Mali: Éviter L'escalade
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MALI : EVITER L’ESCALADE Rapport Afrique N°189 – 18 juillet 2012 TABLE DES MATIERES SYNTHESE ET RECOMMANDATIONS ............................................................................. i I. INTRODUCTION ............................................................................................................. 1 II. LES DETOURS OPAQUES DE LA POLITIQUE NORDISTE D’ATT ..................... 2 A. REBELLIONS TOUAREG, PACTE NATIONAL ET ACCORDS D’ALGER ................................................ 2 B. IMPLANTATION DURABLE D’AQMI AU NORD-MALI ................................................................... 5 C. LE DERNIER AVATAR DE LA POLITIQUE SECURITAIRE D’ATT : LE PROGRAMME SPECIAL POUR LA PAIX, LA SECURITE ET LE DEVELOPPEMENT AU NORD-MALI ....................................................... 6 D. DU MNA AU MNLA : LA GESTATION D’UNE REBELLION ............................................................. 7 III. MAINTENANT OU JAMAIS ? LA RESURGENCE DE LA REBELLION ............. 9 A. LE FACTEUR LIBYEN : KADHAFI ET LE NORD-MALI ..................................................................... 9 B. LA MONTEE EN PUISSANCE DU MNLA ....................................................................................... 11 C. IYAD AG GHALI, SES AMBITIONS PERSONNELLES CONTRARIEES ET L’AGENDA ISLAMISTE .......... 12 IV. UNE DYNAMIQUE REBELLE ECLATEE ET VOLATILE.................................... 14 A. LA CAMPAGNE MILITAIRE FULGURANTE DES GROUPES ARMES DU NORD .................................... 14 B. LES EVENEMENTS D’AGUELHOC ET LES AUTRES VIOLATIONS DES DROITS HUMAINS DANS LE NORD 15 C. L’EVICTION GRADUELLE DU MNLA PAR ANÇAR EDDINE ET LES AVATARS D’AQMI................. 17 V. LE COUP D’ETAT, EFFET COLLATERAL DE LA REBELLION NORDISTE OU CONSEQUENCE D’UNE LONGUE DELIQUESCENCE DE L’ETAT ? ........ 19 A. LA FIN BRUTALE D’UNE TRAJECTOIRE DEMOCRATIQUE DE VINGT ANS ........................................ 19 1. Un malaise au sein des forces armées antérieur à la rébellion au Nord ..................................... 20 2. Une trajectoire politique typique de l’Afrique de l’Ouest ......................................................... 20 3. Faiblesse et corruption de l’Etat par temps de mondialisation................................................... 21 B. APRES LE COUP D’ETAT : CONFUSION ET DESORDRE AU SUD ...................................................... 22 1. Une classe politique malienne polarisée .................................................................................... 23 2. Actions de la Cedeao, réactions de la junte ............................................................................... 23 3. Controverses autour de la médiation de la Cedeao ................................................................... 25 VI. QUEL AVENIR POUR LE MALI ? ............................................................................. 28 A. ALLIANCES, RUPTURES ET RECOMPOSITIONS POLITIQUES ET MILITAIRES AU NORD-MALI .......... 28 B. LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE EN ORDRE DISPERSE ......................................................... 30 C. ARRETER LA DERIVE DE L’ETAT MALIEN ET ECHAPPER A UNE DESTABILISATION REGIONALE ..... 32 1. Remettre sur pied l’Etat malien ................................................................................................. 32 2. Au Nord : ne pas sacrifier l’approche politique tout en reconstruisant la capacité de recourir à la force ....................................................................................................................................... 33 3. Harmoniser l’action internationale et ne pas faire plus de mal que de bien ............................... 34 VII. CONCLUSION .............................................................................................................. 36 ANNEXES A. CARTE DU MALI .............................................................................................................................. 37 B. CARTE DU MALI ET DE LA REGION .................................................................................................... 38 C. LISTE DES ACRONYMES .................................................................................................................... 39 D. ACCORD-CADRE DE MISE EN ŒUVRE DE L’ENGAGEMENT SOLENNEL DU 1ER AVRIL 2012 ................... 41 E. CHRONOLOGIE DES EVENEMENTS POLITIQUES MARQUANTS AU MALI DEPUIS L’INDEPENDANCE ...... 44 F. A PROPOS DE L’INTERNATIONAL CRISIS GROUP ............................................................................... 47 G. RAPPORTS ET BRIEFINGS DE CRISIS GROUP SUR L’AFRIQUE ............................................................. 48 H. CONSEIL D’ADMINISTRATION DE L’INTERNATIONAL CRISIS GROUP ................................................. 50 Rapport Afrique N°189 18 juillet 2012 MALI : EVITER L’ESCALADE SYNTHESE ET RECOMMANDATIONS En un peu plus de deux mois, le régime politique malien a (MNLA), s’est fait déborder par un groupe armé islamiste, été anéanti. Alors que le 17 janvier 2012, une rébellion Ançar Eddine, dirigé par Iyad Ag Ghali, un chef touareg armée chassait les forces maliennes de la partie septentrio- initialement marginalisé lors des discussions ayant conduit nale du pays, le 22 mars, un coup d’Etat déposait le prési- à la constitution du MNLA. En s’imposant au Nord, Ançar dent Amadou Toumani Touré (ATT). Ces deux épisodes Eddine a tissé un modus vivendi, sinon un pacte, avec une ont poussé le Mali dans une crise sans précédent qui me- variété d’acteurs armés préexistants : des milices arabes et nace les équilibres politiques et la sécurité dans la région. touareg soutenues ces dernières années par le régime de Une intervention armée extérieure comporte néanmoins Bamako et, surtout, avec le groupe al-Qaeda au Maghreb des risques considérables. La communauté internationale islamique (AQMI), auteur de multiples rapts et assassinats doit privilégier le dialogue pour préserver les chances d’Occidentaux au Mali, au Niger et en Mauritanie, d’at- d’une sortie de crise politique. La Communauté écono- taques contre les armées de la région et impliqué dans les mique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) doit réé- trafics criminels transfrontaliers. Le Nord-Mali pourrait quilibrer ses efforts de médiation pour ne pas aggraver les bien devenir un vaste espace d’accueil de combattants ji- fractures déjà profondes de la société malienne. Renforcer hadistes de toutes origines. la crédibilité des institutions de transition pour remettre l’Etat et ses forces de sécurité sur pied est la première des Considéré pendant vingt ans comme un des modèles de priorités. Enfin, des mesures sécuritaires concertées au progrès démocratique en Afrique subsaharienne, le Mali niveau régional doivent être prises pour que le Nord-Mali est aujourd’hui menacé de déliquescence. La perspective ne devienne pas, sous l’effet d’actions de groupes origi- d’une sortie de crise rapide s’éloigne à mesure que se con- nellement étrangers, un nouveau front de la guerre contre solide un régime islamiste dur au Nord et que se perpétue le terrorisme. un sentiment de vide politique, institutionnel et sécuritaire à Bamako. Si la Cedeao a, dans un premier temps, donné A Bamako, la capitale, le cadre de transition élaboré par la les bons signaux, la crédibilité de son action diplomatique Cedeao en accord avec la junte composée d’officiers su- a ensuite été sérieusement affectée par une médiation peu balternes dirigés par le capitaine Amadou Haya Sanogo n’a transparente conduite par le Burkina Faso, objet de vives pas permis de reconstituer un ordre politique incontesté. La critiques dans la capitale malienne et au-delà. Dans ce con- junte s’est constitué une base sociale en capitalisant sur la texte favorable à la prédominance des intérêts sécuritaires colère d’une frange importante de la population envers le et politiques particuliers des Etats étrangers, voisins ou régime d’ATT auquel elle associe le président intérimaire non, sur ceux de la population malienne, l’influence des Dioncounda Traoré, qui présidait jusque-là l’Assemblée partisans d’une intervention armée extérieure est croissante. nationale. Ce dernier a fait l’objet d’une agression phy- sique, qui aurait pu lui être fatale, par les partisans des Il convient de ne pas céder aux appels belliqueux et de putschistes dans l’enceinte même du Palais présidentiel le poursuivre les initiatives de règlement politique du conflit 21 mai 2012. Evacué en France pour des soins, il n’était déjà entamées, sans pour autant négliger les questions sé- toujours pas rentré à Bamako mi-juillet. La déstructuration curitaires. Les pays de la Cedeao qui se disent prêts à en- de l’appareil militaire et la faiblesse des autorités civiles voyer des troupes paraissent mal appréhender les com- de transition incarnées par le gouvernement du Premier plexes réalités sociales du Nord-Mali, et sous-estimer les ministre Cheick Modibo Diarra, en passe d’être recomposé, risques élevés de règlements de comptes intercommunau- ne permettent pas d’envisager à court terme une restauration taires qui résulteraient d’une intervention militaire exté- par les forces maliennes de l’intégrité territoriale qui ne soit rieure. Une telle intervention armée ferait du Mali un nou- pas porteuse de risques de graves dérapages et d’enlisement. veau front de la « guerre contre la terreur » aux dépens des revendications politiques exprimées depuis des décennies Au Nord, le groupe nationaliste touareg qui a lancé la ré- au Nord, et au risque de rendre illusoire toute possibilité