Vedettes N°152, 06/11/1943
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GÉOM-BOUÉ et 'Jacques 'JANSEN égfÊm forment le couple idéal de v i ne se soin lent dus uclio'itcs Une des premiè- stances que Musset adressa à res rencontres de celle dont la voix presque irréelle la Malibran avec Q fit vibrer, au xix*" siècle, la moitié Charles de Bé- de l'Europe et de l'Amérique? riot, qui devien- O Ninette, où sont-Us, belle Musc adorée, dra très vite le Ces accents pleins d'amour, de charme et seul et véritable {de terreur, amour de sa vie. Qui voltigeaient le soir sur ta lèvre ' [inspirée, Comme un parfum léger sur l'aubépine [en fleurT Pourtant, la jolie Maria Garcia ne^ ma- nifesta dans son jeune âge que dégoût pour cet art que son père, le célèbre chan- teur Manuel Garcia, lui enseigna... de force. On raconte à ce sujet que bien souvent les passants entendaient des cris d'effroi sortir de . la maison qu'habitait Garcia: c'était le grand chanteur qui enseignait la musique à ses enfants. " Ce fut à_ Lon- dres, que la jeune Maria' se produisit la première fois sur la scène, dans « Roméo et Juliette » dont elle avait l'âge; elle Photos extraites du film. pbtint un véritable triomphe et les ovations qu'elle reçut ce soir-là la poursuivirent durant toute sa vie, tant à Londres qu'à te tirs en scène et les auteurs de scenariï, Paris, ou New-York, Milan, Naples, Rome .mais jusqu'à présent on n'avait pu trouver et Bruxelles. , aucune interprète dont le talent approchât Maria était très jolie, certes, maïs ce celui de la Malibran. n'était pas la renommée de sa beauté qui Le grand talent de Géori-Boué, de remuait ainsi les foules sur son passage; l'Opéra, permit à Sacha Guitry de réaliser c'était l'extraordinaire sonorité de sa voix, à l'écran l'histoire de cette célèbre canta- un « mezzo-sqprano » d'une grande éten- trice, dont une partie de la vie fut un due, et elle la ménageait avec tant d'art beau roman d'amour. qu'on pouvait croire qu'elle possédait*" les Je ne vous présenterai pas ici Géori- trois diapasons. Boué : elle possède la même voix rare de On conçoit que la vie d'une si grande « mezzo-soprano » que la Malibran. artiste dût tenter bien souvent les met- La Malibran n'eut qu'un seul amour : Charles de Bériot. Ce fut son second mari, mais elle n'aima vraiment que lui au point d'en oublier totalement sa première union, puisqu'elle répondit à sa mère, qui lui reprochait ses distractions le jour de ses La musique et la poésie faisaient secondes noces : « Que veux-tu, maman, l'objet de nombreux entretiens entre on ne se marie qu'une seule fois. »' ces deux êtres beaux et intelligents. Charles de Bériot avait tous les dons. C'était un grand violoniste, peintre et poète à ses heures, mais surtout, qualité MM suprême, il était d'une remarquable beauté. Quant à Jacques Jansen, qui interprète à l'écran le rôle du compagnon adoré par la Malibran, on sait que sa voix chaude et son physique des plus avantageux ont déjà causé bien des ravages dans les cœurs de maintes spectatrices. Le couple formé par la Malibran et Charles de Bériot, que tout le xix° siècle considérait déjà comme idéal, tant il est Céori - Boué, de difficile de trouver chez deux êtres autant l'Opéra, et |ac- d'amour, de talent, de succès et de for- ques Jansen, de tune, revivra donc à l'écran sous les traits l'Opéra-Comique, d'un nouveau couple parfait, un couple de musiciens cette fois, comme il en existe n'étaient-ils pas peu dans la vie et encore moins au cinéma. tout désignés Ajoutons que le reste de la distribution pour interpréter ne comprend que des artistes de choix ces personnages? tels que Suzy Prim, Geneviève Guitry, Jean Debucourt. Mona Goya, Jacques Va- rennes, Denis d'Inès, Pierre Dux, Car- nège et. le plus grand de tous, Sacha Guitry, qui est à la fois l'auteur, le réa- lisateur et l'un des principaux interprètes CHOISTIANE N ÊR£ du film. Jean D'ESQUELLE. ÉDITIONS JOUBER 25, RUE D'HAUTEVILLE - PARIS (X Bicchi (Tino Rossi) est un jeune Corse qui s'éprend de Xénia (|os- seline Caël), une jeune touriste. boni e suis arrivé, hier soir, dans ce charmant petit village bâti lo calanque, et Delmont, qui est Chris- en bordure de la Méditerra- tiani, le vieux cabaretier, qui, après avoir née. Toute la troupe de « L'Ile tué à son tour le meurtrier de Bicchi, d'Amour » qui a quitté Paris recueillera le dernier soupir de celui-ci, il y a plus de trois semaines, tandis que le yacht sur lequel se trouve et tourné, en ces coins multi- Xénia, qu'incarne Josselyne Caël, s'éloigne ples des environs, les extérieurs, m'a de- vers le large. < vancJé de quelques jours seulement dans Tandis que nous bavardons, les prépa- ce coin délicieux, ensoleillé et tout tran- ratifs s'achèvent devant une foule de quille. curieux qui, de minute en minute, devient Les quarante personnes qui composent plus dense. C'est que, dans les environs, la troupe sont logées, tant bien que mal, la nouvelle qu'on faisait du cinéma et dans plusieurs villas dispersées aux quatre que Tino Rossi était là s'est répandue coins du pays, mais c'est à l'JHôtel Beau- comme une traînée de poudre. Les admi- séjour que tout le monde se retrouve, ratrices du célèbre chanteur sont nom d'abord pour consulter le tableau de ser- breuses dans les environs. vice, et ensuite, ce qui a son importance, On tourne. «Allez-y !» lance Maurice, pour se restaurer. Car, vu les difficultés Cam. Sans se douter de ce qui l'attend, du ravitaillement, le producteur a résolu Tino, ou plus exactement Bicchi, suit «H le problème en établissant une popote chemin qui longe la grève. Il a urjT avec des provisions que la camionnette écharpe claire à la main. Son visage apporte, chaque matin, de la ville voi- triste. Il est libre, mais la femme qïr]y sine. Ainsi, aux heures des repas, on est aime s'éloigne de lui pour toujours, certain de rencontrer tout le monde au- dain, une détonation claque dans tour d'une table qui réunit fraternelle- Tino s'arrête, porte les mains ment machinistes et artistes, opérateurs trine, renverse la tête en arrière et et metteur en scène. sur le sol comme une masse Le soir, le dîner rapidement expédié, — Très bien ! lance Maurice C chacun regagne son lit afin d'être dispos dirait que tu as fait cela toute ta vie. ■Jfi.jour suivant, car le réveil a lieu de — Très peu pour moi ! proteste Tino bonne heure, j'ai suivi l'exemple cje tout Rossi qui se relève. le monde ce matin, je me suis levé au — Encore une fois ! chant du coq. Et l'on recommence. On prend Tino de- Le soleil qui, les autres semaines, s'est face, de profil, de dos, en CIAHBHHB ^MMjrri boudeur, semble vouloir se faire proché, si bien qu'au cours de jj^^HBH pardonner. Il brille d'un magnifique éclat, de vues, le sympathique arjj^^HQ pfcn compagnie de Jean Mugeli, le di- mourir vingt-quatre fois. Pui, JSjfcpfeur de" production, je me dirige vers sieurs plans avec Delmont qj .Î5H^lieu où doivent avoir lieu les prises de habitude, a composé une vues. Mon compagnon m'explique : vieux cabaretier d'un réali, m — Dans « L'Ile d'Amour », Tino Rossi simplicité étonnants. Enfin ijtoue le rôle d'un jeune guide corse qui reposer. Maurice Cam termine is'éprend de la fille d'un riche financier, sieurs plans de son meurtrier. L'appa venue passer ses vacances dans l'Ile de se rapproche de la calanque et braque Beauté. Une idylle naît entre eux, mais son objectif sur Raphaël Patorni. elle devraN le quitter pour rejoindre sa Tino se remet de ses émotions en bu- T esf I famille. Le jeune homme viendra sur le vant un verre d'une boisson à la cou- rivage la saluer une dernière fois au leur vert anis. Mais serait-ce du pastis ? moment de son départ. Accusé à tort d'un Eh oui, c'en est. A l'ombre se trouve un meurtre qu'il n'a pas commis, Tino se alcarazas rempli d'une eau fraîche, je verra relâché quelques instants avant que déguste un verre de la boisson parfumée le yacht à bord duquel celle qu'il tout en bavardaht avec Tino. aime s'est embarquée, lève l'ancre. Mais — Remis de vos émotions ? quelqu'un, dissimulé dans les rochers, le — Eh oui. Seulement,. ça fait tout guette. C'est le frère de l'homme qui a de même quelque chose de mourir. C'est été tué et qui le prend pour le meurtrier. la première fois que ça m'arrive. Je n'y Christian! ( Detmonr,iqui a corn L'homme épaule, vise et tire. Il n'a pas étais pas habitué. posé une étonnante silhouette entendu l'appel d'un vieux cabaretier qui — Et ce film ? soutient son ami expirant l'a vu, mais trop tard. Tino s'affaisse — Il me plaît beaucoup. Le roman dans les bras du vieil homme, son ami, de Saint-Sorny, duquel il est tiré, conte qui agite à sa place l'écharpe que la une histoire simple et vraisemblable. Le jeune fille lui avait donnée. personnage que je joue est tout à fait Nous apercevons au bord de la grève dans ma nature, puisque c'est un jeune un groupe d'hommes affairés.