Côte Ouest De Madagascar / 3 : Anthologie Sociale, Politique
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UNlVERSITF: René DESCARTES SORBONNE PARIS V ANTHOLOGIE SOCIALE, POLITIQUE, ECONOMIQUE Côte Ouest de Madagascar, Région de BELO-SUR-TSIRIBIHINA et Vallée du MANAMBOLO Tome III SUZANNE CHAZAN - GILUG Sous la Direction du Professeur G. BALANDIER ORSTOM PARIS - MARS·1986 PREFACE Les textes réunis et thématisés dans cet ouvrage ont été-la source de la réflexion entreprise sur la genèse et les transformations sociales des villages étudiés à Belo-Sur Tsiribihina et dans la vallée du Manambolo. Ils ont fait l'objet d'une prerJ:lière présentation chronolo~ique dans la partie précédente "itinéraires" qui précise pour chaque interview mene, la manière dont ils ont été recueillis et le contexte social dans lequel ils s'insèrent. Ces interviews ne constituent cependant nullement la somme des enregistrements effectués en cours d'enquête et leur sélection comme leur organisation par thème n'engagent que l'auteur. Ce qui est exhaustif cependant, et qui caractérise cette anthologie c'est la réflexion faite en permanence par les "auteurs interprètes" de leur société, qui ne s'arrête jamais à un niveau purement descriptif, et engage à une lecture globale pour tout thème développé. Pour en prendre la mesure, plusieurs lectures devraient être effectuées, celle et la plus importante thématique que nous proposons ici, directe et sans recours aux notes, celle ponctuée par l'appui des commentaires en marge et celle qui associe la présentation précédente chronologique. Les traductions effectuées après dépouillement et dactylographie des textes en Sakalava, furent pour beaucoup revus et corrigés deux à trois fois et par des collaborateurs différents. Nous tenons à remercier ceux qui ont participé à ces traductions, en particulier Luc Zaba (1), Eléonore Nerina (2), Jean-Louis Patesy (3). L'abondante littérature à laquelle ils ont eu à faire face, la difficulté devant laquelle (1) Luc Zaba: Lecteur aux archives, attaché à la section Outre-Mer, département d'histoire religieuse et juridique. Nombreuses contributions sur le statut des Missions à Madagascar et à Ste-Marie. (2) E. Nerina: Maitre Assistant, Docteur de 3ème cycle au Centre Universitaire de Tuléar. Directeur du département de langue Malgache. (3) J.L. Patesy : Etudiant en Maitrise de Psychologie Sociale. Thèse en préparation "Représentations sociales et relations interpersonnelles dans la société Tsimihety, centre Nord de Madagascar". ils se sont trouvés pour reconstituer les phrases, introduire une ponctuation, ou encore séparer les parenthèses de style indirect qui ponctuent souvent les discours, tandis que les images, les analogies se succédaient ont, dès le départ obligé à une traduction attachée plus à l'esprit qu'à la lettre. La littéralité des traductions a toujours précédé l'écriture finale. L'homogénéité de celle-ci qui, nous l'espérons, sera ressentie par les lecteurs n'est due qu'à un artifice propre à toute traduction, ordinairement designée par "la mise en bon français". Nous portons cette responsabilité finale, comme celle précédemment notée de la sélection et l'organisation thématiques. Tandis que les ambiguités de sens, les contradictions en cours d'entretien ont toujours été interprétées et signifiées par la situation d'enquête dont l'observation a été consignée sur un cahier de terrain tenu au jour le jour et par les explications données par nos informateurs sur place. La collaboration de Jean-François Rabe-Dimy (1), à l'enquête directe doit ici être rappelée, son implication dans les rapports locaux a le plus souvent conduit à une réflexion immédiate des interviews recueillis. Les échanges de vue qui ont été ainsi développés et l'importante contribution de notre collaborateur s'individualisent difficilement, mais sa contribution rejoint l'exacte mesure de la qualité des textes recueillis. Si, pour les besoins de leur compréhension, nous avons dO effacer le style dialogué dans lequel tous les interviews se présentent, il n'en demeure pas moins vrai que toute information importante obtenue est toujours le produit d'un questionnement juste correspondant. Jean-François Rabe-Dimy est bien au centre de cette réflexion sur le fonctionnement de la société, lui qui, dans des conditions souvent difficiles a su maintenir un niveau de généralité aux réflexions faites sans pour autant gommer les différences. Et les "auteurs-interprètes" de cette société, ces chefs de lignage, qui ont donné de leur temps, nous ont accueilli, ces intellectuels avant la lettre, ont su témoigner inlassablement au hasard des circonstances et de leur vécu quotidien de ce qui les unit, les oppose. Porteurs d'un passé, confrontés à un avenir, ils ont donné une image du (1) J.F. Rabe-Dimy: Ma!tre Assistant, Docteur de 3ème cycle au Centre Universitaire de Tuléar. Directeur du Cedratom: Centre d'Etudes et de Recherches sur les Traditions Orales Malgaches. fonctionnement de leur société qui n'a rien de monolithique ni de simple. La publication de ces textes est alors sans doute le meilleur moyen de traduire et de donner à comprendre ia complexité de cette société dont la logique ne peut en aucun cas être réduite à une quelconque fonctionnalité. Les thèmes proposés sont alors des instantanés liés les uns aux autres qui ne peuvent trouver leur explication qu'ailleurs dans le social, souvent mentionné par nos informateurs. Datées et signées, ces réflexions ont aidé à l'identification des mécanismes par lesquels la société se transformait sans pour autant opérer de ruptures essentielles qui la mettent en cause. Nous remercions tout particulièrement les auteurs des textes mentionnés dans cette anthologie : - Les Mpitoka, chefs de lignage du village Andranofotsy: Malaitsy, gardien du culte d'Antragnovato et du Togny-Tany, talisman de la création du village, Tsimikora, chef de lignage détenteur du Hazomanga et propriétaire du tombeau Besely garant de l'unité lignagère Tsitompa, F"Jrengea chef de village Tsitompa, Faliagnara, Tsitompa. Tsitsaha, gardien du tombeau Misara de Befifitaha, Maharesy-Tsivogny propriétaire du tombeau de Nosylava, Sakoambe-Mija, 8atozy, Tsimangataky, notre hôte, Mahatafy, Andralefy, Kabaly, Samoky, André, Andrasily, Tagaga, conseiller rural Marofofohy, Friazagna, Marotsiraty, Fanitony, gardien de la Tragnovinta de Mitsinjo, Misara. F"l1oha, Marolahy, Mpitoka du Fitampoha et Mahakasa, ancien Mpibaby et Masy Marotsiraty. - Les Mpitoka , chefs de lignage des villages de Andramasay: Gaston Antavela, Firesa Vazimba de Moravagno : Tsihenjagny-Hirijy et Toha-Tasarafodia Antaisaka - Ceux de Aboalimena: Kosy et Kanintsy-Tsimangataky, Zalahy-Misara, Soavelo Nangandroa Masy, devin Mikea. - Les Mpitoka, chefs de lignage crAnldrijy : Firoroa-Maromany et les Homankazo. - Les Mpitoka, chefs de lignage de 8epilopilo : Tsiarama. - Les Mpitoka, chefs de lignage de Soahazo: Mahatafibe, Vezo-Antavaratse et Mahazaitsy, Ravimboamanga. - Les Mpitoka, chefs de lignage dAmpasimandroro : Restakely, Maromine. - Les Mpitoka, chefs de lignage dAndranolava: Sambofialofa, Vezo- Hohimalagno. - Les Mpitoka, chefs de lignage dAntanambao-Behara: Jacques Kakay, Misara et chef de quartier. - Et la famille des princes héritiers Kamamy (Lag, Félice, Vittel) ainsi que le chef de quartier de 8elo Dafinely Ndrenatelo, Boridy, Tsibitilcy, huissier à la mairie de 8elo, Ph. Roziers (adjoint au Maire de 8elo). - Les responsables locaux de la mairie de la préfecture et des services techniques qui nous ont toujours accueilli et facilité la tâche. - Le Maire, Ministère de l'Education Nationale: 8otokeky. - Enfin, les discours de 1971 prononcés par le Président Tsiranana trouvent ICI leur place, car ils caractérisent la période particulière de l'indépendance durant laquelle cette enquête a été effectuée. 1 - LES TRADITIONS D'ORIGINE - 2 - 1-1 Mikea - Texte n° 60 Venus de Mayotte avec les Karana " (de l'origine des Mikea, ces grands ancêtres gui vivaient dans la forêt>... Ces gens (Pakistanais). là n'étaient pas nés ici, mais ils venaient d'autres contrées. D'après leurs dires, quand ils sont arrivés à Madagascar, ils venaient de l'Ouest, par la mer, sur ces Botra, embarcations appelées maintenant Balania qui amenaient en même temps qu'eux des commerçants dont les enfants s'appellent Amojafida, 8erajy, Hajy. Ils étaient trois frères et soeurs. La soeur s'appelait Hajy, le frère cadet Rahosahosa, et le frère aîné Rahosabe. Ils se sont installés ici avec les Karany. Les Karany venaient chercher des terres à cultiver et faire du commerce, et eux venaient gagner leur vie en travaillant la terre•. Ils sont allés à Magneva du territoire de Mahabo du temps du roi Andriandahifotsy (nom posthume Ndrianinhanina). Ils se sont installés à côté, ils ont défriché le terrain dans une forêt appelée Antongo. Les ~ens du cru leur dirent: "dans le pays d'à côté, le roi fait des razzias, on se bat et on echange des coups de fusil. Si Peut-être est-ce Mana.baliha. village vous voulez défricher, et non pas vous installer sur les terres du roi, vous devrez vous situé non loin de Maneva. anci enne battre avec lui, vous serez tous tués, vous et votre Foko à Manambaro. Vous feriez résidence du roi Ndrianinhanina. mieux d'aller le voir, et vous pourrez rester". Ils allèrent donc voir le roi non loin de Mahabo. Ndrianinhanina (Lahifotsy de son vivant). Andriandahifotsy leur dit: "d'où venez-vous 1" -"Nous, dirent-ils, nous venons de Mayotte, une île qui se trouve à l'Ouest, où nous vivions avec les Karany qui sont venus s'enrichir. Et nous nous sommes installés dans la forêt d'Antongo. Les gens nous ont dit que cette terre appartient à un Ampagnito, et qu'on ne peut s'y installer sans aller le voir, et donc de faire en sorte pour le rencontrer". Le Mpanjaka leur dit alors : "ceux qui ne viennent pas me voir n'ont aucune chance de réussir, qu'est-ce que vous voulez faire, et que voulez-vous fonder 1" -"Ce que nous voulons faire dirent-ils, c'est trouver de la nourriture pour manger, de l'eau pour boire, et nous devrions le trouver dans cette forêt". -"Bien, dit le Mpanjaka, je ne vous donnerai ni sujets, ni terres cultivables, c'est vous qui devrez défricher.