Gratien Candace : Une Figure De La Vie Politique Française – 2E Partie : De Vichy À La Quatrième République (1940-1953) Dominique Chathuant
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Document generated on 09/30/2021 4:41 p.m. Bulletin de la Société d'Histoire de la Guadeloupe Gratien Candace : une figure de la vie politique française – 2e partie : de Vichy à la Quatrième République (1940-1953) Dominique Chathuant Number 149, January–April 2008 URI: https://id.erudit.org/iderudit/1040638ar DOI: https://doi.org/10.7202/1040638ar See table of contents Publisher(s) Société d'Histoire de la Guadeloupe ISSN 0583-8266 (print) 2276-1993 (digital) Explore this journal Cite this article Chathuant, D. (2008). Gratien Candace : une figure de la vie politique française – 2e partie : de Vichy à la Quatrième République (1940-1953). Bulletin de la Société d'Histoire de la Guadeloupe, (149), 3–131. https://doi.org/10.7202/1040638ar Tous droits réservés © Société d'Histoire de la Guadeloupe, 2008 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/ Gratien Candace : une figure de la vie politique française 2e partie : de Vichy à la Quatrième République (1940-1953) Par Dominique Chathuant* Lycée Jean Jaurès, Reims Remerciements particuliers à Rodolphe Énoff qui m’a communiqué, après l’avoir constituée, une collection de 28 articles publiés par Candace dans la Dépêche de Toulouse entre août 1940 et avril 1944. SOMMAIRE DE LA SECONDE PARTIE : DE VICHY À LA IVe RÉPUBLIQUE (1940-1953) VIII – S’adapter au nouvel état de choses . 6 1. Hommes et réseaux . 7 a – Réseaux coloniaux . 8 b – Réseaux parlementaires . 11 c – Réseaux maritime et militaire . 13 d – Réseaux divers . 14 2. Devant le nouveau régime . 16 a – De Basse-Terre à Riom : l’autorité légitime . 16 b – Fascisme ? . .20 c – Révolution nationale ? . .21 d – Pétain, ciment de l’unité française . 23 e – Accommodement . 24 * [email protected] – On usera dans ce texte de majuscules pour les ter- mes « noirs » et « juifs » lorsque ceux-ci sont l’objet d’une définition raciale par le discours d’État ou par l’opinion. Dans nos propres réflexions, « juifs » et « noirs », seront considérés comme des adjectifs qualifiant un substantif sous-entendu. –4– 3. Une large collaboration des nations civilisées . 25 a – Briandisme . 25 b – Germanophilie . 27 c – Un projet vague et limité . 28 4. La guerre vue du Majestic . 31 a – L’Europe allemande . 31 b – Doutes sur le Reich, inquiétudes antillaises . 33 c – Perspectives d’éclaircie . 34 IX – Empire colonial et Europe nouvelle . 36 1. La France coloniale dans l’Europe nouvelle . 36 a – Le miroir des vertus françaises . 37 Politique indigène et question raciale . 38 Une politique musulmane . 42 b – La solution aux problèmes français et européens . 44 c – Un champ d’application de la politique nouvelle . 45 2. Les modalités de la mise en valeur coloniale . 46 a – Réformes structurelles . 47 Le retour du plan Sarraut . 47 Réformer le Département . 49 Protéger . 50 Éduquer . 51 Soigner . 53 Moderniser les transports . 54 b – L’industrialisation : révolution coloniale ? . .55 Les causes d’un revirement . 56 Une stratégie de rupture . 58 Des ambitions limitées . 59 X – Un représentant des régimes déchus (1940-1953) . 61 1. La voix des « Français de couleur » . .61 a – Passer la ligne de démarcation (1940-1942) . 61 b – Un précédent : la dénonciation des discriminations raciales (1919-1939) . 63 c – Une protestation légaliste conduite par Candace . 67 d–Les réticences de la délégation française à Wiesbaden 70 e – Au nom des « millions de noirs et de jaunes » de l’empire . 72 f – Faire respecter des droits dont les juifs viennent d’être exclus . 74 2. Un environnement hostile . 77 a – Ostracisme . 77 b – Vernegerung . 79 c – Au pilori . 82 d – Meurtres . 84 3. Une image républicaine à Vichy . 85 a – Culture républicaine . 85 b – Parlementaire-croupion . 87 c – Une caution républicaine pour les Alliés ? . 89 –5– d – Solidaire de Jeanneney et Herriot ? . .90 e–Les Français de couleur peuvent-ils encore continuer à regarder en face leurs compatriotes de race blanche ? 92 f – À la recherche d’une solution légale . 94 4. La fin d’une époque (1944-1953) . 97 a – Inéligibilité . 97 b – Plaidoyers pro domo . .99 c – Testament politique . 107 d – Banquet des anciens . 108 e – Pompe républicaine . 112 5. De l’histoire à la mémoire . 114 a – De la négritude politique à la post-colonialité . 114 b – Tempérament politique . 117 c – Historiographie . 119 d – Mémoires . 120 Abréviations . 122 Annexes . 125 1. La race noire a une civilisation (1921) . 125 2. Marcus Garvey (1921) . 126 3. Un « esprit économique » (1924) . 126 4. La conférence de Berlin : immigration coloniale (1928) . 127 5. Les interpellations sur l’Indochine (1930) . 127 6. La conférence de Madrid : civilisation et travail forcé (1933) 128 7. Égalité raciale (1942) . 129 8. Cinq caricatures de députés noirs (1909-1944) . 130 –6– VIII – S’ADAPTER AU NOUVEL ÉTAT DE CHOSES On a vu précédemment combien il serait inapproprié de lire dans le vote du 10 juillet 1940 un choix définitif pour la Révolution nationale. Les interprétations les plus caricaturales concluent à l’adhésion au fascisme. D’autres y voient une sorte d’approbation avant l’heure de ce que sera la France de Vichy. Il n’y a pourtant pas eu 80 résistants chez les 80 partisans du non1 auxquels, à l’initiative d’un ancien prési- dent de l’Assemblée nationale de la Ve République (Philippe Seguin), la mémoire parlementaire rend encore un culte à Versailles. C’est donc après 1940 qu’il faut apprécier l’attitude de Candace vis-à-vis de Vichy et de l’occupant allemand. Encore faut-il le faire sans passion. Le régime de Vichy n’est ni un bloc monolithique, ni un repaire de fascis- tes. Il met en contact des sensibilités politiques diverses allant de la gauche au fascisme. Les modérés y comptent parmi les mieux repré- sentés, ce qu’ils paieront cher dans les consultations électorales de l’après-guerre. Tenter de comprendre sans a priori la place de Candace dans ce monde hétérogène amène à s’interroger à la fois sur l’accueil qu’il réserve au nouveau régime et sur sa conception de ce que doivent être les relations franco-allemandes et la place de la France coloniale dans le monde d’après 1940. La défaite française n’implique pas forcément la croyance définitive en une victoire de l’Allemagne. Les considérations géopolitiques d’après juin 1940 ne marquent pas systématiquement une rupture ou un revirement idéologique. Il paraît nécessaire d’y rechercher aussi des per- manences. Quelle que soit son ampleur, l’adhésion à Vichy ne suffit pas à transformer une figure républicaine en pilier officiel du régime. Or, Candace ne débarque pas en Révolution nationale avec la même réputa- tion qu’un Vallat. Son image sous Vichy ne doit pas être reconstituée avec des préjugés qui sont ceux de l’après-guerre. Les sources dont on dispose sont hétérogènes et inégales en contenu et en valeur. Il faut d’abord signaler l’excellent corpus constitué par Rodolphe Énoff, qui a réuni en un fonds auquel nous donnons son nom les 28 articles publiés par Candace dans la Dépêche de Toulouse entre août 1940 et avril 1944. Malgré la censure, ces textes donnent la mesure de ce que leur auteur s’autorise, ou ne s’autorise pas, à publier en ces temps troublés. Ils peuvent être complétés par deux autres textes publiés à la même période. L’un est extrait d’une revue d’études2 et voisine avec des citations de Salazar et de René Gillouin. Il contient quelques réflexions sur la période 1940-1944. L’autre est une préface de Candace à un ouvrage colonial3. Quelques numéros de la Démocratie sociale repro- duisent par ailleurs le discours public des partisans de Candace en Gua- deloupe. 1. WIEVIORKA (Olivier), Les orphelins de la République, destinées des députés et sénateurs fran- çais (1940-1945), Le Seuil, 2001. 2. CANDACE (G.), « Les Antilles, berceau de la colonisation française », Les Cahiers de France, Organe de la Révolution nationale, Clermont-Ferrand, 1942. 3. CANDACE (G.), préface à DERVILLE (Henri), L’âme africaine. T. I : L’âme noire, Les livres nouveaux, 1942. –7– Dans les papiers Pétain (papiers du chef de l’État français4), les archi- ves des cabinets civil et militaire contiennent des lettres adressées par Candace au maréchal. Le ton y paraît plus libre et plus osé que dans les textes publics reproduits dans la Dépêche. S’y ajoutent les quelques ren- seignements glanés dans deux études, déjà anciennes, sur le Conseil national5. Une feuille collaborationniste s’en prend à Candace et permet de mieux connaître son image en 1944 dans les milieux pro-allemands. On trouve également aux archives contemporaines des sources policières provenant de la direction des Renseignements généraux6. Les pièces du dossier émanent de Vichy et des autorités de la Libération, si tant est que les policiers aient été différents. Elles ne contiennent pas de transcrip- tions d’écoutes téléphoniques mais reproduisent quelques conversations. Des zones d’ombres subsistent, notamment pour la période septembre 1944-janvier 1945. Les cartons du jury d’honneur du Conseil d’État7 contiennent, avec des centaines d’autres, le mémoire en défense composé par Candace pour justifier de son action sous Vichy. Quelques témoi- gnages fournissent des informations sporadiques : Martin du Gard8, Jean- neney, président du Sénat9, un officier de police guadeloupéen10, Mon- nerville11, etc.