L'affaire Du « Petit Gignoux »
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Mémoire de quatrième année Histoire Politique L’Affaire du « petit Gignoux » Symptôme du climat politique en France sous le premier Gouvernement Blum (Juin 1936 - Juin 1937) Laroze Barrit Sébastien Mémoire dirigé par Monsieur le Maître de conférences : Gilles Vergnon Soutenu le 20 Juin 2011 Jury :Monsieur le Professeur : Bruno Benoit et Monsieur le Maître de Conférences : Gilles Vergnon Table des matières Remerciements . 5 Epigraphe . 6 Sigles et abréviations . 7 Introduction . 8 Printemps 1937 : Le Front Populaire sous le feu des critiques . 8 Un climat de luttes politiques violentes . 9 La situation politique lyonnaise . 9 L’Affaire Gignoux comme symptôme du climat politique en France pendant les années Blum . 10 De l’utilisation des archives pour décrypter les positions des forces politiques en présence . 11 Partie I : L’Affaire Paul Gignoux . 13 Chapitre I : Le meurtre de Paul Gignoux dans le quartier de la Croix-Rousse . 13 I. Sociologie du quartier de La Croix-Rousse dans les années trente . 13 II. La famille Gignoux . 15 III. Les circonstances du drame . 17 Chapitre II : Une enquête délicate . 19 I. Le déroulement de l’enquête . 20 II. L’émotion soulevée par l’Affaire . 21 III. L’âge des agresseurs . 22 IV. L’exploitation politique de l’enquête . 24 Partie II : L’Affaire Gignoux comme illustration de la vie politique en France sous le premier Gouvernement Blum. 28 Chapitre I : L’Affaire Gignoux, une bagarre d’enfants à ne pas politiser . 29 I. L’Affaire Gignoux traitée comme une bagarre d’enfants dans la presse . 29 II. Les positions de la LDH et de l’Union des syndicats ouvriers du Rhône . 31 Chapitre II : L’Affaire Gignoux, une affaire de nature politique . 33 I. Le « petit Gignoux », victime de la politique du Front Populaire. 33 II. Le « petit Gignoux », victime d’un climat d’agitation politique . 35 III. L’Affaire Gignoux : symptôme de la violence des affrontements politiques sous le premier Gouvernement Blum . 37 Conclusion . 41 L’Affaire Gignoux, de la recherche de coupables à l’utilisation politique de l’enquête . 41 L’Affaire Gignoux comme révélateur des soutiens et des oppositions au FP. 41 L’Affaire Gignoux comme indicateur de l’intensité des luttes politiques . 42 L’Affaire Gignoux comme révélateur de l’affaiblissement du FP et de l’isolement du Gouvernement. 42 Sources et bibliographie . 44 Les Sources . 44 Archives . 44 Presse . 44 Sites internet . 44 Ouvrages ayant caractère de sources . 45 Bibliographie . 46 Ouvrages historiques généraux . 46 Ouvrages sur la France des années 30 . 46 Ouvrages sur la ville de Lyon . 46 Autres ouvrages . 47 Ressources en ligne . 47 Annexes . 48 Remerciements Remerciements J’adresse tous mes plus vifs remerciements à Monsieur le Maître de conférences Gilles Vergnon, tout d’abord pour la qualité de son enseignement de l’Histoire politique de la France de 1914 à 1940 à l’IEP de Lyon. De plus, je tiens à le remercier pour m’avoir suggéré ce thème de recherche qui était en totale adéquation avec mes intérêts et pour son aide précieuse pendant toute la durée de ma recherche. Aussi, je souhaite remercier Monsieur le Professeur Brunot Benoît pour son enseignement passionné et passionnant de l’Histoire politique de la France de 1789 à 1914 et pour sa participation au Jury. J’aimerais aussi remercier le personnel des archives municipales de Lyon et des archives départementales du Rhône qui m’ont accordé de leur temps pour me renseigner sur le fonctionnement des archives. Enfin, ce travail n’aurait jamais vu le jour sans le soutien de ma famille, de mes parents, de mes frères et de ma sœur, de ma grand-mère et de mon grand-père à qui j’exprime ici, ma plus profonde affection. 5 L’Affaire du « petit Gignoux » Epigraphe À ma maman 6 Sigles et abréviations Sigles et abréviations Sigle : Signification : ADR Archives départementales du Rhône AF Action française AML Archives municipales de Lyon CGT Confédération générale du travail CGTU Confédération générale du travail unifiée CNRP Comité national du rassemblement populaire FP Front Populaire HBM Habitation à bon marché LDH Ligue des droits de l'Homme PPF Parti populaire français PSF Parti social français SFIO Section française de l’internationale ouvrière 7 L’Affaire du « petit Gignoux » Introduction Printemps 1937 : Le Front Populaire sous le feu des critiques Au début de l’année 1937, le Gouvernement du Front Populaire (FP) doit faire face à des contestations de plus en plus virulentes venant à la fois de l’opposition, mais aussi de sa propre coalition. Cette montée de contestation contre le Gouvernement s’explique par différents éléments. Tout d’abord, la situation économique notamment avec l’inflation du dernier semestre de l’année 19361, pousse le Gouvernement de Léon Blum à dévaluer la monnaie en Septembre 1936 contrairement à ce qui avait été annoncé pendant la campagne. De plus, face à ces problèmes financiers, Léon Blum annonce une « pause »2 en février 1937 dans les réformes sociales3 engagées pendant l’été 1936 mettant ainsi fin à la période d’état de grâce dont jouissait le Président du Conseil auprès de la classe ouvrière. Parallèlement à la dégradation de la conjoncture économique, l’amplification de la contestation s’explique par la transformation de la droite extraparlementaire dont une partie se radicalise tandis que l’autre se transforme en plusieurs Partis Politiques. Cette transformation est en fait le résultat de la dissolution des principales ligues d’extrême droite4décrétée le 18 juin 1936 qui a poussé certains groupes à la radicalisation, tandis qu’il a permis à d’autres l’intégration au système. L’exemple de la « Cagoule » : organisation créée dans le courant de Juin 1936 et rassemblant des anciens militants de L’Action française illustre cette radicalisation. En effet, elle est à l’origine de différentes actions violentes5 contre les antifascistes, surtout à partir de 1937. A l’opposé, le Parti populaire français (PPF) fondé en juillet 1936 par Jacques Doriot illustre l’intégration d’une partie de l’extrême droite au système républicain. De même, la dissolution de l’ancienne ligue des Croix de Feu du colonel de La Rocque, mène à la création du Parti social français (PSF) qui revendique en septembre 1936 600 000 adhérents6. Par conséquent, Léon Blum doit faire face à une opposition d’extrême droite réorganisée la fois dans des formes radicales mais aussi dans des formes intégrées au Système. 1 (+12% de juin à septembre pour les prix de gros). Pour plus d’informations : Cf. SIRINELLI J.F, La France de 1914 à nos jours, Paris, PUF, 2004, p. 144. 2 Discours radiodiffusé du 13 Février 1937. 3 Réformes engagées de Juin à Septembre 1936 telles que l’institution de quinze jours de congés payés, semaine de quarante heures, création de l’Office du blé etc... 4 Les Croix de Feu, les Jeunesses patriotes, le mouvement franciste, la Solidarité française. 5 En juin 1937, la Cagoule assassine des émigrés antifascistes italiens. 6 SIRINELLI J.F., op.cit., p.149. 8 Introduction La contestation s’intensifie aussi chez le patronat, « affolé »7 par les grèves d’occupation et qui s’organise en « Confédération générale du Patronat », le 4 août 1936. Cette réorganisation est, pour Jean François Sirinelli, à l’origine du « durcissement patronal » 8 de la fin de l’année 1936. Enfin, l’intensification de la contestation contre le Gouvernement s’explique par les dissensions au sein même de la coalition du Front Populaire. La question de l’aide militaire du Front Populaire au Gouvernement Espagnol menacé par un soulèvement militaire pendant l’été 1936 divise la majorité. Chez les ministres radicaux, deux tendances se dessinent, certains ministres tels que Camille Chautemps s’opposent à toute intervention contrairement à Jean Zay qui appuie la demande de Léon Blum pour une aide militaire au Gouvernement du « Frente Popular ». De plus, des parlementaires radicaux tels que Joseph Caillaux, trouvant leur appui parmi les classes moyennes9, s’opposent de plus en plus fermement à la politique intérieure du Gouvernement et n’hésitent pas à critiquer les troubles sociaux de l’été 1936, et l’inflation qui touche le pays. Par conséquent, la coalition du Front Populaire qui rassemblait Socialistes, Communistes, et Radicaux socialistes dans un Front commun antifasciste est, en 1937, affaiblie. Un climat de luttes politiques violentes A cette situation, s’ajoute une intensification de la violence entre anticommunistes et antifascistes. Alors que la lutte se caractérisait jusque-là surtout par un « affrontement verbal »10 à travers des manifestations ou encore à travers la presse, la « fusillade de Clichy » constitue un « affrontement physique »11. Le 16 mars 1937, alors que le PSF organise une assemblée à Clichy, des manifestants de gauche se réunissent pour empêcher la réunion et essuient les tirs de la Police venue faire respecter le principe de droit de réunion. Au final, l’affrontement fait 5 morts et 200 blessés chez les manifestants. Serge Berstein, dans la revue Vingtième siècle en 1985 qualifiait la situation du début de 1937 en France de situation de « guerre civile larvée »12. La situation politique lyonnaise La situation politique décrite précédemment s’applique aussi à l’échelle locale et notamment à la ville de Lyon. L’extrême droite est représentée essentiellement par L’Action française 7 Ibidem, p.150. 8 Ibidem. 9 BERSTEIN S., RUBY M., Un siècle de radicalisme, Pu du Septentrion,2004, p.101. 10 Serge Berstein et Pierre Milza expliquent que la France est en 1937 dans une situation de « guerre civile larvée » surtout verbale qui peut cependant se transformer en affrontement physique. Pour plus d’informations, consulter BERSTEIN S., MILZA P. , Histoire de la France au XXème : Tome 2 1930-1945,Hatier ,2005 ,p172.