Annales Historiques De La Révolution Française, 369 | Juillet-Septembre 2012 [En Ligne], Mis En Ligne Le 01 Septembre 2015, Consulté Le 01 Juillet 2021
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Annales historiques de la Révolution française 369 | juillet-septembre 2012 Varia Édition électronique URL : https://journals.openedition.org/ahrf/12577 DOI : 10.4000/ahrf.12577 ISSN : 1952-403X Éditeur : Armand Colin, Société des études robespierristes Édition imprimée Date de publication : 1 septembre 2012 ISBN : 978-2-200-92761-5 ISSN : 0003-4436 Référence électronique Annales historiques de la Révolution française, 369 | juillet-septembre 2012 [En ligne], mis en ligne le 01 septembre 2015, consulté le 01 juillet 2021. URL : https://journals.openedition.org/ahrf/12577 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ahrf.12577 Ce document a été généré automatiquement le 1 juillet 2021. Tous droits réservés 1 SOMMAIRE Pourquoi l’ennemi ? Alexandre Tchoudinov Articles Adversaire honorable ou barbare vicieux ? La perception de l’ennemi sous la Révolution et l’Empire Alan Forrest Contestation et image anti-napoléonienne en Hollande au cours de la période napoléonienne (1806-1813) Johan Joor La Russie et les russes dans les écrits des prisonniers de la Grande Armée, une approche comparée Marie-Pierre Rey Les images des ennemis dans la perception des conquérants de l’Europe (1805-1812) Maya Goubina La guerre et l’armée russe à travers la correspondance des participants français de la campagne de 1812 Nicolaï Promyslov L’image de l’ennemi dans l’imaginaire collectif du menu peuple russe en 1812 Alexandre Tchoudinov La Russie dans les journaux de l’Armée d’Orient (1798-1801) Evguenia Prusskaya Guerre et politique. L’ennemi dans l’Italie révolutionnaire et napoléonienne Anna Maria Rao Comptes rendus Danièle PINGUÉ et Jean-Paul ROTHIOT (dir.), Les comités de surveillance. D’une création citoyenne à une institution révolutionnaire Paris, Société des études robespierristes, 2012, 246 p. Christine Le Bozec Antoine RENGLET, Une police d’occupation ? Les comités de surveillance du Brabant sous la seconde occupation française (1794-1795) Bruxelles, Archives générales du Royaume, 2011 Danièle Pingué Jean-Clément MARTIN, Idées reçues. La Révolution française Paris, Le cavalier Bleu éditions, 2008, 126 p. Pascal Dupuy Guy LEMARCHAND, Paysans et seigneurs en Europe. Une histoire comparée XVIe-XIXe siècle Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011, 374 p. François Antoine Annales historiques de la Révolution française, 369 | juillet-septembre 2012 2 Paul CHOPELIN, Ville patriote, ville martyre Lyon, l’Église et la Révolution, 1788-1805, Paris, Letouzey et Ané, 2010, 463 p. Marie Deman Joseph CLARKE, Commemorating the Dead in Revolutionary France. Revolution and Remembrance, 1789-1799 Cambridge, Cambridge University Press, 2007, 306 p. Jean-Clément Martin Raphaël MICHELI, L’émotion argumentée. L’abolition de la peine de mort dans le débat parlementaire français Paris, Cerf, 2010, 488 p. Hervé Leuwers L’éducation des sourds et muets, des aveugles et des contrefaits au siècle des Lumières, 1750-1789/ Père Gabriel Deshayes (1767-1841) et l’enseignement des sourds Philippe Marchand June K. BURTON, Napoleon and the Woman Question. Discourses of the Other Sex in French Education, Medicine and Medical Law, 1799-1815 Lubbock (Texas), Texas Tech University Press, 2007, 288 p. Jean-Clément Martin Paul CHENEY, Revolutionary Commerce. Globalization and the French Monarchy Cambridge, Cambridge University Press, 2010, 305 p. Silvia Marzagalli Marc H. LERNER, A Laboratory of Liberty. The Transformation of Political Culture in Republican Switzerland, 1750-1848 Brill, Leiden & Boston, 2012, 371 p. Annie Jourdan Raymond KUBBEN, Regeneration and Hegemony. Franco-Batavian Relations in the Revolutionary Era, 1795-1803 Leiden/Boston, Martinus Nijhoff Publishers, 2011, 787 p. Annie Jourdan Anne MÉZIN et Vladislav RJÉOUTSKI, Les Français en Russie au siècle des Lumières. Dictionnaire des Français, Suisses, Wallons et autres francophones en Russie de er Pierre le Grand а Paul I Centre international d'étude du XVIIIe siècle, 2011, 2 vols., 1424 p. Nikolay Promyslov Étienne-Gabriel MORELLY, Code de la nature, édition critique par Stéphanie ROZA Paris, La ville brûle, 2011, 174 p. Claude Mazauric Mark DARLOW et Yann ROBERT, Laya. L’Ami des lois Londres, Modern Humanities Research Association, 2011, 378 p. Michel Biard Geneviève LAFRANCE, Qui perd gagne. Imaginaire du don et Révolution française Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 2008, 360 p. Jean-Clément Martin François MAROTIN (dir.), Révolutions au XIXe siècle. Violence et identité Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise Pascal, 2011, 262 p. Jean-Clément Martin Annales historiques de la Révolution française, 369 | juillet-septembre 2012 3 Pourquoi l’ennemi ? Alexandre Tchoudinov 1 Pas d’ennemi, pas de nation. Cette assertion provocante peut paraître paradoxale, mais seulement au premier regard. Du moins ne contredit-elle pas la pure logique. Pour établir l’identité de quelque chose, il faut comprendre ce qui distingue cet objet des autres, et dans le cas d’une nation, ces « autres » sont des nations étrangères. C’est pourquoi Anne-Marie Thiesse commence sa recherche par l’affirmation : « Rien de plus international que la formation des identités nationales »1. Mais la comparaison avec une autre nation n’est jamais aussi frappante que dans la situation où il s’agit de l’ennemi qu’on présente non seulement comme « l’étranger », mais comme « l’antagoniste ». L’image de l’ennemi est indispensable pour formuler l’identité de la nation. 2 Si on quitte le domaine de la logique abstraite pour le champ de l’histoire, il est évident que cette idée de la nation au sens moderne, qui est apparue à l’époque de la Révolution française, ne fut conçue que par opposition à des ennemis divers. D’abord ce furent les ennemis internes, notamment les ordres privilégiés, que l’abbé Sieyès mit à part du corps de toute la nation dans Qu’est-ce que le Tiers État ? (1789), ensuite les « despotes » étrangers. Ces antithèses, qui ont duré pendant toute la période révolutionnaire, ont produit le concept de « grande Nation », un phénomène combinant l’unique et l’universel en même temps. L’unique parce que la France est la seule à avoir fait une telle Révolution ; l’universel car son expérience est tenue pour modèle de toute l’humanité. Ce « mélange inextricable » de nationalisme et d’expansionnisme universaliste, écrit Pierre Nora, « explique assez bien, au total, les retournements de la politique extérieure de la Révolution : la manière dont la déclaration de paix au monde a pu progressivement couvrir une politique d’occupation territoriale drapée dans l’expansion libératrice, et comment l’alliance avec les républiques sœurs a pu se retourner en une guerre déclarée par la France pour ensanglanter l’Europe pendant vingt ans. “Vicissitudes de la grande Nation” »2. 3 D’un autre côté, les guerres révolutionnaires et napoléoniennes stimulent à leur tour la formation des identités nationales partout où les troupes françaises arrivent, de l’Espagne à la Russie, de l’Allemagne à l’Égypte. Et pour le coup, c’est la France qui se présente comme un ennemi étranger auquel on s’oppose en formulant les traits Annales historiques de la Révolution française, 369 | juillet-septembre 2012 4 particuliers de sa propre nation. C’est ainsi que Fichte décrit le caractère national allemand à l’époque de l’occupation française en 1808 : « C’est exclusivement la caractéristique générale de la germanité qui peut nous permettre d’éviter l’effondrement de notre nation par sa fusion avec l’étranger et de reconquérir un Moi reposant sur lui-même et incapable de supporter la dépendance »3. 4 L’image de l’ennemi joue donc un rôle important dans le processus de la formation des identités nationales et des nationalismes en Europe et au Proche-Orient à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle. C’est pour cette raison que ce sujet a été choisi pour ce numéro de la revue. Cet ensemble d’articles a été préparé avec le soutien de la Fondation de la Maison des Sciences de l’Homme et de la fondation RGNF (projet n° 11-21-08003 а/Fra2). NOTES 1. Anne-Marie THIESSE, La création des identités nationales. Europe XVIIIe – XXe siècle, Paris, Éditions du Seuil, 2001, p. 11. 2. Pierre NORA, « Nation », dans Dictionnaire critique de la Révolution française. Idées, Paris, Flammarion, 1992, p. 350-351. 3. Johann Gottlieb FICHTE, Discours à la nation allemande, trad. par Alain Renaut, Paris, Imprimerie nationale, 1992, p. 54. Annales historiques de la Révolution française, 369 | juillet-septembre 2012 5 Articles Annales historiques de la Révolution française, 369 | juillet-septembre 2012 6 Adversaire honorable ou barbare vicieux ? La perception de l’ennemi sous la Révolution et l’Empire Honourable opponent or savage barbarian: the perception of the enemy during the Revolution and Empire Alan Forrest 1 Le 16 juin 1809, deux jours après la bataille de Raab en Autriche, le cavalier français Jacques Chevillet décrit dans sa correspondance un des soldats de l’ennemi avec qui il avait dû combattre. C’est un homme comme lui, qui partage les mêmes réflexes, les mêmes craintes, les mêmes menus plaisirs ; il ne le dépeint pas en monstre. Mais ce qui le frappe en ce moment d’hostilité, c’est surtout la différence : la corpulence, la menace dans ses yeux, les divers comportements qui le distinguent du militaire français. Chevillet décrit ainsi le moment où il le somme de se rendre : « ce soldat s’arrêta tout à coup, me fit face en me croisant sa baïonnette ; il me répondit dans un langage croate que je ne compris pas ». Monté à cheval, le jeune Français tourne autour de lui, « ce qui [lui] donna le temps de considérer ce vilain soldat qui voulait me braver ». Et que perçoit-il devant lui ? Un homme à la fois grossier et vulnérable, brutal et peureux. « C’était un gros balourd croate tout brute, ressemblant plutôt à un sauvage qu’à un soldat ordinaire. Sa veste toute déboutonnée laissait voir sa large poitrine à découvert ; il avait la figure et le col tout noircis de crasse et de poudre, il avait perdu son chapeau, car il avait la tête nue avec une grosse chevelure noire touffue et hérissée dont une partie lui couvrait les yeux ».