Pharnabaze Et Les Pharnacides: Une Dynastie De Satrapes Sur Les Rives
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Pharnabaze et les Pharnacides : une dynastie de satrapes sur les rives de la Propontide (Ve-IVe siècle av. J.-C.) Alexis Klein To cite this version: Alexis Klein. Pharnabaze et les Pharnacides : une dynastie de satrapes sur les rives de la Propontide (Ve-IVe siècle av. J.-C.). Archéologie et Préhistoire. Université de Strasbourg, 2015. Français. NNT : 2015STRAG011. tel-01673804 HAL Id: tel-01673804 https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01673804 Submitted on 1 Jan 2018 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. UNIVERSITÉ DE STRASBOURG ÉCOLE DOCTORALE DES SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES UMR 7044 THÈSE présentée par : Alexis KLEIN soutenue le : 29 mai 2015 pour obtenir le grade de : Docteur de l’université de Strasbourg Discipline/ Spécialité : Histoire ancienne PHARNABAZE ET LES PHARNACIDES Une dynastie de satrapes sur les rives de la Propontide aux V e et IV e siècles av. J.-C. THÈSE dirigée par : Madame LENFANT Dominique Professeur, université de Strasbourg RAPPORTEURS : Monsieur AVRAM Alexandru Professeur, université du Maine Monsieur BRUN Patrice Professeur, université de Bordeaux III AUTRES MEMBRES DU JURY : Madame JACQUEMIN Anne Professeur, université de Strasbourg Madame LEROUGE-COHEN Charlotte Maître de Conférences, université de Paris Ouest-Nanterre 1 À ceux qui ont pris le train un peu trop en avance 2 Pharnabase Dans l'éclat où je passe ma vie, Je redoute à la fois l'imposture et l'envie, Leurs traits également m'attaquent chaque jour, Et ma fortune en craint un funeste retour. Ainsi pour les forcer l'une et l'autre à se taire, J'observe tous mes pas avec un oeil sévère, Je crains à tous moments qu'un trop vaste pouvoir Me porte quelque jour à trahir mon devoir, Ou que, persuadé qu'on ne peut le détruire, Je néglige les soins que je dois à l'Empire ! Quelque soit pour nous la tendresse des rois, Un moment leur suffit pour faire un autre choix ; En vain nous prétendons par d'assidus services, D'un monarque inquiet arrêter les caprices ; Un seul mot contre nous à propos avancé, Un seul de nos projets par le sort renversé, Détruit dans un instant toute la confiance Que nous donnaient trente ans de peine et de prudence ; Et souvent pour remplir les emplois les plus grands, On y place après nous d'indignes concurrents Qui pour toute vertu ne possèdent peut-être Que l'art de savoir feindre et de flatter leur maître. Mille exemples connus de ces fameux revers Sur ce péril pressant tiennent mes yeux ouverts, Et me font redoubler le zèle qui m'anime ; Mais du bonheur public je deviens la victime, Et mon cœur accablé des efforts que je fais Donne à tous un repos qu'il ne goûte jamais. 1 1 Extrait de la tragédie Alcibiade de J. G. de Campistron (mise en scène pour la première fois le 28 décembre 1685), Acte 1, scène 1, v. 13-40. Cette tirade est inspirée du dialogue entre le satrape Pharnabaze (II) et le roi de Sparte Agésilas rapporté par Xénophon (Xén. Hell. IV 1, 29-38) et par Plutarque (Plut. Agés. 12, 1-9). 3 Remerciements Avant toute chose, j’aimerais renouveler mes remerciements à ma directrice, Madame Dominique Lenfant, qui m’a guidé et suivi depuis mon master, pour m’avoir constamment soutenu tout au long de ce long parcours par sa confiance et sa patience, sans pour autant manquer de souligner avec intérêt mes erreurs ou mes lacunes et de me pousser à les rectifier. En un second temps, j’aimerais remercier Madame Gül Gürtekin Demir et Monsieur Gürcan Polat pour leur accueil très chaleureux à Izmir et pour avoir mis à ma disposition les travaux de leurs étudiants. Il est regrettable que les questions abordées ici ne m’aient pas permis d’en faire un plus ample usage. Un grand merci va également au « peuple » de la MISHA, tant enseignant qu’étudiant, parmi lequel nombreux se reconnaîtront, qui pour un conseil, qui pour un encouragement, qui pour une discussion. Ce sont ces petites choses quotidiennes ou inattendues qui entretiennent les braises d’un foyer. Je n’oublie pas les amis extra muros pour des raisons semblables, auxquelles on pourrait ajouter un enrichissement personnel par la confrontation de points de vue ou même pour me faire méditer sur la question : « Mais une thèse, ça sert à quoi ?! ». Dans le détail, je dois remercier Monsieur Cédric Brélaz pour ses conseils en matière de numismatique et d’épigraphie, Yannick Müller pour m’avoir fait découvrir l’article d’A. B. Bosworth sur l’émasculation des Chalcédoniens, Luboš Malý pour ses relectures minutieuses et Sébastien Guichon pour son hospitalité. Pour finir, je souhaiterais remercier mon père pour m’avoir inspiré la passion pour l’histoire et l’obstination et ma mère pour le goût des langues et la persévérance. 4 Introduction En parcourant l’histoire du monde grec antique, il est difficile de ne pas rencontrer dans les pages des manuels historiques et des sources le personnage du satrape Pharnabaze 2. Acteur de premier plan dans les Helléniques de Xénophon, il est également très présent dans la Guerre du Péloponnèse de Thucydide. Ces deux auteurs en particulier en ont fait un des principaux interlocuteurs des Grecs avec le monde perse. En tant que satrape de Phrygie Hellespontique, il représentait l’une des portes pour accéder aux fastes de la cour de Suse, incarnant ainsi, à première vue, une image devenue un lieu commun familier pour les « Occidentaux » rêvant des divans ottomans, une situation courante au XVIII e siècle ap. J.-C. et qui se retrouve aussi bien chez des auteurs comme Jean Thévenot que de nos jours chez de nombreux érudits férus du monde « oriental ». Thucydide et Xénophon en ont également fait l’antagoniste du satrape de Lydie Tissapherne, en insistant sur la rivalité que les deux hommes nourrissaient 3. L’« infâme » et « mishellène » Tissapherne incarne, souvent encore aujourd’hui, dans l’imaginaire du chercheur en histoire antique le rival par excellence des Grecs ; ambitieux et « fourbe », il s’oppose idéalement aux valeurs communautaires de la cité grecque. Nous devons bien évidemment nuancer ces vues, qui tiennent plus du portrait pittoresque que 2 Heckel (2009), p. 55 : « Pharnabazus (the famous satrap of Hellespontine Phrygia) ». 3 Th. Petit a proposé deux généalogies pour ce personnage (Petit (1979), p. 3-4 ; p. 6), qui feraient descendre Tissapherne de Hydarnès, un compagnon de Darius I er sur la base de la proximité onomastique entre Tissapherne et Sisamnès, fils d’Hydarnès (Hdt. VII 66 ; Pour Th. Petit, ces noms dérivent tous deux du préfixe « ciçra »). Or, il nous faut noter que Pharnabaze (II) avait un oncle nommé « Susamithres » (Nep. Alc. 10). Il serait intéressant que des linguistes s’interrogent sur l’étymologie de ce nom, ainsi que sur sa possible proximité avec le suffixe « ciçra » (Justi (1895), p. 164 ; Petit (1979), p. 7 ; Schmitt (2002), p. 73-74). Par ailleurs, le suffixe « phernès » ne va pas sans rappeler un préfixe répandu chez les Pharnacides. Si cette similitude s’avérait exacte, cela signifierait que Tissapherne et Pharnabaze (II) ont pu être liés par d’autres liens que leur rivalité. 5 dressent certaines sources grecques du personnage de Tissapherne que de la réalité de l’homme 4. Pharnabaze est présenté par ces auteurs comme tout l’opposé : satrape bienveillant, amateur de la culture hellénique, sachant se dévêtir de sa pompe, sympathique et honorable 5. Pourtant, ce personnage très célèbre, sur lequel de nombreux auteurs se sont penchés au cours de leur réflexion, n’a jamais bénéficié d’une étude exclusive 6. Cette lacune dans la recherche est d’autant plus étonnante que la famille dont il est issu, les Pharnacides, a pu se vanter de détenir le contrôle de la satrapie de Daskyleion 7 (dite aussi de Phrygie Hellespontique) pendant une grande partie de la domination achéménide, qui s’est étendue de 556 à 333 av. J.-C. 8. Il s’agit d’une situation tout à fait exceptionnelle, étant donné que les satrapes étaient souvent remplacés, tout particulièrement dans des satrapies stratégiques pour la sauvegarde de l’Empire. Nous tâcherons dans cette étude de retracer l’histoire de la famille des Pharnacides, tout en la rattachant à l’histoire de la satrapie de Phrygie Hellespontique et en soulignant les liens indissociables qui unissaient ces hommes à ce territoire. Il sera question de présenter les personnes du satrape Pharnabaze et de sa parenté, mais également de placer leur histoire dans un contexte politique, incluant l’administration intérieure de la province, ainsi que leurs rapports avec 4 Petit (1979), Walser (1984). 5 Walser (1984), p. 110. 6 Krumbolz (1883), Nöldeke (1884), Buchholz (1894), Beloch (1923), Lewis (1976), Moysey (1979), Walser (1984), Sekunda (1988), Weiskopf (1989), Briant (1996), Hyland (2008). Ces auteurs ont tous analysé le personnage de Pharnabaze et tiré des conclusions qui ont fait école. Pourtant, ces réflexions et propositions se placent en marge d’une thématique plus vaste et non dans une monographie spécifique, qui se consacrerait uniquement à ce satrape. Dès lors, leur analyse ne peut prétendre être complète et répondre à toutes les questions, qui apparaissent lorsque l’on se focalise exclusivement sur le sujet. 7 Le nom « Daskyleion » vient du père du roi lydien Gygès, Daskylos (Plut.