Samedi 23 Février, 20H Fiesta Criolla F Iesta Crio
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Roch-Olivier Maistre, Président du Conseil d’administration Laurent Bayle, Directeur général Samedi 23 février, 20h Fiesta criolla Dans le cadre du cycle Le nouveau monde Jésuites et Amérindiens Du Mardi 19 au mardi 26 février 2008 Samedi 23 février, 20h février, 23 Samedi | Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, à l’adresse suivante : www.cite-musique.fr Fiesta criolla Fiesta Cycle Le nouveau monde Jésuites et Amérindiens Du MarDi 19 au MarDi 26 féVrier À l’âge baroque, le Paraguay a connu l’une des plus À cet égard, le syncrétisme religieux fut l’un des traits intéressantes expériences humaines de toute l’amérique dominants de la ferveur populaire dans l’amérique latine avec la fameuse république jésuite du Paraguay coloniale. ainsi les negrillas et guineos renvoient au qui dura jusqu’à l’expulsion de l’ordre en 1767. Les indiens dialecte imaginé à partir de la langue espagnole par guaranis y étaient regroupés dans des missions ou les esclaves noirs et, par extension, désignent un type « réductions » où les religieux développèrent un type de villancico imitatif ou parodique sur des textes inspirés d’économie très original, l’argent y étant remplacé par par Noël : une façon imagée de nous renseigner sur un système de monnaies naturelles (étoffes de coton, la manière dont l’événement sacré était perçu par maté). cette population d’origine africaine. et plus encore, il y a le pèlerinage de Santa Maria de Guadalupe au Sans doute paternaliste, la république jésuite du Mexique qui se développa à partir des visions que Juan Paraguay a cependant permis aux populations indigènes Diego, paysan aztèque, eut en 1531 de la Vierge, apparue de vivre en semi-autarcie pendant plus d’un siècle sous les traits d’une jeune indienne. À la suite de ces et demi. aussi bien, théâtre et musique n’y étaient visions, quelque six millions d’aztèques se convertirent pas oubliés, comme le prouve le San Ignacio de Loyola au catholicisme et la Madone de Guadalupe inspira des de Domenico Zipoli, s’agissant du seul opéra de l’ère émules jusqu’en Bolivie, où un autre pèlerinage voué coloniale portant l’empreinte en profondeur des à la même Vierge de Guadalupe, en la ville de La Plata, cultures originelles. Né en 1688, le Toscan Zipoli fut rassemble depuis 1602 indigènes, métis, espagnols notamment l’élève d’alessandro Scarlatti et de Bernardo américains (créoles) et espagnols de la métropole. Célébré Pasquini. Organiste en l’église des Jésuites à rome chaque année le 8 septembre et précédé d’une procession en 1715, il devient à son tour jésuite en 1716 et part opulente animée par des danseurs et musiciens vêtus pour les missions du Paraguay dès 1717 pour se fixer de costumes multicolores, cet événement dure en fait dix à Córdoba comme compositeur et professeur auprès jours et tourne à la fiesta criolla, avec des salve et des des populations indigènes, avant de mourir en 1726, villancicos naïfs, écrits en castillan. seulement âgé de trente-sept ans. Son drame sacré San Ignacio se distingue des oratorios qu’il écrivit en au-delà, on remarquera que le style hispano-américain italie par un exotisme expressif dû aux conditions de sa a été durablement source de rêve pour l’imaginaire création. On sait qu’il fut joué et chanté par des artistes européen. et cela jusqu’en angleterre où l’Indian Queen amérindiens et que son succès fut très vif, relayé hors de Purcell (1695) se fait l’écho d’un songe exotique qui du Paraguay par le jésuite allemand Martin Schmid. ne choisit pas vraiment entre aztèques et incas. reste Telle quelle, l’œuvre est un excellent exemple de pour notre bonheur l’invention flamboyante de l’Orphée métissage, au baroquisme affirmé. britannique qui mourut ici la plume à la main, laissant à son frère Daniel le soin de mener ce génial semi-opéra Outre ce répertoire scénique, les jésuites veillaient, à son terme. bien sûr, au service liturgique au quotidien, formant les indigènes à la pratique musicale et utilisant un Roger Tellart instrumentarium local bien antérieur à la conquête. L’ensemble Louis Berger, conduit par ricardo Massun, réveille la messe anonyme San Ignacio, toute bruissante des timbres bigarrés des bajunes, ces flûtes de Pan sud-américaines de très grande taille que les Jésuites intégrèrent sans réticences au concert occidental. 2 Cycle Le nouveau monde Jésuites et Amérindiens Du MarDi 19 au MarDi 26 féVrier MARDI 19 FÉVRIER - 20H SAMEDI 23 FÉVRIER - 20H Negrillas y Guineos Fiesta criolla Camerata Renacentista de Caracas Ensemble Elyma Isabel Palacios, direction Schola Cantorum Cantate Domino Compagnie Ana Yepes Gabriel Garrido, direction JEUDI 21 FÉVRIER - 20H Musique des missions jésuites MARDI 26 FÉVRIER, 20H Ensemble Elyma The Indian Queen Gabriel Garrido, direction Version de concert Ensemble Louis Berger Ricardo Massun, direction Opéra de Henry Purcell Livret de John Dryden et Robert Howard reconstitution de Philip Pickett SAMEDI 23 FÉVRIER - 18H30 New London Consort Philip Pickett, direction Procession Joanne Lunn, soprano Julia Gooding, soprano Perú Andino Tone Braaten, soprano Ensemble Louis Berger Mark Chambers, contre-ténor Schola Cantorum Cantate Domino Christopher Robson, contre-ténor Ensemble Elyma Andrew King, ténor Joseph Cornwell, ténor Michael George, baryton-basse Simon Grant, baryton-basse Mark Rowlinson, baryton-basse 3 SAMEDI 23 FÉVRIER – 20H Salle des concerts Fiesta criolla Ensemble Elyma Schola Cantorum Cantate Domino, direction Père Michaël Ghijs Compagnie Ana Yepes, direction Ana Yepes Gabriel Garrido, direction Bernardo Illari, transcriptions et réalisation musicale Jeff Castaing, costumes de la compagnie ana Yepes avec l’aimable autorisation du label K617 - Le Couvent (Centre international des Chemins du Baroque à Sarrebourg). L’enregistrement de la Fiesta criolla est disponible sous la référence K617139 (distribution Harmonia Mundi). Fin du concert vers 21h35. 4 Détail du programme : Première partie Procession d’entrée à la Cathédrale : les Vêpres Todo el mundo en general D’après Francisco Corra de Arauxo (Séville, 1626) Premier salut : les chœurs angéliques Ángeles, ¡al facistol! anonyme (Sucre, Bolivie) Paraninfos alados Roque Jacinto de Chavarría (1688-1719) Tota pulchra es, Maria Andrés Flores (1690-1754) Après-midi de comédies Morenita con gracia es María Juan de Araujo ? (1649 ?-1712) Cachua a dúo y a cuatro con violines y bajo al nacimiento de Christo Nuestro Señor anonyme, transcrit par Martinez Compañon (Trujillo, Pérou, c. 1785) Cachua a voz y bajo al Nacimiento de Nuestro Señor anonyme, transcrit par Martinez Compañon (Trujillo, Pérou, c. 1785) Second salut : la joie de la fête Alegría, risa, ¡ha! Roque Jacinto de Chavarría (1688-1719) Alégrese la tierra Roque Jacinto de Chavarría (1688-1719) 5 Sub tuum præsidium Blas Tardío de Guzmán (c. 1695-1762) Cachua serranita anonyme, transcrit par Martinez Compañon (Trujillo, Pérou, c. 1785) Intermède Tonada la lata a voz y bajo, para bailar cantando anonyme, transcrit par Martinez Compañon (Trujillo, Pérou, c. 1785) Deuxième partie L’adoration de la Vierge María, todo es María – ¡Ay del alma mía! Andrés Flores – anonyme, transcrit par Amédée François Frézier (Chili/Pérou, c. 1713) Troisième Salut : les oiseaux chantent à Marie (l’aube) Silgueritos risueños Roque Jacinto de Chavarría (1688-1719) Pajarillos, ¡madrugad! Roque Jacinto de Chavarría (1688-1719), arrangé par Manuel de Mesa (c. 1725-1773) La matutina estrella anonyme, transcrit par Melchior M. Mercado (Moxos, Bolivie, XiXe siècle) Après-midi de taureaux Oigan las fiestas de toro Roque Jacinto de Chavarría (1688-1719) Danse des petits taureaux anonyme, transcrit par Melchior M. Mercado (Moxos, Bolivie, XiXe siècle) 6 SaMeDi 23 féVrier Quatrième salut : le triomphe de la Vierge Verset du huitième ton pour orgue Antonio Martin i Coll (espagne, c. 1660-c. 1740) Toquen alarma Roque Jacinto de Chavarría (1688-1719) Salve Regina a 8 anonyme, attribué à Blas Tardio de Guzmán (c. 1750) Fin de fête Lanchas pour danser anonyme, transcrit par Martinez Compañon (Trujillo, Pérou, c. 1785) 7 Fiesta criolla il faut redire en préambule combien le syncrétisme religieux fut l’un des fondements de la foi populaire dans l’amérique du Baroque colonial ; un syncrétisme plus que jamais présent, ce soir, dans cette reconstitution d’une solennité spécifique : la fête de Notre-Dame de Guadalupe. À l’origine de cette fiesta criolla de l’altiplano, il y a l’histoire de Juan Diego, paysan aztèque du Mexique qui, en 1531, vit apparaître la Vierge sous les traits d’une jeune indienne. Celle-ci lui parla dans sa langue maternelle, lui demandant de faire construire une église qui serait dédiée à Santa Maria de Guadalupe, pèlerinage très populaire de l’espagne métropolitaine. À la suite de ces apparitions, quelque six millions d’indigènes se convertirent au catholicisme et la Madone de Guadalupe, devenue l’un des lieux de dévotion les plus fréquentés de toute l’amérique latine, inspira des émules jusqu’en Bolivie avec, précisément, le pèlerinage voué à la même Vierge de Guadalupe en l’ancienne ville de La Plata, également appelée Chuquisaca, aujourd’hui Sucre, en Bolivie. Célébré chaque année le 8 septembre – fête de la Nativité de la Vierge – depuis 1602, l’événement attire pèlerins et curieux venus du Pérou et de la Bolivie et, toujours fidèle aux motivations qui l’ont fait naître, dure en fait dix jours, incluant une suite d’actions rituelles fort anciennes. Précédée d’une procession opulente et bigarrée, elle est, aujourd’hui encore, la fête latino- américaine par excellence, lieu de convergence et de rencontre des cultures hispaniques, métisses et amérindiennes. aussi bien rend-elle floues les frontières existant entre le sacré et le profane, supprimant momentanément les clivages sociaux et moraux et créant un espace distinct du quotidien où le rêve intemporel devient réalité.