Fantasque Time Line | 1940

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Fantasque Time Line | 1940 Chapitres 16-17 – Le naufrage de l’empire italien Octobre 1940 En France occupée La Collaboration prend ses aises 1 er octobre La Collaboration Le Temps entre deux chaises Lyon – Malgré les sollicitations de Pierre Laval et son insistance, la direction du Temps, non sans avoir hésité et consulté de plusieurs côtés – y compris le cardinal primat des Gaules, les dirigeants de la presse lyonnaise, divers consuls étrangers et un homme de mauvaise mine qui s’affirme l’agent officieux du Deuxième Bureau d’Alger – décide de ne pas regagner Paris et, jusqu’à nouvel ordre, de demeurer “entre Saône et Rhône”. Elle accepte cependant de recevoir des subsides sur les fonds secrets du Nouvel Etat Français pour compenser la baisse de la publicité, et ne refuse pas une allocation de papier exceptionnelle qui lui permettra de tirer tous les jours sur seize pages. Le quotidien sera acheminé sur la capitale par train postal à 14 heures, dès sa sortie de l’imprimerie, et disponible à Paris en kiosque le lendemain matin, sauf les jours de caviardage. 2 octobre La Collaboration Louis Renault contre Drieu la Rochelle Paris – Après d’intenses tractations entre les hommes du PPF (Doriot), ceux du RNP (Déat), les anciens de la Cagoule et ceux de l’Action Française, la liste des membres de l’Assemblée des Forces Vives de la Nation est enfin publiée. Cette Assemblée doit entériner (il n’est pas question de débattre…) la Charte Fondamentale. Sa composition comprend notamment, dans des proportions qui ont été âprement débattues, des représentants des Corporations Industrielles et Agricoles (tout juste créées), des Anciens Combattants, des Mères de Famille et des « Artistes Authentiquement Français ». Louis Renault fera partie de cette Assemblée. Arrivé début juin aux Etats-Unis sur demande du gouvernement français, c’est sans enthousiasme que l’industriel avait rencontré plusieurs officiels, généraux et industriels américains pour discuter de production de chars en grande série (notamment des Somua et des B1bis). Il faut dire que Louis Renault était à titre personnel opposé à la guerre et qu’il avait même paru freiner la production d'armement de ses usines. L’affaire avait justifié son éviction de la direction de sa propre société en novembre 1939, avec la bénédiction du ministre de l’Armement Raoul Dautry 1. Le 11 juin, il avait pourtant rencontré le président Roosevelt. Mais quelques jours plus tard, alors qu’il se trouvait au Canada, Renault avait appris avec fureur que ses chères usines allaient être abandonnées à l’ennemi. Convaincu qu’il faudrait tôt ou tard négocier avec l’Allemagne nazie, il avait décidé de rentrer en France au plus vite et l’avait fait savoir aux responsables de la Mission de l’Armement. Toutefois, le gouvernement Reynaud s’était dans un premier temps opposé à son retour, car les compétences de Louis Renault semblaient 1 Ironie du sort, quelques mois plus tôt, Renault, probablement usé par des mois de lutte face aux syndicats de sa société, toujours à la pointe des luttes sociales, avait très sérieusement envisagé d'abandonner de lui-même son poste de patron autocratique et recherché un remplaçant. indispensables au bon déroulement des tractations (notamment financières) avec les Américains, en particulier dans l’optique de la construction de l’usine de Savannah. Début août, Renault avait fini par obtenir gain de cause. Il prétendait en effet pouvoir éviter que les usines Renault soient entièrement mises au service de l’Occupant. Il semble aussi que l’équipe de Raoul Dautry ait redouté qu’il puisse saboter les négociations industrielles avec les Américains, négociations au demeurant bien avancées, en compliquant la conception et la fabrication des chars “franco-américains”, s’il était maintenu en place contre sa volonté. Accompagné de sa femme et de son fils, Renault avait donc embarqué dans un Clipper de la Pan-American effectuant la liaison New York - Lisbonne. Fin août, il avait pu gagner la frontière française et début septembre, après un long périple sur un réseau routier parsemé de destructions, il était arrivé à Paris. Le retour d’un héros de la Grande Guerre n’était pas passé inaperçu et avait même été applaudi par la presse collaborationniste, qui commençait à paraître (ou à reparaître). C’est pourquoi Marcel Déat était venu le chercher au nom du gouvernement Laval, dont il était ministre de l’Economie et du Travail, pour lui proposer d’être l’un des vice-présidents de l’Assemblée des Forces Vives de la Nation – ce que Renault avait immédiatement accepté, à la grande amertume d’Alger. A Washington, l’affaire avait provoqué des commentaires ironiques, mais avait été rapidement oubliée. C’est en tant que vice-président que Renault proteste aujourd’hui avec vigueur contre la nomination à l’Assemblée d’un autre personnage fort connu et qu’il a des raisons personnelles de haïr : « ce petit sauteur de Drieu la Rochelle ». « La nomination de Drieu comme l’un des représentants des Artistes Authentiquement Français ne devait rien au hasard. Drieu avait été proche du PPF de Doriot de 1936 à 1939 et avait continué de se radicaliser ensuite. S’il avait quitté Paris fin mai, c’était moins pour fuir l’avance des troupes allemandes que par crainte d’une arrestation par « la police de ce Juif de Mandel ». À sa maîtresse Beloukia (identifiée par la suite comme Christiane Renault, l’épouse de Louis Renault), il avait déclaré fin mai : « Ils profiteront du chaos pour m’exécuter au coin d’un bois ! » Mais Mandel avait des chats plus sérieux à fouetter. Dès le 6 août, Drieu, qui avait été témoin des derniers combats de l’Armée française sur la Dordogne, était rentré à Paris dans l’espoir de participer à la naissance de ce grand parti fasciste français qu’il appelait de ses vœux. Pour cela, il avait renoué avec Doriot par l’intermédiaire d’amis communs de la banque Worms. En effet, s’il avait d’abord pensé prendre la direction de la Nouvelle Revue Française (NRF), « cet amas de Juifs, de pédérastes, de surréalistes timides… », il avait aussi des ambitions politiques, se voyant bien à la tête de la diplomatie du Nouvel Etat Français, aux côtés puis, pourquoi pas, à la place de son vieil ami Bergery. Pourtant, son autre vieil ami, Otto Abetz, nommé le 15 août ambassadeur auprès du GPEF, l’avait mis en garde contre les risques d’un engagement collaborationniste trop précoce et l’avait encouragé à voir plus loin. Le vide qui régnait autour du GPEF offrait cependant des opportunités trop tentantes pour Drieu. Comme il méprisait Laval et se méfiait de Déat, le retour vers Doriot, que pourtant il n’aimait pas, était inévitable. » (P. Andreu et F. Grover, Drieu la Rochelle, Hachette, 1979). 3 octobre La Collaboration La bravoure vue par Xavier Vallat Paris – En plein jour, rue des Rosiers, une dizaine de jeunes du PPF se ruent sauvagement sur des membres de l’Organisation de Secours des Enfants Juifs (OSEJ) et les rouent de coups. Accourue, la police parisienne arrête les agresseurs et les emprisonne au commissariat du IVe arrondissement ! En fin d’après-midi, une délégation musclée du Comité constitutif du PRF, conduite par Xavier Vallat, vient sortir de prison ces jeunes braves et les conduit à la salle de la Mutualité, où se déroule un meeting organisé par leur Comité. Là, ils sont ovationnés par le public. 4 octobre La Collaboration La bravoure, vue par Laval et Doriot Paris – Le préfet de Police proteste officiellement auprès de Pierre Laval contre l’action de Xavier Vallat, la veille. Laval et Doriot ripostent en conférant le statut d’agents assermentés aux membres du service d’ordre du PRF. Du futur PRF, plutôt : ce dernier, dont la presse parisienne autorisée parle comme s’il existait déjà, n’a toujours pas été officiellement créé en raison des dissensions entre Doriot et Déat sur la composition du Conseil National. De ce fait, il n’existe que des Comités Constitutifs locaux, où se déroule une lutte d’influence acharnée entre les hommes de Déat et Doriot. 5 octobre 6 octobre La Collaboration Laval souhaite la victoire de l’Allemagne Paris – Dans une allocution radiodiffusée, Pierre Laval salue « les héroïques aviateurs allemands qui décollent nuit et jour de la Terre française pour attaquer la Grande- Bretagne. » Le texte initial de son allocution mentionnait en conclusion : « Je crois en la victoire des forces allemandes. » Joseph Darnand lui faisant remarquer que cette « croyance » en une victoire militaire était de peu de poids, surtout venant d’un civil, Laval corrige la formule et conclut par : « Je souhaite la victoire de l’Allemagne, qui mettra fin à cette guerre insensée et nous préservera du danger du bolchevisme. » 7-8 octobre 9 octobre La Collaboration Doriot et Déat se partagent le gâteau Paris – Le Gouvernement provisoire de l’Etat Français prend de nouveaux décrets sur l’organisation économique du pays. Doriot ajoute à son titre de ministre de l’Intérieur celui de ministre de la Reconstruction Nationale, appellation floue qui lui permet de se mêler de tout, au cas où les attributions de l’Intérieur n’y suffiraient pas. De son côté, Déat prend la tête du Conseil national des Corporations Industrielles et Agricoles Françaises. Le GPEF reconnaît le PPF de Doriot, le RNP de Déat et le Mouvement Franciste de Marcel Bucard (qui a renoncé à l’appellation Mouvement Social Révolutionnaire) comme « forces légitimes de la constitution du futur Parti du Renouveau Français ». Devant les protestations de l’Action Française, le GPEF finira par lui attribuer le même titre le 14 octobre. Ce rattrapage ne suffira pas au vieux Maurras, qui grogne que « Décidément, Laval et consorts sont consternants.
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