Dragan Bunic et Jean Fehlbaum

Dix raisons pour la fusion de la Béroche et de

1. Les problèmes liés au recrutement des candidats pour le législatif et l’exécutif communaux

Ces dernières années certaines communes, non seulement celles ayant moins de 300 habitants, (, et ), mais aussi celle de (~2'000 habitants), avaient beaucoup de difficultés pour trouver des candidats pour les autorités communales.

Durant la législature 2012-2016, le conseil communal de Fresens a fonctionné 3 ans à 3 ; celui de Montalchez a fonctionné pendant toute cette législature à 3 (après les élections 2016, la situation ne s’est pas améliorée et il continue à fonctionner à 3, ce qui l’expose au risque de tomber sous la tutelle du Conseil d’Etat comme celle de Brot-Dessous avant la fusion avec Rochefort. À Gorgier, même après cinq tentatives d’élections en vue de compléter son conseil général, il est resté des postes vacants jusqu’aux nouvelles élections de 2016.

La Grande Béroche, avec environ 9'000 habitants, et avec de bonnes perspectives d’accroître assez rapidement le nombre d’habitants, n’aurait pas un tel problème. On passerait de 138 à 41 conseillers généraux. Etant donné l’internalisation de plusieurs syndicats intercommunaux, les élus pourront davantage se consacrer aux activités des différentes commissions élues ou nommées par le Conseil Général ou par le Conseil Communal. On passerait de 30 à 5 conseillers communaux qui seront semi- professionnels, avec un taux d’activité de 50%, ce qui leur permettra une meilleure maîtrise des dossiers et leur laissera plus de temps pour être à l’écoute des citoyens, des employés communaux et des autres instances (partenaires, services de l’Etat, services régionaux et autres). Et ils ne coûteront pas plus à la collectivité que les 30 Conseillers Communaux actuels.

2. Un organe de révision au lieu de huit

Le Grand Conseil a adopté, en 2014, une « Loi sur les finances de l’Etat et des communes (LFinEC) » ainsi qu’un « Règlement général d'exécution de la loi sur les finances de l'Etat et des Communes (RLFinEC) », qui sont entrés en vigueur le 1er janvier 2015. Les communes et syndicats intercommunaux doivent les appliquer et adopter la présentation du budget et des comptes selon la norme fédérale MCH2, au plus tard en 2017, donc l’année prochaine.

Depuis 2017, non seulement les 6 communes, mais aussi les syndicats intercommunaux devront appliquer cette loi et ce règlement qui prévoient, en plus de la nomination d’un organe de révision qui doit être agréé en qualité d’expert- réviseur par l’autorité fédérale de surveillances et agir au sens des articles 728ss CO, mais aussi bien d’autres tâches :  l’adoption d’un « plan financier et des tâches » (PFT) qui sert à gérer à moyen terme les finances et les prestations ou un « programme de législature » ;  l’obligation de faire un tableau des provisions, un tableau des participations (en capital social dans certaines collectivités, organisations…), un tableau des garanties, un tableau des immobilisations, de réserves ;  le respect des principes de présentation des comptes (produit brut, comptabilité d’exercice, continuité, importance, clarté, fiabilité, comparabilité, permanence), établissement du bilan, (dépenses d'investissement, comptes de régularisation, évaluation des capitaux de tiers et du patrimoine financier), consolidation, tenue de la comptabilité et ses principes généraux (exhaustivité, véracité, ponctualité, traçabilité, placement du patrimoine financier, statistique financière), etc.

Toutes ces obligations impliquent un coût lié à l’engagement des organes de révision ainsi que d’un ou plusieurs spécialistes des finances publiques pour chaque commune et chaque syndicat intercommunal.

La Grande Béroche n’aura qu’un seule organe de révision et aura des capacités financières suffisantes pour engager ou former un ou plusieurs spécialistes des finances publiques.

3. Capacité humaines et financière suffisantes pour réaliser un projet d’envergure et assurer un service à domicile

La fusion de communes pourrait être comparée à une cordée d’alpinistes. Lorsque celle-ci grimpe, un alpiniste ouvre l’ascension sur quelques dizaines de mètres, plante les ancrages en y ajustant la corde et ensuite laisse passer un autre membre de cordée et ainsi de suite. Ainsi, ils montent ensemble, en équipe, au sommet.

Capacité humaines et financière suffisantes :

Lors de la fusion, les communes réunissent leur personnel et leur biens, ont l’occasion d’avoir les candidats de qualité pour leur législatif, peuvent professionnaliser leur exécutif et développer d’autres projets qu’aucune des communes actuelles ne pourrait jamais mener seule. Ainsi, la commune issue de la fusion est non seulement à même d’améliorer les prestations envers la population mais aussi d’accroître son potentiel fiscal et pouvoir faire des investissements autrement insupportables, c’est à dire réaliser un projet d’envergure (construire un stade de football, une maison pour la jeunesse ou pour les sociétés locales, un bâtiment administratif, etc.).

Service à domicile :

La nouvelle commune doit être au service de tous les citoyens. Un attention particulière doit être consacrée aux personnes à mobilité réduite (malades, invalides, personnes âgées).

Certaines administrations des nos six communes pratiquent déjà un service à domicile en faveur de ces personnes. La Grande Béroche l’étendra à tous nos villages et le renforcera afin qu’il devienne plus efficace. A cette fin, l’administration de la nouvelle commune aura un numéro de téléphone dédié.

Comment cela pourrait-il fonctionner ? Prenons en un exemple. Mme X, du village Y, téléphone en disant qu’elle a un problème. Si elle arrive le préciser au téléphone, l’employé/e communal/e prendra note de cette conversation et la remettra au conseiller/ère communal/le en charge du dicastère concerné. Il/elle étudiera le cas et lui fournira une réponse.

Si Mme X n’arrive pas donner suffisamment de précisions par téléphone, l’employé/e se déplacera à son domicile, regardera les éléments ou documents concernant le problème en question et les transmettra, avec un rapport, au conseiller/ère communal/le en charge. Il/elle étudiera le cas et lui fournira une réponse.

Si pour résoudre ce problème Mme X a besoin de se déplacer, par exemple au guichet social, à Colombier, au Tribunal régional de ou ailleurs, on l’aidera. Elle sera emmenée par le véhicule communal jusqu’à l’endroit où elle pourrait prendre le transport public et si cela n’est pas possible une association de bénévoles pourra être sollicitée pour cela, ou, s’il n’y a pas d’autre solution, l’employé/e communal/e l’emmènera à la destination où elle doit se rendre.

4. Un poids politique face à l'Etat ou à d'autres collectivités publiques et privées

Par le biais de la péréquation l’Etat favorisera désormais les communes ayant 10'000 citoyens et plus. Le nouveau système reconnaît aussi le rôle moteur que jouent désormais les communes de plus de 10'000 habitants dans leur région. Le mécanisme contient ainsi une incitation au regroupement des forces communales et prépare la sortie du dispositif actuel de soutien aux fusions de communes.

A part cela, la tâche des communes de moins de 10'000 habitants deviendra toujours plus difficile lors des différents contacts ou négociations avec l’Etat, avec d’autres communes et collectivités publiques ainsi qu’avec les collectivités privées (sociétés, fondations et autres).

La Grande Béroche, qui devrait atteindre assez rapidement la taille critique de 10'000 habitants sera mieux écoutée dans le cadre de tous ces différents contacts, ces négociations et ces développements de projets avec les différentes collectivités publiques et privées.

5. Les citoyens gardent leur origine et peuvent s’organiser en une assemblée villageoise

Les citoyens des anciennes communes restent nécessairement attachés à celles-ci et après la fusion. La législation cantonale et la volonté politique assurent ces liens avec l’ancienne commune de naissance ou de domicile et après la fusion.

Au niveau administratif, un lien d’origine assure la continuité entre les citoyens et leurs lieux de naissance. Au niveau politique, les citoyens des anciennes communes peuvent aussi exprimer leur attachement à leurs villages de domicile par une participation active à l’assemblée villageoise et ainsi empêcher d’éventuels oublis de la part des autorités communales de la commune fusionnée vis-à-vis de leurs villages.

Origines :

Après la modification de la Loi sur le droit de cité neuchâtelois (LCDN), adoptée par le Grand Conseil le 4 septembre 2012, en cas d’une fusion de communes il sera possible de garder son lieu d’origine. Ainsi après la fusion des 6 communes actuelles dans La Grande Béroche, les personnes nées à Bevaix, Fresens, Gorgier, Montalchez, Saint-Aubin-Sauges et Vaumarcus garderont leur lieu d’origine, à savoir La Grande Béroche + Bevaix, Fresens, Gorgier, Montalchez, Saint-Aubin-Sauges ou Vaumarcus.

Assemblées villageoises :

Pour ne pas perdre complètement les liens avec les anciennes communes devenus les « villages » de La Grande Béroche, leurs citoyens ont la possibilité de s’organiser en assemblés villageoises qui regroupent tous les citoyens sans restriction, qu’ils aient le droit de vote ou non. Ainsi la fusion des communes de la Béroche et de Bevaix ne met pas fin à la vie politique villageoise. Au contraire ! Elle sera renforcée.

L’exemple du Grand Lugano, où les anciennes communes étaient déclarées [les] « quartiers », ce qui dans notre cas correspond aux « villages » s’est montré très positif. Les citoyens des anciennes communes se sont organisés au sein des « Commissions de quartier », qui sont coordonnées par un dicastère de l’exécutif communal. Depuis la 1ère fusion (2004, les 2 autres ont au lieu en 2008 et 2013, cf. http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/infothek/nomenklaturen/blank/blank/gem_li ste/05.html), cette organisation contribue à un dialogue fructueux des citoyens avec les autorités communales et à développement équilibré des quartiers.

La nouvelle commune de La grand Béroche, mettra à disposition des assemblées villageoises une entité de soutien (commission permanente, élue par le conseil général, ou autre) qui cordonne les activités de ces assemblées et présente leurs avis et propositions aux autorités communales. Néanmoins, rien n’empêchera ces assemblées de saisir directement ces autorités (conseil général et conseil communal ainsi que leurs différentes commissions). Enfin, pour assurer le fonctionnement des assemblées villageoises, les autorités communales leur accorderont un budget annuel ainsi que des locaux où elles siègeront.

6. L’aménagement du territoire

Jusqu’à présent, l’aménagement du territoire était un des domaines de l’autonomie communale proprement dit. Désormais ce domaine échappera partiellement aux communes. En effet, au lieu des plans d’aménagements communaux, ce seront désormais les plans d’aménagement régionaux (PAR) qui seront finalisés par des regroupements de communes définis selon des critères établis par l’Etat.

Les processus de fusion de communes visant un regroupement selon un espace fonctionnel sont à encourager. Les processus de fusion de communes sont à mettre en œuvre de manière à ce que les entités à créer disposent d'une taille leur permettant d'accomplir de façon optimale et spécialisée les tâches qui leur sont confiées, et de dégager des ressources financières en suffisance (cf. http://www.ne.ch/autorites/DDTE/SCAT/Pages/Plans-directeurs-r%C3%A9gionaux.aspx.).

Dans la commune de La Grande Béroche, ces plans d’aménagement adoptés au niveau régional et cantonal (PAR) seront en principe finalisés avant l’entrée en vigueur de la fusion. Sitôt la fusion votée, une commission ad hoc sera créée afin de mettre sur pied un plan d’aménagement local (PAL) en le coordonnant avec les PAR existants. La nouvelle commune sera à même d’harmoniser l’urbanisme, d’adopter des plans de développement à l’échelle régionale, des projets d’aménagement du Littoral, en sauvegardant et en respectant le paysage.

7. Transport public

Jusqu’à présent, les négociations des communes de la région Béroche-Bevaix avec les CFF et les TransN (transport public neuchâtelois) n’ont pas eu beaucoup de succès. Sur ce plan, nos communes ayant de 200 à 300 habitants et même celle en ayant presque 4’000 sont trop petites et ne sont pas entendues.

La Grande Béroche, avec ses 9'000 habitants et la possibilité d’accroitre assez rapidement la population au-delà de 10'000, aura un poids démographique plus important qui lui permettra d’être mieux entendue par les instances fédérales et cantonales et des compagnies de transport. Par rapport aux 6 communes actuelles, La Grande Béroche aura les capacités lui permettant de favoriser les transports publics non seulement au sein de cette commune mais aussi à l’extérieur de celle-ci. Cela rendra service aux personnes âgées qui se déplacent chez le médecin ou ailleurs, aux écoliers et à tous les citoyens. La Grande Béroche mettra tout en œuvre pour améliorer la desserte des différents villages en termes de cadences et de temps de trajet. Son poids démographique plus important lui permettra d’être mieux entendue par les instances fédérales et cantonales et les compagnies de transport. La nouvelle commune fusionnée favorisera les transports publics non seulement pour des raisons écologiques, mais aussi pour des raisons pratiques et de qualité de vie. Elle veillera particulièrement à ce que les déplacements en transports publics vers les administrations communales, le centre médical de Bevaix et les écoles soient efficients. Différentes possibilités s’offrent à elle comme des tarifs préférentiels vers ces destinations, la gratuité ou encore un service de desserte interne.

8. Structures extra-familiales

Si l’on veut rapidement accroitre le nombre de citoyens au-delà de 10'000, il faut assurer assez de places dans les structures parascolaires. Nous avons vu dans le cas de la commune de Vaumarcus au début des années 2000, que malgré un coefficient fiscal très attractif à ce moment-là, le plus bas dans le canton de Neuchâtel, il était très difficile d’attirer les gens à venir y habiter car ces structures lui manquaient.

La nouvelle commune fusionnée maintiendra les structures extra-familiales (pré- et parascolaires) dans les villages et le plus proche possible des écoles. Un comité de coordination sera créé de manière à assurer partout des tarifs identiques et des prestations similaires. Un accueil pendant les vacances pourra être envisagé.

9. Economie

La viticulture, l’agriculture et ses petites et moyennes entreprises sont des piliers de l’économie régionale de Béroche - Bevaix. Les deux premières sont en crise. Environ 1000 domaines agricoles disparaissent chaque année, ce qui décime l’agriculture familiale de proximité et augmente le nombre des demandeurs d’assistance sociale…

Dans le cadre de sa politique agricole 2014-2017, le Conseil fédéral s'était engagé à allouer autant qu'auparavant à l'agriculture tout en exigeant de nouvelles prestations. Mais celui-ci a annoncé récemment des économies tant au budget 2016 que pour la période 2018-2021.

S’agissant de la région Béroche-Bevaix, une petite commune de moins de 300 habitants et même celle près de 4’000 habitants ne sont pas à même de se battre contre ce phénomène, alors que celles comptant entre 9’000-10'000 habitants auront de meilleurs leviers d’action. La commune de La grande Béroche fera tout pour aider les domaines agricoles familiaux de proximité à participer au développement du tourisme régional, ou en proposant des solutions au niveau cantonal (par exemple saisir le Grand Conseil ou lui proposer de saisir à son tour l’Assemblée fédérale).

Les petites et moyennes entreprises nécessitent aussi une attention particulière de la nouvelle commune. La grande Béroche fera des efforts pour créer des conditions pour l’implantation de nouvelles petites et moyennes entreprises.

Le tourisme est un domaine où les communes actuelles collaborent déjà. Leur fruit réside en création d’un « Mini musée de la pêche », Môle des Garçons, à Bevaix, en 2015, et ouvre la porte à création de 2 cheminement touristiques, qui auront plusieurs points dans chacune de nos villages, à savoir :  Le 1er cheminement longeant le bord du lac. Son point de départ est le « Mini musée de la pêche », à Bevaix, et il passera par les villages de Chez-le-Bart, Saint-Aubin, Sauges et Vaumarcus.  Le 2ème cheminement aura le point de départ la gare de Bevaix. Ce cheminement pourrait se terminer à une autre gare (Vaumarcus) mais il passera par les villages de Gorgier, Montalchez, Fresens et Vernéaz. Dans la riche collection d’objets des Amis du Musée de la Béroche et des environs, les villages de la Béroche et de Bevaix pourront choisir des objets et les exposer dans les points fixés par le cheminement (par exemple, un char à ridelles, une fouleuse, un alambic, tonneau et hérisson, une machine à scier, une motopompe ou autre).  Durant les semaines d’été, les sociétés locales, les restaurateurs, les commerçants et autres seront associés aux cheminements. Dans 2-3 points de nos villages, ils pourraient jouer une pièce de théâtre ou chanter et leurs prestations seront accompagnées par des offres de boissons, de nourriture et autres produits. Ainsi les touristes pourraient prendre un petit déjeuner au Plan- Jacot, écouter la musique chorale à Montalchez, à Fresens ou à Vaumarcus, prendre l’apéro aux caves de Keller, à Vaumarcus, ou à aux caves de la Béroche, à Saint-Aubin, et dîner ou souper au point prévu pour cela à Sauges, à Saint-Aubin, à Gorgier ou à Bevaix. Le cheminement pourrait changer périodiquement entre le point de départ de Bevaix jusqu’à Vaumarcus et vice- versa.

10. Utilisation de l’aide de fusion

Le COPIL propose qu’une grande partie de la somme de ~6.2 millions d’aide à la fusion, à savoir 5 millions, soient consacrés à la qualité de vie par la réalisation d’un ou plusieurs projets fédérateurs. Cette attribution figure dans la Convention de fusion et revêt donc un caractère impératif pour les nouvelles autorités.

En cas de refus de la fusion par une ou plusieurs de 6 communes de la Béroche et de Bevaix, notre région n’aura plus jamais l’occasion d’obtenir une telle somme et réaliser un projet d’envergure.

Dans la Convention de fusion, COPIL a fait une liste des 10 projets envisageables, en laissant le choix aux nouvelles autorités de la commune fusionnée. En respectant la manière de travailler du COPIL, qui a permis une participation active des citoyens aux travaux des groupes de travail thématiques, les autorités de la nouvelle commune devraient laisser aux citoyens décider quel(s) projet(s) devrai(en)t se réaliser.