Caroline GUIBET Lafayei
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
Chronologies du conflit armé au Pays basque Caroline Guibet Lafaye To cite this version: Caroline Guibet Lafaye. Chronologies du conflit armé au Pays basque. 2020. hal-02521454 HAL Id: hal-02521454 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02521454 Preprint submitted on 10 Apr 2020 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. CHRONOLOGIES DU CONFLIT ARME AU PAYS BASQUE Caroline GUIBET LAFAYEi (CNRS, Centre Émile Durkheim) Ce travail constitue un complément de l’ouvrage du même auteur Conflit au Pays basque : regards des militants illégaux, Oxford, Peter Lang, coll. Explosive Politics, septembre 2020. Sommaire Chronologies du conflit armé au Pays basque ....................................................................... 1 Sommaire ........................................................................................................................... 1 Introduction ....................................................................................................................... 2 1. Chronologies de deux organisations .............................................................................. 3 1.1 Chronologie d’Euskadi Ta Askatasuna (ETA) ................................................................................ 3 Années 1960 ......................................................................................................................... 3 Années 1970 ......................................................................................................................... 8 Années 1980 ....................................................................................................................... 30 Années 1990 ....................................................................................................................... 52 Années 2000 ....................................................................................................................... 75 Années 2010 ..................................................................................................................... 100 1.2 Chronologie d’Iparretarrak (IK) ................................................................................................ 102 2. Chronologie d’un territoire ........................................................................................ 109 2.1 Hegoalde ...................................................................................................................................... 109 2.2 Iparralde ....................................................................................................................................... 136 3. Chronologie de lois antiterroristes en Espagne ......................................................... 141 Références ..................................................................................................................... 143 - 1 - Introduction Le recours à des moyens politiques extra-légaux voire à la violence ne peut jamais être expliqué indépendamment du contexte sociopolitique dans lequel ils sont convoqués, de même qu’il ne saurait être isolé des autres formes de contestation et de conflictualité présentes dans le cas étudié (voir Crenshaw, 1995). On ne peut comprendre la violence politique en la dissociant des instances d’action politique environnantes ni en la réduisant à des explosions de violence, témoignant de tensions structurelles, de privations matérielles ou de pathologies individuelles. La violence politique s’inscrit dans un maillage complexe de relations sociopolitiques, impliquant une pluralité d’acteurs tels que des institutions politiques et sociales, des acteurs institutionnels et des groupes de pression, des contre-mouvements, des partis politiques et des medias. Quatre facteurs déclencheurs au moins de formes de violence politique peuvent être identifiés : des changements d’environnement politique, une répression étatique, une concurrence entre mouvements sociaux et l’existence de contre-mouvements (Bosi, 2012, p. 178), comme le développement et la perpétuation des groupes armés au Pays basque l’ont montré au cours du XXe siècle. Le document que nous proposons vise à préciser les contextes espagnol et français, pertinent pour le Pays basque. Il aidera à saisir avec plus de finesse le développement des deux principes groupes armés de chaque côté de la frontière. Ainsi l’élucidation de la question (« Pourquoi la lutte armée d’ETA persiste-t-elle après la mort de Franco ? ») suppose d’examiner plusieurs dimensions macrosociales ainsi que les interactions entre choix politiques et stratégies des organisations illégales, ETA n’étant pas la seule actrice du conflit. L’analyse du contexte dans lequel ETA, les CAA, les GRAPO, le FRAP ont émergé et, pour certains, perduré suppose de distinguer les principales décisions des gouvernements espagnols successifs en matière de traitement des minorités, des groupes sociaux revendicatifs et d’antiterrorisme. L’une des questions la plus saillantes –dont les commentateurs s’étonnent toujours – est celle de la persistance de la violence politique après la fin du franquisme. Nous tenterons d’élucider ce point en identifiant les caractéristiques et événements marquants de la période avec la chronologie ci-après proposée. En effet, le conflit au Pays basque entre les années 1990-2010 révèle par excellence l’aspect interactionniste de la relation qui conduit à la violence. En ce sens, il est essentiel de souligner l’importance d’une contextualisation du « terrorisme » consistant à envisager son inscription historique et temporelle ainsi que la vie du groupe avant l’usage des armes, l’imbrication de la violence dans des pratiques plus larges, l’évolution des stratégies violentes et leur association avec des actions n’ayant pas recours à la violence (voir Della Porta, 2013, p. 14). - 2 - 1. Chronologies de deux organisations 1.1 CHRONOLOGIE D’EUSKADI TA ASKATASUNA (ETA) janvier 1959 : Euskadi Ta Askatasuna (ETA) publie une déclaration dans laquelle son acronyme apparaît pour la première fois ii . L’organisation aurait vu le jour en décembre 1958 (Madariaga, Punto y Hora in Euskal Herria, 13 juillet 1984, n° 357, p. 8)iii. Pendant quelques mois, le groupe ne diffuse ni son nom ni ne fait connaître son existence par mesure de sécurité. 31 juillet 1959 : ETA envoie une lettre au président du gouvernement basque (Lehendakari) Jose Antonio Agirre Lekube pour l’informer de son existence (Casanova, 2007, p. 16). Ce courrier et la tentative d’associer la naissance d’ETA à la fête religieuse de Saint Ignace ont longtemps conduit à la thèse erronée d’une création d’ETA en juillet 1959. 1959 : le yacht de Franco mouillant dans la baie de San Sébastian est « décoré » aux couleurs du drapeau basque, l’ikurriñaiv. novembre 1959 : opération de démantèlement d’EGI (organisation de jeunesse du Parti Nationaliste Basque - PNV). La police parvient à accéder à certains membres d’ETA qui à la suite de leur arrestation seront torturés. décembre 1959 : premières actions avec des explosifs. Trois bombes artisanales explosent au gouvernement civil de Gasteiz, à la rédaction du journal phalangiste Alerta à Santander et au commissariat de police d’Indautxu (Bilbao) (Casanova, 2007, p. 17). Années 1960 21 mars 1960 : Julen Madariaga, José Antonio Etxebarieta, José Lekunbe et Iñaki Depardieu notamment sont arrêtés par la police à Bilbao. Ils sont accusés d’appartenir à EGI. 22 mars 1960 : le président du gouvernement basque Jose Antonio Agirre Lekube meurt à Paris. Une ikurriña avec un crêpe noir est placée sur le mont Urgull de San Sébastien. 1961 : attaques au cocktail Molotov contre des locaux de la police à Bilbao et du gouvernement civil à Vitoria. 27 mars 1961 : Javier Batarrita Elexpuru mitraillé accidentellement/« par erreur » à Bolueta par la police franquiste et la garde civile cherchant à éliminer Julen Madariaga ainsi que José María Benito del Valle et Manu Agirre (Casanova, 2007, p. 18)v. 18 juillet 1961 : tentative de faire dérailler un train à Usurbi (Guipúzcoa) transportant des partisans de Franco vers San Sébastian, pour la célébration des 25 ans de la victoire de ce dernier durant la guerre civile. Des drapeaux espagnols sont brûlés à San Sébastian (Zutik, n° 13, Caracas, sans date). La répression est sévère : près de 200 personnes sont arrêtées et torturées. Parmi elles, 29 sont emprisonnées et 7 jugées. Les condamnations prononcées par le conseil de guerre vont de 5 à 20 ans de prison. Les premiers exilés, suivant les pas de Txillardegi et Jon Ozaeta, traversent la frontière vers la France. 20 octobre 1961 : premier conseil de guerre jugeant des membres d’ETA. novembre 1961 : ETA publie les noms des auteurs des tortures à la suite des arrestations de juillet 1961. Figurent notamment ceux du colonel et juge militaire Enrique Eymar Fernández et de l’inspecteur Melitón Manzanas (Casanova, 2007, p. 19). mai 1962 : première assemblée d’ETA au couvent des Bénédictins de Belloc (Pyrénées- Atlantiques). ETA se définit comme un « mouvement révolutionnaire basque de libération nationale » plutôt que comme