ÉDITION DU 17 AVRIL 2020 I N° 4678 I 95e ANNÉE I 8 PAGES

RÉGION JOURNAL HEBDOMADAIRE DU LITTORAL OUEST www.littoralregion.ch littoralregion

BOUDRY Tiré à 15’500 exemplaires Des légumes bio à deux pas de chez soi Le P’ti mag du domaine des Gorges ouvre ses portes le samedi 18 avril. L’exploitation agricole bio, qui dé- marre véritablement son activité maraîchère cette année, va désor- mais proposer un panier de légumes hebdomadaire.

Le domaine des Gorges est en effer- vescence en ce début de printemps: le travail ne manque pas sur les 4 hec- tares de la ferme en cette quatrième année d’exploitation. Après la rena- turation du ruisseau fin 2017 – un ouvrage qui a coûté 80 000 francs et qui a été financé grâce à des orga- nismes impliqués dans l’écologie tels que Fond Suisse pour le paysage, Pro Natura, le WWF et la Fondation Gel- bert – et la plantation d’arbres frui- tiers, d’arbustes à baies, de plantes aromatiques et vivaces, ainsi que l’installation de bacs à légumes et d’une grande serre ces deux dernières années, l’année 2020 s’annonce très Luigi D’Andrea et son équipe sont à pied d’œuvre toute l’année pour cultiver des légumes, fruits et plantes labellisés prometteuse. «Cette année, nous ren- bio. Chacun a son domaine de prédilection et tous travaillent en harmonie avec la nature. Photo: Nadja Hofmann trons dans l’étape de la production maraîchère proprement dite. Nous et il faut attendre que les arbres vité», explique Luigi D’Andrea, pro- il n’y a pas de chef et d’employés. avons eu beaucoup de travail de mise entrent en production. Cette année priétaire de cette entreprise agricole Toutes les décisions importantes sont en place les trois premières années, on démarre véritablement notre acti- labellisée Bio-suisse. prises en commun. Cependant, j’ai la Ce biologiste de formation, perma- responsabilité de la ferme. Je super- culteur et arboriculteur, coordonne vise le tout et joue le rôle de chef Sensibiliser par le biais d’ateliers les différentes tâches avec l’équipe d’orchestre.» Tous participent aux L’association Les Jardins des Gorges a une vocation pédagogique. Elle sou- présente depuis les débuts: Morgane, travaux d’aménagements et de pro- haite sensibiliser le grand public et les écoles à la permaculture et à l’agri- Alex et Marc. «Nous avons une ges- ductions des légumes, petits fruits, culture durable par l’organisation d’ateliers didactiques, de formations, tion la plus transversale possible: (Suite en page 3) d’animations et de conférences. «Nous organiserons, dès cet automne, des ateliers pour enfants et adultes», indique Luigi D’Andrea, propriétaire du domaine agricole. «Ce seront, dans un premier temps, des activités en lien avec le jardinage écologique, par exemple un atelier sur le séchage de plantes sauvages comestibles ou la fabrication d’un hôtel à insectes.» La préservation du savoir-faire et la transmission des connaissances dans le domaine des plantes alimentaires, potagères, médicinales ou textiles fait partie des buts de l’association, à qui le domaine a mis un espace à disposi- tion pour aménager une zone pédagogique. (Programme des activités: mor- [email protected])

SOMMAIRE Avis officiels 2 Près de Rochefort : un drapeau avec un grand merci 4

Milvignes : trucs anti-gaspi d’Elsa 5 chez vous.

La Grande Béroche : supplément 6-8

2017 T +41 32 843 02 20 [email protected] www.vauthier.ch 2 LITTORAL RÉGION I N° 4678 17 AVRIL 2020

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BOUDRY Des légumes bio à deux pas de chez soi (Suite de la page 1) rons en refroidissant la planète. Une des solutions est de faire faire à la fruits, fleurs et plantes, mais chacun nature ce qu’on fait avec le pétrole.» gère son domaine d’activité. «Par C’est-à-dire? «En concevant correc- exemple, Morgane, qui est archi- tement l’aménagement des agroéco- tecte paysagiste et fille d’agriculteur, systèmes, afin qu’ils conservent au s’occupe des fleurs comestibles, des maximum l’énergie et les éléments plantes médicinales et vivaces.» nutritifs sur le terrain; en cultivant de L’équipe du domaine travaille à temps manière bio-intensive; en utilisant la partiel sur le domaine – sauf le ma- biodiversité plutôt que les pesticides raîcher –, l’activité ne permettant pas ou les engrais et en intégrant la ma- encore d’avoir des salariés à temps tière organique dans les sols plutôt plein. «Nous avons également des qu’en épandant des engrais de syn- stagiaires qui viennent se former à la thèse. L’idée est de léguer une meil- permaculture et à l’agriculture bio. leure terre à nos enfants.» C’est le cas de Madelyne, qui effectue Pour ce Jurassien qui a fait ses études un deuxième stage de trois mois dans à Neuchâtel, il n’y a aucun doute: «Il le cadre d’une formation encouragée est temps de changer de paradigme par le chômage. Nous accueillons vo- agricole. Beaucoup de nos clients lontiers des personnes qui souhaitent sont des restaurants ou des épice- venir se former chez nous ou donner ries qui souhaitent offrir des pro- un coup de main ponctuel. Il arrive duits bio de qualité à leur clientèle.» que quelqu’un vienne un samedi pour Les consommateurs sont prêts pour aider, il repart avec des légumes!» ça mieux, ils sont de plus en plus nombreux à vouloir favoriser une Changer le paradigme agricole industrie locale plutôt que la grande Pour Luigi D’Andrea, l’écologie n’est distribution. La situation actuelle pas un concept mais bel et bien une accentue fortement cette tendance. réalité qu’il a envie de partager avec «Nous avons beaucoup de demandes. les consommateurs. «La permacul- Les personnes réalisent l’importance ture s’est développée dans les années de consommer local. Il faudra voir si 1980 suite au premier choc pétrolier. ce changement va durer ou si les gens Cela nous a permis de nous rendre ne vont pas reprendre leurs habi- compte de la faiblesse du système de tudes, une fois que les choses seront production alimentaire basé sur le rentrées dans l’ordre.» pétrole, présent à toutes les étapes, de la production des semences jusqu’au Un panier hebdomadaire transport des produits et leur conser- de légumes bio vation. L’idée est de pouvoir s’en pas- La population aura accès à la pro- ser le plus possible et de revenir à duction de légumes, fruits, petits une activité productrice nette d’éner- fruits, fleurs comestibles et plantes gie, ce que devrait être l’agriculture, médicinales et vivaces dès le 18 avril, plutôt qu’une activité qui consomme au P’ti Mag, qui propose les produits plus d’énergie qu’elle n’en produit. du domaine et ceux des alentours en Il faut aussi que l’agriculture rede- vente directe comme c’était déjà le vienne un puit à carbone et non un cas l’an dernier. «Le samedi 18 avril secteur qui émet massivement des gaz a lieu notre marché des plantons.» à effet de serre. Ainsi, nous produi- Grande nouveauté cette année: le Domaine des Gorges propose un panier de légumes hebdomadaire. D’autres producteurs «Le consommateur s’engage sur une de légumes bio durée de 14 semaines, de la 3e se- Les surfaces du domaine sont en cours de transformation, selon les principes maine d’avril jusqu’à mi-juillet.» La de la permaculture et de l’agroécologie. Buttes maraîchères, plan d’eau, ver- Ferme des Prés d’Areuse totalité est payable d’avance ou en ger, buttes de plantes vivaces et médicinales, pierriers pour la biodiversité, le (ma, me, ve et sa) espèces avant la première livraison. domaine des Gorges est un petit paradis pour les animaux comme pour les Lac 11, 2015 Areuse Un contrat basé sur la confiance et humains. Photo: Nadja Hofmann www.aux.pres-de-chez-vous.ch un rapport gagnant-gagnant: «Le Ferme de Trois-Rods consommateur est assuré de rece- son exploitation, l’équipe a comme tion d’un plan d’aménagement spé- en libre service) voir chaque semaine un bon panier projet de créer une buvette permet- cial. Nous espérons pouvoir ouvrir Trois-Rods 42, 2019 Boudry de légumes locaux bio. Nous, nous tant de commercialiser les produits cette buvette d’ici trois à quatre ans.» www.fermedetroisrods.ch sommes assurés de pouvoir pour- issus de sa production et de celle (Ouverture du P’ti mag et marché aux suivre notre production en toute d’agriculteurs bio de la région. «Les plantons le 18 avril de 9 h à midi. Le P’tit Marché quiétude. Cette vente directe permet habitants des environs, tout comme Panier hebdomadaire de légumes: 25 (me et sa, 8 h 30 à 12 h 30) aussi de recréer du lien», souligne les promeneurs et les touristes qui fr./panier, total: 350 fr. pour 14 se- carrefour rue de la Poste Luigi D’Andrea. viennent des gorges de l’Areuse, maines. Horaires magasin: mardi et et rue du Temple, pourront ainsi déguster des produits jeudi: 16 h 30 à 18 h 30, samedi: 9 à 2024 St-Aubin-Sauges Une buvette avec locaux.» 12 h. Infos: www.domainedesgorges. Autres points de vente: des produits locaux Toutefois, ce n’est pas pour tout de ch) www.bio-neuchatel.ch (comm) Dans le cadre du développement de suite: «Ce projet nécessite la réalisa- Nadja Hofmann

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ROCHEFORT Un « merci » haut en couleur et en hauteur

Les représentants des sociétés locales de Rochefort (SLR) ont tenu à faire un geste pour tous ceux qui continuent à travailler pendant cette période parti- culière. Le 10 avril dernier, ils ont sus- pendu, sur le Rocher de Tablettes un drapeau avec un grand «merci» visible loin à la ronde.

Perchés sur la corniche à quelques pas du vide, ils sont affairés à mettre en place le drapeau flambant neuf qui va surplom- ber Rochefort et ses environs. «Habituel- lement, à trois, nous installons le dra- peau avec l’écusson communal en moins d’une demi-heure», indique Sébastien Audétat, accompagné d’une demi-dou- zaine d’autres «forts en bras» de la com- mune. Cette année, point de 1er avril – le cœur n’y est pas pour les raisons qu’on connait – et point d’écusson commu- nal pour la petite équipe de gais lurons toujours d’attaque pour mener à bien un projet. «Il y en a un qui lance une idée, après on est obligé d’assumer derrière», lance le sapeur-pompier rochefortois. En l’occurrence, ceux qui ont lancé cette idée un peu folle d’afficher un mes- C’est dans la joie et la bonne humeur que les représentants des SLR ont mis en place le drapeau sur la falaise du Rocher sage sur le Rocher de Tablettes ne sont de Tablettes. Photo: Nadja Hofmann autres que Daniel Sauser, dit Maurice, et Freddy Frank. «Ce sont eux qui ont Ce merci s’adresse à toutes celles et ceux «C’est Freddy qui s’est chargé de coudre sentant des SLR. Pour la petite histoire, proposé aux sociétés locales de mettre ce qui sont au front…» ensemble les trois parties.» Chacun a mis trois générations de la même famille font drapeau pour remercier toutes celles et La petite équipe – tous membres des la main à la pâte: il a fallu acheter 40 kg partie du projet: Damien Humbert-Droz, ceux qui travaillent en cette période, que SLR – a eu un peu de travail en amont: de peinture rouge spécial rayon UV, puis le beau-fils de Maurice – confiné à la ce soit le corps hospitalier, la voirie, les il a fallu tout d’abord coudre la toile de l’appliquer sur le Bidim. «Il fallait un maison – et Léo, son petit-fils, qui suit vendeuses et vendeurs, et tous les autres. 12 mètres de long sur 12 mètres de large. endroit suffisamment grand. Le groupe les étapes avec intérêt. qui se chargeait de la peinture a fait ça Sébastien Audétat remonte de sa petite dans un champ à côté de la buvette Le virée à flanc de falaise, tronçonneuse au Grand Coeurie.» Autre matériel réquisi- poing. «Ecologiquement, nous avons fait tionné: des tuyaux sanitaires qui servent les choses en ordre. On en a profité pour de tringles en haut et en bas du drapeau. mettre en place des cailloux qui étaient La petite équipe a ensuite chargé le dra- limites! On a aussi remis des brindilles peau sur une remorque, tirée par une dans un nid d’oiseaux un peu démonté», jeep, pour le transporter jusqu’au Rocher précise avec humour le Rochefortois. de Tablettes. «Nous avons parcouru les Il est temps de dérouler le drapeau, une derniers mètres avec le chargement sur étape cruciale qui demande beaucoup un brancard militaire.» de minutie. Une petite lapée de bière, avec une vue imprenable sur le Litto- Au-dessus du vide exactement ral neuchâtelois, et l’équipe aux bras L’opération, délicate, se passe sur la cor- athlétiques repart à l’assaut de la paroi niche, quelques mètres en dessous du abrupte. Fixé par le haut, le drapeau se point de vue prisé par les touristes. Pru- déroule avec grâce… Mission réussie dents, les hommes sont encordés. Il faut pour les SLR: «Cela nous tient à cœur d’abord descendre en rappel pour prépa- de remercier les gens, d’autant plus sur le rer le terrain, notamment pour fixer des Rocher de Tablettes, un lieu symbolique pitons d’escalade dans la falaise. «C’est de notre commune», précise Sébastien Ceux qui lèveront les yeux vers le Rocher de Tablettes ne manqueront pas de remar- un poil différent de l’écusson: nous pas- Audétat. quer le cœur rouge avec un grand merci écrit dessus. Photo: SP sons de 25 m2 à 144 m2», rigole un repré- Nadja Hofmann LITTORAL RÉGION I N° 4678 17 AVRIL 2020 5

MILVIGNES Se nourrir sans gaspiller : les trucs d’Elsa

Elsa Schwarzer, qui habite Auvernier, Du vieux pain sur la planche observe que dans les ménages, trop «Il faut couper les tranches de vieux de nourriture est jetée par ignorance pain pour faire du pain perdu: trem- ou habitude, plus que par mauvaise pées dans de l’œuf, puis imprégnées de volonté. Pour inciter chacun à mieux lait, on dore les tranches à la poêle puis consommer, cette passionnée de cui- on les sert, accompagnées de légumes sine authentique livre ses «trucs anti- en plat salé, ou de fruits en plat sucré. gaspi». On peut aussi couper le vieux pain en tranches fines et laisser sécher celles- La Fédération romande des consom- ci à l’air, puis les stocker. Le moment mateurs (FRC) estime «qu’un ménage venu, les beurrer, les placer dans l’as- jette jusqu’à 100 kg de denrées par an siette et verser de la soupe dessus, à et par habitant. En cause: des achats la mode des grands chefs! Il est aussi compulsifs, une estimation approxima- possible de couper le pain en dés et de tive des besoins, une mauvaise interpré- dorer ces derniers à l’huile d’olive ou de tation des dates limites et un manque coco vierge.» Elsa ajoute: «Et la torta d’idées pour apprêter les restes». di pane, c’est excellent!» Comme son Elsa Schwarzer regorge de suggestions. nom tessinois l’indique, il s’agit d’un Ses recettes et tours de main tiennent gâteau à base de pain rassis, ramolli du bon sens, mais reprennent aussi dans du lait, complété de fruits secs et de vieilles préparations, venues d’une de fruits confits. Elsa promet un délice. époque où la nourriture était rare et chère. Laissons-la nous en parler avant Trop de riz, de lentilles ou de pâtes? de passer à table! «A condition de soigneusement les garder au frais jusqu’au lendemain, à couvert, les restes de riz, de lentilles ou de pâtes, mais encore de légumes ou de fromages, s’intègrent facilement à des salade, des soupes ou des gratins.» Elsa les recycle aussi volontiers sous forme de rouleaux de printemps. Facile Le zeste métamorphose n’importe quelle soupe en plat gastronomique! à faire, idéal à emporter. Ils se mangent Photo: Elsa Schwarzer accompagnés d’une sauce. «C’est très tendance.» Y’a comme un os tisanes. Sans oublier que ces copeaux «Les os de viande se cuisent à petit feu se sèchent facilement pour en disposer Des grosses légumes et rendent un bouillon fortifiant, sans aussi hors-saison; mieux, ils s’offrent, «Les troncs de brocolis, de choux- compter que les fibres de viande collées joliment emballés, comme petit présent fleurs ou d’autres choux se gardent à l’os vont se détacher et se mélanger original.» sans problème pour une soupe. Et en au bouillon.» «Savez-vous que les os les découpant en quartiers ou en ron- se cuisent jusqu’à huit fois en donnant La conclusion d’Elsa delles, ils deviennent des éléments de toujours du goût?» Elsa raconte que la «C’est une habitude très actuelle que de décoration d’autres plats! Les troncs population du Lötschental a survécu vouloir manger différemment lors de d’artichaut contiennent d’ailleurs des grâce aux os! chaque repas, contrairement à autrefois agents actifs stimulant le foie. Les fanes ou aux animaux. Nous pouvons très bien de carottes ou de radis agrémentent Tu as d’beaux zestes… manger deux fois du riz le même jour, aussi les potages, et, finement coupées, «Un petit coup de zesteur et l’écorce des en changeant son accompagnement, sa elles complètent les salades. Enfin, les agrumes décore les plats, les salades et présentation, et en donnant aux plats épluchures d’asperges peuvent se cuire les desserts; les zestes colorés et parfu- des noms rigolos…» Elle a encore des dans l’eau que vous emploierez pour més des oranges ou des citrons peuvent tas d’idées Elsa Schwarzer, comme cuire votre riz: il sera parfumé aux se servir sur une soupe ou une sauce, celle de mettre en terre des plantons Elsa Schwarzer: «Nous pouvons très asperges.» Et Elsa de rappeler: «Les ou encore sur des céréales. Et puis, les dans des coquilles d’œufs! Rien ne se bien manger deux fois du riz le même épluchures, une fois cuites, deviennent copeaux de zeste donnent juste le petit perd, même pas la coquille de son «boi- jour.» Photo: SP tendres et sont riches en fibres.» plus à vos desserts, à vos thés ou à vos led egg». Jacques Laurent

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RÉGION SUPPLÉMENT CAHIER GRANDE BÉROCHE

MONTALCHEZ Fermeture de la laiterie Cette laiterie, qui fonctionnait pour le ter le rythme biologique de la vache. Joël coulage du lait depuis vraisemblable- Burgat, des Prises de , possède ment 1870 a fermé ses portes le 31 mars encore le carnet du lait de son grand-père, dernier. La technologie de la traite par François Burgat, dont les mentions des robot impliquait un ramassage dans un livraisons de lait datent de 1870. Celui- lieu disposant d’un grand tanker réfri- ci y livrait 14 à 15 kilos de lait par jour. géré celui-ci se trouve à la nouvelle La laiterie ne fabriquait qu’un fromage ferme de Patrick et Gilbert Porret située par semaine. On est loin du compte aux Charrières, dans les hauts de Saint- aujourd’hui car les quantités ont été multi- Aubin. pliées par dizaines. Roger Perrin, agriculteur à la retraite et Les cinq agriculteurs qui produisent caissier de la société de laiterie durant encore du lait à Montalchez ont coulé leur 35 ans, nous a relaté l’histoire de la lai- produit dans la laiterie villageoise jusqu’au terie. La partie supérieure du bâtiment a 31 mars dernier. Georges Vuillermet, d’abord servi d’école jusqu’en 1870, date ancien président de la société de laiterie de l’ouverture de l’école actuelle. Quant nous a confié que le coulage du lait dans au rez du bâtiment, celui-ci fonctionnait la laiterie actuelle était révolu puisque la comme salle de coulage et laiterie-froma- traite par robot implique de refroidir en gerie. permanence le lait car les vaches sont La commune de Montalchez a compté Le bâtiment de la laiterie de Montalchez. Photo: Daniel Porret de Montalchez traites en fonction de leur besoin tout au jusqu’à 24 agriculteurs qui venaient couler long de la journée. En outre, ce procédé leur lait dans ce lieu. En 1997, ils n’étaient ont été Andrée et Willy Nussbaum, qui ont de l’utilisation future du bâtiment: appar- engendre des coûts importants pour les plus que 12 et il en reste cinq actuellement. tenu la laiterie jusqu’en 1996, soit durant tement ou lieu de stockage, par exemple. agriculteurs. Ceux-ci ont d’ailleurs dû Jusqu’en 1973, c’est la Fédération laitière 46 ans. Un dévouement remarquable en s’équiper de tanks où le lait est réfrigéré neuchâteloise qui achetait le lait. Et ce faveur de la communauté des agriculteurs Anecdote piquante… durant deux jours, il est ensuite transporté n’est qu’à partir de cette date qu’un contrat et des consommateurs. Ensuite, ce sont Francis Burgat, l’un des tenanciers d’avant par leurs soins à la ferme Porret, où la a été conclu avec la Migros qui procédait à Fernand Raymondaz et Heidy Perrin qui 1950, conduisait chaque matin le lait au Migros procédera à son ramassage. un ramassage par camion réfrigéré. ont pris la relève et le dernier tenancier a train de 7 h à la gare de -Saint- été Blaise Major, de La Taupe-à-l’Ours. Aubin. Comme le cheval connaissait le Adaptation aux techniques Les tenanciers de la laiterie chemin, celui-ci rentrait parfois sans être Les agriculteurs se sont donc adaptés Roger Perrin se souvient bien des tenan- Que deviendra le bâtiment? guidé par son patron, qui s’endormait en aux techniques actuelles et le recours aux ciers Louise et Francis Burgat, qui ont La société de laiterie, présidée actuelle- route. robots de traite permet de mieux respec- œuvré jusqu’en 1950. Leurs successeurs ment par Pascal Vuillermet, aura à décider André Allisson

SAINT-AUBIN Comment le «P’tit Marché» vit-il... le Covid 19 ?

Ce n’est que grâce à une grande solida- il devint ingénieur agronome. Doté d’une rité que la petite entreprise de Georges grande sensibilité humaine, il renforça sa Weber «survit» pour le moment. Le fibre sociale par une formation dans ce «P’tit Marché» du mercredi et du samedi domaine. est la partie la plus visible de ce com- merce. Il est un des volets de l’ensemble Plus de travail pour des revenus des activités qui occupent presque jour moindres et nuit ce maraîcher. Après de nombreuses années passées au Devens, il s’est mis à son compte en repre- Georges se couche rarement avant 1 nant notamment, en 2008, cette échoppe heure du matin. Mais, à 5 heures déjà, saint-aubinoise ainsi que des cultures qu’il il est debout et cela six jours sur sept! voulut exemptes de produits chimiques. Comment faire autrement quand on doit Parce que toujours soucieux d’aider les réceptionner de la marchandise après gens en difficulté, il ne met guère la prio- minuit, s’occuper de ses cultures, organi- rité sur la rentabilité. Mais force est de ser les deux journées du marché précité, constater que cette façon de faire mobilise quantité de livraisons à domicile et assu- la totalité des forces de son couple. Alors mer la fourniture en fruits et légumes de comment faire, maintenant, pour subsister cantines d’entreprises, de homes, d’hôtels quand les petites livraisons à domicile se et de restaurants. Si le Covid 19 n’a pas sont multipliées, que le travail au marché augmenté le travail aux cultures de ce s’est compliqué, que les prix de l’appro- résident de Montalchez, ce n’est pas le cas visionnement ont explosé alors que les Peu de monde en ce moment, alors que, deux heures avant, la file s’étalait le long de pour les livraisons à domicile et le marché. seules livraisons vraiment lucratives ont la rue du Temple. Photo: Lucien Weber Par contre, la recette des livraisons dans majoritairement disparu. Un seul exemple: le domaine de la restauration, seule partie cette entreprise à laquelle il fournissait bénévoles au «P’tit Marché», deux autres qui, eux, réunissent plusieurs maraîchers. vraiment rentable, a terriblement chuté! fruits et légumes pour 350 repas quoti- aux cultures et bon nombre d’autres pour Ces derniers n’étant, pour l’heure, plus diens qui a, du jour au lendemain, stoppé les toujours plus nombreuses livraisons à autorisés. Bravo à Christine et Georges Formation le 90 % de ses commandes? Ce n’est, nous domicile sont venues spontanément au Weber ainsi qu’à leur grande et merveil- Enfant, Georges chantait avec Pierre Kae- dit-il, que grâce à une incroyable solida- secours de ce presque sexagénaire. leuse équipe de collaborateurs et de béné- lin au sein des «P’tits chanteurs de Fri- rité en aides humaines que nous tenons le Rappelons enfin que le «P’tit Marché» ne voles. bourg». Puis, après des études zurichoises, coup. Ainsi une bonne demi-douzaine de répond pas à la définition des marchés Lucien Weber LITTORAL RÉGION I N° 4678 17 AVRIL 2020 7

LA GRANDE BÉROCHE De Bevaix, à la conquête de la Chine! De 1871 à 1887, Vauroux, ce petit hameau sein de la Maison Vaucher Frères, à Fleu- du nord de Bevaix, malgré sa situation rier. Puis, par la «malle de l’Inde, partant excentrée, devint une véritable plaque de Marseille le 11 mars 1857», comme le tournante commerciale d’import-export précise son contrat, il est envoyé à Canton, entre la Suisse et la Chine. Grâce à Eugène en Chine, pour tenir le comptoir que ses Borel, arrière-grand-père de Christiane patrons, les frères Vaucher, y ont créé: il a Perregaux: cette dernière nous a ouvert 19 ans! De surcroît, il doit attendre deux ses archives. ans à Hong Kong, l’ouverture des frontières de la Chine, mise à mal par les guerres de En novembre 1862, Aimé Humbert est l’opium, que les Anglais, puis les Français, envoyé au Japon en qualité de ministre auront menées, convoitant les richesses de plénipotentiaire de la Confédération. Secré- l’Empire du milieu. En 1859, Pierre-Frédé- taire du nouveau gouvernement provi- ric Loup, qui a aussi fait son apprentissage soire neuchâtelois, membre de l’assemblée d’horloger chez les Vaucher, rejoint Eugène constituante, il a été conseiller d’Etat puis Borel. «Les deux hommes, qui affrontent conseiller aux Etats c’est un homme impor- désormais les difficultés du quotidien en tant, auquel il est confié la mission de signer, terre étrangère, se lieront d’amitié avant au nom de la Suisse, un traité de commerce. de devenir beaux-frères, dix ans plus tard», Durant son voyage, il sera accueilli à Shan- écrivent Estelle Niklès van Osselt et Chris- ghai par Eugène Borel. «Oui, mon arrière- tiane Perregaux à l’occasion de l’exposition grand-père l’a reçu, et fort bien, puisqu’Aimé du Musée Baur «L’aventure chinoise – une Humbert va écrire au père d’Eugène pour famille suisse à la conquête du Céleste le féliciter de la réception dont l’a honoré empire». Christiane Perregaux, devant la ferme de Vauroux, qui fut au cœur d’un commerce son fils!», explique Christiane Perregaux, Cependant, s’il est prévu contractuellement florissant. Photo: Jacques Laurent née Loup. Cette ancienne professeure en qu’Eugène Borel doit dix ans durant, «tra- sciences de l’éducation habite Vauroux, au- vailler de toutes ses forces à procurer et à Un commerce éclectique deront d’y vivre. «En fait, la femme d’Eu- dessus de Bevaix. Un site enchanteur, mais augmenter la prospérité de l’établissement», Sauvé des émeutes par ses boys chinois, gène, Laure-Cécile, née Loup, y a sûrement un peu perdu… Vauroux, une propriété ce dernier fait faillite. Eugène Borel va ten- Eugène Borel, malade, rentre en Suisse et encore séjourné quelques années ; peut-être qui sera au cœur d’échanges commerciaux ter de se maintenir dans les affaires, mais achète le domaine de Vauroux en 1871: «Je n’avons-nous pas trié toutes les archives de intenses entre la Suisse et la Chine. les massacres de Tianjin, où il s’est installé, pars de l’hypothèse qu’il voulait faire un la famille», s’amuse Christiane Perregaux, l’empêcheront de vendre des chalets suisses retour à la nature», pense Christiane Perre- devant la table, couverte de documents Les tribulations d’un Suisse en Chine aux Chinois – il construira un chalet-témoin gaux, «mais il ne se rend pas compte que d’époque. (Pour en savoir plus: «L’aventure Mais commençons par le commencement. sur place –, ou des vers à soie en France, l’agriculture, ce n’est pas si facile que ça». chinoise – une famille suisse à la conquête Eugène Borel, né à Neuchâtel en 1838, fait alors qu’un parasite décime les magnaneries Qu’importe, puisque Pierre-Frédéric Loup du Céleste empire», d’Estelle Niklès van un apprentissage d’horloger-négociant au de l’Hexagone. qui, lui, est resté à Tianjin et a ouvert une Osselt et Christiane Perregaux, Fondation société de commerce, a besoin d’un expert Baur, Genève, 2017). Jacques Laurent de l’import-export en Suisse. Vauroux devient alors une véritable plaque tour- nante commerciale, dont l’éclectisme se révèle à la lecture des coupons d’assurance des risques de transport: on exporte des pièces d’horlogerie bien sûr, mais aussi des boîtes à musique, de l’outillage, de la bijou- terie, de la coutellerie, des calorifères, de la parfumerie, des «fusils à vent», ou encore de la charcuterie, du fromage, des vins, du cognac, de l’«eau de cerise», etc. Au retour, OUVERT on importe des «curios» chinois, très en vogue à cette époque. Les Caves de la Béroche restent à votre Vauroux restera jusqu’à la mort d’Eugène disposition pour vos achats de vin de qualité et vous proposent leur service de livraison Borel en 1887, l’épicentre d’un commerce franco domicile. florissant: la marchandise s’entasse dans la ferme du domaine, transformée en entrepôt, Contactez-nous tout simplement par avant de rejoindre la gare de Bevaix, dans téléphone au 032 835 11 89 ou par mail [email protected] un sens pour la Chine, dans l’autre pour l’Europe. Vauroux ne sera ensuite «plus À gauche, Eugène Borel, par Jules Decreuze (1880). Photo: Denis Pellaux qu’une résidence d’été» jusqu’en octobre À droite, Pierre-Frédéric Loup (1873). Photo: collection privée 1998, date à laquelle les Perregaux déci-

é 41 32 83 28 47 ertschertiturech 8 LITTORAL RÉGION I N° 4678 17 AVRIL 2020

VAUMARCUS Le Camp occupé par l’armée Fermé depuis le 16 mars, en applica- et les militaires ne peuvent pas rejoindre tion des directives fédérales découlant leur famille pendant leurs moments de loi- de la crise sanitaire actuelle, le Camp a sirs. Heureusement que les riches équipe- été rouvert le 22 mars pour accueillir la ments sportifs du Camp leur permettent de Compagnie Hôpital 1 du bataillon hôpi- maintenir leur forme physique. tal 2, ses 130 militaires ont pour mission de prêter main forte aux hôpitaux neu- Plus d’un siècle d’hébergement châtelois débordés. Douze fantassins de Les premiers bâtiments construits sur ce la Compagnie d’Infanterie 1 assurent la site étaient destinés à abriter des réfugiés sécurité du site. pendant la Première Guerre mondiale. En 1919, ces baraquements furent rache- Ces hommes et femmes constituent ainsi tés par les Unions chrétiennes de Jeunes une équipe de 54 militaires qui assurent un Gens (UCJG/YMCA) pour y former tournus en deux fois 12 heures au profit du leurs cadres. Il devint ensuite un lieu de Réseau hospitalier neuchâtelois (RHNe – rencontres œcuméniques et s’ouvrit aux La Chaux-de-Fonds et Pourtalès) autres groupes avant de devenir un site Le reste des soldats qui occupent les lieux d’hébergement et de rencontres pouvant constituent une réserve pour de futures accueillir aussi bien des mariages que des missions ou sont astreints à des fonctions séminaires ou une école pour sa semaine de commandement, de logistique et de verte. sécurité (le périmètre est gardé jour et nuit). Le directeur du Camp, Damien Vuilliome- L’armée a finalement décidé de mobiliser net, est heureux de voir le site contribuer sa propre équipe de cuisine plutôt que à la lutte qui nous occupe tous mais se de faire appel à la protection civile locale réjouit également de retrouver ses visiteurs pour minimiser le nombre de contacts. habituels. Toute la compagnie est confinée au Camp Jean Panès Le périmètre du camp est bouclé. Photo: PAL

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