UNIVERSITE D’ANTANANARIVO ECOLE SUPERIEURE DES SCIENCES AGRONOMIQUES DEPARTEMENT DES EAUX ET FORETS

Mémoire de fin d'études pour l’obtention du DIPLÔME DE MASTER DE RECHERCHE EN SICIENCES AGRONOMIQUES OPTION : FORESTERIE–ENVIRONNEMENT Promotion: Kingatsa (2009-2014)

Causes et dynamiques spatio-temporelles de la végétation dans la

région au sud-ouest de

Présenté par: HOUDANON Roël Dire

COMPOSITION DU JURY

Président : Monsieur RABEMANANJARA Zo Examinateurs : Monsieur RATSIMBA Rakoto Harifidy Monsieur RAZANAKA Samuel Encadreur: Monsieur RAMAMONJISOA Bruno

Soutenu le 11 Décembre 2014

UNIVERSITE D’ANTANANARIVO

ECOLE SUPERIEURE DES SCIENCES AGRONOMIQUES

DEPARTEMENT DES EAUX ET FORETS

Mémoire de fin d'études pour l’obtention du

DIPLÔME DE MASTER DE RECHERCHE EN SICIENCES AGRONOMIQUES

OPTION : FORESTERIE–ENVIRONNEMENT

Promotion: Kingatsa (2009 -2014)

Causes et dynamiques spatio -temporelles de la végétation dans la région Menabe au sud -ouest de Madagascar

Présenté par: HOUDANON Roël Dire

COMPOSITION DU JURY

Président: Monsieur RABEMANANJARA Zo Examinateurs : Monsieur RATSIMBA Rakoto Harifidy Monsieur RAZANAKA Samuel Encadreur: Monsieur RAMAMONJISOA Bruno

UNIVERSITE D’ANTANANARIVO ECOLE SUPERIEURE DES SCIENCES AGRONOMIQUES DEPARTEMENT DES EAUX ET FORETS

Mémoire de fin d'études pour l’obtention du DIPLÔME DE MASTER DE RECHERCHE EN SICIENCES AGRONOMIQUES OPTION : FORESTERIE–ENVIRONNEMENT Promotion: Kingatsa (2009 -2014)

Causes et dynamiques spatio -temporelles

de la végétation dans la région Menabe au sud -ouest de Madagascar

DEDICACES

A

Dieu, l’Eternel créateur, le premier auteur de toute œuvre humaine pour tous les bienfaits dont il m’a comblé.

Ma mère Hélène MISSIHOUN pour tout son amour et les nombreux sacrifices dont elle a fait preuve à mon égard,

Mon père Mensan HOUDANON pour les meilleures ambitions qu’il a toujours nourries et portées envers ma personne.

REMERCIEMENTS Notre brillante formation à l'Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques n’aurait été effective sans le concours de nombreuses personnes à qui nous rendons ici un hommage mérité. Qu’ils nous soit donc permis de remercier avec la plus grande gratitude:

- Mr RAMAMONJISOA Bruno Salomon, Professeur Titulaire d’Enseignement Supérieur et de Recherche, et Chef de Département des Eaux et Forêts de l’ESSA, qui m’a accepté et accueilli dans son département avec beaucoup de plaisir et qui a été superviseur de mon mémoire;

- Dr Harifidy Rakoto Ratsimba, pour cette grande opportunité qu’il nous a offerte de nous pencher sur ce thème d’actualité et pour son encadrement tout au long de ce travail

- A l’ensemble des enseignants et professeurs de l’ESSA-Forêts, pour tout leur soutien et encouragement ;

- A la coordination PIMASO de Madagascar.

- A tous les camarades de la promotion Kingatsa des Eaux et forêts pour ce cadre d’excellence et d’expérience, dont ils ont fait preuve durant cette année;

- A mes fidèles amis SANKARA Bakary et Sydonie Rabarison pour leurs nombreuses contributions à mon mieux être et à mon épanouissement personnel. Que cette force de l’intelligence puisse nous garder pour toujours;

- A mes frères et sœurs Cédras, Armande et Golda pour tout le soutien qu’ils m’apportent ;

- Enfin, j’exprime ma reconnaissance à tous ceux que j’ai oublié et qui, de prêt ou de loin ont contribué à la réalisation de ce travail.

Table des matières RESUME ...... i ABSTRACT ...... ii SIGLES ET ACRONYMES ...... iii LISTE DES TABLEAUX ...... iv LISTE DES FIGURES ...... iv 1 INTRODUCTION ...... 1 2 PARTIE I: PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE GENERALE ...... 3 2.1 Problématique ...... 3 2.1.1 Hypothèses de travail ...... 4 2.1.2 Objectifs spécifiques ...... 5 2.2 Méthodologie générale ...... 5 2.2.1 Méthode relative à l'objectif 1 ...... 5 2.2.2 Méthode relative à l'objectif 2 ...... 6 3 PARTIE II: MILIEU D'ETUDE ...... 10 3.1 Situation géographique et Administrative de la région de Menabe ...... 10 3.2 Milieu physique (Monographie région Menabe, 2013) ...... 11 3.2.1 Climat ...... 11 3.2.2 Pluviométrie ...... 11 3.2.3 Température ...... 12 3.2.4 Sol (PRDR Menabe, 2003) ...... 12 3.2.5 Formation végétale ...... 13 3.2.6 Réseaux hydrographiques ...... 14 3.3 Milieu socio-économique (Monographie région Menabe, 2013) ...... 15 3.3.1 Population totale ...... 15 3.3.2 Composition ethnique ...... 16 3.3.3 Activités socio-économiques ...... 16 4 PARTIE III: RESULTATS ...... 17 4.1 Dynamique spatio-temporelle de la végétation dans la région de Menabe ...... 17 4.2 Causes de la déforestation dans la région Menabe ...... 21 5 PARTIE IV: DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS ...... 24 5.1 Discussion ...... 24 5.1.1 Dynamique spatio-temporelle de la végétation dans la région de Menabe ...... 24 5.1.2 Causes de la déforestation dans la région Menabe ...... 27 5.2 Recommandations ...... 30

5.2.1 L’aspect environnemental: la forêt refuge de la biodiversité ...... 30 5.2.2 L’aspect social : la forêt source de vie ...... 30 5.2.3 L’aspect économique : la forêt source de bois et d’emplois ...... 30 5.3 Limites de l'étude ...... 32 6 CONCLUSION ...... 33 7 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ...... 34

RESUME La présente étude a porté sur les causes et la dynamique spatio-temporelle de la végétation dans la région Menabe au sud-ouest de Madagascar. La déforestation est en effet un problème majeur auquel est confronté Madagascar et surtout la région Menabe. Les objectifs visés par cette étude étaient de i) déterminer les taux de déforestation des différentes communes de la région de Menabe et leurs évolutions dans le temps et ii) déterminer les causes de la déforestation et leur ordre d'importance. Afin d'atteindre ces objectifs, La collecte des données est passée par l'obtention des cartes d'évolution de la couverture des forêts naturelles entre 1990 et 2010 élaborées a partir de la collaboration du Ministère de l'Environnement, des Eaux et Forêts, l'USAID et Conservation International et par l'obtention de la base de données issue des enquêtes sur le suivie du recensement des communes de Madagascar des Fonds d'Intervention pour le Développement (FID) de 2007. Les cartes obtenues ont été crées par l'interprétation des images Landsat autour des années 1990, 2000, 2005 et 2010 et les enquêtes sur le suivie du recensement des communes de Madagascar de 2007 de FID nous on permis d'avoir des données socio-économiques sur les 42 communes que compte Menabe. L'analyse des données pour l'obtention des taux de déforestation a été faite dans le logiciel Arcgis avec l'utilisation de l'outil "spatial analysis". Quant à la détermination des causes de la déforestation, un modèle a été élaboré à partir du logiciel statistique R. La régression utilisée a été la béta régression.

Les résultats obtenus à partir du traitement des données ont montré que la dynamique spatio- temporelle dans la région de Menabe et dans ces différentes communes est régressive. Les taux de déforestation ont évolué dans un premier temps de la période 1990-2000 à 2000-2005 puis ont diminué dans un second temps de la période 2000-2005 à 2005-2010. Quant aux causes de la déforestation, les facteurs qui ont été révélé influençant la déforestation dans la région Menabe sont le pourcentage de population touché par lavaka, le pourcentage des terres cultivées appartenant à des gens ne résident pas dans la commune, le prix d'un are de rizière de mauvaise irrigation en Ariary, le pourcentage de population touché par la baisse de fertilité des sols, le pourcentage des populations cultivant le riz, le pourcentage des ménages qui ont des terres titrées, le pourcentage des gens fabriquant le charbon de bois, le pourcentage des populations touché par les feux de brousse, le pourcentage des ménages vivant des ressources de la forêt, le pourcentage de bois de chauffe exporté en dehors de la commune et enfin le pourcentage des gens qui n'ont pas assez à manger pendant la période de soudure. Les résultats ont montré aussi que le pourcentage des ménages qui ont des terres titrées, le pourcentage de population touché par la baisse de fertilité des sols et le pourcentage de bois de chauffe exporté en dehors de la commune sont les facteurs les plus déterminants dans la déforestation.

Une analyse de ces différents facteurs et les différents moyens pour les influencer telle que la promotion de l'agroforesterie a été recommandée pour arrêter la spirale malthusienne que vit la région où la pauvreté conduit à la déforestation et la déforestation conduit à une pauvreté encore plus accentué.

Mots clés: Causes, Déforestation, Dynamique spatio-temporelle, Région Menabe

i

ABSTRACT This study is focused on the causes and spatio-temporal dynamics of vegetation in the region Menabe in the south west of Madagascar. Deforestation is indeed a major problem which Madagascar is facing and especially the region of Menabe. The objectives of this study were first of all to determine the rate of deforestation in different areas in the region of Menabe and their evolution on time, then to determine the causes of deforestation according to their importance. To achieve these objectives, we started by collecting data from the evolution of the natural forest cover maps produced between 1990 and 2010 from the collaboration of the Ministry of Environment, Water and Forests USAID and Conservation International and from surveys on the socio-economical situation of the region conducted by Intervention Development Fund (IDF) in 2007. Maps were created by interpretating Landsat images around the years 1990, 2000, 2005 and 2010. We used the Arcgis software by using "spatial analysis" to analyze those data in order to obtain the deforestation rate. To identify the causes of deforestation, a model was developed from the statistical software R. we have used beta regression.

The results obtained from the data processing showed that the spatio-temporal dynamics in the region of Menabe and in its communes is regressive. Deforestation rates have increased initially for the period 1990-2000 to 2000-2005 and then have increased in the period of 2000-2005 to 2005-2010. Various reasons influence people to practice deforestation. There are the percentage of population affected by lavaka, the percentage of cultivated land belonging to people who are not resident in the town, the cost of one are of rice fields having poor irrigation, the percentage of population affected by the decline of soil fertility, the percentage of rice growers, the percentage of households having titled land, the percentage of charcoal producers, the percentage of people affected by the bushfires, the percentage of households living by the forests, the percentage of firewood exported outside the town and then the percentage of people who do not have enough food during the hunger gap. The results also showed that the percentage of households with titled land, the percentage of population affected by the decline in soil fertility and the percentage of firewood exported outside the town are the most important factors of deforestation.

An analysis of these factors and the different ways of influence, such as the promotion of agro forestry has been recommended to stop the Malthusian spiral which is seen in the region where poverty leads to deforestation and deforestation leads to a deeper poverty.

ii

SIGLES ET ACRONYMES

CREAM: Centre de Recherches, d’Etudes et d’Appui à l’Analyse Economique à Madagascar

CT: Court Terme

FAO: Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation

FEM: Fonds pour l'Environnement Mondial

FID: Fonds d'Intervention pour le Développement

IGBP: International Geosphere-Biosphere Program

INSTAT: Institut National de la Statistique

Km 2: Kilomètre carré

Landsat: Land and Satellite

LT: Long Terme

MECNT: Ministère de l'Environnement Conservation de la Nature et Tourisme

Mm: millimètre

MT: Moyen Terme

USAID: United States Agency for International Development

WWF: World Wilde FUND for Nature

iii

LISTE DES TABLEAUX Tableau 1: Description des variables explicatives ...... 7 Tableau 2: Superficie et nombre de communes des districts dans la Région Menabe ...... 10 Tableau 3: Evolution de la couverture forestière et taux de déforestation par commune dans la région Menabe entre 1990 et 2010 ...... 18 Tableau 4: Evolution du taux de déforestation de 1990 à 2010 par commune dans la région Menabe (% par an) ...... 19 Tableau 5: Evolution de la couverture forestière et taux de déforestation par district dans la région Menabe entre 1990 et 2010 ...... 21 Tableau 6: Evolution du taux de déforestation de 1990 à 2010 par district dans la région Menabe (% par an) ...... 21 Tableau 7: Les facteurs qui déterminent le taux de déforestation dans une commune ...... 23 Tableau 8: Synthèse des recommandations ...... 31

LISTE DES FIGURES

Figure 1: Carte de localisation de la région de Menabe ...... 11 Figure 2: Carte de déforestation de la région de Menabe de la période 1990-2005 ...... 17 Figure 3: Carte de déforestation de la région de Menabe de la période 2005-2010 ...... 17

iv

1 INTRODUCTION La végétation constitue une composante majeure de l’environnement car elle structure fortement les écosystèmes, si bien que son état conditionne en grande partie celui des sols, de la faune et des autres conditions d’existence des êtres vivants (Arouna et al., 2010). Dans le contexte des changements globaux, les changements spatio-temporels de l’occupation du sol sont les plus perceptibles à l’échelle de la vie de l’homme. Ils sont devenus alors des indicateurs majeurs des changements globaux. Les effets des changements spatio-temporels de l’occupation du sol sur les systèmes écologiques et sur les interactions terre-atmosphère sont désormais pris en compte dans le cadre des recherches menées sur le «Changement Global», notamment le programme IGBP (International Geosphere-Biosphere Program) (Corgne, 2004; Arouna, 2010). Le suivi de la dynamique spatio-temporelle de l’occupation du sol est de plus en plus effectué à partir des archives de la télédétection. De telles approches sont de plus en plus préconisées partout dans le monde (Wittmann et al., 2002; De Wasseige, 2002 ; Feoli et al., 2003; Mama et al., 2013). A Madagascar, les activités économiques telles que l’agriculture, l’élevage, la chasse et les efforts de conservation à travers les aires protégées se mènent sans un schéma directeur d’aménagement du territoire dans la plupart des régions. Avec un taux d'accroissement de la population qui a évolué au cours des décennies 1,9 % (de 1966 à 1975), 2,6 % (de 1975 à 1984) et de 2,9 % (de 1984 à 1993) en moyenne (INSTAT, 1997) et récemment estimé en 2012 à 2,95 % (http://www.statistiques- mondiales.com/, 2014) et ses corollaires d’augmentation des besoins de tout genre à satisfaire (Carr et al ., 2005), les formations végétales sont sous la pression de plus en plus galopante de l’agriculture, de l’élevage, de l’exploitation forestière et de l’urbanisation (FAO, 2005). L’une des conséquences visibles de ces pratiques est la dégradation du couvert végétal. Ce taux de dégradation du couvert végétal à l'échelle national est de 4,50 % entre 2000 et 2010 (FAO, 2010) et signale un risque que beaucoup d'espèces forestières peuvent disparaitre à jamais sans être découvert (FAO, 2014) . Ce taux national de recul du couvert végétal pourrait cacher de profondes disparités locales. Il serait alors intéressant d’étudier à Madagascar, l’évolution du couvert végétal de façon approfondie à l’échelle des régions qui constituent aujourd’hui l’un des échelles privilégiées du développement local car elles sont des entités territoriales dotées de personnalité juridique, d’autonomie financière et ayant des compétences dans le domaine de l’aménagement du territoire (Al Dabaghy, 2007). Le suivi et l'analyse de la déforestation à Madagascar a été porté sur les forêts humides de l'Est (Green et Sussman 1990; Nelson et Horning 1993; Dufils 2003; Bollen et Donati 2006; Vagen 2006). Cependant, le taux de déforestation dans les forêts de feuillus sèches de l'ouest avec leurs niveaux comparables d'endémisme et de biodiversité étaient tout aussi élevé, voire plus élevé (Smith, 1997; Whitmore, 2000; Harper et al., 2007). Il a été estimé que plus de 97% des forêts à feuilles caduques sèches de Madagascar avait déjà disparu depuis l'an 2000 (WWF, 2001) et avec eux des aspects uniques de la biodiversité malgache (Whitmore et Sayer, 1992; Ganzhorn et al., 2001; Allnutt et al., 2008). Cela correspond à

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la situation de la plupart des forêts tropicales sèches qui ont été négligés en raison de l'accent mis sur les forêts tropicales humides (Janzen, 1988; Lerdau et al., 1991; Bellefontaine et al., 1997). Les causes de l'élimination de la forêt à Madagascar varient selon les régions (Gorenflo et al., 2011). Avec une expansion de la population rurale et la dégradation croissante des terres arables existantes, la pression sur la forêt restante est extrêmement élevé. L'exploitation sélective pose une menace supplémentaire pour la forêt (Whitehurst et al., 2009). Un atelier de définition des priorités sur Madagascar en 1995 a identifié plusieurs sites écosystémiques de la forêt sèche comme ayant besoin d'une protection immédiate de la biodiversité (Zinner et al., 2013). Parmi eux se trouvaient le sud et le centre de la région de Menabe (Ganzhorn et al 1997; Zinner et al., 2013). Ainsi en 1997, un grand bloc contigu de la forêt sèche dans le sud Menabe est devenue juridiquement protégée comme la Kirindy- Parc national Mitea, l'un des premiers parcs nationaux dans la zone forestière de l'Ouest (Decret pas 97-1453, le 18 Décembre 1997 par le Ministère de l'Environnement, des Eaux et Forêts). Avant la création de Kirindy-Mitea parc national, la seule aire protégée dans la région était la réserve spéciale Andranomena (env. 7.000 ha), qui est situé au sud de la KAFC et au sud de la rivière Tomitsy (Zinner et al., 2013). Cependant, la réserve a déjà perdu la plupart des espèces locales endémiques en raison de la dégradation des forêts (Smith et al., 1997;. Ganzhorn et Schmid, 1998; Tidd et al. , 2001). La région centrale de Menabe a connu une longue histoire de la conversion des forêts et en outre la conversion de la forêts restants dans la région centrale de Menabe constitue une grave menace à la survie de plusieurs vertébrés endémiques. Les pressions actuelles dans la région sont principalement dues à une population humaine en expansion (Zinner et al., 2013). Toutefois les causes réelles de cette déforestations surtout les raisons socio-économiques sont encore mal élucidées de même que la superficie forestière réellement converties entre 1990 et 2010 dans cette région. C'est ainsi pour combler ce gap d'information qui est pourtant très importante pour prendre des décisions ayant référence à la lutte contre la déforestation dans la région Menabe que ce présent mémoire garde toute son importance.

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2 PARTIE I: PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE GENERALE

2.1 Problématique La demande d’aliments, de produits d’élevage, de bois et de fibres pour subvenir aux besoins d’une population en expansion rapide pèse de plus en plus sur les sols et entraîne l’adoption de modes d’exploitation peu viables (FEM, 2009). Les pauvres déboisent et produisent du charbon de bois pour alimenter les cuisines populaires de tout un pays. De même, à mesure que le besoin de terres agricoles augmente du fait de la pression démographique, des millions d’hectares de forêts tropicales partent en flammes en Afrique, Asie et Amérique latine (Fleshman, 2008). Ces dynamiques révèlent que les pressions humaines actuelles sur les ressources forestières sont sans commune mesure en rupture avec les capacités d’auto-régénérescence de ces formations végétales naturelles qui sont sérieusement menacées (Hountondji, 2008).

Le recul du couvert forestier consécutif à la pression anthropique et aux systèmes de production agricole constitue une menace suffisamment grave pour l'équilibre écologique de nombreux pays et en particulier pour Madagascar (Zinner et al., 2013) qui est un hotspot de biodiversité (Ganzhorn et al., 2001). La République de Madagascar – pays dans lequel 81,3 % de la population vivait encore en- dessous du seuil de pauvreté en 2010, soit avec moins de US$ 1,25 par jour et par personne (World Development Indicators, 2014) vit dans une situation très difficile (Rahomavelo, 2014). La majorité (67 %) des habitants vit en zone rurale (World Development Indicators, 2014) et la faible productivité agricole, la pauvreté et le haut taux de natalité font que ce pays est classé à la 151e place (sur 187) selon l’indice de développement humain. En matière de conservation de la nature, Madagascar est internationalement considéré comme un hotspot de biodiversité (Ganzhorn et al., 2001) avec une déforestation qui menace les paysages de l’Île.

Dans le Menabe Central sur la côte ouest de Madagascar, la population indigène est d’ethnie Sakalava et principalement cultivatrice de riz (Rahomavelo, 2014). En raison de flux migratoires, la population indigène ne représentait guère qu’un tiers de la population totale du Menabe dans les années 1990 (Fauroux, 1997). Les immigrants sont des Betsileo, des Antesaka ou des Antandroy, et ils cultivent du riz et d’autres cultures sur brûlis. Il semblerait que, dans la région du Menabe Central, les premiers défrichements pour la culture sur brûlis n’auraient commencé que dans les années 1960 et seraient imputables à des ethnies migrantes (Ranaivonasy et al., 2005, Waeber et al., 2014). Actuellement, les populations rurales du Menabe Central dépendent fortement des terres (Genini, 1996, Rahomavelo, 2014), des produits et des services forestiers (Favre 1996). Les forêts de cette région sont principalement des forêts denses sèches et elles abritent de précieux produits, tels que des tubercules, des produits halieutiques, du gibier et du miel qui permettent aux populations locales de faire face à la période de soudure (Favre 1996), ainsi que du bois de construction ou encore des plantes médicinales. Elles hébergent aussi des lieux de cultes dont l’importance ne doit pas être sous - estimée

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(Rahomavelo, 2014). Certaines de ces différentes utilisations traditionnelles du paysage forestier du Menabe Central peuvent cependant exercer une pression considérable sur les forêts de la région. Le défrichement à des fins agricoles contribue notamment à une déforestation qui a été estimée à des valeurs variables mais vraisemblablement comprise entre 0,5 % et près de 2 % par année (Scales, 2011; Scales, 2012; McConnell et Kull, 2014).

L'état grave de la déforestation dans cette région de Madagascar soulève des questions suivantes: pourquoi les populations causeraient-elles de tel dommage à leurs terres? qui est à blâmé? et pourquoi les mesures de conservation ne sont elles pas efficaces? Avant même de commencer à répondre à ces questions, il est nécessaire d'aller au-delà des causes immédiates bien connus de la déforestation (par exemple, les terres agricoles, bois, exploitation forestière) et examiner les conditions sous-jacentes ou facteurs aggravants qui provoquent la déforestation à être pratiqué à un niveau aussi insoutenable, et se demander si les efforts de conservation traitent de ces questions (Clare, 2006). Il est donc plus qu'indéniable qu'une considération des données socio-économiques soient faites pour mieux comprendre ces causes sous-jacentes de la déforestation. Par ailleurs, il est tout aussi important d'étudier l'évolution de la déforestation dans cette région afin d'avoir un état des lieux.

Dans cette optique, ce mémoire cherche à répondre à la question suivante: quelles sont les causes socio-économiques de la déforestation dans la région Menabe au sud-ouest de Madagascar?

2.1.1 Hypothèses de travail Hypothèse 1: la dynamique spatio-temporelle de la végétation dans la région de Menabe est essentiellement régressive.

La région de Menabe au sud -ouest fait partir des régions dont la population essentiellement agricole dépend fortement des terres, des produits et des services forestiers. L'agriculture qui y est pratiquée par les autochtones notamment les Sakalava et les immigrants Betsileo, Antesaka et Antandroy est une agriculture sur brûlis. Ainsi pour la pérennisation de leurs activités agricoles, une fois que les terres sont épuisées, les agriculteurs se tournent vers la recherche de nouvelles terres agricoles. Ainsi, les forêts sont souvent les terres vers laquelle elle tourne. Aussi, les terrains forestiers sont utilisés par les propriétaires de zébus comme sites de pâture et une fois défrichés ils sont convertis en terres relativement fertiles pour les cultivateurs. Par ailleurs, face à une démographie de plus en plus galopante, l'espace des agglomérations n'étant plus contenir la densité de la population de plus en plus élevé, les terres forestières sont grignotés au fur des années pour donner lieu à de nouvelles agglomérations. Tous ces phénomènes entrainent une diminution de la végétation dans la région de Menabe.

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Hypothèse 2: l’agriculture itinérante sur brûlis est le facteur qui influence le plus l’évolution des formations végétales.

Dans le Menabe Central sur la côte ouest de Madagascar, la population indigène est d’ethnie Sakalava et principalement cultivatrice de riz. Les immigrants sont des Betsileo, des Antesaka ou des Antandroy, et ils cultivent du riz et d’autres cultures sur brûlis. Il semblerait que, dans la région du Menabe Central, les premiers défrichements pour la culture sur brûlis n’auraient commencé que dans les années 1960 et seraient imputables à des ethnies migrantes. Actuellement, les populations rurales du Menabe Central dépendent fortement des terres. Dans cette région, l’agriculture représente la principale activité de subsistance des populations rurales. Les produits agricoles locaux sont notamment le riz (irrigué ou pluvial), ainsi que le maïs, l’arachide et le manioc qui sont cultivés sur brûlis. Le manioc, le riz et le maïs font d’ailleurs partie des denrées alimentaires de base des populations rurales. Ce qui fait qu'ils sont vraiment cultivés et ont besoin de grande superficie pour pouvoir atteindre le rendement escompté afin de satisfaire les besoins alimentaires de la population. Ainsi les terres forestières sont souvent brûlés pour servir de lit de culture à ces productions. Ainsi l'agriculture sur brûlis est la première cause de transformation des formations végétales.

2.1.2 Objectifs spécifiques De manière spécifique, cette étude vise à atteindre les objectifs suivants:

Objectif spécifique 1: Déterminer les taux de déforestation des différentes communes de la région de Menabe et leurs évolutions dans le temps; Objectif spécifique 2: Déterminer les causes de la déforestation et leur ordre d'importance.

2.2 Méthodologie générale

2.2.1 Méthode relative à l'objectif 1

La collecte des données La collecte des données pour l'atteinte de l'objectif 1 est passée par l'obtention des cartes d'évolution de la couverture des forêts naturelles entre 1990 et 2010 élaborées a partir de la collaboration du Ministère de l'Environnement, des Eaux et Forêts, l'USAID et Conservation International. Ces cartes ont été crées par l'interprétation des images Landsat autour des années 1990, 2000, 2005 et 2010. La résolution spatiale de l'analyse est de 28,5 m. Afin de réduire au minimum les erreurs dues aux mauvais enregistrements géographiques entre les périodes, toutes les images étaient co-enrégistrées avec une erreur de un pixel. Les unités de végétations considérées sont: la forêt, les bois et fourrés, les mangroves, les non-forêts et les nuages/ombres. La forêt naturelles a été définie comme des formations végétales autochtones dont la canopée est continue.

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Les images des différentes années ont été combinées pour former des images uniques à dates multiples qui sont classifiées selon un processus unique. Cela a un avantage pour le calcul de la déforestation entres deux périodes car les erreurs différences de phénologie de la végétation, aux conditions de lumières et aux différences d'interprétation peuvent être réduites. Pour avoir une meilleure présentation de la carte finale, la classification finale a été filtrée, l'entité minimale visible sur les cartes sont de deux hectares.

Analyse des données Les cartes d'évolution de la couverture des forêts naturelles ont été traitées avec le logiciel Arcgis 10.1. Les cartes ont d'abord été clippées dans le logiciel Arcgis 10.1 pour avoir la zone de Menabe avec ces 51 communes. L'utilisation de l'outils spatial join de Arcgis 10.1 nous a ensuite permis d'obtenir pour chaque commune la superficie de chaque unité de végétation considérée. Ces données ont été exportées ensuite dans Microsoft Excel pour le calcul des taux de déforestation. Un des plus grands défis dans l'analyse du couvert forestier et de la déforestation est la présence de nuages sur certaines parties des images satellites. Cela rend impossible l'identification de la couverture terrestre sous-jacente. Pour corriger ce problème, les taux de déforestation ont été estimés à partir des zones dont les images sont sans nuages aux quatre dates. Cette approche fournit une estimation fiable du taux de déforestation en supposant que les taux de déforestation sous les nuages ne sont pas très différents du reste de la région. Les taux de déforestation ont été calculés à l'aide de la formule suivante donnée par Armenteras et al., 2006:

( ( ( ∗ é (

où t1 et t2 correspondent aux temps 1 et temps 2 respectivement et F t1 et F t2 correspondent à leurs couvertures forestières.

2.2.2 Méthode relative à l'objectif 2 Collecte des données

Cette étude d’analyse des causes de la déforestation dans la région de Menabe s'est fortement appuyé sur les enquêtes sur le suivie du recensement des communes de Madagascar des Fonds d'Intervention pour le Développement (FID) de 2007. Les enquêtes sur le suivie du recensement des communes de Madagascar de 2007 de FID nous on permis d'avoir des données socio-économiques sur les 42 communes que compte Menabe. Ces données ont concerné la situation foncière, la situation sur l'agriculture et l'élevage, le PIB communal, le bien-être social et le transport dans les différentes communes. Ces données ne sont pas disponibles pour toutes les communes, mais pour la région de Menabe, on a pu collecter ces données pour 42 communes sur 51 au total. Les communes qui n'ont pas

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été prises en compte sont: Ankiroroky, , Anontsibe Sakalava, Soaserana, Belo Sur Tsiribihina Bemarivo Ankilirondro, (Tsianaloka) et Masoarivo-Serinam.

Analyse des données

Pour connaître les causes de la déforestation dans la région de Menabe, nous avions élaboré un modèle de régression. La régression permet en effet d'expliquer une variable numérique dépendante qui est ici le taux de déforestation par plusieurs autres variables indépendantes ou explicatives qui sont ici les diverses données socio-économiques des communes. La description des différentes variables explicatives utilisées dans l'élaboration de notre modèle est présentée dans le tableau suivant: Tableau 1: Description des variables explicatives

Variables Codes Nature Modalités Pourcentage de population touchée par lavakas a Continue 0%, 1 et 5%, 6 et 10%, entre 11 et 25 %, plus de 50 %

Pourcentage des terres cultivées appartenant à des gens ne résidant pas dans la commune b Continue 0%, <5%, 5-25%, 50-75%, >75 %

Prix d'un are de rizière de bonne irrigation en Ariary c Continue 999, 2400, 10000, 20000, 30000, 60000, 100000, 200000, ¨Prix d'un are de rizière de mauvaise irrigation en Ariary d Continue 999, 1400, 1500, 3200, 5000, 7500, 8000, 15000, 20000, 40000, 50000, 60000, 100000, Coût de location d'un are de rizière de bonne irrigation en Ariary e Continue 999, 1000, 1200, 14000, 4000, 6000, 8000, 10000, 20000, 25000, 30000 Pourcentage des gens travaillant dans l'agriculture/élevage f Continue 15; 52; 70; 80; 81; 84; 85; 85,4; 86; 87; 89; 90; ; 91; 92; 93; 93,5; 94; 94,5; 95; 95,7; 96,7; 97; 98; 98,5; 99; 99,5; 99,6; 100 Pourcentage de population touchée par baisse de fertilité des sols g Continue 0; 0,1; 0,5; 1; 2; 3; 5; 10; 15

Pourcentage des gens travaillant dans la mine h Continue 0; 0,02; 0,1; 0,2; 0,5; 1; 2; 3; 8 Pourcentage de population cultivant le riz i Continue 0,1; 3; 30; 35; 40; 50; 70; 75; 80; 84; 86; 88; 90; 91; 95; 98; 100

Pourcentage de population touchée par ensablement j Continue 0%, <5%, 5-25%, 50-75%, >75 %

Pourcentage des ménages qui ont des terres titrées k Continue 0%, <5%, 5-25%, 25-50 %, 0-75%, >75 % Pourcentage des gens fabricant de charbon de bois l Continue 0%, <5%, 5-25%, 25-50 %, 0-75%, >75 % Pourcentage de population touchée par feux de brousse m Continue 0%, <5%, 5-25%, 25-50 %, 0-75%, >75 %

Pourcentage des ménages vivant des revenus des produits de forêts n Continue 0; 1; 2; 3; 5; 10; 25; 30; 40

Pourcentage des bois de chauffe exportés en dehors de la commune o Continue 0, 2, 5, 10, 50, 75

Pourcentage des gens travaillant dans l'industrie/manufacturier p Continue 0%, <5%, 5-25%, 25-50 %, 0-75%, >75 %

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Pourcentage des ménages achetant de bois de chauffe q Continue 0%, <5%, 5-25%, 25-50 %, 0-75%, >75 %

Pourcentage des ménages achetant de charbon de bois r Continue 0%, <5%, 5-25%, 25-50 %, 0-75%, >75 %

Durée de période de soudure en mois s Continue 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 Pourcentage des gens qui n'ont pas assez à manger pendant période de soudure t continue 0, 2, 5, 7, 8, 10, 13, 15, 20, 23, 30, 35, 40, 45, 50, 55, 60, 68, 70, 80, 85, 90, 96 Le type de modèle de régression dépend du type de distribution utilisée. De même, le type de distribution à appliquer aux différentes données utilisée pour l'élaboration d'un modèle ne dépend pas des variables explicatives mais de la variable dépendante (Zuur et al., 2009). La variable dépendante de notre modèle étant le taux de déforestation qui est une donnée en pourcentage et qui est par ricochet une proportion, nous avions donc utilisé de ce fait, la béta-régression. La distribution bêta, comme on le sait, est très souple pour la modélisation des proportions puisque sa densité peut avoir des formes très différentes en fonction de la valeur des deux paramètres que l'indice de la distribution (Ferrari et Cribari-Neto, 2004).

Le modèle de régression bêta est basé sur un paramétrage alternative de la bèta densité en terme de moyenne de la variable aléatoire et un paramètre de précision. La bêta densité est habituellement exprimée comme:

où p, q> 0 et Γ (·) est la fonction gamma. Ferrari et Cribari-Neto (2004) ont proposé une paramétrisation différente en fixant μ = p / (p + q) et φ = p + q:

avec 0 < μ <1 et φ> 0. Nous y écrivons ~ B (μ, φ). Ici, E (y) = μ et VAR (y) = μ (1 - μ) / (1 + φ). Le paramètre φ est connu en tant que paramètre de précision; φ-1 est un paramètre de dispersion. Soit Y 1,

..., Y n un échantillon aléatoire telle que yi ~ B (μi, φ), i = 1, ..., n. Le modèle de régression linéaire est défini comme:

où β = ( β1, ..., βk) ⊤ est k × 1 vecteur des paramètres de régression inconnus (k

(x i1 , ..., x ik ), ⊤ est le vecteur de variables explicatives k (ou variables indépendantes ou variables) et ηi est un prédicteur linéaire (c.-à-ηi = β1xi1 + · · · + βkxik , le plus souvent x i1 =1 pour tout i de sorte que le modèle a une ordonnée à l'origine). Ici, g (·): (0,1) → IR est une fonction de lien, qui est strictement croissante et deux fois différentiables.

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Les données socio-économiques dont nous disposons sont celles de l'année 2007. De ce fait le modèle a été élaboré en prenant comme variable dépendante, le taux de déforestation de la période 2000-2005. Le modèle a été élaboré dans le logiciel statistique R.

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3 PARTIE II: MILIEU D'ETUDE

3.1 Situation géographique et Administrative de la région de Menabe La région de Menabe est située dans la partie Sud-ouest de Madagascar et s’étend sur 46 121 km 2. Géographiquement, la région est située entre 20°18’ de latitude sud et 44°16’ de longitude Est (Cream, 2013). Elle dispose également d’un littoral qui s’étend sur 350 km de long au large du Canal de Mozambique.

Administrativement, la région est délimitée :

° au Nord par la région de Melaky; ° à l’Est par les régions de Bongolava, Vakinankaratra et Amoron’i Mania; ° au Sud par la Région Atsimo Andrefana; ° et à l’Ouest par le Canal De Mozambique.

La Région Menabe comprend 5 districts subdivisés en 51 communes, elles-mêmes subdivisées en 598 fokontany. Les districts de la région sont composés de 10 communes en moyenne avec un maximum de 15 communes pour le district de contre 5 pour . Chaque district possède en moyenne 114 fokontany; le district de Belo-sur-Tsiribihina se place avec un maxima de 153 fokontany et au district de Manja revient le minima avec 70 fokontany. Pour les trois autres districts (, Miandrivazo et Morondava), le nombre de fokontany varie entre 100 et 127.

Tableau 2: Superficie et nombre de communes des districts dans la Région Menabe

District Nombre de communes Superficie en km 2 Belo-sur-Tsiribihina 14 6633 Mahabo 11 12916 Manja 6 9251 Miandrivazo 15 12206 Morondova 5 5115 Total 51 46121 Source: MEI/CREAM/Monographie 2009

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Figure 1: Carte de localisation de la région de Menabe

Source: BD 500

3.2 Milieu physique (Monographie région Menabe, 2013)

3.2.1 Climat Le «Bloc» Ouest, d’Antsiranana à Morondava, présente, dans l’année, deux saisons climatiques nettement tranchées: une saison chaude et pluvieuse, de novembre à avril et une saison moins chaude et très sèche, de mai à octobre. Le Menabe se caractérise ainsi par un climat tropical semi-aride à courte saison des pluies. La sécheresse s’accentue du Nord vers le Sud, mais elle est atténuée de l’Ouest vers l’Est en raison de l’altitude.

3.2.2 Pluviométrie La pluviométrie annuelle de la région varie de 600 mm (Manja) à 1600 mm (). On constate une certaine augmentation de la pluviométrie dans le sens Ouest-Est. Parallèlement, le

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nombre de jours de pluies augmente d’Ouest en Est et 90 % des pluies tombent pendant les 5 mois de la saison de pluie.

° Cyclones

Avec une probabilité supérieure à 0,5, la région est touchée, ou du moins influencée, par une perturbation tropicale, surtout par les perturbations qui se forment dans le canal du Mozambique et qui pénètrent dans l’Île entre Maintirano et Morondava. Généralement, ces perturbations tropicales n’atteignent pas le stade de cyclone, mais restent au stade de dépression tropicale. Toutefois, elles apportent des précipitations très importantes qui provoquent des inondations durables. Les crues dans la région sont en grande partie engendrées par la présence des perturbations tropicales.

° Vents

Le vent marin chargé d’humidité qui souffle vers l’intérieur de la terre est arrêté par le massif de Bongolava à l’Est de la région. Ceci explique l’humidité optimale plus ou moins persistante de l’Ouest de la région alors que le climat est semi-aride. En octobre - septembre souffle un vent desséchant, qui tarit tous les fleuves et rivières réduisant ainsi le niveau des nappes phréatiques (période conseillée pour le creusement des puits). En haute mer, il est à noter l’existence de vent périodique qui, en saison de pluie, souffle du Nord vers le Sud, agitant ainsi la mer et rend impossible le cabotage en boutre. Le fait inverse se produit en saison sèche: la plupart du temps, la mer est calme et les activités marines (pêche de tous genres et voyage en boutres) peuvent avoir lieu.

3.2.3 Température La température moyenne annuelle est de 24 °C environ. La moyenne des maxima du mois le plus chaud tourne autour de 31,9 °C tandis que la moyenne des minima est de 17,5 °C.

3.2.4 Sol (PRDR Menabe, 2003) Les analyses du sol faites par TAFA, en 1998, ont montré que la grande majorité des sols de Menabe est légèrement acide (cas de Marofandilia avec un Ph 5,3 entre 20 et 40 cm). La région est constituée en général par des couches sédimentaires reposant sur des socles cristallins. Le socle cristallin apparaît à la limite Est de la région avec le Bongolava qui est une partie du système de Vohibory et du groupe d’Ambondrompotsy. Il est constitué généralement de gneiss et de migmatites et renferme localement des micachistes et des cipolins. La formation sédimentaire présente des alternances de formations marines et continentales. Il y aurait alors 4 séries d’âges décroissants dans la région:

a. Formation du Karoo.

Elle est divisée en trois groupes (Sakoa, Sakamena, ).

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° groupe Sakoa : sur la partie Est du district de Mahabo, visible surtout au sud de Malaimbandy au contact du socle cristallin, se présentant en couches de couleur rouge avec alternance blanche de grès grossiers et d’argiles; ° groupe de la Sakamena : dans la partie Nord-Est de la zone d’Ambatolahy, descendant sur et allant jusqu’au sud de et Manja (Vondrove). Ce groupe est formé de schistes pélitiques à plantes (présence de nombreux troncs de bois silicifiés enracinés en place), de grès grossiers ou argileux verts; ° groupe de l’Isalo: dans la partie Sud-Est du district de Morondava (limite du massif de Makay).

Constitué en général par un ensemble de grès à stratification entrecroisée d’argile et de sable argileux. Cette série (formation de Karoo) correspond à la dépression du Betsiriry.

b. Formation jurassique moyen par le plateau calcaire du Bemaraha et Besabora.

Toutefois, ce plateau est marqué dans sa bordure par une formation à faciès mixte calcaires gréseux et grès.

c. Jurassique supérieur (Sud de la Tsiribihina).

Il est formé de calcaires marneux et au sommet, de calcaires oolithiques, riches en fossiles. C’est une série à faciès argileux prédominant.

d. Formation récente dans les parties non alluvionnaires de la région

La carapace sableuse est très développée (surtout dans la région où dérive de grès pliocènes). Elle a le faciès habituel de sable roux. Les terrasses importantes alluviales se trouvent le long de la Tsiribihina, le long de Morondava, le long de Mangoky, avec, partout, des bancs de galets. Ces terrasses forment de grands deltas aux embouchures des fleuves, avec des vases de mangrove. Les alluvions récentes près des côtes renferment de nombreux gisements de faunes subfossiles.

3.2.5 Formation végétale La formation végétale de la région se distingue par la présence abondante de savane, due notamment par la proximité avec l’Afrique. Du littoral vers l’intérieur du pays, on rencontre des:

° forêts de palétuviers et/ou de plantes épineuses rappelant le Grand Sud bordant le Canal de Mozambique propice à la chasse aux crabes et aux pintades; ° forêt dense et sèche caducifoliée ou tropophile de l’Ouest de Madagascar. Cette forêt est garnie de bois de construction de qualité, de bois d’ébène et des plantes médicinales (Ravimaitso du Professeur Ratsimamanga);

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° forêt de baobab: les baobabs comptent parmi les arbres du monde, «les arbres à l’envers» comme on l’appelle parfois; ils peuvent vivre jusqu’à 5.000 ans. Madagascar en possède sept espèces différentes alors que l’Afrique n’en a qu’une seule. La hauteur varie de 10 à 40 m, et le diamètre peut atteindre 6 m. Ces arbres sont capables de stocker de l’eau, d’où le nom «d’arbre bouteille», leur apparence majestueuse leur permet aussi d’être vénérés comme arbres sacrés; ° Sur les plateaux de Bemaraha et de Besabora poussent, le long des vallons, des satrana et des mokoty. Les feuilles de satrana sont utilisées comme matériaux pour toiture. Elles sont aussi utilisées comme médicament contre le mal de voyage; le tronc est utilisé comme bois de construction, de pont bâche pour l’irrigation et enfin comme bois de chauffe; ° Roseaux au niveau de tous les lacs; ° Les aires protégées

Les aires protégées occupent environ 10 % de la surface forestière totale de la région. Il existe deux types d’aires protégées dans le Menabe: deux réserves spéciales Andranomena (6 420 ha) et Ambohijanahary (24 750 ha) et un parc national, celui de Kirindy Mitea (72 000 ha). La réserve spéciale d’Ambohijanahary, malgré le fait qu’il soit situé dans la région du Menabe, est gérée par la CIREEF de Maintirano.

3.2.6 Réseaux hydrographiques La région dispose d’une potentialité hydraulique énorme en eaux de surface et de profondeur

a. Les fleuves et rivières

° le Manambolo prend naissance dans le massif de Bongolava, arrose toute la partie Nord de Miandrivazo, traverse le plateau de Bemaraha, sépare la Région Menabe de celle de Melaky, et trouve son embouchure dans la partie Nord de Belo-sur-Tsiribihina; ° le Tsiribihina (grossi de la Mania, de Sakeny et de la Mahajilo) prend également sa source du massif de Bongolava, débouche dans la commune de Miandrivazo, au niveau du chef-lieu de la commune d’Ankotrofotsy (pont de la Mania). Il traverse et arrose une plaine très riche et connue mondialement pour la production de haricot, alimente le fameux lac de Betsiriry, très poissonneux et levier économique de la région. Il continue sa course sur le plateau de Bemaraha et prolonge son trajet dans le district de Belo-sur-Tsiribihina, laissant de part et d’autre d’immenses plaines arrosées par plusieurs lacs, poissonneux également (lacs Andranomena, Hima, Serinamo) et se disperse dans la vaste mangrove d’Andimaka, au Nord de la ville de Belo-sur-Tsiribihina, avant de rejoindre le Canal de Mozambique; ° la Morondava prend sa source dans le massif de Makay, arrose la partie centrale du district de Mahabo, continue son trajet dans le district de Morondava, presque en parallèle à la Route

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Nationale 35; de nombreux affluents tels que Sakamaly, Maroalika, Fanikay arrosent le district de Mahabo avant de se jeter dans le fleuve Morondava; ° les rivières Andrangory et Mahaniso (Mandabe), fonctionnelles depuis leur source jusqu’au niveau de la commune de (sauf à la saison pluvieuse exceptionnellement). Les rivières Laompolo, Maintitapaka et Tsianihy collectent les eaux de ruissellement de bassins versants du Massif de Makay avant de se diriger vers la mer. La rivière Ianandrano, seule, déverse son eau dans le fleuve Mangoky pour continuer sa course vers la mer. Enfin, le fleuve Mangoky, arrose toute la partie Sud-est du district de Manja.

b. Les lacs

Les principaux lacs se trouvent sur le Betsiriry et le long du fleuve Tsiribihina-: Betsiaky (), Anketrevo, Asonjo (Anosimanitsy, Ankotrofotsy), Andranomena (), Andranomena (Begidro), Hima (Amboloandro), Kimanomby (Andranomandeha, Ambohibary), Iboboka, Saririaka (Masoarivo).

c. Les eaux de profondeur

Les principales nappes sont actuellement bien connues et exploitées. On distingue la nappe de grès de crétacé qui a donné de nombreuses sources d’eau artésienne, comme à Dabara; la nappe de grès d’Isalo, exploitée à Beroroha; la nappe des alluvions de Morondava, exploitée par la SUCOMA pour l’irrigation de la canne à sucre et par la JIRAMA pour l’alimentation en eau de la ville de Morondava la nappe des sables superficiels et des plages pour l’alimentation en eau en milieu rural (le littoral en particulier).

3.3 Milieu socio-économique (Monographie région Menabe, 2013)

3.3.1 Population totale

Les données récoltées au cours de l’enquête monographique 2009 ont montré que 3% de la population nationale vivent dans la Région Menabe. Selon la répartition par district, environ un quart de la population de la région (25,6 %) réside dans le district de Mahabo, suivi de près par Belo-sur- Tsiribihina qui rassemble 21,6-% de la population. Les districts de Miandrivazo, Morondava et Manja abritent respectivement 19,7 %, 18,4 % et 14,7 %. D’après les résultats de l’Enquête Périodique auprès des Ménages de 2010 (EPM, 2010), un ménage de la Région Menabe compte en moyenne 4,8 personnes, ce qui correspond avec la moyenne nationale. La taille des ménages est quasiment la même en milieu rural (4,9) et en milieu urbain (4,8). Ces proportions sont pratiquement identiques à la tendance nationale.

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3.3.2 Composition ethnique

La région correspond à l’ancien royaume du Menabe (composée de Sakalava). Plus tard, elle est devenue multiethniques puisqu’on y trouve actuellement plus de 10 ethnies dont: Sakalava, Bara, Antesaka, Vezo, Betsileo, Antandroy, Mahafaly, Masikoro, Antalaotse, Merina, Tanosy. La région du Menabe reste une ancienne zone de migration.

3.3.3 Activités socio-économiques La population de la région du Menabe est majoritairement agricole. L’agriculture est ainsi pratiquée par 78,9 % des femmes et 82,6 % des hommes de la région. Par rapport à la moyenne nationale, la proportion d’agriculteurs tous genres confondus est plus élevée: les écarts étant de 6,2 points de plus pour les femmes et 8,9 points de plus pour les hommes de la région par rapport aux moyennes nationales. La deuxième activité la plus exercée est celle des «ventes et services» (10,6 %) chez les femmes et les métiers manuels qualifiés (10,6 %) chez les hommes. Les métiers manuels qualifiés arrivent en troisième position chez les femmes avec 4 % d’entre elles qui occupent ce métier tandis que chez les hommes, les ventes et services sont exercés par 2,8 % d’entre eux. Très peu d’individus de la région occupent les emplois les mieux rémunérés tels que employés de bureaux ou cadres de direction; au total, ces deux postes sont occupés par 4,3 % de femmes et 2,3 % des hommes. Enfin, les métiers manuels non qualifiés sont également peu représentés dans la région que ce soit par les hommes ou les femmes.

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4 PARTIE III: RESULTATS

4.1 Dynamique spatio-temporelle de la végétation dans la région de Menabe De 1990 à 2010, les formations végétales de la région de Menabe ont considérablement connu des changements spatio-temporels importants (fig 2 et 3).

Figure 2: Carte de déforestation de la région de Menabe de la période 1990-2005

Figure 3: Carte de déforestation de la région de Menabe de la période 2005-2010

La couverture de forêts naturelles en 2010 dans la région de Menabe est évaluée à 876956,95 ha. Cette couverture correspond à la superficie des forêts visibles en 2010 sans la projection des forêts restantes pour les zones couvertes de nuages en 2010 mais identifiées comme forêts en 2005. Plus de 25943,43 d'hectares de forêts ont été perdues entre 2005 et 2010, soit près de 5188,69 ha de perte annuelle.

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Tableau 3: Evolution de la couverture forestière et taux de déforestation par commune dans la région Menabe entre 1990 et 2010

Communes Couverture forestière (ha) Taux de déforestation 2005-2010 (%) 1990 2000 2005 2010 Ambatolahy 1970,24 1968,45 1922,56 2079,94 0,01 Ambia 2514,45 2514,45 2493,14 2629,15 0,05 13334,69 13187,75 13170,12 13649,71 0,05 47786,28 44069,44 42091,56 42146,93 0,82 Ampanihy 36097,03 33464,98 33003,65 33040,81 1,14 14402,02 8898,83 6787,51 9209,49 2,26 Analamitsivalana 277,97 166,47 156,18 177,23 1,65 Andimaky Manambolo 30479,29 25822,84 25084,29 46775,90 0,52 52036,13 48565,69 46289,72 48818,25 1,05 Ankalalobe 55051,66 54733,88 54045,63 32494,37 0,76 5164,49 5164,49 5149,98 5611,18 0,00 Ankiliabo 15811,68 10085,29 8620,25 8833,91 2,98 4013,19 3592,63 3510,29 1044,20 3,76 Ankilizato 11770,21 11700,33 11688,24 11876,31 0,66 Ankiroroky 1992,58 1914,08 1841,32 1755,74 1,73 599,28 593,53 589,15 790,14 0,00 Ankotrofotsy 4159,45 4118,55 4075,28 4183,49 0,08 Anontsibe Sakalava 3644,67 3594,80 3594,80 3307,10 1,68 Anosimena 222,36 218,89 216,03 354,70 0,00 Antsoha 8659,17 8610,32 8584,13 8626,64 0,28 Befasy 47528,29 41018,81 37932,95 36520,09 1,68 Befotaka 19925,27 19653,23 19537,11 19264,46 0,64 Beharona 59023,93 57352,49 57337,48 58226,70 0,34 Belinta Soaserana 13074,32 13030,25 13016,49 13220,42 0,28 135300,80 133022,48 129535,17 112386,51 0,30 Belo Sur Tsiribihina 12914,35 12047,43 11784,65 12377,34 0,43 Bemahatazana 2891,86 2885,64 2869,26 2948,00 0,00 28834,43 25292,66 22954,68 20665,08 1,03 Bemarivo Ankilirondro 1746,58 1238,65 715,92 753,47 5,90 Berevo(Tsianaloka) 5423,65 5024,31 4920,12 5019,50 4,47 Nord 8231,83 7391,84 6754,65 7826,35 1,15 Beronono 1461,78 1429,59 1429,59 1657,23 0,00 1666,15 1657,34 1657,34 1899,62 0,00 378,96 378,96 378,96 396,20 0,00 Isalo 1824,37 1808,54 1788,06 2002,97 0,15 3704,16 3704,16 3704,16 3776,53 0,00 Mahabo 77,21 77,21 77,21 72,23 0,00 Malaimbandy 5671,16 5671,16 5653,21 6144,78 0,00 4979,86 4977,56 4906,63 5029,14 0,03 6280,11 6280,11 6280,11 6846,13 0,00 Mandabe 9952,28 9759,02 9759,02 10429,08 0,03

18

Manja 3173,89 3094,11 3094,11 3114,40 0,12 Masoarivo_Serinam 24112,85 21913,29 20538,47 19473,70 2,01 Miandrivazo 131,93 131,93 127,97 169,89 0,00 Morondava 126,71 122,92 122,92 106,06 0,00 22536,89 22536,89 20769,04 21597,43 0,00 Soaserana 111726,82 109613,60 108543,40 124354,04 0,14 (concession) 2143,49 1051,19 346,82 424,91 18,75 100727,57 99690,15 98922,55 98964,02 0,17 Tsimazava 3696,37 3683,40 3683,40 3885,48 0,03 Total général 949254,74 898524,62 872055,32 876956,95 0,60

Le taux de déforestation a varié dans le temps dans la région de Menabe: il est passé dans un premier temps de 0,57 % par an en 1990-2000 à 0,62 % en 2000-2005 pour finir en 0,60 % en 2005-2010. Il a donc augmenté dans un premier temps de 2000-2005 par rapport à 1990-2000 pour diminuer dans un second temps entre 2005-2010 par rapport à 2000-2005.

Tableau 4: Evolution du taux de déforestation de 1990 à 2010 par commune dans la région Menabe (% par an)

Communes Taux de déforestation (%)

1990-2000 2000-2005 2005-2010 Ambatolahy 0,01 0,47 0,01 Ambia 0,00 0,17 0,05 Ambiky 0,11 0,03 0,05 Amboalimena 0,88 1,00 0,82 Ampanihy 0,76 0,28 1,14 Analaiva 4,84 5,46 2,26 Analamitsivalana 5,13 1,28 1,65 Andimaky Manambolo 1,66 0,58 0,52 Andranopasy 0,74 1,03 1,05 Ankalalobe 0,06 0,25 0,76 Ankavandra 0,00 0,06 0,00 Ankiliabo 4,50 3,14 2,98 Ankilivalo 1,11 0,46 3,76 Ankilizato 0,06 0,02 0,66 Ankiroroky 0,40 0,78 1,73 Ankondromena 0,10 0,15 0,00 Ankotrofotsy 0,10 0,21 0,08 Anontsibe Sakalava 0,14 0,00 1,68 Anosimena 0,16 0,26 0,00 Antsoha 0,06 0,06 0,28 Befasy 1,47 1,56 1,68 Befotaka 0,14 0,12 0,64 Beharona 0,29 0,01 0,34 Belinta Soaserana 0,03 0,02 0,28

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Belo sur Mer 0,17 0,55 0,30 Belo Sur Tsiribihina 2,94 2,19 0,43 Bemahatazana 0,02 0,11 0,00 Bemanonga 1,62 2,47 1,03 Bemarivo Ankilirondro 3,66 12,16 5,90 Berevo (Tsianaloka) 0,76 0,42 4,47 Beroboka Nord 1,30 2,23 1,15 Beronono 0,22 0,00 0,00 Betsipolitra 0,05 0,00 0,00 Dabolava 0,00 0,00 0,00 Isalo 0,09 0,23 0,15 Itondy 0,00 0,00 0,00 Mahabo 0,00 0,00 0,00 Malaimbandy 0,00 0,06 0,00 Manambina 0,00 0,29 0,03 Manandaza 0,00 0,00 0,00 Mandabe 0,20 0,00 0,03 Manja 0,25 0,00 0,12 Masoarivo_Serinam 0,96 1,30 2,01 Miandrivazo 0,00 0,61 0,00 Morondava 0,00 0,00 0,00 Soaloka 0,00 1,63 0,00 Soaserana 0,19 0,20 0,14 Tsaraotana(concession) 7,13 22,18 18,75 Tsimafana 0,11 0,16 0,17 Tsimazava 0,04 0,00 0,03 Total général 0,57 0,62 0,60

Une diminution de la déforestation a été observée dans la plupart des régions notamment dans les communes de Ambatolahy, Analaiva, Belo Sur Tsiribihina, Bemarivo Ankilirondro, Soaloka où le taux de déforestation a nettement baissé. Par contre, les taux de déforestation dans les communes Ampanihy, Analamitsivalana, Andranopasy, Ankalalobe, Ankilivalo, Ankilizato, Ankiroroky, Anontsibe Sakalava, Antsoha, Beharona, Befotaka, Beharona, Belinta Soaserana, Berevo (Tsianaloka), Manja, Masoarivo-Serinam ont augmenté. En général, les taux de déforestation les plus élevés ont été observés dans les communes de Tsaraotana, Bemarivo Ankilirondro, Berevo et Analaiva. En revanche, il n’y a pratiquement pas eu de déforestation dans les communes de Ankondromena, Anosimena, Bemahatazana, Beronono, Betsipolitra, Betsipolitra, Dabolava, Itondy, Mahabo, Malaimbandy, Manandaza, Miandrivazo, Morondava et Soaloka pour la période allant de 2005 à 2010.

Par district, on constate que c'est le district de Belo sur Tsiribihina qui a la plus grande couverture forestière suivie du district de Manja. Le district de Mahabo et celui de Miandrivazo sont ceux qui on

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moins de formations végétales naturelles dans la région de Menabe. Du point de vue déforestation, le district de Morondava occupe la première place dans la région avec un taux de déforestation avoisinant les 0,74 % entre la période 2005-2010. Les districts de Miandrivazo et Mahabo occupent la dernière place dans la région avec respectivement 0, 43 % et 0,44 % entre la période 2005 et 2010.

Tableau 5: Evolution de la couverture forestière et taux de déforestation par district dans la région Menabe entre 1990 et 2010

Districts Couverture forestière (ha) Taux de déforestation 2005-2010 (%) 1990 2000 2005 2010 Belo sur Tsiribihina 297701,40 285326,61 279315,99 281730,87 0,65 Mahabo 59359,91 58247,49 57987,40 57180,15 0,44 Manja 245417,13 232305,99 227479,78 246654,40 0,48 Miandrivazo 92607,15 89890,04 87438,19 90726,17 0,43 Morondava 226192,25 208355,70 197333,23 178887,23 0,74

Le taux de déforestation a varié dans le temps dans les différents districts de la région de Menabe. De manière générale, les taux de déforestation ont évolué dans un premier temps de la période 1990-2000 à 2000-2005 avec une évolution marquée dans les districts de Miandrivazo et de Morondava. En revanche, dans le même temps, il a diminué dans le district de Mahabo et de Manja. De 2000-2005 à 2005-2010, les taux de déforestations ont augmenté dans les districts de Belo sur Tsiribihina, Mahabo, Manja alors qu'ils ont considérablement diminué dans les districts de Miadrivazo et Morondava. En général les taux de déforestation les plus élevés ont été observé dans le district de Morondava.

Tableau 6: Evolution du taux de déforestation de 1990 à 2010 par district dans la région Menabe (% par an)

Communes Taux de déforestation (%) 1990-2000 2000-2005 2005-2010 Belo sur Tsiribihina 0,42 0,43 0,65 Mahabo 0,19 0,09 0,44 Manja 0,55 0,42 0,48 Miandrivazo 0,30 0,55 0,43 Morondava 0,82 1,09 0,74

4.2 Causes de la déforestation dans la région Menabe Le modèle élaboré est globalement significatif car la probabilité associé à (phi) est très hautement significatif car très hautement inférieur à 0,001 (P=0.000487). De même, les variables dont la probabilité est inférieur à 0,05 affectent significativement le taux de déforestation. Ainsi les variables a, b, d, g, i, k, l, m, n, o et t correspondant respectivement aux pourcentage de population touché par

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lavaka, pourcentage des terres cultivées appartenant à des gens ne résident pas dans la commune, prix d'un are de rizière de mauvaise irrigation en Ariary, pourcentage de population touché par la baisse de fertilité des sols, pourcentage des populations cultivant le riz, pourcentage des ménages qui ont des terres titrées, pourcentage des gens fabriquant le charbon de bois, pourcentage des populations touché par les feux de brousse, pourcentage des ménages vivant des ressources de la forêt, pourcentage de bois de chauffe exporté en dehors de la commune et enfin pourcentage des gens qui n'ont pas assez à manger pendant la période de soudure affectent le taux de déforestation. Le signe des coefficient c'est à dire de la pente renseigne sur la manière dont les variables explicatives affectent le taux de déforestation. Ainsi de l'analyse du tableau, nous pouvons conclure que la variable a, i, k, l, n, p, t affectent négativement le taux de déforestation, c'est à dire plus leurs valeurs sont grandes moins est le taux de déforestation et que contrairement les variables b, d, g et o affectent le taux de déforestation positivement, c'est à dire plus leur valeur est supérieure, plus le taux de déforestation augmente. Ainsi plus le pourcentage des ménages qui ont des terres titrées est élevé dans une commune, moins il ya de déforestation dans la commune. Il en est de même pour le pourcentage des populations cultivant le riz, pourcentage de population touché par lavaka, pourcentage des ménages vivant des ressources de la forêt, pourcentage des gens fabriquant le charbon de bois, pourcentage des gens qui n'ont pas assez à manger pendant la période de soudure. Parmi ces variables, seul le pourcentage des ménages qui ont des terres titrées affecte réellement le taux de déforestation car ils l'influence très hautement (P<0,001)

Par ailleurs, les variables b, d, g, o et p correspondant respectivement aux pourcentage des terres cultivées appartenant à des gens ne résident pas dans la commune, prix d'un are de rizière de mauvaise irrigation en Ariary, pourcentage de population touché par la baisse de fertilité des sols, pourcentage de bois de chauffe exporté en dehors de la commune et pourcentage des gens travaillant dans l'industrie/manufacturier affectent positivement le taux de déforestation c'est à dire que plus leurs valeurs sont grandes, plus le taux de déforestation est grand. Ainsi plus les terres cultivées dans une commune n'appartiennent pas à des gens résidents dans la commune, plus il y a de déforestation. Il en est de même pour le prix d'un are de rizière de mauvaise irrigation en Ariary, pourcentage de population touché par la baisse de fertilité des sols et le pourcentage de bois de chauffe exporté en dehors de la commune. Aussi, il est à noté que de toutes ces variables, seul le pourcentage de population touché par la baisse de fertilité des sols et le pourcentage de bois de chauffe exporté en dehors de la commune affectent hautement le taux de déforestation (P>0,01 pour pourcentage de population touché par la baisse de fertilité des sols et P<0,001 pour le pourcentage de bois de chauffe exporté en dehors).

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Tableau 7: Les facteurs qui déterminent le taux de déforestation dans une commune = + + + + + Taux cste av 1 bv 2 cv 3 ...... tvi

Coefficients Erreur standard Z-Value Pr(>|z|)

Constantes -4.00E+00 1.25E+00 -3.198 0.00138

a -4.66E-02 1.99E-02 -2.34 0.01929

b 2.66E-02 1.08E-02 2.456 0.01405

c 1.20E-05 7.84E-06 1.537 0.12437

d 2.42E-05 9.53E-06 2.544 0.01095

e -3.02E-05 2.11E-05 -1.434 0.15158

f 2.77E-03 1.20E-02 0.231 0.8173

g 1.55E-01 4.80E-02 3.23 0.00124

h -1.37E-01 1.24E-01 -1.108 0.26793

i -1.65E-02 6.88E-03 -2.393 0.0167

j 7.69E-03 6.67E-03 1.153 0.24878

k -3.07E-02 8.39E-03 -3.662 0.00025

l -1.16E-02 4.72E-03 -2.46 0.0139

m 2.84E-02 5.48E-03 5.184 2.17E-07

n -1.04E-01 2.55E-02 -4.058 4.95E-05

o 9.44E-02 1.40E-02 6.749 1.49E-11

p 2.69E-02 1.01E-02 -2.652 0.008

q -3.13E-02 1.94E-02 -1.61 0.10735

r 1.78E-02 1.01E-02 1.767 0.07717

s -2.14E-01 1.84E-01 -1.163 0.24474

t -1.41E-02 6.51E-03 -2.173 0.0298

(phi) 175.32 50.26 3.488 0.000487

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5 PARTIE IV: DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS

5.1 Discussion

5.1.1 Dynamique spatio-temporelle de la végétation dans la région de Menabe L'analyse des séries chronologiques d'images satellites montre une déforestation rapide dans la région de Menabe. Nos résultats correspondent donc à ceux de Tidd et al. (2001) pour la région, de Scales (2011) et de ceux de Zinner et al. (2013). Bien que leur période d'étude ne sont pas directement comparables aux nôtres aussi bien que leur définition de forêt semble être plus large que celui que nous avons appliqué, l'ampleur des taux annuels de déboisement correspond à nos résultats, avec une accélération générale au cours des années malgré le fait que le défrichement de la forêt pour l'agriculture est illégale depuis 1987 (Decret n° 87-143 du 20 Avril 1987 par le Ministère de l'Environnement, des Eaux et Forêts).

On constate que les communes avec les plus forts taux de déforestation telles que Tsaraotana, Bemarivo Ankilirondro, Berevo et Analaiva, avec des taux de déforestation allant de 5 % jusqu'à 22 % appartiennent aux districts ayant plus de superficie forestière dans la région notamment les districts de Belo sur Tsiribihina et de Morondava. Ce qui pourrait nous faire dire, que plus la superficie forestière est grande, que moins la population perçoit leur impact sur le couvert forestier et plus il y a de déforestation. Mais cette assertion doit être vérifié par des études concrètes.

La déforestation de la zone a déjà été documenté par Smith (1997) et Smith et al. (1997). La déforestation dans la région de Menabe est considérée comme un processus quasi irréversible, parce que ces forêts ont une faible puissance régénératrice en raison de la rareté ou l'absence d'espèces colonisatrices secondaires et les zones perturbées sont rapidement envahies par les plantes exotiques (Genini, 1996; Lowry II, 1997). Aussi, les repousses secondaires sont des habitats inappropriés pour les espèces forestières endémiques (par exemple, Microcèbe de Mme Berthe, le saut géant rat (Sommer et al., 2002; Dammhahn et Kappeler, 2008). Ainsi, la valeur de ces habitats secondaires pour la préservation de la forêt endémiques est très discutable (Zinner et al., 2013).

Malgré le fait que la perte de forêt a une longue histoire dans la région et que les cultures de rente, souvent cultivées sur de grandes concessions, ont contribué pour la perte de forêt (échelles à paraître), les discours sur la conservation des forêts mettaient le blâme de la perte des forêts principalement sur la culture de subsistance des ménages ruraux: «La principale cause de déforestation dans l'ouest serait la culture sur brûlis communément appelée tavy réalisée par les agriculteurs de subsistance (Smith, 1997). La déforestation est considérée comme le résultat de la «gestion pratiques et de la pauvreté des communautés rurales qui favorisent la dégradation des ressources naturelles» (Laurent, 1996). Compte tenu de l'importance des ligneux et non ligneux de la forêt à des moyens de subsistance locaux, le comportement des communautés rurales semble contradictoire: «Il est paradoxal que les mêmes personnes qui dépendra fortement de la forêt naturelle sont ceux qui sont le plus fortement impliqué

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dans la destruction» (Favre, 1996). Hatsake est considéré comme le produit d'une spirale malthusienne et le manque d'autres options possibles, où la pauvreté conduit à la dégradation et la dégradation de l'environnement conduit à une pauvreté encore plus accentué: «La pauvreté vient de la destruction des ressources naturelles. Ainsi pour aider les gens à devenir riches, nous devons conserver les ressources naturelles.

Pour beaucoup d'auteurs, la limitation de la déforestation dans les régions fortement agricole comme Menabe; 80 % de la population étant agricole (MEEF, 2004); est d'amener les populations a pratiqué l'agriculture intensive. La thèse boserupienne pose les bases d’une réflexion plus poussée sur les conditions initiant une intensification agricole qui a au moins le mérite de nuancer la thèse malthusienne et de s’interroger sur les possibilités d’intensification agricole pour freiner le rythme de la déforestation. L’intensification agricole se définit par rapport à un changement des contributions relatives des trois facteurs classiques à l’activité agricole : la terre, le travail et le capital matériel. On peut donc exprimer le rendement non seulement par unité de superficie mais également par unité de travail (homme/jour) ou par unité de capital investi (Bamba, 2010). Aujourd’hui nous nous trouvons toujours majoritairement dans un système agraire extensif dans la région de Menabe, quasiment sans capital (outillage primitif), avec peu de main d’œuvre mais (encore) dotée d’une immense réserve foncière. Dans ce contexte, le système de culture sur abattis-brûlis optimise le rendement par unité de travail et de capital aux dépens du rendement de la terre, facteur le moins rare. La raréfaction de la terre sous l’effet de la croissance démographique mène à une intensification agricole qui est définie comme une augmentation de la quantité de travail et /ou de capital par unité de surface cultivée pour accroître le rendement par unité de superficie. Elle peut s’opérer de plusieurs façons: soit par un surcroît de travail investi par surface cultivée, observé dans l’histoire agricole des pays non industrialisés, soit par l’investissement en capital (acquisition de matériels, utilisations d’intrants, construction de bâtiments) comme observé actuellement dans les pays développés (Bamba, 2010). Quelque soit la voie adoptée, elle est donc avant tout un processus, qui généralement s’accompagne d’une augmentation de la productivité de la terre par unité de superficie (Jouve, 2004). Cependant, il ne faut pas perdre de vue que dans un premier temps, l’intensification agricole, à partir d’un système de culture sur abattis-brûlis par l’augmentation du travail investi par unité de superficie, comporte le lourd prix d’une baisse de la productivité du travail. En d’autres termes, il faut travailler plus de temps pour obtenir une même récolte. Boserup (1970) l’explique très bien, toute population face à ce dilemme a tendance à ne pas vouloir franchir le pas tant qu’il y a des réserves forestières. Elle ne réagira qu’en situation de crise profonde et le délai de réaction pour surmonter la crise peut prendre des siècles.

En réalité, l'intensification agricole en liaison avec les processus de l’avancement du front pionnier dépend aussi de toute une série de facteurs sociaux, politiques, économiques et démographiques (Bamba, 2010). A Madagascar, en l’absence de politique claire de gestion de l’environnement de la

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part des autorités du pays, tant que la forêt est disponible et accessible, la population livrée à elle- même ne comprend pas encore pourquoi elle devra faire des efforts supplémentaires pour obtenir une même récolte. Mais, comme la disponibilité en terres n’est pas illimitée, il est urgent de passer à l’accroissement du rendement par unité de superficie afin de relever le défi de la sécurité alimentaire tout en réduisant le plus possible l’impact sur l’habitat forestier. Cette intensification agricole, selon Boserup, associée au raccourcissement voire élimination de la jachère, passe par la mise au point de techniques alternatives d’entretien et de restauration de la fertilité des sols avec des ressources locales. Cela peut consister à associer l’élevage à l’agriculture, surtout dans les zones savanicoles de Menabe, voie d’intensification prise en Europe tempérée. A défaut de l’intégration de l’élevage à l’agriculture, nous ne voyons en ce moment qu’une autre voie réaliste qui est celle de l’agroforesterie. L’agroforesterie désigne un ensemble de techniques et de pratiques où les espèces ligneuses sont mélangées aux cultures de façon intentionnelle et organisée dans l’espace et dans le temps (Bamba, 2010). Dans un contexte où les champs s’éloignent de plus en plus de la forêt, il a été clairement démontré que le mélange d’arbres et cultures est plus productif que la séparation spatiale de ces mêmes arbres et cultures (Geist et Lambin, 2001; Whitmore et Brumel, 1986). En d’autres termes, l’agroforesterie permet d’augmenter la productivité par unité de superficie tout en fournissant du bois pour l’énergie et la construction, du fourrage, des fruits. Mais cet ensemble de techniques ne sera pas adopté sans la mise en place de programme de recherche-développement participatif pour en démontrer les possibilités. C’est sur cet ensemble de techniques que doit être axée l’intervention des ONG et des institutions non gouvernementales pour offrir une véritable alternative aux populations face à la perte de ces ressources naturelles dont l’importance pour la production de biens et de services est reconnue par les populations elles-mêmes (Bahuchet, 2000; McKey, 2000). La deuxième condition est l’accompagnement de ce programme de recherche-développement par des politiques agricoles, environnementales et alimentaires visionnaires. Le message de Boserup (1965) était que la capacité de charge humaine d’une écorégion n’est pas fixe (thèse malthusienne) mais flexible, car l’homme est capable de transformer un écosystème d’origine pour le rendre plus productif pour ses besoins tout en conservant des forêts nécessaires à l’approvisionnement de toute une série de services écosystémiques pour que les zones déforestées continuent à fonctionner. Evidemment, cette flexibilité a également ses limites.

A travers la présente étude nous avons attiré l’attention sur le rôle de l’anthropisation dans le déclin du paysage forestier. Et le plus préoccupant est qu’à l’instar de la population mondiale, la population de Madagascar et plus particulièrement celle de Menabe ne cessera d’augmenter dans les prochaines décennies (Faostat, 2009), et l'insécurité alimentaire elle touche environ 25% des personnes de la région (CREAM, 2013) continuera d’être aussi préoccupante alors, si cette tendance néo-Malthusienne se poursuit, quoi devons-nous nous attendre concernant l’avenir des forêts encore existantes?

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Il doit être possible donc de réduire la déforestation qui est essentiellement induite par un système agraire devenu anachronique par rapport aux densités de populations. C’est pourquoi, nous pensons que la réduction de la déforestation passe par la mise en place d’une nouvelle politique agricole et environnementale cohérente et consciente du besoin d’accélérer la transition vers un nouveau système agraire plus intensif en phase avec les densités de population actuelles (Jouve, 2004) et tout en respectant les limites de flexibilité de la capacité de charge humaine.

5.1.2 Causes de la déforestation dans la région Menabe Les résultats du modèle montre que conformément aux attentes plusieurs variables influencent la déforestation dans une commune mais que parmi elle celles qui la déterminent fortement sont le pourcentage de la population touché par la baisse de fertilité du sol le pourcentage de bois de chauffe exporté de la commune. Ce résultat est en adéquation ave l'étude de plusieurs autres auteurs. En étudiant la dynamique spatio-temporelle de l’occupation du sol, Lambin et al . (2003) ont noté que la conversion des formations végétales s’opère dans les entités spatiales dominées par des pressions exercées sur les ressources naturelles à travers surtout l’exploitation forestière et l’agriculture. Il en est de même que celle de Arouna et al. (2010) effectué dans la commune de Djidja au Bénin. Dans, la région Menabe, d'autres auteurs corroborent nos résultats et affirment que Les raisons de la déforestation dans la région sont multiples comme dans d'autres parties de Madagascar (Brooks et al ., 2009; Gorenflo et al., 2011) mais que le défrichement des forêts pour l'agriculture est le facteur le plus important (Smith, 1997; Smith et al. 1997, Zinner et al., 2013). Ces mêmes auteurs affirment que c'est l'agriculture sur brûlis qui en est la principale cause. L’agriculture représente la principale activité de subsistance des populations rurales de cette région. Les produits agricoles locaux sont notamment le riz (irrigué ou pluvial), ainsi que le maïs, l’arachide et le manioc qui sont cultivés sur brûlis (Ramohavelo, 2014). Dans le même sens, ces auteurs affirment que le défrichement avec le feu qui est une pratique courante dans la région, confère au sol une fertilité qui ne dépasse guère 3 ans et qu'après, les terres sont abandonnées pour le défrichement de nouvelles terres. C'est de ce fait que Scale (2011) affirme que Hatsake ou l'agricculture sur brûlis est considéré comme le produit d'une spirale malthusienne et le manque d'autres options possibles, où pauvreté conduit à la dégradation et la dégradation de l'environnement conduit à une pauvreté encore plus. L’ensemble des maux dont souffre la forêt malgache n’est cependant pas uniquement dû au développement extensif de l’agriculture vivrière et d’exportation, mais également à l’exploitation du bois (Dabar et Jenn-Treyer, 2010). Gezon (1997) et Jarosz (1993) cités par Zeller et al. (2001) rappellent l’ensemble des facteurs de la déforestation rapide de Madagascar: pression démographique, pâturage, production de charbon de bois, feux de brousse, exploitation des bois précieux, etc.

Les résultats de l'étude montre que la variable pourcentage des ménages ayant des terres titrées joue un rôle significatif dans le modèle. Plus précisément, l'étude prouve que plus dans une commune, il y a de ménage qui ont des terres titrées, moins il y a de déforestation. Cela pose la problématique de

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l'insécurité foncière sur la déforestation. Il a été montré dans plusieurs études que l’insécurité des droits de propriété foncière est généralement considérée comme une des causes essentielles de la déforestation (Araujo et al., 2005). Dans la région de Menabe, les nouvelles dynamiques migratoires, apparaissent être un facteur déterminant de la dégradation de la forêt actuellement observée dans la région. Si l'immigration n'est pas un phénomène récent à l'ouest de Madagascar (Ramohavelo, 2014), elle s'est profondément modifiée depuis 10 à 15 ans: alors que les migrations étaient autrefois temporaires et individuelles, elles sont devenues massives et définitives. Ils semblerait même que, dans la région du Menabe Central, les premiers défrichements pour la culture sur brûlis n’auraient commencé que dans les années 1960 et seraient imputables à des ethnies migrantes (Ramohavelo, 2014). En effet, l’absence, ou le non respect, des droits de propriété se traduit par un accès libre aux terres forestières, notamment dans les zones reculées difficilement contrôlées par l’Etat. Les ressources sont alors surexploitées dans la mesure où les exploitants ne prennent en compte les bénéfices sociaux des ressources naturelles (Araujo et al., 2005). Les nombreuses migrations dans la zone d'étude ont donc favorisées la déforestation et encore plus dans la mesure où l'accès des terres étaient libre aux immigrants. La possession des droits de propriété garantisse le non accès des terres à ces migrants et ralentit donc la déforestation. Dans un autre sens, l'effet de cette variable sur la déforestation peut s'expliquer par le fait que, plus dans une commune les ménages ont de titre foncier plus il sont moins tenté de défricher les terres qui ne leur appartiennent pas et moins il y a de déforestation. Dans le même sens, l'étude a montré que plus les terres cultivées appartiennent à des individus ne résidents pas dans la commune, plus le taux de déforestation est élevée. Ceci traduit encore plus l'effet de l'insécurité foncière sur la déforestation.

Contrairement aux attentes, il s’est avéré que la variable traduisant le nombre de travailleurs industriels était en corrélation positive et significative avec la déforestation, ce qui pourrait indiquer le nombre limité des opportunités offertes aux populations locales, qui se livrent normalement au défrichement à petite échelle, de travailler dans l’industrie. En effet, la plupart des nouveaux emplois nés du développement des industries et des concessions dans ces régions sont souvent accaparés par des intervenants extérieurs installés dans la zone. La limitation des compétences et le manque de confiance dans la fiabilité des travailleurs locaux sont souvent cités comme étant les causes principales de la réticence des entreprises à les engager (Levang, 2002). En outre, les nouveaux migrants dans la zone font augmenter la demande d’aliments et d’autres produits agricoles, ce qui pourrait inciter les agriculteurs vivant à l’orée des forêts à accroître leur production agricole en étendant leurs terres cultivées. Cette même situation a été reporté par une étude effectué en Indonésie dans trois régions forestières: Kalimantan, Sumatra et Sulawesi par Purnamasari (2010).

L'influence inverse qu'à le pourcentage de la population cultivant le riz sur le taux de déforestation peut s'expliquer par le fait que ce sont plus d'autres cultures qui occasionnent le défrichement et que s'il a plus de cultivateur de riz, les autres espèces sont moins cultivé et la forêt est plus préservée. En

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effet, selon plusieurs auteurs, la culture sur brûlis du maïs est celles qui a occasionné plus de défrichement dans la région Menabe. Blanc-Pamard et al. (2005) en donnent une illustration avec le cas du maïs en forêt des Mikea. En raison de l’incapacité de l’administration des Eaux et Forêts à contrôler le respect des autorisations d’occupation de la forêt qu’elle délivre, les agriculteurs locaux et de nombreux migrants attirés par des profits rapides et faciles, car peu coûteux en équipement et en main-d’œuvre, ont accéléré le rythme de déforestation en cultivant le maïs en front pionnier. Le boom du maïs dans les années 1990, dû au développement de l’activité porcine à la Réunion et encouragé par une réglementation commerciale incitative, s’est traduit par la recherche de nouveaux marchés d’approvisionnement de proximité et l’augmentation des prix du maïs pour l’alimentation animale (Fauroux, 2000). Cette filière génère plus de revenus que les filières alternatives qui peinent à se développer comme les plantes médicinales, l’apiculture ou l’écotourisme, sans même tenir compte d’effets indirects tels que, en amont, la production de bois des parcelles défrichées (construction, chauffe...) et, en aval l’usage par les troupeaux d’élevage des parcelles abandonnées (Méral et al, 2006). Ce maïs est cultivé sur brûlis dans les zones des forêts sèches d’épineux restées à l’état de savanes après la destruction de la couverture forestière. Les dégâts environnementaux occasionnés ont été évalués à la perte d’environ 500 km 2 de forêts d’épineux dans le sud-ouest de Madagascar sur une période de seulement dix ans (Minten et Méral, 2006).

Les variables prix d'un are de rizière de mauvaise irrigation, pourcentage de population touché par lavaka, pourcentage des ménages vivant des ressources de la forêt, pourcentage des gens fabriquant le charbon de bois, pourcentage des gens qui n'ont pas assez à manger pendant la période de soudure, malgré qu'ils sont peu déterminants dans la déforestation (P proche de 0,01) ont quand même des influencent sur elle.

L'étude montre que plus le prix des rizières de mauvaise irrigation sont élevés dans une commune, plus la déforestation est grande. Ceci pourrait s'expliquer par le fait que le prix élevé des rizières de mauvaise irrigation incite la population surtout les plus pauvres à défricher de nouvelles terres afin de trouver des parcelles plus apte à satisfaire leur exigence hydrologique. Quant au pourcentage des gens fabriquant le charbon, le modèle nous montre que cette variable influence peu la déforestation et que c'est surtout le pourcentage de bois de chauffe exporté de la commune qui est déterminante. Dans un autre sens, l'effet de cette variable sur la déforestation pourrait être expliqué par le fait que plus il y a d'individu qui travaillent dans la production de bois, plus cette production est réglementé et attire plus l'attention des autorités. Ainsi, les défrichements anarchiques seront limités par une meilleure surveillance.

Par ailleurs, les résultats montrent que le pourcentage des ménages vivant des ressources de la forêt et le pourcentage des gens qui n'ont pas assez à manger pendant la période de soudure entretiennent une relation inverse avec le taux de déforestation. Il est reconnu que pendant les périodes de soudure, les pauvres utilisent surtout les produits forestiers non ligneux pour s'alimenter (Favre, 1996). Mais ces

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pratiques n'occasionnent pas la déforestation mais la dégradation des forêts. La dégradation implique la présence d'un certain couvert forestier, mais avec une capacité de fonctionnement réduite de l'écosystème, Elle consiste à prélever des essences forestières ou à les couper sans menacer l’entièreté de la canopée forestière (MECNT, 2012). Dans le même sens, plus la population dépend des ressources forestières et s'alimentent avec en période de soudure, plus cette population est pauvre, ce qui laisse entendre que la déforestation est plus faible dans les communes les plus pauvres. Dans certaine étude, comme celle de Purnamasari (2010) en Indonésie, La relation observée entre la pauvreté et la déforestation suit une courbe en U inversée en montrant que plus le district est pauvre, moins de déforestation il y a. Ceci pourrait s'expliquer par le fait que les gens souffrant de grande pauvreté et ne disposant pas des moyens nécessaires pour convertir la terre à l’agriculture préféreront un revenu obtenu rapidement sous forme d’espèces ou de moyens de subsistance comme celui tiré de l’extraction des produits forestiers.

5.2 Recommandations

5.2.1 L’aspect environnemental: la forêt refuge de la biodiversité Les solutions à trouver devront préserver au maximum la très précieuse biodiversité, par respect des règles d’aménagement. La reforestation, même sous forme de petits reboisements disséminés, mais dont l’addition est source d’efficacité, permet de stocker du carbone, tout en apportant de multiples bénéfices pour les populations rurales: revenus par la vente de fruits et de menus produits forestiers, mais aussi bénéfices en matière de restauration des sols, de régulation de l’eau et du climat local. Ces bénéfices « seconds » liés aux reboisements et découlant d’eux, sont pérennes et appréciés des populations; elles respectent alors ces reboisements, garantissant par là même la durée du stockage du carbone.

5.2.2 L’aspect social : la forêt source de vie Les solutions, comme évoquées au paragraphe ci-dessus, doivent pouvoir bénéficier aux populations locales: fruits, chauffage, bois et emplois. Afin de responsabiliser et d’intéresser les villageois à la protection des forêts, il faut leur assurer une certaine réappropriation des ressources forestières pouvant selon les cas aller jusqu’à reconnaitre un usage collectif des forêts en transférant tout ou partie de la propriété à une structure locale villageoise. Pour permettre aux populations de sortir de la vision de survie, destructrice de l’environnement et de sa biodiversité, il faut aussi donner accès au microcrédit permettant le financement et le développement d'activités économiques durables rémunératrices.

5.2.3 L’aspect économique : la forêt source de bois et d’emplois Les solutions à trouver devront préserver l’économie locale, en particulier l’économie forestière. L'exploitation légale et commerciale, peut être développée tout en préservant au maximum la très précieuse biodiversité, qu’il s’agira par ailleurs de savoir valoriser.

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→ La forêt source d’énergie: il faudrait pouvoir réduire la dépendance énergétique au bois de feu et pour cela : • réduire la consommation de bois de feu par l’utilisation de foyers améliorés; • trouver, promouvoir et aider des énergies alternatives (éolien, solaire, solaire à concentration… et à défaut gaz en bouteille, butane fatal de torchères …), • mais aussi réaliser des boisements dédiés, relais à courte rotation pour fournir le bois de feu nécessaire. → La forêt source de bois d’œuvre: La forêt doit toujours pouvoir apporter le bois d’œuvre utile aux populations mais sous réserve du respect des règles d’aménagement forestier et d’éco- certification. → La forêt source d’espace pour l’agriculture: Il faut agir sur les facteurs de déforestation comme l’agriculture en proposant des alternatives durables par l’intensification agricole maitrisée pour l’alimentation (mécanisation agricole, intrants etc.). L'agroforesterie est aussi une solution viable et durable qu'il faudrait à tout prix promouvoir. Elle permet de lutter en même temps contre la déforestation et la baisse de fertilité des sols qui est l'une des premières causes de déforestation dans la région. Tableau 8: Synthèse des recommandations

Activités Echéances Responsable IOV Sources de vérification Reforestation Direction des Eaux et Superficie reforestée -Documents et rapports Forêts d'activités de la Direction des CT Eaux et Forêts; -Image satellitaire Reboisement -Population Superficie reboisée -Documents et rapports -VOI d'activités des VOI; -Direction des Eaux et -Documents et rapports CT Forêts d'activité de la Direction des Eaux et Forêts; -Image satellitaire Transfert de gestion -Direction des Eaux et Nombre de forêts géré -Documents et rapports des Forêts Forêts; par les VOI d'activités de la Direction des -Le Ministère de Eaux et Forêts; l’Environnement, de -Documents et rapports l’Ecologie et des d'activités de la Direction des Forêts VOI gestionnaire des forêts; MT et LT -ONG -Rapports d'activités et documents des ONG; -Documents et rapports d'activités du Ministère de l’Environnement, de l’Ecologie et des Forêts Microcrédit aux -Ministère des Nombre de personnes -Documents et rapports populations Finances et du ayant bénéficié des d'activités du Ministère des Budget; microcrédits Finances et du Budget, du -Ministère de Ministère de l'Economie et de l'Economie et de la la Planification; MT et LT Planification; -Documents et rapports -Banques; d'activités des Banques: -Entreprise de -Documents et rapports Microcrédit d'activités des Entreprises de Microcrédit Vulgarisation et -ONG; -Nombre de population -Documents et Rapports commercialisation des CT et MT -Entreprises de vente touchées par la d'activités des ONG; foyers améliorés des foyers améliorés vulgarisation; -Bilan comptable des

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-Nombre de foyers entreprises de vente des foyers améliorés vendus améliorés Promotion et -ONG; -Nombre de population -Documents et Rapports Installation des -Entreprises de ventes touchées par la d'activités des ONG; sources d'énergie des matériels vulgarisation; -Bilan comptable des renouvelable d'énergie -Nombre de matériels entreprises de vente des renouvelable; d'énergie renouvelable matériels d'énergie CT, MT, LT -Ministère de vendus; renouvelable; l'Energie -Nombre de sources -Documents et Rapports d'énergie renouvelable d'activités du Ministère de installé l'Energie

Promotion et -ONG; -Nombres d'agriculteurs -Documents et Rapports formation des -Ministère de touché par la d'activités des ONG; agriculteurs aux l'Agriculture et du promotion; -Bilan comptable des techniques agro- Développement -Nombre d'agriculteurs entreprises de vente d'intrants forestières et Rural; ayant adopté les agricoles; d'intensification -Ministère de techniques agro- -Documents et Rapports agricole l’Environnement, de forestières et d'activités du Ministère de CT, MT, LT l’Ecologie et des d'intensification l’Environnement, de l’Ecologie Forêts agricoles; et des Forêts; -Nombres d'intrants -Documents et Rapports agricoles achetés d'activités du Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural;

5.3 Limites de l'étude L'étude a été effectué avec des données socio-économiques manquantes. Ce qui n'a pas permis d'y inclure d'autres variables socio-économiques de taille comme la distance séparant les différentes communes de la capitale provinciale, ou l'indice de richesse des ménages des différentes communes. Par ailleurs d'autres données socio-économiques n'ont pas été renseignées sur toutes les communes, ce qui a obligé à ne pas les considérées dans l'étude. Aussi, toutes les communes de la région ne figure pas dans la base de données exploitées. Ainsi 9 communes ont été laissé de côté pour cette étude par faute d'inexistence de données socio-économiques sur les 51 de la région. Par ailleurs, l'existence de données socioéconomiques au niveau de chaque période utilisé pour le calcul de la déforestation aurait été intéressante dans la mesure où, elle aurait permis de voir l'évolution de la déforestation suivant les données socio-économique à travers le temps et de tirer des conclusions très pertinentes qui pourront servir à lutter contre la déforestation dans la région. Aussi les données socio-économiques utilisées pour l'étude ne sont pas en synchronisation avec la période utilisée pour le calcul du taux de déforestation dans le sens que c'est le taux de déforestation de 2000-2005 qui a été utilisé pour l'élaboration du modèle et que ce sont les données socio-économiques des enquêtes effectuées en 2007 qui ont été utilisées. Ceci pourrait influencer les résultats.

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6 CONCLUSION Cette étude a montré que la dynamique spatio-temporelle de la végétation dans la zone Manabe est régressive. Les taux de déforestation ont évolué dans un premier temps de la période 1990-2000 à 2000-2005 puis ont diminué dans un second moment de la période 2000-2005 à 2005-2010. Toutefois, la tendance est régressive et plusieurs facteurs sous jacents ont été énumérés comme étant les causes. Le modèle tiré de cette présente étude ont montré en effet que plusieurs facteurs affectent le taux de déforestation à savoir le pourcentage de population touché par lavaka, le pourcentage des terres cultivées appartenant à des gens ne résident pas dans la commune, le prix d'un are de rizière de mauvaise irrigation en Ariary, le pourcentage de population touché par la baisse de fertilité des sols, le pourcentage des populations cultivant le riz, le pourcentage des ménages qui ont des terres titrées, le pourcentage des gens fabriquant le charbon de bois, le pourcentage des populations touché par les feux de brousse, le pourcentage des ménages vivant des ressources de la forêt, le pourcentage de bois de chauffe exporté en dehors de la commune et enfin le pourcentage des gens qui n'ont pas assez à manger pendant la période de soudure. Dans le même sens, l'étude montre que le pourcentage des ménages qui ont des terres titrées, le pourcentage de population touché par la baisse de fertilité des sols et le pourcentage de bois de chauffe exporté en dehors de la commune sont les facteurs les plus déterminants dans la déforestation. Il est donc important pour la lutte contre la déforestation, d'initier des mesures qui vont influencer ces différents facteurs pour non seulement diminuer la déforestation dans la région mais aussi y éradiquer la pauvreté et rompre la spirale malthusienne où la pauvreté conduit à la déforestation et la déforestation conduit à une pauvreté encore plus accentué

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