Bulletin Trimestriel De La Fondation Auschwitz N°62
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Bulletin trimestriel de la Fondation Auschwitz n°62 janvier - mars 1999 TABLE DES MATIERES 3 Paul HALTER, Editorial 5 Henri GOLDBERG, Combien vaut un mort à Auschwitz? 7 Yannis THANASSEKOS, Totalitarisme : ambiguïtés et pertinence d’un concept. 21 Fabienne SURIN, Parole et écriture de la déportation. 75 Izidoro BLIKSTEIN, Les signes des prisonniers dans les camps de concentration nazis : une analyse sémiotique. 89 Elisabeth ROBERT, Les Juifs de la Moldavie roumaine, état des lieux. 95 KAHN Jean-François, La révolte des Juifs contre «les affairistes de la Shoah». 97 Activités pédagogiques de la Fondation 97 - Voyage d’étude annuel à Auschwitz-Birkenau 134 - Concours de dissertation 1997-1998 et 1998-1999 137 - Prix Fondation Auschwitz 1997-1998 et 1998-1999 139 - Expositions 140 - Conférences dans les écoles 141 Informations 142 - Les interviews audiovisuelles de la Fondation 142 - La Troisième Rencontre Internationale audiovisuelle et ses Actes 143 - Le Cahier International 1 - Appel aux rescapés 144 - Quatre films historiques sur la Deuxième 145 Guerre mondiale (L. Chagoll et F. Buyens) - Discours de Georges Wider à Viroinval 148 - Extrait de l’Invalide belge 150 - Legs et donations 151 Dernières acquisitions et comptes-rendus 153 Poèmes 235 - Lydia Chagoll 235 - Edith Soonckindt 271 - Marie Pinhas-Lipstadt 279 2 Baron Paul HALTER EDITORIAL Président de la Fondation Auschwitz La publication des Actes de notre Colloque international sur la «Mémoire d’Auschwitz dans l’Art contemporain»1 ainsi que l’édition du deuxième numéro du Cahier International. Etudes sur le témoignage audiovisuel des victimes des crimes et génocides nazis / International Journal. Studies on the audio-visual testimony of Victims of Nazi crimes and genocides, nous ont malheureusement empêchés de reprendre plus tôt la forme habituelle de notre Bulletin tri- mestriel. Compte tenu en effet de nos nombreux projets et du succès qu’ils rencontrent, nous nous efforçons de répondre au mieux aux tâches éditorialistes qui nous incombent. Dans le présent numéro, vous trouverez, en dehors des contributions de fond que nous avons postposées de longue date, les textes des dix-sept lauréats de notre Concours de Dissertation 1998 dont le thème était : «Notre société est à nouveau entraînée dans un tourbillon de violences. Nous acheminons-nous vers une société duale ? Y a-t-il un idéal de société dans lequel vous seriez prêt à vous investir ?». Nous ne pouvons que remercier ici les enseignants des éta- blissements scolaires qui ont participé à notre Concours et féliciter les lauréates et les lauréats pour leur application et leurs réflexions sur le thème qui leur a été soumis. Nous voudrions rendre un hommage tout spécial au Président du Jury, Mr. Marcel Foubert et aux membres du Jury du concours qui se dévouent corps et âme pour déter- miner les sujets a traiter et pour procéder à la lecture et aux cotations des travaux envoyés par les écoles. 1 Daniel Weyssow et Yannis Thanassekos, Actes du Colloque La Enfin le lecteur aura l’occasion de prendre connaissance mémoire d’Auschwitz dans l’Art d’une série d’informations relatives aux nombreuses acti- contemporain, in Bulletin trimestriel de la Fondation Auschwitz, n°60, vités et projets de notre Fondation comme le Prix Fondation juillet-septembre 1998. Auschwitz (1998 et 1999), nos expositions, les conférences 3 dans les écoles, notre voyage d’étude annuel à Auschwitz- Birkenau, etc. Je voudrais rappeler ici à tous les enseignants que la Fondation Auschwitz - Centre d’Etudes et de Documentation - met tout en œuvre pour pouvoir répondre à toutes leurs sol- licitations et les aider dans la conception et la réalisation pra- tique de leurs projets et initiatives pédagogiques. La Commission Pédagogique que nous avons constituée ainsi que la publication régulière de son Bulletin destiné aux enseignants participent de notre volonté d’intensifier et d’amplifier notre travail en direction des communautés éducatives. Je tiens à remercier ici les enseignants, membres de cette Commission, pour le travail qu’ils accomplissent aussi bien sur le plan de la formation que sur celui des projets pédagogiques concrets. 4 Henri GOLDBERG, Combien vaut Secrétaire Général un mort à Auschwitz ? Fondation Auschwitz La presse nous relate presque quotidiennement un épisode de l’action menée par des organisations pour récupérer les biens spoliés aux Juifs pendant la guerre. Ces actions sont pour le moins musclées comme menaces et même déci- sion de boycott des entreprises qui refusent d’obtempérer. Cette action de récupération des biens spoliés me choque profondément partiellement dans son fond et particulière- ment dans sa forme. En ce qui concerne la forme, nous retrouvons la patte des avocats et lobbystes US qui ont l’habitude d’être rémuné- rés sur le résultat. Ces techniques qui font leurs preuves peu- vent peut-être s’expliquer dans le cadre de relations commerciales, mais ici il s’agit de la mémoire de millions de personnes assassinées et cela est inacceptable. Toute cette affaire donne le sentiment que tous les Juifs étaient millionnaires, possédaient comptes en Suisse et collections d’oeuvres d’art alors que l’immense majorité des victimes étaient totalement démunies. Je me dois d’évoquer ce père qui suite à un ordre de dépor- tation des autorités allemandes, se dirigea avec ses trois enfants vers la Caserne Dossin, lieu de rassemblement en Belgique des Juifs avant leur départ pour Auschwitz et qui répondit à une jeune fille qui tentait de le dissuader de se livrer «où voulez-vous que j’aille, comment pourrais-je nourrir mes enfants». Ce qui est hélas devenu une question d’argent ne peut qu’alimenter un antisémitisme toujours présent (lorsque un antisémite désire démontrer la mainmise des Juifs sur 5 l’économie mondiale, il se contente comme démonstra- tion de citer quelques noms comme Rothchild), quoique actuellement les Juifs semblent plus fréquentables que les «maghrébens» et autres immigrés de plus fraîche date. En ce qui concerne le fond, il est inacceptable que des banques conservent des biens qui leur ont été confiés, que des compagnies d’assurances ne respectent pas leur signa- ture, que des oeuvres d’art volées ne soient pas restituées à leurs légitimes propriétaires. Mais qui sont-ils ? Ou sont-ils ? Généralement partis en fumée avec leur descendance donc plus d’héritiers sauf peut-être quelque lointaine famille quasi impossible à iden- tifier. En Belgique, sur une population juive estimée avant guer- re à 66.000 personnes, 29.940* ont été déportées et seulement *dont 24.906 par la Caserne Dossin à 1.511 sont revenues**. Seulement 600 demandes d’indem- Malines (Belgique) et 5.034 par Drancy (France) nisation ont été introduites alors que tous les Juifs ont été ** dont 317 déportées de Drancy. spoliés. Se pose la question : où vont aller les biens non restitués ? Ils doivent en premier lieu servir à aider les rescapés de la Shoah qui sont maintenant âgés, très souvent dans le besoin et qui sont secourus par les services sociaux juifs en fonc- tion de leurs possibilités. Ensuite il y a lieu de créer un fonds pour l’entretien des lieux d’extermination. Ceux qui y ont été massacrés ne revi- vront pas mais au moins que leur supplice soit un rappel per- manent de ce que des hommes sont capables de faire à d’autres hommes. 6 Yannis Totalitarisme : ambiguïtés THANASSEKOS et pertinence d’un concept Directeur de la Fondation Auschwitz Les 23 et 24 avril 1998, l’Inspection de l’Instruction Publique de la Ville de Bruxelles, a organisé, en colla- boration avec Madame Alice Verhamme, Maître-assistant à la Haute Ecole Francisco Ferrer, deux journées de formation destinées aux professeurs d’Histoire et de Morale laïque et ce, dans le cadre d’un vaste projet inti- tulé «Echos de la Mémoire». Ces journées de forma- tion étaient axées autour de la thématique : «Les dérives totalitaires de la démocratie». Invité à y faire une com- munication j’ai pensé qu’il serait utile de proposer aux enseignants une discussion sur la trajectoire même du concept de totalitarisme depuis son apparition jusqu’à nos jours ainsi que sur les tumultueuses discussions, débats et polémiques qu’il a suscité aux Etats-Unis et en Europe. D’autres invités comme Anne Morelli, Pascal Delwit et Guy Haarscher ont abordé la question sous d’autres angles. Analyser la «carrière» et la trajectoire d’un concept aussi chargé historiquement, politiquement et idéologiquement que l’est celui de «totalitarisme» n’est pas chose facile : appré- ciations historiques, prises de positions politiques et juge- ments idéologiques s’entrecroisent inlassablement pour former un tissu particulièrement dense qui couvre, en même temps que l’histoire du concept, toute une période historique, du début des années ‘20 à aujourd’hui. Aussi, je me bornerai ici à donner simplement les grands jalons d’une évolution particulièrement tortueuse, marquée de nombreux tour- nants, d’éclipses et de résurgences marquées. Pour mieux saisir les vives polémiques qui ont scandé l’histoire du concept de totalitarisme, il y a lieu de le situer 7 dans le cadre des grandes thématiques qu’inaugure dans la pensée politique, juridique et dans les sciences sociales en général, la fin du Premier conflit mondial. Schématiquement, trois grandes problématiques émergent après 1920, des problématiques qui se cristalliseront en des thématiques théoriques plus élaborées vers la fin des années ‘30. La première problématique concerne l’avènement de la socié- té de masse, laquelle se substitue en quelque sorte à celle des classes propre au XIXème siècle (Emil Lederer, L’État de masses, New York, 1940). Selon cette optique, l’«ère de masse» et l’atomisation des individus qui l’accompagne auraient créé les conditions d’émergence des grandes orga- nisations dont la fonction serait la prise en charge des indi- vidus - désormais atomisés - et leur soumission à la toute puissance des chefs charismatiques auxquels ils confie- raient leur destin.