Université de FIANARANTSOA Ecole Normale Supérieure

MEMOIRE EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLOME D’ ETUDES SUPERIEURES SPECIALISEES EN EDUCATION ET FORMATION D’ ADULLTES (DESS/EFA)

« EMPOWERMENT DE LA FEMME » Commune Rurale d’ District d’

Présenté par

RRAVELOARISOAAVELOARISOA Noro Lalao

Sous l’encadrement du Professeur RAZANADRAKOTO Lucien

Année universitaire 2010 - 2011

Mai 2012

REMERCIEMENTS

A l’issue des études en vue de l’obtention du Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées en Education et Formation d4 Adultes, chaque étudiant est appelé à soutenir un mémoire de fin de formation.

En premier lieu, je rends grâce à Dieu pour m’avoir aidée durant mes études et l’élaboration du présent mémoire.

J’adresse aussi mes vifs et sincères remerciements à tous les professeurs qui nous ont transmis leurs savoir et expériences en matière de formation et développement.

Je tiens également à présenter mes vifs remerciements au Professeur RAZANADRAKOTO Lucien pour m’avoir encadrée durant l’élaboration du présent mémoire.

Je n’oublie pas aussi ma famille et tous ceux qui m’ont soutenue.

Pour terminer, veuillez agréer, Honorables jury, l’expression de mes meilleures considérations.

SOMMAIRE

INTRODUCTION ………………………………………………………………………………… 1 HYPOTHESES………………………………………………………………………………………………………………………. 2 METHODES DE RECHERCHE UTILISEES POUR REPONDRE A LA QUESTION………………………….. 3

I. GENERALITES SUR L’APPROCHE GENRE ET DEVELOPPEMENT ………… 5 1.1. HISTORIQUE DU GENRE AU NIVEAU INTERNATIONAL………………………………………………….. 5 1.2. HISTORIQUE DU GENRE AU NIVEAU NATIONAL……………..………………………………………...... 10 1.3. REALISATIONS DE L’ETAT EN MATIERE DE GENRE………….…………………………………………… 11 1.3.1. Protection de la femme …………………………..………………………………………………………….. 11 1.3.2. Prévention – sanction – violence………………………………………………………………………….. 12 1.3.3. Textes législatifs et réglementaires sur la violence faite aux femmes ………………….. 13 1.3.4. Autonomisation des femmes……………………………………………………………………………….. 14 1.4. CONCEPT GENRE…….…………………………………………………………………………………………………… 15

II. APERÇU DU CONTEXTE SOCIO-ECONOMIQUE, POLITIQUE…………….. 24 ET CULTUREL DE LA COMMUNE RURALE D’AMBOANANA 2.1. SITUATION GEOGRAPHIQUE……….………………………………………………………………………………. 24 2.2. ACCES AUX INFRASTRUCTURES…..………………………………………………………………………………. 24 2.3. DEMOGRAPHIE…………………………….……………………………………………………………………………… 25 2.4. CARACTERISTIQUES SOCIO-DEMOGRAPHIQUES DE LA COMMUNE ……………………..…….. 26 RURALE D’AMBOANANA…………………………………………………………………………………………….. 2.5. ECONOMIE……………….…………………………………………………………………………………………………. 27 2.5.1. Principales activités……………………………………………………………………………………………….. 27 2.5.2. Agriculture…………………………………………………………………………………………………………….. 29 2.5.3. Elevage………………………………………………………………………………………………………………….. 31 2.5.4. Accès au crédit………………………………………………………………………………………………………. 32 2.6. SANTE…………………………………………………………………………………………………………………………. 34 2.7. PROBLEMATIQUES LIES AU GENRE……………………………………………………………………………… 35 2.7.1. Genre, droits, us et coutumes……………………………………………………………………………….. 36 2.7.2. Droits humains………………………………………………………………………………………………………. 37 2.7.3. Prise de décision……………………………………………………………………………………………………. 40 2.7.4. Violence à l’égard des femmes………………………..……………………………………………………. 41 2.8. INFORMATION, EDUCATION, FORMATION ………………………………………………………………… 41 2.9.1. Accès à l’information……………………………………………………………………………………………… 41 2.9.2. Education et formation………………………………………………………………………………………….. 42 2.9. FEMME ET VIECOMMUNAUTAIRE ET POLITIQUE ……………………………………………………….. 44 2.10. REALISATIONS DE LA COMMUNE RURALE D’AMBOANANA….…………………………………… 46

III ANALYSE DES RESULTATS DE LA RECHERCHE 47 3.1. POIDS DES US ET COUTUMES ……………………………………………………………………… 48 3.2. ACCES A L’INFORMATION, L’EDUCATION ET LA FORMATION ….………………………………… 49 3.2.1. Faiblesse de l’ accès à l’information ……………………………………………………………………… 49 3.2.2. Faiblesse de l’ accès à l’information et l’éducation ………………………………………………. 50 3.3. POLITIQUE DE DEVELOPPEMENT …………………………………………………………………….. 52 3.4. INEGALITES D’ACCES AUX RESSOURCES ……………………………………………………………………. 52 3.5. ACCES AU CREDIT ……………………………………………………………………. 53 IV AXES STRATEGIQUES D’INTERVENTION 54 4.1. APPLICATION DES LOIS ET VULGARISATION DES TEXTES DE LOIS ………………………………. 55 4.2. INFORMATION, EDUCATION ET FORMATION………………………………………………………………. 56 …4.2.1. Information…………………………………………………………………………………………………….……… 56 …4.2.2. Education et formation………………………………………………………………………………………….. 57 4.3. UTILISATION DE L’INGENIERIE DE FORMATION …………………………………………………………… 60 4.4. AUTONOMISATION DES FEMMES..………………………………………………………………………………. 63 4.4.1. Allègement des tâches des femmes ………………………………………………………………………. 63 4.4.2. Accès au crédit …….……………………………………………………………………………………… ;…….. 63 4.5. AUTRES APPROCHES TECHNIQUES..…………………………………………………………………………….. 65 4.5.1. Participation, vision, partenariat……..…………………………………………………………………….. 65 4.5.2. Techniques d’animation de groupe…..……………………………………………………………………. 66 4.5.3. Utilisations des nouvelles technologies de l’information……………………………………….. 69 4.5.4. Tensions à surmonter….…………………………………………………………………………………….…… 69 4.6. STRATEGIE DE LEADERSHIP ET DE PLAIDOYER…………..……………………………………………….. 70 4.7. MISE EN PLACE D’UN SYSTEME D’EVALUATION………….……………………………………………….. 73 4.8. SUGGESTIONS A L’ENDROIT DES AUTORITES LOCALES………………………………………………… 75 4.9. INTEGRATION DE L’APPROCHE GENRE…………….…………………………………………………………… 76 4.10. GESTION DE LA NATURE ETGENRE ……………………………………………………………….…………… 77

CONCLUSION………..…………………………………………………………………………. 79

ANNEXES Fiche d’enquête Bibliographie et webiographie

LISTE DES ACRONYMES

AGR : Activité Génératrice de revenu

CECAM : Caisse d’Epargne et de Crédit Agricole de

CEDEF : Convention sur l’Elimination de toutes les formes de Discrimination à l’Egard des Femmes

CECJ : Centre d’Ecoute et de Conseil Juridique

EED : Education En Développement

EPM : Enquêtes Périodiques auprès des Ménages

FED : Femme et Développement

FID : Fonds International pour le Développment

GED : Genre et Dév eloppmeent

IFD : Intégration de la Femme dns le Développement

IMF : Institution de microfinance

ONG : Organisation Non Gouvernementale

ONU : Organisation des Nations Unies

OTIV : Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola ou Epargne pour la microfinance

PANAGED : Plan d’Action National Genre et Développement

PNPF : Politique Nationale pour la Promotion de la Femme

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

PCD : Plan Communal de Développement

PROSPERER :PROgramme de Soutien aux Pôles de microEntreprises Rurales et aux Economies Régionales

PSDR : Programme Sectoriel pour le Dévelopment Rural

UNFPA : United Nations Fund for Population

VMLF : Vondrona Miralenta sy Fampandrosoana ou Réseau des Femmes Genre et Dévelopement

INTRODUCTION

« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana

INTRODUCTION

A Madagascar, d’après l’Enquête Périodique auprès des Ménages ou EPM de 2010, la population rurale représente 79,70% de la population totale, dont 50,50% sont des femmes. Le rapport de masculinité est de 98%, défini comme étant le nombre d’hommes pour 100 femmes. La femme joue un rôle primordial au sein de la famille en ce qui concerne principalement la gestion et la survie de la famille. A première vue, dans la Commune Rurale d’Amboanana, les femmes passent la majorité de leur temps à s’occuper des travaux domestiques au sein du foyer. Ces tâches consistent principalement à préparer les repas, à piler le riz, à chercher l’eau et le bois de chauffe, à s’occuper des enfants ainsi que de leur éducation, à nettoyer, à laver le linge, à repasser et à s’occuper du jardin potager et du petit élevage. Elles sont aidées par les enfants en particulier les filles. Bien que les femmes s’activent, il se dégage une impression d’un manque d’émancipation.

Beaucoup d’efforts ont été consentis par l’Etat en adhérant aux textes et conventions internationaux relatifs à la protection des droits de l’homme en particulier ceux de la femme. Par ailleurs, l’Etat a essayé de mettre en œuvre la politique et le plan d’action national relatifs à la promotion de la femme. Des résultats sont palpables, nous assistons actuellement à une augmentation du nombre de femmes ministres au sein du gouvernement ainsi qu’au sein d’autres institutions comme le Conseil de la Transition ou le Conseil Spécial de la Transition. Les instances au niveau rural n’ont pas encore suivi cette tendance, d’où l’objet de la présente étude sur l’empowerment de la femme pour un développement rural durable. Comment donner à la femme ce pouvoir qui lui permettrait de participer pleinement au processus de développement de sa famille, de sa communauté et du pays?

En termes d’éducation, le taux d’analphabétisme est élevé car plus de 60% des femmes en milieu rural sont analphabètes. Par ailleurs, les petites filles abandonnent très tôt l’école, n’arrivant pas à terminer l’école primaire.

En outre, les femmes participent très peu au développement de la communauté bien qu’elles sont membres à part entière de cette communauté.

Or, d’après les écrits de Monsieur Ban ki-Moon, Secrétaire Général des Nations Unies, il faudrait appuyer l’éducation des femmes et des filles car elles représentent un moteur essentiel pour le développement.

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« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana

Aussi, des recherches ont été effectuées au niveau du Fokontany d’ afin de déterminer la situation réelle de la femme qui prévaut au sein de cette communauté. La finalité est d’apporter notre contribution par le biais de quelques suggestions en vue d’accorder le pouvoir à la femme afin qu’elle puisse agir dont la finalité est l’empowerment de la femme.

Nous avons évoqué quelques hypothèses dont le principal a été formulé comme suit :

Il se peut que les femmes de la communauté manquent de connaissances et ne peuvent pas se développer tant au sein de la famille que de la communauté.

Selon les écrits, il est dit que ceux qui détiennent l’information détiennent le pouvoir. Le mot pouvoir est traduit par le mot « power » en anglais. D’où le mot empowerment de la femme qui consiste à mettre entre les mains des femmes le pouvoir afin que la femme puisse se développer, développer sa famille, contribuer au développement de la communauté et du pays. Ce pouvoir la rend autonome dans les prises de décision et dans les activités intra et extrafamiliales et ce, toujours en harmonisation avec l’homme.

L’ensemble nous amène à poser la question suivante, qu’il nous appartient de vérifier au cours de l’étude :

-La situation socio-économique et culturelle des femmes présente-t-elle des obstacles à l’empowerment de la femme ?

Pour mieux appréhender la situation des femmes, en termes d’inégalité de genre, de la Commune Rurale d’Amboanana, les hypothèses suivantes ont été émises :

Hypothèse 1

Il se peut que la population en particulier la femme ignore les principaux droits comme le droit à l’information, le droit au travail, le droit à l’éducation, le droit foncier, le droit à l’héritage, le droit aux biens et immobiliers lors de la séparation, le droit au loisir ou bien les droits liés à la politique. Droits qui leur permettent de s’émanciper. Il se peut que les femmes sont soumises aux règles définies par les us et coutumes et que la notion de genre est encore méconnue.

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« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana

Hypothèse 2

Il se peut que les femmes n’ont pas accès à l’information, à la formation et à l’éducation.

Hypothèse 3

Il se peut que les femmes ne participent pas suffisamment à la vie communautaire et politique.

Hypothèse 4

Il se peut que les femmes n’ont pas accès aux ressources et aux crédits.

METHODES DE RECHERCHE UTILISEES POUR REPONDRE AUX HYPOTHESES

Les matériels et méthodes utilisés pour la recherche et la rédaction de l’étude sont les suivants : recherches documentaires, collectes de données, groupes de discussion dirigée, interviews et observations.

Une fiche d’enquête a été élaborée portant sur les principales rubriques suivantes :

- Généralités sur la personne

- Ressources de la Commune/Fokontany

- Planification familiale

- Femmes Rurales, Genre et droits, us et coutume

- Femmes Rurales et information, formation et éducation

- Femmes Rurales et vie communautaire et politique

- Femmes Rurales et autonomisation

- Propositions et suggestions.

La fiche technique détaillée est jointe en annexe.

60 personnes, âgées entre 25 et 45 ans, ont été enquêtées dont 40 femmes et 20 hommes. Elles sont issues du chef lieu de la Commune Rurale d’Amboanana et des villages environnants.

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« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana

Les personnes ont été interviewées individuellement ou en groupe. Ces personnes, composées d’hommes et de femmes, appartiennent aux catégories de paysans, de commerçants, de grossistes, de jeunes, d’étudiants, des membres de l’Association de femmes, des membres des groupements religieux ainsi que des autorités locales et des fonctionnaires de la Commune.

Par ailleurs, des rencontres ont été planifiées à l’endroit des autorités locales dont le Maire, le Trésorier et le Secrétaire de la Commune, le Directeur du Collège d’Enseignement Général, le Directeur de l’Ecole Primaire Publique, le Responsable du Centre de Santé de Base II et le Responsable du Centre d’Epargne et de Crédit Agricole de Madagascar dénommé CECAM.

Des recherches documentaires ont été faites concernant la monographie de la commune et les principales réalisations de la commune ainsi que les actions des principaux intervenants en développement du genre au niveau local et national.

L’objectif général de cette étude est de contribuer à l’empowerment de la femme afin qu’elle puisse participer à part entière au processus de développement au sein de la famille, de la communauté et du pays.

Pour ce faire, deux objectifs spécifiques sont définis à savoir :

• Identifier et analyser les problèmes liés à l’inégalité de genre des femmes de la Commune Rurale d’Amboanana ;

• Déterminer les solutions appropriées afin d’atteindre leur empowerment pour un développement durable et équitable.

La présente étude est structurée comme suit :

En premier lieu nous parlerons de l’historique du genre sur le plan international et national ainsi que du concept genre proprement dit.

Ensuite, nous essayerons de déterminer le contexte socio-économique, culturel et politique de la Commune Rurale d’Amboanana ainsi que les résultats de l’enquête sur les disparités et inégalités de genre.

Par la suite, une analyse portant sur les résultats et les interactions qui peuvent exister entre eux sera développée. Un volet consacré aux recommandations et aux suggestions en faveur de l’empowerment de la femme pour un développement durable et équitable terminera l’étude.

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I PARTIE GENERALITES

« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana

I GENERALITES

1.1. HISTORIQUE DU GENRE AU NIVEAU INTERNATIONAL

Les événements marquant les fondements de l’approche Genre et Développement, dénommée GED, ont commencé à partir des années 50, aux lendemains de la fin de la deuxième Guerre Mondiale. Ces événements ont donné naissance à l'approche Intégration des Femmes au Développement dénommée IFD dès la fin des années 60.

Les stratégies établies dans le cadre de l’IFD prévoyaient des projets concernant les femmes, l’accroissement de leurs revenus et de leur productivité et l’amélioration des moyens dont elles disposaient pour s’occuper du ménage sans s’attaquer aux causes fondamentales de la discrimination qui empêchent les femmes de participer pleinement à la vie de société dont elles font partie.

En 1970, l’anthropologue Boserup démontre que si les femmes ne sont pas pleinement intégrées au processus de développement, le progrès économique tend à se faire au prix de la marginalisation des femmes.

C’est ainsi que vers la fin des années 1970, l’approche Femme Et Développement, dénommée FED, fut développée afin de réparer les omissions de l’IFD. Selon cette approche, les femmes participent aux mécanismes de développement mais sur une base inégale. Les projets de développement intensifient les interventions dont les femmes sont l’objet. Il s’agit dans ces cas de développer des Activités Génératrices de Revenues pour les femmes, sans pour autant améliorer leur accès aux ressources ou à la prise de décision.

Le concept a été utilisé jusque vers la fin des années 80. L’évaluation de la décennie de l'ONU sur la femme a permis de dégager les insuffisances liées à l'utilisation de l'approche IFD. En plus, plusieurs recherches conduites par les femmes du Nord et du Sud avaient montré que les approches IFD et FED avaient ignoré l’apport des femmes et leur contribution à la production des biens et des services dans leur communauté. Les femmes étaient toujours confinées dans leur rôle traditionnel familial comme les soins des enfants, la broderie ou encore la cuisine. C’est pour combler ces insuffisances que la Division des Femmes des Nations Unies a élaboré la théorie Genre qui a donné naissance à l’approche Genre et Développement, dénommée GED. Les grandes périodes qui ont abouti à la naissance de l’approche GED s’échelonnent comme suit :

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« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana

- Années 50 : Création de la Commission de la condition de la Femme (1946) ;

- Années 60 : Début des revendications pour les droits juridiques et début de la vague des mouvements des femmes. Naissance de l’approche IFD ;

- Années 70 :

o 1ère Conférence Mondiale des Femmes à Mexico en 1975 ;

o Année Internationale de la Femme décrétée en 1975 ;

o Décennie sur la Femme de 1976 à 1985, décrétée par les ONU.

- Années 80 :

o - 1ère Conférence Mondiale des Femmes à Mexico en 1975 ;

o Conférence Mondiale des Femmes à Copenhague en 1980 et à Nairobi en 1985 ;

o Décennie de la Femme de 1986 à 1995 ;

o Elaboration du Plan d’Actions de Lagos en 1980 ;

o Ratification de la Charte Africaine des droits de l’Homme et des Peuples en 1981 accompagnée de la reconnaissance des droits de la Femme Africaine ;

o Introduction du Concept IFD dans la plupart des projets de développement ;

o Rôle des ONG par la prise en compte des femmes dans le processus de développement ;

o Elaboration de projets spécifiques aux femmes ;

o Critique de l’IFD par la Division de la Femme des Nations Unies qui commence à élaborer la théorie GED ;

o Harvard élabore les cadres d’analyse axée sur le Genre.

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« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana

- Année 90 :

o L’Université de Harvard élabore les cadres d’analyse axée sur le Genre ;

o Conférence sur la Famille et le Développement à Dakar en 1992 ;

o 5ème Conférence Mondiale sur la Population au Caire en 1994 ;

o Conférence des Femmes africaines à Dakar en 1994 ;

o 4ème Conférence Internationale sur les femmes en 1995 tenue à Beijing. Les dix recommandations issues de cette rencontre sont :

 La lutte contre la pauvreté et la féminisation de la pauvreté ;

 La suppression de la violence à l’égard de la femme ;

 Les droits économiques de la femme ;

 La participation des femmes aux sphères de décision ;

 Le renforcement du mécanisme institutionnel chargé de la promotion de la femme ;

 Le respect des droits fondamentaux de la femme ;

 Les femmes et les médias ;

 Les femmes et l’environnement ;

 Les petites filles.

La lutte des Femmes pour plus d’équité s’intensifie. De ce fait, le concept IFD est de plus en plus critiqué. Le concept Genre et Développement fait son apparition.

Le tableau ci-après résume la différence entre l’approche IFD et l’approche Genre et

Développement ou GED.

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« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana

Approche/caractéristiques Approche Intégration des Genre et développement GED femmes au développement

IFD

Centre d’intérêts Les femmes Les rapports Hommes-Femmes

Problème L’exclusion des femmes du Relations d’inégalité qui font processus de développement obstacle au développement équitable et la participation totale des femmes.

Objectif Développement plus efficace Un développement équitable et durable, où les femmes et les hommes participent au même pied d’égalité dans la prise de décision et au pouvoir

Stratégie Intégrer les femmes au Transformer les relations non processus de développement égalitaires

Solutions - Projets destinés uniquement - Accroître le pouvoir des plus pour les femmes démunis et des femmes

- Création des structures des - Répondre aux besoins femmes pratiques et aux intérêts stratégiques des femmes et des - Augmenter la capacité de hommes à travers des initiatives production des femmes sur les besoins réels - Augmenter les revenus des - Augmenter les capacités femmes d’organisation, de gestion et de - Renforcer la capacité des contrôle femmes à gérer le foyer - Adopter des lois contre la discrimination entre les sexes

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« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana

La question des droits des femmes a reçu une attention croissante ces dernières décennies, notamment suite à l’organisation de la quatrième Conférence Mondiale sur les femmes tenue à Beijing en 1995. Les progrès accomplis dans le cadre de la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’Action de cette Conférence sont évalués tous les cinq ans.

- Années 2000 à 2010 :

Beijing +5, Beijing +10, Beijing +15 : Evaluations de la plateforme de Beijing ont été réalisées aux Etats-Unis d’Amérique tous les 5 ans.

Par ailleurs, l’Assemblée Générale de l’ONU a par ailleurs adopté en 1979 la Convention sur l’Elimination de toutes formes de Discrimination à l’Egard des Femmes, dénommée CEDEF. Convention qui a été ratifiée par 120 pays dont Madagascar.

Cet instrument, expression de la détermination de la communauté internationale dans l’instauration de l’égalité des droits pour les femmes dont les dispositions ont force obligatoire, prévoit l’adoption à l’échelon national d’un cadre juridique interdisant la discrimination à l’égard de la femme, et l’adoption de mesures temporaires spéciales visant à accélérer l’instauration de l’égalité entre les hommes et les femmes, et à modifier les schémas et modèles de comportement socio- culturel qui perpétuent la discrimination. Ces mesures sont qualifiées de discriminations positives.

En outre, cet instrument insiste sur la non-discrimination en matière d’éducation, d’emploi, d’activités économiques et sociales, ainsi que sur les droits et devoirs égaux de la femme et de l’homme. Elle accorde aussi une grande importance aux droits reproductifs de la femme, ainsi qu’à l’accès au planning familial et aux services sociaux permettant de concilier la maternité et la parentalité avec la vie professionnelle. Les Etats sont aussi encouragés à lutter contre les pratiques traditionnelles et les stéréotypes ayant une influence négative sur les droits des femmes par le biais de l’éducation. Ils sont incités à adopter des mesures de discriminations positives à l’égard des femmes et à abolir le trafic des femmes et des jeunes filles et l’exploitation de la prostitution.

Pour les femmes du monde, la CEDEF est considérée comme le passeport qui leurs permet de voyager en toute assurance vers la conquête de l’égalité des droits dans tous les domaines de la vie: politique, économique, social, culturel, et civil.

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« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana

Cependant, sur le plan pratique, en dépit de ce cadre juridique et malgré les progrès importants réalisés dans la lutte contre les discriminations à l’égard des femmes, les inégalités fondées sur le genre persistent dans plusieurs secteurs de la vie. Elles sont plus accentuées dans les pays en voie de développement où le poids des us et coutumes, de la religion et de l'héritage colonial continuent d'entretenir des inégalités sociales. Les crises socio- économiques dans certains pays ont sérieusement ébranlé les acquis obtenus difficilement et ont favorisé les discriminations et les violations à l’égard des femmes.

1.2. HISTORIQUE DU GENRE AU NIVEAU NATIONAL

Ces dernières années, des actions de mobilisation en faveur de la femme ont été initiées dans le monde. La plus importante est la 4 ème Conférence Mondiale sur les Femmes tenue à Beijing en 1995 à laquelle Madagascar a participé et a signé le respect des engagements issus de cette Conférence.

L’égalité hommes et femmes et l’autonomisation des femmes sont systématiquement intégrées dans les stratégies nationales de développement depuis cette Conférence.

A cet effet, une Politique Nationale pour la Promotion de la Femme a été élaborée en 2000 et dont la concrétisation a été définie dans le Plan d’Action National Genre et Développement ou PANAGED pour la période 2004-2009.

Des efforts ont été consentis au niveau des trois axes définis dans le PANAGED à savoir, l’intégration du genre dans tout programme et projet de développement, l’amélioration de l’efficience économique des femmes et l’amélioration des conditions socio-juridiques des femmes.

Une évaluation du document de PANAGED a été réalisée en 2008.

A l’issue de cette évaluation, ont été ressorties quelques recommandations portant sur le renforcement de quelques actions à savoir :

- l’implication des leaders d’opinion dans les actions de promotion et d’intégration du genre et la diffusion de support de communication sur le genre et sur les responsabilités de chaque type d’acteur en matière de promotion du genre ;

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« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana

- le plaidoyer et l’implication des Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD) et des autorités traditionnelles sur la promotion du genre;

- l’opérationnalisation de l’intégration de l’égalité de genre dans les régions.

Par ailleurs, suite aux recommandations issues de la Conférence de Beijing + 10 ans en 2005, il a été recommandé à Madagascar d’assurer une meilleure protection des femmes, de renforcer les mesures de prévention ainsi que les sanctions relatives aux violences à l’égard des femmes et des enfants et aussi de s'attaquer aux facteurs de vulnérabilité des femmes incluant la dépendance économique envers leurs partenaires.

Madagascar doit également mettre en place des structures de soutien aux victimes de violence et élaborer des programmes de sensibilisation dont des formations à l'intention des autorités chargées de l’application de la loi.

1.3. REALISATIONS DE L’ETAT EN MATIERE D‘EGALITE DE GENRE

1.3.1. PROTECTION DE LA FEMME

Des efforts ont été déployés pour une meilleure protection des femmes pour mettre fin à la discrimination fondée sur le sexe notamment dans les domaines suivants :

- Le mariage

La loi n° 2007-022, du 20 Août 2007, relative au mariage uniformise l’âge matrimonial pour les deux sexes à 18 ans, au lieu de 17 ans pour les garçons et 14 ans pour les filles. Cependant, avant cet âge et pour des motifs graves, l’autorité judiciaire peut autoriser le mariage.

- Le foncier

Selon l’article 34 de la Constitution 2010, l ’Etat garantit le droit à la propriété individuelle. Nul ne peut en être privé sauf par voie d’expropriation pour cause d’utilité publique et moyennant juste et préalable indemnité.

L’Etat assure la facilité d’accès à la propriété foncière à travers des dispositifs juridiques et institutionnels appropriés et d’une gestion transparente des informations foncières.

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« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana

- L’emploi

L’article 28 de la Constitution de 2010 stipule que : « Nul ne peut être lésé dans son travail ou dans son emploi en raison du sexe, de l’âge, de la religion, des opinions, des origines, de l’appartenance à une organisation syndicale ou des convictions politiques »

1.3.2. PREVENTION – SANCTION – VIOLENCE

Le Ministère de la Population et des Affaires Sociales a mené des formations à l’endroit des leaders traditionnels ayant pour objectif d’acquérir leur engagement pour la promotion des droits de la femme et la prévention de toutes formes de violence.

Par ailleurs, un film a été produit montrant l’engagement des leaders traditionnels dans la promotion du Genre et la lutte contre la violence basée sur le Genre.

D’autres activités de sensibilisation ont été aussi entreprises par l’Etat :

- Publication d’un livre intitulé «JE BRISE LE SILENCE», ce livre relate des histoires vécues de violences qui ont été recueillies par les Centres d’Ecoute et de Conseil Juridique, il a pour objectif d’aider la population à briser la loi du silence autour des actes de violences et d’orienter les victimes vers ces centres ;

- Vulgarisation des textes de lois sur les droits de la femme, les différentes formes de violence et les sanctions y afférentes au niveau des Chefs lieux des 22 Régions de Madagascar;

- Organisation d’ateliers d’harmonisation de la prise en charge des victimes sexuelles basées sur le genre portant sur trois volets : prises en charge juridique, médicale et psychosociale ;

- Elaboration d’une étude sur le profil sanitaire de la femme en partenariat avec l’Organisation Mondiale de la Santé en 2009. Cette étude aboutit à la connaissance des conséquences des actes et agissements de la société envers les femmes sur leur état de santé en relation directe ou indirecte avec la vie quotidienne de la femme en général ;

- Evaluation du mécanisme de prévention et de lutte contre les violences sexuelles basées sur le Genre auprès des Centres d’Ecoute et de Conseils juridiques en 2010 ;

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« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana

- Réalisation de l’étude portant sur l’état des lieux de traitement des violences sexuelles basées sur le Genre a été réalisée à Toliary, Antsiranana et en 2O1O ;

- Extension du nombre de structures de soutien aux victimes de violence dénommées Centres d’Ecoute et de Conseils Juridiques dénommé CECJ chargés d’apporter des solutions aux demandes des personnes les plus démunies qui souhaitent faire valoir leurs droits en privilégiant la voie de la réconciliation. Dans l’hypothèse des cas graves, les centres orientent ou accompagnent les victimes dans les démarches à suivre pour saisir les autorités compétentes.

Au total 13 CECJ ont été opérationnels et répartis dans 8 Régions de Madagascar, zones d’intervention de l’UNFPA à savoir : Boeny, Betsiboka, Atsinana, Alaotra Mangoro, Analamanga, Haute Matsiatra, Anosy et Androy. Des centres relais au nombre de 05 ont été créés dans les Régions d’Analamanga et d’Atsinanana en 2008. 05 nouveaux centres d’écoute et de conseil juridiques ont été mis en place en 2011 au niveau des régions d’Amoron’i Mania, Antsiranana, Analanjirofo, Itasy et Bongolava. D’autres organismes de la Société Civile accueillent aussi des victimes de violence comme le SOS aux Victimes de Non Droit, l’Association contre la Torture de Madagascar, le Trano Aro Zo, l’ENDA Océan Indien et le Dinika sy Rindra ny Vehivavy.

1.3.3. TEXTES LEGISLATIFS ET REGLEMENTAIRES SUR LA VIOLENCE FAITE AUX FEMMES

Madagascar a ratifié divers traités et conventions internationaux qui sont basés sur le respect des droits fondamentaux de l’homme. La Convention sur l’Elimination de toute forme de discrimination à l’égard de la femme ou CEDEF a été ratifiée en 1979 par l’Etat Malagasy. Par ailleurs, le Code Pénal Malgache condamne les coups et blessures dans son article 312 par des emprisonnements ou travaux forcés selon la gravité de l’atteinte. La peine sera plus sévère si les coups et blessures si la victime est une femme enceinte.

Il en est de même pour la violence sexuelle selon l’article 332 et la violence psychologique ou morale selon les articles 307 et 308 pour les menaces et l’article 472 concernant les injures.

La non application des lois et règlements est liée à la non dénonciation des violences par les femmes elles-mêmes à cause de la peur même si c’est douloureux. Par ailleurs, la coutume

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« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana malgache parle de « tokantrano tsy ahahaka » ou la vie de famille ne doit pas être divulguée. De ce fait, la femme se cantonne dans le silence.

1.3.4. AUTONOMISATION DE LA FEMME

Dans le cad re de l’efficience économique de la femme, la Direction de la Promotion du Genre a donné un appui matériel, technique, et financier aux 100 groupements de femmes nécessiteuses afin que ces dernières puissent développer des Activités Génératrices de Revenus (AGR).

Par ailleurs, avec l’appui de l’UNFPA, le Ministère de la Population et des Affaires Sociales a mis à la disposition des institutions de microfinance, comme l’Entreprendre A Madagascar, l’OTIV et HARDI, un fonds aux fins d’appuyer les groupements des femmes, plus de 3000 femmes vulnérables issues des bas quartiers d’Antananarivo ont été appuyées en 2011.

Un appui matériel des cinq foyers sociaux et de quatre centres socio-économiques des jeunes filles déscolarisées a été réalisé en vue de la réinsertion sociale de ces dernières.

Il ne faut pas aussi oublier les activités menées par la Société Civile qui excelle chacun dans leur domaine d’intervention soit la lutte contre la violence, soit la participation de la femme dans la vie politique soit l’autonomisation des femmes. Les différents programmes comme le Programme de Soutien aux Pôles de MicroEntreprises Rurales et aux Economies Régionales dénommé PROSPERER, le Programme Sectoriel pour le Développement Rural ou PSDR ou les institutions de microfinance font aussi des efforts pour intégrer l’approche genre dans leurs activités respectives.

En 2007, plus de 3000 femmes venues de toutes les régions, districts et communes de Madagascar ont bénéficié d’une formation sur le leadership sous l’initiative de l’Etat.

Par ailleurs, des associations de Femmes d’obédience politique revendiquent un quota, de 30% atteignant jusqu’à 50% en 2015, pour les postes de prise de décision au niveau des structures de l’Etat comme le Gouvernement, la chambre basse et l’administration.

Un premier ralliement national des femmes malgaches, pour une meilleure participation de la femme à la vie publique et politique réunissant 600 femmes issues des 116 districts et des 22 régions de Madagascar, a été tenu en décembre 2009 au Centre de Conférence International d’Ivato. Ce ralliement, sous la conduite du réseau Genre et Développement dénommé

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« Vondrona Miralenta sy Fampandrosona », est le point de départ d’un mouvement national en faveur de la participation des femmes dans la conduite des affaires publiques et politiques.

En 2009, cette action fut suivie par celle d’un autre parti de Femmes Politiques dénommé « Ampela Manao Politika ». D’autres partis politiques dirigés par des femmes se sont développés.

1.4. CONCEPT GENRE

Le mot « Genre » est traduit du terme anglais « Gender ». C’est un concept qui a donné lieu

à l’approche Genre et Développement.

Le concept Genre renvoie au concept d’inégalité sociale et permet de montrer en quoi des rapports inégalitaires peuvent être facteurs de blocage pour le développement. C’est une manière de voir, d’appréhender et d’agir sur tous les détails de la vie des femmes, des hommes, des filles et des garçons.

Le Genre est aussi un concept qui identifie et se réfère aux relations entre femmes et hommes, entre garçons et filles, à la manière dont ces relations sont socialement construites et aux différences sociales entre les femmes et les hommes.

Les Nations Unies a défini le genre comme étant la construction socio-culturelle des rôles féminins et masculins et des relations entre les femmes et les hommes . Les rôles féminins et masculins se rapportent aux activités attribuées aux femmes et aux hommes dans la société et à la position que les femmes et les hommes y occupent respectivement. Ces rôles découlent des forces telles que la culture, la tradition, la politique et les besoins, permettent de déterminer l’accès aux opportunités et aux ressources et imposent des attentes et des limites aussi bien aux femmes qu’aux hommes.

Autrement dit, le GENRE ou GENDER présente les caractéristiques suivantes:

- Institutionnalisé par la Famille, la Communauté, les Normes, les Us et coutumes, les Organisations, et l’Etat ;

- Perpétué à travers la Religion, la Culture, les Normes et la Tradition/coutume soit par la société ;

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- Enraciné dans le régime patriarcal.

Le « Genre » est différent de « Sexe » dans le sens où ce dernier signifie des différences biologiques entre les femmes et les hommes. Par contre le genre fait référence :

- aux rôles, responsabilités et tâches des femmes et des hommes et leur interaction ;

- à la façon dont les comportements et les identités sont définis par les normes et valeurs de la société.

Les rôles, les statuts, les conditions et les positions occupés par les femmes et les hommes sont donc culturellement marqués et peuvent sensiblement varier d’une société à l’autre. Ils varient aussi dans le temps; par exemple pendant la guerre ou en période de crise et en temps de paix, les rôles assignés aux femmes sont différents. Les hommes partent en guerre et les femmes sont dans l’obligation d’assumer plusieurs rôles.

Le concept Genre ou « Gender » n’est donc pas un concept statique. Les relations de genre évoluent, se composent et se reconstruisent à travers d’incessantes et incontournables négociations entre les hommes et les femmes.

Le sexe se réfère à la biologie de reproduction chez l’être humain; c’est à dire, on naît homme ou femme, et on ne peut rien y changer. C’est cette biologie humaine qui est la base des nombreuses attitudes relatives aux devoirs de l’homme et de la femme dans nos sociétés.

Le tableau suivant résume les différences entre le genre et le sexe.

SEXE GENRE

- Concept biologique : conditions physiques, chromosomes, - Concept sociologique : identité, société, culture, etc. organes génitaux, etc. - Différences sociales fixées par la société, et apprises par - Différences biologiques universelles les individus

- Non changeables - Variables d’une société à une autre selon l’âge, la classe, la religion, la caste, - Différences qui ne peuvent pas être modifiées par des actions de développement l’ethnie, etc.

- Différences qui peuvent être modifiées dans le temps

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AUTRES CONCEPTS VEHICULES PAR LE GENRE

Deux principes fondamentaux sont à la base du concept « Genre » l’Egalité et l’Equité :

L’ égalité de « Genre » est la non discrimination contre la personne basée sur son sexe en ce qui concerne les opportunités, la répartition des ressources et des bénéfices ainsi que l’accès aux services publics.

L’égalité se réfère aux droits, aux opportunités et aux chances pour tous les membres de la société particulièrement dans le domaine de l’accès aux ressources.

L’importance accordée à l’égalité homme-femme et au renforcement du pouvoir des femmes communément appelé empowerment ne présuppose pas un modèle particulier d’égalité pour toutes les sociétés et cultures, mais traduit le souci de donner aux hommes et aux femmes des chances égales de choisir ce qu’il faut entendre par égalité homme/femme et de leur permettre d’y travailler de façon concertée.

L’ équité quant à elle, se réfère à la notion de justice dans tous les aspects de la vie.

Ce concept d’équité reconnaît que les hommes et les femmes ont des besoins différents et que ces besoins doivent être pris en compte de façon à corriger les déséquilibres entre les sexes.

L’équité tient compte des facteurs discriminants qui ne permettent pas à ceux que l’on désigne comme égaux de bénéficier réellement de ces avantages à égalité. L’équité permet la prise en compte des écarts de départ. C’est aussi l’exigence d’un traitement juste et d'une répartition équitable des ressources et des bénéfices. La notion d’équité fait appel à la justice sociale en vue de la création d’une harmonie sociale. Il est question que la distribution, la représentation, les devoirs ou le choix des rôles, les tâches, les fonctions et les responsabilités soient partagés équitablement entre les femmes et les hommes dans le développement.

Les rôles et les besoins :

Le concept Genre se base sur la théorie des trois rôles et la théorie des besoins : le rôle reproductif, le rôle économique et le rôle social ou communautaire.

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Les rôles, responsabilités et tâches présentent les caractéristiques suivantes:

- sont généralement inégaux entre les hommes et les femmes en termes de pouvoir, de la prise de décisions, du contrôle et l’accès aux ressources ainsi que dans la liberté d’action ;

- diffèrent selon les cultures et les lieux ;

- changent avec les influences extérieures et avec le temps.

Dans la prise en compte de l’approche Genre et développement au niveau de l’exercice des trois rôles, il faudrait prendre en considération les besoins pratiques et les intérêts stratégiques des hommes et des femmes.

Les besoins pratiques sont d’ordre matériel et se rapportent aux besoins quotidiens tels que la nourriture, le logement ou la santé.

La satisfaction de ces besoins peut améliorer la vie des hommes et des femmes, mais n’affecte pas les rôles et les rapports traditionnels.

Les intérêts stratégiques , par contre, sont liés à la position de chacun dans la société. Pour les femmes, elles se rapportent à leur position de subordination, au manque de ressources et à la vulnérabilité face à la pauvreté et à la violence.

La satisfaction de ces intérêts améliore la situation socio-économique et politique des femmes et leurs donnent le pouvoir.

Les principales différences entre les besoins pratiques et les intérêts stratégiques sont résumées dans le tableau qui suit :

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Besoins pratiques Intérêts stratégiques

Sont relatifs aux conditions de vie Sont relatifs à la position de la femme par quotidiennes des femmes et des hommes rapport à l’homme et des pauvres par

rapport aux riches

Ne remettent pas en question le partage Visent à transformer le partage des rôles existant des rôles et tâches

Visent l’augmentation de la marge de profit Visent l’augmentation des pouvoirs

Poursuivent surtout les objectifs à court et Poursuivent essentiellement les objectifs à moyen terme long terme

Varient suivant des conditions économiques Reposent sur les objectifs partagés par presque toutes les femmes

Approche genre et développement ou GED : une démarche

L’approche Genre et Développement est une démarche qui se réfère aux relations entre les hommes et les femmes en tenant compte d’autres aspects tels que les classes d’âges, l’activité, l’ethnie et la classe sociale.

L’approche Genre et Développement permet d’avoir une meilleure connaissance des relations, des conflits et des dépendances entre les différents groupes; ce qui permet d’engager des actions favorisant un développement plus équilibré entre les hommes et les femmes. L’approche GED se combine au concept de développement durable et équitable. En plus de chercher à intégrer les femmes au développement, elle vise à exploiter le potentiel des initiatives de développement, à transformer les relations sociales et de genre, afin de réduire les inégalités de genre et de donner plus de pouvoir aux femmes. L’approche GED considère les femmes comme agents de changement plutôt que comme bénéficiaires passives de l’aide au développement.

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L’ intégration du genre ou gender mainstreaming est le processus par lequel une décision relative à une politique, un plan, un budget, un programme ou un projet subit une analyse sensible au genre. L’impact du processus de gender mainstreaming est représenté par l’amélioration des conditions de vie de la population ciblée. L’intégration transversale du genre a été adoptée comme stratégie mondiale pour la promotion de l’égalité de genre dans le Plan d’action de la 4ème Conférence Mondiale sur les Femmes, tenue à Beijing en 1995. Selon le Conseil Economique et Social de l’Organisation des Nations Unies, l’intégration transversale du genre est le processus d’évaluation des implications pour les hommes et les femmes dans toute action planifiée y compris la législation, les politiques ou les programmes, dans tous les domaines et à tous les niveaux. C’est une stratégie qui vise à faire des préoccupations et des expériences des femmes aussi bien de celles des hommes, une dimension intégrale de la conception, de la mise en œuvre, du suivi et de l’évaluation des politiques et programmes dans toutes les sphères de sorte que les hommes et les femmes pensent en bénéficier sur un pied d’égalité.

L’ analyse de genre : c’est la prise en compte multidimensionnelle du concept genre dans les différents secteurs et activités de développement.

C’est une étude diagnostique qui permet d’avoir une meilleure connaissance de la situation des hommes et des femmes dans un milieu donné, ainsi que de leurs besoins spécifiques afin de formuler des stratégies et des mesures correctives.

L’Analyse du Genre est un moyen systématique d’observation des différents rôles des femmes et des hommes dans le développement, de même que leur impact différentiel dans leurs rôles pour le développement. L’analyse du genre pose essentiellement la question de qui fait quoi, qui contrôle et qui a l’accès, qui bénéficie de quoi, pour les différents sexes suivant leur classe d’âge, leur religion, leur classe, leur appartenance ethnique, leur race et leur caste ?

L’analyse de genre implique également qu’au sein des grands groupes démographiques, socio économiques et culturels, les données et les analyses sont organisées et regroupées par sexe.

La participation est l’implication dans une situation ou un processus. Elle est en rapport avec la prise de décision sur la production ou la répartition des revenus. La participation peut être qualitative et/ou quantitative.

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Le Pouvoir : se conçoit comme le renforcement des capacités : possibilité de comprendre et de résoudre des problèmes, d’acquérir de nouvelles compétences.

Il existe plusieurs types de pouvoir :

- Le pouvoir qui s’exerce sur quelqu’un et est lié aux termes de domination et de subordination. Par exemple : une femme, qui a la compétence de faire le commerce, ne peut le faire que sur autorisation de son mari.

- Le pouvoir de faire ou pouvoir créateur rend apte à accomplir des choses. C’est l’essence même de l’aspect individuel du pouvoir. Ce pouvoir permet de se former et de concevoir quelque chose ;

- Le pouvoir qui s’exerce d’une manière collective. Les gens sentent qu’ils ont le pouvoir lorsqu’ils s’organisent et s’unissent dans la poursuite d’un but commun ou lorsqu’ils partagent la même vision. C’est le cas dans la construction d’une pompe à eau ou le pouvoir des associations féminines pour résoudre leurs problèmes. !

- le pouvoir intérieur se réfère à la force spirituelle et est fondée sur l’acceptation, sur le respect de soi et des autres en tant qu’égaux et sur force de caractère.

L’analyse et la planification de genre sont basées sur la recherche qui vise à comprendre et à faire ressortir les inégalités existantes, à comprendre comment ces inégalités s’expriment dans les relations personnelles établies entre les hommes et les femmes, ainsi que dans la société dans son ensemble ; à comprendre aussi comment les relations entre les sexes sont institutionnalisées, en vue de planifier le changement et en vue d’une plus grande égalité dans le développement.

L’ Empowerment est le processus d’intervention fondé sur la reconnaissance et le développement du pouvoir de l’individu et du renforcement des capacités pour dépasser les obstacles qui entravent l’accès à l’égalité.

Un Projet sensible au genre est un projet d’ordre général qui incorpore une analyse du genre et inclut l’élimination progressive des inégalités.

Les Vulnérabilités : ce sont des facteurs à long terme qui affaiblissent l’aptitude des personnes à faire face à des urgences soudaines ou prolongées. Elles rendent également des personnes plus susceptibles au désastre.

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Les Préjugés sont des idées perçues sans questionnement ni vérification. Il en est ainsi du préjugé selon lequel les femmes sont émotionnelles, ou que les femmes sont de mauvais gestionnaires.

La conscience au Genre est la capacité de reconnaître les problèmes des femmes et de focaliser l’attention sur leurs besoins spéciaux en matière de développement. Trois éléments essentiels sont à considérer:

- l’acceptation que les femmes ont des besoins différents et spéciaux ;

- la reconnaissance que les femmes forment un groupe défavorisé par rapport aux hommes en terme d’éducation, d’accès aux ressources et au contrôle des facteurs de production ;

- le développement des femmes nécessite des actions tendant à augmenter le pouvoir des femmes et l’égalité vis à vis des hommes.

La subordination peut être définie comme une impuissance relative. En termes d’autorité sociale, un groupe dépendant a peu ou pas de contrôle sur la prise de décisions qui affecte économiquement l’avenir de la communauté. Pour que subsiste le groupe défavorisé, les produits et services doivent lui être fournis par un autre groupe. La subordination consiste en une dépendance systématique, même si le groupe dépendant participe aux activités productives.

La Discrimination basée sur le genre se définit comme étant un traitement préjudiciable d’un individu fondé sur un stéréotype de genre ; peut aussi être appelé sexisme ou qualifié souvent de discrimination sexuelle.

Sensibilité au genre se réfère aux mesures concrètes mises en œuvre par les Etats membres des Nations Unies pour améliorer la situation de la femme. A cet effet, des lignes directrices relatives aux violences contre les femmes et à la lutte contre toutes les formes de discrimination à leur encontre sont élaborées.

Elles visent à :

- collecter des données sur la violence à l’égard des femmes et des filles ;

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- promouvoir l’établissement de mécanismes de prévention, de protection et de soutien aux victimes de violences ;

- plaider en faveur de la lutte contre l’impunité des auteurs de ces actes ;

- respecter les droits des femmes ;

- appliquer les lois et les sanctions à l’endroit des auteurs ;

- effectuer des démarches et/ou des déclarations officielles, au sujet de cas individuels ou plus généraux de violences ou de discriminations à l’égard des femmes ;

- encourager la ratification des instruments internationaux et régionaux relatifs aux droits des femmes ;

- déterminer les besoins, les rôles, les responsabilités et les problèmes des hommes et des femmes et en tenir compte dans les programmes, les projets et les activités ;

- appuyer l’autonomisation des femmes ;

- éduquer et former les femmes.

Après avoir parcouru les différentes formes de concepts liés au genre, l’étude propose de présenter un aperçu du contexte socio-économique, politique et culturel de la Commune Rurale d’Amboanana.

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II PARTIE APERCU DU CONTEXTE SOCIO- ECONOMIQUE, POLITIQUE ET CULTUREL DE LA COMMUNE RURALE D’AMBOANANA

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II. APERÇU DU CONTEXTE SOCIO-ECONOMIQUE, POLITIQUE ET CULTUREL DE LA COMMUNE RURALE D’AMBOANANA

Connaître le milieu, c’est avoir une vue d’ensemble afin d’appréhender les différentes dimensions de la vie de la population en particulier des femmes :

- Démographiques

- Socio-économiques

- Culturelles, juridiques et politiques

Et d’en faire une analyse pour faire ressortir les interrelations et pour faciliter l’identification des mesures à prendre pour une perspective de développement équitable et durable.

2.1. SITUATION GEOGRAPHIQUE

La Commune Rurale d’Amboanana est incluse dans le District d’Arivonimamo, Région Itasy. Elle est située à 17 km du Chef-lieu District d’Arivonimamo avec une superficie de 476 km2.

La Commune Rurale d’Amboanana est délimitée :

- au Sud par la Commune Rurale d’Alakamisy ;

- au Nord par la Commune Rurale d’Ampahimanga ;

- à l’Est par la Commune Rurale de Mandrandra ;

- à l’Ouest par la Commune Rurale de Morafeno.

La Commune Rurale d’Amboanana a un relief constitué de montagnes, de vallées et de collines avec deux rivières Anonibe et Tsihita. Le sol est argileux et volcanique avec une végétation constituée de vastes étendues de steppe alternées de forêts de reboisement.

Le climat est chaud et humide.

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2.2. ACCES AUX INFRASTRUCTURES

Le fokontany d’Amboanana dispose d’électricité et d’eau potable mais 2/3 des fokontany restants n’en bénéficient pas encore. L’alimentation en eau est fournie par les partenaires. Les femmes et les enfants dépensent beaucoup d’heures pour la collecte d’eau à la source et pour celle du bois de chauffe dans les champs et les forêts.

2.3. DEMOGRAPHIE

DONNEES DEMOGRAPHIQUES

Fokontany /Ages Sexe masculin Sexe féminin

0-4 5-17 18- +60 TOTAL 0-4 5-17 18- +60 TOTAL 60 60

Amboanana 418 766 429 131 1744 567 809 429 187 1992

Ambatofotsy 560 624 324 87 1595 610 708 506 95 1919

Antanetibe 385 410 280 62 1137 408 506 390 77 1281

TOTAL GENERAL 1363 1800 1033 280 4475 1585 2023 1325 359 5192

La population totale des 19 villages s’élève à 26810. La population féminine est légèrement supérieure par rapport à la population masculine : 14067 femmes contre 12743 hommes. Ces observations sont reflétées sur le tableau ci-dessus qui montre la population issue de trois villages : 4475 population masculine contre 5192 population féminine. La population âgée de moins de 17 ans représente environ les ¾ de la population totale. Ce qui montre la jeunesse de la population.

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2.4. CARACTERISTIQUES SOCIO-DEMOGRAPHIQUES

Sur les 60 personnes enquêtées et interviewés, 40 sont des femmes et 20 sont des hommes.

Ces personnes appartiennent au groupe d’âge 25 à 45 ans.

Elles sont issues du chef-lieu de la Commune Rurale d’Amboanana et des villages environnants. Concernant les 20 hommes enquêtés, 04 hommes sont des autorités locales, O5 étudiants, 02 de la structure d’épargne et de crédit CECAM et 10 paysans. Concernant les 40 femmes enquêtées, 04 travaillent au niveau des services déconcentrés de la santé et de l’enseignement, 05 membres de l’Association de femmes d’Amboanana, 03 épicières, 03 gargotières, 01 productrice de yaourt, le reste des paysannes.

Caractéristiques socio- Homme Femme TOTAL démographiques

Situation matrimoniale

Marié 08 18 26 43%

Concubinage 06 09 15 25%

Célibataire 02 03 05 08%

Séparé 04 10 14 23%

Niveau d’instruction

BAC et plus 04 06 10 16%

Secondaire 04 06 10 16%

Primaire 12 28 40 66%

Sans instruction 0 0 0 00%

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« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana

Les résultats montrent que 43% des personnes enquêtées sont mariées. Les autorités locales et les églises procèdent à des mariages civils et chrétiens autant que fois que c’est possible. Les couples reçoivent une éducation matrimoniale avant leur engagement vers le mariage. Cependant, malgré la sensibilisation, il y a des couples qui vivent en concubinage 23%. Les malaises proviennent surtout des difficultés de survie et principalement celles issues de la crise. 23% des femmes sont séparées et vivent seules ; elles assument le statut de femmes chef de ménage. Nos cibles sont âgés entre 25 et 45 ans. Les personnes sans niveau d’instruction appartiennent généralement à la catégorie d’âges de plus de 50 ans.

2.5. ECONOMIE

2.5.1. PRINCIPALES ACTIVITES

Répartition par branches d’activités

ACTIVITES NOMBRE DE MENAGES

Agriculteur/éleveurs 6074

Commerçant/épicier 30

Industriels (rizier, décortiqueur, scierie) 02

Collecteurs 10

Fonctionnaires 120

Bouchers 05

Artisans 05

80% de la population sont des paysans vivant de l’agriculture et de l’élevage. Le reste est constitué de collecteurs de riz et de produits agricoles et aussi de marchands ambulants. L’insuffisance de la surface cultivable se fait ressentir avec l’apparition de nouvelles générations, les parents sont dans l’obligation de partager la surface existante entre les enfants surtout de sexe masculin. De ce fait la surface cultivable ne suffit plus pour nourrir la famille.

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Par exemple, une rizière de 2400m2 partagée entre 6 garçons, se réduit à 400m2 par personne. Le cycle se perpétue environ tous les 20 ans car si ces personnes donnent naissance à des enfants à leur tour. Des familles respectent le droit de parts égales lors de la mutation de l’héritage aux enfants aussi bien hommes que femmes. Certaines familles refusent encore ce droit à la femme car, normalement, elle est destinée à suivre son mari. Le problème réside dans le fait que si la femme se sépare de son mari, dans son village d’origine elle ne possède plus rien venant de ses parents.

En moyenne, une famille possède 300 m2 de superficie en rizière. La superficie de terre cultivable dépend de l’effort consenti par chaque famille pour la mise en valeur.

Du fait de cette exigüité des surfaces cultivables, la production ne couvre que les besoins pour une période de cinq mois ou plus de l’année. Les vols de culture dénommés hala-botry en malgache, ne cessent de se multiplier. Parlant de cette insécurité, des infractions surviennent quand certaines familles possèdent un montant important.

Concernant la migration de la population, la situation économique au niveau de la Commune Rurale d’Amboanana apparaît, aux jeunes, peu viable économiquement d’où l’importance de l’exode rural. Les jeunes se déplacent vers les villes à cause de leurs études et y restent pour la plupart des cas. Ceci s’explique par l’abondance des opportunités, en termes d’activités qui s’offrent à eux.

Par ailleurs, les hommes, chefs de famille quittent le village pour une période de deux à trois mois durant les récoltes de riz. Ils se déplacent vers la région d’Alaotra Mangoro, la région de Bongolava et la région de l’Itasy. Dans certains cas, ces hommes ne reviennent plus ou reviennent mais d’une manière intercalée ; aussi, la femme devient chef de famille et prend en charge la survie des enfants dont le nombre est assez élevé, variant de quatre à six enfants. Trois femmes sur vingt sont chefs de famille pour diverses raisons comme le veuvage, l’abandon ou la séparation. Au niveau des ménages dirigés par les femmes, le rendement des produits agricoles sont assez faibles compte tenu de l’insuffisance de la superficie de sol cultivable en leur possession.

La commune ne cultive pas de fruits, ceux-ci sont importés d’Arivonimamo.

En termes d’élevage, chaque famille possède entre 2 à 5 zébus. En général, c’est l’homme qui s’occupe de l’élevage des zébus.

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« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana

Tableau des ressources forestières

DESIGNATION SUPERFICIE

Forêt naturelle Néant

Forêt de reboisement 50 ha

Forêt appartenant à des particuliers 52 ha

Les feux de brousse font partie des pratiques courantes de la commune. En saison sèche, ces dernières permettent à la population de nourrir les zébus par le biais de la régénération de l’herbe. Cepenant, cette pratique ancestrale aboutit à une dégénérescence de l’environnement accompagnée d’une destruction de la forêt et d’une érosion de la terre cultivable.

Les données indiquent une absence totale de forêt vierge à l’état primaire. Compte tenu des besoins en bois de chauffe des ménages, la commune a intérêt à adopter une politique de reboisement intensif en vue de protéger les besoins des futures générations.

2.5.2. AGRICULTURE

La population s’adonne aux cultures du riz, des céréales, des légumes et des produits industriels comme l’arachide et l’ananas dont les caractéristiques sont présentées dans le tableau suivant :

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Tableau : Les différentes cultures et leurs caractéristiques

Cultures pratiquées Nombre cultivateurs Superficie Rendement

Tonne /ha

Riz 6300 655 4

CEREALES

Maïs 5100 481 1

Manioc 4800 449 5

Patates douces 4200 425 3,4

Saonjo 500 60 3

LEGUMES

Haricot 5500 500 1

Pomme de terre 100 5 8

Tomate 120 10 3

Voanjobory 210 100 3

PRODUCTION INDUSTRIELLE

Ananas 40 2 1

Arachide 3400 2500 1

La majorité des familles cultivent le riz. Selon l’importance de la superficie cultivée, l’arachide détient la première place avec 2500m2. Cette dernière est principalement destinée à la vente en gros.

Ce produit est suivi par des cultures vivrières comme le riz avec 655m2, le maïs avec 481m2, le manioc avec 449m2 et le haricot vert avec 500m2. Les autres produits occupent des superficies moindres. Une partie de ces produits est consacrée à la consommation familiale et le reste est destiné à la vente soit directement sur le marché soit par l’intermédiaire de

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« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana

collecteurs. Ce sont les hommes qui s’occupent de la culture du riz mais durant la période de récolte, elle nécessite la contribution de tous les membres de la famille.

La terre est latéritique, mais quelquefois, la culture nécessite de l’engrais. Les cultivateurs fabriquent de l’engrais biologiques à partir des déchets fécaux des animaux ou de produits végétaux. La quantité produite est bien souvent insuffisante, les familles sont obligées d’avoir recours aux engrais chimiques dont les prix sont inaccessibles aux bourses des paysans. Cette insuffisance est l’origine de la faiblesse des rendements.

2.5.3. ELEVAGE

Les familles se consacrent aux différentes formes d’élevages dont les nombres de bétails sont présentés dans le tableau suivant :

Bovins Porcins volailles Autres

3146 2375 11000 Ovins : 50

Ver à soie : 03

Poulets malagasy : 52044

Les familles de la Commune Rurale d’Amboanana élèvent des bovins avec 2 ou 3 bœufs par famille. Cependant le problème d’insécurité règne dans cette partie de la Région d’Itasy. Ces bœufs sont destinés à produire du lait pour la vente ou la consommation. Chaque famille élève des poulets malagasy pour les mêmes finalités que pour les bœufs. L’élevage des porcins dépend de la capacité de la famille à prendre en charge leur nourriture. Les soins donnés par le vétérinaire y compris les vaccins et les médicaments sont souvent inaccessibles. En termes de médicaments, les paysans les achètent, en vente libre, sur le marché hebdomadaire.

Actuellement, la recherche de l’or commence à avoir de l’ampleur dans la commune du fait de l’existence d’une carrière d’or de 16 carats dans le village de Solabato, situé à 3 km d’Amboanana. Les receleurs sont des malgaches qui n’ont pas de point de vente formel mais achètent l’or à domicile. Le prix d’un gramme est environ de 80 000 ariary ou francs

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« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana

malagasy. Il n’y a pas encore d’étrangers au niveau de la commune. La population cherche l’or surtout durant la période de pluie où la collecte est plus facile.

Il y avait une époque où des chinois sont venus pour négocier avec les autorités locales pour exploiter l’or. Le contrat a été accordé en échange de la construction d’une école et d’un hôpital. Ces chinois ont apporté de gros engins pour l’exploitation. Une fois qu’ils ont atteint leur objectif de production, ils ont disparu sans avoir honoré la contrepartie de construction d’infrastructure au bénéfice de la Commune Rurale d’Amboanana. Depuis ce jour, les autorités sont plus méfiantes.

2.5.4. ACCES AU CREDIT

L’évacuation de quelques produits agricoles vers les villes d’Arivonimamo, de ou d’Antananarivo pourrait générer un complément de revenu de la famille. L’argent peut être facilement gagné mais cela dépend aussi du pouvoir d’investissement de chaque famille. C’est à ce moment qu’intervient le mutuel d’épargne et de crédit.

Une branche du Centre d’Epargne et de Crédit de Madagascar dénommé CECAM est implantée au niveau de la Commune d’Amboanana. Les femmes y ont très peu accès, généralement ce sont les hommes qui bénéficient des crédits au niveau de cette structure.

Le CECAM propose plusieurs formules de crédit. Les cibles sont les hommes et les femmes ayant plus de 18 ans et exercant des activités génératrices de revenus.

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Tableau des différentes modes de prêt et de leurs caractéristiques

Montant en Durée Intérêt Remboursement Caution Participation ariary

Agriculture 1 000 000 36 mois 2% par Intérêt par 150% 25% du mois 3mois montant du Elevage projet Capital à la (extension) production

Commerce 400 000 à 9 à 12 4% par Par mois 150% 25% du mois mois projet 4 000 000

Construction 6 000 000 24 mois 2,5% Par 3 mois Hypothèque 25% maison

Les bénéficiaires peuvent être des individus ou des groupements. Ils bénéficient d’une formation sur la gestion d’une activité générarice de revenu dispensée par les agents de la CECAM, ainsi d’un suivi rapproché.

CECAM exige une caution de 150% du montant demandé ou sous forme d’immobilier ainsi qu’une participation représentant 25% du montant total du crédit.

En 2011, 54 personnes ont bénéficié d’un crédit dont un tiers sont des femmes.

L’octroi d’un prêt à une femme doit être cautionné par son mari ou par un membre de la famille représenté par le père ou l’oncle.

La majorité des personnes qui ont recours à la CECAM sont des agriculteurs et des éleveurs paysans qui désirent améliorer leurs activités de production ou faire des extensions. Généralement, ils choisissent le premier ou le deuxième type d’octroi de crédit. D’autres font de la transformation du paddy en riz blanc, d’autres fabriquent de yaourt.

La vérification de l’existence des matériels de garantie comme l’immobilier, le terrain domanial ou tout autre bien, fait l’objet d’une descente sur terrain.

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L’admission des bénéficiaires se fait tout au long de l’année. Ces personnes peuvent résider dans des fokontany ayant une distance atteignant jusqu’à 15 km de la CECAM.

Les clients bénéficient aussi d’une formation en gestion simplifiée et d’un suivi rapproché dont l’objectif est d’orienter et de conseiller les clients en particulier les plus vulnérables dans le lancement et le développement de leurs activités génératrices de revenus.

CECAM travaille en étroite collaboration avec l’Organisme PROgramme de Soutien aux Pôles de microEntreprises Rurales et aux Economies Rurales dénommé PROSPERER concernant les renforcements de capacités techniques dont l’objectif est d’aider les clients membres à diversifier leur gamme de produits et en les formant sur un savoir-faire spécifique concernant leurs activités de production.

Et vice versa, si les bénéficiaires de PROSPERER ont besoin d’un appui financier pour leurs activités génératrices de revenu, ils seront orientés vers la CECAM de la Commune Rurale d’Amboanana pour appui.

Il est à noter qu’il existe des préjugés qui permettent aux paysans de faire une opinion provisoire concernant les services offerts par le CECAM surtout en ce qui concerne le taux des intérêts considéré comme élevé.

Les femmes membres de l’association des femmes d’Amboanana avouent ne pas être satisfaites des conditions d’octroi de crédit appliquées par la CECAM tant concernant le taux d’intérêt que la caution demandée. Ces conditions constituent des blocages à l’accès des femmes au crédit en particulier les femmes les plus vulnérables.

Les paysans rencontrent des difficultés dans les domaines suivants: la façon de gérer l’argent prêté, la définition du coût de la production et du bénéfice par rapport aux conditions exigées par la microfinance et aussi en tenant compte du prix sur le marché.

2.6. SANTE

Les femmes ont une fécondité atteignant une moyenne de quatre enfants par femme. Beaucoup de couples pratiquent la planification familiale grâce à la sensibilisation menée par le Centre de santé de Base d’Amboanana. Bien que le centre est éloigné pour les fokontany qui sont pour la plupart situés entre 5 à 15 km, les résultats en planification familiale sont

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« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana palpables. Au niveau du centre, les consultations sont gratuites mais les malades achètent eux- mêmes les médicaments dont ils ont besoin pour le traitement. L’accès des femmes et de leur famille est limité à cause de l’éloignement et le coût des médicaments. Compte tenu de la faiblesse du revenu familial, la population confie leur santé à des matrones ou des guérisseurs. Certaines personnes font de l’automédication ; les médicaments comme le paracétamol, le cotrim ou l’amoxycilline sont vendus dans les épiceries.

Concernant la planification familiale, sur les 30 femmes enquêtées, 25 pratiquent la planification familiale. Les méthodes les plus utilisées sont la pilule et l’injection. Les couples sont informés des avantages et des inconvénients d’une famille nombreuse et d’une famille avec peu d’enfants afin de pouvoir prendre une décision en conséquence. Ils sont aussi informés des effets secondaires avant la prise de décision finale. A noter que la pratique de la planification familiale nécessite le consentement du couple. Les méthodes sont à moindre coût, mais ces méthodes demeurent toujours inaccessibles aux bourses des familles les plus vulnérables.

2.7. PROBLEMATIQUES DE DISPARITES LIES AU GENRE

2.7.1. GENRE ET DROITS, US ET COUTUMES

Qu’en est-il- de la répartition des tâches au sein de la famille ?

Tableau de répartition des tâches au sein de la famille

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HOMME HEURES FEMME

Se prépare pour aller au champ 5H00 Prépare le repas

Travaille dans les champs 5H15 Envoie les enfants à l’école

Prend le petit déjeuner 7H00 Apporte le petit déjeuner au champ

Travaille dans les champs 7H15 Lave la vaisselle

Nettoie la maison

Fait le marché

Pile le riz

Prépare le déjeuner

Déjeune 12H00 Apporte le déjeuner

13H00 Pile le riz

Cherche de l’eau

Cherche du bois de chauffe

Fait du jardinage

Lave le linge

Suit l’éducation et l’entretien des enfants

Discute avec les amis 17H Prépare le dîner

Ecoute la radio

Dîner 19H30 Dîner

Se couche Nettoie la vaisselle

Prépare les besoins du lendemain

21H00 Se couche

En général, la femme reste au foyer et s’occupe de sa bonne marche incluant les multiples tâches relatives aux travaux ménagers que nous voyons dans le tableau ci-dessus.

De par ses multiples tâches tout au long de la journée, la femme se lève tôt et se couche tard par rapport à l’homme. Du fait de cette surcharge de travail, l’accès de la femme à l’éducation

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et à la formation se trouve limité. Le seul moment de loisir de la femme est le moment où elle va au marché et en profite pour discuter avec les autres femmes.

Par contre l’homme travaille au champ, il s’occupe des travaux agricoles ou du bétail. Il part le matin pour revenir vers la fin de l’après-midi. Il déjeune au champ. Après le travail, il dispose de temps pour se reposer ou discuter avec ses amis, activités qui peuvent être considérées comme du loisir.

A Madagascar comme dans la Commune Rurale d’Amboanana, la famille est patrilinéaire: la décision finale appartient généralement à l’homme en ce qui concerne la vie de la famille, par exemple la vente d’un bœuf ou d’un porc, l’achat de matériels importants ou lors d’évènements familiaux.

La femme n’a pas droit à la parole en famille et en publique. Les us et coutumes ainsi que les proverbes montrent cette tendance :

Ny lahy no lohan’ny vavy: la suprématie de homme face à la femme ;

Fanaka malemy: un meuble fragile ;

Kofehy manaram-panjaitra: un fil qui suit l’aiguille ;

Ny zaza amam-behivavy: les enfants et les femmes ;

Hanambadian-kiterahana: se marier pour engendrer des enfants ;

Akohovavy maneno: une poule qui caquète ;

Ny ankizinay: mon enfant.

Les femmes et les enfants sont sous la domination de l’homme et tous deux sont alignés au même rang.

2.7.2. DROITS HUMAINS

Concernant la connaissance des droits humains, le tableau suivant montre les résultats des enquêtes menées auprès de 60 personnes dont 20 hommes.

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DROITS HOMME FEMME TOTAL /POURCENTAGE

Droits 20 40 60 100% fondamentaux

Droits Fonciers 20 25 45 75%

Droit à 20 20 40 67% l’héritage

Droits lors de la 15 27 42 70% Séparation du couple

Droit à 10 15 25 41% l’information

Droit au loisir 10 10 20 33%

Droit à la parole 10 5 15 25%

La connaissance des droits humains par l’homme et la femme est assez difficilement mesurable car souvent cette connaissance est partielle et les problèmes résident surtout dans leurs manques de vulgarisation et d’application.

Concernant les droits fondamentaux comme le droit à l’éducation, le droit à la santé, le droit à la nourriture, le droit à un emploi, le droit à un foyer, chaque personne enquêtée a pu citer au moins deux droits fondamentaux d’où le pourcentage 100% avec observations. Les droits à l’éducation et à la nourriture ont été toujours cités.

Les droits fonciers et les droits à l’héritage semblent être connus par les hommes avec un pourcentage de 100% mais avec peu de conviction quant à leur application.

Concernant les droits fonciers, les femmes, dont les familles sont plus souples, héritent au même titre que les hommes des biens fonciers. En fait, l’application de ces droits dépend de chaque famille ; même si l’homme et la femme bénéficient de ces droits, il arrive que les parts sont inégalement réparties.

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Généralement, la coutume favorise l’accès de la terre aux hommes par rapport aux femmes. Cette situation est due au fait que la femme après le mariage suit le mari et ne peut bénéficier d’aucun droit foncier ou immobilier. Dans certaines familles, cette tendance commence à s’atténuer.

Lors des séparations, les femmes mariées légalement bénéficient du « zaramira » ou partage égale stipulée lors du mariage civil. Parfois, cette séparation des biens dépend de l’humeur du conjoint qui est influencé par sa mère ou sa famille même.

Ces droits fonciers sont aussi liés à des problèmes de régularisation des dossiers administratifs. La population a bien souvent peur d’entrer dans les bureaux administratifs. Cette situation est due à un manque d’instruction. Les parents se font accompagner de leurs enfants lettrés, ou bien, ils ont recours à des intermédiaires qui bien souvent profitent de la situation.

Certaines femmes n’ayant pas eu une éducation de base et aussi par manque d’information, ignorent leurs droits légaux. Elles ne sont pas informées sur l’existence d’autres valeurs ou idées. Parfois même, elles ne sont pas conscientes de leur situation de victime qu’elles considèrent comme normale.

Elles n’ont pas de voix dans les pouvoirs locaux et dans les prises de décision liées à la vie communautaire.

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2.7.3. PRISE DE DECISION

Sur les 60 personnes enquêtées, les réponses sont résumées dans le tableau suivant avec des observations qui sont présentées plus bas.

DECISIONS HOMME FEMME COUPLE

Vente de zébus 100%

Vente de porcs 100%

Vente de poules 100%

Education des enfants 20% 80%

Planification familiale 100%

Evènement familial 100%

Achat de nourriture et de 100% vêtement

Achat de matériels importants 100%

Au sein de la famille constituée des parents et des enfants directs, la décision finale revient à l’homme entièrement surtout concernant l’achat de matériels importants comme une charrette, une bicyclette ou une radio.

Dans la majorité des cas, c’est l’homme qui gère le revenu familial. C’est lui qui prend la décision de vendre un bœuf ou un porc et de gérer l’argent qui en découle. La femme demande au mari de l’argent pour satisfaire les besoins familiaux. Cependant, dans certains cas, la femme arrive à vendre des brèdes ou des poulets pour les dépenses au foyer. Dans ce cas, c’est la femme qui gère cette somme. L’achat du riz dépend de la production annuelle qui arrive ou n’arrive pas à couvrir les besoins de la famille selon la superficie du sol cultivé.

Concernant des activités de moindre importance, comme la vente de poules ou l’achat de la nourriture quotidienne ou des vêtements des membres de la famille, la décision revient totalement à la femme. 100% des personnes enquêtées ont affirmé cette option.

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Du fait de la politique de l’Etat sur la vulgarisation de la planification familiale, une intense sensibilisation sur les avantages des méthodes est menée par le Centre de Santé de Base de la Commune Rurale d’Amboanana. La décision finale pour la planification familiale est prise conjointement par le couple. Cette prise de décision sous-entend une responsabilité commune des conséquences car elle est prise en toute connaissance de cause.

Concernant l’éducation, 80% des personnes enquêtées pensent que la décision finale appartient au couple, 20% pensent que celle-ci revient entièrement à la femme. Ceci montre en partie la responsabilité de la femme dans l’éducation des enfants.

Au sein de la grande famille ou famille élargie, lors des réunions en vue d’une prise de décision importante comme le retournement de morts, les évènements ou les problèmes familiaux, les femmes ont très peu de droit à la parole, parfois elles sont même priées de se regrouper dans une pièce différente ou d’attendre à l’extérieur de la maison.

2.7.4. VIOLENCE A L’EGARD DE LA FEMME

Les différentes formes de violence, comme les vols, les coups et les blessure, existent tant au niveau de la famille que de la communauté dont les mobiles sont liés à des problèmes sociaux ou économiques. Par peur ou par honte, seuls les cas flagrants sont déclarés auprès des bureaux de la Commune. Les cas de viol et le phénomène de prostitution n’existent pas dans la commune d’après les autorités et la population.

2.8. INFORMATION, EDUCATION, FORMATION

2.8.1. ACCES A L’INFORMATION

La radio demeure un matériel inaccessible aux ménages car seul 01 ménage sur 03 possède une radio. Le prix de l’appareil est inaccessible ainsi que le coût des piles.

La Région de l’Itasy dispose d’une radio locale. La Commune Rurale d’Amboanana reçoit les émissions venant de cette radio ainsi que celles de la Radio nationale.

La télévision commence à avoir de l’ampleur. Dans les quartiers et villages, cette extension se heurte au problème d’électrification et à l’insuffisance du budget familial. Seules les familles rurales aisées, possédant une batterie, peuvent bénéficier des avantages apportés par la télévision.

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L’informatique et encore moins l’internet n’ont pas encore fait leur apparition au niveau de la Commune Rurale d’Amboanana. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication sont encore méconnues dans la communauté tant par les autorités que par la population.

Par ailleurs, l’accès à la presse et aux livres est très limité, les prix des journaux sont inaccessibles à la population. Il n’existe pas de centre de lecture pour la population.

Les nouvelles se réduisent aux nouvelles répandues à travers les « radio-trottoir » et véhiculées par les voyageurs des taxi-brousses venant de la ville d’Arivonimamo, de Miarinarivo ou d’Antananarivo.

Le téléphone portable commence à avoir de l’importance dans la Commune Rurale d’Amboanana car une famille sur cinq utilise ce nouveau matériel. Le problème est le chargement, les personnes vivant dans des milieux sans électricité utilisent la batterie que loue une personne ou un épicier moyennant une somme modique entre 100 ariary à 200 ariary.

2.8.2. EDUCATION ET FORMATION

Tableau : Répartition des Infrastructures scolaires

DESIGNATION INFRASTRUCTURE NOMBRE

Ecole Primaire Ecoles Primaires Publiques 16

Ecoles Primaires Privées 11

Collège d’Enseignement CEG Pupliques 01 Général ou CEG CEG privés 01

LYCEE LYCEE PUBLIQUE 00

LYCEE PRIVE 01

La Commune Rurale d’Amboanana dispose de 16 Ecoles Primaires Publiques au niveau de 16 fokontany ou villages sur les 19 existants. Les 03 fokontany qui n’ont pas d’écoles

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primaires publiques sont situés dans des zones reculées, cependant ils disposent d’écoles privées. Le Collège d’Enseignement Général publique, le CEG privé et le lyçée privé catholique se trouvent au niveau du fokontany d’Amboanana. 80% des élèves sont issus des fokontany environnants situés entre 14 à 18 km de la Commune. Les élèves louent des logements au niveau de la Commune avec un loyer entre 5000 ariary et 7000 ariary. Soit ils vivent seuls ou regroupés. Les parents leur donnent une provision de riz qui généralement ne couvre pas leurs besoins. Après les vacances de Noël, 20 élèves sur 249 élèves ont abandonné l’école dont la moitié est constituée de filles et l’autre moitié de garçons.

Le pourcentage de réussite au Brevet d’Etudes de Premier Cycle ou BEPC est de 58%. Ceux qui réussissent l’entrée en seconde et dont les parents ont les moyens pour prendre en charge leurs études, poursuivent leurs études au niveau du lyçée catholique implanté dans la Commune Rurale d’Amboanana ou au niveau du lyçée privé d’Arivonimamo. Les autres abandonnent leurs études à cause de l’insuffisance des revenus des parents. Quelquefois, les élèves vont étudier mais ils quittent l’école vers le mois de janvier caractérisé par la période de soudure.

Pour les filles qui ont la chance d’aller au lycée d’Arivonimamo qui est éloigné, la sécurité laisse à désirer car elles devront louer des maisons et sont souvent exposées à la prostitution à cause de l’insuffisance de la prise en charge des parents.

Concernant les études primaires, les garçons sont souvent appelés à travailler dans les champs lors des récoltes, ce qui explique leurs absences fréquentes. Les filles sont plus présentes à l’école jusqu’à ce que leurs parents estiment qu’elles devront s’arrêter, généralement au niveau des classes de 8 ème ou 7ème .

Les enfants qui ont pu achevé les études primaires mais ayant abandonné à des niveaux assez élevés tombent rarement dans l’analphabétisme. Ce dernier cas concerne surtout les adultes et personnes âgées. Aucun programme d’alphabétisation n’est mis en œuvre par le Ministère de l’Education dans la Commune Rurale d’Amboanana.

Les raisons des abandons sont souvent liées à la méconnaissance des avantages de l’éducation et surtout à la pauvreté.

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Actuellement l’Etat encourage une éducation avec un taux zéro d’abandon. Compte tenu de la crise qui sévit dans le pays et qui a des impacts en milieu rural, ce message est assez difficile à respecter.

Les filles vivant à la campagne ont des difficultés à suivre voir terminer leurs études à cause de l’insécurité sur le chemin de l’école entraînant que les parents préfèrent souvent les garder à la maison ou les envoyer pour travailler au sein d’autres familles.

Effectivement, beaucoup de petites filles sont obligées de travailler comme domestique au sein des familles pour suppléer aux besoins de la famille. Les villes d’accueil sont Arivonimamo, Miarinarivo ou Antananarivo. Cet aspect montre un non respect des droits des enfants notamment le droit à l’éducation. Ces enfants intègrent très tôt le monde du travail sans aucun contrat et ne bénéficient pas des avantages du travail légalement reconnus.

L’accès des femmes et des filles à la formation est assez faible. Il se limite à des formations sur des thèmes portant sur l’agriculture et l’élevage développées par le Programme Sectoriel de Développement Rural ou PSDR.

Cependant les femmes, lors des discussions ressentent un besoin d’éducation sur des thèmes liées à l’amélioration des conditions de vie de la famille. Thèmes portant sur la relation entre parent et enfant, le respect des droits, la santé et la planification familiale, la gestion du budget familial ou autre thème. Un programme d’alphabétisation est sollicitée tant pour les enfants issus des familles vulnérables que pour les adultes.

La population ressent un besoin d’appui en éducation et en formation.

2.9. FEMME ET VIE COMMUNAUTAIRE ET POLITIQUE

Lors de l’avènement des projets financés par les différents programmes comme le Programme Sectoriel de Développement Rural ou le Fond International pour le Développement, les femmes ont commencé par se regrouper. Seules les femmes au sein de ces groupements peuvent prétendre pour un projet finançable.

Au sein de la communauté, l’homme et la femme, dès l’âge de 18 ans, ont les mêmes droits et devoirs au sein de la communauté. Ils paient les mêmes montants de cotisation et contribuent aux travaux communautaires.

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Généralement, le village fait appel à la population pour réaliser des travaux de nettoyage ou de réhabilitation. Cependant, lors des grands projets de construction de marché ou de mise en place de pompes à eau, ce sont les hommes qui prennent les décisions finales.

Dans le domaine politique, les femmes sont regroupées au sein de l’unique association de femmes dirigée par Madame le Directeur du Collège d’Enseignement Général d’Amboanana. Elle compte 40 membres qui sont toutes des agricultrices. L’objectif est de contribuer à l’amélioration des conditions de vie des membres.

Les principales activités consistent à :

- Former les membres sur des thèmes comme la violence et les droits de la femme, la cuisine et autres thèmes répondant à leurs besoins ;

- Aider les membres en intrants ;

- Contribuer aux travaux communautaires

- Participer à la célébration des Journées Internationales comme le 08 Mars.

Les sources de revenu sont :

- Levée de fonds

- Appui d’organisme comme le Programme Sectoriel de Développement Rural ou des organismes religieux.

Les principaux problèmes résident dans :

- L’insuffisance des appuis ;

- Le manque d’informations et de formations :

- La méconnaissance des principes de leadership et de plaidoyer.

Les femmes absorbées par leurs travaux quotidiens, participent à la vie communautaire et politique. Elles manquent de leadership et d’initiative.

Il n’existe pas de femmes chefs de quartier ou de femmes maires au niveau de la Commune Rurale d’Amboanana.

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Au niveau du bureau de la Commune, tout le personnel est constitué d’hommes y compris le secrétaire.

Le Plan Communal de Développement ne prévoit aucun volet pour la promotion de la femme. Le budget est généralement consacré à des activités classiques comme les dépenses administratives et le salaire du personnel du bureau de la Commune Rurale.

2.10. REALISATIONS DE LA COMMUNE RURALE D’AMBOANANA

Les dépenses du bureau de la Commune Rurale d’Amboanana sont généralement liées aux dépenses classiques et administratives. Le Plan Communal de développement ne tient pas compte de l’approche genre. Par contre, les réalisations des partenaires tiennent une grande place :

- L’Eglise de Jésus Christ et des Saints des Premiers Jours a appuyé la commune en adduction d’eau et en dotation de matériels pour la maternité au niveau du Centre de Santé de Base (CSB II) ;

- L’Association de Développement de Madagascar a appuyé la Commune Rurale d’Amboanana dans la mise en place de pompes à eau au niveau des fokontany et la réhabilitation du Collège d’Enseignement Général ;

- Le Programme Sectoriel pour le Développement Rural ou PSDR a aidé la Commune dans la réhabilitation de barrage pouvant approvisionner des hectares de rizière, a doté d’une machine pour décortiquer et de jeunes plans pour reboisement, a appuyé les groupements dans la mise en œuvre d’élevage porcin ;

- L’Office Nationale de Nutrition dispose d’un programme sectoriel d’appui nutritionnel aux personnes vulnérables mis en œuvre au niveau des quartiers en collaboration avec l’association des femmes.

A première vue, les aspects socio-économiques et culturels de la Commune Rurale d’Amboanana sont peu favorables à l’empowerment de la femme. Mais qu’en est-il des interrelations entre ces aspects sur la vie de la population, en particulier des femmes ?

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III PARTIE ANALYSE DES RESULTAS DE LA RECHERCHE

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III. ANALYSE DES RESULTATS DE LA RECHERCHE

Le schéma suivant présente les interrelations entre les différentes situations vécues par la population et en particulier les femmes. Schéma qui permet de faire une analyse sur le contexte socio-économique et culturel lié au genre de la Commune Rurale d’Amboanana.

Tableau portant sur les interrelations des situations socio-économiques et culturelles

POIDS DES US ET ACCES AUX L’INFORMATION, COUTUMES RESSOURCES L’EDUCATION

Non respect des droits Politique de Manque d’information humains développement non d’éducation/formation

sensible au genre Existence de violences Abandon scolaire conjugales Faible accès aux Travail des enfants ressources

Absence de pouvoir de décision de la femme

Manque d’autonomie de la femme

Faible participation au développement

PAUVRETE

L’analyse vise à comprendre et à faire ressortir les inégalités existantes,*

à comprendre comment ces inégalités s’expriment dans les relations personnelles que les hommes et les femmes établissent, ainsi que dans la société dans son ensemble, à comprendre aussi comment les relations entre les hommes et les femmes sont institutionnalisées en vue de planifier le changement et en vue d’une plus grande égalité pour le développement.

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3.1. POIDS DES US ET COUTUMES

Le poids des us et coutumes de la population d’Amboanana se reflètent dans tous les aspects de la vie familiale, communautaire et politique. La femme est toujours considérée en second plan, elle est même placée au même rang que les enfants. Cette considération est encore vivace comme nous allons le voir à travers les analyses qui vont suivre au niveau de chaque volet étudié.

Le non respect des droits humains de la femme et la discrimination apparaissent comme des faits normaux pour la population et les autorités. L’approche genre est encore loin d’être appliquée.

On enregistre des traitements discriminatoires à l’endroit de la femme dans les domaines particulièrement de l’héritage et de la séparation des biens. Les répartitions des parts se font généralement selon la volonté de la famille ou du conjoint. Ces pratiques néfastes empêchent la femme de jouir de biens fonciers ou immobiliers.

Par ailleurs, des formes de violences conjugales sont perpétrées, par les conjoints, à l’encontre des femmes qui, pour la plupart se cantonnent dans le silence. Elles respectent l’adage malgache : « Tokantrano tsy ahahaka » ou les problèmes familiaux demeurent internes. Elles se taisent derrière la souffrance ou fuient leur foyer quand c’est devenu insupportable. C’est seulement dans ces cas qu’elles osent aviser les autorités locales.

En outre, la sensibilisation sur les droits humains et les sanctions et surtout leurs applications demeurent insuffisantes. La femme est victime, tant au niveau de la cellule familiale qu’au sein de la société, de discriminations et de violences qui la rendent vulnérable et bien souvent la marginalisent.

Concernant les recrutements au niveau des bureaux de la Commune Rurale d’Amboanana, les autorités n’ont aucune considération sur le genre car devant une compétence égale, aucune femme n’est recrutée en ces lieux, même le secrétaire est un jeune homme. Cette situation montre l’absence de participation de la femme dans la vie de la dite commune.

Par ailleurs, même si les femmes de la Commune Rurale d’Amboanana arrivent à se rassembler au sein de l’unique association, peu de pouvoir leur est accordée afin qu’elles puissent vraiment s’exprimer ou participer à la vie politique. D’un côté, l’association manque

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de leadership, de créativité et d’initiative de développement et se contente d’activités de routine généralement liées à des célébrations ou de nettoyage.

De ce fait, dans la Commune Rurale d’Amboanana, les femmes sont encore victimes de nombreuses discriminations et inégalités, que ce soit au niveau de leur vie professionnelle, familiale, sociale, civile ou politique. A Madagascar, la loi reconnait les mêmes droits pour les femmes et les hommes, mais, c’est leurs applications qui sont encore faibles. Par ailleurs, la communauté internationale dans le cadre de la responsabilité collective et les Etats ont pris des engagements pour éliminer les inégalités, à l’origine de déséquilibre social, à travers notamment l’application de la Convention sur l’élimination de toutes formes de discrimination envers les femmes. Ladite convention est encore faiblement vulgarisée et peu appliquée au niveau de l’Etat.

Cette faible application des conventions, des lois et des sanctions représentent un frein à l’émancipation de la femme Elle est liée à une faible diffusion des lois et des sanctions par le biais soit de l’éducation soit des médias. D’aucun ne sait que la connaissance des droits, leurs respects, leurs applications ainsi que celles des sanctions y afférentes forment une garantie à l’accès des femmes aux informations soit à détenir le pouvoir d’action leur permettant de reculer petit à petit la pauvreté.

3.2. ACCES A L’INFORMATION, L’EDUCATION ET LA FORMATION

3.2.1. FAIBLESSE DE L’ACCES A L’INFORMATION

L’insuffisance de revenu ne permet pas à la population d’accéder à l’information que ce soit par la radio, par la télévision ou par la presse. Ce manque d’information affaiblit la population car celle-ci, mal informée ou non informée, ne peut acquérir les capacités requises pour pouvoir améliorer ses conditions de vie sous ses aspects économiques, sociaux et culturels. De par cette lacune, la femme ne peut pas accéder aux nouvelles technologies qui pourront alléger ses tâches quotidiennes ou encore améliorer la nutrition de la famille par exemple par l’introduction du soja et de l’ananambo ou le Moringa Olifera en terme technique, comme éléments très riches en valeurs nutritives et qui ne coûtent pas chers. Le problème majeur réside dans l’accès insuffisant aux informations.

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Tous ces facteurs ne permettent pas à la population, en particulier les femmes, d’avoir le pouvoir d’agir car il est dit que celui qui détient l’information détient le pouvoir. Ce manque de pouvoir pour agir entretient la pauvreté des femmes.

En termes d’accès de la population à la santé reproductive, la Commune Rurale d’Amboanana se pose le défi majeur de la maîtrise du taux de fécondité auquel la femme constitue le centre principal d’intérêt des politiques de planification familiale. Ce défi est basé sur l’intensification de l’éducation et la sensibilisation. Malheureusement, les familles issues des couches les plus vulnérables ne sont pas touchées par cette action à cause de la pauvreté car bien que le coût des produits contraceptifs est modéré, ces derniers demeurent toujours inaccessibles pour la majorité des familles rurales.

3.2.2. FAIBLESSE DE L’ACCES A L’EDUCATION ET A LA FORMATION

Les abandons scolaires qui affectent aussi bien les filles que les garçons sont surtout liés aux difficultés pour les parents vulnérables de prendre en charge les études. Ces problèmes qui ne permettent pas aux filles de continuer leurs études constituent un facteur de blocage lorsqu’elles deviendront femmes. Il ne faut pas oublier l’éloignement des établissements scolaires. Les élèves sont obligés de louer une chambre; cette situation peut s’accompagner d’une insécurité pour les filles qui, à long terme, peuvent être exposées aux différentes formes de violence.

L’analyse des résultats montre qu’il existe des formes d’inégalité de réussite qui ont pour cause les origines sociales au niveau de la Commune Rurale d’Amboanana. Seuls les enfants issus de familles rurales aisées arrivent à terminer leurs études. Notons que d’après Bourdieu, la réussite scolaire des enfants des familles aisées est issue non pas de leur talent mais de leur héritage culturel. En effet les familles transmettent à leurs enfants un capital culturel que l'école va valoriser. Selon lui, l'égalité des chances dans les études est vérifiée à l’endroit des enfants issus de familles aisées, par contre, les enfants de catégories vulnérables acceptent l’abandon scolaire et le considèrent comme normal. Au niveau de la Commune Rurale d’Amboanana, les enfants qui sont issus de familles aisées, ont des parents collecteurs ou grossistes.

En termes de genre, l’inégalité dans l’éducation affecte doublement les filles dans cette commune à cause de leur origine et à cause de leur sexe. Elles ne peuvent pas continuer leurs études de par l’incapacité des parents dans la prise en charge mais aussi parce qu’elles sont

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« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana tout simplement femmes qui selon la coutume devraient s’occuper du foyer. La situation est aggravée par la pratique du travail des enfants. Dans ce monde du travail, beaucoup de petites filles sont obligées de travailler comme domestiques au sein des familles pour suppléer aux besoins de la famille. Cet aspect montre un non respect des droits des enfants comme le droit à l’éducation. Par ailleurs, ces enfants intègrent très tôt le monde du travail sans aucun contrat et ne bénéficient pas des avantages du travail légalement reconnus.

Ce principe est contraire à la déclaration de M. Ban Ki-moon, Secrétaire Général de l'ONU lors de la Journée Internationale de la femme rurale, le 15 octobre 2010 qui dit « Aujourd’hui, nous saluons l’importance de la contribution que les femmes rurales, apportent au développement. Les femmes rurales sont agricultrices, pêcheuses, éleveuses et chefs d’entreprise; elles sont les garantes des identités ethniques, des savoirs traditionnels et des pratiques durables; elles élèvent les enfants, s’occupent d’autres membres de la famille, prennent en charge ceux qui n’en n’ont plus. »

D’après le Secrétaire Général de l’ONU, la femme rurale est un élément incontournable pour le développement de la famille et de la communauté par le biais de ses multiples tâches incluant l’éducation des filles.

Selon les us et coutume, la mère joue un rôle primordial dans l’éducation des enfants. On dit que « Eduquer une femme, c’est éduquer toute une nation ». Tous les enfants grandiront selon le type d’éducation que la mère leurs a donnée. La question se pose : quel genre de mères deviendront plus tard ces filles en manque d’éducation et entrant très tôt sur le marché du travail ? Quel est l’avenir qui attend le pays ?

Concernant l’éducation de la femme elle-même, la femme mariée est trop occupée par les tâches domestiques qui l’incombent. De ce fait, elle manque de temps pour s’informer, s’éduquer, apprendre à connaître ses droits et les droits de ses enfants et à suivre des formations bref pour se développer et améliorer les conditions de vie de sa famille et de sa communauté. L’homme contribue peu aux travaux au sein du foyer, qui dit-il, reviennent à la femme.

Un renforcement des capacités est essentiel aussi bien pour l’homme que pour la femme. L’éducation est un atout indispensable pour permettre à l’humanité de progresser vers l’acquisition de connaissances donnant à la femme le pouvoir d’agir, soit de devenir autonome pour un développement durable aboutissant à la régression de la pauvreté. Or

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« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana

l’accès à l’éducation et à la formation des filles et des femmes présente des lacunes dans la Commune Rurale d’Amboanana.

3.3. POLITIQUE DE DEVELOPPEMENT NON SENSIBLE AU GENRE

Les autorités locales semblent s’enliser dans des activités de routine et ne pensent pas à identifier les besoins de la population et encore moins à les aider à satisfaire leurs besoins. Les principales actions sont généralement réalisées par des partenaires et qui sont en général focalisées sur l’approvisionnement en eau potable et l’appui aux infrastructures. Les partenaires n’appuient pas les besoins spécifiques des femmes ni des associations de femmes.

La prise en compte de la dimension genre constitue aussi un impératif des Objectifs du Millénaire pour le Développement structurés à travers des programmes de lutte contre la pauvreté. La Constitution Malgache reflète cette égalité des droits entre la femme et l’homme. Cependant au niveau de la Commune, la prise en compte de la dimension genre dans la politique locale est encore difficile dans le contexte actuel car même les autorités locales ne sont pas sensibles à cette approche. Pourtant cette sensibilité au genre venant de la part des autorités est un pas essentiel pour qu’aucune catégorie de la population ne soit oubliée et participe pleinement au développement.

3.4. INEGALITES D’ACCES AUX RESSOURCES

On observe des inégalités de traitement de la femme par rapport à l’homme sur les plans des droits fondamentaux, politiques, socio- économiques et culturels. Ces inégalités créent des écarts en faveur de l’homme au niveau de l’autorité familiale, au niveau de l’influence au sein des structures institutionnelles mais aussi au niveau de l’accès aux ressources ou encore au crédit, rendant la femme plus que vulnérable que jamais.

La femme ne jouit pas de ses droits en matière d’héritage et de séparation de biens car tout se joue encore selon les us et coutumes de la famille originelle. La femme, plus vulnérable que jamais, accepte le verdict ; bien souvent elle considère cette situation comme normale.

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« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana

Cette situation discriminatoire constitue, sans nulle doute, une menace pour la stabilité et la sécurité au sein des familles, et partant de la société toute entière. La société étant le reflet des familles.

3.5. ACCES AU CREDIT

La femme est généralement reléguée aux cultures vivrières et à la commercialisation de biens moins rentables comme l’élevage de poulets ou la culture de brèdes. Par ailleurs, elle est défavorisée sur le plan du contrôle des recettes qui sont tirées des activités familiales ainsi que des biens en particulier la terre et l’immobilier.

Mise en second plan, la femme est souvent réduite à la seule fonction de reproduction et aux activités d’entretien du foyer. Avec le peu de temps qu’elle dispose, elle se cantonne dans les activités informelles à moindres revenus destinées le plus souvent à la subsistance. Ce sont par exemple des petits commerces ou des ventes des produits de l’agriculture au marché. Les bénéfices sont si faibles et n’arrivent pas à satisfaire les besoins familiaux.

Dans la Commune Rurale d’Amboanana, l’entreprenariat féminin se révèle faible. Les entreprises dirigées par des femmes sont surtout des épiceries. Le Centre d’Epargne et de Crédit Agricole offre des services dont les conditions ne conviennent pas aux femmes. Ainsi, les crédits représentent un blocage concernant le taux d’intérêt élevé et l’exigence de garantie dont peu de familles arrivent à satisfaire. Le centre contribue peu favorablement au développement des familles très vulnérables du fait de ces conditions.

A l’issue des analyses, on peut affirmer que le parcours de l’homme et celui de la femme dans la recherche de l’émancipation ne sont pas semblables. Les conditions socio- économiques et même juridico-politiques de la femme présentent des lacunes, des discriminations, des inégalités dans les domaines que nous avons étudiés.

La situation d’indigence tant matérielle qu’intellectuelle révélée chez les femmes de la Commune Rurale d’Amboanana engendre la pauvreté dans toute sa dimension. Toutes les insuffisances et lacunes analysées plus haut, en terme de poids des us et coutume, de faible accès aux ressources ou à l’information et l’éducation ne favorisent guère le pouvoir de décision à l’endroit de la femme d’où l’absence de force pour agir en vue d’une autonomie encore moins l’atteinte d’un certain empowerment. De ce fait, elle contribue peu ou

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« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana inefficacement au développement de sa famille, de sa communauté et de son pays. Le schéma vérifie bien que cette situation qui prévaut dans la Commune Rurale d’Amboanana entretient un état de PAUVRETE.

Cet état de pauvreté est vérifié dans le pays car selon les résultats de l’Enquête Périodique auprès des Ménages de 2010, un peu plus de la moitié soit 56,50% de la population, vivent dans un état d’indigence extrême. C’est en milieu rural qu’on observe un ratio de pauvreté extrême plus élevé, avec un taux de 62,10%, contre 34,60% en milieu urbain.

Cette situation fragilise les femmes puisqu’elles sont considérées, d’après les études menées par le Programme des Nations Unies pour le Développement, comme pauvres d’entre les pauvres. Les chiffres en parlent : 70% des pauvres sont des femmes. Par ailleurs, les femmes sont les premières victimes de l’impact de toutes les crises qui engendrent ou aggravent la pauvreté.

La pauvreté est ici entendue non seulement comme un déficit des revenus monétaires qui ne permet pas à l'individu de satisfaire ses besoins fondamentaux, mais aussi, le manque d'autres éléments vitaux qui freinent son épanouissement tels que le non respect des droits humains, l’accès à l’information, à l’éducation et à la formation, l’accès aux ressources, au crédit, aux soins ainsi que les contraintes sociales pesant sur les femmes, aussi bien dans la vie privée que publique.

Des mesures spécifiques à la Commune Rurale d’Amboanana sont présentées pour donner le pouvoir à la femme ou empowerment afin qu’elle puisse devenir actrice et bénéficiaire de tout projet de développement durable et équitable.

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IV PARTIE AXES STRATEGIQUES D’INTERVENTION

« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana

IV. AXES STRATEGIQUES D’INTERVENTION

Le développement durable résulte d’un fond d’équilibre idéal entre les rapports de forces entre l’homme et la femme au sein de la famille, de la communauté et de la société. Nous avons défini comme suit le mot empowerment :

Empowerment : processus d’intervention fondé sur la reconnaissance et le développement du pouvoir de l’individu et du renforcement des capacités pour dépasser les obstacles qui entravent l’accès à l’égalité.

L’empowerment de la femme pour un développement durable et équitable, qui est lié à la réduction de l’inégalité de genre et de toutes formes de discrimination, est incontournable. Son efficacité nécessite des mesures d’accompagnement qui sont traduites en stratégies qu’il ne faut pas négliger. Cet empowerment peut être graduellement atteint si les stratégies suivantes seront prises en considération en partie ou en totalité.

4.1. APPLICATION DES LOIS ET VULGARISATION DES TEXTES DE LOIS

La recherche du bien être général de la population, se traduit par le refus systématique de toutes formes de discrimination et d'oppression et d'injustice, qui peuvent être formalisées à travers les actions suivantes:

- l’adoption et l’application par les Etats des recommandations issues des conférences mondiales comme la Convention pour l’Elimination de toutes formes de Discrimination Envers la Femme dénommée CEDEF. Convention qui a été signée et ratifiée par Madagascar ;

- l’application effective des textes et lois nationaux comme la Constitution Malgache qui énonce l’égalité des droits entre l’Homme et la Femme. Cette action est liée à la vulgarisation des droits de l’homme mais aussi à l’information de la population sur l’existence de sanctions pour tout acte de non droit.

Tous ces éléments servent de cadre de référence aux politiques sectorielles de l’Etat en particulier celle au niveau de chaque commune comme le Plan de Développement Communal qui devrait répondre aux besoins de la population locale.

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Par ailleurs, l’application des lois et des sanctions contribuent à la réduction du non respect des droits et à la diminution des cas des violences mais aussi à l’instauration de la paix et de la sécurité au niveau de la Commune Rurale d’Amboanana. Toutes ces conditions sont nécessaires à la mise en place d’un développement participatif et durable.

4.2. ACCES A L’INFORMATION, L’EDUCATION ET LA FORMATION

L’égalité de genre entre l’homme et la femme est encore assez difficile à envisager dans certaines régions de Madagascar comme la Commune Rurale ‘Amboanana car la coutume est encore ancrée dans la vie quotidienne de la population. Afin de rendre effective cetteégalité de genre, l’initiation des activités liées à l’information, l’éducation et la formation est incontournable.

4.2.1. INFORMATION

La mise en place d’un centre d’information et d’éducation au niveau du village où seront dispensées l’éducation de la population et les séances d’information est une nécessité. La structure sera dotée d’un poste télévision, d’une radio, d’un ordinateur avec accès à l’internet, de livres et de journaux afin de faciliter l’accès de la population en particulier les femmes aux informations nécessaires à leur propre développement et à celui de la Commune Rurale d’Amboanana. Beaucoup d’opportunités sont présentées par le biais de l’internet comme l’existence de marché international, de formation ou éducation, connaissances pour l’agriculture ou l’élevage ou autres.

Des séances d’éducation destinées à la population et en particulier aux femmes auront pour objectif d’améliorer leurs conditions de vie ainsi que celles de leurs familles accompagnées de diffusion de films. Des thèmes éducatifs y seront développés et qui répondront aux besoins spécifiques de la communauté. La Commune Rurale fera appel à des personnes ressources ou à une stratégie de partenariat en cas de besoin.

La radio demeure la forme la plus accessible à la communication de masse, étant donné que les radios émettent des émissions qui couvrent des programmes d’éducation, programmes politiques, publicité, pièces de théâtre, programmes de discussion d’échanges ou programmes culturels.

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Tous ces programmes peuvent être initiés par un groupe de leaders ou d’éducateurs. La radio est utilisée pour diffuser l’information par exemple les messages de sensibilisation sur les questions sanitaires, l’information agricole. Certaines stations radios privées peuvent avoir des interactions téléphoniques avec les auditeurs sur des sujets qui intéressent la communauté. On peut aussi organiser des interviews ou des plateaux radiophoniques sur des thèmes répondant aux besoins de la population. Cette stratégie contribue à faire avancer la démocratie. Les auditeurs ont l’opportunité de faire connaître leurs doléances et leurs points de vue et la station peut s’adresser aux pouvoirs ou responsables pour les inviter à trouver des réponses. La Conception et la diffusion de pièces de théâtre à caractère éducatif peuvent aussi aboutir à un changement de comportement pour le développement.

La vulgarisation de kits de lampes solaires et de radios solaires, mesure d’accompagnement, est aussi suggérée afin d’optimiser l’accès de la population aux informations tant sociales qu’économiques, techniques, culturelles ou politiques.

4.2.2. EDUCATION ET FORMATION

L’éducation est un droit fondamental et aussi un facteur de lutte contre les discriminations en particulier l’inégalité basée sur le genre. D’après Ban Ki-Moon, Secrétaire Général des Nations Unies : « La ligne que nous suivons est celle des droits de l'homme. Lorsqu'on respecte les droits des filles et des femmes , nous assurons la dignité humaine pour tous. L'éducation apporte l'essence nécessaire pour faire avancer le progrès mondial ». Les droits de la femme fait partie intégrante des droits humains.

Par ailleurs, l’éducation a un caractère social. Elle consiste en une socialisation méthodique de toutes les catégories de la population et elle se fait tout au long de la vie. En chacun de nous, peut-on dire, il existe deux êtres qui sont distincts mais inséparables que nous devons connaître :

- L'un est fait de tous les états mentaux qui ne se rapportent qu'à nous-mêmes et aux événements de notre vie personnelle : C'est ce qu'on pourrait appeler l'être individuel ;

- L'autre est un système d'idées, de sentiments et d'habitudes qui expriment en nous, non pas notre personnalité, mais le groupe ou les groupes différents dont nous faisons partie ; telles sont les croyances religieuses, les croyances et les pratiques morales, les

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« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana

traditions nationales ou professionnelles et les opinions collectives. Leur ensemble forme l'être social.

Aussi, l’éducation devrait agir sur ces deux êtres qui existent en chacun de nous.

Pour atteindre l’objectif de l’égalité de genre en vue de l’empowerment de la femme, objet de la présente étude, nous allons intervenir au niveau de deux formes d’éducation selon les catégories de la population :

 Education scolaire à l’endroit des enfants et des jeunes :

Il s’agit de faciliter l’accès des enfants, en particulier des filles, aux établissements scolaires (primaires, secondaires et universitaires) et de faire en sorte qu’ils puissent terminer leurs études indépendamment de leurs origines. Cette option inclue la construction de nouvelles écoles primaires publiques au niveau des trois villages restants et la sensibilisation de la population, plus particulièrement des parents, sur les avantages et intérêts de la scolarisation des enfants. Mais cette sensibilisation doit s’accompagner d’une amélioration du revenu familial qui se fait par une facilitation de l’accès des familles rurales au crédit et aux ressources, volet que nous allons voir plus loin.

Émile Durkheim, fondateur de la sociologie française de l'éducation, parle d’une « éducation morale » visant à former des acteurs adaptés à des conditions sociales données, et des individus autonomes, des citoyens capables de s'élever vers la culture de la grande société.

 L’éducation populaire est née et s’est développée dans un contexte de construction sociale, de reconstruction d’après-guerre, de croissance économique, où il s’agissait de créer les conditions de l’épanouissement individuel et collectif. Mais cette éducation s’adresse aussi à des situations classiques nécessitant une certaine amélioration en vue de développement comme le cas de la Commune Rurale d’Amboanana car l’éducation vise l’autonomisation des bénéficiaires et l’acquisition de nouveaux savoirs qui sont des conditions de réalisation de soi. L’éducation populaire donne des moyens d’exprimer sa citoyenneté, de faire vivre la démocratie, dans une logique d’éducation par l’action. D’après Stuart Mill, l’éducation comprend « tout ce que nous faisons par

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nous-mêmes et tout ce que les autres font pour nous dans le but de nous rapprocher de la perfection de notre nature ».

Suivant Kant, « le but de l'éducation est de développer dans chaque individu toute la perfection dont il est susceptible ».

Cependant, cette éducation sous-entend un changement de comportement de tous les acteurs engagés dans le processus de développement de la Commune Rurale d’Amboanana.

Changement qui représente un garant dans une prise de conscience générale concernant l’égalité de genre :

- les autorités locales : engagement pour diminuer les inégalités de genre et pour appuyer les femmes en vue de leur autonomisation ;

- les tangalamena ou les sages, les ray aman-dreny ou les parents, les partenaires privés et autres entités: prise de conscience générale et appui pour l’égalité de genre ;

- le mari : accepter un appui conjoint du couple dans la gestion du ménage et dans l’éducation des enfants en particulier des filles ;

- la femme : être forte et courageuse pour accepter le changement pour un développement durable ;

- les enfants et les autres membres de la famille, la population entière : être sensibles aux changements par le biais de l’éducation ;

- les agents de développement : engagés et motivés pour initier et accompagner la population dans la mise en œuvre de projets dans une perspective de développement durable.

Selon les théories sociales de l’éducation, cette dernière permet de résoudre les problèmes sociaux comme les inégalités sociales dont le genre ou la lutte contre les violences à l’égard des femmes et des filles ou encore de sensibiliser la population pour s’engager dans des actions de développement durable.

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« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana

Malgré les difficultés qui pourront apparaître en vue de l’intégration de nouvelles pratiques culturelles et sociales comme le genre au sein de la famille et de la communauté, il faut commencer par de nouvelles formes d’actions de sensibilisation et d’implication par le biais de l’éducation des différents acteurs cités plus haut, pour répondre aux enjeux d’un empowerment de la femme pour un développement durable et équitable.

Cette forme d’éducation pour le développement sous-entend des valeurs culturelles comme la solidarité, l’entraide ou le respect dont le fondement se trouve dans le Fihavanana ou la solidarité malagasy. Il s’agit de revaloriser cette théorie en vue d’un développement intégré de toutes les parties prenantes.

Parlant de la solidarité, la philosophie de Malraux et les leçons de Schiller sur le rôle social de l’art avancent que la connaissance et la raison sont incapables de rassembler les hommes et seul l’art touchant le cœur et les sentiments, peut rassembler.

Par ailleurs, Paulo Freire propose d’aider le peuple à assumer une évolution vers la démocratie par le biais ‘une éducation fondée sur le dialogue et la participation.

Afin d’optimiser les changements de comportement en vue de l’égalité de genre et par extension l’empowerment de la femme pour un développement durable et équitable, les agents de développement devraient avoir, en outre, la maîtrise de l’ingénierie de formation comme outil de développment.

4.3. UTILISATION DE L’INGENIERIE DE FORMATION

Comme il est souvent dit, l’ingénierie de formation est une composante incontournable de toute initiative de développement, nous proposons la pratique de cette approche pour obtenir tout changement social aux fins de l’empowerment de la femme.

Les agents de développement peuvent être l’animateur, le leader, le formateur ou encore les personnes ressources.

Les renforcements des capacités sont nécessaires dans divers domaines comme l’Information, l’Education et la Communication communément dénommées IEC, la mobilisation, la sensibilisation, le leadership, le plaidoyer, l’andragogie ou la planification des activités. En

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« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana outre, il est aussi nécessaire d’instaurer une forme de redevabilité vis-à-vis de la communauté qui a choisi ces agents.

Il convient d’identifier avec la population le modèle de développement approprié selon les ressources et adapté au contexte de la localité.

Les animateurs ont un rôle important à jouer dans tout changement qui requiert des responsabilités techniques et une maîtrise de l’éducation pour le développement.

 RESPONSABILITES TECHNIQUES DES ANIMATEURS DANS LEUR ENGAGEMENT, ANALYSE ET ANIMATION DU DEVELOPPMENT

Le développement vise à aider les pauvres, les personnes vivant dans la vulnérabilité comme les femmes et les filles. Il y a une nécessité de renforcement de capacité leur donnant le pouvoir d’où le terme EMPOWERMENT.

Les animateurs doivent savoir faire le choix entre les bonnes pratiques et les mauvaises pratiques. Ils accompagnent les femmes dans la mise en œuvre de leur projet.

 EDUCATION D’ADULTES ET LE BESOIN D’EDUCATION EN DEVELOPPEMENT ou EED

Au niveau des communautés, l’éducation pour le développement est axée sur la reconnaissance de l’interdépendance globale et du besoin de justice et d’équité. Le processus consiste à : la transmission d’information, la promotion des valeurs humanitaires et les stimulations d’actions individuelles et collectives destinées à améliorer la qualité de la vie et à éliminer les causes fondamentales de la pauvreté dont l’inégalité de genre.

L’EED présente des avantages qu’il faudrait connaître :

Elle apporte l’Information par les actions suivantes :.

- Fournir des apports et appuis sur le combat de la communauté pour une vie meilleure ;

- Présenter des informations sur la réalité globale, l’interdépendance, les intérêts communs, les menaces et les atouts ;

- Informer le public sur l’injustice transnationale et les conflits qui freinent le développement.

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« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana

Elle incite à la justice et à l’équité qui sont liées aux valeurs culturelles et attitudes en :

- Encourageant le respect des hommes et des femmes malgré la culture et les différences, les besoins, les capacités ;

- Incitant la responsabilité personnelle et collective pour le développement ;

- Aidant les gens à clarifier les problèmes et à trouver ensemble les solutions adéquates.

- Encourageant les besoins de changement personnel pour atteindre les objectifs définis ;

- Développant des compromis pour influencer les politiques publiques et locales ;

- Construisant des alliances parmi les groupes ayant des intérêts communs.

L’Education En Développement présente plusieurs avantages pour arriver à des changements de comportements à des fins de développement au sein d’une communauté car elle:

- donne le sens de responsabilité pour le changement de comportement en faisant face aux critiques et opportunités de la société et du monde.

- encourage les engagements individuels et des groupes dans les actions de construction dans la volonté individuelle et collective d’éliminer toutes les formes d’injustice dont celles perpétrées à l’égard des femmes.

- donne des informations pour l’apprentissage et l’action en tant qu’agent actif dans la lutte contre l’injustice et la pauvreté.

L’ensemble sous-entend un besoin d’information, de responsabilisation, d’engagement, d’apprentissage par l’action dans la lutte contre la pauvreté, l’injustice et l’inégalité, la faim. D’où l’importance du rôle de l’agent actif vers la libération et dans le façonnage du monde pour un développement équitable et durable au niveau de la communauté.

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« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana

4.4. AUTONOMISATION DES FEMMES

4.4.1. ALLEGEMENT DES TACHES DES FEMMES

Alléger les tâches qui incombent aux femmes et aux enfants comme la recherche de bois de chauffe et de l’eau. Il est important d’introduire les nouvelles technologies appropriées comme l’installation des pompes à eau, des décortiqueuses ou de l’énergie renouvelable en vue de l’électrification domestique. Avec le gain de temps, les femmes pourront suivre des cours d’éducation ou d’alphabétisation fonctionnelle ou participer à des formations. Les enfants, par contre, auront largement le temps d’étudier.

L’implantation de garderie d’enfants est aussi essentielle afin que les femmes puissent vaquer à d’autres occupations. La structure sera gérée d’une manière autonome selon la disponibilité des femmes qui vont travailler selon un système de rotation. Les enfants seront sécurisés et bénéficieront d’une éducation préscolaire selon les normes requises.

Il ne faut non plus oublier l’acceptation du conjoint pour aider la femme au niveau des tâches au sein du foyer.

4.4.2. ACCES AU CREDIT

En participant davantage aux activités économiques, la femme peut avoir le contrôle et contribuer au revenu du ménage. Aussi, il est nécessaire de réviser les conditions requises par la Caisse d’Epargne et de Crédit Agricole de Madagascar en termes de réduction du taux d’intérêt et d’exigence de garantie ou de caution.

Devant ces nouvelles dispositions, la femme pourrait s’investir, avec l’appui de la structure d’octroi de crédits, dans des activités économiques qui, à long terme, l’aident à maintenir sa présence sur le marché local ou régional.

De ce fait, la femme arrive à gérer de manière indépendante ses revenus et participe plus activement à la prise des décisions au sein du ménage, de réduire ainsi sa vulnérabilité, et d’augmenter les investissements pour le bien-être familial. Cela peut également favoriser les enfants, surtout les filles, du fait que le ménage peut consacrer plus d’argent à l’alimentation et à l’éducation. Elle entretient ainsi de meilleures relations intrafamiliales. Elle arrive à faire preuve d’un grand esprit d’initiative et arrive même à faire de l’épargne sans l’ingérence des autres membres de la famille soit elle peut contrôler les recettes. Elle arrive à avoir une

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« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana meilleure estime de soi. Tous ces avantages liés à l’autonomie sociale et politique conduisent à l’empowerment de la femme et ont une répercussion sur la réduction de la pauvreté au sein de la famille.

On peut aussi envisager la mise en place d’un fond non remboursable permettant aux femmes d’acquérir les matériels ou intrants, soit leur offrir la moitié des prix des matériels, elles prendront en charge la moitié restante.

La mise à disposition d’une subvention à l’association de la Commune Rurale d’Amboanana est aussi sollicitée, pour servir de prêt rotatif aux membres avec un taux zéro afin de contourner les intérêts élevés et l’exigence de garantie du centre d’Epargne et de Crédit CECAM. Ce nouveau système donne des effets positifs sur les bénéficiaires en termes de confiance en eux-mêmes, de responsabilisation réciproque, d’auto-amélioration des compétences et connaissances. A long terme, ce système peut être étendu par la création d’un réseau d’entraide dans le cadre des activités collectives qui peut rehausser le statut de l’ensemble des femmes de la commune. La mobilité des femmes ne sera pas limitée et ces dernières auront la possibilité de rencontrer d’autres femmes à l’extérieur de la famille immédiate ; des changements très importants feront certainement leur apparition. La femme qui se fait respecter dans son ménage peut devenir une source d’inspiration pour d’autres femmes, ce qui permet de changer les perceptions sociales et de faciliter l’acceptation du changement par les hommes.

L’approche épargne retraite peut être aussi proposée car elle constitue un instrument d’autonomisation clé, car elle assure à la femme une sécurité pour ses vieux jours, réduit sa vulnérabilité à la maison et influence les décisions concernant le nombre d’enfants dans la famille. Cette proposition est très avantageuse pour les femmes chefs de famille ou celles qui n’ont aucun soutien auprès de leur famille.

L’autonomisation économique de la femme et sa participation à un programme de microfinance parrainé par une association dont elle est membre, peut ouvrir la voie à l’autonomisation sociale et politique.

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« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana

4.5. AUTRES APPROCHES TECHNIQUES

4.5.1. PARTICIPATION, VISION, PARTENARIAT

La vision concerne aussi bien l’agent de développement que la population. Chacun cherche dans cette vision ses valeurs et ses motivations et intérêts dans la mise en œuvre du projet. C’est une source de lumière pour mieux cerner la signification et la spécificité du rôle de chacun. C’est aussi une source de sécurité.

Aussi, il est essentiel d’assurer la participation active de la population bénéficiaire. Il faut l’impliquer dès le début de toute activité ou projet de développement . Les membres de la communauté étudieront ensemble leur problème et mettront en commun leurs connaissances pour l’analyser et trouver la solution adéquate. De ce fait, on assiste à une valorisation progressive de la population à la base dénommée fokonolona qui est le bénéficiaire et qui devrait être le fondement de toutes actions de développement au niveau de la Commune Rurale d’Amboanana. L’Agent de développement l’encadre et apporte les connaissances venant de l’extérieur du milieu. Il faut noter qu’il convient de marier les connaissances des uns et des autres. Un renforcement de capacités portant sur les techniques de planification participative du développement équitable et durable sera programmé.

La participation indépendante et volontaire au développement de toutes les parties prenantes est aussi suggérée car les potentiels bénéficiaires travailleront aussi en partenariat avec elles dans l’identification de leurs problèmes et leurs besoins. Cette stratégie est essentielle dans la planification collective et surtout dans la mobilisation des ressources.

Par ailleurs, les autorités locales de la Commune Rurale d’Amboanana devront aussi faire appel aux partenaires bilatéraux ou organismes internationaux afin d’aider la Commune Rurale d’Amboanana à atteindre un développement acceptable pour la population dans le contexte actuel d’intense pauvreté.

Comme l’approche genre est transversale, il est suggéré un renforcement de capacités des partenaires comme les services décentralisés, les associations et les Organisations Non Gouvernementales afin que cette nouvelle approche soit aussi intégrée dans leurs propres activités de développement.

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« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana

4.5.2. LES TECHNIQUES D’ANIMATION DE GROUPE

Le leader ou les leaders de la Commune Rurale d’Amboanana sont appelés à avoir un comportement adéquat pour conduire l’équipe ou la population vers la réussite. Ils devraient avoir une maîtrise des techniques d’animation de groupe. Aussi, ils ont le devoir de :

- Etablir une confiance mutuelle entre lui et son équipe ;

- Aider les participants à s’exprimer lors d’une discussion ;

- Promouvoir un consensus entre les différentes parties.

Deux formes de compétences sont prises en compte à savoir les compétences axées sur le groupe et les compétences axées sur l’action.

Les compétences axées sur le groupe

Les compétences axées sur le groupe jouent un rôle important dans la mesure où les membres dudit groupe seront le moteur principal, les acteurs de toute action de développement au niveau de la Commune Rurale.

La mise en œuvre de la technique d’animation de groupe requiert la connaissance des questions et aspects touchant cette technique, elle est représentée par les marches suivantes, de bas en haut :

 La définition du mot groupe

En premier lieu, il s’agit d’avoir une compréhension commune du mot groupe avant d’entamer une discussion de groupe.

Selon Jack Gibb, un groupe doit disposer d’impératifs à mettre en pratique pour la mise en œuvre d’une activité commune à savoir l’acceptation, le partage des informations, la fixation des buts à atteindre, l’organisation pour l’action et la création d’une atmosphère de confiance mutuelle. Pour ce faire, il faut connaître les noms, les désirs et les besoins des autres dès le début de la rencontre. Cette méthode donne un sentiment d’être bien intégré dans le processus.

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« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana

 L’instauration d’une communication efficace entre les membres du groupe

Cette partie suggère quelques lignes directrices pour une communication ouverte et claire au sein d’un groupe. Elles s’inspirent du modèle de l’interaction axée sur les thèmes qui étudient les aspects de chaque membre du groupe en tant que système et du thème ou des objectifs de ce groupe.

Cette démarche a pour but d’examiner les différents rôles dans les groupes et comment ils affectent la vie et le système de groupe. Tout le monde joue des rôles différents dans la vie sociale et qui sont influencés par les conditions de vie de chacun, son passé et son comportement.

 La direction démocratique et qualifiante

Le leader du groupe agit en tant qu’animateur, facilitateur ou coordonnateur.

Le facilitateur encourage le groupe à discuter et à aménager le sujet de façon la plus satisfaisante et productive possible. Il est neutre dans sa position et accompagne le groupe vers l’atteinte des objectifs fixés.

L’animateur a pour rôle d’aider le groupe à découvrir et à exploiter tout son potentiel créatif et constructif de travail en équipe. Il a la responsabilité d’inciter les membres à penser de façon critique, à fixer les objectifs et à planifier les actions.

Le coordinateur a le rôle d’harmonisation entre les gens, les actions et les évènements de telle sorte qu’ils se soutiennent mutuellement sans se heurter ou se rivaliser les uns avec les autres.

 La coopération et le travail en équipe

Il convient de ne pas travailler seul, il faut être aidé par les autres car il existe une complémentarité entre les différents membres du groupe. Ce qui suppose une connaissance de chaque membre par le chef de groupe.

 Les stratégies de solution de conflits

Nous devons savoir que dans tous les groupes, il existe des conflits. Dans chaque conflit, il y a de l’énergie qui peut être profitable pour chacun.

Cependant, il est essentiel que le conflit soit résolu, sinon il handicapera le travail.

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Les compétences axées sur l’action

Les compétences axées sur l’action permettent aux groupes de concrétiser leurs idées de manière participative.

Quelles sont les marches des compétences axées sur l’action de bas en haut ?

 La recherche : Que nécessitons-nous ?

Il s’agit d’apprendre aux groupes comment mettre les gens en contact et les encourager à parler de leurs problèmes, de leurs désirs, de leurs besoins et de leurs conditions de vie. Après l’identification des besoins, il s’agit de déterminer la manière de les présenter aux groupes ou à un public élargi de manière professionnelle.

 La planification : Comment pouvons-nous atteindre nos objectifs ?

K Johannsen définit la planification comme suit : « Planifier c’est décider de la meilleure manière d’atteindre un but. La planification est un processus de prise de décision collective des partenaires d’un projet portant sur la manière d’utiliser les ressources et de planifier les activités pour atteindre un but spécifique ».

 La réalisation : exécution des plans

La gestion est l’utilisation savante de ce que nous avons pour obtenir ce que nous désirons. Il s’agit d’utiliser à bon escient nos ressources : financières, matérielles et humaines.

 Le suivi et l’évaluation : maintien du niveau

Cette étape consiste à mener des évaluations périodiques des activités afin de maintenir les efforts dans l’atteinte des objectifs fixés et à faire des ajustements en cas de besoin.

 La préparation des futures actions : planification d’ateliers et de réunions

Chaque chef de groupe doit avoir la maîtrise des rôles et fonctions de l’animateur ainsi que le profil d’un animateur, les techniques d’animation et les comportements exigés face à des problèmes.

Le leader intègre la population cible dans toutes les étapes du projet en commençant par l’identification des problèmes ou besoins jusqu’à l’évaluation.

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4.5.3. UTILISATION DES NOUVELLES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION

Actuellement, nous assistons au développement des nouvelles technologies comme l’informatique et l’internet dont l’accès devrait être faciliter. Cette nouvelle technique permet à la population, en particulier les femmes, d’avoir des informations, des connaissances sur les domaines qui les intéressent. Cet outil permet aussi de voir des contacts pour la recherche de marché par exemple ou encore sur l’amélioration de la nutrition ou de la culture. Des efforts devraient aussi être consentis dans ce domaine afin que la population ne soit exclue de cette nouvelle forme d’information.

4.5.4. TENSIONS A SURMONTER

Il existe différentes formes de tensions que tous les acteurs de développement de la Commune Rurale d’Amboanana devront surmonter si on veut vraiment arriver à des changements pour l’empowerment de la femme.

 Tension entre le global et le local

La dimension entre le global et le local: c’est-à-dire il y a le désir pour l’homme et pour la femme, de devenir citoyen du monde sans toutefois perdre ses racines. L’individu a son caractère unique qui est en permanence menacée par les progrès et la mondialisation ou la globalisation.

 Tension entre la tradition et la modernité

Educateur et éduqué doivent toujours se poser les questions suivantes : comment s’adapter sans se renier, comment garder les valeurs traditionnelles tout en maîtrisant le progrès scientifique.

 Tension entre le long terme et le court terme

L’homme veut toujours une solution rapide et à court terme, cependant, en terme d’éducation, les changements de comportements ne sont pas perceptibles qu’à long terme.

 Tension entre la multitude de connaissances et les capacités d’assimilation de l’homme.

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L’homme doit toujours discerner le bien du mal devant la profusion de connaissances que l’éducation ou le média mettent à notre disposition. L’internet est un double tranchant, il peut nous aider mais il peut aussi nous tenter vers de mauvaises pratiques.

4.6. STRATEGIE DE LEADERSHIP ET DE PLAIDOYER

Ces deux stratégies sont inséparables si on veut accompagner la population cible vers l’atteinte des objectifs prédéfinis ensemble.

 STRATEGIE DE LEADERSHIP

L’animateur, le formateur, l’agent de développement et le chef d’équipe devraient être un leader afin de pouvoir amener les apprenants ou la population à réaliser les activités de développement et à obtenir les résultats escomptés. Un leader est, avant tout, un manager qui excelle dans les domaines créatifs, opérationnels et stratégiques.

La fonction de leader pour être efficace, requiert des conditions comme les renforcements de capacités en gestion, management, leadership, technique de négociation, plaidoyer, monitoring, lobbying et règlement des conflits.

L’équipe devrait être capable de créativité et d’avoir une vision qui sont des points clé de l’apprentissage dans la mesure où elle consiste à exploiter les innovations qui sont susceptibles d’apporter une amélioration des conditions de vie de la population.

L’équipe devrait connaître et utiliser la technique des 3 C :

- COOPERATION

- COORDINATION

- COMPLEMENTARITE

Le leader est capable de responsabiliser et de motiver les membres de l’équipe. Il doit apprendre à : REFLECHIR – REAGIR – REUSSIR. L’état de leader exige des aptitudes nouvelles comme :

- Ecouter les avis, les conseils des autres ;

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- S’adapter à chaque situation à la cible ;

- Etablir une atmosphère de confiance avec le groupe ;

- Avoir confiance en soi ;

- Etre rigoureux ;

- Eviter de se montrer agressif, rester neutre ;

- Faire une auto évaluation et évaluation régulière des activités réalisées. Cette activité est nécessaire afin de pouvoir rectifier les erreurs ou faire des réajustements.

Le leadership est reconnu comme un des facteurs clés du succès des efforts visant à réaliser les objectifs que l’on s’est fixés, qu’ils soient simples ou complexes.

Le choix du leader qu’il soit homme ou femme est primordial pour le succès d’un groupe. Les aptitudes en matière de leadership peuvent s’acquérir et s’améliorer. Il se peut que les leaders sont appelés à faire preuve de créativité et mettre en place un nouveau processus pour exercer avec succès.

Les qualités requises pour être un leader ou une femme leader peuvent être définies comme suit:

 Le leader est fiable et responsable. Il inspire confiance en termes de respect de certains principe et de fourniture d’appui aux collègues ;

 La leader a confiance en elle-même et est motivée dans l’exercice de son leadership. Il a la volonté et l’ambition de réaliser des objectifs clairement définis. La confiance en soi se réfère à la capacité d’auto-critique et d’acceptation des critiques des autres. Il est en mesure d’identifier ses forces, ses faiblesses et ses limites ;

 Le leader n’est pas facilement ému et possède de l’endurance physique. Il apprend à s’autogouverner et à avoir de l’initiative. Il ne se limite pas aux heures de travail normales ;

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 Le leader fait preuve de courage et de ténacité. Il doit faire face aux réticences des éléments conservateurs opposés à ses objectifs ;

 Le leader prend des décisions ;

 Le leader concentre son attention sur le travail, s’abstient de faire intervenir des questions personnelles ou préjugés qui peuvent détourner l’attention ;

 Le leader doit avoir la compétence de s’entourer de personnes compétentes et de les retenir. Ce qui suppose du dévouement et de l’engagement de la part de ces personnes. Le leadership signifie la capacité à mobiliser des personnes désireuses de travailler ensemble pour atteindre un objectif déterminé.

Le leadership est fondamental dans la responsabilisation des autres. Il ne s’agit pas d’avoir la capacité de donner des ordres.

Le leadership est basée à la fois sur des compétences personnelles et des compétences professionnelles

Le niveau de culture joue aussi un rôle. Les personnes qui ont un niveau d’instruction élevé ont tendance à mieux s’exprimer. La question est de savoir à quel point un leader fait preuve de démocratie soit des opinions d’autrui. Par exemple en cas d’urgence, il n’y a pas lieu de tenir une réunion démocratique. Cependant, on peut agir en essayant à l’avance de disséminer ou partager ses propres idées pour éviter d’être qualifié d’unilatéralité.

Concernant l’égalité de genre, l’identification et le renforcement des capacités d’un groupe de femmes leaders s’avère être un facteur favorable. Ce groupe aura la lourde tâche d’amener leurs sœurs à atteindre les objectifs de développement au sein de la famille et de la communauté.

Concernant l’empowerment de la femme, une stratégie locale du leadership politique de la femme devrait être lancée et requiert désormais l’adhésion collective des femmes et des hommes pour une représentation équitable des hommes et des femmes dans l’espace décisionnel au niveau de la communauté.

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 STRATEGIE DE PLAIDOYER

Le plaidoyer est une stratégie que toute personne ou tout groupe devrait maîtriser car on a toujours besoin de faire un plaidoyer pour acquérir l’appui ou le consentement d’une tierce personne pour réussir.

Quelques définitions du plaidoyer sont présentées comme suit :

Un plaidoyer est un acte ou un processus par lequel on soutient une cause ou un thème.

Faire un plaidoyer consiste à prendre la parole, en attirant l’attention d’une communauté sur un thème important, et en proposant aux décideurs une solution.

Faire un plaidoyer, c’est travailler avec d’autres personnes et organisations pour obtenir des changements.

Le plaidoyer ou advocacy en anglais se distingue du lobbying en ce sens que le premier se pratique pour défendre non pas ses propres intérêts, mais ceux des personnes défavorisées comme le cas des femmes dans notre étude.

Avant toute planification d’une initiative de plaidoyer, il est tout d’abord essentiel d’avoir des informations sur les publics cibles pour garantir la réussite de cette initiative ;

4.7. MISE EN PLACE D’UN SYSTEME D’EVALUATION

Cette stratégie consiste à déterminer les forces et les faibles d’une communauté et de mettre en place un système d’évaluation efficace.

 FORCES ET FAIBLESSES DE LA COMMUNE RURALE D’AMBOANANA

L’analyse de la situation de la Commune Rurale d’Amboanana a permis de déterminer les forces et faiblesses de la communauté. Il appartient aux parties prenantes d’exploiter les atouts et de compenser les faiblesses.

La présence d’une association de femmes au niveau de la Commune Rurale est un atout. Il reste à renforcer les capacités des membres pour qu’elles deviennent des leaders osant prendre des décisions pour prendre en main leur propre développement, celui de leurs familles et de la communauté.

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L’existence des valeurs culturelles malgaches est aussi un facteur favorable pour toute action de développement. Dans ce sens, il faut rappeler que dans cette Commune Rurale il n’existe pas de cas de viols ni de prostitution. Cette revalorisation sera développée à travers l’éducation sur le civisme incluant le respect des droits, le respect des biens et des personnes, la solidarité et l’entraide. Tant de mots qui sont chers aux Malgaches, il y a un certain temps.

Une des principales faiblesses de la Commune Rurale d’Amboanana est l’absence de structure servant de base pour les actions de développement comme un centre d’information et de formation. Cette structure servira à abriter toutes les initiatives de développement que nous avons citées auparavant.

 MISE EN PLACE D’UN SYSTEME D’EVALUATION EFFICACE

Il s’agit de mener une évaluation périodique de tout projet de développement, au niveau de la Commune Urbaine d’Amboanana, tout en respectant les cinq éléments d’évaluation qui sont classés selon l’ordre séquentiel des étapes de la planification et de la réalisation dudit projet:

- La pertinence

Il s’agit de savoir si tel ou tel aspect du projet est approprié.

- L’adéquation

Un projet pertinent fait l’objet d’une priorité et répond réellement aux exigences de la situation et de la population cible.

- L’efficacité

Les activités du projet sont réalisées dans les temps prévus.

- L’efficience

Les ressources sont utilisées à bon escient, sans gaspillage pour atteindre les objectifs qui ont été définis. Il s’agit des ressources humaines, matérielles et financières.

- L’impact

L’évaluation d’impact mesure tous les résultats attendus du projet. Cela peut inclure les résultats à court ou à moyen terme. L’évaluation à long terme permet d’estimer si le projet tend vers une forme de développement durable.

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4.8. SUGGESTIONS A L’ENDROIT DES AUTORITES LOCALES

Les autorités locales recevront, en premier lieu, un renforcement de capacités sur l’approche genre et les droits humains afin de devenir des personnes sensibles au genre car ce sont les premières personnes qui vont vulgariser cette nouvelle approche au niveau de leurs zones d’intervention incluant les villages les plus reculés. Elles mèneront une sensibilisation intense auprès des chefs des villages et des quartiers lors des réunions périodiques.

Les autorités locales en collaboration avec leurs conseillers techniques et les représentants des comités techniques de développement sont appelés à mener diverses activités essentielles dont:

- L’élaboration d’un plan de développement local qui tient compte des besoins de toutes les catégories de la population et est doté d’un budget adéquat ;

- La mise en place d’un Comité Technique de Développement au niveau de la commune avec des ramifications au niveau des villages . Il y a une responsabilisation de chaque comité dans le développement de sa circonscription et dans l’élaboration d’un budget adéquat intégré dans la Plan Communal de Développement ou encore dans la recherche d’appui auprès de partenaires potentiels. Ce comité technique de développement ayant pour rôle d’identifier les problèmes et les besoins de la population, élaborer, mettre en œuvre et évaluer des projets de développement avec la population bénéficiaire incluant les femmes. Cette stratégie conduit à l’autonomie de la Commune Rurale d’Amboanana.

- Initier un développement local en valorisant la population à la base ou fokonolona qui inclue toutes les catégories de la population en particulier les femmes. Chaque fokonolona est le pilier de développement de chaque village ou quartier dénommé fokontany. On peut procéder à un concours entre les fokontany qui ont leurs propres modèles de développement selon les ressources. Le Chef fokontany est en mesure d’identifier les besoins de la population y compris ceux les femmes.

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4.9. INTEGRATION DE L’APPROCHE GENRE

Nous avons présenté plus haut les caractéristiques de l’approche, cependant il est essentiel que toutes les parties prenantes soient sensibilisées afin qu’elles puissent intégrer cette approche dont l’efficacité dépend des facteurs suivants :

- Bonne connaissance du concept genre ;

- Renforcement de la connaissance du contexte de développement, ainsi que celles des parties prenantes, de leurs besoins, rôles et responsabilités ;

- Meilleure information concernant les relations et les dynamiques inter-relationnelles, les structures de partenariat et les sources de conflit potentiel entre parties prenantes ;

- Pratique de la méthodologie de développement participatif sensible au genre ;

- Meilleure connaissance du système d’information et de communication ;

- Connaissance des législations liés au genre et leur application assurant l’accès équitable aux ressources et facteurs de production y compris la terre ;

- Adoption d’une représentation équitable des catégories socio-économiques de la population tout en respectant l’équilibre de genre ;

- Analyse des rôles, des responsabilités, des préoccupations des hommes et des femmes s’agissant de mettre en œuvre un projet de développement.

Une production des outils méthodologiques pour l’intégration du genre seront élaborés afin d’accompagner le processus de changement mené par les leaders, les autorités ou toutes entités acquises dans la promotion de la femme :

- Guide sur la gestion de Réseau de femmes à l’endroit de l’association de femmes ;

- Guide sur la communication axée sur le Genre et Développement à l’endroit de toutes les parties prenantes sans oublier les médias ;

- Guide de l’intégration du genre dans le Plan Communal de Dévelopement et les projets de développement des partenaires et services décentralisés.

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L’ultime but de ces démarches pour la promotion du genre est d’atteindre une prise de décision rationnelle et consensuelle dans toutes les activités à entreprendre de telle sorte que l’empowerment de la femme se fait dans un esprit de développement durable et équitable, et ce, en collaboration avec toutes les parties prenantes et en utilisant les techniques précitées efficacement d’une manière efficace et efficiente.

4.10. GESTION DE LA NATURE ET GENRE

Nous devons apporter un regard critique à ce que la nature nous offre afin de la réguler en notre faveur. Elle doit être soumise au contexte auquel nous vivons afin de pouvoir en tirer le maximum d’avantages. Roger Texier dit que : l’état du monde peut se conjuguer au présent, au passé et au futur par le biais de changement. Dans la Commune Rurale d’Amboanana, il a été constaté une destruction totale des forêts primaires et une absence de politique de reboisement pour les terres presque dénudées livrées aux effets néfastes des intempéries. La gestion de la nature est importante pour notre survie ainsi que celle des futures générations. La femme joue un rôle primordial dans la préservation de l’environnement car elle est la première utilisatrice des bois de chauffe et du charbon ; la vulgarisation de foyers améliorés dénommé le fatana mitsitsy s’avère nécessaire en mesure d’accompagnement d’une politique locale de reboisement.

Nous terminons la présentation des axes stratégiques d’actions par un message du Secrétaire Général des Nations Unies Monsieur Ban Ki-moon à l’endroit des Etats membres de ce système, qui dit que :« Investir dans l'éducation des filles et des femmes partout dans le monde a des conséquences sur la santé et apporte des bénéfices importants à la société. L'éducation des filles et des femmes réduit la fertilité. Cela améliore la productivité. Et cela crée une nouvelle génération de mères qui, à leur tour, peuvent élever des filles éduquées et autonomes ».

Nous proposons d’ajouter les garçons à la dernière phrase pour mieux visualiser l’approche genre: « Et cela crée une nouvelle génération de mères qui, à leur tour, peuvent élever des filles et des garçons éduqués et autonomes ». Ceci a pour finalité de traiter sur un même pied d’égalité les filles et les garçons.

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« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana

En termes de genre, les différences entre l’homme et la femme ont été déterminées par la société comme la répartition des tâches et les responsabilités au sein de la famille et de la communauté. Aussi, il appartient à la société elle-même, incluant l’homme et la femme, de rectifier les inégalités de genre si on veut vraiment atteindre le développement durable et équitable qui commence par un empowerment de la femme afin qu’elle puisse AGIR.

En termes de développement, aucune catégorie de personnes ne peut être exclue d’où, cette étude portant sur l’intégration de la femme dans le processus de développement à tous les niveaux. C’est à ce moment que toutes les parties prenantes contribuent favorablement au développement à travers les différentes stratégies citées plus haut. Il s’agit de donner à la femme le pouvoir d’analyser et d’évaluer son environnement social et politique et de prendre des décisions qui influent favorablement sa vie et contribuer ainsi à l’éradication de la PAUVRETE.

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CONCLUSION

« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana

CONCLUSION

Le genre est un défi lancé à l’équité dans les politiques, les programmes et les projets de sorte que ceux-ci prennent en compte, d’une part, les besoins spécifiques des hommes et des femmes et d’autre part, leur droit de participation égale et équitable aux bénéfices inhérents aux actions entreprises dans le cadre du développement en général. Vu sous cet angle, le genre est un questionnement de la manière dont les actions du développement mobilisent les hommes et les femmes au niveau de la conception, de l’exécution, du suivi et de l’évaluation de celles-ci. Le genre est à la fois un concept opératoire et un outil d’analyse scientifique incontournable en vue de l’empowerment de la femme dans la Commune Rurale d’Amboanana.

L’égalité de genre n’est pas seulement un objectif en soi de la Commune Rurale, mais également un moyen important de parvenir à la réalisation de l’ensemble des autres Objectifs du Millénaire pour le Développement car selon les partenaires techniques et financiers, le genre doit être considéré comme l’un des critères de crédibilité de toute action du développement. La connaissance de ce principe est un atout car nous avons parlé auparavant d’une stratégie de partenariat élargi vers les partenaires nationaux, bilatéraux et internationaux. Comme le développement concerne l’amélioration de la sécurité d’existence des hommes et des femmes, leurs besoins spécifiques seront pris en compte dans le processus de la recherche du développement.

L’approche « Genre » et l’empowerment de la femme renvoient à une prise de conscience collective des situations hommes-femmes dans une perspective d’harmonie sociale, nécessaire pour le succès de toute politique de développement. Elle constitue de ce point de vue, un enjeu stratégique de développement. Dans la relation avec le développement durable comme exigence du respect des droits et de l’équité entre les individus, la dimension Genre consiste à reconnaître que les femmes et les hommes sont tous gestionnaires des affaires de la Commune Rurale d’Amboanana, de son environnement socio-économique et culturel ainsi que celui de la nation. Il appartient à chacun, aux autorités d’avoir cette vision de complémentarité aux fins de toute forme de développement. De ce fait, l’empowerment de la femme, à travers les axes stratégiques proposés dans la présente étude, représente une condition sine qua non pour aboutir à un développement durable et équitable.

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« Empowerment de la femme » : cas de la Commune Rurale Amboanana

Dans cette perspective, l’éducation joue un rôle important en fournissant, à l’homme et à la femme, les compétences nécessaires leur permettant de changer de comportement dans une perspective de développement de la famille, de la communauté ou même du pays.

En effet, comme l’homme est en perpétuel devenir, l’éducation est une nécessité permettant aux hommes de progresser vers des idéaux de paix, de liberté et de justice sociale. L’éducation est une voie pour reculer la pauvreté, l’exclusion, les incompréhensions, les oppressions et les guerres. Selon la théorie de développement, l’homme est considéré comme un capital de développement car plus on éduque, plus on se forme, plus on a la chance de se développer. L’homme est doué d’intelligence, il est capable de réaliser des défis de développement de par leurs propres potentialités. John G. Hibben, ancien président de l’université de Princeton avance que :«Former un homme, c’est le mettre en état de faire face à toutes les situations».

Aussi, appuyons les femmes de la Commune Rurale d’Amboanana à avoir accès au pouvoir pour agir, soit favoriser leur empowerment pour un développement durable et équitable. Il appartient aux autorités locales et à toutes les parties prenantes de contribuer à cette noble action en tenant compte des besoins réels, en particulier des femmes de la Commune, de les analyser d’une manière interactive et surtout en utilisant d’une manière efficace et efficiente les axes stratégiques proposées dans la présente étude.

L’empowerment de la femme permet d’instaurer l’égalité hommes-femmes au niveau des droits politiques, civils, économiques, sociaux et culturels en insistant sur la nécessité d’assurer l’égalité d’accès et de contrôle des ressources économiques ainsi que l’égalité des chances pour l’exercice d’une influence politique et économique soit participer sur un même pied d’égalité à la croissance économique et à contribuer ainsi à la réduction de la pauvreté .

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ANNEXES

FICHE D’ENQUETE

GENERALITES

Chef de famille HOMME FEMME

Age :……..

Etat matrimonial :

Marié Concubinage séparé célibataire

Nombre d’enfants ………. Fille…….. Garçon…….

Copie oui non

Etes-vous membre d’une association/groupement ?

RESSOURCES DU VILLAGE

Les infrastructures ( existence, état) :

Route Ecole

Centre de santé Marché

Le social

• Mouvement des populations (immigration, émigration)

• Existence de groupement, associations de femmes : pourquoi ?

• Existence d’institution pour développement : CENTRE ONG

PLANIFICATION FAMILIALE

Oui non

Décision : Femme Homme Couple

Où………….

Problèmes

I FEMMES RURALES, GENRE, DROITS, US ET COUTUMES

• Quelle est la place et rôle de la femme dans la famille ?

• Quelle est la place et rôle de la femme dans la communauté ?

• Qu’en est-il- de la répartition des tâches au sein de la famille ?

Horloge des activités journalières

HOMME HEURES FEMME

EAU

D’où provient l’eau que boit la famille :

Eau de robinet Puit creusé

Eau de source Combien de temps

COMBUSTIBLE

Charbon Bois de chauffe Combien de kilomètres

Quelles sont les activités extra-productives des femmes, des hommes et des enfants?

ACTIVITES Homme Femme Couple fille garçon Ramassage du bois de chauffe Collecte de l’eau Autres

Quelle est la forme de prise de décision ?

DECISIONS HOMME FEMME COUPLE OBSERVATION

La population connaisse-t-elle les droits humains fondamentaux et en particuliers ceux des femmes ?

DROITS HOMME FEMME OBSERVATION Droits fondamentaux Fonciers Héritage Séparation des biens Information Education Loisir A la parole Autres

II FEMMES RURALES ET INFORMATION, FORMATION ET EDUCATION

INFORMATION

Avez-vous une radio/télé dans la famille ?

CHAQUE CHAQUE PAS DU TOUT AUTRES JOUR SEMAINE Lisez-vous un journal ou une magazine ?

Ecoutez -vous la radio Regadez -vous la télé Autres

EDUCATION

Niveau d’études Primaire Secondaire 1 Secondaire 2 Uniiversitaire Homme Femme Enfants 1 2 3 4 5 6 7 8 9

• Déperdition scolaire fille/garçon ? Raisons ?

• Taux d’alphabétisation ? Raisons ? Actions déjà réalisées ?

• Accès à l’éducation des femmes et des filles ? Raisons ?

• Accès à la formation des femmes et des filles ?III FEMMES RURALES ET VIE COMMUNAUTAIRE ET POLITIQUE

Qu’en est-il de la participation de la femme dans la vie communautaire ?

Qu’en est-il de participation e la femme dans la vie politique ?

IV FEMMES RURALES ET AUTONOMISATION

Quelles sont les principales activités productives des femmes et des hommes,

ACTIVITES Gestion assurée par Homme Femme Couple ELEVAGE Zébu Porc Poulet/canard Autres AGRICOLE Riz Légume Graines Brède Fruits COMMERCE TRAVAIL SALARIE AUTRES

SURFACE CULTIVABLE

Quelle est la superficie de la surface cultivable d du ménage ?

HA Mètres carré

La femme peut-elle posséder/hériter une terre ?

Accès aux biens et ressources ? (voir utilisation)

BIENS Accès pour Homme Femme Couple Maison Terre Bicyclette Radio Télé Autres

Accès au contrôle des recettes

Produits mis en Contrôle et utilisation du bénéfice est assuré par vente Homme Femme Couple ELEVAGE Zébu Porc Poulet/canard Autres AGRICOLE Riz Légume Graines Brède Fruits COMMERCE TRAVAIL SALARIE Autres sources de revenu

Revenu familial suffit-il pour l’année ?

La production familiale suffit-il pour l’année ?

Connaissance de l’existence des IMF

Participation oui non

Raisons pour faire du crédit

Raison Observation Education des enfants AGR Evènement familial Autres

Avantages :

Taux d’intérê garantie

Délai de remboursement autres

Problèmes

V PROPOSITIONS, SUGGESTIONS

REALISATIONS

ACTIONS REALISEES PAR LA COMMUNE A L’ENDROIT DES FEMMES /ASSOCIATIONS DE FEMMES AU NIVEAU DE LA COMMUNE

PCD

ONG /ORGANISME

ALPHABETISATION/EDUCATION/FORMATION

RENFORCEMENT DE CAPACITES : FORMATION EN LEADERSHIP OU AUTRE

BESOINS PAR PRIORITE /SUGGESTION

HOMME FEMME

BESOINS SUGGESTION BESOIN SUGGESTION

BIBLIOGRAPHIE

- Politique Nationale de Promotion de la Femme, Ministère de la Population (2000)

- Plan d’Action National Genre et Développement, Ministère de la Population (2003)

- Politique Nationale de l’Alphabétisation et de l’Education des Adultes (2003)

- Rapport National sur le Développement Humain Durable, UNDP (2005)

- Enquêtes périodiques auprès des ménages, INSTAT (2000)

- Enquête Démographique et de Santé 2008-2009, INSTAT

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- Formation en « Genre et plaidoyer », Réseau Genre (2008)

- Situation en ce qui conserne l’inégalité entre les sexes dans les secteurs sociaux, économiques et politiques : implications pour la mise en œuvre et les suivi des engagements internationaux et régionsur la protection sociale, Commission Economique pour l’Afrique, Addis Abeba, (2011)

- Stratégies visant à accélérer la mise en œuvre de la plate-forme de Dakar et du Programme d’Action de Beijing, Commission Economique pour l’Afrique, Addis Abeba (2011)

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- Femmes travaillons ensemble pour le développment personnel, économique et communautaire, Suzanne Kindervalter, OEF International (2005)

- Rapport du séminaire de formation aux techniques d’élaboration et d’exécution des projets, Centre Africain de recherches et de formation pour la femme, Gouvernement de Cameroun (1979)

- Education des Adultes et Développment N°29, Association Allemande pour l’Education des Adultes (1985) - Concept de Développement dans le contexte socio-culturel Malgache, BIT/FNUAP (1992)

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- L’éducation en matière de population, Ministère de l’Enseignement Secondaire et de l’Education de Base/UNESCO/FNUAP, Edition CNAPMAD (1990)

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- Monographie de la Commune Rurale d’Amboanana 2011

- Cours MSFD et DESS/EFA

WEBIOGRAPHIE

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- Genre et Développement www.info.com/Femme

- Empowerment de la Femme www.undp.org/women