R,EPUBLIQUE. ‘FRANÇAISE t I 0wcE DE ~RECHERCHESCIENTIFIQUE + 'i ET TECHNI&OUTRE-MER -- - 1I CENTREDE TANANARIVE 1971 r ; I , 1 !j~~ i hi j ii I ;) i ,’ I ,: >,,I.

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l Il l STR(lCTURES SOCIALES ET DYNAMISMES ECOkOMIQUES ’ DANS LA REGION DE BELO-SUR-TSIRIBIHINA,i l1 Rapport provisoire d'enquête

Bernard SCHLEMMER

- -.- ---DIFFIJSION---RESTREINTE- - Chaque fois que l'on trouvera "Societés de colonisation industrielles intensives" remplacer par : "Sociétes coloniales d'exploitation intensiveQfp

- En abscius c du tableau "date et durée des immatriculations de terres au nom de $ : le~,kar~y"~ lire 1920, 1930, 1940, 1950, 1960 en lieu et place de 1965, 1966, 1907, 1968, 1969. ..- - Carte no 11 et 12 : - échelle : 1/70000ème environ - le Nord fait un engle de Jo avec la verticale de la carte,

- P, 6 $ 3, ligne 4 : devait au lieu de dovant : car dès lors car dès $i 4p ligne : : destructurée au lieu de destructurée. 2: détwminee II VI determinees

Il (1 3 : deux ” 2 - P. 8, avant dernjèrc ligne : phon&n&a au lieu de phenomenes - P, ID, § l9 ligne 12 : est celui au lieu de cPest celui 13 : nos recherches au lieu de s recherches Q2,ligne5 : chpampau lieu de champs 8: cette II Il nette - P. 12, $I 2, ligne 7 : même lorsqu' au lieu de même où lorsqu* 8: telles que 11 11 tels que

-. Note 4 : in OU - P. 15p § If ligne 9 : exportation expportation f$ 3, ligne 3 : in-t act es intact - P, 16, § 1, ligne 7 : richesse lG/richesse §2,ligne2 : quasiment quasime - P. 16, $ 2, ligne 7 : insersion au lieu de insertion 6 3$ ligne 5 : pr&exist!ants " " pre-existant - P, 17, $ 2, ligne 5 t contraints II 11 contraint 7 : deshonorant 11 ft deshonorant - P, 19, $ 2, ligne 4 : --fahitra 0 Il fahitra §j,ligneLj.: conflits' de terres au lieu de conflitde terre - P. 2C, § SP ligne 11 : et/ou au lieu de et OLI - P, 22, 5 2, ligne 5 : sp&t SI II sa'git - P. 27? 5 2$ ligne 3 : terrestre II Il rrestre - Pe 339 $2 1’ ligne 1 : &udriatahoranarivo au lieu de Andriatoharanarivo Note 2 :. correspond à (1) ($ 1 ligne 31, Note 1 i correspond à (2) (§ 4? ligne 3) Note 1, ligne 3 : divisé au lieu de divisec - P, 3Qr (i 5, ligne 1 : &t~drj:atahoranarivO au lieu de Andriatoharaharivo 3 8, ligne 3 : insersions au lieu de insertions - P. 35, $ 2, ligne 15 : Évènements " " évènement Note 39 ligne 2 : compktiteurs *' " COmPétiteruS - P. 36, $ 2, ligne 1 : ctsst cette idee au lieu de olest une idée -P.38, $T,ligneI :w 1t II dady § 39 ligne 3 : d'hommes vivant " " d'homme vivant - P, 39, 5 4? ligne 3 : dad;v tt 11 dady - P, 4lo 9 3, ligne 2 : catBgoriques 0 tt cat6gorique

§ 4, lig-ne 3 : n'existe pas une ' It n'existe pas : une - P. 429 $ 2, ligne 6 : exportatrice tt II exportense 8 : le colonisateur 1' It la colonisateur 11-12: Et tout tt 11 Et, tout Note 2 : supprimée - P. 430 $ lp ligne 8 2 LU~Créponse, en face au lieu de une réponse en face Y : leur Btat . au lieu de leut 6tat 78 : agi tt Il agit mais, dans 11 11 mais dans

0.. II

- P. 45, '$ 2, ligne 4 : pois du Cap au lieu de pois du cap 14 : celui-ci avait " tt celle--ci avait - P, 50, 5 1, ligne 3 : Ganaady Il If angady 4 : ,--fibara Il " fibara - P. 58, 5 2, ligne 2 : entendue " II entendre

t! 11 - P, 59$ 5 39 ligne 5 : relation ralation - P. 60, $ 2, ligne 2 : appcaru II II EQlp~US 3 : disparu II " disparus - P. 61, 5 1, ligne 3 : appkwtiendra f? II appatiendra - P. 62,,.$ lp ligne 1 : pitoka II l! mpitoka 5 2, ligne 3 : du. même mpitoka (' n de même mpitoka .avant dem o : rigoureusement individualisés au lieu do sigou- reuscment individualisé - P, 68, $ 1, ligne 3 : SO reconnaissent au lieu de se reconnaissant - P. 70, S 4, ligne 7 : soronlanaka II 11 soron'anaka - Po 749 5 2, ligne 2 : chanson 11 11 chsncon - pc. 78, §5,ligne5 : Le politique 11 11 La politique - P. 82, $ 2? ligne 3 c masondrano 11 II masondrana 8 : domaine t1 II domi le mpanito II II la mpanito 9 : le faritang,do Il II le faritany de $ 3, ligne 5 : se contenter II II se contentent - po 839 § 3$ ligne 3 : avertis II SI averti 4 : --renila& 11 II renikahy - P, 84, § 1, ligne 3 : membres 11 Il membre $ 2, ligne 4 ~:-~ronsnnal& 11 Il 10 a Zazamainti II II Zaz xi'aintu 11 : -a-toaka II II t oaka - 1'0 86, note 1 : 50 p0 ronéo If r, 50 ronéo III

- P, .87? $ 1, ligne 2 : contrôlés au lieu de contrôle $ 2, ligne 7 : masondrano 1t tt masoand.ro - P. 88, $ 2, ligne 2 : carreler it 11 carréler - P, 8y9 $ 1, ligne 3 : hydrauliques t1 lt hydroliques ,Note 1 : Notes sur 11 1t Notes sue Xote 2 a raza tt 1t razà - P. yo ;::Ote 1 : production asiatique u tt production on asiatique - P. 92, $i 2, lignes II-12 : leur propre terre au lieu leurs propres terres -.P, 93j $ 1, ligne 1 : leur droit au lieu de leurs droits - Po 103, 9 3, ligne 2 : demettre tr II dèmettre 5 : n'aiment pas se tt t' n'aiment pas de 0 II 7 : --vazaha vazaha Y : vazaha 11 II vazaha - P0 107., '$ 2, ligne 5 : la possibilité tt Il la possibilités -‘P, 108, $ 2, ligne Lf : cf. p0 112 II 1t cf. $ 4; ligne 2 : les‘principss 1t 11 les principales de fond tt 1t du fond - F, 111, $ 3, darz, ligne : tous II Il tou st.-agnant 11 II stagn nt $j 4, ligne 1 : elle? ne 1t II elle ne - P. 113, c) 3, ligne 2 : Karany tt Il kaiany Note 1 : loto (x 2) 11 tt long0 (x 2) - P, 114s 5 3, ligne 7 : IvXalgaches Il If malgaches : Chinois 11 u chinois : Européens II tt europbens 10: Chinois tt 1t chinois Europeens 11 1t européens - P, 117, $ 3$ ligne 102 rossentie II II ressenti6

ts 1t dern,ligne P l%.n,jak~~a-- Fanjakma

0.0 Iv

- P. 117, § 1, ligne 2 : mpanito au lieu de mpanito - P, 125, $ GV ligne 5-6 : le mp-3..nito, Il I1 la mpani-to, puis par le colon ' lt p:xr le colon - P. 130, § 1, ligne 4-5 : couthe 11 Il coutume0 Section : SOCIOLOGIE

Diffusion restreinte.

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Rein-sur-Tsiribih

200KM. Rapport d'élève.

Rapport provisoire d'enquête.

Direction d'études : &Jonsieur G, ,Sln‘KnBE

Parrain scientifique : Monsieur le Professeur H. DESCHAWS.

Nous sommes extrêmement reconnaissants do l'aide que & le Professeur H, DESGG0FS et 13. le Professeur G, BALA?~DIERnous ont apportée* par leurs critiques et suggestions, en particulier sur le plan méthodologique,

Nous,tenons également à remercier Monsieur G. ALTXABE et I4onsieu.r 3,P. FUSON, qui sont venus jusqur8 Bolo-sur-llsiribihina, nous faire profiter de leur expérience du terrain, lors de notre pré-enquête0

Bernard SWïa@m 4970 Assist an. : Honsiew RAlSClllO~~RISOLO Transcript eur : Eonsiew RAEALAlUAONSA~~ir8 . AVANT-PROPOS

Cette étude est le résultat d'un travail effectué en tant qu~éleve de 26me année à la Section Sociologie d e l'Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre-%ier (O.R.S,T,OO&).

Le lieu de l'étude est constitué par la Sous-Préfecture de Belo-sur-Tsiribihina (Préfecture de Eorondava, Province de Tuléar, ). Cette délimitation administrative est ici suffisante, car la Sous-Prefecture de Belo-sur-Tsiribihina englobe de fait une région bien homogke, à l'intérieur de frontieres naturelles et historiques qui l*isolent largement des contrées limitrophes.

Ce terrain 6taLt partagé avec Monsieur Je LOXEWJI~ Au départ, if devait ùî agir d'un travail d'équipe, sur la base d'une problématique commune0 Cependant, afin que, dans le cas où il n'y aurait pas de coordination fruc- tueuse entre les deux chercheurs, chaque étude demeurât homogene, se suffisant 'a elle-merne, une division du travail plus stricte qu'il n'était initialement prévu s'est instaurée0 La coopération devait consister alors dans l*échange des informations recueillies, et aboutir à une synthèse commune, ainsi, que nous l'avions écrit en accord pour nos rapports d'activités : i'L'organisation du travail se situe à deux niveaux étroitement complémentaires, Dlabord les modèles de formalisation de chacun des deux thèmes de recherche doivent être assez homogènes pour permettre une communication systematique entre Les deux intéressés. Ensuite, considerant que cette Qtape de l*enquêtc ne constitue qu'un moment du procès de connaissance, ltessentiel de notre travail, c'est-à-dire la problêmatique qui nous unit, consiste à déterminer le ou les types de oausalitê structurale qui vont permettre de passer de l*Economique au Politique!'.

Outre cette .c.inbition finale, le fait de travailler en équipe devait nous permettre de répondre.& une autre difficulté :

l .* 6

Dès que l'on travaille dans les pays du Tiers-Konde, on se heurte à une ambigulté fondamentale , qui est celle de notre objet, ou de notre me- thode. Zn effet, fera-t-on de l'anthropologie sociale ? Nais quVest-ce que lpanth~opologie dans we société où il n'existe plus que des lambeaux de l'organisation sociale, des débrisde la' structure politique, des résidus de l'économie telles qu'elles existaient dans leur développement propre, avant qu'elles ne soient figées par la colonisation, puis détruites par l'économie moderne ?

Alors fera-t-on de la sociologie ? Nais il n'est pas possible d'espérer comprendre une économie rurale sans pénétrer les reseaux de parenté, il nIest pas pensable de faire appel a.des concepts et des méthodes élaborés dans et pour des sociétés hautement industrialisées, il n'est pas plausible de bâtir des variables sans avoir vécu, de l'intérieur, dans le village, 12s conflits et les Stratégies qui les fondent,

Bous ne prétendons pas ici résoudre ce problème : nous voulons sim- plement mieux situer notre travail. En effet cette ambiguïté, la division du travail* puisqu'aussi bien elle mettait en presence un anthropologue et un sociologue, devant nous permettre de la lever partiellement, Partiellement, car d6s que chacune des deux recherches devait pouvoir être autonome, aucune division stricte ne pouvait s'&tablir :

Toute société, même destructurée, présente ce caractère de totalite pour laquelle chaque élément rentre en relation déterminées avec les autres aspects de la réalité, La repartition entre ces 2 chercheurs était donc pu- rement intuitive : anthropologie politique et sooiologio économique, période pré-coloniale et période post-coloniale, survivance de l'organisation sociale et formation sociale en cours0 archéologie et prospective.

Les recoupements étaient inevitables Isut:> ciivisj.on du tyy.v~,il qui se fait sur la base d'une problèmatique commune impltque un découpage de la réalité, découpage qui n'existe pas, dans cette réalité. 11 est clair qu'il n9est pas possible d'isoler I'Economique du Politique, ni d'expliquer La période post-coloniale sans se reférer à la période anté-coloniale; et qu'une telle étude sociologique ne peut pas ne pas faire appel % des niveaux 7

explicatifs~relevant de la recherche dlune anthropologie.

&As cette division du travail à l'Intérieur de l'équipe permettait justement à chacun de se cantonner en partie daus son domaine propre, puisque la coopération entre les deux chercheurs devait permettre de relier ces aspects complémentaires d'une même réalité,

M.alheu..reusement cette coopération, pour des raisons qui ne rclkent ni d'une divergence théorique, ni d'une erreur méthodologiquo, n'a pas eu lieu.

Aussi notre étude se donne-t-elle pour une approche partielle, com- plémentaire de celle qu'a effectu&Nonsieur 3. LOMBARD, comme deux arcs d'une ogive dont manquerait la clef de voûte, C'est pourquoi nous sommes heureux que cette recherche, outre par le prolongement que nous comptons lui donner, en travaillant sur les pc~s d'origine des immigrants étudiés par nous à Belo-sur-l'siribihinz, puisse être également dépassée dans le ca$re d'une équipe pluri-disciplinaire; colle-ci, travaillant sur le Renabe, pourra re- prendre, dans un ensemble plus vaste, les résultats auxquels nous sommes parvenus,

. . . 8

Phonétique : La transcription adoptee est celle que suit l'orthographe officielle malgache. Rappelons-en sommairement les regles :

- le e se prononce rrélto toujours accentué - le 0 se prononce floull - le h est toujours aspiré - le j se prononce rldtitr - le s se prononce taujours comme."ssfl - le tr se prononce comme dans l'anglais 90 tramp" - le dr se prononce comme dans l'anglais 30 dream" - le ts se prclnonce comme dans "mouche tse-tsel' - le z se prononce z sauf devant un ig où il dcvisnt "jgt - les m et n nasalisent les consonnes qu'elles prkèdent, Il n'existe pas de di&tonguo, chaque voyelle est prononcée.

Accentuation :

Les mots-racines sont accentues sur la pénultième, sauf ceux qui se terminent par &a, -tru, -na : dans ce cas‘ l*accent est mis sur lfantQ- pénultième,

Rappelons une autre exception : le c est toujours accentué mEme s'il termine le mot,

L'accentuation est forte : les phénomenes non accentués sont pro- noncés, mais beaucoup plus faiblement, IYTî-:ODUCTION

1. Cadre général de la problématique. ,’ La Sous-Préfecture de Belo-sur-Tsiribihina ne constitue pas en tant que telle un objet sociologique. On sait que l'objet est construit, sur la base de la définition d'une problématique et des concepts utilisés, olest-à-dire d'un cadre théorique de référence, Or ce cadre de réferenoe, la fapon dont le sociologue se situe, ou ne se situe pas, par rapport à sa propre discipline, engage sa pratique théorique, et' par oonséquent le découpage qu'il opérera de fait dans la réalité. Si "le point de vue oree l'objets' selon l'expression de ï?,, DY SAUSSURE, l'objo? est cette réalité9 que le point de vue appréhende. Aussi le résultat drune recherche se présente-t-il nécessairement comme une approche partielle et partiale de la rdalité,

Qu'on veuille bien nous pardonner ces généralités! Banaless elles signifient pourtant qu'en sociologie, plus encore que pour les autres disci- plines, la moindre honnête-t6 intellectuelle convie le chercheur à définir son champ théorique propre,,

Et cela d'autant plus que les bouleversements historiques qui affec- terentses lieux d~etudes, nous rendirent l%nthropologie a!nbigüe! Expliquons- nous : "Le Processus de décolonisation a eu des conséquences immediates SUT % pratique scientifique propre à l'anthropologie sociale et à la sociologie "des Sociétés non européennes, sur la représentation classique de cette caté- "'gorie de sociétés - Il a bousculé les habitudes, suscité la pudeur termino- "logique (à l'égard de qualificatifs comme "archa'lques"p 'gprimitifsg* etc ..,$ "et introduit 10 doute qu~ant à la portée actuelle de l'entreprise anthropolo- ltgique, D'un coup, des Sociétés estimées statiques ou figées dans la "répé- Yition" se sont ouvertes au changement ou à la révolution+ elles ont retrouvé %ne histoire; elles ont cessé d'appartenir à l'ordre de la passivité et des llobjets'l (1). Cette révolution dans l*histoire de aon objet entrazna une

(1) G. Bf'&ANDIXR : Sociologie actuelle de l'Afrique.Noire. P.U.F. Paris 1952 Po 33 - Les passages soulignés le sont par l

Or, ne pas définir le champ de notre discipline, c'est accepter implicitement celui que nous attribue l& division universitaire, qui ne le crée qu'en l'opposant à celui de l'6conomiel de la géographie, de l'histoire tee Et, en sciences humaines, cette division des disciplines, nous allions écrire 'iidivision disciplinaire" tant il est vrai qugelle nous enferme dans le champs où elle nous place, entre de fait, quelle que soient les raisons historiques ou pratiques qui y présidèrent9 C?als le jeu idéologique qulinconsciemment la société so:uhaiterait voir jouer par ses universitairesi Cette fonction ne peut être rempkie qu'au détrimont du caractke scientifique de la recherche puisqu'elle implique la mutilation de l'objet, La séparation entre par exemple sociologie et économie, a aussi pour résultat de permettre a la fois d'apposer aux conclusions du sociologue les "contraintes 6conomiques1' définie hors de son champ d'étude, et do ne pas en-tâcher, par la prise en charge des rapports de production liant entre eux des hommes réels, les modcles économiques abstraits : grandes lois éternelles que ltéconomie libérale demande à ses

(1) P. KERCTER : IWst,oire de l'An-t-hropologie - P.U.F, Paris 19% - p. 162 lI Les passages soulignés le sont par l'auteur. théoriciens. De même, et toujours quelles que soient les intontions de ses fendateurs (l)s la creation de llanthropologie (ethnologie) comme discipline distincte comblait un vide dans les justifications idéologiques quo se donne la société à un certain moment de son histoire : n6o avec la phase imperialiste de l'expansion oolonialo, l'ethnologie s’est attribuée pour objet ltBtude *des socigtés primitives vues sous leurs aspects; c'était signifier aux autres disciplines qu*ollcs n'auraient pas droit de regard sur les sooiétds etudiées; par 18, on se donnait tous les moyens, mais en fait ceux-là seuls, qui présenteraient les pays colonises comme des sociétés sans histoire, sans Bconomie, différentes par nature, primitives, Dès loî~, il devint possible de justifier que la Né"cropole fasse leur histoire, 6 leur place, les fasse ' accéder à notre Rationalité Zcbnomique, leur apportej en un mot, la civilil sa-t ion.

"L'ambigulté trouv6e dans l'Afrique d'aujourd'hui n'est-elle pas d'abord celle que nous portons en nous? lt( 2) demande ci. I.1L%DIXR~ Car dès lors qu'il s~occupc de faits sociaux, le chercheur slengagep qu'il le veuille ou nonp dans une pratique politique. Celle-oi n'est (gGn&alemcnt) que llaooom-= plissement de ce jeu qui, à son insu9 lui est imposé,: enoore faut-il en &re conscient pour pouvoir l'informer, et en informer le 1eoteu.r~ Fiais dans lc meme temps où le chercheur est mis en situation telle qu'il risque de ne penser que "l'expression idoale des rapports matériels dominants" ( 3). des lors qu'il s'occupe de faits sociaux,. il est Egalement le mieux armé pour s'en défendre, car le plus à même de saisir le sens de sa pratique et de son rapport avec l'objet ,de sa pratique (4). Ainsi est-ce en fait avant lïaccession

. . .

(?) Cf. La conference de L, Lévy Bruhl, en 1926, lors de la création de , l'Institut d*Ethnologie de l~Uni.versité de Paris. (2) G. XLANDIER : Afrique ambigiie. Plon. Paris 1357, p. 273. (3) K, WRX : L'idéologie allemande. 33. SOC~ Paris 1966 PI 74 1t18Ethnographe devant le colonialismel', in 58, Août 1950, pi3.a 357-374. 12

à l'Indépendance des pays dominés, quO'avec la mise en- oeuvre du concept de llsituation coloniale" (1) sTimposa l'exigence "d'une théorie sociale à la fois plus dynamique et plus critique (Z!)l*,

Dans le domaine de lta,rrthropdlogie Politique# cette révolution à l*oeuvre est parvenue à maturité, puisqu'elle dispose désormais d'un ouvrage théorique de référence (3). Pour ce qui concerne ltan-l;hropologie économique, il n'en est' pas de même : les études de cas se multiplient, mais le cadre théorique nouveau manque, C'estt pensons-nouso qu'en économie, contrairement au domaine politique, ltillusion de l'analogie fait croire à la transposition possible; directement ,.Ges théories existantes. Grp mëme où lorsqu'elles se sont préoccupées des Iformes qui précedent la production capitaliste" (4)3 elles nous offrent des outils, mais non la théorie qui nous manque. Car, si certain:. ooncepts peuvent et doivent être repris, fa nécessité de résituer toujours soi1 objet dans lsensemble qui le comprend et le déTermine, et dans le procès de leur articulation, rend insuffisantes les références aux analyses tels que WJG les y a développées : le mode de production i'traditionnel'l, quelle que soit LG façon dont on le détermine, n*existe plus en tant que tel.

.0.

( ? > G. B~~L~WIER : Sociologie actuelle de l'Afrique Hoii, P.U.P. Paris 1955. (2) G. Bi’JS?DIER f op. cit, p. 34 (3) G. BSANDl2& : AntAh.ropolo~ie politique - P.U.F. Paris 136'7. (4) K, NARX, ou "Fondements de la critique de l'économie politiqwYt. iild, 'Ant!wopos. Paris 1969. Tome 1. pp9 435-479. II, Problématique de la rcoherche

Si la théorie manque, et puisque nous n'avons pas l'ambition de la fonder, pourquoi nous dira-t-on, encore une etude de cas? C'est que nous disposons, sinon d'une théorie spécifique à notre objet, du moins d'outils théoriques qui nous permettrons de contribuer à notre niveau, aux tâches actuelles de la sociologie.

L(actualit6, c 'est l'urgence du développement économique du pays dans lequel nous travaillons0 Dès lors, le problème urgent posé au sociologue reside dans la question suivante, telle que l'a formulée G, MJCHABE : "La "dynamique ~héoriquo, l'organisation théorique qui sont à la base des actions "actuelYes de développement sont-elles dans le Jtpossi31et1 de la dynamique Jrvêcue, de l'organisation vêtue, constitutives de l'univers villageois, objet W.e ces actions?" (1).

Il importe donc, nous semble-t-il

- d'une part de dégager les mécanismes fondamentaux qui permettent de com- prendre dans un cas précis comment et pourquoi telle communauté ~~traditionnelle*l est contrainte ou non, peut ou ne peut pas, face à une économie qui lui est hétérogène, élaborer des stratégies de réponses qui se révëleront elles--mêmest

en un temps donné, viables ou nOil pour son propre système

- d'autre part, les communautés i%raditionnelles'9 étant situées dans un en- seinble complexe de rapports (rapport de leur région avec sa nation, rapport de la nation elle-même avec les pays industrialisés, rapport avec les choix politiques et les formules de développement etc . ..> il est indispensable de contribuer à l'élaboration d'études comparatives,

0

0 0

(1) G. ALTH&BE : Progrès économiques et communautés villageoises de la côte orientale malgache. Centre O&.S,T.O.P!I. de Tananarive 7966. Ronéo. $3 pm Nous avons donc situé le champ de notre étude au lieu de l'articu- lation entre deux sgst&mes Goonomiques diffkents, dont l'un est domiwul-t, ~l~autre,dominé; mais quk ne peuvent être isolés que formellement, car 19inter- action entre ces deux systbmes les détermfnent mutuellement. Nous pensons que cette inter-action doit toujours être prise en consid&&ion p,ar ltanthropo- logie OcoAomique, qu.and bien même l'un ou les deux groupes d'acteurs la n$e consciemment ou la méconnaisse : en faire abstraction conduit en effet à donner une fonction purement idéologique au couple d'opposition ~Yraditionnel-moderne'l (secteur, économie, logique, comportement etc . . . traditionnols/modernes), en faisant passer sur le plan de la réalité ce qui ne.doit être qu'un découpage de lsanalgseo

'L'hypothèse conductrice était que cette articulation entre deux sys- t&mes économiques est elle-m$me doublement déterminCe, - d'une part, par le ou les systèmes de production Pr&-existants à l*implan- tation de l'économie dominante * - d'autre p,art, par le ou les types de domination Qui vont alors se realiscr.

Par rapport à cette probl&matique, nous essayerons de montrer que dans la sous-pr6fecture de Belo-sur-Tsiribihina, nous sommes on présence de trois groupes qui tous différent dans leur Aaction face à llimposition d'un système Economique qui-% B 1.a logique du capitalisme. Tandis que les Sakalava abadonnent la structure politique en tLant qu'elle est liée à la reoonnaissCanoe du E>Rn;jaka (Roi), nG.s maintiennent d,ans la mesure du possible leur système de production, se dkveloppont, dans le secteur de production capitaliste des concessions europeennes, deux types principaux d'immigrants :

- ceux qui, tels les Kora6 (immigraAs du Sud-Est9 en majorité Antaisaka) partent loin de chez eux stins&er dais le système monëtaire, msis oe, comme un moyen pour retourner chez eux avec une. meilleure assise dans la logique économique de leur propre soci6tQ - ceux qui, Comme les Betsiléo, sont économiquement, dans leur pays, bien plus ins&ês dans la logique de l'économie monétaire, et n'y Gohappent que pour se fixer sur cette terre dfexil. Lo scctcur capitaliste des conocssion s comporte égalornent deux types qu'il nous faudra distinguer : le premier, dont la Société "La Grande Ile" est l'exemple quo nous avons étudié, constitue ce que nous appcllorons l'colo- nisation primaire", parce qu'il s'agit de sociétés dc: colonisation qui s'appuyaient exclusivement sur un rapport de forces politiques, pour se faire attribuer d'immenses superficies de terre, mais n'introduisaient pratiquement aucun changement dans les moyens de production : le cultivateur travaillait les memes cultures, avec les mômes outils qu~auparavantO' la Societé se con- tentant de prendre se redevance et de la vendre à une société dsexpporta-tion. L'autre type est constitué par les "societés coloniales d'exploitation inten- sive", que nou s avons ainsi dénommées parce que, malgré leur import-ance bien moindre quant à la superficie, elles dominent le premier type par un rendement économiq,e nettement superieur, obtenu grâoe à une modification radicale du niveau des forces productives et des rapports de production : mécanisation, amélioration chimique des sols et des cultures, salariat, division du travail etc .O. Il est essentiellement constitué par les Societés d'exploitation tabacole.

Nous avons donc dans la même région :

a) les survivances de la première période de colonisation b) les agents d'un capitalisme moderne c) les immigrés qui sont contraints d'en accepter la logique d) les immigres qui ne l*aoceptent que comme moyens dans leur logique propre e) les autochtones qui la refusent et maintionnent le système écono- mique qu'ils peuvent lui opposer f) les maisons de commerce, principalement Pakistanaises, qui pro- fitent de ce refus et de la contradiction qui en résulte avec l'implantation de fait du sgsteme capitaliste de production pour développer à leur profit un secteur capitaliste marchand,

Sur ces bases, l'hypothese que nous avons voulu démontrer est colle-ci :

Le refus des Sakalava est rendu possible parcc que jusqu'a maintenant, la forme qu'a prise lrimpla&ation de l'économie étsangkre a laissé intact les la bases' matérielles de ce qui proourait/richesse; et la désintégration presque totale de l'organisation socio-politique reposant sur le pouvoir du I@anjaka n’est due qu’au rapport de forces établi entre ce pouvoir d'.une part, et d'autre part lladministration gouvernementale et les agents de Itéoonomic capitaliste, car ce rapport de forces a modifié les rapports sociaux de pro- duction sur lesquels ,s'appuyait toute cette organisation socio-politique. Mais ce refus est et sera de plus en plus difficile à maintenir, à cause de la pro-- gression rapide du secteur moderniste, tant sous sa forme de "société colo- niale dlexploitation iritensive4' que sous sa forme gouvernementale t*d*économia de développementV4.

Actuellement, les gr‘andes concessions ne trouvent encore de main-d'oeuvre quasimen. que chez les immigrés. Nais tandis que les Korao sont souvent ma- noeuvres salariés, vivant en marge de la population, les Betsiléo répugnent au salariat (ne l'acceptant que si leur spécialisation les fait accéder à des postes mieux rémunérés) et tentent o par des alliances avec les Sakalava (ma- riage, fraternité de sang ,.,) et en devenant leurs métayers, de se donner un sembl& de possession de terre et d'insertion sociale, dans une logique proche de celle qui était la leur. Là encorep le développement du secteur mo- derne aux dépens du secteur de Qolonisation primaire" et du secteur de pro- duction indigène risque de leur couper cette dernière retraite, mais ôgalement. de leur ouvrir de nouvelles voies , puisque ce seront les premiers qui n'auront plus rien à perdre à l'extension des rapports de production qu*impliqdo une économie modernisatrte.

Dès lors, nous ne pourrons valider pleinement notre hypothèse de départ' que si elle se revêle féconde dan@ ie pays même des immigrés, C'est pourquoi nous présentons ce rapport comme un résultat provisoire d'enquête : il s'agira dans un seoond temps d'analyser, en pays Betsiléo d'une part, en pays Antaisaka d'autre part, le ou les systèmesde production pr&existant à la colonisation, et le ou les types de domination qui se sont réalisés* A quoi correspond la décision d'émigrer, et comment répondent ceux qui n'ont pas choisi (ou : pu choisir ?> l'émigration. Le travail déjà réalisé auprès des immigrés de Belo-sur-Tsiribihina, et le voyage d'étude que, avec Monsieur ' le Professeur SAUTTER et la section de Géographie du centre ORSTOI de Tanwarive, nous avons accompli d‘ans ces pays en Avril 1970, nous permettent d'avancer certaines hypothkes de travail.

Eh pays Korao, le rapport entre le systeme de production et le type de domination qui s'est instaxr6 , a permis à celui-là de se maintenir en place, mais non diempêcher celui-ci de créer des ruptureti dans 1 i adhésion de certains de ses acteurs (les cadets) à leur propre système, en leur apportant et do nouveaux besoins, et les possibilités de satisfaire ceux-oi; La pénurie rela- tive qui en a résulté les a donc contraint 3, partir chercher ailleurs - il serait deshonorant de se salarier dans son propre pays - de quoi asseoir leur richesse; mais en pays d'immigration, ils peuvent acoepter la logique de l'économie de marché comme moyen , puisqu'ils comptent n'y p,articiper que le temps d'accumuler le capital nécessaire à leur retour. La rupture n'est fina- lement qu'une rupture de rythme : ce qui etait mis en cause, c'est que l'ascension dsns.la hiérarchie soit et ne soit qu'affaire de temps. Ils ont d'ailleurs rapidement été récupérés par le système 4Antaisaka, celùi-ai.les contraignant à consumer leur capital en sacrifices cérémoniels. L'argent gagné, imm6diatement transformé en boeufs - seule richesse acceptable -* et les boeufs immédiat eEen% transformés en fête - seul comportement acceptable - : loin de participer à la logique du marché, on la nie en réactualisant avec force sa propre logique,

Pour ce qui concerne les Betsiléo, certes ils n'ont pas plus choisi de se soumettre Q la domination des rapports de production marchands; mais chez eux, les effets de l'économie dominante se sont faits sentir beaucoup plus profondément, acculant pratiquement lc système de production antérieur & la faillite, relativement au moins à la surpopulation entraînée par les effets bien connus du développement accéléré du niveau des forces productives et de l'extension des nouveaux rapports de production (baisse de la mortalité infantile, allongement de l'espérance de vie .O.), Ceci est d'au%& plus sensible que le systkme de production Betsiléo avait, déjà avant la coloni- sation, atteint un certain degré de sa-buration. Ceux qui sont contraints au départ l'entreprennent dono sans espoir de retour. Dès lors, il s'agit de jouer la "tradition" - que l'on crée en l'opposant à la domination refusée - soit en affirment jusqu'à l'absurde 3.e caraotke temporaire de l*emigration -:; (c*cst le cas sur le COP3jZNA+où l'absence de Sakalava les prive de médiateur pour l'accès de la terre (1), soit - c'est le cas à Belo - en faisant oublier- oubliant ses origines, quand. on parvient à s'insérer dans une sociét6 perpue comme pareillement l%r~aditionnelleff, puisque s'opposant pareillement à la môme domination,

Dès que nous nous sommes rendus compte de la necessité de poursuivre notre enquête, nous avons profit& des occasions qui nous Oilt Qté offertes pour commencer le travail d,ans cette direction. Ceoi n'a certes pas été une perte 6: temps, mais a crée un contre-temps pour la redaction de ce rapport. C'est pourquoi nous insistons sur son caractère provisoire. A l'heure où nous écrivons ces lignes toute une partie de l'onquête - le secteur tabacole - n'a pas été abord& et les enregistrements que nou s avons effectués ne sont pas tous transcrits - certains de nos argument s en seront insuffisamment étayés. . Plutôt que d'improviser une analyse sommaire avec les quelques documents que nous possédons9 nous pensons plus honnête de laisser cette postie vierge.

On trouvera, .précCdont la table des matiêres, le plan selon lequel nous comptions rediger ce pr&sent rapport, si nous avions eu le temps de le mener jusqu'au bout, avec l'état d'Avancement des chapitres prévus.

Ç!'on veuille b?en nous pardonner cette lacune; elle sera comblée,

(1) Cf. Le travail qu'effectue actuellement kdame DIJBOUP3XEX3,ainsi que : N. DX2WNE ‘Deux terroirs dans les terres neuves du Hoyen-Ouest &lgachelf article à paraître dans Wtudes rurales" 1970, no sp6cial consacrés aux terroirs africains et malgaches. III., Wthodologie

La faible densite de population et lSoccupa.tion très lâche du 601,

la cl0tibiO activiti: économique, - agriculture - élevage -, pr.atiquée par chaque mknage, la précarité des terres cultivées, - chaque annees les crues de la Tsiribihina peuvent emporter la P?arcelle occkpée, liassécher totalement en changeant sont lit de oou.rs, ou rtiiner les efforts d'irrigation en ensablant les canaux, - expliquent assez une caractéristique de la région : l'ex-trône mobilité de sa population.

Ceci Etait vrai au niveau des villagos, avant et au début de l'ère coloniale. Au temps du royaume, par segmentation de lignage, rien n*empêchait le cadet qui refusait l'autorité de son chef de fahitra (parc à boeufs, apcw nage des clans nobles; chef de lignnge et chef de fahitra coïncidcat) do'con- vaincre quelques hommes libres et de partir fonder un nouveau parc. Avec la pacification, la sécurité imposée libère les anciens dominés : ceux-ci n'ont plus à craindre les moyens de G-torsion-quo le monopole des armes offrait au% nobles. Dès lors, on assiste à des migrations de villages entiers, qui se transportent hors de la zone d*influence de leur mpanjaka, pour Gchappor awC obligations coutumières qui lui sont liées.

Depuis, la d&intégration presque totale de l'organisation socio- politique qui reposait sur le pouvoir des mpanjaka, et les politiques adminis- tratives mises en place, ont stoppé ce mouvement, Mais il demeure que tout problème à lgintérieur d'un village, conflit de terres, conflits familiaux, conflits d'autorité oor, peut trouver une solution dans le déplacement du ou des membres impligués de la communwté. Chaque individu G-tant situé dans un réseau de parenté qui couvre une vaste partie de la région, il lui est toujours loisible d'aller d,uls tel ou toi village; SP l'accès à la terre lui sera assuré par son insersion familiale, Le rapport village-espace cultivé demeure très souple : à proprement psarler, il n'existe pas de terroir. 20'

On comprendra que dans cette région, et pour les questions que nous nous y posions, le village ne constituait pas une unit6 pertinente. Il nous a donc fallu abandonner l'espoir de mener cette recherche à partir d'une monographie villageoise,. avec les methodes éprouvées d'enquête en profondeur qui lui sont liées. E% nous [email protected] ni les moyens, ni la vocation de mener une enquête statistique sur la Sous-Préfecture prise dcwns son ensemble. La stratégie que nous avons alors élaborée, consista à choisir un certain nombre . de villages, en fonction de criteres pertinents par rapport à la problématique : composition ethnique, mode de faire-valoir représentés, ancienneté du village etc .*. St ce, à l'intérieur de chacun des grands ensembles où se joue l'artic,lation des differents systèmes économiques : metayers sur une concession de %oIonisation primaire", métayers et salariés sur une concession de "colo- nisation industrielle intensive", métayers et cultivateurs-proprikkairos dans 1'espac.e laisse au systeme de production maintenu par les Sakalava.

A l'intérieur des Vill%es ainsi choisis, l'enquête se situait k deux niveaux :

1) - un niveau individuel z nous voulions receuillir une série de renseignements précis, concernant la situation socio-économique de chacun des habitants du village (1). A aucui? moment nous n'avons enquêté lQuestionnaire en main"; il s'agissait au contraire pour nous d'obtenir des informateurs qu'ils répondent & toutes les questions établies, mais suivant une formule asses souple (entretien semi-directif) pour leur permettre d'approfondir ou de traiter tout autre sujet qu'il leur plait. Pour un dépouillement rapide, nous avons constitué une "grille de lecture" regroup‘ant, par thème, les questions posées0 Chaque soir, les réponses qui rentrent dans le cadre de cette grille sont inscrites sur celles-ci, les autres étant classées en fonction de leurs auteurs et ou de leurs thèmes. Une telle.formule permet la constitution d'un fichier, grâce à l'homogénéité des réponses, sans risquer de laisser

(1) Sauf à , dont l'importance (1.080 habitants) nous interdisait la prétention‘à l*exhaustivité, sous peine de ne pouvoir mener ailleurs lsenquête à son terme. 21

échaipper d'autres problemes (dont llimportance que les acteurs leur accordent peut éclairer leurs repenses), et sans risquer la paralysie que provoqiie l'emploi de questionnaires. Les fiches sont elles-m6mes 6tablies de telle sorte qu'au moment de l'exploitation, il soit possible de regrouper les réponses à chacun des grands thèmes (situation, Lagriculture, élevage, moyens de pro- duction .,.> selon qu'elles ont ét6 données par tel vilkge, telle ethnie, tel clan ou tel lignage.

2) - un niveau général : nous voulions receuillir les analyses des- criptives des dléments constitutifs de la realité sociale (parenté, organi- sation .;,ciale, manifestations idéologiques, relations d'échange, rapports de production etc . ..) et les types d'explication que leurs propres acteurs en font. A cet ôgard, outre les renseignements obtenus au cours des enquêtes indi- viduelles, les techniques de collectes sont classiques : observations directes quand la chance nous favorise, entretiens de groupe, interviews en profondeur de certains informateurs choisis, selon les cas> en fonction de leur statut, de leur rôle ou de leurs connaissances réputées approfondies sur tel ou tel su jet. Tous les entretiens ont été faits dans le dialecte du pays.

Nous avions à travailler dans des conditions difficiles, Etanf entendu que nous presentons ces difficultés non comme une excuse, mais comme un élément de notre choix, nous nous heurtions à deux contraintes majeures. La première tient à la région même : en saison des pluies, nous ne pouvions joindre les villages, en saison sèche, les villages sont désertés au profit des champs! la seconde tient aux circorrjtances : les deux années de l'etude ont été deux annees électorales, et notre présence sur le terrain était jugée inopportune par les autorités durant toute la durQe de la campagne; celles-ci, malheureu- sement pour nous, se situaient pendant la saison sèche.

Si nous avons pu pallier à ces contre-temps, c'est que nous avions, en la persoLanc de Fi, RUoTO,IRISOLO, assistant à J..t0.R.S.T.04&1 un oollabo- rateur déjà habitué aux techniques de lVenquêtee, et suffisamment formé pour

. . . 22

savoir, au cours diune interview, quelle question poser, en fonction des directives que nous lui avions données. Des lorsp ii nous a éte possible d'etablir une certaine division du travail : lPassistéznt établissait les contacts avec les paysans, cependant que nous faisions le. même travail avec les européens, l'administration, les notables .*. Ceci nous permit de gagner quelques temps dans l*obligation qui est faite pour toute enquâte, de montrer que l%on n'a pas partie liée avec l’auto- rité, sans pour autant s'aliener celle-ci; et de résoudre en partie le pro=- blème de la méfiance des interlocuteurso ~J~US sommes pleinement conscients qu'il salgit là, selon l'expression de P, CI'TINO, d'une 'smeilleure solution de second rang*' (1); celle-ci n'était rendue à la fois nécessaire et possible, qu'à cause des conditions régionales et politiques de l'enquête, et grâce à la qualité de notre assistant : pour reprendre une distinction ancienne, disons que nous -agissions plutôt comme un ethnologue, qui aurait suivi et oriente constamment le travail de son ethnographe.

Outre les données receuillies au niveau du village, nous avons dé- pouillé dans toute la mesure du possible, la documentation existante :

- bibliographie, et - aux Archives Dationales, T à la Eairie de Belo-sur-Tsiribihina, - aux Service provincial, prefectoral et sous-préfectoral de

- aux Service provincial, préfectoral et sous-préfectoral de l(Elevage, - aux Archives sous-préfectorales - au Service du conditionnement, - au Bureau des douanes, - au Tribunal de simple police de Belo-sur-Tsiribihina,

- (1) P, OTTINO : -omies _-.-.-..- <@zames malgaches du Bas-&,ngol~ Berger-Levrault - Paris 1953, pg 31. 23 _.

- au Tribunal de première instance de Plorondava, - au Sekvice des Domaines à &!orondava, - a~ Bureau pour le Développement et la Promotion Agricole, - à l'Institut National des Statistiq&s et de la ?-,echeiche Economique.

Nous profitons de l'occasion qui nous est ici offorte, pour remercier tous ces organismes de nous avoir autorisés à 'consulter certains de leurs dossiers* Ils nous ont ainsi permis d'obtenir Un cadre de r6fkence statis- tique, au niveau de la région toute entière.

Le même travail d'archives, d*ailleurs déjà co;i?mencé, sera mené & propos des deux régions SLW lesque&& nous comptons poursuivre l'enquête, YM.s la rkthode de travail sur le terrain ne sera bien évidemment pas la même : nous pensons que les problëmes qui se posent à la population se débattent snr un espace aussi concentré 'que celui de l'habitat; et dans un pays où la densit6 d'occupation du sol est telle, c'est au niveau de la communauté villageoise que nous situerons la base de notre enquête. Après une courte enqu$te régionale, faoi1ité.o par le fait que nous connaissons d6jà des villages d'oti partent les migrants c'est donc vers l*Étude d'un terroir c&tt e que nous. nous orienterons. Le choix de/méthode s'impose d"autant que le ca- rsctèke - nécessairement instable? - de notre sujet', les migrations,dewdont' plus que jamais cet enregistrement total du V&U, avec 11atnbition que Qotre Vl6m~arche diinvestig,ation, -tant dans le premier moment, qui'est celui de la tlcollecte du matériau et qui est le fait de la. pratique de l'équipe d'enquête 'ldans sa relation avec la popul.a.tion, qui/ dans le second qui est celui du dé- ttpouillement dont ce matdriau est l'objet, doit conserver en elle les diffé- "rentes unités évèncmentielles qui ne doivent être dissoutes ni par les 9echniques d'enquête, ni par le traitement dont les r&ultats sont lVobjetlf(i).

(1) G. ALTIW3E : l(Anthropologue et lc%nivers villagcoisli p. 100, in Bulletin de liaison des sciences humaines no 9 Décembre 1967 - ORSTOR. PCaris pp* 100-112. Par "données" , nous entendons non pas l'ensemble des matériaux collectés au cours de notre enquête, mais parmi eux, ceux qui devront être considérés comme '!admis9 COMUS ou secoMus, et qui servent de point de départ pour une recherche" (1); car ils déterminent en partie notre 03jet, sans po-;r autant relever de notre approche, - soit qu'ils relèvent d'une autre discipline, et nous trouvent incompétents, soit que 1s division du travail et la délimitation de notre objet les situent hors de notre champs d'étude.

Il s8agit donc prosqu'exclusivement d'un travail de compilation et de synthese bibliographique, mais qui nous parait nocessaire et profi- table : si l'on veut Qviter l'impérialisme des disciplines, il convient d'être humble devant ce que l'on sait être important, s‘ans que l'on soit à même, faute de temps ou de connaissance, d'en refaire l'étude.

Ainsi notre plan - données naturelles, historiques, humaines - va-t-il du plus loin au plus près de notre approche.

a. (1) Définition du "Petit Robert" St6 du Nouveau Littré. 233. Paris 1967

P. 507. 1. Les données naturelles

Eh bordure du canal de Mozambique, & Sous-Pr6fecture de Belo-sur- Tsiribihina est limitée au Nord par le fleuve Nanambolo, à l'Est par le massif désertique du Bemaraha, et s'ouvre au Sud, vers son chef-lieu de pré- fecture , en passant le petit fleuve &ndroatse.

Caracteristique de la côte occidentale, mais se rattachant mal aux pôles d'attraction qui différencient celle-ci, ayant fait partie de la Cir- conscription Autonome de Korondavel de la Province de Xa,junga@ et actuellement rattachee à la Province de Tuléar, la Sous-Préfecture de Belo-sur-Tsiribihina est classée par les grandes synthèses regionales, soit dans le Nord-Ouest, soit dans le Sud-Ouest, voire dans le Centre-Ouest r.ol Cette indécision est symptomatique d'une région qui vit repliée sur elle-marne. De plus, géogra- phiquement au moins, 'elle spinsère dcans uh ensemble discontinu : la zone des deltas et baiboho (1). Celle-=ci est caractériseo par une homologie entre leurs sols, leur climat et leur r6gime hydrologiquc D qui determine un même mode cultural : riziculture sur deux saisons et culture de décrue.

1) Les sols

En résumant les données que présente C. ZE?QCNSICI (2), on peut dis- tingux 5 types prinoipaux do sols dans le delta et la basse vallée de la Tsiribihina : les sols de levée alluviale, les sols de $errasses inondables, des sols de cuvettes de débordement ou de dépression marginale, et les sols du milieu fluvio-marin,

l *.

~_~- -- _~_.__ (1) tf, 'CIKAM : Etude des conditions socio-économiques de développement régional. Ronéo. 1962. Volo IV : Zone des deltas et baiboho. (2) C, Z?IBROWSI~I: Basse vallée et Delta de la Tsiribihina. ORSTOH... Tananarive Ronéo. ,1957 "Un exemple de r6partition de ces unités géomorphologiques nous est "fourni par une coupe perpendiculaire â la Tsiribihina en amont de Belo, sur 1'1~1verticale passant par ICiboy"( Nous nous permettons de la reproduire :

Carapace sableuse Lit actuel de la Tsiribihina

7) levee alluviale stabilisee (par la végétation) 2) lit actuel du fleuve 3) levée alluviale non St;abilis&e 4) terrasse inondable formée par comblement d'une cuvette de debordement 5) ancienne terrasse stabilisée 6) zone d'anciens méandres : succession de lev8os alluviales et de cuvettes de débordement stabilisée 7) dépression marginale*

- Les levées alluviales, constituant une partie des terres de baiboho, ont en gkéral des sols riches, de texture légère, limono-sableux à limono- argileux sableux. Wkanmoins la pr6sence parfois de bancs sableux, en gC&,n-t la remontée capillaire, peut empêcher la culture de décrue. Dans ce cas* les cultures peuvent se faire durant la saison des pluies.

- Les sols de terrasses inondables et de surface d'épa&age, limono-argileux- sableux a limono-argileux, présentent les mêmes caract&istigues; mais, de texture plus fine, ils sont plus faciles à mettre en 'valeur* Les cultures de d6cruea y conviennent mieux que les cultures pluviales, cCar lateucur en eau reste relativement élevee, en fin de saison sèche.

0..

(1) CO ZXBROWSKI : op. ci-i;. g. 7 27

- Les cuvettes de débordement èt les dépressions marginales forment les grandes zones rizicoles. Ce sont des sols argileux à ~argileux fins, où le riz s'adapte bien; mais le contrôle de l'eau, par un systême de drainage et d'irrigation, est malheureusement difficile. Lorsque la mécanisation rend oe contrôle possible, - cas de la concession europeenne de Tsaraotana -=$ les rendements sont nettement supérieurs,

- Le milieu fluvio-marin comprend un secteur semi-terrestre, - zone des mangroves et des plages, - qui, très salé, est impropre à la culture, et un seokeur .errestre, dont une partie est egalement trop sal6e pour pouvoir être recuperée par un travail agricole. L'autre partie, situee plus près de la plaine alluviale, est assez riche dans l'ensemble, avec des sols limono- argileux à argileux, où le riz vient tres bien. Seule cette culture est pos- sible, vu la teneur assez élevée en sel et les inondations régulières des sols. Elle-même demeure cependant aléatoire, car elle depend de la quantité d'eau douce qui vient ltlessivçr't ces sols pendant la v6getation du riz.

Citons encore les sols des cordons littoraux; %icn que chimiquement pauvres, ces sols p p3r~lev.r texture 16gère conviennent particulièrement aux cocotiers quand la nappe salée est peu profonde8' (1). Le reste de la r6gion, c'est-a-dire les reliefs sur roches, gréseuses ou calcaires, supporte des sols squelettiques0 "Ce sont des sols très superficiels, sans cesse repris par l(érosion. Très meubles, leur pouvoir de rétention vis-à-vis de l'eau est quasi-nul. Constituees essentiellement de debris de roches, n*ayant subi qu'une simple désc?grégation méo=anique, leur fertilité et leurs potentialites agricoles sont extrêmement faibles" (2).

Dans l'ensemble de la vallée, on a donc affaire B une zone d'alluvions, assez riche, mais qui dgpend etroitement de l'apport en eau.

l . .

(i.) ZEB~OXXI : op. ci-t, p. 30 (2) N,.AJLR, : Amen~ment du-. Betsirir,y et de la Hoyenne Tsiribihina. Ronéo 190, P* 4 -- 28

2) Climkt

Comprise entre les 19 et 20 om paralI.kles, la zone est caractérisable p.ar son climat tropical sec8 et une tres forte ackentuation de la rupture stiison sèche - saison des pluies : en quatre mois, de Décembre à Nars, les précipitations gttcignent 728,7 mm, pour une hauteur wnuelle de 827,7 mm, soit plus de 9% du total (moyenne établie sur une observation de 25 ans (1935-1960). La température reste élevée toute llannée, pratiquemwt wnüt2+3te sur toute la zone considérée, alors que la pluviosité augmente“lég&rement, d'Ouest en Est.

Le tableau suivant, présentant des moyennes, ne fait pas appara%re l'extrême irrégularité de la pluviometrie, tant annuelle que mensuelle. Disons donc que sur la période 1936-19559 la station de donnent les chiffres suivants : min, annuel (194-3) : 759,5 mm, max. (1946) : 1477,3 mm soit prês du double; min, mensuelle (Janvier 1944) : 141 mm; max- (Janvier 1954) 591,3 mm, Cette irrégularité staccentue également d'Ouest en Est,

Climatologie de Belo-sur-Tsiribihina.

Pluies (période 1935-1960) Température (période 1952-1960)

B!oy. des max. rhy . cbsy nzn. !- ! ! f J f Novembre 20,o . ! 49,Y ! 3397 ! ! i ! 0 ! ! , Décembre 163,1 33,2 23,O . ! - ! ! -L? ! f 0 ! , Janvier ! . 0 254,4 v. 32,4 f '22,8 ! 0 - 1 ? f P&rier -Y ? ! 179,l ! 3298 fe 23J ! ? 0 0 ! , &m3 ' v ! . . 132‘1 ? ,32,5 ? 2290 f ? 0 ? Avril ! 0 ! 13,i ! 3393 1. 20,5 f ! ! ! , I&ci ! . f 4,5 ;. 32,O ! 18,2 ? ? ! ! ! , Juin 20,G ? . ? 5t6 ! ? l5,4 ! ! 0 ! , Juillet ! ! . ! 3,7 ! 29,P ! 1412 ? f 0 ! 0 ? v Août 2,7 30,v 16,1 . f -V ! . ?. ! ? f ? f , Septembre 5,4 32,0 18,6 . f f ! r ? f f f ! v Octobre 73,l 33,0 21,l L ! s.-.s--.-.- ! 0 ! Bous n,avons pas suivi la prEsentation officielle, respectueuse du calendrier grégorien : en Xovembre, toutes les récoltes sont achevées, (ri5 de deuxieme saison, vary-be, tabac, pois du cap, haricot, manioc, maïs, kapok, paka, lentille) ou sur 16 point de l'être (patate) et c,eit le début des semis pour le riz et le ma% de première saison, la préparation et plan-- tation du manioc. Le mois de Novembre est bien celui qui clôt l,annOe, et ouvre le nouveau cycle.

7) H,ydrographie

Un simple regard sur la carte montre l'importance de l’eau, que con- firme 1,Etude des sols : il n'y a pratiquement de cultures possibles que sur les terres bien irri,g&es, et les précipitations annuelles n'y suffisent pas. Il n'y a pratiquement de cultures possibles que sur les sols d'alluvions argileux des berges de la Tsiribihina, ses affluents et ses lacsa Seuls, les arachides, manioc et maïs de deuxieme saison, cultivés sur brûlis, ne neces-. sitent pas cet apport d'eau, vital pour toute autre culture pratiquée & Belo.

La Tsiribihina ("qui ne peut être traversée à gué,,) est formée de quatre fleuves : viennent des Hauts-Plateaux, la Nania, au Sud-Est, et à l'Est, le Nahajilo, issu de la réunion du Kitsamby et de la Sakay (230 km); à eux se joignent, par le Nord, le Manandazs, et, venant du Sud, le Sakçny' (150 km). Ces quatre Eleuves se mêlent presque simultan6ment à l'Est do .ik, Côt 0 onbw,iro du Bemsraha. La Tsiribihina, à peine formée, doit ainsi percer ce massif m des gorges profondes, puis s*écoule par de nombreux méandres jusqu'au canal du Mozambique, suivant une faible pente (3%). Au cours des quelques 200 km ainsi parcouru, elle reçoit encore plusieurs affluents, qui constituent les nombreux l&.cs int&ieurso

La période de crue débute avant même la saison locale des pluies, gr%,e aux apports d'eau venus des Hauts-Plateaux, Lfimportance du bassin versant (46.300 km2) et la déforestation totale de celui-oi, la faiblesse de la pente et l'accentuation saisonnière de la pluviométrie, expliquent 1,impor. tance des débits (environ 100 m3 par seconde) et leur irrégu&rité (amplitude : 1950 m. à Belo). La forte érosion des bassins versants - à cette époque de 30 l'année, les eaux de la Tsiribihina sont constamment troubles - provoque des dépôts limono-sablouxGsur les berges, les'dépressions m=arginales et dans le delta qui, chaque année,.gagne sur la mer*

Wet alluvio-nnement annuel caractérise la potentialité pédologique très élevée de la vallée de 1% Tsiribihina" (1) : le fleuve, débordant au delà de ses bourrelets de berges, env,ahit.les dépressions et les lacs qui jalonnent ses deux rives. De Novembre à Krs, les zones inondées couvrent' plus de 12*000 ha :

Rive droite

Commune drAnkalalobe Lac Andranomena 850 hectares Lao BLitsijorano 210 " Lao Bekapika 80 " Lac Belambo 50 Il (Rivihres : -A.ndr~omiely et Ankindrono)

Commune de Serinam Lao Rima ?&O hectares Lac Saririaka 500 " Lac lboboka 300 " Lac PIikoboka 250 11

Commune de Belo Lac' Bemarivo 6.000 hectares Lac 75 " {Rivières : Nanambolo, Soahazo et Lohena)

Rive gauche

Commune de Berevo Lac Lemena 500 hectares Lac Berevo 100 "

.~c-u_III-I .^-,- 1 (1) K.4.E.R. OP. cit. p* 3 Lac Andranolavm 45 hectmes Lac Bekoaka 30 '1 ( Rivières : Bemarivo, Sakareza et Kimanambolo) Commune de Lac Kimanomby 1.800 hectares Lac Tsitampolia 150 ” Lac Bedremotsa 100 " Lac Bedromatse 70 " Lac Ampam~andrika 80 " Lac Andranovorikao 30 "

La décrue s'effectue début Ears, Les eaux s'évacuent d'abord rapidement durant ce mois p puis slus progressivement, lorsque ne restent noyees que les SC? depressions, en Avril-F?i. Seuls les eaux du Bemarivo ne/seront totalement retirees qu'au mois de Juin.

A cette époque, les lacs se transforment Qn rivières, et les rivieres, en maigres oueds. La Tsiribihina cependant demeure import:ante, Serpent:ant entre les bancs de sable qu'elle a laisse là au moment de la décrue,

Les terres excndees sont alors mises en culture, "Grâce à ces crues "saisonnières, la fertilité des sols est entretenue par les dépôts dlalluvions. 18Toutefois, de grosses crues (,.,) provoquent un bouleversement g6néral de la "topographie et des sols d‘ans les terres dites de baiboho (bourrelets), déposent "des sables sur de grandes surfaces et, par endroits, arrachent des portions "de berges" (1). Un sol riche, mais dont l'existence même est toujours extrê- mement précaire, telle est, du point de vue du paysan9 la marque que la Tsiribihina impose à la rdgion,

(1) J,Y. XARCHAL : Etude géopraphique de la plaine de Bemarivo. O.K.S.T,O,N. Tanan,arive. Ronéo, lgScI, p. 10 32

11, Les données de l'histoire

La soci&é ,S&ala.va et la pacification française

,. L'étude approfondie du royaume du Nenabe, de son histoire et de l'évolution de son organisation sociale et politique, cfest ce que Nonsieur 3, LOKBARD s'est iroposé comme objet d'étude, On se reportera donc à son ouvrage pour compléter 9 préciser ou corriger ce qui suit.

Car plutôt que d'en faire un résumé nécessairement appauvri, nous preferons profiter de ce que ce travail complète heureusement le nôtre, pour donner directement la parole aux acteurs mêmes de la pacification. Ceci nous permettra de présenter un aspect assez juste dans ses grandes lignes, de la société des Sakalava du lknabe à l'arrivée des forces frangaises : en effet, pour tout ce qui concerne l'aspect politique des royaumes Sakalava, les rapports de force existants, leur évolution et les strat+$.es possibles, en fonction de lPhi&oire antkrieure de la constitution du royaume, de son devenir et des modifications que la conquête française y introduisit, les chefs militaires formés à l*école de Galliéni firent preuve dans leurs anal.yses d'une connaissance étonnement étendue, d'une compréhension profonde de cette réalité,

Hais ceci nous permettra également de mettre en relief le conb&,e frappant d'avec leur méconnaissance absolue, leur incompréhension flw‘ante du système économique en place, leur aveuglement devant les conditions con- crètes d'existence qui s'imposaient à cette société Sakalava.

Nous nous excusons donc à l'avance des longues citations qui vont suivre; elles nous paraissent justifiee s par lfimportance de cette at,tit*ude contradictoire o determinante pour la région9 de façon encore aujourd'hui sensible, elle méritait drê-tre exposée. Si la pacification politique fut un succes complet - il ne se passa pratiquement rien dans la région en 1347 -, et si la colonisation économique fut un échec, nous espérons montrer que ce n'est pas l'effet d'un hasard*

..Q 33

"A sa mort, en 187Gp le roi du Nenabe Andriatoharanarivo (la terreur ')de tous) laissait deux fils : Toerq né d'une vohitsy, et Inguerezza, né ~*d~une andevo (makoa) (l)* '

"Bien que plus 6gé9 celui-ci fut écarté du trône, selon la coutume, "et Toera proclamé roi du Eenabé : il n'avait que 14 ans; aussi la régence 'Jfut-elle confiée pendant un an à sa tante paternelle Earona (Andriamantohcarivo>o "Avec l'appui de son oncle Tsitakoa (.., )p Inguerezza attaquait son frère à " en 1890 et s'emparait du Pouvoir qu'il gardait jusqu'en 1895. A cette "époque9 une réconciliation sole-nnelle entre les deux freros rendait son royaume l'à Toerap diminué cependant de toute la région comprise entre la Tsiribihina Iret Andranomena érigée en principauté- indépendante en faveur d*Inguerezza, "Celui-ci conservait même quelques enclaves sur la rive droite de la Tsiribihina, t1en particulier, celle de Tomboarivo, lieu de sépulture des. rois du Nenabe; "en m$me temps, il était constitué gardiens des dadys royaux. "D&ormais, Toera k-tendra son autorité depuis la Tsiribihina au Sud 8tjusqulau Tandrolo au Nord,

"Cette autorité effective sur les villages royaux, c'est-&-dire sur Y Uceux qui entourent immédiatement le volamcna (Ambiky) est & peu près nominale "sur les autres (2). "Le Pouvoir est exercé au nom du roi par les ministres choisis par tTlui, parmi les membres des plus puissantes familles; cette charge est fie-. ~~quornmentheréditaire. Le conseil des ministres gouverne souvent contre la %olonté du roi et c'est lui qui élit le roi.

(1) Le colonel Barbal' Combret précise : "Le Nenabe Sud, compris entre la Tsiribihina et 1'~Andranomena obéissait donc à Inguerezzao usurpateur et indé- pendant0 Le reste s'était par la force des choses divisées en sorte.de provinces dont les unes, comme le Betsiriry, faisaient acte de vassalité par l'envoi mnueb de cadeaux à Toera, les autres, comme la Soahmina, avaientfranchement rompu tous liens avec lui. Toutes cependant reconnaissaient lfautorité du chef héréditaire des SakalavaL, en o e sens qu'elles le vénéraientet lthonoraient mais elles ne lui ob6issaicn-t; pas". (l'Colone1 Barba1 Combret, Commandant le Territoire Sakalava, à 'Elonsieur le Général Commandarrt en Chef le Corps d'occupation, et Gouverneur Général p,i, de Nadagascar et Dépendankes. No 103 R du 2 Juin 1900". Archives Nationales, Affaires politiquesa D, 463). 09 E SCJ- ave d'origine africaine. "Les chefs de villeg;e appartiennent egalement aux familles influentes, %egoivent lsinvestiture royale; mais ils sont seulement tenus à faire acte Yle vassalité à. certaines époques,

"Les habitants ne reconnaissent pour chef que le seigneur (fehibe) Wu village et se réckament de lui en toutes circonstances. Aujourd'hui encore *%XJ kbitants interroges ne se disent pas les hommes de tel ou tel village, "mais homme-e.de tel ou tel Chef. Dans certaines localités même, certains ha- "bitants ne dépendent nullement du chef et se refusent 2 lui obéir.

"Ainsi s~ex~~liquo-t-onL aisbment cette nécessité royalet bientôt Etendue "aux sujet-s, de posséder des serfs (andevo) pour 18exécuti.on des travaux muiu,els q cultures, constructions, oorvees etc . ..) auxquels se refusent les vohii;sy : ftceux-ci se reservent la garde des troupeaux9 la chasse, la guerre*

"C'est le système féodal .

"Les luttes intestines soutenues par Andriatoharaharivo contre son "frère et par Toera contre Inguerozza avaient considérablement affaibli 'll*aut:orité royale. Cependant, en 1897, à lIappe1 de Toera, le respect tradiw Wi.onnel des Sakalava pour leur roi fut'assez fort pour &terminer toutes les ttpopÜiations du Nenabe à courir aux armes contre l@envahisseurr

"Ces populetions nletaient Cepend*ant pas de même race; elles se %omposaient en majeure partie de Sakalava tri% m6langés aux vazimba de la "Tsiribihina, de Nekoa, de VGSO, de Bara et de quelques Antanosy.

"Ces populatkons se groupèrent autour de trois chefs principaux : ?elles de la Tsiribihina autour de Toer?&; celles duD.etsiriry autour de Wshatanta; celles du lYianambo10 autour de Fiaro. Ces deux derniers chefs, feudataires de Toera, recevaient de lui ses instructions. "Les Sekalava possédaient en aux-mGmes la plus cztraordinairc confiance, basée non seulemont sur leur valeur personnelle, mais aussi sur *% souvenir des échecs successifs des insel%ions hova : ltinondation et La "forEt devaient nous arrêter et leur permettre de nous exterm5.ne.r. Telle Btait

.C. "la situation au moment où fut entreprise la pénétration dans le Nenabe" ('7).

A cette description socio-politique répond L&I 'Wsumé dc l%i@Mkre du et de la formation de l'ancien royaume de Toera"(2), volumineux rapport, riche et detaillé. Pour les raisons exposées plus hauts, il serait trop long et inutile de ie citer intégralement ici. Nous ne nous y reporterons que pour décrire la politique de pacification* Tout ce que nous voulons pour l'instant mettre en'relief, c'est que, pour réussir Cette ffpacification" (3), le Capitaine Gramont a jugé nécessaire de faire un historique précis du royaume, en remontant jusqu'au début du XVIIème sièclel de dresser la gén8alogi.e des Maroserana, de répertorier les grandes familles proches du Npaniaka, d'analyser la légitimité des pretendant s au trône, de comprendre les rLgles et les forces en présence. Ce n'est qu'à partir de ces travaux, que fut élaboré une politique, au sens fort du terme, Auparavant, il ne s'agissait que de conquérir, que de réussir "ltinvasionl' (4), pour reprendre les termes mêmes du Capitaine Gramont. Ce dernier déplortit d'ailleurs les erreurs politiquek qulimpliquèrent des mé- thodes sur lesquelles il fait pudiquement Silence : "On connait les évènement (5);

(1) Lettre du l'Chef de Bataillon EIillot,. Commandant le Cercle de Eorondava, à Nonsieur le Gouverneur Général de &dagasc&r et Dépendances. li?,li?~@O3 (no 335)“; Ax c h'ives Wationales. Affailleb Politiques, D. 459. .' (2) "Rapport du Capitaine Gramont, Commandant le secteur Nord de la Tsiribihina sur l'organisation du Nenabe en Protectorat Intérieur au profit de Kamamy, fils de Toera. Scrin~am, le 15.120190311r Archives Wationalos, Affaires Politiques, D, 459 (3) Wn résumé de l'histoire du Nenabe et de la formation de l'ancien royaume Ifde Toera fixera les idées, éclairera les droits des compétitcrue et don- *‘ncra les meilleures bases pour la délimitation du Protectorat en vue". Le rapport, manuscrit, ne saurait avoir eu d'autres buts. (4) Rapport .du Capitaine Gramont, o0o op, oit. (5) En fait, le, silence officiel les vouent à l'oubli. Le lecteur n'en trouvera guère le récit que dans P. Boiteau : Wontribution à l'histoire de la nation malpache% Ed, Sociales. Paris- 1958 pp. 209-212. 35

ltToera trouva à Ambiky une mort &xi n’est pas sans grandeur; elle at en quelqzze "sorte, idéalisé sa mémoire au plus intime de l'âme sakalava, et ce souvenir "a eu beaucoup d'influente sur les soulèvements qui suivirent. Ceux qui ont "le mieux connu le défunt roi affirment sa volonté de cesser rapidement une "guerre dans laquelle il se sentait vaincu à l~avancc, et, loyal, généreux, %ienveillLant aux étrangers établis dans son petit royaume, il eut pEutœêtro %t6 notre meilleur et plus efficace allie" (1). C'est une idée d'une alliance possible avec des chefs reconnus par les Sa.kalavat dont le rôle serait de cautionner les décisions de lfadministration, qui fut à la base des stratégies de l'occupant, Ces chefs, quels pouvaient&ls être? Ceux qui commwdaient des bandes armées durant lfinsurrection, tels 05~32 ou Tsiketraka, étaient tout à la fois trop insoumis pour être manipulés, et pas assez puissants pour être efficaces. Restaient les prétend~ts,légitimes à la succession de Toera : Kamamy, son fils unique, dbporté à Ankaivo par la colonisation, Havana, le tuteur de Karnamy qui continua jusqu’en 1900 la lutte entreprise par Toera? o-t Inguerezza, frère de Toera, qui règnait sur la partie Sud de la Tsiribihina. Tous les rapports se plaisent à le présenter comme usurpateur0 En fait, les choses ne sont pas si simplesj mais les responsables locaux ne voulaient surtout pas que leurs supérieurs s'attachent au nom dtun homme dont l*hostilité et la légitimité risquaient de contre-carrer leu& projet. C'est avec regret qu'ils sont obligés d'écrire : "Il ne faut pas "oublier qu'à ce moment (Avril 1904) celui-ci détenait le pouvoir royal d'après "11. tradition sakalava, par suite de sa possession des dadys" (2). Le risque de voir le Gquvernement Général refuser les propositions élaborées sur place, était d'autant plus import‘ant que les bruits des luttes locales lui parvenaient, qu'il fallait minimiser : "Des intrigants sans grande importance ont, depuis %eux ou trois ans, voulu susciter un parti clandestinement hostile a la sErance, "en prônant le nom d'Inguerezza comme successeur de Toera au detriment de

(I) Rapport du Capitaine Gramont, *.. op. cit; (2) Lettre du'bhef de Bataillon Nillot, Commandant le Cercle de Norondava à Xbnsieur le Général CommandantSupérieur du Groupe dlAfrique Orientale et Gouverneur Général de Madagc.scar et Dépendances. 22 Sept, S904". Archives Nationales0 Affaires Politiques~ D. 459. 3.7

%mamy;'sous notre administration directe, la manoeuvre ne devait impressionner "que les Sakalava (1) t elle a cependant frappé l'esprit de certains d'entre %ous qui y ont vu un argument contre l'instauration d'un Protectorat In-té- *kieurt'r (2)

Le choix se fixa donc normalement sur Kamamy, et la décision de le faire reconnaître, aussi bien par les Salcalava que par les responsables centraux de Ifadministration militaire, fut rapidement amorcée t "La véné- "ration qu'il (Toera) inspire aux S,akalava s'est toute entière reportée sur "son fils, Kamamy, et sur sa soeur Kasatroka, que leur long séjour à Ankaivo, "loin de la résidence et des tombeaux des ancêtres, fait considérer comme "en exil.

Y?eci est si vrai, que de nombreux Sakalava de la Tsiribihina n'osaient avouer le but de leur voyage dans le Nanambofo alors qu'ils allaient simplement "assurer le dernier descendant des populations %arosaranha de toute leur fidé- "lité..

%a très habile politique suivie par Monsieur. le Capitaine Rey a "beaucoup contribué à la disparition d'une légende qui nous nuisait en donnant “au jeune ?Xamamyl'apparence d'une victime 0 l'éclat donné à la fête de la %irooncision de l'enfant fut une mesure judicieuse entre toutes et de grande "portée; les chefs de la Tsiribihina et du Nanambolo y assistèrent en grand %ombre", (3)

Restait à faire officialiser cette politique; et le plus rapidement possible, car en fait, il fallait forcer la main aussi bien aux Sakalava qu'aux Supérieurs Militaircsc La vision de ces derniers, '- telle qu’i3.s se l'étaient faite au cours de tournées rapides - était en effet bien différente, et leur projet beaucoup moins ambitieux. Alors que la soumission définitive aux armes françaises peut être fixée au 15 Août 1904, jour où Ingueresss remit

(l)‘! (2) Rapport du Capitaine Gramont, .., op. oit, (3) Id, officiellement les dady (.i), on trouve dès le mois de Juin 1900 cette analyse restrictive du Commandant en Cbef du Territoire Sakalava : "Il n'est pas de "notre intérêt de constituer un Gwabe *uni et puissant sous l'autarit des "anciens rois" (,.,) Depuis notre venue dans le pays, l'autorité des chefs "n'a fait que s'annihiler de plus en plus. Je ne suis pas exactement fixé sur "le degré d'autorité conservée par Inguerezza, mais, au Nord, le pouvoir "central est mort avec Toera; le Betsiriry s'est complètement sépar6 du Eenabo; Havana parait commander plus efficacement la basse Tsiribihina (rive droite) "mais il n'a certainement qu'une vague influence sur le Hanartbolo, Dans la "moyenne Tsiribihina, il n'existe plus de chefs ayant de luinfluence, Ozoë, "Tsiketrake, Vazoho, ne commande qu'à des groupes sans importance et on dé- "couvre tous les jours quelque nouveau chef independant. "Je crois politique de profiter de cette situation pour l'organisation "nouvelle. Le S&alava, je l'ai dit plus haut, aime et honore les descendants 'Be ses rois; nous flatterions cette passion en donnz.nt au jeune Kmamy une "fonction honorifique élevée, une sorte de présidence honoraire avec une solde, '*des habits de gala et beaucoup d'honneurs mais sans autorité effective" (2)

Mais Galliéni est Azrop intelligent pour ne pas écouter toutes les voix, quelles que soient leur place dans la hiérarchie officielle, et ne pns être très attentif à celles qui lui parviennent d'homme viv‘ant au contact quo- tidien de la population, Les responsables locaux étaient donc en fait trop bien placés pour ne pas faire triompher leur point de vue. Le Protectorat demandé est cré6 par un arrêté du 14 Juin 1904, et Galliéni lui-m?$mecr;tutionne par ses instructions .la politique qu'ils avaient élaborée :

( 1) Cf, Infra. (2) Colonel Barba1 Combret, .O. op, ci-t. A la suite de cette lettre' "considerant que le Cercle de la Tsiribihina a été une formation de guerre necessitée ~22 des considérations milit:aires et que la pacification du a?enabe rend çaujourd'hui inutile et peu politique" un arrêté du 6 Aofit81yO0 porte suppression du Cercle de la Tsiribihina, 39:

,cAutoritBs indi&nes

"Les chefs de protectorats. Ils existent, ou bien il est possible de "les former. Dans le Henabe septentrional, ce serait Kamw, le fils de "Toera (*..)

"Il sera peut-être, de bonne politique d'investir, avec quelque "solennité, les chefs des protectorats de leur nouvelle autorité-; peut-être, %ussi, sera-t-il utile de deposer 5 Serinsm, désormais rQsidence de Kamamy, "les dady royaux actuellement détenus par Inguerezza, adversaire demeuré irré- %uctibleO

"Les auxiliaires indiggnes. (,..) Afin de perpetuer l'autorité 11tr3aditionnelle qui, vous llawez rcco!~.w, est notre meilleur moyen d'action "dans le Eenabe, et pour en obtenir , plus tard, le maximum de profit, il y "aura lieu de rechor+er, dLulr, les fe~rnilles.,anoiennes et notables, des jeunes !'gens qui seront nos futurs fonctionnaires des protectorats. Envoyés dans %OS Qcoles administratives, ils acquerront tout au moins le. rudiment d'ins- srtruction indispensable â l'accomplissement des formalités et à la tenue des llécritures, aussi réduites que possible, incombant uux autorités indigkes : "Jusque là, ces detrils seront exécutés sur les indications dea autorités %urapéenneso placées aupr&s d+elles~'; (i>

If ne restai-t plus qu'à consacrer le Protectorat obtenu, en consacrant leur homme, Kam,c?nly.Ce 'fut l'affaire de quelques mois. Dès qu'il apprit la décision de lui prendre les dady pour les donner à Kamamy, Inguerezza s'enfuit avec eux dans la Passe-Tsiribihina, son territoire. Nais c'est la fin, même . là il n'a plus guère de partisans, et bientôt, il est contraint de se soumettre : "Le 15 Aofit, tous les chefs de la Sahohanina, du Manambolo et de la Tsiribi- %ina ét,aient réunis B Serinam dcans un gr

('i) Gallieni. ilInstructîons-""7 a IFS, les Comnandan-lsdes Cercles de Norondava et de &intirano sur le remaniement des Cercles de Xorondavn et de &intîrano et lforganisation du Protectorat Intérieur du Eenabe. Arrêté portant remaniement des Cercles de Morondava et de &intira.no et organi- sation du Protectorat du Menabe, Arrêté fix‘ant l'indemnisation à allouer aux Officiers Chefs de postes edmnistratifs. 14 Juin ?90& t*Imprimerie Officielle de Tan,anarive. Archives Wationales. Affaires Politiques. D, 459. 40

r'Inguerezza se trouvait p6armi les chefso Il a remis solennellement "les dady de s anciens rois du Eenabe à Kamamy, qui a été proclamé roi unique "PLI territoire commtildé jadis par ses anc?3res Maroseranana, de la Tomitsy "à la Tondrofo.

"Inguerezza a fait acte de soumission, l'accueil fait par les chefs % G,n-mmy a été enthousi,, a-te. A la lin du kabary, ils sont tous venus s'in- %liner en signe dPob6issance absolue (coutume du mifaly ou rnatseroka). (.,.)

"Pour faire disparaftre jusqu'au souvenir de llinimitié qui a separé 'tpcnd‘ant de longues vannées les f,amilles de Toera et d~lnguerezza, j‘ai réuni U? 16 Août, les chefs des gr‘andes familles (proches de la famille royale, "longon'mpanito) et, par la cérémonie du misoro, effectuée devant les dady', V.Camamya‘ reconnu comme ses fils Pianjone et Piahy, fils d~Inguerezsa. Ils "font decornais p‘artie de sa maison; ce sont des maroaneka et doivent '*obéissance complète au roi" ('1).

C'est laafin de la pacification, c'est la victoire d%rie politique, d'une

"Le Sakalava' ennemi des travaux agricoles, amoureux de mouvements Ifet d'indépendance, instable, imprévoyant, vivant de rien et au jour le jour, "vif, bav=ard, menteur, credule et parfois enthousiaste, n'a pas fait grand-chose "pour la reconstitution de ses troupeaux et de ses cultuses~ le sol, riche "en matière végétale, reste en friche; tous les :aas les rizieres, imprudemment "semeesa sur le bord des lacs ou le long des rives de la Tsiribihina et du “Hknambolo, sont ravagées p,ar les sauterelles ou emportées psr les crues, et "la population ne fait rien d9elle-même pour remedier à ces fléaux. Les dé- "sastres agricoles ne la touchent pas; elle les acceuille avec une déooncer- "tante philosophie et ne fonde nulle confiance sur nos avis et nus conseils,

- (1) Capitaine lIey. Seri-, le 18 Août 1904. Archives Nationales, Affaires politiqucs~ De 459. (2) '*Rapport du Capitaine Gramont .o." opr oit. llqu*elle' &oute en riant : "affaire extraordinaire d'Europ6ens,irréalisable, "pour les Sakalava~'.

"La mis&3 règne donc, autant dire, d,ans tout le pays'10

Ces notations, de par leur inconsistance môme, méritent qu'on s*y arrgte. Ne parlons pas des jugements de valeur catsgorique et sans appel : ils ont encore cours actuellement. Ykais la simple observation des conditcns naturelles qu'affronte le Sakalavao et des outils dont ils dispose pour ce faire, devait suffir à ne pas &re aussi ~'d6concertcF par cette llphilosophicll. A propos d'une région dont le niveau de développement est comptable, IrGc Des-tanne de Bernis a montré de fac,on très savante, avec appaeil mathématique à l'appui (et aussi une ccnnaiknce directe et approfondie de la vie rurale tunisienne) que, si les paysans des pays d'Islam sont effectivement fatalistes, Y.> il n'y a 18 nullement une attitude irrationnelle, mais une juste estimation de l*importance énorme (et décourageate) des f&t eurs aléatoires qui con- ditionnent la réussite de leurs efforts.llOn serait fataliste à moins", s'exclame justement cet auteur, et il ajoute que "toute civilisation rurale traditiowelle, si l'on entend par l& celie qui n'a pas été informée par le progrès technique, baigne d,ans le fatalisme", Il montre bien que le Ncyen-Age chrétien avait connu la même mentalité pour les mêmes raisonsl' (1).

Ce qu'un économiste peut aujourd'hui prouver, grke à des méthodes d*an&-,swe complexes, Ilintuition permettait de le saisir; à condition toutefois de comprendre qu'il n'existe pas:une attitude rationnelle, face à La Réalité; mais que la réalit6, objective, n'est pas la même pour le Sakalava ou pour le colonisateur, étant saisie, et dominée, par une connaissance et une pratique‘ dont le niveau de développement, assurément, n'était pas le même. Or, non i seulement ce point de vue relativiste n'6tait pas assimile par les premiers européens, mais les carsct6ristiques économiques objectives de la région n'6taient elles-mêmes pas vues :. on reproche aux Sakalava de faire letusrizières

,? l .*

(1) G. Destanne de Bernis. "in Cahiers de ltI.S.Z.A* no 106 (série V no 2) oct. 1960 pp ?iOIYsq cité par H. Rodinscn : --Islam et Capitalisrr,e E$uil. Paris 1966 p. 125 42 le long des rives, alors que cfest là, là seulement, que le ris peut être rentablement cultivé O., (1)

Pourquoi cet aveuglement? Il s'agit ici, ni de faire le procès de la colonisaticn : il est déjà instruit; ni de juger ces hommes : leur bonne foi ne peut être mise en doute, et la formation qu'ils avaient reçue ne leur permettait pas d'appréhender différemment ces phénomènes, (En fait, leur Etonnement n'est pas étonnant, et le reproche n'est pas de mise). Il s'agit de saisir la logique d'une pacification, dont toute la cohérence repose sur le pOstUl& ethnocentrique, Q,u,ello se croie *,exporteuse,, de Civilisation, ou qu’elle s,avoue, - comme chez un Galliéni - (2) p ure expansion de la IGtropole, la colonisation n'a de sens que si la colonisateur croit à sa supériorité : supériorité morale, de sa culture, supériorité rationnelle, de son économie, à la limite supériorité proclamée de ses intérêts . . . de toute façon la colo- nisation n'a de sens que par rapport au colonisateur, critère unique. Et, tout comportement est jugé par rapport à sa propre rationalité, Ainsi le com- portement politique des Sskalava peut être saisi, puisqu,aussi bien, même si les moyens parfois different, la fin : le contrôle des hommes, demeure sem- ,c blable; mais le comportement économique, si l'on ne se trouve plus en présence d'un type de rationalité orienté vers des fins strictement éoono~:iques : maximi- sation des biens, sera jugé absurbe. Or l'activité économique dans la société Sakalava ne constitue pas une sphère d'activité à pnst, Elle est directement informée par la superstructure idéologique, et le type de ratiowlit6 mis en oeuvre o s'il vise évidemment à l'obtention de biens, est orienté (par le biais du Savoir, ou du Pouvoir) vers des fins de contrôle social. Les privilégiés du système, o,est-k-dire oeux qui de-tiennent le maximum de contrôle -(sorciers, princes) détiennent du même coup les olefs du système , et la maximisation des biens, inutile pour le dominé, ne saurait,. être pour le privilegié, qu'un moyen. Celui-ci n'a plus aucune raison d'être, dès lors que la colonisation met un point d'arrêt brutal aux luttes intestines des classes nobles*

(1) Cf. Chape I, 43

Ainsi mis en présence diune économie déjà figée, quelques observations rapides suffisent aux chefs militaires français pour s'apercevoir que le Sakalava ne cherchait nullement à "rentabiliser son exploitation", pour se convaincre donc de l'irrationalité de ce système économique w Semblable atti- tude interdit que l'on se pose sérieusement la question du f3pourquoit8 devent tel ou tel acte dont on ne saisit pas immédiatement la signification. & effet, alors que ces mêmes chefs pouvaient s'interroger devant tel comportement poli- tique, attendant, puisqu*ils en postulaient la cohérence, une réponse en face d'une manifestation économique dont la logique leur échappait, ne leut était. pas absolument Evidente, ils ne pouvaient que stexclamer 9nai.s c'est absurde?" puisqutici, nulle rationnalité n'est espér&e, La question du llpourquoitl ne peut signifier alors que : dans quelle autre sphère cette conduite, absurde dans la sphère - économique - dont elle relève logiquement, trouve-t-elle sa signification? Curiosité d'ethnologue ! il est olair que si la réponse n'est pas obstinément recherchée,pzrwqurimportante pour ses propres problèmes,

il lui sera passé outre l 00 Dans ces conditins, la réussite d'une occupation coloniale dépendra du projet et des moyens mis en oeuvre. Cr non seulement il ne sg&st jamais agit de développer l*économie indigène, mais dans ce cas du Menabe, il ne s'agissait même pas d*antreprendre une colonisation écono- mique : 9fLa question de la prise de possession effective de cette partie de '*la Colonie (,,.) dont il paraissait à peu près impossible de tirer jamais VTprofit (.,.) se posait uniquement pour la sécurité des provinces centrales !let de la zone bordant immédiatement le littoral", (1) Ltéconomie coloniale fut donnée par surcroit Elle s'est développée sur ces bases, sans que jamais l'on cherche à l'insérer dans le systeme économique en place.

Bien entendu, l'erreur de jugement commise sur l'emplacement des ri- zières n*a pas dtiré, bis qu'on n'ait pas pu penser qu'il pourrait y avoir une raison, à ce que les Sakalava choisissent les rives instables, c'est ce qui comptait de voir, c'est ce qui a compté pour la région. E% que la conclusion, fausse, ait persisté, et persiste jusqu'à devenir vraie : "La misère règne, autant dire, dans tout le pe,y~P.

(1) Galliéni : 191nstructions à I4'51.Les Commandants . . . op. cita < Jusqu'à devenir vraie, car c'est assurément ce vers quoi s,oriente la région, à court terme, tant que ne sera pas achevée la destruction du système de production sakalava (1). C'est là en effet que se joue l'impact de la colonisation, or : dans ce cas précis, en méconnaissant, en niant toute rationnalité au type dréconomie locale, en s,interdisant donc de la modifier consciemment, d'utiliser ses potentialités pour 1,orienter vers son propre profit, la Oolonisation a permis aux Sekalava de maintenir en place ce système de production0 Certes, il fut d,emblée bouleversé, dominé, condamné; mais de façon non consciente, par le seul jeu ,,naturel,, d'une forme supérieure de production sur une formation moins avancée, mais sans destruction immédiate.

Si ce long sursis accordé aux Sakalava a été rendu possible, ce ntest que parce que la colonisation a pu s,implanter sans détruire les bases con- cretes qui constituaient 1 a structure économique de la société du Nenabe : la terre, les boeufs, et les hommes, Si des terres ont été confisquées, il en restait tant que le pays est devenu région d'immigration, si des troupeaux ont été decimés pendant la phase de conquête, la "paix française,, a donne à l'élevage les conditions de son accroissement, si du travail forcé a été exigé, il est loin d'avoir laissé les cicatrices que son importance a causé ailleurs, et la force de travail nkessaire aux plantations européennes a été fournie d'abord par les esclaves libérés, puis par les migrants. La colonisation n’a,. pas eu besoin du sakalava, ni de ses biens.

fi,abonda~~ce %égnait donc, autant dire, dans tout le pay&, si l'on se réfère non aux individus, isolés (auquel cas l'expression signifierait abondance de biens, mais par rapport à quoi ? dans une société où la richesse n'est pas un but 'enai), mais à l'unité d'ensemble dont l'individu n,est que et n'existe que comme membre, en désignant alors l'abondance de ressources, pour cette unité*

..*

(1) Disloqué, survivance dominée, 51 est désormais incagable, non pas de se développer, mais simplement d'assurer sa propre reproduction,, ‘i: 45

Wne formation sociale ne disparait jamais 'avant que n*aient été . "développée toutes les forces productives qu'elle est capable de contenirf* (1) I la sociét6 Sakalava était loin du compte, et, en dernière analyse, si la colonisation a pu srimpla.ntor sans détruire le système de production en place, c'est qu'il s'en fallait de beaucoup &e celui-ci n'ait épuisé ses possibi- lités.'

La colonisation proprement dite ne s'installa que lentement dans la régionde Belo-sur-Tsiribihina, tout d'abord par l'exploitation directe de palétuviers dont on récoltait.la résine, et l'utilisation du tanin, pour le traitement despozu&puizpar la commercialisation du poic du cap0 L'appro- priation des terres par les étrangers, en vue d'exploitation minière,agricole ou forestière, et l'installation d'un réseau commercial, tant européen que pakistanais, dont les maisons se tiendraient à Belo même, c'est&kiire la mise en place du système colonial qui restera la oaractéristique de cette partie de l*Ile, slammorcera très progressivement. Les raisons de cette lenteur e tiennent à l'effet d'attraction qu'exerçait la région voisine de Morondava - sur les nouveaux arrivants. Ceux-ci voulaient profiter de ce que, déjà avant la conqu??te française, la royauté merina y avait imposé son adminis- tration indirecte. Si les troupes du Pouvoir Central ne contrôlaient pas effeotivcmcnt le pays, celle-ci avait cependant créé une infrastructure (ins- tallation portuaire, bureau de douane, routes ,,.) qui favorisait Morondava. D'autre part, la libération des X&oa par l'autorité merina avait contraint ceux-ci, puisqu'aussi bien ils ne possédaient pas de boeufs, à tirer leur subsistance de l'Agriculture permanente. Le développement de l'agriculture était encore accéleré par une immigration que rendait possible la pacification, même relative, des armées merina; alors que ces mêmes migrants se voyaient inter- dire ltaccés de la Tsiribihina par les troupes indépendantes de T&ra. Trouvant à Belo un pcuplomcnt plus homogène, donc moins maniable, une économie basée encorc sur l'élevage extensif et lfagriculturo itinér~anto (ma%, manioc .** 1,

..*

(1) K. Marx : Contribution 6, la critique de l'économia politique. Trad, Molitoro A. Costes 3d. Paris 1954. p+ 30 ’ 43

l'absence de centre urbain comparable à Eorondavso la colonisation voulut bien exploitor, mais craignait dtinvcstir.

L'exploitation sans risque pouvait s@appliqucr aux palétuviers et au tanin, mais également, si de façon indirecte, 2 l'élevage, la principale richesse qui ne fut pas que potentielle. Seule l'administration était alors à merno d'en profiter, avec le sens politique que nous lui avons déjà vu : J11e rétablissement de l'impôt sur les boeufs, dans le secteur du Ncnabo Weptentrional, est une question délicate, car il atteindra surtout la classe "dirigeante, qui dans ce pays, plus que partout ailleurs à Madagascar, mani- "festa énergiquement son autorité traditionnelle, en fomentant et soutenent "la rebellion contre nous.

"Les troupeaux de la vallée de ia Tsiribihina furent en grande partie, l'détruits ou disperses pendant la répression; et seuls les anciens chefs ont "pu retrouver chez' leurs voisins, à qui ils les avaient wnfiés, une partie ltencore appréciable de ces troupeaux; le hourjane, lui, n'a Plus revu ses "quelques animaux. . ?Depuis que le calme est revenu, les sédentaires, c'est-à-dire.le "plus grand nombre d'entre eux, consacrent tous les ans une partie des revenus "de leurs cultures à l'achat d-kne ou deux vaches qu'ils vont chercher dans "le Betsiriry. C'est ainsi que sur les tableaux de recensement, presque tous "les habitants sont portés comme possédant de une à dix tetes d'animaux, des "vaches en général, les gros boeufs étant rares en dehors des quofqucs gros "troupeaux des anciens chefs, .

"11 s'er&uit que le bourjane acceptera faoilcment la légère augmentation "qui rksul-tera pour lui du nouvel impôt; il consacrera quelques jours de plus % la récolte du oaoutchouo et acquittera la taxe .avec les produits de la "vente. Le chef, au contraire, possesseur d'un gros troupeau, devra en aliéner r "uno partie et cette opération est aussi pénible pour lui, que le serait pour l'le paysan de France, la vente de sa terre. Pour ne citer qu'un exemple, le Vouverneur indigène Kamamy, héritier des troupeaux du chef Toêrao préssenti, '*n'a pas dissimulé sa désapprobation. 47

"Dans une région où la population aurait rompu avec les traditions "il n'y aurait donc pas à craindre une suite mauvaise, Mais ici, presque tous "les anciens chefs ont été maintenusdans leur autorité; dans ces dernières %nnéest bien qu'avec un zèle modéré, ils suivent à peu près nos instructions "et s'appliquent à réprimer les instincts nomades de leurs concitoyens. 'Qu'arriverait-il si* mécontents et surpris par une taxation très forte pour "beaucoup dlentre eux' ils rendaient la main à la partie turbulente de la "population? Peut-être le nombre des insoumis qui vivent dans la forêt, n&gli-" "geable à l'heure actuelle, augmenterait-il d'une manière inquiétante pour la Yranquilité du pays ?

"Les raisons politiques nécessitent ici une violation partielle des "règles d'équité dans la répartition des charges, On pourrait ménager les unes "et les autres, en se montrant accomodant dans le recensement de ia matière "imposable, en ce qui concerne les gros troupeaux, et accepter les déclarations irsans vérification rigoureuse". (1) Llimpôt sera rétabli en 1972, avec dégrè- vementsindividuels ou collectifs, sur la ?!.emtide des interessés se* LQadministration française se voyait donc attribuer le rôle ingrat de préparer les bases dQune colonisation effective : maintenir l'ordre, stabi- liser la population, favoriser ltimmigrationt et, en utilisant les prestations de travail obligatoires, créer ou améliorer les routes9 qui constitueraient le réseau de commercialisation nécessaire aux collecteurs et aux maisons de Idorondava puis de Bel-o@

Jusque là' la colonisation se fera indirecte, se contentant pratiquement de commercialiser. En 1922, on ne compte encore que cinq 'tentreprises agricolestl domiciliées à Belo-sur-Tsiribihina (cf. carte no 3)s

..*

(1) Capitaine Barbazan, Commandant du Secteur, cité par le Chef de Bataillon Lefebvre, Commandant le Cercle de Morondava, dans une lettre du 2 Avril 1921, à Monsieur le Gouverneur Général de &.dagascar et Dépendan&. Archives BationalesO Affaires Politiques. D. &y., - La Compagnie Foncière et Minière de Madagascar (actuellement Société Malgache d'Entreprise Industrielle) y avait immatriculé 20,776 ha de forêt9 sur les 100,000 qui lui avaient été attribué à titre gratuit par le Gouverneur Général Galliéni : l~~ucun commencement drexploitation à ce jour! note sobrement le Chef de Province (1) > - La Société "La Grande Ile", également sur 100.000 ha attribués à ' titre gratuit par Galliéni, avait déjà immatriculé 10,810 ha, sur lesquels elle employait 250 métayers environ : "Cette Société, qui dispose de terrains considérables, n'a mis en valeur jusqu'à ce jour que 44-0 ha, Chercherait à vendre à des indiens". - Ufi colon européen possédait un titre d'occupation provisoire portant

SUT 420 ha : W, Narch‘and cultive par voie de métayage; n:a jusqu'ici obtenu que de médiocres résultats",

&Iême au niveau commeroials d'ailleurs, la pmJdcnoe est de règle, et, à une exception près, toutes les maisons que l'on retrouvera à Belo préfèrent encore se domicilier à Norondava, y compris l*importante Compagnie Lyonnaise de Madagascar. La colonisation est donc encore surtout une affaire dtimport- export.

Elle se consacra bientôt presque exclusivement à la culture Q la fois la plus rentable et la mieux adaptée aux conditions d'alors (2) : le pois du Cap, Xn effet, contraizement à la plupart des autres produits d'exportation, qui ne se développeront que par la suite, le pois du Cap ne modifitit.&ao les pratiques culturales des paysans, n'imposant ni techniques différentes, ni outillage nouveau, ni ne nécessitant un nouveau type de rapports sociaux

l o*

:--. .< m_ (1) Cette citation et les suivantes proviennent des dossiers : "Etat des So- ciétés représentées dans la Circonscription Administrative" '3ta-t des Entreprises agricoles, industrielles et commerciales non constituées en Société" "Etat des grandes concessionslf, où elles se trouvent sous la ru- brique "avis du Chef de Province**. Elles sont citées in extenso, Arohives ktionales. Compagnies et Sociétés. 14 (2) Le palétuvier a été abandonné après la première guerre mondiale. de production. Cette culture était d'ailleurs déjà connue; elle fut tres vite adoptée et provoqua un afflux de migrants, venus des Hauts-Plateaux trop peuplés, du Sud-Est et du Sud deshérité, Une occupation du sol encore très lâche, laissant de grandessurfaces cultivables, sur lesquelles les droits fonciers étaient précis certes, mais souples, en plus des raisons ci-dessus mentionnées (relatives aux pratiques culturales qu'implique le pois du Cap) permirent aux nouveaux arrivants de s'intégrer aux pays sans trop de difficultés, puisque ne bouleversant pas le système de produotion des tioriginaisesl‘ (1). Parallèlement, ils ont développé la culture du riz, et bientôt, Belo put exporter. Les Betsiléo en particulier - ceux arriv& à cette 6poque - ont réussis aujourd'hui à oublier et faire oublier leur origine, en intériorisant ostensiblement, si l'on peut dire!, le mode de vie Sakalavar

La production de pois du Cap crût donc rapidement, passant, (pour la province de Morondava) d'un peu plus de 2.000 tonnes en 1914, à près de 15.000 en 1920. Mais alors que la r&olte Ge TP19 était pe$e 1.000 francs la tonne per les acheteurs extérieurs, le prix tomba de près de moitié en 1920, passant a $12 Fr/t. Cette chute des cours des prix de vente à l'exportatfon était dûe f au quasi monopole de l'Angleterre qui9 ayant constitué drimporte.nts stocks durant la guerre, commença à les écouler à la fin des hostilités. Elle fut enoore aggravée au niveau des prix d'achat auprès du paysan : leur précédente et rapide augmentation avait incité celui-ci à investir tout son travail dans le pois du cap* et en 1920, l'offre excéda largement la demande*

L'agriculture de marché était bien ancree, le pays connaissait main- ten,ant dtexpérience ries lois de son économie.

(1) qui s'appelèrent eux-mêmes lloriginaires" (zana-tany : fils du sol), quoique la plupart ne le fussent pas, venus là en conquérantsr Comine le dit justement M. Manandafy : 'IOn a fait croire dans les étu,des ethnolo- giques qu'un groupe ethnique est une entité historique stable et définie une .fois pour toutes, or, il n'en est rien. Certes, des royaumes cons- titués à une époque donnée ont cherché à se perpetuer en orientant dans ce sens la vision du monde. D'après‘ce qui pré&e, le mot Vakalavatl servant à désigner actuellement un groupe ethnique, résulte de la volonté Meioserana de perpétuer un règne. On en&obe actueiloment sous ce terme des groupes d*origine diverses qui, a un moment donné ont vêtu sous la domination des rois appartenant à la dynastie des MGaroserana". Manandafy "Des rapports sociaux de propriétés des terre!3 1970. Nanuscrit. 25 PQ III. Les donnees humaines actuelles

1)'Démographie

Aux facteurs naturels présentés au dêbut de cette étude, s'ajoute un mode cultural agricole qui n'utilise gu%n outillage tres ru&mentaire (pra- tiquement, n'existent que l'angady, sorte de bêche à fer très étroit, et le fibara, lame de serpe adaptbe à un long manche* La charrette, pour le transport, est déjà un signe de richessej et ne nécessite pas la mise à contribution de nombreuses forces de travail (de dix à quinze hommes suffisent pour les gros travaux, en allant jusqu'à une vingtaine dans le cas du sarclage). Tous ces éléments, Contraintes naturelles et façons oulturales, déterminent pc-w une large part, le type de répartition démographique : .les habitants se groupent en petits villages essaimés tout au long des cours d'eaux, Là où il n'y a pas d'irrigation possible, se trouvent les zones vouees à l'élevageg les Antandroy cependant y pratiquent la culture sur brûlis de maïs et manioc, rejointstempo- rairement par ceux dont les champs , soît nIont pas été fécondés par les eaux? soit ont été emportés par une crue trop forte. Les plus gros villages se trouvent auprès des meilleures terres, donc tout au long de la Tsiribihina et des lacs. Xais le peuplement n'est jamais tr&s concentré, la dispersion de petits villages demeurant la caractéristiqueo

Mis à part le chef-lieu de sous-préfecture, Belo-sur-Tsiribihina, qui englobe un peu plus de quatre mille âmes, on ne trouve que deux agglomérations, qui ne dépassent guère mille habitants : Berevo et Tsaraotana,, (Encore faut-il préciser qu'elles abritent - l'une exclusivement, l'autre en grande partie - les travailleurs de concessions earopéennes)* Ce que nous appelions ici "gros villagesll, - on en compte une vingtaine -, sont ceux qui groupent plus de 500 îndividus!.(cf. carte no 1)

Il est d'ailleurs significatif de noter que., w comme dans les jeux des journaux pour onfants : qu'est-ce que c'est? pour le savoir, reliez les points *.. -, si sur la carte no 1 l'on relie d'un trait ces villages : Belo- sur-Tsiribîhina, - Kaday, - Tsimafana, - Kiboy, - Andranomandehal - Tsaraotana, - Antsoha, - Berevo, - Fenoarivo, - Belinta, - Soaserana, +L Bemangily, - Tanandava, Tanambao -, Ankalaîobe, - Nasoarîvop - Serinam, - Wrondro, - Mangotroka, œ Ampasimandroatsy, - Andranofotsy, - Belo-sur-Tsiribihina, on obtient une image assez fidèle de la carte no 2 : le pourtcxti des terres immatriculées!

Tous les recensements officiels donnent des chiffres répartis par communes. Malheureusement, dans notre cas, l'unité communalep de par son orientation Nord-Sud (cf. croquis ci-joint) n'est pas pertinente, la plus grande partie de la population se trouvznt le long de la limite Sud de la commune, pour celles situées rive droite, et de la limite Nord, pour celles situées rive gauche de la Tsiribihina, D'autre part, ces chiffres valent ce qu'ils valent, et nous ne les reproduisons qu'à titre indicatif, d'abord tels qu'ils ressortent des monographies sous-préfectorales, puis tels que 1-s a reconstitué la section de geographie du centre ORSTO1iIde Tananarive, d'après la carte etablie sous la direction du Professeur P. GOUROU(Bruxelles 1966).

! ! ! ! Superficie 1 Communes ! (MEl i Popdation i Ihmft (s I ! ! '. ! 0 ! ! ! 2.000., ? 8.420 ! 4 ! 0 ! Belo 2.500'. Il.251 ! f ? Berevo ! 2.500 ? 90927 ! 3 ! ! 0 f ! Serinam ! ? 1.500 ! 50679 ; 3 ! ? Tsimafana ! 2.000 ! 8.225 ! 4 ! ! ! ! ! ! ! ! ? 0 ! Total .! 10.500 ! cl.&997 (sic);' 4 ? ! ! ! . !

. . . SUEHWJISIONS ADMIN4STRATIVES LA SOUS - PREFECTURE

TSIMAFANA

.’

ECHE.LLE~: I/l000 000

KM.a 1p 2p '3p 4p SO 6OKM.

C58/ 23.3 ! 0 ! Den&té ! ! ,Superficie~Superficie~Superfi&ie* ,Densité 1 Communes !+ (km2) ; vide i occupée ~Powlation&$néraLe~ Ec"Qe i ! ! ! I ? ! ! ! I ? Ankalalobe ! iQ917 ! 1.?40 ! 777 ‘! 8,420 ! 4‘4 ! 10,8 ? ! , Belo ; 1.635 ; 210 ; 1.425 : 11.251 ; 6,s’ ; 7,8 : .I Berevo 0. 1.825 i 420 i 1.345 i 9.927 I 5,4 ! 7,3 ; ! I Serinam f le017 ; 160 ; 857 f 5.619 f 5r5 f 6,5 ; ! Tsimafana i q-150 i 255 i 895 i 8.225 i 7,2 i 9,l ! 1: ? ! ! I ! ? ! ! ! Tot a1 ;. 7.544 ;. 2.245 ;. 5.299 ; 43.442 ,; 5$? ; 8,1 !.

Si nous répartissons cette population par ethnie, nous obtenons, selon les chiffres fournis par les monographies sous-préfectorales, le tableau suivant, dont nous avons simplement corrigés les totaux : 54

0 !! !! ! Hommes Femmes ! !Catégorie de! !! !! Total .; ! population !moins de!de 15 à!21 ans!!moins de!de 15 à!21 ans!! . 1 14 ans ! 20 &LS! et -t ?! 14 ans ! 20 i,ns! et + !I ! I 0 t (1 1 t SP I blgaches i i i : : ? . . ! ! !! I !! ! '- 1 ? ! !Antaifasy , 143 f. 107 134 178 if 902 ; lAntaimoro ; 79 67 108 i 199 ;; 11.640669 ; iAntais&a ; 1.777 ;1.026 1.128 ;3.204 ;; , $ntandroy ; ; '14-5 193 ; @G 1.986 ; ,Antanosy ;. ; 14-l 113 , 308 ;; 1.234 ; f Bara 0 458 ; 582 : 442 ; 660 ;; 3004.83.102 i ,Betsiléo 522 ;. 245 i 341 ; 704 ;; 49 j ;Betsimisarak$ ! l &,hafaly ; 5; ! 2 i 0 52 ! 15 ! 214263 i &koa i 34 0 16 , ;lerina i ! I 43 ;2 30 ;; 20.010323 i ; Sakalava j1.887 .12.379 j5.018 ;; , ;Tanala ! 58 ? 72 674 ; ;Tsimihety ? 4 27 f ;Autres ; f 4 . . 0 ! 12 : ; ! f 1 ! !? 9. ! !! 't 1 ? f Total . f 7.008 ;49379 i9.307 .i; . 7.434 .14.988. j11.037;; 44.153 -; T-- 0 0 0 !! f i ii ? ? lZtran.Pers 10 ii ! !? !! !Français 5 2 8 3 ;Comoriens !! !! 10 44 !! 63 16 ;Anglais 1 !! 1 !? !I ,Greos 1 ;Chinois ?? !! !? !? ;Indiens 74 t I 73 : : 62 .*!! 2 Y$ ; ! ? 0 ! !! ! 0 II 1 ! 0 .! 0 Total , 77 i 13 % 89 if l 32 ; 19 , 81 ii 401 ; oTotal de la 0 cI r\Or 0. . . . l . ; ;;

40392 $436 ;; 70516 i5.007 ~1.118;; 44.554 ; ! population ! ""O' ? . .

Ce qui nous donne à peu près les pourcentages suivants : SaJSalava : 51s Korao : 2$ Betsiléo : $ Antandroy: 6s Autres :. g$Y , Notons que les Betsiléo sont sous-estimés dans ces tableaux, et, dan-s la même mesures Les'SaIalava sur-estimés D par suite de lapcXi%&ued*insertion sociale des Betsiléo dans le groupe des zana-tenx, - ceux qui ont des droits sur la terre. 2) Infrastructure

Seule, la liaison Norondava-Tsimafana-Mananjaka, soit 100 km, est assurée toute l'Année, sauf exceptions journalières. De Tsimafana on est à 5 km de Belo, mais la route n'est pas ouverte en saison des pluies, Le bac ne fonctionne alors plus. Il est pourtant possible, à condition de di@oser d'un véhicule sur chaque rive, de transporter des marchandises par route, en passant par Nananjaka et en traversant la Tsiribihina en Chaland;

l3n saison sèche, un axe Nord-Sud et un axe Zkt-Ouest permettent de traverser la région, les routes d'intérêt local n'étant guère accessibles gu'auq charrettes et aux véhicules tout terrain.

Le tableau page suivante, dressé 'par les services de la Sous-Préfecture et que l'on suivra sur la carte no l9 - sur laquelle nous n'avons porté que les routes estimées l'permanentel' ou ~tsaisonnièreU par llI.G,H. - montrera l'état assez catastrophique de la situation routière, qui pese d'un poids très lourd sur le développement de la région.

D'après une enquête que nous avons effectuée'auprès des commerçants de Belo, la moitié environ du trafic se fait par voie fluviale ou maritime. En toute saison, la Tsiribihina est navigable pour les canots de 7 T, de Belo à Niandrivaeo, soit sur 170 km,, et par les chalands G. moteur en saison des plules, par cinq vapeurs9 le Nanjaria 9 jaugeant 50 T, le Nanjsxiabe, 100 T, le J. Orsini, 150 T, le Tsimihety, 200 T, et le Mangoky, 220 T. Hais, la Tsiribihina s'ensablant chaque annde, Le Tsimihety et le Mangok;y ne sont pas assurés de pouvoir remonter les quelques 20 km qui séparent Belo de la mer* Ils sont alors obligés o comme c'est toujours le cas en saison sèche, d'effectuer les opérations de débarquement et d'embarquement, avec l'aide de deux gros chalands pontés, à 6 ou 7 km en aval de Belo.

Enfin, un terrain d'aviation existe à Belo, accessible aux D.C.3. Situation routière

=p31--i----‘-‘-‘-‘---^-‘------’--’------~-----==~=“------‘------‘------~------. T Etat des routes Désignation des routes ! ! Kilométrages ! (1) ! ! Route Tsimafana/I"iorondava ! A I 100 Tsimafana/&nanj&a ! A ! 4 Delo/Ankalalobe 0 C ! Tsimafana/Belo ? C 1 “8: Belo/Ambalarano 0 c ! BO,. Ankalalobe/Berevo ! C I 12 Belo/AnkaltiLobe/Andafiha ! c 1 142 Belo/Berevo ? C ! 725. Behara/Belinta ? c ! 20 Antsoha/Berevo/Tsimaloto 0 c 1 Tsimafana/Tsitakabasia ! c ! 3: Antsetaka/Tsaraotana ? c 1 17 Tanandava/Kaday t c ! Belo/Andramasay ! C ! :; Behamotsa/knambolo ! c ! 41 Antsoha Bemarivo ! C ! 30 Bevaho / Andranomiely 0 c ! 40 Andratiomiely/Ankalalobe ! C ! Belo/Aboalimena ! c ! ii; Belo/limite Antsalova ! C ! 88 Tsimafana/Berevo ! c ! 89 ? 0 i Total 0 t 954 Km

1 ! =lrJ------“------~==~~=~~-~* -w--c--...------_------~------D=PIcr~=~PI

(7) A : Route praticable toute l'année B : Route praticable toute l',année mais pouvant devenir très difficile en saison des pluies, c : Route généralement impraticable en saison des plu&~~~.~ 57

Signalons encore que la sous-préfecture compte 31 écoles publiques, dans les 'principaux villages, dont un C.E.G.ti à Belo, auxquelles il faut ra- jouter deux écoles privées? catholique et protestante, toutes deux également à Belo. Le chef-lieu de sous-préfecture, outre les U?time&s administratifs (Poste% Bureaux des services de la sous-préfecture, gendarmerie, un centre d'animation ruralé a.*), comporte encore un hôpital et une maternité, Une autre maternité existe à Berevo, ainsi qu'un centre médical, et l'on compte . trois postes médicaux, à Antsoha, Sérinam et Ambalimena, Enfin, le service des Travaux au Ras du Sol a financé 3 barrages en maçonnerie, à Belinta? Lohena et Tanandavao 3 barrages en terre (Sariaka, Bahavo, Andranomandeha) et une prise &A fil de l'eau, à Noss;l-r-BE$. Le F.N.D.X. a financé des travaux dlendiguement sur le lac Bemarivo,

Cette infrastructure très peu développée manifeste la faible part qu'occupe encore le secteur "d'économie de développement". La carte ne 10 donne une idée de l'isolement de Belo-sur-Tsiribihina. ,La sous-préfecture exporte, nourrissant IMiandrivaso, &Iorond&.va, Eorombe, m&.n semble n'être guère prise en charge par la nation*. 58

"Qu'elle le souhaite ou nonY lgéconomie villageoise s'engage actuellement "dans un processus de rapide transformation. Elle ne peut pas s'y refuser, car "d,ans cet espace micro-économique, deux séries de forces poussent à la destabi- "lisation, Le village, au mieux, dispose du cnoix relatif de cette orientation : *%-ne premiere évolution, celle qui nécessite' le moins dPintcrvention, mène "l*économie villageoise à ltappauvrissement continu Qt à l'auto-destruction; %ne autre évolution, laquelle exigera une prise de conscience de l'état réel "du village et un effort de redressement , peut conduire une économie villageoise "modernisée et restructurée 5 19intégration dans un espace régional dynamique, "De nombreux villages n'ont pas encore décidé de leur choix, ils demeurent au "carrefour; le risque majeur qui les guette est que ce choix se passe sans eux, '*et Sue les mécanismes naturels alors, se retoursent contre eux". (1) Cette citation a le mérite de faire un sort à la notion 18d'économie dualiste". entendre comme 'Ila coexistence de deux systèmes économiques et sociaux, totalement différents" (2)? qui se poursuit sans qul'aucune liaison n'existe entre les deux secteurs qui la composent'? (3). Ce que nous entendons donc par "domaine maintenu", c'est simplement le secteur de production sur lequel les Sakalava tentent de refuser l'intégration dent parle Rudloff, ten- --tative condamnée à terme,

..O

(i) No RUDLOFI?: L9éconcmie vil1~~eois.e à Madagascar et en Afrique Noire. p* 335 in Revue Economique de Nadagascar no 1 Janvier et Juillet 1966 PP* 315-340. ( 2) E, GARNA.GE: Economie du développement, Paris 1962 pp# OI-71pcité par J, FREYSSINZI'~Le Concept de sous-développement, Nouton. Paris 1966 ~~'257. (3) R. Bk8.R.E :"Le d'eveloppement économique, Analyse et Politiquef30 In Cahiers de lVI*S,E.B. Avril 195t30 série F, no II, p* 9. cité par J, Z'REXSSINEIC. Op. cit. p. 257* ‘59

1. Les fondements de l'organisation sociale

Nous avons vu comment fut conduite la pacification, du point de vue des colonisateurs9 et quelle fut son impact, mais toujours du même point de vueO Nous avons essayé de montrer comment cette politique avait permisaux Sakalava de maintenir en place leur système de production, sans entrer dans le détail des modifications profondes qu'il a du subir POL~ ce faire0 E&s en conclusion, nous avions indiqué que les traits spécifiques du type de colo- nisation qui s'était instauré dans le pays, constituaient un niveau cl'expli- oation indispensable9 mais non suffisant. C'est dans l*articulation entre ce type de colonisation et le type de formation sociale que représentait alors le royaume du IJenabe, qu'il faut rechercher les causes de ce que nous avons appelé le long sursis accordé aux Sakalava.

Nousammes donc obligés,sans vouloir empiéter sur le travail de lionsieur J. LOi'XBARD,de revenir très brièvement sur ce que nous'pensons avoir été l'état de la société maroserana avant la colonisation. Celle--ci, nous semble-t-il, peut-être caractérisée par deux grands ordres de faits : d'une part, le faible niveau des forces productives, qui imposait ses limites au mode de production qu'elle pouvait développer1 d'autre part, son organisation socio-politique telle qu'elle résultait de la conquête d'un groupe envtiissew - les Naroserana - sur une population ralliée ou vaincue.

Pour comprendre l'analyse des fermes encore actuelles de llorganisation sociale, et les causes de leur évolution, nous devons prQsenter, de façon au moins sommaire, ces deux caractéristique,s, en même temps que celles de ces formes qui nous semblent Gtre avec chacune dans une relation déterminée, Ainsi, afin de mieux cerner cette ralatitin, Il nous a paru justifié de séparer les éléments de la structure socio-politique présente, - tels que nous les avons rencontré sur le terrain -y ey1 les regroupant de la façon la mgins arbitraire possible, selon qu?ils correspondent ou non, directement aux modi- fications quLapu introduire la colonisation, ou avant elle, la conquZ%e maro- serana; selon ce plan, tout se passe comme si le reste correspondait simplement au niveau des forces productives, dont lakiblesse est restée, - jusqu'à ce jonrdansle d omaine maintenu, - une donnée constante. De sorte que, si. le plan d'exposition semble suivre l'ordre de l'évolution, la logique de ce p1‘a.n ne se oomprend, elle, que dans le sens inverse. Car nous n'avons en aucune façon cherché à dire ce qu'était, par exemple le mariage sous la période pré- maroseranap mais à isoler ce qui, dans les règles actuelles du mariage, résultât évidemment de ces deux conquêtes.

Cette méthode de présentation n'est possible que parce qu'à notre connaissance, si des éléments ont apparus, - que nous étudierons -9 si d'autres ont disparus, - que nous n'étudierons pas -, le sens de ce qui demeu%~~%%- tique à lui-même; car correspondant soit à ce qui, dans les données de la formation sociale, n'a pas été fondamentalement transformé, soit à des atti- tudes qui cherchent à nier ces transformations, Cette négation est diversement appréciée, soutenue, par les Sakalava; survivances et révolutions se partagent leurs choix. Les règles pré-coloniales du mariage, pour garder le m8me exemple, correspondent à une réalité qui existe toujours; mais desormais une autre r&lité, cent radictoire, est à même de leur opposer d'autres types de oon- duites. Et c'est justement cette coexistence, conséquence de cette double et divergoante détermination, qui nous a paru justifier oc plan.

1). Le faible niveau des forces productives.

Ltagriculture permanente était encore pratiquement inconnue'dans le royaume. La population tirait sa subsistance essentiellement de l'élevage extensif des boeufs et de la culture itinérante sur brûlis. La terre est "donnée", perçue comme condition *lnaturellel* de la reproduction* La propriété privee du sol n'existe donc pass

Seule, une communauté peut prendre possession de territoires, qu'elle utilisera pour le parcours de. son troupeau. Sa richesse dépendra donc de l'im- portante du cheptel, et de sa capacité à le défendre et à le nourrir,, C'est-à dire du nombre d'individus qui la compose, de sa puissance. La reproduction et l'élargissement du troupeau implique la reproduction et le contrôle des hommes, L'organisation des rapports de parenté apparaît donc comme la base de son éooxn2mie, en ce qu'elle Edicte lesrègles d'appartenance de ohaque'indi- vidu à telle ou telle communauté.

. . . A. Les règles du mariMe

Aussi, les services sexuels seront-ils très librement rendus par les femmes, puisque s'ils sont féconds, l?enfant "naturel" F dans cette société patrilinéaire -, appatiendra au clan de la mere;'par contre est codifié le mariage, qui n'est que le premier jalon pour procurer une descendance au futur 'lpèrelto

Relevant donc des intérêts de la communauté preneuse de femmes (à charge de revanche,.s'entend) plus que de celui de l'individu, (qui ne le con- summera que comme membre de sa communauté) le mariage des deux promis, alors -que ceux-ci sont encore enfants, est déoldé par les ray aman-dren~ (1).

Le principe de réciprocité entre les deux group,es est fréquemment assuré par le valiarnilitsao Littéralement : "mariage pour entrerU il. s'agit de ce que,la tradition anthropologique nomme"lléchange des soeurs", encore que, comme le note justement Robin Fox : %e might c@rvilat the use of "sister" "exohange 'on the grounds that is usually the senior generation that manages %hese things, SO that lsdaughter exchange" "might tic better - as the bibical l*quotation suggests" (2),

Notons qu'il s'agit la d'unions privilégiés (3) - parce qu'elles établissent immédiatement, dans les deux sens du terme, la réciprocité -, mais que la circulation des femmes est obtenue par des interdictions de mariagel non par des règles presoriptives, Si nous avons raison de penser que l'épouse nlest donnée, ou prise, qu'en tant que procréatrice, - et en particulier pro- oréatrices d'hommes o qui resteront dans, et ferons la force du patri&ignage -,

t.11Littéralement : père et mère, ce terme désigne selon les cas tels membres d'une certaine classe d'âge, en fonction des responsabilités auxquelles on fait allusion, (2) Robin FOX. Kinship and mariage. A Pelioan Original A 884 Penguin books Ltd. 1967 p. 180, (3) "Ces (systèmes) ne sont pas des unions préférentielles parcequ'ils ne peuvent, dans aucun groupe, et pour des raisons évidentes, constituer le mode exclusif, ou même prépondérant du mariage; nous les nommerions plus volontiers des unions privilégiées, car elles supposent d'autres modes d'union, sur lesquelles elles viennent elles-m3mes se greffer". Cl, Lévi-Strauss. Les structures élémentaires de la parenté. I%I& Ifouton. Paris 1957 p. 140, Souligné par l'auteur. 62

(et de fait, ce n'est que lorsqu'elle sera mere, qu'elle dépendra du mpitoka (1) de son mari; decédée, c*est-à-dire n'étant plus qu'individu, elle pourra d'ailleurs être enterree dans le tombeau de ses parents, ou dans celui de ses beaux-parents, comme elle Ifaura choisi), les interdits de mariage sont les garanis de ce qu'aucun clan ne s'élargira indûment, de par lui-même.

La Premiere règle est donc l'exogamie de raza (clan) et par conséquent ,aussi, le mariage des enfants de deux frères, (Cf. fig. 1 du tableau suivant, où nous avons mis en noir les individus dépendants de même mpitoka, au cas9 du moins pour la géneration considérée, où le mariage s'accomplirait), Dans ce casO il est clair qu'aucune femme n'est sortie du lignage. Eais il faut également emyschcr que deux clans ne se privilégient mutuellement, au détriment des autres, Si le valiamilitsa est Favorisé, comme rêciprotiité immédiate, cette réciprocité ne devra pas pouvoir se perpétuer entre les deux mêmes groupes. Aussi bien est-ce.impossible dès la seconde génération, par l*interdiction de s'unir faite aux enfants de frère et soeur& Dans le cas plus géneral, latranry-cssionde cette règle permettrait soit de récupérer une femme pour une femme accordée (sa fille cf. figo II a>. soit d'accorder des épouses toujours au même groupe (cf. figI1 b). limitant par là la circu- lation des femmes. Enfin l'autorisation de m~ariage n'est pas accordée aux enfants de deux soeurs; elle équiwudrait également à restreindre l'échange à-deux (dans le cas d'un valiamilitss) ou a un groupe privilégié (cf, figo III), Pour la clarté des figures, nous n'avons construit le tableau qu'à P#artir de deux générations, celle d'ego et de la femme qui lui est in2:jolso,b10g ccl10 de leurs pères et mères qui oxplique cette interdiction, En fait, les règles s'appliquent selon le principe du valo an'ila ("huit de deux côté") qui étend l'interdiction sur quatre générations : si les arrières grrrnds-pères et/ou mères étaient frères, soeurs, ou frères et soeurs, les arrières petits-fils et filles sont encore sous le coup de l'interdit; mais leurs enfants ne le .seront plus, car au-delà de ces quatre générations,'les cessent,d'%trc rigoureusement : individualisés : c'est désormais le domaine des matoy "les ancêtroslt, indifférenciés,

(1) Chef de patrilignage, -Littéralement : celui qui fait le '*toka"s la prière celui qui officie. 1 Union priuilegiée

.n

1 //// I Ila '

1 II b

Interdictionb de mariage : w

C 63/239 64

B, Le toa-balg

A la date fixée pour llunion de leurs enfants, cependa& que le garçon reste au village, ses parents, aooompagnés de leurs frkes et soeurs0 se rendent chez les parents de la fille pour mener le toa-balx (littéralement : la prise pour le mariage; manoa = venir prendre). Là, en signe d'accord, le père du gargon serre la main du père de la fille (rambin-tanana) Ce dernier lui demande, en cas'de mésentente dans le mznage, de ne pas battre sa fille, mais de la ramener chez lui. Puis, il nourrit ses hôtes; et lPaprès-midi, les parents retournent chez leur fils, lui amenant sa femme, qu'aocompagnent quelques-unes de ses soeurs0 Celles-ci demeureront deux ou trois jours avec le couple, La jeune fille n'apporte avec elle que le nécessaire : une natte, une cruche, une assiette et une cuillère, ainsi que ses vêtements* Au bout de quelques temps, le père du garçon offrira au nouveau ménage une vache et un jeune veau (ombg mianaka) Le symbole est évident.

Nous avons volontairement employé des expressions aussi neutres que possible : en effet, on voit que rien de définitif nia été accompli; et si le toa-balp a pu donner lieu & une petite fête, on ne saurait parler de ce qui pré,cède comme d'une cérémonie. Car l'union de leurs enfants n.'est pas l'union des deux lignages, La femme continue de dépendre du mpitoka paternel.

CL Le soro-tro$y

La première cérémonie, traduisant l*union des deux lignages, s'accomplit dès que la femme est enceinte de son premier enfant. Généralement au sixième mois, aocompagné de quelques olobe (littéralement : grande personne; ce terme fonctionne comme celui de ray aman-dreny, déjà décrit. Dais il n'est employé qu'en pays Sakalava9 alors que celui de ray aman-dreny a été diffusé dans toute 1'Ile par les migrants Betsiléo), le gendre va trouver ses beaux-parents, leur offrant un boeuf pour appuyer sa demander

. . . 81N~~~ sommes venus ici pour demander cet enfant, pour accomplir la %outume, la coutume des raza (fomban-draza)'car nous allons unir nos raza. Tk 'vie, on a le même razap morts, on garde le marne raza* I3t nous sommes Grenus ici pour vous demander cet enfant, Voilà : nous sommes venus ici, x %otre long0 (I)$ nous ne sommes pas riches ni orgueilleux, mais nous sommes *~ici pour que s'accomplissent la coutuine des ancêtres, car Ranahary (le Créateur) %O~S a donné à nous. Ainsi le but de notre venue est de demander ce trokd s(littéralement : "ventre"), cet enfant, car nous ne pouvons pas attendre sa *'naissance. Ne nous méprisez pas en disant : "Pourquoi presser, alors que %'est encore un a (petit animal, bestiole) ? il faut attendre que l'enfant "soit né pour que vous fassiez le (la prière). flNo~s somnes venus avec S~ges olobe pour vous demander ce trok$'.

On voit que c'est là seulement que se fait la demande, L'union ne se cgngoit pas sans ses fruits, le toa-baly n'était qu*une manifestation d'in- tention, pour une union à venir* Le soro-troQ est donc la première vraie cérémonie, oellc du ligncage maternel, qui &Corde sa fille, et la progéniture ' que celle-ci pourra avoir. C*e~t alors devant le hazomanga du père do In fille que se fera la prière; hazomanga désignant à la fois la fonction de chef de patr$J.ignage avec son détenteur, le mpitoka et l'objet de référence rituelle : un pi&, situé à l'Est8 l'orientation du sacré, et dont liextrémité visible est ta$llée, : en pointe; il n'est pas abstide d-y voir - les cerémonies qui s'y a+&ient ont toutes trait à la reproduction sexuelle - un symbole phallique (hazomanga : littéralement *%Ois bleu"),

Au sor.o-troQ n'assistent, en plus du couple, que les pères et mères, frères et soeurs de celui-ci, ainsi que les frères9 soeurs et parents de leurs pères. Sont donc presents les deux tariky (lignage, ou fragment de lignage, o*est-&dire l'ensemble des personnes dépendant d'un même hazomangaa paternel et m&ernel; mais les parents de la mare du père et de la mère de la mère sont absents. Remarquons encore que la présence des soeursp même mariées, dénote l'ambivalence du statut de la,femme ; en tant que mère, elle appartient au

(1) Lonao : ce terme désigne le groupe de parents que constituent les enfants de même père et de même mère, Par extension, il désigne.toute relation d'alliance, csr la limite, Ranahary est notre père et mère à tous. 66

tariQ marital, en tant que soeur, elle continue, à d6pendre de son tari@ paternel.

Devant son hazomangap près du boeuf qu'a donné la famille du gargon, et derrière lequel se tient le couple, - les autres assistants Btant regroupés selon leur âge et leur sexe9 les femmes étant au Nord et les hommes au Sud -, le mpitoka du père de la fille, seul à être debout, commence le soroo Nous . n'avons malheureusement pas eu l'occasion d'assister à un soro-troky. Aussi, plutôt que de tenter une reconstitution du , qui serait nécessairement incompl%o,nous pensons plus honnête d'extraire d'un interview mené au cours de l*enquête, les passages s'y rapportant :

l%e mpitoka du père de la fille prononce le soro comme suit : "je vous ltannonce, ô terre, voilà une telle qui se marie (1) à un tel, la fille est "enceinte et lui, vient accomplir le fomba de cette terre; et il apporte un "boeuf casEré (vositra)ou une vache (tamana)* 0 vous les raza? vous cette "terre, veuillez assister à ce soro ,0, Mais on annonce 10 fleuve en premier "lieu. (.,.) Puis le mpitoka du mari viont sOasseoir auprès du hazomanga; %elui-ci lui demande : c8est vous qui allez faire notre soro ?‘- oui, répond "10 mpitoka du mari; et il lui souffle les noms de son pere, de ses grands-= "parents paternels9 puis ceux de sa mère et de ses grands-parents maternels, 'Fqcid l'autre reprend à voix haute (,,,) (F3 le détenteur du hazomangap le "mpitoka du père de la fille, reprend) : je vous annonce2 je vous invoque %OU~ mères, j e vous invoque vous pères* voilà votre longo, s'il est encore "en vie, il nous appartient, et s'il est mort, il vous appartient; car nos tlancêtres sont unis aujourd'hui, nous avons le même enfant aujourd'hui, car "si cet enfant est encore en vie, il nous appartient, mais sqil est mort, il "vous appartient et défendez le pour quai1 ae porte bien'*.

Outre le boeuf sacrifié, le toaka (alcool de fabrication locale) et le riz qui rassasieront les invités, sont fournis pas le mari, revendiquant

.0.

(1) Au présent : manambaly. 67

ainsi, en obligeant ses hôtes, des droits sur l'enfant A naître. Car c'est là le sens de cette cérémonie, accomplie avant la naissance, et ne regroupant que les tariky, et non les deux --foko (foko : paternel et maternel, comprend, compte non tenu de l*appar-tenance lignagère, tous les parents proches). : il s'agit non de sceller l'alliance en en fêtant le fruit, mais d'hypcthéquer le futur, c*est-à-dire d'accorder et de manifester d'avance tous les droits à venir0 Cependant, c'est aux des deux foko, que la prière présente le couple : le temcignage est ainsi porté devant tous les ancêtres concernés, ce qui donne aux droits accordés, valeur de serment.

D, Le soron*anaka

Un proverbe sakalava dit : V&,nd l'enfant est encore dans le ventre de sa mère, il peut tuer sa mère. Quand il est né, il peut tuer son pèreb.

La fête définitive, celle qui consacrera publiquement lfal.liance et, pour l'enfant né et tous ceux désormais à naître, les droits du lignage marital sur les fruits de lcépouse (en cas de polygamie, il faut refaire un soron'anaka pour le premier enfant de chacune des épouses), n'aura lieu qu'après la nais- sance. Parfois dès la première semaine, mais l'importance de la cérémonie im- plique des sacrifices qui peuvent en retarder llaccomplissement. Tant qu'elle n'aura pas eu lieu, les enfants appartiendront de droit au lignage maternel.

Le père de l‘enta& doit se rendre chez ses beaux-parents, accompagné de ceux qui ont fait pour lui la demande en mariage, ctes-t-à-dire de ses parents out au,cas où ils seraient décédésp de ses oncles et tantes paternels. L'absence de ceux-ci signifiant une mésentente profonde dans la fa:gille de leur gendre, les parents de la femme sont alors en droit de refuser leur parti- cipation à la cérémonie, ce qui revient à en interdirel~accomplissement.

On voit qu'il s'agi-t là d'un moyen de pression particulièrement efficace pour les aînés. Le soron'anaka ne pourra avoir lieu que lorsque le père de l'enfant aura reconnu. sa faute et demandé, en présence de sa famille, et en apportant un boeuf à sacrifier, la bénédiction (tsipirano) de ses propres parents. 68

Womme le soron-tanaka est une cerémonie de reconnàissar@e de l'enfant ripar les ancêtres des deux oôtés, ii faut donc que l'on s'entende très bien, ~~pour que les ancêtres se reconnaissant entre euxa Parce que si j&nais il y a "une certaine mésentente entre les deux familles, les ancêtres seront mécontents "de cette mésentente; et pour manifestep leur mécontentement, ils donneront Vsdes maladies à l'enfant, et non pas aux parents" (A),,

dPuisque la conséquence directe de la cérémonie sera l*appartenance des enfants nés et à venir au tari& paternel, il n'y a pas de risque à pro- fiter de celle-ci pour manifester également l'alliance accomplie. Ce ne sont donc plus les deux tariky qui sont invités, mais des membres des deux foko, soit, en plus de ceux pr6sentc au.soron-troky, les parents, frères t soeurs D et enfants de la mère du père et de la mère de la mère; d'avantage, et les amis, voire tout le village, s'il s'agit d'une famille mpanarivo (riche).

La cérémonie se déroule devant le hasomanga paternel, dont le mpitoka prononce le soron'anaka ("prière pour les enfant~'~~ Nous avons enregistré l'un de ces sorop la transcription n'en est pas encore faite)., Son fils d'abord crie pour appeler les raza* Puis le mpitoka s'adresse de même à Ranahary, à la terre, à la Tsiribihina, et aux ancêtres (matoy). 11 annonce le sacrifice du ou des boeufs (fournis par le père), puis présente l'enfant en nommant les ancêtres du foko, paternel d'abord, maternel ensuite, en remontant les gér& rations jusqu'où sa mémoire porte0 Le mpitoka de la mère se rapproche alors de lui9 mais au lieu de prendre la parole, il lui souffle les noms des ano%res-. maternels, afin que leur soit egalement présenté llenfantg ainsi est maniresté la renonciation du tariky: maternel sur les enfants : son hazomanga désormais n'a pas droit à la parole.

Le s0r.o fait, le boeuf est sacrifié, les morceaux réservés aux ancêtres cuisent à part* dans une marmite posée à l'Est, et la viande est découpée pour

(1) Récit de Beboty, auquel son père refusait sa participation pour le seront amka de son fils. les invités, par le père du nouveau-ne, Cependant, l'assistance manifeste grossi&rement son impatience, se comportant comme l'avait fait le ziva (parent à plaisanterie) durant le soro* Celui-ci déclarait au mpitoka, pendant la présentation aux : "Oh? quitte-toi de là 1 Cet hazomanga n'est pas une personne pour te répondre 8" "Nous voulons partir, personne ne va répondre à toute ta liste de noms Of1Bais alors que crest strictement son rôle d'injurier ses parents, voici que les invités déclarent, comme s'ils étaient tous des ziva : Vais vite cette cuisson, car les gens ne vont pas sginstailer ici; ils ont d'autres choses à Îairel lt 3% la marmite est retirée du feu, alors même que la viande n'est pas encore cuite. "Partagea-la vite car si les gens attendent, ce n'est pas cette viande, mais la fin de cette cérémonie!"

La part des B pSpar&e, celle des matoy offerte, c*est-à-dire jetée dans le coin Est, et les morceaux des invités dépiécés, on se regroupe autour du hazomanga9 selon la même disposition.Wriaz, car il se peut que des ancêtres occupés quelque part n'assistent pas à votre soroo Criez encore, parce que tout est près" demande l*assistance. Le fils du mpitqka crie, celui-ci recommence le soro (l)* bénit vers les huitbranches de la rose des vents, avec quelques poils de la queue du boeuf, - qu'il déposera au sommet du m et lance au ciel, dans ces huit directions, la viande des ancêtres. L'eau est à rejeter au milieu de la oase du maka, et le reste de la viande réservéo . - aux ancêtres sera distribuée aux deux familles, %ar seuls les enfants osent mmger ce que rejettent les p~arentsr*. Les invités sont alors servie, en commençant par les hommes. Ce qui reste dans la marmite, la crosse (vototratran~) et une partie de la bosse, est réservée pour le , ccw “lf~s du bras est dur, le mpitoka est fort, et c'est "le fort qui mrwge le dur; car il est "le detenteur du hazomanga, et cfest pourquoi un enfant ne détient pas le "hazoma,ngaf'. Des autres pZarties l'dureslVp la culotte (lambinx) est donnée aux beaux-parents, dont la partie où SC rattache la queue (le sitrohiny), a leur mpitoka. On leur donnerait bien le poitrail (tratrany), la partie ltdurecl par excellence, mais le ziva est déjà venu le chiper; En signe d'irrcspoct pour les incapables de rnnngor un tel morceau9 il se l'est approprié d'office.

(1) Gis le ziva lui p a déjàcrmmxc~< à @.ller et manger sa viande* Avant la cérémonie, l'enfant appartenait au ligncage maternel, Après la cérémoniep .19enfant appartient au lignage paternel, Tant que le soron*anaka n'a pas eu lieu, 19enf;tnt ne procède que de sa mère, et des r35a de sa mère : seul le lignage maternel a sur lui des droits0 Avec 19accomplissement du soron9anaka, il ne procède que de son père, et des raza de son père : seul le lignage paternel a sur lui des droits.

Si nous voulons représenter mathématiquement ces faits, comme nous le suggère Leach (1) :

"Descendance paternel = '*qq9, descendance maternelle = "p9'. "Le rapport 9tp/q est une fonction mathématique qui varie avec p et q, (**a) Je prendrai "ces expressions comme des variables topologiques plutôt que comme des quan- Vi-tés mesurables.

Wi nous nommons 5 cette fonction, il est clair que z a un nombre "infini de valeur entre 0 et l'infini, Le cas trobriandais représente évidemment Qn extrême :

I* q = 0; p = 1; 5 = l'infini "1 9>3:*&0 ctgpo& ssr:iit : "P 3 0; q - 1; z 3 09’* nous voyons que la cérémonie du soronianakza'est le passage du premier extrême au second.

Et de même que les Lakher, donnés par Leaoh comme exemple du second cas extrême, les Sakalava ~ladmettent et pratiquent fréquemment le divorce, "Ils oonsidèrent cependant que 19enfan-t d'un homme marié comme il convient l'nfappa.rtient qu'à lui, et que l*ép,ouse divorcée n9a pas le moindre droit "sur 1Qenfantt9 (2). Nais le cas sakalava est différent en. oeoi que la descen- dance biologique est reconnue, Et lorsque Leach poursuit : rrPa.r conséquent,

(1) E. Leach. Critique de lfanthropologie. P.U.F. coll. Y3UP1t. Paris 1.968 P* 29 (2) id. pa 32 "on ne reconnait pas de lien entre le fils et la fille d'une femme s'ils sont %Gs~ de deux pères différents. Ils peuvent donc se marier sans restrictionrr, le Ilpar conséquent11 est abusif* Car il nous faut distinguer ici la dcsconr&ncc que'nous définirons comme le fruit de l'union de la mère et "dkn homme", de la filiation, que nous définirons comme le droit socialement accordé sur cette descendance, sans préjuger de celui à qui ce droit sera acoordé,

Or, si l'on rétablit cette distinction, il nous faut compléter ainsi ce que nous disions : Tant que le soron'ahaka n'a pas eu lieu, l'enfant ne descend et ne dépend que de sa mèrep et des de sa mère : seul le l'ignage maternel a sur lui des droits0 (Ek de fait, le soron'anaka étant la reconnais- sance de l*nnfant par le père (supposé ou réel), awaht la cérémonie, le père n'existe pas* Descendance et filiation correspondent, La filiation est "natu- reliel*), Avec l*aocomplissement du soron'anaka, l'enfant descend de sa mére et des raza de sa mère, ainsi qûe de son père, et des raza de son père, Mais~ il ne dépend que de son père et des de soh père : seul le lignwe paterrie a sur lui des droits.

Si nous reprehons les équations, en conservant les minusoules pour descendance, et en symbolisant la filiation par des majuscules, nous avons, avant le soro : q=Q=O plcP=l i d 2 t l'infini. descendance a filiation tfnaturellell. que ,le soro transforme : Q= 1 P=O 2 = 0

descendance 4 fil3,ation l%ocialelt (-ment accordée)

*.. 72

La descendance est complc%ee; mais non la filiation, qui est strictement renversée, ,321 passant de la filiation '~naturelle'l, k la fikxtion "sociale", on nie la précédente, on transgresse llordre %aturelS1 des choses0 D*oû la nécessité de transgresser également lSordre social des choses; et c*est ce qui explique le comportement "ziva'l de liassemblée , qui renverse les comportements attendus (Folitesse, respect k impolitesse, irrespect); mais nui.: manifeste ce renversement par l'im-atience, car c'est un jeu dangereux, au plus tôt il faut que "tout rentre dans ïfordre" t qui est ltordre patrilignager.

E. Le fanan~an.a.ntaneka

D&ormais, l~allianoe est conclue, les droits sur les enfants reconnus. Nous avons vu que l*importancs attachée à oes diverses cérémonies tenait à l'importanoe de l'homme comme force de travail, dana une économie où le faible niveau technologique fait de lui le principal facteur de production, Si la démographie, comme l'eznaco OU le temps, appartient au monde des forces que l'homme contrEle peu, les biens ainsi 9xt urellementE1 produits, à savoir les hommes, sont l'objet, eux, d'une répartition strictement contrôlée. Les moda- lités de cette Spartition sont l'affaire, à l'inthrieur de certaines règles, des lignages concernés, mais c'est lQensemble du groupe social qui est int& ressé par le produit final : l'homme comme force de travail, l'homme en 6ge de travailler.

La cérémonie la plus grande, la plus longue, sera celle qui regroupera non plus les familles, mais la communauté toute entike; celle qui fêtera ces enfants comme homme et comme travailleur, vers l'âge de 7# 8 .ans; celle où la famille maternelle rejouera l'alliance, afin que nul n'ignore, mais où la famille paternelle offrira symboliquement ses fils à la communwté; où la communauté enfin se fêtera elle--même dans sa for0e.e-t son union : ce sera 10 fananffanan'aw,ka9 fête de la circoncision (littéralement : "enfants mis debout").

A cette occasion sera %is debout" un nouvel hazomangap - fananganan~ hazoman~. 73

Avant la fête, le "degré zéro I* de la sexualité, pour les garçons, se manifestait au niveau du langage : parlant d'une fillette, on peu-t gwéoiser m .(l)# mais ce n'est qu'après la circoncisfon que l'expression zazalah2 (1) pourra &re employée; et au niveau de leur situation dans la division sexuelle de la vie q-uotidienne : ils peuvent aider au travail de leurs frèresp ou de leurs soeurs, mais n'étant ni homme ni femme, leur emplacement dans les cére- monies se trouve rejeté du côté de ces dernières. Après la fête, leur qualité d'homme est reoonnue, aussi bien dans son caractère sexuel, désocmais affirmé; (opposition masculin-féminin), que dans son caraotère achevé, la posii5on "debout"' &a& celle du travailleur (opposition adulte-infe&6ile), Pour res- pecter cette polysémie, nous powrions traduire fanaganan'aneka , et le hazo- w nouvellement dressé nous y invite -9 par YLQ&c-tiondes fil&'. L*enfa& circoncis devient mahavalika anak'ombx - Ilqui peut renverser un petit veau" -, acte viril, et acte de travail.

La oérémonie s*organise plusieurs semaines ~5 l'avace, afin que tous les enfants du même lignage, en %ge d'être circoncis8 le soient le même jour, et que tous les invités puissent s'y préparero Les pères des familles inté- ressés se réunissent chez leur mpitoka, pour préparer la fête, et, si le mpito&t connalt 1e sikidx ( d&~in~tion )$ pour fixer le bon jour. Sinon, ils vont wnsult er l'ombiasx (devin).

La veille de la fête, vers la fin de l*après midi, le mpitoke se rend seul au pied du hazomanga, pour tsoka-motro "allumer le feu", o*cst&.-dire pour prévenir les raza et les convier, tous à venir assister le lendemain 2, * la oér6monie, Déj&Z"soir-Là, les jeunes des villages environnants sont pr&ents, et, tandis que les femmes chantent, les jeunes font du moringa (sorte de combat de boxe, 0% ceux qui se défient le font au nom de leur village, entrant dans une compétition qui opposent Ies villages entre eux}. vers minuit,

,..

ï (1) Il n'y a pas de genre en malgache; si nécessaire, les mots suffixes m et a indiquent la f6::inité'ou lu .nasculinit&. les familles organisatrices distribuent du aux assistantsp et les jeux continuent Jusqu'à l'aube. Dès le chant du coq, et jusqu'au lever du soleil, les chants mara retentissent; le mara est une &ancon de circoncision qui exalte la robustesse et la virilité : "Cherches du feu sur la montagne, Ceux qui sont !forts .,," ou P *'Battez-vous, pour que nous nous battions Battez-vous Battez--vous Battez-vous, pour que nous nous battions,...Vl ou encore : TJui est le plus fort ? - Nous 1 Qui est le plus fort ? - Nous ! Puis, les kidabolahx (jeunes gargons déjà circoncis) partent pour le mitrango, aooompagné par un olobe du lignage .ooncerné. Iitrango, signifiant littéralement **collecter des feuilles d!arbre", est pris ici au propre comme au figuré 2 5.1 s'agit de reoeuill.ir des feuilles (qui9 déposées à l'Est du hazomar@a, serviront à éloigner toute tentative de sorcellerie), mais également de convier tous les villages voisins9 feuilles d'un mêmearbre queest la communauté tertilt oriafe.

Dans chaque village, les kidabolahx jouent et chantent, cependant que les habitants rassemblent les dons qu'ils leur offriront, %ar vous êtes nos longo, et nousvous donnons le peu que nous avons collscM1-..

Quand tous les invités sont rassemblés, $e mpitoka leur déclare : "Nous allons faire une cérémonie0 La cérémonie ne m'appartient pas, mais elle "est à vous, gens des villages; 08s enfants ne sont pas mes fils,.mais ce sont "les v6tresp je vous l'annonce, gens des villageslV. - Wui, nous avons appris '*cela, - lui répond-t-on, vraiment ce sont nos enfants; vous ne nous laissez "pas de côté, mais vous nous prenez pour vos longo, et nous en sommestrès "contentsn. 75

Après avoir refait le sikidy, l'ombiasx déclare : "il faut se recon- oilier entre vousrfo Et ceux qui étaient en litige avec le père de l'enfant s'approchent de ce dernier, extériorisant leur havoa (rancune refoulée, non manifestée) dans un discours de ce type : T$ue cela te fasse du bien; et même si je ne m'entendais pas avec ton père, je souhaite que tu ne tombes pas malade, que le couteau ne te blesse pas. Que ta plaie se cicatrise vite, et que les lézardsvcrcta (1) n'entendent le coup du couteau pendant la coupe. Que tout se passe bien, moi, j'ai avoué la rancune que j'avais en moi". ?Et ils concluent, en s'adresstit au renilahx (2) : "Ah, faites le vôtre maintenant!11 Et le renilahy, qu'il ait eu ou non des relations conflictuelles avec le père de l*cnfant, se voit contraint de faire comme si du havoa demeurait en lui, qu'il doit alors extérioriser de la même fagon, en avouant son ressentiment, en souhaitant une opération réussie pour l*enfant. Pourquoi le renilahx est-il obligé de jouer le jeu ? Le lignage paternel vient d'offrir l'enfant à la communauté0 Ce don est exprimé dans un langage d'autant plus direct et peu ambigii, que ses conséquenoes demeureront relativement symboliques; puisqu'aussi bien llappartenance de l'enfant à la comm-i;lauté "allait de soi"o il coûte peu de dire : "cet enfant n'est pas mon fils, c'est le vôtre8'. A celao la communaut6 répond d'une part en manifestant son unit6 : le don de l'enfant, à tous implique pour tous,;que toute dissention soit aboliè; et non seulement le havoa est extirpé, mais tout au long de la cérémonie, fanitsiana (littéralement : qui refroidit), le remède qui sert à refermer la plaie, à supprimer la douleur du coups, servira de même à asperger ceux que le toaka rend'batailleurs, apaisera leur querelle. D'autre part, lrenfant offert est immédiateme& redonn6. Ce contre-don s'exprime d'abord au niveau du langage,. l'assemblée feignant de comprendre que si l'enfant est sien,, c'est non qu'elle en est le père, mais qu'elle est longo de son père, Nais en plus, le souhait d'une. opération réussie manifeste ce contre-don : car souhaiter;

l *.

(1) Risque de sorcellerie (2) FGre de la mère (litt&alement :mère mâle). 77

latirilisatian, c'est renoncer à pouvoir jamais récupérer l'enfant.

Ce contre--don est d'une nature différente. S*il va de soi que l'enfant appartient à la communauté, entendue comme entité, cette communaut6 est com- posée de plusieurs lignages, et le gargon n'appartiendra à autiun d'eux t lorsque le lignage maternel accorde l*onfw~t~ bien rare9 au lignage paternel, il le fait nécessairement au détriment .des autres, et sans les consultero Ceux-ci se seront mis, sur le plan cérémonie1 au moins, cfest-&-dire sur le plan de la représentation manifeste des rapports sociaux, devant le fait accompli, qu'au moment - la circoncision - où se fait se montre irréversible : lPenfant est homme, il restera dans le lignege,

Dès lors, au père qui joue le don, don que la communauté lui a retourné, répond le jeu plus complexe du renilahy (l), De ceux à qui s'adressait le discours "cet enfant est le vôtre", lui seul aurait pu le prendre au mot : de fait, cet enfant eut pu être le sien, et il aurait pu en disposer. Mis devant sa responsabilité face aux lignages l'dépossédéslt de leurs chances, il se conduit comme si, lui-même, avait été mis devant le fait accompli, niant lTalliance conclue au soro-trolSy : Même si je ne m'entendais pas avec votre père, qu'il ne vous arrive rien, (..b)*Alors qu'il m'a traité comme un vaurien, moi je dénonce ma rancune, pour que vous vous portiez bien" déclare-t-il à l'enfant. Et; tout le déroulement de la cérémonie servira au renilahx à repro- duire devant tout le monde les étapes de l'alliance, telle qu'il l'a déj& conclue, mais dont il vient de jouer la négation. Ce souhait d'une circoncision réussie correspond ainsi au toa-baly : c'est accepter la virilisation prochaine de llenfant pour un autre père, c'est-à-dire prévoir la perte des droits du lignage.

Ceci fait, on apporte le fanitsiana à l'ombiasx, qui le fait boire aux parents de lfenfant et à leur mpitoka# coté paternel dTabord, coté wternel " ensuite, avant de lc déposer au pied du hazomanga. On a déjà PLI que le fanitsiana

.*.

(1) Cependant une cérémonie accomplie ne saurait être vraiment niée. C'est pourquoi ce n'es-t pas le mpitoka du tariky maternel qui oserait jouer ce jeu, mais la mere o auquel son statut ambivalent le lui autorise. Ou, une femme n'ayant pas droit à la parole, le renilahx, substitut de celle-ci. 77 servira à veiller à l'entente constante de la communaut6, à préserver son union, Nais l'union de ces deux lignages doit être privilegiée, eux qui su- biront dans leur corps social l'opération faite sur le corps de l'enfant : eux seuls ingurgitent le remède6 Cependant, dans le jeu du renilahx, tout se passe comme si l'enfant lui appartenait encore : il le montre en habillant celui-ci de ses propres vêtements9 et en le promenant sur ses épaules, pour qu'il puisse voir les divers jeux auxquels se livre alors l'assemblée : chansons, moringa, lutte avec les boeufs . . .

Si elle ne s'impose,pour le soronlanakao que dans le cas où le pré- . cedent serait tombé, toute circoncision implique l'erection d'un nouvel hazomangao En effet, seuls les garçons, - soppcJ~~~n que, jusque là, ils nIont pas de sexe œp resteront dans le lignago; le hadomawa dressé le sera définitivement, marque cette appartenance définitive. Les hommes se rendent donc dans la forêt, dont plusieurs membres de la famille organisatrice, accompagnés du renilahy. Celui-ci asperge d'un peu de toaka le bois qui va être coupé (bois de katrafay) en prononçant une courte prière (pour que le bois ne regrett-e pas Xa coupe, que la hache ne blesse pas ceux qui la tra- vailleront .a. ) et partage le to&a entre les hommes venus faire la coupe. S&I présidant lui-même à la confection d'un hazomanga qui ne sera pas le sien, le renilahx passe à l'étape suivante de l’alliance reproduite : comme au soro-trob, il renonce clairement à ses droits9 il. accorde l'enfant à cet autre hazomanga : le père donne le premier coup de.hache.

Le bois coupé, on retourne au village en chantant, et tandis que ltenfant est à nou,veau promené de groupe en groupe, le nouvel haeomanga est taillé en pointe, puis entouré d'une étoffe. Lorsque tout est prk, le spro peut commencer. Les enfants se tiennent à l*Est de la case du mpitoka, les femmes au Nord et les hommes au Sud. Bntre les enfants et le hazomanga sont placés les boeufs à immoler, qui sont fournis par le père, sauf un, le lafika ("le àessousll); le lafika étant le boeuf qu'offre le lignage maternel "pour accompagner celui du père" : il n'est pas pris en compte par le soro( ,mais il sera tut? avant celui (ou ceux) du père, pour lui (leur) servir de litière, Le mpitoka commence le soro en invoquant le nom de ses ancêtres, pu,is celui des

l . . ancêtres maternels, que lui soufflerle renilahy; enfin, il les prie de recon- naître et de prendre soin de l'enfant. Le sor,o fait, les boeufs immolés, le m maintient llenfant, et le circonciseur fait la coupe+

Ainsi culmine le jeu du renilahy, s'achève' la reproduction de l'alliance o comme pour le soronranaka, la cérémoni e ne lui appartient plus, mais il parti- cipe de lui-même à sa consécration, t&moigna&t de la réalité nouvelle : l'enfant maintenant est homme, et ne lui appartient pas. C'est dans la case de son père que le garçon est alors emmené, et le nouvel hazomanga, enduit de son sang, est redressé. La famille organisatrice distribue toaka et viande aux assistants.

Cette distribution se fait par villages, et non p,ar lignages : oe n'est plus une alliance que l'on f$te, mais l'entrée d'un homme dans la communauté unie. Les jeux continuent donc, tant qu'il y aura à boire et à manger : quand la famille ne peut plus y pourvoir, on tue les boeufs et on ouvre les dame- jeannes qu'ont offertsles longo. La fête peut s'étendre sur une semaine ..L

Il est à noter que l'adoption d'enfant, qui nécessite bien entendu un soro devant le hazomanga maternel, puis un soro devant le hazomanga paternel, - les boeufs étant payés à chaque fois par le "père", porte le même nom : fanan~anan'an&r

F. Le hazomanga, et la réalité communautaire

Ces cérémonies (1) manifestent toutes, - mais nous parlerons plus loin des cérémonies royales -* un ordre social qui est fondamentalement basé sur la communauté. L'individu n'y dispose jamais d'un choix de strategies possibles, dont il puisse se servir dans un jeu personnel. La politique, qui ne se situe que dans les choix de conflits ou. d'alliances, et ce, qu7au niveau des groupes

(1) L'enterrement, nous semble-t-il, ainsi que le bilo (guérison par possession), relève secondairement de la représentation deszports sociaux que sont ces autres cérémonies, et principalement d'un autre ordre de fait : la place de l'homme, ou plutôt de l'humain, dans la Hature, dans ce monde dont on ne comprend ni ne contrôle le jeu. C'est pourquoi nous avons pensé que ce n'était pas ici le lieu de les traiter,, entre eux9 est aussi réduit que possible, C'est ce que manifeste le rSle du hazomanga. Représentant la fonction de chef de lignage, il est détenu, dans la génération ainée , pw' l'ainé de la branche ainée. C'est-&-dire (cfo croquis ci-joint) que si *'lit est mpito,ka, fondateur du lignage, à sa mort, le hazpmenga passera à son fils ainé, puis au second etc. Son dernier fils décédé, il re- viendra au fils ainé do son fils ainé, puis successivement aux frères de celui-ci, avant de passer au fils ainé de son fils second e-te ..* Nous avons vu le rôle du mpitoka dans les principales cérémonies organisant les rapports des groupes entre eux (1) \ il y est maître des décisions qui affecte le sien, il est le garant des intérêts de sa communautéo Ce rôle témoigne du pouvoir qui lui est conféré. l&is ce pouvoir est limité, - et c'est ce qui lui interdit d'en abuser à des fins personnelles -, par le phenomène de'la segmentation du lignage. La faible division du travail implique une bconomic extensive, et le contrôle des hommes ne peut se faire, à cause même de cette faible division du travail, que sur un certain espace, limité. Dès lors que l'espace qu'il contrôle ne lui suffit plus pour nourrir tous les membres de son tariky, et qu'il ne peut dis- poser d'un corps de répression qui lui permettrait de contrôler un espace plus grand, il ne lui est pas possible d'empêcher le dépa-rt de certains hors du lignage. La segmentation se produit alors, généralement lorsque le hazomawa change de générations, Ainsi sur notre exemple, quand 11101'devient mpitokap le fils ainé de "3" (lrlrrr) quitte avec les siens le territoire du tariky, et dresse ailleurs un nouvel hazomanga,

lWs ce que les contraintes demographiques imposent, la contestation de son pouvoir peut également l'imposer, Ce que le mpitoka n.e pourra empêcher ' plus tard, il ne peut pas davantage l'emp&hcr plus tôt, Ainsi est-il contraint de respecter son rôle, la sauvegarde de la comrrunauté dans sa force optimum.

.D. -.-~- (1) Il s'agit des tarikx, réalité sociologique première; le-foko étant le r& sultat d'alliance entre tariky, est soumis 3, ses aléas pZZiques.

81

2) Une organisation marquee par le fait de la conquête.

Andrianmanetriarivo, fils d'A,ndriandahifotsy, poursuivant la conquête de la côte Ouest entreprise par son père dès la premiêre moitié du XVII0 siècle, soumit, début du XVIIIe, toute cette region, de la Tsiribihina jusqu'au &,nambolo. Les'Maroserana, dont il perpétuait la dynastie, et les differents clans Sakalava qui les suivaient dans la conquête, eurent a faire face à une population autochtone, qu'ils durent vaincre ou se rCallier. Il est certain que des alliances furent ainsi conclues avec les Sakoambe, les Nikea et les Vazimba. L'économie de des trois groupes, basée sur une connaissance appro- fondie du milieu, mais sur une technologie rudimentaire, se présentait plus ou moins comme une forme complémentaire de division du travail, de production, que les dchanges rééquilibraient au niveau de la consommation : les Nikea étaient les sp6cialistes de la forêt, dont ils tiraient tous les fruits que la prédation peut procurer; les Vazimba étaient essentiellement pêcheurs, et les Sakoalbe pratiquaient l'agriculture sur brûlis.

Les Naroserana possédaient, quant à eux, les techniques de llélevage, mais ua fait, en lui-même, ne leur procurait nulle supériorité; on eut pu imaginer la naissance d'une nouvelle répartition du système de production antérieur, ~~articu1an-t avec cet apport nouveau, la connaissance d'une technique complémentaire; mais sans pour autant que soit nécessairement détruit l'équi- libre social qui lui préexistait, Ce n9est donc pas avec l'élevage que les Naroserana disposaient des moyens d’assurer leur superiorité; et si, grâce au commerce avec les Arabes, oelle des armes leur était acquise, cela n'impliquait pas une plus grande maîtrise des moyens techniques de production. Pourtant, si le niveau des forces productives demeurait sensiblement le même, cela veut dire encore que l'homme en est le principal facteur. Et le contrôle des armes explique alors le contrôle des biens, par l'exploitation des groupes qu8efles pourront soumettre, par l'instauration et la reproduction de rapports sociaux liant des dominants, - ceux qui possèdent le privilège de la force -* et des dominés, - les populations soumises.

La révolution que provoqua la conquête, ce fut donc essentiellement l'imposition d'une hierarchie striote, qui exprime, et fixe, ce rapport de 82 force. La société est désormais divis6e verticalement, avec le mpanito à sa tête, monarque absolu ; les nobles, cVesf-à-dire les clans qui ont parti- cipé à la conqffête, et ceux qui. se sont ralliés (ainsi que ceux, par la suite, que le mpanito annoblira en récompense de services rendus); enfin les vohitse, les hommes libres, par opposition aux esclaves; oette dernière catégorie ne rentre d'ailleurs pas vraiment dans la hiérarchie, puisqu'elle est composée, outre des Kkkoa, d'origine africaine, de ceux que les hasards de la guerre ou des razzias ont réduits à cet état; et que, appartenant à tel ou tel, ces esclaves se situent n'importe où dans cette structure pyramidale.

Pour défendre leurs privilèges auprès du ~enjaka (i.e. mpanito), les grands clans Sakalava désignent, chacun pour eux, celui qui sera leur représentanto le masondrana (littéralement :"oeil dans la maison"). Bt puisque lllrunion fait la force", cependant qu'il faut "diviser pour régner", ces masondrano, - l'aîné détenant le hazomangap seront choisis parmi les cadets : ainsi sera réduite la tentation, toujours présente chez ceux-ci, de segmenter le lignage. Couverts par leur représentant, du coté du seul pouvoir qui les domir.-., les clans nobles disposent, à l'intérieur du territoire que la aanito leur a alloué, le faritany de plusieurs privilèges, assurant la perrenité de leur domination.

A. Le détournement des règles

Outre celui des armes, qui leur permet l'exploitation directe - sous forme de redevances et de corvées -, des vohitse qui résident sur leur faritany (faritanx d'autant plus important que le nombre des armes sera à même d'apporter loin sa loi), ils ont celui, - et les règles de lVorgkisatio$os;oi le telles B que nous les avons déjà décrites? valables pour tous mais dont t se contentent les vohits,e, en montrent l'importance -9 de pouvoir voler les femmes. Ainsi est assurée la reproduction et l'élargissement dù groupe, au dépens de l'équi- libre qu'impliquait l'échange. Le même privilège peut d'ailleurs être utilisé

.0. de fagon moins brutale, si att&uG. Nous avons vu que les enfants de frère et soeur ne peuvents'unir entre eux, afin que deux clans ne se privilégient pas mutuellement au détriment des autres. Aussi le valiamilitsa est-il interdit aux enfants nes d'un valiamilitsa. Mais un membre du clan Tsitompa, l'un des plus puissants clans Sakalava, que nous [email protected] sur le valiami- litsa, nous répondit : "Par exemple, j'ai un enfant avec une autre épouse "que la soeur de mon beau-frere; lui, de même, a eu un enfant avec une autre *lépouse que ma soeur. Là, ces deux enfants peuvent se marier entre euxo et l',o'Ost encore un v&iamilitsa chez nou#. Cette façon de de-tourner l'esprit de l'interdit, en en respectant la lettre, implique, on le voit, la polygamie, renvoya; donc pratiquement à la position privilégiée des clans nobles.

Quant au mpanito (mpanito : littéralement 8toz.l.ui qui coupel' s.-e0 les têtes, référence à son rôle de justicier en derniere instance, et à son droit absolu de vie et de mort sur tous ses sujets), personnage sacré, différent par nature du commun des mortels, il ne saurait obéir aux mêmes regles. Aussi pratique-t-il le valia longo, le mariage parmi les proches, c'est-à-dire oewr-là même qui forment les interdits : union des enfants de deux freres, union des enfants de frère et soeur* Gis non l'union des enfants de deu soeursp qui.équivaudrait à donner - sans recevoir - deux femmes au même clan : le mpanito prend des femmes, garde autant que faire se peut les siennesY mais évite de concentrer sur un seul tariky celles qu'il échange.

De toute façon, il prend, il ne demande paso Pour le mpanito, il n'y a ni toa-balg, ni soro-trolq, Lorsque l'enfant est né, les parents de la femme sont simplement averti que le soron*anaka va avoir lieu. Il n'y a de ~0~0 que devant le hazomanga du mpanito, De même le rôle du renilahy dis- paraît dans la circoncision royale, (qui porte d@ailleurs un autre nom : rangitr'aombilahy, "taureau aiguisé". Rappelons que Nenabe; '*le grand rouge", est le nom donné à un taureau qui terrifia l'ennemi, permettant la conq&e du royaume). Et c'est tout le Henabe qui est convié, et qui fournit les boeufs. Le &afika. n'est plus le boeuf offert par le renilahy, mais ce sont les enfants du clan Sakoambe, circoncis en même temps que les enfants du mpanito : au cas où ceux-ci mourraient, ceux-là seront tués, pow leur servir de litière (lama).

. . . 84

23. L'organisation des raEjports sociaux en fonction du mpanito.

Avec la conquête, la region n'est plus ti espace 05 divers groupes de parenté coexistent et échangent : c'est le lenabe, e-tendue d'un royaume tenu par le mpanito. Les individus qui n'existaient que comme membre de leur communauté, prennent une existence personnelle; comme sujets du royaume, Ainsi est-ce le mpanito qui décide de récompenser tel ou tel, pour tel ou tel service qu'il lui aura rendu. Il lui donnera alors un nom de clan, une marque spécifique d'oreille pour ses boeufs, et une fonction précise dans le service du roi; celle-ci serap comme la marque d'oreille et l'appartenance claniquo, héreditaire. Il peut aussi punir, par la mort 9 la confiscation des boeufs, ou par la réduction en esclavage, et la confiscation des femmes.

Ces razan*olo (clan spécialisé dans telle charge royale) auront, pour les plus puissants, une fonction permaente auprès du mpanito; tels les Andrivolo et les Ambalava* u du mpanito, qui fournissent boeufs et toeka pour toutes les cérémonies (à l'exception du soron'anaka, seul cas OU les boeufs tués appartiendront au mpanito lui-même); tels encore les Antanavo, qui sont ragnitrin'ny mpanito, ami confident de l'ampanito, qui ne le quittent jamais au cours des cérémonies9 et doivent être malades, si celui-ci est malade etc .,,. Yais pour la plupart, il ne s'agit que d'un rôle à tenir lors du 1ohavon.y (nettoyage du tombeau royal, confié principalement au clan Zaaamaintu, sous la surveillance du mpiambx, esclave gardien du tombeau, le c1a.u Andrakaria étant chargé de la confeot ion du toa,ka eto ..e), OU du fitampoha.

Le fitampoha est la fête royale par excellence, celle où est réaffirmé le caractère sacré du mpanito , par le culte rendu aux a {reliques des anciens rois), que l'on baigne dans la l'siribihina, et au cours duquel tout le Menabe vient faire acte d'allégeance au souverain régnant. Là, chaqueclan dispose d'une place précise dans le déroulement de la cérémonie, laquelle ma- nifeste ainsi la hiérarchie socio-politique du royaume (1). Les Andrabalahy

(1) Cette place dans la hiérarchie est également symbolisée sur les tombeaux, par les volihets.y, poteaux funéraires dont la forme indique quelle était la position du mort* 85 et les Sakoambe ,y sont les mpibabg (porteurs des reliques; les règles de dévolution de cette charge sont les mcmes que pour la détention du hazomanga); les Naromoze tiennent la queue du boeuf à immoler; les Betanimena sloocupent. de griller la viande eto . . .

Le culte des anc&res royaux qui marque lors du fitampoha l'apparto- nance de tous au même ensemble politique, ne disparaît pas avec la cérémonie. Il vient de combiner avec le culte de ses propres ancêtres : la sujétion au mpanito est déf initive et quotidienne. Ainsi les différents soro que nous avons décrits ne r6fèrent pas seulement aux raza comme nous l'avions laissé entendre, mais commencent par l'invocation de Ranahary, de Ndremisara, Ndramandresy, Baratavoko (fondateur du Nenabe, - dans son acceptation la plus large -p fils et petit fils qui lui ont succédé), de la Tsiribihina et de la terre Nenabe, guis des matog et enfin de ses propres raza* Laplace des ,ancêtres royaux, entre Ranahary et la Tsiribihina, montre leur nature diffé- rente, "divine". Car comme l'explique une interview menée à propos du soron( anaka, si l'on invoque en dernier les anc^etres, c'est que 911*enfantp en gran- "dissant, reconnaît les an&tres. Quand on grandit, on fait plus attention, "tandis que l'enfant non, il ne sait même pas appeler son père"; si on invoque avant la terre, c'est que "ce n'est qu'après un certain temps qu'il "touche la terre"; et si'l'on a invoqué d'abord l'eau, c'est que "lVenfantp "dès sa mise .au monde, reçoit de l'eau, car il a la voix sèohe". Il est clair que l'ordre des invocations nyest pas neutre : d+s l'instant où .il est né (Ranahary), lt enfant est d'abord sujet du royaume, (les fondateurs, co-respon- sables avec Ranahary de sa venue au monde), avant même de commencer à y (Nenabe), a en vivre (la terre et l'eau). Son appartenance lignagere est seconde, déterminée par ces donnees politiques, L'indépendscnce a pu faire oublier le sons de oet ordre d'exposition, - l'interview cité ne mentionne pas les fondateurs, mais ce qu'il dit du Kenabe le rend assez explicite t "Si t(par exemple des Antandroyo des Betsileo, des Anosy installés dans le pays, "font un soro pour la circoncision, ils sont obligés dlinvoquer cette terre V2enabeF et aucune autre, car le l‘enabe est la point de rencontre de la terre "et de lleauV1+ Nous croyons plutôt que s'ils sont obligés de l'invoquer9 c'est que, vivant sur ce feritanx, ils dépendent de son mpanito, D'après Monsieur J. LCKBARD, l'appartenance politique était encore marquée par le port d'un tatouage pour tous les sujets' seule la .famille royale en Q-tant exemptée (l), Nous n'avons pu vérifier ce point' mais peut-être faut-il y voir l'explication de la marque blanche que le mpitoka met au front de l'enfant, lors du soron'anakaO

C, Les luttes politiques

Les rapports de dominants à domines qui se sont instaurés à la suite de la conqGte, donnèrent au sol une importance accrue* Les arrivants s'arro- gërent le -titre de Tompon't~~i~ ("maître de la terre") par opposition aux zanatan,y (les autochtones : "enfants do la terre"). Or, en important les tech- niques de l'élevage, c'est-&-dire la possibilité d'étendre son troupeau' et donc son pâturage, ils donnaient à la notion d'espace contrôlé' une précision que renforgait encore la main-mise sur les villages qui en dépendaient.

Si le mpanito est maître du sol, il s'agit là d'une fonction plus politique qu'économique. Les prestations en nature ou en travail existent, mais leur importance n'est pas considérable. Car, avec l'aoh5vemen-t de la conquête, la discipline milit.Gre qui s'imposait parmi les Sakalava, n'a plus de raison d'être, Sans oser contester le pouvoir du sanito, les chefs des clans les plus puissants constituèrent leur fahi-kra (parc à boeufs) en petit faritany plus ou moins indépendants. C'est par l'intermédiaire de ces "mpe.n.iaka" locaux' qui contrôlaient leur propre domaine ' que les prestations arrivaient au mpan;je.kabe, "le grand roi"' l'ampanito, Mais leur allégeance ainsi marquée, ils Qtaient maîtres chez eux, et libres d'y pratiquer leur propre politique, Celle-ci consistait à B-tendre le domaine du fahitra, c'est-a-dire à voler les femmes et les boeufs; voire à voler les hommes' pour en faire leurs esclaves au cours de razzias plus importantes. J!ais ces razzias crjaient un climat d'in- sécurité telle, que l'importance du fahitra, d'abord recherchée en extension,

. . .

(1) J, LOl!Jl3&RD.Rapport d'activité 1969. Centre O.R,S.T,OA. de Tananarive 50 Ronéo6 p* 21, pour des raisons de prestige, devient nécessaire, mais en force, ,pour des raisons de sécurité. Le nombre des hommes contrôlé limite l'ampleur de l'espace contrôlé,

Ce cercle vicieux mul;tiplie les risques de segmentation des lignages. Car l'équili'rrre entre l'augmentation prestigieuse du fahitrao et son repli prudent, n'est pas forcément jugé de la même faqon par le mpitoka, ou par le cadet. l3t tout càdet en désaccord avec son chef de fehitra pouvait convaincre quelques vohitse, et partir fonder un nouveau parc, en reprenant sur le troupeau ses propres bêtes, ou plus .O. On a déja vu que les lignages nobles tentaient de résoudre ce problème en nommant un cadet pour être leur masoandro. Un autre frein à la segmentation est constitué par les règles qui régissent les biens lova, et les biens fila* Cette distinction recouvre celle qui sépare le tarik;y, du longo, au sens restreint. Les biens lova sont les biens lignagers : possession collective, ils sont inalianableso Les biens fila sont les biens personnels, ceux que l'individu ou sa famille (longo) ont pu acquérir ou hériter en propre. Xn quittant le faritany de son mpitoka, le cadet emporte ses biens fila, mais renonce à l'usu-fruit des biens lova de son tariky.

Pour le vohitse, de toutes faqons, que l'on soit dans une période où les clans nobles se regroupent autour du mpanito, pour pouvoir répondre aux attaques extérieures, ou qupen paix avec ltetiérieur, on soit en période de luttes intestines, avec les risques de razzias que cela implique sur le faritang dont il dépend, sa sécurité personnelle n'est jamais assurée. Il dépend corps et biens de la force d'un mpanjaka. Si les terres de parcours lui sont couvertes, puisqutollos sont de fait, laissées à llusu-fruit public, en fait, l'appartenance au sol compte bien moins pour lui, que l'appartenance à tel ou tel Nasondrano. 88

13, Une formation sociale inachevée

Rappelons que nous ne nous sommes pas donnés pouz* Gche lC‘analyse de la constitution du royaume Nenctbe et le passage' induit dwun mode de pro- duction ,2n'cérieur au mode de production caract&risant lPépoque NaroseranaO Tout ce que nous voulions ici, c'est expliciter rapidement les formes de l'organi- sation sociale, telles que, sctucllement, nous les rencontrons dans la région, Ainsi évitons-nous de parler d'un stade antérieur à la conquête, pour nous contenter de marquer ce qui résulteo de toute évidence, de la nouvelle organi- sation sociale, hiérarchisée selon la loi des nouveaux occupants~ Cependant, il nous semble important de poser l'hypothêse que le haeomanga préexistait au royaume, et correspondait à une société segmentsire, patrilignagère et patrilocale. Au hazom.anga, semble-t-il, était attribué non seulement la fonction de chef religieux, mais aussi le pouvoir économique et politique, que cette fonction justifiait. On a vu qu'il ne pouvait pas pour aut‘ant en disposer à sa guise, L'hypothèse corollaire est que la conquête, pnr les luttes internes qu'une fois achevée, elle a laissé se développer au sein du royaume,, a oonzidérablement riduit ce r6le du hazomanaa.

En effet, appartenance lignagère et groupe de résidence cessèrent de carrélor absolument, du fait de la nécéssité pour les vohitse d'entretenir des relations de clientèle avec un chef de fahitra. Dès lors, si pour les clans nobles, la volont de puissance pouvait préserver l'unit6 du lignage, pour les vohitse au contraire, l'affaiblissement du hazom,w et les aléas politiquesmultipliaient les segmentations de tarikyo Mais ce que le vohitse recherche, c'est non pas une moindre exploitation, mais simplement la sécurité, condition nécessaire à sa propre reproduction. S'il accepte de donner une par-t de surplus à son mpanito, c'est coMme prix des services que celui-ci lui rendra : sa défense* Il s'agit donc d'une contre-partie, qui reservira indi- rectement à la communauté. Si exploitation il y aO c'est dans la mesure où cette contre-partie dépasse les besoins du service qutimplique la fonction de protecteur* Ceci dit, la communauté villageoise ainsi rcgroup6e - regroupant plusieurs tariky . et protégée9 vit pour et p-2 elle-même. L'assise du pouvoir ne repose pas sur l'exploitation de ces communautés. La faible densité de

l .* population, alliée au faible niveau de développement des forces productives, excluait d'ailleurs la possibilité de mettre en place une politique de grands travaux9 hydroliques en particulier, dont le surproàuit qu'ils atiaient permi de dégager,' aurait servi à la conservation et la reproduction de la classe dominante, De fait., le faible surplus prélevé ne servait jamais à faire vivse le suze&& mais simplement à légitimer son pouvoir, en dép;ense cérémonielle , (fêtes, résidence, tombeaux).

Car du côté des dirigeants, le jeu était loin d'être conclu. La lutte pour le pouvoir était encore ouverte, quand les armées françaises figèrent la société à un moment donné de son évolution, moment qui ne pouvait être que provisoire. Selon une démarche analogue à celle que Vancina a menée à propos dg Burundi (7j9 on,pourrait montrer que la colonisation a masqué les solutions Imposees qui se seraient/tôt ou tard : soit un démembrement accentué du royaume en petits fiefs indépendant (l'histoire d*Inguerezza, et le nombre de petits chefs indépendants qu'eurent à combattre les forces fr,angaises : Ozoe, Tsiketrake, Vazoho @,. viennent à l'appui de cette th&se), soit un renforcement d'un pouvoir royal de plus en plus autocratique, grâce au monopole dGjà acquis du commerce, et donc des armes à feua

Jusqu'alors9 aucun pouvoir n'était assez fort pour $mposer une domi- nation éoonomique, - sous forme d*une extorsion importante du surproduit -, sur cette population disséminée. La domination était presqu'exclusivement politique, au sens le plus restreint du terme, o*est-&-dire l'utilisztion àes hommes dans une lutte pour un pouvoir non encore définitivement acquis, dont on ne peut encore profiter (2). Il est vrai que l'l*Etat est propriétaire du "sol en tant que personnification de toutes les communautés, et (que) l'exploi- %ation des paysans est collective. .(Que) la dépendance de l'individu par rapport

0) Vancinao Notes sue l*histoire du Burundi, in Requatoria no 7, 24ème année Ay61. G9 Le mpanito et sa famille n'ont pas de mpitoka propre à leur raz'a : c'est un razan*olo - seul habilité à les connaître wo. qui remplit cette fonction pour l~accomplisseme~~t des soroo De sorte que les membres de la famille royale sont très diminués daeur lutte pour la succession, car ne con- naissant pas leurs propres ancêtres, ils doivent passer par lgintermédiaire d'une caste inferieure pour fonder leur prétention,, 1% un fonctionnaire de l'E%at est indirecte et passe par l'intermédiaire de I *'la dépendance de sa commwauté d'origine par Rapport à l*%at que représente %e fonctionnaire"; (7) il est également vrai que tll'exploitation prend donc "la forme de la domination non pas d'un individu sur un autre, mais d'un indi- Tridu personnifiant une fonction, sur une communauté" (2). Hais la natu& de cette exploitation, à savoir sa faiblesse, le fait que ce n'est pas là qu'il faut rechercher l'assise et la dynamique du Pouvoir, ne semble pas permettre, - comme le fait X, GODELIER à propos des Sakalava (3)., de parler ici de mode de production asiatique. Ckar les clans dominants n'intervenaient pas directement sur les conditions de la production, ce qu'impliquerait la définition classique du mode de production asiatique, Peut-être pourrait-on mieux dire, - si la deuxième ouverture (le renforcement du Pouvoir royal,) s'était développée -, que l*on slorientait vers ce que C. Coquery-Vidrovitch propose de nommer un mode de production africain (4)s dans la mesure où "la spécificité du mode de Hpaoduotion africain reposerait (,,.) dans'lai combinaison d'une économie commu- mautairc patriarcale et de l'emprise exclusive d'un groupe sur les échanges lrà longues dist,anoes" (5). Or, le rôle du commerce dans le pouvoir du mpanito était déjà indéniable, et quant aux communautés villageoises, une fois pro- tégées, elles vivaient de fait hors des luttes politiques.

flous n'avons pas à développer ici cette discussion, qui relève de l'étude de la constitution du royaume, et demanderait dos éléments historiques permettant d'analyser le passage d'un mode de production à un autre. Nous ne présentons nos conclusions que comme des hypothèses dc travail, &is nous esperons qu'elles seront vdrifiées, et qu'elles paraîtront d'ores et déjà plausibles, car elles permettent de comprendre, en mettant l'accent sur la faible interférence de la superstructure de domination politique sur le système de production des communautés vilkageoises, comment fut rondu possible le refus

(1) N. GODELIER. Préface à "Sur le mode de production ou asiatique" C.E,R.H. Rd. Sociale Paris 1969. p. 71 2) Ii. GODIl.ZLIER,OP. ci-t. pS 63 3) Id. GODELIE% op. cit, pr. 87 4) C. COQUERY-VIDROVITCH. Recherchas sur un mode de production africain. In La Pensée no 144; Avril 1969. pp. 61-78. (5) C. COQUERY-VIDROVITCH. op. ci-t;. p* 73 qu'opposérent ces dernieres aux tontatives coloniales puis gouvernementales de les intQgrer dans le système de l'économie marchande.

II. Lkimpact immédiat de la colonisation

Une conquête lljusqu*au boutiste" qui se fut continuée par le seul moyen des armes9 aurait eu à vaincre une population révoltée, et regroupee autour de ses chefs. C'est ce qui se produisît tout d'abord, et le risque que l'écrasement des dirigeants n'implique l'ecrasement de tous, heureusement aperçu, fut réel.

En choisissant la voie du Protectorat, les autorités françaises obtinrent une pacification rapide, qui permit, d‘ans un premier temps, de laisser intacte toute l'organisation sociale et socio-politique du royaume.

Nais si leur statut fut préservé, avec la pacification, c8es-t-à-dire la sécurité assuroe dans tout le pays, la fonction des chefs ne trouvait plus do raison d'êtreo LPorganisation sooio-politique était vidée de son sens@ La part du surproduit .que les dominés avaient été contraints de leur fournir, apparaissait désormais comme exploitation pure' et simple, puisque sa fonction idéologique n'était plus justifiée par rien dans la nouvelle réalit sociale+

Dès lors, dans la mesure oh elles ne sont pas pergues comme totalement liées à l'ancienne domination maroserana ( - et c'était le cas pour la pluptit, les cérémonies directement politiques n 'affectant que rarement le village -), les formes non politiques de l*organisa.tion sociale demeurent. Elles ne se modifieront que lentement, sous l'action des trcansformations Economiques qui vont affecter la région, Kaiscelleaqui constituaient le fondement idéologique du royaume, par contre, ne sont maintenues que par les clans nobles et ceux0 . en particulier certaines catégories d'esolaves au statut Précis$ tels les mpiamby, - qui y trouvaient encore leur seule raison dPEtre, Durant toute une première periode, ils les fêterent avec éxacerbation : multiplication des cérémonies, sacrifices dtun nombre jamais atteint de boeufs, ampleur des phéno- mènes de tromba (le tromba est un possédé, par la bouche duquel parle un roi 92 défunt, donnant des ordres dont ltcxécution perme de rejouor la soumission ceP ul-caj au pouvoir du mpanito;.cgest&-dire de réaffirmer/ et donc les privilèges que l'on détenait de lui) (1).

Car la libération des esclaves avait l$ché ceux-ci dans un système de production où ils ne trouvaient pas de place* Etayant pas accès aux boeufs, fondement de la richesse dans tout le systeme économique maroserana, ils furent donc les premiers qui, - soit se consacrerent exclusivement à l'agri- culture permanente, développant la culture du riz qui n'avait jamais 6té qu'embryonnaire, = soit se salarièrent sur les plantations européennes, (Parallèlement, ce furent les premiers c~hristi~annisés)o Ayant ainsi accCs à des revenus monétaires, ils opposaient à lléconomie pastorale une autre logique, renvoyant celle-la à un rôle de plus en plus idéologique, Et c'est sur ce terrain inégal que les clans nobles acceptèrent tout d'abord de se battre. (On rencontre ainsi à Eorondava des chefs sakalava, métayers sur leurs propres terres, a,ujourd'hui propriété de leurs anciens csclaves)o L'éxacerbation cc%&- monielle que développèrent les nobles s'explique alors par le besoin que ressentaient ces ancien s dominants de triompher dans les seuls rapports sociaux dont ils se savaient les maîtreso

Bais la plupart ne tardèrent pas à s'apercevoir, et de l'enjeu de la lutte, et de la disproportion des armes en présence. Ils se rappelèrent qupils , disposaient encore d'un pouvoir bien plus efficace : ils etaient tompon$tan~, Les depenses c&émonielles furent reduites, les cérémonies re$Quécs au rôle secondaire de témoignage rituel et symbolique du rang de son organisatcu:. (Le dernier Fitempoha, 1968, fut une dérision sur laquelle nous reviendrons). Ce rôle existe n6anmoinsg et les grands troupeaux demeurent l'apanage des nobles; ceux-ci sont bien les seuls à pouvoir affirmer cérémoniellemcnt leurs droits de tomponltany,

(1) Si la diversité des formes quga prise la pacification, et les types de colonisation économique qui se sont instaurés, ont joué un grand rôle dans les réactions des différentes régions de Kadagasc~ar, les conditions politiques, vis-à-vis du colonisateur, furent bientôt les mêmes dans toute l*Ile. Le phénomène *%romba" se propagea rapidement d'Ouest en Est, con- servant la même signification profonde - le refus de l'ordre nouveau -? mais en s'adaptant aux situations spécifiques locales, Cf, G, A,I/l'W Oppression et libération dans ltimaginaire. Naspero Paris 1970. 93

Signe de leur position sociale, instruments de prestige, outil cérémoniel, le boeuf n'est pourtant plus la base principale de la richesse, mais un moyen, ou une consequence seconde : l'accent est désormais mis sur-la terre.

Les chefs Sakalava affirmèrent leurs droits de propriétaires sur les terres de leur faritanx, et transformèrent en métayers ceux qui n'étaient que des protégés, en redevances légales, ce qui nPétait que leprix d'un service. La volonté d'échapper à Itemprise des mpanjaka qui se ressaisisaient, entraîna alors des migrations de villages entiers hors du faritan~, Emigrations rendues d'autant plus nécessaires qu'en faisant immatriculer la-terre, le rn~an,jaka en.devenait tres légalement propriétaire, avait donc le droit colonial pour lui, pour tous rapports avec ceux qui la cultivaient,

1, Les terres immatriculées

Les données qui suivent ont été obtenues par un dépouillement exhaustif de tous les dossiers archivés au Service des Domaines de Norondava, concernant l'ensemble des proprietés immatriculées dans la Sous-Préfecture. Sur ces 435 titres, nous avons élimines, provisoirement au moins, ceux qui concernaient les terrains urbains ou à b%ir (sauf s'ils depassaient quelques hectares), soit 125 d'entre eux.

Dans chaque dossier, nous avons relevé : la superficie du terrain, la dxte et le mode d'immatriculation (immatriculation directe9 titre de vente sous condition résolutoire, adjudication, donation ou

..* 94 de dresser les cartes i à 9. Cette méthode d'élaboration cartographique explique assez que nous tenions à souligner le caractère non rigoureux des limites reportees, qui n'ont d'autre prétention que de donner une idée de leur localisation et de leur superficie. Nous déclinons toute responsabilité pour toute autre utilisation qui pourrait en &re faite,

Sur le terrain, nous avons complété ces donnees en recherchant i'ethnie, le lieu d'origine, la profession et la résidence de chacun des détenteurs ou ex-détenteur de titres d'immatriculation, Nous ntavons pu trouver ces renseignements pour 13 d'entre eux.

Sauf erreur de manutention, les résultats obtenus sont rigoureux. Mais lBexploitation des données n'est pas achevée : leur nombre, la contrainte d'un dépouillement manuel, et le temps qui nous était impartie - il n'etait pas question de bloquer là l'enquête -! nous ont interdit d'en tirer tout le profit que nous sommes en droit d'espérer du travail ultérieur. 95

TEERE& II!~!.A,TRICULEEX

Tableau 1

? i 1 ; II ; III ; I ; II ; III ; 0 . l * . .

! ! ! ,Stés de colonisation primaire ; -2 ;27.812;44,2 / ; . . * ! ; ; 8 ;55.140; 86,9; ,Stés coloniales d'explr intensives ; 6 ,27.328342,7 ; ; ...... ? ! ! ! 0 ,C!olons européens ; 14 f 2.584; 4,? ; ; . . . I 0 P 2' ; 5.852; 993; ,Karany ; 10 i 3.268: 5,2 ; ; ; ; ...... -e.-.-- . 7 __ ,_,,-_,-,,-,-======-======-E====~-----~-----~------e-e --w-e- 96; o,i ; ; ; -f ;Famille Kafi,amy ;. 5 :...... ! ,Notables Sakalava ; 770; 1,2 ; 100 ; 1.464; 2,2; . f33. . . . . ? i ! ,Sakalava ;62 ; 597% 039 ; ( i===------======~=====~======~=====~=====~======~~====~ ;Notables Betsiléo !. 2 1. ! ! ! ; 234; 0,3 ; ? ? ¶ ;Betsiléo Jlii ; ; . , . 3 . l ? 0 ! 'i. i ! ! ! ! ,Notables Ambaniandro ; 2 y. . 178; 0,2 i 35 ; 4763 lrt+ 0 ; ,Ambaniandro. 4:. . .; ;. ?. i f ! ! ! 51; 0,08f ; ,Sénégalais -i- Comoriens i5f . , . ! ! ; ! ! ! 22; 0,03; ;Autres .; . 7 ;. . ! 0 0

1: Nombre de detenteurs de titres drimmatrioulations II : Superficie (en hectares) immatriculée III : Pourcentage de la superficie immatriculée par rapport à la superficie totale immatriculée (62,457 ha).

Etat actuel (1958) des immatriculations6 96

TERRE3 IMi'&~TRICULEZS

Tableau 2

! ii rr trrrfrv i ! :. r . . . . ! $2.421; 2 ; 1961; ,Stes de colonisation primaire i 3 . . . . , ; i327.3281; 6 ; 1968; ;Stés coloniales d9expl, intensives ;. 7 . . i ii ,Colons européens ; 17 ,, 4.209; . 10 ;. 1954;. ; ii ;Karany ; -18 ,, 3.361; 3 ; 1961: --======------=----'-----~~------====------~~------. ------. ----- . . o- 679; 5 ;-;;i$ .,F,emille Kamamy i. 8 i6. . . ? i i ,Notables Sakalava ;34. ;; 770; 33 1. 1968,. ; ; 1’ 1968: ~Sakalava ;77 ii 597, 62 . ------__c______------___I______. --‘-‘oT”--“- . . . “---T-w-‘T. T T *,Notables Bctsiléo : 4 !! ! ;,6;i 234; ; 13 ; 7967;;' ,Betsiléo ...... ! ? ? ! !Notables Ambankwdro ; 2 if . l . 178; ‘10 i 1967: ,Ambaniandro0 ,10;;! ; ; ; ...... ! lSénégalais ou Comoriens ; 6 fi 51% 6 ‘;’ 1956; ...... 1 ;Autres f 7 ii 22; 7 ; 1958; . . . . .

1: Rombre de détenteurs (1958) + Nombre d'anciens détenteurs de titres d'immatriculation II : Superficie (en hectares) maximum immatriculée en : (N) III : Nombre de d&enteurs se partageant la superficie donnée en II, à la date de ?JJ IV : Date de la superficie maximum immatriculée.

Maximum des immatriculations. 97

Tableau.3

0 --.... ,____ Rsquér~ts! ! . ! !! 0 IStés f.le! ! !Immigrés! Fanllle!Sakalava!!~~g! Etat Icoloni-?Total! !,opposants‘ --w.._ __ 1 &Q%rmmY. ) !! ! !sation ! ! i '? 0 ; , ?! ! t ,Immigrés ; 1 i . 0 ! ! 01 1 ! . ? ! 1 !! i Famille Kamamy 2 ; 1; 0 0 0 ?! i 3 1 ? ! ; ; I ; ,S&alava 1 ; I f 8 ii-3 o 2, 3 48 I 4-“------‘--.---T. ! ------. ‘-----f”--“-‘fu. . . ‘-‘--‘?------?------. . --‘-‘1 . ,KVanY. ! 1 ;.. ? 1 il ? ! 51. . ! 0 ! ! 0 2; 4 ;; ; 6 ; .i-na-t ! ! . .* 0 ! . . ? ? 0 !! 0 ! ,St6 de colonisation I 2 ; 12 ; z,-,,-,,---,,,-,,,--,------=--c------'-'-"-~------~-? 0 ------======-=='=--==-==z==-. !! 0 ! . . 0 ? ------?f 0 ? ,Total ;32 : . 0 2 v. 5 f. ‘4 tr5. . .v 3! . 3 . .

Oppositionsà immatriculation (Nombre) / 98

TlIiRRES IPi!k~TRICUL~S

Tableau 4a

! !! 1 ! ,bohati Adj. ! I.D. : V.S,C,R. f1 Annulation , ! . . . *. . ! ! ,Sociéttés de colonisation: 20 f 0 ;13; Il ;; 0 s . . . . . ! ! i 0 , c010rlx 0 22 ,;7.; 0; 32 fi 4 i . . . . ! ; 23 12 ', 0 ; 24 !; 16 ; ;Karany i . . . . . ------e==='===='===E===-===5=^-==-===~=-======-======-==~======--===~==~===-. . . ? -? f0; 6; 42 ;l 0 ,&mille Kamamy -f. 4 . . . . . ! i 0 ;.6;0; 8; 31 ;; 2 ,Notables. Sakalava ...... ! -_ 0 ! ; 0 i 0 i 17 ; 68 ,j; 12 ,S&alava...... ! ! ? 0 99 ? ,ilutres ;5;404i 42 II 3‘!

BIodes d'immatriculation et annulations prononcées (Nombres)

Tableau 4b

! ? ! ; I.D. ; V,S.C.R. ;; Annulation , ! .,Achati . Adj. . . I . t ; ,Sociét& de oolonisation~Qj,5 f 0 ! 2g,5 % 25 t: 0 l . . . . . !

? ! ,Colons ; Il95 ; 0 ; ?0,2 ; . 036 . * 5295 ;; 0 ! IhTUlY .;39 ; 20,3 f 0 ; 4087 ;; 4415 ; ------f====7------~======-==------=====~======~. . . ? 63,2 ;; ,l?amille. Kamamy ! 592 ! O ;. 3106 f. ! ! ;; ,Notables. Sakalava ;7,1; . 0 ;. 1991 ;. 73,8 !;. . 6,4 ;. 0 !! ! ,Sakalava ; 0 ; 0 i 20 1' 80 . . !! 1717 .1 ; i 'Autres I f 9 0 793 ; 7p3 ;. 7694 ;;. . 6,5 ;.

F-odes d'immatriculation et annulations prononcées (Fourcentage $) DATE ET DilRÉE QES iMMATR!CULATlObiS -DE TERRES -, I AU NOM DE : 1 :LES sOC.liT@ DE.C.OLONlSATION PRIMAIRES

LÉGENDE:

Ju;quaà 25ha Annv/é - m de 25 à 100 ha Société Tabur e -p%%@! de. IOl'à 25O'ha et Compagnie'

de 251 à 1 ,OOO'ha ------_--

de 1001 à 10 000 ha ~ Compagrtie, Lyonnaise /~ ‘- *de Madagascar

$US. de 10 000 ha

-___------__--__----c------* 1 Ziociété d' Etude des Textiles ~ DATE ET DURiE DES IMMATRICULATIONS DE TERRES AU NOM DE : 2 -LES SOcI-iT;ÉS cOLON IALES D’,EXPLOITATION’, INTENSIVE

LfGENDE :.

Jusqu'à ,25 ha *lZZZZZl de 25 8 looha ’ w de 101 à 250ha

de ' 251 à 1000 ha

de 1001 à 10 OObha

plus* de i0 060 ha

8 Société des Planteurs’ . Société des Textiles et Tabac de Madagascar

. .

CAIC

C58/230 DATE ET DUR% DES IMMATRICULATIONS’DE TERRES - AU NO,M.\DE :+3

.

\ : :

LEGENDE :' f Jusqu'à Z-5 ha P%?ZZETl de , ?5 i 4 00 h‘a

. pm de .101 à 250 ha

‘ .de 25’1 à 1 000 ha ‘*

de ,j 001 à 10.000, ha ? r

plus de--I’0 000 ha P I_

DATE ET” DURÉE DES IMMATiKU/A’Tl,ONS bE TERRES ‘, AU NOM DE,: ~4 -LES KARANY, *’ .. 1. ~ .

LÉGENDE .: :

Jusqu',à 2Sha de 25 a: 100 ha ; de 101 a 250 ha

de 251;à , 1 000 ha i Famille de 1 0'01 à 10'000 *ha Djounia-"

plus de 10 000 ha

--L--.....- Annuie” . . . -Autres. i--i--

,,

. Fa.milie : e:‘Moio&’ ,,‘.

‘ 103

En 1912, l'ampleur des terres immatriculées par les Sociétés de colonisation européennes atteignait des proportions considérables, puisque la Société "La Grande Ile" disposait déjà de 20,870 hectares, auxquels s'ajoutaient 20,776 ha de la Compagnie Foncière et Ninièro de l%dagascar. Dès cette époque, l& physionomie générale de la carte des terres immatriculées était donnée (cf, carte no 3,, et nos 6 & 2)* ces deux seuls domaines occupant près des deux-tiers de toutes les terres qui seront immatriculées jusqu'en 1968 (62,457 ha)., De plus, leur localisation (cfo carte no 3) portait gravement préjudice à l'économie sakalavao

Cependant, lsépoque et la nature des propriétaires manifestaient un rapport de.forces tel (il ne s'agissait encore que de terrains accordés à titre gratuit p-ar le G&éra1 Galliéni cf, carte no 7) que les Sakalavs se comprirent, comme lors de la conquête maroserana9 mis devant un fait accompli contre lequel ils ne pouvaient rien.

Nouveau conquérant, le vszaha (7) est le nouveau mpanjaka. Les habitants ne voyaient d'autres alternatives que de se soumettre ou de se dèmettre, c'est-à-dire d'émigrer hors de ce nouveau faritany : 9cje vais vous expliquer : "les vazaha (1) n'achètent jamais un endroit inhabité, mais achètent toujours "un lieu habité; le vazaha a constaté que les habitants dtici n'aiment pas de "déplacer OB. c'est pour cela qu'il a acheté, pour qu'il n'y ait plus de moyens "pour subsister. Le vaz,ana a pris toutes les rizières, et si on n'y va pas9 "plus de rizières pour subsister ! On ne peut pas s'opposer à lui, car il est "le vazaha* Les E;viens vont défricher la forêt pour en faire des rizière&' (2).

. . .

0) L’ européen ici. (2) Interview conduite à TanambaoO 104

Cette perception en termes de rapport de forcesdes immatriculations par les européens allait durer jusqu'a aujourd'hui : il n'y eu que 3 cas où UJAfokon'olona osa faire opposition à une immatriculation demandée par une Société (cf. tableau 3 p. 97 et carte no 8), Il nous par& intéressant de donner copie de cette lettre, illustrant l'un d'eux :

"Prosper Nahonjo "Ecrivain public Ifà Berevo Berevo, le Ier-Février 1941

à Monsieur le Délégué des Domaines à Belo-sur-Tsiribihina s/c de Nonsieur 1'Administrateur des Colonies, Chef du District de Belo s/c de bfonsieur le Chef de Poste de Berevo

r%ionsieur le Délégué des Domaines,

ffWous soussignés (voir liste ci-jointe), membres des Fokon 'o‘lona "des villages de Begidro et de Tsiangorana, avons respectueusement l'honneur "de vous déclarer que nous nous opposons à la demande de cession à la Société 'Ila Grande IleIl des terrains sis à Fatihitap actuellement placardé à Berevo. "Ces terrains sont ainsi limités :

1t - Au Nord : le fleuve Tsiribihina 11 - A llOuest : le village de Fahitra 11 - A L'Est : la concession de Rakotondrabe Louis 11- Au Sud : le lac Iahimena.

flSous aucun prétexte, quelqu'il soit, la Société "La Grande Ile" ne ggpeut en bénéficier aucun profit pour cette raison capitale que ces terrains, 9econnus SOUS un chiffre de 90 ha de contenance et délimités comme ci-dessus, "ont été depuis affectés aux Réserves Indigènes0

"Réserve Indigène, c'est évident, car ltoccupation même avant la "Réserve, n'a jamais eté interrompue, Nous sommes les véritables propriét sires "de ce sol pour l'avoir rec,u de la succession de nos o.nc&res et que nous "l'avons occupés constament sans discontinuité tant par nos pères que par "nous-mêmes.

"Il appert que l'enlèvement ou l'attribution à la Société "la Grande "Ile" de ces terrains' garantie de notre bonheur (cas c'est d'eux que nous "devons notre vie; colle de nos enfants et de nos familles)'nous paralyse "sensiblement et nous réduits malgré nous à travailler comme métayers chez "les Colons riches, Nais logiquement, travailler au metayage, du reste s'ac- "croissant d‘ans ce sens nous intéresse trop peu, Or ce procédé, nous, autock- If-tones, le dédaignons et cherchons à le fuir autant que possible. Nous de- "mandons en conséquence' par kamentaticn, de votre haute générosité, de vouloir *'bien nous l'éliminer parcequ'il est loin de nous réhabilitera

"Aussi nous invoquons en notre faveur les dispositions Menveillantes "de la loi locale du 9 Nars 1896.

**NOUSsommes comme toujours avec respect, Nonsieur le Délégué des "Domaines, vos très humbles et trEs obéissants serviteurs".

(Suivent les signatures) (1)

Les Réserves Indigènes sont des zones constituées par Arrêté du Gouverneur Général :" Les zones ainsi réservées feront l'objet au profit des "collectivités indigènes, telles qu'elles existent au jour de la constitution "de ces réserves, d'un droit de jouissance à titre gratuit, qui pourra être "inscrit sur les titres fonciers.

"Ce droit de jouissance pourra être soit entièrement annulé, soit' "restreint quant à sa superficie par Arrêté'du Gouverneur Général9 pris en "conseil d'administration après enquête, dans les formes prévues pour la '*constitution'* (2),

(1) 5rchives du Services des Domaines. lorondava, t 262 cxo (2) Article 49 et 50 du Décret du 28 Septembre 1926 (J,O, 16 Avril 1927) règlementant le domaine à IJiadagascar. Ces oppositions, ainsi que les deux autres, furent purement et sim- plement rejetées, Nous n'avons pu retrouver les attendus motivant ces décisionsi Nais les arguties juridiques sont nombreuses, quand il s'agit de défendre les intérêts de la colonisation; et il suffit parfois de s'en tenir à la lettre du texte pour trancher dans le sens choisi, Témoin ce jugement rendu (1) :

" . . . Vu l'article 58 & 4 de l'arrêté du 23 I&i 1932, "Attendu qu'il résulte de ce texte que le Chef de District a seul "qualité pour représenter le Fokon'olona dans les actes de la vie civile0

"Que celui-ci a donc seul qualité pour formuler une opposition à imma- f%riculation, laquelle est radicalement nulle si elle est faite par tout autre "fonctionnaire ou par la collectivité des indigènes (voir en ce sens Lota, La "Propriété Ponciere à Fiadagascar p. 121 no 297 (2)b

"Attendu qu'il n'y a pas d'autres oppositions "Par ces motifs "Statuant publiquement et en matiGre civile d>immatriculation llDéclLare irrecevable l'opposition du Fokon'olona de Belo-sur-TSiribihina "En conséquence "Ordonne l'immatriculation .e. (*a.) "Condamne les opposants aux dépens (,..>,

Nous ne sommes pas à même de faire une étude de sociologie juridique du droit foncier colonial puis malgache0 Hais si, comme le note J,P. RAISON : "Certes0 pendant la période coloniale la législation a sensiblement varié, "spécialement en ce qui concerne la reconnaissance du droit d'usage ancestral*'(3), cependant, quelques Echecs répétés suffisent aux Sakalava pour se convaincre

(1)A l'audiance publique civile d'immatriculation du lundi 76 H.ars 1944 pcar le Tribunal de Paix à Compétence Etendue de Tuléar, entre 1'Etat Frangais, requérant, et le fokon'olonn de Belo, opposantl. Il serait trop long d'exposer ici l'affaire, Hais la bonne foi du fokon'olona, et le fondé de son'opposition ne font aucun doute. Sic. (Jouve, Paris0 Dem. Ed : 1953). t3 J,P. RAISON : Les travaux du service topomgphique de &dagascar et leur utilisation en sciences humahs, in Niadagascar.Revue de Géographie Université de 1dadagascar n * ,14 J.anvierJuin 2969 ppo 97-136, 107 de l'inutilité des procédures d'opposition face aux immatriculations requises par les coloniaux, Le tableau 3 et la carte n o 8 montrent cette résignation indigène, en regard du nombre et de l'importance des terres qui leur échappaient.

Nais il n'est pas de suite venu à l'esprit des Sakalava que, sans faire opposition, ils pouvaient prendre ics devants et sauvegarder leurs intérêts en demandaut pour eux-mêmes un titre de propriété. Il faudra pour cela qu'ils voient, non plus cet état de fait que représente l'arrivée des Ekwopéens, mais la possibilités pour des individus p qu'ils aient connus,~qui fussent déjà sur place, d'entreprendre les démarches nécessaires; et de les mener avec succès. Tel sera le cas des Karanyo dont la pratique commerciale .repose sur des liens étroits avec la population0 Du moment qu'ils virent un Karany faire borner sa concession - les Karany étaient sur place avant l'arrivée du coloni- sat eur, et même s'ils avaient un statut privilégié, ils n'en respectaient pas moins l'autorité du mpanito -p les anciens mpanjaka d'abord, puis les autres Sakalava se demandèrent pourquoi ce que ceux-là pouvaient obtenir, eux ne l'obtiendraient pas,

Dès lors, imitant le premier d'entre eux, le mpanito P. Kamamy, fils de Toera, des chefs Sakalava demandèrent l'application de la loi locale sur la propriété foncière du 9 Nars 1896, Cette loi stipule que ceux qui cultivaient un terrain antérieurement à 1896, pouvaient en demander l*immatriculation, et qu'une terre immatriculée est inviolable, Ces chefs, P. Karnamy en tête, ten- tèrent de donner à ce texte une acception très large, P, Kamamy, nommé par la France Gouverneur à titre politique, profitait des appuis que, dans la logique de leur politique de gouvernement indirect, les colonisateurs Btaient ,plus ou moins contraints de lui fournir : à la Compagnie Lyonnaise de &d~agascar~ qui faisait opposition hypothéquaire à une demande d'immatriculation qu'il avait faite,. il fut répondu : glétant donné l'origine de Kamcamy, et par mesure poli- "tique, il est possible d'enviswer l'application en sa faveur des dispositions "de l'article 60 de llarrBé du 12 Août 1927, soit l'octroi d'une superficie 108

"de 115 hectares pour lui et ses enfants" (1).

A raison d'une immatriculation par an environ, Kamamy et sa famille possédait ainsi en 1940t 679 hectares. 11 est vrai qu*il avait vu un peu trop grand : en 1935$ toutes ces terres étaient hypothéqu&es, en 1940, il dut toutes les vendreo (Cf. croquis "ventes de terres immatriculéesl'). Les autres chefs Etaient, moins puissants sous la Colonisation que sous Toera, et se par-= tageaient à la même date 125 hectares* Cependant, sfils etaient moins puissants, ils étaient devenus, par le fait de l'administrateur1 des notables, ce qui ouvre tout de même les portes des bureaux, Pour Les autres, llimmatriculation était encore moins simple.

"Le dëcret du 15 h.OÛt 1934,, promulgué à Eadagascar par arrêt6 du 28 "Décembre 1934 (J,O.& 5 Janvier 1935) a complété ou modifié certaines dispo- llsitions du décret du 4 Février 1911.

srCe~ modifications, purement d'ordre matériel, n'affectaient son rien "les principales juridiques du système foncier. La seule reforme du fond, s'objet de l'article 91, consiste dans la faculté par le Conservateur de pro- "céder, à l'avenir, à la création du titre foncier, en l'absence d'apposition"(2),

Cet arrZt é. en plus des facilités matérielles un peu plus grande qu'il autorisait, nous intéresse dans la mesure où il permit d'ériger les bureaux de Morondava en Recettes-Conservations (3) o Conséquence seconde, le respon- sable est ddsormais accessible : ce ne fut qu'après la mise en application de cet arr&é que des demandes dTimmatriculation furent formulées par les autres Sakalavao

L'administration leur montra un tout autre visage : "attendu qupil "est invraisemblable qu'en 1896, un malgache ait pu mettre en valeur une si g'grande superficie, alors qu'il est de notoriété qu'à cette époque, il ne CI& Yivait que ce qui était nécessaire à sa subs)stancev, en conséquence etc .@a (4), Y

(1) Voir les instructions générales du 14 Juin 1904 du Général Galliéni. Archives du Service des Domaines* Eïorondava t 4 cxo (2) Lota* op, ci-t;. p0 152 3) Id. pp* 199-200 4) Plaidoierie au nom de l*lZtat lZ!rançaiso faisant opposition à la demande d'immatriculation faite par Nantofa. Archives du Service des Domaines. Morondava t 359 ox (opposition rejet&), -" Les tabloaux(d (a et b) illustrent ce traitement différent, Pour le comprendre, il faut swoir que, lorsque le requérant est un fonctionnaire d*Etat, le terrain qupil demLande est obligatoirement mis en vente aux enchères publiques. Il ne pourra obtenir le titre que par adjudication (Adj. sur les tableaux), si nul ne dépasse son prix. Lrimmatriculation directe (I.D,) ne peut être obtenue que par attribution de llEtat, ou par droit de propriété pleinement reconnu9 lorsque le requérant peut faire la preuve que lui ou sa famille cultivait le terrain anterieurement à 1896. (Les témoignages ne cons- tituant pas une preuve .DO (1). Le cas le plus fréquent est donc l'obtention d'un titre de vente sous condition résolutoire (VSCR), Il implique, ainsi que les ventes par adjudication, qu*apres une période de 5 ans9 une comission viendra constater sur le terrain la mise en valeur de celui-ci, XII cas de non mise en valeur, ltannulation est pronon&e,

Or, outre le faible pourcentage des immatriculations directes accordées, si l'on regarde ces tableaux 4, et quvon les compare avec la colonne II du tableau 1, on s' apergoit de CO résultat pawdoxal : il semble que plus la su- perficie requise est réduite, plus il soit difficile de la mettre en valeur! Le chiffre relativement élevé des annulations prononcées à l'encontre des Qrany, résulte de la perception différente des %J&ava vis-&-vis d'eux, ou vis-&-vis des Européens D les Karany sont vus comme des privilégiés toujours, comme des exploiteurs parfois, mais jomais comme des dominants dont le pouvoir serait légitime, reposant sur sa force :

"Pendant la période de dix années que & avait pris possession ce "terrain, il Iavait laissé sans le moindre entretien depuis 193CL1935,, T3n 1935, une comission de mise en valeur ayant constaté que la con-' 'tcession de 55, était dénué de toute plantation, pourtFant pour la première fois Iii.1 avait pu jouir une faveur ayant demandé un d6lai de 2 ans qu'on lui avait *'accordé pour la mettre en valeur0

(1) ktiole 29 du Décret sur le Domaine du 28 Septembre 1926. Cf. Lota op, ci-t d pa 308, ii0

llPassé le délai de 2 ans, cependant, aucune mise en valeur y ait é-te "operée.

0E.n 1938, une annulation de pouvoir fut prononcée si le terrain reste l%oujours inculte, néanmoins Loyant appris celas il avait employé de ruse, vu "que le terrain est en friche, Sauf$ la partie réservée aux indigènes, il ltavait fait construire à la h*te un parc à boeufs, ayant été conseillé par llquelqu'un que un boeuf a le droit de trois hectares, et d@autant plus quo ?Les cultures de pois du Cap que nous avons eu en ce temps, sur la partie "énoncée plus haut, furent usurpées par lui, il avait fourni de faux rensei-, ' "gnements aux comissions que toutes étaient les entreprises effectuées par ses "métayers .a.f) (2).

Le ton est bien différent do celui employé pour la Société "la Grande Ile" reo Les annulations qu'encoururent les Karany sont la conséquence des multiples plaintes que les Fokon'olona Os&ent émettre à leur Egard,

Quoique nettement plus accentuée que dans la région voisine de Norondava (l)? où la colonisation merina avait contribué à fixer les droits sur la terre, ce phénomène d*immatriculation par les Se&lava ne fut jamais considérable, puisqu'aujourd'hui même, le nombre de détenteurs de titres de propriétés ne roprésente pas le double de celui des notables (cf; tableau I). Cette proportion n'est évidemment pas celle que l'on retrouve dans la population, De plus, le nombre des notables est encore sous-estimé, du fait que le classement des individus dans l'un ou l'autre groupe s'est fait à la suite d'une enqu&e sur le terrainp qui ne pouvait être exhaustive.

Cette réserve vis-à-vis de ce mode de propriété ne stexpliquo pas seulement par les difficultés qu'opposait l',administration : immatriculer une terre, c'est faire preuve de méfiance envers sa communauté, Seules, les terres d%ne certaine ampleur justifient que l'on passe outre à oes considérations socialeso Et de fait, sur les 62 détenteurs de titres fonciers, 30 dépassent

..P

(1) Cf. S. C!l%%î.N. Bude de l*evolution des formes d'organisation sociale et de leurs conséquences sur le régime foncier dans la région de Morondava-. &,habo. Ronéo 1969; et J.C. Woillet : Bude des structures foncières de l'.&MTR de Norondava. B,D,P.&. Ronéo 1966. (2) Archives du Service des Domaines Korondava t 134 cxo 7 hectares, dont 12 en possedent plus de 10, et do de 25 à 900. Il n'y a que 15 titres de propriété qui concernent des superficies inférieures à 4 ha* L*importance (relative) de ces terrains montre assez qu'il s'agit de biens collectifs, tany lova, que l'aînë immatricule dans l!int&êt de la famille toute entière, Rême si cette notion, comme nous le verrons, tend à disparaître, il reste 5 tout le moins le sentiment quîune terre lign‘agère est in~liénablc. De fait, mis à p‘art le cas de ,P. Kamamy, il n'y a que 9 cas de vente de titres de propriétés foncières (of, p. 912 "vente de %erres imma- triou18esV')o Cependant, - si la terre n'est pas davantwde vendue selon que son possesseur sent ou non 1a nécessité de faire reconnaître son droit par la légalité exterieure,- à la fois facteur et résultante de lgindividualis,ation croiswante des comportements, le tany fila est parfois partagé awant immatri- culation, par chacun des héritiers* Ce phénomène s'est produit au moins 4 fois (l)p dont le cas le plus net est représenté pcar les cinq parcelles situées près de Nialiloha, dont 3 au Nord, à cheval sur la limite des terres de "la Grrande Ile", et deux au Sud-Est : elles sont immatriculées indivi- duellement au nom de la femme et des quatre fils du défunt (cf, ca,rte no 6).

Nombre restreint des immatriculations, comportement peu-différencié des requérants, toutefois (à l'exception des Societés coloniales d*exploi- tation intensive) seuls les Sak

Nous verxcms plus loin pourquoi l'immatriculation sa?salava, elle ne peut que continuer, s1:33]plifitir,

eoe

(1> 131 moins, car seule I*enq&te sur le terrain a pu le mettre à jour. BETSILEI -140 .75.3 t 31 82 5 t781.20 00

-----a--- --.!!+-_-.-_--__--...-.-. ------4

FAMILLE COLONS E UROPÉ ENS KANAMY - 1746 49 26 ti163 .5-l .59

AKOLIRI 476 40.00

JENTE DE TERRES IMMATRICULEES LÉGENDE Jusqu’en 1968 SAKINA WASRAM DJETRA plus de 4 000 ha vendus

de 254 à 1000 he

dei01 à 250118

PROVINCE DC TULiAR de 25 à IOOho , 286 (12 t 92 20 00 --> Jusqu’j 25ha L 1?3

PLAN D'EXPOSPPION et état d*avancement des travaux

S)OU2 la suite de l'ouvrage

2, Le commerce et la monétarisation de l'economie,

A, La politique commerciale des Karany.

Entre leur domaine propre et le secteur de production capitaliste, les Sakalava maintiennent le refus d'un int er-;pénétra.tian, Or, les échanges,, en faitp sont necessaires, ne serait-ce que par le besoin en riz, pour nourrir leurs travailleurs immigrés, que les concessions tabacoles de Berevo doivent importer de Belo, et par le besoin d'un revenu monétaire pour les Sakalava, rendu indispensable par la contrainte de l'impôt.

C'est au niveau de cette intersection niée, mais existante de faitj que se Situ&ent les Karany. Participant au secteur c,apitaliste, par le con- trôle local des échanges commerciaux qu'il implique, leur politique consista, à s'insérer dans le domaine Sakalava, pcar l'adoption apparente de sa logique : participation aux cérémonies, dons en boeufs pour lfnccomplissement de celles-ci, tout est fait pour être reconnu comme mpilongoa (1). Leur réussite est offi- ciellement consacrée lorsqu'ils arrivent à faire fatidra (2) avec un chef influent* Linsi introduits, et en jowant sur les contradictions que cette lo- gique présente avec celle de 19économie dominante, ils prennent le contrôle du village, .par un système de prêts sur parole, dont les taux usuraires assure le renouvellement.

Depuis le début de la colonisation, avec le pois du Cap0 puis vers le& années 40s avec la lentille, les kar,any obtinrent le monopole de la collecte des produits de rapports, Parallèlement, ils introduisirent la pratique du métayage; s'apercevant de la répugnance, au début-aussi forte chez les immigrés

.0.

(1) Du même longo, ou comme,, des gens du môme longo. (2) Fraternité de sang. que chez, les Sakalava, pour le salariat, l'un d’eux trouva le moyen d’amener des travailleurs sur sa concession : il achetait des boeufs dans le Mawnbolo, et les échtigeait contre la récolte! Le métayage se propragea rapidement, mais les Sakalava, sauf exception, ne le pratique qu'à Ilintérieur de leur domaine.

( Natériaux dépnuillés, non rédiges)

B. Analyse chiffrée de la domination Karany. a) macro-économiquer

Pour les mêmes raisons qu'avec les données des terres immatriculées, le dépouillement est loin d'être achevé : nous avons constitué, g&ca aux renseignements de l'I.W,S.ROE., deux fichiers exhaustifs, pour l'année 1967; celui des commerçants de la Sous-Préfecture, avec leur nom, leur nationalité, leurs acztivités, et 10 montant des achCats qu'ils ont effectués auprès de chacun de leurs fournisseurs. Une enquête sur le terrain a permi de dégager les relations de parenté qui pouvaient exister entre eux, Le fichier des grossistes comprend les mêmes renseignements , avec la localisation des établjs- sements, et le montant total de leurs ventes dans Madagascar. Parmi ces grossistes, un premier dépouillemenf nous a conduit à dis- tinguer 4 sous-groupes; le premier est constitue par 23 grandes SociétBs dgenvergure internationale, dont il se trouve qu'elles ont des clients à Belo, maix ceux-ci ne représente quasiment rien pour elles; le deuxième comprend 20 Scciétés spécialisées dans la vente de tel ou tel produit, et ont avec Belo les mêmes rapports que le groupe précédent; le troisième erglobe tous les petits grossistes, dont 2 malgaches, 7 chinois, 13 européens et 53 Karanyi Il se distingue du dernier sroupe en ce que nofis avons limité celui-ci aux maisons qui ont à Belo plus de 10 établissements clientsi et/ou y font plus de 15 du total de leurs ventes. A lui seul, avec 2 chinois, 7 européens et 34 Karctny, il totalise 80,7$ du montant total des ventes faites sur Belo,

Un tableau croisé donnant le montant des ventes de chacun des fournis- seurs à chaque commerc;an-t de Belo, nous a permi également de distinguer parmi eux 2 SOUS-~OUpOS : le premier est aonstitué par les boutiques qui ne dé- pendent que de 1 à 5 fournisseurs et dont le montant des achats, sauf une exception, ne dépasse pas 500.000 FB%. Il comprend 18 Karany et 24 Iklgaches. L'autre groupe, par la diversification de ses fournisseurs, et le montant de ses achats (jusqu'à plus de 35.000.000 FMG), représente les maisons importantes. Or, à l'exception d'un Grec (L*hôtelier) et d'un Français (le transporteur). il n'est composé que de Karany (23). L*importance.de ceux-ci est manifeste; signalons qu'une seule famille effectue 37,7’$ du total des achat s l biais si l'on regarde les tableaux p-ago ci-dessous, on s'aperçoit qu'il nous faut détruire l'idée .répanduc selon Laquelle les Karany détiennent le contr8le tout puissant du commerce local. 'Certes, ils ont le monopole de la collecte des produits locaux (l), et le nombre des revendeurs sur pla$e permet la politique d'avance sur récolte déjà décrite, Hais, et par le nombre de clients qu'ils concentrent en quelques mains, et par le montant des ventes effectuées, le pouvoir réel appartient bien &x SociétBs d*impurt-expert européennes (avec ioi la Compagnie Lyonnaise de Madagascar B leur t&e, qui a elle seule effectue 2% des transactions, Cf. tableau 1). La perception erronée d'un monopole Karany tient à leur nombre sur place, et au réseau qui les soutient de Ekjuna, dans une région ignorée des grads courants commerciagx (cf. tableau no 2 et carte no 10).

0) mforo-économique (analyse sommaire des budgets familiaux : matBriaux non dépoui3tlBs)

Conclusion : L'impact immédiat de la colonisation, c'est que le Sakalava d&ouvrit sa libération : grâce à la pacification et aux nouvelles lois, la possibilité de vivre hors de tout lien avec un quelconque ampanito, ouvrait l'accès à la terre, sans mBdiation* , grâce aux nouveaux rapports de production

. . .

(1) Les chiffres d'achat de produits locaux sont trop incertains pour pouvoir être utilisés . A les en croire, la balance commerciale de la Sous-Préfecture serait déficitaire. Mais il suffit d'ajouter le montant de la vente de paddy par la seule Société Q Grande Ile#' ) qui n*appara& pas là dans les comptes de l'I.N,S.IIoEw, pour que ce rapport s'inverse! 116

! ! COltEi2Xl~WS IN$ BEL0 Etablissements 0 ! ! ! Fournisseurs : Groupe 1 , 1 + SI r . Groupe II ,. I Groupe 4 d ; Total $3 ; (B;t;;G) ;. % ; Total ; % ; % f t ; i i S-tés Européennes ,. 7 ;12.470.814;. 9,94,44.040.280~35,07,S6.511.094~45~01~. . . .

&=Y ; 34; 3.230.110; 2,5?;63.720.238;50,7+.950.348;53,32;. j2; 1.888.550;,1,49~ 219.561: 0,181 2.088.111f 1,671 Chinois ......

somme .i 43;17.569.474;14. $07.980.07~86. . .~125.549.55~100 . i.

Tableau 1

: Sous-Préfectures . 1 1. des Etablissements t . Fournisseurs : t Groupe 1 , Groupe II , I+II i Me.ML : 1 : Groupe 4 ! iNb ; ;$a& i .$ ; Total Total . . . ; % ; f % : ! i ! i ; ,Marovoey :_ 1 ;. ! ? 193.747; 0,15; 193.747, 0, j6; I i i I ? ; ; ,Tuléar 1. -i t ! ! 337.650; . 0,27; . 337.650, . 0,27; . i i ! ,Fianarantsoa. !II. . ! ; 8.921.663; . 7,10; 8‘321.663; 7,lOf ! i i ; ,Belo. ;. 1 i4.169.292;. . 3*33, . 6.134.096; . 4,89;10.303.388,. . 8,21; ! tTananarive ;Si. . 36.702; . 0,03~ïl.741.574~ . 9,3$21.778.276;. 9,38; . 1 i ,. Na junga ;24 i 604.647; 0,48,43.224.703(34,43;43.829.350;34,91; ! i ; ; ,EIorondava. !. 7 f12~7~8~83~10~I6~37~426~636~29~81~~0~18~~469~39~97~. . . . . ! ,Total . i43. ;17.569.47+4. ;107.980.07y)36. ~125.54y~55~100. . i.

Tableau II 117

la possibilité de vivre en vend‘ant sa récolte, ouvrait la voie à la dissolution du tariky. Cette individualisation des comportements fut dtautant plus pro- gressive, q u*elle n'etait pas un résultat imposé par La force, et ,surtout,que les Sakalava découvrirent bientôt les limites de leur libération, - qui étaient celles du libéralisme que le système économique importait.

ELle impliqua pourtant de suite l'apparition de règles de plus en plus codifiées du droit foncier, et entraka au contraire des formes de moins en moins rigides de l'organisation sociale.

III. Les transformations sociales.

1. Le droit foncier.

A) Le droit foncier familial*

a) modification des règles de dévolution du patrimoine. La distInction autrefois fondamentale entre biens lova et biens fila, disparazt : "Le premier devoir "d'une génération consi.st~tr~ansmettr~ceIle qui la suit lVintSgralitQ du "patrimoine rep, et si possible augmenté. Les biens, notamment les terres *Mme réparties, ce qui d'ailleurs est presque toujours le cas9 restent sous le %ontrôle de l'aîné et des co-propriétaires. Les attributaires n'en ont que t81Vusage, et ne peuvent disposer que de leurs biens personnels fila. Entre ces "deux catégories de biens, la différence est ressentié davantage comme une "différence de nature que oomme une différence de degré. Lorsque cette dis- "tinotion s'affaiblit dans l'esprit des gens, c'est, le signe de l*affaiblissement "des structures traditionnelles**. (1)

&lgré les nombreuses interviews menées, nous nfavons jamais réussi à retrouver cette définition, tant s'en faut! : pour Les tany lova* tous les informateurs répondent %*est la terre que j'hérite de mon père"; quant aux tany fila, pour les uns, ce sont les baiboho, “tany fiveloma", "terre pour vivre", que l'on cultive. Dans ce cas2 il n'y a aucune différence entre t-ny: Pour dlautrcs, tany flla, lova et tany fila,/c*est la terre que le lknjakana distribue. Là, la différence

(1) P. OTTINO, op. cit. tombe à la mort de celui à qui fut attribué telle'parcelle. D'autres enfin disent que tany fila, c'est la terre que l'on défriche: elle n'impliquera pas de conflit, contrairement à la tany lova, qu'il faudra partager.

Les terres sont de plus en plus appropriées individuellement. De même, alors que les règles dOhéritage maintenaient l'unité du tariQ en donnant tous les biens lignagers à lraîné, actuellement, les biens du défunt, y compris les terres, sont de plus en plus égalitairement partagés, la part de l*alné allant jusqu'à cesser totalement d'être supérieure à celles des cadets. -. Cependant les soeurs quittant le lignse, sont encore souvent considérees comme n'ayant pas besoin des terres de leur père, Ou si elles héritent, leurs fils, eux, n'hériteront pas, et les terres resteront ainsi dans le lignage. Cette règle disparaît aussi.

La famille élémentaire tend à remplacer totalement le tarie : ce neest que lorsqu'on n'a pas de terre, que lgon se rappelle à ses parents-, b) modification en ce qui concerne les transactions de terres appropriées. Avant la colonisation, seuls le prêt de terre (findramana) ou le don (fanomëaana] ktaient pratiquck. Ils ne posaient aucun problème, du moment que l'on était mpilongoao Désormais, l'idéologie du filongoa ne suffit plus; la notion même de mpilpncoa se confond de plus en plus avec celle de fatidrat c*est-à-dire s'individualise au maximum, Cette confusion reflète la nouvelle réalité fon- cière : la terre se fait rare, et l'appropriation privée fait naître la mé- fiance généralisée.

Prêts et dons exis-tent‘encore, dans des oas bien précis (entre fatidra, entre pères et enfantsY frères et soeurs P.O )$ mais ni la location ni la vente ne se développent. Xicux vaut donner la parcelle en métayage. (Le métayage se pratique même entre parents). Il n'est encore guère admis que la terre puisse être objet de transaction monétaire,,

(Hatériaux dépouillés, non rédigés),

. . . BI Le droit foncier collectif, a) Nananjaka, exemple de contradiction mpanito-communauté villageoise. -/ historique et presentation du village. A la mort d'un mpanito, le village de celui-ci tout entier se déplace. Inguerezza, frère de Toera, rbgnait sur la partie Sud de la Tsiribihina. (Villages limitrophes du faritant : Kaday, Antsoha, Bzrevo, Berendrika, Tsimafana; voir carte no 1). A sa mort, à Tsitakabasia, son fils Fiay (Remasy ne succèdera pas) crée le premier Manmjaka; à La mort de celui-ci, son frère Tsitavazibe crée l#actuel village de SlauanjaJsa, vers 1830 et meurt quelques mois plus tard. Tsitavazikely, dernier fils d'tiguerezza, lui succède et ne ,deplace pas le village, l&.nanjaka (150 habitants environ) ne possède pas de rizières permanentco On cultive le riz sur les alluvions de la Tsiribihina, lorsqu*il y en a, Sinon, on y pourvoit en travaillant chez des parents de Kaday ou du Bemarivo. Nais le village dispose d'une importante superficie en baiboho; et regoit des habitants d'autres villages, qui viennent y cultiver haricots, pois du Cap, patates et surtout lentilles. (FWériaux non entièrement transcrits) -/ la politique de l*amp,anito. Tsitavazikely, maroserana, est ampanito. Comme tel, il se proclame tompon'tany, Créateur du Vill@e, c'est lui qui distribua les paroelles à ses fihitse (sujets du mpanito, ceux qui l'ont acoompagn4 dans ses déplacements). Tout étranger qui arrive au village ne peut stinstaller qu'en commengant par être métayer de l'ampanito. Sur la carte no 12, cette partie distribuée en 1930 correspond b la partie Ouest de la carte, limitée au NordAW, au Sud-Est et au Sud par les parcelles distribuées post&ieurement, et à l'Est, pm les parcelles 2 b et 2'~. Si on reporte ces limites sur la carte no SI, on voit que, si tous les lignages (à l'exception de 4, qui n'habitait pas alors à Nananjaka) ont regu une parcelle, Tsitavazikely a donné la part belle à son lignage : 1, et à ses long0 : Iv, l*t, l"t, ainsi qu'à son mpiamby : 3 (gardien des zomba, les instruments du Pouvoir Royal : verara, le sabre, fandilia, le plat, antsiva, la conque . ..). .

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RELATIONS D’ALLIANCE AVEC LE. LIGNAGE 2 L AYANT JOUÉ SUR’ LA RÉPARTlTfON FONCIÈRE 122

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La partie située au centre de la carte* à l'Ouest de l'ancien bras de la Tsiribihina et à l'Est et au Sud des parcelles distribuées, correspond à une occupation plus ancienne, datant de l'époque où elle était incluse dans le fizaran-tany ("terres 'distribuées" i.e. les limites du territoire villageois: de Tsitakabasia. L*imp~~$ance qu'y prend le lignage 2 s'explique par le fait que le père de 2a avait/nommé par la France Gouverneur à titre politique.

Tsitavazikely, chef de village de 1931 à 1941, sera nommé chef de quartier de Tsimafana (le quartier est une sub-division du canton. Le canton de Tsimafana est composé de 5 quartiers, dont celui de Tsimafana regroupe les villages de Tsimafana, &Wjaka, Tanandava, Beroboko), puis délégué cantonal. Avec l'Indépendance, ce poste étant supprimé, il sera élu conseiller rural, En tant que tel,il joue sur les deux tableaux : il est ampatiito, et il est le représente& du fanjak,wa.

Ce dernier, peu après llIndépendance, attribua au fokon'olona de Mananjaka toute la partie située au Nord-Est des parcelles Ib et 2ra, à l'Est de l'ancien bras de la Tsiribihina. En tant que conseiller, c'était Tsitavazikely qui était chargé de la répartition de ce terrain. En tant qulampenito, il estima que tous ses fihitse avaient été pourvus (à l*exce*ion de 4 à qui il donna alors deux parcelles), et ne distribua - se réservant une large part - qu'à son lignqe, et son mpitooka motra et mpit‘soka antsiva t 1 (celui qui allume le feu, et joue de la conque pour ltampanito); quant & 6 b, elle entretient avec lui des relations privilégikes. * De toutes façons, il ne s'agit que de clans nobles :

.-Raza des lignages fihitse de Mananjaka 1 ilaroserana 1' Antavaratra 1” Ant skandrefa ll"A Sakoambe l*l'B Zafimanely lqltC (Bara) 2 &,sivohy 2' Zavalo 3 ---II--Maromiangatra (esclave royal) 4 Misara 5 Andrabalahx (mpibaby) 6 Andrivola 7 IYiiromoze (esclave royal) 8 (métis-comorien - makoa) 9 (5ntemoro) 10 Tsitompa \,

(sont soulignés les clans nobles)

Nais depuis lors, tous les autres habitants, nobles ou non, fihitse ou non, se retrouvèrent contre llampanito, chacun, soit comprenant l'arbftraire de son pouvoir, soit se pliant à la pression sociale. 3% il n'y a personne dans le village qui accepte de se méteyer pour Tsitavazikely (of. tableau ci-contre).

Depuis qu'il a quitté son poste de chef de village, Tsitavazikely a toujours réussi (sauf dans deux cas, et pour une courte période) à faire élire à ce poste un homme de paille : soit un homme de son lignage, soit, c'est le dernier oas* un mpirambg : 3. Nais celui-ci, depuis une huitaine d'années,refusait cette charge et s'était même christianis6 pour mieux pouvoir y échapper. En le faisant &Lire chef de village, en 1967, Tsitavazikely esseys de le récupérer. lais une fois parvenu à ce poste, 3 se montra conso5ent de son statut et de son rôle de responsable officiel du village face $ l'adminis- tration. C'est ainsi qu'il attribua une parcelle & un étranger venu s'installer à &IIanjakat sans consulter ni même en avertir l'ampanito,

C'est la première fois qu'un chef de village, à lhnanjaka, ose prendre une telle initiative. Le conflit est ouvert, et d'autant plus aigü, que le Karany sous-collecteur du village a, tout naturellement, axé sa politique d'insersion sur le personnage de l'ampanito. Or, devenu chef de village, 3 porta officiellement plainte contre lui, pour sa pratique usuraire : 1 sac de

c.. ! IJETAYERS 1 Proprié- : ! Ethnie , Village dtorigine taires ;Nombre:. . . f t ? ISaJSalava et !,Tsitakabasia, Tsimafana, Kaday, Antsoha i la I* 13 t. divers . * . * f : Sakalava tMananjaka l’c ;. 1 . . i ! ! ? 1 ITandroy ,Bcroboka l*‘a ! . 1 ! I ! 1 , Ikrian jaka 1°C l 1 .,Sakalava . ! * 1 I 1 +k. Tanosy ' 2a :. 7 . ITsitalcabasia , Tsaraatana l l Korao f i jlahabo, Tsitakabasia 22, ;. 2 1Sakalava . ! i ? ,bLananjaka 2 f ., 1 !Korao . ! ! ! 2'a , 2 ,Bara $@soha *_ 1 ,A.ndtigaroka 2'b !. 2 jKora0. . ? 3a t 2 ~Sak. Korao +nanjaka, Rnda.ngaroka . . ? 3b i. 2 :Korao +~d~angaroka 4 iBetsiléo. Sak~Mananjaka, Tsqraotana 10 I. . .

.*, riz décortiqué contre 1 sac de lentille,, en période de soudure (environ 3.000 l?MG le sao de riz à l'achat, et 7,000 FMG le sac de lentille!) (matériaux pré-rédigés)

-/ les choix des villageois face à cette politique : étude cas par cas des problèmes de distribution de terre, d'héritage, de don, de prêt ou de location et de vente, en fonction de la place de chacun, de fait, et subjective, dans l*organisation socio-politique du village. (dépouillement inachevé). b) L'exemple de Tsitakabasia. (les matériaux ne sont que partiellement transcrits)

2, Les rapports sociaux de production.

A, La disparition de l'entraide, et l'apparition du salariat.

a) l'entraide collective.

L'entraide collective, soit9 en tant que travail effectué en Commun, est perçue de la même Îaçon que les prestations en travail exigée par la mpanito, par le coloni soit, en tant que service que la communauté se rend à elle-même, elle est pergue comme moyen de défense contre les dominants. Liée au Pouvoir, elle disparaît avec lui, b) l'entraide familiale*

L*entraide familiale est devenue le lieu d'une contradiction insoluble t -si les règles anoiennes de l'héritCage demeurent, l'aîné aura besoin de l'en- traide, pour cultiver une parcelle plus vaste; mais les cadets, les moyens de production étant appropriés individuellement, à la fois indépendants et defavorisés, ne voient pas de raison à fournir du travail supplémentaire; -si l'héritage s'est fait en parts égales, l'entraide ne trouve plus de raison d'être (sauf quand le calendrier cultural implique qu'un travail soit exécuté très vite, sans nécessiter pour autant l'appel au salariat (cf. tableaux ci- joints).

.a. c) le sa1.aria-t. ! Les Kibaroa, terme Korao, sont les @unes qui se salarient à la journee, Soit,sara-k2ts2haP salaire journalier ,(lOO FNC) et repas offert, soit plus fréquemment karama-tapaka; le prix.est débattu selon l*importance du travailp et sera part2gé ~23 les amis qui'lfauront effectué. Ployen pour les jeunes d'acquérir des revenus monétaires en se proposant comme subsitut à l'entraide familialei cette forme bien precise de salariat se développe suffiwnment pour que déjà quelques jeunes Kor20 y trouve leur seul moyen de subsistance.

B, Le métayage.

"Le métayage ne se pr2tique que.depuis l'arrivée des vaaaha, c*.est-à-dire "au moment où abondent les produits destinés à 12 vente0 -Avant, le métayage '. "ne se pratiquait pas (oO~) If, Et ,depuis l'Indépend2.nce, y a-t-il plus de mGt2yers ou non-? (.,,) Il - Voici : au temps de ltIndépendazaeo ce n'est ,p&s l*IndBpenda.nco 'Qui va cultiver, ce sont 'les genstl. . Ce bref extrait dtune interview men6e à N2nanj~&2p indique la n&ure du métay2gs : moyen d'acquérir dessrevenus monétaires, ssns entrer dans les rapports de production monétaires, Quelle que soit la n2tureou le degré.de domination politique, la domination économique, - qui ne d2te que de la colo- nisation, et n'a pas étemodifiée par l'.scoession (de l'lle) à l'Indépendance 7, demeure, Se mét2yerp Ge n'est pas se soumettre, et les * sont métayers 'les uns des autres.

Seules, les terres'oultivées en produits destinés à la vente sont données en m6tay2ge0 Le Hats~&a (terre défrichée dans la forêt, pour 12 cul- ture .: du maLs essentiellement, et arac‘hide, manioc, patate, tous produits de consommation ou d'échcLnge locaux), m8me à un étranger, on le prête.(non dé- j$ouillé : les échanges inter-vill2Ses de produits vivriers).

Les conditions du métayqe se durcissent, pour le propriétaire, coasé- 'quenke de l'appauvrissement de la population, Le Os le plus ,fréquent est encore le mïsasaka-mindr.y, l'ooupe en deux", oùs le propriétaire ayant fourni les

.0. Calendrier Cultural

1 ! 1 ! ! 0 p TJOVO IDéc.++6vr.; Nars l Avril v mi 9 Juin ! . . . f Juil. ,. Août i. Sept. i Octob, ,. ! ! 0 ! 1 i f 0 9 Lentilles Défrichage 3gren~e 0 . 1 ! ! 0 ,Mettoya.eIPlantation%Sarcl~e%. . ! ! ! ! ! 1 ? 0 Préparation ! i 9 1 9 Pois du Cap l Défrichage , , Sarclage ! . . . ! ? Plantation ! ? ;EgrenGe. 9 ! 0 ! ! ! ? ? ! i 0 v Karicots 1 1 ! 1 ? 0 Défrichage )?réparationi Sasclage i ;Plantation, !Egrenage! ; (Tsina) ? ! 1 1 ! P . 1 1 t ! ! 1 ! ! 0 ! i 1 1 1 1 !Préparat. ! i "~~~&o) t "0 f i i Défrichage !PlantatO o1 S%xlsge I ;Egrenage: ! ! E ! 1 ! i f ! 1 ! ! ! 1 1 Plantation 1 ! l Nais ! 1 1 ! 1 ? 1 ? 1 ,Egrenagei . ? ! ! 1 ! P 1 1 1 i ? 0 ! ! pnsemci; 1 Riz ! ! ! ! ? !ReDiquage ! 1 ! !Moisson ! I Vary-BL ! 1 0 0 ;we i ! ! - 0 ! E ! ! ? ! 1 1 ! ! 1 ! ? ? 1 ,Piétinage I 3 Riz ,Ensemen-j !Sarclage! 1 Hoissi>n .!Egren,zge: 0 1 ;Sage ; ;Repiquage t r Tsipala . . . . 1 0 ! 0 . ! ? P P ,: i Patate ? Se cultive en toute saison - RBcolte 3 à 4 mois après la plantation ! 128 semences9 fait les avances néCessaires, le partage (sur le prix de la vente, ou en nature} se fait &+$. EG.s le misasaka-ampahatelo, %oupe au tierP, se développe, qui exige du métayer la prise en charge de la toizlité des moyens de production, Il correspond.au cas du propriétaire qui ne peut lui avancer la semence; orp nous avons calculé que la différence de l/g que le propriétaire a ainsi perdu, correspond, même compte tenu des taux drusure pratiq&spar les Karany, au double environ du prix de la semence, (matériawc dépouillés, non rgdigés).

4. Les formes de l*organisation sociale

A. La lente modification des formes anciennes.

L'individualisation croissante des comportements, la monétarisation de l*éoonomie et l'appropriation privée des moyens de production se répercutent sur les règles de l'organisation sociale, L'homme comme force de travail cesse d'être le principal moyen de production. Le contrôle des hommes passe maintenant par le contrôle de la terre, et devient second : ceux qui détenaient les fonctions de chefs ne peuvent se.maintenir que s'ils possèdent en propre une superficie importante-.Réciproquement, le mpanarivo, quelque soit son statut dans l'ancienne hiérarchie, n'a pas de problème pour trouver des hommes qui travailleront comme métayers.

Le mariage n'est plus compris comme le moyen d'assurer la repro- duction du ta,riky : il est désormais décide par les futurs époux eux-mêmes. Le rambin-tanana donne lieu à transaction, le gendre offrant de 300 & 1000 l%G & son beau-père. N'étant plus contrôlée par son mpitoka paternel, et pouvant posséder son propre tany fiveloma, l'épouse divorce très fréquemment. Une femme de 30 ans s'est en moyenne mariée cinq fois, et huit si elle est belle. Le mariage ,est pour elle le moyen de se constituer un capital , don de ses maris : lit en fer, machine à coudre, voire de la terre. La seule limite est le droit de revoir ses enfants, que son mari peut lui Ôter, en refusant l'accom- plissement du divorce, c'est-à-dire le don d'un boeuf par le nouveau mari.

.a. Le soro-trokT demeure la condition nécessaire pour assurer la repro- duction patri-linéaire; mais le moyen de pression qu'il constituait pour le tariQ devient l'occasion pour le père de régler ses conflits personnels, 'abusant dgun pouvoir d'autant plus arbitraire que s@n fils respectera la cou- tume, mais non l'individu, (Cas du père de Bebotyp 7ayant épousé l'ancienne maîtresse de son fils, et craignant quqiP ne la lui reprenne, refusait d'assister au soro-troky de celui-ci.

Le soron*anak+ et la circoncision ne 'sont guère modifiés, semble- t-il,, Nais la circoncision se fait maintenant en deux temps : la coupe pro- prement dite (tapakqanaka), qui se passe au niveau du ménage et de plus en plus souvent &,l'hôpital (tapahim-bazaha Ilcoupe chez le vazahaql); et la fête, Celle-ci aura lieu un ou deux ans plus tard, Le terme savatsa, (terme korao pour la circoncision) désignant d'abord cette pratique (séparation de l'opération et de la cérémonie) tend à remplacer totalement le terme de fananganan*anaka,, La @te, d'ailleurs, atteint désormais rarement une grande ampleur. (&tQriaux dépouillés, non rédigés).

3. L'apparition de formes nouvelles : le niveau politique;

La colonisation et lqéconomie libérale ont agi, d*une part, fai- blement snr le niveau des forces productives9 d'autre part, sur l'organisation sociale,, Cette seconde action consista à détruire le Pouvoir maroseranaq laissant en place les formes de l'organisation sociale qui ne lu. étaient pas liées. l%is en introduisant de nouveaux rapports sociaux, elles introduisaient une rupture croissante entre la base économique et les regles de l'organisation sociale0 Celles-ci reposaient sur.le tariky, que l*appropriation privée con- damnait à disparaztre, Cet-te contradiction engendre une augmentation rapide des conflits, qui ne peuvent plus être résolus dans les formes anciennes. Le refus maintenu de rentrer dans le système imposé, interdisait de recourir à l'arbitrage du fan,jakana, Il fallait inventer un nouveau cadre : ce furent les dyna-pokolona; organisation inter-villageoises les a se sont constitués comme pouvoir parallèle, pour résoudre les conflits de l'intérieur. (exemple de conflits et des solutions apportées - les conflits de terre - les conflits agriculture-élevage - les conflits sociaux) 131

Le dernier Fitampoha fut une tentative, pour les héritiers de F'e Kamamy~ de se faire légitimer - non pour avoir directement le Pouvoir que ce rôle con- férait, en se faisant reoonnaître par la population, mais pour l#avoir indireo- tement, en se faisant reconnaître par l'administration, dont ils attendaient alors lrappuiO La pré-éminence d"une reconnaissance par le fanjakana Tut marquée par l'invitation faite aux vazaha9 à se baigner dans la Tsiribihinap profanation encore jamais vue, Mais l'administration désormais refuse d'entrer dans ce jeu. Elle l'a bien fait comprendre à fioccasion de ltenterrement de la mère d'un ministre originaire du Nenabe : tous les chefs sakalava - mais ce sont aussi les notables - y furent conviés, et n*y furent pas nourris; et l'organisation de la cérémonie fut entierement confiée aux Karany! La hiérarchie sakalava n'est plus reconnue0 seul compte le Fanjskana (avec l'appui financier des Karany).

Parallèlement, une Election du nouveau mpanito fut perçue par l'auto- rité comme incompatible avec l'unité de la République, et les participants, conviés à venir sOexpliquer. De la même fagon, les dyna-pokolona, qui pensent 'les rapports nouveaux dans les termes anciens, sont, depuis leur reconnaissance officielle, en Juin 1957 (Convention de &.ndabe), rentrés dans un processus de récupération pCar l'administration,

Le niveau politique, forme adéquate à la réalité nouvelle, ngest encore qu'un moyen de défense d'un système inadéquat0

Le développement sur place du secteur de production capitaliste, en allant à :‘encontre des intérêts immédiats de la population - ceux qui servent au maintien de son système "o risque de transformer ces donnéeso (matériaux partiellement transcrits) 132

III Partie

Le secteur de production capitaliste

1. Les sociOtés de colonisation primaire. (matériaux prklépouillés. Le dépouillement et la rédaction ne pourront se faire qu'aprks confrontation avec les résultats obtenus au cours de l'kti- quête dans les pays dsorigine des immigrés).

II. Les Sociétés coloniales d'exploitation intensiva. (matériaux non receuillis), 133

XVPartie

Le départ des mi~ants vers Belor

Enquête &ns les régions de Fianarantsiia et de Vangaindranoo (hy,oothèses de travail basées sur un début de dépouillefiént des archives, un@ courte pré-enquête sur $Lace,et les entretiens conduits à Belo avec des immigrés). BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE

. . Boùs n'avons mis que les ouvrages qui concernent précisément notre objet. En particulier, nous avons exclu l'importante bibliographie concernant l'histoire des Sakalava, sauf lorsqu'elle contient desQéments qui demeurent d'actualit6.

Nous avons également exclu les nombreux rapports que l'on ne peut trouver en bibliothèque, mais seulement dans les archives spbcialisées, Les textes roneas . disponibles aux bibliothèques de l'ORSTON, de l'université de Y&dagascar, ou du B,D.P,Ar9 sont seuls cités.

1, Généralités sur kdagascar, utiles pour l'étude de l'Ouest Malgache.

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i

Pages

2 26 28 30-31 51-54 56 53 80 95 96 97 98

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121 124 127 128 LZXIQUE SOl%~IRE des termes plusieurs fois utilis6s au cours du rapport ---

ANDEVO : esclave ANTAISAU. : ethnie du Sud-Est BEl?SIJXO: ethnie du Sud des Plateaux DADY : reliquesdes ancêtres qui sont objets de culte FA-FKimA : parc à boeufs; apanage des clans nobles d'où, par extension, le faritany Fh33AXGANAN9AN.AKA: circoncision F*~NITSIANA : baume utilisé pour la circoncision FANJAKANA : l'administration? et par extension tout ce qui est perçu comme lie au pouvoir administratif FAFtITA?!?Y: territoire contrôl6 par un mpanito FATIDIU : fraternité de sang, Frère de sang. Implique obligation de services rkiproques FIHITSE : les sujets d'un mpanito FILA : biens non lignagers FILONGOA : le fait d'8tre longo FITiUPOK4 : fête du bain des da$y royaux, au cours de laquelle se r&affirme solennellement le Pouvoir du mp,anito FOICO: ensemble des parents proches, compte non tenu de 19appartenance lignagèro FOKON:OLONA: terme importé des Plateaux, et qui, sur la oôte Ouest, désigne seulement la communauté villageoise en tant quselle est interlocutrice du fanjakana* 142

JUVOA : rancune non exteriorisée HAZOK~NGA: pieu symbolisant le tariky. Par extension : le mpitoka Par extension : le tariky Krw3OLAHY : jeunes gargons circoncis KORAO : immigrants du Sud-Est LONG0 : Sens propre : parenté des enfants de même père et mère0 Sens large : toute relation d'alliance LOVA : biens lignagers KAKOA : esclave d'origine africaine lfIAl?OS~A : clan des chefs conquérants du Menabe Mi%30MlRî~~~~: représentant des clans nobles auprès du mpanito MATOY : les 'iencêtresll, indifférenciés, par opposition aux raza, personnalisés &lIlBINA : ethnie du centre des Plateaux qui, à l'arrivée des forces françaises, dominait la plus grande partie de IlIle KOASY : devin sorcier MORINGA : combat (sorte de boxe) YPANARIVO : riche, richard rE!mrro : au sens restreint : le monarque du royaume, considéré comme faritany unique. Au sens large : le chef d'un faritany, espace qu'il contrôle à l'interieur du royaume WAiNJAKA : voir mpanito EPIAXBY : esclave royal NPrroKA 0 chef du tariky (lignage ou segment du patrilignage) : oelui qui détient le hazomanga l!ECLONGO: qui est long0 OLOBE : équivalent sakalava de ray aman-dreny OMBIASY : devin, sorcier RANFXDJ-TAWNA: serrement de main en signe d'accord du futur beau-père- R:1NAE%RY: le dieu créateur

.*. 143

RAY AruaN-DP~ : littéralement "père et mèreiio Ce terme désigne selon les cas tels membre'd'une certaine classe d'âge,F en fonction des responsabilités auxquelles on fait allusion RAzb : clan, & /ou ancêtre P3NILAwY : frère de la mère SIIKrDY 0 divination' SORO : prière SORON'ANrJ(A. : cérémonie du premier enfant de l'épouse : cérémonie de la première grossesse de l*épouse SORO-TROKY ‘ ~TA,RIKY: lignage, ou fragment de lignage, Ensemble des personnes dépendant d'un même hazomanga TO&BALY : venir prendre une femme pour lgépouser TARY : Terre TJJJY FlV~LOU : terre qui assure la subsistance TOSA : alcool de fabrication locale T OMPON' TANY : "maîtres de la terre", désigne les clans nobles,, VALIAXILITSA, : échange des soeurs v.lindu : ce terme n'a été utilisé dans le texte que pour désigner les européens VOIUTSE : les hommes libres Z ANA-TANY : "enfants du sol". Oppose les Sakralava, nobles ou non, aux immigrés, ces derniers n'ayant aucun droit sur la terre. ZIV~I : parent à plaisanterie0 144

TXBL-:,DZSL P$ATERES Pages

0 5 8 Y Y 13 19 24 25 25 28 29

E, Lefananganan'anaka DOOD.00000000~000010~~.~..~~..~~. 72 F, Le hazomanga et la réalité communautaire O.OO.DO..... 78 145

2- une organisation marqude par le fait de la conqu%e 00.0. 81 AO Le détournement des règles OO~OOOOOOO~OO.OOO.~O~~~ 82 B, L'organisation des rapports sociaux en fonction du mpanito DOOOOOOOO~0OOO*O~aOO~~~~~~*~~~.~~~~..~. 84 C, Les luttes politiques ~~0000~~00*~.0000*0.00000000 86 D, Une formation sociale inaohovée ~00001..cJ00.000.00 88 II. L'impact immediat de la colonisation OOOOOO.POO~.OOO.O~...~~~* 91 1- les terres immatriculees 0~~000000.O*OOOO*~~D~~~~~.*.~~~~ 93 (Plan d'exposition et état d'avancement des travaux pour la suite de l'ouvrage) O~OOOODO.~OOOOO~O0DO~~~.~*~~~~~~.~~~~~~~*~~*~*~*.,~. 2- le commerce et la monétarisation de l'économie .ODOO.OO.O

b) modification en ce qui concerne les transactions de terres appropriées .000DD*0.OD.000d*~0*.*. 118 B, Le droit foncier collectif OOOO.~~~OOOO.O~~O.O~.~. 119 a} Yiananjaka, exemple de contradiction mpanito- communauté villageoise OODOCO~OOOI~OOO~D~.~OO?19' -/ historique. et pri:sentation du village 119 ' -/poli-tique de l'ampanito 4000~OOO~Oooo~~o 119 -/ les choix des villageois face à cette politique 0.OODD.~OOOJDD~OO.00~~~~.~~~. 125 b) lPexomple de Tsitakabasia OO~OOO.,D~OOOODoOOOO125 2- les rapports sociaux de production DOODOO~.~~O~OOO~OO~~OI 125 146 TABLE BES CARTESHORS-TXXTE

carte no 1 : Sous-Préfecture de Belo-sur-Tsiribihina Carte no 2 : Repartition des terres immatriculees dans la SousiPr6fecture (année 1968) Carte no 3 : Répartition des terres immatriculées en 1938 (détail) Carte no A, : Répartition des terres immatriculées en 1748 (détail) Carteno : Repartition des terres immatriculées en 1958 (détail) Carte no 6 : Repartition des terres immatricul&s en 1968 (détail) Carte no 7 : Xode d'immatriculation (détail) Carte no 8 : Localisation des terres immatriculées =ayant donné lieu à opposition (detail) Carte no 9 : Vente de terr.es immatriculées (détail) Carte no 10 : Pourcentage des achats de marchandises effectués sur Belo-sur-Tsiribihina dans P&.dagasc~ar (année 1967) Carte no II : Répartition lignagere des baibohos dans le village de Jbnanjaka Carte no 12 : Mode d'acquisition des baibohos à 1&zw.njaka. ”

:Q! ILC ’ Soan.+fmdrd 0: J”i 1 ,’

1 .‘_ ‘. ‘. ’ Antsangarano ‘\ .’ ._

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t3i)biizokii 0 Vlllcya do Cl b 100 Ilubilunls Kihoy 0 ” d e 100 j 500 *' SOUS-PREFECTUREDE BEL0 SUR T5lRIl3IHINA N

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...... ___ .--- .. ...< . .__._._. . ..-...... -. . . -- _-_

CARTE NO10 . c POURCENTAGE DES ACHATS %DEMARCHANDISES EFFECTUÉS PAR '+ BELO-SUR-TSIRIBI.HINA DANS MADAGASCAR

ANNÉE 1967

l-24 *

MAROVUAY 0,16%

IMPORTANCEOiJ TRAFIC

----mm O-25 véhicules par pur

25.50 veh/l 50 -75 veh/j 75 -100 veh/j 0 100-200 veh/l - ‘200-500 veh/j m 500-1000 veh/j

m > 1000 veh/j

E

TU LEAi Bec 0,27% / \ / I

D’après Atlas de Madagascar TRAFIC ROUTIER Comptage3 1 967 Planche N’47

Echelle 1/4000 000 0 200 km.

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