LeMonde Job: WMQ1106--0001-0 WAS LMQ1106-1 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 11:07 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 15Fap: 100 No: 0379 Lcp: 700 CMYK

LE MONDE DES LIVRES

LITTERATUREb ESSAIS VENDREDI 11 JUIN 1999 CANNIBALES LUTHER GOURMETS Les œuvres La chronique de jeunesse rassemblées de Roger-Pol Droit dans le premier volume page VI de « La Pléiade » dessinent le parcours intellectuel du réformateur allemand MICHEL CRÉPU RACINE HÉLÈNE CIXOUS page IX page II page IV page V bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb a Au sommaire : Pour que prime

Au « politique d’abord » de Charles le spirituel Maurras et de l’Action française, Jacques Maritain répondit cisme une coloration suspecte et favorisèrent pas mal de confusion... par l’affirmation Les morts, comme Charles Péguy et Ernest Psichari – jeune converti, de la « primauté tombé au front, comme Péguy, dès les débuts de la guerre –, ou même du spirituel ». Jeanne d’Arc, qui venait d’être Est-il loisible de comparer canonisée (1920), furent aussi enrô- A l’occasion de cette l’affaire Dreyfus et la crise de l’Ac- lés, avec plus de fièvre que de rai- tion française dans les années 1925- son, sous le drapeau du nationa- crise que raconte François Pinault ; 1927 ? Est-il légitime de mettre en lisme intégral. On s’enivra à la parallèle le combat de la conscience pensée que la France de Saint Louis Philippe Chenaux, contre le mensonge d’Etat que était en train de terrasser, avec représente la première et la lutte retard, celle de Renan et de l’abbé naquit une figure : intestine compliquée d’obscurs Loisy. motifs politico-théologiques que La guerre, comme l’écrit Che- celle de l’intellectuel figure la seconde ? Sur un point au naux, n’avait pas seulement été moins, oui. Car, en ces deux cir- vécue « comme l’affrontement de catholique constances dramatiques, dans l’ur- deux nations, mais plus encore gence de la réflexion et de l’action, comme le choc de deux civilisations, durent constater que le même ins- un même acte de naissance fut la latine et catholique d’un côté, la trument ne pouvait servir à indi- dressé : celui de l’intellectuel. Sim- germanique et protestante de quer le bon sens politique et le pôle plement, lors des querelles qui agi- l’autre ». « L’adhésion à l’Action surnaturel. Bernanos, le rebelle tèrent le mouvement royaliste, une française permettait de réconcilier magnifique, prit la défense de identification, un qualificatif vint l’idée de nation avec l’idée catholique Maurras, alors qu’il s’était violem- compléter et préciser le substantif : sur le terreau commun de l’antimo- ment éloigné de l’Action française catholique. dernisme. » Cette adhésion était depuis plusieurs années. D’une C’est le grand mérite de Philippe large, massive, du moins à l’inté- manière plus feutrée, les clercs Chenaux de ne pas s’être dédouané rieur de l’espace de pensée chrétien. subirent le choc, mais obéirent à

à bon compte de l’intrication du La doctrine de saint Thomas leur devoir de réserve. C’est alors COLL. PARTICULIÈRE politique et du spirituel pour conter d’Aquin servit de ciment provisoire que le Vatican chargea un laïc, un De gauche à droite : Paul de Brouwer, Stanislas Fumet, Pierre van der Meer et Jacques Maritain à la fin des années 20 cette crise qui culmina dans la à la réconciliation des deux ordres, philosophe qui s’était déjà acquis condamnation de l’Action française temporels et spirituels, sur les bases une puissante réputation, de com- tion aux autres. C’était l’homme de juger son attitude comme une L’histoire, bien sûr, continua. En de Charles Maurras par le Saint- évidemment les plus autoritaires. menter et de défendre la position d’édition et de revue, le fondateur simple obéissance sans conscience 1932, Bernanos rompt de nouveau Siège, en décembre 1926. En fait, Pie XI, à l’occasion du sixième cen- de l’Eglise. Jacques Maritain s’exé- de la collection « Le Roseau d’or » à l’institution ecclésiale et à son avec Maurras – son célèbre «à c’est bien au cœur de cette tension tenaire de la canonisation du saint cuta, expliquant Pourquoi Rome a en 1925, avec une équipe un peu magistère. Et c’est là sans doute que Dieu » au chef politique – et re- en 1923, exaltait en lui parlé. hétéroclite – Henri Massis et Stanis- s’affirme la singularité de l’intellec- trouve Maritain. Pie XII, en 1939, Charles Maurras Patrick Kéchichian « l’union des deux sagesses, Maritain, c’était l’ami de Péguy et las Fumet notamment, ce dernier tuel catholique, libre parce que lève la condamnation de l’Action l’acquise et l’infuse », c’est- en même temps le filleul de Léon d’emblée hostile à Maurras. fidèle. Comme l’écrit Philippe Che- française. La deuxième guerre mon- contradictoire que s’est profilée la à-dire la raison et la foi. Le tho- Bloy, à l’intransigeance moins vol- On ne peut entrer dans le secret naux, les « raisons profondes » qui diale, le nazisme, Vichy donnent à figure singulière de l’intellectuel misme fut donc considéré comme canique, plus pondérée que celle de des âmes, mais il est clair que poussèrent Maritain à justifier une chacun, et donc aux catholiques, catholique. Et c’est à Jacques Mari- la doctrine officielle de l’Eglise. On son parrain. C’était le converti qui l’enseignement dispensé alors par mesure d’autorité s’éclairent l’occasion de se déterminer. La tain que revint, en ces années commenta intensément le docteur s’était fait convertisseur – mais pas Maritain en direction des hommes d’abord par le « dessein spirituel haute voix de Maritain durant les d’après guerre, la charge de l’incar- angélique, surtout dans son ordre au gourdin, comme Claudel ! –, et des femmes de pensée fut aussi pour l’Eglise et le monde » qui était le années de guerre démontre ample- ner. Il le fit avec une intelligence d’origine, les dominicains. On tenta celui qui recevait dans sa maison de une longue explication avec lui- sien. Et qui le devint avec toujours ment qu’il resta du côté du plus inflexible, une sorte d’implacable surtout de mettre sa pensée, issue Meudon, au côté de sa femme même. Il serait faux et mensonger plus de force. noble discernement. douceur qui ne laissa jamais place à d’Aristote, au service de visées poli- Raïssa, les écrivains et les artistes l’invective. tiques antiprogressistes. Il y eut troublés en quête de direction spiri- Au-delà du traumatisme visible ainsi un néothomisme d’Action tuelle – de Cocteau et Sachs à Julien provoqué par ces événements, et de française, dont Jacques Maritain, Green et Charles du Bos. Bernanos la redistribution des cartes poli- jusqu’à la condamnation de 1926, lui reprochera assez, en termes tiques de la droite chrétienne qui en fut l’un des propagateurs, notam- lourdement ignobles, cette atten- fut la conséquence, l’historien met ment par ses articles dans la Revue en lumière la richesse et la universelle, créée en 1920 avec Henri (1) Signalons la thèse de Frédéric Guge- fécondité, la violence également, du Massis. lot, La Conversion des intellectuels au débat religieux. La fracture causée par l’anathème catholicisme en France, 1885-1935 En 1905, la loi de séparation de romain fut énorme. Thomisme et (CNRS édition, 534 p., 220 F [33,53 ¤]), l’Eglise et de l’Etat était votée en maurrassisme ne devaient plus être et la publication, en 1997, des actes d’un France : ce qui fut d’abord perçu, considérés comme les piliers d’un colloque sur le thème « Intellectuels par les catholiques, comme une même édifice. Au « politique chrétiens et esprit des années 20 », sous catastrophe devint leur providence. d’abord » de Maurras, il était urgent la direction de Pierre Colin (Cerf, 246 p., Deux ans plus tard, Pie X condam- de répondre par la « primauté du 165 F [25,15 ¤]). Enfin, la monumentale nait le modernisme puis, en 1910, le spirituel ». Il existait une autre correspondance entre Jacques Maritain et Jacques Maritain Sillon de Marc Sangnier, ancêtre du transcendance que celle de l’ordre, et l’un de ses interlocuteurs privilégiés, christianisme social. Sous les aus- dont Dieu et surtout l’Eglise crai- le Suisse Charles Journet, est en cours pices de ce pape très marqué à gnaient de devenir les simples servi- de publication aux Editions suisses droite – il ne manqua pas de dis- teurs. A la Rome trop étroitement Saint-Augustin (3 volumes parus sur 6, crètes faiblesses à l’égard de Maur- latine et occidentale, il convenait diffusion Cerf). ras –, l’Eglise s’ancrait dans une d’opposer, à l’heure où l’on ordon- position purement réactionnelle et nait des évêques chinois (1926), une ENTRE MAURRAS donc réactionnaire. La guerre de Rome universaliste et missionnaire. ET MARITAIN 14-18, le large mouvement de De même, il fallait résister à la Une génération intellectuelle conversion qui l’accompagna (1), la romanisation païenne implicite- catholique (1920-1930) fièvre mystique alimentée, et même ment prônée par les disciples de de Philippe Chenaux. gavée, par tous les poisons du Maurras. Beaucoup d’esprits émi- Ed. du Cerf, 262 p., nationalisme donnèrent au catholi- nents y perdirent leur boussole, ou 185 F (28,20 ¤).

55e ANNÉE – No 16912 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE VENDREDI 11 JUIN 1999 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI

a Lionel Jospin en campagne Kosovo : la paix commence A quatre jours du scrutin européen, le premier ministre était la vedette du meeting PS-MDC-PRG organisé mer- b b credi 9 juin à Colomiers. p. 8 à 11 L’accord de Kumanovo donne onze jours aux Serbes pour quitter le Kosovo La force d’intervention attend le vote de l’ONU pour y pénétrer b L’OTAN interrompt ses bombardements b Hubert Védrine dresse son bilan de la guerre

a Notre ancêtre, L’ACCORD MILITAIRE interve- rante-huit heures qui suivront le nu, mercredi 9 juin à Kumanovo, vote de la résolution de l’ONU. Le un enfant entre l’OTAN et l’état-major des Conseil de sécurité de l’ONU devait forces yougoslaves, donne onze se réunir, jeudi dans la matinée à Les plus anciennes traces d’un Homo jours aux forces serbes pour quitter New York, pour examiner la réso- sapiens sapiens ont été découvertes le Kosovo. L’Alliance atlantique a lution autorisant le déploiement de dans la grotte Chauvet, en Ardèche. affirmé, jeudi en fin de matinée, la force d’intervention au Kosovo, Ces pas sont ceux d’un enfant, laissés il avoir « constaté des préparations, selon les termes de l’accord conclu y a vingt ou trente mille ans. p. 30 mais pas de retrait ». Le général mardi à Cologne entre les membres Pavkovic a déclaré, jeudi à Prisdti- du G 8 (les sept pays les plus indus- na, que l’armée serbe ferait un trialisés et la Russie). Le vote ne « premier retrait signicatif » vers pourra cependant intervenir a Chantage midi heure de . La veille, le qu’après un arrêt des frappes que vice-ministre des Affaires étran- l’OTAN qui, jeudi matin, n’étaient au Maroc gères, Nebosja Vujovic, avait indi- que suspendues. A Belgrade, l’ac- Un ancien conseiller d’Hassan II mis en qué que les premiers mouvements cord de Kumasovo a été accueilli de troupes vers le nord n’étaient par des manifestations de joies tan- cause dans une affaire de fausse mon- qu’« une question d’heures ». dis que des pillages se sont pro- naie menace dans une lettre ouverte Des soldats et des hélicoptères duits à Pristina. de rendre publiques « des informations américains qui formeront l’avant- Dans un entretien au Monde, le dommageables pour [l’]image » du roi garde de la KFOR (force internatio- ministre des affaires étrangères, du Maroc. p. 6 nale au Kosovo) sont arrivés jeudi Hubert Védrine, s’explique sur les matin en Macédoine en prove- raisons qui, selon lui, ont conduit nance d’Albanie. L’avant-garde de les Occidentaux à n’intervenir que la force alliée – qui sera comman- tardivement contre le régime de dée par un état-major de l’OTAN et Slobodan Milosevic. Il affirme : sera composée au total de de b L’accord de Kumanovo sur le retrait serbe p. 2 b Les ONG et le retour des réfugiés p. 5 « Nous avons eu raison de nous en- 50 000 hommes venus d’une tren- b La KFOR prépare son entrée au Kosovo p. 3 b Ce que nous avons vu : onze semaines de guerre à gager et d’aller jusqu’au bout. » taine de pays – pourrait prendre b Les réactions à Belgrade et à Pristina p. 3 travers les reportages du Monde p. 16-17 Jacques Chirac devait intervenir sur position au Kosovo dans les qua- b Hubert Védrine : « Nous avons eu raison » p. 4 b Notre éditorial : « La victoire, et après ? » p. 19 TF 1, jeudi au journal de 20 heures. Peter Handke, la Yougoslavie et l’Histoire « falsificatrice » La prison AU MOMENT MÊME où les généraux de gorge. A travers lui, Peter Handke proclame question s’adresse à un personnage appelé l’OTAN et de l’armée serbe s’entendaient à sa détestation des « hyènes humanitaires », simplement « le Grec ». Lui aussi a été jour- du préfet Kumanovo sur une possibilité de paix, le ri- des experts internationaux, des historiens et naliste mais personne ne l’emploie plus parce deau tombait au Burgtheater de Vienne sur la bien sûr des journalistes. Tous ont créé la qu’il refuse de condamner tout un peuple. LE SORT de Bernard Bon- THIERRY OLIVIER THIERRY première de la nouvelle pièce de Peter Hand- réalité de la guerre dans les Balkans selon Vu de Manhattan ou des immeubles de la a net, ancien préfet de Corse, ke, qui parle de l’impossibilité d’écrire sur la leurs représentations ou plutôt selon les di- presse de Hambourg, on ne peut rien dont l’avocat, Me Georges Kiej- a Harpes d’Afrique guerre. Die Fahrt im Einbaum oder Das Stück rectives de la centrale monopolistique de comprendre aux Balkans, dit Peter Handke man, a demandé pour la deuxième zum Film vom Krieg (La Promenade en pirogue production de la vérité. Le peuple a disparu, par la bouche du Grec. Les journalistes ne fois, mercredi 9 juin, la mise en li- Une exposition et des concerts organi- ou La Pièce à propos d’un film sur la guerre) a le pays aussi dont le nom – Yougoslavie – sont pas des faussaires, c’est l’Histoire elle- berté, continue de faire l’objet sés à la Cité de la musique, à Paris, per- été diversement reçue par un public qui a n’est plus que chuchoté, au profit d’une « si- même qui est « une grande falsificatrice » : d’une polémique entre Jean-Pierre mettent de découvrir harpes et har- mêlé les sifflets aux applaudissements. tuation » que les experts maîtrisent. « D’un côté les falsifications de l’Histoire ; de Chevènement et Elisabeth Guigou. pistes d’Afrique équatoriale. p. 35 La pièce n’est-elle qu’« une série de banali- L’écrivain autrichien, qui vit dans la ban- l’autre côté, l’Histoire qui se falsifie elle- Le ministre de l’intérieur a invoqué tés », comme le pense un critique viennois ? lieue parisienne a, depuis les débuts des der- même. » Il ne veut plus entendre parler de nouveau, mercredi, la présomp- Dans le hall d’un hôtel d’une petite ville des nières guerres en Yougoslavie, pris fait et d’« informations » ; il veut « une année de si- tion d’innocence en faveur du pré- Balkans, deux metteurs en scène préparent cause pour la Serbie. Après le début des bom- lence, une décennie de silence », le temps de a fet. La ministre de la justice rap- L’Unedic un film « dix ans après la dernière guerre ». Le bardements de l’OTAN, il a rendu le prix remplacer CNN par le « tam-tam ». pelle que la loi doit être la même scénariste a disparu, restent « quelques Georg-Büchner dont il était titulaire et a an- Pendant la Semaine sainte, Peter Handke pour tous. Les enfants de Bernard se rebiffe grandes lignes tracées par le Comité mondial noncé qu’il quittait l’Eglise catholique en est retourné en Serbie sous les bombes. Il a li- Bonnet, incarcéré à la prison de la Le régime d’assurance-chômage a dé- d’éthique ». Défilent alors les personnages signe de protestation. Il est retourné en Ser- vré son carnet de route au Süddeutsche Zei- Santé, racontent son indignation susceptibles de jouer dans le film qui ne verra bie, non pour s’offrir « le luxe de penser », tung. Il parle des souffrances du peuple serbe posé un recours juridique pour excès d’être placé sur le même pied que jamais le jour. Des gens du village ou des en- comme d’autres intellectuels occidentaux, quand tous les médias sont pleins des témoi- certains suspects de l’assassinat de de pouvoir contre le gouvernement, virons, dont le fou, « coureur des bois », qui mais pour trouver la paix au milieu de la gnages des réfugiés kosovars. Il ne nie pas Claude Erignac. Il estime avoir l’accusant de vouloir disposer à sa ne peut plus entendre les mots de « voisin », guerre. « Pourquoi tiens-tu tant à ce pays si ce l’exode. Simplement, il regarde ailleurs. permis leur arrestation. guise de ses fonds. p. 14 « coexistence pacifique », « droits de n’est simplement parce que tout le monde le l’homme »... sans avoir envie de trancher une hait ? » Dans La Promenade en pirogue, la Daniel Vernet Lire page 12 a Les Bleus, POINT DE VUE champions à la peine Les mécomptes Moins d’un an après son titre mondial, l’équipe de France de football n’a bat- L’après-guerre d’un banquier tu que de justesse les amateurs d’An- dorre, mercredi 9 juin. p. 31 et ses dangers a Intérim à France 3 par Antoine Garapon N accord définitif est taires présentes d’apporter leur Marc Tessier, le nouveau PDG de enfin en vue pour le concours au Tribunal pénal inter- France Télévision, a décidé de reporter Kosovo. Le soulage- national (TPI). U Aussi nous semble-t-il opportun la nomination du directeur général de ment est légitime : la France 3. Jean Réveillon et François perspective de la paix apporte le de rappeler les cinq points sur les- quels – de la réunion de Rambouil- Guilbeau assureront l’intérim. p. 25 réconfort intérieur d’avoir vu l’in- JEAN-FRANÇOIS HÉNIN tervention armée, malgré son coût let jusqu’aux récentes proposi- moral et humain, servir au réta- tions du G 8 – les alliés sont ANCIEN DIRIGEANT d’Altus blissement du droit. convenus de ne pas transiger. A Finance, la filiale controversée du a La Bretagne, Pour autant, ces négociations cette fin, il faut souligner les Crédit lyonnais, Jean-François Hé- constituent encore un chemin se- conditions indispensables à la cré- nin est poursuivi, comme le port de plaisance mé d’embûches. Il faut le répéter dibilité de l’accord pour prévenir Consortium de réalisation, la aux politiciens à qui l’idée doit les dérives auxquelles pourrait banque publique et la MAAF, par Le nautisme représente désormais un sourire d’en avoir fini avec la prêter une lecture tendancieuse. la justice californienne. Le coup fi- poids économique plus important que guerre avant l’été, ou même – la Pour être réellement porteurs de nancier du siècle réussi par Altus la pêche en Bretagne. p. 15 belle aubaine ! – avant le jour des paix, ces cinq points supposent en 1991 avec la reprise de l’assu- élections européennes : face à Mi- d’être complétés par des modalités reur Executive Life pourrait se losevic, seule la fermeté paie. Le concrètes d’application. Quelles transformer en désastre. Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, moindre infléchissement consenti, sont-elles ? 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; dans l’euphorie de la victoire, b Arrêt de la répression mili- Lire page 22 Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, quant aux termes de l’accord ou taire et civile. C’est la justification 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, aux modalités de son application, de l’intervention de l’OTAN. International ...... 2 Aujourd’hui ...... 30 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS ; ruinerait le gain politique obtenu Européennes...... 8 Météorologie-Jeux... 33 Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. par une offensive tardive mais ré- Lire la suite et le point de vue France-Société...... 12 Carnet ...... 34 solue et menacerait la viabilité de de Marie-France Garaud Régions ...... 15 Culture ...... 35 l’après-guerre. et Didier Motchane page 20 Horizons ...... 16 Guide culturel...... 37 Il est impensable, entre autres, Entreprises ...... 22 Kiosque...... 38 de remettre en cause l’inculpation Communication ...... 25 Abonnements...... 38 des dirigeants de Belgrade ou d’in- Antoine Garapon, magis- Tableau de bord...... 26 Radio-Télévision...... 39 terdire à toutes les forces mili- trat, est président du comité Kosovo. LeMonde Job: WMQ1106--0002-0 WAS LMQ1106-2 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 11:07 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 15Fap: 100 No: 0380 Lcp: 700 CMYK

2 INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999

BALKANS Les forces yougoslaves vers 21 heures à Kumanovo en Macé- réunis à Cologne. b L’ONU devait si- au Kosovo dans les 48 heures qui l’objet de conversations. b HUBERT VÉ- ont commençé leur retrait du Kosovo, doine. b L’OTAN devait informer les multanément, conformément aux plan suivent le vote de la résolution de DRINE tire les leçons du conflit dans un jeudi 10 juin, après la signature de l’ac- Nations unies qu’elle a, en consé- de paix, voter la résolution que lui a l’ONU. la KFOR groupera 50 000 entretien au Monde : « Nous avons eu cord militaire, entre les généraux you- quence, suspendu ses bombardements soumis le G8. b L’AVANT-GARDE de la hommes venus d’une trentaine de raison d’aller jusqu’au bout », explique goslaves et ceux de l’OTAN, mercredi aériens, selon les diplomates du G8 force alliée pourrait prendre position pays. La contribution russe fait encore le ministre des affaires étrangères. Les forces serbes ont commençé leur retrait du Kosovo L’armée yougoslave devait commencer à évacuer la province séparatiste jeudi 10 juin vers midi, selon l’état-major. L’OTAN devait en conséquence annoncer au conseil de sécurité l’interruption de ses frappes aériennes et l’ONU voter une résolution de paix LES ARMES devaient se taire, G8 à Cologne que certains signes na, devait annoncer la suspension b Le Conseil de sécurité de réunion des militaires de bDes manifestations de joie jeudi 10 juin, en Yougoslavie : la laissaient penser que le retrait des de l’opération aérienne de l’ONU, ainsi officiellement infor- l’OTAN et de Belgrade à Kumano- ont salué à Belgrade l’annonce guerre que les forces serbes troupes serbes du Kosovo avait l’OTAN et la signifier par écrit au mé de la suspension des frappes vo, mercredi soir, qui a débloqué de la paix, dans la nuit de mercre- livrent depuis des mois aux débuté. Des camions yougoslaves Conseil de sécurité de l’ONU à aériennes de l’OTAN devait re- le mécanisme de rétablissement di à jeudi. Le président Bill Clin- combattants de l’UCK et aux ci- vides avaient été vus entrant au New York. C’est la délégation prendre la discussion sur le projet de la paix. L’accord militaire a été ton s’est déclaré « très content » vils albanais du Kosovo devait Kosovo depuis le reste de la Ser- chinoise à l’ONU qui avait récla- de résolution portant règlement annoncé vers 22 heures et a indiqué dans un communiqué faire place à une retraite en bon bie, ce qui laissait penser que Bel- mé la veille cette notification du conflit du Kosovo et procéder (20 h 00 GMT) par le général bri- publié par la Maison Blanche que ordre ; la guerre que l’OTAN li- grade était en passe de commen- écrite de l’OTAN. On espérait au vote. Cette réunion, prévue tannique, Michael Jackson, sur la « l’accord conclu par l’OTAN et des vrait depuis onze semaines à ces cer son retrait de la province dans les capitales occidentales pour 3 heures du matin (heures base aérienne de Kumanovo dans responsables militaires serbes forces serbes et au régime de Bel- séparatiste. Dès que le commen- que le début de retrait serait locale à New York), a été repous- le nord-est de la Macédoine. constitue un autre pas important grade s’interrompre. cement effectif du retrait aurait constaté dès jeudi. L’état major sée à 6 heures (soit 10 heures « Cela signifie que la guerre est fi- vers la réalisation de nos objectifs Le processus engagé le 3 juin à été constaté, et officiellement yougoslave a annoncé qu’un GMT). L’ambassadeur américain, nie », a déclaré le général Sveto- au Kosovo ». « Nous avons aussi Belgrade avec l’acceptation par confirmé au siège de l’OTAN à « premier retrait significatif », Peter Burleigh, avait déclaré dans zar Marjanovic, chef-adjoint de clairement indiqué aux dirigeants Slobodan Milosevic du plan de Bruxelles, le secrétaire général de pourrait être constaté à la mi- la soirée de mercredi : « Dès l’ar- l’état-major yougoslave, qui par- de l’Armée de libération du Kosovo paix que lui présentaient Occi- l’Alliance atlantique, Javier Sola- journée. rêt des bombardements de l’OTAN ticipait aux discussions avec (UCK) que nous attendions d’eux dentaux et Russes a en effet été annoncé, nous serons prêts à voter l’OTAN. « Les négociations ont été qu’ils n’entravent pas le retrait parachevé, mercredi soir, à Ku- une résolution ». La Chine avait difficiles mais nous sommes finale- serbe », a ajouté le président manovo en Macédoine avec l’ac- Le coût du conflit devrait atteindre répété qu’elle ne voterait que ment parvenus à un accord. La po- américain. Le premier ministre cord conclu entre militaires sur lorsque les bombardements de litique de paix a prévalu, une poli- britannique, Tony Blair, a affirmé les modalités pratiques de retrait 4 milliards de francs pour la France en 1999 l’OTAN auront pris fin et qu’elle tique conduite par la Yougoslavie que l’OTAN devait « manifester la des forces serbes du Kosovo. Sauf ne voulait prendre part avant à et le président Milosevic », a-t-il même résolution à voir cet accord dernier contretemps, l’OTAN de- Selon le ministre de la défense, Alain Richard, la participation des aucune discussion formelle du ajouté. appliqué que celle que nous avons vait officiellement annoncer, jeu- forces françaises au conflit du Kosovo devrait coûter entre 3,5 et Conseil de sécurité. Son représen- Cet accord, qui règle dans le eue à mener la campagne aé- di, la suspension de ses opéra- 4 milliards de francs à la France en 1999. Cette évaluation tient tant à l’ONU, M. Shen a confirmé détail les modalités du retrait des rienne » contre la Yougoslavie et tions en Yougoslavie et le Conseil compte des quelque 850 millions de francs déjà dépensés durant les avoir présenté plusieurs amende- forces serbes était en discussion durant les discussions avec Bel- de sécurité se réunir à New York deux premiers mois de bombardements aériens, et de la mise en ments au texte du G8, mais ceux- de puis samedi. Il permet, en ou- grade. « Nous avons dû conduire pour le vote sur la résolution sur place du dispositif terrestre – le renfort déjà annoncé de la KFOR ci ont été rejetés par les sept pays vrant la voie au vote de la résolu- un conflit et une guerre parce que le Kosovo. portant l’effectif militaire français à 7 000 hommes au Kosovo. les plus industrialisés et la Russie. tion du Conseil de sécurité qui c’était malheureusement inévi- b Le retrait des forces serbes En ajoutant quelque 2 milliards de francs pour les dépenses occa- On s’attendait, jeudi, que le texte donne mandat à la KFOR de se table, maintenant, nous allons être du Kosovo devait commencer, sionnées par la présence militaire française en Bosnie et en Afrique, de la résolution soit adopté sans déployer et aux premiers élé- des bâtisseurs de la paix », a décla- jeudi 10 juin. En milieu de mati- le coût des opérations extérieures pour 1999 devrait s’élever à entre difficulté par tous les membres du ments de cette force internatio- ré Lionel Jospin. Le président de née on annonçait de source di- 5,5 et 6 milliards de francs (839 à 920 millions d’euros), soit le double Conseil, avec éventuellement une nale de maintien de la paix d’en- la République, Jacques Chirac, plomatique à la réunion des mi- des dépenses équivalentes de 1998. Le financement de ces actions abstention de la Chine. trer au Kosovo sur les pas des devait s’exprimer, jeudi soir, à la nistres des affaires étrangères du sera assuré par un collectif budgétaire présenté en fin d’année. bC’est l’achèvement de la forces serbes. télévision. Belgrade a échoué à renégocier les modalités d’application Au siège de l’OTAN, SKOPJE des forces serbes, leur retrait du dans un face à face dont personne tique des « négociations ». Certes, de notre envoyé spécial Kosovo, qui devra être achevé dans n’osait plus prévoir l’issue. les modalités d’application de l’ac- « La guerre est finie . » Le général un délai de onze jours, le déploie- cord étaient à la fois délicates et la victoire ne manque pas de pères Svetozar Marjanovic, chef d’état- ment concommitant d’une cin- VAINE SUSPENSION compliquées. Les « détails », aux- BRUXELLES Les diplomates des diverses dé- major adjoint de l’armée yougo- quantaine de milliers de soldats de Samedi soir, les discussions quels le porte parole du général de notre correspondant légations, qui s’étaient fait rares slave, a ainsi salué la signature, l’OTAN au Kosovo. L’arrêt « tem- avaient été suspendues après que Jackson avaient fait allusion, Les porte-parole de l’OTAN, le dans les couloirs de l’OTAN, re- mercredi 9 juin dans la soirée, à Ku- poraire » des bombardements de la délégation yougoslave eut décidé constituaient des points d’achop- Britannique Jamie Shea et le géné- viennent distiller vraies ou fausses manovo (Madédoine), de « l’accord l’OTAN sera conditionné au début de rendre compte à Belgrade. Le pement cruciaux lors des dis- ral allemand Walter Jertz, avaient confidences. militaire technique » sur le retrait de retrait des forces yougoslaves, lendemain, à Kumanovo, une at- cussions. Mais il était devenu beau employer des termes pru- Il s’agit pour eux de faire savoir des troupes serbes du Kosovo. qui devront respecter une « zone tente de seize heures avait débou- patent que le pouvoir yougoslave dents, mercredi 9 juin, lors du que la position adoptée par leurs Après cinq jours d’intenses dis- tampon » autour du Kosovo. ché sur une impasse. Le général essayait de reporter l’issue des dis- point de presse de l’Alliance à gouvernements respectifs tout au cussions près de la frontière yougo- Cet accord est le fruit d’une in- Jackson avait dressé un constat cussions parce qu’il s’efforçait de Bruxelles, sur les discussions en long du conflit a été judicieuse, slave, les responsables de l’OTAN terminable rencontre, décrite dès le d’échec : « les Yougoslaves ont sou- remettre en question les modalités cours à Kumanovo, leur attitude permettant à l’Alliance de s’ache- en Macédoine ont réussi à faire début par l’OTAN comme une mis des propositions ne permettant du cadre général de l’accord. Sans montrait bien que l’on s’achemi- miner vers un succès dont, naturel- plier les envoyés de Belgrade sur la « discussion » et par Belgrade ni la sécurité du retour des réfugiés doute pour permettre à ses troupes nait vers la sortie. Jamie Shea se lement, ils n’avaient jamais douté. question des modalités d’un retrait comme une « négociation ». Depuis ni un retrait vérifiable des troupes de continuer sa lutte armée contre laissait à nouveau aller à son pen- Les Britanniques font valoir la serbe du Kosovo. « Je confirme que samedi, d’abord à Blace, poste serbes du Kosovo », avait-il dit. les séparatistes de l’UCK mais aus- chant pour l’humour anglais en les généraux Marjanovic et Stevano- frontière macédonien situé à une A ce stade, il était devenu clair si, comme beaucoup le redoutent, osant des formules comme : «Un vic [chefs de la délégation yougo- encâblure du Kosovo, puis le lende- que Slobodan Milosevic entendait laisser aux Serbes la lattitude d’ef- peu de poussière se levant sur les Brigade russe en alerte slave] ont signé l’accord comme je main à Kumanovo, la base du retarder l’application de l’accord de facer les traces des exactions routes du Kosovo n’annonce pas plus l’ai fait moi-même », a dit, peu contingent français en Macédoine, paix qu’il avait accepté quelques commises contre les Kosovars. le retrait des forces serbes qu’une hi- Les négociations techniques avant 22 heures, le général Jackson, responsables militaires de l’OTAN jours plus tôt. Belgrade ne cessait rondelle ne fait le printemps. » Le entre militaires russes et améri- chef de la délégation de l’OTAN. et de Belgrade étaient engagés de tenter de tirer un avantage poli- Bruno Philip général Jertz se permettait, en sou- cains, destinées à définir le rôle Mais il a aussitôt mis les Serbes riant, de contredire le chef d’état- et la place du contingent russe en garde. « J’ai clairement indiqué major de l’armée allemande qui dans la force internationale au que si le calendrier du retrait [ des était allé un peu vite en besogne en Kosovo, ont commencé, jeudi forces yougoslaves du Kosovo] Les principaux points de l’accord militaire déclarant que les frappes aériennes 10 juin, à huis clos, à Moscou. Le n’était pas respecté, les opérations étaient « quasiment arrêtées ». « Il général Léonid Ivachov, l’un aériennes reprendraient », a précisé VOICI les principaux points de des forces terrestres yougo- évacué la zone «un» (sud) en a dit cela, mais il ne le pensait des militaires les plus opposés à le général Michael Jackson, quali- l’« accord militaire technique » slaves et entrée synchronisée six jours et la zone « deux » pas... », a ironisé ce militaire peu l’OTAN au sein du ministère de fiant de « difficiles » les discussions conclu, mercredi 9 juin, à Kuma- de la KFOR (force de sécurisa- (centre) en neuf jours. porté sur la plaisanterie. la défense russe, conduit la dé- avec les Yougoslaves. Chef du novo (Ma- tion) : Belgrade s’engage à un b Arrêt des frappes de légation de son pays. contingent de l’OTAN en Macé- cédoine), retrait par étapes de « toutes l’OTAN : la campagne aérienne SATISFACTION SANS NUANCE Les Russes ont annoncé qu’ils doine et futur responsable de la entre repré- [ses] forces [terrestres] du Koso- sera définitivement terminée Cet « optimisme précaution- pourraient détacher entre 5 000 KFOR, la force de paix au Kosovo, sentants de vo vers des localités en Serbie ». avec « le retrait complet des neux » de Jamie Shea s’est mué au et 10 000 hommes. Mais, à le général britannique a souligné l’OTAN et En se retirant, les forces yougo- forces yougoslaves ». cours de la soirée en une satisfac- l’OTAN, on doute de leur capa- que cet accord représentait « l’es- de Bel- slaves « dégageront toutes les b Retrait des forces aé- tion sans nuance lorsqu’il était de- cité à le faire et on n’envisage poir d’un avenir meilleur ». Le texte grade : voies de communication en en- riennes et de la défense anti- venu évident que Belgrade allait pas de leur confier le contrôle prévoit un cessez-le-feu immédiat b Retrait levant toutes les mines » et autres aérienne : trois jours après l’ac- donner le feu vert à l’accord de re- d’un des secteurs au Kosovo. Le obstacles. « L’entrée et le dé- cord, tous les appareils yougo- trait de ses forces du Kosovo. Le ministre russe de la défense, ploiement des forces internatio- slaves ainsi que les radars, Conseil atlantique se réunissait Igor Sergueiev, a donné «un nales de sécurité [KFOR] au Ko- l’intégralité des missiles sol-air alors pour demander au général ordre préliminaire » de prépara- sovo seront synchronisés. » et de l’artillerie anti-aérienne au Wesley Clark de procéder à la véri- tion pour la valeur d’une bri- b Suspension des frappes de Kosovo devront avoir été repliés fication du début de retrait des gade, soit environ 2 500 l’OTAN : les « frappes aériennes vers la Serbie dans une zone si- unités serbes, ce qui permettra au hommes. de l’OTAN seront suspendues » tuée à 25 kilomètres au-delà des secrétaire général de l’OTAN, Ja- s’il est vérifié que les forces limites de la province. vier Solana, d’annoncer officielle- yougoslaves situées dans la zone b Déploiement de la KFOR : ment la fin des opérations aé- ligne ferme d’un Tony Blair qui a « trois » (dans le nord de la pro- « La KFOR se déploiera et opére- riennes. Cette annonce pourrait sans cesse exhorté à la fermeté et à vince) ont évacué cette zone, ra sans obstacle au Kosovo, et être faite dès ce jeudi. la constance des partenaires par- par des routes précises, dans les disposera de l’autorité de prendre Tout dépendra de l’estimation fois saisis par le doute. Ils ajoutent vingt-quatre heures suivant la toutes les mesures nécessaires faite par les diverses capitales en- avec une fierté mal dissimulée que signature de l’accord. « La sus- pour établir et maintenir un envi- gagées du caractère « effectif » de s’est dégagé, à cette occasion, un pension [des frappes] se poursui- ronnement de sécurité pour tous l’application par les unités serbes véritable leadership britannique en vra à condition que les clauses de les citoyens du Kosovo. » de l’accord signé à Kumanovo. Il Europe sur le plan militaire, qui va cet accord soient totalement ap- b Définition des forces ressort des premières discussions se traduire sur le terrain au Koso- pliquées et à condition que le serbes : tous les personnels de informelles au sein du Conseil vo. Conseil de sécurité des Nations la République fédérale de You- atlantique que les Etats-Unis se- Allemands et Italiens soulignent unies adopte une résolution » sur goslavie ayant une capacité mili- raient plus exigeants dans ce do- que leur opposition à l’engage- le déploiement de la KFOR très taire, y compris les troupes de maine que certains pays européens ment au sol a évité à l’OTAN de se rapidement pour éviter « un vide l’armée régulière, les groupes ci- comme la France, l’Italie ou l’Alle- lancer dans une aventure meur- en matière de sécurité ». vils armés, les associations para- magne, beaucoup plus pressés de trière et hasardeuse. Les Français b Evacuation totale des militaires, l’armée de l’air, la décréter officiellement la fin des rappellent que, sans leur détermi- forces terrestres yougoslaves garde nationale, la police des frappes pour permettre à l’ONU nation de réintégrer la Russie dans du Kosovo : onze jours après la frontières, les militaires de ré- d’entrer dans le jeu. Le retour des le jeu diplomatique, on ne serait signature de l’accord, « toutes les serve, la police militaire, les ser- petits accrochages entre Alliés est sans doute pas parvenu à faire forces [terrestres] yougoslaves de- vices de renseignement ainsi un autre signe de retour à une cer- plier Slobodan Milosevic... vront avoir achevé leur retrait du que les personnels du ministère taine normalité « otanienne », La défaite est orpheline, mais la Kosovo » et s’être repliées 5 kilo- de l’intérieur, les forces anti- mise entre parenthèses au nom de victoire, ou ce qui y ressemble fort, mètres au-delà de la limite de la émeutes et tout autre groupe l’indispensable unité de discours ne manque pas de pères. province. Auparavant, toutes les qui sera désigné par le comman- de l’Organisation engagée dans un forces de Belgrade devront avoir dant de la KFOR. – (AFP) conflit plus rude que prévu. Luc Rosenzweig LeMonde Job: WMQ1106--0003-0 WAS LMQ1106-3 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 11:14 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 15Fap: 100 No: 0381 Lcp: 700 CMYK

L’OTAN ET LA SERBIE LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 / 3

32 pays pour la KFOR

PAYS ALLIÉS CONTRIBUTION DES PAYS GRANDE-BRETAGNE 13 000 hommes Tirs de joie et concerts de klaxons à Belgrade... ALLEMAGNE 8 000 hommes ÉTATS-UNIS environ 7 000 hommes FRANCE 7 000 hommes ITALIE 5 000 hommes Scènes de pillages et maisons incendiées à Pristina ESPAGNE 1 200 hommes DES TIRS DE JOIE ont éclaté à Jamais, depuis le début des taires tournent dans la ville. » A tue la punition collective infligée à BELGIQUE 1 100 hommes Belgrade et à Pristina à l’annonce, frappes de l’OTAN contre la You- Bruxelles, l’agence Kosovapress, mon pays (...), personne ne peut in- GRÈCE 1 000 hommes dans la soirée du mercredi 9 juin, goslavie, le 24 mars, autant de proche des séparatistes albanais, a nocenter ceux qui, ici, ont mené une NORVÈGE 800 à 900 hommes de la signature d’un accord sur le monde n’avait été vu dans le indiqué dans la nuit que des sol- politique antidémocratique et primi- DANEMARK 850 hommes retrait des forces yougoslaves de la centre-ville de Belgrade à une dats, des policiers et des civils tive », affirme le président du Mou- POLOGNE 800 hommes province. Dans la capitale yougo- heure aussi tardive. En dépit du serbes menaçaient de tuer les Al- vement serbe du renouveau (SPO). CANADA au moins 800 hommes + 8 hélicoptères slave, l’accord a été salué par des fait que l’éclairage public n’était banais de Pristina avant de quitter M. Seselj avait déclaré la veille que PAYS-BAS 200 hommes salves de la défense anti-aérienne, toujours pas rétabli, à cause des le Kosovo. L’agence dit avoir reçu « la Serbie avait une chance de ga- PORTUGAL 290 hommes d’armes légères et un concert de perturbations dans l’approvision- de la capitale kosovare deux appels gner [la guerre] et de ne pas per- HONGRIE 200 hommes klaxons. Des centaines de voitures nement en électricité dues à des téléphoniques d’habitants rappor- mettre à l’OTAN de réaliser ses ob- TURQUIE, ISLANDE, LUXEMBOURG et RÉPUBLIQUE TCHÈQUE sillonnaient dans le centre de la ca- frappes de l’OTAN contre le sys- tant que des hommes armés font jectifs mais nos partenaires [au sein pitale yougoslave, produisant un tème électro-énergétique, des di- irruption dans des maisons alba- de la coalition au pouvoir] ont dé- PARTENAIRES vacarme assourdissant à l’ap- zaines de personnes, très déten- naises du centre de Pristina et du cidé qu’il fallait accepter l’ultima- FINLANDE 800 hommes proche de minuit. La télévision dues, déambulaient dans les quartier étudiant en criant : « Nous tum de l’Occident et ont cédé aux ROUMANIE 250 hommes d’Etat a ouvert son journal en ex- principales artères de Belgrade sa- partons et nous allons vous tuer pressions des Russes ». AUTRICHE 250 hommes pliquant que « l’agression contre la luant les voitures à leur passage. LITUANIE 30 hommes SUÈDE ET UKRAINE plusieurs centaines d'hommes Yougoslavie est terminée ». La nou- Les cafés, aussi bien dans le centre- BULGARIE plusieurs dizaines d'hommes, SLOVAQUIE, SLOVÉNIE, velle est présentée par les médias ville que dans plusieurs quartiers « Nous sommes les vainqueurs moraux ! » ESTONIE, LETTONIE ET MACÉDOINE (observateur). comme une victoire de la politique périphériques, étaient beaucoup du président Slobodan Milosevic. plus animés qu’au cours des jours RUSSIE (entre 5 000 et 10 000 hommes) encore en question Politika, le grand quotidien d’Etat, titrait, jeudi matin 10 juin : « Fin précédents. de l’agression brutale contre le peuple de Serbie et de Yougoslavie. » « Que se passe-t-il ? » demandait « Après plusieurs jours de négociations entre l’armée yougoslave et les un passant qui visiblement n’était représentants des Nations unies » ayant abouti à la signature « d’un Le retrait des unités militaires pas au courant des dernières nou- accord de collaboration militaire et technique », comme l’appelle le velles. « C’est la paix, mon vieux, journal, le général Marijanovic, chef de la délégation yousgoslave à viens donc prendre en verre », lui Kumanovo, constate la conclusion d’un « accord de paix ». Ceci signi- et paramilitaires serbes se fera en trois étapes répondait un jeune homme attablé fie simultanément la « victoire de la politique de paix que mènent la dans un café du quartier Crveni République fédérale de Yougoslavie et le président Milosevic ». Le quoti- CERTAINS des éléments pré- les premières au Kosovo, pendant de Danois et d’Emiratis. A Toulon, Krst (Croix rouge). Dans le centre- dien serbe publie aussi les déclarations d’un autre membre de la dé- curseurs de la KFOR en Macédoine que les Américains renforceront le chef de l’Etat a assité, jeudi, en ville, des jeunes filles juchées sur légation yougoslave, Nebojsa Vujovic, porte-parole du ministère fé- se sont mis en mouvement, dès jeu- leur contingent en prélevant – à fin de matinée, au départ, via les les toits de voitures en mouvement déral des affaires étrangères : « Nous sommes les vainqueurs moraux. di 10 juin, vers la frontière avec le hauteur de 7 000 hommes – des transports de débarquement Siroco hurlaient de joie, saluées par des Nous avons résisté à l’agression de l’alliance militaire et ramené cette Kosovo de façon à être en mesure unités sur leur déploiement actuel et Ouragan, d’un échelon de applaudissements de passants. question là où est sa place – dans la seule organisation internationale d’y entrer, durant les jours pro- en Allemagne, en Albanie (des héli- 2 500 hommes et de plus d’un mil- légale, les Nations unies. » Enfin, le quotidien rapporte que les ci- chains, au fur et à mesure du retrait coptères d’attaque Apache, des lier de véhicules parmi lesquels MARCHANDISES DIVERSES toyens sont sortis dans les rues dans les principales villes de Serbie des unités militaires et paramili- chars Abrams et des lance-ro- 15 chars Leclerc, 8 batteries de A Pristina, durement frappée par pour « saluer la signature de l’accord de Kumanovo » et exprimer taires de la Serbie. quettes multiples seront alloués à la 155 millimètres et 45 blindés les bombardements, et vidée d’une « leur soulagement après 78 jours d’agression ». De tels déplacements des forces KFOR) et sur des bateaux déployés AMX-10P. Ce dispositif, auquel ont partie de ses habitants, des rafales de l’OTAN, déjà déployées en Ma- en Adriatique – dont 1 900 hommes été joints des matériels du génie d’armes automatiques se répon- cédoine en attente de l’aboutisse- du corps des Marines seront débar- (engins de franchisssement d’obs- daient d’un quartier à l’autre de la tous ». Selon Vuk Draskovic, « il faut de ment des bombardements aériens, qués en Grèce pour rallier la Macé- tacles, pont automoteurs et grues) ville. Les voitures, plus nom- Par ailleurs, Vuk Draskovic, l’un toute urgence mettre en œuvre des sont liés à la signature, la veille, de doine. et des équipements de déminage, breuses que de coutume, action- des chefs de l’opposition serbe, es- réformes économiques et politiques : l’accord technique entre le général provient de sept régiments diffé- naient leurs klaxons. Toutefois, se- time, dans un entretien publié jeu- élimination du gouvernement de britannique Michael Jackson, qui rents et il doit compléter un pre- lon des habitants du chef-lieu du di dans France-Soir, que la Serbie toutes les forces anti-européennes et commande la KFOR, et ses interlo- L’avant-garde de la mier échelon de quelque Kosovo joints par téléphone, des « doit se transformer démocratique- extrémistes, coopération pleine et cuteurs yougoslaves à Kumanovo. 3 000 hommes qui avait été pro- pillages se sont produits dans la ment et devenir un Etat européen » . entière avec les autorités légitimes L’avant-garde de la force alliée force alliée pourrait gressivement déployé en Macé- ville. Selon ces récits, plusieurs ca- « En fait, nous devons aujourd’hui du Monténégro, participation du pourrait prendre position au Koso- doine. mions militaires ont quitté Pristi- mener une véritable dénazifica- Monténégro à toutes les institutions vo dans les 48 heures qui suivent le prendre position Pour leur part, les Allemands, na, certains emmenant avec eux tion », affirme-t-il, en soulignant fédérales et, enfin, élections à tous vote de la résolution de l’ONU. avec 8 000 hommes, et les Italiens, des marchandises diverses pillées que « Milosevic a créé un monstre les niveaux sous contrôle internatio- Unité multinationale comman- au Kosovo dans les avec 5 000 hommes, doivent dans la ville. « Il y a des coups de appelé Seselj » (Vojislav Seselj, chef nal ». Par ailleurs, il estime que les dée par un état-major de l’OTAN, la prendre la responsabilité de contrô- feu en l’air. Un grand nombre de du parti radical serbe SRS, ultrana- soldats de la force de paix au Koso- KFOR groupera 50 000 hommes ve- 48 heures qui suivent ler un secteur groupant des unités coups de feu. Je peux entendre des tionaliste) qui « est le leader de vo (KFOR) ne parviendront pas à nus d’une trentaine de pays – la na- multinationales, respectivement à rafales de mitrailleuses et des coups toutes les forces antidémocratiques désarmer l’Armée de libération du ture de la contribution russe fait le vote de la Prizren et à Pec. de pistolet, a raconté un habitant. qui ont conduit à ce désastre ». Si Kosovo et que « les forces de l’ONU encore l’objet de conversations, à Certaines maisons sont en flammes. « personne et rien ne peut innocen- devront se battre contre l’UCK ». – Moscou, entre les Etats-Unis et la résolution de l’ONU Jacques Isnard Un grand nombre de camions mili- ter l’OTAN pour le crime que consti- (AFP, Reuters.) Russie – et ce volume, qui n’inclut pas le soutien logistique de 10 000 hommes prévu en Macé- Le général Jackson a conçu le doine et en Grèce, est estimé suffi- projet d’installer le PC de la KFOR La « très bonne journée » de Joschka Fischer avec le G 8 sant, par les experts, pour une pro- dans la capitale de la province, la vince étendue comme la Gironde, ville de Pristina, dont il faudra re- COLOGNE sur la lutte contre le terrorisme in- peut s’interpréter comme l’autori- capitales, les ministres de la dé- soit environ 10 000 kilomètres car- mettre en marche les infrastruc- de notre envoyé spécial ternational et son financement, le sation donnée aux troupes étran- fense s’activent et le blocage sur la rés. A ce jour, le Kosovo a été divisé tures les plus vitales, tels que les cir- Les ministres des affaires étran- conflit indo-pakistanais sur le Ca- gères d’entrer au Kosovo avant le petite phrase remonte jusqu’aux en cinq secteurs (Le Monde du cuits d’eau, de télécommunications gères du G 8 (Etats-Unis, Japon, chemire, Chypre... Les grands de ce vote d’une résolution, raconte un chefs d’Etat. Hubert Védrine quali- 10 juin), dont chacun devrait être et d’électricité. C’est ce qui explique France, Grande-Bretagne, Alle- monde doivent montrer qu’il existe diplomate européen. fie Cologne de « quartier général » confié à un contingent multinatio- que les éléments précurseurs, pro- magne, Italie, Canada et Russie), aussi d’autres problèmes que celui et appelle à la « mobilisation ». nal aux effectifs variables et contrô- tégés par des parachutistes et des réunis à Cologne, mercredi 9 juin, de la Yougoslavie. « QUARTIER GÉNÉRAL » « Tous voulaient passer à l’action », lé par la Grande-Bretagne (au Gurkhas (qui ont repris les tradi- ne devaient pas parler du méca- En réalité, le Kosovo hante les es- Dans la matinée, le ministre alle- raconte un diplomate. centre), la France (au nord), l’Italie tions des anciennes troupes hin- nisme de rétablissement de la paix prits : chacun s’agite avec ses télé- mand de la défense, Rudolf Schar- Les Huit envoient des messages à (à l’ouest), les Etats-Unis (à l’est) et doues utilisées par les Britanniques en Yougoslavie. Depuis la veille, phones portables. Les négociations ping, avait provoqué un mini-in- Kumanovo, au quartier général de l’Allemagne (au sud) qui installe- en Inde) et transportés par hélicop- cette tâche était provisoirement à Kumanovo s’enlisent, elles ont cident avec les militaires de l’OTAN à Bruxelles et aux Nations ront un PC. tères, seront majoritairement achevée : Russes et Occidentaux même été interrompues, s’in- l’OTAN, en annonçant avec un peu unies à New York. Les négociateurs Prévu pour ne pas excéder la du- composés de spécialistes du génie s’étaient mis d’accord sur un projet quiète-t-on... Les agences de presse de précipitation que les bombarde- de l’OTAN en Macédoine sont priés rée de onze jours, le retrait des et des communications, ainsi que de résolution sur le Kosovo à adop- annoncent qu’elles ne reprendront ments alliés avaient dans les faits de supprimer la phrase contestée forces yougoslaves se fera en trois de démineurs auxquels les Serbes ter par le Conseil de sécurité des que le lendemain. Président en été suspendus depuis mercredi par les Serbes et de se réasseoir à la étapes : d’abord, celui de la partie devront transmettre les plans du Nations unies. La balle était dans le exercice du G 8, le ministre alle- 9 heures ; il avait été démenti par table des négociations. Peu avant nord du Kosovo, qui jouxte le reste minage effectué par leurs troupes camp de l’ONU à New York et, mand des affaires étrangères, l’OTAN. 19 heures, Joschka Fischer va an- de la Serbie et qui concerne priori- sur le terrain. Au total, à l’heure ac- avant cela, dans le camp de Kuma- Joschka Fischer, remet alors le Ko- Les ministres du G 8 craignent noncer à la presse que les Occiden- tairement 6 000 hommes et 90 blin- tuelle, le Royaume-Uni a promis de novo, en Macédoine, où militaires sovo à l’ordre du jour et fait état du soudain que les militaires laissent taux ont accepté la demande serbe dés lourds ; ensuite, celui du sud de mettre à la disposition de la KFOR de l’OTAN et de Belgrade met- blocage. Le ministre russe Igor Iva- échapper la paix, que les négocia- de retirer la phrase contestée. La la province, qui borde l’Albanie et environ 13 000 hommes, soit, et de taient la dernière main au texte nov en explique la raison : les tions s’éternisent, alors que le pro- machine s’est remise en marche : la Macédoine ; enfin, celui du très loin, le plus fort contingent. énonçant les dispositions pratiques Serbes refusent une phrase du pro- jet de résolution adopté la veille est on apprend que les négociations centre. Au total, Slobodan Milose- De son côté, la France va dé- du retrait des forces serbes. Les mi- jet d’accord avec l’OTAN, qui pré- censé débloquer la situation en ont repris à Kumanovo. Peu avant vic avait constitué au Kosovo un ployer 7 000 hommes, sous le nistres avaient simplement prévu cise que les troupes internationales deux ou trois jours. En cette fin 22 heures, l’accord de retrait des corps d’armée de 43 000 hommes, commandement du général Bruno d’étudier dans la soirée le pacte de entreront dans les vingt-quatre d’après-midi, ils décident donc de troupes serbes est signé. Ce fut appuyés par 200 chars, 300 blindés Cuche, avec un PC dans la ville de stabilité dans les Balkans. heures suivant le retrait des se concentrer à nouveau sur le Ko- « une très bonne journée », a conclu, et 600 pièces d’artillerie. Titova Mitrovica d’où il aura auto- En ce milieu d’après-midi, les mi- troupes serbes. Pour eux, cette sovo. Ils ne sont pas les seuls ; les en fin de soirée, Joschka Fischer. Ce sont des troupes britanniques rité sur un contingent multinational nistres du G 8 tiennent donc une phrase est inacceptable : elle pré- militaires occidentaux prennent et françaises qui devraient pénétrer formé, pour l’essentiel, de Belges, réunion « normale ». On travaille juge de la résolution de l’ONU et des instructions, dans différentes Arnaud Leparmentier Les ministres sont protégés... mais pas leurs paroles COLOGNE celle où se trouvent les ministres. Un journaliste joue de notre envoyé spécial avec l’écouteur servant à entendre les traductions lors En ce milieu d’après-midi, mercredi 9 juin, les jour- de la conférence de presse. Il s’approche de la fenêtre nalistes qui se trouvent au centre de presse voient sur qui fait face à la salle de réunion du G 8, et – surprise les écrans de télévision apparaître le ministre allemand de la technique – il capte les traductions données... des affaires étrangères, Joschka Fischer, puis son ho- dans la salle des débats. A une condition, toutefois : ou- mologue français, Hubert Védrine, enfin le Britannique vrir la fenêtre. A ce moment-là, un orage s’abat sur . Ces images montrent que la réunion des Bonn ; un petit groupe, qui s’est donné le mot, s’amuse ministres du G 8, qui se tient à quelques centaines de à braver le froid et la pluie. On entend le ministre alle- mètres de là, va reprendre. Seules quelques caméras mand, Joschka Fischer, qui négocie le libellé d’une ont le droit de filmer la scène, mais les ministres sont phrase avec son homologue américain, Madeleine Al- inaccessibles, protégés par un système de sécurité ex- bright : « le mot “organiser” ne vous plaît pas, Made- trêmement lourd. Aucune information, donc, à espérer. leine ? ». Plus tard une querelle sémantique s’engage Dans la salle de presse, un journaliste a l’idée de sur les mots « autonomie » et « autodétermination ». monter le son de la télévision. Surprise ! La caméra re- On parle du sentiment qu’auront les Kosovars, qu’il ne transmet certes les images, mais aussi la conversation faut pas décevoir par rapport à Rambouillet. Mais le des trois ministres. Le son est mauvais, mais les journa- vent, le froid, finissent par attirer les services de sécuri- listes de l’agence allemande DPA n’en perdent pas une té. Vexés d’avoir été dupés, ils ferment les fenêtres, miette : en prêtant l’oreille, ils comprennent que tirent les rideaux, et placent un gorille, crâne rasé et MM. Fischer, Védrine et Cook discutent, en français et oreillette de sécurité, pour interdire l’accès. La récréa- en anglais, d’un arrêt éventuel des bombardements de tion est finie. l’OTAN avant la résolution de l’ONU. Ils s’empressent Au sommet européen de Berlin en mars, les journa- d’envoyer une dépêche, citant « des sources diploma- listes avaient été plongés dans le noir des heures du- tiques »... rant, suite à une panne d’électricité. A Cologne et Deux jours plus tôt, au Petersberg, sur les hauteurs Bonn, il semble que la technique était plus perfor- de Bonn, un événement comparable s’était produit lors mante... d’une première réunion du G 8. Les journalistes sont parqués depuis des heures dans une pièce, en face de Arnaud Leparmentier LeMonde Job: WMQ1106--0004-0 WAS LMQ1106-4 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 11:14 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 15Fap: 100 No: 0382 Lcp: 700 CMYK

4 / LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 ¼ L’OTAN ET LA SERBIE

Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères Jacques Chirac « Nous avons eu raison de nous engager et d’aller jusqu’au bout » et Lionel Jospin Le ministre se félicite de la façon dont les diplomaties occidentales se sont coordonnées et mobilisées tirent ensemble depuis le début du conflit et avant même le lancement de l’opération aérienne de l’OTAN les leçons Livrant au Monde ses premières impressions étrangères, Hubert Védrine explique que le ré- eu des conséquences plus graves. Il s’explique le régime de Slobodan Milosevic malgré les alors que prend fin l’intervention de l’OTAN en sultat obtenu la justifie pleinement. Il estime sur les raisons qui selon lui ont conduit les Oc- guerres en Croatie et en Bosnie et appelle de Yougoslavie, le ministre français des affaires qu’une intervention terrestre au Kosovo aurait cidentaux à n’intervenir que tardivement contre ses vœux une démocratisation de la Serbie. de la guerre « Au terme de l’intervention contraire, la détermination culpés, encore que je n’ai pas les maîtriser la déflagration de l’ex- ANTICIPANT de quelques militaire occidentale en Yougo- commune aux Européens, aux moyens d’en juger. Cela dit, les Yougoslavie et les politiques into- heures l’accord entre forces mili- slavie, quelle est votre première Américains et même aux Russes, Serbes avaient commencé à accep- lérables qu’elle a fait proliférer taires sur le terrain, Jacques Chirac appréciation globale ? hormis l’épisode des frappes, d’ar- ter « les principes du G 8 » déjà huit était d’exercer des pressions et Lionel Jospin ont profité du – Ma conviction première est river ensemble à une solution. jours avant. Donc les inculpations conjointes sur tous les protago- conseil des ministres, mercredi que nous avons eu raison de nous Cette crise a fonctionné comme un n’ont pas déclenché l’acceptation. nistes. 9 juin, pour tirer leurs premières engager. Dans quelle situation po- accélérateur de la modernisation En revanche on ne peut pas dire – Cela n’a pas marché tant leçons du conflit du Kosovo. Et il y litique et morale serions-nous si des diplomaties, en les « déca- que ces inculpations aient cassé le qu’on ne s’est pas résolu tardive- a eu, selon les témoins, beaucoup nous ne l’avions pas fait, si nous pant », en achevant de les débar- mouvement. Il faut maintenant se ment à une intervention mili- de prévenance, une grande harmo- avions cru pouvoir nous en désin- rasser de tout formalisme (la co- demander si elles auront un effet à taire, que la France refusait de- nie de pensée, aussi, entre les deux téresser ? Pire encore : si la France présidence franco-britannique), en terme. J’ai tendance à le penser. puis le début... hommes. s’était tenue à l’écart de ce vaste gommant les susceptibilités natio- – Ces inculpations n’im- – Aucun pays n’y était prêt. Et Intervenant après les exposés élan visant à mettre en Europe un nales toujours nuisibles, en intensi- pliquent-elles pas des obliga- même pour les « simples » opéra- factuels d’Hubert Védrine, mi- terme à ces pratiques ? Certains HUBERT VÉDRINE fiant encore les contacts person- tions pour les Occidentaux ? Mi- tions de maintien de la paix, il n’y nistre des affaires étrangères, et l’ont suggéré. Nous avons eu rai- nels et le travail en commun des losevic ne sera-t-il jamais jugé ? avait guère d’empressement. La d’Alain Richard, ministre de la dé- son, tout en nous expliquant sans kans, nous n’y pouvons rien, ou ministres des affaires étrangères – Cela dépend des Serbes, plus France était le premier contribu- fense, M. Jospin s’est lancé le pre- relâche de persévérer et d’aller jus- bien, dès lors que l’on ne tolère – bien sûr, c’est leur fonction –, encore que du Tribunal ou de teur. De plus, sans unité de vues mier. « La sortie du conflit nous sa- qu’au bout. Cela dit, nous avons plus ces pratiques en Europe, est- mais aussi des chefs d’Etat, des nous. Nous avons des obligations sur la solution à imposer, la force tisfait », a-t-il dit, jugeant encore devant nous un travail ce qu’on fait ce qu’il faut pour y premiers ministres, des ministres en ce qui concerne les inculpés s’ils n’est pas efficace. Il y a d’ailleurs notamment que « le retour des Ko- énorme et compliqué, dans des mettre un terme ? de la défense, des chefs d’état-ma- se trouvent sur le territoire de pays eu des bombardements sur les bat- sovars s’effectue aux conditions conditions périlleuses. Le règle- – Mais vous étiez personnelle- jor. Nous veillerons à ce que cette reconnaissant la compétence du teries serbes autour de Sarajvo en fixées par la communauté interna- ment que les Serbes auraient pu ment hostile à une intervention cohésion soit préservée dans la Tribunal et coopérant avec lui, 1994, en 1995 des actions militaires tionale ». Le premier ministre a ap- accepter à Rambouillet a dû leur militaire. mise en œuvre. comme la France le fait. Ce qui plus fortes, puis Dayton. Quoi qu’il porté deux précisions : d’abord, a- être imposé. Qu’est-ce qui l’empor- – Dès le début, nous nous étions – A l’heure du bilan, ne doit-on pourrait arriver de mieux pour en soit, vous avez pu constater t-il assuré, « je n’ai jamais été favo- tera chez eux, de l’humiliation na- engagés avec la volonté d’aboutir. pas reconnaître que la stratégie l’avenir de la Serbie, c’est que les que, dans l’affaire du Kosovo, le rable à une intervention terrestre, je tionale qui pourrait alimenter une Personne ne parlait à l’origine militaire retenue n’était pas événements actuels produisent en président, le premier ministre et le ne l’ai jamais envisagée » ; puis, a-t- détestation du monde extérieur ou d’une intervention militaire, mais adaptée à l’objectif premier, qui Serbie un choc salutaire, que les gouvernement ont tiré des leçons il enchaîné, « aucune des forma- du choc salutaire qui peut révéler je voudrais rappeler que dès la pre- était d’arrêter l’exode forcé des Serbes réalisent que leurs légitimes de ce passé. D’une certaine façon, tions politiques représentées à l’As- combien l’ultranationalisme et la mière réunion du groupe de Kosovars ? intérêts ne peuvent plus être dé- il s’agissait aussi, avec les autorités semblée nationale n’a contesté la politique de Milosevic auront été contact le 9 mars 1998, nous avons – Fin mars, quand on a constaté fendus par les procédés qu’a em- de Belgrade, de solder ces huit an- responsabilité de M. Milosevic dans un désastre ? Nous allons tout faire réfléchi au « bâton » autant qu’à la lors de la réunion de l’avenue Klé- ployés ce régime, qu’une refonda- nées et, avec l’Europe, d’ouvrir un ce conflit, même si des différences se pour que ce soit cette hypothèse « carotte ». Dans ces réunions, ber que les Serbes revenaient sur tion démocratique soit imposée nouveau chapitre. sont exprimées sur la sortie de qui l’emporte et crée une nouvelle nous avons discuté sanctions et, les engagements donnés à Ram- par la population. Le changement – Pour l’avenir, peut-on ex- crise ». pensée serbe démocratique et pa- compte tenu des atrocités qui se bouillet, qu’on ne pouvait plus rien qui en découlerait serait alors so- clure pour longtemps la Serbie Une manière, pour M. Jospin, de cifique. De l’autre côté, l’UCK a fi- produisaient déjà, menace d’em- faire, plus négocier sur rien, la lide et durable. des plans de reconstruction, du minimiser les divergences au sein nalement accepté notre plan mais ploi de la force. Or ces menaces conclusion inévitable et l’objectif – Mais pourquoi n’est-on pas projet d’intégration de toute une de la gauche « plurielle ». Consen- les Kosovars restent divisés. Nous m’étaient apparues à la fois vagues premier a été de donner un coup intervenu contre Milosevic il y a région ? suel enfin, il a souligné le rôle du agissons pour que le retour des ré- et disproportionnées, et donc non d’arrêt à la politique poursuivie six ou sept ans ? – Depuis longtemps, nous pen- président de la République durant fugiés débute au plus tôt, mais il crédibles. Mon homologue britan- deppuis huit ans. La stratégie arrê- – Vaste question ! Pour que, dès sons que l’Europe doit avoir une cette séquence, rappelé le travail faut être réaliste : il s’échelonnera nique et moi avons alors demandé tée à l’OTAN, après réflexion et 1990 ou 1991, une politique collec- politique ambitieuse et globale gouvernemental, félicité enfin le sur une période longue. au début de l’été 1998 que ces examen, était adaptée à cet objec- tive de prévention ou d’interven- pour les Balkans. la présidence al- général Kelche, chef d’état-major, » Nous sommes au terme de études soient affinées, précisées et tif, on l’a vérifié depuis. Aucun des tion se mette en place, il aurait fal- lemande vient de résumer très uti- par l’intermédiaire duquel «la l’emploi de la force par lequel il a donc crédibilisées. Nous avons eu dix-neuf gouvernements de l’al- lu que dès la mort de Tito en 1980, lement la quinzaine d’initiatives France a exercé effectivement un fallu passer en raison des exactions raison de rester constamment mo- liance n’a demandé une stratégie en tout cas deux ou trois ans avant déjà présentées, ce qui nous a per- droit de contrôle et d’autorisation et de l’obstruction des autorités de bilisés, de décider le « forcing diplo- différente, terrestre. C’était 1991, toutes les puissances concer- mis d’adopter un projet de pacte sur telle ou telle cible, pour telle ou Belgrade, mais nous ne sommes matique » qui a conduit à Ram- évident. Ce n’est que plus tard, nées soient mobilisées sur ce seul de stabilité et le principe d’une telle frappe ». pas au terme de la question du Ko- bouillet. Rambouillet, idée pendant des moments d’impa- sujet et soient déjà d’accord sur les conférence pour les Balkans. L’ob- M. Chirac s’est exprimé, ensuite, sovo ou de celle des Balkans ! Il française, comme beaucoup tience, qu’est apparue l’idée non buts et moyens. Cela n’a pas été le jectif étant résumé par ma formule à partir de quelques notes et, n’est pas trop tôt pour avoir un re- d’autres tout au long de cette crise. pas que la stratégie retenue n’était cas. Rappelez-vous les années 80 : « européaniser les Balkans ». Mais contrairement à l’usage, ses pro- gard rétrospectif. Pour ma part, Pour la légitimité de notre action pas adaptée, mais qu’elle pourrait euromissiles, Liban, Proche-Orient, entre le Kosovo et les Balkans, il y pos n’ont pas été rendus publics mon action diplomatique a ultérieure, pour la compréhension ne pas suffire. Débat aujourd’hui relance européenne, guerre des a la Yougoslavie. C’est bien sûr une après la réunion du conseil. Le pré- commencé en novembre 1997 et l’adhésion des opinions, il est depassé. Quant à l’exode forcé, étoiles, changement à Moscou et à Yougoslavie démocratique et paci- sident de la République a évoqué lorsque, avec Klaus Kinkel, très très important que nous ayons fait s’ajoutant aux exactions anté- l’Est, réunification allemande, etc. fique que nous voulons pleinement « une guerre désintéressée », menée sensibilisé à la question du Kosovo cette démonstration de notre vo- rieures, il n’a fait que confirmer En 1991, l’Allemagne voulait re- intégrer dans un projet européen par « les démocraties qui ont dit par le biais de la présence en Alle- lonté et de notre disponibilité. qu’il était justifié d’employer les connaître les indépendances de la et réinsérer dans la communauté non à l’inadmissible ». « Nous en- magne de nombreux réfugiés, nous D’ailleurs, plusieurs éléments clefs grands moyens contre un régime Croatie et de la Bosnie, mal prépa- internationale. Mais il n’est pas trons peut-être dans un nouveau avons décidé de nous mobiliser en de Rambouillet ont été repris par capable de tels actes. rées et jugées explosives par le Pré- question non plus de laisser se monde, où les droits de l’homme de- allant à Belgrade. Cela a été en- les alliés, par le G 8, puis dans la ré- – Les inculpations lancées par sident Bush, John Major, Felipe créer une impasse à l’irakienne. viennent centraux », a-t-il observé. suite, pour moi, un engagement solution du Conseil. le TPIY vous semblent-elles Gonzalez, François Mitterrand, etc. C’est une question délicate dont Cette dernière période lui paraît constant. Je crois que nous avons » Autre impression : alors que avoir joué un rôle déterminant Il y a eu tâtonnement jusqu’à la nous allons parler sans tarder avec également avoir modelé assez pro- eu raison au tout début, quand la certains ont affirmé que les Améri- dans l’acceptation du plan de création du Groupe de contact en nos partenaires. » fondément le paysage géopoli- question se posait dans une simpli- cains avaient imposé leur volonté, paix par Milosevic ? 1994, date à laquelle l’Europe, les tique. « Notre vision d’un monde cité biblique : est-ce que l’on consi- ce qui est frappant c’est, au – Elles ont certainement eu un Etats-Unis et la Russie ont enfin Propos recueillis par multipolaire se trouve confortée », a dère que, parce que ce sont les Bal- impact psychologique sur les in- compris que la seule chance de Claire Tréan jugé le président. Cela résulterait à la fois d’une « intégration complète de la Russie » dans l’arrangement diplomatique et de la capacité de Malgré la satisfaction, la prudence reste de mise à Washington l’Europe, durant cette crise, à tenir tête aux Etats-Unis. NEW YORK de presse, montre à quel point devraient suivre très rapidement : M. Clinton. Le président américain ment d’une reprise des frappes aé- « Nous n’avons pas suivi les Amé- de notre correspondante l’administration américaine reste la suspension des frappes aé- en profite d’ailleurs, au passage, riennes si les Serbes ne respectent ricains », a répété M. Chirac, qui a Prudence est restée le maître sur ses gardes avec Belgrade. riennes de l’OTAN, l’adoption de pour enfoncer une fois de plus le pas le calendrier ou les modalités insisté, au contraire, sur le rôle mot, mercredi soir 9 juin à Was- L’agence Associated Press annon- la résolution par le Conseil de sé- clou sur le commandement de la agréées du retrait, M. Berger a pré- prépondérant joué par la France, hington, après l’annonce d’un ac- çait en fin de soirée que le pré- curité de l’ONU et le déploiement KFOR, « une force de sécurité na- cisé qu’il existait un délai pour le selon lui, dans la recherche d’une cord à Kumanovo entre les mili- sident s’adresserait formellement de la KFOR. Les responsables amé- tionale (with NATO at its core), ce retrait, mais pas un calendrier solution politique. « Les négocia- taires serbes et ceux de l’OTAN. au pays jeudi soir, à la faveur d’une ricains ne cessent de souligner que qui veut dire une chaîne de fixe : « La suspension des frappes tions de Rambouillet et de Kléber se Dans un bref communiqué, le pré- allocution télévisée depuis le bu- les forces de l’OTAN déjà dé- commandement unifié OTAN ». n’est pas basée sur la pendule mais sont déroulées sur des positions sident Clinton a qualifié cet accord reau ovale, c’est-à-dire lorsque le ployées tout près du Kosovo sont Le conseiller du président pour sur le mouvement de retrait. » Le françaises », a-t-il assuré, revenant de « pas important supplémen- « début vérifiable du retrait » des prêtes à y pénétrer, afin d’éviter la sécurité nationale, Sandy Ber- conseiller à la sécurité nationale a aussi longuement sur le sommet taire » vers la réalisation des ob- forces serbes aura été effectif. tout vide entre le départ des forces ger, a indiqué pour sa part que la par ailleurs émis le souhait que les de l’OTAN, à Washington, fin avril, jectifs de l’OTAN dans ce conflit serbes et l’entrée de la KFOR, et le division du Kosovo en trois zones réfugiés attendent encore dans les au cours duquel fut réaffirmée la mais a souligné que les Etats-Unis SUSPENSION DES FRAPPES communiqué de la Maison pour l’organisation du retrait camps pour laisser le temps à la prédominance de l’ONU sur « et leurs alliés seraient particulière- Au cours d’un briefing au Penta- Blanche montre bien que les Amé- serbe avait aussi pour but de KFOR de se déployer ; « Il faut éta- l’OTAN dans le règlement des ment attentifs à ce que les forces gone, le secrétaire à la défense, ricains ne s’attendent pas exclusi- « permettre aux forces dirigées par blir des voies claires de transit, les crises internationales. « Ce sont des serbes quittent le Kosovo pacifique- William Cohen, a estimé que, « si vement à des difficultés avec les l’OTAN d’entrer au Kosovo au fur et Serbes laissent beaucoup de mines succès de la diplomatie française », ment et en respectant le calendrier les Serbes honorent ce qu’ils ont si- Serbes : « Nous avons dit claire- à mesure que les Serbes se re- derrière eux, nous espérons que le a conclu M. Chirac, qui a tenu ainsi agréé ». gné, ce sera la fin des massacres et ment aux dirigeants de l’Armée de tirent ». Le déploiement des retour puisse se faire de manière or- à faire connaître aux ministres sa Le fait que M. Clinton se soit le début de la paix ». Une fois le dé- libération du Kosovo que nous nous troupes de l’OTAN, a dit M. Ber- donnée. » satisfaction personnelle. contenté de cette déclaration la- but du retrait vérifié, a-t-il expli- attendons à ce qu’ils ne troublent ger, se fera dans « les jours qui conique, diffusée par son service qué, les autres éléments du plan pas le retrait serbe », précise viennent ». Réitérant l’avertisse- Sylvie Kauffmann Jean-Michel Aphatie LeMonde Job: WMQ1106--0005-0 WAS LMQ1106-5 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 11:00 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 15Fap: 100 No: 0383 Lcp: 700 CMYK

L’OTAN ET LA SERBIE LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 / 5 Les ONG suivront les militaires La police d’Ankara décapitée après une affaire d’écoutes téléphoniques dans un Kosovo divisé en sept zones humanitaires ANKARA. Les principaux responsables de la police ankariote ont été sus- pendus à la suite d’un scandale aux écoutes téléphoniques visant la pré- sidence et le premier ministre, a annoncé le 8 juin le ministre de l’intérieur Sadettin Tantan. La presse turque avait fait éclater le scandale en affir- La première aide sera distribuée aux personnes déplacées à l’intérieur de la province mant que le service des renseignements de la police avait mis sur écoute la présidence, le bureau et le domicile du premier ministre Bülent Ecevit, Les convois militaires français sont prêts à ache- placées à l’intérieur du Kosovo. Le HCR va ouvrir humanitaires, chacune confiée à une ONG chef l’état-major général de l’armée, des hommes d’affaire et journalistes in- miner de l’aide alimentaire et des équipements des bureaux de liaison avec la KFOR dans les de file. Plus de 400 000 réfugiés devraient avoir fluents. Onze policiers ont été suspendus, dont le chef de la police d’An- de soins pour venir en aide aux personnes dé- grandes villes et diviser le Kosovo en sept zones repris le chemin du Kosovo d’ici à septembre. kara, le chef du département du renseignement et celui du département antiterroriste. Une enquête a été ouverte. – (AFP.) LE RETOUR en toute sécurité des Mitrovica, Gnjilane, Djakovica, éclaireur. Mme Sadako Ogata, haut- mercredi soir au Quai d’Orsay. Le quelque 950 000 réfugiés du Kosovo Urosevac et Prizren). Pour per- commissaire de l’ONU, explique, Jour J, les militaires français fran- est un des objectifs prioritaires des mettre une coordination efficace dans un entretien au Figaro, qu’elle chissent la frontière. Ils emportent Le ministre pakistanais des affaires autorités internationales. Ce n’est des actions humanitaires, chacune s’attend à ce que plus de 400 000 dans leurs convois 25 tonnes d’aide toutefois qu’à J + 5, au plus tôt, que de ces zones devrait être confiée à personnes aient repris le chemin du alimentaire, de la nourriture pour les organisations humanitaires de- une ONG qui serait le chef de file Kosovo d’ici à septembre. bébés notamment, de la farine, des étrangères se rend en Inde vraient être autorisées à pénétrer à des autres organisations présentes Lorsque les convois militaires pé- denrées de première nécessité. Mais leur tour au Kosovo, selon le calen- sur place. nétreront au Kosovo dans les jours également quatre stations d’épura- NEW DELHI. C’est sans illusions sur une éventuelle solution aux violents drier préliminaire défini par le qui viennent, ce sont très certaine- tion d’eau pour faire face à la pénu- combats qui se déroulent depuis un mois sur les hauteurs du Cachemire Haut-Commissariat des Nations SITUATION DRAMATIQUE ment aux personnes déplacées rie d’eau potable consécutive à la indien que New Delhi attend, samedi 12 juin, la visite du ministre pakista- unies pour les réfugiés (HCR). Se- Le problème que devra gérer le qu’ils devront porter secours en destruction des puits, quatre nais des affaires étrangères, Sartaj Aziz. Les entretiens seront limités à une lon nos informations, l’institution HCR, en liaison avec les organisa- premier. Personne ne sait exacte- groupes électrogènes et un poste journée, le chef de la diplomatie indienne débutant dimanche une visite de devrait tout d’abord rouvrir ses tions humanitaires, sera ensuite de ment le nombre ni l’état de la popu- médical avancé (PMA) qui permet quarante-huit heures à Pékin, la première depuis les essais nucléaires quatre bureaux existants avant le canaliser le retour des réfugiés ac- lation restée dans la province you- d’intervenir pour de la chirurgie de de mai 1998, violemment critiqués par la Chine. Prévue de longue date début des frappes (Pristina, Prizren, tuellement dans les camps albanais goslave, mais les experts français première urgence et des soins. cette visite a toutefois suffisamment inquiété Islamabad pour que Sartaj Pec et Mitrovica). Elle devrait égale- et macédoniens ou dans les familles s’attendent à trouver une situation Dans les jours qui suivent, une Aziz décide d’effectuer vendredi un aller-retour en Chine pour expliquer la ment ouvrir des bureaux de liaison d’accueil. Le préalable théorique est dramatique. équipe d’évaluation des besoins de version pakistanaise des événements du Cachemire. Allié d’Islamabad, Pé- avec la KFOR dans chacune des leur identification puisque les Depuis des semaines, la cellule de deux ou trois personnes de la cel- kin s’est jusqu’à maintenant contenté d’appeler les deux pays à la retenue. zones militaires et être présente aux Serbes les ont dépossédés de toute crise humanitaire du ministère des lule d’urgence du Quai d’Orsay sera Sur le terrain les violents duels d’artillerie se poursuivent et l’aviation in- principaux points d’entrée des réfu- pièce d’identité. Cette opération se- affaires étrangères, en liaison avec dépêchée sur place avec du matériel dienne continue ses bombardements en appui des troupes au sol. Le pre- giés au Kosovo, qui sont, selon les rait déjà pratiquement terminée en les personnels restés en Albanie et supplémentaire et se dirigera vers la mier ministre indien, Atal Bihari Vajpayee, devrait visiter dimanche la zone professionnels de l’humanitaire, gé- Macédoine, selon des témoignages en Macédoine, prépare l’entrée au zone confiée aux militaires français, des opérations dans laquelle des renforts affluent chaque jour. – (Corresp.) néralement les mêmes que ceux par sur place. En revanche, le travail Kosovo. En liaison avec le HCR, les dans le nord à Mitrovica. Elle sera lesquels ils ont fui la province. semble traîner en Albanie. Cette séquences d’intervention ont été af- chargée de repérer la population, Aux termes du « plan de retour population attendra-t-elle la fin de finées au fil des jours. Selon les ex- d’évaluer les besoins, de trans- Indonésie : la lenteur des réfugiés à long terme » défini par ce recensement pour retraverser la perts français, le déploiement des mettre à Paris la photographie l’organisation, le Kosovo serait dé- frontière ? Rien n’est moins sûr. Les équipes humanitaires françaises de- exacte de la situation et de mobili- coupé en sept grandes zones huma- réfugiés, anxieux de constater l’état vrait s’organiser en trois temps, se- ser les aides. du dépouillement inquiète nitaires, correspondant aux grandes de leurs maisons, pourraient dépê- lon les conclusions d’une réunion villes de la province (Pristina, Pec, cher un membre de leur famille en de la cellule de crise qui s’est tenue Babette Stern les observateurs occidentaux DJAKARTA. Quarante-huit heures après le déroulement du scrutin, seu- Belgrade impose un blocus humanitaire aux réfugiés de la « Riviera » monténégrine lement 4,4 % des bulletins de vote avaient été officiellement dépouillés mercredi 9 juin en fin de soirée. John Gwyn Morgan, chef des observa- ULCINJ (Monténégro) Cet ancien terrain de camping, prévu pour « Les autorités sanitaires du Monténégro sont teurs de l’Union européenne, a exprimé son « extrême préoccupation » et de notre envoyé spécial 2 500 occupants, a vu sa population réfugiée démunies de films négatifs pour les radiogra- l’ex-président Jimmy Carter, qui dirige un groupe d’observateurs améri- Au camp Neptune, tout comme dans le reste doubler dans la quinzaine de jours écoulée et phies, d’antibiotiques et de médicaments pour cains, a déclaré que la lenteur du dépouillement, si elle persistait, « pour- du Monténégro, il n’y a plus assez de tentes approcher aujourd’hui les 4 700 personnes. Le cardiaques », ajoute Pierre Picot, spécialisé rait déboucher sur la confusion et sur des tensions. » Les officiels, pour leur pour abriter les familles qui continuent de fuir camp donne une impression de bricolage, très dans le transport humanitaire, qui s’est vu part, affirment que seules des « raisons techniques » expliquent les retards le Kosovo. Ibrahim Ganshi, le responsable al- loin des camps de Macédoine ou d’Albanie, qui confier par le ministère de la santé à Podgorica pris dans le compte des voix. Le Jakarta Post a rapporté mercredi que le banophone de ce camp installé sur la Riviera ont bénéficié de la logistique de l’OTAN et ont une liste d’une quarantaine de matériels et mé- Golkar, parti au pouvoir, avait repris du terrain par rapport au Parti dé- monténégrine, fait le décompte : « Nous avons ouvert leurs portes aux humanitaires. Sa situa- dicaments faisant aussi défaut dans le pays. mocratique indonésien de Megawati Sukarnoputri (PDI-P), largement en 498 toiles de tentes et 61 caravanes. Les organisa- tion est semblable à celle des autres camps de « Nous devons faire des paris incertains sur les tête selon les tout premiers résultats. Le décompte de 7 % des bulletins tions humanitaires n’arrivent pas à en obtenir la région d’Ulcinj, qui a reçu la plus grosse part chances de franchir les frontières, s’inquiète en- donnerait, selon le quotidien, le Golkar en deuxième position (avec davantage ». Cela fera bientôt un mois que des quelque 69 700 Kosovars (selon les estima- core Robert Breen. A chaque fois qu’un charge- 1,8 million de voix) derrière le PDI-P (3 millions de voix) et devant le Parti l’armée de Belgrade interdit le passage des tions du HCR, jeudi 10 juin, installés au Mon- ment est bloqué ou confisqué, la confiance des du réveil national (PKB, 1 million), principal allié du PDI-P. – (Corresp.) convois humanitaires aux frontières de ce petit ténégro depuis le début des bombardements. donateurs risque d’être érodée ». pays qui, défiant le régime de M. Milosevic, de- Quatre convois du HCR ont cependant pu DÉPÊCHES meure toutefois uni à la Serbie au sein de la « PARIS INCERTAINS » passer en provenance de Belgrade, où l’orga- a ALGÉRIE : dans sa dernière lettre d’information, El Ribat, publiée République fédérale de Yougoslavie (RFY). Empêchés de franchir la frontière avec la nisme des Nations unies disposait de son prin- mercredi 9 juin en Europe, l’ex-Front islamique du salut (FIS) a approuvé « Nous avons désespérément besoin de toiles de Croatie par l’armée yougoslave, des charge- cipal entrepôt dans la région. La difficulté a été l’accord de paix conclu entre sa branche armée, l’Armée islamique du sa- tentes pour les déplacés du Kosovo, mais aussi de ments de médicaments pour cardiaques et de convaincre le régime de M. Milosovic que lut (AIS), et le gouvernement dans lequel il voit « une initiative en faveur médicaments et d’aliments de base », renchérit pour diabétiques sont ainsi bloqués depuis un l’ONU respecte un certain équilibre de l’assis- du rétablissement de la paix et de la stabilité ». Mais le FIS, qui fut le princi- le responsable du Haut-Commissariat des Na- mois à Dubrovnik. Leur absence a, selon tance alimentaire entre les déplacés albano- pal groupe d’opposition avant d’être interdit il y a sept ans, peu après tions unies pour les réfugiés (HCR) au Monté- MDM, provoqué des décès prématurés chez phones et ceux, serbes, de Bosnie ou de l’annulation d’élections législatives qu’il était en passe de gagner, exhorte négro, Robert Breen. des Kosovars atteints de ces pathologies. Des Croatie. le président Abdelaziz Bouteflika à autoriser ses membres à reprendre En rupture de stocks, les organisations non médicaments pour enfants envoyés par l’Uni- Dans cet état de pénurie organisée, le une activité politique. – (Reuters.) gouvernementales peinent à fournir le mini- cef s’entassent également dans des entrepôts spectre d’un prochain retrait des troupes you- a TURQUIE : la Turquie a protesté auprès du gouvernement français mum nécessaire aux réfugiés. « Le blocus hu- croates. Deux mille tentes ont dû être réexpé- goslaves du Kosovo, via le Monténégro, accroît contre l’inauguration à (est) d’une stèle commémorant le géno- manitaire paralyse toutes les ONG présentes au diées vers Sarajevo. S’il reste du savon, les les difficultés. Il conduit les responsables hu- cide arménien, a indiqué mardi 8 juin le ministère turc des affaires étran- Monténégro », explique Anne Dutronc, de Mé- stocks de shampooing, de serviettes périodi- manitaires à envisager le transfert de plusieurs gères. Dans un communiqué, le ministère souligne que « l’inauguration decins du Monde (MDM). « A Neptune, par ques et de couches ont été épuisés par les milliers de Kosovars, demeurés à proximité de du monument du prétendu génocide arménien encourage l’hostilité envers la exemple, nous ne disposons pas des toilettes qu’il ONG. Action internationale contre la faim cette frontière – à risques – avec le Kosovo, Turquie et les Turcs et vise à endommager les relations bilatérales ». Une faudrait installer. La semaine dernière, chacune (AICF) a distribué ses provisions de nourriture vers les camps déjà débordés de la région d’Ul- stèle commémorative du génocide arménien a été inaugurée samedi des tentes du camp a connu au moins un cas de et s’approvisionne désormais sur les marchés cinj. 5 juin dans un parc de la ville de Grenoble en présence d’Edvard Nalban- diarrhée, à cause d’un robinet situé à proximité locaux, qui n’assurent pas l’équilibre alimen- dian, ambassadeur d’Arménie en France, et de Michel Destot (PS), député immédiate de détritus. » taire des réfugiés. Erich Inciyan et maire de la ville. – (AFP.) L’hôpital de l’UCK à Krumë : « le plus moderne d’Albanie » Une fondation norvégienne a financé l’équipement de l’établissement, inauguré il y a deux semaines

KRUMË (Albanie) depuis l’ouverture de l’hôpital il y a les voir ? « La visite de l’hôpital chaussé de rangers. Halil Ukperaj de notre envoyé spécial deux semaines. La plupart d’entre pour les journalistes est interdite par ne se souvient plus du nom du mé- « C’est l’hôpital le plus moderne eux ont marché sur des mines ou le ministre de la défense du gouver- decin qui l’a soigné. Cet agriculteur d’Albanie et le symbole de notre mo- ont été touchés par des éclats nement provisoire du Kosovo », a été touché aux jambes, samedi dernisation », affirme fièrement le d’obus serbes dans les montagnes nous réplique-t-il, le regard dissi- 5 juin, par les éclats d’un obus toutes proches de Pashtrik. Sept mulé derrière les verres teintés de serbe tombé dans le pâturage où il REPORTAGE d’entre eux, sérieusement blessés, ses fausses Ray Ban. « Il ne faut pas gardait ses vaches. Récupéré par ont été évacués, dimanche, par un « C’est un établissement dire où l’hôpital se trouve exacte- des combattants de l’UCK, il a été hélicoptère du Comité internatio- ment, indique-t-il, l’air mystérieux. transféré à « l’hôpital militaire » où militaire, mais nal de la Croix-Rouge. Les Serbes pourraient le prendre il a été soigné. nous recevons Sur le portail d’entrée de « l’hô- pour cible ». « Secret de poli- Depuis dimanche soir, il se re- aussi des civils » pital militaire », comme l’appellent chinelle », rigole un observateur de pose, encore vêtu de ses habits les habitants, flottent deux dra- l’Organisation pour la sécurité et la sans âge de paysan, sur l’une des peaux : l’un, rouge frappé d’un coopération en Europe (OSCE), 36 « paillasses » de « l’hôpital rural docteur Hysni Hoxha. Un hôpital aigle noir à deux têtes, est celui de présent dans le village. La presse de troisième catégorie de Krumë » albanais un peu particulier. Installé l’Etat albanais. Le second, plus locale avait couvert l’inauguration en charge des 28 000 habitants du dans les locaux de l’école cora- inattendu dans ce fief de l’UCK, de cet établissement il y a deux se- district. Un vieux bout de pain nique d’une mosquée, l’établisse- écrasé de chaleur, est celui de la maines et le gouvernement de Ti- traîne sur le rebord de ce qui fut ment est contrôlé par l’Armée de Norvège. « Cet hôpital est une do- rana avait envoyé son vice-mi- une table de chevet. Un cafard libération du Kosovo (UCK) qui y nation du gouvernement norvégien nistre de la santé. échappe au coup de serpillière soigne ses blessés et dont les à une organisation humanitaire al- d’une femme de salle attelée à hommes en noir de la « police mili- bano-kosovare [Help for Kosovo] », APPAREILS MODERNES mouiller d’une eau noirâtre le sol taire » filtrent les accès. « Visites nous confirme un diplomate nor- L’une des portes d’entrée de de l’établissement. Pas un médica- autorisées de 13 à 14 heures », an- végien, joint à Tirana par télé- l’établissement est ornée du por- ment n’est visible. nonce une affiche écrite à la main phone. Un don de 2 millions de trait d’Adem Jashari – barbe poivre Au travers d’une vitre brisée, le collée à l’entrée. Mais pour pou- deutschemarks (1 million d’euros) et sel de patriarche, fusil-mitrail- directeur de l’hôpital, Kadri Ngjeçi voir pénétrer, il faut montrer patte en équipements a été mis en place leur en bandoulière, poitrail barré désigne l’impact d’un autre tir de blanche, en clair, mieux vaut porter avec l’assistance de la fondation de cartouchières – « martyr » de l’artillerie serbe, tombé dans un l’uniforme de l’UCK, comme le norvégienne Norwak, spécialisée l’UCK dont la mort, les armes à la champ à 100 mètre de là. « C’est docteur Hoxha, anesthésiste-réa- dans la gestion des crises et des si- main avec une vingtaine de juste à côté de l’ancien quartier gé- nimateur qui a quitté l’Allemagne, tuations de guerre. membres de son clan, en mars 1998 néral de l’UCK à Krumë », précise- il y a un an, pour endosser le treillis « L’hôpital est censé soigner au- dans la Drenica (centre du Koso- t-il d’un ton neutre. Faut-il y voir camouflé de la guérilla et devenir tant de blessés civils que de combat- vo), est devenu un des mythes fon- une relation de cause à effet ? «Je le « coordinateur des établissements tants de l’Armée de libération du dateurs de l’UCK. Par l’entrebâille- n’en sais rien », affirme Kadri Ngje- hospitaliers albanais du Kosovo ». Kosovo », se défend le diplompate ment d’une porte, on aperçoit des ci. « Mais peut-être qu’en partant, L’UCK disposerait en Albanie de norvégien. Dans la pratique, il ré- appareils médicaux modernes. ils nous laisserons les équipements trois autres unités médicales mo- pond à des règles militaires. « C’est Deux médecins – blondeur scandi- de leur hôpital militaire », espère- biles, selon le docteur Hoxha. un établissement militaire, mais nave, gants de latex, blouses t-il. Une cinquantaine de combat- nous recevons aussi des civils », ex- vertes – s’affairent sur la jambe en- tants de l’UCK y ont été soignés plique le docteur Hoxha. Peut-on sanglantée d’un patient encore Christophe Châtelot LeMonde Job: WMQ1106--0006-0 WAS LMQ1106-6 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 10:36 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 15Fap: 100 No: 0384 Lcp: 700 CMYK

6 / LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 INTERNATIONAL Nelson Mandela préside Un ancien conseiller de Hassan II menace son dernier conseil des ministres PRETORIA. Nelson Mandela a présidé son dernier conseil des ministres, mercredi 9 juin, à Pretoria, sept jours avant de prendre sa retraite et de de révéler des informations compromettantes laisser sa place à son successeur Thabo Mbeki. L’ordre du jour était consacré à la transformation de l’administration présidentielle, qui va de- venir le cœur du pouvoir exécutif. Ces dernières années, M. Mandela Hicham Mandari aurait été mêlé à une opération visant à déstabiliser le roi du Maroc avait largement délégué ses pouvoirs à son vice-président, qui jouait le rôle de premier ministre. Un ancien conseiller du roi Hassan II, Hicham verte » au roi Hassan II dans laquelle il menace marque du souverain. M. Mandari aurait été M. Mbeki compte désormais utiliser pleinement tous les pouvoirs que lui Mandari, a publié, dimanche 6 juin dans les co- de rendre publiques des informations qui, selon mêlé à une affaire de chèques volés au roi dans donne la Constitution. Le chef du Congrès national africain (ANC), grand lonnes du Washington Post, une « lettre ou- lui, pourraient nuire gravement à l’image de son palais de Rabat au cours de l’été 1998. vainqueur des dernières élections générales du 2 juin, se trouvera à partir du 16 juin à la tête d’une « super-présidence de la République », accrue C’EST une « lettre ouverte » sulfu- menace à peine voilée. « Comprenez, sait beaucoup de choses. Familier du courant de l’été 1998, d’une douzaine de vingt personnes et absorbant la vice-présidence, qui était distincte reuse au roi Hassan II qu’a publiée, Majesté, écrit-il, que, pour ma défense palais, où il avait ses entrées et quel- de chèques en blanc appartenant au sous Nelson Mandela. La restructuration des services de la présidence dimanche 6 juin, dans les colonnes et celle de mes proches, j’ai préparé des ques obligés, il a eu l’occasion de roi. Les documents ont été dérobés doit accroître l’« efficacité » du gouvernement, a indiqué le révérend du Washington Post, sous forme de dossiers qui contiennent des informa- rendre de menus services au roi et au dans les appartements privés de Has- Frank Chikane, premier conseiller de M. Mbeki, qui devient directeur gé- publicité payante, Hicham Mandari, tions [...] dommageables pour votre prince héritier Sidi Mohamed. Et il a san II, au palais de Rabat. Quelques- néral de la présidence. – (AFP.) « conseiller spécial » du souverain image à travers le monde. » Faute mis à l’abri des papiers compromet- uns de ces chèques – tirés sur la marocain jusqu’à l’été dernier. Re- d’obtenir satisfaction, prévient-il, les tants pour Hassan II et son entou- Chase Manhattan Bank, la Société de cherché depuis bientôt un an par In- dossiers seront distribués aux séna- rage. Un bric-à-brac explosif où voi- banque suisse, la BNP...– ont été Le régime rwandais s’auto-prolonge terpol pour sa participation à une té- teurs et aux membres du Congrès sinent, selon Hicham Mandari, les remplis et présentés à l’encaissement nébreuse affaire de fausse monnaie, américain, aux députés européens numéros des comptes bancaires du au profit d’intermédiaires étrangers. le jeune homme, qui fait la navette ainsi qu’aux Lords britanniques. roi accompagnés de relevés, des in- Tous portaient sur des sommes im- de quatre ans entre les Etats-Unis et l’Amérique la- Cette supplique, conclut-il non sans formations précises sur les intérêts portantes (plusieurs millions de tine, affirme avoir été victime « d’in- une certaine mauvaise foi, ne doit économiques du monarque au Ma- francs). Le vol, commis à l’instigation KIGALI. La transition politique au Rwanda, qui devait se terminer le trigues et de machinations ». « Comme pas être perçue comme une « me- roc et à l’étranger, ainsi que des rap- de proches du souverain, devait, se- 19 juillet, sera prolongée de quatre ans, a décidé, mercredi 9 juin, le fo- vous le savez, moi et mes proches, écrit- nace », mais plutôt comme une ports confidentiels touchant des su- lon nos informations, financer une rum des partis politiques réunis à Kigali. La durée limite de cinq ans que il au roi, avons été accusés à tort [...] ; preuve de « l’urgence » de l’affaire et jets politiques sensibles où à des opération de déstabilisation de Has- s’était fixé le premier gouvernement d’unité nationale mis en place en certains des documents présentés de- de la « ferme résolution » de son au- affaires troubles liées à la monarchie. san II. Elle a échoué lorsque des 1994 après le génocide, devait permettre un retour de la démocratie dans vant nos cours [...] étaient basés sur des teur. Dans sa besace, l’ancien conseiller af- banques, intriguées de voir présenter le pays, l’élaboration d’une Constitution et l’organisation d’élections lé- mensonges. » Tout a été fait, pour- firme même détenir des informations à l’encaissement de grosses sommes, gislatives. Le forum des partis politiques rwandais nomme jusqu’à suit-il, pour « ternir ma réputation, PETITS ET GRANDS SECRETS sur le commerce de la drogue dans le ont alerté le secrétaire particulier du présent les membres du Parlement. celle de ma famille et des personnes à Conseillé par un cabinet d’avocats royaume et ses bénéficiaires. «Sa- roi, Abdelsettah Fredj, qui s’occupe Les différents partis politiques qui proposaient une prolongation de deux mon service », dont certaines, accuse- américain, Hicham Mandari a trans- chez, Majesté, écrit-il dans le Washing- de la gestion des biens de ce dernier. à cinq ans se sont finalement mis d’accord sur une durée de quatre ans. t-il, ont été torturées. mis à tous les sénateurs américains, ton Post, que le ministre de l’intérieur, Depuis, plusieurs personnes ont été Le Rwanda est de facto dirigé par le Front patriotique rwandais (FPR), au Aujourd’hui en sécurité à l’étran- accompagnée de quelques mots M. Basri, et le général Kadiri [le chef arrêtées dans le cadre de cette affaire pouvoir depuis la prise de Kigali en juillet 1994, dont le président, Paul ger et sa famille à l’abri, l’ancien d’explications et d’une demande des services secrets] savent ce que j’ai qui a alimenté la rumeur publique, Kagamé, est aussi vice-président et ministre de la défense. – (AFP, AP.) conseiller présente « respectueuse- d’aide, sa « lettre ouverte ». Celle-ci préparé. » alors que la presse marocaine n’en a ment » plusieurs demandes à Has- devait être publiée dans les mêmes Longuement entendu il y a quel- pas soufflé mot. AFRIQUE san II : la « grâce royale » pour ses termes en fin de semaine dans un ques mois par les services secrets Contacté par Le Monde mercredi a SÉNÉGAL : l’abbé Diamacoune Senghor, dirigeant politique du proches encore détenus dans le deuxième quotidien anglo-saxon américains, M. Mandari, selon nos 8 juin au sujet de la « lettre ouverte » MFDC, le Mouvement des forces démocratiques de Casamance, a lancé, royaume ; la levée du mandat d’arrêt puis dans un magazine arabe. informations, est recherché par les de M. Mandari, le ministre de l’inté- mercredi 9 juin, un nouvel appel à la paix et à l’ouverture de négociations lancé contre lui auprès d’Interpol sur Décidé à aller jusqu’au bout de sa Marocains non pas pour sa participa- rieur a confirmé en avoir eu connais- avec le gouvernement sénégalais. Il a aussi exclu de discuter d’une fédé- la base de « faux documents », enfin, démarche, l’ancien conseiller menace tion à un trafic de fausse monnaie, sance. Il n’a pas souhaité la com- ration entre la Casamance, la Gambie et la Guinée-Bissau voisines, ce la restitution de l’ensemble de ses donc de révéler les secrets, petits et mais parce qu’il est mêlé de près à menter. qu’avait proposé Nkrumah Sané, porte-parole en Europe des indépen- biens. grands, d’une monarchie qu’il a ser- une affaire plus embarrassante pour dantistes du MFDC. – (Reuters.) La requête s’accompagne d’une vie pendant des années. L’homme la monarchie. Il s’agit du vol, dans le Jean-Pierre Tuquoi Le Soudan compte sur la France pour sa réhabilitation internationale IL S’AGIT presque de retrouvailles. La visite briser un isolement qui avait culminé en 1996 le pays qui fait le mieux en la matière, mais je veux que le ministre des affaires étrangères soudanais, avec l’adoption par l’ONU de sanctions contre un que l’on reconnaisse qu’il y a des progrès. La situa- Moustafa Osman Ismaïl, a effectuée en France, régime accusé de soutenir le terrorisme interna- tion des droits de l’homme est forcément compli- mardi 8 et mercredi 9 juin, était en effet « la pre- tional (Le Monde du 8 juin). Après deux tournées quée dans un pays en guerre, en proie à des diffi- mière depuis dix ans ». Le ministre, qui distribue en Europe, en novembre puis en avril, le ministre cultés économiques et sociales. » En la matière, il volontiers à ses interlocuteurs des argumentaires soudanais des affaires étrangères a consacré une est vrai, Khartoum a fort à faire pour restaurer pour démonter les accusations de soutien au ter- nouvelle visite aux principales capitales euro- une image dégradée. rorisme international portées par les Etats-Unis péennes dans l’espoir de voir se renouer d’utiles Le Soudan reste par ailleurs un pays englué contre son pays, s’est notamment entretenu avec contacts. dans une interminable guerre civile. Les reports le ministre délégué à la coopération et à la fran- successifs des négociations entre le gouverne- cophonie, Charles Josselin. INTERMINABLE GUERRE CIVILE ment soudanais et les rebelles sudistes n’incitent Ce dernier, manifestement très sensible aux Moustafa Osman Ismaïl ne cache pas son sou- pas à l’optimisme. La nouvelle session, prévue en thèses défendues par Khartoum, a répondu posi- hait de voir cette normalisation porter ses fruits avril, puis pour juin, risque ainsi d’être renvoyée tivement aux demandes soudanaises en souhai- d’ici à la fin de l’année. L’aspect financier de cet au mois de juillet. Moustafa Osman Ismaïl rejette tant « la réintégration du Soudan au sein de la objectif n’est pas négligeable, « alors que l’Europe la responsabilité des échecs précédents sur les re- communauté internationale » et le « rétablisse- va discuter d’une nouvelle phase des accords de belles de l’Armée populaire de libération du Sou- ment de relations normales entre ce pays et l’Union Lomé ». L’activisme dont M. Josselin semble vou- dan (APLS) de John Garang. Mais le ministre européenne ». « Dans le cadre de l’Union, a ajouté loir faire preuve ne peut que le combler, même considère, pourtant, que les conditions sont au- M. Josselin, la France fera en sorte que les relations s’il n’est pas encore assuré que ce dernier puisse jourd’hui plus favorables. « L’APLS est plus libre soient renforcées, avec peut-être en perspective emporter la conviction de tous ses collègues eu- de ses choix que par le passé », explique-t-il. Au- l’adhésion du Soudan aux accords de Lomé » ; ac- ropéens. cune avancée spectaculaire ne serait cependant à cords qui prévoient une aide financière aux pays Selon le ministre des affaires étrangères souda- attendre de la réunion de juillet, si celle-ci a bien d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. nais, les efforts accomplis dans le domaine du lieu. Les récents succès diplomatiques engrangés respect des droits de l’homme valent ainsi qu’on auprès de ses voisins ont permis au Soudan de y prête attention. « Je ne dis pas que mon pays est Gilles Paris Ehoud Barak peine à constituer son gouvernement en Israël

JÉRUSALEM contraintes politiques ont rapide- Arieh Deri, talentueux politicien rencontré cette fois Yossi Sarid, le de notre correspondant ment mis fin à ses espoirs. Le Li- récemment condamné à quatre leader du , pour tenter de Ehoud Barak est en train d’ap- koud, formation de droite du pre- ans de prison pour corruption. trouver une sortie. M. Sarid ré- prendre – à ses dépens – les sub- mier ministre sortant, a été le Plusieurs responsables du Parti serve sa réponse, tout en laissant tilités du système électoral israé- premier à filer entre les doigts de travailliste font de sa mise à l’écart entendre que, si le Shass faisait lien. Bien qu’élu au suffrage M. Barak : il est dans un tel état de la condition sine qua non de la partie de la majorité, il s’abstien- majoritaire avec un score confor- désarroi politique que, déchiré participation du Shass au gouver- drait de rejoindre le gouverne- table de 56 % des voix, le nouveau entre ses faucons et ses colombes, nement. Le parti de la gauche ment tout en le soutenant de l’ex- premier ministre a les plus il ne parvient pas à prendre une laïque et intellectuelle, le Meretz – térieur. grandes difficultés à dégager une quelconque décision. Mardi 8 juin, « un partenaire naturel » selon Bref, chaque jour qui passe ré- majorité de gouvernement au sein le maire de Jérusalem, Ehoud Ol- M. Barak – qui dispose de dix dé- duit la marge de manœuvre de d’un Parlement élu, lui, à la pro- mert, a, en outre, annoncé qu’il putés, exige, lui, que le Shass soit M. Barak qui, selon la formule portionnelle intégrale et où onze était candidat à la direction du Li- purement et simplement écarté de d’un commentateur du journal Ye- des quinze partis qui le koud, contre Ariel Sharon, pré- la coalition, faute de quoi il refu- dioth Aharonoth n’en est plus dé- composent ne contrôlent guère sident intérimaire qui fait tout ce sera de faire partie du gouverne- sormais à se demander quel gou- plus de six sièges chacun ! C’est qu’il peut pour devenir président ment. Le parti Shinoui (six dépu- vernement est souhaitable, mais donc avec encore en place permanent sans avoir à subir le tés) qui a fait du combat quel gouvenement est possible. l’équipe sortante chargée d’expé- test d’une élection interne. La antireligieux son fond de Parti avec un potentiel majoritaire dier les affaires courantes que, le guerre de succession qui s’an- commerce, a une position iden- de quelque quatre-vingt-dix dépu- 7 juin, la nouvelle Knesset a solen- nonce ne devrait pas faciliter la tique. Autrement dit, M. Barak a tés, M. Barak, trois semaines plus nellement ouvert sa première ses- réintégration du Likoud dans le le choix entre les religieux du tard, en est à envisager un gouver- sion. M. Barak y affichait son ha- jeu politique. Shass (dix-sept députés) et leurs nement minoritaire qui devra né- bituel et désarmant sourire, adversaires les plus résolus (seize gocier au jour le jour sa survie. cachant ses difficultés par de cha- MARGE RÉDUITE députés). D’après la loi, il a jusqu’au 8 juillet leureuses poignées de mains gé- M. Barak s’est ensuite tourné Mercredi, dans l’après-midi, le pour parvenir à former son néreusement distribuées. vers le Shass, parti ultra-ortho- président Weizman qui, la se- équipe. Faute d’y arriver, les Israé- Le successeur de Benyamin Né- doxe des juifs orientaux qui, avec maine dernière, avait déjà ren- liens devraient retourner voter. tanyahou a pourtant de quoi s’in- ses dix-sept députés, constitue le contré le mentor spirituel du quiéter. Trois semaines après son troisième groupe parlementaire Shass, le rabbin Ovadia Yossef, a Georges Marion élection, et malgré son désir de de la nouvelle Knesset. Réputé boucler prestement le dossier, plutôt favorable au processus de M. Barak n’est toujours que pre- paix, sensible aux besoins sociaux mier ministre virtuel, chef d’un de ses membres majoritairement gouvernement encore à naître. de condition modeste, le Shass a Certes les longues tractations besoin de la proximité du pouvoir pour former le gouvernement pour gérer ses réseaux d’écoles re- sont, en Israël, monnaie courante. ligieuses, ses associations carita- Mais les Israéliens commencent à tives et, accessoirement, nourrir se dire que les difficultés qu’il ren- les milliers de responsables qui contre n’annoncent rien de bon. forment l’ossature du parti. De Convaincu qu’il lui fallait le sou- même qu’il a collaboré avec tien du plus grand nombre pour M. Nétanyahou, le Shass est donc amener le pays aux échéances qui tout prêt à collaborer avec M. Ba- l’attendent, M. Barak avait l’ambi- rak, qui estime qu’il constitue «un tion de former un gouvernement partenaire légitime ». de large union nationale. Mais les Mais le Shass est dirigé par LeMonde Job: WMQ1106--0008-0 WAS LMQ1106-8 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 10:58 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 15Fap: 100 No: 0386 Lcp: 700 CMYK

8 LES ÉLECTIONS EUROPÉENNES LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 Lionel Jospin justifie la gauche « plurielle » à l’échelle européenne Participant à une réunion publique en Haute-Garonne, le premier ministre a rejeté le manifeste « social-libéral » rendu public par Tony Blair et Gerhard Schröder et a défendu la « figure originale » de la gauche française

ILS ÉTAIENT VENUS il y a deux tie digne de ce nom ». Le premier M. Blair et le « nouveau centre » « apporter leurs propres marques ». semaines à Paris et n’étaient pas ministre a, une fois de plus, breve- de M. Schröder, le député de Cor- Au même moment, au Zénith à prévus à Colomiers (Haute-Ga- té sa gauche plurielle. « Cette di- rèze a redit : « C’est le chemin qu’a Paris, devant plus de 4 000 per- ronne), près de Toulouse, mercre- versité, je la fais vivre en France, ce ouvert Lionel Jospin qui nous paraît sonnes, Dominique Voynet, di 9 juin. Pourtant, Tony Blair et n’est pas pour l’oublier en Eu- le meilleur. » « Nous sommes, nous comme Robert Hue la veille, fusti- Gerhard rope », a-t-il lancé, avant de faire les socialistes français, regardés geait le manifeste de MM. Blair et Schröder ont mine de s’interroger : « Alors troi- pour ce que nous faisons, a-t-il Schröder. « C’est un mauvais coup disputé la ve- sième voie ? Nouveau centre ? poursuivi. Nous devons aussi regar- fait à Lionel Jospin et à François dette à Lionel Non!» der ce qu’il y a de meilleur chez les Hollande, à la gauche et à l’Europe. Jospin, venu Un silence, le temps de recueillir autres. » Sans commenter, pas (...) C’est à l’exact opposé de ce que soutenir, sur les applaudissements et M. Jospin plus que le premier ministre, le nous faisons en France, avec la ma- ses terres de enchaîne : « Je préfère suivre notre texte anglo-allemand, M. Hol- jorité plurielle », a déploré la mi- conseiller gé- chemin, celui de la gauche mo- lande a fait applaudir M. Blair en nistre de l’environnement. Sans néral de Cin- derne, celui de la majorité plurielle, citant ses propos, le 27 mai à Paris, passer sous silence les nuances tegabelle, la liste de François Hol- de la croissance, du progrès social contre une droite aux « arguments entre « programme vert » et « pro- lande. Kosovo excepté, les 1 800 et de la modernité. Tony Blair et démodés » et aux « préjugés péri- gramme rose », Mme Voynet a invi- personnes présentes étaient Gerhard Schröder sont des amis. Je més ». « Tony Blair connaît bien la té M. Hollande à promouvoir la promptes à applaudir. Au nom des les vois souvent. Ils m’avaient pro- droite française ! », a-t-il com- gauche plurielle à l’échelon euro- chevènementistes, Sami Naïr a li- posé d’écrire ce texte avec eux. Mais menté. péen, « ce qui aurait meilleure al- vré un vibrant plaidoyer pour le la gauche française n’imite pas, elle lure que la cohabitation étrange, un renforcement d’un « solide pôle de s’exprime. Elle n’est pas une copie LES VERTS ET LE PCF RÉAGISSENT coup à toi, un coup à moi, que vous gauche républicaine et démocra- conforme, elle a sa figure originale. Comme à l’accoutumée, pratiquez avec les démocrates chré- tique ». Au nom des radicaux, Elle n’est pas isolée, elle avance M. Hollande a cité François Mit- tiens au Parlement de Strasbourg et Jean-Michel Baylet a exalté le fé- avec les autres. » terrand et Jacques Delors. Grand à la Commission ». déralisme et la laïcité. Mais c’est absent de la campagne, l’ancien Un brin plus nostalgique, Daniel sur la réponse au manifeste « MODERNITÉ MAÎTRISÉE » président de la Commission euro- Cohn-Bendit est revenu sur ses commun adressé par les premiers Défendant « son » socialisme péenne vient de prendre, sobre- quarante-deux meetings de cam- ministres britannique et allemand en voulant le laver de tout ar- MM. Blair et Schröder le 27 mai à mêmes valeurs, les mêmes réfé- ment, position en faveur du pre- pagne. « Cela va faire un peu baba « à tous les sociaux démocrates eu- chaïsme, M. Jospin s’est employé Paris. « Si nous construisons notre rences, les mêmes objectifs » même mier secrétaire du PS, longtemps cool, mais c’est mon premier mee- ropéens » (Le Monde du 10 juin) à afficher une « priorité à la mo- Europe, nous allons conforter la s’ils peuvent « diverger sur les voies réputé deloriste. « François Hol- ting à Paris depuis mai 68 », a-t-il que Lionel Jospin et François Hol- dernité », mais « une modernité France » a-t-il lancé avant d’appe- et les instruments ». « Pourquoi lande, ses colistiers et les militants lancé, alors qu’une partie de la lande étaient attendus. maîtrisée. Ce n’est pas l’abandon ler à « faire voter » afin d’« ancrer voudrions-nous bâtir une force [so- mènent une campagne active et in- salle criait « et 10, et 11, et 12 % ! ». « Régional de l’étape », M. Jos- aux forces du marché ». Soulignant le Parlement européen à gauche ». cialiste européenne] uniforme, telligente, déclare M. Delors à Plus polémique, le chef de file des pin a loué une gauche « restée plu- que « l’expansion économique doit Intervenant, pour la première monolithique, sans âme ? », a-t-il L’Hebdo des socialistes du 11 juin. Verts a invité ceux des socialistes rielle pendant que la droite était aller de pair avec le progrès so- fois après M. Jospin – « ce ne se se- interrogé, en expliquant qu’il pou- Le bilan très positif du gouverne- qui sont fédéralistes « à donner toujours divisée » et a vanté «la cial », le premier ministre a rappe- rait produit nulle part ailleurs », a vait y avoir des courants chez les ment Jospin constitue un atout et un une leçon d’Europe aux différents force, l’équilibre, la mesure » de lé le manifeste des sociaux-démo- commenté le premier secrétaire socialistes européens comme il y argument de poids vis-à vis des partis socialistes... en votant Vert ». M. Hollande, « un bon exemple de crates européens – « ce qui nous du PS –, M. Hollande a rappelé les en a au PS même si c’est de « l’his- droites querelleuses. » M. Delors ce que doit être un homme poli- rapproche est plus fort que ce qui vingt-et-un engagements des so- toire ancienne ». invite « les nouvelles générations » Alain Beuve-Méry tique moderne dans une démocra- nous éloigne » – et le meeting avec cialistes européens, qui ont «les Entre la « troisième voie » de à « faire fructifier l’héritage » et à et Michel Noblecourt Les Quinze peinent à avancer dans la voie Jacques, Tony, Gerhard et Raymond de l’harmonisation fiscale à la rescousse de la droite LE « MANIFESTE » publié mardi doivent en effet en augmenter un marche d’harmonisation en ma- A L’AIDE ! L’appel de Nicolas Frédéric de Saint-Sernin – aussi, et rapide » par les premiers ministres 8 juin par Tony Blair et Gerhard autre. A moins de réduire leurs dé- tière de fiscalité directe. Les Sarkozy a été entendu. C’est que la Bertrand Landrieu, directeur du britannique et allemand. Ah, les Schröder pour présenter les grands penses... Depuis plusieurs années, dernières déclarations de situation devient préoccupante cabinet de Jacques Chirac, était as- braves hommes... principes de ce que les deux chefs les pays européens, pour attirer les MM. Blair et Schröder relativisent pour la tête de liste RPR-DL, entre sis au premier rang, à côté de De Saint-Nazaire à Angers, en de gouvernement appellent la investissements, n’ont cessé d’allé- cette ambition. Dans un autre do- la pugnacité inattendue de Fran- l’épouse de M. Sarkozy. Quand il passant par Nantes, François Bay- gauche moderne marque une rup- ger leurs impôts sur le capital. Pour maine, le projet de la Commission faut faire corps, le RPR sait faire. rou a lui aussi mis largement à ture en matière de fiscalité euro- financer cet effort, ils ont alourdi d’harmoniser la fiscalité de RÉCIT L’Hôtel de ville de Paris, lui aussi, contribution MM. Blair et Schrö- péenne : il prône des baisses d’im- les charges sur le travail. Selon une l’épargne des non-résidents illustre A L’Elysée, on se avait été réquisitionné, le maire, der, mercredi. « Ils disent, tout sim- pôts, notamment pour les étude de la Banque mondiale, entre également le fossé qui peut exister Jean Tiberi, en tête, et quelques- plement, que la politique des socia- entreprises, alors que la plate- 1980 et 1995, l’impôt sur le capital entre différents membres de l’Eu- demande comment uns de ceux qui s’emploient à le listes français se trompe sur tout ! », forme commune des partis socia- en Europe a baissé de dix points de roland quand il s’agit de toucher aider Nicolas Sarkozy pousser vers la sortie : Bernard a-t-il ironisé devant les quelque listes européens, adoptée le PIB alors que la taxation du travail aux taux d’imposition. sans se mouiller Pons, Jacques Toubon, Françoise sept cents personnes venues 1er mars à Milan, insistait sur une s’est accrue de sept points. Une de Panafieu. l’écouter dans le chef-lieu du « meilleure coordination des poli- évolution qui pèse sur l’emploi, no- « CODE DE CONDUITE » « Au nom des élus d’Ile-de- Maine-et-Loire. Avec Tony Blair, tiques pour éviter le dumping fis- tamment non qualifié, et qui, pour Aujourd’hui, onze des quinze çois Bayrou et, surtout, le cambrio- France », c’est toutefois Edouard de toute façon, le président de cal ». La différence est de taille. Car Bruxelles, explique pas moins du Etats membres, dont la France, ne lage en règle de son électorat RPR Balladur qui a ouvert la réunion l’UDF se sent tant d’affinités... « Il y coordination ne signifie pas forcé- tiers du chômage européen. taxent pas l’épargne des non-rési- par Charles Pasqua. Depuis plu- parisienne. « Notre projet n’est pas a chez lui une volonté de rénovation ment baisse des prélèvements mais Les Quinze ont donc adopté le dents. Et nombre de ces pays (Alle- sieurs jours, à l’Elysée, on réfléchit celui des socialistes », affirmait l’an- de la gauche, et je me sens, moi, une mise en place de garde-fous pour 1er décembre 1997 un « code de magne, Autriche, Portugal, Es- à la manière de lui donner un ul- cien premier ministre, quand il a volonté de rénovation de la droite et éviter que certains pays, à la fiscali- conduite » pour la fiscalité des en- pagne, Luxembourg) protègent time coup de main. Mais comment été interrompu par l’arrivée tardive du centre, dans le sens de l’authenti- té alléchante, n’attirent tous les in- treprises. Objectif : mettre fin aux leurs épargnants par le secret ban- aider Nicolas Sarkozy sans se d’Alain Juppé et la longue ovation cité », avait-il expliqué, un peu plus vestissements. Cela peut se tra- régimes dérogatoires « déloyaux ». caire. La Commission a adopté, en mouiller ? Comment faire de la po- qui a accompagné cette entrée. tôt, à Nantes. duire par l’augmentation de Pour l’instant, un groupe de travail juin 1998, un projet de directive qui litique interne au RPR sans mettre A l’aide ? M. Bayrou estime, lui, l’impôt pour certains Etats. en a identifié 85 en Europe. Il devra stipule qu’un résident français pla- en péril la fonction présidentielle ? « MERCI DU FOND DU CŒUR » n’en avoir pas besoin. Raymond Le dumping fiscal n’est pas une remettre une liste de ceux qu’il çant son épargne au Luxembourg Toute la difficulté est là. Le meeting final de la porte de Barre a tout de même adressé un nouveauté. Mais l’avènement de considérera déloyaux avant le aura le choix entre deux options. Le choix a été définitivement ar- Versailles a surtout permis aux message dans lequel il demande l’euro a accéléré les pratiques de conseil européen d’Helsinki, en dé- Soit déclarer au fisc français les re- rêté, jeudi 10 juin, dans la matinée : deux têtes de liste, Nicolas Sarkozy aux électeurs de voter pour les « flibuste fiscale », selon les termes cembre. Les Etats membres concer- venus de cette épargne, soit les voir Jacques Chirac devait intervenir le et Alain Madelin, d’ironiser sur le candidats de l’UDF, en observant mêmes des fonctionnaires euro- nés présenteront un calendrier de prélever directement par la banque soir même dans le journal de document rendu public, la veille, que « ceux-ci ont toujours soutenu péens. L’Irlande propose un taux retour à la normale d’ici à dé- luxembourgeoise d’un pourcentage 20 heures de TF 1. Il s’agit bien sûr par Tony Blair et Gerhard Schrö- sans équivoque la politique euro- d’impôt sur les sociétés, défiant cembre 2002. Cette démarche re- forfaitaire de 20 %. Sans surprise, le de parler du Kosovo et de l’accord der. « Merci du fond du cœur pour péenne menée par nos présidents de toute concurrence, de 10 %, aux en- lève du volontariat. Mais les pres- Luxembourg s’oppose à ce projet. intervenu entre l’OTAN et la Ser- leur contribution à notre cam- la République et, à l’heure actuelle, treprises manufacturières mais sions de l’Allemagne, de la France, Il réclame une retenue à la source bie. Naturellement, la conversation pagne ! », a lancé le président de par Jacques Chirac ». aussi à certaines sociétés de ser- de la Grande-Bretagne et de l’Italie, de 10 %. Surtout, il demande en glissera sur l’Europe dans la Démocratie libérale. « Il y a dix De l’aide ? Charles Pasqua n’en vice, notamment dans l’informa- qui y sont favorables, devraient pe- préalable que les Etats voisins de guerre, puis sur l’Europe tout jours, les socialistes européens fê- demande à personne. Ou alors tique. ser sur les Pays-Bas, l’Espagne, le l’Union européenne, comme la court. Et encore plus naturelle- taient ici même leur unité. Hélas, juste à l’ensemble des « Français Portugal et l’Irlande qui tentent de Suisse ou Monaco, qui pourraient ment, Jacques Chirac évoquera sa une soirée à Paris a permis à Blair et attachés à la France », comme il l’a CONCURRENCE INJUSTE freiner le processus. voir affluer l’épargne chez eux, vision de l’Europe. Qui ressemble- à Schröder de comprendre leur dou- encore dit à Toulouse, mercredi. Et La Commission européenne, qui Dans cette logique, l’étape sui- s’alignent sur les conditions ins- ra comme un gant à celle de Nico- leur. Ils sont repartis et nous ont lais- cela devrait faire beaucoup de n’est pourtant pas suspecte de vou- vante devrait être celle d’une har- crites dans le projet de directive. las Sarkozy et pas du tout, mais sé Jospin et Hollande », a renchéri monde, dimanche. loir pousser à la hausse les prélève- monisation de l’impôt sur les socié- Si le « code de conduite » en ma- alors pas du tout, à celle de Charles M. Sarkozy, en se félicitant de la ments obligatoires, s’inquiète de tés et de la mise en place d’un taux tière de fiscalité des entreprises a Pasqua. L’intervention présiden- « carte postale envoyée en courrier Récit du service France ces pratiques. Non seulement, plancher. Aujourd’hui, seules la des chances de se concrétiser, les tielle pourrait être retransmise en cette nouvelle concurrence entre Commission, la France et l’Italie tentatives d’harmoniser les taux direct dans le Palais des Congrès de Etats européens est injuste : elle voient d’un bon œil une telle évo- d’imposition semblent aujourd’hui Lyon, où Nicolas Sarkozy organise profite à tout ce qui est mobile, lution. mal engagées. Et, dans le domaine sa dernière réunion publique. Dans c’est-à-dire aux grandes entre- Il n’y a qu’en matière de fiscalité fiscal, les décisions sont prises à ce cas, bien sûr, une longue ova- prises, aux salariés les plus qualifiés indirecte (carburant, tabac, TVA...) l’unanimité. Le gouvernement tion des militants, debout, salue- ou encore aux gros épargnants. qu’il y a eu une vraie démarche français milite pour l’adoption de la rait les propos présidentiels. Mais en plus, elle est génératrice de d’harmonisation. La création d’un règle de la majorité qualifiée. Mais On avait espéré, à l’Elysée, que chômage. Dans un contexte budgé- marché unique, supprimant les il semble aujourd’hui bien isolé. cette mise en scène pourrait inter- taire contraint, les différents Etats, droits de douane, justifiait que les venir la veille pour le meeting pari- s’ils veulent baisser un impôt différences d’impôts indirects, qui Virginie Malingre sien de M. Sarkozy. Seulement voi- perturbaient les échanges entre les là, les militaires de l’OTAN et de la Etats membres, soient limitées. Si Serbie se fichaient comme d’une les taux de TVA sont aujourd’hui guigne de la campagne RPR-DL. encadrés, ils sont loin d’être har- Aussi, mercredi 9 juin, au Palais monisés (15 % au Luxembourg des sports de la porte de Versailles, pour le taux normal, 25 % en a-t-on eu droit, à titre de compen- Suède, 20,6 % en France). Même si sation, à des extraits des dernières personne n’y croit vraiment, il est interventions télévisées de Jacques prévu que la TVA, aujourd’hui Chirac sur la guerre des Balkans. payée dans le pays de consomma- Comme si cela ne suffisait pas, tion, soit un jour réglée dans le parmi les cars qui avaient emmené pays de production. Ce qui consti- les sympathisants, il y en avait un tuerait une forte pression à l’har- manifestement affrété par l’Elysée. monisation. Claude Chirac était là, plusieurs Aujourd’hui, pour la première conseillers et chargés de mission fois, les Quinze affichent une vo- du président de la République lonté de s’engager dans une dé- – Roger Romani, Maurice Ulrich, LeMonde Job: WMQ1106--0010-0 WAS LMQ1106-10 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 10:14 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 15Fap: 100 No: 0388 Lcp: 700 CMYK

10 / LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 LES ÉLECTIONS EUROPÉENNES La crise du « chickengate » bouleverse Le Sinn Fein nord-irlandais la donne électorale en Belgique aux portes de Strasbourg La coalition gouvernementale est ébranlée, les écologistes et l’extrême droite ont le vent en poupe Les divisions loyalistes lui offrent une chance BRUXELLES dans tout ce qui peut ressembler à des hommes du passé, qui place pour faire face aux consé- LONDRES M. Paisley n’a rien perdu, ni de sa de notre correspondant une confrontation ethnique », écrit n’avaient plus rien à voir avec les quences de la mise à l’index des de notre correspondant verve rocailleuse ni de la tendresse Le royaume est abasourdi. En ainsi Henri Goldman, directeur de nouveaux dirigeants convertis à la produits de l’élevage belge, toutes Les bookmakers irlandais lui populaire dont il jouit parmi les l’espace d’une semaine, les sept la revue de gauche Politique, résu- vertu financière et politique. On espèces confondues, par les auto- donnent une chance sur trois, ce protestants d’Ulster. millions d’électeurs belges qui mant un sentiment largement s’acheminait donc vers une issue rités sanitaires européennes. qui est déjà une belle perfor- Siégeant depuis vingt ans à s’apprêtaient à se rendre tranquil- répandu. classique : la stabilité du corps Chaque jour apportant son lot de mance. Car si le vote loyaliste pro- Strasbourg, le « grand bon- lement aux urnes pour le dernier La Belgique, de plus, avait fini électoral belge, où les mouve- révélations, toutes accablantes testant d’Irlande du Nord est aussi homme », comme on l’appelle fa- « grand dimanche électoral » du par digérer les autres scandales ments restent limités par le poids pour les pratiques du pouvoir et fractionné, le 10 juin, qu’il paraît milièrement dans la province, sera siècle, se retrouvent devant des qui avaient marqué la dernière des affiliations à des institutions de l’administration, le premier mi- l’être dans les sondages, Mitchel sans aucun doute réélu. La seule rayons vides dans leurs supermar- législature : la vague d’indignation syndicales, mutualistes ou autres nistre, surnommé en Belgique le McLaughlin pourrait bien faire question qui l’inquiète est de sa- chés, voient leur pays cloué au pi- populaire qui avait provoqué qui constituent les « piliers » chré- « démineur » pour son habileté à une entrée fracassante au pro- voir si John Hume, le chef des ca- lori par l’Union européenne, la « marche blanche » de tien, socialiste ou libéral de l’orga- désamorcer les crises, semble dé- chain Parlement de Strasbourg. tholiques nationalistes modérés, observent la panique de leurs diri- 300 000 personnes, à Bruxelles, nisation sociale du pays, allaient passé par les événements. Les édi- Ce quinquagénaire affable, as- parviendra, cette fois-ci, à lui en- geants politiques pris en flagrant pour protester contre les dysfonc- amener un nouveau gouverne- torialistes, même les plus modé- sez peu connu du grand public, est lever la première place. Sur les délit de dissimulation et d’in- tionnements de la justice et de la ment de coalition, où seraient sa- rés, comme celui de La Libre en effet un des dirigeants du Sinn 87 députés européens envoyés par compétence. « Nous allons encore police dans l’affaire Dutroux était vamment dosées les apparte- Belgique, se déchaînent contre un Fein, autrement dit la branche po- Londres à Strasbourg, trois man- avoir bonne mine à l’étranger, sur retombée. Le procès Dassault, qui nances politiques et linguistiques. pouvoir qui a provoqué « un cli- litique de l’Armée républicaine ir- dats sont réservés à la province ir- les plages, cet été ! », constate-t-on a étalé au grand jour, pendant Personne ne doutait, jusqu’à ces mat délétère de flottement et de landaise (IRA). La possibilité, sans landaise. Depuis 1994, la popula- avec une rage impuissante dans trois mois, les pratiques de finan- derniers jours, que le premier mi- chaos qui exacerbe la perplexité des précédent, de voir les catholiques tion catholique – minoritaire, mais les tavernes bruxelloises, où le cement occulte des deux partis so- nistre Jean-Luc Dehaene, le diri- citoyens les plus sereins et le désar- républicains se saisir d’une plate- votant beaucoup plus que les pro- « chickengate », terme indifférem- cialistes belges à la fin des « an- geant du Parti chrétien-social fla- roi des plus fébriles ». forme internationale pour « déver- testants – a augmenté plus rapide- ment utilisé par les Flamands et nées 80 », a mis un terme à la mand (CVP), allait être appelé par ser leur vile et haineuse propagande ment et M. Hume, dirigeant du les francophones pour désigner le carrière politique d’« éléphants » le roi Albert II pour former le nou- LES WALLONS EN COLÈRE antibritannique », dixit Jim Nichol- Parti social-démocrate (SDLP), a scandale des poulets contaminés à de la politique belge, comme l’an- veau gouvernement. Et M. De- Le patronat se fâche, deman- son, le candidat du Parti unioniste reçu le prix Nobel de la paix. Pour la dioxine, est au centre de toutes cien président du PS francophone haene ne cachait pas sa préférence dant des indemnités à l’Etat pour d’Ulster (UUP), tétanise le camp lui, nul n’en doute, la prestigieuse les conversations. Et l’on ne et l’ancien secrétaire pour la reconduction, à tous les les dommages causés aux entre- des loyalistes. Scrutin « tribal » récompense jouera à plein. manque pas de rappeler le sinistre général de l’OTAN niveaux de pouvoir, de la coalition prises du secteur alimentaire, et la pour les uns, « sectaire » ou Rien de tel pour son colauréat, été 1996, où la Belgique s’était si- (socialiste flamand). sortante entre socialistes et so- querelle communautaire resurgit, « confessionnel » pour les autres, David Trimble, leader contesté de gnalée à l’attention de la planète ciaux-chrétiens, s’ils conservaient relancée par des Wallons, qui s’es- l’élection européenne, en Irlande l’UUP, accusé de traîtrise par la par les horreurs de l’affaire LE « DÉMINEUR » SEMBLE DÉPASSÉ la majorité dans les parlements fé- timent injustement victimes des du Nord, a encore moins à voir frange extrémiste de son propre Dutroux. Ces deux partis, qui partagent le déraux et régionaux. pratiques de la puissante agri- avec l’Europe, l’euro ou les ré- parti et, évidemment, par M. Pais- Ce nouveau scandale intervient pouvoir fédéral et régional avec Aujourd’hui, M. Dehaene a sus- culture industrielle flamande. formes de la Commission qu’ail- ley, pour avoir « vendu » l’Ulster alors que l’on s’accordait à estimer les sociaux-chrétiens, avaient pendu toutes ses activités électo- Nombreux sont les observateurs leurs au Royaume-Uni. aux catholiques. Qu’il ait jusqu’ici que le débat précédant les élec- pourtant réussi à limiter les dégâts rales pour se consacrer à la ges- qui pensent que cette crise devrait refusé de constituer avec le Sinn tions législatives, sénatoriales, ré- en présentant les inculpés comme tion du « cabinet de crise » mis en profiter aux deux formations éco- REJETER LES ACCORDS DE PAIX Fein le gouvernement autonome gionales et européennes, qui ont logistes, Ecolo (francophone) et Grand maître d’un « loyalisme » attendu par Londres à Belfast, tant été regroupées pour la première Agalev (Flamand), mais aussi, en intégral à l’égard de la couronne que l’IRA n’aura pas commencé à fois le même jour, avait été plutôt Après les poulets, le Coca-Cola ? Flandre, à l’extrême droite sépara- d’Angleterre, polémiste redou- désarmer ses membres, ne change serein au regard des joutes anté- tiste du Vlaams Blok, qui avait dé- table et extrémiste habité de rien à l’affaire : M. Trimble est sus- rieures. Guerre du Kosovo oblige, Signe du climat de confusion provoqué en Belgique par le scan- jà, avant la crise, le vent en poupe l’« antipapisme », le révérend Ian pect et le camp loyaliste-unioniste les passe d’armes communau- dale des poulets contaminés ? Toujours est-il que la filiale belge de dans les sondages. Paisley, chef du Parti démocra- plus perclus de divisions que ja- taires, les affrontements verbaux l’américain Coca-Cola, Coca-Cola , a décidé de retirer du Dans cette tempête, cependant, tique unioniste (DUP), a carré- mais. Sachant qu’est entré en lice traditionnels en temps d’élections marché local 2,5 millions de ses bouteilles dont la qualité serait mise l’humour bruxellois ne perd pas ment dit à ses fidèles que le scrutin un troisième candidat loyaliste, entre Flamands et francophones en cause, a indiqué, mercredi 9 juin, l’agence Belga. Cette mesure ses droits : « Ce serait un comble constituait la « seconde et dernière très opposé lui aussi aux accords avaient été réduits au strict mini- concerne des bouteilles de 20 cl avec des dates de péremption aux 2, qu’un Dehaene [le coq en néerlan- chance » des protestants de reje- du « vendredi saint » et qui a ob- mum. Le drame des Balkans avait 3 et 4 décembre 2000. Coca-Cola Belgium dément tout danger grave dais] tombe pour une histoire de ter une fois pour toutes les ac- tenu près de 150 000 voix (16,1 %) relativisé cette querelle aussi pour la santé, mais reconnaît que des maux de tête, de ventre et des poulets ! », ironise un habitué de cords de paix signés en avril 1998 aux élections générales de 1997, vieille que la Belgique. « Vu d’ici, crampes d’estomac sont possibles. Chez Alex, la taverne embléma- et largement approuvés, trois fractionnant un peu plus le vote du fond de notre impuissance, on En début de semaine, une trentaine d’élèves d’une école de Bor- tique du quartier populaire des mois plus tard, par 71 % des Nord- protestant, le Sinn Fein se dit qu’il peut seulement se promettre une nem, au nord de la Belgique, ont été malades après avoir bu du Marolles. Irlandais toutes confessions a sa chance. chose : de ne jamais mettre un Coca-Cola. Les premiers résultats des analyses n’ont cependant confondues. A soixante-treize ans, doigt, ni même le bout d’un ongle, révélé la présence d’aucun produit toxique. – (AFP.) Luc Rosenzweig et malgré une santé plus fragile, Patrice Claude LeMonde Job: WMQ1106--0011-0 WAS LMQ1106-11 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 11:02 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 15Fap: 100 No: 0389 Lcp: 700 CMYK

LES ÉLECTIONS EUROPÉENNES LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 / 11 Les multiples visages Jean-Marie Le Pen et Bruno Mégret se livrent de l’extrême droite européenne une primaire sans merci Une résurgence qui n’est pas limitée à la France Le fondateur du Front national invite son rival à se retirer LE FRONT NATIONAL français pour former un groupe. En quête IL Y A des petites phrases défi- contre nature » avec Charles Pas- tion de Bruno Mégret » en dé- 9 juin, du départ des « racialistes » est loin d’être une exception. Les de respectabilité, l’Alliance natio- nitives qu’il ne faudrait pas avoir qua, « dont le nom ne vient pas à cembre dernier ; une dérive du Front national. En se position- formations en lice pour les élec- nale comme le FPÖ ont refusé de prononcées. Aujourd’hui, à la lec- l’esprit quand on parle de combat « tactique », en prenant Charles de nant à sa droite, M. Mégret rend tions du 13 juin témoignent de la siéger avec le Front national de ture des sondages qui s’obstinent des valeurs ». Profitant de l’actuali- Gaulle, petit-fils du général, service à M. Le Pen, qui tentait de résurgence et de la progression de Jean-Marie Le Pen. Quant aux à lui attribuer moins de 5 % des té, il ajoute un crochet par comme numéro deux de sa liste, dédiaboliser son image, sans pour l’extrême droite en Europe. Elles frères ennemis flamands et wal- suffrages, le président du Mouve- Bourges pour déplorer la faiblesse « un affront aux pieds noirs » ; et, autant que ce dernier ait besoin de s’expliquent, d’une part, par la lons, il n’est pas question pour eux ment national, Bruno Mégret, doit de l’industrie d’armement et la surtout, une dérive « idéolo- renier un iota de son programme transformation de partis issus du de cohabiter. se demander pourquoi, le 26 fé- pauvreté de l’armée française. gique », en offrant la dixième place sur l’immigration. fascisme qui, après un aggiorna- Depuis les dernières élections, la vrier, il s’est aventuré à prédire Sans compter deux meetings d’im- à Sid Hamed Yahiaoui, conseiller Alors qu’il accusait, ces derniers mento, jouent le jeu de la démocra- plus forte progression extrémiste qu’« à l’issue des européennes, for- portance : l’un à Marseille, jeudi régional de Provence-Alpes-Côtes temps, ses soixante et onze ans, le tie, sans que l’on puisse dire avec est venue de l’Autriche, le 7 mars. cément, un des deux Front national 10 juin, pour clore sa campagne d’Azur, fils d’un sénateur-maire de fondateur du parti d’extrême certitude s’ils ont rompu définitive- Le FPÖ est en effet arrivé, pour la va disparaître ». Aujourd’hui, en – Marseille, ville-phare pour Jean- Sidi bel Abbès, assassiné en 1962, droite a misé l’essentiel de sa cam- ment avec leur passé, et, d’autre première fois, avec 42,1 % des voix, effet, la perspective est sombre Marie Le Pen mais où ce dernier a accusé d’être « favorable au port pagne sur son nom. Requinqué part, par l’apparition de partis plus en tête d’une des neuf provinces pour l’ancien délégué national du renoncé au meeting programmé le du tchador et à la construction de par le jugement du tribunal de « modernes », « postindustriels » autrichiennes. Ce qui a permis à FN, sécessionniste depuis la fin de 21 mai, pour se replier sur la tradi- mosquées ». En bref, sa fille accuse grande instance de Paris (Le – selon l’expression du politologue son président, M. Haider, de ré- 1998. tionnelle fête de la fédération des M. Le Pen de brader l’« identité Monde du 13 mai), qui lui accorde italien Piero Ignazi –, liés au déve- cupérer, le 8 avril, le siège de gou- Certes, M. Mégret dénonce les Bouches-du-Rhône ; l’autre à Pa- française » en optant pour une so- la propriété du sigle et du logo du loppement du secteur tertiaire. verneur de Carinthie, qu’il avait oc- « sondages truqués » et ses amis af- ris, où il a réuni, le 8 juin, porte de ciété « multiconfessionnelle ». Front national, il écrase de son Se nourrissant de la crise écono- cupé de 1989 à 1991 avec l’aide des fichent un optimisme qu’ils vou- Versailles, environ deux mille cinq mépris son ancien lieutenant, qua- mique, du chômage et, bien conservateurs, mais qu’il avait dû draient inébranlable. « En pro- cents personnes. PURETÉ IDÉOLOGIQUE lifié aujourd’hui de « présidenticule souvent, du discrédit qui pèse sur quitter après avoir exprimé son ap- vince, nos militants ont bon moral », Dernier jocker dans une partie Commencée en primaire pour le du Mouvement national », et l’in- les partis traditionnels, ces forma- probation à la politique de l’emploi insiste Franck Timmermans, le se- de cartes dont le fondateur du FN partage du patrimoine frontiste, vite à se retirer. Enfin, riche des tions développent les mêmes thé- du IIIe Reich. crétaire général adjoint. Il n’em- est parvenu à imposer les règles, cette campagne mégrétiste se ter- 41 millions de francs de la dotation matiques. Elles « soulignent l’impor- En France, le Front national a at- pêche, dans cette dernière ligne Marie-Caroline Le Pen, fille aînée mine comme elle a commencé : de l’Etat, il inonde d’affiches les tance de la défense de la teint régulièrement un peu plus de droite, l’ex-délégué général du FN de M. Le Pen, a rompu la réserve une primaire dans laquelle M. Mé- murs de grandes villes. A côté de communauté nationale contre une 15 % des suffrages lors des élections met les bouchées doubles pour dans laquelle – pour cause de ma- gret se pose en garant de la pureté son nom figure, cette fois, en présence étrangère qui en menace- qui se sont succédé depuis 1995. La tenter de ne pas être l’un des deux ternité – elle était cantonnée. Te- programmatique de l’extrême grosses lettres, celui de l’ex-député rait l’identité, valorisent la sécurité et crise qui l’a secoué en 1998 et qui a FN « condamnés » au lendemain nant conférence de presse, mardi droite et en chantre de l’idéologie européen villiériste Charles de l’harmonie comme horizons de dé- abouti à une scission avec, d’un cô- du scrutin européen. Il déjeune 8 juin, elle est apparue en vedette fondée sur « un peuple, une terre » Gaulle, au grand dam de la famille passement du conflit social et poli- té, un Front national historique avec les membres de son comité américaine au meeting, le soir, développée en Afrique du Sud de Gaulle et de la fondation tique, insistent sur le caractère essen- présidé par son fondateur, M. Le de soutien, file à l’école de cavale- pour témoigner du fait que « la fi- sous l’apartheid. Et cela à la plus Charles-de-Gaulle, qui poursuit tiel de l’autorité et du leadership Pen, et, de l’autre, le Mouvement rie de Saumur, qu’il a fréquentée, délité, c’est Mégret » et surtout pas grande satisfaction de M. Le Pen, National Hebdo pour exploitation pour guider une communauté à la national, présidé par l’ex-délégué lance un appel « solennel » aux Jean-Marie Le Pen, ce père qu’elle dont le gendre et directeur de la de l’image du général. recherche de repères et, enfin, pré- général du FN, Bruno Mégret, électeurs de Philippe de Villiers, le- accuse de triple « dérive » : une dé- communication, Samuel Maré- conisent le retour à la tradition, à la laisse toutefois présager une sta- quel vient de passer « un PACS rive « stratégique », avec « l’évic- chal, se réjouissait, mercredi Ch. Ch. hiérarchie sociale et à la moralité », gnation à l’occasion des élections note M. Ignazi. européennes. En Italie, l’extrême droite, malgré quelques revers aux élections par- Se nourrissant tielles de 1997, reste à un haut ni- veau. Malgré la rupture de Gian- de la crise franco Fini avec la tradition de l’ex-mouvement social italien et du chômage, (MSI), lors du congrès de Fiuggi, en 1995, et ses efforts pour apparaître ces formations comme le recours pour la droite italienne, certains politologues développent continuent, en effet, à classer à l’ex- trême droite l’Alliance nationale. A des thématiques côté de l’Alliance, la Ligue du Nord, mouvement séparatiste d’Umberto proches Bossi, continue de tisser sa toile, fondée sur un mélange de pouja- disme et de nationalisme ethnique. Traditionnellement hostiles au La Flamme tricolore, dirigée par Pi- communisme, elles développent, no Rauti et qui regroupe ceux qui, depuis l’effondrement du mur de au MSI, ont refusé le virage « post- Berlin, un farouche antiamérica- fasciste », n’a quant à elle plus nisme au nom de leur opposition à guère d’influence que dans cer- l’utralibéralisme et à la société mul- taines villes du sud du pays. ticulturelle. Nationalistes, elles Dans les pays scandinaves, où prônent le protectionnisme à l’ex- pullulent des groupuscules d’ex- térieur et le libéralisme à l’intérieur. trême droite, seul le Danemark a Enfin, promptes à dénoncer l’Etat connu, depuis les élections législa- providence, elles réclament moins tives de 1998, une percée extré- d’impôts et soutiennent la petite miste. En Suède, le Sverigedemo- entreprise, menacée par «la fi- kraterna ne parvient pas à passer la nance, le grand capital et les multi- barre des 4 %. La Finlande paraît nationales ». Souvent antimaas- épargnée. trichtienne, cette extrême droite Paradoxalement, les pays médi- fustige l’Europe de Bruxelles et sa terranéens qui ont connu pendant « bureaucratie », à laquelle elle op- longtemps des régimes totalitaires pose une « Europe des nations ». (Espagne, Portugal, Grèce) par- L’élection européenne de 1994, viennent à contenir les partis d’ex- puis l’entrée de l’Autriche dans trême droite à un niveau très bas. l’Union européenne, en 1995, ont En Grèce, cette stagnation n’est accéléré l’apparition de l’extrême souvent due qu’à la reprise des droite dans le jeu électoral. En Ita- thèmes nationalistes et xéno- lie, l’Alliance nationale, qui partici- phobes par les partis « classiques ». pait au gouvernement de Silvio Au Royaume-Uni comme en Ir- Berlusconi mais n’avait pas encore lande, l’extrême droite n’a pas fait son congrès de rupture avec trouvé d’expression politique. son passé fasciste, avait obtenu on- Aux Pays-Bas, l’extrême droite, ze sièges au Parlement européen, divisée par des guerres fratricides, a tandis que la Ligue du Nord, qui disparu du Parlement en 1998. En – bien que régionaliste-sépara- Allemagne, les trois partis extré- tiste – est également classée par les mistes – Republikaner, Deutsche politologues dans la famille d’ex- Volksunion (DVU) et le NPD néo- trême droite, en remportait six. En nazi – ne parviennent pas à fran- France, le Front national a conser- chir, lors des élections nationales, la vé, en 1994, les dix sièges obtenus barre des 5 %, ce qui leur permet- en 1989. trait d’être représentés au Parle- En Belgique, le Vlaams Block ob- ment. La DVU avait toutefois ob- tenait six élus, et le Front national tenu 13 % des suffrages aux belge un. L’arrivée de l’Autriche a élections régionales de Saxe-An- grossi les rangs extrémistes de six halt, le 26 avril 1998. Les Republika- députés du FPÖ, le parti libéral au- ners sont, quant à eux, représentés trichien de Jörg Haider. en Bade-Wurtemberg, où ils ont Ces élections de 1994 ont égale- obtenu 9,1 % des voix en 1996. ment montré l’impossibilité des partis d’extrême droite à s’entendre Christiane Chombeau

Une tête de liste condamnée pour escroquerie

Le nom de sa liste, comme son programme, tiennent en trois mots : « Moins d’impôts maintenant ». A trente-huit ans, Nicolas Mi- guet, le directeur de la lettre confidentielle Le Quotidien de Paris – qu’il a relancée en 1995 avec le soutien du Front national –, se lance en politique dans le but de « rendre aux citoyens de ce pays la possibilité d’y vivre et d’y travailler sans être rackettés ». Proche de l’extrême droite, ce spécialiste de la Bourse et des astuces fiscales a, pourtant, été poursuivi et condamné à de nombreuses reprises de- puis quelques années. Le 27 janvier, le tribunal de Paris l’a condam- né à huit mois d’emprisonnement avec sursis et 150 000 francs d’amende pour « banqueroute, escroquerie et faux en écritures ». En outre, un jugement du tribunal de commerce de Paris prononcé en 1997 et lui interdisant de gérer pour une période de cinq ans a été confirmé en appel par un arrêt du 2 mars. Ces condamnations n’ont toutefois pas été assorties de privation des droits civiques. LeMonde Job: WMQ1106--0012-0 WAS LMQ1106-12 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 11:13 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 15Fap: 100 No: 0390 Lcp: 700 CMYK

12 FRANCE-SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999

CORSE La situation de l’ancien la polémique entre le ministre de doit s’appliquer de la même facon à tout risque de destruction des puis le 6 mai, M. Bonnet s’indigne préfet de Corse, Bernard Bonnet, en l’intérieur, Jean-Pierre Chevène- tous. b LE JUGE D’INSTRUCTION Pa- preuves et indices et toute tentative d’être placé sur le même pied que détention provisoire à la suite de ment, qui invoque la présomption trice Camberou a jugé, le 28 mai, de pression sur les témoins ou de certains des assassins de Claude Eri- l’incendie d’une paillote par des d’innocence, et Elisabeth Guigou, que la détention de M. Bonnet était concertation avec les coauteurs. b À gnac, estimant que c’est grâce à lui gendarmes, près d’Ajaccio, alimente ministre de la justice, pour qui la loi nécessaire, notamment, pour éviter LA PRISON de la Santé, à Paris, de- qu’ils ont été arrêtés. Le sort de Bernard Bonnet oppose toujours M. Chevènement et Mme Guigou Le ministre de l’intérieur a réclamé de nouveau, mercredi 9 mai, le bénéfice de la présomption d’innocence pour l’ancien préfet de Corse, dont l’avocat demande la mise en liberté. La ministre de la justice rappelle que la loi doit s’appliquer de la même façon à tous les citoyens DEPUIS un mois, la détention de gouvernement, que l’ancien préfet et dans laquelle il clame son inno- lui vaut un abondant courrier d’ap- C’est l’Association française des temps en temps, ce n’est pas inter- l’ancien préfet de Corse, Bernard doit bénéficier de la présomption cence. Le 6 mai, sur Europe 1, il af- probation. Trois semaines plus magistrats instructeurs qui se dit ». Bonnet, suscite des frictions au d’innocence. Il a tenté, sans succès, firme : « Encore aujourd’hui, je ne tard, le 28 mai, l’Association du charge, le 2 juin, de rappeler aux M. Jospin, qui, depuis le début de sein du gouvernement. Jean-Pierre de s’opposer à ce que le premier peux pas imaginer qu’un écrit sur corps préfectoral, présidée par préfets qu’ils ont un « devoir de ré- l’affaire de la paillote, tente de dé- Chevènement, ministre de tutelle ministre demande son placement l’honneur d’un préfet de la Répu- Jean-Pierre Duport, ancien direc- serve », dans un communiqué où gager la responsabilité du gouver- des préfets et dénonciateur de « hors cadre » (Le Monde du blique adressé à son ministre ne teur du cabinet de M. Chevène- elle dénonce leur « réflexe corpora- nement en promettant que la jus- l’abus de la détention provisoire, se 2 juin) : il estime que M. Bonnet, puisse rien signifier. » Sa collègue ment, diffuse un communiqué dans tiste ». Elle rappelle qu’« il n’appar- tice sanctionnera les fautes pose en défenseur de M. Bonnet, qui a fait preuve de courage en ac- chargée de la justice déclare, pour lequel elle réclame la mise en liber- tient pas aux membres » de l’Asso- commises, s’adresse aux préfets le soupçonné par la justice d’avoir ceptant la succession de Claude sa part, que le gouvernement sera té de l’ancien préfet de Corse et de ciation du corps préfectoral «de 7 juin. Il rappelle que l’indépen- commandité l’incendie du restau- Erignac, assassiné dans l’île en fé- « implacable » dans la recherche l’ancien directeur de son cabinet, s’immiscer dans la conduite d’une dance de la justice ne souffre au- rant de plage Chez Francis. Mercre- vrier 1998, mérite le soutien du des responsabilités. Gérard Pardini, au moment où le procédure judiciaire visant l’un des cune exception, mais il promet, di 9 juin, à l’Assemblée nationale, gouvernement. juge, Patrice Camberou, doit ré- leurs ». Quelques jours plus tard, le M. Chevènement a de nouveau ré- Selon Anne-Laure Bonnet, la fille « RÉFLEXE CORPORATISTE » pondre à la première demande dé- 6 juin, Mme Guigou, ministre de tu- pété, en réponse à Pierre Cardo du préfet, sa mère, Christiane Bon- La position de M. Chevènement posée par Me Georges Kiejman, telle des magistrats, déclare «bi- La famille Filippi (DL, Yvelines), qu’il faut accorder à net, a reçu un appel téléphonique est bientôt relayée par le corps pré- avocat de M. Bonnet. Pour un zarre », sur Europe 1, « qu’on s’in- l’ancien représentant de l’Etat le de M. Chevènement « le premier fectoral. Dans une tribune publiée grand nombre de préfets, il semble surge sur la détention provisoire placée en garde à vue bénéfice de la présomption d’inno- jour de la garde à vue », le 4 mai, par Le Monde (8 mai), Maurice Gri- évident que M. Duport n’a pu agir quand ça concerne un préfet et cence. Cette posture ne pouvait pour l’assurer de son soutien. De- maud, préfet de police de Paris en sans l’aval de M. Chevènement. Ce- qu’on demande que soient mis en Quatre membres de la famille que le mettre en porte-à-faux avec vant les députés, alors que Lionel 1968, déplore que le premier mi- lui-ci avait d’ailleurs déclaré, le détention provisoire des jeunes qui Filippi ont été interpellés, mardi Elisabeth Guigou, ministre de la Jospin explique que le gouverne- nistre n’ait pas exprimé « avec la 26 mai, sur Europe 1, que la mise en ont commis des actes beaucoup 8 juin, dans le cadre de l’en- justice, avec laquelle la polémique ment n’a aucune responsabilité même fermeté » sa confiance en la liberté sous contrôle judiciaire de moins graves que ceux dont M. Bon- quête sur l’assassinat du préfet ne cesse de grandir, par petites dans l’affaire et qu’il laissera la jus- justice et sa reconnaissance au pré- M. Bonnet ne le choquerait pas du net est soupçonné ». Elle fait allu- Claude Erignac. Il s’agit de la phrases distillées sur les ondes. tice passer, M. Chevènement sort fet « pour avoir, en quinze longs tout. En outre, le ministre de l’inté- sion à l’affaire de Vauvert (Gard) : veuve de l’ancien maire de Luc- Depuis le 3 mai, date de la garde de sa poche une lettre que le préfet mois d’abnégation, lutté sans relâche rieur ne fait aucune remontrance à après les violences qui avaient fait ciana (Haute-Corse), Jean-Fran- à vue de M. Bonnet, M. Chevène- lui a envoyée par Chronopost, contre le crime, la lâcheté et les l’association, ce qui équivaut à une un mort et six blessés dans cette çois Filippi, abattu devant son ment répète, y compris au sein du deux heures avant sa garde à vue, compromissions ». Cette position approbation. commune, et la remise en liberté domicile en décembre 1994, et de l’agresseur présumé d’un poli- de leurs trois fils. Mme Filippi et cier municipal, M. Chevènement un de ses fils ont été arrêtés à avait critiqué, le 17 mai, le « relâ- leur domicile parisien, les deux chement » de la magistrature. autres à Bastia. Une détention provisoire liée aux nécessités de l’enquête La famille Filippi est à la tête LA COUR D’APPEL de Bastia a examiné, en prison une personne en attente de jugement, Les mêmes critères avaient présidé à son main- « UN DÉBAT DE TEMPS EN TEMPS » de plusieurs sociétés, dont celle mercredi 9 juin, la demande de remise en liber- répond à des critères légaux énoncés par le tien en détention, le 28 mai. Le ministre est allé plus loin dans qui détient l’agence de location té de l’ancien préfet de Corse, Bernard Bonnet, code de procédure pénale. Elle ne peut ainsi Cette controverse illustre le débat récurrent la défense de M. Bonnet : il a affir- Hertz dirigée par Alain Ferrandi, mis en examen pour « complicité de destruction être ordonnée ou prolongée que lorsqu’elle est sur la détention provisoire. Depuis 1983, cette mé sur Europe 1, le 26 mai, que les une des cinq personnes mises en de biens par incendie en bande organisée » pour « l’unique moyen de conserver les preuves ou in- mesure, parfois nécessaire à la protection de informations contenues dans les examen pour l’assassinat du les incendies criminels des paillotes Chez Fran- dices matériels », d’« empêcher une pression sur l’ordre public ou des intérêts de l’enquête, mais deux notes du préfet « corrobo- préfet. Les policiers s’inter- cis et Aria Marina. Placé en détention provisoire les témoins et les victimes ou une concertation attentatoire aux libertés individuelles et au raient celles que détenaient déjà la rogent sur une éventuelle depuis le 6 mai à la maison d’arrêt de la Santé, à frauduleuse entre personnes mises en examen et principe de la présomption d’innocence, a fait police » et que s’il y avait eu du re- « complicité logistique », pas- Paris, M. Bonnet avait fait une première de- complices ». Elle peut aussi être ordonnée lors- l’objet de sept réformes. Ces textes successifs tard dans l’enquête sur l’assassinat sive ou active, des Filippi, les té- mande de remise en liberté qui avait été rejetée, qu’elle est « nécessaire pour protéger la personne ont réduit les prérogatives du juge d’instruction de Claude Erignac, il serait dû «à léphones portables utilisés par le 28 mai, par le juge d’instruction d’Ajaccio Pa- concernée », « pour mettre fin à l’infraction ou en matière de détention provisoire. Après avoir une insuffisante administration de la les auteurs présumés de l’atten- trice Camberou. prévenir son renouvellement », « pour garantir le augmenté dans les années 70 puis 80, le nombre justice » : pendant dix mois, sou- tat appartenant à l’une de leurs Depuis quelques semaines, les voix se sont maintien de la personne concernée à la disposi- de prévenus s’est aujourd’hui stabilisé autour ligne-t-il, l’enquête sur l’attentat sociétés. Ils étudient par ailleurs multipliées pour réclamer la remise en liberté tion de la justice » ou « pour préserver l’ordre pu- de 20 000, soit plus d’un tiers des 58 000 déte- contre la gendarmerie de Pietrosel- les liens entre la famille Filippi de Bernard Bonnet. L’Association du corps pré- blic du trouble causé par l’infraction ». nus. En revanche, la durée de la détention pro- la, menée par la gendarmerie, et et M. Ferrandi – présenté fectoral et des hauts fonctionnaires du minis- visoire a augmenté, passant en moyenne de celle sur l’assassinat de Claude Eri- comme l’homme-clé de l’atten- tère de l’intérieur a ainsi demandé, le 28 mai, SEPT RÉFORMES DEPUIS 1983 2,9 mois en 1980 à 4,4 mois en 1997. gnac, confiée à la police judiciaire, tat. Le gérant de l’agence Hertz que la détention « prenne fin dès lors qu’elle ne Dans le cas de M. Bonnet, le juge Patrice Deux réformes confiant la détention provi- ont cheminé parallèlement. ne semble disposer, en l’état de répond plus aux conditions définies par le code de Camberou a, conformément au code de procé- soire à une collégialité de magistrats ont ainsi Mme Guigou réplique vivement, l’enquête, que d’un contrat oral procédure pénale ». Quelques jours auparavant, dure pénale, organisé un débat contradictoire été adoptées, en 1985 et 1987, mais n’ont jamais le 6 juin, que « ça n’a pas de sens de avec ses employeurs. le ministre de l’intérieur, Jean-Pierre Chevène- pour recueillir l’avis de l’avocat du mis en exa- été appliquées. En 1993, Michel Vauzelle instau- tenir des propos pareils ». Elle af- ment, avait estimé que la remise en liberté de men et celui du parquet d’Ajaccio. Suivant les rait le « juge délégué », distinct du juge d’ins- firme : « Dans les affaires difficiles, il M. Bonnet sous contrôle judiciaire ne le cho- réquisitions du parquet, il a considéré, dans une truction, mais le texte a été abrogé six mois faut soutenir les gens qui en sont en aussi, d’accorder davantage de querait pas du tout (Le Monde daté 30-31 mai). ordonnance motivée, que la détention provi- après par son successeur, Pierre Méhaignerie. charge, et on ne peut pas dire : “Tout pouvoir aux représentants de La ministre de la justice, Elisabeth Guigou, leur soire était nécessaire, notamment pour éviter Depuis, Elisabeth Guigou a proposé, dans un ce qui est bien, c’est la police, tout ce l’Etat, grâce à de nouvelles mesures a répondu en indiquant qu’elle jugeait « bizarre tout risque de destruction des preuves et in- texte sur la présomption d’innocence actuelle- qui retarde, c’est la justice”, car la de déconcentration, qui devraient qu’on s’insurge sur la détention provisoire quand dices, ainsi que toute tentative de pression sur ment en discussion au Parlement, d’instaurer police est placée sous le contrôle des être annoncées en juillet (Le Monde ça concerne un préfet et qu’on demande que les témoins ou de concertation avec les coau- un second juge, distinct du juge d’instruction, magistrats, et pas l’inverse. » du 8 juin). Ainsi les préfets ont-ils soient mis en détention provisoire des jeunes qui teurs. Il a également considéré que la détention pour décider des placements en détention pro- M. Chevènement répond à son pu revenir la tête haute dans leurs ont commis des actes beaucoup moins graves que de M. Bonnet s’imposait pour sa propre protec- visoire. tour, le 8 juin, sur LCI, que le fonc- départements. ceux dont M. Bonnet est soupçonné ». tion et pour la préservation de l’ordre public, tionnement « de l’institution judi- La détention provisoire, qui consiste à mettre étant donné l’émotion causée par l’infraction. Cécile Prieur ciaire doit faire l’objet d’un débat de Rafaële Rivais Cellule, parloir et cafards pour l’ancien préfet de Corse à la prison de la Santé

BERNARD BONNET ne se plaint d’appel de Bastia ordonnera, le 14 achetés en prison. « Nous avons re- envoyé en Corse] pour lui dire que pas. L’ancien préfet de Corse, incar- juin, sa mise en liberté. çu plusieurs propositions d’éditeurs, s’ils n’ont pas toujours été d’accord céré depuis le 6 mai à la prison de la La jeune fille, âgée de vingt ans, qui souhaitent publier un livre, mais avec lui sur l’usage du catalan, ils Santé, ne parle ni de la cellule exi- étudiante en langues à Paris, va voir nous les avons pour l’instant décli- trouvent son incarcération injuste ». guë qu’il occupe, seul, dans le quar- son père « aussi souvent que pos- nées », indique Mlle Bonnet. Parfois, Le jeune courtier bancaire compte sible » : « Pendant les dix jours qui M. Bonnet lit les aphorismes de mettre en ligne la liste des signa- RÉCIT ont suivi sa garde à vue, il n’a pas été Stanislas Jerzy Lec, un écrivain juif taires, jeudi 10 juin, sur un site In- « Mon père n’avait pas possible de lui rendre visite, regrette- polonais qui s’opposa au totalita- ternet (prefet-bonnet.org). t-elle. Depuis, on a droit à trois vi- risme. Il lit aussi le volumineux En prison, M. Bonnet reçoit aus- de haine anticorse. La sites de 45 minutes par semaine, du courrier qui lui arrive, après avoir si, bien sûr, les visites de son avo- preuve, il écoutait des mercredi au samedi, entre 8 heures transité par le bureau du juge Pa- cat, deux fois par semaine environ. chants polyphoniques » et 17 heures. Ma mère, mon frère et trice Camberou, à Ajaccio. «Un Il a choisi Me Georges Kiejman, moi y allons à tour de rôle. Nous de- jour, il a reçu trois cents lettres d’un qu’il ne connaissait pas personnel- mandons des rendez-vous à l’avance, seul coup, indique sa fille. Mainte- lement, dès le début de sa garde à tier dit « des VIP », ni des fouilles pour nous assurer qu’il y aura de la nant, il doit en avoir au moins huit vue. « Il m’a demandé d’intervenir à au corps qu’il subit après chaque place. » cents. » Elle affirme qu’« il est très la vingtième heure. On m’en a averti passage au parloir, ni de la piètre Dans le minuscule parloir où sensible au soutien qui lui est appor- un matin, j’ai aussitôt pris un avion nourriture qui lui est servie trois sont installées deux chaises, c’est de té », même s’il ne répond pas, pour Ajaccio, sans même emporter fois par jour. Sa fille, Anne-Laure l’enquête sur l’assassinat de son « sans doute parce qu’il sait que ses une brosse à dents », indique l’avo- Bonnet, choquée d’apprendre, par prédécesseur, Claude Erignac, que lettres vont être lues par le juge et cat, en ajoutant : « Dans une affaire une tribune de Pierre Botton dans parle, principalement, l’ancien pré- qu’il ne veut pas écrire quelque chose pareille, Bernard Bonnet ne pouvait l’hebdomadaire Paris-Match (daté fet de Corse. « Mon père s’indigne d’insipide ». guère faire appel qu’à Henri Leclerc 10 juin), qu’il y a des cafards dans le d’être enfermé dans la même prison ou à moi. » Il refuse d’indiquer le quartier où il est détenu, pense que, que certains assassins du préfet Eri- UN SITE SUR INTERNET montant de ses honoraires, que le si son père ne répond pas aux ques- gnac », s’exclame sa fille. Elle ex- Stéphane Bonnet, lui aussi est ministre de l’intérieur a décidé de tions qu’elle, sa mère ou son frère, plique qu’« il a la télévision dans sa inondé de lettres, a fondé un comi- prendre en charge. « Mon talent est Stéphane, lui posent, c’est pour les cellule, il regarde les informations, et té de soutien à son père et indique sans prix », plaisante-t-il, avant de « épargner ». Il n’a livré qu’un dé- il sait parfaitement à quelle date ils rapporte que son père « s’est indi- Cette seconde affaire est, aux avoir obtenu plus de trois mille si- préciser : « Je n’ai pas de tarif ho- tail : il achète de l’eau minérale sont arrivés », bien qu’il ne croise ja- gné des propos du contrôleur général yeux de l’ancien préfet, « bien plus gnatures, parmi lesquelles celle de raire, je m’adapte. » Et de rappeler pour ne pas boire celle du robinet. mais personne. L’ancien préfet est Roger Marion selon lesquels il aurait importante que celle de la paillote », Michel Charasse, qui confirme que dans l’affaire Malik Oussékine, La Santé ne propose, semble-t-il, « scandalisé de voir qu’Yvan Colon- ralenti l’enquête », avant d’ajouter : qui lui vaut pourtant d’être incarcé- avoir envoyé une carte de visite. il avait demandé « zéro franc ». que la marque... Chantereine ! na [le tueur présumé] n’a pas en- « Ce n’est pas de sa faute si un infor- rée, affirme la jeune fille, certaine Jack Lang a envoyé un message L’avocat veille à maîtriser la M. Bonnet ne veut pas s’expri- core été arrêté, alors que la police est mateur est venu le voir parce qu’il de l’innocence de son père. verbal de sympathie à la famille, communication de la famille de mer sur les conditions matérielles en sureffectif en Corse ». n’avait confiance qu’en lui ! » Du « Contrairement à ce qu’on a dit, par l’intermédiaire de son avocat, M. Bonnet et déconseille à chacun de sa détention : telle est la réponse fond de sa prison, l’ancien préfet de mon père n’avait pas de haine anti- et rappelle qu’il a déclaré publique- de ses membres de « parler des qu’il a faite, par l’intermédiaire de DISCUSSIONS À VOIX BASSE Corse s’inquiète d’ailleurs du sort corse. La preuve, il écoutait des ment, par deux fois, que l’abus de la faits », de peur d’indisposer le juge, sa fille, au Monde, qui lui avait écrit Pendant ces rendez-vous, où ils de cet informateur : « Si j’apprenais chants polyphoniques pour essayer détention provisoire est une « triste qui pourrait mettre le préfet à l’iso- pour l’interroger sur ce point. s’entretiennent à voix basse « et par sa mort, j’en serais malade », répète- de comprendre ce peuple ! », ra- exception française ». lement. Il demande à relire les in- « L’important, à ses yeux, n’est pas sous-entendus, pour ne pas être t-il à sa fille. « Pour le protéger, il n’a conte-t-elle. Selon Stéphane Bonnet, «un terviews qu’ils donnent, mais dé- que l’on évoque son incarcération, compris au cas où des micros au- donné son nom ni à ma mère ni à De retour dans sa cellule, c’est grand nombre de maires ou de plore que nombre d’entre elles mais qu’on en souligne l’injustice », raient été posés », M. Bonnet répète moi. Seul le contrôleur Marion encore de l’enquête que M. Bonnet conseillers généraux des Pyrénées- échappent aux mailles de son filet. affirme Mlle Bonnet, qui espère que que « c’est grâce à ses notes qu’on a connaît son identité », indique se préoccupe, écrivant longuement Orientales ont écrit à Bernard Bon- la chambre d’accusation de la cour arrêté les assassins ». Mlle Bonnet Mlle Bonnet. sa vérité sur des blocs de papier net [qui fut leur préfet avant d’être R. Rs LeMonde Job: WMQ1106--0013-0 WAS LMQ1106-13 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 10:45 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 15Fap: 100 No: 0391 Lcp: 700 CMYK

FRANCE-SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 / 13

Les détournements au détriment de l’ARC Deux ans de prison avec sursis passaient inaperçus de ses administrateurs requis contre Alain Carignon Jacques Crozemarie a bénéficié d’une dizaine de millions de francs de travaux Poursuivi pour « abus de biens sociaux » et « usage de faux » devant Le tribunal correctionnel de Paris est revenu, mercredi était victime. Il a également examiné les travaux dont le tribunal correctionnel de Grenoble, l’ancien ministre, apparemment 9 juin, sur le manque d’attention des administrateurs une résidence de Jacques Crozemarie a bénéficié, sans de l’ARC face aux détournements dont l’association que toutes les factures lui aient été présentées. très las, affirme qu’il n’est « plus révolté depuis longtemps » CÉCITÉ ? Manque de curiosité ? qu’« on ne pouvait pas avoir il a bénéficié dans ses villas de GRENOBLE de son interlocuteur n’a pas le bon- comptable présenté à l’assemblée A en croire plusieurs anciens ad- connaissance de surfacturations » Rians, puis de Bandol. L’ancien de notre correspondante heur de lui plaire. Mais la combati- départementale. ministrateurs de l’Association pour chez son principal fournisseur au président de l’ARC a certes payé En entendant le parquet requérir vité et la pugnacité, qui avaient si « Dans cette société, on pouvait la recherche sur le cancer (ARC) in- vu de la comptabilité tenue à sur ses deniers une partie de ces contre lui deux ans d’emprisonne- longtemps habité ce maire devenu faire ce qu’on voulait, puisqu’on sa- terrogés pendant l’enquête, rien de l’ARC. Il rappelait cependant l’in- travaux (2,2 millions de francs), ment avec sursis et 100 000 francs deux fois ministre de la Ve Répu- vait que, quel que soit le résultat, les particulier sistance qui avait dû être la sienne mais l’essentiel (environ 8 millions, (près de 15 245 euros) d’amende, blique, n’y étaient plus. fonds publics viendraient combler les n’était à signa- au début des années 90 pour ob- selon les experts) a été supporté Alain Carignon a à peine cillé. trous », a lancé le procureur adjoint, ler au tenir qu’un contrôleur de gestion par Publicadvise, l’une des sociétés Même l’hypothèse que cette peine « INFRACTIONS FORMELLES » Jean-Pierre Dages-Desgranges, royaume de veille au grain. Comme la prési- du groupe de Michel Simon, qui, ne soit pas confondue avec les cinq Le tribunal s’est penché sur la pour qui le dossier est « symptoma- Jacques Croze- dente lui citait que les experts entre 1988 et 1996, aura financé pas ans d’emprisonnement – dont gestion de Grenoble Isère Dévelop- tique d’un système ». « Les désirs marie du avaient évalué à 34 % la marge bé- moins de 21,7 millions de francs de quatre fermes – prononcés contre pement (GID), une société d’Alain Carignon étaient des temps de sa néficiaire d’ID sur les travaux fac- travaux aux domiciles de divers lui en 1996 par la cour d’appel de d’économie mixte dont le capital ordres », a-t-il ajouté en dénonçant splendeur, si turés à l’ARC, M. Cazalet indi- cadres et dirigeants du groupe. Lyon ne l’a pas fait réagir. Pendant était détenu à 70 % par le conseil une connivence entre Alain Cari- ce n’était le ca- quait : « Le travail technique était « A l’évidence, on ne vous a pas l’ensemble de son procès pour général de l’Isère et dont, selon l’ac- gnon et le président de GID de ractère régalien de ses décisions, à bien fait. Les marges peuvent aller présenté toutes les factures », ob- « abus de biens sociaux » et « usage cusation, M. Carignon aurait assuré l’époque, le sénateur (UDF) Jean prendre ou à laisser. Administra- de 15 à 50 %. On est dans un do- serve la présidente, s’adressant à de faux » devant le tribunal correc- « la direction de fait [à] des fins per- Boyer, et son directeur, Guy Né- teur de l’ARC pendant quinze ans, maine où il n’y a rien de méca- Jacques Crozemarie. Soudain, le tionnel de Grenoble, qui a débuté sonnelles, d’amitiés et de clientélisme vache. « Je n’ai fait qu’intervenir, re- le professeur Gérard Milhaud, ap- nique. » Et de préciser : « Mais je prévenu remise l’arrogance qu’il mardi 8 juin, M. Carignon a adopté (...) pour favoriser l’entreprise poli- commander, soutenir des projets », a porte lui aussi, mercredi 9 juin, sa n’avais pas connaissance de l’autre déploya la veille envers celle dont il une attitude très éloignée de ses tique dans laquelle il était intéres- répondu M. Carignon. Décédé, Mi- pierre à la défense de l’association côté. » Or, de l’autre côté, précisé- fustigeait le «blabla»: « Avec tout emportements de naguère. sé ». Un projet grandiose de circuit chel Pacary, qui a déclaré lui avoir de Jacques Crozemarie. « Dans les ment, chez ID, les enquêteurs ont le respect que je vous dois, madame « Je ne suis plus révolté depuis automobile aurait ainsi justifié le reversé systématiquement 50 % de années 1980, la France finançait trouvé matière à de multiples in- la présidente, on m’a présenté des longtemps », a expliqué l’ancien paiement de 1,8 million de francs à ses commissions, ne peut plus le mal la recherche sur le cancer. fractions, dont le tribunal, rivé à factures et je les ai payées. » « Toutes maire de Grenoble au président du son opérateur ainsi que de 2,2 mil- contredire. « J’ai peut-être commis L’ARC constituait le principal moyen l’ordonnance de renvoi du juge les factures ne lui étaient pas présen- tribunal. A quelques rares mo- lions de francs à divers intermé- des infractions formelles, mais je n’ai de financement. Grâce à l’ARC, nous d’instruction, poursuit inlassable- tées parce qu’il ne voulait pas les ments, certaines des attitudes diaires. Les débats ont également reçu aucun centime », a affirmé avons pu faire reculer le mal. » « La ment l’examen. voir, grommelle alors Michel Si- qu’on lui connaissait du temps où il porté sur le versement d’une M. Carignon avant d’ajouter : question est de savoir si vous auriez Après les importants problèmes mon. Parce qu’il n’aurait pas payé, régnait sur le conseil municipal et le commission de 1,6 million de francs « Avec vous, monsieur le procureur, pu avoir plus d’argent », recadre la de facturation interne au groupe parce qu’il ne voulait pas, parce conseil général de l’Isère lui sont re- à la société Rhoddlams, dirigée par j’aurais été devant vous, quoi qu’il présidente du tribunal, Sophie Por- ID et ses circuits nébuleux d’acqui- c’était dû. C’était comme ça ». venues, comme cette façon de plis- Michel Pacary, sur des emplois de arrive. » tier. sition de papier, après les emplois ser les yeux ou d’esquisser une complaisance, des indemnités in- Les deux tiers des fonds collectés de femmes de ménage, de gardien Jean-Michel Dumay moue boudeuse quand le propos dues et un faux document Nicole Cabret par l’association ont été engloutis de villa, d’« homme à tout faire » par sa politique de communication payés à Jacques Crozemarie par les exclusivement confiée aux sociétés sociétés de Michel Simon, l’au- du groupe International Develop- dience en était venue, mardi, aux ment (ID) des hommes d’affaires 2,1 millions de francs d’honoraires Michel Simon et Pascal Sarda. «Je perçus entre 1991 et 1994 par l’an- ne pense pas qu’avec plus d’argent, cien président de l’ARC de deux on aurait fait beaucoup plus, assure sociétés américaines, Andara et le professeur Milhaud. On ne res- Lynx Partners. sentait pas de manques dans les commissions scientifiques. Quant « SANS FONDEMENT » aux mécanismes de dépenses, ils Selon l’accusation, ces nous étaient totalement étrangers et 60 000 francs mensuels versés à ne nous préoccupaient pas. Au M. Crozemarie ont été « sans fon- conseil d’administration, nous dement » et ont « semblé avoir été avions les représentants des diffé- réglés pour lui être agréable ». Ain- rents ministères. Jamais aucune ob- si, l’information a établi qu’Andara servation n’a été formulée. On se et Lynx Partners, sociétés de sentait confortés. » conseil financier dirigées par Da- « ID évoque-t-il quelque chose nielle Pihl, étaient alimentées soit pour vous ? » demande la prési- par une société de Pascal Sarda dente. « Non ». Michel Simon, – dont Mme Pihl est une amie –, soit poursuivi pour complicité d’abus par un imprimeur d’ID, soit par de confiance, se lève, un tantinet une agence de voyage elle-même agacé, rappelant qu’il avait partici- en cheville avec ID. pé en personne à des réunions pré- Mme Pihl faisait valoir, pour sa paratoires à des congrès organisés part, qu’un contrat avait été signé pour l’ARC par sa société. Et, à avec Jacques Crozemarie en tant l’adresse du professeur Milhaud : qu’« ingénieur-conseil » pour « J’ai été étonné qu’on ne se « identifier des produits pharma- connaisse pas, Gérard »... Ainsi ceutiques » à dominante géronto- l’ARC aurait-elle pu se faire factu- logique susceptibles d’être déve- rer entre 1988 et 1995 par le groupe loppés. De ce travail, aucun ID pour un milliard de francs sans rapport n’a pu être présenté. Mais que cela n’attire l’attention. Ainsi Jacques Crozemarie assurait avoir M. Crozemarie aurait-il pu signer testé un produit capillaire («il a sans contrôle des factures aux li- fallu arracher cinq mille cheveux qui bellés succincts atteignant parfois avaient poussé ! ») ainsi qu’un pro- 17 millions de francs. duit contre l’impuissance sexuelle Commissaire aux comptes de (« qu’il fallait s’injecter dans la l’ARC entre 1984 et 1996, Roger- verge : c’était pas très agréable et Louis Cazalet affirmait à la barre, même dangereux »). mardi, qu’« il ne pouvait se voir « Je n’ai pas accepté d’avan- qu’il y avait des débordements ». tages », dit encore Jacques Croze- Cet ancien président de l’Ordre des marie, mercredi, lorsqu’il est inter- experts-comptables assurait rogé cette fois sur les travaux dont Fin d’une grève de la faim contre la « double peine »

APRÈS trente-sept jours de dans l’ignorance de leur sort ». Selon jeûne, Lila Bouguessa a mis fin, lui, Elisabeth Guigou aurait trans- mercredi 9 juin, à la grève de la faim mis le dossier à l’Elysée avec un avis qu’elle avait commencée à Villeur- favorable mais le dossier pourrait banne (Rhône) pour obtenir la ré- s’être heurté au refus du chef de gularisation de Moncef Khalfaoui, l’Etat, systématique en matière de son compagnon tunisien, père de drogue, « même s’il s’agit de 2 gram- leurs enfants, condamné à l’inter- mes il y a quinze ans », proteste diction du territoire en 1985 pour M. Costil. trafic de stupéfiants (Le Monde du M. Khalfaoui avait participé à une 2 juin). Mme Bouguessa entendait longue grève de la faim à Lyon, voi- protester contre l’application de la ci un an, et avait obtenu d’être as- « double peine » qui consiste à ban- signé à résidence. Mais la cour d’ap- nir du territoire des étrangers ayant pel de Lyon a refusé, en janvier, de déjà purgé une peine de prison, relever son interdiction judiciaire du même s’ils ont été élevés en France territoire. Le règlement de sa situa- et y ont une famille. tion pourrait cependant intervenir Très affaiblie, Mme Bouguessa a en raison d’une circulaire aux par- cessé son action à la suite de ru- quets préparée par la chancellerie. meurs faisant état du rejet, par Ce texte pourrait intégrer partielle- Jacques Chirac, de la demande de ment les propositions du rapport grâce qu’elle lui avait adressée. Ce Chanet qui suggérait de prohiber rejet ne lui avait cependant pas été les interdictions du territoire pour notifié, jeudi 10 juin au matin. L’Ely- les étrangers scolarisés en France sée et le ministère de la justice se re- depuis l’âge de six ans. Mais il fusaient d’ailleurs à le confirmer. semble fort que ce document trai- Le pasteur Jean Costil, de la Ci- tant d’un sujet jugé sensible ne soit made (service œcuménique d’en- pas publié avant les élections euro- traide) de Lyon, qui lutte contre la péennes. « double peine », dénonce le «mé- pris des personnes que l’on laisse Philippe Bernard LeMonde Job: WMQ1106--0014-0 WAS LMQ1106-14 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 10:54 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 15Fap: 100 No: 0392 Lcp: 700 CMYK

14 / LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 FRANCE-SOCIÉTÉ Les syndicats et le patronat engagent un recours M. Dumas annonce la parution d’un livre pour critiquer la justice contre l’Etat pour excès de pouvoir sur l’Unedic DANS UN ENTRETIEN publié par l’hebdomadaire VSD du 10 juin, Roland Dumas assure que « les accusations de Christine Deviers-Jon- cour perdent chaque jour de leur acuité » et que le dossier judiciaire « se réduit comme peau de chagrin ». Interrogé sur les chaussures La procédure menace le financement de la réduction du temps de travail payées par Mme Deviers-Joncour avec une carte de crédit d’Elf, il in- dique : « Les chansonniers s’en sont emparés comme du cigare de Bill Le régime d’assurance-chômage, l’Unedic, a dé- partenaires sociaux, unanimes, entendent ainsi nisme paritaire. Derrière ce geste de colère, c’est Clinton – encore que je n’en fasse pas le même usage. » Il estime que posé un recours juridique contre l’Etat pour ex- mettre en garde le gouvernement accusé de une grosse partie du financement des 35 heures « l’enquête aurait dû s’intéresser à d’autres personnalités ou d’autres dé- cès de pouvoir, ce qui est sans précédent. Les vouloir disposer à sa guise des fonds de l’orga- qui pourrait être remis en cause. tournements d’argent ». Rappelant qu’il n’a « pas quitté » la présidence du Conseil constitu- LA TENSION qui couvait ces der- salarié pour toutes les entreprises s’ajouter à un autre. Depuis le ne sont plus nos créanciers », tempê- tionnel – dont il s’est mis « en congé » –, M. Dumas annonce la paru- niers jours entre le gouvernement qui auront effectivement abaissé 1er janvier 1999, la « contribution De- tait, il y a peu, M. Gauthier-Sauva- tion d’un livre dans lequel il « mettra en cause les nouvelles pratiques et le régime d’assurance-chômage a leur temps de travail à 35 heures. lalande » imposée, depuis 1987, aux gnac. de notre justice ». Estimant qu’on ne lui a « rien pardonné (...) de ses franchi un nouveau palier. L’Unedic Cette mesure a été chiffrée à 40 mil- entreprises qui licencient des sala- Mercredi 9 avril, face à Mme Au- choix politiques », il souligne, dans une allusion à M. Jospin, qu’il ne a décidé de déposer, à titre conser- liards de francs (6,09 milliards d’eu- riés de plus de cinquante ans et per- bry, le secrétaire national chargé de s’est « pas réfugié, comme d’autres, derrière le “droit d’inventaire” » et vatoire, un recours juridique contre ros) d’ici à 2002. çue par l’Unedic, a été doublée. l’emploi à la CGC, Jean-Louis Wal- critique Mme Guigou : « Si je devais être garde des sceaux, je ne me l’Etat pour excès de pouvoir auprès Mais en contre-partie, le ministère ter, a rappelé à la ministre l’urgence contenterais pas d’évoquer la présomption d’innocence dans les col- du Conseil d’Etat. « Du jamais vu », « PAS UN CENTIME » de l’emploi a décidé, par arrêté, de d’une rencontre afin de dénouer la loques. A quoi bon parler de la détention provisoire alors qu’on ne fait reconnaissent plusieurs organisa- Récemment, le ministre de revoir à la baisse sa participation au crise. Il a aussi proposé des gestes rien ? » tions syndicales. l’économie, Dominique Strauss- système de pré-retraite (AS-FNE). d’apaisement. Les taxes sur Cette décision a été prise, jeudi Kahn, indiquait que son finance- Du coup, l’Unedic, qui avait, par ail- les heures supplémentaires ou sur 3 juin, lors du dernier bureau de ment serait assuré pour moitié par leurs, à l’époque, protesté contre le le travail précaire qui serviraient à Deux magistrats mis en examen l’organisation paritaire. Les dix re- l’Unedic, un tiers par la Sécurité so- rôle de « percepteur » que lui faisait alimenter, selon Mme Aubry, des présentants de cette instance, éma- ciale et un sixième par l’Etat. Dans jouer l’Etat, estime avoir perdu dans fonds pour l’emploi pourraient nation restreinte du conseil d’admi- son esprit, la mesure est logique : l’opération 1,7 milliard de francs. l’être au bénéfice de ceux de l’Une- nistration, l’ont votée à l’unanimité, ces organismes bénéficieront des « Cette disposition a été prise sans en dic. pour « injures raciales » de la CGT jusqu’au Medef. Elle retombées en matière d’emplois et parler à personne », s’offusquent les Cette affaire pourrait être lourde LE JUGE D’INSTRUCTION Hervé Stéphan a mis en examen, le constitue avant tout une mise en devraient donc engranger plus de partenaires sociaux qui présentent, de conséquences pour l’avenir du 28 mai, les magistrats Georges Fenech et Alain Terrail pour « injures garde contre le gouvernement, ac- cotisations. Dans celui des parte- une fois n’est pas coutume, un front paritarisme. Elle intervient à un mo- raciales ». Ancien avocat général près la Cour de cassation, M. Terrail cusé de vouloir disposer à sa guise naires sociaux, elle ne l’est pas. Non uni. C’est donc sur ce volet que le ment important. A l’automne, est l’auteur d’un billet à caractère antisémite publié, en novembre des fonds de l’Unedic. Derrière ce seulement, ils estiment avoir été in- recours juridique a été déposé. l’Unedic doit renégocier la conven- 1998, dans la revue syndicale Enjeu Justice de l’Association profes- geste de colère, c’est une grosse suffisamment consultés sur cette ré- La rancœur s’est transformée en tion qui la lie avec sa tutelle. A cette sionnelle des magistrats (APM, droite). Mettant en cause l’ancien partie du financement des forme mais ils refusent de payer révolte avec la perspective d’être à occasion, la couverture de l’indem- substitut toulonnais Albert Lévy, il avait écrit : « Tant va Lévy au four... 35 heures qui pourrait être remis en pour ce qu’ils considérent être du nouveau sollicité pour financer les nisation des chômeurs devait être qu’à la fin il se brûle. » Cette phrase lui a valu d’être récemment mis à cause. domaine de l’Etat. « Nous n’avons 35 heures. Les partenaires sociaux revue. En parallèle, l’organisme né- la retraite d’office par la ministre de la justice, Elisabeth Guigou, sur La crise s’est nouée avec les ré- pas un centime pour financer quoi craignent que l’Etat ne remette en gocie les 35 heures pour son per- proposition du Conseil supérieur de la magistrature. M. Fenech a, centes déclarations gouvernemen- que ce soit des dépenses publiques. cause les 10 milliards de francs (1,52 sonnel, en prenant soin de ne pas quant à lui, été mis en examen en sa qualité d’ancien directeur de la tales sur l’aide future apportée à la J’ai un mandat unanime pour ça », milliard d’euros) de dettes de l’Une- solliciter les aides incitatives de publication de la revue Enjeu Justice. réduction du temps de travail. En n’a cessé de répéter, ces derniers dic repris à son compte et consé- l’Etat... Autant de chantiers qu’il ne plus des allégements de charges sur temps, Denis Gauthier-Sauvagnac, cutif au déficit abyssal de 1993. ferait pas bon inaugurer dans un cli- DÉPÊCHES les bas salaires, le gouvernement président (Medef) de l’Unedic (Le « Cela poserait un problème terrible mat délétère. a SANS-PAPIERS : une centaine de sans-papiers occupent les lo- projette en effet d’octroyer une aide Monde du 4 juin). vis-à-vis des créanciers si l’Etat n’ho- caux de la Société des gens de lettres (SGL), depuis mercredi 9 juin, de 4 000 à 5 000 francs par an et par Surtout, cet épisode est venu nore pas sa signature. En tous cas, ce Isabelle Mandraud à l’Hôtel de Massa dans le Ve arrondissement de Paris pour « rappeler au gouvernement et à l’opinion que le problème n’est pas résolu ». Ils font partie du troisième collectif et sont accompagnés notamment du collectif des cinéastes et écrivains. François Coupry, président de la SGL, n’a pas l’intention de demander leur expulsion. Les heures supplémentaires seront peu taxées au-delà de 35 heures a SANTÉ : le PDG d’une fromagerie d’Epoisses, incarcéré depuis LE PROJET de loi sur les 35 heures sera trans- ries (les dirigeants, ceux qui effectuent de nom- Enfin, la ministre a de nouveau évoqué le sys- le 20 mai après la mort de deux personnes des suites d’une listériose mis aux partenaires sociaux le 23 ou le 24 juin. breuses missions et les cadres de bureau), à tème complexe d’un double SMIC pour rattra- provoquée par ses fromages, a été remis en liberté sous contrôle judi- Ces derniers disposeront alors d’une semaine charge par la suite, dans les accords d’entre- per l’écart de 11,4 % induit par le passage de 39 à ciaire, mercredi 9 juin, par la chambre d’accusation de la cour d’appel pour étudier le document avant de retourner prise, de définir qui est qui... Pour cette catégo- 35 heures. Le temps partiel sera bien, de son cô- de Dijon. Patron de la SA Fromagerie de l’Epoisses-Fromagerie de voir la ministre de l’emploi et de la solidarité, et rie de salariés, la durée du temps de travail légal té, mis progressivement aux normes euro- l’Armançon, Jean-Pierre Fol est mis en examen pour « homicides et de donner leur sentiment. Mais déjà, au fil des serait décomptée en jours, et non pas en péennes (Le Monde du 4 juin). Les responsables blessures involontaires par manquement délibéré à une obligation de sé- premières consultations que mène actuellement heures, dans une fourchette de 200 à 210 jours de la CGC ont également eu le sentiment que curité ». Martine Aubry, les contours de la seconde loi par an. Mme Aubry souhaitait bien mettre en place une a SÉCURITÉ ALIMENTAIRE : les députés socialistes ont décidé, sur les 35 heures se précisent. taxation sur l’emploi précaire. Jusqu’ici, cette mercredi 9 juin, de proposer la création d’une commission d’enquête Mercredi 9 juin, face aux représentants de la CONCERTATION idée avait été laissée à la négociation de sur « la sécurité de la filière alimentation en France », rejoignant le CGC, Marc Vilbenoit et Jean-Louis Walter, la Jusqu’ici, c’est le principe qui a prévalu dans branche, sans aboutir du fait de l’hostilité du souhait exprimé, lundi, par Jean-François Mattéi (DL, Bouches-du- ministre a, semble-t-il, confirmé l’instauration la grande majorité des accords signés. La limite, patronat. Rhône). d’une période de transition. Ainsi, en 2000, les entre 200 et 210 jours, dépend en fait du calcul Après la CFDT, la CGT, FO et la CGC, la CFTC a PACS : l’Assemblée nationale a achevé, dans la nuit du 9 au heures supplémentaires, entre 36 et 39 heures des jours fériés qu’il faudra redéfinir. Sur les devait être reçue jeudi 10 avril, puis, le lende- 10 juin, l’examen en nouvelle lecture de la proposition de loi sur le ne seraient pas taxées à hauteur de 25 %, quelques 165 jours de repos restants, une partie main, le Medef et la CGMPE. L’Union profes- pacte civil de solidarité (PACS), sans modifier le texte qu’elle avait comme c’est le cas aujourd’hui après 39 heures, pourra être utilisée pour la formation profes- sionnelle artisanale fermera le ban de cette pre- adopté en deuxième lecture (Le Monde du 9 juin). Le PACS fera l’objet mais à un taux intermédiaire, entre 13 et 14 %, sionnelle. Ce point sera néanmoins tranché plus mière concertation le 15 juin. Le temps est d’un vote solennel, mardi 15 juin. Il doit être examiné une dernière au moins pendant un an. Le contingent annuel tard, lors de l’examen du projet de loi sur la for- compté. Mme Aubry doit transmettre à la fin du fois par le Sénat, le 30 juin, avant d’être définitivement adopté par des heures supplémentaires, lui, serait fixé de mation professionnelle. Déjà repoussé, ce pro- mois son projet de loi au Conseil d’Etat pour le l’Assemblée. façon progressive entre un plancher de 110, seuil jet confié à la secrétaire d’Etat Nicole Péry ne présenter fin juillet ou début août en conseil des a JUSTICE : le Parlement a définitivement adopté, dans la nuit du proposé par la CGC, et le plafond actuel de 130. dispose encore d’aucune date d’examen parle- ministres. 9 au 10 juin, le projet de loi sur l’efficacité de la procédure pénale. Ce La loi va également définir des mesures spéci- mentaire. Les forfaits tous horaires seraient par texte institue notamment la composition pénale, procédure permet- fiques pour les cadres séparés en trois catégo- ailleurs limités aux cadres dirigeants. I. M. tant au procureur de proposer aux auteurs de certains délits ou contraventions une « transaction » pour réparer les dommages. a MAGISTRATS : les députés ont adopté à l’unanimité en pre- mière lecture, dans la nuit du 9 au 10 juin, une proposition de loi or- La Sécurité sociale relance l’abonnement chez le généraliste ganique qui vise à prolonger de trois ans l’activité de magistrats qui ont atteint la limite d’âge (65 ans) et souhaitent continuer à exercer. a DÉLINQUANCE FINANCIÈRE : Vincent Peillon (PS, Somme) a Le « médecin référent » suscite encore l’hostilité d’une majorité de praticiens été désigné, mercredi 9 juin, président de la mission d’information sur la délinquance financière et les paradis fiscaux en Europe, dont les ABONNEZ-VOUS ! La Caisse na- coup plus exigeantes que la « Sécu » le chiffre d’affaires des généralistes. ordres (politiques, juridiques, infor- rapporteurs sont André Vallini (PS, Isère) et Arnaud Montebourg (PS, tionale d’assurance-maladie des sa- sur le rapport coût-efficacité de « Mais cette hausse ne serait pas pour matiques...) rencontrées ces der- Saône-et-Loire). Cette mission doit étudier « les obstacles au contrôle lariés (CNAM), la Mutualité sociale leurs actes, qui dicteront leur loi. acheter des voitures de sport, dit-il en nières années, caisses et médecins se et à la répression de la délinquance financière et du blanchiment des ca- agricole (MSA) et le régime des in- Quoi qu’en disent ses détracteurs forme de boutade, mais pour réin- sont fixé un objectif modérément pitaux en Europe ». dépendants (Canam) ont décidé de – et notamment la CSMF, première vestir. » Notamment dans l’emploi, ambitieux : 20 à 25 % de généralistes a CUMUL : Alain Journet, sénateur (PS) et président du conseil relancer – à travers une campagne organisation de praticiens libé- assure-t-il, un généraliste sur trois référents fin 2000 (environ 15 000 général du Gard, a annoncé, mercredi 9 juin, qu’il avait démissionné d’information en direction des assu- raux –, cette formule préserve le sys- seulement employant un salarié. praticiens). Et M. Spaeth a tenu à de son mandat de maire du Vigan et de la présidence des établisse- rés et des praticiens d’un coût initial tème libéral, puisqu’il n’est imposé Instruits des difficultés de tous ajouter que la formule du médecin ments publics de coopération intercommunale. de 6,3 millions de francs (0,96 mil- ni au malade, qui garde sa liberté de référent « n’est pas exclusive d’autres lion d’euros) – le dispositif du « mé- choix, ni au médecin, qui conserve modes de coordination des soins ». La decin référent ». Lancée en sep- celle de prescrire ce qu’il veut. En La CNAM rejette deux MSA (agriculteurs) a ainsi obtenu le tembre 1997, cette formule souscrivant cet abonnement, les as- feu vert du gouvernement pour ex- d’abonnement volontaire des assu- surés doivent surtout bénéficier projets gouvernementaux périmenter des réseaux autour des rés sociaux chez un généraliste avait d’un meilleur suivi médical, assurent hôpitaux locaux et des personnes pâti de l’annulation de la convention la CNAM et MG-France. En outre, Un conseil d’administration âgées. Son directeur général, Daniel médicale, le 3 juillet 1998, par le ils n’auront plus à faire l’avance des restreint de la Caisse nationale Lenoir, juge que le médecin référent Conseil d’Etat. Musclée dans la nou- frais pour la part prise en charge par d’assurance-maladie (CNAM) a prend tout son sens dans des ré- velle convention signée en no- les caisses (80,50 francs, 12,27 eu- rejeté à l’unanimité (moins 2 gions rurales où l’on peut parler de vembre par les caisses et le syndicat ros). Mutuelles et compagnies d’as- abstentions), mardi 8 juin, deux « désert médical ». de généralistes MG-France, sa mise surances ayant accepté le tiers- projets d’arrêtés du gouverne- La relance du médecin référent in- en œuvre avait encore été freinée payant, ils n’auront plus, à terme, à ment réduisant les tarifs des tervient au moment où la CNAM par des incertitudes juridiques. payer le ticket modérateur ophtalmologistes et des cardio- doit vendre à l’opinion un plan stra- Ces obstacles levés, les caisses (34,50 francs, 5,2 euros, pour une logues. Pour les premiers, il juge tégique qui a pour ambition de dé- d’assurance-maladie ont décidé de consultation de 115 francs, 17,53 eu- que les économies attendues gager 62 milliards de francs promouvoir une innovation qui ris- ros). d’une baisse de 10 % des actes ex- (9,45 milliards d’euros) d’économies quait de disparaître dans l’indiffé- ploratoires sont inférieures à ce par an tout en améliorant la qualité rence générale : actuellement, 4 250 « CONTRAT DE SANTÉ » qui est prévu par le « plan straté- des soins. Or le « plan Johanet » (du généralistes (7,5 %) ont pris cette En échange d’une prime de gique » de la CNAM. En outre, nom du directeur de la CNAM) est option et seulement 66 000 assurés 150 francs (22,86 euros) par patient rien n’interdira à ces praticiens critiqué de tous côtés. Le gouverne- (sur 60 millions environ)ont un « ré- et par an, le médecin devra appli- d’inscrire une consultation (dont ment s’oppose à la généralisation férent », alors qu’ils étaient respec- quer les tarifs conventionnels, assu- le tarif ne bouge pas) sur la rapide de la tarification à la patholo- tivement 8 600 et 272 600 dans la rer un véritable suivi médical (dos- feuille de soins, alors qu’ils au- gie qui permettrait, selon Gilles Jo- première version de 1997. Dans un sier, etc) et s’engager à ce que 15 % ront réalisé un acte technique hanet, de réduire de 30 milliards de paysage sanitaire où la spécialisa- de la valeur de ses prescriptions (fond d’œil, etc.). francs par an (10 %) les dépenses tion croissante appelle un renforce- soient réalisés avec les médicaments FO fait aussi remarquer que hospitalières. Les syndicats médi- ment du travail en équipe, ce prati- les moins chers de chaque classe 50 % des « ophtalmos » et 23 % caux refusent à la « Sécu » le droit cien assurera la coordination des thérapeutique (dont 5 % de géné- des « cardios » sont en secteur 2, de conventionner les médecins sur soins, gage d’une amélioration de riques). MG-France, qui milite pour et qu’ils pourront compenser la la base de critères de bonnes pra- leur qualité, plaide le président un tel « contrat de santé » depuis baisse des tarifs en relevant les tiques (qualité des soins, économies) (CFDT) de la CNAM, Jean-Marie dix ans, estime que tout le monde y honoraires au détriment des ma- et de les recertifier tous les sept ans. Spaeth. « C’est la dernière chance gagne, notamment les omniprati- lades. Il ne s’agit que d’un avis, et Quant à l’industrie pharmaceutique, pour une coordination des soins à la ciens, devenus les parents pauvres Martine Aubry, ministre de la so- elle rejette le projet d’un « tarif de française » préservant les principes du système de santé. Un effet d’au- lidarité, a signé, mercredi 9 juin, référence » par spécialité sur la base de la médecine libérale, ajoute le baine ? M. Bouton exclut ce risque un accord avec les cardiologues duquel seraient établis les rembour- président de MG-France. En cas tout en concédant que si l’ensemble censé dégager 100 millions de sements. d’échec, prévient Richard Bouton, des assurés s’inscrivait chez un « ré- francs d’économies en année ce sont les assurances privées, beau- férent », cela augmenterait de 30 % pleine (Le Monde du 5 juin). Jean-Michel Bezat LeMonde Job: WMQ1106--0015-0 WAS LMQ1106-15 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 09:24 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 15Fap: 100 No: 0393 Lcp: 700 CMYK

15 RÉGIONS LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 La plaisance ouvre de nouveaux horizons économiques à la Bretagne Désormais, la filière du nautisme a plus de poids que les activités de la pêche. Conséquence : sans être aussi saturés que ceux de la Méditerranée, les ports bretons manquent d’anneaux. Les sites abandonnés par l’industrie navale pourraient être reconvertis pour accueillir les bateaux de plaisance

LA TRINITÉ-SUR-MER mande dans plusieurs ports. Tous D’après les estimations de Mi- vingt-quatre, il faut construire des La plaisance veut investir les dans les années 70 ont été aména- (Morbihan) les ports bretons n’en sont pas au kaël Le Berre, qui dirige les deux digues énormes. Ce n’est pas tou- emplacements abandonnés par gés à la va-vite. Les plaisanciers de notre correspondante régionale même point. A Brest, Saint- ports de plaisance de Lorient et jours une réussite esthétique. » Il l’industrie navale, mais aussi par la qui accostent dans ces « parkings à Un vent frais fait tanguer les Brieuc, Lorient, l’attente est moins secrétaire général de l’Association fait allusion au port de Saint- pêche, activité en crise. « Ce sont bateaux » découvrent un no man’s voiliers amarrés dans le port de La longue. Mais, depuis deux ans, la des ports de plaisance de Bre- Quay-Portrieux (Côtes-d’Armor). des évolutions difficiles à admettre, land : pas étonnant qu’ils pré- Trinité. Les cordages claquent le demande a bondi. Les immatri- tagne, il faudrait ajouter six mille Le projet, lancé il y a une quin- reconnaît M. Michel, mais la filière fèrent débarquer dans les ports, long des mâts. Perdu au milieu de culations de bateaux ont augmen- anneaux aux vingt et un mille exis- zaine d’années, a coûté cher et nautique est aujourd’hui plus im- où bistrots, restaurants et super- cette forêt bruissante, un plaisan- té de plus de 33 % entre 1997 et tant en Bretagne. Mais où ? «On commence tout juste à trouver un portante économiquement que la marchés leur tendent les bras, et cier profite du soleil de mai pour 1998. Après une stagnation au dé- ne peut pas pousser les murs ! », équilibre financier. L’expérience pêche. Le nautisme n’est pas seule- où les équipementiers et répara- bichonner son bateau. « Il fait 6 but des années 90, la croissance s’exclame Yorick Lucas, le direc- n’est pas concluante, tant au ni- ment un divertissement, mais un teurs de bateaux sont légion. Au mètres, ce n’est pas très grand », est repartie, partout en France, et teur du port des Bas-Sablons, à veau économique qu’environne- secteur économique rentable. » A Kernével, pour l’instant, il n’y a s’excuse-t-il. Il a attendu trois ans particulièrement en Bretagne. Saint-Malo. mental. Les responsables de la Douarnenez, Brest, Camaret, Au- pas de vie autour du port : une avant de gagner sa place dans la « Comment voulez-vous qu’on plaisance ne veulent plus dierne, la plaisance a des places à nouvelle capitainerie est en marina la plus célèbre du Morbi- vende des bateaux si les acheteurs construire sans discernement. Ils prendre... construction ; un bar, un restau- han. La Trinité-sur-Mer, c’est le fin n’ont pas d’endroit où les mettre ? » Le risque, mettraient en péril leur principal Cela passe aussi par une ratio- rant, des sanitaires devraient bien- du fin du plaisancier breton. La Selon Michel Richard, directeur de argument de vente : la beauté des nalisation de l’espace : allonge- tôt sortir de terre. « C’est la qualité navigation y est facile, les pay- la chambre syndicale du en construisant côtes bretonnes. ment des pontons, organisation du service qui fera venir les plaisan- sages alentour réputés pour leur commerce et des industries nau- Pourtant, le littoral breton, qui du mouillage sauvage encore très ciers dans des ports aujourd’hui beauté encore sauvage. Pour avoir tiques du Grand Ouest, le dyna- sans discernement, regroupe 24 % des ports de plai- pratiqué dans les estuaires et les sous-utilisés », estime M. Le Berre. le droit d’amarrer son bateau dans misme retrouvé de l’industrie nau- sance français, a encore du poten- rias, et parfois creusement d’un Les responsables du nautisme un lieu aussi chic, il faut être pa- tique ne durera pas si la capacité est de mettre en péril tiel. « L’heure est à la reconversion marais voisin. Enfin, une meilleure placent enfin beaucoup d’espoir tient. d’accueil des ports n’augmente des friches portuaires », explique répartition des plaisanciers est in- dans le développement de la loca- A Saint-Malo aussi la file d’at- pas rapidement : « Les gens pren- la beauté des côtes Mikaël Le Berre. Du port de plai- dispensable. Même s’il est difficile tion, qui, selon eux, pourrait ré- tente est longue. Dans l’anse des dront l’avion pour aller naviguer sance de Kernével, qu’il dirige, on de déplacer la demande : ainsi, les soudre bien des problèmes. «Le Bas-Sablons, à quelques centaines aux Antilles et en Turquie. » Les aperçoit les grues des quais de ports du Morbihan, où beaucoup vrai produit touristique nautique de mètres de la ville close qu’on professionnels de l’industrie nau- Faut-il de nouveaux ports ? commerce de Lorient, et d’im- de propriétaires de bateaux pos- n’existe pas encore, soutient M. Mi- aperçoit au loin, 1 216 bateaux se tique, mais aussi du tourisme, ne « L’époque de la construction de menses bunkers, héritage de la se- sèdent des résidences secondaires, chel. Dans une dizaine d’années serrent autour d’une douzaine de veulent pas laisser échapper cette grandes marinas est révolue, af- conde guerre mondiale, ceux-là seront-ils toujours les plus courus. tout sera organisé : le voyage, la lo- pontons. Environ cinq cents pro- manne. A tel point qu’un colloque firme Yannick Michel, le président même qui, après reconversion, de- Aussi M. Le Berre plaide-t-il pour cation du bateau, et, pourquoi pas, priétaires se sont inscrits : ils de- réunissant trois cents profession- brestois de la Fédération française vraient accueillir l’Académie Ta- « une qualification des autres ports, le parcours. Il y a là un énorme po- vront attendre entre deux et cinq nels de la filière s’est tenu fin avril des ports de plaisance. Pour faire barly. Pourquoi ne pas intégrer un afin qu’ils soient un véritable trait tentiel de développement. » ans. Pour augmenter leurs à Lorient, afin de trouver des solu- de nouveaux ports en eau profonde, port de plaisance dans ce nouvel d’union entre la terre et la mer ». chances, certains font leur de- tions à l’engorgement des ports. accessibles vingt-quatre heures sur espace ? Beaucoup de ports construits Gaëlle Dupont

900 000 embarcations pour 165 000 places d’accueil

La flotte de plaisance française en métropole comptait 898 730 em- barcations, toutes tailles confondues, au 31 août 1998 (derniers chiffres du bureau de la plaisance et des activités nautiques, du mi- nistère de l’équipement, des transports et du logement). En un an, l’augmentation a été de 18 595 unités. 373 892 navires sont immatri- culés sur le littoral méditerranéen. Viennent ensuite le littoral bre- ton (182 520), puis normand (134 057). Les autres se répartissent entre les directions des affaires maritimes de Bordeaux et de Nantes. Néanmoins, le ministère pense que seules 650 000 embarcations sont réellement en état de naviguer. La capacité d’accueil des ports et installations de plaisance – à l’exclusion des mouillages, nom- breux mais difficiles à estimer – n’est que de 165 000. De nombreux bateaux, notamment les plus petits, sont donc parqués dans des ga- rages, jardins, hangars, etc. Un référendum dans onze communes sur la fusion Lille-Lomme LILLE socialistes − notamment Gérard de notre correspondante Caudron, maire de Villeneuve- Dimanche 13 juin, les électeurs d’Ascq, et Jean-Pierre Balduyck, de onze petites ou moyennes celui de Tourcoing − n’ont pas ca- communes de l’agglomération lil- ché leurs réserves quant à la mé- loise ne sont pas seulement appe- thode adoptée. Selon eux, il ne lés aux urnes pour désigner les dé- pourrait y avoir fusion sans putés européens : à consultation préalable de la popu- Marcq-en-Barœul (36 601 habi- lation. tants), Lambersart (28 275), La Madeleine (21 601), Hem HANDICAP DE TAILLE (20 200) et Wasquehal (17 986), ils Aujourd’hui, le débat dépasse sont aussi invités à se prononcer largement le cadre de la simple fu- sur le principe d’une fusion éven- sion Lomme-Lille. C’est la ques- tuelle avec Lille. Les onze maires, tion de la construction d’une la plupart appartenant au RPR ou grande métropole et des moyens à l’UDF, ont pris cette initiative utilisés pour y parvenir qui se pour contrer la proposition d’Yves trouve posée. Pour le maire de Durand, maire (PS) de Lomme Lille, la fusion engagée constitue (27 000 habitants), d’associer sa une démarche inéluctable. Avec ville à celle de Lille. Si cette offre, ses 170 000 habitants, Lille est la lancée en début d’année, a été ac- plus petite des grandes villes et cueillie avec enthousiasme par celle qui pèse le moins dans son Pierre Mauroy, maire (PS) de Lille agglomération (plus d’un million et président de la communauté ur- d’habitants). De ce fait, elle souffre baine, elle a provoqué de vives d’un lourd handicap pour jouer réactions, à gauche comme à son rôle de métropole régionale. droite (Le Monde du 15 janvier). Associée à Lomme, elle franchirait Unanimes, les élus de droite ont le cap des 200 000 habitants. dénoncé « une manœuvre poli- Cette opinion est relayée par Re- tique » visant à faciliter la victoire né Vandierendonck, maire de Rou- de Martine Aubry, actuelle pre- baix, Ce dauphin d’André Diligent mière adjointe de M. Mauroy, aux a rejoint la gauche lors des der- municipales de 2001. Bastion so- nières élections régionales. Elle est cialiste, Lomme pourrait en effet aussi soutenue par Bruno Bon- contribuer à assurer au successeur duelle, un des enfants terribles du du maire de Lille une majorité plus patronat nordiste et chef de file confortable. Au sein même de la d’un comité « Grand Lille ». gauche, des voix discordantes se sont fait entendre. Certains élus Nadia Lemaire

DÉPÊCHES a LOT-ET-GARONNE : le conseil général de Lot-et-Garonne avait lancé, avec le concours d’Ipsos, une consultation en direction des ha- bitants du département (Le Monde du 6 mai). Sur les 104 121 question- naires envoyés, 20 332 ont été retournés remplis, soit 19,5 %. Les habi- tants étaient invités à s’exprimer sur les orientations à prendre en matière sociale, économique, agricole, éducative... Les résultats de cette consultation seront rendus publics à l’automne. – (Corresp.) a ISÈRE : une association d’élus et un comité de défense ont ap- pelé à une manifestation, samedi 12 juin, à La Tour-du-Pin (Isère), afin de protester contre la décision de fermer le service des urgences de l’hôpital de Pont-de-Beauvoisin, en bordure de l’Isère et de la Sa- voir. Une pétition a recueilli plus de 8 000 signatures dans des communes des deux départements. Les maires de l’association rap- pellent que l’Etat et les communes viennent d’investir 15 millions de francs pour la mise aux normes de cet établissement. LeMonde Job: WMQ1106--0016-0 WAS LMQ1106-16 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 10:48 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 15Fap: 100 No: 0394 Lcp: 700 CMYK

16 / LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 HORIZONS RÉCITS Ce que nous avons vu Extraits des reportages de nos envoyés spéciaux à Belgrade, au Kosovo et à ses frontières, depuis le début du conflit, le 24 mars 1999

1er avril. Débarqués des wagons, 4 000 Albanais du Kosovo marchent sur la voie ferrée en direction de la Macédoine. Selon des témoins, ces réfugiés ont été mis de force dans le train par les forces serbes et déportés jusqu’à la frontière macédonienne. YANNIS BEHRAKIS/REUTERS La guerre de Milosevic

« Nous entendons beaucoup de l’OTAN, quatre officiers supérieurs flammes, la télévision de Belgrade Sans témoins d’histoires sur des tueries à Pec, Planification de l’armée yougoslave sont arrivés à Déportations expliquait comment les obus de dit Enan. Moi je viens d’Istok, à Pec avec des camions d’armes et de l’OTAN tuaient des civils. En fait, PRISTINA 20 kilomètres de Pec. Il n’y a eu au- ROZAJE (Monténégro) munitions, qu’ils ont distribuées aux Frontière macédonienne mes voisins avaient quitté le Kosovo Christophe Châtelot, 27 mars cun mort. La police est allée de Rémy Ourdan, 2 avril civils serbes de la ville. » Christophe Châtelot, 6 avril depuis plusieurs jours. Et puis, on Pristina est quadrillée, quasi- maison en maison dire aux gens Le vidage du Kosovo est pratiqué Les Serbes déportent les Koso- entendait des coups de feu. On ne ment bouclée. Elle l’est encore qu’ils avaient cinq heures pour de manière systématique. «A Pec, vars à échelle industrielle. Les savait pas d’où ça venait. On disait plus hermétiquement après l’ex- quitter la région. Puis les soldats les opérations d’expulsion ont Identité volée trains s’arrêtent à quelques cen- que des dizaines d’intellectuels pulsion de la trentaine de journa- sont arrivés. Ils tiraient en l’air, ils commencé avec la police, puis sont taines de mètres à l’intérieur du avaient été assassinés. » listes étrangers encore présents tuaient des chiens, ils pointaient arrivées l’armée et les unités parami- MORINA (Albanie) Kosovo, à côté d’une sinistre ci- La famille de Besnik a pris la dans la ville. Coïncidence, le hall leurs armes sur nous. Ils créaient un litaires, raconte un réfugié, Sulej- José-Alain Fralon, 2 avril menterie désaffectée. Chaque route le mercredi suivant. Lui a de l’Hôtel Grand où la plupart des mouvement de panique. Alors nous man. Les Serbes chassent les gens de On leur a enlevé tous leurs pa- convoi compte une dizaine de wa- décidé d’attendre encore, accro- journalistes s’étaient regroupés sommes partis. » leurs maisons. Les plus riches partent piers d’identité. On a même arraché gons. Ils se succèdent tout au long ché à l’espoir qu’un miracle pou- les jours précédents est subite- Tous les témoignages en voiture. Les plus pauvres fuient la plaque d’immatriculation de leurs de la journée et une bonne partie vait intervenir qui empêcherait les ment devenu un repaire de gens évoquent par ailleurs un intense vers la montagne. Certains quartiers véhicules. Et on les a poussés de de la nuit. Kosovska-Mitrovica, Serbes de vider Pristina de ses ha- en armes, mélange de policiers en racket visant les Kosovars sur le sont vidés de leur population de fa- l’autre côté, en Albanie. Parfois, en Pristina, Urosevac... Autant de bitants, quartier par quartier, rue tenue et d’excités en civil qui mul- départ. Si les hommes des unités çon très organisée, avec des centres plaisantant : « Allez maintenant dans villes, d’où des dizaines, des cen- par rue, maison par maison. Le tipliaient les descentes, menaces paramilitaires pénètrent dans les de tri et des convois de bus qui le pays de Clinton ! », disaient les po- taines de milliers de Kosovars rêve ne durera que le temps d’une et rapines dans les chambres. «Il maisons et se servent, les poli- viennent à Rozaje. Personne n’a le liciers serbes. Ils ont pu enfin ra- sont poussés hors de chez eux par nouvelle nuit d’angoisse. Une nuit n’y a plus de témoins, le sale travail ciers exigent pour leur part des choix. Ensuite, ils brûlent nos maisons conter ce qui se passe à Pristina de- le bulldozer serbe pour un aller au de trop. « Au matin, avec un ami, va commencer. Hier les Serbes ont sommes d’argent pour laisser afin que nous ne puissions jamais re- puis une semaine. « Tout a été retour incertain. on a décidé de partir par le haut de rentré la tête dans les épaules en une famille quitter son foyer. Les venir. » Les chauffeurs des autobus organisé : des gens en cagoule, ar- Dès le premier soir du bombar- la colline. On voyait les policiers attendant les bombes, à présent, ils Kosovars doivent payer le droit et des camions sont des Serbes ré- més, viennent nous ordonner de par- dement de l’OTAN, le mercredi approcher par les rues du bas, à vont se défouler », redoutait un d’être expulsés. Ceux qui ne quisitionnés par la police. Ils font tir, explique Buzhala Rustem, pro- 24 mars, la police avait bouclé le 150 mètres d’où on était. Ils se sont jeune Albanais joint au téléphone. peuvent pas verser d’argent aux des allers et retours entre Pec et Ro- fesseur de sociologie. Ils nous quartier où vit Besnik, à Pristina. dirigés vers nous lorsqu’ils nous ont policiers et prendre ainsi un zaje de trois à six fois par jour. disaient de partir vers l’Albanie pour Progressivement, les forces serbes vus en train de charger la voiture. « corridor » ouvert par l’armée L’épuration ethnique du Kosovo, si être plus en sécurité : voilà l’ironie de ont commencé la sale besogne, al- “Sortez ! laissez les clés sur le Expulsions yougoslave vers le Monténégro elle semble moins sauvage que les l’épuration ethnique. » Il raconte en- ternance de violence et d’intimi- contact et rejoignez les autres.” Ils sont condamnés à s’enfuir dans opérations de Bosnie orientale, est suite que des autobus attendent les dation. « Une voiture piégée a ex- m’ont arraché mon portefeuille ROZAJE (Monténégro) la montagne. d’une efficacité redoutable et paraît Kosovars au centre de Pristina et plosé un soir à une dizaine de pour prendre l’argent. Ils ont trouvé Rémy Ourdan, 30 mars avoir été soigneusement planifiée. que le reste de la ville est mainte- mètres de chez moi. Le lendemain, 350 deutschemarks, ça leur a suf- Deux mille à trois mille expulsés « Deux jours avant les raids aériens nant entièrement vide. sur les images d’une maison en fi. » ont franchi, dimanche 28 mars, la Terreur frontière monténégrine, venant de Pec et de sa région. Leurs récits DJENERAL JANKOVIC concordent. Une opération d’épu- (Macédoine) Dans ration ethnique semble avoir été Christophe Châtelot, 30 mars entamée dans la province du Ko- « Je ne voulais pas partir », ra- PRISTINA (Kosovo) sovo. Selon les témoignages des conte Kalisi Gafurr, cinquante Bernard Guetta, 1er juin réfugiés, l’armée yougoslave, ap- ans, paysan de Seqishte, un des Chassés ? Battus ? Terrorisés ? Ce puyée par des combattants irré- villages de montagne des envi- n’est même plus ça. Longtemps, guliers, est entrée progressive- rons du poste-frontière de Dje- d’interminables jours, des se- ment ces derniers jours dans les neral Jankovic que les forces maines, ce fut le départ ou la mort, quartiers de Pec et les villages en- serbes ont, semble-t-il, vidé de la mort et le départ, cinq minutes vironnants où résident majoritai- leur population. « Samedi midi, pour partir. C’est sans doute encore rement des Kosovars. « Chaque la police et l’armée sont entrées cela par endroits, mais maintenant soir, nous entendions des tirs, sans dans Seqishte. Ils nous ont donné ils s’en vont, bien mis, en ordre, ba- savoir exactement d’où ils prove- deux heures pour quitter les lieux, gages faits, car il n’y a, de toute ma- naient, raconte une jeune fille, en nous menaçant qu’après ce dé- nière, plus d’espoir, plus de salaires, Neshe. Finalement, ce matin, ils lai l’armée bombarderait. Deux plus d’argent pour nourrir les fa- sont venus nous annoncer que nous jours avant, des militaires avaient milles. Pourquoi rester ? La haine et devions partir immédiatement. Ils pillé des maisons en emportant ce la peur sont omniprésentes et il y disaient que le Kosovo est une terre qui les intéressait, réfrigérateur, aura, peut-être, la guerre au sol, la serbe, que nous n’avons pas le droit télévision, et en cassant le reste. Ils vraie. Pourquoi rester pour être pris de vivre en terre serbe, que nous nous ont maltraités et nous ont dit entre deux feux ? Pourquoi rester devons aller en Albanie. » que tous les Albanais doivent quand tout est foutu ? Désormais, « Des soldats en uniforme noir mourir. Alors hier, j’ai eu peur. Je même les Serbes partent, sauf les pénètrent dans les maisons, ils suis parti avec environ 300 autres hommes en âge de combattre. Ils volent l’argent et les bijoux des personnes. La police nous a ac- partent, hagards, la rage au ventre, femmes. Puis ils nous disent que le compagnés jusqu’à la frontière. en bus eux aussi, par des chemins seul moyen de survivre est de quit- Une fois de l’autre côté on a vu des de traverse que l’OTAN dédaigne. ter le Kosovo. C’est une campagne colonnes de fumée s’élever du vil- Ils partent convaincus qu’un systématique d’expulsion des Alba- lage. Maintenant le village est complot mondial a planifié leur nais du Kosovo. Ils sont en train de vide. Il ne doit rester qu’un habi- mort, la fin de la Serbie (...). RADU SIGHETI/REUTERS vider Pec maison par maison. Il fal- tant, le vieux Faik Premi, qui fai- 17 janvier. Cette image va choquer les Occidentaux et les inciter à agir. Près du village En haut d’une côte, Pristina, ba- lait qu’on parte sur-le-champ car, sait paître ses moutons en dehors de Racak, les corps de 40 habitants ont été découverts dans une fosse. Les forces de la police nale petite ville de montagne, in- après avoir pillé nos maisons, ils les du village quand la police est ve- yougoslave ont été déployées autour du village et impliquées dans des coups de feu avec dustrielle et laide avec ses HLM lé- brûlent », témoigne un homme. nue. » des combattants albanais. preux et ses lourds bâtiments, trop LeMonde Job: WMQ1106--0017-0 WAS LMQ1106-17 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 10:48 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 15Fap: 100 No: 0395 Lcp: 700 CMYK

HORIZONS-RÉCITS LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 / 17

Déjà, les voisins sortaient de les sentiers, l’Albanie n’est qu’à leurs maisons. Par haut-parleurs, une vingtaine de kilomètres. les Serbes ordonnaient de quitter Mais la route, qui suit le cours de les maisons, de prendre la direc- la Drina, triple la distance. De tion de la gare. Besnik est entré ses doigts épais, le vieil homme dans le flot de cette rivière hu- indique sur la carte de la pro- maine qui dévalait de la colline vince le carré délimité par les La guerre contre Milosevic dans un silence de mort. « Les po- villes de Rahovec et Suhareka, et liciers nous disaient de jeter nos pa- les villages de Xerxe et Pirane. piers, que nous n’en avions plus be- « Ça s’est passé ici, dans au moins concert organisé par la municipa- sont perçues non comme dirigées aérienne d’Aviano, dépêché à soin puisque nous partions tous en cinq villages, peut-être plus. » 24 mars, 20 h 30 lité sur le thème « La musique contre le régime, mais comme vi- Bruxelles pour exposer les résul- Albanie et que nous ne reviendrions Les témoignages sont au- nous a maintenus debout ». Sur sant la Serbie et tous les Serbes. tats de l’enquête sur l’« accident jamais ici. La rue était jonchée de jourd’hui nombreux, précis, PANCEVO des rythmes de rock, de pop et de (...) On perçoit dans l’atmo- tragique ». Selon les autorités cartes d’identité, de permis de concordants. S’ils ne font pas Natalie Nougayrède, 27 mars folk, jeunes et vieux se sont mis à sphère un sentiment de suicide serbes, une attaque aérienne de conduire que nous foulions. C’était état de massacres massifs et sys- De l’usine, il ne reste plus que danser dans la rue, à se moquer collectif qui va plus loin que de l’OTAN contre une colonne de ré- surréaliste. Et partout, des policiers tématiques, comme en Bosnie, les murs, blafards. Le toit n’existe des bombes, comme on danse sur simples mots. Presque tous affir- fugiés kosovars aurait fait qui, sans violence particulière, gui- ils confirment ce que les associa- plus. L’intérieur est calciné : un un volcan. Ils hurlaient en chœur ment être disposés à donner leur 75 morts et 28 blessés, ce jour-là, daient notre troupeau. Je me de- tions humanitaires craignaient enchevêtrement sombre de des insultes contre les hommes vie pour la défense du Kosovo. dans la région de Djakovica, au mandais si j’allais à l’abattoir. » depuis déjà deux semaines : pen- barres métalliques. Des flammes politiques occidentaux. Comme Chaque nuit, lorsque les sirènes sud-ouest de la province, dans dant les trois jours qui ont suivi sont visibles à travers des trous les supporteurs déchaînés des sonnent l’alerte, des centaines de une colonne de Kosovars albanais les bombardements de l’OTAN, dans la bâtisse. Les fenêtres ont matchs de football, ils criaient Belgradois descendent dans la qui fuyaient le Kosovo. Viols le 24 mars, des dizaines de per- été pulvérisées. Une épaisse fu- « Clinton salaud ! Clinton sa- rue, et, se tenant par la main, se Le général Leaf a admis qu’il sonnes, sans doute des cen- mée grise, âcre, s’échappe des laud ! ». Une banderole qualifiait postent sur le pont Brankov, qui était « possible que des véhicules Frontière albanaise taines, ont été exécutées par des ruines du bâtiment et flotte vers le secrétaire général de l’OTAN, relie, par-dessus la Save, la vieille civils aient été atteints » lors de Jean-Baptiste Naudet, 26 avril groupes armés serbes, essentiel- une rangée de maisons habitées , de « chien de la ville à la Belgrade moderne. Si les l’attaque de deux convois, l’un au Luljeta Berisha, dix-huit ans, se lement les milices paramilitaires. situées à cent mètres à peine du Maison Blanche ». (...) Le sigle de bombes et les missiles arrivent, ils nord-ouest, l’autre au sud-est de souviendra toute sa vie de la nuit Selon le vieil homme, les site bombardé. l’OTAN se transforme sur les pan- sont prêts à mourir. Le ministre Djakovica. Ces deux opérations du 2 au 3 avril 1999. Le bus dans hommes armés sont arrivés à L’usine UTVA de réparation cartes et sur les murs en croix yougoslave de l’information, ont impliqué treize avions, dont lequel elle avait été expulsée avec Bellacerka, 2 700 habitants, au d’avions civils et militaires de gammée. Comme par enchante- l’écrivain Milan Komnecic, tra- deux Jaguar français. Dans le pre- sa famille, en compagnie de Koso- petit matin. « Nous les avons vus Pancevo, à une vingtaine de kilo- ment est apparu un autre sigle, ducteur de L’Automne du pa- mier cas, des bombes ont été lâ- vars d’autres bourgades, s’est ar- de loin, raconte-t-il. Certains ha- mètres au nord-est de Belgrade, a qui est devenu le symbole des triarche du Colombien Gabriel chées sur des véhicules garés dans rêté pour la nuit dans le village de bitants sont restés, la plupart des été l’une des premières cibles des bombardements : plusieurs Garcia Marquez, a conclu une in- la cour d’un bâtiment situé dans Malishevo. Alors, raconte Luljeta gens sont partis. J’étais dans un bombardements de l’OTAN sur la cercles concentriques semblables terview avec un journaliste espa- une zone où plusieurs maisons dans un camp de réfugiés de Tira- groupe d’au moins deux cents per- Serbie. Ici, les explosions se sont à ceux que l’on utilise dans les gnol par un « Viva la muerte » étaient en flammes. Le pilote a es- na, « des miliciens serbes en armes sonnes. On a couru vers le lit de la produites dès la première salve concours de tir. Au-dessous, en franquiste, qu’au temps de la timé qu’il s’agissait de véhicules sont montés dans le bus. D’abord ils rivière. Nous entendions tirer. d’attaques, mercredi 24 mars vers anglais, le mot target (cible)... guerre d’Espagne le philosophe transportant des soldats serbes. ont demandé de l’argent. Puis ils Nous nous sommes cachés sous un 20 h 30, quelques minutes après le Les premières bombes de Miguel de Unamuno qualifiait de Ce premier pilote, avant de re- ont commencé à prendre des pont. Mais ils nous ont repérés. Ils retentissement des sirènes dans l’OTAN ont produit avant tout un « cri insensé et nécrophile ». tourner à sa base, a signalé à jeunes filles, une par une. Cela a ont séparé les hommes, ont envoyé Belgrade. Le souffle de la défla- effet de boomerang. Au lieu d’af- d’autres appareils survolant la duré toute la nuit. Quand elles re- les femmes et les enfants sur la gration a perforé les toits de plu- faiblir Slobodan Milosevic, elles zone qu’une « colonne militaire » venaient, après une heure environ, route vers Xerxe, et nous ont de- sieurs habitations toutes proches. ont rassemblé tout le monde au- « Accident tragique » était en mouvement à quelques elles étaient choquées, presque éva- mandé de nous déshabiller. Ils ont Des vitres ont volé en éclats. Au tour de lui. Ivan, un journaliste, kilomètres de là. Selon le général nouies. Elles pleuraient. Puis ça a alors tout fouillé, ont pris l’argent lendemain de l’attaque, les habi- qui dit haïr Milosevic « parce qu’il BRUXELLES Leaf, le positionnement des véhi- été mon tour. » et les papiers, puis nous ont dit de tants sont sous le choc. Un a détruit [son] pays, la Yougo- Luc Rosenzweig, 21 avril cules et leur aspect étaient carac- Un Serbe l’a attrapée par le remettre nos vêtements et de nous homme âgé, promenant son pe- slavie », formule cela en termes « Vous vouliez avoir tous les dé- téristiques d’un convoi militaire. bras. Luljeta a dû suivre le poli- approcher de la rivière. C’est alors tit-fils à proximité de l’usine dé- arithmétiques : « Chaque jour de tails sur l’incident du 14 avril. Eh La bande vidéo projetée à cier : « Je me suis retrouvée entou- qu’ils ont ouvert le feu. Je me suis truite, refuse de faire le moindre bombardements équivaut à 10 % de bien, les voilà ! L’OTAN tient ses Bruxelles indiquait nettement, ce- rée par une dizaine d’hommes. Ils jeté à l’eau, d’autres sont tombés commentaire. « D’où venez-vous, soutien en plus pour Milosevic. » promesses », s’est exclamé Jamie pendant, qu’au moins l’un de ces m’ont proposé une cigarette. J’ai sur moi. Et puis plus rien. Cinq mi- demande-t-il avec agressivité, des Dusan Masic, journaliste de la ra- Shea, le porte-parole de l’Al- véhicules était un tracteur avec refusé. Je me suis évanouie. Ils nutes plus tard, j’ai entendu une pays qui nous bombardent ? Je n’ai dio B 92 fermée par le régime, as- liance, en présentant le général remorque, mode courant de dé- m’ont remis dans le bus. » Luljeta a autre rafale de mitraillette, plus rien à vous dire. » Puis, étranglé sure : « Les bombes renforcent Mi- Dan Leaf, commandant de la base placement des réfugiés. demandé à une jeune fille, assise loin. Au bout de vingt minutes, j’ai par l’émotion, il désigne en si- losevic. Avec elles, il a trouvé non loin d’elle, ce que les Serbes bougé. On était six survivants, lence, d’un geste accablé, l’enfant l’excuse parfaite pour tout ce qui se lui avaient fait. Elle a répondu : dont quatre blessés. Je n’avais qui se tient à ses côtés. Voyez qui passera dans les prochaines cin- « Maintenant, la vie ne vaut plus rien. Je crois qu’il y avait entre a failli mourir, veut-il dire... quante années. » Pour les habi- rien. Tout ce que je veux, c’est mou- trente-cinq et quarante morts, tants de Belgrade, les bombes rir. » dont quatre de mes cousins. » Le Pakize Kelmendi, quarante- vieil homme dresse la liste des Belgrade deux ans, tenait un magasin à Pec. victimes de son clan. Il y a vingt Elle raconte : « Le 28 mars, les po- noms. sous les bombes 14 avril (ci-contre). Selon les liciers serbes ont regroupé des ha- Dans l’après-midi du 25 mars, autorités serbes, une attaque bitants de la ville sur la place cen- Krushe e Madhe a été atteint à BELGRADE aérienne de l’OTAN contre trale. Ils ont choisi dans la foule les son tour. Cette fois encore, des José Comas (El Pais), 12 avril une colonne de réfugiés plus jolies filles. Ils en ont pris une familles, qui avaient fui l’arrivée Avant les premières bombes, la kosovars aurait fait 75 morts vingtaine. Les gens protestaient. des milices serbes, auraient été capitale yougoslave était une ville dans la région de Djakovica. Mais ils ne pouvaient rien faire. Les regroupées près d’une rivière. gaie et confiante. Peu de gens Les alliés parleront policiers les braquaient avec leurs Les femmes et les enfants au- croyaient que, cette fois, ce serait d’« accident tragique ». mitraillettes. Ils ont enfermé les raient été éloignés et les vrai. Belgrade avait si souvent vé- 29 mars (ci-dessous) filles dans la banque, construite il y hommes assassinés. Aucun cu des situations semblables de- Au cœur de Pristina, a deux ans. En face, se trouve l’hô- d’entre eux n’aurait survécu. puis l’automne dernier : menaces les alentours du QG de la tel Metohija. On ne sait pas ce C’est cinq jours plus tard que de bombardement, évacuation police serbe sont détruits qu’elles sont devenues. J’ai cherché, plusieurs jeunes gens du village, des ambassades étrangères et ul- après les raids de l’OTAN je n’en ai revu aucune depuis. » dont Nejmuddin, qui s’étaient timatums. Il était difficile de pen- de la nuit précédente. Ferida Rushiti, une jeune méde- cachés dans les montagnes, ont ser qu’aujourd’hui la chose était GORAN TOMASEVIC/REUTERS cin originaire de la région de Pris- retrouvé les corps. Ils en au- sérieuse : que le loup allait sortir tina, qui assiste les réfugiés au raient enterré six, avant de quit- du bois pour de bon. Aussi le hur- sein de l’association Kozara, af- ter les lieux en entendant des lement des premières sirènes firme : « Le 25 mars, premier jour coups de feu. d’alerte et le bruit des premières d’arrivée des réfugiés à la frontière Dans le village brûlé, ils au- bombes ont-ils causé un choc de Morina, des familles de la ville raient également décompté neuf psychologique qui a paralysé la de Pec m’ont raconté que plusieurs corps, dont cinq dans la cour de ville. Les premiers jours, les rues jeunes filles avaient été arrachées la mosquée. Selon lui, le nombre sont restées pratiquement dé- des camions, des tracteurs, près de total de victimes dans le village sertes. La nuit, les sirènes précipi- la frontière albanaise. Elles m’ont serait supérieur à soixante-dix. taient les gens dans les abris, dans raconté que les Serbes avaient sé- Les deux massacres sont-ils les caves des maisons. Les rares lectionné les jeunes filles, qu’ils di- l’œuvre des mêmes auteurs ? taxis qui circulaient ne se ris- saient : “Prends celle-là, elle est Ont-ils encore sévi le lendemain quaient pas à passer sur les ponts mieux”. » ou d’autres ont-ils pris le relais ? de la Save. Mais, au bout de trois Selon Human Rights Watch, une jours, dès le premier week-end soixantaine de personnes au- sous les bombes, il s’est produit Massacres raient en tout cas été tuées, ven- dans Belgrade une sorte de ca- dredi 26 mars, à Celine, à 2 kilo- tharsis collective, un défi à la MORINA (Albanie) mètres de Krushe e Madhe. Plus peur, pour libérer la tension ac- Nathaniel Herzberg, 15 avril d’une centaine auraient subi le cumulée. Des milliers de Belgra- C’est une zone mixte de plaine même sort à Krushe e Vogel. Une dois ont envahi les rues. Au cœur et de montagne, au sud-ouest du dizaine, enfin, seraient morts à de la capitale, sur la place de la Kosovo. A vol d’oiseau, ou par Pirone. République, ils se sont pressés au Pristina dévastée, même les Serbes partent modernes pour le paysage alentour. « demandé » de le faire ? Rire silen- cette agression, mais ils avaient aussi Il fait encore jour, mais les rues sont cieux : « Je serais en Macédoine. » Et peur des bombes et, contrairement à vides. De la crasse, des chiens écra- pourquoi a-t-on « demandé » de nous, ils savaient où fuir. » sés, entrailles au vent, et, en haut de partir aux uns et pas aux autres ? Vendredi, début de matinée. l’avenue principale, presque face à « Je n’en sais rien, répond-il. Il y en a Deux jeunes femmes albanaises face, un quartier de commerces al- beaucoup, beaucoup qui n’ont pas eu remplissent les formulaires verts du banais à droite, la poste et le siège le choix et beaucoup d’autres qui ne recensement organisé par la muni- du gouvernement régional à pouvaient plus supporter de rester. cipalité de Pristina. Elles sont as- gauche. Vous comprenez ? » sises sur les marches d’une banque, A gauche, toutes les vitres ont vo- Je venais de voir la ville vidée, les d’un de ces innombrables bâti- lé en éclats quand les missiles de quartiers albanais de Pristina dévas- ments civils où l’administration, l’OTAN ont éventré les étages. Le tés. J’étais horrifié. « Bon, d’accord, l’armée et la police se sont redé- verre crisse encore sous les pas. A a-t-il dit, je vous explique. » C’était ployées. Vous parlez anglais ? Yes, droite... A droite, c’est la désolation un Serbe et je voulais savoir ce they do, et là, devant cette planque des désolations, des rues entières de qu’un homme pondéré, journaliste de la police, au milieu des flics, des vitrines défoncées, de boutiques pil- et polyglotte avait à dire de cela. indics, dans cette ville de tous les lées, saccagées, marquées çà et là D’abord, il y eut l’aveu. Il lui coûtait, dangers, elles y vont, vite : le frère d’un vengeur « Albanais ! Vous êtes car il avait honte. Il avait honte et le cousin arrêtés, « peut-être ici en Serbie ! ». Il n’y a plus de té- pour la Serbie, mais il a reconnu morts », la peur permanente, le bé- moins. Soixante mille Albanais ont qu’il y avait eu des exactions, que bé qu’elles ne savent plus comment quitté Pristina. Avec les départs de les Albanais n’étaient pas partis en nourrir. Serbes, la ville est amputée des Macédoine pour l’attrait du tou- Elles parlent bas, tout bas, de plus deux tiers de sa population, mais, risme, mais parce que c’était cela ou en plus bas, mais, quand je leur de- sur la petite place en gradins que la mort. Il ne s’est pas étendu. Il a mande si elles voudraient alors que domine le Grand Hôtel, il y a quand simplement dit : « Sur ce point, les les bombardements s’arrêtent, un même foule : sept ou huit per- Albanais ont raison, mais les Serbes « non ! » jaillit de leur poitrine, un sonnes. Un homme y prend l’air, la ont raison de dire que c’est vous qui « non ! » qu’elles hurlent à l’unisson cinquantaine, seul sur un banc pu- avez provoqué cet exode. Avec ces et qui semble s’entendre dans tout blic. Il est albanais. Pourquoi n’êtes- bombardements, non seulement les Pristina. « Je veux être libre », dit la vous pas parti ? « Parce qu’on ne me Albanais sont apparus comme les al- jeune mère et, farouche, elle le ré- l’a pas demandé. » Et si on lui avait liés de l’OTAN, comme la cause de pétera trois fois. LeMonde Job: WMQ1106--0019-0 WAS LMQ1106-19 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 10:25 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 15Fap: 100 No: 0397 Lcp: 700 CMYK

HORIZONS-ANALYSES LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 / 19 Le rendez-vous historique des gouvernements européens 0 123 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD - 75242 PARIS CEDEX 05 Dans un premier article, Jean-Paul Fitoussi a ex- consiste à réformer le système social dans que rien ne s’ensuive ? Dotés d’une souveraineté Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 206 806 F pliqué qu’après les « trente glorieuses » et les l’unique souci d’affaiblir la protection du travail. accrue, d’une volonté commune de mettre en Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 « trente médiocres », l’Europe a la possibilité d’en- Même si formellement un déséquilibre persiste œuvre une véritable priorité à l’emploi, aidés Internet : http : //www.lemonde.fr trer dans un âge de croissance : l’inflation est vain- entre une autorité monétaire supranationale et par un contexte particulièrement favorable aux ÉDITORIAL cue ; la profitabilité des entreprises n’a jamais été une pluralité d’autorités budgétaires nationales, politiques d’expansion, on ne comprendrait pas aussi bonne ; l’importance des excédents extérieurs la commune inspiration idéologique de ces der- que les gouvernements européens manquent ce prouve qu’il y a des marges de croissance inexploi- nières fait que l’Europe n’a jamais été aussi rendez-vous avec l’histoire. Et l’on comprendrait tées (Le Monde du 10 juin). proche de la réalité d’un gouvernement encore moins qu’ils manquent aux promesses « économique ». faites à leurs électeurs. Autrement, l’Europe se- La victoire, et après ? LES CONDITIONS économiques sont désor- Cinq déterminants permettent donc un nou- rait une curieuse construction dans l’ordre du mais favorables au retour de la croissance. A vel âge européen. Les trois premiers – l’absence politique. ES alliés ont gagné. Slo- contraire, l’attachement de la cette nouvelle donne s’ajoute une mutation ins- d’inflation, le niveau élevé de la profitabilité des L’exercice des souverainetés nationales est bodan Milosevic a per- communauté internationale à l’in- titutionnelle qui transforme radicalement les entreprises et l’excédent extérieur – sont d’ordre empêché, non pas par des contraintes écono- L du. Onze semaines de tégrité territoriale de la RFY. Cette marges de manœuvre des gouvernements : la strictement économique. Ils créent les condi- miques, mais par des règles politiques décidées bombardements question-là, en clair celle de l’in- monnaie unique. J’ai déjà dit que la flexibilité tions idéales pour de véritables politiques de de concert ; mais c’est au nom de la souveraine- – « 5 000 à 0 » (cinq mille morts cô- dépendance éventuelle de la pro- des changes qui a suivi l’effondrement du sys- croissance. Le quatrième – l’euro – est l’instru- té nationale que l’on empêche une souveraineté té serbe, zéro mort côté OTAN), vince, devra pourtant être posée. tème de Bretton Woods fut défavorable aux ment dont l’Europe a manqué pendant l’âge de fédérale d’émerger. Ce vide de la souveraineté résume cruellement le Washing- Elle n’a certes pas de réponse pays d’Europe en raison de leur taille, alors que la traversée des turbulences. Son existence ga- traduit une amnésie partielle qui aurait fait ou- ton Post – ont fait céder le pré- simple. Mais les alliés qui s’ap- les Etats-Unis en tirèrent grand profit. Eh bien, rantit d’une part que l’évolution des taux d’inté- blier aux gouvernements les raisons pour les- sident de la République fédérale prêtent à occuper militairement, aujourd’hui, l’Europe se trouve dans une situa- rêt n’aura plus les allures pathologiques qu’elle a quelles ils voulaient obstinément se doter d’une de Yougoslavie (RFY) : il perd le pour longtemps et avec de bonnes tion analogue à celle des Etats-Unis. Car la mon- connues dans le passé, et d’autre part que l’Eu- monnaie unique. contrôle du Kosovo. Les forces raisons, une région dont la majo- naie unique libère les pays de la tutelle des mar- rope sera bien mieux protégée des dysfonction- Si nous ne nous engagions pas dans un pro- serbes doivent quitter la province rité des deux millions d’habitants chés de change qui fut si pesante dans les nements mondiaux qu’elle ne l’a jamais été en gramme ambitieux, à la mesure du chômage de à majorité albanaise. Elles cèdent veut l’indépendance, n’échappe- années 90. Elle accroît la souveraineté réelle des aucune autre période de son histoire. Le cin- masse qui sape les fondements de nos sociétés, la place à ce que l’ONU appelle ront pas à un débat sur ce sujet. gouvernements : la perte de souveraineté résul- quième élément, peut-être le plus circonstanciel notre responsabilité serait considérable : l’his- « une présence de sécurité interna- La seconde question est celle de tant du « fédéralisme monétaire » est plus que – encore qu’il ne soit pas étonnant qu’en toire retiendrait que nous n’avions rien fait alors tionale », trouvaille d’hypocrisie l’aide à apporter à la RFY. Una- compensée par le gain résultant de l’affaiblisse- période de chômage de masse les électeurs se que nous pouvions tout faire et que nous avions diplomatique pour masquer la nimes, les dirigeants occidentaux ment de la tutelle des marchés. Imagine-t-on de méfient de toute solution qui accroît davantage passivement assisté à une régression de nos réalité : c’est bien une force à 90 % jurent qu’il ne saurait y avoir d’as- quelle souffrance un pays aurait payé la fai- la précarité du travail – ressortit à la volonté po- principes démocratiques. Je n’ai pas entendu, en dominée par l’OTAN – par les sistance à ce pays tant que M. Mi- blesse de sa monnaie, alors que celle de l’euro litique. cette campagne électorale européenne, énoncer vainqueurs – qui va s’installer losevic est au pouvoir. Procéder aujourd’hui semble être vécue comme il En somme, il ne manque aucune condition un tel programme. Peut-être ai-je mal écouté ? dans la province. Les réfugiés de- autrement, en somme ignorer la convient, c’est-à-dire sans état d’âme ? pour que l’Europe décide de conduire une véri- vraient rentrer. L’épuration eth- présence à la tête d’un Etat qu’on A l’abri des tourmentes financières qui les ont table politique de l’emploi. Serait-il concevable Jean-Paul Fitoussi pour 0123 nique va cesser. Et, pour en avoir soutient financièrement d’un tant fait souffrir dans le passé, les gouverne- été le parrain, M. Milosevic restera homme inculpé de crimes contre ments européens non seulement retrouvent les inculpé de crimes de guerre et l’humanité, serait réduire à peu de marges de manœuvre qu’ils avaient perdues en crimes contre l’humanité. choses la justice rendue par le Tri- raison des diverses vicissitudes qui avaient ca- Alors, peut-on classer le dossier bunal pénal international (TPI). ractérisé les années 70 et 80, mais en gagnent de Pélican par Hervé Coffinières Kosovo ? Non, bien sûr. Deux Ce serait aussi prendre le risque nouvelles : le taux d’intérêt à court terme rede- questions, non dites, non formu- de conforter le régime de Bel- vient désormais une variable politique, et les léees, lourdement chargées de ni- grade. Argument de poids, certes, contraintes extérieures nationales disparaissent. troglycérine politico-diploma- mais auquel on peut opposer ce- La politique budgétaire nationale retrouve dans tique, se posent sur le chemin de lui-ci : le TPI a inculpé un homme, ces conditions une efficacité maximale, dans la la paix. Il y a, d’abord, celle de pas un pays ; un individu parti- mesure où ses effets ne sont pas dissipés par une l’autodétermination des Kosovars. culier, pas une collectivité. Peut- augmentation du taux d’intérêt national. Par A Rambouillet, les chefs de l’Ar- on, dans le même souffle, dire rapport à la longue et difficile période d’ajuste- mée de libération du Kosovo qu’on va aider à la reconstruction ment que viennent de traverser la plupart des (UCK) ont, en marge de l’accord d’un Kosovo qu’on veut maintenir pays européens, le changement est donc radical. qu’ils avaient accepté et que les dans la RFY et refuser toute aide Serbes avaient refusé, obtenu la audit pays ? Là encore, les ré- METTRE FIN AU CHÔMAGE promesse des Etats-Unis qu’une ponses ne sont pas simples. Mais Les pays européens peuvent très bien renon- « consultation » sur l’indépen- faire payer au peuple serbe le prix cer, par décision souveraine, à utiliser leur pou- dance du Kosovo pourrait être or- des agissements de ses dirigeants, voir retrouvé. Cela signifierait qu’ils souhaitent ganisée au bout de trois ans de ré- c’est prendre le risque de miner la imposer à leur citoyen un autre modèle de socié- gime d’autonomie. paix en aggravant les rancœurs. té, le libéralisme. C’est là qu’intervient la der- Cette promesse tient-elle en- Sauf à se réserver de très mau- nière condition de l’ère nouvelle : les citoyens core ? Rien ne l’évoque dans la ré- vaises surprises, les Occidentaux européens ont clairement exprimé un autre solution que l’ONU devait adopter doivent, dès maintenant, poser choix dans treize pays sur quinze, un choix que sur le Kosovo ; celle-ci souligne, au ces deux questions de fond. l’on pourrait qualifier de « social-démocrate », faute d’avoir trouvé une meilleure expression. 0123 est édité par la SA LE MONDE Les gouvernements n’ont donc pas reçu pour Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani mission d’instaurer un modèle libéral. Au Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; contraire, les citoyens européens ont exprimé un Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint désir de changement et donné un contenu à ce Directeur de la rédaction : Edwy Plenel Directeurs adjoints de la rédaction : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau désir : qu’il soit mis fin le plus rapidement pos- Directeur artistique : Dominique Roynette sible à la souffrance sociale, dont la cause princi- Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment pale réside dans la persistance d’un chômage de Rédacteurs en chef : Alain Frachon, Erik Izraelewicz (Editoriaux et analyses) ; masse. Et qu’il y soit mis fin vraiment, sans utili- Laurent Greilsamer (Suppléments et cahiers spéciaux) ; Michel Kajman (Débats) ; ser de subterfuges. Les populations ne croient Eric Le Boucher (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Franck Nouchi (Société) ; Claire Blandin (Entreprises) ; pas en l’impuissance du politique et souhaitent Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Christian Massol (Secrétariat de rédaction) Rédacteur en chef technique : Eric Azan que l’on trouve une solution au problème de Médiateur : Robert Solé l’emploi, sans utiliser l’arme de la précarité qui Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ; partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre Le nouveau visage de la gauche « plurielle » Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) LES MOTS de la politique ne quels, en retour, modifient profon- dans l’évolution du PCF. Depuis le possible de définir une politique, il Le Monde est édité par la SA Le Monde sont jamais fortuits. Lorsqu’il as- dément le visage de la gauche dite début, le président de la Répu- n’a cessé de réprouver l’engage- Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. sure, vendredi 4 juin, sur Europe 1, « plurielle ». blique et le premier ministre justi- ment de la France dans une opéra- Capital social : 985 000 F. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, que la gauche « plurielle » a fait Sitôt les premières frappes de fient la participation française aux tion de l’OTAN. Surtout, il en a Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, preuve d’une « formidable plastici- l’OTAN sur la Yougoslavie, dans la frappes de l’OTAN par la défense contesté la justification philoso- Le Monde Entreprises, Le Monde Investisseurs, té » dans la crise du Kosovo, Lionel nuit du 24 mars, le PCF entre dans des « valeurs » démocratiques ba- phique, la défense des droits de Le Monde Presse, Iéna Presse, Le Monde Prévoyance, Claude Bernard Participations. Jospin ne cède pas au plaisir d’une une logique de refus absolu. Plu- fouées dans les Balkans. En conve- l’homme ne lui paraissant pas jus- bonne formule. Il cherche plutôt à sieurs thèmes nourrissent son ar- nant de la culpabilité de Slobodan tifier le déclenchement d’un conflit installer ce qu’il voudrait que cha- gumentation. Il y a, d’abord, le pa- Milosevic, les communistes va- contre un Etat souverain. Enfin, le ILYA50 ANS, DANS 0123 cun tienne désormais pour une vé- cifisme, traditionnel dans le monde lident en même temps le raisonne- MDC a « regretté (...) la criminalisa- rité : en demeurant au gouverne- communiste. Robert Hue l’exprime ment des autorités françaises. Dès tion » de M. Milosevic par le TPIY. ment malgré leurs oppositions aux clairement, le 26 mars, à la tribune lors, c’est le refus même d’une in- Le développement des textiles artificiels frappes de l’OTAN, ses alliés de la de l’Assemblée nationale, assurant tervention armée qui se trouve vi- LA SINGULARITÉ DU MDC majorité – c’est-à-dire le Parti que « ce n’est pas en ajoutant la dé de sa substance. Un pas supplé- Dans cette affaire, la singularité UNE VISITE d’information était encore, perfectionna ses mé- communiste et le Mouvement des guerre à la guerre qu’on créera les mentaire est accompli par les de M. Chevènement et de son parti organisée hier à Lyon à travers des thodes, en sorte qu’aujourd’hui, citoyens de Jean-Pierre Chevène- conditions de la paix ». dirigeants communistes lorsque, le tient à la discrétion avec laquelle centres de fabrication de rayonne les conditions de fabrication nor- ment, les Verts ayant accepté le 11 avril, M. Hue, toujours dans une ces positions ont été exprimées. et de Fibranne par le Syndicat male ayant été rétablies, elle est à postulat de l’intervention – n’au- L’ÉVOLUTION DU PCF logique de défense des droits de Tenu par une solidarité gouverne- français des textiles artificiels. même de réaliser toutes les spéci- raient en rien renié leur identité ni L’action militaire paraît d’autant l’homme sur le Vieux Continent, mentale exigeante, le ministre de C’était l’occasion de voir de près fications qu’on attend d’elle. trahi leurs principes. Ce serait, au plus condamnable aux commu- juge souhaitable « une coordina- l’intérieur a pratiquement disparu cette jeune et déjà fameuse indus- Ce n’est d’abord que du bois, contraire, en demeurant fidèles à nistes qu’ils jugent que, dans l’af- tion des politiques de défense euro- de la scène médiatique depuis le trie, dont l’avenir, naguère incer- puis cela prend une consistance leurs fondations idéologiques res- faire, les Etats-Unis manipulent péennes » pour échapper à la tu- déclenchement des frappes, suggé- tain, ne fait plus de doute au- pâteuse, passe par l’état liquide, pectives que ces deux formations leurs alliés. « L’Europe est enfermée telle américaine. Depuis les rant ses positions personnelles par jourd’hui. Avec une production de mousse comme une lessive très auraient témoigné de suffisam- dans des décisions prises ailleurs années 70 et sa conversion à la l’intermédiaire d’un texte d’un es- 712 605 tonnes de rayonne et de savonneuse, tombe en pluie jaune ment de souplesse intellectuelle pour des intérêts qui ne sont pas les stratégie de dissuasion nucléaire, le sayiste allemand (Le Monde du 399 168 tonnes de Fibranne, les dans un bain chimique et devient pour demeurer solidaires malgré siens », assène M. Hue le 26 mars. PCF ne concevait d’effort de dé- 3 avril) ou choisissant un journal textiles artificiels se sont classés en ce fil soyeux, argenté, et enfin ce l’épreuve. Fort de cette double position paci- fense que dans le cadre national. étranger, El Pais (Le Monde du 1948, au point de vue tonnage, à la tissu, et enfin ce corsage. Ainsi Subtile, l’affirmation cherche à fiste et anti-américaine, le numéro L’envisager à l’échelle de l’Europe 8 juin), pour s’exprimer, avec beau- seconde place derrière le coton et l’usine de Vaulx-en-Velin, dont relativiser la portée du conflit qui un communiste refuse de désigner traduit un changement qualitatif coup de modération d’ailleurs. devant la laine. nous visitâmes tous les ateliers- s’achève, moins important, finale- un bourreau et une victime. majeur. Pour l’essentiel, les dirigeants du Faut-il rappeler le rôle tenu pen- compartiments, a moins l’aspect ment, que la nécessité de pour- Les images de réfugiés, leurs té- Reliés les uns aux autres, ces MDC l’ont imité dans la discrétion, dant les années de guerre par les de la fabrique classique où des suivre ensemble l’œuvre commen- moignages, les prises de position constats traduisent une forme de se contentant de communiqués ou étoffes synthétiques, devenues, théories d’ouvrières font tourner cée pour réduire le chômage ou de certains colistiers de M. Hue aux « social-démocratisation » de la de déclarations remplis d’euphé- par la force des choses, produits et gémir des métiers sous leurs moderniser la société. Elle offre, du européennes en faveur de l’inter- pensée communiste. Par sa soudai- mismes. Là encore, on ne voit pas de remplacement ? Travaillant doigts, que d’un grand laboratoire coup, une explication presque sa- vention de l’OTAN imposent pour- neté et sa violence, la crise du Ko- bien en quoi le mot de « plasticité» alors dans des conditions pré- moderne d’alchimie. tisfaisante de ce qui est apparu de- tant des ajustements croissants aux sovo a bousculé le PCF au point de rend compte de la situation. « Ef- caires, avec des matières de base puis deux mois comme une in- responsables de la place du Colo- faire littéralement fondre ses bases facement » ou, mieux, « abdica- de second ou de troisième choix, Jean Couvreur congruité politique : comment des nel-Fabien. C’est ainsi que s’efface intellectuelles. Dans ces condi- tion » sonneraient plus juste, tant la nouvelle industrie se développa (11 juin 1949.) partis opposés à la guerre ont-ils peu à peu le constat de neutralité tions, parler de « plasticité » paraît l’affirmation de l’identité chevène- pu continuer à participer à un gou- vis-à-vis des acteurs des Balkans. tout à fait impropre. « Effondre- mentiste paraît aujourd’hui in- vernement qui l’a menée ? « Nous pensons que la responsabilité ment » ou « déracinement » se- conciliable avec la volonté de 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS « Plasticité » rime ici avec sens de Milosevic et des nationalistes est raient plus justes. Ici, l’objectif de poursuivre le travail gouverne- Télématique : 3615 code LEMONDE des responsabilités et parvient totale » dans le déclenchement du M. Jospin n’est pas de dire la vérité mental. Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC presque à faire passer une aberra- conflit, déclare par exemple mais, au contraire, de la cacher. Au grand marché des mots, il ou 08-36-29-04-56 tion intellectuelle pour une vertu M. Hue lors d’un meeting (Le C’est aussi ce qu’il cherche à peut sembler désormais dépassé Le Monde sur CD-ROM : 01-44-08-78-30 publique. Evidemment, la réalité Monde du 15 avril). Logique avec faire avec Jean-Pierre Chevène- d’atteler encore « gauche » et Index et microfilms du Monde : 01-42-17-29-33 est toute différente. En quelque cette position, il approuve l’in- ment. A l’inverse de M. Hue, le mi- « plurielle ». Pourtant, l’association soixante-dix jours de frappes, le culpation du président yougoslave nistre de l’intérieur est, lui, resté a de beaux jours devant elle. A Le Monde sur CompuServe : GO LEMONDE Adresse Internet : http : //www.lemonde.fr PCF et le MDC ont connu tous par le Tribunal pénal international « raide » tout au long du conflit. cause de l’habitude, sans doute. deux, mais chacun de manière dif- pour l’ex-Yougoslavie (TPIY). Convaincu que la nation demeure Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 férente, des bouleversements. Les- Cette approbation est essentielle l’unique cadre dans lequel il est Jean-Michel Aphatie LeMonde Job: WMQ1106--0020-0 WAS LMQ1106-20 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 09:24 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 15Fap: 100 No: 0398 Lcp: 700 CMYK

20 / LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 HORIZONS-DÉBATS

les preuves – en coordination avec pect des accords. C’est le point ment – afin de permettre aux ha- L’après-guerre le TPI, dont l’action, rappelons-le, dont la mise en œuvre comporte bitants du Kosovo de se remettre est subsidiaire par rapport à celle le plus de risques, le premier à une vie un tant soit peu nor- des Etats. Il serait en effet cho- d’entre eux étant l’instauration male. Tout retour automatique de Du consentement et ses dangers quant que les Serbes tirent profit d’un partage déguisé du Kosovo. la souveraineté serbe sans impunément du délai supplémen- La composition des forces de paix, contrôle international sur cette ré- Suite de la première page taire qu’ils ont obtenu par leurs la nature du commandement mili- gion ruinerait les efforts de stabili- manœuvres dilatoires pour brûler taire et du pouvoir administratif sation et doit donc être écarté à l’assujettissement Les frappes ne doivent être sus- des corps et faire disparaître des provisoire ne sont pas des aména- d’emblée. Aucune solution du- pendues qu’après une vérification preuves. Une force de police doit gements de détail de l’après- rable ne pourra faire l’économie par Marie-France Garaud minutieuse de l’arrêt effectif de la aussi être suscitée ; comptant en guerre : les précédents dont nous d’une consultation de la popula- violence et un début significatif de ses rangs des Serbes, elle sera re- disposons dans l’ex-Yougoslavie tion du Kosovo. et Didier Motchane repli. Elles ne doivent cesser crutée en dehors des anciennes – Mostar, Slavonie orientale et Tel est le cadre indispensable qu’après le constat d’un retrait to- forces de sécurité, directement Bosnie-Herzégovine – montrent d’une renaissance, dans cette ré- L n’y a rien de plus sédui- sachant qu’un budget communau- tal des forces serbes – de toutes par la force internationale. tous que c’est dans ces dispositifs gion meurtrie, d’une vie démocra- sant que la fiction, tant elle taire équivalent à 1,27 % de ses re- les forces serbes : l’armée, la po- b Retour des réfugiés. Objectif que s’ancrent les équilibres poli- tique et pluraliste, dans laquelle est malléable à l’imagina- venus nationaux agrégés est à la li- lice, les bandes paramilitaires. immédiat et primordial de la paix, tiques et, donc, la destinée réelle les administrations civiles respec- I tion, mais force est d’ad- mite du politiquement b Démilitarisation du Kosovo. il recouvre en réalité des défis très du pays. teront la proportion des popula- mettre que, tôt ou tard, pas plus supportable, ose célébrer comme La province doit être totalement divers, tant dans leur caractère Le danger majeur des accords tions serbe et albanaise. Rien ne que le rêve éveillé, elle ne résiste un acte fondateur la guerre menée sécurisée. Les forces serbes d’urgence morale que dans leur porte sur la répartition des contin- serait pire que de mauvais accords aux heurts de la réalité. De Gaulle par l’OTAN au Kosovo et en Serbie doivent toutes être rapatriées en faisabilité : retour des « déplacés gents à l’intérieur de la force inter- qui anéantiraient les efforts avait raison de répéter qu’une poli- en son nom pour le rétablissement Serbie. Puis certains membres de internes » – environ 600 000 ; re- nationale. Le déploiement de consentis par les Alliées, re- tique qui ne tient pas compte des de la paix et des droits de l’homme l’UCK doivent être intégrés dans la tour des déportés, auxquels aura troupes « amies » des Serbes, conduiraient les souffrances du réalités est inexorablement vouée à dans les Balkans. La substitution de police de la province et les autres été restitué un état civil ; répara- russes notamment, sur la partie peuple kosovar, accumuleraient l’échec. Encore faut-il avoir le cou- l’OTAN à l’ONU marque le consen- doivent déposer leurs armes en tion des dommages matériels su- nord du Kosovo constituerait une les frustrations, engendreraient de rage et la lucidité de les affronter et tement des Européens à pérenniser Albanie. Il faut aussi mettre hors bis, restitution des propriétés, préfiguration, idéale pour le pou- nouvelles tensions, et contribue- de les discerner. Dans l’affaire du jusqu’au cœur de l’Europe l’hégé- d’état de nuire ceux des civils compensations financières, re- voir serbe, de la partition du Ko- raient à brouiller la situation un Kosovo, elles sont multiples et monie diplomatique et militaire serbes qui, fortement armés, ont construction. sovo et doit pour cette raison être peu plus et à pourrir définitive- complexes puisque nées de la géo- des Etats-Unis. En prétendant justi- participé massivement aux mas- Afin d’assurer la reconstitution exclu a priori. La sécurisation du ment le conflit. Les Kosovars ne graphie, d’une longue histoire, de fier cet acquiescement par une dé- sacres et à la déportation. de l’état civil, la restitution des territoire doit être uniforme pour rentreraient pas et l’UCK se radi- conflits immémoriaux et de la co- fense commune des valeurs de la Pour pouvoir véritablement ar- biens et la préservation des permettre le retour de tous les ré- caliserait. La guerre serait expor- habitation, le plus souvent impo- démocratie et de l’humanité, nos rêter la répression et assurer la dé- preuves, la force internationale fugiés et dissiper la menace d’un tée en Macédoine et au Monténé- sée, de races et de religions diffé- gouvernements viennent d’inven- militarisation, la force internatio- doit être dotée d’un pouvoir de ré- partage du Kosovo qui serait le gro, où la tension est extrême. rentes. C’est dire que toute ter la guerre homéopathique. nale doit disposer d’un droit de quisition et d’attribution de tous prélude à d’autres guerres en L’objectif à long terme est bien tentative de règlement pacifique de Grâce à elle, sous couleur d’arrêter perquisition nécessaire au désar- biens mobiliers ou immobiliers chaîne dans la région : aussi les politique, encore plus qu’humani- tels problèmes oblige à choisir l’exode des Kosovars, l’Europe l’a mement des civils et des bandes déclarés vacants et d’une fonction troupes de la force internationale taire ou judiciaire : il ne se limite entre des inconvénients et relève précipité, l’a rendu massif et peut- paramilitaires – qui se déchaîne- d’arbitrage pour trancher les li- doivent-elles être placées sous le pas à assurer la sécurité, la paix et de la diplomatie la plus fine et la être, pour beaucoup d’entre eux, ront peut-être encore longtemps tiges relatifs à l’occupation et à commandement unique de la justice au Kosovo, mais iI ambi- plus patiente. irréversible : si la barbarie des uns après le retrait officiel des troupes l’exploitation de la terre. Ces pou- l’OTAN. tionne d’« européaniser » toute la A Rambouillet, la solution expé- aura été pour ainsi dire principale, serbes, s’estimant trahies par un voirs sont indispensables pour b Autonomie substantielle du région par un plan audacieux de ditive choisie par l’OTAN partici- la barbarie collatérale de l’OTAN y président qui leur avait jusqu’alors éviter aux forces de paix d’avoir à Kosovo. Les accords de Rambouil- reconstruction, matérielle et mo- pait à l’évidence d’une autre finali- aura vraiment prêté la main. assuré l’impunité. couvrir, faute de capacité juri- let prévoyaient une période tran- rale, sous l’égide de l’Union euro- té. Chacun sait que, sous couvert Des instances judiciaires dique, les crimes qu’elles sont ve- sitoire de trois ans. La maîtrise ef- péenne, de façon à garantir la dé- d’une impérieuse nécessité d’«in- doivent être mises en place dès nues réparer. fective de l’administration ne mocratie à toute l’Europe, de la gérence humanitaire » dont il est Faire cesser maintenant pour arrêter et juger b Déploiement d’une force in- pourra se faire d’emblée : un laps Grèce à l’Ecosse. évident qu’elle est appelée à s’exer- les criminels de guerre, identifier ternationale garantissant la sé- de temps doit être envisagé – de cer inégalement selon les lieux et l’alignement les corps des victimes et préserver curité de la population et le res- plusieurs mois vraisemblable- Antoine Garapon les circonstances, la tentation existe, aux Etats-Unis, de complé- de notre pays ter la mondialisation économique par un projet stratégique global sur les décisions dont l’OTAN serait l’instrument politique et militaire. Dans cette d’une Alliance qui perspective, les troubles et les vio- lations des droits de l’homme exis- prétend combattre tant sans nul doute au Kosovo ont fourni le prétexte d’une interven- la barbarie barbare tion armée engagée et conduite par l’OTAN hors du cadre des Nations par une barbarie unies et en violation flagrante de la charte de cette organisation, pour- prétendument tant instituée par les vainqueurs de la seconde guerre mondiale afin de civilisée permettre la résolution des conflits et le maintien de la paix. Sans doute n’est-ce pas un ha- Que faire, alors, et fallait-il d’em- sard si nos dirigeants, qui font bon blée se résigner à ne rien faire ? marché de la souveraineté de leur Rambouillet a été présenté sans propre pays dans une marche irres- solution alternative. Après deux ponsable vers une Europe fédéra- mois de frappes, le G 8 en a pour- liste peinte aux couleurs de leurs tant découvert une. Les proposi- rêves, se sont embarqués derrière tions du G 8 comportent au- les Etats-Unis dans l’aventure you- jourd’hui, par rapport à celles de goslave. Sans doute n’avaient-ils Rambouillet, trois différences déci- pas mesuré les risques et les enjeux sives : la présence de l’ONU, ab- de leur suivisme. Mais chacun per- sente à Rambouillet, présente dans çoit maintenant, sous la propa- les propositions du G 8 ; celle de la gande des uns et des autres, les rai- Russie, absente dans les proposi- sons profondes de l’acharnement tions de Rambouillet, présente meurtrier des bombardements et dans les propositions du G 8 ; en- ce qui se joue dans cette sortie de fin, le renoncement au droit de crise. faire aller et venir au moindre signe L’intervention au Kosovo aura-t- les forces de l’OTAN sur l’ensemble elle constitué le premier acte de la du territoire serbe, et non seule- légitimation nouvelle de l’OTAN ment celui du Kosovo, qui donnait comme instrument de l’imperium au règlement de Rambouillet l’al- américain en Europe ? Le retour lure d’un statut quasiment d’oc- ambigu aux Nations unies imposé cupation. par les obstacles ironiques des réa- L’acharnement avec lequel lités balkaniques et slaves ramène- l’OTAN dissimule cet écart pour ra-t-il, au contraire, cette opération obtenir non pas le consentement au rang d’une exception, refermant de la Serbie, mais sa capitulation ainsi, au moins provisoirement, la est sans mystère. Pour les Etats- boîte de Pandore de conflits prévi- Unis, l’enjeu est décisif : il s’agit de sibles et incontrôlables ? se faire reconnaître, par OTAN in- Le droit d’ingérence, même hu- terposée, comme les patrons du manitaire, reste aujourd’hui celui monde ; pour les gouvernements du plus fort. Celui que les Etats- européens, il importe, par dessus Unis ont fait avaliser aux Nations tout, d’enrober leur complaisance unies au sortir de la guerre du de cette sorte de bonne conscience Golfe pour protéger les Kurdes, ap- recuite que Nietzsche appelait la pelés à se soulever contre Bagdad « moraline ». avant d’être abandonnés à eux- Sur bien des questions, des choix mêmes, n’était en fait qu’une sorte politiques différents séparent les de doctrine Brejnev retournée à signataires de ces lignes. Ils ne l’usage des Etats-Unis. peuvent certainement pas les inci- En s’appliquant à rénover la ter à renoncer à tenter d’éclairer vieille Fédération yougoslave, évi- l’esprit public sur la politique dans demment incapable de survivre à la laquelle la France s’est engagée au mort de Tito et à la marche du Kosovo. Il serait temps de faire ces- temps mais dont une langue, l’his- ser l’alignement de notre pays sur toire d’une émancipation les décisions d’une Alliance qui, commune et l’aspiration partagée à sous couleur de restaurer les droits la démocratie auraient pu renouve- de l’homme en Europe, prétend ler le ressort, l’Europe s’est mon- combattre la barbarie barbare par trée incapable d’oublier les tro- une barbarie prétendument civili- pismes qui gouvernaient ses sée, exacerbe dans l’ensemble des chancelleries en 1914. Elle n’a trou- Balkans et en Russie les querelles vé d’autres ressources, lorsque la ethniques et les nationalismes les guerre s’est installée durablement plus virulents, et prépare à l’Eu- en Bosnie-Herzégovine, véritable rope entière un avenir assujetti à modèle réduit de la Yougoslavie des intérêts qui ne sont pas les tout entière par l’imbrication de siens. ses religions et de ses cultures, que de faire appel more otanestico à l’Amérique, pour valider en fin de Marie-France Garaud est compte, par les accords de Dayton, conseillère référendaire à la Cour l’« épuration ethnique », c’est-à- des comptes, présidente de l’Insti- dire la ségrégation que l’on avait tut international de géopolitique. prétendu combattre. Didier Motchane est Aujourd’hui, l’Union européenne conseiller-maître à la Cour des de Maastricht, qui prétend se dé- comptes, vice-président du Mouve- couvrir un avenir fédéral tout en ment des citoyens. LeMonde Job: WMQ1106--0021-0 WAS LMQ1106-21 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 10:22 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 15Fap: 100 No: 0399 Lcp: 700 CMYK

HORIZONS - DÉBATS LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 / 21 Libéralo-libertaires... Chiche ! par Hugues Jallon et Pierre Mounier ÉTITIONS, essais en- ment d’autres lois que celles du lisme est derrière nous. L’enjeu ré- vers le statut d’actionnaire, ils au- blique, combien ils méprisent qu’elles sont liées à des stratégies flammés, articles marché et de leur foi hédoniste side bien davantage aujourd’hui ront la possibilité d’influer sur Ies l’idéologie « droit-de-l’hommiste » individuelles de réappropriation et P comminatoires, tri- dans l’individu. Appartenant à dans les nouvelles stratégies de décisions économiques et sociales venue des pays anglo-saxons. Il est de manipulation de l’identité et, bunes libres avec ré- l’« élite mondialisée » (Jean-Pierre contestation, de contournement et des entreprises... Une chose est clair que le combat quotidien et ta- surtout, parce qu’elles se ponses indignées et contre- Chevènement) et cosmopolite, ils de réappropriation du marché que sûre, en tout cas : dans la mesure tillon d’Amnesty International ou combinent et se croisent avec r éponses outrées : le débat intel- ont enterré sans regrets l’Etat, la sont susceptibles de conduire les où les Etats nationaux seront de de Human Rights Watch pour le d’autres identités, dotant ainsi l’in- lectuel de ces derniers mois est nation et la République. Stigmati- acteurs politiques et sociaux eux- moins en moins capables de ga- respect des droits de l’individu n’a dividu d’une véritable palette peut-être sorti du consensus mou sées pour avoir conclu une alliance mêmes. Les exemples et les expé- rantir la pérennité des droits so- pas cette aura épique qui plaît tant d’identités multiples sur laquelle il et de la discussion feutrée entre incertaine entre le « laisser-faire, riences ne manquent pas : le suc- ciaux individuels et collectifs, c’est à Régis Debray dans les gestes na- peut jouer à sa guise. honnêtes gens caractéristiques de laisser-passer » des ultralibéraux, le cès des mobilisations d’Attac, les aux acteurs eux-mêmes que re- tionales. Reste que l’expérience Dans ce contexte, l’identité na- ces dernières années. Certains le « il est interdit d’interdire » des banques solidaires, les systèmes viendront le soin et l’initiative historique d’un siècle de nationa- tionale « ascrite » comme identité regrettent, dénoncent la polarisa- soixante-huitards et un commu- d’échanges locaux, les groupes de d’imaginer dans l’avenir les voies lismes et de totalitarismes meur- primaire est à tout le moins relati- tion du débat et la mauvaise foi nautarisme que l’on n’hésite pas, pression de consommateurs. A une et moyens pour contourner la dy- triers doit peut-être apprendre à se visée, ce qui n’est pas sans consé- des arguments échangés. C’est namique du capital et maîtriser ses méfier des légendes. quence sur l’adhésion citoyenne ignorer la tradition nationale en la conséquences sociales. Communautaristes : la construc- aux institutions qui la repré- matière qui, de la bataille des An- C’est aux acteurs eux-mêmes Libertaires : c’est aussi, et peut- tion de l’unité nationale de notre sentent. Dès lors s’ouvre la ques- ciens contre les Modernes à l’« af- être avant tout, développer une pays s’est faite à travers une lutte tion de l’adaptation de ses institu- faire Debray », en passant par la que reviendront le soin et l’initiative méfiance indispensable à l’égard incessante d’un Etat central contre tions et de la représentation bataille d’Hernani et l’affaire Drey- du pouvoir d’Etat en général et de les particularismes régionaux politique des identités qui se fus, n’a jamais organisé le débat d’imaginer dans l’avenir les voies et moyens la raison d’Etat en particulier. Il est (Aquitaine, Bretagne, Vendée), re- constituent. Réforme des institu- autrement que de manière agonis- peut-être temps de rappeler que le ligieux (catholicisme) ou de classe tions politiques, désacralisation de tique, pourvu que l’enjeu appa- pour contourner la dynamique du capital libéralisme est aussi une tradition (noblesse puis notables). D’où le l’Etat, développement de nou- raisse important aux yeux des pro- politique qui ne conçoit pas de rejet instinctif « républicain » de veaux mécanismes de régulation tagonistes de l’époque. et maîtriser ses conséquences sociales pouvoir sans contre-pouvoir. A cet toute identité particulière, inter- économique : les pistes à explorer Il semble bien que ce soit le cas égard, la dérive des services de prétée comme le retour de vieux sont nombreuses pour qui veut aujourd’hui : derrière les mots de l’Etat en Corse vient confirmer que démons que la République a éviter de se trouver entre le mar- « nation », « République », « sou- au passage, à qualifier de « maur- échelle plus importante, l’appari- la « restauration de l’Etat de droit » combattus tout au long de son his- teau ultralibéral et l’enclume répu- veraineté », « identités », « mar- rassien », les « libéralo-libertaires » tion des fonds de pension éthiques réclamée à grands cris ne passe pas toire. C’est le retour des « gou- blicaniste. Mais il est temps d’éla- ché », que les uns et les autres se ne se sentent guère à l’aise dans un aux Etats-Unis permet d’imaginer, par le renforcement du pouvoir rous » et des « mafias » pour cer- borer une solution alternative jettent à la tête, se cache la ques- pays qui a placé l’Etat, la nation et à l’échelle européenne, une dyna- d’Etat, sans limites ni surveillance, tains, des « ethnies » et des crédible et imaginative si l’on veut tion de l’organisation et de la re- la République au cœur de son pro- mique inédite d’appropriation des mais par la mise en place de méca- « tribus » pour d’autres. que la France sorte du faux débat présentation politiques de notre jet politique. moyens de production des entre- nismes de contrôle, notamment Mais si un peu d’histoire permet dans lequel elle s’est fourrée. pays. Sur le champ de bataille, la Il est pourtant l’heure pour eux prises par les salariés eux-mêmes, judiciaires, protégeant les droits de comprendre le présent, trop lutte est pour le moment inégale, de sortir du bois et d’affronter via des fonds de pension sociaux. imprescriptibles de chaque ci- d’histoire aboutit à l’effet inverse. D’un côté, le camp « souverai- leurs adversaires au grand jour, L’obsession tant décriée du taux toyen, toujours menacés par l’hy- Car rien n’indique que les nou- Hugues Jallonest éditeur niste », « républicaniste », « natio- c’est-à-dire sur le terrain des pro- de rentabilité ne vaut que dans la bris d’un pouvoir d’Etat sacralisé. velles identités qui se construisent (Editions La Découverte). nal-républicain », comme on vou- positions et des idées. En mesure où salariés et syndicats On sait combien les nationaux- sur les ruines de l’identité de classe Pierre Mounierest doctorant dra, doté d’une cohérence commençant par redéfinir par eux- restent hors du jeu financier. Ima- républicains dévalorisent la démo- soient un pur et simple retour en en anthropologie politique à l’uni- politique certaine, de réseaux so- mêmes les concepts qu’on utilise ginons seulement le jour où, à tra- cratie, qu’ils opposent à la Répu- arrière, ne serait-ce que parce versité Paris-X-Nanterre. lides et de figures de proue re- contre eux. connues. Libéraux : il n’y a guère, en « Nationaux-républicains... France, qu’Alain Madelin et Jean- Chiche ! », n’avait pas hésité à pro- Pierre Gaillard (sans oublier Er- clamer, dans Le Monde, un de ses nest-Antoine Seillière) pour croire porte-parole les plus fameux, Ré- que la croissance économique et la gis Debray, qui avait décidé de ré- hausse du CAC 40 engendrent au- pondre à ses détracteurs en ren- tomatiquement une amélioration versant l’anathème en défi et la générale des conditions de vie. honte en fierté. En face, les Responsables politiques, militants troupes sont peu repérables et ne et citoyens sont tous à peu près se font remarquer que par les at- d’accord sur le constat des dégâts taques qu’elles portent contre sociaux considérables qu’engendre leurs adversaires. Marianne les a une économie libérale mondiali- récemment qualifiées de « gauche sée. réac » ; d’autres lui ont préféré Mais les avis divergent quant l’étiquette de « libéralo-liber- aux mécanismes de correction qui taires », que personne aujourd’hui doivent être mis en place. Pour les ne se hasarderait à reprendre à son républicains, seul l’Etat, par sa compte, pas même Daniel Cohn- puissance politique, financière et Bendit, qui s’est fait réprimander industrielle, est à même d’affron- par ses propres amis pour l’avoir ter la puissance destructrice des acceptée ponctuellement. marchés. Il est clair, cependant, Les partisans de la trilogie Etat- que dans cette bataille l’Etat s’af- nation-République ont ainsi dési- faiblit chaque jour un peu plus, gné leurs adversaires, qu’ils ac- non pas seulement à cause de la cusent de livrer la France au mar- « veulerie » de nos dirigeants, ché, à l’Europe et au comme tentent de le faire croire communautarisme. Enfants mons- les républicains, mais aussi parce trueux issus d’improbables noces que les mutations du capitalisme entre Milton Friedman et Herbert avancé lui permettent d’échapper Marcuse, les « libéralo-liber- peu ou prou au carcan réglemen- taires » ont accepté la soumission taire qu’imposent les Etats natio- de la France au nouvel impéria- naux. lisme américain et font figure de Il s’agit donc de prendre la me- petits soldats de Bill Gates et de sure des transformations de notre Rupert Murdoch, de pantins mani- environnement, transformations pulés et décervelés aux mains de qui doivent nous conduire à envi- McDonald’s et de la World sager d’autres modes d’action et Company. de réaction. Qu’on le veuille ou Libéraux et libertaires, ces en- non, le temps des stratégies d’af- fants de 68 ne connaissent finale- frontement direct avec le capita-

AU COURRIER gande communiste, qui a long- DU « MONDE » temps confisqué l’antifascisme pour son propre compte. C’est GEORGE ORWELL cette imposture qui a resurgi ENRÔLÉ À CONTRESENS quand on a pu voir des Belgradois Dans un point de vue publié par assister aux concerts anti-OTAN Le Monde du 4 juin, Kosta Chris- en arborant des badges « no pasa- tich, rédacteur en chef du mensuel ran » et des affiches serbes repre- Balkans-infos, loue la « résistance nant le Guernica de Picasso. Mais, serbe » et la « dignité » de ce après tout, Picasso était commu- peuple « paria » face à l’« agres- niste, et le slogan « no pasaran » sion des dix-neuf pays de l’Alliance était martelé par Dolorès Ibarruri, atlantique ». M. Christich ajoute : la pasionaria stalinienne... Alors, « Et cette dignité ne se distingue pas dans la confusion régnante, que de celle que George Orwell a croisée les nationaux-communistes serbes dans les rues de Barcelone à l’ap- s’approprient ces symboles, pour- proche des troupes franquistes. » quoi pas... Mais qu’on fiche la paix Voilà George Orwell (1903−1950) à George Orwell, qui a écrit juste- appelé bien malgré lui à la res- ment : « Le péché de pratiquement cousse de la cause serbe. Tout tous les gens de gauche à partir de d’abord, rectifions les faits : 1933 est d’avoir voulu être antifas- George Orwell ne s’est jamais cistes sans être antitotalitaires. » trouvé à Barcelone « à l’approche Orwell n’était pas pacifiste. des troupes franquistes ». En Dans toute guerre, il pensait qu’il 1936−1937 le front d’Aragon, où faut choisir son camp, et qu’il Orwell combattit dans la milice du existe toujours un camp au mini- POUM, se trouvait à 240 kilo- mum moins mauvais que l’autre. mètres de la capitale catalane. Et On ne peut pas se figurer à coup la « dignité » qu’Orwell a pu « croi- sûr ce que George Orwell aurait ser » dans Barcelone, c’était celle pensé de l’actuel conflit des Bal- de ses compagnons anarchistes et kans, mais on peut être certain poumistes soulevés contre les sta- que le vétéran de tous les combats liniens qui voulaient les écraser antitotalitaires, l’auteur d’Hom- pendant les journées de mai 1937. mage à la Catalogne, de la Ferme (...). des animaux et de 1984, n’aurait ja- Dans cet amalgame effarant mais rejoint le camp de Milosevic entre l’antifascisme des Barcelo- et de tous ceux qui affirment que 2 nais de la guerre civile et l’anti- et 2 font 5. américanisme des Belgradois d’au- Phil Casoar, jourd’hui, on retrouve une des Sylvain Boulouque impostures classiques de la propa- Paris LeMonde Job: WMQ1106--0022-0 WAS LMQ1106-22 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 11:06 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 15Fap: 100 No: 0400 Lcp: 700 CMYK

22 I ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999

JUSTICE Altus, l’ex-filiale la plus PROCÉDURE, engagée le 18 février réalisation), qui a repris pour le M. Hénin s’en prend au contraire à avec la reprise en 1991 des actifs de décriée du Crédit lyonnais, est mise par la cour supérieure de l’Etat de compte de l’Etat les actifs compro- l’absence de réactions du Consor- la compagnie d’assurance améri- en cause directement par la justice Californie, pourrait avoir des consé- mis du Lyonnais, dont Altus. b SI LE tium, face à un procès qu’il juge caine Executive Life en faillite et de américaine tout comme son ancien quences financières lourdes, notam- CDR et les autorités françaises « abusif ». b L’AFFAIRE concerne la son portefeuille d’obligations à dirigeant, Jean-François Hénin. b LA ment pour le CDR (Consortium de prennent la menace au sérieux, plus belle réussite financière d’Altus hauts risques (« junk bonds »). Le CDR doit faire face aux menaces de la justice américaine A la suite d’une dénonciation, la Californie conteste les conditions de l’achat de la compagnie d’assurance Executive Life par Altus en 1991. Jean-François Hénin, qui dirigeait l’ex-filiale du Crédit lyonnais, reprise par le Consortium de réalisation, juge le risque financier négligeable LES DÉMÊLÉS judiciaires du Cré- portage. Aux Etats-Unis, il est inter- leur licence aux Etats-Unis : la BCCI, important : le numéro deux de l’Etat nancier le plus remarquable de la dans le bureau de M. Garamendi : il dit lyonnais et de ses filiales s’appa- dit à une banque de détenir plus de établissement dont l’activité princi- de Californie. Il supervise la protec- carrière de M. Hénin. Les junk lui propose de reprendre les junk rentent à une histoire sans fin. Al- 25 % du capital d’une société indus- pale était le blanchiment et le dé- tion sociale et son poste est un mar- bonds, payés 3,25 milliards de dol- bonds et d’utiliser son entregent tus, la filiale la plus décriée de la trielle et commerciale. tournement de fonds ; Daiwa qui a chepied naturel pour se faire élire lars par Altus, représentent au- pour faciliter la création d’un tour banque publique, chargée selon les « Cette procédure nous a fait l’effet caché longtemps et sciemment aux gouverneur. Surtout s’il parvient à jourd’hui une somme de l’ordre de de table assurant la continuité de propres termes de l’ancien président d’un coup de tonnerre dans un ciel autorités américaines la situation récupérer une manne inespérée 15 milliards de dollars. l’activité d’Executive Life. Voilà pour du Lyonnais, Jean-Yves Haberer, de qui commençait enfin à se dégager », catastrophique de sa filiale new-yor- pour les anciens assurés d’une l’histoire officielle. faire tout ce que la banque « ne sait explique un dirigeant du CDR. kaise. La décision prise immédiate- compagnie en faillite. L’HABITUDE DE MISER GROS Une autre version, suggérée par pas, ne peut pas ou ne veut pas Comme toujours avec le Lyonnais et ment par les pouvoirs publics fran- M. Quackenbush a découvert M. Hénin, le « Mozart de la fi- l’accusation, serait celle d’un accord faire », est mise en cause par la jus- ses filiales, les conséquences réelles çais de totalement coopérer avec la cette affaire avec la complicité d’un nance » de M. Haberer, comprend secret conclu entre MM. Garamendi tice américaine. Altus est déjà à ou imaginaires de cette affaire justice américaine vise à éviter tout french businessman venu spontané- dès 1991 que parier sur ses obliga- et Hénin. En échange des junk bonds l’origine d’une multitude d’affaires prennent une ampleur démesurée. problème au Lyonnais. ment, en juillet 1998, la lui révéler. tions à risques peut permettre à la auxquels il tient tellement, M. Hénin mêlant des faillites industrielles re- Selon les avocats les plus pessi- L’affaire a été initiée par le Ce Français n’est sans doute pas dé- banque publique d’effacer une par- promet de faire reprendre la tentissantes, des opérations liti- mistes, elle pourrait coûter des mil- commissaire californien aux assu- sintéressé : la justice américaine se tie des ardoises accumulées ailleurs. compagnie Executive Life qui est un gieuses de financement de golfs ou liards de dollars au CDR. Certains rances, Chuck Quackenbush, qui es- montre souvent généreuse avec ses Inventés au début des années 80 par boulet pour l’Etat de Californie. Il de bateaux de plaisance et des évoquent même un scénario catas- père bien faire payer les Français. Ce informateurs et peut leur réverser le financier de génie Michael Mil- organise un tour de table avec la doutes sur la qualité de ses comptes. trophe dans lequel la Réserve fédé- républicain en profite au passage jusqu’à 15 % des sommes récupé- ken, ces junk bonds ont alimenté la Maaf, mutuelle d’assurance fran- La procédure, engagée le 18 février, rale américaine pourrait retirer sa li- pour régler des comptes avec son rées. Or, l’affaire des junk bonds a folie des OPA à Wall Street. Ces çaise, et un certain nombre d’autres par la cour supérieure de l’Etat de cence au Lyonnais et l’obliger ainsi à prédécesseur démocrate, John Ga- été particulièrement juteuse. A côté titres permettaient à des sociétés de investisseurs. La question que va de- Californie, pourrait avoir des consé- céder sa très rentable succursale ramendi, en fonctions au moment de la succession ininterrompue de lever des capitaux considérables en voir trancher la justice américaine quences financières et judiciaires américaine. De quoi rendre beau- de la faillite d’Executive Life. catastrophes qui ont jalonné l’exis- apportant peu de garanties mais en consiste à savoir si la Maaf et ses as- lourdes. coup plus difficile la privatisation en M. Quackenbush est un personnage tence d’Altus, il s’agit du « coup » fi- les rémunérant fortement. Leurs sociés étaient des « faux-nez » d’Al- L’affaire concerne la reprise, en cours. cours se sont effondrés, mais, tus qui aurait ainsi contourné les 1991, des actifs de la compagnie convertis en actions des sociétés qui lois américaines pour tenir ses en- d’assurance américaine Executive FAIRE PAYER LES FRANÇAIS Le parcours du « Mozart de la finance » les ont émis, ils représentent des gagements auprès de M. Garamen- Life en faillite et de son portefeuille Au ministère de l’économie et au participations de grande valeur. di. A en croire des juristes, les de junk bonds (littéralement, obliga- CDR, on tente de limiter la méca- b 1982 : Jean-François Hénin entre Electricité et Eaux de Madagascar M. Hénin décide, comme à son contrats signés entre Altus et la tions pourries). Une procédure ac- nique infernale des rumeurs, tout en chez Thomson pour en gérer la (EEM). habitude, de miser gros : 3 milliards Maaf ressemblent beaucoup à un cusatoire a été engagée contre : le prenant la procédure très au sé- trésorerie. Certaines années, il b Juin 1995 : la Cour des comptes à 4 milliards de dollars. Altus se portage. Consortium de réalisation (CDR), rieux. « Une menace de la justice réalise à lui seul plus de la moitié dresse un rapport très critique sur constitue progressivement un pre- La bataille judiciaire s’annonce qui a repris pour l’Etat les actifs américaine, même exorbitante, doit des bénéfices du groupe. Altus et évoque des pertes de mier portefeuille de 800 millions de longue. Un éventuel portage n’a pas compromis du Lyonnais (dont Al- être considérée avec la plus grande b Octobre 1989 : le Crédit plusieurs milliards de francs. Le dollars. M. Hénin en veut plus. L’oc- forcément causé un préjudice sup- tus) ; Altus et son président d’alors, prudence. Quand la machine est lan- lyonnais reprend les activités rapport est amendé en juin 1997. casion se présente avec Executive plémentaire aux assurés d’Executive Jean-François Hénin ; le Crédit lyon- cée, elle va jusqu’au bout », souligne financières de Thomson (Thomson b décembre 1997 : M. Hénin est Life. La compagnie, au mépris de Life. Il est possible qu’il y ait pres- nais ; leurs alliés dans l’opération, un proche du dossier. CSF Finance) et rebaptise l’entité mis en examen pour « complicité de toutes les règles de prudence, a pla- cription sur une bonne partie du notamment la Maaf, son président, Le risque est très limité en ce qui Altus Finance. banqueroute par moyen ruineux » cé plus de 60 % des sommes collec- dossier. Le CDR n’a l’intention, ni de Jean-Claude Seys, et son directeur concerne la licence du Lyonnais b 1993 : Altus annonce des pertes par le juge toulousain Laurent tées, via des contrats d’assurance- se précipiter dans une négociation général, Jean Irigoin. Selon l’accusa- pour une affaire qui concerne une de 2,6 milliards de francs. M. Hénin Nion. Il est à nouveau mis en vie, en junk bonds. La valeur des avec la justice américaine, ni de trai- tion, Executive life aurait été repris de ses filiales il y a huit ans. Seules quitte Altus au printemps et prend examen en septembre 1998 par les titres ayant diminué de moitié, Exe- ter cette affaire à la légère. par Altus, dissimulé derrière des ac- deux banques se sont vues privées la direction, en 1994, d’une société juges Eva Joly et Jean-Pierre Zanoto cutive Life fait faillite. Quarante- tionnaires grâce à des opérations de au cours des dernières années de de gestion de portefeuille, pour « abus de biens sociaux ». huit heures plus tard, M. Hénin est E. L. Jean-François Hénin, ancien directeur général d’Altus « Les risques pour le contribuable sont vraisemblablement nuls » « Ancien dirigeant d’Altus, vous êtes constituer un groupe d’actionnaires capable cune obligation de reprendre les actifs une somme comprise entre 500 millions montrer que son prédécesseur démocrate mis en cause, avec d’autres, par la justice d’assurer une certaine continuité des activi- d’Executive Life. Pendant deux ans, entre fin et 1 milliard de dollars. a été un piètre gestionnaire. C’est d’autant américaine sur les conditions de la re- tés de la compagnie d’assurances. Une tâche 1991 et fin 1993, elle est restée une coquille – Les chiffres que vous évoquez sont ré- plus facile que le portefeuille de junk bonds prise à la fin de 1991 des actifs de la difficile puisqu’on ne connaissait rien par vide. A la suite de différents jugements, Exe- voltants. Depuis plusieurs mois, j’essaie de a vu sa valeur multipliée par trois ou compagnie d’assurances américaine avance de la société, compte tenu d’une cutive Life a été séparée en trois blocs : le prendre contact avec les autorités fran- quatre depuis 1991. Enfin, on peut chercher Executive Life. Cette affaire peut-elle multitude de procès qui allaient s’étaler sur premier attribué à Altus pour 3,25 milliards çaises, car je pense, sans forfanterie, être la à nuire au Crédit lyonnais à la veille de sa coûter des milliards de dollars au contri- trois ans. de dollars (les junk bonds) ; un deuxième, la personne qui connaît le mieux ce dossier. privatisation et même indirectement à buable français, Altus ayant été récupéré Nous avons d’abord sollicité la Compa- continuation des activités d’Executive life Mes tentatives se heurtent à un mur. Je ne M. Pinault, engagé dans d’autres batailles. par le Consortium de réalisation (CDR) gnie de navigation mixte, qui possédait une reprise par New California Life Holding ; et comprends pas pourquoi le CDR ne fait pas Mais les options d’achat et de vente et donc par l’Etat ? filiale d’assurances. Elle s’est désistée au un troisième, les actifs les plus dépréciés, une réponse énergique aux autorités améri- croisées, notamment entre Altus et la – Ma réponse est catégorique. Les dernier moment. Nous avons trouvé une qui ont été donnés à une structure locale caines face à un procès abusif. Maaf, ne s’apparentent-elles pas de fait risques pour le contribuable, pour le CDR solution de secours avec la Maaf. Jean- comparable au CDR. Enfin, au moment où à un portage ? et pour le Lyonnais sont vraisemblable- Claude Seys, son patron, avait le désir sin- New California Life Holding a été activée, – La Maaf ne voulait pas s’embarquer ment nuls. Je vais vous raconter la véritable cère de réaliser cette opération, mais n’avait les droits d’Altus vis-à-vis de cette compa- « A aucun moment Altus sans solution de repli, d’où la possibilité histoire d’Executive Life. Tout a commencé pas le temps d’étudier l’ensemble du dossier gnie d’assurances avaient été cédés depuis pour elle de nous revendre sa participation, avec les difficultés financières de cette et connaissait encore moins l’état de la un an à M. Pinault lors de la transaction du ne s’est trouvé et nous voulions nous réserver la possibili- compagnie d’assurances américaine qui compagnie qui allait sortir du tribunal. Il 15 décembre 1992 instituant Artémis. té de trouver un actionnaire moins exi- avait investi plus de la moitié de ses actifs était normal qu’il nous demande des garan- Le portefeuille de junk bonds et New Ca- en contradiction geant si l’occasion se présentait, d’où la dans des junk bonds. Au début de l’année ties. lifornia Life Holding ont été alors repris possibilité pour nous de lui racheter sa par- 1990, je suis alerté par nos partenaires La justice américaine vous reproche, par le groupe Pinault et Artémis. avec les lois américaines » ticipation pour la faire acheter par un américains de l’existence de ce gisement de pour obtenir le portefeuille de junk bonds, – C’est exact. A aucun moment Altus ne autre. Si litige il y a, il ne peut pas porter pépites dont ils souhaitaient acquérir une d’avoir fait réaliser par la Maaf et s’est trouvé en contradiction avec les lois sur le portefeuille de junk bonds et ne partie. Mais comme cette société risquait d’autres “investisseurs amis” une opéra- américaines. Il est intéressant de noter que, Vous pensez que cette affaire s’appa- concerne qu’une holding dormante deve- d’être mise en faillite, des procédures judi- tion dite de portage. Ils auraient agi dans les déclarations de Richard Baum, le rente à un complot ? nue active à la fin de 1993 en reprenant ciaires auraient pu remettre en cause par la comme des “faux nez” pour votre numéro deux des services du commissaire – Il y a en tout cas une réelle volonté de alors Executive Life, à une époque où Altus suite la transaction. J’ai donc, après l’ac- compte, ce qui viole la législation améri- aux assurances, annexées au jugement de nuire. Au début de l’été 1998, quelqu’un dé- n’avait plus aucun droit à faire valoir sur cord de Jean-Yves Haberer, président du caine. février 1995 de la cour d’appel de Californie, crit comme un homme d’affaires français a cette société. Les sommes en jeu ne dé- Crédit lyonnais, rencontré le commissaire – J’ai entre les mains un jugement de fé- ce dernier affirme que la seule obligation été dénoncer spontanément en Californie passent pas plusieurs centaines de milliers aux assurances de Californie, le démocrate vrier 1995 de la cour d’appel de l’Etat de Ca- d’Altus était de faire de son mieux pour une escroquerie qui serait à la base de la de dollars, pas des millions ou des mil- John Garamendi. lifornie prononcé par le juge Kurt J. Lewin à trouver une solution au problème de la cession du portefeuille de junk bonds. Qui liards. En outre, les dirigeants d’Altus béné- A la fin du premier semestre 1991, M. Ga- la suite d’accusations similaires portées compagnie d’assurances. peut être cette personne ? Il y a deux hypo- ficiaient alors d’une protection par une as- ramendi a fait une offre publique de vente contre M. Garamendi. Ce jugement établit Si l’affaire vous semble sans fonde- thèses et je n’ai pas les moyens de les véri- surance souscrite auprès des Lloyd’s pour sur le seul portefeuille de junk bonds afin formellement qu’il n’y a pas de liens entre ment, comment expliquer l’attitude du fier. La première serait qu’il s’agit d’un an- se garantir contre les conséquences civiles de mettre fin à ce risque pour la compa- l’achat de la compagnie d’assurances et du commissaire californien actuel aux assu- cien partenaire d’Altus voulant se venger. La de leurs activités aux Etats-Unis. Si tant est gnie, les titres avaient perdu 50 % de leur portefeuille de junk bonds. Les actifs d’Exe- rances, Chuck Quackenbush, qui a porté seconde, que je n’ose pas imaginer, c’est qu’il y ait un litige, la simple utilisation de valeur. Huit compétiteurs se sont présen- cutive Life ont été repris fin 1993 par la so- plainte, et même les craintes du CDR, qui que quelqu’un du CDR aurait lui-même ré- cette assurance devrait garantir l’Etat fran- tés, nous avons gagné en faisant la meil- ciété New California Life Holding, consti- semble considérer qu’il y a un risque non vélé cette prétendue escroquerie. çais de toute conséquence financière. » leure offre à 3,25 milliards de dollars. En tuée à cet effet avec un capital de 5 millions négligeable ? Des rumeurs, démenties par Derrière cette affaire, il faut voir qu’il y a parallèle, fidèles à une promesse faite à de dollars. Mais il est dit dans le jugement le CDR, font état d’une tentative de tran- une compétition politique aux Etats-Unis. Propos recueillis par M. Garamendi, nous avons essayé de de février 1995 que cette holding n’avait au- saction avec la justice américaine pour M. Quackenbush est républicain et veut Eric Leser LVMH dépose deux recours en justice Les taux d’intérêt américains franchissent la barre des 6 % LA SÉANCE du mercredi 9 juin nution des achats d’emprunts amé- tion leur rappelle celle de 1994, an- entérine les anticipations des mar- contre le rachat de Gucci par PPR pourrait marquer une étape déci- ricains par les Japonais : ces der- née du krach obligataire mondial. chés obligataires. sive dans l’évolution de l’environ- niers, anticipant la reprise de Dans les mois qui avaient précédé L’éventualité d’un resserrement LE GROUPE LVMH a annoncé, mercredi 9 juin, qu’il allait introduire nement financier international : le l’économie nippone – confirmée la première hausse des taux direc- monétaire aux Etats-Unis n’est pas deux recours judiciaires contre l’alliance entre la maison de mode ita- taux de l’obligation du Trésor amé- jeudi par les chiffres de croissance teurs de la Réserve fédérale, en fé- sans inquiéter la Maison Blanche, lienne Gucci et le groupe Pinault-Printemps-Redoute (PPR), entérinée ricain à 30 ans a franchi les 6 %. Dé- au premier trimestre –, auraient vrier 1994, les marchés obligataires qui en redoute les conséquences par la chambre commerciale de la cour d’appel d’Amsterdam le but octobre 1998, ce taux était tom- commencé, depuis plusieurs se- américains avaient, comme c’est le sur la bonne santé de Wall Street, et 27 mai. Le premier recours sera introduit devant la Cour suprême des bé jusqu’à 4,72 %, son plus bas maines, à rapatrier dans l’Archipel cas aujourd’hui, entamé un mouve- donc sur le moral des Américains. Pays-Bas, qui peut casser un jugement pour des raisons de forme, le niveau historique. Pour expliquer une partie de leurs capitaux placés ment de repli. Celui-ci s’était en- Depuis quelques jours, elle s’em- second devant le tribunal de district d’Amsterdam, une juridiction pé- cette remontée spectaculaire, les aux Etats-Unis. suite transformé en plongeon après ploie à minimiser les risques infla- nale de première instance. analystes mettent en avant plu- Enfin, les investisseurs vivent l’action de la banque centrale. Pour tionnistes : son économiste en chef, Le groupe de Bernard Arnault a écrit à chacun des membres du sieurs facteurs. Le premier tient à dans la crainte d’un resserrement le président de la Fed, Alan Greens- Janet Yellen, a estimé mercredi que, conseil de surveillance de Gucci et de la direction de PPR, pour les avi- l’apaisement de la crise financière de la politique monétaire améri- pan, l’évolution des taux d’intérêt à « si l’étroitesse du marché du travail ser qu’ils seront « tenus pour responsables de toute conséquence préju- dans les pays émergents, qui avait caine depuis la publication d’un très long terme constitue un excellent finira par faire monter l’inflation, on diciable qui pourrait résulter de leur fait, notamment en cas de mise en incité les investisseurs à acheter des mauvais chiffre d’inflation en avril indicateur avancé de l’inflation. Le ne devrait pas le voir de sitôt ». œuvre des accords » entre PPR et Gucci. emprunts d’Etat occidentaux. Le (+ 0,7 %). Leurs inquiétudes sont risque est donc, comme il l’avait fait deuxième se trouve dans une dimi- d’autant plus grandes que la situa- il y a cinq ans, que M. Greenspan Pierre-Antoine Delhommais LeMonde Job: WMQ1106--0024-0 WAS LMQ1106-24 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 10:58 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 15Fap: 100 No: 0402 Lcp: 700 CMYK

24 / LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 ENTREPRISES

Le groupe américain DuPont est passé Olivetti blinde son capital de la poudre à canon aux protéines de soja avant de prendre Il veut créer les modes vestimentaires et alimentaires du futur le contrôle de Telecom Italia Le groupe américain DuPont, à l’origine des Ny- bâti en moins de deux ans une nouvelle division de dollars de chiffres d’affaires) entend utiliser lon, Téflon et autres Lycra, opère un redéploie- qui, selon l’ambition du PDG, doit « aller de la des bactéries « recombinées », alimentées par ment stratégique dans les sciences de la vie. Il a fourche à la fourchette ». Le groupe (31 milliards du maïs, pour fabriquer de nouveaux textiles. Le groupe veut prévenir toute tentative d’OPA

IL AURA FALLU près de deux Les sciences de la vie représentent 21 % des ventes quels gènes vont apporter le meilleur MILAN sident de la Banca di Roma, et de siècles pour que l’américain Du- type de protéines, qu’ils viennent du Correspondance Luigi Lucchini, président de la Pont de Nemours, né en 1802, RÉPARTITION DU CHIFFRE D'AFFAIRES 1999 (est.)* en milliards de dollars soja, du lupin ou du pois protéagi- Après la victoire de son offre pu- Comit, mais aussi conseiller d’ad- passe de la poudre à canon aux neux ou autre. » blique d’achat et d’échange sur Te- ministration de Generali et de Me- TOTAL : 30,9 MILLIARDS DE DOLLARS protéines de soja. Et moins de deux Le père du fameux Lycra, qui lecom Italia, le groupe Olivetti af- diobanca. Bref, au sein du capital SCIENCES DE LA VIE ans à son nouveau PDG, Chad réalise encore une grande partie de fronte les premières étapes de sa d’Olivetti coexisteront des noms PHARMACIE Holliday, pour réorganiser le CHIMIE ET PIGMENTS son chiffre d’affaires en chimie, a nouvelle transformation. Le feu historiques de la finance italienne conglomérat chimique en deux 3,7 1,6 d’autres ambitions à partir des bio- vert officiel du gouvernement ita- – dont une partie sont fortement grands métiers pour l’an 2000 : la AGRICULTURE, technologies. « Nous préparons de lien à l’opération, annoncé mer- marqués par leur appartenance à POLYESTER 5 chimie et les sciences de la vie NUTRITION ET nouvelles fibres qui apporteront une credi 9 juin alors que l’assemblée ce que la presse italienne a baptisé 2,8 SANTÉ (pharmacie, agriculture, santé et révolution aussi grande que celle du générale d’Olivetti était en cours, la « galaxie Mediobanca » – et les nutrition). Tandis que l’activité pé- Nylon dans les années 30 », affirme lui ouvre définitivement la voie du petits industriels de Lombardie qui trole n’est déjà plus qu’un souvenir M. de Trogoff. DuPont espère ob- contrôle de l’ex-monopole public. accompagnent M. Colaninno de- (Conoco sera totalement vendu tenir par des plantes transgéniques Mais le PDG d’Olivetti travaille en puis son entrée dans le capital d’ici à la fin de l’année), DuPont 7,9 5,8 à vocation industrielle, ou encore parallèle sur un autre chantier : le d’Olivetti en novembre. occupe une position stratégique PEINTURES ET POLYMÈRES par de simples bactéries « re- renforcement du groupe d’action- Après l’annonce de la signature dans les sciences de la vie : il est le combinées », de nouveaux textiles naires stables d’Olivetti, pour que du décret ministériel autorisant seul agrochimiste à aller «de la 4,1 moins coûteux et innovants. Ainsi, celui-ci ne soit pas à son tour l’ob- l’entrée d’Olivetti au capital de Te- fourche à la fourchette ». NYLON ET FIBRES SPÉCIALITÉS DE POLYMÈRES mis au point, avec son partenaire jet d’une OPA. lecom Italia – le gouvernement A l’été 1997 aux Etats-Unis, Du- APRÈS CESSION DE CONOCO ET INTÉGRATION DE PIONEER Source : Du Pont de Nemours Genencor, le nouveau polyester La composition actuelle du capi- ayant renoncé à utiliser son droit Pont rachète, coup sur coup, 20 % 3GT – actuellement en expérimen- tal d’Olivetti reflète sa fragilité : de veto –, le groupe d’Ivrea pourra du semencier Pioneer-Hi Bred, attendant, DuPont peut se targuer d’ici cinq ans. » Sur le marché jugé tation pilote aux Etats-Unis – est son principal actionnaire est la se présenter en maître à l’assem- puis Protein Technologies Interna- d’être le seul agrochimiste, à avoir prometteur de la nutraceutique (où produit par des bactéries nourries holding luxembourgeoise Bell blée générale de Telecom Italia, tional (PTI), leader mondial des un pied dans la semence et un l’aliment joue un rôle de préven- de maïs. La fibre issue de ce (elle-même contrôlée par Roberto convoquée pour le 28 juin. Olivetti protéines de soja pour l’alimenta- autre dans l’agroalimentaire. tion du risque de maladies), Du- « bouillon de culture » a la capaci- Colaninno, avec des industriels et disposera de 52,12 % du capital or- tion et l’industrie papetière. En Son redéploiement dans ce do- Pont a déjà obtenu, pour certaines té d’être imperméable, tout des banquiers d’Italie du Nord), dinaire de l’opérateur télépho- 1998, le britannique Cereals Inno- maine d’activités présente la parti- protéines de soja, des recomman- comme un polymère, tout en « res- avec une part de 13,91 %. Suivent nique – le chiffre définitif étant lé- vation Centre (CIC), spécialiste des cularité de viser, in fine, l’assiette dations officielles, aux Etats-Unis, pirant » mieux en contact avec la Schroders Investment Manage- gèrement plus élevé que celui ingrédients alimentaires dérivés du du consommateur. « La plupart de pour la pré et post-ménopause. peau. « Ces bactéries, indique M. de ment (4,63 %), le groupe allemand annoncé à la clôture de l’OPA – blé et le français Hybrinova, filiale nos concurrents, estime Hervé de Trogoff, permettent de catalyser la Mannesmann (3,04 %), Intesa As- pour lequel il devra débourser blé hybride du groupe Lafarge Trogoff, directeur céréales (agro- NOUVELLES AMBITIONS synthèse de molécules, qu’on ne se- set Management (1,96 %) et Deut- 31,5 milliards d’euros. tombent dans son escarcelle. En chimie et biotechnologies) de Du- C’est moins la course aux varié- rait pas capable de faire économi- sche Boerse Clearing AG (1,74 %). Le groupe, pour le moment fic- mai 1999, DuPont acquiert les 80 % Pont Monde, ont vu dans les bio- tés transgéniques qui anime Du- quement par la chimie. » tif, qui comprend à la fois Telecom de Pioneer Hi-Bred qu’il ne déte- technologies végétales le moyen de Pont que la quête de nouvelles Pour le PDG, M. Halliday, la plu- NOUVEAUX ACTIONNAIRES Italia et les activités qui restent à nait pas encore et devient, sans substituer aux pesticides classiques « superprotéines ». PTI, qui détient part des produits et des services Au cours de l’assemblée, M. Co- Olivetti après la vente de sa filiale conteste, le premier semencier des cultures transgéniques, rendues 75 % du marché mondial des pro- qu’offrira DuPont dans l’avenir laninno a annoncé l’entrée au ca- de télécommunications, affiche, mondial. principalement résistantes aux rava- téines de soja, lui ouvre une voie n’existent pas aujourd’hui. Ils se- pital d’Olivetti de « banques et as- sur la base des données de 1998, Avec cette acquisition d’un mon- geurs. Ils opèrent dans un marché royale, depuis le lait en poudre ront moins chers, moins gour- surances parmi les plus un chiffre d’affaires de près de tant de 7,7 milliards de dollars, le agrochimique de 30 milliards de pour nourrissons jusqu’aux substi- mands en énergie et en matières représentatives de notre pays ». 163 milliards de francs (24,84 mil- chimiste américain estime avoir at- dollars aujourd’hui, 35 milliards tuts de viande en passant par la fa- premières, voire plus « intelli- Lorsque l’opération sera terminée liards d’euros) pour 132 000 sala- teint la taille critique dans les d’ici cinq ans. Notre ambition est brication de papier. « PTI nous sert gents ». Il l’a récemment affirmé – dans quelques semaines –, les ac- riés. L’endettement du groupe at- sciences de la vie, avec des ventes d’apporter de nouvelles semences à à connaître les besoins réels du devant ses actionnaires : « La biolo- tionnaires stables atteindront une teindra 26,4 milliards d’euros, mais de près de 7 milliards de dollars. La haute valeur ajoutée pour l’alimen- consommateur. Que le gluten qui gie et les techniques de l’information participation en mesure d’assurer devrait se réduire, selon Olivetti, pharmacie (DuPont a racheté la fi- tation humaine, l’alimentation ani- entre dans la composition du pain et seront au XXIe siècle ce que la phy- « la sécurité » pour le développe- à 5,4 milliards d’euros à la liale qu’il détenait en commun avec male et l’industrie en général. Nous lui apporte élasticité et capacité à sique et la chimie ont été au ment du groupe, a estimé M. Cola- fin 2002. Merck, en 1998), sera très prochai- voulons peser 30 à 50 milliards sur gonfler, soit issu du blé : cela a rela- XXe siècle. » ninno. La banque Monte dei Pas- Roberto Colaninno, qui a déjà nement développée par de nou- un marché en création que nous es- tivement peu d’importance pour le chi di Siena a déjà pris une annoncé qu’il se réserverait le velles acquisitions ou alliances. En timons à 500 milliards de dollars, consommateur. A nous de savoir Véronique Lorelle participation de 1,5 %. La toute- poste de PDG de Telecom Italia, puissante banque d’affaires Me- rendra publique son équipe d’ici diobanca, conseil d’Olivetti dans quelques jours. Seule certitude son assaut à Telecom Italia, a éga- pour le moment, la nomination de Procter & Gamble fait le ménage dans ses usines et ses marques lement fait son entrée dans le Marco De Benedetti (lire ci-des- groupe, a assuré le patron d’Oli- sous) au poste-clé d’administrateur SIX ANS après avoir fermé pourtant dégagé 3,78 milliards de les dépenses annuelles de quelque tions de rapprochement de distri- vetti, et la Banca di Roma en a fait délégué de Telecom Italia Mobile. 30 usines et supprimé 13 000 em- dollars (24 milliards de francs) de 5,7 milliards de francs, à partir de buteurs ont mis en émoi les indus- autant. Des contacts sont égale- Roberto Colaninno a donné plois, le géant américain Proc- bénéfice en 1998 pour un chiffre 2004, et vise à générer une crois- triels : la constitution d’une ment noués avec la Banca l’impression que la fusion avec ter & Gamble a annoncé, mercredi d’affaires de 236 milliards de sance du bénéfice net par action de centrale d’achats commune aux Commerciale Italiana (Comit) et la Deutsche Telekom n’était plus à 9 juin, dix nouvelles fermetures francs. 13 % à 15 %. Des objectifs qui groupes Cora et Casino et l’alliance compagnie d’assurances Generali, l’ordre du jour. Tout en se parant d’usines et la suppression de Depuis la précédente restructu- laissent sceptique la Bourse de stratégique entre Leclerc et Sys- tandis qu’une participation de la derrière un prudent « Il ne faut ja- 15 000 emplois au cours des six ration, les effectifs du groupe de New York, où l’action Procter a tème U. Des concentrations qui se Fininvest de Silvio Berlusconi est mais dire jamais », il a estimé que prochaines années. Le nouveau pa- Cincinnati ont retrouvé leur niveau baissé après l’annonce du plan, sont immédiatement traduites par toujours envisagée. l’opération telle qu’elle avait été tron du groupe, Durk Jager, in- antérieur, soit 110 000 salariés dans mercredi. l’exigence de ristournes supplé- La nomination du nouveau conçue était « une vente » (de Te- voque l’inévitable « valeur pour 70 pays. Le nouveau plan va coûter mentaires sur les prix d’achats de conseil d’administration, mercredi, lecom Italia à Deutsche Telekom) l’actionnaire » pour justifier ce plus de 12 milliards de francs. Mais RELATIONS DURCIES la part des enseignes concernées, reflète déjà en partie les nouveaux et a affirmé que son groupe n’en- tour de vis, dans un groupe qui a il est censé permettre de réduire Cette restructuration s’inscrit sans contreparties réelles pour les actionnaires d’Olivetti. On note tendait pas perdre la majorité de dans un contexte de durcissement fournisseurs. Coïncidence ? Proc- ainsi les noms de Pier Luigi Fabrizi, Telecom Italia. des relations avec la grande distri- ter & Gamble est justement l’un président du Monte dei Paschi di bution. Les grandes enseignes de des industriels pris pour cible par Siena, de Cesare Geronzi, pré- M.-N. T. taille mondiale, Wal-Mart, Carre- les distributeurs, dont certains ont four, Ahold, Metro, deviennent de retiré les produits Pampers de leurs véritables grandes puissances face rayons, après que le groupe améri- PROFIL mann pour gérer Omnitel (télépho- aux multinationales de la grande cain eût tenté de leur imposer une nie mobile) et Infostrada. consommation, qui ont longtemps hausse unilatérale de prix de 10 %, LE FILS La holding CIR de sa famille imposé leur taille écrasante aux a révélé le quotidien Les Echos. – dont Rodolfo, aîné d’un an de distributeurs. Du coup, les indus- Cette « volonté d’harmoniser nos DE L’« INGEGNERE » Marco, est administrateur délégué – triels sont obligés de recentrer prix au niveau européen », est « to- se désengage progressivement leurs efforts sur un nombre plus talement indépendante » du plan EN PREMIÈRE LIGNE d’Olivetti. Mais Marco reste au sein restreint de marques mondiales et de restructuration, affirme la filiale du groupe d’Ivrea. Devenu en mars incontournables. Proc- française de Procter. Celui-ci, s’il Carlo De Benedetti a fait ses 1998 directeur central du groupe ter & Gamble dispose d’un cata- concerne en priorité la zone « Eu- adieux définitifs à Olivetti, dont il pour les stratégies de télécommuni- logue des plus fournis, allant des rope, Moyen-Orient, Afrique », où était jusqu’à mercredi 9 juin pré- cation, il a accompagné M. Colanin- couches-culottes Pampers aux les- 6 250 postes de travail sont mena- sident d’honneur. Son deuxième no pour prendre le contrôle de Tele- sives Ariel, Dash, Vizir, des savons cés, ne devrait pas toucher la fils, Marco, va occuper l’un des fau- com Italia. Il recueille aujourd’hui Zest et Camay aux parfums Ferra- France, où le géant américain pos- teuils les plus convoités d’Italie. Ro- les fruits d’une opération que son gamo et Hervé Léger, en passant sède quatre usines, sinon margina- berto Colaninno, le patron d’Olivet- père, dans un livre-interview publié par le dentifrice Blend-a-myl ou le lement, « à hauteur de moins de ti, a en effet annoncé la nomination voici quelques semaines, avait fusti- détergent Mr Propre. Il a ainsi cé- 2 % de l’ensemble de nos 2 500 sala- prochaine de ce jeune homme de gée, estimant même qu’« Olivetti dé, en France, Pétrole Hahn et riés », affirme-t-on chez Proc- trente-six ans au poste d’administra- n’a rien à apporter à Telecom Ita- Monsavon, marques jugées trop ter & Gamble France. teur délégué de Telecom Italia Mo- lia ». hexagonales. bile (TIM), numéro un européen du Marco De Benedetti, marié à une En France, deux récentes opéra- Pascal Galinier secteur par le nombre de clients. journaliste de la télévision, est resté Marco De Benedetti, qui a réalisé un personnage discret, bien loin du l’essentiel de sa carrière au sein du goût du panache de son père. Le groupe sur lequel son père a régné sens du risque dont il vient de faire Norsk Hydro et Statoil font pendant deux décennies, s’est for- preuve rappelle pourtant le flam- mé aux Etats-Unis. C’est là qu’il a boyant « Ingegnere » des décennies poursuivi ses études, conclues par passées. une surenchère sur Saga un master de Business Administra- tion à la Wharton Business School Marie-Noëlle Terrisse LES DEUX GROUPES pétroliers norvégiens Norsk Hydro et Sta- de Philadelphie. ll passe ensuite toil ont lancé, jeudi 10 juin, une nouvelle offre sur leur compa- deux ans à la banque d’affaires triote Saga Petroleum. Cette offre valorise l’action Saga à 135 cou- new-yorkaise Wasserstein, Perel- ronnes norvégiennes (16,5 euros), soit 10 couronnes de plus que la la & Co, dans le domaine des fusions dernière proposition avancée par Elf Aquitaine, le 7 juin. et acquisitions. En 1990 il arrive à Les deux groupes norvégiens, majoritairement contrôlés par Olivetti, où il occupe différents l’Etat, s’étaient entendus le 27 mai pour se partager le contrôle de postes avant de prendre, dès sep- Saga et de ses actifs : des champs gaziers et pétroliers situés en tembre 1994, la responsabilité des mer du Nord. Statoil contrôlant déjà 20 % du capital de Saga, l’af- activités de télécommunication, faire paraissait bien avancée. Mais, pour se défendre, Saga, le seul alors totalement embryonnaires, du groupe pétrolier norvégien entièrement privé, a appelé Elf Aqui- groupe. taine à la rescousse. Président d’Infostrada, la branche Le groupe pétrolier français a déjà déposé deux offres : l’une à de téléphonie fixe, il occupe en dé- 115 couronnes, l’autre à 125. Les offres du couple Norsk cembre 1997 le poste d’administra- Hydro-Statoil et d’Elf Aquitaine courent toutes les deux jusqu’au teur délégué d’Oliman, l’entreprise 18 juin. mixte créée quelques mois plus tôt par Olivetti et l’allemand Mannes- LeMonde Job: WMQ1106--0025-0 WAS LMQ1106-25 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 10:30 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 15Fap: 100 No: 0403 Lcp: 700 CMYK

25 COMMUNICATION LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 Marc Tessier a entrepris la réorganisation de France Télévision Bill Gates rachète Le nouveau président nomme Michèle Cotta à France 2 et choisit une solution intérimaire pour France 3. l’agence photo Pour l’instant, il a donné peu d’indications sur ses intentions pour réformer la télévision publique Sygma MOINS DE DEUX SEMAINES prendre les risques qu’autorisent cosme audiovisuel et politique prêt tamment le cas, à France 2, de chargé de mission au CNC. Les ob- APRÈS PLUSIEURS MOIS de après sa nomination, Marc Tessier, les fins de carrière. Michèle Cotta à commenter la moindre de ses dé- Patrice Duhamel, un fidèle de Xa- servateurs ont cependant pu noter négociations, Corbis, la société président de France Télévision, de- devrait désigner, dans les pro- cisions, si ce n’est à l’influencer. vier Gouyou Beauchamps, direc- que Ghislain Achard, qui fut américaine d’images d’illustrations vait subir, jeudi 10 juin, son pre- chains jours, ses proches collabo- Comme l’a montré sa campagne teur général chargé de l’antenne, conseiller technique pour l’audio- et d’actualité détenue par Bill mier examen de passage devant les rateurs, notamment le responsable qui a précédé sa nomination à la qui se retrouvait sous l’autorité de visuel auprès de François Mitter- Gates, le fondateur de Microsoft, a conseils d’administration de des programmes. présidence de France Télévision, Michèle Cotta. Difficile à supporter rand et conseiller de Xavier réussi à prendre pied sur le marché France 3 et de France 2, dont il fut Manifestement, le nouveau PDG l’homme sait être discret – « se- pour ce cacique de l’audiovisuel, Gouyou Beauchamps depuis dix- français des agences photogra- longtemps administrateur. Outre n’est pas parvenu à dénicher un cret », disent certains –, mais effi- qui a de nombreux appuis. La dis- huit mois, s’est installé dans le bu- phiques. Steve Davis, co-directeur un exposé rapide sur ses objectifs à profil aussi idéal pour diriger la cace. cussion avec Patrice Duhamel est reau du secrétaire général. De général de Corbis, qui convoitait à la tête de la télévision publique, chaîne des régions. Du coup, il a Dans un premier temps, il devait donc longue et difficile. Marc Tes- même, beaucoup parient sur le la fois Gamma et Sygma, doit an- il devait faire avaliser ses choix opté pour une situation provisoire, résoudre la question de la direction sier envisage de lui proposer la di- maintien de Gérard Eymery au noncer officiellement la conclu- pour la direction des deux « dans l’attente de la nomination du des chaînes. D’abord parce que, rection de France 3, tout en sa- poste de directeur délégué pour le sion de l’acquisition de Sygma, chaînes. directeur général qui remplacera sur le plan juridique, les mandats chant que cette hypothèse agace développement et le multimédia. mardi 15 juin à Paris. Si, pour France 2, la désignation Philippe Levrier, dont le mandat est de Michèle Pappalardo à France 2 Catherine Trautmann, ministre de Tous deux sont des proches de C’est un tournant dans la straté- de Michèle Cotta s’est faite rapide- arrivé à échéance ». Deux des res- et de Philippe Levrier à France 3 la communication. L’excuse est Jean-Pierre Cottet, ancien direc- gie de Corbis, qui gère une banque ment (Le Monde du 8 juin), les ponsables de la chaîne, Jean Ré- arrivaient à terme en même temps idéale pour que la négociation teur de l’antenne de France 2, qui a d’images de 25 millions de clichés choses sont plus compliquées à veillon, directeur général chargé de que celui de Xavier Gouyou Beau- n’aille pas à terme. milité pour la nomination de Marc très divers (photo historique, por- France 3. En nommant à la direc- l’antenne et des programmes, et champs. Sur le plan de l’image, le Tessier à la tête de la télévision pu- traits de célébrités, illustration, tion générale de France 2 une François Guilbeau, chargé des fi- choix des nouveaux directeurs est blique. photo-journalisme, photographie bonne connaisseuse de l’audiovi- nances et des ressources hu- symbolique ; mais il est aussi révé- Les personnels Au siège de France Télévision, artistique), dont 1,4 million sont suel et du monde politique, habi- maines, prendront en charge cet lateur de l’organisation que veut les personnels observent sans pas- accessibles sur Internet. Jusqu’à tuée à diriger des équipes et à avoir intérim dont rien ne laisse prévoir mettre en place le nouveau pré- observent sans sion ce ballet des hiérarques. Plu- présent, Corbis avait seulement un œil sur la gestion, Marc Tessier la durée. sident de France Télévision. A des tôt soulagés du non-renouvelle- conclu un accord avec Sipa, fin a choisi un personnage charmeur Ces décisions interviennent responsabilités éclatées entre plu- passion le ballet ment de Xavier Gouyou 1997, pour diffuser son catalogue et consensuel, qui a su se rétablir après deux semaines pendant les- sieurs hiérarques, il préfère la no- Beauchamps, journalistes, techni- en France. La firme de Bill Gates après tous ses accidents de car- quelles le nouveau PDG a peu par- mination de directeurs généraux des hiérarques ciens, cadres, employés de la télé- souhaitait également acquérir rière. Son âge, qui l’empêchait de lé, mais beaucoup reçu. Soucieux qui auront toute autorité sur les vision publique attendent d’en sa- cette agence, mais son fondateur, prétendre à la présidence de de ne pas « rater son arrivée », programmes et la gestion. voir un peu plus sur la stratégie de Goksin Sipahioglu, s’y est toujours France Télévision, est pour Marc Marc Tessier essaie d’éviter les Par rapport à l’organisation pré- Dans le même temps, Marc Tes- leur nouveau patron. Lors de sa vi- refusé. Tessier une assurance que, sans faux pas, à l’intérieur de France Té- cédente, cela met certains direc- sier discute avec Philippe Levrier, site dans les rédactions de France 2 Le rachat de Sygma intervient au être une concurrente, elle pourra lévision et vis-à-vis d’un micro- teurs en porte-à-faux. C’est no- qu’il souhaite maintenir, au moins et France 3, le nouveau PDG, qui moment où le marché français de à titre temporaire, à la tête de la connaît mieux la production, la la photographie connaît d’impor- chaîne des régions. Mais ce statut technologie et les affaires interna- tants bouleversements avec le pas- d’intérimaire ne séduit pas le direc- tionales que les arcanes de l’infor- sage au tout-numérique, qui force Armistice entre les exploitants de satellites européens teur général sortant, qui, faute mation, s’est montré prudent. A les agences à investir massive- d’obtenir plus, refuse le poste. Pen- France 2, dont les journalistes se ment. Sygma a mis en ligne quel- APRÈS BIENTÔT deux ans de querelles juridiques le premier opérateur de satellites en Asie. dant qu’ont lieu ces discussions, le remettent peu à peu de crises suc- que 650 000 photos en début d’an- sur la question technique de leurs positions orbitales, Romain Bausch, directeur général de la SES, voit bruit court que Jean-Pierre Hoss, cessives de direction, il a eu un mot née. Jean-Marc Smadja, qui a pris les deux principaux exploitants européens de satel- dans cet armistice « la voie à un renforcement de la ra- ancien patron de la Société fran- gentil pour Pierre-Henri Arnstam, en mai 1998 les rênes de l’agence, lites, Eutelsat et la Société européenne de satellites diodiffusion satellitaire en Europe, dans un environne- çaise de production (SFP) et candi- qui dirige la rédaction depuis près après le départ contraint du fonda- (SES), ont conclu, mardi 8 juin, un accord global « sur ment commercial mondial de plus en plus concurren- dat malheureux à Radio France, d’un an. En évoquant le dévelop- teur Hubert Henrotte, confiait dé- la coordination de leurs systèmes qui permettra d’opti- tiel ». Pour sa part, Giuliano Berretta, directeur pourrait être appelé à diriger pement du bouquet numérique, il jà, en avril, que « des rapproche- miser l’utilisation du spectre des fréquences pour la ra- général d’Eutelsat, a affirmé que « les retombées de cet France 3. Forte dans les couloirs de a fait planer l’idée de la création ments entre les différentes agences diodiffusion en Europe ». Cet accord permettra de accord seront profitables pour l’ensemble du marché France Télévision, la rumeur est, d’une chaîne info. du monde ou encore un adossement commercialiser de nouvelles offres de programmes européen ». jusqu’ici, démentie par Jean-Pierre Aux syndicats, qu’il a reçus la se- à des grands groupes semblent iné- et, surtout, évitera tout problème d’interférence et Hoss qui préférerait être nommé à maine dernière, il s’est présenté vitables » (Le Monde du 9 avril). donc de brouillage entre les deux systèmes. NOUVELLES FRÉQUENCES la tête du Centre national de la ci- comme « un développeur », mais il La marge de manœuvre finan- Chef de file des opérateurs de satellites en Europe, Concrètement, Eutelsat va pouvoir ouvrir une se- nématographie (CNC) en rempla- a donné peu d’éléments concrets cière des agences photographiques Eutelsat dispose, grâce à une flottille de 14 satellites, conde position orbitale pour le grand public (sur cement de... Marc Tessier. sur ses intentions, qu’il dévoilera françaises est très faible. Le résul- de plus de 450 chaînes de télévision, en analogique et 28,5 degrés est, après la série des cinq satellites Hot Comme il l’avait annoncé et peut-être devant les comités d’en- tat net de Sygma en 1997 était en numérique, qui sont accessibles par plus de 70 mil- Bird, spécialisés en radio, télévision et multimédia, comme il l’avait fait au CNC, Marc treprise, notamment celui de proche de zéro, pour un chiffre lions de foyers équipés pour recevoir le câble et le sa- placés sur 13 degrés est). Eutelsat reprend également Tessier n’est pas arrivé avec une France 3 qui aura lieu mardi d’affaires de 180 millions de francs tellite. Ces satellites sont également utilisés pour les à la SES le contrat de diffusion du satellite de télé- garde rapprochée, à l’exception de 15 juin. (27,4 millions d’euros). réseaux d’entreprise, de reportage d’actualités, télé- communications allemand DFS Kopernicus. En son directeur de cabinet, Raphaël phonie, services de données et de localisation. contrepartie, l’opérateur d’Astra pourra utiliser une Millet, vingt-neuf ans, qui était Françoise Chirot N. V. De son côté, la SES, opérateur d’Astra, est le pre- nouvelle bande de fréquences. Pour la SES, cet accord mier système satellitaire de réception directe euro- a comme principal avantage de lui permettre de lan- péen et diffuse essentiellement plus de 700 chaînes de cer un troisième satellite sur la position à 28,2 degrés télévision et de radio auprès de 74,5 millions de est. foyers européens. Depuis le 15 janvier, la SES est éga- lement actionnaire, à hauteur de 34,1 %, d’Asiasat, Nicole Vulser

CORRESPONDANCE Une lettre de l’agence Capa A la suite de notre article intitulé l’action politique pour empêcher et sans la moindre autocensure, « Charlie Hebdo dénonce une cen- le cumul des mandats industriels). son seul souci étant de faire son sure sur France 2 » (Le Monde du En aucun cas, il n’y a eu de coupe métier de journaliste en réalisant 28 mai), nous avons reçu d’Hervé dans la phrase retenue au mon- la meilleure émisssion possible. Chabalier, PDG de l’agence Capa, tage où sont cités les noms de L’agence Capa prouve en tra- la mise au point suivante : deux dirigeants de groupes finan- vaillant pour de nombreux diffu- L’intégrité éditoriale de l’agence ciers. La rédactrice en chef de seurs, autres que Canal Plus, Capa et de l’équipe de l’émission l’émission, Frédérique Lantiéri, as- qu’elle dispose d’une liberté in- « Place de la République », diffu- sume pleinement sa responsabilité constestable lui permettant d’in- sée sur France 2, est mise en cause quant au montage final de l’émis- former sans recours à la manipu- par votre article concernant l’édi- sion sans crainte de la hiérarchie lation, et ce depuis dix ans. torial de Philippe Val, paru dans Charlie Hebdo, lequel prétend avoir été censuré par Capa lors de son passage à l’émission précitée. Dans cet article, il est indiqué que Les diffuseurs de presse cette censure aurait été, en outre, préméditée dans la mesure où « un représentant de Capa l’aurait expriment leur colère prévenu que ses citations sur Jean- LES DIFFUSEURS de presse expriment leur colère et leurs inquiétudes Marie Messier et Vivendi ne seraient face à la situation de crise que connaît la distribution de la presse. Alors pas conservées au montage car Vi- que « 1998 a été une année noire pour le réseau de vente », constate une vendi contrôle Canal Plus, principal motion de l’Union nationale des diffuseurs de presse (UNDP), mardi client de Capa ». L’incident serait 8 juin, « la baisse alarmante des ventes enregistrée sur le premier semestre ainsi révélateur à l’égard de Viven- 1999 pénalise fortement les diffuseurs ». di « d’une forme d’autocensure ou L’UNDP, qui craint que la revalorisation de la rémunération des diffu- de peur de la hiérarchie » de la seurs ne soit remise en question, juge « irresponsable et suicidaire » la part du responsable du montage guerre que se livrent les sociétés de messageries. Si aucune solution final de l’émission. n’est trouvée d’ici à l’automne, l’UNDP menace de ne plus exposer l’en- D’une part, l’émission fait l’ob- semble des titres, en rappelant que « 80 % du chiffre d’affaires de la vente jet d’un montage avant sa diffu- au numéro est réalisé avec moins de 150 titres alors que les diffuseurs se sion afin de supprimer les imper- voient contraints d’en exposer plus de 2 000 ». fections liées à l’enregistrement dans les conditions du direct (ba- DÉPÊCHES fouillages, redites, digressions...) a MÉDIAS : le magnat australo-américain des médias, Rupert Mur- et à des impératifs de temps ; ain- doch, et son épouse Anna ont divorcé, mardi 8 juin à Los Angeles. Se- si, sur deux heures d’enregistre- lon le communiqué du cabinet de relations publiques de M. Murdoch, ment, les quatre-vingt-dix minutes « la possession et la gestion par la famille Murdoch de la société News Cor- retenues au montage doivent per- poration ne seront pas affectées ». News Corp est présente dans la presse, mettre à tous les intervenants sur l’audiovisuel et la télévision numérique (The Sun, The Times, BSkyB, le plateau de s’exprimer entre les Fox). reportages ; de plus, chaque inter- a TÉLÉVISION : Euronews étend sa diffusion à trois pays d’Asie venant est préalablement informé centrale. La chaîne sera diffusée en version anglaise au Kazakhstan, en que l’émission sera légèrement Ouzbékistan et au Kirghizstan. La chaîne d’information en continu est coupée. En l’espèce, Philippe Val désormais présente dans 43 pays et reçue par 100 millions de foyers. s’est lancé par deux fois dans une a PRODUCTION : la société de production audiovisuelle Aftermo- même démonstration, dont la se- vies veut acquérir Media-Lab, joint-venture entre Canal+ et la société conde, moins confuse, a pu être de production néerlandaise NOB, spécialisée dans les effets spéciaux et retenue sans que le fond de son l’animation en temps réel. propos en soit altéré (privilégier LeMonde Job: WMQ1106--0026-0 WAS LMQ1106-26 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 11:13 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 15Fap: 100 No: 0404 Lcp: 700 CMYK

26 / LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 FINANCES ET MARCHÉS

EUROPE

ÉCONOMIE

TABLEAU DE BORD FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT 100 PARIS CAC 40

SPVIDHT TRSQ RRRRDWW

SQWQ RRRR

AFFAIRES « inacceptable », affirme, jeudi TSWQ Fort rebond de la selon des chiffres définitifs diffusés

SPTU RQTU

10 juin, le Financial Times. «Le TRUU jeudi par l’Office fédéral des statis-

SIRI RPWH cabinet de Lionel Jospin aurait TQTP tiques de Wiesbaden.

INDUSTRIE croissance au Japon au

SHIS RPIP indiqué la semaine dernière à la TPRT a La fédération allemande du

b EXXON-MOBIL : la Société générale qu’une telle et des travaux publics, le RVVW RIQS TIQH premier trimestre bâtiment

Commission européenne a intervention n’était pas HBD, craint la disparition de RUTQ RHSV

annoncé, mercredi 9 juin, qu’elle souhaitable », poursuit le [[[THIR [[[ [[[La croissance du produit inté- 50 000 emplois cette année, ce qui

II wF PT eF IH tF II wF PT eF IH tF ouvrait une enquête approfondie quotidien britannique. Le groupe IP wF PU eF IH tF rieur brut s’est établie en rythme ramènerait l’effectif moyen de ce sur la fusion entre les bancaire espagnol BSCH a porté annuel à 7,9 % au cours du premier secteur à 1,100 million de salariés. Indices cours Var. % Var. %

compagnies pétrolières sa participation à 2,9 % dans le Europe 10 h 15 f se´lection 10/06 09/06 31/12 trimestre. L’économie japonaise a Le bâtiment est toujours dans

HDHU IIDWS américaines Exxon et Mobil. La capital de la Société générale. EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ SH QURIDTI connu une croissance de 1,9 % au « une crise profonde », a estimé

± QUQPDIP HDIV IPDRH décision finale de la Commission EUROPE ƒ„yˆˆ SH premier trimestre, ce qui met fin à mercredi le président du HDB,

QPIDSV HDHT UDUV est attendue pour la mi-octobre. EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ QPR cinq trimestres de baisse de l’activi- Ignaz Walter.

± HDIV IIDIU

SERVICES EUROPE ƒ„yˆˆ TSQ QIHDRH té économique. Ce chiffre est net- a Le nombre de chômeurs en Al-

RRRRDWW HDSI IPDUR

b MOTOROLA : le groupe b NH HOTELES : le groupe PARIS geg RH tement supérieur aux attentes des lemagne devrait être descendu

HDHH FFFF FFFF

américain d’équipement espagnol spécialisé dans PARIS wshgeg marchés, qui tablaient sur une en mai à environ 4 millions, selon

QHPVDQH HDRI IR

électronique a annoncé, l’hôtellerie a annoncé, mercredi, PARIS ƒfp IPH croissance du produit intérieur brut des estimations de la Fédération al-

HDHH FFFF FFFF

mercredi, la signature d’un l’achat de 19,1 % du capital de la PARIS ƒfp PSH comprise entre – 0,2 % et + 0,3 %. lemande des syndicats diffusées

Â

HDHH FFFF FFFF

partenariat de dix ans avec le chaîne hôtelière italienne Jolly PARIS ƒigyxh we‚gri Toutefois, sur l’ensemble de l’an- mercredi. En avril, le chômage tou-

SUIDPW HDRS TDIP

groupe informatique Sun Hotels, pour un montant de AMSTERDAM eiˆ née fiscale achevée fin mars, chait 10,7 % de la population active

± ± QPHPDQH HDHV VDVV

Microsystems pour adapter les 30,6 millions d’euros. BRUXELLES fiv PH l’économie japonaise a enregistré en avril.

SPVIDHT HDSP SDSU

réseaux de téléphonie mobile à la FRANCFORT heˆ QH une contraction de 2,0 %.

TRSQDHH HDQQ WDUH

technologie Internet. b SNCF : Denis Dartigues, LONDRES p„ƒi IHH a Les commandes de biens a FRANCE : la participation des

± IHPHUDUH HDQR QDUU

directeur SNCF Ile-de-France, a MADRID ƒ„ygu iˆgrexqi d’équipement passées par les en- forces françaises au conflit du Ko-

QSWQPDHH HDTV PDPP

b VALEO : l’équipementier annoncé, mercredi, le lancement MILAN wsf„iv QH treprises japonaises du secteur pri- sovo devrait coûter « entre 3,5 et

± UIUUDHH HDIW HDPQ automobile a acquis, mercredi, d’une campagne d’affichage ZURICH ƒ€s vé ont chuté de 14,5 % en avril, par 4 milliards de francs » à la France en l’activité alternateurs et contre l’incivilité dans les gares rapport à leur niveau du même 1999, a estimé mercredi le ministre démarreurs de la société et les trains. En 1998, la SNCF a AME´ RIQUES mois de 1998, a annoncé jeudi de la Défense Alain Richard en sou- coréenne Mando Machinery, dépensé près de 100 millions de l’Agence de planification écono- lignant que le financement de cette pour 150 millions d’euros. A la francs pour la remise en état des NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq ¤URO / DOLLAR mique. Cet indicateur est en retrait dépense supplémentaire devrait

suite de ce rachat, les activités trains, gares et voies. En outre, le pour le treizième mois consécutif, a être trouvé dans le cadre du collec-

IHTWHDE PSIWDQS

électriques et électroniques coût annuel de la fraude est IDHR précisé l’agence. tif budgétaire.

IIIHU PTSP représenteront 60 % du chiffre estimé 350 millions de francs. IDIH

a IHVIW PSVT d’affaires de Valeo. IDHW ETATS-UNIS : la principale a ROYAUME UNI : la production

b économiste de la Maison a progressé de 0,1 % en IHSQI PSPH AUCHAN : un accord sur les IDHU industrielle

b BTP : 25 000 emplois devraient 35 heures a été signé, début juin, Blanche, Janet Yellen, a estimé avril par rapport à mars et reculé de

IHPRP PRSR

être créés dans le secteur du entre la direction du groupe de IDHT mercredi 9 juin que l’économie 1,7 % en glissement annuel, selon

WWSR PQVV

bâtiment, cette année, selon la grande distribution Auchan IDHR américaine faisait face aussi bien à des données corrigées des varia-

WTTT PQPP

Fédération française du (50 000 salariés) et les syndicats IDHQ un risque inflationniste que de ra- tions saisonnières, a annoncé mer- [[[ [[[ [[[

II wF PT eF W tF II wF PT eF W tF bâtiment. Le secteur s’attend à CFTC (majoritaire) et CFE-CGC, IP wF PU eF IH tF lentissement trop fort de sa crois- credi l’Office des statistiques natio- une croissance de 5 % de son alors que la CGT l’a fortement sance, mais que pour l’instant l’in- nales. Indices cours Var. % Var. % flation ne se manifestait pas. activité, son meilleur cru depuis dénoncé. Cet accord annualise le Ame´rique 10 h 15 f se´lection 09/06 veille 31/12

1988, alors que le BTP allemand, temps de travail et prévoit a é- ± IHTWHDPW HDUH ITDRQ E´TATS-UNIS hy‡ tyxiƒ FINLANDE : le produit int

en plein marasme, prévoit une 500 créations d’emplois. a devrait progresser de IQIVDTR HDIH UDPU E´TATS-UNIS ƒ8€ SHH G 7 : le secrétaire américain au rieur brut

perte de 50 000 emplois cette Robert Rubin a indiqué, 3,8 % en 1999 et de 3,9 % en 2000, PSIWDQS IDVI IRDWH E´TATS-UNIS xeƒhe gyw€yƒs„i Trésor

année. b mercredi, que le G 7-Finances évo- selon le ministère finlandais des Fi- TWTHDRI HDQQ UDQP BELLSOUTH : le dernier TORONTO „ƒi sxhiˆ

querait samedi « les déséquilibres de ± nances, qui a révisé à la hausse ses IHVWHDHH IDQH THDSP opérateur régional SAO PAULO fy†iƒ€e

la croissance à travers le monde ». aux Etats-Unis a ± QIIDSQ IDHP QR indépendant MEXICO fyvƒe prévisions.

FINANCE Ces déséquilibres « ne sont pas ± SPPDUU IDRT PIDST annoncé son intention d’acquérir BUENOS AIRES wi‚†ev

sains », a-t-il déclaré tout en insis- IIWDQW HDIQ SSDHS

b BANCA INTESA : l’offre de l’intégralité du capital de Qwest, SANTIAGO s€ƒe qixi‚ev a PORTUGAL : le nombre de chô-

± tant sur la nécessité de promouvoir SUWSDSU HDWH PIDHQ rapprochement avec la Banca opérateur gérant un réseau CARACAS ge€s„ev qixi‚ev meurs inscrits était de 358 542 à la commerciale italiana (Comit) international de fibres optique. en Europe cette croissance par la fin mai, soit une baisse de 10,1 % sera probablement formalisée BellSouth détient déjà 10 % de demande intérieure. par rapport au même mois de 1998, « dans les prochains jours », a Qwest, qui pèse 33 milliards de ASIE - PACIFIQUE selon des chiffres officiels publiés indiqué, mercredi, un dirigeant dollars en Bourse. Ce mariage a EURO : le président de la mercredi. Il s’agit du vingt-neu- TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng ¤URO / YEN de Banca Intesa. Parallèlement, tente de contourner le Telecom Commission européenne, Roma- vième mois consécutif de baisse du

Paribas a annoncé détenir 4,9 % Act de 1996 qui restreint l’accès no Prodi, estime que « ce n’est pas chômage et du nombre de chô- IUIHPDTP IPSDRR

de la Comit, qui a rejeté l’offre de au marché international pour les IPVQWDPI l’euro qui va mal, mais l’économie meurs le plus bas depuis mai 1993. IUQHH IQP

mariage d’Unicredito. opérateurs régionaux. IQSVT européenne » dans un entretien

ITWQT IQH

IQHHH mercredi au quotidien italien La a SUISSE : le produit intérieur

ITSUP IPW

b CDE : le Comptoir des IPRIS Repubblica. « Il manque au moins brut a augmenté de 0,4 % au pre-

ITPHV IPU

entrepreneurs, qui a absorbé la RÉSULTATS IIVQH un point et demi de croissance, alors mier trimestre, a indiqué jeudi le

ISVRR IPT banque La Hénin, a annoncé, a MOULINEX : le groupe d’élec- IIPRR que l’Amérique galope », ajoute le Bureau fédéral de l’économie et du

mercredi, une augmentation de a enregistré, pour dirigeant italien. Travail. Ce chiffre est légèrement ISRVH IPR troménager IHTSW

capital de 160 millions d’euros son exercice clos au 31 mars 1999, [[[ [[[ [[[a Le futur président de la Bun- supérieur aux prévisions des ana- II wF PT eF IH tF IP wF PU eF IH tF

pour financer cette acquisition, un déficit de 384 millions de II wF PT eF IH tF desbank Ernst Welteke a jugé mar- lystes. en remboursant un prêt consenti francs, contre un bénéfice de Indices cours Var. % Var. % di soir que l’actuelle faiblesse de Zone Asie 10 h 15 f se´lection 10/06 09/06 31/12

par les AGF, et s’est dit prêt à 203 millions l’an dernier. l’euro était surtout un « problème a MALAISIE : le produit intérieur

IUIHPDTP PDVW PQDSS TOKYO xsuuis PPS

d’autres développements. Les psychologique » amené à être résolu brut a enregistré un repli d’environ

± IPVQWDPI HDPU PUDUU HONGKONG rexq ƒixq

AGF suivront l’opération. a GEC : le groupe britannique a quand la croissance économique de 1,6 % au premier trimestre de

HDHH FFFF RSDPV

annoncé, jeudi, un bénéfice impo- SINGAPOUR ƒ„‚es„ƒ „swiƒ la zone euro se reprendra. 1999 par rapport à la même période

IHIDTI UDRV STDRU SE´OUL gyw€yƒs„i sxhiˆ

b SOCIÉTÉ GÉNÉRALE : le sable de 1,504 milliard de livres l’an dernier, a annoncé mercredi le

± PWUVDTH HDPQ SDVU SYDNEY evv y‚hsxe‚siƒ

gouvernement français a averti (2,3 milliards d’euros) pour son a ALLEMAGNE : les prix à la Premier ministre malaisien Maha-

QVDHR HDRP RVDIQ BANGKOK ƒi„

la banque que l’arrivée d’une exercice achevé fin mars, contre consommation sont restés stables thir Mohamad, qui espère toutefois

RHSWDPU HDRQ QPDVT

banque étrangère pour contrer 879 millions de livres au cours de BOMBAY ƒixƒs„s†i sxhiˆ en mai comparé à avril, ce qui une croissance positive au second

PIPVDRS HDTT QDHT WELLINGTON xƒiERH l’offre en cours de la BNP serait l’exercice précédent. porte leur hausse sur un an à 0,4 %, trimestre de 1999.

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone ¤uro Hors zone ¤uro

¤uro contre f Taux contre franc f Taux ¤uro contre f 09/06

HDISPRS UDRQHQ FRANC...... TDSSWSU ¤URO ...... COURONNE DANOISE.

´ QDQSQVS VDPIPH DEUTSCHEMARK ...... IDWSSVQ DEUTSCHEMARK ...... COUR. NORVEGIENNE

Action Lockheed Martin ´ QDQVUUR VDWPVS PARIS NEW YORK LIRE ITALIENNE (1000). IDWQTPU LIRE ITAL. (1000) ...... COUR. SUEDOISE ......

Lockheed Martin ` QDWRPQV QUDPVU PESETA ESPAG. (100).... IDTTQVT PESETA ESPAG. (100) .... COURONNE TCHEQUE

en dollars à New York L’INDICE CAC 40 de la Bourse de L’INDICE Dow Jones a perdu QDPUIWH IDSUUU ESCUDO PORT. (100).... PDHHRVP ESCUDO PORT. (100).... DOLLAR AUSTRALIEN .

Paris a débuté la séance du jeudi 0,70 % mercredi 10 juin à RDUTUHQ IDSRIQ

irrite la Bourse SCHILLING AUTR. (10).. IDQUTHQ SCHILLING AUTR. (10).. DOLLAR CANADIEN ....

46 ´ ´ VDQPVWR IDWSTV 34,87 10 juin sur une baisse de 0,17 %, à 10 690,29 points tandis que l’in- PUNT IRLANDAISE...... HDUVUST PUNT IRLANDAISE...... DOLLAR NEO-ZELAND

´ ´

PDWUTTH QPQDWH

LOCKHEED MARTIN, le deuxième le 9 juin 4 414,89 points, davantage influencé dice composite de la Bourse élec- FLORIN NEERLANDAIS PDPHQUI FLORIN NEERLANDAIS DRACHME GRECQUE .. IDTPTHU PRWDSW FRANC BELGE (10) ...... RDHQQWW FRANC BELGE (10) ...... FLORINT HONGROIS ..

groupe de défense américain, a vu 44 IDIHQPR RDIRPH par le nouveau recul, la veille, de tronique Nasdaq a terminé en MARKKA FINLAND...... SDWRSUQ MARKKA FINLAND...... ZLOTY POLONAIS...... son titre plonger en Bourse, mer- Wall Street que par le rebond spec- hausse de 1,81 % à 2 519,45 points. credi 9 juin, après avoir annoncé taculaire, dans la nuit, de la Bourse La place boursière américaine 42 une baisse significative de ses prévi- de Tokyo. Mercredi, le marché pari- continue de chercher une orienta- Cours de change croise´s sions de résultats pour 1999 et 2000. sien avait terminé la journée sur un tion entre crainte de reprise de Cours Cours Cours Cours Cours Cours 10/06 10 h 15 f ¤

L’action a perdu 14 %, à 34,87 dol- 40 gain de 0,34 %, à 4 422,39 points, à l’inflation et de hausse des taux DOLLAR YEN(100) URO FRANC LIVRE FR. S. DOLLAR ...... FFFF HDVQSRW IDHRVRH HDISWVT IDTHIRS HDTSUWT

lars, la plus forte baisse depuis la fu- quelques points de son record histo- monétaires américains.

YEN ...... IIWDTWHHH FFFF IPSDRRHHH IWDIPSHH IWIDRUHHH UVDUSSHH

sion de Lockheed et Martin Mariet- 38 rique de 4 442,84 points. ¤URO...... HDWSQVQ HDUWUIW FFFF HDISPRS IDSPUQH HDTPUSS

ta en 1995. L’action a retrouvé ses FRANC...... TDPSSSS SDPQPQH TDSSWSU FFFF IHDHITUH RDIISWH

niveaux d’il y a trois ans et demi, OR LIVRE...... HDTPRRQ HDSPPQH HDTSRUS HDHWWVS FFFF HDRIHWH 36 FRANC SUISSE ...... IDSIWVS IDPUIQH IDSWQWH HDPRPWS PDRQQTS FFFF alors que dans le même temps l’in- FRANCFORT L’OR a ouvert en baisse jeudi dice Dow Jones a plus que doublé. JEUDI 10 JUIN, l’indice DAX 30 de la 10 juin sur le marché de Hong- Vance Coffman, le PDG de Lock- 34 Bourse de Francfort a reculé de kong, à 257,25 dollars l’once. Mer- Taux d’inte´reˆt(%) Matif heed Martin, a prévu des résultats 0,13 %, dans les premiers échanges credi, le cours du métal jaune J F M A M J Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier par action de 1,50 dollar en 1999 et de la journée. Le marché a été in- était tombé sous le seuil des Taux 09/06 f Cours 10 h 15 f

1999 j. j. 3 mois 10 ans 30ans 10/06 prix prix

2,15 dollars en 2000, soit moitié Notionnel 5,5 PDRU RDQW SDQH

fluencé par le repli de Wall Street, la 260 dollars l’once, inscrivant un FRANCE ...... PDSS

Source : Bloomberg WPDUT WQDHV

JUIN 99...... QRRH PDSP RDPT SDPS

moins que ce qu’attendaient les veille. Mercredi 9 juin, l’indice DAX nouveau record de faiblesse de- ALLEMAGNE .. PDSS

SDHU RDWW RDVI

analystes cette année. La société at- mercredi, le management de Lock- avait terminé la séance sur un gain puis 20 ans. GDE-BRETAG. RDWR Euribor 3 mois

PUS WUDQW WUDQW PDRT RDSQ SDRU ITALIE...... PDSS JUIN 99......

HDHQ IDSV FFFF tribue cette contre-performance heed Martin, qui a révisé son résul- de 1,03 %, à 5 250,63 points. JAPON...... HDHU

´

RDTI SDVV TDHQ

aux difficultés rencontrées sur la tat 1999 quatre fois à la baisse de- ETATS-UNIS... RDUP

HDWH PDTT QDWR SUISSE...... HDSV

chaîne de production de son avion puis le mois de novembre. Le TAUX Pe´trole PDRT RDRQ SDQH PAYS-BAS...... PDSH de transport de troupes, le C 130-J. groupe avait également annoncé, la LONDRES LE RENDEMENT de l’obligation En dollars f Cours Var. % Ces problèmes industriels ont en- semaine dernière, la suppression de MERCREDI 9 JUIN, l’indice FT 100 du Trésor à 30 ans a terminé mer- 09/06 veille

traîné la chute du rythme de pro- FFFF 2 000 emplois dans l’année. Maigre de la Bourse de Londres avait mo- credi 10 juin la journée à 6,010 %, Matie`res premie`res BRENT (LONDRES) ...... ITDIV

± HDPV

duction annuel, entre seize et dix- consolation, Lockheed Martin n’est destement gagné 0,33 %, à 6 453 soit son niveau le plus haut depuis WTI (NEW YORK) ...... IUDWT

Cours Var. % HDWS LIGHT SWEET CRUDE .... IUDWV neuf appareils, contre vingt-quatre pas le seul groupe de défense à ren- points. Les investisseurs avaient fait le 11 mai 1998. Jeudi matin, le ren- En dollars f 09/06 veille

planifiés. Dans le domaine des lan- contrer des difficultés. Le numéro preuve d’attentisme avant la réu- dement de l’obligation assimilable ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE HDHU

ceurs spatiaux, les échecs répétés un Boeing a encore annoncé, le nion, le lendemain, de la Banque du Trésor français émis à 10 ans CUIVRE 3 MOIS...... IRQP Or ± HDHR

ont entraîné le ralentissement des mois dernier, la suppression de d’Angleterre. s’inscrivait à 4,44 % (lire page 22). ALUMINIUM 3 MOIS ...... IQPVDS ± IDHV

PLOMB 3 MOIS ...... SHQDS

Cours Var %

HDIW SQIH ¤

lancements de ses fusées Atlas et 7 000 emplois dans son usine ETAIN 3 MOIS ...... En uros f 09/06 08/06

± HDHS

Proton (huit lancements en 1999, d’aviation militaire de Saint Louis. ZINC 3 MOIS...... IHIQDS

± HDTP

OR FIN KILO BARRE ...... VHHH

± HDIW

NICKEL 3 MOIS ...... SIRH

± IDPP

contre douze prévus). Le carnet de L’ensemble des valeurs de défense a TOKYO MONNAIES OR FIN LINGOT...... VIPH

ME´TAUX (NEW YORK) $/ONCE

±

IDSI

commandes du groupe pour les sa- ONCE D’OR (LO) $ ...... PTIDQH

± HDIH

été entraîné dans le sillage de Lock- L’INDICE NIKKEI de la Bourse de L’EURO progresssait jeudi matin ARGENT A TERME ...... RDWU ` ± IDSH

PIECE FRANCE 20 F...... RTDIH

± HDPW

tellites commerciaux n’a pas non PLATINE A TERME ...... VQHUQDIP ` ± PDUR heed Martin, sur fond de fin du Tokyo a terminé la séance du jeudi face au dollar, dans les premières PIECE SUISSE 20 F...... RTDPH

´

` ± IDVV

plus été conforme aux espérances. guerre au Kosovo. Le titre Boeing a 10 juin sur une forte progression de transactions à 1,0503 dollar contre GRAINES DENREES $/BOISSEAU PIECE UNION LAT. 20 F . RUDIH

´ C HDST

PTVDS ` HDRR

Enfin, Lockheed Martin n’a pas été perdu plus de 3,5 % mercredi, tout 2,89 %, repassant au-dessus des 1,0445 dollar mercredi soir à BLE (CHICAGO)...... PIECE 10 DOLLARS US ... PPWDSH

± C HDPP PPSDUS ` HDIP MAI¨S (CHICAGO)...... PIECE 20 DOLLARS US ... RQHDUS

IQVDT HDHU ` ± PDWW en mesure de réaliser tout le pro- comme United Technologies 17 000 points, à 17 102,62 points. Le Londres. En revanche, la monnaie SOJA TOURTEAU (CHG.). PIECE 50 PESOS MEX...... QHHDPS

gramme de désinvestissements pré- (– 3,8 %), Northrop Grumman marché a été poussé à la hausse par européenne cédait du terrain face SOFTS $/TONNE

± IHVQ

vu. CACAO (NEW YORK)...... RDWP

(– 3,2 %) et Raytheon (– 3 %). le fort rebond de l’économie japo- au yen à 123,82 yens tout comme ´ FFFF CAFE (LONDRES) ...... IRHP Cotations, graphiques et indices en temps

Les analystes financiers et les inves- FFFF naise au premier trimestre : + 7,9 % le dollar qui se dépréciait à 118 SUCRE BLANC (PARIS) ... IVUDS re´elsurlesiteWebdu«Monde». tisseurs ont sévèrement critiqué, Christophe Jakubyszyn en rythme annuel. yens contre 119,29 yens mercredi. www.lemonde.fr/bourse LeMonde Job: WMQ1106--0027-0 WAS LMQ1106-27 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 11:13 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 15Fap: 100 No: 0405 Lcp: 700 CMYK

FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 / 27

STOXX 653 sur un an sur 5 jours EURO STOXX 50 sur un an sur 5 jours

QURIDTI

VALEURS EUROPE´ENNES QIHDRH

QIS QUUT

QSHR

PWR QIHDWU QIHDWR

b Le titre Cable & Wireless a pro- grimpé, les gérants indiciels sont QURIDTI QUQWDIW

QPQQ gressé de 0,49 %, mercredi 9 juin, obligés d’acquérir des titres. PUQ QIHDRH

QIHDIW PWTP b Mediobanca PSQ

après l’annonce du succès de son Le titre a gagné QUPIDPU QUIUDVU

QHVDPS PTWH OPA sur l’opérateur téléphonique 1,4 %, mercredi 9 juin, après l’an- PQP QTUIDTU

japonais IDC. Cette opération lui nonce de son entrée dans le capi- PRIW

ouvre les portes du marché japo- tal d’Olivetti afin de consolider le PIP [[[[[[[[ [[[[[[[[

 Â

gF IH t sx †vwwt IP t sx V higF IH t sx †vwwt nais, alors qu’il est déjà présent à tour de table de ce dernier, fragili- IU t sx V hi Hongkong et en Chine. sé après l’OPA sur Telecom Italia.

e RDWV FFFF hu IHPDPS FFFF qf IQDVI FFFF

b Le titre BMW a progressé de b Le titre de la banque espagnole FINNAIR ps CHR. HANSEN HLD SMITHS IND PLC

e ASSURANCES e

PDQT FFFF ps IV FFFF p‚ IPTDI FFFF

3,6 % durant la séance du mercredi BBV a progressé de 1,2 % durant la G WIMPEY PLC qf CULTOR -1- STMICROELEC SIC

C ± e qf IWDVR IDQU hu RTDRQ IDRU xy SDPR FFFF RUDQ FFFF GRANADA GROUP P DANISCO AGF /RM p‚ TANDBERG DATA A

e e e VVDW FFFF p‚ PTIDP FFFF p‚ QPDP FFFF p‚ e 9 juin. L’action a ainsi pu effacer séance du mercredi 9 juin, sur la C IHDU HDWR HERMES INTL DANONE /RM ALLEANZA ASS s„ THOMSON CSF /RM

e e s„ HDTI FFFF q‚ IVDVH FFFF hu TVDVP FFFF C PTSDS HDRP une partie des pertes enregistrées rumeur d’une éventuelle alliance HPI DELTA DAIRY ALLIANZ AG hi WILLIAM DEMANT

e ±

xv QHDU FFFF qf IHDQP FFFF RQIDQR HDHS ± IPDQU HDPS

la veille (chute de 3,92 %). avec la banque portugaise Banco HUNTER DOUGLAS DIAGEO ALLIED ZURICH qf f DJ E STOXX TECH P

e

± xv PUDWS HDIV q‚ PRDPR FFFF

IUDWI FFFF

b Deutsche Telekom KLM ELAIS OLEAGINOU ASPIS PRONIA GE q‚

L’action a Commercial Portugues. e e qf RDIW FFFF p‚ IRPDU FFFF IIT FFFF HILTON GROUP ERID.BEGH.SAY / AXA /RM p‚

b British Steel e IIDPV FFFF qf QDQW FFFF p‚ SERVICES COLLECTIFS IRDQT FFFF gagné 4,1 %, mercredi 9 juin, pour- L’action a reculé MOULINEX /RM GREENCORE GROUP CGU qf

e C C QDHU IDQU xv SPDTS IDVR xy e

PT FFFF NCL HLDG HEINEKEN p‚ IHDUT FFFF

suivant ainsi le mouvement en- de 3,38 %, mercredi 9 juin, pénali- CNP ASSURANCES ANGLIAN WATER qf

e e p‚ IIR FFFF q‚ PVDHT FFFF

PH FFFF

PATHE /RM HELLENIC BOTTLI iƒ VDSU FFFF

clenché depuis l’annonce par sée par les conditions de la fusion CORP.MAPFRE R BRITISH ENERGY qf

IDRU FFFF q‚ IHDIT FFFF qf e C IIUDV HDPT PENTLAND GRP HELLENIC SUGAR hi FFFF FFFF ERGO VERSICHERU CENTRICA qf

e C

qf QDUR FFFF ps QRDS HDUQ THDVP FFFF l’opérateur allemand de faire coter du groupe sidérurgique britan- PERSIMMON PLC HUHTAMAEKI I VZ q‚ e ± VDTI HDVI ETHNIKI GEN INS EDISON s„

e e hi RWDI FFFF qf IPDHQ FFFF C SDT HDQT PREUSSAG AG KERRY GRP-A- s„ e QIQDQ FFFF

la participation de l’Etat. Son nique avec son concurrent Hoogo- FONDIARIA ASS ELECTRABEL fi

e

qf QDUW FFFF s„ HDVW FFFF WVDPS FFFF

RANK GROUP MONTEDISON hu e IUDRV FFFF

poids dans l’indice Dax ayant vens. FORSIKRING CODA ELECTRIC PORTUG €„

C

± e gr PIUDUQ HDIR gr IUWSDWH HDTQ FFFF FFFF SAIRGROUP N NESTLE N xv e PHDWR FFFF FORTIS AMEV NV ENDESA iƒ

e

± e hu IHDSH FFFF s„ IDPV IDSR C QRDRS HDIS SAS DANMARK A/S PARMALAT s„ e ± IRP HDPI GENERALI ASS EVN e„

e e

URDWS FFFF p‚ TTDQS FFFF p‚ e

IUVDS FFFF SEB /RM PERNOD RICARD / e„ e

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GENERALI HLD VI GAS NATURAL SDG iƒ

± RPVDSS HDPW

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THE SWATCH GRP RAISIO GRP V s„ SDTH FFFF

e INA HAFSLUND -A- xy

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QUDS HDSR

10 h 23 DEGUSSA-HUELS hi

10/06 C

IRSDQI HDII xy UDHT FFFF f ¤ gr

UDTU FFFF

pays en uros veille THE SWATCH GRP RIEBER & SON -B qf RDHP FFFF

IRISH LIFE HAFSLUND -B- xy

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qf IDVP FFFF qf TDSH FFFF

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LEGAL & GENERAL IBERDROLA iƒ C

RSHSDRU HDUU

EMS-CHEM HOLD A gr

e e qf IIDHV FFFF €„ IWDWV FFFF ± ITVDQ HDHT

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AUTOMOBILE e MUENCH RUECKVER ITALGAS s„

± TUDW HDSW

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± e„ QWDVS HDVP qf TDTV FFFF

TDTP FFFF

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ƒi PWDWH FFFF IH FFFF

AUTOLIV SDR ICI qf

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e POHJOLA YHTYMAE NATIONAL POWER qf C e

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BASF AG KEMIRA ps

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IQDPW FFFF

f DJ E STOXX CYC GO P UNILEVER qf e IPU FFFF

e PRUDENTIAL CORP OESTERR ELEKTR e„ C

hi TTP HDTV IIDQW FFFF

BMW LAPORTE qf

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f DJ E STOXX F & BV P s„ IHDSV FFFF

e RAS POWERGEN qf C hi PIDW HDSS IHDVI FFFF

CONTINENTAL AG PERSTORP -B- ƒi

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e ROYAL SUN ALLIA SCOT POWER qf C e

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e e PHARMACIE SAMPO -A- SEVERN TRENT qf C s„ QDHV HDQQ TSDI FFFF

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e e SWISS RE N SUEZ LYON EAUX/ p‚ C

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± ƒi ITDVV HDIU ±

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e ABB AB -A- SKANDIA INSURAN SYDKRAFT -C- ƒi

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± xy TDPI IDWP ±

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e ABB AB -B- STOREBRAND THAMES WATER qf

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e ABB BADEN SWISS LIFE BR TRACTEBEL fi

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e ADECCO N TOPDANMARK AS UNION EL.-FENOS iƒ

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± IRUVDSU HDQV

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e ALSTOM TRYG-BALTICA UNITED UTILITIE qf

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e ALUSUISSE LON G ZURICH ALLIED N VIAG hi C TPDV HDIT

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VOLKSWAGEN e ORION A ps

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FOKUS BK xy CHANGE ! IMPERIAL TOBACC

e ps IQ FFFF IPDQT FFFF HALIFAX qf KESKO -B- FRANCFORT

CONSTRUCTION e p‚ THWDS FFFF

QRDRW FFFF qf L’OREAL /RM FFFF

HSBC HOLDS 1&1AG&CO.KGAA IITDS

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IVDWU FFFF e €„

iƒ RRDQ FFFF SPDHS FFFF

q‚ ACCIONA MODELO CONTINEN FFFF IONIAN BK REG.S AIXTRON PIU

PHDUS FFFF e q‚

iƒ IPDPT FFFF URDTW FFFF hu PAPASTRATOS CIG C SV

JYSKE BANK REG ACESA REG AUGUSTA BETEILIGUN HDVU

e

p‚ TSV FFFF

q‚ PQDRT FFFF QSDTT FFFF

hu PROMODES /RM AKTOR SA C QQDT KAPITAL HOLDING BB BIOTECH ZT-D IDPH

IIDII FFFF e e qf

± ps ITDU HDTH SVDU FFFF

fi RECKITT & COLMA ASKO OY C IS

KBC BANCASSURAN BB MEDTECH ZT-D HDTU

C QDVQ HDRH e qf

iƒ PHDVR FFFF IQDIU FFFF

qf SAFEWAY FFFF LLOYDS TSB AUMAR R BERTRANDT AG TQDP

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e qf e C

s„ UDPS HDSS SDUQ FFFF ps SAINSBURY J. PL

AUTOSTRADE C

IDHP

MERITA e BETA SYSTEMS SOFTW IRDW

IQVDT FFFF qf PDWU FFFF

ELF AQUITAINE / p‚ FKI e

STDS FFFF e p‚ C

s„ S HDPH TUDWS FFFF

q‚ SEITA /RM

BCA INTESA ± ITP

NAT BANK GREECE e CE COMPUTER EQUIPM HDTI

±

s„ SDWU HDSH

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ENI FLS IND.B hu

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qf IDSH FFFF SIDS FFFF

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NATEXIS BICC PLC CE CONSUMER ELECTR HDWP

TDPR FFFF

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ENTERPRISE OIL FLUGHAFEN WIEN e„

qf QDQW FFFF

qf TDTP FFFF PIDVH FFFF

qf STAGECOACH HLDG BLUE CIRCLE IND C RDVU

NATL WESTM BK CENIT SYSTEMHAUS ITIDS

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F.OLSEN ENERGY GKN qf e

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NORDBANKEN HOLD BOUYGUES /RM DRILLISCH IPH

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LASMO qf QDIQ FFFF

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qf SDHT UDRW

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ROLO BANCA 1473 BPB e EDEL MUSIC E 98 FFFF C

VTDWR PDIT

OMV AG e„

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HALKOR q‚

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qf PDPP IDRH

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ROYAL BK SCOTL e ELSA RU

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S-E-BANKEN -A- CBR EM.TV & MERCHANDI IDIS

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PETROLEUM GEO-S xy e C

hi SP PDRT

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SV HANDBK -A- GRAPHISOFT NV IRDUS

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PROSAFE xy e C

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UBS REG COLAS /RM e HOEFT & WESSEL PDRS

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UNICREDITO ITAL CRH PLC e HUNZINGER INFORMAT IDPQ

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ROYAL DUTCH CO xv

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UNIDANMARK -A- ARCADIA GRP INFOMATEC QDQS

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ITDTP RDPH

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hu VTDVI FFFF iƒ QQDIS FFFF

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KOEBENHAVN LUFT ± qf IPDUS FFFF PPU

XIOSBANK GRUPOS DRAGADOS e BOOTS CO PLC INTERSHOP COMMUNIC IDUQ C

QDVV HDSP

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e e ± iƒ SUDRS FFFF

PUTDSW HDIH PQDS FFFF

f xv e ± HDRR IPSDU FFFF PPR

DJ E STOXX BANK P FOM CON CONTRAT KON.NEDLLOYD CARREFOUR /RM p‚ KINOWELT MEDIEN C

UDPU HDTR

SHELL TRANSP & qf

e e WRDV FFFF

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KONE B CASTO.DUBOIS /R LHS GROUP PVDR

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SMEDVIG -A- xy

VDWU FFFF

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HANSON PLC e LAHMEYER CENTROS COMER P iƒ LINTEC COMPUTER

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TOTAL /RM p‚

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UUDP HDPT

PRODUITS DE BASE hi e e PQDV FFFF

HEIDELBERGER ZE iƒ SDR FFFF PHW FFFF

LEGRAND /RM p‚ CONTINENTE LOESCH UMWELTSCHUT

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f DJ E STOXX ENGY P PWSDRR

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C IVDRQ FFFF HELL.TECHNODO.R qf QHDI QDUW q‚ WVDRW FFFF IQDSP FFFF ALUMINIUM GREEC LEIF HOEGH xy DIXONS GROUP PL MENSCH UND MASCHIN

PUDUW FFFF

q‚ e C ± hi RUDW HDPI US HERACLES GENL R e PDUR C qf QDIW FFFF SVH IDQT

ARJO WIGGINS AP LINDE AG hi GEHE AG MOBILCOM

e

hi RRDS FFFF

C IHDIS FFFF HOCHTIEF ESSEN qf IVDP HDSS

IWDUU FFFF ƒi e C QPDQ PDSR

ASSIDOMAEN AB SERVICES FINANCIERS MAN AG hi GREAT UNIV STOR MUEHL PRODUCT & SE

C

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ƒi e C GUILBERT /RM MUEHLBAUER HOLDING IRPDS HDUI

AVESTA MANNESMANN AG hi

qf IIDHI FFFF

± IPIHDPT HDPI gr 3I

e ± PQDHS P QR FFFF HOLDERBANK FINA ƒi

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BEKAERT fi e HENNES & MAURIT PFEIFFER VACU TECH ±

IUDR HDSU

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BILTON qf e JERONIMO MARTIN PLENUM

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METRA A ps

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BOEHLER-UDDEHOL e„ KARSTADT AG PSI

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RDVT PDIH s„ AMVESCAP

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BRITISH STEEL qf KINGFISHER QIAGEN NV

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BUHRMANN NV xv MARKS & SPENCER REFUGIUM HOLDING A

TIDWI FFFF

e NKT HOLDING hu

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C ± C hi TIDV HDIT HDTW MICHANIKI REG. IRDS RDQS IDHU

BUNZL PLC qf METRO SACHSENRING AUTO

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e OCEAN GROUP qf qf VDPH FFFF

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CART.BURGO s„ NEXT PLC SALTUS TECHNOLOGY

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PENINS.ORIENT.S qf

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C ITRDW FFFF PHILIPP HOLZMAN p‚

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ELKEM ASA, OSLO xy PINAULT PRINT./ SCM MICROSYSTEMS

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IDQT PDPH qf COBEPA e

C ± s„ UDTI IDIU QDPR PILKINGTON PLC QSI

ITDUH FFFF

ELVAL q‚ RINASCENTE SER SYSTEME

IWDWH FFFF

e RAILTRACK qf iƒ IRTDS FFFF

IQDUS FFFF e qf CORP FIN ALBA - e PH FFFF SDV FFFF RMC GROUP PLC ps

IRDRI FFFF

INPARSA €„ STOCKMANN A SERO ENTSORGUNG

e

± RIDP HDUP

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p‚ RANDSTAD HOLDIN

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C C PPWDQT HDPU RUGBY GRP gr IPI IDTH WDII HDSI

JOHNSON MATTHEY qf VALORA HLDG N SINGULUS TECHNOLOG

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e ± IUUDSP HDUH

gr RATIN -A- ITQDP FFFF p‚ CS GROUP N e C qf WDWT FFFF SR SAINT GOBAIN /R IDVW ± RT IDHV

MAYR-MELNHOF KA e„ W.H SMITH GRP SOFTM SOFTWARE BER

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METSAE-SERLA A ps WOLSELEY PLC TDS

e e

ps IHDU FFFF p‚ IPUDP FFFF

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MODO B FR ƒi f DJ E STOXX RETL P TECHNOTRANS

e

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IQDUQ FFFF hu GECINA /RM

RENTOKIL INITIA C C HDPS SUPERFOS RH QQ IDTW

NORSKE SKOGIND- xy TELDAFAX

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e HAMMERSON qf TARMAC ± IWR REXAM IDSP IHDT FFFF OUTOKUMPU OY -A ps TELES AG

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e qf IQDRI FFFF

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PSDS HDQW

e e„ ± RVDS TECHNIP /RM HDRI

SDQP FFFF

PORTUCEL INDUST €„ RHI AG e TRANSTEC

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ALCATEL /RM p‚

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e ± SWHDHS HDII TITAN CEMENT RE gr RIDW FFFF

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RAUTARUUKKI K ps RIETER HLDG N W.E.T. AUTOMOTIVE

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ALTEC SA REG. q‚

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C

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UNICEM s„ MEDIOBANCA FFFF FFFF

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IPDU QDUW

BAAN COMPANY xv

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FFFF URALITA FFFF

q‚ PVDWU FFFF PIDUQ FFFF

SIDENOR SANDVIK -B- ƒi e IRWDT FFFF

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VALENCIANA CEM iƒ MEPC PLC FFFF FFFF

q‚ QQ FFFF ± SPUDVR HDSW SILVER & BARYTE gr

TDRR FFFF

SAURER ARBON N BRITISH AEROSPA qf

e e iƒ PHDWS FFFF

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FFFF WIENERB BAUSTOF FFFF

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SCANIA AB -A- CAP GEMINI /RM p‚

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C

xv UDHT HDPV

TDWH FFFF

e qf MEDIOLANUM FFFF WILLIAMS FFFF

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SONAE INDUSTRIA ± ƒi PSDTW HDRU

WUDSU FFFF

SCANIA AB -B- COLOPLAST B hu

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p‚ IHWDV FFFF

e f PHVDTR FFFF PARIBAS

FFFF DJ E STOXX CNST P FFFF

€„ WDHP FFFF

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SCHINDLER HOLD gr COLT TELECOM NE

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SSAB SW ST A FR ƒi e

p‚ QPDW FFFF C ISURDHW HDIP

gr DASSAULT SYST./

e SCHINDLER HOLD

PRDQ FFFF

e RODAMCO NV xv

FFFF FFFF

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STORA ENSO -A- ps e

HDWQ FFFF e s„ SUDVS FFFF

SCHNEIDER ELECT p‚ FINMECCANICA

PHDSU FFFF

e SCHRODERS PLC qf C

FFFF

CONSOMMATION CYCLIQUE FFFF

WDV IDHQ

ps e STORA ENSO -R- C

SH IDRP e hi C

IDQU HDUR s„ FRESENIUS MED C

e SEAT-PAGINE GIA

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SEFIMEG N /RM p‚

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SVENSKA CELLULO ƒi e

PRV FFFF ƒi IHDHV FFFF

ACCOR /RM p‚ GAMBRO -A-

VDRQ FFFF

e SECURICOR qf

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e SIMCO N /RM p‚ FFFF FFFF

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THYSSEN hi e e

± ±

WQ HDIT xv QVDP HDIQ

ADIDAS-SALOMON hi GETRONICS C

IQDTP HDHU

SECURITAS -B- ƒi

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SLOUGH ESTATES qf

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VDPW FFFF

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ALITALIA s„ GN GREAT NORDIC

± IHRUDSI IDTS

e SGS GENEVA BR gr

IQP FFFF

e UNIBAIL /RM p‚ FFFF FFFF

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AUSTRIAN AIRLIN e„ INTRACOM R

QDSR FFFF

e SHANKS & MCEWAN qf HDRR FFFF

e UNIM s„ C

FFFF FFFF PUDW HDIV

UPM-KYMMENE COR ps e

TSDWS FFFF xv VPDPS FFFF

BANG & OLUFSEN hu e KON. PHILIPS EL

IPWDW FFFF

e SIDEL /RM p‚ WDTQ FFFF

e VALLEHERMOSO iƒ FFFF FFFF

p‚ IRDII FFFF

USINOR C

SDHI FFFF xy WDSH HDTS

BARRATT DEV PLC qf MERKANTILDATA

qf RDRW FFFF

TDSP FFFF

WOOLWICH PLC qf INVENSYS

FFFF FFFF QVDSW FFFF

VIOHALCO q‚ PDWI FFFF qf VDQR FFFF

BEAZER GROUP qf e MISYS

p‚ PQH FFFF C

HDQP

e f DJ E STOXX FINS P PSQDWI SITA /RM C FFFF FFFF

PWDQ QDQS

e„ e VOEST-ALPINE ST C

IDW FFFF xy PDTI IDHV

BENETTON GROUP s„ NERA ASA

ITDHP FFFF

SKF -A- ƒi

C FFFF FFFF

HDIQ

f DJ E STOXX BASI P IUPDQV IHDWH FFFF xy QPDTR FFFF

BERKELEY GROUP qf NETCOM ASA

ITDTW FFFF

SKF -B- ƒi e ± TDWW FFFF ps USDR HDQP

BRITISH AIRWAYS qf NOKIA

PSDIU FFFF

ALIMENTATION ET BOISSON SOPHUS BEREND - hu e PDQI FFFF ps FFFF FFFF

BRYANT GROUP PL qf NOKIA -K-

e C e

PHDV HDWU

CHIMIE e STORK NV xv CODES PAYS ZONE EURO C RWDIS FFFF qf WDPR FFFF qf PHDQW PHHDPQ

CHARGEURS RM p‚ ALLIED DOMECQ NYCOMED AMERSHA

C

THSDUT IDVH

e SULZER FRAT.SA1 gr e FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne ± IPDPT FFFF p‚ IHIDP FFFF qf FFFF FFFF xv PSDWS HDIW AGA -A- ƒi CLUB MED. /RM ASSOCIATE BRIT OCE

ITDTW FFFF

SVEDALA ƒi e IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande C IPDQP FFFF qf HDUP FFFF qf IRDIQ FFFF s„ Q HDTU AGA -B- ƒi COATS VIYELLA BASS OLIVETTI

IHRWUDST FFFF

e e SVENDBORG -A- hu LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche ± IRP FFFF qf IHDSP FFFF e„ RHDIS IDHI qf RDPQ FFFF AIR LIQUIDE /RM p‚ COMPASS GRP BBAG OE BRAU-BE ROLLS ROYCE

UDHI FFFF

e e T.I.GROUP PLC qf e FI : Finlande - BE : Belgique. FFFF FFFF qf PDQT FFFF p‚ QUR FFFF p‚ SUS FFFF AKZO NOBEL xv COURTAULDS TEXT BONGRAIN /RM SAGEM

±

QTDSW HDWW e e e xy e C C ± RHDU IDUS hi PHDQ HDRH e„ SH FFFF hi QIRDS QDHV

BASF AG hi DT.LUFTHANSA N BRAU-UNION TOMRA SYSTEMS SAP AG CODESPAYSHORSZONEEURO

e ±

VPDS HDIV e e„ e C ± QWDVV IDUQ ƒi IWDTT FFFF qf IQDPQ FFFF hi QTHDS PDHR

BAYER AG hi ELECTROLUX -B- CADBURY SCHWEPP VA TECHNOLOGIE SAP VZ CH : Suisse - NO : Norve`ge - DK : Danemark

e

± ps WDVS HDSI IUDVR FFFF qf UDSQ FFFF hu RHDII FFFF qf VDPV FFFF

BOC GROUP PLC qf EMI GROUP CARLSBERG -B- VALMET SEMA GROUP GB : Grande-Bretagne - GR : Gre`ce - SE : Sue`de.

e e C C UQDSP IDHV p‚ IDRU FFFF hu RHDRP FFFF QTWDPV HDSU hi TVDU FFFF CIBA SPEC CHEM gr EURO DISNEY /RM CARLSBERG AS -A f DJ E STOXX IND GO P SIEMENS AG LeMonde Job: WMQ1106--0028-0 WAS LMQ1106-28 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 11:14 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 15Fap: 100 No: 0406 Lcp: 700 CMYK

28 / LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 FINANCES ET MARCHÉS

C C SS QTHDUV FFFF SP WRDVH WT TPWDUP IDPU WQDSH IRVDVH IRVDWH WUTDUP HDHU ISPDTH BIC...... SS GROUPE GTM ...... SILIC CA ......

FFFF FFFF FFFF VUDSH RTDIH FFFF FFFF FFFF RTDWV VPDSH VPDSH SRIDIT FFFF VPDIH BIS...... VUDHS GPE VALFOND ACT...... SIMCO......

C ± ± VPDUS SRPDVH HDQH VRDSH TR TRDVH RPSDHT IDPS TRDQH PQH PPSDSH IRUWDIV IDWT PIRDPH B.N.P...... VQ GROUPE PARTOUCHE ... S.I.T.A ......

± ± ± IUW IIURDIT HDST IVQDSH IQU IQS VVSDSR IDRT IQRDSH IQDUR IQDTW VWDVH HDQT IQDVW VALEURS FRANC¸AISES BOLLORE ...... IVH GUILBERT...... SKIS ROSSIGNOL......

C FFFF FFFF FFFF QTQ RTV RTV QHTWDVV FFFF RWU IVQDUH IVRDQH IPHVDWQ HDQQ IVWDWH BONGRAIN ...... QUR GUYENNE GASCOGNE... SOCIETE GENERALE......

C C ± PUR IUWUDQP PDTP PRIDWH PTQDWH PTH IUHSDRW IDRV PST IRWDIH IRWDWH WVQDPV HDSR ITR BOUYGUES ...... PTU HACHETTE FILI.ME...... SODEXHO ALLIANCE......

C C C PTDUH IUSDIR HDIW PVDTH IWVDWH IWWDQH IQHUDQP HDPH IWQDSH TT TTDPS RQRDSU HDQV TSDTH b L’action BNP se négociait en recul de 0,42 % à 82,65 eu- BOUYGUES OFFS...... PTDTS HAVAS ADVERTISIN ...... SOGEPARC (FIN) ......

C C

VDRS SSDRQ FFFF WDUH IQIDWH IQP VTSDVT HDHV IPPDWH PTDRI PTDSH IUQDVQ HDQR PW

ros jeudi 10 juin lors des premiers échanges. Le titre So- BULL#...... VDRS IMETAL ...... SOMMER-ALLIBERT......

C ± PVWDTH IVWWDTS HDRS PVI ITDSH ITDSH IHVDPQ FFFF ITDRT QVDWH QW PSSDVP HDPT QW + PWHDWH

ciété générale se traitait à 185,9 euros en hausse de 1,2 % CANAL ...... IMMEUBLES DE FCE ...... SOPHIA ...... C ± ± IRRDSH WRUDVT HDUH IRS UH TWDUH RSUDPH HDRQ TUDIH TTDQS TRDRS RPPDUT PDVT UIDIH CAP GEMINI ...... IRQDSH INFOGRAMES ENTER .... SPIR COMMUNIC. # ......

C ± ±

RW QPIDRP HDPR SHDSH PPDTH PPDHU IRRDUU PDQS PIDTH VTDWH VU SUHDTV HDIP VUDTS et celui de Paribas en baisse de 0,09 % à 109,7 euros. A ces CARBONE LORRAINE..... RWDIP INGENICO ...... STRAFOR FACOM......

± ± IPRDQH VISDQS IDII IPU PR PR ISUDRQ FFFF PPDQH ITIDVH ITIDTH IHTHDHQ HDIP ISW

cours, les parités proposées par la BNP, dans le cadre de CARREFOUR ...... IPSDUH INTERBAIL...... SUEZ LYON.DES EA ......

C C C VU SUHDTV HDTR WPDQS QPWDWH QQHDIH PITSDQI HDHT QIH PIPDTH PIQ IQWUDIW HDIW FFFF CASINO GUICHARD ...... a VTDRS INTERTECHNIQUE...... TF1 ......

C ± ± SQDSH QSHDWR HDIW SUDRS TUDSH TU RQWDRW HDUR TTDIH IIQ IIP UQRDTU HDVV IHI ses offres publiques d’échange (OPE), valorisaient l’action CASINO GUICH.ADP ...... a SQDRH ISIS ...... TECHNIP......

C ± PRIDRH ISVQDRV HDHR PPIDIH WSDPH FFFF FFFF FFFF WQ QPDPH QIDVH PHVDSW IDPR QI

Société générale à 177,10 euros et celle de Paribas à CASTORAMA DUB.(L...... PRIDQH JEAN LEFEBVRE ...... THOMSON-CSF......

C C

±

IHRDQH TVRDIT HDIH IHSDSH VQDSH VQDVH SRWDTW HDQT VPDQH IPPDSH IPTDQH VPVDRU QDIH IIUDIH

113,64 euros. L’OPE de la Société générale sur Paribas va- C.C.F...... IHRDRH KLEPIERRE...... TOTAL ......

C C ± IRS WSIDIR HDSS ISP PPPDUH PPQDSH IRTTDHT HDQT PPQDSH IPUDQH IPVDQH VRIDSW HDUW IPU CEGID (LY) ...... IRSDVH LABINAL...... UNIBAIL ...... a

C C ± UDIQ RTDUU HDPV UDHQ WPDUH WPDVS THWDHT HDIT VV IISDSH IIT UTHDWI HDRQ IIU lorisait le titre Paribas à 116,18 euros. CERUS...... UDIS LAFARGE...... UNION ASSUR.FDAL ......

C

± ± RVDIH QISDSP HDRP RTDQS QUDQW QUDQV PRSDPH HDHQ RHDTH IRDII IRDHT WPDPQ HDQS IQDQH

b Le titre Elf Aquitaine progressait de 0,29 % à 139 euros, CGIP ...... RUDWH LAGARDERE...... USINOR......

C C ±

RWDTH QPSDQS HDWP SPDRH UIDPH UHDTH RTQDII HDVR UP UVDVH UWDWH SPRDII IDRH VPDVH

jeudi matin. Norsk Hydro et Statoil ont augmenté leur CHARGEURS...... RWDIS LAPEYRE ...... VALEO ......

C C SP QRIDIH HDWU SSDSH RIDUH FFFF FFFF FFFF RP QPDSH QPDWR PITDHU IDQS QSDPH CHRISTIAN DALLOZ ...... SIDSH LEBON (CIE)...... VALLOUREC......

C C

ISH WVQDWR FFFF IQI PHW PIPDWH IQWTDSQ IDVU PHHDSH PUDPT PUDSH IVHDQW HDVV PUDTI offre d’achat de la compagnie pétrolière norvégienne Sa- CHRISTIAN DIOR ...... ISH LEGRAND ...... VIA BANQUE ......

C C C

VH SPRDUU HDHT UUDVH IIWDRH IIWDTH UVRDSP HDIU IQH UTDWS UUDPS SHTDUQ HDQW UT

ga après qu’Elf eut lui même revalorisé mardi son offre. CIC -ACTIONS A...... UWDWS LEGRAND ADP ...... VIVENDI ......

C ± ± SWDWS QWQDPS IDQS STDPH QWDVW QWDSH PSWDIH HDWV QWDPH IQDSP IQDPS VTDWI P IQDPS CIMENTS FRANCAIS ...... SWDIS LEGRIS INDUST...... WORMS (EX.SOMEAL .....

L’action Moulinex cédait 3,37 % à 10,9 euros jeudi lors ± b ± VVDRH SUWDVU HDQW VP IIRDSH IIRDRH USHDRI HDHW IIWDIH PIH PIH IQUUDSI FFFF PHR CLARINS ...... VVDUS LOCINDUS...... ZODIAC EX.DT DIV ......

C IHS TVVDUS QDUS VU THWDSH THWDSH QWWVDHT FFFF SVP

de l’ouverture de la séance. Le fabriquant d’électroména- CLUB MEDITERRANE .... IHIDPH L’OREAL ......

C

± PSDRQ ITTDVI PDIW PQDUH PVSDPH PVVDRH IVWIDUV IDIP PTQDSH

ger a accusé une perte de 384 millions de francs pour son CNP ASSURANCES ...... PT LVMH MOET HEN......

C ± VH SPRDUU HDTQ VP ISW ISVDTH IHRHDQS HDPS IRVDRH COFLEXIP...... UWDSH MARINE WENDEL ......

C C IVT IPPHDHV HDSR IUU SDVS TDHI QWDRP PDUR TDIS exercice fiscal 1999. COLAS ...... IVS METALEUROP ......

C PDIW IRDQU IDVT PDQP RQDSH RQDSH PVSDQR FFFF RP

b Le titre Valéo perdait 1,02 % à 78 euros jeudi matin. COMPTOIR ENTREP...... PDIS MICHELIN......

C ± Compen- RSDRP PWUDWR HDWQ RSDUH QS QRDSP PPTDRR IDQU QRDSS

CPR ...... RS MONTUPET SA...... Pre´ce´dent Cours Cours % Var.

L’équipementier a acquis les activités systèmes électriques International sation ± ± f ITDSS IHVDST HDQH ITDSH IIDPV IHDWU UIDWT PDUS IIDUT

CRED.FON.FRANCE ...... ITDTH MOULINEX ...... en ¤uros en ¤uros en francs veille

(1)

± FFFF FFFF FFFF QTDTH SIDSH SI QQRDSR HDWU SRDWH de la société coréenne Mando Machinery. CFF.(FERRAILLES) ...... QSDIQ NATEXIS......

C

± ± QPDIH PIHDST PDVU QVDHS PHDVR PHDWH IQUDIH HDPW IW IPPDSH IIWDVH UVSDVR PDPH IITDIH

b Le rebond de la croissance économique au Japon au CREDIT LYONNAIS...... QQDHS NEOPOST...... AMERICAN EXPRESS......

C ± ± SRDRH QSTDVR HDQU STDPH PRDPP PRDRH ITHDHS HDUR PRDTW SIDWS SIDUH QQWDIQ HDRV SSDUS

premier trimestre avait, jeudi matin, des incidences CS SIGNAUX(CSEE)...... SRDTH NORBERT DENTRES...... A.T.T. #...... C ± VH SPRDUU FFFF UHDQH PU PUDPV IUVDWS IDHR PUDHP ITDRH ITDPH IHTDPU IDPP IU DAMART ...... VH NORD-EST...... BARRICK GOLD #......

±

PTHDSH IUHVDUU HDPU PSQ UHDWH FFFF FFFF FFFF UPDSH QIDPQ FFFF FFFF FFFF QIDSI contrastées sur les titres des groupes de luxe vendant une DANONE...... PTIDPH NORDON (NY)...... CROWN CORK ORD.#.....

C C

± ISVDWH IHRPDQP HDUH ISIDWH PIR PPP IRSTDPP QDUR PHP PIDTW PIDRS IRHDUH IDII PPDVS

partie de leur production dans la région. LVMH reculait DASSAULT-AVIATIO ...... ISUDVH NRJ # ...... DE BEERS # ......

C C ± QPDWS PITDIR HDIS QPDHT VDPH VDPI SQDVS HDIP VDIH TUDQS TSDSS RPWDWV PDTU TSDIH DASSAULT SYSTEME...... QPDWH OLIPAR...... DU PONT NEMOURS.....

C de 0,07 % à 285 euros tandis qu’Hermès s’appréciait de C SUDUS QUVDVP FFFF SUDWS IHWDVH IIHDPH UPPDVT HDQT IHWDIH PWDHW PWDSH IWQDSI IDRI PTDPH DE DIETRICH...... SUDUS PARIBAS...... ERICSSON # ......

C ± VUDUS SUSDTH HDRH VP IIR IIR URUDUW FFFF VRDWS SSDWS SQDPS QRWDQH RDVQ SRDHS

0,11 % à 89 euros et ST Dupont de 0,65 % à 47 euros. DEVEAUX(LY)# ...... VUDRH PATHE...... FORD MOTOR # ......

C C C IIDUH UTDUS HDQR IHDVP QWDSI QWDWH PTIDUQ HDWW RH WUDUS WVDQH TRRDVI HDST IHHDRH DEV.R.N-P.CAL LI...... IIDTT PECHINEY ACT ORD ...... GENERAL ELECT. #......

C ± ± IQQDQH VURDQW IDSP IQHDQH TTDQS TSDIH RPUDHQ IDVV TQ UUDRH URDTH RVWDQR QDTP USDRH DEXIA FRANCE ...... IQIDQH PERNOD-RICARD...... GENERAL MOTORS # .....

C C C SDWS QWDHQ HDTV SDWW IRWDUH ISPDQH WWWDHP IDUR IRUDTH UDTR UDTV SHDQV HDSP TDSQ DMC (DOLLFUS MI)...... SDWI PEUGEOT...... HITACHI #......

± ± ± PTDWH IUTDRS HDQU PU ITRDWH ITR IHUSDUU HDSS ITRDVH IIS IIPDQH UQTDTR PDQS PIWDIH

RE`GLEMENT MENSUEL DYNACTION...... PU PINAULT-PRINT.RE...... I.B.M # ......

C C ±

IHSDIH TVWDRI PDPR IIV WPDIH WIDIH SWUDSV IDHW VUDSH SWDUS TIDSS RHQDUR QDHI ST

______ECIA...... IHPDVH PLASTIC OMN.(LY) ...... ITO YOKADO #......

C C TWDQS RSRDWI IDWW TTDPH VTDRS VTDRS STUDHU FFFF VUDSH IUDUW IVDSH IPIDQS QDWW ITDWH EIFFAGE ...... TV PRIMAGAZ...... MATSUSHITA #......

± ± ± IQVDSH WHVDSH HDHU IQTDPH TSS TSIDSH RPUQDST HDSQ TQV QWDVV QW PSSDVP PDPI QUDVH ELF AQUITAINE ...... IQVDTH PROMODES...... a MC DONALD’S #......

ti hs IH t sx Cours releve´sa` 10 h 15

C ± QVDHI PRWDQQ PDHR QUDPH IVH IVH IIVHDUP FFFF IVQDSH TTDWS TTDRS RQSDVV HDUS TVDIH ERAMET ...... QUDPS PUBLICIS #...... MERCK AND CO # ......

C C C

ISPDVH IHHPDQH UDHV IRQDTH ITDPH ITDRS IHUDWH IDSR ITDHS TDPR TDTP RQDRP TDHW SDUH ERIDANIA BEGHIN...... IRPDUH REMY COINTREAU...... MITSUBISHI CORP...... viquid—tion X PQ juin

C ± QQS PIWUDRT HDSW QSH QSDWS QVDIR PSHDIV TDHW QVDSH WRDHS FFFF FFFF FFFF WQDUH ESSILOR INTL ...... QQU RENAULT ...... MOBIL CORPORAT.#......

C C QQIDIH PIUIDVU HDQH QRH UWDWH VHDPH SPTDHV HDQV VI IPV FFFF FFFF FFFF IPWDRH ESSILOR INTL.ADP...... QQHDIH REXEL...... MORGAN J.P. # ......

C ± VHDTS SPWDHQ HDVI VS IVDIH IUDWI IIUDRV IDHS IUDSS IPDTS FFFF FFFF FFFF IP ESSO...... VH RHODIA ...... NIPP. MEATPACKER......

C ± Compen- ± SPP QRPRDIH HDQV SHT RQDSW RQDSH PVSDQR HDPI RTDWH QVDII QVDVR PSRDUU IDWP QUDWH

Pre´ce´dent Cours Cours % Var. EURAFRANCE...... SPR RHONE POULENC A...... PHILIP MORRIS # ......

sation C France C f ± IDRV WDUI HDTV IDRV IIVDTH IIWDSH UVQDVU HDUT IHRDWH VW VUDVH SUSDWQ IDQS WHDIS

en ¤uros en ¤uros en francs veille EURO DISNEY...... IDRU ROCHEFORTAISE CO ..... PROCTER GAMBLE ......

(1)

C ± ± QHH IWTUDVU QDPQ PVWDIH PDUI PDUH IUDUI HDQU PDVH IRDWT ISDII WWDIP I ISDQH EUROPE 1...... QIH ROCHETTE (LA) ...... SEGA ENTERPRISES ......

± ± ISIDQH WWPDRT HDUW ISPDWH IDSI IDSI WDWH FFFF IDSR SQ SQ QRUDTT FFFF RVDPH SUDRS STDVS QUPDWI IDHR SSDVH B.N.P. (T.P)...... ISPDSH EUROTUNNEL...... ROYAL CANIN...... SCHLUMBERGER #......

C C C IRP WQIDRT FFFF IRIDVH RUDPR RVDWH QPHDUT QDSI SRDWH IQWS IRRV WRWVDPT QDVH IHRH WHDQS WIDPS SWVDST IVT CR.LYONNAIS(TP) ...... IRP FAURECIA ...... RUE IMPERIALE (L...... SONY CORP. #......

± ± ± QWTDSH PTHHDVU HDQV RHU IHIDIH IHHDUH TTHDSS HDRH IHQ QV QUDSH PRSDWV IDQP QVDSU RENAULT (T.P.)...... QWV FIMALAC SA...... SADE (NY) ......

C ± FFFF FFFF FFFF IVQ IW IWDPS IPTDPU IDQP IWDHT SUS STW QUQPDRH IDHR SVWDSH SAINT GOBAIN(T.P...... IVI FINEXTEL...... SAGEM SA......

C

± FFFF FFFF FFFF IRW TWDRS TWDWH RSVDSI HDTS UQ ITQDPH ITPDSH IHTSDWQ HDRQ ISPDIH

THOMSON S.A (T.P ...... ISI FIVES-LILLE...... SAINT-GOBAIN...... ABRE´VIATIONS

C C PRVDSH ITQHDHS HDPH PRPDSH IPUDPH IPUDSH VQTDQS HDPR IPPDSH UVDTH FFFF FFFF FFFF VHDHS

ACCOR ...... PRV FONC.LYON.# ...... SALVEPAR (NY) ......

B = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille; Ny = Nancy; Ns = Nantes.

C ± FFFF FFFF FFFF FFFF UQDSH URDQH RVUDQV IDHW UQDSH QTDUS QTDQW PQVDUH HDWV FFFF AEROSPATIALE MAT ...... PPDIH FRANCE TELECOM...... SANOFI SYNTHELAB......

C

RUDQH QIHDPU FFFF RVDII TVQDSH TVQDSH RRVQDRU FFFF TVS SWDTH TH QWQDSU HDTU ST AGF ...... RUDQH FROMAGERIES BEL...... SAUPIQUET (NS) ...... SYMBOLES

± ± ± IU IIIDSI HDTR ITDHU IRQS IQTU VWTTDWQ RDUR IQHI SUDVS SUDPS QUSDSR IDHR SW

AIR FRANCE GPE N ...... IUDII GALERIES LAFAYET ...... a SCHNEIDER ELECTR...... 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; a coupon

C ± IRQDQH WQWDWW HDWP IRW VHDVH VHDVH SQHDHI FFFF VHDWH RWDIH RW QPIDRP HDPH SI

AIR LIQUIDE ...... IRP GASCOGNE...... SCOR...... de´tache´; b droit de´tache´; # contrat d’animation ; o = offert ;

C ± ± IPRDSH VITDTU IDPP IIUDQH TUDRS TUDRH RRPDIP HDHU SU URDWS UR RVSDRI IDPU UW

ALCATEL ...... IPQ GAUMONT #...... S.E.B...... d = demande´; x offre re´duite ; y demande re´duite; d cours pre´ce´dent.

± ± ±

QHDTP PHHDVS HDUS PUDSH RW RVDTH QIVDVH HDVP RUDPH TRDIH TQDQH RISDPP IDPS TIDVH

ALSTOM...... QHDVS GAZ ET EAUX ...... SEFIMEG CA...... `

C C ± DERNIERE COLONNE RM (1) : PQH ISHVDUH HDTT PIWDSH IHWDSH IHVDQH UIHDRH IDIH IHPDPH STDSH SV QVHDRT PDTS SU ALTRAN TECHNO. #...... PPVDSH GECINA...... SEITA......

C WR TITDTH FFFF VSDWH RRDTH RRDTH PWPDST FFFF RRDPH WDVV WDVW TRDVU HDIH WDTI ATOS CA...... WR GEOPHYSIQUE ...... SELECTIBANQUE...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi : montant du

C ± ± IISDWH UTHDPS HDHW IIV PTDHP PT IUHDSS HDHV PTDTR QV QVDSH PSPDSR IDQP QUDIH AXA...... IIT GRANDVISION ...... SFIM...... coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement dernier coupon ;

C IQP VTSDVT FFFF IPTDSH IRH FFFF FFFF FFFF IRP RS RSDSH PWVDRT IDII RQDSH BAIL INVESTIS...... IQP GROUPE ANDRE S.A ...... SGE...... Jeudi date´ vendredi : compensation ; Vendredi date´ samedi : nominal.

C C ± IIPDWH URHDSV HDHW IHS PPDVS PPDVT IRWDWS HDHR PIDSH IPWDWH IPVDRH VRPDPS IDIS IPW BAZAR HOT. VILLE ...... IIPDVH GR.ZANNIER (LY) ...... SIDEL......

C QVUDHI FFFF STDSH QUHDTP FFFF IWU IPWPDPR IDHQ QPDHS PIHDPQ FFFF GUILLEMOT #...... SW CRCAM TOUR.P....d M6-METROPOLE.. CORA INDUSTR....d

± PDRQ PDTQ RWDSH QPRDUH FFFF PDIV IRDQH FFFF ITS IHVPDQQ FFFF

GUYANOR ACTI .... HDQU SECOND CROMETAL...... d MEDASYS DIGI .... DELACHAUX S...... d ± SIIDQP IDQQ FFFF FFFF FFFF IRV WUHDVP FFFF QWDSH PSWDIH FFFF NOUVEAU HF COMPANY...... UUDWS DAPTA-MALLIN.... MANITOU # ...... d DELMON INDUS ..d

± ± ± QQRDPI HDIH SPDSH QRRDQV HDSU SVDRS QVQDRI FFFF IUDSS IISDIP PDPQ SHDWS ______d HIGH CO...... GROUPE J.C.D ...... MANUTAN INTE .. DIGIGRAM #......

C

PVPDHT HDUH WW TRWDRH FFFF IHR TVPDPH FFFF SUDSH QUUDIV FFFF

´ HOLOGRAM IND .. RQ ´ DAUPHIN OTA .....d MARC ORIAN...... d DISTRIBORG G..... C C ± QSDRP RDPT QWDVH PTIDHU FFFF SPDVH QRTDQS IDSR RQDSP PVSDRU HDWU

MARCHE IGE + XAO...... SDRH MARCHE DECAN GROUPE... MARIONNAUD P . EMIN-LEYDIER.....

C ± ± ± QPDWQ PDSP USDHS RWPDQH S QRDII PPQDUS HDVR QP PHWDWI IDSW ILOG # ...... SDHP DU PAREIL AU...... MECATHERM #.... FLAMMARION S...

C PTDHR FFFF QUDVH PRUDWS HDVH QT PQTDIR FFFF IQDVU WHDWV FFFF

IMECOM GROUP .. QDWU ENTRELEC CB ...... MGI COUTIER...... GRAVOGRAPH...... d

wi‚g‚ihs W t sx

ti hs IH t sx

C ± IIIDSI FFFF RSDVH QHHDRQ HDVU IQRDPH VVHDPW HDWH IWDVH IPWDVV FFFF INFONIE...... IU ETAM DEVELOP.... MICHEL THIER .... GPE GUILLIN ......

± ± IRRDPR FFFF WWDRH TSPDHP HDWH VDVT SVDIP IDST ISDSH IHIDTU FFFF

INFOTEL #...... PIDWW EUROPEENNE C ... NAF-NAF #...... JEANJEAN # ...... d

 le™tionF

ne se Cours releve´sa` 17 h 35 Une se´lection. Cours releve´sa` 10 h 15

C C C ± IRQDTS VDRP RWDPH QPPDUQ HDRI PUT IVIHDRR IDUV QIDRS PHTDQH HDTI LEXIBOOK #...... PIDWH EUROP.EXTINC..... PENAUILLE PO..... HBS TECHNOLO ..

± ± STDRI HDPQ RVDUW QPHDHR HDHP QHDRH IWWDRI FFFF ISQ IHHQDTI FFFF JOLIEZ-REGOL...... VDTH EXEL INDUSTR..... PHYTO-LIERAC ....d HOT.REG.PARI .....d

Cours Cours % Var. Cours Cours % Var. C ± IDVR FFFF PWDWW IWTDUP HDHQ UUDWH SIHDWW FFFF IQT VWPDIH RDPI

JOLIEZ-REGOL...... d HDPV EXPAND S.A...... POCHET...... d HUREL DUBOIS....

Valeurs f en ¤uros en francs veille Valeurs f en ¤uros en francs veille

± TI IDHT IRS WSIDIR FFFF SUDTS QUVDIT FFFF IIV UURDHQ FFFF LACIE GROUP...... WDQH FACTOREM...... d RADIALL #...... d IDI...... d

C ± ± IPUDPT FFFF IUDVH IITDUT HDPV SVDWH QVTDQT HDWQ IPTDUH VQIDIH FFFF SPDQH QRQDHU HDQV PHDSH IQRDRU FFFF ADLPARTNER # .... IWDRH MEDIDEP #...... ADA...... FACTOREM NV.....d RALLYE(CATHI ..... IMV TECHNOLO...d

± ± ± VUDPR IDRV SDSH QTDHV FFFF VPDIH SQVDSR FFFF IWDRU IPUDUI IDIU RIDTH PUPDVV HDWS PWDSH IWQDSI FFFF AB SOFT...... IQDQH MILLE AMIS #...... AIGLE # ...... FAIVELEY # ...... REYNOLDS...... INTER PARFUM....d

± ± ± ± IPIDQS PDSV TDVS RRDWQ HDSV UPDUH RUTDVV IDUT SDIH QQDRS FFFF PPDSU IRVDHS IDTT RIDSH PUPDPP FFFF ALPHAMEDIA...... IVDSH MONDIAL PECH ... ALGECO #...... FINACOR...... d RUBIS #...... IPO (NS) # ...... d

± ± ± ± PVDVT IDQS VDWH SVDQV HDRS UVDSH SIRDWQ HDTQ UPDHS RUPDTP FFFF IPPDSH VHQDSS IDSQ PIDUS IRPDTU FFFF ALPHA MOS ...... RDRH NATUREX...... APRIL S.A.#( ...... FINATIS(EX.L ...... d SABATE SA # ...... LABO.PHARMYG...d

C ± IHPWDVS FFFF TH QWQDSU QDRS SWDVH QWPDPT FFFF ISQ IHHQDTI FFFF UIDTS RTWDWW HDRW IIQ URIDPQ FFFF ALTAMIR & CI...... ISU OLITEC ...... ARKOPHARMA # .. FININFO...... d SEGUIN MOREA... M.B.ELECTRON....d

± ± ± ± IUDHS RDUT IWSDWH IPVSDHP FFFF WPDIH THRDIR QDHS QWDSP PSWDPQ HDPQ WTDPH TQIDHQ IDVR WH SWHDQT FFFF APPLIGENE ON .... PDTH OMNICOM...... d ASSUR.BQ.POP..... FLO (GROUPE) ..... SIDERGIE...... NSC GPE (NY) ...... d

C C ± ± WDSI PDTV IDPH UDVU HDVQ PQDRH ISQDRW FFFF RQ PVPDHT PDQV PUDQS IUWDRH HDWP RV QIRDVT FFFF ASTRA ...... IDRS OXIS INTL RG...... ASSYSTEM #...... FOCAL (GROUP .... SIPAREX (LY)...... NOCIBE...... d

C C C UWDRR WDWW IV IIVDHU FFFF IVHDWH IIVTDTQ HDII RU QHVDQH FFFF PPDIH IRRDWU FFFF IPH UVUDIS HDIU ATN...... IPDII PERFECT TECH..... BENETEAU CA# .... FRAIKIN 2#...... SOCAMEL-RESC ...d ONET #......

± ± ± QUVDVP HDPT VDQH SRDRR TDUR TDVS RRDWQ FFFF RQ PVPDHT RDVU RU QHVDQH FFFF ISDVH IHQDTR FFFF AVENIR TELEC...... SUDUS PHONE SYS.NE..... BISC. GARDEI...... d GAUTIER FRAN .... SOPRA #...... ORGASYNTH ......

C C ± RTWDHI HDVS IHDVT UIDPR HDQU TIDPS RHIDUU HDVP IDTH IHDSH FFFF QDRT PPDUH FFFF QWDSH PSWDIH FFFF BELVEDERE...... UIDSH PICOGIGA...... BOIRON (LY)# ...... a GEL 2000...... d SPORT ELEC S...... d PARIS EXPO...... d

C ± WSDPR IDPP UT RWVDSQ HDHU QPDHI PHWDWU FFFF PTDSH IUQDVQ FFFF ISDTH IHPDQQ FFFF PHDSH IQRDRU FFFF BIODOME #...... IRDSP PROSODIE ...... BOISSET (LY)...... d GENERALE LOC ....d STALLERGENES ...d PAUL PREDAUL....d

C C C QHWDWR HDQP PQDPH ISPDIV HDTS VV SUUDPR FFFF TVDRH RRVDTU FFFF RIDIS PTWDWQ FFFF IH TSDTH IDHI BVRP EX DT S...... RUDPS PROLOGUE SOF.... BOIZEL CHANO ... GEODIS #...... STEF-TFE # ...... PIER IMPORT......

± ± ± TUDST HDWT RDTP QHDQI HDPP IUDPH IIPDVP QDVT IDTS IHDVP FFFF IDVI IIDVU FFFF PIDWP IRQDUW FFFF CAC SYSTEMES .... IHDQH QUANTEL ...... BONDUELLE ...... G.E.P PASQUI ...... d SUPERVOX (B)...... d PISC. DESJOY ...... d

C C ± ± IIIDSI HDSW QU PRPDUH PDTQ TDRU RPDRR FFFF QTDPH PQUDRT PDPT SU QUQDWH IDUP PQ ISHDVU FFFF CEREP ...... IU R2I SANTE ...... BOURGEOIS (L.....d GFI INDUSTRI...... SYLEA...... PLAST.VAL LO...... d

C C ± ± QDSR IRDPW QVDPH PSHDSV HDSQ SPDWS QRUDQQ HDHW IQTDPH VWQDRI IDUP IIDVH UUDRH FFFF QSDQW PQPDIR FFFF CHEMUNEX #...... HDSR RADOUX INTL ...... BRICE...... GFI INFORMAT .... TOUPARGEL (L ....d REGIONAL AIR .....d

C C C QHVDQH FFFF IP UVDUI FFFF RW QPIDRP IDHQ TR RIWDVI FFFF IHVDSH UIIDUI HDRT QP PHWDWI QDPQ COIL...... RU RECIF #...... BRICORAMA #...... GO SPORT...... d TRANSICIEL # ...... SECHE ENVIRO.....

± ± ± IIIDSI RDPQ IVDPH IIWDQV IDHW IHIDIH TTQDIU IDQU ITDWS IIIDIV FFFF QRDSH PPTDQI FFFF UQDWH RVRDUS FFFF CRYO INTERAC .... IU REPONSE #...... BRIOCHE PASQ .... GPRI FINANCI...... d TRIGANO...... SERVICES ET ...... d

C ± PRVDSR HDHQ T QWDQT HDVR RSDWQ QHIDPV FFFF SQRH QSHPVDIH FFFF IPR VIQDQW FFFF PS ITQDWW FFFF CYBER PRES.P...... QUDVW REGINA RUBEN.... BUT S.A...... d GRAND MARNIE ..d UBI SOFT ENT ..... SICAL...... d

C ± ± UUDRH HDSI PIDTH IRIDTW IDVP SH QPUDWV FFFF SHDWS QQRDPI FFFF RIT PUPVDUV FFFF SP QRIDIH HDTV CYRANO # ...... IIDVH SAVEURS DE F ...... SOLERI...... d GROUPE BOURB ..d UNILOG...... SMOBY (LY) #......

C C C C ± IQRDRU HDPR II UPDIT IDPH QIDRH PHSDWU PDWS IVDQS IPHDQU PDSI PPDVH IRWDST QDVU IIH UPIDSS FFFF DESK # ...... PHDSH SILICOMP # ...... CDA-CIE DES...... GUERBET S.A...... VIEL ET CIE...... SODICE EXP.( ...... d

± ± IIDVI FFFF IRWDVH WVPDTP IHDQH RIDSH PUPDPP FFFF QSDWH PQSDRW FFFF UTDTH SHPDRT IDUW SIDUS QQWDRT FFFF DESK BS 98 ...... IDVH SERP RECYCLA ..... CEGEDIM # ...... GUY DEGRENNE .. VILMOR.CLAUS.... SOFIBUS...... d

C C C ± RUDVV HDRI QI PHQDQS VDUU IHUDVH UHUDIP HDIW RT QHIDUR IDHV SU QUQDWH FFFF QHDPV IWVDTP FFFF DMS # ...... UDQH SOI TEC SILI ...... CERG-FINANCE.... GUYOMARC H N .. VIRBAC ...... d SOGEPAG(PARC ...d

C C C C RTDSU HDUI PI IQUDUS PDQW PWDVH IWSDRV FFFF VWDRS SVTDUS HDTP VT STRDIP IDUI TIDPS RHIDUU FFFF DURAND ALLIZ.... UDIH STACI #...... CGBI ...... d HERMES INTL ...... WALTER # ...... SOLVING # ...... d

C C ± I HDUV TTPDSP HDVV SDUU FFFF UDPS RUDST FFFF IHIDIH TTQDIU HDVV IQHDQH VSRDUI FFFF UDUI SHDSU DURAN DUBOI..... IHI STELAX ...... CLAYEUX (LY)...... d HYPARLO #(LY...... AFE ...... d S.T. DUPONT......

C ± IIVDHU FFFF IVDWV IPRDSH HDSV QVDUH PSQDVT FFFF PVDTI IVUDTU FFFF RHDVH PTUDTQ FFFF RIDWW PUSDRR HDSS EFFIK #...... d IV SYNELEC #...... CNIM CA# ...... I.C.C.#...... d AFIBEL ...... d STEDIM # ......

± ± ± IQHDSR HDSH PDIT IRDIU PDPT SQ QRUDTT FFFF RT QHIDUR QDHV QUDQS PRS FFFF IWDVS IQHDPI FFFF ESKER ...... IWDWH LA TETE D.L...... COFITEM-COFI ....d IMMOB.BATIBA .... AIRFEU#(NS)...... d SURCOUF # ...... d

C C ± RQWDRW ISDIP PW IWHDPQ UDHI TRDSH RPQDHW FFFF WDRS TIDWW HDSQ QIDSH PHTDTQ FFFF WPDSH THTDUT FFFF EUROFINS SCI...... TU THERMATECH I.... CIE FIN.ST-H...... d IMS(INT.META ..... ALAIN MANOUK ..d SYLIS # ...... d

± ± TSDTH FFFF WPDRH THTDIH QDPS ISIDVH WWSDUR HDIQ RI PTVDWR FFFF URDVH RWHDTT FFFF SUDSH QUUDIV FFFF EURO.CARGO S .... IH TITUS INTERA ...... C.A. PARIS I...... INFO REALITE ...... BQUE TARNEAU...d TEAMLOG #...... d

C QRIDIH FFFF IHHDTH TSWDVW FFFF RVDRV QIVDHI HDHP TDHQ QWDSS FFFF WPDSH THTDUT FFFF RQ PVPDHT FFFF EUROPSTAT #...... SP TITUS INTER...... d C.A.ILLE & V...... INT. COMPUTE.....d C.A.GIRONDE...... d THERMADOR GP..

C C VWDPI HDIS PVDRH IVTDPW RDHU RVDQQ QIUDHP FFFF IIWDWH UVTDRW FFFF RPDQH PUUDRU FFFF IQDWS WIDSI FFFF FABMASTER # ...... IQDTH TRANSGENE # ...... C.A.LOIRE AT...... d JET MULTIMED .... C.A.LOIRE/H...... d THERMOCOMPACd

C C C ± PQTDVH QDIR IQDSH VVDSS PDSI RUDSH QIIDSV FFFF IHTDPH TWTDTQ IDIR SVDUH QVSDHS FFFF IHP TTWDHV IDIT FI SYSTEM #...... QTDIH TR SERVICES...... C.A.MORBIHAN....d LATECOERE # ...... C.A. MIDI CC...... d UNION FIN.FR .....

C C ± ± SIDRW IDPT SDQW QSDQT IDUH URDSH RVVDTW FFFF IHQDSH TUVDWP IDRQ SQDSH QSHDWR FFFF SSDVH QTTDHP IDRS FLOREANE MED... UDVS V CON TELEC...... C.A.DU NORD#..... L.D.C...... C.A. SOMME C ..... VRANKEN MONO.

C QRIDIH FFFF SDPS QRDRR FFFF TR RIWDVI FFFF UDPQ RUDRQ HDPV SR QSRDPP FFFF QQ PITDRU FFFF GENERIX # ...... SP WESTERN TELE .... C.A. OISE CC ...... d LECTRA SYST...... CR.AG.SUD RH.....d VULCANIC # ...... d

C C UUDWQ RDPI VTDUS STWDHR HDPW RU QHVDQH FFFF RRDQQ PWHDUW FFFF GENESYS # ...... IIDVV ...... C.A.PAS DE C...... LEON BRUXELL ....d CIDER SANTE ...... d ......

± QSRDPP FFFF UVDSH SIRDWQ FFFF PHDQH IQQDIT HDUQ VH SPRDUU FFFF GENSET...... SR ...... C.A.TOULOUSE.....d LOUIS DREYFU..... CODETOUR...... d ......

C C IRUDSW FFFF RP PUSDSH FFFF IUDRW IIRDUQ IDQW IHDSH TVDVV QDHR GROUPE D # ...... PPDSH ...... CRCAM CCI NV ....d LVL MEDICAL ...... COFIDUR # ......

´ ´ IIVPDST HWGHT IVHDTP IIVRDUW HWGHT IWIDTH IPSTDVI HWGHT REVENU-VERT ...... IVHDPV ACTILION EQUILIBRE C ...... KALEIS EQUILIBRE D......

´ ´ ´ ´ ´ ´ IPHDIU HVGHT IUUDIS IITPDHQ HWGHT IVHDQI IIVPDUT HWGHT Minitel : SEVEA ...... IVDQP ACTILION EQUILIBRE D...... KALEı¨SSERENITE C......

´ ´ IHVIDUR HWGHT ITRDWI ´ ´ ´ PIHTUDHR HWGHT IUTDVT IITHDIQ HWGHT

SICAV 3616 CDC TRESOR (1,29 F/mn) SYNTHESIS ...... QPIIDTS ACTILION PEA EQUIL...... KALEIS SERENITE D ......

IUHDIS IIITDII HWGHT

QSHDIS HWGHT PQDUU ISSDWP HWGHT

UNIVERS ACTIONS ...... SQDQV ACTILION PRUDENCE C ...... LATITUDE C ......

PHVQTDQR HWGHT

FONSICAV C ...... QIUTDRV

IHWRDHU HWGHT ´ ITTDUW IVQDWH IPHTDQH IHGHT IQSDVS HWGHT

MONE ASSOCIATIONS...... ACTILION PRUDENCE D...... PHDUI

´ ˆ LATITUDE D...... PHTVUDRR HWGHT

MUTUAL. DEPOTS SIC. C ..... QISQDUV WPDRH THTDIH HWGHT IWVDPT IQHHDSH IHGHT TVVDTP HWGHT

FCP UNIVAR C ...... LION ACTION EURO ...... OBLITYS D...... IHRDWV VWDPH SVSDII HWGHT IPIWDPW IHGHT IVSDVV ´ PUPDWR HWGHT Sicav en ligne : UNIVAR D...... LION PEA EURO...... PLENITUDE D PEA ...... RIDTI

RHDSI PTSDUQ HWGHT IRUIIDHV HWGHT 08 36 68 09 00 (2,23 F/mn) UNIVERS-OBLIGATIONS ...... POSTE GESTION D...... PPRPDTW

 le™tionF

ne se ` RPVTWDIS HWGHT

´ POSTE PREMIERE SI...... TSQSDQT RIPDHU HWGHT

ECUR. ACT. FUT.D PEA...... TPDVP Fonds communs de placements

` PSTRHHDHI HWGHT

´ POSTE PREMIERE 1 AN...... QWHVUDWQ RIDTU PUQDQR HWGHT IVTQDWH HQGHT

ECUR. CAPITALISATION C.... INDOCAM VAL. RESTR...... PVRDIS

IQSDSP HWGHT

PHDTT ` SSIVIDWP HWGHT

Cours de cloˆ ture le 9 juin ´ CM EURO PEA...... POSTE PREMIERE 2-3...... VRIPDRQ IQRVIDTT VVRQQDVW HWGHT PUQDHU HUGHT

ECUR. EXPANSION C...... MASTER ACTIONS ...... RIDTQ

QQDHV PITDWW HWGHT

SQHVDPH HWGHT

´ ´ CM FRANCE ACTIONS ...... REVENUS TRIMESTR. D ...... VHWDPQ UHQDQV RTIQDVU HWGHT

IWHDUS HUGHT

ECUR. GEOVALEURS C...... MASTER OBLIGATIONS ...... PWDHV

IUQDVQ HWGHT

PTDSH ´ IIIWDWV HWGHT

´ CM MID. ACT. FRANCE...... THESORA C ...... IUHDUR RWDUT QPTDRH HWGHT

IQHDRU HVGHT

Valeurs unitaires e Date ECUR. INVESTIS. D PEA...... OPTALIS DYNAMIQ. C ...... IWDVW

PIWWDPQ HWGHT QQSDPU ´ WTSDII HWGHT

E´metteurs f ´ ´ CM MONDE ACTIONS...... THESORA D...... IRUDIQ PHVDHQ IQTRDSW HWGHT

IPWDIT HVGHT

¤uros francsee cours EC. MONET.C/10 30/11/98...... OPTALIS DYNAMIQ. D...... IWDTW

TWUDVI HWGHT

IHTDQV ´

PVQSQRDPT HWGHT

´ ´ CM OBLIG. LONG TERME.... TRESORYS C...... RQPPRDSP IPQIDIH HWGHT IVUDTV ´ IPQDSV HVGHT

EC. MONET.D/10 30/11/98...... OPTALIS EQUILIB. C ...... IVDVR

PVDVS IVWDPR HWGHT

PRHTDWH HWGHT

AGIPI ´ ´ CM OPTION DYNAM...... SOLSTICE D...... QTTDWQ QQRDVU HWGHT SIDHS ´ IPHDRQ HVGHT

ECUR. TRESORERIE C...... OPTALIS EQUILIB. D...... IVDQT ´ QPUDUP HWGHT

´ ´ CM OPTION EQUIL...... RWDWT RTDTT QHTDHU HWGHT

IIUDSS HVGHT

ECUR. TRESORERIE D ...... OPTALIS EXPANSION C ...... IUDWP

ITVDPS HWGHT

AGIPI AMBITION (AXA) ...... PSDTS WWTDIR HWGHT

´ CM OBLIG. COURT TERME .. ISIDVT SG ASSET MANAGEMENT PWVDQV IWSUDPR HWGHT

IIUDSS HVGHT

ECUR. TRIMESTRIEL D...... OPTALIS EXPANSION D...... IUDWP

IUPDRS HWGHT

AGIPI ACTIONS (AXA)...... PTDPW PHTWDSR HWGHT

´ CM OBLIG. MOYEN TERME . QISDSH Serveur vocal : IWIDHV HWGHT

PWDIQ ´ ´ ´ IIPDQU HVGHT

EPARCOURT-SICAV D...... OPTALIS SERENITE C...... IUDIQ

IIHSDPP HWGHT

´ CM OBLIG. QUATRE...... ITVDRW 08 36 68 36 62 (2,23 F/mn) IRPVVDQP HWGHT PIUVDPR ´ ´ ´ IHUDQI HVGHT

3615 BNP GEOPTIM C ...... OPTALIS SERENITE D ...... ITDQT

IHUPDPQ HWGHT

´ ITQDRT IPUWIDTP HWGHT

IWSHDHU Fonds communs de placements CADENCE 1 D...... SPRDQU HVGHT

GEOPTIM D...... PACTE SOL. LOGEM...... UWDWR

ITIDVR IHTIDTH HWGHT

QIRUDVU HWGHT

RUWDVW ´ CADENCE 2 D...... IUDVU IIUDPP HWGHT

SQUDUS HVGHT

HORIZON C...... PACTE VERT T. MONDE...... VIDWV CM OPTION MODERATION .

UQPDHS HWGHT

BNP ACTIONS EURO...... IIIDTH

IHTHDTP HWGHT

´ ´ ITIDTW IHPDUW HWGHT

PREVOYANCE ECUR. D...... ISDTU CADENCE 3 D......

WUSDTH HWGHT

BNP ACTIONS FRANCE...... IRVDUQ

QQVDQR HWGHT LCF E. DE ROTHSCHILD BANQUE INTEROBLIG C ...... SIDSV

TTUDVQ HWGHT

BNP ACT. MIDCAP EURO..... IHIDVI CIC BANQUES ´ URDWI RWIDQV HWGHT

SSTDSI HWGHT

ASIE 2000...... VRDVR INTERSELECTION FR. D......

PQHDWT HWGHT

BNP ACT. MIDCAP FR...... QSDPI CRE´DIT AGRICOLE ´ ´

IIWWDHW HWGHT

´ IVPDVH PPIIIDWP HWGHT QQUHDWR SELECT DEFENSIF C...... PIQDHS HWGHT

FRANCIC...... QPDRV SAINT-HONORE CAPITAL ....

IIIQDVI HWGHT

BNP ACTIONS MONDE...... ITWDVH 08 36 68 56 55 (2,23 F/mn) ´

ISISDHT HWGHT

´ ´ PQHDWU RPRDVH HWGHT TRDUT SELECT DYNAMIQUE C ...... IVRDVS HWGHT

FRANCIC PIERRE...... PVDIV ST-HONORE MAR. EMER. ....

IIVHDQW HWGHT

BNP ACTIONS PEA EURO..... IUWDWS ´ ´ IHTSDPU HWGHT

´ ITPDRH PUQDVH HWGHT RIDUR ´ TIWDVI HWGHT ´ WRDRW SELECT EQUILIBRE 2...... PVRDRP HWGHT

´ ATOUT AMERIQUE ...... EUROPE REGIONS...... RQDQT ST-HONORE PACIFIQUE ...... IVPDVP HWGHT

BNP EP. PATRIMOINE...... PUDVU ´ ISSDPV IHIVDSU HWGHT IIPDRQ HWGHT

IUDIR ´ ´ PHUWDVR HWGHT

´ ATOUT ASIE...... ST-HONORE VIE SANTE ...... QIUDHU SELECT PEA 3...... PHUDUR HWGHT

BNP EPARGNE RETRAITE .... QIDTU

RITDQP PUQHDVV HWGHT PHPIDUW HWGHT

´ ATOUT CROISSANCE...... QHVDPP CIC PARIS SG FRANCE OPPORT. C...... ISHIIDRR HWGHT

BNP MONE COURT TERME . PPVVDRV

QWIDQV PSTUDPV HWGHT IWRUDHV HWGHT

PWTDVQ SG FRANCE OPPORT. D ......

´ ATOUT FONCIER...... LEGAL & GENERAL BANK SUHQDSS HWGHT

BNP MONETAIRE C...... VTWDSH

RTUDSU QHTUDHT HWGHT

IPIPDRI HWGHT

ATOUT FRANCE EUROPE ..... IVRDVQ SOGENFRANCE C......

IIHUDWI HWGHT

´ ASSOCIC ...... ITVDWH SPRWDVW HWGHT

BNP MONETAIRE D ...... VHHDQR

RPPDUU PUUQDIW HWGHT

PWSDQV HWGHT

ATOUT FRANCE MONDE...... RSDHQ SOGENFRANCE D......

SVRDTS HWGHT

AURECIC...... VWDIQ ´ IWIUDRQ HWGHT

´ PWPDQI VPVPSDQQ HWGHT

BNP MONE PLACEMENT C.. IPTPTDTR SECURITAUX ......

IVQDSQ IPHQDVV HWGHT

TVWDIS HWGHT

ATOUT FUTUR C ...... SOGEOBLIG C...... IHSDHT

IWUDQI HWGHT

CICAMONDE...... QHDHV ´ IQPRDVR HWGHT

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BNP MONE PLACEMENT D.. IISRIDRT STRATEGIE IND. EUROPE ....

IIITDRR HWGHT

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ATOUT FUTUR D...... SOGEPARGNE D...... RUDHI

RWVDHU HWGHT

CONVERTICIC...... USDWQ ´

PIUWDHP HWGHT

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BNP MONE SECURITE ...... IUUPDPR STRATEGIE RENDEMENT ....

QPSDHQ PIQPDHT HWGHT

ISUHDWS HWGHT

COEXIS ...... SOGEPEA EUROPE...... PQWDRW

PHUUDSS HWGHT

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BNP MONE TRESORIE ...... IRPUSPDUT ` RIWDQS PUSHDUT HWGHT

RHSDVR HWGHT

DIEZE ...... SOGINTER C...... TIDVU

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IIHTDIR HWGHT

BNP OBLIG. CT ...... ITVDTQ Sicav Info Poste :

QSSIDRP HWGHT

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WVHIDWU HWGHT

MENSUELCIC...... IRWRDQH Fonds communs de placements

PQIDIT HWGHT

BNP OBLIG. LT...... QSDPR 08 36 68 50 10 (2,23 F/mn)

UQPDIV HVGHT

INDICIA EUROLAND...... IIIDTP

RRPSDVI HWGHT

TURDUI ´ IHRDVW HVGHT

OBLICIC MONDIAL...... DECLIC ACTIONS EURO...... ISDWW

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IVPDHT ´ IUIDPH HWGHT

BNP OBLIG. MONDE...... PTDIH

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INDICIA FRANCE...... QVVDRI AMPLITUDE AMERIQUE C ...

IPSSDIU HWGHT

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OBLICIC ReGIONS ...... DECLIC ACTIONS FRANC ..... RVDSR

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BNP OBLIG. MT C...... PTDHP

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INDOCAM CONVERT. C...... PRVDVR AMPLITUDE AMERIQUE D...

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RENTACIC...... DECLIC ACTIONS INTER...... QWDHR

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PQIDIT HWGHT

BNP OBLIG. MT D...... QSDPR IRRQDHR HWGHT

INDOCAM CONVERT. D ...... PIWDWW AMPLITUDE EUROPE C......

PQVTDPR HWGHT

QTQDUV ´ QQVDPI HVGHT

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PPTDUH HWGHT

BNP OBLIG. REVENUS ...... QRDST IPQSWDIS HVGHT

INDOCAM EUR. NOUV...... IVVRDIR AMPLITUDE EUROPE D ......

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SECURICIC D ...... DECLIC BOURSE EQUILIBRE ISDVR IUQDHP IIQRDWR HWGHT ISHSDPW HWGHT

BNP OBLIG. SPREADS...... PPWDRV IPUQDQR HWGHT IWRDIP AMPLITUDE MONDE C......

INDOCAM HOR. EUR. C ...... ´ IITDHR HVGHT

´ DECLIC OBLIG. EUROPE...... IUDTW IVSIDPH IPIRQDHV HWGHT PIHDPH IQUVDVP HWGHT

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BNP OBLIG. TRESOR...... INDOCAM HOR. EUR. D...... IVQDIW AMPLITUDE MONDE D ......

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DECLIC PEA EUROPE ...... IWDPH

IQHDVH VSUDWW HWGHT IWDTV IPWDHW HWGHT

IHRRDTV HWGHT

BNP SECT. IMMOBILIER ...... INDOCAM MULTI OBLIG...... ISWDPT AMPLITUDE PACIFIQUE C ...

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DECLIC SOGENFR. TEMPO .. TRDVH

IWDSQ IPVDII HWGHT PQQDVS HWGHT

INDOCAM ORIENT C...... QSDTS AMPLITUDE PACIFIQUE D...

IUWSRDRT HWGHT

www.cdc-assetmanagement.com LION 20000 C ...... PUQUDIR ´ ...... RPDII PUTDPP HWGHT PIHDIH HWGHT

INDOCAM ORIENT D ...... QPDHQ ELANCIEL FRANCE D PEA....

ITQUTDRQ HWGHT

LION 20000 D...... PRWTDSU ´ ...... IHUDRQ UHRDTW HWGHT IHSSDIU HWGHT INDOCAM UNIJAPON...... ITHDVT ELANCIEL EURO D PEA......

IHRPDWU HWGHT

SICAV 5000 ...... ISW ´ ...... QHDQU IWWDPI HWGHT PIPSDSH HWGHT

INDOCAM STR. 5-7 C ...... QPRDHQ EMERGENCE E.POST.D PEA.

IVHQDHQ HWGHT

SLIVAFRANCE ...... PURDVU ......

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IUVDVI ´ IHVDVW UIRDPU HWGHT IRSRDVS HWGHT LIVRET B. INV.D PEA...... INDOCAM STR. 5-7 D...... PPIDUW GEOBILYS C ......

PUPDTP HWGHT

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RQIDSH ´ TTVDRW HWGHT ´ IHIDWI IHPQWDTP HVGHT NORD SUD DEVELOP. C...... MONEDYN ...... ISTIDHP GEOBILYS D......

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IPTDPI HWGHT ´ IWDPR IPSISDQQ IHGHT

NORD SUD DEVELOP. D ...... MONE.J C ...... IWHUDWS INTENSYS C......

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TRILION...... UVUDIP

IIPDST HWGHT ´ IUDIT IISVQDTI IHGHT MONE.J D...... IUTSDWI INTENSYS D......

MULTI-PROMOTEURS CCBP-CDC

PPIDPH IRSHDWV HWGHT TIWDHQ HWGHT OBLIFUTUR C...... WRDQU Fonds communs de placements KALEı¨S DYNAMISME C...... LE´GENDE

SHDIH QPVDTQ HWGHT IWIDQP IPSRDWV HWGHT PIVDIH IRQHDTR HWGHT SSHDSR HWGHT PATRIMOINE RETRAITE C.... OBLIFUTUR D ...... VQDWQ ACTILION DYNAMIQUE C.... KALEIS DYNAMISME D ...... e Hors frais. ee A titre indicatif.

´ QHPDUW HWGHT PHQDHQ IQQIDUW HWGHT IVVDPU IPQRDWU HWGHT IWRDTQ IPUTDTW HWGHT PATRIMOINE RETRAITE D ... RTDIT ORACTION ...... ACTILION DYNAMIQUE D ... KALEı¨SEQUILIBRE C...... LeMonde Job: WMQ1106--0030-0 WAS LMQ1106-30 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 10:46 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 15Fap: 100 No: 0408 Lcp: 700 CMYK

30 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999

SCIENCES Une troisième série cupants de ce site de l’Ardèche dé- b LES EMPREINTES de ses pieds ont b AU COURS DE ces fouilles, une quetins. Au mois d’octobre, la d’études menées dans la grotte couvert en 1994. Michel Garcia, été datées par le chercheur à 25 000 douzaine de nouvelles peintures ru- même équipe doit retourner dans la Chauvet, entre le 3 et le 18 mai, chercheur au CNRS, a ainsi constaté ou 26 000 ans avant notre ère. Ce pestres ont pu aussi être identi- grotte pour poursuivre les investi- vient d’apporter une nouvelle mois- sur une cinquantaine de mètres des qui en ferait les plus anciennes lais- fiées : félins, bisons, mammouths, gations et tenter d’accéder à des son d’informations sur les oc- traces de pas laissées par un enfant. sées par un Homo sapiens sapiens. chevaux, cerfs, rhinocéros et bou- zones inconnues. L’empreinte des pieds d’un enfant découverte dans la grotte Chauvet Une nouvelle campagne de recherche, menée sur le site découvert en 1994 à Vallon-Pont-d’Arc (Ardèche), a permis d’authentifier les traces les plus anciennes laissées par un être humain UN ENFANT agé de 8 à 9 ans a vu juste. Michel Garcia n’a pas pu Une douzaine de nouvelles pein- cheminé au fond de la grotte Chau- étudier la totalité de ce chemine- tures rupestres ont pu être identi- vet, il y a vingt ou trente mille ans. ment qui s’étend sur une cinquan- fiées : félins, bisons, mammouths, Ce sont les plus anciennes traces ja- taine de mètres : les précautions à chevaux, cerfs, rhinocéros et bou- mais laissées par un individu de prendre pour se déplacer dans la quetins. Avec la même proportion notre espèce (Homo sapiens sa- grotte sont infinies en l’absence d’animaux « atypiques » (félins, rhi- piens). L’empreinte de son pied d’un sol artificiel que les chercheurs nocéros, mammouths). Derrière un droit et celle de son pied gauche attendent toujours. pendant rocheux, difficilement ac- sont parfaitement lisibles. Spécia- Mais il sait que l’enfant a marché cessible, un bœuf musqué a été liste des sols, Michel Garcia, cher- sous un plafond bas, le long duquel identifié. « C’est une représentation cheur au CNRS, qui étudie, sous la on a relevé de nombreux mou- très rare », constate Dominique direction de Jean Clottes, la fa- chages de torche. Mouchages desti- Baffier, qui a déniché, dans un di- meuse grotte découverte en dé- nés à raviver la flamme. verticule, trois belles peintures cembre 1994 à Vallon-Pont-d’Arc Celui qui a laissé ses empreintes d’ours, pour lesquelles l’artiste du (Ardèche), est ravi. Il attendait ce et le porteur de la torche étaient-ils paléolithique à utilisé avec succès le moment-là depuis le début de l’ex- une seule et même personne ? Ce relief naturel de la paroi. ploration systématique de la cavité n’est pas impossible, indique Mi- en 1998. chel Garcia. Les traces de charbon QUATORZE ESPÈCES DIFFÉRENTES Jean-Marie Chauvet, l’inventeur de bois ont été analysées : elles Le total des œuvres répertoriées de la grotte, estimait avoir repéré datent de 25 000 à 26 000 ans avant dans la grotte Chauvet se monte des pas humains au milieu de notre ère. Ce qui correspondrait à aujourd’hui à 447 peintures, repré- traces d’ours. Le spéléologue avait l’âge des empreintes. sentant 14 espèces différentes. A titre de comparaison, la grotte de Niaux, dans les Pyrénées arié- Un joyau très convoité découverte, le 18 janvier 1995, le geoises – l’un des « six géants de ministre de la culture Jacques l’art préhistorique », selon l’abbé b Découverte : le 18 décembre 1994, Toubon présente les heureux Breuil –, compte 110 représenta- Jean-Marie Chauvet, Eliette propriétaires des terrains tions relatives à 6 espèces Brunel-Deschamp et Christian Hilaire surplombant la grotte. Mais il distinctes. découvrent, au flanc d’une falaise apparaît rapidement que la cavité De plus, la recension est loin proche de Vallon-Pont-d’Arc s’étend en fait sous d’autres parcelles. d’être terminée car, insiste Domi- (Ardèche), une cavité ornée de plus Un contentieux s’ouvre alors sur la nique Baffier, « il y a des zones aux- PHILIPPE PLAILLY/EURELIOS de 300 peintures rupestres. Une valeur des terrains à exproprier. Le chercheur Michel Garcia reporte sur un plan les traces trouvées dans la grotte Chauvet. quelles personne n’a pu encore accé- semaine plus tard, ils retournent sur b Faux et usages de faux : l’Etat der ». Mais surtout, ajoute un autre les lieux, pour disposer des conteste aux trois découvreurs les On sait également que l’enfant a ne manqueront pas de franchir, in- encore que les rares empreintes hu- membre de l’équipe, Jean-Michel protections sur le sol et prendre droits photographiques qu’ils foulé des traces d’ours, plus an- dique Michel Garcia. Mais cette maines retrouvées au fond des Geneste, « la présence de ces em- photos et images vidéo. perçoivent via l’agence Sygma : ciennes. Ce n’est pas étonnant : image d’Epinal d’un Mowgli préhis- grottes appartiennent souvent à preintes humaines sont l’indice que, Le lendemain, ils préviennent Jean-Marie Chauvet, « agent de l’ours des cavernes et l’homme pré- torique est vraisemblablement des enfants : « Et pas parce que ces dans ce coin reculé et préservé de la les autorités. surveillance titulaire au sein du service historique ont hanté ces lieux à peu fausse. L’homme et l’animal ont dû endroits servaient de lieu d’initiation grotte, on va trouver autre chose. On b Authentification : Jean Clottes, régional d’archéologie (DRAC près en même temps, comme en té- se croiser à un millénaire près. Les pour les adolescents, comme on l’a a déjà des empreintes mais aussi des conservateur général du patrimoine, Rhône-Alpes) » aurait découvert la moignent les griffades sur les murs, traces de loup sont rares au fond des parfois écrit, mais tout simplement outils de silex et des foyers. Il faut visite sur le champ cette « Sixtine de grotte dans l’exercice de ses incisant parfois les peintures ru- cavernes mais elles ne sont pas éton- parce que les enfants circulent, plus mettre ces ensembles en relation Cro-Magnon » et est aussitôt fonctions, prétend le ministère de la pestres, et les nombreux ossements nantes. » que les adultes, hors des sentiers bat- avec les peintures pour les dater et persuadé de l’importance de la culture, qui produit une « autorisation de ces animaux retrouvés dans la tus. Et que sur les chemins trop em- déterminer ainsi les différentes découverte. Les datations au carbone temporaire de prospection » délivrée grotte. En particulier un crâne TRACES DE LOUP pruntés les traces trop nombreuses fi- phases de l’occupation de cette dépasseront ses espérances, révélant au fonctionnaire. Autorisation d’ours soigneusement déposé sur D’ailleurs on a également trouvé, nissent par s’annihiler. » cavité ». que les peintures au charbon de bois antidatée, rétorque l’intéressé, qui un rocher. dans la grotte Chauvet, des sque- Cette troisième quinzaine Pour Jean-Michel Geneste, la ont entre 31 000 et 33 000 ans, finit par déposer une plainte en 1996. Enfin, fait plus curieux, Michel lettes de loups. Mais aussi des em- d’étude de la grotte Chauvet a eu grotte Chauvet est « un puzzle surpassant largement Lascaux Le 10 mai 1999, trois hauts Garcia a relevé, parallèlement aux preintes et des squelettes de bou- lieu entre le 3 et le 18 mai, avec une complexe, dans l’espace et dans le (17 000 ans). En juin 1996, au terme fonctionnaires du ministère de la pas humains, des empreintes lais- quetins. Il est possible qu’une douzaine de personnes, toujours temps. Nous tenons des éléments d’un appel d’offres lancé par la culture, dont Maryvonne de sées par un loup. Sont-elles anté- entrée de la cavité, aujourd’hui oc- sous la direction de Jean Clottes. nouveaux et importants depuis la direction du patrimoine, Jean Clottes Saint-Pulgent, ex-directrice du rieures, postérieures ou contempo- cultée, se soit trouvée à proximité Elle a permis de récolter d’autres dernière campagne ». La prochaine se voit confier l’étude de la grotte, Patrimoine, comparaissent devant le raines à celles de l’enfant ? Il est du circuit emprunté par l’enfant, informations. D’autant que, cette doit s’ouvrir en octobre, avec la dont l’accès est strictement tribunal correctionnel de Lyon, pour trop tôt pour le dire. « De là à affir- qui allait peut-être s’approvision- fois-ci, l’équipe a été renforcée même équipe. réglementé. « faux en écriture publique » et mer que le loup accompagnait l’en- ner à un point d’eau dont on a re- ponctuellement par des géologues, b Cadastre : lors de l’annonce de la « usage de faux ». Jugement le 18 juin. fant, il n’y a qu’un pas que certains péré la trace. Michel Garcia note un ethnologue et un historien d’art. Emmanuel de Roux Nouvelles vérités sur l’homme de Neandertal Les plus anciennes traces de pas ont 3,6 millions d’années MADRID s’agisse d’un pelvis masculin, les scientifiques espagnols L’HOMME MODERNE, que Toirano, en Italie » précise Marie- explique Pascal Picq, paléoan- de notre correspondante déduisent que les femmes de l’époque pré-neanderta- l’on désigne sous le nom d’Homo Antoinette de Lumley, directeur thropologue et maître-assistant Ils l’ont appelé « Elvis », en hommage au King qui lienne accouchaient sans problème d’enfants dont le dé- sapiens sapiens, a laissé de multi- de recherche au laboratoire de au Collège de France. n’avait pas son pareil pour se déhancher sur scène. Mais veloppement était plus avancé qu’à l’époque moderne. ples traces de son existence par préhistoire du Muséum national Situé près du volcan Sadiman, cet « Elvis Presley »-là n’est plus qu’un pelvis humain A en juger par d’autres ossements retrouvés dans le ses restes osseux, ses outils et les d’histoire naturelle. au sud des gorges d’Olduvaï, le vieux de 300 000 ans. Son propriétaire, un individu de même gisement par l’équipe espagnole, le possesseur superbes gravures qui ornent les Mais les empreintes de la grotte site de Laetoli est constitué de sexe masculin, âgé de 35 ans environ, qui mesurait entre d’« Elvis » était de stature normale. Comme ses congé- grottes. Mais les traces de pas hu- Chauvet, actuellement datées couches volcaniques, qui ont 1,77 m et 1,80 m et pesait probablement dans les 100 kg, nères, il aurait pu vivre jusqu’à 50 ans, se déplaçant en mains sont beaucoup plus rares et entre 20 000 et 30 000 ans ne sont conservé fossilisées de nom- a livré quelques secrets aux sept paléontologues espa- groupes d’une quarantaine de personnes et chassant en n’en sont que plus émouvantes. peut-être pas les plus anciennes breuses empreintes de pattes de gnols qui l’ont étudié pendant cinq ans, et ont publié compétition avec les grands carnivores de l’époque. Celles découvertes dans la grotte laissées par Homo sapiens sapiens. mammifères (antilopes, élé- leurs conclusions dans la revue scientifique Nature du L’homme de Neandertal a coexisté environ 10 000 ans Chauvet ne sont pourtant pas En août 1997 un paléoanthropo- phants, hipparions) et la trace du 20 mai. « Elvis » a été mis au jour en 1994, dans la Sima avec Homo sapiens, notre ancêtre, en Europe. Pourquoi uniques. En France, des em- logue travaillant à l’université de passage de trois australopi- de Los Huesos, un des gisements préhistoriques d’Ata- a-t-il disparu, il y a 30 000 ans ? « Avec sa robustesse et ses preintes de pas ont été mises à Witwatersrand, à Johannesbourg thèques. Ces empreintes d’homi- puerca, près de Burgos, qui, avec 2 500 ossements ap- armes de pierre, c’était un concurrent redoutable, ex- jour dans la grotte d’Aldène, à (Afrique du Sud) et un géologue nidés, formant deux lignes paral- partenant à au moins 33 individus de type pré-neander- plique encore Juan Luis Arsuaga, mais le problème, c’est Cesseras (Hérault), de Fontanet, à sud-africain ont annoncé la dé- lèles se suivent sur 25 mètres. tal, est un des plus riches d’Europe. Il constitue qu’il misait tout sur la force physique de l’individu. Nos an- Ornolac-Ussat-les-Bains (Ariège) couverte de trois traces de pas l’exemplaire le plus grand et le plus complet des trois cêtres, plus fragiles, avec un métabolisme plus “écono- et au Tuc d’Audoubert à Montes- vieilles de 117 000 ans appartenant MEILLEURE FAÇON DE MARCHER bassins humains connus de cette époque. mique” aussi, misaient sur la force du groupe réuni, et ils quieu-Avantès (Ariège), où il à un Homo sapiens sapiens sur les « Ces empreintes ont permis de D’après Juan Luis Arsuaga, co-directeur du projet existent encore. L’équilibre s’est maintenu longtemps entre existe même une « salle des ta- rives d’un ancien lagon, au nord bien voir comment les pieds se suc- « Atapuerca », on peut, grâce à « Elvis », rendre justice à les deux, mais l’homme de Neandertal a vraisemblable- lons ». de la ville du Cap. cèdent, et d’apprécier la longueur l’homme de Neandertal, qui a longtemps été considéré ment disparu par faute d’organisation sociale élaborée. » En dehors de l’hexagone, « les Ensuite, au fur et à mesure que de la foulée et la vitesse du dépla- comme une sorte de « voie de garage » de l’évolution. autres traces connues ont été rele- l’on remonte le temps, ces témoi- cement. Chez les hommes, on sait De la largeur exceptionnelle d’« Elvis », et bien qu’il Marie-Claude Decamps vées dans la grotte de la Basura, à gnages se font de plus en plus que les pieds se succèdent très près rares, et ne concernent plus Homo d’une même ligne, alors qu’à Lae- sapiens sapiens, mais son ancêtre toli, on constate que les traces sont plus éloigné, Homo erectus. Ce plus écartées, signes de hanches qui dernier a laissé une empreinte de chaloupent » ajoute Pascal Picq. pied sur le sol d’un ancien habitat Cependant, les interprétations sur en plein air, à Terra Amata, un site ces antiques traces pré-humaines situé près de Nice (Alpes-Mari- ont été très diverses. Ce qui est lo- times), daté de 380 000 ans. Un gique, car « il ne s’agit pas d’un autre autre site de plein air, situé à moulage parfait » ajoute le scien- Vertesszölos, en Hongrie, tifique. Les paléoanthropologues comporte une ou deux traces de américains ont tendance à « hu- pas. Sept autres empreintes de maniser » la marche de ces aus- pied humain, vieilles celles-là de tralophithèques, alors que les 1,5 million d’années, ont été aussi- Français estiment plutôt qu’ils ont découvertes sur la rive nord-est une marche chaloupée. du lac Turcana au Kenya. Pour les chercheurs, il est tou- jours difficile de bâtir des explica- EN TANZANIE tions sur ces lointains et fragiles Ensuite plus rien pendant des témoignages. Ainsi, en ce qui millions d’années. Le genre hu- concerne Homo sapiens sapiens, ils main n’a simplement plus laissé s’interrogent souvent sur le fait de traces de sa marche. Il faut en que les traces de pas découvertes effet remonter à 3,6 millions d’an- sont celles de pieds nus, et appar- nées, au début de la lignée des ho- tiennent fréquemment à des en- minidés, « pour retrouver des fants. traces de pas du peuple australopi- thèque à Laetoli, en Tanzanie », Christiane Galus LeMonde Job: WMQ1106--0031-0 WAS LMQ1106-31 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 11:05 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 15Fap: 100 No: 0409 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI-SPORTS LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 / 31 Un an après le Mondial de football, les Bleus ont perdu la magie La République tchèque est L’équipe de France a sauvé l’essentiel en l’emportant (1-0) de justesse face aux amateurs de la principauté d’Andorre, mais son comportement navrant inquiète. L’état de grâce né de la victoire en Coupe du monde est désormais bien fini le premier pays L’équipe de France de football s’est imposée mé par Frank Lebœuf à la 85e minute a per- (2-3). Les Français, usés mentalement et phy- l’Euro 2000 reste pourtant à la portée de (1-0) sans gloire, mercredi 9 juin à Barcelone, mis aux Bleus d’échapper au ridicule, mais siquement, ont du mal à se remotiver. L’ab- l’équipe de Roger Lemerre après la contre- qualifié face à la modeste sélection d’Andorre, dans l’indigence de leur production confirme la sence de Zinedine Zidane, en convalescence performance de l’Ukraine en Arménie (0-0). un match comptant pour les éliminatoires du baisse de régime d’une équipe battue, same- après une opération au genou, fragilise un Le prochain match face aux Ukrainiens, à Championnat d’Europe. Un penalty transfor- di 5 juin au , par la Russie peu plus la sélection. La qualification pour Kiev, le 4 septembre, pourrait être décisif. pour l’Euro 2000 BARCELONE de deux tiers des buts marqués par GRÂCE à une dernière demi- de notre envoyé spécial la France cette saison. Pendant son heure impressionnante, les A cinq minutes près, le mercredi absence, ni Youri Djorkaeff, ni Vi- Tchèques (groupe 9) ont effacé les 9 juin 1999 aurait été aussi célèbre, kash Dhorasoo, ni même Robert deux buts d’avance de l’Ecosse dans l’histoire du football français, Pires, essayé à ce poste temporai- pour s’imposer finalement (3-2), que le dimanche 12 juillet 1998, rement, n’ont réussi à distribuer le mercredi 9 juin, à Prague. Cette jour qui vit les Bleus conquérir leur jeu avec autant de limpidité. septième victoire pour autant de premier titre mondial. Sans ce pe- Joueur irremplaçable, Zidane est rencontres permet à l’équipe de nalty transformé par Frank Le- l’indispensable rouage d’une Josef Chovanec d’inaugurer la liste bœuf à la 85e minute de jeu, cet équipe de France fondamentale- des qualifiés pour la phase finale Andorre-France, disputé excep- ment construite autour de lui et de l’Euro organisée par la Belgique tionnellement au Stade olympique qui ne peut vivre sans. et les Pays-Bas, tous deux conviés de Barcelone, aurait provoqué une b Des joueurs usés. Faut-il re- d’office. onde de choc sans précédent au procher à Roger Lemerre de ne pas L’Italie (groupe 1) espérait, elle pays des champions du monde. avoir suffisamment renouvelé son aussi, compter parmi les élus dès Victorieuse par le plus étroit des effectif, au vu de la saison infer- mercredi 9 juin mais en concédant scores (1-0), l’équipe de France nale vécue par la plupart des un match nul (0-0) à Lausanne de- s’est malgré tout relancée dans le joueurs de l’équipe de France ? vant la Suisse, il lui faudra at- groupe 4 des éliminatoires du Laurent Blanc aura disputé 51 mat- tendre l’automne pour officialiser Championnat d’Europe des na- ches en dix mois et Lilian Thuram sa qualification. tions, profitant du faux pas de 61. Nombreux ont exprimé leur Dans le groupe 5, l’Angleterre a l’Ukraine en Arménie (0-0). La sai- ras-le-bol, et Emmanuel Petit a déçu une nouvelle fois ses suppor- son est, cette fois, bel et bien ter- même expliqué que l’augmenta- teurs en se contentant d’un score minée pour les Bleus. Un an après tion des cadences contribuait à ou- de parité (1-1) en Bulgarie. Avec le sacre suprême face au Brésil, vrir la porte au dopage. Ce que les respectivement quatre et trois l’équipe désormais entraînée par champions du monde oublient de points de retard sur la Suède et la Roger Lemerre présente un bilan préciser, c’est qu’ils ont dépensé Pologne, les Britanniques sont dé- extrêmement mitigé. une énergie rare à répondre aux sormais bien partis pour assister à b Des résultats décevants. milliers de sollicitations dont ils l’Euro en spectateurs. A noter en-

C’est une tradition : les équipes ERIC CABANIS/AFP furent l’objet. Emissions de télévi- fin, la mauvaise opération de la championnes du monde ont, dans (à gauche) a essayé vainement de tromper la défense d’Andorre sion, défilés de mode, films publi- Grèce (groupe 2) qui s’est inclinée les mois qui suivent leur titre, des citaires, inaugurations en tout à domicile devant la Lettonie (1-2). difficultés à confirmer leur statut. seule, puisque les champions du dane a réalisé une saison en demi- de Roger Lemerre fut de trouver genre. Les Bleus ont fait fructifier Après sa victoire au Mundial de monde ont péniblement arraché teinte à la Juventus Turin, cepen- de nouveaux attaquants à l’équipe leurs affaires et ont façonné leur LES RÉSULTATS 1982, en Espagne, l’Italie n’était un nul en Islande (1-1) et ne sont dant que son coéquipier Didier de France. Pendant le Mondial, statut de star, ce qui eut sans doute b Groupe 1 ainsi pas parvenue à se qualifier pas parvenus à se défaire de Deschamps a appris à découvrir le trop peu de buts avaient été mar- pour effet de les rendre un peu Suisse-Italie 0-0 Galles-Danemark 0-2 pour le Championnat d’Europe l’Ukraine (0-0) à Saint-Denis. Les banc de touche. Youri Djorkaeff a qués par les joueurs de pointe. Un plus intouchables aux yeux de Ro- Classement : 1. Italie, 14 points (11-2) ; 2. Dane- deux ans plus tard. L’équipe de Bleus, en fait, n’ont réussi qu’un accompagné le fiasco sportif de nouveau casting offensif s’impo- ger Lemerre. mark, 8 pts (6-5) ; 3. Suisse, 8 pts (4-3) ; 4. Pays France est-elle à l’abri d’un tel scé- seul vrai beau match, cette saison, l’Inter Milan. Seuls les deux sait. Le sélectionneur s’y employa. Epuisés physiquement, comme de Galles, 6 pts (5-13) ; 5. Biélorussie, 2 pts (3-6). b Groupe 2 nario ? Après sept matches, les le 10 février à Wembley, où ils infli- joueurs de Parme, Lilian Thuram et Il appela le Lensois Tony Vairelles, on put le voir lors du récent Grèce-Lettonie 1-2 Bleus enregistrent quatre victoires, gèrent une sévère leçon à l’Angle- Alain Boghossian, ont continué à le Marseillais , les France-Russie, les nouveaux héros Albanie-Slovénie 0-1 ce qui est largement insuffisant vu terre, mère-patrie du football goûter au succès grâce à leurs vic- Bordelais Lilian Laslandes et Syl- ont fini la saison dans un état de Classement : 1. Norvège, 16 pts (14-8) ; 2. Slové- nie, 11pts (8-6) ; 3. Lettonie, 11pts (7-5) ; 4. Grèce, que trois de ces victoires ont été (2-0). Seul problème, il s’agissait toires en Coupe de l’UEFA et en vain Wiltord, ainsi que l’avant- fatigue psychique avancé. Plu- 9 pts (8-7) ; 5. Géorgie, 4 pts (4-12) ; 6. Albanie, acquises contre les deux équipes d’un match amical. Coupe d’Italie. centre d’Arsenal, Nicolas Anelka. sieurs altercations orales entre 3 pts (3-6). les plus faibles du groupe 4 (l’Ar- Preuve que les années post- b Jouer sans Zidane. En succé- joueurs ont eu lieu lors d’Andorre- b Groupe 3 ménie battue 2-0 ; Andorre battu Coupe du monde sont difficiles à dant à Aimé Jacquet à la tête de France. A cause d’un geste de ner- Moldavie-Finlande 0-0 JOUEUR IRREMPLAÇABLE Classement : 1. Allemagne, 12 pts (14-3) ; 2. Tur- 2-0 puis 1-0). mener : rares sont les internatio- l’équipe de France au lendemain Si les deux derniers ont finale- vosité, Christophe Dugarry est quie, 12 pts (11-5) ; 3. Finlande, 7 pts (8-10) ; 4. Ir- naux à avoir brillé dans leurs clubs de sa victoire en Coupe du monde, ment acquis le statut de titulaires, rentré aux vestiaires, tandis que lande du Nord, 5 pts (3-8) ; 5. Moldavie, 3 pts (6- respectifs. Les Marseillais (Laurent Roger Lemerre s’est vu offrir le le problème de l’efficacité n’a pas Frank Lebœuf, après le match, a 16). UN SEUL MATCH RÉUSSI b Groupe 5 Quant au succès obtenu en Rus- Blanc, Christophe Dugarry, Robert plus beau et le plus dangereux des été réglé pour autant. La raison en proféré des mots d’une rare vio- Bulgarie-Angleterre 1-1 sie (3-2) au mois d’octobre 1998, il Pires) ont échoué au port, en cadeaux. Quelle marge de ma- est fort simple, et les quatre der- lence à l’encontre de la presse spé- Luxembourg-Pologne 2-3 n’a pu être confirmé au match re- Coupe d’Europe comme en cham- nœuvre le technicien allait-il niers matches l’ont démontré : pri- cialisée. Il était temps que le rideau Classement : 1. Suède, 13 pts (6-1) ; 2. Pologne, 12 pts (12-6) ; 3. Angleterre, 9 pts (8-4) ; 4. Bulga- tour, les Russes s’imposant sur le pionnat national. Les Français avoir ? Quelle plus-value allait-il vés de leur meneur de jeu Zinedine tombe sur cette année pas comme rie, 5 pts (3-7) ; 5. Luxembourg, 0 pt (2-13). même score (3-2) au Stade de d’Arsenal (Emmanuel Petit, Nico- pouvoir apporter à cette formation Zidane (blessé au genou puis opé- les autres. b Groupe 6 France, samedi 5 juin. Cette las Anelka, ) n’ont si parfaitement « pensée » par son ré), les Bleus ne sont plus les Bleus. Pas de match au programme Classement : 1. Espagne, 12 pts (28-4) ; 2. Israël, contre-performance n’est pas la rien gagné non plus. Zinedine Zi- prédécesseur ? La première tâche Le Ballon d’or 1999 est à l’origine Frédéric Potet 10 pts (15-3) ; 3. Autriche, 10 pts (15-16) ; 4. Chypre, 9 pts (8-8) ; 5. Saint-Marin, 0 pt (1-36). b Groupe 7 GROUPE 4 Portugal-Liechtenstein 8-0 09/06 Andorre-France 0-1 Roumanie-Azerbaïdjan 4-0 Hongrie-Slovaquie 0-1 Andorre est passé à cinq minutes de l’exploit 09/06 Arménie-Ukraine 0-0 Classement : 1. Portugal, 18 pts (27-2) ; 2. Rou- 09/06 Russie-Islande 1-0 manie, 17 pts (16-1) ; 3. Slovaquie, 11pts (8-4) ; BARCELONE Andorre-France difficilement supportable pour de fin de saison. « Franchement, je ne vois pas ce 4. Hongrie, 8 pts (11-7) ; 5. Azerbaïdjan, 3 pts (5- de notre envoyé spécial les nerfs ? Au coup de sifflet final, l’ancien entraî- que nous aurions pu faire de plus, indique Franck 21) ; 6. Liechtenstein, 3 pts (2-34). CLASSEMENT b Groupe 8 Pour sa première sélection en équipe de France, neur jovial de l’équipe de France militaire, l’ama- Lebœuf. Face à une équipe qui s’obstine à refuser Pts J G N P Bp Bc Yougoslavie-Malte 4-1 Ulrich Ramé n’oubliera sans doute jamais ce mo- teur de blagues grivoises, l’homme à l’humeur le jeu, il est impossible de jouer. » Acculés dans 1 Ukraine 157430123 Irlande-Macédoine 1-0 ment si particulier, pour ne pas dire insolite dans toujours égale, est méconnaissable. « C’est un leurs 30 mètres, constitués sur le mode de la tor- France Classement : 1. Yougoslavie, 9 pts (8-1), et Ir- 2 14742111 6 lande, 9 pts (8-1) ; 3. Macédoine, 7 pts (9-6) ; la vie d’un gardien de but professionnel. La scène soulagement », lâche-t-il, mâchoires serrées et vi- tue romaine, agressifs au point d’en devenir dan- 3 Russie 1274031710 4. Croatie, 7 pts (8-6) ; 5. Malte, 0 pt (3-22). se déroule à la 36e minute du match contre An- sage figé. Le coup est passé très près. Sans ce but gereux, les amateurs andorrans sont passés à 4 Islande 127331 7 3 b Groupe 9 dorre, le moment choisi par Oscar Sonejee, milieu de Frank Lebœuf sur penalty à la 85e minute, sy- deux doigts de l’exploit sportif le plus tonitruant République tchèque-Ecosse 3-2 5 Arménie 57124 310 Estonie-Lituanie 1-2 de terrain de l’équipe de la Principauté, pour tirer nonyme de victoire par 1 but à 0, Roger Lemerre de l’année. 6 Andorre 07007 220 I. Féroé-Bosnie-H. 2-2 au but. Il s’agit de la première action des Andor- serait probablement aujourd’hui en train de fice- Sans doute que l’affaire aurait été bouclée plus Classement : 1. République tchèque, 21 pts rans. Il s’agit aussi de leur dernière. Mais le sau- ler ses valises. rapidement pour les Français si, à la 25e minute, PROCHAINS MATCHS (17-5) ; 2. Ecosse, 8 pts (9-9) ; 3. Bosnie-Herzégo- vine, 8 pts (9-10) ; 4. Lituanie, 8 pts (7-9) ; 5. Esto- grenu n’est pas là. Un deuxième ballon traîne né- l’arbitre nord-irlandais de la rencontre avait sifflé 04/09 Ukraine-France nie, 7 pts (12-13) ; 6. Iles Féroé, 3 pts (4-12). gligemment sur la pelouse du Stade olympique de un penalty, pourtant évident, en faveur de Chris- 04/09 Russie-Arménie Barcelone, juste sous les yeux d’Ulrich Ramé. « Face à une équipe tophe Dugarry. Au lieu de cela, M. Ross expulsait 04/09 Islande-Andorre LE RÈGLEMENT Derrière le but, des petits ramasseurs de balle se l’attaquant marseillais, coupable d’avoir bousculé Le premier de chacun des neuf groupes, le meilleur MATCHS DÉJÀ JOUÉS des neuf deuxièmes et les quatre vainqueurs des tiennent la tête à deux mains, conscients d’avoir qui s’obstine son vis-à-vis dans un geste d’énervement. Déjà barrages entre les huit deuxièmes restants parti- commis une bourde énorme en laissant échapper suspendu pour les quatre prochaines rencontres Islande-France 1-1, Ukraine-Russie ciperont à la phase finale organisée du 10 juin au ce ballon sur le terrain. Et si Ulrich Ramé, dé- à refuser le jeu, de la Ligue des champions en raison de sa partici- 3-2, Arménie-Andorre 3-1, Russie- 2 juillet 2000 conjointement par la Belgique et les France 2-3, Andorre-Ukraine 0-2, Pays-Bas, qui sont tous deux qualifiés d’office. concentré par cet incident, n’avait pas capté le tir pation aux bagarres du match de Coupe d’Europe Plusieurs critères permettent le départage en cas pourtant mollasson d’Oscar Sonejee ? Et si An- il est impossible de jouer » entre Bologne et l’OM, Christophe Dugarry sera Arménie-Islande 0-0, France-Andorre d’égalité. Ce sont, par ordre d’importance : le plus dorre, ses 11 clubs, ses 1 713 licenciés, avait ouvert privé du déplacement à Kiev, le 4 septembre. 2-0, Ukraine-Arménie 2-0, Islande- grand nombre de points marqués dans les confron- Russie 1-0, France-Ukraine 0-0, tations directes, la meilleure différence de buts le score face aux champions du monde ? Le coup atteint, par ricochet, Roger Lemerre, dans les rencontres directes, les buts marqués à Voilà onze ans, l’équipe de France de football a raison. « Ce match ne fut pas un lequel avait mis au repos la plupart des interna- Arménie-Russie 0-3, Andorre-Islande l’extérieur obtenus lors des rencontres directes, le était revenue d’un déplacement à Chypre avec un match de football. Mais il fallait le jouer. Et on tionaux ayant déjà reçu un carton jaune, afin jus- 0-2, France-Arménie 2-0, Ukraine- plus grand nombre de buts inscrits à l’extérieur Islande 1-1, Russie-Andorre 6-1, dans les rencontres directes, la meilleure différence match nul, 1-1. Ce résultat peu glorieux avait alors n’avait pas le droit de perdre ni de faire match tement de pouvoir compter sur un effectif au de buts au classement final, le plus grand nombre coûté sa place au sélectionneur national, Henri nul. » Dans les sous-sols du Stade olympique, les complet pour le match décisif en Ukraine. France-Russie 2-3, Islande-Arménie de buts marqués lors de toutes les rencontres du Michel. Le souvenir hante-t-il Roger Lemerre, joueurs de l’équipe de France expriment eux aussi 2-0, Ukraine-Andorre 4-0. groupe, le plus grand nombre de buts marqués à l’extérieur lors de toutes les rencontres du groupe, mercredi 9 juin, dans les dernières minutes de cet leur satisfaction de s’être tirés de ce traquenard F. P. le fair-play et enfin le tirage au sort.

L’Ukraine perd deux points en Arménie, la Russie poursuit sa remontée

Décidément, l’Ukraine a le chic pour mettre en danger sa pre- mière place en cédant des points face aux sélections de second plan. Après avoir concédé un résultat nul (1-1) à domicile face à l’Islande, le 31 mars, les joueurs de Josef Szabo ont récidivé à Ere- van devant la très modeste équipe d’Arménie (0-0), mercredi 9 juin. Les Ukrainiens alignaient pourtant leur meilleure équipe avec une grosse majorité d’éléments du Dynamo Kiev, demi-fina- liste de la Ligue des champions. Mais ni Andreï Chevtchenko ni Sergueï Rebrov, l’un des duos d’attaquants les plus redoutés au monde, ne sont parvenus à désarticuler la défense adverse. Seule une frappe du premier, renvoyé par le poteau, a inquiété l’ex- cellent gardien de but arménien, Richard Berezovski. L’Ukraine reste en tête du groupe 4 mais son calendrier (récep- tion de la France, déplacements en Islande et en Russie) s’an- nonce délicat. La troisième rencontre de la poule a permis aux Russes de confirmer leur renouveau avec une quatrième victoire d’affilée. L’équipe d’Oleg Romantsev a battu à Moscou l’Islande (1-0) grâce à un but de la tête de Valery Karpine juste avant la mi- temps. « En une semaine, nous avons dominé la France à Paris et maintenant les Islandais, ce qui m’incite à l’optimisme », a déclaré Oleg Romantsev. LeMonde Job: WMQ1106--0032-0 WAS LMQ1106-32 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 10:39 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 15Fap: 100 No: 0410 Lcp: 700 CMYK

32 / LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 AUJOURD’HUI-SPORTS L’équipe cycliste Cofidis tente de se remotiver Handball : la France en quarts de finale UN BUT STUPÉFIANT D’ANDREJ GOLIC a permis à l’équipe de autour de Bobby Julich et de Christophe Rinero France de battre à 4 secondes de la fin la Hongrie (24-23) et de se qua- lifier pour les quarts de finale du championnat du monde, mercredi 9 juin à Port-Saïd (Egypte). Alors que les Hongrois venaient d’égaliser Sur les routes du Dauphiné libéré les coureurs tentent d’oublier l’absence de Frank Vandenbroucke (23-23) et que les arbitres s’apprêtaient à siffler la fin du temps régle- mentaire, l’ailier de la sélection française a immédiatement réengager Quelques semaines après avoir appris que l’un ciaire dans une affaire de trafic de produits illi- béré ils pensent au et se pré- et marqué de la ligne médiane dans le but déserté par Laszlo Nagy, le de leurs coéquipiers, le Belge Frank Vanden- cites, les coureurs de l’équipe Cofidis sont parent à remplacer un leader qui a brillé dans les gardien de (mauvaise) fortune. « J’ai profité d’une hésitation de Nagy broucke, a été mis en cause par la police judi- encore troublés. Sur le parcours du Dauphiné li- premières courses de l’année. qui ne savait plus s’il devait continuer à faire office de gardien pour les ultimes secondes ou laisser sa place au vrai gardien, Janos Szathmari », LE MONT VENTOUX Gaumont, mis en examen dans le reste. « J’espère assumer », basque. Le Dauphiné c’est vrai- a rigolé Andrej Golic. Avant cet épilogue miraculeux, les Français de notre envoyé spécial cette même affaire, Frank Van- avance Christophe Rinero, qui, ré- ment ma rentrée. Je suis encore avaient compté jusqu’à cinq buts d’avance avant de céder du terrain « On a goûté au champagne. Et denbroucke n’a été entendu que puté pour ses talents de grimpeur, juste. Il me faut trouver la forme. lors de la deuxième partie de la seconde mi-temps. « C’est une vieille on a goûté à la m... » Le raccourci comme client de Bernard Sainz. assure qu’il ne visera « pas parti- Mais je ne me fais pas trop de sou- habitude, on a le match en main avant et puis on remet nous-mêmes est sans doute brutal. Formulé par Mais, entre lui et la direction de culièrement un nouveau maillot à cis », plaide Christophe Rinero. A l’adversaire en selle », a pesté le sélectionneur Daniel Costantini. Bobby Julich, le coureur cycliste l’équipe le ressort est manifeste- pois » et qu’il ne s’est pas fixé sa blessure, Bobby Julich a vu L’équipe de France affronte, vendredi 11 juin, l’Espagne en quarts de américain de l’équipe Cofidis, il ment cassé. C’est ce que laissaient d’« objectifs précis » sur le Tour de s’ajouter des problèmes respira- finale avec une double motivation car un succès lui assurerait une résume néanmoins la situation entendre Bernard Quilfen, le di- France. « Je vais essayer de faire du toires : « Une allergie au pollen qualification directe pour les JO de l’an 2000 à Sydney. En cas de dé- qui est celle de la formation nor- recteur sportif, et Alain Delœuil, mieux possible. Si je fais dans les comme l’an dernier », explique-t- faite, les Français seraient obligés de passer par un tour de préclasse- diste, mise à mal par l’« affaire son adjoint, lundi 7 juin, au dix premiers, ce sera bien », il, qui l’a conduit à abandonner à ment face au perdant d’Egypte-Russie avant de rencontrer un ad- Frank Vandenbroucke ». Après deuxième jour d’un Critérium du concède tout juste ce natif du la Bicyclette basque et à revoir à versaire figurant dans le bas du tableau de ces championnats du avoir vu le jeune coureur belge, Dauphiné libéré où se sont dépla- Sud-Ouest, qui l’an dernier a éga- la baisse ses ambitions sur le Dau- monde. qu’elle a recruté fin 1998, porter cés, jusqu’à dimanche 13 juin, une lement remporté le Tour de l’Ave- phiné libéré. « Il y a trois semaines, haut ses couleurs durant le début bonne partie des coureurs de nir. je pensais encore à la gagne pour DÉPÊCHES de la saison, en s’arrogeant no- l’équipe Cofidis qui devraient être Bobby Julich, lui, affiche plus cette épreuve. » a ATHLÉTISME : les équipes de France masculine et féminine se- tamment la doyenne des clas- mobilisés sur le Tour de France. clairement la couleur. Le Tour, ront rassemblées au début du mois d’août en Midi-Pyrénées pour siques, Liège-Bastogne-Liège, Co- c’est son objectif. « Je suis un cou- « JE VISE LA GAGNE » préparer les championnats du monde d’athlétisme, qui auront lieu du fidis a pris de plein fouet la mise « J’ESPÈRE ASSUMER » reur pour le Tour », assure ce Mercredi 9 juin, au soir du 20 au 29 août à Séville. Ils participeront à deux meetings programmés en cause de « VDB », comme on « L’affaire nous a fait douter un Texan, qui avait bien failli aban- contre-la-montre individuel sur les 7 et 8 août à Montauban (Tarn-et-Garonne) et Castres (Tarn), ce appelle le coureur, dans l’enquête peu quelques jours. Mais on pense donner le cyclisme en 1993, quand les pentes du mont Ventoux, Bob- qui permettra au sélectionneur national de choisir les meilleurs pour des policiers parisiens de la bri- au Tour maintenant », faisait mal- il avait vu s’effondrer, sans même by Julich pointait à la 43e place du le voyage en Espagne. gade des stupéfiants sur le faux gré tout valoir le Français Chris- démarrer, le projet d’équipe des classement général, à 11 min 20 s a AUTOMOBILISME : le pilote Britannique Richard Burns (Suba- médecin Bernard Sainz et l’avocat tophe Rinero, qui, au même titre Américains de Rossin, pour les- du leader, l’inconnu américain Jo- ru) a remporté mercredi 9 juin le 46e Rallye automobile de l’Acropole Bertrand Lavelot, soupçonnés de que Bobby Julich, va devoir assu- quels il avait opté aux dépens de nathan Vaughters (US Postal), (Grèce), huitième épreuve du championnat du monde de la spécialité trafic de produits illicites. mer une forte pression. Car Cofi- la formation italienne Gatorade. Christophe Rinero se situant au et considérée comme la plus dure de la saison. Au classement général Certes, à la différence de son dis attendait déjà de ces deux Reste que depuis le début de la 62e rang, à 13 min 35 s. « J’espère des pilotes, le Finlandais Tommi Makinen (Mitsubishi), champion du coéquipier, le Français Philippe coureurs, avant l’« affaire », qu’ils saison, on a peu vu Bobby Julich que mon problème d’allergie va monde en titre, se détache légèrement avec 36 points devant le Fran- brillent sur la Grande Boucle au- et Christophe Rinero aux avant- s’arranger, comme cela s’était pas- çais Didier Auriol (Toyota), 32 pts, et l’Espagnol Carlos Sainz (Toyo- tant, sinon plus, que l’an passé. postes. Non qu’ils aient boudé les sé l’an dernier », indique l’Améri- ta), 29 pts. Un Américain Désormais, l’attente risque d’être compétitions, comme a pu le faire cain, qui, estimant que « pour le a FOOTBALL : Olivier Rouyer a été limogé, mardi 8 juin, de ses plus grande encore pour un Bob- l’Allemand Jan Ullrich, qui aura lui Tour il ne faut pas avoir la forme fonctions d’entraîneur du FC Sion au surlendemain de la relégation aux commandes by Julich (27 ans) qui a fini troi- aussi des prétentions sur le pro- trop tôt », déclare « espérer goûter du club suisse en deuxième division. Le technicien français avait pris sième du Tour 1998 et pour un chain Tour de France. Mais des au champagne » fin juillet à Paris. l’équipe en main au début de l’année sans parvenir à enrayer la spi- « On va forcément comparer les Christophe Rinero (25 ans) qui s’y problèmes physiques ont retardé Christophe Rinero, lui, aimerait rale des mauvais résultats. temps aujourd’hui avec celui de était adjugé la quatrième place et leur progression : l’Américain bien y goûter plus tôt : dès le L’AS Saint-Etienne a renforcé son milieu de terrain en obtenant la Charly Gaul en 1958 sur le même le maillot à pois du meilleur grim- s’est blessé en février et le Fran- 27 juin, lors du championnat de signature pour quatre ans de l’ancien meneur de jeu du FC Lorient, parcours. » Mercredi 9 juin, au peur. Bernard Quilfen ne parle-t-il çais en avril, ce dernier restant France sur route, à Charade. «Je Stéphane Pédron, pour une indemnité de transfert d’environ 12 mil- départ de la troisième étape du pas d’eux comme « les nouvelles quinze jours sans rouler et six se- vise la gagne », prévient-il. lions de francs. Dauphiné libéré, un contre-la- cartes maîtresses » de l’équipe ? maines sans compétition. a TENNIS : Cédric Piolione s’est qualifié pour le troisième tour du montre (21,6 km) sur les pentes Celles qui feront peut-être oublier « J’ai repris fin mai à la Bicyclette Philippe Le Cœur Queen’s en battant, mercredi 9 juin, l’Australien Mark Woodforde en du Mont Ventoux, c’est la seule deux sets (6-4, 7-5). Le Français devait rencontrer, jeudi 10 juin, réponse que s’était contenté de l’Américain Todd Martin. La surprise de ce deuxième tour est venu de donner Charly Mottet, l’ancien l’élimination de l’Ukrainien Evgueni Kafelnikov face à l’Arménien coureur et directeur adjoint de Marco Pantani se proclame innocent Sargis Sargsian (3-6, 6-3, 6-3). l’épreuve, alors que l’on quêtait a VOILE : Bruno Peyron, qui est parti dimanche 6 juin du Phare son analyse sur la remise en d’Ambrose, dans la baie de New York, à bord de son catamaran Explo- cause de l’outil de lutte contre Le coureur exclu du Giro se déclare « propre » rer pour s’attaquer au record de la traversée de l’Atlantique nord en le dopage, le suivi médical lon- équipage, était en retard, mercredi 9, sur le temps établi en 1990 par gitunal, par certains coureurs MARCO PANTANI n’a rien fait conscience tranquille », dit-il et, sait plus qu’une chose : sa totale Serge Madec à la barre de Jet-Services. Une forte tempête a obligé le (pour une bonne part ceux de de répréhensible. Bien sûr il n’a pour preuve irréfutable, l’homme innocence. Pour le reste, la suite navigateur à réduire sa voilure. l’équipe Casino). Pour se borner jamais consommé le moindre de Cesenatico avance cette re- de sa carrière, sa participation au à la réponse de Charly Mottet, produit dopant. D’ailleurs il le marque : « Je suis un des rares prochain Tour de France, il veut Charly Gaul, grimpeur réputé, clame haut et fort : « Je n’ai rien à coureurs au monde à ne pas avoir encore réfléchir. Même si pour LOTO qui avait bouclé cette montée faire avec le dopage et pour de soigneur personnel. » l’heure il est « détruit morale- a Résultats des tirages no 46 effectués mercredi 9 juin. du Ventoux en 1 h 2 min 9 sec, vaincre je n’ai pas besoin de do- Voilà en substance ce que le ment », cette attitude dénote un Premier tirage : 3, 5, 17, 22, 35, 41, numéro complémentaire : 48. Rap- aurait concédé mercredi plus de pants mais de côte. » « Il Pirata », champion avait à faire savoir léger progrès. ports pour 6 numéros : 1 056 085F, 160 999 ¤ ; 5 numéros et le complé- 5 minutes au vainqueur, l’Amé- auquel l’Italie tout entière, des mercredi 9 juin, cinq jours après Samedi 5 juin, quelques heures mentaire : 22 005F, 3 354 ¤ ; 5 numéros : 3 905F, 595,31 ¤ ; 4 numéros ricain Jonathan Vaughters (US chaleureux tifosis à Romano Pro- qu’un inspecteur de l’Union cy- après l’annonce de son exclusion et le complémentaire : 232 F, 35,36 ¤ ; 4 numéros : 116 F, 17,68 ¤ ; 3 nu- Postal). Nouveau leader du di le président de la Commission cliste internationale (l’UCI) eut du Giro, il n’exprimait que son méros et le complémentaire : 28 F, 4,26 ¤ ; 3 numéros : 14 F, 2,13 ¤. Dauphiné, ce dernier, surtout européenne, en passant par le l’indélicatesse de prélever quel- dépit et sa volonté d’en finir. De Second tirage : 9, 11, 12, 14, 18, 49, numéro complémentaire : 30. Rap- réputé pour ses qualités de rou- président du conseil Massimo ques gouttes de sang dans ses tout arrêter. De ne plus remonter ports pour 6 numéros : 3 387 695 F, 516 450 ¤ ; 5 numéros et le leur, gagne là, à 26 ans, son pre- D’Alema, ne cesse de prodiguer veines et d’y constater un taux sur un vélo. Cinq jours ont passé complémentaire : 32 880 F, 5 012 ¤ ; 5 numéros : 3 550 F, 541,19 ¤ ; mier bouquet sur une course de encouragements et réconforts, d’hématocrite supérieur au seuil et le « héros » sportif de la pénin- 4 numéros et le complémentaire : 166 F, 25,30 ¤ ; 4 numéros : 83 F, premier plan. est « un coureur propre ». « J’ai la toléré par les autorités médicales sule est devenu moins catégo- 12,65 ¤ ; 3 numéros et le complémentaire : 20 F, 3,04 ¤ ; 3 numéros : (Le Monde du 8 juin). « Evidem- rique. Plus raisonnable. « Je n’en 10 F, 1,52 ¤. ment quelque chose d’étrange s’est sais rien », préfère-t-il répondre. produit avec les tests », concède « Je veux me donner un moment de celui auquel un vilain coup du réflexion. Je n’ai pas encore sort a volé une deuxième victoire compris ce qui s’est réellement consécutive dans le Giro, di- passé », s’excuse-t-il. manche 6 juin, à Milan ; mais cela La réflexion doit en effet aider n’est sûrement pas en cherchant Marco Pantani à dire la vérité. Il de l’EPO qu’on lèvera le mystère. est temps qu’il comprenne que le sport cycliste risque de mourir de « DÉTRUIT MORALEMENT » tant d’hypocrisie, qu’il ne résiste- Marco Pantani l’a suggéré sans ra plus longtemps à tant de per- rire devant les journalistes réunis version. Marco Pantani est pour- sous les voûtes d’un monastère à tant un vrai champion, mais la Dozza Imolese, siège de sa for- supercherie n’a que trop duré. mation Mercatone Uno, il pour- Samedi 5 juin dans la matinée, les rait s’agir d’un complot ourdi à instance médicales de l’UCI l’ont ses dépens. C’est bien ce que déclaré inapte à la pratique spor- Gaetano Insolera, son avocat, en- tive pour deux semaines. Cette tend éclaircir en sollicitant « l’au- inaptitude n’est pas une puni- torité judiciaire de Trente pour sa- tion. voir si le sang examiné appartient Elle sanctionne un métabo- bien à Marco ». En effet l’entou- lisme anormal que la science ex- rage du coureur a des doutes : plique par des prises exogènes de 0123 l’éprouvette qui a révélé un taux produits illicites au vue de la ré- Au sommaire d’hématocrite de 52 %, source de glementation sportive et dange- du numéro tant de soucis, contenait-elle reux pour la santé de ceux qui en DOSSIERS & DOCUMENTS bien l’échantillon sanguin de ce usent et abusent à des fins non de juin Marco Pantani-là ? Ce coureur thérapeutiques. C’est bien ce adulé, vainqueur du Tour de qu’attestent les bilans de santé France 1998 dont il disait, dix inquiétants dressés par les méde- jours avant son triomphe sur les cins chargés de suivre les cou- Champs-Elysées, qu’il serait de reurs. toute manière celui du dopage. Même si un taux d’hématocrite La population mondiale en mutation Désormais, Marco Pantani ne anormalement élevé ne permet pas d’afficher clairement une Les risques d’une explosion démographique tant redoutée s’éloignent. prise d’EPO, personne n’est dupe. D’un continent à l’autre, les situations contradictoires diversifient à l’ex- Dans un cas aussi précis que celui trême le paysage démographique mondial. de Marco Pantani dans ce 82e Gi- Après le « baby-boom », l’Europe devra-t-elle affronter le « papy- ro, il n’y a que le médecin de boom » ? l’équipe Mercatone Uno pour L’Asie, continent le plus peuplé, a su relever le défi de la surpopulation. croire que l’effort répété en alti- En Afrique, la poussée démographique s’accompagne d’une urbani- tude pourrait éventuellement sation accélérée malgré les pathologies qui accompagnent le déve- présider à une telle ascension. Et si Marco Pantani n’est pas loppement des mégapoles. dopé, son métabolisme signale un grave dysfonctionnement jus- Chez votre tifiant à lui seul qu’« Il pirata » marchand s’impose quelque repos et une Plus : LES CLÉS DE L’INFO de journaux importante remise en question. 12 F - 1,83 ¤ 4 pages pour décoder l’actualité Yves Bordenave LeMonde Job: WMQ1106--0033-0 WAS LMQ1106-33 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 10:22 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 15Fap: 100 No: 0411 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 / 33 ------Toujours frais au Nord 11 JUIN 1999 Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé VENDREDI, le vaste anticyclone Comté. Cette journée ne réservera vers 12h00 DU VOYAGEUR reste installé sur l’océan Atlan- pas trop de surprises côté ciel. Le tique, il protège l’ouest de l’Europe temps reste calme et partagé entre Peu de toute offensive nuageuse orga- nuages et soleil. Les températures Belfast nuageux a HONGKONG. La compagnie Ca- nisée. Néanmoins, la masse d’air ne bougent pas beaucoup, elles at- Liverpool thay Pacific précise que, malgré un Dublin restera un peu fraîche et relative- teindront au mieux 19 à 23 degrés. Varsovie Kiev mouvement social chez les pilotes, ment humide au nord de la France. 80 % de ses vols sont opérationnels, Poitou-Charentes, Aquitaine, Amsterdam Berlin Brèves Le Midi retrouve des conditions es- Midi-Pyrénées.– Ce sera une jour- éclaircies 9 autres compagnies assurant des vols tivales après un intermède orageux née calme et bien ensoleillée. Quel- Londres complémentaires. Quant à la liaison 50 o Bruxelles jeudi matin près de la Méditerra- ques nuages apparaîtront en cours Prague quotidienne Paris-Hongkong, elle n’a née. d’après-midi sur les Pyrénées. Les Couvert pas été affectée par les perturbations. Bretagne, pays de Loire, Basse- températures restent douces avec Paris Strasbourg Vienne Renseignements au 01-41-43-75-75. Budapest Normandie.– La journée débutera 21 à 25 degrés. Brume a ÉTATS-UNIS. Poursuivant son ex- le plus souvent sous la grisaille. Au Nantes pansion dans le secteur des hôtels de Limousin, Auvergne, Rhône- Berne brouillard fil des heures, quelques trouées ap- Alpes.– Les conditions anticyclo- Bucarest luxe, les Orient Express Hotels paraissent. L’après-midi s’annonce niques prédominent, elles offriront Lyon Milan viennent d’acquérir deux nouvelles calme mais plutôt nuageuse. On at- souvent un temps doux et ensoleil- Belgrade Sofia Averses propriétés aux Etats-Unis. Keswick tend 17 à 22 degrés du nord au sud. lé en Limousin et Auvergne. Les Toulouse Istanbul Hall, une maison privée de nuages seront parfois plus présents 48 chambres toutes différentes, est si- Nord-Picardie, Ile-de-France, Pluie Centre, Haute-Normandie, Ar- sur les Alpes. On attend entre 22 et Rome tuée non loin de la maison de Jeffer- dennes.– Le ciel hésitera une 27 degrés d’ouest en est. Barcelone Naples son, à Monticello, près de Charlottes- o Madrid bonne partie de la journée entre Languedoc-Roussillon, Pro- 40 ville, en Virginie ; The Inn at Perry nuages et soleil. Les éclaircies se- vence-Alpes-Côte d’Azur, Lisbonne Athènes Orages Cabin, construite en 1812, puis amé- ront assez timides le matin en par- Corse.– Après l’épisode orageux de nagée en hôtel de 41 chambres en ticulier au nord. Elles s’élargiront jeudi, le soleil reprendra ses aises Séville 1980, dans le Merryland, sur la baie de l’après-midi. Il fera de 16 à 22 de- autour de la Méditerranée. Quel- Tunis Neige Chesapeake, offre piscine intérieure, grés. ques nuages bourgeonnant pour- Alger sauna, hammam, golf, bateau, cro- Champagne,Lorraine,Al- ront se former l’après-midi sur le quet, etc. Réservations au 0-800-315- Rabat o o o sace,Bourgogne,Franche- relief. Il fera de 24 à 28 degrés. 0 10 20 Vent fort 800.

PRÉVISIONS POUR LE 11 JUIN 1999 PAPEETE 23/29 N KIEV 18/27 S VENISE 18/23 P LE CAIRE 21/33 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 25/31 N LISBONNE 17/30 S VIENNE 16/21 P MARRAKECH 19/35 S et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; ST-DENIS-RÉ. 19/25 S LIVERPOOL 9/17 S AMÉRIQUES NAIROBI 13/24 N EUROPE LONDRES 11/19 C BRASILIA 15/27 S PRETORIA 3/21 S C : couvert ; P : pluie ; * : neige. AMSTERDAM 10/15 C LUXEMBOURG 10/19 N BUENOS AIR. 2/15 C RABAT 16/26 C FRANCE métropole NANCY 9/19 S ATHENES 24/31 S MADRID 15/27 N CARACAS 23/30 C TUNIS 20/27 N AJACCIO 16/24 S NANTES 10/20 S BARCELONE 16/23 S MILAN 15/26 P CHICAGO 21/28 C ASIE-OCÉANIE BIARRITZ 11/18 S NICE 17/24 S BELFAST 7/15 S MOSCOU 17/27 S LIMA 12/20 S BANGKOK 26/32 C BORDEAUX 13/23 S PARIS 12/19 S BELGRADE 18/30 N MUNICH 11/16 P LOS ANGELES 16/22 S BOMBAY 28/31 P BOURGES 12/22 S PAU 10/20 S BERLIN 13/17 P NAPLES 20/30 S MEXICO 13/25 S DJAKARTA 26/29 C BREST 9/17 S PERPIGNAN 16/25 S BERNE 11/18 C OSLO 10/17 P MONTREAL 18/27 S DUBAI 29/42 S CAEN 12/16 S 9/18 S BRUXELLES 10/17 N PALMA DE M. 14/26 S NEW YORK 17/25 S HANOI 25/27 P CHERBOURG 9/16 S ST-ETIENNE 11/22 S BUCAREST 15/29 S PRAGUE 12/18 P SAN FRANCIS. 10/16 N HONGKONG 26/30 N CLERMONT-F. 11/21 S STRASBOURG 10/19 S BUDAPEST 17/27 C ROME 18/25 N SANTIAGO/CHI 6/13 C JERUSALEM 20/28 S DIJON 10/22 S TOULOUSE 15/25 S COPENHAGUE 11/17 N SEVILLE 19/36 S TORONTO 18/27 N NEW DEHLI 30/38 S GRENOBLE 10/32 S TOURS 12/20 S DUBLIN 6/15 S SOFIA 17/27 N WASHINGTON 17/27 N PEKIN 20/33 S LILLE 10/17 N FRANCE outre-mer FRANCFORT 11/22 S ST-PETERSB. 14/22 S AFRIQUE SEOUL 21/27 S LIMOGES 12/19 S CAYENNE 23/29 P GENEVE 12/21 S STOCKHOLM 11/19 S ALGER 14/23 N SINGAPOUR 27/30 P LYON 13/24 S FORT-DE-FR. 25/31 N HELSINKI 10/20 S TENERIFE 15/20 C DAKAR 25/31 S SYDNEY 10/15 P MARSEILLE 15/27 S NOUMEA 20/25 N ISTANBUL 20/25 S VARSOVIE 14/23 P KINSHASA 22/29 C TOKYO 20/23 C Situation le 10 juin à 0 heure TU Prévisions pour le 12 juin à 0 heure TU

VENTES Des gouaches napolitaines du XIXe siècle proposées à Drouot LE PÈLERINAGE artistique en des scènes animées et des détails ville et la baie, les éruptions du d’Amalfi font aussi partie des de Pompéi (25 000 francs à murs occupent tout l’horizon Italie, passage obligé pour tous architecturaux avec une large ou- Vésuve, attraction naturelle de la hauts lieux touristiques. Une 35 000 francs, 2 290 euros à (20 000 francs, 3 053 euros). les peintres depuis la Renais- verture vers de grands horizons : région souvent évoquée, sont gouache romantique montre le 5 344 euros). sance, élargit peu à peu son pu- la baie, la mer, l’arrière-pays. Sur spectaculaires à souhait, qu’elles village d’Amalfi au clair de lune Les gouaches à sujet atypique Catherine Bedel blic, au cours du XVIIIe siècle, aux certains modèles, les contours soient diurnes ou nocturnes depuis une grotte (45 000 francs, ne suscitent pas un grand intérêt, amateurs de peinture et de peuvent être déformés et la pers- (20 000 francs à 50 000 francs : 6 870 euros). et se vendent souvent moins cher ૽ Richelieu-Drouot, mercredi sculpture. Après l’exploration des pective élargie pour mettre le 3 053 euros à 7 634 euros). à qualité égale : vue d’architec- 16 juin. Exposition la veille sites romains d’Herculanum et de premier plan en valeur. La plupart Autres thèmes populaires : la PUBLIC CULTIVÉ ture de l’église de San Francesco de 11 heures à 18 heures, le matin Pompéi, commencée en 1750, comportent des titres calligra- mer, les bateaux, les pêcheurs, Les ruines archéologiques at- de Paolo, animée de personnages de la vente de 11 heures à toute l’Europe des Lumières af- phiés à la peinture noire qui les avec, en toile de fond, la baie, le tirent à l’époque un public cultivé (25 000 francs, 3 871 euros), une 12 heures. Etude Mathias, 18, rue flue bientôt vers cette terre pro- situent. Vésuve, les îles ou des villages et ne sont pas oubliées : temples perspective inhabituelle des de la Grange-Batelière, 75009 Pa- mise des beaux-arts et de la alentour. Les grottes de Capri et de Pesto, Pozzuoli, Sérapis, vues grottes de Pozzuoli où de hauts ris, tél. : 01-47-70-00-36. Expert : culture. QUALITÉ DÉCLINANTE Roberto Perazzone, 14, rue Favart, La mode des « vedute » (vues) Certaines sont datées, une indi- 75002 Paris, tél. : 01-42-60-45-45. lancée par les Vénitiens Guardi et cation précieuse alors qu’il est Antiquités 65 exposants, entrée libre. Canaletto gagne le sud de la Pé- difficile d’établir une datation b Paris, antiquités-brocante, a Découvrir un peintre du ninsule en même temps qu’un flot précise. Les spécialistes consi- BROCANTES Maurice- Loiseau, du vendredi 11 place Saint-Sulpice, jusqu’au lundi XIXe siècle : le peintre Federico Zan- de touristes qui ne cesse de dèrent généralement les mieux fi- b Cagnes-sur-Mer au dimanche 13 juin, de 9 heures à 14 juin, de 14 heures à 20 heures, domeneghi (1841-1917), qui vivait à croître tout au long du XIXe siècle. nies comme les plus anciennes, la (Alpes-Maritimes), 19 heures, 42 exposants, entrée 100 exposants, entrée libre. Paris, a exposé au sein du groupe Pour répondre à leur demande de qualité d’exécution baissant au antiquités-brocante, hippodrome, 15 F (2,29 ¤). impressionniste en 1880-1881. Ses souvenirs, les artistes napolitains fur et à mesure de l’ampleur de la du vendredi 11 au dimanche b Douvaine (Haute-Savoie), COLLECTIONS œuvres ont beaucoup plus de succès se spécialisent dans la création de production. Outre la facture du 13 juin, de 10 heures à 19 heures, Salon des antiquités, hall expo, b Echassières (Allier), Bourse aux aujourd’hui : toile figurant une jeune gouaches sur papier, immortali- dessin, l’abondance des détails et 100 exposants, entrée 25 F (3,91 ¤). samedi 12 et dimanche 13 juin, de minéraux, La Bosse, samedi 12 et femme allongée dans l’herbe (2 mil- sant la baie et les paysages alen- le format, les prix varient selon b Paris, brocante, rue de 9 heures à 20 heures, dimanche 13 juin, de 10 heures à lions de francs, 305 343 euros), tour. Considérées à l’époque l’intérêt du sujet. Courcelles, du vendredi 11 au 45 exposants, entrée 30 F (4,58 ¤). 19 heures, 12 exposants, entrée femme de dos à la fenêtre, pastel comme des images sans grande La célèbre vue de la baie de dimanche 13 juin, de 10 heures à b Paris, brocante, boulevard 15 F (2,29 ¤). (500 000 francs, 76 335 euros), nu as- valeur, elles sont aujourd’hui très Naples est présentée sous tous 19 h 30, 90 exposants, entrée libre. Saint-Martin, samedi 12 et b Aurillac (Cantal), Salon du livre sis, dessin au fusain (150 000 francs, appréciées pour leur aspect évo- ses angles, de tous les points de b Besançon (Doubs), brocante, dimanche 13 juin, de 9 heures à ancien, espace Les Carmes, 22 901 euros). Elles seront vendues à cateur et anecdotique. Une cen- vue. Bordant la mer au pied de la parc-expo Micropolis, du 20 heures, 120 exposants, entrée samedi 12 et dimanche 13 juin, l’Hôtel Intercontinental à Paris, mar- taine d’entre elles, qui seront ville, la Villa Reale est un lieu de vendredi 11 au dimanche 13 juin, libre. entrée 20 F (3,05 ¤). di 15 juin. vendues à Drouot mercredi promenade très fréquenté, qui re- de 8 heures à 19 heures, b La Roche-sur-Yon (Vendée), b Paris, Marché du livre ancien, 16 juin, montre la variété et le vient sur plusieurs exemplaires 110 exposants, entrée 10 F (1,52 ¤). brocante, place Napoléon, place Maubert, dimanche 13 juin, ૽ Etude Ruellan, tél : 02-97-47-26- charme des sujets représentés. (15 000 francs à 50 000 francs : b La Ferté-Bernard (Sarthe), samedi 12 et dimanche 13 juin, de de 9 heures à 19 heures, 32. Expert : Philippe Leburgue, tél : Les plus appréciées combinent 2 290 euros à 7 634 euros). Avec la antiquités-brocante, salle 9 heures à 19 heures, 30 exposants, entrée libre. 01-42-60-10-43.

Ł SOS Jeux de mots : MOTS CROISÉS PROBLÈME No 99137 3615 LEMONDE, tapez SOS (2,23 F/min). L’ART EN QUESTION No 118 En collaboration avec

nel. Marque le doute. Grossit le Rhin. – 6. Gardé par discrétion. La famille humaine Lettres de retard. – 7. Préféraient vivre ensemble. – 8. Zorba l’a APRÈS LA MORT de Victor Louis Ernest Barrias appris au monde entier. – 9. Petit Schœlcher, survenue en 1893, le (1841-1905), coin de parapluie. Trois sur six. sculpteur Barrias reçoit la « Monument à Victor Nourrit la plante. – 10. Qui ont pris commande d’un monument Schœlcher de l’importance. Alcool de grain. – commémoratif destiné à la (1804-1893). 11. Ecarteraient les pieds. Guyane, dont le libérateur des L’abolition de esclaves avait été élu député en l’esclavage (1896) ». Philippe Dupuis 1870. Le bronze, fondu à partir Modèle plâtre, du plâtre présenté ici et conservé hauteur : 230 cm. SOLUTION DU No 99136 à Bourbon-Lancy, est toujours Bourbon-Lancy, en place, à Cayenne, place Vic- Musée Saint-Nazaire. HORIZONTALEMENT tor-Schœlcher. I. Remue-ménage. – II. Amer- Le message véhiculé par le tume. En. – III. Bal. Aliment. – IV. groupe sculpté est limpide : Inermes. Géo. – V. Bâcla. SO. Ru. – Schœlcher, debout, stoïque, pro- VI. Ota. Glacier. – VII. Ciste. Gel. – tège de sa bienveillance virile VIII. Host. Iran. – IX. En. Codé- l’esclave qu’il a délivré, et tend le tenu. – X. Est. Ne. Ré. – XI. Inté- bras pour lui indiquer la voie ressé. d’un avenir lumineux. Une ins- cription figure sur le socle : «La VERTICALEMENT République/ n’entend plus faire de 1. Rabibochées. – 2. Emanations. distinction dans la famille hu- HORIZONTALEMENT VIII. Cassa. Font souvent le pont. – – 3. Mêlé-cass. Ti. – 4. Ur. Rl. TTC. maine/ elle n’exclut plus personne/ IX. Mit de côté. Centre d’action. – – 5. Etamage. Ont. – 6. Mule. Idée. de son immortelle devise/ Liberté I. Livre de recettes qui a plus sa X. Devint un grand calife après – 7. Emissaire. – 8. Nem. Oc. Atre. Egalité Fraternité. » MUSÉE SAINT-NAZAIRE, BOURBON-LANCY SAINT-NAZAIRE, MUSÉE place à l’officine qu’à l’office. – conversion. Porteur de vérité. – – 9. Eg. Ignées. – 10. Générée. – Dans le même esprit un peu II. Un âne qui fait le cheval. XI. Diffère l’effet. 11. Entourloupe. paternaliste, un autre groupe sculpté est érigé à Fort-de- b Anatole Marquet de Vasse- Plutôt court comme classement. – France, en Martinique. Ce lot ? III. Jugements personnels. VERTICALEMENT groupe est l’œuvre de : Voyelles. – IV. Trois siècles d’his- b Leblanc Barbedienne ? Réponse dans Le Monde du toire chinoise. Font disparaître 1. Reproduire souvent illégale- b Charles Cordier ? 18 juin. dans la confusion. – V. Préposition. ment. – 2. Heureusement, il y a Fruit d’une rencontre imprévue. – l’alphabet pour les distinguer. – VI. Démonstratif. A droite ou à 3. Composé organique. Donne Réponse du jeu no 120 paru dans Le Monde du 4 juin. gauche, c’est un ordre. – VII. Sup- l’avantage. – 4. Lieu de combat. La première exposition du groupe Gutai à l’étranger eut lieu en prima. Prit le dessus. Possessif. – Coule en Crimée. – 5. Très person- septembre 1958, à New York, à la Martha Jackson Gallery. LeMonde Job: WMQ1106--0034-0 WAS LMQ1106-34 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 09:53 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 15Fap: 100 No: 0412 Lcp: 700 CMYK

34 / LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 CARNET

NOMINATIONS puis secrétaire général pour les affaires régio- AU CARNET DU « MONDE » – Emma Combrisson, – Mme Miles-Thomas, née Denyse de Débats nales auprès du préfet de la région Languedoc- sa femme, Saivre, Jean Baptiste et Marie Christine, son épouse, – Edouard Valdman sera l’invité de la DIPLOMATIE Roussillon, en novembre 1988. En décembre Naissances Foire internationale du livre Bernard et Hélène, MM. Marcus et Nigel Miles-Thomas, Bernard Amaudric du Chaffaut 1991, il est chargé de la sous-direction des af- de Jérusalem, qui se tiendra du 20 au Marie-Pia d’ORTHO-JARREAU, Bruno, ses fils et leurs épouses, me 25 juin. Un débat sera organisé par a été nommé ambassadeur en Bir- faires financières et immobilières au ministère Pierre-Henri JARREAU ses enfants, M. et M Slattery, me l’Institut français, autour de son livre manie, en remplacement de Ber- de l’intérieur. Il devient sous-préfet de Lorient et Ysé Emmanuel, Matthieu, Pierre, Thomas, M Ariel Octtinger, sont heureux de faire part de la naissance ses beaux-enfants, Le Retour du Saint, publié aux nard Pottier, par décret publié au en janvier 1994. Depuis janvier 1996, Michel ses petits-enfants, éditions Biblieurope, le 23 juin 1999, à de ont la douleur de faire part du décès de Daisy, Max, Robert, Jeanne, Gabrielle, Journal officiel du 9 juin. Guillot était directeur des transmissions et de Alexandra et Rébecca, 18 heures, sur le thème «La Paix autrement ». [Né le 17 novembre 1942 à Marseille, Ber- l’informatique au ministère de l’intérieur. ] Esther, ses petits-enfants, nard Amaudric du Chaffaut est licencié en Noël COMBRISSON, ont la douleur de faire part de la CONSEIL SUPÉRIEUR disparition de droit et diplômé de l’Ecole nationale des le 30 mai 1999. survenu le 7 juin 1999, dans sa quatre- Conférences langues orientales vivantes. Il a été notam- DE LA LANGUE FRANÇAISE vingt-troisième année. 39, rue Buffon, M. Christopher ment en poste à Varsovie (1970-1972), à Was- Bernard Cerquiglini, directeur MILES-THOMAS, Les Mardis de la philo hington (1975-1978) et à l’administration cen- de l’Institut national de la langue 75005 Paris. Les obsèques seront célébrées dans l’intimité le vendredi 11 juin, en l’église Cycles de conférences, le mardi, en trale du Quai d’Orsay, avant d’être conseiller française, a été nommé vice-pré- Sainte-Marguerite. survenue le 4 juin 1999. matinée et en soirée, à partir d’octobre, technique auprès de Pierre Bernard-Rey- sident du Conseil supérieur de la Stéphane, Marie-Anne et Iris LAYANI 4, place Saint-Germain-des-Prés, Paris-6e. mond, ministre des affaires étrangères (1978- langue française, lors du conseil des Le service religieux aura lieu en ont la grande joie d’annoncer la naissance Il sera inhumé au cimetière du Père- l’église Saint-Michaël, 5, rue Lachaise, à Paris. – La philosophie de l’Antiquité et du 1980), puis détaché à la direction des relations ministres du mercredi 9 juin. A la de d’Aguesseau, Paris-8e , le mardi internationales du groupe Elf Aquitaine (1980- vice-présidence de ce Conseil, pré- Moyen Age. 15 juin, à 11 heures. – La philosophie classique. 1993). Depuis octobre 1994, Bernard Amaudric sidé par le premier ministre, il rem- Louis, – On nous prie d’annoncer le décès de – Les philosophes modernes. du Chaffaut était sous-directeur Afrique occi- place Bernard Quemada, ancien di- L’inhumation se fera au cimetière de – L’art et la question du beau. le 6 mai 1999. Senonches (Eure-et-Loir). dentale au ministère des affaires étrangères.] recteur de l’Institut national de la M. Jean CRÉTENOT, – Pourquoi y a-t-il de l’art ? – Le bien, le mal, qu’est-ce qu’être langue française. « Le bonheur existe et j’y crois. » moral ? EPISCOPAT [Né le 8 avril 1947 à Lyon, Bernard Cerquigli- (Aragon). survenu le 8 juin 1999, dans sa soixante- – M. et Mme René Cognard, – Les religions monothéistes face aux MgrHubert Coppenrath a été ni est ancien élève de l’Ecole normale supé- seizième année. leurs enfants et petits-enfants, me interrogations contemporaines. nommé par le pape archevêque de 42, avenue Floréal, M. et M Jacques Véron rieure de Saint-Cloud, agrégé de lettres mo- Les obsèques auront lieu vendredi et leurs enfants, – Introduction aux sagesses orientales : 1180 Bruxelles (Belgique). hindouisme, bouddhisme. Papeete (Polynésie française) ven- dernes et docteur ès lettres. Il a été nommé 11 juin, à 14 h 15, en l’église Sainte- M. et Mme Pierre Véron – La philosophie dans le monde dredi 4 juin. Il succède à son frère, professeur de linguistique en 1981, d’abord à Geneviève, rue Pasteur, à Argenteuil et leurs filles, contemporain. Michel Coppenrath, qui a atteint la l’université Paris-VIII (Saint-Denis), puis à Pa- (Val-d’Oise). Les familles Thevenin, Giraud, Mariages Prullière, Caillon, Quenot, parents et limite d’âge fixée à soixante-quinze ris-VII (Jussieu) ; il est aussi professeur à l’uni- Renseignements : tél. 01-47-22-13-00. Cet avis tient lieu de faire-part. amis, ans. L’archevêque de Papeete n’est versité libre de Bruxelles depuis 1989. Direc- ont la douleur de faire part du décès de pas membre de la Conférence des teur des écoles au ministère de l’éducation Françoise JAUDEL-EYTAN – Rencontre avec Daniel Dobbels, et Andrew SKURMAN me évêques de France, mais de celle des nationale (1985-1987), puis délégué général à – Le Seigneur a accueilli dans sa M Léon VÉRON, écrivain, chorégraphe : évêques du Pacifique. Lumière née Marguerite GINET, la langue française auprès du premier ministre sont heureux de faire part de leur mariage, [Né le 18 octobre 1930 à Papeete, Hubert (1989-1993), Bernard Cerquiglini est directeur agrégée de l’Université, « Le corps réfractaire à l’image ». qui a eu lieu à Paris, le 30 mai 1999. officier des Palmes académiques, Coppenrath a fait ses études de philosophie et de l’Institut national de la langue française, la- Anastasia DOUROFF, de la communauté apostolique Avec la participation de Brigitte de théologie au séminaire d’Issy-les-Mouli- boratoire de recherche du CNRS, depuis dé- Saint-François-Xavier, survenu le 8 juin 1999, dans sa quatre- Asselineau, danseuse, mercredi 16 juin neaux et à l’Institut catholique de Paris. Or- cembre 1997.] vingt-treizième année. 1999, 19 heures, Centre national de la donné prêtre en 1957, il est retourné à Tahiti en Elizabeth LANDEMAINE le mardi 8 juin 1999. photographie, 11, rue Berryer, Paris-8e. CONSEIL SUPÉRIEUR et Bernard Ses funérailles auront lieu le samedi Entrée libre. 1959, où il a été successivement curé de pa- 12 juin, à 10 h 30, en l’église de Riorges- roisse, vicaire général en 1993, et archevêque DE LA PRUD’HOMIE AMAUDRIC du CHAFFAUT L’Eucharistie, suivie de la Panikhida, sera célébrée pour elle le samedi 12 juin, à Bourg (Loire). coadjuteur en 1998. Mgr Coppenrath est consi- Yannick Moreau, conseiller font part de leur mariage. 10 heures, par Mgr Daucourt, en la Communications diverses déré comme l’un des meilleurs connaisseurs d’Etat, a été nommée présidente du chapelle Sainte-Marie de Neuilly, Selon la volonté de la défunte, ni fleurs, de la culture et de la langue polynésienne : il Conseil supérieur de la prud’homie, Ambassade de France en Birmanie. 24, boulevard Victor-Hugo, à Neuilly- ni couronnes, ni plaques, mais des dons La Maison des écrivains sur-Seine (Hauts-de-Seine). pour l’AFLM (Association française de 53, rue de Verneuil, 75007 Paris. est l’auteur d’une grammaire et d’une traduc- en remplacement de Jean-Pierre lutte contre la mucoviscidose). Corps tion du Nouveau Testament en polynésien. ] Cochard, par arrêté paru au Journal De la part de déposé au Service mortuaire du Centre A la découverte de la littérature slovène officiel daté 7-8 juin. hospitalier de Roanne. Peggy SANSON La communauté Saint-François- d’aujourd’hui : Sept Slovènes à Paris. MOUVEMENT [Née le 30 décembre 1945 à Nantes, Yannick Xavier, Mardi 15 juin 1999, 20 heures. et Marc FLEISCHMAN La famille rappelle à votre souvenir son PRÉFECTORAL Moreau est docteur en droit, diplômée de Sa famille, Boris A. Novak, Tomaz Salamun, époux Michel Guillot a été nommé pré- l’Ecole des hautes études commerciales pour Ses amis de France et de Russie. Dane Zajc. sont heureux d’annoncer qu’ils se sont Témoin : André Velter. fet des Vosges par le conseil des mi- jeunes filles et ancienne élève de l’Ecole natio- mariés dans l’intimité familiale, le M. Léon VÉRON, Modérateur : Jean-Baptiste Para. nistres du mercredi 9 juin, sur pro- nale d’administration (1969-1971). A sa sortie vendredi 28 mai 1999, à la mairie de Mercredi 16 juin, 20 heures. Monaco. – Diane Foy, décédé le 11 novembre 1997. position de Jean-Pierre de l’ENA, elle a intégré le Conseil d’Etat et a été Olivier, Sophie et Marianne Foy, Drago Jancar, Feri Lainscek, Chevènement, ministre de l’inté- Marko Sosic, Brina Svit. ensuite notamment chargée de mission auprès Maud et Paul Frichet, Famille Cognard-Véron, rieur. Témoin : Noëlle Châtelet. du Commissariat général du Plan (1975-1978), Décès ont la tristesse de faire part du décès de 20, rue Pascal, Modérateur : Christine Schell. [Né le 21 novembre 1950 à Courbevoie conseiller technique au secrétariat général de 42300 Roanne. Lectures : Serpentine Teyssier. (Hauts-de-Seine), Michel Guillot est diplômé la présidence de la République (1981-1984), di- – Claudine Bati, Serge R. FOY, de l’Ecole supérieure des sciences écono- recteur du cabinet de Jean-Pierre Chevène- son épouse, Renseignements et programme survenu le 29 mai 1999, à Paris. miques et commerciales (Essec) et de l’Ecole ment, ministre de l’éducation nationale (1984- Marion, Marc et Marie, détaillé au 01-49-54-68-87/83. Régine ZEDERMAN Participation aux frais : 20 francs. nationale supérieure des PTT (Ensptt). Après 1986), secrétaire général pour l’administration ses enfants, L’inhumation a eu lieu le 3 juin, au Juliette, Entrée libre pour les membres de sa scolarité à l’Essec, il est responsable du au ministère de la défense (1989-1991), déta- cimetière Voltaire de Suresnes. s’est éteinte à l’âge de quatre-vingt-sept l’association MdE, les étudiants et les sa petite-fille, contrôle de la gestion de la société Sopalin SA, chée auprès de la SNCF (1992-1995). De- ans. demandeurs d’emploi. Les familles Baruk, Lebon, Marché, de 1974 à 1976. Après sa scolarité à l’Ensptt, il puis mars 1996, Yannick Moreau était prési- Nino, Plaisier, Scemla, Taib et Taride, – On nous prie d’annoncer le décès de Sa famille devient chef de bureau au ministère des PTT, dente de la 6e sous-section du contentieux du Et tous ses amis, a la profonde tristesse d’en faire part. – Anciens élèves et professeurs de P.V. en août 1979. Détaché en qualité de sous-pré- Conseil d’Etat. Elle préside aussi le conseil ont la douleur de faire part du décès de Thierry FRESLON, Participez à l’ouvrage collectif : fet en août 1983, il est secrétaire général de la d’administration de l’Institut de vieille sani- journaliste, critique musical, Elle fut responsable du foyer de jeunes « Mémoires et histoire de Paul Valéry », préfecture de l’Ariège, puis de la Sarthe (1985), taire depuis mars.] Jean Pierre BATI, directeur artistique. filles d’Arcueil et directrice des colonies adressez vos textes à : animateur à Radio-Maroc de vacances de la commission centrale de 3AELPV (J.-C. Bailbé), casier 82, pendant dix-sept ans, Kevin, l’enfance. 38, boulevard Soult, puis conseiller aux programmes Ses amies et ses amis, 75012 Paris. JOURNAL OFFICIEL autorisant la ratification d’un accord des radios locales de Radio-France, L’Association des jeunes interprètes de Les obsèques auront lieu le vendredi entre la République française et la Ré- musique de chambre, 11 juin 1999, au cimetière parisien de Au Journal officiel du dimanche publique italienne relatif à la réadmis- survenu à Pau, le 7 juin 1999. s’associent à la tristesse de sa famille. Bagneux. Le rendez-vous est à 15 heures. – Prix de la Découverte poétique, Fondation Simone de Carfort. 6 juin sont publiés : sion des personnes en situation irré- L’inhumation aura lieu le vendredi Cet avis tient lieu de faire-part. Sous l’égide de la Fondation de France. b Rapatriés : un décret relatif au gulière. 11 juin, à 15 heures, au cimetière de – M. Marc Hautecouverture, désendettement des rapatriés réins- b Tour de France : un arrêté por- e D’un montant de 10 000 F, ce prix Montmartre, Paris-18 . son époux, tallés dans une profession non sala- e annuel a pour objet la découverte d’un tant autorisation du 86 Tour de Mathieu et Chloé, Anniversaires de décès riée. Cet avis tient lieu de faire-part. poète d’expression française, inconnu ou France cycliste du 3 au 25 juillet. ses enfants, – Le 9 juin 1998, méconnu. Les poèmes inédits : 5 jeux b Santé : un arrêté portant nomi- b Santé : deux arrêtés portant no- ont la tristesse de faire part du décès du identiques de 30 poèmes sont à adresser 42, rue de Bruxelles, nation au conseil d’administration et mination au conseil scientifique et au entre le 1er avril et fin juin à : Arlette 75009 Paris. Suzy CHABERT au conseil scientifique de l’Agence conseil d’administration de l’Institut docteur Claudine Baleynaud-Joffre, 10, boulevard Diderot, e française de sécurité sanitaire des pro- de veille sanitaire. HAUTECOUVERTURE, disparaissait. Paris-12 . Tél. : 01-43-07-22-02. duits de santé. née GURVIER, Au Journal officiel du jeudi 10 juin – Sa famille Que ceux qui l’ont connue et aimée Au Journal officiel daté lundi 7-mar- sont publiés : a la douleur de faire part du décès de survenu le 5 juin 1999. aient une pensée pour elle. – Recherche Henri REDER, médecin, di 8 juin sont publiés : b Soins palliatifs : une loi visant à neveu de Jacques REDER, né en b Langue : un décret portant no- garantir le droit à l’accès aux soins pal- Ludovic BATTINI. 30, rue de Rivoli, « Dors, mamie Suzy, Pologne, déporté le 15 mai 1944. Szpicak, 61, rue du Poteau, Paris-18e. mination de vingt-deux personnalités liatifs. 75004 Paris. dors, mamie chérie, et que nos rires d’enfant, au Conseil supérieur de la langue Une messe réunira sa famille et ses b Droits de l’enfant : une loi visant amis le samedi 12 juin 1999, à 18 h 30, en tu les entendes dans le firmament. » française. à inciter au respect des droits de l’en- l’église Sainte-Marguerite, au Vésinet. – Elizabeth, Concerts Au Journal officiel du mercredi fant dans le monde, notamment lors son épouse, Diane, Luc, Nathalie, Suzanne, 9 juin sont publiés : de l’achat des fournitures scolaires. Famille Mons-Battini, Caroline, Constance, Yann, tes petits-enfants que tu adorais. Concert au profit des réfugiés b Termites : une loi tendant à pro- 39, rue de Verdun, Jean-François, du Kosovo b Assurance chômage : un arrêté Vivaldi : Concerto pour deux trompettes ; téger les acquéreurs et propriétaires portant agrément de l’avenant no 4 au 78110 Le Vésinet. ses enfants, – Il y a trois ans déjà, le 11 juin 1996, Georges-François, Gloria, avec les Chœurs de Paris d’immeubles contre les termites et règlement annexé à la convention du et l’ensemble Ars Fidelis. son frère, autres insectes xylophages. 1er janvier 1997 relative à l’assurance Gérard DAHAN Samedi 12 juin 1999, – M. Ghislain de Beaufort Jacqueline et Flore, b Accord international : une loi chômage. à 18 h 30. Entrée : 100 francs. et ses enfants, sa petite-fille, nous quittait. Temple protestant de l’Etoile, M. et Mme Gilles Fouques Duparc font part du décès de 54, avenue de la Grande-Armée, et leurs enfants, Son souvenir chaleureux nous remplit 75017 Paris. toujours d’une grande émotion. JUIN 1999 M. Charles de Beaufort Jean-François HIRSCH, et ses enfants, professeur de neurochirurgie me à l’hôpital Necker enfants malades. Informations Carnet LE MONDE M. et M Pierre de Beaufort Anne LAMBERT, et leurs enfants, Les obsèques auront lieu le vendredi Maman, diplomatique ses enfants et petits-enfants, 11 juin 1999, à 14 h 30, en l’église Notre- En raison des résultats La comtesse Guy de Beaufort, Dame d’Auteuil, Paris-16e, suivies de Tu es partie « pour le pays de l’envers des élections du week-end, Le comte et la comtesse Hugues de l’inhumation au cimetière du Père- du décor depuis deux ans ». la remise des textes UNION EUROPÉENNE Murard, Lachaise. du Carnet pour le lundi 14, M. et Mme Guy Real Del Sarte, Ma peine est immense, mais tu vis en daté 15 juin, Gérard de Suyrot, 19, avenue des Sycomores, moi dans la joie et la souffrance. se fera le vendredi 11 juin jusqu’à 17 h 30. Pour un mouvement social européen ses belles-sœurs, beaux-frères, neveux et 75016 Paris. Amélie, accompagnée de Judith et de par Pierre Bourdieu nièces, Papa. ont la douleur de faire part du rappel à Qui veut vraiment d’une défense commune ? Dieu du – Mme I. Marchand, son épouse, par Bernard Cassen Mme Valérie Marchand, CARNET DU MONDE Refonder le syndicalisme vicomte Jacques sa fille, TARIFS 99 - TARIF à la ligne BONNEAU de BEAUFORT, M. Philippe Ledru, par Horst Schmitthenner officier de l’ordre national Juliette Ledru, du Mérite, sa petite-fille, DÉCÈS, REMERCIEMENTS, AVIS DE MESSE, croix de guerre 1939-1945, Mme Lucienne Dubois, ANNIVERSAIRES DE DÉCÈS 136 TTC - 20,73 ¤ médaille de la Résistance, sa belle-mère, ¤ cadet de Saumur, TARIF ABONNÉS 118 F TTC - 17,98 a NATIONALISME : La lente invention des identités natio- Sa famille, Et ses amis, nales, par Anne-Marie Thiesse. ont la douleur de faire part du décès de NAISSANCES, ANNIVERSAIRES, pieusement décédé le 9 juin 1999, à l’âge a de quatre-vingts ans. MARIAGES, FIANÇAILLES RETRAITES : Les scénarios catastrophes, par René Passet. M. Igor MARCHAND, 520 F TTC - 79,27 ¤ FORFAIT 10 LIGNES déporté résistant, a IRAN : Islam contre islam, par Eric Rouleau. Le service religieux sera célébré le chevalier de la Légion d’honneur Toute ligne suppl. : 62 F TTC - 9,45 ¤ samedi 12 juin, à 14 h 30, en l’église à titre militaire, ¤ a AMÉRIQUE LATINE : Les habits neufs des militaires, par de Lestre (Manche), sa paroisse. médaille militaire, THÈSES - ÉTUDIANTS : 83 F TTC - 12,65 croix du combattant, Mariano Aguirre. Il a rejoint son épouse, COLLOQUES - CONFÉRENCES : a survenu le 7 juin 1999, à l’âge de Nous consulter INDONÉSIE : Le pouvoir central contesté, par Solomon Solange de SUYROT, soixante-dix-neuf ans. ట Kane et Laurent Passicousset. – Violence contre démocratie, par 01.42.17.39.80 + 01.42.17.29.96 ✝ Françoise Cayrac-Blanchard. – Double jeu au Timor-Oriental, ( ) le 30 août 1994. Les obsèques auront lieu le vendredi Fax : 01.42.17.21.36 11 juin, à 11 h 30, au cimetière de Boissy- par Jean-Pierre Catry. Des messes et des prières. Saint-Léger. Les lignes en capitales grasses sont facturées sur la base de deux lignes. Les lignes en blanc sont obliga- ¤ Château de Tourville, 21, rue Maison-Blanche, toires et facturées. En vente chez votre marchand de journaux - 24 F - 3,66 50310 Lestre. 94470 Boissy-Saint-Léger. LeMonde Job: WMQ1106--0035-0 WAS LMQ1106-35 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 09:24 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 15Fap: 100 No: 0413 Lcp: 700 CMYK

35 CULTURE LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999

ETHNOLOGIE La Cité de la mu- elle est née dans « les fourgons de la b CHARLES DUVELLE, l’un des pre- vantes ». b LE PRÉSIDENT de la So- servées ». b LES HARPES sculptées sique, à Paris, présente une exposi- colonisation », fournit aujourd’hui miers à avoir collecté des musiques ciété française d’ethnomusicologie, présentées à la Cité de la musique tion de harpes d’Afrique centrale et les armes du droit aux différences et en République centrafricaine, estime Vincent Dehoux, souligne que les ont été recherchées très tôt par les deux concerts de musique pour aide à vivre ces musiques combat- aujourd’hui que « les traditions musiques africaines « méritent Européens en raison de leurs quali- harpes. b L’ETHNOMUSICOLOGIE, si tues par les « élites » africaines. orales sont restées extrêmement vi- mieux que d’être simplement pré- tés plastiques. Afrique équatoriale, la forêt où les musiques parlent Une exposition de harpes traditionnelles et un cycle de concerts sont organisés à la Cité de la musique, à Paris, pour faire entendre les sons des peuples de la République centrafricaine, recueillis sur place

LIEU MYTHIQUE des décou- pièce dans la tradition du com- TROIS QUESTIONS À... vertes musicales mettant en scène mentaire social qu’il avait intitulée des formes anciennes de civilisa- Blouzine délavé. Il s’agissait bien VINCENT DEHOUX tion – les Pygmées, en parti- d’un blue-jean délavé porté par un culier –, la République centrafri- jeune garçon dont il voulait se mo- Vous êtes président de la Socié- caine, entre Cameroun et Soudan, quer ». 1 té française d’ethnomusicologie. n’a pas livré tous ses secrets. Issu Sylvie Le Bomin appartient au Quel est votre rôle ? en 1958 du territoire colonial d’Ou- Laboratoire des civilisations à tra- Il nous faut comprendre comment bangui-Chari, ce pays a été nom- ditions orales (Lacito), un départe- les gens vivent leurs musiques, ex- mé ainsi par Barthélemy Boganda, ment du CNRS dirigé par l’ethno- trêmement diverses et toutes de tra- prêtre catholique, député français musicologue Simha Arom, devenu dition orale. En Afrique, il n’y a pas et « père de la nation ». Boganda célèbre grâce à la publication de de mot pour dire « musique ». Ce exerçait son ministère en pays l’Anthologie des Pygmées Aka, un que nous appelons « musique d’ini- banda, ethnie chassée vers l’est au double CD (chez Ocora) remar- tiation » est pour les Africains « l’ini- XVIIIe siècle par les raids esclava- quable. tiation ». Les rituels ne sont pas dis- gistes. C’est notamment de ce pays sociés de la vie quotidienne. Nous banda que vient la musique que la XYLOPHONES ET SANZAS allons donc là-bas pour étudier des Cité de la musique à Paris propose Au début des années 60, ce cor- modes de pensée musicale diffé- d’écouter à l’occasion d’un cycle nettiste, musicien classique sorti rents. Pendant longtemps, l’ethno- consacré à la harpe. du conservatoire, est fasciné par la musicologie a eu une vocation de Fin 1965, cinq ans après l’indé- diversité des trompes à couper le sauvegarde, mais ces musiques mé- pendance, un ancien sous-officier souffle, des xylophones joués en ritent mieux que d’être simplement de la coloniale, le colonel Bokassa, cycles, des sanzas véloces, et par préservées. chasse le président en titre, David les polyphonies des petits hommes Backo. Jean-Bedel Bokassa, sacré de la forêt. Il en trouve les L’ethnomusicologie, dont le Mu- empereur en 1977 avec l’aide de la constantes – « musiques cycliques, 2 sée de l’Homme fut le fer de France, fut, jusqu’en 1979, un dic- mesurées où les durées sont stricte- lance, est-elle reconnue aujourd’hui tateur psychopathe. Ces quelques ment proportionnelles » –, et décèle en France ? précisions ne sont pas vaines : les une « épaisseur sonore » qu’on ne THOMAS DORN En 1975, il n’existait pas d’ensei- vicissitudes politiques condi- Le groupe Wanso Dilma à Maroua, à l’extrême nord du Cameroun. sait plus écouter en Occident. gnement universitaire. Maintenant, tionnent la survie des traditions et Le regard de l’ethnomusico- Saint-Denis, Nanterre, la Sorbonne la recherche dont elles font l’objet. moniales. Créé à Bangui par les et en première ligne l’expression le volet centrafricain pour la Cité logue change les relations de ses ainsi que des universités de province L’ethnomusicologie arriva d’abord ethnomusicologues français Sih- musicale, dialogue permanent de la musique, a étudié deux po- interlocuteurs et de leurs mu- proposent avec succès des forma- dans « les fourgons de la colonisa- ma Arom et Geneviève Dournon, avec le divin. pulations, les Banda Gbambiya et siques. Sylvie Le Bomin mobilise tions d’ethnomusicologie. La Société tion » aux premiers temps du Mu- le Musée ethnographique Bogan- Que l’on détourne de leur usage les Gbaya – le pays compte cinq un village banga gbambiya dans la d’ethnomusicologie reçoit 200 000 sée de l’homme de Paris. Elle four- da a été laissé à l’abandon – on ne naturel les orchestres de trompes ethnies principales. « Bien sûr, il y reconstruction d’un ensemble de francs du ministère de la culture nit aujourd’hui les armes du droit s’en étonnera point dans un pays banda, favorisant leur glissement a des racines communes, comme le xylophones pour les besoins d’un chaque année, ce qui permet de pu- aux différences dans un monde en voie de clochardisation où les du rituel animiste vers la cérémo- culte des jumeaux, êtres maléfiques film (De l’arbre au xylophone, réali- blier une collection de livres-CD inti- menacé de globalisation. Elle n’a fonctionnaires n’ont pas été payés nie officielle pour chef d’Etat pour les Banda Gbambiya », dit sé avec Laurent Venot). tulée « Hommes et Musiques », d’ai- pas toujours la tâche facile. depuis quinze mois. étranger, n’a pas détruit ces mu- Sylvie Le Bomin. Les Gbaya affec- Simah Arom invente la tech- der les chercheurs sur le terrain. La République centrafricaine, li- siques déjà combattues par les tionnent le grand xylophone nique du re-recording, permettant vrée en cette fin de siècle au bon DIALOGUE AVEC LE DIVIN missionnaires avant d’être muse- unique, les banda gbambiya les or- d’isoler les différentes parties De quel œil les ethnomusico- vouloir du président Ange-Félix La destruction programmée de lées par les élites modernes, sou- chestres à quatre xylophones. d’une polyphonie afin de la trans- 3 logues de votre génération – les Patassé, aux bandes armées ve- la forêt en Centrafrique, et plus cieuses d’effacer toute trace de Tous jouent de la harpe, chantent crire : les villageois peuvent en- quadragénaires – voient-ils le succès nues du Tchad ou du Soudan, ne encore au Gabon, a profondément « sauvagerie ». L’ethnomusico- et commentent l’histoire et les ac- tendre une voix isolée extraite de de la world music ? favorise guère les missions patri- déstabilisé le mode de vie pygmée, logue Sylvie Le Bomin, qui a conçu tualités. l’ensemble polyphonique auquel il Dans les années 70, la musique in- Parmi les pièces banda gbam- a l’habitude de participer. Un dienne avait suivi le mouvement biya inscrites au programme, un joueur de saza dissociera le jeu de hippie : encens, thé..., mais il n’y chant intitulé Les gens du village sa main gauche de celui de la avait pas de rayon de musiques tra- « Les traditions orales ont su résister » agbangale sont tous devenus des droite, tandis que l’Occidental re- ditionnelles à la Fnac ; il y a plus de fonctionnaires noirs évoque la fin trouvera les chemins indisso- deux cent mille références au cata- COMPOSITEUR, pianiste et musicologue, créateur cident. « On pensait alors que la télévision, la radio et des travaux collectifs après l’instal- ciables de la musique, du sacré et logue aujourd’hui. La world music et directeur pendant une quinzaine d’années de la col- tout le reste allaient rapidement transformer ces tradi- lation d’un maire dans le village du quotidien. repose sur l’idée que, finalement, le lection Ocora de Radio-France, Charles Duvelle est tions. Eh bien, elles ont su résister et sont au contraire ex- voisin. Un autre, Tous les petits en- public n’aime que ce qu’il connaît l’un des premiers à avoir collecté des musiques en Ré- trêmement vivantes. C’est en Centrafrique que cette viva- fants, rappelle la pratique du tra- Véronique Mortaigne déjà : par exemple, on fera venir publique centrafricaine. Sa première incursion sur ce cité m’a le plus frappé. » vail forcé pendant la colonisation. une femme d’Ethiopie dans un stu- territoire remonte en 1962 (on en trouvera les traces Partie pour étudier les Banda ૽ Musiques pour harpe des Banda dio londonien pour rajouter une sur le volume Centrafrique de sa nouvelle collection, DES OREILLES PLUS « CULTIVÉES » Gbambiya, Sylvie Le Bomin tombe Gbambiya et des Ngbaka Mabo ligne de basse, un séquenceur... Et Prophet, chez Philips). Il y est revenu à la fin des an- Car le pays, « comme la plupart des Etats africains, a sur un village gbaya que « Jean (République centrafricaine), mu- puis l’appellation « musiques du nées 70, dans le cadre d’une mission de recherche été créé artificiellement. Il présentait donc une hétérogé- Zuibona, un fabuleux joueur de xy- siques pour harpe des Ouldémé monde » ne signifie rien. Jean-Sé- pour le Ciciba (Centre international de civilisation néité ethnique qui se traduit musicalement par une très lophone, père d’une trentaine d’en- (Cameroun), Cité de la musique, bastien Bach, c’est de la musique du bantoue), basé à Libreville. grande variété, de styles, de répertoires, d’instruments ». fants, a transformé en un véritable 221, avenue Jean-Jaurès, Paris 19e. monde... En vingt ans, dans la forêt, dit-il, rien n’avait chan- Charles Duvelle se réjouit de voir aujourd’hui les conservatoire ». Ce fou de musique Mo Porte-de-Pantin. Le 12, à gé : « A ma grande surprise, j’ai retrouvé la musique « oreilles beaucoup plus “cultivées” qu’il y a quarante invente des casse-tête pour ethno- 16 h 30 ; le 13, à 15 heures. Tél. : 01- Propos recueillis par dans l’état où je l’avais laissée. Elle n’avait subi aucune ans. Certains ethnologues pensaient alors que si les Pyg- logue moderne, « par exemple, une 44-84-44-84. 80 F. Vincent Delerm altération et elle était encore tellement intégrée, par mées chantaient en utilisant la technique du yodel, c’est exemple, dans l’administration locale, que lorsque le qu’ils avaient sans doute croisé des Autrichiens, des Ty- sous-préfet voulait convoquer quelqu’un, il faisait encore roliens. On n’entend plus ce type de naïveté mainte- appel à un fonctionnaire tambourinaire. » nant ». Le danger viendrait plutôt selon lui de « la spé- Au début des années 60, Charles Duvelle avait lancé culation incessante sur les instruments anciens » qui se un cri d’alarme : il fallait d’urgence enregistrer les tra- sont ainsi coupés de leur usage communautaire. ditions orales africaines avant qu’elles ne dispa- raissent, écrasées par le rouleau compresseur de l’Oc- Patrick Labesse La harpe, double du musicien

le seuil du XVIIIe siècle. Les plus an- Eric de Dampierre, au détriment de LA PAROLE DU FLEUVE, harpes ciennes sont zandées, un peuple la qualité musicale de l’instrument. d’Afrique centrale, Musée de la qui vit aux confins de la Répu- Une production qui va d’ailleurs musique, 221, avenue Jean-Jau- blique centrafricaine et de la Répu- s’appauvrir peu à peu sous l’in- rès, Paris 19e. Mo Porte-de-Pantin. blique démocratique du Congo fluence de la demande occidentale. Du mardi au jeudi de 12 h à 18 h ; (ex-Zaïre) Plus au sud, les Fangs (Gabon) les vendredi et samedi de 12 h à Grâce aux recherches d’Eric de préfèrent décorer le sommet de la 19 h 30, dimanche de 10 h à 18 h. Dampierre (Harpes zandé, Klinck- caisse plutôt que le manche. Les Jusqu’au 29 août. 45 F (6,8 ¤). sieck éd.), ethnomusicologue têtes humaines qui les ornent, avec Tél. : 01-44-84-47-04. Catalogue (mort en 1998) qui a largement leur front bombé, leur visage 400 pages, 287 illust. et un CD, contribué à l’élaboration de cette concave et leurs yeux métalliques, 320 F (48,80 ¤). Le CD seul 85 F manifestation, on sait la place capi- sont caractéristiques de la (12,9 ¤). tale tenue par la harpe dans cette sculpture Fang, à rapprocher des société. Ces instruments ont été re- byéri, figures humaines qui sur- La harpe est sûrement un des cherchés très tôt par les Européens montent les paniers contenant les plus vieux instruments de musique. à cause de leurs qualités plas- os des ancêtres. La harpe devait in- Elle figure, peinte ou gravée, sur les tiques : le manche d’un certain tervenir dans les cérémonies du vestiges laissés par l’Ancien Empire nombre d’entre elles se termine bweti au cours desquelles les byéri égyptien, il y a près de 5 000 ans. par une tête anthropomorphe, étaient dévoilés aux initiés. Ont-elles profité de la présence des sculptée avec minutie et délica- La harpe, objet privilégié de la fleuves pour se diffuser lentement tesse, reproduisant le détail des création plastique, est visiblement vers l’Ouest africain ? C’est ce que coiffures ou les scarifications de assimilée en Afrique centrale, par semblent indiquer Philippe Bru- personnages masculins ou fémi- des populations très différentes, à guière et Gaetano Speranza, les nins. Les harpes plus frustes sont un être humain : la caisse est le commissaires de l’exposition qui se négligées par les amateurs d’art ventre ou la poitrine ; le manche tient à La Villette. africain. est la tête ; elle est parfois dotée ex- En Afrique centrale, les sources plicitement de membres inférieurs. orales perpétuent la mémoire d’un LE DÉCOR D’ABORD Une assimilation qui s’explique harpiste du XVIe siècle du royaume Les Mangbétus, voisins des Zan- sans doute parce que l’instrument Buganda (Ouganda). C’est le re- dés, vont à l’extrême fin du est considéré comme le double du père historique le plus ancien pour XIXe siècle, et pour peu de temps, musicien ou de sa voix. cette région. Aucune des harpes enrichir considérablement le décor présentées à La Villette ne franchit de leurs harpes – souvent, souligne Emmanuel de Roux LeMonde Job: WMQ1106--0036-0 WAS LMQ1106-36 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 09:24 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 16Fap: 100 No: 0414 Lcp: 700 CMYK

36 / LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 CULTURE La Russie communie dans l’adoration de Pouchkine Le bicentenaire de la naissance de l’écrivain russe considéré comme le plus grand donne lieu à des centaines de manifestations dans tout le pays MOSCOU imposer « un » Pouchkine, même à raison de dix par jour, à la gloire de français à Saint-Pétersbourg, de notre correspondant si la Russie semble y retrouver une de Pouchkine. explique comment Pouchkine, Aucun Russe ne pourra y échap- fierté perdue. Le comité d’organi- Aucune voix discordante ne « créateur de la langue littéraire per. Le bicentenaire de la nais- sation a surtout servi de guichet fi- trouble cette ferveur. Dmitri Pri- russe », demeure un pilier du sys- sance d’Alexandre Pouchkine nancier, pris d’assaut par les mu- gov, écrivain mais aussi sculpteur tème éducatif. « Nous apprenons (1799-1837), monument littéraire sées, théâtres, éditeurs et et peintre, est l’un des très rares à ses poèmes les plus simples au jar- dont l’adoration n’a jamais cessé, collectivités locales. Mais la pas- demander que l’on « oublie un din d’enfants, dit-elle, puis cet en- donne lieu à une furie commémo- sion de Pouchkine a aussi relancé peu » Pouchkine. « La culture offi- seignement se poursuit, au collège, rative quasiment sans précédent. certains commerces : vodka, bière, cielle veut l’installer comme Lénine, au lycée, à l’université surtout. Moscou, où Pouchkine est né, et T-shirts, chocolat se vendent dans un mausolée. Par archaïsme et Pouchkine nous accompagne toute Saint-Pétersbourg, où il a vécu, or- mieux avec l’effigie du poète. conservatisme, l’Etat entretient ce notre vie. » ganisent jusqu’au mois de juillet culte », dit-il. Mais l’artiste ajoute Eugène Onéguine, Le Cavalier de une suite ininterrompue d’exposi- « C’EST NOTRE RESPIRATION » aussitôt que « ses vers sont merveil- bronze, Boris Godounov ou Le Pri- tions, de concerts et spectacles. A Tsarkoïe Selo, ancien domaine leux, que Pouchkine demeure extrê- sonnier du Caucase sont d’im- Mais les autres régions de Russie des tsars proche de Saint-Péters- mement actuel, que ce n’est plus un menses classiques, tout comme les célèbrent également « le plus bourg, rebaptisé du nom de homme mais des milliers et des mil- contes appris par cœur par les en- grand des poètes ». De Vladivostok Pouchkine en 1937 parce que liers de fantômes qui hantent cha- fants. Héros romantique, liber- à Smolensk, les pouvoirs locaux l’écrivain avait fait là ses études, le cun de nous ». taire, ironique, décembriste, révol- relaient l’ordre venu du Kremlin bicentenaire a permis de refaire les Les étrangers ont quelque diffi- té, le destin d’Alexandre d’honorer « l’âme même du peuple routes et quelques aménagements culté à partager avec la même in- Pouchkine, tué en duel par l’offi- russe », selon les mots de Boris Elt- dans les parcs environnants. A tensité cet amour du poète, tant il cier français d’Anthès, démultiplie sine. Moscou, le visage de l’écrivain est vrai que Dostoïevski, Gogol, la force de la légende. La Russie aime les fêtes, raffole agrémenté de vers et de citations Tourgueniev ou Tchekhov sont Pouchkine demeure pour les des anniversaires et ne s’est jamais est partout, sur d’immenses ban- autrement plus lus, du moins en Russes comme un horizon indé- lassée de Pouchkine, alternative- deroles et aux devantures des ma- France. « Vaguement touché de passable. « C’est notre respiration, ment admiré et rejeté par les tsars, gasins. l’enthousiasme russe, le lecteur ça ne s’explique pas », dit simple- sanctifié par le pouvoir stalinien, La presse a renoncé à tenir les français, grand ordonnateur des ment Natalia Mavlevitch, collabo- toujours cité à l’appui des dé- comptes. Quatre-vingt-treize gloires de l’univers, s’offre une petite ratrice de la revue russe Littérature monstrations politiques ou litté- livres sur Pouchkine ont été édités visite au monument, car il respecte étrangère. Cette ferveur va se dé- raires les plus contradictoires. Bien à Moscou. La télévision publique toujours les recommandations des cliner au travers de centaines d’ex- loin du cent-cinquantenaire de ORT s’est baptisée le 6 juin guides, y défile à pas menus et sou- positions, ce qui fera oublier pour 1949, qui avait donné lieu – écrivait « Chaîne Pouchkine » en lui lève son chapeau en baillant », dé- un court intermède l’agonie finan-

alors Le Monde – à « une explosion consacrant tous ses programmes. plore Frédéric Verger dans une cière de tous les organismes cultu- POUCHKINE, MOSCOUMUSÉE / E. A. TOUNITSKII de chauvinisme littéraire et à des at- A Vladivostok, un admirateur qui préface à La Dame de Pique (édi- rels russes. « Alexandre Pouchkine », par V. I. Choukhaev, taques contre l’Occident », ce n’avait jamais écrit un seul vers a tions POL, 1992). pastel et sanguine sur papier (1960). 200e anniversaire ne prétend pas subitement composé 200 poèmes, Galina Alexandrova, professeur F. Bt Musée Pouchkine, Moscou. Les dix ans d’un programme d’aide André Markowicz, traducteur à la publication d’auteurs français « Dieu est Dieu parce qu’il est Dieu, voilà tout » ANDRÉ MARKOWICZ, trente- – Dieu est Dieu parce qu’il est second, c’est Pouchkine, dieu de la c’est un nouveau Pouchkine qui MOSCOU russes, entre 20 et 40 roubles (5 et neuf ans, a traduit les plus grands au- Dieu, voilà tout. Demander pour- langue. Ce qui différencie un Russe est mis en avant. de notre correspondant 10 francs) par ouvrage. teurs russes, Gogol, Tchekhov, Ler- quoi, c’est une question d’étranger. d’un non-Russe est que ce dernier – Oui, pour le centenaire de sa La France fête aussi Pouchkine, Après la traduction des grands montov, Joseph Brodsky, et travaillé Beaucoup d’explications peuvent préférera Dostoïevski. naissance, en 1899, est célébré le le dixième anniversaire de son pro- classiques du siècle (Jean Genet, avec de nombreux metteurs en être trouvées. Elles seront vraies et – Ce qui est largement le cas en symboliste, le philosophe mais aussi gramme Pouchkine, système Marcel Proust, Blaise Cendrars, scène, dont Antoine Vitez. En 1991, il entièrement fausses. On dit qu’il France. le poète moderne de la première d’aide à la traduction et à l’édition Raymond Queneau, André Gide), entreprend de retraduire toute fonde la littérature russe : vrai, mais il – Bien sûr. Pourtant, tous les écri- naissance du capitalisme. Le d’auteurs français lancé en 1989 l’accent est mis désormais sur des l’œuvre de Dostoïevski. Il prépare y avait de grands poètes avant lui. En vains russes sauf deux, Tolstoï et Pouchkine du bicentenaire est omni- par le ministère des affaires étran- contemporains : Annie Ernaux, Pa- un livre consacré aux célébrations fait, Pouchkine crée la mémoire de la Tchekhov, ont publié des textes sur présent, comme argument de vente gères et l’ambassade de France à trick Modiano, Pascal Quignard, des anniversaires d’Alexandre poésie russe. Gogol a écrit un article Pouchkine. En 1880, quand on dresse et comme garant de la permanence Moscou. Si les textes classiques du Dominique Fernandez, Jean Pouchkine. intitulé “Quelle est la particularité de sa statue à Moscou, Dostoïevski fait d’une certaine Russie. XVIIIe et du XIXe siècles existaient Rouaud. Plus d’une centaine de « Vous avez expliqué que tra- notre littérature ?” Pouchkine, ré- un long discours, immédiatement – Et pour vous aussi, Pouchkine en russe, la plupart des auteurs du titres concernent les sciences hu- duire Pouchkine était une entre- pond-il. Pouchkine est l’écho de tout compris comme historique. Dos- demeure le plus grand ? XXe demeuraient inaccessibles. maines, avec Pierre Bourdieu, Mi- prise désespérée. Pourquoi ? le monde. Quand on parle du poète, toïevski explique que la Russie n’est – Il est le plus grand talent litté- En dix ans, le programme chel Foucault, Gilles Deleuze, – J’ai essayé de le traduire mais on on parle de soi. Depuis sa mort, il y a russe qu’en tant qu’elle est l’aboutis- raire que je connaisse, l’équivalent de Pouchkine a permis l’édition de François Furet, Georges Duby, Fer- ne peut pas le traduire. Parce que en Russie une opposition constante sement de toute l’Europe. C’est pré- Dante ou de Shakespeare. » plus de 350 titres, littérature, nand Braudel, Edgar Morin. « Sans Pouchkine n’est pas en Russie de entre deux dieux : le premier est le cisément l’idée de Pouchkine. sciences humaines, droit et écono- ce programme, il n’y aurait pas l’ordre de la littérature. Il est un cin- dieu de l’histoire, c’est Pierre Le – Et pourtant, à chaque Propos recueillis par mie. « Le choix des auteurs est laissé d’édition d’auteurs français en Rus- quième élément et, chose fonda- Grand, Nicolas Ier, Lénine, Staline. Le commémoration ou anniversaire, François Bonnet aux éditeurs, dit Olivier Guillaume, sie », assure Olivier Guillaume. mentale, un élément intime. Quand attaché culturel de l’ambassade de Si quelques rares best-sellers un Russe lit ses vers, il ne lit pas du France. Nous examinons près de – policiers ou livres pratiques – ou Pouchkine, il lit son enfance. En fran- 250 projets par an et en retenons d’anciens stocks peuvent être trou- çais, il devient un écrivain normal. Pascal Rambert joue sur les toits de Los Angeles une cinquantaine. Ce qui nous in- vés dans les librairies moscovites, Or, il y a chez lui un jeu inouï sur la téresse, c’est la qualité de la traduc- les éditeurs français ne se sont pas sonorité de la langue et son harmo- LOS ANGELES Los Angeles ont participé à la production de ce spec- tion et que les livres soient effective- aventurés directement sur le mar- nie qu’une traduction ne peut pas correspondance tacle gratuit. ment vendus : cela, seuls les éditeurs ché russe. Le programme Pouch- rendre. Pouchkine n’est pas tel ou tel C’est à l’heure, magique, d’un coucher de soleil Sur cette frontière de béton entre ciel et terre, peuvent le faire. » La subvention kine, qui a touché une cinquan- de ses vers, il est l’ensemble d’un californien que le jeune metteur en scène et auteur parfaite pour le théâtre minimaliste de Pascal Ram- est de 10 000 à 30 000 francs par taine d’éditeurs russes depuis 1989, mythe, ce dont les Russes ne se français Pascal Rambert entame sa représentation bert, le chœur d’une douzaine d’acteurs d’ethnies titre, qui permet de couvrir les frais tente ainsi de combler un immense rendent même pas compte tellement de Race, une pièce qu’il a créée en 1997 pour Octo- différentes avance en silence, captivant la petite de traduction et le paiement des vide dans la diffusion d’auteurs il est évident. bre en Normandie et jouée au Théâtre Gérard-Phi- centaine de spectateurs qui suivront la fin de la pre- droits pour des tirages allant de étrangers. – Pourquoi les Russes le consi- lipe de Saint-Denis. Il l’a finalement adaptée pour mière représentation sous la pluie. Leurs incanta- 2 000 à 5 000 exemplaires. Les édi- dèrent-ils donc comme leur plus quatre représentations début juin à Los Angeles. Le tions enflent jusqu’au cri de ralliement antiraciste teurs peuvent ainsi tenir des prix F. Bt grand écrivain ? lieu : le dernier étage en plein air d’un parking trans- des laissés pour compte de la société moderne. Le formé en un plateau de scène idéal, entre un bou- critique de théâtre du Los Angeles Times a reproché à quet de gratte-ciel de downtown qui s’allument à la l’artiste français de « prêcher depuis un toit de ga- tombée de la nuit et la vaste étendue de la mégalo- rage ». « Le prochain millénaire va être mélangé, il pole. faut travailler à réussir ce mélange », commente le Le thème : l’exploitation culturelle, la colonisation, metteur en scène, pour qui la situation démogra- l’immigration. Les acteurs : issus du LAPD – le Los phique et politique de Los Angeles imposait une Angeles Poverty Department, une troupe de théâtre adaptation de Race. Il s’attaque maintenant à la pré- d’avant-garde animée par John Malpede, où jouent paration de l’Epique de Gilgamesh, programmée à des sans-abri – et du Département d’art dramatique Avignon en 2000, dans un champ de tournesols... de l’université de Cal Arts. L’Association française d’action artistique, le consulat français et la ville de Claudine Mulard Magma à la conquête victorieuse des Etats-Unis

NEW YORK six ans », est venu dire un étudiant de la gloire, a un temps, par mé- de notre envoyé spécial à peine né lorsque la formation fiance, été mis au silence avant de Epuisée par la chaleur (il fait 31 avait joué, une unique fois, sur le revenir au combat. degrés à l’extérieur), ravie, re- continent américain ; c’était en Avant New York, il y eut, le connaissante, encore sous le coup 1973. Aujourd’hui, le groupe asso- 28 mai, un club à Chicago, des fes- d’un choc musical, la foule qui cie, outre son fondateur, le batteur tivals à San Francisco le 30 mai et avait patiemment fait la queue à et chanteur Christian Vander, les Los Angeles le 1er juin, Mexico l’entrée du Wetlands a scandé lon- voix d’Antoine Paganotti, Isabelle dans la foulée et Manhattan pour guement le nom de Magma, le Feuillebois et Stella Vander, le gui- terminer cette tournée rapide dans groupe « from France » qui, le soir tariste James Mac Gow, le pianiste des conditions parfois précaires du 8 juin à New York, l’a séduite. Il Emmanuel Borghi et le bassiste (matériel non conforme aux spéci- fallait être au Wetlands, l’un des Philippe Bussonnet. fications ou hôtels désastreux...). A seize lieux du Bell Atlantic Jazz chaque fois, Magma a joué et ga- Festival organisé par la Knitting PAS DE NOSTALGIE gné, probablement aussi exotique Factory, salle mythique de Man- A New York, Magma a des fans et mystérieux pour les Américains hattan. qui dénichent ses disques à prix que peut l’être une chanteuse de L’un des critiques musicaux du d’or en importation et collec- country à Tremblay-en-France. La New York Times a fait le déplace- tionnent les éditions originales. Ils musique de Magma, vivifiée par ment. Au Wetlands, on milite pour connaissent cette musique mais ne des arrangements denses, s’est la cause des femmes, contre la vi- l’ont jamais « vue » en concert, là resserrée sur trois des passions de visection, les pluies acides, en fa- où elle gagne sa force, incandes- Christian Vander : le gospel, la veur de la libération des Noirs em- cente. En trente ans d’existence, soul music et, à jamais, John Col- prisonnés dans les couloirs de la Magma a pu être raillé pour avoir trane, l’homme, le musicien sin- mort ; on espère aussi une mu- inventé un langage, véhicule de sa cère et entier. Pour les jeunes sique différente. Ceux qui sont ve- musique, considéré comme her- New-Yorkais, cette musique a un nus sont jeunes, de vingt à vingt- métique et cérébral par la scène goût de futur, elle est nouvelle, au- cinq ans. Ils dansent et se pressent rock faute de se plier à la loi du thentique. La nostalgie n’avait pas sur le devant la scène. Il y a quel- spectacle, observé de haut par la sa place ici. ques Français, mais pas des musi- scène jazz pour des pièces hors ciens. « Nous avons attendu vingt- des standards. Le groupe, au seuil Sylvain Siclier LeMonde Job: WMQ1106--0037-0 WAS LMQ1106-37 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 09:25 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 16Fap: 100 No: 0415 Lcp: 700 CMYK

CULTURE LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 / 37

SORTIR

Une création chorégraphique et musicale EAPVM, 11, rue du PARIS Séminaire-de-Conflans, Rencontres internationales 94220 Charenton. Mo Liberté. Le 10, hors circuit Paris/Berlin à partir de 19 heures. Tél. : joliment démultipliée Ces rencontres engagent une 01-43-53-96-60. Http ://www. action transdisciplinaire en faveur paris-valdemarne.archi.fr de la création contemporaine en Lili Boniche François Raffinot consacre son spectacle « Play-back » à l’écrivain Salman Rushdie cinéma, vidéo et arts plastiques Né à Alger de parents d’origine (installations, performances, juive, consacré dans les années 50, Play-back, à l’Ircam jusqu’au 13 juin, use des de François Raffinot et de la musique d’Ed- dans un flux électronique. Le nom du lieu dans interventions). Plus de trois cent redécouvert en France au début corps comme des sons dans un cadre qui mêle mund J. Campion cherchent parfois leur homo- lequel se déroule ce spectacle lui convient parti- vingt films et vidéos en des années 90, mélangeur de aussi théâtre, mime et cinéma. La chorégraphie généité. On entend la voix de Salman Rushdie culièrement : « espace de projection ». provenance de trente-cinq pays langues (il chante en (fictions, cinéma expérimental, « francarabe ») et de styles (il nous sommes à l’Ircam – temple ré- habituelle des sons spatialisés après D’ailleurs, les changements de documentaires, art vidéo, vidéos revisite l’héritage andalou, AGORA 99. Play-back (création), puté austère de l’informatique mu- traitement informatique. costumes et d’accessoires s’effec- expérimentales...) seront présentés interpète le chaâbi, mais aussi des de François Raffinot (chorégra- sicale – pour assister à la première Dans la chorégraphie, on s’évite tuent à vue. La deuxième partie in- à l’Ecole nationale supérieure des tangos, paso-doble, rumbas...), Lili phie) et Edmund J. Campion création pluridisciplinaire du Festi- et on se repousse autant qu’on se corpore magnifiquement la vidéo à beaux-arts, au cinéma Action Boniche est un étincelant et (musique). Avec Saül Dovin, An- val Agora 99 (Le Monde daté di- cherche et qu’on se rejoint. Dans la la chorégraphie, notamment lors Christine, au Centre Jean-Dame et pétillant charmeur. En première ja Hempel, Serge Louis-Fernand, manche 6-lundi 7 juin). musique, on se soumet à une simple d’un duo virtuel qui associe un dan- à l’auditorium de la Fnac des partie : Maurice el-Medioni. Bettina Mason, Pénélope Par- Conçu par François Raffinot, res- mise en abyme ; sons de timbale seur (filmé) et une danseuse (en Halles. Un espace d’exposition Olympia, 28, boulevard des rau, Franck Picard. Solistes de ponsable du département chorégra- qui, captés à même la peau et trans- vrai) pour une interprétation post- sera ouvert chaque jour au Centre Capucines, Paris 8e. Mo Opéra. l’Ensemble TM+, Vincent David phique récemment fondé à l’Ircam, formés en temps réel, s’apparentent moderne du thème d’Echo et Nar- Cerise qui accueillera Le 10, à 20 h 30. Tél. : (saxophone), Benoît Gaudelette Play-back ne s’impose donc pas de aux appels d’un gong galactique, ou cisse ! Quant à la troisième partie, parallèlement trois soirées de 01-47-42-25-49. De 160 F à 200 F. (percussion), Marc Marder prime abord comme de la danse. De bien trilles de saxophone destinés à elle s’achève dans le noir par la pro- performances, lectures et concerts VILLEBOIS-LAVALETTE (contrebasse), technique Ircam même, la musique écrite pour l’oc- se perdre dans l’enchevêtrement de jection cinématographique (les 12, 13 et 21 juin). Plusieurs (Manuel Poletti). Espace de pro- casion par Edmund J. Campion leurs clones réverbérés. d’images issues de la première avec cartes blanches (Jean-Marie Printemps de la danse jection de l’Ircam. A 20 h 30, jus- tarde-t-elle aussi à sonner comme délicat accompagnement de contre- Straub et Danièle Huillet, Robert en Charente qu’au 13 juin. Tél. : 01-44-78-48- une composition à part entière. HOMOGÉNÉITÉ DU REGARD basse. Cahen, Claus Löser, Jean Rouch) et Deux jours d’un très beau 16. C’est que Play-back use des corps Il faut attendre la constitution du Play-back adopte le principe de la des débats complètent cette programme avec des compagnies comme des sons dans un cadre qui trio instrumental (saxophone alto, variation. Rétrospective, puisque programmation. développant un travail personnel Les lumières ne se sont pas mêle aussi théâtre, mime et cinéma. contrebasse et vibraphone) pour François Raffinot reprend ici, avec Centre Cerise, 46, rue Montorgueil, original comme Heddy Maalem, éteintes. Une partie du public n’a Le genre reste à définir, et la pre- enfin attribuer une identité aux évé- la référence à Salman Rushdie, un Paris 2e. Mo Les Halles. Du 10 au Pascal Delhay ou Farid Berki. Olga pas remarqué que le spectacle est mière partie du spectacle donne nements sonores. Elle émane du élément fondateur d’un de ses tra- 22 juin. Tél. : 01-40-26-66-34. de Soto danse avec Denis déjà en cours : une jeune femme l’impression de vouloir seulement jazz, dont Campion module joli- vaux précédents, Scandal Point Nuit de l’architecture virtuelle Pousseur, Régine Chopinot donne portant des lunettes noires parcourt ouvrir des pistes, souvent sédui- ment quelques accents, puis se fixe (1996), et prospective, puisque la L’Ecole d’architecture de son superbe solo Chant de lune, négligemment un livre ; une autre santes, parfois anecdotiques. La sur la voix enregistrée de Salman nouvelle œuvre développe trois fois Paris-Val-de-Marne (EAPVM) qui se mesure aux notes indiennes s’applique à lacer ses chaussures de verve inventive de Raffinot l’em- Rushdie, qui émerge d’un flux élec- le même matériau dans un temps organise, en collaboration avec du compositeur Ravi Prasad. sport. Un jeune homme dispose un porte alors sur l’expérimentation tronique dont elle est la source différent. La première partie (cin- INA-Imagina, une Nuit de Quant à Christian Bourigault, il bouquet de fleurs dans un vase ; un prudente de Campion. L’un affole acoustique. quante minutes), débridée, s’appa- l’architecture virtuelle dans ses présente son célèbre Autoportrait. autre entreprend l’inventaire de son les sens en jouant à faire et défaire Paradoxalement, l’homogénéité rente à une série d’esquisses inter- locaux de Charenton-le-Pont. Des De plus jeunes aussi, ou de moins portefeuille. L’attente. Les meubles des couples comme pour monter et de Play-back se situe dans le regard. actives. La deuxième (vingt citernes d’Alexandrie aux connus – Katy Roulaud, Laurent sont recouverts de draps comme démonter un décor de ballet amou- De ceux qui, sur scène, considèrent minutes), coordonnée, se stabilise possibilités du Web, de Lascaux à Pichaud ou Patricia Ferrara –, dans les maisons inoccupées. Il reux, tandis que l’autre invite genti- les ébats des autres (en jouant de dans l’animation esthétique. La troi- la cité Tony-Garnier de Lyon, les pourront défendre leurs œuvres. pourrait donc s’agir de théâtre, mais ment l’esprit à suivre la logique in- l’appareil-photo, de la caméra ou sième (dix minutes), stylisée, touche projections se succéderont, Château, 16 Villebois-Lavalette. du... saxophone puisque les instru- à la quintessence d’une expression accompagnées de plusieurs Les 11 et 12 juin, à 21 h 30. mentistes « comptent » comme des organiquement démultipliée. Jamais remises de prix. Tél. : 05-45-64-71-58. 50 F. personnages) ainsi que de ceux qui, création à l’Ircam ne se sera autant de la salle, répartis tout autour du confondue avec le lieu choisi pour plateau, mettent en relation signifi- sa diffusion : l’espace de projection. Publicité cative mouvements corporels et ac- tions musicales. Pierre Gervasoni Trois compositeurs d’avenir à Radio France

férences pour imposer de l’inouï. KARIM HADDAD : Noch eins ist Notamment par le biais d’une fas- aber zu sagen (création). RAMON cinante déambulation maintenue LAZKANO : Eriden (création). au ralenti dans une sphère oni- OSCAR STRASNOY : Bloc-notes rique. Chef-d’œuvre de décanta- de Midea (6) (création). Julie tion extatique, Noch eins ist aber zu Hassler, Olga Pitarch (sopranos), sagen nécessite un savant dosage Maryseult Wieczorec (mezzo-so- de rigueur (pour servir une organi- prano), Jean Nirouët (haute- sation qui confine au rituel) et de contre), Luigi Tomasi (récitant), souplesse (pour animer l’orga- Orchestre philharmonique de nisme qui commande ce pas à pas Radio France, Laurent Cuniot infinitésimal) que Laurent Cuniot GUIDE (direction). Radio France, le réalise parfaitement. 5 juin. La musique de Ramon Lazkano (né en 1968), on le sait depuis la CINÉMA 92 Malakoff. Le 10, à 19 h 30 ; le 11, à Le dernier concert de la série 19 heures ; le 12, à 14 heures ; le 13, à publication d’un superbe CD (Le 12 h 30. Tél. : 01-46-55-43-45. De 50 F à Rencontre avec André S. Labarthe Découvertes de Radio France s’est Monde du 7 novembre 1998), se 120 F. La Cinémathèque de Saint-Etienne or- situé à un niveau d’excellence ra- plaît à explorer l’art de la pertur- Raghunath Manet ganise une journée avec André S. La- rement atteint, illustrant la ten- bation fugitive. Eriden (pour or- Danse, musique, chants et percussions barthe. Le 12 juin à 14 h 30, une pro- de l’Inde du Nord. dance à l’originalité individuelle chestre de chambre) en témoigne grammation de ses films sera ponctuée Institut du monde arabe, 1, rue des Fos- qui semble caractériser la généra- de nouveau dans une expression, de diverses interventions avec le public sés-Saint-Bernard, Paris 5e. Mo Jussieu. tion des compositeurs nés dans les volatile puis ferme et disloquée, (entrée libre). A 20 h 30, le cinéma Le Les 10 et 11, à 20 h 30. Tél. : 01-40-51-38- France accueillera, en avant-première, années 60. Comme le Basque Ra- que le compositeur manie avec la 14. 80 F et 100 F. I have to make the world be flesh, un mon Lazkano et l’Argentin Oscar dextérité d’un jongleur présentant Edda Erlendsdottir (piano) portrait du réalisateur David Cronen- Strasnoy, créés le même soir par un numéro sur scène et sa contre- Œuvres de Leifs, Wiren, Isolfsson, Ma- berg, réalisé par Labarthe dans le cadre detoja, Grieg et Sveinbjörnsson. l’Orchestre philharmonique, le Li- partie en coulisses ! L’œuvre de de la collection « Cinéma de notre Amphithéâtre Richelieu (Sorbonne), 17, banais Karim Haddad (né en 1962) Lazkano n’a d’un divertissement temps » qu’il dirige avec Janine Bazin. rue de la Sorbonne, Paris 5e. Mo Cluny. est passé par le Conservatoire de que l’apparence et touche à la Enfin, projection de Videodrome, réali- Le 10, à 19 heures. Tél. : 01-42-62-71-71. sé en 1982 par David Cronenberg. Paris. Ce point commun ne favo- question sensible de l’identité du De 110 F à 130 F. Cinémathèque, 24, rue Jo-Goutte- rise néanmoins aucun rapproche- créateur. La Theory du Reptil, Le POM barge, 42000 Saint-Etienne. Tél. : 04- ment des œuvres, sur le plan du Moins complexe, le propos New Morning, 7-9, rue des Petites- 77-43-09-77. 35 F et 44 F. métier comme sur celui du style. d’Oscar Strasnoy (né en 1970) dans Ecuries, Paris 10e. Mo Château-d’Eau. Le Fondé sur un texte d’Hölderlin Bloc-notes de Midea tient à l’expé- REPRISES 10, à 21 heures. Tél. : 01-45-23-51-41. De (que diffusent deux sopranos dans rimentation d’éléments destinés à 110F à 130F. La Promesse Stan Laferrière Quartet un registre intimiste), Noch eins ist un opéra sur le mythe de Médée. de Jean-Pierre et Luc Dardenne, avec Le Ciel de Paris, tour Montparnasse, Pa- aber zu sagen (Mais voici ce qu’il La sixième livraison (pour récitant, Olivier Gourmet, Jérémie Renier, Assita ris 14e. Mo Montparnasse-Bienvenüe. Le reste à dire) inscrit un peu Haddad mezzo-soprano, haute-contre et Ouedraogo, Rasmane Ouedraogo. 10, à 22 heures. Tél. : 01-40-64-77-64. dans la filiation de Luigi Nono et bande) du Bloc-notes regorge d’ef- Belge, 1996 (1 h 33). 90 F. de Heinz Holliger : ampleur de fets qui font mouche et atteste que MK2 Beaubourg, 3e ; Sept Parnassiens, Miossec e l’entreprise, puissance du souffle Strasnoy est aussi habile dans la Dolby, 14 (01-43-20-32-20) ; Le Cinéma Bataclan, 50, boulevard Voltaire, Pa- des cinéastes, 17e (01-53-42-40-20). ris 11e. Mo Voltaire. Le 10, à 20 heures. intérieur, aptitude à fondre les suggestion immédiate que Haddad Qu’est-ce que maman Tél. : 01-43-14-35-35. 143 F. sources les plus diverses (voix, ins- dans la projection infinie et Laz- comprend à l’amour ? Téofilo Chantre, Touré Touré, truments, électronique)... Son kano dans le mirage passager. de Vincente Minnelli, avec Rex Harri- Marcello Ferreira principal mérite consiste néan- son, Kay Kendall, Sandra Dee. Améri- Salle de la Roquette, 15, rue Merlin, Pa- e o moins à anéantir peu à peu les ré- P. G i cain, 1958, copie neuve (1 h 32). ris 11 . M Voltaire. Le 10, à 20 h 30. VO : Reflet Médicis, salle Louis-Jouvet, Tél. : 01-53-27-11-47. Dans le cadre du 5e (01-43-54-42-34) ; Mac-Mahon, 17e Festival Onze. (01-43-80-24-81). Bevinda Chapelle des Lombards, 19, rue de TROUVER SON FILM Lappe, Paris 11e. Mo Bastille. Le 10, à 20 h 30. Tél. : 01-43-57-24-24. Tous les films Paris et régions sur le Mi- Perco B. B. nitel, 3615 LEMONDE, ou tél. : 08-36- La Java, 105, rue du Faubourg-du- 68-03-78 (2,23 F/min). Temple, Paris 10e. Mo République. Les ENTRÉES IMMÉDIATES 10 et 11, à 23 heures. Tél. : 01-42-02-20- 52. Le Kiosque Théâtre : les places du jour Pierre Berthet, Frédéric le Junter vendues à moitié prix (+ 16 F de Scupltures-instruments pour musique commission par place). Place de la Ma- improvisée ou/et préparée. Avec, les 11 deleine et parvis de la gare Montpar- et 12 juin, le clarinettiste et bassiste Xa- nasse. De 12 h 30 à 20 heures, du mardi vier Charles. au samedi ; de 12 h 30 à 16 heures, le Instants chavirés, 7, rue Richard-Lenoir, o dimanche. 93 Montreuil. M Robespierre. les 10, 11 et 12, à 20 h 30. tél. : 01-42-87-25-91. 3e Festival de jonglage 80 F. contemporain et improvisé La Compagnie Jérôme Thomas propose VERNISSAGES une programmation où l’on retrouve des artistes fidèles du festival (Philippe Dominique Dehais Ménard, Guillaume Hazebrouck, Rémy Galerie La Ferronnerie, 40, rue de la Fo- Balagué et Babeth Gros), mais aussi des lie-Méricourt, Paris 11e. Mo Oberkampf. nouveaux venus et des artistes étran- Tél. : 01-48-06-50-84. De 14 heures à gers rencontrés pendant les tournées 19 heures ; samedi de 13 heures à des membres de la compagnie. 19 heures. Fermé dimanche et lundi. Théâtre 71, 3, place du 11-Novembre, Du 10 juin au 29 juillet. Entrée libre. LeMonde Job: WMQ1106--0038-0 WAS LMQ1106-38 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 10:45 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 16Fap: 100 No: 0416 Lcp: 700 CMYK

38 KIOSQUE LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 EN VUE

a Svetlana Broz, l’une des ses La Suède est-elle trop « humaniste » ? nièces, cardiologue à Belgrade, veut disperser les cendres de Tito dans le Danube, mais, Sasa Broz, A Stockholm, une tentative de réinsertion d’un criminel par le théâtre s’est terminée dans le sang. dramaturge à Zagreb, exige que la dépouille mortelle de son L’affaire bouleverse l’opinion et agite la presse du royaume grand-père soit inhumée dans son village natal à Kumrovec en DÉTENU en permission spé- royaume scandinave, relativement jouer trois détenus aux lourds ca- gamins égarés, susceptibles d’être Croatie. ciale, il joua sur scène son propre épargné jusqu’à présent par la vio- siers judiciaires. Pendant quatre remis sur le droit chemin grâce à rôle de criminel néonazi, sous la lence. Fallait-il laisser un tel récidi- heures, la parole leur avait été l’accueil affectueux de l’élite cultu- a Pour « sensibiliser l’opinion sur direction d’un des plus grands viste participer à cette expérience donnée en toute liberté. Extrait relle suédoise », ironise Aftonbla- les conséquences de la guerre », des metteurs en scène suédois. Au len- de réinsertion par le théâtre ? Pou- d’une tirade de Tony Olsson, cité det. L’un des complices de Tony écologistes grecs iront secourir les demain de la dernière représenta- vait-on accepter qu’il déverse son par le quotidien conservateur Olsson, arrêté par la police, était trois ours du zoo de Belgrade tion, au Théâtre national de Stock- fiel sur scène au nom de l’art et de Svenska Dagbladet : « Je suis anti- « une bombe ambulante », estime manquant de soins. holm, Tony Olsson participait à un la tolérance ? Le système carcéral sémite. Je trouve que les juifs sont le quotidien populaire de tendance cambriolage, qui s’est soldé par la suédois est-il trop laxiste ? La des éléments étrangers qui ne social-démocrate. Ce néonazi dé- a Riziko Tours, agence de voyages mort de deux policiers. C’est du presse fourmille de questions, doivent pas exister dans notre pays claré suivait un programme de hongroise, organise des séjours moins ce dont cet homme de alors que la cavale du détenu s’est relles des journaux bien avant ce parce qu’ils brisent notre culture et réinsertion dans une école après touristiques au Kosovo « pour voir vingt-six ans, condamné à six ans interrompue le dimanche 6 juin au fait divers dramatique. « L’un des notre communauté. » s’être illustré en Bosnie en étei- les villages détruits ». Trente clients de prison pour tentative de Costa Rica, où il a été arrêté. plus grands débats sur le théâtre de L’épilogue inattendu de la pièce gnant une cigarette sur une se sont inscrits, dont un Français, meurtre, est soupçonné par la po- Sept Trois, la pièce écrite et mise la décennie », selon Dagens Nyhe- a naturellement apporté de l’eau femme musulmane, alors qu’il refusé dans la Légion étrangère lice. Celle-ci affirme posséder des en scène par Lars Norén, l’un des ter (libéral). Depuis des années, au moulin des critiques du projet était stationné dans le bataillon pour raisons médicales. preuves et a arrêté ses deux maîtres du théâtre suédois Lars Norén donne la parole aux de Norén. « Certains, dont les res- suédois de la force multinationale complices présumés. contemporain, avait suscité une exclus de la société. Pour cette ponsables du Théâtre national, ont de maintien de la paix. a Le bureau politique interdit aux Cette affaire a bouleversé le polémique dans les pages cultu- pièce, il avait été autorisé à faire perçu les trois internés comme des Pour Expressen, les choses sont membres du Parti communiste moins simplistes que cela. Sept vietnamien les jeux d’argent, les Trois était « une tentative d’huma- beuveries, les pots-de-vin, ainsi voudront se venger de tant de mas- tiré de son sac à malice l’idée de si- travers le Kosovo, si l’on en croit les niser les criminels. On peut discuter que « l’organisation ou l’utilisation DANS LA PRESSE sacres ? Il paraît que des soldats et multanéité. Suggestion astucieuse. A rapports des services de renseigne- de savoir si c’est un succès sur la de “ services malsains ”, tels que les policiers yougoslaves en petit ceci près qu’un ordre laconique peut ments et de certains Kosovars expul- forme, mais le fond est trop impor- “ bia ôm ” (bars montants), les FRANCE INTER nombre doivent retourner au Koso- stopper les frappes aériennes, alors sés de force de leur pays, les troupes tant pour disparaître dans des hur- massages et les karaokés ». Dominique Bromberger vo pour affirmer le principe de la que le déménagement d’une armée serbes ont brûlé des corps afin de lements de joie maligne », écrit le a Le G 8, mais surtout l’OTAN, s’ap- souveraineté de Belgrade. Il faudra demande du temps. Les chars de Mi- faire disparaître la preuve des mas- journal libéral. Constatant que la a La prison pour criminels prêtent à mettre en place un protec- plusieurs militaires occidentaux pour losevic peuvent tomber en panne sacres qu’elles ont perpétrés. pièce a « affecté tous ceux qui l’ont séropositifs, récemment inaugurée torat dont personne ne peut dire protéger en permanence chacun d’essence dans les vallées du Kosovo. vue », Svenska Dagbladet rend à Tver en Russie, accueillera dix combien de temps il durera (...) Si d’entre eux (...) Seul le renversement D’ailleurs, pour que chacun prenne EL PAIS hommage à Lars Norén pour avoir prisonniers par cellule. Slobodan Milosevic reste au pouvoir, de Milosevic, son remplacement par la vraie mesure de l’obstacle, Eltsine a La guerre aérienne dévastatrice « placé de force les spectateurs de- les militaires de l’OTAN seront blo- un gouvernement aussi démocra- a redemandé l’arrêt préalable des exécutée par l’OTAN s’est achevée vant une responsabilité d’action a Un passant a fini par entendre qués au Kosovo aussi longtemps que tique que possible, son jugement bombardements. On ne joue plus sans que l’Alliance se soit fissurée, – une responsabilité que ni les auto- les détenus de la prison de Glaris, durera le règne de ce dernier. Mais ainsi que celui de tous ses complices aux échecs, simplement au poker bien qu’à certains moments les dis- rités, ni le personnel carcéral, ni la en Suisse, qui, enfermés dans dans quelles conditions ? Combien peuvent permettre de réintégrer la menteur. sensions entre ses membres se soient classe politique ne veulent leurs cellules avec leur gardien de temps les troupes occidentales se- Serbie dans la communauté des na- exprimées un ton plus haut. L’ur- prendre ». mort d’une crise cardiaque, ront-elles considérées par les Koso- tions et d’éviter ces bien sombres THE WASHINGTON POST gence désormais est que le départ Et maintenant ? La pièce de No- appelaient au secours à travers les vars albanais comme des alliés ? Le perspectives. a Au début de la guerre au Kosovo, des soldats et des policiers serbes qui rén « risque d’être utilisée comme barreaux. temps certainement de rebâtir leurs l’entassement de civils dans des wa- a commencé ce matin [10 juin ] soit un exemple de ce à quoi peut mener maison, de reconstruire les ponts et LE FIGARO gons de chemin de fer rappelait au immédiatement suivie de l’arrivée de trop d’ouverture et d’humanisme », a Un habitant de Châteauneuf, les routes, et après ? Car déjà, le de- Georges Suffert monde un genre de crimes dont la Force internationale pour le Koso- regrette Dagens Nyheter, estimant dans les Alpes-Maritimes, a dû voir de nos soldats sera de protéger a Pour surmonter l’ordre des priori- beaucoup de gens avaient cru qu’il vo (KFOR), afin de créer le plus ra- ce genre de projet « nécessaire, être hospitalisé à Nice, dimanche aussi les Serbes du Kosovo qui au- tés – le retrait des forces serbes pour ne se reproduirait plus. Un autre pidement possible un environne- malgré tout ». 6 juin, après une violente bagarre ront choisi de rester. Jugeront-ils, les uns, l’arrêt des frappes pour les écho maléfique survient mainte- ment suffisamment sûr pour provoquée sans raison par une condamneront-ils les Albanais qui autres –, la diplomatie française avait nant : l’incinération de cadavres. A encourager le retour des expulsés. Antoine Jacob bande armée, précédée dans l’après-midi de véhicules de reconnaissance et d’éclaireurs SUR LA TOILE munis de portables, descendue d’un village voisin pour les « fêtes www.shas.bezeqint.net LANGUE FRANCAISE de la cerise ». a L’Office québécois de la langue française (OLF) a informé le pro- a Mardi 8 juin, au Texas, l’ancien Un site officieux du parti israélien Shass diffuse une longue vidéo à la gloire de son chef priétaire d’un studio de photo- président George Bush, vêtu de graphie à Laval (Québec) qu’il en- blanc, a sauté en parachute à CONTRAIREMENT aux autres le pouvoir judiciaire. Elle compare, freignait l’article 52 de la Charte l’occasion de ses 75 ans. Barbara, partis politiques israéliens, le mou- images à l’appui, son appartement de la langue française, car son site son épouse, l’a accueilli sur l’herbe vement ultra-orthodoxe séfarade familial aux villas des juges qui Web n’était disponible qu’en an- avec un baiser. Shass n’a pas de site Web officiel. l’ont condamné : « appartement glais. Un porte-parole du minis- Non pas qu’il tourne le dos aux luxueux ? », s’emporte Deri, affir- tère responsable a rappelé que a Les sorcières et les sorciers techniques modernes de communi- mant que quatre de ses huit en- « le gouvernement de Québec incorporés à la base militaire de cation : il transmet chaque semaine fants s’y entassent dans une considère qu’Internet est soumis Fort Hood, à Killeen au Texas, par satellite les sermons de son chambre. « Il est innocent ! », s’ex- aux mêmes lois que les autres appartenant à une minorité chef spirituel, le rabbin Ovadia Yos- clament en chœur les rabbins du sphères d’activités dans la société... religieuse, sont « non seulement sef, à ses communautés du monde mouvement, suivis par un chanteur Il ne s’agit pas d’exclure l’anglais, tolérés, mais bienvenus », déclare le entier. La veille des élections du enthousiaste qui déclame une mais bien de s’assurer qu’il y ait du colonel Ben Santos. 17 mai, il a utilisé Microcall, un ser- chanson écrite pour la cir- français pour que les consomma- veur téléphonique ultra-sophisti- constance. teurs puissent en bénéficier ». Le a Un garçonnet britannique, qué, pour transmettre à plus de Arieh Deri dénonce sans relâche site incriminé devra donc fermer, accusé du viol d’une fillette, 200 000 électeurs un message enre- la « méchanceté » et la « cruauté » à moins que son propriétaire comparaissait, mercredi 9 juin, gistré par son président, Arieh Deri. du jugement, thème qui a fourni le n’accepte de réaliser un site équi- devant un tribunal pour mineurs Shass, qui grâce à ses 17 députés canevas de sa campagne électorale. valent en français. Ce dernier a de Northwich, en vertu d’une loi ne désespère pas de négocier avec Shass, dont le fonctionnement est fait savoir qu’il refusait d’obtem- qui, tout en fixant l’âge de la Ehoud Barak son entrée dans la comparable à celui d’un parti isla- pérer, et que ses avocats lui responsabilité criminelle à 10 ans, coalition gouvernementale, est miste, semble avoir une conception avaient assuré que la requête de oblige les petits à demander bien présent sur le Web, mais offi- très frontale et unilatérale de la l’OLF était illégale. – (Reuters.) pardon à leur victime. cieusement. L’unique page de ce communication sur Internet. Dans site en hébreu s’ouvre sur une pho- « J’accuse », qui peut être soit vi- réplique point par point aux juges une interview accordée au quoti- MONUMENTS HISTORIQUES a Stephen Hill, Britannique, to en gros plan d’Arieh Deri, posant sionnée en temps réel, soit télé- qui l’ont condamné le 17 mars à dien économique israélien Globes, a La Caisse nationale des monu- prétend qu’il a vaincu son devant les portraits d’Ovadia Yossef chargée pour un usage ultérieur. quatre ans de prison pour corrup- le procureur général Edna Arbel a ments historiques et des sites pu- bégaiement en imitant devant un et du vénéré rabbin Kadouri. Elle Comme le suggère son titre, tion – et laissé en liberté. Cette estimé que ce « J’accuse » constitue blie sur Internet son programme miroir Tony Blair en train de ne propose aucun texte, aucun lien « J’accuse » présente Arieh Deri œuvre mélodramatique, entrecou- une « distorsion des faits » destinée de spectacles, animations et ex- commander un cheeseburger. vers d’autres pages : son unique comme un nouveau capitaine pée de témoignages de moralité au « lavage de cerveau du public ». positions pour l’été 1999, organi- fonction est de diffuser une sé- Dreyfuss persécuté par l’establish- émanant de fidèles du mouvement, sés dans 112 monuments. Christian Colombani quence vidéo de 1 h 40 intitulée ment ashkénaze israélien. Deri y lance de violentes attaques contre Jean Lasar www.monuments-france.fr

Une bombe scientifique par Alain Rollat UN COMMANDO d’anthropo- aussitôt accolé à cet être animé même jour – étrange coïnci- logues est demandé d’urgence au l’étiquette « malade mental » ne dence ! – dans la grotte Chauvet. Kosovo. Les éclaireurs de France 2 doit pas émouvoir la communauté Ce pied d’adolescent, attribué à un viennent d’y faire une découverte scientifique. Tout le monde aura Homo sapiens, ne serait-il pas, tout scientifique sans précédent depuis compris qu’il s’agissait d’un rideau bonnement, celui de l’« homme » celle de l’homme de Cro-Magnon. de fumée destiné à mettre cette de Radavac qui aurait, en vieillis- Ils exploraient la jungle serbe, trouvaille majeure à l’abri des pil- sant, migré de l’Ardèche au Koso- épurée depuis longtemps de tous lards. vo ? ses habitants, quand, au lieu-dit La mission de ce commando se- La portée scientifique de cette Radavac, entre deux ruines, ils ont ra double. Il devra, d’abord, locali- énigme explique le message codé rencontré un hominidé en chair et ser la grotte d’où cet anthropoïde adressé à la communauté interna- en os dont la présence en ces lieux est sorti au terme, sans doute, tionale, dans la nuit de mercredi à défie l’entendement. Cet homi- d’une hibernation millénaire. Les jeudi, par le général Jackson. Ce- nien, de sexe masculin, déambu- traces noirâtres qui recouvrent lui-ci parlait en crypté, bien sûr, lait à travers la guerre. Il s’est lais- son corps et ses vêtements té- quand il a évoqué la nécessité de sé approcher et filmer. Il ne fait moignent d’un séjour prolongé en « redonner une certaine normali- aucun doute, au vu des premières quelque galerie souterraine vrai- té » à la vie humaine à l’intérieur images de cette fabuleuse ren- semblablement mise au jour par du Kosovo. « Normalité», c’était le contre, que nous sommes en pré- un bombardement. Il devra, en- mot-clé. Il s’agit de déterminer si sence d’un vivant fossile du genre suite, reconstituer son itinéraire, cet « homme » de Radavac est humain, bien que les expressions et remonter sa piste, pour vérifier bien le chaînon qui manquait de son visage lunaire donnent à la première intuition venue à l’es- entre l’Homo sapiens, dont le sou- penser que son intelligence est prit de notre état-major scienti- venir hante la grotte Chauvet, et primaire et bien qu’il ne possède fique qui a, immédiatement, établi l’Homo furiosus, dont l’anormalité pas encore un langage articulé si un lien entre la créature de Rada- a ravagé le Kosovo. Nous saurons l’on en juge par son mutisme ab- vac et l’empreinte de pied humain bientôt si l’Homo normalus reste solu. Le fait que la télévision ait repérée et filmée par France 3, le l’avenir de l’homme. LeMonde Job: WMQ1106--0039-0 WAS LMQ1106-39 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 09:37 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 16Fap: 100 No: 0417 Lcp: 700 CMYK

RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 / 39 JEUDI 10 JUIN GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 19.40 Le Deuxième Homme. Planète 0.25 Le Panocha Quartet. 20.55 Une Anglaise romantique aa TÉLÉVISION 20.15 Paroles de réfugiés. [4/5]. Arte La Sonate Kreutzer de Janacek. Mezzo Joseph Losey (Grande-Bretagne, 1975, ARTE 115 min) &. TMC 20.35 Cinq colonnes à la une. Planète 0.40 Cavalleria rusticana. 21.10 et 22.40 De quoi j’me mêle ! Opéra de Mascagni. 21.00 Murder aa TF 1 19.00 Voyages, voyages. Israël. Au cœur de la guerre. Arte 21.35 La Deuxième Révolution russe. Mise en scène. Liliana Cavani. Alfred Hitchcock (GB, 1930, N., v.o., 19.45 Météo, Arte info. [6/8]. La fin des débuts. Planète Par l’Orchestre et les Chœurs 105 min) &. Paris Première 19.05 Le Bigdil. 20.15 Reportage. Paroles de réfugiés [4/5]. MAGAZINES 21.50 Histoire de la BD. [5/13]. du Théâtre communal de Bologne, 21.00 Planète hurlante aa dir. Riccardo Muti. Muzzik 19.50 Clic & Net. 20.40 Thema. Spécial Kosovo : Les identités cachées. Odyssée Christian Duguay (Etats-Unis, 1995, Au cœur de la guerre. 22.25 L’Everest à tout prix. Planète 110 min) &. Cinéstar 2 20.00 Journal. 18.30 Nulle part ailleurs. Invité : Jacques Chirac. 20.45 Kosovo, Invités : Charlotte de Turckheim, 22.30 Bruce Springsteen. RTBF 1 TÉLÉFILMS 22.00 Chasseur blanc, les coulisses de la guerre. Victoria Abril, Alain Bashung, 20.50 Les Cordier, juge et flic. Cathy. %. 21.10 et 22.40 Débat. Stephan Eicher. Canal + 22.50 Les Légendes de l’horreur. cœur noir aaa 22.40 Made in America. L’Europe face à la guerre. [3/4]. Dr. Jekyll et Mr. Hyde. TMC 20.30 Sur un air de mambo. Clint Eastwood (Etats-Unis, 1989, 19.10 et 0.10Le Rendez-vous. Jean-Louis Bertucelli. Festival Pacte sous le soleil. 22.00 Histoire 23.25 Femmes du monde arabe. 110 min) &. Ciné Cinéma 2 Téléfilm. James Keach. %. d’une déclaration de guerre. Jean Saint Josse et Sami Naïr. LCI 22.10 Bella Vista. Alfredo Arias. Festival 20.05 Temps présent. Toujan Faisal, Jordanie. Planète 22.10 Une vie moins ordinaire aa 0.15 Les Rendez-vous de l’entreprise. 23.00 La Guerre «zéro mort». 22.40 Made in America. Danny Boyle (GB. - EU., 1997, v.o., 23.45 Crise aaa Otan : La guerre du Kosovo. 100 min) %. Canal + Le siècle en images : SPORTS EN DIRECT Pacte sous le soleil. FRANCE 2 Film muet. Georg Wilhelm Pabst. &. Sur la route de Cuzco. TSR James Keach. %. TF 1 22.25 Blanche et Marie aa 1.25 La Vie en face. 20.10 Le Talk Show. 23.45 La Face cachée de Christina. Jacques Renard (France, 1984, Luisa, au nom de l’Etat. 18.30 Football. 90 min) &. Ciné Cinéma 3 19.15 1 000 enfants vers l’an 2000. Maryse Wolinski et Julien Baer. LCI Festival Espoirs de Toulon. Oliver Storz. Festival 22.45 Le Maître de musique aa 19.20 Qui est qui ? 20.40 De quoi j’me mêle ! Colombie - Pays-Bas. Eurosport 20.00 Journal, Campagne officielle M6 Spécial Kosovo : 19.45 Athlétisme. SÉRIES Gérard Corbiau (Belgique, 1987, 100 min) &. Mezzo pour les élections européennes, Au cœur de la guerre. Arte Grand Prix II IAAF. 18.25 Sliders, les mondes parallèles. &. 21.00 Envoyé spécial. Meeting d’Helsinki. Eurosport 20.45 Buffy contre les vampires. 23.00 La Blonde et Moi aa Météo, Point route. 19.20 Mariés, deux enfants. &. Scientologie, une secte au-dessus des 2.05 Hockey sur glace. Stanley Cup. Un premier rendez-vous Frank Tashlin (Etats-Unis, 1956, 21.00 Envoyé spécial. Scientologie, 19.50 La sécurité sort lois ? Le blues des maires. Tadjikistan, 120 min) &. Téva une secte au-dessus des lois ? Dallas Stars - Buffalo Sabres. Canal + manqué. Série Club de la bouche des enfants. la route de la drogue. France 2 20.50 Les Cordier, juge et flic. Le blues des maires. 19.54 Le Six Minutes, Météo. 23.00 Envoyé spécial, les années 90. MUSIQUE Cathy. %. TF 1 Tadjikistan, la route de la drogue. La voiture de l’an 2000. 20.55 Julie Lescaut. 23.25 L’Autre Côté de la mer a 20.10 Zorro. &. Camp Z30D. Histoire Travail fantôme. RTBF 1 Film. Dominique Cabrera. %. 20.40 Décrochage info, Passé simple. 0.00 Le Magazine de l’Histoire. 22.45 Nice Jazz Festival 1998. 0.55 Journal, Météo. 50e anniversaire. 21.40 Urgences. Confusion. TSR 20.50 Ronde de nuit a Spéciale Résistance. Histoire e Fiesta Women. Muzzik 1.20 La 25 Heure. Mahal, Film. Jean-Claude Missiaen. %. 22.35 Profiler. Exercice de sécurité. %. les volontaires de l’étranger. 23.40 Abbado et Pavarotti. Dans les abysses. %. M6 22.35 Profiler. Exercice de sécurité. %. DOCUMENTAIRES Dans les abysses. %. Avec le Chamber Orchestra 22.35 La Rédac. of Europe. Paris Première Coup de feu. Disney Channel FRANCE 3 0.20 C-16. Revanche. &. 19.00 Voyages, voyages. Israël. Arte 23.50 Une éducation manquée. 23.25 Working. 18.15 et 23.10 Campagne officielle 19.10 Les Armes de la victoire. [10/12]. Opérette de Chabrier. As Bad as It Gets (v.o.). Série Club Mise en scène. Pierre Jourdan. La lutte anti sous-marine. Planète 23.40 Stargate SG-1. pour les élections européennes. RADIO Par le Sinfonietta, l’Orchestre 18.20 Questions pour un champion. 19.30 A la poursuite régional de Picardie et le Madrigal, Après un long sommeil. TSR des dieux engloutis. Odyssée dir. Michel Swierczewski. Muzzik 0.20 C-16. Revanche. M6 18.45 Un livre, un jour. FRANCE-CULTURE 18.55 Le 19-20 de l’information, Météo. 20.05 Fa Si La. 20.30 Agora. Charles Baladier. 20.35 Tout le sport. 21.00 Lieux de mémoire. 20.55 Les Amants L’hôtel des ventes Drouot. 23.45 Crise aaa du Nouveau Monde a 22.10 For intérieur. Georg Wilhelm Pabst. Avec Gustav Film. Roland Joffé. %. 23.00 Nuits magnétiques. [3/4]. Diessl, Brigitte Helm (All., 1928, N., 23.25 Météo, Soir 3. ARTE ARTE FRANCE 2 muet, 100 min) &. Arte 0.00 La Preuve par trois. FRANCE-MUSIQUE 23.55 Tron aa Les festivals. Finances. Retombées. 20.40 De quoi j’me mêle 23.45 Crise aaa 23.25 L’Autre Côté de la mer Steven Lisberger (EU, 1982, v.o., Emploi. Professionnalisation. 20.30 30e anniversaire de l’Orchestre 95 min) &. Ciné Cinéma 3 Soirée spéciale sur le Kosovo, bap- Un film de Pabst, tourné en 1928, Un comédie dramatique de Domi- 0.55 Espace francophone. national de Lyon. Concert 0.35 Les Ailes du désir aaa Tranches de villes : Tombouctou. par l’Orchestre national de Lyon, tisée « Au cœur de la guerre », en avec notamment Brigitte Helm, ré- nique Cabrera, mettant en scène Wim Wenders (Fr. - All., 1987, v.o., 1.20 Hors série. Aux larmes citoyens. dir. Emmanuel Krivine : partenariat avec Le Monde. Trois vélée dans le Métropolis de Lang. un pied-noir (Claude Brasseur), 130 min) &. Cinétoile Œuvres de Ravel, Chausson. documentaires – « Kosovo, les Images en noir et blanc d’une pré- l’un des rares à être restés en Algé- 0.50 Bob le flambeur aa CANAL + 22.30 Musique pluriel. Jean-Pierre Melville (France, 1955, N., Œuvres de Giraud, Gillet. coulisses de la guerre », « Histoire cision chirurgicale, observation rie après l’indépendance, et qui se 105 min) &. Ciné Classics ̈ En clair jusqu’à 20.40 23.07 Papillons de nuit. d’une déclaration de guerre » psychologique de l’incommunica- rend pour la première fois à Paris, 0.50 La Veuve Couderc aa 18.30 Nulle part ailleurs. et « La guerre, zéro mort » – sont bilité et très étonnant portrait de pour un rendez-vous médical. Il y Pierre Granier-Deferre (France, 1971, RADIO CLASSIQUE 90 min) &. Ciné Cinéma 1 20.30 Le Journal du cinéma. entrecoupés de débats. Le conflit femme – Brigitte Helm, d’une pré- croise famille et amis qu’il n’a pas 1.25 Blanche et Marie aa 20.40 Traque sur la ville a Film. Kirk Wong. ?. 20.15 Les Soirées. Œuvre de Mozart. fait aussi l’objet de documents sence envoûtante. Le film bénéfi- revus depuis trente ans et se lie Jacques Renard (France, 1984, 20.40 Ernest Chausson, les dernières diffusés dans la série « Paroles de cie d’une superbe copie, restaurée d’amitié avec un jeune beur. Un 90 min) &. Ciné Cinéma 2 22.10 Une vie moins ordinaire aa années. (no 1). Œuvres de Chausson, Film. Danny Boyle (v.o.). %. Duparc, Indy, Magnard. réfugiés » (à 20.15 jusqu’au en 1988, et d’une nouvelle musique beau film sur l’exil, l’identité et la 2.35 La Ménagerie de verre aa Irving Rapper (EU, 1950, N., v.o., 23.50 Sling Blade 22.48 Les Soirées... (suite). Œuvres de 11 juin). d’accompagnement. question des origines. 110 min) &. Ciné Classics Film. Billy Bob Thornton (v.o.). %. Telemann, C.P.E. Bach, J.S. Bach, etc.

VENDREDI 11 JUIN GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

19.35 Mémoires du XXe siècle, 22.25 L’Invité. André Ceccarelli. Muzzik DÉBATS 15.50 Les Ailes du désir aaa TÉLÉVISION Hubert Beuve-Méry. [5/5]. 22.45 Bernstein. Wim Wenders (France - Allemagne, LA CINQUIÈME/ARTE Sirius et de Gaulle. Planète Divertimento pour orchestre. 1987, 125 min) &. Cinétoile 21.20 Sur les traces de Robinson 14.30 La Cinquième rencontre... 19.50 Delacroix, Par l’Orchestre philharmonique 15.50 Chasseur blanc, TF 1 Crusoé. Forum Planète de Vienne, dir. L. Bernstein. Mezzo Travail et économie. le voyage au Maroc. Odyssée cœur noir aaa 23.25 Otages, le syndrome 23.10 Seiji Ozawa dirige Dvorák. Clint Eastwood (Etats-Unis, 1989, 16.30 Vidéo gag. 16.00 Olympica. Décathlon 1984. 20.15 Reportage. Avec Yo-yo Ma, violoncelle ; Itzhak 110 min) &. Ciné Cinéma 2 16.45 Sunset Beach. &. 16.30 Le Cinéma des effets spéciaux. de Stockholm. Forum Planète Paroles de réfugiés. [5/5]. Arte Perlman, violon ; Rudolf Firkusny, 16.40 La Ruée vers l’or aaa 17.35 Melrose Place. &. 16.55 Au nom de la loi. &. 20.35 Anciennes civilisations. piano ; F. von Stade, mezzo-soprano. Charles Chaplin (Etats-Unis, 1925, N., 17.30 100 % question. MAGAZINES [3/13]. La Grèce antique. Planète Par l’Orchestre symphonique de v.o., muet, 75 min) &. Ciné Classics 18.25 Exclusif. Boston et le Chœur philharmonique de 19.05 Le Bigdil. 17.55 Naissance du XXe siècle. [11/12]. 20.45 Méditerranée. [2/12]. Histoire Prague, dir. Seiji Ozawa. Mezzo 17.55 Bob le flambeur aa 18.20 Météo. 13.05 Faut pas rêver. Jean-Pierre Melville (France, 1955, 19.50 Clic & Net. Iran : La maison des hommes forts. 20.45 Football, du rêve à la réalité. 0.15 Stravinsky. Le Sacre du printemps. Par N., 105 min) &. Ciné Classics 20.00 Journal, Météo, Trafic infos. 18.30 Le Monde des animaux. France : L’empire des insectes. Conte d’Espagne. Odyssée l’Orchestre royal du Concertgebouw 19.00 Tracks. 17.55 Panique aaa 20.50 Drôle de zappping. Chine : Opéra populaire. TV 5 21.05 Epopée en Amérique, une histoire d’Amsterdem, 19.45 Météo, Arte info. dir. Riccardo Chailly. Muzzik Julien Duvivier (France, 1946, 23.10 Sans aucun doute. 13.20 On s’occupe de vous. populaire du Québec. [12/13]. TV 5 N., 95 min) &. Cinétoile Le crédit : piège de l’argent facile ! 20.15 Reportage. Paroles de réfugiés [5/5]. Invitée : Yvette Horner. France 3 21.25 Françoise Sagan. Planète VARIÉTÉS 21.00 Sur la route de Madison aa 1.00 TF 1 nuit, Météo, Clic & Net. 20.45 La Maison d’Alexina. 14.30 La Cinquième rencontre... Clint Eastwood (Etats-Unis, 1995, Téléfilm. Mehdi Charef. &. Travail, économie. Quel avenir pour 21.55 Histoire de la BD. 135 min) &. Cinéstar 2 22.10 Contre l’oubli. Fifty, fifty. Odyssée 22.15 Tapis rouge à Aimé Jacquet. TV 5 FRANCE 2 la pêche française. La Cinquième 21.00 Rosencrantz Pierre Duterte, France. 22.10 Mémoires d’un lynchage. Planète 18.00 Stars en stock. Alan Ladd. et Guildenstern sont morts aa 16.05 La Chance aux chansons. 22.15 Grand format. Forte est la terre. Gary Cooper. Paris Première TÉLÉFILMS 22.15 Grand format. Tom Stoppard (Etats-Unis, 1990, 17.00 Des chiffres et des lettres. 23.40 Shadows aa 18.30 Le Magazine de l’Histoire. Forte est la terre. Arte Film. John Cassavetes (v.o.). &. 115 min) &. Ciné Cinéma 2 17.25 et 23.00 Un livre, des livres. Spéciale Résistance. Histoire 22.25 Un siècle de science-fiction. 17.00 La Danse du scorpion. 1.05 Le Dessous des cartes. Josée Dayan. Festival 21.05 L’Appât aa 17.30 Angela, 15 ans. &. 18.30 Nulle part ailleurs. Jules Verne. 13ème RUE Anthony Mann (Etats-Unis, 1953, Belgique 1999. 18.25 Hartley, cœurs à vif. &. Invités : Gustave Parking ; Luscious 22.25 A la poursuite des dieux engloutis. 18.30 Le Droit d’aimer. S. Smolan. Téva v.o., 90 min) &. Cinétoile Téléfilm. Manuel Poirier. &. Jackson ; Willy Voet ; Hervé Chabalier ; 19.15 1 000 enfants vers l’an 2000. Odyssée 18.35 Contre vents et passions. 21.20 Big Man aa Daniel Schneidermann. Canal + 19.20 Qui est qui ? 23.00 La IIIe République. [6/6]. 1929-1940, Rod Hardy [1/2]. Ciné Cinémas David Leland (Grande-Bretagne, 1991, M6 19.00 Tracks. No respect : Aux années 80. la mort de la IIIe République. Histoire 20.40 Démence criminelle. 115 min) ?. Cinéstar 1 20.00 Journal, Campagne officielle Tribal : Les motomaniaques. 21.55 Elephant Boy aa pour les élections européennes, 16.00 et 1.35 Boulevard des clips. Dream : Fela. 0.30 Cinq colonnes à la une. Planète Tom McLoughlin. RTL 9 Robert Flaherty et Zoltan Korda 17.35 Highlander. &. Vibration : L’art paysager. Météo, Point route. 0.30 Les Migrations 20.45 La Maison d’Alexina. (Grande-Bretagne, 1937, N., v.o., Future : Guerre sur le Net. 18.25 Sliders, les mondes parallèles. &. Mehdi Charef. Arte 85 min) &. Ciné Classics 21.00 Crim’. [1/6]. La part du feu. &. Backstage : Renouveau du jazz. de la Terre. Odyssée [2/6]. Mort d’un peintre. &. 19.20 Mariés, deux enfants. &. Live : The Roots. Arte 20.50 Le Convoi du danger. 22.30 Ceux qui m’aiment 1.00 La Case de l’Oncle Doc. Le jardin Michael Mackenroth. TSR 23.05 Bouillon de culture. 19.50 La sécurité sort 19.00 Rive droite, rive gauche. est dans le jardinier. France 3 prendront le train aa Méfiez-vous des femmes ! de la bouche des enfants. Best of. Paris Première 22.10 La Façon de le dire. Patrice Chéreau (France, 1998, 0.20 Journal, Météo. Sébastien Grall. Festival 120 min) %. Canal + vert 19.54 Le Six Minutes, Météo, 19.10 et 0.10 Le Rendez-vous. LCI SPORTS EN DIRECT 0.40 Ciné-club. La Route de votre week-end. 22.30 La Maison des fantasmes. Cycle «Le Souffle des années 60». 20.00 20 h Paris Première. Nini Grassia. !. RTL 9 20.10 Zorro. Le secret de la Sierra. &. Best of. Paris Première 13.00 Tennis. Tournoi messieurs de Halle : 0.45 Contes cruels de la jeunesse aa 20.40 Politiquement rock. quarts de finale. Eurosport 23.30 Mariée pour le pire. Film. Nagisa Oshima (v.o.). &. 20.05 Dossiers justice. Noël Black [1/2]. %. Téva 20.45 Question de métier. 15.00 Tennis. Tournoi du Queen’s : L’affaire Charles Rourk et 20.50 Graines de star junior. Mark Kohut : die, nigger. TSR quarts de finale. Eurosport FRANCE 3 COURTS MÉTRAGES 23.00 X-Files, l’intégrale. 20.55 Thalassa. Entre sel et terre. France 3 16.10 Handball. Championnats du monde. Les Calusaris. ?. Contamination. %. Quarts de finale. Canal + 16.40 Les Minikeums. 21.45 Les Grands Débats politiques. Face 0.45 Libre court. De ce côté du miroir. 17.40 Le Kadox. 0.45 Murder One, l’affaire Rooney. à face avec Waldeck Rochet, 19.00 Football. Festival Espoirs de Toulon : Emmanuel Broussouloux. France 3 Chapitre VIII %. le 7 mars 1966 [2/2]. Histoire France - Afrique du Sud. Eurosport 18.15 et 23.00 Campagne officielle pour les élections européennes. 22.00 Faut pas rêver. 3.55 Rugby. Test-match : SÉRIES Tchad : Foulbés du lac Tchad. Tonga - France. France 2 18.20 Questions pour un champion. RADIO France : Le pétrolier de la Seine. 17.30 Angela, 15 ans. 18.50 Un livre, un jour. Inde : L’école des sages. France 3 DANSE Le remplaçant. France 2 18.55 Le 19-20 de l’information, Météo. 23.05 Bouillon de culture. 20.05 Fa Si La. FRANCE-CULTURE Méfiez-vous des femmes ! France 2 18.25 Sliders, les mondes parallèles. 21.45 Café Müller. Un monde d’eau pure. M6 20.35 Tout le sport. 23.10 Sans aucun doute. Le crédit : 20.02 Les Chemins de la musique. [5/5]. Chorégraphie de Pina Bausch. 21.00 Crim’. La part du feu. 20.55 Thalassa. Entre sel et terre. piège de l’argent facile ! TF 1 Musique de Henry Purcell. Mort d’un peintre. France 2 22.00 Faut pas rêver. Tchad : Foulbés 20.30 Agora. Valerio Manfredi. Avec Pina Bausch. Mezzo COLLECTION CHRISTOPHE L. 23.45 Les Dossiers de l’Histoire. 21.20 Monty Python’s Flying Circus. du lac Tchad. France : Le pétrolier 21.00 Black And Blue. Mon père, le Che. France 3 22.35 L’Inspecteur Harry aa de la Seine. Inde : L’école des sages. Billie Holiday et Paris. MUSIQUE La nudité frontale Don Siegel. Avec Clint Eastwood, complète (v.o.). Canal Jimmy Harry Guardino (Etats-Unis, 1971, 23.15 Météo, Soir 3. 22.10 Fiction. DOCUMENTAIRES 21.30 Au-delà du réel. v.o., 105 min) ?. Ciné Cinéma 1 23.45 Les Dossiers de l’Histoire. 23.00 Nuits magnétiques. [4/4]. 20.00 Brahms. Trio en ut mineur. Le bouclier. 13ème RUE 23.20 Thérèse Raquin aa Mon père, le Che. 0.05 Du jour au lendemain. 17.45 Timothy Leary, le pape Avec Elena Bachkirova, piano ; 23.00 X-Files, l’intégrale. Les Calusaris. ?. Marcel Carné (France - Italie, 1953, 0.45 Libre court. De ce côté du miroir. Maxim Vengerov, violon ; Emmanuel Broussouloux. &. des Sixties. Planète B.Pergamenschikov. Mezzo Contamination. %. M6 N., 110 min) &. Ciné Classics FRANCE-MUSIQUE 1.00 La Case de l’Oncle Doc. 17.55 Naissance du XXe siècle. [11/12]. 21.00 Nice Jazz Festival 1998. 0.25 Friends. The One with 23.30 La Dernière Femme aa Marco Ferreri (France - Italie, 1975, Le jardin est dans le jardinier. 19.40 Prélude. La femme moderne. La Cinquième 50e anniversaire du festival. Muzzik Joey’s Big Break (v.o.). Canal Jimmy 105 min) !. Cinétoile 20.05 Concert CRPLF. Weber - Berlioz : 18.05 Océan sauvage. [2/3]. 22.00 Don Giovanni. 0.50 Star Trek, Deep Space Nine. L’Assemblée des géants. Odyssée Chuchotements (v.o.). Canal Jimmy 23.40 Shadows aa CANAL + correspondances. Par le Chœur opéra de Mozart. Par l’Orchestre John Cassavetes (Etats-Unis, 1960, et l’Orchestre philharmonique 18.30 Le Monde des animaux. Animaux de l’Opéra de Cologne, 1.35 Star Trek, la nouvelle génération. N., v.o., 85 min) &. Arte 16.10 Handball. de Radio France, dir. Eliahu Inbal. rescapés. [5/16]. La Cinquième dir. James Conlon. Paris Première Terre promise (v.o.). Canal Jimmy 0.35 Les Yeux noirs aa 18.00 Arliss. &. Œuvre de Belioz. 22.30 Musique pluriel. Nikita Mikhalkov (Italie, 1986, ̈ En clair jusqu’à 21.05 120 min) &. Cinéstar 2 Œuvres de Tanaka, Lemire, Bowie. 18.30 Nulle part ailleurs. 23.07 Jazz-club. Le quintette d’Alex Tassel. 20.30 Allons au cinéma ce week-end. 21.05 Soirée loups-garous. RADIO CLASSIQUE 21.06 Le Loup-garou de Londres a Film. John Landis. ?. 20.15 Les Soirées. Œuvres de C.P.E. Bach. 22.40 Le Loup-garou de Paris a 20.40 Hommage à Herbert FRANCE 2 ARTE FRANCE 2 Film. Anthony Waller. ?. von Karajan. Œuvres de R. Schumann, 21.00 Crim’ 22.15 Forte est la terre 0.45 Contes cruels 0.15 L’espion qui venait du surgelé Beethoven, Haydn, Mozart, Schubert. Film. Mario Bava (v.o.). &. 23.00 Friedenstag (Jour de paix). Opéra Une trame simplissime mais effi- La mutation du monde rural, ob- de la jeunesse aa 1.40 Piège intime a de Strauss. Par the Collegiate Chorale cace pour cette nouvelle série poli- servée par Andrew Orr et par son Ce film de Nagisa Oshima dresse le Film. Anthony Hickox (v.o.). !. et Orchestra, dir. Robert Bass. cière mettant en scène une équipe coréalisateur Pierre Bourgeois. constat de la haine que vouent à de six flics dirigée par le comman- Leur caméra laboure deux terres leurs aînés les jeunes Japonais, dant Galliot, incarné par l’actrice de Bourgogne, celle de Puisaye et « les enfants de la défaite ». Le per- SIGNIFICATION DES SYMBOLES Clothilde de Bayser. Une écriture de Forterre, petites exploitations sonnage central est tenu par une Les codes du CSA Les cotes des films nerveuse, des dialogues brefs, une d’un côté, étendues mécanisées de étudiante, Makoto. « Protégée » & Tous publics a On peut voir % aa caméra inventive surfent sur une l’autre. Les deux hommes ont filmé par un autre étudiant, Kiyoshi, ses Accord parental souhaitable A ne pas manquer ? Accord parental indispensable aaa Chef-d’œuvre ou classique histoire de meurtre et d’enquête. les travaux et les saisons. Le regard déboires l’amèneront à la délin- 0.45 Contes cruels ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + Toutefois, un regret en forme de d’un « étranger » sur une inévi- quance et à la mort, faute d’avoir de la jeunesse aa ! Public adulte DD Dernière diffusion reproche : la violence est omnipré- table mutation qui risque d’aboutir adhéré à une pensée politique. Nagisa Oshima. Avec Yusuke Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour Kawazu, Miyuki Kuwano (Japon, # sente. à une terre sans paysans. Une œuvre forte. 1960, v.o., 90 min) &. France 2 Interdit aux moins de 18 ans les sourds et les malentendants LeMonde Job: WMQ1106--0040-0 WAS LMQ1106-40 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 11:04 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 16Fap: 100 No: 0418 Lcp: 700 CMYK

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VENDREDI 11 JUIN 1999 Dioxine : premiers résultats rassurants Nouvelles de l’éther par Pierre Georges des dosages toxicologiques pratiqués en France TOUT DE BLANC vêtu, disent du Gers entendait porter plainte les dépêches, George Bush s’est contre l’oiseau de mauvais augure offert dans le ciel du Texas un saut « pour diffusion fautive d’informa- La Commission européenne critique le gouvernement belge en parachute d’anniversaire. Les tions susceptibles de nuire à l’image télévisions étaient là. Les télévi- du Gers et à son économie ». EFFECTUÉS dans plusieurs avaient été effectués le 29 mai, au Glavany, ministre de l’agriculture un premier envoi de 25 tonnes de sions sont toujours là, où il faut, Mais là les choses se précisent, échantillons de lait, les premiers lendemain de l’alerte sanitaire in- et de la pêche, a annoncé, mercre- graisses, une livraison le 28 janvier quand il le faut, lorsqu’un ancien tant L’Evénement, dans son édi- dosages toxicologiques de dioxine ternationale lancée par la di 9 juin lors de la mise en place du qui avait servi, jusqu’au 21 février, président des Etats-Unis s’offre tion de la semaine apporte de viennent de fournir des résultats Commission européenne. Les spé- Comité national de sécurité sani- à la fabrication d’aliments. Tous « l’émotion de sa vie en descendant nouveautés sur « les imposteurs de rassurants. « Les résultats des ana- cialistes français, qui jugent très taire, qu’au total, en France, les élevages qui se sont fournis à travers les nuages ». l’Apocalypse ». Donc, c’était bien lyses officielles effectuées sur des inquiétants les taux de dioxine re- 99 élevages de bovins, 78 élevages chez Alimex sont aujourd’hui mis George Bush n’en était, si l’on vrai. Paco Rabanne, par ailleurs mélanges de lait de vache prove- trouvés en Belgique – ils dépassent de volailles et 4 élevages d’ovins en séquestre. ose dire, qu’à son premier 75e an- « ex-prostituée de Louis XV, ex-as- nant des exploitations suspectes parfois le millier de pico- sont sous séquestre, les animaux niversaire mais à son troisième sassin de Toutankhamon », « ex- d’avoir été contaminées par la grammes – expliquent aujourd’hui de ces élevages ayant pu avoir été DIFFICILE GESTION DE CRISE saut. Le premier eut lieu durant la créateur de l’Atlantide » nous pro- dioxine sont tous inférieurs à 1 pico- que le lait est a priori, pour des rai- nourris avec des produits contami- En Belgique, la gestion de la seconde guerre mondiale pour le met un 11 août agité. « Crépuscule gramme [1 millionième de millio- sons physiologiques, moins à nés. crise s’avère de plus en plus diffi- soldat Bush. Le deuxième en mars en plein jour. Une âcre odeur de nième de gramme] par gramme de risque de contamination que les Les autorités sanitaires ont dû cile. Les décisions des autorités 1997 en Arizona. Et le troisième, brûlé se répand et des torches vi- matière grasse qui constitue la va- belges suscitent de vives critiques mardi donc, comme une sorte de vantes se jettent dans le vide ». Et leur-cible dans ce domaine », in- de la Commission européenne, qui lutte démonstrative contre le tout cela pourquoi ? Parce que le dique-t-on au ministère de l’agri- Luc Guyau (FNSEA) est inquiet après la chute approuve en revanche les mesures temps et la vieillerie. « On se sent ciel ou plutôt un de ses parasites, culture. prises par la France et les Pays- merveilleusement bien, dira George la station Mir et son plutonium, Ces deux mélanges avait été réa- de la consommation de volailles de 30 % à 40 % Bas, deux des pays ayant importé Bush après son atterrissage en devrait nous tomber sur la tête, lisés à partir de laits provenant au des matières premières suspectes. douceur sur l’herbe de la biblio- l’essentiel dans le bois de Vin- total de 30 exploitations de Seine- La consommation de volailles a chuté de 30 % à 40 % en France de- Postulant que la contamination ré- thèque George Bush. Les vieux cennes, le reste dans ces prés, ré- Maritime dont les animaux et la puis que l’affaire de la dioxine a éclaté, ont estimé mercredi des diri- sulte d’un accident ponctuel sur- peuvent faire encore des choses ». putés pour procurer quelque bon- production laitière avaient été pla- geants de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agri- venu entre le 19 et le 31 janvier, le A condition que le Nostrada- heur agreste et inspirer les cés sous séquestre il y a quelques coles (FNSEA). Luc Guyau, président de la FNSEA, a adressé, gouvernement de Jean-Luc De- mus de l’ourlet leur en laisse en- cinéastes. Donc, prudence, le jours. D’autres examens réalisés mercredi 9 juin, à Lionel Jospin, une lettre dans laquelle il demande haene estime que le problème est core le temps. Tout de bleu vêtu, 11 août, pas de sortie sans lunettes sur des laits provenant d’élevages l’interdiction, en France, des farines de viande (qu’il souhaite voir en passe d’être résolu. Paco Rabanne s’offre, et nous pour l’éclipse, et sans casque pour potentiellement exposés ainsi que remplacer par des protéines végétales européennes) pour l’alimen- Cet avis est loin d’être partagé à offre, pour ses 65 ans, une jolie Mir. sur des produits finis (boissons tation des animaux, ainsi que l’épandage sur des terres à vocation la Commission où l’on estime que Apocalypse, fille de la grande Tout de blanche hermine vêtu lactées, petits-suisses) demandés agricole des boues des stations d’épuration. « Il s’agit de problèmes « tant que la véritable cause de la éclipse, le 11 août 1999. Par « l’an et de fureur animé, Roland Du- par la filiale française de Danone à très graves dans lesquels les agriculteurs sont victimes et non cou- contamination par la dioxine ne se- mil neuf cens nonante neuf sept mas, enfin, ne cesse de maudire un laboratoire allemand spécialisé pables », souligne-t-il. Le président du principal syndicat agricole a ra pas établie, il ne faut pas assou- mois/Du ciel viendra grand Roy ses juges d’instruction, son an- dans les dosages de dioxine ont indiqué qu’il allait porter plainte, selon une forme qui n’est pas en- plir les mesures de précaution déci- d’Effrayeur/ Ressusciter le grand cienne compagne, la « mauvaise » également d’ores et déjà fourni core définie, contre certains Etats et certaines entreprises. dées à l’échelon de l’Union. En toute Roy d’Angolmois/ Avant après Mars presse – dont Le Monde – et ses des résultats inférieurs à 1 pico- Luc Guyau craint d’autre part une baisse des exportations fran- hypothèse, nous ne céderons pas régner par bonheur ». Ainsi parla différents tourmenteurs. Si l’Apo- gramme. çaises de viandes avicoles sur le marché mondial. « S’il y a un blocus aux pressions belges visant à tout Nostradamus. Ainsi le traduisit calypse rabannesque lui en laisse sur nos exportations, c’est un tiers de la production globale qui est af- autoriser à la consommation hu- son décodeur, Paco, le couturier le temps, il fêtera le 23 août son D’AUTRES ANALYSES fectée », a-t-il déclaré. maine à l’exception des oœufs et des des astres. On l’avait lu et entendu 77e anniversaire en mettant pro- Le laboratoire Carso, l’un des poulets ». déjà, mais d’un œil mi-clos et bablement la dernière main à un rares qui effectuent en France ce L’affaire sera examinée mercredi d’une oreille mi-distraite : Paco livre intitulé « L’Affaire ». Sur la type de dosage en routine, devrait œufs et les volailles, qui allonger la liste initiale des mises 16 juin à Bruxelles où les commis- Rabanne, en sa crépusculaire vi- non-affaire, selon ses vues. C’est par ailleurs fournir, vendredi concentrent plus vite les toxiques sous séquestre après avoir reçu, sions de l’agriculture et de l’envi- sion, annonçait la mort prochaine ce qu’il indique à VSD dans un 11 juin, aux autorités sanitaires les auxquels ils peuvent être exposés. par fax, de nouvelles informations ronnement du Parlement euro- de 20 millions de Franciliens, et long entretien. Qui y verrait à re- résultats des analyses d’échantil- Ces premières informations ras- de leurs homologues belges fai- péen procéderont à l’audition de accessoirement – non pour leur dire ? Car si elle écrit tant, elle, il lons d’aliments pour animaux pré- surantes quant à l’intensité et à sant valoir que la « zone à risque » Franz Fischler et Emma Bonino, qualité, mais par le nombre – de n’y a pas de raison qu’il n’écrive levés dans la société Alimex de l’ampleur de l’exposition animale ne se limitait pas au 19 janvier commissaires européens à l’agri- quelques milliers de bienheureux point, lui. En tout cas, jamais liai- Marchezais (Eure-et-Loir) qui et humaine à la dioxine sur- mais devait désormais être consi- culture et chargée de la protection Gersois. On avait même cru son ne fut aussi féconde, de mé- avait reçu en janvier de la graisse viennent au lendemain de nou- dérée comme s’étendant du 19 au des consommateurs. comprendre que le conseil général moire d’éditeur ! d’origine belge potentiellement velles mesures de mise sous sé- 29 janvier. Or, durant cette contaminée. Ces prélèvements questre d’élevages en France. Jean période, Alimex avait reçu, outre Jean-Yves Nau La guerre d’Algérie n’est plus une « guerre sans nom » PENDANT plus de 45 ans, la guerre d’Algérie Le 18 septembre 1996, en recevant à l’Elysée les Floch (PS, Loire-Atlantique). M. Floch était jeune n’a été, officiellement, qu’une « opération de membres du Front uni des anciens combattants technicien agricole lorsqu’il avait été appelé, en maintien de l’ordre ». Dans les journaux, dans les d’Afrique du Nord, l’ancien sous-lieutenant 1958, comme deuxième classe à Oran. Jeudi livres d’histoire, dans les conversations, on parlait Chirac a, le premier, évoqué la nécessité de subs- 10 juin, c’est lui qui a rapporté, devant l’Assem- bien de guerre, de ces centaines de milliers de tituer le juste mot de « guerre » à l’expression de blée nationale, la proposition de loi proposant morts dont 6 400 appelés du contingent tués « maintien de l’ordre ». Face à lui, il n’a trouvé enfin l’acceptation de l’expression « guerre d’Al- dans les villes et les campagnes algériennes. Les que des convaincus. Les rapatriés qui, longtemps, gérie ». M. Floch n’a trouvé personne pour s’y chefs de l’Etat et de gouvernement successifs, les s’étaient montrés réticents à ce changement de opposer. Comme lui, les députés anciens ministres chargés des rapatriés, les lois et le code vocabulaire, ont fait savoir que leur priorité irait combattants n’avaient que peu parlé des des pensions militaires évitaient, eux, depuis près d’abord au règlement des dernières indemnisa- combats, des viols, des tortures, mais ils étaient d’un demi-siècle, un mot qui dément la propa- tions. Un an plus tard, c’est donc le nouveau se- tous déterminés à faire voter ce texte par les gande des dirigeants de l’époque. crétaire d’Etat chargé des anciens combattants, leurs, des communistes aux gaullistes. Lorsqu’ils La génération qui a vécu la guerre d’Algérie est Jean-Pierre Masseret, qui, inaugurant un mémo- ont vu les administrations du Quai d’Orsay, de la arrivée au pouvoir. Jacques Chirac, alors sous- rial aux anciens d’Algérie, a franchement affir- défense et des finances tiquer sur ce changement lieutenant de 24 ans en poste sur le piton de mé : « Oui, c’était une guerre, tout simplement. » sémantique, par peur des conséquences diplo- Souk-el-Arba, en 1956, est aujourd’hui président matiques et, surtout, financières, les députés de de la République. Lionel Jospin, né à la politique « UN COMPTE À RÉGLER » la majorité comme de l’opposition ont franche- en manifestant, à 20 ans, en 1957, contre l’en- Le 21 octobre 1997, répondant à la question ment insisté. S’il faut indemniser des veuves de lisement de la France en Algérie, est devenu pre- d’un député sur le rôle de l’ancien préfet Maurice combattants tués en Afrique du Nord, l’Etat l’as- mier ministre. Jean-Pierre Chevènement, volon- Papon dans la répression de la manifestation des sumera, ont-ils fait valoir. tiers narrateur de ses combats au sud d’Oran, en Algériens, le 17 octobre 1961, à Paris, M. Jospin, à M. Jospin a donné son feu vert. Désormais, la 1961, occupe le poste de ministre de l’intérieur. son tour, a lâché le mot tabou. guerre d’Algérie n’est plus « une guerre sans Une trentaine d’anciens combattants « là-bas » « Enfants pendant la seconde guerre mondiale, nom ». sont aujourd’hui députés, de droite ou de jeunes gens mobilisés en Algérie, nous avions tous gauche. un compte à régler avec la guerre », dit Jacques Raphaëlle Bacqué

DÉPÊCHES a TRANSPORT : le parquet de Impressionnant rebond de l’économie au Japon Paris a ouvert, mardi 9 juin, une information judiciaire pour « re- LA PUBLICATION, jeudi 10 juin, qu’inattendu s’explique essentielle- née de récession au Japon (avec un cherches des causes de la mort » à la des chiffres de la croissance au Ja- ment par l’impact des deux plans de recul de 0,9 % du PIB après – 2,8 % suite de la mort d’Eric Douet, pon au premier trimestre a provo- relance mis en place l’an dernier par en 1998). Le chef économiste de l’agent de la RATP décédé le 2 juin, qué un choc dans la communauté le gouvernement nippon : la de- l’Organisation, avait expliqué que à Paris, pendant son service. Un ex- économique et financière interna- mande publique a ainsi progressé de malgré des progrès, « les perspec- pert va être chargé de compléter les tionale. Alors que les experts pré- 6,0 %. Mais la demande privée s’est tives demeurent peu encoura- conclusions des médecins. Selon voyaient que ces statistiques également mieux comportée que ne geantes » au Japon et qu’il ne fallait l’autopsie et l’enquête de police, confirment la situation catastro- l’attendaient les économistes, avec « plus attendre grand chose » des po- M. Douet est mort accidentelle- phique de la deuxième puissance une croissance de 1,3 % (+ 1,2 % litiques de relance du gouverne- ment d’une rupture d’anévrisme économique du monde, celles-ci ont pour la consommation des mé- ment. alors qu’il contrôlait des vendeurs à au contraire fait apparaître un spec- nages, + 1,2 % pour le logement et Si elle est une très bonne nouvelle la sauvette. La direction de la RATP taculaire redressement. + 2,5 % pour l’investissement des pour l’économie mondiale et si elle et les syndicats estiment qu’il a été Le produit intérieur brut nippon a entreprises). va dans le sens d’une harmonisation victime d’une agression. progressé de 1,9 % au cours des trois des taux de croissance entre les trois a JUSTICE : le parquet général de premiers mois de l’année, soit une REPROCHES PLUS DE MISE grandes zones (Amérique, Europe, la cour d’appel de Versailles (Yve- hausse de 7,9 % en rythme annuel Le redressement surprise de la Asie), la fin brutale de la récession lines) a requis, mercredi 9 juin, le après un recul de 3,2 % au dernier croissance japonaise bouleverse au Japon risque toutefois de provo- renvoi en correctionnelle pour trimestre de 1998 (en comparaison, l’environnement économique inter- quer, selon les experts, des dé- « homicide involontaire » du doc- le PIB de l’Allemagne a augmenté national. Depuis deux ans, les diri- sordres financiers à court terme de teur Michel Pérol, à la suite du dé- de 1,6 %, en rythme annuel, au pre- geants occidentaux ne cessaient de grande ampleur. Le rebond de cès, le 27 mai 1991, d’Aissa Ihich des mier trimestre). Un telle perfor- se plaindre du fardeau que repré- l’économie nippone pourrait en ef- suites d’une crise d’asthme surve- mance n’avait plus été observée de- sentait, selon eux, pour la croissance fet se traduire par un afflux de capi- nue au commissariat de Mantes-la- puis trois ans dans l’archipel. Elle mondiale, la récession au Japon. taux internationaux dans l’archipel. Jolie. Le médecin avait jugé son état met fin à cinq trimestres consécutifs Tout en critiquant ouvertement la « Le chiffre de croissance au premier compatible avec la garde à vue. Ce de recul du PIB. Les marchés finan- pertinence des mesures de relance trimestre incite à se ruer sur les ac- décès avait provoqué plusieurs ciers japonais ont salué ce rebond mis en place, ils demandaient à To- tions japonaises », notait, jeudi, in- nuits d’émeutes. L’avocat général a inattendu. La Bourse de Tokyo a ter- kyo de procéder à des réformes en terrogé par l’agence Reuters, Ma- demandé la confirmation du non- miné la séance en hausse de 2,89 % profondeur de leurs structures moru Shimode, analyste à la banque lieu prononcé par le juge d’instruc- tandis que le yen a vivement pro- économiques. Deutsche Securities à Tokyo. Wall tion à l’encontre des cinq policiers gressé face au dollar et face à l’euro. Ces reproches ne sont plus de Street, que de nombreux écono- mis en examen. – (Corresp.) Ce rebond aussi impressionnant mise. Dans leurs prévisions publiés mistes jugent aujourd’hui suréva- à la mi-mai, les experts de l’OCDE luée, pourrait s’en trouver fragilisée. Tirage du Monde daté jeudi 10 juin 1999 : 488 530 exemplaires. 1 – 3 s’étaient encore montrés très pessi- mistes, pariant sur une nouvelle an- Pierre-Antoine Delhommais LeMonde Job: WIV2399--0001-0 WAS LIV2399-1 Op.: XX Rev.: 09-06-99 T.: 19:26 S.: 111,06-Cmp.:10,08, Base : LMQPAG 55Fap: 100 No: 0066 Lcp: 700 CMYK

LITTERATUREb ESSAIS VENDREDI 11 JUIN 1999 CANNIBALES LUTHER GOURMETS Les œuvres La chronique de jeunesse rassemblées de Roger-Pol Droit dans le premier volume page VI de « La Pléiade » dessinent le parcours intellectuel du réformateur allemand MICHEL CRÉPU RACINE HÉLÈNE CIXOUS page IX page II page IV page V bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Pour que prime

Au « politique d’abord » de Charles le spirituel Maurras et de l’Action française, Jacques Maritain répondit cisme une coloration suspecte et favorisèrent pas mal de confusion... par l’affirmation Les morts, comme Charles Péguy et Ernest Psichari – jeune converti, de la « primauté tombé au front, comme Péguy, dès les débuts de la guerre –, ou même du spirituel ». Jeanne d’Arc, qui venait d’être Est-il loisible de comparer canonisée (1920), furent aussi enrô- A l’occasion de cette l’affaire Dreyfus et la crise de l’Ac- lés, avec plus de fièvre que de rai- tion française dans les années 1925- son, sous le drapeau du nationa- crise que raconte 1927 ? Est-il légitime de mettre en lisme intégral. On s’enivra à la parallèle le combat de la conscience pensée que la France de Saint Louis Philippe Chenaux, contre le mensonge d’Etat que était en train de terrasser, avec représente la première et la lutte retard, celle de Renan et de l’abbé naquit une figure : intestine compliquée d’obscurs Loisy. motifs politico-théologiques que La guerre, comme l’écrit Che- celle de l’intellectuel figure la seconde ? Sur un point au naux, n’avait pas seulement été moins, oui. Car, en ces deux cir- vécue « comme l’affrontement de catholique constances dramatiques, dans l’ur- deux nations, mais plus encore gence de la réflexion et de l’action, comme le choc de deux civilisations, durent constater que le même ins- un même acte de naissance fut la latine et catholique d’un côté, la trument ne pouvait servir à indi- dressé : celui de l’intellectuel. Sim- germanique et protestante de quer le bon sens politique et le pôle plement, lors des querelles qui agi- l’autre ». « L’adhésion à l’Action surnaturel. Bernanos, le rebelle tèrent le mouvement royaliste, une française permettait de réconcilier magnifique, prit la défense de identification, un qualificatif vint l’idée de nation avec l’idée catholique Maurras, alors qu’il s’était violem- compléter et préciser le substantif : sur le terreau commun de l’antimo- ment éloigné de l’Action française catholique. dernisme. » Cette adhésion était depuis plusieurs années. D’une C’est le grand mérite de Philippe large, massive, du moins à l’inté- manière plus feutrée, les clercs Chenaux de ne pas s’être dédouané rieur de l’espace de pensée chrétien. subirent le choc, mais obéirent à

à bon compte de l’intrication du La doctrine de saint Thomas leur devoir de réserve. C’est alors COLL. PARTICULIÈRE politique et du spirituel pour conter d’Aquin servit de ciment provisoire que le Vatican chargea un laïc, un De gauche à droite : Paul de Brouwer, Stanislas Fumet, Pierre van der Meer et Jacques Maritain à la fin des années 20 cette crise qui culmina dans la à la réconciliation des deux ordres, philosophe qui s’était déjà acquis condamnation de l’Action française temporels et spirituels, sur les bases une puissante réputation, de com- tion aux autres. C’était l’homme de juger son attitude comme une L’histoire, bien sûr, continua. En de Charles Maurras par le Saint- évidemment les plus autoritaires. menter et de défendre la position d’édition et de revue, le fondateur simple obéissance sans conscience 1932, Bernanos rompt de nouveau Siège, en décembre 1926. En fait, Pie XI, à l’occasion du sixième cen- de l’Eglise. Jacques Maritain s’exé- de la collection « Le Roseau d’or » à l’institution ecclésiale et à son avec Maurras – son célèbre «à c’est bien au cœur de cette tension tenaire de la canonisation du saint cuta, expliquant Pourquoi Rome a en 1925, avec une équipe un peu magistère. Et c’est là sans doute que Dieu » au chef politique – et re- en 1923, exaltait en lui parlé. hétéroclite – Henri Massis et Stanis- s’affirme la singularité de l’intellec- trouve Maritain. Pie XII, en 1939, Patrick Kéchichian « l’union des deux sagesses, Maritain, c’était l’ami de Péguy et las Fumet notamment, ce dernier tuel catholique, libre parce que lève la condamnation de l’Action l’acquise et l’infuse », c’est- en même temps le filleul de Léon d’emblée hostile à Maurras. fidèle. Comme l’écrit Philippe Che- française. La deuxième guerre mon- contradictoire que s’est profilée la à-dire la raison et la foi. Le tho- Bloy, à l’intransigeance moins vol- On ne peut entrer dans le secret naux, les « raisons profondes » qui diale, le nazisme, Vichy donnent à figure singulière de l’intellectuel misme fut donc considéré comme canique, plus pondérée que celle de des âmes, mais il est clair que poussèrent Maritain à justifier une chacun, et donc aux catholiques, catholique. Et c’est à Jacques Mari- la doctrine officielle de l’Eglise. On son parrain. C’était le converti qui l’enseignement dispensé alors par mesure d’autorité s’éclairent l’occasion de se déterminer. La tain que revint, en ces années commenta intensément le docteur s’était fait convertisseur – mais pas Maritain en direction des hommes d’abord par le « dessein spirituel haute voix de Maritain durant les d’après guerre, la charge de l’incar- angélique, surtout dans son ordre au gourdin, comme Claudel ! –, et des femmes de pensée fut aussi pour l’Eglise et le monde » qui était le années de guerre démontre ample- ner. Il le fit avec une intelligence d’origine, les dominicains. On tenta celui qui recevait dans sa maison de une longue explication avec lui- sien. Et qui le devint avec toujours ment qu’il resta du côté du plus inflexible, une sorte d’implacable surtout de mettre sa pensée, issue Meudon, au côté de sa femme même. Il serait faux et mensonger plus de force. noble discernement. douceur qui ne laissa jamais place à d’Aristote, au service de visées poli- Raïssa, les écrivains et les artistes l’invective. tiques antiprogressistes. Il y eut troublés en quête de direction spiri- Au-delà du traumatisme visible ainsi un néothomisme d’Action tuelle – de Cocteau et Sachs à Julien provoqué par ces événements, et de française, dont Jacques Maritain, Green et Charles du Bos. Bernanos la redistribution des cartes poli- jusqu’à la condamnation de 1926, lui reprochera assez, en termes tiques de la droite chrétienne qui en fut l’un des propagateurs, notam- lourdement ignobles, cette atten- fut la conséquence, l’historien met ment par ses articles dans la Revue en lumière la richesse et la universelle, créée en 1920 avec Henri (1) Signalons la thèse de Frédéric Guge- fécondité, la violence également, du Massis. lot, La Conversion des intellectuels au débat religieux. La fracture causée par l’anathème catholicisme en France, 1885-1935 En 1905, la loi de séparation de romain fut énorme. Thomisme et (CNRS édition, 534 p., 220 F [33,53 ¤]), l’Eglise et de l’Etat était votée en maurrassisme ne devaient plus être et la publication, en 1997, des actes d’un France : ce qui fut d’abord perçu, considérés comme les piliers d’un colloque sur le thème « Intellectuels par les catholiques, comme une même édifice. Au « politique chrétiens et esprit des années 20 », sous catastrophe devint leur providence. d’abord » de Maurras, il était urgent la direction de Pierre Colin (Cerf, 246 p., Deux ans plus tard, Pie X condam- de répondre par la « primauté du 165 F [25,15 ¤]). Enfin, la monumentale nait le modernisme puis, en 1910, le spirituel ». Il existait une autre correspondance entre Jacques Maritain Sillon de Marc Sangnier, ancêtre du transcendance que celle de l’ordre, et l’un de ses interlocuteurs privilégiés, christianisme social. Sous les aus- dont Dieu et surtout l’Eglise crai- le Suisse Charles Journet, est en cours pices de ce pape très marqué à gnaient de devenir les simples servi- de publication aux Editions suisses droite – il ne manqua pas de dis- teurs. A la Rome trop étroitement Saint-Augustin (3 volumes parus sur 6, crètes faiblesses à l’égard de Maur- latine et occidentale, il convenait diffusion Cerf). ras –, l’Eglise s’ancrait dans une d’opposer, à l’heure où l’on ordon- position purement réactionnelle et nait des évêques chinois (1926), une ENTRE MAURRAS donc réactionnaire. La guerre de Rome universaliste et missionnaire. ET MARITAIN 14-18, le large mouvement de De même, il fallait résister à la Une génération intellectuelle conversion qui l’accompagna (1), la romanisation païenne implicite- catholique (1920-1930) fièvre mystique alimentée, et même ment prônée par les disciples de de Philippe Chenaux. gavée, par tous les poisons du Maurras. Beaucoup d’esprits émi- Ed. du Cerf, 262 p., nationalisme donnèrent au catholi- nents y perdirent leur boussole, ou 185 F (28,20 ¤). LeMonde Job: WIV2399--0002-0 WAS LIV2399-2 Op.: XX Rev.: 09-06-99 T.: 19:41 S.: 111,06-Cmp.:10,08, Base : LMQPAG 55Fap: 100 No: 0067 Lcp: 700 CMYK

II / LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 le feuilleton

de Pierre Lepape b surabondant. Mais son enthousiasme à accueillir, à LA CONFUSION DES LETTRES sentir et à comprendre ses prochains et ses lointains de Michel Crépu. étaient tels qu’il y sacrifia l’essentiel de son œuvre, Grasset, 250 p., 118 F (17,99 ¤). aujourd’hui distribuée sur les quais de la Seine entre les romans d’André Maurois et les œuvres complètes L’ESPRIT DES LETTRES, 1 de Lénine. Les paroles écrites jaunissent vite. Il aura de Jacques Laurent. manqué à du Bos de vouloir écrire. Non pas seule- Ed. de Fallois, 416 p., 125 F La légèreté ment de faire toucher du doigt la lumière et les (19,05 ¤). ténèbres, mais d’en fixer le sentiment. Il est vrai que bien des écritures jaunissent aussi. En ichel Crépu est critique littéraire. décidant d’offrir à la réédition ses articles d’il y a cin- Contrairement à ce qu’on pourrait quante ans, Jacques Laurent a pris un sérieux risque. croire, un critique littéraire n’est pas française Et pas seulement celui du vieil écrivain arrivé aux une personne qui utilise une échelle sur honneurs face au freluquet débutant qui essayait ses lesM degrés de laquelle il disposerait les différents griffes. Il y va d’autre chose que d’une carrière : du ouvrages proposés semaine après semaine par la pro- sens d’une œuvre. Laurent, dès ses débuts, a dû être duction éditoriale. C’est quelqu’un dont le métier est travaillé par ce sens-là puisque, par le jeu des pseudo- de poser sans cesse la question de l’échelle : de quel nymes, il a tenu à faire lui-même le tri entre ce qui bois elle est faite, si les barreaux sont solides, si, était du ressort de la littérature et qu’il signait de son croyant la monter, ou ne la descend pas, etc. Avec, en nom et ce qui regardait l’alimentation, journalistique arrière-fond, ces deux questions récurrentes : fois. Comme sur le XVIIIe siècle français rapidement ou romanesque, et qui portait le label Cecil Saint- qu’est-ce que l’échelle ? Et où est-elle passée ? A la expédié sous le qualificatif de « libertin », comme une Où en est la littérature ? En crise, Laurent, Albéric Varenne, et autres. différence du lecteur, auquel il ressemble par bien des sorte de pont frivole jeté entre le « Grand » Siècle et aspects, le critique se demande toujours : où est la lit- la prose enchantée de Chateaubriand. De toute évi- comme périodiquement un critique es articles écrits pour La Table ronde et pour térature ? Il sait qu’elle n’est pas forcément là où ses dence, les Lumières intéressent si peu Crépu qu’il en La Parisienne entre 1947 et 1956 sont de goûts le portent. oublie son savoir des Lettres, ordinairement impec- nous le rappelle. Mais, dans le champ Jacques Laurent. L’éditeur les présente Périodiquement, la critique pousse un cri : on a cable. C’est ainsi que La Pucelle est présentée comme de ruines que décrit Michel Crépu, comme « un témoignage irremplaçable sur la cassé l’échelle et les livres gisent en tas au pied de la une tragédie de Voltaire (qu’on ne lirait plus) et que périodeL de l’après-guerre, sur les écrivains, sur les bibliothèque, le meilleur avec le pire, le fugace avec le Diderot « n’existe pas sans Tristram Shandy » – lequel œuvres, sur les questions d’esthétique ou de politique de durable, l’inventif avec le redondant, l’original avec la n’est apparu qu’en 1760. Comment expliquer cette s’ouvrirait un nouvel espace pour cette époque ». Réduire la littérature à du témoignage copie. C’est la confusion des lettres, la crise. Plus de subite faiblesse ? Sans doute par le lien trop serré est un bien mauvais service à lui rendre. Les pires perspectives claires, les boussoles s’affolent, le qu’entend tendre Crépu entre la littérature et le tra- la littérature d’après la déroute, grave adversaires de Jacques Laurent ne le vouent pas à la chiendent étouffe le blé en herbe, les grandes reli- gique de la condition humaine. L’hypothèse d’une lit- triste situation de butte témoin des années 50, entre gions de la littérature sont renversées par des sectes térature du bonheur et du hasard n’y a guère droit de et légère, forte, nourrie aux immenses des vieux numéros de Paris-Match, la banquette de hagardes. Le plus acharné des laïques pleure de ne cité. Sartre au café de Flore et les tourne-disques Teppaz. plus savoir à quel saint se vouer. Chacun a le senti- greniers de la bibliothèque... à suivre On veut croire qu’il y a quelque chose qui dure dans ment d’un déclin irrémédiable, sinon d’une fin annon- n revanche, et à rebours de la rumeur des ces écrits, comme durent, de la même époque, les cée. Et il se trouve toujours deux ou trois charlatans, dîners en ville, Michel Crépu donne une modernité. Le remède à l’actuelle et masochiste tris- blocs-notes de Mauriac dans Le Figaro ou les articles quelques petits coqs du village des lettres, pour s’égo- large place à ce qu’il nomme « l’équation tesse française, si provinciale. La Confusion des lettres de Sartre dans Les Temps modernes. Une vision, un siller sur la ruine du temps : la littérature française est française » : « La France est un pays qui a est un essai brillant. L’auteur l’a voulu enlevé et style, une manière de mordre dans le temps et de morte, vive l’Amérique ! pousséE plus loin que n’importe quel autre l’art de se pré- rapide, au point d’en avoir soigneusement gommé faire le lien avec d’autres époques. Une croyance dans Nous vivons une telle crise. Peu importe, au fond, senter. Il est permis d’y voir la marque d’un véritable tout ce qui risquait de peser. Toujours cette allure à la la littérature, même lorsqu’elle se fait journaliste. qu’elle soit réelle ou imaginaire puisque nous la amour de soi ne craignant ni la flatterie, ni la laideur, ni française qu’une certaine mythologie voudrait attri- On la sent, cette croyance dans les tout premiers vivons. L’impression d’un épuisement. Michel Crépu l’absence de message particulier. Tranquillité vertigi- buer au « génie de la langue » alors qu’elle est le fruit écrits de Laurent. C’est elle qui l’engage à refuser la décrit cela très bien. Autrefois, il est arrivé de se re- neuse d’une surface qui connaîtrait ses profondeurs de la tradition et de l’histoire littéraires. Cette coupure de la collaboration et de la libération. Il veut trouver dans une impasse. Morale, esthétique, cultu- sans éprouver le besoin d’en faire tout un cinéma. » Un manière de caracoler, de multiplier les ellipses, de l’oublier, l’effacer, contre l’histoire. Retour à la case relle. Mais l’impasse agissait comme un défi. Il fallait triangle sans sommet, donc parfaitement équilibré, patiner des formules et d’aiguiser les paradoxes plu- départ de 1939. Re-bonjour Morand et Chardonne, rassembler ses forces, ses énergies et son intelligence entre littérature, histoire et religion, l’une n’allant pas tôt que d’enfiler les lourdes chaînes de la démonstra- Anouilh et Thierry Maulnier. Au nom de la liberté de pour franchir l’obstacle, ou pour le saper, ou pour sans les autres, de Rabelais et Montaigne jusqu’à tion a bien du charme. On y sent passer l’art, bien l’esprit, de la littérature comme valeur suprême et inventer une voie inédite, par-dessus, par-dessous, Céline et Malraux. Une manière de regarder le tra- français lui aussi, de la conversation. Une manière de amnistie générale. Bel exercice de marche arrière avec par les côtés. La littérature y gagnait encore. gique en face et de l’affronter avec les secours de la repousser l’écriture au profit de la parole : on lit saut au-dessus de cinq ans de barbarie. D’autres plus Aujourd’hui, plus de chemin tracé, donc plus grammaire plutôt qu’avec la théâtralité du sublime. moins Crépu qu’on ne l’entend. Bien balancée, bien habiles que Jacques Laurent, plus retors et plus d’impasse et plus rien à franchir. Ce qui explique que Une douceur particulière. rythmée, sa prose est hérissée de liaisons purement cyniques, s’y seraient – s’y sont – cassé la figure. les paroles rampantes tiennent, si l’on ose dire, le Dans les fracas et les confusions de la modernité, à verbales, de « après tout », de « tout compte fait » et Laurent se contente d’y perdre sa pensée, c’est-à-dire haut du pavé. A quoi de solide pourrait-on bien l’ère des désastres mondiaux et de la frénésie nihiliste, de « car enfin ». Et comme si cela ne suffisait pas à son style. On peut dater la chute : février 1951 dans s’opposer pour pousser du pied et remonter à la sur- si l’on suit bien Crépu, alors que toutes les issues ont contrer le caractère toujours un peu solennel de La Table ronde, un interminable article intitulé Paul et face ? Modernité, démocratisme, fin des idéologies : été explorées puis résolument abandonnées, dans cet l’écriture, il a encadré son essai de deux dialogues qui Jean-Paul. Une seule idée en quarante pages, retour- le sol lui-même est devenu mou. espace dévasté, sans haut ni bas, s’ouvrirait un n’ajoutent pas grand-chose à son propos, sinon à née cent fois sur le gril jusqu’à en être carbonisée : On peut bien sûr chercher des raisons à cette déser- immense espace pour une littérature d’après la additionner un peu plus de levain à la pâte. Jean-Paul (Sartre) est le fils littéraire de Paul (Bour- tification et Michel Crépu n’y manque pas. C’est un déroute, grave et légère, forte, patiente et calme Michel Crépu a publié, en 1990 aux éditions du get). Mauriac en aurait fait dix lignes, fulgurantes. On excellent accompagnateur pour une visite guidée du comme un paysage d’Ile-de-France, nourrie aux Félin, un essai sur Charles du Bos intitulé La Tentation en parlerait encore. Comme on parlera encore champ de ruines. Alerte, disert, aigu sur le détail, per- immenses greniers de la bibliothèque, inépuisables. de l’irréprochable. Charles du Bos, si l’on en croit ses demain, peut-être, du fidèle élève de Stendhal qu’a cutant sur la synthèse. Avec quelques lacunes toute- Le meilleur antidote à la vulgarité bruyante de la contemporains, était un causeur extraordinaire et été le romancier Jacques Laurent.

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Raphaël Rinaldi, l’ère du ressentiment Les coups de griffes du chroniqueur littéraire perdent de leur charme une fois réunis en recueil. après l’orgie Ils constituent l’un des symptômes d’une époque prompte au dénigrement de la pensée ictor Hugo n’aimait ter ». Il pourrait voir dans la sé- Service de presse, à admirer, à ob- Seigneur, d’Albert Cohen, dans la d’écrivains en « marionnettes », pas Gustave Planche, curité matérielle que lui offre sa SERVICE DE PRESSE server, à essayer de comprendre. Ce « Bibliothèque de la Pléiade » en mais donnent à des humeurs un ca- critique littéraire en- maîtresse un contrat d’assistance Un choix des chroniques qui retient tout d’abord, chez Rinal- 1986. Rinaldi modère l’enthou- ractère de jugement définitif. Elles nemi des roman- mutuelle avantageux, mais saisit littéraires de « L’Express » di, c’est son sens très singulier de la siasme qu’il dit avoir éprouvé pour expriment une vision du monde et tiquesV : « La haine est son odeur, vite le rôle que la belle Camille, d’Angelo Rinaldi. formule, du trait. Les exemples en ce texte lors de sa publication en de la littérature, qu’on peut évi- sa sueur, son haleine !/ Il sait qu’il « aux portes de l’enfer des Préface de Jean-François Revel, sont innombrables, mais en voici 1968, il relève les limites de Cohen, demment partager – il n’est pas le peut souiller sans peur les noms fa- femmes » (cinquante ans !), lui a Plon, « Commentaire », 578 p., un délicieux, à propos de Vladimir qui, « de son propre aveu, ne s’est seul à croire que Julien Gracq est un meux/ Et que pour qu’on le touche assigné. Brûlant d’un amour im- 179 F (27,29 ¤). Volkoff : « Vladimir Volkoff, l’entre- pas intéressé au système narratif de immense écrivain et qu’il est «le il est trop venimeux. » Planche n’a possible pour le noble et pur Ca- mets franco-russe fourré aux ses devanciers » et « n’en a pas non patron » – mais qu’on peut aussi eu qu’un témoin lyste, un jeune Bre- omment parler du gros amandes théologiques dont on veut plus inventé un qui innove ». Mais contester, ce qui n’est guère admis compréhensif, Bal- ton ignorant de la recueil de chroniques nous gaver, est, en réalité, un soufflé comment se fait-il que ces critères, par Angelo Rinaldi. zac, qui lui restitue vie, elle s’est empa- littéraires d’Angelo Ri- qui retombe. Et il a, de surcroît, un qui lui paraissent pertinents à pro- Nathalie Sarraute, que Rinaldi quelque complexité rée de Claude Vi- naldi quand on écrit drôle de goût. Faites passer. » En pos de Cohen, ne lui servent jamais admire et qui est à ses yeux la seule sous les traits de gnon « comme on soi-mêmeC sur les livres ? On sait outre, contrairement à la plupart de à évaluer les œuvres qu’il envoie rescapée des recherches sur la nar- Claude Vignon ; prend des fascines que depuis près d’un quart de ses confrères, Rinaldi est coura- pêle-mêle aux oubliettes de l’his- ration des années 60, a donné à son helléniste bien déci- pour élever des re- siècle, à L’Express (1976-1998), il geux. Ainsi, quand on exhume, en toire littéraire contemporaine ? La essai sur le roman le titre L’Ere du dé à ne pas mourir Figures tranchements entre s’est construit une réputation de 1994, un inédit de Camus et que liste est longue, et, elle aussi, étouf- soupçon. On pourrait de même ti- de faim, converti de la Comédie les ennemis et soi ». critique redoutable et redouté, ta- tous les journaux en font, sans au- fante, même si on n’en retient trer un essai sur l’attitude critique aux intrigues poli- b Peu soucieux de lentueux, indépendant... en un mot cun discernement, la promotion, il qu’une partie... Chacun de ces d’Angelo Rinaldi L’Ere du ressenti- tiques, incapable jouer dans une parfait. La solution aisée et pru- est le seul à se montrer lucide sur « mauvais » écrivains aura certai- ment. D’où lui vient cette détesta- VIGNON d’aimer mais viveur pièce dont il a déjà dente, adoptée par beaucoup, est cet assez médiocre Premier Homme. nement la satisfaction de se sentir tion sans nuance des intellectuels : CLAUDE et gourmand, ca- démontré l’intrigue, de feuilleter ces quelque six cents Enfin, contrairement à sa réputa- en bonne compagnie : Gabriel Gar- « Lorsque M. Derrida, déconstruc- pable de « faire du Né en 1799, il tire sa révérence : pages et de déposer aux pieds de tion, Rinaldi n’est pas seulement un cia Marquez, Marguerite Duras, tionniste en diable, s’empare de Bossuet à 10 sous la critique littéraire. « Je vous trouve la Rinaldi l’hommage admiratif que spécialiste de l’éreintement. Il sait Philip Roth, Claude Simon, John Maurice Blanchot, c’est comme si ligne », secrétaire Il apparaît aussi dans plus grande des l’on doit à un aîné prestigieux. C’est admirer, mais il a la désagréable ha- Updike, Patrick Modiano, Jean Ge- l’on répandait de l’insecticide sur la du ministre de la La Peau de chagrin, femmes, mais si je sans danger, mais cela témoigne, au bitude, en soutenant un écrivain net, Philippe Sollers, Truman Ca- floraison des roses » ? Une détesta- guerre, nommé Illusions perdues, La continuais à vous fond, d’un certain mépris pour le qu’il aime, de déprécier quelqu’un pote, Milan Kundera, Roland tion redoublée quand il s’agit de maître des requêtes Cousine Bette. Selon servir de paravent ou travail de critique (celui de Rinaldi d’autre –et c’est généralement la Barthes, Mario Vargas Llosa, Ara- femmes (on passera sur cette miso- au Conseil d’Etat, Maurice Regard, d’écran (...), vous me au premier chef). Surtout, cela ne dépréciation que l’on retient. On lui gon... gynie qui prête à rire tant elle est c’est le type de l’ar- deux critiques mépriseriez singuliè- trompera aucun lecteur : un tel po- sait gré de rendre hommage au d’un autre âge) : Julia Kristeva, riviste louis-philip- littéraires, Désiré rement. » lémiste ne saurait susciter une trop peu connu François Augiéras. « PIROUETTES, ACROBATIES... » « pharisienne », « Pic de la Miran- pard. Sa lucidité, le Nisard et Victor C’est après cet adhésion béate. A l’inverse, adopter Mais pourquoi estimer que Finalement, lorsqu’il s’en prend à dole en jupon » ; Danièle Sallenave, sentiment de son Chasles, ont pu aussi échec que, dans sa sa posture batailleuse et l’appliquer « comparés à lui, les beatniks à la Paul Morand à propos de l’essai de qui rejoint la précédente dans la impuissance artis- inspirer Balzac. « vaste prison de Pa- à la lecture de ses articles, c’est ris- Kerouac apparaissent comme des Jean-François Fogel, Morand-Ex- troupe des « Bécassine sémiotiques tique (« La critique ris », il se lance dans quer de passer pour un roquet ja- clients du Club Méditerranée qui se press (Grasset, 1980), Angelo Rinal- des années 70 »... D’où lui vient ce est son opium et son la course à la réus- loux – Rinaldi, lui, ne prête aucune prendraient pour des pèlerins du di définit assez bien ce qu’on mépris de l’université : «Né en harem de livres faits l’a dégoûté de site dans ce qu’elle a de plus ex- attention à ce risque lorsque, ro- Moyen Age en route vers Compos- éprouve à la lecture de Service de 1854 à Charleville, Arthur Rimbaud toute œuvre à faire »), son goût térieur, jouant à l’occasion les mancier lui-même, il assassine la telle » ? Pourquoi, en défendant presse : « Le style de l’auteur se ré- vient de mourir offIciellement à Paris, pour la dérision en font un anti- consultants pour la belle plupart des écrivains contempo- Bernanos, traiter Mauriac et Clau- duit, en fait, à une succession de dé- cette année, écrit-il en 1983 : on l’a héros de notre siècle. Dans Béa- Mme Schontz, courtisane experte rains qui comptent, mais on n’a pas del de « catholiques de carrière » ? hanchements, de pirouettes, de vire- inscrit au programme de l’agrégation trix, presque contemporain des en placements. envie de le suivre sur ce terrain-là. D’où vient qu’en dépit d’un brio voltes et d’acrobaties capables de des lettres » ? vers de Hugo (1837), Balzac a Dépourvu de suffisance, au Quant au compliment – assas- qu’on envie, d’un art de la pointe charmer sur le moment, mais qui dé- Finalement, Angelo Rinaldi aura cherché « des grandeurs sous [les] moins en amour, Claude Vignon sin ? –, il faut tout de suite y renon- qu’on aimerait posséder, la lassi- couragent une lecture continue, les été l’un des symptômes les plus haillons » du critique. réfute la légende selon laquelle cer, il est déjà dans la préface de tude s’installe lorsqu’on lit ces tex- personnages se transformant en ma- passionnants d’une époque, en ex- Attiré dans le « désert » de Camille Maupin aurait abandon- Jean-François Revel : « On pourrait tes en continu ? Au point qu’on ne rionnettes. » En effet, nous avons primant la haine de la pensée qui Guérande par la poétesse Camille né le monde à cause de lui. Mais il dévorer son livre sans jamais avoir lu se réjouit même plus de la démoli- tous été charmés « sur le mo- s’est développée dans les années Maupin, qui voit dans son in- ne peut imaginer qu’elle reste très aucun des livres dont il parle, sans tion d’écrivains qu’on déteste ? ment », ceux qui ne le re- 70 et qui a continué dans la France fluence une protection pour sa longtemps au couvent, persuadé jamais avoir lu aucun autre livre », Probablement parce que, comme connaissent pas ne disent pas la vé- mitterrandienne, stigmatisant la carrière, lui qui a « ressemblé que la religion ne la guérira pas écrit-il en conclusion, balayant ainsi dans un film où une pièce de rité. Nous nous sommes tous « stérilité », l’« esthétique du brim- presque au divin Raphaël » dans de son amour fou pour Calyste. la minuscule utilité dont pourrait se théâtre multipliant les mots d’au- précipités sur L’Express pour lire borion » et le « formalisme des an- sa jeunesse est, à trente-sept ans, Même sans « poète à désespérer », prévaloir la critique littéraire jour- teur, on étouffe. Sans doute aussi « le Rinaldi de la semaine », nous nées 60 ». A ce titre, ce livre est pré- un homme usé, au teint de le critique crache son venin et nalistique : ne pas exister en soi, parce que Rinaldi préfère l’affirma- avons tous ri, commenté, adoré, cieux et mérite que l’université, plomb, « vieilli par les abus de la n’accorde pas à son ancienne mais être un lieu de passage vers les tion à l’analyse. On est d’autant détesté. Mais rassemblées en livre, n’en déplaise à Angelo Rinaldi, s’y compréhension, ennuyé de la vie et maîtresse le bénéfice du sublime ! œuvres des créateurs. plus heureux quand celle-ci arrive, les chroniques d’Angelo Rinaldi, intéresse. n’ayant pas le courage de la quit- Jean-Kely Paulhan Il reste donc à lire attentivement comme lors de l’édition de Belle du non seulement transforment trop Josyane Savigneau LeMonde Job: WIV2399--0003-0 WAS LIV2399-3 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 08:32 S.: 111,06-Cmp.:10,08, Base : LMQPAG 55Fap: 100 No: 0068 Lcp: 700 CMYK

littératures LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 / III b Vivre... obstinément Conte à rebours Entre amertume et résignation, entre illusions perdues et espoirs déçus, deux romans de Wallace Stegner De la féerie au cauchemar, Marco Denevi qui proposent une méditation sur la difficulté à vivre le temps qui passe nous plonge dans un récit étrange et fantastique Volontaire, entreprenante, pro- Dans sa postface, Cristina Pina LA VIE OBSTINÉE fondément sérieuse et animée CÉRÉMONIE SECRÈTE fait remarquer que le personnage de (All The Little Live Things) d’un vrai plaisir de vivre, Marian (Ceremonia secreta) Mlle Arrufat est une sorte de de Wallace Stegner. est en train de mourir. Pas un ins- de Marco Denevi. « prince-vieille fille » embarquée Traduit de l’anglais (Etats-Unis) tant le lecteur ne croit lire un ro- Traduit de l’espagnol dans un curieux conte de fées inver- par Eric Chedaille, man, tout cela est trop juste, trop (Argentine) sé. Il est vrai que les références à ce Phébus, 344 p., 139 F (21,19 ¤). vrai, pour avoir été inventé de par Jean-Marie Saint-Lu, genre littéraire ne manquent pas, à toutes pièces. Pas une fausse note, éd. Joëlle Losfeld, 142 p., 85 F commencer par le lieu où se déroule VUE CAVALIÈRE pas une touche de trop. Le désen- (12,95¤). l’essentiel du récit. En plein milieu (The Spectator Bird) chantement de Joe, ses moments d’un Buenos Aires décrit de manière de Wallace Stegner. de rage, ses confrontations à la lu- h ! L’étrange et fan- très réaliste, Denevi a campé une Traduit par Eric Chedaille, cidité de Ruth, tout aussi capable tasque, le délicieux petit maison bien proche du chateau Phébus, 268 p., 129 F (19,66 ¤). de le réconforter que de le pousser livre que voilà ! Né en hanté. Derrière une façade anodine, à voir en lui-même ont une inten- 1922 dans la province c’est un endroit mystérieux, où les allace Stegner sité bouleversante. Tout cela deA Buenos Aires, Argentine, son au- objets sont « gainés de poussière », (1904-1993) est pa- rouvre sans cesse la même bles- teur n’est guère connu en France et mais où l’on croit deviner la pré- raît-il le père spiri- sure que le temps n’a jamais vrai- c’est dommage. Marco Denevi sence de trésors. Des bijoux, des tuel de toute cette ment guérie, la mort du fils et l’in- compte pourtant à son actif plu- livres sterling, des « sols péruviens » générationW d’écrivains américains capacité qu’a eue le père à lui sieurs romans, nouvelles, essais et et des « mexicains d’or », mais aussi que l’on rassemble sous la ban- manifester son amour, à trouver pièces de théâtre qui font de lui l’un des présences fantomatiques, té- nière artificielle – pur synthé- avec lui le moindre lien. des écrivains les plus lus de son moins d’une histoire tragique. tique – d’« école du Montana » ou Cette blessure encore à vif pays et l’inscrivent parmi les candi- La jeune fille elle-même, cette Ce- « de Missoula ». Si cela fait plaisir transparaît aussi dans Vue cava- dats au prix Nobel de littérature. cilia blonde et inconsistante, est une aux amateurs de classification... Il lière, qui se situe quatre ans plus Paru pour la première fois en 1960, sorte de Belle au bois dormant qui serait toutefois plus judicieux de le tard, quatre ans après la mort de Cérémonie secrète reçut le prix Life ne serait pas belle. A la fin du récit, ranger tout simplement parmi les Marian. Ruth et Joe ont repris leur et fit l’objet, ultérieurement, d’une elle se réveille de la léthargie stupide écrivains à lire absolument, ceux vie sans superflu. Joe se remet à adaptation cinématographique réa- dans laquelle l’avait plongée une que l’on découvre avec bonheur, ses Mémoires, histoire de s’oc- lisée par Joseph Losey, avec Eliza- agression, sous l’effet des soins at- et dont on guettera avec avidité cuper et de satisfaire sa femme qui beth Taylor, Mia Farrow et Robert tentifs du fameux « prince-vieille toute nouvelle traduction. La Vie craint que l’inactivité intellectuelle Mitchum. Dans une atmosphère ir- fille ». La jeune Cécilia a été victime obstinée a été publié aux Etats- ne soit mauvaise pour sa santé. réelle et non-conformiste, des per- d’un viol et sa maison aussi, fouillée Unis en 1967 et Vue cavalière (qui a Pour ce faire, il fouille dans ses ar- sonnages renouvellent subtilement par différentes personnes dans le obtenu le National Book Award) chives et met la main sur un jour- le genre du conte de fées en don- but de trouver des richesses ca- en 1976. Ils viennent d’être édités nal entrepris lors d’un voyage au nant au rêve une mystérieuse maté- chées. Le sexe et l’argent sont de la en France en ordre chronologique- Danemark, alors qu’il était à la re- rialité. partie, mais dans l’ordre du refoulé. ment inverse, ce qui n’a finale- cherche de ses racines. Joe, chaque Mademoiselle Leonides Arrufat, Cet ordre, justement, que semble ment pas grande importance puis- soir, va le lire à Ruth, faisant resur- cinquante-huit printemps, est une désigner l’usage des portes dans le qu’il faut lire les deux : on y gir les fantômes du temps passé, personne très comme il faut qui dé- livre : ouvertes par effraction, pour

retrouve le même narrateur, Jo- STEGNER P. MARY les rencontres et les émotions à pose des fleurs devant les maisons signaler le viol, ou surgissant au dé- seph Allston, un homme d’une moires à analyser ce qui a fini par promenades, admirent le paysage, moitié enfouies, à moitié seule- des gens méritants et des orties sur tour d’un couloir, comme une part soixantaine d’années, et sa femme les tirer de leur hibernation, à ad- observent les oiseaux, jardinent, li- ment. Ils regimbent autant l’un le palier des femmes de petite vertu. de soi-même que l’on ne connaissait Ruth, un vieux couple lié par une mettre la « flagrante évidence », mitent leur vie sociale à quelques que l’autre à ces évocations qui Un jour, une « petite jeune fille » la pas jusque-là. complicité et une tendresse remar- « la force de la vie » et « la part de relations peu exigeantes. Mais de viennent troubler une fausse séré- suit obstinément dans le tramway, Elaborant des images très inven- quables, sans aucune mièvrerie ténèbres qui s’y tient tapie ». Cette nouveaux personnages surgissent, nité chèrement payée. A soixante- puis dans les rues de la ville. C’est tives et souvent superbes, le roman- sentimentale et avec un respect, vie obstinée qui laisse les survi- et ce râleur farouche de Joe va dix ans, Joe revit ses espoirs et ses une personne aux traits « spon- cier semble s’être amusé à une clairvoyance et un souci de vants en plan. avoir de quoi ratiociner, gronder choix, sachant qu’il ne peut plus gieux », qui semble avoir « l’âme en construire une histoire où les réfé- l’autre qu’on ne peut que leur en- Ayant rompu avec leur histoire, contre les autres et contre lui- revenir en arrière, qu’il n’a plus suspens » et quelques problèmes de rences au conte, à la psychanalyse, vier. ayant anesthésié leurs mémoires, même. Le motocycliste barbu et qu’à chasser ses doutes et ses illu- bon sens. En s’installant presque à au roman policier ou même à la lit- Agent littéraire en retraite, Joe Ruth et Joe mènent une vie tran- sans gêne à qui il va accorder bien sions perdues, tout ce qui aurait son corps défendant chez Cecilia térature gothique, forment une Allston et sa femme se sont retirés quille, à peine troublée par quel- malgré lui, l’autorisation de cam- pu être et qui n’a pas été, par sa – c’est le nom de la jeune fille –, étonnante construction. Il en résulte dans la campagne californienne, ques problèmes de voisinage, per sur ses terres sera moins dé- volonté. Et c’est sans nostalgie Mlle Arrufat va plonger les yeux un texte profondément libre, qui os- loin du « socle rocheux surchargé quelques contrariétés, des vrom- vastateur que Marian, jolie jeune inutile qu’il finira par rassurer grands ouverts dans une sorte de cille entre parodie et drame véri- de Manhattan ». Dans le petit pa- bissements de mouche sans im- femme enceinte de son deuxième Ruth et qu’ils reprendront en- cauchemar loufoque et sanglant, table dans une langue belle et tou- villon qui lui sert de bureau, il portance. Elle mijote des petits enfant, pour qui il éprouve une semble le chemin commun. dont même l’issue sera encore oni- jours surprenante. cherche en rédigeant ses Mé- plats, il bricole, ils font de longues fascination amoureuse et tendre. Martine Silber rique. Raphaëlle Rérolle

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Enfances Marseille, couleurs jazz Plus qu’une embardée joyeuse et swinguante en compagnie de matelots et vagabonds ayant échoué sur le Vieux-Port, « Banjo », pionnières de Claude McKay, salué en 1928 par Césaire et Senghor, est surtout un grand roman sur la négritude jamais de son instrument de mu- vantés de la civilisation française, convoquer Maupassant et la revue porte un gars de la bande. Senghor QUAND TOI ET MOI BANJO sique. Banjo rêve de monter un or- surtout à l’égard des peuples de cou- The Negro World, sont menés ou Césaire avaient, dès la parution, ÉTIONS JEUNES, WHITEFISH de Claude McKay. chestre de jazz qui n’existera ja- leur... ». Ici comme partout, un cri- comme les dialogues des grands salué McKay comme un pionnier de (When You and I Were Young, Traduit de l’anglais (Etats-Unis) mais : il se contente de faire danser minel noir faisait de tous les Noirs westerns : à l’estomac. D’ailleurs, ils la négritude et reconnu leur dette. Whitefish) et postfacé par Michel Fabre, son monde, retrouve sa belle Lath- des criminels, tout comme un ma- se règlent parfois aux poings, à Longtemps oublié, Banjo ressort de Dorothy M. Jonhson. éd. André Dimanche (10, cours na aux ascendances arabo-asia- quereau noir faisait de tous les moins qu’ils ne donnent lieu à ré- de l’ombre comme un brûlant mé- Traduit de l’anglais (Etats-Unis) Jean-Ballard 13), 336 p., 149 F tiques, avant de disparaître et de re- Noirs des maquereaux. Le miracle conciliation autour d’une tournée téorite. par Béatrice Vierne, (22,71 ¤). venir, toujours dansant, toujours c’est que ces débats, qui peuvent de chopines, quand la maladie em- Michel Samson éd. Hoëbeke, 204 p., 110 F swinguant, apôtre du jazz et de la (16,76 ¤). uelques-uns en par- dignité de « la race ». laient, d’autres disaient Ces magnifiques ne connaissent i les écrivains du Montana l’avoir lu, la plupart de la ville qu’un quartier : celui reconnaissent en Wallace ignoraient jusqu’à son qu’ils appellent « la Fosse », où se Stegner leur père spirituel, Q existence : Banjo, le ro- côtoient filles de joie, souteneurs, c’est vers Dorothy M. man de Claude McKay, paru en flics, voyous, marins en bordée, res- JonhsonS (1906-1984) qu’ils se 1928, vient dynamiter le paysage ro- taurateurs et tenanciers de bistrot, tournent pour désigner l’autre figure manesque foisonnant et fort inégal alcooliques abrutis et vagabonds emblématique de ce que l’on qui a pour cadre Marseille. Ses hé- heureux. Marginaux de l’espace et nomme « l’école de Missoula ». A ros, débarqués des continents noir, du temps, ils ne quittent jamais la lire les délicieux souvenirs de jeu- américain ou africain, viennent y Fosse et vibrent surtout d’une éner- nesse de cette nouvelliste – qui, rap- échouer car le port phocéen fait rê- gie nègre dont ils discutent sans fin pelons-le, à offert au cinéma ver les marins du monde entier. la nature. L’Homme qui tua Liberty Valance réa- « Le quartier du Vieux-Port exhalait L’écriture de McKay sent son lisé par John Ford en 1961 –, on me- une odeur écœurante de vie dense, jazz, si le jazz est une jubilation : on sure les raisons de l’attachement mêlée, entassée, tournant dans un saute de cabaret en pont de bateau, d’un Jim Harrison ou d’un Thomas cercle de misère étouffante (...). Les on visite le Cinéma bleu, première McGuane pour cette pionnière. bistrots et les boutiques d’amour, les salle pornographique de la ville où Née dans l’Iowa, Dorothy Jonh- filles et leurs macs, les clochards, les viennent s’encanailler de riches son a sept ans lorsque ses parents chiens et les chats, chaque élément touristes, on danse jusqu’à l’épuise- s’installent dans une bourgade mal contribuait d’une façon essentielle et ment des bouteilles et des corps dégrossie du Montana. « Nous avons colorée à créer cette chose indéfinis- – et il faut rendre ici hommage à grandi ensemble ma ville et moi. J’étais sable qu’on appelle une ambiance. » une traduction qui aime le rythme. une enfant modèle. Whitefish était une Ray, intellectuel haïtien, sous les Elle sent aussi la mer, ou plutôt l’en- sale gosse, robuste, bagarreuse et mal traits duquel on devine l’auteur, têtante odeur des ports, ces «blé du élevée. » Une rebelle tenue par des Noir Américain d’origine jamaï- Canada, riz de l’Inde, caoutchouc du bûcherons et des fermiers, des gail- quaine, est arrivé à Marseille «au Congo, thé de la Chine, sucre brun de lards au tempérament forgé dans les hasard de ses pérégrinations ». « Là, Cuba, bananes de Guinée, bois du intempéries, l’isolement et la lutte chaque jour, il pouvait rencontrer un Soudan, café du Brésil... » quotidienne face à une nature sau- prolétariat pittoresque venu des eaux Mais l’art de McKay, et sa force vage. Plus d’un demi-siècle plus tard, lointaines dont les noms enflam- intacte, c’est d’avoir fait de Banjo alors que le hameau est devenu une maient son esprit d’aventure : mer un grand livre des questions et des coquette station touristique où le des Caraïbes, golfe de Guinée, golfe discussions. Ses personnages « poison » blanc est béni des hordes Persique, golfe du Bengale, mer de connaissent des sorts variés avec les de skieurs, que le goudron a recou- Chine, archipel Indien. Et toutes ces femmes, avec les consuls, avec les vert depuis longtemps les boîtes de odeurs de nourritures terrestres qui se voyous ou les flics français, et conserve qui soutenaient les trot- mêlaient sur les docks. » Errant même avec une bonne sœur carita- toirs en bois, une vieille dame relate comme eux, il se lie à un groupe de tive. Ce foisonnement d’aventures son épopée. D’anecdotes drola- Noirs qui ont abandonné leur donne lieu à des discussions pas- tiques en portraits tendres, Dorothy « gonzesse » – leur bateau – et sionnées sur la race, sur le colonia- Jonhson mêle son enfance de garçon vivent une existence de vagabonds lisme, sur les relations avec les ou- manqué à celle d’une communauté glorieux toujours en quête de vin, vriers blancs, dockers ou marins, soudée par ses rites et ses coutumes d’une pitance quotidienne, sur le statut des sans-papiers. Ray, et qui, peu à peu, trouvera, sur la d’ivresse des sens et des mots. Il qui vient de remballer sèchement ligne de Northern Great, le chemin rencontre surtout Lincoln Agrippa un jeune étudiant de l’Action fran- de la « civilisation ». Daily, « Banjo pour les intimes », çaise, lance un jour qu’«il en (a) Christine Rousseau ainsi surnommé car il ne se sépare par-dessus la tête des bienfaits tant LeMonde Job: WIV2399--0004-0 WAS LIV2399-4 Op.: XX Rev.: 09-06-99 T.: 19:58 S.: 111,06-Cmp.:10,08, Base : LMQPAG 55Fap: 100 No: 0069 Lcp: 700 CMYK

IV / LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 littératures b Quelques particularités sur Jean Racine A l’occasion du tricentenaire de la mort de l’écrivain, le premier volume d’une nouvelle édition de ses œuvres dans « La Pléiade » couronne cette célébration oland Barthes, au-delà Oui, du travail super bien fait. En revanche, si Georges Forestier raconte soit vrai, rien ne prouve en liberté, aussi douce que véri- de la polémique elle- ŒUVRES COMPLÈTES Voyez Georges Forestier, le respon- ne dispose pas d’appuis sûrs, il que ce soit faux. Mais cette page ne table », la « vanité des grands édi- même datée (1963) qui Tome I, Théâtre et Poésies sable de cette édition de Racine. laisse le lecteur libre de se faire sa peut pas ne pas nous toucher, parce fices », et il écrit : l’opposa à Raymond de Racine. Prenez un vers de l’une des pièces, religion. Par exemple, il nous qu’elle indique un souci, pas négli- « Tous ces bâtiments admirables, Picard,R avait mis en garde contre Edition établie en pointant une ligne sur une page donne, comme d’autres éditeurs, geable, de Racine. Les enseignants Ces palais toujours si vantés, une confusion entre l’homme par Georges Forestier ouverte au hasard, tenez, page 867, les « Mémoires contenant quelques et érudits, presque dans leur Et qui sont comme cimentés Racine, sujet passif du biographe, Gallimard, « Bibliothèque le vers 1384 de Phèdre, c’est Aricie particularités sur la vie et les ensemble, refusent cet échange de Du sang des peuples misérables. » et l’œuvre elle-même, qui offrait, de la Pléiade », qui a la parole : « Et la fuite est per- ouvrages de Jean Racine », écrits par Mme de Maintenon et Racine. Racine pense ici au tiers état, offre toujours, une vive résistance. 1920 p.; 390 F (59,45 ¤) jusqu’au mise à qui fuit ses Tyrans. » Ce vers, son fils Louis Racine. L’une des « Cette aventure est fort invraisem- accablé d’impôts qui permettent la Même si cette confusion peut don- 31 juillet, 450 F (68,60 ¤) ensuite. dans l’édition de Phèdre de 1677, la pages les plus connues de ces blable. On voit mal Racine s’intéres- construction des palais, mais il vise ner de beaux fruits, comme cette première, celle que reproduit Mémoires nous apprend qu’un jour, sant à de telles questions », écrit aussi les ouvriers dont le sang Vie de Racine de François Mauriac isons d’abord, pour Georges Forestier, se termine par «Mme de Maintenon entretenait Raymond Picard. Eh bien, si ! « cimente » les architectures, et un qui date de 1927 et que l’on vient de une fois, d’un mot, ce un point. Mais, à « La Pléiade », on Racine de la misère du Peuple... Il Racine s’intéressait à de telles ques- peu plus loin, opposant, aux bas- rééditer (Perrin, 100 F [15,24 ¤]). La qu’ils sont, dans le gris ne laisse pas le lecteur entre deux répondit qu’elle pourrait être soula- tions, il n’est que d’ouvrir le Racine- sins et fontaines des parcs princiers, célébration du tricentenaire de la de nos jours, ces vrais chaises : on lui dit tout. Georges gée par ceux qui étaient dans les pre- « Pléiade » de Georges Forestier, à les ruisseaux des prairies, il dit que mort de l’écrivain n’est certes pas trésorsD de « La Pléiade ». Non des Forestier a, bien sûr, examiné le mières places », et nous compre- la page 4 (un poème titré Le Pay- ceux-ci ne requièrent pas, eux, la une circonstance très favorable livres comme les autres. Une famille vers 1384 de Phèdre dans les autres nons que Racine, pris par le sujet, sage), pour en avoir la preuve. « sueur » sur « le front » des labou- pour défendre l’idée de cette résis- nombreuse de zèbres pas tristes, éditions parues du vivant de s’échauffe. «Mme de Maintenon lui reurs. tance, qui est pourtant l’un des toujours tirés à quatre épingles, Racine, relues et corrigées par lui, dit que puisqu’il faisait des observa- SOCIAL Georges Forestier, sans doute, attributs du génie. La solennité repérables du premier coup d’œil à et il a constaté que dans celle de tions si justes sur-le-champ, il devrait Lorsque nous lisons des livres, n’admet pas, lui non plus, l’authen- rend frileux... Dans la préface d’un leur liquette couleur groseille, ou 1697, que Racine, nous apprend-il, les méditer encore et les lui donner des articles, sur les monuments, les ticité de cette aventure que raconte intéressant Tout Racine, Christian caramel, outremer, serpentine, au avait confiée à trois éditeurs à la par écrit. » architectures, nous trouvons cités le fils de Racine, mais il laisse la lec- Biet invite à relire Racine « avec gré des jours. Leur papier, sous la fois pour ne pas faire de jaloux, ce Sur la « misère du Peuple » les noms des architectes, parfois ture ouverte, il ne dit pas qu’« il voit d’autres yeux que ceux de l’admira- chemise, n’est pas chagrin non plus, vers se termine, chez Claude Bar- (orthographié par Louis Racine des commanditaires. Jamais ceux mal Racine s’intéresser à de telles tion compassée ». L’ouvrage de mince et comme si quelques gouttes bin, par une virgule, et, chez Pierre avec un P majuscule), Racine, le des ouvriers, qui ont, de leur esprit questions ». Il se permet pourtant, Jean-Pierre Battesti et Jean-Charles de soleil venaient réchauffer, en Trabouillet, par un point-virgule. père, écrit donc un « rapport », qui, et de leurs mains, construit ces édi- Georges Forestier, une audace inat- Chauvet, original malgré sa concep- douceur, le blanc sec de chaque Bon, la métamorphose du signe de par maladresse ou ruse de Mme fices. Comme si les historiens de tendue. Il attribue à Racine, et il tion encyclopédique, donne une page. Et les lettres de l’alphabet, ces ponctuation ne modifie pas, ici, le de Maintenon, tombe sous les yeux l’art n’avaient, pour ces ouvriers, publie « en majesté », bien centrés bonne occasion d’entendre ce inévitables babillardes, ne sont pas sens du texte, comme cela arrive du roi. Lequel, pas content, dit : pas même une pensée. Mais voici sur une belle page blanche, quatre conseil (Larousse, relié, 784 p., ici trop serrées sur leur banc, plus d’une fois chez Racine, mais « Parce qu’il sait faire parfaitement Racine. Il n’est pas dans ses vers misérables, quatre vers nuls, 250 F (38,11 ¤). comme ailleurs. Elles ont de l’air, elle oriente différemment la voix, le des vers, croit-il tout savoir ? Et parce derniers jours, comme chez sur l’homosexualité de Jean-Bap- On prêtera aussi attention aux elles respirent, elles ont une bonne jeu de l’actrice qui joue Aricie. Vir- qu’il est grand Poète, veut-il être Mme de Maintenon. Il sort tout juste tiste Lully et de son librettiste Phi- autres publications, notamment au mine de gaieté. Bref, retrouver gule, point-virgule, point, pour Ministre ? » de ses études, il écrit un poème, lippe Quinault. Quatre vers depuis très beau livre de Jean-Michel Dela- quelqu’un en « Pléiade », même clore un vers. C’est ça, Aucun autre témoignage ne per- une description, très personnelle, longtemps connus, qui se trouvent, comptée, Racine en majesté (Flam- Malherbe ou saint Augustin, c’est « La Pléiade ». L’information met d’authentifier cette page. Rien de la nature, champs, forêts, lacs. Il d’une écriture mal lisible, dans un marion, « Le Monde des livres » du un coup de bonheur. entière. ne prouve que ce que Louis Racine oppose, à la beauté de la « nature manuscrit non édité de Tallemant 22 janvier). des Réaux, et qu’aucun éditeur Trois éditions du théâtre de jusqu’ici n’a osé inclure dans les Racine viennent renouveler une œuvres de Racine. « Attribution très bibliographie qui avait vieilli. Outre douteuse », écrivait, cette fois plus le premier volume de la nouvelle consciencieux, Raymond Picard. édition de « La Pléiade » due à Voici ces quatre vers : Georges Forestier, qui comprend le « Quand Baptiste est las théâtre et la poésie – le second de musique comportera les œuvres diverses, Pour en reposer son chagrin correspondances et écrits se rap- Il fout Quinault son poète unique portant à Port-Royal–, signalons les Qui ne sait ni grec ni latin. » deux autres : celle établie par Jean Rohou – à qui l’on doit une biogra- GRANDE FARADOLE phie récente, Jean Racine entre sa Georges Forestier, afin de justi- carrière, son œuvre et son Dieu fier son indulgence pour cette (Fayard, 1992) –, avec Paul Fièvre, misère, précise que « l’homosexua- qui, tout en s’appuyant sur la der- lité de Jean-Baptiste Lully n’était un nière édition revue par Racine de secret pour personne ». C’est exact. 1697, modernise la ponctuation (Le L’homosexualité, surtout la Livre de poche, « La Pochotèque », bisexualité, était, en 1674 (date pro- 1 150 p., 135 F (20,58 ¤). Celle enfin, bable de ces quatre vers), chez les en deux volumes magnifiquement nantis et les artistes, chose cou- typographiés et relativement peu rante. Les rois de France eux- coûteuse, de Philippe Sellier mêmes, Henri III puis Louis XIII, (L’Imprimerie nationale, 630 p. et avaient donné le départ. Louis XIV, 608 p., 160 F chaque [24,39 ¤]). peut-être parce qu’il avait été Serge Koster a publié il y a quel- blessé, enfant, par un geste ques mois un Racine, une passion « déplacé » de Mazarin, était l’un française (PUF, « Perspectives cri- des rares hétérosexuels notoires de tiques »). En dehors des représenta- Versailles, mais son frère Philippe tions théâtrales, de nombreuses d’Orléans, son fils Louis de Ver- manifestations ont marqué – le mandois suivaient la vogue. Tout grand colloque qui s’est tenu du 25 comme le grand Condé, le vain- au 30 mai à Versailles, à la Sor- queur de Rocroi, les maréchaux de bonne et à la BNF –, et vont conti- Vendôme, d’Huxelles, de Villars, nuer à marquer cette commémora- de Guiche, et Cyrano de Bergerac, tion de Racine. Notons en et les cardinaux de Fleury, de Bouil- particulier l’exposition au Musée lon, l’archevêque d’Albi, l’évêque national des Granges de Port- de Sisteron, d’Auxerre, de Reims. Royal, « Racine, Phèdre : le choix de Seule la haute magistrature boudait l’absolu », qui se prolonge jusqu’au ces libres penchants, chez qui vou- 31 août (rens. : 01-30-43-73-05 ; lait, de la nature, sauf le premier pour l’ensemble des manifesta- président du Parlement de Paris, tions, site Internet du ministère de Achille de Harlay. la culture : http://www.culture.fr, Le point noir, tout de même, de

rubrique « événement culturel »). JEAN-LOUP CHARMET cette grande farandole, c’est que, P. K . Racine lisant Esther devant Mme de Maintenon (gravure de 1830) pour les petites gens, l’homosexua- lité était punie de mort : le bûcher. Le 29 décembre 1661, Jacques Chausson, chômeur, et Jacques Paulmier, employé des douanes, Le vers comme vraie dimension musicale de l’œuvre sont brulés vifs. Comme Antoine Bouquet, le 26 août 1671, comme Philippe Bouvet, le 30 mars 1677, Le corpus racinien n’a guère connu la classique liaison entre musique et tragédie. Raisons d’un rendez-vous manqué comme Antoine Mazouër et Emery Ducaton le 15 mars 1666. Nous ne N n’ira pas jusqu’à sachant comment surseoir ! Heu- rapporte que c’est Racine lui- à la manière qu’aimera tant Vol- Racine, en grâce auprès de Port- donnons ici que ces quelques déduire la grandeur de reusement, la Providence s’en même qui avait appris à sa maî- taire (« c’était une espèce de mélo- Royal, a tiré de l’Ecriture sainte exemples parce qu’ils sont cités Racine de la difficulté mêle : « M. Quinault s’étant pré- tresse à « baisser la voix » sur pée »). quatre Cantiques spirituels à usage dans le livre (un chef-d’œuvre, pas- qu’il y a à le mettre en senté au roi les larmes aux yeux, et « Nous nous aimions » pour pro- Le chef-d’œuvre racinien ne se expressément lyrique – que Louis sionnant, très beau, disponible en musique.O Ainsi Racine. Haendel a lui ayant remontré l’affront qu’il noncer à l’octave : « Seigneur, vous contente pas d’intermèdes musi- le Grand goûtera sans partage (2). 10/18) de Maurice Lever, Les Bûchers beau poser les fondations de l’ora- allait recevoir s’il ne travaillait plus changez de visage » (Mithridate). caux mais va jusqu’à entremêler Les demoiselles de Saint-Cyr se de Sodome. Mais le code pénal, au torio anglais avec Esther et Athalie, aux divertissements de Sa Majesté, chant et déclamation. Une religio- voient bientôt gratifiées d’édi- XVIIe siècle, punit du bûcher la Mozart faire ses armes en Italie (...) nous retournâmes donc, « ESTHER » sité onctueuse et quasi volup- fiantes mises en musique de sodomie, surtout si elle est avec Mitridate, Rameau entamer à M. Racine et moi, à notre premier Si Iphigénie a vu le jour tueuse passe dans ce texte destiné Moreau, Delalande, Colasse... Si accompagnée de viol, et cette peine cinquante ans avec Hippolyte et emploi, et il ne fut plus mention accompagnée d’intermèdes musi- à des bouches de seize ans, que Racine est resté pour les littéraires est strictement appliquée si vous Aricie une carrière lyrique, enfin d’opéra », relate Boileau. En 1671, caux, rien ne laisse encore pressen- soutient la musique de Jean-Bap- le poète de la tragédie, pour les êtes un n’importe-quoi, pendant l’Iphigénie de Gluck ranimer les Racine avait cependant répondu à tir la « tragédie en musique » qui tiste Moreau, un des rares compo- musiciens, c’est l’homme de foi qui que, dans les hautes sphères, la cendres encore chaudes de la la demande royale par un Orphée prendra forme avec Esther et Atha- siteurs appréciés par Racine. Le l’emporte. Ainsi au XXe siècle Fauré liberté, affichée, est entière. fameuse querelle entre musique qui pût réutiliser les machines lie. Pour l’institution des demoi- succès a déplacé la cour à Saint- et Franck sauront encore s’émou- L’homosexualité est alors presque française et italienne, tout cela, on infernales conçues pour l’Ercole selles de Saint-Cyr, fondée par Cyr ; Mme de Sévigné, longtemps voir aux accents des Cantiques spi- un signe distinctif de richesse, un l’aura compris, n’a que peu à voir amante, de Cavalli. Quinault y Mme de Maintenon au profit des récalcitrante au profit de Corneille, rituels, tandis que Britten, donnant privilège de classe. Et cette énorme avec l’œuvre racinien. allait d’une Proserpine, Molière orphelines nécessiteuses de la s’incline. Mais l’Eglise s’inquiète, à sa Phaedra de 1975 une véritable injustice, à elle seule, dissuadait Les démêlés entre tragédie et d’une Psychée, laquelle remporta noblesse, Racine entreprend Esther qui redoute un dévoiement : les dimension mystique, rejoindra l’homme qu’était Racine de toucher tragédie lyrique font rage, ne faci- avec la musique de Lully les suf- en 1689. Phèdre, douze ans plus représentations d’Esther sont arrê- symboliquement le parcours de à cet état de choses, même si peu litant pas les contacts. Racine lui- frages du roi. Il faudra attendre tôt, a marqué ses adieux au théâtre tées, Saint-Cyr doit devenir un Racine lui-même : au terme d’une que ce soit, par quatre petits vers, même, bien que jaloux des succès une réconciliation avec l’Espagne, d’inspiration hellénique. La chré- couvent. Racine composera cepen- vie mondaine, il souhaita reposer qui d’ailleurs sont d’une gaucherie, de Quinault et Lully, songea-t-il en 1685, pour qu’une Idylle sur la tienté l’y ramène avec cette tragé- dant sur sa lancée Athalie (1691). au pied de ses maîtres d’enfance à d’une pauvreté évidentes. sérieusement à combattre sur le paix unisse enfin Racine au musi- die biblique : « Un dessein m’avait Une pièce à usage confidentiel, Port-Royal. Bon, le Racine-« Pléiade » de terrain de l’opéra ? On connaît une cien... (1) Il ne faut d’ailleurs pas souvent passé dans l’esprit, qui était jouée sans costumes ni décors, que Marie-Aude Roux Georges Forestier, c’est 1 801 pages Chute de Phaéton de 1689 qui oublier ce que le récitatif lulliste de lier, comme dans les anciennes le roi et Mme de Maintenon se d’un soin, d’une intelligence exem- n’atteignit jamais le sol, quand doit à la prosodie racinienne : ces tragédies grecques, le chœur et le feront représenter en privé plu- (1) La Simphonie du Marais, dirigée par plaires. Après tout, accordons-lui le bien même le bon Boileau dut y distiques en alexandrins, qui chant avec l’action. » La représen- sieurs fois (et que les fêtes don- Hugo Reyne, vient d’en livrer un bel plaisir, la brève gourmandise de mettre la main. Il est vrai qu’en prennent dans la bouche de la tation est somptueuse, décors et nées en 1770 pour les noces du enregistrement (CD Accord 206872). prendre au sérieux ces quatre petits dépit de « quelques vers qu’il récita Champmeslé – laquelle triompha costumes rivalisant avec ceux de dauphin avec Marie-Antoinette (2) A paraître ce mois-ci dans la collec- vers. Nous n’avons, après tout, qu’à au roi, qui en parut content », dans Andromaque – une véritable l’opéra. Racine a fait répéter ces transformeront en grand spec- tion « Poésie/Gallimard », avec une tourner la page. Racine freine des quatre vers, ne dimension musicale. L’abbé Dubos demoiselles, qui cadencent le vers tacle, avec musique de Gossec... préface de Jean-Pierre Lemaire. Michel Cournot LeMonde Job: WIV2399--0005-0 WAS LIV2399-5 Op.: XX Rev.: 09-06-99 T.: 18:48 S.: 111,06-Cmp.:10,08, Base : LMQPAG 55Fap: 100 No: 0070 Lcp: 700 CMYK

littératures LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 / V b Jean Orizet ROMAN POLICIER « Le léger fardeau des fantômes » b par Michel Abescat en un « nouvel Après la figure de son père dans « OR », paru il y a un an, Hélène Cixous se état de vivre » penche sur celle de sa mère. Pour enlever la morte à la mort Tragédies familiales bition, et privilégiait la mesure en pensée est condamné à s’en méfier, LA VIE AUTREMENT OSNABRÜCK toute chose : « Je suis contempo- et à consulter le registre de son per- PÈRE ET FILS de Jean Orizet. d’Hélène Cixous. raine de la réalité, disait-elle : je suis sonnage intellectuel : qui dira son (Father and son) Le Cherche Midi, 226 p., Ed. Des Femmes, 236 p., moi. » Et sa fille d’ajouter qu’une angoisse lorsque la pensée surgit et de Larry Brown. 96 F (14,63 ¤). 100 F (15,24 ¤). journée de sa mère comptait vingt- que les mots s’emportent, secouant Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Pierre Furlan, quatre heures, tandis que ses jours la syntaxe, ivres de leur pouvoir et Gallimard, « La Noire », 374 p., 130 F (19,81 ¤). oète, je le suis parce que je l y a deux ans, Hélène à elle sont de durée imprévisible et de leur foi dans une signification m’éprouve comme subjec- Cixous publiait le quarante- inégale. plus riche, plus ample, au péril de n pourrait, pour qualifier la trajectoire fatale du dernier ro- tivité pensante, aimante et troisième volume d’une Elles sont loin, les années d’Oran, se dissoudre aux confins de la man de Larry Brown, Père et fils, reprendre la formule fa- souffrante », nous dit œuvre commencée trente la ville où elle est née ; loin, la certi- langue ? meuse de Malraux à propos de Sanctuaire : « l’intrusion de la JeanP Orizet, auteur d’une œuvre ansI plus tôt : OR. Les Lettres de mon tude inébranlable d’autrefois, dans Hélène Cixous a souvent éprouvé tragédie grecque dans le roman policier ». Et pas seulement à poétique importante et appréciée. père − ces lettres du père adoré qui le pays de son enfance : « J’étais im- ce besoin, mais ici il ne s’agit pas causeO de l’évidente proximité de l’auteur avec l’œuvre de Faulkner. L’uni- Le journal de bord qu’il nous donne lui étaient parvenues quatre décen- mense, dit-elle, je m’étendais sur d’un défi jeté à la langue elle- versalité du thème principal de son livre, l’implacable simplicité de son rejoint l’expérience vécue par la nies après sa mort, suscitant sa quatre continents, j’embrassais toute même : c’est dans l’espoir d’enlever intrigue, la force dévastatrice des images et des émotions qu’il met en transfiguration du sensible en crainte de ne pas l’y retrouver l’histoire de ma mère d’un seul sa mère morte à la mort, de la jeu, la puissance limpide du style donnent en effet à ce parfait roman constats visionnaires, aux réso- élan. » Désormais, depuis contraindre à revivre en elle, sa noir le souffle et la beauté du théatre classique. nances profondes, auxquels le Hector Bianciotti si longtemps et à jamais fille, au moyen d’une concentration Un endroit perdu au Mississippi. Immobile, replié sur lui-même, à souffle poétique donne un ordre et saisie par la passion ingué- extrême, qu’elle force les mots à lui l’écart du mouvement du monde. Le Sud des petits Blancs, celui de Cald- un relief. Souvenirs personnels conforme à l’image qu’elle en avait rissable de tout comprendre, de redonner vie − cette vie qui est ab- well, étouffant et rugueux, lourd comme un ciel d’orage... Après trois ans lorsque l’auteur évoque la maison jalousement préservée. tout dire − et dans l’espoir d’arriver sente d’un livre lorsqu’on expulse le de prison, Glen Davis revient au pays, le cœur chargé d’une haine in- de l’enfance (il a sept ans en 1944), la Le livre du père – histoire d’un à mettre noir sur blanc ce qui tra- vague, l’instantané, l’informe, en tacte. Intacte comme son mépris pour Virgil, ce père que l’alcool lui a vo- découverte d’Oradour-sur-Glane homme mort jeune, dans laquelle verse l’esprit, « d’attraper ce qui somme, le réel le plus profond. lé. Intacte comme son désir pour Jewel et comme la peur que lui inspire deux ans après le massacre de la di- ce qui n’eut pas le temps d’être te- le fils qu’elle lui a donné. Intacte comme ces secrets rancis que les événe- vision Das Reich mais où l’air sent nait plus de place que ce qui fut − Hélène Cixous ments vont bientôt faire surgir de la vase familiale. En quelques jours, fi- encore la cendre refroidie et le brû- était, parmi les titres de l’écrivain, le Hélène Cixous a passé son enfance à Oran et a dèle à sa réputation qu’il traîne comme une malédiction, Glen va semer lé, ou bien ces albums de famille où plus douloureusement autobio- commencé à publier en 1967 une œuvre qui le chaos. Et croiser une dernière fois la route de Bobby Blanchard, son les générations se côtoient. graphique. compte plus de cinquante ouvrages : romans, es- double inversé, l’ami d’enfance devenu shérif. Non seulement représen- Mais ici l’inventaire dépasse l’in- Aujourd’hui – « sur le dos le léger sais, théâtre... Agrégée d’anglais, auteur d’une tant de la loi, mais aussi rival dans le cœur de Jewel et fils de celle qui, trospection, fait éclater les fron- fardeau des fantômes » –, dans cet thèse sur Joyce (L’Exil de Joyce, Grasset, 1969), elle longtemps auparavant, a séduit son père, et provoqué, à ses yeux, le mal- tières géographiques et celles, aléa- ouvrage consacré à sa mère, elle enseigne à Vincennes, où elle a fondé le Centre heur de sa famille et la ruine de son enfance... toires, du passé et du présent. commence par évoquer de nou- d’études féminines. Dans ses textes de théâtre, Père et fils reprend l’éternelle histoire de la lutte du bien et du mal qui DR Etats-Unis, Amérique latine, Afrique veau la disparition du docteur souvent mis en scène par Ariane Mnouchkine structurait déjà le premier roman de Larry Brown publié en France, Joe du Nord... Orizet sillonne la planète Georges Cixous : « J’étais comme si (Portrait de Dora, 1976, L’Indiade, 1987, Et soudain, (Gallimard, 1994). Et l’interrogation qui brûlait dans son deuxième livre, et cherche à établir une unité du le fond de la mer avait été percé et se des nuits d’éveil, 1997), s’incarne une réflexion sur Sale boulot (Gallimard, 1996). Celle de la guerre, de la folie et de la bestia- monde en une suite d’aperçus pano- vidait. » Mais, à présent, elle peut le corps qu’accueillent aussi ses romans – Dedans lité collective que Larry Brown met cette fois-ci en scène à travers le per- ramiques où le goût des vieilles dire : « Mon père est resté, je suis sa (Grasset, prix Médicis 1969), Le Troisième Corps sonnage de Virgil, le père de Glen, à jamais brisé par son expérience du pierres, la célébration des arbres, le demeure. » Par comparaison, le (Grasset, 1970), Angst et L’Ange au secret (Editions deuxième conflit mondial. Mais, à l’instar de Sanctuaire, Père et fils s’in- décryptage des légendes que livre de la mère risque à chaque Des Femmes, 1977 et 1991). téresse essentiellement à l’origine du mal, à son inéluctable progression laissent aux hommes les remous de page de se noyer dans la douleur. une fois « dans la place », à son implacable emprise sur l’âme de son hé- l’Histoire, le requièrent. Au long de Car la douleur n’est assimilable passe sous la pensée » −, l’image de Avec ténacité, avec amour, et ros. Glen Davis ressemble ainsi au Sud qui l’a vu naître. Enfermé sur lui- ce parcours, Orizet cherche à capter qu’à l’état de souvenir, tout au la mère se multiplie, fantomatique, comme « hameçonné » par un obs- même, hanté par ses démons, pleurant son innocence perdue. Maudit. l’étincelle du temps, à recomposer le moins pour l’écrivain : la littérature par moments invisible d’être si près cur remords, elle atteint les loin- La fin du livre voit évidemment la perte de cet homme parvenu au legs d’instants et de lieux privilégiés ne peut agir que dans un champ et comme à l’intérieur de celle qui tains si déconcertants de la mé- bout de son destin, écartelé entre un père qu’il n’a pas pu aimer et un fils en un « nouvel état de vivre » : céré- vierge ; et la douleur, elle, est une l’évoque : a-t-elle feint de dispa- moire, là où ce que l’on n’a jamais qu’il n’a pas la force de reconnaître. Brutale et nue, elle a les qualités du monial et exorcisme où l’individu et mare où les mots surnagent avec raître, de se dissoudre ? elle gagne réussi à capter se tient en attente ; livre tout entier. L’évidence et la puissance de ce qui restera comme un le poète se confondent en un té- peine, jamais assez puissants pour en catimini les songes de sa fille, s’y là où l’imagination est une intruse des chefs-d’œuvre de ces dernières années. moin − exploreur qui engrange des la dessécher, la vaincre. couche, s’en enveloppe, et attend. qui nous égare et brouille les pers- b SHEOL de Marcello Fois richesses. Il nous en fait partager, Mme Eva Cixous, née Klein, à Os- Il ne semble pas interdit de sup- pectives. « En Italie, vu la situation de ces cinquante dernières années, on pourrait par le don d’une ferveur, tant l’émo- nabrück, ville d’Allemagne, a vécu poser que l’écrivain souffre Il y a du désespoir dans ce très envisager de n’écrire que du roman noir », ironisait Marcello Fois, le week- tion ici fait corps avec l’écriture, les avec sa fille jusqu’à l’âge de quatre- « mieux » que toute personne souf- beau livre, que son auteur juge end dernier, à l’occasion du festival de Frontignan. Né en Sardaigne en éclats réfléchissants d’une vie aux vingt-sept ans. Elle aurait pu être frante puisque, relevé et plongé inaccompli, pas encore entamé... Et 1961, installé aujourd’hui à Bologne, il est un des chefs de file du aguets et les fugitives beautés du médecin, comme son mari, mais sans cesse dans son activité, paral- l’on songe à Flaubert, pour qui « les Groupe 13 qui réunit de jeunes auteurs décidés à s’attaquer à la réalité monde où semblent se nicher les elle choisit de devenir sage-femme, lèle à la vie mais sans but précis, et écumes du cœur ne se répandent pas historique, sociale et politique de l’Italie. Tram’éditions, une toute nou- images d’une certaine éternité. métier en apparence modeste, si de l’ordre du caprice, il souffre aus- sur le papier », où l’« on n’y verse velle maison qui se propose de « partir à la découverte des littératures po- Pierre Kyria noble en réalité. Elle ignorait l’am- si de souffrir. Celui qui surveille sa que de l’encre ». licières méditerranéennes », publie parallèlement un remarquable recueil de nouvelles en forme de manifeste, Les Crimes du Groupe 13). Avec

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Sheol, Marcello Fois s’en prend à cette « culture du silence » qui favorise aujourd’hui la résurgence d’un passé nauséabond. Sur fond de montée de la droite et de retour des idéologies fascistes, Fois met en scène un inspecteur de police romain confronté aux exactions d’une bande de jeunes skins et à la disparition parallèle d’une femme, membre éminent de la communauté juive. A travers ses recherches, c’est la quête de ses Michel Déon se relit Réponse du kangourou propres origines, jusqu’au « sheol », le monde des morts, jusqu’à l’accep- tation de son passé, que va mener cet inspecteur qui, pour échapper à la Des souvenirs revus dans la nuance L’hommage pudique de Bernard Chapuis déportation, fut confié à sa naissance à des parents adoptifs. Les idées sont comme les enfants, affirme Marcello Fois au cœur de ce beau livre, et la fidélité à son double : Jean-Dominique Bauby aigu et intense. « Résistance, démocratie, antifascisme... Les mots ne dor- ment pas, ils ne se reposent pas. Les idées ont besoin de soin constant, envers François Mitterrand est un mo- fance, Singapour, la mousson, les et contre tout. » (Traduit de l’italien par Catherine Pitiot, Tram’éditions, PAGES FRANÇAISES dèle du genre. L’index serait long L’ANNÉE DERNIÈRE oiseaux de paradis, Sidney Bechet 255 p., 98 F [14,94 ¤]). Mes arches de Noé, des personnages cités, de Dali à de Bernard Chapuis. sur le pick-up, fakirs, serpents, ba- b LES POUVOIRS SURNATURELS DU LIEUTENANT BORUVKA bagages pour Vancouver, Man Ray en passant par Coco Stock, 142 p., 85 F (12,95 ¤). lançoires et filles du consul en robes de Josef Skvorecky Post-scriptum, Chanel et tous ceux qui ont à smocks et socquettes : comme Une ambiance surranée au charme doux-amer. Un regard piquant, de Michel Déon. compté dans la littérature du l parcourt les couloirs dé- dans une nouvelle de Somerset tendre et ironique. Prague dans les années 60, sous la plume subtile, mi- Gallimard, 528 p., 150 F siècle présent et des siècles passés, serts de sa maison vide un Maugham. S’égrènent aussi des nutieuse et laconique de Josef Skvorecky, figure de la littérature tchèque, (22,86 ¤). avec un salut à tel texte de Jou- couteau à la main, à la ren- équipées superbes : celles de deux émigré au Canada en 1968 où il s’employa à faire connaître les auteurs handeau, de Gide, d’Aragon ou de contre d’un fantôme à tuer. séducteurs qui tombent amoureux alors interdits, Havel, Vaculik ou Pecka. Composé d’une douzaine d’énig- ichel Déon récidive. Michaux. Affinité littéraire et ami- IlI lapide les corbeaux farauds du de la même déesse ; se paient une mes policières dans la grande tradition de la déduction, souvent proches Après Pages tié, certains – Giono, Cocteau, jardin des Tuileries, balance un virée en hélico au-dessus de Paris des histoires de chambres closes, ce recueil de nouvelles, qui date de grecques où il repre- Morand, Chardonne, Nimier, coup de savate au cul d’un chien de pour survoler des maisons qui 1966, est un régal pour l’esprit. On enchaîne la lecture de ces petits textes nait deux ouvrages Blondin... – le retiennent plus que manchon chieur. Il est en colère. portent des noms de nuits, de filles, parfaitement composés, excitants, brillants et constamment drôles queM la Grèce lui avait inspirés, voi- d’autres. Des anecdotes, bien sûr, Son complice, frère de galops ca- de femmes ; vouent un culte aux comme on pique dans une boîte de pralines ou de chocolats fins. Et l’on ci la reprise de deux autres dont mais plus et mieux. Déon portrai- nailles, l’a quitté. Il vient de l’enter- ruses des diplomates à barbiche quitte le livre sous le charme de son personnage principal, le lieutenant l’intention première est l’expres- tiste se fait critique. Ce qu’il écrit rer au cimetière de Grenelle. Mais il d’antan ; écorchent la bonne Boruvka. Un gros nounours aux yeux tristes, mélancolique et philo- sion d’une gratitude, d’une dette de Stendhal est un bonheur de a le chagrin élégant. Un humour conscience des pantins de la gauche sophe, l’esprit vif et l’âme cabossée, que chaque énigme plonge dans un « que je dois à la France : une style, un régal de lecture. Et il impitoyable, le cœur au panache. sophistiquée ; se drapent d’un pé- état de profonde affliction comme s’il portait sur ses épaules toute la langue, un trésor littéraire, une cer- n’omet pas ses propres interroga- L’hommage rendu par Bernard plum pour honorer une invitation douleur du monde. Premier d’une série de quatre livres consacrés aux taine tournure d’esprit et des ami- tions sur son œuvre, sur les mys- Chapuis à son double envolé ne au « bal de la sous, au bal de la pré, aventures de cet anti-héros, ce recueil a décidément un goût de reve- tiés ». Mieux qu’une réédition, tères de la création et les sources ressemble qu’à du Bernard Cha- au bal de la sous-préfecture »... nez-y (traduit de l’anglais par Edouard Diaz, éd. de l’Aube, « L’Aube c’est une relecture de son œuvre de l’imagination guère simples à puis. Maestria du ton désabusé et Vraies ou fausses, les escapades noire », 364 p., 139 F [21,19 ¤]). par l’écrivain. Quelques correc- détecter, à définir. sincérité cinglante du propos. Il a le de Micha (Chapuis) et d’Etienne b MACCHABÉES EXPRESS d’Alain Wagneur tions pour la forme, rien de chan- La politique, dans sa dimension sabre pudique. (Bauby) campent un petit théâtre : Homicide à bon marché, premier roman noir d’Alain Wagneur (Galli- gé pour le fond, mais des ajouts historique, n’est pas absente. Et il C’est une qualité précieuse. Signé celui de deux buveurs de bloody mard, « Série noire », 1996), par ailleurs auteur de livres pour la jeunesse, aux notes anciennes et cent trente ne met pas son drapeau dans la par un autre, L’Année dernière au- mary, mains dans les poches et avait séduit par son sens de l’atmosphère. Macchabées express confirme pages de post-scriptum d’où il res- poche, ayant parfois des formules rait pu dériver vers des plages lar- tubes des Stones en tête, qui vivent ce sentiment ainsi que le goût de l’auteur pour l’Histoire et les ruines de sort que ce travail permet d’« ap- dont un Daudet n’aurait pas renié moyantes, racoleuses. Car c’est un dans la gaieté leur incapacité à la mémoire... Jacques Camier, ancien flic devenu prof intérimaire dans les prendre la pauvreté des idées re- l’excès quand il parle de Blum ou, roman à clés : la réponse du kan- agripper le bonheur, s’interdisent boîtes cathos, accepte la proposition d’un ex-collègue reconverti en pri- çues », que, « dès qu’on se laisse plus judicieusement, de ceux qui gourou (tel est l’animal fétiche de « ce qui est minuscule » (par vé, de suivre la trace d’une romancière mystérieusement disparue. Et se aller à un ton péremptoire, les an- condamnèrent des confrères ne ce faux dur, aux émotions plan- exemple le malaise), et se tricotent retrouve bientôt sur une piste encombrée de cadavres, de vieux men- nées se vengent » et que le hasard a s’étant, ni plus ni moins qu’eux, quées dans ses gants de boxe) au des souvenirs pour remettre « le son songes et de souvenirs rancis. L’Algérie et les magouilles immobilières sa part dans l’évolution des des- accommodés de l’Occupation. La papillon (l’homme frappé du loc- sur beaucoup de silences ». Il y a, des années 60 en particulier... Mélancolique et désabusé, Macchabées ex- tins. Au fil des récits, Déon nuance controverse a de quoi s’alimenter. ked-in-syndrom, qui dictait mots et sous la plume d’un Bernard Cha- press joue sur une sorte de romantisme de l’usure. Personnages au bout des opinions anciennes, en Toutefois, l’analyse l’emporte sur phrases par le seul battement de sa puis cultivant la fréquentation des du rouleau, temps qui passe, espoirs déglingués, érosion des êtres et des confirme d’autres, parfois à la la diatribe et le ton péremptoire, paupière gauche). La réplique du « dépressifs de l’Europe », de dis- choses composent ainsi, avec quelques clichés fatigués du roman noir, lueur de l’actualité. Ainsi, en qu’il évoque l’Action française et rescapé au livre testamentaire de crètes euphories littéraires : quand une petite pièce bluesy aux riffs parfois déchirants (Flammarion, 226 p., condamnant le pouvoir de son avenir qui aurait pu être autre son jumeau Jean-Dominique il note qu’« à chaque arbre son vent. 110 F [16,76 ¤]). l’argent qui corrompt jusqu’au si elle « n’avait pas embrayé sur la Bauby, paralytique emporté par un A chaque forêt son chœur ». Quand CIO, de belles pages sur le sport et folie de Drumont » : Maurras en choc septique (1). il parle de Nina, de son « humeur de son cher Kléber Haedens ; ainsi qui le jeune Déon retrouvait le « Je chevauche vers toi, le diable à rose noire ». Nina, figure centrale de son attachement à Brasillach père tôt disparu, ou Sartre dont il mes trousses... », écrit Chapuis, ce roman, égérie vraie ou fausse de – « plus aucun éditeur n’ose le pu- dit qu’il avait raison d’engager la mousquetaire féru d’histoire de ces Jules et Jim qui la font clopiner blier » – ou son goût pour le cos- littérature pour que les écrivains France et des Mémoires d’outre- entre deux rêves. Nina qui danse le mopolitisme et son admiration soient entendus mais tort de voir tombe de Chateaubriand. Au chevet rock avec ses morts dans sa villa de pour les écrivains qui passent la liberté dans « une pâteuse de son pote inerte et silencieux, à Cassini, qui a toujours froid, qui d’une langue à l’autre comme Cio- mixture de marxisme et d’existen- « respiration d’homme-grenouille », meurt d’un cancer, qu’ils auront ai- ran « le grand moraliste français ». tialisme ». et à l’œil « où miroite la lune », il re- mée à deux. Nina, objet de confi- Cocteau l’ayant utilisé, Déon re- Je ne veux jamais l’oublier. C’est visite les jours où leurs bonheurs se dences parfois jalouses par les- grette de n’avoir pu donner pour le titre d’un de ses romans. Ce sont mis à dérailler. L’imagination quelles ils ne signaient pas titre à ce volume Portraits souve- pourrait être l’exergue de ces de Chapuis anoblit ce palais de nécessairement leur traité de paix nirs. C’est bien là ce dont il s’agit pages qui, de belle écriture, sont à brique rouge de Berck aux armes de mais annulaient « deux solitudes ». pour l’essentiel. Déon y excelle la fois Mémoires, témoignages, l’assistance publique. L’hôpital Jean-Luc Douin comme, ici ou là, à des descrip- culte de l’amitié et des mots. pour gueules cassées prend du bla- tions de lieux. Son portrait de Pierre-Robert Leclercq son. Y défilent des tableaux d’en- (1) Le Scaphandre et le Papillon, Laffont. LeMonde Job: WIV2399--0006-0 WAS LIV2399-6 Op.: XX Rev.: 09-06-99 T.: 19:34 S.: 111,06-Cmp.:10,08, Base : LMQPAG 55Fap: 100 No: 0071 Lcp: 700 CMYK

VI / LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 la chronique

de Roger-Pol Droit b ture de son champ de réflexion. LA PRODUCTION DU CORPS Les doigts des mains sont S’il fallait toutefois ne retenir sous la direction qu’un élément de cet espace de Maurice Godelier particulièrement d’idées toujours en mouvement, et Michel Panoff. appréciés. Surtout ceux sans doute serait-ce l’affirmation Editions des Archives Cannibales gourmets qu’en fin de compte il n’y a ni pre- contemporaines, 374 p., mière ni dernière instance du jeu 300 F (45,73 ¤). de femmes ou d’enfants. social. « Je ne pense pas qu’il y ait un seul fondement ultime à la vie LA PRODUCTION DU SOCIAL Du moins chez les sociale », affirme l’anthropologue. Autour de Maurice Godelier Quittant une causalité unilatérale, Colloque de Cerisy Baruyas. Autrefois..., où l’infrastructure économique sous la direction produit la superstructure idéolo- de Philippe Descola, insiste Maurice Godelier. gique et politique, la conception Jacques Hamel de Godelier s’est orientée vers et Pierre Lemonnier. Du CNRS au futur une théorie des équilibres partiels Fayard, 520 p., 160 F (24,39 ¤). et des correspondances mobiles Musée des arts entre l’économique, le politique, n connaît la formule de le religieux. Spinoza : « Nul ne sait et civilisations, Le trajet est loin d’être achevé. ce que peut le corps. » Et l’on prendra volontiers le pari O l’anthropologue que Maurice Godelier nous ré- Sans doute pourrait-on dire qu’on en connaît bien plus serve quelques surprises. Celui qui aujourd’hui qu’au temps du philo- multiplie découvertes rappelle volontiers qu’il fut l’élève sophe, à la fin du XVIIe siècle en d’une « école de curés » parce que Hollande. Et l’on n’aurait pas tort, et ouvertures sa grand-mère la servante tenait à à l’évidence : ces dernières décen- ce qu’il reçût l’éducation de ses nies découvrent de manière éton- patrons, celui qui n’a oublié ni les nante ce que peut le corps. Ainsi humiliations de ce temps-là ni les l’élucidation du fonctionnement amitiés si nombreuses qui se sont du cerveau, des processus cogni- explications sont exposées de ma- nouées plus tard ne se contente tifs ou celle des régulations hor- nière différente selon les langues pas aujourd’hui de devenir rentier monales ont-elles accompli des et les systèmes sociaux. Les or- d’une audience internationale. A progrès qui naguère étaient à ganes, leurs fonctions, les mala- l’âge où d’autres décrochent, il peine imaginables. Pourtant, ces dies, les sécrétions ne sont pas s’est lancé dans une nouvelle importantes avancées n’em- conçus identiquement d’une civi- aventure : concevoir et mettre en pêchent pas le corps de demeurer lisation à une autre. « Toutes les route le futur Musée des arts et ci- énigmatique. Ce qui le constitue, cultures ne se préoccupent pas de vilisations, qui va se construire à ce qu’il est capable d’accomplir, ce rendre compte de tout ce dont est du sperme de l’homme et, sous ses ruyas coupaient sur le champ de surpris un groupe dans la forêt ou Paris, quai Branly, à partir de l’au- qu’on peut ou non lui faire subir, fait un corps, et certaines font si- yeux, elle le jette intentionnellement bataille les bras et les jambes d’un dans des jardins. Leur chair était tomne 1999, et devrait ouvrir en tout cela demeure fort opaque. lence sur le sperme, d’autres sur le dans le feu. Devant un tel geste, certain nombre de cadavres. très appréciée. » 2004. L’idée est de créer un grand Pas simplement en raison des len- sang ou les os, et ces silences sont l’homme doit, selon les Baruyas, se C’était, disaient-ils, plus facile à Autant qu’une réalité biolo- lieu de rencontre des cultures et teurs de la science et de l’immense éloquents », note Maurice Gode- suicider. Il se pend. » transporter que les corps entiers. Ils gique, le corps est donc une pro- de découverte des autres, avec complexité des processus à explo- lier. Ainsi apprend-on, en le lisant, Le corps peut aussi se manger. les mangeaient soit sur le chemin duction sociale. Mais par quoi évidemment leur participation ac- rer. La difficulté est plus retorse que chez les Baruyas – peuple de Ingérer la chair des siens, ou celle du retour si l’expédition guerrière donc le social est-il lui-même pro- tive. Un lieu postcolonial, convi- et, en un sens, plus intéressante Nouvelle-Guinée chez qui l’an- des ennemis, fut sans doute une les avait entraînés très loin de chez duit ? Par l’économie, comme vial, savant et utile. Rien de encore : ce qu’il faut entendre thropologue séjourna sept ans en pratique plus répandue et surtout eux, et dans ce cas il les faisaient l’enseigna longtemps un mar- moins. Alors qu’on dit les sciences exactement par « corps » de- tout, et auquel il a consacré de moins dramatique qu’on ne l’a rôtir, soit ils les amenaient dans xisme de base ? Par le symbolique, humaines mal-en-point et l’eth- meure en quelque sorte insaisis- nombreuses études (1) – les en- cru. Acte de piété profonde, leurs villages et les faisaient cuire comme le suggéra notamment le nologie en crise, le défi ne sable, mal délimité, soumis à fants sont comme partout engen- comme chez les Yanomamis, qui dans des fours de terre comme du structuralisme ? Par quelque autre manque pas de courage. Qui sait toutes sortes de fluctuations. Pour drés par un homme et une femme, s’emploient à consommer leurs cochon. Les doigts des mains instance, encore à découvrir ? Ces ce que peut l’anthropologie ? le comprendre, il suffit de faire un mais avec l’intervention inévitable « propres morts réduits en cendres étaient une “délicatesse” parti- questions n’ont cessé de susciter bout de chemin en compagnie des du Soleil. On découvre également et dissous dans une purée de ba- culièrement goûtée. Il serait faux de les réflexions multiples de Mau- (1) Voir notamment La Production des anthropologues. que le sang menstruel est considé- nanes » (2), le cannibalisme est le croire que les Baruyas ne man- rice Godelier. Sans doute ne ra- grands hommes. Pouvoir et domination L’un des résultats du travail de ré comme le grand ennemi de la plus souvent acte de guerre, ma- geaient que les grands guerriers en- masse-t-on pas en trois phrases masculine chez les Baruyas de Nouvelle- Maurice Godelier est de mettre en santé masculine : nière de tuer définitivement les nemis dont ils voulaient absorber la trente années d’enseignement, Guinée. Fayard, 1982, rééd. 1996. lumière la production du corps « Les femmes l’utilisent parfois ennemis en les privant de funé- force. Au bout de quelques années, une dizaine de livres, quelques (2) Remarque empruntée à l’autre par la société. Toute une série de pour tuer leur mari par sorcellerie railles et de repos. On sent pour- quand mes informateurs pensèrent centaines d’articles et contribu- volume collectif paru simultanément discours, de croyances, de pra- en le mélangeant secrètement à tant pointer parfois la gourman- pouvoir me faire confiance, ils me tions diverses. La diversité et la ri- sous la direction de Maurice Godelier tiques et de représentations leur nourriture. » Attention au dise, comme dans ce récit de firent la confidence que leurs an- chesse des contributions au Col- et Michel Panoff, Le Corps humain. disent de quoi est composé le sperme qui part en fumée, il nuit Maurice Godelier qu’il convient cêtres tuaient et mangeaient aussi loque de Cerisy qui a été consacré Supplicié, possédé, cannibalisé. Edi- corps, comment il fonctionne, ce gravement à l’existence : « Après de citer longuement, mais qu’on des femmes et des enfants des tri- à son travail témoignent, s’il en tions des Archives contemporaines, qui le menace ou le protège. Ces avoir fait l’amour, la femme prend n’osera dire savoureux : « Les Ba- bus ennemies quand ils en avaient était besoin, de l’extrême ouver- 198 p., 170 F (25,91 ¤).

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Portrait d’un « tycoon » Une nouvelle génération d’européens Du modeste fils de famille au redoutable entrepreneur, Pierre-Angel Gay A la veille des élections, , ministre des affaires européennes, et Caroline Monnot retracent le parcours de François Pinault s’explique sur l’engagement de la France au sein de l’Union

constitue un véritable empire à coups pour les emplois qu’on croyait sauver. leur capacité à se comprendre. Ain- l’Union permet de réduire les diver- FRANÇOIS PINAULT, de rachats pour le franc symbolique. Mais la forme la plus pernicieuse de AU CŒUR DE L’EUROPE si, lorsque Pierre Moscovici parle gences, pas de les faire disparaître ». MILLIARDAIRE Les subventions publiques pleuvent l’intervention publique n’est pas là, Entretien de Pierre Moscovici de la République de Berlin et des Ce qui ne l’empêche pas de louer Les secrets et l’entregent politique facilite bien elle consiste en l’intervention discré- avec Henri de Bresson. dirigeants allemands, il n’exprime par ailleurs l’« esprit de famille » d’une incroyable fortune des transactions. Dès lors, il ne reste tionnaire du pouvoir politique pour Ed. Le Pré aux clercs, ni impatience, ni frustration, ni in- qui inspire parfois les réunions des de Pierre-Angel Gay plus qu’une étape à franchir : la ren- favoriser un intérêt privé. La vente par 156 p., 89 F (13,50 ¤). quiétude. Voilà : la construction Quinze, au-delà des clivages poli- et Caroline Monnot. contre avec un banquier prodigue le CDR de sa participation dans Arté- européenne en est à un certain tiques et nationaux, et qui fait que Balland, 240 p., 115 F (17,53 ¤). acharné à la réussite de certains mis, holding de contrôle du groupe n déjà vieux militant et stade, grâce à l’idéal de ses pères l’Europe avance malgré tout. Le clients au prix de sa propre perte, le Pinault, obéit à ce schéma. Au fond, un très jeune ministre. fondateurs et au pragmatisme de lecteur trouvera dans ce livre n refermant l’ouvrage de rachat de quelques enseignes presti- l’Etat aide les industriels à l’aider : la Tel se présente, à nos ses bâtisseurs. Aujourd’hui, il s’agit concis, mais précis, la réponse à Pierre-Angel Gay et Caroline gieuses, la délégation de la gestion à subvention pour sauvetage d’entre- U de prendre acte des prodigieuses toutes les questions qu’il se pose à yeux, Pierre Moscovici E Monnot, on a peine à croire une escouade d’énarques, et surtout prise en difficulté dans un fief électo- qui, en quinze années de travail avancées réalisées, mais aussi des propos de l’engagement de la qu’un tel livre ait conduit un l’exploitation du nouveau réseau rela- ral soulage l’homme politique d’une auprès de Lionel Jospin, a pu dé- exigences de l’Histoire et des aspi- France dans cette aventure collec- éditeur en vue à renoncer à sa publi- tionnel forgé à Paris feront le reste : difficulté, mais lui crée une dette à montrer l’étendue et la variété de rations des peuples européens. tive, qu’il s’agisse des promesses de cation pour ne pas encourir les exit Pinault Bois au profit de PPR. l’égard de l’industriel. ses talents, mais aussi une grande C’est parce qu’il traduit bien l’Union économique et monétaire, foudres du maître de la Fnac. Qu’y a- Le tycoon peut alors devenir mé- Au total, le portrait de François Pi- prédisposition pour l’action poli- cette nouvelle problématique que de ce qui a été déjà réalisé et de ce t-il donc de sulfureux dans le portrait cène, collectionneur d’art, ami des nault n’est guère flatteur. Pour nos tique. Elu local, régional, puis na- l’ouvrage Au cœur de l’Europe est qui reste à faire dans le domaine d’un homme « parti de rien », philosophes, défenseur des droits de auteurs, l’homme n’est ni un innova- tional, ce jeune doué n’aurait pas riche d’enseignements et d’argu- social, de la mobilisation des inno- comme dit la légende, et parvenu au l’homme ; il crée une dynastie, teur, ni un créateur, ni un restructura- parié un seul euro sur sa première vations et des énergies à construit son Versailles, il teur, ni même un manager, c’est un affectation comme ministre. Se ré- Jacques Delors propos de l’objectif priori- Elie Cohen peut surtout s’effacer, exer- prédateur attaché à la seule maximi- férant à la tradition, il aurait pu es- taire qu’est l’emploi. En cer son influence à distance, sation de son patrimoine. C’est peut- pérer le portefeuille du budget, par ments. En répondant aux ques- d’autres termes, la valeur ajoutée sommet de la gloire, de la fortune et instrumentaliser ceux qui l’ont hissé être là que l’art du portrait trouve ses exemple. Le premier ministre l’en- tions d’un journaliste compétent et que la coopération et l’action euro- de l’influence à force de volonté, de sur la plus haute marche, mépriser les limites. voya faire ses classes sur le front pugnace, Henri de Bresson, Pierre péennes peuvent apporter aux ef- ruse, de manipulation, de brutalité, courtisans, ne reconnaître comme ses Car, après tout, on pourrait soute- des affaires européennes. Moscovici n’esquive aucun sujet, forts qui doivent être accomplis à mais aussi d’intelligence ? égaux que les tycoons asiatiques ou nir, d’une part, que les prédateurs Si j’en juge par ce que j’entends aucune difficulté. Chez lui, la pas- l’échelon national, ce qui vaudrait Le livre aurait pu s’appeler « Por- canadiens et, noblesse oblige, le pré- sont nécessaires à l’équilibre de l’éco- dans mes différentes visites dans sion existe, mais elle est contenue. aussi pour la politique étrangère, la trait d’un tycoon » tant les figures obli- sident de la République française. système capitaliste et, d’autre part, les autres capitales de l’Union eu- Il se refuse à théoriser les opposi- défense et la sécurité des per- gées des « robber barons » décrits par Mais, au-delà du portrait, ce livre que si Pinault a profité comme ropéenne, y compris de la bouche tions symbolisées par des mots sonnes. les biographes américains d’Astor, propose, par petites touches, en d’autres de la manne publique, du des plus hauts responsables de ces comme fédéralisme contre souve- Car la nation demeure au centre Vanderbilt, Rockfeller, se trouvent re- creux, un tableau saisissant du capita- moins il a bâti un groupe performant pays, Pierre Moscovici a parfaite- rainisme ou intergouvernementa- des préoccupations de Pierre Mos- produites ici jusqu’à la caricature. lisme français. Tel que le décrivent dans la distribution : PPR. Par ailleurs, ment réussi dans sa mission. Sa lisme ou bien les divergences entre covici. Il y revient souvent, notam- Tout y est en effet : les débuts mo- nos auteurs, il n’a plus grand-chose à si l’aversion pour le fisc est patente connaissance des dossiers, son in- les différents courants du socia- ment par cette phrase : « Harmoni- destes dans une famille de paysans, le voir avec la saga de l’entrepreneur. Ce chez notre héros, qui faut-il incrimi- telligence pratique et son sens du lisme démocratique. En agissant ser, cela veut dire coordonner, faible goût pour le cursus scolaire n’est pas sur le marché, par des procé- ner le plus, celui qui joue l’optimisa- compromis font merveille, à tel ainsi, il renforce sa position d’in- rapprocher, débattre, ce n’est pas conventionnel, la révolte précoce qui dures ouvertes et transparentes que tion fiscale en exploitant les trous de point que certains gouvernements terlocuteur privilégié des uns et l’uniformité. » conduit notre jeune homme dans les les affaires se font, mais par l’activa- la législation ou ceux qui n’ont pas vu étrangers auraient aimé le voir oc- des autres. Il évite que des suscep- C’est dire que Pierre Moscovici djebels algériens, le premier travail et tion de réseaux mondains, politiques ces trous ? Enfin s’il a bénéficié de pri- cuper un des postes-clés des insti- tibilités à fleur de peau ne viennent veut construire l’Europe sur la di- le mariage avec la fille du patron. Puis et financiers. François Pinault a su bâ- vilèges scandaleux dans le dénoue- tutions européennes. compliquer à l’excès le dialogue versité des nations, les richesses de vient la carrière qui voit le jeune Pi- tir à chaque étape de sa carrière les ré- ment de la participation publique Il faut également voir, à travers entre les dirigeants des pays leurs traditions, de leurs cultures, nault se bâtir un mini-empire dans le seaux adaptés à sa stratégie de crois- dans Artémis, en mobilisant ses ré- ces propos élogieux, l’émergence membres de l’Union et empêcher de leurs pratiques. Il n’en est pas bois après avoir asphyxié ses concur- sance. seaux d’amis jusqu’au sommet de d’une nouvelle génération d’euro- les compromis nécessaires. De la moins très ambitieux pour elles, rents. Il a d’abord tiré parti du désarroi l’Etat, qui faut-il incriminer, les péens. Comme Pierre Moscovici le même façon, il dédramatise voulant œuvrer pour les rendre Il sait déjà veiller aux détails, susci- collectif des hommes politiques et de hommes politiques complaisants, les souligne lui-même, il n’était pas né « Bruxelles », contre qui les anti- plus puissantes et plus généreuses ter des dévouements aveugles, ne l’administration quand la crise a géné- hauts fonctionnaires consentants, les lorsque ses anciens se sont lancés européens s’enflamment et à pro- à la fois, cherchant passionnément faire confiance qu’au rapport de ré les faillites par milliers et quand le banquiers incompétents, les entre- dans l’aventure européenne, mar- pos de quoi les pro-européens la réunification de la grande Eu- forces, ne jamais témoigner de la tissu industriel local de PME fami- metteurs de luxe ou l’industriel ha- qués qu’ils étaient par les drames tièdes – et ils sont nombreux – rope. Il veut rendre cette mission moindre faiblesse au risque de l’injus- liales s’est mis à craquer de toutes bile ? occasionnés par deux guerres entre cherchent des alibis pour ne pas historique compatible avec la tice. L’ascension continuant, notre parts. Le droit des faillites ayant été Européens et rêvant de « plus ja- s’expliquer franchement devant les constitution d’une avant-garde qui, jeune patron débarque à Paris, il se conçu pour sauver l’emploi, les repre- ૽ Elie Cohen est directeur de re- mais la guerre entre nous », procla- citoyens. précisément, plantera les jalons de fait tout petit et chemine dans neurs vont s’enrichir au détriment des cherches du CNRS à la Fondation mé par les congressistes de La Notre auteur va droit au but, ré- l’influence et de la prospérité de l’ombre d’Ambroise Roux. La période créanciers et des banquiers. L’Etat des sciences poltiques. Haye en 1948. pondant ainsi aux propos déma- l’Europe dans le monde. est faste pour les audacieux, la France brancardier a été manœuvré, instru- Ce qui explique à la fois la solidi- gogues de ses adversaires de connaît un déclin industriel accéléré : mentalisé sans profit réel ni pour les Caroline Monnot est journaliste té de l’engagement de ces jeunes droite, lorsqu’il souligne que «le Henri de Bresson est journaliste Pinault se mue en super-Tapie et industries qu’on entendait protéger ni au Monde européens, leur réalisme et aussi mouvement social-démocrate dans au Monde. LeMonde Job: WIV2399--0007-0 WAS LIV2399-7 Op.: XX Rev.: 09-06-99 T.: 19:34 S.: 111,06-Cmp.:10,08, Base : LMQPAG 55Fap: 100 No: 0072 Lcp: 700 CMYK

essais LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 / VII b Louis Hachette et la métamorphose de l’édition Jaulin, l’intransigeant En retraçant la carrière et les stratégies du « monopoleur », Jean-Yves Mollier nous plonge au cœur Posthumes, ces « exercices » africains illustrent la d’un système qui, au tournant du XIXe siècle, allait révolutionner le secteur éditorial pensée d’un ethnologue atypique

En un an, le plan d’attaque de méthodes lentement mûries dans le partie d’entre eux, il crée Le Lycée, La mort l’a empêché de revoir le LOUIS HACHETTE Louis Hachette est prêt. Pour secteur du livre scolaire, il allait suivi d’autres publications – dans EXERCICES D’ETHNOLOGIE texte et de rédiger la conclusion de de Jean-Yves Mollier. assurer le développement du faire accomplir à l’économie du lesquelles on parle régulièrement de Robert Jaulin. l’ouvrage qui paraît aujourd’hui, Fayard, 554 p., 150 F (22,86 ¤). réseau de distribution, il faut pro- livre des bonds spectaculaires. » des livres Hachette... – influentes Ouvrage posthume préparé, grâce au travail éditorial de Roger duire des livres bon marché qui Jean-Yves Mollier met en avant dans les écoles. revu et présenté Renaud. Un dernier livre donc, pas seront vendus dans ces librairies. les qualités de l’éditeur : « L’esprit Il a des soutiens au ministère par Roger Renaud. tout à fait achevé, dans lequel l’eth- n mai 1851, Louis Il s’inspire de l’exemple de celui de décision, la gestion rationnelle de l’éducation, en particulier Gui- PUF, 298 p., 218 F (33,23 ¤). nologue revient vers ce continent Hachette visite l’Exposi- qui deviendra l’un de ses enne- d’une grande librairie moderne, en zot, et le personnage-clé du africain où son parcours avait E tion universelle de mis, l’éditeur Gevrais Charpen- fait une authentique maison d’édi- ministère qu’est Ambroise obert Jaulin était une commencé au milieu des années 50. Londres. La France tier, pour mettre au point des col- tion au sens actuel, et la rapidité Rendu, auteur Hachette à ses sorte d’« anti-ethno- Nullement un bilan cependant. Le s’apprête à basculer dans le lections, très identifiées, d’exécution des stratégies commer- heures. Lorsque le ministère R logue », comme il y avait point de départ est un projet de dé- Second Empire. La révolution auxquelles il associe des couleurs ciales après leurs définitions. » Il recommandera des manuels sco- des antipsychiatres dans veloppement sur 250 000 hectares industrielle est en marche. L’édi- spécifiques pour les couvertures : montre aussi comment Hachette laires, quatre sur cinq provien- ces années 70 où la dissidence se de terres situés sur la rive gauche du teur vient d’avoir cinquante et un rouge pour les guides de voyage, utilise la stratégie expérimentée dront d’Hachette. Malgré les faisait volontiers virulente. En ré- fleuve Sénégal, grâce à deux bar- ans, il a bouleversé et profession- vert pour les livres d’histoire, pour s’implanter dans l’édition plaintes de ses concurrents, le bellion contre les pouvoirs et les rages et à des travaux d’irrigation. nalisé le monde des livres sco- marron-crème pour la littérature scolaire : recherche d’un mono- « monopoleur » continuera à savoirs trop doctes d’une disci- Un « aménagement humain », écrit laires et universitaires, où il a pris étendre son empire jusqu’à la pline qu’il concevait comme un Robert Jaulin et, pour lui, c’est une une position dominante. Il est sur L’empire Hachette métamorphose de 1851. engagement, un style de vie et, tautologie. Car la seule mesure va- le point de s’attaquer à la littéra- Cent trente-cinq ans après la mort de Louis Jean-Yves Mollier décrit les ori- plus encore, une initiation, il se lable d’un tel projet est « celle des ture générale, dans laquelle il va Hachette, son groupe appartient à Jean-Luc Lagar- gines (pauvres et profondément refusait à réfléchir le monde dans hommes qu’il concerne », ceux qui imposer des méthodes d’indus- dère, patron de Matra. Présent dans l’audiovisuel, catholiques) de l’homme, ses le miroir de l’Occident, préférant sont restés sur place et ceux que l’on trialisation de l’édition. l’édition, la presse et la distribution, il y réalise un blessures (la déchéance d’un père se risquer à passer de l’autre côté. espère voir revenir. L’ethnologie est Ce qu’il observe en Angleterre, chiffre d’affaires de 6,372 milliards d’euros et absent), où il puise sans doute Au Tchad d’abord, où, chez les Sa- ici prospective, non parce qu’elle ap- c’est l’œuvre du libraire William emploie plus de 29 000 personnes. Dans l’édition, une partie de sa détermination ras du Moyen-Chari, il subit les porte des solutions pour l’avenir,

Henry Smith, qui vient d’ouvrir D.R. Hachette détient Grasset, Fayard, Stock, Le Livre de d’entrepreneur. Homme cultivé, rites initiatiques qui « trans- mais parce que, en amont de toute des boutiques dans de nom- poche, etc. Il est le premier éditeur de magazines helléniste conservant la nostalgie cendent le désordre de la décision, elle « en appelle à un res- breuses gares, après avoir signé du monde, avec Elle, Paris-Match, Télé 7 jours, Pre- de l’enseignement, il se montre mort (1) ». Puis ailleurs, chez les pect actif des inventions de vivre ». Il avec des compagnies de chemin mière... Enfin, le groupe Lagardère est présent dans souvent impitoyable dans les Indiens de Californie, où il partici- s’agit donc de montrer dans quel es- de fer des contrats qui lui la radio (Europe 1), la production audiovisuelle et affaires et dans les négociations pa jusqu’au vertige au rituel de la prit il convient de s’orienter pour al- assurent le monopole du les nouveaux médias (Club-Internet). C’est l’un des avec les auteurs. En fait, il joue un danse du soleil (2). ler « vers la création d’un corps cultu- commerce des livres et journaux. descendants de Louis Hachette, Gérald de Roque- rôle capital dans le renversement Avec passion, il défendait la vi- rel cohérent ». Ces exercices, dans Le chemin de fer est le symbole maurel, qui est à la tête du groupe de presse des rapports entre auteur et édi- talité des cultures contre toute leur diversité – une étude sur la dis- de la révolution industrielle, il Hachette Filipacchi Médias. teur – au bénéfice de ce dernier – uniformisation (y compris celle de tribution des femmes et des biens change les moyens de transport qui s’est produit au XIXe siècle. la théorie), au risque d’exalter à chez les Maras (un clan des Saras), et accompagne une modification française, jaune pour la littéra- pole, appuis politiques (il bénéfi- De même, il se plie sans coup l’excès leur différence et leur véri- une analyse des récits initiatiques du mode de lecture. ture étrangère, bleu pour les cie du soutien de l’influent duc férir à la censure que le régime té. Dans La Paix blanche (3), il dé- des pasteurs peuls, une réflexion sur Il faudra juste un an à Louis ouvrages sur l’agriculture et de Morny, demi-frère de Napo- impose aux ouvrages. C’est peut- nonçait l’ethnocide des Indiens le partage des croyances à partir Hachette pour négocier des l’industrie, et bien sûr rose pour léon III), utilisation des journaux être pour cela qu’il ne fait pas Bari de Colombie, mais s’en pre- d’une rencontre avec un guérisseur concessions avec la plupart des les livres pour enfants, où la pour asseoir son pouvoir (il figure de découvreur de nou- nait aussi, avec violence, à «la de Casamance –, se veulent illustra- compagnies de chemin de fer comtesse de Ségur s’impose très s’associe à l’imprimeur Lahure veaux écrivains. rage mandarinale » et à « la pitre- tion d’une même façon d’exercer le françaises, devançant ses concur- vite comme un des auteurs qui lance Le Journal pour tous). Bizarrement, il n’y avait pas de rie des mots savants » des plus cé- métier. Ethique et politique, elle est rents libraires et éditeurs. En à vedettes. Chez ses concurrents, c’est un biographies de l’un des « pères lèbres de ses collègues, qu’ils mue par une « quête de globalité vi- peine quatre ans, il obtient ce que « Pourquoi est-ce un éditeur sco- tollé, les attaques contre «le fondateurs » de l’édition soient marxistes, structuralistes vante », tendue vers la rencontre de son biographe, l’historien Jean- laire et universitaire, ne disposant monopoleur » repartent de plus moderne. Spécialiste de l’histoire ou fonctionnalistes. Et il n’était ce que Robert Jaulin appelle poéti- Yves Mollier, appelle « un mono- d’aucun fonds de littérature géné- belle. Elles avaient déjà été de l’édition, Jean-Yves Mollier pas tendre non plus pour les pa- quement « l’être le monde » de pole de fait dont les conséquences rale, qui a provoqué ce coup de entonnées vingt-cinq ans plus tôt, répare cet oubli et nous plonge tientes monographies, dont il sti- l’autre. se font toujours sentir tonnerre que fut l’apparition de la quand Hachette s’est installé au cœur d’un système. Louis pendiait « le réel de Journal offi- Nicole Lapierre aujourd’hui ». Aujourd’hui, Bibliothèque des chemins de comme libraire dans l’édition sco- Hachette ouvrait une révolution ciel (4) ». Intransigeant et Hachette possède les Relais H, fer?», s’interroge Jean-Yves Mol- laire, rue Pierre-Sarrazin, au du secteur, sa biographie paraît provocant, âpre à lire tant il faisait (1) La Mort sara, Plon, « Terre hu- présents dans la plupart des gares lier. C’est précisément son expé- cœur du Quartier latin, que ses au moment où les concentrations peu de cas du style, écouté non maine », 1967, et 10/18, 1971. et organise une grande partie de rience dans ce secteur qu’il va uti- successeurs ne quitteront qu’en du monde des médias et les bou- sans fascination par ses nombreux (2) Notes d’ailleurs, Christian Bourgois, la distribution de la presse, en liser : « En bousculant les 1995. Il s’appuie sur le réseau de leversements technologiques étudiants de l’UER d’ethnologie, 1980. tant qu’opérateur des Nouvelles habitudes de la profession, en ses anciens condisciples de annoncent de nouvelles méta- qu’il avait créée en 1970 à l’univer- (3) La Paix blanche, Seuil, 1970. Messageries de la presse pari- transportant dans le domaine du l’Ecole normale, où il recrute la morphoses de l’édition. sité Paris-VII, Robert Jaulin s’est (4) Introduction à Gens du soi, Gens de sienne (NMPP). livre de fiction les normes et les plupart de ses auteurs. Avec une Alain Salles tu en 1996, à soixante-six ans. l’autre, 10/18, 1973.

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Un humaniste dans le siècle Au fil de ses souvenirs, Joseph Rovan, pionnier de la réconciliation franco-allemande, revient sur son parcours et ses engagements européens

Joseph Rovan est né le 25 juillet allemands qui construisent un nou- MÉMOIRES D’UN FRANÇAIS 1918, à Munich. Après la Bavière, il vel Etat au cœur de l’Europe, l’inté- QUI SE SOUVIENT D’AVOIR vit à Vienne puis à Berlin où le sur- gration européenne, la culture po- ÉTÉ ALLEMAND prend le national-socialisme. Malgré pulaire au sein de Peuple et culture, de Joseph Rovan. les origines de la famille, il ne se sent mais encore la coopération franco- Seuil, 560 p., 160 F (24,39 ¤). pas juif. C’est le système nazi qui le algérienne ou la réforme péniten- marque comme tel et c’est cela qui tiaire, sont les engagements succes- es Mémoires que Joseph le retient peut-être, avoue-t-il, de sifs et concomitants de cet huma- Rovan publie aujourd’hui succomber à l’attrait des Jeunesses niste du XXe siècle. Dans sa jeunesse ressemblent à la célébration hitlériennes. Encore que son meil- il a été influencé par le pacifisme de L e anniver- officielle de son 75 leur ami de lycée ait su d’emblée Giono jusqu’à ce qu’il apprenne saire, en 1993, à l’ambassade d’Alle- « où était la voie de l’honneur – chose « qu’il faut dans ce monde combattre magne, à l’initiative de son ami, le essentielle quand les nazis prirent le le mal, même avec des moyens qui, chancelier Helmut Kohl : on y voit pouvoir ». En 1934, il rejoint à Paris eux aussi, sont intrinsèquement mau- défiler des hommes et des femmes, ses parents parce que son père vais ». Il veut une société plus juste, célèbres ou inconnus, qui ont peuplé n’avait pas voulu « rester un jour de plus fraternelle, dressée contre les la vie de ce citoyen de l’Europe, né plus dans une patrie tombée dans les oppressions, mais il ne succombe allemand dans une famille de juifs mains d’une bande d’assassins ». Ce pas, contrairement à beaucoup d’in- convertis au protestantisme, apa- père qui a donné le goût de l’histoire tellectuels de l’après-guerre, aux si- tride dans les rangs de la Résistance au petit Joseph, chaque dimanche, rènes du communisme. « Une pru- française, emprisonné à Fresnes où il au cours de longues promenades. dence élementaire et la déportation embrassa la religion catholique Soixante ans plus tard, Rovan pu- m’ont empêché de suivre cette voie. » avant d’être déporté à Dachau. Ce bliera une Histoire de l’Allemagne qui Ses engagements, Joseph Rovan n’est qu’en 1946 que Joseph Rovan, fait autorité en France... et outre- les soutient par la plume, dans des né Rosenthal, a été naturalisé bien Rhin (1). livres, des articles, un enseignement qu’il se soit senti français depuis plu- quand il devient professeur à la fin sieurs années déjà. A la fin de l’été RÉSISTANT APATRIDE des années 60. Mais aussi comme 1940, une amie de sa mère lui avait Les études à peine terminées, acteur de la politique, à quatre re- fourni la possibilité de gagner les viennent la Résistance, l’entrée dans prises au cabinet du ministre Miche- Etats-Unis. Il refusa : « Ce jour-là, la clandestinité, la fabrique de faux let, à la Libération pour améliorer le écrit-il, j’ai vraiment fait un choix de papiers pour les camarades et la ren- sort des prisonniers de guerre alle- pays. Dans un certain sens, c’est ce contre sur le quai de la gare de Va- mands ou après le retour au pouvoir jour-là que je suis devenu français. » lence d’un jeune homme qui se dis- du général de Gaulle, pour promou- Tour à tour ironique, émouvant, tingue parce qu’il lit Esprit, la revue voir la réforme des prisons et de la solennel quand il développe les su- d’Emmanuel Mounier. « La ren- justice et surtout pour imposer une jets qui lui tiennent à cœur, Joseph contre avec Jean-Marie Soutou, écrit autre politique algérienne, « parce Rovan a écrit un récit « qui saute al- Joseph Rovan, eut une influence dé- que les moyens auxquels le recours est lègrement d’une époque à l’autre pour cisive sur le cours de ma vie, comme inévitable dans de pareils conflits revenir ensuite en arrière, selon la lo- quatre ans plus tard, à Dachau, la conduiraient la France à se renier gique des enchaînements de la mé- rencontre avec Edmond Michelet. » elle-même, à entrer en contradiction moire ». Ce parti pris n’évite pas les De quoi parlent les deux jeunes gens avec les valeurs pour lesquelles la Ré- répétitions mais celles-ci soulignent pendant de longues soirées en Ar- sistance s’était battue, ou tout au les diverses facettes d’une vie multi- dèche ou à Lyon ? « Qu’allions-nous moins, la grande majorité des résis- forme où le héros semble incapable faire de l’Allemagne après sa défaite ? tants. » de se contenter d’une seule activité. Hitler était à l’apogée de sa puis- A plus de quatre-vingts ans, Jo- Il lui faut toujours mener plusieurs sance ; il nous fallut attendre – et seph Rovan continue de militer pour carrières à la fois, conseiller d’un mi- combattre – pendant près de cinq ans son idéal d’une Europe libre et puis- nistre qu’il a appris à admirer à Da- avant que l’Histoire nous donnât rai- sante. Il le fait sans dogmatisme, en chau – Edmond Michelet –, journa- son. » prêchant d’abord par l’exemple. liste, dirigeant de Peuple et culture, En 1945, au retour du camp, Jo- D. V. fonctionnaire de l’Unesco, secrétaire seph Rovan publie dans Esprit un ar- de rédaction à Esprit, président ticle dont le titre restera comme le (1) Une édition revue et corrigée de cet d’une association de coopération manifeste de la politique de réconci- ouvrage publié en 1994 a été publiée franco-allemande, professeur... La liation : « L’Allemagne de nos mé- dans la collection « Points-Histoire », liste n’est pas close. rites ». Le soutien aux démocrates no H254 LeMonde Job: WIV2399--0008-0 WAS LIV2399-8 Op.: XX Rev.: 09-06-99 T.: 18:48 S.: 111,06-Cmp.:10,08, Base : LMQPAG 55Fap: 100 No: 0073 Lcp: 700 CMYK

VIII / LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 chroniques b ECONOMIE INTERNATIONAL b par Philippe Simonnot b par Daniel Vernet Vues des Balkans

dic, Seselj, Arkan, etc. Il ne s’agit pas ici de prô- ques articles. Ce « glossaire » présente par EX-YOUGOSLAVIE : ner une froide objectivité – les traits d’humeur touches successives une vision moderne, démo- LES SEIGNEURS DE LA GUERRE ne manquent pas – ni de renvoyer dos à dos les cratique – Djuric n’aurait pas renié l’adjectif De la nécessité sous la direction protagonistes sous prétexte qu’ils seraient tous « européenne » – de la réalité yougoslave. de Predrag Matvejevitch. coupables. Il s’agit de montrer comment l’éclate- Aucune trace de nationalisme grand-serbe dans L’Esprit des péninsules, ment de la Yougoslavie a eu lieu sous le signe du ces pages qui défendent inlassablement 154p., 110F (16,76¤). nationalisme et non de la démocratie, et com- « l’espace yougoslave », c’est-à-dire la nécessité des pauvres ment, dans ce jeu qui ne pouvait se conclure que pour les anciennes Républiques fédérées de la GLOSSAIRE DE L’ESPACE YOUGOSLAVE dans le sang, les dirigeants « nationaux », en Yougoslavie titiste devenues indépendantes de d’Ivan Djuric. particulier le Serbe Milosevic et le Croate retrouver les voies d’une coopération indis- LA PERSONNE EN DANGER L’Esprit des péninsules, Tudjman, partagent le même destin : la politique pensable à la paix, à l’exercice des droits des de Bernard Edelman. 304 p., 140 F (21,34 ¤). de l’un conforte celle de l’autre. minorités. PUF, « Doctrine juridique », 550 p., 168 F (25,61 ¤). (en librairie le 18 juin). Dans le même ouvrage, Zlatko Dizdarevic, qui Djuric s’en prend à quelques mythes qui, sous a représenté la Bosnie-Herzégovine à Madrid, prétexte d’appeler l’histoire à la rescousse, ali- n ne peut que féliciter Bernard Edelman d’avoir réuni dans cet a pérennité de la paix au Kosovo dépend s’attaque au mythe entretenu autour d’Alija mentent les phantasmes guerriers de petits ouvrage des articles, dont certains, écrits il y a plus de vingt dans une large mesure de la connais- Izetbegovic. Le président bosniaque aussi a bâti bureaucrates se prenant pour des « seigneurs ». ans, n’étaient plus accessibles que dans des recoins de biblio- sance de la région que les responsables sa carrière sur un parti « national », en rupture Il dénonce par exemple « quelques synonymies et L avec la société multiculturelle de Sarajevo. Si le antinomies aussi erronées les unes que les autres, O internationaux sauront mettre au service thèques. Ce spécialiste du droit d’auteur et des droits de la personnalité nous offre des morceaux d’histoire du concept de la de leur intervention. Si certains d’entre eux principal coupable de la guerre en Bosnie se telles : Russie = orthodoxie = Union sovié- « personne », depuis sa naissance à la fin du XVIIe siècle jusqu’à son utili- n’avaient fait preuve au début des années 90 trouve toujours au pouvoir à Belgrade, Izetbego- tique = Serbie ; Byzance = orthodoxie = Serbie... » Il sation sous forme de matériau biologique en cette fin de siècle. Il est d’une remarquable ignorance des Balkans, la dis- vic porte, selon l’auteur, une part de responsabi- regrette que l’opposition démocratique en Ser- impossible de rendre compte ici des mille et une facettes de ce parcours solution de l’ex-Yougoslavie aurait pu prendre lité dans le dépeçage de son pays parce qu’il s’est bie ait adopté à propos du Kosovo, avant la mouvementé. On se contentera de relever quelques perles datées du une tournure moins sanglante. Pour ne citer plus attaché à défendre la possibilité d’un Etat guerre, une attitude qui ne se démarquait pas début de cette histoire. qu’un exemple parmi beaucoup d’autres, on rap- musulman que la réalité multiethnique de la des buts de Milosevic, même si elle critiquait les Edelman met en scène deux personnages, deux « policiers ». Le pellera que le secrétaire d’Etat américain de Bosnie-Herzégovine. Zlatko Dizdarevic cite un méthodes du maître de Belgrade. Celui-ci a su premier, Delamare, écrit entre 1705 et 1710 un Traité de la police qui en fait l’époque croyait que les Serbes se trouvant en commandant bosniaque qui écrit : « En plus des « faire pardonner ses origines communistes » en le père de la science administrative dans notre pays. Par rapport à Bosnie venaient d’arriver dans les fourgons de Bosniaques, ont été trompés les Serbes et les ralliant toutes les tendances politiques serbes au Loyseau, le grand juriste du XVIIe siècle, encore tout imprégné de l’idéo- l’armée yougoslave ! Croates de Bosnie qui considèrent véritablement la mythe du Champ des merles. Or, écrit l’historien logie de l’ordre, de ses hiérarchies inégalitaires, Delamare annonce déjà L’aveuglement a cependant quelques excuses, Bosnie comme leur pays et qui, l’arme à la main, Djuric, « cet épisode historique qui occupa une l’ère bourgeoise où la seule ligne de partage est la possession des biens. car il est difficile de se fier à des interlocuteurs de l’ont défendue contre ses deux agresseurs. » place éminente dans la conscience nationale serbe Les pauvres sont pauvres soit parce que, faute de lumières, de biens, de la région. Tous semblent être mus par des enga- Le second livre est inspiré par la même convic- durant les siècles de domination ottomane appelle- force ou de santé, ils ne peuvent subsister par leur travail ; soit parce gements idéologiques, nationalistes, religieux, tion que le retard de la conscience démocratique rait aujourd’hui une sérieuse relecture, ne serait-ce qu’ils ne veulent pas travailler par malice ou libertinage. Il faut secourir qui mettent leur lecture de l’histoire, lointaine (la Slovénie mise à part) a empêché la Yougo- que pour reconnaître l’importante participation les premiers, châtier les seconds et « les forcer par des lois à gagner leur vie, ou récente, au service de causes douteuses. Ces slavie « d’accompagner l’Europe de l’Est dans sa albanaise à la bataille aux côtés du prince Lazar ». sans être à charge au public ». deux livres publiés par les éditions L’Esprit des mutation pacifique de l’automne 1989 ». Historien En 1991, Ivan Djuric militait pour une auto- Le deuxième « policier » distingué par notre auteur n’est autre que péninsules constituent une heureuse exception. et homme politique serbe – il fut candidat contre nomie du Kosovo, « comme il n’en a jamais Bossuet, surpris ici dans un sermon où il est censé faire l’éloge de la Les Seigneurs de la guerre, sous la direction de Milosevic à l’élection présidentielle de 1990 – connu. C’est d’ailleurs la seule chance pour la pauvreté. « L’Aigle de Meaux » s’appuie ici sur un texte où saint Jean Predrag Matvejevitch, tracent des portraits sans Ivan Djuric est mort en exil à Paris, le Serbie de garder le Kosovo, ajoutait-il. Dans le cas Chrysostome imagine deux villes, l’une exclusivement composée de complaisance des principaux acteurs du drame 23 novembre 1997. Il a laissé un manuscrit que contraire, le sang continuera à couler... » L’his- riches, l’autre exclusivement composée de pauvres. Et « la Bouche d’or » yougoslave : Milosevic, Tudjman, Karadzic, Mla- ses amis publient aujourd’hui enrichi de quel- toire lui a malheureusement donné raison. de se poser la question : laquelle est la plus puissante ? Réponse : la ville des riches aurait beaucoup d’éclat et de pompe, mais elle serait sans force et sans fondement. L’abondance corromprait les esprits, amollirait le POLITIQUE courage par le luxe, l’orgueil et l’oisiveté ; les arts seraient négligés, la Genèse de la doctrine écologiste terre peu cultivée, « et cette ville pompeuse, sans avoir besoin d’autres b par Thierry Bréhier ennemis, tomberait enfin par elle-même, ruinée par son opulence ». Dans la cité des pauvres, c’est tout le contraire. « La nécessité industrieuse, féconde elle est « le fruit d’une interaction avec le monde logie à s’ancrer autant à droite qu’à gauche. en inventions et mère des arts profitables, appliquerait les esprits par le HISTOIRE DE L’ÉCOLOGIE POLITIQUE animal et humain ». Mais franchement pour le D’autant que nombre de ses penseurs ont des besoin, les aiguiserait par l’étude, Comment la gauche a redécouvert premier, à la doctrine clairement réactionnaire doutes sur l’efficacité de la démocratie pour leur inspirerait une vigueur mâle par la nature et dont Antoine Waechter est un des héritiers, convaincre les humains de cesser de piller la A partir de textes qu’il a l’exercice de la patience ; et, n’épar- de Jean Jacob. plus allusivement pour le second, qui se pro- nature, ce qui ne peut avoir que de graves gnant pas les sueurs, elle achèverait Albin Michel, 362 p., 140 F (21,34¤). clame socialiste et dont Brice Lalonde fut un conséquences pour les « générations futures ». réunis, Bernard Edelman les grands ouvrages, qui exigent temps le disciple, les maux de la planète C’est le cas, souligne Jean Jacob, des anima- nécessairement un grand travail. » on, l’écologie politique n’a pas pour trouvent leur origine dans la doctrine des Lu- teurs du Club de Rome, dont les travaux, même nous offre un bel aperçu Saint Jean Chrysostome, conclut seuls ancêtres le gauchisme et la mières. Là est née cette volonté de la science contestables, ont permis de faire prendre Bossuet, « se sert de cette pensée « contre-culture ». Dans ses gènes moderne de tout expliquer par le raisonnement conscience de certains effets néfastes de la de l’histoire tourmentée N cartésien. De même, les droits de l’homme pro- croissance non maîtrisée, ou de Bertrand de pour adjuger la préférence à la figurent aussi des travaux philoso- pauvreté ». Mais le célèbre prédica- phiques qui ont tous pour point commun le re- clamés par la Révolution sont accusés de prô- Jouvenel. Pourtant, c’est avec les socialistes que du concept de « personne », teur veut aller au-delà de cette fus de l’état où la science occidentale avait ner l’ethnocentrisme et l’individualisme au dé- décidèrent finalement de s’associer la plupart « fiction agréable ». En fait, pour conduit le monde au mitan du XXe siècle. C’est triment des « communautés ». des Verts français. Car si certains d’entre eux de sa naissance lui, les villes sont des « corps poli- le mérite de l’ouvrage de Jean Jacob de dresser « Comme il est des chevaux de race et de trait, mirent en cause la course à la productivité, tiques » composés de riches et de une Histoire de l’écologie politique qui présente il est des types d’hommes possédant des qualités quels qu’en soient les thuriféraires, d’autres e au XVII siècle pauvres. Et ce mélange fonctionne le substrat d’une doctrine tenant aujourd’hui qui s’excluent plus ou moins », écrivait Robert analysèrent celle-ci comme la résultante de la de la manière suivante. Bossuet une place essentielle. Certes, ce livre, en partie Hainard en 1943. Serge Moscovici ne dit rien de seule recherche effrénée du profit. Deux à nos jours s’adressant aux riches : « Voulez- fruit d’une thèse en science politique, aurait ga- comparable mais évoque de « nouvelles hommes jouèrent un rôle primordial dans cette vous que vos iniquités vous soient gné à être mieux construit, à ne pas effectuer communautés ethniques » et idéalise le « régime évolution : au début des années 70, l’Américain pardonnées ? “Rachetez-les”, dit le Saint-Esprit, par aumône. » Et encore : en permanence des aller-retour chronolo- des castes », qualifié de « tentative la plus élabo- Barry Commoner assure qu’une « économie « Entrez en commerce avec les pauvres : donnez et vous recevrez ; donnez les giques. Mais, tel qu’il est, il démontre avec per- rée qu’on ait faite pour identifier l’ordre naturel à classique de marché est fondamentalement in- biens temporels, et recueillez les bénédictions spirituelles ; prenez part aux tinence que les oppositions qui ont traversé la l’ordre social » pour « atteindre l’équilibre par- compatible avec le maintien de l’intégrité de l’en- misères des affligés, et Dieu vous donnera part à leurs privilèges. » Autre- mouvance écologique française n’étaient pas fait ». Surtout, ce sociologue qui fut proche vironnement » et demande aux techniciens et ment dit, les pauvres permettent ici aux riches de transformer leur argent de simples querelles de personnes et qu’il reste d’intellectuels de la « deuxième gauche », ingénieurs non pas de s’effacer mais « de pour- matériel en argent de l’âme. Comme le dit très bien Edelman, « puisque le au tréfonds de la doctrine des Verts des élé- constatant les inconvénients du monde mo- suivre, explique Jean Jacob, leur recherche pour riche a besoin du pauvre, il faut qu’il y ait des pauvres pour que les riches ments difficilement conciliables avec ceux du derne, en vient à mettre en cause la science oc- parvenir à une pleine intelligibilité des cycles na- puissent se racheter ». reste de la gauche. cidentale qui, selon Jean Jacob, expurge de la turels de la vie » ; l’agronome tiers-mondiste Ainsi, en à peine un demi-siècle, on passe en France d’une situation où Les deux « pères fondateurs » mis en avant nature « les mouvements organiques pour en res- René Dumont, qui, pour la présidentielle de les pauvres avaient leur place et leur fonction à une situation où les par l’auteur divergent sur un élément essentiel : tituer une formulation quasi mathématique ». Il 1974, réussit la synthèse entre les premiers éco- nécessiteux ne sont plus nécessaires, qu’ils soient malades ou paresseux. la place de la nature. Pour Robert Hainard, na- en arrive naturellement à contester le progrès logistes et une partie des enfants de mai 68. Mais au moment même où Delamare veut enfermer les pauvres soit à turaliste suisse du début du siècle, elle n’est en assurant que « la confusion si tenace de la Les Verts d’aujourd’hui sont très loin de l’hôpital soit en prison, de l’autre côté de la Manche un pas gigantesque pas, écrit Jean Jacob, « au service de l’homme, progression des sciences et des arts avec l’avance- prendre à leur compte la globalité de ces ana- va être franchi dans la compréhension du fonctionnement de l’économie qui n’a donc aucunement le droit de la dominer ment moral et intellectuel, avec la disparition de lyses. Mais il est toujours utile de connaître ce par Mandeville avec sa Fable des abeilles. On en connaît l’argument. La et de la maîtriser ». Pour Serge Moscovici, so- la misère des peuples, n’a jamais été plus claire- qui a contribué à former une pensée, même si ruche est prospère tant que les abeilles sont mues par l’amour des biens ciologue français contemporain, elle n’a pas ment démasquée ». au fil des ans et des réflexions les prémices ont matériels en général et du luxe en particulier. Dès que les abeilles rede- connu « à un moment donné l’équilibre », car De telles sources auraient pu conduire l’éco- été passées au tamis. viennent sages, économes, sobres, bref vertueuses, leur économie périclite. On s’est beaucoup interrogé sur les sources de cette Fable, célèbre par ENVIRONNEMENT le scandale qu’elle a provoqué. On ne peut pas exclure tout à fait, ou du Du transgénique au menu moins prend-on plaisir à imaginer que Mandeville, par ailleurs traducteur b par Sylvia Zappi de vingt-sept fables de La Fontaine, connaissait le sermon de Bossuet et donc l’apologue de saint Jean Chrysostome car, d’une certaine manière, il naires qui permettront de vaincre définitivement la sinants. Les soupçons sur un éventuel développe- donne raison à « la Bouche d’or ». Comme il l’écrit dans son propre Index DU POISSON DANS LES FRAISES, faim dans le monde. Comme la science nucléaire ment des allergies se précisent. Des pétitions de qui date de 1723, à l’article Pauvres : « Ne travailleraient pas s’ils n’étaient NOTRE ALIMENTATION MANIPULÉE promettait la fin des risques de pénurie d’éner- scientifiques réclament l’abandon de l’utilisation pas dans le besoin » (1). La pauvreté retrouve ainsi une nécessité, non plus d’Arnaud Apoteker. gie... », explique l’auteur. Pour lui, les mêmes pré- d’antibiotiques dans les OGM. Bref, les doutes théologique, mais économique. Ce besoin que Bossuet appelle le La Découverte, 230 p., 120 F (18,29 ¤). supposés scientistes des partisans du nucléaire quant à l’évolution de ces plantes mutantes dans « fardeau des pauvres » est, pour Mandeville, le stimulant indispensable à amènent aux mêmes errements d’apprenti sor- le monde du vivant commencent à fissurer les la prospérité. On en conclura bientôt, comme Mandeville le laisse epuis leur arrivée en Europe en 1996, cier. Et les éléments qu’il avance pour étayer sa belles certitudes des tenants du génie bio- entendre lui-même, que les salaires ne doivent pas être trop élevés si l’on les organismes génétiquement modi- thèse sont plus que convaincants. moléculaire. veut que les ouvriers ou les artisans ne cèdent à leur propension « extra- D fiés (OGM) sonnent comme un sigle Poussées toujours plus loin dans une logique A quel jeu sommes-nous en train de jouer ? se ordinaire » à la paresse. Mais, heureusement, le remède au vice de l’oisi- inquiétant. Destructions de champs productiviste, les multinationales de l’agroali- demande l’auteur. Développer des plantes veté s’impose de lui-même, c’est la soif inextinguible de richesse qui de colza en Ariège, boycott des cantines scolaires, mentaire se sont lancées à corps perdu dans ces mutantes sans maîtriser leur évolution dans la s’empare de tout être humain, quel que soit son niveau de revenu. diffusion de « listes noires » de produits alimen- nouvelles « sciences du vivant ». Brevetage du nature, ni leurs effets sur la santé humaine pour taires, refus de vente des grandes marques de la vivant sur fond de guerre commerciale, mise au satisfaire un mode de vie urbain parant au plus (1) Bernard Mandeville, La Fable des abeilles, Vrin-Reprise, 1985, p. 197. distribution... Discutées et disputées, les plantes point de semences résistant à des herbicides pressé. « Les transformations des écosystèmes sous transgéniques soulèvent une vague d’émotion qu’elles-mêmes commercialisent, essais de stérili- l’effet d’une pollution génétique et d’une introduc- bbbbbbbbbbbbbbbbbbb qu’aucun produit alimentaire n’avait encore pro- sation de graines afin d’interdire aux agriculteurs tion d’une espèce exotique se déroulent sur des voquée. C’est que leur processus de fabrication de replanter leurs propres graines et les rendre années. Elles restent longtemps invisibles, et industrielle manipule le patrimoine génétique des plus dépendants encore des semenciers... tous les lorsqu’elles deviennent visibles, il est généralement PASSAGE EN REVUES plantes et touche au cœur du vivant. moyens semblent bons pour accaparer ce mar- trop tard », souligne-t-il fort justement. Le jeu Pourtant, ce que recouvrent vraiment ces trois ché. Le transgénique est devenu l’enjeu d’une n’en vaut décidément pas la chandelle. Les pay- « Conférence » et « Le Mâche-Laurier » lettres demeure encore trop flou, et le débat gigantesque bataille commerciale qui met aux sans qui défendent à la fois leurs produits, leurs b Le dernier numéro de Conférence consacre un dossier à « la richesse ». scientifique et éthique qui les entoure trop prises les Etats-Unis et l’Europe. « Bouffe Fran- paysages, leur mode de production et leur emploi C’est contre « l’idée que le domaine économique puisse s’organiser de lui- confiné aux experts. Le livre d’Arnaud Apoteker, kenstein » contre produits du terroir. Chiffres et l’ont compris les premiers. Malgré le feu vert gou- même, sans généalogie assignable », en faisant disparaître, ou en taisant la fi- responsable de la campagne OGM de Green- témoignages à l’appui, la charge de l’écologiste vernemental – la France a été le premier pays nalité de l’activité utile derrière la « complexité croissante du processus » que peace, invite à nous y plonger sans complexes. est directe. européen à autoriser une culture commerciale de les auteurs des différentes contributions se prononcent. Pour le reste de cet Avec force explications didactiques, claires et Implacablement, l’auteur retrace tous les erre- plantes génétiquement modifiées –, ils ont été imposant cahier – près de 500 pages sur papier bible –, signalons les auteurs souvent pertinentes, s’appuyant à la fois sur ses ments de cette nouvelle industrie. Depuis quel- fort peu nombreux à acheter ces semences OGM. dont les textes doivent retenir l’attention : Lydie Dattas, et une lecture de connaissances scientifiques du dossier et sur son ques mois, les premiers couacs sont mis au jour Les prochains mois seront sans doute détermi- celle-ci par Dominique Pagnier, Pierre Chappuis, Bernard Vargaftig et des expérience de militant, l’auteur nous fait appré- par quelques scientifiques. La pyrale, insecte nants pour l’avenir de ces OGM. Pessimiste, lettres de Henry James (Conférence, no 8, 25, rue des Moines, 77100 Meaux, hender toutes les facettes d’un débat qui ne ravageur, contre laquelle une toxine Bt avait été Arnaud Apoteker annonce un développement 130 F [19,82 ¤]). concerne pas seulement nos assiettes. introduite dans le maïs afin de protéger les incontrôlé du génie génétique. Dans nos assiettes b Le Mâche-Laurier continue sa belle carrière en faveur d’une poésie Docteur en biologie physico-chimique, Arnaud cultures, s’est adaptée en mutant. Cette toxine se prépare une alimentation conçue comme une consciente d’elle-même, dans toutes ses dimensions. Petite innovation à par- Apoteker explique par le menu la transgénèse, ses semble avoir de plus une action néfaste contre somme de protéines, lipides, glucides et oligoélé- tir de ce numéro, qui s’ouvre sur une chronique désormais régulière, «des mécaniques de fonctionnement, les dangers que certains papillons, contrairement aux affirma- ments calculée pour se nourrir tout en se mainte- événements microscopiques (...) des débats et des clameurs qui traversent en tout recèlent les manipulations. Il n’hésite pas à tions des semenciers qui assuraient mordicus nant en forme. « Les multinationales pèseront sens le gosier de la poésie (...) et du même coup, agitent le corps qui la mettre en pièces le mythe du progrès véhiculé par qu’elle n’avait aucun impact sur les autres lourd dans notre liberté de choisir notre façon de compose ». Notons quelques noms : Mathieu Bénézet, Jean-Luc Sarré, Pascal les tenants de cette révolution scientifique « Nous insectes. Des études commencent également à vivre », prévient l’auteur. Refuser la « vie Mec- Commère avec une étude sur les poèmes de Jacques Chessex... (Le Mâche- pensons pouvoir fabriquer de nouvelles plantes ou démontrer que le pollen de ces plantes transgé- cano » et ce modèle venu d’outre-Atlantique Laurier, no 11, éd. Obsidiane, 11, rue Gateau, 89100 Sens, 80 F [12,19 ¤]). de nouveaux animaux dotés de qualités extraordi- niques « pollue » effectivement les champs avoi- semble plus que salutaire. LeMonde Job: WIV2399--0009-0 WAS LIV2399-9 Op.: XX Rev.: 10-06-99 T.: 08:54 S.: 111,06-Cmp.:10,08, Base : LMQPAG 55Fap: 100 No: 0074 Lcp: 700 CMYK

essais LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 / IX b Frère Martin et Docteur Luther Pour ce premier volume de la Pléiade, Marc Lienhard – auteur d’une biographie de Luther – et Matthieu Arnold ont rassemblé les textes de jeunesse du Réformateur. De l’usure à la sexualité – sujet important comme le montre Robert Grimm – se dessine le parcours intellectuel de l’augustin allemand

versités, des cercles humanistes. dans le château de la Wartburg sée et la saveur de la langue du Ré- ŒUVRES Pour s’adresser à l’homme de la pour traduire le Nouveau Testa- formateur, il en révèle aussi les Tome I rue, il fallait parler, écrire, prêcher, ment, avant qu’il ne s’enferre dans ambiguïtés et les doutes. Luther y de Martin Luther. prier, chanter en langue verna- les querelles politiques de l’Em- apparaît tour à tour emporté et Edition publiée culaire, trouver, dans un pays qui pire, avant qu’il ne mette en forme prudent, notamment dans ses rela- sous la direction n’existait pas comme tel, une et en ordre ses réflexions dans un tions avec le pape, brutal et subtil, de Marc Lienhard langue susceptible d’être comprise catéchisme et une nouvelle novateur, certes, mais aussi intime- et Matthieu Arnold, de tous. Ce n’est qu’ainsi que la liturgie. ment conservateur, modeste et or- Gallimard, « Bibliothèque Réforme put être fille du livre et gueilleux (« j’ai fait cinq fois plus », de la Pléiade », 1600 p., 400 F profiter pleinement des possibilités BRÈVE ET INTENSE PÉRIODE affirme-t-il en 1521). Rappeler ces (60,97 ¤) jusqu’au 31 juillet, 450 F de circulation de l’écrit qu’of- On ne peut qu’être frappé de la fluctuations, ces contradictions, (68,60 ¤) ensuite. fraient les nouvelles techniques. rapidité de l’histoire : entre le ces stratagèmes, ces dettes intel- Les livres de Luther, du moins cer- moine augustin zélé et inquiet et lectuelles qui montrent, au rebours LUTHER tains d’entre eux, furent, à l’échelle celui qui, rompant avec Rome et de la légende, que Luther ne fut ET L’EXPÉRIENCE SEXUELLE des débuts du XVIe siècle, des best- l’Eglise romaine, scellera la fin de pas le premier à relire saint Paul, à Sexe, célibat, mariage sellers et les quatre mille exem- la chrétienté médiévale et la dispa- comprendre la justice passive du chez le Réformateur plaires de la première édition de rition de la « robe sans couture », Christ ou à traduire en allemand la de Robert Grimm. l’appel A la noblesse chrétienne de s’écoulent à peine dix ans. En quel- Bible ne revient en rien à minimi- Labor et Fides, 432 p., nation allemande furent épuisés en ques années, la carte religieuse de ser l’ampleur de l’œuvre accomplie 180 F (27,44 ¤). une semaine. l’Europe est irrémédiablement par le Réformateur. Au contraire, transformée. Dans cette période cette mise en perspective minu- MARTIN LUTHER. FOISONNEMENT D’UNE PENSÉE intense et brève, il paraît au- tieuse des textes permet de La Passion de Dieu La très belle sélection de textes jourd’hui bien difficile d’isoler un comprendre véritablement l’im- de Marc Lienhard. rassemblés sous la direction de moment unique de conversion ou portance des écrits luthériens des Bayard, 336 p., 130 F (19,82 ¤). Marc Lienhard et Matthieu Arnold d’intuition libératrice de Luther, le années de jeunesse et de voir où ils permet, grâce aux choix judicieux moment où la découverte du sens s’écartent des autres tentatives de allait-il canoniser – litté- qu’elle opère dans la masse des véritable de la justice de Dieu réforme de l’Eglise que pouvaient rairement – Luther ? De- écrits luthériens (plus de cent vo- l’éloignerait à jamais de l’Eglise évoquer théologiens et huma- vait-on le faire entrer dans lumes, deux mille sermons), à la traditionnelle. Il faut plutôt suivre, nistes. F clarté des traductions revues ou comme nous y invitent les traduc- Peut-être jugera-t-on tout aussi ce temple consacré à la cé- lébration de la langue et du goût inédites, à la précision discrète de teurs, le cheminement spirituel et important d’aller à la rencontre du que représente la « Bibliothèque l’appareil critique, de prendre la intellectuel de l’augustin alle- personnage Luther pour le voir de la Pléiade », alors que Thomas mesure de l’activité inouïe du Ré- mand : ses premières réfutations combattre ses adversaires, démas- Mann, Robert Musil ou Stefan formateur entre 1515 et 1522. de la scolastique aristotélicienne et quer les imposteurs, fuir les me- Zweig n’y ont toujours pas été Ces œuvres de jeunesse té- des « cochons de théologiens » dès naces d’arrestation, se réfugier à la conviés à illustrer le génie de la moignent du foisonnement éton- 1515, sa condamnation immédiate- Wartburg en se faisant passer pour culture germanique ? nant de sa pensée, de la multiplici- ment célèbre des indulgences qui un certain chevalier Georges, tra- La question pourrait sembler ar- té des sujets qu’il aborde et des donnaient un faux sentiment de vailler à la traduction de la Bible tificielle si elle ne renvoyait en fait publics qu’il vise, de la diversité PREUSSICHER KULTURBESITZ sécurité aux chrétiens (les quatre- avec ses disciples. Dans une pers- au rôle éminent joué par Luther des genres qu’il visite et renou- Portrait de Luther par Hans Baldung Grien (1525) vingt-quinze thèses de 1517), son pective qui demeure davantage dans l’affirmation d’une identité velle : sermons, traités théoriques, exaltation de la foi en Christ par la- celle de l’histoire des idées que allemande fondée sur la langue da- lettres, cours et disputes universi- ci parle de tout, ou presque. De de s’en prendre à la mâle énergie quelle « la justice du Christ devient celle de l’histoire sociale, la biogra- vantage que sur l’Etat (ou la na- taires, pamphlets et bientôt tra- l’usure, des devoirs de l’autorité d’Adam », écrit Luther à propos de notre justice » (1518), son souci de phie de Martin Luther que publie tion). Pour Joseph Rovan, par duction fondamentale, même si ce politique, du rôle des laïcs dans la la Chute), il en vient à une critique la primauté de l’Ecriture (« je suis Marc Lienhard chez Bayard rendra exemple, « avec Luther, le Christ se n’est pas la première, de la Bible en marche de l’Eglise, du mariage et radicale des vœux monastiques et lié par les textes scripturaires que j’ai sans doute service ici. Mais le lec- met à parler allemand ». Le rac- allemand. de la sexualité. Ce dernier sujet du célibat des prêtres (dont il a fait cités et ma conscience est captive teur aura la désagréable surprise courci est sans doute excessif, mais Sa pensée, loin d’être figée en préoccupe d’ailleurs beaucoup Lu- l’expérience personnelle) et à une des paroles de Dieu », ose-t-il ré- d’y retrouver, à la virgule près, des il rappelle l’importance qu’ont re- système ou de sortir tout armée de ther, comme le montre avec jus- réhabilitation du mariage qu’il ne pondre à Charles Quint qui lui de- pages entières des traductions et vêtue pour le Réformateur la dé- ses années de formation, ac- tesse et humour Robert Grimm : considère pourtant pas comme un mande de se rétracter) et enfin son surtout de l’introduction de la fense des intérêts allemands face compagne les soubresauts du partant d’une méfiance tradition- sacrement. excommunication en janvier 1521. Pléiade (sur les indulgences, la si- aux prétentions de la curie ro- siècle, traite sans fards et sans pu- nelle à l’égard de la chair, de la En fait, ce premier volume des C’est dire à quel point ce volume tuation religieuse de l’Allemagne, maine et la diffusion la plus large deur inutile les questions qui ne concupiscence et de la femme œuvres de Luther dans la Pléiade sait rester loin de l’hagiographie, les influences intellectuelles de Lu- possible de la parole de Dieu en sont pas seulement celles des (« Satan montre son habileté en dresse donc une manière de por- de ses vérités en trompe-l’œil et de ther...). Les deux ouvrages se font dehors des monastères, des uni- clercs, ces professionnels du Salut s’attaquant à Eve, ce point le plus trait du Réformateur en jeune ses tristes clichés. Tout en illustrant ainsi une concurrence bien inutile. que Luther n’épargne guère. Celui- faible de la nature humaine, au lieu homme, avant qu’il ne s’enferme parfaitement la vigueur de la pen- Olivier Christin

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Les génies de la nation Mythes, folklore, musées... Anne-Marie Thiesse nous conduit dans la « fabrique » culturelle des identités nationales européennes

d’autonomie politique ne se dévoi- Cette vaste entreprise passe LA CRÉATION DES IDENTITÉS leront que plus tard dans le aussi par des acteurs : rarement NATIONALES XIXe siècle, lorsque les peuples au- des politiques, fréquemment des Europe XVIIIe -XXe siècle ront accumulé assez de philosophes, des antiquaires, des d’Anne-Marie Thiesse. « preuves » pour justifier leur gé- romanciers, des musiciens, Mac- Seuil, « L’Univers historique », nie propre au regard des tutelles et pherson, Herder, Walter Scott, 320 p., 140 F (21,34 ¤). des oppressions impériales, spécia- Verdi, voire Bartok y partici- lement en Autriche-Hongrie. C’est pèrent à des degrés divers. Mais es temps de guerre dans l’une des raisons pour lesquelles la le relais et les initiatives de les Balkans rendent plus construction d’une culture « natio- longue durée sont assurés par des C pressante encore la lec- nale » se développe d’abord en cercles, des sociétés, gothiques ture attentive de l’essai Ecosse ou en Suisse en réaction à ou celtiques, qui publient les tex- d’Anne-Marie Thiesse qui, comme la crainte d’une trop grande in- tes légendaires, montent des ex- en résonance à l’actualité, souligne fluence française en ce domaine. positions, fondent des musées la plasticité de la revendication patriotiques, d’abord en Scandi- identitaire en évoquant le sanc- TRADITIONS POPULAIRES navie, puis des associations de tuaire du Kosovo : ce lieu de dé- Dès lors, ce qui compte c’est la traditions populaires particulière- faite, d’effacement de l’indépen- recherche enthousiaste des ori- ment actives en Espagne et en dance serbe au XIVe siècle appelé à gines culturelles, matrice de toutes Italie. L’école, le sport aussi sont devenir une terre sacrée et invio- les ambitions collectives. Dans utilisés plus tardivement pour va- lable (p. 228). cette Europe des années 1780-1840, loriser la nation avant d’être ré- Ce qui prend aujourd’hui un as- ce ne sont que collectes de chants cupérés pour souder la société, pect dramatique ne représente en anciens, de poèmes épiques qui cé- intégrer le prolétariat grâce à une fait que l’un des moyens possibles lèbrent les hauts faits de l’antique culture « transclassiste » si bien pour les peuples de construire une nation. Parfois même s’élabore maniée par les pouvoirs totali- nation. Or, justement, la difficulté une langue « nationale » là où elle taires. essentielle consiste à savoir ce que n’existait pas. Contre la Suède, le L’apport foisonnant de ce tra- celle-ci représente puisque des ca- norvégien se constitue à partir de vail ouvre ainsi bien des pistes. tégories constitutives comme le parlers archaïques des fjords occi- Mais le lecteur, peut-être dérouté temps, l’espace ou le politique lui dentaux dans ce premier par l’organisation de cette ma- correspondent assez mal. La na- XIXe siècle où Karadzic fonde une tière dense, pourra regretter leur tion, en effet, procède d’une géo- langue de communication entre traitement souvent rapide ou al- graphie mouvante qui est loin de les Slaves du Sud : le serbo-croate. lusif. Tel quel cependant le livre se confondre avec celle de l’Etat. Partout se découvrent les terres reflète des questions fondamen- Quoi de commun entre « le riche des héros, le souffle des épopées, tales et actuelles : la manipulation legs du souvenir » (Renan) et l’or- des traditions exemplaires long- de l’histoire et ses usages, l’inté- ganisation institutionnelle ? «La temps cachées aux habitants. Ces gration culturelle des étrangers, coïncidence entre Etat et Nation surgissements favorisent alors les risques de l’exaltation patri- (...), a priori impossible », conduit toutes sortes de manipulations, de moniale, etc. En choisissant l’Eu- dans bien des cas à des ajuste- fictions, devenues des références rope comme cadre d’étude, cet ments volontaristes et souvent en dépit de suspicions légitimes. ouvrage nous montre à la fois le brutaux, étayés par une approche On connaît l’invention du barde chemin parcouru et les insuffi- théorique contestable afin de Ossian surgie des brumes calédo- sances présentes. Aujourd’hui prouver leur correspondance. niennes, on connaît moins la ge- l’Europe est pourvue de struc- Car la nation entretient aussi nèse cocasse et prosaïque du kilt tures institutionnelles qui avec l’histoire des relations ambi- écossais. L’essentiel pourtant reste peuvent l’apparenter à un Etat. guës faites de références nom- l’organisation de ces symboles, Elle est, en revanche, dépourvue breuses mais fréquemment leur mise en scène afin de bien d’identité collective. A elle de contradictoires ou fallacieuses. faire surgir les caractères dans les- construire cette identité dans un Cette recherche d’un héritage né- quels le peuple reconnaît sa na- projet politique démocratique cessaire et commun s’est claire- tion. Le folklore, au sens noble du sans tenter de réinventer des tra- ment manifestée à la fin du terme, en dégageant des paysages, ditions étriquées et trompeuses, XVIIIe siècle sans s’inscrire alors des costumes, des habitats ty- adaptées avec plus ou moins de dans un renforcement des institu- piques, contribua largement au bonheur à notre temps. tions en place. Les revendications phénomène. Alain Cabantous LeMonde Job: WIV2399--0010-0 WAS LIV2399-10 Op.: XX Rev.: 09-06-99 T.: 19:42 S.: 111,06-Cmp.:10,08, Base : LMQPAG 55Fap: 100 No: 0075 Lcp: 700 CMYK

X / LE MONDE / VENDREDI 11 JUIN 1999 actualités b L’EDITION FRANÇAISE Poésie à entendre Le polar brille b Lecteur et éditeur en « tête à tête ». Les éditions L’Arche lancent Le poète japonais Gôzô Yoshimasu en lecture à Paris à Frontignan « Tête-à-tête », une collection dont l’ambition est de réunir «des eux qui ont écouté Passant ainsi de l’une à l’autre entendre, et sans doute est-ce ce a deuxième édition d’un ainsi dans le cadre d’un grand jar- textes d’une importance certaine Gôzô Yoshimasu à la de ces pratiques, son œuvre est qui explique les « perfor- festival de littérature, din fort agréable et accueillant où pour notre civilisation, son passé, Maison de la poésie, vouée à l’exploration du mouve- mances » que sont réellement ses c’est un peu comme un l’on pouvait voir, tout au long de son présent et son avenir ». Sylvain au début du mois de ment. Il est ainsi fréquent que la lectures. Chaque poème lu pos- deuxième roman. C’est ces trois jours, James Crumley, Fort, qui dirige la collection, sou- juin,C ont pu comprendre pour- marche ou encore des voyages en sède sa dramaturgie. Parfois la làL que tout se joue. L’an dernier, le détendu et disponible, lancé dans haite souligner « la nécessité d’un quoi cet écrivain japonais disait train, en voiture, en bateau, vitesse stupéfiante de son débit premier Festival du roman noir de d’interminables conversations face-à-face entre un livre et un lec- du rythme de ses poèmes qu’il soient l’amorce de ses poèmes. évoque l’emballement d’une Frontignan s’était fait remarquer avec ses lecteurs. Et Jim Nisbet, teur ». A raison de quatre ouvrages est « comme stocké dans un arse- En cela il ressemble à « l’homme machine folle. Parfois le ralenti en affirmant sa différence : viser un des auteurs américains les plus par an, les premiers titres sont : nal d’explosifs ». L’écouter dire au bord de la voie ferrée (...) à la est extrême, Yoshimasu chu- au-delà de la simple foire aux originaux du moment, faire la Prix de la justice et de l’humanité, Osiris, dieu de pierre (1), à l’occa- poursuite du cœur qui désire aller chote, puis s’arrête sur un mot, le livres et sortir des éternels débats connaissance de son confrère Jan- de Voltaire et Essais de morale et de sion de la publication de ce loin », du poème Orihime (Prin- crie avec insistance. On entend là consanguins entre abonnés du willem Van de Wetering pourtant politique, de Francis Bacon. recueil en France, c’était en effet cesse tissandière). Arpenteur des le récit organique d’une pensée, petit cercle du polar français. installé aux Etats-Unis depuis plus b Le sport s’offre une nouvelle assister à une déflagration. Dom- lieux déshérités comme les gares, le corps parlant d’une existence. Dans l’euphorie, les responsables de vingt ans ! La réussite de ce collection. Les éditions du Stade mage que le Marché de la poé- les déserts américains, mais aussi Traduire Yoshimasu était dès lors de l’association Soleil noir, orga- festival tenait ainsi, cette année lancent deux collections – dirigées sie (2) n’ait pas songé à inviter ce les rues les plus banales des villes un défi très audacieux comme nisateurs du festival, se risquaient encore, à ce climat de simplicité et par Patrick Fillion et Laurent poète à l’énergie remarquable. où il séjourne, il associe à ces l’est la transposition de toute même à annoncer, pour l’année de convivialité que les organisa- Réveilhac – consacrées au sport : Rares sont les poètes français à lieux réels ses propres territoires œuvre accordant une place si suivante, la venue de poids lourds teurs ont su créer. Et, bien « Les héros du sport » et « Visages avoir développé un art convain- imaginaires pour inventer des essentielle à la matérialité sonore du roman noir américain. Le pari entendu, à l’ambition et à la qua- du sport ». Les titres seront uni- cant de la lecture publique. Gôzô paysages impossibles, comme il de la parole. était audacieux. Aujourd’hui il est lité de ses débats. Sur les quement disponibles pendant Yoshimasu, lui, donne à son le fait dans ses photographies qui Renaud Ego incontestablement gagné et cette influences, les codes ou les terri- deux mois en maisons de la presse œuvre les supports les plus superposent si souvent deux deuxième édition, qui se tenait du toires du roman noir. Sur sa place et bibliothèques de gare. Pre- variés. Outre les livres – une tren- expositions et créent des lieux (1) Osiris, dieu de pierre, de Gôzô 4 au 6 juin, réunissait un des plus dans la littérature générale. Ou mières livraisons : Football : quel est taine depuis la publication de énigmatiques. Attentif à tous les Yoshimasu (traduit du japonais par beaux « plateaux » que l’amateur sur les liens entre criminalité et le plus grand club du monde ?, de son premier recueil en 1964, à signes éphémères, il capte les Makiko Ueda et Claude Mouchard, du genre puisse rêver : James puritanisme où l’on vit George Vincent Duluc et Le Tennis féminin vingt-cinq ans – il grave ses discrètes métamorphoses qui éd. Circé, 94 p., 85 F [12,95 ¤]). Crumley, Gregory McDonald, V. Higgins, ancien attorney gene- français, de Vincent Cognet, poèmes dans d’étranges plaques forment la texture vivante du Outre une lecture, le 21 juin, au George Chesbro, George V. Hig- ral, confronter son expérience de Romain Lefebvre et Philippe de cuivre, les ouvre à un dialogue monde. Conservatoire italien de Paris (tél. : gins... Au total une dizaine la mafia à celle de Mario Spezi, Maria. permanent avec ses propres pho- Dans cette perception, le tissu 01-53-75-33-70), Gôzô Yoshimasu d’auteurs américains dont cer- ancien chroniqueur judiciaire du b Prix littéraires. Les Grands Prix tographies, travaille avec des sonore de la réalité joue un rôle donnera deux conférences : le 16 juin tains venaient pour la première quotidien de Florence, La de printemps de la Société des dramaturges mais aussi des essentiel. Plus que du regard, en à l’université d’Orléans (tél : 02-38- fois en France comme Bob Leuci Nazione. Reste, pour les organisa- gens de lettres ont été attribués : musiciens comme Minao Shibata effet, sa poésie naît de l’ouïe et 79-24-85) et le 18 juin à la Librairie ou Daniel Woodrell, de nombreux teurs, la difficulté à mobiliser la Béatrix Beck a été récompensée ou Scott Frazer. Surtout, il d’une écoute attentive dont internationale Kléber de Strasbourg Français et une importante délé- population locale. Et la nécessité pour l’ensemble de son œuvre et à cultive un art exceptionnel de la témoigne son essai S’éclairicir (tél : 03-88-15-78-88). gation italienne venue inaugurer de trouver des relais structurels à l’occasion de la parution de Confi- lecture, jouant comme nul autre l’oreille, où il appelle à « se rendre (2) Le 17e Marché de la poésie se tient une série de rencontres avec le une équipe aujourd’hui composée dences de Gargouille (recueillies des rythmes et modulations de la l’oreille claire à la musique (...) à du 17 au 20 juin, place Saint-Sulpice, roman noir européen : Nino de bénévoles. Le succès de cette par Valérie Marin La Meslée) et voix pour porter du même la couleur, à sa forme ». Là où à Paris. Rens. : 01-45-88-18-90 et sur Filasto, Carlo Lucarelli, Andrea deuxième édition devrait les y Guidée par le songe (publiés chez souffle l’incantation, le mur- Eluard voulait « donner à voir », Internet : http://www.marchede Pinketts, Marcello Fois... Une qua- aider. Grasset) ; le Grand Prix de poésie a mure, le chant et le cri. Yoshimasu veut donner à lapoesie.com rantaine d’auteurs se retrouvaient Michel Abescat été décerné à Guy Goffette et Jean Rousselot pour l’ensemble de leur bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb œuvre ; le Prix de poésie Charles- Vildrac à Gérard de Cortanze pour Le Mouvement des choses (La Diffé- A L’ETRANGER rence) ; le Prix Gérard-de-Nerval Toulouse, Babel d’un jour pour l’ensemble de l’œuvre a été b GRANDE-BRETAGNE : Les offensives de WH Smith attribué à Nicole Casanova à l s’agissait rien de moins, dimanche 6 juin, sur la ou « rényoné » triomphait. Linguiste et poète, Henri WH Smith, principale chaîne britannique de librairies et de l’occasion de ses dernières traduc- place du Capitole à Toulouse, que de « ruiner les Meschonnic affirmait, proverbe bambara à l’appui, distribution de presse (546 librairies et 184 boutiques dans les tions (La Nuit de Prague, de Libuse fondements idéologiques de tous les nationa- que « l’identité n’advient que par l’altérité » tandis que gares et aéroports), poursuit son implantation dans l’édition. Et Monikova ; Finis terrae, de Raoul lismes, ethnocentrismes ou racismes ». Avec pour le romancier martiniquais Raphaël Confiant espérait notamment en reprenant le groupe Hodder Headline, qui Schrott – publiés par Hachette-Lit- seuleI arme la langue que parlent les hommes, ou, plus en un processus mondial de créolisation, « laboratoire occupe la deuxième place sur le marché du livre de poche et tératures – et Le Garçon aux exactement, quelques-unes des milliers de langues d’une identité multiple ». édite, entre autres, John Le Carré, Tom Clancy et Stephen King. semelles de sang, de Dieter Forte que l’humanité se partage, différentes mais égales Au moment où la France s’apprête à ratifier la Après avoir racheté Helicon Publishing, maison spécialisée (Albin Michel). le Grand Prix de entre elles « comme les citoyens d’une même Répu- charte des langues régionales et minoritaires – ce dans les livres scolaires et de référence, WH Smith se retrouve à l’essai à Laurent Greilsamer pour blique ». Pour la cinquième année consécutive, le car- dont les organisateurs du Forum de Toulouse se féli- la tête du troisième groupe d’édition dans le pays. Le Prince foudroyé, la vie de Nicolas refour culturel Arnaud-Bernard (un quartier singulier citent –, il y a urgence, selon Claude Sicre et ses amis, Par ailleurs, WH Smith a annoncé qu’elle avait passé un accord de Staël (Fayard) ; le Grand Prix du de la ville rose dont les habitants sont passés maîtres à « penser la pluralité ». « Il faut plusieurs centres », avec la compagnie aérienne Britannia Airways pour vendre des roman à Michel Grisolia pour dans l’art des repas de quartier et des conversations disent-ils, incarnés dans les langues et les cultures livres à bord de ses avions aux quelque huit millions de passa- Les Jardins du tigre (Albin Michel) ; socratiques dans la rue) organisait le Forum des qu’elles véhiculent et qui constituent « le seul réservoir gers qui les empruntent chaque année. Cette opération débu- le Grand Prix du livre des arts à langues du monde, une vaste « foire » du langage tel d’irréductibilité ». A l’opposé de la conception domi- tera en juillet, avec une sélection de livres qui figurera sur le André Barret pour Les Peintres du qu’il se décline sur tous les territoires de la planète. nante fondée à la fois sur « l’universalisme abstrait des magazine de ventes hors taxes de Britannia et sera également fantastique (L’Amateur) ; le Grand Selon les vœux de Claude Sicre, musicien des Fabu- Lumières et des républicanismes unitaristes » et sur la proposée par les membres d’équipage sur plus d’une centaine Prix du livre d’histoire à Pierre lous Trobadors, occitaniste convaincu et infatigable défense des « petites différences nationalistes ou régio- de destinations vers la Méditerranée, la Floride, l’Australie, Miquel pour Ce siècle avait mille agitateur culturel, cette journée, conçue pour que nalistes », les militants du Forum des langues rêvent l’Afrique et les Caraïbes. « Cette initiative s’inscrit dans le ans (Albin Michel) ; le Grand Prix « toutes les langues du monde – seulement les langues, d’une alternative qui « brasse les cultures et transforme processus de développement et de renforcement de la marque du livre jeunesse à Gudule pour pas les dialectes, idiomes et autres non-sens linguis- le monde ». Rejetant aussi bien la globalisation d’un WH Smith sur le marché du voyage », a expliqué Ben Gordon, le J’irai dormir au fond du puits (Gras- tiques – aient la parole », était ouverte au grand système de pensée central que l’« exotisme forcené » directeur exécutif en charge de ce secteur. Le directeur des set) ; le Grand Prix de la nouvelle à public. Pendant toute la journée, plusieurs centaines des replis ethnicistes, ils invitent à inventer l’homme ventes à bord de la compagnie Britannia, Bruce Holdroyd, a Muriel Cerf pour Une vie sans de personnes sont venues flâner le long des stands, comme un être singulier et universel, nourri de plu- quant à lui déclaré qu’il était « naturel de fournir ce nouveau secret (Le Rocher) et le Prix Paul- participer aux débats, écouter chants et poèmes, sieurs affluents, qui puisse donner un contenu positif service, car un bon livre constitue une part importante du délasse- Féval de littérature populaire à prendre des cours de langue ou de calligraphie. Le à la mondialisation. Une sorte de troisième voie entre ment » en voyage. Claude Seignolle pour La Gueule stand du berbère voisinait pacifiquement avec celui universalisme et nationalisme dont Raphaël Confiant (Zulma) ; le Grand Prix de l’œuvre de l’arabe, celui du turc avec l’arménien. Les Serbes osa la définition en termes de « diversalité ». b ÉTATS-UNIS : Internet, le code de la propriété intellec- multimédia à Jean-Pierre Balpe avaient décliné l’invitation mais les Albanais étaient L’idée est fragile mais elle fait son chemin. Dans tuelle et la guerre des prix du livre pour La Toile (uniquement dispo- là. Le McDonald’s proposait cours d’occitan ou d’afg- d’autres villes et pays, des manifestations de ce type Le 4 juin, la librairie en ligne Amazon.com a annoncé qu’elle nible par correspondance, éd. Cyli- han, les cafés de la place leçons de tchouvache, d’alsa- s’organisent. Barcelone la Catalane, sœur de langue était menacée de poursuites judiciaires par le New York Times bris, 24, rue Greneta, 75002 Paris ; cien, de tibétain ou de guarani. Des polyglottes de Toulouse l’Occitane, prépare pour le siècle pro- pour violation de ses droits sur la propriété intellectuelle après tél. : 01-42-08-02-66 ou www. tenaient concours ou rivalisaient au scrabble pluri- chain un gigantesque forum des cultures du monde avoir utilisé, dans sa dernière promotion, la liste des livres les cylibris.com). lingue. Ici on chantait slave et on dansait mexicain, là annoncé déjà comme un événement planétaire. plus populaires établie par le quotidien. A la mi-mai, Amazon, gaëlique et yoruba. Le « kréol » antillais, mauricien Jean-Paul Besset immédiatement imitée par les divisions en ligne des grands libraires américains, Barnes and Nobles et Borders, avait cassé

Rectificatif bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb de 50 % les prix sur les best-sellers figurant chaque semaine sur la liste du New York Times. Amazon a fait savoir qu’elle avait b Dans la chronique internatio- demandé à un tribunal de Seattle de lui permettre de continuer nale consacrée au livre d’Hervé AGENDA b LE 14 JUIN. ÉDITION. A Paris, la international des écrivains orga- à utiliser cette liste. Coutau-Bégarie, Traité de stratégie Bibliothèque publique d’informa- nisent, sous le haut patronage de (« Le Monde des livres » du b LE 11 JUIN. MOTS. A Saint- tion organise un débat, animé par Wole Soyinka, un débat autour du b ÉTATS-UNIS : Marguerite Yourcenar 27 mai), une erreur nous a fait Brieuc, la Fête des mots familiers Marc Jammet, autour du métier de thème : « Face à la censure : quels Décerné tous les deux ans, le prix littéraire Marguerite Your- écrire que la discussion sur la RMA sera, entre autres, l’occasion d’une libraire (à 19 h 30, Tipi, piazza outils de résistance du langage ? » cenar est destiné à récompenser une œuvre de fiction récente, (Revolution in Military Affairs) présentation des Editions Hôtel Centre Georges-Pompidou, 75004 en présence de Jacques Derrida, publiée en français, par un auteur de nationalité indifférente datait aux Etats-Unis du début des Continental (à 17 h 30) ; d’une Paris ; tél. : 01-44-78-46-41). Rabia Djelti, Christian Salmon et résidant aux Etats-Unis. Les auteurs ou éditeurs désireux de années 80. Il s’agissait du début table-ronde (à 18 heures) en pré- b LE 14 JUIN. ALBANIE. A Paris, Bashkim Shehu (à 18 heures, audi- faire acte de candidature au prix Yourcenar 1999 doivent des années 90. sence notamment de François Sal- l’Association Albania et le Théâtre torium du Musée des beaux-arts contacter le service culturel près le consulat général de France à vaing, Hubert Haddad, Olivier Molière proposent une soirée de de Caen, le château, 14000 Caen ; Boston avant le 30 juin (31 St. James Avenue, Boston, Charneux et Jacques Jouet et, à solidarité avec le Kosovo sous le tél. : 02-31-85-28-63). MA 02116). D’un montant de 10 000 dollars – grâce au soutien 20 h 30, d’une lecture de textes par haut patronage de Catherine b LE 17 JUIN. NÉGATIONNISME. de la Maison Yves Saint-Laurent –, le prix Yourcenar 1999 sera Bernard Noël (Galerie de la passe- Trautmann, ministre de la culture A Paris, un débat est organisé sur décerné par un jury de neuf personnalités indépendantes, en relle, scène nationale, 22000 Saint- et de la communication, et de Son le négationnisme en présence de octobre, à Cambridge (Massachusetts). La cérémonie de remise Brieuc ; tél. : 02-96-68-18-40). Excellence M. Luan Rama, ambas- Nadine Fresco, Valérie Igounet, du prix aura lieu en décembre lors d’une réception à la b LES 11 ET 12 JUIN. ESTHÉ- sadeur d’Albanie en France. Cette Georges Bensoussan, Alain Bihr et Houghton Library de l’université Harvard, bibliothèque presti- TIQUE. A Fontenay-aux-Roses soirée sera consacrée aux écrivains Jacques Tarnero (à 19 h 30, Mémo- gieuse qui détient les archives de Marguerite Yourcenar. est organisé un colloque interna- du Kosovo, de Macédoine et rial du martyr juif inconnu, 17, rue tional sur le thème : « L’invention d’Albanie (à 20 heures, 157, rue Geoffroy-l’Asnier, 75004 Paris). b ESPAGNE : Le prix Prince des Asturies des lettres à un du goût à l’âge classique et la pos- Saint-Martin, 75003 Paris ; tél. : b LE 17 JUIN. ARENDT. A Paris, non-hispanophone ture de l’évaluation esthétique » 01-44-54-53-00). l’Alliance israélite universelle et la L’écrivain allemand Günter Grass a reçu le prix Prince des Astu- (ENS de Fontenay/Saint-Cloud, 31, b LES 15 ET 16 JUIN. ÉCRIVAIN Section normale d’études juives ries des lettres, une des plus hautes distinctions en Espagne. av. Lombart, 92260 Fontenay-aux- SLOVÈNE. A Paris, à la Maison des organisent une conférence autour C’est la première fois que ce prix, doté de 5 millions de pesetas Roses ; tél : 01-41-13-24-00). écrivains, Brina Svit et Zdenka Sti- du thème : « Hannah Arendt, le (30 000 euros), est décerné à un écrivain non hispanophone. b LE 12 JUIN. FEMMES. A Paris, mac proposent une rencontre avec sionisme et l’Etat d’Israël ». Ce les « Messagères du poème » orga- sept écrivains slovènes (à débat – auquel participeront Rony nisent la quatrième rencontre 20 heures, 53, rue de Verneuil, Brauman, Alain Finkielkraut, Mar- internationale de poésie féminine 75007 Paris ; tél. : 01-42-84-00-08). tine Leibovici et Myriam Revault contemporaine de langue fran- b DU 15 AU 17 JUIN. PRIMO LEVI. d’Allonnes – sera suivi d’une dis- çaise (à 19 heures, Centre Wallo- A Paris, le Comité français pour cussion autour du film Un spécia- nie-Bruxelles, 46, rue Quincam- Yad Vashem, le Musée d’art et liste, le procès Eichman à Jérusa- poix, 75004 Paris). d’histoire du judaïsme ainsi que la lem (à 18 h 30, 45, rue La Bruyère, b DU 12 JUIN AU 18 JUILLET. Fondation du judaïsme français 75009 Paris ; tél. : 01-53-32-88-54). COMTESSE DE SÉGUR. A Aube proposent un colloque animé par b LES 18, 19 ET 20 JUIN. POLAR. (Orne). A l’occasion du bicente- Myriam Anissimov et René de Cec- A Paris, le Festival du roman poli- naire de la naissance de la catty sur la vie et l’œuvre de Primo cier et du roman noir accueille de comtesse de Ségur, sont organisés Levi (à l’hôtel de Saint-Aignan, 71, nombreux éditeurs et auteurs conférences, colloque, exposition rue du Temple, 75003 Paris. Réser- parmi lesquels Elena Arsenava, et animations (Musée de la vation au 01-53-01-86-65). Jean-Baptiste Baronian, Stella comtesse de Ségur, rue Abbé- b LE 17 JUIN. CENSURE. A Caen, Duffy, Nino Filastro, Pascale Fon- Roger-Derry, 61270 Aube ; tél. : le Centre régional des lettres de teneau, Anton Gill (place de la Bas- 02-33-24-60-09). Basse-Normandie et le Parlement tille, 75012 Paris).