectacle toutes les affiches placardées dans réunit Soto, Vasarely, Guy Pellaert Paris annonçant le prochain tour de et César. Les musiciens viennent de chant à l’Opéra-Bastille. chez Johnny Hallyday : Jean-Jacques Des jambes immenses qui grim- Debout, Roger Dumas, Jean-Claude pent jusqu’en haut des hanches, Vannier. En 1972, un million et demi enserrées dans des résilles. « Par- de spectateurs adorent Zizi je t’aime. don ! J’ai horreur des résilles, inter- Erté, fidèle au poste, dit : « Moi qui rompt Zizi Jeanmaire avec une gri- les ai toutes habillées, je vous jure : on mace. Je porte toujours des bas noirs ne demandait pas à la Miss le quart extrafins. » La voix est là, avec ses de ce que Zizi fait ! » Zizi reconnaît : « a » qui traînent sur le macadam « C’était un tour de force. Parfois je de Paname. Gouaille parisienne, me suis fait mal en tirant trop sur mon comme il a été beaucoup écrit ? On corps. » Les paillettes du music-hall, dirait plutôt : sophistication extrê- ça coûte plus cher que le vison, me qui se lit jusqu’au bout de son Roland Petit demande des subven- nez si spirituel, retroussé d’un coup tions, n’obtient rien. Le Casino de quand elle rit. L’âge ? « Ma longévi- Paris ferme le 1er janvier 1976. Et Zizi té, vous voulez dire ? Mais c’est une claque son talon d’Achille. jouvence que de monter sur scène ! Aujourd’hui, elle a une nouvelle Je me retrouve à l’Opéra-Bastille, parolière. C’est Valentine Petit, sa comme quand j’avais quinze ans à fille, qui a écrit pour sa mère Entre Garnier. Inexplicable ambiance de rires et chagrins et Verser une larme petite ville dans la grande, avec ses pour Lucifer sur des musiques impec- codes, ses traditions. La boucle serait- cables de Richard Galliano. « Quand elle bouclée ? J’ai toujours conservé on aime les gens on ne leur fait pas de une âme de danseuse ! Quel exutoire cadeau. Ces deux chansons m’ont pour se libérer ! Paris est ma ville, j’y plu. Serge Gainsbourg a transmis à

suis née. J’y ai le souvenir de tant de PAULO NOZOLINO POUR « LE MONDE » Valentine les clés du métier, mais ce sensations fortes, car, avec Roland, Zizi Jeanmaire photographiée dans le hall de l’Hôtel Scribe, le lundi 30 octobre : « C’est une jouvence que de monter sur scène .» qu’elle fait ne ressemble pas du tout à seule la création a guidé nos vies. » du Gainsbourg. » Exactement trente- Opéra de Paris, Ballets des se transforme. » Zizi est née d’un cains, raconte Zizi Jeanmaire. Là, il Tights, Roland Petit, à Hollywood, lors de leur premier contact avec le neuf ans, mois pour mois, après sa Champs-Elysées, Ballets de Paris, coup de ciseaux. Celui du coiffeur a pris toutes ses notes pour écrire la chorégraphie, aux côtés de Fred feu, montaient à l’assaut en hurlant création, Zizi dansera avec ses boys Alhambra, Casino de Paris, Olym- Antoine qui, en 1949, coupe ses Croqueuse. Queneau avait un rire Astaire, des séquences de Daddy “maman !” A mon premier Alham- son Truc en plumes, plumes de pia, Bobino, shows TV, Zénith. boucles de poupée, sous les ordres de sorcière ! » Au cours de la tour- Long Legs, de Jean Negulesco. bra, il y avait en première partie de z’oiseaux, inusable autant qu’inou- Mais aussi Broadway et Hollywood. précis de Roland Petit. Ce dernier née américaine de Carmen, Zizi tra- « On avait trente ans, et déjà une spectacle, Jacques Brel qui débutait, bliable. Celle qui a vu tous ses Autant danseuse que chanteuse, exige une créature androgyne pour vaille sa voix tous les soirs, après la carrière derrière nous. Cette situa- Raymond Devos, Michel Legrand et « rêves de môme » se réaliser, meurt Zizi Jeanmaire devient l’héroïne son futur ballet Carmen. Adieu représentation. De retour à Paris, tion nous a permis de résister à Hol- son grand orchestre. Jean Ferrat était d’envie – c’est palpable tellement d’un music-hall singulier créé à son Renée, salut Zizi. elle demande une audition : « Elle a lywood. Paris nous manquait trop ! avec nous pour le deuxième Alham- elle crépite – de brûler les planches image par le chorégraphe Roland commencé à chanter… On pleurait Nous sommes rentrés en France. La bra. » En 1961, toujours à l’Alham- de l’Opéra-Bastille. Encore vingt- Petit, qu’elle épousait en 1954. Sur « PARIS NOUS MANQUAIT TROP » tous ! », se rappelle Roland Petit. vie est faite de ces choix », dit Zizi bra, bingo, avec Mon truc en plumes quatre heures d’attente. scène, elle ose mêler, et c’est tout à On connaît la suite. Un triomphe Hollywood tombe crazy de cette Jeanmaire. Roland Petit, qui con- de Jean Constantin. La descente fait nouveau, avec le même étour- fou sur toutes les scènes du monde, femme, antithèse radicale de la naît par cœur tous les shows de d’escalier, les plumes en éventail, Dominique Frétard dissant brio, fruit d’un travail au fil huit mois d’affilée au Winter Gar- blonde peroxydée, avec son mètre Broadway, et adore la chanson, les chaises, les boys, la danse : Zizi du rasoir, le ballet classique, la dan- den, à New York. Puis Roland Petit cinquante-huit et sa silhouette de s’est forgé sa propre idée d’un Jeanmaire vient de trouver son e Amphithéâtre de l’Opéra-Bas- se en talons hauts et la chanson. imagine un ballet où il y aurait une gosse. Le richissime patron de la music-hall à la française. Zizi va fai- emblème éclatant. tille, du 7 au 10 novembre, puis du Quarante ans après Mistinguett, chanson : La Croqueuse de dia- RKO, Howard Hughes, l’installe re l’Alhambra. Elle vient de finir Paris n’a d’yeux que pour le cou- 14 au 18, 20 heures. 120, rue de Maurice Chevalier, Joséphine mants. Il pense à Colette Marchand, dans sa villa. En 1952, elle tourne Folies-Bergère, un film d’Henri ple Zizi Jeanmaire/Roland Petit : les Lyon, Paris, 11e.Mo Bastille. Tél. : Baker, elle relance le music-hall. car il trouve que Zizi chante faux. Hans Christian Andersen, de Charles Decoin avec Eddie Constantine. On décorateurs Erté, Clavé, Wakhé- 0-836-69-78-68. 150 F. Un talent immense qui ne croît « Je n’aurais jamais fait cette carriè- Vidor, où elle chante en duo avec est en 1957. witch, les musiciens Maurice Jarre, obstinément qu’au travail : « J’ai re si cela avait été vrai ! », rectifie la Danny Kaye. En 1956, dans Any- A l’Alhambra, elle pousse un cri Jean-Michel Damase, Marius préparé ce spectacle pendant quatre chanteuse. Roland Petit demande à thing goes, de Robert M. Lewis, elle qui deviendra légendaire. « Mauri- Constant. Bernard Buffet, René mois, explique-t-elle. La puissance Raymond Queneau de rejoindre la a pour partenaire Bing Crosby. Elle ce Chevalier qui adorait être en scè- Gruau. Yves Saint Laurent, à peine émotionnelle, on l’a ou on ne l’a pas. compagnie à New York, pour écrire subjugue Yul Brynner. Et bien ne n’en finissait pas de me présenter. sorti de chez Dior… « Roland, déjà Il faut beaucoup vouloir sans être les paroles de la Croqueuse. « A Chi- d’autres : « De Paris, Boris Vian J’étais tordue par la trouille dans les à quatorze ans, quand il était à l’Opé- pour autant carriériste. Il faut être cago, à Boston, Queneau, mon cher m’envoyait des mots d’amour. Il vou- coulisses. Je suis entrée sur le plateau ra, possédait cette qualité de curiosi- illuminé. Entre la coulisse et la scène, Queneau, allait tous les soirs dans les lait que je chante J’suis snob.». Tan- en criant, déchargeant toute ma ten- té qui ne l’a jamais quitté. Il deman- il y a un passage magique à franchir boîtes de strip-tease, où se rodaient dis qu’à Broadway elle mène la sion. J’ai souvent pensé à ce que me dait à rencontrer Cocteau, tous ceux au cours duquel on se dédouble, on souvent les grands comiques améri- comédie musicale The Girl in Pink racontait mon père, aux soldats qui, qu’il admirait. Ces artistes guidèrent

Du ballet au music-hall PREMIER ALHAMBRA, FÉVRIER 1957 Zizi et ses boys. Pour la première fois, la chanteuse se retrouve seule devant une salle de CARMEN, FÉVRIER 1949 3 000 personnes. Quitte ou double. Maurice Alors qu’il assistait à une représentation de Carmen, l’opéra de Bizet, Chevalier la parraine. Elle gagnera son public et à Baden-Baden où il était en tournée, Roland Petit quitte une réputation de meneuse de revue. Chacun loue D.R. précipitamment la salle : il « a » son ballet dans la tête. Il en fait le sa présence extraordinaire, ses jambes découpage dans la nuit. Celle qui n’est pas encore Zizi, mais Renée éblouissantes. Après cinq Alhambra, cinq IDENTITÉ Jeanmaire, une danseuse classique à la technique irréprochable, triomphes, la chanteuse, et néanmoins danseuse, « Très jeune à l’Opéra de Paris, exige le rôle. Donnant-donnant. Elle sera Carmen si elle accepte de tentera, toujours mise en scène par Roland Petit, le j’avais jeté mon dévolu sur Roland. se transformer en androgyne : « Je me suis adorée avec cette coupe », Casino de Paris. En janvier 1970, Lucien Bodard, Il a fallu que je me donne du mal dit Jeanmaire. Le ballet Carmen est créé à Londres. A la première journaliste-baroudeur, prendra le temps de pour le séduire ! », dit Zizi variation de l’héroïne, affolante dans une guépière dessinée par raconter dans France-Soir la saga du couple Petit Jeanmaire. Elle épouse en 1954 Antoni Clavé, la salle est debout et le ballet interrompu : «Çam’a sur quatre numéros. Titre : Zizi de Paris – De celui qu’elle s’est choisi pour donné des ailes, se rappelle Zizi. C’est vrai qu’à un moment Roland qui Tarzan à la Madone des sleepings : Roland Petit Pygmalion. Pour lui, elle perdra faisait Don José a cru que je n’arriverais pas à aller jusqu’au bout de la rassemble tous les genres en une féerie. aussi ses joues rondes. représentation. On dit qu’il m’a giflée, disons qu’il m’a sérieusement bousculée. Ça allait avec l’intrigue ! ». Le ballet, très érotique dans ses postures, tranche radicalement avec l’esprit et le vocabulaire classique. D.R. TRUC EN PLUMES Le truc en plumes photographié ci-dessus, bien qu’il soit lui aussi en plumes de « z’oiseaux », plus exacte- ment de faisans vénérés, est extrait du livret qui accompagne le nouveau disque de Zizi, où l’on trou- ve les chansons suivantes : Le Caviar, de Frédéric Botton, Les Feuilles mortes, de Prévert et Kosma, J’suis snob, de Boris Vian, D’aventure en aventure,de Serge Lama, et… Mon truc en plumes, de Jean Cons- tantin. Ces plumes de faisan, superbes, costumaient déjà Zizi Jeanmaire dans Folies Bergère, le film dans lequel Eddie Constantine s’essayait à danser. Ce cos- tume a été repris à l’Alhambra. (CD, édité par Yvon Chateigner, distribué par Musidisc.) LIDO/SIPA PH LIDO/SIPA 38 / LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 CULTURE

DÉPÊCHES a CINÉMA : La Pagode, va rou- Les photos de Jean Rouch vrir ses deux salles au public le 8 novembre, annoncent Gau- mont et l’exploitant indépendant Jean Honochsberg, partenaires entre science et fiction pour l’exploitation de ce haut lieu de la cinéphilie à Paris. Ancien pavillon de réception de l’ambassa- Le Musée de l’homme, à Paris, présente une partie des 20 000 clichés de de Chine construit en 1895, con- verti en cinéma en 1931, la Pagode réalisés par l’ethnographe au cours de ses missions en Afrique était fermée depuis 1997 pour des raisons de sécurité. Les travaux ON CONNAÎT Jean Rouch, documentaire et fiction : « Pour té. » Ce constat n’est pas anodin. réalisés, la commission de sécurité monument d’un « cinéma vérité » financer notre escapade, nous Jean Rouch traduit le « vivant » de la préfecture de police a donné aux croisements de l’ethnogra- avons, avec Ponty et Sauvy, inventé par le biais du récit fictionnel. Il son accord pour la réouverture au phie, du documentaire et de la fic- un journaliste-photographe à par- en déduit son manifeste : «Mes public. Deux films sont à l’affiche tion, avec l’Afrique noire pour tir de nos trois prénoms – Jean Pier- images, comme mes films, sont litté- du 8 novembre : In the mood for principal terrain d’exploration. rejean – qui pouvait se trouver à raires et ethnographiques, comme love du chinois Wong Kar-wai, On ne savait rien ou presque du trois endroits à la fois et vendait des chez Flaherty ou Loti. La photogra- avec Tony Leung (prix d’interpréta- photographe, dont un aperçu pro- articles et des photos à l’AFP. Au phie est un mensonge plus vrai que tion masculine à Cannes) et Merci metteur est dévoilé par le Musée Niger, on se partageait le travail : tous les souvenirs. » Christine Bar- pour le chocolat de Claude Cha- de l’homme, son port d’attache. développer les films sur la pirogue, the explique ainsi que Jean Rouch brol, avec Isabelle Huppert et Jac- Bon pied, bon œil, Jean Rouch, la nuit ou sous un sac ; les sécher au collait dans des cahiers ses épreu- ques Dutronc. quatre-vingt-trois ans, découvre mat ; tirer une épreuve-contact et ves « contacts », dont il boulever- a ART : la Yougoslavie va resti- la cinquantaine d’images, noir et faire les tirages avec un agrandis- sait l’ordre des prises de vue pour tuer 8 000 œuvres d’art pillées blanc et couleurs, choisies par seur à pile, la nuit ; envoyer les créer une narration proche du lors du conflit serbo-croate Christine Barthe et Laurent Pellé. épreuves depuis les escales. Nous cinéma. (1991-1995), a annoncé Milan « Beau travail ! », dit-il, comme si n’avions pas d’information, pas de Mais à quoi servaient les images Komnenic, ministre serbe de la l’auteur était un autre. Et pour- journaux. Le monde, c’était racon- prises par milliers, sans accalmie, culture. La restitution de ces tant, pas moins de 20 000 photos ter notre aventure, avec le fleuve avec trois appareils précis, un Rol- œuvres, en grande partie volées à sont entrées au Musée de l’hom- pour fil conducteur. Ce journal de leiflex 6 × 6, un Leica 24 × 36 et un Vukovar, notamment une collec- me – 5 000 sont à consulter sur un reportage, avec le temps, est deve- format 12 × 24, alors que leur utili- tion privée de peintures et de écran –, soit « la plus importante nu une fenêtre ouverte sur la sation est improbable ? Dans la sculptures connue sous le nom de collection donnée à la photothè- réalité. » discussion déjà, Rouch digresse. collection Bauer, était l’une des que », dit Christine Barthe. Après l’expédition, les trois Vers les paysages traversés, les conditions de Zagreb à la normali- L’exposition fait l’impasse sur amis récupèrent chacun leurs pho- gens rencontrés, le cinéma sur- sation de ses relations avec les images liées aux tournages de tos dans des boîtes rouillées de tout, qui a l’avantage d’avoir «le Belgrade. (– AFP.) films, notamment « son œuvre pharmacie américaines. Celles de mouvement, la durée, le son ». a OPÉRA : le successeur de Wol- immense sur les Dogons », expli- Rouch témoignent d’un sens éton- Rouch grossit le long malentendu COLL. MUSÉE DE L’HOMME fgang Wagner, directeur du Fes- que Laurent Pellé, qui privilégie nant de la composition, donnent des ethnographes, comme Lévi- L’exposition présente notamment des clichés réalisés lors tival de Bayreuth (Allemagne), les grandes missions : un travail des informations chères à l’ethno- Strauss, qui utilisent la photo d’une mission consacrée aux rituels de possession au Niger. devra peut-être être trouvé en halluciné sur les rituels de posses- graphe – tressage d’une nasse, avec bonheur et méfiance. dehors de la famille Wagner. Dans sion au Niger, un autre, remarqua- couture d’une pirogue – et assem- Puis il lâche : « Les photos sont cier blanc, dont la colère est tra- l’intéressé : « Je me sens un étran- un entretien diffusé par la Bayeris- ble, sur « les villes tentaculaires » blent avec harmonie des person- une documentation précieuse. duite et rejetée par la bave blan- ger face à des photos prises il y a cher Rundfunk, Hans Zehetmair, (, Abidjan, Bamako) trans- nes dans le paysage. Notre cerveau accumule trop de che qui perle de sa bouche. Il y a cinquante ans. Je suis un peu épaté ministre de la culture de Bavière formées par l’urbanisation des savoir, dans lequel la photo nous des portraits d’amis, notamment d’en avoir pris autant. Je dois me et membre influent du conseil de années 50 et les mouvements de « PLUS BELLES QUE LA RÉALITÉ » permet de replonger. Elle me rend celui d’une ethnographe, le visa- persuader que j’en suis l’auteur. Je direction de la Fondation Richard- population qui échappent aux D’où vient sa culture du cadra- la mémoire. Mais avec la mémoire, ge radieux après avoir reçu une ne me considère pas comme un pho- Wagner, a déclaré : « Beaucoup, « exodes dramatiques » tout com- ge ? « Comme tous les gens de ma la nostalgie surgit, ce qui est moins distinction des Dogons. « C’est tographe, ou alors je le suis comme beaucoup de choses vont de travers, me aux stéréotypes de « l’Afrique génération, je faisais des photos. vrai pour un film. Le souvenir de une photo exacte par rapport à ce je suis un être humain. » ce qui laisse craindre qu’il n’est éternelle ». Ma famille m’a appris à faire des jeunesse que l’on donne, c’est une qu’elle ressent. La photo est senti- peut-être plus possible de trouver L’exposition s’ouvre sur la pre- images réfléchies. J’ai aussi appris photo, pas un film. J’ai donc tendan- mentale au même titre que Levi- Michel Guerrin une solution au sein de la famille ». mière mission, après la guerre, en la composition, notamment le ce à laisser dormir les photos dans Strauss nous a appris que l’ethno- La perspective de voir désigner un 1947, la descente de 4 200 kilomè- cadrage champ-contre-champ en un tiroir. » graphie crée des relations senti- e « Jean Rouch, récits photographi- directeur du festival qui n’appar- tres du fleuve Niger par trois jeu- regardant beaucoup de films. J’ai Devant chaque image, Jean mentales. » ques ». Musée de l’homme, Palais tiendrait pas à la famille Wagner nes ingénieurs des Ponts et Chaus- été formé par Langlois, le père de la Rouch peut disserter trois heu- Et si ces images servaient de Chaillot, 17, place du Trocadéro, est un nouvel épisode de l’intermi- sées épris d’aventure : Pierre Pon- Cinémathèque. J’ai aussi eu la res, mêlant informations et d’abord à éclairer la biographie de Paris 16e.Mo Trocadéro. Tél. : nable guerre de succession qui ty, Jean Sauvy et Jean Rouch. «La chance de rencontrer les grands détails poétiques. « Si on décorti- Jean Rouch, à faire le tri, comme 01-44-05-72-72. Tous les jours (sauf déchire le clan familial depuis que terre était un endroit où on pouvait maîtres, comme Brassaï. Je me suis que, ça n’a pas de fin. » Il distin- disent Christine Barthe et Laurent mardi), de 9 h 45 à 17 h 15. 20 F Wolfgang Wagner, directeur à vie aller se promener », raconte ce der- rendu sur les lieux de ses photos gue celles qui sont « inspirées sur Pellé, entre « la vérité et le (3,05 euros) et 30 F (4,57 euros). par contrat du festival, a annoncé nier, qui témoigne d’une stupé- pour son Paris de nuit : les photos le moment ». Il montre un génie mythe » ? Partie difficile, à en Jusqu’au 31 décembre. Brochure : qu’il quitterait son poste, au cours fiante mémoire du récit, entre sont bien plus belles que la réali- hauka, possédé à cause d’un offi- juger par ce dernier sentiment de 32 p., 30 F (4,57 euros). de l’année 2001. Ahmad Jamal, l’âme du jazz Le Waterloo de « Napoléon » à Londres Le pianiste qui a influencé plus d’une génération de musiciens fête ses soixante-dix ans sur scène La comédie musicale anglaise réécrit l’histoire DANS UN ENTRETIEN, le pianis- comme le souligne Xavier Prévost comme un orchestre à part entière. » de musiciens de jazz, il lui a fallu impériale et ne trouve pas son public te Jacky Terrasson disait : « Les dans Le Dictionnaire du jazz (Robert Et d’ajouter que pas une formule batailler pour obtenir ces condi- grands trios, comme ceux de Bill Laffont). Ahmad Jamal n’est pas le orchestrale ne lui avait été étrangè- tions. « Je ne suis pas riche, dit-il, LONDRES revêche. Sur fond de guerre, le Evans ou d’Ahmad Jamal, coupent seul à explorer cette voix, mais il est re. Jamal enregistre parfois seul, mais je peux me permettre de refuser de notre correspondant couple chante sa romance avec l’herbe sous les pieds, mais ils laissent l’un de ceux qui l’accomplissent avec écrit pour des formations symphoni- de jouer dans certains endroits. Pour- Curieusement, aucune comédie une improbable sincérité portée très libres aussi » (Le Monde du le plus d’élégance, de maîtrise, de ques, s’éloigne de temps à autre, quoi devrais-je abaisser les moyens musicale n’avait été tirée de la par un sirop lyrique. Il n’y a pas de 13 mars 1995). Une manière de dire finesse et ce qu’il faut de rugisse- revient avec d’autres groupes, d’exprimer mon art ? » saga du Premier Empire. Dès lors, quoi s’attendrir. D’autant que que pour tout musicien désireux de ments et de flamboiements. Le bat- d’autres idées. Avec amusement, pour faire plai- pourquoi ne pas imaginer qu’un rôde un Talleyrand-Kissinger légè- se frotter à ce fameux triangle piano, teur Jack DeJohnette compose et sir à ses proches, Ahmad Jamal célé- musical consacré à l’ennemi fran- rement félix-faurisé, conseiller basse, batterie, le poids de l’histoire joue pour lui, au piano, Ahmad the JOUER AVEC SA MÉMOIRE brera sur scène son anniversaire. çais puisse remporter un triom- manipulateur et retors qui ne rêve du jazz était un sacré défi. Terrible. Miles Davis, dans l’un de Aujourd’hui, âgé de soixante-dix Son nouvel enregistrement, Picture phe au box-office britannique ? que de Restauration. Transformé De fait, avec Ahmad Jamal, né à ses rares compliments accordés à un ans, rayonnant, Ahmad Jamal est en Perfect, qui affiche en sous-titre Les Anglais, même après sa défai- en terroriste républicain, ennemi Pittsburgh (Pennsylvanie) le 2 juillet pianiste, le présente comme une France pour une tournée de con- «70th Birthday », a été réalisé pour le te à Waterloo et l’exil à Sainte- juré du régime autocratique insti- 1930, la barre a été placée au plus influence prépondérante. Aux prodi- certs. Il n’a pas d’autres exigences producteur français Jean-François Hélène, n’ont cessé de respecter tué par son frère, Lucien Bonapar- haut. A partir de 1956, avec Israel ges des claviers qui l’entoureront, il que celles qui servent la musique : Deiber, qui a remis le musicien au et d’admirer l’empereur des Fran- te se mue en duc d’Enghien, l’op- Crosby (contrebasse) et Vernell demandera d’ailleurs toujours de un bon lit pour arriver serein au con- grand jour au début des années 90. Il çais. Il y avait sans doute moyen posant enlevé et fusillé sur ordre Fournier (batterie), Ahmad Jamal penser à Jamal. cert ; une salle à l’acoustique excel- parle de lui comme d’un ami. Au con- de tirer du personnage une super- de Bonaparte en 1804. redistribue les rôles. Ce n’est plus le « Avant tout je suis un compositeur, lente ; un instrument de grande qua- cert, il y a beaucoup à entendre chez production politico-guerrière sty- Retranchée au Shaftesbury soliste d’un côté et la rythmique de nous confiait récemment le musi- lité (il a un contrat d’exclusivité avec Ahmad Jamal. Cette manière de se le Les Misérables. Theatre derrière son rideau de bru- l’autre, mais un tout collectif, une cien (Le Monde du 23 mars 1999). La Steinway & Sons) ; du temps pour placer au-dessus de tout, même par- Hélas ! le Napoléon à l’affiche mes et de pluies, l’odyssée impé- même poussée qui n’est pas sans pensée musicale est ma priorité. L’ap- découvrir son piano avant de se pré- fois des musiciens qui sont avec lui, du Shaftesbury Theatre n’est rien riale s’est ainsi « anglicisée » avec frottements, chevauchements, voire plication de cette pensée m’a fait, au senter au public. D’ailleurs, quand il de jouer avec sa mémoire (des traces de tout cela. Pour la critique lon- l’accent mis sur sa dose de com- un « certain rapport conflictuel », cours des années, considérer le piano le peut, il le choisit. Comme nombre de But not for Me, Billy Boy, Poincia- donienne, ce musical riche en cli- plots, d’assassinats, de persécu- na, Ahmad’s Blues… peuvent surgir chés échangés par des personna- tions finies dans le sang, mais aus- au cœur de nouvelles composi- ges caricaturaux ne vaut pas tripet- si de dirigeants shakespeariens sai- Un nouvel album tions), sa rigueur et sa vigueur ryth- te. « Ce show va rapidement con- sis de vertige du pouvoir et de fem- mique qui donnent du fil à retordre naître son Waterloo », prédit le mes frivoles et idiotes. et une tournée aux accompagnateurs comme au Daily Telegraph. « Il ne manque Cette étonnante réécriture de public, la lucidité dans le choix des qu’un Wellington en béret jouant l’Histoire n’explique pas à elle seu- b Picture Perfect, avec James notes, l’immense plaisir à faire son- l’accordéon en fumant une Gauloi- le l’hostilité des journaux britanni- Cammack ou Jamil Nasser ner au mieux une mélodie. se », tempête le Times. « Comme le ques, aussi bien francophiles que (contrebasse), Idris Muhammad Il y a beaucoup à voir aussi. Une rêve de conquêtes n’est pas le maté- francophobes. L’absence de stars (batterie) et O. C. Smith, chant, assurance infinie face au clavier, le riel rêvé pour un spectacle grand ou de monstres sacrés pénalise la en invité. corps qui dit la certitude de savoir public, on a tourné la difficulté par location. Ensuite, aucune chanson 1 CD Birdology 8573-85268-2, pourquoi, pour qui, la musique doit le ridicule », ironise le Guardian. n’est à même de s’échapper du pla- distribué par Warner Music. naître. C’est à une écoute et à une teau pour monter aux premières b Concerts. Ahmad Jamal sera vision rare qu’invite Ahmad Jamal. BIOGRAPHIES À L’EAU DE ROSE places du hit-parade. le 6 novembre à l’Olympia (Tél. : Sur scène, dit-il « je me tiens toujours « Nous avons voulu sortir des cli- Où est passé l’hymne embléma- 01-47-42-25-49), le 9, au Théâtre prêt à agir ». chés en mettant l’accent sur un tique, l’immortel équivalent d’un Sébastopol de Lille Napoléon sentimental plutôt que Don’t Cry for Me Argentina qui fit (Tél. : 03-20-65-28-82), le 10, Sylvain Siclier sur le conquérant autocrate », affir- le bonheur d’Evita et aura fait le au Manège/scène nationale à me Francesca Zambello, qui signe succès de la comédie musicale Maubeuge une mise en scène effervescente. dont la première dame d’Argenti- (Tél. : 03-27-65-65-40), le 14, Mais la dimension de spectacle ne était l’héroïne, à Broadway, au Théâtre de Caen total, les décors étonnants, les Los Angeles, Sydney, Toronto ? Et (Tél. : 02-31-30-48-00), le 16, beaux costumes d’époque puis, l’art du musical qui exploite à la Maison des arts de Créteil cachent-ils la faiblesse du livret la danse, le théâtre et la chanson (Tél. : 01-45-13-19-19), le 18, tiré de biographies anglo- sur un mode mineur, réclame de à la Maison de la culture de saxonnes à l’eau de rose de José- l’humour, à Londres. Napoléon est Nevers (Tél. : 03-86-89-09-09), phine de Beauharnais ? On est ain- totalement dépourvu de wit (sel), le 19, à l’Opéra-Berlioz de si surpris de lire dans le program- cette petite musique amusante ou Montpellier me que Napoléon a perdu la grinçante. (Tél. : 04-67-61-67-61), le 20, à guerre parce qu’il a répudié la La mauvaise réception de Napo- l’Espace Malraux/scène loyale Joséphine. léon tout comme les déboires de nationale de Chambery (Tél. : Qui s’attend à voir un empereur Notre-Dame de Paris et de Lautrec 04-79-85-55-43), le 21, à la Salle peu viril, timide, maladroit en pré- incitent les experts à s’interroger : du Vigean de Bordeaux/Eysines sence des dames ? Joséphine est dans sa forme actuelle, le musical (Tél. : 05-56-57-80-01) et Le 22, transformée en vraie croqueuse historique serait-il un genre en au château Pommery à Reims d’hommes. Créole de la Martini- voie d’épuisement ? (Tél. : 03-26-61-62-63). que, l’impératrice est devenue sur scène une courtisane enlaidie et Marc Roche CULTURE LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 / 39

SORTIR

A l’Ecole des beaux-arts de Paris, PARIS devienne intéressant ». Chorégraphe lui-même depuis dix ans, Christian Anne Sylvestre Bourigault éprouve aujourd’hui le Pour accompagner la sortie du besoin de se frotter à une œuvre des peintres et leur réalité Partage des eaux (EPM/Universal), conçue et dansée en 1983 par Anne Sylvestre s’installe pour un Bagouet intitulée F. et Stein, mois à Saint-Germain-des-Prés. réinterprétation (pour Frank et Stein L’exposition « Ce sont les pommes qui ont changé » suscite quelques interrogations Armée d’un humour caustique, ou Frankenstein) dans laquelle ce dont un concentré est offert dans dernier se montrait sous un jour BA), où les pommes sont censées nant il peint la lumière et la chaleur exposition aussi peu, aussi mal, pro- une nouvelle chanson intitulée Ça extravagant, grotesque, déchiré, à CE SONT LES POMMES QUI ONT avoir changé. Goldstain, qui a tren- à fleur de peau, le sable à marée bas- blématisée, peut-elle inaugurer la ne se voit pas du tout, l’auteur des l’opposé de ce style gracieux et CHANGÉ. La réalité d’au- te ans et un petit CV lui aussi, peint se, ou le soleil en surchauffe sur un saison de l’école du quai Mala- Blondes ou de Lazare et Cécile est subtil qui a fait sa réputation. Sur la jourd’hui 1987-2000. Ecole natio- les rues, les voitures, les gens, sans carré d’herbes sèches. Il n’a vrai- quais ? Sinon qu’il y a derrière l’idée l’un des auteurs-compositeurs les musique rock du guitariste Sven nale supérieure des Beaux-Arts, froid ni chaud, banalement. ment pas grand-chose à faire dans de foutre la merde ? Une idée qui plus originaux de la chanson Lava, ce solo reprend vie et corps à e 13, quai Malaquais, Paris-6 .Mº Lacroix, sorti en 1997 diplômé de cette histoire bête et confuse de reviendrait à Didier Semin, ancien française. En scène, elle n’est travers la présence aiguisée de Saint-Germain-des-Prés. Tél. : l’ENSBA, où il a été élève assidu de pommes, sinon à servir de faire- conservateur au Centre Pompidou, jamais décevante, jouant la Christian Bourigault. 01-47-03-50-74. De 13 heures à Bioulès, peint des fleurs dans des valoir à des peintures sans intérêt, professeur à l’école depuis peu. comédie, usant d’une voix très Noisy-le Grand (93). Espace 19 heures. Fermé le lundi. 25 F bouteilles de plastique coupées, vides de sens, qui ne sont même pas Dans sa postface au catalogue et typée et soutenue par le piano de Michel-Simon, 36, rue (3,81 ¤). Jusqu’au 19 novembre. une avenue ou le quai du métro. mal peintes (on pourrait, alors, se recueil d’articles d’Obalk (qui fait Philippe Davenet et les de la République. 21 heures, Pomié, de son vrai nom Hugues Pis- réjouir, au second degré bien sûr, d’une pomme deux coups), celui-ci arrangements de François Rauber. les 7 et 8. Tél. : 01-45-92-27-75. Le titre de l’exposition : « Ce sont sarro, est le plus âgé. Contestataire de pareilles croûtes), et font au se joue du commissaire auquel il a Auditorium Saint-Germain, 4, rue De 55 F à 70 F. les pommes qui ont changé », est dans les années 70, il a commencé mieux penser à Edward Hopper, donné carte blanche, avec pas mal Félibien, Paris-6e.Mo Odéon. joli, mais trompeur. On attend des par faire des pastiches des tableaux sans avoir un soupçon de son poids de perversité, en avançant comme Du 7 novembre au 9 décembre, STRASBOURG natures mortes et quelques de son grand-père, Camille Pis- de solitude et de silence. positifs tous les arguments suscepti- 20 h 30. Relâche dimanche et lundi. Forum du cinéma européen réflexions, nouvelles ou pas, à pro- sarro, et semble y avoir pris goût. bles de servir au démontage de l’ex- Tél. : 01-44-07-37-43. 110 F La 5e édition du Forum du cinéma pos de la modernité depuis Cézan- Trois autres peintres sont de la position : son « anachronisme », ses et 130 F. européen, qui aura lieu à ne et ses pommes sur table. Au lieu partie : Gilles Aillaud, Vincent Biou- Goldstain, qui a « croûtes modernes », dont il reven- Mié Coquempot, K 622 Strasbourg du 9 au 14 novembre, a de pommes, les peintures rassem- lès, justement, et Philippe Cognée. dique le droit de les aimer. Parfai- Fine interprète de Daniel Larrieu et reçu un coup de pouce de la blées sont pour la plupart des paysa- Cognée fait des peintures à l’encaus- 30 ans et un petit CV, tement. Odile Duboc, Mié Coquempot, présidence française de l’Union ges urbains, dans la tradition tique qu’il chauffe au fer à repasser. Mais qu’en pense Henri-Claude passée à la chorégraphie depuis européenne, permettant de d’Utrillo et de Montmartre. Leurs Ses immeubles en grisaille, trop sys- peint les rues, Cousseau, le nouveau directeur de deux ans, centre sa seconde pièce décerner un prix spécial de 1 auteurs s’appellent François tématiquement flous, comme vus à l’ENSBA, obligé d’entériner une intitulée Motifs sur le métier et l’art million de francs (150 000 ¤) et Boisrond, Marc Goldstain, Emma- travers des essuie-glaces, font pen- les voitures, les gens, exposition qui n’est pas de son de l’interprète en danse d’investir l’Opéra du Rhin. Ce Prix nuel Lacroix ou Pomié. ser aux images troubles de Richter. fait – elle a reçu le feu vert de son contemporaine. Sous la houlette de la présidence française se fera Boisrond, qui a été, avec Combas Sa baignoire vide que l’on prend de sans froid ni chaud, prédécesseur, Alfred Pacque- d’un maître-danseur burlesque, une sous la forme d’aides à la et Di Rosa, un des champions de la face, est un morceau de bravoure ment – et de calmer les esprits, non série de courtes séquences distribution remises par le Centre Figuration libre, peint désormais qui le sauve. banalement pas du côté des étudiants, mais des s’enchaînent, déclinant les national de la cinématographie sagement des coins d’immeubles Bioulès, ancien de Supports-Sur- enseignants. D’où cette décision possibilités chorégraphiques qui (CNC) pour favoriser la circulation parisiens, des croisements de rues, faces, a continué d’interroger les for- sans doute d’organiser une table s’offrent à un danseur du film vainqueur dans l’Union. des voitures, des parkings et des mes et les contenus de la peinture, Comment pareille exposition, qui ronde maison avec le commissaire contemporain : de l’abstraction la Quinze films, illustrant le thème bouts d’autoroutes. C’est à propos en se promenant dans les tableaux a la prétention de traiter de la réali- Hector Obalk, Didier Semin, Jean plus formelle à la narration la plus « Avoir vingt ans en l’an 2000 en de lui qu’Hector Obalk, le commis- des autres, ceux de Matisse, ou des té d’aujourd’hui, parce qu’elle mon- Clair, Bernard Blistène, de la déléga- décalée. Avec huit danseurs triés Europe » sont en compétition. On saire de l’exposition dont on va abstraits américains des années 60. tre des lignes jaunes et des Fiat rou- tion aux arts plastiques, et les artis- sur le volet, Mié Coquempot pourra également découvrir à reparler, titrait, sûrement par goût Aujourd’hui, il cherche la lumière ges (les pommes qui ont changé !), tes Bertrand Lavier et François s’amuse encore et toujours sur le l’Opéra national du Rhin,, de la provocation, un de ses arti- du côté de Marseille et du néo- et ne traite rien, sinon des goûts Boisrond. Ils débattront sérieuse- métier à remettre son ouvrage. spécialement équipé pour cles : « Bête comme un peintre ». impressionnisme. Peintre contesta- d’un commissaire dont les considé- ment, le lundi 6 novembre, à Centre national de la danse, 9, rue l’occasion, le film du réalisateur Lequel peintre, depuis l’autom- taire de la Figuration narrative post- rations sur l’état des beaux-arts 18 h 30, des pommes. Geoffroy-l’Asnier, Paris-4e. belge Gérard Corbiau, Le roi danse, ne 99, enseigne à l’Ecole nationale soixante-huitarde, Gilles Aillaud a sont beaucoup plus fumeuses que Mo Saint-Paul. 19 heures, en avant-première mondiale. A supérieure des beaux-arts (ENS- longtemps peint les zoos. Mainte- celles de Jean Clair, comment une Geneviève Breerette les 7, 8 et 9 ; 18 heures, le 10. mi-chemin entre festival de cinéma Tél. : 01-42-74-06-44. 50 F et 60 F. et entreprise de lobbying auprès des eurodéputés, le Forum organise NOISY-LE-GRAND (93) les 11, 12 et 13 cinq table rondes Le cabaret maniéré de Meret Becker Christian Bourigault pour les professionnels, ainsi De Christian Bourigault, le qu’une journée du cinéma, le die à se mettre sous la dent, un peu de joie, un peu chorégraphe Dominique Bagouet, 14 novembre, au Parlement MERET BECKER. Odéon-Théâtre de l’Europe, à d’émotion (une chanson yiddish pour célébrer la cuisi- dont il fut l’interprète entre 1985 et européen. Paris, le 5 novembre. ne de grand-mère), étouffée sous un esthétisme pres- 1988, disait qu’il était « une sorte de Du 9 au 14 novembre, sur différents que numérique, comme l’on dit d’une photo retou- héros romantique mais suffisamment sites de la ville de Strasbourg (67). Le cabaret n’est pas seulement un genre, un peu chée par ordinateur, antithèse d’un Doisneau des tordu dans les coins pour que ça Tél. : 03-88-75-06-95. désuet, un tantinet décadent. Il n’est ni réservé à l’am- rues… Les musiciens font des mimiques : Ulrike Haa- bivalence sexuelle, ni à l’encanaillement des bour- ge, directrice musicale, aux claviers, imite le chat, ges- geois. Genre purement européen, ancêtre du music- tes félins à l’appui, c’est agaçant au plus haut point ; (Publicité) hall, le cabaret est une école de la variété. Pour avoir Alexander Hacke, guitariste dans le groupe expéri- oublié trop souvent la part de la comédie dans un réci- mental électro-industriel Einstürzende Neubaten, est tal, de nombreux chanteurs ont peu à peu appauvri la une caricature de rocker sur le tard. scène, se contentant de reproduire leur prestation dis- cographique sans souci de la gestuelle ou du symbole. ANTICHAMBRE DE LA PSYCHANALYSE A l’inverse, en excluant la chanson de son répertoire, Proche de la tradition du cabaret, Nina Hagen, la Berlinoise Meret Becker évide le genre, préférant le enfant de la balle, comme Meret Becker, fut l’héroï- maniérisme à l’émotion. Pourtant, ce n’est pas la ne absolue de l’exagération, de la caricature, de l’ex- matière première qui manque. En France, des artistes trême, chamboulant les bases de la musique alle- tels que le musicien Pierre Sauvageot et son partenaire mande et du rock international avant de sombrer le comédien Serge Hureau, auteur de Gueule de Piaf dans une folie trop évidente. Avec Meret Becker, (Edith Piaf), d’Au bon p’tit Charles (Trenet) ou de Green qu’elle avait découverte en 1993 au Bar Jeder Vernu- (les chansons de Rimbaud et Verlaine), ont montré par nft, cabaret berlinois où se produit aussi Georgette exemple qu’il était possible, à la lumière du cabaret, de Dee (invitée récemment à l’Odéon), Nina Hagen relire les œuvres, qu’elles soient musicales ou poéti- avait monté deux ans plus tard Toutes les deux, on ques, de façon très moderne. Pour toutes ces raisons, s’appelle Anna, inspiré des chansons de Bertolt les Comedian Harmonists, à qui le réalisateur Joseph Brecht. Dans Nachtmahr – démon nocturne et cau- Vilsmaier a consacré un film où apparaît Meret Bec- chemardesque du folklore germanique –, Meret ker, furent, en Allemagne, de détonants précurseurs. Becker ne met nul excès. Si les frères Grimm, Lewis A l’égal de Meret Becker à l’Odéon, Serge Hureau Caroll, Heinrich Heine lui ont inspiré ses textes peu- s’était produit dans des théâtres et autres lieux où l’on plés de femmes-enfants dérangées, de Lolitas per- ne sert pas à boire, où l’on ne parle pas pendant les verses, de morts empoussiérées, aucun bon génie GUIDE chansons. Cela change tout à la performance. Une sal- de la musique n’est venu les servir. Ces jeux sur le religieuse fige ; une salle dissipée oblige au surpasse- lamellophone à pouces, échantillonneurs, calebas- Espace Michel-Simon, 36, rue de la ment, à la polémique. Nachtmahr, le récital végétarien se, accordéon, timbales, appeaux (pour Das Vögel- TROUVER SON FILM République, Noisy-le-Grand (93). tendance thé vert proposé par Meret Becker, est à mil- chen) ne sont pas plus appuyés par l’humour ou le Tous les films Paris et régions sur le 19 h 30, les 7 et 8. Tél. : 01-45-92-27-75. le lieux de la perdition. Il comblera sûrement les plus second degré. La ravissante jeune femme à la classe Minitel, 3615 LEMONDE ou tél. : De 55 F à 70 F. germanophones des spectateurs, sensibles à quelques- certaine et à la voix possible transforme ainsi le 08-36-68-03-78 (2,23 F/mn). Vytautas Landsbergis (piano) uns des textes (Heinrich Heine, Peter Möbius, Thomas cabaret en une antichambre de la psychanalyse où Ciurlionis : Préludes, Variations sur un Brasch, Gottfried Keller…) dits par la jeune chanteuse, les déclarations d’amour et de guerre ne dépassent ENTRÉES IMMÉDIATES thème à neuf tons « Sefaa Esec », également comédienne de cinéma et excellente joueu- pas le lapsus. Chants populaires lituaniens. Le Kiosque Théâtre : les places de cer- Musée d’Orsay, 1, rue de Bellechasse, se de scie musicale. Quant aux mélomanes… e o tains des spectacles vendues le jour Paris 7 .M Solferino. 19 heures, le 7. Une heure et demie d’ennui avant d’avoir une mélo- Véronique Mortaigne même à moitié prix (+ 16 F de commis- Tél. : 01-40-49-47-57. De 60 F à 80 F. sion par place). Ensemble InterContemporain Place de la Madeleine et parvis de la Carter : What Next ? (création). Saaria- NOUVEAUX FILMS tkowiak. Avec Jet Li, Aaliyah, Russel gare Montparnasse. De 12 h 30 à ho : Graal Théâtre. Simone Nold, Lucy Wong. (1 h 55.) 20 heures, du mardi au samedi ; de Shelton (sopranos), Hilary Summers 12 h 30 à 16 heures, le dimanche. (contralto), Martyn Hill (ténor), Olivier Médée ROMÉO DOIT MOURIR entre un gang afro-américain et un COYOTE GIRLS Lalouette (baryton), Maryvonne Le a a d’Euripide, mise en scène de Jacques Dizès (violon), Voix d’enfants de la Maî- Après une longue carrière à gang chinois, Roméo doit mourir Une jeune fille part pour New Lassalle, avec Isabelle Huppert, Jean- trise de Paris, Kent Nagano (direction). Hongkong et un passage remarqué ressemble à un long clip vidéo desti- York avec l’intention d’y devenir Quentin Châtelain, Emmanuelle Riva, Cité de la Musique, 221, avenue Jean- dans L’Arme fatale 4 de Richard né à faire la promotion de sa bande- chanteuse. La vie, souvent cruelle, Bernard Verley… Jaurès, Paris 19e.Mo Porte-de-Pantin. Donner où il incarnait le méchant son. On a l’impression que le réali- se charge de sonner le glas de ses Maison des arts, place Salvador-Allen- 20 heures, le 7. Tél. : 01-44-84-44-84. de l’histoire, Jet Li obtient son pre- sateur Andrzej Bartkowiak a assem- illusions : elle ne décroche qu’un de, Créteil (94). Du 7 au 10, 20 h 30. De 110 F à 160 F. mier rôle vedette dans une produc- blé des séquences hétérogènes emploi de barmaid dans un bar Tél. : 01-45-13-19-19. De 55 F à 100 F. Le Vaisseau fantôme tion américaine. Très vaguement sans informer sa star de ce qui se chaud de la ville. Produit par Jerry La Nuit juste avant les forêts de Wagner. Chœur des grandes écoles, inspiré de Roméo et Juliette de Sha- passait. Cette confusion a finale- Bruckheimer, à qui l’on doit Arma- de Bernard-Marie Koltès, mise en scè- Orchestre national d’Ile-de-France, Pas- ne de Kristian Frédric, avec Denis cal Rophé (direction), Didier Kersten kespeare, transposé dans un ment raison de la patience du spec- geddon, Con Air et 60 Secondes chro- Lavant. (mise en scène). New York contemporain prenant tateur. Samuel Blumenfeld no, productions inoubliables qui se Les Abbesses (Théâtre de la Ville), 31, Massy (91). Opéra-Théâtre, 1, place de pour cadre des affrontements Film américain d’Andrzej Bar- démarquaient par une esthétique rue des Abbesses, Paris 18e.Mo Abbes- France. 20 heures, les 7 et 10 ; 16 heu- inspirée du clip et une fascination ses. Du 7 au 18 novembre. Du mardi au res, le 12. Tél. : 01-60-13-13-13. De pour les voitures et les avions, Coyo- samedi, 20 h 30 ; le dimanche, 15 heu- 275 F à 325 F. te Girls se distingue par une vision res. Tél. : 01-42-74-22-77. De 70 F à Archie Shepp strictement mécanique de la fem- 140 F. Petit Journal Montparnasse, 13, rue du me. Les superbes Tyra Banks et Trois versions de la vie Commandant-René-Mouchotte, de Yasmina Reza, mise en scène de Paris 14e.Mo Gaîté. 22 heures, le 7. Piper Perabo, dans des rôles sous- Patrice Kerbrat, avec Richard Berry, Tél. : 01-43-21-56-70. De 100 F à 150 F. écrits, ne doivent leur présence Catherine Frot, Stéphane Freiss et Yas- La Tordue, les Femmouzes T. qu’à leur plastique. Le scénario de mina Reza. Trappes (78). La Merise, place des Meri- Coyote Girls se rapproche d’un Antoine-Simone-Berriau, 14, boule- siers. 20 h 30, le 7. e o mélodrame improbable, souvent vard de Strasbourg, Paris 10 .M Stras- Tél. : 01-30-13-98-51. 90 F. incohérent, mais qui importe peu bourg-Saint-Denis. Du 7 novembre au en regard d’un film qui ne cherche 31 décembre. Du mardi au vendredi, DERNIERS JOURS 21 heures ; le samedi, 18 heures et qu’à exhiber ses comédiennes. 21 heures ; le dimanche, 15 h 30. Tél. : 12 novembre : S. Bd 01-42-08-77-71. De 80 F à 290 F. Gaston Chaissac (1910-1964) Film américain de David McNally. Compagnie Toujours après minuit Galerie nationale du Jeu de paume, 1, Avec Piper Perabo, Adam Garcia, Brigitte Seth, Roser Montllo-Guberna : place de la Concorde, Paris 8e. Tél. : Maria Bello, Tyra Banks. (1 h 40.) El Como Quieres (chorégraphie). 01-42-60-69-69. 28 F et 38 F. LeMonde Job: WMQ0711--0041-0 WAS LMQ0711-41 Op.: XX Rev.: 06-11-00 T.: 08:05 S.: 111,06-Cmp.:06,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0411 Lcp: 700 CMYK

REPRODUCTION INTERDITE LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 / 41 IMMOBILIER0123 a

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Vingt ans après, Maruani), un démographe (Hervé mai 1991 à l’issue d’un banquet dentielle, Denis Clerc, professeur d’affaires est de 23 millions de tout a changé, trop souvent pour le Le Bras), un historien (Pierre à la Maison Blanche, George agrégé de sciences sociales et agré- francs et, malgré très peu de publi- pire. » Rosanvallon), une philosophe W. Bush – alors âgé de gé de gestion, lance un petit bimes- cité, les comptes sont équilibrés (Dominique Méda), un intellectuel 45 ans – qui, pour l’occasion, triel de seize pages, Alternatives éco- depuis 1998. DEUXIÈME GAUCHE américain (Jeremy Rifkin). Le dos- s’était fait graver des « God Save the nomiques, qui se définit comme un Le bimestriel, devenu mensuel Le cahier consacré aux vingt ans sier central – « L’après-pétrole a Queen » sur ses bottes de cow-boy. « journal d’information critique sur en 1985, a franchi, dix ans plus du journal témoigne d’un parcours commencé » – est à la fois écologi- l’actualité économique et sociale ». tard, le seuil des 100 000 numéros proche de celui de la deuxième gau- que et économique. « L’avenir a George W. Bush, candidat à la « L’économie actuelle ne nous plaît vendus. Celui de septembre 2000 che. L’autogestion a laissé la place appartient aux énergies renouvela- Maison Blanche, descendrait en guère, explique M. Clerc dans le s’est même vendu à plus de à la régulation. « Ce journal est né bles », estiment ses auteurs. ligne directe de Guillaume le premier numéro. Nous pensons que 108 000 exemplaires. Un seuil que d’une conviction : l’économie doit Mais rien ne résume mieux le Conquérant,d’Henry III, d’autres formes d’organisation de la l’équipe espère bien renouveler ce être un moyen et non une fin en soi, positionnement d’Alternatives éco- d’Henry VII et de Charles II, société sont souhaitables et possi- mois-ci avec le numéro exception- écrit Philippe Frémeaux. Il faut nomiques que le point de vue de affirme Harold Brooks-Baker, bles. Qui engendreraient moins nel (132 pages) en partie consacré constamment travailler à la réguler son fondateur, Denis Clerc, sur l’at- éditeur du Burke’s Peerage, d’inégalités. Qui respecteraient aux vingt ans du journal. afin qu’elle profite à l’ensemble de tribution du dernier prix Nobel de ouvrage de généalogie nobiliaire, davantage l’autonomie des hom- Dans son éditorial, Philippe Fré- la société. C’était vrai hier. Cela le l’économie à deux Américains, référence des Britanniques. mes. Pour tout dire, qui favorise- meaux, rédacteur en chef depuis restera demain. » Plusieurs person- James Heckman et Daniel McFad- raient l’autogestion. » 1988, est un journaliste satisfait nalités ont été invitées à « penser den. « Alter éco n’avait jamais cité a « J’ai dû me faire aider par ma Alternatives économiques entend tif est modeste : « Nous avons – « Alternatives économiques est l’avenir ». Des économistes (Jean leurs noms. Pas par oubli, mais par- famille », explique Jozsef Torgyan, se différencier de ses « confrères » besoin de mille abonnés .» lu (…) par plus de 700 000 person- Pisani-Perry, Michel Beaud, ce qu’il ne vaut pas la peine d’en par- populiste hongrois, ministre de par son « regard critique » et sa Octobre 2000. La société coopé- nes (…) Avouons-le, nous sommes Robert Boyer, qui prévoit un ler », explique-t-il. Il ne s’agit pas l’agriculture, chef du Parti des petits « volonté pédagogique ». Son objec- rative Alternatives économiques fiers de ce succès » – mais un mili- « capitalisme pluriel »), deux socio- d’un parti pris idéologique : « Mil- propriétaires, « défenseur des petites ton Friedman, Friedrich von Hayek gens », qui, après avoir fraudé le et Robert Lucas, bien qu’ils ne soient fisc, se fait construire une villa avec DANS LA PRESSE me. Il est facile de jeter le blâme sur où Lionel Jospin voit une chance de nation de la viande par l’agent de pas en odeur de sainteté dans nos piscine et ascenseur dans les beaux une culture dont le réflexe est de rétablir enfin la paix civile et une la maladie de la « vache folle » que colonnes, ont eu droit à de nom- quartiers de Bucarest. THE ECONOMIST cacher plutôt que de révéler. Les démocratie apaisée en Corse, Jean- l’inquiétude grandit le plus. Nous breux articles plus explicatifs que cri- a Depuis que les magistrats français hommes politiques, par exemple, Pierre Chevènement discerne « une avons allégrement consommé des tiques. » a Les laboratoires de la police ont commencé à montrer leur force n’envisageraient pas de rendre machine infernale » pour l’île de quantités astronomiques de viande Mais Denis Clerc s’offusque : sud-africaine analysent des pipes au milieu des années 1990, des cen- public le montant de leurs impôts ; Beauté et pour la République. britannique avant l’embargo, avalé « On récompense deux personnes retrouvées dans la maison de taines d’hommes d’affaires et d’hom- et il a fallu attendre cette année pour « Machine infernale » dont l’architec- des abats à risques jusqu’en 1996, parce qu’elles ont fait progresser la Shakespeare à Stratford-on-Avon mes politiques ont été mis en exa- que les chefs d’entreprise acceptent te est le chef du gouvernement lui- sans sourciller. Aujourd’hui, avec connaissance non pas sur la façon pour savoir si les « sombres men (…) Cela signifie-t-il que la Fran- de révéler le montant de leurs salai- même (…) On imagine l’effet que les dernières mesures visant à inter- dont se comportent les gens en socié- images » et « les longues ce est corrompue d’une manière res et de leurs stock-options. peut avoir cette opposition frontale dire les intestins, les graisses anima- té, mais sur les techniques permet- pérégrinations mentales », endémique ? Transparency Interna- quand il s’agira pour Matignon de les et bientôt la viande à l’os dans tant de rendre compte de ces com- fréquentes dans l’œuvre du poète, tional, un organisme qui lutte contre FRANCE-INTER trouver une majorité parlementaire l’alimentation humaine, ainsi que portements. Ce n’est sans doute pas ne lui seraient pas venues d’un la corruption à l’échelle mondiale, Pierre Le Marc susceptible de valider son projet. les colonnes vertébrales dans les négligeable, mais a-t-on attribué le usage immodéré de cannabis. met la France en vingt et unième a La séparation s’était faite à l’amia- farines, le dispositif sera assez com- Nobel de médecine aux inventeurs position sur une liste de quatre-vingt- ble, à la fin du mois d’août, entre LE FIGARO plet. Reste la question de l’interdic- du scanner ? » a Les doses découvertes dans les dix pays. Ce qui la place devant la Jean-Pierre Chevènement et Lionel Dr Martine Perez tion totale des farines animales Pour Alter éco, il n’y a évidem- toilettes de la Chambre des Grèce et l’Italie, respectivement tren- Jospin (…) Hier critique, le discours a Paradoxalement, c’est à l’heure pour tous les animaux d’élevage, ment pas d’économie sans communes et de la Chambre des te-cinquième et trente-neuvième, de l’ancien ministre de l’intérieur où les pouvoirs publics prennent le déjà mise en œuvre en Grande-Bre- politique. lords auraient suffi, selon le Sunday mais derrière la Grande-Bretagne, prend aujourd’hui le ton du réquisi- plus de mesures de précaution tagne, bientôt en Suisse, et récla- Times, à tenir éveillés pendant dixième, ou l’Allemagne, dix-septiè- toire, et du réquisitoire violent. Là pour réduire le risque de contami- mée unanimement en France. Frédéric Lemaître plusieurs heures de débats quatre parlementaires « sniffant chacun une ligne de coke ». www.cs.princeton.edu/sip/sdmi SUR LA TOILE a « Il s’agit d’une première dans HAUT DÉBIT l’histoire de la médecine et elle ne a Selon une enquête publiée par doit pas échouer pour des raisons Des universitaires anéantissent un projet de « musique sécurisée » testé par l’industrie musicale le magazine Ecran total, près de d’argent », s’alarme Nadey Hakim, 142 000 foyers français étaient chirurgien londonien, dont le FACE à l’ampleur du piratage de de leur CD, mais seulement déten- équipés, fin septembre, d’une con- patient Clint Hallam, incapable musique sur Internet, les majors teurs d’une licence d’utilisation très nexion Internet à haut débit : envi- d’acheter ses médicaments américaines tentent de lancer des restrictive. ron 100 000 via les réseaux de télé- anti-rejet – environ 100 000 francs contre-attaques technologiques. A En revanche, plusieurs groupes vision câblée, 32 000 par DSL et par an –, doit endurer la main du l’initiative de l’Association de l’in- d’universitaires, qui souhaitent res- 10 000 par satellite. mort qu’on lui a greffée en dustrie du disque (RIAA), 180 entre- ter neutres dans cette polémique, 1998 lors d’une opération prises informatiques et audiovisuel- décident de relever le défi. Dès le AUTOMOBILE retentissante à Lyon. les ont rejoint le consortium Secure 12 octobre, une équipe de neuf a Le magazine français Auto Digital Music Initiative (SDMI), qui chercheurs des universités Prince- Revue et la société allemande Mar- a « Grâce à cette méthode, on a pour mission d’inventer des systè- ton et Rice et du centre de recher- keting Systems ont créé un site pourra séparer Asiatiques, Européens mes de verrouillage sélectif. La che de Xerox annoncent qu’ils ont doté d’un moteur de recherche en et Africains », souligne Bernd SDMI travaille notamment sur le désactivé tous les filigranes des six langues, permettant de compa- Brinkmann, chercheur de « filigrane numérique », procédé fichiers SDMI, sans altérer leur qua- rer le prix de toutes les voitures Münster, en félicitant les biologistes consistant à insérer dans la musi- lité sonore. Conformément à leur neuves dans treize pays euro- de l’université Humboldt de Berlin, que numérisée un signal spécial, lisi- déontologie, ils refusent l’argent du péens. Il s’agit d’un service dont les travaux sur l’ADN ble par les appareils hi-fi et les ordi- concours et vont publier sur Inter- payant. permettront de déterminer l’origine nateurs, qui interdit les duplica- net un rapport technique expli- www.eurocote.net ethnique des individus. tions sauf dans les cas prévus à quant leur exploit en détail. Ils en l’avance. profitent pour recommander aux MAUVAIS TEMPS a Les missionnaires du Guyana qui Le 15 septembre, la SDMI annon- majors de renoncer à ce projet. a L’administration américaine avaient demandé à John ce qu’elle a mis au point six procé- Pour la SDMI, la déroute est tota- des télécommunications et de l’in- Blashford-Snell, colonel dés différents, et lance un concours le. Après plusieurs jours de silence, formation (NTIA), l’office météo- britannique à la retraite, de livrer au inédit : elle va diffuser sur Internet d’expliquer à la SDMI comment ils d’aider les multinationales à renfor- elle publie une série de communi- rologique fédéral et la société cœur de la jungle un piano à queue des fichiers musicaux verrouillés, et ont fait, et de signer un contrat de cer leur contrôle sur la circulation qués obscurs, d’où il ressort que Front Range Internet ont mis au aux Indiens Wai-Wai, leur font met au défi tous les hackers et spé- confidentialité. de la musique dans le monde. Selon 447 internautes prétendent avoir point un système d’alerte automa- depuis jouer « God Save the cialistes de la sécurité de les péné- Aussitôt, plusieurs associations EFF, le projet de la SDMI aboutirait réussi à neutraliser ses filigranes, et tique via Internet en cas d’événe- Queen » sur l’instrument arrivé à trer, puis de lui renvoyer des copies de défense des droits des internau- à empêcher les consommateurs de qu’elle n’est pas encore en mesure ment climatique dangereux. Les bon port. débarrassées du filigrane. Les vain- tes, dont l’Electronic Frontier Foun- faire des copies à des fins privées, de donner une liste des vainqueurs. fournisseurs d’accès et leurs abon- queurs gagneront 10 000 dollars dation (EFF), lancent un appel au artistiques ou éducatives. Les ache- nés devront être équipés de logi- Christian Colombani par filigrane neutralisé, à condition boycott du concours : pas question teurs ne seraient plus propriétaires Yves Eudes ciels spécifiques. – (AP.)

Les seins d’Elsa par Luc Rosenzweig FRANÇOIS BAYROU était l’invi- avec tout le monde, et où il est couleur, comportait un vaste décou- té de Michel Drucker dans ce désormais établi que les hommes et page en U, partant des épaules « Vivement dimanche » de novem- les femmes politiques se précipitent pour aller jusqu’au nombril. Au pas- bre. Le chef de l’UDF est un hom- parce que c’est bon pour l’image. sage, les reliefs situés de part et me très instruit, bardé de diplômes, Au début, pour Bayrou, tout a très d’autre de l’axe central (imaginaire) et qui connaît Le Chat, la Belette et bien marché. Cet homme d’origine de ce décolleté étaient apparents le Petit Lapin par cœur, presque jus- modeste, et qui ne manque pas de jusqu’à un point très rapproché de qu’à la fin. Comme tous les hom- le faire savoir en toutes occasions, a leur sommet. Tout cela est d’autant mes de culture, il a une citation connu des gens bien dans sa jeu- plus époustouflant qu’Elsa Zylbers- pour toute les situations : quand il nesse béarnaise, comme les sœurs tein ne se positionne pas, de coutu- s’agit de recevoir Claude Nougaro, Laborde, qui ont réussi, elles, sur- me, dans le créneau des meneuses par exemple, il invoque Aragon, tout Catherine, qui fait la météo sur de revue du Crazy Horse. Quel était qui aurait dit que la chanson est la TF1. On ne néglige pas le troisième donc le sens de cette intervention poésie des temps modernes. Cela âge en exhibant une photo mon- qui est proche d’une « performan- ne casse pas des briques, mais per- trant Bayrou en témoin d’un maria- ce » artistique ? Elsa est-elle à ce met au passage de signaler que Bay- ge tardif de Marcel Amont, alors point persuadée que Bayrou devien- rou, l’homme de droite, n’est pas que ce dernier se prend, sur la scè- dra président de la République sectaire dans ses choix littéraires. ne, pour un Mexicain en quête de qu’elle cherche à se placer comme Et cela nous permet de trouver un parasol. future modèle de Marianne ? Ou titre pour la présente rubrique, Se pointe alors sur le célèbre bien, au contraire, est-elle tellement qu’il va falloir justifier si l’on ne canapé de « Vivement dimanche » rétive aux idées et au programme veut pas passer pour un vil raco- l’actrice Elsa Zylberstein. On passe- de l’UDF qu’elle s’est donné com- leur de lecteurs de bas de page. ra sur le prétexte futile invoqué par me objectif de mettre, ce jour-là, Rappelons les « fondamen- Bayrou pour justifier son invitation, son chef dans l’embarras ? Il y avait taux » de l’émission de Drucker : et nous nous concentrerons sur l’es- là de quoi animer les discussions divertissement familial d’après- sentiel, sa tenue. Sa robe, dont dans autour des tables familiales, en ce gigot, où tout le monde est gentil notre émotion nous avons oublié la gris dimanche de novembre. LeMonde Job: WMQ0711--0043-0 WAS LMQ0711-43 Op.: XX Rev.: 06-11-00 T.: 09:04 S.: 111,06-Cmp.:06,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0413 Lcp: 700 CMYK

RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 / 43 LUNDI 6 NOVEMBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

23.45 Zubin Mehta dirige... 20.30 Boule de Suif aa DÉBATS DOCUMENTAIRES L’Orchestre et les chœurs Christian-Jaque (France, 1945, TÉLÉVISION ARTE de l’Opéra d’Etat de Bavière. Œuvres N., 100 min) &. Ciné Classics 11.10 Le Monde des idées. 20.15 360o , le reportage GEO. [1/4]. de Gabrieli, Haydn, Verdi. Mezzo 19.00 Nature. Parole de philosophe. o Au-delà des limites du corps. Arte 0.00 Les Découvertes Adami (n 5). TF 1 19.45 Météo, Arte info. Jacques Derrida. LCI Avec Andras Adorjan, flûte ; o 20.30 Oliver North. Nicolas Dautricourt, violon ; 20.15 360 , le reportage GEO. 22.40 L’Ecran témoin. 17.30 Sunset Beach. Au-delà des limites du corps [1/4]. Les élections américaines. RTBF 1 Un candidat idéal. Planète Jonathan Gilad, piano. Muzzik 18.20 Exclusif. 0.25 Jazz 625. Muzzik 20.45 Le Journal du séducteur aa 22.55 Rome, les jeux du cirque. Forum 20.30 Les Envahisseurs. Odyssée 18.58 Etre heureux comme... Film. Danièle Dubroux. &. 0.20 Je pourrai toujours 20.50 Légendes. 19.00 Le Bigdil. 22.25 Court - circuit. Diahann Carroll. Jean Harlow. Téva TÉLÉFILMS dormir quand je serai mort. Arte 19.55 Hyper Net. 22.30 Cycle Fassbinder : Martha aaa 21.00 La France. L’Inventaire Film. Rainer Werner Fassbinder (v.o.). des campagnes. [5 et 6/6]. Histoire 19.00 Rendez-vous 20.00 Journal, Météo. MAGAZINES 0.20 Débat. Je pourrai dormir 21.20 Marsabit, l’oasis magique à la Maison Blanche. 20.55 Florence Larrieu, Alex Zamm. &. Disney Channel quand je serai mort. du désert. Odyssée le juge est une femme. 18.15 et 23.45 Procès Barbie. Histoire 22.20 Le Chien. François Chalais. Festival Cadeau d’entreprise. 1.05 Court - circuit. 1.40 Les Mercredis de l’Histoire. 18.30 L’Invité de PLS. Jacques Barot. LCI 22.30 Danger réel. 22.45 Célébrités. Les forces du mal, sorcières. 13ème RUE Les mutineries de 1917 au 18.50 Nulle part ailleurs. COURTS MÉTRAGES 0.10 Football. Chemin des Dames: adieu la vie, Le groupe de rap 113 ; 23.35 Les Bébés de la science. Vingt ans 0.45 Exclusif. adieu l’amour. St Germain. Canal + de fécondation in vitro. France 3 22.25 Court - circuit. Aubade ; Fausses 1.15 TF 1 nuit, Météo. 19.00 Nature. Arte 23.35 Campagna. Planète alertes ; Les Fleurs magiques. Arte M6 19.15 Lundi, c’est Julie. France 2 0.05 Satan, une biographie FRANCE 2 19.30 Rive droite, non autorisée. [3/3]. Planète SÉRIES 20.45 Le Journal du séducteur aa 17.45 Kid et compagnie. rive gauche. Paris Première Danièle Dubroux. 17.20 Qui est qui ? 18.30 Dharma & Greg. 20.15 Friends. 20.50 Vache folle : la grande peur. M6 SPORTS EN DIRECT Avec Chiara Mastroianni, 17.55 70’s Show. 19.00 Charmed. Celui qui se souvient. RTL 9 Melvil Poupaud (France, 1995, 21.00 La Route. Invitées : Michèle Bernier ; 18.25 JAG. 19.50 I-minute. Marianne James. Canal Jimmy 20.55 Florence Larrieu, le juge est une 100 min) &. Arte 20.55 Football. Championnat d’Angleterre 19.15 Lundi, c’est Julie. 19.54 Le Six Minutes, Météo. 21.05 Le Point. Les transsexuels (12e journée) : Derby County - femme. Cadeau d’entreprise. TF 1 20.45 L’Etoffe des héros aa 20.05 Notre belle famille. West Ham. Canal + vert Philip Kaufman (Etats-Unis, 1983, 19.50 Un gars, une fille. de l’île Yale. Le plagiat 21.00 Zoe, Duncan, Jack & Jane. 20.39 Conso le dise. scolaire et l’Internet. TV 5 A Midsummer Night’s 190 min). RTL 9 20.00 Journal, Météo. 20.40 Décrochages info, Cinésix. 23.00 Argent public, argent privé. MUSIQUE Nightmare (v.o.). &. Série Club 20.45 Abyss (version courte) aa 20.50 La Rançon. La bataille de l’eau. Les camions e James Cameron (Etats-Unis, Film. Ron Howard ?. 20.50 Vache folle, la grande peur. 21.25 3 planète après le Soleil. 1989, 140 min) &. Cinéfaz sur les trains, c’est pas 20.55 Soirée « Orphée Eurydice ». Gobble, Gobble, Dick, Dick 23.00 Argent public, argent privé. 23.10 Un divan à New York aa pour demain ! Dette à vie ! Opéra de Gluck. Par l’Orchestre (v.o.). &. Série Club 21.00 La Femme infidèle aaa 0.35 Journal, Météo. Film. Chantal Akerman &. Invitée : Dominique Voynet. France 2 philharmonique de Londres, 21.45 New York Police Blues. Claude Chabrol (France, 1968, 1.00 L’Entretien. 1.05 Jazz 6. 100 min). Paris Première 0.30 Strip-tease. dir. Raymond Leppard. Muzzik Linge sale en famille. %. Canal Jimmy 1.50 Mezzo l’info. Les gens d’en face. La grossesse 21.00 Cet obscur objet du désir aa 22.40 « Requiem », de Mozart. 23.25 Taxi. The Apartment (v.o.). Série Club de Gilles. La femme qui murmurait Par les English Baroque Soloists Luis Buñuel (France, 1977, RADIO à l’oreille des chevaux. France 3 et le Monteverdi Choir, 23.45 The Practice. 105 min) &. Cinétoile FRANCE 3 1.00 L’Entretien. Max Gallo. France 2 dir. John Eliot Gardiner. Mezzo Hiérarchies (v.o.). &. Série Club 22.00 La Fête à Henriette aa 17.35 A toi l’actu@. Julien Duvivier (France, 1952, FRANCE-CULTURE N., 105 min) &. Ciné Classics 17.50 C’est pas sorcier. 20.30 Décibels. Anouar Brahem. 22.30 Martha aaa 18.15 Un livre, un jour. Rainer Werner Fassbinder 18.20 Questions pour un champion. 22.12 Multipistes. (Allemagne, 1973, v.o., 110 min). Arte 18.50 Le 19-20 de l’info, Météo. 22.30 Surpris par la nuit. Raison de plus. 22.30 Annie Hall aaa 20.10 Tout le sport. Invité : Paul Rebeyrolle. Woody Allen (Etats-Unis, 20.20 C’est mon choix... ce soir. 0.05 Du jour au lendemain. CINÉ CLASSICS ARTE M6 Eric Holder (La Correspondante). 1977, 90 min) %. Téva 20.55 Lautrec. 22.35 Short Cuts, les Américains aa 20.30 Soirée Henri Jeanson 22.30 Martha aaa 23.10 Un Divan à New York aa Film. Roger Planchon. %. FRANCE-MUSIQUES A l’occasion de la publication du Une comédie d’une des plus origi- Robert Altman (Etats-Unis, 23.00 Météo, Soir 3. Au sein du cycle « Fassbinder », 1992, 185 min) %. Canal Jimmy 23.35 Les Bébés de la science. passionnant ouvrage de René Cha- nales cinéastes francophones, 20.00 Les Muses en dialogue. Concert. actuellement programmé par la 22.40 Jugatsu aa 0.30 Strip-tease. Par le Capriccio Stravagante, dir. Skip teau, Jeanson par Jeanson (Ed. Re- chaîne franco-allemande, ce film Chantal Akerman. Elle y décrit une Takeshi Kitano (Japon, 1990, 1.30 C’est mon choix. Sempé, Pierre Evreux, ténor ; Karina né Chateau, 2000), Ciné Classics situation riche de quiproquos et v.o., 94 min) ?. Canal + Gauvin, soprano. Œuvres de Purcell de presque deux heures réalisé en 22.45 La Chamade aa (Harmonia Sacra ; Harmonia Profana). consacre toute une soirée à ce scé- d’usurpation d’identité, en trans- CANAL + 1973 raconte, sous une allure de Alain Cavalier (France - Italie, 22.30 Jazz, suivez le thème. nariste dialoguiste au-delà du ta- plantant une jeune Française ef- 1968, 100 min) &. Cinétoile 23.00 Le Conversatoire. mélodrame au charme décadent, 23.45 Entrée des artistes aa f En clair jusqu’à 20.40 lentueux. Trois films pour en ju- fectuant un échange d’apparte- 18.25 Les Simpson. 0.00 Tapage nocturne. ger : Boule de suif, La Fête à la façon dont un homme s’ingénie ments avec un psychanalyste Marc Allégret (France, 1938, Invité : Pascal Contet. à faire souffrir sa jeune épouse, su- N., 95 min) &. Ciné Classics 18.50 Nulle part ailleurs. Henriette et Entrée des artistes, une new-yorkais. Et obligée, du coup, 0.00 Wild Man Blues aa 20.40 Ma meilleure ennemie. RADIO CLASSIQUE rareté qui offre l’occasion d’une blimement incarnée par Margit de traiter ses patients qui la Barbara Kopple (Etats-Unis, 1997, Film. Chris Columbus. &. véritable redécouverte. En tout Cartensen. Une vision filmique- prennent pour sa remplaçante. Ju- v.o., 105 min) &. Ciné Cinémas 1 22.40 Jugatsu aa 20.40 Les Rendez-vous du soir. Film. Takeshi Kitano (v.o.). ?. ment parfaite mais cruelle des rap- 0.05 Deux aa Bernard Haitink et l’Orchestre cas, trois modèles de l’art de Jean- liette Binoche et William Hurt sont Claude Zidi (France, 1988, 0.20 Boxe hebdo. du Concertgebouw. son. ports amoureux. parfaits. 90 min) &. Cinéstar 1 1.20 Football. Derby County - West Ham. 22.35 Les Rendez-vous du soir (suite).

MARDI 7 NOVEMBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 20.00 Les Souvenirs 21.00 Soirée Penderecki. 14.10 Mon oncle d’Amérique aa LA CINQUIÈME/ARTE de l’horloger. Planète Penderecki dirige Chostakovitch. Alain Resnais (France, 1980, TÉLÉVISION Par le Sinfonietta Cracovia, 125 min) &. Cinétoile 20.00 Inde, naissance d’une nation. 20.45 et 1.00 Le Club LCI. LCI dir. Krzysztof Penderecki. 16.20 Poussière d’ange aa 13.45 Le Journal de la santé. [10/10]. L’avenir. Odyssée 21.35 Penderecki dirige Penderecki. TF 1 14.05 100 % question. 21.00 1914 - 1945, de Sarajevo o Edouard Niermans (France, 1987, 20.15 360 , le reportage GEO. Avec Tabea Zimmermann, alto ; 95 min) %. Ciné Cinémas 2 14.35 La Cinquième rencontre... à Auschwitz. Forum [2/4]. Au-delà des limites du corps. Mariusz Pedzialek, hautbois ; 15.45 Les Dessous de Palm Beach. 16.00 Le Cadre dans tous ses états. 22.00 Quand on est seul Plongée en apnée, Irena Grafenauer, flûte. Muzzik la recherche des abysses. Arte 16.35 7 à la maison. 16.30 Les Ecrans du savoir. 21.30 Robert Schumann. Avec Wilhelm face à soi-même. Forum 20.40 La Vie en face. 17.30 Sunset Beach. 17.25 100 % question 2e génération. 23.00 Israël, les dangers Terminus Manhattan. Kempff, piano. Par l’Orchestre 18.20 Exclusif. La vie à la gare de Grand Central. Arte symphonique de la Radio bavaroise, 17.55 Mise au point. intérieurs. Forum 18.58 Etre heureux comme... 18.30 Le Monde des animaux. 21.00 Abraham Lincoln. dir. Rafael Kubelik. Mezzo 19.00 Le Bigdil. [1/2]. Histoire 22.35 « Sonate pour alto et piano », 19.00 Archimède. MAGAZINES 20.00 Journal, Météo. 21.05 Les Grands Fleuves. de Brahms. Avec Agathe Blondel, 19.45 Météo, Arte info. Le Mississippi. TV 5 20.55 La Totale a 20.15 360o, le reportage GEO. alto ; Irène Blondel, piano. Mezzo Film. Claude Zidi. 14.35 La Cinquième rencontre... 21.40 Maudite soit la guerre. Planète Au-delà des limites du corps [2/4]. Justice - Société : Quand le sport 23.15 « Pelléas et Mélisande ». 22.38 Le Temps d’un tournage. 20.40 La Vie en face. et la philosophie se mêlent. 21.41 Thema. Opéra de Debussy. Mise en scène Y a-t-il un génie mathématique ? 22.40 Ciel mon mardi ! Terminus Manhattan, la vie à la Invités : Jean-Luc Rouger ; de Pierre Strosser. Par l’Orchestre gare de Grand Central. Isabelle Giordano. La Cinquième La Bosse des maths. et le Chœur de l’Opéra de Lyon, 1.00 Les Rendez-vous de l’entreprise. Le Dernier Théorème de Fermat. dir. John Eliot Gardiner. Mezzo 21.40 Thema. Ouverture : 15.20 Lucy, Ramsès et Cie. Histoire Garry Kasparov, 23.20 Christoph Schweizer. FRANCE 2 Y a-t-il un génie mathématique ? 16.30 Les Ecrans du savoir. le joueur d’échecs. Arte 21.41 La Bosse des maths. Par l’Ensemble Normal Garden 22.35 Le Dernier Théorème de Fermat. L’écho du siècle : Public enfantin : 21.50 Roland Barthes. [4/4]. Histoire en 1998. Muzzik 15.40 Tiercé. éducation ou hypnose. 23.25 Garry Kasparov, 22.25 La Quête du futur. 15.50 La Chance aux chansons. le joueur d’échecs. Vers l’autre rive [8/13] : [18/22]. Le plein d’énergie. Planète La mosquée. La Cinquième TÉLÉFILMS 16.45 Des chiffres et des lettres. 0.20 Ronde de flics à Pékin aa 22.30 Des crèches, 18.00 La Tentation de Vénus aa 17.10 et 23.05 Un livre. Film. Ning Ying (v.o.). 16.35 90 minutes. pour quoi faire ? Festival Paris sous la loi du silence. 20.55 Meurtre sur le Rio Grande. Istvan Szabo. Avec Glenn Close, 17.15 Qui est qui ? 22.45 Passions d’enfants. Niels Arestrup (GB, 1990, v.o., Les réseaux pédophiles. Instinct de survie. %. France 3 17.55 70’s Show. M6 Algérie : La grande manip. Canal + Lucumi, le rumbero de Cuba. Canal J 115 min) &. Ciné Cinémas 1 21.20 Un pique-nique chez Osiris. 18.25 JAG. 17.00 Les Lumières du music-hall. 22.55 Oliver North. Nina Companeez [1/2]. RTBF 1 18.35 Starship Troopers aa 13.35 Le Choix d’une mère. Colette Renard. Un candidat idéal. Planète Paul Verhoeven (Etats-Unis, 1997, 19.15 Mardi, c’est Julie. Téléfilm. Joan Micklin Silver. &. 22.30 Le Roi du kickboxing 2. 125 min) ?. Cinéfaz Maxime le Forestier. Paris Première 23.40 L’Egypte. [1/5]. Lucas Lowe. RTL 9 19.50 Un gars, une fille. 15.20 The Practice. Les rois et le chaos. Odyssée 18.15 et 23.45 Procès Barbie. Histoire 22.35 Rage. Joseph Merhi. ?. M6 20.30 Le Dernier Round aa 20.00 Journal, Météo. 16.05 M comme musique. 0.20 La Case de l’oncle Doc. Buster Keaton (EU, muet, 1926, 18.30 L’Invité de PLS. LCI 23.30 Une petite fille particulière. 20.50 Lancelot a 17.45 Kid et compagnie. Dire l’indicible. N., v.o., 80 min) &. Ciné Classics Film. Jerry Zucker. &. La quête d’Elie Wiesel. France 3 Jean - Pierre Prévost. Festival 18.30 Dharma & Greg. 18.50 Nulle part ailleurs. 23.10 Fous d’humour. Jean Yanne ; JJ72. Canal + 0.55 Danger réel. 19.00 Charmed. ème 1.05 Journal, Météo 2. 19.00 Archimède. Les forces du mal, sorcières. 13 RUE SÉRIES 19.54 Le Six minutes, Météo. Voir : Moisissure. Pourquoi : Le vent. 1.25 Ciné-club. 20.05 Notre belle famille. Cycle Vittorio Gassman. Expérience : Contamination. Sciences SPORTS EN DIRECT 18.20 Les Simpson. 20.40 E = M 6 découverte. animées : Epaisseur. Portrait : Les Monstres aa Le pire du Soleil Levant. &. Canal + Film. Dino Risi (v.o.). 20.50 La vie est un long fleuve Georges Bram. Application : 19.00 Charmed. Une momie numérique. 20.40 Football. Ligue des champions tranquille a Livre : « Victor de l’Aveyron ». Arte (1re phase, 6e journée) Groupe D : De l’amour à la haine. &. M6 FRANCE 3 Film. Etienne Chatiliez &. 19.00 La Quotidienne. Glasgow Rangers - 19.55 21, Jump Street. 22.35 Rage. Monaco. Canal + vert ème Un jour, un thème : Pères et fils. 13 RUE 14.58 Questions au gouvernement. Téléfilm. Joseph Merhi ?. mon travail, mon argent. Téva 20.45 Football. Ligue des champions 20.30 Chérie, j’ai rétréci les gosses. 16.05 Les Pieds sur l’herbe. 0.20 Two. re e 19.15 Mardi, c’est Julie. France 2 (1 phase, 6 journée) Groupe C : Chérie, les enfants 16.35 MNK. Lyon -Olympiakos. Canal + sont jaloux. Disney Channel 19.30 et 0.45 Rive droite, 17.35 A toi l’actu@. 21.00 Boxe. Poids super-plumes : 20.40 Le Visiteur. rive gauche. Paris Première Pedro Miranda Rosales - La capture. &. Série Club 17.50 C’est pas sorcier. RADIO 19.55 et 23.55 TV 5 l’Invité. TV 5 Jérôme Serrano. Eurosport 20.45 Invasion planète Terre. 18.15 Un livre, un jour. ème 18.20 Questions pour un champion. 21.00 Le Gai Savoir. Résurrection. &. 13 RUE FRANCE-CULTURE La France et les Français. MUSIQUE 21.35 Friends. The One With Jœy’s 18.50 Le 19-20 de l’info, Météo. Invités : Raymond Barre ; Porsche (v.o.). &. Canal Jimmy 20.50 La vie est un long fleuve 20.10 Tout le sport. 19.30 In vivo. Gilles de Robien ; 18.30 Leonard Bernstein. Songfest. 22.00 It’s Like, You Know... 20.20 C’est mon choix... ce soir. L’atome. [1/4]. Thierry Desjardins. Paris Première tranquille a Avec Clamma Dale, soprano ; Usurpation (v.o.). &. Canal Jimmy Etienne Chatiliez. 20.55 Meurtre sur le Rio Grande : 20.30 Fiction. 23.00 Les Dossiers de l’Histoire. Rosalind Elias, mezzo-soprano ; 22.20 Twin Peaks. Avec André Wilms, Instinct de survie. L’oreille interne, d’Alice Massat. Les grandes erreurs de l’histoire [3/3]. o ème Episode n 5 (v.o.). %. 13 RUE Christine Pignet (France, 1988, Téléfilm. Robert Iscove %. 22.12 Multipistes. L’erreur cambodgienne. France 3 Nancy Williams, alto ; Neil Rosenshein, 22.30 Ally McBeal. 105 min) &. M6 22.30 Météo, Soir 3. 22.30 Surpris par la nuit. 0.10 LCA, la culture aussi. LCI ténor ; John Reerdon, baryton ; Donald Cro-Magnon (v.o.). &. Téva 20.50 Les Habitants aa On croit qu’on en est sorti. Gramm, basse. 22.55 Sex and the City. Alex Van Warmerdam (Pays-Bas, 1992, 23.00 Les Dossiers de l’Histoire. 0.05 Du jour au lendemain. DOCUMENTAIRES Par l’Orchestre symphonique Where There’s Smoke (v.o.). %. Téva v.o., 105 min) &. Cinéfaz Les grandes erreurs de l’histoire [3/3]. Pierre Bayard (Comment améliorer de la Radio bavaroise, 23.20 Dharma & Greg. 21.00 La Leçon de piano aaa L’erreur cambodgienne. les œuvres ratées). 23.55 Texto. 18.30 Le Monde des animaux. dir. Leonard Bernstein. Mezzo L’ex de Dharma (v.o.). &. Jane Campion (Fr. - Austr., 1992, v.o., 120 min) %. Ciné Cinémas 3 La Grenouille - poisson 20.20 « Andante cantabile », Echanges standards (v.o.). &. Téva 0.20 La Case de l’oncle Doc. FRANCE-MUSIQUES Dire l’indicible, la quête d’Elie Wiesel. du Panama. [11/13]. La Cinquième du Quatuor à cordes no 1 23.25 Taxi. 21.50 Simon du désert aa Luis Bunuel (Mexique, 1965, N., 19.07 A côté de la plaque. 18.30 L’Actors Studio. de Tchaïkovski. Par l’Orchestre Alex’s Romance (v.o.). Série Club v.o., 45 min) &. Ciné Classics CANAL + Harvey Keitel. Paris Première philharmonique de New York, 23.45 The Practice. 20.00 Un mardi idéal. Concert. 22.15 Monsieur Smith au Sénat aa Avec Florent Jodelet, percussionniste ; 19.00 L’Egypte. Voyage dir. Leonard Bernstein. Mezzo Les mains sales (v.o.). Série Club Frank Capra (Etats-Unis, 1939, 13.45 Le Secret des clichés. Fazil Say, pianiste ; Olivier Baumont, N., 100 min) &. TV 5 Téléfilm. Stephen Poliakoff %. claveciniste. 22.15 Harry dans tous ses états aa 15.50 2267, ultime croisade. 22.30 Jazz, suivez le thème. Anthropology. Woody Allen (Etats-Unis, 1997, 16.35 90 minutes. 23.00 Le Conversatoire. v.o., 95 min) &. Ciné Cinémas 1 f En clair jusqu’à 20.45 0.00 Tapage nocturne. 22.30 Le Don du roi aa 18.20 Les Simpson. Michael Hoffman (Etats-Unis, 1995, 18.50 Nulle part ailleurs. 115 min) &. Cinéstar 1 RADIO CLASSIQUE VOYAGE RADIO CLASSIQUE M6 20.15 Football. Ligue des Champions : 22.35 Robocop aa Lyon - Olympiakos. 18.30 L’Actualité musicale. 19.00 L’Expédition d’Egypte 20.40 Musique 20.50 La vie est un long Paul Verhoeven (Etats-Unis, 1987, 22.45 Les autres rencontres. 20.40 Les Rendez-vous du soir. Le 19 mai 1798, une flotte de trois à la Maison Blanche fleuve tranquille a 100 min) ?. Cinéfaz 23.30 Seinfeld. Musique à la Maison Blanche, cents navires emportant à leur La tradition s’est maintenue à On est Le Quesnoy ou Groseille, 23.50 The Gingerbread Man aa 0.00 Beloved. la musique du New Deal. Robert Altman (Etats-Unis, 1998, Film. Jonathan Demme (v.o.) ?. 22.53 Les Rendez-vous du soir (suite). bord trente-deux mille hommes Washington, depuis que Thomas ou les autres le sont, depuis ce pre- 110 min) %. Ciné Cinémas 1 débarque près d’Alexandrie. Des Jefferson, amateur de concertos mier film d’Etienne Chatiliez, venu 0.00 Les Griffes jaunes aa savants et des artistes comme pour violon des maîtres italiens de de la réalisation de spots publici- John Huston (Etats-Unis, 1942, N., SIGNIFICATION DES SYMBOLES v.o., 95 min) &. Cinétoile Monge, Berthollet, Vivant Denon la Renaissance, décida d’en offrir à taires. Cet affrontement tragico- 0.15 Les Frissons de l’angoisse aa Les codes du CSA Les cotes des films en font partie. L’expédition mon- ses invités. Les plus grands artistes comique entre deux familles de Dario Argento (Italie, 1975, & Tous publics a On peut voir tée par Bonaparte se solda par un (de Casals à Heifetz) mais aussi des Bapaume (Nord, région dont est v.o., 125 min) !. Cinéfaz % Accord parental souhaitable aa A ne pas manquer 0.20 Ronde de flics à Pékin aa ? aaa retrait négocié avec les Anglais danseurs et des chanteurs plus fol- issu Chatiliez) remarquablement Accord parental indispensable Chef-d’œuvre ou classique Ning Ying (Chine, 1995, v.o., ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + mais marqua aussi les débuts de kloriques, selon le goût des pré- interprété, vaut aussi par son scé- 95 min). Arte ! Public adulte DD Dernière diffusion l’égyptologie moderne. Un docu- sidents américains et de leurs nario astucieux, co-écrit par le ci- 1.25 Cela s’appelle l’aurore aa Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour Luis Bunuel (France, 1955, # mentaire très vivant. épouses, s’y produisent. néaste et Florence Quentin. N., 100 min) &. Ciné Classics Interdit aux moins de 18 ans les sourds et les malentendants LeMonde Job: WMQ0711--0044-0 WAS LMQ0711-44 Op.: XX Rev.: 06-11-00 T.: 11:09 S.: 111,06-Cmp.:06,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0414 Lcp: 700 CMYK

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MARDI 7 NOVEMBRE 2000 La tempête annoncée par Météo France Je crains, donc je suis ! par Pierre Georges a été moins puissante que prévu AU NOM du principe de pré- crains, donc je suis ! Admirable caution, ne lisez pas cette chro- proposition ! Avoir peur de tout, nique ! On ne saurait vous la ga- puisque rien n’est plus pareil. Ni Inquiétude pour l’équipage d’un voilier coulé au large de la Bretagne rantir « indemne » ou immune. le temps, ni la bouffe, ni l’air, ni Indemne de quoi ? Indemne de l’eau, ni l’avenir, ni le lendemain, UN VOILIER ANGLAIS avec de vent n’a pas provoqué de 965 hectopascals, mais la pression été abondantes, notamment à La tout. De prions orthographiques. ni le travail, ni la famille, ni la pa- dix-huit personnes à bord a coulé grands dommages. la plus basse observée a été de Rochelle (Charente-Maritime) où D’erreurs factuelles. D’emporte- trie, ni le mariage, ni les enfants, lundi 6 novembre au large de la « Objectivement, la tempête de ce 970 hpa. elles ont atteint 37 millimètres, ments contagieux. De faiblesses ni l’état, ni le civisme, ni la police, Bretagne. Son équipage a pu se ré- week-end n’a pas été plus puissante Météo France, a qui l’on avait soit la moitié de la moyenne men- coupables. De considérations oi- mais que fait la police, ni l’éduca- fugier sur les canots de sauvetage, que celle de la semaine dernière », reproché en décembre 1999 de suelle, et où le coup de vent est seuses. L’on en passe et de pires. tion, ni le sexe, ni le Concorde, ni et les secours étaient en route lun- reconnaît Michel Daloz, ingénieur n’avoir pas su prévoir la force considéré comme « une tempête Ne lisez plus ! C’est mauvais le service public, ni le cinéma, ni di matin dans des conditions diffi- prévisionniste à Météo France, réelle des vents, a-t-elle cette fois d’automne normale ». Il est tombé pour la vue. Ne mangez plus ! la musique, ni la courtoisie, ni la ciles. Le Creightons-Naturally, un pour qui néanmoins « le bulletin surestimé la tempête ? « On reste 77 mm de pluie durant la nuit de C’est pas bon pour la santé. Ne politesse. voilier de 80 pieds (près de 27 m) a d’alerte était justifié, même si les dans les fourchettes d’imprécisions dimanche à lundi à Nice (Alpes- vous informez plus ! C’est débili- Rien n’est sûr, sauf le pire. Et le quitté Plymouth (Grande-Bre- vents ont été moins forts que prévu en météorologie », répond Michel Maritimes), 42 mm à Toulon (Var) tant pour le moral. Les chroni- pire est à portée constante de tagne) vendredi 3 novembre mal- sur le nord du pays ». Météo France Daloz. De fait, le coup de vent n’a et 52 mm à Aubenas (Ardèche). queurs sont nourris aux farines chacun, de chacune. Le pire est gré l’avis de coup de vent et a ac- prévoyait dimanche matin une pas été totalement anodin : des ra- L’électricité a été coupée quel- de l’Apocalypse. Tout va mal, devant nous, jamais plus der- tionné sa balise de détresse lundi tempête « plus forte et plus éten- fales ont été enregistrées à 133 km/ ques heures dimanche sur l’île plus mal que mal ! Les chimi- rière. Le pire, partout embusqué, vers 8 h 30, très au large de la Bre- due » que celle du 30 octobre, h à Belle-Île (Morbihan), à 126 km/ d’Ouessant, la marine nationale quiers coulent. La tempête rôde. sur l’évier, dans le frigo, dans la tagne, à 180 miles des côtes (plus « sans toutefois atteindre la violence h à Biscarosse (Landes) et à ayant dû dépêcher un technicien La mort fait de la promotion en rue, la plaine, les champs et les de 300 km). et le vitesse de déplacement des évé- 130 km/h au Cap-Ferret, en Gi- d’EDF par hélicoptère. Le maire de bout de gondoles. Internet rend bois, les océans et les cieux, est à Le voilier a coulé pour des rai- nements de décembre 1999 ». Les ronde, où la production d’électrici- l’île a déploré qu’EDF n’ait plus idiot. La télé rend sourd. L’école venir. Toujours et constamment. sons inconnues, tout l’équipage a vents attendus dès l’après-midi de té de la centrale nucléaire du qu’un agent d’astreinte sur l’île vous fait analphabète. Et l’amour Comment allez-vous ? De mal en embarqué sur les radeaux de sur- dimanche devaient atteindre 120 à Blayais a été interrompue de façon contre trois auparavant. tue. pis ! Et cela ne va pas s’arranger. vie. Un cargo, le Wismark-Gloria, 140 km/h sur les côtes et 100 à préventive dimanche à 13 h 00. La fin d’alerte a été annoncée Nous avons avec l’époque des Vivre, c’est à peine survivre. Pas- s’est dérouté pour le secourir, un 120 km/h dans l’intérieur du pays. Des bâtiments de deux des quatre lundi à 7 heures pour la Bretagne, rapports amoureux exquis. As-tu ser frileusement entre les gouttes avion Breguet-Atlantique et un réacteurs de la centrale avaient été la Normandie, le Nord-Pas-de-Ca- bien pris, chéri, tous tes principes et les risques, échapper mira- hélicoptère Super-Frelon de la ma- FOURCHETTE D’IMPRÉCISION inondés le 27 décembre 1999. lais, la Picardie et l’Ile-de-France. de précaution ? Vive la côte de culeusement à une salmonellose rine nationale ont aussitôt décollé En fait, le nord de la France, pla- Dans l’intérieur du pays, des Paris n’a connu que quelques ra- bœuf sans côte ! Et sans bœuf, fulgurante pour braver une légio- pour repérer et hélitreuiller l’équi- cé sur la trajectoire de la dépres- pointes à 105 km/h ont été enregis- fales atteignant 60 à 70 km/h di- d’ailleurs. Le tabac sans tabac. La nellose terrifiante. page. « Mais il fait un temps de co- sion, s’est retrouvé dans « l’œil du trées à Clermont Ferrand (Puy-de- manche. En revanche, l’alerte était route après testament. La voiture Vivre, c’est déjà survivre, en ce chon, peste un officier chargé des cyclone », une zone relativement Dôme), à 110 km/h à Saint-Yan maintenue jusqu’à lundi 18 heures à quadruple airbag. L’air sans concours psychotique, alimenté secours. Il y a des creux de 8 à calme par définition, la dépression (Saône-et-Loire), à 140 km/h au pour le centre et l’est de la France. particules. La couche d’ozone autant par la réalité, hélas, que 9 mètres, il faut vraiment être fou ayant évolué « plus au sud que pré- mont Saint-Vincent en Bourgogne pleine d’ozone. Vive les pneus par la grande machine à peurs. pour partir dans des conditions pa- vu », indique Michel Daloz. On at- et à 180 km/h aux Ménuires (Sa- Hervé Morin pluie pour la pluie, neige pour la Ce que les plus grands scienti- reilles. » Ailleurs en France, le coup tendait une valeur minimale de voie). Les précipitations ont aussi avec nos correspondants neige, sec pour le sec. Vive la na- fiques ne savent pas toujours vigation à voile sans tempête trancher, les docteurs Knock de dans les voiles. Vive le nucléaire l’apocalypse quotidienne l’an- sans atomes et le solaire sans UV. noncent gaiement : tout vivant, Vive la vie des audaces molleton- bien vivant, est désormais un neuses ! Ceinture et bretelles, pa- mortel qui s’ignore. Un sursitaire rachute dorsal et ventral, sécurité à peine sursitaire, un précaution- devant, sécurité derrière. neux qui ne prend jamais trop de Vive la vie, en somme, conçue précautions, un jeune vieux comme une assurance tous avant l’âge et malade avant risques et tous temps. La vie de l’heure. Ah ! zut, résistance ! Ce tous les dangers, permanents, midi, en compagnie d’un hé- constants et sans cesse évités. roïque et brave compagnon, on Comme si vivre, cela pouvait être va aller au bout du courage et de désormais le simple et per- l’insensé : côte de bœuf et « Viva manent art d’échapper au pire. Je la muerte ! ». Nouvelle intervention de la BCE pour soutenir l’euro

LA BANQUE centrale euro- rale américaine et de la Banque du péenne (BCE) est à nouveau inter- Japon. Pour certains opérateurs, venue sur le marché des changes, cet isolement expliquerait le lundi 6 novembre, en début de ma- manque d’efficacité des interven- tinée, pour soutenir l’euro. La tions. monnaie unique s’est hissée au- dessus du seuil de 0,87 dollar, jus- IMPORTANTES FLUCTUATIONS qu’à 0,8726 dollar, avant de se re- Haruhiko Kuroda, le vice-mi- plier légèrement. « Nous pouvons nistre japonais des finances chargé confirmer que nous intervenons à des affaires internationales, a dé- nouveau sur le marché. Cela est claré, lundi, qu’il partageait les conforme à notre déclaration du preoccupations du G7 à propos de 3 novembre et au communiqué de la faiblesse de l’euro. « Nous conti- septembre du Groupe des Sept », a nuerons à suivre avec attention indiqué un porte-parole de la BCE. l’évolution du marché des changes et La banque centrale, qui était dé- nous coopérerons si nécessaire », a- jà intervenue à deux reprises, ven- t-il précisé. Vendredi, le secrétaire dredi 3 novembre, sans grand suc- américain au Trésor Lawrence cès, avait alors justifié son geste Summers avait indiqué que les par « son inquiétude concernant les Etats-Unis partageaient « les in- répercussions internes et externes du quiétudes exprimées par la BCE taux de change de l’euro, y compris quant aux conséquences des impor- son impact sur la stabilité des prix. tantes fluctuations de l’euro pour La BCE confirme son point de vue l’économie mondiale ». que la valeur externe de l’euro ne re- Lundi matin, un porte-parole du flète pas les conditions favorables de ministère allemand des finances, la zone euro », avait-elle indiqué interrogé par l’agence Reuters, dans son communiqué. tout en refusant de commenter L’action déclenchée lundi par la l’opération de la BCE, a déclaré BCE, à laquelle toutes les banques qu’un euro fort était « dans l’inté- centrales des pays membres de la rêt » de l’Allemagne. zone euro ont pris part, a été réali- sée sans l’aide de la Réserve fédé- Cécile Prudhomme

DÉPÊCHES a BÉZIERS : la droite serait largement en tête du premier tour des élections municipales à Béziers (Hérault), le PCF devançant légèrement le PS, selon un sondage IFOP réalisé par téléphone du 24 au 25 octobre sur un échantillon de 601 personnes, et publié dans le Journal du Dimanche du 5 novembre. Une liste UDF-RPR-DL conduite par le maire sortant, Raymond Couderc (UDF), obtiendrait 43 % des suffrages. A gauche, une liste conduite par le ministre des transports, Jean-Claude Gayssot (PCF), recueillerait 23 % des voix, contre 21 % au socialiste Alain Barrau. a NIGERIA : au moins 200 personnes ont trouvé la mort dans un accident de la route dans le sud du Nigeria après qu’un camion ci- terne a percuté plusieurs véhicules avant de s’enflammer, a-t-on ap- pris, lundi, de source policière. – (AFP) a IMMIGRATION : l’Allemagne va avoir besoin d’au moins 200 000 immigrés par an, selon Klaus Zimmermann, le président de l’un des six principaux instituts allemands de conjoncture, le DIW, cité par le quotidien Berliner Zeitung du lundi 6 novembre. « Même avec un solde net des entrées à 200 000 par an, la population active allemande va diminuer d’environ 3 millions de personnes d’ici à 2020 », a-t-il affirmé, ajoutant qu’il sera, en conséquence, nécessaire de reculer l’âge de la retraite, d’avancer l’âge de l’entrée dans la vie active. Dans le même temps, les en- treprises devront abaisser leurs prétentions en matière de formation.

Tirage du Monde daté dimanche 5 - lundi 6 novembre 2000 : 581 504 exemplaires.1 - 3 MARDI 7 NOVEMBRE 2000

EUROPE BOUSSOLE LES RENDEZ-VOUS DE L’EMPLOI ET DU MANAGEMENT Michaele Schreyer, La Slovaquie emprunte à tâtons b L’augmentation du volume de travail réalisé en intérim la commissaire au « sa » troisième voie. Les exportations 21 % durant le premier semestre 2000 par rapport à 1999. Les entreprises budget, appartient du pays, devenu le trentième membre de travail temporaire vantent leur contribution aux Verts allemands. de l’OCDE fin septembre, sont en positive à l’emploi et souhaitent convaincre Antinucléaire hausse de 22 % Croissance du PIB les pouvoirs publics d’assouplir les réglementations et critique à l’égard au premier slovaque en % 6,6 de leur secteur (page IX) d’une politique semestre 2000 2 b Albert Rosse a lancé l’association Déclics, qui salarie OFFRES D’EMPLOIS agricole commune jugée trop par rapport de jeunes artistes au SMIC pendant cinq ans (page X) De la page XII productiviste, elle fait toutefois passer à l’an dernier – 6,5 b L’Allemagne ne taxera pas Internet à la page XXXII (page V) la rigueur avant ses convictions 1992 1996 2000 au bureau (page XI) idéologiques (page IV)

Les avancées de la recherche annoncent un âge La génomique, « nouvelle d’or pour l’industrie pharmaceutique et attirent les investisseurs économie » de la santé u cœur de l’été 2000, alors 506 milliards en 2004. Les années employeurs, le prix élevé des Un marché dopé par l’espoir des profits que les valeurs Internet 2005 à 2025 seront, estime Fred Has- futurs médicaments, et surtout le continuaient la chute enta- san, directeur du laboratoire améri- risque de création de positions ÉVOLUTION DE LA DIRD* PAR BRANCHES Amée en avril, 28 sociétés cain Pharmacia & Upjohn, « l’âge dominantes construites sur la pro- EN FRANCE de biotechnologies axées sur la d’or de l’industrie pharmaceutique » priété de brevets. base 100 en 1974 en volume recherche médicale sont entrées en (Le Monde du 21 octobre 1999) . La déclaration sur le génome 550 INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE 500 Bourse aux Etats-Unis, levant Mais les incertitudes sont encore humain et les droits de l’homme, 450 2,2 milliards de dollars. En Europe, énormes. Le fonctionnement du adoptée au printemps 1998 par l’Or- 400 ENSEMBLE on dénombrait à la même période génome humain s’avère plus com- ganisation des Nations unies, assimi- avec 350 électronique, 9 entrées en Bourse. plexe que prévu. Les échecs répétés le le génome à un patrimoine com- 300 automobile, Au premier semestre 2000, les d’essais thérapeutiques expliquent mun de l’humanité ; la directive 250 aérospatial ENTREPRISES fonds levés aux Etats-Unis par ce les doutes régulièrement exprimés européenne de juillet 1998, tout 200 DE BIOTECHNOLOGIE type de sociétés représentaient, sur les promesses de la génomi- comme la décision Clinton-Blair 150 EN EUROPE 100 selon le cabinet Bain, 15 milliards de que ; ils expliquent surtout les énor- (mars 2000) reprise par le sommet en milliards d’euros dollars. Si les investisseurs, déçus mes efforts consentis par l’indus- du G 8 en juin dernier, interdit le bre- 197477 80 83 86 89 92 95 97 1997 1999 par les valeurs Internet, se reportent trie et les Etats pour financer la vetage des séquences de gènes. Ces * Dépense CHIFFRE vers celles des biotechnologies, recherche. Les géants de la pharma- initiatives réduisent les domaines intérieure 2,32 5,4 en recherche et D’AFFAIRES alors que celles-ci, pas plus que les cie, nés des fusions de ces cinq der- dans lesquels l’industrie pourra tirer développement DÉPENSES premières, n’affichent de résultats nières années, ont doublé leur capa- profit de ses investissements. Mais R & D* 2,03 3,2 financiers positifs, c’est parce que le cité de recherche depuis 1994. de nombreuses ambiguïtés demeu- moment où nombre d’entre elles Les incertitudes ne sont pas seu- rent, qui contraindront les législa- CAPITALISATION 10,7 17,8 vont pouvoir annoncer la mise sur le lement scientifiques. Des organisa- teurs et la jurisprudence à prendre BOURSIÈRE (1998) marché de nouveaux médicaments tions de la société civile, telles que plus clairement position. Selon l’en- semble proche. Les prémices d’une The Council for Responsible Gene- droit où passera la limite entre nouvelle « nouvelle économie », tics, créé en 1983 aux Etats-Unis, domaine public et domaine privé, la *Recherche et que l’on pourrait baptiser « g (pour ou encore The Genetics Forum, en configuration de l’industrie issue de développement gène)-business » apparaissent. Grande-Bretagne, contestent l’uti- la génomique sera différente. Depuis la découverte de l’exis- lisation de tests génétiques par les tence de l’ADN en 1953, les progrès compagnies d’assurances ou les Antoine Reverchon de la recherche en génomique sont sur le point d’aboutir à une révolu- tion médicale équivalente au che- min qui a mené Louis Pasteur, il y a cent quinze ans, de la découverte du fonctionnement microbien à l’inven- tion de la vaccination. Aujourd’hui, 50 % des médica- ments en attente d’autorisation de mise sur le marché aux Etats-Unis sont issus de la génomique, comme le sont les 300 molécules (principes actifs de médicaments) en dernière phase d’essais dans les laboratoires. D’ici à 2004, 80 à 90 % des « cibles thérapeutiques », c’est-à-dire des cibles soumises à l’action de molécu- les au cours des essais préalables à la mise sur le marché, seront déter- minées par l’analyse génomique, contre 20 % aujourd’hui. Le géant pharmaceutique Novartis va inaugu- rer à Huningue, en Alsace, sa premiè- NOUVELLES MOLÉCULES re usine de production à grande EN DERNIÈRE PHASE échelle de nouveaux médicaments DE DÉVELOPPEMENT génomiques : elle fonctionnera en 2001. Une révolution qui vient à point pour l’industrie du médicament : 240 50 % des produits qui constituent aujourd’hui ses meilleures ventes mondiales seront tombés dans le domaine public d’ici à 2005 ! Pro- Dont 60 GRANDE- duire de nouveaux médicaments, BRETAGNE trouver de nouvelles applications 11 aux anciens, réduire considérable- ment les coûts de développement de nouvelles molécules, grâce à un E Dont IS P N O FRANCE meilleur « ciblage » des essais clini- -U R S U T E ques, constitue une manne pour le A 4 T É marché mondial du médicament, qui devrait déjà passer de 337,2 mil- Infographie : Le Monde - Sources : ministère de l’éducation, Ernst & Young liards de dollars aujourd’hui à II / LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 DOSSIER ̄ BIOTECHNOLOGIES Les géants de l’industrie pharmaceutique Questions-réponses cherchent à capter la créativité des start-up

Quelles ont été l’action du médicament, mais es souris obèses et nour- dont la petite taille et la flexibilité sociétés, en prenant bien soin de les différentes étapes qui peut être différente selon le ries au régime « cafété- Les nouveaux venus encouragent l’innovation. Une fois ne pas étouffer leur génie et en 1 de la recherche profil génétique du patient, la ria » (gras et sucré) mai- les produits découverts, elles les leur offrant les moyens de leur en génomique ? physiologie de sa maladie, son Dgrissent déjà, en labora- sur le marché auront confieront aux majors pharmaceu- développement. En 1953, à Cambridge, les cher- environnement. Le médicament toire, grâce à l’injection de tiques qui disposent d’une force de cheurs britanniques Watson, pourra agir sur une (des) protéi- Famoxin, une protéine naturelle du mal à damer le frappe commerciale inégalée. COHABITATION Crick et Witkins découvrent ne(s) afin d’en stimuler l’effet permettant l’oxydation des grais- Mais ce scénario est jugé guère Le 23 octobre 2000, le groupe l’existence et la structure hélicoï- positif ou en bloquer l’effet ses dans les muscles. Un homme, pion aux laboratoires probable par André Pernet, PDG pharmaceutique danois Novo Nor- dale de l’acide désoxyribonucléi- négatif sur la santé humaine. soumis à la même cure, devrait per- de Genset, qui observe que « l’in- disk a par exemple décidé de trans- que (ADN) au sein des cellules Cette logique pourrait condui- dre 3 kilogrammes par mois. Les traditionnels dustrie pharmaceutique investit cha- former sa filiale américaine Zymo- vivantes. En 1957 est mis en évi- re, à terme, à une prescription essais cliniques de la Famoxin qui que année des sommes considéra- Genetics en une société indépen- dence le rôle des acides ribonu- « sur mesure » pour un groupe débuteront dans quelques mois, meilleur antiprotéase du marché. bles dans une recherche intégrant la dante. Non seulement son action a cléiques (ARN), qui permettent de patients caractéristiques, voi- en France, permettront de détermi- La direction décide de vendre le pro- chimie combinatoire, le criblage à grimpé, mais l’opération a permis la traduction des gènes dans les re pour chaque individu. C’est ner l’intérêt réel de cette protéine duit en direct… et voit son cours s’ef- haut débit, la cristallographie ; elle de faire entrer un nouveau partenai- cellules, sous forme de protéi- cette voie qui va mener aux pro- sur des malades atteints d’obésité. fondrer en Bourse. Toutes les res- recrute les mêmes chercheurs que re qui apporte 150 millions de dol- nes, constituants fondamentaux chaines mises sur le marché Pour Genset, qui a découvert la sources de la start-up sont passées les start-up ». lars de capitaux afin d’accélérer ses des cellules. En 1966 est démon- d’un nombre croissant de nou- molécule à partir de l’analyse du dans la mise sur pied d’une force de Non contents de continuer leurs programmes de développement de tré que l’ADN porte le code veaux médicaments, et a permis gène de l’obésité, 2001 sera l’épreu- vente, au détriment de sa capacité à propres efforts de recherche, les nouvelles protéines thérapeutiques. génétique de chaque individu et l’apparition de médicaments ve de vérité. La petite start-up fran- développer de nouveaux produits. grands laboratoires s’efforcent de Vingt ans après la naissance des le transmet héréditairement. tels que l’insuline humaine (dia- çaise, née il y a à peine plus de dix L’an dernier, Agouron a été racheté capter à leur profit la créativité des start-up de biotechnologies, une En 1990 est lancé officielle- bète), l’EPO (leucémie), l’AZT ans, a décidé d’entrer sur le mar- par l’américain Warner-Lambert. start-up. Dans un premier temps, cohabitation inévitable semble ment le décryptage du génome (sida). ché du médicament. Son PDG-fon- L’histoire récente pourrait ainsi ils s’étaient fait fort de racheter ces s’être imposée. « C’est une question humain, c’est-à-dire la descrip- Bien entendu, de telles théra- dateur, Pascal Brandys, s’est retiré donner raison à George Post, de sociétés et leur savoir-faire. Mais de partage des risques, souligne tion systématique de l’informa- pies ne pourront pas guérir « le de l’affaire et un ancien d’Abott, SmithKline-Beecham, ou à Peter une fois absorbées par de grands Oscar Mendoza-Vega, analyste tion génétique contenue dans le cancer » en général, mais chacu- après vingt-six ans de carrière chez Meanrose, de Bristol Meyers groupes, il est apparu que le dyna- chez Cap Gemini Ernst & Young. noyau d’une cellule. Le 26 juin ne d’entre elles pourra guérir le pharmacien américain, a été Squibb. Ces responsables de la misme des start-up se tarissait. Les start-up vont aller plus loin dans 2000 est publié le « premier telle forme de cancer dans telles appelé aux commandes de la socié- recherche des deux grands labora- L’industrie adopte désormais une l’établissement des preuves de l’acti- brouillon » du génome humain circonstances. L’extension de té cet été. La petite grenouille veut toires pharmaceutiques estiment méthode plus pragmatique : elle vité de la molécule, jusqu’à la phase (le décryptage complet devant l’éventail des solutions thérapeu- devenir aussi grosse que le bœuf. que la recherche de base se fera tisse des alliances, prend des parts clinique précoce. Les laboratoires, aboutir en 2002 ou 2003). tiques ne sera donc que lente et Partout dans le monde, de petites prioritairement dans les start-up, majoritaires au capital de petites qui ont plus de potentiel et de force Mais les chercheurs et les start- progressive. start-up grossissent, se réorgani- de frappe, prendront le relais jusqu’à up de la génomique, dont les pre- La troisième voie est la géno- sent et se préparent à mettre sur le la naissance des médicaments. » mières ont été créées il y a vingt mique préventive, actuellement marché « les médicaments du Des placements à risque Mais David ne résiste pourtant ans, n’ont pas eu besoin d’atten- la plus utilisée mais aussi la plus futur ». Vont-elles le faire avec ou pas à l’envie d’affronter Goliath. dre la fin du décryptage pour contestée parce que posant de contre l’industrie pharmaceutique, « Jamais la valeur boursière de sociétés n’aura autant dû à des communi- « Si notre médicament contre l’obé- identifier les gènes porteurs graves problèmes éthiques pour qui constitue, à ce jour, leur princi- qués de presse. » Cette observation sarcastique d’un expert des start-up de sité remplit nos espoirs, nous cher- d’un millier de maladies entre une utilité discutable. Il s’agit, pal client ? Seuls quelques fleurons la biotechnologie illustre l’extrême volatilité du secteur. La déclaration cherons un partenaire aux Etats- 1980 et 2000, et pour explorer en utilisant des tests génétiques, de la biotechnologie américaine ont Clinton-Blair contre le brevetage des séquences du gène humain aura Unis. Mais nous nous pensons capa- les premières voies thérapeuti- de détecter la probabilité d’être su relever le défi de vendre eux- suffi à faire s’effondrer les cours en avril 2000 ; mais cet été, la chute des bles de le vendre nous-mêmes avec ques. atteint par une maladie et de mêmes leurs médicaments. C’est le valeurs Internet a permis d’attirer à nouveau l’attention des investisseurs. une équipe commerciale d’une cen- prescrire alors une thérapie pré- cas de l’américain Amgen, père de Selon Ernst & Young, les pertes cumulées des start-up européennes taine de visiteurs médicaux en Euro- Qu’est-ce que ventive, ou encore de détermi- l’épogène (le fameux EPO rendu cotées du secteur s’élevaient à 410 millions d’euros en 1999, et celles des pe », confie André Pernet, chez la thérapie ner la sensibilité du sujet aux thé- célèbre par le Tour de France) et américaines à 2 290 millions : c’est dire si les investisseurs se basent sur Genset. Un défi qui a déjà coûté à 2 génique ? rapies classiques (effets secon- star de la biotechnologie mondiale. des promesses plutôt que sur la rentabilité réelle de ces compagnies. La la société une chute de moitié de La thérapie génique consiste à daires, efficacité), afin de lui D’autres entreprises s’y sont per- valeur de chacune d’elles varie ainsi en fonction de l’échec d’essais clini- sa valorisation boursière. remplacer un gène déficient par prescrire la mieux adaptée. dues corps et biens. Il y a deux ans, ques, de publications scientifiques dont la date de parution est soigneuse- un gène sain, le « gène-médica- la société Agouron développait le ment calée sur celle du prochain tour de table… Véronique Lorelle ment ». Cette voie, jugée la plus Quel peut être prometteuse au départ, reposait le calendrier de la mise sur l’idée qu’à une maladie pou- 4 au point des thérapies vait être associé un gène donné. issues de la génomique ? Mais l’échec de nombreux L’Institute for Prospective Les malades, moteurs de la recherche essais cliniques a montré qu’on Technological Studies (IPTS), ne sait pas encore faire parvenir organisme de la Commission ne association à but non lucratif qui d’acteur. L’AFM avec son Téléthon (près d’un L’idée que l’Etat n’ait plus le « monopole de le gène-médicament dans sa européenne, a dressé, en tenant draine et gère de l’argent charitable demi-milliard de francs de recettes en 1999) l’intérêt général », selon l’expression de Pierre cellule cible. Aussi l’obtention compte des différents stades de par centaines de millions peut-elle finance ses propres recherches, a monté son Tambourin, directeur de la génopole d’Evry, de résultats est-elle sans cesse développement des traitements U aussi détenir des participations finan- propre laboratoire (le Généthon d’Evry) et sur- oblige les associations – à commencer par repoussée à plus tard, suscitant aujourd’hui à l’essai, une « car- cières dans des sociétés qui sont – ou aspirent à tout garde le contrôle de ses objectifs de recher- l’AFM – à clarifier leur charte déontologique. A du coup l’incrédulité du public te » de l’évolution la plus proba- être – cotées en Bourse, financer directement che. Pour l’AFM, la demande des malades partir de 1998, sur demande gouvernementale, et de certains investisseurs face ble des résultats de la génomi- des recherches susceptibles de déboucher sur prime sur la proposition du chercheur. « Il faut l’AFM a choisi d’isoler ses brevets et prises de aux promesses de la génomique. que. des brevets, engranger des redevances sur des voir nos conseils d’administration, explique Eric participation (dans Genset, Transgène et Tro- Alors qu’il existe en fait d’autres Selon l’IPTS, les fonctionnali- brevets déjà déposés… le tout sans déroger à sa Molinié, directeur général de l’AFM. La seule phos, une start-up non cotée) dans un « secteur voies possibles. tés des gènes responsables des déontologie d’origine ? question qui les préoccupe est : quand débouche- distinct d’activité » (SDA) soumis à l’impôt et maladies cardio-vasculaires ne A priori, la juxtaposition de fonctions de mar- ra-t-on sur une thérapie ? » qui ne doit pas représenter plus de 25 % des Quels sont les autres devraient pas être décrites avant ché et d’intérêt général au sein d’une même revenus de l’association – l’argent de la solidari- champs d’application 2012, et des traitements pour- structure heurte le sens commun. Cette contra- CHARTE DÉONTOLOGIQUE té ne saurait être investi en totalité en Bourse ! 3 thérapeutique possibles raient être mis sur le marché diction s’est pourtant révélée riche de possibi- Le modèle AFM a évidemment fait école. « Le SDA ne dépasse pas 10 millions de francs pour la génomique ? d’ici 2004. lités au cours de ces dix dernières années. D’autres associations aspirent elles aussi à aujourd’hui », affirme Eric Molinié. Mais la par- Une seconde voie est issue de Pour le cancer, les fonctionna- Que l’argent dit charitable vienne soutenir la « devenir acteur de la recherche », selon les ter- ticipation dans Genset a dégagé une plus-value la « génomique fonctionnelle », lités seraient décrites en 2014, recherche publique n’est pas chose nouvelle. mes de Marie Chéron, responsable de la commu- de 30 millions de francs ; la décision de vendre c’est-à-dire de l’analyse du les thérapies disponibles entre Au-delà du scandale qui l’a récemment écla- nication de la Fédération pour la recherche sur les titres Transgène pourrait être prise en 2001. fonctionnement du gène dans 2009 (pour les premières) à boussée, l’Association de recherche sur le can- le cerveau (FRC). Née au début de l’année du Au-delà de ce SDA, l’AFM travaille à « clari- ses interrelations avec d’autres 2020, les thérapies préventives cer (ARC) a longtemps joué un rôle important regroupement de cinq associations de malades fier » plus précisément encore les règles de son gènes, avec ses traductions connues entre 2010 et 2013. et reconnu dans le financement de laboratoires (Alzheimer, épilepsie, Parkinson, sclérose en pla- action. « Le statut associatif montre ses limites et protéiques et avec l’environne- Pour les maladies de dégéné- peu ou mal dotés par l’Etat. Mais en quinze ans, ques, sclérose latérale amyotrophique), la FRC a nous avons proposé des modifications de statut ment du malade. Cette analyse rescence neurologique (Parkin- des associations comme Aides (sida), l’Associa- commencé d’élaborer un modèle d’action média- concrètes au gouvernement », conclut Eric Moli- permet de déterminer une son, Alzheimer…), les thérapies tion contre les mucoviscidoses ou l’Association tique et financier dans le but de promouvoir des nié, qui ne souhaite pas en dévoiler davantage. « cible thérapeutique », c’est-à- devraient être mises sur le mar- française contre les myopathies (AFM) sont pas- recherches sur le cerveau. Les résultats sont dire une protéine vecteur de ché entre 2013 et 2016. sées du rôle de soutien de la recherche à celui encore modestes, mais la volonté semble là. Yves Mamou De la bio-informatique à la mise au point de nouveaux médicaments

outes les entreprises de la avril 1999 à douze laboratoires coup plus fin, réduisant ainsi de Au fur et à mesure que les pre- cer). Qu’il s’agisse de mettre au génomique ne se concen- Les investisseurs pharmaceutiques au sein du SNP façon spectaculaire le coût de déve- miers résultats d’essais cliniques et point des molécules nouvelles ou trent pas, loin de là, sur la Consortium, dont l’objectif est loppement ». Ces start-up ont pour les premières mises sur le marché de renouveler la prescription de Tseule mise au point de se tournent d’identifier les Single Nucleotide clients de grands laboratoires qui font approcher le moment de la médicaments déjà existants grâce nouvelles thérapies. Etant donné Polymorphisms (SNP), c’est-à-dire leur sous-traitent une part crois- profitabilité, les investisseurs, à l’analyse de leurs effets sur l’orga- les difficultés de leur mise au vers les entreprises les variations génétiques entre indi- sante de leurs développements. dont l’expertise s’améliore, sont nisation génétique de telle ou telle point, les marchés ont même ten- vidus : un travail indispensable à Mais, explique Bernard Gilly, «il conduits à s’intéresser de plus en catégorie de malades, c’est bien dance, en attendant des résultats capables de fournir l’identification des cibles des nouvel- faut une quinzaine d’années pour plus au dernier étage de la fusée, à dans ce domaine que les retours concrets, à valoriser d’autres types les molécules, qui pourrait faire tom- que soit décrite précisément toute la ces start-up qui passent du secteur sur investissement seront, au final, d’activité, en particulier la produc- les « pelles ber le taux d’échec des essais de fonctionnalité d’un gène. Les recher- des services (aux grands labo- les plus importants. Mais c’est tion des pelles et des pioches de la 75 % à 50 %. Mais l’arrivée de tels ches des entreprises se concentrent ratoires) à celui de l’industrie (pro- aussi dans ce domaine que les ruée vers l’or génomique. et les pioches » géants risque de réduire l’intérêt sur les applications thérapeutiques duction de médicaments), comme start-up auront le plus de mal à Le décryptage du génome, la porté aux petits de ce secteur. des éléments de fonctionnalité déjà Amgen (producteur de l’EPO) ou conserver leur indépendance, tant prise de brevets sur certains gènes de la ruée vers l’or Reste alors l’activité aujourd’hui détectés, en commençant par les plus récemment les français Gen- les investissements nécessaires ont ainsi attiré les investisseurs la plus valorisée par les investis- plus simples, les plus évidentes ». set (obésité) et Transgène (can- sont immenses et la présence sur vers des entreprises comme Celera teurs comme de la jurisprudence, seurs, celui de la génomique le marché final indispensable. Genomics ou vers les propriétaires rendent de moins en moins fonctionnelle : au-delà de l’identifi- Bien entendu, certaines entre- de gigantesques bases de données évident le bénéfice que les investis- cation et du séquençage de gènes Bibliographie prises, en changeant de stratégie, contenant des informations géné- seurs peuvent retirer de la pro- responsables de la maladie, c’est la en fusionnant ou en tissant des tiques sur des espèces animales ou priété de telles bases. description du comportement de b Le Siècle biotech, de Jeremy b « Développement et partenariats, tendent à passer des populations entières – telle L’intérêt des investisseurs s’est ce(s) gène(s), des protéines pro- Rifkins (Pocket, 2000, 445 p., 42 F, applications de la génomique. d’une activité à l’autre, ou à en Myriad Genetics, une start-up issue donc déplacé vers la bio-infor- duites, de leurs interactions entre 6,4 ¤). L’après-génome », sous combiner plusieurs. Par exemple, de l’université de l’Utah qui, dispo- matique, c’est-à-dire vers des elles et avec leur environnement b « Le génome industriel » la direction de François Gros Celera est passé du décryptage du sant de la généalogie et du code entreprises comme Affymetrix ou qui permet d’identifier, pour des (Pour la science, nº 275, 1999, (Académie des sciences, éditions génome à la génomique fonction- génétique d’un million de Mor- Incyte, qui peuvent fournir des catégories données de malades, 113 p., 38 F, 5,79 ¤). Tec et Doc, juillet 1999, 250 F, nelle ; Genset évolue de la géno- mons, a pu identifier l’un des gènes puissances de calcul ou des pro- les cibles sur lesquelles devront b La Grande Saga des gènes, de 38,11 ¤). mique fonctionnelle à la mise au responsables du cancer du sein. grammes capables de gérer les mil- agir les médicaments. Jean-Pierre Rogel (Lanctot, 2000, b www.biotechcentury.org point de médicaments. Le fonc- Ces données constituent la liards de données nécessaires à Les entreprises CuraGen, 239 p., 130 F, 19,82 ¤). site de la Foundation on tionnement en réseau, les partici- matière première pour la mise au l’analyse du comportement des GeneLogic, OrchidBioSciences, b « De la connaissance Economic Trends, dirigée pations croisées, les contrats entre point des thérapies nouvelles. gènes. etc., arrivent, dit Bernard Gilly, des gènes à leur utilisation », par Jeremy Rifkins. entreprises tendent ainsi à lisser Mais la déclaration Clinton-Blair C’est ainsi qu’IBM s’est associé PDG de Transgène, à « remplacer de Jean-Yves Le Déaut (rapport b www.gene-watch.org ces différences. C’est le succès des limitant les possibilités de breve- aux grands laboratoires pharmaceu- la méthode traditionnelle de l’indus- de l’Office parlementaire site du Council for Responsible nouvelles thérapies auprès des con- tage des séquences de gènes, le tiques pour développer un ordina- trie pharmaceutique – essayer des d’évaluation des choix Genetics (Etats-Unis) sommateurs qui départagera les versement d’un nombre croissant teur d’une puissance jamais égalée, molécules sur des millions de cibles, scientifiques et technologiques, b www.geneticsforum.org.uk gagnants des perdants. de données dans le domaine baptisé Blue Gene. IBM et Moto- avec un taux de réussite d’un sur AN nº1054, Sénat nº 545, 1998, site de l’organisation britannique public, sous la pression des législa- rola sont également associés depuis cent millions – par un ciblage beau- 2 t., 70 F, 10,67 ¤). du même nom. A.R. LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 / III DOSSIER ̄ Maurice Cassier, chercheur au Centre de recherche médecine, sciences, santé et société CHRONIQUE « La génomique suppose une négociation entre par Serge Marti la logique industrielle et l’intérêt de la santé publique » Les surprises « La génomique peut-elle tenir – Pour vous, le secteur de la géno- défendu l’idée selon laquelle il était minateur de l’Office européen des de l’effet yen ses promesses, tant thérapeuti- mique est un modèle original de indispensable de breveter la « subs- brevets vient de rendre un avis posi- ques qu’économiques ? relations entre acteurs d’un mar- tance du génome qui contient les tif pour le brevet de Myriad). – Dans la mesure où la génomi- ché économique… informations nécessaires », enten- » L’impact de tels brevets est dou- ême si les investisseurs japonais font mine de bou- que offre de grandes potentialités – Effectivement, les grands labo- dez les gènes, afin de garantir une ble : sur la recherche – de nombreux der le titre Nissan en Bourse (alors qu’il a grimpé de pour la mise au point de nouvelles ratoires privés ne peuvent guère se protection efficace à l’industrie bio- laboratoires abandonnent les déve- près de 70 % depuis le début de l’année à Tokyo), au solutions médicales, elle représen- passer de la recherche publique et technologique en Europe et de favo- loppements de tests génétiques lors- prétexte que le deuxième constructeur nippon a vu te un formidable enjeu en termes des start-up qui explorent ces nou- riser le développement de nouvel- qu’un brevet est demandé – et sur saM part du marché local reculer à 17,4 %, sa plus mauvaise perfor- de santé publique. Cette dimen- veaux domaines, même s’ils possè- les thérapies. l’accès aux soins – les laboratoires cli- mance depuis vingt-six ans, le redressement de l’entreprise dont sion de bien public en matière de dent, en dernier ressort, le savoir- » Or si le brevet couvre le gène, niques doivent arrêter la réalisation Renault est l’actionnaire principal depuis dix-huit mois est indé- recherche et de santé justifie à faire de chimiste, de médecin et… il assure un pouvoir de monopole des tests sous peine d’être poursui- niable. En annonçant, fin octobre, un résultat net de 170 mil- mon avis l’intervention de l’Etat et de marketing, nécessaires à la pro- très étendu au premier découvreur vis pour contrefaçon. liards de yens (1,78 milliard d’euros) contre 60 milliards initiale- de la société civile. La génomique duction et à la vente des solutions puisqu’il n’existe qu’un seul géno- » Des cliniciens et des associa- ment prévus pour le premier semestre et en anticipant un résul- ne peut être réduite à sa dimension mises au point ailleurs. me ! Les sociétés qui possèdent de tions de malades, notamment bri- tat d’exploitation proche de 200 milliards de yens pour l’ensem- d’activité industrielle. Son dévelop- » Les start-up jouent ici le rôle tels brevets utilisent ce pouvoir en tanniques et allemandes, deman- ble de l’exercice, Carlos Ghosn, son directeur général, pouvait pement et son usage supposent d’interface entre le monde acadé- proposant des licences très restricti- dent que l’on ne brevète pas les justifier le martial Nissan is back ! qui a scandé la présentation une confrontation et une négocia- mique et l’industrie, et permettent ves et en construisant de véritables gènes et que l’on établisse des régi- de son bilan d’activité, un an, jour pour jour, après l’engage- tion continues entre la logique également une division du travail monopoles commerciaux dans le mes de licences très ouverts pour ment d’un retour à meilleure fortune. industrielle et l’intérêt de la santé au sein du secteur, entre ceux qui domaine de la santé, à l’image de les applications issues de la génomi- Les commentaires, généralement élogieux, ont surtout porté publique. mettent au point les outils, ceux Myriad Genetics pour les tests que. De telles dispositions stimule- sur les effets bénéfiques du plan de sauvetage et sur le détail des » Les recherches sur le génome qui analysent le génome, ceux qui génétiques du cancer du sein (l’exa- raient la pluralité des développe- meilleurs résultats que la firme ait connus depuis dix ans. En humain ont été développées par fabriquent de nouvelles molécules, ments et favoriseraient l’accessibili- revanche, ils ont peu mentionné un facteur pourtant vital pour des agences publiques, comme les etc. Les associations de malades, té des solutions médicales. Il est les comptes d’une multinationale : l’effet taux de change. Grâce National Institutes of Health (NIH) sans doute pour la première fois indispensable d’équilibrer les for- à l’envolée du yen et à l’ap- Cours de l'euro aux Etats-Unis, et des fondations dans l’histoire de l’industrie phar- ces du marché en régulant l’usage préciation du cours de privées, comme le Centre d’étude maceutique, sont également deve- de ces innovations. Par rapport au dollar et au yen Bourse, la valeur de l’inves- sur le polymorphisme humain nues des acteurs scientifiques et – Vous revendiquez pour l’hôpi- tissement de Renault dans (CEPH) en France ou la fondation économiques du secteur. Les tal une meilleure place parmi les 100 le constructeur japonais a Wellcome au Royaume-Uni. Le sec- grands laboratoires privés, quoi- acteurs de la génomique… plus que doublé en deux teur privé de la recherche génomi- que concurrents, collaborent égale- – Les connaissances engrangées 95 ans, passant de l’équiva- que, les start-up, est lui-même issu ment entre eux. à l’hôpital sur la biologie des mala- lent de 31 milliards de des institutions scientifiques et coo- » En fait, cette organisation en dies sont d’une grande utilité pour 90 francs à un peu plus de père largement avec les chercheurs réseaux d’acteurs très différents interpréter et utiliser les connais- 70 milliards à ce jour. Mais, académiques. Quant à l’industrie exploite les avantages de l’inven- sances génomiques. La réussite de 85 dans le même temps, la fer- pharmaceutique, elle collabore tion collective, c’est-à-dire la réu- la thérapie génique du professeur meté de la monnaie nip- avec les laboratoires publics et les nion de grandes collections de don- ̄ Alain Fischer sur les bébés-bulle de 80 pone a pesé sur les comp- start-up, ce qui dessine un réseau nées, la coordination de savoirs Necker tient précisément à une col- tes locaux du groupe, en 75 d’échanges triangulaire. complémentaires, la mutualisation laboration étroite entre un hôpital, Euro/Dollar réduisant de plusieurs mil- » Historiquement, le développe- des coûts de recherche-développe- Maurice Cassier une association de malades (Asso- Euro/Yen liards de yens son compte ment de nouvelles solutions médica- ment. Deux questions se posent ciation française contre les myopa- 70 d’exploitation. les a souvent reposé sur des coopéra- alors : celle de la répartition de la b Sociologue, chargé de recherches thies – AFM) et des laboratoires La forte hausse du yen tions entre la recherche publique et propriété et des bénéfices économi- au Centre national de la recherche publics (Institut national de la san- 65 face au dollar mais surtout la recherche privée. Louis Pasteur ques entre ces acteurs, et celle du scientifique (CNRS), Maurice té et de la recherche médica- JMMJ SNJMMJSO contre l’euro, a conduit les lui-même avait créé une entreprise bien commun pour la santé humai- Cassier est chercheur au Centre le – Inserm). 1999 2000 responsables de Nissan à qui commercialisait ses vaccins à ne, à savoir l’accessibilité des nou- de recherche médecine, sciences, » Il est assez surprenant que l’ap- Source : Thomson Financial Datastream établir leurs comptes prévi- l’étranger ; il protégeait son savoir- velles solutions médicales pour les santé et société (Cermes – CNRS, pel d’offres pour la constitution sionnels du deuxième faire par le secret, des contrats et populations. Ehess, Inserm). des génopoles en France ne men- semestre sur la base d’une parité de 95 yens pour 1 euro contre une marque de fabrique ; il avait aus- – Quel est l’impact des dépôts de b Docteur en socio-économie tionne pas l’hôpital. Car dans la 114 précédemment. De son côté, un autre constructeur automo- si créé une société de valorisation brevet sur la mise au point de solu- de l’innovation de l’Ecole des mines tête de nos décideurs, la génomi- bile nippon, Honda Motor, vient d’annoncer une vaste réorgani- des méthodes pastoriennes. Si ces tions thérapeutiques ? de Paris (1995), il travaille que n’est qu’une affaire de science sation de sa production en Europe destinée à pallier le problème coopérations et transferts entre le – Lors des débats au Parlement sur les relations entre science, et d’industrie, et non de médecins posé par la faiblesse de l’euro et, a contrario, par la fermeté de la public et le privé sont indispensa- européen sur la directive européen- médecine et industrie, et de malades ! » livre sterling. bles, il faut veiller à l’équilibre entre ne relative à la protection des inven- et sur les enjeux de l’appropriation En revanche, les exportations japonaises n’ont pas véritable- la libre circulation et l’appropriation tions biotechnologiques, le rappor- des connaissances sur le génome Propos recueillis ment souffert de la forte appréciation du yen. Elles ont même privée des connaissances. teur de la directive, Willy Rothley, a pour la santé publique. par Antoine Reverchon sensiblement progressé à partir du printemps 1999, ainsi que l’a confirmé Hideo Hayakawa, le chef économiste de la Banque du Japon, de passage à Paris à l’invitation de la Caisse des dépôts et consignations. Venu « vendre » les prévisions de con- joncture établies par la banque centrale – les premières du La France est dans la course, mais plus en tête genre – avec, notamment, l’anticipation d’une croissance du produit intérieur brut nippon comprise entre 1,9 % et 2,3 % pour l’année fiscale en cours, M. Hayakawa a expliqué la bon- n a longtemps stigmatisé Mais ces chiffres ne constituent d’attribution des fonds », s’inquiète ne tenue, à l’extérieur, des entreprises du Soleil-Levant par la le retard français en Le très bon niveau qu’une fraction de l’effort public ; Pierre Tambourin, ex-directeur du vigueur de la reprise quasi générale dans les pays est-asiati- matière d’Internet. En l’essentiel est réalisé au sein d’insti- département des sciences du ques qui avaient le plus souffert de la grave crise monétaire de Osera-t-il de même en des chercheurs risque tutions telles que le Centre natio- vivant au Centre national de la 1997. génomique, cet autre pilier de la nal de la recherche scientifique recherche scientifique (CNRS), Pour l’avenir, l’économiste de la Banque du Japon n’escompte nouvelle économie ? Apparem- de ne pas suffire (CNRS), l’Institut national de la aujourd’hui directeur de la géno- pas de nouvelle hausse marquée du yen. Mais si la monnaie nip- ment non. Car si les pouvoirs santé et de la recherche médicale pole d’Evry. pone est conduite à se stabiliser, c’est, selon lui, surtout dû au publics français, aveuglés par le à pallier le manque (Inserm), le Commissariat à l’éner- La faiblesse des moyens finan- ralentissement de la croissance qui semble se confirmer aux déploiement du Minitel, ont mis gie atomique (CEA), l’Institut Pas- ciers a également pour conséquen- Etats-Unis plutôt qu’à tout autre facteur. Voilà pour ce qui est de longtemps à reconnaître l’impor- de moyens financiers teur, l’Institut national de la recher- ce un manque de moyens humains. la parité yen/dollar. Et au sujet de la parité yen/euro ? Là, Hideo tance du réseau des réseaux, ils ont che en informatique et automati- La France fut pourtant le premier Hayakawa, lève les bras au ciel. « C’est un vrai problème. Mais été plus clairvoyants dans le domai- (Génoscope), le Centre national que (Inria), etc. Mais, ces organis- pays à mettre en place un cursus de personne n’y voit vraiment très clair. » ne de la génomique. D’autant que de génotypage, la Collection natio- mes n’étant pas dotés de comptabi- bio-informatique en 1986. Mais, l’Association française contre les nale des copies des gènes de l’hom- lités analytiques homogènes, il est aujourd’hui, un maître de conféren- myopathies (AFM) leur a permis, me et de la souris (ADNc), le Cen- impossible de chiffrer l’effort fran- ces peut tripler voire quintupler son dans un premier temps, de pallier tre de ressources en informatique çais en la matière, encore moins salaire en traversant l’Atlantique… l’insuffisance des financements appliquée à la biologie (Infobio- de le comparer à ce qui existe à La répartition du travail mené publics : en novembre 1994, les gen), tous quatre basés à Evry, et l’étranger. dans le cadre du projet internatio- ministères de la santé et de la enfin le réseau des génopoles nal de séquençage du génome recherche lançaient de concert le (Evry, Lille, Strasbourg, Montpel- LOURDEURS humain donne une idée du rap- plan « Génome et Santé » grâce au lier, Toulouse, Aix-Marseille, Lyon- Grâce à leur connaissance du ter- port de forces : les Etats-Unis en soutien de l’AFM. Grenoble et Bordeaux) font, entre rain, les acteurs du domaine peu- assurent plus de 55 % ; viennent La recherche publique française autres, partie de ce programme. vent néanmoins se livrer à de gros- ensuite le Royaume-Uni (33 %), le compte des chercheurs de renom- Afin d’exploiter au mieux ses sières extrapolations. Et ils ne sont Japon (10 %), la France (2,5 %), l’Al- mée internationale, comme Alain résultats et d’en assurer les retom- guère optimistes. « Pour faire de la lemagne (1,5 %) et la Chine (1 %). Fischer, à l’origine de la première bées industrielles, les pouvoirs recherche spécialisée sur la génomi- Loin en tête, les Etats-Unis béné- thérapie génique sur les « bébés publics contribuent également que, il faut que l’effort de recherche ficient de leur effet de taille habi- bulle », ces enfants souffrants de pour moitié au budget du réseau soit important de manière généra- tuel, mais aussi de choix scientifi- graves déficits immunitaires, et GenHomme, doté de 400 millions le », explique Jacques Haiech, ques et technologiques engagés actuellement conseiller de Roger de francs par an et destiné à finan- directeur du programme génomi- depuis plus de trente ans, époque Gérard Schwartzenberg, ministre cer des projets associant des labo- que au ministère de la recherche. à laquelle « la biologie fut considé- de la recherche. En 1992, un cher- ratoires publics à un chef de file Or, depuis de nombreuses années, rée comme stratégique, comme un cheur français, Daniel Cohen, fut industriel. Enfin, le fonds d’amor- les dépenses de recherche rame- élément-clé de la croissance écono- le premier à présenter la carte d’un çage Bioam (200 millions de francs nées au PIB sont plus faibles en mique », explique Pierre Tambou- chromosome humain. Plus récem- dont environ 40 venant de l’Etat), France que dans la plupart des rin. En Angleterre, la contribution ment, en mai, Jean Weissenbach, lancé en juillet 2000, participe au pays développés. du Wellcome Trust (450 millions directeur du Génoscope d’Evry, capital d’entreprises de biotechno- « A cette tendance inquiétante de dollars sur dix ans) compense semait le trouble parmi ses pairs logies innovantes. s’ajoute la lourdeur des mécanismes largement la faiblesse de la partici- en déclarant que le nombre de pation publique. gènes humains réellement utiles La situation de la France ne pouvait être trois fois moins impor- Budget de recherche de l'Association française serait néanmoins pas dramatique. tant que prévu. « On est dans la contre les myopathies en millions de francs Si elle n’a pu tenir un rôle de pre- course », estime Alain Fischer. mier plan dans le séquençage, elle Intellectuellement, certes. Mais ne serait pas trop mal placée pour

la France souffre néanmoins de 305,4 l’étape suivante, celle du post- nombreux handicaps, financiers 292,5 séquençage, qui permet d’établir en particulier. En juillet 1999, un quelles sont les fonctions asso- 235,6 rapport de l’Académie des scien- 221,5 ciées aux gènes, les liens entre mal- 199 212,2 ces avait tiré la sonnette d’alarme 204,9 formations génétiques et mala- 172,5 sur « le retard français ». Ce dia- 167,7 dies, autant d’étapes essentielles à

gnostic a conduit à la création du 136,1 la mise au point de médicaments. programme Génomique doté d’un Si la France « ne tient pas le haut budget annuel de 420 millions de du pavé, elle conserve un rang hono- 64,6 francs (dont 350 à la charge de 43,4 rable », estime finalement Pierre l’Etat et des collectivités locales, le Tambourin. reste étant assuré par l’AFM). Le 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 Centre national de séquençage Source : AFM Annie Kahn IV / LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 EUROPE ̄ L’épargne des particuliers révèle EN DIRECT DE BRUXELLES de profondes différences entre les pays de l’Union par Philippe Lemaître u cours de l’été ont été Mouvement brownien en revan- ne rouge figure l’Autriche, dont la Une Europe malade publiés, dans la plupart La part des che dans les dernières semaines de part des actions dans le patrimoine des pays de l’Union euro- 1999, la montée des espèces dans des ménages est inférieure à 4 %. Apéenne, les comptes natio- placements bancaires les patrimoines financiers des ména- S’agissant de la détention directe naux pour 1999 : il est donc possible ges de plusieurs pays européens des emprunts publics et des obliga- de son avarice d’avoir, en ce qui concerne les place- se réduit, dans la crainte des conséquences tions, les différences d’un pays à ments financiers des particuliers, du passage à l’an 2000 ! Réaction l’autre restent aussi notables : leur une vue assez détaillée de l’année tandis que les contrats également de court terme, aux part est en effet encore de 19 % en ’Union européenne (UE) dispose-t-elle des ressources néces- 1999, voire, parfois, des premiers dépens des sociétés de placements Belgique et 16 % en Italie, mais seu- saires pour mener une politique extérieure ambitieuse et mois de 2000. d’assurance-vie collectifs le retour massif des Espa- lement de quelque 2 % en France et pour financer, à compter de 2005, son élargissement aux L’importance relative de ces pla- gnols, en 1999, sur les dépôts ban- au Royaume-Uni. pays d’Europe centrale ? La réponse devrait être rassurante : cements financiers varie encore sont en forte caires à terme, en raison d’une réfor- Pour ce qui concerne les sociétés Ll’Agenda 2000, couvrant la période 2000-2006, qui a été adopté en beaucoup d’un pays à l’autre. Si me fiscale qui leur était favorable. de placements collectifs dont le suc- mars 1999 à Berlin, lui donne des moyens suffisants pour atteindre l’on choisit comme indicateur le augmentation Une évolution comparable, mais de cès a été considérable au cours des les objectifs qu’elle s’est fixés. flux nouveau de placements rappor- moindre ampleur, a été observée au années récentes, c’est l’Italie qui est En fait, les difficultés rencontrées ne sont pas comptables – l’ar- té au revenu des ménages, l’éven- cements à support actions alors que Portugal. en tête (20 % dans les actifs finan- gent est là –, mais tiennent au comportement parcimonieux des tail s’ouvre largement en 1999 : la majorité de ces placements chez Fin 1999, quel classement pouvait- ciers des ménages) ; la France, la Quinze. Ceux-ci semblent refuser l’idée que les dépenses communau- moins de 8 % du revenu en Autriche les ménages étaient jusque-là de on faire des patrimoines financiers Belgique et l’Espagne viennent taires puissent avoir leur logique propre, que la construction euro- contre 23 % aux Pays-Bas, l’Allema- type obligataire ou monétaire. des ménages en Europe selon leur ensuite avec une part comprise péenne en plein devenir puisse s’affranchir du carcan imposé aux gne et la France faisant ressortir, Correspondent bien à cette des- composition ? Les créances sur les entre 13 % et 16 %, l’Allemagne est budgets nationaux par le pacte de stabilité adopté avec la monnaie quant à elles, un taux proche de cription les évolutions enregistrées fonds de pension et les sociétés d’as- à 11 %, l’Autriche à 9 % et la lanter- unique. L’Europe thésaurise donc et, sans véritable raison, prend le 11 %. Pour comprendre ces différen- dans des pays comme l’Allemagne, surance-vie (l’épargne retraite est ne rouge est, cette fois, le Royaume- risque de fragiliser certaines de ses actions qu’elle décrit pourtant ces de niveaux, plutôt que de recou- l’Autriche, la Belgique, l’Italie et, souvent à cheval sur ces deux types Uni, avec 5 % seulement. comme prioritaires.. rir à des variables telles que le reve- dans une moindre mesure, le Portu- de placement) représentaient 55 % Enfin, pour ce qui a trait à l’épar- Jusqu’ici, la Commission et le Parlement européen ont subi avec nu par tête ou les seules structures gal. La France suit aussi à peu près du patrimoine des Hollandais et gne bancaire, on constate une dimi- résignation cette obsession de la rigueur. Mais la paix budgétaire ain- démographiques, mieux vaut faire ce schéma, mais en mettant l’accent 52 % de celui des Britanniques, mais nution de son importance, mais les si maintenue depuis l’Agenda 2000 est acrimonieuse, et donc mena- appel aux spécificités nationales : sur l’assurance-vie et les plans seulement 10 % à 15 % de celui des écarts entre pays européens demeu- cée. Elle incite un nombre grandissant d’eurodéputés, se sentant réglementation, développement d’épargne-logement et moins, jus- Belges, des Italiens, des Espagnols rent encore considérables : cette dupés, à s’interroger sur l’opportunité de rompre l’accord inter-insti- des différentes institutions financiè- qu’ici, sur les placements à support et des Autrichiens. L’Allemagne et épargne constitue, fin 1999, près tutionnel qui les lie au conseil des ministres et qui permet une ges- res, mentalités, etc. actions. la France se situaient, à cet égard, des trois cinquièmes des actifs finan- tion en douceur du budget européen. Les budgets 2000 et 2001 ont Globalement, l’année 1999 se Sur ces tendances de moyen et en position intermédiaire, avec une ciers des Autrichiens, mais environ donné lieu à quelques passes d’armes qui, même si elles s’avèrent situe dans les tendances apparues long termes se manifestent, au part comprise entre 30 % et 33 %. un tiers seulement de ceux des Alle- sans suite – rien n’est sûr aujourd’hui puisque le budget 2001 n’est en Europe dans la seconde moitié cours des années récentes, soit des mands, des Espagnols et des Fran- pas encore voté – révèlent les dégâts produits par cette ambiance des années 1990 : réduction de la spécificités institutionnelles dont la ACTIONS çais, et moins encore (entre 20 % et ratiocineuse. part des placements bancaires, for- permanence dépasse la durée des Du point de vue des actions 25 %) en Belgique, aux Pays-Bas et L’Agenda 2000 fixe pour chacune des grandes rubriques du budget te augmentation des contrats d’as- cycles longs, soit, à l’opposé, des cotées, de gros écarts apparaissent au Royaume-Uni. européen et pour les sept années de la période couverte, des pla- surance-vie, accroissement de la mouvements browniens qui peu- également ; viennent en tête, avec Les patrimoines constituent sou- fonds calculés au plus juste. Au total, les « perspectives financières » détention directe d’actions en rai- vent alors relever de l’infra-annuel. une part du patrimoine financier vent un bon résumé de l’histoire ainsi définies restent sensiblement en deçà des 1,27 % du PIB fixés son de la poursuite des opérations Spécificité institutionnelle à coup située entre 33 % et 35 %, l’Italie et économique. Dans la seconde moi- comme maximum pour les « ressources propres » de l’Union. Bref, de privatisation. Mais ce mouve- sûr, le choix de la capitalisation l’Espagne, pour lesquelles il s’agit tié du XXe siècle, les pays européens la marge est appréciable : 0,3 % du PIB en fin de période compte ment est souvent suivi d’une reven- pour les systèmes de retraite du d’une évolution très récente ; en ont commencé à rapprocher leurs tenu de la croissance. te des titres détenus en direct au second « pilier » : ce choix explique seconde position, on voit apparaî- économies. Mais les patrimoines ne Un problème a surgi l’année dernière à propos de l’aide aux Bal- profit de la souscription de parts de largement le niveau très élevé des tre, entre 20 % et 25 %, le Royaume- suivent qu’avec retard, d’où la diver- kans. L’Agenda 2000, adopté le jour du déclenchement de l’offensive placements collectifs du type placements financiers aux Pays-Bas Uni et la Belgique ; l’Allemagne et sité des situations encore observées de l’OTAN contre la Yougoslavie, renvoyait l’examen du sujet à des OPCVM. (existence de fonds sectoriels impor- la France viennent ensuite avec une aujourd’hui. La prochaine décennie jours meilleurs. Romano Prodi, dès De 1997 à 1999, deux sous-ten- tants) ; l’augmentation des créan- proportion de 10 % à 12 % : pour pourrait être marquée par une con- Les Quinze semblent qu’il eut pris ses fonctions de prési- dances sont apparues : dans les con- ces des ménages sur ces fonds a l’Allemagne, c’est un progrès égale- vergence plus rapide, très probable- dent de la Commission à l’automne trats d’assurance-vie, avec les bon- représenté, en 1999, près de 40 % de ment récent, car, jusqu’à la privati- ment vers des placements plus refuser l’idée 1999, proposait de prévoir une aide nes années boursières et selon le l’ensemble des placements finan- sation de Deutsche Telekom en longs pour faire face au commun de 5,5 milliards d’euros en faveur modèle anglais, le surgissement sur ciers des Hollandais. Ce phénomè- novembre 1996, l’épargnant alle- vieillissement de nos populations. que les dépenses des Balkans pour la période le continent des contrats en unités ne existe aussi au Royaume-Uni, où mand était surtout obligataire ; 2000-2006. Les gouvernements pro- de compte au détriment des con- les augmentations des créances des pour la France, qui partait ici de André Babeau communautaires testèrent. trats en monnaie nationale ; parallè- salariés sur les fonds de pension ont plus haut que l’Allemagne, on peut Président du conseil scientifique Il fallait, néanmoins, dégager des lement, au sein des placements col- atteint 45 % du total des place- estimer que le niveau actuellement de l’Observatoire de l’épargne puissent avoir crédits pour la reconstruction du lectifs, l’arbitrage en faveur de pla- ments financiers. atteint reste fort modeste. En lanter- européenne (OEE) Kosovo. Considérant que les leur logique propre, moyens disponibles pour les aides extérieures (la rubrique 4 du bud- que la construction get) étaient insuffisants, la commis- saire Michaele Schreyer proposa, Michaele Schreyer, l’écologiste vert pâle européenne, en plein en prenant soin de ne pas toucher au plafond total fixé pour les dépen- devenir, puisse ses à Berlin, un réaménagement entre les différents postes du bud- qui tient les cordons de la bourse de la Commission s’affranchir du get : les sommes affectées à l’agri- culture (rubrique 1) seraient dimi- carcan imposé aux nuées de 300 millions d’euros par BRUXELLES nock, elle sait défendre ferme- pliquerait-il, en partie ? Elle fait an, lesquels seraient transférés à la de notre bureau européen Dans sa gestion, ment son territoire. preuve de solides convictions qui budgets nationaux rubrique 4… L’initiative fut rejetée lle n’est pas frimeuse », Car en dépit de ses handicaps, ne sont pas forcément sans consé- par le Conseil comme par le Parle- affirme l’un de ses pro- la commissaire c’est une femme de pouvoir. quences budgétaires : un peu fémi- par le pacte de ment : elle se heurtait à l’hostilité ches. D’autres, moins « C’est une bosseuse incroyable, niste, foncièrement antinucléaire conjuguée de ceux (députés ou gou- Eaimables, estiment que, au budget fait passer comme les Allemands savent l’être, et critique à l’égard d’une politi- stabilité adopté avec vernements) qui sont peu enclins à besogneuse dans son expression, de A à Z ; elle a une connaissance que agricole commune jugée trop augmenter les dépenses extérieures elle n’est guère brillante intellec- la rigueur avant totale, presque excessive, de ses dos- productiviste. la monnaie unique et de ceux qui craignent pour la poli- tuellement. Et de fait ses presta- siers, ce qui la rend évidemment tique agricole commune (PAC) ! tions publiques, en salle de presse ses convictions pointue et exigeante », commente COMPÉTENCES Le Parlement aurait bien vu une révision plus audacieuse des ou devant les deux commissions un de ses collaborateurs. Mais dans l’exercice de ses fonc- « perspectives financières », autrement dit une simple augmenta- du Parlement de Strasbourg s’oc- idéologiques Ses relations avec l’administra- tions, elle apparaît comme une tion du budget des aides extérieures (sans compensation par diminu- cupant de ses dossiers – la com- tion bruxelloise ont été difficiles, modérée, trop réaliste même aux tion d’un autre poste) qui aurait donc signifié un dépassement du mission du budget, ou « cobu », tout, cette droite activiste lui ren- au début : « On lui en avait dit telle- yeux des écologistes qui siègent montant total des dépenses autorisées par l’accord de Berlin. Le Con- et la commission du contrôle bud- dit la vie très difficile. Deux dépu- ment de mal, qu’elle est arrivée plu- au Parlement européen. Ils se seil a refusé, y voyant comme un sacrilège, et les fonds pour le Koso- gétaire, dite « cocobu », celle-là tés chrétiennes-démocrates alle- tôt méfiante. Mais la page est désor- montrent fiers de cette commissai- vo ont été trouvés en puisant dans « l’instrument de flexibilité » atta- même qui fit « tomber » Jacques mandes menèrent l’assaut : Die- mais tournée, les relations sont deve- re « issue du terreau écologiste », ché à chaque rubrique. Un tour de passe-passe technique dépourvu Santer, l’ex-président de la Com- mut Theato, la présidente, et nues très détendues. » Cette fem- comme le dit Paul Lannoye, un de tout message politique. mission – ne laissent pas de souve- Gabriele Stauner, chargée du rap- me intelligente, honnête, presque eurodéputé belge francophone, Le problème se pose avec encore plus d’acuité cette année : la Ser- nirs impérissables. port pour la « décharge » du bud- puritaine, dont on sait qu’elle mais qui ajoute, un peu déçu : bie s’est libérée de Milosevic, 200 millions d’euros ont été prévus Timide, stressée, mais n’esqui- get de l’année 1998. Toutes deux n’abusera pas de ses fonctions, « J’aimerais qu’elle apporte davan- pour qu’elle puisse passer l’hiver, et l’effort en faveur du Kosovo vant aucun affrontement et, finale- lui ont reproché, en substance, de sait susciter de la sympathie. Le tage une touche verte ». doit se poursuivre… Mais le Conseil refuse toujours de revoir les ment, ne détestant pas les ten- ne pas prendre assez vite les mesu- côté politique du personnage l’ex- De fait, dans sa gestion budgé- perspectives financières et la répétition de la manipulation de l’an- sions, la commissaire au budget res nécessaires pour que les taire, elle fait clairement passer la née précédente ne suffit pas pour boucler le budget. Que faire ?… fait une impression très différente défaillances passées ne se repro- rigueur avant ses convictions idéo- A côté des Balkans, l’autre grande zone bénéficiaire de l’aide exté- à ceux et celles qui la rencontrent. duisent pas. logiques. Elle s’est jusqu’ici mon- rieure est la Méditerranée. Enfermé dans sa logique étriquée, le Con- A bientôt cinquante ans et après Elles ont cherché à rouvrir des trée très soucieuse de ne pas fran- seil a retenu pour le programme MEDA d’aide au développement dix ans de carrière politique à Ber- procédures disciplinaires ancien- chir les seuils de dépenses fixés en des pays du sud de la Méditerranée des sommes sensiblement infé- lin, Michaele Schreyer n’a pour- nes et, pour faire bonne figure, mars 1999 dans l’accord de Berlin. rieures à ce qu’avait proposé la Commission. La France, jusqu’ici sou- tant rien d’une débutante… menaçaient une fois de plus de Ainsi sa proposition de financer cieuse de maintenir l’équilibre entre l’Est et le Sud, s’est accommo- retarder le quitus budgétaire. Cet l’aide aux Balkans – un program- dée du signal négatif ainsi adressé à nos voisins méridionaux. L’affai- ACHARNEMENT acharnement ne fut pas du goût me qui lui tient très à cœur – en re, déjà délicate en 2001, pose de vraies interrogations pour l’avenir. Le contexte politique de son arri- des gouvernements qui le firent réduisant l’enveloppe agricole, L’extrême prudence budgétaire manifestée par les Quinze est par- vée à Bruxelles n’a pas été des savoir. Du coup, les choses retrou- pour être maladroite politique- fois expliquée par leur volonté de garder des réserves pour l’élargis- plus faciles. Après la démission de vèrent un cours plus normal. ment, tenait parfaitement la route sement. « Il n’existe pas d’obstacles budgétaires à l’élargissement », la commission Santer début 1999, Mme Schreyer put rétablir un dialo- sur le plan budgétaire. D’autant répète Mme Schreyer. Outre le fait que l’Agenda 2000 lui affecte déjà le chancelier Schröder avait dési- gue civilisé avec le Parlement. plus que, régulièrement, les dépen- des sommes significatives, le trésor de guerre disponible d’ici la fin gné deux commissaires apparte- ses agricoles à financer sont large- 2006 serait de l’ordre de 20 milliards d’euros. Or, selon l’entourage ̄ me nant à la coalition au pouvoir, JOUTES ment inférieures aux sommes ins- de M Schreyer, le coût des aides directes agricoles, dans l’hypothè- dont pour la première fois, une Sur la réforme en cours de la crites dans le budget. se où elles seraient versées aux paysans de l’Est aux mêmes condi- personnalité – Michaele Schreyer Commission, elle intervient aux Michaele Schreyer Après une grosse année à tions qu’à ceux des Quinze (ce qu’ils revendiquent mais n’obtien- – appartenant aux « Grünen », côtés de Neil Kinnock, le responsa- Bruxelles Michaele Schreyer n’est dront probablement qu’en partie) atteindrait 6 milliards d’euros. Ce les « Verts » allemands. Les chré- ble du projet, ce qui n’est pas une b Née à Cologne, pas parvenue, en s’appuyant sur qui laisse une enveloppe suffisante à la fois pour prendre en charge tiens-démocrates de la CDU-CSU, opération toujours facile. Lui, Michaele Schreyer, 49 ans, son poste de commissaire, à se une aide aux régions des pays adhérents, que les Quinze entendent considérant comme un droit brillant à défaut d’être toujours a fait des études d’économie dessiner un nouveau profil. Mais plafonner à 4 % du PIB, et pour compléter la réforme de la PAC, d’être représentés à la Commis- convaincant, s’exprimant en « bel et de sociologie. Pendant dix ans, ses compétences sont acquises, notamment son volet laitier différé à Berlin. A vrai dire, c’est bien sion, en éprouvèrent un ressenti- anglais », « capable de tenir une elle a mené une carrière incontestées. cette réforme qui pose problème, avec ce qu’elle implique de sacrifi- ment considérable au point de heure avec une seule idée », com- universitaire, avant de devenir Il lui reste à jouer un rôle plus ces pour les agriculteurs et d’arbitrages difficiles entre les pays mem- tomber (à l’instar de leurs amis me le souligne ironiquement un chercheur à l’IFO, l’un des plus politique, et, en particulier, à met- bres. conservateurs britanniques qui, habitué de ces joutes et elle, sans fameux centres de recherche tre plus visiblement le Conseil La période suivante, à compter de 2007, exigera plus de souplesse comme la CDU-CSU, siègent au assurance, s’exprimant le plus sou- économique en Allemagne. devant ses responsabilités lors- budgétaire : les nouveaux venus auront voix au chapitre et réclame- groupe du Parti populaire euro- vent en allemand (une langue diffi- b Ministre de l’urbanisme que, par souci d’économie, il trai- ront une révision des conditions imposées pendant la négociation. péen) vers une certaine forme cile à bien traduire) : la comparai- et de l’environnement te de manière inconséquente les Cela devrait se vérifier en matière de politique régionale (le mécanis- d’euroscepticisme. son ne lui est pas favorable. au gouvernement local de Berlin engagements qu’il a pris lui- me que les Quinze ont en tête aboutit à moins aider les plus pau- Mme Schreyer était toute dési- Néanmoins, elle ne rechigne de 1989 à 1990, elle poursuit même au nom de l’Europe. vres…), mais c’est une autre histoire, avec, pour animer le débat, des gnée pour faire les frais de ces pas devant l’obstacle et lorsqu’il le ensuite sa carrière politique protagonistes différents ! états d’âme et, à la « cocobu » sur- faut, y compris face à Neil Kin- au niveau régional. Philippe Lemaître BOUSSOLE LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 / V

EUROPE Les indicateurs économiques internationaux « Le Monde » / Eurostat Davantage de forêt pour lutter contre la pollution Moyennes annuelles 1990-1999 UE 15 EURO 11 ALLEMAGNE BELGIQUE ESPAGNE FRANCE ITALIE PAYS-BAS ROY.-UNI E.-U. JAPON Superficie boisée Accroissement net % d'équivalents CO2 fixés PRODUCTION INDUSTRIELLE (août 00, en %) dans le territoire (%) en millions de m3 par l'accroissement net Sur un an ...... 5,5 6,3 7,2 3,9 6,3 2,9 7,9 2,3 0,9 6,1 (juin) 6,4 (juin) UNION EUROP. 42,0 459,5 14 Sur un mois ...... 0,4 0,2 0,3 – 0,7 2,5 0,0 1,2 – 1,2 0,6 0,5 (mai) 0,2 (mai) BELGIQUE 22,0 5,1 4 PRIX À LA CONSOMMATION (sept. 00, en %) ALLEMAGNE 30,1 89,0 9 GRÈCE 49,4 3,5 4 Sur un an ...... 2,5 2,8 2,6 3,9 3,7 2,3 * 2,6 2,9 * 1,0 3,5 – 1,3 (août) ESPAGNE 51,4 28,6 11 Sur un mois ...... 0,6 0,5 0,5 0,8 0,4 0,6 * 0,3 0,9 * 0,8 0,5 – 0,1 (août) FRANCE 30,9 92,3 24 PIB EN VOLUME ITALIE 36,0 18,7 4 (2e trimestre 00, en %) AUTRICHE 46,8 27,3 44 Sur un an ...... 3,7 3,7 3,6 4,4 3,9 3,4 2,6 4,2 3,2 6,1 0,8 PORTUGAL 37,7 12,9 26 Sur trois mois ...... 0,9 0,9 1,1 0,3 0,9 0,7 0,3 0,8 0,9 1,4 1,0

FINLANDE 67,3 72,5 114 DÉFICIT PUBLIC/PIB (en %) SUÈDE 66,9 85,4 145 Source : Eurostat 1999 ...... – 0,7 – 1,3 – 1,4 – 0,7 – 1,1 – 1,8 – 1,9 1,0 1,3 1,0 – 7,6 a AVEC UNE SUPERFICIE qui occupe 42 % du territoire de l’Union euro- DETTE PUBLIQUE/PIB (en %) péenne (UE), la forêt tient une place analogue à celle des zones agricoles. Cette proportion varie néanmoins beaucoup d’un Etat membre à l’autre. 1999 ...... 68,1 72,2 61,1 116,1 63,7 58,9 115,1 62,9 45,7 59,3 105,4 Elle est de 10 % (ou moins) en Irlande, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, SOLDE COMMERCE EXTÉRIEUR mais atteint près de 70 % en Suède et en Finlande. (en milliards d'euros, juillet 00) a DANS TOUS LES PAYS de l’UE, la forêt se développe. La France est le plus gros contributeur, en valeur absolue (+ 92 millions de mètres cubes 4,9* – 4,2* 6,0 (juin) 1,8 – 3,0 (juin) 0,1 3,1 0,4 – 4,1 (juin) – 37,2 (avril) 10,0 (avril) entre 1990 et 1999), devançant légèrement la Suède dont la superficie boi- INVESTISSEMENT (FBCF) sée est près de deux fois plus grande. (1er trimestre 00, en %) a 2 CONVERTI en équivalent CO (gaz carbonique), l’accroissement des Sur trois mois ...... 0,5 0,7 12 3,1 (1er trim.) 2,4 1,7 1,0 1,6 (1er trim.) – 1,0 2,0 1,4 forêts a permis de fixer 14 % du CO2 émis au niveau de l’UE. La Suède et la Finlande, avec des taux supérieurs à 100 %, ont été les seuls Etats à * provisoire ** source Commission européenne *** Luxembourg inclus absorber la totalité du gaz carbonique émis. Avec un taux de 24 %, la Fran- ce fait sensiblement mieux que la moyenne européenne. Pour plus d'informations : http://www.europa.eu.int/comm/eurostat PAYS ÉMERGENTS Les indicateurs français INNOVATION

Changement de stratégie pour les banques turques DERNIER MOIS VARIATION Les moteurs de recherche attirent une grande partie en milliards de livres turques CONNU SUR UN AN de la cyberpublicité TITRES D'ÉTAT CRÉDITS Revenus publicitaires par type de site (premier semestre 2000) CONSOMMATION DES MÉNAGES en pourcentage du revenu total 25 000 000 – 1,2 % (septembre) + 3,9 % (en produits manufacturés) BUSINESS, FINANCE, ÉCONOMIE PLATE-FORME, 20 000 000 PRESTATAIRE 6 TAUX D'ÉPARGNE 15,5 % ( 1er trim. 00) – 0,9 21 5 Divertissement, D'ACCÈS loisirs, voyages 15 000 000 À INTERNET er Sites marchands 10 000 000 POUVOIR D'ACHAT DES MÉNAGES + 0,3 % (1 trim. 00) + 1, 8 22 AUTRES 5 généralistes 5 000 000 4 Sites de COMMERCE EXTÉRIEUR – 1,6 (août 00) – 8,1 51 communauté MOTEUR 0 (en milliards de francs) (CVS, CJO) Technologie DE RECHERCHE, 4 (solde cumulé sur 12 mois) + 53,6 (00/99) Déc. Janv. Févr. Mars Avril Mai Juin 73 ANNUAIRE, 1 Information, SITE PORTAIL actualité 1999 2000 3 Divers Sources : Banque centrale de Turquie, Caisse des dépôts et consignations ENQUÊTE MENSUELLE SUR LE MORAL Source : PwC – 8 (septembre) – 5 ** DES MÉNAGES* a LA PRIVATISATION des banques publiques, l’une des conditions prin- a L’INVESTISSEMENT publicitaire sur Internet en France a atteint cipales du plan de désinflation signé entre le Fonds monétaire internatio- ENQUÊTE MENSUELLE DANS L'INDUSTRIE* 462 millions de francs durant le premier semestre 2000. Ce chiffre est nal (FMI) et la Turquie en décembre 1999, prend du retard. Pourtant opinion des chefs d'entreprise plus que trois fois supérieur à celui enregistré l’an dernier à la même l’achèvement de ce plan est crucial, car il doit entraîner la baisse des taux sur les perspectives générales de production + 28 (septembre) + 20 ** période, selon une étude réalisée par PricewaterhouseCoopers pour le d’intérêt sur les titres d’Etat, un revenu important pour les banques tur- compte de l’Internet Advising Bureau. ques, qui changent leur stratégie au profit des crédits. a LES PRINCIPAUX ANNONCEURS sont les nouveaux médias (37 %) a LES FONDS PROPRES des établissements bancaires turcs restent très CRÉATIONS D'ENTREPRISES 23 600 (septembre) + 3,0 % et les sociétés de vente par correspondance. Parmi celles-ci, les marques faibles et sont en baisse continue en raison des pertes subies incorporées traditionnelles réalisent un tiers de l’investissement publicitaire et les dans le capital. Le déséquilibre actif/passif en devises reste également DÉFAILLANCES D'ENTREPRISES*** 2 378 (août) –18,5 % sociétés qui se sont lancées dans le commerce électronique les deux tiers important et poserait un problème en cas de crise de change. restants. a a LA RECAPITALISATION des banques transférées au Fonds d’assuran- * solde de réponses, cvs, en % ** solde net douze mois auparavant *** par date de publication LA BANQUE génère 6 % du chiffre d’affaires publicitaire, suivie par le ce des dépôts coûterait encore 8 milliards de dollars. Sources : Insee, Douanes tourisme, avec 5 %. ̄ UN CHIFFRE La Slovaquie emprunte à tâtons « sa » troisième voie 50 % a Slovaquie, qui est deve- entre 1995 et 1999, contre plus de qui, in fine, devront être suppor- début des années 90 : la Slovaquie nue, le 28 septembre, le Au premier semestre 9 milliards en Hongrie. tées principalement par l’Etat. Ces aurait trouvé une troisième voie, LA PART DU SECTEUR trentième pays membre de Sur le plan de l’efficacité produc- mauvais crédits sont surtout entre le libéralisme conséquent de AGROALIMENTAIRE L l’Organisation de coopéra- 2000, les exportations tive de l’économie, on obtient aussi concentrés dans les trois grandes la Pologne et de la Hongrie, et le CHINOIS MISE EN PÉRIL tion et de développement écono- un bilan en demi-teinte. A 5 % l’an banques publiques, aujourd’hui en dérapage incontrôlé de la Russie PAR LA FUTURE miques (OCDE), présente depuis du trentième pays depuis 1995, les gains de productivi- cours de privatisation, et dont la ou des Balkans. En particulier, elle ADHÉSION DU PAYS le début des années 90 une physio- té du travail témoignent d’un ajus- faiblesse peut expliquer en partie aurait établi un arbitrage à peu À L’OMC nomie ambivalente. Entre l’Euro- membre de l’OCDE tement non négligeable des entre- le manque de pugnacité des diri- près viable entre des réformes len- pe centrale, où les réformes sont prises, mais qui reste inférieur à geants industriels. tes, une ouverture progressive à D’après Li Shijing, directeur mieux parties, et les Balkans et la sont en hausse celui observé en Hongrie et en Polo- L’arrivée de puissants opéra- l’extérieur, la reprise de la croissan- adjoint du syndicat patronal CEI, où elles se sont vite enlisées, gne, où ces gains s’établissent entre teurs étrangers pourrait, dans ces ce et la stabilité financière. des industries agroalimen- ce pays est toujours resté dans une de 22 % par rapport 8 % et 10 %. Par ailleurs, un taux conditions, imposer un surcroît de L’alternance de 1999 et l’ouver- taires à Pékin, la moitié seule- position intermédiaire. d’investissement de 35 % du PIB, discipline financière et faciliter le ture de négociations d’adhésion ment des 10 000 entreprises Ainsi, jusqu’en 1999, un gouver- à la même période entre 1995 et 1999, est exceptionnel- passage de l’économie à la vitesse témoigneraient, dans ce cadre, de du secteur devraient survivre nement nationaliste et autoritai- lement élevé pour une économie supérieure. L’enjeu est décisif au l’acceptation progressive de à l’entrée future de la Chine re, une ouverture lente à l’Ouest de l’an passé en transition : ce devrait être un moment des négociations d’adhé- l’ouverture européenne et des dans l’Organisation mondiale et une privatisation des entre- atout pour financer le rattrapage sion à l’Union européenne. contraintes impliquées par le mar- du commerce (OMC). prises au bénéfice de leurs diri- baisse, consommation atone, en rai- économique. Au total, deux interprétations ché unique. Il resterait alors à mesu- Les produits alimentaires geants rapprochaient clairement son notamment de la stagnation du de l’expérience slovaque peuvent rer les bénéfices de ces réformes occidentaux occupent déjà la la Slovaquie de ses voisins de revenu réel et d’un chômage élevé MAUVAIS CRÉDITS être proposées. La plus banale con- graduelles pour la population, puis moitié du marché chinois en l’Est. Pour autant, elle n’a pas con- (20 %). Le seul élément de dynamis- Le problème est que sur la même clut à un processus de réforme les coûts qui lui restent encore à termes de ventes. Les importa- nu d’effondrement social et finan- me est venu des exportations, en période, avec un taux de croissance, tout juste passable, permettant acquitter, sur le plan des tions dominantes sont le lait, cier comme la Bulgarie, la Rouma- hausse de 22 % au premier semes- un niveau de développement et une d’éviter l’échec mais dont les résul- recapitalisations bancaires ou du le chewing-gum, le chocolat, nie ou la Russie. En particulier, la tre 2000 par rapport à la même structure industrielle proches, la tats sont loin des promesses initia- chômage. la farine, les crèmes glacées… reprise de 1995-1998 ne peut pas période de l’an passé. Pologne affiche un taux d’investisse- les. Les trois quarts des produits s’assimiler aux « feux de paille » Il y a en fait dans ce chiffre deux ment de 22 % seulement. Toutes Une autre option identifierait ici Jérôme Sgard les plus vendus en Chine ont qui, dans des économies peu res- bonnes nouvelles : la première est choses égales par ailleurs, sa crois- la meilleure approximation dispo- Centre d’études prospectives et des noms étrangers, a expli- tructurées, se sont finis par autant que les exportations ont évité de sance a donc été 37 % plus écono- nible de la fameuse « transition d’informations internationales qué Li Shijing, « les produits de désastres. trop reporter l’effort d’ajustement me en capital que la croissance slo- gradualiste », tant évoquée au (Cepii) locaux ne sont pas compétitifs En revanche, l’économie slova- sur la demande interne, et donc vaque. en termes de qualité, d’emballa- que n’a pas pu soutenir les longues sur le revenu de la population, Cela donne l’impression que trop ge et de marketing ». « En phases d’expansion rapide de ses comme c’est la règle dans les éco- d’entreprises ont pu continuer d’ac- outre, nos entreprises sont des voisins hongrois ou polonais : la nomies peu restructurées. Ensuite, croître leurs capacités de produc- PME à qui il sera difficile de forte croissance de 1995 à 1998 a cette croissance plus rapide que tion sans modifier en profondeur tenir tête aux multinationales porté le déficit courant au-delà de celle des marchés ouest-euro- leurs modes de gestion et l’organisa- étrangères », a-t-il poursuivi. 10 % de PIB et entraîné un gonfle- péens témoigne de la compéti- tion interne de la production. Elles Le chiffre d’affaires de l’in- ment rapide de la dette extérieure. tivité des entreprises slovaques et ne sont pas restées inertes face aux dustrie agroalimentaire chinoi- Apparemment, le tissu économi- de leur capacité à s’insérer dans les nouveaux enjeux, mais moins aler- se est d’environ 80 milliards que n’est donc pas assez dynami- échanges internationaux. tes que leurs voisines, en raison sans de dollars, « soit le quart de que pour supporter durablement doute d’une « gouvernance » faible, son homologue américaine », a une croissance supérieure à 3 % ou INVESTISSEMENTS ÉTRANGERS de contraintes financières plus sou- indiqué Li Shijing. L’ouverture 4 % l’an. C’est mieux que rien, mais Cela est d’autant plus remarqua- ples et d’une concurrence moins for- des frontières après l’adhésion c’est insuffisant pour converger ble que les règles du jeu microéco- te sur le marché intérieur. Dans l’im- du pays à l’OMC entraînera vers les niveaux de revenu ouest- nomique interne ont évolué lente- médiat, une conséquence est un une restructuration en profon- européens. ment, comme en témoignent de moindre revenu disponible pour les deur et « les petites entreprises Ces contraintes structurelles nombreux indicateurs. Ainsi, les ménages. Au-delà, le risque est sans réelle spécialisation seront expliquent qu’en mai 1999, peu plus grosses firmes, à caractère qu’une allocation peu rigoureuse de éliminées du marché », a-t-il après son arrivée au pouvoir, une monopoliste, résistent encore aux l’investissement se traduise par l’ac- prédit. Soit 5 000 entreprises nouvelle coalition gouvernemen- restructurations ; dès que l’activité cumulation de pertes en capital, au moins. tale, à orientation « pro-européen- ralentit, comme en 1999, les arrié- qu’il faudra bien un jour éponger. La Chine a un énorme pou- ne », a dû freiner brutalement la rés sur les crédits-fournisseurs et Restructurations et réductions voir d’achat potentiel dans la croissance (à 1,5 % en 1999) afin de sur les impôts s’accroissent, ce qui de capacités seront à nouveau à mesure où l’épargne de la rétablir les équilibres financiers. témoigne d’un problème de disci- l’heure du jour. On retrouvera alors population est relativement Depuis le printemps de cette pline financière ; la spécialisation au premier plan les banques com- « dormante ». Les experts esti- année, l’économie slovaque sort extérieure est aussi restée très merciales, dont le bilan est bien ment que les achats des biens lentement de cette phase de repli, proche de ce qu’elle était en 1990 ; plus mauvais que celui de l’indus- agroalimentaires pourraient avec une croissance de l’ordre de enfin, le volume des investisse- trie : au début de 1999, 40 % du cré- doubler d’ici à 2010 pour 2 % correspondant toutefois à une ments directs étrangers en Slova- dit total du système bancaire était atteindre 100 milliards de demande interne au mieux stagnan- quie est maigre, ce qui témoigne classé comme non-performant. yuans (14,4 milliards d’euros). te : politique budgétaire toujours d’un problème d’« attractivité » : Cela implique des pertes sous- restrictive, investissement privé en 1,4 milliard de dollars au total, jacentes de l’ordre de 20 % du PIB, VI / LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 FOCUS ̄ Etats-Unis : la croissance n’est plus à la fête HISTOIRE ÉCONOMIQUE

ix mille milliards de dol- Cette question des technologies mier trimestre 2000, a fléchi à 3,1 % par Bernard Kapp lars ! Telle est la valeur Le ralentissement de l’information est centrale car il au deuxième trimestre. C’était de l’ensemble des biens s’agit de savoir si les gains de pro- pour mieux rebondir à 4,5 % au Det services qui ont été enregistré ductivité (+ 3,8 % au troisième tri- troisième trimestre. Rebond techni- produits aux Etats-Unis, en rythme mestre) vont réussir à promouvoir que ? Difficile à croire tant les Du corned-beef annuel, au troisième trimestre au troisième trimestre une croissance régulière débarras- achats de biens durables, comme 2000. Le franchissement de cette sée des tensions inflationnistes. les logements, demeurent à un barre historique a pourtant une 2000 est bienvenu Les investissements étrangers, qui niveau très élevé qui diffère peu de valeur doublement paradoxale. étaient en hausse de 14,6 % au celui de 1998 (plus de 5 millions de à la Ford T Elle marque la puissance de la pour la Banque second trimestre, se sont eux aussi transactions par an). Si la Réserve machine productive américaine, ralentis (+ 6,9 %), ce qui a contri- fédérale voulait réduire le cycle autant que son… risque d’essouffle- centrale américaine bué à la décélération de la croissan- immobilier à 4 millions de transac- ergé nous a fourni une image forte des abattoirs de Chi- ment (premier paradoxe). ce du PIB au troisième trimestre. tions, nul doute qu’elle doive enco- cago pendant les années 1930 dans une page mémorable Après un taux de croissance à défense, grand boulimique des Même du côté des ménages, les re augmenter ses taux. de Tintin en Amérique. « Vous voyez cette énorme machi- 4,8 % en rythme annuel au premier fonds publics, il s’est montré moins préoccupations semblent s’apaiser. Le crédit à la consommation ne ? Eh bien, les bœufs arrivent par ici, sur un tapis roulant, trimestre et à 5,6 % au second tri- dépensier que prévu. Cette chute Malgré une chute de leurs plus- demeure lui aussi exceptionnelle- Hà la queue leu leu, expliquait-on au petit reporter, et ils en sortent de mestre, le PIB américain n’a pro- des dépenses publiques a donc eu values boursières et un pouvoir ment élevé (13,4 milliards de dol- l’autre côté, sous forme de corned-beef, de saucisses, de graisse à fri- gressé au troisième trimestre 2000 un effet « récessif » qui s’est tra- d’achat érodé par la hausse des lars en août, soit 3 milliards de plus re… Tout se fait automatiquement. » Cette présentation était évi- « que » de 2,7 %. Mais et c’est le duit par une baisse du taux de pro- prix du pétrole, les ménages ont que la moyenne). Mais les observa- demment fantaisiste : il n’y a jamais eu d’usines automatisées de second paradoxe, ce ralentisse- gression du PIB au troisième tri- continué de consommer à un ryth- teurs estiment qu’il devrait décroî- ce genre. Mais Tintin nous indiquait l’essentiel : l’existence, aux ment économique est considéré mestre 2000. me particulièrement élevé. Leurs tre au cours des prochains mois, Etats-Unis, d’une industrie alimentaire toute-puissante, technici- comme « la » bonne nouvelle de la Quant aux entreprises, leurs dépenses tirent le PIB aux deux plus en raison de la prudence sée à outrance et apparemment dépourvue du moindre scrupule saison par les observateurs, les mar- dépenses globales d’investissement tiers et représentent encore accrue des banques que de celle quant à la qualité de ses produits… chés et les banquiers centraux. (+ 8,5 %) semblent avoir chuté de aujourd’hui l’un des principaux des consommateurs. Les ventes de Le développement de l’industrie américaine de la viande date en La raison en est simple : si la crois- moitié par rapport au second tri- baromètres suivis par les banquiers voitures (17,8 millions d’unités en fait de la guerre de Sécession. Située au centre des plaines à maïs sance ralentit, les tensions inflation- mestre (+ 17,9 %), notamment dans centraux. septembre en rythme annuel) de l’Ohio et de l’Indiana, la ville de Cincinnati avait alors su profi- nistes se calmeront également. le secteur des transports. Les dépen- demeurent elles aussi à un niveau ter du conflit pour multiplier par six sa production de porc salé Après six hausses successives de ses d’investissements dans de nou- CONSOMMATION élevé qui continue de préoccuper qu’elle expédiait – par bateau via le Mississippi, le golfe du Mexi- taux d’intérêt à court terme entre velles usines et de nouveaux équipe- Or, là aussi, un premier signe de la Banque centrale. que et l’océan Atlantique – vers les Etats belligérants de la côte Est. juin 1999 et l’automne 2000, la Ban- ments industriels n’ont augmenté décélération a été enregistré. A la Si le rythme de la consommation Mais la construction accélérée des réseaux ferrés, au cours des que centrale américaine a entrepris que de 2,9 %, ce qui contraste avec fin octobre, l’indice de confiance peut devenir préoccupant, c’est années 1850 et 1860, avait ensuite favorisé Chicago, devenu un de calmer le rythme de croissance le taux de 11,2 % enregistré au des consommateurs a chuté de qu’il va de pair avec une hausse len- point de passage presque obligé entre les grands espaces d’éleva- pour mieux le préserver sur la second trimestre. manière significative (de 142,5 à te mais régulière de la masse sala- ge, à l’ouest, et les centres de consommation des métropoles urbai- durée. Les 2,7 % de hausse du PIB En revanche, l’investissement 135,2), ce qui est couramment inter- riale versée aux ménages. Pour- nes, à l’est. annoncés fin octobre sont donc le informatique demeure à un niveau prété comme un ralentissement tant, malgré un tassement des créa- Une véritable ville du bétail et de la viande avait été construite à premier signe qui vient récompen- élevé (+ 19,6 %). La faiblesse appa- prochain de la consommation des tions d’emplois et une chute des partir de 1865, sur plusieurs dizaines d’hectares de terrains vagues, ser sa politique monétaire. rente des ventes de micro-ordina- ménages. heures supplémentaires effectuées au sud de Chicago, à l’initiative conjointe des organisations profes- De là à conclure à la fin de la teurs semble toujours compensée Pour l’instant, la consommation par les salariés, le revenu des ména- sionnelles et des compagnies de chemin de fer. Un immense remontée des taux et à la dispari- par la baisse continue des prix des des ménages, après avoir plafonné ges augmente : + 1,1 % en septem- ensemble de parcs à bestiaux d’une capacité initiale de tion des risques d’inflation, il y a machines, ce qui pousse les entrepri- entre 5 % et 7 % de hausse tout au bre pour le revenu disponible et 75 000 porcs, de 21 000 bovins et de 22 000 moutons en occupait le une marge que peu d’économistes ses à renouveler leur équipement. long de 1999 et jusqu’à la fin du pre- + 0,8 % pour les dépenses de con- centre. Ce qui facilitait le commerce des bêtes sur pied (1,5 million se risquent à franchir. Pour la bon- sommation. de têtes y furent échangées la première année) et permettait aux ne raison que le dynamisme des L’Employment Cost Index (ECI), divers abattoirs, installés tout autour des enclos, d’éviter toute rup- entreprises est intact et que le La productivité, prochain relais pour la croissance ? l’indice du coût de la main-d’œu- ture d’approvisionnement en maintenant des stocks d’animaux en moral des consommateurs frise 140 Taux de productivité horaire, Base 100 : 1992 vre, a décéléré au troisième trimes- attente. Les volumes à traiter s’ac- toujours l’euphorie. tre (0,9 % contre 1 % au deuxième Les techniques croissant rapidement, les indus- 120 trimestre), mais sa hausse régulière triels firent des efforts considéra- MINISTÈRE DE LA DÉFENSE 100 montre que les entreprises doivent de production bles pendant les décennies suivan- Comment s’explique alors cet consentir des efforts salariaux tes pour améliorer l’organisation essoufflement apparent du PIB ? 80 importants pour garder leurs sala- mises en œuvre du travail. Gus Swift (1839-1903) et Par la chute des dépenses de l’Etat riés ou en embaucher de nou- Philip D. Armour (1832-1901), qui fédéral (– 3,6 %) et un moindre 60 veaux. Il est vrai que le chômage dans les abattoirs bâtirent deux empires concurrents investissement des entreprises. Du continue d’être particulièrement pendant le dernier quart du 40 côté de l’Etat, les dizaines de mil- bas aux Etats-Unis : 3,9 %, un de Chicago à partir XIXe siècle, multiplièrent les inno- liers de personnes qui avaient été 20 chiffre record lui aussi, qui ne con- vations techniques dans leurs « usi- embauchées pour mener à bien le tribue pas peu à l’euphorie des des années 1880 nes à viande ». recensement de la population ont 0 ménages. S’inspirant de méthodes expéri- été remises sur le marché du tra- 1947 51 55 59 63 67 7175 79 83 87 91 95 99 n’eurent longtemps mentées à petite échelle à Cincin- vail. Quant au ministère de la Source : The dismal Scientist Yves Mamou nati, ils développèrent notamment aucun écho dans la parcellisation des tâches et le tra- vail à la chaîne, qui furent appli- les autres industries. qués de façon systématique à par- Christian Parisot, économiste chez Aurel Leven tir des années 1880. Après avoir Il fallut attendre 1913 été tuées et saignées, les bêtes étaient suspendues à des crochets pour qu’un visiteur en mouvement permanent et pas- « La cagnotte américaine est conjoncturelle » saient devant des ouvriers qui de passage, devaient effectuer chacun une opé- ration simple : couper la tête, effec- « En janvier 2001, le nouveau tat exceptionnel est le fruit d’une futur président dispose de 230 mil- sactions financières. Entre 1994 et le constructeur tuer une incision, tirer sur la peau, président des Etats-Unis pren- politique volontariste. Ce n’est liards de dollars pour relancer 1998, le produit de ces taxes a été etc. Progressant lentement dans dra les rênes du pays avec une vrai qu’en partie. Les caisses de l’économie au cas où l’atterrissage multiplié par deux. Henry Ford, ait l’atelier, chaque carcasse passait situation budgétaire exception- l’Etat débordent surtout grâce à en douceur de l’économie améri- – Personne ne croit vraiment à ainsi entre les mains de plusieurs nelle. Est-ce un résultat à mettre l’accumulation de cagnottes que le caine, aujourd’hui programmé, se un accident sur la croissance le premier l’idée dizaines d’hommes, avant d’être à l’actif de Bill Clinton ? gouvernement n’avait pas antici- transformerait en scénario plus américaine à court terme. Y a-t-il stockée dans les entrepôts réfrigé- – Après la courte mais violente pées, du fait de l’extraordinaire brutal. Peu de pays disposent d’un vraiment lieu de s’inquiéter ? de les adapter rés. Ce système de production per- récession du début des années 90, dynamisme de l’économie améri- tel atout. – Les recettes budgétaires sont mit à Swift et à Armour de faire les Etats-Unis ont redressé de caine. L’évolution des dépenses » Mais cette richesse peut être moins sensibles à la conjoncture aux besoins considérablement baisser leurs façon spectaculaire la situation de budgétaires cette année, 5 %, soit fragile dans la mesure où elle est économique qu’à la conjoncture coûts de main-d’œuvre. Les tâches leurs finances publiques. Sur l’an- un rythme jamais atteint depuis conjoncturelle. L’explosion des boursière. Que Wall Street s’effon- de la construction à effectuer étant désormais très née fiscale qui s’est achevée en sep- 1991 et beaucoup plus rapide que recettes budgétaires repose sur un dre, et c’est une bonne partie de faciles à apprendre, ils pouvaient tembre, le budget fédéral devrait la croissance initialement prévue, poste bien particulier : celui de la ces recettes qui s’envolerait d’un mécanique les faire effectuer par des tra- se solder par un excédent histori- prouve le relâchement du gouver- taxation des revenus financiers seul coup. Une baisse de 10 % de la vailleurs n’ayant aucune expérien- que de 237 milliards de dollars, soit nement en la matière. des ménages américains. Bourse engendrerait 68 milliards ce de la boucherie. C’est-à-dire, en l’occurrence, par des immi- 2,3 % du produit intérieur brut. – Néanmoins, cette aisance » L’impôt sur le revenu des de dollars de rentrées fiscales en grants de fraîche date, prêts à travailler dans les pires conditions » Avec une hausse de 11 %, les financière place le futur prési- ménages – plus de 1 000 milliards moins, l’équivalent de 30 % de l’ex- pour des salaires de misère… recettes fiscales ont enregistré leur dent dans une situation très de dollars – représente la moitié cédent du budget fédéral. La majeure partie des bêtes étaient ensuite transformées sur pla- plus fort taux de croissance depuis confortable... des recettes fiscales du budget » Dans ce contexte, le program- ce selon les mêmes principes. Après avoir été élevés sur les carcas- 1987, offrant au département du – Oui, ces surplus budgétaires fédéral. L’impôt sur le revenu croît me de remboursement de la dette ses en mouvement, les divers morceaux étaient acheminés par des Trésor une cagnotte inespérée de donnent aux autorités américaines beaucoup plus vite que le revenu publique serait beaucoup plus diffi- glissières vers des ateliers spécialisés dans la préparation de la vian- 17 milliards de dollars. Mais il des marges de manœuvre très disponible des ménages, grâce, pré- cile à mener, sans compter que les de fraîche ou dans la confection de produits à longue conservation serait faux de croire que ce résul- appréciables. Potentiellement, le cisément, à la taxation sur les tran- deux candidats à la présidence ont (jambons, lard, saucisses, dans le cas du porc ; corned-beef dans fait des promesses de baisse d’im- celui du bœuf). Quant aux résidus, ils étaient soigneusement collec- pôts qu’il leur serait plus difficile tés pour être valorisés dans de petites unités attenantes : les d’honorer. » déchets graisseux étaient transformés en savon, les os et les cartila- ges en colle, les cornes de bovins en peignes et en boutons… Propos recueillis Au tout début du XXe siècle, Swift et Armour avaient atteint leur par Laurence Caramel objectif en contrôlant chacun un immense réseau de vente dans l’ensemble des Etats-Unis, qu’ils approvisionnaient en viande fraî- che comme en produits carnés avec leurs propres flottes de wagons réfrigérés. Ils rencontrèrent toutefois quelques difficultés à cette époque. D’abord ébranlés par une série de conflits sociaux très durs, ils furent ensuite accusés publiquement de pratiques extrêmement dangereuses pour la santé publique, comme l’utilisa- tion d’animaux malades ou le maquillage de viandes avariées. Ce qui poussa le président Theodore Roosevelt à faire voter, en 1906, la première loi sanitaire applicable aux industries alimentaires. Mais il ne s’agissait que de péripéties. Les deux grandes maisons de Chicago sortirent presque indemnes de la tempête et reprirent peu à peu leur progression sur le marché intérieur. Curieusement, les techniques de production mises en œuvre dans les abattoirs n’eurent longtemps aucun écho dans les autres industries. Il fallut ̄ attendre 1913 pour qu’un visiteur de passage, le constructeur Hen- ry Ford, ait le premier l’idée de les adapter aux besoins de la cons- truction mécanique. Si l’on peut aisément décomposer les opéra- Christian Parisot tions de dépeçage d’un bœuf pour les confier à des ouvriers non qualifiés, pourquoi ne pas faire de même pour monter une machi- b Agé de 30 ans, détenteur ne faite de pièces interchangeables ? On connaît la suite. d’un diplôme d’économie appliquée, Dès l’année suivante, Henry Ford fit une première expérience Christian Parisot a rejoint dans son usine de Dearborn en installant une ligne mobile pour le service des études économiques assembler des dynamos. Puis il décida d’étendre le système à tou- de la société de Bourse Aurel Leven tes les opérations de montage de sa nouvelle voiture, le fameux il y a trois ans modèle T. Résultat : une immense usine de conception révolution- b Spécialiste des questions naire où il appliqua, dans toute leur rigueur, ces techniques de pro- financières, il est chargé duction que les économistes et les sociologues regroupent depuis du suivi conjoncturel des Etats-Unis lors sous le terme commode de… fordisme ! et de la France. VIII / LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 TRIBUNES ̄ LIVRES Démocratie sociale : l’inévitable réforme par Philippe Arnaud de la Constitution par Jean-François Amadieu Paradoxales lacunes ui craint l’autonomie des partenaires Sur certains sujets, l’accord collectif fait l’ob- devant la nécessité de solliciter l’intervention sociaux ? Pour certains, faire plus de jet d’une décision prise par le conseil, qui trans- du législateur. La négociation ne devrait plus place à l’accord collectif serait céder crit tel quel l’accord (la pratique veut que l’ac- être arrachée par le conflit, la manifestation ou LES TROUS NOIRS DE LA SCIENCE ÉCONOMIQUE, Q aux sirènes libérales. Pour d’autres, la cord collectif ne soit pas modifié). Les partenai- le blocus, mais être un droit reconnu. Le res- de Jacques Sapir République serait menacée dans ses res ont donc un droit reconnu à négocier avant pect des partenaires sociaux lorsqu’ils veulent Albin Michel, 2000, 320 p., 140 F, 21,34 ¤ fondements. Serait-on allé au bout de ce qu’il toute décision politique. Cette « subsidiarité discuter et lorsqu’ils ont conclu ne devrait pas est légitimement possible de confier aux parte- sociale » ou « négociation légiférante » est donner lieu à des passes d’armes entre le gou- ale temps pour les économistes ! Alors qu’une émission de la naires sociaux ? Renforcer la place et la repré- exemplaire de ce que les notions d’Europe vernement et les partenaires. La démocratie cinquième chaîne de télévision lance un vindicatif « A poil les sentativité des partenaires sociaux, stimuler la sociale, de respect des partenaires et de dialo- sociale doit donc trouver une traduction consti- économistes », Jacques Sapir, directeur d’études à l’Ecole des négociation et faire respecter les accords collec- gue social enrichi peuvent signifier. tutionnelle plus explicite et plus précise. hautes études en sciences sociales, s’adonne aux joies de l’ef- tifs, n’est-ce pas souhaitable ? La réponse est La situation française, déjà bien éloignée des Néanmoins, cette nécessaire consécration du feuillage.S Son essai, souvent ironique, est original à deux titres. pourtant claire si l’on adopte une perspective règles européennes, risque rapidement de deve- droit de négocier ne se suffit pas à elle-même. D’abord parce qu’il est le résultat « théorique » des recherches que historique. nir paradoxale. En effet, un accord collectif con- Des garanties, des garde-fous doivent être mis mène sur le terrain, depuis près de dix ans, ce spécialiste de l’ex-URSS. Le développement de la négociation collecti- clu au niveau européen s’impose au Parlement en place. Il faut que des réformes assurent l’équi- Ensuite, parce qu’il affirme clairement une ambition : « refonder », ni ve et de l’autonomie des partenaires sociaux français, alors même que nous refusons à nos libre des partenaires et leur représentativité. plus ni moins, la science économique. Ceux qui trouvent le débat est un irrésistible mouvement. Il s’agit d’un pro- propres partenaires sociaux, au niveau national Le développement de l’autonomie des parte- actuel languissant retiendront cette phrase de Jevons, citée par Jac- grès social, économique et interprofessionnel, une telle pos- naires sociaux a toujours été freiné par une ques Sapir : « Un calme despotique est le triomphe de l’erreur ; dans la démocratique que la construc- En France, sibilité ! En France, la négocia- représentativité insatisfaisante. Seules des élec- République des Sciences, la sédition et même l’anarchie sont dans le long tion européenne devrait accélé- tion collective reste sous l’étroit tions à tous les niveaux, dans des conditions de terme favorables au plus grand bonheur du plus grand nombre. » rer. Mais cette nouvelle étape la négociation contrôle du pouvoir politique et libre concurrence entre les organisations patro- L’auteur se livre, pour commencer, à un « état des lieux » de la « mai- pour la démocratie sociale sup- son épanouissement butte sur nales ou syndicales, peuvent doter les négocia- son Economie »… et n’a pas de mots assez durs (« autisme », « machine pose désormais des réformes collective reste un obstacle constitutionnel. teurs d’une légitimité. En outre, un accord col- à décerveler »…) pour condamner, après d’autres, l’économie telle de grande ampleur, en particu- La hiérarchie des sources de lectif ne devrait avoir aucune valeur s’il n’est qu’on l’enseigne. Après un rappel bienvenu du devoir de mémoire en lier une révision constitutionnel- sous l’étroit contrôle droit place l’accord collectif majoritaire. économie : « une discipline qui ne garde pas la trace de ses débats pas- le. La force potentielle de l’ac- dans une position subordonnée Par ailleurs, un accord collectif n’a aucune sés ne peut, par définition, produire de critères valables de vérification », cord collectif (il est créateur de du pouvoir politique à la loi et au règlement. Notre légitimité s’il n’est pas conclu entre des parte- il en vient à sa thèse principale : la théorie économique s’est construi- droits) et sa légitimité sont tels Constitution ne reconnaît pas naires qui disposent de moyens équivalents. En te, paradoxalement, en excluant les questions du temps et de l’argent. que son développement a long- et son épanouissement clairement aux travailleurs et effet, un déséquilibre dans le rapport de forces L’ouvrage porte d’ailleurs en sous-titre : Essai sur l’impossibilité de pen- temps été endigué. Il fallait aux partenaires sociaux un condamne, par définition, la démarche négo- ser le temps et l’argent. lever les réticences d’un patro- butte sur un obstacle droit à la négociation. Le préam- ciée. Pour cette raison, la négociation entre les Le propos de Jacques Sapir est donc, d’abord, de « réintroduire le nat peu pressé de permettre bule de la Constitution ne men- partenaires doit d’abord être menée là où les temps dans l’analyse économique », à partir d’une intuition centrale, aux travailleurs de rééquilibrer constitutionnel tionne pas le droit des tra- partenaires sont indéniablement dans un rap- que l’on trouve aussi chez un auteur comme Paul Virilio : la prise en le rapport de forces social, et vailleurs à la négociation, alors port de forces équilibré : le niveau national compte du temps et le souci de la chose publique vont de pair. Ainsi, convaincre les parlementaires que la reconnais- qu’il évoque le droit de grève, le droit syndical interprofessionnel et certaines branches profes- par exemple, la garantie des contrats temporels qui nous lient (nos sance des syndicats et de la convention collecti- et la participation. Or la participation peut être sionnelles. emprunts, nos retraites…) ne se pose pas seulement en termes « tech- ve n’était pas un renoncement aux idéaux répu- une simple consultation ou une concertation, Contrairement aux souhaits des éléments les niques », mais en termes politiques. L’auteur défend moins le rôle de blicains. d’ailleurs facultative. C’est un processus qui n’a plus libéraux du patronat, il n’est pas conceva- l’Etat, que celui du débat public et démocratique. « Le temps doit être Depuis la négation complète de toute forme pas la force de la négociation collective et c’est ble d’inverser au profit de l’accord d’entreprise pris au sérieux », écrit-il, parce que faire de la place au temps, c’est en de corps intermédiaires en 1791, des progrès à dessein que la négociation ne figure pas expli- la hiérarchie des sources de droit. Certes, les faire à la délibération. ont heureusement été réalisés. Il a fallu près citement dans notre Constitution. La négocia- conditions d’un dialogue social équilibré peu- Deuxième oubli de la science économique classique, l’argent. Les d’un siècle pour que les embryons du dialogue tion peut, ou non, avoir lieu, selon la bonne vent être réunies dans certaines entreprises économistes ont du mal à penser l’argent, ce n’est plus une découver- social soient mis en place (légalisation de la grè- volonté du législateur et de l’Etat. Les fonction- mais, hélas, l’implantation syndicale reste trop te, depuis Keynes. Mais si l’auteur reprend à son compte certaines ana- ve, puis des syndicats). Pour la négociation col- naires en sont par exemple totalement privés, lacunaire et les moyens d’action des syndicats lyses de Michel Aglietta et André Orléan (la monnaie comme violence lective, ce fut beaucoup plus lent et, et la France n’a jamais ratifié la convention 151 trop faibles pour que des négociations décen- sociale) et Georg Simmel (la monnaie comme principe d’individua- aujourd’hui encore, dans la fonction publique, de l’Organisation internationale du travail tralisées servent de base à un édifice juridique. tion), c’est pour critiquer l’importance excessive donnée, aujourd’hui, la négociation collective n’a aucune base légale. (OIT), qui prévoyait, dès 1978, une possibilité C’est donc d’abord au niveau national inter- à la monnaie. Pour Jacques Sapir, la monnaie n’est ni neutre ni le lien En matière de négociation collective, nous de négociation pour les fonctionnaires. professionnel que les partenaires peuvent légiti- social dominant. Ces deux thèses opposées, mais solidaires ont une sommes encore au milieu du gué si l’on en juge Quant au Parlement, il ne saurait actuelle- mement conquérir une autonomie normative. conséquence, pour l’auteur, funeste : retirer la gestion de la masse par les pratiques européennes. Le traité d’Ams- ment être lié par un accord collectif, sauf s’il l’a Ces volets de la « refondation » sont urgents monétaire aux gouvernements. La science économique est-elle une terdam fait une place prééminente aux partenai- lui-même suggéré. La Constitution laisse au car l’inévitable consécration constitutionnelle chose trop sérieuse pour être confiée aux seuls économistes ? En fin res sociaux dans le domaine social. Ils doivent législateur la possibilité de restreindre, à sa con- de la négociation serait, sans ces préalables, illé- connaisseur de la transition chaotique à l’Est, et des « marchands d’illu- être consultés très en amont du processus de venance, la sphère d’autonomie des partenai- gitime et dangereuse. sions » qui y ont sévi, Jacques Sapir suggère que le problème est davan- décision politique européen. Ils ont la possibilité res sociaux. Le Parlement élargit continûment tage celui des économistes coupables d’« arrogance » que celui d’une de conclure un accord collectif qui entre directe- son domaine, réglant les moindres détails, ce Jean-François Amadieu est professeur à l’uni- science humaine, trop humaine. Utile nuance. ment en application dans chaque Etat membre. qui, ipso facto, place les partenaires sociaux versité Paris-I-Panthéon-Sorbonne. PARUTIONS Les banques japonaises prisonnières b « SERVICES PUBLICS ET MARCHÉS : L’ÈRE DES RÉGULA- TEURS », SOCIÉTAL, sous la direction d’Alain Vernholes La fin des monopoles, les privatisations massives et la dérégulation de pans entiers de l’industrie et des services ont incontestablement dyna- du passé par Jean-Pierre Rieupeyrout misé les économies. Mais ces mutations ont obligé à reconsidérer le lien entre Etat et marché. C’est à ce thème que la revue Sociétal, dirigée par Gérard Moatti, consacre l’essentiel de son dernier numéro en analysant a faillite du groupe de grands magasins Les avantages étaient significatifs : le desser- se heurte à la réalité de l’économie « mixte ». notamment le cas de trois secteurs désormais dévolus à la concurren- Sogo, survenue en juillet, après l’échec rement des contraintes financières, l’abaisse- L’argent public demeure aujourd’hui indis- ce : l’eau, la poste et les chemins de fer. Un sujet d’actualité, si l’on en d’un plan de sauvetage bancaire, puis cel- ment du coût du capital et un fort effet de pensable pour recapitaliser les institutions juge par la polémique suscitée par les accidents récemment survenus L le de la grande compagnie d’assurance- levier, rendu possible par le contrôle bancaire, financières régionales, garantir les crédits aux sur le réseau ferré britannique, privatisé. vie Chiyoda, en octobre, ainsi que les hésita- ont longtemps facilité les investissements et PME et financer les travaux publics. Ces pré- Ce dossier comporte également une contribution sur la « cohabitation tions de la politique gouvernementale, indi- une croissance rapide. occupations sont fondées, car beaucoup d’en- nécessaire » entre service universel et concurrence, une étude sur les quent que la crise financière n’est pas finie au Dans ce schéma, les trois banques de crédit à treprises sont menacées. Aussi, par crainte modèles de régulation anglo-saxons, ainsi qu’un entretien avec Jean Japon. Plus précisément, que le problème ban- long terme : Industrial Bank of Japan, Long d’une crise macroéconomique et sociale de Bergougnoux, ancien directeur général d’EDF et ex-président de la caire n’est pas résolu. La proportion des créan- Term Credit Bank (LTCB) et Nippon Credit grande ampleur, le Japon hésite-t-il à entre- SNCF sur la façon dont « le régulateur gagnera sa légitimité ». ces douteuses s’élève encore à plus de 12 % de Bank (NCB) occupaient le centre du système, prendre des réformes drastiques de la gestion Egalement au sommaire, un examen des « deux projets pour l’Améri- l’ensemble des crédits, et le rôle des banques, à car elles avaient le privilège d’émettre des obli- du capital et du travail. De plus, il ne dispose que » de George W. Bush et Al Gore, à la veille des élections présiden- la fois actionnaires et créanciè- gations pour se financer. Elles pas de mécanismes rodés et efficaces pour res- tielles américaines (Sociétal,no 30, 4e trimestre 2000, 124 p., 90 F, res des entreprises, reste ambi- Les milieux libéraux pouvaient prêter à long terme tructurer ses entreprises dans l’urgence. La 13,72 euros). S. M. gu. La solution passe probable- aux entreprises et bénéficier de nouvelle législation sur les faillites est en pla- ment par la mise en place d’un japonais pensent la position de banquier princi- ce depuis seulement avril et n’est pas encore b LE TRAVAIL, textes choisis et présentés par Joël Jung nouveau type de capitalisme au pal dans un grand nombre d’en- éprouvée. L’idée est la bienvenue. Rassembler autour de cinq thèmes liés au tra- Japon, mais la transformation que, pour retrouver tre elles. Leur vocation n’était Dans ce contexte, le problème des créances vail (Qu’est-ce que travailler ? ; Travail, valeur et richesse ; Le travail du modèle économique se heur- pas de prendre des risques, et douteuses ne peut être résolu par la disparition divisé ; Le travail soumis ; Quel avenir pour le travail ?) des textes de phi- te à de grandes difficultés. le chemin leur défaillance à proprement pure et simple des entreprises endettées. Le losophes (Aristote, Hegel, Kant, Platon, etc.), d’économistes et de socio- Dans la débâcle du groupe parler était inimaginable, car rôle des banques reste donc crucial, mais leur logues (Durkheim, Marx, Ricardo, Smith, etc.), donne un recueil dont Sogo, deux aspects sont à souli- de la croissance, elle aurait mis en danger l’en- position est singulièrement délicate. Le plus pourraient s’inspirer nombre de chefs d’entreprise et de managers (GF gner : la passivité d’actionnaires semble du système. C’est pour- probable est qu’elles vont continuer à soutenir Flammarion, août 2000, 255 p., 43 F, 6,55 euros). M.-B. B. extérieurs tels que Nippon Life toute l’économie tant ce qui s’est passé après les entreprises de la construction, de l’immobi- ou Nomura, qui n’ont su agir et qu’elles eurent accumulé les lier, de la distribution, notamment en raison du défendre l’entreprise, pourtant doit répondre erreurs et participé massive- poids de ces secteurs, au risque de mobiliser en difficulté depuis plusieurs ment à la mauvaise allocation toutes leurs ressources et d’être entraînées années, et la responsabilité de façon nouvelle du crédit. dans de nouvelles difficultés. générale des banques. On sait Reprises par des investisseurs On note même que, en contradiction avec les maintenant que l’Industrial à la question extérieurs, LTCB et NCB modi- intentions de sa nouvelle direction, la LTCB Bank of Japan (IBJ) fut omni- fient désormais leur politique, envisagerait à l’avenir de ne pas demander la présente en tant que banque de l’allocation d’autant que l’Etat a dû s’enga- reprise par l’Etat de ses créances douteuses afin principale, détachant dès la fin ger à reprendre leurs créances d’éviter les turbulences politiques. Mais, il est des années 60 un de ses direc- des ressources compromises. Les repreneurs aussi clair que, d’un autre côté, contrastant teurs, qui allait exercer un pou- américains de la LTCB, qui était avec cet immobilisme, les secteurs et les entre- voir discrétionnaire. Malheureusement, IBJ n’a la deuxième banque du groupe Sogo, ont donc, prises les plus dynamiques commencent à utili- pu éviter une faillite qui porte un nouveau logiquement, décidé de faire jouer cette garan- ser d’autres modes de gestion, prenant leurs dis- coup à la crédibilité des banques et repose la tie. Mais ils ont ainsi déclenché une explosion de tances avec les banques. C’est là un tournant question de la politique qu’elles doivent met- protestations contre l’utilisation des fonds historique qui vise probablement à remodeler tre en œuvre pour assurer leur propre redresse- publics et le retrait du plan de redressement. le capitalisme au Japon. ment, mais aussi participer à la rénovation du Depuis, le gouvernement est attaqué sur l’ensem- Les milieux libéraux japonais pensent que modèle économique. ble de sa politique vis-à-vis du secteur financier. pour retrouver le chemin de la croissance, c’est La reconstruction de l’économie après 1945, Ces développements annoncent-ils l’applica- toute l’économie, y compris les secteurs proté- suite à la fin du capitalisme familial, avait placé tion de nouveaux principes vis-à-vis des entre- gés, qui doit répondre de façon nouvelle à la les banques au cœur du système économique. prises surendettées ? Ils constituent à n’en pas question de l’allocation des ressources. La ces- Le capital lui-même avait disparu et il fut douter un double échec du financement indi- sion des participations croisées, le recul du cré- reconstitué grâce à l’aide américaine, à des rect et du mode traditionnel de restructuration dit bancaire, l’objectif de rentabilité, le dévelop- fonds publics et à l’intermédiation bancaire. Le sous l’égide des banques. La recherche de solu- pement de fonds d’investissement, le finance- crédit bancaire devint donc prépondérant, rem- tions nouvelles est positive. La faillite pourrait ment des start-up par le marché, la place crois- plaçant les fonds traditionnellement apportés ainsi contraindre Sogo à un rapprochement sante des investisseurs étrangers dans le capital par des actionnaires. C’est un modèle économi- avec un autre groupe de distribution, ce qui des sociétés montrent que l’économie est en que spécifique au Japon qui s’est développé, semblait auparavant exclu. Toutefois, les pers- mouvement. Mais l’application de principes qualifié de « méso-corporatiste » par l’écono- pectives générales demeurent très incertaines. plus libéraux est une voie semée d’embûches. miste Robert Boyer, c’est-à-dire centré sur des Une forte inquiétude est perceptible, comme le Le Japon hésite. entreprises protégées plutôt que sur le marché, montre le récent recul de la Bourse et notam- ou bien d’« économie mixte » par Eisuke Saka- ment des valeurs bancaires. Jean-Pierre Rieupeyrout, ancien banquier, kibara, l’ancien vice-ministre des finances, qui En outre, l’application du principe « pas appartient à la faculté de sciences économiques met même en doute sa nature capitaliste. d’argent public pour des entreprises privées » de l’université Waseda. ENQUÊTE LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 / IX La reprise s’est accompagnée d’une augmentation L’intérim vante sa contribution du recours au travail temporaire. Les entreprises positive à l’emploi uand l’intérim va, tout par rapport au premier semestre synonyme de précarité ou de con- Les entreprises de travail tempo- ment (dans l’industrie, le trans- d’intérim va… Contrairement à ce 1999. Les progressions se sont légè- ditions de travail difficiles, et ten- raire (ETT) permettraient un port, et le BTP essentiellement). qui permettraient que l’on pourrait penser, rement tassées en juillet et août, ter ainsi de convaincre les pou- meilleur ajustement de l’offre et D’autre part, les ETT répondent Qquand l’emploi redémar- mais restent néanmoins soute- voirs publics de la nécessité d’allé- de la demande d’emploi. De plu- bien à la demande de flexibilité re, les entreprises qui nues. La mise en œuvre de la légis- ger les contraintes pesant sur ce sieurs façons. D’une part, estiment souhaitée par les entreprises, dans un meilleur embauchent continuent de recou- lation sur les 35 heures « dont on secteur d’activité. les experts de McKinsey, elles don- le cadre de programme de rir à des travailleurs temporaires ; pouvait attendre que le surcroît de Si emploi et travail temporaire nent leurs chances à des person- « juste-à-temps », par exemple. ajustement de l’offre et réciproquement, alors qu’avec flexibilité interne affiché dans de évoluent positivement de concert, nes « extérieures » à l’entreprise. « Les entreprises européennes ont la reprise davantage de personnes nombreux accords vienne concur- c’est que les entreprises d’intérim En d’autres termes, elles permet- besoin d’être plus flexibles pour et de la demande trouvent des emplois permanents, rencer le recours au travail tempo- favorisent un cercle vertueux en tent aux entreprises d’apprendre à demeurer compétitives dans une d’autres, toujours plus nombreu- raire » n’a pas eu cet effet, estime contribuant, entre autres, à amélio- connaître un éventuel futur salarié économie plus globale, qui doit d’emploi, souhaitent ses, font appel à l’intérim. Colette Jourdain de la Dares. rer la flexibilité du marché du tra- sans risque, quitte à l’embaucher s’adapter à des changements rapi- Depuis plus d’un an, la bonne L’occasion était trop belle ; les vail. Selon une étude réalisée par s’il donne satisfaction. des et davantage orientée vers le convaincre conjoncture s’est ainsi accompa- entreprises de travail temporaire le cabinet McKinsey pour l’Interna- Une autre enquête réalisée pour client. L’irruption d’Internet dans gnée d’une augmentation du s’en sont saisi pour mettre en tional Confederation of Private le SETT par l’institut CSA-TMO l’économie renforce ce phénomè- recours au travail temporaire. avant la contribution positive de Employment Agencies, rendue sur le marché français du travail ne », note l’étude de McKinsey. les pouvoirs publics Selon la Direction de l’animation, l’intérim à l’emploi. Leur organisa- publique le 26 octobre à Bruxelles, temporaire, et publiée le 28 sep- de la recherche, des études et des tion professionnelle, le Syndicat les entreprises de travail temporai- tembre, montre d’ailleurs que CONGÉ-MALADIE d’assouplir statistiques (Dares) du ministère des entreprises de travail temporai- re pourraient contribuer à créer 36 % des intérimaires interrogés Certes, pour l’instant, la principa- de l’emploi, le volume de travail re (SETT), multiplie les initiatives, 4 millions d’emplois en Europe en juin 1999 sont salariés, en con- le raison de recourir à des intérimai- les réglementations réalisé en intérim (en équivalent publie enquête sur enquête, à l’ap- d’ici à 2010… à condition que les trat à durée indéterminée (CDI) ou res est le remplacement de salariés temps plein) a augmenté de 21 % pui de cette thèse, pour redorer réglementations qui régissent cet- en contrat à durée déterminée en congé-maladie. Il en est ainsi de leur secteur durant le premier semestre 2000 l’image d’une profession, souvent te profession soient assouplies. (CDD) un an après. Ce taux s’est dans 81 % des cas. Mais, selon l’étu- amélioré depuis 1995-1996 : il n’at- de McKinsey, 17 % du travail effec- teignait alors que 28 %. Le travail tué par des intérimaires n’auraient temporaire constituerait donc pu être accomplis si les entreprises « un tremplin vers l’emploi » selon n’avaient pas eu l’opportunité de Flexibilité maximale dans le secteur automobile le SETT. Près de la moitié des per- les embaucher pour la période. sonnes interrogées occupant un Autre avantage, l’intérim permet n présentant à la presse, fin août, le personnel fixe de production, voire aujourd’hui mis à l’épreuve en situation de travail et que l’on emploi permanent ou bénéficiant de découvrir des employés quali- bilan et les perspectives de son activité, 20 à 25 % chez les constructeurs, et même bien rappelle quand besoin est, observent les cher- d’un CDD après leur période d’in- fiés ayant des compétences qui ne la direction de Peugeot-Sochaux annon- davantage chez les équipementiers, relève René cheurs. Pour un jeune, l’intérim est le passage térim avaient été préalablement sont pas du ressort habituel de l’en- E çait l’embauche d’ici à la fin 2000 de 800 Mathieu. La bonne tenue de la conjoncture ne obligé pour devenir opérateur permanent. C’est envoyées en mission chez celui qui treprise. Pour l’instant, ce cas de personnes supplémentaires… en intérim. Un tend pas à réduire le phénomène. Bien au contrai- devenu le seul canal de recrutement pour cette est devenu leur employeur actuel. figure représente 4 % des contrats renfort de main-d’œuvre destiné à permettre la re. L’intérim est véritablement devenu un outil, catégorie de personnel, insistent-ils. Et cette mise Pour les entreprises aussi, le de travail temporaires. Mais «ce création d’une troisième équipe, qui portera à non plus simplement conjoncturel mais structu- à l’épreuve s’étale sur une très longue période. recours à des intérimaires peut marché va croître rapidement », 3 000 le nombre d’intérimaires dans cette usine rel, de gestion des ressources humaines dans ce Mais, précisent-ils, être dans le vivier ne signifie être un moyen d’attirer des compé- estiment les experts. de 17 000 salariés. Ce chiffre peut surprendre secteur. La flexibilité externe devient en perma- pas pour autant être assuré d’être un jour embau- tences, estiment les auteurs de A cette demande de flexibilité de eu égard aux bons résultats enregistrés par le nence régulatrice des fluctuations d’activité. » ché. » Il est ainsi fréquent de trouver un person- l’étude. Soit parce qu’elles arrivent la part des entreprises, répondrait groupe cette année et aux prévisions d’activité nel intérimaire ayant au moins deux ans d’an- à convaincre des personnes qui aussi une certaine demande de flexi- fort encourageantes du site pour 2001. Le phé- MAIN-D’ŒUVRE JEUNE ET DIPLÔMÉE cienneté dans les usines de la filière. n’auraient pas été attirées par tel bilité de la part des employés. En nomène n’est cependant pas propre à PSA. Pour les entreprises, la prise de risque s’en Les missions d’intérim sont désormais traitées profil de poste, soit parce qu’elles France, 32 % des personnes interro- Comme le révèlent les enquêtes réalisées voit réduite au minimum. Pour amortir les comme toute autre « fourniture » relevant de la bénéficient des personnes formées gées par CSA-TMO, et qui étaient depuis une dizaine d’années, au sein de la filiè- à-coups de la production, les usines s’appuient politique d’achat : leur coût, variant selon la qua- par les entreprises d’intérim pour toujours intérimaires un an après re automobile, par deux chercheurs du Centre sur cette réserve de main-d’œuvre jeune, sou- lité présumée des personnes, la quantité achetée pallier les carences actuelles de l’enquête, ont déclaré se trouver d’études de l’emploi (CEE), Armelle Gorgeu et vent plus diplômée que le personnel perma- et la qualité du service de l’entreprise de travail main-d’œuvre. Ainsi Manpower dans cette situation parce que « l’in- René Mathieu, quel que soit l’état de la conjonc- nent, et donc plus polyvalente, payée au SMIC temporaire, est négocié au niveau des directions vient d’annoncer une opération de térim leur convient » (pour 27 % ture, tous les grands constructeurs et équipe- quel que soit son niveau de qualification, et de générales, et non plus au niveau local (usines et formation destinée à former plus d’entre elles), voire « parce qu’elles mentiers français travaillent désormais avec un surcroît non syndiquée, jamais absente ni mala- agences d’intérim). Ce qui, évidemment, en de 1 000 personnes d’ici à la fin de souhaitent rester intérimaires » volant permanent d’intérimaires. de, ou du moins immédiatement remplacée. réduit le prix et favorise leur développement. l’année, à des postes pour lesquels (pour 5 % d’entre elles). Permanent et conséquent. «Celui-ci peut « Le but est de se constituer un vivier de person- les entreprises rencontrent actuel- atteindre dans certains établissements 15 % du nel de production potentiellement embauchable, Laetitia Van Eeckhout lement des difficultés de recrute- Annie Kahn

Une activité qui reste saisonnière... avec des missions courtes Evolution en % sur un an du chiffre d'affaires des Durée moyenne en semaines des missions achevées Les jeunes mettent en avant la possibilité entreprises de travail temporaire au cours de l'année 1999 31 COMMERCE 27 26 ADMINISTRATION de se lancer sur le marché du travail 24,5 25,5 22 INDUSTRIE DE BIENS 21 DE CONSOMMATION 20 a reprise souffle fort dans recherche d’emploi et d’éplucher les ACTIVITÉS IMMOBILIÈRES 17 l’agence Manpower de la Les candidats âgés, petites annonces ». 16 16 INDUSTRIE DES BIENS INTERMÉDIAIRES rue de Vaugirard. Aline Win- Voilà six mois qu’elle accomplit 12,5 terberger, qui dirige l’agen- tirant parti la même mission qui s’est achevée SERVICES AUX L ENTREPRISES ce, en témoigne : « La situation est le 31 octobre. Est-elle inquiète en train de s’inverser par rapport aux de leur expérience, d’un chômage possible ? « Non, CONSTRUCTION années 90, dit-elle. Les entreprises car la période est propice pour ceux ACTIVITÉS FINANCIÈRES ont compris qu’elles ne trouveraient profitent également qui cherchent un poste en intérim. » plus automatiquement sur le marché Va-t-elle en profiter pour cher- INDUSTRIE AUTOMOBILE du travail les qualifications dont elles cher un contrat de travail à durée INDUSTRIE DES BIENS de l’amélioration SONDJ FMAMJ J A D'ÉQUIPEMENT ont besoin. » « Aujourd’hui, pour- indéterminée ? « Pas dans l’immé- 1999 2000 0 1234 suit-elle, les intérimaires très quali- de la conjoncture diat pour des raisons personnelles. fiés qui peuvent trouver facilement Mais, dans un an environ, je cher- Source : Sett/MES-Dares des missions intéressantes ne se pres- à son but à Canal + et Télé-Sport. cherai une place fixe par le biais sent pas pour chercher un emploi « Je me suis rendu compte que le d’une mission d’intérim qui corres- Tristan d’Avezac, directeur des affaires économiques du SETT fixe. » Une flexibilité sans précarité, monde de la télévision ne me plaisait pondra à une période d’essai dans en quelque sorte. pas ». Changement de pied donc : une entreprise. » Même les candidats les plus âgés « Si un jour je tombe sur une entrepri- profitent de cette amélioration. se qui me convient vraiment, je saute- FIDÉLISATION « Un excellent moyen pour attirer « Nous ne rencontrons pas de difficul- rai le pas, dit-il. En attendant, j’ac- En attendant, « je vais continuer tés pour placer quelqu’un de 58 ans, quiers toutes sortes d’expériences. avec Manpower, ajoute-t-elle. Avant affirme la responsable de l’agence, C’est bon pour le CV. De toute façon, de me lancer dans l’intérim, j’en l’entreprise se dit que c’est une chan- je préfère me trouver dans cette logi- avais une mauvaise image ; et puis, de nouvelles compétences » ce d’avoir un salarié d’expérience. » que dynamique plutôt que de j’ai constaté tout ce qu’il pouvait Les tensions du marché de l’em- m’adresser à l’ANPE où l’on devient apporter : les patrons des entreprises ploi sont particulièrement percep- défaitiste. » de travail temporaire ont développé « L’activité de l’intérim con- – Oui, même s’il réagit de façon répondre à des coups de feu, un tibles dans les secteurs comme l’in- Loïc Trujillo, 27 ans, BEP-CAP la fidélisation de leurs intérimaires, naît un léger tassement depuis moins marquée aux évolutions de recours pour remplacer des sala- formatique – « où la situation est de comptabilité et BTS de commer- en nous faisant profiter des avanta- le mois de juillet. Comment inter- la conjoncture qu’hier, car les riés absents, mais aussi un excel- caricaturale » – et le bâtiment. De ce international, se trouve un peu ges d’un comité d’entreprise, d’une prétez-vous ce ralentissement ? entreprises ont aujourd’hui inté- lent moyen d’attirer de nouvelles même, les secteurs et les entrepri- dans la même situation « noma- mutuelle ou du 1 % logement. Je vais – Il faut rapprocher l’évolution gré l’intérim dans la gestion de la compétences. ses « qui ont des conditions de tra- de ». « Il y a cinq ans, j’ai choisi l’in- demander un stage de formation, car de notre activité ces derniers mois flexibilité. D’autant que les 35 heu- – Les 35 heures ne semblent vail difficiles ou réputées difficiles, térim parce que je voulais découvrir je veux évoluer. Le week-end dernier, de celle que nous avions connue à res les ont conduites à repenser pas avoir concurrencé l’intérim ou bien qui sont en retard en matiè- le marché de l’emploi et que je ne nous avons été plus de deux cents la même période en 1999, année leur organisation et, dans ce comme on aurait pu s’y atten- re de salaires ou d’application des savais pas trop ce que je voulais ! », intérimaires et salariés permanents où nous avons atteint des taux de cadre, elles ont pu engager une dre. Comment expliquez-vous 35 heures, éprouvent des difficultés raconte-t-il. de Manpower à nous retrouver pour croissance particulièrement éle- réflexion sur leurs différentes sour- cela ? à recruter une secrétaire avec le Tour à tour dans la sidérurgie, un rallye pédestre dans Paris suivi vés. Il est donc logique que notre ces de flexibilité. Elles peuvent – Il est tout à fait possible que niveau Word et Excel », conclut dans la gestion d’une résidence, d’un dîner. Comme cela se fait dans progression soit moindre. s’appuyer sur l’intérim pour tout dans les prochains mois nous con- Mme Winterberger. comptable, chargé de clientèle une entreprise ordinaire ». » La conjoncture se maintenant ce qui est imprévisible ou pour naissions un effet 35 heures. Des dans la téléphonie mobile, il demeu- La croissance a eu aussi cette ver- à un bon niveau, les entreprises se tout ce qui exige une réactivité entreprises ont signé des accords DYNAMIQUE re d’une curiosité insatiable et culti- tu de pousser les agences à peaufi- remettent à embaucher. On se dépassant leurs capacités de flexi- Aubry avec 6 % de créations d’em- L’amélioration de la conjoncture ve une profonde aversion pour les ner leurs « ressources intérimaires ». retrouve, en fait, dans le même bilité interne. plois à la clé, mais n’ont pas enco- ne semble pas détourner de leurs rigidités. Pourtant, il n’est pas satis- Elles ont développé un véritable schéma que celui que nous avions » L’existence de pénuries de re rempli leurs engagements, et projets les candidats à l’intérim. fait ; il sent qu’il aura « besoin de partenariat, notamment avec les connu au cours de la seconde moi- main-d’œuvre les conduit aussi à vont devoir se mettre à recruter. Ainsi de Christophe Pilleux, 33 ans, construire en vieillissant ». Pour y 20 % de leurs recrues qu’elles clas- tié des années 80. L’activité de l’in- se tourner vers nous. L’intérim Et, souvent, les recrutements dans actuellement en mission chez Phi- voir plus clair, il a demandé à Man- sent comme « fidèles » ou « stratégi- térim avait alors été très soutenue permet à des personnes de décou- le cadre des 35 heures se portent lips, où il actualise une base de power un bilan de compétences. ques » et pour lesquelles elles visent les premières années de la reprise, vrir des secteurs ou des métiers sur d’anciens salariés sous contrat données. Bac + 3 dans l’audiovisuel Agathe Pistel, 29 ans, a suivi une le « plein emploi », c’est-à-dire de de 1986 à 1989, puis s’était tassée qu’elles ne connaissent pas, sans temporaire. option cinéma, il a choisi l’intérim il voie un peu différente. Titulaire dix à onze mois d’activité par an. lorsque les entreprises avaient avoir à s’y engager. Les entrepri- » Ce faisant, il est très difficile, y a trois ans : « J’avais des petits sou- d’un BTS de commerce internatio- « Il y a dix ans, résume Aline Win- recommencé à recruter. De la ses de travail temporaire, via leurs dans l’évolution de notre activité, cis d’argent et l’intérimaire est payé à nal, elle travaille d’abord en inté- terberger, nous n’avions qu’un même façon, cette fois-ci, alors agences, peuvent jouer la carte de de faire la part des choses entre ce la semaine. Je me suis dit aussi que je rim dans sa spécialité avant de client : l’entreprise. Aujourd’hui, la que l’intérim était à l’origine de la proximité avec les individus, ce qui relève de la conjoncture et trouverai peut-être une mission à la « tomber dans le secrétariat par situation s’est rééquilibrée ; nous en 50 % des créations d’emplois en qui n’est pas forcément le cas des l’impact des 35 heures. Qui sait si, télévision pour me rapprocher du sec- hasard », dit-elle. Elle s’inter- avons deux – l’entreprise et l’intéri- 1997, nous sommes retombés à entreprises. sans les 35 heures, l’activité de l’in- teur pour lequel j’avais été formé .» rompt deux ans avec la naissance maire – et nous cherchons à les satis- 20 % en 1999. » Même s’il garde un caractère térim n’aurait pas progressé Après avoir travaillé comme de son fils. Puis elle décide de reve- faire tous les deux. » – L’intérim joue-t-il toujours conjoncturel important, l’intérim davantage ? » déménageur, carreleur et dans un nir à l’intérim, « parce que ça m’évi- autant le rôle d’indicateur avan- a aujourd’hui plusieurs dimen- service du personnel, il est parvenu tait de me casser la tête avec une Alain Faujas cé de la conjoncture ? sions. Il peut être un outil pour Propos recueillis par L. V. E. X / LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 EMPLOI

EUROPE Les indicateurs sociaux internationaux « Le Monde » / Eurostat De plus en plus de personnes habitent seules UE 15 EURO 11 ALLEMAGNE BELGIQUE ESPAGNE FRANCE ITALIE PAYS-BAS ROY.-UNI E.-U. JAPON Part de personnes dans la population qui habitent seules 15 ÉVOLUTION DE L'EMPLOI AU 3e TRIMESTRE 1999 (en % sur un an) 1,4 1,5 0,1 1,0 (2e trim.) 4,7 N. D. 1,3 N. D. 1,1 1,5 – 0,6 10 Dont emploi salarié...... 1,7 1,9 N. D. 1,2 7,1 2 2,3 2,9 1,1 2,2 – 0,4 Dont emploi à temps partiel...... N. D. N. D. N. D. N. D. 8,1 N. D. 8 2,8 2,1 1 N. D. 5 TAUX D'EMPLOI 1999 (en %)

0 Hommes + femmes (15-64 ans).... 62 60 65 59 52 60 53 71 70 64 (1998) N. D. Hommes + femmes (50-64 ans).... 49 45 48 39 43 47 38 50 60 N. D. N. D.

U.E-15 GRÈCE ITALIE FRANCE LUXEM. DURÉE DE TRAVAIL SALARIÉ ESPAGNE IRLANDE PAYS-BAS ROY.-UNI BELGIQUE PORTUGALFINLANDE À TEMPS PLEIN 1999 (h/semaine) ALLEMAGNE 1988 1999 Source : Eurostat 40,4 39,7 40,1 38,4 40,6 39,6 38,5 39 43,6 N. D. N. D. a ENTRE 1988 ET 1999, le nombre de personnes qui habitent seules au ÉVOLUTION DU COÛT DU TRAVAIL sein de l’Union européenne (UE) a augmenté de 20 %. Elles représentent (en % sur un an) 2e trim. 2000 4e trim. 99 actuellement 12 % de la population totale. er a CETTE PROPORTION augmente dans tous les Etats membres. Toute- + 3,8 + 3,5 + 3,4 + 1,8 + 2,6 + 5,9 (1 trim) + 2,9 +2,9 + 5,1 + 4,6 N. D. fois, on peut distinguer les pays du Sud (plus l’Irlande), où le taux est TAUX DE CHÔMAGE AOÛT 2000 assez faible (de 5 % à 9 %), et ceux du Nord, où il atteint 17 % au Dane- (en %) juil. 00 juil. 00 juin 00 mark, 16 % en Finlande et en Allemagne, et 14 % aux Pays-Bas. On peut Hommes + femmes.... 8,3 9 8,3 8,6 14,5 9,6 10,5 2,5 5,4 4,1 4,5 imaginer que la tradition de solidarité familiale, beaucoup plus forte dans Moins de 25 ans...... 16,5 17,5 9,5 23,6 26,6 20,3 31,8 4,5 11,8 9,4 9,1 le Sud, explique, en partie, ces résultats. La France (13 %) se situe juste au-dessus de la moyenne de l’Union. a DANS TOUS LES PAYS, il y a plus de femmes que d’hommes qui habi- PART DU CHÔMAGE DE PLUS D'UN AN 1999 (en %) tent seuls. Au sein de l’UE, elles sont 7 % dans ce cas, et les hommes, seule- 46 49 52 61 46 39 61 44 30 8 (1998) N. D. ment 5 %. 4 % de la population sont des femmes seules, âgées de 65 ans et plus. N. D. : non disponible Pour plus d'informations : http://www.europa.eu.int/comm/eurostat

FLASH SETT / « LE MONDE » Le marché du travail français FLASH APEC / « LE MONDE » L'intérim s'engage dans la validation des acquis DERNIER MOIS VARIATION Les Européens optimistes pour l'emploi cadre professionnels CONNU SUR UN AN Prévisions d'emploi cadre en Europe 2000-2001 certificat de compétence professionnelle 37 entreprises orientées à la hausse de leur effectif cadre (en %) TAUX DE CHÔMAGE DES JEUNES 17, 0 % (sept) – 3.4 entreprises orientées à la baisse de leur effectif cadre (en %) LOGISTIQUE 38 28 27 27 PART DU CHÔMAGE DE LONGUE DURÉE 34,4 % (sept) – 3.2 INDUSTRIE 66 22 22 EMPLOIS PRÉCAIRES (en milliers) : 19 18

CDD...... 975 + 9, 2 %* TERTIAIRE 19 5 6 6 INTÉRIM...... 550 + 23,1 %* 4 3 4 2 1 BTP 9 APPRENTIS...... 285 + 3,2 %* ITALIE FRANCE ESPAGNE P. BAS BELG. LUX. ALL. R.-U. Source : SETT CONTRATS AIDÉS...... 462 + 8,8 %* Pour plus d'informations : www.apec.asso.fr Source : APEC a DEPUIS 1999, l’intérim s’est engagé dans un projet d’expérimentation SALAIRE NET MÉDIAN (en francs constants) a POUR L’ENSEMBLE DES PAYS d’Europe, les prévisions d’emplois de la validation des compétences professionnelles des intérimaires. Il Femmes...... 7 000 (mars) + 0,9 %* cadres sont très favorables : 23 % des entreprises prévoient d’accroître repose sur une collaboration entre les entreprises de travail temporaire, Hommes...... 8 666 (mars) + 0,6 %* leur effectif cadre, 5 % envisageant de le diminuer, entre juillet 2000 et l’association pour la formation professionnelle des adultes (AFPA), le juin 2001. Ce sont les prévisions les plus optimistes depuis dix ans. Fonds d’action formation (FAF) du secteur et le ministère de l’emploi. SMIC (en francs) a AVEC 28 % D’ENTREPRISES « orientées à la hausse » concernant a LA DÉMARCHE, naissante, donne lieu à la délivrance de certificats de Horaire...... 42,02 (juillet) + 3,2 % l’emploi de leurs cols blancs et 5 % « orientées à la baisse », la France est compétences professionnelles (CCP). Actuellement, près d’une centaine Mensuel...... 7 101 (juillet) + 3,2 % l’un des pays les plus optimistes d’Europe. Elle se situe nettement en tête d’intérimaires l’ont suivie. Sur 166 CCP passés – les candidats peuvent par rapport aux deux autres grands Etats membres : l’Allemagne et le s’inscrire à plusieurs examens simultanément –, 132 ont été décrochés. NOMBRE D'ALLOCATAIRES Royaume-Uni. a L’EXPÉRIMENTATION ayant fait ses preuves, les partenaires sociaux DU REVENU MINIMUM D'INSERTION (en milliers) 1 137,4 (juin)** + 2,3 %*** a TOUS LES SECTEURS ont créé des emplois cadres. C’est dans les servi- de l’intérim viennent de signer un accord (le 20 octobre dernier) pour ins- * variation sur quatorze mois (mars 00 / janv.99) ** chiffres semestriels *** variation sur six mois ces que l’on enregistre les plus gros volumes d’emplois, mais les chiffres taurer officiellement le dispositif. Sources : Insee, Dares, CNAF sont en baisse notable par rapport à l’an dernier.

AGENDA b RÉGULATION. Comment les entreprises internationalisées, ou en Declics donne une chance voie de l’être, abordent-elles la régulation sociale des fusions et des res- tructurations ? Comment le droit social appréhende-t-il cette question ? Faut-il introduire de nouvelles régulations au niveau européen, national ou de l’entreprise ? Quel doit être le rôle des pouvoirs publics ? Au cours aux jeunes plasticiens et musiciens qui « galèrent » du colloque organisé le 10 novembre par l’Université européenne du tra- vail, responsables d’entreprise, syndicalistes, représentants des pouvoirs publics, conseils et juristes, débattront de ces questions soulevées par le ric, 29 ans, batteur du grou- c’est-à-dire que nous les aidions à bénéficiaires, qui profitent d’un mouvement de fusions-acquisitions que connaît aujourd’hui l’économie pe de pop Lézard, était L’association propose se former à un second métier en rap- statut protecteur pour faire ce européenne. RMiste. La galère pour port avec leur passion. » qu’ils aiment, doivent jouer un Renseignements : 01-45-92-68-81. Eune passion : « 95 % des à des artistes Les jeunes musiciens ne se bous- rôle citoyen. « Il doit y avoir un concerts sont payés au “noir”, expli- culent pas encore pour ce type de retour sur investissement », résume b RELATIONS SOCIALES. « Libéralisme ou étatisme : sommes-nous que-t-il. Pour vivre, nous avons fait de 18 à 26 ans formation. Céline, 30 ans, guitare le président de Declics. Ils accep- condamnés à choisir ? » : le 21 novembre, la CFDT lance le débat avec les des petits boulots à côté, mais cela basse du groupe ACWL, explique tent de participer à des événe- acteurs de la vie économique et politique. Au cours de ce colloque, nous empêchait de travailler la de devenir ses salariés, sans ambages : « Je n’imagine pas ments culturels et sociaux de la seront envisagés l’avenir des différents modèles européens de régulation musique. » Le cercle était vicieux. de faire autre chose que de la musi- cité : ainsi ACWL a joué dans une sociale et les enjeux d’une démocratie sociale renouvelée. Pour accéder au statut d’intermit- rémunérés au SMIC que. » D’une certaine façon, prison ; d’autres se sont rendus Renseignements : www.cfdt.fr tent du spectacle, il faut 507 heu- apprendre un autre métier serait dans des quartiers sensibles et res de concert déclarées. Mais un pendant cinq ans anticiper un échec. dans un hôpital psychiatrique. b CONDITIONS DE TRAVAIL. Des universitaires, chercheurs, psy- groupe coûte à l’organisateur de Pourtant, Eric et Jean, 30 ans, Pour l’heure, tous sont satisfaits chologues, psychosociologues, psychiatres, juristes, magistrats, ins- l’ordre de 5 000 francs minimum tuteur et par un parrain qui leur guitaristes de ACWL, pensent à de l’expérience. Les jeunes musi- pecteurs du travail, mobilisés autour du Centre d’études psychosocio- pour une recette de 1 500 francs permettront « de dépasser le stade devenir techniciens du son. Sté- ciens trouvent « génial » de pou- logiques et travaux de recherches appliquées (ESTA), organisent, le maximum. Alors l’organisateur amateur pour devenir profession- phane aimerait apprendre à ensei- voir se consacrer enfin à leur pas- 30 novembre à Paris, avec le concours du ministère de l’emploi et de propose 1 000 francs ou rien. Ce nel, en les éclairant sur le “miroir gner le chant. Pour l’instant, les sion : « Quand on fait de la musi- la solidarité, un colloque sur « Harcèlement et citoyenneté au tra- qui interdit de devenir intermit- aux alouettes” que sont parfois ces groupes se posent des questions que tous les jours, explique Sébas- vail ». L’objectif de cette journée est d’avancer dans la compréhen- tent, et tout simplement de vivre. professions », affirme Albert Rosse. et lancent des idées au cours tien, 27 ans, guitare basse de sion de cette forme d’exclusion, et de dégager des pistes d’interven- Même constat pour Stéphane, Les jeunes artistes se retrouvent d’une semaine d’introspection Javel, on voit ce qu’on vaut et, dans tion et de prévention. 28 ans, guitare et chanteur du une fois par semaine au local de biannuelle. On verra bien l’an pro- cinq ans, si on n’a pas réussi, on Renseignements : 01-45-33-47-24 ou www.cyberways.org/harcelement groupe Javel : « Nous courrions Declics pour travailler sur le pro- chain pour cette « roue de n’aura aucune excuse. » après des concerts, mais nous étions jet de leur groupe, et, une fois par secours »… Albert Rosse, lui, est fier de pou- devenus de purs commerciaux, se mois, ils mettent en commun Dernière caractéristique de cet- voir offrir « une chance incroya- RECTIFICATIF souvient-il. Le soir, nous tra- leurs expériences. Ils s’entrai- te « couveuse » artistique, ses ble » à ces artistes. Il cherche une vaillions nos chansons, mais nous dent : quand l’un des groupes friche industrielle pour leur per- b Dans l’article paru dans « Le Monde Economie » du 10 octobre et inti- étions crevés. Nous avons arrêté. » obtient de jouer sur une péniche, mettre de disposer de locaux tech- tulé « Et si l’on se mettait à notre compte… », il était indiqué que la Fon- Pour sortir de cette économie il propose à l’organisateur du con- niquement adaptés et gratuits, dation CIC avait prêté 70 000 francs aux fondateurs de la librairie Folies souterraine, Albert Rosse, fonda- cert un autre membre de comme cela existe à Liverpool ou d’encre de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). En réalité, ce prêt a été con- teur des Eurockéennes, le festival Declics. C’est ainsi que Nature à Berlin. Il rêve que l’association senti par la banque CIC elle-même, et non par sa fondation. de rock de Belfort, a eu l’idée d’in- X.Press cohabitera, le 8 novem- puisse embaucher un « routeur », venter de nouveaux moyens d’ac- bre, avec Javel sur la péniche ce professionnel chargé de trou- cès aux professions artistiques. La-Balle-au-bond, à Paris. ver des contrats et de program- Avec la complicité du cabinet de L’association perçoit une sub- mer des concerts. Martine Aubry, il s’est servi du sys- vention de l’Etat représentant Il a bien quelques inquiétudes tème des Artistes en réseau parte- 80 % du salaire des artistes ainsi du côté des finances, car les sub- naire par les emplois-jeunes que des subventions de collectivi- ventions tardent à se concrétiser (ARPEJ) : l’association pour le tés locales comme Saint-Denis ou au rythme des votes budgétaires développement de l’emploi par la Strasbourg. Elle facture aux orga- des collectivités et il est obligé de culture et les loisirs et pour l’inno- nisateurs de spectacles les con- ̄ remettre à des jours meilleurs le vation culturelle et sociale certs au prix du « noir », certes, paiement des charges sociales de (Declics) propose, depuis 1997, mais officiellement et avec une ses protégés. aux plasticiens et aux musiciens TVA à 5,5 %. Albert Rosse Mais il est fier parce qu’au bout de 18 à 26 ans de devenir ses sala- Elle propose aux jeunes trois du compte, « si l’on additionne, la riés, rémunérés au SMIC pendant types de formation. Deux fois par b Ancien instituteur, Albert Rosse TVA sur les concerts et les charges cinq ans. an, elle organise des rencontres a fait partie des cabinets ministériels sociales sur les rémunérations, le avec les professionnels sur les cou- de Huguette Bouchardeau, ministre fait que les jeunes artistes ne tou- MIROIR AUX ALOUETTES lisses de leur métier. Elle met en de l’environnement (1983-1985) chent plus le RMI et qu’ils consom- Quarante-deux candidats (dont place des formations graphiques et de Jack Lang, ministre ment plus, donc qu’ils acquittent trois peintres et un photographe) ou instrumentales à la carte, en de la culture (1985-1986). plus de TVA, globalement, ils ne coû- ont été retenus dans les centres de fonction des besoins exprimés. b De 1982 à 1992, il crée tent rien à la collectivité ». Et Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) et Enfin, il y a la « roue de et dirige le festival de rock Alfred Rosse conclut : « Si nous de Strasbourg. Tous devaient secours », ou le « parachute ven- Les Eurockéennes. réussissons, on pourra arrêter de avoir déjà donné des concerts ou tral », selon le mot d’Alfred Rosse. b Depuis 1994, il est responsable dire que la France est envahie par organisé une exposition. La plu- « Il faudra qu’ils aient les moyens de formation dans le cadre le monde culturel anglo-saxon ! » part sont issus de quartiers popu- de vivre décemment quand ils quit- de programmes de réinsertion laires. Ils sont épaulés par un teront le dispositif, dit-il, de publics en grande difficulté. Alain Faujas MANAGEMENT LE MONDE / MARDI 7 NOVEMBRE 2000 / XI ̄ VIE DES ORGANISATIONS L’Allemagne renonce à taxer Internet au bureau par Jean-Pierre Le Goff FRANCFORT ils auront toujours la possibilité de pé d’un accès Internet d’ici à la fin de notre correspondant Les pouvoirs publics demander le remboursement des de l’année. ’idée du ministère des frais occasionnés à des fins pri- Le fort développement du La coupure finances a suscité une belle allemands veulent vées. Mais si ces coûts restent à la Neuer Markt, le marché des polémique. Avant d’être charge de l’entreprise, ils ne seront valeurs de croissance de la Bourse Labandonnée. Au cours de faire du secteur plus imposables. « Il s’agira d’une de Francfort, a permis le finance- l’été, les fonctionnaires allemands exception destinée à promouvoir ment de quantité d’entreprises de dirigeants-dirigés ont cru trouver un nouveau de l’information l’usage des nouveaux médias », sou- la mouvance Internet. Les activités moyen d’arrondir les rentrées fisca- ligne-t-on à Berlin. de capital-risque explosent. On les. Leur raisonnement était sim- et des nouvelles Le revirement est symptomati- parle d’une nouvelle génération es conflits récents dans le secteur privé ont montré le man- ple. Il s’agissait de considérer l’usa- que d’une Allemagne qui s’interro- d’entrepreneurs, censée prendre la que de respect élémentaire dont font preuve certains ge privé d’un ordinateur profes- technologies, ge chaque jour sur sa capacité à relève de celle, vieillissante, qui cadres et dirigeants. Au sein des entreprises publiques, la sionnel comme un avantage en prendre en marche le train de la avait assuré le miracle économi- coupure entre directions et salariés s’est manifestée ouver- nature. Et de lui appliquer la fiscali- le premier employeur nouvelle économie. La controverse que du pays après la guerre. tementD lors du mouvement de décembre 1995. Des directions et des té en vigueur pour toute rémunéra- a été d’autant plus vive que le gou- managers, enfermés dans leurs univers, se montrent incapables de tion non pécuniaire. de l’industrie vernement veut faire du pays la DROITS D’AUTEUR comprendre l’état d’esprit de « ceux d’en bas ». Devra-t-on faire Surfer à des fins privées à partir locomotive européenne d’Internet. Malgré leurs récents déboires en appel à des cabinets de conseil pour « gérer les conflits » et essayer de son bureau devait être imposé Résultat : devant l’ampleur du Le chancelier Gerhard Schröder Bourse, certains patrons de start- d’expliquer pourquoi les salariés se sentent méprisés ? comme les coups de fil personnels, tollé, Hans Eichel a décidé de ne parraine une vaste campagne de up sont devenus des personnalités Nombre de cadres épris de modernité semblent avoir perdu les la voiture de fonction, ou les repas pas donner suite aux consignes de sensibilisation aux possibilités du incontournables, souvent très repères du sens commun. Le discours guerrier et les appels inces- de cantine subventionnés par l’en- son administration. « Il s’est agi réseau des réseaux. De toute urgen- médiatiques. Ils ont applaudi le flé- sants à l’implication de tous dans les objectifs tombent souvent à treprise. Ces avantages matériels d’un malentendu, car nous ne vou- ce, il a autorisé la venue de 20 000 chissement gouvernemental, mais plat, ce qui n’empêche pas les services de communication de conti- sont imposables en Allemagne, lions pas créer une nouvelle taxe, informaticiens non européens pour restent aux aguets. Un autre projet nuer à faire comme si de rien n’était. De jeunes cadres paraissent s’ils dépassent les 50 deutsche- mais simplement appliquer les dispo- pallier la pénurie de main-d’œuvre du gouvernement est sur la sellet- superbement ignorer ceux dont ils ont la charge. marks par mois (165 francs, sitions prévues pour tout avantage du secteur de l’information et des te. Le ministère de la justice a pro- Lors d’une enquête dans une grande entreprise publique, nous 25,6 euros). Internet ne devait pas en nature », justifie Elke Pedack, nouvelles technologies. Cette bran- posé de lever une taxe sur le maté- avons rencontré un cadre qui multipliait les outils d’évaluation et de faire exception, aux yeux des fonc- du ministère des finances. Le minis- che doit devenir, selon les espoirs riel informatique (lecteur CD- contrôle de l’activité, mais ne s’intéressait guère aux effets concrets tionnaires du très rigoureux minis- tre fait profil bas. officiels, le premier employeur de ROM, etc.) au titre des droits de son super-outillage, cherchant plutôt et de nouveau un nouvel tre des finances, Hans Eichel. Mais Mieux même, le gouvernement l’industrie allemande, devant l’auto- d’auteur. outil et un « indicateur pertinent » pour recueillir le point de vue des le document préparé cet été par prépare une loi afin d’aménager mobile et la chimie. La génération Internet ne se pri- salariés et mesurer leur degré de satisfaction. les services du ministère a mis le un statut spécifique à l’usage privé Pour l’instant, l’Allemagne est, ve pas de critiquer l’attitude des Ce cas est extrême, mais il montre où peut conduire la fascination feu aux poudres. d’Internet et du téléphone au comme ses voisins, loin derrière milieux politiques. Stephan Scham- pour les outils dans les services publics où le formalisme méthodolo- bureau. Le texte est à l’étude et les Etats-Unis. Mais le développe- bach, fondateur d’Intershop, une gique est souvent poussé à l’extrême. Il existe chez certains cadres PROTESTATIONS devrait être voté dans plusieurs ment de la Net-économie est très société très en vue dans les logi- une sorte de croyance naïve : leur forte motivation et implication A peine connue, l’initiative a mois. Les employeurs pourront, perceptible. En matière d’équipe- ciels de commerce électronique, dans le travail, leur essentielle bonne volonté appuyée par des tech- déclenché de vives protestations comme ils le font actuellement ment, les Allemands sont dans la reconnaît que « l’Allemagne est un niques de management devraient permettre de résoudre les principa- de la part des professionnels. Les pour le téléphone, choisir d’autori- moyenne européenne, entre les bon site pour la nouvelle écono- les difficultés qu’ils rencontrent avec leurs subordonnés. entrepreneurs de la nouvelle éco- ser, ou pas, les télécommunica- Scandinaves, en pointe, et les pays mie ». Mais il estime, comme lors Il est un principe et une réalité simples souvent ignorés par le nomie sont montés au créneau. Ils tions personnelles. Le cas échéant, latins. Un foyer sur trois sera équi- d’un récent débat organisé avec management : « L’enfer est pavé de bonnes intentions » et les indivi- ont mis en cause le zèle du ministè- des hommes politiques par le quo- dus qui travaillent avec vous sont différents de vous. Les managers re. Selon eux, il n’y aurait pas de tidien économique Handelsblatt, sont souvent incapables de se ren- meilleur moyen pour ralentir le L’Europe au travail que « la seule réaction raisonnable L’exigence de former dre compte que leur jargon et leurs développement de la Net-écono- [devant la vitesse des changements] outils sont très éloignés des préoc- mie en Allemagne. « Toute nouvel- Bruxelles a compris que la surveillance des salariés internautes est d’avoir moins d’Etat, moins de autrement cupations de ceux qu’ils sont censés le taxe sur l’utilisation d’Internet blo- était un sujet qui prenait de l’ampleur. La Commission est donc en règles, et plus de responsabilité indi- encadrer. que la diffusion des technologies de train d’étudier si les législations nationales sont bien en conformité viduelle ». l’encadrement La fracture entre dirigeants et diri- l’information », déclarait un des avec le droit communautaire. Elle devrait préparer une communica- Une autre figure emblématique, gés aujourd’hui ne se laisse pas responsables du BDI, la Fédéra- tion à ce sujet. Karl Matthäus Schmidt, fondateur demeure plus que réduire à une division de classe ou tion de l’industrie allemande, au Car, pour le moment, les pays agissent en ordre dispersé. Le Royau- de Consors, une des principales de statut. Cette fracture est d’ordre plus fort de la polémique. me-Uni vient d’adopter une loi qui autorise les employeurs à sur- banques en ligne européennes, jamais d’actualité culturel et traverse aussi les diri- L’usage privé concernerait des veiller le courrier électronique de leurs salariés sans les en avertir. En estimait dernièrement qu’« en Alle- geants et les cadres. Elle est sympto- montants dérisoires. Une telle taxa- France, légalement, le patron a le droit de contrôler l’activité de ses magne tout est trop régulé, de la loi au moment où, matique de l’érosion d’une expérien- tion se serait révélée impossible à employés mais en respectant un certain nombre de conditions : il sur les remises commerciales jus- ce et d’un langage communs. Les mettre en œuvre. Selon le BDI, doit les en informer préalablement ; le comité d’entreprise doit être qu’aux toilettes où il doit obligatoire- dans le domaine rapports antérieurs entre les classes « les coûts d’administration et de informé et consulté préalablement sur les moyens ou les outils per- ment être indiqué si elles sont pour et entre dirigeants-dirigés dans le recherche de l’usage privé d’Internet mettant cette surveillance ; l’employeur, s’il ne veut pas se retrouver les hommes ou pour les femmes ». du management travail pouvaient donner lieu à des et du téléphone dépassent large- sur le terrain du droit pénal pour atteinte à la vie privée, ne doit pas affrontements violents, on n’en con- ment les rentrées fiscales espérées ». « abuser » de son dispositif de contrôle. Philippe Ricard comme dans tinuait pas moins de faire référence à une expérience professionnelle et les autres, le fossé une culture qui, par-delà les divi- COURRIER sions et les conflits, maintenait le entre générations lien. Qu’en est-il aujourd’hui ? Pour MODÈLES IRRÉALISTES sont pas mécontentes lorsqu’il affirmations. En effet, vous écri- restera-t-il à l’Etat national espa- prendre les deux pointes extrêmes A propos du dossier du « Monde s’agit d’afficher des résultats en vez : « Et il ne faut pas s’étonner gnol ou britannique lorsque la se creuse dans de la comparaison, c’est toute la dif- Economie » daté du 31 octobre : période de surproduction ou de que la Bretagne, l’Alsace ou encore construction européenne sera férence entre un cadre des « L’économie s’est-elle dissoute mévente. Mais elles ont depuis la Savoie se rêvent désormais, elles bien avancée, c’est-à-dire lorsque les entreprises années 50 et 60, issu de l’expérience dans les mathématiques ? ». longtemps (vers 1920) choisi de aussi, en région souveraine.» Je d’autres pouvoirs régaliens seront de la guerre, structuré autour d’une Les auteurs du contre-appel pré- tenir en parallèle deux comptabili- pense que cette affirmation est dis- transférés à Bruxelles ? et les services publics expérience humaine et d’une sentent le premier appel comme tés : la classique, pour le fisc et le cutable. Tout d’abord, de qui En d’autres termes, ne pensez- culture commune, et celle du jeune « un appel contre la modélisa- public, et la comptabilité de ges- parle-t-on lorsqu’on évoque par vous pas que des régions comme manager moderniste, sans véritable expérience, éclectique et relati- tion », ce qui est évidemment tion (Management Accounting en exemple l’Alsace ? S’agit-il de la le Pays basque, la Catalogne, viste, ayant réponse à tout sans être convaincu de grand-chose, for- faux. Grande-Bretagne, depuis une population alsacienne ? Des élus l’Ecosse ou le pays de Galles ris- mé aux techniques modernes de la « gestion de la ressource humai- Le premier appel est un appel dizaine d’années), qui ne tient locaux ? A priori, on ne sait pas. quent à terme de devenir de facto ne » et de la communication. contre les excès des modélisations compte que des marges réalisées De plus, je ne suis pas du tout indépendantes dans la mesure où Cette différence, à vrai dire, ne concerne pas seulement l’entre- d’opérette (…) et non prise en sur les quantités vendues (y com- convaincu que les populations de l’Etat national n’aurait plus de pou- prise, mais l’ensemble des sphères d’activité. De jeunes cadres arri- compte de l’incertitude. Bref con- pris celles produites dans les pério- ces régions souhaitent particulière- voirs régaliens dans ces régions ? vent à des postes de responsabilité et d’encadrement qui n’ont tre les modèles irréalistes (…). des antérieures, considérées com- ment plus d’autonomie régionale, J’ai posé cette question à plusieurs pas les mêmes références que les anciens. Frais émoulus des uni- Rappelons ce que dit Bernard me en stocks à leurs coûts directs voire une souveraineté. reprises dans différents forums et versités et des grandes écoles, ayant diplômes mais peu d’expé- Maris dans sa Lettre ouverte aux et non pas à leurs « prix de Je suis d’ailleurs assez surpris aucun participant ne m’a vraiment rience, ils peuvent se retrouver dans des situations difficiles et suc- gourous de l’économie qui nous revient » complets de la comptabi- par votre carte de France des auto- donné de réponse satisfaisante. comber aux sirènes du modernisme ambiant. Il n’y a nulle fatalité prennent pour des imbéciles : « Oui, lité traditionnelle). nomies. Pourquoi la Bretagne ou J’ai l’impression qu’il n’y a aucun en l’affaire, pour peu qu’on se soucie un tant soit peu de la trans- mais à Debreu [Prix Nobel de l’éco- C’est là tout l’avantage, pour les la Savoie demanderaient-elles plus garde-fou qui permettrait d’empê- mission des acquis et de l’acquisition de l’expérience humaine et nomie, NDLR], il faut tirer son cha- besoins d’une bonne gestion, du d’autonomie, et pourquoi cela ne cher ces régions à l’avenir de deve- professionnelle. peau ; il a avoué. Il a tiré toutes les « Direct Costing », qui tarde à être serait-il pas le cas pour la Franche- nir indépendantes dans le cadre de L’encadrement des hommes et des femmes dans le travail n’est conséquences de la mathématisa- découvert et appliqué par les Fran- Comté ou le Limousin ? l’Europe. pas une simple affaire de compétences et de maniement d’outils tion de l’économie ! Il a avoué que çais, très attachés à l’intégrisme De même, vous écrivez : Antoine Carretta plus ou moins sophistiqués. Une telle perspective laisse de côté ce sa science était morte et embaumée. comptable. « L’exemple britannique est là pour qui constitue l’essentiel pour ceux-là mêmes qui pratiquent depuis Saint Gérard Debreu l’apostat ! » De plus, le « Direct Costing » démontrer que l’importante réfor- longtemps cette activité : la cohérence et la clarté dans les choix et M. Kosmanek permet premièrement d’avoir les me décentralisatrice engagée par b Pour écrire à la rédaction : les décisions, en indiquant clairement à ses subordonnés ce qu’on comptes internes de gestion dans Tony Blair en 1999, sous la forme « Le Monde Economie », attend d’eux, la capacité d’écoute et de dialogue, la reconnaissance INTÉGRISME COMPTABLE les cinq jours, comme le font les d’une « dévolution » de pouvoirs 21 bis, rue Claude-Bernard, du travail effectué et le respect des individus avec lesquels on tra- A propos de l’article d’Antoine multinationales américaines, y accordés à l’Ecosse et au pays de 75242 Paris Cedex 05. vaille. De telles exigences ne vont nullement de soi. Elles impliquent Reverchon intitulé : « Les experts compris pour leurs filiales françai- Galles, n’a nullement signifié la Fax : 01-42-17-21-73. d’assumer ses choix et ses décisions, de ne pas se décharger sur ses prêchent de plus en plus pour une ses ; deuxièmement de passer en décomposition du Royaume-Uni ». Par Internet : subordonnés de ses hésitations et ses incohérences. Elles supposent comptabilité propre aux start-up » quelques jours du résultat de ges- Certes, mais qu’en sera-t-il à [email protected] également une capacité de décentrement pour comprendre la (« Le Monde Economie » du 17 octo- tion sur coûts directs des quantités l’avenir ? Dans des régions comme culture, la mentalité de ceux qu’on encadre et qui reconnaisse la légi- bre 2000). vendues au bénéfice comptable l’Ecosse, le pays de Galles, la Cata- b Pour écrire timité des différences et des conflits. Il n’y a pas qu’en matière de sur coûts complets des quantités logne ou le Pays basque, les pou- à un journaliste : Entre le style « copain-copain » et la posture de celui qui sait tout, start-up qu’il existe un fossé entre produites. Ce qui explique que, voirs régaliens de l’Etat national [email protected] il existe une autorité professionnelle qui ne s’acquiert que dans la les données comptables et les réali- début octobre, les résultats trimes- sont réduits à la portion congrue : [email protected] capacité à résoudre les problèmes pratiques et dans l’équité des déci- tés économiques. A l’origine, com- triels du 30 septembre tombent à la monnaie, la défense, la politique [email protected] sions. Dans ce domaine, rien ne peut se substituer à l’expérience, me le souligne l’article, il y a une New York, tandis que ce sont les étrangère et un peu de fiscalité. Or [email protected] pourvu qu’on sache en dégager des leçons. Il existe déjà des prati- confusion entre flux de trésorerie résultats semestriels du 30 juin qui la construction de l’Europe verra [email protected] ques qui vont dans ce sens : les formations en alternance, qui permet- et résultat d’exploitation, car le sont publiés à Paris. certainement le transfert de pou- [email protected] tent la découverte des différentes facettes d’une entreprise ou d’une premier ne résulte que des ventes, En plus de l’inconvénient pour voirs nationaux vers Bruxelles. [email protected] administration, les formations en situation de travail sur le modèle alors que le second découle du pro- les investisseurs, ce retard de trois C’est déjà acquis pour la monnaie [email protected] de l’apprentissage… duit total, c’est-à-dire inclut la mois constitue un lourd handicap et en bonne voie pour la défense. [email protected] Mais pourquoi ne pas aller plus loin en revalorisant et en dévelop- variation des stocks de produits pour la qualité du pilotage et la Je me permets donc de poser la [email protected] pant le « stage ouvrier » dans les écoles d’ingénieurs, en appli- finis. C’est ce qui fait qu’une entre- réactivité des entreprises. question suivante : quels pouvoirs quant une mesure simple : tout jeune cadre embauché sortant prise peut faire état de bénéfices Guy Esculier, d’une grande école et devant occuper une fonction d’encadrement comptables sans avoir pour autant ingénieur-conseil, devrait commencer par occuper pendant plusieurs mois des postes réellement gagné de l’argent ! Paris 75008 d’exécutant qui lui permettent de connaître les situations de travail Le problème qui se pose mondia- et comprendre les points de vue de ceux qu’il devra encadrer. Ces lement, Etats-Unis compris, est idées sont mises en pratique ici ou là. Elles ne sont pas une pana- que les Etats s’accrochent à la per- L’AUTONOMIE RÉGIONALE cée, mais elles devraient favoriser, sous un certain nombre de ception d’un impôt sur les bénéfi- ET LA CONSTRUCTION conditions, une meilleure connaissance du travail dans sa réalité ces incluant ceux comptabilisés EUROPÉENNE concrète et un décloisonnement social. L’exigence de former autre- par anticipation sur les quantités A propos du dossier du « Monde ment l’encadrement demeure plus que jamais d’actualité au produites non encore vendues en Economie » daté du 12 septembre moment où, dans le domaine du management comme dans les les mettant en stock au bilan, avec « L’autonomie régionale a-t-elle un autres, le fossé entre générations se creuse dans les entreprises et une valeur incluant une quote- avenir économique ? » les services publics. part des frais généraux de la pério- Je m’intéresse beaucoup à la de de production. politique et j’ai donc lu avec grand Jean-Pierre Le Goff est sociologue au laboratoire Georges-Friedman Aux Etats-Unis, les entreprises, intérêt votre article concernant (Paris-I, CNRS). obligées par la réglementation à l’autonomie régionale. Je souhai- s’en tenir à cette optique, n’en tais cependant réagir à certaines