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AULNAY sous-BOIS

Jadis AUNAY-eo- Hier AULNAY-lez-BONDY AULNAYSOUS- BOIS- AUJOURD'HUI

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux Que des palais romains le front audacieux. (Joachim du Bellay)

IFFERENTS auteurs, l'abbé Lebeuf, le baron de Guilhermy, G. Lecourtier, Jules Princet, L. Hustin D et L. Noël ont, sous forme de notice de livres, de brochures, de manuscrit simplement déposé aux Archives — ou d'articles et études publiés dans les revues et jour- naux —' fait connaître les travaux qu'ils ont consacré ' à Aunay-en-France et Aulnay-lez-Bondy. La publication de nos Notes, Articles ou Etudes, a surtout pour but de compléter certains de ces travaux parfois très fragmentaires. Nous avons apporté, avec cette brochure, notre mo- deste contribution à uneœuvre qui mérite d'être poursuivie, mais qui exige beaucoup de temps, de recherches et de confrontations. Certains ajouteront peut-être, aux travaux de nos de- vanciers et à notre ouvrage, le fruit de leurs remarques et de leurs recherches ; formant ainsi une base de docu- ments qui aideront à connaître et à aimer ce que fut la vie de nos aïeux dans ce vieux village d'Ue-de-France. E. S. A ULNA Y - sous - BOIS

Département de la Seine-Saint-Denis. Préfecture de - 93. Arrondissement du Raincy. Canton d'Aulnay-sous-Bois (deux sections électorales). Nom des habitants : les Aulnaysiens. Habitants (1968) : 63 000 environ. Ville jumelée avec ? ? Distance de : 11 kilomètres. Distance de Bobigny : 7 kilomètres. Distance du Raincy : 3 kilomètres. Superficie de la commune : 1 536 ha. Altitude moyenne : 45 mètres. Route Nationale 370. Route dite des Petits-Ponts (R.D. n° 50). Canal de l'Ourcq.

Rivière et Ruisseaux : la commune était traversée en lisière du village par la Morée venant de Villepinte et ; à tra- vers la forêt de Bondy par le Rouailler venant de Clichy-sous- Bois et Livry-Gargan ; et au nord du village par le Sausset venant de Tremblay-les- et Villepinte. Tous ces petits cours d'eau, rassemblés dans la Morée, se jetaient dans le Crould, qui lui-même se jette dans la Seine à Saint-Denis. Ils furent recouverts et transformés en égouts, il y a quelques années. La commune d'Aulnay - sous - Bois est limitée au nord par Gonesse, à l'est par Villepinte et Sevran, au sud-est par Livry- Gargan, au sud par Pavillons-sous-Bois et Bondy, à l'ouest par Blanc-Mesnil.

Moyens de communications : Chemin de fer du Nord. Ligne Paris-Soissons. Gare d'Aulnay- sous-Bois. Autorail : Aulnay-Bondy par Gargan et . De nombreuses lignes de cars relient Aulnav avec Paris, Blanc-Mesnil, , , , , Bobigny et , d'une part ; avec Bondy, Sevran, Ville- pinte, Tremblay-Ies-Gonesse et Mitry-Mory, d'autre part. De plus, plusieurs lignes navettes relient les quartiers nord d'Aul- nay avec le centre (quartier de la Gare). Un service de taxis, permanent, est assuré avec station place de la Gare. ETYMOLOGIE D'AULNAY

L semble bien qu'Aulnay doive son nom à sa situation dans 1. le « PAGELLUS ALNETENIS », Pays d'Aulnaye : le vil- lage se trouvait à l'origine en un lieu ou les aulnes turent particulièrement nombreux le long des rivières la Morée et le Sausset. Albert Dauzat soutenait que l'on doit prononcer Aunay et non Aulnay, comme nous le faisons actuellement ; le nom venant du latin Alnatum — endroit planté d'aulnes — qui s'écrivit dans le passé Alneto, Alnaco, Alnetum, Alnay, puis Au- nay, parfois Aunaye ou Aulnaye (1). Afin de le distinguer des nombreux Aunay des environs de Paris, il fut appelé du 16e au 18e siècle Aunay et Aulnay-en- France. Par France, il faut entendre le pays situé au nord de Saint-Denis, qui en était la capitale, et Gonesse important chef-lieu. C'est surtout après 1750 que le village prit le nom d'Aulnay et, après la Révolution, celui d'Aulnay - lez - Bondy, signifiant Aulnay près de Bondy ; la forêt de Bondy s'étendant d'ailleurs à cette époque jusqu'au centre actuel de la localité. Durant la « belle époque », la forêt étant encore presque intacte, la localité devint tout bonnement Aulnay - sous - Bois, mais ne désignant, en fait, que la partie boisée composant le nouvel Aulnay. Le vieil Aulnay, donc le bourg serré autour de la vénérable église Saint - Sulpice, garda son nom traditionnel de « Vieux Pays » qu'il a conservé jusqu'ici pour situer le quartier. Cependant, le nom officiel de la ville est devenu Aulnay- sous-Bois. Ce qui n'a aucun rapport avec l'extension de la localité en direction de Villepinte, de Gonesse et de Roissy - en -"France, plaine absolument nue.

(1) Aulnaye, petite région de l'Ile-de-France entre l'ancienne Seine-et-Oise et Seine-et-Marne, entre Paris et Chelles sur la rive droite, au nord de la Marne qui la sépare de la Brie. La plaine d'alluvions qui s'étend à ses pieds marque tout ce que l'érosion a enlevé, est aussi désignée sous le nom d'Aulnaye. Cette plaine est une dépendance Est de la Plaine-Saint-Denis. Le sol est tapissé par une nappe d'alluvions anciennes, dernier témoin de l'activité des grands cours d'eau. L'Aulnaye est géo- logiquement très analoque à la Brie française ; son plateau tertiaire forme comme un prolongement de l'îlot géologique de Brie, le seul qui ait réussi se maintenir sur la rive droite de la Marne. Encore se distingue-t-il de la Brie par la grande épaisseur que le gypse y atteint. Les cours d'eau quaternaires semblent s'étre acharnés contre ce petit territoire formant colline. LES ARMOIRIES D'AU LN A Y

UTOUR de 1902, les édiles locaux obtinrent que leur ville A prit pour nom Aulnay-sous-Bois, au lieu de celui, pourtant charmant, d Aulnay - les - Bondy. Ils s inspirèrent de la devise proposée par l'abbé Dumont à propos d'un projet de maquette des armes de la ville « AULNE AI SOUS BOIS VIVRAI ». Les armoiries officielles d'Aulnay-sous-Bois sont d'azur à l'aulne arrachée de sinople posé sur une terrasse d'argent, au chef tiercé en pal d'azur, d'argent et de gueules, l'argent chargé des lettres capitales R. F., de sable, le tout supporté d'une branche de chêne à dextre et de laurier à senestre. Par ailleurs, la commission d'héraldique de Seine-et-Oise, en 1943, proposa un blason avec figure très simplifiée : d'azur à l'aulne arrachée d'argent. Les Aulnaysiens n'en tinrent pas compte. Jusqu'ici, la ville d'Aulnay-sous-Bois a tenu à conserver ses armoiries, et nous pensons qu'elle a bien fait. Ceux qui en établirent le projet furent des habitants et des bienfaiteurs de la commune. Ce serait leur faire affront que de remplacer leur maquette par une autre, proposée par des personnalités qui, toutes officielles qu'elles fussent, n'en sont pas moins igno- rées des Aulnaysiens qui, par contre, savent bien ce qu'ils doivent au dévouement et à la générosité de ceux qui contri- buèrent à faire d'un village perdu dans la plaine une ville qui envisage allègrement de posséder une population de 70 000 ha- bitants et plus. Aulnay et ses Cantons USQU'EN 1787, la paroisse d'Aulnay-près-Gonesse, Aulnay-en- J France ou Aulnay-lez-Bondy fit partie de la province d'Ile- dede-France, Saint-Denis. Prévôté, Généralité, Election de Paris, Subdélégation Pour le siprituel, la paroisse dépendait du Diocèse de Paris, lui-même divisé en Archidiaconnés et Doyennés ruraux ; Aulnay fut rattaché aux Doyennés de Montreuil, puis de Chelles. Quand fut formé le: département de Saint-Germain (1787), Gonesse devint l'un de ses cinq districts et le village d'Aulnay- lez-Bondy fut compris dans sa juridiction. Par décret du 27 janvier 1790, de l'Assemblée Nationale, Gonesse devint chef-lieu de district du département de la Seine et de l'Oise et chef-lieu de canton ; celui-ci s'étendait au-delà de la rivière la Marne, jusqu'à Noisy-le-Grand ; Aulnay en fit partie. Le département de Seine-et-Oise, avec comme chef- lieu d'un des arrondissements, fut organisé en 1800. Il engloba le canton de Gonesse, précédemment formé, comprenant Aul- nay-lez-Bondy. Le premier canton du Raincy, composé de dix anciennes communes de ce canton de Gonesse. fut établi en 1882. Le premier canton d'Aulnay - sous - Bois, comprenant égale- ment Blanc-Mesnil, Sevran, Villepinte et Tremblay-les-Gonesse (ces trois dernières localités firent partie, durant la Révolu- tion, de l'Assemblée Cantonale de Livry) vit le jour en 1922. A partir de 1964, la ville d'Aulnay forma un canton à elle seule ; Blanc-Mesnil également ; le canton de Sevran compre- nait Villepinte et Tremblay ; depuis 1967, deux cantons, Sevran et Tremblay. Sur le plan administratif, Aulnay-sous-Bois, qui dépendait auparavant du département de Seine-et-Oise et de l'arrondisse- ment de Pontoise, est présentement rattaché au nouveau dé- partement de la Seine-Saint-Denis, arrondissement du Raincy. Depuis juillet 1967, Aulnay-sous-Bois est partagé en deux cantons électoraux distincts et compte deux conseillers géné- raux. CHIFFRES DE POPULATION

DEMOGRAPHIE AULNAYSIENNE

En 1709 450 habitants En 1759 500 » En 1787 425 En 1795 600 » En 1824 513 En 1830 584 » En 1861 646 » En 1868, ...... 680 En 1878 765 » En 1890 1 012 En 1900 2 829 » En 1906 4 417 » En 1914 7 141 En 1922 11 000 En 1925 21 000 » En 1938 30 000 » En 1955 40 000 » En 1958 45 000 » En 1962 50 000 » En 1966 60 000 » En 1968 62 000 habitants environ Les Maires d'AULNAY

LISTE DES MAIRES

CHARTIER François-Noël Syndic 1787 CHARTIER François-Noël Maire 1790 BAZUREAU Christophe Maire 1791 COQUERET Pierre Maire 1792 DELACOUR Louis Maire 1796 DE GOURGUE Auguste-François Maire 1808 FESSARD Félix Maire 1830 COQUARD Jean-Benoît Maire 1833 LANGLOIS François-Jérôme Maire 1840 DALLEUX Louis-Antoine Maire 1845 DE GOURGUE Dominique Maire 1866 DEPRE Marie-Alexandre Maire 1893 BUCHET Claude Maire 1896 NERAT Isidore Maire 1905 PRINCET Jules Maire 1919 LIBS Albert Maire 1925 CHEVALIER Arthur Maire 1928 DORDAIN Charles Maire 1930 POUPON Louis Maire 1932 NILES Maurice Maire 1936 DROCOURT Charles (Délégation Spéciale) 1940 MM. FOURQUEZ et DAUVERGNE » NILES Maurice Maire 1944 SCOHY Pierre Maire 1945 HERBAUT Fernand Maire 1947 COURTAT Robert Maire 1959 CADOT Maurice (Intérimaire) 1964 SOLBES Louis Maire 1965 Quelques Maîtres d'Ecoles d'Aulnay (1692-1792)

1692 Jean BOUQUET 1700 Jacques DELAUNE 1708 Vincent HARDY 1724 Jérôme HANE 1771 Pierre-Louis FRAPART 1785 Louis-Charlemagne DURE 1789 Jean-Baptiste MARIN 1792 » » Quelques (1693-1792)Notables 1693 BONNOUVRIER Olivier, greffier-tabellion. JUBLIN Pierre, chirurgien. 1697 GRIMPEREL, notaire en justice. 1698 GANNERON Sébastien, procureur fiscal. 1700 POTIN Jacques, marguillier. 1701 DHEU Hubert, chirurgien. CHEDEUILLE Germain, marguillier. CAMUS Agathe, sage-femme. 1702 FLAMANT Jacques, capitaine du château. 1707 SAMSON Michel, procureur fiscal. FAUDEMAY Pierre, maître-maçon et syndic. 1710 BETHEMON Charles, lieutenant du Marquisat d'Aulnay. 1713 DELACOUR Rémy, tisserand en toile. 1715 CONTANT Nicolas, concierge du château. 1718 CONTANT Nicolas, procureur fiscal. DHEU Hubert, greffier. 1722 SELLIER Pierre, chirurgien. 1729 DELINCOURT Henry, concierge du château. CARRE Pierre, marguillier. 1730 DARELON David, chirurgien. 1731 POTIN Joseph, procureur fiscal. BUREAU Simon, chirurgien. 1732 OLIN Denis, marguillier. 1733 GRAINLE Nicolas-Charles, marguillier. MASSON François, procureur fiscal. 1770 Claude de LA BOISSIERE, juge du bailliage et gruerie d'Aulnay. 1772 FAROU Jean, inspecteur des chasses. SOLLIER Charles, procureur fiscal. MALBESTE Pierre-François, concierge du château. 1774 BONNEMAISON Félix, chirurgien. 1780 BOURIN Philippe, procureur fiscal. 1781 FRAPART Pierre-Louis, notaire et greffier. ROBILLARD Antoine, marguillier. 1786 FRAPART Louis, arpenteur royal. HEDELIN Jean, marguillier. 1790 GUERET Nicolas-Martin, marguillier. 1792 PAGE Jean-Louis-Sulpice, procureur de la commune. Quelques prêtres

d'Aulnay(1692-1792)

1665 THOMAS Michel vicaire 1692 LONGER Jacques curé 1701 De LA HAYE Charles vicaire 1702 MONDEGARE vicaire 1703 BACHELAY Sébastien chapelain 1704 DOULING vicaire 1706 LANEELE Robert vicaire 1711 LANEELE Robert curé 1728 GERARD vicaire 1733 BENÉ Jean vicaire 1739 LETARD vicaire 1740 HALBOUT vicaire 1771 LANGE VIN Guillaume-François curé RULIÉ vicaire 1772 BERNARD vicaire 1778 PIGNONNEAU DES BRIERES vicaire 1780 VARINEL Jean-François vicaire 1781 LAFILLE vicaire 1784 LANGEVIN Jean-Baptiste-François curé 1785 ROUSSET DE BERVILLE vicaire 1788 VOISIN Jean-Pascal vicaire 1789 LEFEVRE-DUCLOS vicaire 1791 LACAUVE curé CAILLERET chapelain 1792 VINCELET Médart curé

L'Eglise Saint-Sulpice d'AULNAY

L'Abbaye bénédictine de Cluny, fondatri- ce de l'église Saint-Sulpice, ne dépendait que de l'autorité du pape. Elle était très puissante. Un dicton du moyen-âge l'évoque clairement : « En tout pays où le vent vente « L'abbé de Cluny a des rentes. »

'IL est une église de village ayant conservé le charme des s temples de campagne, c'est bien Saint - Sulpice d'Aulnav. Son large clocher quadrangulaire originalement surmonté d'un clocheton est d'un très heureux effet. (1) Devant l'église, à la place du jardin d'aujourd'hui, était le cimetière paroissial dont il ne reste qu'une vieille croix en fer forgé datant de 1836. L'édifice, construit en grosses pierres recouvertes de plâtre, ne présente rien de particulier à l'extérieur. C'est un bâtiment de construction banale, mais, comme quelques vieilles maisons l'entourent, l'ensemble est pittoresque et agréable à l'œil. Seul le chevet de l'église fait ressortir l'antiquité de la construction datant du 12e siècle et du suivant. Prieuré à l'origine, Saint-Sulpice devint église paroissiale par la suite. Vers 1850, de grands bâtiments, qui furent transformés, entouraient en majeure partie l'église. C'étaient des granges et des bergeries ayant appartenu aux religieux du prieuré fondé en ce lieu par l'Abbaye de Cluny. (1) Le clocher et sa toiture furent restaurés et modifiés en 1967. L'intérieur de Saint-Sulpice renferme des trésors artistiques, maisl'édifice. il sied d'examiner en premier lieu la forme première de L'on remarque que son plan primitif fut établi en forme de croix grecque ; sa nef fut prolongée au couchant, au cours des 17e et 18e siècles.

Trois blasons formés des attributs symboliques de l'ordre de Cluny, deux clefs croisées et une épée d'or sur fond rouge, ornent en clefs de voûte le sanctuaire et les deux bras du transept. L'écusson de Cluny peut s'énoncer ainsi : De gueules à l'épée d'or en pal à deux clefs du même passées en sautoir. Une clef de voûte de la nef ancienne porte une hélice dorée sur fond rouge. Ce motif symbolique fut fort usité en Orient.

L'ARCHITECTURE Les trois travées du chœur et de la nef, avec les chapiteaux romans du 12e siècle, qui sont classés, forment un ensemble d'architecture et de sculptures fort rare dans la nord-est de Paris. A Saint-Denis seulement l'on peut trouver des éléments artistiques ayant quelques rapports avec l'époque transitoire du roman au gothique qui se manifeste déjà ici dans les arcs de certaines baies ou arcades.

L'oratoire Saint-Sulpice d'Aulnay fut bâti par des construc- teurs au service de l'Abbaye de Cluny, c'est ce qui explique la beauté de ses proportions et la finesse de ses chapiteaux si curieux et célèbres à justes titres. Le chevet plat, orné d'une baie aveugle, est orienté suivant le canon de l'Eglise romaine ; de solides contreforts s'élèvent à ses angles. L'on retrouve également ces contreforts aux extrémités des bras du transept. Ils ont pour utilité de conso- lider les murs et de contenir les poussées des voûtes. Plusieurs baies éclairant l'église sont de forme ogivale, de même que celles du clocher ; la baie du chevet est en plein cintre. L'on distingue dans l'église d'Aulnay trois parties distinctes : La première, formée du sanctuaire et du chœur, considérée comme étant de la première moitié du 12e siècle. La seconde, comprenant la vieille nef, les piliers supportant le clocher et les collatéraux, qui paraissent avoir été remaniés à une époque plus proche de nous. A remarquer les arcades géminées où l'ogive s'affirme, séparant la nef des bas-côtés. La troisième, c'est-à-dire la nef moderne, datant vraisembla- blement du 17c siècle. C'est dans la première construction de l'édifice que l'on trouve matières intéressantes sur la valeur artistique de ce beau monument. Les nervures de l'arc de la baie aveugle du chevet se tas- sent et donnent une ligne arrondie due à la vétusté. Il en est de même pour celles des voûtes de la nef ancienne, du chœur et des bras du transept. Les voûtes du sanctuaire, faites d'ogives quadripartites, ont des retombées sur les chapiteaux de colonnes plus élevées que dans le carré du clocher et dans les autres parties de l'église. Les arcs-doubleaux qui entourent la croisée du carré sont composés de sept cordons de tores arrondis. Le carré, dont les piliers très puissants supportent le clo- cher, est voûté en ogives quadripartites avec tores arrondis ; les bras nord et sud sont établis d'après le même appareil, mais avec ogives de bandeaux. Des arcs-doubleaux en ogifs ornés de bandeaux se voient entre les voûtes quadripartites du bas-côté nord qui ont des tores en bandeaux également. Les voûtes du bas - côté sud présentent cette particularité d'être en berceau. Il semble que la partie composant le bas - côté nord fut comprise dans les importantes restaurations de Saint-Sulpice exécutées dans la seconde partie du 1ge siècle. Les piliers sont entourés de colonnes et colonnettes enga- gées toutes couronnées de chapiteaux disposés d'une manière asymétrique.

Jusqu'en 1963, les visiteurs de l'église d'Aulnay-lez-Bondy étaient frappés par la hauteur du dallage qui abaissait consi- dérablement le niveau des chapiteaux, écourtant malencontreu- sement l'élan des colonnes et piliers dont les bases se trouvaient entièrement dissimulées par les remblais. D'importants travaux de dégagement ont remis au jour toutes les bases, malheureusement très abîmées ; il est permis d'admirer à présent toute la majesté de la partie ancienne de l'église qui a retrouvé ses proportions exactes. Les griffes des bases de colonnes et piliers, ou plutôt ce qu'il en restait au moment des travaux de dégagement, permi- rent de confirmer l'époque de la construction de l'édifice qui est considérée comme étant celle en honneur au 12' siècle. Au cours de ces travaux furent mis à jour deux autels en pierre, des cercueils en plâtre et en plomb, dont celui d'un enfant, et en bois. De nombreux ossements furent recueillis et placés dans une fosse au milieu de la nef.

Durant l'année 1963, au cours d'importants travaux de res- tauration de l'église Saint-Sulpice, les carreaux de ciment imi- tant des boiseries de style gothique qui couvraient les murs du sanctuaire furent enlevés. C'est alors qu'apparurent des armoiries de couleurs dont la majeure partie avaient été grattées, en octobre 1792, sur ordre de la municipalité d'alors. Après lessivage d'un badigeon blanc, le fond noir d'une litre apparut également sous la hauteur des chapiteaux. Furent aussi dégagés deux gisants en plâtre, représentant saint Eugène et une femme, qui avaient été donnés à la paroisse par la famille Papillon-Maillard le 2 août 1888. L'on trouva également sur un cercueil, lors du creusement du remblai que l'on fit disparaître, une plaque de plomb por- tant le nom d'un Le Clerc de Coytier, seigneur d'Aulnay, an- cêtre des de Gourgue.

LES CHAPITEAUX Les chapiteaux sont composés, pour une part importante, de l'ordre zoomorphe. Une faune fantastique, ironique ou gri- maçante, composée de têtes d'animaux imaginaires affrontés, embrassés, entrelacés ou adossés, compose une décoration typique de la statuaire romane inspirée de l'art byzantin ou oriental. Parmi certains groupes s'étendent des guirlandes symboli- ques fort gracieuses et se voient des rinceaux et mascarons. Les animaux sculptés sur les chapiteaux d'Aulnay, devenus cé- lèbres par leurs compositions curieuses, nous montrent lézards, lions ailés avec petits personnages, chouettes et béliers affron- tés, oiseaux et félins à têtes humaines. (1) Nous trouvons là un exemple frappant de l'esprit caustique (1) Le sujet ailé du chapiteau gauche, au-dessus du sanc- tuaire, est remarquable ; sur les chapiteaux des piliers et de la colonne qui séparent le collatéral nord de la nef ancienne figurent des quadrupèdes aidés et quatre têtes de lions ; huit têtes de serpents, qui sont la prolongation des queues d'animaux imaginaires, garnissent un chapiteau. Toutes ces allégories se rapportent à la gloire de Jésus et découlent de l'enseignement des bestiaires en honneur au Moyen-Age. qui animait les sculpteurs, maîtres dans l'art caricatural, quand ils travaillèrent en toute liberté, donnant libre cours à leurs fantaisies. Admirons les deux animaux, lions menaçants, qui entourent un personnage sur le chapiteau droit du premier pilier de la nef. La flore est aussi largement représentée. Les colonnes, co- lonnettes ou pilastres sont décorés de motifs élégants, parfois très fouillés, d'une facture purement romane ou pré-gothique. Nous trouvons là un vaste recueil qui va de l'acanthe à la vigne, en passant par les feuilles d'eau ; nous voyons aussi du trèfle, de la chalcidoine, la fougère, le plantain, les palmettes perlées et l'ensemble stylisé employé par les imagiers des 11" et 12e siècles. Nous pensons que certains motifs sont des grappes de raisin, des feuilles de fraisiers ou d'ancolies. Certains feuillages sont perlés ou bagués. Deux chapiteaux, l'un roman, l'autre moderne, résultant d'une restauration, ont des croix sculptées au milieu de sujets inspirés de la flore. L'on remarque aussi des chapiteaux historiés d'une bonne exécution.

PARTIES CLASSEES HISTORIQUES ET DIVERS C'est grâce à l'obligeance de M. Viel, curé-doyen d'Aulnay, que nous pouvons donner les détails qui suivent ayant trait aux parties classées historiques de l'église Saint-Sulpice, monu- ment ou mobilier, ainsi que l'explication des scènes de certains vitraux ou la signification de certaines statues. Nous y avons inclus nos notes personnelles. Par lettre du 20 février 1915, le curé de Saint-Sulpice fut informé par M. A. Dalimier, sous-secrétaire d'Etat à l'Instruc- tion Publique et aux Beaux-Arts, du classement parmi les mo- numents historiques des objets ci-après : — Deux anges, statues en marbre, encadrant le tabernacle de l'autel latéral nord (18e siècle) ; — Une console en bois sculpté (18e siècle). Cette dernière est visible à droite du sanctuaire. Les deux anges sont sous clef dans la sacristie, par mesure de sécurité (1963). Dès 1924, dans le Bulletin de la Commission des Monuments Historiques de Seine - et - Oise, un vœu fut exprimé tendant à obtenir le classement des parties intéressantes du monument lui-même. Nous savons que, dès 1938, ces parties étaient inscrites sur l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques. Ce n'est qu'en juillet 1942 que le chœur, le transept et la première travée de la nef furent classés par décision du Secré- tariat général des Beaux - Arts, direction des services d'archi- tecture, directeur M. Hautecœur. La Vierge à l'enfant, bois doré du 17e, que l'on peut voir au fond du collatéral nord, chapelle de la Vierge, fut classé le 6 septembre 1938. A noter qu'après la réfection d'un mur, à cet emplacement, un autel de style gothique, où se voyaient les armes des de Gourgue et une couronne de marquis, a été enlevé et remplacé par un autel de style plus authentique et en rapport avec celui du lieu. Certains ont prétendu que les deux anges adorateurs classés, dont nous parlions plus haut, proviennent du tombeau de Marie de Troys, qui avait été édifié dans l'église. Cette affirmation nous semble, pour le moins, sujette à caution.

Par ailleurs, l'on trouve à Saint-Sulpice des statues repré- sentant le patron de l'église et saint Eparche, qui n'ont pas grande valeur artistique (1963).

L'actuelle chaire en bois sculpté, que l'on songe à déplacer, semble du 17" siècle ; de même que le rétable de la chapelle Saint-Roch, placé au-dessus des reliques du patron de l'église. Quant à la sellette que l'on voit près de l'autel de cette dernière chapelle, elle est ornée d'un ange sculpté qui s'appa- rente au style en honneur au 17e et 18e siècles. (Tous ces éléments furent enlevés après les travaux de 1963.)

Les fonts baptismaux, en marbre, paraissent du 17" ou 18" siècle et ne présentent rien de particulier.

La nef moderne possède un tableau ancien : « Les Disciples d'Emmaiis », inspiré de Benedetto Lutti (1666-1724). Dans le sanctuaire, formant rétable, l'œuvre importante de O. Pichat : « Le Calvaire », offre un aspect poignant. Une femme agenouillée au pied de la croix reste prostrée, en proie à une grande douleur (1963.) Nous avons cherché en vain un tableau célèbre de Boucher : « La peste de Marseille », signalé comme principale curiosité de l'église par un chroniqueur du 1ge siècle. Nous pensons qu'il ne s'agissait que d'une copie du maître, qui a disparu Dépôt légal troisième trimestre 1969 Édition "NOTRE CONTRÉE" - 8 bis, rue des Perriers - 93 - MONTFERMFIL Droits réservés pour tous pays • Reproductions mêmes partielles, formellement interdites Cet ouvrage sort des Presses de l'Imprimerie Nouvelle M A U G E 1 N 8 C. 14, rue Lieutenant-Colonel-Faro - 19 - Brive

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