LeMonde Job: WMQ1205--0001-0 WAS LMQ1205-1 Op.: XX Rev.: 11-05-00 T.: 11:13 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0489 Lcp: 700 CMYK

LE MONDE DES LIVRES

a Au sommaire :

François Mauriac, ACTIVE:LMQPAG:W Hegel, Harry Laus, busy Roger Dadoun...

www.lemonde.fr

56e ANNÉE – No 17198 – 7,50 F - 1,14 EURO MÉTROPOLITAINE VENDREDI 12 MAI 2000 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI

Kosovo : M. Chirac se convertit au quinquennat controverse b Le chef de l’Etat n’est plus opposé à une réduction du mandat présidentiel b Elle ferait l’objet sur le bilan d’un référendum à l’automne 2001 et ne s’appliquerait qu’à partir de 2002 b François Hollande : de la guerre les socialistes sont « prêts à voter » b Cent parlementaires soutiennent la proposition de « VGE » LIONEL JOSPIN et Jacques qu’il y « réfléchit ». En fait, le chef de nées supplémentaires, alors qu’il au- et qu’elle aboutisse le plus près pos- Chirac se sont entretenus, mercredi l’Etat, après avoir longtemps pris ra soixante-neuf ans en 2002. Pour sible de l’élection, l’Elysée évoquant aérienne 10 mai, du quinquennat. Le pré- position contre la réduction de la autant, M. Chirac veut éviter que l’hypothèse d’un référendum en sident a fait savoir à son premier mi- durée du mandat présidentiel, sait son mandat actuel ne soit écourté. Il septembre-octobre 2001. QUELLE a été l’efficacité de la nistre qu’il n’y est plus opposé. Offi- désormais qu’il lui sera difficile de souhaite donc que, si réforme il y a, Lionel Jospin, qui entend bien

« guerre aérienne » conduite l’an ciellement, M. Chirac dit seulement solliciter sa réélection pour sept an- elle soit engagée « tranquillement » rappeler que, pour sa part, il a tou- REUTERS passé au Kosovo ? La polémique, jours été favorable au quinquennat, qui a duré pendant tout le conflit, s’est félicité de ce changement de FESTIVAL rebondit avec la publication d’un ton. « J’attends les nouveaux rallie- article de Newsweek. Un rapport ments », a-t-il déclaré en marge du de l’armée de l’air américaine au- Festival de Cannes qu’il inaugurait. Cannes, rait conclu que seulement 14 chars François Hollande, premier secré- serbes ont été détruits au Kosovo taire du PS, explique au Monde que, pendant les 78 jours de raids, rap- si les deux têtes de l’exécutif s’ac- première porte l’hebdomadaire américain. cordent sur le raccourcissement de Gérard Depardieu, Uma Thurman Ce rapport a été passé sous silence la durée du mandat présidentiel, (photo), vedettes du Vatel de Roland et l’OTAN a demandé une contre- « rien n’empêchera la discussion et le Joffé, projeté hors compétition, et un enquête, qui a abouti à un total de vote d’un projet de loi constitution- 93 blindés détruits. Le Pentagone a nelle dans le cadre de l’article 89 de la court film de Jean-Luc Godard sur le répliqué aux informations de Constitution », suivi d’un référen- siècle qui s’achève, ont partagé la ve- l’hebdomadaire en expliquant sa dum. Auteur de la proposition de loi dette avec le premier ministre, Lionel méthode de calcul et confirmant qui a relancé ce débat, Valéry Gis- Jospin, qui venait de définir sa poli- ses estimations. La polémique re- card d’Estaing affirme avoir déjà re- tique de soutien au cinéma d’auteur, lance le débat sur les avantages et cueilli les signatures de cent parle- e les coûts de la guerre « technolo- mentaires. lors de la soirée d’ouverture du 53 Fes- gique ». tival de Cannes. Le jury est présidé par Lire page 6 Luc Besson. p. 30-31 et la chronique Lire page 2 et notre éditorial page 17 de Luc Rosenzweig p. 34 La fac de plus Un cancer, une «amie», un divorce: le «soap opera» du maire de New York NEW YORK dith Nathan. Avec un tel succès que Donna confirmant au passage une liaison de «plu- en plus populaire de notre correspondante Hanover a choisi, samedi 6 mai, les marches sieurs années » entretenue par le maire avec Il était écrit que l’élection du 7 novembre au de la cathédrale Saint-Patrick pour improviser une de ses collaboratrices. Elle a révélé qu’au L’ARRIVÉE massive de poste de sénateur de New York, pour lequel une conférence de presse. Elle a expliqué que moment où elle pensait avoir rétabli leurs « re- a jeunes issus de milieux po- s’affrontent Hillary Clinton et Rudy Giuliani, le « sa famille et son couple avaient été tout pour lations intimes », cet automne, le maire avait pulaires dans l’enseignement supé- maire de New York, ne serait pas une bataille elle » et que le moment des « décisions » ap- choisi « une autre voie », celle qui l’a mené à rieur ébranle l’organisation des comme les autres. Déjà, l’incertitude planait prochait. Lundi 8 mai, l’un des responsables Judith Nathan. premiers cycles universitaires. Cet sur l’avenir de la candidature de M. Giuliani locaux du Parti républicain, soucieux de l’im- Les médias new-yorkais s’interrogent sur afflux met en lumière les insuffi- depuis qu’il avait annoncé, il y a quinze jours, pact électoral produit par ce soap opera, som- l’impact électoral des révélations de ces der- sances pédagogiques des ensei- qu’il était atteint d’un cancer de la prostate. mait, en privé, M. Giuliani de mettre de l’ordre niers jours. L’Amérique a fait la preuve l’an INSTITUTO CERVANTES gnants et l’organisation de leur tra- Profitant sans doute de l’élan de sympathie dans son ménage. Mardi, le patron du NYPD dernier, au moment de l’affaire Levinsky, de sa vail. Des mesures sont mises en provoqué par cette annonce, le maire de New – la police de New York –, Howard Safir, très maturité sur la question des rapports entre vie DOCUMENTS œuvre pour accompagner ce phé- York, cinquante-six ans, a étonné tout le proche du maire qui a fait de la sécurité l’un publique et vie privée. Si Rudy Giuliani aban- nomène, comme le tutorat, mais monde en confirmant, lors d’une conférence des piliers de sa politique, annonçait à son donnait la course, George Pataki, le populaire elles n’ont guère produit d’effets. de presse deux jours plus tard, qu’une jeune tour qu’il souffrait d’un cancer de la prostate. gouverneur de New York, pourrait, dit-on, Buñuel par La proportion des étudiants du pre- divorcée de quarante-cinq ans, Judith Nathan, Mercredi 10 mai, Rudy Giuliani, la voix trem- prendre la relève. En campagne dans l’Etat de mier cycle qui quittent l’université était « une très bonne amie ». blante, avouait devant les journalistes que son New York, Hillary Clinton s’est prudemment Octavio Paz sans diplôme varie entre 30 % et Catholique, champion de la chasse au vice à mariage avec Donna Hanover n’en était plus refusée à tout commentaire sur cette série En 1951 à Cannes, le Mexicain Octavio 40 %. Le sociologue David Lepoutre New York, marié depuis seize ans à Donna un depuis plusieurs années, qu’ils allaient se d’événements qui pourraient tout changer Paz s’était battu comme un beau témoigne des désordres provoqués Hanover, comédienne et présentatrice de télé- séparer légalement, et qu’il aurait de plus en pour elle. Hillary a eu sa part de troubles diable pour défendre Los Olvidados de par l’arrivée de ces « nouveaux étu- vision avec laquelle il a deux jeunes enfants, le plus besoin de sa « très bonne amie ». conjugaux pendant l’affaire Lewinsky. Elle sera diants » et de la crainte qu’ils ins- maire avait jusque-là été très sourcilleux sur le Une heure après ces aveux, sa femme a pris donc la dernière à exploiter la vie privée de Luis Buñuel (photo). Le Monde publie pirent à certains enseignants. respect de sa vie privée. Le qualificatif de « très la parole à son tour et, luttant contre les son adversaire dans une campagne électorale. les écrits inédits du futur Prix Nobel de bonne amie » étant perçu comme un feu vert, larmes, a raconté en quelques phrases dévas- littérature consacrés à ce combat. Lire page 9 la presse s’est aussitôt mise en chasse de Ju- tatrices ses efforts pour sauver son couple, Sylvie Kauffmann p. 14-15 et 34 L’évêque Euro, la question de confiance

À ÉCOUTER certains, la récente le point de vue exprimé, dans nos quelques économistes ». Un avis par- raient tous les trois dépensés en absous chute de l’euro serait un événe- colonnes, par Jean-Paul Fitoussi, tiellement repris par l’ancien pre- vain en tentant de s’interposer, ment de peu d’importance. Les mé- président de l’Observatoire français mier ministre Edouard Balladur, comme ils viennent de le faire, pour dias auraient exagérément gonflé des conjonctures économiques pour qui il convient de ne pas stopper la chute de l’euro. Les onze une évolution monétaire aussi na- (OFCE) et éditorialiste associé au « dramatiser cette affaire ». ministres des finances de la zone turelle qu’anodine et inoffensive : Monde, qui dit ne rien entendre Selon cette analyse, le président auraient de leur côté prématuré- la description d’une monnaie « au tintamarre actuel autour de la de la République, Jacques Chirac, le ment cédé à la panique en affir- unique en crise serait largement le valeur de l’euro, aux paroles défini- premier ministre, Lionel Jospin, et mant partager « une préoccupation résultat de l’imagination des jour- tives prononcées ici et là par les mé- le gouverneur de la Banque de commune sur l’actuel niveau de l’eu- nalistes financiers. C’est du moins dias, certains hommes politiques et France, Jean-Claude Trichet, se se- ro » et en menaçant d’intervenir sur le marché. Enfin, le président de la Banque centrale européenne

(BCE), Wim Duisenberg, aurait inu- AFP tilement perdu son temps en pre- ENTRETIEN nant le soin de rédiger un commu- CINQ ANS après son éviction niqué destiné aux citoyens du diocèse d’Evreux par le Vati- européens, pour les rassurer et leur Coca-Cola can, Jacques Gaillot vient de se ré- expliquer « que le futur de l’euro est concilier avec l’épiscopat français. celui d’une monnaie forte, basée sur autocritique Dans une lettre rendue publique la stabilité des prix et la force de Douglas Daft (photo), le nouveau pa- mercredi 10 mai, le président de la l’économie européenne ». conférence des évêques de France Le fait que l’euro ait perdu, en tron de Coca-Cola, dresse, dans un en- l’assure de sa « communion ». Une seize mois, le quart de sa valeur tretien au Monde, un bilan sans démarche qui vaut pour Mgr Gail- face au dollar et à la livre sterling et concession des dysfonctionnements du lot « reconnaissance » de ce qu’il le tiers face au yen doit-il être géant des boissons sans alcool. « Nous vit « auprès des exclus ». considéré comme un incident mi- allions dans une direction, le monde al- neur, un détail monétaire ? Il faut lait dans une autre », reconnaît cet Lire page 10 d’abord s’interroger sur la réaction qu’auraient ceux qui applaudissent Australien, ancien professeur de ma- Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 10 F ; Autriche, à la faiblesse actuelle de l’euro si la thématiques, qui regrette la trop forte 25 ATS ; Belgique, 48 FB ; Canada, 2,50 $ CAN ; situation sur le marché des changes Côte-d’Ivoire, 900 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; centralisation de sa société. p. 18 Espagne, 225 PTA ; Gabon, 900 F CFA ; Grande-Bre- était inversée. tagne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3000 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Si, au lieu d’un euro sous-évalué International ...... 2 Tableau de bord...... 22 Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 270 PTE ; Réunion, 10 F ; – d’environ 30 % face au billet vert, Sénégal, 900 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,20 FS ; France ...... 6 Aujourd’hui ...... 25 Tunisie, 1,4 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. selon les calculs des spécialistes –, il Société ...... 9 Météorologie, jeux .. 28 était surévalué dans les mêmes pro- Carnet...... 12 Culture ...... 30 portions. Régions ...... 13 Guide culturel...... 33 Horizons ...... 14 Kiosque...... 34 Pierre-Antoine Delhommais Entreprises ...... 18 Abonnements...... 34 Communication ...... 20 Radio-Télévision...... 35 Lire la suite page 17 LeMonde Job: WMQ1205--0002-0 WAS LMQ1205-2 Op.: XX Rev.: 11-05-00 T.: 11:04 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0490 Lcp: 700 CMYK

2 INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 12 MAI 2000

BALKANS Quelle a été l’efficaci- d’un article de Newsweek. b SELON ont été détruits au Kosovo pendant une contre-enquête. b UN SECOND ce dernier résultat, selon News- té de la « guerre aérienne » menée l’hebdomadaire, un rapport de l’ar- les 78 jours de raids contre la Serbie. RAPPORT, confié au général John week. b LE PENTAGONE a répliqué l’an passé au Kosovo ? La polé- mée de l’air américaine sur le bilan Ce « rapport » aurait été passé sous Corley, aboutit à un total de aux informations publiées par l’he- mique, qui a duré durant tout le des frappes aurait abouti à la silence et le général Clark, comman- 93 chars détruits. Mais l’état-major domadaire en confirmant le chiffre conflit, rebondit avec la publication conclusion que seuls 14 chars serbes dant suprême de l’OTAN, a demandé américain aurait émis des doutes sur de 93 blindés détruits. Controverse sur l’efficacité de la « guerre aérienne » au Kosovo Le département américain de la défense maintient que les raids de l’OTAN contre la Serbie ont largement détruit le potentiel militaire de Belgrade. L’hebdomadaire « Newsweek » fait état de sources militaires officielles affirmant, au contraire, les limites de la « guerre technologique » UNE NOUVELLE controverse port » du Pentagone, commandé Corley a exposé les termes de sa but juin 1999, de l’envoi de forces vient de surgir à propos de la par le général Clark lui-même, qui Les bombardements à guidage laser mission et tenté d’expliquer pour- terrestres qui auraient sans doute guerre au Kosovo. Elle arrive des aurait été soigneusement caché COMMENT ÇA MARCHE ? A 5 000 m, le pilote quoi des chiffres différents ont pu été dévastatrices pour l’armée et Etats-Unis et porte sur les pertes (lire ci-dessous). verrouille son faisceau laser sur l'objectif. L'efficacité est être cités à divers moments (lire ci- les milices serbes. matérielles infligées par l’OTAN à Cette version est démentie par bonne à basse altitude et contre des objectifs fixes dessous). Pour les stratèges américains, l’armée serbe stationnée dans la le général américain Corley, char- importants comme des ponts, mais incertaine contre La controverse relancée par cette controverse sur les dégâts in- province au moment du déclen- gé de rédiger ce rapport, et par des objectifs mobiles de petite taille, tels des chars. Newsweek repose les questions fligés à l’adversaire fait partie chement des frappes, le 24 mars l’OTAN. « Nous rejetons toute allé- soulevées au lendemain de la d’une discussion toujours en cours 1999. « Nous avons mis hors de gation de dissimulation, nous a dé- guerre du Kosovo. Première ques- entre les partisans de la « guerre combat les forces militaires [serbes] claré un porte-parole de l’Organi- OBJECTIF : Larguée d'une tion : dans quelle mesure les technologique », affirmant qu’un au Kosovo en détruisant plus de la sation atlantique. Nous nous altitude suffisamment basse, frappes ont-elles réellement réduit conflit peut être gagné avec des moitié de leur artillerie et un tiers de sommes livrés à une collecte minu- la bombe à guidage laser peut le potentiel de l’armée serbe ? Les avions volant à 10 000 pieds et leurs véhicules blindés », avait dé- tieuse et même tatillonne des infor- corriger sa course sur observateurs se trouvant sur place équipés d’armes ultra-sophisti- claré le secrétaire américain à la mations, en tenant compte de toutes faisceau laser l'objectif. à l’époque se souviennent avoir vu quées, et les « traditionalistes », défense, William Cohen, à l’issue les sources (debriefings des pilotes, des colonnes de chars et de blindés considérant que, dans des guerres des 78 jours de frappes. enquêtes sur le terrain, photos satel- LES PROBLÈMES quitter en bon ordre la province comme celle du Kosovo, il est né- Selon l’hebdomadaire Newsweek lite, etc.). Le rapport que le général après que M. Milosevic eut accep- cessaire pour infliger des dom- daté du 15 mai 2000, il n’en aurait Clark a présenté en septembre der- 1 Le faisceau té les conditions de la communau- mages à l’adversaire de frapper les rien été. Ce ne sont pas 120 chars, nier devant le Conseil atlantique in- laser possède une té internationale. D’où la cibles à partir d’appareils volant à trajectoire comme cela avait été affirmé au tègre toutes les informations dispo- deuxième question : qu’est-ce qui basse altitude, voire par l’emploi rectiligne, alors que bombe à 2 LEURRES. Les Serbes sont devenus lendemain de la guerre, ni même nibles ». guidage des experts ès leurres et camouflage : a fait céder M. Milosevic, si ce ne de troupes au sol, en prenant le la bombe chute en laser 93, comme l’avait reconnu officiel- décrivant un arc de des ponts ont été peints, afin de laisser sont pas les pertes irrémédiables risque d’avoir des victimes dans lement, à l’automne de 1999, le gé- CHIFFRES DIFFÉRENTS cercle. Larguée à croire qu'ils étaient plus endommagés infligées à son armée ? son propre camp. Enfin, ce débat néral Clark (commandant en chef Selon ce rapport, l’armée serbe trop haute altitude, qu'ils ne l'étaient en réalité. Et des n’est certainement pas exempt chars factices ont été bombardés. des forces alliées en Europe, qui possédait au Kosovo, avant le dé- elle peut manquer ARRIÈRE-PENSÉES d’arrière-pensées financières. vient de quitter son poste), mais but des frappes, 350 chars, 430 à de 7 à 10 m un Newsweek retient les dommages Après l’élection présidentielle de seulement 14, si l’on en croit News- 450 transports de troupes blindés objectif tel qu'un 3 THÉÂTRE causés aux installations civiles et novembre, le Pentagone va réviser week, qui auraient été détruits sur et 750 pièces d’artillerie. Ont été char et, de ce fait, D'OPÉRATIONS. économiques, dites « straté- son budget quadriennal et l’armée les 350 qui se trouvaient au Koso- détruits, au cours de 181 missions ne le détruit pas. Vallonné et couvert giques », qui pouvaient amener de l’air a bien l’intention de se tail- vo avant le début des hostilités. ciblées, 93 chars, 153 transports de de forêts et de une population « terrorisée » à se ler la part du lion. La polémique sur l’efficacité des troupes blindés (317 missions), maisons, protégé par retourner contre M. Milosevic. C’est en ayant tous ces éléments une défense aérienne frappes aériennes de l’OTAN n’est 339 autres véhicules blindés L’hypothèse mérite d’être retenue, à l’esprit qu’il convient d’apprécier qui ne fut jamais pas nouvelle. Le Monde s’en est (600 missions) et 389 pièces d’ar- détruite, le Kosovo mais il faut y ajouter le « lâchage » l’article de Newsweek, comme une fait l’écho à plusieurs reprises pen- tillerie (857 missions). Au cours fut un terrain plus du président serbe par les Russes des pièces d’un dossier qui est loin dant et après les bombardements. d’une conférence de presse tenue difficile que le golfe et également, d’un point de vue d’être refermé. Pour étayer ses affirmations, le 8 mai à Washington après la pu- Persique. strictement militaire, la menace de Newsweek se réfère à un « rap- blication de l’article, le général Source : Newsweek plus en plus claire, fin mai-dé- Daniel Vernet 14 chars serbes détruits pour 78 jours de raids, selon « Newsweek » La réponse du Pentagone L’OTAN a passé sous silence un couleurs de blindés, etc. port Corley. Toujours selon l’heb- contrôle sur le pays ». Newsweek LE PENTAGONE, le ministère est disponible sur le site www. rapport de l’armée de l’air améri- L’hebdomadaire explique que ce domadaire, les services de rensei- avance encore : « La frappe chirur- américain de la défense, dément defenselink.mil/news). caine établissant que les raids me- rapport a été remis en août au gé- gnements américains seraient gicale reste un miracle. Même avec formellement qu’il y ait eu la Il observe que le Pentagone a, nés durant 78 jours contre la Ser- néral Clark qui, affirme Newsweek, également fort sceptiques sur la la plus performante des technolo- moindre manipulation, sous-esti- jusqu’à présent, concentré ses ef- bie lors de l’opération « Force l’aurait accueilli en ces termes : fiabilité de ce document. En jan- gies, les pilotes ne peuvent détruire mation ou sur-estimation des ré- forts sur les cibles mobiles : chars, alliée » ont à peine touché le po- « Pas possible ! Je ne peux pas le vier de cette année, note News- des cibles mobiles au sol qu’en vo- sultats de l’opération « Force al- véhicules blindés de transport de tentiel militaire de Slobodan Milo- croire... ». Le rapport a été discrè- week, le secrétaire à la défense, lant à basse altitude et doucement, liée » et explique que l’analyse de troupes et batteries d’artillerie. sevic. Les alliés ont menti sur les tement enterré. Et ordre a été don- William Cohen, et le général Shel- s’exposant à la défense antiaé- la campagne de bombardements Mais il affirme qu’aucun chiffre résultats de cette campagne me- né à l’armée de l’air de refaire le ton ont présenté au Congrès un rienne. Mais [au Kosovo], l’OTAN n’est pas terminée. n’est encore définitif, pas même née du 24 mars au 7juin, assure travail et de produire un nouveau document de 194 pages sur « Force ne voulait pas voir ses pilotes tués ou C’est ce que le général John Cor- ceux que son équipe d’enquêteurs ainsi l’hebdomadaire Newsweek rapport, raconte Newsweek. alliée » qui, prudemment, ne men- capturés. » ley, chef du service Etudes et Ana- avance aujourd’hui : 93 chars, dans son édition datée du 15 mai : tionnait pratiquement aucune éva- L’hebdomadaire conclut qu’il est lyses au quartier général de l’ar- 153 transports de troupes blindés si les destructions civiles ont été DEUXIÈME RAPPORT luation détaillée. dangereux de laisser croire que la mée de l’air américaine en Europe, détruits. Il juge néanmoins ces importantes et ont fait céder le Cette deuxième mission d’en- Tirant ses propres conclusions, campagne aérienne du printemps a affirmé, le lundi 8 mai, lors d’une dernières estimations sérieuses et président yougoslave, écrit l’heb- quête, confiée au général améri- Newsweek observe : « L’arme aé- 1999 contre la Serbie a obtenu des conférence de presse organisée à prudentes. Il détaille la méthode domadaire américain, les dom- cain John Corley, a abouti à des rienne a été efficace au Kosovo non résultats militaires significatifs : la suite de la parution de l’article suivie par une équipe de quelque mages infligés à l’armée serbe ont chiffres beaucoup plus proches de pas contre des cibles militaires mais « Le risque existe que les stratèges et de Newsweek. Le général dément deux cents enquêteurs : « On va au été quasiment nuls. ceux cités par le général Shelton contre des cibles civiles. Les stra- les décideurs politiques [de- qu’il y ait plusieurs rapports et no- Kosovo sur les sites qui ont été men- Sans fournir d’extraits directs, le au lendemain de la guerre, affirme tèges militaires n’aiment pas parler viennent] encore un peu plus pri- tamment que l’un d’entre eux ait tionnés par les pilotes (...), on exa- journal cite un rapport commandé Newsweek : « [Ce deuxième rap- ouvertement d’opérations de bom- sonniers de mythes tels que la pu être mis sous le boisseau. mine les cratères de bombes (...), on en juin par le général américain port] montre que l’OTAN a réussi à bardements destinées à terroriser "frappe chirurgicale" ». La leçon du « J’imagine que ce à quoi News- compare les informations ainsi re- Wesley Clark, alors commandant frapper avec succès 93 chars (...), des civils (ils préfèrent l’euphémisme Kosovo est que le bombardement de week fait référence [en citant cette cueillies avec les images du terrain en chef de l’OTAN et patron de 153 véhicules de transport blindés ». de " cibles stratégiques ") mais Mi- cibles civiles, cela marche, même si batterie de résultats très faibles avant le raid, avec les photos prises l’opération « Force alliée ». Scep- Mais Newsweek avance que, selon losevic n’a commencé à s’inquiéter cela est moralement critiquable et qu’auraient obtenus les pilotes] est par les avions U-2, avec celles pro- tique sur les résultats annoncés « des sources à l’OTAN », l’adjoint que quand l’éclairage a fait défaut insuffisant pour bouter hors du pou- un rapport d’étude intérimaire. » venant des drones, on interroge des par les pilotes durant cette cam- du général Clark, le Britannique dans le centre de Belgrade. Faire voir des tyrans comme Milosevic. « Vous savez comment on procède : pilotes qui étaient dans les parages pagne aérienne – présentée aux Rupert Smith, et son chef d’état- souffrir la population serbe en frap- Mais contre des cibles militaires, on envoie une équipe au sol, elle re- au moment du raid (...), on met tous Etats-Unis et en Europe comme un major, l’Allemand Dieter Stock- pant des centrales électriques – pas l’efficacité des bombardements à vient avec des premiers résultats et ces éléments ensemble. » grand succès militaire – le général, mann, ont conseillé à leur patron des chars dans la campagne koso- haute altitude est largement suréva- on continue l’analyse », explique le Le général Corley rapporte que à la fin des opérations, a demandé de ne pas porter de crédit au rap- vare – menaçait Milosevic dans son luée. » général Corley (son intervention la découverte d’une carcasse de un audit à une équipe de l’armée char – vingt-six ont été trouvées de l’air américaine. A l’époque, par son équipe – n’est pas la seule rappelle Newsweek, le chef d’état- preuve de la mise hors de combat major interarmes de l’armée amé- Des détenus serbes en grève de la faim à Mitrovica d’un char ; il assure que les Serbes ricaine, le général Henry Shelton, ont évacué nombre de blindés avait assuré, cartes et dessins à TRENTE-SIX DÉTENUS de la avec les repas servis à la prison. De- commencé le 10 avril. Les prison- mandent de bénéficier d’une re- touchés par l’aviation alliée. Les l’appui, que la campagne aérienne prison de Kosovska Mitrovica (Mi- puis plusieurs jours, ils refusent éga- niers – dont la plupart sont ac- mise en liberté provisoire ou au moyens de se faire un jugement de l’OTAN avait permis de détruire trovica en albanais) ont commen- lement la nourriture apportée par cusés de crimes de guerre – réagis- moins d’être jugés rapidement. sont les suivants, dit-il : « Vous « quelque 120 chars », « environ cé, mercredi 10 mai, leur deuxième leurs proches », nous a précisé par saient alors à la libération Le chantier de la reconstruction trouvez un cratère (...) ; vous en 220 transports de troupes blindés », mois de grève de la faim. Les pri- téléphone Sylvie Kantz, chef des provisoire d’un Albanais soup- de la justice au Kosovo avance pé- faites une photo numérique, elle « près de 450 pièces d’artillerie ». sonniers, Serbes pour la plupart, affaires judiciaires à la Minuk, au çonné d’avoir lancé, le 7 mars, niblement. « Le système judiciaire permet de déceler que la terre a été Au terme d’investigations pous- entendent dénoncer la lenteur et retour d’une visite à Mitrovica. deux grenades qui avaient blessé ne fonctionne pas », reconnaît ainsi remuée (...) ; vous comparez les sées, les enquêteurs de l’armée de la partialité de la justice interna- Mercredi, un millier de Serbes ont vingt-deux Serbes et quatorze sol- Bernard Kouchner, le chef de la images du lieu avant et après ; vous l’air dépêchés à la demande du gé- tionale dans la province. «Les manifesté dans la ville pour soute- dats français de la force multina- mission de l’ONU au Kosovo. avez, par exemple, une photo aé- néral Clark ont conclu à des conditions pour des procès justes et nir les détenus. La veille, une ving- tionale (KFOR). Les grévistes dé- « Nous avons seulement un juge et rienne qui montre un char à cet en- chiffres bien différents, soulignant impartiaux ne sont pas encore réu- taine de femmes, épouses ou pa- noncent surtout le fait qu’ils soient un procureur internationaux alors droit (...), vous avez à votre disposi- l’inefficacité des raids aériens : nies », réplique Michael Keats, rentes des détenus, ont, elles aussi, détenus sans procès ni inculpa- qu’il nous en faudrait au moins tion la vidéo que le pilote enregistre seuls « 14 chars, pas 120 ; 18 trans- porte-parole de l’administration commencé un jeûne. tion, pour certains depuis huit huit », déplore Sylvie Kantz. La Mi- depuis son cockpit qui montre ce ports de troupes blindés, pas 220 ; provisoire des Nations unies au Cette vague de protestation mois. Ils s’estiment victimes d’une nuk s’estime également « l’otage char au point d’impact exact de la 20 pièces d’artillerie, pas 450 » au- Kosovo (Minuk), à Mitrovica. dans la prison de Mitrovica a justice à deux vitesses et de- des Serbes de Mitrovica qui, sur munition qu’il a tirée. Vous pouvez raient été mis hors service par les L’état de santé de certains des ordre de Belgrade, refusent de col- alors remonter la chaîne des photos pilotes de l’Alliance. grévistes s’est détérioré ces der- laborer » dans le domaine judi- prises par les U-2 et retrouver à cet Les bombardements ont obtenu niers jours. Deux d’entre eux – ac- 144 Albanais jugés en Serbie pour terrorisme ciaire. endroit l’image d’un char endom- des résultats contre des cibles cusés de meurtres et soupçonnés Ces problèmes, communs à magé. » Alors, quand ces critères fixes, comme les abris militaires et de crimes de guerre, selon Les 144 Albanais du Kosovo jugés pour terrorisme à Nis (Serbie) toute la province, prennent une sont remplis, « nous confirmons les ponts. Mais, à l’altitude où ils M. Keats – ont été hospitalisés du- ont rejeté à la fin de leur interrogatoire, mercredi 10 mai, toutes les ampleur particulière à Mitrovica. une frappe réussie », poursuit-il ; ont été menés – imposée pour rant le week-end à l’hôpital de Mi- charges les accusant d’avoir participé à des attaques contre les Bernard Kouchner a ainsi indiqué « cela explique comment on passe protéger au maximum la vie des trovica pour des problèmes car- forces de Belgrade pendant les bombardements de l’OTAN. Le pro- que « le procès de criminels de du chiffre de 26 [carcasses] à celui pilotes –, les bombardements, écrit dio-vasculaires. Ils avaient cès, le plus grand du genre en Yougoslavie, a débuté le 18 avril et de- guerre présumés [y] a été reporté de 93 [chars mis hors de combat]. Newsweek, ont été sans impact sur préalablement été auscultés par vait continuer jeudi avec l’audition des témoins à charge. Les ac- car la situation est trop explosive ». « Si les multiples sources à notre les équipements militaires qui une équipe de médecins français cusés, tous originaires de Djakovica, dans le Sud-Ouest de la Le premier procès y est toutefois disposition ne nous permettent pas pouvaient être camouflés et dépla- et serbes. Un troisième détenu, un province, encourent jusqu’à vingt ans de prison. Un des avocats de prévu pour le 6 juin. Pour Sylvie de confirmer, nous ne revendiquons cés. Des leurres ont été mis en jeune homme de seize ans, a été la défense a affirmé que l’accusation « n’avait pas de preuves qui Pantz, « il aura valeur de test », pas une frappe réussie », affirme le place par les Serbes : des troncs hospitalisé mercredi. pourraient soutenir la culpabilité individuelle des accusés ». En juin dans cette ville, théâtre d’explo- général Corley, qui ajoute : « Aussi d’arbres installés sur de vieilles Des médecins serbes qui, di- 1999, les autorités yougoslaves ont transféré du Kosovo vers la Ser- sions de violence, alors que l’in- y a-t-il eu sans doute bien plus que roues de camion pour figurer des manche, ont rendu visite aux déte- bie plus de 2 000 prisonniers, essentiellement albanais. Le ministère culpé serbe devra répondre d’une 93 chars mis hors de combat (...), canons ; une batterie de missiles nus se sont déclarés « préoccupés » de la justice serbe a déclaré, en avril, que 979 prisonniers arrêtés au accusation de génocide. simplement, nous ne pouvons pas le antiaériens façonnée en papier par la santé des grévistes. « Ils ont Kosovo, presque tous albanais, étaient encore détenus. Des organi- confirmer avec les données dont carton ; des voitures peintes aux tout d’abord refusé de s’alimenter sations internationales évaluent ce nombre à 1 200 ou 1 300. – (AFP.) Christophe Châtelot nous disposons. » LeMonde Job: WMQ1205--0003-0 WAS LMQ1205-3 Op.: XX Rev.: 11-05-00 T.: 11:04 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0491 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 12 MAI 2000 / 3 Les sanctions L’étau judiciaire se resserre en Amérique latine sur Pinochet européennes Alors que la cour d’appel de Santiago doit statuer sur la levée de l’immunité parlementaire du sénateur à vie, contre l’Autriche les enquêtes se multiplient sur les crimes commis hors du Chili pendant les années de la dictature L’Américain Michael Townley, qui a admis tice argentine avoir agi sur ordre de la DINA, sionné » par les confessions de Michael Town- L’actuel chef de l’armée chilienne, le général seront avoir été l’auteur de l’assassinat de l’ancien la police secrète de la dictature chilienne. Ce ley, le président chilien, Ricardo Lagos (socia- Ricardo Izurieta, a averti, le 4 mai, qu’une le- chef d’état-major de l’armée chilienne Carlos que dément Manuel Contreras, l’ancien chef liste), a indiqué qu’il « espérait pour le bien vée de l’immunité parlementaire de Augusto Prats, en 1974 à Buenos Aires, a déclaré dans de la DINA, qui l’accuse au contraire d’avoir du Chili que l’assassinat de l’ancien comman- Pinochet susciterait son mécontentement et maintenues une déposition faite à la demande de la jus- été un agent de la CIA américaine. « Impres- dant en chef de l’armée puisse être élucidé ». celui de l’armée. LA FRANCE n’est pas favorable BUENOS AIRES chet. L’ancien dictateur a été infor- néral Pinochet. « Je l’ai dit à plu- à une levée des sanctions contre de notre correspondante régionale mé, il y a quelques jours, qu’il devait sieurs occasions : laissons les tribu- l’Autriche. Le ministre français des La capitale chilienne est sous le désigner un avocat pour assurer sa naux faire tranquillement leur affaires européennes, Pierre Mos- choc depuis la diffusion, mardi défense à Buenos Aires. La juge ar- travail », a déclaré le président La- covici, l’a fait savoir aux élus socia- 9 mai, des aveux de l’Américain Mi- gentine, qui a entamé son enquête gos. listes du Parlement européen, mer- chael Townley, qui reconnaît être sur l’affaire Prats en janvier 1996, credi 10 mai à Strasbourg. « Nous l’auteur matériel de l’assassinat de s’était rendue au Chili, fin 1999, pour MÉCONTENTEMENT DE L’ARMÉE maintiendrons la politique de sanc- l’ancien commandant en chef de interroger le général Contreras et Le Conseil de sécurité nationale, tions qui a été définie, à quatorze, l’armée chilienne, le général Carlos son ancien adjoint de la Dina, le bri- dont font partie les chefs miliaires, sous l’égide de la présidence portu- Prats, et de son épouse, le 30 sep- gadier Pedro Espinoza. est un organisme créé par la Consti- gaise. (...) Nous n’allons, bien sûr, té- tembre 1974 à Buenos Aires, et im- En réponse, le défenseur du géné- tution imposée par Pinochet moigner d’aucune complaisance vis- pliquant plusieurs hauts respon- ral Contreras a affirmé à Santiago en 1988 et qui est chargé de conseil- à-vis de ce gouvernement », a dit sables de l’armée chilienne dans que Townley n’avait jamais été em- ler le chef de l’Etat « face à un fait, Pierre Moscovici en présentant aux l’attentat à la bombe. Cette affaire ployé par la DINA et qu’il était un un acte ou une question qui porte députés socialistes les priorités de s’ajoute à d’autres et confirme que agent de la CIA. Maître Humberto gravement atteinte à l’armée ou peut la présidence française de l’Union l’étau judiciaire se resserre sur l’an- Newmann a accusé l’agence améri- compromettre la sécurité du pays ». Il européenne, qui doit commencer cien dictateur Augusto Pinochet, en caine du crime de Prats, dans le but s’était réuni en novembre 1998, sous le 1er juillet. raison des crimes commis en-de- de déstabiliser la dictature de Pino- le gouvernement antérieur d’Eduar- L’Allemagne est sur la même hors du Chili. chet. do Frei, pour évoquer la détention longueur d’ondes. Le chancelier al- Michael Townley, qui vit mainte- de l’ancien dictateur à Londres. Le lemand, Gerhard Schröder, qui in- nant aux Etats-Unis sous protection L’« AFFAIRE » LETELIER président Lagos, qui a pris ses fonc- tervenait mercredi 10 mai sur Eu- de la police fédérale, aurait notam- Le général Pinochet avait succédé tions le 11 mars, a réaffirmé que « les rope 1, a dit qu’« il n’y avait aucune ment indiqué que l’ordre de tuer, à la tête de l’armée au général Prats, institutions de l’Etat fonctionnaient raison de changer de position » à l’opposant à Augusto Pinochet, lui lequel avait ensuite démissionné du normalement » au Chili. propos de l’Autriche. « Je suis le avait été donné par le général Ma- commandement général car il était Mais pour sa part, le comman- chancelier de l’Allemagne, et ma nuel Contreras, ancien chef de la opposé au coup d’Etat qui renversa dant en chef de l’armée, le général mission est d’assurer qu’au niveau police secrète de la dictature (DINA) le président socialiste Salvador Al- Etats-Unis en 1978 pour son impli- la forte pression des Etats-Unis, le Ricardo Izurieta, a averti, le 4 mai, international mon pays ne soit pas et bras droit de Pinochet. Ce témoi- lende, le 11 septembre 1973. Quel- cation dans un autre attentat, celui général Contreras et le brigadier Es- qu’une éventuelle levée de l’immu- soupçonné de nourrir des sympa- gnage a été recueilli aux Etats-Unis ques semaines après le putsch, la d’Orlando Letelier, ancien ministre pinoza ont été condamnés et empri- nité parlementaire de Pinochet sus- thies pour la position de M. Hai- fin 1999 par la juge Maria Servini de mise aux arrêts domiciliaire du gé- des affaires étrangères du président sonnés au Chili. Dans leurs déposi- citerait son mécontentement et ce- der », a-t-il ajouté. Cubria, qui a rouvert en Argentine néral Prats avait été commuée en Allende, tué à Washington en sep- tions, ils ont toujours affirmé que la lui de l’armée qui accorde «un Cette double manifestation de le dossier Prats. La magistrate a déjà exil vers l’Argentine. tembre 1976, ainsi que sa secrétaire DINA dépendait uniquement et di- soutien permanent » à celui qui fut fermeté intervient alors que le inculpé plusieurs militaires chiliens, Michael Townley, qui vivait au américaine Ronnie Moffit. Dans le rectement du général Pinochet. Ils son chef pendant dix-sept ans. front des « Quatorze » semble fra- dont, récemment, le général Pino- Chili, a été extradé et condamné aux cadre de ce dernier attentat, et sous ont été interrogés il y a quelques se- La cour d’appel de Santiago doit gilisé. Certains pays européens es- maines par deux procureurs améri- statuer sur la demande de levée timent qu’il faut assouplir le ré- cains venus enquêter au Chili sur d’immunité parlementaire de Pino- gime de sanctions, décidé il y a l’« affaire » Letelier. chet présentée par le juge Juan Guz- quatre mois pour protester contre Se déclarant « impressionné » par man, qui enquête sur près de la participation au pouvoir, à Premières enquêtes au Brésil sur l’« Opération Condor » les confessions de Michael Townley, cent plaintes déposées au Chili Vienne, du parti d’extrême droite RIO DE JANEIRO sive » des Montoneros, mystérieu- Les dernières révélations à pro- le président chilien Ricardo Lagos contre l’ancien dictateur pour des FPÖ (Parti libéral), dirigé par Jörg de notre correspondant sement « disparus » en 1980 alors pos de l’Opération Condor ont (socialiste), qui a bien connu le gé- crimes commis sous son régime Haider. Lors d’une réunion qui s’est En attendant la suite imprévisible qu’ils se trouvaient en territoire conduit le Congrès brésilien à ap- néral Prats à l’époque où tous deux (1973-1990). Selon le magistrat, de déroulée le week-end aux Açores, des poursuites engagées par le juge brésilien. Mis en cause dans cette prouver, le 2 mai, la formation vivaient en exil à Buenos Aires, a in- nombreux éléments permettraient quelques-uns des ministres des af- chilien, Juan Guzman, à l’encontre nébuleuse affaire, le colonel de ré- d’une commission parlementaire diqué qu’il « espérait pour le bien du d’établir un lien direct entre Augus- faires étrangères des Quinze ont du général Augusto Pinochet, les serve Carlos Alberto Ponzi, à spéciale chargée d’enquêter sur les Chili que l’assassinat de l’ancien to Pinochet et les crimes commis souhaité une normalisation rapide remous judiciaires provoqués en l’époque chef du Service national circonstances de la mort de l’ancien commandant en chef de l’armée notamment par la « Caravane de la des relations avec l’Autriche. A l’in- Amérique du Sud par les démarches d’informations (SNI, ancien service président Joao Goulart, déposé par puisse être élucidé ». Le chef de l’Etat mort », une unité militaire qui a par- verse, certains poursuivent une du juge espagnol Baltasar Garzon secret dissous peu après le rétablis- l’armée en 1964 et officiellement a par ailleurs rejeté, mardi 9 mai, la couru le Chili, au lendemain du « ligne dure » : à Lisbonne, mercre- visant l’ancien dictateur (1973-1990) sement de la démocratie en mars décédé, douze ans plus tard, d’une demande de plusieurs hauts respon- coup d’Etat militaire, fusillant sans di, les ministres française et belge contribuent à lever progressive- 1985) dans l’Etat du Rio Grande do crise cardiaque durant son exil en sables militaires de convoquer le procès soixante-quatorze opposants des sports ont quitté une réunion ment le voile sur l’étroite coopéra- Sul, limitrophe de l’Argentine et de Uruguay. Conseil de sécurité nationale pour à la dictature. informelle de leurs collègues euro- tion scellée entre les forces de ré- l’Uruguay, a affirmé, dans un entre- faire face aux tensions suscitées par péens lorsque le vice-chancelier pression des régimes militaires de la tien téléphonique au Jornal do Bra- Jean-Jacques Sévilla la procédure judiciaire contre le gé- Christine Legrand autrichien, Susanne Riess-Passer sil, que l’organe auquel il apparte- (du FPÖ), est intervenu. nait n’a « jamais arrêté ni torturé Brasilia disposé personne ». Cette allégation a aussi- « CONSULTATION POPULAIRE » tôt été contestée avec véhémence « Il n’y a plus de front uni [des Eu- à ouvrir les archives par les organisations locales de dé- ropéens] », a déclaré le chancelier fense des droits de l’homme. autrichien, Wolfgang Schüssel, cité de la dictature En revanche, le militaire a admis mercredi par l’agence autrichienne que, dès 1969, les polices secrètes APA. Sa ministre des affaires étran- Le gouvernement brésilien est des dictatures du cône Sud de gères, Benita Ferrero-Waldner, a disposé à ouvrir ses archives re- l’Amérique latine échangeaient des affirmé que des « brèches commen- latives aux informations sur le renseignements sur les militants çaient à s’ouvrir » à propos des « plan Condor », mis en place exilés hors de leur pays d’origine et sanctions. Elle a cité l’Irlande, l’Ita- par les dictatures sud-améri- participaient conjointement à leur lie, la Finlande, la Grèce, le Dane- caines pour éliminer leurs oppo- surveillance. « Ce fut, a-t-il souligné, mark et l’Espagne comme les pays sants dans les années 70-80, a une guerre sale et féroce des deux cô- ouverts à un assouplissement des indiqué un militaire brésilien de tés. Les mouvements de gauche sanctions. haut rang, cité mercredi 10 mai s’étaient unis et agissaient selon une Ces espoirs semblent cependant par la presse. Dans des déclara- stratégie internationale. Cuba leur prématurés. Certes, un pays tions au quotidien O Globo, le envoyait de l’argent pour financer comme la Finlande apparaît oppo- général Alberto Cardoso, chef des camps d’entraînement de guéril- sé à la « ligne dure » à l’égard de du cabinet militaire rattaché di- la. N’avions-nous pas le droit de nous Vienne. Mais le premier ministre rectement à la présidence de la défendre ? » Pour la première fois, finnois Paavo Lipponen a démenti, République, a précisé n’avoir les propos d’un ancien officier bré- mercredi, les informations de la ra- encore reçu aucune demande silien de haut rang confirment les dio suédoise selon lesquelles son d’enquête, mais s’est dit totale- confidences, faites il y a quelques pays préparerait une initiative en ment disposé à collaborer avec années à l’hebdomadaire Veja, par vue de tenter de lever les sanctions la justice. l’ex-agent Marival Chaves, du contre l’Autriche. A Helsinki, on Selon le journal, Suzana Lis- Centre d’information de l’armée de fait comprendre dans l’entourage boa, la représentante des fa- terre, selon lesquelles, « ce sont les du premier ministre social-démo- milles de disparus auprès d’une services de sécurité brésiliens qui ont crate qu’on ne serait pas du tout commission spéciale du minis- enseigné à leurs voisins les méthodes opposé à une telle issue de la crise, tère de la justice, a exigé l’ou- de contre-guérilla urbaine, bien mais que ce genre d’initiative doit verture de ces archives qui avant l’Opération Condor ». venir de la présidence actuelle – le contiennent notamment la do- Portugal, lequel est partisan d’un cumentation du Service natio- COMMISSION PARLEMENTAIRE maintien des sanctions. nal d’informations (SNI, ancien Ainsi que l’attestent des docu- « Aucun pays n’a pu démontrer service secret) et les fichiers de ments, découverts en 1992 par le que des mesures prises par le gou- la police fédérale. juge de la Cour suprême du Para- vernement autrichien allaient à l’en- guay, Luis Maria Riera, dans les contre des principes de l’UE », avait « archives de la terreur » d’un déclaré Erkki Tuomija, le chef de la région, durant la « sale guerre » commissariat de police de la ban- diplomatie finlandaise, après la menée aux mouvements clandes- lieue d’Asuncion (Paraguay), cette réunion des Açores. En Suède, la tins d’extrême gauche. Ainsi, mardi action conjointe, dénommée « Opé- ministre des affaires étrangères, 9 mai, des familles d’opposants dis- ration Condor », a été formalisée Anna Lindh, a été désavouée par le parus pendant le régime militaire en novembre 1975, à l’occasion premier ministre Göran Persson brésilien (1964-1985) ont demandé d’une réunion au Chili. Des délé- après avoir déclaré que Stockholm au gouvernement d’ouvrir les archi- gués des dictatures militaires du ne s’opposerait pas à une levée des ves du sous-secrétariat des services Brésil, d’Argentine, d’Uruguay et du sanctions contre Vienne, même si de renseignements de la présidence Paraguay – la Bolivie, qui y collabo- elle ne comptait pas agir active- de la République, a rapporté, mer- rera par la suite, était à l’époque en ment dans ce sens. Le gouverne- credi 10 mai, le quotidien Jornal do froid avec le Chili – ont alors accep- ment autrichien a prévu l’organisa- Brasil. té de participer à la création d’«une tion d’une « consultation En mars, le président du Tribunal sorte d’Interpol de lutte contre la sub- populaire » (qui, à l’inverse d’un ré- supérieur fédéral de Brasilia, Carlos version », proposée par le colonel férendum, n’a pas force de loi) sur Velloso, a autorisé le juge fédéral de chilien Manuel Contreras, chef de la la levée des sanctions, si aucun Buenos Aires, Claudio Bonadio, à DINA (la police politique d’Augusto projet concret de l’UE en ce sens solliciter auprès des organes gou- Pinochet). Celui-ci est actuellement n’est présenté d’ici à la fin de la vernementaux brésiliens toutes les sous les verrous pour son implica- présidence portugaise, le 30 juin. informations souhaitées concer- tion dans l’assassinat, en 1976 à nant trois ressortissants argentins Washington, d’Orlando Letelier, mi- Lucas Delattre (dont deux possédaient également nistre des affaires étrangères de Sal- (avec Antoine Jacob la nationalité italienne), membres vador Allende du temps de l’Unité à Stockholm) présumés de la mouvance « subver- populaire. LeMonde Job: WMQ1205--0007-0 WAS LMQ1205-7 Op.: XX Rev.: 11-05-00 T.: 10:46 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0495 Lcp: 700 CMYK

FRANCE LE MONDE / VENDREDI 12 MAI 2000 / 7

Yannick Moreau La droite dénonce le « manque d’ambition » présidera le Conseil du projet de loi sur l’outre-mer d’orientation des retraites M. Queyranne prend acte des déclarations de l’opposition en faveur d’une révision constitutionnelle L’examen par l’Assemblée nationale du projet contre les réformes envisagées par le gouverne- d’Etat à l’outre-mer, Jean-Jack Queyranne, a in- de loi d’orientation pour l’outre-mer a donné ment. Plusieurs orateurs se sont dits favorables fléchi sa position, en admettant que cette sug- Jacques Delors préfère diriger le CERC l’occasion à la droite de porter de vives critiques à une révision constitutionnelle. Le secrétaire gestion était une « grande avancée » LA LISTE est close, elle une personne, tout comme la RESTÉE discrète pendant les du « congrès » – réunion des d’un second département à la haite qu’il y ait des changements comprendra 32 membres. Un dé- FNSEA (syndicat agricole), l’UPA dix-huit mois de gestation du pro- conseillers régionaux et généraux Réunion. constitutionnels : c’est une grande cret, paru au Journal officiel jeudi (employeurs de l’artisanat), la jet de loi d’orientation pour des régions d’outre-mer départe- Plusieurs orateurs de droite se avancée », a-t-il relevé, avant de 11 mai, donne la composition du CGPME (employeurs des petites l’outre-mer – dont les députés de- mentales – pour délibérer de toute sont dits favorables à une révision souligner qu’une telle réforme Conseil d’orientation des retraites entreprises), et l’UNAPL (profes- vaient entamer, jeudi 11 mai, l’exa- proposition institutionnelle. En- constitutionnelle. Se déclarant, à « ne peut se faire que dans un (COR) décidé par Lionel Jospin : sions libérales). La FSU et l’UNSA- men des articles –, l’opposition core cette dernière mouture de l’instar de M. Chirac, « favorable à consensus large ». Cette précision seize représentants des parte- fonctionnaires font également leur s’est efforcée de se faire entendre l’article 39 a-t-elle été rejetée par une évolution à la carte », Domi- lui a permis d’enchaîner : « Don- naires sociaux, trois députés et entrée. Dès jeudi, le premier mi- à l’entrée de la dernière ligne la commission des lois. nique Bussereau (DL, Charente- nons au congrès [prévu pour les trois sénateurs, quatre représen- nistre devait leur adresser une droite. Les difficultés rencontrées Ces incidents ont incité la droite Maritime) s’est ainsi prononcé en DOM] la possibilité de mettre en tants de l’Etat et quatre personna- lettre leur demandant de désigner par le gouvernement, notamment à monter au créneau, mercredi, faveur de la « définition d’un socle œuvre ce changement. Recherchons lités qualifiées. Tous sont nommés leurs représentants. La liste des sur le volet institutionnel du texte lors de la discussion générale. Le constitutionnel commun ». Affir- le consensus sur le plan local, qui se- pour quatre ans. Après réflexion, quatres personnalités qualifiées (Le Monde du 11 mai), lui ont, il est président du groupe RPR, Jean- mant que le gouvernement avait ra source de volonté au plan natio- Jacques Delors a décliné l’offre de n’est pas encore achevée. Les sé- vrai, facilité la tâche. Louis Debré, a dénoncé une « mé- « manqué l’occasion de refonder le nal », a-t-il conclu. présider ce nouvel organisme (Le nateurs et les députés, eux, seront Lors de son déplacement aux thode de travail » caractérisée par pacte entre la nation et l’outre- M. Queyranne s’est également Monde du 29 avril), qui devrait être désignés par les présidents des Antilles, du 9 au 12 mars, le pré- « l’improvisation, le manque d’am- mer », M. Plagnol a indiqué que efforcé de répondre à certaines installé en grandes pompes à Ma- commissions sociales des deux as- sident de la République s’était gar- bition et l’absence de concerta- « le vrai choix audacieux aurait été des attentes des élus « domiens » tignon pour sa première réunion semblées. dé de trancher entre les différentes tion ». « Une simple étude juridique de nous proposer une réécriture du concernant le volet économique et avant la fin du mois afin de respec- « réponses » apportées, tant par vous aurait évité de vous fourvoyer titre XII de la Constitution ». social de son texte. Tout en s’enga- ter le délai annoncé par le premier RATTACHÉ À MATIGNON les élus « domiens » que par le dans cette idée du congrès, à l’évi- geant à ce qu’un nouveau disposi- ministre, le 21 mars. L’ancien pré- L’équipe ainsi formée a reçu des gouvernement, à la question sta- dence incompatible avec l’article 73 « UNE GRANDE AVANCÉE » tif de défiscalisation, destiné à se sident de la Commission euro- consignes précises. Le décret pré- tutaire (Le Monde daté 12-13 mars). de la Constitution », a noté M. De- Dans son discours liminaire, substituer à la « loi Pons », soit in- péenne, qui avait le choix, a préfé- cise en effet que le COR aura pour Mais, depuis, les embûches se sont bré. « L’UDF aurait préféré une vé- M. Queyranne avait expliqué que tégré au plus tard dans le projet de ré prendre la direction du Centre mission de « décrire la situation fi- accumulées sous les pas du gou- ritable loi de programmation à ce le gouvernement n’avait pas suivi loi de finances pour 2001, il a don- d’études des revenus et des coûts nancière actuelle et les perspectives vernement. L’avis négatif rendu projet tardif et trop flou », a affirmé la voie d’une révision constitution- né son accord à une réduction de (CERC) récemment reconstitué. A des différents régimes de retraite » par le Conseil d’Etat, qui avait sou- pour sa part le chef de file des dé- nelle, puisque le chef de l’Etat, lors cinq à trois ans du délai prévu la place, c’est une femme, Yannick en tenant compte des évolutions levé des risques d’inconstitution- putés centristes, Philippe Douste- d’un déplacement en Guyane, en pour e l’alignement du montant Moreau, conseillère d’Etat, qui au- démographiques prévues. Il devra nalité, a ainsi contraint le secré- Blazy. Henri Plagnol (UDF, Val-de- novembre 1997, n’avait pas « sem- du revenu minimum d’insertion ra pour mission de piloter le COR. aussi « apprécier les conditions re- taire d’Etat à l’outre-mer, Marne) a également vertement cri- blé retenir cette hypothèse ». Dans (RMI) dans les DOM sur celui qui Enarque, proche de la CFDT, quises pour assurer la viabilité fi- Jean-Jack Queyranne, à édulcorer tiqué, lors de son exception d’irre- sa réponse aux orateurs, le secré- est en vigueur en métropole. Mme Moreau (54 ans), a été conseil- nancière à terme de ces régimes » et la principale innovation de son cevabilité, la mesure « choquante » taire d’Etat à l’outre-mer a changé lère technique chargée des affaires « veiller à la cohésion du système » texte en réduisant les prérogatives que constitue, selon lui, la création son fusil d’épaule : « La droite sou- Jean-Baptiste de Montvalon sociales auprès de François Mitter- en prenant soin « d’assurer la soli- rand entre 1981 et 1984, directeur darité » tant entre les régimes de cabinet de Jean-Pierre Chevè- qu’entre les générations. Sur cette nement quand il était ministre de base, il pourra formuler des re- l’éducation nationale, secrétaire commandations ou des formula- générale pour l’administration du tions au premier ministre auquel il ministère de la défense ou bien en- devra remettre « au moins tous les core directeur général adjoint ans » un rapport d’ensemble. chargé des ressources humaines à Pour marquer le rattachement la SNCF. Autour d’elle prendra no- du COR à Matignon, un secrétaire tamment place le commissaire au général sera nommé par M. Jospin Plan, Jean-Michel Charpin, qui et les crédits de fonctionnement avait été chargé, par M. Jospin, de seront inscrits dans ses services. Le rédiger un rapport sur l’avenir des cahier des charges ainsi établi, le retraites. gouvernement poursuit son objec- Figureront également autour de tif : parvenir à une réforme des re- la table, le directeur général de traites sans heurts. Pour cela, il l’administration et de la fonction compte sur l’échange suivant : publique, le directeur de la Sécuri- l’amélioration du taux de rempla- té sociale, le directeur du budget, cement des salariés du privé (le le président de l’Union nationale montant de la retraite calculé par des associations familiales (UNAF) rapport aux revenus du travail) si et le vice-président du futur comi- cher aux syndicats, et notamment té national des retraités et des per- à la CGT, ne sera possible qu’en sonnes âgées. contrepartie d’un « effort » des Les grosses confédérations syn- fonctionnaires appelés à aligner dicales (CFDT, CGT, FO) et le Me- leur durée de cotisations sur celle def ont droit chacun à deux repré- du secteur privé. sentants. Les autres, la CFTC, la CGC, se contenteront d’envoyer Isabelle Mandraud Le gouvernement a des vues sur la « cagnotte » de l’Unedic

PARLONS d’argent. L’Unedic, le né » à verser 30 milliards de francs. régime d’assurance-chômage, ne Un retour d’ascenseur serait donc dispose pas seulement d’excé- logique pour la ministre, qui s’est dents : 6,4 milliards de francs at- demandé « s’il est normal » que les tendus en 2000, 14,1 milliards en cotisations des retraites des chô- 2001. « Je crois pouvoir dire qu’il y a meurs, estimées à quelque 20 mil- des réserves de l’ordre de 20 mil- liards de francs, continuent à être liards de francs aujourd’hui », a « payées par la solidarité natio- lancé, à l’Assemblée nationale, nale ». « Nous allons mettre ce pro- mercredi 10 mai, la ministre de blème sur la table », confirme l’en- l’emploi et de la solidarité, Mar- tourage de M. Jospin. tine Aubry, en réponse à une ques- L’amélioration des finances de tion du député communiste Pierre l’Unedic n’est pas une surprise. Le Goldberg (Allier). La « cagnotte » gouvernement avait tablé sur ces de l’Unedic, terme qui a le don rentrées pour financer les d’exaspérer les gestionnaires de 35 heures, provoquant une vio- l’organisme paritaire, grossit donc lente réaction de rejet du patronat à vue d’œil. Elle fournit surtout au et des syndicats. Pour Mme Aubry, gouvernement une occasion « le redressement spectaculaire du d’exercer une pression supplé- marché du travail [qui] entraîne mentaire sur le régime d’assu- aujourd’hui des excédents de l’Une- rance-chômage, alors que le pa- dic » est imputable, pour partie, à tronat et les syndicats tentent de l’action du gouvernement. négocier de nouvelles règles de Au siège de l’Unedic, on fait fonctionnement. mine de ne pas s’émouvoir de ces Il y a peu, Mme Aubry et Lionel déclarations en expliquant qu’il Jospin étaient déjà intervenus n’y a « rien de nouveau sous le so- pour souhaiter une meilleure in- leil ». Les 20 milliards de francs demnisation des demandeurs évoqués par Mme Aubry, explique- d’emploi. « Les Français approuve- t-on, ont leur utilité : 7 milliards raient sûrement que les partenaires ont été mis de côté pour rembour- sociaux mettent à profit la bonne ser un bout de la dette en 2002, santé financière de l’Unedic pour 5 milliards servent à financer un améliorer la couverture d’assu- « creux » de trésorerie, classique rance-chômage des salariés pré- tous les mois, le solde (8 milliards, caires que tous s’accordent à consi- soit un mois de paiement des allo- dérer comme insuffisante », avait cations) étant considéré comme ainsi déclaré le premier ministre, le une provision « au cas où la 4 avril, devant les députés socia- conjoncture se retournerait ». Les listes. Le gouvernement revient partenaires sociaux étudient au- aujourd’hui à la charge pour récla- jourd’hui l’utilisation des excé- mer avec insistance une « clarifica- dents. Des simulations financières tion » des relations financières ont été faites, dans lesquelles ne fi- entre cet organisme et l’Etat. gure pas la « cagnotte » évoquée Quand « la situation de l’Unedic par la ministre. n’était pas bonne », en 1993, a rap- pelé Mme Aubry, l’Etat « a été ame- I. M. LeMonde Job: WMQ1205--0008-0 WAS LMQ1205-8 Op.: XX Rev.: 11-05-00 T.: 10:51 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0496 Lcp: 700 CMYK

8 / LE MONDE / VENDREDI 12 MAI 2000 FRANCE Le RPR auditionne ses quatre candidats à la Mairie de Paris Laurent Fabius indique Des représentants de l’UDF et de Démocratie libérale participeront à la séance. La commission d’investiture ne devrait pas faire connaître son choix avant le 18 mai que « l’Etat La commission nationale d’investiture du dur devait être entendu le premier, suivi par du groupe de l’Assemblée nationale, et Di- guen, et le président de la fédération de Pa- RPR devait procéder, jeudi 11 mai, dans Jean Tiberi, Philippe Séguin et Françoise de dier Bariani, président de la fédération de Pa- ris, Bernard Plasait. Le nom du candidat rete- défendra l’après-midi, à l’audition des quatre candi- Panafieu. François Bayrou conduira une délé- ris. Démocratie libérale sera également re- nu par la commission d’investiture ne devrait dats RPR à l’investiture gaulliste pour les gation de l’UDF, à laquelle participeront no- présentée par son secrétaire général, Laurent pas être connu avant le 18 mai, à l’occasion élections municipales à Paris. Edouard Balla- tamment Philippe Douste-Blazy, président Dominati, son porte-parole, Claude Goas- d’une nouvelle réunion. M. Trichet » LA DROITE parisienne est en- nationale, ce sera au tour des conjointe des centristes, des libé- Pour DL, en l’absence d’Alain Ma- mercredi, que l’UDF et DL étaient LAURENT FABIUS, ministre de trée, jeudi 11 mai, dans la phase quatre candidats. Edouard Balla- raux et des deux candidats qui ont delin, en déplacement à Caen, se- seulement conviés à « se forger l’économie et des finances, a affirmé, concrète de la procédure de dési- dur ouvrira la séance à 14 h 30, sui- la préférence de ces partis, M. Bal- ront présents le secrétaire général une opinion » et que le RPR mercredi 10 mai, que « l’Etat assurera gnation de son candidat à la Mai- vi de Jean Tiberi, Philippe Séguin ladur et Mme de Panafieu. du parti, Laurent Dominati, et son conservait « son autonomie de dé- la protection de ses fonctionnaires at- rie de Paris. Conformément à ce et, enfin, Françoise de Panafieu. Après maintes tractations, porte-parole, Claude Goasguen, cision ». C’est le 18 mai, lors d’une taqués » et « défendra M. Trichet », le qui a été arrêté, après maints ajus- Celle-ci devrait, en outre, être re- l’UDF et DL ont arrêté la composi- tous deux élus parisiens. S’y ajou- nouvelle réunion, que la commis- gouverneur de la Banque de France tements, par la présidente du RPR çue par Jacques Chirac, samedi tion de leurs délégations. M. Bay- teront le président de la fédération sion d’investiture du RPR devrait mis en examen pour « diffusion de Michèle Alliot-Marie, la commis- 13 mai. rou sera accompagné par son rival de Paris, Bernard Plasait ainsi que arrêter son choix. fausses informations au marché, pré- sion d’investiture du parti gaulliste Depuis une semaine, le RPR né- Philippe Douste-Blazy, président François Goulard et Xavier Pour étayer son avis, la commis- sentation et publication de comptes so- doit procéder, jeudi, à une journée gocie avec ses « partenaires » de du groupe UDF de l’Assemblée, et Chinaud. sion pourra puiser dans la manne ciaux inexacts » dans le cadre de l’en- non-stop d’auditions. Le matin, l’UDF et de Démocratie libérale par Didier Bariani, président de la des sondages qui se multiplient quête sur le Crédit lyonnais. une trentaine d’élus RPR pari- (DL) les modalités de leur partici- fédération de Paris, avec lequel il UNE MANNE DE SONDAGES ces jours-ci. Le Nouvel Observateur M. Fabius répondait, lors de la séance siens, maires d’arrondissements et pation à l’audition des candidats. est en conflit ouvert sur la straté- Le nom du candidat investi ne (daté 11-17 mai) publie, par des questions au gouvernement à parlementaires, seront entendus D’abord réfractaire à l’idée, le par- gie à conduire. Se joindront à eux devrait pas être connu à l’issue de exemple, un sondage Sofres (réali- l’Assemblée nationale, à une ques- par la commission au siège du ti de Mme Alliot-Marie l’a finale- Hervé de Charette et la députée ces auditions. Le porte-parole du sé les 4 et 5 mai auprès de tion de Patrick Devedjian, porte-pa- RPR. L’après-midi, à l’Assemblée ment acceptée, sous la pression européenne Marielle de Sarnez. RPR, Patrick Devedjian a rappelé, 400 électeurs par arrondissement) role du RPR. M. Trichet a d’autre part sur les intentions de vote dans reçu le soutien d’Hubert Védrine, mi- trois arrondissements-clés, les 5e, nistre des affaires étrangères, qui a 12e et 14e. Dans le 14e, la liste déclaré, mercredi, lors d’un point de Charles Pasqua refuse d’être placé « sous tutelle » par le RPF conduite par Philippe Séguin fe- presse, que M. Trichet demeure «le rait jeu égal, au second tour, avec meilleur » pour succéder à Wim Dui- CHARLES PASQUA déjeune avec qui il mique » de son ancien patron, qui a conduit l’extérieur. Faute de quoi il faut qu’ils en tirent celle du socialiste Pierre Casta- senberg à la présidence de la Banque veut et choisit les plats qu’il préfère. Son dé- celui-ci a déjeuner avec Jacques Chirac le les conclusions. » M. Pasqua a jugé le débat de gnou. Dans le 12e, la socialiste Mi- centrale européenne (BCE) en 2002. jeuner, samedi 6 mai, avec Philippe Séguin, a 12 avril, puis, samedi donc, avec M. Séguin. la veille « fellinien, puisqu’en fin de compte on chèle Blumenthal l’emporterait provoqué des aigreurs d’estomac jusque dans M. Abitbol estime que ce sont là « des signaux est d’accord sur tout ». « L’intérêt du RPF, c’est avec 45 % des voix si perdurait jus- DÉPÊCHES son plus proche entourage. Mardi 9 mai dans contradictoires » par rapport à ce qui de- d’être ferme sur les principes. Je l’ai été avec qu’au second tour, à droite, la divi- a EUROPE : François Bayrou a la matinée, constatant l’utilisation que faisait meure, selon lui, l’essentiel : la lutte pour le Chirac. Mais nous ne sommes pas bornés, nous sion entre la liste du maire sortant plaidé pour une constitution euro- de cette rencontre l’équipe de campagne de souverainisme dans la perspective de l’élec- ne sommes pas des sauvages. Nous savons tous (UDF), Jean-François Pernin péenne au cours d’un colloque or- M. Séguin, et notamment « ce petit gougna- tion présidentielle de 2002. « Vous avez tué le que notre électorat est de droite », a-t-il ajouté. (29 %), et celle conduite par le dé- ganisé mardi 9 et mercredi 10 mai à fier de [Roger] Karoutchi », son propre suc- RPF », a même lâché M. Abitbol, devant des Quant aux fameux déjeuners que ré- puté (RPR) Jean de Gaulle (26 %). l’Assemblée nationale par la Fonda- cesseur au Sénat, Charles Pasqua avait été villiéristes médusés et, pour une fois, d’ac- prouvent M. Abitbol aussi bien que Philippe En revanche, en cas d’union de la tion Robert-Schuman et l’Associa- contraint de publier un communiqué selon cord avec lui. Jean-Charles Marchiani lui a de Villiers, « ça ne les regarde pas ». « J’ai dîné droite, M. Pernin l’emporterait tion Jean-Monnet pour commémo- lequel il affirmait n’avoir aucun « a priori fa- emboîté le pas. avec Tiberi, j’ai déjeuné avec Balladur et Séguin, face à la gauche. Enfin, dans le 5 e, rer le cinquantenaire de la vorable » pour aucun des quatre candidats à j’ai pris le thé avec Panafieu. Je vois qui je veux, dernier fief des tibéristes, la déclaration qui lança la Communau- l’investiture du RPR pour la mairie de Paris UNE « ACTION » À PARIS je ne suis pas sous tutelle », affirme M. Pasqua. gauche l’emporterait dans le cas té économique du charbon et de (Le Monde du 10 mai). Interrogé mercredi par Le Monde, alors qu’il Pour preuve de sa détermination à présenter d’un triangulaire comme dans le l’acier (CECA). Le président de l’UDF Cela n’a pas suffi. Mardi soir, lors d’une réunissait, à Catane, en Sicile, le bureau du des candidats aux élections municipales à Pa- cas d’un duel avec M. Tiberi. En a suggéré qu’un tel texte soit adopté réunion du bureau du RPF à l’Assemblée na- groupe qu’il préside au Parlement européen, ris, le président du RPF annonce une pro- revanche, une liste unique de « le même jour par référendum » dans tionale, le premier à le mettre en cause a été l’Union pour l’Europe des nations, M. Pasqua chaine campagne d’affichage. Par ailleurs, il droite, sans M. Tiberi, l’emporte- les pays membres, afin que les l’un de ses plus fidèles collaborateurs, William a vivement invité ses détracteurs à prendre prendra lui-même l’initiative d’« une action » rait d’une courte tête avec 51 % peuples d’Europe se reconnaissent Abitbol, député européen et porte-parole du leurs responsabilités : « Les choses ont atteint dans la capitale en juin, « ce qui ne signifie pas des suffrages. comme une « communauté de conci- mouvement. Selon un participant, ce fut un point inacceptable. Mes amis et collabora- que je suis moi-même candidat ». toyens ». Il s’est, d’autre part, pronon- « une rude soirée » pour le président du RPF. teurs ont le droit de me faire part de leurs désac- Christine Garin cé pour l’élection du président de la M. Abitbol s’est étonné du « mois gastrono- cords, mais pas celui de véhiculer des critiques à Jean-Louis Saux et Jean-Baptiste de Montvalon Commission européenne « directe- ment ou par les représentants », « afin de donner [à l’Europe] une voix et un visage ». Les parlementaires de l’opposition se penchent sur les dysfonctionnements de la justice a HÔPITAUX : Martine Aubry, mi- nistre de l’emploi et de la solidari- UN ATELIER, selon le Robert, tionale, en concluant les travaux. vorable, en soulignant que « l’in- sont aussi les quelques sujets principe d’« exécution immédiate » té, a signé, mercredi 10 mai, un ac- est « le lieu où des artisans ou des Il s’agissait, aussi, de crever l’ab- dépendance des carrières est une consensuels à droite : la proximité des décisions de première ins- cord avec les représentants des ouvriers travaillent en commun », cès de l’échec de la réforme du garantie de l’indépendance de la de la justice avec les citoyens ou tance. M. Houillon a prôné une ré- quelque 3 700 chefs de clinique, por- « où des ouvriers travaillent à un Conseil supérieur de la magistra- justice », tandis que Michèle Alliot- encore le renouveau de la fonction forme de la mise en examen, qui tant sur une revalorisation de leurs même ouvrage ». Les « ateliers par- ture (CSM). Prenant acte de l’hos- Marie, présidente du RPR, expli- de juger, thèmes des deux tables interviendrait au plus près de la rémunérations et l’instauration d’un lementaires de l’alternance », lan- tilité de presque toute la droite, à quait que l’opposition « ne pouvait rondes animées par Jean-Luc phase de jugement. Il s’est égale- repos de sécurité au lendemain des cés par la droite, mercredi 10 mai, l’exception de quelques élus cen- pas accepter » une telle réforme, Warsmann (RPR, Ardennes) et ment déclaré partisan d’une évolu- nuits de gardes. Cet accord, d’un coût au Sénat, sur le thème de la jus- tristes, Jacques Chirac avait déci- qui n’abordait que « ponctuelle- M. Houillon. Rien que du tion des droits de la défense vers la global de 20 à 25 millions de francs tice, veulent « coller » à cette défi- dé, le 18 janvier, de reporter sine ment » les problèmes. « La réforme « concret », donc. procédure « contradictoire » et, à par an, prévoit aussi une indemnisa- nition : oui, les députés et les séna- die le congrès du 24 janvier, au du CSM, ce n’est pas la priorité. Ce M. Poncelet a lancé l’idée « titre personnel », s’est dit favo- tion du travail effectué jusque-là bé- teurs RPR, UDF et DL ont cours duquel les députés et les sé- n’est pas un commencement, c’est d’« une assurance juridique obliga- rable à la « séparation des fonctions névolement le week-end. retroussé leurs manches et tra- nateurs devaient se prononcer sur une fin. C’est après avoir débattu du toire comme il existe une assurance du parquet et du siège ». Alain Ma- a JUSTICE : le Front national a vaillent en commun à un même la réforme constitutionnelle (Le reste que nous pourrons en dis- automobile obligatoire », afin de fa- delin, président de Démocratie li- contesté devant le tribunal de ouvrage, la victoire de la droite Monde du 20 janvier). Le lende- cuter », a renchéri Philippe Houil- voriser l’accès à la justice. «Un bérale, a jugé nécessaire d’« ouvrir grande instance de Paris, mercredi aux élections législatives de 2002. main, M. Douste-Blazy annonçait lon (DL, Val-d’Oise). rapprochement des barreaux et des le recrutement des juges vers l’exté- 10 mai, la qualité de syndicat au Syn- « C’est la première fois que les les « assises de la justice » de l’op- compagnies d’assurances devrait rieur », avant de réclamer un dicat de la magistrature. Pour groupes parlementaires partagent position en vue d’« une grande ré- « ASSURANCE JURIDIQUE » sans doute être tenté », a-t-il suggé- « plan Orsec » pour la justice. Des Me Georges-Paul Wagner, avocat du une initiative commune. A la fin de forme ». Le reste, c’est ce qui intéresse ré. M. Warsmann a souhaité que la propositions de loi « tirant les parti d’extrême droite, les prises de ces ateliers, nous aurons un pro- Pourtant, mercredi, la réforme « vraiment » les Français. Selon droite propose, en 2002, «un conséquences » de ce débat seront position de l’organisation syndicale à gramme politique que nous pour- du CSM n’était pas au programme « les sondages d’opinion », ceux-ci contrat entre les Français et la jus- « bientôt » déposées à l’Assemblée l’encontre du FN seraient contraires rons présenter aux partis pour ga- de l’atelier. Et pour cause : le débat reprochent à la justice « sa lenteur, tice » visant à limiter les délais de et au Sénat. Prochain atelier en aux règles du droit qui veulent qu’un gner les législatives », a confirmé n’est pas encore tranché à droite. sa complexité et son coût », a résu- jugement « de l’ordre d’un se- juin, sur les « freins à l’emploi ». syndicat se limite « à la défense des Philippe Douste-Blazy, président Le président de l’UDF, François mé le président du Sénat, Chris- mestre devant les tribunaux de intérêts d’une profession ». Le juge- du groupe UDF de l’Assemblée na- Bayrou, a rappelé qu’il y était fa- tian Poncelet (RPR). Le reste, ce grande instance », et soutenu le Clarisse Fabre ment sera rendu le 14 juin. LeMonde Job: WMQ1205--0009-0 WAS LMQ1205-9 Op.: XX Rev.: 11-05-00 T.: 11:09 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0497 Lcp: 700 CMYK

9 SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 12 MAI 2000

ÉDUCATION Les premiers seignants et l’organisation de leur b ENTRE 30 ET 40 % DES INSCRITS l’arrivée des jeunes des classes po- les moniteurs des universités, consti- cycles des universités sont confron- travail. b LES MESURES, comme le en premier cycle quittent l’université pulaires et de la crainte qu’ils ins- tuent l’unique structure abordant la tés à l’afflux de nouveaux publics tutorat, mises en œuvre pour ac- sans diplôme. b LE SOCIOLOGUE Da- pirent à certains enseignants. b LES question des méthodes pédago- étudiants, qui mettent en cause les compagner cette massification n’ont vid Lepoutre témoigne, dans un en- CENTRES d’initiation à l’enseigne- giques face au dogme de la « liberté insuffisances pédagogiques des en- guère produit d’effets positifs. tretien, des désordres induits par ment supérieur, créés pour former académique » de l’enseignant. Les nouveaux publics étudiants ébranlent les premiers cycles universitaires L’arrivée massive de jeunes issus des classes populaires remet en cause les bases de l’enseignement supérieur. Les organisations d’étudiants dénoncent l’absence de préoccupation pédagogique des enseignants. Des initiatives locales tentent d’améliorer la situation LEUR MANIFESTE plaide pour time Alain Coulon, auteur de l’ou- sième cycle. Les jeunes qui en dirigés vers du « soutien scolaire » une « révolution pédagogique à vrage Le métier d’étudiant (PUF, avaient le plus besoin ne s’y sont ou des ateliers d’écriture ; des mo- l’université ». Pas moins. Le mi- 1997). Mais, faute de formation, cha- pas toujours inscrits. « Nous, nous dules de lecture sont mis en place nistre de l’éducation nationale, cun fait comme il peut en fonction l’avons rendu obligatoire pour les afin de leur apprendre à manipuler Jack Lang, qui, de manière im- de ses certitudes pédagogiques, s’il étudiants en difficulté », témoigne un livre d’histoire ou lire un index. promptue, s’est rendu, samedi en a. » Chantal Duprez, maître de confé- « Il faut se montrer pressant, voire 6 mai, aux rencontres nationales rences en physique à Lille-I. En répressif, pour qu’ils lisent », sou- des élus étudiants, organisées à ARTICULER COURS ET TD outre, grâce au tutorat, les ensei- ligne Michel Puzelat. Clé du travail Grenoble par l’UNEF-ID, saura dé- Censées accompagner l’arrivée gnants-chercheurs ont pu se désin- universitaire, l’apprentissage de la sormais que les revendications des de ces jeunes pour lesquels le tra- téresser des difficultés individuelles recherche documentaire est inten- étudiants ne se limitent pas à l’ins- vail universitaire n’allait pas de soi, de leurs étudiants. Quant à l’orga- sifié en première année. Certains tauration d’« un statut social ». Les des tentatives de réponses ont été nisation de l’année en semestres, enseignants veillent à écrire un responsables du syndicat avaient imaginées ces quinze dernières an- elle se révèle catastrophique sur le maximum de choses au tableau pourtant eu toutes les peines du nées : période d’orientation, portée plan pédagogique. « Avec ce sys- afin de limiter les dégâts d’une monde à réunir une tribune pour à six mois par François Bayrou en tème, on passe onze semaines par an prise de notes non maîtrisée. Dans débattre de « la pédagogie introu- 1997, tutorat pour les étudiants en en examens ; les cours n’occupent quelques universités, une semaine vable à l’université ». Une difficulté difficulté, cours de méthodologie, plus que six mois sur l’année », re- d’accueil est organisée. qui reflète le peu de considération compensation entre les différentes grette André Legrand, premier que la plupart des enseignants- unités composant un diplôme. Cer- vice-président de la conférence des MATERNAGE OU AUTONOMIE chercheurs portent à ces questions. taines de ces mesures ont claire- présidents d’université (CPU). Tout cela au grand dam de cer- « Beaucoup d’entre eux se moquent ment échoué : le semestre de réo- « Désormais, les étudiants n’ont plus tains enseignants, qui y voient un de la réussite de leurs étudiants en rientation n’est utilisé que par 1 % à qu’un but : décrocher les unités d’en- « maternage » incompatible avec premier cycle », assure avec un brin 2 % des étudiants. « Comment vou- seignement les unes après les autres, l’autonomie, et un risque de se- de provocation Marie-Françoise lez-vous qu’un étudiant se réoriente sans songer à la cohérence des pro- condarisation des premiers cycles. Fave-Bonnet, présidente de l’Asso- à l’issue du premier semestre alors grammes », ajoute Michel Puzelat, De leur côté, les plus impliqués ciation pour le développement des que, dans certaines disciplines, on ne responsable du DEUG d’histoire à dans ces dispositifs peinent à re- méthodes d’enseignement dans le lui remet ses copies d’examen qu’au Paris-VIII. gés de cours les travaux dirigés de Chambéry. Cela obligeait chacun connaître que les contenus d’ensei- supérieur (Admes). « Il faut dire mois de mars ?, s’interroge la prési- La manière dont travaillent les (TD) censés les prolonger. Or, faute à une remise à plat de ses pratiques gnement pâtissent de ces nouvelles que la carrière se joue dans les tra- dente de l’Admes. Il faudrait da- enseignants n’arrange rien. Dans de travail en équipe, il arrive que le et de ses contenus. Et, lorsque j’ai contraintes. « J’en rabats sur la vaux de recherche, pas dans l’impli- vantage de contrôle en cours de for- certaines universités, la hiérarchie chargé de TD apprenne de la souhaité instaurer des réunions pé- forme, pas sur le fond, assure Eric cation auprès des étudiants », pré- mation ; un luxe pédagogique, étant entre les catégories d’enseignants bouche des étudiants le contenu du dagogiques, on m’a dit qu’il s’agis- Macé, maître de conférences en so- cise-t-elle. donné le nombre d’étudiants et de est toujours prégnante. Les profes- cours en amphi. « Quand j’ai voulu sait d’une idée farfelue. » Dans leur ciologie à Paris-III, et je ne m’of- Confrontés depuis une quinzaine copies à corriger. » D’autres dispo- seurs d’université assurent les articuler cours et TD, je me suis manifeste, les étudiants s’élèvent fusque pas de faire cours dans des d’années à la massification de l’uni- sitifs ont des effets pervers. cours magistraux, laissant aux heurtée à des résistances, témoigne en outre contre les turbo-profs qui conditions qui ressemblent à celles versité, les 80 000 enseignants du Exemple : le tutorat confié à des maîtres de conférences, aux ensei- Agnès Pélage, maître de confé- concentrent leurs heures sur une du lycée. » supérieur accueillent des bacheliers étudiants de deuxième ou troi- gnants du secondaire ou aux char- rences en sociologie à l’université ou deux journées et sont absents le Pourtant, alors que l’enjeu au- de toutes origines sociales et sco- reste du temps. Ils prônent l’instau- jourd’hui « n’est plus d’entrer à laires. Cette évolution, qui s’est ac- Forte jusqu'en 1996, l'augmentation des effectifs ralentit ration d’une « véritable » évalua- l’université, mais d’y rester », les compagnée d’une hécatombe aux tion des enseignements, restée plus pessimistes restent convaincus examens – selon les filières, 30 % à ÉTUDIANTS ENTRANT EN PREMIÈRE ANNÉE NOMBRE D'ÉTUDIANTS INSCRITS À L'UNIVERSITÉ lette morte malgré son inscription que toutes les mesures pédago- 40 % des jeunes inscrits en premier en milliers d'étudiants en milliers d'étudiants dans les textes. giques ne pourront rien changer à 1 382,5 cycle quittent l’université sans di- 300 Localement, toutefois, un ensei- « l’indétermination d’une partie des 278,4 plôme –, n’a pas encore été prise 1350 1 233,3 gnant ou une équipe peut parvenir jeunes, qui sont en premier cycle en compte partout. « Lorsque le dé- 250,7 TOTAL à instaurer des adaptations péda- sans savoir pourquoi ». Les plus op- 250 TOTAL 1200 bat sur la sélection a été tranché, au gogiques. Les cours en petits timistes, comme Marie-Claire Mé- milieu des années 80, on aurait pu 1050 groupes sont alors privilégiés au ry, responsable de Promosciences, s’attendre à une réflexion sur les 200 905,8 détriment des amphis. Un choix association d’échanges de pra- 900 conséquences pédagogiques de la coûteux, malgré la baisse démogra- tiques pédagogiques, parient sur démocratisation. Or il ne s’est pas 150 166 750 phique amorcée des dernières an- les changements que ne manque- passé grand-chose », déplore la pré- nées. Les étudiants réclament car- ront pas d’introduire les nouvelles 600 sidente de l’UNEF-ID, Carine Sei- 100 LETTRES rément que l’on « casse les technologies et les jeunes ensei- dont ler. Le verdict est sévère, mais re- 450 amphis » afin « de mettre les TD au gnants : d’ici à 2009, 47 % des pro- SCIENCES premier cycle layé par certains enseignants 50 centre des enseignements ». L’ex- fesseurs des universités et 25 % des DROIT 300 eux-mêmes. « Surpris par le niveau ÉCONOMIE pression écrite et orale de certains maîtres de conférences auront pris de leurs étudiants, ils se rendent 198590 95 00 08 étudiants étant des plus faibles, des leur retraite. 0 SANTÉ compte que l’on ne peut plus ensei- PROJECTIONS tests sont parfois organisés en dé- gner avec les vieilles méthodes, es- 1986 88 90 92 94 96 98 Source : ministère de l'éducation nationale but d’année : les plus fragiles sont S. L. B. Les centres d’initiation à l’enseignement supérieur David Lepoutre, maître de conférences en sociologie tentent de briser le tabou pédagogique « Certains collègues craignent les jeunes de banlieue » « Dans quelle mesure les sont mal à l’aise en salle d’examen, gner dans des conditions accep- HÉRÉTIQUE. L’idée de préparer IUFM, temples du « pédagogisme » dimension pédagogique du métier. » nouveaux publics d’étudiants à côté de ceux qui composent. tables. les enseignants-chercheurs à leur aux yeux de beaucoup d’universi- Ce lieu unique est loin d’être mettent-ils à mal les règles ta- D’où leurs comportements pertur- – Peut-on établir un parallèle métier de formateur est encore taires, fonctionnent dans le milieu exempt de critiques. Méconnus, cites ou explicites de l’universi- bateurs. avec ce qui se passe au lycée ou considérée « comme une hérésie » « comme un repoussoir », ajoute-t- peu valorisés par les universités et té ? – Comment réagissent les en- au collège ? dans le milieu universitaire, selon il. Les CIES abordent donc ces les moniteurs eux-mêmes, tombés – Il faut s’entendre sur ce que seignants à ces nouveaux pu- – Ce qui est comparable, c’est le Marc Romainville, chercheur à questions a minima, évitant un rap- pour certains en déshérence au fil l’on appelle les nouveaux publics. blics ? registre de conflit entre des l’université de Namur (Belgique), prochement idéologiquement inac- des années, les CIES ont souffert Dans le cadre de la massification – La première attitude des ensei- mondes qui s’ignorent. Mais beau- auteur de l’ouvrage Enseigner à ceptable avec les pratiques du se- jusqu’à ces derniers mois d’une ab- de l’enseignement supérieur, un gnants consiste à opposer une fer- coup de choses sont différentes. A l’Université, un métier qui s’ap- cond degré. « L’objet des CIES est sence de politique nationale. Dans ensemble de jeunes des classes po- meté de principe, pour maintenir l’université, contrairement à la si- prend ? (De Boeck, 1996). Au nom d’informer les futurs maîtres de ce contexte, le manque d’assiduité pulaires qui n’accédaient aupara- coûte que coûte l’ordre universi- tuation dans les établissements de « la liberté académique », conférences sur les publics auxquels des moniteurs aux séances de for- vant que rarement à l’université y taire antérieur. D’autres traitent les scolaires de zone d’éducation prio- marque de fabrique de l’Université, ils vont être confrontés, le fonctionne- mation a été stigmatisé à plusieurs sont désormais présents en assez désordres par l’ignorance, voire le ritaire, les jeunes réfractaires à et de la maîtrise aboutie d’une dis- ment de l’institution universitaire, les reprises. « A Paris, entre 10 % et 20 % grand nombre. Une partie d’entre mépris. Au mieux, on considère l’ordre de l’institution sont très mi- cipline, viatique jugé suffisante pratiques pédagogiques, les pro- des futurs enseignants-chercheurs eux, qui viennent de grands en- que l’université n’a pas à se se- noritaires et ne peuvent pas impo- pour transmettre un savoir, les en- blèmes d’évaluation, les nouvelles sont réfractaires à toute formation », sembles HLM, ont introduit des condariser ; au pire, on ferme les ser leurs règles. De plus, l’obliga- seignants du supérieur répugnent à technologies, l’usage des ressources estime Alain Coulon. Une four- comportements issus de la culture yeux sur une réalité qui fait plus ou tion d’assiduité n’y existe pas pour se préoccuper de leurs pratiques documentaires... », énumère Alain chette basse par rapport à d’autres des rues, qui sont tout à fait inédits moins peur. Une de mes collègues, les cours. A l’université, les procé- pédagogiques. « L’Université est le Coulon. centres. Les formations axées sur la dans les facultés. Ils perturbent que j’estime, m’a avoué sa véri- dures de sanctions sont plus temple du savoir libre et gratuit et communication, voire les tech- sciemment les cours ou les travaux table crainte d’être confrontée à compliquées à mettre en œuvre. Le personne ne peut prétendre s’immis- FORMATION CONTINUE niques théâtrales, largement privi- dirigés, insultent les secrétaires ces « jeunes de banlieue ». Un autre rapport à l’institution est donc dif- cer dans la manière dont ses prêtres Anomalie du système, seuls 40 % légiées ces dernières années, ont dans les bureaux, fraudent à l’exa- phénomène, sans doute le plus férent. Quant aux enseignants, leur disent la messe », insiste le cher- des maîtres de conférences ont été aussi contribué à dévaloriser les men ou bien ne composent pas et inquiétant, est celui de l’ethnicisa- culture pédagogique est beaucoup cheur en sciences de l’éducation. auparavant moniteurs et ont donc CIES. La faiblesse, pour ne pas dire chahutent. Certains développent tion et de l’étiquetage des étu- moins développée dans le supé- Seule brèche timide dans ce ta- bénéficié de cette formation. Six l’absence, des relations entre les des formes nouvelles d’économie diants venant des cités. Parallèle- rieur que dans le second degré. bou : les centres d’initiation à l’en- enseignants-chercheurs sur dix dé- moniteurs et leur tuteur, un ensei- illégale (drogue, vêtements vo- ment, du côté étudiant, il y a une – L’institution universitaire a- seignement supérieur (CIES). barquent encore à l’Université sans gnant-chercheur titulaire, constitue lés...) dans l’enceinte des campus, nette tendance au repli de groupe. t-elle pris conscience de ces pro- Créées en 1989, ces structures, res- autre bagage que leur expertise dis- une autre des lacunes du dispositif. sachant qu’ils ne sont pas acces- Par exemple, j’ai observé que les blèmes ? tées assez confidentielles dans le ciplinaire et leur qualité de cher- Enfin, les centres ont pâti de dérives sibles à la police. étudiants d’origine maghrébine – Pour l’instant, ils ne sont for- milieu universitaire, ont vu passer cheur. Le ministère réfléchit à une induites par les moniteurs eux- – Quelles sont les motivations ont tendance à s’inscrire dans les mulés qu’en termes individuels. en dix ans quelque quinze mille évolution des CIES, qui pourraient mêmes. « Essentiellement préoc- de ces étudiants ? mêmes groupes de travaux dirigés, Les réponses sont donc indivi- moniteurs. Etudiants en première à l’avenir prendre en charge la for- cupés par leur thèse, les moniteurs – Une partie d’entre eux à se placer les uns à côté des autres duelles, par exemple sous forme de année de thèse, bénéficiaires d’une mation continue des jeunes maîtres ont utilisé les formations, et notam- trouvent dans les bourses d’études en amphi, etc. sanctions disciplinaires, ou passent allocation de recherche, les moni- de conférences et des assistants ment l’apprentissage à la recherche une source de revenu provisoire – Les enseignants sont-ils les par des mesures sécuritaires, avec teurs assurent soixante-quatre temporaires d’enseignement et de documentaire, à cette fin », explique non négligeable. Certains ne fré- premiers touchés par ces nou- la mise en place de vigiles ou la fer- heures d’enseignement par an, recherche (ATER). « Jusqu’à présent, Marie-Françoise Fave-Bonnet. quentent l’université que le jour de veaux comportements ? meture des campus la nuit. Il fau- payées 1 800 francs par mois. En on a considéré que les colloques Le ministère travaille à une réno- l’inscription et les jours d’examen, – Ce sont les personnels admi- drait impulser une réflexion collec- contrepartie, ils sont tenus de constituaient les lieux naturels de for- vation et un renforcement du dis- pour signer la feuille d’émarge- nistratifs qui subissent la plus forte tive permettant la prise en compte suivre une formation d’une dizaine mation continue pour les ensei- positif. Les CIES devraient disposer ment. Mais les choses sont plus agressivité verbale. Les départe- de la nouvelle composition sociale de jours par an pendant trois ans. gnants-chercheurs, analyse Marie- à la rentrée 2000 de moyens supplé- compliquées. Il n’y a pas deux ca- ments universitaires sont sous-ad- des publics étudiants. » « Il n’a jamais été question de créer Françoise Fave-Bonnet, présidente mentaires, accueillir davantage de tégories d’étudiants, mais une ministrés, ce qui rend les dé- des instituts universitaires de forma- de l’Association pour le développe- moniteurs (deux mille, contre mille continuité entre ces étudiants et marches des étudiants souvent Propos recueillis par tion des maîtres (IUFM) pour ensei- ment des méthodes d’enseigne- sept cents actuellement) et leurs di- ceux qui viennent pour faire de ardues. Quant aux enseignants, Stéphanie Le Bars gnants du sup », explique Alain ment dans le supérieur (ADMES). recteurs devraient être mieux asso- « vraies » études. Même les moins s’ils ne se font pas encore insulter, Coulon, directeur du CIES de Paris, C’est exact, mais uniquement pour ciés aux universités. motivés témoignent d’une certaine ils sont en revanche atteints au ૽ David Lepoutre est l’auteur de responsable de l’assemblée des les aspects de recherche. Le CIES forme de curiosité. Quant à ceux cœur même de leur fonction, Cœur de banlieue, codes, rites et quatorze centres existants. Les reste le seul lieu où est abordée la S. L. B. qui viennent pour la bourse, ils quand ils ne peuvent plus ensei- langages (Odile Jacob, 1997). LeMonde Job: WMQ1205--0010-0 WAS LMQ1205-10 Op.: XX Rev.: 11-05-00 T.: 10:45 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0498 Lcp: 700 CMYK

10 / LE MONDE / VENDREDI 12 MAI 2000 SOCIÉTÉ

La réconciliation entre Mgr Gaillot et l’Eglise La croisade médiatisée est scellée par un échange de courrier de l’employé licencié Le Vatican n’a pas été associé à cette démarche de rapprochement du McDonald’s d’Albi La réconciliation de Mgr Jacques Gaillot avec Mgr Louis-Marie Billé, président de la Confé- prises de position non orthodoxes. Les partisans l’Eglise de France a été scellée par une lettre, rence des évêques de France, à celui qui avait de Mgr Gaillot se félicitent de cette démarche, à rendue publique mercredi 10 mai, adressée par été révoqué de son diocèse d’Evreux pour ses laquelle le Vatican n’a pas été associé. Il a été renvoyé pour avoir aidé une mendiante C’EST par un échange de courrier communion dans la foi et dans le ser- ché » du « geste de solidarité » de lique en France, Mgr Fortunato Bal- TOULOUSE pérait davantage de participation que Jacques Gaillot vient de se ré- vice du même Evangile », écrit l’épiscopat français à son égard. Il delli, sans résultat probant. Il avait de notre correspondant pour ce premier « grand rassem- concilier avec les évêques de France Mgr Billé, qui ajoute : « Il importe se réjouit « de voir les évêques de également rencontré plusieurs Depuis qu’il est au chômage, blement ». A 14 heures, il entre en- et d’être implicitement reconnu que les catholiques et, plus largement France accueillir des chemins nou- évêques, dont Jacques Noyer, Rémi Millet est débordé. Licencié fin dans la salle d’audience du tri- dans son ministère d’« évêque au- peut-être, l’opinion publique sachent veaux pour la mission, sans chercher évêque d’Amiens, Georges Gilson, le 7 janvier du McDonald’s de Les- bunal, encadré par les deux trement ». Mgr Gaillot avait été ré- que la communion qui nous lie à [le] mettre dans des cadres admi- évêque de Sens-Auxerre et de la cure-d’Albigeois (Tarn), ce jeune députés européens élus sur la liste voqué de son diocèse d’Evreux comme des frères est réelle, même si nistratifs prévus ». Mission de France, et Gaston Pou- homme de vingt-trois ans rêve de du PCF, Sylviane Ainardi et Fodé (Eure) par le Vatican le 13 janvier elle est vécue d’une façon parti- Cet échange de courrier donne lain, évêque de Périgueux et Sarlat. prendre la tête d’un « grand mou- Sylla. Mais la confrontation 1995, à la suite de ses prises de posi- culière. » satisfaction aux partisans de L’évêque de Partenia a ensuite été vement national et européen pour le tourne court. A la demande de son tion jugées contestataires sur des l’évêque de Partenia, qui ne souhai- reçu à Lyon par Mgr Louis-Marie respect des droits de l’individu dans avocate, le président décide de sujets de société tels que l’usage du « UNE BLESSURE » taient pas que le rapprochement Billé ; le principe d’un échange de le monde du travail ». L’ancien renvoyer l’examen de l’affaire au préservatif ou l’ordination Le président de la Conférence des avec les évêques de France s’ins- courrier a été retenu au cours de « équipier polyvalent », selon la 12 juillet. L’avocate de Pierre Loi- d’hommes mariés. Cette décision évêques reconnaît que « ce qui s’est crive dans un cadre juridique. De- l’entretien. Le Vatican n’a pas été terminologie en vigueur au sein de ret, le dirigeant des deux McDo- avait suscité une émotion considé- produit, il y a un peu plus de cinq puis son éviction, Mgr Gaillot sil- associé à cette démarche, que l’on la chaîne de restauration rapide, nald’s de l’agglomération albi- rable, dépassant largement les fron- ans, demeure une blessure », lonne la France et le monde au présente à la Conférence des estime avoir été victime d’un li- geoise, proteste : la présentation tières de l’Eglise catholique. Dans d’abord pour l’ancien évêque service de différentes causes, évêques de France non pas comme cenciement abusif, sanctionné des faits livrée aux médias par une lettre datée du 5 mai et adres- d’Evreux, « mais aussi pour les comme celles des sans-papiers, des une « réhabilitation » de l’ancien pour avoir offert des hamburgers l’équipier renvoyé n’aurait rien à sée à celui qui n’est plus qu’évêque évêques de France, même si tous ne mal-logés, des chômeurs, ou encore évêque d’Evreux, mais comme un à une mendiante (Le Monde du voir avec « la réalité du dossier », de Partenia – un titre symbolique portent pas forcément la même ap- des minorités. « L’essentiel est que « geste » accompli à l’occasion du 16 mars). Aussi a-t-il saisi le dit-elle, justifiant le licenciement puisque ce diocèse in partibus préciation sur le passé ». Mgr Billé Jacques Gaillot soit reconnu dans sa jubilé de l’an 2000. Mgr Billé a invi- conseil des prud’hommes, mais par plusieurs causes « réelles et sé- n’existe plus –, Mgr Louis-Marie évoque ensuite « l’engagement » de fonction d’évêque auprès des exclus, té officiellement Jacques Gaillot à aussi les médias. Il a reçu le sou- rieuses ». Billé, archevêque de Lyon et pré- Jacques Gaillot : « Nous nous effor- confie l’un de ses proches. Nous ne participer, samedi 13 mai, à une tien de Mgr Gaillot, d’Albert Jac- A la petite foule de ses parti- sident de la Conférence des çons les uns les autres de servir, et de voulions pas qu’il soit nommé évêque grande rencontre œcuménique na- quart et de Léon Schwarzenberg, sans, le jeune homme indique, au évêques de France, a exprimé sa servir les pauvres. (...) Tu le fais avec émérite d’Evreux [ce qui aurait signi- tionale dans la primatiale de Lyon. des cinéastes Bertrand Tavernier micro du camion-sono prêté par la « communion » avec son « frère la liberté d’engagement qui te carac- fié sa mise à la retraite] ou qu’on lui Sa présence au milieu des autres et Robert Guédiguian et du syndi- mairie de Saint-Benoît-de-Car- dans l’épiscopat ». térise, et d’une manière différente de propose une autre fonction. » évêques français donnera un carac- caliste paysan José Bové. Il a aussi maux, qu’il va écrire à Elisabeth « En accord avec le conseil per- nous. » La réconciliation qui vient d’être tère public à cette réconciliation, été invité au congrès du Parti Guigou « pour qu’elle s’intéresse à manent et à la lumière des contacts La lettre de Mgr Billé a été ren- rendue publique fait suite à plu- cinq ans après la « blessure » de communiste à Martigues, avant de cette affaire douteuse ». Il espère que plusieurs évêques et moi-même due publique mercredi 10 mai, de sieurs mois de discussions. Jacques 1995. se rendre au Parlement européen que ce nouveau délai permettra nous avons eus avec toi, je veux t’as- même que la réponse de Jacques Gaillot avait d’abord été reçu à plu- de Strasbourg. une plus large mobilisation. Plus surer en toute sincérité de notre Gaillot. Celui-ci se déclare « tou- sieurs reprises par le nonce aposto- Xavier Ternisien tard, il avouera avoir craint une NOUVEAU HÉRAULT défection de son avocate. « Elle Mercredi 10 mai, le nouveau hé- m’a dit qu’elle ne voulait être ni une rault de la lutte anti-McDo avait star de la télé ni une avocate poli- enfin rendez-vous avec son ancien tique », raconte-t-il avec candeur. employeur, devant les L’avocate ne semble pas convain- prud’hommes d’Albi. Quelque cue par la médiatisation qu’il a 200 manifestants s’étaient rassem- choisie. M. Millet est tellement ab- blés à midi devant le tribunal, sorbé par son affaire qu’il en a ou- pour un pique-nique organisé par blié de répondre à une convoca- le PCF, avec la participation d’agri- tion de l’ANPE : il est aujourd’hui culteurs de la confédération pay- privé de ses allocations de chô- sanne du Tarn, de militants de mage. groupes Attac et d’étudiants de l’UNEF. M. Millet avoue qu’il es- Stéphane Thépot « Ado 71 » : trois ans de prison pour le diffuseur de cassettes LE TRIBUNAL CORRECTIONNEL DE MÂCON (Saône-et-Loire), conformément aux réquisitions du parquet, a condamné, mercredi 10 mai, à trois ans de prison ferme Bernard Alapetite, diffuseur récidi- viste de cassettes vidéo à caractère pédophile, dont l’exploitation du fi- chier clients avait conduit la gendarmerie, en juin 1997, à effectuer une vague d’interpellations sur tout le territoire français, baptisée « Ado 71 » (Le Monde des 15 et 16 mars). Un mandat d’arrêt a été délivré contre lui. Cinquante et un détenteurs de cassettes ont été condamnés pour « recel d’objets détenus à l’aide de corruption de mineurs », à des peines de deux, quatre ou six mois avec sursis, parfois assorties d’amendes, de privation des droits civiques, civils et de famille pour des durées de deux ou cinq ans. Une dizaine de relaxes ont été prononcées.

DÉPÊCHES a CONVOYEURS DE FONDS : les syndicats ont appelé les convoyeurs de fonds à manifester, jeudi 11 mai, à 13 heures, à Paris, de la place de la Bastille à celle de la République. Dans la matinée, syndicats et em- ployeurs devaient reprendre des négociations sur la sécurité. La veille, reçus au ministère de l’intérieur, les représentants patronaux s’étaient déclarés « prêts à signer » un accord sur la suppression du travail de nuit pour les transporteurs de fonds. a TERRORISME : deux militants indépendantistes bretons interpel- lés ont reconnu leur participation à plusieurs attentats revendiqués par l’ARB ces trois dernières années en Bretagne. Les deux hommes – Pascal Laize et Stéphane Philipp – ont nié toute participation dans les attentats contre les McDonald’s de Quévert et de Pornic, pour lesquels ils ont été mis en examen avec quatre autres militants (Le Monde du 10 mai). a MÉDECINE : la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale a rejeté, mercredi 10 mai, la proposition d’enquête des Verts sur les ordres des médecins départementaux, accusés de « partialité » et de « favoritisme ». Les députés ont invoqué le fait que des dispositions relatives à ces ordres figureraient dans le projet de loi de modernisation du système de santé. a VIOLENCE : un adolescent de dix-sept ans a été remis en liberté et placé sous contrôle judiciaire, après plus de trois mois passés en dé- tention pour son implication dans les sévices infligés à un de ses cama- rades du lycée professionnel Alfred-Mézières de Longwy (Meurthe-et- Moselle). Il avait été mis en examen pour « violences habituelles sur per- sonne particulièrement vulnérable » et écroué le 15 janvier, en même temps qu’un jeune de dix-huit ans ans, qui reste incarcéré. LeMonde Job: WMQ1205--0011-0 WAS LMQ1205-11 Op.: XX Rev.: 11-05-00 T.: 11:01 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0499 Lcp: 700 CMYK

SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 12 MAI 2000 / 11

Dix ans de prison pour Naïma, Le policier mis en cause dans l’incident qui poussa ses frère et sœur au parricide de Ris-Orangis sera cité devant le tribunal La jeune Algérienne voulait échapper au joug paternel Laurent Davenas, procureur de la République d’Evry, a décidé La cour d’assises de Seine-et-Marne a condamné, mer- de fusil, en 1997, par son petit frère, avec l’aide de sa de faire comparaître conjointement les deux protagonistes credi 10 mai, une jeune femme algérienne pour avoir petite sœur et de sa nièce. La violence paternelle a été été l’inspiratrice du meurtre de son père, tué à coups avancée comme mobile de ce complot familial. de l’interpellation mouvementée du 26 mars devant un même juge MELUN bijoux a été organisé. Mais les in- Violent ? « C’est faux », répond L’INTERPELLATION mouve- police nationale, et d’ouvrir un délai sur le véhicule a permis de déceler de notre envoyé spécial cohérences, rapidement, l’ont Foudil, l’aîné de la famille, âgé de mentée de Ris-Orangis (Essonne) de plusieurs mois avant le jugement. une écaille peu probante. Par ail- Du mois de janvier 1995 au emporté. Alors, tous ont avancé trente-trois ans. Et, progressive- opposant un policier à une jeune Me Karine Tilly, l’avocate d’Hayat leurs, l’écoute du son n’a pas permis mois de juillet 1996, le gendarme la violence du père comme mo- ment : « Quand il se mettait à frap- femme, le 26 mars, sera jugée le Khammal, s’est félicitée du choix du d’identifier des injures racistes pro- P., élève-officier à Melun, a cru bile au complot. per, c’est quand on le contrariait. Il 23 juin devant le tribunal correction- parquet : « Il est important qu’il y ait férées par le fonctionnaire à l’en- être amou- L’audience apporte son lot de n’a jamais frappé pour rien. S’il nel d’Evry (Essonne). Laurent Dave- rapidement une vrai débat ». contre des personnes interpellées. reux d’une chaînons manquants. Ainsi, ap- était sévère, c’était pour notre nas, procureur de la République On entendait au contraire la jeune belle Italienne prend-on, cinq jours après la rup- bien. » d’Evry, a décidé de renvoyer VIDÉASTE AMATEUR femme traiter le policier de d’une ving- ture de l’idylle avec le gendarme Farid, le mari, se prend lui aussi conjointement les deux protago- Mlle Khammal circulait en voiture « connard », comme il le précisait au taine d’an- en juillet 1996, Naïma s’est mariée à reconnaître qu’il avait « peur » nistes devant un seul juge. Le gar- avec quatre autres femmes, lors- procès-verbal. Hayat Khammal a ce- nées répon- avec un cousin de Pantin (Seine- de son beau-père. On évoque une dien de la paix, Vincent P., est pour- qu’elle avait été interpellée, di- pendant toujours affirmé avoir été dant au nom Saint-Denis), suivant la tradition scène d’étranglement sur la mère, suivi pour « violence volontaire par manche 26 mars, au retour d’une d’abord l’objet d’injures racistes de Priscilla. algérienne. Un mariage convenu, « qui prenait toujours parti pour agent dépositaire de la force publique fête de mariage. Très vite, le ton avant de répliquer. Mais selon elle, « Une jeune organisé par les parents. « Un ma- ses enfants ». Une autre scène n’ayant pas entraîné une incapacité était monté avec l’un des policiers, ces moments n’avaient pas été fil- fille dans l’air du temps », dit-il au- riage forcé», tranche Naïma, qui avec un couteau, une autre en- temporaire totale supérieure à huit Vincent P. D’une fenêtre de son ap- més. jourd’hui. Une vendeuse dans un avait caché à son père sa relation core avec une carabine à air jours », et, la jeune femme, Hayat partement, un vidéaste amateur Sur la vidéo, on entendait le poli- magasin de confection, « atta- amoureuse avec le gendarme comprimé : des plombs tirés sur le Khammal pour « outrage » à poli- avait partiellement filmé le face-à- cier menacer la jeune femme : «Tu chante », « bouillonnante de vie », français. Farid, son mari, raconte bras droit de Naïma. Et encore cier. face tendu. L’examen des images, vas aller au trou », ou encore, «La qui rêvait d’être styliste. Pendant par le menu la débâcle après la une mèche de cheveux, coupée et Selon M. Davenas, cette solution confié au laboratoire de police tech- loi, c’est moi, pas de chance ». On le dix-neuf mois, le couple a connu noce au Blanc-Mesnil : sa femme suspendue pour l’exemple dans la a pour avantage de permettre «un nique et scientifique de Lyon voyait également repousser forte- des jours heureux, une semaine à qui ne veut ni de lui ni de son ap- cuisine. « C’était l’enfer, dit Naï- débat plus sain en la présence des (Rhône), avait cependant semblé ment Mlle Khammal, ce qui consti- Morzine, un week-end à Etretat. partement et ne songe qu’à partir ma. On n’avait pas le choix. » Elle deux parties ». Le procureur sou- démontrer que Vincent P. n’avait pas tue, selon le parquet, « un geste de A Le Mée (Seine-et-Marne), la pour le Sud-Ouest. assure avoir voulu s’enfuir, mais haite que l’audience « soit un lieu de porté de coup au thorax de la jeune violence ». Par le passé, le fonction- jeune fille brune, « coquette », Me Franck Normandin, pour la être restée pour sa mère, son parole pour renouer le dialogue entre femme, comme celle-ci s’en était naire, qui avait été refusé à la bri- « très soignée », sortait de son défense, soupçonne que l’on ait jeune frère et sa sœur, dont elle certaines populations de banlieue et plainte et le maintient aujourd’hui. gade anti-criminalité pour cause de quartier et, sur le chemin du tra- organisé le mariage pour régulari- était « une seconde mère », de les forces de police ». Une informa- Selon les techniciens, le violent trop grande nervosité, avait déjà eu vail, rencontrait son amoureux, ser la situation administrative du quatorze ans leur aînée. tion judiciaire aurait pu être ou- bruit entendu sur le film accompa- plusieurs différends avec des per- puis le soir tard après le dîner, le mari. L’intéressé nie. On fait ob- Condamnés au mois de mars verte. Aux yeux du parquet, elle pré- gné de cris de femme proviendrait sonnes, contre lesquelles il avait di- rejoignait dans son appartement. server qu’il connaissait à peine sa par le tribunal pour enfants, Ka- sentait l’inconvénient de devoir du choc des menottes du fonction- ligenté des procédures d’outrage. « Elle se disait orpheline, logée future avant de se marier : «Je rim, Samia et Linda, placés dans recommencer toute l’enquête déjà naire sur la carrosserie de la voiture chez son oncle. Elle retournait chez croyais que l’amour allait venir des foyers, confirment à la barre faite par l’inspection générale de la d’Hayat Khammal. Une expertise Pascal Ceaux elle tous les midis. C’est évident après », répond-il. le climat conflictuel entre Naïma qu’elle cachait quelque chose. Je ne et son père, ou entre les parents cherchais pas à savoir. Elle me di- eux-mêmes. Mais ils excluent sait : “ Un jour, tu compren- L’avocat de la jeune toute violence du père à leur dras.” » égard, contestent tout attouche- Une broutille pour rupture, une femme a suggéré ment. Ils disent aujourd’hui avoir mutation qui emporte le gen- été manipulés. « Au début, c’est darme dans le Sud-Ouest... « J’ai l’existence d’un Naïma qui devait tirer, mais elle rappelé en septembre pour avoir de n’a pas eu le courage », assure la ses nouvelles. Au numéro que « état d’esprit de petite nièce, Linda, effacée. A ses j’avais, on ne connaissait pas de juges, récemment, elle a même af- Priscilla. On m’a parlé de Naïma. légitime défense » firmé que sa tante avait tiré la Elle était algérienne. Mais la des- dernière salve, après avoir rechar- cription correspondait. On m’a dit dans un climat de gé. Allongé par l’adolescence, Ka- qu’elle s’était mariée. Que je pou- rim, lui, « ne se souvient plus », si- vais la joindre chez ses parents ». « terreur domestique non qu’il avait essayé dans le En vain. « On me raccrochait au garage, avec sa sœur, le fusil nez. » Jusqu’au début d’août 1997, constante » meurtrier. où une voix d’homme lui a lancé : La mort du père ? « C’était deve- « Si tu appelles encore, je vais te nu comme dans un rêve », ex- tuer. » « Un mois plus tard, j’ai ap- Un jour, en cherchant des pa- plique Samia, assez apprêtée sur pris que Naïma était en prison. » piers, Farid est tombé sur les pho- ses semelles compensées. Et rien, A la barre de la cour d’assises tos du gendarme. Puis, comme sa d’ailleurs, ne se dégage vraiment de Seine-et-Marne, mardi 9 et femme sortait tard le soir, il a fini qui puisse fournir un déclic pro- mercredi 10 mai, le gendarme par la répudier. En mai 1997, Naï- bant au passage à l’acte. « Peut- – aujourd’hui capitaine – affirme ma est retournée vivre chez ses être Naïma a-t-elle saisi des pa- que, s’il conserve le souvenir de parents. roles de son frère pour mettre en Priscilla, Naïma reste pour lui Sur cette image d’une jeune acte un fantasme », suggère une « un mystère» : cette jeune femme femme victime des pesanteurs psychologue qui relève « une in- de trente ans, dans le box, aux culturelles, tiraillée par un ma- flation des mots » chez l’accusée. longs cheveux désormais teintés riage dont elle ne voulait pas, « Je n’ai jamais forcé qui- en blond, est jugée pour un parri- mais qui dans le même temps, a conque », se défend Naïma. Son cide, une complicité d’assassinat. noté un expert, constituait une avocat suggère l’existence d’un Attentif, l’ancien amant demeure porte de sortie à son « enferme- « état d’esprit de légitime défense » sur les bancs du public. ment », l’audience plonge dans dans un climat de « terreur do- Le parricide a été commis le l’intimité familiale, à la recherche mestique constante ». La cour 5 août 1997 par le plus jeune fils des violences paternelles. Kabyle d’assises l’a condamnée à dix ans, de la famille, Karim, douze ans. Le quinquagénaire, agent de sécurité soit bien moins que les réquisi- père a été abattu dans la soirée dans une banque, le père de Naï- tions de l’avocat général Frédéric chez lui, dans sa cuisine. Quatre ma était connu comme un « bon Fèvre – dix-huit ans – prises à coups de son fusil de chasse tirés employé », bien intégré en France l’encontre d’une « jeune fille dans le dos, avec la complicité de depuis trente ans. Un homme construite, selon lui, tout en fa- Naïma, qui bouchait les oreilles « très service, qui apportait le cous- çade ». Naïma a longuement em- de l’enfant, lui évitait le recul, re- cous », dit un voisin alsacien. Naï- brassé sa petite sœur Samia, sans chargeait l’arme, et aussi d’une ma, arrivée en France à l’âge de voir dans le public l’homme qui la petite sœur, Samia, et d’une onze ans, soutient au contraire regardait et qui n’avait connu nièce, Linda, toutes deux âgées de que son père se montrait, à la d’elle que Priscilla – prénom treize ans. La mère, décédée d’un maison, particulièrement alcoo- qu’elle dit inspiré d’une héroïne cancer depuis, a été un temps lique et violent. En pleurant, elle de roman, malheureuse comme soupçonnée et incarcérée. affirme avoir été victime d’attou- elle. Pour tromper la sagacité des chements et de tentatives de viol policiers, un simulacre de vol de lorsqu’elle avait quatorze ans. Jean-Michel Dumay LeMonde Job: WMQ1205--0012-0 WAS LMQ1205-12 Op.: XX Rev.: 11-05-00 T.: 10:45 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0500 Lcp: 700 CMYK

12 / LE MONDE / VENDREDI 12 MAI 2000 CARNET

DISPARITIONS AU CARNET DU « MONDE » –Mme Edith Corossacz, – Bianca Noli, Séminaires Manuela et Lionel Durand, sa mère, Naissances Sabina Corossacz, Thérèse Noli, – Université d’été sur l’enseignement Et toute leur famille son épouse, de l’histoire de la Shoah pour les profes- Elisabeth COTTIER-HANGAY ont la douleur de faire part du décès de Richard, seurs des lycées et collèges, toutes disci- Eugène Leroy et Sándor HANGAY Charles plines confondues, du 9 au 13 juillet sont heureux de la naissance de Francesco COROSSACZ, et Matthieu, 2000, à Paris, avec des intervenants de architecte, ses enfants, différents pays. Avec le soutien de Béla, Sándor, Jean, l’APHG, de la Fondation Jacob Buchman La peinture à corps perdu Hélène et Alexandra, et de la Région Ile-de-France. le dimanche 16 avril 2000. survenu à Paris le 6 mai 2000. LE PEINTRE Eugène Leroy est Ses tableaux évoquent aussi la ses belles-filles, Renseignements et inscriptions : Magali et Mila, Les obsèques auront lieu au colomba- Centre de Documentation mort lundi 8 mai à Wasquehal, rouille des arbres à l’automne, le Un petit frère pour ses petites-filles, Juive Contemporaine : 01-42-77-44-72. dans la banlieue de Lille, où il vi- pourrissement d’un tas de feuilles Bálint et András. rium du Père-Lachaise, le 12 mai, à 14 heures. vait et travaillait. Il avait quatre- pendant l’hiver ou la chair d’un ont la douleur d’annoncer le décès, le vingt-neuf ans. Pendant cinquante corps de femme. Visages, paysages, 8 mai 2000, de Laurence DUMONT, Des dons peuvent être offerts pour la Conférences ans et plus, il a œuvré en refaisant nus : les motifs les plus classiques députée du Calvados, recherche sur le cancer. Jean NOLI, le lit de la peinture entre lumière sont inscrits dans le magma de cou- COLLÈGE DES ÉTUDES JUIVES Valentin OZER journaliste et écrivain. de l’Alliance israélite universelle : et chaos de matière, en travaillant leurs gâchées, maçonnées, d’une et Elsa, me ses pigments dans l’épaisseur, à incroyable épaisseur. sont heureux d’annoncer la naissance de M Raymond Espigat, La cérémonie religieuse sera célébrée « L’ESPÉRANCE FACE AU RETOUR son épouse, par le Père Pierre-Yves Jourda, le vendre- DU RELIGIEUX » même la toile prise et reprise par- M. et Mme Didier Espigat cycle de conférences fois pendant des années, toujours Julie, di 12 mai, à 14 h 30, en l’église Saint- UN CHOIX DE VIE Á L’ÉCART et leurs fils, François-Xavier, Paris-7e. L’espérance du XXIe siècle me insatisfait. « La peinture, c’est la L’œuvre est d’exception, inclas- le 30 avril 2000. M. et M Claude Dumur 15 mai : J.-C. Guillebaud, D. Gira ; boue primitive, c’est la terre et la sable, longtemps mal aimée, sinon et leurs filles, 16 mai : Daniel Bensaïd, Matthieu Ricard ; mer encore jointes, comme chez Ru- ignorée, aujourd’hui reconnue in- ses enfants et petits-enfants, – M. et Mme Hubert Rivey, 17 mai : Guy Coq, Ghaleb Ben Cheikh ; bens, qui, à un moment donné, dé- ternationalement depuis les années Maxime et Hedvicka VALABRÈGUE Et toute la famille, M. et Mme Alain Rivey, 18 mai : S. Trigano. bouche sur cette pierre lumines- 80, en partie grâce à l’estime que lui sont très heureux d’annoncer la naissance ont la douleur de faire part du décès de Alice, Paul, Du 15 au 18 mai de leur fils, ont la douleur de faire part du décès de cente. » Si tout n’est pas dit du portait depuis longtemps un artiste (19 heures-20 h 30 puis 20 h 30-22 heures) M. Raymond ESPIGAT, au siège de l’Alliance, corps à corps du peintre avec ses alors en vedette : l’Allemand Georg Léon, Félix, Emil, ancien directeur Mme Georges RIVEY, 45, rue La Bruyère, 75009 (PAF) tableaux, les données essentielles Baselitz. Eugène Leroy avait plus de des affaires sociales de l’UAP, née Mercédès GAUCHET, Renseignements : 01-53-32-88-58 de l’œuvre sont là, dans cette défi- soixante-dix ans. Son choix de vie à le 8 mai 2000, à Gap. Site internet : http://www.aiu.org nition de la peinture selon Eugène l’écart a contribué à cet oubli, pen- survenu le 4 mai 2000, à l’âge de leur mère et grand-mère, survenu le 6 mai 40, boulevard Georges-Pompidou, soixante-dix-sept ans. 2000, dans sa quatre-vingt-neuvième Leroy : cette matière chaotique dant de longues années, dont cer- 05000 Gap. année. – La Société franco-allemande de d’avant le langage, cette lumière taines ont été de grande solitude. Les obsèques civiles ont eu lieu dans la Berlin organise, le 15 mai prochain, une prise dans le marasme des pig- Après un bref passage par l’Ecole plus stricte intimité, le vendredi 5 mai, au Le service religieux sera célébré le sa- conférence, autour du livre d’Edouard ments colorés durcis, cette conni- des beaux-arts de Lille et de Paris, Anniversaires de naissance cimetière d’Ermont, route de Saint-Leu. medi 13 mai, à 10 h 30, en l’église Saint- Valdman, vence avec les maîtres du passé. Leroy s’était établi en 1935 à Groix, Ambroise, 71 bis, boulevard Voltaire, à Les Juifs et l’argent, – Joyeux dix-huit ans, Paris-11e. Né en 1910 à Tourcoing, Eugène près de Roubaix. Il y acceptait un L’inhumation a eu lieu dans le caveau pour une métaphysique de l’argent, de famille. (éditions Biblieurope Vilo), avec, notam- Leroy aura accompli sa vie d’artiste poste d’enseignement du grec et du Anne-Laure, L’inhumation aura lieu au cimetière du e ment, M. Jean-Paul Picaper, journaliste au au «pays», dans ce Nord dont il latin dans les collèges et entrepre- 298, rue du Docteur-Rosenfeld, Père-Lachaise, Paris-20 , dans le caveau Figaro. n’a cessé de reconnaître la lumière, nait, à bicyclette, de nombreux Tu es le soleil et la tempête, 95120 Ermont. de famille. celle de la mer, des saisons et des voyages en Hollande. Il y voyait en- Tu as tout notre amour. 88, rue Saint-Maur, – M. Jacques Arlandis, directeur peintres, à commencer par Rem- fin Rembrandt qui le hantait depuis Papa, maman et Alban. 75011 Paris. brandt, déterminant dans sa déci- des années, et dont ses peintures – Joëlle Filhols, scientifique à l’IDATE, donnera une son épouse, 9, rue Gabriel-Péri, conférence intitulée « Gouverner l’Inter- sion de devenir peintre. Mais il l’a les plus anciennes sont imprégnées. 54500 Vandœuvre-lès-Nancy. net : enjeux politiques et dialogue régio- – 12 mai 1980 – 12 mai 2000. Catherine, Florence, Isabelle, combinée toujours avec d’autres Ainsi de ses portraits en clair-obs- ses filles, nal », le lundi 15 mai, à 11 heures, à l’Ins- titut de hautes études de l’Amérique lumières, celles des peintres véni- cur, où les visages sont frappés par Bon anniversaire Claude, David, Xavier, tiens en particulier. Dans son ate- une lumière de côté obtenue par leurs conjoints, Anniversaires de décès latine, 28, rue Saint-Guillaume, 75007 Paris, salle A. lier ouvert sur la prairie, les ta- un empâtement de blancs en Julie, Maxime, Margot, – Il y a deux ans, le 12 mai, nous quit- bleaux en cours étaient pris dans contraste avec le creux des orbites, ses petits-enfants, tait notre ami Vingt ans déjà passés à pleine vie, Ses parents, cette double lumière : celle d’une et ramenant les têtes à l’essentiel, à Conférences du CEHD A me faire jubiler devant tant d’éner- Les familles Filhols, Ricard, Castelli, Maurice GOLDSCHLEGER, verrière au nord et d’une fenêtre au cette permanence du tracé humain, Fosset, « Le renouveau de la théologie de la paix gies, membre du Conseil des gouverneurs et e sud. l’image du crâne que l’on retrouve ont le grand chagrin de faire part du décès de dans l’Eglise catholique au cours du XX docteur honoris causa de l’Institut Weiz- siècle », par Mgr René Coste, professeur Trop de lumière demande un souvent dans les dessins de facture Que de promesses pour l’avenir ! mann. honoraire à l’Institut catholique de Tou- temps d’accoutumance. Sombres, réaliste des années 60. Jean-Pierre FILHOLS, louse, le lundi 15 mai 2000, à 18 heures. Jean-Charles. denses, glauques à première vue : Leroy a beaucoup dessiné, Nous ne l’oublions pas. Palais abattial de Saint-Germain-des-Prés, ainsi sont les tableaux du peintre. Il comme pour tirer de l’ombre la fi- le 9 mai 2000. 5, rue de l’Abbaye, Paris VIe. Le président et tous ses amis de l’Institut faut longuement les regarder pour gure humaine, en assurer la perma- – Dis, Il aimait la vie. Weizmann. en déceler les subtilités chroma- nence, quitte à la violenter, dans un Lamri, tiques. Il faut du temps aussi pour mélange de douceur, de spontanéi- Cours c’est quand la révolution ? ? L’inhumation aura lieu au cimetière de comprendre la présence de té combinée à la chose contemplée. Bonnes (Vienne), le samedi 13 mai, à – Il y a quinze ans, disparaissait Découvrez l’informatique chez vous l’homme dans l’épaisseur des cou- La peur du maniérisme comme de 15 heures. avec le premier organisme de formation à Bon anniversaire, pour ton demi-siècle. le docteur Roger LEVY. leurs accumulées avec le temps de l’expressionnisme hantait l’artiste Ta famille : Fatima-Zohra, Bouzid, domicile. Prise en main du matériel, Inter- Joëlle Filhols, chaque œuvre, lente à mûrir, tou- exigeant, rarement satisfait, habité Robert. net, bureautique. 115, rue de Paris, Que ceux qui l’aimaient se sou- ALDISA. Tél. : 01-46-10-50-32 jours reprise, jamais achevée, entre par le doute. Magnifique. On ne l’a 91600 Savigny-sur-Orge. viennent. apparition et dissolution, forma- pas assez dit, écrit. La première Célébrations tion et décomposition, en prise monographie consacrée à Eugène Stages avec la vie. Une peinture existen- Leroy est parue en 1994 (par Ber- – Le dimanche 21 mai 2000, à la messe – Jacqueline Godet, – In memoriam tielle, cultivée, à l’image de nard Marcadé, chez Flammarion). de 11 heures, à Saint-Eustache, directrice du département des sciences de Séjours d’écriture, île Tatihou, du texte la vie, Francisco URIBE ECHEVERRIA court à la nouvelle. l’homme. Un homme de savoir, qui Gérard BÉNÉTEAU, Christiane Branlant, Réservations : baz.art.com vivait en paysan, près de la nature. Geneviève Breerette Supérieur général de l’Oratoire, directrice scientifique adjointe, 27-01-1961 – 11-05-1997 Tél. : 02-31-79-48-65 Le personnel du département des célébrera ses vingt-cinq ans de ministère sciences de la vie, presbytéral, dont seize années à Saint- Les membres de la section 21 du Comi- Débats Assemblées générales Eustache. té national de la recherche scientifique, Raymond Eddé ont la grande tristesse de faire part du – La FNAC organise, le 12 mai 2000, à Association A.V.E.N.I.R. A cette occasion, il aimerait retrouver partir de 17 heures, à l’espace Rencontres, décès de e Siège sodcial : 4, place Raoul-Dautry, ceux qu’il a rencontrés dans le cadre de 136, rue de Rennes, à Paris-6 , un débat 75716 Paris Cedex 15 Figure de l’opposition chrétienne libanaise son service pastoral. Marc LENG, autour du livre d’Edouard Valdman, chargé de mission au département Le Retour du Saint, L’assemblée générale se tiendra le ven- Maison Pierre-de-Bérulle, LA MORT a mis un terme au minée par les maronites veut des sciences de la vie du CNRS. publié aux éditions Biblieurope (Vilo), dredi 26 mai 2000, à 14 h 30, dans l’audi- 17, rue des Lyonnais, torium de la CNP - Niveau accueil au 4, long exil volontaire de Raymond chasser les Palestiniens réfugiés avec notamment Roger-Pol Droit, écri- 75005 Paris. [Le CNRS perd avec Marc Leng un de ses grands vain et philosophe, éditorialiste au journal place Raoul-Dautry, 75015 Paris. Eddé, mercredi 10 mai, à Paris. au Liban depuis Septembre noir, chercheurs de renommée internationale. Sans re- Le Monde. Emporté par une thrombose céré- en Jordanie, et maintenir l’hégé- lâche depuis 1967, il a apporté avec son équipe des in- Ordre du jour brale à l’âge de quatre-vingt-sept monie maronite sur les institu- Décès formations nouvelles sur la structure de l’ADN et ses – Rapports moral et financier de l’As- mécanismes d’interaction avec les ligands. sociation. ans, le vieux dirigeant chrétien tions ; la seconde prône l’alliance me Colloques M. et M Farid Cherif Zahar Marc Leng occupait depuis un an des fonctions de – Compte-rendu de la gestion finan- n’aura pas pu accomplir son rêve : avec l’OLP et la laïcisation de et leurs enfants, chargé de mission au département des sciences de la cière du contrat Plein Temps. me vie du CNRS.] Europe, identité plurielle, revenir dans un Liban enfin dé- l’Etat. Entre ces deux blocs, qui M. et M Kamel Cherif Zahar organisé par les éditions Autrement et le – Vote pour le renouvellement du barrassé de la présence de vont alimenter quinze ans de et leurs enfants, ministère chargé des Affaires euro- Conseil d’administration. M. et Mme Hassen Cherif Zahar troupes étrangères. guerre civile à partir de 1975, Ray- – Choye (Haute-Saône). péennes, lundi 15 mai 2000, de 9 h 30 à Convocation des adhérents à 14 h 30 et leurs enfants, 19h30: Raymond Eddé était né le mond Eddé refuse de choisir. Fa- me précises. M Simone Fouché – Europe du quotidien et de l’intimité ; et ses enfants, Les familles Levrey, Imholz, Rossy, 15 mars 1913 à Alexandrie où vorable très tôt au déploiement – Europe de l’histoire et des commémora- Les familles Cherif Zahar, Oulid Aïssa, ont la tristesse d’annoncer le décès de s’était réfugiée sa famille alors en de Casques bleus sur la frontière tions ; Sator, Serre, Yousfi, Hocine, Djane, Soutenance de thèse délicatesse avec la Sublime Porte. avec Israël, il condamne l’attitude Abdeltif, Bellahsene, – Europe des programmes éducatifs et En 1920, la ruine de l’Empire otto- des formations paramilitaires ma- Suzanne LEVREY, culturels. Ses amis, née DURET, Juliette Rouchier a soutenu, le 3 mai, man consommée, Raymond Eddé ronites. Cette attitude vis-à-vis de font part du décès de Participeront : E. Barnavi, A. Grosser, sa thèse de doctorat de l’université d’Or- P. Moscovici, L. Pasqual, J.-P. Rioux, léans : « La confiance à travers l’échange. rentre à Beyrouth. Maronite for- sa propre famille confessionnelle survenu le 9 mai 2000. Ali CHERIF ZAHAR, J. Semprun, D. Wolton... Accès aux pâturages au Nord-Cameroun mé chez les Jésuites, il embrasse déplaît : il réchappe à plusieurs at- Renseignements : 01-40-26-06-06. et échanges non marchands : des simula- professeur honoraire, La cérémonie religieuse aura lieu le Salle Lamartine, une carrière d’avocat dans tentats organisés en « pays chré- titulaire des Palmes académiques, tions dans les systèmes multiagents ». l’ombre de son père, dont la car- tien ». En 1976, il quitte le Liban vendredi 12 mai, à 14 h 30, en l’église de 101, rue de l’Université, Paris-7e. Le jury, composé de MM. François Choye (Haute-Saône). rière politique est appuyée par la pour la France. survenu à Paris le 8 mai 2000, à l’âge de Bousquet (Cirad), Pierre Livet (université France, puissance mandataire. Depuis Paris, il plaide pour les quatre-vingt-six ans. de Provence), Scott Moss (université de Cet avis tient lieu de faire-part. – Colloque du Consistoire de Paris. Manchester), Alain Pavé (Lyon-I, direc- Emile Eddé accède à la tête de droits de l’homme et la démocra- « De l’Emancipation au décret Cré- La levée du corps a eu lieu dans l’inti- teur de thèse, président), Niels Röling mieux : contributions à l’histoire des l’Etat libanais en 1936. Il conserve tie. Il se refuse à rentrer à la fin de mité, le 9 mai 2000. (université de Wageningen), Jean-Claude son poste jusqu’en 1941. la guerre civile, en 1990, jugeant le – Danielle Bouin, juifs de France et d’Algérie », avec Touray (université d’Orléans), lui a confé- MM. Pierre-Christian Taittinger, Moïse Famille Cherif Zahar, directrice, ré le grade de docteur, mention Très Ho- Raymond Eddé prend le relais compromis de Taëf boiteux. « Le Cohen, président de l’ACIP, le professeur 41, boulevard Raspail, Et l’ensemble des personnels de norable avec félicitations. en 1953 en accédant à la direction doyen », comme on le surnomme, Maurice-Ruben Hayoun, secrétaire rap- 75007 Paris. l’IUFM de l’académie d’Aix-Marseille, porteur de l’ACIP, Gérard Nahon, direc- du parti de son père, le Bloc na- assure qu’il ne retournera chez lui Simone Fouché, ont la tristesse de faire part de la dispari- teur d’études à l’EPHE (Ve section), Rita tional, et en étant élu député de qu’après le départ des troupes is- 24, avenue Levis-Mirepoix, tion de leur collègue et ami Belot-Hermon, docteur ès lettres, Claude Communications diverses Byblos, qui devient son fief. Après raéliennes et syriennes présentes 45330 Malesherbes. Nataf, historien, et Alain Boyer, agrégé La Maison des écrivains un échec à l’élection présiden- au Liban. Il n’en a pas eu le temps. Philippe MATHIEZ, d’histoire et ancien élève de l’ENS. professeur des universités, 53, rue de Verneuil, 75007 Paris tielle de 1958, il s’affirme comme Le jeudi 18 mai 2000, à 20 heures, en la – Le Pouget. Marseille. Salbris. directeur adjoint de l’IUFM, un dirigeant incontournable pour salle des mariages de la mairie du Gilles Paris Bagnolet. chevalier des Palmes académiques, e Jeudi 18 mai, 19 h 30. J. Le Rider, au- le camp chrétien, occupant plu- XVI arrondissement (71, avenue Henri- teur de Journaux intimes viennois (PUF), Martin, 75116 Paris). sieurs postes ministériels, dont a RENÉ GUILLAMOT, le haut- – Le Père Bernard Combes, le 7 mai 2000, au terme d’un combat sans s’entretiendra avec P.-E. Dauzat. me Renseignements et inscriptions : celui de l’intérieur. Il est témoin bois solo de l’Orchestre de Paris, Le docteur et M Robert Berthomieu, trêve. Mardi 16 mai, 19 h 30. M. Deguy ac- née Combes, 01-40-82-26-33. cueille les poètes C. Eshleman et Bei Dao. de la montée des périls, dans les est mort dimanche 7 mai, empor- Christine, Agnès et Jean-Pierre Constant, années 60. Deux coalitions se té, à l’âge de trente-huit ans, vic- Ghislaine, leurs enfants, – L’administrateur provisoire du Mu- Renseignements au 01-49-54-68-87. mettent en place : la première do- time d’un cancer foudroyant. Né à Aurélie, Alice, Elise, Eugénie, séum national d’histoire naturelle, Programme détaillé au 01-42-84-00-08. Brest en 1962, il avait été l’élève leurs petits-enfants, me Le personnel du service du Patrimoine M. et M Jean-Marie Combes, naturel et de l’Institut d’écologie et de de Pierre Pierlot et Maurice Frédérique, Alexis, Claire, Bourgue et avait obtenu, en 1984, gestion de la biodiversité, CARNET DU MONDE leurs enfants, L’ensemble des personnels, un Premier Prix de hautbois au M. et Mme Marc Combes, TARIFS AN 2000 - TARIF à la ligne Paolina, leur fille, et Rodolphe, ont la profonde tristesse de faire part du Conservatoire national supérieur décès de DÉCÈS, REMERCIEMENTS, de musique de Paris. Il était entré Les familles Pelissier, Dalbin, Constant, Fontenas, Combes, Icard, AVIS DE MESSE, à l’Orchestre national de Lyon en M. Hervé MAURIN, ANNIVERSAIRES DE DÉCÈS Lanlo, Theophile, 140 F TTC - 21,34 ¤ 1991, au poste de hautbois solo, Parents et alliés, directeur du SPN, 120 F TTC - 18,29 ¤ avant de rejoindre l’Orchestre de ont la douleur de faire part du décès de directeur adjoint de l’IEGB, TARIF ABONNÉS Paris deux années plus tard, où il survenu le 8 mai 2000. NAISSANCES, ANNIVERSAIRES, partageait ce rôle éminent avec M. Roger COMBES, MARIAGES, FIANÇAILLES, PACS ingénieur ECP, Michel Bénet. Le 5 avril, il avait 550 F TTC - 83,85 ¤ FORFAIT 10 LIGNES Ils s’associent à la douleur de son Toute ligne suppl. : 65 F TTC - 9,91 ¤ joué la partie soliste du Concerto épouse et de ses enfants. survenu le 10 mai 2000, dans sa quatre- THÈSES - ÉTUDIANTS : 85 F TTC - 12,96 ¤ pour hautbois et petit orchestre, de vingt-quinzième année. Une cérémonie religieuse se tiendra le COLLOQUES - CONFÉRENCES : Richard Strauss, avec l’Orchestre Nous consulter Les obsèques religieuses auront lieu le samedi 13 mai, à 9 h 30, à la paroisse ట de Paris, dirigé par Rafael Früh- vendredi 12 mai, à 11 heures, en l’église Saint-Pierre, rue Jean-Corringer, Vi- 01.42.17.39.80 + 01-42-17-38-42 beck de Burgos. Sainte-Catherine du Pouget (Hérault). gneux-sur-Seine (Essonne). Fax : 01.42.17.21.36 e-mail:[email protected]. LeMonde Job: WMQ1205--0013-0 WAS LMQ1205-13 Op.: XX Rev.: 11-05-00 T.: 10:57 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0501 Lcp: 700 CMYK

13 RÉGIONS LE MONDE / VENDREDI 12 MAI 2000 Des projets législatifs provoquent un malaise chez les juges Pour la première fois, les principaux syndicats des juridictions pénales, administratives et financières ont dénoncé ensemble, mercredi 10 mai, les tentatives des élus de « museler » les magistrats. Trois textes en discussion au Parlement nourrissent leur argumentation LES UNS se drapent dans leur Le Sénat devait en effet exami- de fait – délit qui consiste à être à les cinq principaux syndicats de lutter contre la « connivence » pos- chon (UC, Loir-et-Cher), qui vise à robe de juges intègres. Les autres ner, jeudi 11 mai en première lec- la fois comptable et ordonnateur magistrats des ordres judiciaire, sible entre des magistrats trop limiter le régime de responsabilité revêtent fièrement leur écharpe de ture, une proposition de loi, dépo- d’une décision publique. Il s’agit administratif et financier ont orga- longtemps en place et le milieu po- pénale des élus et des décideurs représentants du peuple. Quelques sée par sept membres de de « mettre fin à l’ère du soupçon » nisé, mercredi 10 mai, une confé- litique local. « Pour améliorer les publics en matière de délits non mois après les affrontements susci- l’opposition, qui suscite la colère qui pèse sur les élus, assure le sé- rence de presse commune pour procédures, mieux vaudrait déve- intentionnels, constitue une pièce tés par le projet de réforme de la des magistrats des CRC. Outre nateur Jean-Paul Amoudry (UC, dénoncer les tentatives de « muse- lopper la collégialité des juges et les de plus du « puzzle anti-juges » justice souhaitée par Elisabeth l’encadrement du contrôle de la Haute-Savoie). « Nous entendons ler » les CRC et la « remise en audiences publiques », réplique présumé. Même si elle a été amen- Guigou, garde des sceaux, projet gestion des élus par les CRC, le assainir les relations tendues » avec cause de l’indépendance des Alain Levasseur, secrétaire général dée par les députés, par rapport à abandonné faute de convocation texte prévoit l’interdiction, dans les CRC, se justifie Jacques Oudin, juges ». du Syndicat de la juridiction admi- la proposition initiale, dans le sens du Congrès par le président de la les six mois qui précèdent une sénateur (RPR, Vendée), rappor- nistrative (majoritaire). d’une pénalisation accrue (lire ci- République, le face-à–face houleux élection locale, de la publication teur pour avis du texte. COUP DE POIGNARD DANS LE DOS Pour les juges de l’ordre judi- dessous). entre les juges et les élus connaît d’une lettre d’observation d’une « Il s’agit de faire retomber une Depuis plusieurs semaines, ciaire et de l’ordre administratif, La lutte contre la pénalisation de de nouveaux rebondissements. chambre. Le texte instaure la pos- chape de plomb sur le contrôle de la d’autres travaux parlementaires cette disposition est un ballon la vie publique ne pourra être me- Après une tentative parlementaire sibilité, pour les élus, de déférer les gestion locale ! », s’emporte, à l’in- alimentent le malaise des juges. Le d’essai. L’avant-projet de loi sur la née à bien, soutient Patrice Allal, avortée en 1997 de limiter les pou- observations des CRC devant le verse, Georges Raquin, président 30 mars, l’Assemblée nationale a responsabilité des magistrats judi- président de l’Union syndicale des voirs des chambres régionales des Conseil d’Etat, créant ainsi une du Syndicat des juridictions finan- voté en première lecture un projet ciaires prévoyait de faciliter la mo- magistrats administratifs (USMA) : comptes (CRC), les sénateurs, no- possibilité d’appel. Enfin, il sup- cières (SJF), majoritaire parmi les de loi portant création d’un statut bilité des juges dans les tribunaux. « Il est insidieux, de la part du gou- tamment, ont concocté un texte prime la sanction d’inéligibilité juges des CRC. Pour la première pour les magistrats des CRC Lié à la réforme constitutionnelle vernement et du Parlement, de ren- qui ravive une défiance latente. pour un élu convaincu de gestion fois dans les annales de la justice, (Le Monde du 31 mars). Le vote du Conseil supérieur de la magis- voyer sur le juge administratif les af- d’un amendement déposé par Re- trature (CSM), il n’a finalement faires qui concernent les élus en né Dosière (PS, Aisne) a été res- pas vu le jour. Mais « on va nous sachant que les délais sont toujours Un projet et deux propositions de loi controversés senti comme un coup de poignard refaire le coup dans les mois qui aussi longs et les moyens d’expertise dans le dos par les juges. Il prévoit viennent », redoute Valéry Turcey, insuffisants. » M. Allal réclame un Un projet du gouvernement et « des conseillers des ministres et [du] b LA PROPOSITION DE LOI une mobilité obligatoire tous les président de l’Union syndicale des doublement « des effectifs de ma- deux propositions sénatoriales personnel administratif de la santé », SÉNATORIALE de Jacques Oudin sept ans des juges des CRC. magistrats (USM, modérée). gistrats administratifs ». renforcent les moyens de défense selon les associations des (RPR, Vendée) et Jean-Paul Pour Marc Larue, vice-président Paradoxalement, les sénateurs des élus face aux juges hémophiles et des transfusés. Le Amoudry (UC, Haute-Savoie), du Syndicat des juridictions finan- pourraient... amender l’amende- LES ÉLECTIONS APPROCHENT b LA PROPOSITION DE LOI, déjà Sénat reprendra le texte le 30 mai. discutée en première lecture le cières, « si les juges doivent muter ment Dosière, qu’ils jugent, selon Les élus affectent de voir des adoptée en première lecture par le b LE PROJET DE LOI, discuté en 11 mai, définit les règles d’examen tous les sept ans, ils vont se trouver M. Oudin, « pas réaliste ». Par ail- réactions corporatistes dans les ré- Sénat, déposée par Pierre Fauchon première lecture au Palais-Bourbon de gestion des collectivités par les affaiblis face aux élus, qui pourront leurs, Il n’est pas certain que la criminations des juges. Sur le ter- (UC, Loir-et-Cher) à propos de la le 30 mars, vise à améliorer les CRC. Il s’agit d’éviter que les juges compter sur un turn-over des proposition de loi sénatoriale soit rain, à moins d’un an des élections responsabilité pénale des élus et conditions de carrière des ne pratiquent des contrôles sur contrôleurs. Faute d’une bonne inscrite par le gouvernement à municipales, les « relations avec les des décideurs publics en matière de 300 magistrats des 24 chambres l’opportunité des décisions connaissance du milieu politique lo- l’ordre du jour de l’Assemblée na- élus sont à couteaux tirés », atteste délits non intentionnels, a été régionales des comptes (CRC) . publiques. La proposition fixe à six cal, les juges rendront leur rapport tionale. Les juges pourraient donc un magistrat d’une CRC. « Les élus amendée, le 6 avril, par l’Assemblée Mais les députés ont saisi l’occasion mois le « délai de neutralité » qui dans des délais plus longs ». Les jouer à se faire peur. font pression sur nous pour que nous nationale. Les députés l’ont de renforcer les droits de la défense empêche la publication d’une lettre juges s’étonnent aussi du silence Il n’empêche. Echaudés par sortions les lettres d’observations, renforcée, dans le sens d’une des élus. Ce texte prévoit, ainsi, la d’observation d’une CRC avant une de la Cour des comptes, leur ad- l’échec de la réforme de la justice, soit tout de suite, soit six mois après pénalisation accrue, afin que les publication des réponses des élus, élection locale. Elle introduit la ministration de tutelle, qui nourrit ils redoutent « un marchandage », l’élection », confie un président de poursuites soient encore possibles en même temps qu’une lettre possibilité pour les élus de faire leurs soupçons : « Rien de plus fa- à leur détriment, entre le gouver- chambre. Les auteurs de la propo- dans les affaires de santé publique, d’observation définitive des CRC. appel des conclusions d’une lettre cile que de menacer un magistrat nement et les parlementaires. sition sénatoriale discutée jeudi notamment. Cela n’a pas empêché Les députés se sont prononcés d’observation devant le Conseil qui fait un excès de zèle de le muter « Les élus veulent prendre leur re- reconnaissent que l’approche des les associations de victimes, surtout pour la mobilité obligatoire (tous d’Etat. Il est prévu, enfin, de à ou à Strasbourg s’il rêve vanche sur les juges en les sanction- élections a motivé l’inscription du celles du sang contaminé, de les sept ans) pour les magistrats. Le supprimer l’inéligibilité pour les d’aller travailler à Toulouse », s’in- nant », assure Georges Raquin, texte à l’ordre du jour du Sénat. dénoncer une forme d’« amnistie Sénat n’a pas encore inscrit la élus convaincus de « gestion de digne un juge de CRC. De leur cô- président du SJF. Enfin, la proposi- anticipée », mais cette fois au profit question à son ordre du jour. fait ». té, les élus affichent leur souci de tion de loi du sénateur Pierre Fau- Béatrice Jérôme La Confédération paysanne se méfie du loup La colère du maire de L’Hay¨-les-Roses PAS PLUS que les McDonald’s, la Confédéra- nieuse en Italie, dans les Abruzzes. « Le système IL N’AURAIT pas acheté cet ap- Roses. La lettre d’observation pro- fait l’économie de l’instruction et tion paysanne n’apprécie pas les loups. Le syndicat d’élevage y est différent. Les troupeaux sont plus pe- partement si sa mère n’avait pas été visoire mentionne le cas de Patrick de la mise en examen –, devant les de José Bové, lui-même éleveur de brebis, a fait sa- tits et gardés. En France, se pratique une méthode atteinte d’une maladie incurable. Il Sève et celui de René Goupil, autre juges, quelques semaines avant les voir son hostilité à la présence de l’animal dans les extensive », estime M. Moser. n’aurait pas choisi ce logement, s’il adjoint au maire, suspecté par la élections législatives anticipées de alpages. Il « affirme son désaccord total avec le plan Le syndicat paysan avait quitté, en novembre n’avait pas été situé à 250 mètres de CRC d’avoir acheté un logement 1997. « J’ai démontré que j’avais gouvernemental » conçu par les ministères de l’en- 1999, le Comité national loups, chargé de piloter le chez lui. Il n’aurait surtout pas ima- dans la même résidence après avoir acheté ce logement au prix du mar- vironnement et de l’agriculture. plan. « Nous nous sommes très vite rendu compte giné comparaître devant le tribunal participé à la même délibération ché, 730 000 francs. J’ai mis au défi « Ou on veut des zones montagneuses vivantes que les lobbies de protection de la nature manipu- correctionnel en 1997 pour un geste municipale. les juges de trouver un appartement avec des paysans, ou on veut créer des Disneyland laient ce comité et que nous n’étions là que pour ser- d’amour filial. de la même surface sur la commune pour les seuls touristes », estime Bernard Moser, se- vir de caution, raconte M. Moser. La décision était En 1991, Patrick Sève, maire (PS) BÉVUE ACCABLANTE à 1 million de francs. » crétaire national de l’organisation et éleveur ovin prise d’avance et ailleurs. » de L’Hay¨-les-Roses depuis 1992, ac- Les deux élus encourent une Patrick Sève est relaxé. Il est élu dans la Drôme. Il est vain, selon lui, de prétendre tuel député du Val-de-Marne, ac- condamnation pour prise illégale député la même année. « Entre- concilier pastoralisme et présence du prédateur. « DÉFENSE DES PAYSANS » quiert un pied-à-terre de 50 mètres d’intérêt. Il s’avère que M. Goupil, temps, j’ai eu une pleine page dans Si l’Etat veut malgré tout imposer ses vues, la Il avait claqué la porte en même temps que la Fé- carrés dans une résidence, dans la propriétaire du bien en question, Le Parisien. On a sali mon honneur Confédération paysanne exige qu’il s’engage à dération nationale ovine, proche de la FNSEA. commune dont il n’est alors qu’ad- est un homonyme qui n’a rien de et mon honnêteté », dit-il. Il déplore abattre les bêtes qui perturberaient les activités Mais, tient-il à préciser, « contrairement à d’autres, joint au maire chargé de la culture. commun avec l’adjoint au maire in- la légéreté de la CRC, qui a « per- d’élevage, à assurer lui-même une surveillance ef- nous ne pensons pas que le problème de l’élevage « Je venais d’apprendre que ma criminé... La bévue de la CRC est mis » la fuite, et dénonce la « façon ficace des troupeaux et à autoriser les éleveurs à ovin soit uniquement lié au loup ». mère n’avait plus que quelques an- accablante. folle dont la machine judiciaire peut éliminer les individus qui menaceraient leur chep- Si le syndicaliste ne nie pas non plus la réalité de nées à vivre. » De Nevers où elle ha- Le procureur de Créteil ordonne s’enclencher » contre un élu local en tel. certaines pratiques qui permettent de se faire bite, elle songe à se rapprocher de des poursuites contre Patrick Sève. pleine ascension. rembourser des dégâts indûment imputés au loup, son fils unique. Josette Sève dispa- Devenu maire, il comparaît, en cita- SURVEILLANCE EFFICACE DES TROUPEAUX il refuse la « généralisation de la suspicion à toute raît avant d’avoir emménagé. Pa- tion directe – une procédure qui B. J. « Sans quoi, les pouvoirs publics prendraient la une profession ». Cette prise de position tranchée trick Sève reste propriétaire de l’ap- responsabilité de la disparition programmée de l’éle- ne nuit-elle pas à l’image écologique qu’entretient partement. Il le loue. Cinq ans vage », insiste le porte-parole, qui rappelle que le ce syndicat ? « Même chez les Verts, il y a des opi- s’écoulent. revenu moyen mensuel d’un éleveur de 300 brebis nions divergentes sur la question », justifie M. Mo- En 1997, le procureur du parquet pour la viande oscille entre 2 000 et 6 000 francs. ser. de Créteil est informé par une lettre La Confédération estime encore que le plan, qui Cette décision a fait l’objet d’un débat au sein de anonyme de la situation patrimo- A Paris aussi prévoit notamment l’aménagement de zones d’ex- la Confédération : « C’est vrai que la sensibilité éco- niale de Patrick Sève. L’élu est ac- périmentation, créerait en fait des sanctuaires logique est très présente chez nous. Mais nous cusé d’avoir acheté son logement d’où serait exclue toute activité pastorale, de sommes avant tout un syndicat de défense des pay- dans des conditions financières fa- même qu’il serait illusoire de prétendre cantonner sans. » vorables, grâce à son poste d’ad- les meutes dans ces périmètres restreints. joint au maire. En 1990, M. Sève se on fête le cinéma ! Et qu’importe que la coexistence s’avère harmo- Benoît Hopquin souvient d’avoir voté en conseil municipal une délibération autori- sant la construction de quatre- vingts logements sur un terrain communal. Mais il ne savait pas qu’il deviendrait, deux ans après, 0123 propriétaire de l’un d’entre eux. La lettre anonyme se fonde sur une fuite judiciaire. A l’époque, la chambre régionale des comptes (CRC) d’Ile-de-France enquête sur vous invitent pour la gestion communale de L’Hay¨-les- le 53e Festival de Cannes DÉPÊCHE à la projection en avant-première de a ÎLE-DE-FRANCE : Jean-Claude Gayssot, ministre de l’équipement, des transports et du logement, et Jacqueline Fraysse, maire (PC) de Fast food, fast women Nanterre (Hauts-de-Seine), ont si- gné, mardi 9 mai, un protocole d’ac- de Amos Kollek cord entre la ville et l’Etat pour l’ex- tension du secteur de la Défense. L’Etat s’engage à réaliser la déviation lundi 15 mai 2000 de la RN 314, élargir les installations ferroviaires, reconstruire la gare de à partir de 19 h 30 - projection à 20 h 30 précises Nanterre-Université et réaliser, à court ou moyen terme, une ligne de avec l’aimable concours de Océan Films tramway. Il poursuivra la réalisation de l’échangeur entre l’A 86 et l’A 14. Cinémathèque française Le prolongement du quartier de la Défense prévoit la construction de Palais de Chaillot - 7, av. Albert-de-Mun, 75116 Paris - Entrée côté jardin 290 000 m2 de logements, 205 000 m2 Réservation obligatoire : 01-42-17-29-35 de bureaux et 100 000 m2 de locaux Dans la limite des places disponibles d’activités. LeMonde Job: WMQ1205--0014-0 WAS LMQ1205-14 Op.: XX Rev.: 11-05-00 T.: 09:46 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0502 Lcp: 700 CMYK

14 / LE MONDE / VENDREDI 12 MAI 2000 HORIZONS DOCUMENTS Quand Octavio Paz défendait Luis Buñuel Eloge de « Los Olvidados »

’APPARITION de désir, l’horreur, le délire et le ha- fatalité externe que se trouve l’es- L’Age d’or et du sard, la part nocturne de l’existence sence même de l’acte tragique. Bu- En 1951, Luis Chien andalou y trouvent aussi leur place. Et le ñuel a redécouvert cette ambiguïté marque la première poids de la réalité dévoilée est telle- fondamentale : sans la complicité Buñuel n’est irruption de la poésie ment atroce qu’elle finit par nous humaine, le destin ne peut s’ac- pas encore un dans l’art cinémato- paraître impossible, insupportable. complir, la tragédie est impossible. graphique. Les noces Oui, la réalité est insupportable ; et La fatalité porte le masque de la li- monstre sacré de l’image filmée c’est parce qu’il ne la supporte pas berté ; celle-ci avance sous le L masque du destin. Los Olvidados du cinéma, et avec l’image poé- que l’homme tue et meurt, qu’il tique, créatrices d’une réalité nou- aime et qu’il crée. n’est pas un film documentaire. Et velle, allaient sembler scandaleuses Los Olvidados est régi par la plus pas davantage un film à thèse, une Octavio Paz, et subversives. C’est bien ce rigoureuse économie artistique. A œuvre de propagande ou de mo- âgé de 37 ans, qu’elles étaient. Le caractère sub- une plus forte condensation corres- rale. Si son admirable objectivité versif des premiers films de Buñuel pond toujours une explosion plus n’est jamais donneuse de leçon, il est un écrivain tient à ceci : dès qu’ils sont effleu- intense. C’est un film qui n’a pas serait mensonger de le présenter encore inconnu

rés par la main de la poésie, on voit besoin de « stars » ; de la même fa- comme un film « esthétique », où BARRAGO POUR «DANIEL MONDE LE » s’effondrer les fantômes conven- çon, le « fond musical » en est dis- comptent seules des valeurs artis- Octavio Paz. tionnels (sociaux, moraux ou artis- cret, il ne prétend pas usurper la tiques. Aussi loin du réalisme (so- en France où il tiques) dont est faite notre réalité. place qui, au cinéma, revient au re- cial, psychologique ou édifiant) que est deuxième Et de ces ruines surgit une autre vé- gard. Enfin, il dédaigne la couleur de l’esthétisme, le film de Buñuel rité, celle de l’homme et de son dé- locale. Pourtant, la tentation était s’inscrit dans la tradition d’un art secrétaire de Trente ans après : sir. Buñuel nous montre que cet grande, devant un impressionnant passionnel et féroce, à la fois homme ligoté est capable, juste en paysage mexicain, mais la scéno- contenu et délirant, qui revendique l’ambassade du fermant les yeux, de faire sauter le graphie lui tourne le dos, en se ré- parmi ses devanciers l’Espagnol Mexique. S’il monde. Ces films sont bien plus duisant à la désolation sordide, in- Goya et le Mexicain Posada, peut- retour sur image qu’une attaque féroce de la préten- signifiante mais toujours être les deux plasticiens qui ont fait le voyage due réalité ; ils sont la révélation de implacable, d’un décor urbain. conduit le plus loin l’humour noir. E devais avoir dix-sept l’autre bout de la petite salle, se l’autre réalité, humiliée par la civili- L’espace physique et humain où se Lave glacée, gel volcanique. au Festival de ans quand j’ai entendu trouvaient Georges Sadoul et sation contemporaine. L’homme déroule le drame ne pouvait être Malgré l’universalité du thème, parler, pour la première d’autres anciens surréalistes de L’Age d’or sommeille en chacun plus fermé : la vie et la mort d’une l’absence de couleur locale et l’ex- Cannes à ses J fois, de Luis Buñuel. convertis au stalinisme. J’ai son- de nous, il n’attend qu’un signe poignée d’enfants livrés à leur trême sobriété de la construction, frais, c’est pour J’étais étudiant à l’Ecole gé un instant que nous allions pour s’éveiller : celui de l’amour. Ce propre fatalité, entre les quatre Los Olvidados a un accent qu’il faut nationale préparatoire et je ve- vers la bataille rangée, comme au film est une des rares tentatives de murs de l’abandon. La cité, avec bien appeler racial (au sens où les défendre le film nais de découvrir, à la vitrine des temps de leur jeunesse. J’ai l’art moderne pour donner à voir le toute la solidarité que ce mot de- taureaux de combat appartiennent librairies Porrua et Robredo, près échangé un regard avec Elisa visage terrible de l’amour en liber- vrait impliquer, est aussi étrange à une « caste »). La misère et de Buñuel « Los du collège San Ildefonso, les Breton, qui exprimait une cer- té. l’abandon peuvent se présenter livres et revues de la nouvelle lit- taine inquiétude, mais chacun Peu après, Buñuel nous livrait partout dans le monde, mais la pas- Olvidados » qui térature. Dans une de ces publi- restait silencieusement à sa Terre sans pain, un documentaire Buñuel construit sion acharnée avec laquelle ils sont dévoile de cations – La Gazette littéraire, place. Je crois que Breton et ce qui est aussi un chef-d’œuvre dans traités appartient à la grande tradi- que publiait à Madrid Ernesto groupe se rencontraient pour la son genre. Ici, le poète Buñuel se un film dont l’action tion espagnole. Ce mendiant terribles Giménez Caballero –, j’ai décou- première fois depuis leur rup- retire ; il se tait, pour que la réalité aveugle, nous l’avons déjà croisé vert un article sur Buñuel et Dali, ture, de longues années plus tôt. parle d’elle-même. Si le thème des est précise comme dans un roman picaresque. Ces réalités du accompagné d’un choix de leurs Le film de Buñuel m’a ému : il films surréalistes de Buñuel est la femmes, ces ivrognes, ces idiots, Mexique et textes, de reproductions de ta- était animé par la même imagi- lutte de l’homme contre une réalité un mécanisme, ces criminels, ces innocents, nous bleaux de Dali et de photos de nation violente, par une même qui l’étouffe et le mutile, celui de les avons vus chez Quevedo n’est guère leurs deux films : Un chien anda- raison implacable que L’Age d’or, Terre sans pain est le triomphe hallucinante comme comme chez Galdos, nous les lou et L’Age d’or. Les photogra- mais cette fois le cinéaste, à tra- abrutissant de cette même réalité. avons entrevus chez Cervantes, Ve- apprécié des phies m’ont davantage troublé vers une forme très stricte, avait Ainsi, ce documentaire est le un rêve, implacable lazquez et Murillo nous ont montré que les toiles du peintre catalan : atteint une plus grande concen- complément nécessaire des créa- leurs portraits. Ces bâtons – ces autorités. A dans les images cinématogra- tration. A la sortie, Breton com- tions antérieures. Il les explique et comme la silencieuse cannes d’aveugles –, on les entend travers des phiques, le mélange de délire et menta l’œuvre avec éloge, en les justifie. Par des chemins diffé- frapper dans tout le théâtre espa- de réalité quotidienne était plus émettant cependant une ré- rents, le cinéaste poursuit sa lutte gnol. Et les enfants, les oubliés, leur lettres inédites efficace et détonant que dans l’il- serve : selon lui, elle cédait par- acharnée avec la réalité. Contre qu’étrangère. Ce que nous appe- mythologie, leur rébellion passive, lusionnisme maniéré de Dali. fois à la logique réaliste du récit, elle, plus exactement. Son réalisme, lons civilisation n’y est rien d’autre leur loyauté suicidaire, leur dou- en français et Quelques années plus tard, en au détriment de la poésie ou, dans la meilleure tradition espa- qu’un mur, un grand Non qui barre ceur qui lance des éclairs, leur ten- été 1937, à Paris, j’ai fait la pour employer ses termes, du gnole – Goya, Quevedo, le roman le passage. Ces enfants sont mexi- dresse pleine d’exquises férocités, deux plaidoyers connaissance de Buñuel. Un ma- merveilleux. Pour ma part, je picaresque, Valle-Inclan, Picasso – cains, mais ils pourraient vivre ail- leur affirmation déchirée d’eux- rédigés à trente tin, à l’entrée du consulat d’Es- pensais, au contraire, que Los Ol- consiste dans un impitoyable corps leurs, dans n’importe quelle ban- mêmes dans (et pour) la mort, leur pagne, où je m’étais rendu avec vidados montraient la voie, non à corps avec la réalité. En l’étrei- lieue de grande ville. D’une quête sans fin d’une communion ans d’intervalle, Pablo Neruda pour obtenir un vi- pas d’un dépassement du surréa- gnant, il l’écorche vive. C’est pour- certaine façon, ils ne vivent ni au – fût-ce à travers le crime – ne sont sa, nous l’avons croisé. Neruda lisme – peut-on dépasser quel- quoi son art ne présente aucune Mexique ni nulle part : ils sont les et ne peuvent être que mexicains. on découvre nous a présentés : ce fut une ren- que chose en art ou en littéra- parenté avec les descriptions plus oubliés, les habitants de ces waste Ainsi, dans la scène clé du film – la comment le contre fugace. La même année, ture ? –, mais de son ou moins tendancieuses, sentimen- lands que chaque mégalopole en- scène onirique –, le thème de la j’ai pu voir les deux films cités dénouement. Je veux dire que tales ou esthétiques, de ce que l’on gendre à sa périphérie. Un monde mère culmine dans le repas pris en futur Prix Nobel plus haut, également sulfureux. Buñuel avait trouvé une issue appelle communément réalisme. clos sur lui-même, où tous les actes commun, le festin sacré. Sans L’Age d’or, surtout, a été pour pour l’esthétique surréaliste en Au contraire, toute son œuvre tend sont circulaires, où tous les pas l’avoir cherché, peut-être, Buñuel a de littérature se moi une révélation, au sens ri- insérant, dans la forme tradition- à provoquer l’éruption d’une chose nous ramènent à notre point de dé- découvert dans le rêve de ses héros goureux du terme : l’apparition nelle du récit, les images irration- secrète et précieuse, pure et ter- part. Nul ne peut sortir de là – ni de les images archétypales du peuple battit comme soudaine d’une vérité cachée, en- nelles qui jaillissent de l’obscure rible, que dissimule précisément lui-même –, sinon en suivant la mexicain : la déesse Coatlicue et le un beau diable fouie mais vivante. J’ai découvert moitié de l’homme. (A cette notre réalité. En utilisant le rêve et longue rue de la mort. Le hasard sacrifice. que l’âge d’or est en nous et qu’il époque, je me risquais à une ten- la poésie, ou en tirant parti des qui, dans d’autres mondes, ouvre Le thème de la mère, une des ob- pour voir a le visage de la passion. tative analogue dans le domaine moyens spécifiques du récit fil- des portes, ici les ferme. sessions mexicaines, est inexora- Beaucoup plus tard, en 1951, de la poésie lyrique.) Ici, peut- mique, le poète Buñuel descend au blement lié à celui de la fraternité, à reconnue toujours à Paris, j’ai revu Buñuel être n’est-il pas superflu de si- fond de l’homme, dans son intimité ANS Los Olvidados, la pré- l’amitié jusqu’à la mort. Tels sont chez des amis : Gaston et Betty gnaler que, dans les meilleures la plus radicale, la plus inexprimée. sence continue du hasard les deux pôles secrets de ce film. Le l’œuvre de Bouthoul. Nous nous sommes œuvres de Buñuel, se déploie Après un long silence, Buñuel D possède une signification monde des Olvidados est peuplé Buñuel qui, rencontrés plus souvent, il m’a une rare faculté que l’on pourrait nous présente aujourd’hui un nou- spéciale, qui interdit de le d’orphelins, de solitaires qui re- rendu visite à la maison et, un nommer imagination synthé- veau film : Los Olvidados. Si l’on confondre avec la destinée. Le ha- cherchent la communion et qui, cette année-là, jour, il m’a appelé pour me tique. Autrement dit, une totalité compare cette œuvre aux courts sard qui régit l’action des protago- pour la trouver, ne reculent pas de- confier une mission : présenter doublée de concentration. Dès métrages réalisés en collaboration nistes se présente comme une né- vant le sang. La quête de « l’autre », faute de Palme son nouveau film, Los Olvidados, mon arrivée à Cannes, je me suis avec Dali, ce qui surprend surtout, cessité qui, pourtant, aurait pu ne de notre semblable, est l’autre face d’or, reçut le au festival de Cannes qui allait entretenu avec l’autre délégué du c’est la rigueur avec laquelle Bu- pas être. (Pourquoi ne pas lui don- de la recherche de la mère. Ou l’ac- bientôt s’ouvrir. J’étais enthou- Mexique. C’était un producteur ñuel conduit ses premières intui- ner son véritable nom, comme ceptation de son absence défini- Prix de la siasmé ; j’ai accepté aussitôt. d’origine polonaise qui vivait à tions jusqu’à leurs extrêmes limites. dans la tragédie : le destin ?) C’est tive : le fait de nous savoir seuls. J’avais déjà vu le film, lors d’une Paris. Il me dit qu’il était au cou- D’une part, Los Olvidados marque la vieille fatalité qui revient, mais Pedro, le Jaibo et ses compagnons critique et projection privée, en compagnie rant de ma nomination comme un moment de maturité artistique ; dépouillée de ses attributs surnatu- nous révèlent ainsi la nature ultime d’André Breton et de quelques délégué au festival et m’apprit de l’autre, il traduit un plus grand rels : à présent, nous sommes de l’homme, à jamais orphelin. l’ovation du amis. Un détail curieux, au pas- que notre pays avait envoyé un désespoir, plus radical : les portes confrontés à une fatalité d’ordre La valeur morale des Olvidados public sage : le soir de la projection, à autre film en compétition. du rêve semblent fermées à tout ja- social et psychologique. Ou, pour n’a rien de commun avec la propa- mais ; seule reste ouverte la porte employer la formule magique de gande. L’art, quand il est libre, est sanglante. Sans renier la grande ex- notre temps, le nouveau fétiche in- témoignage, conscience. L’œuvre périence de sa jeunesse, mais tellectuel : une fatalité historique. Il de Buñuel nous montre ce que conscient des temps qui changent ne suffit pas, cependant, que la so- peuvent le talent créateur et la – et qui rendent encore plus lourde ciété, l’histoire ou les circonstances conscience artistique lorsque rien, cette réalité qu’il dénonçait dans se montrent hostiles aux person- excepté leur propre liberté, ne les ses premières œuvres –, Buñuel nages ; pour que la catastrophe se contraint ou ne les dicte. construit un film dont l’action est produise, encore faut-il que ces di- Cannes, le 4 avril 1951. précise comme un mécanisme, hal- verses causes coïncident avec la vo- lucinante comme un rêve, impla- lonté des hommes. Pedro lutte Octavio Paz cable comme la silencieuse pro- contre le hasard, contre le mauvais gression de la lave. L’argument des sort (ou le mauvais œil), incarné (L’édition originale de ce texte a Olvidados – l’enfance délinquante – par le personnage du Jaibo. Et paru dans « Las Peras del olmo », sort tout droit des archives pénales. quand, acculé, il l’accepte et l’af- Mexico, UNAM, 1957. Voir également Ses personnages sont nos contem- fronte, il transforme la fatalité en « Le cinéma philosophique de Bu- porains, ils ont l’âge de nos enfants. destin. Il meurt, mais en faisant ñuel », dans « Courant alternatif », Mais Los Olvidados est beaucoup sienne sa mort. C’est dans le choc trad. Roger Munier, Paris, Gallimard, plus qu’un film réaliste. Le songe, le entre la conscience humaine et la 1972.) LeMonde Job: WMQ1205--0015-0 WAS LMQ1205-15 Op.: XX Rev.: 11-05-00 T.: 09:46 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0503 Lcp: 700 CMYK

HORIZONS-DOCUMENTS LE MONDE / VENDREDI 12 MAI 2000 / 15

Luis Buñuel, Mexico, 1952. L’exposition « Buñuel 100 ans, il est dangereux de se pencher dedans », organisée par l’institut Cervantes, retrace l’œuvre du cinéaste espagnol, au Centre Georges-Pompidou à Paris. Jusqu’au 11 juin.

2

Cannes, le 11 avril 1951.

M. Luis Buñuel, Mexico D. F.

Cher Buñuel, Hier, nous avons présenté Los Olvidados. Avec le public et la cri- tique, je crois que nous avons gagné la bataille. Ou plutôt, c’est votre film qui l’a gagnée. J’ignore si le jury vous décernera le Grand Prix, mais une chose est indubitable : tout le monde considère que Los Ol- vidados sont le meilleur film projeté au Festival jusqu’à ce jour. Donc, nous tenons pour quasi certain (avec les réserves d’usage concernant les surprises et manœuvres de dernière minute) qu’il sera primé. Maintenant, laissez-moi vous raconter brièvement les faits. Le 1er avril (dès que j’ai appris qu’il était mandaté par le gouvernement), je me suis entretenu avec Karol, délégué de l’industrie (ou des distri- buteurs, je ne sais trop). Karol et sa femme se montraient fort scep- tiques. Non seulement ils ne croyaient pas dans votre film, mais j’ai compris qu’il ne leur plaisait pas. Inutile de vous dire que je n’ai pas insisté. Je savais que huit jours plus tard, devant l’opinion de gens qu’ils considèrent, ils changeraient d’avis. C’est chose faite. A présent, Karol proclame que Los Olvidados recevront le Grand Prix. A mon arrivée à Cannes (le 3), j’ai constaté que ni les autorités mexi- caines ni Karol n’avaient préparé une présentation du film. Pas de brochure, aucune publication, rien. Et pas la moindre propagande, on n’avait même pas tiré parti de l’admiration et de l’amitié que l’on vous porte ici. Mon premier souci fut donc de mobiliser l’opinion. Par bonheur, le jour même j’ai rencontré divers amis (journalistes et cinéastes) qui, de façon désintéressée, par amitié pour votre œuvre, se sont employés à faire des Olvidados « le film du Festival ». Parmi eux, je dois mentionner votre amie Simone Debreuilh, Kyran (un jeune homme, ami de Breton), Frédéric et Langlois (de la cinéma- thèque), etc. En premier lieu, nous avons rendu visite à Prévert (qui s’est comporté de façon merveilleuse), puis nous avons obtenu la collaboration de Cocteau et de Chagall. (Picasso, qui nous avait pro- mis de venir, n’a pas pu ou voulu – consignes de parti ? – assister à la représentation. Mais ses amis étaient avec nous.) Nous avons égale- ment mobilisé ceux que les politiciens mexicains appellent « l’in- fanterie » : journalistes, secrétaires, etc. Prévert a déclaré qu’il s’agis- sait d’un grand film. Cocteau a téléphoné plusieurs fois au secrétariat général, en demandant des billets, etc. Finalement, vingt- quatre heures avant la projection, nous avons distribué le texte que j’ai consacré à votre film. En somme, nous avons créé une attente. Il faut aussi reconnaître que Karol, les derniers jours, s’est « réveillé » et qu’il nous a aidés. Votre producteur, Dancinger, s’est présenté au dernier moment et son intervention – quoique tardive – a été effi- cace. Hier, la salle était comble, comme dans ses grands jours. Quelque chose allait se passer. Nous avons placé nos amis de façon straté- gique. Mais il n’y a pas eu de bataille. Le film a gagné le public,

FILMOTECA NACIONAL ESPAÑOLA FILMOTECA NACIONAL ESPAÑOLA même si, bien sûr, il reste des mécontents : les « raffinés » et certain groupe communiste (je ne peux le confirmer personnellement, mais En réalité, Buñuel participait à ce dans ses Mémoires (Mon dernier on m’a dit que Sadoul trouvait le film trop « négatif » et « inutili- festival à titre personnel, invité par soupir), mais avec discrétion et sans sable »). Le public a applaudi plusieurs passages : celui du rêve, la les organisateurs français. Le pro- révéler le nom de ses détracteurs. Je Trois lettres d’Octavio Paz à Luis Buñuel scène érotique entre le Jaibo et la mère, celle du pédéraste et de Pe- ducteur me déclara également qu’il suivrai son exemple, non sans sou- dro, le dialogue entre Pedro et sa mère, etc. A la fin, applaudisse- avait visionné Los Olvidados à Paris ligner, toutefois, que nos intellec- 1 ments nourris. Mais, surtout, une profonde et belle émotion. Nous et que, sans nier ses mérites artis- tuels « progressistes » souffraient sommes sortis, comme on dit, avec la gorge nouée. Il y a eu un mo- tiques, il jugeait ce film ésotérique, alors de deux maladies conta- (Quelques jours avant l’ouverture du festival, ment – quand le Jaibo veut arracher les yeux de Pedro – où certains esthétisant et, par moments, in- gieuses : le nationalisme et le réa- avril 1951. ) ont sifflé. Mais les applaudissements étaient plus forts. lisme socialiste. On ne peut imaginer de commentaires plus enthousiastes. Pour Cher Luis Buñuel, Prévert, c’est le meilleur film qu’il ait vu ces dix dernières années. Georges Sadoul me E scepticisme de mon col- Nous engageons la bataille pour Los Olvidados . Je suis fier de lutter Cocteau a cité Goethe, quand il déclarait que le meilleur musicien de lègue de la délégation du pour vous et pour votre film. J’ai rencontré vos amis. Ils sont tous avec son temps était Beethoven. « Et Mozart ? », lui demandait-on. « Mo- déclara que Buñuel L Mexique fut compensé par vous. Prévert vous embrasse. Picasso vous salue. Les journalistes in- zart n’est ni le premier ni le second, répondait-il ; il est unique, il est à l’enthousiasme et la bonne volonté telligents et les jeunes sont de votre côté. Grâce à votre film, c’est part. » Je dirai la même chose de Buñuel, affirma Cocteau ; il n’est ni avait « déserté » que manifestèrent les amis – et ad- comme si les temps héroïques revenaient. J’ai organisé une réunion le premier ni le second ; il est unique, il est seul. Chagall a déclaré mirateurs – de Buñuel. Parmi eux fi- « intime » qui se tiendra quelques heures avant la projection des Olvi- qu’il n’était pas surpris : il savait que vous êtes un grand artiste. Ce le réalisme et qu’il guraient le légendaire Henri Lan- dados (le dimanche 8). Nous comptons sur la participation de Prévert, matin même, la Radiodiffusion française va s’entretenir avec toutes glois, directeur de la Cinémathèque Cocteau, Chagall, Brauner, etc. (outre les journalistes et critiques ces personnalités, pour connaître leur opinion. Nous vous enverrons barbotait dans de Paris, et deux jeunes surréalistes, ayant quelque chose dans la tête, dans le cœur ou ailleurs). Alors que le texte de leurs déclarations, ainsi que les coupures de presse. Dans Kyrou et Robert Benayoun, qui pu- nous ne lui avions rien demandé, Picasso a déclaré publiquement qu’il l’immédiat, vous pouvez utiliser (pour la presse mexicaine) mon récit les eaux du pessimisme bliaient une revue d’avant-garde : assisterait à la présentation du film. Si le jury ne vous décerne pas le des événements – en omettant, bien entendu, les détails personnels, L’Age du Cinéma. Nous avons ren- Grand Prix (ce qui n’est pas impossible), nous pensons publier une comme l’attitude de Karol. (...) bourgeois. du visite à divers artistes de renom brochure ou une déclaration conjointe de ceux qui vous soutiennent. Je vous prie d’envoyer l’article à Fernando Benitez, le directeur de qui vivaient sur la côte d’Azur, en De toute façon, Los Olvidados sera primé, mais nous espérons qu’il ob- Novedades. Il serait bon qu’il soit publié avec une brève note relatant J’ai répondu que les invitant à la projection du film. tiendra la Palme. (Les rivaux les plus sérieux sont les Italiens, les An- le succès des Olvidados à Cannes et résumant les opinions que j’ai Ils ont presque tous accepté. L’un glais et les Russes.) Dans le cas même – improbable, quasi impos- transcrites dans cette lettre. cet usage du mot des plus résolus à manifester en fa- sible – d’une défaite, nous emporterions la victoire dans l’opinion. La Rien d’autre pour l’heure, sinon les cordiales salutations de votre veur de Buñuel et de l’art libre fut le presse parlera – et parlera longtemps – des Olvidados. Si le Grand Prix ami, « déserter » trahissait peintre Chagall. En revanche, Picas- nous échappe, ou celui de la mise en scène, nous sommes sûrs que le Octavio Paz so se montra fuyant, réticent, et fi- Prix de la critique vous reviendra. une conception nit par s’abstenir. (...) Le plus géné- J’ai écrit un petit texte, à la hâte, sur votre travail. Il sera distribué, Dois-je vous répéter que je suis fier de lutter pour un film comme reux de tous fut le poète Jacques en français, le 8 avril. Et je crois bien obtenir un texte de Prévert. Vous Los Olvidados ? Je vous écrirai plus tard pour vous donner d’autres de l’art digne Prévert. Il vivait à Vence, tout près trouverez sous ce pli une copie de mon article (dactylographié hier détails. de Cannes. J’ai demandé à le voir, soir sur une machine à écrire suisse, aussi resplendissante qu’inutili- d’un sergent-chef en compagnie de Langlois. Nous lui sable) ; je vous suggère de le publier dans Novedades (...). C’est peu de * avons fait part de nos difficultés et, chose, comparé à tout ce que vous êtes pour nous, mais je n’ai pas eu quelque jours plus tard, il nous en- le temps de faire mieux. 3 compréhensible. De son point de voyait un poème en hommage à Je vous embrasse, vue, il n’avait aucune chance de Buñuel, que nous nous sommes hâ- Octavio Paz Cannes, le 16 avril 1951. remporter le moindre prix. Du tés de publier. Je crois que cela ne reste, il ajouta que divers hauts fut pas sans effet auprès des cri- Cher Buñuel, fonctionnaires mexicains, ainsi que tiques et journalistes qui assistaient présentation, j’ai distribué le texte à cussions sans fin. Le Monde l’a por- Voici une copie du poème de Prévert. J’espère qu’il sera publié là- de nombreux intellectuels et jour- au festival. l’entrée de la salle ; deux jours plus té aux nues, mais L’Humanité y a vu bas, avec mon article. (L’avez-vous envoyé à Novedades ?) Je vous en- nalistes, regrettaient la projection à J’ai écrit un petit essai en guise de tard, il était reproduit dans un jour- « un film négatif ». C’était l’époque verrai de Paris les coupures de presse. Les comptes rendus sont Cannes d’un film qui dénigrait le présentation, Le Poète Buñuel. nal parisien. Le film de Buñuel a du « réalisme socialiste » et l’on presque tous favorables. Le film est incontestablement le meilleur, Mexique. Ce dernier point, hélas, Comme nous n’avions pas d’argent, suscité aussitôt de nombreux ar- exaltait comme valeur centrale de même si le jury, finalement, décerne le grand prix à Vittorio De Sica, était vrai, et Buñuel y fait allusion nous l’avons stencilé. Le jour de la ticles, des commentaires et des dis- l’œuvre d’art un « message positif ». pour Miracle à Milan (un film qui, dans un genre mineur, est aussi ad- Je me souviens d’une discussion mirable). De toute façon, je suis sûr (sauf à imaginer une mons- âpre et tardive, un soir qui suivit la trueuse intervention finale) que vous recevrez le prix de la Critique projection, avec Georges Sadoul. Il (qui est l’autre grand prix) ou celui de la Meilleure mise en scène. La me déclara que Buñuel avait « dé- projection a été un triomphe. Quels sont les commentaires au serté » le véritable réalisme et qu’il Mexique ? Répondez-moi, je vous prie. Voyez Benitez (pour Nove- barbotait, fût-ce avec talent, dans dades) et Huerta (pour El Nacional), et rappelez-leur que je leur ai les eaux putrides du pessimisme écrit, ainsi que d’autres de leurs amis. bourgeois. J’ai répondu que cet Prévert – que j’ai revu hier – m’a demandé de vos nouvelles. Ecri- usage du mot « déserter » trahissait vez-lui quelques mots. Son adresse : Saint-Paul-de-Vence (Alpes-Mari- une conception de l’art digne d’un times). Si vous en aviez l’occasion, je vous saurais gré d’intervenir au- sergent-chef et que la théorie du près de Castillo Lopez. J’aimerais savoir si, finalement, mon voyage et réalisme socialiste visait à occulter mes frais me seront remboursés. Saluez de ma part Dancinger, Figue- une réalité soviétique nullement roa, Estela Inda, Halffter et les autres artistes de votre film. Bien à socialiste... Le reste est bien connu : vous, Los Olvidados n’ont pas obtenu le Octavio Paz grand prix du festival, mais ils ont Quatre inauguré la seconde et grande (Ces trois lettres de Paz à Buñuel ont été publiées pour la première photographies période créatrice de Luis Buñuel. fois dans Vuelta – Mexico –, 201, août 1993.) de « Los Olvidados », Mexico, 1982. tourné en 1950 (Traduit de l’espagnol par Jean-Claude Masson.) CANAL+ INTERNATIONAL par Luis Buñuel. Octavio Paz LeMonde Job: WMQ1205--0016-0 WAS LMQ1205-16 Op.: XX Rev.: 11-05-00 T.: 09:54 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0504 Lcp: 700 CMYK

16 / LE MONDE / VENDREDI 12 MAI 2000 HORIZONS-DÉBATS Une odieuse chasse au pédagogue Choix d’école, par Philippe Meirieu Vous avez bien lu : « ne se recrutent rouge de la sous-culture » vient de gnement qui place l’éducateur en choix de société LAIN FINKIELKRAUT vient de publier un pas exclusivement parmi les anciens publier un ouvrage qui se veut un amont et au-dessus de l’éduqué ; E départ forcé de détriment des horaires et des ouvrage intitulé Une élèves des Grandes Écoles » : ces plaidoyer pour la formation à la lit- dissymétrie de l’apprentissage qui Claude Allègre nourrit contenus communs. A derniers, dans leur grande généro- térature et par la littérature. place l’éduqué en position de s’ap- une véritable campagne Pour autant, notre réaffirmation voix qui vient de l’autre L rive (Gallimard). Il y dénonce l’atti- sité, en acceptent aussi quelques Mais peut-être, tout cela est-il proprier, de prolonger et de dé- d’opinion sur le thème d’une exigence forte en matière de tude des « amis inquiétants » de la autres ! sans importance après tout ? Le mentir ce qui lui a été enseigné. récurrent de l’impossibilité de la culture et de savoirs ne s’ac- mémoire d’Auschwitz. Un chapitre Sur le fond, je partage avec Alain plus grave n’est-il pas que Meirieu C’est cette seconde dissymétrie qui réforme. Campagne à la fois ré- compagne d’aucune révérence en- y est consacré à « La rédemption Finkielkraut la même terrible in- et les pédagogues soient les arti- permet à l’éducation de n’être pas ductrice, complaisante et dange- vers les savoirs et les traditions pédagogique ». J’y suis le seul « pé- quiétude devant la même lanci- sans de cette « rationalité instru- seulement reproduction. C’est elle reuse. Nous refusons de voir le dé- scolaires institués, d’aucune nos- dagogue » cité et violemment pris à nante question : « J’ai découvert, mentale » qui manipule les indivi- qui permet de former à l’exercice bat enfermé dans l’affrontement talgie d’un âge d’or mythique de partie. Ce chapitre se conclut par le écrit Chaïm Potok dans Le Maître dus comme des souris dans des de la démocratie... et non − comme entre ceux qui seraient partisans notre système éducatif. Les enjeux paragraphe suivant : « Le noble sou- de trope, qu’à la conférence de labyrinthes pour leur faire avaler la on me le fait dire malhonnête- du mouvement et ceux qui seraient politiques et sociaux de la démo- ci de guérir la culture de ses compro- Wannsee, sur les quinze hommes qui sous-culture de la mondialisation ment − de la singer artificiellement les « révolutionnaires du statu cratisation de l’accès au savoir ne missions ou de ses inclinations bar- se sont assis autour de la table pour et, simultanément, les encourager à dès l’école. quo », de dire que le prétendu im- peuvent être séparés d’un travail bares conduit ainsi à placer mettre sur pied la bureaucratie qui se replier dans des niches identi- mobilisme des uns contraindrait d’interrogation et de redéfinition l’universel sous la juridiction exclu- allait massacrer les juifs d’Europe, taires où ils goûtent à satiété le seul les autres à « passer en force » ou à de la culture scolaire et de ses sive de la rationalité instrumentale, huit avaient des doctorats » (Livre plaisir de l’instant ? Alain Finkielkraut renoncer à réformer. modes de transmission. Le débat celle-là même qui a été mobilisée de poche n° 14 617, p. 36). La Faut-il que j’argumente sur ce Et si les raisons de l’échec de sur cette question a tout à gagner à pour les usines de la mort et qui a culture et la raison, à elles seules, point ? Faut-il évoquer, contre l’in- ne fait que défendre Claude Allègre étaient plutôt à l’élaboration et à l’affirmation conféré aux crimes administratifs du ne délivrent pas de la barbarie. Voi- culture arrogante qui s’étale ici, le chercher dans la conception même d’une conception forte de la XXe siècle leur atypique banalité et là qui est devenu une triste banali- travail de la pédagogie, depuis un les privilèges des transformations nécessaires ? culture, ne s’accommodant ni d’un leur monstruosité sans pareille. » En té ! siècle, pour se débarrasser de tous Dans l’indigence, le plus souvent, relativisme méthodologique sans d’autres termes : Philippe Meirieu, Dans ce contexte, pour discrédi- les avatars de l’enseignement pro- des clercs du diagnostic ? Dans l’impuissance contenus ni de l’installation satis- la main sur le cœur, prépare de ter les pédagogues, il suffit de se grammé et des techniques de et le refus de traiter politiquement faite dans les formes consacrées de nouveaux Auschwitz. Rien de comporter exactement comme les conditionnement ? Faut-il retracer dont il fait partie et démocratiquement des pro- la culture scolaire et de sa trans- moins. cybernautes que dénonce Alain par le menu, contre l’ignorance blèmes que pose la crise, à bien des mission, considérées comme éter- Qu’ai-je fait pour mériter pareille Finkielkraut : « Ne reconnaître que hautaine qui se prend pour de la dans le grand cirque égards historique, de notre sys- nelles et indépassables. accusation ? Alain Finkielkraut fait les faits qui conviennent à sa propre pensée, les débats et les conflits tème éducatif ? Ces raisons ont des état, tout d’abord, des conceptions croyance » (p. 52). entre « pédagogues » et « didacti- médiatique racines profondes. Elles ne dispa- « humanistes » classiques incarnées On affirme d’abord que, puisque ciens » ? Cela n’intéresse évidem- raîtront pas avec un simple chan- Notre réaffirmation par Renan : « Moi qui suis un l’adversaire soutient que «la ment pas les « intellectuels » qui gement d’équipe Rue de Grenelle. homme cultivé, je ne trouve pas le culture et la raison, à elles seules, ne préfèrent « penser en abolissant la C’est peut-être cela, au fond, qui Notre école ne souffre pas tant d’une exigence forte mal en moi. (...) Si tous étaient aussi délivrent pas de la barbarie », c’est réalité » comme le Monsieur Teste agace l’oracle qui prétend parler au de dysfonctionnements et de dé- cultivés que moi, tous seraient qu’il écarte systématiquement de Paul Valéry. nom de ceux qui sont « sur l’autre fauts de gestion que pourraient en matière de culture comme moi dans l’heureuse impossi- toute forme de culture et de ratio- On ne peut, tout à la fois, dénon- rive » ? Il voudrait bien, en effet, corriger la stratégie managériale bilité de mal faire », expliquait ce nalité, n’y voyant qu’« une entre- cer la « rationalité instrumentale » être, tout à la fois, la première et la du « zéro défaut » et l’autonomie et de savoirs dernier. Quoique nostalgique d’une prise tyrannique et monstrueuse de la pédagogie, ses velléités mani- dernière parole. Celui qui introduit accrue des établissements que de telle « religion de la culture », Alain d’uniformisation » (p. 82). On en dé- pulatrices, et lui reprocher, plus et celui qu’on adore en partant. Il la marchandisation croissante des ne s’accompagne Finkielkraut explique néanmoins duit que, si Meirieu prétend que loin, son spontanéisme : « Il ne sau- tempête contre l’« égalitarisme », le rapports humains et des enjeux de rait être question, écrit Alain Fin- « nivellement » par le bas, le « règne formation. Elle est d’abord malade d’aucune nostalgie kielkraut pour décrire mes posi- de l’équivalence », l’« esprit de dé- du libéralisme qui la cerne et s’y in- Faut-il évoquer, contre l’inculture arrogante tions, d’aller les mains pleines à la mocratie [qui] marque toute dissy- filtre. Elle n’est pas victime d’un d’un âge d’or rencontre des nouveaux venus. Il métrie du sceau de l’infamie totali- excès de démocratisation, mais qui s’étale ici, le travail de la pédagogie, s’agit, au contraire, de s’effacer pour taire »... Alain Finkielkraut prétend d’une insuffisance de démocratisa- mythique qu’ils existent, de se taire pour qu’ils parler d’Auschwitz. Il ne fait que tion réelle de l’accès aux savoirs et depuis un siècle, pour se débarrasser ouvrent la bouche et d’accueillir leur défendre les privilèges des clercs du poids croissant des inégalités de notre système richesse créative plutôt que de les dont il fait partie dans le grand sociales sur sa mission, ses valeurs des avatars de l’enseignement programmé conformer ou de les assassiner sous cirque médiatique. Alain Finkiel- et son fonctionnement quotidien. éducatif prétexte de les instruire » (p. 114). kraut n’aime pas la démocratie. La suffisance, le manque de res- et des techniques de conditionnement ? Qui a jamais affirmé cela ? Com- C’est son droit. Naïveté, orgueil dé- pect, l’insulte ont pesé lourd. Mais ment peut-on dire cela à tous ceux mesuré ou coup de pub ? Qu’il joue ils ne posent pas seulement une L’ambition en matière de savoirs qui se battent, au quotidien, pour sa partie et veuille crier plus fort question de méthode : la forme est et de culture est inséparable des que nous sommes « condamnés à « l’instruction n’est pas l’outil mira- faire accéder les élèves les plus dé- que les autres dans le « bruit du ici le fond. Le fond, c’est le procès enjeux d’égalité. Là encore, l’ap- repenser » cet humanisme : « l’au- culeux de l’émancipation des munis aux textes fondateurs de monde » qu’il dénonce, c’est chose d’immobilisme fait aux ensei- proche gestionnaire méconnaît et teur de L’Avenir de la science peuples », c’est qu’il demande de notre culture ? Comment les soup- finalement assez commune. Mais gnants, c’est le refus de re- minore l’ampleur du travail et des croyait qu’il suffisait d’éclairer le « renoncer à initier la jeunesse au çonner de venir « les mains vides » qu’il enrôle les juifs de Terezin dans connaître le capital d’expérience et transformations nécessaires pour peuple pour que l’humanité soit déli- Vrai, au Bien et au Beau » (p. 78) ! alors que, simplement, ils son combat douteux est indigne. la capacité d’expertise des profes- faire que massification rime avec vrée de la méchanceté » (p. 77) ; or On oublie que le pédagogue incri- cherchent les moyens pour que ce La ligne rouge a été franchie. Je sionnels de l’éducation comme un démocratisation. Force est de le colonialisme, la première guerre miné n’a cessé de rappeler, à tra- qu’ils ont dans les mains ne suscite veux pouvoir, demain, regarder apport essentiel à la transforma- constater que nous sommes loin mondiale, l’extermination des juifs vers tous ses travaux, l’importance ni l’indifférence, ni l’ennui, ni le dé- mes enfants en face. Je voudrais tion du système éducatif, plutôt du compte et que l’élévation au ni- et le communisme ont montré que de l’accès à la vérité pour arbitrer goût ? Et qui a jamais dit que la aussi qu’ils puissent me regarder que comme une menace. veau moyen de formation et de « c’estprécisément la fin suprême as- les conflits entre les opinions qui culture interdisait l’expression per- sans honte. Je suis certain que vous La transformation de l’école ne scolarisation n’a pas donné lieu à signée à l’histoire − la disparition du s’affrontent. On ignore qu’il a sans sonnelle ? comprenez cela. C’est pourquoi, saurait être pensée comme ques- une réduction significative des iné- mal dans le triomphe des Lumières − cesse travaillé sur la « construction Personne ne le nie, et surtout pas Monsieur Finkielkraut, je suis tion sectorielle, relevant d’une ges- galités sociales, l’écart entre les qui dégrade les hommes en moyens, de la Loi », affirmant que celle-ci moi-même : la parole de l’éduca- convaincu que vous comprendrez tion de type paritaire entre l’Etat, plus favorisés et les plus démunis et les offre au sacrifice » (pp. 76 et s’impose, de manière transcen- teur est première. Son antériorité aussi cette question, qui sera, à ja- réduit à son rôle d’Etat-patron, et ayant même tendance à s’ac- 77). dante et au nom de l’universalité n’est pas seulement chronologique, mais, ma dernière interlocution à les syndicats, auxquels on ne vou- croître, dans un environnement Plus loin, dans un autre chapitre de l’humain, aux groupes affini- elle est aussi ontologique : il porte votre égard : « De quelle couleur se- drait concéder qu’un rôle étriqué social et économique de plus en où je suis à nouveau abondam- taires, aux clans et tribus de toutes et présente le monde à ceux qui ar- ra l’étoile dont on affublera demain, de défenseurs d’intérêts parti- plus défavorable. ment mis en cause, Alain Finkiel- sortes. On passe sous silence tous rivent. Mais la parole de l’éduca- si les clercs que vous représentez ve- culiers. La nécessaire démocratisa- La « relance » de la politique des kraut consent même que « ceux les textes qui affirment le pouvoir teur n’est pas « dernière » : en effet, naient, par malheur, à nous gouver- tion de notre système éducatif doit zones d’éducation prioritaires a que la force criminelle ne conduit unificateur de l’art, en-deçà et au- son projet est bien de susciter une ner, les pédagogues comme moi ? » être posée comme une question de tourné court et n’a pas donné lieu pas à l’abdication, ceux qui, malgré delà de toutes les différences qui autre parole dont le texte ne soit société, exigeant la construction à la mise en œuvre d’une politique les risques encourus, entendent les séparent les hommes. On ne pré- pas écrit à l’avance. Il n’y a pas d’un espace démocratique ouvert, ambitieuse de lutte contre l’échec appels des persécutés, ne se recrutent cise surtout pas que celui que l’on a d’« équivalence » entre l’éducateur Philippe Meirieu est péda- au-delà des acteurs et des usagers scolaire, source majeure de ressen- pas exclusivement parmi les anciens dénoncé publiquement à la Sor- et l’éduqué, mais bien une double gogue, directeur de l’Institut natio- de l’école. Les tentatives répétées timent et de violence à l’égard de élèves des Grandes Écoles ». Oui ! bonne, le 6 mai, comme « un garde dissymétrie : dissymétrie de l’ensei- nal de recherche pédagogique. pour dresser les parents et les l’école et de ses agents. L’autono- jeunes contre les enseignants, le mie accrue des établissements et la recours aux logiques d’expertise, le différenciation des contenus et des AU COURRIER par ses chefs, il est désormais à les saint-cyriens mais elle appelle grave infraction relève le numéro rôle subalterne des élus, souvent horaires, au nom de l’« adaptation DU « MONDE » l’état-major du général comman- une autre valeur, le courage. minéralogique de la voiture en pris à témoin mais jamais vérita- au local », a, au contraire, accentué dant la circonscription d’Ile-de- Michel Huth faute et le communique à la police. blement placés en situation de res- les différenciations sociales, tout L’HONNEUR France au lieu d’être révoqué Crozant (Creuse) Au bout de trois ou quatre déclara- ponsabilité, tout cela a eu des en les rendant beaucoup plus D’UN GENDARME parce que fonctionnaire de la Ré- tions sur le même numéro (l’infor- conséquences particulièrement né- opaques. La lutte contre la « ghet- Il y a des mots qui abîment les publique. (...) DÉLATION matique permet sûrement de re- gatives sur les conditions de possi- toïsation » et la paupérisation de yeux et qui écorchent les oreilles M. Mazères distrait le mot ET SÉCURITÉ ROUTIÈRE couper ces signalements), il bilité d’un tel débat. quartiers urbains de plus en plus quand ils sont écrits en contre- honneur de son sens et le met à Horrifiée par le nombre de morts faudrait faire surveiller individuel- Claude Allègre n’a pas échoué nombreux et de leurs établisse- sens de la vérité. Que M. Henri son service comme il s’est diverti sur les routes françaises, je lement de tels contrevenants. On d’avoir voulu trop réformer, mais ments scolaires, la nécessité d’une Mazères, mis en examen pour des honneurs dont il a profité m’étonne que les mesures de po- nous demande de signaler les abus de n’avoir jamais opposé au libéra- politique de carte scolaire plus « complicité de destruction de tout au long de sa carrière un peu lice ne soient pas plus sérieuses et sexuels, les violences en tout genre, lisme menaçant une politique sé- égalitaire ont été remisés aux ou- biens appartenant à autrui, par le rapide pour quelqu’un d’aussi plus pénalisantes, mais aussi que les vols, etc. Pourquoi ne pas signa- rieuse de lutte contre les inégalités, bliettes. fait d’un incendie, commise en fragile. Ce mot, à forte significa- l’on ne fasse pas participer les usa- ler les criminels en puissance sur la une ambition de culture, un projet Tout cela n’a pu que renforcer bande organisée », ose titrer son tion, devrait être décerné aux gers de la route à cette surveil- route ou en ville ? Ce n’est pas de d’ampleur, une démarche de civili- les positions de tous les tenants de livre L’Honneur bafoué d’un offi- gendarmes qui font quotidienne- lance. Nous sommes peut-être la délation, j’appelle cela un vrai sation. Notre système éducatif s’en la pensée libérale qui n’invoquent cier est particulièrement cho- ment leur devoir. A moins que tous des « fous dangereux », mais, à comportement citoyen. trouve fragilisé, soumis à des les carences de notre système édu- quant. Saint-cyrien, officier colo- M. Mazères n’aille jusqu’au bout l’évidence, certains plus que Marie-José Bohl contradictions plus fortes et à un catif, et en particulier du collège nel, commandant la légion de de son honneur, cette vertu a d’autres. Je demande donc que Boulogne-Billancourt désarroi accru de ses profession- unique, que pour mieux remettre gendarmerie de Corse, bien noté également une signification chez chaque conducteur témoin d’une (Hauts-de-Seine) nels. Les enjeux de la démocratisa- en cause ses missions de service tion s’en trouvent notablement public, prôner le retour aux filières, brouillés et obscurcis. affirmer qu’on ne peut avoir la La démocratisation de notre sys- même exigence pour les élèves de tème éducatif ne se fera pas sans Seine-Saint-Denis que pour ceux prendre à bras le corps la question du 16e arrondissement de Paris, et des savoirs et de la culture et des clamer le caractère utopique, voire conditions de leur transmission. totalitaire, d’une école ambitieuse L’approche purement gestionnaire pour tous. de la massification a toujours cher- ché à contourner ou à minorer cette question. L’optique simpliste Premiers signataires : de la « surcharge des programmes » Elisabeth Bautier, a laissé croire que les élèves étaient Nouredine Boubaker, en difficulté parce qu’on voudrait Bernard Charlot, trop leur apprendre. L’allègement Danièle Czalczynski, uniforme, souvent producteur de Annick Davisse, réelles incohérences, a ainsi été Michel Deschamps, préféré à un véritable travail sur la Viviane diversification des modes d’activité Isambert-Jamati, intellectuelle. L’aide, nécessaire, à Jacques Fijalkow, l’étude et au travail personnel des Samuel Johsua, élèves a été séparée des contenus Claude Lelièvre et des exigences disciplinaires, et Jean-Yves Rochex, des modes de travail intellectuel Françoise Ropé, sont univer- qui leur sont propres ; plus, sa mise sitaires, chercheurs en éducation et en œuvre « à moyens constants » acteurs du système éducatif. s’est faite pour une large part au [email protected] LeMonde Job: WMQ1205--0017-0 WAS LMQ1205-17 Op.: XX Rev.: 11-05-00 T.: 11:02 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0505 Lcp: 700 CMYK

HORIZONS-ANALYSES LE MONDE / VENDREDI 12 MAI 2000 / 17 Cuba - Etats-Unis : une relation dépassionnée 0 123 POUR UN PEU, on croirait qu’il Et, paradoxalement, en même terme, on peut imaginer quelque beaucoup les autorités cubaines », 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD - 75242 PARIS CEDEX 05 Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 206 806 F ne s’est rien passé. Le sort d’un en- temps tout a changé. Pas à Cuba, mouvement. Reste une inconnue : car il implique des complicités et, Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 fant de six ans, Elian Gonzalez, a bien sûr, pas non plus entre La Ha- l’irrésistible envie d’émigrer des vraisemblablement, de la corrup- Changement d’adresse et suspension : 0 803 022 021 (0,99 F la minute). mobilisé Fidel Castro et, à travers vane et Washington, mais aux Cubains. Les accords de migration tion, au sein du régime. Les deux Internet : http : //www.lemonde.fr lui, une partie non négligeable de la Etats-Unis : à Miami d’abord, où signés en 1995 par Washington et gouvernements ont un intérêt population cubaine pendant cinq l’aile radicale de l’exil, celle qui ex- La Havane, qui limitent à vingt mille commun à maintenir la migration ÉDITORIAL mois. Il a monopolisé l’attention de clut tout dialogue avec Cuba et te- par an le nombre d’immigrés sous contrôle, mais Fidel Castro sait l’attorney general (ministre de la nait en otage la politique améri- cubains légaux aux Etats-Unis, sont qu’il peut aussi utiliser l’exode justice) des Etats-Unis, suscité un caine depuis des années, a subi une une pierre angulaire des relations comme une arme. Et si cette ba- débat national, provoqué une inter- cinglante défaite. Désorganisée, entre les deux pays. Face à l’absence taille-là reprend, La Havane et Was- Le quinquennat, enfin ! vention musclée des forces de sans véritable leader depuis la mort de réformes politiques à Cuba ce- hington sont désormais face à face : l’ordre américaines et mis sens des- de Jorge Mas Canosa en 1997, dé- pendant, relève Richard Nuccio, Miami ne peut plus servir de pun- E tournant du siècle n’était pas contre, avant de décré- sus dessous l’exil cubain de Miami. passée par les vagues ultérieures de « la pression des candidats au départ ching-ball à Castro, ni de bouclier à n’est pas le moment le ter aussitôt que la question n’était Mais tandis qu’Elian se remet de ses l’immigration cubaine dont la prio- s’est intensifiée depuis un an, nourrie Clinton. L plus mal choisi pour se « pas d’actualité ». aventures en famille dans le secret rité n’est plus le renversement de par un réseau très sophistiqué de pas- décider enfin à faire Avec insistance, presque vingt d’une résidence officielle améri- Castro, elle a mal calculé la réaction seurs clandestins qui préoccupe Sylvie Kauffmann évoluer un système politique à ans après avoir lui-même quitté caine en rase campagne d’ordinaire de l’opinion américaine et son poids bien des égards usé et inadapté. l’Elysée, M. Giscard d’Estaing s’est réservée aux hauts dignitaires, la vie sur la classe politique à Washington. Quarante ans après la modernisa- fait le promoteur du quinquennat, a repris son cours entre Washington Le tabou selon lequel l’administra- tion représentée par la Constitu- qu’il entend imposer au président et La Havane : Fidel Castro est re- tion américaine ne va pas à l’en- tion de 1958, qui avait équilibré les élu en 2002. Comme il l’a écrit dans tourné à ses tirades anti-impéria- contre des exigences de l’exil cubain Les gens par Kerleroux pouvoirs du Parlement et du gou- Le Monde du 11 mai, il existe pour listes et les Etats-Unis à leur paraly- est tombé. vernement, il est plus que temps de cela une « superbe fenêtre d’oppor- sie. La « première trêve entre les s’intéresser de nouveau aux rap- tunité ». M. Jospin est favorable au Etats-Unis et Cuba depuis quarante BON SENS FAMILIAL ports de la société et de l’Etat, des quinquennat présidentiel et s’était et un ans » aura été de courte du- Plus grave : ce courant de l’exil gouvernants et des gouvernés, des prononcé, d’ailleurs, pour l’aligne- rée : vingt-quatre heures, a décrété s’est discrédité auprès du reste des représentants et des représentés. Il ment de tous les mandats électifs Castro. Les Américains, eux, n’y ont Américains qui, à une très large ma- y a trois ans, en mai 1997, Le Monde sur cinq ans. M. Chirac a expliqué, même pas prêté attention. jorité, ont privilégié la réunion du avait relancé ce débat en ouvrant le 14 juillet 1999, qu’il était finale- L’affaire Elian n’aurait donc rien père et de l’enfant au maintien ses colonnes à cinq autorités intel- ment hostile à cette réforme ; mais, changé. Castro a gagné une partie d’Elian dans un pays libre mais avec lectuelles en la matière – Guy Car- dès lors que le terme quinquennal qu’il a jouée de main de maître, il a une famille d’accueil, ont approuvé cassonne, Olivier Duhamel, Yves est maintenant passé pour lui – et à exploité à fond le filon Elian, réussi le raid des autorités fédérales et se Mény, Hugues Portelli, Georges Ve- condition, par sécurité, que la révi- à détourner l’attention d’une situa- sont prononcés contre la tenue del –, qui proposaient de « changer sion de la Constitution soit achevée tion intérieure et diplomatique qui, d’auditions au Congrès sur cette la République ». Depuis, la majori- le plus près possible de l’élection de en novembre 1999, tournait dange- question. L’exaspération à l’égard té issue des élections anticipées par 2002 –, le président en place aura reusement à son désavantage. L’ir- des gesticulations de l’exil cubain Jacques Chirac a mis en train, sous avantage à ce que le nouveau man- ruption dans l’actualité du petit bal- est telle aux Etats-Unis − où, tradi- l’impulsion de Lionel Jospin, une dat qu’il sollicitera des Français soit sero naufragé et l’occasion d’un tionnellement, les immigrés sont série de réformes qui, de la parité de cinq ans plutôt que de sept. nouveau bras de fer avec les Etats- respectueux de leur pays d’adop- hommes-femmes à une nouvelle La cause est bonne. Par rapport Unis et surtout avec la « mafia tion – que les milieux d’affaires de restriction du cumul des mandats, aux texte de 1973, M. Giscard d’Es- cubaine » de Miami, ennemie jurée Miami ont entrepris de financer une marquent d’évidents et salutaires taing y a ajouté, à juste raison, la li- du castrisme, ont été providen- campagne pour redresser l’image de progrès. mitation d’une présidence à seule- tielles. Le Lider Maximo ne pouvait leur communauté. Reste la réduction à cinq ans de ment deux mandats consécutifs , sortir que gagnant de cet épisode : L’opinion américaine a traité la durée du mandat du président soit un maximum de dix ans. La Ré- si Elian regagnait Cuba avec son l’épisode Elian comme une affaire de la République. Depuis presque publique ne saurait prendre le père, c’était la victoire ; s’il restait de bon sens familial et non pas trente ans, depuis notamment le risque de devenir, sur une trop aux Etats-Unis, Cuba pourrait de comme une affaire politique. Cette projet de loi – resté sans lendemain longue durée, la propriété d’un nouveau crier à la tyrannie améri- perception est un tournant dans – adopté en 1973 par les députés et même personnage ou d’une même caine esclave de Miami. Elian a re- l’attitude des Américains à l’égard les sénateurs sous la présidence de famille politique. Un quinquennat, trouvé son père, mais la famille est de Cuba, car elle révèle une relation Georges Pompidou, les principaux et pas plus de deux ! Cette réforme toujours aux Etats-Unis en atten- dépassionnée, beaucoup plus tolé- responsables politiques adressent est de nature à restaurer une dant que la justice statue en appel, rante : les Cubains vivant à Cuba aux Français, à ce sujet, un inju- confiance sinon perdue, du moins ce qui permet au chef de l’Etat sont devenus des gens comme les rieux pied de nez. Les sachant favo- ébranlée, entre les responsables cubain de se vanter d’avoir fait plier autres, qui ont simplement la mal- rables à cette réforme, les candi- politiques et les citoyens. Après les Etats-Unis tout en les accusant chance de devoir subir une dicta- dats aux élections présidentielles avoir bloqué une réforme de la jus- de « séquestrer » Juan Miguel Gon- ture. Le fait que Juan Miguel Gon- successives l’évoquent, voire la tice pourtant souhaitée par les zalez, le père d’Elian. CQFD. zalez soit membre du Parti promettent, puis se dépêchent de Français, le Parlement sera bien Washington, de son côté, se re- communiste cubain et manipulé par l’oublier une fois élus. Ainsi, en inspiré de leur donner satisfaction, trouve coincé dans un discours de Castro ne l’a pas disqualifié comme 1995, Jacques Chirac avait dit qu’il cette fois, sur le quinquennat. guerre froide à six mois des élec- père de famille. Pour les Américains, tions. Selon Richard Nuccio, dont 54 % souhaitent à présent le 0123 est édité par la SA LE MONDE conseiller spécial sur Cuba à la Mai- rétablissement des relations diplo- Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani son Blanche de 1995 à 1996, aucune matiques avec Cuba où ils vont de Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; réflexion sérieuse sur Cuba n’est ac- plus en plus nombreux, illégalement Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint tuellement menée au sein de l’ad- s’il le faut, la guerre froide est termi- Directeur de la rédaction : Edwy Plenel Directeurs adjoints de la rédaction : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau ministration : « Cuba est comme une née, y compris avec Cuba. Même les Directeur artistique : Dominique Roynette patate chaude. On la tient dans sa leaders républicains au Congrès ont Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment main un moment, puis on s’aperçoit fini par l’admettre, renonçant, dans Rédacteurs en chef : Alain Frachon (Editoriaux et analyses) ; que c’est très chaud, on se brûle et on une humiliante reculade, à la tenue Laurent Greilsamer (Suppléments et cahiers spéciaux) ; la lance à quelqu’un d’autre. Alors d’auditions parlementaires sur l’af- Michel Kajman (Débats) ; Eric Fottorino (Enquêtes) ; elle erre, dans la bureaucratie... » faire Elian qui promettaient de tour- Eric Le Boucher (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Anne Chemin (Société) ; Claire Blandin (Entreprises) ; Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Christian Massol (Secrétariat de rédaction) « La stratégie de base cette année, ner au désastre politico-médiatique. Rédacteur en chef technique : Eric Azan poursuit Richard Nuccio, c’est d’ar- Cette évolution annonce-t-elle Médiateur : Robert Solé river jusqu’à novembre, ne pas laisser des bouleversements dans les rela- Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg Cuba gâcher les chances des démo- tions entre Cuba et les Etats-Unis ? Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ; crates en Floride et dans le New Jer- Certainement pas, répondent les ex- partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre sey », où vivent les deux plus perts, qui incitent à la prudence sur Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président

grosses communautés cubano- les perspectives, par exemple, d’une Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), américaines. levée de l’embargo. Mais, à moyen André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994)

Le Monde est édité par la SA Le Monde Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. ne considéraient pas ce repli comme sa valeur. Ne pas faire cet effort de possibilité pour les onze pays de reve- Capital social : 1 003 500 F. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, Fonds commun de placement des personnels du Monde, une atteinte à la dignité de l’Europe. compréhension, ne pas tenter de nir, en cas de crise, à leur devise natio- Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Euro : Cet esprit de tolérance fut même une trouver, par des concessions réci- nale. C’est la solidité des fondations Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Iéna Presse, Le Monde Prévoyance, Claude Bernard Participations. excellente surprise, notamment ve- proques, un cours qui représente un mêmes de l’édifice qui leur paraît sus- nant d’une Banque centrale euro- juste milieu entre les aspirations des pecte. la question péenne qu’on avait suspectée à tort uns et les désirs des autres expose tôt A cet égard, il est pour le moins pa- ILYA50 ANS, DANS 0123 d’être un clone de la Bundesbank. ou tard l’Union monétaire à de sé- radoxal d’affirmer que l’euro doit une Mais ce n’est plus, depuis quelques rieuses déconvenues. partie de sa faiblesse actuelle à la len- lle de confiance semaines, la parité de l’euro qui in- teur des progrès accomplis en ma- M Moreau dans « Le Palais de cristal » quiète à proprement parler les res- MONNAIE TROP VIRTUELLE tière de construction politique euro- Suite de la première page ponsables européens, c’est le senti- La chute de l’euro serait aussi péenne et de souligner en même L’OPÉRA avait affiché hier soir dont certaines étoiles assoiffées de ment de défiance grandissant que la moins préoccupante si la monnaie temps que sa chute est sans aucune Endymion, Le Chevalier errant et Le maniérisme feraient bien de s’ins- Sans doute ces voix ne manque- jeune devise suscite dans la commu- unique était une vieille monnaie, si importance. Difficile de soutenir à la Palais de cristal. Mlle Darsonval pirer. Son apparition fortuite fut raient-elles pas de dénoncer des ma- nauté financière internationale et elle avait déjà traversé plusieurs crises fois que le taux de change de l’euro ayant dansé les deux premiers bal- une réussite sans bavures qui lui nipulations monétaires américaines dans les opinions publiques de la et gagné quelques guerres. Ce n’est est une donnée secondaire mais qu’il lets, c’est Mlle Jacqueline Moreau mérite toutes les revanches. inacceptables destinées à asphyxier zone, et dont la baisse face au dollar pas le cas. Alors qu’elle n’a pas encore est l’un des meilleurs moyens de me- qui interprétait sa variation d’étoile Une observation à propos du l’économie du Vieux Continent et ré- n’est que le reflet. Faut-il ne pas tenir un an et demi, la jeune devise doit en- surer la crédibilité du projet moné- du Palais de cristal. Chevalier errant. Est-il admissible clameraient-elles avec véhémence compte du fait que les investisseurs core faire ses preuves. Pour devenir la taire de l’Europe. Si, effectivement, la Depuis bientôt trois ans qu’elle a qu’une œuvre pareille, où l’admi- des interventions pour qu’une telle japonais, les plus puissants du grande monnaie internationale monnaie unique souffre aujourd’hui été promue première danseuse, rable partition de Jacques Ibert est anomalie cesse sur-le-champ. monde, ironisent volontiers sur le fait qu’elle aspire à être, elle doit par d’un déficit d’Europe politique, son Mlle Moreau, en fait, ne s’est vu dis- inteprétée à la perfection par l’or- Aujourd’hui, elles ne cessent au que l’euro ressemble plus à la lire ita- exemple séduire les grandes banques plongeon doit au contraire alerter tribuer aucun rôle, mésaventure chestre et les chœurs de l’Opéra, contraire de vanter la politique mo- lienne qu’au deutschemark ? Faut-il, centrales asiatiques, pour que celles- tous les dirigeants de l’Union pour qui échoit d’une manière aussi re- que Serge Lifar dirige lui-même sur nétaire des Etats-Unis, éclairée et en tant que citoyen appartenant à la ci choisissent de la faire figurer en qu’ils s’emploient au plus vite à col- grettable à Mlle Denise Bourgeois, scène avec une rare noblesse d’atti- pragmatique, Etats-Unis qui affir- même zone monétaire, se désintéres- bonne place dans leurs réserves. Elle mater cette brèche, à remettre rapi- sa camarade de promotion. tude, voie son déroulement altéré ment qu’« un dollar fort est dans l’inté- ser de l’hostilité croissante de la po- n’y est pour l’instant pas parvenue et dement à flot un navire qui inspire Mlle Moreau s’est bien gardée de en coulisse par un brouhaha de rêt du pays ». Peut-on vouloir des pulation allemande à l’égard de l’eu- elle ne pourra guère y escompter tant confiance à tous. laisser échapper l’occasion offerte. gare, et que les machinistes se monnaies fortes pour les autres, pour ro ? Faut-il considérer comme qu’elle continuera à perdre de sa va- Dans les quelques minutes où elle fassent ridiculement surprendre ses rivaux commerciaux et une devise anecdotique que le grand journal po- leur face au dollar et face au yen. Pierre-Antoine Delhommais tint le plateau sur l’un des plus ra- dans le décor au relevé du rideau ? faible pour soi-même et ses exporta- pulaire Bild Zeitung, qui tire à 4,5 mil- Dans une économie mondiale entiè- vissants passages de la Symphonie A la discipline stricte du plateau teurs ? N’est-il pas préférable de re- lions d’exemplaires, écrive que « les rement « financiarisée », les flux de en ut de Bizet, elle a témoigné cette dans les plus minces détails se re- chercher, en permanence et aussi dif- Allemands sont devenus grands avec le capitaux importent au moins autant RECTIFICATIF fermeté à toute épreuve que sont à connaît la qualité d’une grande ficile cela soit-il à atteindre l’équilibre deutschemark fort » et qu’« ils de- aujourd’hui que les échanges même d’apprécier ceux qui ont sui- troupe. et d’éviter, autant que possible, les viennent petits avec l’euro faible » ? commerciaux. Et, pour ces flux, l’évo- EUROPE vi les progrès de sa jeune carrière distorsions de taux de change ? Les Faut-il, et surtout peut-on ? lution du taux de change revêt une Dans l’article « Gauche et droite ces dernières années, en même Olivier Merlin Européens, et les Français en parti- La création de l’euro impose en importance primordiale. hésitent à sauter le pas de l’Europe temps qu’une grâce et une sobriété (12 mai 1950.) culier, sont bien placés pour savoir à théorie que les Etats de l’Union se La fragilité de l’euro serait moins politique » paru dans nos pre- quel point le désordre monétaire peut soucient davantage que par le passé grande s’il n’avait été décidé d’impo- mières éditions du Monde du être économiquement pénalisant. du destin de leurs partenaires. Elle les ser un délai de trois ans entre son lan- 11 mai, une erreur a rendu in- 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS Les dirigeants politiques et moné- invite à se montrer moins égoïstes cement officiel et la mise en circula- compréhensible une phrase rap- taires européens ont su prouver, tout qu’ils ne l’étaient naguère. Le fait que tion de pièces et de billets. Ce défaut portant des propos d’Alain Made- Adresse Internet : http : //www.lemonde.fr au long de l’année 1999, en acceptant les tentations dévaluationnistes, pour de construction n’incite pas seule- lin (DL). Il fallait lire : « Le leader Télématique : 3615 code LEMONDE sans broncher la dépréciation conti- des raisons historiques et culturelles, ment les observateurs à se focaliser de Démocratie libérale réclame que Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC (5,57 F/mn) nue de leur devise, qu’ils avaient défi- restent fortes, en France, ne devrait sur la parité, seule réalité tangible de l’on délimite rigoureusement les ou 08-36-29-04-56 (9,21 F/mn) nitivement renoncé au culte de la pas faire oublier aux experts parisiens cette monnaie trop virtuelle. Il pousse tâches de l’Union et des nations monnaie forte. Ils ont démontré qu’ils que les Allemands ont une vision mo- aussi les investisseurs du monde en- pour que chacun [et non jamais] Le Monde sur CD-ROM : 01-44-88-46-60 Index du Monde : 01-42-17-29-33. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 savaient se montrer souples lorsque nétaire traditionnellement plus patri- tier à s’interroger, pour un prétexte puisse continuer à vivre avec ses pe- le cours de leur devise baissait dans moniale et qu’ils prennent rapide- ou un autre, sur le caractère irréver- tites habitudes, à commencer, sou- Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 des proportions raisonnables et qu’ils ment peur dès que leur devise perd de sible de l’Union monétaire et sur la haite-t-il, par les chasseurs. » LeMonde Job: WMQ1205--0018-0 WAS LMQ1205-18 Op.: XX Rev.: 11-05-00 T.: 11:05 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0506 Lcp: 700 CMYK

18 ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 12 MAI 2000

STRATÉGIE Douglas Daft, le nou- cool. b VICTIME d’une conjoncture sation boursière. b LE NOUVEAU PDG RATION entreprise dès son arrivée, comme l’exemple d’une mondialisa- veau patron de Coca-Cola, dresse, défavorable sur ses principaux grands stigmatise le manque de réactivité du qui s’est déjà traduite par 5 200 sup- tion réussie. b POUR POURSUIVRE sa dans un entretien au Monde, un bilan marchés, la multinationale a chuté en groupe d’Atlanta : « Nous allions pressions d’emplois, vise à décentrali- croissance, Coca-Cola accélérera ses sans concession des dysfonctionne- deux ans de la huitième à la vingt- dans une direction, le monde allait ser davantage les responsabilités diversifications, notamment dans ments du géant des boissons sans al- huitième place mondiale en capitali- dans une autre ». b LA RESTRUCTU- dans une entreprise longtemps citée l’eau et les jus de fruits. Son nouveau patron renvoie Coca-Cola sur le terrain Dans un entretien au « Monde », Douglas Daft, PDG du géant des boissons sans alcool depuis décembre 1999, reconnaît les excès du modèle centralisé instauré par ses prédécesseurs. Il veut redonner davantage d’autonomie aux responsables des différents marchés locaux « COCA-COLA est passée, de- les décisions du siège. Nous disons rétroactivement ! J’ai travaillé en action en justice. J’affirme qu’il n’y a – Je ne suis pas sûr que, vu puis 1998, du huitième au vingt- désormais aux responsables locaux : Asie pendant vingt ans. En Chine, il pas de discrimination institution- d’Atlanta, nous ayons bien perçu huitième rang des 500 premières n’attendez pas des solutions faut rester extrêmement attentif à nelle chez Coca-Cola. Nous toutes les subtilités de ce marché. entreprises mondiales par la ca- d’Atlanta, assumez vous-mêmes l’environnement politique, vous ne sommes par essence une entreprise En Europe, la tradition thermale a pitalisation boursière. Comment vos responsabilités sur votre mar- pouvez pas faire grand-chose si les cosmopolite, qui emploie des créé une image forte autour des analysez-vous cette sanction du ché. Beaucoup de gens en Europe hommes politiques n’ont pas été as- hommes et des femmes de 215 na- eaux de source. Aux Etats-Unis, la marché ? réclamaient davantage d’autono- sociés à un projet. Pour Orangina, tionalités. Cela étant, personne demande de sécurité alimentaire est – Nous sortons d’une période dif- mie. Maintenant, ils en ont ! Et ils j’ai du mal à croire qu’on n’ait pas n’est parfait. Il peut y avoir des plutôt en faveur d’eaux purifiées. ficile, entre 1998 et 1999, où tout nous doivent des comptes. Nous ju- mieux appréhendé le contexte eu- comportements individuels répré- Notre objectif n’est pas de devenir s’est cumulé : la crise asiatique, des gerons les gens sur leur action et ropéen. Soit on ne s’est pas posé les hensibles, chez nous comme ail- une compagnie d’eau, mais d’utili- problèmes en Europe de l’Est, une leurs résultats. Si ça ne va pas, nous bonnes questions, soit on les a déli- leurs. ser notre outil de production et baisse des marchés en Amérique la- les changerons, quitte à aller cher- bérément ignorées. Nous avions un – Partagez-vous l’analyse de d’embouteillage. Avec lui, on peut tine. Si nous étions un avion, c’est cher à l’extérieur de la compagnie. DOUGLAS DAFT Français pour nous aider, mais il vit votre prédécesseur sur la néces- tout faire, des eaux purifiées plates, comme si trois sur quatre de nos – Votre première annonce, aux Etats-Unis depuis trente ans, il sité pour Coca-Cola de se diver- gazeuses, avec des petites bulles, moteurs s’étaient arrêtés en même spectaculaire, a été la suppres- autre profil de patron, moins fi- est aussi Français que moi ! Dans sifier pour continuer à croître ? des grosses bulles... Nous devons temps ! Il faut ajouter à cela nos sion de 6 000 postes, dont la moi- nancier, pour mener le change- l’affaire belge, nous aurions pu – Oui. Nous demeurerons une so- d’abord définir notre stratégie dans propres problèmes. Au milieu des tié à Atlanta. Où en est ce plan ? ment ? mieux communiquer. Avant de par- ciété de boissons sans alcool. Nous l’eau, puis être sûrs d’y gagner de années 90, il y a eu des change- – La restructuration annoncée est – Doug Ivester avait senti la né- ler, nous devons nous parler entre avons besoin de nouveaux produits l’argent, en utilisant notre système, ments dans le monde que nous quasiment achevée. Elle aura finale- cessité du changement. Il ne voulait nous, notamment avec nos embou- pour porter à 25 % notre part du en ayant quelque chose à « vendre » n’avons pas perçus assez vite. Nous ment concerné 5 200 postes, pour pas le faire. Mon parcours profes- teilleurs locaux. marché mondial : de l’eau, des jus à nos franchisés embouteilleurs, allions dans une direction et le l’essentiel dans les sièges sociaux. sionnel est complètement différent – Vous vous êtes aussi heurté de fruits, des boissons énergé- comme nous le faisons avec le monde allait dans une autre. Nous En Italie, 30 emplois sur 110 ont été du sien. Je pense que mon expé- aux autorités de la concurrence tiques... Nous avons déjà plus de concentré de cola. Nos cibles sont, étions en pleine phase de centralisa- supprimés, et à peine 6 en France. rience est plus en phase avec ce qui pour le rachat de Schweppes. 200 marques. Minute Maid est la dans un premier temps, les Etats- tion alors que nos marchés deman- Ces mesures ne sont pas destinées se passe dans le monde et me rend Coca-Cola est-elle trop puis- première marque de jus de fruits Unis et l’Europe, dans un deuxième daient une approche plus locale. seulement à réduire le nombre de plus apte à réaliser ces change- sante ? aux Etats-Unis. En Europe, nous temps, les pays émergents. Je crois Cela s’est traduit par des critiques postes, mais aussi à remettre en ments. – Nous vendons du rafraî- nous sommes retirés du joint-ven- au développement des eaux puri- du type « vous ne comprenez rien à cause les structures et les modes de – Avec votre nouvelle organi- chissement, pas seulement des ture avec Danone pour réintégrer le fiées en Europe, où il y a également ma culture, vous ne me percevez pas fonctionnement. Onze des douze sation, la tentative d’achat « soft drinks » gazeux. Notre part jus de fruits comme une activité une demande croissante de sécuri- en tant qu’individu ». Les gens ne principaux dirigeants de l’Europe d’Orangina et l’intoxication met- du marché mondial n’est que de stratégique dans notre organisation. té. A long terme, certaines sources boivent pas « globalement », mais ont été remplacés. Jusqu’à présent, tant en cause vos produits en 18 % à 19 %. Mais la compagnie a eu vont connaître des problèmes de « localement ». Nous avons donc les responsables de zones géogra- Belgique en juin 1999 auraient- tendance à se vanter de ses posi- pollution. modifié l’organisation et déplacé les phiques étaient tous basés à Atlan- elles été mieux gérées ? tions dominantes dans le soft drink. « Au milieu – Comment allez-vous utiliser hommes, pour « penser localement, ta. Moi, par exemple, je dirigeais de- – L’acquisition d’Orangina était – La formule secrète du Coca Internet ? et agir localement ». puis 1991 l’Asie-Pacifique à partir bien loin d’une transaction est un véritable dogme. Allez- des années 90, – Nous allons utiliser cet outil – Au-delà du changement des Etats-Unis. L’Europe a désor- commerciale classique. Sur le pa- vous le remettre en cause ? pour améliorer notre activité. C’est d’organisation, c’est un boule- mais deux divisions. Leurs patrons pier, les choses étaient simples. – Surtout pas ! Il faut préserver la nous allions un moyen d’accélérer notre décen- versement culturel que vous sont des Européens, établis l’un à Mais nous nous sommes trompés mystique de la marque. Coca-Cola, tralisation. Dans le marketing, nous proposez à Coca-Cola ? Madrid, l’autre à Vienne. d’approche. Il y avait des considéra- ce n’est pas seulement du liquide dans une direction, venons de signer un accord mondial – C’est peut-être une révolution – Votre prédécesseur, Douglas tions extérieures que nous n’avons noir dans une bouteille, c’est du avec AOL. Dans le domaine des pour nous, mais c’est du bon sens. Ivester, est resté moins de deux pas vues. Après coup, des gens show business, comme Disney. le monde allait achats, nous achevons la création Dans une organisation centralisée, ans à la tête de l’entreprise. Co- m’ont dit : « Si vous m’aviez deman- – Est-il possible, pour une en- d’une plate-forme commune avec on peut toujours s’abriter derrière ca-Cola avait-il besoin d’un dé... » Il est facile d’être un expert treprise aussi puissante que la dans une autre » Pepsi, Procter, Nestlé et d’autres. vôtre, de ne communiquer que Nous envisageons aussi de devenir, sur ses produits et sa marque, via Internet, un prestataire de ser- PROFIL seur de français, est aux antipodes S’il reconnaît avoir gardé un ton sans parler des hommes qui les Nous ferons des acquisitions, mais vices et de formation auprès de nos de son prédécesseur, un pur finan- un peu professoral avec ses collabo- font ? nous allons surtout développer des distributeurs. UN PÉDAGOGUE cier américain qui attendra la qua- rateurs, sa volonté affichée de dé- – Nous sommes depuis toujours marques en interne, comme au Ja- – Vous êtes Australien. Cela rantaine pour sortir des Etats-Unis. centralisation se veut pragmatique. partie prenante des communautés pon. Là-bas, la moitié de notre vous donne-t-il une sensibilité À ATLANTA Les antipodes : c’est justement de là Respectueux de l’histoire cente- locales. Nous parrainons des hôpi- chiffre d’affaires provient des particulière ? que M. Daft a pu observer à loisir naire de la compagnie, il ne semble taux, des écoles... C’est notre tradi- ventes de café et de thé, le soft – Je crois aux relations humaines. Douglas Daft a accédé tardive- les dysfonctionnements de la pas pour autant prisonnier de ses tion, et récemment nous l’avons drink n’en génère plus que le quart. Coca-Cola a cent quatorze ans. Si ment, à 56 ans, à la tête de Coca- « Company », qu’il dénonce sans « icônes ». Il rappelle qu’au Japon, peut-être négligée. La compagnie » Cela dit, une marque mondiale elle ne s’adapte pas à son époque, si Cola, après la démission surprise de complaisance et sans complexes. il a réalisé l’essentiel des ventes sur doit avoir les mêmes valeurs que comme Coca-Cola, il n’y en a elle ne regarde pas ce qui se passe Doug Ivester en décembre 1999. Il Homme de terrain, il a souffert de d’autres boissons que le cola. celles que véhicule la marque. Notre qu’une. Nous avons très peu de autour d’elle, si elle n’écoute pas les ne se considère pas pour autant la toute-puissance d’Atlanta sur la M. Daft compte diriger l’empire activité est fondamentalement bâtie chances de refaire la même chose gens, dans les banlieues ou ailleurs, comme un pape de transition. Cet multinationale. Entré chez Coca- tout autant de ses provinces que de sur les relations humaines, avec nos avec une autre marque. Nous avons cette entreprise s’expose aux cri- ancien professeur de mathéma- Cola en 1969, il dirigera plusieurs fi- sa capitale. Après avoir passé un clients, nos salariés, nos embouteil- un savoir-faire intellectuel et indus- tiques. Je me suis souvent dit, si tiques, natif de Sydney, en Austra- liales, en Indonésie, à Hongkong, mois en Europe pour bien s’impré- leurs, nos actionnaires, nos distribu- triel, que nous pouvons mettre au j’étais roi pour un jour, je change- lie, doit résoudre son équation la au Japon, avant d’être nommé en gner de l’évolution des marchés, il teurs, avec la presse... service du développement et de la rais ceci, j’arrangerais cela... C’est ce plus complexe : retrouver la for- 1991 patron de l’ensemble de la retournera pour plusieurs semaines – Coca-Cola est accusée de dis- création de marques internatio- que je fais désormais. Je me donne mule du succès pour le géant mon- zone Asie-Pacifique... à Atlanta ! dans sa ville natale, où se déroule- crimination raciale dans sa ges- nales. Nous visons une croissance à dix ans pour mener à bien cette dial des boissons sans alcool. Aujourd’hui, il prend sa revanche. ront cet été les Jeux olympiques. Un tion du personnel aux Etats- moyen terme de 7 % à 8 % l’an : tâche. Ce sera mon dernier poste. » D’un abord chaleureux, il assène Ce n’est pas par hasard si sa pre- événement dont Coca-Cola est l’un Unis. Que répondez-vous à ces 1 % à 2 % proviendront de produits ses certitudes d’une voix douce. Cet mière décision de patron du des grands sponsors. accusations ? que nous n’avons pas actuellement. Propos recueillis par amateur de bons vins et de culture groupe a été l’annonce d’une ré- – Je ne peux pas évoquer cette af- – Quelle est votre stratégie Laure Belot européenne, marié à une profes- duction massive d’effectifs au siège. L. Be. et P. Ga. faire complexe, qui fait l’objet d’une dans l’eau ? et Pascal Galinier ILOVEYOU : deux étudiants philippins suspectés Microsoft refuse l’idée d’un démantèlement L’ENQUÊTE sur le virus de Buen et Onel de Guzman font par- Jocelyn, qui est également diplômée SANS SURPRISE, Microsoft a ternet Explorer. Tout en faisant ap- vernement, et notamment l’obliga- l’amour se resserre autour de l’école tie d’un groupe baptisé GRAM- de l’AMA College. Quant à Onel demandé, mercredi 10 mai, à la jus- pel de la décision du juge Jackson, tion de publier le code source des d’informatique AMA Computer MERSoft qui écrit de programmes de Guzman, il est le frère d’Irène et tice américaine de rejeter la de- le numéro un mondial des logiciels logiciels, fruit de « centaines de mil- College de Makati, un quartier de pour des PME et vend des projets Jocelyn... mande de son démantèlement pré- estime que l’abus de position domi- lions de dollars d’investissement ». Manille, aux Philippines. La police a de thèses aux étudiants en informa- Pendant que le filet semble se res- sentée par le gouvernement et nante dont il est accusé peut être identifié deux étudiants dont les tique. La première ligne du virus serrer à Manille, les dégâts engen- 17 Etats. La firme fondée par Bill effacé en modifiant ses pratiques PROPOSITIONS AU JUGE travaux auraient pu servir à créer le ILOVEYOU mentionnait justement drés par ILOVEYOU, dont 29 va- Gates répond à un jugement, rendu commerciales. Dans ses propositions au juge virus LoveLetter, qui a ravagé les or- le nom : GRAMMERSoft Group. riantes était identifiées le 10 mai, le 3 avril par le juge Thomas Pen- « Nous estimons qu’il n’y a rien Jackson, le groupe s’engage à ne dinateurs d’une vingtaine de pays à Par ailleurs, un chercheur en infor- augmentent. Le gouvernement amé- field Jackson, la déclarant coupable dans le procès qui justifie la proposi- pas annuler ou retirer aux fabri- partir du 4 mai. Onel de Guzman, matique suédois, Fredrik Bjorck, ricain estime qu’au moins 14 de ses d’avoir abusé de sa position domi- tion sans précédent du gouvernement cants d’ordinateurs la licence d’utili- 23 ans, est devenu le principal sus- avait identifié l’auteur du virus de agences ont été touchées. Le spécia- nante dans les systèmes d’exploita- d’un démantèlement (...), a déclaré sation de Windows si ces derniers pect depuis la découverte du pro- l’amour comme un certain Michael. liste de la sécurité ICSA.net estime tion pour micro-ordinateurs. A la Microsoft dans un communiqué. choisissent de livrer des logiciels gramme informatique qu’il a dépo- La piste de l’AMA College semble que la facture pour les Etats-Unis est suite de cette décision, le départe- Des millions de consommateurs et concurrents. Les fabricants pour- sé comme projet de thèse à l’école cohérente avec les premières inves- comprise entre 325 et 950 millions ment de la justice et 17 Etats ont ré- des centaines de milliers d’entreprises ront aussi changer la page d’accueil AMA. Manuel Abad, vice-président tigations de la police philippine. de dollars. Les assureurs de la clamé, le 28 avril, que Microsoft soit ont bénéficié des logiciels de Micro- sur un ordinateur, pour ajouter de l’établissement, a expliqué que Cette dernière avait arrêté le 8 mai, Lloyd’s de Londres évaluent les scindé en deux sociétés : l’une re- soft. (...) Il n’est pas exagéré de dire d’autres logiciels de navigation sur « le programme décrit dans cette avant de le relâcher le lendemain, pertes financières mondiales à plus groupant la conception des sys- que l’économie américaine dans son Internet. Enfin, la firme s’engage à proposition est très proche du conte- Reomel Ramones, 27 ans, habitant de 15 milliards de dollars. tèmes d’exploitation Windows, et ensemble a profité de nos efforts. » La fournir aux éditeurs de logiciels un nu du virus ILOVEYOU, et nous avec Irene de Guzman, 25 ans. Le l’autre se consacrant aux logiciels firme estime par ailleurs « injusti- accès complet à l’information tech- l’avons refusé ». Le projet affichait couple employait la sœur d’Irene, Michel Alberganti d’application comme Office ou In- fiées » les autres demandes du gou- nique dont ils ont besoin pour créer ouvertement son objectif « d’obte- des applications fonctionnant sous nir les mots de passe de Windows afin Windows. de voler les comptes Internet de l’or- Mercredi soir, un porte-parole du dinateur des victimes ». Sur le docu- département de la justice jugeait les ment, le professeur d’Onel de Guz- Le Nasdaq entraîne la Bourse de Tokyo dans sa chute propositions de Microsoft « ineffi- man a écrit : « C’est illégal. Nous ne NOUVELLE ALERTE, mercredi Le net recul des marchés améri- sière du Nasdaq, Cisco a de son mères allaient l’obliger à rappeler caces et insuffisantes. Elles n’empê- formons pas de voleurs. » 10 mai, sur les marchés boursiers cains au cours de la séance de côté perdu 6,8 %, à 58,5 dollars, certains produits. cheront pas Microsoft de préserver Un autre étudiant, Michael Buen, américains. L’indice de la Bourse mercredi est à mettre sur le bien qu’il ait publié des résultats Dans le sillage de Wall Street, la son monopole et de recommencer à est considéré comme suspect par le électronique Nasdaq, qui concentre compte de la chute lourde de trimestriels supérieurs aux prévi- Bourse de Tokyo a terminé la l’utiliser de façon illégale pour empê- National Bureau of Investigation l’essentiel des valeurs de technolo- quelques grandes valeurs, comme sions des analystes. Ces derniers séance du jeudi 11 mai en très cher toute innovation ». Selon le ca- (NBI) de la police de Manille. Le gie, médias et télécommunications, Motorola, Cisco Systems et Intel. ont cru déceler quelques signes de nette baisse. L’indice Nikkei a lendrier fixé par le juge Jackson, le jeune homme, également âgé de a perdu 5,59 %, à 3 384,73 points. La révision en baisse de l’objectif ralentissement de l’activité du perdu 4,63 %, pour s’inscrire en gouvernement doit répondre offi- 23 ans, a obtenu son diplôme de L’indice des trente plus grandes ca- de cours de Motorola par la groupe, ce qui a pénalisé l’action. clôture à 16 882,46 points, soit son ciellement, le 17 mai, aux proposi- l’AMA Computer College le vendre- pitalisations, le Dow Jones, a égale- banque américaine Salomon Enfin Intel, le premier fabricant plus bas niveau depuis septembre tions de Microsoft, et les audiences di 5 mai, le lendemain de l’appari- ment fini en baisse, perdant 1,60 %, Smith Barney a suffi à faire chuter mondial de microprocesseurs, a 1999. Les places européennes ont d’appel commenceront le 24 mai. tion d’ILOVEYOU. Son sujet de à 10 367,78 points. Depuis le début l’action d’un des premiers fabri- été également victime d’un mou- pour leur part ouvert en repli, Mais la firme de Bill Gates a déjà in- thèse, accepté par l’établissement, de l’année, le Nasdaq, qui a reculé cants mondiaux d’équipements vement de vente des investis- jeudi : – 1,24 % à Paris, – 0,83 % à diqué qu’elle aurait besoin d’un dé- concernait un programme capable de 11,3 % en trois jours, affiche une de télécommunications, de seurs, chutant mercredi de 9,4 %, Francfort. lai supplémentaire de plusieurs de créer de multiples copies des fi- baisse de 16,8 % et le Dow Jones 16,4 %, à 87,16 dollars. à 10,16 dollars, après avoir révélé mois pour préparer sa défense chiers d’un ordinateur. Michael une perte de 9,8 %. Première capitalisation bour- que des problèmes sur les cartes Cécile Prudhomme – (AFP, Reuters.) LeMonde Job: WMQ1205--0019-0 WAS LMQ1205-19 Op.: XX Rev.: 11-05-00 T.: 10:50 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0507 Lcp: 700 CMYK

ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 12 MAI 2000 / 19 Le président de la Deutsche Bahn appelle l’Etat à l’aide Cinq candidats pour le train à grande Pertes financières, modernisation et négociations sociales en panne : la réforme ferroviaire rencontre de nombreux obstacles. Lancée par Helmut Kohl, elle devait aboutir à la privatisation des chemins de fer allemands vers 2004 vitesse entre La Deutsche Bahn, née en 1994 du regroupe- sident, Harmut Mehdorn, arrivé en décembre seule difficulté à laquelle se heurte la compa- direction et syndicats ne parviennent pas à ment des chemins de fer d’Allemagne de 1999, tire la sonnette d’alarme. Il demande à gnie allemande. Son image souffre du trau- se mettre d’accord sur de nouvelles baisses Madrid, Barcelone l’Ouest et de l’Est, a présenté pour la pre- l’Etat de contribuer financièrement au déve- matisme causé, en 1998, par l’accident d’Es- d’effectifs, et les cheminots menacent de se mière fois depuis sa création des résultats en loppement de ses infrastructures, dont la chede, dans lequel 101 personnes ont trouvé mettre en grève pour l’ouverture de l’Exposi- pertes pour l’exercice 1999. Son nouveau pré- modernisation est en retard. Ce n’est pas la la mort. A l’intérieur même de l’entreprise, tion universelle de Hanovre, début juin. et la France BERLIN comptes incitent aujourd’hui au fil des ans. L’accident d’Eschede syndicats pour boucler un plan concerne la modernisation des in- DEUX CONSORTIUMS, l’un de notre envoyé spécial M. Mehdorn à tirer la sonnette a agi comme un révélateur des la- d’économies de 8,4 milliards de frastructures. Dans ce domaine, formé par le français Alstom et En prenant la tête de la Deutsche d’alarme. Mercredi 10 mai à Berlin, cunes de la compagnie. « L’Etat n’a deutschemarks (4,3 milliards d’eu- « le besoin de rattrapage est plus im- l’espagnol CAF, l’autre constitué Bahn, mi-décembre 1999, Hartmut cet ingénieur de formation recruté plus assez investi dans le rail », s’in- ros) d’ici à 2004. Ce plan équivaut à portant que prévu lors du lancement de l’espagnol Talgo et de l’alle- Mehdorn savait que la tâche allait après une longue carrière dans le digne Hubert Krummer, du Syndi- la suppression de 70 000 postes, sur de la réforme », dit le président du mand ADtranz, ainsi que trois en- être complexe. Il remplaçait au pied privé a appelé l’Etat allemand à la cat des cheminots allemands. Selon un effectif actuel de 235 000 per- directoire de la Deutsche Bahn. Le treprises, Siemens (Allemagne), levé Johannes Ludewig, un haut rescousse. « Le gouvernement doit M. Mehdorn, « il ne fait aucun sonnes. La moitié de ces emplois réseau à grande vitesse est à re- Ansaldobreda (Italie) et Bombar- fonctionnaire proche de l’ex-chan- nous aider ; nous ne parviendrons doute que les années les plus difficiles seront supprimés par « fluctuation construire, pour améliorer les per- dier (Canada), ont demandé à celier Kohl, congédié « à pas seuls à rattraper le retard », a-t- de la réforme ferroviaire sont encore naturelle », les 35 000 autres font formances des ICE, l’équivalent al- participer au concours du TGV es- l’amiable » pour n’avoir pas su re- il lancé lors de la présentation des devant nous, même si beaucoup a l’objet d’un bras de fer sans pré- lemand du TGV. La Deutsche Bahn pagnol entre Madrid, Barcelone et prendre en main une situation très résultats. L’Etat devrait contribuer été réalisé ». cédent : la direction propose de ga- cherche à rationaliser son réseau, et la frontière française, a annoncé, difficile pour la compagnie ferro- aux investissements en infrastruc- La Deutsche Bahn est confrontée rantir l’emploi en échange d’une entend en abandonner environ mercredi 10 mai, Renfe, la compa- viaire allemande. M. Mehdorn tures de la compagnie, a-t-il affir- à deux chantiers d’envergure. Le modération des augmentations sa- 20 %, mais doit négocier ferme avec gnie espagnole de chemins de fer. n’aura connu ni bonnes surprises ni mé, et veiller à l’égalité des chances premier concerne la restructuration lariales. Ce que les syndicats re- les responsables politiques locaux. Le délai de présentation des can- état de grâce. Lancée en 1994, la entre les différents moyens de de l’entreprise : de laborieuses né- fusent. Les difficultés financières sont didatures pour la fourniture et la « Bahnreform » – la réforme ferro- transport. gociations opposent direction et L’autre défi lancé à M. Mehdorn telles que M. Mehdorn menace maintenance de trains à grande viaire – patine alors qu’elle devait d’ajourner certains projets. Officiel- vitesse pour cette ligne expirait préparer la compagnie à une entrée DEUX CHANTIERS D’ENVERGURE lement, l’objectif reste d’assainir mercredi. en Bourse. La Deutsche Bahn a réa- Jusque-là, la « Bahnreform », L’Expo 2000 prise en otage ? l’entreprise pour la rendre « présen- Renfe compte acquérir entre lisé en 1999 ses premières pertes conçue sous le gouvernement Kohl, table sur les marchés de capitaux » à 26 et 40 trains à grande vitesse opérationnelles depuis le début de allait cahin-caha. Née de la fusion L’Exposition universelle de Hanovre, qui doit être inaugurée le partir de 2004. Mais plus personne pour un budget de 667 millions cet ambitieux processus. Son image des compagnies issues des deux Al- 1er juin, pourrait faire les frais des difficultés de la Deutsche Bahn. Les n’ose faire de pronostic sur la date d’euros, afin d’exploiter la est déplorable ; elle souffre encore lemagnes, la Deutsche Bahn sem- cheminots menacent de déclencher une grève dans la région, pour pe- d’une éventuelle entrée en Bourse. deuxième liaison ferroviaire à du traumatisme causé, en 1998, par blait rouler sur les rails d’une priva- ser sur les négociations en cours au sein de la compagnie ferroviaire. « Les objectifs ne changent pas, mais grande vitesse en Espagne après le terrible accident d’Eschede, dans tisation à l’horizon 2004. Au début Un tel durcissement du conflit serait une grande première dans une ils seront beaucoup plus difficiles à Madrid-Séville. Après une période lequel 101 personnes ont trouvé la de la décennie, l’Etat allemand entreprise où la succession des plans sociaux s’est accompagnée de- tenir », reconnaît-on à la Deutsche d’un mois pour analyser les de- mort. Les trains de la société pu- avait pris à sa charge l’endettement puis six ans d’une remarquable paix sociale. Une grève constituerait Bahn. A moins que M. Mehdorn ne mandes reçues, Renfe invitera les blique arrivent très souvent en re- faramineux des deux sociétés. Des un sérieux revers pour l’Expo 2000, dont la Deutsche Bahn est un des parvienne, contre toute attente, à candidats retenus à présenter tard. Les grands chantiers de mo- tarifs un peu mois chers devaient transporteurs officiels. 4,3 milliards de deutschemarks (2,2 milliards faire des miracles. leurs offres, dans un délai de trois dernisation coûtent cher : deux relancer l’appétit des Allemands d’euros) ont été investis dans les infrastructures ferroviaires de la ré- mois. L’adjudication est prévue projets pharaoniques − une ligne à pour le train. Près de 225 000 che- gion de Hanovre. Philippe Ricard pour la fin de l’année. (– AFP.) grande vitesse Cologne-Francfort minots ont déjà quitté l’entreprise. et le nœud ferroviaire de Berlin – Depuis 1994, la nouvelle Deutsche accuseraient un surcoût de 5 mil- Bahn s’était presque habituée à en- liards de deutschemarks (2,5 mil- granger des bénéfices, même si liards d’euros). ceux-ci ont eu tendance à se tasser. L’accumulation des contre-per- Le processus lancé par le gouverne- formances et le dérapage des ment de Helmut Kohl s’est grippé Soupçons de pots-de-vin pour le TGV Alstom en Corée du Sud TOKYO dessous-de-table. Mme Ho, qui a de notre correspondant épousé le responsable de la firme Deux personnes de nationalité française peu après que celle-ci a coréenne ont été arrêtées, mercredi obtenu le contrat du TGV en Corée, 10 mai, et une troisième est recher- n’aurait fait que présenter le lob- chée, dans le cadre d’une enquête byiste à Alstom. Selon la presse lo- sur des dessous-de-table qui au- cale, une autre Coréenne, Kang raient été versés pour permettre au Wwi-hee, ancienne Miss Corée et groupe français Alstom de rempor- propriétaire d’un restaurant à Paris, ter, en 1994, le contrat de construc- pourrait être entendue comme té- tion du TGV reliant Séoul à Pusan. moin. Elle a regagné la France il y a D’un montant de 1,1 milliard de quelques jours. dollars, c’est le plus grand projet d’équipement civil entrepris en Co- PRATIQUE COURANTE rée du Sud. Sa réalisation, qui a en- Le lobbying est une pratique cou- traîné des surcoûts, a été retardée rante en Corée, souvent assortie de d’un an. versement de « commissions », et Lorsque les Français ont rempor- les entreprises étrangères ne re- té l’appel d’offres pour le train à chignent guère à épouser les grande vitesse, les Allemands, bat- mœurs locales. L’arrestation pour tus d’une courte tête, ont protesté. corruption, au début des années 90, Certains d’entre eux ont dénoncé de deux anciens présidents, Chun les manœuvres douteuses de lob- Too-whan et Roh Tae-woo, té- bying auxquelles se seraient livrés moigne de celles-ci. Bien que ces les Français. « Nos amis allemands arrestations aient eu lieu au cours sont mauvais joueurs », disait-on de la présidence de Kim Young-sam alors dans les milieux officiels fran- (1992-1997), celle-ci est loin d’avoir çais : seule « l’excellence française » été exempte des travers de ses pré- pouvait expliquer ce succès. L’arres- décesseurs : le propre fils du pré- tation de deux personnes qui au- sident, Kim Hyon-chol, arrêté pour raient participé au versement de corruption et évasion fiscale, a fait « commissions » d’un montant de deux ans de prison. 9 millions d’euros (59,3 millions de S’il y a eu effectivement verse- francs), mis à leur disposition par la ment illégal de pots-de-vin, les au- société française, pour « arroser » torités judiciaires ne pouvaient des hommes politiques et de hauts l’ignorer : le parquet a brutalement fonctionnaires semble donner quel- arrêté une enquête sur cette affaire que fondement aux allégations alle- à l’été 1997 sur ordre, semble-t-il, de mandes. la présidence. Choi Man-sok, connu pour ses liens étroits avec l’entou- COMPTES EN BANQUE ÉPLUCHÉS rage du président Kim Young-sam, Avec Mme Ho Ki-chon, de natio- était déjà dans le collimateur des nalité coréenne, épouse du respon- enquêteurs. Mme Kang, l’ancienne sable du bureau d’Alstom en Corée, Miss Corée, a reconnu, dans son a été arrêté un ancien policier, autobiographie, qu’elle avait offert Chun Yoon-ki. Un troisième per- des fonds au président Kim Young- sonnage, Choi Man-suk, lobbyiste sam en 1993 alors qu’elle faisait du de nationalité américano-coréenne, lobbying pour Alstom. Sa proposi- est recherché. L’ex-policier est ac- tion fut refusée et Alstom dut ré- cusé d’avoir facilité les transactions duire son prix de 200 millions de illégales en devises étrangères per- dollars, déclara-t-elle en 1995 au pétrées par les deux autres sus- cours d’une conférence de presse. pects, dont les comptes en banque Dès la signature du contrat avec sont épluchés par les enquêteurs à les Français, l’opposition de la recherche de preuves d’irrégulari- l’époque (devenue le parti gouver- tés. Selon la presse sud-coréenne, nemental) avait dénoncé le verse- les autorités ne procéderaient pas à ment de pots-de-vin. On peut se la perquisition des bureaux d’Als- demander si l’affaire ne refait pas tom pour des « considérations diplo- surface aujourd’hui dans le cadre matiques ». d’un règlement de comptes poli- Selon les informations fournies tique, pour mettre en difficulté cer- par le parquet, M. Choi, figure cen- tains députés de l’opposition et les trale dans cette affaire, aurait reçu amener à démissionner ou à re- 59 millions de francs sur un compte joindre le parti gouvernemental. bancaire à Hongkong et en aurait N’ayant pas obtenu la majorité aux versé une partie à Mme Ho. Par son élections du 13 avril, celui-ci ma- avocat, cette dernière, interpellée nœuvre pour renforcer son assise à dès le 28 avril, a fait savoir qu’elle l’Assemblée. ne s’était livrée à aucune illégalité et que c’est M. Choi qui a distribué les Philippe Pons LeMonde Job: WMQ1205--0020-0 WAS LMQ1205-20 Op.: XX Rev.: 11-05-00 T.: 09:43 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0508 Lcp: 700 CMYK

20 COMMUNICATION LE MONDE / VENDREDI 12 MAI 2000 Au Canada, la concentration de la presse en débat Le gouvernement s’inquiète de la mise en vente massive de journaux par les groupes Hollinger et Thomson, qui souhaitent recentrer leur stratégie sur Internet MONTRÉAL grands journaux et leurs sites Web que son PDG appelle une « véri- la fin de l’année, cinquante-quatre de notre correspondante comme plate-forme de dévelop- table chaîne nationale de journaux quotidiens et soixante-quinze « Comment pouvons-nous conci- pement dans ce domaine. Hollin- s’intégrant dans une future société autres journaux en Amérique du lier les besoins d’investissement de ger dispose déjà d’un portail cana- canadienne de média ». Pas éton- Nord pour ne conserver que le la presse avec la nécessité de pré- da.com, mais qui doit affronter nant donc que Quebecor lorgne fleuron de la presse canadienne, le server une multiplicité de voix ? » une très forte concurrence de ca- aussi sur certains journaux vendus vénérable Globe and Mail. En C’est en ces termes que Sheila noe.ca, propriété de Quebecor, par Hollinger dans des provinces 1995, puis en 1998, Thomson Copps, ministre du patrimoine ca- celle de toronto.com, du groupe où le groupe a des « faiblesses ». s’était déjà défait de vingt-six nadien et, à ce titre, responsable Torstar, et de sympatico.ca, du Ni qu’il ait offert récemment quotidiens nord-américains, au de la culture, évoquait cette se- groupe de télécommunications d’acheter une partie du câblo-dis- profit surtout de Hollinger. Pour maine le problème posé par la BCE, sans compter les géants tributeur québécois Vidéotron, Thomson, qui a fait sa marque mise en vente récente de grands américains comme Time Warner pour l’intégrer dans une nouvelle dans le domaine de l’information pans de la presse écrite nationale puisque Internet ne connaît pas entreprise, baptisée Quebecor spécialisée pour le monde des af- par les groupes Hollinger et de frontières. Média, qui regrouperait tous les faires et des professionnels, Thomson. Pour Mme Copps, les Un pied dans la presse « tradi- actifs du groupe dans le secteur de l’heure est à la concentration dans risques d’une concentration de la tionnelle » et un autre dans les la presse et des nouveaux médias. le commerce électronique de pro- presse canadienne, voire de la nouvelles technologies de l’infor- « L’occasion ne se présentera duits et services visant ces clien- participation de puissants groupes mation : c’est aussi la vision qu’a qu’une seule fois », a expliqué fin tèles. américains dans des opérations de eue Pierre-Karl Péladeau, le jeune avril M. Péladeau, évoquant le fait rachat, constituent bien un enjeu PDG de l’empire Quebecor (pre- de pouvoir combiner l’accès à In- UNE LOGIQUE COMMERCIALE de « diversité culturelle » dont il mier imprimeur au monde, ternet fourni par Vidéotron via le Face à la logique commerciale est temps de débattre sur la place deuxième groupe de presse cana- câble aux contenus de tous les des principaux groupes de presse publique. dien) lorsque, l’an passé, il a voulu médias de Quebecor ! Déjà, l’ac- canadiens, qui les pousse vers le Les principaux groupes de faire l’acquisition amicale du quisition de Sun Media avait per- marché électronique, le gouverne- presse canadiens ont pourtant groupe Sun Media, alors mis à Quebecor de mettre la main ment canadien n’a pas grand- d’autres chats à fouetter, eux qui deuxième éditeur canadien de sur le portail national Canoe (Ca- chose à dire. En matière de pensent surtout à améliorer leur quotidiens, dont le Toronto Sun à nadian Online Explorer). Depuis, concentration, en revanche, position concurrentielle dans un très fort tirage. Quebecor a rem- le groupe n’a pas ménagé ses ef- Mme Copps n’entend pas tout lais- marché de l’écrit en effervescence porté la partie en mars 1999, après forts pour le développer. L’objec- ser faire. Si, le 2 mai, elle re- et à ne pas rater le virage d’Inter- avoir contré une offre non sollici- tif, pour M. Péladeau, est de faire connaissait les « besoins d’investis- net. Ce qui suppose d’avoir les tée de Torstar (éditeur du Toronto de 2000 une « année de positionne- sement » de ces groupes, elle moyens – financiers – de ses ambi- Star, numéro un des quotidiens ment stratégique et de développe- avertissait aussi qu’il n’était pas tions. Conrad Black l’a bien par son tirage). ment dans les nouveaux médias ». question qu’Ottawa encourage les compris. Le grand patron de Hol- Pour Quebecor, propriétaire de De son côté, Thomson a frappé monopoles de presse. Hollinger et linger, premier groupe de presse deux des plus forts tirages de quo- encore plus fort que Hollinger en Thomson, tout comme deux canadien (avec trois cents titres au tidiens, à Montréal et Québec, annonçant, le 15 février, son inten- grandes chaînes américaines de Canada et soixante dix-neuf ail- l’occasion était trop belle de sortir tion de se retirer presque complè- journaux, Knight-Ridder et Gan- leurs, dont le Jerusalem Post, le du cercle de l’édition « régionale » tement du secteur de la presse nett, intéressées par certains de Daily Telegraph à Londres et son pour commencer à construire ce écrite. Il espère bien vendre, d’ici à leurs titres, voudraient bien dernier-né, le National Post à To- qu’Ottawa assouplisse ses règles ronto), annonçait, fin avril, la mise sur la propriété étrangère de jour- en vente de la quasi-totalité de ses Les trois géants canadiens naux canadiens, actuellement li- journaux canadiens et d’une cin- mitée à 25 % du capital. quantaine aux Etats-Unis. L’opé- b Hollinger International publie sauf le Globe and Mail. Le groupe a « Je ne permettrai jamais le ration pourrait lui rapporter 5 mil- 384 journaux, dont 58 quotidiens réalisé un chiffre d’affaires de contrôle étranger de nos jour- liards de dollars américains. au Canada, le plus important étant 5,8 milliards de dollars US en 1999 naux », a dit Mme Copps, tout en le National Post. Aux Etats-Unis, le (6 4 milliards d’euros) et un confirmant qu’une révision des UNE OCCASION UNIQUE groupe détient 82 journaux ; bénéfice de 1,4 milliard de dollars règles de propriété et de concen- Celui qui s’était jadis fait une au Royaume-Uni, il publie (1,55 milliards d’euros), en hausse tration de la presse canadienne spécialité du rachat de « canards notamment le Daily Telegraph, et de 4,8 % sur 1998. était à l’étude. La ministre veut boiteux » de la presse écrite pour en Israël le Jerusalem Post. Il a b Quebecor est le premier surtout profiter de l’occasion pour les transformer en sociétés floris- réalisé en 1999 un chiffre d’affaires imprimeur commercial au monde. ouvrir un débat, avec audiences santes vend presque tout, à l’ex- de 2,1 milliards de dollars Par sa filiale Sun Media, il publie publiques et comité parlemen- ception de ses quotidiens de canadiens (1,5 milliard d’euros) 8 quotidiens au Canada et 181 taire, sur la situation actuelle de la grandes villes. Raisons avancées : pour un résultat de 360 millions de autres publications au Canada et presse (écrite et électronique). Et un besoin de liquidités pour ré- dollars (263 millions d’euros), en en Floride. Il a réalisé un chiffre envisager, au nom de sa politique duire sa dette, rehausser la valeur hausse de 16,8 % en 1998. d’affaires de 10,8 milliards de culturelle, de renforcer le contrôle de ses actions et surtout mettre b Thomson Corporation, après dollars canadiens (7,9 milliards des concentrations en échange l’accent sur le multimédia. Hollin- avoir vendu 24 quotidiens et d’euros) en 1999 (+ 28,6 %) et un d’un certain assouplissement des ger veut ainsi clairement investir magazines régionaux en 1996, a résultat net de 481 millions de règles de propriété étrangère. dans le secteur de l’édition élec- annoncé en février vouloir se dollars (351 millions d’euros), en tronique et utiliser au mieux ses défaire de tout son pôle presse, hausse de 23,4 %. Anne Pelouas

DÉPÊCHES a PRESSE : la cour d’appel de Le contentieux entre Time Warner et la chaîne ABC relance Paris a interdit, sous astreinte, au Figaro de réutiliser, sur le Mi- nitel ou sur Internet, les articles de la réflexion sur la législation du câble aux Etats-Unis ses journalistes. A la suite d’une L’ÉCRAN NOIR du 1er et du bilités quand elles vont s’asseoir à contraint de redémarrer la diffu- action introduite par le Syndicat 2 mai n’en finit pas de faire des une table pour négocier. » sion d’ABC, avant même d’avoir national des journalistes (SNJ), les vagues. Le groupe Time Warner, L’origine du différend réside résolu la renégociation du magistrats ont, dans un arrêt qui a pendant près de deux jours dans le montant des droits que contrat, la querelle entre les deux rendu le 10 mai, considéré que «le suspendu la diffusion de la Disney doit acquitter à Time géants américains s’est rapide- droit de reproduction [des articles] chaîne ABC (groupe Disney) sur Warner pour que ce dernier dif- ment envenimée. Dès le 3 mai, était épuisé dès la première publi- les réseaux câblés d’une dizaine fuse sur ses réseaux câblés la Disney a publié des pleines pages cation sous la forme convenue et de grandes villes américaines chaîne généraliste ABC ainsi que de publicité dans le New York que toute nouvelle reproduction, dont New York, se fait encore sé- différentes chaînes thématiques, Times, en offrant aux clients de sur un support de même nature ou rieusement réprimander. William comme Disney Channel, Toon Time Warner un rabais de un support différent, impliquait Kennard, le président de la Fede- Channel (dessins animés) ou en- 198 dollars (220 euros) sur l’achat l’accord préalable des parties ral Communications Commission core Soap Opera Channel (feuil- d’une antenne de réception par contractantes en contrepartie d’une (FCC), l’autorité de régulation de letons). La FCC a déclaré que satellite, afin de court-circuiter le rémunération équitable ». l’audiovisuel aux Etats-Unis, ne l’action intempestive de Time câblo-distributeur. a INTERNET : BSkyB veut ra- manque pas une occasion d’épin- Warner était « illégale » parce Le président de la NCTA, Ro- cheter Sports Internet. La société gler le câblo-opérateur qui a em- qu’elle pouvait fausser le libre jeu bert Sachs, et le directeur général britannique de télévision payante pêché 3,5 millions de spectateurs de la concurrence. d’AOL-Time Warner, Gerald Le- a annoncé, mercredi 10 mai, de voir une chaîne tout simple- vin, estiment qu’un tel différend qu’elle lançait une offre amicale ment parce que Time Warner et montre à quel point il est temps de 511 millions d’euros (3,35 mil- ABC n’avaient pas pu s’entendre « Pour le grand de remettre à plat l’actuelle légis- liards de francs) sur cette société sur la négociation financière du lation sur le câble, qui date de spécialisée dans la conception et renouvellement de leur contrat. public, c’est 1992. Certaines associations de la gestion de sites de football, no- Mardi 9 mai, au cours de la consommateurs ont par ailleurs tamment les sites officiels des convention annuelle de l’Associa- une bataille entre mis en garde les organes de régu- clubs. tion nationale des télévisions câ- lation sur le fait que la fusion a L’AFP adopte un nouveau lo- blées (NCTA) qui se tient à la un riche d’un côté AOL-Time Warner risque d’obs- go déclinable sur l’Internet. Les Nouvelle-Orléans, le président de truer, pour les autres opérateurs, trois lettres AFP sont conservées la FCC a été très clair : « Votre in- et un opulent l’accès à Internet. mais dans un caractère différent, dustrie ne va pas tolérer que les té- Ces réflexions interviennent au l’image du globe apparaît désor- léspectateurs soient pris en otage de l’autre » moment où la FCC doit approu- mais en volume et le lettrage est dans de telles disputes. » Ce ver le rachat par ATT de Me- inscrit dans un « cartouche » bleu. conflit « s’est soldé par un vrai diaOne Group, pour 51 milliards a AUDIOVISUEL : le Tribunal de coup dur pour le public », a sou- En effet, l’arrêt de la diffusion de dollars (57 milliards d’euros). première instance de l’Union ligné William Kennard. Il reste d’ABC est intervenue précisé- Cette opération doit créer la européenne a annulé, mercredi confiant sur le fait que « la négo- ment au moment où sont étu- principale société de câble aux 10 mai, une décision de la Com- ciation, plus encore que la régula- diées à la loupe les audiences de Etats-Unis. La FCC avait déjà mission européenne qui avait clas- tion, soit la meilleure voie pour chacune des chaînes. Au cours de proposé, il y a quelques se- sé sans suite le dossier des aides mettre fin à cette querelle ». « Pour cette période du 26 avril au maines, au nouveau groupe issu publiques perçues par la chaîne de le grand public, c’est une bataille 24 mai, ces études de marché de cette fusion, de céder certains télévision portugaise RTP. Dans entre un riche d’un côté [AOL, le doivent permettre de déterminer actifs, comme 25,5 % de Time son arrêt, la juridiction euro- premier fournisseur d’accès mon- les prochains tarifs publicitaires Warner Entertainment ou encore péenne a estimé que les dotations dial à Internet a pris le contrôle de chacune des chaînes. Le règle- de scinder de la maison mère les financières octroyées tous les ans de Time Warner, le numéro un ment de la FCC est très strict sur activités du groupe Liberty à RTP par l’Etat portugais étaient mondial de la communication en ce point : « aucune suppression de Media, afin d’être en conformité bien incompatibles avec les règles janvier ] et un opulent de l’autre chaîne commerciale locale ne doit avec l’actuelle législation sur le communautaires puisqu’elles pro- [Disney-ABC]. Il incombe aux intervenir pendant la durée de ces câble. curent un avantage financier à son deux parties d’agir raisonnable- études ». bénéficiaire, « critère déterminant ment et avec un sens des responsa- Même si Time Warner a été Nicole Vulser de la notion d’aide d’Etat ». LeMonde Job: WMQ1205--0022-0 WAS LMQ1205-22 Op.: XX Rev.: 11-05-00 T.: 11:03 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0510 Lcp: 700 CMYK

22 / LE MONDE / VENDREDI 12 MAI 2000 I FINANCES ET MARCHÉS

EUROPE ÉCONOMIE

TABLEAU DE BORD FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT100 PARIS CAC 40

UHRWDUH TPHTDTH

TIIRDTH a ALLEMAGNE : les pfennigs, la

VHTR TSTP

AFFAIRES seraient nécessaires pour sortir TUQV La politique sous-division du deutschemark,

UVTI TRRP l’entreprise de l’impasse. TSVW pourraient être stockés dans des

silos de missiles américains une UTSV TQPP

TRRH de taux zéro au Japon

INDUSTRIE b POSTES : la Commission fois que l’heure de l’euro aura son- URSS TPHP

b GLAXO-WELLCOME/SMITH- européenne devrait adopter le TPWP né en 2002, en attendant d’être

UPSP THVQ TIRQ sur la sellette

KLINE BEECHAM : les deux 24 mai un projet du commissaire fondus et vendus, écrit mercredi le

UHRW SWTQ

groupes pharmaceutiques Frits Bolkestein visant à libéraliser [[[SWWR [[[ [[[Le gouverneur adjoint de la Financial Times Deutschland

II pF PR wF II wF II pF PR wF II wF britanniques en cours de fusion davantage la distribution du II pF PR wF II wF Banque du Japon (BoJ), Sakuya (FTD). ont annoncé, mercredi 10 mai, la courrier. Fujiwara, a affirmé, mercredi a L’Allemagne, qui profite de la Indices cours Var. % Var. % fermeture au premier trimestre Europe 12 h 30 f se´lection 11/05 10/05 31/12 10 mai, que l’abandon de la poli- reprise économique en Europe, a

2001, de sept sites administratifs b COMMERCE tique de taux très faibles prati- affiché un excédent commercial ± EUROPE EURO STOXX 50 SHPWDWI HDUI PDST

et commerciaux dans le sud-est ÉLECTRONIQUE : Air France et qués depuis quatorze mois par la de 6,2 milliards d’euros en mars, ± EUROPE ƒ„yˆˆ SH RUWPDUI HDRU IDHT

de l’Angleterre. Le nombre de dix autres compagnies banque centrale était proche, les grâce à un montant record d’ex- ± EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ QPR RPIDIU HDVV IDIW

suppressions d’emploi n’a pas été aériennes européennes – British signes de déflation tendant à s’éva- portations, selon des chiffres pro- ± ± EUROPE STOXX 653 QUTDHR HDTV HDWI

Airways, KLM, Iberia, SAS, nouir. visoires de l’Office fédéral des sta- précisé. Les syndicats craignent ± PARIS geg RH TPHTDTH HDWI RDIU

Lufthansa, British Midland, M. Fujiwara a déclaré, devant une tistiques. ± PTQIDSU IDPS ISDPT une réduction d’effectifs de PARIS wshgeg

Finnair, Aer Lingus, Austrian Air ± commission parlementaire, que les RPHRDWP HDWI QDUT 15 000 salariés sur un total PARIS ƒfp IPH

et Alitalia – ont annoncé jeudi ± membres du comité de politique a NORVÈGE : le premier mi- QWRRDPT HDWP QDSH mondial de 107 000. PARIS ƒfp PSH

 ± PVSSDWI HDVR IUDPH leur intention de créer sur PARIS ƒigyxh we‚gri monétaire de la BoJ « poursuivaient nistre norvégien, Jens Stolten-

± ± TSHDWI I QDHS b UPM-KYMMENE : le groupe Internet le « premier portail AMSTERDAM eiˆ leurs discussions avec l’objectif de berg, a annoncé mercredi que le

± ± PVHIDSP HDWQ ITDIQ papetier finlandais a enchéri, européen pour la vente de produits BRUXELLES fiv PH mettre fin à la politique de taux zéro, budget révisé qu’il déposera ven-

± UHRWDUH I IDQP mercredi, sur International et de services liés aux voyages ». FRANCFORT heˆ QH une fois que nous aurons la confir- dredi comprendra une réduction

± TIIRDTH HDPQ IIDUU Paper, pour enlever la société LONDRES p„ƒi IHH mation d’une amélioration de des dépenses afin de compenser

± ± IHUQSDSH HDVW UDUV Champion. Le rachat de ce b WORMS : la société de MADRID ƒ„ygu iˆgrexqi l’économie », selon l’agence Kyodo. divers surcoûts.

±

RSPPHDHH IDHQ SDIV groupe papetier américain portefeuille française a MILAN wsf„iv QH « Les discussions sont près d’abou- « Nous allons proposer des coupes

UTIU HDQW HDTP donnera à l’un ou à l’autre la augmenté sa participation dans ZURICH ƒ€s tir », a-t-il ajouté. dans plusieurs secteurs pour place de numéro un dans les la firme suisse Société générale a L’économie japonaise s’est compenser des dépenses plus élevées papiers couchés. UPM-Kymmene de surveillance, dont elle ´ contractée de 1,4 % au dernier tri- que prévu dans d’autres secteurs, propose 70 dollars par action, en contrôle désormais 33,7 % des AMERIQUES mestre de l’année calendaire 1999 notamment le maintien de forces numéraire, alors qu’International voix. Un pacte d’actionnaires a par rapport au trimestre précédent, norvégiennes au Kosovo », a déclaré

NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq EURO / DOLLAR

Paper offre 75 dollars par titre, été conclu avec les familles a indiqué l’Agence de planification M. Stoltenberg.

IHQTUDUV QQVRDUQ dont un tiers sous forme fondatrices, la Deutsche Bank, et HDWHV économique (EPA), confirmant une a Les prix à la consommation en

la société luxembourgeoise Alp estimation publiée le 13 mars. En Norvège ont augmenté de 2,6 % IIPVU SHRV d’échange d’actions. IDHHT

Design. base annualisée, le produit inté- en avril par rapport au mois cor- IHWVV RUHQ

b PHARMAGYENE : le HDWVQ rieur brut (PIB) a reculé de 5,6 %. respondant de l’an dernier, selon

IHTWH RQSU

laboratoire pharmaceutique b CANAL + : le groupe français a HDWTH a Les prix de gros intérieurs du les chiffres publiés mercredi par le

IHQWP RHIP

français qui fabrique et annoncé, jeudi 11 mai, avoir HDWQU Japon ont augmenté de 0,5 % en Bureau norvégien des statistiques

IHHWR QTTT

commercialise des médicaments vendu pour 111,97 millions HDWIR avril en glissement annuel après SSB.

WUWT QQPI sans ordonnance, des d’euros au germano-belge HDVWI avoir enregistré en mars leur pre-

cosmétiques et des gammes CLT-UFA les 24,9 % qu’il détenait [[[ [[[ [[[mière progression en vingt-quatre a DANEMARK : la balance des II pF PR wF IH wF II pF PR wF IH wF

diététiques a été racheté mercredi depuis 1994 dans la chaîne II pF PR wF II wF mois (+ 0,1 %), a annoncé la Banque paiements du Danemark a déga- par le belge Omega Pharma. Le allemande hertzienne Vox. Prévue Indices cours Var. % Var. % du Japon jeudi. gé en février un excédent de Ame´rique 9h57 f se´lection 10/05 09/05 31/12

nouvel ensemble réalisera un de longue date, l’opération ´ 400 millions de couronnes da- ± ± ETATS-UNIS hy‡ tyxiƒ IHQTUDUV IDTH WDVP

chiffre d’affaires de 1,3 milliard de permet à CLT-UFA de porter à ´ a Les Pays-Bas se classent au noises (53 millions d’euros), ± ± ETATS-UNIS ƒ8€ SHH IQVQDHS PDHT SDVU

francs et emploiera 800 salariés. 99,7 % sa participation directe et ´ premier rang des pays offrant le contre un excédent de 100 millions ± ± ETATS-UNIS xeƒhe gyw€yƒs„i QQVRDUQ SDSW ITDVP

indirecte dans Vox. meilleur climat pour les affaires de couronnes en janvier, a indiqué

± TORONTO „ƒi sxhiˆ WHWUDIH PDIP VDIP

b RENAULT VI : le secrétaire pour les cinq prochaines années, mercredi l’Office central des statis-

± ± SAO PAULO fy†iƒ€e IRRQQDVI IDHI ISDSS

d’Etat à l’Industrie, Christian FINANCE supplantant Hongkong, selon une tiques (SCB). ± ± MEXICO fyvƒe QQIDHS HDVP IUDSU

Pierret, a souhaité mercredi que b LLOYDS TSB : la banque étude de l’Economist Intelligence ± ± BUENOS AIRES wi‚†ev RSUDVT SDQS ITDVP

la direction de Renault consulte britannique va lancer une Unit (EIU). Le Royaume-Uni a POLOGNE : le taux de chô- ± ± SANTIAGO s€ƒe qixi‚ev WSDIU HDTT QQDRS

les représentants des salariés banque en ligne autonome, conserve sa position de numéro mage en Pologne a baissé de ± CARACAS ge€s„ev qixi‚ev SVUPDUI HDIU VDQW « dans les plus brefs délais » sur la evolvebank.com, qui démarrera deux dans le classement de l’EIU. 0,3 point en avril à 13,6 % de la cession de ses activités dans les cet été en Espagne et vers la fin a ZONE EURO : « le renforce- population active, contre 13,9 % poids lourds au groupe suédois de l’année en Grande-Bretagne. ASIE - PACIFIQUE ment de l’Euro 11 est une des ré- en mars, a indiqué mercredi le Volvo. Elle a également conclu un ponses les plus fortes que nous vice-ministre du travail Piotr Ko- partenariat européen avec le TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng EURO / YEN devons apporter à la baisse de lodziejczyk.

portail Lycos, qui offre un accès l’euro », a déclaré, mercredi 10 mai,

ITVVPDRT WWDUW

SERVICES gratuit à Internet, pour créer IRRWPDWP Pierre Moscovici, ministre aux af- a RÉPUBLIQUE TCHÈQUE : le

PHVQQ IIIDU

b LICENCES TÉLÉPHONIQUES : notamment un site de shopping IVQHI faires européennes. taux de chômage en République

PHHRQ IHVDT

la Commission supérieure du en ligne. IUSQW L’Euro 11 est une instance infor- tchèque a reculé à 9,0 % fin avril,

IWPSP IHSDS

service public des postes et bHYPOVEREINSBANK : la ITUUV melle regroupant les onze ministres contre 9,5 % enregistrés en mars, a

IVRTP IHPDS télécommunications (CSSPPT) deuxième banque privée ITHIT des finances de la zone euro qui se annoncé mercredi à Prague, le mi-

s’est formellement opposée, allemande a acquis 1,55 % du réunit pratiquement chaque mois nistère tchèque du travail et des af- IUTUP WWDR

mercredi, à d’éventuelles enchères Banco Popular, portant à 4,64 % ISPSR avant les réunions formelles à quin- faires sociales.

ITVVP WTDQ

pour attribuer les licences de sa participation dans le capital de [[[IRRWP [[[ [[[ze des ministres européens des fi-

II pF PR wF II wF II pF PR wF II wF troisième génération de téléphone la troisième banque espagnole. II pF PR wF II wF nances. a GABON : l’encours de la dette mobile en France (UMTS). a Le gouverneur de la Banque de intérieure gabonaise a été rame- Zone Asie Indices cours Var. % Var. %

b FORTIS : le bancassureur 9h57 f se´lection 11/05 10/05 31/12 France, Jean-Claude Trichet, né de 746 milliards de francs CFA

± ± ITVVPDRT RDTQ IHDVR

b AEROLINAS ARGENTINAS : le belgo-néerlandais et le premier TOKYO xsuuis PPS reste « le meilleur » pour succéder (7,46 milliards de francs, soit

± ± IRRWPDWP IDWP IRDST

transporteur argentin, affilié à groupe malaisien des services HONGKONG rexq ƒixq à Wim Duisenberg à la présidence 1,14 milliard d’euros) à 397 mil-

± ± IWWWDIH PDVQ IWDQV la compagnie espagnole Iberia, financiers Maybank négocient SINGAPOUR ƒ„‚es„ƒ „swiƒ de la Banque centrale européenne liards (3,97 milliards de francs) par

´

± ± WSDUP HDIU PTDQV

devrait bénéficier d’un plan de une alliance stratégique pour SEOUL gyw€yƒs„i sxhiˆ (BCE), en dépit de sa mise en cause la commission d’audit nommée

± ± PWTTDVH IDRW SDVW

sauvetage d’ici à la fin du mois de développer des activités de SYDNEY evv y‚hsxe‚siƒ dans l’affaire du Crédit lyonnais, a par le gouvernement, début 1999,

± ±

PQDRU QDIV QPDRR

mai dans le but « d’assainir et de bancassurance en Malaisie. Fortis BANGKOK ƒi„ estimé mercredi le ministre français pour examiner les finances de

± ±

RPUHDWP RDPI IRDTV

rendre rentable l’entreprise ». pourrait prendre 30 % de BOMBAY ƒixƒs„s†i sxhiˆ des Affaires étrangères Hubert l’Etat, a-t-on appris mercredi de

± ± PHPHDVP HDST VDRP Environ 600 millions de dollars Maybank. WELLINGTON xƒiERH Védrine. source officielle.

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone Euro Hors zone Euro

Euro contre f Taux contre franc f Taux Euro contre f 10/05

HDISPRS UDRSRH FRANC...... TDSSWSU EURO...... COURONNE DANOISE.

QDQSQVS VDIWQS

Action Air Liquide PARIS NEW YORK DEUTSCHEMARK ...... IDWSSVQ DEUTSCHEMARK ...... COUR. NORVE´GIENNE

QDQVUUR VDPHSS

Air Liquide LIRE ITALIENNE (1000). IDWQTPU LIRE ITAL. (1000) ...... COUR. SUE´DOISE ......

QDWRPQV QUDPHPH

en euros à Paris L’INDICE CAC 40 de la Bourse de LES VALEURS technologiques PESETA ESPAG. (100).... IDTTQVT PESETA ESPAG. (100) .... COURONNE TCHE`QUE

QDPUIWH IDSTIP

Paris était en recul de 0,72 %, à américaines ont encore été sévère- ESCUDO PORT. (100).... PDHHRVP ESCUDO PORT. (100).... DOLLAR AUSTRALIEN .

RDUTUHQ IDQSWQ

et Air Products 175 SCHILLING AUTR. (10).. IDQUTHQ SCHILLING AUTR. (10).. DOLLAR CANADIEN ....

VDQPVWR IDVWRH 6 218,17 points, à la mi-séance, ment sanctionnées, mercredi PUNT IRLANDAISE...... HDUVUST PUNT IRLANDAISE...... DOLLAR NE´O-ZE´LAND

PDWUTTH QQTDPVHH

170 151,1 après la chute de l’indice Nasdaq 10 mai. L’indice Nasdaq, qui FLORIN NE´ERLANDAIS PDPHQUI FLORIN NE´ERLANDAIS DRACHME GRECQUE ..

IDTPTHU PSVDRHHH renoncent à acheter BOC RDHQQWW

le 10 mai mercredi soir et la forte baisse en- concentre l’essentiel des actions FRANC BELGE (10) ...... FRANC BELGE (10) ...... FLORINT HONGROIS .. IDIHQPR RDHQVP MARKKA FINLAND...... SDWRSUQ MARKKA FINLAND...... ZLOTY POLONAIS...... Après Pechiney et Lafarge, Air Li- 165 registrée à la Bourse de Tokyo. Les dites « high tech », a clôturé en quide échoue à son tour dans ses 160 opérateurs attendaient aussi la dé- forte baisse de 5,59 % (soit projets de fusion. Le numéro un cision du conseil de la Banque cen- 200,28 points), à 3 384,73 points. Le Cours de change croise´s 155 mondial des gaz industriels, associé trale européenne sur ses taux di- principal indicateur de la Bourse de Cours Cours Cours Cours Cours Cours 11/05 12 h 30 f DOLLAR YEN(100) EURO FRANC LIVRE FR. S.

à Air Products, numéro trois, ont in- 150 recteurs. Mercredi, il avait déjà New York, l’indice Dow Jones, a

diqué, mercredi 10 mai, qu’ils re- terminé en repli de 1,67 %, à également fini en recul, cédant DOLLAR ...... FFFFF HDWIHTP HDWHVVH HDIQVSU IDRWRWS HDSVRPV 145 YEN ...... IHWDVISHH FFFFF WWDUWSHH ISDPISHH ITRDPTHHH TRDIQSHH

nonçaient à leur offre de 12,9 mil- 6 263,34 points. 1,60 % (soit 168,97 points), à

EURO...... IDIHHQS IDHHPHS FFFFF HDISPRS IDTRSVS HDTRPRH

liards de dollars (14,3 milliards 140 10 367,78 points. Enfin, l’indice FRANC...... UDPITTS TDSUHUS TDSSWSU FFFFF IHDUWTHH RDPISQS LIVRE...... HDTTVWP HDTHVVH HDTHUTH HDHWPTS FFFFF HDQWHRS

d’euros) sur le numéro deux du sec- 135 Standard and Poor’s 500 a aban- teur, en raison de l’opposition de la FRANCFORT donné 2,06 %, pour terminer la FRANC SUISSE ...... IDUIISH IDSSWQH IDSSTIH HDPQUIH PDSTIIH FFFFF FTC, l’autorité antitrust américaine. 130 LA BOURSE de Francfort était en séance à 1 383,05 points. Les deux groupes ont indiqué qu’ils 125 baisse vers midi. L’indice DAX affi- Taux d’inte´reˆt(%) Matif poursuivraient leurs discussions en chait un recul de 0,73 % à 7 068,57 NDJFM A vue de trouver un nouveau schéma TAUX Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier 1999 2000 points. Il avait fini en baisse de Taux 10/05 f j. j. 3 mois 10 ans 30ans Cours 12 h 30 f 11/05 prix prix

pour réaliser ce rachat. Le britan- 2,2 % mercredi, à 7 120,86 points. LES MARCHÉS obligataires euro- Notionnel 5,5

RDHP SDSH SDUQ

Source : Bloomberg FRANCE ...... QDWW

VSDVV VT

JUIN 2000 ...... TIRHTDHH RDPW SDQR SDTQ nique BOC a précisé qu’il avait l’in- péens étaient en hausse, jeudi ALLEMAGNE .. QDWV

Euribor 3 mois TDIQ SDQH RDRU

tention de poursuivre sa stratégie de 100 millions de dollars à BOC. 11 mai, dans les premières transac- GDE-BRETAG. SDTW

xg xg xg RDPT SDTV SDWU ITALIE...... QDWV MAI 2000 ......

en tant que société indépendante. Tenant, en dépit de tout, à ce projet LONDRES tions. Evoluant à l’inverse de son HDHQ IDUP PDIT JAPON...... HDHU

TDHW TDSH TDIW

Depuis dix mois, l’offre de rachat de fusion qui leur donnerait plus de LA BOURSE de Londres progres- prix, le taux de l’emprunt d’Etat E´TATS-UNIS... SDWR

Q RDHQ RDRP

présentée par Air Liquide et Air 40 % du marché mondial des gaz in- sait de 0,20 %, jeudi, trois heures français à 10 ans reculait à 5,46 %. SUISSE...... P Pe´trole

RDPT SDSP SDUQ PAYS-BAS...... QDWS Products achoppait sur le marché dustriels, les deux partenaires ont après le début des cotations, l’in- L’Europe suivait l’évolution du Cours Var. % américain. Les deux groupes ont l’intention de mener des discussions dice Footsie des 100 principales va- marché obligataire américain, la En dollars f 10/05 09/05

étudié tous les moyens pour ne pas exploratoires avec les autorités anti- leurs s’établissant à 6 113 points. veille, sur lequel le rendement des Matie`res premie`res

FFFF BRENT (LONDRES) ...... PTDRP

C HDIV

avoir une part de marché trop trust américaines pour savoir quel Mercredi, à la fermeture du mar- emprunts à dix ans s’était forte- WTI (NEW YORK) ...... PVDIS

Cours Var. %

± HDTR grande aux Etats-Unis, après le ra- serait le schéma acceptable. Dans le ché, il avait perdu 0,37 %, à 6 100,6 ment détendu, à 6,437 %. Face à la En dollars f 10/05 09/05 LIGHT SWEET CRUDE .... PVDHW

chat de BOC. Ce dernier y réalise même temps, il leur faut retrouver points. chute de la Bourse américaine, les ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE

± HDRP

25 % de ses ventes. Surtout intéres- des arguments pour convaincre la investisseurs avaient rapatrié une CUIVRE 3 MOIS...... IUVQDSH Or

± HDRR

sés par les autres actifs du britan- direction de BOC. Celle-ci souligne partie de leurs capitaux sur les pro- ALUMINIUM 3 MOIS ...... IRTTDSH

± HDIP PLOMB 3 MOIS ...... RPVDSH

nique, notamment en Asie, les deux qu’après plusieurs années de res- TOKYO duits obligataires, selon un tradi- Cours Var % FFFF

ETAIN 3 MOIS ...... SRRH En euros f 10/05 09/05

± HDHW

groupes ont même proposé à BOC tructuration, elle se sent capable de LA BOURSE de Tokyo a clôturé en tionnel mouvement de « fuite vers ZINC 3 MOIS...... IITI

±

IDHI

OR FIN KILO BARRE ...... WVHH

± HDQI

NICKEL 3 MOIS ...... WURH

une scission de ses activités améri- développer ses positions seule. ±

HDVI forte baisse jeudi. L’indice Nikkei a la qualité ». WVQH

ME´TAUX (NEW YORK) $/ONCE OR FIN LINGOT......

± WDSU

caines et d’accepter une baisse de L’échec de son rachat risque cepen- terminé pour la première fois de- ONCE D’OR (LO) $ ...... PUUDTH

FFFF

ARGENT A TERME ...... SDHW

±

IDPS

PIE`CE FRANCE 20 F...... SSDIH

C

HDRQ

prix afin de réaliser leur offre. La di- dant de relancer l’intérêt des autres puis septembre au-dessous du ni- PLATINE A TERME ...... IPWTWPDHH ± IDUV PIE`CE SUISSE 20 F...... SSDQH

MONNAIES GRAINES DENRE´ES $/BOISSEAU

± IDHU rection anglaise s’y est opposée. Ne grands du secteur, comme l’alle- veau symbolique des 17 000 points PIE`CE UNION LAT. 20 .... SSDSH

± IDQP ´ PTIDSH

FFFF

trouvant pas d’accord avec la FTC, mand Linde. L’action de BOC a per- dans le sillage des marchés améri- L’EURO oscillait, jeudi matin, au- BLE (CHICAGO)...... PIE`CE 10 DOLLARS US ... IWV

± C PPWDSH QDHT HDWS ` RHS

mais contraints par les autorités du, mercredi, 3 %, à 991 pence, alors MAIS (CHICAGO)...... PIECE 20 DOLLARS US ... cains. Après avoir chuté de plus de tour du niveau de 0,90 dollar, dans ± ± IVUDVH I HDQS SOJA TOURTEAU (CHG.). PIE`CE 50 PESOS MEX...... QTUDUS

boursières anglaises de lever leur que le titre Air Liquide a gagné 5 % en cours de séance, il a perdu l’attente de la réunion de la Banque SOFTS $/TONNE

± HDSP

option d’achat avant le 12 mai, les 0,73 % à 151,1 euros par action. 4,63 %, à 16 882,46 points. Les va- centrale européenne. Le dollar, de CACAO (NEW YORK)...... UTS

FFFF ´ WIT Cotations, graphiques et indices en temps

deux groupes ont préféré jeter leurs de la haute technologie ont son côté, se redressait face au yen, CAFE (LONDRES) ......

FFFF SUCRE BLANC (PARIS) ... FFFF re´elsurlesiteWebdu«Monde». l’éponge. Ils devront verser un dédit Martine Orange subi de fortes pressions à la baisse. s’échangeant à 109,94 yens. www.lemonde.fr/bourse LeMonde Job: WMQ1205--0023-0 WAS LMQ1205-23 Op.: XX Rev.: 11-05-00 T.: 11:10 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0511 Lcp: 700 CMYK

FINANCES ET MARCHÉS I LE MONDE / VENDREDI 12 MAI 2000 / 23

STOXX 653 sur 1 an sur 5 jours EURO STOXX50 sur 1an sur 5 jours

SHPWDWI

VALEURS EUROPE´ENNES QUTDHR

RHS SRUP

SHVH b BSkyB QVP QWSDQR

L’action a perdu 9,85 % Salomon Smith Barney d’abaisser SQSIDUI

QWQDHQ RTVV

mercredi 10 mai après avoir annon- son objectif de cours sur Motorola, QSW

SPVSDHW

RPWT cé une perte imposable de 28,4 mil- deuxième fabricant mondial de por- QQT QVWDTV QUVDTH SHTSDVS

lions de livres au troisième tri- tables. Le titre Nokia a cédé 9,84 %. QUTDHR QWHR QIR SPIHDIS

mestre. b L’action de l’opérateur de télé- SHPWDWI

QSIP

b L’action BSCH reculait mercredi communications espagnol Telefo- PWI [[[[[[[[ [[[[[[[[

†vwwt II wes IH xy†F II wes †vwwt de 3,48 %, à 10,54 euros, après avoir nica a cédé mercredi 4,71 %, à II wes IH xy†F II wes

annoncé un augmentation de capi- 22,85 euros. Depuis l’annonce ven-

e C e

± ± RRQDWH PDIH qf VDWW FFFF qf ISDVH HDSQ s„ WDSH PDWT tal de 3 milliards d’euros destinée à dredi soir de l’échec de son projet LVMH / RM p‚ SCOTT & NEWCAST PRUDENTIAL EDISON

e C e e ± ± TDHW HDQQ qf UDTV IDUU s„ IIDWV FFFF fi PSVDSH IDUI

financer de nouvelles acquisitions. de fusion avec l’opérateur néerlan- MOULINEX /RM p‚ SOUTH AFRICAN B RAS ELECTRABEL

C

C e ±

QDII IDHW qf QDVH FFFF qf SDTT HDWH €„ IVDWU HDIT

Notamment celle du groupe Serfin, dais KPN, l’action du groupe a dé- PERSIMMON PLC qf TATE & LYLE ROYAL SUN ALLIA ELECTRIC PORTUG

e C e e ± ± ± RRDSH HDRS qf SDIU IDQI ps RQDQQ QDUI iƒ PPDUU HDIV PREUSSAG AG hi UNIGATE PLC SAMPO -A- ENDESA

troisième groupe bancaire mexi- gringolé de 12,11 % en trois séances. C C C e e ± PDPV PDPT xv SP IDTI gr IVHUDPQ IDWW s„ RDUH IDHV RANK GROUP qf UNILEVER SWISS RE N ENEL

b Unilever C C C C e e IWQDSR HDTU qf UDHI PDRR €„ SVDTH HDHU e„ IIWDHS HDSS cain. L’action a monté mer- SAIRGROUP N gr UNILEVER SEGUROS MUNDIAL EVN

C C C e ± IHDRH HDUR qf WDWU HDVS ƒi SUDQR HDQP ps RDPR HDPR

b Le titre Infineon, qui devrait credi de 5,80 % à Londres malgré SAS DANMARK A/S hu WHITBREAD SKANDIA INSURAN FORTUM

C

e C e ± ± TWDUH PDWP qf IDWR IDUS xy UDPH HDVS iƒ IVDVT I

pourtant faire bientôt son entrée l’annonce d’une contraction de 2 % SEB /RM p‚ COCA-COLA BEVER STOREBRAND GAS NATURAL SDG

e C e ± ± ITVDTH HDIV PPQDWW HDIS qf VDPP FFFF iƒ IQDPW HDVP p‚ f

dans l’indice DAX de la Bourse alle- de son bénéfice imposable au pre- SODEXHO ALLIANC DJ E STOXX F & BV P SUN LF & PROV H IBERDROLA

C e ± ± IQHV HDRR gr SWIDSI HDQQ s„ RDSP IDSQ THE SWATCH GRP gr SWISS LIFE REG ITALGAS

C ± mande, a chuté mercredi de 6,89 %, mier trimestre. Le géant anglo-néer- ±

PUIDHV IDHS hu IUDVR HDQW qf VDVP IDSR

THE SWATCH GRP gr ´ TOPDANMARK NATIONAL GRID G

C C ± BIENS D’EQUIPEMENT PRDTP HDUR gr RWIDSR IDWW qf RDVP PDIQ à 68,90 euros. landais s’est félicité d’une progres- VOLVO -A- ƒi ZURICH ALLIED N NATIONAL POWER

e ± ± ±

ƒi PSDRU HDUI RHVDQP HDQP e„ IHRDQS IDST VOLVO -B- C f DJ E STOXX INSU P OESTERR ELEKTR IPQDTW IDSV

b L’équipementier en télécoms No- sion de ses ventes sur ses ABB N gr

e ± ±

s‚ IDHU HDWQ qf UDQT PDVU

WW/WW UK UNITS ± POWERGEN WPIDST HDPI

kia a pâti mercredi de la décision de principales marques. ADECCO N gr

± qf WDTT FFFF qf WDPR HDSR

WILSON BOWDEN e C SCOTTISH POWER PVDIS IDVV ALSTOM p‚

C

e C MEDIAS e„ QQDWH IDIW qf IIDPI IDTU WOLFORD AG ± SEVERN TRENT UHIDIH HDUQ ALUSUISSE LON G gr

e

± ± IVIDTH PDPR p‚ IUVDSH HDPV

f ± PHDWP IIDRI DJ E STOXX CYC GO P qf SUEZ LYON EAUX/ PHDUP FFFF ASSA ABLOY-B- ƒi BSKYBGROUP

IVDIT FFFF e ƒi ± CHIMIE ± IWSDSH QDSH p‚ SYDKRAFT -A- SDPS IDSU

Code Cours % Var. ASSOC BR PORTS qf CANAL PLUS /RM

11/05 12 h 34

f ±

ƒi IUDWI HDTV

pays en euros 10/05 ± ± IPDTV IDIU qf SYDKRAFT -C- PRDWV HDRW

e ƒi ± CARLTON COMMUNI IRSDIH QDWU

AIR LIQUIDE /RM p‚ ATLAS COPCO -A-

PHARMACIE C

qf IQDPH HDSI

e C

± IHDWH HDSS xv THAMES WATER ƒi PRDQI HDPS e C ELSEVIER RTDSU IDPR

AKZO NOBEL NV xv ATLAS COPCO -B-

e ±

C iƒ PHDVI IDHW

C ± qf RUDTW IDWQ

IWDHV S qf FENOSA IQDWP PDVT

e ASTRAZENECA q‚ ± EMAP PLC RUDUH IDTS

BASF AG hi ATTICA ENTR SA

C

C IHDST IDPV e qf

C p‚ TRDSH HDRU

PWDPV FFFF qf UNITED UTILITIE VDHP PDSU e AVENTIS /RM qf ± DAILY MAIL & GE RPDWV IDVU

AUTOMOBILE BAYER AG hi BAA

e ±

hi PP HDPQ

± e qf QIDTV QDWI ±

± ISDIQ QDHI s„ VIAG UDSQ HDVV

GLAXO WELLCOME qf

± GRUPPO L’ESPRES

ITDSV IWDUT

BOC GROUP PLC qf BBA GROUP PLC

±

QHDVW HDSW

AUTOLIV SDR ƒi e ±

C IHQDTH QDTQ

e p‚ ± ISUHDUS HDTT gr e

± RVH PDIR

p‚ VIVENDI/RM €„ UDWI IDIP

e C NOVARTIS N HAVAS ADVERTISI

PPDSH RDTS

e CELANESE N hi BRISA AUTO-ESTR

±

RUDUH IDTS

BASF AG fi

±

QRVDWV HDWR

±

e C ITPDQQ HDVP

hu f

s‚ VDSS HDSW PUDPR FFFF qf DJ E STOXX PO SUP P

C NOVO NORDISK B INDP NEWS AND M

TUDRS IDWR

e CIBA SPEC CHEM gr CAPITA GRP ±

QPDPS QDRR

BMW hi

e e ± ps PR FFFF

± p‚ UPDSH QDUP

qf TPDRU TDQW

C ORION B LAGARDERE SCA N

RHHDSR HDRV

e CLARIANT N gr CMG ±

PHDSS HDUP

CONTINENTAL AG hi

C e C ± gr IQVURDTS UDUI

s„ IUDIP QDSS QDRH I

e ROCHE HOLDING qf

± MEDIASET

QRDSH HDVT

e DEGUSSA-HUELS hi COOKSON GROUP P ± THDRH IDIS

DAIMLERCHRYSLER hi

± gr IISRIDWI FFFF

± qf QR PDPT

hu WWPUDST IDQQ

e C ROCHE HOLDING G PEARSON

QVDHP HDQP

e DSM xv DAMPSKIBS -A-

±

PUDRH HDWR

FIAT s„

e

±

C

p‚ RQDIS IDUI

± qf UDTH HDPP

hu IIHHHDVH HDTI

C SANOFI SYNTHELA REED INTERNATIO

RUQWDIU HDQR

e EMS-CHEM HOLD A gr DAMPSKIBS -B-

±

IUDPH IDTH

FIAT PRIV. s„

e

±

± hi ISIDUS IDPH qf IUDSS IDSW

hu ISSTPDII FFFF

C SCHERING AG REUTERS GROUP

WDIS TDPI qf EURO

e ICI DAMSKIBS SVEND ± QV HDSP

MICHELIN /RM p‚

C

C ± qf IRDPT HDRU

qf SDPR TDVS

qf IHDWR HDTP

e C SMITHKLINE BEEC ______TELEWEST COMM.

SDTH IDVP

e KEMIRA ps ELECTROCOMPONEN ±

PPW IDWQ

PEUGEOT p‚

e

± e C fi QUDSS IDIV e ±

p‚ URP PDTP p‚ IDIR HDVV

C UCB TF1

WDPH QDUU

e LAPORTE qf EUROTUNNEL /RM

±

PDVP HDUH

PIRELLI s„ NOUVEAU

C ±

C HDTH RPUDIV e

qf IPDVS HDUW

IVDSQ HDHS f ps

C DJ E STOXX HEAL UNITED NEWS & M

SRUDWR HDPQ

e LONZA GRP N gr FINNLINES ±

RVDTQ PDUP

RENAULT p‚

e

± xv PQT FFFF QDVU IDUH

e qf ± UNITED PAN-EURO

IWDWT QDQW

RHODIA p‚ FKI

e C

THDPS HDUS

VALEO /RM p‚ MARCHE´ e ±

± xv SVDSH IDSP hu ITDUU IDSU

e C VNU

US HDVU

e SOLVAY fi FLS IND.B ±

RTDUH HDTR

VOLKSWAGEN hi ´

ENERGIE e ±

e C xv PUDUS IDUU

e„ QRDQH HDPW

e C WOLTERS KLUWER RPDUS HDSW

TESSENDERLO CHE fi FLUGHAFEN WIEN

± IDUW

f DJ E STOXX AUTO P PQIDQU Cours % Var.

±

± qf IRDII PDQP SDTI FFFF qf ISDHI HDII qf 12 h 34

± WPP GROUP 11/05 IDTR f DJ E STOXX CHEM P QTTDPQ BG GKN f en euros 10/05

C C ± SSIDRV PDUI IHDHT PDPI q‚ TDRP IHDPH BP AMOCO qf HALKOR f DJ E STOXX MEDIA P

± ± PTDTU HDPS qf TDSV IDHI

´ BURMAH CASTROL qf HAYS AMSTERDAM

e e C

± WDSQ HDRP hi TPDWH HDIT

CONGLOMERATS CEPSA iƒ HEIDELBERGER DR

±

IDUI

AIRSPRAY NV IUDPH

BANQUES e e BIENS DE CONSOMMATION ±

SR FFFF ps QI QDIQ

e DORDTSCHE PETRO xv HUHTAMAEKI VAN

± RW P

CGIP /RM p‚

±

HDWH

ANTONOV PDIU

C e e qf IQDSR PDHP ± ±

C SDTS HDVV s„ VDST QDTH

ABBEY NATIONAL s„ e PUDIS IDTW

e ENI IFIL xv ± PRS IDVR

CHRISTIAN DIOR p‚ AHOLD C

W

e C/TAC HDST

±

C xv PPDIQ IDPI ±

UDUS HDPP qf RDVH SDIQ

qf e ABN AMRO HOLDIN ±

IPDVQ HDPQ

e ENTERPRISE OIL IMI PLC iƒ ± PUPDSH HDWI

D’IETEREN SA fi ALTADIS -A- C

SDUS

CARDIO CONTROL QDTH

C

C

qf IHDHP HDIU ±

C IDWT QDSR ƒi PTDVI HDWH

ALL & LEICS qf IRDVU HDQH

e LASMO IND.VAERDEN -A- q‚ ± TI PDQP

GAZ ET EAUX /RM p‚ ATHENS MEDICAL

FFFF

CSS PQDWH

± e qf IUDTS PDIQ ±

WIDVH HDQR hu UHDVQ FFFF

ALLIED IRISH BA e„

QDPH FFFF

e OMV AG ISS INTL SERV-B qf

± PSVDUH IDHU

GBL fi AVIS EUROPE

±

TDIH

HITT NV IDTI

±

C

q‚ TQDHR HDWQ ±

C IWDIH IDPT hu URDWQ HDTQ

ALPHA CREDIT BA xy e

QV IDQQ

e PETROLEUM GEO-S KOEBENHAVN LUFT e„

± RH QDHS

GEVAERT fi AUSTRIA TABAK A

±

PIDVH

INNOCONCEPTS NV HDWI

e e e €„ PQDIS FFFF ±

PPDSV IDVQ ps TUDSH FFFF

iƒ e BPINTOMAYORR ± URDUS IDQW

e REPSOL KONE B hi ±

PIDPS IDIT

HAGEMEYER NV xv BEIERSDORF AG

FFFF

e NEDGRAPHICS HOLD PUDSH

e C e e„ SHDVH FFFF ±

TSDSH I p‚ PPQDIH PDUW

xv e

BANK AUSTRIA AG ± p‚ RTDIS QDRS

C ROYAL DUTCH CO LEGRAND /RM RDVW HDTW

INCHCAPE qf BIC /RM

FFFF

SOPHEON II

± e e qf IPDHS UDWQ ± ±

C SDHP IDIV hi RRDWH HDVV

BANK OF IRELAND s„

qf TDVQ UDTS

C SAIPEM LINDE AG ISDRP HDRH

INVESTOR -A- ƒi BRIT AMER TOBAC

FFFF

PROLION HOLDING WR

C

C e q‚ IWDWR HDWH ±

C WDQH PDPI hi QU IDTH

BANK OF PIRAEUS qf e

WQDQH IDSV

SHELL TRANSP MAN AG p‚

± ISDRV HDQW

INVESTOR -B- ƒi CASINO GP /RM

±

QDUT

RING ROSA QDQR

± e e qf WDHP IDTR ± ±

p‚ ITTDIH HDTT hi ITDHS PDUQ

BK OF SCOTLAND ± gr PTUVDIT HDTP

C TOTAL FINA ELF/ METALLGESELLSCH

IHDWW PDSH

MYTILINEOS q‚ CFR UNITS -A-

FFFF

e RING ROSA WT HDHW

e C iƒ SPDSH FFFF ±

HDIS ps PHDTS HDUQ

QSIDHI e BANKINTER R ±

TIDRH Q

f DJ E STOXX ENGY P METRA A fi RIDVT FFFF

NORSK HYDRO xy DELHAIZE

± PQDSH

UCC GROEP NV IDPT

± PSDVS IDSW

qf e

BARCLAYS PLC ± p‚ PWQ HDTV C  PRWDWR IDQH gr ESSILOR INTL /R A

UNAXIS HLDG N @€u˜li™ite

e ±

TUDQH IDIH

hi e BAYR.HYPO-U.VER ± fi RIDIH HDTH ± ITDWT HDUI

ORKLA -A- xy COLRUYT

e ±

s„ WDHW HDTT

BCA AG.MANTOVAN ±

qf TDRV QDWU e C RTDUS HDWU

SONAE SGPS €„ FREESERVE BRUXELLES

e

±

ITDWU PDUS

s„ e BCA FIDEURAM ± hi UTDSH PDSS

C

QDPS IDHR

TOMKINS qf FRESENIUS MED C

C

HDHW

e ARTHUR IIDHT ±

s„ RDII HDWT

BCA INTESA C

qf SDST HDTI

e C SU HDUI

VEBA AG hi GALLAHER GRP

± IDHQ

ENVIPCO HLD CT SDSH

e C

WDTH IDSW s„ e BCA LOMBARDA ± fi PVDUS PDVU

f DJ E STOXX CONG P QPWDWV FFFF GIB

±

RDWH

e FARDEM BELGIUM B PQDQH

± s„ QDRQ HDSV

MONTE PASCHI SI C WDRP HDSR

IMPERIAL TOBACC qf

FFFF

INTERNOC HLD PDQH

e C

s„ PHDPQ HDTH

BCA P.BERG.-C.V e C IUDVT HDUW JERONIMO MARTIN €„

FFFF

e INTL BRACHYTHER B IQDHT

± ´ ´ TDSP HDWI

s„ e

BCA P.MILANO ± IIDTS HDRQ TELECOMMUNICATIONS KESKO -B- ps

C

IHDSH

e LINK SOFTWARE B S

± IHDWH IDTP

s„ e

B.P.VERONA E S. ±

UST HDSW

e L’OREAL /RM p‚ ± QDTS PDTU

EIRCOM s‚

±

IDUH

e PAYTON PLANAR RDRW

± s„ IDIU HDVS

BCA ROMA C

PDRW HDTV

MORRISON SUPERM qf ±

ISDTQ HDWS

BRITISH TELECOM qf

FFFF

e ACCENTIS UDVS

± IRDIV HDPV

iƒ e

BBVA R ±

TIDSH HDVI

HENKEL KGAA VZ hi ± IRDUQ PDTS

CABLE & WIRELES qf

e C

€„ PRDWT HDRR

ESPIRITO SANTO C

qf IIDPI IDWV e C RECKITT BENCKIS TIDUS IDVI

DEUTSCHE TELEKO hi

e

± iƒ QHDUV IDHW

BCO POPULAR ESP C RDHP HDRP

SAFEWAY qf ±

RQDRP VDUP

ENERGIS qf FRANCFORT

e C

€„ RDHI HDPS

BCO PORT ATLANT C

TDII HDVQ

e SAINSBURY J. PL qf ±

UUDSH RDQP

EQUANT NV hi

±

PRU e UDRW ±

SDIS HDIW

€„ UNITED INTERNET

BCP R C qf QDIH PDPI

C SMITH & NEPHEW

ISDPW PDHQ

EUROPOLITAN HLD ƒi

±

PTW

e UDPR

± IHRDUH QDWR

s„ AIXTRON

BIPOP CARIRE ±

qf IDHP RDTW

e C STAGECOACH HLDG

IRTDUH IDSP

FRANCE TELECOM p‚

±

IHRDPH e PDTP

±

QDSS HDST

s„ AUGUSTA TECHNOLOGIE

BNL e C SWDTS IDIH

TERRA NETWORKS iƒ ±

PTDUH PDUT

HELLENIC TELE ( q‚

±

WVDSH IDRH e C

WIDWH HDSS

p‚ BB BIOTECH ZT-D

BNP /RM ±

QDTH HDWP

e TESCO PLC qf ±

IHPDSS PDVR

KONINKLIJKE KPN xv

C

HDQU e IQDTH

± IHDRS HDVS

BSCH R iƒ e BB MEDTECH ZT-D

PSDHP FFFF

e TNT POST GROEP xv PRW FFFF

MANNESMANN N hi

±

TTDUH e ITDTS

±

ISPDQH HDSP

p‚ BERTRANDT AG

CCF /RM ±

HDHQ

f DJ E STOXX N CY G P RTWDPW ± IQDUU IDIU

PANAFON HELLENI q‚

±

IDRP C IHDRH

SDPI HDRU

CHRISTIANIA BK xy BETA SYSTEMS SOFTWA

e C

IHDWW PDPQ

PORTUGAL TELECO €„

C

IQW IDRT e C

SDHQ HDPH

COMIT s„ e CE COMPUTER EQUIPME ±

SHDHS PDVP

SONERA ps

±

IWTDSH IDUS

SWDRU FFFF

COMM.BANK OF GR q‚ COMMERCE DISTRIBUTION CE CONSUMER ELECTRO

C

QUPDWV HDIU

SWISSCOM N gr

±

QQDSH e QDUR

±

RHDSH HDRW

COMMERZBANK hi CENIT SYSTEMHAUS

C C qf VDSU HDUW

UVDUS HDQR

TELE DANMARK -B hu BOOTS CO PLC

±

UDWH e IDVT

±

RQDWH PDRR

CREDIT LYONNAIS p‚ DRILLISCH

e C

PSDTS PDTH e xv

± IUDUS HDQR

TELECEL €„ BUHRMANN NV

C

PWDTH HDQR

IIRDUH FFFF

DEN DANSKE BK hu e EDEL MUSIC ± TSDVH IDUW

e p‚ ±

IRDSP IDUT

TELECOM ITALIA s„ CARREFOUR /RM

±

TH QDPQ

QDWS FFFF

DNB HOLDING -A- xy ELSA

e C C

PTHDPH IDPS e p‚

TDWS HDIR

TELECOM ITALIA s„ CASTO.DUBOIS /R

±

UTDQV e PDIR

±

UUDQS IDHW

DEUTSCHE BANK N hi EM.TV & MERCHANDI

e C IPDWS HDQW

e iƒ

± PPDSS IDQI

TELEFONICA iƒ CENTROS COMER P

C

PSDIS e IDRI

±

IRHDQH HDTR

DEXIA fi e EUROMICRON ± C

iƒ ITDUP IDPR e e C

IHDRU HDUU ps IRDQH HDQS

TIM s„ METSO CONTINENTE

±

PQDHI e HDVP

± SERVICES FINANCIERS RPDRH IDRH

DRESDNER BANK N hi GRAPHISOFT NV

qf PHDTU FFFF ±

RDPV FFFF qf RDQV HDUT

VODAFONE AIRTOU qf MORGAN CRUCIBLE DIXONS GROUP PL

±

ITDTH HDTH ±

PVDVU IDQP

q‚ HOEFT & WESSEL

±

PHDPV QDHR

EFG EUROBANK qf e 3I ± hi QR HDPW

±

IIHRDWT HDIV UTDUV FFFF

f DJ E STOXX TCOM P NETCOM -B- ƒi GEHE AG

±

C WDQS HDSQ

PHDVP HDIR

q‚ e HUNZINGER INFORMAT ±

RPDSS IDWT ERGO BANK fi

ALMANIJ C

qf TDUT IDPS SDVI FFFF

EXEL qf GREAT UNIV STOR

±

QDTU e PI ±

RTDSH IDHT

e„ INFOMATEC

±

SUDII IDPT

ERSTE BANK q‚ e ALPHA FINANCE ± xv WT HDHS

±

ISRDPV PDIQ

NKT HOLDING hu GUCCI GROUP

±

C RRR PDVR

ISDWT IDSS

ƒi INTERSHOP COMMUNICA

±

IQDWP QDPT FOERENINGSSB A qf

CONSTRUCTION AMVESCAP C

ƒi PVDPU IDHW ±

PHDPH IDWS

OCEAN GROUP qf HENNES & MAURIT

±

SW RDVR C

WDWP IDHP

qf e KINOWELT MEDIEN ±

QDSW HDVQ

HALIFAX GROUP BPI R €„ e C QP FFFF e hi

IR QDUH e ps

± KARSTADT QUELLE QWDVI IDQR

ACCIONA iƒ PARTEK

±

RDWR QVDSH

C

IIDWS HDST

qf LHS GROUP

UDIT FFFF

HSBC HLDG qf

BRITISH LAND CO C C qf WDQH HDSR

qf IHDUR IDSV

C KINGFISHER

IUDWP PDRU

AKTOR SA q‚ PENINS.ORIENT.S

C

IRW HDTV

q‚ RHDVW FFFF

C LINTEC COMPUTER

TDHR HDVR

IONIAN BK REG.S qf

CANARY WHARF GR ± qf QDVV HDRQ ±

UDIQ HDRU e qf

± MARKS & SPENCER

IWDSH PDSH

UPONOR -A- ps PREMIER FARNELL

FFFF

e TDTH

±

RQDUQ PDQW

fi LOESCH UMWELTSCHUTZ ±

TDQQ HDSQ

KBC BANCASSURAN qf e

CAPITAL SHOPPIN ± C hi RI HDWU

qf ISDII RDIS

e C METRO

ISDTU IDIH

AUMAR R iƒ RAILTRACK

±

PTDVH IDRU C

IHDQU PDIR

qf MENSCH UND MASCHINE

±

ITDVH IDRU

LLOYDS TSB qf

CLOSE BROS GRP ± VDTQ PDTR e qf ±

RSDWH IDSH e xv

± NEXT PLC

WDSR IDTS

ACESA R iƒ RANDSTAD HOLDIN

±

IPRDUR

e RDUV

SDUP FFFF

ps e MOBILCOM ±

SUDSH PDTP

MERITA fi

COBEPA e C p‚ PHQDSH HDPS

hu WIDPQ FFFF

± PINAULT PRINT./

TDVV HDPR

BLUE CIRCLE IND qf RATIN -A-

±

C SQDSI SDWT

RVDIH HDRH

q‚ e MUEHL PRODUCT & SERV

IDRI FFFF

NAT BANK GREECE COMPART s„ gr PWRDVH FFFF ±

VWDVV RDTW e hu

± VALORA HLDG N

TITDSH QDTU

BOUYGUES /RM p‚ RATIN -B-

±

VPDIH

e QDQS

±

UUDSH IDUU

p‚ e MUEHLBAUER HOLDING

±

IHUDWS RDRU

NATEXIS BQ POP. hi e

CONSORS DISC-BR ± xv ISDSH IDSP ±

C

PDST PDSS

qf VENDEX KBB NV SDUU IDIU

BPB qf RENTOKIL INITIA

C

HDTS RTDVH

PPDQT FFFF

qf e PFEIFFER VACU TECH

±

PUDSH IDQQ

NATL WESTM BK iƒ

CORP FIN ALBA C qf TDQR IDVV ±

C

R HDRP

e qf W.H SMITH

WDTT HDQI

BUZZI UNICEM s„ REXAM

±

ISDPH IDWR

TDTR FFFF

ƒi PLENUM

±

PIPDRS HDIS

NORDIC BALTIC H gr

CS GROUP N C SDWT HDST e qf ± C

UTDWS IDPP

e p‚ WOLSELEY PLC

ISDTR HDHT

CIMPOR R €„ REXEL /RM

FFFF

e QSDSH

± s„ IVDUV I

e C PSI

RRH HDWP

ROLO BANCA 1473 p‚

EURAFRANCE /RM ± HDUU e QSHDQV ±

PSDTT PDHT

e e„ f ± DJ E STOXX RETL P IWVDSH QDIU

COLAS /RM p‚ RHI AG

C

QDHV C ISSDSH

qf IUDQP IDWU

e C QIAGEN NV

PUDHT HDPP

ROYAL BK SCOTL FORTIS (B) fi

±

TRUDWI IDPU e gr ±

UDWS HDIQ

GRUPO DRAGADOS iƒ RIETER HLDG N

C

VDTS

e HDRT

± ISDRQ PDHW

s„ e REFUGIUM HOLDING AG ±

PUDPH HDVU

SAN PAOLO IMI FORTIS (NL) xv PRDUR FFFF

e ƒi

± PPDUS HDPP

FCC iƒ SANDVIK -A-

±

IDWS IPDSS

ƒi IPDRW FFFF

e C SACHSENRING AUTO

IHRDSH IDRT

S-E-BANKEN -A- GECINA /RM p‚ HAUTE TECHNOLOGIE C

PRDTV FFFF e ƒi

VRDUH HDWS

GROUPE GTM p‚ SANDVIK -B-

±

PDUW IPDPH C

IRDIT HDPR

qf SALTUS TECHNOLOGY

UDHV FFFF

STANDARD CHARTE HAMMERSON qf C e C

gr SUWDWV IDIP ±

p‚ PPDRW HDSV

VDPU IDUW

HANSON PLC qf SAURER ARBON N AEROSPATIALE MA

±

VQDSH e SDII

± p‚ SWDQH USDQU

e C SCM MICROSYSTEMS

TIDHW HDUQ

STE GENERAL-A-/ ING GROEP xv e ± e

±

UQDSH HDSR e p‚

± p‚ PTSDIH PDVW

TQ HDUW

HEIDELBERGER ZE hi SCHNEIDER ELECT ALCATEL /RM

±

QWDTH HDSH C

IRDWW HDVP

ƒi SER SYSTEME

±

QTDVW IDHV

SV HANDBK -A- REALDANMARK hu e C

C s„ PDQR FFFF

q‚ ITDHW QDTR PVDRH PDIR

HELL.TECHNODO.R q‚ SEAT-PAGINE GIA ALTEC SA REG.

SDVH FFFF C

QDPP PDQQ

ƒi SERO ENTSORGUNG ±

IQDHW HDIQ

SWEDISH MATCH LAND SECURITIES qf C e

C

qf PDII HDVH

xv IHT FFFF

PTDQP HDRH

HERACLES GENL R q‚ SECURICOR ASM LITHOGRAPHY

±

IPI PDUQ

gr PUVDUU FFFF

C SINGULUS TECHNOLOGI

UDQI IDQW

UBS REG LIBERTY INTL qf e C

PSDRI FFFF e ƒi ±

xv PDSP VDIS

QHDWS HDRV

HOCHTIEF ESSEN hi SECURITAS -B- BAAN COMPANY

±

QPDSH

e IDSP

± RDRI IDIP

s„ e SOFTM SOFTWARE BERA ±

WDHP HDQQ

UNICREDITO ITAL MEDIOBANCA s„ e C

qf QDIH FFFF

± fi IIVDWH HDSW IPWHDHS HDRW

HOLDERBANK FINA gr SHANKS GROUP BARCO

C

IDWU C IWDIP

VPDSI HDVP

hu TDS

±

UDSI HDPP

UNIDANMARK -A- MEPC PLC qf e

± ±

UWDPS HDWR e p‚

± qf IVDIR RDVQ

IQQDWH PDIP

IMERYS /RM p‚ SIDEL /RM BOWTHORPE

C

VI HDTP C

IWDSS HDSR

q‚ e TECHNOTRANS

±

IVDST HDUS

XIOSBANK METROVACESA iƒ ±

±

qf RDVP HDQS e C

qf TDTQ HDPS

WDUU HDSI

ITALCEMENTI s„ INVENSYS BAE SYSTEMS

±

IPDWW SDVU

± QIPDIT IDHW

f C TELDAFAX

WDTI HDUH

DJ E STOXX BANK P PROVIDENT FIN qf ±

±

PPDQH HDPU e ƒi ± qf IRDQI S WI HDTH

LAFARGE /RM p‚ SKF -B- CAB & WIRE COMM

±

IU

e TELES AG QDIQ

QVDTH FFFF

RODAMCO CONT. E xv C ± e

C hu PHDUW IDPU

p‚ IWV HDWU IHDIH QDSI

MICHANIKI REG. q‚ SOPHUS BEREND - CAP GEMINI /RM

SDWH FFFF

e C TIPTEL

QVDSS HDIQ

RODAMCO NORTH A xv C ± C

gr UPHDQQ HDVI

qf QWDVI TDUR IDIU IDRS

PILKINGTON PLC qf SULZER FRAT.SA1 COLT TELECOM NE

±

PDRV

TRANSTEC RHDWI

PHDSH FFFF

SCHRODERS PLC qf C e

±

qf SDWU P

p‚ UVDTH IDHI

IRDHP FFFF

RMC GROUP PLC qf T.I.GROUP PLC DASSAULT SYST./

±

QV HDPT

e C W.E.T. AUTOMOTIVE S

US HDPU

SIMCO N /RM p‚ ±

C PRODUITS DE BASE ± PHDPH HDQH e xy

ƒi PHDTH RDSP ISWDWH IDUV

SAINT GOBAIN /R p‚ TOMRA SYSTEMS ERICSSON -B-

FFFF FFFF

C

TDPW IDHV

SLOUGH ESTATES qf e

± e C e„ TPDTU IDRT

s„ IDIR FFFF

C QVDQQ HDWT e ƒi VA TECHNOLOGIE

RSDSR PDII

ACERINOX R iƒ SKANSKA -B- FINMECCANICA

FFFF FFFF

e C

IRIDWH HDSU

UNIBAIL /RM p‚ e ±

± xv II PDTS ± ƒi TDPP HDWU qf PDSI IDWT

± VEDIOR NV

QWDHU IDPH

ALUMINIUM GREEC q‚ TAYLOR WOODROW GAMBRO -A-

FFFF

e FFFF ±

TDWP IDIR

VALLEHERMOSO iƒ

± e ± C HDVP e SUVDQI xv SVDTH UDSH

IIVDUH PDQQ

p‚ f

± DJ E STOXX IND GO P SIDUI PDQU

ANGLO AMERICAN qf TECHNIP /RM GETRONICS

FFFF

e FFFF ±

QHDVH HDQP

WCM BETEILIGUNG hi

±

± hu VPDQU HDWU

q‚ RTDHS HDHQ QDHT FFFF

ARJO WIGGINS AP qf TITAN CEMENT RE GN GREAT NORDIC

FFFF FFFF

±

RDVW PDHI

WOOLWICH PLC qf

e C

± HDHU q‚ RQDUH

e„ PQDPQ HDWR ± IUDVS HDQR

ASSIDOMAEN AB ƒi WIENERB BAUSTOF INTRACOM R

FFFF FFFF

±

HDIT

f DJ E STOXX FINS P PSIDVS

ASSURANCES ±

± qf PWDUR RDSI

SDSP PDTS e qf ± SQDSH HDRU

BEKAERT fi WILLIAMS LOGICA

FFFF FFFF

± ± qf IHDTW HDTP C C

IDIU PPPDVI e RDUU IDUW xv VIDHS HDQI

BILLITON qf f DJ E STOXX CNST P AEGON NV MISYS

FFFF

e FFFF ±

SRDIS IDPP

e ps ± ± RQDWH HDHU qf PDWT IDTU

BOEHLER-UDDEHOL e„ AEGIS GROUP NOKIA

FFFF FFFF

ALIMENTATION ET BOISSON ± qf WDSH PDHU

C C e SDQU QDVV p‚ STDPH HDWH

BUNZL PLC qf AGF /RM NYCOMED AMERSHA

FFFF

e FFFF CONSOMMATION CYCLIQUE ±

xv IRDSH HDTV

C e ± ± IDTR PDHV qf SDWI RDVS s„ IPDHI HDQQ

CORUS GROUP qf ALLIED DOMECQ ALLEANZA ASS OCE

FFFF FFFF

e C s„ QDTS IDQW

C e e ± ± ± UDUQ TDST p‚ RRDRS IDPR qf TDSW IDSH hi QWSDSH I

ELVAL q‚ ACCOR /RM ASSOCIAT BRIT F ALLIANZ N OLIVETTI

FFFF

e FFFF

xv ITPDWH FFFF

C e e C ± ± IP PDRR hi TRDIH QDWH qf IQDQP HDPS qf IIDQV QDSH

ISPAT INTERNATI xv ADIDAS-SALOMON BASS ALLIED ZURICH PHILIPS

FFFF FFFF

±

qf QDVP HDRR

C C e e e ± IQDIH HDPT p‚ IUDPH PDTW e„ QWDSH FFFF xv SRDPH IDRS

JOHNSON MATTHEY qf AIR FCE BBAG OE BRAU-BE ASR VERZEKERING ROLLS ROYCE

FFFF FFFF

C

qf IHDSV IDIP

e e C e ± SQ FFFF qf SDHS PDSV e„ RR HDHU p‚ ISPDTH FFFF

MAYR-MELNHOF KA e„ AIRTOURS PLC BRAU-UNION AXA /RM SAGE GRP

FFFF

e FFFF p‚ QQHH FFFF C

e e C ± ± WDHT HDII s„ PDPH RDQS qf UDRH PDSS gr WTRDSH HDPH

METSAE-SERLA -B ps ALITALIA CADBURY SCHWEPP BALOISE HLDG N SAGEM

FFFF

e FFFF ± hi RUV QDHR C

C e ± PUDWI PDRT e„ ITDQH HDHT hu QRDPI FFFF qf IRDSR IDVI

HOLMEN -B- ƒi AUSTRIAN AIRLIN CARLSBERG -B- BRITANNIC SAP AG

FFFF

e FFFF ±

hi SUS IDRT

C C e C e IQDHT HDHV s„ IHDVH IDQI hu QQDRH FFFF qf ISDRQ HDSS

OUTOKUMPU ps AUTOGRILL CARLSBERG AS -A CGU SAP VZ

FFFF FFFF

± qf ISDVH QDRV

e C e ± ± ± SIDPH HDQW hu QSDWS HDUR hu QSDPV RDQT p‚ QPDUH PDQT

PECHINEY-A- p‚ BANG & OLUFSEN DANISCO CNP ASSURANCES SEMA GROUP

FFFF

e FFFF ±

IRW IDSP

e e e e hi ± ± ± SDTQ FFFF s„ PDHU HDRV p‚ PUHDSH HDWP iƒ ISDUS HDQP

RAUTARUUKKI K ps BENETTON GROUP DANONE /RM CORP MAPFRE R SIEMENS AG N

FFFF FFFF

C

qf IPDVU IDVS C C

C e ± IVDIU IDIP qf TDHU HDVQ q‚ ITDTS HDHW hi IIIDQH HDPU

RIO TINTO qf BRITISH AIRWAYS DELTA HOLDINGS ERGO VERSICHERU SMITHS IND PLC

FFFF

e FFFF ± p‚ TS IDIR C C

C e ± WDSP UDPH s„ IIDPI IDSV qf IHDHR QDHW q‚ QTDIQ HDRI

SIDENOR q‚ BULGARI DIAGEO ETHNIKI GEN INS STMICROELEC SIC

FFFF

e FFFF ± s„ QDVW PDHP C

C e ± ± QRDPH HDVV p‚ IQIDRH HDRS q‚ PTDSV IDIQ hu UQDIP HDWI

SILVER & BARYTE q‚ CLUB MED. /RM ELAIS OLEAGINOU CODAN TECNOST

FFFF

e FFFF ± p‚ QV IDHR

C C C e e ± PDIW IDSH qf ISDHT HDRS p‚ IHQ HDQW fi PUDHT HDPP SMURFIT JEFFERS qf COMPASS GRP ERID.BEGH.SAY / FORTIS (B) THOMSON CSF /RM

e C ps RV IDHS

e e e C e ± ± ± IPDPP IDHS hi PSDQS IDWQ xv QVDUS SDIT s„ QHDHS IDHW STORA ENSO -A- ps DT.LUFTHANSA N HEINEKEN HOLD.N GENERALI ASS TIETOENATOR

hu ISWDQV FFFF e C e ± ± IPDQH IDPH ƒi IWDUR FFFF q‚ IVDPW IDTS e„ ITQDTI IDIR

STORA ENSO -R- ps ELECTROLUX -B- HELLENIC BOTTLI GENERALI HLD VI WILLIAM DEMANT e CODES PAYS ZONE EURO

± WSUDII IDUP C C C e ± f PPDTI HDPU hi UTDTH IDVT q‚ IVDUQ IDTI q‚ PTDIU IDTP SVENSKA CELLULO ƒi EM.TV & MERCHAN HELLENIC SUGAR INTERAM HELLEN DJ E STOXX TECH P FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne

e ± ± ± PRDVH IDUV qf IHDHP IDIT qf PPDUT FFFF qf WDRS PDHV THYSSEN KRUPP hi EMI GROUP KERRY GRP-A- IRISH LIFE & PE IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande

C e C e e e QUDVH SDUQ p‚ HDVI FFFF s„ IDVT FFFF s„ SDHR IDVP

UNION MINIERE fi EURO DISNEY /RM MONTEDISON FONDIARIA ASS SERVICES COLLECTIFS LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche

C e C ± ± QI PDSP qf IHDTQ HDQP gr PHSHDUT HDIQ qf PDUI HDTI UPM-KYMMENE COR ps GRANADA GROUP NESTLE N LEGAL & GENERAL FI : Finlande - BE : Belgique.

C

e e C e e e ± ± ± ISDTW P p‚ ITP IDPS xv RUDIH HDPV s„ IUDQQ QDIV s„ RDSS HDVU

USINOR p‚ HERMES INTL KONINKLIJKE NUM MEDIOLANUM AEM CODESPAYSHORSZONEEURO

C e e e ± ± ± IQDRT RDSH s„ IDQQ FFFF s„ IDPR QDIQ hi PWV IDTS qf WDSH HDIV

VIOHALCO q‚ HPI PARMALAT MUENCH RUECKVER ANGLIAN WATER

CH : Suisse - NO : Norve`ge - DK : Danemark

e e e C ± ± ± QPDSS HDRT xv PHDQH FFFF p‚ SVDUH HDSI qf UDQT HDRT qf PDQI RDIU

VOEST-ALPINE ST e„ KLM PERNOD RICARD / NORWICH UNION BRITISH ENERGY GB : Grande-Bretagne - GR : Gre`ce - SE : Sue`de.

C C e C e ± ± HDVV qf RDHU SDVI ps PDSH WDIU ps TTDRS HDHV qf QDUV HDVW f DJ E STOXX BASI P PHRDPQ HILTON GROUP RAISIO GRP -V- POHJOLA YHTYMAE CENTRICA LeMonde Job: WMQ1205--0024-0 WAS LMQ1205-24 Op.: XX Rev.: 11-05-00 T.: 10:59 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0512 Lcp: 700 CMYK

24 / LE MONDE / VENDREDI 12 MAI 2000 I FINANCES ET MARCHÉS

C ± FFFF FFFF FFFF WWDVS UIDPH TWDRH RSSDPQ PDSQ UPDIS IRDSH IRDTV WTDPW IDPR FFFF BAZAR HOT. VILLE ...... IIQDQH GROUPE PARTOUCHE ... STUDIOCANAL (M)......

± ± RTDIP QHPDSQ QDSI RIDWH IPIDVH FFFF FFFF FFFF IHSDQH IUW IUUDUH IITSDTR HDUQ IUQDWH BIC...... RUDVH GUILBERT...... SUEZ LYON.DES EAU .....

C ± ± WUDVH TRIDSQ QDIU WQDSS QVWDSH QWI PSTRDUW HDQW RIW UTP UQW RVRUDSP QDHP TQS BIS...... IHI GUYENNE GASCOGNE... TF1 ......

C C ± WIDVH THPDIU HDRR VVDWH VIDTS UVDUS SITDSU QDSS UIDSH IIT IIUDVH UUPDUP IDSS IPIDWH VALEURS FRANC¸AISES B.N.P...... WIDRH HACHETTE FILI.MED ..... TECHNIP......

± ± IUI IIPIDTW FFFF ITV RWHDSH RUW QIRPDHQ PDQR RQR QVDRH QV PRWDPT IDHR RH BOLLORE ...... IUI HAVAS ADVERTISING..... THOMSON-CSF......

± ± ± QHQDSH IWWHDVQ HDRW QIWDWH IQTDVH IQQDSH VUSDUH PDRI IPS IHUDQH IHS TVVDUS PDIR IHWDVH BONGRAIN ...... QHS IMERYS(EX.IMETAL)...... THOMSON MULTIMEDI

± ± ± TPR RHWQDIU PDSH TUT IWDVS IWDTH IPVDSU IDPT IU ITUDPH ITSDWH IHVVDPQ HDUV IST b L’action du groupe Publicis était en recul de BOUYGUES ...... TRH IMMEUBLES DE FCE ...... TOTAL FINA ELF......

± ± ± RW QPIDRP HDSI RRDSH QPDVH QPDHR PIHDIU PDQP QR ISIDSH IRVDIH WUIDRU PDPR IRRDSH

2,83 % à 481 euros, dans les premiers échanges, jeudi BOUYGUES OFFS...... RWDPS INFOGRAMES ENTER. ... TRANSICIEL # ......

C ± ±

IHDTS TWDVT QDRH IIDST IHWDWH IHUDUH UHTDRU P IHVDIH SIDWH SHDSS QQIDSW PDTH SHDIH

11 mai. Le groupe a démenti poursuivre des dis- BULL#...... IHDQH INGENICO ...... UBI SOFT ENTERTAI ......

C C ± WPDQS THSDUV HDUI WRDSH TSDRS TS RPTDQU HDTW TH IRIDIH IRIDWH WQHDVH HDSU IQVDSH BUSINESS OBJECTS...... WIDUH ISIS ...... UNIBAIL ......

± ± ± IWU IPWPDPR PDUT PHQ IVDSH IVDRH IPHDUH HDSR IVDIH IIT IIQ URIDPQ PDSW IPS cussions avec Young & Rubicam, qui a noué un ac- CANAL + ...... PHPDTH KAUFMAN ET BROAD .... UNILOG CA......

C ±

PHIDVH IQPQDUP PDWI PHIDVH WH WH SWHDQT FFFF WP IRRDSH IRPDUH WQTDHS IDPS IQWDRH

cord avec WPP, comme l’affirme le Wall Street CAP GEMINI ...... IWTDIH KLEPIERRE COMP.FI ...... UNION ASSUR.FDAL ......

± ± ± RWDII QPPDIR PDQU RVDTH IQPDQH IQPDIH VTTDSP HDIS IHVDSH ITDHI ISDSQ IHIDVU Q ISDIT CARBONE LORRAINE..... SHDQH LABINAL...... USINOR......

Journal. C ± ± TT RQPDWQ IDRW TVDIS WIDSS WHDSS SWQDWU IDHW VV SWDVH THDRH QWTDPH I THDIS CARREFOUR ...... TU LAFARGE...... VALEO ......

C C ±

WPDWS THWDUI IDPH WT USDQH UPDRS RUSDPR QDUV URDSH RH RHDTH PTTDQP IDSH QUDIH b Le cours de Bourse de la Société générale gagnait CASINO GUICHARD ...... WIDVS LAGARDERE...... VALLOUREC......

± ± TQ RIQDPS HDUW TQ SVDSH SUDVH QUWDIR IDPH SHDWH QP QP PHWDWI FFFF PVDSH

0,5 % à 60,5 euros, jeudi matin. Le nominal de l’ac- CASINO GUICH.ADP ...... TQDSH LAPEYRE ...... VIA BANQUE ......

C ± PTHDRH IUHVDII IDQP PRQ THDWS FFFF FFFF FFFF SWDVS IHTDSH IHQDTH TUWDSU PDUP IIIDRH CASTORAMA DUB.(LI..... PSU LEBON (CIE)...... VIVENDI ...... a

± ± ± ISPDVH IHHPDQH HDPH ISR PPWDSH PPQDIH IRTQDRR PDUW IWVDRH ITDPH ITDIH IHSDTI HDTP ISDTH tion a été divisé par quatre, de 5 euros à 1,25 euro, le C.C.F...... ISQDIH LEGRAND ...... WORMS (EX.SOMEAL)....

± ± ± PIIDPH IQVSDQV IDUU PHTDWH IPQ IPPDSH VHQDSS HDRI III IWQ IVVDQH IPQSDIU PDRR IVIDSH

nombre d’actions étant de fait multiplié par quatre. CEGID (LY) ...... PIS LEGRAND ADP ...... ZODIAC......

C

±

RW QPIDRP P RUDSH RQDUI RRDPH PVWDWQ IDIP RIDIP FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF

b Le titre Havas Advertising perdait 1,12 % à CGIP ...... SH LEGRIS INDUST......

C ± TH QWQDSU IDTW THDSH QVDPH QTDQT PQVDSI RDVP RSDPH FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF CHARGEURS...... SW LIBERTY SURF ......

± ± TU RQWDRW HDUR THDIH IIWDSH IIVDTH UUUDWU HDUS IIUDSH FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF 485 euros, jeudi matin, bien que le groupe ait publié CHRISTIAN DALLOZ ...... TUDSH LOCINDUS......

± ± PRU ITPHDPI IDHR PRR UTHDSH USQDSH RWRPDTR HDWP UQI FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF

un chiffre d’affaires trimestriel en hausse de 39,5 % CHRISTIAN DIOR ...... PRWDTH L’OREAL ......

C ±

IHPDVH TURDQP HDUV WW RSQDRH RRQDUH PWIHDRV PDIR RQI FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF

et maintenu ses objectifs de croissance pour 2000. CIC -ACTIONS A...... IHP LVMH MOET HEN......

C ± SPDUS QRTDHP HDIW SIDVS VPDIH VPDSH SRIDIT HDRW VHDTS FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF CIMENTS FRANCAIS ...... SPDVS MARINE WENDEL ......

C

IHV UHVDRQ FFFF WVDRH TDUV UDHS RTDPR QDWV TDUH FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF b L’action Air France gagnait 0,42 % à 16,82 euros, CLARINS ...... IHV METALEUROP ......

± ±

IQIDRH VTIDWQ HDRS IQW QVDPH QV PRWDPT HDSP QUDUS FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF

jeudi matin, à la suite de l’annonce des ventes du CLUB MEDITERRANEE .. IQP MICHELIN......

± ± QPDUH PIRDSH PDQT QIDSH PVDQW PVDIH IVRDQP IDHP PUDWH FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF CNP ASSURANCES ...... QQDRW MONTUPET SA......

groupe, en hausse de 13,5 % sur l’exercice 1999/2000. ± ± IHQDTH TUWDSU IDQQ IHR TDII TDHQ QWDSS IDQI U COFACE...... IHS MOULINEX ......

± ± IPS VIWDWS IDIW WTDIH UVDWH UVDSH SIRDWQ HDSI UR

Par ailleurs, Air France va créer un portail européen COFLEXIP...... IPTDSH NATEXIS BQ POP......

C ± Compen- IWT IPVSDTV RDQW IVHDPH QHDUR QHDUV PHIDWH HDIQ PVDRR

COLAS ...... PHS NEOPOST...... Pre´ce´dent Cours Cours % Var.

sur Internet avec les compagnies aériennes British International sation ± ± f QVDIS PSHDPS IDWQ QT IVDUR IVDSH IPIDQS IDPV IUDSS

CDE PROV. REGPT...... QVDWH NORBERT DENTRES.# ... en euros en euros en francs veille

(1)

± ± QUDUT PRUDTW IDWP QWDUH PTDVV PTDVT IUTDIW HDHU PSDWI Airways, Lufthansa, KLM, Alitalia, Aer Lingus, Ibe- CPR ...... QVDSH NORD-EST......

± ± ± ISDRS IHIDQS HDWT IRDHS THDUS THDTS QWUDVR HDIT SWDUS ITQDIH ISW IHRPDWU PDSI IRTDVH

ria, SAS, Austrian, British Midland et Finnair. CRED.FON.FRANCE ...... ISDTH NORDON (NY)...... AMERICAN EXPRESS......

C C ±

SQDSH QSHDWR HDPV SIDSH TUQ TTW RQVVDQS HDSW TPUDSH QWDVS RHDSH PTSDTT IDTQ SQDWH

b Pinault Printemps Redoute, qui progressait de CFF.RECYCLING ...... SQDQS NRJ # ...... A.T.T. #......

C ± ± RR PVVDTP PDPP QVDPS VDQV VDQW SSDHQ HDIP VDUH PHDTH PHDSH IQRDRU HDRW IUDSH CREDIT LYONNAIS...... RS OLIPAR...... BARRICK GOLD #......

C ± ± STDSH QUHDTP QDHW TUDIH SI SIDTH QQVDRU IDIV RVDSH IUDQH IUDPH IIPDVP HDSV IUDII 0,25 % à 203,5 euros, jeudi matin en Bourse, a acquis CS SIGNAUX(CSEE)...... SVDQH PECHINEY ACT ORD ...... CROWN CORK ORD. #....

C C

± TVDIH RRTDUI HDIS TW TUR TUI RRHIDRU HDRS THT PRDRR PRDSS ITIDHR HDRS PHDRS

la participation de la Caisse des Dépôts et Consigna- DAMART ...... TV PENAUILLE POLY.CB...... DE BEERS # ......

± ± ± PUHDVH IUUTDQQ HDVI PRW SW SVDUS QVSDQU HDRP SH SRDTH SRDSH QSUDSH HDIV STDTH

tions dans le capital de Guilbert (soit 7,32 % du capi- DANONE...... PUQ PERNOD-RICARD...... DU PONT NEMOURS # .. C ± ± IVT IPPHDHV PDHW ITSDQH PQQDSH PPWDVH ISHUDQW IDSV PPUDWH PIDUS PHDVI IQTDSH RDQP VTDQS DASSAULT-AVIATION..... IVPDPH PEUGEOT...... ERICSSON # ...... x

± ± ±

UVDWH SIUDSS HDTQ UPDRH PHQ PHPDTH IQPVDWU HDPH PHIDIH SVDVS STDSH QUHDTP QDWW SW tal et 11,53 % des droits de vote). DASSAULT SYSTEMES.... UWDRH PINAULT-PRINT.RED..... FORD MOTOR # ......

C C ± TH QWQDSU HDTU SSDSH IPW IQHDSH VSTDHP IDIT IPU ITVDPH ITUDWH IIHIDQS HDIV ITRDUH DE DIETRICH...... SWDTH PLASTIC OMN.(LY) ...... GENERAL ELECTR. #......

± ± ± TWDIH RSQDPU IDHU TUDPH RWS RVTDSH QIWIDPQ IDUP RQW WH VWDQH SVSDUU HDUV WPDRS DEVEAUX(LY)# ...... TWDVS PUBLICIS #...... GENERAL MOTORS # .....

± ± RDVH QIDRW FFFF RDQI PQDWH PQDRU ISQDWS IDVH PHDIH IRDHP IQDUU WHDQQ IDUV IPDVH DMC (DOLLFUS MI)...... RDVH REMY COINTREAU...... HITACHI #......

C C

± PTDPS IUPDIW HDIW PS RWDWW RVDVI QPHDIU PDQT RSDSH IIPDWH IIRDIH URVDRS IDHT IIW

RE`GLEMENT MENSUEL DYNACTION...... PTDPH RENAULT ...... I.B.M...... a

± ± ±

STDPH QTVDTS HDSQ SSDPH UUDWH USDTH RWSDWH PDWS TVDUH URDSS UH RSWDIU TDIH UQDWH

______EIFFAGE ...... STDSH REXEL...... ITO YOKADO #......

± ± ± IPDUH VQDQI HDUV IIDQI PHDTT PHDHU IQIDTS PDVT IW PWDHT PUDPH IUVDRP TDRH PUDQH ELIOR ...... IPDVH RHODIA ...... MATSUSHITA......

± ± ± SP QRIDIH HDPW SHDUH TDRP TDRH RIDWV HDQI TDQW RPDIS RIDQI PUHDWV IDWW QRDIH ERAMET ...... SPDIS ROCHETTE (LA) ...... MC DONALD’S ......

ti hs II wes Cours releve´sa` 12 h 30

C C C IHPDUH TUQDTU HDIH VUDPH IIHDIH IIIDQH UQHDHV IDHW WQDSS UQDVH USDQS RWRDPT PDIH UH ERIDANIA BEGHIN...... IHPDTH ROYAL CANIN...... MERK AND CO ......

C ± ±

PWT IWRIDTQ HDQR PUV PHRH PHQS IQQRVDUP HDPS PHRH WDVH WDUW TRDPP HDIH WDPW ESSILOR INTL ...... PWS RUE IMPERIALE (LY...... MITSUBISHI CORP.# ...... viquid—tion X PR m—i

± ± TPDVS RIPDPU IDHP ST RHDIQ RH PTPDQV HDQP QWDTR IQR FFFF FFFF FFFF IQQDRH ESSO...... TQDSH SADE (NY) ...... MORGAN J.P.# ......

C ± SQDUH QSPDPS HDST FFFF IQHHDSH IQIP VTHTDIT HDVV IPRH IQDWS FFFF FFFF FFFF IIDSI EULER ...... SR SAGEM S.A...... NIPP. MEATPACKER#.....

C C ± RRH PVVTDPI HDWP RWS ISUDIH ITI IHSTDHW PDRV IRTDIH PTDPP PTDHU IUIDHI HDSU PIDPP EURAFRANCE...... RQT SAINT-GOBAIN...... PHILIP MORRIS#......

Compen- C HDVI SDQI FFFF HDVQ URDVH FFFF FFFF FFFF UIDPH UH UHDVH RTRDRP IDIR UH

Pre´ce´dent Cours Cours % Var. EURO DISNEY...... HDVI SALVEPAR (NY) ...... PROCTER GAMBLE ......

France sation ± f ± IDIQ UDRI FFFF IDIP RQDWH RQDTV PVTDSP HDSH RIDPS IWDPV IVDPH IIWDQV SDTH ITDVH

en euros en euros en francs veille EUROTUNNEL...... IDIQ SANOFI SYNTHELABO ... SEGA ENTERPRISES ......

(1)

C ± FFFF FFFF FFFF UP UQDWH UQDRH RVIDRU HDTV TVDSH VP VQDRH SRUDHU IDUI UUDVH FACOM SA...... UR SCHNEIDER ELECTRI..... SCHLUMBERGER# ......

C C ± ± IRVDWH WUTDUP PDRV IRSDWH RHDIS RIDPS PUHDSV PDUR RQDIH RW RVDST QIVDSQ HDWH RT IIUDIH IIRDWH USQDTW IDVV IPVDSH B.N.P. (T.P)...... IRSDQH FAURECIA ...... SCOR...... SONY CORP.#RGA ......

C ± ± ± IRRDVH WRWDVQ PDRU IRQDSH ISS ISQDIH IHHRDPU IDPQ IRIDTH UIDVH TWDSH RSSDVW QDPH TQDSH IRDUT IQDTI VWDPV UDUW ISDHW CR.LYONNAIS(TP) L ...... IRIDQI FIMALAC SA...... S.E.B...... SUMITOMO BANK #......

C C ± QQH PITRDTT HDPI QISDTH UTDPH UT RWVDSQ HDPT UWDSH QSDQW QSDRH PQPDPI HDHQ QQDSP RENAULT (T.P.)...... QPWDQH FIVES-LILLE...... SEITA......

± ± IUIDUH IIPTDPV FFFF IUHDTH IIHDSH IIH UPIDSS HDRS IIPDSH ITDWQ ITDVH IIHDPH HDUU ITDRH SAINT GOBAIN(T.P...... IUIDUH FONC.LYON.# ...... SELECTIBANQUE......

C

± ± ISRDSH IHIQDRS HDWT IST IRRDSH IRUDPH WTSDSU IDVU IUHDPH RRDSH RR PVVDTP IDIP RI

THOMSON S.A (T.P) ...... IST FRANCE TELECOM...... SGE...... ABRE´VIATIONS

± ± RRDQW PWIDIV IDQV RQDRV UHS FFFF FFFF FFFF TSQ VH UW SIVDPI IDPS TTDSH

ACCOR ...... RSDHI FROMAGERIES BEL...... SIDEL......

B = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille; Ny = Nancy; Ns = Nantes.

C C ± PPDSR IRUDVS HDVI PHDRS PHPDSH PHP IQPSDHQ HDPS IVQDSH IRSDTH IRSDWH WSUDHR HDPI IRIDTH AEROSPATIALE MATR.... PPDQT GALERIES LAFAYETT ...... SILIC CA ......

C C C

STDIH QTUDWW HDUP SRDHS UPDQS UQDSH RVPDIQ IDSW UQDSH URDVH US RWIDWU HDPU US AGF ...... SSDUH GAUMONT #...... x SIMCO...... SYMBOLES

C C ± IUDIQ IIPDQU PDPU IUDPS TPDRS TPDQH RHVDTT HDPR TIDTS IQDWW IRDRP WRDSW QDHU IRDQW

AIR FRANCE GPE NO ..... ITDUS GAZ ET EAUX ...... SKIS ROSSIGNOL...... 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; a coupon

C ± ± IRRDWH WSHDRV PDRP IRRDUH IHQ IHRDVH TVUDRR IDUS IHQ THDPH SWDSH QWHDPW IDIT PPH

AIR LIQUIDE ...... a IRVDSH GECINA...... SOCIETE GENERALE...... x de´tache´; b droit de´tache´; # contrat d’animation ; o = offert ;

C ± ± PTSDQH IURHDPS PDVP PPSDIH UIDWH UH RSWDIU PDTR TP ITVDWH IUHDPH IIITDRR HDUU ISRDSH

ALCATEL ...... PUQ GEOPHYSIQUE ...... SODEXHO ALLIANCE...... d = demande´; x offre re´duite ; y demande re´duite; d cours pre´ce´dent.

C ± ±

PVDIP IVRDRT IDUU PUDPH ITS ISQDVH IHHVDVT TDUW ITHDSH UTDPS USDRH RWRDSW IDII UTDHS

ALSTOM...... PUDTQ GFI INFORMATIQUE...... SOGEPARC (FIN) ...... `

± ± ± DERNIERE COLONNE RM (1) : PPTDRH IRVSDHW QDSH PHV PWDVH PW IWHDPQ PDTV QHDWV PSDTQ PSDSH ITUDPU HDSI PQDVH ALTRAN TECHNO. #...... PQRDTH GRANDVISION ...... SOMMER-ALLIBERT......

C ± ± IIIDTH UQPDHS HDTP IHV IQVDSH IQU VWVDTT IDHV IUP PTDWS PUDQH IUWDHV IDQH PRDWH ATOS CA...... IIPDQH GROUPE ANDRE S.A...... SOPHIA ...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi : montant du

C ± ± TRDSH RPQDHW HDRU TH UUDUH UTDQH SHHDSH IDVH UT WT WSDWS TPWDQW HDHS WI AVENTIS...... TRDPH GROUPE GASCOGNE ..... SOPRA # ...... coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement dernier coupon ;

C ± ISPDPH WWVDQU IDPT ISQDUH SSDWH SSDSH QTRDHT HDUP RVDQR IHS IHS TVVDUS FFFF WSDUH AXA...... x ISHDQH GR.ZANNIER (LY) #...... SPIR COMMUNIC. # ...... Jeudi date´ vendredi : compensation ; Vendredi date´ samedi : nominal.

C ± ± IPT VPTDSI HDVH IPIDSH VQDWH VQDQS SRTDUR HDTT VIDWH QHIDSH PWW IWTIDQI HDVQ PWHDRH BAIL INVESTIS...... IPS GROUPE GTM ...... SR TELEPERFORMANC ..

@€u˜li™iteÂA

WVDQW FFFF TDVH RRDTI FFFF CEREP ACT.NV...... d IS MILLE AMIS N .....d

± ISDHW FFFF TDSI RPDUH SDQV CHEMUNEX # ...... PDQH MONDIAL PECH ..

± ± STPDIT RDVV QRDQH PPRDWW SDPS NOUVEAU COHERIS ATIX ...... VSDUH MULTIMANIA ...... SECOND

± WWDHS FFFF IP UVDUI HDVQ

CMT MEDICAL...... ISDIH NATUREX...... ______

C

PRPDUH FFFF PV IVQDTU QDSI

´ COIL ...... QU NETGEM...... C ±

QWQDPS IDUP PVDSH IVTDWS IDUW

MARCHE CONSODATA #...... SWDWS NETVALUE # ...... MARCHE´

C RIQDPS FFFF UPDTH RUTDPP PDWV CONSODATA NO ..d TQ NICOX......

± ISUDRQ R US RWIDWU FFFF

CONSORS FRAN ... PR NICOX NOUV.0 ....d

ti hs II wes

C ± ITQWDVW IDTQ TQ RIQDPS QDHV CROSS SYSTEM .... PSH OLITEC ...... ti hs II wes

±

SVPDRW PDHW QDIS PHDTT FFFF

Cours releve´sa` 12 h 30 CRYO INTERAC..... VVDVH OXIS INTL RG ......

ne se le™tionF

± ´ ` SIWDSP FFFF VS SSUDST VDHI CRYO INTERAC.....d UWDPH PERFECT TECH.... Cours relevesa12 h 30

C ± PVQDQU HDRU ITDIP IHSDUR IVDWW CYBER PRES.P ...... RQDPH PHONE SYS.NE ....

Cours Cours % Var. Cours Cours % Var. C ± STDHV PDPU IHIDTH TTTDRS PDQI

CYRANO #...... VDSS PICOGIGA ......

Valeurs f en euros en francs veille Valeurs f en euros en francs veille

± ± TTDPS HDRW PIS IRIHDQI SDRW DESK #...... IHDIH PROSODIE #......

C ± ± IVSDTR PDRI HDRR PDVW PDQQ QH IWTDUW FFFF IUWDPH IIUSDRU RDWQ ABEL GUILLEM..... PVDQH DESK BS 98...... PROSODIE BS ...... d ALTEN # ......

± ± ± VPDWV RDSQ IRIDUH WPWDRW QDSR IQPDIH VTTDSP RDWT UQ RUVDVS FFFF AB SOFT...... IPDTS DEVOTEAM #...... PROLOGUE SOF... ARKOPHARMA #...

C ± ± ± QSVDIS PDSH WDSH TPDQP QDSS PDHI IQDIV HDSH TH QWQDSU PDRR ACCESS COMME .. SRDTH DMS #...... PROXIDIS...... ASSYSTEM # ......

C C ± ITWDPR IDIV WS TPQDIT HDQI R PTDPR FFFF WDTH TPDWU IDHS ADL PARTNER...... PSDVH D INTERACTIV...... PROXIDIS ACT .....d FINACOR......

C ± PHWDWI UDII RP PUSDSH FFFF T QWDQT FFFF QR PPQDHQ IDRW ALGORIEL#...... QP DIOSOS...... QUANTEL...... FININFO......

± ± ± ± VSDPU QDUU RDUI QHDWH HDVR QDVH PRDWQ S TPDWH RIPDTH IDST ALPHAMEDIA...... IQ DURAND ALLIZ .... QUANTUM APPL.. CNIM CA# ......

± ± ± ± SPDRV SDQQ IIH UPIDSS TDQV QWDIH PSTDRV PDPQ VR SSI IDIV ALPHA MOS #...... V DURAN DUBOI..... R2I SANTE ...... GEODIS......

± ± ± ITVSDVI VDIV IR WIDVQ FFFF SQDTS QSIDWP TDPI TIR RHPUDSV HDIT ALTAMIR & CI...... PSU DURAN BS 00 ...... d RECIF #...... M6-METROPOLE ..

C PHVSDWR FFFF ITDSH IHVDPQ FFFF SR QSRDPP IDSH ITH IHRWDSQ FFFF ALTAMIR ACT...... d QIV EFFIK # ...... d REPONSE # ...... HERMES INTL ......

C C ± UPDIT FFFF IWT IPVSDTV IDUI IIDRH URDUV IDUW SQDVH QSPDWH IDSI ALTAMIR BS 9 ...... d II EGIDE # ...... REGINA RUBEN ... RALLYE(CATHI......

± ± ± QPDVH ISDPS IIDRS USDII VDUT QVDSH PSPDSR FFFF IHH TSSDWT RDTU ALDETA...... S EMME(JCE 1/1...... RIGIFLEX INT...... FINATIS(EX.L......

C ± ± ± PSQDVT UDVT QS PPWDSV IDWT IRDPS WQDRU HDQS IHVDWH UIRDQR HDHW ALTI #...... QVDUH ESKER...... SAVEURS DE F ..... CEGEDIM # ......

± ± ± ± IUHVDUU QDSP IVVDIH IPQQDVT QDUW PTDSH IUQDVQ QDTH IUI IIPIDTW IDQQ A NOVO...... PTHDSH EUROFINS SCI...... GUILLEMOT BS.... STERIA GROUP.....

C ± ± ITUDPU UDPU WDWH TRDWR FFFF WDPI THDRI IDIV VS SSUDST TDPS ARTPRICE COM.... PSDSH EURO.CARGO S..... SELF TRADE...... MANITOU #......

C ± ± ITDRH FFFF RHDSS PTSDWW QDWI U RSDWP RDRV WWDSH TSPDTV IDRW ASTRA ...... PDSH EUROPSTAT #...... SERP RECYCLA..... BENETEAU CA# ....

± QWDQT FFFF IU IIIDSI FFFF SUDWS QVHDIQ IDUV IIPDQH UQTDTR FFFF ATN...... T FABMASTER #...... d SILICOMP #...... ASSUR.BQ.POP.....

C ± ± ± IPUDWI PDPT PQDIH ISIDSQ RDQS QQDIH PIUDIP SDSW USDRS RWRDWP HDTH AUTOMA TECH .... IWDSH FIMATEX...... SOFT COMPUTI ... MANUTAN INTE...

C ± ± ± ± ± IVTIDTI PDQI TS RPTDQU UDVH PTDIS IUIDSQ QDIS VRDWH SSTDWI IQDPH QIPDWH PHSPDRW IDPW IVIDWH IIWQDIW IDTV AVENIR TELEC...... PVQDVH FI SYSTEM # ...... HIMALAYA ...... INTERCALL #...... SOI TEC SILI ...... APRIL S.A.#(......

C ± ± ± ± ± IIVDHU SDPT IIDIR UQDHU HDQT IQTDPH VWQDRI HDSV IIT UTHDWI HDVS ISPDPH WWVDQU IDVU ISQ IHHQDTI IDPW AVENIR TELEC...... IV FLOREANE MED ... HOLOGRAM IND . IPSOS #...... STACI # ...... UNION FIN.FR .....

± ± ± UTDHW FFFF SI QQRDSR QDUU TDQS RIDTS WDHQ SSDPH QTPDHW QDIT IDRQ WDQV FFFF UP RUPDPW FFFF BARBARA BUI...... IIDTH GENERIX #...... IDP...... IT LINK...... STELAX ...... d BRICORAMA #......

± ± ± ± RPSDHT QDPI RVDHS QISDIW TDQR IDHU UDHP FFFF QDSH PPDWT FFFF PI IQUDUS VDIH TVDHS RRTDQV IDRS BELVEDERE...... TRDVH GENESYS #...... IDP BON 98 ( ...... d JOLIEZ-REGOL...... d SYNELEC #...... JET MULTIMED....

C ± ± IUSDHI FFFF SPDPH QRPDRI FFFF PH IQIDIW PDRR HDIU IDIP FFFF PHDUH IQSDUV IDUI UQDQH RVHDVP HDWT BIODOME #...... d PTDTV GENESYS NV 0...... d IGE + XAO ...... JOLIEZ-REGOL...... d SYSTAR NOM...... ALGECO #......

C C ± ± ± ± IVRDQP HDQT VR SSI HDIV QUDPQ PRRDPI QDRP IUR IIRIDQU IDTW PWDSH IWQDSI IDTU PRDUS ITPDQS HDTI BOURSE DIREC .... PVDIH GENSET...... ILOG #...... KALISTO ENTE ..... TEL.RES.SERV...... HYPARLO #(LY......

± ± ± ± ± QSPDWH PDIV VWDTH SVUDUR FFFF TDWS RSDSW IDVR TDIH RHDHI HDRW IVDPH IIWDQV QDWT TIDSH RHQDRI HDUQ BRIME TECHNO... SQDVH GENSET NV J0 ...... d IMECOM GROUP . LACIE GROUP...... TELECOM CITY .... GROUPE BOURB ..

C C C ± ± URHDSV IDVQ SRDWH QTHDIP IDTU ISDWW IHRDVW RDVP PQDRH ISQDRW TDQT QDTH PQDTI FFFF ISP WWUDHS HDQQ BVRP EX DT S...... IIPDWH GL TRADE #...... INFOSOURCES..... LEXIBOOK #...... TETE DS LES...... C.A. PARIS I......

C C ± ± ± ± WVDQW IQDUW SPDVH QRTDQS HDST UH RSWDIU IDRI QQ PITDRU HDTI PS ITQDWW UDHT VSDHS SSUDVW HDSQ CAC SYSTEMES .... IS GUILLEMOT #...... INFOSOURCE B.... MEDIDEP #...... THERMATECH I ... L.D.C......

± ± ± ± PVPDHT RDRR HDTP RDHU FFFF IHHDSH TSWDPR IDWS QQDSR PPHDHI FFFF PRDHP ISUDST QDWP VWDVH SVWDHS IDUS CAST ...... RQ GUYANOR ACTI .... INFOTEL # ...... MEDIDEP ACT...... d TITUS INTERA ..... BRIOCHE PASQ ....

C ± ± ± ± RUHDQP SDHQ IHIDTH TTTDRS TDQT PR ISUDRQ RDQV RS PWSDIV RDRI QPDRH PIPDSQ FFFF PSDPI ITSDQU IDIH CEREP ...... UIDUH HF COMPANY...... INTEGRA NET...... METROLOGIC G ... TITUS INTER...... d ETAM DEVELOP ...

C ± UPPDPI FFFF IPP VHHDPU PDSP FFFF FFFF FFFF TDVH RRDTI FFFF VP SQUDVV FFFF SQDQH QRWDTQ HDTS CEREP ACT.NV .....d IIHDIH HIGH CO...... INTEGRA ACT...... MILLE AMIS #...... d TITUS INTER...... d BOIRON (LY)# ......

´ ´ ´ IHWDVU HWGHS

Sicav en ligne : OPTALIS SERENITE D ...... ITDUS Fonds communs de placements Fonds communs de placements

RWIDUI HWGHS

PACTE SOL. LOGEM...... URDWT

SRUDUW IHGHS ´ VQDSI IPPDRU IHGHS

08 36 68 09 00 (2,23 F/mn) CM OPTION MODERATION . IVDTU POSTE EUROPE C......

SPQDUV HWGHS

SICAV et FCP PACTE SOL.TIERS MONDE .. UWDVS SQHDIR IHGHS

´ POSTE EUROPE D ...... VHDVP RPHDWQ IHGHS

ECUR. 1,2,3... FUTUR ...... TRDIU ` IIUHDST IHGHS

´ POSTE PREMIERE 8 ANS C... IUVDRS SVSDIV IHGHS

ECUR. ACT. FUT.D PEA...... VWDPI ` IHWUDSS IHGHS

´ CRE´DIT AGRICOLE POSTE PREMIERE 8 ANS D... ITUDQP ISPDIP IHGHS

ECUR. ACTIONS EUROP. C ... PQDIW

 le™tionF

ne se ´ IISTDPT HVGHS Cours de cloˆ ture le 10 mai IUTDPU

´ AMERIQUE 2000...... PTRDRP IHGHS

ECUR. CAPITALISATION C.... RHDQI 08 36 68 56 55 (2,23 F/mn) SG ASSET MANAGEMENT

UHIDQS HVGHS

´ ASIE 2000...... IHTDWP QVQDRU IHGHS

ECUR. DYNAMIQUE+ DPEA SVDRT

IIWQDSV IIGHS

UNIVAR C ...... IVIDWT Serveur vocal :

IWTPDRW HWGHS

Valeurs unitaires e Date ´ ´ NOUVELLE EUROPE...... PWWDIV

QSUDHR IHGHS

´ ECUR. ENERGIE D PEA...... SRDRQ

IIWQDSV IIGHS

Emetteurs f UNIVAR D...... IVIDWT ´ 08 36 68 36 62 (2,23 F/mn) PISSQDSU IHGHS

Euros francsee cours ´ SAINT-HONORE CAPITAL C . QPVSDVP WHTPRDUW IHGHS

ECUR. EXPANSION C...... IQVISDTT

´ PHVHUDRV IHGHS ISRDHR IHIHDRR IHGHS

´ SAINT-HONORE CAPITAL D. QIUPDHV CADENCE 1 D...... PTHDPV IHGHS

AGIPI ECUR. EXPANSIONPLUS C.... QWDTV

IHHHDRH IHGHS ´ ISPDSI PPRPDIQ IHGHS

´ ST-HONORE CONVERTIBLES QRIDVI CADENCE 2 D...... RRVDQS IHGHS

ECUR. INVESTIS. D PEA...... TVDQS

WWWDTV IHGHS

´ ISPDRH RTRDTI HVGHS

ST-HONORE FRANCE...... UHDVQ CADENCE 3 D......

QHDQQ IWVDWS IHGHS TIIDTI IHGHS ´ ´ WQDPR IQWHDVQ IHGHS

AGIPI AMBITION (AXA) ...... EC. MONET.C/10 30/11/98...... PIPDHQ AURECIC......

QSSDTT IHGHS

´ ´ SRDPP SRHDUI HVGHS

ST-HONORE MAR. EMER. .... VPDRQ INTEROBLIG C ...... PISDVI IHGHS QPDWH ´ ´ IVTDRQ IPPPDWH IHGHS PWVDUP IHGHS

AGIPI ACTIONS (AXA)...... EC. MONET.D/10 30/11/98...... CIC FRANCIC ...... RSDSR

´ TIUDUI IHGHS

´ WRDIU IHWTDWT IHGHS

´ ST-HONORE PACIFIQUE ...... ITUDPQ INTERSELECTION FR. D...... ITTDST IHWPDST IHGHS

IHTTDIW HWGHS

ECUR. OBLIG. INTERNAT. .... CIC FINUNION ...... ITPDSR

´ ´ IPTUDWT IHGHS

´ IWQDQH IUPIDRQ HWGHS

´ ST-HONORE TECH. MEDIA .. PTPDRQ SELECT DEFENSIF C...... PTWDPU IUTTDQH IHGHS

PIQSDTT IHGHS

3615 BNP ECUR. TRIMESTRIEL D...... QPSDSV

CAPITAL AVENIR...... ´ IWVRDWQ IHGHS

´ ´ SELECT DYNAMIQUE C ...... QHPDTH

PSPVDUV IHGHS ´ ST-HONORE VIE SANTE ...... QVSDSI PUDQI IUWDIR IHGHS

PTPDTS IHGHS EPARCOURT-SICAV D...... RHDHR

CICAMONDE...... ´ ´ IPRTDIW IHGHS

´ SELECT EQUILIBRE 2...... IVWDWV IPSDHU VPHDRI IHGHS IIHWDTV HSGHS ITWDIU ´ IQUTIDTS IHGHS

PHWUDWS ST-HONORE WORLD LEAD. .

TQTDHP IHGHS BNP ACTIONS EURO...... GEOPTIM C ...... WTDWT

CONVERTICIC...... ´ IPVRDIU IHGHS

SELECT PEA 3...... IWSDUU

THUDRP QWVRDRI IHGHS IQQTDQV IHGHS

PHQDUQ HORIZON C...... SQHRDWP IHGHS

BNP ACTIONS FRANCE...... EPARCIC ...... VHVDUQ

QUUQDWP IHGHS

´ ´ SG FRANCE OPPORT. C...... SUSDQQ IRDQS WRDIQ IHGHS

IRSUDWQ HSGHS

PPPDPT PREVOYANCE ECUR. D......

QUQRDPQ IHGHS

BNP ACT. MIDCAP EURO..... EUROCIC LEADERS...... STWDPV LEGAL & GENERAL BANK

QSQQDTR IHGHS

SG FRANCE OPPORT. D ...... SQVDUH

RPUDVP IHGHS

TSDPP ´ SRTDQS IIGHS

BNP ACT. MIDCAP FR...... Fonds communs de placements EUROPE REGIONS...... VQDPW

RHWHDRP IHGHS

SOGENFRANCE C...... TPQDSV

PQSDHU ISRIDWT IHGHS

PIRDTQ IHGHS

BNP ACTIONS MONDE...... QPDUP ´ IWSRDWS HWGHS

´ ´ PWVDHQ PSPDHP IHGHS

ECUREUIL EQUILIBRE C...... QVDRP FRANCIC PIERRE...... SECURITAUX ...... QTVTDIS IHGHS

SOGENFRANCE D...... STIDWS

PTRDWH IUQUDTQ HWGHS

WQRSDQS IHGHS

BNP ACTIONS PEA EURO..... IRPRDTW ´ IVIPDSR HWGHS

´ PUTDQP PIRDIU IHGHS

ECUREUIL PRUDENCE C ...... QPDTS MENSUELCIC...... STRATEGIE IND. EUROPE ....

TUIDQU IHGHS

´ SOGEOBLIG C...... IHPDQS QRDTT PPUDQS IHGHS

RSQHDIU IHGHS

BNP EP. PATRIMOINE...... ´ ´ TWHDTP QISDSP IHGHS RVDIH ´ PIWVDTR HWGHS ECUREUIL VITALITE C ...... OBLICIC MONDIAL...... STRATEGIE RENDEMENT .... QQSDIV ´ PWIDWH IHGHS

SOGEPARGNE D...... RRDSH

´

PUQDPU HSGHS

RIDTT ´ IITQDUQ IHGHS

BNP EPARGNE RETRAITE .... OBLICIC REGIONS...... IUUDRI IWRHDPT IHGHS

SOGEPEA EUROPE...... PWSDUW

´ PQRRDUW ISQVHDVI IHGHS

ISTDTR IHGHS BNP MONE COURT TERME . RENTACIC...... PQDVV TTVDPP IHGHS

Sicav Info Poste : SOGINTER C...... IHIDVU

´ CRE´DIT AGRICOLE VVRDSU SVHPDRH IHGHS PRPUDHR IHGHS BNP MONETAIRE C...... SECURICIC...... QUH 08 36 68 50 10 (2,23 F/mn)

´ 08 36 68 56 55 (2,23 F/mn) Fonds communs de placements VHPDPS SPTPDRP IHGHS

PISSDUR IHGHS

BNP MONETAIRE D ...... SECURICIC D ...... QPVDTR

FFFF

ADDILYS C ...... FFFF ´ ISTDQV HWGHS

´ DECLIC ACTIONS EURO...... PQDVR VRTUPDTR IHGHS

IPWHVDPT ´ QTIDQH IHGHS

BNP MONE PLACEMENT C.. ATOUT AMERIQUE ...... SSDHV ´ PHWDSI IHGHS

AMPLITUDE AMERIQUE C ... QIDWR ´ RSQDRT HWGHS

´ DECLIC ACTIONS FRANC ..... TWDIQ

IISTWDTP USVWIDUQ IHGHS IWQDRR IHGHS

BNP MONE PLACEMENT D.. ATOUT ASIE...... PWDRW ´ PHUDTI IHGHS

AMPLITUDE AMERIQUE D... QIDTS ´ QTSDVW HWGHS

DECLIC ACTIONS INTER...... SSDUV

RPPSDSR IHGHS ´ ´ ´ TRRDIV IITRSDIR IHGHS

BNP MONE SECURITE ...... IUUSDPW ATOUT CROISSANCE......

QIQDWR IHGHS

AMPLITUDE EUROPE C...... RUDVT ´ RIWDTV HWGHS

DECLIC BOURSE PEA ...... TQDWV

PIRWDSU IHGHS ´ ´ QPUDUH WTHHPRDTW IHGHS

IRTQSRDVP ´ IRHHDVT IHGHS

BNP MONE TRESORIE ...... ATOUT FONCIER...... EURCO SOLIDARITE ...... PIQDST

QHTDTT IHGHS

RTDUS ´ ´ IPRDSU HWGHS

AMPLITUDE EUROPE D ...... DECLIC BOURSE EQUILIBRE IVDWW

PSTDWS ITVSDRV IHGHS

ITHDRH IHSPDIT IHGHS

TIHIDSP IHGHS

BNP OBLIG. CT ...... ATOUT FRANCE EUROPE ..... LION 20000 C/3 11/06/99 ...... WQHDIU

PIVQDIT IHGHS

QQPDVP ´

IIIDIP HWGHS

AMPLITUDE MONDE C...... DECLIC OBLIG. EUROPE...... ITDWR

TPDIW RHUDWR IHGHS

PISDRP IHGHS

QPDVR ATOUT FRANCE MONDE...... SRRQDUP IHGHS

BNP OBLIG. LT...... LION 20000 D/3 11/06/99 ...... VPWDVW

IWUSDVU IHGHS

QHIDPP ´

PHQDVI HWGHS

AMPLITUDE MONDE D ...... DECLIC PEA EUROPE ...... QIDHU

IUTQDSR IHGHS

ATOUT FUTUR C ...... PTVDVS IVWDSW IPRQDTQ IHGHS IRVTDUW IHGHS

BNP OBLIG. MONDE...... SICAV 5000 ...... PPTDTT

IVPDTP IHGHS

PUDVR ´ SRSDTQ HWGHS

AMPLITUDE PACIFIQUE C ... DECLIC SOGENFR. TEMPO .. VQDIV

ITQQDIR IHGHS

ATOUT FUTUR D...... PRVDWU IRIDPR WPTDRU IHGHS

PTRIDRU IHGHS

BNP OBLIG. MT C...... SLIVAFRANCE ...... RHPDTW

PUDRR IUWDWW IHGHS

FFFF FFFF

´ AMPLITUDE PACIFIQUE D...... FFFF

VWVDPH IHGHS

ATOUT SELECTION ...... IQTDWQ IQPDII VTTDSV IHGHS

PTRDPP IHGHS

BNP OBLIG. MT D...... SLIVARENTE ...... RHDPV

FFFF FFFF ´ FFFF QWIDRI IHGHS

ELANCIEL FRANCE D PEA.... SWDTU ......

PHWIDHT IHGHS

COEXIS ...... QIVDUV

ITHDRH IHSPDIT IHGHS

IQUQDQI IHGHS

BNP OBLIG. REVENUS ...... SLIVINTER ...... PHWDQT

FFFF FFFF ´ FFFF WSHDSS IHGHS

` ELANCIEL EURO D PEA...... IRRDWI ...... QQRQDVU IHGHS

DIEZE ...... SHWDUU

ITWDPU IIIHDQR IHGHS

RVTPDIS IHGHS

BNP OBLIG. SPREADS...... TRILION...... URIDPQ

FFFF FFFF

´ FFFF QHUDQV IHGHS

EMERGENCE E.POST.D PEA. RTDVT ......

RTWIDSR IHGHS

´ EURODYN...... UISDPP IIWWHDWT IHGHS

BNP OBLIG. TRESOR...... IVPVDHI

FFFF FFFF

´ FFFF UHPDRT IHGHS

Fonds communs de placements GEOBILYS C ...... IHUDHW ......

IHRHDHP HWGHS

INDICIA EUROLAND...... ISVDSS

IQVDUT WIHDPI IHGHS

FFFF FFFF

BNP SECT. IMMOBILIER ...... ´ FFFF TSQDRT IHGHS WWDTP ......

ISWIDRP IHGHS

ACTILION DYNAMIQUE C * . PRPDTI GEOBILYS D...... QTQQDVH HWGHS

INDICIA FRANCE...... SSQDWU

FFFF FFFF

...... FFFF IWDQU IPUDHT IHGHS

ISPRDQI IHGHS

PQPDQV INTENSYS C......

IHQTDVI IHGHS

INDOCAM MULTI OBLIG...... ISVDHT ACTILION DYNAMIQUE D *.

FFFF FFFF

BANQUE POPULAIRE ASSET MANAGEMENT ...... FFFF

IIHDQQ IHGHS

´ ITDVP IQRVDUV IHGHS PHSDTP INTENSYS D......

PWUDTU IHGHS

INDOCAM ORIENT C...... RSDQV ACTILION EQUILIBRE C * ....

FFFF FFFF

(2,23 F/mn) ...... FFFF IUSRDPW IHGHS

www.bpam.fr 08 36 68 22 00 ´ PTUDRR IPVWDIS IHGHS

IWTDSQ KALEIS DYNAMISME C...... PTSDRU IHGHS

INDOCAM ORIENT D ...... RHDRU ACTILION EQUILIBRE D *....

FFFF FFFF

...... FFFF

PTPDHU IUIWDHU IHGHS

PQQPDWV HVGHS QSSDTT ´ PIQDPT IQWVDVW IHGHS

ITPSDUP IHGHS

BP OBLI CONVERTIBLES...... INDOCAM UNIJAPON...... PRUDVR ACTILION PEA EQUILIBRE... KALEIS DYNAMISME D ......

FFFF FFFF

´ ...... FFFF PIRDIR IRHRDTU IHGHS IHTDPS TWTDWS HVGHS

IUWDIW IIUSDRI IHGHS PHUIDQV IHGHS BP OBLI HAUT REND...... INDOCAM STR. 5-7 C ...... QISDUV ACTILION PRUDENCE C *.... KALEIS EQUILIBRE C......

FFFF FFFF

´ ...... FFFF IQUHDPQ IHGHS

´ ´ PHVDVW IRWDQW WUWDWQ IHGHS PHUDTW IQTPDQT IHGHS IIPIDRW IHGHS BP MEDITERRANEEDEV...... INDOCAM STR. 5-7 D...... ACTILION PRUDENCE D * ... IUHDWU KALEIS EQUILIBRE D ......

FFFF FFFF

´ ´ ´ ...... FFFF IWHDQS IPRVDTI IHGHS

THHDQQ IHGHS ´ WIDSP QQWDVI PPPWDHI HVGHS IQWQDRS IHGHS BP NOUVELLE ECONOMIE... OBLIFUTUR C...... INTERLION...... PIPDRQ KALEIS SERENITE C ......

FFFF FFFF

´ ´ ´ ...... FFFF IVSDPS IPISDIT IHGHS UVDUU SITDUH IHGHS RVDPS QITDSH IHGHS

VQRDIV IHGHS

BP OBLIG. EUROPE...... OBLIFUTUR D ...... LION ACTION EURO...... IPUDIU KALEIS SERENITE D......

FFFF FFFF

...... FFFF

IIHTDPU IHGHS PRDPT ISWDIR IHGHS

´ ´ ITVDTS WTRRSDRQ TQPTRHDSS IHGHS VPWDTS IHGHS

BP SECURITE ...... REVENU-VERT ...... LION PEA EURO...... IPTDRV LATITUDE C......

FFFF FFFF

...... FFFF

USDQR RWRDPH IHGHS

PHDUS IQTDII IHGHS

ISQWDUQ IHGHS

EUROACTION MIDCAP ...... PQRDUQ UNIVERS ACTIONS...... LATITUDE D......

FFFF FFFF

...... FFFF

QVDIH PRWDWP IHGHS

TUQDQR IHGHS UNIVERS-OBLIGATIONS...... IHPDTS VURDIW IUGHR

FRUCTI EURO 50...... IQQDPU OBLITYS D ......

FFFF FFFF

´ ...... FFFF SPDVU QRTDVH IHGHS

UQQDRQ IHGHS

FRUCTIFRANCE C ...... IIIDVI Fonds communs de placements PLENITUDE D PEA......

FFFF FFFF

...... FFFF

PWDWT IWTDSP IHGHS PRSV ITIPQDRP IHGHS

QQTSDUV IHGHS SIQDII CM EURO PEA ...... POSTE GESTION C......

PRRSDVH HWGHS

FRUCTIFONDS FRANCE NM QUPDVT FFFF FFFF

INDOCAM VAL. RESTR...... FFFF

QIUDRV IHGHS PPSPDSH IRUUSDRQ IHGHS

CM FRANCE ACTIONS...... RVDRH POSTE GESTION D...... TIDPS RHIDUU HVGHS FFFF FFFF

MASTER ACTIONS...... FFFF

` PVIDRU IHGHS TTVWDPI RQVUVDQR IHGHS

www.cdc-assetmanagement.com CM MID. ACT. FRANCE...... RPDWI POSTE PREMIERE SI ...... PWDIU IWIDQR HVGHS FFFF FFFF

MASTER OBLIGATIONS...... FFFF

` PVVTDSR IHGHS QWRUWDII PSVWTSDWW IHGHS

CM MONDE ACTIONS ...... RRHDHS POSTE PREMIERE 1 AN...... PQDPH ISPDIV HWGHS FFFF FFFF

OPTALIS DYNAMIQ. C...... FFFF

` IHHDPR TSUDSQ IHGHS VQTWDQP SRVWWDIR IHGHS

IRVDIV HWGHS PPDSW CM OBLIG. LONG TERME.... POSTE PREMIERE 2-3...... FFFF FFFF

OPTALIS DYNAMIQ. D...... FFFF

QVDQW PSIDVP IHGHS UURDUQ SHVIDWH IHGHS ITPVDVU HWGHS PRVDQP ´ IQTDQI HWGHS LIVRET B. INV.D PEA...... OPTALIS EQUILIB. C...... PHDUV CM OPTION DYNAM...... REVENUS TRIMESTR. D ......

´ ´ QTIDRQ IHGHS IUIDSW IIPSDST IHGHS ´ SSDIH IQHDHI HWGHS

OPTALIS EQUILIB. D...... IWDVP CM OPTION EQUIL...... THESORA C...... ´

MULTI-PROMOTEURS ´ LEGENDE ISQDHT IHHRDHI IHGHS IRSDQH WSQDII IHGHS IQRDPI HWGHS OPTALIS EXPANSION C ...... PHDRT CM OBLIG. COURT TERME.. THESORA D......

´ e Hors frais. ee A titre indicatif. * Part div. par 10 au 5/5/99. QIUPDPU HVGHS RVQDTI ´ QIHDHT PHQQDVT IHGHS RRQWRDHT PWIPHSDWR IHGHS IQQDTP HWGHS NORD SUD DEVELOP. C...... OPTALIS EXPANSION D...... PHDQU CM OBLIG. MOYEN TERME. TRESORYS C......

´ ´ ´ ´ PSTUDQS HWGHS IUDWQ IIUDTI HWGHS ITHDTV IHSQDWW IHGHS QSSDVR PQQRDIT IHGHS NORD SUD DEVELOP. D ...... QWIDQW OPTALIS SERENITE C ...... CM OBLIG. QUATRE ...... SOLSTICE D ...... LeMonde Job: WMQ1205--0025-0 WAS LMQ1205-25 Op.: XX Rev.: 11-05-00 T.: 09:54 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0513 Lcp: 700 CMYK

25 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 12 MAI 2000

SCIENCES La vie sur la terre organisme micoscopique unicellulaire ganisme multicellulaire. b CE MODE dépendamment mais à peu près à la gistes une occasion unique d’étudier ferme serait née il y a 1,6 milliard n’ayant que peu de ressemblance de construction d’un organisme à même époque dans le règne animal, la logique même de la vie. En parti- d’années d’un ancêtre commun aux avec les formes de vies actuelles. Un partir d’une myriade de cellules spé- dans le règne végétal et chez diffé- culier celle qui commande celle des eucaryotes, qui comprennent les vé- milliard d’années a été nécessaire cialisées, bien qu’intégrées et coopé- rents groupes d’algues. b CETTE plantes dont le développement est, gétaux et les animaux. b C’ÉTAIT un pour que se manifeste le premier or- rant ensemble, est né, semble-t-il, in- CONCOMITANCE est pour les biolo- contrairement à nous, continu. Le choix particulier des végétaux dans la conquête de la planète Les plantes utilisent, comme nous, l’ADN pour leur information génétique. Leur organisme est lui aussi un ensemble organisé de millions de cellules au développement différent du nôtre. En les étudiant, les biologistes espèrent, par comparaison, éclairer ainsi la logique de la vie LES ALIENS sont une obses- nisme à partir d’une myriade de ganes et même têtes ne se for- sion de la science-fiction. Le désir cellules spécialisées, bien qu’in- Les variétés mutantes de Arabidopsis thaliana ment pas alors à la bonne place. de savoir à quoi la vie ressemble tégrées et coopérant ensemble, Chez les animaux, certains de sur une autre planète, comment est né, semble-t-il, indépendam- FLEUR NORMALE FLEURS MUTANTES ces gènes homéotiques, les gènes elle a pu évoluer, soumise à ment mais à peu près à la même Les quatre organes d'une fleur Les mutations d'un ensemble de trois autres « Hox », ont en commun de pos- d’autres contraintes environne- époque dans le règne animal, normale -les sépales, les gènes peuvent produire des fleurs anormales. séder une région dont la sé- mentales, est aussi le but des mis- dans le règne végétal et chez dif- pétales, les étamines et les Parmi elles, des fleurs « monstrueuses » quence est quasiment identique sions bien réelles envisagées sur férents groupes d’algues. Cette pistils- naissent de l'activité présentant des fleurs à l'intérieur des fleurs. chez toutes les espèces : c’est ce Mars, et pas seulement de leur concomitance est pour les biolo- combinée ou individuelle de Celles-ci sont connues depuis plus de 2 000 que l’on appelle l’« homeobox ». équivalent cinématographique. gistes une occasion unique d’étu- trois gènes. ans et appréciées des horticulteurs. Chez les plantes, un groupe ana- Pourtant, il y a des Alien partout dier la logique même de la vie. La Les sépales logue de gènes, étudié surtout autour de nous, créatures ressemblance entre la façon dont remplacent les dans le développement des pétales et les complexes dont la chimie de base les plantes et les animaux gran- 2 pistils 6 étamines fleurs, remplit une fonction ho- est suffisamment semblable à la dissent et se développent n’est étamines. Une méotique, et a ici aussi en autre fleur nôtre pour que nous leur re- pas tant le reflet de la manière occupe la place commun de posséder un même connaissions la qualité d’êtres vi- dont les organismes s’assemblent des pistils. segment de séquence d’ADN, vants. ici sur terre que celui des règles connue dans ce cas sous le nom de conception auxquelles toute de « MADS-box ». Bien qu’extrê- forme de vie doit se soumettre. Fleur double mement différentes, les familles Des différences existent cepen- d’homeobox et de MADS-box dant dans le développement des ont toutes deux, pense-t-on, un plantes et des animaux. Pour la rôle régulateur sur l’expression plupart des animaux, il s’agit 4 pétales Dans cette fleur, d’autres gènes. d’un processus limité dans le tous les organes le temps, alors que pour la majorité 4 sépales sont des sépales, GÈNES ANCESTRAUX des plantes, ce développement à l'exception des L’origine du processus ayant pistils qui ont été est effectivement continu tout au remplacés par conduit à la création de ces por- long de la vie de l’organisme. une deuxième tions de gène que sont les ho- L’animal va ainsi inexorablement fleur meobox et les MADS-box est an- de la conception à la croissance, Source : Université de Californie (Etats-Unis) EL PAÍS térieure à l’ancêtre commun des au cours de laquelle tous ses or- l’autre restant dans le centre des arbres vieux de mille ans, et il laires pour fournir un schéma eucaryotes qui vivait il y a un ganes se forment. Pour passer latent. Ainsi, ce cœur demeure-t- n’y a aucune raison, sauf ac- directeur de l’organisme en déve- milliard six cent millions d’an- ensuite du stade de la jeunesse à il le même, source constante de cident, qu’ils ne vivent pas mille loppement. Ces gènes, dits « ho- nées (il existe des gènes de Ils se servent aussi de l’acide celui de l’âge adulte, mais sans cellules nouvelles. Ce méristème ans de plus. méotiques », indiquent aux cel- plantes contenant une homeo- désoxyribonucléique (ADN) qu’aucun changement majeur donne aux végétaux une capacité Toutefois, les ressemblances lules ce qu’elles doivent devenir, box et des gènes d’animaux comme support de leur informa- n’intervienne : c’est un produit de régénération si grande qu’ils entre animaux et végétaux sont et leur désorganisation ou leur comportant une MADS-box. tion génétique et utilisent cette fini dont le seul avenir est la dé- peuvent effectivement avoir des multiples. L’une des plus fonda- mutation ont des effets très ca- Chez les champignons, on trouve information pour produire des crépitude, la désintégration et la vies très longues. Il existe d’ail- mentales est, semble-t-il, l’utili- ractéristiques : les structures aussi les deux). La cooptation de protéines composées des mêmes mort. leurs dans la forêt amazonienne sation de familles de gènes simi- normales tels que branches, or- ces gènes ancestraux pour régu- acides aminés que nous. Ils ler le développement des orga- construisent également leur orga- LE CŒUR DU MÉRISTÈME nismes multicellulaires s’est pro- nisme à partir de millions de cel- La plante, quant à elle, est mal- duite beaucoup plus tard et lules distinctes. Mais l’évolution a léable presque à l’infini. Elle dé- indépendamment dans tous les élaboré des solutions différentes veloppe en permanence de nou- Le bouton de commande de la floraison groupes. pour assembler et intégrer ces velles branches et de nouveaux L’ÉNERGIE d’une plante, dans la plus grande diquent que l’action de la plupart, sinon de tous Gregor Mendel a posé les fon- cellules afin qu’elles résistent aux organes, dont beaucoup sont dé- partie de sa période de croissance, paraît être ces signaux, passe en définitive par l’intermédiaire dements de la génétique avec la rigueurs de l’environnement. Ces libérément à usage unique. Ainsi, orientée vers la fabrication de feuilles lorsque d’un gène au nom évocateur de Leafy (Feuillu). seule aide de l’étude des pois qui êtres étonnants, ce sont les un chêne produit des milliers de soudain, en réponse à certains signaux de l’envi- On a l’habitude en génétique de nommer un poussaient dans le potager de plantes. feuilles à chaque printemps, pour ronnement, les fleurs apparaissent. Pour la plu- gène d’après les effets qu’entraînent ses muta- son monastère. La science nais- On considère généralement que simplement s’en débarrasser à la part des végétaux, le phénomène est régulier et tions. Ainsi les plantes ayant une mutation en sante de la biologie de l’évolu- la vie est apparue sur la terre fin de l’automne. prévisible, comme l’est la floraison du cerisier à la Leafy deviennent-elles tout simplement feuillues. tion et du développement s’ef- ferme à partir d’un ancêtre Les plantes réalisent cela grâce fin du mois de mars et au début d’avril. Pour Elles refusent de produire des fleurs, continuant force, elle aussi, de découvrir la commun aux eucaryotes (les cel- à une structure qui porte le nom d’autres, il est exceptionnel : quand, en 1998, le obstinément à donner naissance à des feuilles. logique qui préside à la construc- lules à noyau) qui comprennent à de « méristème ». Au centre de Proteus des Royal Botanical Gardens de Kew, près Car Leafy, en temps normal, change le caractère tion des organismes familiers qui la fois les végétaux et les ani- tout rameau, de toute racine qui de Londres, a fleuri pour la première fois en cin- du méristème de la plante, qu’il fait passer de nous entourent. Et dans ce do- maux. Certains estiment que cet grandit, se trouve cet ensemble quante ans, l’événement a fait les titres des jour- l’état végétatif (dont le rôle est de produire des maine, aucune mission vers Mars ancêtre commun vivait il y a un de cellules capables de devenir naux. feuilles) à l’état inflorescentiel, dont l’unique but n’est nécessaire pour trouver des milliard six cent millions d’années n’importe quelle autre cellule né- est de donner des fleurs. Avec deux déclencheurs aliens : il suffit de faire un pas de- et qu’il s’agirait d’un organisme cessaire à la plante, et ce quel TOUS LES SIGNAUX PASSENT PAR LEAFY principaux : l’augmentation de la durée du jour et hors et de respirer le parfum des unicellulaire microscopique que soit son type. Le cœur du Les horticulteurs le savent bien, la floraison des l’action de l’hormone végétale « gibberelin ». Or, roses. n’ayant que peu de ressemblance méristème peut n’être constitué plantes peut être modifiée par la durée du jour. Blazquez et Weigel ont disséqué le gène Leafy avec les formes de vie existant au- que de quatre cellules qui se di- D’où la technique du forçage, qui consiste à les chez Arabidopsis, et ont découvert ainsi des ré- Christopher Surridge jourd’hui. Il a d’ailleurs fallu que visent en permanence, c’est ce soumettre à la lumière artificielle. Il est également gions distinctes responsables de la réaction à ces s’écoule un autre milliard d’an- que l’on appelle « le centre évident que leur santé générale est importante, et deux éléments. Conclusion : Leafy est donc bien le ૽ Page réalisée par les rédactions nées pour que se manifeste le pre- latent ». Chaque division donne dans certains cas des nutriments essentiels ont un bouton de commande central qui met en marche du Monde, d’El Pais et de la revue mier organisme multicellulaire. naissance à deux cellules, dont effet spectaculaire sur la floraison. la production des fleurs. scientifique internationale Nature. De façon tout à fait fortuite, ce l’une sort du méristème pour se Les travaux récents de Miguel Blazquez et De- Traduction de l’anglais par mode de construction d’un orga- transformer selon les besoins, tlef Weigel, de l’Institut Salk en Californie, in- Ch. S. Sylvette Gleize La palette de peintres Parfums et couleurs : une recette vieille de quatre cents millions d’années Quand les premières fleurs d’angiospermes ont-elles coloré UNE des grandes victoires de taux. L’aiguille est cachée dans une que dans les deux verticilles inter- sard de l’expérimentation. Il est nique nouvelle et efficace appelée les paysages terrestres ? Interro- l’évolution est l’invention de la seule botte de foin, et non dans nes. Les gènes B chevauchent, pour fondé sur des études du début des « génétique inverse ». Ces gènes gé par le magazine scientifique fleur des végétaux supérieurs. La toute la meule. leur part, les verticilles dans les- années 90 relatives aux mutations Sepallata ont été identifiés en trois Pour la science de janvier 2000, diversité des fleurs – de la trom- Qu’est-ce qui fait qu’une plante quels A et C se produisent, mais ils des gènes de chaque classe, et reste exemplaires pour la première fois Jean Broutin, professeur à l’uni- peuse simplicité de la pâquerette à fleurit ? Une fois la commande acti- sont absents des verticilles aussi un modèle efficace mais encore lors du séquençage du génome versité Pierre-et-Marie-Curie la complexité baroque de l’orchi- vée, la plantule qui grandit s’orga- bien externes qu’internes. Les améliorable. Par exemple, les complet d’Arabidopsis. A partir de (laboratoire de paléobotanique dée – brouille presque l’idée que nise très vite afin de donner un ou gènes A seuls ou les gènes C seuls plantes qui possèdent un défaut là, les chercheurs ont produit des et paléoécologie), écrivait : l’une et l’autre puissent être fabri- plusieurs boutons de fleur. Ces der- donnent respectivement les sépales dans un gène B donnent des fleurs plantes triplement mutantes, dont « Jusque récemment, les pre- quées de la même façon. Au- niers sont, à la manière d’un oi- et les carpelles. Mais, lorsqu’ils à deux verticilles de sépales et deux les trois gènes Sepallata ont été mières traces de fleurs étaient des jourd’hui, le projecteur que braque gnon, constitués de couches s’expriment avec les gènes B, les A verticilles de carpelles. modifiés afin qu’on puisse détermi- fossiles datés du crétacé inférieur la biologie moléculaire moderne concentriques de cellules, du nom Mais Martin Yanofsky, de l’uni- ner leur rôle dans la fonction des (à l’étage aptien, il y a 110 millions est en train de révéler ce que les na- de verticilles. Beaucoup de plantes, versité de Californie de San Diego, gènes B et C. d’années) [provenant] des gise- turalistes soupçonnent depuis des parmi lesquelles Antirrhinum et La biologie moléculaire a identifié trois gènes MADS-box, Quel que soit le schéma spéci- ments du Gippsland (Etat de Vic- siècles, à savoir que l’architecture Arabidopsis, en ont quatre. Chacun dont l’action est très proche des fique, la formation des fleurs selon toria, Australie) : ce sont les em- des fleurs est une variation multiple de ces verticilles produit l’une des moderne révèle gènes ABC sans cependant vérita- un alphabet des gènes MADS-box preintes d’une inflorescence, sur un même thème de base. quatre composantes de la plupart blement correspondre au modèle. est plus ancienne que les fleurs similaire aux grappes du lilas et à Comme souvent en biologie, l’es- des fleurs. A l’extérieur, il y a les sé- ce que les naturalistes Comme il l’explique dans Nature elles-mêmes. On a découvert que nervation ramifiée. » sentiel des connaissances nous pales, qui entourent les pétales, les- du 11 mai, ils ont plutôt une fonc- des gènes semblables à ABC Il ajoute que l’on « a identifié à vient d’un très petit nombre d’es- quels entourent les étamines, or- soupçonnent tion B-C combinée. La désorgani- dictent le développement des fleurs des angiospermes de rares fossiles pèces qui ont été abondamment ganes mâles qui produisent le sation de ces gènes produit des dans tous les végétaux à fleurs que plus anciens (crétacé inférieur étudiées. Nous savons beaucoup pollen. Au centre, se trouve l’or- depuis des siècles : plantes dont les fleurs sont entière- l’on connaît, au nombre desquels – 130 millions d’années –, juras- de choses sur la façon dont se for- gane femelle, le pistil, fait de car- ment composées de sépales, et res- figurent des plantes herbacées et sique – jusque 200 millions d’an- ment les fleurs du riz, du pétunia, pelles qui enferment et protègent l’architecture des fleurs semblent un peu à des artichauts des plantes anciennes tels que le nées –, voire trias – jusque du tabac et de la gueule-de-loup les ovules, qui formeront les miniatures. Conformément à la poivrier ou le betel, qui ne pos- 230 millions d’années), mais ceux- (Antirrhinum majus). Mais la plante graines. est une variation convention qui consiste à nommer sèdent ni pétales ni sépales. De ci sont fragmentaires : grains de qu’on a le plus examiné est, de loin, Le mécanisme qui définit quel les gènes en fonction de ce qui se même, ils contrôlent le développe- pollen, feuilles isolées, fragments l’arabette des dames (Arabidopsis verticille produit quel organe est multiple sur un même produit lorsqu’ils sont désorgani- ment des pommes de pin. On les de bois à vaisseaux ». Mais, ex- thaliana). Ce parent du chou donne simple et élégant. Il requiert l’ac- sés, Yanofsky a donné à sa décou- trouve jusque dans les fougères. Il plique-t-il, « aucun n’est un ca- de petites fleurs blanches, et consti- tion réciproque d’un groupe de thème de base verte le nom de Sepallata. est clair que, sans l’« invention » de ractère exclusif des angiospermes. tue pour l’agriculture une mauvaise gènes homéotiques dont la plupart S’il a fallu autant de temps pour ce schéma ABC de construction des D’autres structures évoquent des herbe courante dans tout l’hémi- sont de la famille MADS-box. Un découvrir ces gènes, c’est que la gé- organes reproducteurs par des vé- fleurs ou des fruits, mais aucune sphère Nord. Mais le caractère re- certain nombre de gènes sont im- et les C produisent les pétales et les nétique des végétaux s’appuyait ré- gétaux extrêmement primitifs, il y a n’est assez préservée pour démon- marquable d’Arabidopsis est son pliqués, qui se répartissent distinc- étamines. C’est du moins ce que cemment encore sur la production quelque 400 millions d’années et trer la présence d’ovules ou de génome minuscule ; celui-ci étant tement en trois groupes : A, B et C. pensaient les chercheurs. – loin d’être idéale – des mutations plus, le monde où nous vivons se- grains hermétiquement enfermés l’un des plus réduits du règne végé- Les gènes A s’expriment dans les Car il semble aujourd’hui que la dues au hasard, naturelles ou artifi- rait beaucoup moins coloré et dans un carpelle ». Or le carpelle tal, cela facilite considérablement deux verticilles externes et sont séduisante simplicité de ce modèle cielles, donnant des défauts inté- parfumé. clos « est un organe caractéris- l’identification et l’étude de ses mutuellement opposés aux gènes ABC ait été, tout autant qu’autre ressants. Yanofsky et son équipe tique des angiospermes ». gènes par rapport aux autres végé- C, qui ne peuvent donc s’exprimer chose, le produit d’un heureux ha- ont, pour leur part, utilisé une tech- Ch. S. LeMonde Job: WMQ1205--0026-0 WAS LMQ1205-26 Op.: XX Rev.: 11-05-00 T.: 08:45 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0514 Lcp: 700 CMYK

26 / LE MONDE / VENDREDI 12 MAI 2000 AUJOURD’HUI- CONSOMMATION Toit contre toit Quelques conseils b Décrire précisément sa maison, avec ses qualités et défauts. Signaler la présence Echanger sa maison pour les vacances, une formule qui séduit d’animaux domestiques. Chez Intervac, on conseille de de nouveaux adeptes. Conseils pour comparer, choisir une demeure d’adoption préparer un dossier-type, photocopié à cinquante SUR L’ÉCRAN du Web s’affiche chalet, très contemporain, domine d’autant qu’ils jouissent du plus exemplaires, pour répondre la photo d’un loft : parquet clair, un panorama à couper le souffle. large choix, à l’inverse des An- simultanément à plusieurs canapés blancs, baies vitrées, vue Calme assuré. Pêche à la ligne et glais, trop nombreux à vouloir propositions : descriptif et plongeante sur les gratte-ciel balades à cheval. troquer leurs demeures par rap- montage en couleur de photos new-yorkais. Nous voilà, via Inter- Un concept de voyage imaginé port aux offres. Chez Homelink, de son logis, avec, net, en plein cœur de Manhattan. aux Etats-Unis il y a près de cin- l’un des deux réseaux pionniers éventuellement, références des L’appartement dispose de deux quante ans dans les universités dans l’Hexagone avec Intervac, échanges précédents. chambres avec salle de bains et des Côtes est et ouest. Au- seules mille familles françaises ont b Le contrat d’échange entre possède un équipement dernier jourd’hui, parmi les candidats à tenté l’aventure en 1999, alors que les deux partenaires est un cri, chaîne hi-fi, magnétoscope, l’échange, on recense une majori- 2 400 demandes (soit près du engagement moral, sans aucune cuisine ultramoderne, balcon avec té d’enseignants, des médecins, quart des 10 000 offres d’échange valeur juridique. Il n’y a donc barbecue. Les propriétaires, un avocats, banquiers, journalistes, venant d’une vingtaine de pays) pas de recours légal. La seule couple de médecin et publicitaire chefs d’entreprise, publicitaires, visaient l’Hexagone comme pre- sanction que mettent en œuvre américains, en quête de villégia- musiciens, etc. La plupart, hormis mière destination. Les Français s’y les organismes est l’élimination CHRISTOPHE BRUNCK ture, souhaitent s’installer pour les retraités, voyagent durant les mettent, au point d’échanger leur des « brebis galeuses » des deux semaines en Europe dans un périodes de congés scolaires, en domicile entre eux. Les Bretons catalogues ultérieurs. Les appartement d’emprunt et famille avec les enfants, laissant veulent prendre l’air dans les au cœur de Paris. Nul besoin de une annonce personnalisée. organismes aident également à mettent le leur à disposition du- volontiers à disposition de leurs Alpes et les Alsaciens rêvent des s’encombrer d’ustensiles divers et A l’inverse, sur le site antre- trouver une solution de rant la même période. N’importe hôtes une voiture (sauf dans les plages de la Côte d’Azur. Devant variés, comme on le ferait pour amis.com, créé à Québec en 1995, rechange, en cas de problème quand, précisent-ils. capitales, Paris, New York, l’ampleur des demandes, Intervac une location. si la consultation demeure gra- grave. La défection du Il s’agit d’une annonce Londres et les grandes villes), mais a décidé de consacrer un cata- Les réseaux spécialisés ont pour tuite avec une remarquable pré- partenaire, même pour cause de d’échange simultané de loge- aussi des vélos, éventuellement un logue entier aux annonces franco- unique mission de mettre en rela- sentation des demeures, il faut maladie ou de décès, n’entre pas ments excluant toute contrepartie bateau quand la maison est au françaises. tion les particuliers, mais en au- payer un droit d’entrée pour dans les garanties de l’assurance financière, selon le principe du bord de l’eau, voire une possibilité Certes, cette recette s’avère bon cun cas ils n’engagent leur respon- prendre contact avec les candidats annulation. En cas d’abandon de « Prête-moi ton toit, je te confie le d’accès à un club de sport (voile, marché, puisque seul le transport sabilité. Il y a encore deux ans, ces à l’échange (80 dollars canadiens, dernière minute, la personne mien ». Sur le site de Homelink, golf, tennis), si carte de membre il est à régler. Compter au minimum réseaux diffusaient uniquement environ 400 F). Un traitement per- lésée pourra entreprendre des un des leaders du genre, les pro- ya. 4 000-5 000 F en plein été pour les les annonces de leurs adhérents sonnalisé est offert moyennant poursuites contre son partenaire positions défilent. On se pique au billets vers la Côte est des Etats- sur catalogue (plusieurs annuaires 1 700 F par jumelage. Idem pour pour obtenir le remboursement jeu. Destination New York, la Ca- UNE FORMULE BON MARCHÉ Unis, le double des prix pratiqués par an chez Homelink et Intervac, intervac.org, qui persiste à jouer le des dépenses directement liées à lifornie ou le Canada ? Pourquoi Cette formule de vacances, as- à la morte saison. On économise échelonnés d’octobre à juillet). double jeu papier-Toile et impose l’échange (billets d’avion). pas l’Italie ? Voilà justement un sez courue dans les pays anglo- le coût de l’hôtel : soit au moins Moyennant une cotisation an- une cotisation minimale de 850 F Spécifier sur le contrat banquier proposant un apparte- saxons, notamment aux Etats- 5 000 F par semaine à New York nuelle, l’adhérent reçoit lesdites par an pour l’échange internatio- d’échange les dates et horaires ment avec terrasse entre Assise, Unis, au Canada, en Grande-Bre- pour un couple avec deux enfants brochures et a droit à la publica- nal. Trop compliqué d’accès, ce d’arrivée et de départ, le nombre Pérouse et Gubbio. Près de San tagne comme en Australie, reste de moins de douze ans (chez Di- tion de sa propre annonce avec site mérite de toute urgence des de personnes, la présence de Francisco, c’est un professeur de encore confidentielle en France et rectours, le forfait avion-hôtel au photo. A lui de conclure directe- améliorations. chats ou de chiens, le l’université Stanford qui laisserait dans les pays méditerranéens, New Yorker trois étoiles revient, ment un accord d’échange. Le Sur homelink.org, on a droit défraiement pour la sa villa façon ranch avec piscine bien qu’elle fasse, sans cesse et durant les grandes vacances, à professionnel n’intervient ni dans aux cinq catalogues et à une consommation d’eau, si elle contre une maison à Aix-en-Pro- souvent de bouche à oreille, de 7 000 F la semaine par adulte et la sélection individuelle ni dans le double annonce personnelle (do- dépasse de beaucoup les charges vence. Nous voilà en Australie, à nouveaux adeptes. Il y a encore 6 100 F par enfant, tél. : 01-45-62- choix des partenaires. micile et résidence secondaire) habituelles. Pour le téléphone, deux pas de Noosa, dans le dix ans, « la maison était un lieu 62-62). Pas de budget non plus à pour 750 F par an. Mais le déroulé on peut demander une facture Queensland, avec vue imprenable sacré où l’étranger ne pénétrait prévoir pour une location de mai- SIMPLIFICATION AVEC INTERNET des offres sur écran demeure fas- détaillée et réclamer à son sur le Pacifique. Là, on est dans le pas », confie Lilli Engle, respon- son, ni même de voiture. A Orlan- Avec l’explosion d’Internet et la tidieux : les descriptifs sont codés partenaire le montant des Montana, au cœur des Ro- sable pour la France de Homelink do, en Floride, il faudrait débour- mise en place des banques de comme dans les catalogues, ce qui communications. cheuses : les X., consultants de depuis 1989. Nos compatriotes ser quelque 9 000 francs par données on line, le système gagne ne paraît pas justifié. D’autant que b Pour les problèmes profession, parlent français et leur commencent à y prendre goût, personne pour une villa de trois en simplicité. On peut interroger à sur Internet on multiplie les pages d’assurances habitation : chambres, avec piscine privative, tout moment les spécialistes, qui sans l’inconvénient du poids afin vérifier que le contrat couvre sur deux semaines (en partant à enrichissent en permanence leurs de jouer sans limite la convivialité. « le tiers qui garde la maison en Les adresses b Echange de maisons : sur quatre, avec Vacances fabuleuses, offres d’échange. La consultation En revanche, ces deux réseaux, In- votre absence ». Le domicile sera Internet : HomeExchange.com, tél. : 01-53-67-60-00), billet est gratuite. Le recours au cata- tervac et Homelink, disposent de couvert en cas de sinistre b Homelink International, 19, ou EchangeMaison.com, siège d’avion inclu. Mais la formule pri- logue papier devient accessoire correspondants dans les princi- (dégâts des eaux, incendie). En cours des Arts-et-Métiers, à PO Box 30085, Santa vilégie, plus que le budget, la vo- lorsqu’il existe. Notamment pour paux pays et d’une représentation revanche, les dommages causés 13100 Aix-en-Provence, tél. : Barbara, Californie, 93130, lonté de connaître un pays, ses ha- HomeExchange.com (ou Echan- en France. C’est l’assurance de par les invités au mobilier 04-42-27-14-14 pour l’adhésion Etats-Unis, bitants, sa culture en les vivant de geMaison.com), créé en 1996, pouvoir glaner des conseils de (papier peint taché, table rayée) et l’envoi des catalogues, et sur tél. : 001-805-898-9660 l’intérieur. C’est la notion anglo- dont le siège est à Santa Barbara, vive voix et de se procurer les ne sont pas pris en charge par Internet : www.homelink.org b Club L’Antre Amis : sur saxonne du « home, sweet en Californie, et dont le site pré- contrats types et guides qui per- l’assurance, pas plus qu’ils ne le b Intervac, 230, boulevard Internet : antre-amis.com, home » qui prime, et non la sur- sente les demeures à échanger par mettent aux néophytes d’éviter sont quand ils sont causés par le Voltaire, 75011, Paris, tél. : siège ; 53, rue d’Auteuil, App. face du logis ou son standard. Les le menu. On contacte gracieuse- tout malentendu avec les parte- propriétaire des lieux. 01-43-70-21-22, pour l’adhésion 6, Québec, Canada, G1R4C2, Américains échangent volontiers ment les propriétaires, mais une naires de l’échange. b Pour le véhicule, il faut et l’envoi de catalogues, et sur téléphone gratuit : une maison spacieuse et archi- cotisation annuelle de 30 dollars vérifier que le contrat ne Internet : www.intervac.org 1-888-453-4010. confortable contre un deux-pièces (210 F environ) est exigée pour Florence Evin comporte pas de clause de « conduite exclusive » et que le « prêt occasionnel du volant » est autorisé. Avertir son assureur, Une manière de chausser les pantoufles car cela modifie le risque pour lui. Attention à la perte éventuelle du bonus, attaché à de gens que l’on ne verra jamais l’assuré, ainsi qu’à la franchise en cas de dommages, également « C’EST UNE sensation étrange à leur mobilier, on ne risque pas de à la charge du propriétaire du que d’arriver dans une maison habi- retrouver son canapé taché ou ses véhicule. Enfin, si l’on a souscrit tée où des vêtements qui ne sont pas meubles endommagés. » Et si on une « garantie individuelle les vôtres sont suspendus dans les casse de la vaisselle ? « Il suffit de conducteur », elle n’est pas penderies... c’est un peu ce que remplacer le verre ou l’assiette par toujours transférable à un tiers. doivent ressentir les cambrioleurs. On l’équivalent », répond Michel. Pour b Locataire ou propriétaire ? investit l’univers de gens que l’on ne lui, l’essentiel est de « respecter la L’échange de domicile ne peut verra jamais, on dort dans leur lit, on règle du jeu : chacun doit échanger sa pas être assimilé à une location écoute leurs disques, on découvre leur résidence principale, pour être sûr du ou à une sous-location, car il ne whisky préféré... », explique Michel soin que les autres prendront de vos donne pas lieu au versement R. Ce couple de retraités qui pos- affaires ». La dernière étape avant le d’un loyer. Il peut être considéré sède une maison en Provence pra- départ consiste à s’assurer que les comme un prêt d’appartement tique depuis plusieurs années invités seront à l’aise, en laissant sur ou comme l’hébergement l’échange d’appartements pour aller place un mode d’emploi détaillé, d’invités chez soi. à la découverte des villes. Ils ont ain- « surtout pour le forage et la piscine b La propreté du logis échangé si séjourné à New York, Philadel- qui exigent un entretien scrupuleux. ou restitué est la principale phie, San Francisco, et Madrid. In- Tout repose sur la confiance », source de litiges, car cette dépendamment des économies conclut-il. Plus méfiante, Domi- notion très subjective varie réalisées, ils apprécient cette for- nique préfère attendre l’arrivée de la selon les cultures. Dans son mule parce qu’elle leur permet d’ex- famille qui va occuper sa maison livret de conseils « Dix principes plorer à fond une région, et d’y vivre avant de partir. pour réussir votre échange », à la manière de ses habitants : «On HomeLink détaille les chausse les pantoufles des gens chez PEU DE DÉCEPTION opérations à effectuer : sols lesquels on s’installe ; cela crée une Ce couple d’enseignants de passés à la serpillière ou à relation particulière. J’ai eu beaucoup l’Aude et leurs quatre enfants sélec- l’aspirateur, réfrigérateur de plaisir à découvrir, chez un couple tionnent des familles nombreuses, débarrassé et nettoyé, plaques d’enseignants madrilènes, des mu- « si possible avec des enfants du de cuisson et four dégraissés, siques et des livres que je ne connais- même âge que les nôtres, à cause des salle de bains détartrée... Ranger sais pas. » jouets. On s’imprègne du mode de vie ses affaires personnelles pour Pour Michel et son épouse, le se- spécifique au pays ; ainsi, avant notre libérer des penderies, placards, cret d’un appariement réussi réside échange avec une famille anglaise, étagères et tiroirs dans les dans le choix du partenaire : « Il faut avons-nous reçu de nombreuses pho- chambres et salles de bains ; être sélectif, voire même élitiste, car tos d’“agas”, un four qui semble faire placer les bibelots fragiles à échanger votre maison, c’est comme fureur là-bas ». Elle n’a jamais eu de l’abri, dans une armoire fermée recevoir quelqu’un chez vous, et géné- déception, sauf l’été dernier, lors- à clé. ralement, vous n’invitez pas n’importe qu’elle a trouvé une maison sale, b Rédiger un descriptif de qui. » Ils consacrent donc beaucoup « avec plein de moutons sous les lits ». fonctionnement des de temps à « poser les bonnes ques- Lorsqu’on échange son logis, il ne équipements, traduit si possible tions, localiser l’adresse sur le plan, faut pas s’obstiner sur une destina- dans la langue des invités : échanger des photos, et des informa- tion, car on ne trouve pas toujours alarme, piscine, appareils tions sur la famille » ; cet ancien des partenaires dans le lieu souhai- électro-ménagers. Un parent, un cadre de la finance dispose d’un té. Ce fut ainsi une bonne surprise, à voisin ou un ami peut être atout supplémentaire en la matière, Pâques, de découvrir la région lyon- chargé de la remise des clés, ce car il parle parfaitement l’anglais et naise, à laquelle elle n’aurait pas qui ajoutera une note conviviale. l’espagnol. L’important, poursuit pensé comme lieu de villégiature. Laisser de quoi préparer un Michel, est de « trouver un équilibre Enfin, on n’est jamais à l’abri d’une premier repas, ou un cadeau de entre ce qu’on offre et ce qu’on défection de dernière minute : «Les bienvenue (bouteille, spécialité cherche, et de savoir ce qu’on va trou- Autrichiens chez lesquels nous devions locale) sera très apprécié par les ver en arrivant ». Ses préférences aller il y a deux ans sont tombés ma- nouveaux arrivants. vont vers des couples sans enfants lades. Heureusement, nous avons b Trouver par soi-même grâce ou retraités, ayant un mode de vie trouvé un autre échange, grâce au à ses amis, à ses relations, et aux semblable, garantie d’un confort service Internet destiné aux retarda- annonces dans les journaux équivalent et de l’absence de mau- taires. » professionnels (médicaux, vaises surprises au retour : « Avec syndicaux, universitaires). des personnes soigneuses, qui tiennent Michaëla Bobasch LeMonde Job: WMQ1205--0027-0 WAS LMQ1205-27 Op.: XX Rev.: 11-05-00 T.: 10:30 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0515 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI-SPORTS LE MONDE / VENDREDI 12 MAI 2000 / 27

DÉPÊCHES a BASKET-BALL : les joueuses Les propos de Tariq Abdul-Wahad de Bourges ont conservé leur titre Roger Lemerre n’a pas de championnes de France en bat- tant l’US Valenciennes-Olympic (62-57) mercredi 10 mai, à l’issue choquent le basket français de la finale retour. Il s’agit du officialisé sa sélection sixième titre national d’affilée pour Bourges. a CYCLISME : le vététiste fran- L’encadrement de l’équipe nationale dément les accusations de racisme çais Jérôme Chiotti a été remercié définitive pour l’Euro par son employeur, Giant, aux Les propos répétés du basketteur français Tariq Abdul- gir le président de la fédération, ainsi que l’entraîneur termes d’un accord à l’amiable, Wahad sur le racisme dont seraient victimes les joueurs et le capitaine des Bleus, qui dénoncent conjointement après ses aveux de dopage. noirs dans la sélection nationale ont vivement fait réa- des « allégations mensongères ». Douze invités seulement au stage de Tignes a L’Italien Marco Pantani pour- rait prendre la départ du Tour TARIQ ABDUL-WAHAD s’est-il nemment diffamatoire » et ces «al- avec une certaine stupeur » du ON ATTENDAIT vingt-deux donc préféré utiliser une arithmé- d’Italie, samedi 13 mai. La rumeur irrémédiablement fermé les portes légations dramatiquement menson- communiqué de sa fédération. Il noms. Douze seulement ont été tique contraire à celle qui avait vu enfle depuis quelques jours. de l’équipe de France de basket ? gères ». « L’ensemble des équipes rejette tout « soupçon de diffama- communiqués. Mais gare : rien ne son prédécesseur, Aimé Jacquet, « Nous verrons », s’est borné à in- L’ailier des Denver Nuggets et de nationales est vraiment, depuis de tion » ou de « propos calomnieux », dit que ceux-ci feront partie de la publier une liste de vingt-huit diquer, mercredi, le Romagnol. Ce la sélection nationale s’est exprimé nombreuses décennies, un creuset mais évoque « une volonté de liste définitive des joueurs appelés noms avant la Coupe du monde dernier n’a plus participé à une à diverses re- d’intégration, de fraternité et de so- changement profond et positif dans à participer 1998. course depuis son éviction du Giro prises sur le lidarité », proteste un communi- mon sport » : « J’estime que me au sein de L’ancien entraîneur du bataillon 1999 pour cause d’hématocrite su- « malaise » et qué cosigné par Yvan Mainini, pré- battre pour certaines valeurs est l’équipe de de Joinville ne s’est embarrassé périeur au seuil toléré de 50 %. les « non- sident de la FFBB, Jean-Pierre de aussi synonyme d’espoir pour le bas- France de d’aucune précaution. C’est par le a FOOTBALL : le FC Valence af- dits » dont se- Vincenzi, entraîneur de l’équipe de ket français. » « En tant que football à biais d’un communiqué adressé à frontera un autre club espagnol, le raient vic- France, et Jim Bilba, capitaine de membre de la famille FFBB depuis l’Euro 2000 l’AFP qu’il a convoqué ces douze Real Madrid, en finale de la Ligue times les ath- l’équipe. une décennie, je reconnais les va- (du 10 juin au joueurs au stage de Tignes (du 15 des champions, le 24 mai à Paris. lètes noirs leurs de fraternité, de solidarité et 2 juillet, en au 19 mai), en précisant que les Le FC Valence s’est incliné à Bar- évoluant dans L’ENJEU DE SYDNEY d’intégration que véhicule cette ins- Belgique et vingt-deux ne seront connus qu’au celone (2-1), mercredi 10 mai, lors le sport français (Le Monde du Dans chacune de ses interven- titution », poursuit-il. Mais il es- aux Pays-Bas). Mercredi 10 mai, terme de ce séjour d’oxygénation de la demi-finale retour, mais 3 mai). Lundi 8 mai, il a précisé son tions, Tariq Abdul-Wahad cite un time que « ces dites valeurs ont ten- Roger Lemerre a donné aux exé- en montagne. l’avait emporté 4-1 à l’aller. point de vue en dénonçant dans sondage publié en mars indiquant dance à se dégrader ». « C’est dans gètes de sa pensée de quoi se tortu- Dans l’état actuel des choses, la a RUGBY : l’équipe de France fé- l’émission « Tout le sport », sur que 61 % des Français estiment cet esprit que j’ai toujours honoré et rer l’esprit pendant deux semaines seule surprise tient en la présence minine s’est qualifiée, mercredi France 3, «l’atmosphère malsaine » être racistes, un phénomène au- porté avec une estime particulière supplémentaires. de Philippe Christanval. Agé de 10 mai, pour la finale du cham- qui régnerait entre « les joueurs de quel « n’échappe pas », selon lui, les maillots de l’équipe de France », Le sélectionneur de l’équipe de vingt et un ans, le défenseur central pionnat d’Europe en battant l’An- couleur » et leurs coéquipiers ou l’équipe de France de basket. Pour- conclut-il. France de football avait prévu de de l’AS Monaco ne possède aucune gleterre (10-5). Les Bleues affron- l’encadrement de l’équipe de tant, selon ses coéquipiers, le ra- Derrière la polémique s’inscrit rendre publique l’identité de tous sélection en équipe de France A. teront l’Espagne samedi. France. « Quand je croise le regard cisme n’a pas droit de cité dans la en filigrane le problème de la ceux qu’il emmènera sur la compé- Seul un forfait de , de certains dirigeants, je sens bien sélection nationale. « En tant que composition de l’équipe de France tition européenne. Face à la diffi- blessé aux adducteurs, pourrait lui LOTO qu’ils nous considèrent comme de la capitaine et joueur, j’affirme haut et pour les Jeux olympiques de Syd- culté de l’exercice et vu qu’un cer- donner le droit de prendre part à a Résultats des tirages no 38 ef- racaille de banlieue », avait-il ajou- fort que je n’ai jamais ressenti le ney. En juillet 1999, le Français de tain nombre de ses « cadres » sont l’Euro. L’autre information du jour fectués mercredi 10 mai. Premier té dans L’Humanité du 9 mai. moindre problème de racisme », a la NBA avait quitté l’EuroBasket encore engagés dans des compéti- est le retour de Bernard Lama. Sa tirage : 11, 19, 30, 41, 45, 46, numé- La Fédération française de bas- déclaré à Basket-Hebdo le Guade- sur une note confuse. Il avait été tions de club (Laurent Blanc, Didier fin de saison tonitruante avec le ro complémentaire le 47. Pas de ket-ball (FFBB) a vivement réagi, loupéen Jim Bilba. critiqué pour sa performance ti- Deschamps, Youri Djorkaeff, Mar- PSG lui permet de retrouver un gagnant pour 6 numéros ; Rap- en contestant cette « attitude émi- Tariq Abdul-Wahad a « pris note morée en demi-finale – il était cel Desailly, etc.), le technicien a groupe au sein duquel il devra co- ports pour 5 numéros et le blessé au genou – et pour sa diffi- habiter avec son ennemi intime, complémentaire : 4 969 935 F cile intégration dans le collectif. Fabien Barthez. (757 662 ¤) ; 5 numéros : 10 250 F Nouvelles turbulences pour le CSP Limoges Depuis, Jean-Pierre De Vincenzi La liste des douze Le Monégasque a (1 563 ¤) ; 4 numéros et le complé- s’est rendu à Denver pour ren- pour sa part refusé de participer au mentaire : 390 F (59,5 ¤) ; 4 numé- Alors que le Cercle Saint-Pierre de Limoges s’apprête à disputer, contrer son joueur vedette. Les b Gardiens : Fabien Barthez stage de Tignes au motif qu’il ne ros : 195 F (29,7 ¤) ; 3 numéros et le samedi 13 mai, la troisième manche de la demi-finale du champion- deux hommes semblaient avoir (Monaco), Bernard Lama (PSG), veut pas se retrouver parmi les complémentaire : 34 F (5,2 ¤); nat de France de basket face à Pau-Orthez, le club est rattrapé par la aplani leurs différends. Mais au- Ulrich Ramé (Bordeaux). éconduits de dernière minute, 3 numéros : 17 F (2,6 ¤). Second ti- crise financière qui le secoue depuis plusieurs mois. Pour la saison jourd’hui, l’entraîneur français se b Défenseurs : Vincent Candela comme ce fut le cas pour lui en rage : 2, 21, 24, 31, 42, 46, numéro prochaine, le bureau de la Ligue nationale de basket a refusé l’en- montre plutôt inquiet pour l’avenir (AS ), Philippe Christanval 1998. Roger Lemerre pourrait lui complémentaire le 3. Rapports gagement du club en championnat de France et a demandé à la Fé- de Tariq Abdul-Wahad en sélection (Monaco), Lilian Thuram (Parme). préférer Christian Karembeu, mais pour 6 numéros : 12 245 160 F dération d’en faire autant pour les compétitions européennes, au nationale : « Il ne me facilite pas la b Milieux : Johan Micoud rien n’est sûr. L’absence de l’atta- (1 866 763 ¤) ; 5 numéros et le motif que son exercice comptable pour la saison en cours ne corres- tâche. A la limite, il s’exclut lui- (Bordeaux), quant lyonnais Tony Vairelles est complémentaire : 145 730 F pond pas au budget prévisionnel qu’il avait présenté. Les comptes même. C’est difficile de développer (Marseille), Zinedine Zidane plus facile à interpréter : le sélec- (22 216 ¤) ; 5 numéros : 8 130 F laissent apparaître un trou de 15 millions de francs. De plus, la Ligue un même idéal et de mêmes objec- (Juventus Turin). tionneur a l’intention de rappeler (1 239 ¤) ; 4 numéros et le complé- soupçonne des « dissimulations » importantes dans la manière dont tifs pendant deux mois lorsqu’un b Attaquants : Christophe sous le maillot bleu Nicolas Anelka, mentaire : 334 F (51 ¤) ; 4 numé- la direction du club a géré son passif financier. Le CSP a « pris acte » joueur traite les autres de racistes. » Dugarry (Bordeaux), David le buteur retrouvé du Real Madrid. ros : 167 F (25,5 ¤) ; 3 numéros et le de cette décision « légitime » et a convoqué une assemblée générale Trezeguet (Monaco), Sylvain complémentaire : 34 F (5,2 ¤); extraordinaire le 15 mai. – (corresp.) Eric Collier Wiltord (Bordeaux). Frédéric Potet 3 numéros : 17 F (2,6 ¤). LeMonde Job: WMQ1205--0028-0 WAS LMQ1205-28 Op.: XX Rev.: 11-05-00 T.: 10:59 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0516 Lcp: 700 CMYK

28 / LE MONDE / VENDREDI 12 MAI 2000 AUJOURD’HUI ------Publicité Orages moins nombreux 12 MAI 2000 Oslo Stockholm Prévisions Moscou Ensoleillé VENDREDI. La situation reste laissera place à quelques rayons de vers 12h00 dépressionnaire avec un flux de soleil l’après-midi. Ailleurs le temps sud. Le temps restera chargé près sera assez bien ensoleillé. Quelques Peu de la façade atlantique et sur les ré- foyers orageux ponctuels se déve- Belfast nuageux gions les plus septentrionales. Ail- lopperont l’après-midi, en parti- Liverpool Dublin leurs le temps sera généralement culier sur le relief. Il fera de 19 à Varsovie Kiev ensoleillé mais des orages sont en- 24 degrés. Amsterdam Berlin Brèves core possibles, en particulier sur les Poitou-Charentes, Aquitaine, éclaircies massifs montagneux. Sur Poitou-Cha- Londres Midi-Pyrénées. – 50 o Bruxelles Bretagne, pays de Loire, Basse- rentes et Aquitaine les passages Prague Normandie. – Sur la Bretagne et nuageux seront nombreux et par- Couvert les pays de Loire, le ciel sera nua- fois accompagnés d’ondées ora- Paris Strasbourg Vienne Budapest geux avec des pluies parfois ora- geuses. Sur Midi-Pyrénées le soleil Brume geuses. La Basse-Normandie profi- dominera la journée mais des Nantes Berne brouillard tera de périodes ensoleillées. orages isolés sont encore possibles. Bucarest Quelques orages ne sont pas à ex- Il fera de 20 à 24 degrés. Lyon Milan Belgrade clure. Il fera de 16 à 22 degrés. Limousin, Auvergne, Rhône- Sofia Averses Nord-Picardie, Ile-de-France, Alpes. – Les bancs de brouillard Toulouse Istanbul Centre, Haute-Normandie, Ar- présents le matin se dissiperont ra- Pluie dennes. – Sur Nord-Picardie et les pidement et laisseront place à un Rome Ardennes des pluies se produiront ciel partagé entre nuages et belles Barcelone Naples et prendront parfois un caractère éclaircies. Quelques orages ponc- 40 o Madrid orageux. Sur les autres régions de tuels éclateront, en particulier sur le Lisbonne Athènes Orages belles éclaircies se développeront. Il relief. Il fera de 20 à 24 degrés. fera de 18 à 24 degrés. Languedoc-Roussillon, Pro- Séville Champagne, Lorraine, Alsace, vence-Alpes-Côte d’Azur, Corse. – Tunis Neige Bourgogne, Franche-Comté. – Sur Les passages nuageux n’empêche- Alger la Lorraine et l’Alsace le temps plu- ront pas une journée largement en- vieux et parfois orageux le matin soleillée. Il fera de 21 à 25 degrés. Rabat 0o 10o 20o Vent fort

PRÉVISIONS POUR LE 12 MAI 2000 PAPEETE 22/28 P KIEV 6/17 S VENISE 17/24 S LE CAIRE 18/30 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 23/30 S LISBONNE 12/21 N VIENNE 11/25 S NAIROBI 17/27 S et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; ST-DENIS-RÉ. 22/27 S LIVERPOOL 11/18 C AMÉRIQUES PRETORIA 11/20 S EUROPE LONDRES 11/20 N BRASILIA 18/26 S RABAT 14/21 N C : couvert ; P : pluie ; * : neige. AMSTERDAM 12/25 S LUXEMBOURG 11/21 P BUENOS AIR. 10/19 S TUNIS 19/27 N FRANCE métropole NANCY 14/21 P ATHENES 21/29 S MADRID 11/20 N CARACAS 23/25 P ASIE-OCÉANIE AJACCIO 13/23 N NANTES 11/21 P BARCELONE 14/20 S MILAN 16/26 S CHICAGO 15/24 P BANGKOK 26/35 C BIARRITZ 11/21 P NICE 15/21 N BELFAST 7/18 N MOSCOU 1/12 P LIMA 16/21 S BEYROUTH 21/25 S BORDEAUX 12/22 P PARIS 13/24 N BELGRADE 18/29 S MUNICH 12/23 S LOS ANGELES 12/20 S BOMBAY 26/31 S BOURGES 10/24 N PAU 11/22 P BERLIN 10/23 S NAPLES 19/28 S MEXICO 12/27 P DJAKARTA 28/30 C BREST 11/16 P PERPIGNAN 13/22 S BERNE 11/18 N OSLO 2/16 S MONTREAL 8/16 S DUBAI 28/37 S CAEN 11/17 N RENNES 11/20 P BRUXELLES 13/22 P PALMA DE M. 12/24 C NEW YORK 16/23 C HANOI 26/30 C CHERBOURG 10/16 N ST-ETIENNE 11/24 N BUCAREST 13/28 S PRAGUE 8/22 S SAN FRANCIS. 9/16 C HONGKONG 23/24 C CLERMONT-F. 11/23 N STRASBOURG 15/21 P BUDAPEST 13/26 S ROME 14/23 S SANTIAGO/CHI 3/17 S JERUSALEM 17/27 S DIJON 12/23 N TOULOUSE 12/23 N COPENHAGUE 6/15 S SEVILLE 13/26 N TORONTO 14/24 C NEW DEHLI 31/39 S GRENOBLE 12/24 N TOURS 11/23 N DUBLIN 7/14 N SOFIA 16/24 S WASHINGTON 18/34 S PEKIN 12/16 P LILLE 13/20 P FRANCE outre-mer FRANCFORT 13/25 S ST-PETERSB. -2/5 * AFRIQUE SEOUL 13/19 S LIMOGES 11/22 P CAYENNE 25/29 P GENEVE 12/23 N STOCKHOLM -3/11 S ALGER 13/26 S SINGAPOUR 26/30 P LYON 13/24 N FORT-DE-FR. 24/29 S HELSINKI -5/9 S TENERIFE 14/19 S DAKAR 19/24 S SYDNEY 13/19 S MARSEILLE 14/25 S NOUMEA 22/26 S ISTANBUL 20/26 S VARSOVIE 3/16 S KINSHASA 21/29 P TOKYO 17/21 C Situation le 11 mai à 0 heure TU Prévisions pour le 13 mai à 0 heure TU

VENTES DÉPÊCHES e a RESTAURATION. Quinze restau- La 16 Biennale des antiquaires de Milan rateurs sont réunis au marché Malas- sis à Saint-Ouen, pour faire découvrir au public les divers types de restaura- VILLE SYMBOLE de la ri- aussi nettement plus riche avec 150 000 F, 23 000 ¤). De très Les meubles fin XVIIe ou XVIIIe rope. Pour les maîtres anciens tion envisageables sur des objets chesse du nord, Milan attire tous des pièces nombreuses et di- beaux objets en fer forgé de grande qualité se révèlent d’écoles locales : La Sainte Fa- d’art. Cette manifestation a lieu du les deux ans la plupart des verses pour les meubles comme adaptent tous les styles, depuis moins chers que les modèles mille, de Benvenuto Tisi, dit « il 13 au 22 mai les samedis (9 -19 grands antiquaires de la pénin- pour les objets. Leurs prix sont le XIVe : chenets, grilles, coffrets français : encoignure en bois Garofalo » (1476-1559, école de heures), dimanches (10 -19 heures) et sule, qui privilégient les créa- sensiblement les mêmes que ciselés, lutrins, lustres, et de ma- peint ornée de scènes à l’anti- Ferrare) (850 000 F, 130 000 ¤), lundis (11 -17 heures). tions italiennes de toute époque. dans l’Hexagone pour des gnifiques serrures ouvragées (à que, fin XVIIe (270 000 F, La Parabole de l’aveugle, une Marché Malassis, Puces de Saint- Quatre-vingt-six exposants, œuvres équivalentes : table bo- partir de 50 000 F, 7 600 ¤). 40 700 ¤), table de salon en bois grande composition à la dimen- Ouen, 142 rue des Rosiers, 93400 dont quelques Français, Suisses, lognaise en noyer de la fin du doré de la deuxième moitié du sion plus théâtrale de Luciano Saint-Ouen. Belges et Espagnols, participent XVIe à quatre traverses, équipée MOINS CHERS QUE LES FRANÇAIS XVIIIe, plateau en pierre dure Borzone (1590-1645), artiste gê- a CHAISES ROYALES. Une paire de cette année à la 16e Biennale qui de tiroirs (850 000 F, 130 000 ¤), Parmi les exemples nombreux, polychrome orné d’une compo- nois (270 000 F, 40 700 ¤). Appré- chaises provenant du château de Ba- fermera ses portes le 14 mai. crédence en noyer à deux portes citons un coffre-fort en fer à sition aux vases (750 000 F, ciées de manière plus internatio- gatelle passeront en vente à Dijon le Amplement représentée, la et trois tiroirs, Italie du Nord, fin cinq serrures, travail piémontais 115 000 ¤), commode-scriban nale, les œuvres du XIXe ont des 14 mai. Réalisées par Georges Jacob, Haute Epoque semble connaître XVIe (220 000 F, 33 500 ¤), siège du XVIIIe (85 000 F, 13 000 ¤) et mouvementée en noyer et palis- cotes semblables dans tous les et sculptées par Jean-Baptiste Rode, un succès beaucoup plus impor- Savonarola, que les Français une paire de lanternes véni- sandre marquetés, travail gênois pays : Portrait d’Hélène, de Fede- elles présentent un décor de laurier tant qu’en France. L’héritage de nomment « Dagobert » en bois tiennes sculptées du milieu du vers 1720-1730 (1 million de rico Zandomeneghi (1841-1917) qui s’enroule le long des pieds et des ces périodes lointaines paraît ou en fer forgé (à partir de XVIIIe (100 000 F, 15 300 ¤). francs, 153 000 ¤). (1 million de francs, 153 000 ¤), dossiers. Ces pièces somptueuses Les majoliques italiennes du Hautes Montagnes, d’Angelo sont estimées 300 000/400 000 F. XVIe sont également à l’honneur, Morbelli (1853-1919) (3 millions Etude de Vrégille-Bizoüard, 44 rue Calendrier b Paris (boulevard de 13 et dimanche 14 mai, mais là les prix restent les de francs, 459 000 ¤). de Gray, 21000 Dijon, tél. : 03-80-73- Courcelles), du vendredi 12 tél. : 02-98-96-27-64. mêmes à Milan, à Paris ou à Présentée pendant toute la 17-64. ANTIQUITÉS-BROCANTES au dimanche 14 mai, bBry-sur-Marne Londres. Un Albarello du Mastro durée du salon, une exposition a NEW YORK. Sotheby’s met en b Paris (place de la Bastille), tél. : 01-47-05-33-22. (Val-de-Marne), samedi 1 Domenigo (Venise XVIe) orné du de livres consacrés à l’architec- vente le 17 mai un ensemble de toiles du jeudi 11 au dimanche 21 mai, b Launois-sur-Vence 3 et dimanche 14 mai, portrait en buste d’un guerrier ture réunit 90 ouvrages illustrés de Rothko, De Kooning, Warhol, Du- tél. : 01-56-53-93-93. (Ardennes), samedi 13 tél. : 01-64-56-25-39. est un des modèles les plus im- du XVIe au XIXe . buffet, etc. La vedette va à une b Dijon (Côte-d’Or), du et dimanche 14 mai, portants, avec 35 cm de hauteur composition monumentale de Mark vendredi 12 au dimanche 21 mai, tél. : 03-24-35-06-36. COLLECTIONS (450 000 F, 69 000 ¤), un Albarel- Catherine Bedel Rothko titrée Jaune sur violet (1956), tél. : 03-80-77-39-00. b La Rochelle b Dinard (Ille-et-Vilaine), Salon lo de Faenza du milieu du XVIe qui est estimée 7 à 9 millions de dol- b Rivesaltes (Charente-Maritime), samedi 13 du bateau de caractère, du offre un décor en camaïeu bleu ૽ Biennale internationale des lars (6 à 8 millions d’euros). Une (Pyrénées-Orientales), du et dimanche 14 mai, vendredi 12 au dimanche 14 mai, dit « alla porcelana » inspiré par antiquaires de Milan, FieraMila- Vache au genou rouge de Dubuffet est vendredi 12 au dimanche 14 mai, tél. : 05-46-30-08-50. tél. : 02-98-44-97-36. les porcelaines de Chine no, pavillons 5/1 et 6/1, entrée annoncée à 2 à 3 millions de dollars, tél. : 04-68-63-06-39 b Trémuson (Côtes-d’Armor), b Clichy (Hauts-de-Seine), (30 000 F, 4 580 ¤). Porta Cassiodoro. Jusqu’au et Mao, de Warhol, de 400 000 à b Paris (espace Auteuil), samedi 13 et dimanche 14 mai, Salon des cartes postales et Les tableaux, également très 14 mai de 12 à 20 heures, samedi 600 000 dollars. du vendredi 12 au lundi 22 mai, tél. : 06-15-64-26-32. vieux papiers, samedi 13 mai, nombreux, sont plutôt moins et dimanche de 10 à 20 heures. Renseignements chez Sotheby’s tél. : 01-40-71-90-12. b Morlaix (Finistère), samedi tél. : 01-42-70-22 48. chers que dans le reste de l’Eu- Entrée 60 F, 9,16 ¤. Paris, tél. : 01-53-05-53-05.

Retrouvez nos grilles MOTS CROISÉS PROBLÈME No 00 - 113 sur www.lemonde.fr L’ART EN QUESTION No 169 En collaboration avec

– 8. Mettra à l’épreuve. – 9. Lettres de Sade. Souhaitât. – 10. Ses parents viennent d’ailleurs mais lui est né en « Contre la falsification des formes » France. Beau fruit rouge. – 11. Bien AU DÉBUT des années 1890, ou mal c’est une question d’humeur. Van de Velde, peintre de forma- Lac lombard. – 12. A dépouillé Aga- tion, se tourne vers l’architec- memnon de sa femme et de sa vie. ture et les arts appliqués suite à Préposition. la découverte des théories de John Ruskin et de William Mor- Philippe Dupuis ris. Comme l’ensemble des pro- tagonistes de l’Art nouveau, il SOLUTION DU No 00 - 112 s’oppose à la situation alors prédominante où « les formes HORIZONTALEMENT réelles des choses étaient camou- flées » et considère « la révolte I. Moucharabieh. – II. Emboîtage. contre la falsification des – III. Courbet. Bous. – IV. Réel. Rou- formes » comme une « révolte mi. – V. Nao. Recopiât. – VI. Djinn. morale ». Hm. DGA. – VII. Uo. Aède. Niet. – Ce bureau, l’un des meubles VIII. Iule. Armer. – IX. Traverse. Ego. les plus célèbres conçus par l’ar- – X. Essieu. Ré. An. tiste belge, répond tout à fait au souhait exprimé par son auteur : SYLVIA BATAILLE ET AMÉLIE GRASSER ET AMÉLIE BATAILLE SYLVIA VERTICALEMENT la fonction ne doit pas se révé- Henry Van de Velde (1863 -1957) « Ecritoire ». ler au fur et à mesure de l’utili- Modèle créé en 1898 et exécuté par les ateliers HORIZONTALEMENT passé. Bien usée. – X. Ouvertures sur 1. Méconduite. – 2. Omo. Ajours. sation, mais s’imposer immédia- de la société Van de Velde à Uccle. le bâtiment. – 3. Ubu roi. Las. – 4. Coré. Nævi. – tement. L’ornement lui-même a Chêne, bronze doré, cuivre et cuir, 128 x 268 x 122 cm. I. Qui ne devrait pas être mis en 5. Hiberne. Ee. – 6. Atèle. Daru. – pour rôle d’exalter la finalité de Paris, Musée d’Orsay. Aux Galeries nationales pièces. – II. Un vieux de la vieille des VERTICALEMENT 7. Rat. Chers. – 8. AG. Rom. Mer. – l’objet. Cette écritoire, l’une des du Grand Palais jusqu’au 26 juin pour l’exposition « 1900 ». fonds chauds. Sanctionne un pas- 9. Be-bop. Ne. – 10. Ouï-dire. – quatre réalisées sur le même sage à l’université. – III. Un mot de 1. Souvent absent. – 2. Réponse 11. Ecumage. Ga. – 12. Hésitation. modèle mais dans des bois dif- férents, a été exposée en 1899 à : Réponse du jeu n° 168 paru trop. Sans fantaisie. – IV. Indispen- enfantine. Partir en voyage. – 3. Bon - Cologne, à l’exposition du dans Le Monde du 5 mai. sable avant la distribution. Romains. tuyau pour les courses. Dans la Deutscher Werkbund ? L’Académie des arts du dessin Espagnol et sec. – V. Complètement poche du vainqueur. – 4. Quart de - Munich, pour le Salon de la à Florence fut créée à l’initiative bloqués. Conjonction. – VI. Sur un tour. Creusait les sillons. – 5. Jeunes Sécession munichoise ? de Vasari par Cosme de Médicis poulet à porter. Crie en forêt. Repris filles à la mode hier, naïves au- - Paris, dans les locaux de La en 1563. L’académie de Saint- en mains par MAM. – VII. Rien ne jourd’hui. – 6. Fournisseur de bois et Revue blanche ? Luc à Rome fut créée par Gré- trouve grâce à ses yeux. Pris en pitié. d’huile. Petit patron d’une grande goire XIII en 1577. L’Académie – VIII. Tiré en abandonnant. Ma- entreprise. – 7. Sans bavure. Attend Réponse dans Le Monde du royale de peinture et sculpture à nière de faire. – IX. Explosions du le retour des cadavres à la cave. 19 mai. Paris fut fondée en 1648. LeMonde Job: WMQ1205--0030-0 WAS LMQ1205-30 Op.: XX Rev.: 11-05-00 T.: 10:57 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0518 Lcp: 700 CMYK

30 CULTURE LE MONDE / VENDREDI 12 MAI 2000

CANNES 2000, de nos envoyés Catherine Tasca, le 53e Festival interna- marquée par la projection de De l’ori- la présentation, hors compétition, de a permis de fructueux échanges entre spéciaux. En présence du premier mi- tional du film a été inauguré, mercredi gine du XXIe siècle, court-métrage en Vatel, de Roland Joffé, accompagnée les dix intellectuels et vingt-cinq ci- nistre, Lionel Jospin, de son épouse, soir 10 mai, sous des trombes d’eau. forme de poème fulgurant de Jean- d’un banquet thématique. b LE COL- néastes conviés, ces derniers expri- Sylviane Agacinsky, et de la ministre b PRÉSIDÉE par l’actrice Virginie Le- Luc Godard, et placée sous le signe des LOQUE organisé par Le Monde et le mant leur confiance face au défi des de la culture et de la communication, doyen, la soirée d’ouverture a été festivités de la cour du Roi Soleil, avec festival et présidé par Isabelle Huppert nouvelles technologies. Un banquet de Depardieu et un poème de Godard inaugurent le festival Le siècle saisi par « JLG » en quinze minutes, la projection de « Vatel », film de Roland Joffé, et la présentation du jury par son président, Luc Besson, ont marqué la soirée d’ouverture cannoise, placée sous l’autorité et le charme de la jeune actrice Virginie Ledoyen IL PLEUVAIT fort sur la Croi- y a des nouvelles technologies, mais cette édition 2000, les organisateurs par le Festival et Canal+ ou - » lais- sette, mercredi soir 10 mai, et le le cinéma reste vivant et continue à avaient pris le risque à la fois d’al- sait entendre que, de son point de premier ministre, Lionel Jospin, faire battre les cœurs, voilà ce que longer la cérémonie et de diviser vue, ce n’était pas forcément le montait les marches accompagné Cannes permet de mesurer. L’an der- leur public, en demandant un court même qui avait (magnifiquement) de son épouse, Sylviane Agacinsky, nier, mon fils était présent à Cannes métrage à Jean-Luc Godard avec exécuté cette commande. et de Catherine Tasca, ministre de [dans Pola X, de Léos Carax], cette pour mission d’évoquer le siècle qui Heureusement qu’il y eut ensuite la culture et de la communication, année c’est moi, j’espère que ma fille s’achève. un entracte, que certains – dont on mais privé de la présence d’Isabelle sera là l’an prochain, pourquoi taira les noms, mirent à profit pour Huppert et de Wim Wenders, bien pas?» LA BEAUTÉ SELON RILKE s’éclipser : on peine à imaginer un qu’ils soient convenus l’après-midi Enfin tout le monde s’était re- En quinze minutes, De l’origine enchaînement immédiat entre le même de se retrouver pour cette trouvé, enfin tout le monde, plus du XXIe siècle s’est affirmé comme cri, le chant, l’élan de couleurs et de glorieuse ascension... Il pleuvait ou moins mouillé, était assis dans le un poème fulgurant, où la beauté mots saturés par le désespoir – toujours et, en haut des marches, grand auditorium Lumière, et la lu- des images et des sons, la puissance « dans lequel il y a l’espoir », disait Pierre Viot, président du festival, et mière à peine éteinte, la voix de d’évocation d’un montage se gar- un autre poète – et l’estouffade Va- Gilles Jacob, délégué général, ac- Pierrot, c’est-à-dire de Ferdinand, dant de toute énonciation mais tel. A l’issue de la projection, celle- cueillaient des invités trempés, ou donc de Jean-Paul Belmondo, Pied- convoquant les figurations de l’hor- ci connaissait un double épilogue. recueillaient, stoïques et affables, le Nickelé godardien, occupait l’es- reur telles que le XXe siècle les en- D’une part il s’ensuivait la traversée trop-plein d’eau de leurs para- pace. Elle donnait son élan à un fanta, pour les faire danser en- du Palais du Festival transformé en pluies. Il pleuvait encore, et per- hommage au cinéma ludique et vir- semble, eut raison de tous les palais des délices XVIIe siècle, pour PASCAL GUYOT/AFP PASCAL sonne ne manquait à l’appel de la tuose, coloré et virevoltant, imagi- Gérard Depardieu, entouré de Carole Bouquet (à droite) dangers. Le public parut quelque les invités au traditionnel banquet nombreuse escouade entourant né par la compagnie Montalvo- et d’Uma Thurman, avec laquelle il partage l’affiche de « Vatel ». peu médusé par ces images et ces d’ouverture, cette fois conviés à des Gérard Depardieu, amphytrion de Hervieu, comme un écho à la sortie mots dont la violence détonnait agapes « royales », avec force figu- cette soirée inaugurale, escorté par de la belle affiche dessinée cette molto vivace. Et même d’introduire réalisateurs Jonathan Demme et d’autant plus qu’elle rimait avec rants déguisés et victuailles disper- Carole Bouquet et par Uma Thur- année, tout arrive, par Mattotti. à son dernier tableau, souriante, ti- Mario Martone, on remarquait sur- quelques instants inoubliables de sées. man, qui partage avec lui la tête mide et appliquée à tenir son rôle tout les deux écrivains du jury, cinéma – Dreyer, Bergman, Mizo- D’autre part, la projection de Va- d’affiche de Vatel, le film de Roland BALLET EUPHORISANT et son rang, Virginie Ledoyen en Ariundhati Roy pour son élégante guchi, Godard lui-même s’autoci- tel valait un salut général aux décla- Joffé projeté en ouverture du Partagé entre la scène et l’écran, maîtresse de cérémonie d’un soir. prestance, Patrick Modiano pour tant (le trajet du doigt sur les lèvres rations qu’avait faites le matin 53e Festival de Cannes. ce ballet s’intitule, dit-on, Variations Elle fut charmante et brève, par- son malaise à paraître en public. de Jean Seberg après « Qu’est-ce même Jean-Paul Rappeneau, relayé Sollicités par les photographes, au Paradis et s’inspire d’un spec- faite donc, conviant Luc Besson se Il fallut encore le renfort de trois que c’est, dégueulasse ? »). par Catherine Breillat et Tonie ou obéissant à quelque mystérieuse tacle de la troupe, Paradis. Citant départissant un moment de son ha- comédiens, la vedette si applaudie A priori peu réceptif à ce genre Marshall au cours du colloque or- injonction du protocole, Depardieu Godard et Tati, Cocteau et Fellini, il bituel laconisme pour lancer avec l’année précedente dans Tout sur de défi artistique, le public de la cé- ganisé par le Festival et Le Monde, et sa bande n’en finissaient pas de produisit un effet euphorisant sur gentillesse : « Monsieur le premier ma mère, de Pedro Almodovar, Ce- rémonie de gala cannoise semblait mettant en garde contre l’indiffé- ne pas monter les marches, l’acteur un public par expérience méfiant ministre, c’est un honneur d’être, cilia Roth, et les deux stars du film pourtant accepter d’être mis de rence à la langue parlée par les ac- aux anges multipliant les facéties envers les cérémonies d’ouverture. pour ce soir, votre président », avant du jour, Uma Thurman et Gérard plain-pied avec cette définition de teurs dans les films. L’anglophonie chaleureuses qui font son charme, « Variations », aussi bien, sur quel- de présenter les « membres de mon Depardieu, pour annoncer en espa- la beauté comme « commencement improbable de Louis XIV et celle de hors écran aussi bien que devant ques silhouettes déjà approchées gouvernement, qui ont une parti- gnol, en anglais et en français que de la terreur que nous sommes ca- Gérard Depardieu n’étaient en ef- les caméras. Plus tôt, lors de la par Jean-Paul Goude, sur quelques cularité : ils sont tous à la culture ». le 53e Festival international du film pables de supporter », donnée par fet pas les moindres obstacles conférence de presse, il avait décla- figures de jeu entre image et pré- Virginie Ledoyen et Luc Besson, à de Cannes était bien indubitable- Rilke dans les Elégies à Duino et, contribuant à expliquer l’accueil, ré qu’à ses yeux « il est important de sence réelle développées naguère deux, appelaient les neuf autres ju- ment « ouvert ». Fini ? Non. Il est depuis Sauve qui peut (la vie), si aussi frais qu’une marée... arrivée à venir à Cannes. J’aime Cannes et dans le Shazam de Decoufflé, le rés : aux côtés des actrices Nicole d’usage que les soirées d’ouverture souvent remise sur le métier par temps, réservé au film à l’issue de vous tous, je ne suis pas un salaud spectacle composé par José Mon- Garcia, Aitana Sanchez-Gijon, Kris- soient consensuelles, il est seule- l’auteur d’Histoire(s) du cinéma. En- sa projection officielle. quand je dis ça. On y parle de métier, talvo, avec ses clins d’œil, avait la tin Scott-Thomas et Barbara Suko- ment souhaitable qu’elles ne soient core que la signature, la griffe plu- de ses bouleversements. On voit qu’il vertu de charmer sur un tempo wa, du comédien Jeremy Irons, des pas trop longues. Pourtant, pour tôt, JLG, à la fin du film « présenté Jean-Michel Frodon Cuisine et politique Mémoires d’outre-son Vatel. L’intendant du prince de Condé désespère, « Cités de la plaine », l’œuvre ultime de Robert Kramer, et nous avec lui, de séduire le roi Louis XIV ouvrira le 12 mai les « spéciales » de la Semaine de la critique la maîtrise : son coup de foudre publicité pour une marque de pâtes S’IL EST une tradition dont la Se- sa mort, le montage images du seul (...). Il faut être capable de rire SÉLECTION OFFICIELLE/HORS pour Anne de Montausier (Uma tournée autrefois par le comédien. maine de la critique peut s’honorer, film, réalisé en vidéo numérique, de ses images pour pouvoir se mettre COMPÉTITION. Film franco-bri- Thurman) ; les foucades du frère du Il y a pourtant une belle idée c’est d’avoir accueilli à Cannes, à est achevé. Restait la bande so- ensuite au travail avec une autre tannique de Roland Joffé. Avec roi et de son gang de gentils- dans ce film, qui explique sans au- trois reprises depuis 1968, le nore, dont on sait quelle impor- personne. » Cette idée du montage Gérard Depardieu, Uma Thur- hommes homosexuels ; les in- cun doute l’intérêt suscité depuis cinéaste américain Robert Kramer, tance elle revêt dans son œuvre. comme deuil, troublante quand man, Tim Roth, Julian Sands, trigues du marquis de Lauzun (Tim longtemps par le scénario de dont l’œuvre engagée, fraternelle, Dès lors, une amicale conjuration elle est exprimée par un homme Arielle Dombasle. (1 h 57.) Roth, excellent dans son propre Jeanne Labrune. La tâche assignée n’aura cessé de mettre des bâtons décide de terminer le film. A l’ini- qui mourra quelques mois plus rôle, avec une perruque d’époque à Vatel d’organiser une fête pour dans les roues de l’ordre politique tiative du producteur Richard Co- tard, devient plus émouvante en- Celui ou celle qui est déjà arrivé déposée comme accidentellement satisfaire le roi et gagner son atten- et cinématographique mondial. pans, collaborateur et ami de core lorsqu’on la confronte aux pa- (e) en avance à un mariage et a sur- sur son crâne) ; une livraison de tion est une belle métaphore du Commencé avec The Edge, continué longue date du cinéaste, décision roles de sa fille, qui rend compte de pris un traiteur et ses serveurs au poisson, indispensable pour le ban- travail du réalisateur de cinéma re- avec Ice, le parcours cannois du ci- est prise que l’ingénieur du son Ju- l’étrange expérience qu’a été pour moment où ils sortaient les tréteaux quet final, clou du spectacle imagi- cherchant les faveurs du specta- néaste (également sélectionné en lien Cloquet et la propre fille de elle la finition du film. pour installer tables, chaises et cou- né par Vatel et dont l’arrivée tardive teur. Vatel est un film sur la mise en compétition officielle en 1982 avec Robert Kramer, Kidja, mèneront de Agée de vingt-cinq ans, travail- verts a déjà vu Vatel. Au vrai, non, provoquera le suicide légendaire du scène, proche à la fois de Pirandel- A toute allure) s’achève donc au- concert ce travail à bien. lant la photographie depuis une di- pas tout à fait, car le nouveau film maître de cérémonie. lo et des Mille et Une Nuits, une jourd’hui sous le signe des Cités de zaine d’années, Kidja Kramer a de de Roland Joffé dure près de deux œuvre qui lie astucieusement l’art la plaine, dont l’intérêt, avant même TRAVAIL DE DEUIL longue date collaboré, à divers heures, ce qui est, pour un tel argu- ART POMPIER de plaire et la mort. Malheureuse- qu’on ne découvre le film, vient, hé- Dans un long et passionnant en- titres, au travail de son père. Asso- ment, tout à fait inhabituel. En 1671, La structure dramatique de Vatel ment, le spectacle imaginé par Ro- las ! du fait que le parcours terrestre tretien accordé au critique Patrick ciée à Julien Cloquet pour cette ul- François Vatel (Gérard Depardieu), pourrait sembler complexe si elle land Joffé relève dans sa forme de de Kramer s’est lui aussi achevé en Leboutte peu de temps avant sa time collaboration, elle en parle homme du peuple, homme de de- ne s’effaçait en permanence devant l’art pompier – un enfant déguisé cours de montage, le 10 novembre mort (publié dans la revue L’Image, comme d’« une très belle rencontre voir, empreint d’un sérieux et d’une ce que le film montre, à savoir des en ange batifole au milieu des dé- 1999, dans un hôpital de Rouen. Il le Monde, no 1, novembre 1999), où l’on s’est retrouvés l’un et l’autre rigueur toute cartésienne – il pré- cuisiniers en train de faire la cui- cors ; un chanteur fait des vocalises était âgé de soixante ans. Robert Kramer parlait justement avec le désir d’être dans une fidélité tend avoir connu le philosophe –, sine, des convives en train de dîner, sur une structure en bois actionnée Installé en France depuis 1980, du montage : « Depuis quinze ans, extrême au travail de Robert, mais intendant du prince de Condé, est des fournisseurs livrant la mar- par des poulies défectueuses ; Vatel l’auteur de Milestones (1975), Route j’essaie d’abord d’être seul devant sans savoir comment on allait sur- chargé d’organiser des agapes du- chandise mais discutant fermement se promène au milieu de sculptures One USA (1989) et Walk The Walk les images pour être disponible à ce monter son absence. Le film lui- rant trois jours et trois nuits à l’in- des modalités de paiement... Pen- en glace qui pourraient sortir d’un (1996) enseignait depuis 1998 au qu’elles disent. J’étale tout, ici plus même parle de cela : où tu vas tention du roi Louis XIV et de sa dant ce temps, Gérard Depardieu film de Tim Burton. Le kitsch, lors- Studio national des arts contempo- ou moins 35 heures de rushes, puis je quand tu n’es plus avec les autres ? » cour. Du bon déroulement de ces circule entre les différents postes qu’il est involontaire et guidé par rains du Fresnoy, à Tourcoing. regarde. Je pense qu’il faut être seul Le travail, long et minutieux, effec- festivités dépend l’avenir du prince de travail et met à l’occasion la un tel académisme, confine au ridi- C’est là, dans les friches indus- pour se faire à l’idée que les images tué à partir d’une maquette rudi- de Condé, désireux de regagner les main à la pâte – il invente ainsi la cule. Il n’y a pourtant guère ma- trielles du Nord, dans cette poche tournées sont tout ce qu’on a et mentaire réalisée par Robert Kra- faveurs du roi et de se voir confier chantilly, faute de disposer de suffi- tière à sourire dans Vatel, juste le de résistance populaire à la déma- qu’elles ne ressemblent jamais à ce mer, a duré deux mois. « C’était le commandement d’une campagne samment d’œufs pour parfaire sa sentiment de regarder une peinture térialisation mondialiste, qu’il qu’on croyait. Le montage aussi pour moi, ajoute-t-elle, une militaire contre les Hollandais. crème anglaise. Il s’affranchit de s’assécher. conçoit le projet des Cités de la commence par le deuil de ce qu’on manière de faire mon deuil. » Le festin est bien sûr perturbé par cette tâche avec une aisance évi- plaine et tourne notamment au avait imaginé que le film serait, et, des événements dont Vatel n’a pas dente, qui n’est pas sans rappeler la S. Bd sein de la communauté kabyle. A dans mon cas, le deuil doit se vivre Jacques Mandelbaum

ÉCHOS CROISETTE Bonnes nouvelles pour les visages pâles La fortune américaine des Palmes PREMIÈRE – et féconde – récolte, à la veille de l’ouverture du Festival, UNE ENQUÊTE publiée dans le numéro du 10 mai du quotidien pro- dans les casiers destinés à la presse : le dossier promotionnel de la fessionnel américain The Hollywood Reporter tend à prouver qu’un film marque L’Oréal, partenaire officiel du Festival. « En hommage aux va- couronné par une Palme d’or à Cannes n’est en aucun cas assuré de leurs esthétiques et culturelles des différents continents, peut-on lire, devenir un succès lors de sa sortie américaine. Si cela semble évident L’Oréal Paris, marque leader du groupe L’Oréal sur la scène mondiale, a pour un film produit par les studios, c’est en partie vrai pour un film choisi des ambassadrices venues du monde entier, et, parmi elles, des stars américain indépendant ou un film européen. En cinquante-trois ans, du grand écran. » Au premier rang desquelles les actrices Andie McDo- seul Pulp Fiction est parvenu à franchir la barre des 100 millions de well et Gong Li dont les fiches biocosmétiques laissent songeur. De la dollars (100 millions d’euros) au box-office, un score qu’il aurait de première, on apprend ainsi qu’elle est aujourd’hui « l’image du fond de toute façon atteint sans sa Palme si l’on en croit les producteurs inter- teint Visible Lift, et du soin effaceur Rides au Rétinol Pur Concentré » ; de rogés dans cette enquête. Les quatre dernières Palmes d’or – L’An- la seconde, qu’elle « prête son visage et ses cheveux à la marque Elsève, et guille, de Shohei Imamura ; Le Goût de la cerise, d’Abbas Kiarostami ; à une ligne de soins spécifiques pour les peaux asiatiques : Plenitude L’Eternité et un jour, de Theo Angelopoulos ; Rosetta, des frères Dar- White Perfect. » Si ces choses-là sont dites en termes élégants, ils n’en denne – n’ont pas dépassé le cap des 400 000 dollars. En revanche, les suggèrent pas moins que vieilles peaux occidentales et épidermes producteurs interrogés vantent tous le rôle de découvreur de talents DEREK HUDSON IPG/COSMOS Derniers rayons de soleil sur la Croisette, orientaux peuvent également prétendre à l’idéal L’Oréal : jeunesse, joué par le festival, qui a permis à Jane Campion, Steven Soderbergh à la veille de la soirée d’ouverture. blancheur et perfection. J. M. et Atom Egoyan d’être repérés par Hollywood. S. Bd LeMonde Job: WMQ1205--0031-0 WAS LMQ1205-31 Op.: XX Rev.: 11-05-00 T.: 10:39 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0519 Lcp: 700 CMYK

CULTURE-CANNES 2000 LE MONDE / VENDREDI 12 MAI 2000 / 31

LA PHOTOGRAPHIE DE DEREK HUDSON Avant la tempête Cannes, 10 mai, 9 h 30. Choisie par Canal + pour orchestrer la cérémonie d’ouverture du 53e Festival international du film, l’actrice Virginie Ledoyen savoure ses derniers instants de calme avant la tempête. IPG/COSMOS Le cinéma d’auteur n’a pas peur des nouvelles technologies Aide à la création : Bilan du colloque présidé par Isabelle Huppert et organisé par « Le Monde » et le Festival vers une Villa Médicis du film ON PEUT tout redouter d’un essayé de les interpeller, quelque- nales (OMC, AMI...) pour la péren- redoute que les industries du loisir CINÉFONDATION, an III ou I ? née, donnant accès à une résidence colloque, fût-il international et fois vivement, sur leur vision du nité d’une cinématographie natio- et le besoin de distraction «re- Ni l’un ni l’autre, à vrai dire, même de quatre mois et demi. Les lau- prélude à l’ouverture du Festival monde et du monde du cinéma. nale a pour objet de défendre mettent en cause le besoin de ciné- si l’organisme « inventé » par réats bénéficieront notamment de de Cannes. Cet art ancien ne vaut Cannes, même quand les événe- celles « de tous les autres pays, les ma ». Il est donc impératif pour les Pierre Viot (qui le préside) et Gilles l’hébergement, d’une bourse men- que par la capacité des partici- ments politiques ne l’y obligeaient autres cinémas, le cinéma » tout pouvoirs publics de favoriser par Jacob était déjà présent à Cannes suelle de 5 000 francs (762 euros), pants à s’écouter, plus encore qu’à pas, a toujours été le lieu de dis- court. tous les moyens l’aide à la créa- en 1998 et 1999, mais affiche cette de cours de français et d’anglais, s’exprimer. Le thème importe cussions entre cinéastes, comme tion, ce à quoi s’est engagée for- année pour la première fois l’en- d’accès gratuit aux salles de cinéma moins que l’assiduité et la concen- l’a rappelé en prélude le président mellement la ministre de la semble de ses ambitions. Il faut en- parisiennes et aux musées. tration de ceux qui le font vivre. du Festival, Pierre Viot. « C’est une « Faire un film culture, Catherine Tasca, qui a core parler d’année zéro, puisque L’objectif est d’abord un Une bonne entrée en matière peut idée de Rossellini, aujourd’hui plus voulu se montrer combative à c’est seulement dans quelques complément de formation, organi- donner le « la » des débats. Quand précieuse que jamais », a-t-il dit est un combat quelques semaines du début de la mois que l’ensemble du dispositif sé avec des institutions (la Femis, il s’agit de s’interroger sur la situa- avant que le cinéaste égyptien présidence française de l’Union entrera en fonctionnement. Mise Le Fresnoy, le Forum des images, tion passée, présente et à venir Youssef Chahine, en quelques de tous les instants. européenne. en place par l’Association française tous les sites liés au patrimoine ci- d’un art, autant donner en premier mots « lâchés pour taquiner un peu La création étant l’affaire des du Festival international du film nématographique...) et en partena- lieu la parole aux artistes. Parmi tout le monde », n’exprime un sen- Il faut se combattre créateurs, la plupart des cinéastes (nom officiel du Festival de riat avec des professionnels (ci- eux, les comédiens sont les mieux timent partagé par l’ensemble des se sont montrés confiants dans sa Cannes) en partenariat avec la Mai- néastes, comédiens, techniciens, placés. Isabelle Huppert en a ad- représentants des cinémas des soi, combattre capacité à convaincre les specta- son du cinéma et la Femis, la Ciné- producteurs, distributeurs, histo- ministré la preuve en présidant pays du Sud : le cinéma ne va pas teurs de sa singularité. « Faire un fondation a en effet deux objets : riens, critiques). Les cinéastes Oli- avec intelligence et sensibilité le de soi dans toutes les parties du les autres. » film est un combat de tous les ins- créer une résidence destinée à des vier Assayas et Claude Miller, les colloque organisé conjointement globe. « De nombreux pays mettent tants, a dit Sidney Lumet. Il faut se jeunes réalisateurs du monde en- producteurs et distributeurs Mi- par le Festival et Le Monde les 9 et les metteurs en scène en prison ou Sidney Lumet combattre soi, combattre les autres. tier et présenter à Cannes une sé- chèle Halberstadt, Carol Scotta et 10 mai (Le Monde du 11 mai). les harcèlent, a insisté le réalisa- C’est l’honneur de notre métier et il lection de courts métrages, de films Caroline Benjo, Paolo Branco, Après elle et un tour de chauffe teur. Quand le problème ne relève n’y a rien de mal à ça. » Son œuvre d’école et de premiers longs mé- Maurice Bernart, Annie Miller, Phi- qui devait permettre à vingt-cinq pas de la politique, il tient à Jacques Attali, ancien conseiller montre qu’il est possible de ga- trages. Les treize titres choisis cette lippe Martin font partie des pre- cinéastes et dix intellectuels ou l’argent. La moindre réception à de François Mitterrand et actuel gner ces combats, certitude parta- année seront jugés par un jury pré- miers professionnels participant à responsables d’institutions cultu- Matignon coûte plus cher que vingt président de PlaNet Finance, a gée par le Britannique Sam sidé par Luc Dardenne. l’opération. relles de mieux s’apprivoiser, le bobines de film. L’Europe est riche, voulu provoquer l’auditoire en no- Mendes, encore tout auréolé du Initié sur la Croisette dès 1998, ce Le principal but est toutefois le colloque cannois aura permis aux démocratique, libre. Vous devez tant que le cinéma était un art triomphe planétaire d’American second projet a connu un retentis- développement, sur le plan du scé- artistes de faire la part de leurs as- pourtant penser à mon problème à « dérisoire » : « Il ne représente que Beauty. Le cinéma a surmonté plu- sement considérable, puisque ce nario comme sur celui de la pro- pirations et de leurs appréhen- moi, égyptien. Si j’en ai le temps, je 0,7 % du PNB mondial, soit vingt sieurs révolutions – le parlant, la sont quelques 850 films, originaires duction, du projet de long métrage, sions à un moment où le cinéma penserai de temps en temps à minutes de transactions sur les mar- couleur... Le numérique n’a qu’à de 152 pays, qui ont été proposés à pour lequel chaque résident sera doit affronter une nouvelle révo- vous. » Message reçu par le pre- chés financiers mondiaux. » « C’est bien se tenir, d’autant que Wim la sélection. Sylvie Perras, directrice parrainé par un professionnel. En lution, l’intrusion massive du nu- mier ministre, invité à clore les dé- aussi un art local », a-t-il ajouté Wenders, le plus intellectuel des de la Cinéfondation et responsable outre, la Cinéfondation propose à mérique à presque tous les stades bats. Lionel Jospin a rappelé que le puisque quelque 90 % de l’argent artistes présents, ou Thomas Vin- de la sélection, souligne l’impor- chaque résident la réalisation d’un de l’élaboration des films et à leur combat du gouvernement français dont il bénéficie ou qu’il génère terberg, auteur du triomphal Fes- tance qualitative des œuvres en- court métrage en vidéo numérique, diffusion. Les intellectuels auront dans les négociations internatio- est nord-américain. Jacques Attali ten, ont déjà expliqué et montré voyées par les école de cinéma du sur le thème de Paris. Ces réalisa- tout le profit qu’on pouvait en re- monde entier et la masse considé- tions, qui pourront ensuite être dif- tirer. rable de projets originaires des fusées en salles ou à la télévision, TROIS QUESTIONS À... ment. On est passé du théâtre au ci- grammes conçus spécialement pour Reste le devoir de méditer les Etats-Unis, en particulier tournés seront archivées par le Forum des néma, puis est apparue la télévision l’Internet est encore indéterminée. risques de déferlement d’images en vidéo digitale. Mais c’est surtout images. Les finalités de la Cinéfon- SIDNEY LUMET et aujourd’hui l’Internet. Cette évo- Il est très difficile de prévoir ce qui sur les nouveaux supports interac- le volet « résidence » qui constitue dation sont multiples, puisqu’il lution se déroule sur un peu plus va fonctionner ou non sur le ré- tifs – DVD et Internet essentielle- une nouveauté. Celle-ci, qui fonc- s’agit de prospecter l’avenir du ci- Un cinéaste américain tel que d’un siècle : c’est long. seau. Mais son arrivée ne me paraît ment – qui pourraient empêcher tionne sur un budget annuel de néma (afin d’irriguer aussi les fu- 1 vous voit-il une menace ou une pas aussi révolutionnaire que celle les publics du cinéma de sacrifier 4 millions de francs (610 000 euros) turs programmes du Festival de bénédiction dans l’arrivée du nu- L’Internet est une nouvelle fe- de la télévision. au rituel communautaire de la vi- – « dont 90 % d’argent privé, issu du Cannes) et d’aider de jeunes au- mérique ? 2 nêtre de diffusion, la première sion des œuvres en salles. Cathe- mécénat », souligne Sylvie Perras –, teurs à faire leurs premiers pas. Je vois deux avantages au numé- depuis l’apparition de la télévision. La libre circulation des films par rine Breillat, rejointe en cela par dispose désormais de locaux, un Mais Sylvie Perras inscrit égale- rique. Je pourrai réduire le budget Comment comptez-vous utiliser ce 3 l’Internet et la possibilité pour Tonie Marshall ou l’Iranienne Sa- grand appartement situé Cité Ma- ment cette démarche dans un de mes films d’un tiers et surtout en nouveau média ? les réalisateurs de distribuer eux- mira Makhmalbaf, veut croire que lesherbes à Paris (9e), en cours cadre plus large, en en faisant «un améliorer la qualité intrinsèque. Les J’ai un grand regret avec l’Inter- mêmes leurs films pourraient-elles le cinéma « n’est pas l’art de la d’aménagement. Ses cinq premiers élément de la politique française couleurs que vous obtenez grâce à net : la taille de l’écran des ordina- menacer le système des studios ? foule, ce qui pourrait mener à la occupants devraient y emménager d’action culturelle en faveur du ciné- cette technique sont bien meil- teurs. Ce n’est pas une bonne chose Certainement pas. Comment lais- dictature de la pensée, ni une dis- le 15 octobre. ma international et de la diversité leures et nettement plus proches de de voir des films sur un petit écran. seraient-ils filer cette manne ? Ils se traction pour le plus grand nombre Ils auront été choisis parmi des culturelle. » la réalité. Globalement, je crois que A chaque fois que l’écran rétrécit, le contenteront de ramasser de mais, comme la peinture avant lui, candidats déjà réalisateurs de le numérique va nous tirer vers le niveau des films s’abaisse. La possi- l’argent, tout l’argent possible. On l’art d’inventer le monde ». En cela, courts métrages ou au maximum J.-M. F. haut en nous poussant à nous re- bilité, par la technologie numé- peut leur faire confiance pour trou- son avenir lui appartient, comme d’un long, parlant français, qui au- mettre en question. Cela peut sem- rique, de projeter les œuvres en ver un moyen efficace d’y parvenir. il appartient à tous de s’en souve- ront déposé avant le 15 juin un ૽ Cinéfondation. Fax : 01-45- bler paradoxal, mais je trouve que salles, sur un grand écran, grâce au nir. dossier comportant un projet de 61-45-88. Site : www.festival- les choses n’ont pas, sur un plan développement des multiplexes, est Propos recueillis par long métrage. Deux sélections se- cannes.org E-mail : Cinefonda- technologique, évolué si rapide- donc capitale. La nature des pro- Samuel Blumenfeld Olivier Schmitt ront ensuite organisées chaque an- [email protected] LeMonde Job: WMQ1205--0033-0 WAS LMQ1205-33 Op.: XX Rev.: 11-05-00 T.: 08:45 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0521 Lcp: 700 CMYK

CULTURE LE MONDE / VENDREDI 12 MAI 2000 / 33 El Chocolate, SORTIR PARIS 19 h 30 ; du mercredi au samedi, 20 h 30 ; le dimanche, 15 h 30. Tél. : Café 01-44-62-52-52. De 50 F à 160 F. la vérité du flamenco Alain Françon, directeur du Les Griots de l’an 2000 Théâtre national de la Colline à Paroles d’aujourd’hui et contes Paris, met en scène Café, de anciens sont au programme du e l’Anglais Edward Bond, un auteur Le chanteur est l’invité du 4 Festival festival Les Griots de l’an 2000. Le dont il est familier. La pièce metteur en scène Gabriel Garran de l’Imaginaire au Théâtre équestre Zingaro explore les origines chez l’homme lit des histoires écrites par Matei du bien et du mal. « Le conflit de Visniec, l’auteur roumain dont LE PLUS GRAND chanteur fla- racol, La Niña de la Peines, Tomas deux hommes qui représente le vingt pièces avaient été censurées menco vivant, Gitan entre les Gi- Pavón... Son premier maître est El combat qu’il faut livrer pour définir par le régime de Ceausescu. tans, la voix dépassée par son Sordilla de Triana, celui que l’on ce que veut dire être humain », Fellag, le comique algérien, propre abîme – son génie de l’in- voit descendre la rue Sierpes, et le commente Alain Françon. La dévoile ses propres nouvelles quiétude et du secret – Antonio Nu- dimanche traîner autour des puces première partie de la pièce se inédites. Deux compagnies ñez Montoya, dit « El Chocolate », de la Alameda, en vendant ses cara- situe dans le domaine de viennent d’Abidjan (Côte est à Paris. Une telle phrase a-t-elle mels. l’imagination, la seconde dans la d’Ivoire) : avec Les Paléos, l’Ymako un sens (« le plus grand », etc.) ? réalité. Parmi les principaux Téatri a adapté le roman Non. Mais elle est vraie. Elle est UNE VOIX À L’ANCIENNE interprètes, on relève des d’Ahmadou Kourouma, En aussi vraie, exacte, indéniable, que Pour vingt-cinq pesetas, Choco- comédiens de la famille théâtrale attendant le vote des bêtes sauvages la voix de Chocolate, sa voix inté- late, c’est son premier contrat, d’Alain Françon : Carlo Brandt, (Le Seuil) ; des adolescents des rieure et son cri d’autrefois, sa voix chante à Malilla. Cette première Clovis Cornillac, Stéphanie rues élevés dans un village de caverne et de civilité, la nuit nuit de chant public reste à jamais Béghain et Dominique Valadié. A d’artistes, les Werewere Liking, d’octobre 86 où, por martinete, il ga- dans sa tête. Un cantaor ne chante signaler : une rencontre avec présentent pour la première fois gna sans conteste (« le meilleur ») pas « bien » ou « mal » : il chante ROBERT RENÉ Edward Bond aura lieu le 13 mai à en Europe un spectacle de théâtre le concours de la 4e Biennale de Sé- ou ne chante pas. Une des mille sin- « El Chocolate » ne donne pas des versions, mais des visions. 18 heures à la Maroquinerie, 23, et musique. ville. Partout au monde, les gularités de Chocolate, c’est que rue Boyer, Paris 20e. Tél. : Théâtre international de langue concours (pétanque, tartes, romans même les nuits de moindre inspira- « señoritos » et chichiteuses : mais lui-même, un vertige, l’inattei- 01-44-62-52-00 (entrée libre sur française (parc de La Villette), 211, ou maths) ont quelque chose de gê- tion, lui, il continue de chanter as- l’université, l’alma mater, c’est le gnable racine, et ce savoir le tue. réservation). avenue Jean-Jaurès, 19e. nant, d’abîmé. Pas en flamenco où sez. Tous les tablaos, toutes les quartier de l’Europe à Séville. Bien au-delà de la souffrance. Théâtre national de la Colline, 15, Mo Porte-de-Pantin. Jusqu’au ils continuent de dire bizarrement fêtes, tous les grands festivals de la En 1985, il participe à un retentis- Il ignore l’interprétation : il crée. rue Malte-Brun, 20e.Mo Gambetta. 17 juin. Tél. : 01-40-03-93-95. De la vérité. fin des années 50, tous les concours, sant hommage à Llorca (Madrid), Il ne donne pas des versions, mais Du 12 mai au 25 juin. Le mardi, 50 F à 120 F. Chocolate a eu la chance non il y laisse sa trace de feu, son visage l’année suivante, est à New York des visions. Il ne chante pas avec la choisie de naître à Jerez de la Fron- bouleversé, en rapporte le prix, ne avec Flamenco Puro (les Habichucla, gorge, mais avec les yeux, avec les tera et de pousser bizarrement à Sé- sourit jamais aux applaudisse- Farruco, Fernanda de Utrera et mains. Il est le cante. Cette phrase est GUIDE ville. A moins de dix ans, il est ments, est le seul à savoir s’il a vrai- toute la troupe). C’est une voix à stupide ? Parfaitement : mais elle est connu comme le loup blanc dans le ment chanté ou pas. Et il sait être le l’ancienne. C’est surtout une vie. Ce vraie. quartier de l’Europe – entre la Cam- seul. qui va échapper, se perdre dans le REPRISE CINÉMA Froissard. Le 12, 20 h 45. Tél. : 01-64-68- pana et la Alameda de Hercules : Son répertoire est immense. Il l’a cante, ce n’est pas la « technique » 09-60. 80 F. Francis Marmande Alexander et Zoltan Korda dans ces ruelles où à chaque pas de appris, rôdé, modifié, dans les bars (solfège à la portée des caniches), Gardiens de phare Douze films de deux auteurs (produc- Film muet de Jean Grémillon (1929). Mu- porte, il y avait un bouge, une cui- de Huelva, les fêtes de chaque vil- c’est la vie : la fureur et les larmes ૽ Le 13 mai à 20 h 30, Théâtre teur, réalisateur) parmi les plus proli- sique de Jean-Louis Agobet. Ensemble sine de fêtes, un garage où l’on ne lage de la route du Sud – Morón, de Chocolate, sa voix irrécupérable, équestre Zingaro, 176, avenue Jean- fiques du cinéma britannique. e Sillages, Annick Minck (direction). gare rien mais où l’on chante toute Lebrija, Utrera, Mairena del Ar- son indifférence à tout ce qui n’est Jaurès, Aubervilliers. Mo Fort-d’Au- Action Ecoles, 23, rue des Ecoles, 5 . Jus- Maison de la musique, 8, rue des An- la nuit. Il est connu, aimé des filles cor... – les bouges de Triana, les bor- pas le chant ou la danse, autant dire bervilliers. Tél. : 01-45-44-72-30. De qu’au 23 mai. Tél. : 01-43-29-79-89. 30 F ciennes-Mairies, 92 Nanterre. Le 12, et 40 F. du quartier, qu’on ne paie pas : Ca- dels huppés où viennent l’entendre la pensée... Il se sait une énigme à 90 F à 140 F (de 13,72 ¤ à 21,34 ¤). 21 heures. Tél. : 01-41-37-94-21. 140 F. TROUVER SON FILM Hervé Krief System G Sunset, 60, rue des Lombards, 1er . o Tous les films Paris et régions sur le Mini- M Châtelet. Le 12, 21 heures. Tél. : 01- tel, 3615-LEMONDE ou tél. : 08-36-68- 40-26-46-60. 80 F. Jean-Christophe Beney Quartet Une « Mouette » pour Macha 03-78 (2,23 F/mn) Au duc des Lombards, 42, rue des Lom- sûr. Multiplions ensuite par cin- poche, dans la poche de sa blouse calculé que plus de cent soixante- ENTRÉES IMMÉDIATES bards, 1er . Mo Châtelet. Le 12, 21 heures. LA MOUETTE, de Tchekhov. quante années, et, là, cinquante, le plus souvent noire, et, surtout, trois mille huit cents fois, j’ai avalé Tél. : 01-42-33-22-88. 100 F. Allen Hoist, Mario Canonge, Etienne Mise en scène : Marc Betton. c’est en dessous, juré ! Nous attei- quelque peu gonflée : Macha fait un verre d’eau, et chaque fois je Le Kiosque Théâtre : les places de cer- tains des spectacles vendues le jour M’Bappe Avec Julie Bérès, Céline Betton, gnons, facile, cent Mouette. usage de tabac, de vodka, et ne me suis dit : « Comme c’est bon ! » même à moitié prix (+ 16 F de commis- New Morning, 7-9, rue des Petites- Laurent Manzoni, Sébastien Os- Chaque fois : excité comme une veut pas être prise de court. Préci- En tout cas, à Bobigny, dans une sion par place). Place de la Madeleine et Ecuries, 10e. Mo Château-d’Eau. Le 12, sard, Martine Irzenski. MAISON puce, et dès le lever du rideau car, sons que Macha n’est jamais em- traduction française loyale et dé- Parvis de la gare Montparnasse. De 21 heures. Tél. : 01-45-23-51-41. De 110 F DE LA CULTURE, 1, boulevard c’est Macha, la très gravement at- brumée, mais elle est, de la vodka, contractée de André Markowicz et 12 h 30 à 20 heures, du mardi au same- à130F. Lénine, Bobigny. Mo Bobigny – teinte Macha, qui est là. C’est ma une pratiquante déterminée. Elle a Françoise Morvan, vous feriez di ; de 12 h 30 à 16 heures, le dimanche. Festival Jazz et Colombes Pablo-Picasso. Tél. : 01-41-60-72- préférée. Et, mystérieux mystère, la vraie technique. Vous tenez bien mieux d’aller entendre Julie Bérès Paola Ruggeri, Lidia Martinez Alain Jean-Marie Trio (20 h 30), Dianne Reeves (22 heures). 72. Du mardi au samedi, à même les actrices les moins inspi- ferme la bouteille, enserrée entre jouer Macha, elle est formidable, Paola Ruggeri : Le Sable sur un carré de Salle des fêtes et des spectacles, 88, rue 20 h 30 ; dimanche à 15 h 30. De rées, disons plus décemment les votre paume et vos cinq doigts, et, surtout au dernier acte, quand le verre, Moment de danse orientale. Lidia Martinez : 100 plaintes et pain perdu. Saint-Denis, 92 Colombes. Le 12. Tél. : 01- 60 F (9,15 ¤) à 140 F (21,34 ¤). Du- moins à leur « top » ce soir-là, de l’autre main, poing fermé, vous metteur en scène, Marc Betton, Centre Mandapa, 6, rue Wurtz, 13e. 47-81-69-02. 110 F et 150 F. Magma rée : 1 h 45. Jusqu’au 27 mai. sont toujours attachantes dans ce envoyez un grand coup sec dans le n’éclaire la scène qu’avec deux Mo Glacière. Les 12 et 13, 20 h 30. Tél. : Le Trianon, 80, boulevard Roche- rôle de Macha. Les rôles de Nina cul de la bouteille : le bouchon bougies : la nuit noire. N’allez pas 01-45-89-01-60. De 60 F à 90 F. chouard, 18e. Mo Anvers. Les 12 et 13, J’ai revu La Mouette mardi soir. et d’Arkadina offrent bien plus saute en l’air, vous avalez « sto croire qu’il est facile d’écrire le Ecole nationale de ballet 19 h 30 ; le 14, 17 heures. Tél. : 01-44-92- de Berlin Vue combien de fois, déjà ? Deux d’occasions d’exprimer des choses gram’ » (100 grammes, la dose mi- compte rendu d’une pièce que 78-05. 180 F. George Balanchine : Mozart’s Diverti- ou trois fois par an, peut-être plus marquantes. De projeter des dons nima), vous ramassez le bouchon, vous avez vue cent fois (ou plus), Popa Chubby mento no 15. Stefan Lux : Marionnette, s’il faut compter les Mouette vues à d’actrice. Mais non, c’est l’inter- vous refermez. mais venez-vous de lire ce qui Olympia, 28, boulevard des Capucines, Milan, New York, Kiev, d’autres... prète de l’incertaine Macha qui A propos, avoir vu cent fois La s’appelle un compte rendu, ça je A la mode, Over Stick and Stone. Tors- 9e. Mo Opéra. Le 12, 20 heures. Tél. : 01- Disons deux fois par an, pour être ten Haendler : Le Tsar et le Charpentier. 47-42-25-49. 155 F. met les autres femmes dans sa mouette, ce n’est rien, je viens de ne le jurerais pas. Tamar Ban-Ami : Voix. Vassily Vainonen : prendre un crayon (en russe, Christine Delaroche Casse-noisette. Jules Perrot. Marius Peti- Théâtre des Déchargeurs-La Bohème, 3, crayon se dit carandach), et j’ai Michel Cournot pa : Esmeralda. José de Udaeta : Spanish rue des Déchargeurs, 1er . Mo Châtelet. Dance with Fans. Marius Petipa : Don Les 12 et 13, 22 heures. Tél. : 01-42-36-00- Quichotte. Karin Sandner. Kelvin Hardy : 02. 110 F. Concerto. Poumi Lescaut Conservatoire national supérieur de mu- Eglise Saint-Séverin, 3, rue des Prêtres- Médiation judiciaire dans le conflit sique, 209, avenue Jean-Jaurès, 19e. Saint-Séverin, 5e. Mo Saint-Michel. Le 12, Mo Porte-de-Pantin. Les 12 et 13, 20 h 30. 20 h 30. Tél. : 01-48-05-00-05. De 80 F à Tél. : 01-40-40-46-46. Entrée libre. 100 F. entre le SFA et le Syndeac Quatuor Takacs Ensemble de musique arabe classique Beethoven : Quatuors à cordes. Institut du monde arabe, 1, rue des-Fos- LA JUGE du tribunal de grande instance de Paris a proposé le Les Abbesses (Théâtre de la Ville), 31, sés-Saint-Bernard, 5e. Mo Jussieu. Les 12 9 mai d’ouvrir une médiation judiciaire entre le Syndicat français rue des Abbesses, 18e. Mo Abbesses. Les et 13, 20 h 30. Tél. : 01-40-51-38-14. 100 F. des artistes (SFA) et le Syndicat national des directeurs d’entre- 12 et 13, 17 heures. Tél. : 01-42-74-22-77. DERNIERS JOURS prises artistiques et culturelles (Syndeac). Le SFA avait assigné en 95 F. INA-GRM justice les centres dramatiques nationaux et le Syndeac pour non- 14 mai : Toeplitz : Erradie. Renouard-Larivière : Douglas Gordon respect de l’obligation de garantir un volume minimum d’emploi Esquive. annuel aux artistes-interprètes (Le Monde du 4 avril). Cette dé- Musée d’Art moderne de la Ville de Pa- Maison de Radio-France, 116, avenue du ris, 11, avenue du Président-Wilson, 16e. marche a entraîné l’ouverture de négociations depuis plusieurs se- e o Président-Kennedy, 16 . M Passy. Le 12, Tél. : 01-53-67-40-00. 27 F. maines entre les différentes parties. « Mais le Syndeac n’a pas fait 20 h 30. Tél. : 01-56-40-15-16. Entrée Jacek Malczewski (1854-1929) un seul pas », estime le SFA. libre. Musée d’Orsay, 1, rue de la Légion- Au cours de l’assignation, les demandes d’irrecevabilité portées Masakatsu Nakano (piano) d’Honneur, 7e. Tél. : 01-40-49-48-14. 40 F. Œuvres de Beethoven, Debussy, Liszt et par le Syndeac n’ont pas été retenues par la juge. Elle a décidé la Lasar Segall (1891-1957) Chopin. Musée d’art et d’histoire du judaïsme, nomination d’un médiateur qui devra remettre un rapport en sep- Cathédrale Sainte-Croix des Arméniens, 71, rue du Temple, 3e. Tél. : 01-53-01-86- tembre. Nouvelle audience le 12 septembre. 6, rue Charlot, 3e. Mo Saint-Sébastien- 53. 40 F. LeMonde Job: WMQ1205--0034-0 WAS LMQ1205-34 Op.: XX Rev.: 11-05-00 T.: 10:54 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0522 Lcp: 700 CMYK

34 KIOSQUE LE MONDE / VENDREDI 12 MAI 2000 EN VUE a La flamme olympique allumée Les mystères Buñuel, le cas Besson par le soleil capté dans un jeu délicat de miroirs, tandis que dansaient de jeunes vestales, Les « Cahiers du cinéma » rendent hommage au réalisateur espagnol, qui aurait eu cent ans en l’an 2000, rejoindra Athènes par la mer à e bord de la canonnière Le Guerrier. racontent les guerres de la distribution française et s’intéressent au président du 53 Festival de Cannes a Adorateurs de Thor et d’Odin, « IL AIMAIT faire l’amour l’après- Une autre anecdote, encore. que sa femme, faisant le bilan de Les avis, comme on le sait, sont reconnus par l’Etat, habilités à midi, il fermait la porte de la chambre L’épouse, par ailleurs fidèle pen- cette longue vie commune, estime partagés. UGC vient de suspendre célébrer les mariages, les et mettait un pull sur la poignée pour dant tout ce demi-siècle, commet qu’elle a été heureuse. Buñuel l’a l’opération pendant un mois pour « Asatruamenn » dénoncent le que personne ne regarde par la ser- une erreur, une seule. Un jour, elle trompée infinimement moins apaiser les esprits. La jeunesse, coût du « Millénaire du rure. » De qui s’agit-il ? De Luis Bu- est allée rendre visite à une amie, qu’on aurait pu s’y attendre vu le pourtant, paraît conquise. christianisme » en Islande. ñuel, raconté par celle qui a été sa mariée à un fort bel homme, Gus- nombre de starlettes apparemment Et puis on n’échappe pas à Luc femme pendant cinquante ans. Pour tavo Pittaluga. L’amie, hélas, est prêtes à tout (à en croire Jeanne). Besson. Le président du jury du fes- a Les pèlerins pourront suivre en tous ceux qui se souviennent de ce absente. Rentrant au domicile Elle ne se souvient, avec colère, que tival a un site sur Internet direct, samedi 13 mai, par le portail film incroyable qu’est El, tourné au conjugal, Mme Buñuel déclare inno- d’une actrice française, restée ano- (www.luc-besson.com). On y ap- http://www.fatimavirtual.com, Mexique en 1952 et qui a pour cemment à son mari que Gustavo nyme, qui a menacé, puisqu’elle prend bien des choses sur les pro- consacré à l’apparition de la thème la jalousie poussée jusqu’à lui donne le bonjour. Buñuel ne ré- n’avait pu avoir le père, de prendre jets du réalisateur, et surtout sur les vierge, la béatification des petits l’incandescence, cette confidence pond pas, il pâlit. Il monte dans sa le fils pour amant... fausses rumeurs qu’il s’efforce de bergers de Fatima. est tout sauf anodine. Dans le film, chambre chercher un revolver et, Ce 546e numéro des Cahiers du démentir. Le ton est vif, direct. Mais le mari paranoïaque imaginait un devant sa femme terrorisée, dé- cinéma comporte également une qui est donc cette Princesse L qui a a Un nid de cigogne sur une ligne voyeur blotti derrière la porte et croche le téléphone pour dire à enquête très fouillée sur l’univers plein d’idées sur le cinéma français à haute tension a plongé, mardi tentait de lui crever subrepticement Gustavo qu’il va venir le tuer. impitoyable de la distribution fran- et qui tient une chronique régulière 9 mai, le sud du Portugal dans le l’œil avec une longue aiguille... « Gustavo a réussi à le calmer, mais çaise, marquée en particulier par sur le site ? Ce n’est pas le moindre noir. Cette pépite biographique est cela n’a pas été facile », commente l’apparition de la « machine à tuer » des mystères bessoniens. Tout cela contenue dans le dossier que les Ca- tranquillement l’intéressée. Elle a était née à Lille en 1908 et elle est d’UGC, avec son abonnement à est-il délibéré ? On prête sans a De l’interprétation de hiers du cinéma consacrent au réali- raconté sa vie avec son jaloux et morte en 1994 au Mexique, onze 98 francs par mois donnant accès à doute trop à ce riche (et talen- 500 dessins d’enfants de l’école sateur. Buñuel aurait eu cent ans génial mari dans un livre, inédit en ans après le cinéaste. tous les films, toutes les séances et tueux) artiste. Et Leeloo, chère à primaire au collège, la cette année, et le Festival de Cannes français, paru en 1990 à Mexico. Il faut quand même ajouter, pour toutes les salles. C’est un coup très tous les inconditionnels du Cin- psychologue Tilde Giani Gallino lui rend hommage à cette occasion. Elle s’appelait Jeanne Rucar, elle rendre justice à l’homme Buñuel, dur pour les petits distributeurs. quième Elément, nous manque. De conclut : « Le père idéal pour les toute façon, Luc Besson est pen- petits Italiens vend des téléphones dant douze jours obligé par contrat portables. » DANS LA PRESSE lui donne l’occasion d’opérer une Mgr Gaillot se vit demander de Ces courriers ne veulent pas dire de se taire. A-t-il réactualisé son conversion au quinquennat, pro- « cantare non extra chorum, sed in non plus que tous les différends site ? Le journaliste des Cahiers du a Un portable s’est mis à sonner LCI pice à son éventuelle réélection, choro » (de « chanter, non hors du sont surmontés : il y faudra encore cinéma est un brin sarcastique. «A quand, lundi 8 mai, les pompiers Pierre-Luc Séguillon sans apparaître à l’initiative d’une chœur mais dans le chœur »). Les des années. Mais les différences, travers ce site, on mesure toute la di- de Colledimezzo, en Italie, a Pour une fois, Valéry Giscard réforme à laquelle il s’est toujours prises de position à répétition, et dorénavant, sont assumées. Merci, mension du fantasme de Besson de extrayaient d’une Fiat Uno deux d’Estaing, qui sans doute souhaitait dit hostile. Lionel Jospin a fait du non sans provocation, de l’évêque le Jubilé ! se bâtir un monde qui s’affranchirait amants à grande vitesse encore embarrasser Jacques Chirac, lui a quinquennat l’un des thèmes de sa d’Evreux étaient perçues – et pas des obligations économiques et mé- étreints dans la mort : « Franciska, peut-être rendu un fier service. En campagne de 1995 et comptait bien seulement au Vatican – comme au- LE NOUVEL OBSERVATEUR diatiques, qui générerait ses propres fais attention, papa a fait un déposant une proposition de loi réitérer cette proposition en 2002 à tant de fausses notes dans le Françoise Giroud commmentaires critiques et sa mauvais rêve. Reviens vite. » constitutionnelle visant à réduire à l’encontre d’un Jacques Chirac concert de la communion épisco- a Quelle est sa légitimité [celle du propre mythologie et n’aurait éven- cinq ans la durée du mandat pré- adepte du septennat. pale. (...) Les lettres échangées hier journaliste tunisien Taoufik Ben tuellement de comptes à rendre a L’université de Manchester sidentiel, l’ancien président offre entre Mgr Billé [président de la Brik] pour parler ? « Je me consi- qu’au public », écrit-il. lance, à la demande de la société en effet au chef de l’Etat une LA CROIX Conférence des évêques de France, dère comme le bouffon du roi Lear... Les Cahiers du cinéma sont britannique de défense de la cause double opportunité. Jacques Chirac Michel Kubler NDLR] et Mgr Gaillot comportent Si mes amis venaient au pouvoir, je publiés par les Editions de l’Etoile, animale, un vaste programme de souffrira en 2002 d’un handicap, a C’était en 1992, à la mi-janvier. des variations sensibles, selon le resterais le clown qui ne les laissera dont notre journal détient 75 % du recherche sur « la cruauté des celui de l’âge. Il lui sera plus aisé de Les évêques français de la région charisme et la responsabilité de pas dormir... » Il y a du clown chez capital et sont dirigés par Franck jeunes envers les bêtes », depuis demander aux électeurs de le re- apostolique Nord étaient à Rome chacun ; mais elles s’inscrivent dé- lui, c’est évident. Heureusement Nouchi. qu’un chat brûlé par un adolescent conduire pour cinq ans plutôt que en visite ad limina. Reçu en privé sormais à nouveau sur la même qu’il y a encore des clowns de cette a dû subir, pendant des mois, des pour sept. Valéry Giscard d’Estaing par Jean-Paul II, selon la coutume, partition d’une commune mission. espèce... Dominique Dhombres soins de chirurgie plastique.

a Depuis que trois jeunes filles ont SUR LA TOILE découvert dans leur chambre un individu « dont le comportement www.superce.com CHANSON VIRALE était contraire à la pudeur », les a La filiale allemande du grand site- personnels masculins subissent des portail commercial paneuropéen prélèvements systématique d’ADN Un outil inédit pour les salariés et leurs représentants dans les comités d’entreprise Spray a fait produire une chanson à la à l’Aiglon College de Villars, en gloire du virus ILOVEYOU, qui a af- Suisse, qui, en septembre, PLUS DE 7,5 millions de salariés riés seront sensibles à la dimension fecté des millions d’ordinateurs dans accueillera la princesse Béatrice, travaillent dans des PME dépour- sociale de son initiative : « Une taxe le monde entier. Extraits du refrain : fille du prince Andrew et de Sarah vues de comité d’entreprise. Le site sociale de 1 % prélevée sur la masse « Virus tueur je t’aime, mon amour est Ferguson. SuperCE, créé par le magazine Infos globale du volume d’affaires traitées réel et profond, tu es mon maître-ordi- CE, a pour ambition de venir sera recueillie par notre fondation, nateur, car tu apportes le dé- a Al-Chaab, bihebdomadaire combler en partie ce manque : à baptisée “Un pour cent et tous pour sastre. » - (AP.) islamiste égyptien, appelle au partir du 25 mai, ils pourront utili- un”. » Les fonds seront versés à des meurtre de l’écrivain Haidar ser sa plate-forme de commerce organismes caritatifs ou à des sala- PARODIE Haidar pour un passage de son électronique pour se regrouper et riés en situation précaire, sous a La compagnie de téléphone améri- roman Festin des algues de mer qui acheter des biens et services au forme de bons d’achat ou chèques- caine Verizon (résultant de la fusion traite Mahomet de « coureur de meilleur prix dans les secteurs ha- restaurant. Les comptes détaillés de Bell Atlantic et de GTE) menace de jupons ». bituellement traités par un CE : de la fondation seront mis en ligne lancer une action judiciaire contre le voyages, spectacles, arbre de Noël, chaque mois. site de hackers 2600.org, qui a déposé a Désormais les maisons closes assurances, etc. D’autres développements ambi- le nom de domaine « verizonreally- turques seront dotées d’une En attendant, SuperCE met à la tieux sont en chantier, notamment sucks » (« Verizon est vraiment cafétéria, d’un foyer sans alcool, disposition de tous les internautes un embryon de « CE virtuel » : « A nul »), et souhaite créer un site cri- d’un sauna et d’un dispensaire, les une abondante documentation en partir de l’automne prochain, nous tique. Verizon veut s’appuyer sur une tenanciers, appelés « managers », ligne : bibliothèque juridique, dos- proposerons aux élus de CE un es- nouvelle loi protégeant les sociétés paieront les cotisations sociales et sier sur les 35 heures, lettres-types pace personnalisé protégé par mot contre les cybersquatters, qui dé- les « employées physiques » des pour les relations avec l’employeur, de passe, où ils pourront recevoir les posent des noms de domaine dans le impôts. listes de sites spécialisés dans questions, suggestions et demandes seul dessein de les revendre avec pro- l’économie, les affaires sociales ou des salariés de leur entreprise, et fit. 2600.org entend se défendre sur le a Les voyageurs, furieux d’avoir les loisirs... Et un abonnement Dazi, créateur du site ; il est rare- d’être pleinement opérationnel, communiquer librement avec eux. terrain de la liberté d’expression. Ve- manqué leur train régulièrement payant permet de bénéficier d’une ment spécialiste de droit social, il SuperCE a reçu en un mois près de De nombreux CE souhaitent rester en rizon avait elle-même déposé le nom en retard, ont saccagé le bureau du assistance juridique plus fine. manque de temps pour mener à bien 150 000 visites. contact avec des employés de plus en « verizonsucks » (« Verizon est chef de gare de Sonarpar, en Inde, Ce service documentaire ses diverses missions et doit tout bri- S’agissant des achats groupés, plus nomades, mais n’ont pas accès nul »), espérant ainsi empêcher la le jour où il a sifflé à l’heure le s’adresse aussi aux salariés siégeant coler avec les moyens du bord. Notre M. Dazi sait que des concurrents à un réseau informatique, interne ou création d’un site parodique. départ. dans les comités d’entreprise : but est de lui apporter les outils dont commerciaux importants sont déjà externe. » www.verizonwireless.com « Aujourd’hui, un élu de CE, c’est il a besoin pour remplir sa tâche sans installés sur le Web, mais il est www.2600.org Christian Colombani souvent Mc Gyver, explique Moussa perte de temps. » Avant même convaincu que beaucoup de sala- Claire Charpy www.verizonreallysucks.com

Marivaudage en direct par Luc Rosenzweig IL SOUFFLAIT sur la Croisette pas qu’elle reste dehors avec sa Voyez-vous, Patrick aurait aimé un vent à décorner tous les maris robe de gala « très décolletée, être Vatel ! » Tous les efforts dé- trompés de la Côte d’Azur, es- comme nous le verrons tout à ployés alors par Poivre pour pèce qui prolifère, dit-on, en l’heure ». Suit un dialogue languis- conserver un semblant de tenue période de Festival. A tel point sant avec Depardieu sur le film de à la discussion tombent forcé- que l’ouverture, en direct de Roland Joffé, où l’on sent bien que ment à plat, surtout qu’Uma Cannes, du JT de TF 1 par l’indé- l’acteur veut expédier au plus vite Thurman, non francophone de coiffable Poivre d’Arvor, ressem- sa « promo » du film, de ce ton las surcroît, n’est pas de ceux que blait à la bande-son des Hauts de et traînant qui fait le bonheur des les intervieweurs appellent un Hurlevent. Les techniciens firent imitateurs. bon client. Exemple : PPDA, ins- merveille, car, après les nou- Patrick s’adresse ensuite à Uma, piré, et tentant d’élever le débat : velles du jour déclinées de Paris la blonde frigorifiée, et à peine a-t- « N’est-ce pas le destin des ac- par Jean-Claude Narcy, retour à elle répondu à la première ques- trices que d’être à la fois pudiques Cannes avec Patrick et ses invités tion sur ses origines bostoniennes et impudiques ? » Uma : « I agree sans bruit de tempête. Heureu- qu’il envoie les images de la mon- [je suis d’accord]. » C’est tout. sement, car la rencontre entre le tée des marches de l’actrice, vue Mais notre Patrick gardait présentateur-vedette de TF 1, de dos. Insensé ! vertigineux ! La dans sa musette une petite va- Gérard Depardieu et Uma Thur- découpe arrière de la robe de cette cherie pour se venger du sale man, venus promouvoir Vatel, le Américaine, qui joue le rôle de la coup de Gérard Depardieu. Se film d’ouverture du Festival, maîtresse de Vatel, ne s’arrête pas retournant vers ce dernier pour peut être classée parmi les à l’endroit où le dos se divise en boucler son plateau, il lui lance grands moments ayant marqué deux, ce qui semble avoir forte- tout à trac : « Il semble que vous l’histoire de cette manifestation. ment impressionné Poivre d’Ar- ayez dû maigrir pour tourner ce Si la blonde Uma Thurman vor. Cette situation n’a pas échap- film... » Le regard de Depardieu, porte une veste de smoking mas- pé à Depardieu, qui glisse en faux alors, laissait présager le pire. Il culin, explique Poivre, c’est que aparté sonore à une Uma Thur- se contenta de rétorquer, vexé : les intempéries ne permettent man un peu gênée : «Ah! Ah! « Mais je suis maigre ! » LeMonde Job: WMQ1205--0035-0 WAS LMQ1205-35 Op.: XX Rev.: 11-05-00 T.: 08:45 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0523 Lcp: 700 CMYK

RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / VENDREDI 12 MAI 2000 / 35

JEUDI 11 MAI GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

19.35 Music for the Movies. 23.45 Falstaff. Opéra de Verdi. 17.30 Témoin à charge aa TÉLÉVISION DÉBATS Bernard Hermann. Muzzik Par l’Orchestre symphonique Billy Wilder (Etats-Unis, 1957, N., ARTE 20.15 Reportage. et les Chœurs du Théâtre royal 120 min) &. Cinétoile 21.05 Le Transport spatial Champions du grand bleu. Arte de la Monnaie de Bruxelles, 19.30 Invasion Los Angeles aa TF 1 18.30 Relations particulières. de demain. Forum 20.45 Thema. De l’art de guérir. Arte dir. Sylvain Cambreling. Muzzik John Carpenter (Etats-Unis, 1988, 19.00 Voyages, voyages. Hollywood. 23.55 Bach à Köthen 1992. 90 min) ?. Cinéfaz 17.35 Sunset Beach. 19.45 Arte info, Météo. 22.05 Préservation des espèces 21.05 Les Géants du siècle. [3/11]. TV 5 Par le Brandenburg Consort, 20.30 Ne pas avaler aa 18.25 Exclusif. 20.15 Champions du grand bleu. et législation... Forum 22.30 Spécial Cannes. dir. Roy Goodman, violon. Mezzo Gary Oldman (GB, 1997, 19.05 Le Bigdil. Spéciale 500e . 20.40 Thema. De l’art de guérir. Lettre à une starlette. Festival 0.20 Bretagnes. Bercy 1999. TF 1 115 min) ?. Ciné Cinémas 1 23.05 L’Aventure à pied, à cheval 19.55 Hyper Net. 20.45 Guérir par soi-même. 22.30 L’Amérique des années 50. [7/7]. 20.30 L’Anguille aa 21.45 Histoire d’une guérison. et en ballon. Forum En route pour les années 60. TMC 20.00 Journal, Tiercé, Météo. TÉLÉFILMS Shohei Imamura, Daisuke Tengan 22.10 La Médecine tibétaine. 22.35 Les Premiers Pas. Paris Première et Motofumi Tomikawa (Japon, 1997, 20.55 Commissaire Moulin. 23.40 Nina Dul, la guérisseuse. MAGAZINES 23.15 Les Pistes du Far West. [2/2]. 17.45 Rhésus Roméo. Festival 120 min) %. Festival Série. Passage protégé %. 0.30 Signé Arsène Lupin a La terre de tous les espoirs. Planète 18.15 Ce que savait Maisie. 20.50 L’Etoile du Nord aa 22.40 Made in America. Film. Yves Robert. 18.20 Nulle part ailleurs. 0.45 Tashkent, la fin d’un monde. Edouard Molinaro. TV 5 Pierre Granier-Deferre (France, Le justicier reprend les armes. Invités:Virginie Ledoyen;Holly Hunter; [1/2]. Histoire 20.55 Le Temps d’un éclair. 1982, 125 min). Téva Téléfilm. Larry Sheldon %. M6 Jamel Debbouze; Calista Flockhart; Marco Pauly. TMC 0.20 Bretagnes. Concert. Faudel; Nathalie Garçon. Canal + DANSE 22.15 Le Chagrin des Belges. 17.30 Les Nouvelles Aventures 20.50 Envoyé spécial. Claude Goretta [2/3]. &. TV 5 FRANCE 2 de Robin des Bois. Le monde impitoyable de Broadway. 19.30 Love Defined. Ballet. 22.40 Le justicier reprend les armes. 18.25 Loïs et Clark. Diamant : voyage en solitaire. Chorégraphie de Bill T. Jones. Mezzo 17.30 Un livre, des livres. Larry Sheldon. %. TF 1 19.15 Cosby Show. P.-s. : Produits fermiers. France 2 20.00 On the Trax. Ballet. 17.35 Nash Bridges. 19.50 I-minute, Le Six Minutes, Météo. 21.10 et 0.10 La Culture aussi. ChorégraphiedeMartha Curtis. Mezzo 18.20 Face caméra. COURTS MÉTRAGES 20.05 Ciné 6 spécial Cannes. Invitée : Gong Li. Paris Première 18.45 Friends. 20.10 Notre belle famille. 23.40 Prisedirecte. Mouvementsocial dans MUSIQUE 22.15 Cannes 2000. Une séquence, 19.15 Qui est qui ? d’Ellen von Unwerth. Canal + 20.40 Décrochages info, Passé simple. les hôpitaux : urgence aux urgences. 21.05 Beethoven. Sonate no 1 19.50 Un gars, une fille. En direct de Rennes. France 3 20.55 Stargate SG-1. pour piano en fa mineur op. 2 no 1. 20.00 Journal, Météo, Point route. 21.25 Sonate no 15 en ré majeur, SÉRIES Les flammes de l’enfer [1 et 2/2] &. opus 28, dite Pastorale. 20.50 Envoyé spécial. Le monde 22.35 The Crow, Stairway to Heaven. DOCUMENTAIRES impitoyable de Broadway. Diamant : 21.55 Sonate no 22 en fa majeur, op. 54. 20.15 Les Arpents verts. The Ballad Le cercle des ténèbres %. voyage en solitaire. Produits fermiers. 18.00 L’Actors Studio. Par G. Pludermacher, piano. Muzzik of Molly Turgiss. &. Série Club Cas de conscience %. 22.40 Jazz at the Smithsonian . 20.55 Commissaire Moulin. 23.05 Swimming with Sharks a 0.20 Chapeau melon et bottes de cuir. Meg Ryan. Paris Première Film. George Huang %. Enregistré en 1982. Passage protégé. %. TF 1 18.15 La Guerre des Boers. Histoire You Know I Care, de Duke Pearson ; 0.40 Journal, Météo. 20.55 Stargate SG-1. [1 et 2/2]. 18.30 Les Phoques cameramen. TMC Red Cross, de Charlie Parker ; RADIO Cherokee Sketches, de Fritz Pauer ; Les flammes de l’enfer. &. M6 18.40 Népal, déesses vivantes. Odyssée Recorda Me, de Joe Henderson ; 22.35 The Crow, Stairway to Heaven. 21.00 Quand passent FRANCE 3 19.00 Voyages, voyages. Hollywood. Arte Blue Monk, de Thelonious Monk ; Le cercle des ténèbres. %. les cigognes aa FRANCE-CULTURE Firm Roots, de Cedar Walton. Muzzik Cas de conscience. %. M6 16.35 Les Minikeums. 19.05 Les Gorges de l’Ardèche. Odyssée Mikhaïl Kalatozov. 22.45 Mozart. Six variations pour piano. 22.50 Le Caméléon. Meurtre parfait (v.o.). Avec Tatiana Samoïlova, 17.45 Le Kadox. 20.30 Equinoxe. 19.10 Chemise noire. Histoire Avec Emil Guilels, piano. Mezzo M. Lee (v.o.). &. Série Club Alexei Batalov (Urss, 1957, N., 18.20 Questions pour un champion. 21.30 Fiction 30. Le Jour du chien, 120 min) &. Histoire 18.48 Un livre, un jour. de Caroline Lamarche. 21.00 La Commare secca aa 18.50 Le 19-20 de l’information, Météo. 22.10 Multipistes. Bernardo Bertolucci (It., 1962, N., 20.05 Fa si la Eurovision. 22.30 Surpris par la nuit. v.o., 95 min). Paris Première 20.35 Tout le sport, Consomag. 22.10 La Déchirure aa 20.55 Les Fantômes du passé FRANCE-MUSIQUES Roland Joffé (GB, 1984, Film. Rob Reiner %. 140 min) %. Ciné Cinémas 2 ARTE ARTE ODYSSÉE 23.05 Météo, Soir 3. 20.00 Debussy, Ravel. Concert donné 22.50 Tout ce que par le Chœur de Radio France 19.00 Voyages, voyages 20.45 De l’art de guérir 21.00 Un été dans la cerisaie 23.40 Prise directe. et l’Orchestre national de France, le ciel permet aa 0.50 Saga-Cités. Le cinéaste William Karel, réputé Une Thema sur l’art de sortir de Une famille, les Tchitchérine, re- Douglas Sirk (EU, 1955, v.o., dir. Pinchas Steinberg : Œuvres de Debussy, Ravel. pour le sérieux de ses précé- la maladie en faisant appel aux fait, grâce à ses descendants ca- 85 min) &. Ciné Cinémas 1 CANAL + 22.30 Jazz, suivez le thème. Lover. dentes enquêtes (Histoire d’une médecines parallèles ou à ces fa- nadiens, le retour vers la Russie 23.05 Wall Street aa Oliver Stone (EU, 1987, v.o., 23.00 Le Conversatoire. droite extrême, Israël-Paslestine, meuses médications venues d’autrefois. La caméra suit pas à 125 min) %. Ciné Cinémas 3 16.40 Marrakech express Film. Gillies MacKinnon &. etc.) qui, pour certaines, ont en- d’ailleurs. Avec plusieurs docu- pas l’une de ces descendantes, 1.05 Voyage au bout RADIO CLASSIQUE gendré des polémiques – comme mentaires sur le docteur Gais- de l’enfer aaa f En clair jusqu’à 20.40 jusqu’à Karaoul, la demeure an- 20.15 Les Soirées. celle sur la rédaction de bauer, qui traite surtout les ma- cestrale de la famille. Un film Michael Cimino (Etats-Unis, 1978, 18.15 Flash infos. v.o., 180 min). Cinéfaz 18.20 Nulle part ailleurs. Œuvre de Benda, dir. Peter Schreier. 20.40 Le Temps en musique : France 2 –, signe ici un voyage ladies chroniques, sur la passionnant et passionné, qui en 2.30 Nous avons 20.40 Mille bornes hilarant à Hollywood. Réalisé médecine tibétaine et sur une dit beaucoup plus qu’on ne Film. Alain Beigel &. De tous temps... Œuvres de De gagné ce soir aa Machaut, Bach, Scarlatti, Beethoven, avec une incroyable liberté, voici guérisseuse qui prétend voir pense sur l’aspect déboussolé de Robert Wise (Etats-Unis, 1949, N., 22.15 Cannes 2000. Une séquence. Schubert, R. Schumann, Franck. un récit truffé de mille anecdotes l’aura des gens qui l’entourent et la Russie d’aujourd’hui, plus que v.o., 70 min) %. Ciné Classics 22.25 L’Eternité et un jour a 22.38 Les soirées... (suite). 2.45 Retour à Howards End aa Film. Théo Angelopoulos (v.o.) &. Symphonie no 7, de Bruckner, insensées, raconté avec un hu- s’en servir à des fins thérapeu- jamais nostalgique, en mal de ses James Ivory (GB, 1991, v.o., 0.40 Le P’tit Tony a par l’Orchestre philharmonique mour féroce. tiques. différents passés. 140 min) &. Cinéstar 2 Film. Alex Van Warmerdam %. de Munich, dir. Sergiu Celibidache.

VENDREDI 12 MAI GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

18.35 Les Parades nuptiales 23.15 Gustav Holst. 13.20 Maman aa TÉLÉVISION DÉBATS Les Planètes, suite pour orchestre, Romain Goupil LA CINQUIÈME/ARTE des baleines à bosse. opus 32. Par l’Orchestre national des [6/13]. Odyssée (France, 1989, 90 min) &. Cinéfaz 21.00 La Pierre, l’artiste Pays-de-la-Loire et le Chœur de Lyon, 13.50 Les Bannis de la sierra a 14.30 La Cinquième rencontre... 19.05 Lagrimas Negras. Les messagers dir. Hubert Soudant. Mezzo TF 1 Faut-il supprimer le bac ? et l’artisan. Forum Joseph M. Newman (Etats-Unis, de la musique cubaine. Odyssée o 16.00 Le Temps des souris. 21.55 Canabistrots, 23.50 Mahler. Symphonie n 1. Par 1952, v.o., 80 min) &. Ciné Classics 13.55 Les Feux de l’amour. 20.15 Reportage. Lièvres d’abattage. Arte l’Orchestre philharmonique de Berlin, 13.55 Par cœur aa 16.35 Alfred Hitchcock présente. du blé en herbe. Forum dir. Bernard Haitink. Muzzik 14.45 Arabesque. 20.30 Belfast, Maine. Benoît Jacquot 15.45 Magnum. 17.00 Le Cinéma des effets spéciaux. 22.55 La Littérature pour enfant, Frederick Wiseman [2/2]. Planète (France, 1998, 70 min) &. Canal + 16.40 Pacific Blue. 17.30 100 % question. littérature infantile. Forum 21.00 Les Déserts australiens. Odyssée TÉLÉFILMS 14.05 Les Naufrageurs 17.55 Les Pages Rouges de l’Histoire. 17.35 Sunset Beach. [1/6] La révolution d’octobre. 21.50 Le Cygne noir. Mezzo des Mers du Sud aa 18.25 Exclusif. 18.15 Le Chagrin des Belges. Cecil B. DeMille (Etats-Unis, 1941, 18.30 Défense d’attaquer ! MAGAZINES 21.50 Tie-Died, le culte Claude Goretta [2/3]. &. TV 5 v.o., 120 min) &. Ciné Cinémas 1 19.05 Le Bigdil. 19.00 Tracks. des Grateful Dead. Canal Jimmy 14.30 La Cinquième rencontre... 19.50 Un vendredi de folie. 15.45 La Déchirure aa 19.55 Hyper Net. 19.45 Arte info, Météo. Melanie Mayron. Disney Channel Famille, école : Faut-il 22.05 Sur les grandes avenues. Roland Joffé (GB, 1984, 20.00 Journal, Météo, Trafic infos. 20.15 Reportage. Lièvres d’abattage. supprimer le bac ? La Cinquième Sunset Boulevard. Odyssée 20.45 Dix jours de folie. 135 min) %. Ciné Cinémas 2 20.55 Columbo. Christian Wagner. Arte 20.45 Dix jours de folie. 17.00 Les Lumières du music-hall. 22.15 Grand format. Les Indésirables : 16.35 Le Crime Série. Meurtre en musique %. Téléfilm. Christian Wagner. la minorité turque en Bulgarie. Arte Patachou. Léo Ferré. Paris Première 20.45 Les Anges de la Crime. 22.35 Sans aucun doute. 22.15 Grand format. Les Indésirables. de monsieur Lange aa Révélations et contre-enquêtes. 18.20 Nulle part ailleurs. 23.20 Les Ailes de France. Rod Holcomb. RTL 9 Jean Renoir (France, 1935, La minorité turque en Bulgarie. Invités : Akhénaton ; Kamel Saleh ; Le Concorde. TMC 20.55 Panique dans la ville. N., 80 min) &. Ciné Classics 0.40 Les Coups d’humour. 23.10 Je suis Cuba Sophie Guillemin. Dominik Moll ; 23.45 La Saga des Nobel. Daniel Helfer. %. M6 17.05 L’Anguille aa Film. Mikhaïl Kalatosov (v.o.). Mathilde Seigner ; Sergi Lopez ; Les génies de la génétique. 20.55 Les Pédiatres. FRANCE 2 1.35 Je pense à vous a Andie McDowell. Canal + Shohei Imamura, Daisuke Tengan La science du comportement. Histoire Daniel Losset [1/4]. TMC et Motofumi Tomikawa Film. Luc et Jean-Pierre Dardenne. 18.50 Vendredi, c’est Julie. France 2 0.40 L’Aventure de l’art moderne. 22.10 Croqueurs de lotus. (Japon, 1997, 120 min) % Festival 13.55 Un cas pour deux. 19.00 Tracks. Arte [1/13]. Le fauvisme. Histoire Paul Shapiro. Festival 21.00 Big Hit a 16.00 La Chance aux chansons. M6 19.30 et 23.30 Rive droite, rive gauche. Che-Kirk Wong (Etats-Unis, Les chanteurs d’amour. Spécial Cannes. Paris Première SPORTS EN DIRECT COURTS MÉTRAGES 1998, 85 min) ?. Canal + 16.55 Des chiffres et des lettres. 13.35 Blessures de femmes. Téléfilm. Ed Kaplan &. 20.55 Thalassa. L’homme-turbot. France 3 17.25 et 22.45 Un livre, des livres. 15.00 Hockey. Championnat du monde 0.40 Histoires courtes. Spécial Cannes. 17.30 Nash Bridges. 15.20 Code Quantum. 21.00 Recto verso. (1re demi-finale). Eurosport Kristin Scott-Thomas. Paris Première Belles de nuit. Jean-Pierre Larcher, avec 18.20 Face caméra. 16.10 M comme musique. 15.00 et 20.00 Tennis. Tournoi messieurs Aurélie Dupont. France 2 17.30 Les Nouvelles Aventures 22.05 Faut pas rêver. 18.50 Vendredi, c’est Julie. de Rome. Pathé Sport de Robin des Bois. Albanie : les ateliers de Mumtas. SÉRIES 20.00 Journal, Météo, Point route. Madagascar : le cinéma de brousse. 19.45 Football. Multiplex D 2. Eurosport 20.50 P. J . Tourisme sexuel. 18.25 Loïs et Clark. USA : la colline du vent. 19.15 Cosby Show. Invité : Charles Berling. France 3 17.20 Equalizer. Coup de froid. 13ème RUE 21.40 Avocats et associés. DANSE Le voisin du dessous. 19.50 I-minute, Le Six Minutes, Météo. 22.35 Sans aucun doute. 18.10 Mannix. L’enlèvement. 13ème RUE 22.50 Bouche à oreille. 20.05 Ciné 6 spécial Cannes. Révélations et contre-enquêtes. TF 1 21.00 Café Müller. Ballet. 18.50 McCallum. Le Régime 22.55 Bouillon de culture. 20.10 Notre belle famille. Chorégraphie de Pina Bausch. 22.55 Bouillon de culture. Dieu, miracle. %. Ciné Cinémas Dieu, le Big Bang et les extraterrestres. 20.40 Politiquement rock. le Big Bang et les extraterrestres. Musique de Henry Purcell. Mezzo 19.30 Mission impossible. 0.15 Journal, Météo. 20.55 Panique dans la ville. Invités : Jacques Arnould ; Les frères. &. Série Club Jean Heidmann ; Matthieu Ricard MUSIQUE Téléfilm. Daniel Helfer %. et Trinh Xuan Thuan. France 2 20.20 Les Arpents verts. FRANCE 3 22.45 X-Files l’intégrale. 0.35 T’as pas une idée ? The Deputy. &. Série Club Le shérif a les dents longues &. 17.15 Ton Koopman dirige... Compagnons de route %. Invité : Philippe Djian. Canal Jimmy Jean-Sébastien Bach. Cantate Herz und 20.45 Les Screenings de Série Club. 14.45 Les Feux de la passion. Mund und Tat und Leben, BWV 147. Par 20.50 Cheers. 21.20 Bosom Buddies. Téléfilm. Billy Hale [2/2]. 0.30 The Practice. DOCUMENTAIRES l’Amsterdam Baroque Orchestra, 21.50 Diagnosis Murder. 16.20 Les Zinzins de l’espace. Risque de précipitations %. dir. Ton Koopman. Mezzo 22.45 Mary Tyler Moore Show. 21.00 La Garçonnière aa 23.20 Sports Night. 23.45 Feds. Billy Wilder. Avec Jack Lemmon, 16.35 Les Minikeums. 17.00 Le Cinéma des effets spéciaux. 18.00 Jazz at the Smithsonian. 0.35 Alright Already. Série Club Shirley McLaine (Etats-Unis, 1960, 17.45 Le Kadox. RADIO Des robots superstars. La Cinquième Red Norvo. Muzzik 20.45 First Wave. N., v.o., 130 min) &. Cinétoile 18.20 Questions pour un champion. 17.10 Virunga. Des coulées de feu 19.30 Daniel Müller-Schott. Le drapeau rouge. 13ème RUE 21.00 Ils vont tous bien aa 18.47 Un livre, un jour. Auditorium du Louvre, 1998. Muzzik FRANCE-CULTURE et de glace. Odyssée 20.50 P.J. Tourisme sexuel. France 2 Giuseppe Tornatore (France - Italie, 18.50 Le 19-20 de l’information, Météo. 20.55 Soirée Nice Jazz Festival. Muzzik 1990, 125 min) &. Ciné Cinémas 2 17.30 Chemins de fer. Japon, 20.50 Jesse. The Rock (v.o.). &. Téva 20.05 Fa si la Eurovision. La superfinale. 20.30 Black & Blue. de Tokyo à Kagoshima. Planète 22.00 Les Plus Belles Musiques de films. 20.55 Columbo. 21.15 Barton Fink aaa 20.35 Tout le sport. En direct. Les pyramides d’Egypte. 17.55 Les Pages Rouges de l’Histoire. Avec Dee Dee Bridgewater ; Meurtre en musique. %. TF 1 Joel et Ethan Coen (Etats-Unis, 20.55 Thalassa. L’homme-turbot. 21.30 Fiction 30. [1/6]. La révolution Julia Migenes. Par l’Orchestre 1991, 110 min) &. Cinéstar 1 d’octobre. La Cinquième de l’Opéra de Marseille, 21.35 L’Age de cristal. 22.05 Faut pas rêver. 22.10 Multipistes. dir. Lalo Schifrin. Paris Première La ville des sables. 13ème RUE 22.10 Une femme disparaît aa 23.05 Météo, Soir 3. 22.30 Surpris par la nuit. 18.00 L’Actors Studio. Alfred Hitchcock (GB, 1938, 21.40 Avocats et associés. 23.30 En chair et en os a Détroit, haut-lieu du taylorisme Harvey Keitel. Paris Première 22.05 Beethoven. Le voisin du dessous. &. France 2 N., v.o., 100 min) &. Ciné Classics et berceau de la musique techno. o Film. Pedro Almodovar (v.o.) %. 18.15 Benito Mussolini. Histoire Sonate n 23 en fa mineur, opus 57, dite « Appassionata ». Par Georges 22.45 X-Files l’intégrale. 23.05 Mille milliards 18.20 Cinq colonnes à la une. Pludermacher, piano. Muzzik Le shérif a les dents longues. &. de dollars aa CANAL + FRANCE-MUSIQUES [67e volet]. Planète Compagnons de route. %. M6 Henri Verneuil (France, 1982, 23.00 Gershwin. Rhapsody in Blue. 0.30 The Practice. [1/2]. 125 min) &. Ciné Cinémas 2 18.30 Le Monde des animaux. Avec Claire Désert, piano. 13.55 Par cœur aa 20.00 Concert franco-allemand. Risque de précipitations. %. M6 Donné par l’Orchestre symphonique de Défense d’attaquer !. La Cinquième Par l’Orchestre national Film. Benoît Jacquot &. 23.20 Retour à Howards End aa la MDR, dir. Fabio Luisi. des Pays-de-la-Loire, 1.15 American Gothic. James Ivory (Grande-Bretagne, 1991, 18.30 Gould, souvenirs. [4/12]. Ainsi vous Amours incendiaires (v.o.). 15.05 Le Cinéma de Fabrice Luchini. Œuvres de Dvorak, Mahler. voulez écrire une fugue ? Mezzo dir. Hubert Soudant. Mezzo 140 min) &. Cinéstar 1 Le pays des ombres (v.o.). 13ème RUE 16.10 6 jours, 7 nuits 22.30 Alla breve. 18.30 Chevaux hors-la-loi 23.10 The Grateful Dead Live 3.45 Friends. [2/2]. The One That Could 23.30 En chair et en os a Film. Ivan Reitman &. 22.45 Jazz Club. Le quartette de Dublin. TMC in Concert. 1972. Canal Jimmy Have Been (v.o.). Canal Jimmy Pedro Almodovar (France - Espagne, de Jean-Christophe Beney. 1997, v.o., 110 min) %. France 3 f En clair jusqu’à 21.00 0.00 Les Légions de Cléopâtre aaa 17.45 C’est ouvert le samedi. RADIO CLASSIQUE Vittorio Cottafavi (It. - Fr. - Esp., 18.15 Flash infos. 1959, 110 min) &. Canal + Vert 18.20 Nulle part ailleurs. 20.15 Les Soirées. En saga op. 9, de 20.30 Allons au cinéma Sibelius, par l’Orchestre symphonique ce week-end. de Berlin, dir. K. Sanderling. 21.00 Big Hit a 20.40 Concert. Hilary Hahn, violon, Natalie PLANÈTE M6 CINÉTOILE Film. Che-Kirk Wong ?. Zhu, piano. Œuvres de Brahms, Bach, Debussy. 22.25 Cannes 2000. Une séquence. 20.30 Belfast, Maine 20.55 Panique dans la ville 21.00 La Garçonnière aa 22.40 Katia Kabanova. Opéra de Janacek. 22.30 Dr. Dolittle Par le Chœur et l’Orchestre Seconde partie d’un documentaire Un téléfilm allemand du cinéaste Tandem exceptionnel pour cette Film. Betty Thomas &. philharmonique tchèque, dir. Charles inédit à la télévision de Frederick Daniel Helfer, qui raconte l’en- comédie de Billy Wilder, Jack Lem- 23.55 La Vie et rien d’autre a Mackerras, Gabriela Benackova (Katia), Wiseman, qui plante son regard et quête d’une jeune commissaire mon et Shirley MacLaine, qu’on Film. Bertrand Tavernier. Peter Straka (Boris). ses caméras sur une petite ville de aux prises avec des noyades cri- retrouvera ensuite dans Irma la l’Est américain, Belfast. Il y a là le minelles mais aussi à sa propre Douce. Le film, tourné en 1960, SIGNIFICATION DES SYMBOLES concentré d’une certaine Amé- phobie de l’eau. Un scénario qui ne donne un reflet sarcastique de la Les codes du CSA Les cotes des films rique, passée au filtre de la radio- laisse aucun répit au téléspecta- société américaine – arrivisme et & Tous publics a On peut voir graphie du documentariste qui suit teur, même s’il est un peu desservi désenchantement amoureux – à % Accord parental souhaitable aa A ne pas manquer pas à pas un médecin et un travail- par des acteurs un peu trop carica- partir du prêt de son appartement ? Accord parental indispensable aaa Chef-d’œuvre ou classique ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + leur social, saisissant visages et at- turaux, qui semblent coincés par par un employé à ses supérieurs, 1.35 Casque d’or aaa ! Public adulte DD Dernière diffusion titudes, ainsi que les destins de des rôles sous-écrits comme on en qui y abriteront leurs frasques Jacques Becker. Avec Simone d Signoret, Serge Reggiani (Fr., 1952, Interdit aux moins de 16 ans Sous-titrage spécial pour « gens de peu ». voit dans les séries B. sexuelles. N., 100 min) &. Ciné Classics # Interdit aux moins de 18 ans les sourds et les malentendants LeMonde Job: WMQ1205--0036-0 WAS LMQ1205-36 Op.: XX Rev.: 11-05-00 T.: 11:08 S.: 111,06-Cmp.:11,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0524 Lcp: 700 CMYK

36

VENDREDI 12 MAI 2000 Menace sur l’accès des pays africains Frégates : A l’oral par Pierre Georges « Le Figaro » évoque QUATRE CANDIDATS candi- gouverner Paris ? Sur votre capa- dataient au grand oral des candi- cité à garder Paris au RPR ? Sur aux médicaments contre le sida dats à la candidature ! C’est ainsi, votre vraie volonté d’être maire un « partage » d’une phrase délibérément répéti- de Paris et seulement cela ? Vous tive, comme roulement de tam- avez une heure pour nous MSF dénonce des pressions de l’industrie pharmaceutique des commissions bour républicain, qu’on pourrait convaincre. Oui, même vous, can- résumer ce qui se passe, ce jeudi, didat Tiberi ! QUINZE PAYS d’Afrique fran- taire : les licences obligatoires et donne la campagne de MSF pour DANS SON ÉDITION du 11 mai, à Paris et pour Paris. Un événe- Ainsi l’imagine-t-on, devait se cophone sont en passe de ratifier les importations parallèles (Le l’accès aux médicaments, la ver- Le Figaro dit avoir « retrouvé la ment peu courant, le saut d’obs- dérouler le concours d’entrée à la des accords sur le commerce in- Monde du 26 mai 1999 et du 1er dé- sion 1999 de l’accord de Bangui a trace » des commissions occultes tacles électif. Avec obligation candidature, fameuses primaires ternational qui vont diminuer leur cembre 1999). Les premières per- été inspirée par l’Office mondial versées en 1992 par le groupe pour les sélectionneurs, les Roger à la mode RPR, à la mode de Pa- marge de manœuvre pour accé- mettent à un État d’autoriser la de la propriété intellectuelle (OM- Thomson-CSF et la Direction des Lemerre du RPR, de choisir le ti- ris. Et les Parisiens, pendant ce der à des médicaments tels que fabrication locale d’une molécule PI), une organisation intergouver- constructions navales (DCN), en tulaire pour le futur championnat temps-là ? Les Parisiens surveil- des antibiotiques ou des traite- moyennant une rémunération nementale, basée à Genève, dont marge de la vente des frégates de France de Paris, maillot bleu et laient cela du coin de l’oeil, du ments contre le sida. Médecins pour le laboratoire détenteur du le budget est en partie financé par françaises au régime de Taïwan. rouge. coin du sondage aussi, sans émoi sans frontières (MSF) devait révé- brevet. Les secondes consistent les industriels. Elle aboutirait à Ces sommes, que Roland Dumas Devant un jury d’amis, de excessif. Les Parisiens guettaient ler ces faits lors d’une conférence pour un pays à se fournir là où les « maintenir un prix de dix à vingt avait estimées à 500 millions de compagnons (gnonnes), tenus, le ciel plutôt que les astres, émer- de presse simultanée jeudi 11 mai, conditions financières sont les fois supérieur pour les médica- dollars (2,5 milliards de francs) cela va de soi, au devoir d’écoute veillés de se voir, en guise de pa- à Abidjan (Côte d’Ivoire) et à Ge- plus avantageuses, par exemple ments essentiels qui pourraient être dans un entretien accordé en et de confidentialité, les quatre tience, offrir l’été en mai. nève (Suisse). A cette occasion, au Brésil ou en Inde, et pas néces- proposés sous forme générique ». 1998 au même journal, auraient été postulants vont plancher. Pendant Grand oral de Paris donc au Sé- MSF publie, en collaboration avec sairement auprès de la maison Bernard Pécoul rappelle les prises « versées avec l’assentiment des plus une heure chacun et chacune. nat. Et oral de cinéma à Cannes. l’Organisation mondiale de la mère. de positions de Bill Clinton à hautes autorités de l’époque ». Le Dans un ordre précis, tiré au sort Comme il n’était pas dit que santé et l’Organisation des Na- Seattle et de Jacques Chirac, dans Figaro indique que le ministère des peut-être. Edouard Balladur, puis Jacques Chirac serait le seul à être tions-Unies sur le sida (Onusida), DISPOSITIFS TRIPS une lettre adressée à MSF, à finances aurait avalisé l’exporta- Jean Tiberi, puis Philippe Séguin, de cette pâte humaine là, Lionel un rapport dénoncant « les effets Pour les quinze pays évoqués l’OMS et à l’Onusida, « qui ont af- tion des commissions en exigeant puis Françoise de Panafieu. Suc- Jospin est venu, sur Canal+, ra- néfastes » de ces nouvelles dispo- par MSF (Cameroun, Congo Braz- firmé qu’il fallait encourager ces seulement que l’argent ne soit pas cessivement, convocation en conter sa vie de cinéphile. Ce fut sitions qui concernent la proprié- zaville, Côte d’Ivoire, Gabon, Sé- pays à appliquer les accords de destiné à « alimenter le grand ban- main et, précise même le proto- intéressant. Très ? Intéressant. La té intellectuelle et qui renforcent négal, Bénin, Burkina Faso, Répu- l’OMC au mieux des intérêts de leur ditisme et le terrorisme local ». cole, à un quart d’heure d’inter- mer derrière était bleue. Les ba- « le monopole attribué aux titu- blique centrafricaine, Guinée, population ». Bill Clinton vient Il précise qu’au terme du « par- valle, afin que le sortant n’ait pas teaux tout à fait blancs. Et Isa- laires des brevets au-delà des Guinée Bissau, Mali, Mauritanie, d’ailleurs de signer, mercredi tage » organisé, le KMT, parti au à croiser le rentrant dans les cou- belle Giodano complètement ai- normes minimales requises » par Niger, Tchad et Togo) les brevets 10 mai, un document décrétant pouvoir à Taïwan, devait recevoir loirs du Sénat. Des fois qu’il, elle, mable. Et l’oral fut public. D’où il l’Organisation mondiale du de médicaments sont délivrés par que le gouvernement américain 400 millions de dollars et le Parti lui ferait un croc-en-jambe. Ou, ressortit, notamment, pardonnez commerce (OMC). un office régional, selon un ac- ne cherchera pas à rejeter une loi communiste de Pékin 100 millions sait-on jamais, lui soufflerait des l’écoute vaguement flottante, que Jusqu’ici, les pays pour lesquels cord de 1977 sur la protection de ou une orientation prise par un de dollars, sans indiquer la source réponses à des questions qu’on Lionel aimait beaucoup le ciné- l’accès à des traitements est limité la propriété intellectuelle. Une gouvernement d’Afrique subsa- de ces informations. Citant un imagine communes. ma. Depuis tout petit car son pour des raisons financières pou- version nouvelle de cet accord de harienne pour promouvoir l’accès « ancien responsable de Thom- Donc, une parfaite égalité des père animait un ciné club de vaient tirer partie des accords sur 1977 , élaborée en 1999 à Bangui aux médicaments et aux techno- son » dont le nom n’est pas men- chances. Et une non moins par- quartier. Qu’il aimait tous les la propriété intellectuelle (dits et soumise à la ratification de ces logies médicales contre le virus du tionné, le journal avance toute- faite régularité de l’épreuve. En- genres de cinéma. De divertisse- Trips), introduits lors de la mise pays ne reprend pas les dispositifs sida. Par ailleurs, cinq labora- fois l’hypothèse d’un trez. Asseyez-vous. Sachez, avant ment aussi ? De divertissement sur pied de l’OMC. Les pays en Trips, sous la pression de l’indus- toires devaient annoncer, jeudi « financement politique », sans en toute chose, qu’à l’instar du aussi ! Qu’il aimait les actrices au développement sont censés les trie pharmaceutique. Elle entrera 11 mai, une baisse significative des livrer le détail. Selon cet informa- peuple, ce jury d’investiture est charme particulier plutôt qu’aux appliquer cette année et les pays en vigueur sitôt que le nombre de traitements antisida pour les pays teur anonyme, « des commissions souverain ! Que si la règle du jeu charmes-canon. Qu’il lui arrivait les moins développés d’ici à 2006. signataires aura atteint le nombre africains. [devaient] être distribuées à reste obscure, les conclusions se- d’y aller de sa petite larme à Ces accords prévoient deux dis- de dix. l’étranger mais aussi dans les mi- ront limpides. Quatre postulants, condition de ne point se sentir positions en cas d’urgence sani- Selon Bernard Pécoul, qui coor- Paul Benkimoun lieux politiques français ». une admissibilité ! Une chance sur manipulé par les pros de l’émo- quatre. La vie politique est tion. Que, vu son emploi du cruelle, mais c’est la vie politique ! temps, il avait un peu perdu le fil Bon, qu’avez-vous à dire pour des films, mais que ses enfants se votre Paris ? Sur votre pro- chargeaient de sa formation per- gramme pour Paris ? Sur les me- manente. Et que, d’ailleurs, il sures que vous prendriez à Paris ? avait vu Ressources humaines et le Sur les équipes dont vous vous Goût des autres. Bref, du bon oral entoureriez pour conquérir et de divertissement. Les orages en Seine-Maritime font un mort UNE FEMME est morte à la suite D’autre part, quelque 500 foyers des violents orages qui ont éclaté, étaient toujours privés d’électricité, dans la nuit du mercredi 10 au jeudi jeudi en début de matinée, en raison, 11 mai, dans la Seine-Maritime. Une notamment, de la rupture d’une ligne dizaine de personnes ont été bles- à haute tension à Villers-Ecalles et sées, mais leur état n’inspirait pas seize mille personnes étaient privées d’inquiétude, d’après la préfecture. d’eau potable. La ligne ferroviaire Le Plus de 110 particuliers ont été mis à Havre-Rouen-Paris a été coupée près l’abri dans la région de Pavilly, au de Barentin, et 150 voyageurs ont été nord-ouest de Rouen. Quatre cents évacués. La SNCF s’employait, jeudi pompiers et quatre hélicoptères ont matin, à rétablir une voie entre Le été dépêchés sur place. Soixante-dix Havre et Rouen. La cellule de crise spécialistes de la sécurité civile installée à la préfecture de Rouen étaient attendus, jeudi matin. précise que près de 300 kilomètres de Dans le centre-ville de Barentin, routes départementales sont défon- près de Pavilly, le corps sans vie d’une cées et coupées et qu’une dizaine femme d’une quarantaine d’années a d’entreprises vont se retrouver en si- été retrouvé coincé entre deux voi- tuation de chômage technique. D’im- tures qui avaient été emportées par portantes inondations ont aussi été les flots. La victime aurait été éjectée signalées à Blacqueville, Croix-Mare, de son véhicule par une vague d’eau Le Trait, Bouville et Villers-Ecalles. et de boue avant que celui-ci ne fi- Mardi soir, de violents orages nisse sa course dans la vitrine d’un s’étaient déjà abattus sur le nord- café, 200 mètres plus loin. Deux ouest de la France, provoquant la autres automobiles, elles aussi hap- mort d’un homme dans la Seine-Ma- pées par les flots, ont terminé leur ritime (Le Monde du 11 mai) et de embardée dans le café, faisant trois nombreuses inondations. – (AFP, blessés. Reuters.)

DÉPÊCHES a OTAGE : l’épouse de Brice Fleutiaux, le photographe retenu en otage en Tchétchénie depuis le 1er octobre, a affirmé mercredi 10 mai qu’elle « attendait des autorités françaises qu’ils fassent plus de pres- sions » pour la libération de son mari. « Les négociations sont très avancées et je me demande pourquoi la libération de Brice n’intervient pas », a dit Dana Fleutiaux lors d’un point de presse au siège de Re- porters sans frontières (RSF). Elle a confirmé que son mari avait ap- pelé au domicile de sa mère, le dimanche 23 avril, et avait demandé de l’aide. – (AFP.) a SECTES : 86 % des Français sont favorables à l’interdiction de certaines sectes comme la Scientologie ou l’Ordre du Temple solaire (11 % y sont opposés), selon un sondage CSA-La Vie publié jeudi 11 mai. 73 % estiment que les sectes sont une menace pour la démo- cratie, 66 % une menace pour leur entourage, et 64 % une menace pour eux-mêmes. a ÉDITION : principal éditeur francophone de livres religieux et propriété des dominicains de la province de France, Le Cerf a annon- cé, jeudi 11 mai, la réorganisation de la diffusion et de la distribution de ses titres. La Sodis, filiale de Gallimard, assurera à partir du 1er sep- tembre ses activités de distribution. En matière de diffusion, Le Cerf s’appuiera sur le CDE (Centre de diffusion de l’édition), également fi- liale de Gallimard, pour être davantage présent dans les librairies de proximité et les grandes surfaces. Selon les responsables du Cerf, ces accords s’inscrivent dans une logique de rapprochement avec Bayard Presse, dont le distributeur, la Sofedis, est déjà lié par un partenariat avec la Sodis.

Tirage du Monde daté jeudi 11 mai 2000 : 488 829 exemplaires. 1-3 LeMonde Job: WIV1900--0001-0 WAS LIV1900-1 Op.: XX Rev.: 10-05-00 T.: 19:53 S.: 111,06-Cmp.:11,09, Base : LMQPAG 35Fap: 100 No: 0186 Lcp: 700 CMYK

VENDREDI 12 MAI 2000

LE FEUILLETON HEGEL DE PIERRE LEPAPE La Chronique « La plus belle histoire des animaux » de Roger-Pol Droit de P. Picq, page V J.-P. Digard, B. Cyrulnik et K. Lou Matignon et « La stratégie du caméléon » de J.-F. Bouvet PHILIPPE DJIAN HARRY LAUS « CRITIQUE » CINÉMA page II page III page IV page VI page VII

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb

François Mauriac bon laboureur appliqué à sa tâche, Mauriac reçoit le prix Nobel en à l’Hôtel de Paris dont le soc déchire la glèbe humaine 1952. Il n’en fait pas un plat, s’en- de Monte-Carlo en 1948 et la fouille jusqu’aux entrailles. fonce dans la nature avec Rimbaud Consentez à être comme lui ce que « dont chaque mot le brûle depuis la rend hommage à Gandhi en regret- vous êtes : l’ouvrière d’une cité où sortie du collège ». Cela ne l’em- tant qu’un pape n’ait pas fait une seul compte dans l’homme son ren- pêche pas d’écrire une hilarante grève de la faim en temps voulu, se dement, et qui a perdu le droit et Histoire politique de l’Académie préoccupe surtout de la machine à l’envie de s’attendrir – fût-ce sur les française (1955), dans laquelle il dé- décerveler stalinienne. Ce qui le victimes des autres. Remettez ce crit ce qu’est la « droite à l’état scandalise est moins le mal en soi mouchoir dans votre petit sac, et osez pur ». Il connaît les choses de l’inté- (« le mal est le mal ») que les regarder en face votre épouvantable rieur, les intrigues de Chaumeix, les contorsions hypocrites pour le faire vérité. » vraies raisons des élections de Pé- apparaître comme naturel, néces- Ce petit sac, n’est-ce pas, mérite tain et de Maurras (en 1938). saire. De ce point de vue, Sade le la postérité. Quand Mauriac nous dit que sa choque moins que Gide. Sartre est Questions de goût : Drieu a été mystique est à la source de son un « athée providentiel » qui, séduit par Doriot. Il le trouvait fort, comportement politique, il faut le comme disait Pascal, « blasphème beau, exemplaire. Mauriac, lui, ne croire, et comprendre sa perplexité ce qu’il ignore ». Alors que Gide, lui, l’a vu qu’une fois, et avec répulsion. admirative devant la sérénité et « renie ce qu’il connaît ». Camus « La nature m’a pourvu d’une an- l’indifférence massive de Claudel. (« notre penseur n°2 ») reproche à tenne qui décèle d’abord la présence Lui, Mauriac, a des amis et des en- Mauriac de ne pas vouloir re- des personnages funestes. » Il peut nemis partout, c’est logique : «Il connaître la mort « heureuse » de dire, en revanche, qu’une bonne in- faut que ceux qui ne portent pas un Gide ? Réplique cinglante : « Il n’y a terprétation du Don Juan de Mo- écrivain dans leur cœur s’y ré- de mort heureuse pour personne, zart est une date dans son histoire signent : il est aimé par d’autres plus Monsieur Camus... » La mort n’est personnelle. Il s’amuse de la tran- qu’il n’est détesté par eux – beau- saction ridicule entre coup plus aimé qu’il ne le mérite. » Il Philippe Sollers Simenon et un curé lo- y a une vanité sarcastique à goûter cal : Simenon accepte- le vide des honneurs, et une humili- pas à comptabiliser : « Soyons du ra d’envoyer son fils au catéchisme té vraie à repartir dans les vignes, petit nombre de ceux qui croient “ en si on ne lui parle jamais du péché et entre deux messes. esprit et en vérité ” qu’un seul de l’enfer. Le curé est d’accord, mi- La liturgie et la musique sont là. homme, quelle que soit sa race, a nuscule histoire qui conforte l’anti- La vieille corneille élégiaque peut une valeur infinie. » cléricalisme instinctif de Mauriac. faire à nouveau vibrer la chaleur et Les staliniens, eux, sont à Pour lui, Pascal est « l’archer ter- les incendies des Landes, le mûris- l’époque en plein délire religieux rible aux dix-huit flèches impéris- sement du raisin, des vers de Hugo, inversé. C’est le moment des sables » (les Provinciales). le souvenir d’un dîner avec Proust, « convulsionnaires de L’Humani- Cela dit, l’anticléricalisme peut couché dans son lit, la nuit, sous té ». Mauriac, là, se déchaîne : être aussi bête que son contraire, et des draps tachés d’encre. Le mot de « Pour vous, la démocratie n’est Cocteau en saura quelque chose Michelet sur le « supplice de la vieil- qu’un faux nez, un faux nez qui ne lors de la représentation de son lesse » revient souvent, et il est trompe plus personne et que vous ra- Bacchus. La lettre ouverte que lui étonnant sous la plume de ce jeune justez sans cesse, d’une main hési- envoie Mauriac à cette occasion est homme prolongé qui se tient là, au tante, sur votre figure de petit-bour- une merveille classique. Julien bord de l’abîme, en attente. En réa- geois fanatisé. » La colombe de la Gracq obtient le prix Goncourt ? lité, il nous manque. On se de- paix de Picasso ? « Les peuples béats C’est comme si les jésuites couron- mande ce qu’il dirait des grandes sont tombés à genoux devant cette naient Pascal. Le cinéma ? « Ma fa- misères d’aujourd’hui, des nou- merveille : Picasso a dessiné une culté d’ennui dans les salles obscures velles impostures, des nouveaux vraie colombe qui ressemble à une est telle que je la communique, mensonges. De ce pape polonais, photographie de colombe primée à même sans parler, à la personne qui par exemple, qui n’était vraiment un concours de colombes. » Il faut m’accompagne. » Une exception, pas prévu au programme meurtrier s’entendre : soit vous reconnaissez cependant : le Limelight de Chaplin. des « exploiteurs du matériel hu- vos crimes comme tels, en pous- Il y a aussi des cas curieux : celui main ». Le jeune Mauriac marche JEANNE MAURIAC/CENTRE FRANÇOIS MAURIAC-SAINT-MAIXANT JEANNE MAURIAC/CENTRE sant la provocation, comme Ara- d’Eluard, par exemple, dont tout le avec ses Pensées et sa Saison en en- gon, jusqu’à justifier après coup le monde savait par cœur les poèmes fer dans la poche. Il relit aussi Bos- pacte germano-soviétique (et, par résistants, mais qui s’est converti, suet : « Tout nous sert ou nous nuit conséquent, le martyre de la Po- pour finir, à la religion sanglante. infiniment : chaque moment de notre « Je prendrai la logne), soit vous vous taisez. « Ce qui lui avait été abomination vie, chaque respiration, chaque bat- Exemple du grand Mauriac de 1949, devint tout à coup à ses yeux, sous le tement de notre pouls, chaque éclair politique, je la s’adressant à une journaliste régime stalinien, vérité et justice. » de notre pensée a des suites éter- communiste qui prétendait qu’il n’y Religion, religion... Et décourage- nelles. » baptiserai littérature avait pas de victimes en Russie, ment, parfois, avec citation de Ben- Politique sauf des traîtres : « Croyez-vous jamin Constant : « On se sent l’im- LA PAIX DES CIMES et elle le deviendra donc que Staline s’émeuve d’être patience d’avoir traversé la vie au chroniques 1948-1955 considéré par nous comme un plus vite pour échapper aux Edition établie par Jean Touzot, aussitôt. » Illustration homme couvert de sang ? C’est un hommes. » éd. Bartillat, 614 p, 149 F (22,71 ¤). avec ces chroniques de Mauriac parues de 1948 à 1955 sions littéraires. Les noms qui re- Le Mauriac « gaullien » des an- viennent le plus souvent chez lui, nées 60 nous cache celui sur fond d’Evangiles : Pascal, Rim- qui, auparavant, a été un des baud, Proust. Et puis la musique, à adversaires les plus constants et les commencer par Mozart. Mauriac plus efficaces de la mécanique est, de loin, la meilleure oreille de totalitaire. Sur De Gaulle, ce frag- son temps. Un soir de 1948, il ment de 1962 dit l’essentiel : « Voilà J e réentends souvent, en écoute Idoménée à la radio, l’opéra un homme contre lequel sont ameu- face de moi, la voix rauque et dé- est joué à Cambridge : « Je sentais tés tous les vieux partis, de la gauche chirée de Mauriac. C’est tout de battre le cœur de l’Europe suspendue révolutionnaire à la droite la plus ex- suite un concert : drôlerie sérieuse, au chef-d’œuvre comme l’essaim à la trême et la plus criminelle, en pas- cruauté sèche, envolées lyriques in- branche. » L’Europe : elle sort d’une sant par le centre le plus modéré, et terrompues par un fou rire, chu- catastrophe, elle est ruinée, le fou presque tous les grands journaux de chotements indignés, méditations, furieux de Berlin laisse place au la province et les hebdomadaires à la anecdotes, portraits féroces en bourreau méthodique de Moscou, mode. Sans compter les généraux douceur. Cette voix est là dans ses mais la musique est plus forte que mutinés, les tueurs à gages et les romans (bien meilleurs qu’on ne le l’horreur systématiquement pro- tueurs mystiques... Pour les gens du dit), dans son Bloc-Notes et ses grammée et son cortège sinistre. A monde, ils grincent des dents et de la Chroniques (plus brillants qu’on ne Aix, un peu plus tard : « Parfois, les fourchette au seul nom de De Gaulle. croit). Une étrange liberté, un feu, feuillages profonds des platanes La haine leur monte au nez dès le une foi, une malice : « Je prendrai la s’émeuvent et le souffle frais qui ca- premier whisky. » Eh oui, c’était ain- politique, je la baptiserai littérature resse nos visages soulève dangereuse- si. et elle le deviendra aussitôt. » ment les partitions sur les pupitres. Et Mais revenons au début des an- Le secret de Mauriac ? Sa reli- puis tout s’apaise et la lune elle- nées 50. Qu’écrit Mauriac, aussi- gion, bien sûr, mais aussi ses pas- même écoute derrière les branches. » tôt ? Il célèbre le J’accuse de Zola, LeMonde Job: WIV1900--0002-0 WAS LIV1900-2 Op.: XX Rev.: 10-05-00 T.: 19:11 S.: 111,06-Cmp.:11,09, Base : LMQPAG 35Fap: 100 No: 0187 Lcp: 700 CMYK

II / LE MONDE / VENDREDI 12 MAI 2000 le feuilleton

de Pierre Lepape b LA PLUS BELLE HISTOIRE DES ANIMAUX maux à savoir qu’il allait mourir, d’où les religions et de Pascal Picq, Jean-Pierre Digard, les arts. D’où ces petits cercueils que sont les livres. Boris Cyrulnik et Karine Lou Matignon. Nous n’en sommes plus tellement sûrs. Quand Boris Seuil, 224 p., 95 F (14,48 ¤). Cyrulnik essaie de se mettre à la place d’une fourmi, d’un serpent ou d’un singe pour reconstituer ce qu’il a LA STRATÉGIE DU CAMÉLÉON dans sa tête, sur sa peau, au bout de ses nerfs, à hau- de Jean-François Bouvet. teur de son regard, c’est encore une autre série d’his- Seuil, 190 p., 98 F (14,94 ¤). toires qui s’écrit, celle des autres précisément ; la- Nous ne sommes quelle raconte une autre façon d’appréhender le réel, peut-être plus complète que la nôtre : « Les hommes obert Delort, un médiéviste curieux de tout, voient mieux ce qu’ils pensent que ce qui est. » Sans dis- a publié il y a seize ans un livre qui figure en poser de notre savoir neurobiologique et des subtili- bonne place dans la bibliothèque idéale. Il tés de la zoologie comparée, Diderot écrivait déjà des s’intitule Les animaux ont une histoire (1). plus seuls choses semblables. D’où la fascination qu’il éprouvait C’étaitR une façon nouvelle de voir les choses. Jusque- pour le sommeil et pour les rêves, ces représentations là les animaux n’avaient que des histoires, les nôtres. de ce qui n’est pas. Mais les animaux à sang chaud On parlait d’histoire des animaux comme on parle rêvent aussi, plus ou moins selon l’âge, la tranquillité d’histoire de la poterie étrusque : les bêtes avaient d’esprit et la quantité de choses à apprendre. Et si l’histoire que nous leur avions faite ou celle que nous Depuis quelques années, podes à cinq doigts, il y a 370 millions d’années, par une nous rêvons jusqu’à notre mort, c’est que notre expé- leur imaginions. Quand nous parlions d’eux, c’était surprenante étape dans l’évolution des vertébrés : le pas- rience de la vie n’est jamais achevée. Peut-être ap- encore et toujours de nous, des Métamorphoses savoirs et techniques permettent sage de la nageoire au membre. Tous les vertébrés, y prend-on davantage en dormant et en rêvant qu’en d’Ovide aux chats de Colette et des aurochs de Las- compris l’homme, descendent de ces poissons à quatre restant éveillé ; il est doux de méditer cette leçon de caux aux oiseaux de Braque. Pas de religion, pas de ci- de comprendre comment les animaux nageoires en forme de pagaie. Les poissons munis de paresse. vilisation, pas de littérature, pas d’idéologie qui ne membres ont eu cinq, six, sept et même huit doigts. Pour- Reste qu’aucun animal, et l’homme pas plus que les s’échafaude sans eux, mais malgré eux. voient réellement le monde. tant seul le plan à cinq doigts sera conservé. On ne sait autres espèces, n’affronte la totalité du réel. Les re- Depuis une trentaine d’années, les choses ont chan- pas pourquoi. Ce plan est enfoui très profondément dans présentations, les images lui suffisent, chacun son pe- gé, sans que nous prenions encore pleinement Ce faisant, la frontière avec l’homme, le patrimoine génétique des vertébrés. » tit éventail de sensations et son centre d’analyses, conscience de la révolution qui s’opère. Un certain chacun son monde comme il croit qu’il est. Pour les nombre de savoirs et de techniques permettent désor- que l’on croyait intangible, es histoires de Picq font rêver. L’invention de trois grandes activités du vivant, se nourrir, se proté- mais de comprendre comment les animaux voient l’œuf, les 700 000 années d’irruptions volca- ger, se reproduire, ce cinéma vaut réalité. Nous vivons réellement le monde qui les entoure, s’y adaptent et y s’est déplacée. Deux essais évoquent niques qui ont entraîné la disparition des di- et nous survivons d’apparences. Dans un très joli petit agissent : comment ils pensent – et non plus seule- nosaures, les milliers d’espèces d’insectes, de livre, Jean-François Bouvet a dressé un amusant cata- ment comment nous les pensons. Nous sommes pas- ce déplacement en cours versL et d’animaux marins qu’il reste à découvrir, le logue de la tromperie universelle du vivant. Les têtes sés de l’extérieur à l’intérieur, de l’animal-objet à l’ani- passage de la mer à la terre et de la terre au ciel, les de chapitre valent programme : s’afficher, passer ina- mal-sujet, même s’il nous est encore difficile de savoir écailles qui deviennent plumes, toutes les combinai- perçu, dissimuler, simuler, leurrer, se travestir, mentir. ce qui se passe dans la tête d’une poule. Mais quel- sons possibles sans un retour en arrière : les poules « Si la nature était une fête, écrit Bouvet, le bal serait ques pas de plus encore et nous allons enfin pouvoir Deux livres nous parlent de ce déplacement de plus jamais n’auront des dents. Au passage, le paléon- masqué. » Cet honorable professeur de sciences aime vraiment écrire les mémoires d’un âne. Qui ne feront frontières qui s’accomplit sous nos yeux. Le premier tologue ébouriffe quelques idées reçues : « La vie va les formules qui claquent et les savoirs qui trompent. peut-être que quelques lignes. est une série d’entretiens réalisés par une journaliste, en se simplifiant. (...) La beauté de l’évolution n’est pas Dans son précédent livre, Du fer dans les épinards, il En attendant, mettons déjà au rencard les animaux- Karine Lou Matignon. Tour à tour, elle interroge un d’ajouter des éléments et de complexifier, mais de avait fait un inventaire des fausses connaissances à vi- machines de Descartes, l’homme comme sommet de paléontologue, Pascal Picq, un ethnologue spécialiste construire des systèmes qui fonctionnent le mieux pos- sage scientifique, comme ces fameux épinards dont la longue chaîne de l’évolution. Nous ne sommes plus de la domestication animale, Jean-Pierre Digard, enfin sible à partir d’une base simplifiée. L’homme est on sait depuis Popeye les vertus ferrugineuses. seuls à être intelligents ; nous ne sommes même plus Boris Cyrulnik, neuropsychiatre et explorateur auda- complexe et unique dans sa pensée, mais au niveau de seuls à posséder et à transmettre un langage élaboré. cieux en éthologie animale, qui a déjà dirigé une re- son organisation, il est d’une banalité et d’une simplicité l nous propose cette fois une sorte de festival Panbanisha, une femelle bonobo de quinze ans née en marquable série d’essais sur la condition animale (2). désarmantes. » universel de la tromperie, comme si la nature captivité à l’université de Géorgie, sait non seulement On aurait bien aimé que ces trois-là parlent aussi Jean-Pierre Digard, à l’intérieur d’une grande et entière pour accomplir son travail obéissait à la maîtriser un vocabulaire de 3 000 mots par l’intermé- ensemble. longue histoire, celle de l’apprivoisement et de la do- fameuse maxime de Machiavel : « Celui qui diaire d’un outil informatique, mais elle initie son fils à Picq, en quelques dizaines de pages raconte mestication des animaux par les hommes, nous en ra- trompeI trouvera toujours quelqu’un qui se laissera trom- sa nouvelle langue et sert d’interprète à sa mère qui quatre milliards d’années : l’histoire de la vie sur la conte aussi cent autres. Autant de fables vraies, de re- per. » Et là encore, il n’y a pas de ligne de rupture déci- ne la connaît pas davantage. Une frontière se déplace Terre. Encore qu’on ne sache pas très bien ce que c’est lations de tendresse, de curiosité, d’exploitation, de sive entre les plantes, les animaux et les hommes. Cela que l’on croyait intangible. Allons-nous nous réjouir que la vie. Question de frontière encore : entre le mi- protection où se tissent des relations beaucoup plus va des codes colorés des caméléons femelles qui in- de la fin de notre isolement ou, au contraire, dans un néral, le végétal et l’animal les limites ne sont pas tou- ambivalentes et beaucoup plus riches qu’il n’y paraît : diquent aux mâles s’ils peuvent ou non tenter leur sursaut de vanité blessée, affirmer par un surcroît de jours bien établies. Littré lui-même masque mal son le dernier vrai cheval sauvage est mort en 1880 et la chance jusqu’au rougissement des jeunes Anglaises brutalité notre domination et notre supériorité sans embarras. « Vie : fait de vivre, propriété essentielle des race chevaline aurait disparu si l’homme n’avait pas dont Charles Darwin, dès 1872, observait avec fascina- partage ? L’époque hésite entre deux extrêmes, toutes êtres organisés. » Vous cherchez donc à « Vivre : être en décidé d’en faire sa plus noble conquête. Comme dis- tion l’étendue et l’intensité selon les circonstances et aussi irrespectueuses de l’existence animale. D’un vie, exister. » Pour sortir du cercle, « exister » offre-t-il paraîtrait en quelques jours le plus domestique de l’environnement. Pas plus que le rire que nous par- côté l’humanisation des animaux de compagnie, che- une porte ? Il la ferme davantage. « Exister : avoir une tous les animaux, le bombyx du mûrier dont l’exis- tageons au moins avec des chiens et des singes, le vaux compris, devenus des membres à part entière de réalité, être. » Est-on plus avancé en écrivant qu’est vi- tence ne tient qu’à un fil, celui de notre goût pour la mensonge est le propre de l’homme. Il nous reste les la famille dans une sorte de débordement amoureux ; vant tout ce qui meurt ? Sûrement pas. La seule chose soie. Et le chat n’a commencé à jouir vraiment de l’af- livres. de l’autre les animaux-produits, automatisés, indus- certaine, c’est que tout ce qui est vivant évolue en sui- fection des hommes qu’à partir du moment où il n’a trialisés dans une logique productiviste où se mêlent vant ce que Picq nomme des « plans », comme celui plus servi à chasser les souris. L’homme est un animal (1) Seuil, 1984, réédité en Points-Histoire, no 174 E. sadisme et rationalité économique. Plus je mutile les de nos cinq doigts : « L’histoire évolutive de nos mains sentimental. (2) Si les lions pouvaient parler. Essais sur la condition animale poulets plus j’aime mon chien. et de nos pieds à cinq doigts commence avec les tétra- On a longtemps écrit qu’il était le seul parmi les ani- (Gallimard-Quarto, 1998).

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Saint-Exupéry égratigné par sa rose C’est sous le signe de Consuelo de Saint-Exupéry qu’est célébré le centenaire de la naissance de l’auteur du « Petit Prince ». Alors qu’Alain Vircondelet tente de réhabiliter l’épouse et préface les Mémoires retrouvés, Paul Webster module le portrait. Mais l’œuvre de Saint-Exupéry reste la grande absente

MÉMOIRES DE LA ROSE maîtresse. Les belles amies furent, ciété distinguée qui débouche très avec un fond puéril de supersti- sa table d’écrivain (peut-être pour mystique ne se résume pas à un de Consuelo de Saint-Exupéry. en la circonstance, nombreuses, vite sur une société officielle. Sur tion lui-même mêlé de mystique Vol de nuit, qui, contrairement à persistant rapprochement avec Préface d’Alain Vircondelet mais l’autorité de l’une d’elles ré- le quai, un ministre l’attend, elle catholique très latino-américaine. ce qu’elle affirme, n’a rien d’une Pascal : « Comme Pascal, il se livre Plon, 276 p., 118 F (17,99 ¤). tablit le schéma classique. D’où, est l’invitée du gouvernement, A preuve, les précautions qu’elle lettre d’amour). Mais pour la à des recherches sur l’atterrissage pour l’amateur de biographies, le rencontrera dès le lendemain le prend avant de se décider à épou- suite ? De 1931 à 1938, la vie de sans visibilité. » Curieux. SAINT-EXUPÉRY plaisir paresseux de trouver le hé- président. Il ne lui restera, au cha- ser Saint-Exupéry. Elle a modelé Saint-Exupéry a traversé, auprès En fait, la grande victime de ce – Ô CONSUELO ros entouré de la femme-enfant et pitre suivant, qu’à rencontrer le masque mortuaire de Carrillo, d’elle, sa plus large période de déballage de tromperies, de Alain Vircondelet. de la femme de tête et de voir, fait Saint-Exupéry. convaincue qu’il laisserait percer stérilité littéraire. Il ne retrouvera fugues, de ruptures, de réconcilia- Ed. Le Chêne, 182 p., plus rare, la réplique décalée mais Le charme opérera. Elle n’en sa réprobation en présence d’un sa force créatrice qu’aux Etats- tions, d’effusions répétitives et de 175 F (26,68 ¤). révélatrice de cette situation vé- manque pas. Jolie, fine, douée prétendant non agréé. Elle intro- Unis, à l’écart, totalement ou rela- reproches est Saint-Exupéry lui- cue dans trois ouvrages : au d’un accent savoureux, d’un rire duit son futur mari : le masque ne tivement, de Consuelo. Son senti- même. Il apparaît constamment CONSUELO centre, les Mémoires de Consue- roucoulant, d’une imagination bronche pas. Forte de cette ap- ment tient dans ce qu’il lui écrivit comme un garçon faible, capri- DE SAINT-EXUPÉRY. lo ; de part et d’autre, le Saint- inépuisable et d’un vif talent de probation, elle exige toutefois alors : « Vous êtes une dame à ban- cieux, incapable de maîtriser son La Rose du « Petit Prince » Exupéry - Ô Consuelo, d’Alain Vir- conteuse, elle représente l’exo- celle de Maeterlinck, son ami. Ils quets, vernissages, soupers, cock- budget, sa vie, ses amours. Fut-il de Paul Webster. condelet, et le Consuelo de Saint- tisme et l’anticonformisme... jus- rendent visite à l’écrivain, qui se tails. Ne feriez-vous pas mieux cela ? Sans doute. La légende do- Ed. du Félin, 158 p., Exupéry, de Paul Webster. qu’à un certain point. Paul Webs- montre enthousiaste. L’au-delà et d’être un peu plus à la maison ? » rée du héros n’est pas exempte de 128 F (19,51 ¤). Pour mettre au net ses senti- Elle se félicite, bien haut, d’être la vérité ; le portrait qui ressort de ments et les aléas de ses relations b Repères bibliographiques seule à savoir faire sa valise, ces pages ne l’est pas davantage. avec son mari (elle l’a épousé en Le centenaire de la naissance de Saint-Exupéry est célébré quand il part. Pourtant, le 29 mars Remarquons simplement qu’il est e cinquantième anni- 1931, elle avait vingt-neuf ans), par une profusion d’ouvrages. Le Saint-Exupéry de la rive 1942, il lui écrira : « Je suis mobilisé dans ces trois livres une grande versaire de la dispari- Consuelo écrit, à New York pen- gauche à la guerre de François Gerber s’attache au par- après-demain. (...) Je n’ai même absente : c’est l’œuvre. Saint-Exu- tion d’Antoine de Saint- dant la guerre, puis après la dispa- cours de Saint-Exupéry comme écrivain engagé, ami de pas une chemise sans trou pour péry eût-il été un banal employé Exupéry nous a valu, en rition du pilote, un long texte Léon Werth et de Jean Prévost, proche de communistes l’Afrique du Nord, ni chaussettes, ni qu’on eût pu présenter de son 1994,L la reprise du mythe d’Icare, qu’elle enferme dans une malle. comme d’hommes d’extrême droite, et résistant hostile à chaussures, ni rien (...). Là-dessus comportement la même misé- de l’épopée de l’Aéropostale, de la La malle la rejoint en France en de Gaulle (Denoël, 286 p., 85 F [12,96 ¤]). C’est l’itinéraire vous rentrez avec des robes rable analyse. Et si l’on se refuse à légende du Petit Prince, autant 1947. Elle ne se soucie pas de l’ou- spirituel de l’aventurier qui intéresse Eric Deschodt dans neuves. » L’affabulation prend des absoudre les faiblesses de cette d’images naïves propres à détour- vrir. A sa disparition, en 1979, son Saint-Exupéry (Pygmalion, 212 p., 110 F [16,77 ¤]). A signaler proportions dramatiques quand existence au nom du Petit Prince ner le lecteur d’une œuvre qui chauffeur-jardinier, dont elle a également deux ouvrages précédemment publiés, mais re- elle montre son mari prêt à la ou de Citadelle ou même au nom méritait d’être abordée pour elle- fait son légataire, ne s’en soucie maniés : Saint-Exupéry, vie et mort du petit prince de Paul faire interner, après qu’elle eut d’un sens du sacrifice qui le guida même. La célébration du cente- pas davantage. On n’est pas très Webster (ed. du Félin, 298 p., 135 F [20,58 ¤]), et Saint Exu- déambulé sans papiers dans les comme on le sait et où l’on sait, naire de la naissance de l’écrivain curieux dans l’entourage de péry (ed. Perrin, 324 p., 138 F [21,03 ¤]). rues de Paris avant de se retrouver que le lecteur reprenne la Corres- ne nous fait pas grâce de l’« ar- Consuelo. Mais voilà que s’an- à l’hôpital. Sa fuite, grâce à la pondance, les Carnets, les Ecrits de change », mais le climat est dif- nonce le centenaire de la nais- ter, qui a précisément reconstitué l’ici-bas tombant d’accord, le ma- complicité d’un gardien à qui elle guerre. Il y retrouvera, dans un cli- férent. Ces cent ans sont placés sance de l’écrivain. La malle est son parcours avant la rencontre riage peut avoir lieu. aurait fait don d’une perle, est du mat moins délétère, l’angoisse de sous le signe de Consuelo, alors livrée à l’inventaire d’Alain avec Saint-Exupéry, nous pré- La question que l’on se pose, plus pur rocambolesque. la méditation, l’originalité de la l’épouse décriée, rejetée par la fa- Vircondelet, qui établit le texte sente une jeune femme qui n’est face à ces anecdotes et à bien Nous avons emprunté aux pensée, celui que fut également mille, Consuelo qui fut, comme des Mémoires de la rose. Le procès insensible ni aux hommes ni, sur- d’autres, tient au degré d’affabu- Mémoires de la rose, demandant à Antoine de Saint-Exupéry. chacun sait, la rose du Petit Prince. en réhabilitation peut s’engager. tout, à leur situation. Pour l’ins- lation qu’elles peuvent receler. Webster, qui a eu recours à di- L’épouse s’entend mal sans la Les Mémoires débutent avec le tant, elle est veuve à vingt-neuf Faut-il rappeler que l’aménage- verses sources, de moduler l’auto- Michel Quesnel retour en Argentine de la jeune ans d’un second mari, Gomez ment, en 1938, d’un élevage de la- portrait de l’héroïne. Son ou- femme (septembre 1930). Carrillo, qui lui laisse une rente pins angoras et d’un vaste bassin vrage, sobre et précis, est très « Consuelo, vous n’êtes pas une importante, des biens considé- destiné à une volée de canards se fortement documenté. Virconde- femme (...). J’ai médité des nuits rables, une réputation solide réduisait en fait à un couple de la- let a travaillé tout autrement. entières sur ce sujet »... Nous en d’écrivain et un statut social en- pins dans une cage et à un canard Avocat de Consuelo, il la suit sans sommes à la première page. viable. La « petite fille » sait com- dans un trou d’eau ? Extravagance réticence, multipliant les points Qu’importe l’auteur de ces pro- ment conduire ses affaires de de la mémoire ? Rien de grave. d’exclamation et les clichés : « An- pos, il est clair que la personnalité cœur. N’a-t-elle pas eu, étudiante Mais si tout était de cette eau ? toine, tu as trouvé ton âme sœur, de Consuelo ne laisse pas celui-ci en 1925 à Paris, un amant, Vas- Car il n’est pas question que de ton volcan. » C’est regrettable. Au indifférent. Nous aurons, quant à concelos, qui fut ministre de Consuelo, mais également de son demeurant, sa bienveillance nous, l’espace du livre pour tenter l’éducation au Mexique et candi- mari et de leurs relations conju- s’étend sur tous. Son portrait de de résoudre l’énigme, avec la dat à la présidence de l’Etat ? gales. A l’en croire, elle fut ai- la maîtresse est sans acrimonie, il complicité de l’intéressée. Ce qui Stratégie sentimentale, sans mante, ce qui est très vraisem- dit son admiration pour Saint- ne fait pas de doute, c’est qu’elle doute. Mais qui n’exclut pas une blable ; malheureuse de l’hostilité Exupéry, poète et mystique, ce s’éprouve comme le centre de admiration sincère pour les célé- ambiante, des écarts et du déta- qui est juste, à condition qu’on ne cette petite société : « Vous êtes la brités, surtout quand la littérature chement progressif de son mari ; définisse pas la poésie par les dé- niña de ce paquebot. » Petite so- s’en mêle, et qui fait bon ménage soucieuse néanmoins de le fixer à sordres de l’existence et que la LeMonde Job: WIV1900--0003-0 WAS LIV1900-3 Op.: XX Rev.: 10-05-00 T.: 19:39 S.: 111,06-Cmp.:11,09, Base : LMQPAG 35Fap: 100 No: 0188 Lcp: 700 CMYK

littératures LE MONDE / VENDREDI 12 MAI 2000 / III b Par la grâce des corps et des mots Du serf arbitre Sur fond de blessure intime, Philippe Djian met en scène un écrivain en perte de vitesse qui dans un L’hommage de Pierre Lafargue à Saint-Simon est tourbillon sexuel va trouver les voies de la rédemption un remède imparable contre l’esprit courtisan sa vie. Il y a beaucoup d’humour, et pas qu’elle refroidisse. Mangez-moi ça VERS CHEZ LES BLANCS aussi cette once de désespoir «qui TOMBEAU DE SAINT-SIMON qui brûle, et passez votre chemin. » de Philippe Djian n’est pas à bannir d’avance de tout EN LA DEUXIÈME CHAPELLE Nous voilà prévenus. Gallimard, 374 p., 125 F (19,06 ¤). rapport sexuel ». DE MÉLANCOLIE En une vingtaine de portraits, dont La mystérieuse violence du sexe, de Pierre Lafargue. seul celui du Grand Dauphin, en tête n disait volontiers de exacerbée par la conscience de dé- Ed. Verticales, 96 p., 72 F du recueil, relève de l’Histoire, La- Philippe Djian, ces der- passer un cap, la volonté de rattra- (10,98 ¤). fargue brosse sans aménité ni nières années, qu’il per le temps perdu, de mettre les complaisance une société mondaine était « en perte de vi- bouchées doubles après la quaran- ’agit-il d’un pastiche ? Sans aux travers terrifiants, tant la veule- tesseO ». Ce qui était injuste. Dans taine, s’éteint d’elle-même. L’édi- doute puisque le genre re- rie, la médiocrité, l’imposture et l’in- Criminels, Assassins ou Sainte-Bob, teur Henri Sigmund, épuisé par les tenu, le « tombeau », auto- gratitude y triomphent. Par l’élé- il avait simplement adopté, loin des luttes de marché, n’est plus que rise l’imitation toute clas- gance d’une expression tourbillons fiévreux, des vertiges l’ombre de lui-même, quitté peu à siqueS du style comme de l’esprit du impeccablement tenue, ce pitoyable sulfureux de ses premiers livres, un peu par le « mal » qu’il portait en modèle célébré. Pourtant l’hommage microcosme de courtisans sombre parti pris plus intimiste. Philippe lui (goût secret chez Djian de la pu- de Pierre Lafargue au petit duc de ainsi dans le burlesque à force de Djian a dû souffrir de ce relatif nition, besoin de rédemption, d’al- Saint-Simon, mémorialiste d’excep- boursouflure et de suffisance. « Léger échec critique et commercial. Vers ler jusqu’au bout du sexe, de la dé- tion d’une réjouissante et cruelle sé- comme un oiseau et galant comme un chez les Blancs, qui n’est pas fonda- faite, de la destruction, pour vérité, n’a pas la servilité d’une imita- aigle », Lavazac se dérobe aux mentalement différent de ses pré- connaître un jour une possible ré- tion ni l’astuce d’un plagiat. Au avances de Mme de Cullebute (La- cédents livres (il y a simplement surrection ?) et surtout Patrick risque de choquer – mais le genre lit- fargue s’amuse beaucoup en nom- plus de colère, plus d’éclat narra- n’est pas l’écrivain (trop d’em- téraire retenu, sorti de l’usage, mant ses pantins), préférant « à une tif), porte la trace de cette prunts, de cimes, pas assez de conduit à radicaliser la lecture –, on y vanité secrète mais comblée (...) une « épreuve ». gouffres) qu’il prétend être : lirait volontiers l’affirmation d’une vanité éclatante et sans amour, à un Il met en scène Francis, un écri- s’adapter ou disparaître ? se de- langue propre, seule apte à rendre au plaisir une gloire ». D’autres sont plus vain, au bord de l’aigreur, obligé de mande-t-il, harcelé par tous ceux plus près la peinture de mœurs et la grotesques encore, telle cette Mme de changer son train de vie à cause de qui ne désirent au fond que sa vision du monde au cœur de l’écri- Bieuillegnigue, en « lubie de finesse », la baisse de ses tirages et des inces- mort. « Pas question de dispa- ture. On rapporte que Charles Quint, dont les soucis, « causés par une in- sants contrôles fiscaux, qui, persua- raître », lui répond Francis/Djian. figure de proue du XVIe siècle euro- compétence supérieure et un très dé par son éditeur qu’il s’est plus Les mots, pense-t-il, ont une péen, balançait entre l’espagnol et grand ridicule de toute sa personne, ou moins sabordé volontairement, charge émotive et sensuelle bien l’italien, l’allemand, l’anglais ou le ennuyaient jusqu’à son argent qui ac- n’arrive pas à se ressaisir ; inca- plus grande que toutes les images français, selon qu’il s’adressait à Dieu coutuma de la fuir. » Des têtes « inca- pable quelquefois de « se suivre lui- équivalentes qu’on voudrait, de ou aux femmes, aux chevaux, aux oi- pables de rien souffrir », des capacités même » il se sent perdu comme un tous côtés, nous imposer. Tout écri- seaux ou à soi-même. C’est ainsi qu’il « pas très supérieures à celles de la enfant au milieu d’une forêt mena- vain – et l’on sent combien Djian a faut entendre la langue de Lafargue, mouche bleue », ces « caractères » RENAUD MONTFOURNY RENAUD çante : « Ce qui ne m’avait pas vain- retrouvé foi en lui-même – est une superbe et presque incongrue désor- n’empruntent pas qu’au fiel de Saint- cu ne m’avait pas rendu plus fort tises (formidable critique, pleine de plement suggérer, par des touches « fusée » qui a une mission, ne peut mais. Simon. Il y a du La Bruyère et du La mais à moitié fou », avoue-t-il. Il y a drôlerie exacte, d’éditeurs qui se progressives et très fines, ce qu’il pas être prise à la légère, s’éloigne Ce n’est pourtant pas tant la Rochefoucauld chez Lafargue, dont une grande justesse acide, un mer- disputent les gloires romanesques peut y avoir de cruauté tapie, de à des années-lumière « en parcou- langue qui risque le plus la péremp- la lucidité aiguë tient autant de la veilleux sens de la dérision exercée, du moment...). Francis admire Pa- dépit féroce, de désir secret de dé- rant des ténèbres glacées ». tion, mais la bienséance, au sens pre- vertu morale que de la civilité cri- sur fond de blessure, à l’égard de trick parce qu’il est un écrivain molition que Francis porte à Pa- Vers chez les Blancs est aussi un mier du terme. Pierre Lafargue avait tique. lui-même, dans l’analyse d’une de « impeccable », ce qui signifie trick. Une bonne part du roman est très beau plaidoyer, soutenu par ce naguère confié à l’excellent éditeur Honnête homme égaré dans un ces crises qui sont, un jour ou « qu’il n’avait pas beaucoup de consacrée aux jeux érotiques entre style singulier à la fois vif et travail- William Blake & Co, avant un texte monde factice d’une cruelle sottise, l’autre, le lot de tous les écrivains, temps pour s’occuper du reste », Francis et la femme de Patrick lé, ce rythme unique, abrupt et raf- féroce et jubilatoire dont le titre dit le chroniqueur n’a plus guère besoin « sans compter l’hypocondrie ram- qu’il est un « sérieux candidat au – jeux violents, électriques, épui- finé, pour la littérature qui, selon tout (L’honneur se porte moins bien de nommer ses modèles : les types pante, les rêves de grandeur, les dé- sacrifice ». Il se met à son service, sant toutes les figures possibles, lui, a « encore de beaux jours, de que la livrée, 1994), un Mélancolique sont universels. Mais si le plus mor- ceptions inévitables, le vide, l’insom- comme un Leporello des lettres, surtout du côté du bondage. Phi- nouvelles voies devant elle ». On hommage à M. de Saint-Simon (1993) bide des portraits est celui de Mme nie, les femmes blessées, les maux de écrit les discours qu’il doit pronon- lippe Djian dit que « la pornogra- peut compter sur Djian pour les ex- dont ce Tombeau offre une sorte de de Birebocque, une antique beauté tête, les émissions littéraires et tutti cer dans des universités à l’étran- phie est un art très difficile, très déli- plorer. complément. Fond de tiroir alors ? tolérée à la cour, devenue une « ruine quanti ». ger, veille sur ses moments de dé- cat, très minutieux » et que « savoir Jean-Noël Pancrazi Lafargue joue dès l’avertissement : épouvantable », pour y incarner «le Il passe le plus clair de son temps tente, s’arrange avec trois manier l’obscénité est une grâce peu « On avait cru que le premier extrait monstrueux ridicule des morts »,l’ul- à accompagner Patrick Vandhoe- Japonaises pour qu’il passe une répandue ». Cette grâce, il l’a. Avec, ૽ Signalons également l’essai de suffirait à votre appétit, et qu’on n’au- time morale entend ne pas abolir ren, un ami, plus jeune, toujours folle nuit de caresses agrémentées en prime, une sorte de respect sen- Catherine Moreau sur Djian qui rait pas à remettre les mains dans cette tout espoir. Moins qu’un vœu pieux, célèbre lui, atteignant des tirages de jus d’érable dans un hôtel de suel pour celle qui, devant lui, jouit, vient de paraître, Plans rapprochés poussière. Mais non. Vous nous forcez un tour élégant pour supporter la considérables, objet de toutes les Toronto. réjouit de toute sa peau, de tout (Les Flohic éditeurs, 256 p, 135 F à la chauffer, la vieille viande, mes- corruption contemporaine. attentions, de toutes les convoi- Le grand art de Djian est de sim- son esprit, comme s’il en allait de [20,58 ¤]). dames et messieurs ; alors n’attendez Philippe-Jean Catinchi

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb

livraisons Apprentissages du temps Fatales b MARIEL L. L’AUTRE FACE, et FANTÔMES & FANTASMES, de Pierre Bourgeade Pierre Bourgeade se livre avec talent à ce qui le fascine et donne Dans son éloge de la lecture comme dans son beau roman, Jean-Louis Baudry sens à son œuvre : le corps de la femme et la liberté du désir. En vingt arrondissements (Paris) et trois lieux de drague limitrophes explore les « corridors de la mémoire » octogénaires (bois de Boulogne, bois de Vincennes, Ville-d’Avray), Marie L. L’autre face décline les infinies possibilités de la jouissance. La aussi un sens remarquable de ter les drames que cette Histoire voix de l’auteur et la voix de Marie L. alternent, se confondent et L’ÂGE DE LA LECTURE l’équilibre narratif, que Jean-Louis fomente. Avec un « privilège » par- PAUVRES MORTS donnent chair aux aventures et aux décors de l’inépuisable et fré- de Jean-Louis Baudry. Baudry déploie ce qui est plus ticulier accordé à l’enfance... Hé- d’Emmanuelle Bayamack-Tam. nétique quête du plaisir sexuel. Dans Fantômes & Fantasmes, Gallimard, « Haute enfance », qu’une thématique dans A celle qui lène, que Denis-Casèle a connue POL, 190 p., 90 F (13,72 ¤). Pierre Bourgeade a réuni des photocopies d’un dessin et de pho- 136 p., 85 F (12,96 ¤). n’a pas de nom. Ses deux romans petite fille, puisqu’elle habitait dans tos. De courtes phrases, instantanés poétiques « illustrent » ces précédents constituaient déjà des le même immeuble parisien, près auvres morts ? ou clichés détournés de l’intimité féminine (Arléa, 126 p., 85 F À CELLE QUI N’A PAS explorations sensibles des mystères de Saint-Roch, avec sa grand-mère, pauvres veuves ? Elles [12,96 ¤], et Ornicar, 68 p., 120 F [18,29 ¤]). H. Mn DE NOM du temps intime (1). Mais ce temps, n’est pas une « écoutante » de pas- ont survécu à tant de ma- de Jean-Louis Baudry. que seule mesure l’horloge inté- sage. C’est au présent que les liens ris et d’amoureux qui Seuil, « Fiction & cie », rieure, cette histoire que l’existence du passé se racontent, se renouent. gisentP sous la terre noire, entre les 364 p., 130 F (19,82 ¤). personnelle de chacun raconte se- Les images, les photographies radicelles, les larves et les coléop- raient de pures abstractions, s’ils figent la mémoire. Les mots, eux, tères. « Finalement on n’est jamais es deux livres de Jean- n’étaient inclus dans la chronologie les récits, les témoignages donnent seul. Même dans la mort. » Mais elles, Louis Baudry répondent et les soubresauts du monde. à cette mémoire une voie d’accès, après avoir nourri, soigné ces graba- l’un de l’autre. Il n’y a pas « L’Histoire, quand elle atteint le une présence douloureuse. taires jaloux, ces égrotants geignards d’un côté un essai né cœur de l’existence individuelle, est à De plus, Hélène, « interlocutrice qui reposent en paix, les voilà qui, d’uneL réflexion extérieure sur la lec- peine audible, elle se tait presque. Il indispensable à l’effectuation de la fatales octogénaires, rêvent de « l’in- ture, et de l’autre un roman fé- faut une oreille fort exercée pour en- parole », est historienne et travaille tranquillité de l’amour fou et vain ». condé par l’imagination vagabonde tendre une rumeur de coquillage. sur « le rôle de l’administration dans Ainsi Renée Empéraire, qui s’éprend de l’écrivain. Des échos plus secrets C’est pour en surprendre le bruit de l’application des mesures anti-juives d’un certain Sandor, de cinquante sont donnés à entendre, qui in- fond que je recueille et commente les de Vichy ». ans son cadet. Il y a une « douceur vitent le lecteur à un certain type paroles de mon ami. » Ce n’est évi- Le titre du roman de Baudry est mortelle » à confronter jeunesse et d’attention et d’écoute. Comme si, demment pas la présence, une dédicace, une adresse. En son délabrement des corps, même si au-delà de l’acte volontaire de lire, commune et banale, de ce lien qui entier, le livre y répond, qui ne se Sandor, appartenant à une mysté- il était nécessaire de chercher une fait la valeur du roman de Baudry, contente pas de fournir, sur un rieuse confrérie, est prêt à promettre attitude plus passive de réceptivité. mais la manière dont l’écrivain, fond d’évocation historique, un le mariage à toutes les « riches veuves Lire n’est pas, ou pas essentielle- dans tel contexte, met en scène, support au dialogue entre la jeune nullipares du quartier ». Comme son ment, un loisir, encore moins une observe et analyse sa nature. femme et l’homme âgé. D’autres ami Tycho le propose à Nelly, vieille activité culturelle, mais un appren- protagonistes (l’un renvoie à Per- « hirondelle des faubourgs ». tissage du temps, une entrée dans PRÉSENCE DOULOUREUSE sonnages dans un rideau) prennent Mais voilà le double mariage re- « la société hiérarchisée de la mé- Serge Denis-Casèle, devant quel- place dans l’épaisseur du récit et mis. Les deux vieilles femmes – l’une moire ». ques photos anciennes qui res- dans la composition. L’auteur par- cynique, raisonneuse, péremptoire, L’« âge » dont parle Jean-Louis semblent à un jeu de cartes, ra- vient à orchestrer la riche matière l’autre coquette, plaintive, narcis- Baudry dans le premier ouvrage est conte à Hélène le souvenir qui a de son livre, à lui donner toute sique – unissent leurs solitudes, leurs celui au cours duquel l’enfant s’ap- décidé de sa vie : cinquante ans l’ampleur nécessaire. Ce qu’il écri- peurs et leurs souvenirs. Pour deve- proprie et se raconte les histoires plus tôt, alors qu’il était à peine un vait tout à l’heure de la lecture, sur nir « imputrescible », pourquoi ne qu’il lit. Cet âge est aussi au cœur adolescent, il a vu disparaître la cet accès aux demeures de l’en- pas se faire empailler comme la de son roman. « De cette commu- jeune fille qu’il aimait, plus précisé- fance et aux « corridors de la mé- chienne Gardenia ? La taxidermie, nauté que l’enfant institue avec les ment à laquelle l’attachait une moire », se vérifie. qui a inspiré d’insolites rêveries à livres et qui fait que chaque livre est tendre « prédestination » : mais «ce Ampleur : c’est ce mot qu’il faut Anne-Marie Garat dans Merle et à un être particulier, c’est curieusement que la prédestination avait promis, retenir pour qualifier l’art et la ma- Catherine Lépront dans L’Affaire du la disparition du caractère singulier l’Histoire l’avait détruit ». Les fa- nière de Jean-Louis Baudry. Une Muséum, est ici l’effrayante et super- de chaque histoire en relation avec milles étaient amies ; l’une était fresque, une symphonie sont be métaphore d’une improbable re- l’émotion d’une pure existence de la juive, l’autre pas. Les «cir- comme retournées vers l’intérieur. naissance – « une autre moi-même, langue que je retiens. » Un peu plus constances (...) avaient fait de la A l’exercice en apparence banal de pugnace et dure, réfractant toutes les loin, presque à la fin de L’Age de la jeune fille une martyre parmi un raconter des histoires, l’auteur convoitises à la ronde » : ainsi se dé- lecture, Baudry, en une page magni- peuple innombrable de martyrs ». donne ainsi une singulière gran- couvre Renée dans son soliloque fique, définit un autre paradoxe at- De l’enfance à l’adolescence, dans deur et dignité. d’une féroce étrangeté, d’une taché à la lecture : celui d’une maî- l’évidence sans pourquoi du senti- Patrick Kéchichian joyeuse « mordacité ». Ce « chant in- trise dans l’ordre de l’ignorance, ment, avait eu cependant le temps tarissable issu de la chair chéris- d’une éducation de la « science infi- de naître une affection, une pro- (1) Personnages dans un rideau (Seuil, sable », angoissé et gouailleur, niment subtile et compliquée de ce messe. Mais l’Histoire, aveugle, n’a « Le Monde des livres » du 19 sep- confirme avec éclat le singulier qu’il n’est pas convenable de savoir ». nul souci des amours enfantines. tembre 1991) et Clémence et l’hypothèse talent d’Emmanuelle Bayamack- De fait, c’est avec un art roma- En revanche, l’existence person- de la beauté (Seuil, « Le Monde des Tam. nesque d’une infinie subtilité, avec nelle est destinée à pâtir, à alimen- livres » du 23 février 1996). Monique Pétillon LeMonde Job: WIV1900--0004-0 WAS LIV1900-4 Op.: XX Rev.: 10-05-00 T.: 19:43 S.: 111,06-Cmp.:11,09, Base : LMQPAG 35Fap: 100 No: 0189 Lcp: 700 CMYK

IV / LE MONDE / VENDREDI 12 MAI 2000 littératures b Duels fratricides Les silences du colonel Laus Pat Barker plonge au cœur d’un famille recomposée La traduction du Journal et du roman posthumes de l’écrivain brésilien (1922-1992) qu’un sombre passé rattrape révèle une personnalité rare de lecteur et d’observateur

d’une autre famille, ainsi qu’à l’as- de Kafka, de Joyce, il lit avec pas- dire ou de rendre. » Le roman per- soumettant à la loi du mensonge UN AUTRE MONDE sassinat d’un enfant – lequel sug- LES JARDINS DU COLONEL sion André Gide et Marcel Proust, met donc de suivre les destins pa- et de la comédie sociale, il offre, en (Another World) gère confusément que le passé ne (Os papeis do coronel) traduit Rainer Maria Rilke, et réflé- rallèles du colonel et d’Alirio. même temps, une vue sur l’atelier de Pat Barker. cesse de se répéter, et les frères de et JOURNAL ABSURDE chit sur la fiction, avant de propo- L’écrivain amateur rencontre des d’un écrivain frustré, mais au fond Traduit de l’anglais chercher à s’entretuer, ne serait-ce (1949-1959) ser des nouvelles à diverses revues garçons, les invite chez lui. Dans la très déterminé. par Isabelle Caron, que symboliquement, dans chacun de Harry Laus. et de les rassembler dans des re- petite ville, on sait, on murmure, Son talent tarde, par son isole- Stock, 288 p., 120 F (18,29 ¤). de ces trois récits. Traduit du portugais (Brésil) cueils publiés il y a peu (1). on étouffe ce qui, au fond, ne gêne ment, à être reconnu. Il lutte par Claire Cayron, L’unique roman de Harry Laus personne. Les garçons, après cette contre la médiocrité. Mais sa luci- usqu’où la haine peut-elle SOURDE ANGOISSE éd. José Corti, ne se résume pas à la simple révé- furtive virée, continuent à courti- dité sur ses propres limites et sur la s’insinuer dans une fratrie ? Mais tout cela s’articule de façon respectivement 176 p., lation d’une homosexualité qui ser les filles qu’ils épouseront. Jus- vigueur de son ambition finit par Comment, chez un préado- telle que, au fond, le vrai ressort du 105 F (16,01 ¤) transparaissait déjà dans son jour- qu’à ce que l’un d’eux meure écra- être perçue par d’autres. Des amis lescent, la violence et la jalou- livre n’est autre que l’angoisse. Une et 532 p., 155 F (23,63 ¤). nal. La structure subtile de la nar- sé dans un accident de moto. le lisent. Le poète Mario Faustino Jsie, exacerbées par l’univers angoisse sourde et intime. Un ration met en écho le portrait d’un Quant à son personnage, Alirio, il est un de ses lecteurs perspicaces, délétère de certains jeux vidéo, trouble communicatif dont on no- eflets dans un œil d’or. écrivain dilettante, double de l’au- pourra peut-être réussir cette car- même s’il se montre parfois cruel. peuvent-elles entamer la paix fra- tera qu’il est souvent lié, chez les C’est au roman de Car- teur et lui-même militaire, et celui rière artistique dont son père, lui- Harry Laus souffre de ne pas être gile d’une famille recomposée ? personnages, à la perception de leur son McCullers que l’on de son personnage. C’était pour même militaire raté, ne le dé- compris par des compagnons aux- Il fallait de l’audace pour aborder, corps – l’adolescente assiste, im- pense en lisant Les Jar- quels le lient des amitiés amou- dans une veine réaliste, ces thèmes puissante, aux transformations de dinsR du colonel. Un militaire vieil- Harry Laus reuses. Il décrit avec minutie les sociaux à travers une fiction. Le der- sa silhouette, le grand-père ne parle lissant aime les garçons. Il les ac- Harry Laus est né le 11 décembre 1922, treizième angoisses qui le tourmentent dans nier livre de Pat Barker ne se réduit que de sa blessure de baïonnette, la cueille complaisamment le samedi enfant de Rodolfo Laus, d’origines prussienne et sa solitude et dans une jovialité af- pas, loin s’en faut, à ces questions. mère, avec ses chairs avachies et ses soir. Ce sont des pêcheurs, des fils indienne (par sa grand-mère paternelle). Il entre fectée, à l’aide de l’alcool. Mais il offre un sujet en or à une ro- « jambes molles », déteste ce qu’elle de commerçants. Ils se prostituent dans la carrière militaire en 1941. Il commence à Habitué à dissimuler et à se dur- mancière connue depuis son pre- est devenue... en feignant la camaraderie virile. publier dans la revue Joaquim des « Lettres du Nor- cir, il est étonné quand il se sent mier roman, Union Street (1), pour D’où cette tension constante, Ils boivent, mangent, rient, s’en- deste », en 1947. Son premier recueil de nouvelles envahi par de véritables élans « son aisance dans l’analyse de la so- perceptible partout sous l’appa- dorment sur un canapé et, à est couronné d’un prix de l’Académie brésilienne d’amour qui doivent prendre des ciété » ainsi que pour sa justesse de rente banalité des choses. Ce senti- l’aube, dans un demi-sommeil, ac- en 1959. Lieutenant-colonel en 1964, il démissionne formes d’amitié chaste avec ses ton dans l’évocation minutieuse du ment de danger est servi par une ceptent les caresses du vieil au moment du coup d’Etat. Il devient alors critique confidents ou de « débauches » quotidien (2). écriture rapide, efficace, d’une tona- homme qui, lui-même, n’ose af- d’art et directeur de musée dans son Etat natal de avec des inconnus dans des lieux Après Stanley et Iris (éd. R. De- lité très contemporaine. L’ambiance fronter ni leur regard ni sa Santa Catarina. Il séjourne en France à trois re- spécialisés de villes voisines. « Oui, forges, 1990) puis L’Homme qui est lourde, Pat Barker observant le conscience. prises et meurt le 22 mai 1992, à Florianopolis. c’est là, dans ces lieux où se révèlent n’était pas là (éd. des Cendres, 1992), désarroi de ses personnages avec Harry Laus aura attendu d’avoir les vices et se dégrade l’humanité Un autre monde est le quatrième ro- une sorte d’indifférence froide. Leur atteint la soixantaine pour donner Harry Laus l’occasion de décrire tourne pas, en dépit de ses craintes qu’on peut le mieux étudier les senti- man traduit de cette Anglaise, née solitude semble irrémédiable. Tous libre cours à des fantasmes long- ses rapports contradictoires avec et de ses soupçons. On imagine à ments humains. Peut-être parce que en 1943, et couronnée par le presti- sont prisonniers d’un univers clos : temps retenus. Une notoriété la communauté masculine dans la- lire le Journal absurde, que Harry tout sentiment humain est fondé sur gieux Booker Prize pour Régénéra- la guerre, la maison, l’écran, le jeu... grandissante, l’appui de sa traduc- quelle il évolua durant une ving- Laus tint durant dix ans, de 1949 à l’instinct et que, dans cette dégrada- tion (Actes Sud, 1995). Difficile d’en Car « l’autre monde » n’est pas seu- trice, admirable, Claire Cayron, taine d’années et avec ses velléités 1959, alors qu’il exerçait de caserne tion animale, l’homme se rapproche résumer l’intrigue. Le roman joue lement celui du passé, des flash- l’ont encouragé. Et, comme le ro- artistiques. Car le centre du ro- en caserne, le courage qu’il dut de son origine – de son commence- sans cesse des croisements, interfé- back, des tranchées et des frères man de Forster, Maurice, c’est à man-dans-le-roman se déplace : le chercher en lui pour se lancer dans ment. Dans ces endroits-là, je rences et parallélismes entre plu- perdus. Ce n’est pas seulement celui titre posthume que paraît cette personnage auquel s’attache le co- cet aveu si direct. L’essentiel du comprends mieux l’œuvre de Dos- sieurs plans, plusieurs temporalités, de l’enfance et des souvenirs, de brève fiction qui exprime ce qu’il y lonel-écrivain est le fils de son hé- journal est consacré à des com- toïevski... » Des lettres d’aveux qui plusieurs histoires. Celle d’une fa- l’école qui sentait « le chou bouilli, le a de plus intense et de plus secret ros, Alirio, jeune homme qui re- mentaires de lecture : Dostoïevski peut-être n’ont jamais été en- mille et de ses problèmes – les deux désinfectant et la laine grise ». chez cet écrivain si singulier. fuse la vie sociale à laquelle son surtout, qu’il analyse sur les traces voyées ponctuent ce journal que enfants issus d’un premier lit, le gar- L’autre monde, c’est le monde de Né en 1922, Harry Laus entre- père le destine et qui choisit le mé- de Gide, mais aussi Kierkegaard, l’écrivain, alors âgé d’une trentaine çonnet violent, l’adolescente murée l’Autre, tout simplement. Avec ses prend une carrière militaire qui va tier de peintre. Hesse ou Ibsen auquel il avait d’années, savait devoir un jour pu- dans le silence, le père vaguement secrets indicibles et ses frontières lui permettre d’entretenir ses Par un troublant effet de miroir, consacré une étude. Mais Harry blier. Il recourt parfois à l’anglais désemparé, la mère enceinte, tota- impénétrables. Celles qui, chez Pat frères et sœurs. Son journal, qui Harry Laus montre son double Laus tente de s’expliquer les et au français pour voiler des lement épuisée... Celle du grand- Barker, ne s’abolissent que dans paraît en même temps, également doutant de lui-même et reportant idéaux, « d’un jeune homme mé- confessions qu’il craint trop di- père agonisant, mémoire vivante de l’ultime confidence précédant la posthume, rend compte des toute son ambition sur son per- diocre » (ainsi intitulait-il un début rectes, tout en déplorant que son la guerre de 1914, coupable à ses mort. grandes difficultés que ce soldat sonnage. « Il devait accepter la d’autobiographie qu’il perdit dans nom risque d’être plus attaché au yeux d’avoir survécu, gardien d’un Florence Noiville malgré lui devait rencontrer non gloire d’Alirio comme une compen- un déménagement), et aussi « libertinage » qu’à la littérature. Il lourd secret lui aussi, et flottant seulement pour publier, mais pour sation à son propre manque de va- « cette terrible différence entre [sa] se trompait. constamment entre réalité et sénili- (1) Sorti en Angleterre en 1982. Non admettre, intérieurement, l’idée leur. Tels ces écrivains prêtant à vie intérieure et [sa] vie extérieure ». René de Ceccatty té. Celle d’une fresque enfin, décou- traduit. qu’il fût un écrivain. Autodidacte, leurs héros leurs rêves, des vertus Observateur impitoyable de verte inopinément sous un papier (2) Christine Jordis dans Gens de la Ta- il ne fréquente pas le milieu litté- qu’ils n’ont pas, des misères cachées, « l’homme du commun » qu’il aura (1) Sentinelle du néant et Bis, égale- peint et renvoyant à la mémoire mise (Seuil, 1999). raire. Admirateur de Dostoïevski, l’amour qu’ils ont été incapables de côtoyé toute son existence, en se ment chez José Corti (1998).

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb

livraisons b CARACOL BEACH, d’Eliseo Alberto L’Angleterre des marges Satire Roman grinçant et lyrique, Caracol Beach, a reçu le prix inter- national du roman Alfaguara, en 1998. Carlos Fuentes a dit du livre : « Dans la littérature latino-américaine, peu de pages plus ter- Après un an passé auprès des exclus, des marginaux, des hors-système de toute ribles que celles de Caracol Beach (...). Une tragédie au rythme du rock psalmodiée par les rites afro-cubains... » Ce drôle de roman nature, Nik Cohn retranscrit son périple dans une république parallèle satanique protéiforme débute dans une petite station balnéaire du sud des Etats-Unis et se poursuit par l’irruption d’un ancien combattant Le hasard lui a donné un atout, simple et facile à lire, que ça ait l’air cubain d’une guerre en Afrique. Né en 1951 à La Havane, Eliseo Al- ANARCHIE Mary Carson, une jeune femme en accidentel. La langue anglaise SATAN & Co berto vit au Mexique (traduit de l’espagnol – Cuba – par Domi- AU ROYAUME-UNI liaison avec la secte odiniste qui lui donne le rythme, et chaque chapitre (Satan Wants me) nique Lepreux, Liana Levi, 320 p., 130 F. [19,82 ¤]). R.R. Mon équipée sauvage fera ouvrir certaines portes. Il avait devient un mouvement d’une sym- de Robert Irwin. dans l’autre Angleterre son numéro de téléphone et leur phonie qui n’en finit pas » Traduit de l’anglais b SÉPARATION DE CŒUR, de Joanna Trollope (Yes we Have no) premier contact a été celui de la Il faudrait presque une carte par Isabelle D. Philippe, Auteur de romans populaires de qualité, Joanna Trollope s’est de Nik Cohn. voix : « Une grosse voix profonde, et pour suivre sa traversée de la « ré- éd. Phébus, 342 p., souvent penchée sur différentes situations sentimentales et fami- Traduit de l’anglais puis son accent ; j’ai tout de suite su publique », « un Etat indépendant, 139 F (21,19 ¤). liales de la société contemporaine. Cette fois, la romancière bri- par Elisabeth Peellaert. d’où elle venait. Comme moi. De peuplé de tous ceux qui vivent en An- tannique met en scène un couple qui se déchire après quarante Ed. de l’Olivier, 396 p. , Derry. » Il est surpris par le gleterre, mais pas en anglais ». Les près quelques tentatives ans de mariage. Monsieur décide de quitter sa femme pour convo- 139 F (21,2 ¤). contraste lorsqu’ils se rencontrent paysages défilent, tantôt il flotte de facture inégale mais ler avec une jeune femme deux fois plus jeune que lui. Sur ce ca- parce qu’elle est minuscule, avec une odeur de curry, tantôt de cidre toutes intéressantes, cet nevas on ne peut plus conventionnel, Joanna Trollope construit un élèbre, à vingt et un ans un corps de garnement des rues. Il ou de bière. Un peu partout des écrivain anglais remar- tableau de mœurs très vivant (traduit de l’anglais par Dominique après la publication de se produit entre eux un « choc jeunes traînent, « la mine fatiguée, quablementA doué donne au- Peters, Calmann-Lévy, 304 p., 129 F. [19,67¤]). R.R. son histoire « défini- électrique » il sait d’emblée qu’il va malade et épuisée par le désœuvre- jourd’hui son roman le plus réussi, tive » du rock’n roll, pouvoir faire le livre. Savamment ment ». La musique est toujours dans lequel il parvient à maîtriser b LE FILS DE BAKOUNINE, de Sergio Atzeni AwopbopaloobapC (éd. Allia), riche à désinvolte donc, Nik Cohn finit par présente, comme le football. Les son talent, à endiguer une inspira- L’évocation de la vie politique d’un village sarde de mineurs du- trente ans alors qu’un article publié avouer que Anarchie au Royaume- dealers aussi, jamais loin. Mais sur- tion parfois trop vivace, et à se rant l’après-guerre. La narration se présente comme une suite de dans un magazine avait donné la Uni leur a demandé un an de pré- tout des personnages attachants, concentrer sur ce qu’il sait faire : se témoignages des habitants qui ont connu un certain Tullio Saba, trame de ce qui allait devenir le paration, uniquement pour se do- bizarres, fascinants : Megan, qui moquer salutairement de son agitateur communiste. Les questions de l’enquêteur ne sont pas film, Saturday Night Fever ayant cumenter, et encore plusieurs mois veut devenir championne du monde et partager avec le lecteur un retranscrites : seules les réponses apparaissent, faisant revivre ce- tout perdu quelques années plus de travail pour passer à la réalisa- monde de kick boxing ; le souvenir sourire d’érudit narquois. Il nous in- lui qu’on avait surnomme le « fils de Bakounine », parce que son tard, il se fait romancier, chroni- tion du projet : aller à la rencontre de Grace, le travesti chauffeur rou- vite à pénétrer dans une secte sata- père espérait que Bakounine un jour viendrait brûler l’église... Ser- queur, journaliste, joueur de flipper de ceux qui vivent dans la « répu- tier, « six pieds deux pouces, muscles niste à Londres dans les années 60. gio Atzeni (1952-1995) dessine un portrait en creux d’un individu et même éleveur de porcs ; Nik blique » d’Angleterre, les hors-sys- gonflés et lisses ; joues creuses bleuies Un apprenti sociologue a résolu d’en et de son entourage. Superstitions, rancœurs, envies... transfor- Cohn est toujours aujourd’hui, tème, les hors-toutes-lois, les hors- par une barbe naissante ; cheveux faire le sujet de sa thèse, et l’on ima- ment la vérité et créent la fiction collective (traduit de l’italien par cheveux blanchis et la cinquantaine jeux. soyeux et blonds comme les blés gine les stratagèmes auxquels il doit Marc Porcu, éd. La Fosse aux ours [1, place Jutard, 69300 Lyon, guillerette, un infatigable curieux, frangés à la manière de Prince Vail- recourir pour se faire accepter, en- 124 p., 100 F [15,24 ¤]). R.de C. qui vit à New York mais n’a rien RÉSEAU LABYRINTHIQUE lant ; montagne de muscles artificiel- doctriner, initier et finalement choi- perdu de son accent anglais, ironie Quand ils partent, ils ont déjà lement bronzée ; et puis sa robe, un sir comme élu de Satan. Les adeptes incluse : « Quand j’ai réalisé que je quelques repères, des noms, ils truc transparent de couleur pêche et proposent une morale assez plai- ne serai jamais un musicien, et sa- savent qu’à tel endroit, ils pourront chartreuse, à ravissants motifs de sante : « L’abus des meilleurs choses chant que je n’avais aucune envie de faire telle chose, à tel endroit telle primevères » ; un nain que l’on est encore une assez bonne chose », travailler, je me suis mis à écrire. » autre, qu’il y a toujours des gens croise et qui pleure, la main dans ou bien : « La démence est hérédi- Comme il le raconte au début du qui connaissent d’autres gens, un celle d’un de ses amis ; Harold, le taire, on la reçoit de ses enfants. » livre, il a gardé sa maison en Angle- réseau « déglingué mais labyrin- maître d’école en retraite ; Paul Ils sont toutefois un peu déjantés terre, dans un petit village où il se thique ». A la lecture, on a pourtant Chan, le Presley chinois ; Gilles, le et ne parviennent pas toujours à rend une ou deux fois par an : l’impression d’une promenade nomade, le voyageur, immobilisé à contrôler leurs pentacles : les Pieds « Avec la distance, je vois les choses aléatoire, de rencontres de hasard, Fraggle Rock ; Martha, qui a tout nickelés au sabbat. Mais les hippies bien plus clairement que si j’étais sur de moments piqués ici ou là. « J’ai quitté pour un homme, ses enfants, amis du héros, gavés de LSD et de place et quand j’ai vu à quel point employé des techniques de fiction son mari, sa maison, et cet homme musique sixties, n’ont pas tout à fait les choses changeaient même dans mais des mots réels pour des gens qu’elle aime l’a quittée à son tour les pieds sur terre non plus. Leur dé- ce petit village, je me suis dit qu’il réels » : le mode est au présent, le et elle le cherche, errant dans les lire s’additionne à celui des initiés. fallait que je refasse un tour d’Angle- ton du narrateur est alerte, vif, il rues, folle de désespoir et d’espoir ; Chacun savourera, selon son goût, le terre et que je rencontre les nouvelles raconte, s’émeut, s’étonne, près d’une centaine de personnes personnage de la jeune Sally, enfant générations, ceux qui viennent d’Ir- constate. On a l’impression qu’il a qui se sont rencontrées un soir de de Woodstock, ses menus, ses lec- lande comme ceux des Caraïbes. Ce écrit sur le vif, sur un coin de table fête pour le lancement du livre à tures, sa question de la semaine et n’est pas la même démarche que de café, sur le capot d’une voiture. Londres, et avec qui Nik Cohn est ses préférences sexuelles, ou bien le celle d’Orwell (1), lui était soutenu Mais il y a eu trois versions. «Je plus ou moins resté en contact «et Bouc noir, dont la descendance rôde par ses convictions socialistes, moi, je passe des heures à me concentrer, à si on les additionne, peut-être que encore dans la vaste et sombre villa. n’avais que ma curiosité. » Et son fixer mon petit carnet jaune jusqu’à l’on me trouve moi ». Et si vous ne croyez pas à ces diable- goût immodéré du baroque, de la ce que me vienne une image. J’écris Martine Silber ries, notez tout de même que le hé- folie douce ou violente, du gro- d’abord à la main et c’est seulement ros, à la fin du livre, est devenu riche tesque, de l’absurde, du déran- quand je sais où je vais que je passe (1) Dans la dèche à Paris et à Londres et puissant. geant. à la machine. Il faut que le texte soit (éd. Ivréa). Jean Soublin LeMonde Job: WIV1900--0005-0 WAS LIV1900-5 Op.: XX Rev.: 10-05-00 T.: 19:17 S.: 111,06-Cmp.:11,09, Base : LMQPAG 35Fap: 100 No: 0190 Lcp: 700 CMYK

la chronique LE MONDE / VENDREDI 12 MAI 2000 / V de Roger-Pol Droit b

LE NÉGATIF OU L’ÉCRITURE DE L’AUTRE Tout englober, oui, mais Hegel où aucun d’eux, sans Hegel au printemps avec doute, n’aurait quoi que ce soit à DANS LA LOGIQUE DE HEGEL en mouvement. Chez dire à l’autre. de Gwendoline Jarczyk. S’il n’est pas inutile de souli- Postface Hegel, contrairement gner cette évidence, c’est que de Marguerite Duras grands excès ont pu passer pour de Pierre-Jean Labarrière, éd. Ellipses, « Philo », aux mauvaises légendes, de nouvelles règles : n’importe 622 p., 295 F (44,97 ¤). quoi transformé en méthode, le il n’y a pas de clôture ni patchwork repeint en innovation sagace. Du coup, une large partie ntre Marguerite Duras et de rigidité. Gwendoline du paysage actuel se partage Georg Friedrich Hegel, entre deux camps, affaiblis par E on ne voit pas le rapport. Jarczyk propose de des maux symétriques et in- Trop différents. Aucun verses. Les purs et durs de la note registre commun, ni d’époque ni nouvelles approches, de bas de page ne souffrent pas de style. Romancière des années qu’une référence soit déplacée, 60 ou philosophe du XIXe siècle, il savantes et poétiques, de anachronique ou atypique – au faut choisir. Elle écrit plat, volon- risque de se priver de féconds dé- tairement parlé. Lui conceptua- ce système ouvert calages. Les mélangeurs- lise, analyse, dialectise – et le broyeurs hachent menu tout ce moins qu’on puisse dire est qu’il écrit. Cet “oubli”, c’est l’écrit non qui leur tombe sous le nez, et re- n’est pas connu pour la légèreté écrit : c’est l’écrit même. » Selon lient tout à tout sans souci de de ses phrases. Non, décidément, Gwendoline Jarczyk, une sorte rien – au risque de ne plus savoir rien, ni dans les préoccupations d’équivalent littéraire de cette de quoi ils parlent. Bref, assou- ni dans les textes, ne paraît les « écriture de l’autre » constituée plissements et remises en forme rapprocher. Et si, toutes diffé- par le négatif se trouverait dans recommandés. rences gardées, tous registres ces formules de Duras : «Si on bien distingués, ils disaient la savait quelque chose de ce qu’on ૽ A signaler également. même chose ? A propos du vent, va écrire, avant de la faire, avant Parmi les publications, nombreuses de l’écriture, de l’ombre. Au sujet d’écrire, on n’écrirait jamais, ce et fort diverses, qui attestent de la du passage, incessant et fragile, ne serait pas la peine. Ecrire, c’est vigueur des études hégéliennes, on du temps et de l’être vers le rien, tenter de savoir ce qu’on écrirait si retiendra notamment : toujours. Si c’était le cas, on on écrivait – on ne le sait qu’après – Temps et Esprit dans la philosophie apercevrait des convergences au – avant, c’est la question la plus de Hegel. De Francfort à Iéna, de premier abord incongrues entre, dangereuse que l’on puisse poser. Christophe Bouton, analyse très dé- par exemple, Le Camion et La Mais c’est la plus courante aussi. » taillée de l’évolution de la philoso- Science de la Logique. C’est en Le reproche que certains ne phie hégélienne au moment de sa tout cas ce que suggère, à plu- manqueront pas de formuler est genèse, entre 1796 et 1802 (Vrin, sieurs reprises, Gwendoline Jarc- évidemment : est-ce licite ? « Histoire de la philosophie », 320 p., zyk dans un travail monumental énigmatiques, où Hegel expose ôter, supprimer, effacer. Il plication de cette seule phrase. A-t-on le droit, intellectuelle- 180 F [27,44 ¤]). qui entend éclairer de l’intérieur ce qu’il entend par logique. Le convient au contraire de Les enjeux : une approche de la ment, de rapprocher le grand – L’Ordre du temps. Essai sur le pro- la démarche hégélienne. terme prend en effet chez lui un comprendre que « l’œuvre du né- totalité du monde comme mou- maître de la chaire de Berlin et la blème du temps chez Hegel, de Paulo Cette mise en lumière du mou- sens spécial, fort différent de ce gatif est coextensive à tout ce qui vement et non pas comme petite griffonneuse de la chair Eduardo Arantes, qui travaille à ré- vement de la pensée de Hegel, que l’histoire de la philosophie et est ». Sans elle, pas de pensée, somme, une conception de l’infi- tout court ? N’est-ce pas suspect, tablir le primat de la logique sur les Gwendoline Jarczyk la poursuit celle des mathématiques en- pas de réalité, pas de devenir, pas ni comme mouvement du fini en approximatif, hasardeux, illu- lectures existentialistes de Hegel déjà depuis longtemps. On doit tendent couramment. Au lieu des de totalité. Il convient de saisir tant que tel. soire ? Il convient de répondre (L’Harmattan, « La philosophie en en effet à cette philosophe (qui règles formelles permettant de combien ce passage par le Ce travail conceptuel de haut « non » à tous les chefs d’accusa- commun », 330 p. 170 F (25,92 ¤). est par ailleurs journaliste à La juger de la validité d’un raison- « rien », qui habite toute la réali- niveau est évidemment impos- tion. La réflexion ne saurait lais- – Versus. Hegel et la philosophie à Croix) de nombreux et impor- nement et du caractère contrai- té, n’est pas une pure et simple sible à résumer en quelques ser en place la carte des bien- l’épreuve de la poésie, d’André Hirt, tants travaux sur la logique hégé- gnant d’une argumentation, la annulation, un anéantissement lignes. Mais on peut en percevoir séances. Il n’y a aucune raison analyse l’embarras que provoque lienne et sur sa portée. Parmi les logique, chez Hegel, désigne sans retour. La pensée de Hegel le geste d’ensemble par un autre valable pour s’interdire de tels chez Hegel l’irréductible altérité de principaux, il convient de men- d’abord le mouvement interne n’est pas un nihilisme, bien biais. Duras, justement. Le néga- croisements, voies de traverse ou la poésie (éditions Kimé, 198 p., 140 F tionner Système et liberté dans la de déploiement du monde, qui qu’elle affirme l’identité de l’être tif par où tout passe et demeure dissonances apparentes. Le seul [21,34 ¤]). logique de Hegel (Aubier, 1980) et ne se distingue pas fondamenta- et du néant. Comment sort-on de en réserve, elle l’a dit. En exergue souci doit évidemment être leur – L’Idéalisme allemand. Alternatives les traductions, cosignées avec lement du déploiement de la cette difficulté ? Hegel indique à ces six cents pages de philoso- cohérence, et l’existence d’un et progrès, recueil d’articles de Ber- Pierre-Jean Labarrière, de La pensée. un chemin – qui exige des éclair- phie, on peut lire ces lignes de la centre de gravité. Ici, c’est la nard Bourgeois sur une série de Science de la logique (Aubier, 3 Le négatif et la négation jouent cissements ! – en écrivant que la romancière : « On écrit tout le grande machine hégélienne, pas thèmes contrastés, dont certains ont vol., 1972-1981) et de la Phénomé- dans ce processus un rôle essen- « vérité, ce n’est ni l’être ni le temps, on a une sorte de logement aussi mécanique qu’on a pu le été relativement peu explorés sous nologie de l’Esprit (Gallimard, tiel et subtil que l’ouvrage de néant, mais le fait que l’être – non en soi, l’ombre, où tout va, où l’in- croire, qui sert de lest. Duras est cette forme (les droits de l’homme, 1993). Sans doute y a-t-il peu de Gwendoline Jarczyk met en lu- point passe –, mais est passé en tégralité du vécu s’amasse, s’en- là par rencontre, presque de pas- l’histoire mondiale) (Vrin, « Histoire personnes au monde aussi fami- mière sur plusieurs registres. néant et le néant en être ». En un tasse. Il représente la matière pre- sage. Personne ne se risque à de la philosophie », 322 p., 180 F lières de ces textes arides, parfois Nier n’est pas nécessairement sens, ce gros volume est une ex- mière de l’écrit, la mine de tout l’installer dans un dialogue avec [27,44 ¤]). bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Le dernier encyclopédiste Face à face : Jung et Pauli

Une réflexion philosophique sur une période charnière de notre histoire : Deux géants du XXe , l’un physicien, l’autre psychologue, tentèrent la naissance de la « modernité » d’approfondir leur réflexion par une confrontation mutuelle

LA LÉGITIMITÉ Hannah Arendt et Hans Jonas. Dans nomes les unes par rapport aux CORRESPONDANCE rain de Pauli. Le jour de son bap- la plus grande circonspection tous DES TEMPS MODERNES leur sillage, il s’interroge sur la genèse autres, les quatre parties de son tra- de Wolgang Pauli/ tême, il avait déposé ca carte sur les processus de pensée, voire de Hans Blumenberg. de la « modernité» issue de la Renais- vail jettent des rayons de lumière iso- Carl Gustav Jung laquelle on pouvait lire : Mach, même les éliminer ; Pauli, dans Traduit de l’allemand sance et, au-delà, sur le partage de lés sur une période charnière de notre Ed. dirigée et commentée d’origine antimétaphysique. Mach une de ses lettres, tente un paral- par Marc Sagnol, l’histoire de la culture occidentale en histoire – mais l’on s’aperçoit, une par C. A. Meier. considérait la métaphysique lèle entre Mach et Jung qui ne Jean-Louis Schlegel, grandes « époques », dotées chacune fois l’ouvrage refermé, que ces rayons Traduit de l’allemand comme le diable en personne. Et il laisse pas de surprendre. Denis Trierweiler d’une signification métaphysique. convergent. Ce qu’ils donnent à voir par F. Périgaud professait qu’il fallait utiliser avec Roland Jaccard et Marianne Dautrey, Sa principale thèse ? On pourrait ne serait rien, cependant, si l’on ne Albin Michel 374 p., Gallimard, 702 p., 280 F (42,68 ¤). (très grossièrement) la résumer en di- prêtait également attention à la 150 F (22,86 ¤). sant ceci : le projet de la modernité, manière dont Blumenberg étaie ses orsque le processus de recul centré sur la connaissance scienti- démonstrations, à la minutie de ses ocument historique de la lecture entamé au mi- fique et la domestication de la nature, analyses, à sa connaissance pratique- d’une valeur inesti- L lieu des années 70 aura at- bien loin de constituer la reprise, la ment illimitée (et non exempte d’hu- D mable, la correspon- teint son terme, quand la gé- transposition ou le décalque d’un mour) des philosophes de l’âge hellé- dance échangée par le nération qui vient, ivre d’ordinateurs projet plus ancien, d’origine antique nistique aussi bien que des Pères de psychologue zurichois Carl Gus- et de portables, aura oublié jusqu’à la ou médiévale, est au contraire résolu- l’Eglise. On peut choisir, par exemple, tav Jung et par le physicien vien- forme d’un livre ou l’odeur d’un jour- ment original. En d’autres termes, ce de ne lire que son chapitre sur le scep- nois Wolgang Pauli, prix Nobel en nal, il ne restera plus, les soirs de nos- livre bourré d’érudition, et dont les ticisme grec : il est magistral. Ou 1946, entre 1932 et 1958, talgie, qu’à se remémorer le temps où références sont parfois étrangères au même se contenter d’ouvrir le vo- comprend quatre-vingts lettres existaient encore des gens comme lecteur francophone, entend consti- lume au hasard – par exemple à la qui requièrent pour être Blumenberg : des hommes qui pas- tuer une véritable « défense et illus- page 336 – pour y apprendre que c’est comprises de solides connais- saient leur vie dans les livres, qui don- tration » de la rationalité moderne chez Tertullien, vers l’an 180 de notre sances scientifiques. Rappelons naient leur vie aux livres – et dont la – une vigoureuse réponse adressée à ère, que le mot curiositas acquit un cependant que Pauli, né à Vienne vie, enfin, s’épanouissait en livre. Car certains de ses détracteurs, trop pres- sens « antignostique ». Des petites en 1900, était de vingt-cinq ans le de l’existence terrestre de ce grand sa- sés de la dénigrer au nom d’un point découvertes comme celle-là, qui cadet de Jung qu’il choisit après vant que fut Hans Blumenberg (1920- de vue « conservateur ». peuvent toujours servir, il y en a dix son analyse comme « père spiri- 1996), il y a bien peu à dire, sinon qu’il par page. tuel ». étudia les langues anciennes, soutint GRANDS AXES Il est vrai que, dans cette formi- L’une des curiosités de cette en 1947 une thèse de doctorat consa- Cette réponse, à son tour, s’or- dable histoire des idées, il n’est jamais correspondance est l’importance crée à Husserl, et enseigna jusqu’à la donne autour de quatre grands axes. question de l’histoire réelle des que jouèrent, dans la vie intellec- fin de ses jours dans diverses universi- Dans la première partie, Blumenberg hommes, de leurs souffrances et de tuelle de Pauli, Lao-Tseu et Scho- tés allemandes, entre autres celle de s’attaque à ceux qui, tel Carl Schmitt, leur sang. Même s’il critique certains penhauer, qu’il incite Jung à lire et Münster. Son œuvre, en revanche, est affirment ne voir, dans le langage du aspects de l’idéalisme classique, Blu- à méditer. De son côté, Jung re- à elle seule un continent. Un droit et de la politique modernes, menberg demeure prisonnier d’une connaît volontiers sa dette à l’en- continent dont, malgré quelques tra- qu’une variante « sécularisée » (en- problématique intellectualiste : tout droit d’Einstein qu’il invita ductions récentes (1) et une excel- tendez : laïcisée) de la théologie clas- est texte, et hors du texte il n’y a rien. souvent à dîner et de Pauli dont il lente étude de Rémi Brague (2), on ne sique. La deuxième partie étudie les Il n’empêche. Des textes aussi riches analysa les rêves. pourra prendre la vraie mesure qu’à conséquences anthropologiques du que le sien, on n’en lit pas tous les Ce dialogue entre l’un des plus condition de se plonger dans son mo- « nominalisme » cher au Moyen Age jours. Ce livre est, à lui seul, une ency- grands physiciens du XXe siècle et numental ouvrage, La Légitimité des finissant. La troisième partie (la plus clopédie. Hélas ! il est à craindre que l’un des fondateurs de la psycho- Temps modernes, qui sort aujourd’hui fascinante) propose une formidable son auteur, qui vient de disparaître, logie des profondeurs comporte en français, trente-trois ans après sa histoire de la manière dont la « curio- n’ait été l’un des derniers grands en- même des anecdotes inédites sur première publication (1966). sité », péché grave aux yeux des pre- cyclopédistes de notre temps. L’es- l’histoire de la psychanalyse, Mais attention : ouvrage difficile. miers chrétiens, s’est ensuite trans- pèce, probablement, est en voie de comme celle de Pauli racontant à On y peine, on s’y perd, on s’y déses- formée en vertu, permettant ainsi, de disparition. Jung qu’Ernst Mach, pas prude père. Format impressionnant, plan Copernic à Léonard de Vinci, l’éclo- Christian Delacampagne pour un sou et très intéressé par incertain, style élevé. Lecteurs, accro- sion de la science moderne. La qua- tous les courants intellectuels de chez-vous : l’ivresse des sommets trième, enfin, s’attarde sur Nicolas de (1) Signalons, de Hans Blumemberg, Le son époque, émit un jour un juge- vous récompensera des fatigues de Cues et Giordano Bruno, deux sa- souci traverse le fleuve (1990), Naufrage ment sur la psychanalyse. Voici ce l’ascension. Blumenberg n’est pas un vants-philosophes qui « encadrent » avec spectateur (1994) et La Passion selon qu’il dit : « Tous ces gens veulent historien comme un autre. Il s’inscrit la Renaissance proprement dite, et saint Matthieu (1996), tous trois aux édi- utiliser le vagin comme une longue- dans la grande tradition de l’idéa- sans lesquels notre modernité ne se- tions de l’Arche. vue pour observer le monde. Mais lisme allemand, renouvelée par rait pas ce qu’elle est. (2) « La galaxie Blumenberg », article de ce n’est pas là sa fonction naturelle, Nietzsche et Heidegger, et illustrée, On devine, peu à peu, la méthode Rémi Brague paru dans le no 83 de la re- il est bien trop étroit pour cela. » plus près de nous, par Leo Strauss, de Blumenberg. Relativement auto- vue Le Débat (janvier-mars 1995). Mach était par ailleurs le par- LeMonde Job: WIV1900--0006-0 WAS LIV1900-6 Op.: XX Rev.: 10-05-00 T.: 19:11 S.: 111,06-Cmp.:11,09, Base : LMQPAG 35Fap: 100 No: 0191 Lcp: 700 CMYK

VI / LE MONDE / VENDREDI 12 MAI 2000 essais b La Bible, le roman des romans Un demi-siècle de liberté critique Robert Alter propose une approche inédite de l’Ecriture sainte, considérant Sylvie Patron retrace l’histoire de la revue « Critique » créée par Bataille celle-ci comme de la littérature et ses auteurs comme des écrivains et qui contribua à l’émergence de la notion de science humaine

L’ART DU RÉCIT BIBLIQUE exemple, du personnage ren- complexité des rapports entre CRITIQUE, 1946-1996 grand mal à se défaire de cette ré- but de leur ascension vers une de Robert Alter. contrant sa future épouse auprès Dieu et l’homme dans la trame Une encyclopédie putation un peu sulfureuse d’au- gloire internationale ». Elle est Traduit de l’anglais (Etats-Unis) d’un puits et les mutations litté- changeante de l’Histoire. Ici, la li- de l’esprit moderne teur confidentiel, passionné à la aussi une des premières à donner par Paul Lebeau et J.-P. Sonnet. raires que cette scène convenue berté de l’homme et sa capacité de de Sylvie Patron. fois par l’érotisme et le sacré... la parole à Michel Foucault ou à Ed. Lessius, 266 p., subit d’un récit à l’autre, puisque répondre à l’Alliance libératrice de Les Editions de l’IMEC, La création de Critique est donc Jacques Derrida. Rétrospective- 129 F (19,67 ¤). « ce qui intéresse en l’espèce comme son Dieu se risquent dans des his- 460 p, 250 F (38,11¤). pour cet homme relativement ment, les années 60 et 70 sont le en toute création artistique, ce n’est toires racontées, histoires peu connu l’occasion d’exprimer moment de gloire de Critique a critique historique s’est, pas tant la convention que la ma- d’amour, de haine, de reniements, ritique publiera des l’extraordinaire diversité de ses lorsque le structuralisme de façon intensive durant nière dont elle est mise en œuvre en de fidélités, bref, histoires des études sur les ouvrages et curiosités intellectuelles. « A une triomphe sur la scène parisienne, la deuxième moitié du chaque cas particulier ». Et encore, hommes de toujours. « Toutes ces les articles paraissant en époque dominée par le débat entre et s’exporte avec succès sur les e la place et la fonction du dialogue ressources formelles rendent en- C existentialisme et marxisme, la re- campus américains. L siècle, interrogée sur France et à l’étranger XX les auteurs bibliques, leur identité, dans un récit, les techniques de ré- semble possible un monde parti- (...). A travers elles, Critique vou- vue occupe une place à part (...). « La revue a été créée par leur formation, leurs buts, leur si- pétition, la caractérisation des per- culier de représentation, note Alter. drait donner un aperçu, le moins Grâce à sa formule bibliogra- Georges Bataille qui n’était pas un tuation chronologique, leurs sonnnages, la présentation uni- Il s’agit, par cet art, d’éclairer une incomplet qu’il se pourra, des di- sources... Ce qui ne fut pas sans taire d’un récit composite... bref, question : que signifie exister lorsque verses activités de l’esprit humain b Georges Bataille parle de Critique conséquence pour la théologie, fé- un arsenal de constats qui em- l’existence est à ce point partagée ? dans les domaines de la création « L’origine de Critique est liée au fait que j’ai condée par cette exégèse nouvelle porte en effet la conviction : oui, (...) La fiction sert de loupe à l’écri- littéraire, des recherches philoso- passé une dizaine d’années au service des et s’efforçant de repenser quel- les récits bibliques fonctionnent vain biblique, elle lui permet de per- phiques, des connaissances histo- périodiques de la Bibliothèque nationale, service ques grands dogmes liés à l’Ecri- bien comme de la littérature, sont cevoir et de faire percevoir de ma- riques, scientifiques, politiques et que j’ai fini par diriger. En réfléchissant à ce que ture sainte. une littérature à part entière, et nière plus nette les paradoxes sans économiques. » C’est par ces mots pouvaient signifier les périodiques, j’ai pensé à Au début des années 80, un uni- oui, les auteurs bibliques, si dispa- fond de la condition créée de que commence en juin 1946 l’édi- l’intérêt qu’aurait une revue représentant l’es- versitaire américain, Robert Alter, rate que soit leur identité histo- l’homme. (...) Ce fut un défi de pen- torial du premier numéro de la sentiel de la pensée humaine prise dans les meil- professeur à Berkeley (Californie) rique, sont des écrivains à part en- ser la réalité humaine à la lumière, nouvelle revue fondée par leurs livres. L’une des plus anciennes revues, le de littérature comparée et de litté- tière. radicalement nouvelle, de la révéla- Georges Bataille. L’ambition est Journal des savants, qui date du XVIIIe siècle, sui- rature hébraïque, synthétisait et tion monothéiste. » considérable, comme on voit , et vait cette formule. (...) Il faudrait que la proposait une approche nouvelle, LITTÉRATURE COMPARÉE Bref, ce livre de référence, dé- d’ordre encyclopédique. Quel di- conscience humaine cesse d’être compartimen- inédite, du corpus biblique : l’ap- Les exemples, nombreux, d’ana- sormais classique pour qui s’inté- recteur de revue affirmerait au- tée. Aucune forme d’esprit n’est une forme privi- proche dite « narrative », qui lyse littéraire bénéficient d’une resse à une approche sérieuse de la jourd’hui vouloir embrasser «Les légiée. Critique cherche les rapport qu’il peut y considère l’Ecriture sainte comme lecture basée sur une traduction Bible, nous dévoile un motif diverses activités de l’esprit hu- avoir entre l’économie politique et la littérature, de la littérature et ses auteurs toujours très proche de l’hébreu — peut-être le motif — de la desti- main » ? En même temps, ce texte entre la philosophie et la politique. » (Georges comme des écrivains. Quelque original, en même temps que née universelle du Livre saint. fondateur ne fait référence à au- Bataille, in Le Figaro littéraire du 17 juillet 1948) vingt années plus tard, l’ouvrage, d’une comparaison souvent sug- C’est qu’il est, en bien des oc- cun courant de pensée philoso- qui a inspiré tant de recherches (1), gestive avec des littératures currences, rédigé comme une litté- phique ou politique déterminé. phique, elle contribue à l’émer- universitaire, et moi-même ne le est enfin disponible en français. comparables du point de vue pa- rature de fiction. Et nous savons Cela ne surprend plus personne gence de la notion de science hu- suis pas, universitaire. Je souhaite- Ce sont essentiellement les ré- trimonial, comme l’épopée homé- que la fiction littéraire, si elle va en l’an 2000. En 1946, cette atti- maine en France », écrit Sylvie rais qu’il y ait des épiciers », affir- cits bibliques (au sens de la Bible rique grecque, ce qui vaut au pas- jusqu’au bout de son projet, ne se tude est singulière... Patron. L’encyclopédisme et mait Jean Piel en 1975 lors d’un juive, c’est-à-dire du Premier Tes- sage cette remarque judicieuse de contente pas d’être un récit, elle Critique se distingue ainsi radi- l’éclectisme caractérisent égale- colloque à Nice. On peut douter tament), qui intéressent Alter, et l’auteur : « Il est assez remarquable est une invention, qui révèle — au calement des deux revues qui do- ment Jean Piel, qui prend la di- qu’il y ait un jour des épiciers au en particulier l’histoire des pa- (et significatif sur le plan culturel) sens fort du mot — l’homme à lui- minent le paysage intellectuel de rection de la revue en 1962 après conseil de rédaction de Critique. triarches, la grande saga de Juda que parmi les peuples de l’Antiquité, même, qui donne au lecteur l’en- l’immédiat après-guerre, Esprit et la mort de Bataille. L’intérêt de ce Mais le fait est que Jean Piel, par ou celle, plus étonnante encore, de Israël soit le seul qui ait fait le choix vie de se perdre et se découvrir Les Temps modernes. Esprit se rat- livre est de montrer que cette at- ailleurs haut fonctionnaire (il fut Joseph. Dans ces textes de la Ge- de la prose pour objectiver ses tradi- dans les personnages inventés. Il tache au christianisme social et titude n’est pas, et de loin, la plus ainsi chargé de la construction du nèse, et quelques autres, l’auteur tions religieuses et nationales. (...) Il se pourrait bien que si la Bible au personnalisme, la doctrine de mauvaise dès lors qu’il s’agit barrage de Serre-Ponçon ou du veut repérer ce qui, à travers des s’agit là d’un point crucial pour juive est devenue un livre à ce son fondateur, Emmanuel Mou- d’aborder la vie intellectuelle. Le déménagement des Halles à Run- matériaux certes composites, par- notre compréhension de la Bible point universel, « le Livre », c’est nier. Les Temps modernes sont travail de Sylvie Patron s’arrête à gis) était totalement libre à fois juxtaposés et répétitifs, fait comme œuvre littéraire. Le réflexe qu’elle est d’abord, dans tous les évidemment identifiés à Sartre et la mort de Jean Piel, en 1996, et à l’égard des stratégies et des in- fonctionner le récit comme de la de retrait vis-à-vis d’un genre étroi- récits qu’elle fabrique, le plus ex- à l’existentialisme. Rien de tel la désignation de Philippe Roger trigues universitaires, comme Ba- littérature de fiction. Il déniche tement associé au polythéisme s’est traordinaire, le plus étonnant, le avec Critique qui n’est ni la revue comme nouveau directeur de la taille l’avait été par rapport aux ainsi, pêle-mêle, le thème ré- accompagné du développement plus formidable roman du monde ! d’un homme, ni celle d’une mou- revue. conflits idéologiques de l’après- current — celui, par exemple, de d’un nouveau médium, façonné Benoît Lobet vance idéologique. Même s’il n’a Peut-être pour démentir Sartre, guerre. C’est cette liberté, de l’aîné souvent dépossédé de son cette fois en fonction d’un horizon aucune envie d’être le chef de file la revue est tout sauf mystique, et même qu’une disponibilité à ac- héritage au profit du cadet, voyez monothéiste. » (1) Voir, par exemple, le récent collectif d’un mouvement, Bataille souffre la spiritualité n’y a guère droit de cueillir tout ce qui peut surgir de Juda, voyez David. Mais aussi l’art On le voit, la théologie n’est pas intitulé Bible et littérature. L’homme et d’ailleurs de son manque de no- cité. En revanche, Critique neuf sur le champ intellectuel, de ce qu’il appelle la « scène- loin, et cette approche littéraire Dieu mis en intrigue, éd. Lessius et toriété. Il a été étiqueté « mys- « donne une tribune à Roland qui ont fait la force de Critique. type », la scène convenue, par conduit à découvrir l’infinie Presses universitaires de Namur, 1999. tique » par Sartre et a le plus Barthes ou à Michel Serres au dé- Dominique Dhombres

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Perspectives Grand Siècle Entre guerre et mélancolie Erik Orsenna revisite les jardins de Versailles Pierre et Solange Deyon unissent leurs talents et campe, grand écran, la magie du regard pour servir la figure attachante d’Henri de Rohan

aussi, Erik Orsenna convoque au- 1630, l’un des soutiens de la politique PORTRAIT D’UN HOMME dessus du berceau du petit André HENRI DE ROHAN, étrangère du cardinal de Richelieu, HEUREUX les fées de la géographie, soute- HUGUENOT DE PLUME en l’exprimant à travers des textes André Le Nôtre 1613-1700 nues plus tard par les muses de la ET D’ÉPÉE (1579-1638) remarqués d’analyse politique euro- d’Erik Orsenna. géométrie ; ces malices souriantes de Pierre et Solange Deyon. péenne où la préoccupation anti- Fayard, 162 p., 89 F (13,57 ¤). n’ôtent rien au sérieux de l’entre- Perrin, 228 p., 125 F (19,06 ¤). espagnole est omniprésente. Mais prise, qui est moins une biographie cette littérature ne reflète-t-elle pas rtisans plus ou moins obs- qu’un essai sur la fonction poli- armi la masse des biogra- aussi la recherche d’une réconcilia- curs de la vertigineuse po- tique de l’artiste et la sagesse un phies qui envahissent les li- tion rendue impérieuse par le besoin A litique du regard inventée rien matoise du courtisan. Conver- P brairies, le lecteur, souvent, d’actions guerrières ? Henri de Ro- au Louvre et codifiée à sant chaque jour avec le roi pen- n’a le choix qu’entre le han aura pourtant dû apprendre la Versailles, les « ingénieurs » du dant plus de trente ans, Le Nôtre se mauvais et le pire. Le genre est tou- patience mélancolique. L’exil, les Grand Siècle – la notion prend en déjoue trop des pièges du paraître jours difficile, et la plume du narra- atermoiements du pouvoir, à Venise compte la fraternité peu commune pour oublier son rang. Il laisse à teur ne pallie pas nécessairement ou à Paris, la longue attente d’un de ces inventeurs enrôlés au ser- son ancien maître Fouquet le génie l’intérêt réel de bien des person- commandement semblent avoir ce- vice de l’absolutisme naissant – ont funambule capiteux qui induit la nages. Rien de tel dans ce livre de pendant aiguisé son intelligence le plus souvent couché sur le pa- chute. Idéologue discret, il duo mêlé. Solange et Pierre Deyon stratégique tout en vitesse et en sur- pier une part de leurs rêves et de comprend le pouvoir de l’œil, la mettent leur talent et leur expé- prise. Les campagnes de la Valteline, leurs méthodes, à défaut de leurs force irrésistible de la séduction rience historienne au service de la fi- après 1635, l’attestent. secrets (1). Ce n’est le cas ni de Le par les sens, tout en réglant le dia- gure attachante d’Henri de Rohan. Nôtre, ni de Vatel, dont la partici- logue de la nature et de l’intelli- Cet homme de très haute no- UN HOMME COMPLEXE pation au désastreux triomphe du gence. Recréateur intransigeant blesse, intelligent, cultivé, écrivain C’est donc surtout autour de ces surintendant Fouquet à Vaux-le-Vi- toutefois (« la sève doit couler politique, pouvait-il se contenter questions que se construit l’ouvrage comte est un point commun plus droit»). d’être un médiocre dans un temps de en proposant de cerner un homme significatif. L’homme des jardins Difficile de créditer le malheu- soubresauts tragiques ? L’histoire exigeant, inquiet, contradictoire, un comme le maître d’hôtel peuvent reux Vatel d’une telle vision ou pouvait-elle se faire sans lui, alors peu obscur. L’étude de la fortune va- donc à bon droit inspirer les relec- d’une semblable autorité. Domi- que l’Europe et la France n’en finis- cillante d’Henri ou de ses clientèles tures, plus ou moins subjectives, nique Michel (2) a moins tenté de saient pas de subir les effets de la dé- aurait pu procurer peut-être quel- des historiens, des romanciers, lever le « mystère Vatel » – trop chirure confessionnelle ? A travers ques informations plus assurées. Tel voire des cinéastes. d’incertitudes empêchent de l’arra- l’itinéraire si clairement tracé ici se quel pourtant, le parti pris du livre Conseiller du président Mitter- cher à sa légende : le « cuisinier » dégage un destin à la fois exemplaire emporte la conviction car il autopsie rand (il a raccompagné Ieoh Ming qui se tue pour échapper au dés- et original. D’un côté, Rohan est l’un en filigrane les dimensions d’un Pei le jour où l’architecte se vit honneur d’une réception royale de ces rejetons de haute lignée, pro- échec. Echec politique d’un grand confier le nouveau projet du manquée – que de préciser ce mo- fessant quelques ambitions à propos militaire, échec religieux d’un réfor- Louvre), voluptueux amateur de ment captivant où s’inventent la des affaires du royaume, militaire mé opiniâtre, échec courtisan d’un paysages et jardinier patient de la cuisine et la gastronomie mo- dans l’âme, meneur d’hommes et homme de chevauchée, échec fami- langue, Erik Orsenna se devait de dernes, à Vaux comme à Chantilly. mercenaire à ses heures. Derrière ces lial d’un époux absent et d’un père croiser le destin de Le Nôtre, qui Orsenna appelait à écouter Ver- aspirations légitimes pour quelqu’un meurtri. La fascination pour le per- consolida à l’instar de Vauban la sailles, ses jeux d’eau et ses de son rang se profile une silhouette sonnage vient aussi de ce qu’il est un puissance du Roi Soleil. Même si concerts évanouis ; d’étonnantes plus spécifique, plus énigmatique. vaincu conscient, qui refuse de le re- ses fortifications ne furent que des recettes (œufs pochés aux oignons, En ce début du XVIIe siècle, alors que connaître et continue de se battre parcs et des jeux de perspectives tourte de melon en marmelade) tant de grands réformés reviennent avec toutes les armes dont il dispose. (Versailles bien sûr, mais aussi Tria- permettent ici au finale que l’au- au catholicisme, Henri demeure at- Ce livre réussi permet au lecteur de non, Saint-Cloud, Marly ou Saint- dace du temps ait sa pleine saveur. taché au calvinisme. Cette fidélité lui saisir une bonne part du sens de ces Germain), il est d’un temps où le Un monde où le plaisir n’a rien fait prendre la tête de l’opposition combats tout en invitant le cher- dessin d’un système défensif est un d’innocent. insurrectionnelle face aux expédi- cheur à pousser l’aventure un peu acte paysager. Orsenna le Ph.-J. C. tions militaires de Louis XIII dans les plus loin encore. Ce n’est pas le comprend, lui qui ressent le goût années 1620. Courant du Poitou au moindre de ses mérites. de l’ordre et de la mesure, cet (1) Actes Sud republie ainsi les Instruc- Languedoc, il mène un rude combat Alain Cabantous « éperdu besoin de perspective », tions pour les jardins fruitiers et potagers contre son roi. Attitude désespérée qui régentent la vie de ce Parisien de Jean de La Quintinie (1000 p., 170 F au service d’une ambition person- ૽ Sur la noblesse à l’ère absolutiste, si- élevé aux Tuileries, qui n’aura de [25,92 ¤]). nelle ou acte de résistance et de di- gnalons l’ouvrage récent de Lucien Bé- cesse de rendre, grâce au jardin, (2) Vatel et la naissance de la gastrono- gnité pour les huguenots ? Alors ly, La Société des princes XVIe - l’espace et l’horizon dévorés par les mie française (Fayard, voir Le Monde traître à son prince, il pactise avec XVIIIe siècles (Fayard, 600 p., 195 F contraintes urbaines. Romancier du 12 avril). l’Angleterre avant de devenir, vers [29,73 ¤]). LeMonde Job: WIV1900--0007-0 WAS LIV1900-7 Op.: XX Rev.: 10-05-00 T.: 19:47 S.: 111,06-Cmp.:11,09, Base : LMQPAG 35Fap: 100 No: 0192 Lcp: 700 CMYK

essais LE MONDE / VENDREDI 12 MAI 2000 / VII b Le cinéma sur le divan Gueules d’atmosphère Roger Dadoun propose une « lecture » psychanalytique de nombreux films et analyse l’univers Retour sur le cinéma des années 30 à 60 avec ce de quelques grands cinéastes. Sa thèse : toute image est politique dictionnaire de comédiens aux portraits ciselés

CINÉMA, PSYCHANALYSE NOIR ET BLANC les arrière-cours des génériques de ET POLITIQUE 250 acteurs du cinéma Renoir, Duvivier, Carné (pour ne de Roger Dadoun. français 1930-1960 citer que les plus titrés) se décante Séguier, 366 p., 110 F (16,76 ¤). d’Olivier Barrot le casting de la mémoire : Paulette et Raymond Chirat. Dubost ? Une pipelette, coquine et ue le cinéma, usine à Flammarion, 598 p., potelée. Jeanne Fusier-Gir ? Vierge rêves, et la psychana- 160 F (24,39 ¤). refoulée, aux mines de guenon. Ju- lyse, science des rêves, lien Carette : le malicieux natif de Q aient un langage es diverses manières de Ménilmuche ; Jean Tissier : le commun paraît évident rendre hommage au ci- « nonchaland qui passe » ; Jules à Roger Dadoun. Tous deux friands D néma français d’avant Berry : le don juan flambeur et sa- d’images, l’un via un appareillage la nouvelle vague, avant tanique ; Pierre Brasseur : vorace technologique, l’autre par le biais la dictature de la couleur, les archi- et truculent, aux bravades de ma- d’un appareil conceptuel, ils vistes éclairés que sont Olivier Bar- tamore... tendent à explorer les « continents rot et Raymond Chirat ont choisi noirs de l’inconscient », à projeter de dresser un dictionnaire de ces BRÉVIAIRE D’ANTAN des « ressorts secrets de l’âme ». grandes figures de comédiens et de Ainsi soient-ils : Jean Brochard Freud tenta pourtant de récuser comédiennes qui firent le bonheur en gendarme, Suzy Delair en mi- cette proximité. Il afficha une cer- des spectateurs « du samedi soir », dinette, Gabrielle Dorziat en taine réticence à l’égard du projet stars ou seconds rôles aux gueules douairière, Louis Salou en dandy de l’UFA, en 1925, de tourner «un d’atmosphère, toute une époque vieille France, Pierre Palau en film de vulgarisation sur la psycha- de « types » et d’« emplois » of- rond-de-cuir, Saturnin Fabre en nalyse », et lorsque ce film sortit, frant une radiographie pittoresque timbré, Fréhel en reine bouffie de réalisé par Pabst avec la bénédic- de la société française. la place Blanche. Ainsi défilent-ils : tion de Karl Abraham (1), il fut ac- Cet inventaire de portraits fine- les acariâtres et les cacochymes, les cueilli (selon Jones) par l’Associa- ment ciselés rend hommage aux garces et les exquises, les rou- SVENSKA FILMINSTITUTE tion internationale de psychanalyse « Le Silence » d’Ingmar Bergman incontournables têtes d’affiche à blards, les loustics, les décolletés avec « une certaine consternation ». voix d’oseille (Arletty), lippe cabo- affolants et les vamps aux noirs En dépit de ses protestations, le tentatives de décodage des univers rasitent l’éros. Dans la trajectoire de Costa-Gavras, film à volonté tine (Harry Baur), timbre narquois desseins, les boulevardiers et les nom de Freud fut pourtant utilisé de grands cinéastes. Sa thèse ? de la Gertrud de Carl Dreyer, cette politique, se transforme «en un (Danielle Darrieux), mine ahurie transfuges du caf’conc’, les déesses pour la publicité du film. Sam Toute image est politique. jeune femme en quête d’un amour film dépolitisant et mystificateur », (Fernandel), diction emphatique araignées et les fleurs des champs Goldwyn, de son côté, avait propo- L’idée n’est pas nouvelle, mais exclusif et qui quitte époux, Dadoun voit légitimement en Fritz (Pierre Fresnay), ramage gouailleur dont les baisers ont un goût de tar- sé à Freud 100 000 dollars, après la ses (pédagogiques) démonstra- amants, amis, il voit l’illustration Lang « l’une des intelligences ciné- (Louis Jouvet), accents caverneux tine (Blanchette Brunoy), les faux première guerre mondiale, pour tions, qui « analysent », en termes « d’une force compulsive, d’un matographiques les plus aiguës qui (Michel Simon)... Mais l’essentiel derches, comparses, godelureaux, qu’il accepte de parrainer un film de psychologie sociale (« psycholo- noyau psychique irréductible » : l’af- soient », celui qui proposa des ex- est ailleurs, du côté de la vénéra- femmes à vapeurs (Suzanne Dan- traitant des amours célèbres à tra- gie des masses », disait Freud), ce firmation d’une « structure d’exis- pressions concrètes et modèles si- tion et de la nostalgie, dans la tès), mondaines, chapeaux melons vers l’histoire. En vain. que montre l’image et aussi ce tence ». gnificatifs de la « psychologie de connivence avec un cinéma d’ac- ou bottes de cuir, gens qui pleurent Le silence des milieux analy- qu’elle cache, s’avèrent souvent Porté naturellement par son su- masse du fascisme », élaborée par teurs, un cinéma de mots d’au- et gens qui rient. tiques sur le septième art avait passionnantes. Selon lui, le phallus jet à s’interroger sur les symptômes Wilhelm Reich, celui qui sut dé- teurs, un cinéma de « caractères » Trognes perdues, ces « person- néanmoins été rompu. D’abord par tranché de La Dernière Femme de cinématographiques du fascisme, peindre l’invasion de la peste brune où les sans-grade, que l’on qualifia nages » codés ont parfois laissé un Lou Andreas-Salomé, qui insista Marco Ferreri, par exemple, n’est Roger Dadoun compare l’hystérie et les lois de la foule fondées «sur autrefois d’« excentriques », visage plus qu’un nom. On se sou- sur l’« effet libérateur » du film, dû pas tant une castration du mâle ex- italienne, la paranoïa nazie, et la le désir du lynchage ». restent inoubliables. vient du titi à mine chafouine de à la correspondance entre rythme hibitionniste, du père « collé » à schizophrénie stalinienne ; à la mé- Ces lignes consacrées à Hiroshi- Au fichier des pince-sans-rire, La Bandera sans forcément savoir cinématographique et rythme psy- son fils, qu’une façon de se débar- canique hitlérienne qui se camoufle ma mon amour d’Alain Resnais ré- par exemple, Pauline Carton reste qu’il s’appelait Aimos ; on a la mé- chologique. Ensuite par Bertrand rasser d’un postiche idéologique, derrière la Voix, à l’effigie stali- sument la philosophie de ses dé- impératrice : chignon pointé vers moire floue sur la femme-liane qui D. Lewin, qui associa l’écran blanc de mettre à nu la « politique du dé- nienne exhibant une forme cryptages : « Tu n’as rien vu... si tu le ciel, binocle hargneux, voix à la effleure du bout des doigts les gué- du rêve au sein maternel ; et par sespoir », de se couper de tout ce « d’acier », il oppose l’agitation n’écartes pas une habituelle manière vinaigrette, cette inénarrable bo- ridons de la pension de famille de Victor Tausk, qui écrivit un essai qui étouffait ce personnage d’ingé- d’un Mussolini qui multiplie ses de voir qui relève du voyeurisme, niche, commère, concierge n’avait L’Homme de nulle part de Chenal, sur l’« effet d’aliénation » du ciné- nieur (institutions, lois, travail, dis- masques, ses tenues vestimen- gratification trouble d’une curiosité nulle pareille pour clouer le bec et c’est miracle poétique, pour cer- ma, machine à dérober les pensées, cours culturels, classe bourgeoise). taires, exaltant « une pluralité qui entretenue dans les media, auxquels aux ingénues. Pense-t-on à une tains, que de la retrouver nommée violer les sentiments. Le présent A la lumière des recherches d’Her- tend vers la totalité : il est tous, il est importent peu les ressorts de l’his- vieille fille funeste ? C’est l’infir- Margo Lion. Bréviaire des vedettes ouvrage réunit les travaux que, bert Marcuse, Roger Dadoun revi- tout, il est Tout ! ». Fustigeant le toire et les systèmes de pouvoir et de mière du Corbeau qui surgit : Hélé- d’antan, Noir et blanc a le bon goût sans succomber au jargon, Roger site Le Silence d’Ingmar Bergman, Portier de nuit de Liliana Cavani, responsabilité. » na Manson, airs pincés et regards de n’être pas avare de compli- Dadoun mène depuis près de qua- ce plaidoyer pour une libération film prétendu antifasciste qui... Jean-Luc Douin maléfiques. Un rouspéteur ? Noël ments pour les acteurs de rante ans : propositions de « lec- sexuelle, cette dénonciation de « multiplie les positions du voyeu- Roquevert, éternel grincheux, sym- complément. tures » psychanalytiques de films, toutes les relations sociales qui pa- risme », et démontrant comment Z (1) Les Mystères d’une âme. bole du furibond exécrable. Dans J-L. D.

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb

livraisons mise en scène interdite » à propos de la figure christique d’Acca- tone), Hervé Jouvert-Laurencin (exploration minutieuse du travail b FEDERICO FELLINI, conteur humoriste, de Françoise Pieri de Pasolini comme scénariste) (Magic cinéma, Bobigny 2000, rue Travailler dans un cirque, être éditeur ? A dix-huit ans, Federico Fel- du Chemin-Vert, 93000 Bobigny, 228 p., 180 F [27,44 ¤]). lini ne savait pas encore quelle carrière embrasser. Seule certitude : il lui fallait faire quelque chose qui ait à voir « avec une interpréta- b LA GLOIRE DE PAGNOL, de Jacqueline Pagnol et Alain Ferrari tion ». Ecrire, gribouiller, diriger une troupe ? Qu’importe, pourvu Il envisagea de confier le rôle de La Femme du boulanger à Joan qu’il ait un lien avec le monde du spectacle. C’est ainsi qu’entre Crawford, de tourner un film sur le monde frelaté de l’argent avec 1939 et 1942, avant même d’exercer ses talents de caricaturiste, il Cary Grant ; Rossellini voyait en lui le premier néoréaliste ; il aimait débuta comme journaliste dans un bi-hebdomadaire humoristique, Brassens, avait un côté bricoleur à la Jean de Florette, une obses- Marc’Aurelio. Cofondatrice avec Aldo Tassone du festival France sion des bossus et une passion pour les mathématiques : entretiens Cinéma de Florence, Françoise Pieri a retrouvé les quelque 600 ar- et témoignages éclairent la personnalité d’un cinéaste auquel on ticles qu’il rédigea pour ce journal satirique, très florissant au temps reprocha un peu vite de faire du « théâtre filmé » (Institut Lumière/ du fascisme. Ces écrits de jeunesse, chroniques souvent autobio- Actes Sud/Sacd, 286 p., 139 F [21,19 ¤]). graphiques ou « contes », constituent une véritable mine de ré- férences pour les admirateurs du cinéaste. Souvenirs de lycéen, b PAGNOL INCONNU, de Jean-Jacques Jelot-Blanc évocation des premières rencontres amoureuses, découverte du Le soir de la première de Fanny, Vincent Scotto presse Pagnol d’al- monde des miséreux et des artistes ratés et comédie de mœurs ler saluer les spectateurs qui l’ovationnent. « Je ne veux pas, ré- dans le café d’une petite ville de province : des scénarios en germe plique le cinéaste, je préfère rester caché car je connais quelqu’un à (éd. Institut Jean-Vigo, 216 p., 120 F [18,29 ¤]). qui cela a toujours réussi de ne pas se montrer. » « Qui donc ? lui de- mande Scotto. Dieu. » Dans cette honnête biographie du saltim- b ÉCOLES, GENRES ET MOUVEMENTS AU CINÉMA, de Vincent banque à gilet troué devenu académicien, Jacqueline Pagnol re- Pinel connaît avoir découvert « des épisodes inédits d’une carrière » De film d’Action à Western, Vincent Pinel, dont le nom garantit le qu’elle croyait connaître (éd. de la Treille/Michel Lafon, 480 p., sérieux de la documentation, consacre 90 fiches aux genres, styles, 125 F [19,06 ¤]). écoles et phénomènes collectifs qui jalonnent l’histoire du cinéma. Caligarisme, Ciné-œil, Divisme, Dogma 95, Feks, Kammerspiel- b RENÉ CLAIR ou le cinéma à la lettre, sous la direction de Noël film... c’est impeccablement résumé, clairement structuré, agréa- Herpe et Emmanuelle Toulet blement présenté (Larousse, 240 p. 169 F [25,76 ¤]). Un colloque tenu à la Bibliothèque nationale de France (novembre 1998) est à l’origine de ce bel ouvrage collectif qui s’attache à rééva- b UNE EXPÉRIENCE AMÉRICAINE DU CHAOS, de Jean-Baptiste luer l’apport de cet inventeur de formes plastiques et sonores, venu Thoret de l’écrit, hanté par l’éternel arrêt sur image de la Grande Guerre, A partir d’une analyse fouillée de Massacre à la tronçonneuse de et objet de malentendus. Un peintre ludique de la comédie hu- Tobe Hooper, film culte considéré comme la quintessence de l’hor- maine, à contre-courant du romantisme spectaculaire (éd. Associa- reur expérimentale, Jean-Baptiste Thoret autopsie les chambres tion française de recherche sur l’histoire du cinéma, 15, rue Lakanal, d’échos, la succession violente de luminosité et d’obscurité qui 75015, 280 p., 170 F [25,91 ¤]). rendent l’œil vitreux, lors de cette après-midi idyllique virant au cauchemar. Du Cri de Francis Bacon à l’œil tranché du Chien anda- b ÉRIC ROHMER, les jeux de l’amour, du hasard et du discours, lou de Buñuel, il s’agit d’« anéantir le regard », de projeter le spec- de Michel Serceau tateur dans un « phénomène sensoriel pur ». Bataille, Hitchcock, Souvent comparé aux maîtres littéraires du marivaudage et cata- Goya, Hopper (le peintre), Freud et les figures récurrentes de l’ogre logué comme héritier de l’esprit du XVIIIe siècle, Rohmer est recen- surgissent comme autant de stridentes références à cette vision tré ici avec à-propos comme peintre du paysage contemporain, des d’une Amérique dégénérée par l’assassinat de Kennedy et les bar- mutations du monde moderne, des discours de personnages en baries du Vietnam (Dreamland, 60, rue Blanche, 75009, 160 p., 89 F proie à ce que René Girard appelle une « maladie ontologique » [13,57 ¤]). (Cerf, 170 p., 150 F [22,86 ¤]).

b LES CINÉMAS DU MOYEN-ORIENT, d’Yves Thoraval b À BÂTONS ROMPUS, de Daniel Gélin C’est en parfait connaisseur, fidèle spectateur des festivals de ces Les Mémoires du séducteur de Rendez-vous de juillet évoquent Gé- pays qu’Yves Thoraval retrace l’histoire des cinématographies de rard Philipe, Pierre Fresnay, Jean Cocteau, Gabin et Marlène, Boris l’Iran, de l’Egypte et de la Turquie. Pour tout savoir sur l’ère des Vian, Micheline Presle. Et, parmi d’autres anecdotes, la rencontre Pahlavi, la censure, le cinéma de la République islamique, la créa- d’Edith Piaf et de Marlon Brando. Intimidé, l’acteur américain s’en tion durant l’Infatah, Kiarostami et Makhmalbaf, Chahine et Gü- va dans un coin de la pièce et tape sur son tam-tam. La chanteuse ney, les filles de la Révolution iranienne et les femmes cinéastes qui lance à Gélin : « Dis donc, il est pas mariole ton pote » (éd. du Ro- s’épanouissent en Turquie, c’est l’ouvrage de référence (Séguier, cher, 400 p., 125 F [19,06 ¤]). 324 p., 110 F [16,77 ¤]). b LE CINÉMA ET L’ENVERS DU CINÉMA DANS LES AN- b PIER PAOLO PASOLINI, ALBERTO MORAVIA NÉES 30, de Roger Vailland En liaison avec la onzième édition du festival Théatres au cinéma, Réunis par Alain et Odette Virmaux, les textes d’un Roger Vailland cet album indispensable à tous ceux qui s’intéressent à Pasolini chroniqueur (sous pseudo) au Soir et à Paris-Midi font état d’une (mais aussi aux liens que Moravia entretint avec le cinéma) re- fascination toute relative pour le septième art. L’écrivain est-il in- groupe, outre des filmographies largement commentées, des textes fluencé par son « exclusion » d’un groupe surréaliste dont il raille la inédits de l’auteur de Théorème, des entretiens avec Jean-Claude « mystique de l’écran » ? Cela ne l’empêche pas de porter aux nues Biette et Sergio Citti, des études de Francesca Sanvitale (sur «Le Buster Keaton, Un chien andalou ou Greta Garbo (éd. Le Temps des scandale inactuel de la vérité »), François Ramone (essai sur «La Cerises, Cahiers Roger-Vailland, 202 p., 80 F [12,20 ¤]). J.-L. D. LeMonde Job: WIV1900--0008-0 WAS LIV1900-8 Op.: XX Rev.: 10-05-00 T.: 19:43 S.: 111,06-Cmp.:11,09, Base : LMQPAG 35Fap: 100 No: 0193 Lcp: 700 CMYK

VIII / LE MONDE / VENDREDI 12 MAI 2000 actualités b L’EDITION Union helvète FRANÇAISE Les Suisses lorgnent vers Paris b Alapage reprend Librissimo. Le distributeur de produits cultu- Le Salon du livre de Genève montre la vivacité et la fragilité des éditeurs francophones pour le prix unique rels Alapage.com a pris une parti- cipation majoritaire dans Phénix our trouver les éditeurs d’hui –, il a coutume de dire qu’il patron des éditions de L’Aire. Lui Les deux principales figures de es éditeurs et les li- Editions, qui détient 100 % de la li- suisses francophones au est « né entre deux étagères de aussi trace son sillon presque seul, la vie littéraire romande à avoir braires suisses – ro- brairie en ligne Librissimo. Le Salon du livre de Genève, livres ». Ancien bibliothécaire, il a publiant plus de trente livres par quitté L’Age d’homme sont mands et alémani- montant de l’acquisition n’a pas il faut aller tout au bout une conception presque monacale an. Il a frôlé plusieurs fois le dépôt Etienne Barilier, parti chez Zoé, ques – ont profité du été communiqué. Phénix Editions desP allées Flaubert et Eluard, loin de l’édition. Depuis 1987, il tra- de bilan, mais s’en est toujours et Jean-Claude Kuffer, critique SalonL du livre de Genève pour est spécialisé dans la numérisation derrière les grands panneaux vaille seul, chez lui. sorti. Il compte lui aussi sur Paris littéraire au quotidien Vingt- conclure une alliance sur le prix et la reproduction de livres sur d’Hachette et du groupe Havas. pour imposer des auteurs qui lui Quatre Heures, parti chez Cam- unique du livre. L’implantation commande. Sa filiale Librissimo En un coup d’œil, le paysage est COOPÉRATIVE FÉMININE tiennent à cœur comme Marie- piche, où il vient de publier son prochaine de la Fnac inquiète propose sur son site (www.librissi- campé. Les trois quarts de l’édi- Zoé a vingt-cinq ans. Si Cam- Claire Dewarrat. journal, L’Ambassade du papil- beaucoup les éditeurs et les li- mo.com) 500 000 ouvrages rares tion francophone viennent de piche a toujours travaillé seul, Zoé lon, qui déclenche une tempête braires de Suisse romande, où ou épuisés qui peuvent être France. Contrôlés pour la plupart était au départ une sorte de coo- L’AGE D’HOMME au bord du lac Léman. Kuffer y aucun régime de prix unique scannés à la demande, puis en- par des groupes allemands, les pérative de quatre femmes, ve- ET SES ENGAGEMENTS décrit son amitié brisée avec Di- n’est en vigueur. Comme en voyés à l’internaute par la poste. éditeurs alémaniques sont plus nues de 1968. Elles faisaient tout, y Il y a quelques années, une des- mitrijevic, l’aveuglement de ce Belgique, les livres français y Alapage.com, dont France Télé- puissants. L’Allemagne était d’ail- compris l’impression. Marlyse Pie- cription même rapide de l’édition dernier, la mainmise sur la mai- sont vendus plus cher que dans com a pris le contrôle à 100 % en leurs l’invitée d’honneur de ce sa- tri a conservé un brin de nostalgie, suisse aurait commencé par L’Age son par les Serbes. Mais il s’en l’Hexagone. En Suisse aléma- octobre 1999, est un des princi- lon – elle le sera également au qu’elle raconte dans Une aventure d’homme. Il publiait la plupart des prend surtout à la grande figure nique, comme en Allemagne, le paux vendeurs en ligne de pro- prochain salon parisien. Comme éditoriale dans les marges (éd. Zoé, écrivains suisses et s’était taillé suisse romande, Jacques Chessex prix du livre faisait l’objet d’un duits culturels (livres, disques, chaque année, le salon, qui s’est 90 p., 60 F [9,15 ¤]), mais elle gère une réputation internationale – qui vient de quitter Campiche, accord interprofessionnel. En jeux, vidéos) avec quelque déroulé du 3 au 7 mai, attire envi- aujourd’hui de façon très profes- dans le domaine des littératures éditeur de ses Œuvres poétiques septembre 1999, cet accord a 2 500 000 références. ron 120 000 visiteurs dans une ville sionnelle sa maison artisanale, où des pays de l’Est, grâce aux talents complètes –, qu’il surnomme été contesté par la Commission b Robert Laffont : rock et droits qui compte 200 000 habitants. elle est restée seule aux de son bouillonnant patron, Dimi- « Maître Jacques », et qu’il dé- de la concurrence de Berne. Les d’auteur. Les éditions Robert Laf- Les éditeurs francophones ré- commandes. Elle réalise une par- tri Dimitrijevic. Mais la Yougo- peint comme imbu de lui-même éditeurs et libraires aléma- font ont publié, dans la collection sistent. Dans la fragilité et la pré- tie importante de son chiffre d’af- slavie a éclaté. Serbe, Dimitrijevic et avide de pouvoir. Le niques ont déposé un recours, « Bouquins », un Dictionnaire du carité, mais non sans succès. Le faires avec ses activités de diffu- s’est engagé dans le conflit, pu- « maître » en a pris ombrage. Il a mais vivent sous la menace de rock en trois volumes (voir « Le paysage littéraire est dominé par sion et elle a créé une collection bliant Milosevic et Karadzic, et attaqué Kuffer dans sa chronique la fin d’un système de prix Monde des livres » du 14 avril). Cet quatre éditeurs : L’Age d’homme, de poche, « MiniZoé », qui fait abritant dans ses murs l’Institut de L’Hebdo, tandis que le quoti- unique. Bien que ne faisant pas ouvrage, conçu et dirigé par Mich- Zoé, L’Aire et Bernard Campiche. son chemin en France, avec no- serbe. L’affaire a fait scandale dien Le Temps titrait : « Règle- partie de l’Union européenne, ka Assayas, est une entreprise col- Ils réussissent à placer quatre tamment des textes de Robert (Le Monde du 4 avril 1997). Des ment de comptes à OK Cam- ils ont également été ébranlés lective puisque plus de vingt per- titres dans les dix meilleures Walser. Elle vient régulièrement à auteurs sont partis, les nouveaux piche ». par la fin de l’accord austro- sonnes ont collaboré à cette ventes suisses, selon le palmarès Paris pour implanter son cata- venus ont préféré aller ailleurs. Dans L’Hebdo, l’organisateur allemand. Les éditeurs alle- édition. Or seul Michka Assayas a de L’Hebdo. La meilleure vente est logue. L’un de ses auteurs, Jean- Dimitrijevic ne regrette rien : du Salon de Genève, également mands sont très présents en signé un contrat avec Robert Laf- le Poème de la fête du vin, paru aux Marc Lovay, a été publié chez Ver- « Sur la centaine de livres que nous éditeur, Pierre-Marcel Favre, Suisse, et le principal éditeur font et a touché, pour cinq ans de éditions de poésie Empreintes, qui ticales. publions, quatre-vingt-dix n’ont constate : « L’édition romande alémanique, Diogenes, est bien travail, 200 000 francs d’à-valoir. devance Jean d’Ormesson et Amé- Campiche, Zoé et L’Aire ont re- rien à voir avec la Serbie. Et ils ont reste le fait d’un petit groupe d’ar- implanté en Allemagne. Ces Les collaborateurs – parmi les- lie Nothomb. çu une aide de 100 000 francs été punis, par l’opprobre qui a été tisans qui se détestent cordiale- menaces ont incité les deux quels Yves Bigot, Philippe Auclair, Le plus récent de ces petits suisses chacun pour promouvoir jetée sur nous. Mais je vais gagner, ment. » Cela se passe en Suisse. communautés à s’unir pour Bruno Blum – demandent au- grands éditeurs, Bernard Cam- leur activité en France, où ils dis- je ferai toujours ce métier et je mon- Toute ressemblance avec faire cheminer l’idée d’une lé- jourd’hui réparation du préjudice piche, a conservé une allure d’étu- posent désormais d’une attachée trerai que les gens se sont trompés d’autres villages littéraires ne se- gislation sur le prix unique moral. « Nous voulons être re- diant. Fils de l’écrivain Michel de presse. « Nous devons sortir de sur tout un peuple et toute une rait que pure coïncidence. dans la Confédération. connus comme véritables coau- Campiche – qu’il édite aujour- notre île », explique Michel Moret, culture. » Alain Salles A. S. teurs », a déclaré Yves Bigot. Leur avocat va demander l’arrêt de la bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb commercialisation du livre et une provision correspondant aux re- cettes de l’ouvrage – dont le pre- A L’ETRANGER mier tirage s’élève à 15 000 exem- plaires. Les éditions Robert Chambéry, treizième ! b SAINT-DOMINGUE : La France invitée à la Foire du livre Laffont n’ont pas souhaité s’expri- Pour la première fois, un pays non hispanophone était l’invité mer sur la question. eux qui pouvaient penser qu’une fois ins- Mais ces variations quantitatives comptent moins d’honneur de la Foire du livre de Saint-Domingue, qui a fermé ses b Et si c’était vrai (bis). Hélène Ki- tallé, un Festival du premier roman était la que les belles initiatives du cru 2000. Déjà, la semaine portes le dimanche 7 mai. Cet honneur est revenu à la France, qui, riacou a assigné les éditions Ro- manifestation la plus confortable qui soit, dernière, les usagers des lignes 1 et 9 du STAC ont pu durant dix jours, a eu l’occasion de promouvoir ses auteurs et sa bert Laffont qui ont publié Et si devront revoir leur certitude en observant entendre de jeunes comédiens du conservatoire de la culture, dans ce pays francophile où l’enseignement du français c’était vrai, de Marc Levy. En fé- lesC audaces du rendez-vous de Chambéry. Certes, ville lire les extraits qu’ils avaient eux-mêmes choisis est obligatoire dans les écoles. Principal événement culturel de vrier 1998, elle déposait à la Socié- une fois mis en place les comités de lecture qui ras- des seize livres primés. Certains firent même l’itiné- l’année, la Foire du livre a accueilli plus d’un million de per- té des gens de lettres (SGDL) et semblent des lecteurs venus de tous les horizons et raire complet jusqu’au cœur de la ZEP Nord pour sonnes, selon les organisateurs. Plus qu’un rendez-vous de pro- chez Robert Laffont un manuscrit qui échangent tant dans les bibliothèques que les ca- prolonger cet instant rare. Jeudi 11, la soirée d’ouver- fessionnels de l’édition, c’est une immense kermesse de promo- intitulé Et si c’était vrai – qui sera fés ou les écoles, Daniel Enjalran et Sylvie Goutteba- ture rend la priorité aux lecteurs qui accueillent et tion du livre. Beaucoup de libraires y réalisent plus de 50 % de refusé par quinze éditeurs. Alertée ron, respectivement président et directrice de l’Asso- questionnent chacun des lauréats. Enfin, Chambéry leur chiffre d’affaires annuel. La grande vedette de la Foire a été par le lancement très médiatisé du ciation, auraient pu se contenter de gérer la annonce pour l’automne, en partenariat avec l’Asso- cette année le dernier roman du Péruvien Mario Vargas Llosa, La livre de Marc Levy, elle achète dévorante passion de leurs « troupes » d’amateurs ciation « Forum Cinéma » de Chambéry, sous la hou- Fiesta del Chivo (La Fête du bouc), qui raconte les derniers mo- l’ouvrage et y trouve de nom- jamais sevrés de littérature. Ce serait mal les lette de Bernard Fontvielle, et avec le producteur (et ments du dictateur dominicain Rafael Leonidas Trujillo. D’autres breuses similitudes – notamment connaître. Déjà l’aventure lancée en 1988 dans la ca- Chambérien) Daniel Toscan du Plantier, président ouvrages d’auteurs dominicains ont profité de ce regain d’intérêt le thème : une femme, dans le pitale savoyarde avait gagné la région Rhône-Alpes, d’Unifrance, une aide à l’adaptation de quatre des ro- pour cette sombre période de l’histoire de Saint-Domingue. «La coma, se manifeste auprès du puis débordé encore ce large espace. Déjà la piste mans de la 13e édition. Un comité de lecteurs ciné- République dominicaine reste un petit marché pour l’édition fran- monde des vivants. Son avocat, d’une internationalisation discrète mais solide avait philes choisira huit titres qui seront ensuite soumis à çaise, mais c’est quand même le deuxième des Antilles après Haïti », pour qui « ce n’est pas un plagiat gagné Turin, proche voisine, à la cause (1). Mais, dé- un comité de professionnels du cinéma qui en retien- notait Pierre-Dominique Parent, de France Edition, qui avait la caractérisé », demande 1 million sormais, le jury s’étoffe encore du côté des scolaires dra la moitié. Une ouverture périlleuse vers une autre responsabilité du pavillon français. Au cours des quatre dernières de francs (152 449 euros) à titre de avec près de 400 jeunes de 15 à 18 ans, lecteurs ita- forme d’écriture qui résume bien la situation para- années, les ventes d’ouvrages français ont progressé de près de dommages et intérêts et la re- liens ou français de la Drôme ou de la Creuse, en at- doxale du festival, soucieux de préserver ses codes 30 % pour atteindre 1 million de francs (150 000 euros). « Je me connaissance de la responsabilité tendant ceux de Hazebrouck l’an prochain. Comme sans renoncer à innover sans cesse. considère un peu comme un explorateur à la découverte d’un nou- de l’éditeur. De son côté, Marc Le- le nombre des lauréats, porté de quatorze à seize dé- Ph.-J. C. veau marché qu’il faudra continuer à travailler », ajoutait vy a déclaré : « A partir du moment sormais (parmi eux, citons Joël Egloff, Johan-Frede- M. Parent, qui déplorait cependant que le service culturel de l’am- où on lit ce qu’elle a écrit, on ne rik Hel Guedj, Laurent Mauvignier, Boualem Sansal, (1) Cette année, l’Italie est doublement présente puisque le bassade de France n’ait pas songé à organiser des rencontres avec peut qu’en rire. » Lui-même avait Hubert Mingarelli « transfuge » du secteur jeunesse Premio Calvino de Chambéry, décerné par les comités de les auteurs et éditeurs dominicains. Un regret partagé par les écri- déposé son manuscrit, il y a deux ou l’excellent Philippe Claudel, qui a déjà confirmé lecture italiens de la ville à Laura Daniele pour l’édition vains français invités, parmi lesquels Paule Constant et Domi- ans, à la Société des auteurs et avec Quelques-uns des cent regrets tout le bien qu’on 2000, est une dernière fois proclamé, l’ancien Primo Ro- nique Bona, dont Le Manuscrit de Port-Ebène se déroule en Haïti, compositeurs dramatiques pensait de Meuse l’oubli, éd. Balland). manzo, né naguère au Salon de Turin et restauré après deux que les Français appelaient Saint-Domingue au XVIIIe siècle. (SACD). Déjà vendu à Durant trois jours, du 11 au 13 mai, ce sont pas ans d’interruption, retrouvant sa place grâce à l’Alliance 200 000 exemplaires en France et moins de huit débats et une cinquantaine de ren- française et à la bibliothèque municipale de Cuneo. C’est le b GRANDE-BRETAGNE : Amis, père et fils 20 000 au Canada, son ouvrage contres entre les romanciers et leurs lecteurs qui sont premier roman d’Angelo Cannavacciuolo, Guardiani delle L’écrivain britannique Martin Amis publiera le 25 mai, chez Jona- vient de sortir chez Simon et proposés en une vingtaine de lieux. nuvole (Baldini & Castoldi), qui l’a emporté. than Cape, une autobiographie intitulée Experience, que le Guar- Schuster aux Etats-Unis, où l’au- dian qualifie de « livre le plus attendu de l’année ». Dans une teur devait rencontrer Steven bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb longue interview au Guardian du 8 mai, l’auteur de La Flèche du Spielberg, qui en a acheté les temps explique qu’à cinquante ans il éprouvait le besoin de « ré- droits (voir Le Monde du 7 février). gler quelques comptes » avec ses contemporains, comme Julian b Prix littéraires. Le 5e Prix de AGENDA nos, rue du Havre, 75009 Paris, sur le thème : « Autobiographies Barnes ou son ancien agent, Gillon Aitken, mais aussi, bien sûr, l’essai Renaudot a été attribué à tél. : 01-45-26-65-26). et archives personnelles à avec lui-même. Il insiste surtout sur son désir ancien et « in- L’Imaginaire des drogues. De Tho- b LE 15 MAI. PSYCHANALYSE b LE 16 MAI. MICHEL DEGUY. A l’épreuve de l’histoire » (universi- conscient » d’écrire un livre sur son père, Kingsley Amis (1922- mas De Quincey à Henri Michaux, ET RELIGION. A Paris, un col- Paris, la Maison des écrivains or- té Paris-VII, 2, place Jussieu, 1995), célèbre iconoclaste des années 50 et représentant mar- de Max Milner (Gallimard). Cet loque est organisé sur le thème ganise une soirée avec Michel De- 75005 Paris, tél. : 01-44-27-44-27). quant des « Jeunes gens en colère » – Jim-la-chance (1954), Un An- ouvrage a obtenu cinq voix contre « Psychanalyse et religion ont- guy, les poètes Clayton Eshleman b LE 23 MAI. CARACTÈRES. A glais bien en chair (1963). S’interrogeant sur la réception deux au Jacques Prévert d’Yves elles quelque chose à se dire ? » (à et Bei Dao ainsi que leurs traduc- Paris, sur le thème : « Editions Ca- conflictuelle de ses romans, Martin Amis note : « J’ai cru long- Courrière (Gallimard). 18 h 30, Espace Georges-Berna- teurs Chantal Chen-Andro et An- ractères. Un demi-siècle de poésie. temps pouvoir me flatter du fait que cela était lié à ma prose (...). toine Cazé (à 19 h 30, Hôtel d’Ave- Poètes du monde », lecture de tex- C’est en fait bien plus simple. Je suis comme le fils du propriétaire » : jan, 53, rue de Verneuil, tes par Michel de Maulne et Sabe- un héritier à qui l’on en veut de n’avoir pas eu besoin de se faire 75007 Paris, tél. : 01-49-54–68–80). line Amaury (Maison de la poésie, sa place. Amis Junior évoque aussi les attirances politiques de b LE 17 MAI. POÉSIE. A Lyon, la 157, rue Saint-Martin, 75003 Paris, Kingsley ainsi que ses réactions mitigées envers l’œuvre de son Villa Gillet organise un débat, ani- tél. : 01-44-54-53-00). fils. Cette autobiographie devrait sortir chez Gallimard début mé par Thiphaine Samoyault, sur b LE 24 MAI. BOULGAKOV. A 2002. le thème : « Poésie : passage en Paris, la Bibliothèque nationale prose » (à 19 h 30, 25, rue Cha- de France organise une confé- b ARGENTINE : Foire du livre de Buenos Aires zière, 69004 Lyon, tél. : 04-78-27- rence de Michel Chaillou sur Mik- La 26e Foire du livre de Buenos Aires a fermé ses portes lundi 02-48). haïl Boulgakov, suivie d’une table 8 mai, après 22 jours d’ouverture au public. Exceptionnellement b LE 18 MAI. POÉSIE. A Dijon, ronde en présence de Françoise longue par rapport à ce qui se pratique dans d’autres pays, cette les soirées poétiques du Musée Flamant, Marc Ferro et Marc manifestation a connu une impressionnante montée en puissance Magnin organisent une séance de Weitzmann (à 18 h 30, BNF, quai dans les dernières années. Quelque 1,2 million de visiteurs ont lecture des poèmes d’Alain Veins- François-Mauriac, 75013 Paris, franchi les portes de la foire, qui s’était transférée cette année tein (à 20 heures, Hôtel Lantin, 4, tél. : 01-53-79-59-59). dans une zone appelée La Rural afin de disposer de plus d’espace. rue des Bons-Enfants, 21000 Di- b LE 25 MAI. YVON LE MEN. A Là, dans des bâtiments autrefois utilisés pour les comices agri- jon, tél. : 03-80-67-11-10). Paris, Jacques Gamblin lira les coles, près de 900 débats, rencontres et ateliers culturels ont été b LE 19 MAI. AUTOBIOGRA- textes du poète Yvon Le Men organisés autour des stands de 1 320 exposants (contre 116 en PHIES. A Paris, une journée (Maison de la poésie, 157, rue 1975). L’affluence à cette foire pourtant payante contraste curieu- d’études est organisée par Phi- Saint-Martin, 75003 Paris, tél. : 01- sement avec la situation peu florissante de la lecture et de l’édi- lippe Atières et Dominique Kalifa 44-54-53-00). tion en Argentine.