UNIVERSITE D’ANTANANARIVO FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

FORMATION GENERALE

MEMOIRE DE MAITRISE

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Présenté par Marivelo Joséphine RALAIARIVOLANIRINA.

Date de Soutenance : 12 Février 2010

Président : Mme Simone RATSIVALAKA, Professeur Juge : Mr James RAVALISON, Maître de Conférences Rapporteur : Gabriel RABEARIMANANA, Maître de Conférences.

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REMERCIEMENTS

Ce travail de recherche a pu être mené à terme grâce au soutien et à la collaboration de nombreuses personnes à qui nous adressons nos vifs remerciements . D’abord, nos remerciements les plus sincères vont à tous les enseignants chercheurs, et aux membres du personnel administratif et technique au sein du département de Géographie qui nous ont permis d’acquérir les connaissances nécessaires pour arriver à la maîtrise. Nous exprimons particulièrement notre reconnaissance à :

- Madame Simone RATSIVALAKA qui, a accepté de présider cette soutenance malgré ses diverses préoccupations. - Monsieur James RAVALISON qui, a bien voulu juger notre travail. - Monsieur Gabriel RABEARIMANANA, Maître de Conférences qui, a consacré son temps pour nous diriger avec beaucoup de compréhension.

Ensuite, nous adressons aussi notre gratitude à l’ancien Délégué d’Arrondissement de Tànana Ambany de la Commune Urbaine de (CUF) et toute sa famille qui nous ont beaucoup aidés lors de nos travaux de terrain. Leur soutien moral, matériel et financier nous ont permis de terminer le présent mémoire. Il en est de même pour les différents responsables de la Commune Rurale d’Andoharanomaitso, surtout l’Adjoint au Maire, les Délégués au Maire, les chefs Fokontany, les Gendarmes et les habitants d’Andoharanomaitso qui ont fait le maximum pour nous appuyer pendant notre séjour sur le terrain. Enfin, nous tenons également à remercier les membres de notre famille pour leur précieux soutien ainsi que tous nos amis pour leur contribution matérielle, financière et morale. Que tous ceux qui ont de près ou de loin collaboré à la réalisation de ce mémoire trouvent ici notre profonde reconnaissance.

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RESUME

En pays Betsileo comme dans la plupart des régions malgaches, l’élevage bovin est toujours étroitement associé à la riziculture. Dans ce milieu naturel difficile au relief accidenté et où prédomine la savane arborée sur un sol ferralitique, il est omniprésent. Son association avec la riziculture qui est l’activité principale des habitants est remarquable même si elle ne permet pas une amélioration sensible du niveau de vie des paysans.

Dans la Commune Rurale d’Andoharanomaitso, les bovidés malgré les contraintes bénéficient de bonnes potentialités et surtout d’une longue tradition. Toutefois, ils rencontrent actuellement de nombreux problèmes : diminution du pâturage, différentes maladies, cherté des produits vétérinaires. Mais c’est l’insécurité rurale matérialisée par les vols de bœufs qui constitue un vrai fléau. Elle est à la base d’une véritable crise rurale qui se traduit par la méfiance des paysans envers les forces de l’ordre, le personnel administratif et les autres responsables plus ou moins concernés par ce dernier.

Face à cette crise, des mesures ont été prises. Mais comme les techniques employées par les « dahalo » (voleurs de bœufs) sont de plus en plus variées, elles ont été plutôt inefficaces. C’est ainsi qu’on a assisté à une forte recrudescence des vols de bœufs depuis une décennie. Ce phénomène a des impacts économiques et sociaux négatifs graves d’autant plus que les forces de l’ordre sont impuissantes face aux difficultés. Les efforts pour restaurer la confiance entre d’une part la population et d’autre part les autorités et les responsables de la sécurité n’ont pas donné de résultats satisfaisants.

Les problèmes ne sont pas résolus et à la limite, on peut penser que les mesures visant à éradiquer les vols de bœufs ont échoué. Cet échec s’explique par la complexité de la tâche, conséquence de la complicité à plusieurs niveaux que révèlent certains cas. En effet, divers responsables de Fokontany, des forces de l’ordre, de l’administration du district, voire du tribunal sont parfois accusés de protéger les « dahalo ».

Mots - clés : Espace Betsileo - Andoharanomaitso - Isandra - Crise - Agriculture - Elevage Bovin - Dahalo - Vols de bœufs.

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TABLES DES ILLUSTRATIONS

I --- LISTE DES CROQUIS

CROQUIS N° 01 : Localisation du District d’Isandra dans la Région ...... 3 CROQUIS N° 02 : La Commune Rurale d’Andoharanomaitso et les communes limitrophes...... 4 CROQUIS N° 03 : Les quatre fokontany étudiés dans la Commune Rurale d’Andoharanomaitso ...... … 5 CROQUIS N° 04 : L’occupation du sol dans la Commune Rurale d’Andoharanomaitso...... 16 CROQUIS N° 05 : Nombre d’habitants et effectifs bovins par fokontany dans la Commune (en 2008) ...... 38 CROQUIS N° 06 : Circuits de bovidés transitant par le marché d’ (en pourcentage)...... 73 CROQUIS N° 07 : Zones de passages et circuits des bœufs volés impliquant la Commune Rurale d’Andoharanomaitso...... 86

II --- LISTE DES TABLEAUX

TABLEAU N° 01 : Superficie de chaque District de la Région Haute Matsiatra ...... 9 TABLEAU N° 02 : Températures et précipitations moyennes annuelles depuis 10 ans dans la Région Haute Matsiatra (1998 à 2007) ...... 13 TABLEAU N° 03 : Association de l’agriculture et de l’élevage par région...... 24 TABLEAU N° 04 : Production annuelle agricole ( en tonne ) et la superficie cultivée ( en hectare ) dans la Commune Rurale d’Andoharanomaitso...... 35 TABLEAU N° 05 : Rapport entre population et effectif bovin dans chaque fokontany, et nombre de bovin par habitant (Année 2008) ...... 37 TABLEAU N° 06 : Evolution de l’effectif de la population et du troupeau bovin dans la commune (1998 à 2008)...... 39 TABLEAU N° 07 : Taux de prévalence de 3 maladies du cheptel (moyenne de trois ans : 1999 - 2001) ...... 45 TABLEAU N° 08 : Les bovidés au marché d’Ambalavao : entrée et sortie (Janvier en Juin 2008) ...... 7 4 TABLEAU N° 09 : Nombre de vols de bœufs dans la Commune Rurale d’Andoharanomaitso (Année 2004 à 2008)...... 84

III --- LISTE DES FIGURES

FIGURE N° 01 : Courbe ombrothérmique de la zone d’après la formule de GAUSSEN...... 14 4

FIGURE N° 02 : Courbe de l’évolution de l’effectif de la population et de l’effectif bovin depuis 1998 en 2008 ...... 40 FIGURE N°

IV --- LISTE DES PHOTOS

PHOTO N° 1 et 2 : Paysages de rizières et terrain de culture typique du Betsileo Sud...... 10 PHOTO N° 3 et 4 : Traits caractéristiques du paysage montagneux de la zone...... 12 PHOTO N° 5 à 6 : Culture de vignoble associée à d’autres cultures ...... 19 PHOTO 7 à 10 : Les quatre étapes pour la préparation des rizières...... 21 PHOTO N° 11 et 12 : Mauvais état des routes menant vers Andoharanomaitso...... 34 PHOTO N° 13 à 18 : Etapes à suivre pour l’abattage de bœufs dans l’abattoir d’Ankidona Fianarantsoa...... 48 PHOTO N° 19 et 20 : Traces laissées par les passages des bœufs volés...... 52 PHOTO N° 21 : Matériels obsolètes utilisés par le Brigade de la Gendarmerie d’Andoharanomaitso ...... 58 PHOTO N° 22 à 27 : Les différents types de « Vala » ou parcs à bœufs ...... 61 PHOTO N° 28 et 29 : Enclos en bois et place du Vala...... 63 PHOTO N° 30 et 31 : Rencontre des acheteurs et vendeurs de bœufs le jour du marché de bovidés à Andoharanomaitso...... 69 PHOTO N° 32 à 35 : Le jour du marché de bovidés à Ambalavao...... 70

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LISTE DES ACRONYMES

BC : Commandant de Brigade . BGN : B rigade de la Gendarmerie Nationale. COB : Certificat d’ Origine de Bovidé. COM : Com mandement. CR : Cir conscription. CRA : Commune Rurale d’ Andoharanomaitso. DAS : D étachement Autonome de Sécurité. DSRP: D ocuments Stratégiques pour la Réduction de la Pauvreté . FOFIFA: FO ibem-pirenena FI karohana ampiharina amin’ny Fampandrosoana ny Ambanivohitra . GN : G endarmerie Nationale. MAP : M adagascar Action Plan . ONI : O bservatoire National pour l’ Intégrité. PA : Poste Avancé. PCD : P lan Communal de Développement. PLS : P lan Local de Sécurité . PF : P oste Fixe . PRD : P lan Régional de Développement. RRI : Rapid R esult Initiative . SOFIRAC : So ciété Fi evet de Bernard Rac mak. TPG : Tournée de Police Général.

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SOMMAIRE

REMERCIEMENTS ...... i RESUME ...... ii TABLE DES ILLUSTRATIONS ...... iii LISTE DES ACRONYMES ...... v SOMMAIRE ...... vi INTRODUCTION ...... 1

PREMIERE PARTIE : ISANDRA : UN ESPACE D’AGRICULTURE ET D’ELEVAGE BOVIN TYPIQUEMENT BETSILEO ...... 8

CHAPITRE I : LE DISTRICT D’ISANDRA : UN ESPACE AGRICOLE ASSOCIANT LA RIZICULTURE ET ELEVAGE BOVIN…………. 9 ......

I - Un milieu naturel difficile pour une population dynamique ...... 11 I - 1 Un relief accidenté et climat tropical d’altitude ...... 11 I - 2 La prédominance de la savane sur sols latéritiques ...... 15 I - 3 L’importance de la viticulture pour les habitants du Betsileo sud ...... 17

II - La riziculture associée à l’élevage bovin ...... 20 II - 1 La riziculture : principale activité des habitants ...... 20 II - 2 L’élevage bovin : une pratique omniprésente ...... 25

CHAPITRE II : LES APPORTS DE L’ELEVAGE BOVIN DANS LA COMMUNE RURALE D’ANDOHARANOMAITSO ...... 27

I - La place privilégiée de l’élevage bovin ...... 27 I - 1 Le bœuf à la base de la civilisation malgache ...... 27 I - 2 L’utilisation permanente de zébus dans la vie des paysans ...... 30

II - Milieu favorable pour les activités des paysans d’Andoharanomaitso ...... 32 II - 1 Des potentialités importantes mais aussi de fortes contraintes ...... 32 II - 2 La permanence des problèmes de l’élevage bovin ...... 41

DEUXIEME PARTIE : LA CRISE DE L’ELEVAGE BOVIN DANS LA COMMUNE RURALE D’ ...... 50

CHAPITRE III : LA CRISE RURALE ET LES VOLS DE BŒUFS ...... 51

I - La méfiance des paysans ...... 51 I - 1 Crise de confiance à l’ égard de l’état...... 51 I - 2 Les difficultés des forces de l’ordre dans l’exercice de leurs fonctions ...... 57

II - Les vols de bœufs: facteurs de violence et d’insécurité rurale ...... 59 II - 1 Un phénomène aux techniques variées de plus en plus violents ...... 59 II - 2 Une forte recrudescence des vols de bœufs ...... 66

III - La crise rurale ...... 78 III - 1 Les différentes crises et les secteurs touchés par ce phénomène ...... 78 7

III - 2 Les Impacts négatifs et conséquences de vols de bœufs sur la vie de la société: coups et blessures, morts d’hommes, diminution du cheptel, trafics d’armes, impacts culturels et politiques ...... 80

CHAPITRE IV : DES REPONSES INEFFICACES CONTRE LES VOLS DE BOEUFS ...... 83

I - Des initiatives multiples contre le fléau ...... 83 I - 1 La restauration de la confiance entre la population et la gendarmerie ...... 87 I - 2 La réorganisation des forces de sécurité et l’implication des habitants...... 93

II - L’échec de la lutte contre les vols des bœufs à Andoharanomaitso ...... 97 II - 1 Une inefficacité avérée des mesures prises ...... 98 II - 2 Des problèmes non résolus ...... 100

CONCLUSION ...... 102

BIBLIOGRAPHIE ...... 105

ANNEXES ...... 109

GLOSSAIRE

TABLE DES MATIERES.

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INTRODUCTION

LOCALISATION ET CHOIX DU SUJET

Administrativement, la région Haute Matsiatra est limitée au nord par la région d’Amoron’i Mania ; au sud par celle d’Ihorombe ; à l’est par celle de Vatovavy Fitovinany ; à l’Ouest par les régions de Menabe et de sud-ouest. Elle comprend les ex-sous-préfectures de Fianarantsoa I, de Fianarantsoa II, d’Ambalavao, d’ et d’. (Cf. Tableau n°1). C ‘est une vaste région car l’ensemble couvre une superficie de 20958.69 km², soit 20.46% environ de la superficie totale de la province autonome de Fianarantsoa. En effet, elle offre des caractères physiques plus ou moins hétérogènes et sols à vocation pastorale et agricole. Avant, elle était constituée de cinq (5) districts composés de quatre vingt un (81) communes différentes dont six (6) pour Fianarantsoa I, trente quatre (34) pour Fianarantsoa II, dix sept (17) pour Ambalavao, dix sept (17) pour Ambohimahasoa et sept (7) pour celui d’Ikalamavony. Actuellement, elle est composée par sept (7) districts consécutifs à la nouvelle division de l’ex- Fianarantsoa II en trois districts indépendants depuis l’année 2007 ; ce sont le district d’ ISA ndra, de VO hibato et de LA langina (ISAVOLA). La commune 1 Rurale d’Andoharanomaitso (Cf. Croquis n°1), est limitée au nord par et , à l’est par , Ankarinarivo et , à l’ouest par Mahazoarivo et , au sud par et . (Cf. Croquis n°2). Elle est située entre 46°57’10’’ de longitude Est et de 21°24’12’’ de latitude Sud. Cette commune se trouve à 27 kilomètre de la Commune Urbaine de Fianarantsoa vers le Nord-est. Sa superficie est de 850 km² et elle comptait en 2007 2, vingt deux mille six cent soixante quatorze (22674) habitants soit une densité moyenne de 27 habitants/km². Elle est composée de vingt trois Fokontany 3 dont Alatsinainy est le chef lieu de la commune. Les autres, ceux sont d’Andovoka, d’Antanimarina-Laobato, d’Ambalatondroina, d’Andranomiboaka, de Ranomaitso, de Vatomaitso, d’Irano-Nosilava, d’Andremitsioka, de Vohimanombo, de Vohitenina, d’Ampanenjanana, de , de Mahavanona, d’Itohy,de Mahalay, de Mitsinjorano, de Betapoaka, d’Ambalabetsila, d’Ambalaseva, d’Ambohitrasoavina, de Soamanakova et d’Antaniditra. Nous avons choisi quatre d’entre eux pour effectuer nos enquêtes : Andovoka, Ranomaitso, Andranomiboaka et Ambalatondroina. (Cf. Croquis n° 3).

1 Dénomination administrative auquel se rassemble un certain nombre de fokontany 2 Source : Monographie de la Commune Rurale d’Andoharanomaitso 2008. 3 Dénomination administrative auquel se rassemble un certain nombre de fokontany 1

CHOIX DU SUJET

Notre choix se repose sur trois motifs dont le premier est que plus de 70% des ménages malgaches pratiquent l’agriculture et l’élevage bovin surtout les paysans Betsileo. Le second concerne le constat qu’il y a l’incontournable lien entre ces deux activités et leur importance dans la vie de ces habitants et le troisième motif montre que c’est une zone favorable à la pratique de l’agriculture et de l’élevage bovin. De plus, pour le district d’Isandra et pour la Commune Rurale d’Andoharanomaitso l’agriculture traditionnelle et la crise de l’élevage bovin sont des faits majeurs donc, c’est ce qui attire notre attention de géographe.

Comme secteurs productifs principaux, l’agriculture est dominée par la culture vivrière mais avec les besoins monétaires, les cultures de rentes industrielles et de contre-saison se sont développées. L’agriculture et l’élevage surtout bovin constituent une activité essentielle au sein de la région. La principale zone d’élevage est celle du district d’Ambalavao. Mais, on peut aussi trouver ces pratiques dans toute la partie de la région. Pourtant, l’élevage de bovin nécessite beaucoup d’attention car il y a des risques à prendre comme pour ceux des éleveurs. Ils doivent faire face à l’insuffisance des moyens pour la protection de la santé animale et surtout à l’insécurité qui sévit à la campagne du fait de la recrudescence des vols de bœufs (Ex-Fianarantsoa II et Ikalamavony).

L’élevage bovin est l’une des principales activités de la population malgache. Ces deux types d’activités occupent une place très importante dans la vie des habitants notamment celle des paysans Betsileo. Certes, l’effectif du cheptel à ne cesse de diminuer. Cette baisse est préjudiciable pour l’économie et plus particulièrement la production de viande. Cette occupation est menacée par les vols de bœufs qui engendrent par ailleurs des crises comme l’insécurité rurale, des pertes de biens, des morts d’hommes et de violence. Ils perturbent aussi d’autres travaux économiques et qui, causent la pauvreté des gens et surtout de la zone. De plus, les activités liées à l’élevage bovin constituent un levier pour le développement de l’économie rurale d’Isandra et la rizipisciculture reste une pratique paysanne car la région n’a pas de lac ni d’étang.

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CROQUIS N° 01 : LOCALISATION DU DISTRICT D’ISANDRA DANS LA REGION HAUTE MATSIATRA

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CROQUIS N° 02 : LA COMMUNE RURALE D’ANDOHARANOMAITSO ET LES COMMUNES LIMITROPHES

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CROQUIS N° 03 : LES QUATRE FOKONTANY ETUDIES DANS LA COMMUNE RURALE D’ANDOHARANOMAITSO

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PROBLEMATIQUE

A l’heure actuelle, la majorité des paysans malgaches se consacrent à la pratique de la riziculture et de l’élevage bovin. Ces deux activités sont partout associées et nous avons voulu montrer leur imbrication dans le district d’Isandra et la Commune Rurale d’Andoharanomaitso, un milieu plutôt difficile, représentatif du pays Betsileo marqué par une variable crise rurale. Deux questions correspondant à notre problématique se sont imposées : - Comment les paysans de l’Isandra et d’Andoharanomaitso associent t-ils avec plus ou moins de difficulté la riziculture et l’élevage bovin ? - Comment se présente la crise rurale provoquée par les vols de bœufs pour lesquels la population et les pouvoirs publics n’ont pas encore trouvé de solution ?

DEMARCHE DE RECHERCHE

Pour répondre à ces questions, nous avons entrepris une démarche déductive comportant trois grandes étapes : la recherche bibliographique, les interviews de personnes-ressources connaissant le sujet, et les travaux sur terrain. D’abord, nous avons effectué une recherche bibliographique en consultant des documents ayant rapport direct avec notre thème: des livres, des ouvrages généraux et spécifiques, des mémoires, des articles et journaux, et des navigations sur Internet. La recherche bibliographique nous a pris six (06) mois , c'est-à-dire : de Novembre 2007 à Février 2008, et le mois d’Août 2008 au début de Septembre 2008 . Ensuite, nous avons entrepris diverses enquêtes auprès des personnes-ressources pendant la première semaine du mois de septembre. C’est une sorte de documentation suivi d’une enquête au sein de la Région, du District, du Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage, du Tribunal, de la Statistique, et d’autres Organismes rattachés avant les travaux de terrain. Après, nous avons passé des séjours à Andoharanomaitso. Ils consistent à faire des enquêtes: auprès des responsables de la Commune, et auprès des chefs ménages des 4 fokontany cibles. Sur ce, nous avons effectué 2 séjours à Andoharanomaitso : Le 1 er séjour, c’est-à-dire : la deuxième semaine du mois de Septembre 2008 jusqu’au début du mois d’Octobre 2008 . Nous avons procédé directement à l’entretien directif en administrant les questionnaires déjà établis à l’avance. Les paysans agriculteurs-éleveurs, représentatifs de la commune sont notre cibles pour avoir plus de précision sur les données reçues. Pour l’ensemble des 4 fokontany étudiés, nous avons enquêté 60 ménages sur les 894 existants qui correspondent à un taux de 6,71%.

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En plus de cela, nous avons enquêté les 4 des dits Fokontany, les 2 Adjoints au Maire, le commandant de brigade et son adjoint avec 2 autres éléments de sa brigade et d’autres personnels de la commune. Au total il nous a fallu 2 semaines pour finir toute l’enquête dont une moyenne de trois jours par fokontany pendant les deux dernières semaines du mois de Septembre) Le deuxième séjour qui a durée une semaine et quelques jours vers la dernière semaine du mois d’Octobre jusqu’au début du mois de Novembre 2008 devait être effectué pour récupérer des informations manquantes à l’issu de notre précédent séjour. Enfin, les questionnaires remplis semblent satisfaisants et nous avons réalisé le dépouillement et l’analyse des données récoltées afin d’élaborer un plan pour la rédaction du présent mémoire organisé en deux parties comprenant chacune des éléments de réponse à notre problématique. Lors de la réalisation de notre travail, nous avons eu comme problèmes : l’absence, l’insuffisance, l’ancienneté des données statistiques et documents au niveau de la commune ; la non mise à jour des données et informations au niveau de la Commune et du fokontany constituant des handicaps sérieux pour notre travail ; l’absence permanente du Maire d’Andoharanomaitso ; difficultés rencontrées durant les va-et-vient de Fianarantsoa à Andoharanomaitso pour rejoindre les Fokontany, due au mauvais état des routes pendant la période de pluie. Mais, quand même, les habitants étaient hospitaliers avec nous et ils nous avaient proposé leurs aides durant notre séjour.

La première partie de notre travail concerne le District d’Isandra en tant qu’espace de riziculture et d’élevage typiquement Betsileo. Et la deuxième partie analysera la crise de l’élevage bovin dans la Commune Rurale d’Andoharanomaitso.

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PREMIERE PARTIE

ISANDRA ::: UN ESPACE DE

RIRIRIZIRI ZIZIZICULTURECULTURE ET D’ELEVAGE BOVIN

TYPIQUEMENT BETSILEO

Le district d’Isandra fait partie de la région Haute Matsiatra, il est né suite à la scission de l’ex-Fianarantsoa II .Ce dernier est actuellement constitué par trois nouveaux districts d’où son appellation : ISAVOLA (ISANDRA, VO HIBATO et LA LANGINA). Isandra est donc un nouveau district crée depuis l’année 2007 4. La grande majorité de ses habitants est Betsileo mais quelques ethnies notamment les Merina, les Antandroy, les Bara, les Sakalava,… sont aussi représentées. Différents types d’aménagements marquent cet espace géographique, c’est ce qui nous conduit à analyser en premier lieu le district d’Isandra en tant qu’espace agricole étroit associant riziculture et élevage bovin et en second lieu, à répondre à la question : quels sont les apports de l’élevage bovin dans la Commune Rurale d’Andoharanomaitso.

4 Source : Bureau du District d’Isandra à Fianarantsoa ville 8

CHAPITRE I LE DISTRICT D’ISANDRA : UN ESPACE AGRICOLE ASSOCIANT LA RIZICULTURE ET L’ELEL’ELEVAGEVAGE BOVIN

Malgré les difficultés physiques de ce milieu naturel, la population reste dynamique et on peut même dire qu’il y des liens étroites entre la riziculture et l’élevage bovin. De plus, il présente des atouts pour la pratique de ces deux activités. Mais essayons de voir comment se présente ce milieu géographiquement ?

Le district d’Isandra est limité au Nord par le district d’Ambohimahasoa, au Sud par , à l’Est par et à l’Ouest par Ikalamavony. Il est constitué de 11 communes subdivisé en 103 Fokontany dont le chef lieu est l’. Sa superficie est de 2014 km² et abrite plus d’habitants ; sa population est estimée à 138813 habitants, avec une densité relative à 64 habitants au km². Comme activités principales, presque la totalité de la population de cette zone pratique l’agriculture et l’élevage bovin.

Tableau n° 01 : Superficie de chaque district de la région Haute Matsiatra.

DISTRICT SUPERFICIE (en km 2) SUPERFICIE (en %)

FIANARANTSOA I 116 ,59 0,56 FIANARANTSOA II (ISANDRA , VOHIBATO ET LALANGINA) 4176,10 19,93

AMBALAVAO 4686 ,00 22,36

AMBOHIMAHASOA 1963,10 9,37

- IKALAMAVONY 10016,90 47,78

TOTAL 20958,69 100,00

Source: FTM (Foibe Tao-tsaritanin’i Madagasikara)

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Photo n°1 et 2 : Paysages de rizières et terrain de culture typiques du Betsileo Sud

Source : Clichés de l’Auteur (Octobre 2008).

Ces photos nous montrent que sur le premier plan, on y trouve les « tanety » qui servent pour la pratique des cultures pluviales et sur le second plan , on note la prése nce des bas fonds où il y a les différentes sortes de cultures surtout la riziculture en terrasse qui spécifie les Betsileo.

Il est évident que l’activité principale des habitants dans cette zone est l’agriculture, et aussi l’élevage bovin en autarcie, qu i est destinée à l’autoconsommation. Grâce à cette pratique, ils peuvent faire face à la période de soudure tout en vendant leurs récoltes. L’agriculture et l’élevage traditionnels occupent plus de 90% de la population active. Mais ce qui nous intéresse c’ est le caractère spécifique de la zone fac e au dynamisme de la population.

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I --- UN MILIEU NATUREL DIFFICILE POUR UNE POPULATION DYNAMIQUE

i --- 1 un relief accidente et climat tropical d’altituded’altitude

I - 1 - 1 Relief accidenté

Ce district se présente sous forme de relief montagneux très rocheux, heurté par des massifs isolés et sillonnés par des dépressions étroites et des vallées rizicoles très étroites, par des larges bassins de basses collines intercalées de plaines et de rizières. L’Isandra se caractérise par des chaînes de montagne qui prolongent depuis Andoharanomaitso à Isorana c’est une zone à vocation pastorale aux reliefs accidentés et la présence des savanes favorable à la pratique de l’élevage bovin. En effet, l’espace est trop étroit pour ces pratiques.

Face à ce type de relief qui met en évidence le potentiel de la zone, cette zone possède des potentialités pour que les habitants puissent y survivre. Ainsi, il favorise l’importance de l’effectif bovin dans la partie Ouest de Madagascar surtout dans la région de la Haute Matsiatra. A noter que sur une vaste étendue de pâturage, la pratique de l’élevage bovin est encouragée et l’agriculture surtout la riziculture, sur des plaines et vallées propices.

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Photo n°3 et 4 : Traits caractéristiques du paysage montagneux de la zone

I - 1 - 2 Climat tropical d’altitude

Sources : Clichés de lAuteur (Septembre 2008 )

D’après ces deux photos nous montre les différentes formes du relief existant dans cette zone . Nous avons ici une succession de collines pour le pâturage et le gardienn age ; des plaines et vallées étroites pour la riziculture et où les gens y viennent pour vivre. On note aussi l a présence des habitations installées sur des flancs de collines.

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I -1 -2 Climat tropical d’altitude

Comme on a un climat tropical d’altitude à Isandra, il se divise en deux saisons bien distinctes : la première est la saison pluvieuse qui commence le mois de Décembre et s’achève au mois de Mars . (Cf. tableau n°02 et Figure n° 1) et la deuxième est la saison sèche du mois de Mai jusqu’au mois d’Octobre. De même pour la commune rurale d’Andoharanomaitso. Le climat dicte le type d’activité propre à une zone. Comme notre zone d’étude n’a pas de station météorologique, nous avons pris celle de Fianarantsoa qui est la plus proche.

Tableau n° 02 : Températures et précipitations moyennes annuelles depuis 10 ans dans la Région Haute Matsiatra. (1998 à 2007)

Moyenne Mois J F M A M J J A S O N D (annuelle)

252.56 P(en mm) 228.6 211 109.79 52.37 14.29 13.11 25.34 19.88 14.32 34.42 104.23 203.44

14.56 Nb JP 28 27.8 17 18 17 11 7 8 6 5 16 14

24.86 T° max 25.6 27.8 26.7 25.7 24.7 20.9 20.8 22.0 23.1 25.5 27.6 28.0

15.42 T° min 18.6 20.6 17.8 6.8 16.5 11.3 11.5 10.6 12.6 14.5 16.7 17.6

18.62 T° moy 21.45 21.56 21.02 19.49 17.76 14.53 14.59 15.29 16.88 18.97 18.41 23.55

P : précipitationCe tableau nous permet de constater qu’il n’y a T°moypas de :mois Température qui reçoit moyenne. moins de 13 mm de pluie, Nb JPc’est-à-dire : Nombre : dequ’il Jours n y dea pas pluie de mois absolument T°max sec dans: Température cette région. maximale. Ainsi, il y a 120,8 jours de pluie sur 174,8 jours en saison de pluie. C’est en T°min Décembre, : Température Janvier et minimale. Février que tombe la plus forte quantité de pluie. Le niveau de précipitation baisse progressivement jusqu’à atteindre ses Sourceplus : faiblesService valeurs de la Météorologie en hiver. Toutefois, de Beravina les pluie et d’Ampands tombent rianombyen moyenne complétée 15 j / mois. par l’Auteur. La température de la zone est relativement basse avec une moyenne annuelle de 15.4°C sous l’effet de l’altitude. La moyenne du maxima peut atteindre plus de 24.8°C et la moyenne du minima peut descendre jusqu’à 10.6°C. Le mois de Juin et le mois de Juillet, la température descend légèrement mais le mois d’Août, la chaleur reprend ses droits. (Cf. Figure n° 1)

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Figure n° 01 : Courbe Ombrothérmique de la zone d’après la formule de GAUSSEN

Source : Service de la météorologie d’Ampandrianomby et de Beravina.

D’après la formule de GAUSSEN (P = 2T), ce graphe indique que pour notre zone d’étude, la saison de pluie commence le mois de Novembre jusqu‘au mois d’Avril. Pendant cette période, la basse pression intertropicale influe sur le climat.

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Cette saison pluvieuse recueille 90.7% de la précipitation annuelle. Ainsi, durant cette saison, la pluie est très progressive avec une intensité de 229.5mm en 24h. Il ne faut pas oublier que le mois de Janvier est le mois le plus arrosé de cette zone tandis que le mois de Juin au Septembre, l’hiver est froid et relativement sec. C’est une saison anticyclonique, qui apporte souvent des vents frais soufflant du Sud-est. Elle ne reçoit qu’une très faible précipitation annuelle de l’ordre de 3.3% qui tombe sous forme de crachins et précipitation occulte (NICOLL LEGRAND O. 1989 ).

I --- 2 La prédominance de la savane sur sols latélatéritiquesritiques

I - 2 - 1 Savanes typiquement de la zone

Dans l’ensemble, le district d’Isandra est dominé par la savane et réuni dans l’espace par des îlots de forêts naturelles et des reboisements. Cette prédominance de grandes superficies de savanes herbeuses est caractérisée par une vaste étendue de pâturage propice à la recrudescence des vols de bœufs. Ce sont la savane herbeuse hyparrhénia rufa hétéropogon, et la savane herbeuse de l’ouest à hyparrhénia dissoluta hétéropogon. Ces deux types de savanes sont délimités par un mince filet de forêt dense ombrophile de même altitude. Dans cette zone, la forêt de pins, d’eucalyptus est une source exploitable à grande échelle du district. On a aussi remarqué la présence de 750ha de terrain de reboisement dans la commune d’Andoharanomaitso.

75% de la surface de la commune sont dominées par des collines et 25% par des bas-fonds avec une altitude moyenne entre 1100m et 1250m, ce qui est propice pour l’élevage de bovin. 98% des plaines sont utilisées pour les activités de l’agriculture et de l’élevage, les paysans ont fait de la riziculture de type irrigué et de la culture de paddy, de maïs, de manioc, d’arachide, d’haricot de type pluvial. Mais, essayons de voir les différentes occupations du sol existant dans cette zone. (Cf. Croquis n° 04) plus précisément les différents aménagements dans la commune.

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CROQUIS N° 04 : L’OCCUPATION DU SOL DANS LA COMMUNE RURALE D’ANDOHARANOMAITSO.

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Le croquis n° 04 nous montre l’importance des savanes de type arborées, graminées et herbeuses dans presque toute la partie de la commune plus précisément dans la zone Est et Ouest. 90% des collines sont couvertes de savanes graminées dans cet espace, et nous avons pu constater différents types d’aménagements fascinés par quelques mosaïques de culture, avec la présence de zones reboisées et surtout des rizières qui se concentrent sur la partie est, plutôt aux alentours du chef lieu de commune et sur le long des cours d’eau. Mais il ne faut pas oublier le type de sol dans cette zone favorise aussi la prédominance de ces types de végétation.

I - 2 - 2 Prédominance de sols latéritiques

La prédominance du sol latéritique et du sol limoneux favorise la culture de vignoble et la culture de type vivrière. Ce genre de culture est propre au District d’Isandra surtout pour la commune rurale d’Andoharanomaitso. Nous avons pu remarquer la présence des caves à vin, appartenant à la Société Lazan’i Betsileo sise à Soaindrana et celle du Clos Malaza à Andoharanomaitso. Cette culture occupe une vaste étendue et elle rapporte beaucoup si la récolte est bonne sans avoir oublié la présence des autres cultures vivrières. Mais il ne faut pas oublier que la culture de vignoble joue un rôle important dans la vie des habitants de cette région. Les sociétés qui s’occupent cette tâche sont celle de « Clos Malaza » d’Ambohimalaza/Andoharanomaitso et celle de « Lazan’i Betsileo » à Soaindrana.

I --- 3 L’importance de la viticulture pour les habitants du Betsileo Sud

Les paysages viticoles de Madagascar peuvent se classer selon plusieurs critères. L’observation des principales zones vitivinicoles de Madagascar a permis de dégager deux faciès paysagers, ces vignobles sont différents des vignobles d’Europe.

1 - 3 -1 Multiples facettes de vision pour la vigne

La première impression dégagée par les parcelles « encepagées » s’assimile à l’abandon. Pour être plus précis, cette vision est valable surtout pour les terres appartenant aux paysans viticulteurs qui vendent leur raisin à des caves coopératives de la société Lazan’i Betsileo. L’unité de base tourne autour de 25 ares. Après moultes, il s’avère que la moyenne stagne entre 5 et 7 unités par exploitation.

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Ces champs de vignes ne représentent qu’une partie du capital foncier et cultural des paysans betsiléo. Ces vignobles se greffent autour du riz (une culture qui façonne les paysages depuis plusieurs siècles sur l’île), des cultures pluviales et du vivrier marchand (Cf. Photos n°5 et 6) . La logique de complémentarité est poussée au maximum, grâce au complantage. Effectivement, pour l’observateur occidental, il est surprenant de voir des plants de maïs, d’arachides, de soja, de haricots surgir entre les rangées de ceps. Les propriétaires expliquent que la terre est rare sur l’Ile Rouge, et que le moindre petit espace doit être mis en valeur, dans le souci d’une meilleure « rentabilité ». De plus, cette association culturale provoque une amélioration agronomique de la terre, puisque ces plants enrichissent le sol en azote (à l’exception du maïs). Les paysans-viticulteurs utilisent cette méthode pour obtenir de l’engrais vert, et ainsi pallier l’acidité de Hautes Terres Centrales. Les paysans interrogés avouent que ce choix est fait par commodité : à cause des pluies tropicales, le bois pourrit facilement et les bases se fragilisent. Aussi chaque fois que le « cylindre » commence à pencher, l’agriculteur enfonce un peu plus le poteau, afin qu’il redevienne plus stable. Plus surprenant encore, les Pères de Soamandrakizay Androhibe (à Antananarivo) laissent grimper les vignes sur un treillage en bambou. Tous ces éléments (petite taille des parcelles, cultures intercalaires, treillage insolite) renforcent la spécificité de ces vignobles. Mais ce vignoble original ne constitue que la moitié de la superficie totale des vignobles malgaches. Ceux détenus par des « entrepreneurs » qui fabriquent de véritables domaines vitivinicoles ressemblent plus aux vignobles de l’imagerie populaire des Européens. Hormis les mêmes piquets anecdotiques, les parcelles offrent une impression d’ordre, de géométrie, de cultures soigneusement entretenues.

1 - 3 - 2 Place de la viticulture dans la région Haute Matsiatra

Depuis la RN7, au niveau du bassin d’Ambalavao, le géographe ou même le touriste aperçoit de vastes champs recouverts de vignes, rappelant les paysages viticoles d’Europe. Par contre, plus au nord, un domaine se démarque par rapport aux autres : Clos Malaza. Cette propriété, détenue par trois frères d’origine chinoise, peut paraître particulière. Malgré la forte ressemblance avec un vignoble du Nord, des cabanes sur pilotis sont semées dans tout le domaine et cassent la ligne d’horizon : ces constructions, de plusieurs mètres de haut, sont destinées aux gardiens, afin de décourager les éventuels voleurs qui sévissent dans la région.

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Différents vignobles de Madagascar sont n és en liaison avec les anciens colons (laïcs ou religieux). Le modèle européen fut donc de mise, mais les espaces vitivinicoles se sont adaptés aux « conditions » locales, notamment la multifonctionnalité des exploitations, l’insécurité, les aléas climatiq ues…, d’où un certain particularisme pour les vignobles des grandes propriétés, mais surtout une singularité déconcertante pour les espaces fabriqués par les paysans « polyculteurs ».

Photos N° 5 et 6 : Culture de vignoble associée à d’autres cul tures

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Clos Malaza à Andoharanomaitso.

Clos Malaza Andoaranomaintso

Culture de vigne associée à d’autres cultures. Source : Cliché de l’Auteur (Septembre 2008) 19

II --- LA RIZICULTURE ASSOCIASSOCIEEEE A L’ELEVAGE BOVIN

II --- 1 La riziculture : principale activité des habitants

II - 1 - 1 Importance du riz dans la vie quotidienne

L’agriculture, plus précisément la riziculture est l’activité principale des populations de la république de Madagascar surtout pour les paysans Betsileo. Elle occupe plus de 80% de la population active et constitue l’essentiel (43%) du Produit Intérieur Brut (PIB) du pays. En vue d’assurer et de maintenir une autosuffisance alimentaire et d’améliorer les niveaux nutritionnels de la population qui connaît une croissance rapide.

Le riz est à la base de toutes les préoccupations quotidiennes : c’est la richesse et la nourriture de ce peuple essentiellement cultivateur que sont les Betsileo. La vie du Betsileo est dans sa rizière, son activité ne connaît guerre jadis d’autre travail que la culture et le travail de la rizière. Le riz pousse bien, le riz est abondant, le riz est bon marché et tout va bien. Dire du riz, qu’il est le pain du Betsileo, c’est plus que son pain puisqu’il constitue à lui seul l’élément essentiel et suffisant de tous ses repas. Tout ce qui s’ajoute à son riz est une sorte de superflu : avoir du « laoka 5 » c’est déjà faire fête. Pour eux, n’avoir de riz c’est être dans la misère. Mais, nous allons essayer de voir comment se fait la pratique de la culture du riz chez les agriculteurs Betsileo?

5 C’est du mets à manger avec le riz. 20

Photo n° 7 à 10 : Les quatre étapes dans la préparation des rizières

Photo n° 7 : Labour avec charrue. Photo n° 8 : Piétinage par les bœufs. La culture du riz se fait suivant plusieurs étapes. D’abord, pour pouvoir la pratiquer il nous faut une rizière ensuite, on fait le « mandia ongy »6 ou le piétinage par les bœufs. En même temps, les hommes brisent les mottes et les nivellent par coup de bêche, ce travail se fait trois jours avant le repiquage et la mise en valeur de la terre dès que la précédente 7 culture se termine. En général, on commence cette préparation de la rizière en début de l’été, plus précisément le mois d’Août et Septembre. Mais pendant ce temps, on sème déjà le riz dans la pépinière. Enfin, le repiquage, soit de façon traditionnelle (repiquage en foule) ou « ketsa saritaka », soit de façon moderne (repiquage en ligne), cette dernière partie de travail se fait en mois de Novembre. La préparation des grandes rizières débute par l’approfondissement d’un grand canal d’adduction d’eau, puis par l’arrangement des digues où la rizière est mise à sec. On laisse l’eau y séjourner. Le travail à sec où le troupeau n’introduit pas par piétinement car il rendait le terrain très dur et le labour difficile. On écrase les mottes bien détrempées, tandis que le terrain rempli d’eau est piétiné par les bœufs et c’est le repiquage. De plus, il y a le maintien de l’eau dans la rivière pendant tout ces temps. Bref, les hommes brisent les mottes et les femmes font le repiquage.

N.B : Comment on acquiert des rizières et comment on perd ses rizières?

On acquiert une rizière , soit par héritage 8 ; soit par achat ou par le « varo-belona ou varo- maty »9; soit par échange 10 pour raison de commodité.

6 Piétinage de la rizière à l’aide de bœufs. Photo7 Culture n°9 sèche: Nivellement comme la culture des mottes de pomme brisées de terre e t de culture Pho deto contre-saison. n° 10 : Repiquage en foule 8 Source Elle vient: Clichés des grands-parents de l’Auteur ou (Octobre des parents. 2008). 9 Une vente avec droit de reprise ou sans retour. 21

On perd une rizière , soit par suite d’une contrainte judiciaire 11 ; soit par suite de malheur 12 ; soit par effet d’une punition légale 13 .

II - 1 - 2 Impacts du climat sur la pratique de la riziculture et de l’élevage bovin dans le district d’Isandra

Il y a une forte relation entre ces deux activités, c’est pourquoi, elles sont inséparables (Cf. Tableau n° 03) dans la vie des hommes. L’activité de la population dépend en général du type de climat. Par exemple : là où la pluie est intense, on pratique toujours l’agriculture, par ailleurs, dans les zones où il n’y a presque pas de précipitation, c’est l’élevage surtout bovin qui est souhaitable à pratiquer.

Comme on a une zone avec un climat tropical d’altitude divisé en deux saisons bien distinctes : la saison de pluie de Novembre en Avril et la saison sèche de Mai en Octobre. Pour la température, elle est comprise entre 6°C et 30°C et une pluviométrie moyenne de 1000 à 1500 mm/an (Cf. Tableau n° 02). En principe, ce type de climat est favorable aux pratiques de l’agriculture et de l’élevage bovin.

10 Echange de rizière trop éloignée contre une plus rapprochée, ou contre des bœufs . 11 Une dette à payer contractées par prodigalités excessives. 12 Pour satisfaire aux dépenses des funérailles, pour se racheter des services. 13 Une réclamation légale plus ou moins fondée en droit.

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Tableau n° 03 : Association de l’agriculture et de l’élevage bovin par région

Région % des paysans utilisant la % de riziculteur utilisant les zébus traction animale pour le piétinage des rizières Imerina centrale 41 25

Vakinankaratra 79 43

Itasy 78 47

Haute Matsiatra 70 73

Amoron’i Mania 39 53

Sud-Est 1 72

Toamasina 0 34

Lac Alaotra 85 20

Mangoro 14 21

Mahajanga 19 45

Betsiboka 97 49

Melaky 7 84

Marovoay 80 25

Sofia 76 63

Sud-Ouest 38 41

Menabe 45 31

Horombe 32 89

Tolagnaro 41 38

Diana 73 65

Sava 40 64

Madagascar 41 48

Source : Recensement des communes, Programme Ilo / FOFIFA / INSTAT. 2001

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Ce tableau nous montre qu’il y a deux types d’utilités de zébu à Madagascar, le premier est la traction animale (avec 42% des agriculteurs malgaches)14 et le deuxième est le piétinage des rizières par les bœufs (avec 48%). Selon cette même estimation, cette pratique peut être vue dans toute l’île mais c’est dans la province de Mahajanga et une partie de Fianarantsoa qu’elle est la plus remarquable. En effet, le pourcentage des paysans utilisant la traction animale pour le labour avoisine les 60% pour Mahajanga et le pourcentage des paysans pratiquant le piétinage des rizières par les bœufs est de 70% à Fianarantsoa. Certaines sont plus orientées dans les combinaisons élevage-agriculture (Betsiboka, Sofia et Haute Matsiatra), alors que d’autres régions sont plutôt orientées vers l’une des pratiques seulement. Par exemple, la région de Marovoay utilise plutôt la traction animale en comparaison des autres régions comme le Sud - Est et le Melaky qui s’orientent plutôt vers le piétinage par les bœufs.

II --- 222 L’élevage bovin : une pratique omniprésente

II - 2 - 1 Incontournable lien entre l’agriculture et l’élevage bovin

Après l’agriculture, l’élevage bovin constitue la deuxième activité principale des habitants. A Madagascar, ceci n’est pas une activité totalement à part et indépendante parce que pour la grande majorité de la population paysanne, il est toujours et étroitement associé à l’agriculture pour des raisons d’exploitations agricoles.

Les rizières et les bœufs, voilà tout le Betsileo. Les rizières toutefois avant les bœufs du moins sous le rapport « vie domestique », le bœuf a plus d’importance dans le culte. Presque 90% 15 des habitants de cette zone sont tous des Betsileo, ils se focalisent surtout à la riziculture et la met en priorité de même pour l’élevage bovin. Ce dernier intéresse cependant 72% des ménages ruraux malgaches que ce soit de basse-cour ou de gros bétail ( INSTAT 1999 ), et il constitue la principale source de revenu pour plus de 25% de la population rurale.

14 Selon l’estimation des focus groups. 15 Source : Enquête personnelle. 24

En général, nous avons remarqué que les ménages malgaches s’intéressent surtout à la pratique de l’élevage bovin, pas pour des raisons financières mais pour les aider aux travaux des champs pendant la période culturale surtout lors de la préparation des rizières (piétinage par les bœufs et le transport des fumiers). Beaucoup d’autres tâches sont assurées par les bœufs et cela montre leur importance et leur nécessité.

II - 2 - 2 Elevage typique pour Madagascar

Il y a deux types d’élevage bovin à Madagascar. Le premier est l’élevage contemplatif définissant le rang social en fonction de la taille du cheptel. Le second type utilise le bétail pour les travaux agricoles, avec en sus, l’utilisation du fumier en agriculture. On trouve surtout le premier type d’élevage dans le sud (province de Toliara) et le sud-est (région de la province entre Manakara, Mananjary, Vohipeno, Farafangana, Vondrozo,…) de Madagascar.

Ainsi, on a deux types de troupeaux bovin à Madagascar, les troupeaux civils qui sont des zébus conçus uniquement pour l’élevage mais non pas pour l’attraction des matériels agricoles. L’autre type ce sont les bœufs de charrette ou les bœufs de trait qui contribuent à l’exploitation agricole. Ces derniers sont en général séparés du troupeau civil, ils bénéficient d’une attention particulière de leurs propriétaires, qui complètent leur alimentation par des apports de fourrages 16 variés et des herbes coupées 17 . Ils assurent les travaux agricoles mais ils sont peu nombreux, donc facile à élever.

Les bœufs sont principalement utilisés pour des rituels coutumiers (décès, circoncision, mariage) ou pour payer la construction des tombeaux familiaux. De même pour la région du Sud-Est de Fianarantsoa, ils sont signe de richesse lors des cérémonies coutumières (décès, exhumation) avant d’être des moyens de production pour l’agriculture, ce qui s’oppose à la perception des Hautes Terres.

Voilà en ce qui concerne le district d’Isandra en tant qu’espace agricole étroit associant la riziculture et l’élevage bovin. Et quels apports l’élevage bovin fournit-il à la commune rurale d’Andoharanomaitso en évoquant l’importance et la place tenu par ce dernier dans la vie des paysans d’Andoharanomaitso.

16 Des fanes de patate douce ou de haricot. 17 RANDRIANARISON, 1976 25

CHAPITRE II

LES APPORTS DE L’ELEVAGE BOVIN DANS LA COMMUNE RURALE D’D’ANDOHARANOMAITSOANDOHARANOMAITSO

L’élevage bovin occupe une place privilégiée dans la Commune Rurale d’ Andoharanomaitso malgré les différents problèmes que rencontrent les éleveurs. Son pratique se fait toujours par des conditions plutôt favorables et revêt d’une importance particulière pour les paysans.

I --- LA PLACE PRIVILEGIEE DE L’ELEVAGE BOVIN

I --- 1 Le bœuf à la base de la civilisation malgache

Comme le riz, le bœuf fait partie des conditions d’existence du peuple Malgache. Ainsi, le bœuf est inséparable à la vie des paysans car il a une valeur supérieure surtout pour les paysans Betsileo. Bien plus que les terres dans les régions à dominance pastorale, la possession d’un troupeau constitue un signe extérieur de richesse et de la puissance. Sa valeur est cependant plus fondée sur des critères de relations sociales que sur des critères de productivité économique.

Dans certains endroits, l’importance sociale d’un individu et/ou d’une famille est encore plus ou moins proportionnelle au nombre de bœufs qui peuvent être sacrifiés lors de différentes pratiques rituelles. Les démonstrations de prestige et corollairement les difficultés matérielles que traverse la famille est en relation avec la quantité de bétail dont elle peut disposer. Il est en effet souhaitable de posséder un grand nombre de bêtes afin de satisfaire aux rituels coutumiers qu’il est indispensable d’effectuer en de multiples occasions.

Cependant, quelque soit l’origine du bœuf, il occupe toujours dans la société traditionnelle malgache, un rôle très important tant dans la vie des individus que pour les collectivités. Par ailleurs, le bœuf constitue ce que l’on appelle « le nofon-kena mitam- pihavanana » ou la chair / viande qui permet de perpétuer la cohésion sociale (Fihavanana) du groupe ou d’une communauté donnée. Bref, le rôle social d’un bœuf est considérable.

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L’élevage bovin tient la deuxième place sur le plan économique après l’agriculture. Le pâturage du cheptel est un repère de délimitation du territoire d’une communauté et les conditions naturelles de la commune permettent aux paysans de pratiquer l’agriculture et l’élevage bovin. Cependant, le développement spatial de culture qui perturbe l’espace pastoral oblige les paysans à organiser leur espace. D’une part, l’élevage est aussi une source de revenu dans la plupart des temps car on le considère comme principale activité économique des habitants. D’autre part, son importance et sa place perdit de son caractère extensif, sous l’effet de la sédentarisation progressive de la population, et l’essor de l’agriculture.

I - 1 - 1 Caractères spécifiques des zébus Malgache

Le « bœuf à bosse » ou « zébu » animal importé d’Afrique au cours du premier millénaire de notre ère, occupe une place essentielle dans la culture Malgache. « Le zébu à bosse de Madagascar est parmi les ruminants gros et longs; il peut atteindre 1.40 m de long et de poids vif de 450 kg, s’il est bien entretenu. Au temps des royautés, l’élevage des zébus assurait la survie du lignage, c’est un signe de prestige, de richesse et même de la puissance pour la société. En effet, c’est une marque d’identité venue de la mentalité de la population d’Afrique orientale d’avoir plusieurs zébus comme signe de reconnaissance de celui à qui ils appartiennent. Les formes et/ou les dimensions du bœuf peuvent être variables mais le zébu se caractérise plus par de longues cornes, une bosse adipeuse au niveau du garrot ainsi qu’une extension caractéristique de la peau sous la gorge. Les bœufs sont généralement marqués vers un ou deux ans avec des entailles caractéristiques sur les oreilles ou des boucles. Ainsi, les marques peuvent différer l’une de l’autre, mais au-delà des divisions possibles, ils restent des bœufs. Ceux de sacrifice doivent correspondre à des caractéristiques spécifiques selon les circonstances. Le sacrifice d’un ou plusieurs bœufs est particulièrement observé en remerciement de Dieu et/ou des ancêtres ; c’est l’animal sacrificiel par excellence, le plus grand sacrifice qu’on puisse faire pour honorer les ancêtres. A part cela, selon la tradition et connue du devin, tous rituels s’accompagnent du sacrifice d’un ou plusieurs zébus qui dépend de la richesse du propriétaire. En fait, dépourvu de tout caractère rituel au cours des vingt dernières années, il a provoqué une crise très grave en milieu rural où les zébus constituent l’élément essentiel des échanges au niveau social et c’est la persistance des vols de bœufs qui amène les éleveurs à devenir de plus en plus pauvres. D’où la persistance de l’exode rurale.

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Jusqu’à présent, les bœufs jouent encore un rôle capital dans l’économie à travers le monde. « Les bovins tiennent de loin la première place tant par leur nombre que par les services rendus, et avant tout, le bœuf soit le bœuf Européen, soit le zébu ou le bœuf à bosse (Bos indicus) de l’Inde, de Madagascar, d’une partie de l’Afrique. Ce sont les plus gros fournisseurs de viande, de lait, et, avec les chevalins, de travail »18 .

I - 1 - 2 Situation de l’élevage bovin depuis et à l’heure actuelle

Avant la colonisation, l’élevage notamment bovin avait une place importante dans l’ensemble du Sud de la grande île où les habitants étaient qualifiés comme une « population de pasteurs». Nombreux sont les noms que les gens avaient donné au zébu Malgache comme le « Jamoka », l’« Angamera », l’« Ankoala ». C’était que l’élevage bovin représentait une importance capitale dans cette zone car le nombre de zébus dépassait largement le nombre d’habitants.

L’activité pastorale est actuellement en régression, aucun Fokontany n’atteint plus le nombre supérieur ou égal à 2000 têtes de l’espèce bovine, alors qu’auparavant, cela a été possible. De nombreux problèmes peuvent être à l’origine du phénomène : d’abord, l’insuffisance du pâturage car le nombre de la population ne cesse d’augmenter, ensuite de la santé animale, de plus les difficultés des moyens matériels surtout pour le service vétérinaire, au surplus et notamment l’insécurité qui prend de l’ampleur, enfin les frais pour la vaccination et l’obtention des certificats des animaux destinés à la vente et à l’exportation.

Outre, la dégradation de l’environnement due au cataclysme naturel et aux effets anthropiques, la diminution de surface réservée au pâturage devient de plus en plus préoccupante. C’est la réduction grave de la couverture forestière dont les herbes et les plantes fourragères constituent la nourriture de base des troupeaux. Tout ceci entraîne parfois des conséquences alarmantes au sein des éleveurs, c’est-à-dire : une sorte de perturbation de la société à base d’élevage.

18 Selon VEYRET (P.) (1951) 28

I --- 222 L’L’L’utilisationL’ utilisation permanente dededesde s zébus dans la vie des paysans

On peut dire que la société paysanne a besoin de bœufs pour plusieurs raisons. Sa valeur est cependant plus fondée sur des critères de relations sociales que sur des seuls critères de productivité économique. Si les liens entre la mort et les bœufs sont attestés partout, chez les Antandroy, la pratique de l’élevage bovin est plus ou moins associée directement aux pratiques funéraires. Il est d’usage pour les Bara qu’un zébu accompagne le défunt et chez les Antandroy. C’était autrefois tout un troupeau entier en l’occurrence celui du défunt qui était décimé et entièrement consommé durant la veillée mortuaire, soit des semaines durant, voire des mois. Les têtes des animaux abattues vont traditionnellement servir de parures sur le tombeau du défunt. Chez les Mahafaly, ces bucranes s’accompagnent d’aloalo, des poteaux sculptés aux divers motifs qui retracent les évènements saillants de la vie du défunt ; parmi les motifs qui ornent les aloalo, on tend à représenter les zébus que le défunt possédait de son vivant.

I - 2 - 1 Utilisation pour des raisons sociales et culturelles

Pour les Malgaches, le bœuf est un animal de prestige, pour satisfaire aux rituels coutumiers. Le bœuf constitue le repas communiel à partager lors de manifestations collectives. Il intéresse la productivité car il sert à aider les gens pour les différents travaux des champs comme le piétinage des rizières, et aussi comme un moyen de transport dans plusieurs régions de la Grande Ile, surtout là où la zone est inaccessible en voiture.

Dans les zones où le zébu est considéré comme un animal sacré, on ne tue et on ne vend pas le zébu sans motif valable. En cas de sacrifice et la mort d’une personne, le zébu joue un rôle très important et est sacrifié suivant la nécessité. A la grande cérémonie funéraire, les zébus tués correspondent parfois au nombre de personnes qui apportent leur « Enga 19 » à part le repas, elles reçoivent de la viande selon le poids ou la valeur de leur participation.

Dans le pays Bara, chaque personne doit faire partie d’une famille appelée : « Raza » qui est distingué par le découpage des oreilles de leurs bœufs. Ce découpage fait partie de l’identité d’une personne, vu que l’appartenance à une famille notable est très importante dans la société Bara. Lors d’un mariage, le jeune homme doit offrir un certain nombre de bœufs aux parents de la jeune femme. S’ils n’acceptent pas le nombre que le jeune homme s’apprête à offrir, la demande en mariage peut être refusée.

19 Une sorte de participation faite lors d’une éventuelle cérémonie funéraire. 29

Pour les Bara, le fait de posséder beaucoup de bœufs est traduit comme une bénédiction divine. Dans le cafre d’une offrande, le bœuf est le plus sacré et ils ne peuvent être sacrifiés que pour des grands évènements ou pour les grandes demandes. On croît même que la vie des bœufs vaut la vie d’un homme donc, si on sacrifié un bœuf, c’est comme si on a sacrifié un homme.

I - 2 - 2 - Utilisation pour des raisons économiques

Le nombre de bœufs qu’on possède est une marque de richesse et de puissance. Dans le pays Bara, un « Mpanarivo » ou celui qui a mille bœufs est très respecté. Le bœuf est irremplaçable dans les activités agricoles : en l’occurrence la tire des charrues pour le labour, et autres activités qui nécessitent des bœufs. La charrette est un moyen de transport incontournable dans les pays Bara. Elle sert aussi bien pour le transport des produits que pour la locomotion des personnes.

On vend un zébu en cas de besoin d’argent de la famille, plus particulièrement lors des cérémonies funéraires. La richesse d’un villageois peut être mesurée par le nombre de têtes de son troupeau. Donc, le zébu est une source d’appoints alimentaires, de revenus et d’épargnes. Mais avant tout, c’est un grand fournisseur de viande, de fumier au lieu d’être une source financière. L’élevage bovin tient une place très importante dans la vie et la tradition de la population malgache. C’est par respect des coutumes ancestrales que la population garde l’activité pastorale comme activité principale en plus, pour eux c’est une question de survie. D’où ce propos: « Il est utile de faire remarquer que jamais à Madagascar, on avait fait l’élevage des bœufs pour les profits matériels qu’ils peuvent rapporter, mais seulement en vue des cérémonies religieuses au cours desquelles on les sacrifiait »20 .

20 D’après l’ ouvrage d’ELLI (L.) (1993) 30

II --- UN MILIEU FAVORABLE POUR LES ACTIVITES DES PAYSANS D’ANDOHARANOMAITSO

II --- 1 Des pppotentialitéspotentialités importantes mais aussi de fortes contraintes

II - 1 - 1 Ses divers atouts et ses faiblesses

La commune rurale d’Andoharanomaitso est l’une des communes qui présente des atouts pour se développer par rapport aux autres communes du district d’Isandra. D’abord, c’est une vaste étendue qui peut servir de terrain de pâturage pour les bœufs et aussi une zone favorable à la pratique de l’élevage de bovin et de l’agriculture grâce à la présence d’un climat tropical d’altitude 21 . Ensuite, l’espace vécu par les habitants d’Andoharanomaitso est loin d’être surpeuplé malgré le nombre croissant de la population constaté chaque année. En plus, elle présente des ressources naturelles exploitables surtout la forêt et la présence d’un terrain de reboisement qui s’étend sur une superficie de 750 ha. Enfin, cette zone possède un des marchés les plus proches de la ville de Fianarantsoa car elle se situe à 25 Km au nord de la ville et aussi un centre économique pour les habitants limitrophes qui vivent hors de la commune. C’est à Andoharanomaitso que viennent ces gens pour chercher de quoi manger et acheter tout ce dont ils ont besoin comme provisions de la semaine.

Comme type de cultures, les habitants pratiquent les cultures pluviales comme l’arachide, l’haricot, le manioc, le maïs et les cultures irriguées comme la riziculture. 75% de la surface de la commune sont dominées par les collines pour le pâturage des bœufs et 25% par des bas-fonds favorables à la riziculture. 98% de la Commune sont constituées par des plaines et 90% des collines recouvertes de savanes graminées et herbeuses 22 .

Pour les infrastructures et les ressources socioculturelles, la commune possède 23 EPP qui se répartissent dans chaque Fokontany ; 01 CEG à Alatsinainy dans le chef lieu de commune. Dans l’ensemble de la Commune, on compte au total 3080 élèves. Sur le plan sanitaire, il y a un (01) CSB II et un (01) pharmacie qui s’occupe de la santé des habitants.

Du point de vue géologie , presque la totalité de la commune est dominée par de granite et de gneiss, mais tout de même, il y a la présence de micaschiste, de migmatite à graphite, de granite Andringitréen, de migmatite granitoïde qui servent de carrière pour les habitants de cette zone. (Cf. Annexe n°2). Ces types de roches constituent la majeure partie de la commune rurale d’Andoharanomaitso. Mais, il ne faut pas oublier que l’installation humaine dépend de cette structure car les quasis totalité des habitations sont installés sur les flancs des collines. Du côté développement, l’avenir de la commune rurale d’Andoharanomaitso est problématique, car l’Etat la néglige et surtout l’absence de diverses institutions fait défaut pour le suivi-évaluation des programmes et projets de développement absolument indispensable pour le bien de cette collectivité.

21 Qui se divise en trois saisons bien distinctes: la saison froide du mois d’Avril en Août, la saison pluvieuse de Décembre en Mars et la saison sèche du mois de Septembre en Novembre. 22 Source : Monographie de la Commune 2008. 31

En ce qui concerne les différentes contraintes de la zone, plusieurs infrastructures de base et équipements administratifs nécessitent d’être réhabilité c’est le cas des bâtiments administratifs : bureau de la commune, du tranompokonolona, de la gendarmerie, du marché communal. Ils sont presque tous dans un état de vétusté dangereuse donc, il faut donc les changer pour que les personnels puissent travailler vite et surtout pour faciliter leur tâche.

Nous avons aussi constaté le mauvais état des routes (Cf. Photo 11et 12) qui rend difficile l’accès vers la commune que vers les autres localités. Mais, elle est toujours praticable toute l’année, ce depuis Soaindrana jusqu’au Mahazoarivo. Avant, l’absence des eaux potables et de l’électricité défavorise la population à produire beaucoup et à bien travailler et c’est pour cette raison que les malfaiteurs en profitent pour voler.

Bref, l’ignorance et la négligence de l’Etat envers cette commune crée l’hostilité des habitants, car elle n’a pas de financement pour qu’elle puisse se développer comme les autres Communes. Sauf, à la fin de l’année 2008, où les habitants viennent juste de bénéficier de l’électricité

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Photo n° 11 et 12 : Mauvais état des routes menant vers Andoharanomaitso

Source : Clichés de l’Auteur ( Septembre 2008).

Ces photos nous montrent l’état actuel de la route qui mène vers Andoharanomaitso, depuis le croisement de la Commune rurale de Soaindrana, en passant par Andoharanomaitso jusqu’ à la Commune rurale de Mahazoarivo. Mais, malgré l’état actuel de cette Route qui est une route d’In térêt Provincial (RIP), elle reste toujours praticable toute l’année.

33

II - 1 - 2 Productivités des paysans de la zone d’étude

Presque la totalité des habitants d’Andoharanomaitso sont tous des paysans agriculteurs- éleveurs. Pour eux, la pratique de l’agriculture est toujours associée à l’élevage car ces deux activités sont inséparables et interdépendantes, c’est leur vie. De plus, le bœuf aide beaucoup sur les travaux de champs. En moyenne, ils cultivent plus d’un hectare 23 par ménage et le rendement de la production en riz est estimé à 100 kg au minimum et plus de 4 tonnes à l’hectare au maximum. Cette quantité dépend de la technique utilisée. Les paysans font aussi la culture de contre-saison, la culture vivrière, la culture fruitière et légumineuse. (Cf. Annexe n° 1) . Comme outils de travail, ils utilisent la charrue, la bêche, la charrette, la sarcleuse et d’autres matériels. Les finalités de leurs produits sont destinées surtout à la nourriture pour l’autoconsommation, à la vente, et à la semence pour la prochaine récolte. Voici quelques données sur la production annuelle des habitants et la superficie en ha des surfaces cultivées dans cette zone (Cf. Tableau n° 04)

Tableau n° 04 : Production annuelle agricole (en tonne) et superficie cultivée (en hectare) dans la Commune Rurale d’Andoharanomaitso.

Produits Production (tonnes) Surface (ha)

Paddy 4650 4900

Manioc 3000 170

Haricot blanc 125 200

Maïs 160 300

Pomme de terre 40 120

Arachide, tomate 75 / 36 N.D

Orange 10 150

Vigne 400 N.D

Mangue 8 15

Source : Monographie de la commune 2008. N.D : Non Déterminé.

23 Source : enquête personnelle. 34

Ce tableau nous montre la production annuelle en tonne et en hectare de chaque produit dans la commune rurale d’Andoharanomaitso ainsi que la surface en ha occupée pour chaque type de culture. Il nous montre que la productivité en riz est un peu faible par rapport au vaste surface cultivée. De plus, les techniques employées ne sont pas sophistiquées mais toujours des techniques traditionnelles. Malheureusement, on n’a pas pu obtenir des données statistiques des prix de chaque production de cette zone à cause de l’ignorance des gens et le non mise à jour des données recueillies par la commune.

Maintenant, essayons de voir comment se répartissent l’effectif total de la population et bovin ainsi que le nombre de tête de bovin par habitant par fokontany dans la commune rurale d’Andoharanomaitso,. Par rapport au nombre de la population qui ne cesse de croître chaque année, le nombre de têtes de bovin s’avère très faible. En moyenne, le nombre de bovidé par habitant est de 0.3 seulement. (Cf. Tableau n° 05 et Croquis n° 05)

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Tableau n° 05 : Rapport entre population et effectif bovin dans chaque fokontany, et le nombre de bovins par habitant (Année 2008)

Nom du Nombre d’habitants Effectif bovin Nombre de bovin Fokontany par habitants Alatsinainy 572 23 0.04 Ambalaseva 1821 580 0.31

Andovoka 880 190 0.21 Antaniditra 713 199 0.27 Itohy 1363 380 0.27 Mitsinjorano 1060 220 0.20 Vatomaitso 1163 207 0.17 Irano - Anosilava 1255 295 0.23 Ambalabetsila 706 258 0.36 Ambalatondroina 1527 242 0.15 Andranomiboaka 1020 210 0.20 Antanamarina- 912 190 0.20 Laobato Mahalay 1175 456 0.38 Ranomaitso 1937 502 0.25 Vohimanombo 832 136 0.16 Ambohitrasoavina 845 164 0.19 Ambalamisaotra 732 294 0.40 Andreamitsioka 456 44 0.09 Betapoaka 889 229 0.25 Mahavanona 1431 92 0.06 Soamanakova 1467 296 0.20 Vohitenina 806 178 0.22 Ampanenjanana 281 179 0.63

TOTAL 23843 5564 0.23

Source : monographie de la commune d’Andoharanomaitso 2008.

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CROQUIS N° 05 : NOMBRE D’HABITANTS ET EFFECTIFS BOVINS PAR FOKONTANY DANS LA COMMUNE (en 2008)

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Ce tableau n° 05 et croquis n° 05 , nous montre l’effectif de la population et de têtes de bovin dans la commune rurale d’Andoharanomaitso depuis l’année 2008. Nous avons pu constater que le nombre de bovin par habitant dans toute la commune n’atteint pas un bovin par habitant donc, ce taux est un peu faible pour une zone considérée comme une zone à vocation pastorale. Seulement au chef lieu de la commune qu’on peut trouver moins de 50 têtes de bovin mais pour les autres, ils ont plus de 100 têtes.

Ces cercles proportionnels représentent le nombre de la population dans chaque fokontany dont la plus foncée montre le nombre maximum d’habitants. De même pour l’effectif de bovin, ces barres nous donnent le nombre proportionnel de bovin pour chaque fokontany. Dix (10) fokontany possèdent plus de milles (1000) habitants et en ont moins de milles (1000) habitants. De plus, treize (13) fokontany ont plus de deux cents (200) têtes de bovins et dix (10) en ont moins de deux cent (200) têtes. Donc, il est évident que le nombre de tête de bovin par habitant est faible, il est de l’ordre de 0.23 tête / habitant seulement par rapport à la moyenne nationale de 0.6 tête 24 / habitant. Bref, grâce à l’accroissement incessant de la population, le pâturage pour les bœufs est réduit.

Tableau n° 06 : Evolution de l’effectif de la population et du troupeau bovin dans la commune (1998 à 2008).

Année 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

Habitants 17954 18595 19021 19798 19938 20537 21354 22091 22435 22674 23843

Bovins 7040 6739 6486 6203 5540 5680 5730 5801 5706 5564 5209

SourceDepuis : l’annéeMonographie 2000 jusqu’en de la Commune 2008, on 2008 constate complétée une diminution par l’Auteur. notable de l’effectif bovin (Cf. Figure n° 02) dans la Commune . Or en l’an 2000, l’effectif de bovin est de 6486 têtes environ alors qu’en 2008, il a baissé à 5209 têtes ce qui fait une différence de 957 têtes qui correspond à un taux de 20% (une diminution). D’où, une légère diminution de l’effectif bovin.

24 Source : Enquête par les Focus Groups sur le Recensement des communes / FOFIFA / INSTAT, 2001 38

Figure n° 02 : Courbe de l’évolution de l’effectif de la population et de l’effectif bovin

depuis 1998 en 2008.

Source : Monographie de la commune d’Ando

haranomaitso avec arrangement de l’auteur.

D’après la courbe de la population, nous avons pu observer que l’effectif de la population d’Andoharanomaitso ne cesse d’augmenter, en passant de 17954 en 1998 pour arriver à 23843 en 2008. Ce qui montre qu’il y a une augmentation de 5889 habitants en dix ans, ce qui prouve que la population croît beaucoup plus vite et gagne beaucoup d’espace pour la pratique de leur culture qui, en conséquence réduit les champs de pâturage destinés pour l’élevage bovin.

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En ce qui concerne la courbe de l’effectif de bovin, le nombre de têtes ne cesse de diminuer depuis l’année 2000 jusqu’à aujourd’hui. Cette baisse est due a plusieurs facteurs comme lors d’une crise 25 , on assiste à la persistance du phénomène vol de bœufs, aussi la vente et la demande croissante des consommateurs en viande de zébus, la présence des maladies des bœufs et l’abattage des bœufs lors des différentes cérémonies.

Mais après cette période de crise, on constate une légère augmentation de l’effectif bovin comme celle de l’année 2003-2004 car une période d’accalmie a permis aux paysans-éleveurs d’acheter des bœufs pour accroître leur cheptel bovin. Au total, on a recensé 5209 têtes de bovins dans la commune rurale d’Andoharanomaitso l’année 2008. Depuis quelques décennies, on constate une légère diminution de l’effectif du cheptel bovin sur toute l’étendue de l’île, et ceux pour plusieurs facteurs. Il y a la forte consommation de viande de la population, la présence des maladies bovines et surtout la persistance du phénomène vol de bœuf qui ne cesse de croître.

Par rapport aux autres animaux domestiques dans la Commune le nombre de bovin est de 5250 têtes 26 avec un taux de 0.2 tête par ménage. Alors que celui des volailles est le double (10.000 têtes) de ce dernier, et pour les pores, ils représentent 2/3 du nombre des volailles (7200 têtes). Ce qui nous montre que l’élevage bovin occupe la troisième place après l’élevage de volaille et de pore dans la Commune Rurale d’Andoharanomaitso mais quand même, il reste très important pour eux. La cause peut-être due par la cherté du prix du bétail. 27

25 Crises de l’année fin 2001 et début de l’année 2002 lors de l’éléction présidentielle du 16 Décembre 2001. 26 Source : Monographie de la Commune 2008. 27 Egal à 360.000 Ariary en 2008 .

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II --- 2 La permanence des problèmes de l’élevage bovin

II - 2 - 1 Importance des zébus

Les Betsileo préfèrent le bœuf plus que toutes autres choses car ce dernier présente un grand intérêt pour leur quotidien. Pour eux, c’est un animal de prestige, sacré et aide beaucoup à la réalisation des différentes tâches comme les travaux de champs, le piétinage des rizières,… Avoir un bœuf marque l’hégémonie, la richesse, le prestige, l’honneur et le pouvoir au sein de la communauté villageoise. C’est aussi une sorte de « banque » pour les paysans-éleveurs. En moyenne, chaque ménage dans ces quatre fokontany possède 2 à 5 têtes de bovins. Ils font vacciner leurs troupeaux une fois par an pour les protéger contre toutes maladies bovines ; ils leur donnent des nourritures et les offrent toutes sortes de soins et divers entretiens. Comme nourritures, ils les fournissent des pailles de riz, des maniocs et des herbes. En ce qui concerne le mode de gardiennage de ces troupeaux soit ils les mettent dans le « Vala » soit dans les collines pour leur faire paître. Comme finalité, ils sont destinés soient à la vente, soient aux travaux de champs, soient assurent l’avenir de la génération future, soient évitent la pauvreté et aident à la survie, soient donnent des fumiers et de la viande. Ainsi, il faut noter que le bœuf a une place incontournable dans la vie des habitants surtout pour les Betsileo car beaucoup de choses nécessitent son utilité pour la vie que pour la mort. Bref, un proverbe Betsileo disait : « Ny eritreritry ny Betsileo tsy miala amin’ny omby fa ny vola hamidy azy no tsy maharaka ; et aussi, velona amin’ny omby, maty amin’ny omby ». Ce qui veut dire qu’ils ne peuvent pas vivre séparément, l’un a toujours besoin de l’autre. Mais, si on veut augmenter l’effectif de son cheptel, il faut procéder à faire un achat ou une vente et cette dernière se fait comme suit : vendre un bœuf assez vieux pour procurer deux autres plus jeunes ou encore on fait un échange, parfois on vend des terrains ou des récoltes pour acquérir des boeufs. Pourtant, tout cela nécessite à suivre une procédure comme avoir l’autorisation auprès des autorités compétentes, avoir des boucles, avoir un passeport de bovidé, une carte de vaccination, un Certificat d’Origine de Bovidé ou COB , un cahier de bovidé pour chaque tête de bovin. Ce dernier est devenu actuellement un « Bokin’omby »28 avec l’acte de vente et après, on peut procéder à faire la transaction.

28 Un document qui enregistre tous les mouvements et déplacements que fait le bœuf durant toute sa vie. 41

Différents problèmes entravent les activités des éleveurs, et menacent l’élevage bovin, d’où ils méritent d’être traités. Dans les pays Bara par exemple, ce fléau est un rite qui a une valeur sociale pour identifier la personne. En effet, on vole des bœufs pour exprimer la colère, la virilité, le courage et la dignité. Un homme capable de voler est un homme fort, viril et capable de nourrir sa famille. En d’autre terme, avoir un gendre voleur est un honneur pour la famille et c’est surtout leur coutume. Avant, le vol de bœuf est une affaire familiale mais avec l’évolution du temps, elle ne reste pas comme ça mais, s’est transformée en un acte criminel.

II - 2 - 2 Problèmes rencontrés et solutions proposées par les paysans éleveurs

Parfois, ces paysans rencontrent de gros problèmes lors de la pratique de cette activité. D’abord, l’insécurité due par les vols de bœufs, ensuite l’insuffisance des moyens pour le traitement et le vaccin des bestiaux, enfin l’existence de diverses maladies et la diminution des pâturages à cause de l’augmentation du nombre de la population qui occupe plus de terrain pour leur culture.

D’abord, en ce qui concerne le phénomène vols de bœufs, on peut évaluer en moyenne le nombre de cas de vol pour chaque éleveur deux fois par an. D’habitude, la victime du vol crie pour alerter le fokonolona 29 en faisant du « koka »30 ou en sifflant un sifflet pour que tout le village soit au courant et participe à la poursuite des dahalo 31 en suivant les traces des pieds des bœufs volés.

Face à ces problèmes, les paysans adoptent plusieurs solutions pour améliorer la situation de l’élevage bovin afin de diminuer l’effet de ce phénomène ou du moins pour le calmer un peu, et faire en sorte qu’il disparait pour toujours pour qu’enfin les paysans puissent produire en toute sécurité. Aussi, ils essaient de trouver des moyens pour protéger les bœufs dans le «Vala » lors d’une attaque des « dahalo ». Ils pratiquent également les « fafa-kizo ou fafa-seranana », du « vono-dina » (Cf. Annexe n° 8) et organisent des poursuites avec les fokonolona.

29 Appellation d’une collectivité villageoise. 30 Cri d’alerte fait par les fokonolona en cas d’un vol ou dune attaque de dahalo. 31 Nom qu’on donne aux voleurs de zébus. Ils sont aussi appelés « Malaso » ou « Mavo » 42

Comme solutions, ils veulent qu’on supprime touts taxes et frais sur le traitement et soin des animaux, acceptent de bien suivre les consignes données par les vétérinaires et les spécialistes de l’élevage surtout bovin. La volonté de respecter le calendrier pour les campagnes de vaccination établies chaque année par le service vétérinaire. Tout ça pour rendre cette activité prospère et semi-intensive avec l’utilisation des nouvelles techniques.

Ajouter à cela, ils proposent qu’on leur donne des terrains pour la culture des herbes servant de nourriture pour les animaux et de les aider à appliquer ces nouvelles techniques afin d’obtenir de meilleur rendement pour l’amélioration de la production. Tout comme l’application du « dina » pour punir les malfaiteurs. Mais le plus important, c’est la présence des forces de l’ordre pour maintenir l’ordre et la sécurité là où le phénomène vols de bœufs persiste beaucoup, dans les zones classées comme « zones rouges ». Former les personnes qui vont suivre les traces des « dahalo » ; mettre en place des réseaux téléphoniques pour le « koka » et l’alerte entre les forces de l’ordre et le fokonolona. Mais il surtout veiller et assurer à ce que l’on change les membres du Détachement Autonome de Sécurité (DAS) à cause de leur complicité avec les malfaiteurs qui diminuait le courage des habitants et leur confiance envers eux.

Ensuite, peu de communes disposent de centre sanitaire vétérinaire. Sinon, les paysans devaient parcourir 48 Km, soit environ 6 heures, pour trouver des produits vétérinaires. Un problème d’accès pourrait cependant se traduire par des pertes de temps pour les éleveurs. D’où l’insuffisance des services offerts en matière de santé animale se fait sentir et s’ajoute au non disponibilité de vaccins. Après la privatisation des offres de service d’élevage, les vétérinaires du service public ne voient pas d’intérêt à intervenir alors que les vétérinaires privés ne suffisent pas pour assurer le service d’élevage.

Enfin, la présence de différentes sortes de maladies est l’un des problèmes graves pour la pratique de l’élevage bovin. En général, il y a deux sortes de maladies des bœufs et ce sont les maladies Bactériennes et les maladies parasitaires (Cf. Annexe n° 03) . D’habitude, trois types de maladies affectent le cheptel bovin à Madagascar : la distomatose , le charbon symptomatiques et le charbon bactéridien. (Cf. Tableau n° 08). Sans avoir oublier le peu d’espace qui reste pour faire paître les bœufs à cause de la forte croissance de la population qui, favorise l’occupation et l’installation humaine sur tous les terrains libres. D’où la transhumance des éleveurs avec leurs troupeaux pour rejoindre un lieu de pâturage pour leurs bœufs.

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Tableau n° 07 : Taux de prévalence de 3 maladies du cheptel (moyenne de trois ans: 1999 - 2001)

Régions Distomatose Charbon bactéridien Charbon symptomatique Imerina Centrale 2.1 1.3 1.6

Vakinankaratra 1.9 0.7 1.2

Itasy 2.5 2.1 2.4

Haute Matsiatra 2.9 0.9 2.6

Amoron’i Mania 2.9 2.0 2.2

Sud-Est 2.7 0.7 2.1

Toamasina 2.4 0.5 0.6

Lac Alaotra 2.4 1.7 2.0

Mangoro 2.0 0.8 1.2

Mahajanga 2.5 1.0 1.6

Betsiboka 2.5 2.1 2.9

Melaky 2.8 2.5 2.9

Marovoay 2.0 2.5 3.0

Sofia 2.6 2.3 2.6

Sud-Ouest 2.8 2.2 2.8

Menabe 2.8 2.6 2.9

Horombe 3 0.5 2.9

TolagnaroLa plus répandue et active est 2.2 la distomatose. Ayant affecté 2.1 les troupeaux de bœufs 3.0 dans 80% des communes durant trois années successives entre 1998 et 2001 32 . Seules 14% des communes n’ont Dianapas connu cette maladie. La seconde 2.6 épizootie est le charbon 2.1 symptomatique qui 2.4a frappé dans 72% des communes sans distinction au niveau spatial. Le troisième est le charbon bactéridien qui Sava n’a affecté que 48% des communes, 2.8 pour environ une 1.2 année sur trois et surtout dans 2.6 les provinces de Toliara et de Mahajanga.

MadagascarII - 2 - 3 Rôle du 2.6 service vétérinaire 1.8 dans l’abattoir d’Ankidona 2.5 Le service vétérinaire assure l’élaboration du calendrier de la campagne de vaccination Source(Cf. : Recensement Annexe 4) qui des sort Communes, en général Programme le mois de JanvierIlo / FOFIFA et le mois / INSTAT, de Mars 2001 jusqu’au Septembre et où débute la campagne. Ils assurent la vaccination des animaux, l’intervention médicale et chirurgicale (en cas de maladie, ou de petite chirurgie comme la castration des mâles,…), les

32 Source : Recensement des Communes, Programme Ilo / FOFIFA / INSTAT, 2001

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prélèvements sanguins de l’animal et son analyse médicale, les déparasitages internes et externes des animaux contre les vers et les parasites. C’est la seule entité autorisée à se charger de l’inspection de l’animal à abattre.

L’abattoir d’Ankidona de Fianarantsoa a été surnommé depuis longtemps SOFIRAC ou So ciété Fi evet de Bernard Rac mak qui est une société qui exporte des viandes bovines en Europe. A vrai dire, c’est une sorte de société familiale car les ouvriers s’associent pour diriger cette association. La maintenance et le renouvellement des matériels utilisés dans cette usine sont sous la surveillance de l’Etat, il exige la perfection des services mais ne subventionne pas l’usine. La commune, l’inspecteur de viande et les ouvriers font tourner cette société. Ils essaient d’améliorer la situation des personnels et de maintenir la qualité et la propreté des viandes pour le bien des consommateurs. Les principaux maladies observées depuis toujours sont la tuberculose, la rage, le tétanos qui sont des maladies propres aux animaux et aux hommes. Mais ces ouvriers font un grand effort pour éviter qu’une telle maladie atteigne les consommateurs. Une part des bœufs vendus sur le marché soit à Andoharanomaitso ou ailleurs est menée directement dans l’abattoir d’Ankidona pour la consommation locale. Et d’autres vers d’autres destinations.

Deux inspecteurs de viande effectuent l’inspection sur les bœufs et sur les porcs dans l’abattoir. Ils font une rotation toutes les deux semaines. Deux modes d’inspection peuvent se faire à la viande de bœuf avant sa mise à la consommation du public: la visite ante-mortem faite sur l’animal avant de le tuer et la visite post-mortem faite sur la viande après son abattage. Quatre bouchers opèrent l’abattage quand c’est la fête et des ouvriers ramassent les peaux et le sang de l’animal tué. En moyenne on tue au moins 20 à 40 bœufs chaque jour sauf le dimanche.

D’habitude, l’entrée des bétails dans l’abattoir d’Ankidona est le jour du marché (Cf. photos n° 13 à 18), tout le lundi pour Andoharanomaitso et Ambalakely avec une dizaine de boeufs ; tous les mercredis pour Andranovorivato, Mahasoabe, Ambalavao avec une trentaine de zébus ; le jeudi pour le chef lieu de district Isorana avec une vingtaine de bétails ; pour Mandriandalana Fianarantsoa c’est le vendredi.

Pendant la période de la recrudescence des vols de bœufs, l’effectif de bovin entrant dans l’abattoir diminue. Mais quelles sont les étapes à suivre pendant l’abattage des bœufs ? D’abord, on fait entrer les bœufs dans le parc d’attente avant de les faire parcourir un à un dans le couloir de forçage vers un box d’isolement. C’est là qu’on l’assomme avec un merlan et qu’on lui coupe la grande veine au niveau du cou après l’avoir évanoui, c’est le saignement. Ensuite, on passe au dépouillement ou l’enlèvement de la peau et des carcasses que sont l’organe du bétail, c’est à ce moment-là que commence l’inspection de la viande. On la divise en deux puis en quatre avant de la faire sortir hors de l’abattoir. Il ne faut pas oublier que le bœuf à abattre doit avoir un repos de vingt quatre heures (24h).

Enfin, quand tout sera terminé et que les organes sont bien nettoyés, on peut passer à la délivrance d’un Certificat sanitaire de bovin qui devra être délivré avec le passeport de bovidé. (Cf. Annexe 5).

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Photos n° 13 à 18 : Etapes à suivre p our l’abattage des bœufs dans l’abattoir d’Ankidona

Fianarantsoa

Photo n°13 : Parc d’attente. Photo n°14 : Couloir Dans cette première partie, nous avons pu analyser les traits caractéristiques d’Isandra en tant qu’espace agricole associant la riziculture et l’élevage bovin malgr é l’aspect physique de cet espace. Car c’est est un milieu naturel difficile marqué par un relief accidenté, et par la prédominance de savanes sur sols ferralitiques. Pourtant, la population Betsileo reste dynamique. Parfois, l’élevage bovin vient après l’agriculture, mais c es deux activité s sont interdépendantes et sont principale sources de revenu pour la population. D’où, l’importance de l’élevage bovin sur le plan social qu’économique et politique.

Passons maintenant à la deuxième partie de notre intervention qui étudiera la crise de l’é levage bovin dans la co mmune rurale d’Andoharanomaitso, a insi que les impacts de cette crise sur la vie des habitants de notre zone d’étude.

Photo n°15 : Box Photo n°16 : Merlan (instrument po ur assomer

le bœuf, c’est comme un grand marteau).

Photo n°17 : Dépouillement des peaux et Caracasses. Photo n°18 : Scie

Source : Clichés de l’Auteur ( Octobre 2008 ).

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DEUXIEME PARTIE

LA CRISE DEDEDE L’ELEVAGE BOVIN DANS LA COMMUNE RURALE

D’ANDOHARANOMAINTSO

L’élevage bovin souffre d’une grave crise à cause principalement des vols de bœufs et aussi d’autres crises qui touchent les paysans-éleveurs. Ceux-ci sont courants dans différentes localités d’où, le nombre de têtes de bovins ne cesse de diminuer à cause de ces fléaux. En outre, ils ont des impacts sur la psychologie des habitants comme la peur, la méfiance, la violence physique, etc … qui sont source d’insécurité et de paupérisation. Ce sont des véritables freins pour le développement de la Commune.

L’importance géographique de l’élevage bovin est indiscutable, et c’est la raison pour laquelle nous avons voulu examiner d’une part le phénomène vols de bœufs et les autres crises rurales ; et d’autre part, l’efficacité des réponses contre ces fléaux.

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CHAPITRE III

LA CRISE RURALE ET LES VOLS DES BŒUFS

Les vols de bœufs engendrent la méfiance voire la crise de confiance entre paysans d’une part, les autorités et forces de l’ordre d’autre part. Ils sont facteurs de violence, d’insécurité, et finalement de crise rurale comme l’insécurité des gens.

I --- LA MEFIANCE DES PAYSANS

I --- 1 Crise de confiance à l’égard de l’Etat

I - 1 - 1 Inefficacité de la gendarmerie dans leurs interventions

Du côté de la population, la manque de confiance entre la population et la gendarmerie est due à l’inefficacité des gendarmes dans leur mission par faute de leur lenteur et leur complicité avec les malfaiteurs dans certain cas. Cette lenteur est l’une des raisons qui pousse la population à ne pas faire appel à eux lors d’une attaque. Mais pourquoi ça ? Les éléments de la gendarme mettent trop de temps pour venir sur le lieu surtout quand le village attaqué est assez loin de la ville. Parfois, ils n’arrivaient que deux ou trois jours après l’attaque donc, les « dahalo » aient suffisamment de temps pour s’enfuir avant que les forces de l’ordre n’arrivent. Pourtant, la poursuite des bœufs devrait se faire le plus vite possible pendant que les traces sont encore fraîches (Cf. photo n° 19, 20). Mais si on met trop de temps pour les suivre, il est possible que les cheptels soient déjà déviés quelques part soient déjà tués. Après la poursuite, ces criminels sont beaucoup plus équipés en armes que les gendarmes et les fokonolona. Du côté effectif, les agents armés sont moins nombreux chez la gendarmerie. D’où les affrontements entre Fokonolona - Gendarmes - Dahalo sont des combats inégaux ; souvent, les voleurs de bœufs l’emportent toujours et réussissent à s’enfuir. Lorsqu’il y a un blessé, la poursuite doit être retardée ou arrêtée parce que les gendarmes viennent en binôme et ne peuvent pas se séparer. Or, le fokonolona ne peut pas revenir au village sans armes car il a peur des représailles des voleurs. Pourvu qu’ils aient plus d’éléments donc, ils pourraient se séparer. Les uns ramèneraient les blessés ou les morts et les autres continueraient la poursuite.

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Photos n° 19 et 20 : Traces laissées par le passage des bœufs volés

Source : Clichés de l’Auteur ( Octobre 2008 ).

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Ces photos indiquent les traces des pieds et les parcours des bœufs volés lors d’une poursuite par la population et les forces de l’ordre : le « fanarahan-dia ». Parmi les crises engendrées par le vol de bœufs, il y a la méfiance des paysans-éleveurs envers les personnels de l’Etat comme les magistrats de parquet, les gendarmes, les délégués de la commune et d’autres personnes qui participent au traitement de cette affaire et de ce qui la concerne. Face à l’existence du phénomène vol de bœufs dans la région Haute Matsiatra surtout dans les zones déclarées « zones rouges », l’absence de confiance des habitants envers les forces de l’ordre et aux autorités Etatiques prédominent. D’après l’enquête que nous avons effectuée au niveau de la population et de certaines administrations dans la Commune Rurale d’Andoharanomaitso et celle de Mahazoarivo, la population n’inspire plus confiance à ces deux entités car ils ne s’avèrent pas efficaces pour la communauté. Comme ils sont lents à intervenir, ils sont aussi complice avec les « Dahalo ».

I - 1 - 2 Complicité avec les « dahalo »

Le phénomène vol de bœufs a des impacts très graves sur la vie des habitants surtout sur les paysans que ce soit sur le plan physique que sur le plan moral. Selon l’ordonnance n° 60-106 du 27 Septembre 1960 (Cf. Annexe n° 6), constitué de 30 articles et les textes subséquents relatifs à la circulation et commercialisation des bovidés, le vol de bovidés est une infraction pénale 33 . L’acte consiste à soustraire ou à tenter de soustraire frauduleusement un ou plusieurs bœufs appartenant à autrui. Selon cette ordonnance, un individu est jugé coupable d’avoir commis un vol avec les circonstances citées ci-après : le vol peut être exécuté la nuit , exécuté en réunion de deux ou plusieurs personnes, vol fait avec port d’armes apparentes ou cachées sans qu’il y ait lieu de distinguer à cet égard entre les armes par natures et les instruments qualifiés comme armes par l’usage qui en est fait, vol perpétré avec violence , et le vol fait en alléguant aux faux ordres de l’autorité civile ou militaire 34 .

33 Ordonnance 60-106 du 27 Septembre 1960 relative à la suppression des vols de bœufs. 34 Ordonnance 60 - 106 art.5. 50

La population sait qu’il y a des personnes qui connaissent les « dahalo » et qui sont de mèche avec eux. Et les gendarmes, eux-aussi les connaissent mais ils ne veulent pas les dénoncer. En tant que spécialiste en renseignements, les gendarmes ne les arrêtent pas et c’est pour cela que les gens pensent qu’ils sont complices des brigands. Les espions s’infiltrent au sein de la population et cette dernière les ont repérés. En effet, les bandits possèdent des alliées appelés : « Fati-drà » qui leur servent d’espion dans beaucoup de villages qui leur livrent le plan du village à attaquer, les issues, afin d’élaborer une stratégie adéquate pendant l’attaque.

Par les failles de la justice, la population qui ignore les procédures judiciaires, pense que ce sont les gendarmes qui laissent les « dahalo » partir. Voilà pourquoi elle pense qu’elle ne doit pas traduire les bandits devant la justice car ils s’en sortent toujours indemnes. Pour elle, les gendarmes sont corrompus, en plus la procédure appliquée par la justice est trop compliquée donc, mieux vaut ne rien faire.

I - 1 - 3 Comportements inacceptables de certains gendarmes dans leurs fonctions La Gendarmerie est une force instituée pour veiller à la sécurité publique, assurer le maintien de l’ordre, l’exécution des lois et règlements afin de protéger les institutions, les personnes et les biens. Mais, on assiste parfois à un comportement un peu déplacé de la part de ces gens et qui entraîne la méfiance de la population. Certains éléments de la gendarmerie sont corrompus, ils se comportent et se conduisent d’une façon déplorable dans certaines régions. Dès fois, des gendarmes demandent à la population des sommes illicites en échange de leur service, dont la qualité dépend de l’écolage que les gens leur accordent. Le mépris de la population envers la gendarmerie est donc dû à plusieurs facteurs comme leur insatisfaction sur les services rendus, les attitudes de quelques éléments de la gendarmerie et les influences de certains élus qui trouvent profit dans cette mésentente. La gendarmerie de son côté, dépourvue de moyens pour satisfaire la population est poussée à la corruption à cause de l’influence des complices. Elle est menée parfois par un complexe de supériorité à commettre des exactions qui creuse la faille entre elle et la population. Une nouvelle politique de communication s’impose au niveau de cette entité, mais surtout le renforcement au niveau des moyens, le mauvais comportement de certains membres se fait sur plusieurs angles.

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D’abord, ils font des abus de pouvoir dans la campagne, ils répriment la population. Ce genre de comportement, attitude ne fait qu’aggraver la frustration de la population envers la gendarmerie. Ensuite, dans le cas où la gendarmerie agit de manière partiale lorsqu’elle dresse les Procès Verbaux des actes passés suivant les écolages offerts par le propriétaire. Elle allège ou aggrave la charge contre une partie selon la relation avec les concernés ou les sommes payées. Ce montant varie suivant la gravité de la charge et la richesse de la famille ou de la personne concernée. Enfin, pendant le contrôle de bovidé au marché, la Gendarmerie Nationale ou (GN) participe au blanchiment des bovidés volés, souvent en collaboration avec les Délégués Administratifs et les Chefs de Fokontany sous payement d’une somme de 10.000 à 20.000 Ariary par bovidés illicites. Elle demande des amendes interdites s’élevant jusqu’à 5.000 Ariary par « Bokin’omby 35 » (Cf. Annexe 7) pour tolérer les petites erreurs signalées sur les documents des bovidés comme la désignation des robes, qui varient selon la région, des erreurs d’écriture, de ratures…

La commune rurale d’Andoharanomaitso a été considérée comme : « zone rouge » jusqu’en 2007, mais à partir de l’année 2008, elle a été classée parmi les « zones bleues »36 , Depuis 1996, il n’y a qu’un seul poste de Brigade de Gendarmerie Nationale installé dans cette zone, cette unité travaille avec le Détachement Autonome de Sécurité ou DAS pour raison de Sécurité, mais c’est au niveau de la gendarmerie que revient toutes les décisions.

On note aussi la présence des Postes Fixes ou PF s’installant dans les quatre communes 37 et/où la Brigade intervient. Ces postes travaillent au niveau de la circonscription de la brigade. Ces gendarmes font un tour et leurs séjours durent 20 jours environ. Au moment où le Fokonolona fait appel à eux, ils font une descente massive pour tenter de calmer la situation.

35 Une sorte de livre qui enregistre et sert à contrôler chaque mouvement et changement sur le zébu. 36 Nombre de bœufs volés : inférieur à 18 têtes / an d’après la source de la gendarmerie à Andoharanomaitso. 37 Vohimarina ; Andoharanomaitso ; Mahazoarivo et Soatanana. 52

Hiérarchie et effectifs des gendarmes au sein de la Gendarmerie Nationale (GN)

COM Commandement (20personnes)

CR Circonscription (22 personnes)

Groupement (plus de 20 personnes)

Compagnie (plus de 20 personnes)

Brigade (15 personnes)

Poste ava ncé (08 personnes)

Entre ces hiérarchies existent différents commandements. L’ordre vient toujours du COM pour finir au PA. On compte 22 gendarmes travaillant dans la circonscription d’Andoharanomaitso dont il y a un Commandant de brigade ou BF, un Adjoint au commandant et le reste, des gendarmes en fonction. Et pour le DAS, ils sont en nombre de 3 pour assurer cette fonction. Leurs nombres varient suivant le cas, prenons par exemple le cas de la brigade qui fait travailler plus de 15 gendarmes environ ; au niveau du poste avancé, pas plus de 8 gendarmes, pour le COM plus de 20 gendarmes et pour le reste, ils ont besoin de beaucoup d’éléments dans leurs camps.

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Le commandant et son adjoint ont pour rôle principal de donner les ordres que les gendarmes doivent les exécuter. Donc, ils doivent toujours attendre l’instruction venant de leurs hiérarchies supérieures et avoir des informations et renseignements avant de réagir ou se déplacer sur le lieu. Mais, il y a des fois où ils agissent même avant de recevoir l’ordre car ils sont dans une situation qui nécessite de prendre une bonne décision. C’est le cas quand ils ont reçu une alerte. Après, ils reviennent pour faire des comptes rendu à leurs supérieurs et de les mettre au courant de la situation. Comme les forces de l’ordre ont pour mission d’instaurer l’ordre et la sécurité dans la vie des habitants, de les protéger contre toutes attaques des « dahalo » dans le monde rural, voyant maintenant les différentes procédures à suivre et les charges requises pour qu’il y a condamnation d’un voleur de zébu. Sur ce, il nous faut ces trois éléments pour qu’une charge soit suffisante et retenue. D’abord, l’élément légal dicté par le code pénal et les textes spéciaux. On peut recevoir des plaintes si elles sont écrites dans ce texte et code. Ensuite, l’élément matériel qui détermine le type de matériels utilisés par le présent accusé, comme l’arme, la hache, le sifflet… . Enfin, l’élément moral c’est de savoir si la personne a eu par sa volonté l’intention de réaliser les actes, ou elle a dû subir une pression venant d’autrui. Si l’un des trois éléments est absent, la personne préjugée coupable peut avoir une liberté provisoire, d’où la charge n’est pas suffisante pour le garder en prison.

I --- 2 Les difficultés des forces dedede l’ordre dans l’exercice de leurs fonctionfonctionssss

I - 2 - 1 Insuffisance d’effectif

D’abord, il y a le manque d’hommes ou le nombre de gendarme à Madagascar est relativement bas par rapport au nombre de la population. En fait, la gendarmerie compte environ 12000 hommes pour 18 millions d’habitants, soit un gendarme pour 1500 personne. Par rapport à la superficie de Madagascar, on a un gendarme sur environ 72 km². En effet, quand il y a plusieurs attaques simultanées, la répartition des éléments est difficile parce qu’il n’y en a pas assez, d’où le chef de poste est obligé d’envoyer seulement un binôme en cas de poursuite de voleurs.

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Ensuite, le manque de moyens parce que la gendarmerie ne dispose pas de moyens de locomotion pour poursuivre les « dahalo ». Quand à la brigade d’Andoharanomaitso, elle assure la sécurité dans des quatre communes différentes et sont très éloignées comme celle de Vohimarina qui se situe à 45 km du poste de brigade qu’on doit parcourir à pied. Ils doivent couvrir jusqu’à 150 km et mettent 2 ou 3 jours pour arriver au villa ge attaqué. Mais jusqu’à l’arrivée des éléments de la gendarmerie, les voleurs ont le temps de s’enfuir. Donc, si on veut réellement les combattre , il faut que les gendarmes soient bien équipés que ces derniers. Enfin, le manque de communication où il n’y a qu’une seule station radio dans cette zone et c’est à Andoharanomaitso, d’où la communication ne passe pas entre ces endroits à défaut de ces moyens.

I - 2 - 2 Vétusté des matériels et faiblesse des moyens financiers

Il y a un problème sur les matér iels utilisés car ils sont tous hors d’usage et sont endommagés (Cf. Photos n° 21). Avec des matériels plus sophistiqués, les gendarmes pourraient travailler vite. Un problème social se pose et défavorise les gendarmes à cause de la prise en charge des nou rritures des détenus, la durée de la détention des suspects en 48h seulement, qui est insuffisant pour pouvoir effectuer une enquête interrogatoire. Donc, soit on fait une demande de prolongation au procureur, soit on procède à un garde-vue.

Photo n° 21 : Matériels obsolètes utilisés par la Brigade de la Gendarmerie d’Andoharanomaitso

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Ce cliché nous montre l’état actuel des machines à écrire utilisées dans le poste de la Brigade de la Gendarmerie de la commune rurale d’Andoharanomaitso. Elles ne sont plus en état de marche parce qu’elles sont tous rouillées. Mais, peut être grâce à la présence de l’électricité dans cette zone depuis la fin du mois d’Octobre, peut être que la commune va bénéficier d’une nouvelle technologie du monde informatique.

II --- LES VOLS DE BŒUFS : FACTEURS DE VIOLENCE ET D’INSECURITE RURALE

IIIIII --- 1 Un phénomène aux techniques variées et de plus en plus violents

Notre pays souffre d’une violence et d’une insécurité aussi bien dans le milieu urbain que rural. Ce dernier est victime des vols de bovidés et l’ouest du pays est une des zones qui en pâtissent énormément. De plus, les problèmes d’insécurité en zone rurale concernent souvent le vol de bétail et c’est un des problèmes cruciaux qui doit être résolu à Madagascar. Donc, la sécurité doit occuper la première priorité d’intervention du gouvernement. Ce phénomène existait fort longtemps à Madagascar surtout dans les zones où l’on peut trouver plusieurs têtes de bovins mais au cours des temps, les techniques de vol ont évolué comme suit :

De 1960 à 1980 , les voleurs commencent à utiliser des armes à feu, et deviennent plus violents et plus audacieux. Ils ne pratiquent plus la ruse pour s’emparer des bœufs, mais ils font des tapages en lançant des coups de fusil et des pierres pour casser les fenêtres et les portes. Ils profèrent les langages de menace en dialecte Bara, Sakalava ou Antandroy, ils tirent ou donnent des coups de sagaies sur la personne qui ose sortir de la maison.

A la fin des années 80 , ils deviennent de plus en plus féroces, et mettent le feu sur la maison du propriétaire du parc à bœuf ciblé. Ces actes barbares entretiennent l’esprit revanchard dans la vie sociale. Tous les jeunes paysans entrent dans le réseau « dahalo » d’où la naissance de l’expression « insensé celui qui ne fait pas » (ny tsy manao ro adala). Il n’y a pas de nuit pendant laquelle on n’entend pas des cris d’alarmes et de secours car les paysans n’ont pas le temps de dormir. Pendant le jour, on regarde de loin les dahalo de passage, poussant leurs butins devant eux.

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En 1980 et 1990 , on a appliqué plusieurs sortes de « Dina 38 » mais cela n’apportait pas souvent de bon résultat. On avait entrepris à plusieurs reprises des opérations de ratissage mais aucun succès, le réseau devient de plus en plus complexe, impliquant les paysans éleveurs, les « dahalo » eux- mêmes, les hommes d’affaires, certains agents de la force de l’ordre et même le tribunal. Le vol se fait à main armées et à visage découvert, il se produit à n’importe quel moment. Les bandits se munissent de kalachnikov, de fusil de chasse vu du fusil à fabrication locale (artisanale). Les paysans achètent aussi des fusils pour se défendre et on assiste à de véritables champs de bataille lors de l’affrontement. Souvent, il y a des morts dans les deux camps, surtout quand les paysans et la force de l’ordre poursuivent les bandits.

De 1990 à nos jours , on commence à connaître le circuit des « dahalo » et ces bandits ont modifié leur tactique. Ils utilisent d’abord des menaces verbales pour savoir si la cible possède une arme à feu. Ensuite, ils surveillent le contour de la maison pour faire en sorte que personnes ne sortent de chez eux. Enfin, ils essaient de procéder à l’acte en faisant sortir les bœufs hors du parc à bœufs. Face à cela, tous les éleveurs ont changé la construction de leurs Vala ou parc à bœufs par des enclos en bois rond renforcés et dont le portail est muni de système secret pour que les voleurs ne puissent pas l’ouvrir facilement. Quelles sont les différentes sortes de Vala qui existent avant et aujourd’hui (Cf. Photos n° 22 à 27)

38 Une sorte de convention fait au niveau du village pour restaurer la sécurité des biens et des personnes et que tous les villageois doivent suivirent. 57

Photos n° 22 à 27: Les différents types de « Vala » ou parcs à bœufs.

Photo n°22 : Vala tany rarivato Photo n°23 : Vala hazo

Photo n°24 : Vala vato (fortifié) Photo n° 25 : Vala hazo (fortifié)

Photos n°26 et 27 : Vala dans l’habitation (fortifié) Source : Clichés de l’Auteur, Octobre 2008.

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D’abord le Vala tany rarivato (Photo n°22) construit en faisant une sorte de grand trou circulaire dans la cour, se trouvant en général au centre du village et pas loin de l’habitation, dont le bord est soutenu par un mur de pierres. Ensuite, le Vala hazo (Photo n°23) en formes variées (circulaire ou carré), fabriqué en bois et se situe dans la cour pas loin de la maison. Après, le Vala vato en forme circulaire et fabriqué en pierres et qui servent de mur pour la maison. Enfin, les Vala fortifiés (Photos 24 à 27) construits surtout dans les années 80 oùcommençaient et régnaient l’insécurité et les vols de bœufs dans plusieurs communes de l’ex- district de Fianarantsoa II. Ces types de Vala ont des points communs comme être servi pour y mettre les bétails et sont verrouillés pour que les bétails ne puissent pas s’en sortir (la nuit ou le jour).

Du point de vue sécurité, ils sont donc adaptés pour les zones où l’insécurité rurale existe encore. On rencontre ces types de « Vala » dans quelques villages de la zone périphérique du chef lieu de la commune Andoharanomaitso, où le fléau de vol des bœufs se voit moins fréquent à cause de la présence du poste de brigade de la gendarmerie.

De ces faits et depuis, les éleveurs de bovidés dans ces zones ont l’idée de fortifier leurs parcs à bœufs en mettant leurs bétails dans une maison bien verrouillée avec des multiples « Lozoka 39 », en encerclant le parc à bœufs par des maisons d’habitation et en construisant des murs très épais (en terre, ou en pierres, ou en bois) entourant les maisons d’habitation incluant leur parc à bœufs. (Cf. Photos n° 28 et 29)

39 Une sorte de bois ronds qu’on met à l’entrée du portail du Vala pour verrouiller la porte avec une telle technique, ce pour que les voleurs de bœufs ne puissent pas l’ouvrir facilement. 59

Photo n°28 et 29 : Enclos en bois et place du Vala

Photo n° 26 : Enclos (vue extérieure)

Photo n° 27 : Enclos (vue intérieure) Source : Clichés de l’Auteur, Octobre 2008

Le parc est collé au mur de la maison pour qu’au moindre bruit, on pu isse entendre de l’intérieur. Aussi, on le met en-dessous de la maison pour ne pas faire sortir le bœuf facilement . Devant ce phénomène, les paysans deviennent solidaires, mais , on constate que le nombre de zébu ne cesse de diminue r malgré ces diverses techniques employées.

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II - 1 - 1 Manifestation du vol

Le vol de bœufs est l’un des problèmes aigus, difficiles à résoudre à Madagascar. Bien que touchant toutes les provinces, il n’a cependant pas la même intensité dans toute l’île. Il y a des régions plus malmenées que d’autres : c’est le cas des Hautes terres et du sud et c’est en pays Betsileo que le phénomène a beaucoup fait parler de lui. On en a entendu vers 1980, quand le spectre de la crise économique sera venu se frapper de plein fouet Madagascar, sur ce laps de temps, il s’est généralisé. Cette crise s’explique surtout par des crises économiques, sociales graves qui, se multiplient en début de l’année et à la proche de la fête nationale, pendant la phase de la recrudescence des pluies et en période de l’abondance de pâturage. Les exactions commencent surtout à partir du mois de Juillet, début de la période de soudure et se renforcent au mois d’Octobre jusqu’en Mars, et au temps de récoltes D’une manière générale, un vol de bœufs ne se produit pas au hasard, il a eu lieu suivant un plan bien étudié au préalable. Le phénomène est devenu de plus en plus meurtrier, puisque les bandits n’attaquent plus par surprise (joko) mais viennent plutôt en armes et en nombre de jour comme de nuit, pour prendre de force les bœufs des villageois.

II - 1 - 2 Traits caractéristiques des « Dahalo »

En pays Betsileo, le voleur de bœufs est appelé « dahalo ou mavo », à l’Est de la route nationale 7, on utilise le terme « dahalo ou brigand », et à l’Ouest, le mot « mavo ou sale ». Dans la partie sud de Madagascar, plus précisément à Tuléar, on parle plutôt de « malaso ». Ils ont une certaine façon de se vêtir, il s’agit de culotte en tergal et d’un lamba de flanelle couvrant la tête et la partie supérieure du corps, cachant le petit sac contenant les amulettes, le sifflet, les cailloux, la petite hache et le pistolet de fabrication locale quand il y en a. Ils sont toujours vêtus de lamba de couleur rouge qu’ils mettent sur l’épaule gauche vers la partie du bassin droit un « samboady ou sadiavahy ». Ils attachent le lamba avec une corde attachée au niveau de la hanche et portent un bandeau rouge sur la tête qui témoigne leur force et leur violence, c’est aussi la couleur de leur force donnée par la moire. Ce criminel adopte généralement comme souliers les « kiranyl 40 » ou des sandales en cuir dont la semelle n’a aucune trace car elle est lisse, de façon à ce qu’on ne puisse pas suivre leur trace en suivant leur pas d’où son appellation « Malaso ou Malama ».

40 Sandales en plastique permettant de courir sans glisser. 61

Selon les villageois, l’âge des voleurs va de 22 à 35 ans, ils utilisent comme armes des fusils et plusieurs sagaies. Ces voleurs portent des moires ou amulettes qu’ils se sont procurés à des « Sorciers ou Mpimasy », pour eux, ils sont des devins guérisseurs et c’est eux qui les conseillent avant de passer à l’acte.

II - 1 - 3 Tactiques et stratégies des vols de bœufs

Avant de procéder à l’opération, les jeunes bandits se rencontrent au marché pour discuter de la stratégie qu’ils vont adopter et les morses entre eux. En complicité avec les voleurs, il doit y avoir un jeune habitant du village cible et c’est lui qui va ouvrir le portail du parc pour faire sortir les boeufs. Les « dahalo » attendent à l’extérieur et d’autres se mettent un peu plus loin pour surveiller les habitants du village. Une fois que les bœufs est entre leurs mains, le livreur les accompagne jusqu’à environ 5 à 10 Km. Après, il retourne au village pour participer à la poursuite avec les habitants. Ceux qui se sont postés un peu plus loin, menacent ceux qui veulent secourir dans le but de faire une diversion pour que les voleurs puissent gagner du temps. Leur vitesse de parcours est de l’ordre de 20 à 30 Km/h alors que ceux des poursuivants est de 10 km/h au maximum. Ces derniers doivent scruter et fouiller partout pour retrouver les traces des sabots qui sont remarquables, car ils sont au galop et que les sabots s’enfoncent plus dans le sol. Quand aux « dahalo », malins comme ils sont, font parcourir les bœufs le long d’une route goudronnée pour que les poursuivants ne trouvent plus les traces. D’abord, le plan du vol a été organisé bien avant que l’on passe en action, ces bandits élaborent le plan et la stratégie un mois avant, ils essaient de trouver tous les pièges que les villageois ont inventé afin qu’on ne puisse faire sortir les bœufs hors du Vala. Ensuite, quinze jours avant, ils cherchent des personnels et se procurent des armes pour l’opération et préparent les lieux où ils vont amener les bœufs volés. Dix jours avant, on procède à un rassemblement des groupes et à la répartition des tâches. Le jour « J » moins 3, ils envoient l’espion pour faire une vérification sur les diverses pistes et les stratégies élaborées. Et quand le jour « J » arrive, ils passent à l’action et le font avec prudence. Enfin, un jour après, c’est le dernier rassemblement pour le remboursement des parts ou pour le partage du butin.

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II - 1 - 4 Différents types de vol des bœufs

On distingue trois types de vol de bœufs dans la région Haute Matsiatra surtout dans notre zone d’étude. Premièrement, le « joko ou soko » où ils font sortir les bœufs d’une manière discrète avec souplesse et rapidité en pleine nuit et partent, ils peuvent user d’une matière qui fait dormir le propriétaire, c’est le « Fonoka ». Deuxièmement, le « Tapim-baravarana », il s’agit d’un blocage des portes et fenêtres pour que personnes ne puissent pas sortir de chez eux et pour qu’ils n’arrivent pas à suivre les voleurs mais, si jamais quelqu’un ose sortir ou tente de les suivre, il aura de gros ennui soit ils le tuent ou ils le prennent en otage. Ils débarquent dans le village, ils font sortir tous les hommes du village et ils se battent avec eux, quand ils les ont battus, ils amènent les bœufs et partent. Troisièmement, le vol de bovidés peut aussi être perpétré dans les champs, pâturages, parcs, enclos ou tous autres lieux. Ces bandits attaquent les gardiens de zébus au moment où ils font paître les bœufs sur la colline ou dans la vallée qui sont un peu calme. Depuis quelques temps, les évènements de vol des bœufs ne cessent de se répandre dans toute l’île. Ils sont devenus actuellement de plus en plus violents et même des actes de terreur.

II --- 2 Une ffforteforte recrudescence des vols de bœufs

II - 2 - 1 Exemples types de cas de vols

Différents éléments expliquent la recrudescence de cet acte de banditisme. Cela va du fait politique et social en passant par la crise de société et l’enrichissement économique. En 1973, le phénomène vol de bœufs en pays Betsileo s’est multiplié au moment où l’on avait supprimé les taxes sur les bovins. On a dénombré pas moins de mille cent cinquante (1150) attaques de « dahalo » dans la province de Fianarantsoa, mille cent quarante cinq (1145) bandits ont participé à ces vols dont treize mille cinq cent trente six (13536) bovins ont été perdus. Parmi les cas les plus dramatiques, citons celui de Manjakamanana Vohimarina le 15 Février 1981, des dahalo ont attaqué les habitants vers six heures du matin et où, après un combat acharné, quatre (4) villageois dont une (1) femme ont trouvé la mort et des bandits ont dérobé deux cent dix (210) bœufs.

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De 1980 à 1984, selon les renseignements fournis par les paysans d’Andoharanomaitso, il y aurait eu dans cette région: quarante neuf (49) villages attaqués, soixante et un (61) maisons brûlées, cinq (5) personnes tuées et mille neuf cent quatre vingt et un (1981) bœufs volés parmi lesquels seuls six cent trente huit (638) ont été retrouvés 41 . Au sud, pour Ambalavao Tsienimparihy, de Novembre 1983 à Mars 1984, il y a eu deux cent cinquante sept (257) attaques de dahalo, cent trente trois (133) maisons pillées et cinquante (50) autres brûlées, trente sept (37) personnes tuées, quarante trois (43) villages désertés et deux milles huit cent quatre vingt treize (2893) bœufs volés parmi lesquels seuls six cent trente et deux (632) ont été retrouvés 42 . Les actes de brigandage ne cessent de se développer impunément. Le 8 Septembre 1987, à deux heures de l’après-midi, cinquante neuf (59) dahalo formés de Bara, Betsileo et Antandroy, venant de ont attaqué . Un combat acharné a eu lieu, puisque le fokonolona ou la collectivité villageoise a résisté. Le dahalo qui a été pris vivant n’avait que 12 ans seulement. On notera aussi les attaques perpétrées, dans la nuit du 2 Novembre 1987, dans dix (10) villages se trouvant dans les circonscriptions d’Alakamisy-Itenina et de Talata-Ampano 43 . Les voleurs ont raflé, pour cette seule nuit, plus d’une centaine de bœufs, des maisons ont été incendiées et des paysans tués. La gendarmerie a pu toutefois retrouver les bœufs parmi lesquels figuraient des bêtes d’officiers supérieurs. La nuit du 16 Août 2008, à Soatanana, un gendarme désigné pour assurer la sécurité lors d’une cérémonie de rassemblement a été tué. Il était ivre et inconscient, et après l’avoir tué, les voleurs lui ont pris son arme, un Kalachnikov pour la remplacer par un fusil de bois (façonné comme authentique) qu’ils ont volé. Le Samedi après cette date, sept (7) dahalo ont été arrêtés pour ce crime dont cinq (5) hommes et deux (2) femmes (dont une mère qui allaitait encore son enfant). Par pitié, on lui a donné une liberté provisoire. La nuit du Jeudi 30 Octobre 2008, nous avons assisté à une attaque de dahalo à Ambalasoa, un village du Fokontany d’Ambaiboho de la commune de Mahazoarivo. Les malfaiteurs ont tenté de voler les bœufs d’un riche villageois .Comme les bandits n’ont pas réussi à faire sortir les bœufs hors du Vala, ils ont essayé d’intimider les habitants en faisant des tirs en l’air et en brûlant des maisons.

41 Lakroan’i Madagasikara, 23 Mars 1984. 42 Lakroan’i Madagasikara, 1er Avril 1984. 43 Midi Madagascar du 9 Novembre 1987 et Lakroa du 15 Novembre 1987. 64

Les coups de feu ont réveillé les villages voisins qui se sont dépêchés pour venir en aide malgré la distance et le mauvais temps. Profitant de cette situation, les bandits préféraient fuir. Heureusement qu’il n’y a pas eu de victime lors de cette tentative avortée.

II - 2 - 2 Marché d’Ambalavao : un grand centre de rencontre de

bovidés en règles et/ou illicites pour le sud de Madagascar .

C’est sur le marché de bovidé que les paysans-éleveurs victimes d’un vol se rendent pour vérifier si les voleurs ont vendus leurs zébus. Le marché de bovidé d’Andoharanomaitso (Cf. Photos n° 30 et 31) se fait tous les Lundis et Jeudis, mais comme c’est seulement un marché communal, il n’y a pas assez de bœufs vendus sur ce lieu mais juste quelques dizaines. Alors que celui d’Ambalavao (Cf. Photos n° 32 à 35) est le deuxième marché de bovidé le plus grand de Madagascar après Tsiroanomandidy. Les bœufs vendus sur ce marché proviennent de l’intérieur même du District et d’autres de l’extérieur ou dans la zone périphérique (Cf. Croquis n° 06 et Tableau n° 09). Comme ceux d’Ivohibe, d’Ihosy, d’Iakora, de Sakaraha, de Betroka, d’Ejeda, d’Horombe, de Satrokala, de Betroka, de Bekily, de Betioky, de Fota-drevo, d’Ampanihy, d’Ankazoabo, de Beroroha, et d’autres zones… Bref, ils viennent tous de la partie Sud de Madagascar. Puis, ces bestiaux sont transportés vers d’autres zones consommatrices comme celles de Fianarantsoa, d’Antananarivo, de Toamasina, de Moramanga et de Mananjary.

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Photo n° 30 et 31 : Rencontre des acheteurs et vendeurs de zébus le jour du marché

de bovidés à Andoharanomaits o.

C’est un petit marché hebdomadaire qui se tiendra c haque lundi et jeudi le jour du marché.

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Photo n° 32 à 35 : Le jour du marché de bovidé s à Ambalavao .

En moyenne, quatre têtes de bo vin vont vers l’abattoir d’Ankid ona pour la consommation

locale pour la commune d’Andoharanomaitso.

Ces photos nous montrent le grand jour du marché de bovidé d’Ambalavao tous les Mercredis où il y a la présence des vendeurs et a cheteurs de bœufs. C’est un lieu de rencontre de l’offre et de la demande des biens et des personnes dont les malfaiteurs y figuraient aussi. On peut

Trouver les patrons’omby (commanditaires), les irakely ainsi que les troupes des malfaiteurs qui se donne nt rendez -vous pour bien programmer leur attaques . Sur ce marché, on peut aussi voir toutes sortes de têtes de bovins et la présence des camions bétaillères pour les bœufs vendus hors de la région.

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N.B : Les procédures à suivre avant, pendant et après vente ou achat des bœufs sur le marché de bovidé. Premièrement, avant d’entrer sur le marché, il est obligé de passer sous un contrôle fait par les contrôleurs de marché . D’abord, la vérification du passeport de bovidé , qui autorisera les bœufs à sortir hors du marché. Ce passeport est délivré par la commune avec un complément de passeport . Ensuite, le certificat d’origine de bovidé d’au moins 3 mois. Enfin, le certificat de vaccination des bovidés . (Cf. Annexe n° 8).

Ces papiers sont comme pièces justificatives légale de la possession des bovidés vis-à-vis de la loi. Egalement, ils servent afin de pouvoir suivre les différents mouvements effectués par les bœufs. Chaque tête doit avoir une boucle et un certificat d’origine mais, un seul passeport suffit pour le faire entrer dans le marché, quel que soit leur nombre.

En cas d’expiration du délai de validité du certificat d’origine de bovidé ou COB, le propriétaire doit retourner vers la commune ou le fokontany d’origine du boeuf pour le renouveler sinon, il n’est pas autorisé à le vendre tant que celui-ci ne sera pas régularisé. 17 communes à approvisionne le marché d’Ambalavao en matière de zébus, soit pour la consommation locale, régionale ou pour d’autres utilisations.

Deuxièmement, pour faire sortir les bœufs hors du marché, c’est-à-dire : vers d’autres régions, il faut avoir une autorisation de sortie de bovidé, ceci est valable pour les bétails transportés en camions vers Tananarive sur la route nationale n°7. Pendant que les bœufs sont sur le marché, ces contrôleurs vérifient bien ces papiers et ils sont constitués par des personnels de la commune ainsi que quelques membres des forces de l’ordre.

Le manque d’infrastructure limite la commercialisation des bovidés entre les régions et / ou les districts. Un des principaux problèmes de la commercialisation des produits d’élevage et l’insuffisance des marchés de bétail dans les zones où le cheptel est important. Au total, 71% des communes réparties dans 21% des districts ne disposent pas de marché hebdomadaire de bétail. Pour les communes qui n’ont pas d’accès à des infrastructures de commercialisation, les ventes sont surtout destinées à la consommation locale aux cérémonies traditionnelles et rituelles funéraires. Les ventes de bétail sur pied s’effectuent seulement entre connaissances.

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Le prix du bétail est plus bas dans les provinces les plus pauvres en l’occurrence Fianarantsoa et Toliara. En outre, ce prix connaît une variation selon les saisonnalités des cultures les plus importantes et l’existence de fourrage. En général, les prix du bétail (particulièrement les zébus) suivent le rythme inverse des prix des principales cultures dans chaque région. Les prix sont bas pendant la période de soudure (période de culture et de la principale spéculation) et élevés lors pendant la récolte. Dans une partie de Fianarantsoa et de Mahajanga, les prix du zébu dépendent de la saison des pluies ou de l’existence ou non du fourrage : les prix sont bas pendant la période sèche (Juin-Août) où les zébus perdent des poids. Dans les régions où les cultures d’exportation (café, girofle) sont plus importantes (Fianarantsoa Côte-Est), l’évolution des prix de zébus (ainsi que l’élevage bovin lui-même) est étroitement liée à l’évolution du prix de ces cultures où à la disponibilité des liquidités monétaires.

Pas de perspective d’exportation pour la situation actuelle de Madagascar en matière d’exportation de viande car elle est devenue insignifiante. Depuis un certain temps, le quota annuel de Madagascar de 7500 tonnes de viande pour l’exportation vers le marché européen a été annulé. Ajouter à cela, l’absence des abattoirs qui suivent les normes internationales et la non traçabilité des animaux constituent les principales raisons de cette mauvaise performance.

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CROQUIS N° 06 : CIRCUITS DES BOVIDES TRANSITANT PAR LE MARCHE D’AMBALAVAO (en pourcentage)

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Ce croquis montre le pourcentage du courant du déplacement de bœuf à l’intérieur et à l’extérieur du marché d’Ambalavao. Plus de 60% des bœufs vendus sur ce marché proviennent de la région Atsimo Andrefana, mais, d’autres régions comme celle de Menabe, d’Anosy, d’Androy, d’Ihorombe et de Haute Matsiatra aussi les fournissent car ce sont tous des zones d’élevage bovin. Les bœufs entrant sur le marché viennent de la partie sud de Madagascar comme ceux des districts de Betioky, d’Ampanihy, de Fotadrevo et de Bekily. 12% viennent des régions d’Ambalavao et les restes des autres régions. Pour la sortie des bovidés hors du marché, en général, ils ont pris la direction nord et suit la route nationale n°7. 15 % de ces bœufs sortant hors du marché sont amenés à pieds vers les proximités de la région Haute Matsiatra. Il y en a qui vont dans la région d’Amoron’i Mania, de Vatovavy Fitovinany et de Vakinankaratra. 75 % se sont amenés directement en camions vers l’abattoir d’Antananarivo et de Tamatave en passant par Moramanga. (Cf. Photo n° 25), ceux avec une autorisation de sortie de bovidés hors du faritany (Cf. Annexe n° 8) signée par le chef District. Mais en cas d’absence de ce dernier, le délégué au Maire aura une autorisation spéciale de signer ce papier à sa place.

Tableau n°08 : Les bovidés au marché d’Ambalavao : entrée et sortie (Janvier en Juin 2008)

Effectifs bovins (Janvier à Juin) Moyenne Moyenne Moyenne Moyenne

hebdomadaire mensuelle semestrielle annuelle Total de bovidés entrant 1319 5274 31644 63288

Sortie de bovidés : 677 2707 16242 32484 - Vers Antananarivo - Vers Tamatave 164 657 3942 7884 - Vers d’autres régions

478 1910 11460 22920

Total de bovidés sortant 1319 5274 31644 63288

Total de bovidés entrant et sortant 2638 10548 63288 126576

Source : Commune Urbaine d’Ambalavao 2008 avec arrangement de l’Auteur.

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D’après ce tableau, presque la moitié: 51,33% des bovidés sortis hors du marché sont destinés pour Tananarive, 12,45% pour Tamatave et le reste (36,28%) pour les autres régions. Ceux qui montrent que Tananarive est la première ville consommatrice de viande à Madagascar. Pendant la transaction, les contrôleurs de marché ont pour rôle de vérifier les papiers de bovidés entrant et sortant sur le marché, ils vérifient qu’aucun de ces papiers ne présente aucune rature ou gommage afin d’éviter tout soupçon sur le bovidé. Mais, si c’est le cas, il faut les approuvés et les certifiés par la personne qui les a signés. Ainsi, c’est une preuve que c’est le signataire qui n’a pas fait attention mais pas le propriétaire (cette personne peut être le délégué au maire, ou son adjoint, elle peut être aussi le président du Fokontany ou son vice-président). Donc, les contrôleurs vérifient les signatures sur le certificat de vaccination et le COB, contrôlent les passeports de bovidés et veillent à ce qu’aucun élément ne doit être absent pour chaque papier, et surtout pour qu’ils soient légaux. Il faut noter que le certificat d’origine de bovidé ou COB doit avoir au moins 3 mois après la date de signature de sa délivrance.

Exemple : si le COB est signé le 02 Septembre 2008, et comme il a une durée de validité de trois mois, il doit être expiré le 02 Décembre 2008. Et le certificat de vaccination doit avoir au moins 1 an dès le jour où l’on a fait vacciné le bœuf. Exemple : un bœuf vacciné le 01 Avril 2007 a une durée de validité d’un an donc, le certificat de vaccination de ce bœuf sera expiré le 01 Avril 2008. Si la validité de ces dates est expirée, les papiers n’ont aucune utilité et sont considérés comme invalides.

Il y a aussi les commissionnaires représentés par des gendarmes, des polices, des agents contrôleurs qui travaillent au niveau du marché de bovidé et vont mettre un paraphe derrière le COB pour approuver qu’ils aient vraiment fait un contrôle des bœufs. Pour parapher ce papier, ils doivent avoir un représentant de chaque côté pour confirmer qu’ils ont vu le bœuf passé sous leur contrôle. Sur ce, trois contrôles doivent être effectué sur tout bovidé destiné à la vente sur le marché.

Le premier est réalisé avant l’arrivée sur le lieu par les agents de contrôle de marché, le second, par les commissionnaires sur le marché. Le dernier quant à lui, se fait a postériori par les gendarmes. Mais il y a aussi, les contrôles de passage opérés le long de la route nationale n°7 (à Ankidona Fianarantsoa, à Ankazondrano, à Ambohimahasoa, à Ambositra, à Antsirabe, à Ambatolampy, à Behenjy, à Ambatofotsy, à Tanjombato jusqu’à l’arrivée à l’abattoir d’Ampasika et d’Ampitatafika et dans les autres zones de destination).

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Tout le monde peut procéder à la vente des bœufs à condition que leurs papiers soient en règles et que le propriétaire tient un cahier appelé : « Bokin’omby ». Ce dernier se fait en trois exemplaires dont l’un sera tenu par le propriétaire, l’un par le délégué d’Arrondissement, l’autre par le président du Fokontany. Chaque « Bokin’omby » contient les mêmes informations concernant les différents mouvements et changements de chaque bovidé. C’est une sorte de cahier de contrôle sur les bœufs et/ où on met la couleur de sa robe, son origine, son parcours, son âge, son numéro de boucle, son lieu de provenance et son sexe....Il doit être côté et paraphé par le délégué au Maire qui le certifie pour un contrôle final et aussi signé par un quartier mobile, un chef de village, un chef de fokontany. Il doit être renouvelé chaque année et c’est au premier Janvier jusqu’au trente et un Mars qu’on le fait.

A propos du numéro de boucle , il est codé de 12 chiffres dont les trois premiers indiquent le code du district , les deux chiffres après le code de la commune , et le 6éme chiffre indique le code sexe de l’animal (le 1 si c’est un mâle, et le 2 si c’est une femelle). Les six derniers chiffres sont juste des numéros d’ordre d’enregistrement .

Exemple : 216 15 1 ...... 216 : indique le code du district d’Ihosy. 15 : code de la commune de Vohibe. 1 : de sexe masculin. Pour le sexe du zébu : 1 : il s’agit d’un taureau ou lahin’omby. 2 : un bœuf castré ou vositra. 3 : une vache ou reniomby. 4 : un taurillon ou vatotr’ombilahy. 5 : une génisse ou vatotr’ombivavy. 6 : des veaux et velles ou zanak’ombilahy, zanak’ombivavy.

Chaque zébu a besoin d’une suivie-déclaration pour chaque évolution qui se produit. Il faut toujours mentionner les traits caractéristiques de chaque bovidé. Lors d’un contrôle à l’imprévu, le propriétaire doit toujours avoir sur lui et montrer ces divers papiers pour pouvoir prouver que ces bestiaux lui appartiennent vraiment.

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Si on veut changer la couleur de robe de boeuf inscrit dans le « Bokin’omby », il faut faire une demande au sein du président du fokontany. L’appellation des robes de bœufs se diffère d’une région à une autre selon le dialecte, et chaque zone a sa propre dialecte.

Exemple : il y a le Retsiriry ou Rasalova, l e Vasiha ou Revasiha ou Vakivolo, le Fitatra ou le Tomboloha, le Malo, le Masamavo, le Menaloha , le Mazavaloha, le Tomango, le Soavoko, le Vatomalahatsy, le Fitamena, le Sadamavo, le Sadamena, le Tohirambo, le Maintiloha, le Vandamainty .

Par suite d’une inspection faite par le gendarme, le militaire et d’autres responsables, le bœuf va être mis en fourrière faute de cette déclaration, et aussi quand il n’est pas vacciné (chaque année, il faut le vacciner deux fois et la deuxième se fait sous forme de rappel de la première vaccination). Mais en cas d’oubli de faire une déclaration par le propriétaire, c’est au responsable de la commune ou du fokontany que revient l’entière responsabilité de couvrir la personne pour éviter la mise en fourrière de son bœuf.

Pour les circuits de bovidés, en arrivant sur le marché d’Ambalavao, les bœufs sont amenés en camion ou à pieds vers d’autres zones périphériques de la région Haute Matsiatra. D’où, Ambalavao est considéré comme un grand fournisseur de bovidé après Tsiroanomandidy à Madagascar.

Pendant l’hasotry, il y a au moins quarante têtes de bovins par semaine amenés vers ces zones consommatrices mais en saison d’été, il n’atteint plus qu’une dizaine seulement et cela dépend de la saison. Le coût du loyer d’un camion est estimé entre cinq à dix millions par semaine. A part ce trafic bovin, il y a aussi la participation des petits marchés locaux où les bouchers achètent de boeufs pour la consommation locale.

On exporte surtout des taureaux et taurillons et des zébus mixtes comme les vaches et les bœufs castrés. Selon la loi de l’abattoir à Madagascar, on ne peut pas abattre les vaches enceintes, les jeunes taurillons et génisses ainsi que les veaux et les velles. Mais, on peut tuer les vieux et les vieilles qui ne peuvent plus procréer où atteignent plus de dix ans, et les bœufs castrés.

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III --- LaLaLa Crise rurale

III --- 111 Les DifférentDifférenteeeess crises et les secteurs touchés par ce phénomène

Le phénomène est plutôt le reflet de la crise de la société qui s’explique par la jalousie, un puissant ressort de la vie des villageois. Il y a aussi l’effacement du respect des hiérarchies, la violence, l’insuffisance d’emploi qui engendre le chômage, les trafics illégaux,…bref, une crise morale. Il produit un enrichissement individuel au sein d’une société pauvre or ce n’est pas le voleur qui s’enrichit réellement mais les commanditaires.

Mais d’autres crises de l’élevage bovin persistent beaucoup à Madagascar comme l’insuffisance des pâturages dus par l’accroissement de la population qui occupent les terrains pour la pratique de leur culture ; la maladie des animaux qu’on n’arrive plus à soigner à cause de l’absence des moyens et des médicaments pour les faire soigner. L’insuffisance du service vétérinaire ; les frais pour les vaccinations et l’obtention des certificats pour les animaux destinés à la vente et à l’exportation ; notamment l’insécurité qui prend de l’ampleur. Depuis plus de dix ans, ces crises n’ont cessé de bouleverser la vie économique et sociale des paysans, pour le phénomène vol de bœufs, des centaines de personnes ont trouvé la mort 44 et les troupeaux bovins ne cessent de diminuer et ce a des conséquences néfastes sur la production dans la mesure où le fumier devient rare.

Les trois provinces les plus touchées par ce fléau sont Mahajanga, Toliara et Fianarantsoa, donc, celle avec le plus grand cheptel bovin. En moyenne, 80 têtes de bétail ou plus sont volées chaque année dans une commune, soit une moyenne d’environ 1.500 têtes par tranche de 100.000 habitants. Ce chiffre est un peu baissé par un petit nombre de valeurs extrême de vols à grande échelle. La médiane est de 62 têtes de zébus volées chaque année pour 100.000 habitants. Et le tiers des bœufs volés en moyenne, est retrouvé et retourné à leur propriétaire.

44 Voir J.M Ramonja : Insécurité, problèmes sanitaires et désagrégation sociale dans la région de Fianarantsoa, Omaly sy Anio, 23-24, pp 459-464. 75

III - 1 - 1 Quelques définitions du vol de bœufs

Comme c’est un phénomène culturel, le vol de bœuf avait déjà bien avant plusieurs définitions selon plusieurs auteurs et surtout dans l’historique de la population malgache. Pour L. Michel 45 , « Le vol est un acte d’éclat, une conduite d’honneur nécessaire pour tout jeune célibataire désirant prendre femme ». Et d’après P. Nakamy 46 , il confirme que « la possession du bœuf, un animal sacré, est la suprême ambition de tout individu Bara qui, ayant le sentiment de sa dignité, considère comme légitime tout moyen de s’en procurer ». Mais selon Randrianjafizanaka 47 « à l’intérieur des sociétés, le vol peut avoir comme but la lutte pour le pouvoir, mais aussi la contestation d’un pouvoir étranger ». Et pour terminer, Randriamarolaza 48 « montre qu’il y a une éthique, une esthétique, un culte lié au vol de bovidés ». On peut dire que le vol de bovidé est une sorte de crise de société car d’après R.C Andriamihaja 49 « Le vol s’expliquerait par la jalousie, puissant ressort de la vie des villages. Il y aurait aussi l’incompréhension par certains jeunes de ce qu’on appelle la lutte des classes ». Or, de nos jours, c’est de l’intérieur que la société Betsileo se désagrège, et le respect de la hiérarchie s’efface.

III - 1 - 2 Causes de son pratique

C’est aussi un moyen d’enrichissement parce que c’est à cause de sa richesse que Fianarantsoa est devenu une cible préféré des « dahalo ». Le banditisme rural d’aujourd’hui a un objectif majeur d’ordre économique, qui consiste au sein d’une société trop pauvre, en un enrichissement individuel à bon compte. C’est pourquoi les troupeaux volés sont désormais rarement échangés ; ils sont rapidement vendus et les voleurs s’en prennent à d’autres biens matériels. Le bœuf se vend aux receleurs ou autres commanditaires pour des sommes dérisoires. C’est pourquoi ce sont eux qui s’enrichissent mais pas les voleurs de bovidé en question.

45 L.Michel : Mœurs et coutumes des Bara, Mémoire de l’Académie Malgache XL, Tananarive, 1957. 46 Lumière, 5 Août 1973, p.5. 47 A. Randrianjafizanaka : Les vols de bœufs, Terre Malgache, 14 Décembre 1972 - Janvier 1973, pp 151-171. 48 L.P. Andriamarolaza : Elevage et vol de bœufs en pays Bara : la diminution socio-culturelle, Recherche pour le développement, série Sciences de l’homme et de la Société, 1985 49 R.C.Andriamihaja: Ho fongotra ve ny dahalo? (Est-ce qu’on viendra à bout du phénomène dahalo?) Lakroan’i Madagasikara, 25 Mars 1984, p.7.

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Parmi lesquels on peut voir des bouchers, des nombres de forces de l’ordre mais aussi des élus profitant du phénomène qu’on appelle « Dahalo ambony latabatra » ou bandits de bureau. Cette solide complicité à différents échelons de la hiérarchie civile et militaire permet à ces bandits d’exporter clandestinement des bœufs vers les Comores, la Maurice, la Réunion ou vers les abattoirs de Tananarive.

III --- 2 Les iiimpactsimpacts négatifs de la crise des vols de bœufs sur la vie de la société ::: coups et blessures, morts d’hommes, diminution dududu cheptel, trafictraficssss d’armes ,,, impacts culturels et politiques.

III - 2 - 1 Morts d’hommes, destructions matériels, impacts sociales et culturels

L’impact des vols de bœufs dans la vie sociale est toujours cruel. Il favorise l’insécurité publique et la violence physique qui engendrent la mort et la pauvreté des habitants. L’effectif des bovidés régresse, alors que c’est la principale source de revenu d’une commune et même d’une région. Ce fait aboutit à des conséquences néfastes car de nombreux villages sont victimes d’une fermeture d’école et de centre de soin. De plus, il entraîne l’appauvrissement et la désagrégation de la communauté villageoise. De nombreuses familles n’arrivent plus à subvenir à leurs besoins et sont obligés de tout quitter. La rareté des bœufs sur le marché est devenue un des facteurs qui génère le vol de bœufs et engendre une pénurie de viande qui vit sa consommation baissée de 50% dans beaucoup d’autres régions de l’île. D’une part, si les agriculteurs veulent conserver tous leurs bétails, ils les font paître à proximité du village aux dépens bien sûr des surfaces cultivées qui, n’assurent plus leurs stricts besoins familiaux, on les voit dresser des parcs à bœufs en plein cœur du village et à côté de la maison. D’autre part, ceux qui ne disposent pas assez de bœufs vont affronter un énorme problème pour assurer les travaux agricoles surtout le piétinage des rizières. Autre fait marquant, c’est le départ des migrants récents qui n’arrivent pas à subvenir à leur famille et les obligent à vendre tous leurs biens notamment les bœufs qui restent et quittent la terre mise en valeur. Des centaines de personnes ont trouvé la mort avec cette recrudescence de vols de zébus aussi bien du côté du fokonolona que du côté des voleurs. Selon une thèse de médecine sur la fréquence des coups et blessures volontaires dans la région, près de la moitié des victimes de coups et blessures volontaires soignés à l’hôpital général de Fianarantsoa est due aux phénomènes dahalo et autres brigands.

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Avec l’insécurité, de nombreux villages seront délaissés surtout dans les régions très vulnérables de l’ouest et au sud d’Ambalavao. Des centres de soins et des écoles seront fermés pour cause de dahalo. Dans le District d’Ambalavao, par exemple, cinquante-deux maisons seront incendiées et quarante-trois villages délaissés en 1984. Quant aux écoles ; de 1981 à 1989 soixante dix huit écoles étaient fermées, soit parce que les bâtiments scolaires ont été incendiés, soit parce que les enseignants n’ont plus accepté de rester sur place, pour raisons d’insécurité. Il y a aussi, bien sur, la conséquence de ces vols sur l’effectif du cheptel bovin qui tend à baisser ; on doit noter que la baisse s’est fait sentir dans presque toutes les régions, même si le mouvement est plus précoce dans le Fivondronam- pokontany que dans d’autres.

III - 2 - 2 Trafics d’armes

Il faut savoir que c’est après 1995 que les paysans recommencent à reconstituer leur troupeau. A Vohitraivo, si on n’a vu aucune vache en 1980, il y aura dix-sept sur deux cent huit têtes en 1998. Lors du procès de l’affaire Keliberano, le Commandant de Brigade d’Ifanadiana a informé le public que des vols de munitions ont été effectués chez eux en 1986. Une kalachnikov, un pistolet mitrailleur, un pistolet automatique Mag 502, cinq pistolets automatiques et plusieurs chargeurs ont été perdus. La kalachnikov sera utilisée dans l’affaire Keliberano deux ans plus tard le 13 octobre 1988. Le trafic d’armes et de balles dans les campagnes malgaches s’est développé aussi avec l’éclatement et l’aggravation du phénomène de vol de bœufs à Madagascar. Il s’agit tout d’abord d’armes de fabrication locale appelées basy gasy ; certains « dahalo » fabriquent eux- mêmes leurs pistolets qu’ils utilisent avec de balles réelles. Il ne faut pas oublier qu’au milieu des années 1980, la vente de fusils de chasse importés de France, de Maurice ou la Réunion s’est généralisée dans la région et ailleurs. Celle-ci est l’affaire à la mode pour des opérateurs véreux. Et comme les paysans n’ont pas les moyens de les acheter, ces fusils de chasse ont atterri aux mains des voleurs. Peu à peu dans la Haute Matsiatra la possession de fusil de chasse et, plus tard de pistolet, fait partie des marques de standing. Dès qu’ils ont un peu d’argent, les paysans se précipitent pour acheter des armes. Tous ceux qui ont pu avoir de l’argent lors de l’exploitation de la tourmaline dan la région d’Alakamisy-Itenina au début de l’année 1990 par exemple s’est procuré tout d’abord des pistolets ou des fusils, légalement ou illégalement.

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En ce qui concerne les armes de guerre, celles-ci se sont éparpillées dans le pays à la suite des pertes subies dans plusieurs dépôts militaires dans les enquêtes effectuées par la Gendarmerie le 11 novembre 1988 auprès des prévenus dans cette affaire de Keliberano ; le chef de la bande nommé Tonjika a déclaré qu’il avait acheté deux kalachnikovs et un fusil de masse 36 auprès du Président du Fivondronam-pokontany d’Ihosy le 13 octobre 1985, au prix d’un million de francs Malagasy. Un autre cultivateur appelé Tsirebaky dit Ndreba demeurant à Ankazobetroka dans la commune de Zazafotsy a reconnu dans sa déposition, d’avoir détenu illégalement un fusil à répétition de type Mousqueton modèle 1912. Il a ajouté que cette arme lui a été vendue par Rajoël d’Ambalavao à raison de 500.000 Fmg ou 100.000Ariary lors du passage de ce dernier à Ankazobetroka à bord d’une voiture de couleur beige marque R.10. A son tour, Rajoelison Aristide, dit Rajoël, déclare dans sa déposition qu’au courant du mois de Mai ou Avril 1988, un individu qu’il n’a pas pu identifier s’est présenté chez lui pour se procurer une arme. Aussitôt, il a conduit cet individu à Fianarantsoa pour rencontrer un autre appelé Fety à Tsirebaky dit Ndreba à raison de 800.000 Fmg ou 160.000 Ariary. Selon les déclarations des prévenus dans cette enquête et à la barre lors du procès, de nombreuses personnes détiennent des armes de guerre de types kalachnikov et Mousqueton dans la région. Il y a même des gens qui sont en possession d’armes très sophistiquées très rares à Madagascar.

Voilà en ce qui concerne les différentes crises rurale et le phénomène vol de bovidé en général, passons tout de suite à notre dernier chapitre qui est l’inefficacité des solutions à la crise faces aux diverses initiatives prises pour lutter contre ces fléaux ainsi que l’échec de cette lutte pour la Commune Rurale d’Andoharanomaitso.

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CHAPITRE IV DES REPONSES INEFFICACES CONTRE LES VOLS DE BŒUFS.

Les initiatives visant à éradiquer les vols de bœufs ont été nombreuses et variées. Mais malgré cette multiplicité, elles ont été inefficaces, et on peut même avancer qu’elles ont aboutit à un échec.

I --- DES INITIATIVES MULTIPLES CONTRE LE FLEAFLEAUUUU

La population vivait dans l’insécurité et dans un avenir incertain sinon inquiétant qui nécessite alors des solutions efficaces tant au niveau local que national. Le nombre de troupeau ne cesse de diminuer en raison de l’extension considérable de ces vols de bœufs et qui, rend la vie impossible pour les habitants. Selon l’ordonnance n° 60-106 du 27/10/60 relative à la répression des vols de bœufs. Une ordonnance qui a été mise en place au temps du président Tsiranana, mais le cas du vol de bœufs n’était pas écrit dans le code pénal. Par exemple : dans l’article 6-7 de cette ordonnance prévoit que l’auteur principal a fait et de ce qu’il attend. Aussi, dans l’article 10 de cette même ordonnance stipule celui du receleur. Comme tout type de crimes, le vol de bœufs a comme sanction un emprisonnement de 10 à 20 ans, si c’est du vol simple, un emprisonnement à perpétuité et dépostation si l’auteur du crime a été considéré comme récidiviste ou ayant causé la perte d’une vie humaine. Face à la recrudescence du phénomène vol de bœufs à Madagascar surtout dans la zone riche en cheptel bovin, les bandits ou les malfaiteurs profitent la situation pour réaliser leur mission. Comme dans l’ex-province de Fianarantsoa, plus précisément dans la région Haute Matsiatra, elle adopte une nouvelle stratégie pour essayer de réduire les dégâts causés par ce phénomène de brigandage. Commençons par voir les différentes solutions adoptées par la population et les autorités Etatiques pour résoudre ce problème dans des divers endroits ainsi que ses impacts. Mais avant d’entrer dans les détails, essayons de voir la situation de l’évolution du vol de bœufs dans notre zone d’étude.

80

Depuis l’année 2008, le nombre de cas de vol de zébus dans cette commune commençait à diminuer grâce à la présence de la Brigade de la Gendarmerie et c’est un bon signe pour les paysans-éleveurs. Ce tableau ci-dessous nous précise cette baisse et nous montre son évolution (Cf. Tableau n°09).

Tableau n° 09 : Nombre de vols de bœufs dans la Commune Rurale d’Andoharanomaitso (Année 2004 à 2008) Année 2004 2005 2006 2007 2008

Nombres de cas 13 09 10 06 03

Nombre de bœufs volés 92 55 67 43 23

Nombres de bœufs récupérés 57 27 41 31 19

Nombres de bœufs tués 08 04 06 03 00

Nombres des bœufs disparus 27 24 20 9 4

Source : Brigade de la Gendarmerie Nationale d’Andoharanomaitso.

Figure n ° 03 : Courbe de l’évolution du phénomène vol de bœufs

100 90

80

70 60

50 40 Nombres de cas

30 Nombre de bœufs volés 20 Nombres de bœufs récupérés

Nombres de bœufs tués 10 0 Nombres des bœufs disparus

2004 2005 2006 2007 2008

Source : Brigade de la GN d’Andoharanomaitso.

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D’après ce tableau et cette courbe, nous avons constaté une diminution de plus en plus de cas de vol de bœufs dans la commune depuis l’année 2004 jusqu’en 2008. La présence de la Brigade de la Gendarmerie Nationale dans le chef lieu de la Commune sis à Alatsinainy pour rôle d’assurer la sécurité des personnes et de ses biens est l’un des facteurs qui a engendré cette baisse. Ce tableau nous renseigne également sur le nombre de bœufs volés et tués en 2004 qui sont nettement élevés par rapport à celui de l’année 2008. Dans ce cas, 2/3 de la totalité des bœufs volés seulement se sont récupérés. D’après ces données chiffrées, les bandits ont volé en moyenne sept à huit bœufs lors d’une attaque et au moment de la poursuite, les voleurs utilisent très souvent la technique de dispersion des bœufs pour éviter qu’on les surprenne dans un même endroit.

Dans la commune, le cas de vol de bœufs n’est pas très élevé depuis quelques années par rapport à d’autres communes et régions comme celle de Bongolava, de Melaky, surtout dans le district de Besalampy. Le mois d’Août dernier, nous avons eu l’occasion d’aller dans la commune rurale de Bekodoka (District de Besalampy, région Melaky) plus précisément dans le fokontany d’Andranomilevy où il y avait une attaque de « dahalo » en train de dérober 120 têtes de bovins appartenant au chef de ce fokontany.

Pour notre zone d’étude, l’itinéraire et circuits des « malaso » passe toujours à Andoharanomaitso avant d’arriver à leurs destinations et dans les autres communes périphériques. La commune est donc considérée comme une zone de passage pour ces bœufs volés. (Cf. Croquis n° 07)

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CROQUIS N° 07 : ZONES DE PASSAGES ET CIRCUITS DES BŒUFS VOLES IMPLIQUANT LA COMMUNE RURALE D’ANDOHARANOMAITSO

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Ce croquis n° 07 nous montre l’itinéraire des bovidés volés passant par la commune. Nous avons pu constater que le circuit de bœufs volés dans les communes limitrophes passe toujours à Andoharanomaitso, soit ils contournent la partie sud, soit ils traversent les zones inhabitées et les « kizo 50 ». En général, les bœufs volés viennent surtout de la commune rurale de Vohimarina, de Talata Ampano, de Soaindrana, de Lalazana, de Vatosola et d’Ankarinarivo Manirisoa l’est et au sud pour aller vers la commune rurale de Solila, de Mahazoarivo, de Soatanana à l’Ouest pour finir au marché d’Ambalavao et dans autres marchés de bovidés. Les dahalo essaient de trouver des endroits calmes 51 pour amener les bovidés volés en fuyant les villages et les lieux d’habitation. D’habitude, ils essaient de suivre les collines et les vallées pour éviter l’arrestation ou par peur de rencontrer les poursuivants.

I --- 1 LaLaLa rrrestaurationrestauration de la confiance entre la population et lala Gendarmerie I - 1 - 1 Sensibilisation de la population sur les rôles de la gendarmerie

Il faut des efforts aussi bien de la part de la gendarmerie que de la part de l’Etat et de ses partenaires pour restaurer ou même créer un lien amical entre la population et la gendarmerie. Il y a plusieurs techniques adoptées pour restaurer cette confiance d’abord, il faut briser la glace entre eux ; ensuite, sensibiliser la population sur le rôle de la gendarmerie, et enfin, expliquer à la population le rôle protecteur et éducateur de la gendarmerie. Selon Larousse, être en sécurité, c’est la confiance et l’absence d’inquiétude. Or, la population a des frustrations envers les gendarmes et elle n’est pas sereine en leur présence. Pour cela, il faut donc expliquer à la population que les gendarmes sont là pour la protéger et qu’il est important qu’elle leur fasse confiance et coopère avec eux. De plus, la population doit comprendre que les gendarmes ne sont plus des moyens de répression mais des collaborateurs, des protecteurs et surtout que les gendarmes dans l’application de lois visent à la protéger et non à la réprimer.

50 Endroit sur où les voleurs de bovidés gardent les bœufs pendant quelques temps et où personne n’ose même pas d’aller parce que c’est dangereux. 51 Sur une altitude 900 m, on trouve des vallées, plaines et des bas-fonds où se trouvent les rizières. Entre 1200 et 1300 m, on est en présence des collines, des tanety et des pénéplaines correspondant aux terrains de cultures et des pâturages. Et enfin, l’altitude entre 1400 et 1500m indique la zone de montagne. 84

Donc, il faut faire appel à la coopération et convaincre les gens de coopérer avec la gendarmerie dans la lutte contre l’insécurité parce qu’elle seule ne peut pas tout faire. En plus, les renseignements fournis par les habitants sont très utiles et aident beaucoup sur leur travail. Dans le cadre de l’autodéfense villageoise, la coopération avec la population est capitale. C’est une responsabilité de la population avec la coopération des gendarmes pour la former. C’est ainsi que les autorités administratives lui font appel pour donner des formations aux quartiers mobiles et autres membres du comité de vigilance, sur la manière d’effectuer des enquêtes et des manœuvres adoptées lors d’une attaque.

Mais, il y a aussi un système qui consiste à mettre en place une sorte de boîte à idée ou les gens peuvent envoyer des lettres qui dénoncent les « dahalo » et leurs complices. Pour ce système, il faut convaincre les villageois sur la discrétion de la gendarmerie au moment du témoignage et insister sur son rôle éducatif en essayant de montrer au gens qu’elle éduque d’abord avant de punir quelqu’un si c’est nécessaire. D’ailleurs, être plus tolérant dans certain cas s’avère indispensable. Les procédures au sein de la gendarmerie devraient être assouplies et adopter une certaine tolérance envers les personnes.

Avoir l’aval des notables du village peut servir d’intermédiaire entre la gendarmerie et la population. De plus, dans la communauté paysanne ils sont encore très respectés et il est plus facile de convaincre les hommes avec leur appui pour qu’enfin, la faille entre la population et la gendarmerie finira par disparaître. La participation de ces derniers à leurs activités leur fait penser qu’ils sont avec eux et peut améliorer les relations population / gendarme.

I - 1 - 2 Autres mesures prises pour la suppression de la méfiance

Pour ceci, il faut faire des réformes au sein de la gendarmerie en améliorant la relation humaine chez certains de ses éléments, bref corriger leur mentalité gendarme. Les encourager à adhérer dans les communautés des autochtones pour qu’ils puissent gagner la confiance de la population. Il faut faire un changement au niveau opérationnel par le renforcement de la surveillance préventive et accroître le nombre des éléments sur terrain de la G.N surtout dans les zones réputées rouges. Faute d’éléments, une dizaine des « dahalo » est escortée par trois ou quatre gendarmes seulement. Et nous pouvons imaginer la difficulté et les risques à prendre pour la surveillance des prisonniers emmenés à pieds sur plusieurs kilomètres.

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Il en résulte que les prévenus s’enfuient pendant le voyage, ou pire, ils sont piégés par les autres « dahalo » et certains éléments en paient même de leur vie. Il faut aussi améliorer les moyens de leur déplacement, leur fournir des appuis alimentaires pour ces déplacements à pieds car c’est le problème majeur de la gendarmerie sur terrain surtout lors du transport des « dahalo » pour être déférés au tribunal. Or, les gendarmes doivent faire un ou deux jours de route pour se rendre au tribunal. Renforcer le déploiement de la gendarmerie en augmentant le nombre des brigades, des postes avancés, et des postes fixes surtout dans les zones rouges. Ne jamais oublier d’exploiter à temps les renseignements recueillis et perfectionner les moyens de communication de la gendarmerie pour pouvoir se prémunir d’une attaque. Renforcer les moyens matériels concernant les matériels et mobiliers de bureau comme les machines à écrire pour le P.V dans l’accomplissement de leur tâche.

En matière d’armes et en munition ; d’habitude, les armes que les gendarmes utilisent sont très vieilles. Mais pour combattre les voleurs de bœufs qui ont des armes plus sophistiquées comme, il faut aussi que les gendarmes aient des armes plus puissantes et doivent être formés pour la réparation des armes et matériels. Ainsi, bien motiver les éléments sur terrain en les donnant des rémunérations encourageantes, en augmentant leur indemnité de risque et d’éloignement, sans avoir oublié de les motiver par des primes et des gratifications car l’insuffisance de leur rémunération est le premier facteur qui favorise la corruption. Mais si leurs salaires sont plus motivants, ils seront moins tentés à se corrompre. Il faut aussi assurer leur sécurité pour un travail productif.

Ils doivent avoir une expérience professionnelle riche c’est-à-dire ces éléments sur terrain nécessitent avoir des connaissances plus avancées en art opératif car ils sont sur le front de la guerre et suivre des formations spécialisées qui les aideront dans leurs missions et bénéficier des formations sur la technique de communication parce qu’ils sont en contact permanent avec la population. Penser à faire des réformes au sein de la justice car elle fragilise la confiance entre la population et la gendarmerie et des réformes au niveau du système judiciaire en tenant compte des procès verbaux dressés par les fokonolona qui reflètent la réalité. Mais la non-conformité et la non recevabilité des P.V sont les excuses avancées par les juges pour relâcher les suspects.

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Bien former les comités de vigilance sur la façon de dresser- un procès verbal pour éviter la non recevabilité des P.V. Renforcer la coopération entre la force de l’ordre et la justice sur ce, les gendarmes font la police judiciaire et fournissent au tribunal les preuves qui lui sont nécessaires. De son côté, la justice fait sont travail pour ne pas discréditer les gendarmes. En effet, le tribunal accorde des libertés provisoires à des personnes qui sont arrêtées pour vol de bovidé. Alors que selon l’ordonnance 75 - 179 , la liberté provisoire ne peut être accordée que si la charge est légère, mais sous payement d’écolage un « dahalo » peut avoir de la liberté provisoire. En échange de cette liberté, les détenus doivent payer 50.000 Ariary par mois. Faire une application de l’informatisation des dossiers de façon à ce que le juge qui saisit l’affaire soit désigné de façon aléatoire, ceci évite la corruption. Il est préférable que les responsables du tribunal ne doivent pas rester dans une même localité plus de trois ans pour éviter les effets de l’interconnaissance. I - 1 - 3 Corruption et persistance des vols des bœufs selon l’ONI 52

D’après le rapport établi par l’ONI concernant ce phénomène, plusieurs entités entrent en jeu pour couvrir ce fait. Sur le plan exécutif selon lui, les DAS 53 elles sont essentiellement employées par les « Mpanarivo » ou grands éleveurs pour la sécurité de leurs troupeaux et par extension, la sécurisation des villages et hameaux qui acceptent et contribuent à l’indemnisation de ces éléments ; alors que les grands éleveurs ne sont pas loin des commanditaires et receleurs de bovidés volés. Dans les communes de la zone Ouest de la région Haute Matsiatra, les DAS exigent des contreparties pour leurs services en ayant participé à la poursuite des voleurs. A propos de la justice, les Procès Verbaux ou PV dressés par le Fokonolona lors d’un vol de bovidés sont rarement prises en considération par le tribunal. Pour des raisons de non-conformité selon lesquelles le fokonolona ignorerait les formes requises, alors qu’ils reflètent beaucoup plus la réalité.

52 Observatoire National pour l’Intégrité. 53 Détachement Autonome de Sécurité : Sur demande et moyennant participation à la prise en charge, les DAS sont installés dans certaines zones. Ils sont chargés de la protection des personnes et des biens. Ils participent, en particulier, à la poursuite des dahalo avec les gendarmes et les Fokonolona. 87

Les avocats sont des émissaires, des magistrats auprès des patrons / « dahalo » pour négocier le traitement des dossiers relatifs aux vols de bœufs. Or les assesseurs, majoritaires dans la composition de la Cour Criminelle et tenant une place considérable dans la prise de décision, pratiquent des trafics d’influence dans les jugements rendus par la cour criminelle. Dix pour cent (10%) seulement des accusés sont condamnés 54 . De plus, les critères et les conditions de sortie des détenus pour corvées ne sont pas respectés par l’administration pénitentiaire sous paiement de 500.000 Ariary par mois.

Des détenus pour des actes criminels, qui ont bénéficié de telle largesse ou facilité, ont commis des actes de banditisme dans les villes périphériques de la ville de Fianarantsoa et assouvi leur vengeance sur les habitants des villages ayant témoigné contre leurs actes, surtout dans des communes classées zones rouges. Pour la population, les grands éleveurs participent au blanchiment des bovidés volés. Deux méthodes courantes sont utilisées par exemple dans des communes du district d’Ikalamavony, il y a des grands éleveurs ayant pratiqué un système d’élevage sauvage « omby dia », ils profitent de l’importance de leur bétail pour cacher les bovidés volés dans leur territoire et ce, du fait de la ressemblance de la robe des bovidés volés avec celle de leurs bovidés en règle. Ils utilisent leur « tety ou kizo », une ligne de crête ou végètent les reliquats de forêt ou encore une zone de pâturage comme site de refuge, strictement inaccessible à toute personne étrangère. Le « Tety Manody », qui se trouve dans la zone limitrophe entre le district de Fianarantsoa II et le district d’Ikalamavony, est actuellement comme site de refuge le plus reconnu. Le fokonolona est parmi la principale victime des vols de bovidés mais parfois, ses actions favorisent la persistance du fléau, car il entre en complicité avec les « dahalo » en cachant l’existence des bovidés volés dans leur terroir et en donnant de la nourriture aux bandits pendant leur transit. Ces deux cas existent jusqu’à ce jour, le premier concerne essentiellement les communes classées zones rouges tandis que le deuxième concerne essentiellement les communes à faible densité de population. Dans les communes classées zones rouges, la gendarmerie exige le paiement de la somme de 20.000 Ariary par bovidé pour régulariser les documents illicites identifiés pendant les tournées ou patrouille de surveillance et d’exploration.

54 Source : Cour d’Appel Fianarantsoa. 88

I - 1 - 4 Influence de la coutume sur le vol de bœufs et l’application du«Dina »

La plupart des gens attaqués savent ou ont une certitude de ceux qui les ont attaqués, mais ils ne les dénoncent pas auprès de l’autorité. Ils préfèrent régler l’affaire entre eux. Le vol de bœufs est une de la coutume malgache, les gens pensent que c’est une affaire « familiale » donc, pour préserver le « Fihavanana » il faut que cela reste dans la famille. Comme l’on a expliqué, le vol de bœufs fait partie de la coutume malgache et quand les dahalo sont pris en flagrant délit, ils prétendent que c’est une affaire de coutume. Quand les habitants d’un village sont attaqués, ils procèdent à la poursuite des traces des bœufs sans les forces de l’ordre. Aussi incroyable que cela puisse paraitre, la population préfère s’arranger avec les dahalo plutôt que de faire appel à l’autorité. Un exemple des ces arrangements entre les « dahalo » et la population c’est le cas de la de la région de Haute Matsiatra relatée par la gazette de la grande ile en date de 14 aout 2007. Pour avoir la paix, pour ne pas avoir à subir la vengeance des dahalo, la population accepte une négociation avec eux. Le contrat s’est déroulé comme suit : le propriétaire des bœufs volés paie 150.000 franc ou 30.000 Ariary pour chaque bétail récupéré ; il accepte aussi de ne pas mettre aucune barrière qui pourrait entraver les dahalo de faire sortir les bœufs et accepte de recevoir des bœufs qui ne sont pas les siens (des bœufs volés). A part cela, quand les « dahalo » passent dans certains villages, la population leur donne des nourritures et même des provisions. Il y a des villageois qui deviennent même leurs complices et les cachent quand ils fuient les forces de l’ordre. Cela parce qu’il y a un lien de parenté entre les malfaiteurs et la population en question. Dans la région de Haute Matsiatra, la région essaie d’élaborer de nouvelle règle pour maintenir un peu la recrudescence du vol de bœufs. Donc, elle adopte une convention qui consiste à l’application du fameux dina nommé: « Dina de la Haute Matsiatra »55 . (Cf. Annexe 9) ; et aussi la mise en œuvre de la méthode appelée : « Colonne ou Kalony »56 . On mène une enquête sur les habitants du village pour connaître le vrai coupable, ils essaient de monter la garde la nuit pour éviter toute attaque par surprise des « dahalo ».

55 Une sorte de règle ou une convention élaborée par la région pour punir les malfaiteurs surtout les voleurs de bœufs. 56 Une sorte de vérification faite par les hommes ayant plus de 18 ans, ils font une patrouille pour surveiller les mouvements des biens et personnes qui circulent dans le Fokontany surtout la nuit. 89

Et comme système de défense, la population consiste à pratiquer le principe des « forêts brulées » supposées être les repaires des voleurs de bovidés. En revanche, les voleurs de zébus de leur côté, incendient les « tanety » pour effacer les traces de leur passage.

I --- 2 La rrréorganisationréorganisation des forces de sécurité et l’implicatiol’implicationn des habitants

La coopération entre la gendarmerie et la population est une des clés de la lutte contre le vol de bœufs et il faut que cette relation soit cruciale. Pour y faire face, des mesures ont été déjà prises et la mise en œuvre d’une politique de sécurité intégrée est l’un des objectifs afin d’éviter le retour à la situation antérieure aux opérations ainsi que les représailles après le départ des militaires.

Il y a la mise en place du DAS afin de neutraliser les vols de bœufs et les zones de refuge des « dahalo ». Il faut aussi restaurer un climat de confiance entre population et forces de l’ordre ainsi qu’avec l’autorité Etatique. Pour pallier aux déficits et carences constatés, des mesures sont actuellement mises en œuvre par la région de Haute Matsiatra, l’objectif est d’assurer la sécurité des biens et des personnes. Les composantes sont la mise en place d’un service civique à Tsitondroina Andanoa ; l’application du Kalôny (colonne); la normalisation de campement isolé : lieu de transit des dahalo (District d’Ikalamavony) ; la mise en place de la commission mixte pour le contrôle des zones de blanchiment des bovidés (tety); l’élaboration et la mise en œuvre du Plan Local de Sécurité ou ( PLS ) selon la méthode Rapide Résult Initiative (RRI ); l’uniformisation des certificats d’origine de Bovidés; et la mise en place de la commission de surveillance des maisons de détention.

La mise en œuvre de ces mesures n’a permis d’obtenir jusqu’à présent de résultats satisfaisants, des impacts limités en raison de la faiblesse des moyens et de non association de la population locale à leur mise en œuvre. Ainsi que des difficultés à concrétiser rapidement les mécanismes et les procédures appropriés, du fait de déficit de volonté politique et les mesures préconisées malgré la gravité du fléau.

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I - 2 - 1 Vols des bœufs : à l’origine de différents problèmes majeurs

Parmi les problèmes, il y a les victimes qui ne portent pas plainte auprès de la gendarmerie. Bien souvent, les ethnies Bara et Antandroy essaient de régler eux-mêmes leurs affaires et ne font appel aux forces de l’ordre qu’en dernier recours parce qu’ils n’ont plus confiance en eux à cause de leur complicité avec les « dahalo ». Pour d’autres, compte tenu des distances, ils poursuivent les voleurs et simultanément appellent au secours. D’autres problèmes d’insécurité se posent aussi comme les petits éleveurs qui préfèrent assister les voleurs ou « malaso » par crainte d’être dérober, menacés et terrorisés par ces criminels avec des armes mieux équipées que les leurs. A part cela, il y a aussi le problème de diminution des surfaces réservées au pâturage à cause de l’augmentation du nombre de la population et surtout la venue des migrants agriculteurs qui ne cessent de s’installer sur les lieux destinés aux pâturages des troupeaux de bœufs, mais qu’ils utilisent définitivement pour la pratique de leur culture. La pratique du feu de brousse lors de la fuite des « dahalo » est encore un des problèmes graves parce que c’est à partir de ces couvertures végétales et forestières que ces bestiaux se nourrissent de jour en jour. L’insécurité due par le vol de bœufs constitue un problème majeur pour une société à base d’activité pastorale ; elle devient un frein pour le développement. De ce fait, les bœufs ne constituent pas seulement des objets de valeurs économiques, mais aussi un être sacrés caractères religieux. Cette insécurité déstabilise la société toute entière. Du fait de la fréquence des attaques, la population vit dans une atmosphère de méfiance permanente et la présence du « kizo » où on vol au moins une dizaine de bœufs provoque l’instabilité et la crainte chez les éleveurs.

I - 2 - 2 Conséquences néfastes des vols de bœufs

Comme tout acte de banditismes et de violence, le vol de bœufs reflète et sème la peur et la crainte de perdre tous ceux que les habitants ont eus dans leurs pâturages ou « kijana ». Car il constitue un grave fléau, perturbe les liens familiaux, provoque le clivage social. Il diminue la production à cause de la fatigue, de l’insomnie, de l’insécurité des habitants. La diminution de la valeur culturelle de bœuf qui, devient de plus en plus rare. Il est aussi source de différents malaises sociaux et politiques. En plus, toutes les activités sont limitées et freinées par ces obstacles, et même, il peut aussi atteindre la psychologie sociale.

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En fait, l’impact des vols de bœufs dans la vie sociale est toujours négatif parce qu’il entraîne l’insécurité publique, la violence physique qui peut être facteur de la mort et de la pauvreté des paysans locaux. Il est non seulement la cause de l’appauvrissement mais aussi la désagrégation de la communauté villageoise ; de nombreuses familles n’arrivent plus à subvenir à leurs besoins et doivent migrer, elles vivaient dans un avenir incertain. Le nombre des troupeaux ne cesse de diminuer et ce fait du vol rend la vie impossible pour les habitants de la zone considérée comme zone rouge car il bouleverse la vie économique et sociale des paysans.

I - 2 - 3 Solutions pour l’éradication des vols de bœufs

Face à cette gravité de l’insécurité et l’inefficacité avérée des forces de l’ordre, on a mis en place des répliques et adopte comme solutions la mise en œuvre de plusieurs sortes de « Dina » à l’exemple du « Dinan’ny Mpihary » qui était instauré par Monja Jaona en 1990, le principe en est la réparation du préjudice par le système de restitution par trois fois le nombre de tout bœuf volé si celui-ci est trouvé vivant et par quatre si l’animal déjà été abattu. L’application est immédiate dès que le voleur est pris en flagrant délit ou identifié, les membres de la famille sont déclarés responsables des actes de la personnes appréhendées ; mais ce « dina » est très critiqué partout.

En 1994, un nouveau « dina » gagne du terrain, c’est le « dinan’i Zamany Seta » du nom de son promoteur à qui les paysans qui veulent être protégés par lui et sa bande doivent payer deux millions de francs malgaches ou 400.000 Ariary, plus quelques mesures de riz par an et par fokontany. Son succès montre à quel point les paysans ne croient plus au fanjakana, au pouvoir central ; la protection qu’il offre pourrait en effet en d’autres temps être assimilée à une forme de racket.

A part cela, il y a le « dina Rebotieka » du nom de son promoteur, un ancien militaire, un gendarme qui avait fait carrière à Ihosy, en pays Bara et s’était établi pour sa retraite entre Ambatofihinandrahana et Ikalamavony. Les autorités ont interdit par décision provinciale, cette convention en Juin 1983, pour le remplacer une année plus tard par le « dinan’ny Fandriampahalemana » où l’initiative est laissée aux forces de l’ordre et aux représentants du pouvoir et non plus aux villageois ligués.

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A partir de 1986, dans le nord du Betsileo, à Tananarive, à Tuléar le vol de bœufs fait aussi rage d’où on verra se dérouler les opérations militaires dites : « Tsimindaimody » et « tsy Mitsitsy » où tous ceux qui sont soupçonnés d’être des « dahalo » ou « malaso » seront tout simplement fusillés sans procès par les soldats d’où, il y aura alors arrêt momentané du phénomène dans ces régions.

Dans la lutte contre les vols de bœufs, d’autres nombreuses solutions et mesures ont été déjà prises comme l’opération : « Ikalamavony » menée en 1974 juste après la constatation en 1973 que le vol de bœufs est devenu un phénomène inquiétant. Et la plus récente c’est l’opération « Vahoro » en 2004. En définitive, toutes ces actions n’ont été qu’un succès passager.

Pour qu’une lutte soit efficace, une participation active des paysans et des éleveurs regroupés en fokonolona est nécessaire. Entre autre, la relation partenariale des habitants avec les autorités locales surtout les forces de l’ordre, la stricte vérification des passeports et des étiquettes des convois de bœufs passant sur le territoire est aussi une bonne solution pour éradiquer ce phénomène. Une politique d’envergure nationale est à recommander car le vol de bœufs peut nuire à l’économie nationale et la vie sociale comme dans le DSRP 57 et le MAP 58 qui, est pour le développement de Madagascar.

Actuellement, il y a aussi l’instauration de l’opération « Valabe » dans la région Ihorombe consistant à regrouper dans ce grand Vala tous les bœufs du la région pour qu’on puisse les surveiller ; la création d’une force spéciale d’intervention pour l’union des forces de l’ordre (police et gendarme) ; l’instauration de divers postes avancés dans les zones rouges ; l’amélioration et la distribution des équipements pour les forces de l’ordre ; la sensibilisation et la responsabilité de chacun. Plusieurs solutions sont adoptées pour essayer de réduire ce fléau mais le résultat reste presque nul sur tout le plan. D’où l’échec de ces opérations face à la lutte contre le vol de bœufs dans toute la partie de la Grande Ile.

57 Documents Stratégiques pour la Réduction de la Pauvreté. 58 Madagascar Action Plan. 93

II --- L’ ECHEC DE LA LUTTE CONTRE LES VOLS DE BŒUFSBŒUFS aaa ANDOHARANOMAITSO

Sur la base des constats relatifs aux déficits et carences et /ou insuffisance dans la mise en œuvre des politiques et stratégies, il est urgent de chercher des voies et moyens devant permettre d’améliorer les performances en matière de lutte contre le vol de bovidés.

Dans ce sens, des réflexions approfondies doivent être organisées notamment sur les questions suivantes : Où se trouvent les maillons faibles ? A qui profiterait donc le fléau de vol de bovidés ? Comment trouver une issue au dilemme posé par l’octroi de la liberté provisoire aux voleurs de bovidés ? Comment atténuer les risques d’aggravation du fléau compte tenu de la proximité de la campagne électorale ?

Sur la base de ces réflexions, il est urgent de préciser le mode opératoire des actions qui sont proposées à mettre en œuvre, afin de compléter, de renforcer et d’augmenter les performances des actions déjà entreprises pour éradiquer le vol des bœufs et permettre ainsi d’avancer vers l’intégrité. Ces actions proposées à mettre en œuvre sont présentées principalement par le renforcement des structures de collaboration entre les forces de l’ordre, la justice et la population pour une cogestion du système de lutte contre ce fléau. Aussi de réformer en profondeur le système judiciaire tout entier en vue de le mettre au service de la population.

Le respect des droits de l’homme nécessite une amélioration des conditions carcérales, notamment au niveau des infrastructures d’accueil. De même pour la bonne gouvernance et lutte contre la corruption ; sans avoir oublier de prendre en compte les procès-verbaux formulés par le fokonolona selon l’ordonnance 60 - 106 comme procès verbaux de base qui devant être exploités obligatoirement par la police judiciaire. Il faut aussi bien encadrer intensivement et en permanence le fokonolona en matière de contrôle de circulation des biens et des personnes; de renforcer les structures de participation citoyenne au processus; et élaborer une règlementation appropriée de la profession de bouchers et celle des vétérinaires,…

Pour éviter toutes tentative de corruption, essayer de bien motiver et d’améliorer le cadre de travail des chefs d’arrondissement et des chefs fokontany ; renforcer leurs compétences et l’implication des élus dans la lutte, notamment au niveau du contrôle d’application des textes existants et dans la formulation de nouvelles propositions. Il faut renforcer surtout la capacité des communes dans la gestion du foncier et de l’eau pour éviter la disparition des pâturages.

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Sans avoir oublié de conditionner la validation et le financement des PCD et PRD à la production d’un Plan Local de Sécurité (PLS) annexé au document, et dans lesquels seront priorisées les mesures susceptibles de sauvegarder l’intégrité ; mettre en place un programme de transfert de gestion des pâturages à la communauté de base. Malgré ces différents efforts déployés pour l’éradication de ce fléau, on a pu constater qu’il n’y a pas de résultats évidents jusqu’à ce jour parce que c’est un phénomène compliqué à résoudre pour les malgaches, d’où les efforts restent mitigés.

II --- 111 Une iiinefficacitéinefficacité avérée des mesures prises

II - 1 - 1 Impacts négatifs des solutions adoptées

L’élaboration et la mise en œuvre des dina qui ont présenté beaucoup d’inconvénients est d’abord une occasion pour des pratiques malveillantes ou des actes arbitraires au profit des quelques privilégies ; ensuite, l’existence d’une justice parallèle populaire viole les grands principes juridiques ; et enfin, l’utilisation de ces dina par certains groupes d’intérêts a des fins politiques ou d’enrichissement illicite. Les résultats enregistrés sont mitigés, et les diverses opérations qui ont eu des résultats positifs ne sont pas durables. Les impacts enregistrés ont été limités dans le temps en raison de la faiblesse des moyens budgétaires. Mais, il faut signaler que ce phénomène est très difficile à résoudre à Madagascar à cause du comportement de quelques responsables étatiques.

La population se montre également réticente sur certaines solutions proposées par l’Etat. A propos de la mise en place du « Valabe » par exemple, un paysan déclare : « nous considérons nos animaux comme nos enfants donc, ils vivent avec nous, et je ne pourrais pas les surveiller s’ils sont parqués à cinq kilomètres de moi ». C’est plutôt dans des diverses entités Etatiques qu’on trouve les principales sources de ne pas pouvoir éradiquer le phénomène vol de bœufs dans plusieurs zones surtout dans des zones où il y a plusieurs têtes de bovins comme dans la partie sud et ouest de Madagascar. Mais malgré cela, l’Etat essai de ralentir ce catastrophe ou du moins, il s’efforce de le maintenir un peu.

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II - 1 - 2 Efforts de l’Etat pour ralentir ce fléau

Dans le sud Malgache, surtout dans le pays Betsileo, les vols de bœufs ne doivent plus être considérés comme un phénomène simplement contraignant rattaché par convention à la nature des populations et à leurs traditions. Pourquoi ne pas rester les bras croisés devant les vols de bœufs ? Il ne faut pas baisser les bras devant ce fléau non seulement pour les éleveurs et les agriculteurs car les zébus sont des caisses d’épargnes, mais encore parce qu’ils sont sécurisants tant sur le plan économique, social que religieux et y porter atteinte par les vols de bœufs remettent en cause la société et même et son développement. Grâce à l’application du dina, les bœufs volés reviennent au propriétaire, augmenté de quelques têtes obtenues par suite de l’application de ce pacte, et de quelques têtes supplémentaires à titre de dommage pour le propriétaire. Face à l’insécurité dans le monde rural surtout là où il y a la présence de plusieurs têtes de bovins, la population dans chaque quartier s’organise pour payer des « Miaramila » pour assurer la sécurité dans leur fokontany. Et c’est le fokonolona qui prend en charge toutes les dépenses concernant les besoins de ces derniers. Mais, en réalité, ils profitent de l’ignorance de ces gens pour faire en sorte qu’ils acceptent leurs caprices et surtout l’instauration d’une sorte de dictature presque inhumaine pendant l’exécution de leurs ordres. D’où, la population préfère ne pas engager des miaramila parce qu’ils sont très violents envers les habitants surtout quand les hommes de plus de dix-huit-ans ne participent pas au « Fiambenana 59 » la nuit. Nous considérons que l’extension actuelle des vols de bœufs qui atteint le seuil de l’insupportable est intimement liée aux crises économiques et sociales dans certains cas mais, surtout politique et que les remèdes ne peuvent pas être uniquement constitués par un répressif ou si au demeurant tout à fait nécessaire.

59 La colonne ou « Kalony ». 96

II --- 2 Des problèmes non résolus

II - 2 - 1 Attirance des gens sur la valeur du zébu

Face aux diverses solutions adoptées par la population et l’autorité existantes dans chaque zone où il y a recrudescence du vol de bœufs, nous avons pu constater que ce fléau est difficile à résoudre à cause de son influence sur les gens. D’abord, il y a la place tenue par le bœuf lors des évènements rituels qui sont encore considérés par la population comme lors des funérailles mortuaires, des mariages, des rites et exhumations,… Ensuite, la complicité entre la population et les « dahalo » ; entre les forces de l’ordre et les malfaiteurs, et entre les autorités Etatiques et les voleurs de bœufs. Ce sont les gendarmes, le tribunal, les délégués et les chefs de fokontany, ainsi que d’autres personnes touchées par cette affaire et qui, sont de mèche avec les malfaiteurs. Ces personnes sont les principales sources du non éradication de ce fléau à Madagascar. En plus, l’absence de la confiance et la méfiance de la population envers eux. Enfin, l’application du fameux « Dina » qui pose de problème dans quelques localités à Madagascar, plus précisément la zone appelée : « zone rouge ». Le vol de bœufs éclate dans certaines périodes historiques. Il y a des moments d’accalmie, surtout quand l’Etat joue bien son rôle de bon ray aman-dreny ou père puissant et que la société vit dans une certaine stabilité. Les feux de brousse et le vol de bœufs apparaissent surtout lors de crises économiques et sociales graves. Malgré les différentes mesures prises pour éradiquer ce phénomène, on a pu constater qu’il est encore difficile d’arriver à cette fin à cause de ces diverses raisons. Néanmoins, des suggestions et mesures sont prises pour l’immobiliser.

II - 2 - 2 Perspectives de suggestions

Comme solution, il faut qu’il y ait une amélioration de la technique d’élevage et aussi la mise en place d’un centre de vétérinaire, de l’encadrement technique, la réforme, l’application du « Dina » ; et la mise en place d’un poste de gendarmerie. Pour l’éradication du problème d’insécurité due par le phénomène vol de bœufs à Madagascar, l’Etat Malgache actuel, par l’intermédiaire du Ministère de la Défense Nationale a effectué une grande opération de sécurisation : « TOMORO », « RAKOTRA », « EZAKA » dans les six provinces. A raison de 17 à Antananarivo, 04 à Antsiranana, 12 à Toamasina, 28 à Fianarantsoa, 17 à Mahajanga et 30 à Toliara. Mais que les résultats ne semblent pas très convaincants. On peut faire une organisation de marché de bétail non seulement pour la bonne marche du circuit monétaire des éleveurs et le contrôle sanitaire de diverses espèces amenés et vendus, mais aussi pour le contrôle du phénomène vols de bœufs. C’est vrai que de grands lieux de marché de bestiaux comme Ambalavao et Tsiroanomandidy existent ; mais si le bœuf doit effectuer à pieds des centaines de kilomètres, il souffrira et il risque d’être épuisé et de tomber malade. D’où, les consommateurs

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pourraient manger de la viande de différents goûts, et même de la viande de bœuf malade, s’il n’y a pas de contrôle sévère et d’une inspection stricte de la viande dans l’abattoir. Pour rejoindre ces lieux de marché important, il est préférable de faire un projet pour le transport en camion du cheptel vendu. Ce système de transport des animaux pourrait aussi résoudre le phénomène de vol de zébu, en faisant un contrôle des forces de l’ordre à chaque itinéraire. Par ailleurs, on peut aussi installer un abattoir qui doit respecter les normes exigées par la santé animale dans le lieu à vocation pastorale ou zone à potentiel des troupeaux, et dans ce cas, le transport par camion frigorifique est possible pour le ravitaillement en viande des centres urbains. Ce système d’exploitation doit éviter les déplacements à longue distance des troupeaux et les vols de bovidés. Donc, ce lieu à vocation pastorale peut bénéficier en même temps d’un lieu de marché contrôlé de bovidé et un abattoir pour la production en viande ; il sera facile après d’améliorer la vie des éleveurs. Pour le Betsileo actuel, cette crise s’explique d’un côté par l’appauvrissement et la désagrégation des communautés villageoises, et de l’autre par l’existence d’une administration irresponsable, source de tous les abus dans le monde rural. C’est toute la structure de la société qu’il faut donc remettre en cause si l’on veut trouver des véritables solutions.

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CONCLUSION

L’agriculture et l’élevage bovin constituent les deux principales activités des paysans Betsileo surtout la riziculture et la viticulture. Malgré la place tenue par l’élevage bovin comme étant une activité secondaire, ce dernier a un rôle très important dans leur vie. C’est en effet la base de la civilisation malgache surtout pour les paysans Betsileo car elle a de l’importance pour eux. La plupart des paysans malgaches pratiquaient ce genre d’activité pour l’autoconsommation et pour ne pas avoir trop de difficultés alimentaires pendant la période de soudure. Mais d’autres en on fait pour ravitailler les autres zones enclavées dans toute l’île soit pour la consommation interne, soit pour la consommation externe. D’habitude, l’agriculture s’associe toujours avec la pratique de l’élevage de bovin surtout lorsqu’il s’agit de la culture des champs et des rizières qui, nécessite l’utilité des bœufs pour le piétinage des rizières et pour les fumiers et engrais. Mais ce dernier rencontre des grands problèmes marqués par la présence d’une crise rurale qui est le phénomène vol de bœufs dont il est nécéssaire d’être traité car il y a un grand risque de disparition de ces espèces si on ne trouve pas de solutions éfficaces pour éradiquer ce fléau. Malgré les efforts pour lutter contre les vols de bœufs, le phénomène n’a pas été maîtrisé. L’échec peut s’expliquer par le sens que revêt la pratique dans certaines régions. Mais dans l’Isandra comme dans tout le sud du pays, il s’agit d’un malaise social et politique aigu, voire d’un fléau économique aux conséquences très graves. De fait, plutôt extensif est favorable aux vols de bœufs. Il est générateur d’insécurité, les habitants vivant dans la peur permanente de perdre leurs troupeau pâturant librement dans les kijana. On peut dire que le vol de bœufs déstabilise la société car il perturbe les liens familiaux et aggrave le clivage social. Au total, il constitue un facteur essentiel de crise aux facettes multiples. La destruction de l’environnement par les feux de brousse perpétrés par les « dahalo » s’ajoute à la diminution des troupeaux, celle-ci engendre une baisse de la valeur culturelle des bœufs. On le voit, c’est la psychologie de la population et le comportement social qui sont déréglés. Ces impacts négatifs générés par la violence physique et psychologique expliquent en grande partie, l’absence de développement dans l’Isandra et particulièrement à Andoharanomaitso. Ce constat induit de nouvelles pistes de réflexion et d’actions visant à éradiquer les vols de bovidés. Depuis longtemps, ce vol de bœufs est un acte légalement puni à Madagascar. Il est même passible de la peine de mort, les voleurs et les receleurs des bœufs volés encourent les mêmes peines. L’extrême sévérité de ces sanctions est compréhensible car le vol de bœufs a pris une tournure qui n’a plus rien à avoir avec la coutume. Affaire familiale en pays Bara, il n’est plus aujourd’hui un moyen de montrer la force et la virilité, mais bien un acte criminel entraînant mort d’hommes. Il va sans dire que des centaines de familles sont, chaque année dépouillées de leurs biens, et désespérées.

C’est sans doute pour contrer au mieux ce fléau que les législateurs ont invité la population à participer à la lutte contre les « dahalo ». Les habitants ont d’abord mis en place les comités de vigilance. Ils ont ensuite élaboré des « Dina » et enfin, ils sont obligés de participer à la 99

capture des suspects. Par ailleurs, pour prévenir la circulation et le blanchiment des bœufs volés, des systèmes de recensement, de circulation, et de ventes des bœufs sont aussi prévus par la loi. Ainsi, c’est à partir de celle-ci que la gendarmerie réprime les vols de bœufs en coopérant avec la population. Notons que le contrôle de la circulation, de la vente et du blanchiment des bœufs volés incombent exclusivement à la gendarmerie. L’Etat a préconisé la mise en place du système « puce électronique, système « valabe », et la mise en œuvre d’une force spéciale » pour lutter contre les vols de bœufs.

Pour lutter contre le vol de bœufs, la gendarmerie adopte d’abord, la politique de sécurité à proximité qui consiste à assurer la couverture spatiale, à visiter les villages éparpillés dans le territoire d’une brigade. Cette politique s’applique par la Tournée de Police Générale (TPG), le maintien du poste fixe à voir les points sensibles. Ensuite, la gendarmerie encadre les autodéfenses villageoises, dont les « jado, les dina, et les kalony,… ». Enfin, pour lutter contre le blanchiment et la circulation des bœufs volés, la gendarmerie essaie de contrôler tous les papiers des bœufs comme le Certificat d’ Origine de Bovidé (COB), le passeport de bovidé, le complément de passeport et le livre de commerce de bovidé. Ces contrôles peuvent se faire à tout moment.

Dans la lutte contre le vol de bovidés, la gendarmerie s’approche de la population aussi bien dans le cadre de la sécurité que dans le cadre de l’autodéfense villageoise. Il devrait y avoir de relation de coopération entre la population et la gendarmerie. Pourtant, on constate que cette relation de confiance est fragile. Dans certain cas elle n’existe même pas.

Pour créer ou réparer la relation entre la population et la gendarmerie, il faut tout d’abord briser la glace entre eux puis, sensibiliser la population sur le rôle éducatif et protecteur de la gendarmerie pour effacer l’image de force de répression, faire comprendre à la population que certaine coutume comme le vol de bœufs est à reconsidérer.

Sans avoir oublier de faire ressortir les valeurs culturelles de chaque localité dans laquelle le gendarme travaille ; ce dernier doit rendre hommage aux chefs traditionnels des villages où il travaille et participer aux activités culturelles que le village organise.

Bref, le gendarme devrait adopter une certaine tolérance envers la population mais quoi qu’il en soit, certaines reformes doivent être apportées au niveau de la gendarmerie. La nouvelle politique de relation publique consiste à mettre en œuvre les moyens du Service Relations Publiques pour donner à la gendarmerie l’image d’une institution qui fait d’énorme effort pour assurer la sécurité rurale à Madagascar.

Elle vise aussi et surtout, à enlever l’image de force répressive de la gendarmerie pour la remplacer en une institution ouverte à la coopération, au dialogue, et à la collaboration, dans le cadre du respect de droit de l’homme dans ses services. L’effort pour rétablir la relation entre la population et la gendarmerie devrait commencer donc par une initiative du gouvernement et de la gendarmerie elle-même. Il portera sur l’état d’âme des éléments dans l’application des instructions, l’esprit sectaire causent le cloisonnement des corps et la manque de confiance de la population au système de sécurité.

Le nouveau responsable du ministère de la défense a suggéré le renforcement de la synergie dans le système de défense nationale pour assurer cette relation de confiance entre les forces de l’ordre et la population. C’est que cette synergie coïncide alors avec ce que nous avons proposé ci-dessus parce qu’elle consiste à commencer l’effort du rapprochement de la population à partir de la haute instance. On se demande donc, comment cette synergie va se mettre en œuvre ? 100

BIBLIOGRAPHIE OUVRAGES GENERAUX

1- DUFOURNET (R.) (1972): « Régime thermique et pluviométrique des domaines climatiques de Madagascar » document 340 Institut de recherche agronomique Madagascar, 68p. 2- FIELOUX M., et LOMBARD J., FAUROUX E. RAKOTOMALALA L. (1987) : « Etudes de transformations socio-économiques dans le sud-Ouest de malgache: l’exemple du couloir d’Antseva, Elevage et société aombe 1 ERA, Ed. MRSTD-ORSTOM.220p. 3- PONSARDIN P. (1972) : « Possibilités et conditions de développement de l’élevage dans l’Androy », PNUD. Tananarive, ronéoté, annexe Bibliographique, 55p. 4- RASAMOELINA H. (1994) : « Fianarantsoa », Ed Ambozontany, 63p.

OUVRAGES SPECIALISES

5- DANDOY G. (1980) : Potentialités pastorales et exploitation du troupeau bovin dans le sud-Ouest, Malgache, ORSTOM, Paris, pp 217-241. 6- LAULANIE P .H. (1975), Intégration élevage-agriculture in « Journées agrostrologie- élevage des ruminants » Fianarantsoa / Madagascar du 21 au 23 Mai 1975 : 103-104. 7- RABEARISON (1965) : Les voleurs de bœufs ». Imprimerie Luthérienne, Tananarive, 42p. 8- RANDRIAMAROLAZA L.P. (1986) : « Elevage et vol de bœufs en pays Bara : la dimension Socio-culturelle », Recherche pour le développement, série-Sciences de l’homme et de la Société, n°1, pp 87-104. 9- RASAMOELINA H. (1993) : Le vol de bœufs dans le Betsileo sous la colonisation, Bulletin de l’académie Nationale des Arts, des Lettres et des Sciences, Tome LXXII / 1 - 2, Antananarivo, 1997, pp 75 -79. 10- ANDRIAMIHAJA R.C. (1984) : « Ho fongotra ve ny dahalo? » (Est-ce qu’on viendra à bout du phénomène dahalo?) du 25 Mars 1984, page 7.

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MEMOIREMEMOIRESSSS DE MAITRISE ET DEA

11- HANTARIVONONA F.E (2004): « Activités paysannes et gestion durable des ressources naturelles renouvelables: cas du terroir Iambara, région Haute Matsiatra, Fianarantsoa II. » Mémoire de Maitrise du Département de géographie FLSH Antananarivo, pp 99. 12- RAKOTOBE A. A. (2006) : « Patrimoine culturel et tourisme : la ville de Fianarantsoa ». Mémoire de Maitrise du département de géographie FLSH Antananarivo.p. 89. 13- RAKOTOMALALA L. (1982) : « Etude géographique de l’élevage bovin en milieu Rural, le Pays de Manja ».Mémoire de Maîtrise CUR de Tuléar, Ronéoté, 148p. 14- RAMIANDRISOA H.N (2005) : « Impacts spéciaux de la cérémonie d’exhumation: Exemple de la commune rurale de Fandriana (Pays Betsileo Nord Madagascar) Mémoire de Maitrise du Département de Géographie FLSH Antananarivo, pp104. 15- RASOABAKO N. (2007) : « Tsiroanomandidy capitale de Bongolava. Géographie d’une région en construction » Mémoire de Maitrise du Département de Géographie FLSH Antananarivo, pp 105. 16- RAZAFINTSALAMA N (1987) : « Fianarantsoa des origines à 1950, du Vohitra, la ville » Mémoire de Maitrise d’histoire, Université de Madagascar Fianarantsoa, 121p. 17- REBARA F., (1998) , « Dynamiques agraires en situation d’agriculture pionnière dans le Sud-Ouest de Madagascar. Exemple des villages en bordure de la forêt des Mikea ». DEA de Géographie, FLSH. Université d’Antananarivo, 146p.

ARTICLES ET REVUES SPECIALISEES

18- DUBOIS R.P. (1938) : « Monographie des Betsileo, Institut d’Ethologie, Paris éd. MARTONNE, 1906.Fianarantsoa et les Betsileo Central, Revue de Géographie 1905, p. 527-545 ; p 27-37. 19- DUFOURNET R. (1972) : « Régime thermique et pluviométrique des différents Domaines de Madagascar, in Madagascar. Revue de Géographie n° 20. 20- FAUBLEE J. (1942) : « L’élevage chez le Bara du sud de Madagascar », journal de la société Africanistes, Tome XII, Paris, pp 157-201. 21- JULIEN (1924) : « Le culte de bœufs à Madagascar ». Revue de Géographie n° 19, Paris, p.247. 22- LABATUT F. (1964) : « Le site et le paysages de Fianarantsoa » les cahiers d’outre mer, p 341-369.

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23- RABEMANANTSOA J. L (1978) : « Les divisions régionales du Betsileo ». Revue de Géographie. Madagascar n°3, Juin - Décembre, pp 29-50. 24- RAKOTOZAFY E. (1973) : « Pleins feu sur les vols de bœufs ». Lumière n° 1942, 19 Août, Tana p4. 25- RAMAROSON S. et RAZAFINDRAKOTO D. (1972- 1973), « L’élevage à Madagascar : situation actuelle et perspective d’avenir ». Terre Malgache, 14 : 1-38. 26- RANDRIANARISON J. (1976) : « Le bœuf dans l’économie rurale de Madagascar. Revue de Géographie n°28, Janvier - Juin 1976, pp 9-122.. 27- RANDRIANJAFIZANAKA (1973) : Les voleurs de bœufs », Terre Malgache n°14, Déc. 1972 - Janv. 1973, Tananarive, pp 151 - 171. 28- RASAMOELINA H. (1986) : « Razzias et brigandages sur les confins du Betsileo au milieu du 19 ème Siècle. » Omaly sy Anio n° 23 - 24, Antananarivo, pp 217 - 227. 29- SERRES H . (1972-1973) « Le zébu malgache face aux besoins en viande : intérêt et limites des croisements. Terre Malgache, 14 : 39-74.

BULLETINS ET ARTICLES DE JOURNAUX

30- MOUDIN G. et CHAPUS G.S (1946) : « Historique du Bœufs » d’après ny tantaran’ny Andriana, dans bulletin de l’académie malgache, Tome XVII, pp 190 - 223. 31- RIBARD M.E (1926) : « Vol de bœufs dans le sud ouest de Madagascar. Extrait du Bulletin de l’académie malgache 13p. 32- TISSIE et RAKOTO (1922) : « Elevage à Madagascar », bulletin économique 3è et 4è Trimestre, Tananarive, pp73.107.

29 - La Gazette de la Grande Ile : - « Vol de bœuf à Andriba » du journal paru le Mardi 22 Avril 2008. - « Consommation de viande bovine à Madagascar, déjà 17 morts selon l’OMS ». La présence de la maladie bovine : FVR (Fièvre de la Vallée de Rift). 30 - Lakroan’i Madagasikara : - « Cas de vol de bœufs à Andoharanomaitso », du 23 Mars 1984. - « Cas de vol de bœufs à Ambalavao Tsienimparihy en Novembre 1986 à Mars 1984 » du 1 er Avril 1984. - « Cas d’Alakamisy-Itenina et Talata Ampano » du 15 Novembre 1987. - « Cas de Befeta Ambohimahasoa » du 19 et 26 Août 1990. - « Caractère meurtrier du vol de bœufs » du 23 Juillet 1989. - « Cas d’Ikalamavony » du 14 Juillet 1991. - « Parlez-nous donc de sécurité ! Dérision ! » du 30 Décembre 1990. 31- Madagascar Tribune : - « Pourquoi ce faritany attire la convoitise des dahalo ? » du 03 Août 1989, page 7. - « Cas de Befeta Ambohimahasoa en 1990 », du 19 Août 1990. - « Caractère meurtrier du vol de bœufs » du 17 au 22 Juillet 1989.

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32- Midi Madagascar : - « Cas d’Alakamisy-Itenina et Talata Ampano le 2 au 9 Novembre 1987. - « Caractère meurtrier du vol de bœufs » du 17 au 22 Juillet 1989.

SITES INTERNET

 http : // www.maep.gov.mg  http : // www.politique-africaine.com  http : // www.embasy.madagascar.uk.com  http : // www.maep.gov.mg  http : // www.atresa.org  http : // www.google.com  http : // www.emploi-revenu  AUTRES DOCUMENTS

 Dinan’ i Haute Matsiatra.  Monographie des Betsileo.  Monographie de la Commune 2008 d’ Andoharanomaitso.  Ordonnance 60 - 106 du 27 Septembre 1960.  Plan Communal de Développement ou PCD de la Commune rurale d’Andoharanomaitso.  Plan Régional de Développement ou PRD de la Région de la Haute Matsiatra.

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ANNEXES

ANNEXE 1 : Types de Questionnaires. ANNEXE 2 : Géologie de la zone. ANNEXE 3 : Différentes sortes de maladies bovines. ANNEXE 4 : Campagne de vaccination. ANNEXE 5 : Certificat sanitaire de bovin. ANNEXE 6 : Ordonnance n° 60 - 106 du 27 Septembre 1960. ANNEXE 7 : Bokin’omby. ANNEXE 8 : Passeport - Complément de passeport - Certificat d’origine de Bovidé - Certificat de vaccination. ANNEXE 9 : Autorisation de sortie de bovidé hors du Faritany. ANNEXE 10 : Dinan’i Haute Matsiatra.

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ANNEXE 1- TYPE DE QUESTIONNAIRE

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ANNEXE 2 (Carte géologique de la CRA)

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ANNEXE 3 (Différentes sortes des maladies bovines)

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ANNEXE 4 (Campagne de Vaccination)

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ANNEXE 5 ( Certificat Sanitaire)

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ANNEXE 6 ( Ordonnance 60 - 106 du 27 Septembre 1960 )

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ANNEXE 7 (Bokin’Omby)

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ANNEXE 10 (Dinan’ i Haute Matsiatra)

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GLOSSAIRE

Bokin’omby : un cahier pour chaque bovidé et qui, enregistre chaque mouvement et changement faite par le zébu. Convention de Sakaraha : sous la première République fut mise au point par les autorités contre le vol de bœufs, mais uniquement dans le sud, considéré comme un ensemble de sociétés archaïque et avec des procédures juridiques aménagées. Commune : dénomination administrative auquel se rassemble un certain nombre de fokontany le vol de bœufs, mais uniquement dans le sud, considéré comme un ensemble de sociétés archaïque dénomination administrative auquel se rassemble un certain Dahalo : appellation des voleurs de zébus. Dina : ils sont aussi anciens que les communautés villageoises des Hautes terres, dont le type merina est le fokonolona. Ces conventions collectives entrent en action après serment collectif, pour l’entretien des digues, des canaux d’irrigation, la surveillance des rizières, la protection mutuelle contre l’ennemi. Fokonolona : une collectivité villageoise. Fokontany : dénomination administrative auquel se rassemble un certain nombre de village. Koka : un cri d’alerte fait par le fokonolona.

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TABLE DES MATIERES

REMERCIEMENTS ...... i RESUME ...... ii TABLE DES ILLUSTRATIONS ...... iii LISTE DES ACRONYMES ...... v SOMMAIRE ...... vi INTRODUCTION ...... 1

PREMIERE PARTIE : ISANDRA : UN ESPACE D’AGRICULTURE ET D’ELEVAGE BOVIN TYPIQUEMENT BETSILEO ...... 8

CHAPITRE I : LE DISTRICT D’ISANDRA : UN ESPACE AGRICOLE ASSOCIANT LA RIZICULTURE ET ELEVAGE BOVIN…………. 9 ......

I - Un milieu naturel difficile pour une population dynamique ...... 11 I - 1 Un relief accidenté et climat tropical d’altitude...... 11 I - 1 - 1 Relief accidenté ...... 11 I - 1 - 2 Climat tropical d’altitude ...... 13

I - 2 La prédominance de la savane sur sols latéritiques ...... 15 I - 2 - 1 Savanes typiquement de la zone ...... 15 I - 2 - 2 Prédominance des sols latéritiques ...... 17

I - 3 L’importance de la viticulture pour les habitants du Betsileo sud...... 17 I - 3 - 1 Multiples facettes de vision pour la vigne ...... 17 II - 3 - 2 Place de la viticulture dans la Région Haute Matsiatra ...... 18

II - La riziculture associée à l’élevage bovin ...... 20 II - 1 La riziculture : principale activité des habitants ...... 20 II - 1 - 1 Importance du riz dans la vie quotidienne ...... 20 II - 1 - 2 Impacts du climat sur la pratique de la riziculture et de l’élevage bovin dans le District d’Isandra ...... 23

II - 2 L’élevage bovin : une pratique omniprésente ...... 25 II - 2 - 1 Incontournable lien entre l’agriculture et l’élevage bovin ...... 25 II - 2 - 2 Elevage typique pour Madagascar ...... 26

CHAPITRE II : LES APPORTS DE L’ELEVAGE BOVIN DANS LA COMMUNE 150

RURALE D’ANDOHARANOMAITSO ...... 27

I - La place privilégiée de l’élevage bovin ...... 27 I - 1 Le bœuf à la base de la civilisation malgache ...... 27 I - 1 - 1 Caractères spécifiques des zébus malgaches ...... 28 I - 1 - 2 Situation de l’élevage bovin depuis et à l’heure actuelle ...... 29

I - 2 L’utilisation permanente de zébus dans la vie des paysans ...... 30 I - 2 - 1 Utilisation pour des raisons sociales et culturelles ...... 30 I - 2 - 2 Utilisation pour des raisons économiques ...... 31

II - Milieu favorable pour les activités des paysans d’Andoharanomaitso ...... 32 II - 1 Des potentialités importantes mais aussi de fortes contraintes ...... 32 II - 1 - 1 Ses divers atouts et ses faiblesses ...... 32 II - 1 - 2 Productivités des paysans de la zone d’étude ...... 35

II - 2 La permanence des problèmes de l’élevage bovin ...... 41 II - 2 - 1 Importance des zébus ...... 41 II - 2 - 2 Problèmes rencontrés et solutions proposées par les paysans-éleveurs ...... 43 II - 2 - 3 Rôle du service vétérinaire dans l’abattoir d’Ankidona ...... 46

DEUXIEME PARTIE : LA CRISE DE L’ELEVAGE BOVIN DANS LA COMMUNE RURALE D’ANDOHARANOMAINTSO ...... 50 CHAPITRE III : LA CRISE RURALE ET LES VOLS DE BŒUFS...... 51

I - La méfiance des paysans ...... 51 I - 1 Crise de confiance à l’ égard de l’état...... 51 I - 1 - 1 Inefficacité de la gendarmerie dans leurs interventions ...... 51 I - 1 - 2 Complicité avec les « dahalo » ...... 53 I - 1 - 3 Comportements inacceptables de certains gendarmes dans leurs fonctions ...... 54

I - 2 Les difficultés des forces de l’ordre dans l’exercice de leurs fonctions ...... 57 I - 2 - 1 Insuffisance d’effectif ...... 57 I - 2 - 2 Vétusté des matériels et faiblesse des moyens financiers ...... 58

II - Les vols de bœufs: facteurs de violence et d’insécurité rurale ...... 59 II - 1 Un phénomène aux techniques variées de plus en plus violents ...... 59 II - 1 - 1 Manifestation du vol ...... 64 II - 1 - 2 Traits caractéristiques des « Dahalo »...... 64 II - 1 - 3 Tactiques et stratégies des vols de bœufs ...... 65 II - 1 - 4 Différents types des vols de bœufs ...... 66

II - 2 Une forte recrudescence des vols de bœufs ...... 66 II - 2 - 1 Exemples types de cas de vols ...... 66 II - 2 - 2 Marché d’Ambalavao : un grand centre de rencontre de bovidés en règle et /ou illicites pour le sud de Madagascar ...... 68

III - La crise rurale ...... 78 III - 1 Les différentes crises et les secteurs touchés par ce phénomène ...... 78 151

III - 1 - 1 Quelques définitions du vol des bœufs ...... 79 III - 1 - 2 Causes de son pratique ...... 79

III - 2 Les Impacts négatifs et conséquences de vols de bœufs sur la vie de la société: coups et blessures, morts d’hommes, diminution du cheptel, trafics d’armes, impacts culturels et politiques ...... 80

III - 2 - 1 Morts d’hommes, destructions matériels, impacts sociales et culturels ...... 80 III - 2 - 2 Trafics d’armes ...... 81

CHAPITRE IV : DES REPONSES INEFFICACES CONTRE LES VOLS DE BOEUFS ...... 83

I - Des initiatives multiples contre le fléau ...... 83 I - 1 La restauration de la confiance entre la population et la gendarmerie ...... 87 I - 1 - 1 Sensibilisation de la population sur les rôles la gendarmerie ...... 87 I - 1 - 2 Autres mesures prises pour la suppression de la méfiance ...... 88 I - 1 - 3 Corruption et persistance des vols des bœufs selon l’ONI ...... 90 I - 1 - 4 Influence de la coutume sur les vols de bœufs et l’application du« Dina » ...... 92

I - 2 La réorganisation des forces de sécurité et l’implication des habitants ...... 93 I - 2 - 1 Vols des bœufs : à l’origine de différents problèmes majeurs ...... 94 I - 2 - 2 Conséquences néfastes des vols de bœufs ...... 94 I - 2 - 3 Solutions pour l’éradication des vols de bœufs ...... 95

II - L’échec de la lutte contre les vols des bœufs à Andoharanomaitso ...... 97 II - 1 Une inefficacité avérée des mesures prises...... 98 II - 1 - 1 Impacts négatifs des solutions adoptées ...... 98 II - 1 - 2 Efforts de l’Etat pour ralentir ce fléau ...... 99

II - 2 Des problèmes non résolus ...... 100 II - 2 - 1 Attirance des gens sur la valeur des zébus ...... 100 II - 2 - 2 Perspectives de suggestions ...... 100

CONCLUSION ...... 102

BIBLIOGRAPHIE ...... 105

ANNEXES ...... 109

GLOSSAIRE

TABLE DES MATIERES

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