Mercredi 6 Avril Jean-Philippe Rameau | Naïs
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Roch-Olivier Maistre, Président du Conseil d’administration Laurent Bayle, Directeur général Mercredi 6 avril Jean-Philippe Rameau | Naïs Dans le cadre du cycle Le Paciisme Du vendredi 1er au dimanche 10 avril Mercredi 6 avril | Naïs Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, à l’adresse suivante : www.citedelamusique.fr Jean-Philippe Rameau | Cycle Le Paciisme Lors du premier concert de ce cycle, l’ensemble Hespèrion XXI, dirigé par Jordi Savall, fait revivre la tragédie cathare. L’intérêt porté à ce mouvement religieux n’est pas seulement motivé par un souci historique. Comme l’écrit Jordi Savall dans sa présentation de son disque Le Royaume oublié – La tragédie cathare : « L’invasion de l’Occitanie et spécialement le massacre du 22 juillet 1209 [à Béziers, dans le cadre de la croisade contre les Albigeois] nous rappellent dramatiquement les équivalents dans les temps modernes… ». L’amour entre les hommes, c’est le rêve de Schönberg et Stockhausen dans les pièces composant le programme de l’ensemble Accentus. Schönberg a composé son chœur mixte à huit voix dédié à la paix sur la Terre (Friede auf Erden) quelques années avant la Première Guerre mondiale. L’harmonie, c’est également ce dont débattent les choristes du « parlement du monde » (Welt-Parlament) de Stockhausen, premier acte du Mercredi de lumière. Promouvoir la paix, c’est aussi dénoncer la guerre : telle est la démarche adoptée par George Crumb et Jaques Rebotier. Écrit en 1970, le quatuor de Crumb Black Angels fut inspiré par la guerre du Vietnam. Convoquant l’image de l’ange déchu, il abonde en allusions à la mort et au diable. Avec RAS, oratorio du quotidien, Rebotier propose une rélexion sur le « rapport frauduleux entre paix et paciication, sur la guerre par les mots ». La pastorale héroïque de Rameau Naïs salue quant à elle le traité d’Aix-la-Chapelle qui a mis in à la guerre de succession d’Autriche. Donnée à l’Académie Royale de Musique en avril 1749, un an après le traité, cette pastorale porte en sous-titre la mention « opéra pour la paix ». Le prologue est une allégorie : Jupiter représente Louis XV, qui partage le gouvernement du monde avec Pluton et Neptune. Ce sont les amours de ce dernier avec la nymphe Naïs que content les trois actes suivant. C’est sans slogans tonitruants que Berio et Nono évoquent « l’être-ensemble ». No hay caminos (1987) de Nono rend hommage au cinéaste Andreï Tarkovski. Le titre de cette pièce provient d’une phrase inscrite sur le mur d’un cloître de Tolède : « Marcheurs, il n’y a pas de chemins, il n’y a qu’à marcher ». Une invite, en l’absence de pistes avérées et sûres, à refuser les dogmes et les parcours préétablis pour s’ouvrir à l’utopie collective, paciique et libre. La Sinfonia de Berio (1968), dont le titre doit être entendu au sens étymologique de « jouer ensemble », est un symbole de paix, notamment par la référence à Martin Luther King et par la combinaison d’une multitude de citations musicales, véritable parabole paciiste, dans le troisième mouvement. Le dernier concert de ce cycle aborde quant à lui la guerre elle-même. Emmanuelle Bertrand rend hommage au violoncelliste Maurice Maréchal (1892-1964) qui, pendant la Première Guerre mondiale, s’était fait fabriquer par deux menuisiers un instrument surnommé « le poilu », confectionné avec des caisses de munitions et aujourd’hui conservé au Musée de la musique. Emmanuelle Bertrand en a fait faire une réplique, ain d’accompagner d’extraits musicaux la lecture des carnets de celui qu’elle considère un peu comme un « grand-père ». Pour clôturer ce concert, elle interprète également en formation de chambre une œuvre composée pendant la Deuxième Guerre mondiale cette fois : le Quatuor pour la in du Temps de Messiaen, dont la « première » eut lieu en Allemagne, en 1941, au Stalag VIII A. 2 DU VENDREDI 1ER AU DIMANCHE 10 AVRIL VENDREDI 1er AVRIL – 20H DIMANCHE 3 AVRIL – 16H30 SAMEDI 9 AVRIL – 20H Le Royaume oublié George Crumb Luigi Nono La Tragédie cathare – La Croisade Black Angels No hay caminos, hay que caminar… contre les Albigeois Jacques Rebotier Andrej Tarkowskij RAS (création) Luciano Berio Jordi Savall, Montserrat Figueras, Sinfonia conception musicale du projet Solistes de l’Ensemble Montserrat Figueras, chant, cithare intercontemporain Ensemble intercontemporain Pascal Bertin, contre-ténor Jacques Rebotier, mise en forme Orchestre du Conservatoire de Paris Lluis Vilamajo, ténor Hae-Sun Kang, violon The Swingle Singers Marc Mauillon, baryton Alain Billard, guitare basse électrique, Jonathan Nott, direction La Capella Reial de Catalunya clarinette René Zosso, récitant Jeanne-Marie Conquer, violon Manuel Forcano, récitant Christophe Desjardins, alto DIMANCHE 10 AVRIL – 16H30 Hespèrion XXI Pierre Strauch, violoncelle Frédéric Stochl, contrebasse Benjamin Britten Suite n° 3 SAMEDI 2 AVRIL – 20H Hans Werner Henze MERCREDI 6 AVRIL – 20H Serenade Arnold Schönberg Pascal Amoyel Farben Jean-Philippe Rameau Libera me (création) Dreimal tausend Jahre Naïs, « opéra pour la paix » Olivier Messiaen De Profundis Quatuor pour la in du Temps Friede auf Erden La Simphonie du Marais Matthias Pintscher Le Chœur du Marais Emmanuelle Bertrand, violoncelle She cholat ahavath ani (création) Hugo Reyne, direction Carolin Widmann, violon Karlheinz Stockhausen Mireille Delunsch, soprano Jérôme Ducros, piano Welt-Parlament Dorothée Leclair, soprano Sharon Kam, clarinette Jean-Paul Fouchécourt, haute-contre Didier Sandre, récitant Accentus Mathias Vidal, baryton Laurence Equilbey, direction Matthieu Heim, baryton Pieter-Jelle de Boer, direction Arnaud Marzorati, baryton Alain Buet, baryton 3 4 MERCREDI 6 AVRIL – 20H Salle des concerts Jean-Philippe Rameau Naïs, « opéra pour la paix » Prologue Acte I entracte Acte II Acte III La Simphonie du Marais Le Chœur du Marais Hugo Reyne, direction Mireille Delunsch, soprano (Naïs) Dorothée Leclair, soprano (Flore, une bergère) Jean-Paul Fouchécourt, haute-contre (Neptune) Mathias Vidal, haute-contre (Astérion) Arnaud Marzorati, baryton (Télénus) Alain Buet, baryton (Jupiter, Tirésie) Matthieu Heim, basse (Pluton, Palémon) Coproduction Cité de la musique, festival Musiques à la Chabotterie, La Simphonie du Marais. Enregistré par France Musique, ce concert sera difusé le 18 mai à 20h. Ce concert est surtitré. Pour ce projet, la Simphonie du Marais bénéicie d’une aide de l’ADAMI et de l’association La Culture avec la copie privée. Les partitions utilisées pour ce concert sont celles de la nouvelle édition Rameau (Rameau Opera Omnia) réalisées par la société Jean-Philippe Rameau (General editor : Sylvie Bouissou ; éditeur de Naïs : Pascal Dénéchau) et publiées par Bärenreiter Verlag Kassel (Allemagne). Fin du concert vers 22h30. 5 Jean-Philippe Rameau (1683 - 1764) Naïs, pastorale héroïque sur un livret de Louis de Cahusac Commande : pour célébrer la paix d’Aix-la-Chapelle. Création : 22 avril 1749, à l’Académie Royale de Musique. Durée : environ 2 heures. En 1740, après seulement cinq ans de paix relative, l’Europe s’embrase une nouvelle fois. La guerre de Succession d’Autriche va faire rage jusqu’à ce que le traité d’Aix-la-Chapelle, conclu le 18 octobre 1748, mette un terme provisoire aux hostilités. Le retour à la paix inspire à Rameau l’un de ses plus étonnants chefs-d’œuvre : Naïs. Cette pastorale héroïque en un prologue et trois actes, composée sur un livret de Louis de Cahusac, est créée le 22 avril 1749 à l’Académie Royale de Musique de Paris, durant les festivités qui accompagnent la ratiication de ce traité pourtant controversé. En efet, au terme de huit années de guerre, la France n’a gagné aucun territoire.Son inluence militaire et diplomatique est même discréditée au proit de son principal allié, inspirant à Voltaire une formule qui devient rapidement populaire : « travailler pour le roi de Prusse ». « L’opéra pour la paix » de Rameau compte parmi ses partitions les plus impressionnantes. Il se distingue par ses vastes fresques sonores, aux ambitions descriptives revendiquées. Son ouverture, comme le précise le compositeur, est un « bruit de guerre qui peint les cris et les mouvements tumultueux des Titans et des Géants ». Après la bataille, un vaste chœur célèbre le retour à la paix et le nouveau partage du monde (la igure de Jupiter se confond alors avec celle du roi Louis XV). Le prologue s’achève sur une illustration bucolique et charmante de la renaissance de la Nature sur terre. Au premier acte, les Jeux isthmiques sont illustrés par un ballet-pantomime, où les diférentes compétitions donnent naissance à autant de danses igurées. Au cœur du deuxième acte, la scène de la prophétie de Tirésie, où le devin interprète le langage des oiseaux, forme un tableau puissant et coloré empli d’évocations sonores frappantes. Les chants d’oiseaux peuplent encore le « lever de soleil » du début du troisième acte, peu avant que s’élève la tempête qui engloutit les prétendants mal avisés. Cette « scène à machines », qui s’inscrit dans une tradition française remontant à la fameuse tempête d’Alcyone de Marin Marais (1706), s’ouvre par une ultime « symphonie descriptive » où les déferlements orchestraux sont ponctués par les commentaires terriiés du chœur. Naïs remporta un succès tel qu’il fut représenté trente-quatre fois de suite. Il fut repris en 1763, à l’occasion d’un concert donné pour la signature du traité de Paris. Celui-ci mettait un terme à l’ultime conlit européen du règne de Louis XV, aux conséquences désastreuses pour la France : la Guerre de sept ans. Naïs fut rejoué sur la scène de l’Académie Royale de Musique durant la saison suivante, avec des musiques additionnelles de Pierre Montan Berton. Cette reprise fournit à Michel Paul Guy de Chabanon matière à polémique pour son Éloge de Rameau, qu’il rédige peu après la mort du compositeur, en 1764.