Hanspeter Kyburz, Emio Greco : Double Points
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Roch-Olivier Maistre, Président du Conseil d’administration Laurent Bayle, Directeur général Vendredi 28 janvier | Vendredi 28 janvier Hanspeter Kyburz | Emio Greco | Double Points : ΟΥΤΙΣ Dans le cadre du cycle Réel / virtuel Double Points : ΟΥΤΙΣ Vendredi 28 et samedi 29 janvier Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, à l’adresse suivante : www.citedelamusique.fr Hanspeter Kyburz | Emio Greco | Cycle Réel / virtuel L’utopie veut dire, littéralement, ce qui n’a pas de lieu. Virtuelle plutôt que réelle, elle fait signe vers les fantômes et les ombres. C’est une version augmentée de Double Points : + (2004-2005, Ircam) que présente Hanspeter Kyburz avec le danseur Emio Greco et le metteur en scène Pieter C. Scholten. L’œuvre, enrichie d’une voix chantée, explore l’interaction entre la musique et la danse. Les capteurs attachés au corps d’Emio Greco – qui met son impressionnante maîtrise au service d’une rigueur structurelle sans cesse débordée par la folie qui l’habite – produisent des impulsions lorsqu’il bouge. Elles sont transmises à l’ordinateur, pour devenir des données influant sur le son, à moins qu’elles ne déclenchent en temps réel des séquences jouées par un double virtuel du sextuor présent sur scène. Bref, le danseur écoute la musique qui ausculte le danseur. Dans Light Music (2004), Thierry De Mey confère à un chef soliste (sans orchestre) le pouvoir de déclencher, par ses seuls gestes captés, des sons et des séquences musicales. Une musique légère (light), car affranchie du poids des instruments ; une musique de la lumière (light), car ce sont les points lumineux que l’ordinateur reconnaît et auxquels il réagit. Le Dialogue de l’ombre double de Pierre Boulez (1985), qui emprunte son titre à Claudel, joue également des espaces réel et virtuel, pour créer des effets d’échos entre la clarinette solo et son « ombre » enregistrée. Quant à Is it this? de Pierre Jodlowski (2001), trois instrumentistes y interagissent avec un dispositif audiovisuel en temps réel pour faire résonner cette interrogation : « Quelles sont les relations entre l’imaginaire et la réalité ? » 2 venDredI 28 et Samedi 29 Janvier vEndredi 28 janvier – 20H Samedi 29 janvier – 20H Hanspeter Kyburz Pierre jodlowski Double Points : ΟΥΤΙΣ Is it this?* Thierry de Mey Emio Greco, danseur Light Music** Yeree Suh, soprano Pierre Boulez Emio Greco, Pieter C. Scholten, Dialogue de l’ombre double*** chorégraphie et direction Hanspeter Kyburz, musique Solistes de l’Ensemble Sabine Marienberg, dramaturgie intercontemporain : et livret Jeanne-Marie Conquer, violon Joost Rekveld, projections Samuel Favre, interprète/chef solo Henk Danner|Pieter C. Scholten, Jérôme Comte, clarinette lumières Thierry De Mey, conception et Clifford Portier, costumes musique** Wolfgang Heiniger, réalisation Franck Berthoux, régie son et informatique musicale vidéo*/** Ircam/pôle spectacle, captation Nicolas Berteloot, régie son*** du geste Andrew Gerzso, réalisation Hanspeter Kyburz, Josh Martin, informatique musicale Ircam*** électronique live Josh Martin, ingénieur du son Ensemble intercontemporain Jean Deroyer, direction 3 vEndredi 28 janvier – 20H Salle des concerts Hanspeter Kyburz Double Points : ΟΥΤΙΣ Emio Greco, danseur Yeree Suh, soprano Emio Greco, Pieter C. Scholten, chorégraphie et direction Hanspeter Kyburz, musique Sabine Marienberg, dramaturgie et livret Joost Rekveld, projections Henk Danner|Pieter C. Scholten, lumières Clifford Portier, costumes Wolfgang Heiniger, réalisation informatique musicale Ircam/pôle spectacle, captation du geste Hanspeter Kyburz, Josh Martin, électronique live Josh Martin, ingénieur du son Ensemble intercontemporain Jean Deroyer, direction Coproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musique, ICKamsterdam/Emio Greco|PC et Ircam-Centre Pompidou. nous tenons à remercier tout particulièrement l’akademie der Künste Berlin, Studio für Elektroakustiche Musik – Gerd rische / Josh Martin. Ce concert est diffusé en direct sur le site Internet www.citedelamusiquelive.tv. Si vous souhaitez revivre certains moments de cette soirée, ou les faire partager à votre entourage, connectez-vous dès le lendemain sur www.citedelamusiquelive.tv. Ce concert y restera disponible gratuitement pendant quatre mois. Fin du concert vers 21h15. 4 Hanspeter Kyburz (1960) Double Points : ΟΥΤΙΣ, nouvelle version pour soprano, danseur, six musiciens et électronique Composition : 2004-2011. Effectif : flûte/flûte piccolo/flûte basse, clarinettesi en bémol/clarinette basse, piano, sampler, percussion, violon, violoncelle, régie son. Éditeur : Breitkopf & Härtel. Durée : environ 60 minutes. Double Points: OYTIΣ correspond à la troisième phase du projet auquel collaborent depuis 2004 les chorégraphes Emio Greco & Pieter C. Scholten (EG|PC) et le compositeur Hanspeter Kyburz. En 2004, à Dortmund, et l’année suivante à Paris, ils ont développé un système permettant d’intégrer de manière interactive les mouvements d’un danseur aux sons produits par l’ensemble musical : dans un premier temps, les mouvements manipulaient les sons des musiciens au moyen de capteurs posés sur le corps du danseur ; ensuite des « stimulateurs » furent ajoutés, permettant au danseur de déclencher des séquences musicales semblant provenir d’instruments traditionnels. ainsi, des sonorités électroniques généraient une toile complexe de liens motiviques entre les notes de Kyburz et les mouvements de Greco : une passerelle électronique entre la musique et la danse. Dans Double Points: OYTIΣ, trois éléments s’ajoutent au matériau existant : une chanteuse, qui joue l’autre rôle de soliste aux côtés du danseur, une ligne dramaturgique qui dote le spectacle d’une narration reliant les différents éléments sur le plan dramatique, et des projections vidéo de l’artiste Joost rekveld. L’introduction d’une chanteuse et d’une ligne dramaturgique signifie un changement radical par rapport au matériau élaboré à Dortmund et à Paris. Si la trame musicale originale est toujours présente, elle se situe à présent, selon les termes de Kyburz, « dans une sorte de noyau archéologique au cœur du matériau nouveau, qui l’enchâsse à l’instar de rondelles d’oignon ». La musique de Kyburz repose en grande partie sur un processus mathématique abstrait d’algorithmes, à travers lequel il compose et organise ses créations. La structure de ses compositions – schémas rythmiques, motifs mélodiques, développements thématiques, et même le texte dans le cas de Double Points: OYTIΣ – est déterminée par des algorithmes calculés par ordinateur. Concrètement, cela produit un langage musical qui se caractérise par des fractures abruptes et des motifs brefs – des « objets » comme les qualifie Kyburz – qui se succèdent et qui, lors d’une première écoute, ne semblent pas reliés les uns aux autres. Cette discontinuité, cette fragmentation au plus petit niveau se dissipe cependant au niveau supérieur : le modèle algorithmique assure une évolution audible, tant dans chacun des éléments que dans l’ensemble de la composition, dont le développement général est très organisé. Par conséquent, l’auditeur est toujours surpris et forcé de se concentrer d’instant en instant sur la spécificité du son, mais en même temps, le bon entendeur perçoit le déploiement d’une ligne dramatique portant toute la pièce d’un point a à un point B. 5 Ce nouvel élément dramatique définit en grande partie le cours du spectacle.Double Points : OYTIΣ brosse en cinq scènes la relation entre le héros absent, Ulysse, et son épouse solitaire, Pénélope. Dans la première et la troisième scène, Pénélope chante sa situation, qui se caractérise par l’immobilisme et l’attente tant dans le texte, la musique, que la chorégraphie. La deuxième et la quatrième scène nous illustrent les « aventures » d’Ulysse. Le danseur Emio Greco se trouve en permanence en état de flux : porté par une musique agitée et motrice, avec laquelle il entame le dialogue au moyen de ses interventions électroniques. Le matériau électronique qu’il commande forme le lien entre l’univers musical et celui de la danse, et contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’est pas « arbitraire ». Bien que ce soit Emio Greco qui détermine la longueur précise de la deuxième et de la quatrième parties, les sons qu’il génère entament en permanence le dialogue avec la musique et les musiciens. D’une part, à travers ses mouvements, il introduit des sons Midi produits par ordinateur ; d’autre part, il crée une sorte de second ensemble « fantôme »: des copies d’instruments de l’ensemble, des segments qu’il amorce par ses mouvements, mais qui demeurent sous la maîtrise du compositeur. Les différents groupes de l’ensemble et le chef d’orchestre, éparpillés sur la scène, ressemblent quelque peu aux îles d’où l’Ulysse trépidant va et vient, d’île en île, entamant un dialogue dansé avec ce qu’il y rencontre comme sons. Dans les quatre premières parties, les deux protagonistes mènent des actions séparées ; seul le matériau musical les relie. ainsi, des bribes de chant de la troisième partie reviennent dans les sons électroniques de la quatrième partie. La polarisation entre les deux époux, entre les mouvements et l’immobilité, entre la présence et l’absence, entre le voyage et la sédentarité, entre l’agitation et l’inactivité, s’estompe dans la cinquième et dernière partie, où l’on voit naître une relation directe entre eux : une relation entre les époux et donc entre le corps chantant et le corps dansant sur scène. Le retour d’Ulysse signifie la réunion des deux personnages,