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1 « Le capital immatériel s’affirme désormais comme un des paramètres les plus récents qui ont été retenus au niveau international pour mesurer la valeur globale des Etats et des entreprises ». Extrait du Discours Royal à la Nation adressé à l’occasion de la Fête du Trône le 30 juillet 2014 PREFACE Longtemps, l’aspiration à l’universalité fut liée à une domination de fait, par la force ou l’idéologie, par la culture ou la religion, les technologies maîtri- sées ou l’élan conquérant d’une civilisation... Encore qualifiait-on d’universel ce qui régentait l’espace considéré comme le centre du monde du moment, ce que la vision d’aujourd’hui, notamment avec l’essor de la Chine et l’émer- gence de l’Afrique, relativise. Pour nous méditerranéens, l’universel fut entre autres et tour à tour grec, romain, arabe, italien avec la renaissance, etc. Au siècle «des Lumières» apparaît un concept nouveau, un universalisme phi- losophique construit sur le dialogue, l’écrit et le verbe, et fondé sur la raison comme seul ciment du consentement espéré de tous. D’autres prétentions à l’universel qui s’ensuivirent eurent moins de délicatesse ; l’humanité ne s’en est séparée qu’au prix de millions de morts. Mais des volontés autoritaires à vocation hégémoniste sont toujours là, des idéologies, des radicalismes religieux, des systèmes économiques domina- teurs, des modèles technologiques ou économiques voulus sans alternative, des impérialismes déguisés en évidences incontournables parfois. Ce sont des machines à laminer les libertés comme les identités. Ces candidats à l’universalisme ne font pas bon ménage avec les particula- rismes. Ce sont aussi des sources de conflits, car de fait ils sont concurrents dans les esprits et les cœurs. L’universel est une aspiration humaine naturelle s’il s’agit de concilier la planète avec ce qui conditionne l’avenir de l’huma- nité toute entière. Les grandes conférences mondiales et l’espoir qu’elles soulèvent pour sécuriser le futur de notre monde le prouvent. Mais si les problèmes sont désormais vus de plus en plus à l’échelle de la planète, les solutions se heurtent pour l’essentiel aux murs des intérêts diver- gents, des cultures et des systèmes qui rendent les approches peu conci- liables, maintiennent les soupçons et alimentent les tensions. La paix du monde, le dialogue des idées, la cruciale tolérance des différences : tout cela passe par l’invention d’un universel nouveau qui établisse et har- monise des territoires consensuels, mais préserve aussi les identités et leurs expressions culturelles. 5 Le Maghreb ne porte pas d’universel prêt à l’emploi qu’il entendrait imposer ; il peine même à faire entendre la voix de ses intellectuels au-delà des fron- tières de leurs pays respectifs alors que leurs écrits ont souvent une dimen- sion universelle ; les auteurs l’ont dit et commenté de bien des façons dans nos tables rondes. Si nous avons ensemble un discours à tenir sur l’universel et peut-être une vision de ce qu’il pourrait-être, c’est à nos convictions pro- fondes et à notre histoire que nous le devons. La voix de nos écrivaines et de nos auteurs masculins porte un message universel modeste et profond, où sévit un cosmopolitisme porté par les dias- poras constituées au fil des générations. Les littératures maghrébines parlent arabe bien sûr, mais aussi amazigh, français, espagnol, anglais, néerlandais... L’Histoire rappelle les multiples formes du «vivre ensemble» dans l’harmo- nie et la tolérance que ce Maghreb a su installer au fil des siècles. Elle rap- pelle aussi son caractère multiculturel des origines - que reconnaît d’ailleurs la Constitution marocaine - et son appropriation des principales caractéris- tiques culturelles de «Al Andalous» en tant que modèle d’ouverture à l’uni- versel. Il n’est donc pas incongru de réfléchir ici à l’universel et pas préten- tieux de penser que notre Maghreb a sur le sujet quelque chose de profond à dire au monde, quelque chose de nouveau aussi dans l’univers des rapports de force qui jamais ne transigent et se régénèrent sans cesse dans l’affron- tement. La ville d’Oujda elle-même, cette année «Capitale de la culture arabe », n’est- elle pas un exemple de cet universel que notre époque convoite et échoue à constituer ? Les messages des intellectuels maghrébins et les réflexions qui les animent convergent vers cet appel à l’universel apaisé dont nous sommes héritiers. Sa Majesté le Roi Mohammed VI, en accordant son Haut Patronage à notre manifestation, témoigne de la volonté du Maroc d’agir dans ce sens. La forme nouvelle reste à réinventer. La pensée puisera pour cela dans nos cultures ancestrales, dans notre spiritualité, revenant aux sources de la trans- mission ; elle se nourrira tout autant de nos capacités à créer, innover, trans- gresser s’il le faut pour épouser mieux le monde d’aujourd’hui et construire celui de demain. Cet ouvrage révèle, à travers de multiples lectures, le formidable potentiel constitué sous nos cieux pour y parvenir. Que ces magnifiques personnes qui se sont exprimées ici avec talent et passion soient remerciées pour leur investissement à nos côtés. Lire leurs contributions est un formidable mes- sage d’espoir et un enrichissement pour la sagesse. Nous ambitionnons des échanges plus riches encore en 2019 ; à cette fin, nous vous donnons rendez-vous à Oujda du 09 au 13 octobre prochain, pour relever ensemble ce défi. Mohamed Mbarki Président du Salon «Lettres du Maghreb» 6 AVANT-PROPOS AVERTISSEMENT Cet ouvrage restitue les échanges de l’ensemble des tables rondes et pré- sentations tenues dans plusieurs salles dédiées du Grand Théâtre Moham- med VI d’Oujda et en différents lieux prestigieux de la ville, durant la deu- xième édition du Salon Magrébin du Livre d’octobre 2018. En ces occasions, toutes les interventions ont été enregistrées, qu’elles proviennent d’orateurs de référence prenant la parole en tribune ou qu’il s’agisse de questions et points de vue exprimés par les participants présents en salle. Ces enregistrements ont été retranscrits scrupuleusement. Le procédé a néanmoins ses limites et il importe de les relever. Ainsi, certaines déclara- tions, notamment prononcées hors micro, n’ont pu être captées ou l’ont été avec difficulté de sorte à ce que quelques interventions ou certains passages de déclarations n’ont pu être retranscrits ou ont pu l’être imparfaitement. De même, les interventions sont restituées ici en langue française mais elles ont pu être effectuées en d’autres langues. Cela correspond à l’ouverture traditionnelle de la Région de l’Oriental sur plusieurs cultures proches qui ont alimenté l’identité culturelle régionale, mais aussi à la pré-éminence naturelle de la langue arabe dans l’expression des intellectuels maghrébins, ainsi qu’à la pratique établie dans différents territoires, ou bien encore à des partenariats internationaux qui ont conduit des intellectuels étrangers non francophones à s’exprimer. Cette pluralité des langues d’expression est une richesse, reflet de celle de la Région de l’Oriental et plus largement du Ma- ghreb. Elle est aussi un risque quant à la bonne restitution de la pensée des orateurs puisque la traduction peut avoir introduit des nuances, voire d’éven- tuels contresens malgré la qualification et les efforts des traducteurs. L’honnêteté intellectuelle oblige donc à informer le lecteur que de possibles distorsions ont pu intervenir, même si les responsables de la publication ont fait de leur mieux pour les éviter, ou que certaines paroles prononcées n’ont pas pu être restituées. Il est donc essentiel pour les responsables de cette édition d’affirmer que tout éventuel manquement de cette nature n’aurait rien d’intentionnel et que, tout au contraire, tous les efforts ont été consen- tis pour respecter avec la plus grande intégrité les interventions exprimées. Malgré ces risques, il nous a semblé essentiel de faire partager au public toute la richesse des débats. Le Comité responsable de l’édition 7 SOMMAIRE Diasporas, les nouvelles Préface 5 identités africaines 136 Avant-propos 7 Migration et mondialisation 151 La Méditerranée : L’hommage à Touria Chaoui 11 entre culture et sépulture 166 Edition et patrimoine amazigh 182 Les principaux échanges des tables rondes 19 L’imaginaire des langues 191 Un monde cloisonné, Repenser l’universel 20 écrire sur les murs : Hommage à Gaza 205 Être arabe aujourd’hui 33 Les écritures féminines 216 Écrire et créer en Afrique 40 Islam et modernité 233 Vivre ici et rêves d’ailleurs 53 Le Maghreb vu d’Ailleurs 249 Orient et Occident : les nouveaux horizons L’instant poétique de pensée 60 Sud-Sud 261 Maghreb – Machrek : Les écritures féminines 270 Regards croisés 77 Islam et modernité 281 Les héritages culturels 88 Les écritures maghrébines 293 Les jeunes : repères et attentes 101 Présentation croisée entre une œuvre de fiction Les nouvelles Andalousies 112 et une œuvre essayiste 303 La création amazighe 122 La question de l'écriture 313 8 Patrimoine culturel Juif Le soufisme et la culture du Maghreb 330 de la paix avec la Fondation Al Moultaqua 426 Être migrant aujourd’hui 347 La conférence de presse Quelle place de l’universel de clôture 448 dans l’espace multiculturel africain ? 360 Le glossaire indexé La traduction et l’universalité 369 des participants 461 L’émergence des territoires 386 Le programme des Le livre audio et les éditeurs événements au jour le jour 477 indépendants 403 Le bilan du Salon : Conférence de l’Université images & chiffres 481 Mohammed 1er d’Oujda 413 9 10 11 L’HOMMAGE À TOURIA CHAOUI Invité d’honneur : Abdelhak El Mrini Modérateur : Mohamed Mbarki Participants : Abdelkader Retnani, Driss Khrouz Touria Chaoui Mohamed Mbarki Au nom de toutes les autorités locales et avec votre permission, je souhaite commen- cer par saluer Monsieur Abdelhak El Mrini qui est bien connu de vous tous, mais que je vais quand même présenter brièvement.