Henry Purcell 1659-1695 the Food of Love
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Henry Purcell 1659-1695 The Food of Love Paul Agnew TENOR Anne-Marie Lasla BASSVIOL Francois Bodart, Beez-sur-Meuse, 1999, after Joachim Tielke (Hamburg, 1699) Elizabeth Kenny THEORBO, GUITAR theorbo by Klaus Jacobsen, London, 1992, after Italian models I guitar by Klaus Jacobsen, London, 2000, after a Venetian instrument Blandine Rannou HARPSICHORD, ORGAN harpsichord by Marc Ducornet and Emmanuel Danset, Paris, 1993, after loannes Ruckers (Antwerp, 1624, collection of the Musee Unterlinden, Colmar) I positive organ by Johan Deblieck, kindly loaned by Les Arts Florissants Blandine Rannou appears by courtesy of Zig-Zag Territoires 3 The Food of love Henry Purcell 1659-1695 Henry Purcell 1 If music be the food of Love, Z.379c 3'57 17 The Cares of Lovers, Z.632/17 2'06 2 Corinna is divinely fair, Z.365 2'24 18 The fatal hour comes on apace, Z.421 3'29 3 Ah! How sweet it is to love, Z.613/2 2'33 19 I loved fair Celia, Z.381 1'56 4 What a sad fate is mine, a song on a Ground, Z.428 3'33 20 When her languishing eyes said 'Love', Z.432 1'12 5 I see she flies me, Z.573/1 b 2'13 Robert de Visee c. 1658-1725 Francisco Corbetta c.1615-1681 21 Prelude D minor I en re mineur (Livre de guitarre, 1682) 1'17 6 Caprice de chacone (La guitarre Royal/e, Dediee Au Roy De La Grande Bretagne, 1670) 3'55 Henry Purcell 22 A Morning Hymn (Thou wakeful shepherd), Z.198 2'54 Henry Purcell 7 o Solitude, Z.406 6'36 Christopher Simpson 8 Music for a while, Z.583/2 4'32 23 Prelude [in Ell en mi (The Division- Viol, 1665) 2'30 9 Ground in C for harpsichord I pour clavecin, Z.D221 3'24 10 O! Fair Cedaria, Z.402 3'58 Henry Purcell 24 11 Man is for the woman made, Z.605/3 1'15 The earth trembled, Z.197 1'55 25 12 Not all my torments can your pity move, Z.400 2'37 Now that the sun has veil'd his light (An Evening Hymn 13 On the brow of Richmond Hill, Z.405 1'28 on a Ground), Z.193 5'06 26 14 Pious Celinda goes to pray'rs, Z.410 1'34 If music be the food of love, Z.379a 2'59 15 When first I saw Aurelia's eyes, Z.627A/1 2'21 Christopher Simpson 1610-1669 16 Prelude in D I en re (The Division- Viol, 1665) 2'17 4 5 " Songs de Purcell Henry Purcell est souvent considere comme Ie compositeur anglais par excel- lence, representant presque a lui seul un age d'or de la musique britannique. II est pourtant ne a un moment determinant au cours des jours agites qu'a vecus l'Angleterre au XVii< steele, et il n'est pas impossible que ce legendaire langage musical anglais ait eu un accent nettement continental. Purcell a du entendre beaucoup de musique francaise au cours de ses annees de formation et bien connaitre les gouts du monarque. II a du rencontrer des musiciens francais, travailler avec eux et avoir une connaissance intime des ceuvres de Lully (a tel point qu'il cite Isis de Lully dans la Scene du Froid du Roi Arthur). II n'est pas question de nier l'originalite et Ie genie de Purcell. Savoix est aussi caracteristique que celle de tout grand compositeur, mais il y avait certainement et necessairernent un relent d'ail dans les elements de base de son langage musical. Nous n'avons pas eu beaucoup de mal a donner une tournure francaise a cette musique parce que ce genre de demarche n'est pas necessaire. Les tournures de phrase et de ligne sont similaires, et les ornements que Purcell a entiere- ment notes auraient tres bien pu provenir des traites de Berard ou de Bacilly. Les Britanniques pourraient etre surpris de decouvrir a quel point la musique de Purcell est populaire a ce jour en France, peut-etre parce que les Francais reconnaissent en lui quelque chose qui leur est propre. 7 Dans la musique vocale de Purcell, on retrouvera I'emploi du recitatif a la francaise, ou Ie mouvement de la basse continue suit parfaitement Ie texte The Food of Love pour mieux Ie servir, mais egalernent - fidele a la tradition des polyphonistes - la ligne de basse ecrite comme si elle devait etre chantee : il ne lui manque que Ie texte. Celle-ci est concue pour un instrument melodique (basse d'archet) - accornpagne des instruments harmoniques comme Ie clavecin et l'orgue, la Deux anecdotes a propos de Henry Purcell nous en disent long sur ses relations guitare ou Ie theorbe. etc. Mais ce texte, qui sera joue et non chante, est Ie de travail avec les chanteurs. Anthony Aston rapporte que pendant que Ie rnerne que celui du chanteur, souvent en imitation. II Ie precede ou Ie suit soprano Jemmy Bowen travaillait une chanson, « certains musiciens lui ont dit - comme en echo - pour en souligner I'effet. de I'embellir et de faire une ornementation en tel et tel endroit. - Oh, laissez- La gageure des interpretes sera donc d'illustrer au mieux ce texte par tous les Ie tranquille, a dit Mr Purcell; il I'ornera plus naturellement que vous ou moi, moyens mis a leur disposition: choix de I'instrumentation en fonction du nous pouvons Ie lui apprendre. » caractere (« 0 Solitude» avec la viole seule, par exemple), mais aussi choix Et l'on doit a Sir John Hawkins Ie recit d'une rencontre musicale avec la reine du phrase, de la dynamique, des longueurs de notes, de I'articulation, des Mary. « Mr Gostling et Mrs Hunt [deux interpretes celebres] ont chante plu- respirations, dans Ie but de « coller » au plus pres au texte, ala musique de la sieurs compositions de Purcell, qui les a accornpagnes au clavecin; finalement, langue, ala rythmique des consonnes et au sens des mots, afin de mettre en la reine, qui comrnencait a se lasser, a dernande a Mrs Hunt si elle ne pouvait valeur la poesie et ses affects. Tout cela, bien sur, en grande complicite. pas chanter la vieille ballade ecossaise "Cold and Raw" ; Mrs Hunt a acquiesce et l'a chantee en s'accompagnant au luth. Purcell a ete [ ... ] tres agace que Paul Agnew et Anne-Marie Lasla la reine prefere une vulgaire ballade a sa musique: mais voyant sa rnajeste ravie [...J. il a decide qu'elle I'entendrait en une autre circonstance; et en conse- quence, pour la chanson d'anniversaire suivante [... J. il a compose une rnelo- die [ ... ] qui a pour basse l'air "Cold and Raw".» Purcell a vecu a une epoque ou rneme Shakespeare etait reecrit et adapte pour convenir aux gouts du jour. On considerait comme allant de soi qu'a chaque stade du processus createur, les chanteurs, les ecrivains, les musiciens et rnerne les protecteurs pouvaient imprimer leur propre identite au travail qui passait entre leurs mains. 8 9 Seul Ie temoignage de Hawkins no us permet d'affirmer que Purcell a ete faire » dans l'edition de 1694 d'An Introduction to the Skill of Musick de «agace »: il a lui-rnerne ecrit beaucoup d'airs de ballades et de catches, et Playford. Les basses obstinees etaient Ie sujet principal de The Division Viol reconnaissait un bon air lorsqu'il en entendait un. Dans sa jeunesse, il avait He de Christopher Simpson, et la viole elle-rnerne etait un instrument de plus en soprano dans Ie chceur de la Chapelle royale, puis avait grandi avec l'opera, plus recherche pour improviser des accompagnements et des preludes. Purcell son pere ayant ete irnplique dans Ie tout premier opera anglais (Le Siege de aimait faire glisser les mots en harmonie avec la basse obstinee ou sans lien Rhodes, 1656). Purcell a fait ses etudes avec Matthew Locke, l'un des compo- avec elle, modulant de tacon inattendue; dans Ie cas d'« Of Fair Cedaria», il siteurs du Siege. Une idee sophistiquee et nuancee de collaboration coulait cree une impression de malaise surprenante dans une rayonnante chaconne dans ses veines, ainsi qu'un etonnant instinct pour toute la gamme d'ernotions en ut majeur. Ici, il accumule couche par couche differents rythmes harmoniques qu'on pouvait faire apparaitre comme par magie dans les executions publiques et vocaux sur Ie metre de la basse, menant a une section finale qui rappelle et privees. certains recitatifs de Didon et Enee. «What a sad fate» ainsi que la plus celebre Poetes et compositeurs avaient debattu des meilleures facons de mettre en «Music for a while» reposent sur l'effet hypnotique d'une basse obstinee, musique la langue anglaise tout au long du XVII' steele. Purcell a reussi l'exploit cette derniere chanson evoquant Ie defunt roi Laios dans la version d'CEdipe presque miraculeux d'avoir l'air naturel dans une veine dramatique accentuee, de Dryden et Lee avec une magie musicale effrayante. en utilisant I'ornementation et la repetition pour placer un accent expressif sur Les plus grands chanteurs anglais de la generation du pere de Purcell avaient les mots clefs. Dans «Not all my torments», par exemple, «I love» fait l'objet ete formes dans Ie style italien. Des chanteurs comme John Abell, Mr Pordage non pas d'une ou de deux mais de sept repetitions, alors que les tourments et Mr Pate etaient tous alles en Italie, et Purcell a rnontre son admiration pour et la pitie ne durent que Ie temps ou I'auditeur peut les supporter.