La Réception Du Cinéma Allemand Par La Presse Cinématographique Française Entre 1921 Et 1933 Marc Lavastrou
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La réception du cinéma allemand par la presse cinématographique française entre 1921 et 1933 Marc Lavastrou To cite this version: Marc Lavastrou. La réception du cinéma allemand par la presse cinématographique française entre 1921 et 1933. Linguistique. Université Toulouse le Mirail - Toulouse II, 2012. Français. NNT : 2012TOU20136. tel-00793003 HAL Id: tel-00793003 https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00793003 Submitted on 21 Feb 2013 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. § THESE Université de Toulouse En vue de l'obtention du DOCTORAT DE L'UNIVERSITÉ DE TOULOUSE Délivré par: UniversitéToulouse 2 Le Mirail(UT2 Le Mirail) Cotutelle internataonale avec : Présentée et soutenue par: Marc LAVASTROU Le '12 Décembre 2012 Titre: La réception du cinéma allemand par la presse cinématographique française entre 1921 et 1933 ED ALLPH@: Allemand Unité de recherche: CREG Directeur(s) de Thèse: M. André COMBES (Pr. - UniversitéToulouse 2 - Le Mirail) Rapporteurs: Mme Elizabeth GUILHAMON (Pr. - Université Michelde Montaigne - Bordeaux 3) Mme Anne LAGNY (Pr - ENS Lyon) Autre(s) membre(s) du jury: Mme Françoise KNOPPER (Pr. - UniversitéToulouse 2 - Le Mirail) Mme Valérie CARRÉ (MCF - Université de Strasbourg) La réception du cinéma allemand par la presse cinématographique française entre 1921 et 1933 1 INTRODUCTION 2 De part et d'autre du Rhin, les conséquences directes de la Première Guerre mondiale sont difficiles à surmonter. En Allemagne, la République de Weimar est née sur les ruines d'un empire en déliquescence suite à plus de quatre années d'un conflit meurtrier. Sa naissance a lieu sur fond de débâcle des partis conservateurs et de scission brutale du mouvement ouvrier entre un versant social-démocrate majoritaire et un communisme non léniniste, tous deux éclatés en plusieurs tendances. Subjectivement, les humiliations subies et ressenties par l'ensemble de la nation lors des signatures de l'armistice et du traité de Versailles et instrumentalisées par le Haut-commandement et les conservateurs vont jouer un grand rôle dans les turbulences politiques des années 1918-1823. Le premier président Friedrich Ebert n'aura alors de cesse de convaincre l'opinion de son pays de l'ineptie de la « légende du coup de poignard dans le dos » répandue par Hindenburg, Ludendorff et le DNVP, parti de la droite autoritaire nostalgique de l'Empire. Il doit également lui et le gouvernement de coalition des partis républicains faire face à une situation économique, sociale et politique des plus désastreuses. Si l'Allemagne connaît une période de relative stabilisation et prospérité entre 1925 et 1929 – due en grande partie à l'arrivée de capitaux américain (plan Dawes de 1924) –, le krach de Wall Street aura raison de son économie et sonnera le glas d'une « république sans républicains » (F. Meinecke) que la droite puis la droite extrême vont démanteler à partir des « gouvernements présidentiels » (1930-1933) dominés par le successeur de Ebert, le « Ersatzkaiser » Hindenburg. Au moment de la nomination de Hitler au poste de chancelier, le pays comptait alors six millions de chômeurs1. Dans un premier temps, en France, la signature de l'armistice est synonyme d'un honneur recouvré. Lors du traité de Versailles, l'objectif des diplomates hexagonaux est clairement d'affaiblir militairement, économiquement et politiquement l'ennemi héréditaire en imposant un « paix dure »2 visant à « faire payer le boche ». Cependant, l'engagement des États-Unis aux côtés des forces de l'Entente modifie sensiblement le rapport de force entre les pays vainqueurs. Le président américain Woodrow Wilson s'efforce de maintenir l'équilibre européen au détriment des revendications françaises. Au sentiment de victoire chèrement payée par le sacrifice de toute une nation se substitue un fort sentiment de frustration3. Le Bloc national remporte certes les élections législatives du 16 novembre 1919, mais la Chambre bleu horizon doit faire face à des difficultés financières dues à l'impossibilité de l'Allemagne de verser l'argent au titre des Réparations de guerre. Dès lors, 1 Horst MÖLLER, La République de Weimar, Paris, Tallandier, 2005. 2 Jacques BARIÉTY, Raymond POIDEVIN, Les relations franco-allemandes 1815-1975, Paris, Armand Colin, 1997, coll. U. 3 Jean-Jacques BECKER, Serge BERSTEIN, Victoire et frustrations ; 1914-1929, Paris, Seuil, coll. Points. Histoire. 3 la politique intérieure de la France devient intimement liée au destin de son voisin d'outre-Rhin. Ce n'est qu'à partir d'octobre 1925, à la suite de la signature des Accords de Locarno, que les relations entre les deux pays se normaliseront, du moins en partie. Dans le domaine de la production artistique, l'espace germanophone a connu un extraordinaire épanouissement et une grande diversité de style durant le premier tiers du XXe siècle4. En peinture, les mouvements d'avant-guerre, Die Brücke et Der Blaue Reiter posent les jalons de la modernité picturale et notamment de l'abstraction, celle que décrira l'historien de l'art Wilhelm Worringer dans Abstraktion und Einfühlung (abstraction et empathie) en 1908. Des relations artistiques franco-allemandes se nouent durant la première décennie de 1900. Nombre de ces peintres, comme August Macke, Franz Marc ou encore Max Pechstein se rendent en voyage d'étude à Paris5. En 1911, une exposition de la Sécession berlinoise expose Georges Braque, André Derain, Raoul Dufy, Pablo Picasso et Maurice de Vlaminck en les présentant comme des artistes expressionnistes6. Le déclenchement de la Grande Guerre interrompt subitement ces relations. Certains d'entre eux y participent, parfois avec un fort sentiment patriotique qui prendra une dimension anti-française, et quelques-uns y perdront même la vie7. Le 24 octobre 1914, la couverture de la revue allemande Die Aktion est illustrée d'un portrait de Charles Péguy par Egon Schiele, en hommage à l'écrivain français tombé au front8. Si les échanges ne sont plus matériellement possibles, le respect et l'amitié entre ces hommes perdurent en particulier avec l'apparition d'un courant anti-guerre dont Romain Rolland sera, des deux côtés du Rhin, une figure de proue. Au lendemain de la guerre, le rayonnement culturel de la France demeure important grâce à l'organisation de plusieurs expositions internationales dont notamment celle des Arts décoratifs et industriels qui a lieu entre avril et octobre 1925. C'est le triomphe du style Art déco au détriment des conceptions modernistes seulement représentées par deux Pavillons celui de l'Esprit nouveau de Le Corbusier et celui de l'URSS de Constantin Melnikov. La même année, le Bauhaus, école 4 Jean-Michel PALMIER, L'expressionnisme et les arts. 1, Portrait d'une génération, Paris, Payot, 1979, coll. Bibliothèque historique. Jean-Michel PALMIER, L'expressionnisme et les arts. 2, Peinture, théâtre, cinéma, Paris, Payot, 1980, coll. Bibliothèque historique. 5 Lionel RICHARD, D'une apocalypse à l'autre ; Sur l'Allemagne et ses productions intellectuelles de la fin du XIXe siècle aux années trente, Paris, Somogy, 1998, p.21. 6 Ibid., p.38. 7 August Macke est tué à Perthes-lès-Hurlus, en Champagne, le 26 septembre 1914. Franz Marc meurt en 1916 à Braquis près de Verdun. 8 Lionel RICHARD, D'une apocalypse à l'autre, op. cit., p.45. 4 d'architecture et de design, quitte Weimar pour Dessau. Il s'agit d'une structure unique en Europe dans laquelle de grands artistes comme Ludwig Mies van der Rohe, Wassily Kandisky Marcel Breuer ou encore László Moholy-Nagy enseignent. En 1927, la construction de la Weiβenhofsiedlung à Stuttgart intègre des projets internationaux tels que ceux de Victor Bourgeois ou de Le Corbusier. L'architecture moderne est par définition internationaliste ; les échanges et les transferts sont indispensables à l'élaboration d'un discours fonctionnaliste tel que celui édicté par la Charte d'Athènes signée lors du VIe Congrès International d'Architecture Moderne (CIAM) en 19339. Après le dadaïsme – mouvement d'avant-garde international de Zürich à Paris, en passant par Berlin et autres villes allemandes – le surréalisme apparaît comme la principale avant-garde hexagonale de l'après guerre. D'essence littéraire, ce mouvement se positionne clairement en réaction au courant Dada. L'apport de la culture germanique y joue un rôle fondamental. L'attrait pour le rêve et le fantastique confèrent à certaines œuvres du romantisme allemand comme aux premières traductions des ouvrages de Sigmund Freud une influence majeure sur la première génération surréaliste10. Ces exemples montrent que les échanges et les transferts culturels franco-allemands demeurent très importants, malgré le fort antagonisme civilisationnel constitutif de la construction des identités nationales avant et pendant le conflit mondial, mais aussi dans son sillage immédiat11. Durant l'entre-deux-guerres, l'image française de l'Allemagne repose essentiellement par la distribution de productions cinématographiques et par la traduction d'œuvres littéraires. Le 7ème art en tant que facteur essentiel de l'émergence de ce que l'Ecole de Francfort en exil appellera plus tard « industrie culturelle » doit son développement et sa pérennité à une « reproductibilité technique » qui assurait une diffusion au plus grand nombre12. Dès sa naissance, le 9 LE CORBUSIER, La Charte d'Athènes, Paris, Seuil, 1971, coll. Points. Série Essais. 10 Jean CLAIR, Du surréalisme considéré dans ses rapports au totalitarisme et aux tables tournantes, Paris, Mille et une nuits, 2003, p.117 : « Il faut considérer le curieux atlas du monde qu'en 1929 les disciples de Breton avaient publié [dans la revue Variétés, Bruxelles].