Appendice 1 Le gouvernement du Nouvel Etat Français au 2 juillet 1943 : les hommes et leurs antécédents

Président du NEF : Né en 1883. Député de la Seine de 1914 à 1919 puis de 1924 à 1927. Sénateur de la Seine de 1927 à 1936. Sénateur du Puy-de-Dôme depuis 1936. Maire d’Aubervilliers depuis 1923. Président du Conseil à trois reprises dans les années 30. A occupé divers postes de ministres dans les années 20 et 30. Placé sous surveillance au moment du Sursaut, il s’enfuit en Espagne, puis rentre en après la fin des combats en Métropole. Il est choisi par les autorités allemandes pour présider le gouvernement fantoche de ce qu’il décide de baptiser Nouvel Etat Français. Il s’y attribue plusieurs ministères qu’il sera peu à peu conduit, de bon gré ou non, à abandonner à d’autres. Deux années durant, il se montre incapable de conduire une politique cohérente, sinon pour se soumettre aux diktats de l’Occupant. Son étoile ne cesse de pâlir jusqu’au coup de force (feutré) de au début de l’été 1943. Pierre Laval porte désormais le titre de Président du NEF, mais ce titre ne lui donne aucun pouvoir. Au reste, stricto sensu, Laval ne fait plus partie du gouvernement du NEF. C’est d’ailleurs ce qu’il plaidera, sans le moindre succès, lors de son procès en 1945.

Président du Conseil, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité de l’Etat : Jacques Doriot Né en 1898. Député PCF de 1928 à 1934 puis non-inscrit (car exclu du Parti) de 1934 à 1937. Fonde en 1936 le Parti Populaire Français, qui peu à peu va dériver vers le fascisme. Mobilisé en 1939, il combat en tant que sergent-chef mais sait le moment venu échapper à la fois aux Allemands et au Déménagement. En août 1940, il réapparaît au bon moment pour obtenir de Laval le poste de ministre de l’Intérieur et de la Reconstruction Nationale. Son influence et celle de son parti ne vont cesser de croître. En juillet 1943, après une série de manipulations et coups tordus divers, qui lui permettront notamment d’obtenir le quasi-bannissement de (l’autre ministre de l’Intérieur de Laval), il parvient à supplanter Laval comme véritable chef du Nouvel Etat Français.

Ministre de l’Intérieur et de la Reconstruction nationale : Victor Barthélemy Né en 1906. Un temps adhérent au PCF, il rejoint le PPF en 1936 et gravit rapidement les échelons : secrétaire fédéral à Nice, membre du bureau politique et secrétaire général de région en décembre 1939. En 1940, peu après la création du NEF, Doriot le nomme secrétaire général du PPF. Il est ensuite nommé par Laval ambassadeur auprès de Mussolini (poste où il ne sera jamais véritablement reconnu par les Italiens). Après la chute de l’Italie fasciste à la fin de 1942, il parvient à regagner et entre au gouvernement du NEF, d’abord en tant que suppléant de Doriot puis, après la prise du pouvoir de ce dernier, en tant que ministre à part entière du Nouvel Etat Français.

Ministre de l’Économie et du Travail : Marcel Déat Né en 1894. Normalien, journaliste et intellectuel, il est député SFIO de 1926 à 1928 et de 1932 à 1936. En 1933, il est exclu de la SFIO pour sa doctrine de plus en plus autoritariste et pour ses positions favorables à l’union nationale et au soutien au cabinet Daladier. Le 5 novembre 1933, il devient le chef de file des néo-socialistes du Parti socialiste de France, de plus en plus séduits par les modèles fascistes. Ministre de l’Air en 1936, dans le cabinet Sarraut, il est élu député “Rassemblement anticommuniste” en 1939. Au moment du Sursaut, il passe brièvement en Espagne avec Laval avant de réapparaître dans les décombres et d’obtenir un ministère clé au sein du premier gouvernement du NEF. Il s’efforce durant deux ans de donner à la politique du NEF une orientation plus « sociale » (au sens, bien sûr, du national-socialisme). Après avoir espéré profiter de la disgrâce de Laval auprès des Allemands pour prendre sa place, il doit se contenter de conserver son maroquin au sein du cabinet Doriot.

Ministre de la Justice : Fernand de Brinon Né en 1885. Journaliste et avocat. Rencontre Hitler à plusieurs reprises avant la guerre. Fonde en 1935 le comité France-Allemagne. Proche de Ribbentrop. En novembre 1940, il devient ministre de la Justice du gouvernement du NEF. S’efforçant toujours de hurler avec les loups les plus nombreux, prompt à répondre aux exigences des autorités allemandes, il n’hésite pas à trahir Laval pour conserver sa place dans le cabinet Doriot.

Ministre de la Défense : Jacques Benoist-Méchin Né en 1901. Journaliste, il affiche une sympathie (pour ne pas dire plus) pour la personne d’Hitler et du nazisme. Pacifiste, partisan d’un rapprochement avec l’Allemagne, membre du Comité France-Allemagne, il est proche d’Otto Abetz. Adhère au PPF dès 1936. Après avoir efficacement secondé Scapini au secrétariat d’Etat aux Prisonniers du NEF, il a réalisé son rêve en devenant ministre de la Défense avant même la fin du règne de Laval.

Ministre des Affaires Étrangères : Joseph Avenol Né en 1879. Inspecteur des finances, haut fonctionnaire au ministère des Finances, il participe à de nombreuses conférences économiques dans les années Vingt. En 1923, il est envoyé à la Société des Nations par le gouvernement français en tant que sous- secrétaire de la SDN, chargé des Finances. Nommé secrétaire général de la SDN en juillet 1933, il joue constamment l’apaisement envers les puissances de l’Axe. Après la Campagne de France de 1940, il se montre favorable au NEF et à sa politique de collaboration avec l’Allemagne, affichant des positions pro-fascistes. Suite aux pressions des Alliés, il est démis de ses fonctions début 1941, mais ne quitte pas la Suisse. C’est là qu’après sa prise du pouvoir, Doriot vient le chercher pour lui confier le poste de ministre des Affaires Etrangères.

Ministre de l’Instruction Publique : Né en 1883. Journaliste littéraire et romancier, il entre à l’Académie française en 1932. Par la suite, il collabore pour des journaux nationalistes comme Le Nouveau Siècle ou Courrier Royal. Membre du PPF. Il est depuis fin 1940 ministre de l’Instruction Publique. A ce poste, son anticléricalisme a été très remarqué.

Ministre de l’Agriculture : Jean-Pierre Mourer Né en 1897. Cheminot, militant communiste et syndicaliste alsacien. Elu en 1928 député PCF du Haut-Rhin. Un an plus tard, il est exclu du Parti pour avoir soutenu les revendications d’autonomistes alsaciens. Député sans interruption jusqu’à la déclaration de guerre. Arrêté pour atteinte à la sûreté de l’Etat à l’automne 1939, il est libéré par l’avancée des forces allemandes en 1940. Alors qu’il s’apprêtait à devenir un bon citoyen de la Plus Grande Allemagne et un membre important du NSDAP à Mulhouse, celui qui veut désormais se faire appeler “Hans-Peter Murer” est réorienté par ses amis nazis vers une participation au gouvernement Laval (puis Doriot). En récompense de cette mission, il se voit promettre un poste important dans la future Alsace-Lorraine allemande.

Ministre du Ravitaillement : Simon Sabiani Né en 1888. Brillant soldat lors de l’Autre Guerre (où il perd un œil), le « Bayard corse » reçoit la Légion d’Honneur, la croix de guerre (avec quatre palmes !) et la médaille militaire. Après la guerre, proche de divers mouvements marxistes, il est même un temps membre du PCF. Élu conseiller général des Bouches-du-Rhône en 1925, député en 1928, il sera premier adjoint du maire de Marseille de 1929 à 1935 (et maire par intérim en 1931 à la mort de Siméon Flaissières). Réélu député en 1932, il rejoint en 1936 le Parti populaire français (PPF) de Jacques Doriot, dont il devient membre du bureau politique. Fidèle lieutenant de Jacques Doriot, il finit par entrer grâce à lui au gouvernement Laval et reste évidemment au gouvernement quand Doriot en devient le chef. Il continue cependant de diriger le bureau de recrutement marseillais de la LVF, dont il est le secrétaire général. Il est devenu un collaborateur extrêmement radical, surtout depuis la mort de son fils François, engagé dans la LVF et tué au printemps 1943 sur le front russe dans les rangs d’une unité SS.

Ministre de la Famille et de la Santé : Georges Montandon Né en 1879, d’origine suisse. Médecin, explorateur et anthropologue. Entre en 1931 à l’Ecole d’anthropologie de Paris, où il est nommé deux ans plus tard à la chaire d’ethnologie. Directeur du Musée Broca en 1936, il glisse peu à peu vers l’antisémitisme alors qu’il obtient sa naturalisation française. En 1941 (et alors qu’il n’est techniquement plus français depuis fin 1940, eu égard à l’annulation par le NEF des naturalisations effectuées depuis l’arrivée du Front Populaire), il publie un traité pseudo-scientifique intitulé « Comment reconnaitre le Juif ? » qui lui vaut de retrouver un passeport français et d’être nommé en 1942 directeur de l’Institut d’Etudes des Questions Juives et Ethno-Raciales. Doriot, qui l’a nommé président de la commission ethnique du PPF dès 1941 (alors qu’il n’était plus français !), l’apprécie fort et le fait entrer au gouvernement.

Ministre des Sports : Marc Augier Né en 1908. Grand sportif dans les années 30. Responsable des Auberges de Jeunesse, il entre en 1936 dans le cabinet de Léo Lagrange (sous-secrétaire d’État aux Sports du gouvernement de Front populaire). Devenu journaliste, il évolue peu à peu vers une sympathie prononcée pour le national-socialisme. Membre du PPF, il devient sous le NEF rédacteur en chef de La Gerbe. Engagé dans la LVF, il est réformé pour raison de santé au printemps 1943. Doriot le fait entrer au gouvernement comme ministre des Sports.

Ministre des Anciens Combattants : Né en 1895. Nommé capitaine à seulement 23 ans lors du premier conflit mondial, titulaire de la Légion d’Honneur, de la médaille militaire et de la croix de guerre avec dix citations, il reste traumatisé par la guerre et s’oriente assez rapidement vers la politique. Membre du (premier parti français à se réclamer ouvertement du fascisme) entre 1925 et 1927, il fonde en 1933 le Mouvement franciste, proche des idées mussoliniennes. En 1940, il trouve refuge en Suisse après la débâcle de son unité, mais, suivant l’évolution de la situation politique en France, il sent venir son heure et choisit de quitter la neutre Suisse pour passer en France Occupée. Son Francisme ne restera cependant qu’un bien faible troisième larron, en termes d’effectifs ou d’influence, derrière le PPF de Doriot ou le RNP de Déat.

Secrétaire d’État aux Prisonniers : Georges Scapini Né en 1893. Perd la vue au combat en 1916. Commandeur de la Légion d’honneur, grand invalide à 100 %, médaillé militaire, licencié en droit et avocat à la Cour, il est député de Paris de 1928 à 1940. D’abord inscrit comme Indépendants, il glisse vers l’extrême-droite et devient un des fondateurs du Comité France-Allemagne, qu’il préside de 1935 à 1939. Laval le nomme en 1941 chef du Service diplomatique des prisonniers de guerre à Berlin, avec rang d’ambassadeur. Son rôle est en principe d’améliorer la condition des soldats prisonniers en Allemagne. Toutefois, il s’avère peu efficace et n’est guère apprécié des prisonniers, qu’il cherche surtout à recruter pour la Force de Sécurité du Territoire de Laval. Il entérine les diverses violations des Conventions de Genève par l’Allemagne vis-à-vis des prisonniers de guerre et demande même aux prisonniers français de ne pas tenter de s’évader.

Secrétaire d’État à la Marine et aux Colonies : Charles Platon Né en 1886. Lieutenant de vaisseau en 1917, capitaine de frégate en 1922, capitaine de vaisseau et commandant de la 10e Division de contre-torpilleurs en 1935, Platon est nommé à la tête de Marine-Dunkerque le 1er décembre 1937. En octobre 1939, il est promu contre-amiral, porte le titre d’amiral GSN et, sous les ordres de l’Amiral Nord, il commande les Groupes des Secteurs du Nord (Dunkerque, Calais et Boulogne). Il se fait remarquer par son excellente tenue lors de l’évacuation de Dunkerque en 1940, mais refuse énergiquement de participer au Grand Déménagement. Il entre au cabinet Laval en 1941, au poste de secrétaire d’Etat à la Marine et aux Colonies (poste créé pour lui, faute de pouvoir lui offrir une marine ou des colonies). Il se rapproche progressivement d’ultras comme Déat ou De Brinon et s’illustre surtout par des excès dans ses propos comme dans le jeu politique, qu’il maîtrise mal.

Secrétaire d’État aux Communications : Gabriel Lafaye Né en 1888. Député SFIO, puis socialiste de France et USR de la Gironde de 1928 à 1940. Conseiller municipal de Bordeaux, conseiller Général de la Gironde. Sous- secrétaire d’État au Travail dans le gouvernement Camille Chautemps IV. Après la défaite de 1940, étant l’un des « 70 de Toulouse » (l’un des 70 députés à avoir refusé de Déménager), il devient tout naturellement un collaborateur actif. C’est l’un des principaux dignitaires du RNP de Marcel Déat.

Secrétaire d’État à l’Information : Paul Marion Né en 1899. Membre du PCF en 1922, il est au Komintern à Moscou (au service de la propagande) de 1927 à 1929. Rentré en France, il rompt avec le PCF pour se rapprocher de la SFIO. Il rejoint le PPF en 1936 puis le quitte en 1939. Il est nommé au gouvernement à la fin de l’année 1941 par Laval, qui souhaite pouvoir mieux contrôler ce remuant doriotiste. Il porte maintenant sans entraves la bonne parole de Jacques Doriot.

Secrétaire d’État à la Propagande : Paul Creyssel Né en 1895. Avocat au barreau de Lyon. Spécialiste des questions économiques au Parti Radical, dont il est député en 1932. Réélu en 1936 sous d’autres couleurs, il rejoint le PSF à la fin des années 30. Sous le régime du NEF, il se rapproche de Laval et rejoint son cabinet en 1941, s’éloignant du colonel de La Roque. Après l’arrestation de ce dernier à l’automne 1942, il devient président d’un opportuniste (mais tout famélique) Nouveau Parti Social Français.

Secrétaire d’État aux Travaux Publics et aux Transports : Ludovic Zoretti Né en 1880. Normalien, professeur de mécanique à l’Université de Caen de 1911 à 1939. Syndicaliste, constitue une Fédération Générale de l’Enseignement au sein de la CGT. Membre de la SFIO de 1914 à 1939. Pacifiste véhément, il est suspendu en 1938 de tous ses mandats à la SFIO après avoir tenu des propos jugés antisémites lors de la crise des Sudètes, puis exclu du parti après le congrès de Nantes, en 1939. Rejoint en 1942 le RNP, devenant membre de sa commission administrative. Nommé au gouvernement en 1943.

Secrétaire Général aux Finances publiques : Georges Albertini Né en 1911. Normalien, agrégé de lettres, devient professeur d’histoire et géographie et militant de la SFIO en 1932. Membre des Jeunesses socialistes, de la CGT et de la Fédération de l’Enseignement. De 1934 à 1939, il participe au Comité de vigilance des intellectuels antifascistes. Pacifiste et munichois, il est cependant mobilisé en 1939 et sa belle conduite lui vaut d’être décoré. Il reste néanmoins en France occupée. Membre du RNP, il devient rapidement le bras droit de Marcel Déat, qui le fait entrer au gouvernement du NEF (dont il est le benjamin) lors du grand remaniement de 1943.

Secrétaire Général aux Beaux-Arts : Jean Boissel Né en 1891. Architecte. Aviateur et grand mutilé de la Première Guerre. Fonde en 1936 la Ligue Antijuive Universelle (!). Reçu peu après à ce titre par Hitler. Participe en 1937 aux manifestations de la Ligue Mondiale Antijuive organisées en Allemagne. Arrêté en 1939 pour intelligence avec l’ennemi, il est oublié dans sa prison lors du Grand Déménagement et rejoint le gouvernement du NEF en 1942.

Secrétaire Général à la Jeunesse : Georges Pelorson Né en 1909. Normalien (proche de ), professeur de français, il est aussi traducteur de l’anglais et directeur de collection. Il est partisan d’un encadrement strict de la jeunesse par l’intermédiaire d’organisations d’état. Appendice 2 Les ambassadeurs du NEF sous le cabinet Doriot

Ambassadeur en Slovaquie : colonel Paul de Villelume Né en 1892. Entre à Saint-Cyr en 1913 (promotion Montmirail) et sert dans les Dragons pendant la Première Guerre. Fait prisonnier, il est envoyé à Ingolstadt où il croise le lieutenant De Gaulle, mais c’est avec un autre lieutenant qu’il sympathise : le Russe Toukhatchevski. Lieutenant-colonel en 1939, il devient chef de cabinet militaire du Président du Conseil Reynaud en mars 1940. A partir du mois de mai, il est secrétaire du Comité de Défense nationale, alors que nul n’ignore qu’il est partisan de faire à tout prix la paix avec les Allemands ! Le 6 juin 1940, c’est lui qui est au volant lors du fameux accident d’auto qui coûte la vie à la comtesse de Portes, influente maîtresse de Paul Reynaud, qui partageait ses opinions politiques. Les attributions de Villelume auprès de Reynaud ne survivront pas plus que la comtesse à l’accident de l’Alma. Ne participant pas au Grand Déménagement, il est nommé par Laval ambassadeur du NEF à Berlin, mais le gouvernement allemand ne lui donnera jamais l’autorisation de venir prendre ses fonctions1. Ambassadeur sans ambassade, il participe à diverses commissions chargées d’organiser la FST, la Garde Française, etc. En 1942, voyant se réaliser ce qu’il pensait impossible – la France à l’échine brisée et ses alliés reprennent le dessus sur l’Allemagne – il cherche à démontrer son patriotisme en s’efforçant de prendre langue avec des officiers du NEF dont il soupçonne qu’ils travaillent pour Alger, mais ses tentatives se heurtent au scepticisme inquiet des personnalités contactées. Certain (avec quelque raison) d’avoir à la tête du gouvernement d’Alger deux ennemis irréductibles en la personne de Paul Reynaud et Charles de Gaulle, il renonce à faire de nouvelles ouvertures, qui auraient pu lui permettre un début de rédemption. C’est pourquoi, à la fin de 1942, après l’attentat contre Barbé, l’ambassadeur du NEF en Slovaquie, il propose de le remplacer, ce que Laval accepte volontiers. Il semble qu’il ait espéré que ce poste en Europe Centrale lui éviterait d’être mêlé aux soubresauts agitant le NEF. A Bratislava, dans la capitale d’un des rares pays à respecter véritablement le NEF (entre états fantoches…), le colonel occupe ses longues journées à broyer du noir en rédigeant un ouvrage inachevé (aujourd’hui consultable aux archives du ministère des Affaires Etrangères) servant d’exutoire à ses obsessions. Il tente d’envisager ce qu’aurait pu être l’Histoire de la guerre si le fatal accident du 6 juin 1940 n’avait pas eu lieu. Il imagine Reynaud acceptant, sous son influence, de demander l’armistice, « la moitié du territoire français préservée du désastre » et la France reprenant le combat en 1942 aux côtés des Etats-Unis, avec Villelume comme ministre de la Guerre… Triste rêverie au point de départ peu vraisemblable, qui ne lui sera d’aucune utilité lors de son procès, en 1945. En revanche, il est aujourd’hui incontesté qu’il est parvenu, par l’intermédiaire de l’ambassade de Suède, à envoyer à Londres des renseignements portant notamment sur la production industrielle slovaque, la persécution des Juifs et la situation politique locale. Il y signalait par exemple que le gouvernement de Bratislava n’hésiterait pas à tourner casaque dès l’approche des forces alliées. Il prenait là des risques bien réels, mais, pour une raison inconnue, cet acte de Résistance ne fut pas porté à la

1 Barthélemy n’a pas beaucoup mieux réussi à Rome, où il s’est installé sans jamais avoir le droit de présenter ses lettres de créance. Ni Laval ni Doriot ne tenteront d’envoyer un représentant auprès du gouvernement de la République Sociale Italienne de Mussolini. connaissance du gouvernement français par les Britanniques. Le destin de Paul de Villelume était scellé – il l’était sans doute depuis le 6 juin 1940.

Ambassadeur en Roumanie : Jean Coutrot Né en 1895. Grand blessé de la Première Guerre (il est amputé de la jambe droite), cet économiste travaille avec l’ de avant de faire partie du cabinet de Charles Spinasse, ministre de l’Economie nationale du Front Populaire. Dès 1937, il co-fonde (et dirige) Les Nouveaux Cahiers, revue économique et politique prônant une étroite collaboration économique avec la nouvelle Allemagne. Proche du corporatisme, il est aussi viscéralement anticommuniste. Lorsqu’il est nommé ambassadeur en 1940, il croit se retrouver à un poste important. Mais l’éloignement de Paris, le sentiment d’inutilité et de vacuité de son travail, l’indifférence croissante qu’affichent les autorités roumaines à son égard au fur et à mesure que la guerre tourne mal pour l’Axe, le conduisent à chercher un dérivatif dans l’approfondissement de ses travaux sur la rationalisation économique. Ces derniers risquent de ne pas suffire à le préserver d’une récidive de la dépression qui l’a déjà frappé à plusieurs reprises depuis son amputation.

Ambassadeur en Bulgarie : Charles Pomaret Né en 1897. Docteur en droit. Député de la Lozère depuis 1928. Fait partie de trois cabinets Laval dans les années 30. Il est ministre du Travail au moment du Sursaut, auquel il ne croit pas. Partisan d’une paix immédiate, il refuse cependant d’entrer dans le premier gouvernement du NEF. Il accepte néanmoins, comme Chautemps en Norvège, un poste d’ambassadeur. Sa prise de fonction à Sofia n’est cependant effective qu’à la fin de 1941, lorsque, sous la pression allemande, la Bulgarie déclare la guerre aux Alliés. Depuis son arrivée, il maintient un discours de façade favorable au NEF, mais qui commence à sonner de plus en plus faux, pourraient remarquer les Bulgares… s’ils s’intéressaient vraiment au NEF. De plus, il fréquente de plus en plus souvent les salons de l’ambassadeur soviétique, Alexandre Andreievich Lavrishev, ou de l’ambassadeur espagnol, Julio Palencia y Tubau. A chacune de ses visites, il repart en oubliant une enveloppe, une sacoche, voire une mallette. En réalité, Pomaret, à l’instar de Chautemps, fait partie de ces hommes politiques partisans d’un armistice en 1940, mais n’ayant pas dérivé vers le fascisme (comme certains de leurs collègues dès les années 30). Prenant conscience que non seulement le gouvernement légal ne s’effondrait pas, mais qu’il allait probablement finir par l’emporter, ils ont commencé à tenter de se racheter. Chautemps a déserté son poste en passant en Suède. Pomaret, n’ayant aucune frontière commode à portée de la main, transmet des renseignements à des alliés des Alliés (l’URSS) ou à des neutres plus ou moins ambigus (l’Espagne, où Flandin a renoncé à son ambassade).

Ambassadeur en Serbie : Max Bonnafous Né en 1900. Normalien. Maître de conférence en science sociale à la faculté de Bordeaux. En 1936, il porte les couleurs du Front Populaire aux législatives, mais il est battu par . Pacifiste et proche de Marcel Déat, il accepte le portefeuille de l’Agriculture dans le premier gouvernement du NEF. Mais il négocie trop âprement au goût des autorités d’occupation, qui obtiennent son renvoi en mois d’un an. Nommé ambassadeur du NEF en Serbie, il n’est pas un représentant très enthousiaste de la Nouvelle France. Dès qu’il le peut, il quitte Belgrade (et sa femme) pour rejoindre Paris (et sa maîtresse, l’actrice Gaby Morlay), en prétendant qu’il va consulter Pierre Laval.

Ambassadeur en Croatie : Jacques Chevalier Né en 1882. Normalien. Filleul de feu le maréchal Pétain. De 1921 à 1940, il est doyen de la faculté des lettres de Grenoble. C’est son lien avec Pétain (encore vivant au moment de la constitution du NEF en août 1940) qui décide Laval à le nommer ministre de l’Instruction Publique. Cet intellectuel catholique détonne fortement entre l’ancien communiste Doriot et l’ancien socialiste Déat, qui finissent par obtenir son renvoi au bout de quelques mois. Il est expédié comme ambassadeur dans la très catholique Croatie en 1941. Fait prisonnier lors d’un raid de Partisans titistes en juin 1943, il ne sera pas remplacé.

Ambassadeur au Monténégro : Jean Goy Né en 1892. S’illustre pendant la Première guerre, qu’il termine avec le grade de sous- lieutenant et la croix de guerre avec quatre citations. La paix revenue, il devient président de l’Union nationale des combattants (UNC), principale association d’anciens combattants de droite. En 1934, il rencontre Hitler à Berlin. À son retour en France, il publie un article dans lequel il rapporte les paroles d’Hitler, qui lui a affirmé « aucun Allemand ne désire la guerre ». Cette démarche est mal accueillie par la majorité de la presse française. Désavoué par le président de l’UNC, il réussit à obtenir le soutien des membres de l’association et en devient président en 1935. Il devient aussi secrétaire général du Comité France-Allemagne, qui vient d’être créé. Député Gauche Radicale de la Seine (1924-1936), puis député du Calvados (à partir de 1938), il est l’un des « 70 de Toulouse » qui refusent de Déménager. Fin 1940, il se rapproche de Déat et adhère au RNP, mais Déat le juge trop mou et le fait envoyer en 1941 à Cetinje comme ambassadeur auprès du royaume (sans roi) de Monténégro.

Ambassadeur en Norvège : Gaston Bergery Né en 1892. Parti en guerre simple soldat, il la termine avec le grade de sous- lieutenant (et une Military Cross britannique pour services rendus comme agent de liaison). En 1918, il devient secrétaire général adjoint interallié de la Commission des réparations. Il le restera jusqu’en 1924. De 1924 à 1925, il dirige le cabinet du ministre des Affaires étrangères. Il est délégué à la Conférence de Londres, puis chargé d’une mission aux Etats-Unis avant de reprendre en 1926, à Paris, sa profession d’avocat spécialisé dans le droit international privé. Député de Seine et Oise de 1928 à 1934 (il démissionne pour protester contre les conséquences politiques des émeutes du 6 février), il est réélu en 1936 et siège chaque fois à la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée Nationale. Indéboulonnable ministre des Affaires Etrangères de Laval d’août 1940 à juillet 1943, il est nommé ambassadeur du NEF en Norvège par son successeur Avenol. Il accepte tout de suite, désirant s’éloigner du nouveau gouvernement, dont il prévoit le funeste destin. Peut-être rêve-t-il d’une évasion à la Camille Chautemps, son prédécesseur, qui a réussi à gagner la Suède, puis l’Angleterre, au début de 1943 ? Certes, “l’évadé” est à présent en résidence surveillée au fin fond de l’Afrique, mais, selon les informations qu’a réussi à obtenir Bergery, il ne devrait pas être inquiété par la justice après la guerre…

Haut-Commissaire pour les Comptoirs, Concessions et Protectorats Français d’Extrême-Orient : Georges Bonnet Né en 1889. Avocat de formation. Député radical-socialiste de Dordogne à partir de 1924. Plusieurs fois ministre sous la Troisième, ambassadeur aux Etats-Unis de 1937 à 1938, ministre des Affaires Etrangères en 1939, il tente de s’opposer à la déclaration de guerre. Secrétaire d’Etat aux Questions Economiques pendant quelques mois aux débuts du NEF, il est pour ainsi dire banni par Pierre Laval en 1941 quand il est nommé au poste ingrat de représentant du NEF en Asie. Après une série de vexations – il a été contraint de signer avec les Japonais des accords dépouillant la France de ses possessions en Asie au profit de marionnettes de Tokyo – il croupit maintenant dans des “ambassades” aux quatre coins de la sphère d’influence japonaise. Il réside actuellement à Xilin Gol, dans le Menggjiang (état mongol fantoche pro-japonais), dans des conditions plus proches de la résidence surveillée que de la représentation diplomatique. Les dirigeants mongols ont cependant pour lui beaucoup d’égards – sans doute se sentent-ils proches de ce représentant d’un autre état fantoche de plus en plus dédaigné par ses maîtres. Appendice 3 Les têtes des bras armés du NEF Chefs des polices, services d’ordre et forces armées du Nouvel Etat Français au lendemain de l’arrivée au pouvoir de Jacques Doriot

Police Secrète d’Etat : Né en 1915. Participe aux combats jusqu’en juillet 1940 au sein de la 8e DINA. Echappe à la capture comme au Déménagement. Démobilisé, il se joint quelque temps à divers groupes collaborationnistes à Chambéry (d’où il est originaire), en zone d’occupation italienne. Il entre en juin 1941 au SONEF de Lyon, où il effectue un travail jugé « remarquable » par ses supérieurs, devenant chef régional au printemps 1942. En septembre 1942, alors que la création de la Garde française fait perdre au SONEF ses effectifs en uniforme, il est nommé à sa tête par un décret de Laval, sans doute inspiré par Doriot bien qu’avec l’accord de Darnand. Soucieux de faire de l’organisme réduit qui lui reste un outil d’une fiabilité sans faille, il se distingue par la création de Brigades Mobiles factices destinées à camoufler une purge sévère. Entre 100 et 200 membres du SONEF seront ainsi éliminés en quelques semaines, pour la plupart abattus sans procès, parfois livrés à la Gestapo et déportés. Lors de la période trouble du printemps 1943, il joue à la perfection sur plusieurs tableaux, lâchant successivement Darnand puis Laval pour obtenir enfin la tête de la Police Secrète d’Etat, ersatz de Gestapo souhaité par Doriot, désireux de complaire à ses maîtres allemands. Très tôt, il décide de diviser en quatre département la nouvelle organisation, qui n’aura bientôt plus grand chose à voir avec le SONEF, dont elle a pourtant récupéré le personnel, les locaux et les moyens matériels. ……… – Premier département (Ennemis de l’Etat) : René Besson Inspecteur du contre-espionnage français avant la guerre, il est recruté par l’Abwehr en 1936 et livre la nouvelle organisation du contre-espionnage français. Découvert en 1938, il est condamné en 1939 à vingt ans de travaux forcés. Au moment du Sursaut, un commando spécial de l’Abwehr le fait évader de la prison de Clairvaux. En 1941-42, il va infiltrer plusieurs groupes de résistants liés au MI-6 et au MI-9, conduisant à plusieurs centaines d’arrestations. Dès le mois de juillet 1943, il est recommandé (imposé ?) à Doriot et Touvier par les services allemands pour prendre la tête du département le plus important de la PSE. Notons ici que c’est ce département qui reprend le personnel et les attributions (en théorie, le contre-espionnage) de la Brigade de Répression des Menées Anti- Nationales mise sur pied au sein du ministère de l’Intérieur et de la Sécurité de l’Etat. ……… – Deuxième département (Sectes religieuses) : Paul Chack Né en 1876. Ecrivain, capitaine de vaisseau. Responsable du service historique de la Marine entre 1921 et 1934. Fasciné par le fascisme puis par le nazisme, il glisse peu à peu au cours des années 30 vers l’antisémitisme. Adhère en 1937 au PPF, dont il devient membre du bureau politique. Il crée en 1942 le Comité d’action antibolchevique, officine de propagande et de recrutement de la LVF, puis de la Division Charlemagne. C’est dans ce cadre que Doriot fait sa connaissance au printemps 1943. Séduit par sa culture, le nouveau président du Conseil « conseillera » à Touvier de le recruter pour ce département dont la raison d’être est de garder un œil, voire une main, non sur les sectes (c’est à dire sur les Juifs), mais sur l’ensemble des religions, ou plutôt des religieux ! ……… – Troisième département (Administration et Affaires du Parti du Renouveau Français) : Né en 1910. Journaliste, il écrit dans plusieurs journaux antisémites et anticommunistes avant la guerre. Exclu du Francisme de Marcel Bucard au début des années Trente pour excès d’antisémitisme (!). Membre du PPF dès 1936, il est chargé des services de renseignements du parti. C’est donc tout naturellement qu’en juillet 1943, il est choisi par Doriot pour s’occuper du Troisième département, censé s’occuper des affaires du PRF, ce parti unique qui n’existe que sur le papier. Sa véritable mission est de recueillir pour le compte du PPF des renseignements sur les autres composantes du parti unique, qui permettront de les éliminer quand la victoire allemande autorisera une moindre retenue. Il est aussi récompensé pour avoir contribué au recrutement de Lahcen et Cavailhé, deux des membres de l’équipe responsable du fameux attentat des Douanes d’Oran commis contre Paul Reynaud en janvier 1943. ……… – Quatrième département (Relations avec les polices étrangères) : Camille Jouxtel Né en 1898. Entre à la Sûreté nationale. Commissaire de police à Tébessa (département de Constantine) en 1926, puis commissaire principal à Argenteuil en 1939. Impliqué dans diverses affaires louches (détournements d’argent notamment), il est d’abord rétrogradé puis muté à Marly le Roi en 1942. Au début de 1943, il est la cible d’une procédure de renvoi, en application des lois de 1940 du NEF permettant l’éviction de tout fonctionnaire indésirable. Mais Jouxtel a su se faire des amis à la Gestapo parisienne et un certain Helmut Knochen finit par obtenir qu’il ne soit pas radié… Mais au contraire nommé chef du Quatrième département de cette nouvelle PSE ! Il semble qu’une grande partie de son activité ait consisté à fournir à ses collègues des polices allemandes de passage à Paris divers services, tels que des repas gratuits aux meilleures tables et des nuits tout aussi gratuites dans des maisons alors réputées. Malheureusement, l’aide qu’il a apporté aux collègues en question a été parfois moins festive.

Organisation d’Action Nationale : Docteur Henri Martin Né en 1895. Médecin à la Salpétrière, longtemps actif dans l’Action française (secrétaire général adjoint pour la région parisienne), conseiller d’Henri Dorgères (dirigeant du mouvement paysan fascisant des “Chemises vertes”), il est à la tête du service de renseignements de . Après le coup d’état projeté de novembre 37, il s’enfuit pour l’Italie avant d’être gracié par Daladier, qui le nomme capitaine- médecin. Il entre dès sa création dans l’OAN de Deloncle, qui joue le rôle de service de renseignements extérieurs du NEF. Il occupe dans cet organisme, toujours très mal connu tant il cultive le secret, une place importante – sans que l’on sache exactement laquelle, mais il est sans doute impliqué dans l’attentat d’Oran contre Paul Reynaud. A la suite de la « tentative d’évasion » de Deloncle, il lui succède comme directeur de l’OAN. Sa position vis-à-vis du gouvernement du NEF, des Allemands, voire même d’Alger n’est pas claire, ce qui lui convient parfaitement : il pourra tenter de jouer sur plusieurs tableaux comme Deloncle avant lui. Mais une demi-douzaine de superviseurs, tant français qu’allemands, le surveillent de près afin qu’il mène à bien l’unique mission qui lui a été confiée. Il s’agit de répertorier les informations recueillies par l’OAN pour les transmettre, officiellement, à un hypothétique Cinquième département de la PSE en charge du contre-espionnage (qui ne verra jamais le jour) – et officieusement, aux différents services allemands. Le tout devrait être terminé avant la fin de l’année 1943. L’OAN doit alors être dissoute et ses éléments mutés aux divers départements de la PSE.

Renseignements Généraux de la Sécurité Nationale : Jean Degans Né en 1909. Ingénieur agronome. Militant à l’Action Française puis à la Cagoule. Mobilisé en 1939, il finit la campagne de France avec le grade de sergent. Adhère au SONEF dès sa création et devient rapidement chef du service de renseignements de l’organisation. Lorsque Touvier prend la tête du SONEF en septembre 1942, Degans est nommé “superviseur”, c’est-à-dire qu’il est chargé de faire des fiches sur chacun des membres des brigades travaillant en civil. Cette « supervision » débouche sur le renvoi, la déportation ou l’exécution de plusieurs centaines de membres du SONEF. Cette tâche achevée, au printemps 1943, il est nommé par Darnand, toujours ministre, Directeur des Renseignements Généraux de la Sécurité Nationale. Cette nomination ne sera pas remise en cause par Doriot.

Secrétariat Général à la Police : René Bousquet Né en 1909. Chef adjoint du cabinet du ministre de l’Intérieur Cathala en 1931. Chef de cabinet du ministre de l’Agriculture en 1935. Roger Salengro confie en 1936 à cet excellent administrateur la responsabilité du fichier central de la Sûreté Nationale. Sous-préfet de la Marne en 1938, il en devient préfet peu de temps après l’armistice signé par Laval. Mi-1941, il est nommé par Joseph Darnand au Secrétariat Général à la Police, ce qui lui permet de rendre divers services à des personnalités variées, telles que François Mitterrand. Retournant sa veste juste au bon moment, il traverse sans difficulté apparente les soubresauts qui agitent le NEF en 1943. Au service de Doriot, c’est à dire des Allemands, qui l’apprécient fort, il reste l’administrateur hors pair qu’il a toujours été.

Préfecture de Police de Paris : Jean Chiappe Né en 1878. La plus grande partie de sa carrière administrative se déroule au ministère de l’Intérieur, où il débute en 1899 comme rédacteur, avant d’être nommé secrétaire de la Direction de l’administration pénitentiaire. En 1909, il devient chef de cabinet du Secrétaire général du ministère de l’Intérieur, puis adjoint au chef de cabinet des ministres de l’Intérieur Briand, Klotz et Renoult. Sous-chef du bureau des Affaires politiques en 1911, il est nommé chef du bureau en 1916. Il devient directeur de la Sûreté générale en 1924 et c’est en 1927 qu’il est nommé Préfet de Police. A ce poste, il réprime des manifestations communistes, tout en se faisant des amis dans les milieux d’extrême-droite, tels que , à l’Action française. Il a les meilleures relations avec l’hebdomadaire nationaliste Gringoire, dont le directeur, Horace de Carbuccia, est son gendre. Très populaire dans les milieux conservateurs, il l’est également chez les policiers parisiens, dont il a amélioré les conditions de travail et de vie. Son éviction en janvier 1934 est l’un des éléments responsables des émeutes du 6 février. En 1935, pour ses débuts en politique, il est élu au Conseil Municipal de Paris, avant de devenir en 1936 député de la Seine. En juillet 1940, lorsque le Parlement réuni à Toulouse entérine la poursuite de la lutte outre-Méditerranée, il est absent, ayant préféré rester dans la capitale « pour mieux défendre ses concitoyens opprimés par l’ennemi et partager leurs épreuves ». Cette attitude lui avait d’ailleurs valu un message de félicitations signé de Paul Reynaud. Cela ne l’empêche pas de rester apprécié à l’extrême-droite. En août 1940, il est sollicité par Laval pour entrer au gouvernement du NEF, proposition qu’il décline poliment. En 1941, il est longtemps le favori de Darnand et de Laval pour un poste de secrétaire d’Etat à la Police, mais plusieurs déclarations publiques où il affirme « la primauté des forces de l’ordre traditionnelles et régaliennes sur les organisées par divers ministres » passent assez mal aux yeux de Doriot, Déat et même de Darnand. Laval (histoire peut-être de faire la nique aux trois autres) lui rend néanmoins le poste de Préfet de Police de Paris en septembre 1941. Ses prises de positions en faveur de “sa” police, dont il refuse qu’elle devienne un auxiliaire des milices ministérielles, ne lui font pas que des amis au sein du NEF, mais renforcent encore son prestige auprès de “ses” hommes. Néanmoins, il n’est pas un agent d’Alger : anticommuniste ardent, il pourchasse de son mieux les FTP et autres groupes et réseaux “rouges”, en particulier à partir du lancement de l’opération Barbarossa, ce qui le conduit souvent à s’en prendre à la Résistance en général. En moins de deux ans, il a échappé à trois tentatives d’attentats, dont les responsables n’ont pas pu être identifiés. Seule certitude : il y en aura d’autres…

Renseignements Généraux de la Préfecture de Police : André Baillet Né en 1900. Après un court passage dans l’armée (1920-1922), il entre à la Préfecture de Police en tant que secrétaire suppléant des commissariats. Reçu au concours de commissaire en 1934, il est affecté dans le 15e arrondissement. Du fait de rapports conflictuels avec les syndicats, il développe un anticommunisme prononcé. Affecté à la direction des RG en 1938, il crée en mars 1940 une Brigade Spéciale chargée de lutter contre les communistes (qui sont encore à l’époque des alliés de l’ennemi allemand). Souvent en concurrence avec le SONEF et les Croisés de la Reconstruction, cette brigade est dissoute en septembre 1942. Baillet ne restera pas longtemps sans emploi : en novembre, Pierre Laval, dont il est proche (le père de Baillet fut commissaire pendant trente-cinq ans à Aubervilliers, le fief de Laval), le fait nommer directeur des RG de la Préfecture de Police. Là encore, Doriot ne remettra pas en cause cette nomination, ce qu’il faut attribuer à la souplesse du personnage plutôt qu’à la mansuétude du nouveau président du Conseil.

Administration Pénitentiaire : Lucien Rottée Nommé Directeur de la Police municipale en novembre 1940, puis Directeur des RG de la Préfecture de Police en 1941. En novembre 1942, Laval lui enlève son poste pour promouvoir son protégé Baillet et l’expédie à l’Administration Pénitentiaire. Fonctionnaire dans l’âme, Rottée n’est pas particulièrement fidèle au cabinet Laval (puis au cabinet Doriot) et apprécie moyennement les autorités d’occupations. Il tente même, semble-t-il, de concilier les consignes d’Alger avec les ordres de Paris, mais il se montre sans pitié pour les responsables d’actions jugées terroristes (c’est-à-dire provoquant des pertes dans la population civile).

Commissariat général aux Questions Juives : Louis Darquier de Pellepoix Né en 1897. Membre des Croix-de-Feu et proche de l’Action française, il manifeste place de la Concorde en février 1934. En 1935, il est élu au Conseil Municipal de Paris. Rédacteur à la revue L’Antijuif, il écrit en 1935 à propos des Juifs « Qu’on les expulse ou qu’on les massacre ». En 1937, il fonde le Rassemblement Antijuif. Deux ans plus tard, il est condamné à trois mois de prison pour incitation à la haine raciale dans son journal La France enchaînée. En 1940, il s’engage malgré son âge. Fait prisonnier en juin, il est libéré par les Allemands en août ! En octobre, il fonde l’Union française pour la Défense de la Race. Il succède le 5 juillet 1943 à (jugé à la fois trop proche de Laval et trop mou dans son antisémitisme) au poste de Commissaire général aux Questions Juives.

Garde de la Sécurité Economique : Georges Bouttier Né en 1899. Adhère au début des années Trente aux Croix de Feu, puis à la Cagoule. Rejoint fin 1940 un éphémère et atypique parti politique baptisé “Parti du Feu”, dirigé par le député du Calvados Maurice Delaunay (qui se fait appeler François-Henry Prométhée et se proclame Maître du Feu !). Il devient secrétaire, chef de brigade et enfin agent de liaison du Feu auprès des services allemands. Quelques mois plus tard, lassé des plaisanteries du Maître du Feu (qui ne tardera pas à fermer boutique et consacrera le reste de son existence à son premier métier, l’agriculture), il entre dans la Garde de Sécurité Economique crée par Marcel Déat, dont il gravit rapidement les échelons jusqu’à finir par en prendre la tête à la fin de l’année 1942.

Garde Française : général Georges Misserey Né en 1879. Commandant le XIIe C.A. durant la Campagne de France, il est fait prisonnier. Il est libéré en 1941, sur proposition du NEF et non sur sa demande, pour prendre la tête de la Garde Française, l’unité d’élite du NEF voulue par Laval. Probablement flatté à l’idée de pouvoir œuvrer à la mise en place et au commandement d’une unité d’élite, Misserey finit par accepter. Il n’affiche cependant aucun dévouement particulier à l’égard du NEF, espérant peut-être que s’il se cantonne à un rôle strictement militaire, il ne sera pas inquiété si d’aventure le sort des armes était favorable à Alger et non à Matignon.

Légion Tricolore : général Eugène Bridoux Né en 1888. Directeur de l’école de cavalerie de Saumur avant la guerre, un temps proche d’un certain colonel De Gaulle, il commande la 41e D.I en 1940 et c’est à ce poste qu’il est fait prisonnier. Il est libéré en 1941 pour devenir le bras droit de Misserey à la Garde Française. Ambitieux, il s’affiche, contrairement à son chef, comme un ultra de la Collaboration. Il est l’un des acteurs clés (avec Brinon) du coup de force de fin juin 1943 qui conduit à l’éviction de Laval au profit de Doriot. En contrepartie, il obtient le commandement de la Légion Tricolore, unité créée à l’initiative du ministre de la Défense, Jacques Benoist-Méchin. La Légion Tricolore est censée regrouper l’élite de l’élite, mais ne rassemble pour le moment que 13 000 hommes arrachés à la Force de Sécurité du Territoire et fait quelque peu double emploi avec la Garde. La Garde de Sécurité Economique, les DDL, les DGA et la STF lui sont rattachés administrativement, mais ce lien ne doit se concrétiser qu’après la fin des hostilités. Il n’est pas exclu que Bridoux ait surtout vu dans ce commandement le droit de ramener à la maison son fils Eugène-Jean, engagé dans la LVF, avant qu’il lui arrive malheur… Force de Sécurité du Territoire : général Pierre Olléris Né en 1890. Commandant le 8e Régiment de Dragons en 1940, il est fait prisonnier. Libéré peu après (ou évadé, selon les sources), il va proposer ses services à Pierre Laval. Ravi de l’aubaine, ce dernier le nomme très vite chef de son cabinet militaire, poste qu’il occupera durant plus de deux ans. Il travaille notamment à la mise en place de la Force de Sécurité du Territoire. C’est assez naturellement qu’après le renvoi du général Laure, le 2 janvier 1943, il demande et obtient sans mal de prendre sa succession à la tête de la FST. Il n’est pas inquiété lors de la prise du pouvoir par Doriot, mais il va voir ses forces réduites à 30 000 hommes environ après la création de la Légion Tricolore. Faisant apparemment contre mauvaise fortune bon cœur et n’ayant plus grand-chose à glaner auprès d’un Laval mis sur la touche, il va se consacrer à choyer les régiments qui lui restent, notamment ceux basés dans le Morvan et le Vercors…

Force Navale de Sécurité : amiral Jean de Laborde Né en 1878. Commandant en chef des forces maritimes de l’Ouest au moment du Sursaut, il refuse d’obéir aux ordres du nouveau gouvernement quand il apprend l’éviction du Maréchal Pétain. Placé en état d’arrestation, il est “oublié” dans des circonstances mystérieuses au moment du Déménagement. Affichant une antipathie prononcée pour De Gaulle et Darlan (qu’il jalouse d’avoir pris une place qui lui revenait de droit), il n’a guère plus de tendresse pour son ministre (moins gradé que lui), le contre-amiral Platon. Ses rêves les plus fous l’amènent à espérer une guerre portée sur le continent africain, où l’on verrait la flotte française se rallier à son panache blanc… Il doit se contenter de la famélique “flotte” du NEF, constituée pour l’essentiel de chalutiers et de bateaux-feux.

Force Aérienne de Défense : colonel Jean de Vaugelas Né en 1913. Ancien élève de l’Ecole de l’Air, il se fait gloire d’avoir été limogé de l’armée d’active pour avoir manqué de respect à un officier “de couleur”. Officier de réserve, il est mobilisé, participe à la campagne de France puis s’illustre lors de la conquête de la Sardaigne comme lieutenant dans un groupe de bombardement. En 1941, il déclenche une rixe en critiquant violemment la politique gouvernementale visant à accorder une pleine citoyenneté aux combattants indigènes et à leurs familles. Il est alors muté dans une unité de transport. Mais le 1er juin 1942, le manque de pilotes expérimentés oblige à le réintégrer dans une formation combattante. Au feu, il se comporte bien, mais fin septembre, son avion est abattu au-dessus de Reggio de Calabre et il est fait prisonnier. Il ne tarde pas à se faire remarquer des services italiens par ses critiques virulentes à l’encontre du gouvernement d’Alger et par ses propos dithyrambiques à l’égard des « vrais combattants » comme Darnand. Début décembre, les Italiens le livrent aux Allemands dans le cadre d’un marché dont on ignore les autres termes. Il est libéré au printemps 1943 et remis le 3 juillet au gouvernement Doriot. Il se voit promu colonel (!) et on lui confie le commandement de la Force Aérienne de Défense. Il est ravi d’apprendre qu’en pratique, il n’aura de compte à rendre qu’au Generalfeldmarschall Hugo Sperrle, commandant la Luftflotte 3 (en charge de la France et du Benelux) – et non au général Olléris (dont il est censé dépendre, la FAD étant théoriquement une composante de la FST), ni même au ministre de la Défense Benoist-Méchin. Il ne sait pas encore qu’à la date de sa nomination, les seuls appareils en état de vol de l’aviation doriotiste sont des avions de liaison désarmés. Détachements de la Défense du Littoral : lt-colonel Louis-Maurice Zeller Né en 1895. Officier de marine, il est lieutenant de vaisseau en 1920. En 1925, alors qu’il est en poste en Indochine, il est réformé par mesure disciplinaire pour trafic de stupéfiants et retourne vivoter dans sa Bretagne natale. Fin 1940, il rejoint l’éphémère Mouvement Social Révolutionnaire de Deloncle, puis il s’engage dans les Détachements de Défense du Littoral, où il fait preuve d’un enthousiasme apprécié des autorités allemandes. En 1942, il s’engage dans la LVF, où il reçoit le grade de capitaine et le commandement d’une compagnie. Néanmoins, son caractère difficile finit par le faire renvoyer par le colonel de Planard quelques jours seulement avant le baptême du feu du régiment au printemps 1943 (ne supportant plus les plaintes de ses hommes concernant le manque de ravitaillement, il a ouvert le feu sur la cantine de sa compagnie pour qu’on cesse enfin de le déranger avec des problèmes d’intendance !). Rentré en France avec le grade de commandant, il prend la tête du bureau de recrutement de la LVF dans les Côtes du Nord. Il rejoint par la même occasion le bureau départemental du PPF. Choix très judicieux puisque quelques semaines plus tard, l’arrivée au pouvoir de Doriot lui offre une promotion au grade supérieur ainsi que la direction nationale des Détachements de Défense du Littoral ! La situation bizarre de ces derniers, qui sont rattachés à la Légion Tricolore tout en dépendant pour leur financement du secrétariat à la Marine et non du ministère de la Défense, comprenne qui peut, ne le dérange nullement. En plus de cette activité, il se rapproche de différents services allemands. Aux uns il promet de créer avec ses meilleurs hommes des unités de saboteurs qui opéreront derrière les lignes alliées après l’inévitable Débarquement. Aux autres, il fournit de la main-d’œuvre pour traquer les Juifs, Bolcheviques et Résistants de toutes sortes (mais surtout les Juifs, femmes et enfants de préférence).

Détachements du Guet Aérien : général Max Knipping Né en 1892. Aviateur durant la Première Guerre, termine le conflit avec le grade de sous-lieutenant, la Légion d’Honneur et la croix de guerre avec cinq citations. Travaille ensuite dans l’aviation civile, tout en restant réserviste dans l’aviation. Membre des Croix-de-Feu. Mobilisé en 1939 avec le grade de capitaine au GC II/12. Chef valeureux (croix de guerre avec deux citations, officier de la Légion d’Honneur), il est abattu en juillet. Blessé, il est hospitalisé et échappe à la capture. Une fois remis, un ami d’ami l’introduit auprès de Laval, auquel il affirme qu’il est colonel, l’époque favorisant ce genre d’exagération. Sans hésiter, “le Président” le fait général et le bombarde ministre de l’Air. Son aviation n’a cependant que bien peu de moyens et encore moins de missions, et le scandale du 1er janvier 1943 provoque sa quasi disparition. En juillet, son ministère est effectivement supprimé par Doriot, qui lui concède cependant le commandement des Détachements du Guet Aérien, rattachés à la Légion Tricolore tout en dépendant pour leur financement du ministère de l’Intérieur et de la Reconstruction Nationale.

Surveillance du Trafic Ferroviaire : Pierre Bonny Né en 1895. Entre dans la police en 1918. Travaille d’abord en province avant d’être versé à la Sûreté nationale. Ambitieux et efficace, il gravit les échelons et devient inspecteur général et officier de police judiciaire malgré une moralité plus que douteuse. En 1935, à la suite de l’affaire Stavisky, il est condamné à trois ans de prison avec sursis et chassé de la police pour trafic d’influence et détournement de fonds dans l’exercice d’une fonction publique. A la fin de 1940, il prend la tête du SONEF de Paris (sis 93 rue Lauriston) puis il devient chef du SONEF pour l’ensemble de la région parisienne en 1942. En 1943, il espère obtenir la tête de l’un des départements de la nouvelle PSE, mais il est déçu. Il n’a droit qu’à un prix de consolation : la direction de la “Police du Rail”, rattachée à la Légion Tricolore tout en dépendant pour son financement du secrétariat aux Travaux Publics et aux Transports.

Gendarmerie Nationale : général de gendarmerie Fernand Taillardat Né en 1890. Commande la 21e Légion de la Garde Républicaine au moment du Sursaut. Il reste en Métropole – sur ordre du ministère – afin de limiter le démembrement de la Gendarmerie. Laissé en place par Laval, qui semble le considérer pour son gouvernement comme une sorte de “témoin de légalité”, il connaîtra quelques succès (notamment en ce qui concerne les gendarmeries locales), mais aussi de nombreuses déconvenues (notamment lors de l’attribution de la plupart des locaux et du matériel de la Gendarmerie Nationale à la Garde Française). S’affirmant « fidèle au Président Laval » (mais non au président Doriot…), il utilisera toutes les arguties administratives pour couvrir des gendarmes de tous grades ayant refusé de participer à des rafles antijuives ou à des opérations contre la Résistance. Les proches de Doriot estiment que cette « mollesse » est responsable de la création de plusieurs réseaux de Résistance au sein de ce qui reste de la Gendarmerie dans le Nouvel Etat Français, mais ils n’ont encore jamais pu lui faire porter la responsabilité directe de faits de Résistance.

Légion des Volontaires Français : colonel Maurice de Planard puis lieutenant-colonel Henri Lacroix Né en 1890, Maurice Castan de Planard de Villeneuve est vétéran de la Première Guerre et officier de réserve. Directeur de banque, mais surtout Cagoulard dans les années Trente (proche de Deloncle, il commande la Cagoule du 17e arrondissement de Paris), il est chef de bataillon et dirige l’état-major de la 25e Demi-Brigade de Chasseurs Alpins en 1940. Fait prisonnier, il s’engage dans la FST : libéré, il est alors nommé lieutenant-colonel. Dès la création de la Légion des Volontaires Français contre le Bolchevisme, il demande et obtient sans mal sa mutation. Nommé colonel, il prend la tête de l’unité que la Wehrmacht a baptisée « Franzosischer Infanterie- Regiment 638 ». Il est rendu responsable de la première et désastreuse intervention de la LVF sur le front russe au printemps 1943. Doriot décide rapidement de le remplacer par le chef de bataillon Henri Lacroix, nommé lieutenant-colonel. C’est ce dernier qui supervise la reconstitution (en Slovaquie, pays frère du NEF) du 638. IR(f), que la Wehrmacht destine à des opérations de lutte anti-partisans en Europe Centrale et de l’Est. Cependant, malgré ses efforts, l’effectif du régiment a bien du mal à dépasser celui d’un bataillon, en raison des désertions ou des mutations impossibles à refuser vers la SS. Celles-ci seront nombreuses, surtout à partir de la création de la Division Charlemagne, en août 1943. A ce propos, notons pour finir que la pseudo-division Charlemagne ne fait pas partie de cette liste, car cette unité n’est pas aux ordres du NEF, mais uniquement de l’Allemagne nazie.