André Larquié président Brigitte Marger directeur général samedi 17 juin - 20h salle des concerts Le Couronnement de Poppée opéra en un prologue et trois actes livret de Giovanni Francesco Busenello version de concert

entracte après l’acte I

Marc Minkowski, direction Mireille Delunsch, soprano (Poppea) Anne Sofie von Otter, mezzo-soprano (Nerone) Sylvie Brunet, mezzo-soprano (Ottavia) Charlotte Hellekant, alto (Ottone) Denis Sedov, basse (Seneca) Nicole Heaston, soprano (Drusilla, Virtu) Jean-Paul Fouchécourt, ténor (Arnalta) Cassandre Berthon, soprano (Amore, Damigella, Amorino I) Allison Cook, mezzo-soprano (Fortuna, Valletto, Amorino III) François Piolino, ténor (Lucano, Soldiere II, Tribuno I) Hélène Delavault, alto (Nutrice, Amorino IV) Luc Coadou, baryton (Liberto, Littore) Thierry Grégoire, contre-ténor (Famigliere I, Pallade) Michael Bennett, ténor (Mercurio, Soldiere I, Famigliere II) Marcos Pujol, basse (Famigliere III, Tribuno II) Claire Delgado-Boge, soprano (Amorino II)

Mirella Giardelli, chef de chant Juan Manuel Quintana, chef assistant

Les Musiciens du Louvre - Grenoble

durée du concert (entracte compris) : 3 heures 20

en collaboration avec le Festival International d’Art Lyrique d’Aix-en-Provence et les Wiener Festwochen Claudio Monteverdi - Le Couronnement de Poppée

Claudio Monteverdi L'ultime opéra de Claudio Monteverdi, Le Le Couronnement Couronnement de Poppée fut créé à Venise, au de Poppée théâtre San Giovanni e Paolo, à la fin de l'année 1642. Il y a loin depuis l'Orfeo – conçu 35 ans auparavant pour Mantoue comme un fastueux spectacle de cour – à cette dernière œuvre marquée par l'esprit de Venise. Depuis 1637, en effet, les théâtres voués à l'opéra et ouverts au public fleurissent dans la séré- nissime république et proposent des œuvres recher- chant moins l'érudition mythologique ou la suavité de la pastorale qu'une succession de tableaux colorés, pittoresques ou violents, mettant en scène les mul- tiples facettes des passions humaines. Le livret de Giovanni Francesco Busenello se fonde sur l'histoire romaine telle que la rapporte Tacite. Avec un pessimisme teinté d'humour cynique, il nous pré- sente une étonnante galerie de personnages patri- ciens ou plébéiens, possédés par l'amour et l'ambition. Au-delà du bien et du mal, ils sont saisis dans leur condition humaine, contradictoire et pathé- tique : la fière impératrice Octavie nous émeut par ses larmes, mais ne recule pas devant le plus odieux chantage pour faire assassiner Poppée ; la jeune et tendre Drusilla exprime son naïf amour en se réjouis- sant de la mort de sa rivale ; le faible Othon hésite entre l'infidélité et le meurtre pour se venger de Poppée ; quant au terrible Néron, capable de chan- ter dans une orgie après avoir ordonné la mort de son maître Sénèque, on le voit par instants comme transfiguré par le désir sensuel qui l'attache à Poppée. En mêlant ainsi le tragique et le comique, le sublime et le trivial, l’intrigue multiplie les personnages épiso- diques et les intrigues secondaires, dans une structure baroque relevant davantage du moderne drame espa- gnol que des règles d'Aristote. Elle offre au musicien l'occasion de déployer son art de la peinture psy- chologique et de rendre, avec une intensité inégalée dans la sobriété des moyens et dans l'invention de structures musicales souples, les perpétuelles fluc- tuations des passions représentées.

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La partition elle-même relève d'une intrigue com- plexe : en l'absence de témoignages concernant la création, il faut se contenter de plusieurs sources posthumes qui font état de reprises, notamment à Naples en 1651 et à Venise en 1656. De ces versions lacunaires et contradictoires – sans doute objets de remaniements ou d'interpolations de musiciens comme Francesco Cavalli, Francesco Sacrati ou Benedetto Ferrari – émerge une œuvre aux visages multiples, forçant les interprètes actuels à prendre parti, notamment pour choisir l'ordre des scènes et orchestrer les sections instrumentales. Par cet aspect également, Le Couronnement de Poppée est une œuvre profondément baroque, trouvant sa pérennité dans l'adaptation aux temps et aux lieux.

Raphaëlle Legrand

4| cité de la musique Claudio Monteverdi - Le Couronnement de Poppée synopsis La Fortune (mezzo-soprano), la Vertu (soprano) et prologue l'Amour (soprano) se disputent la suprématie. L'Amour l'emporte : l'histoire de Néron et de Poppée illustre son pouvoir dévastateur. acte I Othon (alto) apprend l'infidélité de sa maîtresse Poppée en découvrant deux soldats de Néron à sa porte. Poppée (soprano) ensorcelle Néron (mezzo- soprano) de son amour puis laisse éclater son ambi- tion devant sa nourrice Arnalta (ténor travesti). Sénèque (basse) essaie de réconforter l'impératrice délaissée Octavie (mezzo-soprano). Averti de sa mort prochaine par Pallas (contre-ténor travesti), le philo- sophe essaie en vain de raisonner Néron. Poppée pousse l'empereur à se débarrasser de Sénèque. Elle essuie avec insouciance les reproches d'Othon qui cherche à se consoler avec Drusilla (soprano). acte II Prévenu par Mercure (ténor), entouré de ses proches, Sénèque obéit à l'ordre de Néron et se donne la mort. Pendant ce temps, Valetto (mezzo-soprano travesti) lutine Damigella (soprano) et Néron chante l'amour avec le poète Lucain (ténor). Mais Octavie pousse Othon à assassiner sa rivale. Dissimulé sous les vête- ments de Drusilla, Othon se glisse auprès de Poppée endormie. L'Amour s'interpose et Othon doit fuir. Arnalta croit reconnaître Drusilla. acte III Drusilla est arrêtée sur le témoignage d'Arnalta. Interrogée par Néron, elle s'accuse du forfait d'Othon qui, à son tour, la disculpe et charge Octavie. Trop heureux de trou- ver une raison de répudier son épouse, Néron condamne Othon et Drusilla à l'exil. Néron annonce à Poppée qu'il va pouvoir l'épouser le jour même. Tandis qu'Octavie adresse un dernier adieu à Rome, Arnalta se réjouit d'être la servante de la future impératrice. Le couronne- ment de Poppée a lieu enfin, en présence de Néron, des consuls, des tribuns, de Vénus et de l'Amour.

R. L.

notes de programme | 5 Claudio Monteverdi - Le Couronnement de Poppée biographies Boieldieu (EMI). En 1997, Platée de Rameau à il dirige Le Vaisseau l’Opéra de Paris et au Fantôme de Wagner avec Festival de Salzbourg et le Nationale Reisopera, L’Incoronazione di Bassoniste de formation, L’Enlèvement au Sérail de Poppea de Monteverdi au Marc Minkowski aborde Mozart au Festival de Festival d’Aix-en- très tôt la direction d’or- Salzbourg, puis Orphée Provence. Cette saison, chestre en simple aux Enfers d’Offenbach outre son activité de autodidacte avant de se au Grand Théâtre de directeur musical des perfectionner aux Etats- Genève et à l’Opéra Musiciens du Louvre - Unis auprès de Charles national de Lyon. Grenoble, Marc Bruck, à la Pierre Directeur musical de Minkowski est invité à diri- Monteux Conducting l’Opéra de Flandre, Marc ger l’Orchestre national School. En 1984, il fonde Minkowski y dirige, en de Lyon au Festival de 1998 et 1999, Semele de Montreux (Stabat Mater avec lesquels il réalise, Haendel, Cendrillon de de Rossini), le Royal pour Erato, une série très Massenet, Obéron de Philharmonic de remarquée d’enregistre- Weber, Idomeneo de Stockholm (Tchaïkovski, ments consacrés à Mozart et plusieurs Beethoven), Platée de Rameau, Charpentier, concerts consacrés à Rameau en Belgique, Marin Marais, Haydn, De Falla, Ravel, l’Orchestre philharmo- Mondonville, Lully et Berlioz, Poulenc et Lili nique de Radio-France, Haendel. En tant que chef Boulanger. En 1994, Les Manon de Massenet à invité, Marc Minkowski se Musiciens du Louvre l’Opéra de Monte-Carlo, produit dès 1989 à signent un contrat d’ex- Robert Le Diable de Monte-Carlo et à Covent clusivité avec Archiv Meyerbeer au Deutsche Garden avec l’English Produktion / Deutsche Staatsoper de Berlin, Bach Festival. En 1994, il Grammophon. Depuis Hercules de Haendel et retrouve Haendel avec 1996, ils sont implantés à L’Incoronazione di Ariodante au Welsh Grenoble et Marc Poppea de Monteverdi à National Opera et Minkowski les dirige tour Vienne. Il dirigera par la Aggripina au Semper à tour dans Gluck suite La Belle-Hélène Oper de Dresde. En (, Iphigénie en d’Offenbach au Théâtre 1996, il dirige Idomeneo Tauride), Haendel du Châtelet, le Los de Mozart à l’Opéra de (Ariodante, Le Messie), Angeles Philharmonic, le Paris, Armide de Gluck à Mondonville, Rameau City of Birmingham l’Opéra de Nice, enre- (Dardanus), Bach, Mozart, Symphony Orchestra et gistre L’Inganno Felice de Berlioz, Offenbach ou Pelléas et Mélisande de Rossini (Erato) et Arvo Pärt. En 1999, ils Debussy à Leipzig. La Dame Blanche de donnent notamment

6| cité de la musique Claudio Monteverdi - Le Couronnement de Poppée

Mireille Delunsch Theodor Guschlbauer (Die Poppée aux Née à Mulhouse, Mireille Walküre, Lazarus de Wienerfestwochen. Ses Delunsch, pianiste de for- Schubert, Pamina dans projets comprennent : mation et diplômée en Die Zauberflöte à Antonia dans Les Contes musicologie, entreprend Strasbourg), Marc d’Hoffmann à Genève, la le chant à Strasbourg. Minkowski (La Dame Comtesse dans Les D'emblée, elle aborde un Blanche de Boieldieu ; Noces de Figaro à répertoire extrêmement Armide et Iphigénie en Palerme et à Genève, large et fait ses débuts à Tauride de Gluck à Paris, Violetta dans La Traviata l'Opéra du Rhin dans Madrid, Amsterdam ; au Grand Théâtre de Boris Godounov puis Platée de Rameau à Bordeaux, Alice dans Parsifal. Elle se produit l'Opéra de Paris), Falstaff et Donna Elvira rapidement avec des Riccardo Chailly (Le dans Don Giovanni au chefs prestigieux tels que Grand Sommeil Noir de Festival d'Aix-en- Jean-Claude Casadesus Varèse à Amsterdam et Provence... Mireille (La Création de Haydn à aux festivals de Salzburg Delunsch vient de se pro- Lille, Bruxelles, et Lucerne) et Emmanuel duire en concert dans les Birmingham et Londres ; Krivine (L'Enfance du Vier Letzte Lieder de La Demoiselle Elue de Christ de Berlioz à Lyon Strauss à Bordeaux sous Debussy à Lille et Paris ; et Bamberg). la direction de Hans Graf Antonia des Contes Récemment, on l'a enten- et à Londres pour une d'Hoffmann ; Pelléas et due au Festival série de concerts Varèse Mélisande), Neeme Järvi d'Aix-en-Provence dans sous la direction de (Peer Gynt à l'Opéra de le rôle-titre de Riccardo Chailly avec le Paris), Christoph von L'Incoronazione di London Symphony Dohnányi (Moses und Poppea de Monteverdi Orchestra. Aaron, Paris Théâtre du sous la direction de Marc Châtelet), Armin Jordan Minkowski. Elle a égale- Anne Sofie von Otter (Mimi dans La Bohème à ment donné de nombreux Née en Suède, Anne l'Opéra de Bordeaux), récitals avec, entre autres, Sofie von Otter com- Louis Langrée (Tatiana les pianistes François mence ses études à dans Eugène Onéguine à Kerdoncuff, Laurent Stockholm, puis à la l'Opéra de Bordeaux), Cabasso, Christian Ivaldi Guildhall School de Charles Dutoit (La et Claire Désert. Parmi Londres avec V. Rozsa. Demoiselle Elue au ses récents engage- Elle est alors engagée par Concertgebouw ments, on peut citer le l’opéra de Bâle où elle d'Amsterdam), James rôle d'Agathe dans Der incarne Cherubino (Les Conlon (L'Enfant et les Freischutz à Lausanne, le Noces de Figaro), Sortilèges de Ravel à rôle-titre du Dorabella (Così fan tutte), l'Opéra de Paris), Couronnement de Sesto (La Clémence de

notes de programme | 7 Claudio Monteverdi - Le Couronnement de Poppée

Titus) et le Compositeur de Carmen, repris avec Prix de l’Association pour dans Ariane à Naxos, Claudio Abbado à la le Rayonnement de avant de se lancer dans Philharmonie de Berlin. l’Opéra de Paris. Elle une carrière internationale Au cours de la saison débute très rapidement et de devenir l’interprète dernière, elle a interprété sur les grandes scènes recherchée de Strauss et Oktavian à Paris et internationales : à l’Opéra de Mozart. On a pu l’en- Nerone dans Le de San Francisco, elle tendre dans les rôles Couronnement de double S. Verret dans d’Idamante (Idoménée), Poppée de Monteverdi L’Africaine ; on a pu l’en- Dorabella, Orfeo de Gluck avec M. Minkowski au tendre à l’Opéra de et Cenerentola au New Festival d’Aix-en- Francfort dans Iphigénie York City Opera, à Provence. Cette saison en Tauride, à l’Opéra de Chicago, Londres, elle chante Alceste au Philadelphie dans Le Vienne, Munich, Berlin, Châtelet, Sesto à Munich Nozze di Figaro et à la Paris, Milan, Genève et et Pelléas et Mélisande à Scala dans Iphigénie en Lyon. Elle se rend célèbre Paris. Parmi ses projets : Tauride dirigée par en incarnant le rôle Idamante au Met, Riccardo Muti. Ce rôle est d’Oktavian dans Le Ariodante à l’Opéra repris sur de nombreuses Chevalier à la rose qu’elle Garnier et à Salzbourg et scènes : Strasbourg, a enregistré pour EMI et Carmen à Glyndebourne. Anvers, Francfort, interprété à Stockholm, Maastricht... Elle inter- Munich, Chicago, Covent Sylvie Brunet prète aussi Armide (Lully) Garden et à l’Opéra débute le chant avec J. au Théâtre des Champs- Bastille, ainsi qu’à Vienne, Devost. Après avoir Elysées à Paris et Aïda à au Met et au Japon avec obtenu tous ses premiers Bercy. Sa voix révélant Carlos Kleiber. Au cours prix de conservatoire, elle maintenant son étendue de ces dernières saisons, chante sous la direction et sa profondeur dans le elle a chanté Orfeo à d’E. Tappy à l’Atelier grave, Sylvie Brunet s’est Genève, Sesto à l’opéra lyrique de l’Opéra de récemment orientée vers Garnier et au Met dirigée Lyon. En 1985, elle est le grand répertoire de par James Levine, et créé admise dans la classe de mezzo-soprano, notam- le rôle de Sorl dans M. Sénéchal à l’Ecole ment dans La Clemenza Städen, l’opéra contem- d’Art lyrique de l’Opéra de di Tito et L’Enfance du porain de S.-D. Paris. Elle se perfectionne Christ à Metz, dans Un Sandström à l’Opéra de également avec H. Hotter, Ballo in Maschera en Stokholm. Une tournée C. Ludwig et V. Cortez. Avignon et dans Werther au Japon en 1997 avec Lauréate de la Fondation (Charlotte) au New Israeli l’Opéra de Lyon et Kent de la Vocation en 1988, Opera. Ces dernières Nagano marque ses Sylvie Brunet remporte, la années, nous avons pu débuts dans le rôle-titre même année, le Grand l’écouter dans Suzuki

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(Madame Butterfly) à Nice ; Dorabella avec la a aussi été remarquée l’Opéra Bastille, Madame Canadian Opera dans l’nterprétation des de Croissy (Dialogue des Company ; Charlotte rôles contemporains : carmélites) à l’Opéra (Werther) avec le Lotte dans The Sorrows Garnier puis Carmen au Glimmerglass Opera ; of Young Werther de Hans Teatro Regio de Turin, Niklausse à Portland ; Jürgan von Bose à Dalila (Samson et Dalila) à puis à nouveau Charlotte l’Opéra de Santa Fe ; Tours, au Bellini de (Werther) au Washington Erika dans Vanessa de Catania et dernièrement à Opera et enfin Ino au festi- Barber au Washington La Maestranza de Séville val d’Art lyrique Opera ; Amando dans Le et à l’Opéra de Bonn. Elle d’Aix-en-Provence dans la Grand Macabre de Ligeti ouvre la saison production de Semele de au Festival de Salzbourg 1999/2000 à l’Arsenal de Robert Carsen. Dans la et au Théâtre du Châtelet Metz avec la Symphonie saison 1995-96, elle a de Paris. Ses prochains n° 9 de Beethoven puis ajouté à son répertoire le engagements lui permet- au Colon de Buenos Aires rôle de Judith