SOLVE ET COAGULA

Les chants de la terre Alpha 537 menu

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2 Marco Beasley & Guido Morini

3 menu Solve et Coagula Un opéra de Guido Morini sur un livret de Marco Beasley

1 Sinfonia 7’47 2 La Porta 0’47 3 La Pudicizia 5’53 4 Il Disinganno 3’17 5 L’Occhio del Male 3’22 6 Site vuje…? 2’59 7 Aria di don Raimondo 2’58 8 Sol 2’50 9 Luna 4’50 10 Tarantella Tapanella 3’15 11 Compianto del Cristo Velato 8’17 12 La Formula 1’22 13 Le Macchine Anatomiche 2’24 14 I Lazzari 3’41 15 L’Angelo 4’00 16 Il Testamento di Raimondo di Sangro 3’48

17 Giovedì 2’39 18 Venerdì 3’25 MARCO BEASLEY, ténor

Accordone GUIDO MORINI, direction & clavecin

avec: Elisa Citterio, violon Rossella Croce, violon Gianni Maraldi, alto Marco Frezzato, violoncelle Vanni Moretto, contrebasse Franco Pavan, théorbe

Enregistrement réalisé du 4 au 7 mars 2014 à l’église Santa Maria Incoronata de Martinengo, Italie Direction artistique : Guido Morini Prise de son, montage & mastering : Alban Sautour Prise de son des « Lettres » Giovedì & Venerdì : Federico « Bandiani » Lagomarsino Direction artistique Alpha Productions & photographies livret : Julien Dubois Chargée de production et d’édition : Pauline Pujol Graphisme : Gaëlle Löchner Traductions en français : Lieselotte Volckaert English translations : Avril Bardoni Photographie de couverture : Paul Almasy / akg-images Paris, Sorbonne, Faculté des Sciences

5 6 Marco Frezzato & Elisa Citterio Rossella Croce & Gianni Maraldi

7 Il est rare qu’un musicien qui s’adonne habituellement à l’interprétation historique de la musique ancienne propose une musique nouvelle conçue pour son propre répertoire de concert, et encore plus dans un monde marqué par une nette séparation entre les figures de l’interprète et celle du compositeur. Avec Accordone j’éprouve ces deux plans complémentaires depuis environ quinze ans, rapprochant de l’exécution de la musique ancienne l’écriture d’œuvres, oratorios, cantates, musique instrumentale. Je souhaite ainsi réunir en une seule personne la figure du créateur et celle de l’interprète, comme tel était le cas avant le xxe siècle et que cela continue à être le cas dans d’autres genres musicaux. On peut considérer cette particularité comme une avancée philologique supplémentaire, ou bien comme le fruit le plus imprévisible du grand mouvement artistique et scientifique qui a redécouvert la musique ancienne en étudiant documents et partitions, et aussi en reconstituant des instruments oubliés par notre époque : ainsi renaît le besoin de s’exprimer par la composition.

Avec la brillante conférence tenue au Collège de France en décembre 2012, intitulée « L’atonalisme. Et après ? », le pianiste et compositeur Jérôme Ducros a relancé le débat sur la musique contemporaine en comparant deux positions différentes : d’une part celle des mélomanes, perdus face aux langages musicaux cultivés à partir du xxe siècle ; d’autre part la position des « maîtres d’œuvre », pour qui l’abandon du système tonal représente un grand progrès qui sera compris et apprécié par la postérité, si ce n’est pas le présent. Ces deux points de vue reflètent bien la difficulté que la musique savante contemporaine a rencontrée, de nos jours peut-être plus qu’à toute autre époque, à être entendue comme un langage intelligible et reconnaissable. Ce n’est donc pas un hasard si au cours du siècle dernier l’intérêt pour le répertoire du passé a été plus grand que celui porté aux modes d’expression contemporains. Les grandes institutions musicales programment

8 rarement la musique contemporaine qui, à force de la difficulté d’écoute et de l’absence d’un langage intelligible, se révèle souvent incompréhensible (pour ne pas dire fastidieuse) pour la plupart des auditeurs modernes. A l’inverse, la musique commerciale est présente de manière quasi obsessionnelle dans tous les aspects de la vie quotidienne, mais elle ne peut satisfaire tous les goûts, puisqu’elle s’inspire de la logique industrielle de la consommation rapide. Il se crée donc un espace ouvert à de nouvelles propositions aptes à renouer le rapport avec le public d’aujourd’hui, en lui proposant à nouveau de la musique agréable et de qualité. Ces propositions peuvent, doivent peut-être, s’accrocher à des langages clairs et intelligibles pour ceux qui fréquentent les salles de concert. Dans mon cas les langages compris entre la Renaissance et le baroque constituent la matrice, le point de départ de ma créativité.

Solve et Coagula est une œuvre à la fois contemporaine et profondément enracinée dans la tradition musicale des xviie et xviiie siècles. Par rapport au répertoire ancien, les innovations résident dans la revisitation des langages musicaux utilisés en les ouvrant à différentes influences ; dans l’articulation des styles historiques variés à l’intérieur de la composition selon les nécessités expressives ; dans l’usage de techniques et de matériaux anciens tout en conservant la sensibilité du xxie siècle. Cette démarche est loin de la création d’un « faux », d’une œuvre imitée contrefaisant le style de l’original.

La Symphonie qui ouvre l’œuvre musicale est le paradigme dans lequel modernité et tradition se fondent : il s’agit d’une fugue sur un thème dodécaphonique, dans laquelle reviennent de nombreux procédés contrapuntiques déjà utilisés par les compositeurs flamands. Le sujet est traité par mouvements contraires, rétrogrades, par augmentation, mais chaque entrée

9 module à la quinte supérieure, changeant ainsi constamment le cadre harmonique et empêchant l’affirmation d’une tonalité principale. Par ce procédé j’ai voulu suggérer le sens d’une sortie du monde ordinaire, une espèce de parcours initiatique vers une autre réalité. Semblable à l’expérience du visiteur qui franchit le seuil de la Chapelle Sansevero à , l’auditeur s’immerge dans un univers sonore dans lequel le passé et le présent se fondent et il est invité à s’abandonner aux suggestions et aux parfums de la Naples de Raimondo di Sangro, Prince de Sansevero.

Guido Morini © Velo Massimo Incisione con ritratto di Raimondo di Sangro (Ferdinando Vacca, 1747-50 ca.)

10 Solve et Coagula est le titre de notre travail dédié à Raimondo di Sangro, Prince de Sansevero, né à Torremaggiore en 1710 et mort à Naples en 1771. Un des plus grands penseurs du dix-huitième siècle, Antonio Genovesi, le décrit ainsi : « Il est de courte stature, doté d’une grande tête, beau et jeune d’aspect (…) Philosophe d’esprit, très doux et très aimable de manières, studieux et réservé, avec le défaut d’avoir trop de fantaisie (…) »

Don Raimondo eut un rôle de premier plan au sein de l’intelligentsia napolitaine du xviiie siècle et ce défaut d’avoir trop de fantaisie fit de lui un sujet de bavardages pour ses contemporains, mais le rend extrêmement intéressant à nos yeux. Expert en architecture et en arts martiaux, il parlait sanskrit, hébreu et grec ancien, il était amateur de musique, inventeur de nouveaux procédés typographiques, Académicien de la Crusca1 avec le nom « Esercitato » - Exercé -, premier Grand Maître de la Maçonnerie Napolitaine, mais surtout scientifique et expert de l’art alchimique. De ses expérimentations mystérieuses, pour lesquelles il était accusé de sorcellerie par le peuple, il reste des traces soit peu nombreuses mais d’une grande importance. La plupart sont rassemblés dans la Chapelle Sansevero, située dans le palais de la famille, un monument extraordinaire témoignant de l’art de la sculpture du xviiie siècle et qui est un authentique parcours symbolique et spirituel. De l’observation de certains des chefs-d’œuvre que la Chapelle contient encore de nos jours, de la méditation que les symboles présents dans celle-ci nous imposent, naît ce projet dédié à Raimondo di Sangro.

1 Accademia della Crusca: prestigieuse et ancienne institution linguistique, née à Florence au xvie siècle pour protéger la langue italienne.

11 Solve et Coagula n’est pas la représentation superficielle de l’histoire d’un homme doué detrop de fantaisie qui se brûle au feu d’alambics et de formules. Ce n’est pas cela. C’est une méditation – attentive et légère – sur un homme qui croyait en la Science comme en un moyen pour s’élever à un niveau spirituel plus haut, un homme qui recherchait à partir de sa propre culture et de ses propres instruments un plan de pensée supérieure et qui a trouvé dans la Naples du XVIIIème siècle, riche de nouveaux ferments artistiques, un terrain fertile pour les propres racines.

Marco Beasley Gênes, le 26 février 2009

12 Vanni Moretto 13 Rossella Croce & Elisa Citterio

14 SOLVE ET COAGULA Salvatore Argenziano

Et bienvenue à vous, Prince.

Dans une aube froide de janvier, à Torremaggiore en terre des Pouilles, fief des Grands d’Espagne, pendant qu’à Naples flotte encore l’écho somptueux de deux siècles de hallebarde espagnole que gouvernent maintenant les gonfanons d’Autriche et que depuis longtemps les étincelles du grand feu des Lumières rayonnent de la plume de Giambattista Vico, là, en terre des Pouilles, naît ‘Le Prince’. Voici Naples, son berceau, et ici il se nourrit de culture dans la maison de son grand-père, Grand d’Espagne, mécène d’artistes, de philosophes et de scientifiques, précurseurs d’une nouvelle sève culturelle, d’une pensée révolutionnaire novatrice.

Après la culture formelle acquise auprès des Jésuites commence la vaste spéculation empiriste et son esprit s’élargit dans les sciences nouvel esprit de la Renaissance immergé dans l’étude de machines hydrauliques, d’inventions guerrières et de nouvelle pharmacopée dans une vision ésotérique de la science

15 - lieu de perdition de toute hérésie - il dénoncera la culture religieuse figée dans l’abondance, un éclectisme intellectuel, qui aboutit enfin à l’alchimie, d’une personnalité charismatique enveloppée dans l’aura de mystère qui maintenant l’entoure. ‘Le Prince’ est un diable, répète le bas peuple tandis que les savants disent C’est un charlatan. Et la vision de sa pensée scientifique est bouleversée et brouillée par le mystère de sa recherche ésotérique, Solve et Coagula, la formule alchimique qui invente l’or et la substance solide rouge qui, comme dans le miracle du saint Patron, entre prières et injures des dévotes puisse se fondre et se recomposer dans l’ampoule sacrée.

Entre ces remparts qui virent un Prince de la Musique2 s’acharner indignement avec le fer sur les corps nus de deux amants, déjà mis à mort par les sicaires, pour venger son honneur de noble de Venose où la belle Marie3 inquiète erre encore au milieu des plaintes dissonantes inhabituelles dans des couloirs obscurs, désirant son Fabrice aimé, ici, maintenant, dans les grottes secrètes impénétrables

2 Le compositeur don Carlo Gesualdo, Prince de Venose (1560-1613), nommé par beaucoup le ‘Prince des Musiciens’. 3 Maria d’Avalos, assassinée avec son amant Fabrizio Carafa, duc d’Andria, par son mari don Carlo Gesualdo. 16 ‘Le Prince’ diable, nouveau Bailardo4 il se creuse la cervelle, imagine et distille à la recherche de la formule magique Sensus grave oiscom ulterio homo non debe fars lamento qui résout le caillot de sang et coagule le rouge liquide de l’ampoule pendant que la peine et le doute tenaillent son cœur Ma Science toute seule aura le pouvoir de trouver une nouvelle Réalité ?

Vacarmes nocturnes de machines infernales, hurlements de presses qui torturent et terreur de machines anatomiques, Inserio quas maniera Tentrum viventi acello Multia ferrosam schiera Nonsimul mors sacello à la faible lueur de la lumière éternelle un mélange de crâne broyé et de soufre, montent des grottes du palais, envahissent la cour à la terreur des domestiques dans la pestilence méphitique de cadavres écorchés de cardinaux

4 Bailardo. Vulgarisation du nom Pietro Barliario (1055-1148), personnage semi-légendaire, médecin et alchimiste italien, qui a étudié les textes de magie de la tradition arabe.

17  menu tandis que le sang des vivants est métallisé montrant le réseau compliqué de la circulation sanguine et des mélanges alchimiques pour créer des toiles marbrées afin de voiler un Christ de marbre pour sa Pietatella5 où il consommera sa folie géniale dans l’orgie formelle du baroque régnant entre des Pudeurs exubérantes de marbre et les Désillusions de mystérieuses trames irrésolues dans la coexistence énigmatique de science et de sorcellerie charlatanesque à la pensée illuminée et « hérésie pécheresse ». Maintenant, la Loggia abandonnée, lui isolé et déçu pendant que la Ville, après deux siècles et demi a finalement un Roi et avec Carlo s’enrichit du majestueux San Carlo6, et le Palais de Caserte et l’Hospice royal des pauvres et Pompéi et Herculanum révèlent des trésors du passé e Cuoco, Colletta, Tanucci et Filangieri7 marquent la reprise de la pensée culturelle napolitaine, ‘Le Prince’ se dédie entièrement à cette Chapelle, son testament spirituel, énigmatique, final. Adieu, don Raimondo, longue vie à votre mémoire.

5 Pietatella: la Chapelle Sansevero, l’église de Sainte Marie de la Pitié. 6 Teatro di San Carlo: le célèbre théâtre royal de Naples. 7 Historiens, philosophes et penseurs dans la Naples du xviiie siècle. 18 © Velo Massimo Tomba di Raimondo di Sangro (Francesco Maria Russo, 1759) 19  menu SOLVE ET COAGULA Raimondo di Sangro, le Prince de Sansevero

1 Sinfonia 1 Symphonie 8 Si sedes non is, si non sedes is Si sedes non is, si non sedes is1

2 La Porta 2 La Porte O passeggero, chiunque tu sia, cittadino o straniero, Ô passager, qui que tu sois, citoyen ou étranger, Entra e adora l’immagine della Pietà Regina entre et adore l’image de la Vierge,‘Reine de Pitié’, già da anni prodigiosa. prodigieuse depuis tant d’années Osserva con occhi attenti e con venerazione Observe avec des yeux attentifs et avec vénération le ossa degli eroi onuste di gloria, les os des héros pleins de gloire, Contempla il culto della Madre di Dio e il valore dell’opera Contemple le culte de la Mère de Dieu et la valeur de l’œuvre e la giustizia data ai defunti. et la justice donnée aux défunts. E quando avrai reso gli onori dovuti, Et quand tu auras rendu les honneurs dus, rifletti profondamente su te stesso réfléchis profondément sur toi-même, e poi và. et puis poursuis ton chemin.

3 La Pudicizia 3 La Pudeur Dicit ei Iesus: Jésus lui dit : Noli me tangere, nondum enim ascendi Ne me touche point, car je ne suis pas encore ad Patrem meum. monté vers mon Père. Vade autem ad fratres meos et dic eis: Mais va trouver mes frères, et dis-leur que je monte Ascendo ad Patrem meum et Patrem vestrum, vers mon Père et votre Père, Deum meum et Deum vestrum. vers mon Dieu et votre Dieu. Ioannem 20:17 Jean 20:17

8 Palindrome écrite sur la “porta alchemica” de la Villa Palombara à Rome.

20 Il ventre tuo penando ha generato Ton ventre a enfanté dans la douleur Colui che oggi celebra la Scienza celui qui aujourd’hui célèbre la Science A lei e a te dimostro appartenenza Io che contemplo il tuo à elle et à toi je manifeste mon appartenance marmo velato. moi qui contemple ton marbre voilé. Tu che di Santa in Musica hai il nome Toi qui portes le nom de la Sainte de la Musique In vita breve dalla Morte invisa dans cette courte vie, déconsidérée par la Mort Altissima beltà ti fu recisa ta grande beauté fut lacérée Lasciando me senza un perché o un come. me laissant sans pourquoi ni comment. E sono qui, o dolce madre antica, Et je suis ici, ô douce mère ancienne, In questo tempio dove pur l’Aria è amica, dans ce temple où même l’Air est un ami, Dove per sempre il calcolo dei giorni où pour toujours le calcul des jours Mi porterà la vita e i suoi ritorni. m’apportera la vie et ses retours.

4 Il Disinganno 4 La Désillusion VINCULA TUA VINCULA TUA DISRUMPAM Nah., cap 1, v. 13 DISRUMPAM Nah., cap 1, v. 13 VINCULA TENEBRARUM VINCULA TENEBRARUM ET LONGAE NOCTIS ET LONGAE NOCTIS QUIBUS ES COMPEDITUS Sap., cap. XVII, v. 2 QUIBUS ES COMPEDITUS Sap., cap. XVII, v. 2 UT NON CUM UT NON CUM HOC MUNDO DAMNERIS 1 Cor., cap. XI, v. 32 HOC MUNDO DAMNERIS 1 Cor., cap. XI, v. 32

Je romprai les chaînes, prisons des ténèbres et de la longue nuit, par lesquelles tu es entravé afin que tu ne sois pas condamné avec ce monde.

E qui voglio parlar del Disinganno, Et maintenant je veux parler de la Désillusion, Antico marmo d’uso sì moderno marbre ancien d’usage si moderne Di color bianco tal che sembra inverno si blanc qu’il ressemble à l’hiver Ma di figura pien di grave affanno. à la figure pleine de douleur. Il padre mio è al centro dell’icona Mon père est au centre de l’icône

21 Ed angelo l’aiuta a districarsi et l’ange l’aide à se dépêtrer Quasi da rete venga a liberarsi qu’il en vienne presque à se libérer du filet Pria che campana suoni l’ora nona. avant que les cloches ne sonnent None. O Statua che dimostri vita dura, Ô statue qui montre la dureté de la vie, Sii luce per chi ha già l’Anima Oscura, sois la lumière pour qui a déjà l’Ame Obscure, E lascia a chi sarà ciò che saremo et fais que les fils de nos fils soient Il vero testimon del ben Supremo. les vrais témoins du Bien Suprême.

5 L’occhio del Male 5 L’œil du Mal Cammina nell’ombra, si muove furtivo Il marche à l’ombre, il se meut furtivement Nè Luna nè Sole la luce gli danno, ni la Lune ni le Soleil ne lui donnent lumière, Gli copre le spalle un mantello di panno un manteau de chiffon lui couvre les épaules Spaventa il suo aspetto il viandante tardivo. son apparence effraie le voyageur de la dernière heure. Cammina nell’ombra, i suoi passi vanno Il marche à l’ombre, ses pas se dessinent Intorno il silenzio, nemmeno un colore autour il y a le silence, même pas une couleur Non cerca conforto, non cerca il suo inganno, il ne cherche pas de réconfort, il ne cherche pas son illusion, Conosce l’occulto: ma è solo un dolore. il connaît l’occulte : mais c’est seulement une douleur.

6 Site vuje...? 6 C’est vous… ? Sient’‘o martiello, sient’‘a tenaglia Ecoute le marteau, écoute la pince Comm’‘a paura me strizza, me piglia! comme la peur me serre et me tenaille ! (Fiamme lucenti, ‘nfierno vagante (Flammes claires, Enfer errant Mmiezo a sti strade ‘e ‘na Napule ardente…) dans les rues de cette ville de Naples ardente…) L’ommo è fernuto, cchiù nniente le resta L’homme est fini, il ne lui reste plus rien Ma si ‘o ddico forte, ‘nce perdo la testa. mais si je le dis trop souvent, je perdrai la tête. Prencepe mio, nun ‘o saccio si è ‘o vero Mon Prince, je ne sais pas si c’est vrai Ma dicite a mme: site vuje Sansevero? mais dites-moi, c’est vous, Sansevero? Vuje chiuso ve site dint’‘a Pietatella Vous vous êtes enfermé dans la Pietatella 9 Ma pe’ Santa Chiara, ‘o Ggiesù, ‘a Nunziatella mais à la Santa Chiara, le Gesù, la Nunziatella 2

9 La Nunziatella: la célèbre école militaire de Naples.

22 Vanno currenno sti vvoce vagante ces voix murmurantes montent De lazzare surece, de mille pezzente, du sale petit peuple, de mille mendiants, Ca vonno sentì, ca vonno sapè qui veulent entendre, qui veulent savoir Si vuje ‘na speranza sapite vedè si vous croyez qu’il reste un peu d’espoir Pe chi niente magna e ‘a matina se sceta pour ceux qui n’ont rien et qui le matin se réveillent Cu ‘sta rabbia ‘ncuorpo ‘e chi perde la vita. avec dans le corps la colère de celui qui perd la vie.

7 Aria di don Raimondo 7 Air de don Raimondo Tante pene mi porto nel cuore, Tant de peines je porte au cœur, Tanto dubbio accompagna il dolore tant de doutes accompagnent la douleur Se mia Scienza da sola varrà Ma Science toute seule aura le pouvoir A trovare una nuova Realtà. de trouver une nouvelle Réalité ?

8 Sol 8 Soleil SIC FLORET DECORO DECUS SIC FLORET DECORO DECUS Ainsi la Noblesse brille à travers ce qui lui convient Sole, sole d’oro Soleil, soleil d’or Io qui ti prego e onoro me voici à te prier et t’honorer Con anima pulita à l’âme pure Raccogli la mia vita embrasse ma vie Aiutami a vedere aide-moi à voir Ciò ch’è nel tuo potere ce qui est dans ton pouvoir Ciò che la luce ottiene ce que la lumière obtient E dona ad altri il bene. et donne le bien aux autres. Un lume eterno forse Peut-être celui qui plus que moi est altier Nelle mie mani scorse et hors du monde austère Chi è più di me altero a vu dans mes mains E fuor dal mondo austero. une lumière éternelle.

23 9 Luna 9 Lune Bianca, rotonda e pia, Blanche, ronde et pieuse, Tu scacci la follia tu chasses la folie Di chi il tempo passa de celui qui passe son temps A svolger la matassa à dévider l’écheveau Di una vita bruna d’une vie obscure Senza speranza alcuna. privée de tout espoir. Ma la tua bianca luce Mais ta lumière blanche Al Ciel mi riconduce me ramène au Ciel Senza negar la Scienza sans nier la Science Sento la Sua presenza, je sens sa présence, Sei tu, luce amorosa c’est toi, lumière d’amour Che prendo qui in sposa. que maintenant je prends comme épouse.

10 Tarantella Tapanella 10 Tarentelle paysanne Oh-oh-oh!, nun ‘o ssaje s’io rido o no? Oh-oh-oh! Tu comprends si je ris ou non ? Quanno tu ‘o saparraje Quand tu le sauras Pe’ mill’anne vivarraje… tu vivras mille ans… Li-oj-li, chest so’ ‘e compagne meje Li-oj-li, voici mes compagnons E si l’acconosciarraje et quand tu les connaîtras Pe’ trenta nuotte arricrearraje… pendant trente nuits tu t’amuseras… O-re-re, chesta vita fa gude’: O-re-re cette vie est une fête : E si tu nun balli maje mais si tu ne danses jamais Tu po’ co’‘a Morte danzarraje… c’est avec la Mort que tu danseras… Se-se-se, sient’‘o core, piccere’! Se-se-se, écoute ton cœur, ma petite ! Nnanz’ ‘a porta ‘a Pietatella Face à la porte de la Pietatella Tu me diste la manella. tu m’as donné ta main. Bu-bu-bu, dimmi mò, né, chi si’ ttu? Bu-bu-bu, dis-moi maintenant : qui es-tu ? Tu si nun me lo diraje Et si tu ne me le dis pas

24 ‘O ffuoco eterno truvarraje… tu trouveras le feu éternel… Ra-ra-ra, ‘a parola nun ‘nce sta’ Ra-ra-ra, je n’ai pas de paroles, Tu nun te n’accuorge maje ne te rends-tu pas compte Che staje all’Inferno, mmiez’‘e guaje? que tu es à l’Enfer, dans les ennuis ? Ne-ne-ne, statte allera, siente a mme! Ne-ne-ne, écoute-moi, reste heureuse ! Chesta vita è tapanella, Cette vie n’est pas facile, Megli’‘e fa’‘na tarantella. il vaut mieux danser la tarentelle…

11 Compianto del Cristo Velato 11 Complainte du Christ Voilé Recitativo: Récitatif : Dalla gran croce eretta da Pilato De la grande croix érigée par Pilate Fu tolto il Re in un mattin di pena. le Roi fut enlevé dans un matin de souffrance. Ed or sul freddo marmo ha la sua schiena Et maintenant son dos touche le marbre froid La morte lo ritrae Cristo velato. la mort le dessine comme le Christ voilé. Aria : Air : Da spine e chiodi, lance nel costato, Des épines, des clous, des lances dans la poitrine, Con duri ferri inchiodato cloué par de durs fers Alla gran Croce eretta da Pilato à la grande croix érigée par Pilate Muore oggi Gesù Cristo ammazzato. meurt aujourd’hui Jésus Christ tué. Fatale fu quel bacio lì nell’orto Là-bas dans le jardin, fut fatal ce baiser Che orrendo traditor a lui ha porto: que ce traître affreux lui a donné : La Madre piange qui l’orribil torto la Mère pleure l’horrible injustice Nel pianto troverà giammai conforto. et ne trouve jamais de réconfort dans ses pleurs. Ma qui si canti dell’immortal vita Mais ici je chante la vie immortelle Con musica celeste giammai udita; avec de la musique divine jamais entendue ; Qui si raccolga e prieghi la tua aita Ici se recueille et prie pour ton aide L’anima mia, ch’eterna va smarrita. mon âme, qui est éternellement perdue. E il cielo intanto oscuro si facea Et entretemps le ciel s’obscurcissait Piangean le nubi e ‘l nostro cor piangea. les nuages pleuraient, ainsi que nos cœurs. E il cielo tutto lagrima gemente Et tout le ciel pleure en douleur Il corpo santo del Cristo morente. le corps du Christ qui meurt.

25 © Velo Massimo Cappella Sansevero, parziale 26 Velo sottil vi poggia eternamente Un voile fin le couvre éternellement Com’acqua fosse di fiume dolente. comme l’eau d’un fleuve souffrant. Eli, Eli Lama Sabactani. Eli, Eli Lama Sabactani.

Note de Marco Beasley: Les deux textes qui suivent sont intraduisibles puisqu’ils sont écrits en ‘grammelot’, un très ancien langage phonétique autrefois utilisé par les bouffons et les ménestrels. Le grammelot utilise des phonèmes italiens et latins liés ensemble avec des sons qui ressemblent à des mots afin de mettre l’accent sur les points dramatiques.

12 La Formule 13 Les Machines Anatomiques Sensus grave, Inserio quas maniera oiscom ulterio homo non debe fars lamento, tentrum viventi acello ne mente de alchemio trufar se nece castos, multia ferrosam schiera ecco tremens novella qui non comesse alio. nonsimul mors sacello. Argath alchemio orwa, naswar ob in terribio erin firsèm nobìs te ornano de alcali nigro sumesse te virgulto, in situ multo corsi ob tea diarmistum varge nabis erranea forgia venàm purpurea mano dein se turam gola de sangunolenta flago destraxi pelle amorsi. ne gens, ne idulat, ne morte defundo Machinea antropomorfa neque in te oundouso blanco. quasi talìs impìeta Ilam, de noble carco in sinta mia alchemio princeps zorfa prucidisse aestas fabatigante rowon : membrandem salis lieta. pi me rostas oy pi me arcatre doloi Phormula nullus sinem oyfin gurland sat in immortalis acrè odoràt grigòrnia et sin burlel oychinaj kotos de lama. destino gravis vegnem anatomoi vergornia.

27 14 I Lazzari 14 Le petit peuple “Ma è ‘o vero che è piccerillo? « Mais c’est vrai qu’il est petit ? Ma è ‘o vero ch’è curtulillo? Mais c’est vrai qu’il est bas? Ma che ffà int’‘a Cappella, Mais qu’est-ce qu’il fait dans la Chapelle Né, che ffà int’‘a Pietatella?” Dites, que fait-il dans la Pietatella ? » ‘O popolo parla, curiuso se mena, Le peuple parle et, curieux, s’interroge, A vita do’ Prencepe s’‘a gira e remena: la vie du Prince est mise à nu : “Va’ verso ‘a Marina , addò ‘o Prencepe strano « Va vers la Marina310, où on dit que ce Prince étrange Se dice che va’ ncoppa all’acque, luntano va sur les eaux, loin… Cu ‘na carruzzella ch’‘e cavalle finte au moyen d’un carrosse tiré par de faux chevaux Ca so’ fatte e lignamme, ‘e corteccie dipinte”. faits de bois, d’écorces peintes. » Che gente curiusa, ‘nsista, ‘nziriata, Qu’ils sont curieux, méchants, capricieux, Che vanno verenno ‘a carrozza assammata, ces gens qui espèrent voir couler le carrosse, Speranno ch’‘a ‘o Prencepe affoga pur’isso qui espèrent que le Prince se noie lui aussi - Pecché è ‘a terza vota che ‘o Prencepe inziste - - car c’est la troisième fois que le Prince réitère sa tentative - E vvuje ‘o ssapite, so’‘e tragedie cchiù belle et comme vous le savez, les tragédies les plus belles sont celles Quanno ‘e nu nobile se fa guarattelle… dans lesquelles on peut se moquer d’un noble… Ma ‘o carro galleggia, ondeggia, veleggia… Mais le coche est bercé, flotte, vogue… Aspettanno ‘o tramonto me piglio ‘na seggia. Et en attendant le coucher du soleil je cherche une chaise.

15 L’Angelo 15 L’Ange Or che si dorme l’anima sua in pena Maintenant que son âme souffrante dort Io, servitor dell’Alto Ciel, qui giungo moi, serviteur de l’Empyrée, je descends ici E sacra luce in petto mio congiungo et j’unis dans ma poitrine la lumière sacrée A vasto orror per chi usò catena. à la vaste horreur pour qui employa la chaîne. Angelo, sì angelo son io Ange, oui, je suis l’ange Ch’in questo tempio dono luce antica qui dans ce temple donne de la lumière ancienne E lo riparo dall’eterno oblio et qui le protège de l’oubli éternel E da color cui Scienza gli è nemica. et des ennemis de la Science.

10 Quartier de Naples.

28 © Velo Massimo Macchina anatomica – Donna, part. (Giuseppe Salerno, 1763-64) 29 Di Mercurial potere sono fatto, Je suis fait du pouvoir de Mercure, E voce non comune porto in seno et dans mon cœur je porte une voix particulière Ma come Piombo duro sarò al tatto mais au toucher je serai dur comme le plomb Per colui il qual mi pensi esser terreno. pour ceux qui pensent que je suis terrestre.

16 Il Testamento di Raimondo di Sangro 16 Le Testament de Raimondo di Sangro Il tempo aspetterà, per me si fermerà un po’ di più. Le temps attendra, pour moi il s’arrêtera un peu plus. Non so se chi leggerà il mio scritto Je ne sais pas si celui qui lira mes écrits Apparterrà al tempo in cui il Quadrante Celeste appartiendra au temps dans lequel le Quadrant Céleste Toccherà la Costellazione dell’Acquario: touchera la Constellation du Verseau : Questo non so. je ne peux pas le savoir. Ma se alcuno trovasse questo mio, Mais si quelqu’un devait trouver mes écrits, Apra la mente alle mie confidenze, qu’il ouvre l’esprit à mes confidences, E le porga a chi sarà pronto a udirle: et qu’il les donne à qui sera prêt à les entendre : Coloro che vegliano, intenderanno. Les bienveillants comprendront. E sarà l’Aleph. Et ce sera l’Aleph.

30 17 Giovedì Torremaggiore, 30 Gennaio 1710

Affido a questa carta poche righe frettolose per continuare la cronaca del mio lavoro qui a servizio della Signora: non so se sarebbe contenta sapendo che so leggere e scrivere, perché chi fa il mio mestiere è di solito ben più ignorante di me... ma a me piace scrivere, quindi corro il rischio. Oggi, qui al castello di Torremaggiore, è finalmente nato Raimondo, il principino atteso. La Signora non sta bene, non si è ancora ripresa dai dolori del parto. Però quant’è bella! Una volta finito il travaglio, l’abbiamo lavata tutta e le abbiamo messo intorno un lenzuolo che pareva un velo. Era bellissima, e così giovane! Anche il medico ha gettato uno sguardo, l’hanno visto tutti... Che figura, il pover’uomo era rosso dalla vergogna. Ma le prime parole della Signora sono state tutte per il suo bambino: «Apri gli occhi, piccolino, vedi che bella luce? Già, è vero, tu non vedi ancora nulla, è troppo presto. Sì, è Gennaio, ma sembra Primavera. E vorrei che fosse sempre Primavera per te, tesoro mio. Bello, il mio piccino, vieni qui, vieni da tua madre» ed in silenzio se lo è accostato al seno. Verrà bello e forte, lo pensiamo tutti. Cosa farà, come sarà la sua voce, gli piacerà questo castello o se ne andrà altrove? Chi diventerà Raimondo di Sangro, Principe di Sansevero e Duca di Torremaggiore? Sarà uno dei tanti nobili annoiati come quelli che girano qualche volta per queste stanze, oppure sarà gentile con noi, come lo è sua madre oggi con lui? Si vede che ama sua madre, già da ora si vede, da come cerca il suo latte e da come è felice nelle sue mani. Una madre gentile, ma fragile di salute, troppo fragile, troppo... Sia gloria oggi a Cecilia Caetani dell’Aquila di Aragona. E benvenuto a voi, Principe.

31 17 Jeudi Torremaggiore, le 30 janvier 1710

Je confie à ce papier quelques lignes hâtives pour continuer la chronique de mon travail au service de Madame : je ne sais pas si elle serait contente de savoir que je sais lire et écrire, car ceux qui font mon métier sont en général bien plus ignorants que moi… mais l’écriture me plaît, donc je cours le risque. Aujourd’hui, ici au château de Torremaggiore, est né enfin Raimondo, le petit prince attendu. Madame ne va pas bien, elle ne s’est pas encore remise des douleurs de l’accouchement. Mais comme elle est belle! Une fois fini le travail, on l’a entièrement lavée et on l’a enveloppée dans un drap qui paraissait un voile. Elle était très belle, et si jeune ! Même le médecin a jeté un coup d’œil, tous l’ont vu … Quelle honte, le pauvre homme en était rouge. Mais les premiers mots de Madame étaient entièrement pour son petit : « Ouvre les yeux, mon petit, tu vois comme elle est belle, la lumière ? Mais oui, c’est vrai, tu ne vois rien encore, c’est trop tôt. Oui, on est en janvier, mais on dirait le printemps. Et je voudrais que ce soit toujours le printemps pour toi, mon trésor. Comme il est beau mon petit, viens ici, viens chez ta maman » et en silence elle l’a mis au sein. Il deviendra beau et fort, on le pense tous. Qu’est-ce qu’il fera ? Comment sera sa voix ? Ce château lui plaira ou ira-t-il ailleurs? Qui deviendra Raimondo di Sangro, Prince de Sansevero et Duc de Torremaggiore ? Sera-t-il un de ces nombreux nobles pleins d’ennui comme ceux qui traînent quelquefois dans ces pièces? Sera-t-il gentil avec nous, comme sa mère l’est aujourd’hui avec lui ? Cela se voit qu’il aime sa mère, déjà maintenant, à la façon dont il cherche son lait et à celle dont il est heureux dans ses bras. Une mère gracieuse, mais à la santé fragile, trop fragile, trop… Que la gloire soit aujourd’hui avec Cecilia Caetani dell’Aquila di Aragona. Et bienvenue à vous, Prince.

32 18 Venerdì Napoli, 22 Marzo 1771

Le campane suonano a morto. Nel palazzo di famiglia vi siete spento, caro don Raimondo di Sangro, Principe di Sansevero e Duca di Torremaggiore, uomo di chiara fama in questa Napoli borbonica. Qui, nella vostra dimora, cento e più anni addietro il Tasso vi fu ospitato. Ed è strano caso che in quegli anni e sempre qui, in questo vostro Palazzo, un altro nobile, il Principe dei Musici, armò la propria mano omicida. Ah, mio incauto Sansevero, come potevate pensare che il popolo se ne sarebbe dimenticato? Sapete cosa diceva di voi? “Ma ’o ssaie ca ’o Prencepe ha fatto accidere a ddui siérve, pe ne fa vedé tutt’ ’e vvene e ppure ’o sango fissato?” “Eh… e se dice c’ha fatto n’accidetorio de sette cardinale pe ne fà sette seggie cu ll’ossa e sette cuscine cu ’a pelle… e m’hanno ditto puro ca accecaje ’o scultore ca facette ’o Cristo…” “E vulimmo parlà de’ crastate? M’hanno ditto ca se ne va silenziuso campagne campagne a cercà ’e guagliune cchiù belle p’’e fà crastà, accussì ponno cantà int’ ’a Cappella” “Però facette ’na luce ca nun se stutava maje…” “Già… Chillo è ’o Riavulo ’mpersona…!” E invece eravate un gigante nelle arti scientifiche, un uomo di alto lignaggio e di breve statura. Di grande nobiltà d’animo e di molta curiosità. Di pensiero sublime e fanciullesco entusiasmo. Avete cercato nella Scienza alchemica i segni dell’oltre e forse oggi conoscete il segreto del Solve et Coagula. Il piombo e il mercurio erano parte di voi. Che vita avete avuto, caro Principe! Quanti travagli avete attraversato, quanto avete scoperto! La vostra Scienza si è mossa con lo Spirito, la vostra Arte si è espressa con la Vita. Negromante per alcuni, uomo di Scienza illuminata per molti, per tutti genio e benefattore.

33 Siete stato un grande uomo di guerra e un pensatore senza limiti. Alla luce del vostro lume eterno, avete scritto ed avete operato su discipline sconosciute a molti. La Conoscenza era il vostro obbiettivo, la sua ricerca la vostra Scienza. Avete voluto questo luogo di meditazione e di arte, qui a Santa Maria della Pietà, la nostra Pietatella. E siete e sarete qui per sempre, non importa se con le vostre spoglie carnali. Sicuramente con il vostro Spirito. Oggi, le armoniose statue silenti stanno dando il benvenuto alla vostra anima e si lasciano da lei accarezzare prima dell’eterno viaggio. Addio, don Raimondo, lunga vita al ricordo di voi.

FINE

34 18 Vendredi Naples, le 22 mars 1771.

Les cloches funèbres sonnent. Vous vous êtes éteint au palais de la famille, cher Don Raimondo di Sangro, Prince de Sansevero et Duc de Torremaggiore, homme de grande renommée dans cette ville de Naples des Bourbons. Ici, dans votre demeure, il y a plus de cent ans, le Tasse fut hébergé. Et c’est un hasard étrange que dans ces années et toujours ici, dans votre Palais, un autre noble, le Prince des Musiciens, a commis un meurtre atroce de sa propre main. Ah, mon imprudent Sansevero, comment pouviez-vous penser que le peuple aurait oublié tout cela? Vous savez ce qu’on disait de vous? « Mais tu sais que le Prince a fait tuer deux domestiques pour en faire voir toutes les veines et le sang figé ? » « Eh… et on raconte qu’il a assassiné sept cardinaux pour faire des chaises avec leurs os et des coussins 11 avec leur peau; et on m’a dit aussi qu’il a fait aveugler l’artiste 410 qui a sculpté le Christ… » « Et que dire alors des castrats? On m’a dit qu’il se promène en silence dans les campagnes à la recherche des plus beaux jeunes, pour ensuite les faire castrer et faire chanter dans la Chapelle. » « Mais il a créé une lampe qui ne s’éteint jamais… » « Et oui… celui-ci est le Diable en personne…! » Mais au contraire, vous étiez un géant en arts scientifiques, un homme de haut lignage et de petite taille. Un homme de grande noblesse d’âme et de grande curiosité, à la pensée sublime et à l’enthousiasme enfantin. Vous avez cherché dans la Science alchimique les signes de l’au-delà et peut-être aujourd’hui vous connaissez le secret du Solve et Coagula. Le plomb et le mercure vous appartenaient.

11 (1720-1793).

35 Quelle vie vous avez eue, cher Prince ! Combien de difficultés vous avez traversées, combien vous avez découvert ! Votre Science s’est mue avec l’Esprit, votre Art s’est exprimé dans la Vie. Considéré comme nécromant par certains, homme de Science illuminée pour beaucoup, génie et bienfaiteur pour tous. Vous avez été un grand homme de guerre et un penseur sans limites. À la lumière de votre « lumière éternelle », vous avez étudié et écrit sur des disciplines inconnues pour beaucoup de personnes. La Connaissance était votre objectif, sa recherche était votre Science. Vous avez voulu ce lieu de méditation et d’art, ici à Santa Maria della Pietà, notre Pietatella. Et vous êtes ici et vous le serez pour toujours, peu importe si c’est sous forme de dépouille charnelle. Votre esprit l’accompagne sûrement. Aujourd’hui, les statues harmonieuses et silencieuses accueillent votre âme et s’en font caresser avant le voyage éternel. Adieu, don Raimondo, longue vie à votre mémoire.

FIN

 menu 36 Franco Pavan Rarely does a musician normally dedicated to the historically authentic performance of early music present new music conceived for his own ensemble, especially in a world where performer and composer are sharply distinguished one from the other. I have been engaged in this dual role with Accordone for about fifteen years, combining the performance of early music with the composition of operas, oratorios, cantatas and instrumental works, thus uniting in one person the functions of composer and performer (as was usual in the eighteenth century and continues today in other musical genres). We can see this as yet another philological conquest or else as the most unexpected result of the great artistic and scientific movement that has rediscovered early music through studying documents, scores and reconstructing instruments long forgotten; now the need to express oneself self in new music has stirred again. In his brilliant lecture at the Collège de France in December 2012, «L’atonalisme. Et après?» the pianist and composer Jérôme Ducros relaunched the debate about contemporary music, contrasting two different positions: on one side he saw music lovers wedded to the cultured musical mores of the eighteenth century to the present day, on the other the modernists for whom the abandonment of tonality was a big step forward which, even if not accepted immediately, would be understood and appreciated in the future. These two positions clearly reflect the difficulty encountered by serious contemporary music, perhaps greater than at any other time, of being accepted as a shared, recognisable idiom. It is no mere chance, in fact, that over the last hundred years interest in the literature of the past is greater than that for our own time. The great musical institutions seldom include contemporary music in their programmes, its difficulty and the absence of a shared idiom often making it incomprehensible (if not distasteful) to the majority of modern listeners. At the other end of the spectrum, commercially-produced

38 music is present almost obsessively in every aspect of daily life but cannot satisfy all palates, inspired as it is by the industrial logic of hectic consumerism. So this creates a space for new ideas capable of re-cementing the rapport with today’s public, offering it music both enjoyable and of high quality. These can, and perhaps must be grounded in a shared idiom that concert-goers understand. In my case the idiom that prevailed from the Renaissance to the Baroque forms the matrix, the point of departure for my creativity. Solve et Coagula is a contemporary work which is at the same time deeply rooted in the musical tradition of the seventeenth and eighteenth centuries. What is new, as with ancient literature, is a reinterpretation of the language, opening it up to different influences, the articulation of different historical styles within the composition in response to the expressive demands and use of ancient techniques and materials but with a twenty-first century sensibility. This is far from the creation of an “artificial” style. The Sinfonia with which the work opens is the conceptual framework in which the modern and the traditional converge, a fugue with a twelve-tone subject utilising many of the artifices used by the Flemish composers. The subject is treated in contrary motion, by inversion and augmentation, but with each entry modulating to the fifth above it, constantly shifting the harmonic context and impeding the affirmation of a principal tonality. By this means I intended to provide a sense of leaving the ordinary world behind, a kind of path towards a different reality. In a similar way to that of a visitor entering the Cappella Sansevero in Naples, the listener is immersed in a sound- world in which past and present are merged and is invited to abandon himself to the impressions and scents of Naples, home to Raimondo di Sangro, Principe di Sansevero

Guido Morini

39 This new work of ours, Solve et Coagula, is dedicated to Raimondo di Sangro, Prince of Sansevero, who was born in Torremaggiore in 1710 and died in Naples in 1771. Antonio Genovesi, one of the greatest thinkers of the eighteenth century, described him thus: ‘He is of short stature, with a large head, handsome and has a genial expression [...] A witty philosopher, with a very amiable and gentle manner, studious and retiring, he possesses the defect of an over-active imagination ...’ Don Raimondo occupied a prominent place among the Eighteenth Century intelligentsia of Naples, and this ‘defect of an over-active imagination’, while giving rise to a great deal of gossip among his contemporaries makes him extremely interesting to us. Deeply knowledgeable about architecture and the arts of warfare, a student of Sanscrit, Hebrew and classical Greek, lover of music, inventor of new methods of printing, a member of the Accademia della Crusca1 (for which he adopted the name “Esercitato”), the first Grand Master of Naples’ Masonic Lodge, he was primarily a scientist and expert in the arts of .

Of the mysterious experiments, for which he was accused of witchcraft, few but important examples remain, mostly to be found in the Sansevero Chapel in the family palace, an astonishing monument to Eighteenth century sculpture which takes the observer on a truly spiritual journey by means of its symbols. And it is the observation of some of the masterworks still in the Chapel, and the thoughts inspired by the symbols they contain that gave rise to this project dedicated to Raimondo di Sangro.

1 The most important institution responsible for regulating the Italian language as well as the oldest linguistic academy in the world.

40 Solve et Coagula is no superficial presentation of the story of a man gifted with “an over-active imagination” burning his fingers on alembics and compiling formulae. That it is not. It is a meditation – both scrupulous and sympathetic – upon a man who believed in Science as a means of rising to a higher spirituality, who sought within his own culture and abilities a superior way of thinking and found, in eighteenth century Naples, a city in a ferment of new artistic ideas, fertile soil for his own roots.

Marco Beasley Genoa, 26 February 2009

41 Rossella Croce SOLVE ET COAGULA Salvatore Argenziano

And welcome, Prince, to you.

One cold January morning in Torremaggiore province of Puglia, domain of Spanish Grandees, while yet in Naples the grandiose echo lingers of two centuries of Spanish halbadiers now that Austrian banners are in power and already sparks are flying of the great blaze of the Enlightenment from the pen of Giambattista Vico, there, in the province of Puglia, ‘The Prince’ is born. This Naples is his cradle, here he imbibes culture in the house of his grandfather, Spanish Grandee, patron of artists, philosophers and scientists, precursors of a rising cultural sap, a revolutionary, innovative mode of thought.

And after the formal teaching of the Jesuits the vast empirical speculation begins and the mind expands through the sciences with a new Renaissance ingenuity is absorbed in the study of hydraulic machines and the invention of arms and new medicaments in an esoteric vision of science

43 ‘a rubbish-heap of all the hersies’ the fat, inert religious establishment will say, intellectual eclecticism that eventually to alchemy, of a charismatic personality wrapped in the aura of mystery that now surrounds it. The common people dubThe Prince ‘a devil’, while to the academics he’s ‘a charlatan’. And the clarity of his thought is blurred by the mystery of esoteric research, Solve et Coagula, the alchemical formula that creates and the solid red substance like the miracle of the Patron Saint, that while the devotees pray and shout abuses can dissolve and resolidify in the sacred phial12.

Between those walls that saw a Prince of Music ignobly turn his sword upon two naked bodies of lovers already murdered by assassins, to avenge his honour as a noble of Venosa where yet the beautiful restless Maria wanders with strange and dissonant laments down dark passages yearning for her loved Fabrizio,

2 A reference to the ‘miracle’ of St. Gennaro. There is a phial of his congealed blood in Naples’ Cathedral which liquifies on the Patron Saint’s day. The failure of this ‘miracle’ is a bad omen for the city.

44 here in the secret impenetrable grottoes 3 the ‘devil Prince’, a new Bailardo 2 practises astrology, muses and racks his brains while searching for the magic formula Sensus grave oiscom ulterio homo non debe fars lamento that dissolves the clot of blood and then coagulates the red liquid in the ampulla while pangs and doubts clutch at his heart: Whether my science will alone be able to discover a new Reality.

Nightly noises of infernal machines, ear-splitting screeching of presses and terror of anatomical models, Inserio quas maniera Tentrum viventi acello Multia ferrosam schiera Nonsimul mors sacello in the dim light of the eternal lamp mixture of ground-up skulls and sulphur, rises from the cellars of the palace, invading the court to the terror of the servants in the mephitic stench of skinned corpses of cardinals

3 Popular name for Pietro Barliario (1055-1148), semi-legendary Italian doctor and alchemist who studied traditional Arabic magic texts. 45  menu while the blood of living beings is metallized to demonstrate the intricate web of blood circulation and alchemical mixtures for marble-izing cloths 4 to veil a marble Christ for his Pietatella 3 where he will bring his mad genius to pefection in the orgiastic forms of the prevailing Baroque among uninhibited marbles, Modesties and the Disillusionments of unresolved mystic plots in the enigmatic coexistence of science and quack witchcraft, of enlightenment thought and ‘culpable heresy’. Now, the Masonic Lodge abandoned, isolated and disappointed while the city, after two and a half centuries, at last has a king of her own, and under Carlo enriches herself with the majestic San Carlo, and the Palace of Caserta and the Orphanage and Pompei and Herculaneum reveal treasures of the past 5 and Cuoco, Colletta, Tanucci e Filangieri4 signal the rebirth of Neapolitan cultural thought, ’O Principe devotes himself wholeheartedly to this Chapel, his last enigmatic spiritual testament.

Adieu, Don Raimondo, may your memory live long.

4 Popular name for the Cappella Sansevero in the Chiesa di Santa Maria della Pietà. 5 Vincenzo Cuoco and Pietro Colletta were historians, Bernardo Tanucci a statesman and scholar and Gaetano Filangieri a philosopher.

46  menu 1 Sinfonia 1 Sinfonia 6 Si sedes non is, si non sedes is Si sedes non is, si non sedes is 1

2 La Porta 2 The Door O passeggero, chiunque tu sia, cittadino o straniero, O traveller, whoever you may be, citizen or foreigner, Entra e adora l’immagine della Pietà Regina Enter and worship the image of the Pietà Regina, già da anni prodigiosa. which has worked miracles for many years. Osserva con occhi attenti e con venerazione Observe with care and veneration le ossa degli eroi onuste di gloria, the bones of heroes laden with glory. Contempla il culto della Madre di Dio e il valore dell’opera Meditate upon the cult of the Mother of God, the value of work e la giustizia data ai defunti. and the justice accorded to the dead. E quando avrai reso gli onori dovuti, And when you have paid due homage, rifletti profondamente su te stesso reflect deeply upon yourself e poi và. and then leave.

3 La Pudicizia 3 Modesty Dicit ei Iesus: Jesus said unto her: Noli me tangere, nondum enim ascendi Touch me not, for I am not yet ascended ad Patrem meum. unto the Father. Vade autem ad fratres meos et dic eis: But go unto my brethren and say unto them: Ascendo ad Patrem meum et Patrem vestrum, I ascend unto my Father and your Father, Deum meum et Deum vestrum. and my God and your God. Ioannem 20:17 St John 20:17

Il ventre tuo penando ha generato Your labouring womb brought forth Colui che oggi celebra la Scienza him whom Science celebrates today; A lei e a te dimostro appartenenza to her and to you I show my affiliation

6 A palindromic phrase written on the “porta alchemica” of the Marchese di Palombara in Rome. Rough translation: If you sit you do not go; if you do not sit, you go.

47 Io che contemplo il tuo marmo velato. as I contemplate your shrouded form. Tu che di Santa in Musica hai il nome You who in Music are hailed as a Saint, In vita breve dalla Morte invisa had your short life by hateful Death, Altissima beltà ti fu recisa beauty sublime, cut short, Lasciando me senza un perché o un come. leaving me without a why or wherefore. E sono qui, o dolce madre antica, And I stand here, sweet mother of ancient time, In questo tempio dove pur l’Aria è amica, where for ever the calculus of days Dove per sempre il calcolo dei giorni will bring me life and its recurrences. Mi porterà la vita e i suoi ritorni.

4 Il Disinganno 4 Release from Illusion VINCULA TUA VINCULA TUA DISRUMPAM Nah., cap 1, v. 13 DISRUMPAM (Nahum, 1, v. 13) VINCULA TENEBRARUM VINCULA TENEBRARUM ET LONGAE NOCTIS ET LONGAE NOCTIS QUIBUS ES COMPEDITUS Sap., cap. XVII, v. 2 QUIBUS ES COMPEDITUS (Wisdom of Solomon, XVII, v. 2) UT NON CUM UT NON CUM HOC MUNDO DAMNERIS 1 Cor., cap. XI, v. 32 HOC MUNDO DAMNERIS (1 Corinthians, XI, v. 32)

I shall break the chains of your darkness and of the long night in which you are fettered that you may not be condemned with the rest of this world.

E qui voglio parlar del Disinganno, And here I would speak of the Release from Illusion, Antico marmo d’uso sì moderno ancient marble of such modern relevance, Di color bianco tal che sembra inverno so white it could be made of winter’s ice, Ma di figura pien di grave affanno. but with a look of deep anxiety. Il padre mio è al centro dell’icona My father is at the centre of the icon, Ed angelo l’aiuta a districarsi an angel helping him to free himself Quasi da rete venga a liberarsi before the bell rings out the hour of nine. Pria che campana suoni l’ora nona.

48 O Statua che dimostri vita dura, O Statue, you who show how hard is life, Sii luce per chi ha già l’Anima Oscura, shed light on those whose soul is dark, E lascia a chi sarà ciò che saremo and leave to those to come what we will be, Il vero testimon del ben Supremo. true witnesses of the Supreme Good.

5 L’occhio del Male 5 The Evil Eye Cammina nell’ombra, si muove furtivo It walks in the shadows, it moves with stealth, Nè Luna nè Sole la luce gli danno, neither moon nor sun shed light upon it, Gli copre le spalle un mantello di panno its shoulders are draped in a thick woollen cloak, Spaventa il suo aspetto il viandante tardivo. its appearance strikes fear in the belated traveller. Cammina nell’ombra, i suoi passi vanno It walks in the shadows, it creeps along Intorno il silenzio, nemmeno un colore surrounded by silence, not even a colour Non cerca conforto, non cerca il suo inganno, seeks to bring comfort, or seeks to deceive, Conosce l’occulto: ma è solo un dolore. it knows hidden things: but is only a pain.

6 Site vuje...? 6 Is that you...? Sient’‘o martiello, sient’‘a tenaglia Hear the hammer, feel the pliers, Comm’‘a paura me strizza, me piglia! I am taken, pinched by fear! (Fiamme lucenti, ‘nfierno vagante (Flickering flames, wandering inferno Mmiezo a sti strade ‘e ‘na Napule ardente…) on these streets of scorching Naples…) L’ommo è fernuto, cchiù nniente le resta Man is finished, nothing of him remains. Ma si ‘o ddico forte, ‘nce perdo la testa. but if I say it out loud, I’ll lose my head. Prencepe mio, nun ‘o saccio si è ‘o vero My Prince, I know not if this be true, Ma dicite a mme: site vuje Sansevero? yet tell me: Are you Sansevero? Vuje chiuso ve site dint’‘a Pietatella You have shut yourself up in the Pietatella 7 Ma pe’ Santa Chiara, ‘o Ggiesù, ‘a Nunziatella but around Santa Chiara, the Ggiesù, the Nunziatella2 Vanno currenno sti vvoce vagante all these rumours are rife De lazzare surece, de mille pezzente, about filthy lazars, a thousand beggars Ca vonno sentì, ca vonno sapè eager to hear, eager to know

7 Areas of Naples. 49 Si vuje ‘na speranza sapite vedè if you can divine some hope Pe chi niente magna e ‘a matina se sceta for those who are starving and wake every morning Cu ‘sta rabbia ‘ncuorpo ‘e chi perde la vita. their bodies full of anger for the dying.

7 Aria di don Raimondo 7 Don Raimondo’s Aria Tante pene mi porto nel cuore, So many troubles weigh upon my heart, Tanto dubbio accompagna il dolore so many painful doubts come with them, Se mia Scienza da sola varrà wondering whether my science alone will succeed A trovare una nuova Realtà. in discovering a new Reality.

8 Sol 8 Sun SIC FLORET DECORO DECUS SIC FLORET DECORO DECUS The aristocracy’s splendour rests upon its reputation. Sole, sole d’oro Sun, golden sun, Io qui ti prego e onoro I pray to you and worship Con anima pulita with a pure soul. Raccogli la mia vita Focus my life, Aiutami a vedere help me to see Ciò ch’è nel tuo potere what your power can do, Ciò che la luce ottiene what your light achieves, E dona ad altri il bene. and give the benefit to others. Un lume eterno forse Perhaps an eternal Light Nelle mie mani scorse was descried in my hands Chi è più di me altero by one who is nobler than I E fuor dal mondo austero. and beyond the insensitive world.

9 Luna 9 Moon Bianca, rotonda e pia, White, round and pious, Tu scacci la follia you drive away the madness Di chi il tempo passa of one who spends his time A svolger la matassa unravelling the threads

50 Di una vita bruna of an obscure life Senza speranza alcuna. without hope. Ma la tua bianca luce But your white light Al Ciel mi riconduce leads me back to Heaven Senza negar la Scienza without my renouncing Science; Sento la Sua presenza, I feel His presence: Sei tu, luce amorosa It is you, light of loving-kindness, Che prendo qui in sposa. that I now take as my bride.

10 Tarantella Tapanella 10 Tarantella Tapanella Oh-oh-oh!, nun ‘o ssaje s’io rido o no? Oh-oh-oh, can’t you tell if I’m laughing or not? Quanno tu ‘o saparraje When you find out Pe’ mill’anne vivarraje… you’ll live for a thousand years… Li-oj-li, chest so’ ‘e compagne meje Li-oy-li, these are my companions. E si l’acconosciarraje If you recognize them Pe’ trenta nuotte arricrearraje… you’ll have thirty nights of fun … O-re-re, chesta vita fa gude’: O-re-re, this life should be enjoyed: E si tu nun balli maje but if you never dance Tu po’ co’‘a Morte danzarraje… you’ll end up dancing with Death… Se-se-se, sient’‘o core, piccere’! Se-se-se, listen to me, little one! Nnanz’ ‘a porta ‘a Pietatella Before the Pietatella gate Tu me diste la manella. you gave me your little hand. Bu-bu-bu, dimmi mò, né, chi si’ ttu? Bu-bu-bu, now tell me, who are you? Tu si nun me lo diraje If you don’t tell me ‘O ffuoco eterno truvarraje… you’ll burn in eternal fire… Ra-ra-ra, ‘a parola nun ‘nce sta’ Ra-ra-ra, there is no word. Tu nun te n’accuorge maje Haven’t you noticed Che staje all’Inferno, mmiez’‘e guaje? you’re in Hell surrounded by trouble? Ne-ne-ne, statte allera, siente a mme! Ne-ne-ne, be happy, listen to me! Chesta vita è tapanella, This life is miserable: Megli’‘e fa’‘na tarantella. Best dance a tarantella.

51 11 Compianto del Cristo Velato 11 Lament for the Veiled Christ Recitativo: Recitative : Dalla gran croce eretta da Pilato From the tall cross erected on Pilate’s orders Fu tolto il Re in un mattin di pena. the King was taken after a pain-racked morning. Ed or sul freddo marmo ha la sua schiena And now he rests on a cold marble slab: La morte lo ritrae Cristo velato. Death portrays Christ veiled. Aria: Aria : Da spine e chiodi, lance nel costato, By thorns and nails, lance-thrusts in his side, Con duri ferri inchiodato bound by shackles Alla gran Croce eretta da Pilato to the tall cross erected on Pilate’s orders, Muore oggi Gesù Cristo ammazzato. Jesus Christ dies, murdered today. Fatale fu quel bacio lì nell’orto Fatal was that kiss there in the garden Che orrendo traditor a lui ha porto: given him by a despicable traitor: La Madre piange qui l’orribil torto His Mother weeps for that shameful wrong, Nel pianto troverà giammai conforto. but tears will never bring her consolation. Ma qui si canti dell’immortal vita But here we sing of eternal life Con musica celeste giammai udita; in heavenly music never heard before. Qui si raccolga e prieghi la tua aita Here let us gather and pray for help L’anima mia, ch’eterna va smarrita. for you, my soul, eternally astray. E il cielo intanto oscuro si facea And meanwhile darkness covered the heavens, Piangean le nubi e ‘l nostro cor piangea. clouds wept and our hearts wept too. E il cielo tutto lagrima gemente And all the heavens weep and mourn Il corpo santo del Cristo morente. over the sacred body of the dying Christ. Velo sottil vi poggia eternamente A delicate veil eternally streams over you Com’acqua fosse di fiume dolente. like the waters of a great and melancholy river. Eli, Eli Lama Sabactani. Eli, Eli, lama Sabachthani?

52 Note by Marco Beasley: The following two texts are untranslatable, being written in Grammelot, a very ancient phonetic language once used by court jesters and minstrels. Grammelot uses Italian and Latin phonemes bound together with sounds that resemble words in order to emphasise dramatic points.

12 La Formula 13 Le Macchine Anatomiche Sensus grave, Inserio quas maniera Oiscom ulterio homo non debe fars lamento, Tentrum viventi acello Ne mente de alchemio trufar se nece castos, Multia ferrosam schiera Ecco tremens novella qui non comesse alio. Nonsimul mors sacello. Argath alchemio orwa, naswar ob in terribio erin Firsèm nobìs te ornano De alcali nigro sumesse te virgulto, In situ multo corsi Ob tea diarmistum varge nabis erranea forgia Venàm purpurea mano Dein se turam gola de sangunolenta flago Destraxi pelle amorsi. Ne gens, ne idulat, ne morte defundo Machinea antropomorfa Neque in te oundouso blanco. Quasi talìs impìeta Ilam, de noble carco in sinta mia Alchemio princeps zorfa Prucidisse aestas fabatigante rowon: Membrandem salis lieta. Pi me rostas oy pi me arcatre doloi Phormula nullus sinem Oyfin gurland sat in immortalis Acrè odoràt grigòrnia Et sin burlel oychinaj kotos de lama. Destino gravis vegnem Anatomoi vergornia.

53 14 I Lazzari 14 The Gossips “Ma è ‘o vero che è piccerillo? ‘Is it true that he’s so little? Ma è ‘o vero ch’è curtulillo? Is it true he’s short? Ma che ffà int’‘a Cappella, What is he doing in the Chapel, Né, che ffà int’‘a Pietatella?” what is he doing in the Pietatella?’ ‘O popolo parla, curiuso se mena, People talk, are curious, A vita do’ Prencepe s’‘a gira e remena: go through the Prince’s life with a fine toothcomb: “Va’ verso ‘a Marina , addò ‘o Prencepe strano ‘He goes towards the Waterfront, where the strange Prince Se dice che va’ ncoppa all’acque, luntano is said to travel on the water, out to sea Cu ‘na carruzzella ch’‘e cavalle finte in a small carriage drawn by horses Ca so’ fatte e lignamme, ‘e corteccie dipinte”. made of painted wood.’ Che gente curiusa, ‘nsista, ‘nziriata, How curious, obstinate, obsessed they are, Che vanno verenno ‘a carrozza assammata, that they come to see the carriage washed away Speranno ch’‘a ‘o Prencepe affoga pur’isso hoping that the Prince might drown; - Pecché è ‘a terza vota che ‘o Prencepe inziste - because this is the third time the Prince has tried to do this, E vvuje ‘o ssapite, so’‘e tragedie cchiù belle and as you know, tragedies are more interesting Quanno ‘e nu nobile se fa guarattelle… when an aristocrat is on the stage… Ma ‘o carro galleggia, ondeggia, veleggia… But the carriage floats, bobs up and down, sails on… Aspettanno ‘o tramonto me piglio ‘na seggia. I’ll fetch a chair and watch the sun go down.

15 L’Angelo 15 The Angel Or che si dorme l’anima sua in pena Now that his pain-wracked spirit sleeps, Io, servitor dell’Alto Ciel, qui giungo I, servant of the Empyrean, enter here E sacra luce in petto mio congiungo and in my breast I bear a sacred light A vasto orror per chi usò catena. to the infinite horror of those who chained the spirit. Angelo, sì angelo son io Angel, yes, I am an angel Ch’in questo tempio dono luce antica bringing ancient light into this temple, E lo riparo dall’eterno oblio and I protect it from eternal oblivion E da color cui Scienza gli è nemica. and from the enemies of Science. Di Mercurial potere sono fatto, Of the power of I am made,

54 E voce non comune porto in seno and an esoteric word I carry in my breast; Ma come Piombo duro sarò al tatto but I shall be heavy as to the touch Per colui il qual mi pensi esser terreno. of those who take me for an earthly being.

16 Il Testamento di Raimondo di Sangro 16 Testament of Raimondo di Sangro Il tempo aspetterà, per me si fermerà un po’ di più. Time can wait, it will stay a while longer for me. Non so se chi leggerà il mio scritto I do not know if those who will read my writings Apparterrà al tempo in cui il Quadrante Celeste will pertain to the time in which the celestial quadrant Toccherà la Costellazione dell’Acquario: is in the constellation of Aquarius: Questo non so. This I do not know. Ma se alcuno trovasse questo mio, But should anyone find this document, Apra la mente alle mie confidenze, let him open his mind to my secrets E le porga a chi sarà pronto a udirle: and offer them to those prepared to listen: Coloro che vegliano, intenderanno. Those who are watchful will understand. E sarà l’Aleph. And this will be Aleph. © Velo Massimo Carrozza marittima inventata dal principe di Sansevero (Francesco Celebrano, 1770)

55 17 Thursday Torremaggiore, 30 January 1710

I am confiding to this paper a few hasty lines to continue the chronicle of my work here in the service of my Lady. I doubt if she would be pleased to know that I can read and write because those who do my job are usually much more ignorant than me... but I like writing, so I’ll risk it. Today, here in the Castle of Torremaggiore, Raimondo, the princeling so anxiously awaited, has been born. My Lady is not well, not having yet recovered from the pains of childbirth. But how beautiful she is! Once the child was born we washed her all over and tucked a sheet around her like a veil. She looked so beautiful, and so young! Even the doctor stole a quick glance, everyone noticed... What a thing to do, the poor man blushed for shame. But my Lady’s first words were all for her baby: ‘Open your eyes, little one, can you see the beautiful light? Of course, I forgot, you can’t see anything yet, it’s too soon. Yes, it is January, but it feels like Spring. And I would wish it to be always Spring for you, my precious one. Pretty one, my darling, come here, come to your mother.’ And without a word we put the child to her breast. We all think that he will grow up to be handsome and strong. What will he do, what will his voice be like, will this castle be to his liking or will he choose to live somewhere else? What will he become, Raimondo di Sangro, Prince of Sansevero and Duke of Torremaggiore? Will he be like one of the many bored aristocrats who sometimes lounge around these salons, or will he be gentle in his dealings with us, as his mother is today with him? You can see that he loves his mother, you can see that even now, from the way he searches for her breast and how happy he is in her arms. A kind and gentle mother, but delicate, too delicate, too... Glory today to Cecilia Caetani dell’Aquila di Aragona. And welcome, Prince, to you.

56 18 Friday Naples, 22 March 1771

The bells are tolling for the dead. In your family palace you have breathed your last, beloved Don Raimondo di Sangro, Prince of Sansevero and Duke of Torremaggiore, man of illustrious reputation in this Naples of the Bourbons. Here in your home, more than a hundred years ago, Tasso was a guest. And by a strange coincidence, at around the same time and again here in your Palace, another nobleman, the Musician-Prince, raised his murderous hand. Ah, my unwary Sansevero, how could you possibly imagine that people would forget such things? Do you know what they used to say about you? “Tell me, did you know about the Prince having two servants killed so that he could put their veins and congealed blood on display?” “Eh... and they say he assassinated seven cardinals in order to make chairs with the bones and cushions with the skins; and that he also blinded the artist who carved the statue of Christ...” [Giuseppe Sanmartino] “And how about the castrations? I heard that he creeps silently through the fields looking for the best- looking young boys and has them castrated so they can sing in the Chapel” “However, he did make a lamp that never goes out...” “Indeed he did... that man is the devil himself...!” And on the contrary you were prodigious in the arts of science, a man of high lineage and short stature. Of great nobility of soul and much curiosity. Of sublime thought and boyish enthusiasm. You sought in the science of alchemy for signs of the Beyond and perhaps you now know the secret of Solve et Coagula. Lead and mercury were part of your makeup.

57 What a life you have had, dear Prince! What travails you experienced, how much you discovered! Your Spirit informed your Science, your Art was expressed in your Life. Necromancer to some, illuminated man of Science to many, genius and benefactor to all. You were a great man of warfare and a thinker whose thoughts knew no limits. By the light of your eternal lamp you wrote and worked in disciplines of which many knew nothing. Knowledge was your objective, the search for it your Science. You willed into being this place of meditation and art, here in the Chapel of Santa Maria della Pietà, our Pietatella. And you are here and will be here for ever, at least with your mortal remains. Certainly with your Spirit. Serenely the statues stand today, silently welcoming your soul and inviting your caresses before the eternal journey. Adieu, Don Raimondo, may your memory live long.

THE END

 menu 58 E’ raro che un musicista normalmente dedito all’interpretazione storicamente informata della musica antica proponga nuova musica concepita per il proprio repertorio concertistico, tanto più in un mondo in cui le figure dell’interprete e del compositore sono nettamente separate. Con Accordone mi cimento da circa quindici anni su questi piani complementari affiancando all’esecuzione della musica antica la scrittura di opere, oratori, cantate, musica strumentale, riconciliando così in una sola persona le figure del creatore e dell’esecutore (come era prima del Novecento e come continua a essere in altri generi musicali). Possiamo leggere questa peculiarità come un’ulteriore conquista filologica, oppure come il frutto più imprevedibile del grande movimento artistico e scientifico che ha riscoperto la musica antica, studiando i documenti, le partiture, ricostruendo strumenti ormai abbandonati: rinasce il bisogno di esprimersi con nuova musica.

Con la brillante conferenza tenuta al Collège de France nel dicembre 2012 e intitolata «L’atonalisme. Et après?», il pianista e compositore Jérôme Ducros ha rilanciato il dibattito sulla musica contemporanea, mettendo a confronto due diverse posizioni: da una parte quella dei musicofili, smarriti di fronte ai linguaggi musicali colti dal Novecento in poi; dall’altra quella di alcuni “addetti ai lavori” per i quali l’abbandono del sistema tonale rappresenta un grande progresso che, se non ora, sarà capito e apprezzato dai posteri. Queste due posizioni ben riflettono la difficoltà che la musica colta contemporanea ha incontrato, forse più che in qualsiasi altra epoca, nell’essere accolta come un linguaggio condiviso e riconoscibile. Non è un caso infatti che nel corso dell’ultimo secolo l’interesse per la letteratura del passato sia maggiore di quello per le espressioni del proprio tempo. Le grandi istituzioni musicali programmano raramente musica contemporanea che, per la sua difficoltà e per l’assenza di un linguaggio condiviso, risulta spesso incomprensibile (se non fastidiosa) alla maggior parte dei moderni ascoltatori. All’estremo opposto, la musica commerciale è presente quasi ossessivamente in ogni aspetto

59 della vita quotidiana, ma non può soddisfare tutti i palati, ispirata come è dalla logica industriale del rapido consumo. Si crea dunque uno spazio per delle proposte nuove che sappiano riallacciare il rapporto con il pubblico di oggi, tornando ad offrirgli musica godibile e di qualità. Queste proposte possono, forse devono, ancorarsi a linguaggi condivisi e leggibili da chi frequenta le sale da concerto: nel mio caso i linguaggi compresi tra Rinascimento e Barocco sono la matrice, il punto di partenza della mia creatività.

Solve et Coagula è un’opera contemporanea ed è nello stesso tempo profondamente radicata nella tradizione musicale sei-settecentesca. Le novità, rispetto alla letteratura antica, stanno nella rivisitazione dei linguaggi utilizzati aprendoli a diversi influssi, nell’articolazione dei differenti stili storici all’interno della composizione secondo le necessità espressive, nell’uso di tecniche e materiali antichi, ma con la sensibilità del XXI secolo. Un’operazione lontana dalla creazione di un “falso” in stile.

La Sinfonia che apre l’opera è il paradigma in cui confluiscono modernità e tradizione: si tratta di una fuga su tema dodecafonico, in cui ricorrono molti artifici contrappuntistici già utilizzati dai compositori fiamminghi. Il soggetto viene trattato per moto contrario, retrogrado, per aumentazione, ma ogni entrata è modulante alla quinta superiore, spostando costantemente l’ambito armonico e impedendo l’affermazione di una tonalità principale. Con questo artificio ho inteso rendere il senso di una uscita dal mondo ordinario, una sorta di percorso iniziatico verso un’altra realtà. Similmente a ciò che accade al visitatore che varchi la soglia della Cappella Sansevero a Napoli, l’ascoltatore si immerge in un universo sonoro in cui passato e presente si fondono e viene invitato ad abbandonarsi alle suggestioni e ai profumi della Napoli di Raimondo di Sangro, Principe di Sansevero. Guido Morini

60 Solve et Coagula è il titolo di questo nostro lavoro dedicato a Raimondo di Sangro, Principe di Sansevero, nato a Torremaggiore nel 1710 e morto a Napoli nel 1771. Così lo descrive uno dei massimi pensatori del Settecento, Antonio Genovesi: “E’ di corta statura, di gran capo, di bello e gioviale aspetto (…) Filosofo di spirito, di amabilissimo e dolcissimo costume, studioso e ritirato, col difetto di troppa fantasia (…)”. Don Raimondo ebbe un ruolo di primo piano nell’intellighenzia napoletana del XVIII secolo e questo difetto di troppa fantasia lo rese personaggio molto chiacchierato tra i suoi contemporanei ma estremamente interessante ai nostri occhi. Esperto di architettura e di arti militari, studioso del sanscrito, dell’ebraico e del greco antico, amante dell’arte musicale, inventore di nuovi procedimenti tipografici, Accademico della Crusca col nome di “Esercitato”, primo Gran Maestro della Massoneria Napoletana, ma soprattutto scienziato ed esperto dell’arte alchemica. Dei suoi misteriosi esperimenti, per i quali veniva accusato di stregoneria dal popolo, sono rimaste poche ma importanti testimonianze, la maggior parte raccolte nella Cappella Sansevero, sita nel palazzo di famiglia, strabiliante monumento all’arte scultorea del secolo XVIII e autentico percorso simbolico e spirituale. E dalla osservazione di alcuni dei capolavori che la Cappella contiene ancora oggi, dalle meditazioni che i simboli in essi presenti ci impongono, nasce questo progetto dedicato a Raimondo di Sangro. Solve et Coagula non è la rappresentazione superficiale della storia di un uomo dotato di troppa fantasia che si scotta al fuoco di alambicchi e formule. Non è questo. E’ una meditazione - attenta e lieve - su di un uomo che credeva la Scienza un mezzo per elevarsi a un grado spirituale più alto, che ricercava con la propria cultura e i propri mezzi un piano di pensiero superiore e che trovava, nella Napoli settecentesca piena di fermenti artistici nuovi, terreno fertilissimo per le proprie radici.

Marco Beasley

61 SOLVE ET COAGULA Salvatore Argenziano

E benvenuto a voi, Principe.

In un’alba fredda di gennaio, a Torremaggiore in terra di Puglia, feudo di Grandi di Spagna, mentre a Napoli ancora aleggia l’eco pomposa di due secoli di alabarde spagnole ora che governano gonfaloni austriaci e già sprizzano scintille del grande fuoco dell’Illuminismo dalla penna di Giambattista Vico, là, in terra di Puglia, nasce ’O Principe. Questa è la Napoli sua culla e qui succhia cultura nella casa del nonno, Grande di Spagna, mecenate di artisti, filosofi e scienziati, precursori di una nuova linfa culturale, di un rivoluzionario pensiero innovatore.

E dopo la formale cultura dai Gesuiti inizia la vasta speculazione empiristica e la mente si dilata nelle scienze novello rinascimentale ingegno

62 assorto nello studio di macchine idrauliche e belliche invenzioni e nuova farmacopea in una visione esoterica della scienza -una sentina di tutte le eresie- dirà la pingue e statica cultura religiosa, un eclettismo intellettuale, che sfocia infine nell’alchimia, di una carismatica personalità avvolta nell’alone di mistero che ora lo circonda. ’O Principe è nu riavulo, ripete il popolo basso mentre è un ciarlatano, dicono i sapienti. E la visione del suo pensiero scientifico è stravolta e offuscata dal mistero della ricerca esoterica, Solve et coagula, la formula alchemica che inventa l’oro e la rossa solida sostanza che, come nel miracolo del santo Patrono, tra preghiere e improperi delle devote possa sciogliersi e ricomporsi nella sacra ampolla.

Tra quelle mura che videro un Principe della Musica1 indegnamente accanirsi col ferro su due corpi nudi

1 Il compositore don Carlo Gesualdo, Principe di Venosa (1560-1613), detto da molti il ‘Principe dei Musici’.

63 di amanti, già posti a morte dai sicari, a vendicare il suo onore di nobile da Venosa dove ancora la bella irrequieta Maria2 vaga tra dissonanti inusuali lamenti per scuri corridoi anelando l’amato Fabrizio, qui ora nelle segrete impenetrabili grotte ‘o Principe riavulo, novello Bailardo3 strologa, almanacca e lambicca alla ricerca della magica formula Sensus grave oiscom ulterio homo non debe fars lamento che solve il grumo di sangue et coagula il rosso liquido dell’ampolla mentre pene e dubbio attanagliano il suo cuore Se mia Scienza da sola varrà A trovare una nuova Realtà.

Notturni strepiti di macchine infernali, stridii di torchi che torturano e terrore di macchine anatomiche,

2 Maria d’Avalos, assassinata insieme al suo amante Fabrizio Carafa, Duca d’Andria, da suo marito don Carlo Gesualdo. 3 Bailardo. Volgarizzazione del nome di Pietro Barliario (1055 –1148), personaggio semi-leggendario, medico e alchimista italiano, studioso di testi di magia della tradizione araba.

64 Inserio quas maniera Tentrum viventi acello Multia ferrosam schiera Nonsimul mors sacello alla fioca luce dellume eterno mistura di teschio triturato e zolfo, salgono dalle grotte del palazzo, invadono la corte nel terrore dei servi nell’afrore mefitico di cadaveri cardinalizi spellati mentre il sangue di viventi è metallizzato a mostrare l’intricata rete del circolo sanguigno e alchemiche misture per teli marmorizzati a velare un marmoreo Cristo per la sua Pietatèlla4 dove consumerà la sua follia geniale nell’orgia formale del barocco imperante tra marmoree prorompenti Pudicizie e i Disinganni di misteriche trame irrisolte nell’enigmatica coesistenza di scienza e ciarlatana stregoneria di pensiero illuminato e “peccaminosa eresia”. Ora, abbandonata la Loggia, isolato e deluso

4 Pietatella: Cappella Sansevero, Chiesa di Santa Maria della Pietà.

65  menu mentre la Città, dopo due secoli e mezzo finalmente ha un suo Re e con Carlo si arricchisce del maestoso San Carlo5, e la Reggia di Caserta e l’Albergo dei Poveri e Pompei ed Ercolano svelano tesori del passato e Cuoco, Colletta, Tanucci e Filangieri6 segnano la ripresa del pensiero culturale napoletano, ’o Principe si dedica in toto a questa Cappella, l’estremo enigmatico suo testamento spirituale.

Addio, don Raimondo, lunga vita al ricordo di voi.

5 Teatro di San Carlo: il famoso teatro reale di Napoli. 6 Storici, filosofi e pensatori nella Napoli del Settecento.

66 Guido Morini Retrouvez Marco Beasley et Accordone dans...

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