Faculté de Médecine
Laboratoire de Recherche en Orthopédie Traumatologie (LROT)
Etude des effets d’un courant électrique pulsé de basses fréquences sur les kératinocytes humains
Jean-François Collard
Thèse présentée en vue de l’obtention du grade académique de Docteur en Sciences Biomédicales et Pharmaceutiques
Devant le Jury composé des Professeurs :
Philippe LEBRUN (Président - ULB) Maurice HINSENKAMP (Promoteur - ULB) Carine MAENHAUT (Secrétaire - ULB) Véronique DEL MARMOL (ULB) Marcel ROOZE (ULB) Stéphane SWILLENS (ULB) Isabelle LAGROYE (Université de Bordeaux, France) Année académique Antonio SAROLIC (Université de Split, Croatie) 2015-2016
Faculté de Médecine
Laboratoire de Recherche en Orthopédie Traumatologie (LROT)
Etude des effets d’un courant électrique pulsé de basses fréquences sur les kératinocytes humains
Jean-François Collard
Thèse présentée en vue de l’obtention du grade académique de Docteur en Sciences Biomédicales et Pharmaceutiques
Devant le Jury composé des Professeurs :
Philippe LEBRUN (Président - ULB) Maurice HINSENKAMP (Promoteur - ULB) Carine MAENHAUT (Secrétaire - ULB) Véronique DEL MARMOL (ULB) Marcel ROOZE (ULB) Stéphane SWILLENS (ULB) Isabelle LAGROYE (Université de Bordeaux, France) Antonio SAROLIC (Université de Split, Croatie) Année académique 2015-2016
Remerciements
Je suis conscient que ce travail a été rendu possible grâce à la confiance que me témoigne le Pr. Hinsenkamp depuis plusieurs années. C'est un réel plaisir de discuter Sciences avec lui et de confronter nos idées. Je suis sincèrement reconnaissant pour l'autonomie et les nombreuses responsabilités qu'il m'a confiées au fil des années. Le terme le plus juste et pourtant si simple que m'offre la langue française pour lui témoigner ma gratitude est le mot "Merci".
Je remercie le Président de mon Comité d'Accompagnement, le Pr. Rooze, ainsi que ses Membres, les Prs. Maenhaut, Verschaeve et Hinsenkamp, pour les conseils et l'intérêt porté à ce travail ainsi que pour le soutien apporté lorsque certaines difficultés se sont présentées.
Il n'est pas possible de parler de cet écrit sans remercier le Pr. Burny pour ses nombreuses lectures, corrections et simplifications. Son œil averti et ses remarques ont été précieux pour améliorer et organiser ce texte. Je remercie également Monique Donkerwolcke, Sylvie Fourez et ma petite maman pour leur aide dans la recherche des coquilles, la correction orthographique et pour leur soutien.
J'ai également une pensée pour le Dr. Mukisi que je revois assis il y a quelques années dans ce bureau surchauffé pour terminer sa thèse avec le Pr. Burny; j'ai souvent songé à lui durant la rédaction pour me donner du courage…
Je remercie les Ingénieurs du Beams et du LISA de l'ULB et tout particulièrement le Dr. Mertens et Nicolas Juliemont pour leur aide précieuse lors des mesures et de l'analyse des paramètres électriques utilisés dans ce travail.
Merci au Pr. Maenhaut de m'avoir ouvert son laboratoire pour y réaliser les PCR et au Dr. Dom pour sa sympathie et ses précieux conseils.
Je souhaite remercier le Pr. de Maertelaer pour ses avis et conseils avisés dans le domaine des statistiques.
Merci au Pr. Soularue pour notre fructueuse collaboration et à son équipe pour leur accueil au sein de PartnerChip (Commissariat à l'Energie Atomique (CEA), Evry France). Je remercie tout particulièrement le Dr. Baulade pour son aide et ses conseils dans l'analyse des échantillons microarrays.
Ce travail a été rendu possible grâce au financement du Belgian BioElectroMagnetics Group (BBEMG). Je remercie les différentes équipes universitaires pour l'intérêt porté à mon travail. Je remercie tout particulièrement le soutien et les encouragements du Pr. Verschaeve, Pr. Geuzaine, Dr. Crasson, Dr. Maes, Dr. De Ridder, Dr. Du Four, Véronique Beauvois, Maryse Ledent, Lyse Mulpas et Jean Hoeffelman.
Résumé Ces dernières décennies, les populations, civiles en général et professionnelles en particulier, ont été soumises à une exposition croissante aux champs électriques (EF) et magnétiques (MF) d'extrêmement basses fréquences (ELF). Différentes réponses biologiques ont été observées sur différents types de cellules et de tissus exposés à des courants et des champs ELF. Ces études permettent une meilleure connaissance de notre environnement électromagnétique mais les mécanismes biologiques précis et les implications des fréquences ELF sur la santé restent peu connus. Il est nécessaire de développer des protocoles de recherche pour répondre à ces questions. La revue exhaustive de la littérature met clairement en avant : - le manque de connaissance des mécanismes cellulaires activés après stimulation ELF; - l'importance de leur étude pour toutes recherches liées à l'utilisation de la stimulation ELF; - l'efficacité des techniques omiques qui permettent l'identification de ces mécanismes cellulaires; - l'importance du choix des modèles expérimentaux utilisés afin de faciliter l'extrapolation des résultats chez l'homme. Pour répondre à ces observations, nous avons recherché les gènes et les mécanismes cellulaires impliqués lors de la stimulation ELF sur un modèle de culture d'explants de kératinocytes humains mis en culture sur support dermique dévitalisé et stimulé par un courant électrique pulsé. Nous pensons que la recherche sur un modèle humain in vitro permet d'obtenir des résultats plus intéressants pouvant être extrapolés plus facilement aux études épidémiologiques ou cliniques. Les résultats préliminaires obtenus sur ce modèle de culture par Hinsenkamp et al. aboutissent à la même conclusion que leurs études des effets des champs sur le tissu osseux. Ils ont observés à partir de différents modèles, une maturation plus rapide de la matrice cartilagineuse associée à une accélération de l'ossification des tissus embryonnaires. Les analyses microarrays ont été réalisées sur 288 explants d'épiderme provenant de 3 cultures cellulaires indépendantes utilisant l'épiderme de 3 sujets différents. La première analyse des résultats montre que, pour un certain nombre de sondes, la valeur du taux d'expression est différente lorsque l'on compare deux à deux les conditions d'échantillonnage. Cette observation est valable pour l'évolution naturelle au cours du temps des cultures témoins (J4T/J1T : 296 sondes; J7T/J1T : 702 sondes; J12T/J1T : 1006 sondes) ou des cultures stimulées (J4S/J1T : 941 sondes; J7S/J1T : 625 sondes; J12S/J1T : 946 sondes) ainsi que pour la comparaison d'un temps stimulé à son temps témoin (J4S/J4T : 304 sondes; J7S/J7T : 220 sondes; J12S/J12T : 496 sondes).
L'analyse de l'évolution des résultats au cours du temps (comparaison de Jx à J1) pour le groupe témoin et stimulé montre que, si la stimulation augmente ou diminue la régulation de certains gènes par rapport à J1 (témoin), la variation n'est généralement pas suffisante pour statistiquement inverser le sens de la régulation naturellement observée dans le temps. Seuls 3 gènes (EPS8, ADAMTS1, NOS1) ne suivent pas cette règle.
De plus, la comparaison des listes de gènes aux 3 temps d'échantillonnage J4, J7 et J12, montre que 3 gènes sont systématiquement exprimés dans les trois groupes stimulés comparés à leur
II Résumé témoin respectif : TXNRD1, ATF3 et MME. Ils sont connus pour jouer un rôle dans la prolifération, la différenciation et la mitose.
L'analyse du rôle joué par DKK1 et MACF1 au temps J4 montre que la sur-expression de DKK1 et la sous-expression de MACF1 ont pour effet l'inhibition du "pathway Wnt" ce qui provoque une diminution de la prolifération et une augmentation de la différenciation terminale.
Parmi les variations intéressantes, BMP-2 est sur-exprimée au temps J12. Cette protéine est connue pour jouer un rôle important dans l'ostéogenèse, l'angiogenèse et la maturation cellulaire. Une analyse par triangulation montre que la stimulation par un courant ELF pulsé accélère la sur- ou la sous-expression de certains gènes qui, dans des circonstances normales (groupe témoin non stimulé), auraient suivi la même tendance (sur- ou sous-régulation) mais de manière plus lente. Parmi ces gènes, CHEK1, DKK1, NDRG4, SPRR3 sont connus pour jouer un rôle dans la prolifération et la différenciation; UBE2D3 est actif dans la voie de signalisation de la BMP-2; les autres gènes sont actifs dans la mitose, le développement cellulaire et la réplication de l'ADN. Nous avons ensuite utilisé des outils informatiques qui permettent une analyse sans apriori des résultats : L'analyse du graphe orienté acyclique généré par WebGestalt sur base des données de GO a mis en évidence les processus biologiques impliquant les gènes présents dans nos résultats et dont la régulation a été modifiée. Ces gènes ont des fonctions dans les mécanismes du cycle cellulaire, de la mitose, de la prolifération ou de la différenciation. Ces résultats sont cohérents avec les résultats macroscopiques précédents et les premières observations présentées ci-dessus. Pour mettre en évidence les voies de signalisation actives dans les processus biologiques, nous avons utilisé KEGG qui indique que les voies "cycle cellulaire" et "voie de signalisation de p53" utilisent un nombre statistiquement significatif de gènes présents dans nos résultats. Le cycle cellulaire et la mitose sont impliqués dans la prolifération cellulaire. La différenciation a également besoin de cette étape proliférative puisque ce sont les cellules filles qui deviendront des cellules matures. La "voie de signalisation p53" est également active dans le cycle cellulaire, la différenciation, l'apoptose et le maintien de l'intégrité cellulaire. L'analyse des voies connexes à "p53" et à "cycle cellulaire", utilisant des gènes présents dans nos résultats, a mis en avant plusieurs cascades dont certaines utilisent des gènes actuellement connus pour n'avoir de rôle que dans une seule cascade. Ces gènes sont des candidats potentiels à la fonction de marqueur de la stimulation ELF. On y retrouve entre autre FoxO : régulé par JNK (membre des MAPK), actif avec TGF-β1 dans la migration cellulaire et la diminution de l'apoptose; Jak/STAT qui active la voie "cytokine-cytokine receptor interaction" utile lors de la prolifération, différenciation, migration, apoptose et survie cellulaire; Wnt qui régule la prolifération, la différenciation ainsi que la mobilité cellulaire. D'autres voies d'intérêt mais n'utilisant pas de gène ayant une fonction unique ont été listées : PI3K/Akt, en partie régulée par la phosphorylation de FoxO, a une fonction dans la prolifération cellulaire. Les différentes analyses réalisées avec Pathway studio confirment qu'une grande majorité des gènes présents dans nos résultats sont actifs dans les processus de prolifération, différenciation, croissance cellulaire, cycle cellulaire, mitose, apoptose, migration et survie cellulaire. Plusieurs gènes et mécanismes discutés précédemment (ADAMTS1, ATF3, BMP-2, DKK1, DUSP4, MACF1, MME, PDGFRA, SFRP1, TXNRD1, WNT) ont été isolés par le programme.
III Résumé
La recherche des mécanismes utilisant les gènes isolés lors de l'analyse par triangulation les relie à la prolifération, la différenciation, l'adhésion cellulaire, la réplication de l'ADN et la mort cellulaire. Pathway Studio nous a permis de localiser dans la cellule les protéines qui devraient finalement être traduites suite à la modification de l'expression de leurs gènes. Cette analyse permet d'étudier les interactions entre l'extérieur et l'intérieur de la cellule ainsi que rechercher les protéines stimulant un grand nombre d'autres protéines ou recevant un grand nombre de stimuli. La protéine extracellulaire Endothelin 1 (ET-1), codée par le gène EDN1, agit sur 9 protéines membranaires différentes : EGFR par l'intermédiaire de la signalisation des MAPK; PDGFRA; GLUT-3 (exprimé à partir du gène SLC2A3); COX-2 (exprimée à partir du gène PTGS2); EP4 (exprimée à partir du gène PTGER4); PLAUR et les gènes IER3, CD44 et IL6ST qui seront traduits en protéines membranaires. Neuregulin 1, codée par le gène NRG1, est la seconde protéine extracellulaire la plus active vers les protéines membranaires différentes. L'analyse des résultats met en évidence 840 interactions entre une protéine extracellulaire et une protéine nucléaire en incluant une protéine membranaire et une protéine cytoplasmique. Les protéines membranaires recevant des informations du plus grand nombre de protéines extracellulaires sont EGFR et FAS. C'est également EGFR, une des voies de signalisation les plus importantes de la régulation de la croissance, la survie, la prolifération et la différenciation cellulaire, qui transmet le plus d'informations aux protéines cytoplasmiques. FAS est capable de réguler l'apoptose et la prolifération en fonction du taux de fixation de son ligand. A l'aide d'un screening par la technique des microarrays de l'expression des gènes réalisé sur des échantillons témoins et stimulés, nous avons : - vérifié la cohérence des résultats avec les études historiques; - mis en évidence les processus biologiques responsables de la réponse cellulaire observée; - isolé une liste de gènes "marqueurs potentiels" impliqués spécifiquement dans ces mécanismes: - vérifié l'hypothèse que la stimulation ELF accélère dans le temps l'apparition de phénomènes qui seraient apparus naturellement mais avec une latence plus longue. Les observations faites dans le cadre de cette étude ont mis en évidence un nombre important d'informations. Plusieurs d'entre elles nécessitent des recherches complémentaires afin de préciser et de confirmer les résultats. Il serait intéressant : - de comparer et de grouper les résultats de la littérature montrant des effets similaires même si la stimulation ou le modèle de culture sont différents; - de développer les techniques de microdosimétrie afin de connaître avec précision la stimulation reçue par la cellule; - de développer l'étude des signaux afin de découvrir la composante active qui déclenche la réaction de la cellule; - de mettre en place un protocole étudiant la voie métabolique Wnt sur des cellules sanguines en incluant un dosage de la β-caténine pour étudier l'effet de la stimulation sur la leucémie infantile. Il faudra vérifier que les gènes exprimés dans nos résultats soient finalement traduits en protéines actives afin de confirmer leur rôle comme marqueurs de la stimulation ELF.
IV
Abstract In recent decades, populations, civil in general and professional in particular, are subjected to increasing exposure of extremely low frequency (ELF) electric (EF) and magnetic (MF) fields. Several biological responses have been observed in different cell types and tissues exposed to currents and ELF fields. These studies contribute to a better knowledge of our electromagnetic environment but the precise biological mechanisms and implications on health of ELF frequencies remain unclear. It is necessary to develop research protocols to answer these questions. The comprehensive review of the literature clearly puts forward: - lack of knowledge of cellular mechanisms activated after ELF stimulation; - importance of their study for all researches related to the use of ELF stimulation; - omic techniques efficiency for identification of cellular mechanisms; - importance in the choice of experimental models used to allow extrapolation in humans. In response to these observations, we looked for genes and cellular mechanisms involved after ELF stimulation on a model of human keratinocyte explants cultured on devitalized dermal support and stimulated by a pulsed electric current. We think that research on in vitro human model provides more interesting results and can be extrapolated easily to epidemiological or clinical studies. Preliminary results of this model of culture obtained by Hinsenkamp et al. arrive at the same conclusion that their studies of the effects of fields on bone tissues where a faster maturation of cartilage matrix associated with the acceleration of the ossification of embryonic tissue models were observed. The first analysis of microarrays results obtained on cell cultures carried out independently with 288 skin explants from three different subjects shows, for some probes, that the expression level value is different when comparing two by two sampling conditions. This is true for the natural evolution during time of the control cultures (D4T/D1T: 296 probes; D7T/D1T: 702 probes; D12T/D1T: 1006 probes) and stimulated cultures (D4S/D1T: 941 probes; D7S/D1T: 625 probes; D12S/D1T: 946 probes) and for comparison of a stimulated sampling time to its control (D4S/D4T: 304 probes; D7S/D7T: 220 probes; D12S/D12T: 496 probes).
Analysis of the results over time (comparison of Dx with D1) for control and stimulated group shows, if the stimulation increases or decreases the regulation of some genes compared to D1 (control), that the variation is usually not sufficient to statistically reverse the direction of the natural regulation observed over time. Only 3 genes (EPS8, ADAMTS1, NOS1) do not follow this rule.
Furthermore, comparison of gene lists at the three sampling time D4, D7 and D12, shows that three genes are consistently expressed in the three stimulated groups compared to their respective control: TXNRD1, ATF3 and MME. They are known to play a role in proliferation, differentiation and mitosis.
Analysis of role of DKK1 and MACF1 at D4 shows that DKK1 over-expression and MACF1 down-regulation result in the inhibition of "Wnt pathway" which causes a decrease in proliferation and increased of terminal differentiation.
V Abstract
Another interesting variation, BMP-2 is over-expressed at D12 sampling time. This protein is known to play an important role in osteogenesis, angiogenesis, and cell maturation. An analysis by triangulation method shows that stimulation by pulsed ELF current accelerates the up- or down-regulation of some genes that, under normal circumstances (unstimulated controls) have followed overtime the same trend (up-or down-regulation) but more slowly. Among these, CHEK1, DKK1, NDRG4, SPRR3 are known to play a role in proliferation and differentiation; UBE2D3 is active in the signaling pathway of BMP-2; the other genes are involved in mitosis, cell growth and DNA replication. Then, we used bio-informatics tools to analyze the results without a priori: Analysis of directed acyclic graph generated by WebGestalt based on GO data showed biological processes involving the genes of our results. These genes have functions in the mechanisms of cell cycle, mitosis, proliferation or differentiation. These results are consistent with previous macroscopic results and the first observations presented above. To highlight the signaling pathways active in biological processes, we used KEGG and the results indicate that "cell cycle" and "p53 signaling pathway" use a significant number of genes present in our results. Cell cycle and mitosis are involved in cell proliferation. Differentiation also needs this proliferative step since these are the sister cells who will become mature cells. "p53 signaling pathway" is also active in cell cycle, differentiation, apoptosis, and the maintenance of cellular integrity. Analysis of related pathways "p53" and "cell cycle", using genes from our results, highlighted several cascades using genes known to have a function only in one cascade. These genes are potential candidates as marker of ELF stimulation. We find FoxO, regulated by JNK (MAPK Member), active with TGF-β1 in cell migration and decreased of apoptosis; Jak/STAT pathway that activates the "cytokine-cytokine receptor interaction" useful in proliferation, differentiation, migration, apoptosis and cell survival; Wnt which regulates proliferation, differentiation and cell motility. Other pathways of interest but not using a gene having a single function were listed: PI3K/Akt pathway, in part regulated by FoxO phosphorylation, has a function in cell proliferation. The various analyzes conducted with Pathway Studio confirm that a great majority of genes of our results are active in the processes of proliferation, differentiation, cell growth, cell cycle, mitosis, apoptosis, migration and cell survival. Several genes and mechanisms discussed above (ADAMTS1, ATF3, BMP-2, DKK1, DUSP4, MACF1, MME, PDGFRA, SFRP1, TXNRD1, WNT) were isolated by the software. Search of mechanisms using genes isolated during triangulation analysis highlight proliferation, differentiation, cell adhesion, DNA replication and cell death. Pathway Studio allows proteins localization in cell that would normally be translated following the modification of the expression of their genes. This analysis is used to study interactions between exterior and interior of the cell and look for proteins stimulating a large number of other proteins or receiving a large number of stimuli. Extracellular protein Endothelin 1 (ET-1), encoded by the EDN1 gene acts on 9 different membrane proteins: EGFR via MAPK signaling, PDGFRA, GLUT-3 (expressed from SLC2A3 gene), COX-2 (expressed from PTGS2 gene), EP4 (expressed from PTGER4 gene), PLAUR and IER3, CD44 and IL6ST genes that are translated
VI Abstract into membrane proteins. Neuregulin 1, encoded by NRG1 gene is the second most active extracellular protein to various membrane proteins. Analysis of the results shows 840 interaction of extracellular proteins to a nuclear protein including a membrane protein and a cytoplasmic protein. Membrane proteins receiving the largest number of extracellular proteins stimulation are EGFR and FAS. It is also EGFR, one of the most important signaling pathways regulating growth, survival, proliferation and cell differentiation, which transmit most information's to cytoplasmic proteins. FAS is able to regulate apoptosis and proliferation depending of its ligand binding rates. Using microarray screening of the genes expression realized on different control and stimulated samples, we have: - verified the consistency of results with historical studies; - highlighted biological processes responsible of the observed cellular response; - isolated a "potential markers" gene list specifically involved in these mechanisms: - verified the hypothesis that the ELF stimulation accelerates in time the occurrence of phenomena naturally appearing but with a longer latency. The observations made in this study showed a significant number of information. Many of them require further research to clarify and confirm the results. It would be interesting: - to compare and group results from the literature showing similar effects even if stimulation or culture model are different; - to develop microdosimetry techniques to know with precision the stimulation received by the cell; - to promote the study of electric signals to discover the active component that triggers the reaction of the cell; - to establish a protocol studying Wnt pathway on blood cells including a dosage of β- catenin to study the effect of the stimulation on childhood leukemia. It will verify that the genes expressed in our results are translated into active proteins to confirm their role as markers of ELF stimulation.
VII
Table des matières
REMERCIEMENTS ...... I RÉSUMÉ ...... II ABSTRACT ...... V TABLE DES MATIÈRES ...... VIII TABLE DES ABRÉVIATIONS ...... XI GLOSSAIRE ...... XIII CHAPITRE 1 - INTRODUCTION ...... 1 1.1 HISTORIQUE ...... 1 1.2 RECOMMANDATIONS DE SANTÉ PUBLIQUE ...... 2 1.3 STIMULATION D'EXTRÊMEMENT BASSES FRÉQUENCCES : EXEMPLES D'APPLICATION ...... 3 1.3.1 En orthopédie ...... 3 1.3.2 Analyse des mécanismes cellulairrees : études antérieures ...... 3 1.3.3 Développements actuels ...... 5 CHAPITRE 2 - REVUE DE LA LITTÉRATURE ...... 6 2.1 INTRODUCTION...... 6 2.2 MÉCANISMES CELLULAIRES IMPLIQUÉS DANS LA PROOLIFÉRATION ET LA DIFFÉRENCIATION DES KÉRATIINOCYTES ...... 6 2.3 ETUDES EXPÉRIMENTALES ...... 10 2.3.1 Expression des gènes et des protéines ...... 10 2.3.2 Modification du développement cellulaire ...... 11 2.3.2.1 Prolifération ...... 11 2.3.2.2 Différenciation ...... 11 2.3.3 Accélération d'un processus physiologique ...... 12 2.3.4 Génotoxicité ...... 12 2.3.5 Effet fenêtre ...... 13 2.3.6 Conclusions ...... 14 2.4 ETUDES ÉPIDÉMIOLOGIQUES ...... 27 2.4.1 Cancer ...... 27 2.4.1.1 Chez les enfants ...... 27 a. Leucémie infantile ...... 27 b. Cancer du cerveau ...... 29 2.4.1.2 Cancer chez les adultes ...... 29 a. Risque carcinogène ...... 29 b. Leucémie chez l'adulte ...... 29 c. Cancer du sein ...... 30 2.4.2 Maladie neurodégénérative ...... 30 2.4.3 Incidence sur la gestation ...... 33 2.4.4 Intolérance environnementale idiioopathique attribuée aux EMFM ...... 33 2.4.5 Conclusions ...... 34 2.5 ETUDES CLINIQUES ...... 35 2.5.1 Effets biologiques positifs ...... 35 2.5.1.1 Réparation tissulaire ...... 35 2.5.1.2 Consolidation osseuse ...... 36 2.5.2 Conclusions ...... 36 2.6 CONCLUSIONS DE LA REVUE DE LA LITTÉRATURE ...... 37 CHAPITRE 3 - OBJECTIFS DE L'ÉTUDE ...... 38
VIII Table des matières
CHAPITRE 4 - MATÉRIEL ET MÉTHODES ...... 39 4.1 MODÈLE DE CULTURE CELLULAIRE ...... 39 4.1.1 Préparation des supports dermiques ...... 39 4.1.2 Préparation des explants épidermiques ...... 39 4.1.3 Fabrication des supports en mousse ...... 40 4.1.4 Préparation des électrodes ...... 41 4.1.5 Préparation du milieu de culture ...... 41 4.1.6 Assemblage du modèle expérimental ...... 41 4.1.7 Mise au point du modèle de culture cellulaire ...... 43 4.1.7.1 Recherche de l'irradiation optimale des supports dermiques ...... 43
4.1.7.2 Vérification du taux de CO2 et de la température de l'incubateur ...... 44 4.1.7.3 Vérification de la composition du milieu de culture ...... 44 4.2 CARACTÉRISTIQUES ÉLECTRIQUES DE LA STIMULATION ...... 45 4.2.1 Caractérisation du signal électrique ...... 45 4.2.1.1 Générateur et modèle expérimmental ...... 45 4.2.1.2 Champs électromagnétiques ...... 46 4.3 PROTOCOLE EXPÉRIMENTAL ...... 49 4.3.1 Chronologie ...... 49 4.3.2 Prélèvement des explants et extraction de l'ARN ...... 49 4.3.2.1 Procédure ...... 49 4.3.2.2 Mise au point de l'extraction de l'ARN : quantité et qualité des échantillons ...... 50 4.3.3 Analyse de l'expression des gènes ...... 51 4.3.3.1 Microarray ...... 51 a. Intérêt de la technique ...... 51 b. Choix de la puce microarray ...... 51 c. Protocole ...... 51 4.3.3.2 Validation : qRT-PCR ...... 51 a. Technique ...... 51 b. Sélection des amorces ...... 52 c. Choix des gènes de normaliisation ...... 52 4.4 STATISTIQUE DES MICROARRAYS ...... 52 4.4.1 Fold Change et logarithme du Folld Change ...... 52 4.4.1.1 Relative Fold Change ...... 53 4.4.1.2 Fold Change et réplicas biologiques ...... 53 4.4.2 Variation significative de l'expression des gènes ...... 53 4.4.3 Normalisation et analyse statistique des données microarrays ...... 53 4.4.4 Utilisation de LIMMA et analyse par triangulation ...... 54 4.5 ANALYSE DES RÉSULTATS ...... 55 4.5.1 Par la littérature ...... 55 4.5.2 Par la bio-informatique ...... 55 CHAPITRE 5 - RÉSULTATS ET DISCUSSION ...... 57 5.1 ANALYSE MICROARRAY ET VALIDATION PAR QRT-PCR ...... 57 5.1.1 Résultats ...... 57 5.1.2 Validation ...... 57 5.2 ANALYSE MANUELLE DES RÉSULTATS MICROARRAYS ...... 57 5.2.1 Premières observations ...... 57 5.2.1.1 Résultats ...... 57 5.2.1.2 Discussion ...... 59 a. Expression du groupe témoin et stimulé au cours du temps ...... 59 b. Gènes systématiquement régulés ...... 60 c. Gènes codant DKK1 et MACF1 ...... 61 d. Gène codant BMP-2 ...... 62
IX Table des matières
5.2.2 Clustering en k-means...... 63 5.2.2.1 Résultats ...... 63 5.2.2.2 Discussion ...... 63 5.3 ANALYSE PAR TRIANGULATION ...... 66 5.3.1 Résultats ...... 66 5.3.2 Discussion ...... 67 5.4 LES MÉCANISMES CELLULAIRES ...... 70 5.4.1 GeneOntology module du site internet WebGestalt ...... 70 5.4.1.1 Résultats ...... 70 5.4.1.2 Discussion ...... 70 5.4.2 KEGG module du site internet WebGestalt ...... 73 5.4.2.1 Résultats ...... 73 5.4.2.2 Discussion ...... 74 5.4.3 Site internet KEGG : analyse manuelle ...... 74 5.4.3.1 Résultats ...... 74 5.4.3.2 Discussion ...... 77 5.4.3.3 En résumé ...... 80 5.5 PATHWAY STUDIO...... 81 5.5.1 Résultats ...... 81 5.5.2 Discussion ...... 88 5.6 DISCUSSION DU PROTOCOLE EXPÉRIMENTAL ...... 92 CHAPITRE 6 - CONCLUSIONS ...... 93 6.1 PERSPECTIVES ...... 96 ANNEXES 1 - RÉSULTATS ...... 98 TABLEAU A-1 : "LISTE A" ...... 98 TABLEAUX A-2 A, B, C : LISTES DES SONDES OBTENUES PAR TRIANGULATION ...... 120 TABLEAU A-3 : PROCESSUS CELLULAIRES AYANT PLUS DE 100 CONNEXIONS AVEC LES GÈNNES DE LA "LISTE A" ...... 124 TABLEAUX A-4 A, B, C, D, E : PROCESSUS CELLULAIRES QUI UTILISENT AU MOINS 7 GÈNES DE LA "LISTE A" ...... 129 TABLEAU A-5 : INTERACTIONS ENTRE LES PROTÉINES (EXTRACELLULAIRE VERS NUCLÉAIRE) ...... 136 ANNEXE 2 - LA TECHNIQUE MICROARRAY ...... 146 ANNEXE 3 - LA TECHNIQUE QRT-PCR ...... 150 ANNEXE 4 - LA PEAU ...... 152 ANNEXE 5 - NOTIONS DE PHYSIQUE ÉLECTRIQUE ...... 160 ANNEXE 6 - NORMES D'EXPOSITION AUX ELF ...... 166 ANNEXE 7 - PUBLICATIONS ...... 168 7.1 IN VITRO STUDY OF THE EFFECTS OF ELF ELECTRIC FIELDS ON GENE EXPRESSION IN HUMAN EPIDERMMAL CELLS BIOELECTROMAGNETICS 32:28-36 (2011) ...... 168 7.2 BONE MORPHOGENIC PROTEIN–MRNA UPREGULATION AFTER EXPOSURE TO LOW FREQUENCY ELEECTRIC FIELD INTERNATIONAL ORTHOPAEDICS 35:1577–81 (2011) ...... 177 7.3 STATISTICAL VALIDATION OF THE ACCELERATION OF THE DIFFERENTIATION AT THE EXPENSE OF THE PROLIFERATION IN HUMAN EPIDERMAL CELLS EXPOSED TO EXTREMELY LOW FREEQUENCY ELECTRIC FIELDS PROGRESS IN BIOPHYSICS AND MOLECULAR BIOLOOGY 111:37-45 (2013) ...... 182 7.4 CELLULAR PROCESSES INVOLVED IN HUMAN EPIDERMAL CELLS EXPOSED TO EXTREMELY LOW FREQUEENCY ELECTRIC FIELDS CELLULAR SIGNALLING 27:889–98 (2015) ...... 191 BIBLIOGRAPHIE ...... 201 THÈSE ANNEXE ...... 229 COMMENT VALIDER L’EFFET OSTÉO-INDUCTEUR DE LA POUDRE D’OS DÉMINÉRALISÉE ? ...... 229 CURRICULUM VITAE ...... 230
X
Table des abréviations
A549 Lignée cellulaire dérivée d'un adénocarcinome de cellules épithéliales pulmonaires humaines ADN Acide DésoxyriboNucléique ADNc ADN complémentaire ALL Acute Lymphoblastic Leukemia ou Leucémie Aiguë Lympholastique AML Acute Myeloid Leukemia ou Leucémie Myéloïde Aiguë ARN Acide RiboNucléique ARNm ARN messager Beams Laboratoire Bio, Electro And Mechanical Systems BEMER BioElectroMagnetric Energy Resonance BGC-823 Lignée cellulaire dérivée d'un cancer gastrique humain BMP Bone Morphogenetic Protein BMSCs Bone marrow stem cells ou cellules souches mésenchymateuses de la moelle osseuse COST European Cooperation in Science and Technology DAG Directed Acyclic Graph ou graphe orienté acyclique DKK1 Gène Dickkopf Homolog 1 DMEM Dulbecco Modified Eagle's Medium EF Electric Field ou champs électriques EGFR Epidermal Growth Factor Receptor EHS Electromagnetic hypersensitivity ou hypersensibilité électromagnétique ELF Extremely Low Frequency ou fréquences extrêmement basses ELF-EF Extremely Low Frequency Electric Field ou champs électriques d'extrêmement basses fréquences ELF-MF Extremely Low Frequency Magnetic Field ou champs magnétiques d'extrêmement basses fréquences EMF ElectroMagnetic Field ou champs électromagnétiques F12 Ham's F12 Nutrient Mixture FBS Fetal Bovine Serum ou sérum de veau foetal FC Fold Change FRC Fibroblastic Reticular Cells ou cellules fibroblastiques réticulaires
FCR Relative Fold Change GAG GlycosAminoGlycanes GO GeneOntology HaCaT Lignée cellulaire dérivée de kératinocytes humains hBMSCs Human Bone Marrow Stem Cells ou cellules souches mésenchymateuses de la moelle osseuse humaine HepG2 Lignée cellulaire dérivée d'hépatocarcinome humain hFSFs Fibroblastes de la couche sclérale de foetus humains hMSC cellules souches mésenchymateuses humaines HUVEC Human Umbilical Vein Endothelial Cells ou cellules endothéliales de veine ombilicale humaine HV-HVOL High Voltage - High Voltage Overhead power Lines ou ligne électrique aérienne de haut voltage IARC International Agency for Research on Cancer ICNIRP International Commission on Non-Ionizing Radiation Protection IEI-EMF Intolérance idiopathique environnementale attribuée aux champs électromagnétiques J Jour de prélèvement JNK c-Jun N-terminal kinase K562 Lignée cellulaire dérivée d'une leucémie myéloïde chronique KEGG Kyoto Encyclopedia of Genes and Genomes LIMMA Linear Models for MicroArray LISA Laboratories of Image, Signal processing and Acoustics LOVO Lignée cellulaire dérivée d'un adénocarcinome de colon
XI Table des abréviations
Table des abréviations (suite) MACF1 Gène microtubule-actine facteur 1 MAPK Mitogen Activated Protein Kinase Mc3T3-E1 Lignée cellulaire ostéoblastique murine MF Magnetic Field ou champs magnétiques MG63 Lignée cellulaire ostéoblastique dérivée d'un ostéosarcome humain MKN-28 Lignée cellulaire dérivée d'un adénocarcinome gastrique humain MKN-45 Lignée cellulaire dérivée d'un carcinome gastrique humain MSCs Cellules souches mésenchymateuses NB69 Lignée cellulaire neuroblastome humain dérivée d'une tumeur de la glande surrénale NDD NeuroDegenerative Disease ou maladies neurodégénératives NHEK Lignée cellulaire dérivée de kératinocytes épidermiques humains normaux NRPB National Radiological Protection Board NS Non Significatif OMS Organisation Mondiale de la Santé OR Odds Ratio ou risque relatif rapproché PBS Phosphate Buffered Saline ou tampon phosphate salin PC12 Lignée cellulaire dérivée de cellules de phéochromocytome (affection tumorale des cellules chromaffines de la médullo-surrénale) de rat PEMF Pulsed ElectroMagnetic Field ou champs électromagnétiques pulsés qRT-PCR quantitative Reverse Transcription Polymerase Chain Reaction RAW264.7 Lignée cellulaire dérivée de macrophages de souris rBMSCs rabbit bone marrow-derived MSCs ou lignée cellulaire dérivée de MSCs de lapin RCA Connecteur Radio Corporation of Amercia, appelé aussi CINCH S Groupe stimulé SaOS-2 Lignée cellulaire dérivée d'ostéosarcome humain SCENIHR Scientific Committee on Emerging and Newly Identified Health Risks SH-SY5Y Lignée cellulaire dérivée de neuroblastome humain SPC-A1 Lignée cellulaire dérivée d'un adénocarcinome pulmonaire humain T Groupe témoin TAMMEF Application thérapeutique des champs électromagnétiques modulés par un signal musical THP-1 Lignée cellulaire monocytaire humaine VHV-HVOL Very High Voltage - High Voltage Overhead power Lines ou ligne électrique aérienne de très haut voltage VSMCs Culture primaire de cellules de muscles lisses vasculaires aortiques WebGestalt WEB-based GEne SeT AnaLysis Toolkit
XII
Glossaire Abdominoplastie : Intervention chirurgicale qui consiste à retirer les excédents de graisse abdominale sous-cutanée associée à une ablation de l'excédent de peau. ADN complémentaire (ADNc) : Simple brin d'ADN artificiellement synthétisé à partir d'un ARNm, représentant la partie codante de la région du génome ayant été transcrit en cet ARNm. Amorces ou primers (annexe 3, p. 150) : Petits brins d'ADN d'environ 20 bases (oligonucléotides) capables de s'hybrider de façon spécifique grâce à la complémentarité des bases sur son brin d'ADN complémentaire. Les amorces sont choisies de façon à encadrer la séquence d'ADN à amplifier dans la technique PCR. Buffer RLT (Qiagen®) : Le tampon RLT est un tampon de lyse pour cellules et tissus avant isolation de leurs ARN. Cal osseux : Réaction cicatricielle souvent hypertrophique localisée au foyer de fracture et à proximité aboutissant à la consolidation osseuse. Cellules souches mésenchymateuses : Cellules capables de produire plusieurs types de cellules appartenant aux tissus squelettiques, tels que le cartilage, les os et la graisse. Chitosane : Polyoside composé de D-glucosamine liée et N-acétyl-D-glucosamine. Il est produit par désacétylation chimique (en milieu alcalin) ou enzymatique de la chitine composant l'exosquelette des arthropodes ou de l'endosquelette des céphalopodes. Conductivité électrique (σ) (annexe 5.3, p. 163) : Aptitude d'un matériau ou d'une solution à laisser les charges électriques se déplacer librement, permettant le passage d'un courant électrique. Dermatome de Wagner : Instrument chirurgical utilisé pour couper de très fines tranches de peau. Dulbecco Modified Eagle's Medium (DMEM) : Milieu de culture utilisé pour l'apport d'éléments nutritifs nécessaires au maintien et à la prolifération de presque tous les types de cellules in vitro. Il est dérivé du Eagle's minimal essential medium (EMEM). ELISA (technique ELISA) : Enzyme-Linked ImmunoAorbent Assay ou dosage d'immunoadsorption par enzyme liée ou dosage immuno-enzymatique sur support solide. Technique biochimique utilisant un ou deux anticorps. L'un de ceux-ci est spécifique de l'antigène, tandis que l'autre réagit aux complexes antigène-anticorps et est couplé à une enzyme qui peut émettre un signal grâce à un substrat chromogène ou fluorogène.
XIII Glossaire
FASTA : Format de fichier texte utilisé pour stocker des séquences biologiques de nature nucléique ou protéique. Ces séquences sont représentées par une suite de lettres codant pour des acides nucléiques ou des acides aminés. Ce format, de par son utilisation très répandue, est devenu un standard de facto en bio-informatique. Fetal Bovine Serum (FBS) : Sérum de veau fœtal, issu des fœtus de vache, est le sérum le plus largement utilisé en culture cellulaire. Les protéines globulaires (albumine de sérum bovin) sont le composant majeur de ce sérum. L'importante variété de protéines maintient les cellules en culture dans un milieu favorable à leur survie, croissance et multiplication. Glycosaminoglycanes (GAG) : Macromolécules glucidiques composant la matrice extracellulaire des tissus conjonctifs. Ham's F12 nutrient mixture (F12) : Milieu de culture développé par Ham. Conçu pour la croissance sans sérum de cellules d'ovaire et de poumon de hamster chinois; il est largement utilisé avec du sérum pour la culture de cellules de mammifères. Omiques (techniques omiques) : Techniques permettant une étude au niveau moléculaire de la réponse des gènes (génomique) des protéines (protéomique) et du métabolisme (métabolomique). Phosphate Buffered Saline (PBS, tampon phosphate salin) : Solution tampon isotonique contenant du chlorure de sodium, du phosphate disodique, du phosphate monopotassique et un peu de chlorure de potassium. Couramment utilisée en biochimie. Ce tampon sert surtout à rincer les cellules lorsqu'il faut enlever toute trace de milieu avant de les traiter. Protéomique : Etude de l'ensemble des protéines d'une cellule, d'un organite, d'un tissu, d'un organe ou d'un organisme à un moment donné et sous des conditions données. Pseudarthrose : Absence de consolidation des fragments osseux après une fracture. QIAshredder (Qiagen®) : Homogénéisateur composé d'un système de "broyage-biopolymère" inclus dans une colonne de microcentrifugation. qRT-PCR (annexe 3, p. 150) : PCR : réaction en chaîne par polymérase; RT : reverse transcriptase; q (ou real-time) : quantitative (ou en temps réel). La qRT-PCR est une réaction de polymérisation en chaine (PCR) c'est-à-dire une méthode de biologie moléculaire d'amplification d'ADN in vitro à partir d'un échantillon d'ARN (RT) capable de mesurer la quantité initiale d'ADN ou ARN (q).
XIV Glossaire
Rétinoïdes : Classe de composés chimiques dérivés de la vitamine A. Ils sont utilisés en médecine pour leur activité de régulation de la croissance et de la différenciation des cellules épithéliales. RNAlater (Qiagen®) : RNA Stabilization Reagent stabilise immédiatement l'ARN des échantillons tissulaires afin de conserver le profil d'expression génique. RNeasy Mini Kit (Qiagen®) : Le kit RNeasy Mini fournit une méthode de purification rapide de l'ARN à partir de cellules, tissus ou levure en utilisant des colonnes à membrane de silice avec une capacité de liaison de 100μg d'ARN. Sonde (ou probe) : En biologie moléculaire, une sonde d'hybridation est un fragment d'ADN ou d'ARN de longueur variable qui est complémentaire à une séquence spécifique d'un gène donné. L'annexe 2 (p. 146) décrit l'utilisation des sondes pour la technique microarray Affymetrix. Sterrad® : Marque déposée d'un appareil de stérilisation (Advanced Sterilization Products). Le procédé repose sur le pouvoir bactéricide du peroxyde d'hydrogène activé sous forme de plasma froid. Un plasma est une phase de la matière constituée de particules chargées; un gaz plasma est un gaz ionisé. Temps de diffusion d'une charge électrique : Dans un milieu donné, temps caractéristique de répartition des charges électriques pour atteindre une position d'équilibre. Temps de propagation de l'onde électromagnétique : Dans un milieu donné, temps mis par une onde électromagnétique pour parcourir une distance donnée (ordre de grandeur de la dimension du problème). Transcriptomique : Etude de l'ensemble des ARN messagers produits lors du processus de transcription d'un génome. Transduction : Mécanisme par lequel une cellule répond à l'information qu'elle reçoit en activant une série de signaux secondaires (internes ou externes à la cellule) ou des processus cellulaires internes (métabolisme, cycle cellulaire, motilité etc...). Translocation : Type de transport correspondant à un passage direct des protéines au travers d'une membrane via des pores. Western blot : Méthode de biologie moléculaire permettant la détection et l'identification de protéines spécifiques dans un échantillon biologique.
XV
Chapitre 1 - Introduction 1.1 Historique Depuis l'origine de la vie, le monde biologique est exposé aux champs électromagnétiques terrestres. En 1952, Schumann découvre les Ondes Transversales Magnétiques Terrestres connues sous le nom d'Ondes de Schumann ou Résonance de Schumann [Schlegel et al., 2002]. Nous référant au travail de Hinsenkamp [1994], les premières études sur ll'électricité et les tissus biologiques datent de la première moitié du 18ème siècle. Gray mesure la conductivité* des tissus biologiques et Franklin réalise des cures d'électrothérapie. A la fin du 18ème siècle, Galvani étudie la relation entre l'électricité et l'innervation motrice des muscles. En 1819, Oerstedt écrit une théorie de l'électromagnétisme qui rassemble les forces électriiques et magnétiques aboutissant à la découverte de l'induction électromagnétique par les frères Faraday. Dès 1812, la stimulation électrique est utilisée en Orthopédie par Birch sur une pseudaarrthrose* de tibia. Il est suivi par Lente, Holl, Garett, Béranger-Féraud qui observent d''autres cas guéris selon eux par le traitement. En 1847, Matteucci publie ses résultats sur l'électricité animale. A Saint-Pétersbourg, Grigor'jev (1881) publie "Metalloscopy and Metallotherapy" où il compile les données de l'action thérapeutique des champs magnétiques. En 1900-1901, Danilevsky publie une monographie intitulée "Research in Physiological Action of Electricity over a Distance" [Zhadin, 2001]. Depuis le début du vingtième siècle, les nouvelles technologies ont multiplié les sources de champs électromagnétiques (ElectroMagnetic Field : EMF) (annexe 5, p.. 160). Ils suscitent un intérêt croissant justifié par les risques potentiels sur la santé des lignes à haute tension et des courants domestiques (basse fréquence) et de la téléphonie mobile (haute fréquence) (tab. A-6, p. 165). Depuis quelques années, la recherche des applications cliniqquues de la stimulation électrique ou électromagnétique se dévelooppe étudiant les bénéfices qu'elle pourrait apporter à la santé. Les "champs à haute fréquence" ne sont pas traités dans cette étude. Les propriétés physiques de ces champs ainsi que leurs actions surr le vivant sont totalement différentes des champs de fréquennces extrêmement basses (Extremeely Low Frequency : ELF) (tab. A-6, p. 165). Ce sont des ondes très énergétiques capables de provoquer un effet thermique et une ionisation pour les plus hautes fréquences [OMS, 1998]. Au cours des dernières décennies, l'étude des effets biologiques des champs électriques (Electric Field : EF) et magnétiques (Magnetic Field : MF) ELF est devenue un sujet de recherche important. De nombreuses études expérimentales et épidémiologiques ontt été réalisées dans des domaines comme le cancer, les maladies neurodégénératives, la réponse immunitaire, l'intolérance environnementale idiopathiique, la grossesse, la réponse cellulaire et tissulaire comme la régulation de la mélatonine, la prolifération, la différenciatiion ou la cicatrisation osseuse. La compréhension de ces effets est d'actualité vu l'augmentation ces dernières années de l'exposition aux EMF tant dans la population générale que professionnelle. La recherche sur les effets de "faible intensité", en particulier à long terme, a été déclarée nécessaire par un document
* Voir Glossaire
1 Chapitre 1 - Introduction de l'Union Européenne [Parlement Européen, 2013]. Ces études contribuent à une meilleure connaissance de notre environnement électromagnétique mais les mécanismes biologiques précis et les implications sur la santé de l'exposition aux ELF restent mal connus. 1.2 Recommandations de santé publique L'International Agency for Research on Cancer (IARC), groupe d'experts scientifiques de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), publie une monographie sur l'évaluation des risques carcinogènes pour l'homme des champs électriques d'extrêmement basses fréquences (ELF-EF) et des champs magnétiques d'extrêmement basses fréquences (ELF-MF) [IARC, 2002]. Les ELF-MF ont la particularité de pénétrer à l’intérieur du corps sans être modifiés et d'y induire la circulation de courant [OMS, 1998]. Les ELF-MF ont été classés dans la catégorie "peut être carcinogène pour l'homme" (Groupe 2B) au même titre que le café. Elle correspond à un facteur de risque carcinogène considéré comme limite ou réfutable et dont la preuve n'a pas été établie de manière certaine sur l'animal. Cette conclusion est basée sur des résultats épidémiologiques indiquant que l'exposition aux champs ELF pourrait être une cause de leucémie infantile sans être expliquée par des mécanismes connus ou confirmée expérimentalement. Les ELF-EF ont quant à eux été classés dans le Groupe 3 c'est-à-dire "non classés quant à leurs effets carcinogènes pour l'homme", les preuves étant jugées insuffisantes chez l'homme et insuffisantes ou limitées en expérimentation animale [IARC, 2002]. Le rapport le plus récent émanant d'une commission officielle d'experts a été publié par le Scientific Committee on Emerging and Newly Identified Health Risks (SCENIHR) et concerne les effets potentiels sur la santé de l'exposition aux EMF [SCENIHR, 2015] : - Le Comité confirme que les nouvelles études épidémiologiques : ▪ sont conformes aux conclusions antérieures indiquant un risque accru de leucémie infantile pour des expositions quotidiennes moyennes supérieures à 0,3-0,4μT; ▪ ne fournissent pas de preuve convaincante d'un risque accru de maladies neurodégénératives, y compris la démence; ▪ concernant la grossesse, ne montrent pas de signes défavorables liés à l'exposition ELF-MF. Les conclusions des études sur la santé de l'enfant suite à l'exposition maternelle durant la grossesse comportent des biais méthodologiques et ne peuvent servir pour l'évaluation du risque; ▪ aucun effet n'a pu être observé concernant la reproduction humaine. - En ce qui concerne les études in vitro les experts constatent que : ▪ la pertinence d'un lien entre l'exposition ELF-MF et la leucémie infantile n'est pas claire et les mécanismes sont toujours inconnus; ▪ les ELF-MF peuvent induire des effets génotoxiques ainsi que d'autres effets biologiques pour des densités de flux magnétique supérieur à 100μT. - Concernant l'hypersensibilité électromagnétique (EHS) (chap. 2.4.4, p. 33), les études existantes ne fournissent aucune preuve convaincante d'un lien causal entre l'exposition ELF-MF et les symptômes dont se plaignent les patients. Néanmoins, deux études expérimentales ont identifié des participants capables de réagir de façon fiable à des
2 Chapitre 1 - Introduction
champs magnétiques. Avant de donner du poids à ces résultats, il faudra renouveler ces études de manière indépendante. Bien que les effets biologiques de l'exposition ELF-EMF, -MF ou -EF soient étudiés depuis de très nombreuses années, les conclusions des Commissions Scientifiques montrent une divergence entre études épidémiologiques et études expérimentales ou présentent des conclusions non définitives. Découvrir les mécanismes cellulaires impliqués et activés par la stimulation ELF est une étape indispensable pour comprendre les réactions du corps face à la stimulation ELF. Ces connaissances permettront de mieux définir les effets bénéfiques des ELF ainsi que leur seuil de de risque pour la santé. Les normes légales d'exposition actuellement en vigueur sont présentées à l'annexe 6 (p. 166). 1.3 Stimulation d'extrêmement basses fréquences : exemples d'application 1.3.1 En orthopédie En plus des caractéristiques électrophysiologiques classiques des tissus vivants (potentiel de membrane, courant de dépolarisation etc…) des variations de potentiels endogènes ont pu être mesurées, notamment au niveau osseux [Yasuda, 1953; Cochran, 1966; Cowin et al., 1995]. Dès 1953, en observant des variations de potentiels électriques apparaissant à la surface de l'os lors des phases dynamiques de mise en charge, Yasuda a ouvert la voie à l'étude de leurs effets sur l'ostéogenèse [Yasuda, 1953]. Pour cet auteur, les variations de potentiels électriques sont responsables de la formation du cal* lors de la consolidation des fractures. Comme Yasuda et al. [1953], Nogushi [1957] montre que dans certaines conditions, des variations de potentiels électriques appliquées à l'os favorisent la formation de tissu osseux. Bassett et al. [1964] implantent une anode et une cathode reliées à un générateur de courant continu au travers d'une corticale de fémur de chien in vivo et observent l'apparition d'os autour de la cathode. Pour Bassett [1971], l'os convertit l'énergie mécanique en un signal électrique qui modifie l'environnement des cellules mésenchymateuses* contrôlant leurs activités fonctionnelles et mitotiques. Ces variations font intervenir des amplitudes d'EMF bien inférieures aux potentiels de membrane. L'application de champs exogènes modifie le métabolisme osseux en accélérant certains processus physiologiques sans entraîner de manifestations pathologiques [Hinsenkamp, 1994; Chang et al., 2003]. La cohérence des résultats de nombreuses études in vivo et in vitro portant sur l'effet des courants électriques sur l'os montrent que l'ostéogenèse peut être stimulée par des variations de potentiel électrique [Hinsenkamp, 1994]. Néanmoins, les mécanismes cellulaires impliqués lors d'une stimulation par un champ électromagnétique ou un courant électrique restent mal connus. 1.3.2 Analyse des mécanismes cellulaires : études antérieures Différentes réponses biologiques ont été observées suite à l'exposition ELF-EMF de faible amplitude sur différents modèles de tissus en croissance ou en réparation :
3 Chapitre 1 - Introduction
- une augmentation de la concentration des glycosaminoglycanes* acides dans la matrice cartilagineuse des rudiments osseux d'embryons de souris in vitro [Hinsenkamp et al., 1982; Rooze et al., 1982; Hinsenkamp, 1994]; - une augmentation significative de la longueur totale des rudiments osseux accompagnée d'une accélération du processus d'ossification primaire sur des tibias et des métatarses d'embryons de poulet in vivo [Rooze et al., 1985; Hinsenkamp, 1994]; - une relation entre l'amplitude du champ électrique local et le taux d'ossification sur des embryons de caille [Hinsenkamp et al., 1985a; Hinsenkamp, 1994]. Les résultats des études in vitro [Hinsenkamp et al., 1982; Rooze et al., 1982; Hinsenkamp, 1994], in vivo [Hinsenkamp et al., 1985a; Rooze et al., 1985; Hinsenkamp, 1994] et cliniques [Hinsenkamp et al., 1984, 1985b, 1993a, 1993b] sont en accord avec une accélération de la différenciation de la matrice cartilagineuse précédant l'ossification. Les modèles osseux étant complexes à mettre en œuvre, le modèle expérimental a été simplifié. Des cultures d'épiderme humain sur support dermique in vitro ont été utilisées (chap. 4.1 p.39). La conductivité électrique de l'os et de la peau est relativement plus faible que celle des autres tissus (annexe 5.3, p. 163). Le modèle de base de la culture des kératinocytes est inspiré du protocole utilisé par Prunieras et al. [1983]. Lors de l'utilisation d'un courant continu, une première étude [Jercinovic et al., 1996] a montré sur ce modèle de culture que la position des explants sur le support dermique avait une incidence sur leur croissance, le courant continu entraînant une polarisation du milieu et une modification du pH autour de l'anode. Par contre, lors de l'utilisation du signal alternatif [Hinsenkamp et al., 1997] aucune incidence de la position de l'explant n'a été observée. Les caractéristiques de la stimulation (forme d'onde, intensité et fréquence du signal, fréquence et durée de la stimulation) se basent sur une revue de la littérature publiée par Vodovnik et al. [1992] sur les applications humaines de la stimulation électrique et électromagnétique dans le traitement des plaies chroniques ainsi que sur une étude clinique de la cicatrisation des blessures chroniques [Jercinovic et al., 1994]. Ce modèle de croissance épidermique, stimulé par un courant électrique pulsé asymétrique à charge nulle de 40Hz, modulé par une fréquence de 0,125Hz et transmis par deux électrodes de platine, offre un protocole simplifié et bien caractérisé pour étudier les effets biologiques des ELF. Les résultats sur les cultures stimulées par un courant pulsé à charge nulle montrent [Hinsenkamp et al., 1997] : - une diminution de la zone de croissance entourant les explants (fig. 1);
A B Figure 1 : zone de croissance entourant un explant épidermique de 3mm de diamètre. La photo de gauche (A) est l'explant témoin après 12 jours de culture, la photo de droite (B) l'explant après 11 jours de stimulation et 12 jours de culture
4 Chapitre 1 - Introduction
- une meilleure stratification avec augmentation du nombre de couches de kératinocytes différenciés; - une diminution de l'incorporation de la thymidine tritiée reflétant la diminution du nombre de mitoses. Ces observations suggèrent qu'une stimulation électrique pulsée ELF influence la différenciation des explants de la culture épidermique. Une meilleure structure et maturation des couches épidermiques dans les zones formées autour de l'explant sont également observées. Ce phénomène se fait au dépend de la prolifération : le nombre de mitoses diminue parallèlement à la taille de la zone de croissance voisine de l'explant. Cela confirme l'accélération de la différenciation observée précédemment in vivo et in vitro sur différentes espèces [Hinsenkamp et al., 1982, 1985a; Rooze et al., 1982, 1985; Hinsenkamp, 1994]. 1.3.3 Développements actuels Les résultats obtenus par Hinsenkamp et al. [1997] utilisant un courant électrique pulsé ELF appliqué sur des cultures d'épiderme humain sur supports dermiques dévitalisés in vitro aboutissent à la même conclusion que les études des effets des EMF sur le tissu osseux [Hinsenkamp et al., 1982, 1985a; Rooze et al., 1982, 1985; Hinsenkamp, 1994] où une maturation plus rapide de la matrice cartilagineuse associée à une accélération de l'ossification des modèles de tissus embryonnaires ont été observées. Compte tenu de la réponse cohérente obtenue sur ces modèles biologiques suite à l'application d'un courant électrique ou électromagnétique pulsé, asymétrique, à charge nulle, de basses fréquences et de faible amplitude, nous proposons de rechercher les mécanismes impliqués au niveau cellulaire par screening de l'expression génique. La technique des microarrays (annexe 2, p. 146) permet de comparer la variation de l'expression d'un gène entre un échantillon témoin et un échantillon stimulé, l'intensité de l'expression de ce gène pouvant être modifiée par la stimulation dont nous recherchons les effets. Nous avons utilisé la puce microarray Affymetrix GeneChip® human genome U133 Plus 2.0 qui permet un large screening de l'expression des gènes en analysant l'expression de 38.500 gènes (chap. 4.3.3.1, p. 51). Cette technique est particulièrement appropriée pour révéler les mécanismes cellulaires activés ou inhibés par les ELF ainsi que les éventuels récepteurs. La quantité d'acide ribonucléique (ARN) nécessaire aux prélèvements successifs nécessite une adaptation du protocole de culture de kératinocyte afin d'augmenter significativement le nombre d'explants mis en culture simultanément tant pour le groupe témoin que stimulé.
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Chapitre 2 - Revue de la littérrature 2.1 Introduction Dès 2003, nous nous sommes intéressés à rechercher les mécanismes celllulaires expliquant les résultats obtenus sur des modèles de cultures osseuses ou épidermiques stimulés par des ELF-EMF ou par un courant électrique ELF. L'analyse des modifications de l'expression de l'ensemble du génome, dans le but d'identifier les mécanismes cellulaires activés ou inhibés par la stimulation, nous a paru une méthode ooriginale et particulièrement intérressante. Nous pensons que la recherche sur un modèle humain devrait permettre d'obtenir des résuultats plus intéressants pouvant être reliés aux études épidémiologiques ou cliniques. Le nombre important de thèmes de recherche impliqués par les effets biologiques des ELF-EMF est révélateur de la complexité du sujet. Les mécanismes cellulaires concernés se rapportent rarement à une fonction unique ou à un type cellulaire spécifique et sont souvent interconnectés : il est donc important de réaliser une revue exhaustive de la littérature afin de relever l'ensemble des obsservations expérimentales, épidémiologiques ou cliniques et d'en tirer d'éventuels points communs. Les premiers thèmes abordés par la revue de la littérature ont un lien direct avec l'étude expérimentale réalisée. Dans la mesure du possible, chaque sujet est introduit par des références qui font la synthèse des connaissances et se poursuit par une revue systématique des publications depuis 2008. 2.2 Mécanismes cellulaires impliqués dans la prolifération et la différenciation des kératinocytes Les études antérieures ont mis en évidence le rôle de la prolifération ett de la différenciation cellulaire dans les processus activés après une stimulation ELF (chap. 1.3 p. 3). Dans le cadre de la recherche des mécanismes cellulaires, il est intéressant de relever ddans la littérature les cascades métaboliques classiquement impliquées dans ces deux processsus. Ces informations serviront à vérifier l'adéquation fonctionnelle des pathways mis en évidence par nos résultats et n'ont pas pour but d'orienter notre recherche qui volontairement corresspond à un screening complet et non ciblé de l'expression du génome. Les voies de signalisation MAPK-ERK (extracellular signal-regulated kinase) (fig. 2) et PI3K-mTOR (phosphatidylinositol 3-kinaase - mammalian target of rapamycin) (fig. 3 et 4) font partie des principaux mécanismes de contrôle de la cellule en réponse aux signaux extracellulaires : survie cellulaire, difffférenciation, prolifération, métabolisme et motilité [Mendoza et al., 2011]. La cascade dde signalisation MAPK/ERK esst impliquée dans la régulattion de la différenciation des kératinocytes. Les signauxx circulant à travers ERK-MAPK intègrent et régulent les effets de l'epidermal growth factor receptor (EGFR), de l'intégriine et de la signalisation via le calcium. Les stimuli d'activation sont localisés dans la membrane plasmique où ils régulent la conversion de Ras-GDP en Ras-GTP actif. La transformation en Ras-GTP favorise la signalisation à travers une cascade de kinases qui sont activées par phosphorylation avant de pphosphoryler leurs cibles en aval, en progressant via l'activation de Raf-1, B-Raf, MEK-1/2 et pour terminer ERK-1/2. ERK-1//2 phosphorylé agit sur
6 Chapitre 2 - Revue de la littérature un grand nombre de protéines dont plusieurs facteurs de transcription pour activer l'expression des gènes et initier la réponse cellulaire [Cursons et al., 2015]. Squarize et al. [2010] ont observé que l'activation de la voie PI3K-Akt-mTOR fait partie du processus normal de réparation du tissu cutané. Ils ont montré que l'activation de la voie PI3K-Akt augmente la vitesse de fermeture de la plaie et que ce phénomène dépend de l'activation de mTOR qui est régulé en amont par PTEN et TSC1. Il est également possible que l'activité de mTOR dans les cellules épithéliales régule l'expression de cytokines telles que le TGFβ, TGFα, FGF ou VEGF.
Figure 2 : voie de signalisation MAPK/ERK Source : www.mm.interhealth.info. Copyright Daniele Focosi, 2001-2005
7 Chapitre 2 - Revue de la littérature
Figure 3 : voie de signalisation PI3K-Akt Source : Biocarta : http://cgap.nci.nih.gov/Pathways/BioCarta/h_aktPathway
La voie de signalisation Wnt (fig. 5) joue un rôle important dans l'organogenèse et la morphogenèse de la peau [Widelitz, 2008]. En l'absence de Wnt, la voie de signalisation du même nom est inhibée et le niveau de β-caténine est maintenu bas par un complexe multi-protéines cytoplasmique comprenant les protéines Axine, Adenomatous Polyposis Coli Protein (APC) et glycogène synthase kinase 3 (GSK3). APC et Axine participent à la phosphorylation de la β-caténine par GSK3 qui est ensuite ubiquitinylée et dégradée par un protéasome. L'effet de cette régulation négative de Wnt est une réduction de la prolifération cellulaire [Pasca di Magliano et al., 2007] et une induction de la différenciation cellulaire terminale [Boyden et al., 2002; van der Horst et al., 2005]. DKK1 joue un rôle dans la régulation négative de cette voie de signalisation [van der Horst et al., 2005]. Une voie de signalisation Wnt active nécessite une translocation* de l'axine et de ses protéines associées à travers la membrane cellulaire [Chen et al., 2006], cette translocation est impossible sans la présence de MACF1. Quant à FOXO1, il joue un rôle important dans la transformation des kératinocytes vers un phénotype de cicatrisation. Il active la migration et la sur-expression de la transforming growth factor β1 (TGF-β1) et de ses cibles en aval, integrin-α3 and -β6 and MMP-3 and -9 [Ponugoti et al., 2013; Hameedaldeen et al., 2014].
8 Chapitre 2 - Revue de la littérature
Figure 4 : voie de signalisation Akt-mTOR, Source : Biocarta : http://cgap.nci.nih.gov/Pathways/BioCarta/h_mTORPathway
Figure 5 : voie de signalisation Wnt
Source : Biocarta : http://cgap.nci.nih.gov/Pathways/BioCarta/h_wntPathway
9 Chapitre 2 - Revue de la littérature
2.3 Etudes expérimentales 2.3.1 Expression des gènes et des protéines En 2005, le "World Health Organization’s EMF Project", "l'European Union’s Cost 281 Action", la "Commission K of the International Union of Radioscience", le "Forschungsgemeinschaft Funk", le "VerUm Foundation" et "l'International Committee on Electromagnetic Safety from USA" ont organisé le premier atelier sur la transcriptomique* et la protéomique* dans la recherche sur les EMF. Suite à ce workshop, Leszczynski [2006] conclut dans son Editorial de la revue Proteomics, que l'utilisation des techniques protéomiques et transcriptomiques est une approche utile pour déterminer les cibles moléculaires possibles des EMF au niveau subcellulaire. Il ajoute que ce type de recherche systématique peut générer une importante base de données qui permettrait aux scientifiques de formuler des hypothèses plus précises concernant les mécanismes des effets biologiques des champs électromagnétiques. En 2012, dans le cadre de l'action COST BM0704, il publie avec d'autres spécialistes une revue de la littérature (2005- 2010) sur l'utilisation de ces techniques [Leszczynski et al. 2012]. La conclusion précise qu'aucun résultat convaincant ne révèle d'effet nocif des EMF. Ils indiquent toutefois que la majorité des études examinent les effets aigus. Les modèles biologiques étudiés ont été exposés à une dose unique avant extraction de la protéine ou de l'analyse de l'expression des gènes. La réalité de l'exposition des populations humaines est souvent très différente puisqu'elles sont exposées chroniquement aux ELF durant de nombreuses années. Ils notent qu'à partir des études menées, il est impossible de trouver un gène, un groupe de gènes ou des protéines pouvant être considérés comme marqueurs d'une réponse cellulaire à la stimulation EMF. Ils considèrent que les recherches utilisant la protéomique ou la transcriptomique devraient se poursuivre sur des modèles humains : les expérimentations pourraient fournir ainsi des résultats directement applicables dans l'évaluation des risques sur la santé humaine. Les études animales, nécessaires pour identifier des mécanismes, ne peuvent fournir aucune preuve fiable relative à d'éventuelles conséquences cliniques. Les lignées cellulaires immortalisées devraient être proscrites, les voies de la régulation cellulaire étant modifiées et non physiologique. Ils expliquent l'importance de réaliser des études utilisant différentes approches analytiques validées par leur reproduction systématique et que les changements observés doivent être confirmés par d'autres techniques ARN (qRT-PCR*). Les publications (2008-2015) résumées ci-dessous utilisent une stimulation ELF et analysent l'expression des gènes et des protéines (tab. 1, p. 16). La plupart des études analysent un petit nombre de gènes ou de protéines, seules deux publications [Jennings et al., 2008; Caputo et al., 2014] (1‡, 2) réalisent un screening complet de l'expression des gènes par microarray sur un modèle de lignée cellulaire humaine stimulé par des EF. Les recherches de Sun et al. [2010] (22), Bouwens et al. [2012] (23), Chen et al. [2012] (25), Huwiler et al. [2012] (26), Kirschenlohr et al. [2012] (24) ne montrent aucun effet sur les gènes étudiés. Lisachev et al. [2010] (17) ne révèlent pas d'effet pour la stimulation à 4,4Hz alors que la stimulation à 100Hz modifie l'expression de certains gènes. Les autres publications réalisant un screening microarray présentent toutes une modification de l'expression de certains gènes étudiés [Chung et al., 2010;
‡ Position de la publication dans le tableau 1 (p. 16)
10 Chapitre 2 - Revue de la littérature
Jennings et al., 2008; Caputo et al., 2014] (15, 1, 2), excepté pour une étude sur la levure [Chen et al., 2012] (25) et les bactéries [Huwiler et al., 2012] (26). Quatre équipes [Tsai et al., 2009; Jansen et al., 2010; Wang et al., 2011a; Zhou et al., 2012] (3, 4, 5, 6) ont analysé par PCR l'expression de gènes après une stimulation PEMF sur 3 lignées cellulaires humaines et un modèle de rat. Pour la stimulation EMF, Vianale et al. [2008] (7), Mayer-Wagner et al. [2011] (8), Wang et al. [2013] (10) et Corallo et al. [2014] (11) ont travaillé sur des lignées cellulaires humaines et Selmaoui et al. [2011] (9) sur des échantillons de sang humain avec des analyses ciblées utilisant les PCR, ELISA ou la protéomique. Ces techniques ciblées ont également été utilisées sur des modèles de rats et de souris [Aydin-Abidin et al., 2008; Hu et al., 2008; George et al., 2008; Chung et al., 2010; Cuccurazzu et al., 2010; Lisachev et al., 2010; Reyes-Guerrero et al., 2010; Rodríguez - De la Fuente et al., 2012] (12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19), sur des insectes [Li et al., 2013a] (20) et sur des champignons [Potenza et al., 2012] (21). Ces études présentent toutes une modification de l'expression des gènes étudiés. 2.3.2 Modification du développement cellulaire 2.3.2.1 Prolifération Les résultats obtenus sur la prolifération cellulaire sont variables. Les études ont été menées sur différents modèles de cultures (cellules humaines, muridées, bovines et porcines) et suivant les protocoles, les résultats montrent une augmentation, une diminution ou une absence d'effet sur la prolifération. Ces résultats varient ou s'inversent en présence de co-facteurs (tab. 2, p. 22). Un effet fenêtre (chap. 2.3.5, p. 13) est observé sur la prolifération des fibroblastes [Binhi et al., 2000]. Liu et al. [2013] soutiennent cette hypothèse en montrant une prolifération accrue pour une stimulation de 10Hz mais aucune différence significative pour les groupes de stimulation à 30Hz ou 50Hz. 2.3.2.2 Différenciation Löschinger et al. [1998], travaillant sur des cultures de fibroblastes humains stimulés à 20Hz, observent une induction de la différenciation terminale après stimulation de 12 heures/jour durant 14 jours. Lisi et al. [2006] constatent qu'une exposition (1h, 2 fois/jour) de kératinocytes normaux à un champ de 7Hz - 100μT EMF augmente la différenciation cellulaire. Manni et al. [2004] ont travaillé sur des cellules primaires de kératinocytes humains buccaux exposés à un champ électromagnétique (50Hz); leurs résultats supportent l'hypothèse que l'exposition aux EMF induit un niveau de différenciation plus élevé. Zhou et al. [2011, 2012] montrent une augmentation significative de la différenciation et de la minéralisation des ostéoblastes associée à un accroissement de la phosphatase alcaline chez les ostéoblastes de rat in vitro exposés à 50Hz - 3,6mT pendant 30min. Hronik-Tupaj et al. [2011] concluent que la stimulation électrique améliore la différenciation ostéogénique des cellules souches mésenchymateuses humaines (hMSC). Pour Ciombor et al. [2002] la réponse des chondrocytes à des ELF-PEMF (ELF-EMF pulsés) se traduit par une différenciation cellulaire plus rapide et une synthèse accrue de la matrice cartilagineuse (maturation plus rapide). Lors de l'étude de la lignée cellulaire ostéoblastique MG63 (dérivée d’un ostéosarcome humain) stimulée par PEMF, Lohmann et al. [2000] montrent une différenciation accrue objectivée par la diminution de la prolifération, l'augmentation de l'activité de la phosphatase alcaline, la synthèse
11 Chapitre 2 - Revue de la littérature de l'ostéocalcine et la production de collagène. Le traitement avec des PEMF aboutit à un phénotype ostéoblastique mieux différencié et plus mature. Dans leurs expériences, Cho et al. [2012], Kim et al. [2013], Choi et al. [2014], observent une différenciation neuronale accrue par un traitement à 50Hz ELF. 2.3.3 Accélération d'un processus physiologique Pour Callaghan et al. [2008] et Goudarzi et al. [2010] la stimulation PEMF accélère la cicatrisation des plaies des patients normaux ou diabétiques et protège de la nécrose tissulaire. Patruno et al. [2010] observent que la stimulation ELF-EMF 50Hz accélère la cicatrisation des plaies cutanées avec transition plus rapide de la phase inflammatoire vers la différenciation terminale. Une revue de la littérature [Pesce et al., 2013] sur la cicatrisation des plaies confirme cette observation. Comme indiqué dans le chapitre précédent, suite à l'exposition ELF-PEMF la différenciation des chondrocytes est plus rapide [Ciombor et al., 2002]. Les résultats de Cuppen et al. [2007] indiquent que la stimulation ELF-EMF améliore la compétence immunitaire des animaux. Sun et al., [2009] montrent que la prolifération débute plus rapidement dans le groupe stimulé que dans le groupe témoin. 2.3.4 Génotoxicité Vijayalaxmi et al. [2005] observent que 46% des 63 publications recensées ne révèlent aucune augmentation de dommage du matériel génétique, 22% suggèrent une augmentation et 32% sont non concluantes. En 2009, ils analysent 87 publications (1990-2007) et concluent que si les études sont menées sous le seuil de sécurité recommandé par les directives de l'International Commission on Non-Ionizing Radiation Protection [ICNIRP, 1998] ou du National Radiological Protection Board [NRPB, 2001], les indices de génotoxicité globaux de la méta-analyse (exposition ELF versus témoins) sont similaires à l'indice "spontané" à partir d'une base de données historiques sur les cellules normales [Vijayalaxmi et al., 2009]. Maes et al. [2012] revoient la littérature dans le but de préciser l'intérêt de la cytogénétique pour évaluer une éventuelle relation entre ELF-MF et maladie d'Alzheimer. Leur conclusion indique qu'il est généralement admis que les ELF-MF ne sont pas des agents génotoxiques, mais certaines publications indiquent qu'ils peuvent augmenter les effets d'agents connus pour induire des mutations ou des tumeurs. Trente et une références (1991-2009) sont répertoriées dont trois synthèses qui montrent l'absence d'effet génotoxique dans la majorité des études. Des exceptions existent, certaines données suggérant une induction de l'instabilité chromosomique due à l'exposition aux EMF. Suite aux publications du programme REFLEX [2004] montrant une augmentation de cassures de brins d'ADN ainsi qu'aux commentaires de Vijayalaxmi [2006], Burdak-Rothkamm et al. [2009] ont répété l'étude de manière indépendante. A l'instar de Scarfi et al. [2005], ils n'ont pu confirmer les résultats du groupe REFLEX et n'ont constaté aucun dommage important au niveau des cassures de l'ADN ou d'altérations chromosomiques visibles. Focke et al. [2010], suivant le même protocole, confirment l'augmentation de la fragmentation de l'ADN nucléaire avec, en plus, un effet accru en phase S du cycle cellulaire.
12 Chapitre 2 - Revue de la littérature
Yokus et al. [2008] exposent des rats durant 10 mois à un champ de 50Hz-100μT, 2 heures/jour. Ils obtiennent une modification significative par oxydation des bases ADN alors qu'aucune modification n'est observée avec une exposition de 500μT. Kim et al. [2010] comparent une exposition unique de 60Hz - 6mT MF, 30min à une exposition répétée. Pour l'exposition unique, ils ne constatent pas de variation de viabilité des cellules mais une augmentation des cassures de l'ADN double-brin tant dans les cultures de cellules normales que cancéreuses. Pour une exposition répétitive, ils observent une réduction de la viabilité cellulaire et une augmentation des cassures de l'ADN double-brin dans toutes les cellules. Dans une étude sur des embryons de souris exposées à des ELF-EMF, Borhani et al. [2011] observent que l'exposition au stade préimplantatoire aurait des effets néfastes sur l'embryon en augmentant la fragmentation de son ADN. Mariucci et al. [2010] étudient le dommage de l'ADN cérébral et détectent des atteintes avec un effet réversible dans toutes les zones exposées. Lors d'une stimulation MF de 2,5mT durant 96h sur la souche Saccharomyces cerevisiae, Ruiz-Gómez et al. [2010] observent une déficience dans la réparation des brins d'ADN ainsi qu'une altération de la croissance et de la survie mais aucune altération de l'ADN ou du cycle cellulaire. L'équipe de Wilson [2015] recherche des mutations dans les tissus somatiques et germinaux de souris mâles exposées à un MF de 10, 100 or 300μT à 50Hz durant 2 ou 15h. Leurs résultats suggèrent que, pour les doses utilisées, les effets mutagènes in vivo des ELF-MF sont mineurs voir négligeables. Bułdak et al. [2012] ont combiné du cisplatine, inducteur de réponse oxydative et une stimulation ELF-MF. La stimulation a atténué les effets du stress oxydatif et les dommages de l'ADN causés par le cisplatine alors que la stimulation ELF-MF seule présente un stress oxydatif léger et est inducteur de dommages à l'ADN. Markkanen et al. [2008] observent qu'un prétraitement MF à 100μT diminuait la génotoxicité cellulaire de la ménadione, un agent génotoxique. Ils ne trouvent par contre aucun effet pour : la stimulation MF seule, la combinaison MF et ultraviolet-B, la stimulation MF après exposition à la ménadione. En 2011, la même équipe [Luukkonen et al., 2011] confirme les résultats de 2008 sur l'effet de la ménadione après un prétraitement 100μT MF. L'équipe de Mizuno [2014] n'a trouvé aucun changement important sur la survie des cellules ou le dégât de l'ADN lorsque des cellules sont exposées aux rayons ultraviolets-B suivi par une stimulation EMF 5mT. 2.3.5 Effet fenêtre Bawin et al. [1976] considèrent que la réponse des cellules aux EMF dépend de fréquences spécifiques et proposent l'existence d'un "effet fenêtre". Il existerait pour les signaux des "fenêtres" d'intensités et de fréquences dans lesquelles apparaîtrait une réaction biologique [Adey, 1996]. La délimitation des "fenêtres" restant floue les conclusions sont susceptibles d'évoluer. Robison et al. [2002], Heredia-Rojas et al. [2001] semblent confirmer l'approche de Bawin montrant la non-linéarité des effets en fonction de l'évolution des champs sur des études traitant de prolifération cellulaire ou de cancer. Des publications plus récentes confirment cette non-linéarité. Plusieurs auteurs ont observé que les réponses biologiques dépendent des caractéristiques des signaux : forme d'onde [Pesce et al., 2013; Zhou et al., 2014], stimulation intermittente ou continue [Martinez et al., 2012], durée de stimulation [Kim et al., 2013], intensité et fréquence [Binhi et al., 2000; Xu et al., 2010; Zhang et
13 Chapitre 2 - Revue de la littérature al., 2010, Sadeghipour et al., 2012; Crocetti et al., 2013; Liu, 2013; Martirosyan et al., 2013; Pesce et al., 2013]. L'effet fenêtre fait généralement référence à une zone spécifique du spectre des fréquences, du niveau d'intensité ou relatif à la forme d'onde dans laquelle la cellule réagit. Le concept de fenêtre peut être étendu car le type et le niveau de maturité d'une cellule peuvent la faire réagir spécifiquement à une stimulation ELF. Trillo et al. [2012] ont présenté des résultats montrant l'interaction du co-facteur rétinoïde* ROL (all-trans-retinol) et de la stimulation EMF sur différents types cellulaires. Sur la lignée cellulaire NB69 (neuroblastome humain), la présence du co-facteur induit une synergie additive sur la prolifération alors que pour les cellules HepG2 (hépatocarcinome humain), l'effet prolifératif du ROL est partiellement bloqué par la stimulation. Wang et al. [2011a] ont étudié la prolifération sur six lignées cellulaires cancéreuses stimulées par des PEMF et montrent que MKN-45 (carcinome gastrique humain) et SPC-A1 (adénocarcinome pulmonaire humain) ne réagissent pas, alors que la prolifération est significativement inhibée pour BGC-823 (cancer gastrique), MKN-28 (cancer gastrique), A549 (adénocarcinome de cellules épithéliales pulmonaires humaines) et les cellules Lovo (adénocarcinome du colon). D'Angelo et al. [2015] confirment la dépendance de la réaction à la stimulation au type cellulaire étudié. Wei et al., [2008] observent que les cellules réagissent différemment à la stimulation en fonction de leur stade de différenciation. Huang et al. [2014] ont démontré que deux types de kératinocytes épidermiques (lignée cellulaire "HaCaT human keratinocyte" et lignée cellulaire "NHEK primary normal human epidermal keratinocytes") réagissaient différemment à un même stimulus ELF-EMF. Plus récemment, l'équipe de Tessaro [2015] a montré que le taux de croissance de bactéries sous ELF-EMF était influencé par les caractéristiques cellulaires des différentes espèces. 2.3.6 Conclusions Leszczynski [2006] souligne l'intérêt d'un screening systématique des cellules et des tissus par des techniques omiques* qui permettent d'améliorer la connaissance des mécanismes cellulaires impliqués lors d'une stimulation EMF. Cette recommandation que nous avions anticipée dès 2003 commence à être suivie pour les ELF sans que le screening ne soit systématique (tab. 1, p. 16). Certaines études ont été menées sur des lignées cellulaires humaines, des souris, des bactéries, des levures, des champignons et des insectes alors qu'un screening global sur des modèles les plus proches des conditions physiologiques in vivo chez l'Homme (cultures primaires de fibroblastes humains, chondrocytes, épiderme humain, cellules souches, cellules sanguines, etc...) pourrait fournir des résultats directement applicables à l'homme. Ces études devraient identifier les mécanismes biologiques impliqués dans la stimulation ELF-EMF. Ces nouvelles informations permettraient de développer de nouveaux traitements et de mieux définir les risques éventuels sur la santé. Les choix que nous avons faits ont tenu compte de ces impératifs et seront présentés dans les chapitres suivants. On observe (tab. 2, p. 22) que la stimulation pulsée aurait tendance à augmenter la prolifération cellulaire pour des stimulations allant de quelques heures à 2 ou 3 jours. Les résultats observés sur des tibias et des métatarses d'embryons de poulet in vivo montrent une accélération précoce de la prolifération suivie d'une accélération du processus d'ossification primaire correspondant à la différentiation des cellules [Rooze et al., 1985]. Avec le modèle de culture des kératinocytes
14 Chapitre 2 - Revue de la littérature
(chap. 4.1, p. 39), Hinsenkamp et al. [1997] ont montré une diminution de la prolifération après 11 jours de stimulation. Il est concevable, comme pour le modèle osseux [Rooze et al., 1985], que la prolifération, qui précède normalement la différenciation, soit également accélérée dans les premières heures de la stimulation. Ce déroulement est cohérent avec les résultats de Wei et al. [2008] qui observent, sur des cellules ostéoblastiques primaires stimulées par des EMF pulsés, une promotion de la prolifération et une inhibition de la différenciation au stade de la prolifération et la promotion de la différenciation au stade de la différenciation. L'ensemble de la littérature citée (chap. 2.3.2.2, p. 11) indique une augmentation de la différenciation cellulaire après stimulation ELF. Sur différents modèles biologiques in vitro et in vivo exposés à un champ électromagnétique présentant un train d'impulsion, Hinsenkamp et al. [1982, 1985a], Rooze et al. [1982, 1985], Hinsenkamp [1994] ont montré une accélération de la différenciation de la matrice cartilagineuse précédant l'ossification. Cette accélération de la différenciation cellulaire au détriment de la prolifération a également été montrée sur le modèle de culture de kératinocytes humains exposés à un courant électrique pulsé (chap. 1.3.2, p. 3) [Jercinovic et al., 1996; Hinsenkamp et al., 1997]. Le processus d'accélération sera développé au chapitre 5.3 (p. 66). Les observations sur l'effet "fenêtre" montrent l'intérêt de grouper les résultats des études utilisant un même type de stimulation ou un même type cellulaire et, idéalement, ne faisant varier qu'un seul paramètre à la fois afin de dresser la carte des fenêtres actives de la stimulation ELF. Il est fondamental de pouvoir accéder, dans les publications, à un maximum de détails sur le protocole expérimental, sur le type de stimulation et sur le modèle biologique utilisé. Il semble néanmoins intéressant de ne pas cloisonner systématiquement les résultats en fonction de leurs caractéristiques de stimulation (-EMF, -MF, -EF, -PEMF, fréquence, etc…) vu que l'on peut trouver des effets identiques avec une stimulation EMF et différents modèles de tissus osseux [Hinsenkamp et al., 1982, 1985a, 1985b, 1993a, 1993b; Rooze et al., 1982, 1985; Hinsenkamp, 1994] ou un courant électrique et une culture d'explants épidermiques [Jercinovic et al., 1996; Hinsenkamp et al., 1997; chap. 5 p. 57]. Il est généralement admis que la majorité des études ne montre pas d'effet génotoxique. Quelques études individuelles montrent une certaine génotoxicité mais elles utilisent souvent des intensités supérieures aux normes prescrites. Ces résultats sont néanmoins intéressants pour établir les seuils de génotoxicité. Les zones "inactives" sont également mises en évidence dans certaines études pour des intensités supérieures aux seuils de sécurité.
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Chapitre 2- Revuedela littérature Tableau 1 : publications (2008-2015) qui utilisent une stimulation ELF et analysent l'expression des gènes et des protéines
Auteurs Modèle de culture Matériel d'étude Stimulation Observations
Humain RT-PCR EF Aucune modification Rat - souris Screening microarray PEMF Insecte Protéines EMF Champignon Levure Bactérie
Culture in vitro de Modification de l'expression des gènes associés à : la cicatrisation (1) Expression des gènes : puce cellules normales de des plaies, la production de matrice, la signalisation cellulaire, la Jennings microarray Affymetrix HG-133 0,1V.mm-1 , EF, 1h fibroblaste dermique croissance et à l'activation de voies de signalisation spécifiques et al., 2008 Plus + RT-PCR adulte (TGF-β, protéines G, l'inhibition de l'apoptose)
60Hz, 24,5V peak to peak 0h et 4h post-exposition : aucune modification
16 (2) Etude de l'expression des gènes Lignée cellulaire osseuse voltage, modulé par une Caputo avec la puce microarray 24h post-exposition : sous-expression de ZNF394, LMOD3, humaine SaOS-2 onde carrée 12,5Hz, EF, HS.544637, TMEM17, LOC100128288, FAM175A, LRRFIP1 et et al., 2014 HumanHT12 v.4.0 + RT-PCR -2 4μA.cm pendant 1h sur-expression de LOC348840, ZNF137, KILLIN
Cellules souches 0,13mT, 2mV.cm-1 Pulse (3) mésenchymateuses Expression de l'ARNm de quasi-rectangulaire, durée de Après 7 jours de stimulation : sur-expression de Runx2/Cbfa1 et Tsai humaines isolées à partir Runx2/Cbfa1, ALP, Col-I et pulse de 300μs, fréquence de ALP suivie d'une sous-expression et al., 2009 de la moelle osseuse de GAPDH par RT-PCR répétition de 7,5Hz, 2h/jour Sous-expression de Col-I après 10 jours patients adultes pendant 3, 7 et 10 jours
Cellules souches Augmentation du taux de BMP-2, TGF-β1, ostéoprotégérine, (4) humaines de moelle 15Hz PEMF, 1 Gauss, 5ms matrix metalloproteinase-1 et -3, ostéocalcine, bone sialoprotéine Jansen RT-PCR osseuse in vitro burst/5μs pulse 14 jours jusqu'au jour 9. La phosphorylation de ERK1/2 n'est pas impactée et al., 2010 (BMSCs) par la stimulation PEMF
Tableau 1 (suite) Chapitre 2- Revuedela littérature
Auteurs Modèle de culture Matériel d'étude Stimulation Observations
Lignée cellulaire (5) humaine néoplasique Expression de Midkine (MK) par Wang BGC-823, MKN-45, 7,5Hz, 0,4T, PEMF Altération de l'expression de Midkine RT-PCR et al., 2011a MKN-28, A549, SPC-A1, LOVO
PEMF 1 semaine avant (6) Rats Sprague Dawley Expression de Axin2, Wnt3a, Pas de modification de l'expression de Axin2, augmentation de ovariectomie, 8Hz, 3,82mT, Zhou femelle de 33 mois avec LRP5, β-catenin, c-myc, DKK1 et l'expression de Wnt3a, LRP5, β-catenin, c-myc, et Runx2, 40min/jour, 5jours/semaine, et al., 2012 /sans ovariectomie Runx2 par RT-PCR diminution de l'expression de DKK1 12 semaines
Production et expression de La stimulation réduit l'expression de RANTES, MCP-1, MIP-1α et (7) Lignée cellulaire de Chemokine par ELISA et IL-8 17 Vianale kératinocytes humains RT-PCR 50Hz, 1mT durant 72h 17 et al., 2008 (HaCaT) NF-κB devient indétectable après 1h de stimulation NF-κB p65 par ELISA.
Stimulation + facteurs de croissance : améliorent la Cellules souches différenciation chondrogénique (8) mésenchymateuses 15Hz, 5mT, 1.2A RMS, EF Mayer- humaines adultes de induit inférieur à 2mV/m, Stimulation seule : n'induit pas de différenciation chondrogénique RT-PCR Wagner moelle osseuse (MSCs) 45min toutes les 8h, 3 Augmentation de l'expression de COL2A1 et GAG, expression et al., 2011 in vitro différenciées par fois/jour, 21 jours stable de l'aggrécane et SOX9 et diminution de l'expression de FGF-2 et TGF-β 3 COL10A1
50Hz, 10μT, 1h "off", 1h (9) Interleukine 1 beta (IL-1β), 2 (IL- Echantillon de sang "on" avec champ "on-off" Stimulation intermittente : augmentation de Il-6, aucun effet sur Selmaoui 2), 6 (IL-6), 1 receptor antagonist humain in vivo toutes les 15s ou 50Hz, IL-1β, IL-2, IL-1RA, IL-2R et al., 2011 (IL-1RA), 2 receptor (IL-2R) 10μT en continu, durant 9h
Tableau 1 (suite) Chapitre 2- Revuedela littérature
Auteurs Modèle de culture Matériel d'étude Stimulation Observations Détection par RT-PCR de Fibroblastes de la couche l'expression de TGF-β2 et FGF-2 sclérale de foetus Diminution de la synthèse de collagène I par la régulation de la (10) humains (hFSFs) traités Détection par voie métabolique MAPK, Wang avec un milieu immunofluorescence de COL1A1 50Hz, 0,2mT, 24h Sur-expression de MMP-2, et al., 2013 conditionné à partir de et MMP-2 l'épithélium pigmentaire Augmentation d'activité de ERK1/2 et p38 Mesure de ERK1/2 et p38 par rétinien Western blot*.
Stimulation favorise l'expression de protéines : du noyau, du chondrocytes 100Hz ou ELF modulés cytoplasme et des organelles apparentées au métabolisme arthrosiques primaires (TAMMEF) avec des (11) (glyceraldeyde-3-phosphate-dehydrogenase), de la réponse au isolés de têtes fémorales fréquences, intensités et des Corallo Analyse protéomique stress (Mn-superoxide-dismutase, heat-shock proteins), de la humaines prélevées lors formes d'ondes variables, et al., 2014 régulation du cytosquelette (actine), de l'inhibition de la de prothèse totale de 30min/jour durant 2 18 protéinase (cystatin-B) et de la régulation des fonctions hanche semaines inflammation (S100-A10, S100-A11)
protéine c-Fos : sur-expression dans toutes les aires corticales 1Hz, 10Hz et stimulation testées pour la stimulation 1Hz et 10Hz et uniquement dans le (12) burst-Theta TMS cortex limbique pour la stimulation iTBS et rTMS Aydin- cortex de rat Dark Analyse des protéines c-Fos and intermittent ou repetitive Abidin Agouti zinc finger protein (zif268) protéine zif268 : sur-expression dans toutes les aires corticales transcranial magnetic et al., 2008 pour la stimulation iTBS, dans le cortex moteur primaire et le stimulation (rTMS) cortex sensoriel pour la stimulation 10Hz et aucun effet après la stimulation 1Hz
Culture primaire de Expression d'Osteopontin (OPN): (13) Sous-expression de l'ARNm de OPN. cellules de muscles lisses ARNm par RT-PCR et protéine 20, 40, 60mT Hu vasculaires aortiques de par Western blot + activité de 10, 20 et 30 min L'expression de la protéine OPN et l'activité de MMP-2 sont et al., 2008 rat (VSMCs) Metalloproteinase-2 (MMP-2) dépendants de la dose mais pas du temps de la stimulation
Tableau 1 (suite) Chapitre 2- Revuedela littérature
Auteurs Modèle de culture Matériel d'étude Stimulation Observations
(14) Taux de HSP70 sanguin et niveau 60Hz, 8μT, 30min avant Sur-expression du gène HSP70 et une augmentation de son taux George Rats Sprague-Dawley tissus cardiaques : ARNm (RT- reperfusion protéique et al., 2008 PCR et protéine (Western blot)
(15) Femelles de souris AKR Puce Affymetrix "Mouse Gene 60Hz, 5μT, 83,3μT, 500μT Modification de l'expression de certains gènes, aucun changement Chung âgées de 4 à 6 semaines 1.0ST assay" 21h/jour durant 40 semaines dans le thymus au stade précoce du cancer et al., 2010
Augmentation de la neurogenèse in vivo, augmentation de la (16) Souris in vivo C57BL/6 Expression de l'ARNm par RT- 50Hz, 1mT, transcription des gènes pro-neuronaux (Mash1, NeuroD2, Hes1) Cuccurazzu adulte mâle + isolation PCR et des protéines par Western 1h à 7h/jour pendant 7 jours et des gènes codant pour Ca 1.2 channel α , augmentation de la et al., 2010 du tissu hippocampal blot v 1c traduction des protéines NeuroD1, NeuroD2 et Ca
Stimulation 100Hz : sur-expression de S100B qui revient ensuite
19 à sa valeur initiale; sur-expression progressive pendant la 100Hz, 4 X 1s avec 30s (17) Tranche in vitro de la première heure de S100A1 et se maintient durant la deuxième Etude de l'expression de l'ARNm interval, Lisachev sous-zone CA1 de heure après stimulation; aucun changement de l'expression de de S100B, S100A1 et S100A6 4,4Hz , 400 stimuli pendant et al., 2010 l'hippocampe de rat S100A6 91s Stimulation 4,4Hz : aucune modification de l'expression de l'ARNm
Rats femelles : la stimulation ELF augmente l'expression de (18) Expression des gènes par RT- 60Hz 1mT pour le groupe OB ERβ durant la phase dioestrus et la diminue durant l'oestrus, Reyes- Rats adultes (mâle et PCR : Olfactory bulb(OB) stimulé, 2μT pour le groupe pas d'effet sur ERα. L'expression de ERα et ERβ fluctue Guerrero femelle) estrogen receptor-α (ERα), -β témoin, 2h/jour durant 9 naturellement durant l'oestrus. et al., 2010 (ERβ) jours Rats mâles : l'expérimentation ne montre aucune variation de l'expression de ERα ou ERβ avec ou sans stimulation
Tableau 1 (suite) Chapitre 2- Revuedela littérature
Auteurs Modèle de culture Matériel d'étude Stimulation Observations
(19) Vecteur plasmide Expression du gène Luciferase Rodríguez - électrotransféré dans le par activation de la séquence 60Hz, 80μT, 2h/jour pendant Modification de l'expression de la luciferase par activation du de la Fuente quadriceps de souris spécifique de hsp70 par la 7 jours promoteur hsp70 dans le muscle quadriceps de la souris et al., 2012 BALB/c in vivo stimulation EMF
Exposition court terme : 439 gènes sur-exprimés et 874 sous- exprimés 3,03±0,04mT, exposition de (20) 72h après éclosion ou Exposition long terme : 514 gènes sur-exprimés et 1206 sous- Li Drosophila melanogaster Expression des gènes stimulation de l'œuf jusqu'à exprimés et al., 2013a l'âge adulte de 3 jours 238 gènes sur-exprimés et 598 sous-exprimés sont communs aux 2 conditions
20 Etude de l'expression de Cdc42, (21) RhoGdi, S97, S22 et actine par Sur-expression de Cdc42, RhoGdi, S97, S22 et de l'actine ainsi Tuber borchii mycelium Potenza RT-PCR afin d'évaluer la 50Hz, 0,1mT, 1h/3jours que des gènes impliqués dans la croissance des hyphes et de in vitro et al., 2012 croissance des hyphes du l'organisation du cytosquelette champignon
Expression des gènes par RT- (22) Villosité trophoblastique PCR : Les résultats ne montrent aucune modification de l'expression des Sun 50Hz, 0,4mT, 72h humaine in vitro Bcl-2 lié à l'apoptose, bax, gènes après une stimulation de 72h et al., 2010 caspase-3, p53, fas.
Lignée cellulaire de la leucémie monocytaire 50Hz onde sinusoidale 5μT, (23) aiguë humaine THP-1 et 30min ou 4 ondes de 320, Les résultats ne montrent aucune modification de l'expression du Bouwens RT-PCR lignées cellulaires du 730, 880, 2600Hz, 5μT, 30 gène ou de la protéine cytokine et al., 2012 pharynx humain Detroit min 562
Tableau 1 (suite) Chapitre 2- Revuedela littérature
Auteurs Modèle de culture Matériel d'étude Stimulation Observations
Leucocytes humains in Etude par RT-PCR de l'expression (24) vivo prélevés 2 fois à 2h de 16 gènes de mammifères qui Les résultats ne montrent aucune réponse consistante à Kirschenlohr d'intervalle avant la ont précédemment été publiés 50Hz, 62.0±7,1μT, 2h l'exposition ELF et al., 2012 stimulation et 3 fois comme répondant à la stimulation après ELF-MF
(25) Saccharomyces Puce microarray Affymetrix La stimulation ELF n'altère pas l'expression des gènes de Chen 50Hz, 0,4mT, 6h cerevisiae Yeast Genome S98 + RT-PCR Saccharomyces cerevisiae et al., 2012
50Hz, 1mT, onde sinusoïdale continue ou (26) Echerichia coli K-12 intermittente (2min "on", Les résultats ne montrent aucune modification de l'expression des Huwiler Microarray Affymetrix MG1655 4min "off"), ligne électrique gènes et al., 2012 21 intermittente (2min "on", 4min "off"), 2,5h ou 15h
Chapitre 2- Revuedela littérature Tableau 2 : publications (2008-2015) qui utilisent une stimulation ELF et analysent la prolifération cellulaire
Auteurs Modèle de culture Stimulation Observations
Humain EF
Muridé PEMF
Bovin EMF
Porcin
Résultat en fonction de co-facteurs
Cellules souches 0,13mT, 2mV.cm-1, impulsions quasi- Milieu de culture de base : PEMF n'augmentent pas la prolifération. Tsai mésenchymateuses humaines de rectangulaire de 300μs avec une fréquence et al., 2009 Milieu ostéogénique : PEMF augmentent la durée de la prolifération de 7 moelle osseuse de patients adultes de répétition de 7,5Hz 2h/jour jours à 10 jours 22 Pas de modification de la prolifération cellulaire en l'absence d'agonistes de l'adénosine et de l'adénosine désaminase, Varani Chondrocytes bovins et cultures de 75Hz PEMF, 1,3ms, 1,5mT, 0,07mV.cm-1 Stimulation de la prolifération cellulaire en présence de CGS 21680, et al., 2008 fibroblastes synoviocytes Augmentation de l'inhibition de la prolifération en présence de CI-IB- MECA dans les synoviocytes de type fibroblaste
50Hz, 10μT, intermittent, en présence ou Cid Cellule humaine d'hépatocarcinome absence de mélatonine 10nM La stimulation induit la prolifération et la dédifférenciation cellulaire et al., 2012 HepG2 (physiologique) ou 1μM lorsque la mélatonine exerce des effets cytostatiques et différenciants (pharmacologique)
Stimulation EMF ou 0,5 μM de all-trans-retinol : augmente Lignée cellulaire humaine NB69 de Trillo 50Hz, 100μT, intermittent 42h seul ou en individuellement la prolifération cellulaire dans les deux lignées cellulaires neuroblastome et HepG2 et al., 2012 combinaison avec 0,5μM all-trans-retinol d'hepatocarcinome Stimulation EMF + all-trans-retinol : induisent un effet additif sur la prolifération cellulaire dans la lignée NB69
Tableau 2 (suite) Chapitre 2- Revuedela littérature
Auteurs Modèle de culture Stimulation Observations
Résultat en fonction du type cellulaire, du stade de différenciation ou du type de stimulation
Lignées cellulaires humaines: cancer gastrique (BGC-823, MKN- La stimulation pourrait inhiber significativement la prolifération de BGC- Wang 45, MKN-28), adénocarcinome 823, MKN28, A549 et des cellules Lovo, 7,5Hz, 0,4T, PEMF et al., 2011a épithélial (A549), adénocarcinome Aucun effet significatif n'a été détecté sur MKN-45 et sur les cellules SPC- poumon (SPC-A1), cancer colon A1 (LOVO)
Cellules endothéliales veineuses de Le milieu de culture ayant contenu des cellules ostéoblastiques stimulées cordon ombilical humain (HUVEC) par un ELF-PEMF augmente54 fois la prolifération des cellules Hopper PEMF 15Hz, impulsion de 4,5ms 1,8mT endothéliales. et al., 2009 durant 8h (EBI Bone Healing Devince) Lignée ostéoblastique de cellules Le milieu de culture ayant contenu des cellules endothéliales stimulées crânienne de fœtus de rat (FRC) par un ELF-PEMF ne modifie pas la prolifération ostéoblastique 23 48Hz, 1,55mT, PEMF, exposé : Aucune modification du nombre de cellules, MC3t3-E1 et cellule primaire 24h en continu Wei d'ostéoblastes provenant de l'os Promotion de la prolifération et inhibition de la différenciation en phase de 24h non exposé suivi de 24h exposé et al., 2008 occipital de rats Sprague Dawley prolifération, 24h exposé suivi de 24h non exposé âgés de deux jours 48h exposé en continu Promotion de la différenciation en phase de différenciation des cellules
Stimulation de la prolifération cellulaire en présence de CGS 21680, Varani Chondrocytes bovins et cultures de 75Hz PEMF, 1,3ms, 1,5mT, 0,07mV.cm-1 et al., 2008 fibroblastes synoviocyte Amplification de e l'inhibition de la prolifération cellulaire provoquée par CI-IB-MECA dans les synoviocytes de type fibroblaste
Stimulation EMF en continu : n'a pas induit de changements significatifs 50Hz, 100μT, intermittent (5min de la prolifération cellulaire. Martinez Lignée cellulaire humaine de On/10min Off ou 3h On/3h Off) ou et al., 2012 neuroblastome NB69 Stimulation intermittente : augmentation significative de la prolifération continu durant 63h via la voie de signalisation MAPK ERK1/2 à chaque exposition intermittente
Lignée cellulaire humaine NB69 de Stimulation EMF + 0.5μM de all-trans-retinol : induisent un effet additif Trillo 50Hz, 100μT, intermittent 42h seul ou en neuroblastome et HepG2 sur la prolifération de la lignée NB69, l'effet prolifératif de all-trans-retinol et al., 2012 combinaison avec 0.5μM all-trans-retinol
d'hepatocarcinome est partiellement bloqué par la stimulation EMF pour la lignée HepG2,
Tableau 2 (suite) Chapitre 2- Revuedela littérature
Auteurs Modèle de culture Stimulation Observations
Résultat en fonction du type cellulaire, du stade de différenciation ou du type de stimulation (suite)
Cellules souches Kim Une exposition de 6 ou 12 jours diminue le taux de prolifération alors que mésenchymateuses de moelle 50Hz 1mT, pendant 2, 6 ou 12 jours et al., 2013 l'exposition de 2 jours n'a pas d'effet osseuse adulte (hBMSCs)
La stimulation favorise la prolifération des cellules souches neurales Piacentini Cellules souches neurales 50Hz, 1mT, exposition permanente jusque indifférenciées, diminue la prolifération des cellules qui ont déjà et al., 2008 postnatales 0 jour de souris CD-I 12 jours commencé à se différencier
Cellules stromales Stimulation 10Hz : augmentation de la prolifération Liu 10, 30, 50 et 70Hz, 1mT, 2h exposition mésenchymateuses de moelle et al., 2013 suivi par 4h non exposées Stimulation entre 30 et 50 Hz : aucune différence n'a été observée après 2 osseuse (rBMSCs) semaines de stimulation
Stimulation 4Hz : active la prolifération cellulaire 24 Martirosyan Escherichia coli K-12 2, 4, 6, 8, 10Hz, 0,4mT, 30min et al., 2013 Stimulation 8 Hz : inhibition de la prolifération cellulaire
Prolifération accrue
Cellules souches Sun 15Hz, 4,5ms train de 20 impulsions PEMF Accélération de l'apparition de la mitose 12 à 16h après la stimulation ce mésenchymateuses de moelle et al., 2009 8h/jour durant 3 jours qui est plus rapide que dans le groupe témoin osseuse in vitro (hBMSCs)
Cellules souches Lim 10, 30, 100Hz, PEMF, 0,05mT, exposé en mésenchymateuses alvéolaires Augmentation de la prolifération de 15% après 5 jours et al., 2013a continu humaines dérivées de l'os
Cellules tendineuses humaines Girolamo 75Hz, PEMF, 1,5mT, impulsions de La stimulation influence positivement la prolifération de façon dose- récoltées à partir de tendons semi- et al., 2013 1,3ms, EF induit 2mV crète, 4, 8 or 12h dépendante tendineux et gracilis
Lin PEMF (1,8mT-3mT, 75 Hz, 2 h/jour La stimulation améliore la prolifération et la minéralisation des Ostéoblastes murins 7F2 et al., 2010 durant 3 semaines ostéoblastes mis en culture sur une structure de chitosane*
Tableau 2 (suite) Chapitre 2- Revuedela littérature
Auteurs Modèle de culture Stimulation Observations
Prolifération accrue (suite)
Ostéoblastes murins 7F2 cultivés dans des conditions inflammatoires Lin 75Hz, PEMF 1,5mT, EF induit de 2,5mV, sur structure de chitosane en La stimulation renforce la prolifération cellulaire et al., 2011 impulsions de 1,3ms pendant 9h présence de cellules macrophages RAW264.7
Exposition unique : active la prolifération des chondrocytes et l'expression Chondrocytes intégrés dans un gel de certains gènes. Chang 75Hz, 1,8 à 3mT, impulsion de 1,3ms d'atélocollagène provenant de et al., 2010 induisant un EF de 3,5mV, 24h Exposition à court terme (1 semaine) : favorise la production de GAG et la genoux de porcs formation de lacunes. Trois semaines après l'exposition : aucune production de GAG ou de collagène
25 Durant les trois semaines de stimulation, l'évolution de la quantité totale Chang Chondrocytes porcins primaires 75Hz, 1,8-3mT, impulsions de 1,3ms. d'ADN n'est pas différente (p ≥ 0,1) entre le groupe témoin et stimulé. Par et al., 2011 cultivés sur un film de chitosane 2h/jour pendant 3 semaines contre, le taux de prolifération du groupe stimulé à la semaine 3 est supérieur à celui semaine 1 (p ≤ 0,05)
Delle Monache Cellules endothéliales de la veine 50Hz, 1mT 1, 6 et 12h Après 6h d'exposition, la stimulation augmente le taux de prolifération et al., 2008 ombilicale humaine
Vianale Lignée cellulaire de kératinocytes 50Hz, 1mT durant 72h Après 42h d'exposition, la stimulation augmente le taux de prolifération et al., 2008 humains (HaCaT)
Patruno Lignée cellulaire de kératinocytes 50Hz, 1mT durant 3, 18 et 48h La stimulation augmente le taux de prolifération et al., 2010 humains (HaCaT)
Gaetani Cellules souches cardiaques, Combinaison de MF statique 10μT et La stimulation augmente l'activité métabolique et le taux de prolifération. et al., 2009 adultes humains sinusoïdal 7Hz, 2.5μT, 3 ou 5 jours Cette tendance se réduit après 3 jours d'exposition.
Sulpizio Cellule de neuroblastome Augmentation significative du nombre de cellules, de leur viabilité et du 50Hz, 1mT pendant 5, 10 et 15 jours et al., 2011 SH-SY5Y taux de prolifération
Tableau 2 (suite) Chapitre 2- Revuedela littérature Auteurs Modèle de culture Stimulation Observations
Zhang Cellules souches épidermiques L'augmentation de la fréquence de la stimulation renforce de manière 1, 10 ou 50Hz, 5mT, 3, 5 ou 7 jours et al., 2013 humaines proportionnelle la prolifération et le pourcentage de cellules en phase S
Pas de modification de la prolifération
Cellules progénitrices neurales Pas de modification de la prolifération cellulaire Lim 1, 10 ou 50Hz, 1V.cm-1 EF, 4h/jour porcines de foetus de miniporc du et al., 2013b pendant 3, 7 et 14 jours Stimulation avec les fréquences plus élevées : retarde la différenciation des Yucatan à 45 jours de gestation cellules en astrocytes matures
Mannerling Cellules humaines de leucémie On n'observe aucun changement du taux de prolifération après 24h 50Hz, 25μT ou 50μT ou 100μT, 1h et al., 2010 myéloïde chronique K562 in vitro d'exposition à 100μT
Lignée cellulaire PC12 dérivée de Morabito 50Hz, 0,1mT ou 1mT, stimulation aiguë de Exposition EMF longue durée : n'a pas d'incidence sur la prolifération sauf phéochromocytome de la et al., 2010 30min ou de longue durée (7 jours) une légère diminution transitoire après trois jours après l'exposition 1.0mT médullosurrénale rat 26 Prolifération diminuée
Yan Cellules souches Inhibition de la croissance des cellules souches mésenchymateuses 50Hz, 20mT, 12h et al., 2010 mésenchymateuses humaines humaines
Zhou 50Hz, 0,9mT à 4,8mT par palier de 0,3mT, Inhibition de la prolifération des ostéoblastes indépendamment de la dose Ostéoblastes de rats nouveau-nés et al., 2011 30min/jour jusque 15 jours de stimulation
Cellules souches Cho Inhibition de la prolifération des cellules souches mésenchymateuses après mésenchymateuses de moelle 50Hz, 1mT, durant 12 jours et al., 2012 12 jours d'exposition osseuse humaine (hBM-MSCs)
Fibroblastes de la couche sclérale Wang de foetus humains (hFSFs) milieu 50Hz, 0,2mT, 24h Diminution du taux de prolifération et al., 2013 de l'épithélium pigmentaire rétinien
120Hz, 4.5mT, 50min/jour, 32 jours (7 Jiménez- García Rats mâles Fischer-344 avec jours de stimulation + traitement Inhibition de la prolifération des cellules durant l'hépatocarcinogenèse et al., 2010 lésions prénéoplasiques du foie carcinogenic et 25 jours de stimulation)
Chapitre 2 - Revue de la littérature
2.4 Etudes épidémiologiques 2.4.1 Cancer Le premier document rapportant une association entre champs électromagnétiques et cancer a été rapporté par Wertheimer et al. [1979] dans une étude sur la mortalité infantile. Des recherches ultérieures ont conclu à des risques de cancer accrus, en particulier la leucémie, alors que d'autres études ont conclu à l'absence de risque significatif. Ces résultats sont référencés par Lacy- Hulbert et al. [1998], l'ICNIRP [2001] et Elliott et al. [2013]. Lambrozo et al. [2014] se sont posé la question de savoir si, après 30 ans de recherche sur les ELF-EMF, "il n'était pas temps de devenir raisonnable" : les études épidémiologiques actuelles trouvent un facteur de risque de plus en plus faible après exposition aux ELF-EMF principalement dû à la diminution des biais. 2.4.1.1 Chez les enfants a. Leucémie infantile La question d'un lien causal entre les ELF-MF et la leucémie infantile est posée depuis près de 40 ans. L'IARC [2002] a classé les ELF-MF comme "potentiellement carcinogène" (classification 2B), se basant sur des preuves limitées chez l'homme et l'insuffisance de preuve provenant d'études expérimentales sur les animaux. Les observations chez l'homme proviennent d'études épidémiologiques résumées dans deux méta-analyses sur l'étiologie de la leucémie infantile [Ahlbom et al., 2000; Greenland et al., 2000] qui observent une légère association entre ELF-MF et risque de leucémie pour des niveaux d'exposition supérieurs à 0,3 et/ou 0,4μT. Pour Schüz et al. [2007] la relation entre l'ELF-EMF et leucémie infantile manque toujours d'explications plausibles. Certains relèvent des éléments en faveur d'une association [Kroll et al., 2010] et concluent à partir d'études récentes sur l'association des MF et de la leucémie que les MF sont de possibles carcinogènes [Kheifets et al., 2010a]. Malgré l'apparente consistance d'une relation statistique, des questions importantes restent posées en raison du manque de connaissances des mécanismes impliqués et de l'existence de biais dans les études de cas-témoins susceptibles de surévaluer l'estimation du risque [Schüz et al., 2008, Kheifets et al., 2010a]. Les publications de Kroll et al. [2010] et de Kheifets et al. [2010a] sont discutées par Schmiedel et al. [2010] qui sont persuadés que les études épidémiologiques n'ont rien apporté depuis l'étude de Greenland et al. [2000]. Peut-être faut-il accepter les limites de la recherche épidémiologique et attendre de nouvelles approches technologiques (une meilleure caractérisation de l'exposition et des mécanismes biologiques) pour tirer de nouvelles conclusions [Savitz, 2010]. Malgré l'apport controversé des études épidémiologiques les plus récentes, de nouvelles études continuent d'être publiées. Wünsch-Filho et al. [2011] étudient les effets des MF 60Hz sur la leucémie aiguë lympholastique (ALL). Ils n'ont pas observé de risque accru chez les enfants exposés à des champs égaux ou supérieurs à 0,3μT comparés à une exposition inférieure à 0,1μT. Jirik et al. [2012], dans une étude cas-témoins appariés, n'ont trouvé aucune relation entre le niveau d'exposition et la leucémie infantile pour des niveaux d'exposition de 0,2μT à 0,4μT. Schüz et al. [2012] ont étudié plus de 3.000 enfants diagnostiqués avec une ALL dans huit pays, le lien entre l'exposition aux ELF-MF et la survie : aucune association significative ne peut être observée. Sermage-Faure et al. [2013] testent l'hypothèse d'une augmentation de l'incidence ALL chez les enfants vivant à proximité des lignes hautes tensions de 63-150KV (HV-HVOL) et
27 Chapitre 2 - Revue de la littérature
225-400KV (VHV-HVOL). Ils montrent une augmentation de l'indice de risque relatif rapproché (odds ratio, OR) pour l'apparition des ALL chez les enfants vivant à moins de 50 mètres d'une VHV-HVOL mais aucune relation n'a été trouvée au-delà de cette distance ou à moins de 50 mètres d'une HV-HVOL. Pedersen et al. [2014a] ne trouvent pas de risque accru chez les enfants vivant à moins de 200m de lignes aériennes de 132 à 400kV. Leitgeb, [2014] groupant les données épidémiologiques, explique les résultats controversés et critique l’hypothèse d’un lien causal entre exposition aux ELF-MF et leucémie infantile. Il conclut que la classification dans le groupe 2B doit être révisée. Par opposition une méta-analyse reprenant les résultats de 9 études montre que le niveau d'exposition aux EMF peut être associé à la leucémie infantile [Zhao et al., 2014]. Le Scientific Committee on Emerging and Newly Identified Health Risks a conclu [SCENIHR, 2009] que les nouvelles études épidémiologiques et animales qui ont abordé l'exposition aux ELF ne modifiaient pas leur évaluation de 2007 : les ELF-EMF sont potentiellement carcinogènes et peuvent augmenter la fréquence d'apparition de la leucémie infantile mais ils reconnaissent que le hasard et les biais ont pu produire ce résultat. Ce rapport actualisé en 2015 conclut que les résultats actuels ne montrent aucun effet néfaste des EMF sur la santé si l'exposition reste sous les normes [SCENIHR, 2015]. Le huitième rapport du Scientific Council on Electromagnetic Fields of the Swedish Radiation Safety Authority [SSM, 2013] indique que les nouvelles informations sont conformes aux méta-analyses précédentes relevant une augmentation minime du risque de leucémie après une exposition aux lignes électriques haute tension. Aucune étude in vitro ne fournit une explication sur les mécanismes de cette conclusion épidémiologique. Le rapport du SSM [2015] indique que les dernières études ne présentent aucune association consistante et souligne que les nouvelles études conservent toujours les mêmes approches et les mêmes limitations que les études antérieures. Outre l'exposition des enfants, celle des parents, avant ou pendant la grossesse, pourrait jouer un rôle dans le développement du cancer chez l'enfant. Peu d'études ont été menées sur les parents exposés professionnellement à des EMF élevés avec l'idée que l'exposition à des EMF pourrait entraîner une altération génétique et donc augmenter la probabilité d'apparition d'un cancer chez les enfants. Quelques études ont examiné l'exposition maternelle, mais le nombre de femmes enceintes exposées aux EMF est faible. L'IARC [2002] a conclu que les études sur l'exposition professionnelle aux champs magnétiques des parents et le cancer chez les enfants présentent des résultats inconsistants se basant sur un petit nombre de cas. Hug et al. [2010] et Reid et al. [2011] ont analysé l'association entre l'exposition aux champs ELF-EMF des pères et mères et l'ALL chez l'enfant et n'ont montré aucun risque accru chez les enfants de parents professionnellement exposés aux ELF. Une étude considérant le niveau de radon et la pollution de l'air comme cofacteurs a été réalisée : en fonction des méthodes d'analyse, les résultats montrent une interaction significative entre ELF-EMF, radon et leucémie infantile mais cette interaction pourrait être due au hasard [Pedersen et al., 2014b].
28 Chapitre 2 - Revue de la littérature b. Cancer du cerveau Une méta-analyse de ELF-MF groupant 13 études (1979-2007) sur les tumeurs cérébrales de l'enfant ne fournit aucune preuve de l'augmentation du risque chez les enfants exposés aux champs ELF résidentiels [Mezei et al., 2008]. Une augmentation de risque modérée ne peut être exclue pour les niveaux d'exposition les plus élevés (> 0,3 ou 0,4μT). Kheifets et al. [2010b] publient une analyse des données de 10 études (1960-2001) sur ces tumeurs et les champs ELF-MF. Aucun résultat n'est statistiquement significatif. Même si certains indices Odds pour la catégorie d'exposition la plus élevée (> 0,3 ou 0,4μT) sont augmentés, la conclusion indique qu'il y a peu de preuves d'une relation entre ELF-MF et le cancer du cerveau chez l'enfant. Ces études ne traitent qu'un petit nombre de cas dont il est difficile de tirer des conclusions. Les évidences épidémiologiques liant ce cancer à l'exposition résidentielle aux MF sont peu concluantes. 2.4.1.2 Cancer chez les adultes a. Risque carcinogène Elliott et al. [2013] ont mené une étude de cas-témoins à l'aide de données (1974-2008) du Registre National du cancer (Angleterre et Pays de Galles) analysant les risques de cancers chez l'adulte en relation avec la distance des lignes électriques haute tension ou des MF qu'elles produisent. Ils n'ont trouvé aucune augmentation du risque ou une tendance en faveur de la leucémie, du cancer du cerveau ou du système nerveux central, du mélanome malin ou du cancer du sein en relation avec l'éloignement ou l'amplitude des MF. Guxens et al. [2014] ont conduit une étude dans quatre pays nordiques sur une population professionnelle afin d'évaluer l'exposition des ELF-MF ou des chocs électriques durant les heures de travail et le cancer du cerveau, les tumeurs malignes hématopoïétiques et lymphatiques ou le cancer du sein. Dans cette très importante cohorte (68.770 cancers du cerveau, 65.609 lymphomes, 83.088 leucémies, 33.791 myélomes multiples, 1.827 cancers du sein masculin, 297.283 cancers du sein féminin) aucune preuve de risque accru en relation avec l'exposition professionnelle aux ELF-EMF ou chocs électriques n'a pu être trouvée. Concernant les professionnels exposés à des intensités de champs plus importantes, certaines études montrent que les ELF pourraient jouer un rôle dans l'apparition ou la progression des tumeurs cérébrales vers des stades plus avancés [Turner et al., 2014]. b. Leucémie chez l'adulte Marcilio et al. [2011] ont évalué l'association de la distance du domicile à la ligne électrique aérienne la plus proche, de l'amplitude du champ magnétique calculée à partir des lignes électriques et de la mortalité par la leucémie chez l'adulte. Un risque accru de mortalité a été relevé aux distances les plus proches des lignes électriques par rapport aux personnes vivant à plus de 400 mètres; le risque est plus élevé pour les personnes vivant à moins de 50 mètres. Ils ont observé une légère augmentation de la mortalité par leucémie chez les adultes vivant dans des maisons soumises aux champs magnétiques les plus élevés.
29 Chapitre 2 - Revue de la littérature
Concernant l'exposition professionnelle à des intensités de champs plus importantes, une étude souligne la cohérence des résultats indiquant l'absence de relation entre leucémie et PEMF, la démonstration de l'hypothèse inverse reste aléatoire [Sorahan, 2014]. Talibov et al. [2015] ont étudié l'association entre l'exposition professionnelle aux ELF-MF, les chocs électriques et la leucémie myéloïde aiguë (AML). L'étude inclut 5.409 cas d'AML adulte diagnostiqués entre 1961 et 2005 et 27.045 témoins. Les résultats ne montrent pas d'association entre les différents facteurs étudiés. c. Cancer du sein Pour Feychting [2013], commentant Li et al. [2013b], ce type d'étude a été mené depuis les années 1980 sur base de l'hypothèse que les champs ELF suppriment la production de mélatonine qui aurait un effet protecteur contre le cancer du sein. Des études récentes, moins sensibles aux biais, ont été réalisées pour l'exposition résidentielle (matelas chauffants) et l'exposition professionnelle : elles n'ont pas confirmé les quelques résultats positifs initiaux et ne soutiennent pas l'hypothèse que les champs ELF-MF augmentent le risque de cancer du sein. L'IARC [2002] a considéré les preuves insuffisantes et l'OMS [2007a], sur base de nouvelles études, a conclu à l'absence de risque de cancer du sein. L'OMS estime que les preuves sont suffisantes pour affirmer que les champs magnétiques ne causent pas le cancer du sein. 2.4.2 Maladie neurodégénérative La neurodégénérescence est une perte progressive de la structure et de la fonction des neurones. Les maladies neurodégénératives (NeuroDegenerative Disease, NDD) telles la maladie d'Alzheimer, la maladie de Parkinson, la maladie de Huntington (cause génétique) ou la sclérose latérale amyotrophique apparaissent lorsque la régénération fonctionnelle ou structurelle est déficiente. Souvent, les processus NDD impliquent des facteurs environnementaux [Brown et al., 2005; Cannon et al., 2011]. Sobel et al. [1995] furent les premiers à s'intéresser à l'étude des EMF dans les NDD. Utilisant les observations de Sobel et al. [1995, 1996], Feychting et al. [1998] et Savitz et al. [1998], le National Radiological Protection Board (NRPB) publie un rapport sur les ELF et les NDD [NRPB, 2001]. Sur les désordres neurodégénératifs, l'OMS [2007a] rejoint l'avis du NRPB et indique qu'aucune évidence ne montre de lien entre ELF et la maladie de Parkinson. Si le NRPB indique de très faibles éléments montrant une association avec la maladie d'Alzheimer, l'OMS ne trouve aucune association significative pour cette maladie ou la sclérose latérale amyotrophique. Huss et al. [2009] publient la première étude réalisée en Suisse sur le risque des différentes NDD après exposition résidentielle aux lignes à haute tension et, en 2013, une étude danoise comprenant un groupe témoins a analysé l'association possible entre la distance résidentielle par rapport aux lignes à très haute tension et les NDD [Frei et al., 2013]. Ces études n'ont montré aucune relation entre les ELF et la maladie de Parkinson, la sclérose en plaques, la maladie du motoneurone, la démence vasculaire ou d'autres types de démence. De plus, l'étude danoise ne montre pas de risque accru de NDD pour les personnes vivant à proximité des lignes électriques et ne confirme pas le risque accru de maladie d'Alzheimer trouvé dans l'étude suisse.
30 Chapitre 2 - Revue de la littérature
Différentes études et méta-analyses ont été menées sur l'exposition professionnelle et les NDD [Håkansson et al., 2003; García et al., 2008; Vergara et al., 2013; Sorahan et al., 2014]. Vergara et al. [2013] notent des erreurs de classification des maladies et des évaluations imprécises de l'exposition déforçant plusieurs études : les connaissances sur les effets ELF-MF sur les NDD nécessitent des améliorations. Sur un modèle de souris, l'équipe de Liebl [2015] a montré que la stimulation MF 50Hz 1mT n'affecte pas les processus cellulaires impliqués dans la pathogenèse de la maladie d'Alzheimer et de la sclérose latérale amyotrophique. Zhang et al. [2015] tirent la même conclusion pour la maladie d'Alzheimer après une étude de l'exposition ELF-EMF à court terme (100μT/50Hz) sur un modèle de rat. Le tableau 3 présente les observations réalisées pour les NDD après exposition professionnelle, résidentielle et in vitro : aucune ne relie l'exposition ELF à la maladie de Parkinson, la démence, la sclérose en plaque ou la maladie des motoneurones. Bien que certaines études ne montrent aucune association ou une association non directement liée aux EMF, un risque accru pourrait exister pour la maladie d'Alzheimer et la sclérose latérale amyotrophique [Håkansson et al., 2003; NRPB, 2001; Garcia et al., 2008; Huss et al., 2009; Vergara et al., 2013; Huss et al., 2015]. Mattsson et al. [2012] publient une revue de la littérature sur les expérimentations in vivo et in vitro qui recherchent un mécanisme expliquant le lien de causalité suggéré pas les études épidémiologiques entre la maladie d'Alzheimer et l'exposition aux EMF. Pour Mattson, les études expérimentales revues sont insuffisantes pour répondre à la question. La même année, Maes et al. [2012], évoquent plusieurs voies métaboliques proposées dans la littérature qui pourraient expliquer le risque accru de maladie d'Alzheimer suite à l'exposition aux ELF-EMF : - La production de l'amyloïde-β, responsable de la formation de plaques amyloïdes dans la maladie, est accrue après une exposition à long terme aux ELF-MF. - La mélatonine peut affecter l'initiation et l'évolution de la maladie; différentes études montrent une baisse de sa production après exposition aux EMF. - Le stress oxydatif élevé dans la maladie, l'est également après exposition aux EMF. - Sous couvert de confirmation, que les ELF-EMF puissent augmenter la charge mutationnelle causée par l'aneuploïdie, ils pourraient augmenter son incidence.
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Chapitre 2- Revuedela littérature Tableau 3 : observations réalisées sur les maladies neurodégénératives et l'exposition ELF professionnelle, résidentielle et in vitro
Pathologies et preuve de leurs associations avec les ELF-EMF Type Auteurs d'exposition Sclérose latérale Sclérose en Maladie de Maladie des Alzheimer Démence amyotrophique plaque Parkinson motoneurones
Huss et al., 2009 risque accru NS NS NS NS
Résidentielle Frei et al., 2013 NS NS NS NS NS NS
NRPB, 2001 très faibles preuves risque accru mais NS causé par les chocs électriques
Håkansson et al., 2003 risque accru risque accru NS NS 32 OMS, 2007a association inadéquate NS NS
augmentation Garcia et al., 2008 Professionnelle significative du risque
augmentation augmentation modérée modérée du risque Vergara et al., 2013 du risque mais pas à NS NS NS mais pas à cause cause des MF des MF
Sorahan et al., 2014 NS NS NS NS NS NS
Huss et al., 2015 NS
Liebl et al., 2015 NS in vitro Zhang et al., 2015 NS
Chapitre 2 - Revue de la littérature
2.4.3 Incidence sur la gestation Peu de publications traitent des effets des ELF sur la grossesse et leurs résultats sont souvent contradictoires. Li et al. [2002] concluent à un risque nul de fausse couche pour un niveau moyen d'exposition aux MF; le risque apparaît si l'intensité de l'exposition augmente. En 2013, deux publications s'opposent : pour Mahram et al. [2013], il n'y a pas d'effet des ELF-EMF sur la grossesse humaine, la croissance fœtale et le développement; pour Shamsi Mahmoudabadi et al. [2013], l'exposition est probablement liée à des avortements spontanés précoces. Une étude utilisant des embryons de souris exposés à des ELF-MF a montré de possibles effets néfastes sur la fertilité et sur le développement de l'embryon, diminuant le nombre de blastocystes et augmentant la fragmentation de leur ADN [Borhani et al., 2011]. Plus récemment, une étude sur la proximité résidentielle aux sources EMF et le poids à la naissance conclut que vivre à proximité immédiate de sources ELF-EMF (<100m) est associé à une croissance fœtale sous-optimale [de Vocht et al., 2014]. 2.4.4 Intolérance environnementale idiopathique attribuée aux EMF L'Intolérance Environnementale Idiopathique attribuée aux champs électromagnétiques (IEI- EMF), aussi appelée Hypersensibilité Electromagnétique (EHS) ou électrosensibilité, est caractérisée comme symptômes non spécifiques que les individus concernés attribuent à l'exposition aux EMF [OMS, 2005]. Les symptômes fréquemment mentionnés sont dermatologiques (rougeurs, picotements et sensations de brûlure) ainsi que des symptômes souvent associés à la neurasthénie ou au système nerveux (fatigue, lassitude, difficultés de concentration, étourdissements, nausées, palpitations cardiaques et troubles digestifs). Cette collection de symptômes ne recouvre aucun syndrome reconnu : l'EHS se caractérise par une variété de symptômes non spécifiques qui diffèrent d'un individu à l'autre. Les symptômes sont réellement éprouvés et leur gravité peut varier d'un individu à l'autre mais, quelle qu'en soit sa cause, l'EHS peut être handicapant [OMS, 2005]. Baliatsas et al. [2012] sont demandeurs d'un protocole international permettant une définition claire de l'EHS ainsi que d'outils de dépistage validés. Rubin et al. [2010] publient une revue de 46 études de provocation impliquant 1175 volontaires souffrant d'EHS. Ils concluent que peu d'arguments suggèrent que les EMF déclenchent les symptômes rapportés et que les personnes concernées soient aptes à détecter la présence d'EMF. L'effet nocebo suffirait à expliquer la symptomatologie déclarée. Néanmoins, deux études expérimentales ont identifié des participants capables de réagir de façon fiable à des champs magnétiques [SCENIHR, 2015]. Une étude récente de Porsius et al. [2015] montre que l'installation d'une nouvelle HV-HVOL a un impact négatif sur la perception des riverains sur leur santé et ce, même avant la mise en service de la ligne. Les preuves disponibles suggèrent que l'EHS doit être considérée comme ayant une origine principalement psychogène [Rubin et al., 2010; Köteles et al., 2013] et le traitement basé sur la thérapie cognitive et comportementale peut être utile à certains patients [Rubin et al., 2010].
33 Chapitre 2 - Revue de la littérature
2.4.5 Conclusions L'intérêt de l'épidémiologie dans l'étude des effets physiopathologiques des ELF date de plusieurs décennies. L'équipe de Wertheimer [1979] étudiait déjà l'association des EMF et du cancer chez les enfants. Nombre de thèmes ont été abordés : leucémie infantile, exposition des parents et effets sur la santé de l'enfant, cancer du cerveau chez l'enfant, risque carcinogène chez l'adulte, maladies neurodégénératives etc... . Certaines études ne traitent qu'un petit nombre de cas exposés d'où la difficulté de tirer des conclusions. Aucune statistique ne montre une augmentation significative du risque même si une augmentation modérée ne peut être exclue pour les niveaux d'exposition les plus élevés. Les expositions inférieures aux recommandations sont sans risque. Certaines études montrent un risque accru pour la maladie d'Alzheimer et la sclérose latérale amyotrophique. La question reste posée quant à la leucémie infantile pour laquelle plusieurs études épidémiologiques ont montré un risque accru, sans confirmation expérimentale. Pour l'instant, aucune relation de cause à effet n'a pu être mise en évidence par les experts de l'OMS pour les expositions domestiques. Les résultats sont contradictoires pour les expositions professionnelles montrant dans quelques rares études une relation entre le cancer du cerveau et les EMF [NIEHS/NIH, 2002]. Les études épidémiologiques poolées n'ont relevé aucune relation entre EMF et cancer chez l'adulte (leucémies, cancer du cerveau ou cancer du sein) [NIEHS/NIH, 2002; OMS, 2007a]. Le SCENIHR [2009, 2015] continue de considérer que les ELF-EMF restent un carcinogène potentiel pouvant contribuer à une augmentation de la leucémie infantile ajoutant qu'il est possible que la combinaison du hasard et des biais aient mené à cette conclusion. Nos connaissances actuelles montrent qu'il n'y a pas d'effet néfaste évident des EMF sur la santé si l'exposition reste en dessous des niveaux recommandés et fixés par les normes en vigueur. A l'heure actuelle aucune étude in vitro ne fournit une explication mécanistique justifiant cette conclusion. Les études épidémiologiques actuelles sur la leucémie infantile et l'exposition aux ELF montrent un facteur de risque de plus en plus faible [Lambrozo et al., 2014], n'apportent rien de neuf comme information [Savitz, 2010]. Schmiedel et al. [2010] et Leitgeb et al. [2014] demandent la révision de la classification de l'IARC.
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2.5 Etudes cliniques 2.5.1 Effets biologiques positifs Traditionnellement, les études des effets biologiques des ELF-EMF se focalisent sur les risques sanitaires. Certains résultats thérapeutiques présentent cependant un réel intérêt. Ils ont été observés à des expositions inférieures aux limites recommandées par l'International Commission on Non-Ionizing Radiation Protection (ICNIRP). Ces interactions potentiellement bénéfiques sont étudiées dans divers contextes et les mécanismes pourraient être exploités et utilisés dans plusieurs applications thérapeutiques : - le traitement des cancers; - l'exposition/stimulation des tissus et cellules excitables impliqués dans les maladies neurologiques, neurodégénératives ou les troubles psychiatriques; - l'exposition/stimulation des tissus non-excitables lors de la cicatrisation, la croissance ou des applications de régénération. L'intérêt de ce type de recherche est confirmé par la création d'une action COST (Cooperation in Science and Technology) supportée par la Commission Européenne portant le nom de "European network for innovative uses of EMFs in biomedical applications (EMF-MED)". L'action vise à soutenir la recherche sur les effets biologiques bénéfiques des ELF et leur utilisation dans des applications biomédicales. Elle a pour objet d'améliorer la compréhension des mécanismes d'interaction physiques et biologiques des effets de la stimulation ELF chez l'Homme. 2.5.1.1 Réparation tissulaire Des études montrent que les blessures guérissent plus vite après exposition aux ELF-MF [Vodovnik et al., 1992; Ottani et al., 1988; Jercinovic et al., 1994; Okano et al., 2006; Callaghan et al., 2008]. Une amélioration de l'angiogenèse a été observée [Cañedo-Dorantes et al., 2002] sur des patients souffrant d'ulcères chroniques aux jambes ne répondant pas aux traitements médicaux ou chirurgicaux. Traitées par un champ EMF 60Hz 120V 3,6mT, 69% des lésions ont montrés une guérison en moins de quatre mois. Suite à la revue de la littérature sur l'implication des cytokines dans la cicatrisation après un traitement avec ELF-EMF, Pesce et al. [2013] concluent que les EMF auraient une application thérapeutique dans les maladies où l'inflammation chronique est présente (ulcères). Rezaei Kanavi et al. [2012] expliquent qu'un traitement à court terme des brûlures alcalines de la cornée par des champs pulsés ELF est un traitement sûr et non invasif; ses effets thérapeutiques sont comparables à un traitement médical classique. Les résultats de Bai et al. [2013] montrent que les cellules mésenchymateuses de la moelle osseuse peuvent être différenciées en cellules neurales par une stimulation EMF 50Hz. Ils en concluent que le traitement non invasif EMF 50Hz pourrait faciliter la différenciation des cellules stromales en neurones fonctionnels et être associé aux thérapies de transplantation de cellules souches afin de lutter contre les maladies du système nerveux central.
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2.5.1.2 Consolidation osseuse Yasuda et al. [1953] et Nogushi [1957] ont montré que sous certaines conditions, des modifications du potentiel électrique appliqué à l'os favorisent la formation osseuse. Bassett et al. [1981] ont implanté une anode et une cathode, connectées à un générateur de courant continu, à travers la corticale d'un fémur de chien in vivo et ils ont observé la formation d'os autour de la cathode. Les résultats d'études in vivo et in vitro revues ou réalisées par Hinsenkamp [1994] analysent les effets de la stimulation des EMF sur l'os et montrent que l'ostéogenèse peut être stimulée par des variations de potentiel électrique. Bodamyali et al. [1998], étudiant l'ostéogenèse in vitro, ont utilisé des PEMF de 15Hz sur des ostéoblastes de la voûte crânienne de rats et ont observé la formation de nodules osseux augmentant en taille et en nombre. Ils ont observé par qRT-PCR une augmentation de la transcription de l'ARNm de la Bone Morphogenetic Protein 2 (BMP-2) et BMP-4. Selvamurugan et al. [2007], combinant les effets de la BMP-2 et de la stimulation PEMF sur la formation osseuse, ont trouvé une synergie lorsque les deux agents se sont combinés. Fu et al. [2014] testent une stimulation composée de 10 à 30 impulsions par jour (Single Pulsed ElectroMagnetic Field" – SPEMF; 1 impulsion toutes les 5 secondes), sur des cellules de moelle osseuse humaine et sur un modèle de souris in vivo intégrant une greffe osseuse nécrotique. Le traitement journalier est inférieur à 3 minutes. Ils concluent que la stimulation SPEMF accélère la différenciation ostéogénique de la culture cellulaire et améliore la consolidation osseuse, la néo-vascularisation et la croissance cellulaire dans les os nécrotiques de souris. 2.5.2 Conclusions On observe ces dernières années une évolution dans la recherche des effets des ELF sur la santé. Au départ d'une recherche liée aux risques, on trouve de plus en plus d'études traitant des effets bénéfiques pour la santé. La Commission Européenne soutient actuellement ce type de recherche dans le cadre d'une action COST.
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2.6 Conclusions de la Revue de la Littérature Vu la variété de conditions d'exposition, de modèles biologiques et de types d'analyses utilisée dans les protocoles expérimentaux, il est difficile de comparer les études et de tirer des conclusions globales. De nombreuses publications mettent en avant le manque de connaissances sur les mécanismes cellulaires et l'intérêt de leurs découvertes [IARC, 2002; Leszczynski, 2006; Schüz et al., 2008; Kheifets et al., 2010a; Savitz, 2010; Leszczynski et al. 2012; SSM, 2013, 2015; SCENIHR, 2015]. La présence de fenêtres, correspondant à certaines caractéristiques du signal, limiterait l'activité des champs [Adey, 1996; Binhi et al., 2000, Liu et al., 2013; Pesce et al., 2013]. La multiplicité des paramètres explique les résultats contradictoires et la nécessité de bien préciser dans les protocoles les caractéristiques électriques de la stimulation (forme d'onde, fréquence, amplitude, intensité). Il semble que lorsque les recherches en laboratoire sont menées en dessous des valeurs recommandées par l'ICNIRP [1998], les quelques effets négatifs observés ont rarement pu être reproduits ou même sont contredits par d'autres équipes. Des effets bénéfiques ont par contre été observés dans plusieurs études. La réaction cellulaire ou tissulaire à la stimulation ELF observée dans ces études montre que la recherche des mécanismes cellulaires impliqués est une voie d'analyse qui mérite d'être approfondie. Concernant les études épidémiologiques, des réserves importantes persistent dues au manque de connaissances des mécanismes biologiques impliqués, mais aussi en raison des biais dans les études de cas-témoins susceptibles d'augmenter l'estimation du risque [Schüz et al., 2008; Kheifets et al., 2010a]. Si ces biais ne peuvent pas être totalement exclus dans des études récentes, ils ont considérablement diminué. Parallèlement, les études les plus récentes présentent aussi un taux de risque inférieur aux études les plus anciennes.
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Chapitre 3 - Objectifs de l'étude Pourquoi étudier les effets du courant et des champs électromagnétiques? Nous sommes de plus en plus exposéss aux courants et champs électromagnétiques et il est important de fixer des normes justifiées par des effets biologiques scientifiiquement démontrés. Il est également fondamental de répondre à toutes les questions qui concernent la santé de la population. Questions : Compte tenu de la réponse cohérente de différents modèles biologiques à l'application d'un courant électrique ou électromagnétique pulsé, asymétrique, à charge nulle, de basses fréquences et de faible amplitude (chap. 1.3.2, p. 3), différentes questions se posent : - Quels sont les récepteurs et les mécanismes sur lesquels agit la stimulation électrique? - Quels sont les processus bioologiques activés par ces récepteurs (prolifération; différenciation; physiologique ou pathologique)? - Quelles sont les caractéristiques de la stimulation déclenchant une réaction cellulaire? La revue de la littérature met clairemeent en évidence : - le manque de connaissance des mécanismes cellulaires activés après stimulation ELF; - l'importance de leur étude dans toute recherche liée à l'utilisation de lla stimulation ELF; - l'efficacité des techniques omiques dans la recherche des mécanismes cellulaires; - l'intérêt du screening et des modèles expérimentaux permettant l'extrapolation des résultats chez l'homme; - la difficulté de prouver expérimentalement les résultats épidémiologiiques positifs; - la difficulté de comparer les résultaats des différentes études; - la présence d'effets similaires avec ddifférents modèles de culture et de stimulation; - l'intérêt croissant pour les effets positifs des champs ELF; - le manque de preuves d'effets pathologiques en dessous des dosees recommandées par l'ICNIRP. Objectifs : Suite à ces questions et au manque flagrant de connaissance sur le sujet,, nous proposons : - de rechercher les mécanismes implliqués au niveau cellulaire par un screening complet et non ciblé de l'expression génique; - de mettre en évidence les processus biologiques actifs dans la réponse cellulaire observée après la stimulation ELF; - d'isoler une liste de gènes "marqueurs" spécifiquement impliqués dans ces mécanismes; - de tester l'hypothèse que la stimulation ELF accélère dans le temps l'apparition de phénomènes qui seraient apparus naturellement mais avec une latence plus longue; - de vérifier la cohérence des nouveaauux résultats avec les résultats des études historiques.
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Chapitre 4 - Matériel et méthodes 4.1 Modèle de Culture cellulaire Notre modèle expérimental est constitué d’explants d'épiderme humains mis en culture sur un support dermique dévitalisé sur lesquels nous étudions l'effet d'un courant électrique pulsé de basse fréquence. La structure de la peau humaine ainsi que les mécanismes de la prolifération, de la différenciation et de la cicatrisation cutanée sont présentés annexe 4 (p. 152). Le derme et l'épiderme sont prélevés lors de procédures d'abdominoplaassties* réalisées par un chirurgien plasticien sur des patients ne présentant aucun antécédent pathoollogique. Le derme sert à préparer les supports de culture pour les kératinocytes qui sont prélevés sous forme d'explants de 3mm de diamètre à partir de l'épiderme. Les dermes et les explants d'épiderme sont prélevés chez dees donneurs différents. Les explannts utilisés lors d'une même expériience sont prélevés sur un même sujet. Les supports dermiques reposent sur des rectangles de mousse imbibée de milieu de culture. La stimulation est appliquée au moyen de 2 électrodes en platine disposées de part et d'autre du support dermique. Elle consiste en un courant électrique pulsé de faible innttensité, à charge nulle, envoyé de manière intermittente 40 minutes par jour durant 3, 6 ou 11 jourss. 4.1.1 Préparation des supports dermiques L'ensemble des opérations se déroule stérilement. Le lambeau de peau prélevé lors d'une abdominoplastie est placé pendant une heure à 4°C afin de faciliter l'hypodermectomie. Un maximum d'adipocytes est reséqué sans entailler le derme. Derme et épiderme sont ensuite placés dans une boîte de Pétri contenant une solution de Phosphate Buffered Saline* (PBS), Fungizone, Penicillin/Streptomycin et Gentamicin. Le tout est déposé dans un incubateur à
37°C/5% CO2 pendant dix à douze jours. Après cette période, l’épiderme est facilement détaché du derme. Nous avons fait fabriquer un emporte-pièce de 60x30mm pouur découper l'ensemble des supports dermiques de manière standardisée. Les rectangles de derme subissent ensuite une série de 20 congélations dans de l’azote liquide suivies de décongélations dans un bain-marie à 37°C pour éliminer les cellules tout en conservant la structure du tissu. La dernière étape consiste en une stérilisation par rayon gamma (cobalt-60) à 7kGy suivie par le stockage à -20°C. Le traitement des peaux obtenues à partir de 46 abdominoplasties aura été nécessaire pour fournir les dermes utilisés dans nos différents protocoles de mise au poinntt (chap. 4.1.7, p. 43 et 4.3.2.2, p. 62) ainsi que pour les quarante-deux supports dermiques nécessaires à la réalisation de l'étude microarray (chap. 4.3.3, p. 50). 4.1.2 Préparation des explants épidermiques L'ensemble de ces opérations se déroulle stérilement. Le lambeau de peau prélevé lors d'une abdominoplastie est placé pendant une heure à 4°C afin de faciliter l''hypodermectomie. Le maximum d'adipocytes est réséqué sans eentailler l'épiderme. Le prélèvemeent dégraissé est placé 1 nuit à 4°C dans une solution de Dulbecco Modified Eagle's Medium (DMMEM). Le lendemain, l'épiderme est détaché du derme par à un dermatome de Wagner* (fig. 6) et placé 30 minutes
39 Chapitre 4 - Matériel et méthodes
dans une solution de Trypsine-EDTA (incubateur 37°C/5% CO2) afin de faciliter la migration et l'attachement des cellules sur le support dermique.
Figure 6 : prélèvement au dermatome de Wagner
Pour inhiber la trypsine, l’épiderme est placé 5min dans une solution de DMEM, Ham's F12 Nutrient Mixture* (F12) et Fetal Bovine Serum (FBS). L’épiderme sera ensuite découpé avec un "Punch Biopsy" (Stiefel®) de 3mm de diamètre (fig. 7).
Punch Biopsy
Epiderme Tapis de découpe
Figure 7 : découpe des explants de 3 mm de diamètre à l'aide d'un punch Biopsy
4.1.3 Fabrication des supports en mousse L'utilisation sera précisée au chapitre 4.1.6. Pour la fabrication de 30 supports en mousse : - découper les rectangles de mousse (60mm sur 30mm); - tremper les mousses 30min dans 1.5l d'eau de ville et mélanger à l'aide d'un vortex; - rincer pendant 15min à l'eau distillée courante; - tremper les mousses 30min dans 1.5l d'isopropanol et mélanger à l'aide d'un vortex; - rincer pendant 15min à l'eau distillée courante; - tremper les mousses 30min dans 1.5l d'acétone et mélanger à l'aide d'un vortex; - rincer pendant 15min à l'eau distillée courante; - bouillir les mousses 30min dans 1.5l d'eau distillée;
40 Chapitre 4 - Matériel et méthodes
- sécher 1 nuit sur papier buvard; - stériliser par autoclave à 120°C. 4.1.4 Préparation des électrodes Un câble électrique est soudé sur une électrode en platine (50mm/2mm/0,5mm) et isolé par un manchon thermorétractable; une paire de câble est soudée à son autre extrémité à un connecteur RCA (Radio Corporation of America, appelé aussi CINCH) (fig. 8). Six paires d'électrodes et six rallonges d'un mètre RCA/RCA sont préparées. L'ensemble est stérilisé au Sterrad®*.
Figure 8 : A : 2 câbles électriques soudés sur 2 électrodes de platine et isolés par un manchon thermorétractable; B : la paire de câble est soudée à son autre A B extrémité à un connecteur RCA
4.1.5 Préparation du milieu de culture Le milieu de culture [Pruniéras et al., 1983; De Dobbeleer et al., 1989] est constitué de : Dulbecco Modified Eagle's Medium (DMEM) et Ham’s F12 nutrient mixture (F12) (3:1 v/v) additionnés de : - Fetal bovine serum (FBS) (10% v/v); - L-Glutamine 200mM stock (1% v/v); - hydrocortisone 0.50μg/ml stock (1% v/v); - Fungizone 250μg/ml stock (0,25% v/v); - Penicillin/Streptomycin 5000U/ml stock (11,1 v/v); - Gentamicin 50μg/ml stock (0,11 v/v ). Le milieu de culture est changé dans chaque boîte de Pétri toutes les 48h. 4.1.6 Assemblage du modèle expérimental L'ensemble des opérations se déroule stérilement. Le modèle expérimental complet consiste en : - Phase 1 : ▪ placer une grille métallique stérile dans une boîte de Pétri; ▪ déposer sur la grille un support dermique préalablement décongelé dans du PBS; ▪ déposer sur chaque support dermique 6 explants épidermiques de 3mm de diamètre fraîchement découpés au "Punch Biopsy";
41 Chapitre 4 - Matériel et méthodes
▪ recouvrir la boîte de Pétri de son couvercle et laisser reposer 30 minutes dans un incubateur à 37°C/5% CO2; ▪ remplir la boîte de Pétri du milieu de culture préalablement chauffé au bain marie à 37°C jusqu'à affleurement du sommet de la grille; ▪ placer l'ensemble 3 jours dans un incubateur à 37°C/5% CO2.
- Phase 2 (fig. 9) : ▪ après 72 heures retirer les boîtes de Pétri de l'incubateur; ▪ imbiber un rectangle de mousse de milieu de culture préalablement chauffé au bain marie à 37°C et le placer dans une boîte de Pétri; ▪ déposer sur la mousse un derme et ses 6 explants préparés durant la phase 1; ▪ placer un cadre plastique stérile autour de la mousse et y fixer 2 électrodes; ▪ ajuster le derme afin qu'il se trouve en contact avec les deux électrodes; ▪ ajouter du milieu de culture jusqu'à affleurement du bas du support dermique; ▪ pour les échantillons stimulés, raccorder les électrodes au stimulateur et au générateur électrique (fig. 10).
Explants épidermiques Electrodes
Support dermique Support en mousse
Figure 9: modèle expérimental complet
Figure 10 : générateur et stimulateur
42 Chapitre 4 - Matériel et méthodes
4.1.7 Mise au point du modèle de culture cellulaire En utilisant le protocole de culture des kératinocytes proposé par Pruniéras et al. [1983], les cultures cellulaires réalisées à petite échelle sous la supervision de l'équipe du Pr. Heenen [De Dobbeleer et al., 1989] ont permis d'obtenir les premiers résultats histologiques et morphométriques des effets des courants sur les kératinocytes [Jercinovic et al., 1996; Hinsenkamp et al., 1997]. Pour l'étude de l'expression des gènes par la technique des microarrays, la quantité d'ARNm nécessaire nous a contraints à augmenter le nombre d'explants de kératinocytes mis en culture simultanément. Nous avons alors observé une dégradation, voire un échec de la croissance des explants lors des cultures à plus grande échelle. Afin de comprendre les raisons de cet échec, nous avons pris contact avec les Auteurs ayant mis au point cette technique de culture [Pruniéras et al., 1983] afin de préciser des points fondamentaux et des détails techniques. Suite à cette enquête, différentes expériences ont été réalisées afin de mettre au point la culture cellulaire à grande échelle. Nous avons porté une attention particulière à certains détails du protocole : - la température du milieu de culture; - la température du local lors des changements de milieu de culture; - la qualité de l'hypodermectomie des supports dermiques; - l'épaisseur finale de la coupe au dermatome; - tension de l'épiderme lors de la découpe au dermatome. 4.1.7.1 Recherche de l'irradiation optimale des supports dermiques La préparation des supports dermiques se déroule comme indiqué chapitre 4.1.1. Initialement [Jercinovic et al., 1996; Hinsenkamp et al., 1997], une irradiation de 20KGy était réalisée mais le vieillissement de la bombe de Cobalt rendait aléatoire le dosage. Finalement un problème mécanique empêcha son utilisation. Les publications sur la mise au point et l'utilisation de ce modèle de culture [De Dobbeleer et al., 1989; Jercinovic et al., 1996] font référence à une exposition de 35Gy. Les avis pris lors de la résolution du problème nous ont décrit cette dose comme extrêmement faible et ne garantissant pas la stérilisation. Cette dose n'a pas été retenue vu les bons résultats obtenus précédemment avec 20KGy. Nous avons réalisé auprès de la société Sterigenics l'irradiation initiale à 25KGy classiquement utilisée pour la stérilisation. Après l'échec des cultures utilisant les dermes stérilisés à 25KGy, différentes doses d'irradiation ont été testées. Six supports dermiques ont été irradiés par rayonnement gamma (cobalt-60) à 1, 5, 10, 15, 20, 25KGy par la Société Stérigenics. La suite du protocole de culture se déroule suivant les conditions standards (chapitre 4.1.6). Le tableau 4 présente les observations macroscopiques des dermes après irradiation et avant la culture. Le tableau 5 présente les observations macroscopiques de l'attachement des explants sur le derme après 15 jours de culture.
43 Chapitre 4 - Matériel et méthodes
Le tableau 6 présente les observations macroscopiques de la zone de prolifération autour des explants après 15 jours de culture.
Tableau 4 : observations macroscopiques des dermes après irradiation et avant culture
Dose irradiation KGy Observation macroscopique du derme 1 Derme lisse comme avant irradiation 5 Derme lisse comme avant irradiation 10 1 ou 2 légers plis facilement récupérables 15 Plus de plis plus difficilement récupérables 20 Grand nombre de plis non récupérables 25 Grand nombre de plis non récupérables
Tableau 5 : observations macroscopiques de l'attachement des explants sur le derme après 15 jours de culture
Dose irradiation KGy Observation macroscopique : attachement 1 Attachement complet 5 Attachement complet 10 Attachement complet 15 Pas d'attachement 20 Pas d'attachement 25 Pas d'attachement
Tableau 6 : observations macroscopiques de la zone de prolifération autour des explants après 15 jours de culture Dose irradiation KGy Observation macroscopique : prolifération 1 Présente mais plus faible que dans la publication Jercinovic 5 Présente mais plus faible que dans la publication Jercinovic 10 Présente mais plus faible que dans la publication Jercinovic 15 Absente 20 Absente 25 Absente
Conclusion : une irradiation de maximum 10KGy doit être appliquée pour un bon déroulement de la culture cellulaire. Nous réaliserons l'irradiation des supports dermiques à 7KGy.
4.1.7.2 Vérification du taux de CO2 et de la température de l'incubateur
Une mesure du taux de CO2 et de la température de l'incubateur est effectuée deux fois par jour tout au long de la culture utilisant les dermes irradiés afin de vérifier le bon fonctionnement de l'enceinte. Rien de particulier n'a pu être relevé. 4.1.7.3 Vérification de la composition du milieu de culture Les premiers résultats obtenus [Jercinovic et al., 1996; Hinsenkamp et al., 1997] utilisaient la même composition de milieu de culture que Pruniéras et al. [1983]. Certains éléments de ce milieu ont ensuite été retirés de sa composition. Nous avons observé que la culture fonctionnait parfaitement avec le milieu de culture, sans toxine cholérique mais utilisant de l'hydrocortisone.
44 Chapitre 4 - Matériel et méthodes
4.2 Caractéristiques électriques de la stimulation Les notions de physique traitant du courant électrique, des champs électrique et magnétique ainsi que de la conductivité et de la permittivité sont présentées annexe 5 (p. 160). La stimulation est un courant électrique pulsé à charge nulle de 40Hz (fig. 11). La fréquence fondamentale comporte un train d'impulsion de 4 secondes suivies de 4 secondes de pause. L'amplitude maximale des pulsations est de 20mA à la sortie du générateur. La stimulation est appliquée 40 minutes chaque jour durant 11 jours. Courant électrique (mA) Courant électrique Courant électrique (mA) Courant électrique Temps (ms) Temps (s)
Figure 11 : signal électrique
4.2.1 Caractérisation du signal électrique Afin de préciser les caractéristiques du signal électrique, nous avons reçu l'aide des Ingénieurs du Laboratoire Beams (Bio, Electro And Mechanical Systems) et du LISA (Laboratories of Image, Signal processing and Acoustics) de l'ULB. 4.2.1.1 Générateur et modèle expérimental Le générateur de courant est connecté en série à un condensateur de 2,1μF dont la décharge (en négatif) permet de libérer dans le milieu le nombre exact de charges accumulées (en positif). Le choix se porte sur un générateur de courant afin de libérer dans le circuit une même densité de courant ( ). Le générateur de tension présente le risque de créer une impédance de contact difficile à caractériser, c'est-à-dire une capacité aux bornes des électrodes qui rendrait la valeur du champ électrique ( ) difficile à déterminer. La constante de temps du potentiel électrique (V) mesurée à la sortie du générateur est de 430μs. La formule = . permet de calculer la valeur de la résistance (200Ω, valeur confirmée par une mesure au multimètre électronique). En ajoutant une résistance électronique en série de 200Ω, la constante de temps est doublée. La mesure de la constante de temps du potentiel électrique (V) permet de définir le support dermique comme une résistance pure. La figure 12 présente la valeur du champ électrique calculée à la valeur maximale d'intensité du courant pour le modèle incluant milieu de culture, mousse et support dermique (20mA). Le champ électrique a été mesuré en différents points à l'aide d'une aiguille et les mesures analysées à l'aide du logiciel de simulation COMSOL® Multiphysics. La validation de la simulation a été faite par comparaison aux mesures de potentiel électrique en différents points. La valeur de champ électrique, homogène entre les électrodes, est de 88,1V.m-1. La simulation a montré la
45 Chapitre 4 - Matériel et méthodes répartition uniforme du courant entre le derme et son environnement : la mesure de la résistivité montre que 20% de la densité de courant passe par le derme et 80% par le milieu de culture.
Figure 12 : simulation COMSOL, analyse du champ électrique
4.2.1.2 Champs électromagnétiques Pour notre modèle d'exposition, la fréquence de répétition (f) est de 40Hz et la distance (l) entre les électrodes est de 6cm. Il faut néanmoins noter que le signal est de type pulsé et que l'onde peut être transformée du domaine temporel dans le domaine fréquentiel par l'algorithme de Fourier. L'onde pulsée et sa fréquence de répétition sont transformées en une somme de sinusoïdes de fréquence croissante et d'amplitude variable. Notre signal pulsé présente des fréquences allant jusque ± 3000Hz. Pour déterminer dans quel régime de l'électromagnétisme le modèle se place et connaître les types de champs en présence, les équations de Maxwell (annexe 5.2, p. 160) sont nécessaires. Ces formules utilisent les valeurs de conductivité et de permittivité du milieu étudié. L'annexe 5.3 (p. 163) présente différentes études qui ont déterminé ces valeurs et bien qu'il y ait une certaine cohérence dans les résultats, les valeurs précises de conductivité et de permittivité de chaque type tissulaire restent difficiles à déterminer. Le tableau 7 présente les résultats de Tavernier et al. [1993] sur la conductivité (σ exprimée en S.m-1) du modèle de culture utilisé dans cette étude (notons que ces résultats sont pour le modèle saturé en milieu de culture et qu'il ne s'agit pas de valeurs pour les tissus isolés). Les résultats de la permittivité (ε exprimée en F.m-1) (tab. 8) sont quant à eux variables en fonction de la fréquence [Tavernier et al.,1993].
Tableau 7 : conductivité (S.m-1) du derme et de l’épiderme utilisés dans la culture et saturée en milieu de culture (σ du milieu de culture ≅ 2,05 S.m-1). Les valeurs sont constantes entre 1Hz et 100KHz
Orientation spatiale Derme Epiderme Dans le plan 2,57±0,83 0,95±0,37 Perpendiculaire au plan 1,62±0,33 0,15±0,02
46 Chapitre 4 - Matériel et méthodes
Tableau 8 : permittivité (F.m-1) du derme et de l’épiderme utilisés dans la culture et saturée en milieu de culture
Derme Epiderme Fréquence Perpendiculaire au Perpendiculaire au Dans le plan Dans le plan Hz plan plan 3 2,14E-3±1.4E-3 2,82E-3±5,3E-3 2,24E-3±1,1E-3 - 30 1,74E-4±9,3E-3 4,57E-4±5,1E-4 2,19E-4±1,1E-4 7,08E-6±6,6E-6 300 3,31E-5±1,0E-5 1,91E-5±1,2E-5 1,05E-3±5,4E-6 1,66E-6±1,1E-6 3000 4,17E-6±2,0E-6 1,20E-6±4,7E-7 1,02E-6±9,7E-7 3,72E-7±7,8E-8
Les équations de Maxwell ont été appliquées au modèle expérimental pour caractériser le domaine électromagnétique de la stimulation utilisée :
8 -1 - : période temporelle, - c : vitesse de la lumière, (≈3.10 m.s ), exprimée en seconde (s) exprimée en mètre par seconde - l : distance fixée par la géométrie du modèle, - : période spatiale, exprimée en mètre (m) exprimée en seconde (s) - : période = , exprimée en seconde (s) - : fréquence, exprimée en Hertz (Hz)
1 1 = = =2,5.10 40
1 1 = = =3,3.10 3000