Le mercredi 1er avril 1992 Vol. 32 - No 6 Table des matières

Affaires du jour Affaires prioritaires 249 Reprise du débat sur le discours d'ouverture et sur les motions de censure M. 249 Mme Pauline Marais 252 Motion de censure 255 M. Albert Khelfa 256 M. Jacques Brassard 259 Motion de censure 262 M. Réjean Doyon 262 M. André Boulerice 264 M. André Vallerand 267

Affaires courantes 270 Dépôt de documents Projets de loi de l'État du Massachusetts 270 Rapport annuel du Conseil de la recherche et du développement en transport 270 Prévisions budgétaires et rapport financier préliminaire du Directeur général des élections 270 Prévisions budgétaires et rapport financier préliminaire de la Commission de la représentation électorale 270

Questions et réponses orales Position du gouvernement sur la tenue d'un référendum pancanadien sur la Constitution 270 Accès aux études des ministères sur l'intégration des fonctionnaires fédéraux à la fonction publique québécoise 271 Nomination de M. Billy Diamond à titre de représentant du gouvernement au comité d'évaluation environnementale de Grande-Baleine 274 Changements dans les formulaires d'impôt du Québec 275 Reconduction du décret des travailleurs de l'industrie du verre plat 276 Position du ministre de l'Éducation face aux recommandations du rapport Chambers 277 Subvention à l'institut Nazareth et Louis-Braille 277 Accessibilité aux concours de l'Office des ressources humaines 278

Réponse différée Projet de loi américain pour empêcher des obligations d'Hydro-Québec 279

Motions sans préavis Souligner la victoire du président Frederik De Klerk pour mettre fin à l'apartheid en Afrique du Sud 280 M. 280 M. François Beaulne 282 M. Neil Cameron 282 M. Michel Bourdon 283

Avis touchant les travaux des commissions 284

Affaires du jour Affaires prioritaires 284 Reprise du débat sur le discours d'ouverture et sur les motions de censure M. Jean Garon 284 M. Serge Marcil 288 M. Neil Cameron 292 Mme -Hébert 294 M. Michel Bourdon 297 Mme Madeleine Bélanger 300 M. Pierre Bélanger 303 M. Jean A. Joly 306 M. Christian Claveau 309 M. Réjean Lafrenière 313

Ajournement 314

Courrier de deuxième classe - Enregistrement no 1762 Dépôt légal Bibliothèque nationale du Québec ISSN 0823-0102 249

(Dix heures trois minutes) gouvernement-providence, parce que, dans le temps, on incitait le milieu à faire des projets Le Vice-Président (M. Bissonnet): Mesdames et, en plus de l'inciter à présenter des projets, et messieurs, si vous voulez prendre place. Merci. on disait: On peut payer ces projets-là, parce qu'il est important de développer les régions. Ça, Affaires du jour c'est 20 ans en arrière. M. le Président, 20 ans en arrière, ce n'est pas si loin que ça. Affaires prioritaires On est obligés de constater qu'il s'est fait beaucoup de choses au Québec depuis 20 ans, Nous ouvrons la séance d'aujourd'hui aux mais aussi que la situation économique, la affaires du jour. Nous allons maintenant repren- situation des gouvernements est différente de dre le débat sur le discours d'ouverture prononcé celle qui existait. On est passé rapidement, il y a par M. le premier ministre, le 19 mars 1992, et 20 ans, d'un État-providence à un État-par- sur les motions de censure de M. le chef de tenaire. Et ça, il n'y a pas de miracle à ça. Les l'Opposition officielle, de M. le député de gens qui font mine de ne pas savoir que, main- D'Arcy-McGee et de M. le député de Jonquière. tenant, on est rendu à un État-partenaire, ce Je cède la parole à M. le ministre de l'Agricul- sont probablement ceux qui l'ont créé, cet État- ture, des Pêcheries et de l'Alimentation. partenaire. Je n'ai qu'à reculer en regardant le déve- Reprise du débat sur le discours d'ouverture loppement régional, le bureau de l'Est du Québec, et sur les motions de censure le bureau d'aménagement, pour développer un seul coin. On dit: Si c'est bon pour l'Est, c'est M. Yvon Picotte bon un peu partout... On a formé l'OPDQ, puis on a fait tout ça, puis est arrivée la crise M. Picotte: Merci, M. le Président. C'est la économique - là, on va reculer moins loin - est coutume en cette Chambre depuis plusieurs arrivée la crise économique de 1982. Tout le années, que ce soit lors du discours inaugural, monde s'en rappelle, une des bonnes crises, une M. le Président - parce qu'il n'y en a pas crise aiguë qu'a dû subir le gouvernement du nécessairement à chaque année - ou lors du Québec. Et quand je dis le gouvernement du discours du budget, que les députés, les élus du Québec, par ricochet, je parle de ceux et celles peuple puissent avoir l'occasion d'apporter des qui le composent, parce qu'il n'y a pas de commentaires soit à des politiques gouvernemen- miracle à ça. Vous savez, toutes les fois qu'on tales, soit à ce que le gouvernement souhaite parle de problèmes économiques, toutes les fois faire pour le futur. J'ai eu l'occasion, inutile de qu'on parle d'un problème d'argent ou monétaire vous le dire, depuis bientôt près de 20 ans de au niveau d'un gouvernement, je pense qu'il ne vie active en politique et de présence ici, en faut pas chercher midi à quatorze heures. Ce cette Chambre, de participer à beaucoup de n'est pas uniquement le gouvernement qui a ce discours, que ce soit au niveau du discours problème monétaire, parce que le gouvernement, inaugural ou du discours du budget, pour faire en ce qu'il fait, il collecte des taxes puis il les sorte de bien refléter ce que les gens et nos redistribue. Il ne fait pas autre chose que ça. Il concitoyens, à toutes fins utiles, pensent non ne crée pas de piastres, il n'en imprime pas, puis seulement de leur gouvernement, mais des actions il ne crée pas nécessairement d'autres richesses gouvernementales. que celles qu'on connaît et qu'on est capables de Je me rappelle, M. le Président, il n'y a pas créer dans des situations difficiles. si longtemps - quand je dis «il n'y a pas si Donc, en 1982, le gouvernement qui nous a longtemps», on parle de deux décennies - il y a précédés, plus que quiconque, a compris que 20 ans - il y a 20 ans, ce n'est pas tellement I État-providence, c'était terminé. Et ils ont dû loin, M. le Président, quand on regarde ça - prendre des décisions qui ne leur ont sûrement lorsque j'ai fait mon entrée en politique. Je me pas fait plaisir. Ça n'a pas été de gaieté de rappellerai toujours que certains de nos collègues coeur que le gouvernement du Québec, en 1982, a tels que M. Raymond Garneau, qui était alors pris la décision de sabrer dans les salaires de ses ministre des Finances dans le gouvernement employés, unilatéralement. Ça n'a pas été de Bourassa, nous incitaient, comme parlementaires, gaieté de coeur aussi qu'on a dû aller vendre à initier dans nos milieux des projets dans le but dans les régions une nouvelle formule de déve- de faire en sorte que le gouvernement s'implique loppement régional, c'est-à-dire celle d'un État- davantage dans le développement des régions. partenaire, d'asseoir le gouvernement en avant Quand on recule de 20 ans, M. le Président, on puis d'asseoir les gens dans la salle, parce que constate que le gouvernement du Québec était qui dit partenaire dit participation. un gouvernement comme les autres gouverne- On ne peut pas se comporter en partenaires ments en Amérique du Nord, qu'on appelait un sans questionner ceux et celles qui sont en face 250 de nous comme partenaires et leur dire: Est-ce M. le Président, de demander à la population de que vous souhaitez qu'on fasse ça, puis de quelle défrayer le coût des grands rêves que chacun des façon souhaitez-vous qu'on le fasse? On ne peut parlementaires pourrait avoir? Parce qu'il faut pas être partenaires si on ne fait pas participer réduire ça à sa plus simple expression. les gens à nos actions. Donc, est arrivée la Vous savez, c'est toujours compliqué, les vague de 1984, des sommets où l'État s'est assis finances publiques. Quand on laisse ça aux en avant, avec des gens dans le milieu, pour docteurs en finances et quand on laisse ça aux dire: Qu'est-ce que vous souhaitez qu'on fasse gens qui ont des gros diplômes là-dedans, on dans vos régions en termes de partenaires? Ça réussit assez bien à compliquer les affaires qu'on n'a été qu'un début, bien sûr, mais ça a été un ne s'y comprend personne. Bien, il y a quelque début important et, si ça n'avait pas été fait, il chose de bien plus simple que ça à comprendre. aurait fallu que quelqu'un le fasse et on serait Vous savez, le gouvernement du Québec, il peut-être en retard pour le faire si ces actions- collecte 33 000 000 000 $ de taxes dans vos là n'avaient pas été faites en 1983-1984. poches. Je me promène partout, et les gens Quand on connaît cette toile de fond, M. le disent: Arrêtez de nous taxer, on n'est plus Président, on est bien obligé de constater que, capables d'en prendre. On n'est plus capables parfois, il faut avoir de la mesure dans les d'en prendre, on n'est plus capables de prendre rêves qu'on peut avoir pour le futur. C'est bien de taxes additionnelles. plus facile, pour un gouvernement, de dire: On Nous autres, comme gouvernement, on n'est pourrait en faire plus. Moi, pour un, ayant plus capables de taxer non plus. Si les gens ne participé à la fois dans l'Opposition et à la fois sont plus capables d'en prendre, je pense qu'on au pouvoir, c'est toujours un petit peu tentant, est fortement limités par notre capacité de quand on est dans l'Opposition, de dire que ce taxer aussi. On collecte 33 000 000 000 $ de n'est jamais assez et qu'on ne va jamais assez taxes, puis cette année on en a dépensé loin, mais il faut, M. le Président, prendre en 37 000 000 000 $. Vous savez, quand on parle de compte le fait de la capacité de payer de nos milliards, c'est un petit peu compliqué. Puis si on concitoyens et de nos concitoyennes. ramène ça à sa plus simple expression, M. le (10 h 10) Président, quand j'ai 33 $ dans mes poches puis Moi, je me promène dans les régions, que j'en dépense 37 $, je suis obligé d'aller présentement. Qu'est-ce que j'entends, des gens? bommer 4 $ à quelqu'un alentour de moi. Je suis Ça me fait toujours rire, à la fin d'une session, obligé de faire ça. Si je me retrouve dans un quand je vois l'Opposition se réunir avec les grand hôtel puis qu'il me manque 4 $, je vais journalistes pour faire le bilan de la session: dire à mon «chum» à côté de moi: Me prêterais- bilan minceur, bilan trop maigre, pas assez tu 4 $? Je vais te remettre ça un jour. Si toutes d'interventions gouvernementales, etc. Moi, c'est les fois que je sors, j'emprunte 4 $ à tout le curieux, je me promène partout, dans mon comté, monde - mais je vais changer d'individu, évidem- dans ma région, dans d'autres régions, et savez- ment, parce que ça va devenir tannant pour celui vous ce que les gens nous disent parfois? Ils qui est à côté de moi - je vais me retrouver disent: Le gouvernement, arrêtez donc de vous dans une grande salle avec des «chums», mais je immiscer dans tous les domaines. Arrêtez donc de n'aurai plus de «chums» alentour de moi, je vais venir nous compliquer la vie. Arrêtez donc de faire le vide alentour de moi, puis je vais me venir nous dire comment faire, quoi faire et de faire une réputation d'un gars qui est toujours quelle façon le faire. C'est ça que les gens nous après bommer des piastres mais qui n'est jamais disent. C'est un petit peu un message contraire à capable de les remettre. Puis quand je vais ce que j'entends quand on dit: Le gouvernement devoir 2000 fois 4 $, je vais avoir un sérieux ne fait pas assez. Il ne fait pas assez de lois. problème, je ne serai même plus le bienvenu dans Ne vous fatiguez pas avec ça. Des lois, on en a mes réunions, parmi les miens puis parmi ma peut-être bien beaucoup trop. On en fait peut- famille. Même les gens de ma famille vont se être bien beaucoup trop et on a un peu trop de sauver de moi. règlements. Il faudrait peut-être bien commencer Aujourd'hui, c'est un grand jour de deuil un peu à songer et à penser que les gens ont national pour les Québécoises et les Québécois, besoin d'oxygène et qu'ils ont besoin de respirer. pour moi. C'est mon opinion. Vous êtes libres de Ça, c'est le message que j'entends. ne pas la partager. C'est la seule journée de C'est évident que quand on est dans l'année où je pense à autre chose qu'à ma prière l'Opposition, la seule tribune qu'on a, c'est quand je me lève, le 1er avril, parce que c'est l'Assemblée nationale. C'est un petit peu, M. le un jour de deuil, parce que tous les gouver- Président, la formule de «Parler pour parler» ou nements - peut-être plus d'autres que le nôtre de jaser pour jaser. Si on n'a pas l'Assemblée encore - ont réussi à accumuler une dette nationale pour être en mesure d'avoir des projets nationale et, le 1er avril au matin, des de loi, bien, on ne peut pas jaser à notre goût. 33 000 000 000 $ qu'on va collecter dans vos Mais ce n'est pas ça que le peuple souhaite poches, et vous n'êtes plus capables de donner nécessairement avoir. Maintenant, des rêves, on une maudite cent de plus, on va prendre peut en avoir en masse. Est-ce qu'on est capable, 4 500 000 000 $ de ces 33 000 000 000 $ pour 251 envoyer à ceux qui nous ont prêté de l'argent. On aura beau vouloir développer quoi que Je voudrais bien, demain matin, qu'on ce soit, vous savez, c'est tentant. C'est bien n'envoie pas ces intérêts-là à ceux qui nous ont tentant, en période économique difficile, d'ajou- prêté, puis j'aimerais ça prendre 1 000 000 000 $ ter encore au déficit. Ça, quand on manque de sur les 4 500 000 000 $ qu'on envoie pour faire sérieux, c'est la première tentation qu'on a. du développement régional. Le ministre des Quand on n'est pas trop sérieux, on se fout un Transports aimerait ça prendre l'autre milliard peu de ce qui nous suit. On se fout un peu de des 4 500 000 000 $ qu'on envoie pour faire des ce qu'on a de plus cher, dans le fond, nos routes au Québec. Ouais! Puis on pourrait enfants, parce que, demain matin, nos enfants prendre 1 000 000 000 $ de ces 4 000 000 000 $ vont hériter de ce qu'on va leur donner. Ils vont qu'on n'enverrait pas aux emprunteurs en guise hériter de ce que, nous autres, on a planifié ou d'intérêts, à ceux qui nous ont prêté de l'argent, non planifié. Ils vont hériter de ce que, nous pour faire des rêves, M. le Président, en couleur, autres, on a eu de sérieux ou de ce qu'on n'a s'il vous plaît! Parce que là ils ont le moyen pas eu de sérieux. Ils vont probablement être d'être colorés quand c'est 1 000 000 000 $. Mais obligés de payer nos rêves sans, eux autres, là, on est obligés de rêver autrement le 1er avril rêver et avec une réalité brutale. C'est ça, la au matin. On est obligés d'arrêter de rêver et réalité. puis de tomber dans la réalité, sur le Il ne faut pas chercher midi à quatorze plancher des vaches, comme disent les gens de heures et il ne faut pas compliquer les choses, l'agriculture. On est obligés de tomber sur le M. le Président. Il faut être juste en mesure de vrai plancher des vaches. On va remettre dire: Oui, ce serait intéressant de faire autre 4 500 000 000 $ d'intérêts sur les emprunts qu'on chose, mais on ne peut pas le faire. Comment a faits, et on n'a pas encore remis une cent sur peut-on maintenant être plus dans l'excellence? les intérêts. Et il y a pire que ça. L'année Quand je dis qu'il faut changer d'attitude, c'est prochaine, c'est encore bien mieux, M. le Prési- peut-être le temps de commencer à penser un dent. On se réveillera bien plus brutalement, peu plus en fonction du développement économi- l'année prochaine, parce que votre gouvernement que. Je dis ça souvent dans mes régions. aura réussi à faire encore 4 000 000 000 $ de Il y a des gens qui voudraient qu'on mette déficit de plus et, l'année prochaine, 10 % des 1 000 000 $ dans une salle communautaire. Oui, 4 000 000 000 $, il faudra ajouter 400 000 000 $, M. le Président, c'est intéressant, une salle le 1er avril 1993, aux 4 500 000 000 $ qu'on paie communautaire, pour la qualité de vie de nos en intérêts de la dette et on sera rendu à concitoyens et nos concitoyennes, mais une salle 5 000 000 000 $. communautaire, ça crée des emplois le temps de Les gens ne sont plus capables d'être taxés. la bâtir. Après ça, on n'est même pas capable Les gens n'ont plus les moyens d'en absorber, et d'assumer le salaire du concierge sans venir voir on prend 5 000 000 000 $ de belles piastres les députés pour avoir une partie de leur argent improductives pour envoyer à ceux qui nous ont de l'action bénévole pour payer le concierge. prêté parce qu'on a bommé de l'argent, au fil du Quand arrive le temps de la réparer, on s'adresse temps, à gauche et à droite. C'est ça, la réalité. encore au même gouvernement, aux mêmes Il ne faut pas se compliquer la vie. Évidemment, payeurs de taxes pour la rénover. Bien sûr! Il y si j'avais un doctorat en finances, je vous en a qui me disent: Avez-vous de quoi contre les expliquerais ça tout d'une autre façon. Bien sûr. salles communautaires? Bien non! Je n'ai pas de J'expliquerais ça d'une autre façon, et on quoi contre les salles communautaires. Y aurait-il trouverait le moyen de dire que ce n'est pas un moyen que le 1 000 000 $ qu'on a à notre déficit, à part de ça. On trouverait le moyen de disposition pour faire quelque chose, qu'on crée dire que ce n'est pas un déficit. Mais la réalité de l'emploi avec? Et, tantôt, on va être plus de n'est pas autre chose que ça. payeurs de taxes pour se bâtir une salle com- Et ça, on doit tous en faire un mea-culpa. munautaire et pour payer le concierge. C'est Ne jetons pas de blâme à qui que ce soit. Il faut juste ça, la différence. Elle n'est pas bien peut-être commencer à demander au peuple de grande, la différence, mais la différence entre changer ses mentalités et de changer d'attitude, créer des emplois pour que le monde soit à il faut peut-être bien commencer à leur dire que, l'ouvrage... toutes les fois que je vois mes amis d'en face Ce qu'il manque au Québec, ce n'est pas déposer une pétition au nom de citoyens pour compliqué, c'est plus de payeurs de taxes pour demander des choses, ils devraient au moins aider a défrayer nos actions. Ce n'est pas en avoir le courage de leur dire: Toutes les fois que bâtissant des salles communautaires qu'on va vous me faites déposer une pétition ou toutes les créer des payeurs de taxes. Peut-être qu'on va fois que je passe une pétition, moi, il faut que aider les joueurs de cartes, mais pas les payeurs j'aie la main gauche dans les airs avec la de taxes. Je pense qu'il faut se le dire, même si pétition et il faut que j'aie la main droite dans ce n'est pas mauvais de jouer aux cartes, même la poche pour payer ce qu'ils demandent et ce si ce n'est pas mauvais pour la qualité de vie qui va avec la pétition, parce qu'il n'y a pas de des concitoyens et des concitoyennes d'avoir une miracle à ça. salle communautaire. 252

Est-ce qu'on pourrait être plus censés dans l'Amérique du Nord - parce que c'est un problè- nos priorités maintenant parce qu'on n'a plus les me qui est bien plus vaste que celui du Québec, moyens de se doter de n'importe quoi? On n'a ça dépasse les frontières - ça fait appel non plus le droit de dépenser 1 $, M. le Président, et seulement à la responsabilité de ceux et celles qu'il y ait un cent là-dedans qui soit utilisé à qui sont élus et qui doivent dire les vraies mauvais escient. Avant, on dépensait 1 $ et, ce choses et les bonnes choses, mais ça fait appel n'était pas compliqué, la philosophie, on disait: aussi à la responsabilité de chacun des citoyens Si elle est mal placée, le gouvernement mettra et des citoyennes. Et, bien sûr, ça veut dire qu'à une autre piastre. On n'a plus de piastres de ce moment-là, moi, comme citoyen, la journée où remplacement. Ça veut dire que quand on décide je dis, d'un côté, à mon gouvernement que je ne de dépenser 1 $, il faut être bien certain qu'il suis plus capable d'absorber de taxes, ça suppose est dépensé à la bonne place, au bon endroit, et qu'il faut que je sois assez responsable pour dire: qu'il va rapporter, qu'il va rapporter 1,05 $. Je ne suis plus capable d'avoir les mêmes exigen- C'est ça, la réalité. Qu'est-ce que vous voulez ces envers mon gouvernement. Parce que, si le que je vous dise? discours ne suit pas, si c'est de parler des deux (10 h 20) côtés de la bouche en même temps, M. le Et tous ceux et celles au Québec qui Président... J'ai vu trop de gens, depuis plusieurs essaieront de vous faire miroiter quoi que ce années, en parlant des deux côtés de la bouche soit, ce sont de fieffés menteurs. Tous ceux et en même temps, qui se sont craché dans le dos celles qui disent qu'ils pourront, à un moment et qui avaient l'air de ce qu'ils avaient l'air, M. donné, accéder au pouvoir, que ce soit au le Président. Merci. Québec, au ou n'importe où, dans les municipalités, et qu'eux autres, ils vont créer de Des voix: Bravo! la richesse et des piastres, ne croyez pas ça, c'est des marchands d'illusions. Je regrette, on Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je vous pourrait même identifier des pères de l'endette- remercie, M. le ministre. Je rappelle aux membres ment québécois ici, dans cette salle. Ça fait que de cette Assemblée que nous en sommes au débat là, il n'y a pas de miracle à faire. Quand ces sur le discours d'ouverture de la session, et je gens-là n'étaient pas capables de faire de reconnais Mme la présidente de la commission miracles au moment où c'était encore plus facile des affaires sociales et députée de Taillon. Mme d'en faire, ils ne viendront pas me dire qu'ils la députée, la parole est à vous. vont en faire à partir de demain matin. Ils ne viendront pas me dire qu'ils vont en faire demain Mme Pauline Marois matin. Ils veulent simplement maquiller la vérité pour être en mesure, après ça, que leur visage Mme Marois: Merci, M. le Président. Je me dégouline davantage pour avoir l'air plus fou et demande vraiment à quel gouvernement appar- plus bête. Ce n'est que ça, M. le Président. tient le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries Malheur à ceux qui vont se masquer et qui et de l'Alimentation... vont se maquiller pour tromper la population, ça va leur dégouliner dans la face; j'en ai connu, Des voix: Au bon gouvernement. des gouvernements qui ont dégouliné pour n'être plus regardables à la fin de leur mandat. J'en ai Mme Marois: ...pour sombrer dans le ridicule connu. Il y en a, d'ailleurs, qui étaient tellement à ce point-là. Il nous dit: La priorité du gouver- gênés, ils n'ont même pas fini leur mandat, ils nement du Québec, cela devrait être le dévelop- ont sacré le camp avant, M. le Président. pement économique. Alors, regardons, au-delà des paroles, ce que sont les gestes que pose ce Une voix: Ha, ha, ha! gouvernement. Ce gouvernement, M. le Président, augmente les interventions, au niveau de la M. Picotte: Ça fait que ce n'était pas mission économique, dans son budget de l'ordre compliqué. Ils n'étaient même plus capables de se de 0,2 %. Il dit: Arrêtons d'aider les personnes regarder dans un miroir. Ça fait qu'on ne se qui veulent se désennuyer - c'est un peu ça qu'il contera pas de peurs ici à matin et on ne sera nous a dit - les personnes âgées qui voudraient pas des marchands de bonheur et des marchands avoir de l'aide. Cependant, dans la mission d'illusions. sociale, dans la mission éducative et culturelle, M. le Président, je pense qu'il est temps on constate une augmentation, de 3,6 % dans la que la société québécoise se discipline davantage. mission sociale, de 6,7 % de dépenses de son Il est temps qu'on cible mieux nos interventions. gouvernement, M. le Président, qui explique les Il est temps qu'on dépense mieux, aux endroits dizaines de milliards de dépenses auxquels on est où il faut dépenser. Et ça, ça fait appel à confrontés. Alors, il dit: Priorité au développe- l'excellence, ça fait appel à des changements ment économique. Mais mon gouvernement, moi, d'attitude et ça fait appel surtout à la respon- ne fait rien en ce sens-là, cependant. Et cette sabilité, non tellement des dirigeants, des hausse d'à peine 0,2 %, alors qu'ailleurs, dans les dirigeantes du Québec et de tous les pays de autres missions, c'est de l'ordre de 3 % et de 253

4 %, elle va pour supporter des gestes passés de autres, justement, son gouvernement s'est fait son gouvernement, qui ont été de mauvaises dé- élire sur cette marque de commerce qu'il allait cisions, pour renflouer des prêts qui ont été être habile à contrôler les dépenses publiques, faits, de l'intervention faite par la SDI pour qu'il allait mettre de l'ordre là-dedans, parce renflouer effectivement une société qui en avait qu'il savait comment faire cela. Ce que vient de besoin et à qui ça a permis de maintenir de nous dire le ministre, ce matin, c'est que c'est l'emploi, bien sûr - Marine Industrie, MIL Da- un échec. C'est un échec lamentable, sa politi- vie - mais ne propose rien pour l'avenir. À quel que. Et, dans les faits, il a tout à fait raison. Je gouvernement appartient-il, le ministre de l'Agri- lui donne raison, M. le Président, parce que son culture, des Pêcheries et de l'Alimentation pour budget de dépenses va augmenter de 5,8 %; venir nous dire de telles âneries? Je m'excuse, 5,8 %, c'est très gros, M. le Président. On parle mais ça n'a aucun sens qu'on applaudisse son de 4 000 000 000 $ de déficit pour l'année en discours à tout rompre alors que, dans les faits, cours. C'est inacceptable! c'est complètement le contraire que fait son gou- Alors, je pense que le ministre devrait vernement. Il nous dit: Les gens doivent être prendre la peine de regarder un peu les gestes considérés comme de vrais partenaires. Fini! que pose son gouvernement. Il nous affirme tout l'État-providence. de go: Moi, je ne veux pas parler pour parler. D'abord, je pense que le ministre devrait Alors, où était-il, le ministre de l'Agriculture, savoir ce que veut dire l'État-providence, c'est lorsque le premier ministre et le lieutenant- qu'on n'a aucun contrôle et aucune capacité de gouverneur ont lu le discours inaugural? Parce décider de nous-mêmes, comme personne respon- que, là, je suis persuadée que tous les scriptes, sable, de ce qui va se passer avec notre budget. toutes les personnes qui écrivent pour des émis- Donc, on dit: C'est un acte de Dieu. C'est la sions, à la télé, un peu partout, auraient été Providence qui décide à notre place. Ça a été tout à fait inspirées par l'attitude qu'a eue le une façon de dire qu'effectivement les États premier ministre, et qui aurait pu inspirer sûre- avaient décidé, généralement, dans le monde ment quelques scénarios de «Parler pour parler», occidental, de se donner un certain nombre de justement, parce que c'est ce qu'il a fait. Et si services pour répondre aux besoins de leurs le ministre de l'Agriculture avait bien entendu concitoyens en matière de santé, par exemple, et son premier ministre, il aurait tiré la même en matière d'éducation. Ce dont on s'est rendu conclusion que moi, je tire à cet égard-là. compte, c'est que ça coûtait probablement trop D'ailleurs, le lendemain du discours inau- cher actuellement, ces services-là, compte tenu gural du premier ministre, un quotidien a titré: de la capacité qu'on avait pour les supporter, «Un catalogue d'intentions». Les gens qui savent mais ça ne veut pas dire cependant qu'on attend ce qu'est un catalogue, et j'imagine qu'à peu que Dieu, quelque part, ou que la Providence, près tout le monde ici sait ça... D'ailleurs, ça quelque part, décide à notre place. Et être des revient à la mode, les catalogues. Il y a une partenaires dans le sens de ce que le ministre quinzaine d'années, une vingtaine d'années, et dit, M. le Président, ça signifie que les gens beaucoup plus longtemps pour un certain nombre doivent être associés au débat sur les choix du d'entre nous, on se souviendra que la façon de gouvernement dans ces matières. C'est ça être faire ses achats, c'était par catalogue. Je suis des vrais partenaires, ce n'est pas ce qu'a fait certaine que vous avez connu ça, M. le Prési- le ministre des Affaires municipales, qui a décidé dent, hein? On recevait des grandes chaînes, des de remettre en question le pacte fiscal en grands magasins, des catalogues très épais, d'ail- envoyant 400 000 000 $ de nouvelles dépenses leurs, et dans lesquels on nous présentait les aux municipalités sans obtenir leur accord, sans nouveaux produits de la saison pour se permettre avoir débattu réellement du projet et sans les de s'habiller et même de meubler la maison. On avoir associées. Ça, ça aurait été les traiter en pouvait faire ça par catalogue. Et c'est une mode véritables partenaires. Ce n'est pas le cas du qui s'est un peu atténuée, puis elle revient ac- ministre des Finances. tuellement. Elle revient probablement parce que Quand il nous dit «nos concitoyens n'ont les gens ont un peu moins de temps et que ça pas la capacité de payer», il a raison, M. le fait économiser du temps. Et un catalogue, ça Président. Mais qu'est-ce qu'a fait son gouverne- voulait dire quoi? Ça voulait dire qu'on exposait ment pour concrétiser ce geste-là? Son gouver- toute la marchandise avec des photos pour per- nement, il a envoyé pour 2 400 000 000 $ de mettre aux gens de savoir ce que l'entreprise nouvelles taxes depuis 1989. C'est ça qu'il a fait. avait à leur offrir. Et, à travers cela, évidem- Alors, je pense que le ministre devrait retourner ment, on choisissait quelques items à la mesure lire un peu ses documents, les documents que de nos besoins, à la mesure des besoins de notre publie son ministre des Finances, que publie le famille. Et, souvent, d'ailleurs, nos parents fai- président du Conseil du trésor, avant d'affirmer saient des miracles pour essayer d'attacher les n'importe quoi à travers son chapeau qui con- deux bouts et procurer à tous ce dont ils avaient tredit essentiellement les gestes qu'a posés son besoin. On choisissait parmi une multitude d'ar- gouvernement depuis qu'il est là, depuis 1985, ticles. mais intensifiés depuis 1989. Parce que, entre (10 h 30) 254

C'est exactement ce qu'a fait le premier tivement, nous avons surtout un problème ministre, M. le Président. D'abord, son discours d'emplois, et le premier ministre ne propose rien, était vide, absolument aucun projet mobilisant, rien qui dit que l'on puisse entrevoir une lueur aucun projet d'envergure pour permettre à nos d'espoir pour nos concitoyens et nos concitoyen- concitoyens qui vivent actuellement des situa- nes. tions difficiles, des situations pénibles où ils ne Le ministre dit: Nous voulons que les ci- voient pas le bout du tunnel... Cette semaine, on toyens du Québec soient des partenaires. Pour- a encore eu des annonces d'entreprises qui quoi ne pas proposer, à l'instar des gens des ferment, des fermetures d'usines, des gens qui centrales, des gens d'affaires, un véritable débat perdent leur emploi. Et le premier ministre, lui, sur la fiscalité québécoise, un véritable débat sur discourt et nous présente sa liste, présente son les finances publiques québécoises? Ce serait ça, catalogue. Il présente son catalogue et, à la fin M. le Président, traiter les gens en véritables du discours, ce qu'il ne dit pas et qu'il fera, partenaires. Ce serait ça, les associer aux orien- cependant, M. le Président, c'est que, dans ce tations. Ce serait ça, un véritable questionnement catalogue qui comprend des mesures fort dis- sur les décisions que nous avons prises dans le parates, mais jamais aucune de vraiment mobili- passé, les projets que nous voulons maintenir, satrice, ce qu'il ne dit pas, c'est qu'il sélection- ceux que nous voulons remettre en question. Non nera quelques éléments et cette attitude sera pas que quelqu'un, quelque part, fasse comme le conforme, d'ailleurs, à l'attitude qu'il a depuis ministre des Affaires municipales, impose aux qu'il dirige ce gouvernement. Parce que si c'est municipalités un fardeau de taxes sans qu'elles le cafouillis au niveau des dépenses, malgré ce n'aient pu, effectivement, proposer ou contrepro- que peut en penser le ministre de l'Agriculture, poser des avenues qui auraient mieux convenu au c'est aussi le cafouillis au niveau des grandes modèle dans lequel nous sommes engagés. Le mê- politiques gouvernementales, et c'est inaccep- me ministre qui vient de parler, qui est respon- table, M. le Président, qu'un chef d'État ait sable du Développement régional... Un véritable cette attitude à l'égard de ses concitoyens et de cafouillis, M. le Président. Depuis 1986, en ses concitoyennes qui attendent de lui non pas commençant par l'actuel ministre de la Santé et qu'il les suive, mais qu'il trace un peu la voie, des Services sociaux, on se promène à travers le qu'il redonne un peu d'espoir aux Québécois et Québec avec des projets de politique, avec quel- aux Québécoises qui ont besoin, oui, d'avoir des ques idées. On a fait table rase. On a remis en projets dans lesquels ils pourront s'engager, mais question ce que l'ancien gouvernement avait surtout d'avoir un emploi. fait, parce que ce n'était pas très bon, évidem- Le ministre disait, tout à l'heure: Le pro- ment. Alors, on allait faire mieux, comme dans blème que nous avons, c'est que nous ne sommes les dépenses publiques, M. le Président. On pas assez nombreux à pouvoir payer pour les allait faire mieux. On allait tellement faire mieux services que nous nous sommes donnés, non pas que, huit ans plus tard, le ministre accouche que quelqu'un, quelque part, a décidé de nous d'une souris en matière de développement éco- donner, mais que nous nous sommes donnés. Il a nomique régional, sans plan d'ensemble. Pourquoi raison. Pour que nous soyons plus nombreux, M. je vous dis qu'il n'y a pas de plan d'ensemble? le Président, il faut que nous puissions avoir un C'est parce que lui arrive avec son projet, parce emploi, que nous puissions faire vivre nos que le ministre de la Santé et des Services so- familles, que nous puissions gagner notre vie et ciaux a déjà fait adopter une loi ici, à l'As- ainsi contribuer, comme l'ensemble de la popula- semblée nationale, portant sur la remise en tion, aux services, au budget de l'État pour que question de l'organisation et de la distribution nous payions les services qui nous semblent des services de santé et des services sociaux sur utiles, nécessaires pour l'éducation de nos le territoire, parce que le ministre de la Main- enfants, pour nos soins de santé. Je pense que d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la For- c'est essentiel que l'on puisse maintenir un mation professionnelle est en train, à son tour, niveau de qualité qui nous permette de nous de proposer une autre formule. Elle a été tel- réaliser. lement critiquée, peut-être la retirera-t-il, une D'ailleurs, la preuve en est qu'il y a des autre formule de distribution des services qui ratés au niveau de l'éducation, que nous en s'adresse à la main-d'oeuvre sans vraiment régler payons et que nous en paierons le prix. Nous en le problème, évidemment, comme d'habitude, tou- payons le prix au niveau de la formation profes- jours les choses à moitié faites, M. le Président, sionnelle quand des gens d'affaires viennent nous parce qu'il dit: Moi, je vais m'occuper de la dire que non seulement ils ont des problèmes au main-d'oeuvre et de la sécurité du revenu, mais, niveau de la formation de leurs gens, mais qu'ils l'assurance-chômage, je vais la laisser à Otta- ont des problèmes au niveau du français. Ils ont wa. des problèmes au niveau de l'alphabétisation. C'est le morceau le plus important, c'est Certains ont de la difficulté à lire même des essentiel que l'on intègre les deux approches à instructions pour faire fonctionner des appareils, l'égard des gens qui sont des bénéficiaires de des machines. Il y a donc des ratés à des l'aide sociale mais qui sont d'abord des chômeurs milliers d'endroits dans ce gouvernement. Effec- et les programmes d'assurance-chômage, mais il 255 dit: Non, non, non, ça ne m'intéresse pas, moi, convier le chef de l'État du Québec plutôt que de vraiment régler le problème. Je veux juste de nous lire une liste insipide de projets qui m'occuper de la moitié du problème, puis je sont des répétitions, de toute façon, de ce que pense que je vais être efficace. Non, il ne sera ses ministres ont annoncé et n'ont jamais fait. pas efficace comme il ne l'a pas été, M. le (10 h 40) Président, comme ne l'a pas été ce gouvernement Ce n'est pas cela qu'on attend de notre depuis huit ans, depuis sept ans qu'il est au premier ministre. On s'attend d'avoir une vision pouvoir. Alors, un véritable cafouillis! le ministre claire de ce que sera notre avenir. Un chef du Développement régional, le ministre de la devrait être capable de proposer, de mobiliser et Santé, le ministre de la Main-d'oeuvre, puis le ce n'est pas, malheureusement, ce que je sens de ministre des Affaires municipales à travers tout la part de mon gouvernement, puisque c'est aussi ça. Puis, comme si ça n'était pas suffisant, on a mon gouvernement, M. le Président, et cela me confié au président du Conseil du trésor, respon- désole. À travers tout ce cafouillis, il ne réussit sable de la grande région de Montréal, la mise même pas à livrer la marchandise, ce à quoi il en place d'un plan d'ensemble pour le Grand s'était engagé à tous égards parce que, lui, Montréal. Pour s'assurer que ça allait effective- devait être le plus habile d'entre tous pour gérer ment s'étioler, s'étirer et que ça n'allait finale- les finances publiques. Or, le résultat s'avère ment pas livrer la marchandise, on est allé être, là aussi et malheureusement pour nous, et jusqu'aux frontières de l'Ontario, du côté ouest, malheureusement pour la population québécoise, puis presque jusqu'aux frontières américaines, en un échec lamentable. incluant dans le plan d'organisation du Grand Montréal des régions qui ne se sentent absolu- Motion de censure ment pas concernées. Ça, ça s'appelle l'art de noyer le poisson, M. le Président. Et c'est dans ce sens, M. le Président, que Alors, c'est ça, catalogue du premier je vais présenter la motion qui suit: «Que ministre, mais cafouillis des ministres, absence de l'Assemblée nationale dénonce vigoureusement le résultats de la part du gouvernement et de la gouvernement libéral pour son incapacité à part, entre autres, au premier chef, du ministre rétablir une progression normale des dépenses de des Finances et du président du Conseil du l'État québécois et ce, malgré un discours trésor qui, eux, devaient être, à toutes fins inaugural qui ne présente ni choix, ni mesures pratiques, les sauveurs de la nation. concrètes tant sur le plan social qu'économique.» Ce que les citoyens et les citoyennes du M. le Président, merci. Québec, M. le Président, attendent de leur gouvernement, c'est une vision claire, cohérente, Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, des projets qui doivent être soutenus, proposés Mme la députée de Taillon. Votre motion est et défendus. Ils attendent de leur gouvernement déposée. de pouvoir participer avec lui aux débats qui concernent la distribution de leurs services, M. Doyon: Avec votre permission, M. le l'organisation de leurs finances publiques, Président. l'organisation de leur fiscalité. Ils refusent, ils rejettent cette absence de cohérence qu'ils Le Vice-Président (M. Bissonnet): Pardon? sentent chez leur premier ministre qui, un jour, leur dit qu'il n'y a rien à faire avec le reste du M. Doyon: Avec votre permission, M. le Canada, mais qui, le lendemain, leur dit que, oui, Président, une question à la députée. c'est le plus grand et le plus beau pays du monde, qui, un jour, leur dit et signe même un Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le document et adopte même une loi qui leur dit député de Louis-Hébert... qu'il va les consulter; le lendemain, il n'est pas tout à fait certain qu'il va le faire, M. le M. Doyon: Avec sa permission aussi, bien Président. Ils attendent de leur gouvernement; ils sûr. attendent de leur chef d'État de la cohérence, des projets, un sens de la décision, M. le Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le Président, qui va faire en sorte qu'ils retrouvent député de Louis-Hébert... de l'espoir. Ils attendent de ce gouvernement qu'il sache où il va, qu'il soit cohérent dans la M. Doyon: L'article 213. façon dont il fera et posera ses gestes, qu'il résolve les problèmes en matière de décrochage Le Vice-Président (M. Bissonnet): ...selon scolaire, qu'il résolve les problèmes en matière l'article 213, il demande si vous lui permettez de de formation professionnelle, qu'il résolve les poser une brève question. problèmes que vivent nos concitoyens et nos concitoyennes à l'égard de l'emploi, parce que Mme Marois: Très certainement. c'est ça, le vrai défi auquel on devrait tous être conviés et auquel devrait, au premier chef, nous Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, la 256 question doit être brève et également la réponse, par l'annonce d'un pian d'action basé sur les M. le député de Louis-Hébert. conseils régionaux. À cette annonce, M. le Président, le responsable des questions régionales M. Doyon: Oui. M. le Président, je serais et député de Lévis avait répondu «que cette intéressé à savoir comment la députée peut-elle politique équivalait à un déluge de mots dans un prétendre être crédible dans les circonstances désert d'actions». après avoir perdu la course au leadership en En termes de déluge, l'ancien gouvernement 1985: elle accusait son propre chef de faillite du Parti québécois nous a gâtés et il a eu le économique en ce qui concerne son programme? courage après, pour ne pas dire le culot, Comment peut-on la prendre au sérieux et d'avouer, par la voix de la députée de Taillon, comment peut-elle nous expliquer que ses solu- que le gouvernement et ses actions étaient un tions d'aujourd'hui sont meilleures que celles échec. M. le Président, ce qu'il a annoncé, qu'elle avait autrefois? c'était du bidon dans à peu près tous les sec- teurs d'activité, le tout chapeauté dans des Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. lignes d'action aussi imprécises qu'incohérentes. le député de Louis-Hébert. Mme la députée de Le gouvernement libéral a, au contraire, choisi Taillon. d'assumer ses responsabilités et de s'associer aux différents partenaires économiques et culturels en Mme Marois: C'est avec beaucoup de plaisir, vue d'assurer l'avenir de nos régions. M. le Président, que je vais répondre à cette C'est ainsi que le ministre responsable du question-là parce que, effectivement, notre gou- Développement régional a annoncé ses couleurs, vernement avait engagé toutes les mesures avec et il l'a fait dans la Montérégie à partir de Sorel les partenaires économiques et sociaux pour faire le 16 mars dernier, pour annoncer les paramètres face à cet échec auquel on était confrontés com- de la nouvelle politique du développement me gouvernement, qui était probablement pas mal régional. En ce sens, chacune des 15 régions du moindre que l'échec auquel est confronté le gou- Québec, à l'exception de la métropole, recevra un vernement qui est devant nous ce matin, compte montant annuel moyen de l'ordre de 3 000 000 $. tenu du taux de chômage auquel ils arrivent Quant à la régionalisation des budgets sectoriels, après sept ans de croissance économique où ils cette politique rendra disponible une somme ont été à la tête de ce gouvernement. d'environ 500 000 000 $ aux différentes régions Alors, nous avions eu le courage, M. le du Québec. De façon cohérente, de façon con- Président, de poser les gestes, de faire les crète, les budgets spécifiques à chacune des critiques nécessaires de telle sorte que, oui, nous régions proviendront d'une quinzaine de minis- proposions à nos concitoyens et nos concitoyen- tères et d'organismes différents. Je conviens que nes des projets qui allaient leur permettre de cette politique renferme un jargon quelque peu retrouver l'espoir qu'ils n'ont plus maintenant, technique. Mais l'important, c'est de savoir que M. le Président. chacune des régions du Québec aura les moyens de s'assumer. Chacune des régions du Québec Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, sera en mesure de relever les défis de demain, Mme la députée de Taillon. Alors, je vous tout aussi exhaltants qu'efficaces sur le plan rappelle, mes chers collègues, que nous en économique. Donc, chacune des régions du sommes toujours sur le discours d'ouverture de la Québec possédera enfin les outils nécessaires à session. Je reconnais M. le député de Richelieu. son plein développement et à son plein épanouis- sement. M. Albert Khelfa M. le Président, la politique annoncée en décembre dernier constitue bel et bien le prolon- M. Khelfa: Merci, M. le Président. Après gement du plan d'action de 1988 en matière de l'aveu de la députée de Taillon de leur échec développement régional. L'axe de développement lamentable, je vais intervenir sur le devoir du en matière de développement régional tournera discours inaugural. Je suis heureux d'intervenir autour des activités des conseils régionaux. Ces dans ce débat. Les intentions annoncées par le conseils régionaux assureront la concertation des gouvernement dans le dernier discours renferment intervenants, d'une part, et pourront aviser le un volet qui est essentiel au développement gouvernement sur la façon de dépenser les économique du Québec, soit celui d'assurer un enveloppes budgétaires prévues à cette fin. Les avenir prometteur pour les régions. conseils régionaux seront composés, pour un L'intérêt du gouvernement à l'égard du tiers, d'élus municipaux et, de plus, des agents développement régional n'est pas nouveau. En de développement socio-économique. Bien sûr, les 1988, notre gouvernement, le gouvernement députés de chaque région seront d'office sur le libéral, avait annoncé un plan d'action visant à conseil régional. maximiser les ressources économiques, humaines Ce qu'il faut savoir, M. le Président, c'est et techniques de chacune des régions au Québec. que cette démarche repose sur des notions Aujourd'hui, le temps est venu d'effectuer un d'accompagnement du dynamisme des régions de virage qui a été amorcé en décembre dernier la part du gouvernement. C'est une ligne d'action 257

qui correspond aux nouvelles réalités budgétaires notre gouvernement. Par la suite, nous avons et économiques de tout gouvernement moderne. présenté et fait adopter la loi 46, ici en Cham- M. le Président, vous allez me permettre de bre, en décembre 1987, qui visait à une simplifi- vous expliquer un terme auquel je pense depuis cation plus grande et à une plus grande rationa- que je suis entré en cette Chambre, le terme lisation du régime de financement agricole. «gérants d'estrade». Nos amis d'en face, je les ai Dans les budgets qui se sont succédé, le qualifiés, depuis la première journée que je suis ministre québécois des Finances a annoncé, à entré en cette Chambre, de gérants d'estrade. plusieurs reprises, plusieurs mesures visant à C'est eux autres qui disent, en regardant la aider les agriculteurs québécois. Nous avons partie: Je vais sortir tel joueur, je vais mettre particulièrement insisté sur les programmes d'aide un autre joueur, frappe la balle, frappe avec le à la production agricole et consolidé les pro- bâton, recule, avance. Mais quand ils étaient au grammes reliés au financement agricole. De mê- bâton, eux autres, leur moyenne était quoi? Leur me, nous avons agi de façon cohérente dans le moyenne n'était même pas la moitié de ce que secteur des assurances agricoles qui, comme on nous faisons à l'heure actuelle. M. le Président, le sait, visait à protéger les exploitants agricoles une chance que le ridicule ne tue pas; si le contre les aléas naturels qui affectent le rende- ridicule tuait, on aurait 32 sièges vacants ici, ment de leurs récoltes. On sait également qu'il avec 32 élections partielles! s'agit d'assurer un revenu décent pendant les cy- (10 h 50) cles où l'agriculture subit des reculs. M. le Président, en prenant le député de Le gouvernement a également annoncé d'au- Lévis, qui nous répond sèchement que la straté- tres mesures pour soutenir l'agriculture au gie du gouvernement donne un droit de parole Québec. Dans son budget de 1991-1992, le minis- aux intervenants régionaux, oui, mais n'enlève tre a annoncé des mesures concernant la com- rien au pouvoir décisionnel du gouvernement. mercialisation des produits bioalimentaires, la Mais j'espère bien, M. le Président, puisque, en gestion des territoires agricoles et le développe- bout de piste, si ce sont les intervenants régio- ment des pêches. M. le Président, l'enjeu est de naux qui doivent décider de leur propre avenir, il taille puisqu'il ne s'agit rien de moins que de revient au gouvernement du Québec de s'assurer léguer un patrimoine sain, un patrimoine durable de la cohérence des actions à l'échelle de son pour les générations qui vont nous succéder. Il territoire de même qu'il doit s'assurer de la faut assurer, selon les politiques du gouverne- saine gestion des deniers publics. Encore, le ment, selon les politiques du gouvernement libé- gérant d'estrade de Lévis nous avait habitués à ral, un développement où l'utilisation des res- peu de rigueur, mais, là, il a dépassé les limites sources et de l'environnement d'aujourd'hui ne de l'acceptable. Il ne préconise rien de moins remet pas en cause les perspectives d'utilisation que l'absence du gouvernement québécois sur le future. territoire dans la prise de décision en matière de À cet égard, au cours de la présente ses- développement régional. Quelle cohérence! sion, les parlementaires seront appelés à se Le gouvernement libéral est un gouverne- pencher sur des mesures économiques, concordan- ment responsable. C'est un gouvernement qui tes avec la notion de développement durable. Par préconise, pour sa part, une responsabilité accrue exemple, nous serons appelés à nous pencher sur en ce qui touche ses juridictions, mais un une loi créant l'Office de protection de l'envi- respect intégral des choix des régions. En ronnement qui veillera à tous les volets du dé- d'autres termes, on laisse aux régions le soin de veloppement économique durable. choisir leurs priorités, mais on exige du gouver- M. le Président, j'aimerais maintenant m'at- nement qu'il définisse les lignes directrices du tarder sur quelques bévues des gérants d'estrade développement régional au Québec. On com- d'aujourd'hui, accomplies par l'ancien gouverne- prendra aussi que le gouvernement insiste sur la ment du Parti québécois, qui font leur référence nécessité de poursuivre un dialogue constant avec en matière agricole. Le bilan n'est pas seulement ses partenaires municipaux et avec ses partenai- particulièrement désastreux, mais c'est un bilan res régionaux pour que soit assuré le succès de affreux. Je me souviens de l'époque où le gou- cette politique régionale. vernement péquiste avait élaboré une politique Un autre secteur clé, M. le Président, du d'ensemble sur la production porcine. Cette poli- développement régional consiste à assurer l'ave- tique s'est avérée un véritable désastre, M. le nir dans le domaine de l'agriculture et de l'ali- Président, parce que le marché s'est affaissé mentation. Depuis 1985, le gouvernement libéral alors qu'on avait lancé les producteurs de porc s'est mis à la tâche pour redéfinir les grandes dans cette activité sans trop savoir les effets sur orientations et les lignes d'action en cette ma- le marché. Et, aujourd'hui, ils viennent nous fai- tière. Le problème venait du fait qu'au cours re la morale: Vous ne faites rien. Qu'est-ce qu'ils des dernières années un nombre accru de pro- ont fait, eux autres, quand ils étaient là, ces gé- grammes avaient été élaborés et mis en place, rants d'estrade? Ils ont fait moins que rien. Ils lesquels n'étaient plus conformes aux réalités ont endetté le Québec, ils ont endetté l'ensemble d'aujourd'hui et à la réalité de demain. Un vaste des Québécois et des Québécoises avec un taux travail de réflexion a donc été entrepris par effarant, et ils viennent nous faire la morale et 258 donner des leçons. volet très important qui a été mentionné dans le M. le Président, je veux me limiter à mon discours inaugural et qui a une incidence directe discours, qui est un discours positif. C'est cela sur le développement régional. À cet égard, le qui caractérise notre gouvernement, le positivis- gouvernement entend poursuivre l'effort entrepris me. Les gérants d'estrade rient, M. le Président. au chapitre de la conservation et de l'améliora- C'est bien. tion du réseau routier. Un projet de loi visant à Les résultats nets sont bien connus. Plu- moderniser la Loi sur la voirie et à préciser les sieurs producteurs ont dû déclarer une faillite à responsabilités des municipalités dans ce domaine cause d'une analyse irrationnelle effectuée par le nous sera soumis. gouvernement péquiste, tandis que d'autres ont Si vous me permettez, M. le Président, vu leur revenu net baisser d'une façon dramati- j'ouvrirai une petite parenthèse en disant que que. C'est donc une faillite monumentale qui a dans la tournée du ministre d'État responsable du caractérisé l'administration de l'ancien gouverne- Développement régional et ministre des Trans- ment du Parti québécois. Incapable de venir en ports... Il est venu à Saint-Hyacinthe lundi aide à ceux et celles qui en avaient le plus dernier pour annoncer la nouvelle politique, et besoin, l'ancien gouvernement péquiste a litté- une nouvelle forme de partenariat avec les ralement abandonné l'ensemble des régions du municipalités était accueillie très favorablement. Québec, en passant par tous les secteurs d'acti- À ce moment, on peut dire que nos partenaires vité économique, surtout celui de l'agriculture. sont sur le terrain. Les partenaires, c'est le Le gouvernement libéral d'aujourd'hui tente, monde des municipalités qui a décidé de relever par tous les moyens possibles, de maintenir une le défi de l'amélioration du réseau routier. marge de manoeuvre suffisante pour soutenir Toujours dans le domaine du transport, des l'initiative des régions. Tout en venant en aide modifications seront proposées au Code de la aux secteurs d'activité qui souffrent le plus, sécurité routière pour améliorer la sécurité de notre gouvernement responsable ajuste ses l'ensemble des véhicules motorisés. Je n'oublie priorités en fonction des défis de demain, pas non plus qu'un travail sera effectué dans le notamment en soutenant les secteurs de pointe et cadre de la législation des secteurs du camion- de haute technologie. nage, du transport par taxi et des traversiers du C'est une discipline budgétaire qui carac- Québec, laquelle législation sera améliorée. térise l'action du gouvernement libéral en Comme vous le savez, M. le Président, et comme matière de finances publiques. Si ce dernier agit vous le voyez aussi, toutes ces mesures viseront de manière responsable, c'est qu'il veut s'assurer essentiellement à améliorer la qualité de vie au de pouvoir créer des programmes susceptibles Québec et contribueront à la prospérité de nos d'aider les régions du Québec. Comme le précisait régions. le premier ministre du Québec, le Québec doit Dans le secteur du tourisme, M. le Prési- pouvoir assumer la réalité de sa géographie, un dent, des interventions majeures seront entrepri- principe qui s'appliquait pour le dossier consti- ses par le gouvernement afin d'aider l'industrie tutionnel, mais qui convient aisément au dossier du tourisme par des mécanismes de concertation régional. Ce qui compte, M. le Président, d'abord accrus pour permettre une intervention majeure. et avant tout, c'est que, pour l'avenir, l'ensemble Comme vous venez de me faire un signe, M. des partenaires du monde agricole, du monde le Président, vous me mentionnez qu'il me reste culturel, du monde économique fassent preuve de une minute. Je ne peux pas oublier un secteur réalisme avant tout pour soutenir le gouverne- très important dans le discours inaugural, c'est ment du Québec dans la poursuite de la saine de parler de mon comté, le comté de Richelieu, gestion des finances publiques. qui est un comté à la fois urbain et agricole, à Du même coup, nous réussirons à relever un la fois industriel et agricole. Nos industries, nos autre défi, soit celui du combat contre la entreprises, elles sont à l'heure de la mondialisa- pauvreté au Québec, car, il ne faut pas l'oublier, tion des marchés. Elles vont décider de relever la pauvreté ne se retrouve pas uniquement dans le défi à l'extérieur, puis, ça, c'est un volet qui les grands centres urbains, mais se vit tout a été mentionné à l'intérieur du discours inau- autant dans les régions rurales et un peu partout gural. C'est tout à l'honneur de nos entreprises autour de nous. C'est un combat de tous les du comté de Richelieu et tout à l'honneur des instants que mène le gouvernement en privilé- entreprises de l'ensemble du Québec. giant des actions d'ordre économique et social. Compte tenu qu'il faut être à la fois (11 heures) prévoyant et travaillant, nous travaillons en C'est un sens de réalisme profond qui devra même temps pour déterminer et ouvrir de marquer l'évolution du Québec pour relever les nouveaux marchés dans le domaine de la globali- défis auxquels il sera confronté. En d'autres sation des marchés. Puis j'aimerais vous dire, termes, M. le Président, le Québec devra pour- comme vous le mentionniez, que le défi que nous suivre son action dans la perspective d'une avons, autant au niveau du comté de Richelieu qualité de production et de mise en marché des qu'à travers le Québec, c'est un défi majeur, produits de la terre. puis je suis fier de le relever avec l'équipe Le secteur du transport constitue un autre libérale. Merci, M. le Président. 259

Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. son choix, c'est le Canada. On pourrait même le député de Richelieu. Je rappelle aux membres dire que son seul choix, c'est le Canada, que son de cette Assemblée que nous sommes sur le débat seul objectif, c'est de maintenir le Québec dans du discours d'ouverture de la session, et je cède le Canada, et que les seuls propos qu'il a tenus la parole à M. le whip en chef de l'Opposition sur la souveraineté sont des propos hostiles. officielle et député de Lac-Saint-Jean. M. le D'ailleurs, je n'ai jamais entendu, au cours des député, la parole est à vous. 25, 30 dernières années, le premier ministre du Québec proférer un bon mot sur la souveraineté. M. Jacques Brassard Jamais! À chaque occasion, tous les propos qu'il a tenus sur la souveraineté ont été des propos M. Brassard: M. le Président, quand on jette hostiles, des propos négatifs. un coup d'oeil sur le front constitutionnel, on Donc, c'est clair que le Canada anglais, le doit constater que le cloaque s'épaissit, que le message qu'il a reçu venant de l'Assemblée fouillis constitutionnel s'aggrave et que la tour nationale à l'occasion du message inaugural du de Babel voit s'ajouter étage sur étage et monte premier ministre, il est on ne peut plus limpide. vers le ciel. C'était remarqué et prévisible. Nous C'est que le gouvernement du Québec tient l'avions en quelque sorte annoncé, et il n'est pas tellement à maintenir le Québec dans le Canada besoin d'être prophète pour prévoir ce qui se que cette histoire de référendum possible sur la passe présentement, c'est-à-dire qu'on se retrou- souveraineté est désormais perçue comme un ve, sur le plan constitutionnel, dans un véritable bluff et un mauvais bluff, un bluff qui est désordre, un véritable fouillis, pour toutes sortes dévoilé en quelque sorte. L'épée de Damoclès que de raisons. D'abord, parce que la table s'est pensait constituer le référendum sur la souverai- agrandie. Le nombre des convives a augmenté. neté, bien, cette épée de Damoclès n'existe pas, On est passés maintenant à 16. On y a ajouté les parce que l'épée de Damoclès, M. le Président, 4 associations autochtones de même que les 2 était en bon acier trempé. Là, il ne s'agit pas du territoires, ce qui fait, évidemment, que ça a eu tout de l'épée de Damoclès au-dessus de la tête pour effet de multiplier les comités et les forums du Canada anglais, il s'agit d'une épée en et d'accentuer encore le désordre, un désordre, caoutchouc mousse qui ne fera pas grand tort soit dit en passant, qui n'est pas créateur, mais quand on coupera le fil. Si on coupe le fil, ça ne qui est stérile, infécond. On a souvent l'habitude fera pas grand dégât une épée en caoutchouc de dire qu'une certaine anarchie est créatrice. mousse. Le couteau sur la gorge, dont parlait M. Dans ce cas-là, l'anarchie n'est pas créatrice. Léon Dion à une certaine époque, que constitue- C'est vraiment le désordre infécond et stérile. rait un référendum sur la souveraineté, bien, Puis s'ajoute à cela le braquage de certains c'est un couteau en caoutchouc mousse. Ça ne premiers ministres du Canada anglais. Je vous fera pas une contusion très majeure, ça ne fera rappellerai la déclaration tout à fait récente de pas saigner beaucoup le Canada anglais. M. Getty, le premier ministre de l'Alberta, qui a (11 h 10) été on ne peut plus clair et ferme quant à la Donc, c'est un mauvais bluff. Perte du réforme du Sénat, et qui est tout aussi clair pouvoir de négociation, pouvoir de négociation du également quant à son refus d'accorder le moin- Québec réduit à néant. Voilà le décor, M. le dre droit de veto au Québec. Même chose pour Président. C'est un fouillis, un désordre, une M. Wells, toujours relativement au droit de veto chatte n'y retrouverait pas ses petits. Il y a, et aussi pour la réforme du Sénat. On tient mor- d'un côté, un braquage très évident de plusieurs dicus à une réforme du Sénat triple «e», et M. premiers ministres du Canada anglais, appuyés en Filmon est également du même avis. Donc, un cela par leur opinion publique, puis, de l'autre, il bon nombre de premiers ministres du Canada an- y a un gouvernement du Québec, évidemment, glais se sont carrément braqués dans le dossier qui joue une mauvaise partie, qui bluffe de façon constitutionnel et refusent farouchement toute déplorable et qui voit ainsi son pouvoir de concession le moindrement substantielle au Qué- négociation réduit à néant. C'est ça, le décor bec, particulièrement en ce qui concerne des re- constitutionnel actuellement, M. le Président. vendications dites historiques du Québec. Et le gouvernement fédéral dans tout cela, S'ajoute à cela également un affaiblissement comment se comporte-t-il? Quelle est son dramatique du pouvoir de négociation du gouver- attitude et quel est son comportement? Et bien, nement du Québec. On peut même dire qu'avec le d'abord, il essaie maintenant, depuis plusieurs message inaugural et les propos tenus, dans le jours et même depuis plusieurs semaines, de message inaugural, par le premier ministre du jouer, d'influer sur le cadre temporel, dans ce Québec sur le dossier constitutionnel, on peut sens que, par différentes manoeuvres, il s'efforce dire que, si le Québec conservait - ce qui n'est de modifier le processus qui est prévu dans la loi pas évident - un certain pouvoir de négociation, 150, le processus référendaire, de modifier le à partir du message inaugural du premier minis- cadre temporel adopté dans la loi 150. C'est ainsi tre, ce pouvoir de négociation a été réduit à que, lors du dépôt du rapport Beaudoin-Dobbie, néant. Il est devenu complètement nul, parce que le gouvernement fédéral a dit: Les offres vont le premier ministre l'a affirmé très clairement, être rendues publiques à la fin avril. Bon. Je 260 vous rappellerai qu'auparavant, c'était prévu pour compréhensifs. C'est la dernière chance qu'on mars, mais là, le rapport Beaudoin-Dobbie leur donne; alors, donnons-leur un peu le temps tombant sur nos tables très tard, le gouverne- de la présenter, cette dernière chance. Et il ment fédéral a reporté à la fin avril le dépôt demanderait aux Québécois de la compréhension: d'offres formelles. Puis, comme ça n'allait pas Soyez compréhensifs. Comprenez les choses. C'est très bien, à la conférence des premiers ministres une question de mois. Et c'est tellement consé- qui a été convoquée à cet effet, là, le ministre quent, c'a tellement de conséquences qu'on peut Joe Clark a dit: Écoutez, c'est impossible fin se permettre de repousser l'échéance. Je vois avril, vous vous rendez bien compte; je repousse déjà le discours, le discours qu'on tiendrait pour l'échéance, la date du dépôt des offres à la fin essayer de justifier cela devant les Québécois. mai. Bon. Puis, vendredi dernier, le ministre Joe Il y en a qui se demandent: Comment se Clark a déclaré que c'était assez difficile fin fait-il qu'on ait voté contre la loi 150 le prin- mai, que ça pourrait fort bien être juin. Mul- temps dernier? C'est pour ces raisons-là. Rap- roney, qui était en visite au Québec en fin de pelez-vous les discours qu'on a faits à cette semaine dernière pour, d'abord, jouer au Bon- époque-là. On a voté contre parce qu'on a dit: homme Sept Heures, mais tout en jouant au Le gouvernement a introduit dans cette loi-là Bonhomme Sept Heures à Baie-Comeau dans son tellement d'échappatoires, de voies de sortie pour comté, il a, lui aussi, évoqué la possibilité que ne pas respecter l'engagement qui s'y trouvait de mai, c'est difficile et que même ça pourrait aller tenir un référendum sur la souveraineté, telle- à l'été, en plein coeur de l'été. ment d'échappatoires et de voies de sortie qu'on Alors, vous voyez la tactique, vous voyez la a conclu, nous, quant à nous, que ce n'était pas manoeuvre, il s'agit de repousser constamment la sérieux, que ce n'était pas un véritable engage- date du dépôt des offres. Pourquoi? Pour une ment solide, ferme et qu'on ne pouvait pas raison évidente. C'est clair que le gouvernement cautionner une pareille attitude. C'est pour cette fédéral, en agissant ainsi, s'efforce de contrain- raison-là qu'on a voté contre. On voit là, avec dre le gouvernement du Québec pour que ce les événements qui se produisent, que malheureu- dernier repousse, reporte l'échéance référendaire sement on avait sans doute raison. Voilà ce qui qu'on retrouve dans la loi 150, c'est-à-dire un peut se passer. référendum sur la souveraineté au plus tard le 26 À partir du moment où le gouvernement octobre 1992. À partir du moment où la date du fédéral aura réussi cette opération, c'est-à-dire dépôt des offres est constamment repoussée dans aura réussi à convaincre ou à contraindre le le temps - d'abord avril, fin mai, juin, peut- gouvernement québécois de reporter l'échéance être l'été, peut-être juillet, nous affirme le référendaire pour lui laisser plus de temps, le premier ministre fédéral - c'est clair qu'à ce temps requis pour présenter des offres, formuler moment-là cette manoeuvre a pour effet d'influer des offres, à partir de ce moment, là, le gouver- sur le gouvernement du Québec qui pourrait nement fédéral pourra introduire son propre prendre prétexte de ce report incessant dans le référendum, dont il est de plus en plus question temps de la date du dépôt des offres pour ces jours-ci. Ce n'est pas pour rien que c'est amender la loi 150 et repousser l'échéance réapparu sur la place publique, ça, le référendum référendaire. pancanadien, dans le dossier constitutionnel. J'affirmais, cette semaine, que ça pourrait C'est réapparu avec force actuellement sur la très bien être l'objet d'un accord, d'un «deal» place publique. Ce n'est pas pour rien. C'est entre les deux, entre M. Mulroney et le premier parce que le gouvernement fédéral, une fois qu'il ministre du Québec. On sait qu'ils conversent aura réussi à convaincre ou à contraindre le souvent, ils ont des entretiens téléphoniques gouvernement québécois à repousser l'échéance fréquents. Ça pourrait très bien faire l'objet de son propre référendum prévu dans 150, ça va d'un accord: Tu repousses dans le temps la date être pour y mettre à la place son propre^ réfé- du dépôt des offres, tellement loin dans le temps rendum pancanadien en vertu du principe: Ôte-toi que ça m'oblige ou que ça me donne, en tout de là que je m'y mette! C'est ce principe-là que cas, un prétexte, ça me justifie de modifier la le gouvernement fédéral est en train d'appliquer: loi 150 et de repousser l'échéance référendaire. Ôte-toi de là que je m'y mette! Enlève ton D'autant plus que l'on sait fort bien que le référendum, repousse-le pour que je mette le premier ministre du Québec n'a visiblement pas mien à la place. C'est ça qui est en train de se le goût, ni l'intention, ni les convictions de produire présentement. C'est ça, le scénario qui respecter cet engagement contenu dans la loi est en train de se produire. 150. Il pourrait là trouver un excellent prétexte Et ce référendum pancanadien, dont il est pour le reporter, le référendum sur la souverai- de plus en plus question, eh bien d'abord, non neté, en disant: Écoutez, le Canada n'est pas seulement il faut le condamner pour les raisons prêt. Ça fait 50 ans qu'on parle de constitution, qu'on a souvent évoquées en cette Chambre, y je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas lui compris le ministre responsable du dossier accorder quelques mois de plus, au Canada constitutionnel, c'est parce que c'est une néga- anglais, pour qu'il puisse nous présenter des tion pure et simple du droit à l'autodétermination offres convenables. Soyons bons princes, soyons des Québécois. Le ministre responsable du dossier 1 er avril 1992 261 l'a souvent dit: Ce sont les Québécois eux-mêmes résultats d'un tel référendum; ce serait une ma- qui vont choisir leur avenir et ce sont seuls les jorité très substantielle au Canada anglais, puis Québécois qui ont le droit de choisir leur avenir. un certain pourcentage de Québécois, les Québé- Le droit à l'autodétermination, c'est ça. Et à cois fédéralistes qui, évidemment, voteraient partir du moment où le choix de l'avenir du aussi en faveur. Le gouvernement fédéral pour- Québec est confié à toute la population «from rait fort bien s'appuyer sur ces résultats pour coast to coast» dans un référendum pancanadien, justifier une opération de modification cons- c'est clair que ce droit à l'autodétermination des titutionnelle sans le consentement du Québec et Québécois se trouve ainsi nié, foulé aux pieds. nous imposer des changements sans le consen- (11 h 20) tement du Québec en invoquant, évidemment, le Et je m'étonne de voir Benoît Bouchard, caractère démocratique de la consultation popu- député conservateur de Roberval, de ma région, laire qui aura été tenue et en invoquant la ma- M. le Président, ces jours-ci, considérer comme jorité très substantielle qui se serait dégagée de normal et acceptable un référendum pancanadien. cet exercice. Je trouve ça un peu curieux, un peu bizarre, Je termine en disant que le Québec doit parce que je me souviens très bien de certaines éviter de tomber dans ce piège, parce que c'est images du congrès conservateur de Toronto où un piège évident. Il doit éviter de tomber dans l'on a vu ce même Benoît Bouchard sauter en cette chausse-trappe, d'abord en refusant de l'air, les bras en l'air, sautant de joie, exultant modifier son calendrier, le calendrier qu'il a parce que son congrès avait adopté le principe inclus dans la loi 150; il doit être ferme et très du droit des Québécois à l'autodétermination. La, clair là-dessus, à ce sujet-là: un refus farouche, je le vois, ces jours-ci, trouver acceptable, déterminé de modifier le calendrier. Deuxième- normal, comme étant un scénario envisageable, ment, M. le Président, il doit aviser le fédéral, un référendum pancanadien. Drôle de cohérence, je pense, dans des termes clairs, limpides, que hein! Drôle de cohérence! Drôle de logique! Un seuls les Québécois ont le droit de déterminer référendum pancanadien étant purement et sim- leur avenir et de choisir leur avenir, et que le plement une négation du droit à l'autodéter- gouvernement québécois ne peut pas accepter que mination des Québécois, droit accepté, de façon le choix de l'avenir du Québec soit confié à une solennelle, par le congrès conservateur du parti majorité au Canada anglais. Ce serait bafouer et de M. Bouchard, et là, soudainement, il trouve ça violer le principe même du droit à l'autodéter- normal. Remarquez qu'il n'est pas à sa première mination du peuple québécois, et il doit tout incohérence près, ce monsieur, qui a l'habitude mettre en oeuvre, le gouvernement québécois, d'étaler ou d'exhiber ses états d'âme hebdoma- pour empêcher que soit mis en branle un proces- dairement, de mettre ses tripes sur la table de sus référendaire pancanadien. C'est ça, la façon systématique. meilleure façon pour le gouvernement du Québec Alors, voilà ce qui se prépare, présente- de défendre ce qu'il appelle constamment les ment. Et sur quoi porterait ce référendum pan- intérêts supérieurs du Québec. Il y a là une canadien? Sur quoi, pensez-vous? Bien, il porte- occasion de défendre réellement les intérêts rait sur des offres. Quel genre d'offres? Bien, ce supérieurs du Québec, maintien du calendrier serait une espèce de mixture ou de ragoût com- prévu dans 150 et refus catégorique de caution- posé d'éléments des propositions de septembre ner le moindrement un processus référendaire et de certains éléments du rapport Beaudoin- pancanadien qui serait une négation du droit des Dobbie. Ça ne peut pas être tellement différent Québécois à choisir leur avenir. Merci, M. le de ça, hein! D'autant plus que le rapport Beau- Président. doin-Dobbie, je rappelle que le premier ministre fédéral a jugé son contenu «les offres les plus Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. généreuses qu'on n'ait jamais faites au Québec»; le député de Lac-Saint-Jean et whip en chef de alors, ça me surprendrait qu'il aille plus loin que l'Opposition officielle. Sur le même sujet, je cela. Ça va être ça, ça va être cette mixture-là cède la parole à M. le député de Louis-Hébert. qu'on va offrir comme pâture, dans un référen- Vous disposez d'une période maximale de 20 dum pancanadien, aux Canadiens comme aux Qué- minutes, M. le député. bécois. Ce n'est pas acceptable pour le Québec, M. M. Doyon: Merci. le Président. Le Québec ne peut pas accepter ça, d'abord à cause du contenu - les offres qui M. Brassard: M. le Président, on me per- seront soumises à la population ne seront pas mettra un oubli... acceptables pour le Québec, seront à mille lieues des aspirations et des revendications du Qué- Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je m'excu- bec - mais aussi parce que le processus n'est pas se... Oui, allez-y. acceptable, puisque, par le biais d'un référendum pancanadien, il est évident que le gouvernement M. Brassard: ...j'avais une motion à déposer. canadien sera tenté d'utiliser les résultats d'un tel référendum. On peut déjà les deviner, les Le Vice-Président (M. Lefebvre): Allez-y, M. 262 le député de Lac-Saint-Jean. outils auxquels on a eu recours - elle parle de son gouvernement - dans la lutte au chômage Motion de censure n'ont pas donné les résultats escomptés.» Je pourrais continuer l'article, M. le Pré- M. Brassard: Alors, la motion se lit comme sident, et ça vous permettrait de vous faire une suit: «Que l'Assemblée nationale déplore la mol- idée que le jugement que tente de porter sur le lesse affichée par le premier ministre par sa présent gouvernement la députée de Taillon doit profession de foi fédéraliste exprimée sans ré- être coloré, doit être nuancé avec l'autocritique serve à l'occasion du discours d'ouverture et qu'elle-même, dans un moment de lucidité, me di- condamne l'attitude du gouvernement libéral qui rez-vous, temporaire, faisait à l'égard de son cherche par tous les moyens à se dégager de propre gouvernement. Dommage que cette lucidi- son obligation formelle de tenir un référendum té, dont je suis prêt à la féliciter, n'ait pas sur la souveraineté, prévu au plus tard le 26 duré plus longtemps et qu'elle ne l'ait pas ame- octobre prochain, en vertu de la loi 150.» née à faire un autre discours où elle aurait eu des propos différents de ceux qu'elle a eus. Mal- Le Vice-Président (M. Lefebvre): Votre mo- heureux, M. le Président, que les moments de lu- tion est déposée. Allez-y, M. le député de Louis- cidité soient aussi brefs et qu'ils ne permettent Hébert. pas une cohérence dans le discours qui pourrait rattacher le discours de ce matin au discours M. Réjean Doyon qu'elle tenait le 10 août 1985, à Montréal, sur la rue Ontario. C'est dommage, M. le Président, que M. Doyon: Oui, merci, M. le Président. cette cohérence, ce fil conducteur se soit brisé L'occasion qui nous réunit ici est un événement quelque part. A-t-il été brisé par la partisanerie d'une importance capitale. Nous avons l'occcasion aveugle, par le désir, la soif du pouvoir? Là, je d'entendre les allocutions, les propos des mem- ne réponds pas à ces questions. Je constate les bres de l'Opposition qui sont en train, pensent- symptômes. Je laisse le diagnostic à d'autres, aux ils, de faire la preuve que le gouvernement rate électeurs en particulier qui sont capables de son coup, que le gouvernement ne fait pas preu- comprendre qu'on ne peut pas dire noir aujour- ve d'imagination, que le gouvernement est à d'hui et blanc demain et avoir raison dans les court de ressources, que le gouvernement devrait deux cas. faire ci, que le gouvernement devrait faire ça. (11 h 30) M. le Président, il faut avoir la mémoire Les solutions toutes trouvées, ça n'existe drôlement courte, particulièrement dans le cas de pas. Nous pourrions faire de la diversion, nous la députée de Taillon à qui j'avais l'occasion de pourrions nous contenter de mettre des cataplas- poser une question tout à l'heure, qui nous af- mes; nous avons décidé d'aller au fond des flige de tous les maux et qui en invente de nou- choses, de trouver des remèdes qui auraient une veaux qui ne sont pas connus et qui nous met au durée dans le temps et qui ne seraient pas défi de faire ci et de faire ça, de régler le chô- teintés du même défaut dont je blâme l'Opposi- mage, d'augmenter l'emploi et d'implanter des in- tion, c'est-à-dire de la partisanerie aveugle. dustries, et qui demande qu'en même temps nous M. le Président, je conçois difficilement augmentions les crédits pour ci et pour ça. qu'un chef de parti, par exemple, en l'occurrence J'ai en main, M. le Président, un article de le chef de l'Opposition, le député de L'Assomp- journal qui permet de mettre en relief le double tion, dans les idées de grandeur qui le carac- langage là-dedans. Vous déciderez vous-même, et térisent, n'ait rien de mieux à faire dans la la population en jugera, de la crédibilité de ces période que nous vivons, aujourd'hui, les pre- gens qui nous accusent, comme je le disais, de miers mois de 1992. Savez-vous de quoi se tous les maux. J'ai ici un article de journal paru préoccupe le chef de l'Opposition, sur quoi il dans Le Devoir du samedi 10 août 1985. Je lis le réfléchit, sur quoi il cogite? Quel est le problème grand titre ici: «Marois fait le constat d'échec immense qu'il est en train de solutionner pour la de son gouvernement». Je lis deux paragraphes, région de Québec? Qu'est-ce qui le tracasse le M. le Président, simplement pour éclairer un peu plus? Qu'est-ce qui l'empêche de dormir? Au cette Assemblée et ceux qui nous font l'honneur sujet de quoi, en se couchant, se dit-il, «si je de nous écouter. M. le journaliste Pierre O'Neill pouvais me lever avec la solution»? Qu'est-ce qui écrivait ce qui suit: «Ministre de la Main-d'oeu- le tracasse? Qu'est-ce qui l'amène à avoir un peu vre et de la Sécurité du revenu, Mme Pauline de cheveux qui blanchissent tranquillement? Marois fait le constat d'échec de son gouverne- Quelle est cette difficulté existentielle qui le ment qui, reconnaît-elle, n'a pas pris les bons mine? M. le Président, rien d'autre que ce qu'il moyens pour combattre le chômage.» annonçait dans le journal Le Soleil du lundi 24 Il continue de la façon suivante: «À l'occa- février: C'est que les besoins administratifs sion de l'ouverture officielle de son comité cen- auxquels devrait répondre la capitale d'un nouvel tral d'organisation, rue Ontario, à Montréal, Mme État souverain, c'est-à-dire Québec, ce serait de Marois a déclaré que le taux de chômage de trouver une résidence officielle pour le chef 12 % - 12 % en 1985 - est une preuve que les d'État, qui pourrait, dit-il, être celle qui est 263 actuellement réservée au gouverneur général du sur les épaules, M. le Président. J'ai trop d'hon- Canada, c'est-à-dire la Citadelle de Québec. Je nêteté intellectuelle, de respect pour dire des n'invente rien. Très grave problème à résoudre choses semblables. Mais étant donné que j'en- dans les moments difficiles que nous vivons: tends «bravo!», ils prennent ces propos à leur trouver une résidence pour le chef de l'État d'un compte. Québec souverain. Et, dans un éclair de génie, se M. le Président, se rend-on compte qu'un levant le matin, il a dit: J'ai réglé le problème, référendum donnant une réponse qui n'est pas je le sais où on va mettre le chef de l'État, le favorable à l'option péquiste sera un référendum président du Québec souverain: ça sera à la bidon, un référendum qui ne compte pas, un ré- Citadelle de Québec. Quel soulagement pour le férendum qui pourra être défait à la prochaine peuple, quel soulagement pour la population occasion? Je vois la députée qui me fait signe d'avoir trouvé la solution à ce problème existen- que oui. Bien sûr, le grand sourire! Parfaitement tiel, fondamental, s'il en fut un: où mettre le scandalisant! Parfaitement antidémocratique! Mé- président de la république du Québec? Alors, on pris total! Mépris total de la décision que a trouvé, grâce au chef de l'Opposition, grâce au prendra la population! député de L'Assomption qui n'a épargné aucun Pourquoi le référendum qui donnera raison effort de réflexion. Il a passé à travers toutes au PQ serait le bon et le vrai, le seul et l'uni- les solutions, a fait appel aux plus grands que? Pourquoi n'y aurait-il qu'un seul référendum experts, et s'est levé un beau matin pour dire: qui pourrait donner la réponse attendue et que, Ça y est, ça sera la Citadelle, mes chers amis, là, par l'opération du Saint-Esprit qui aurait merci beaucoup. inspiré les Québécois, pour une fois, qui leur Moi, je pense qu'il faut essayer de carica- aurait inspiré la réponse désirée par la cohorte turer ces choses-là, M. le Président, pour mieux péquiste, pourquoi cette réponse qui ferait l'af- faire comprendre à la population la démesure, le faire de la cohorte péquiste serait-elle la seule manque de connexion avec la réalité du chef de bonne réponse, le seul bon référendum valide et l'Opposition. Ces constatations, M. le Président, valable, légitime et contraignant? doivent être faites quotidiennement, et je me dis: Moi, j'aimerais qu'on m'explique ces choses- Si le chef lui-même n'est pas capable d'être en là. Pourquoi un référendum pris au mois d'octo- contact avec la réalité, comment peut-il emmener bre, disons, ne serait-il plus valide dans six ses troupes dans ce contact? La question que je mois, dans un an d'ici, advenant que par impos- pose et que je voudrais que la population se sible le Parti québécois prenne le pouvoir et que pose, M. le Président, c'est: Dans les circonstan- les Québécois ayant dit non à la souveraineté, ces, peut-on prendre au sérieux un parti qui six mois après, élisant, par après, par erreur ou nous dit ni plus ni moins, par exemple, que... tout simplement parce qu'un parti politique ayant C'est M. Parizeau, M. le député de L'Assomption, fait un certain nombre d'années... Et c'est dans le chef de l'Opposition qui dit clairement qu'ad- nos moeurs politiques, c'est dans notre régime venant que dans un référendum... Soyons d'accord politique, notre régime bipartisan est basé sur là-dessus: le référendum, s'il y en a un, c'est cette hypothèse du parti politique qui fait le parce qu'il y a deux possibilités de réponse. Au remplacement. Pourquoi ce référendum, dis-je, ne moins deux possibilités de réponse. Si c'était serait-il pas valide à la première chance que le clair et qu'il y avait parfaite unanimité dans la PQ aurait de mettre la main sur le pouvoir? population, pourquoi en tiendrait-on un? Donc, il C'est absolument incroyable! Je n'ai pas de mots, y a une possibilité que le référendum donne une je suis à court d'expressions pour déplorer une réponse qui n'accorde pas au chef de l'Opposition attitude aussi antidémocratique. Mais j'aimerais son désir le plus cher, c'est-à-dire de devenir le que les gens, la population réalise ce que j'ap- président de la république du Québec et de pou- pelle cette duplicité, ce double langage, cette voir avoir sa résidence officielle à la Citadelle. conviction intime qu'ils ont d'avoir raison et Mais que dit le chef de l'Opposition devant cette d'avoir les bonnes solutions. possibilité? Il dit: Nous ne serons pas liés par un M. le Président, nous avons passé par tel référendum parce qu'il y aura des élections toutes les étapes. Le Parti québécois, par la voix et, au moment des élections, nous ferons bien ce de son chef, disait: Nous, nous allons faire l'in- que nous voulons faire, c'est-à-dire la souverai- dépendance par petites tranches. Moi, j'appelle neté. ça la technique du salami: tranche par tranche, on vient à bout du saucisson. La tranche de la Une voix: Bravo! formation professionnelle, la tranche des affaires extérieures. Et on va, comme ça, procéder à M. Doyon: C'est un manque de respect... une... la tranche des télécommunications et des J'entends: Bravo! M. le Président. Je n'en crois communications. On va procéder tranche par pas mes oreilles. Je suis parfaitement scandalisé, tranche au rapatriement de tous les pouvoirs parce que mon propos n'était pas de blâmer les - c'était le discours du chef de l'Opposition - et députés de l'Opposition, les quelques-uns qui sont nous tiendrons un référendum sur chacune de ces là, parce que les propos sont les propos du chef tranches. Nous demanderons aux gens: Voulez- de l'Opposition. Je ne voulais pas leur mettre ça vous que nous rapatriions tel pouvoir? Les gens 264 disant oui, nous le prenons et nous retournons dans ces circonstances-là, c'est faire preuve en référendum. d'immaturité. Moi, la gageure que je prends, Maintenant, ce n'est plus tout à fait le c'est que les Québécois sont un peuple mature, même discours. Maintenant, on dit: On va faire mûr, qui sait que la décision qui devra être prise la souveraineté globale, dans son ensemble. Oui, devra l'être en faisant les sacrifices qui s'impo- la souveraineté globale, mais on va garder la sent, en étant prêt au pire des scénarios si monnaie canadienne. Bien sûr que oui, parce qu'il jamais il se produit. Il y a un vieux «motto» ne faudrait quand même pas inquiéter les gens. anglais qui dit: «If something can go wrong, it On va faire ça en douceur. On va garder la will go wrong.» Très souvent, dans les plans monnaie canadienne, ne vous inquiétez pas. qu'on fait, s'il y a un accroc qui peut se faire Qu'est-ce qu'on pourrait bien garder à part ça quelque part; même si c'est la dernière des que les gens aiment et auquel ils tiennent? Peut- possibilités, malheureusement, ça arrive. être que la citoyenneté canadienne, le passeport Moi, je dis aux gens de Louis-Hébert, aux canadien, c'est bien vu, ça. C'est commode gens du Québec: Méfiez-vous comme Ulysse l'a d'avoir ça dans notre poche. C'est un petit fait. Ulysse était un sage, un homme reconnu document bleu qui nous permet de circuler de pour sa sagesse et Ulysse s'est méfié. La chose pays en pays et de traverser les frontières sans dont il s'est méfié le plus, ça a été des sirènes. trop d'anicroches, sans trop de problèmes. Peut- Là, on a des sirènes, actuellement, qui tentent être que les gens aimeraient ça le garder, ce de nous charmer avec des bruits qui disent: Non, petit document bleu. On va dire qu'on va garder non, ça ne fera pas mal. On a des sirènes la citoyenneté canadienne. Pourquoi pas? péquistes, bien galbées, avec une belle voix (11 h 40) douce qui nous disent: Par ici! Les récifs? Ne Et quel autre pouvoir pourrait-on aussi vous inquiétez pas des récifs, vous allez pouvoir garder? On dit: Bon, on va garder l'espace passer par-dessus ça. Il n'y a aucun problème. Le économique. Bien sûr que oui. Il ne faudrait pas vieil Ulysse, le vieux rusé Ulysse, le héros de que les gens ne puissent pas exporter ou impor- Homère s'est méfié des sirènes et il a pu retour- ter. Il faudrait que ce soit uniforme. On va aussi ner, aller voir sa Pénélope, retrouver son fils garder les ententes du GATT, on va garder tout Télémaque et avoir une vie normale avec eux ce qui se fait comme ententes. On va tout avoir, après un long voyage. Pourquoi? Parce qu'il n'a mais ne rien donner. pas cédé aux sirènes. Il a évité les sirènes, les Il y a Lysiane Gagnon qui, dans un article récifs, comme la peste, même s'il s'ennuyait de de La Presse disait: Ça, ça me fait penser au Pénélope. C'était terrible. Il avait hâte de fils, rendu à 22, 23, 24, 25 ans, qui dit: Papa et retrouver Pénélope. Il avait fait des sacrifices. maman, moi, je m'en vais de la maison. Je ne Les sirènes péquistes nous convient à aller sur veux plus rien savoir de vous autres. Je suis des récifs, sur des rochers. Ne les écoutons pas! tanné de vous autres, mais vous allez continuer Soyons capables de naviguer avec un gouvernail de me loger dans la maison. Vous allez continuer bien dirigé, avec des voiles que nous contrôlons. d'endurer ma musique «hard rock», vous allez Ce n'est pas tout d'avoir des voiles parce que, continuer de me donner la priorité sur les pour ça, le PQ n'en manque pas de voiles. Ils programmes de télévision que j'aime et vous allez sont toutes voiles dehors, mais je vous assure passer en deuxième. Vous allez aussi, bien sûr, qu'au point de vue gouvernail, ce n'est pas fort. me donner de l'argent de poche et vous allez me Alors, ça prend des voiles qu'on contrôle. Ça permettre d'inviter mes amis, dans la maison, prend un gouvernail tenu d'une main solide, il y quand c'est nécessaire. Mais à part ça, papa et a simplement un parti qui peut faire ça, M. le maman, moi, je suis tanné de vous autres. Je ne Président, c'est le Parti libéral, et je suis sûr veux plus rien savoir. que les gens ont réalisé ça depuis longtemps. C'est un petit peu le «deal» que nous propose l'Opposition. C'est de quitter le Canada, Des voix: Bravo! Bravo! mais en gardant les avantages du Canada. Moi, ce que je veux que la population réalise, c'est Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. qu'on ne peut pas quitter la maison paternelle, la le député de Louis-Hébert. Sur le même sujet, je maison familiale et dire en même temps: Je vais cède la parole à M. le député de Sainte-Marie- venir dîner tous les midis, il faut que le réfrigé- Saint-Jacques. Vous disposez de 20 minutes, M. rateur soit plein, et je veux aussi que ma le député. musique, vous me laissiez mettre ça au bout, parce que j'aime ça fort, moi. À part ça, quand M. André Boulerice je voudrai écouter mes programmes de télévision, vous, vous lâcherez les vôtres et vous me M. Boulerice: M. le Président, je vous re- permettrez de regarder les miens. C'est entendu mercie. J'ai écouté ou entendu avec étonnement que moi, je n'aime pas ça, la solitude. Je vais le discours du député de Louis-Hébert et prési- avoir des «chums», il faut qu'ils viennent à la dent de la commission de la culture. Le député maison et il faut les nourrir en plus. de Louis-Hébert, M. le Président, a voulu nous Je me dis que quitter la maison familiale faire la démonstration qu'il était un helléniste 265 averti, mais, dans sa grande enumeration des souligner, une part de vérité dans son discours, héros de la mythologie grecque, il semble qu'il uniquement par l'inclusion d'un mot. Il disait: ait oublié de s'identifier lui-même à un des Nous sommes un gouvernement responsable. Oui, personnages centraux de cette mythologie grec- il a entièrement raison, c'est un gouvernement que qui est le Cyclope. Le député de Louis- responsable de l'écart grandissant entre les Hébert ne voit que par un seul oeil, M. le Pré- riches et les pauvres. Gouvernement responsable sident. Il voit uniquement par l'oeil du passé. de cet écart qui ne cesse de grandir. Gouverne- On l'a vu tantôt ressassant des déclarations de ment responsable de la dégradation de la condi- ministres antérieurs, d'une députée pour qui j'ai tion des plus démunis dans notre société. Gou- d'ailleurs le plus profond des respects, une vernement responsable de cette dégradation. Gou- grande amitié, ma collègue, la députée de Taillon. vernement responsable encore une fois, respon- J'espère que, ce midi, à l'heure du déjeuner, au sable de l'effritement de l'action communautaire restaurant de l'Opposition... je m'excuse, j'ai au Québec parce que son gouvernement est res- complètement oublié, le restaurant, la salle à ponsable du sous-financement de ces organismes, manger des députés ministériels qui sont la fu- responsable de l'abolition de certains de ces ture opposition au Québec, il va de soi. J'espère organismes et responsable par anticipation de la que le député va pouvoir lire le menu. Il y a la disparition de nombreux autres organismes qui phrase du jour qui se lit: «On finit par ne plus oeuvrent pour le bien-être de nos concitoyens et être capable de respirer à force de remuer le qui, malheureusement, disparaîtront bientôt à passé». cause des actions irresponsables de ce gouverne- Donc, M. le Président, quand on écoute ce ment responsable des conditions atroces dans les- discours confus du député de Louis-Hébert et quelles on vit. président de la commission de la culture, je dois Responsable d'une autre dégradation, M. le le rappeler, on se serait attendu, de la part d'un Président, responsable de la dégradation des con- tel personnage, à une certaine élévation, mais ça ditions de logement dans des quartiers bien n'a pas été le cas. On se serait attendu à plus identifiables de notre capitale nationale, Québec, d'élévation dans un discours comme celui-ci; on et de Montréal, notre métropole. Conditions dé- se serait attendu à des énoncés, à une défense gradantes de logements pour nos aînés et pour de ce discours d'ouverture. Je dois avouer qu'il ces jeunes couples qui aimeraient bien, comme est bien difficile de qualifier le vide et de tous, accéder à un logement convenable, y élever quantifier l'absence, d'où la difficulté manifeste une famille et rester dans nos centres-villes. qu'avait le député de Louis-Hébert à parler du Gouvernement responsable de l'étalement urbain discours d'ouverture de son premier ministre. Il et du dépeuplement des centres-villes, ce qui va s'est borné, M. le Président, à des remarques ajouter aux coûts énormes que nous avons déjà à typiques de la mesquinerie libérale et à cette payer pour cette incurie gouvernementale. volonté manifeste du parti ministériel de ratati- Gouvernement responsable en partenariat. ner les Québécois, en tentant de ridiculiser une Gouvernement coresponsable avec le grand frère hypothèse plausible et drôlement intéressante fédéral. Je dis «le grand frère fédéral», M. le qui est celle d'utiliser le monument national Président. Ce gouvernement est un peu la ca- qu'est la Citadelle pour en faire la résidence du ricature d'une publicité télévisée particulière- chef de l'État. Mais c'est là, M. le Président, ment à Montréal, d'un commerce qui s'appelle Au chers compatriotes, que l'on voit bien la dif- bon marché - je vais leur faire une publicité férence entre le parti invertébré et l'Opposition gratuite - où on voit un des personnages officielle. s'écrier: «Oui, papa.» Papa a décidé quelque Nous, nous ne voulons pas d'un petit chef chose, les deux fils, les trois fils acquiescent. Le de gouvernement comme celui qu'on a actuelle- gouvernement fédéral dit à ce gouvernement: ment. On trouve que le Québec mérite mieux en Vous n'aurez aucun pouvoir en communications. 1992, qu'il mérite un chef d'État et non pas un Il le dit dans une langue qu'ils connaissent bien. petit chef de gouvernement. Je pourrais repren- «No way». Ce gouvernement répond: Oui, papa. dre cette déclaration du chanoine Grand'Maison à Ce gouvernement a réagi, M. le Président. l'émission de Mme Bombardier où, s'interrogeant On a vu le député de La Peltrie et ministre sur le flou actuel du Québec, il disait: Ce flou titulaire des Communications s'élever, mais est-il, en définitive, un mou? Et le chanoine violemment, M. le Président, contre cette déci- Grand'Maison y répondait lui-même en disant: Je sion du fédéral et cette réponse: Votre demande crois que ce flou est beaucoup plus un mou, est non avenue, vous, Québécois. On a vu le puisque nous avons à la tête de notre gouverne- ministre titulaire des Communications réagir ment le plus mou d'entre nous, M. le Président, vigoureusement, M. le Président, quand Radio- et c'est le premier ministre actuel. Canada, émanation du pouvoir fédéral, respon- (11 h 50) sable d'une grande part de la culture au Québec J'écoutais, de plus, l'intervention du député et de l'information, a décidé de fermer les de Richelieu, un député qui ne s'est jamais antennes régionales. Je vois... Je ne la vois plus, embarrassé de nuances, M. le Président, mais il malheureusement, elle a dû s'absenter de la y avait cette fois-ci, et je crois qu'il faut le Chambre, mais je voyais notre collègue en 266

Chambre - je dis «notre collègue» - Mme la dé- de 1985 et la position actuelle. Mais je rappel- putée de Matane, et Dieu seul sait que sa région lerais au député de Louis-Hébert que qui ne souffre de cette décision dénoncée avec vigueur change pas d'idée risque d'être mis en contradic- par le ministre des Communications. tion avec lui-même, d'abord, puisque le monde Il y a quelques jours à peine... Je parlais de évolue, le monde change. la dégradation des conditions de logement. On a (12 heures) vu, la semaine dernière, le ministre fédéral Je reviens au propos principal: Governement décider de sabrer dans les programmes d'habita- responsable. Oui, gouvernement responsable d'une tion et priver le Québec de 65 000 000 $ pour détérioration de tous les secteurs de l'activité des programmes d'habitation. On a vu le ministre nationale, à un point tel que, quand je regarde de la Sécurité publique, ministre responsable de les sondages - c'est là que le bât blesse pour le l'habitation, le député d'Argenteuil, M. Ryan, parti ministériel puisque la population du Québec protester vigoureusement. Au lieu d'excommunier les rejette catégoriquement - je me dis: Ma le ministre fédéral, il lui a dit: Allez et ne formation politique, revenant aux affaires de péchez plus! Quand mon collègue, le député de l'État, je serai sans aucun doute pris d'un Shefford, préoccupé, lui, d'habitation, l'a ques- certain vertige en reprenant les dossiers puisque tionné, on a eu comme réponse: Eh bien, ils se j'ai le sentiment très intime que nous sommes, sont retirés. Ils se sont retirés! Je crois que depuis 1985 à aujourd'hui 1992, en si peu de c'est le ministre qui devrait se retirer s'il n'est temps, revenus à la case départ dans le progrès pas capable de défendre convenablement les du Québec. intérêts du Québec en matière d'habitation. Mais C'est ça qui m'effraie, M. le Président. c'étaient de bons gestionnaires, de bons négocia- C'est ça qui m'effraie et c'est malheureusement teurs avec le gouvernement fédéral puisqu'ils ce que vivent je ne sais combien de milliers de sont fédéralistes et lui, plus que tous, le ministre mes compatriotes, de mes concitoyens et de mes de la Sécurité publique, est plus fédéraliste que concitoyennes du centre-sud et du Plateau-Mont- le premier ministre fédéral; autrement dit, il est Royal: un gouvernement responsable de situations plus catholique que le pape! qu'il laisse dépérir, inconsciemment peut-être, Mais qu'est-ce qui arrive? Recul, recul et volontairement sans doute. La devise du premier recul dans tous les domaines. Quand avons-nous ministre est: II ne faut surtout pas prendre de entendu le ministre de la Santé, parce qu'il y a décision, le temps pourrait arranger les choses. une dégradation de nos services de santé, malgré Je vais convenir qu'H se peut que le temps, la qualification des différents personnels qui quelquefois, arrange les choses, mais le temps travaillent dans nos hôpitaux... Je suis bien peut empirer les situations. Les conditions placé pour en parler parce que j'ai à la fois peuvent tourner à notre désavantage. Le premier Notre-Dame, Saint-Luc, Jacques-Viger, je pour- ministre ne fait rien et il en abuse à un point rais en énumérer plusieurs... Mais la dégradation tel, M. le Président, que vous connaissez sans de notre système de santé et les difficultés aucun doute cette blague qui circule sur la financières que nous avons à maintenir la qualité colline parlementaire où, tous les jours, une des services qui sont offerts, ça vient d'où? Ça limousine vide arrive devant notre parlement et vient du désengagement fédéral dans les pro- le premier ministre en descend. Ça, on l'entend grammes de transfert pour la santé. Est-ce que dans la rue et ces traits d'humour sont toujours le ministre de la Santé et des Services sociaux, caractéristiques de la pensée d'une population. député de Charlesbourg, à qui la presse donne le C'est dangereux car c'est l'image que notre nom de «matamore», a joué son rôle de matamo- premier ministre a auprès de la population. re? Non! Il est resté, lui aussi, silencieux, Et les sondages le reflètent. Comme dit la coupable et responsable de la dégradation par députée de Groulx, M. le Président: À juste titre. omission. Et à un point tel, les sondages le reflètent Je pourrais peut-être faire une petite tellement que j'ai failli dire: La future ancienne parenthèse. Alors que le député de Louis-Hébert députée de Groulx. Quoique je serais quand même glosait, M. le Président, sur l'hypothèse d'utiliser attristé puisque j'ai de bons sentiments pour un immeuble historique occupé par le représen- elle. Malgré tout, je l'aime bien. Je l'aime bien. tant d'une souveraine étrangère, le député a Elle a eu quelquefois des points de convergence oublié les folies médiatiques de ce ministre: avec nous, mais je ne vais quand même pas les 600 000 $ confiés à une agence de publicité bien lui reprocher. connue pour préparer son petit spectacle, ses Touchons un domaine qui n'a malheureuse- petits tours de piste. 600 000 $, on peut créer ment pas été abordé tantôt par le président de des emplois dans une circonscription comme la commission de la culture, qui est l'action de Sainte-Marie-Saint-Jacques; on peut construire ce gouvernement dans le domaine de la culture, du logement social dans le centre-sud; on peut dans le domaine des arts. Je vous ai parlé tantôt aider des organismes communautaires sur le des communications. Ce n'est rien! Dans le Plateau-Mont-Royal. Il n'a pas parlé de cela. Ce domaine de la culture, eh bien, M. le Président, sont de bons gestionnaires. Il essayait de trouver les crédits ont parié. Ils ont parié pour le des contradictions entre une déclaration datant discours du premier ministre. Une augmentation 267 de 35 000 000 $ dans le budget, M. le Président. ne peuvent pas faire. C'est un chargé de dire qui 35 000 000 $ dans le budget. Mais si l'on permet à ses commettants de juger du bilan de décortique ces 35 000 000 $, 23 000 000 $ - on l'ensemble de ses activités, autant par le biais de va faire une petite arithmétique, chers conci- ses ministères, des titulaires des ministères, des toyens - 35 000 000 $, 35 700 000 $, quelque obligations dites ministérielles, des sociétés chose comme cela: 20 300 000 $ iront aux d'État, des organismes qui, de près ou de loin, grandes institutions d'État, service de la dette, dépendent de la responsabilité gouvernementale. 10 000 000 $ iront à des ententes, une aide à Inaugural, c'est une façon de situer l'action l'orchestre symphonique, aux Grands Ballets gouvernementale dans le temps. C'est une façon, canadiens, élargissement du mandat de la Régie pour l'État, de tenter de préjuger et de présager du cinéma, prise en charge de l'amphithéâ- de l'avenir de sa collectivité de façon à mieux tre du Festival d'été de Lanaudière, il ne reste agir sur ce devenir et sur son avenir, et d'en donc - et je sais qu'il y a beaucoup d'artistes, façonner concrètement et positivement le résul- de comédiens, de chanteurs dans ma circonscrip- tat. C'est, en vérité, M. le Président, de la tion qui vont être scandalisés - de l'augmenta- prévention. La qualité essentielle, je dirais même tion qu'on fait miroiter, que 2 000 000 $ pour la quintessence d'un gouvernement responsable, tous les autres organismes culturels et les c'est d'être capable de prévenir l'avenir de façon artistes. Cela signifie: Les artistes, vous repas- à mieux agir et façonner son devenir. serez. Le 1 %, bien, voyez-vous, là aussi, vous (12 h 10) repasserez. Et les régions - et j'ai hâte d'en- Dans quel contexte s'est situé le dernier tendre les discours des députés régionaux du message inaugural du gouvernement? De l'avis de Parti libéral - bien, c'est: Vous repasserez, vous tous, M. le Président, ce message inaugural aussi. s'inscrit dans un contexte de changement, que Le livre des crédits, à toutes fins pratiques, nous n'avons pas connu dans le passé, ayant un était une chronique nécrologique pour les arts et effet aussi inquiétant, perturbateur sur l'ensemble la culture. Le livre des crédits, c'était, à toutes des intérêts de notre collectivité. Cette par- fins utiles: La fameuse grande politique culturelle ticularité du contexte économique et social, à est mort-née et l'avis de décès était dans ce l'intérieur duquel s'insère le message inaugural, cahier des crédits qu'a déposé le député de nous rappelle, M. le Président, dans l'exercice Bonaventure et soi-disant ministre des Finances auquel nous sommes conviés à circonscrire des du Québec. Gouvernement responsable? Gouver- actions susceptibles d'agir positivement sur ces nement responsable de la dégradation de tous les perturbations graves, eu égard aux intérêts qu'on secteurs de l'activité nationale, au Québec. C'est se doit de protéger comme gouvernement du ça qu'il faut retenir. Je vous remercie, M. le Québec. Président. De quelle façon peut-on, de façon respon- sable, sage, dans un discours intelligible, se Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. donner l'assurance que nous aurons l'occasion de le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques. Je suis contrer les effets négatifs de ces changements prêt à reconnaître le prochain intervenant. Il n'y rapides qui s'opèrent dans notre société? Dans ce a pas d'autres intervenants? Alors, je cède message inaugural, nous avons pensé, modeste- immédiatement la parole à M. le député de ment, donner l'exemple, en commençant par faire Crémazie et ministre du Tourisme. le ménage dans notre maison d'État, c'est-à-dire réviser l'ensemble des actions de l'administration M. André Vallerand publique ainsi que son financement. La situation économique que nous avons connue et le résultat M. Vallerand: Merci, M. le Président. Je de cette situation économique, en termes de suis toujours un peu étonné d'écouter les propos résultats conjoncturels, ont amené les gouverne- de l'Opposition quand cette dernière tente ments à disposer de moins d'argent et de moins d'attaquer le gouvernement, dont je suis, autant de moyens pour pouvoir agir aussi largement dans sa gestion quotidienne que dans sa gestion qu'ils voudraient le faire au sein de l'ensemble continuelle. À quel genre d'exercice nous convie des problèmes auxquels sont confrontés les gens le message inaugural? Après avoir entendu le de notre société. député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, il serait Il est impératif de repenser nos finances utile de rappeler, pour le bénéfice de ceux qui publiques. Il est tout aussi impératif de les nous écoutent, à quel type d'exercice nous assainir afin de pouvoir les utiliser de façon sommes conviés lors d'un message dit inaugural. efficace et maximale dans le contexte actuel. Un message, M. le Président, c'est un Cette réflexion sur la rigueur dans l'administra- chargé de dire. Un gouvernement, à la rigueur tion de la chose publique nous a amenés à les partis d'Opposition, les groupes de pression repenser avec beaucoup d'attention, avec beau- ont une responsabilité d'expliquer à leurs com- coup de préoccupation l'ensemble de notre mettants le bilan de leurs activités en termes de système de santé au Québec, de réfléchir égale- ce qu'ils ont fait, en termes de ce qu'ils envi- ment sur notre système d'éducation, deux com- sagent de faire, en termes également de ce qu'ils posantes de l'administration publique qui consti- 268 tuent des coûts importants dans le cadre de un vecteur économique sur lequel il faut com- l'ensemble des efforts de financement public. poser et c'est un vecteur économique qu'il ne Révision également, dans notre propre maison, de faut pas affaiblir, mais, bien au contraire, l'organisation et du fonctionnement de l'ad- dynamiser de sorte que son résultat se perpétue ministration publique. Il nous faut et il nous dans l'ensemble des autres régions économiques fallait avoir le courage de questionner nos du Québec. C'est ce que nous appelons un pôle propres moyens avant d'inviter la population et de croissance économique important, au Québec. la collectivité à questionner les leurs. Dans cette compréhension, nous avons mis Évidemment, c'a permis à l'Opposition d'être de l'avant un plan de relance durable de l'écono- en mesure de critiquer davantage le gouverne- mie montréalaise, un plan concocté avec l'en- ment mais, faut-il le rappeler, de critiquer le semble des principaux dirigeants économiques et gouvernement dans sa gestion responsable de sociaux de la région de Montréal de telle sorte l'administration publique avec le courage qu'il a que, lorsque mon collègue, le ministre délégué à eu de se questionner dans ses moyens, dans sa l'Administration et à la Fonction publique et gestion et dans la répartition de ces moyens aux président du Conseil du trésor et ministre de la affectations des plus nécessiteux, des plus en région de Montréal, a rendu public l'énoncé de besoin de notre collectivité. C'est notre façon à politique pour revitaliser la grande région de nous de «prioriser» nos responsabilités. Montréal, son message a reçu l'assentiment, Lorsque le gouvernement s'est interrogé sur l'aval de l'ensemble de la communauté, et les sa propre gestion dans le contexte actuel, gens de la région de Montréal se sentent plus en interrogation qui est comprise dans le message mesure d'agir, d'intervenir sur le développement inaugural, le gouvernement fait également appel, durable de cette importante région. dans son message, à l'entreprise privée, aux Également, M. le Président, nous avons, et autres collectivités non publiques ou parapubli- c'est inclus dans le discours inaugural, fait ques parce que, que ça nous plaise ou non, les référence à l'importance économique du tourisme. succès que nous pouvons anticiper pour contrer L'activité touristique n'est plus aujourd'hui per- les effets négatifs de la situation économique çue comme elle l'était antérieurement, comme passent par un redressement durable et prolongé une activité plus ou moins prise en compte dans de l'activité et de la prospérité économiques, au les stratégies de développement économique des Québec. La pierre d'assise, le fondement même du gouvernements, non seulement celui du Québec, succès d'un tel objectif passe obligatoirement par mais également de l'ensemble des gouvernements le rôle du secteur privé. En invitant le secteur des économies occidentales. On considère le privé à concourir aux objectifs de redressement tourisme maintenant comme une activité écono- économique contenus dans le discours inaugural, mique à part entière tout aussi importante, tout M. le Président, nous lui disons en premier lieu: aussi motrice, tout aussi dynamique que l'activité Notre action portera sur l'amélioration du économique des autres secteurs économiques, contexte concurrentiel au Québec. Nous exami- notamment du secteur manufacturier ou du nerons de façon plus attentive, compte tenu des secteur dit de la transformation. changements considérables qui se sont produits à Le tourisme a gagné ses lettres de noblesse l'intérieur de nos économies occidentales, nous et de reconnaissance comme activité économique analyserons davantage l'ensemble des moyens qui majeure, principalement au Québec, principale- vous permettront de mieux concourir, de mieux ment à cause du soutien du gouvernement, améliorer votre facteur de compétitivité compte principalement à cause de l'action du ministère tenu d'une concurrence de plus en plus interna- du Tourisme. Et, M. le Président, je le dis sans tionale. prétention, je m'en exclus, j'attribue la qualité Ça passe, évidemment, par des comparatifs du résultat de nos actions davantage à l'ensemble fiscaux. Ça passe par une interrogation sur nos des fonctionnaires du ministère du Tourisme politiques de formation de la main-d'oeuvre, une qu'à son titulaire que je suis. Mais cette persis- des priorités du discours inaugural. Ça passe tance, cette vision de l'importance économique également par une préoccupation plus vive, plus du tourisme, ces actions de sensibilisation auprès sentie du développement économique régional. des autorités responsables ont fait en sorte que Nous l'avouons. Nous, du gouvernement libéral, le tourisme est maintenant un «pris-en-compte» avons toujours avoué que notre force économi- stratégique dans le développement économique du que, c'est l'addition de la somme des avantages Québec. comparatifs de nos régions, un accent particulier (12 h 20) sur la grande région de Montréal. On se rappel- La preuve en est, M. le Président, que le lera, M. le Président, qu'en 1981 le Parti québé- titulaire de ce ministère que je suis rendait cois avait tenté de «démontréaliser» le Québec. public, l'automne dernier... au début de cet hiver, Heureusement, je dois le dire, il s'est amendé pardon, un énoncé de politique, première dans lors du colloque économique du Grand Montréal, l'histoire touristique du Québec. Même le critique en 1982, pour dire: On s'excuse. Nous nous de l'Opposition en qui je reconnais quelqu'un qui étions trompés. Montréal constitue le fer de a une ouverture d'esprit, une certaine com- lance de l'ensemble de l'activité québécoise. C'est préhension, des fois plus pointue que d'autres, a 269 lui-même félicité le titulaire du ministère du sûr, fait allusion aux efforts que l'État va faire Tourisme, il s'est réjoui que, pour la première pour améliorer sa propre gestion, compte tenu fois dans l'histoire du tourisme au Québec, on ait des moyens limités et davantage limités que nous été saisi d'un énoncé de politique qui nous per- avons à cause du contexte économique actuel; mettait de nous référer à des objectifs précis et j'ai fait référence aux préoccupations de redres- également à un plan d'action pour soutenir les sement durable de l'économie, le seul moyen différents objectifs contenus à l'intérieur de susceptible de nous garantir à court terme des l'énoncé de politique touristique. résultats de telle sorte qu'on remette à nos Très brièvement, M. le Président, cet énon- collectivités locales, régionales et nationales des cé de politique touristique, que l'on retrouve à outils, des moyens pour enrichir leurs propres l'intérieur du discours inaugurai, met l'accent sur communautés. une redéfinition de notre participation, de nos À tous égards, les plus belles ambitions, actions aux efforts de promotion et de commer- aussi gouvernementales soient-elles, en matière cialisation du produit touristique. Essentiel. Le de santé, en matière d'éducation, en matière de tourisme, en vérité, lorsque le consentement est loisir, à tous égards, sont tributaires de nos acquis par l'industrie, c'est une opération qui se succès économiques. résume à vendre, de façon concurrentielle, le Également, M. le Président, en terminant, produit touristique québécois au travers des notre succès économique est, par ailleurs, autres produits qui lui sont concurrents en ter- tributaire de la stabilité et de la durabilité de mes de destination et en termes de consommation nos institutions politiques. On ne peut pas de produits et d'événements. imaginer de succès économique qui repose sur Requestionnement stratégique de ces moyens une instabilité de nos institutions politiques. À de promotion et de commercialisation, reques- cet égard, je suis davantage surpris quand tionnement stratégique de son positionnement gé- j'écoute les collègues de l'Opposition dans la nérique sur les marchés qui sont les plus con- défense de l'option constitutionnelle qui est la currentiels à l'intérieur des marchés à partir leur. J'entends, et je le déplore, par le discours, desquels on peut escompter les taux de crois- par l'argumentation, par l'image, des appels sance les plus accélérés. Également, le courage davantage à l'intolérance, une espèce de retour de questionner le produit touristique de façon au manichéisme, le clan des bons et des pas comparative. Non seulement de s'enorgueillir de bons, le clan des bons et des mauvais. C'est la qualité du produit touristique québécois tel tranché très clairement. On oublie, dans notre qu'on le connaît, tel qu'on le voit, mais de com- responsabilité, que les défis de demain et même parer de façon à être plus à même de s'expliquer d'aujourd'hui sont davantage à l'enseigne de la les différences de partage entre l'activité tou- diversité qu'à celle de l'homogénéité; davantage à ristique au Québec, l'activité touristique dans l'enseigne de la diversité, qui, elle-même, est l'ensemble canadien, la part de marche que le créatrice d'actions, d'innovations, en mettant en Québec va chercher à l'intérieur du marché amé- commun un ensemble d'idées provenant de gens ricain et, également, sur les marchés européens. qui ne nous ressemblent pas nécessairement sur Aussi, puisque le tourisme, comme activité le plan du dénominateur commun de la langue, économique, n'échappe pas aux perturbations des qui ne nous ressemblent pas nécessairement sur temps, aux changements radicaux auxquels nous le plan de l'origine, de la provenance, qui ne sommes confrontés, avons-nous, dans l'énoncé de nous ressemblent pas nécessairement à d'autres politique et dans son plan d'action, campé un égards culturels, mais c'est pour nous un enri- objectif de formation de la main-d'oeuvre, pour chissement extraordinaire que de pouvoir nous mieux servir l'ensemble des entreprises que com- inspirer à la source même de cette diversité. pose cet important secteur industriel et amélio- À cet égard, M. le Président, et en ter- rer, ce faisant, sa qualité, son excellence et minant, j'aimerais rappeler à l'Opposition, que ça situer le produit touristique à l'intérieur des leur plaise ou non, que notre succès économique produits dont la reconnaissance de l'excellence et est tributaire de la stabilité de nos institutions de la qualité la situe, cette industrie touristique politiques. Je vous remercie. du Québec, parmi les meilleures au monde. Les résultats des dernières années sont probants. Sur Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le plan de l'achalandage, sur le plan de la re- le ministre du Tourisme et député de Crémazie. connaissance, à tous égards, le Québec se dis- Cette dernière intervention met fin à nos tra- tingue à l'intérieur d'une industrie de plus en vaux pour ce matin, travaux que je suspends jus- plus internationale de façon singulière, à la qu'à 14 heures. mesure de son potentiel, à la mesure de la qua- lité de ses principaux artisans, ces hommes et (Suspension de la séance à 12 h 28) ces femmes qui oeuvrent à l'intérieur de l'indus- trie touristique du Québec. Finalement, M. le Président, quand je fai- (Reprise à 14 h 5) sais référence à l'exercice auquel nous sommes conviés lors d'un message inaugural, j'ai, bien Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! 270

Mmes, MM. les députés, nous allons nous re- Lac-Saint-Jean. cueillir quelques instants. Je vous remercie. Veuillez vous asseoir. Nous allons entreprendre Questions et réponses orales dès maintenant les affaires courantes. Position du gouvernement sur la tenue d'un Affaires courantes référendum pancanadien sur la Constitution

II n'y a pas de déclarations ministérielles. M. Brassard: Oui, M. le Président. Devant Présentation de projets de loi. les difficultés de dégager un consensus des Dépôt de documents. Mme la ministre de provinces sur les offres qu'il entend présenter, l'Énergie et des Ressources. face au braquage de certains premiers ministres, comme M. Getty qui affirme: «Pas d'entente Dépôt de documents constitutionnelle sans Sénat triple "e"» - M. Wells, également - et invoquant le manque de Projets de loi de l'État temps, le premier ministre fédéral a indiqué, à du Massachusetts maintes reprises depuis plus d'une semaine, qu'il envisage de recourir à un référendum pancana- Mme Bacon: M. le Président, suite à la pé- dien pour dénouer l'impasse constitutionnelle. Or, riode de questions d'hier, du mardi 31 mars, où un tel référendum pancanadien nierait non j'ai pris l'engagement de faire parvenir au leader seulement le droit des Québécois de choisir eux- de l'Opposition les cinq projets de loi de l'État mêmes les voies de leur avenir politique, mais du Massachusetts, il me fait plaisir de les dé- permettrait surtout à Ottawa de se justifier poser en cette Chambre. d'imposer des changements constitutionnels sans le consentement du Québec. Le Président: Ces documents sont donc dé- Ma question au ministre responsable du posés».. dossier constitutionnel: Compte tenu que le M. le ministre des Transports. référendum pancanadien constitue un véritable piège pour le Québec, qui pourrait aboutir à lui Rapport annuel du Conseil de la recherche imposer des changements constitutionnels sans et du développement en transport son consentement, est-ce que le ministre des Affaires intergouvemementales canadiennes main- M. Elkas: J'ai l'honneur de déposer le rap- tient toujours cette position, comme il le décla- port annuel 1990-1991 du Conseil de la recherche rait le 28 novembre dernier, et je le cite: «Pas et du développement en transport. question pour nous d'accepter que le gouverne- ment fédéral décide de l'avenir des Québécois; Prévisions budgétaires et rapport financier c'est l'Assemblée nationale qui décidera de la préliminaire du Directeur général des élections question et de la façon dont sera mené le référendum»? Ou est-ce qu'à l'instar de l'inef- Le Président: Ce document est déposé. fable ministre fédéral Benoît Bouchard et du J'ai l'honneur de déposer les prévisions caucus conservateur québécois il est prêt, budgétaires 1992-1993 et le rapport financier maintenant, à accepter un référendum pancana- préliminaire 1991-1992 du Directeur général des dien pour dénouer l'impasse constitutionnelle? élections. Le Président: M. le ministre délégué aux Prévisions budgétaires et rapport financier Affaires intergouvernementales canadiennes. préliminaire de la Commission de la représentation électorale M. Rémillard: M. le Président, hier, le premier ministre du Canada, M. Mulroney, et M. J'ai également l'honneur de déposer les pré- Clark, le ministre responsable du dossier cons- visions budgétaires 1992-1993 et le rapport fi- titutionnel, ont lancé un message très clair aux nancier préliminaire 1991-1992 de la Commission autres provinces. Ils leur ont dit: Vous devez de la représentation électorale. Ces documents accélérer le pas dans les discussions, les négo- sont déposés. ciations en matière constitutionnelle pour qu'on Maintenant dépôt de rapports de commis- puisse présenter des offres valables au Québec. sions. C'est le message que M. Clark et M. Mulroney Dépôt de pétitions. ont fait très clairement, hier, aux autres provin- Il n'y a pas d'interventions portant sur une ces. En ce sens, M. le Président, je trouve ça violation de droit ou de privilège ou sur un fait encourageant. Je trouve ça encourageant parce personnel. que ça démontre la volonté très claire d'Ottawa Nous allons donc procéder à la période de de respecter l'échéancier de la loi 150, de questions et réponses orales des députés. Alors, respecter la loi 150. je vais reconnaître, en première question prin- En ce qui regarde le gouvernement - on l'a cipale, M. le whip de l'Opposition et député de mentionné à plusieurs reprises, le premier minis- 271 tre l'a mentionné à plusieurs reprises, je l'ai fait impasse, si l'impasse persiste, et si les premiers aussi - nous avons cette loi 150 et cette loi 150, ministres ne réussissent pas à s'entendre? C'est pour nous, c'est ce qui nous guide dans son ça, l'intention annoncée par le premier ministre échéancier, dans ses composantes, avec les deux Mulroney. Qu'est-ce qu'il compte faire devant commissions parlementaires qui font leur travail. cette intention-là, comme porte-parole du gou- Alors, dans ce cadre-là, M. le Président, ce que vernement? Est-ce qu'il est toujours en désac- je peux dire, c'est l'appel, le message clair qui a cord? Parce qu'il a exprimé son désaccord autre- été fait par le premier ministre du Canada et par fois, l'automne dernier. M. Clark hier, c'est la confirmation qu'Ottawa veut respecter l'échéancier de la loi 150, et on Le Président: M. le député... doit s'en réjouir. M. Brassard: Est-ce qu'il est toujours en Le Président: En question complémentaire. désaccord avec cette idée d'un référendum (14 h 10) pancanadien ou est-ce que le processus psycholo- M. Brassard: M. le Président, le ministre pourrait-il nous dire pourquoi il escamote l'autre gique de ramollissement bien connu de ce partie du message fédéral? Pourquoi s'en tient-il gouvernement a tellement fait son oeuvre- à cette seule partie du message qui consiste à Le Président: M. le député, s'il vous plaît! accélérer le processus de négociations et pour- quoi ignore-t-il l'autre partie du message fédéral M. Brassard: ...qu'il est maintenant d'accord qui dit que, s'il n'y a pas d'entente avec les avec une telle idée? premiers ministres, il y aura un référendum pancanadien? Comment peut-il escamoter cette Des voix: Bravo! autre partie du message qui est importante? En tenant compte de ce message-là, comment peut-il Le Président: Alors, M. le ministre. prétendre que le gouvernement fédéral respecte l'échéance de la loi 150 quand il est prêt à tenir M. Rémillard: Là encore, M. le Président, en un référendum pancanadien? Conciliez ça. votant contre la loi 150, vous avez voté contre une des dispositions de cette loi qui dit que Le Président: M. le ministre. c'est aux Québécoises et aux Québécois de décider de leur avenir politique. C'est dans la loi M. Rémillard: M. le Président, dans la 150, c'est la loi que nous avons votée de ce mesure où le premier ministre du Canada et le côté-ci et que nous respectons. Dans la mesure ministre responsable du dossier constitutionnel, où cette loi est respectée dans une de ses tous les deux, disent aux provinces: «On doit parties essentielles, qui est l'échéancier, M. le accélérer nos travaux, on doit présenter des Président, en quoi pourrions-nous être contre ce offres valables au Québec, en respectant message que nous donne Ottawa? Mais c'est aux l'échéancier voté par l'Assemblée nationale dans Québécoises et aux Québécois qu'appartient cette la loi 150», est-ce que le message peut être plus volonté de décider de leur avenir politique. C'est clair, M. le Président? Le message est très clair. clair dans la loi 150 et c'est une volonté qui doit Ça signifie qu'Ottawa veut respecter l'échéancier s'exprimer très clairement. que nous avons, et on ne peut que s'en réjouir. Qu'Ottawa pense aux moyens qu'il veut, c'est son Le Président: Alors, en question principale, droit, mais pour nous, ce qui est important, c'est M. le chef de l'Opposition. cet échéancier tracé, déterminé par la loi 150 votée par cette Assemblée nationale, loi, évidem- Accès aux études des ministères sur ment, que vous, vous n'avez pas voulu accepter; l'intégration des fonctionnaires vous avez voté contre la loi 150, vous avez voté fédéraux à la fonction publique québécoise contre un référendum sur la souveraineté, vous avez voté contre la conclusion de Bélanger- M. Parizeau: M. le Président, la commission Campeau. M. le Président, s'il y a un message d'étude sur les questions reliées à l'accession du qu'on doive escamoter, eh bien! je vais vous Québec à la souveraineté avance ses travaux dire, c'est celui que vous avez donné quand vous rapidement, et je comprends qu'elle doit produire avez voulu voter contre la loi 150. son rapport au début du mois de mai. Parmi les questions qui ont été examinées, il y a celle, Le Président: Une question complémentaire. évidemment, de l'intégration des fonctionnaires fédéraux à la fonction publique du Québec. M. Brassard: M. le Président, le ministre La commission, d'abord, a reçu le rapport pourrait-il cesser de faire preuve d'amnésie du professeur Saint-Germain à cet égard, puis le sélective? Pourquoi ignore-t-il l'intention avouée rapport du comité Beaudry mettant l'accent en du gouvernement fédéral, appuyé par le caucus particulier sur l'intégration des fonctionnaires conservateur québécois, de tenir un référendum fédéraux dans l'Outaouais, et, hier, elle a reçu pancanadien sur le dossier constitutionnel s'il y a l'étude du groupe Lalonde-Mallette démontrant 272 que l'intégration des fonctionnaires fédéraux est M. Bourassa: Trois théories monétaires à tout à fait possible, traçant un certain nombre votre gauche. de pistes à cet effet. Il apparaît cependant, M. le Président, ce que je dis, c'est que comme Lalonde-Mallette le soulignait hier, que, nous allons - j'en ai discuté avec le secrétaire maintenant, il faut que les ministères du Québec général du gouvernement de manière à accélérer collaborent à l'exercice pour pouvoir entrer la finalisation des études, pour voir que ça soit encore de façon plus précise dans ce processus présenté... Le chef de l'Opposition s'agite à ce d'intégration. que je lui dis. J'ai communiqué avec le secrétaire Est-ce que le premier ministre peut nous général du gouvernement de manière à ce qu'on indiquer s'il est maintenant prêt à transmettre à puisse rendre publiques les études ou les con- la commission les études que le secrétaire du clusions dans la mesure où l'intérêt public le Conseil exécutif a commandées à chacun des justifie. Alors, je lui demande... Je suppose sous-ministres au début des travaux de la com- d'abord qu'il... Il devrait y avoir une interpella- mission Bélanger-Campeau à l'automne 1990 - ça tion dans un proche avenir... date déjà d'un certain temps - est-ce que le premier ministre est prêt à compléter le dossier Le Président: S'il vous plaît! en déposant ces fameuses études dont on a d'abord - il s'en souviendra - nié l'existence, M. Bourassa: ...de la part de l'Opposition pour ensuite dire qu'elles n'étaient pas com- sur toutes ces questions. Il était plus pressé de plétées puis, finalement, refuser de les rendre faire des interpellations à l'automne qu'il ne l'est publiques? Je pense qu'il serait utile, M. le ce printemps. Alors, probablement qu'au moment Président, et je le demande au premier ministre: opportun il y aura une interpellation du chef de Est-ce qu'il pourrait lever l'embargo sur ces l'Opposition. On pourra s'entendre sur les dates études et permettre à la commission qui étudie et on pourra discuter plus à fond de toutes ces l'accession du Québec à la souveraineté de questions à la fois. pouvoir les examiner? Le Président: En question complémentaire. Le Président: M. le premier ministre. M. Parizeau: Au milieu de toutes les M. Bourassa: M. le Président, pour ce qui a incidentes du premier ministre, est-ce que je trait à la commission sur l'accession à la souve- comprends bien le premier ministre quand il dit raineté, c'est évident que les conclusions ou le que les études, qui ont été faites à la demande rapport de cette commission, ce sera un élément du secrétaire du Conseil exécutif quant à l'in- déterminant. D'ailleurs, ça fait partie d'un des tégration des programmes fédéraux et des aspects fondamentaux de la loi 150, comme le fonctionnaires fédéraux dans le cadre québécois, signalait le ministre responsable, il y a quelques vont être mises à la disposition de la commis- instants. sion? Est-ce que c'est ça qu'il a dit à travers Pour l'intégration des fonctionnaires, il y a l'espèce de déluge verbal que nous avons enten- la question qui est posée par le chef de l'Oppo- du? sition, mais il y a également toute la logique qu'il avait exprimée lui-même: c'est qu'il fallait Le Président: M. le premier ministre. réaliser la souveraineté, entre autres raisons (14 h 20) pour éliminer les chevauchements. Et, du même M. Bourassa: Déluge verbal ou cassette ou coup, il dit que tous les fonctionnaires qui quoi que ce soit, j'ai énoncé des choses très travaillent au gouvernement fédéral seront inté- claires. Je me suis référé à une déclaration du grés en totalité dans l'administration québécoise. député de Lévis la semaine dernière, jeudi Alors, ça, c'est toujours la même logique pé- dernier, je me suis référé aux prises de l'Oppo- quiste que nous retrouvons: II ne faut pas de sition du chef de l'Opposition - il y en a chevauchement, mais il faut intégrer tout le d'autres qui viennent de s'ajouter - je me suis monde. Je signale ça en passant. C'est comme la référé à une procédure de l'Assemblée nationale, question monétaire: le député de Lévis parle du l'interpellation, et là, on insulte maintenant le dollar américain et son chef parle du dollar processus parlementaire en disant que c'est un canadien. déluge verbal. Alors, ce que je veux dire au chef de l'Opposition, c'est que je vais en discuter Des voix: Ha, ha, ha! avec le secrétaire général et le ministre respon- sable des affaires canadiennes, comme il a lui- M. Bourassa: C'est vrai. même répondu... Il a lui-même répondu à cette question-là alors que le député de Lac-Saint-Jean Le Président: Je vais demander la collabora- lui posait cette question. Alors, je réponds à la tion, s'il vous plaît. S'il vous plaît! En con- même question à laquelle a répondu le ministre clusion, M. le premier ministre, s'il vous plaît. responsable à la commission parlementaire sur S'il vous plaît! l'accession à la souveraineté. Et je réfère le chef Donc, en conclusion, M. le premier ministre. de l'Opposition à des réponses qui ont déjà été 273 données, sauf que le calendrier se resserre. M. Garon: C'est en vertu de notre règle- ment. C'est une période de questions et réponses. Le Président: Toujours en question com- plémentaire. Le Président: Vous savez fort bien, M. le député de Lévis, que votre dernière intervention M. Parizeau: M. le Président, qu'est-ce qu'il est non conforme au règlement. C'est spécifique veut dire, le premier ministre, exactement? Est- au règlement. ce que les études vont être mises à la disposition de la commission ou si elles ne le seront pas? Une voix:... Oui ou non? Est-ce que la commission va pouvoir examiner ces études en temps utile pour remettre Le Président: S'il vous plaît! S'il vous plaît! son rapport au début du mois de mai? M. le premier ministre.

Le Président: M. le premier ministre. M. Bourassa: M. le Président, j'avais peut- être un peu provoqué le député de Lévis; il faut M. Bourassa: M. le Président, j'ai répondu comprendre un peu sa réaction. Ce que je veux tantôt que... dire, c'est que les chevauchements sont un des arguments qui sont invoqués par les partisans de Des voix: Ha, ha, ha! la souveraineté. On n'invoque plus l'union économique pour faire l'indépendance, on n'invo- M. Bourassa: Si le chef de l'Opposition que pas la sécurité culturelle parce qu'on l'a, on écoute attentivement ce que je dis, c'est que n'invoque pas les symboles internationaux parce nous rendrons disponible ce qui est dans l'intérêt qu'on les possède en très bonne partie, donc, on public, il me semble que c'est ce qu'avait dit... invoque les chevauchements. Il faut faire la souveraineté pour les chevauchements. Une voix: La censure! Alors, ce que je dis au chef de l'Opposi- tion, c'est qu'il y a eu des études qui ont été Le Président: S'il vous plaît! faites par les différents ministères sur la ques- tion de l'intégration des fonctionnaires. J'ai M. Bourassa: Non, ce n'est pas la censure, l'intention de rencontrer M. Beaudry prochaine- M. le Président. Nous sommes à négocier... ment, qui a fait un excellent travail à cet égard- là, et je dis, en terminant, que nous allons Le Président: J'apprécierais, si quelque examiner ça, comme l'a dit le ministre respon- député que ce soit avait un commentaire à faire, sable, et que nous rendrons public ce qui est qu'il le fasse sous forme de question. Je vous dans l'intérêt du débat et dans l'intérêt public, reconnaîtrai, M. le député. Si vous avez une en ayant toujours le sens de l'État et non pas question, ça me fera plaisir de vous reconnaître. l'intérêt partisan pour nous guider. M. le premier ministre, pour la conclusion. Le Président: Toujours en question com- M. Bourassa: M. le Président, la question plémentaire. des chevauchements est fondamentale. C'est l'un des arguments. On le sait, c'est l'un des argu- M. Parizeau: Quand le premier ministre a- ments qui est présenté par les partisans de la t-il l'intention de trancher sur l'intérêt public? souveraineté. On n'invoque pas la... Compte tenu du fait que la commission doit présenter son rapport le 1er mai, est-ce que le Une voix:... premier ministre envisage de réfléchir sur l'intérêt public pendant une semaine, un mois ou Le Président: M. le député de Lévis, s'il un an? Combien de temps ça peut lui prendre vous plaît! Je vous rappelle à l'ordre une pre- pour trancher sur l'intérêt public, M. le Prési- mière fois. Je voudrais simplement que vous vous dent? conformiez à la directive que j'ai donnée tantôt. Très bien. Alors, M. le premier ministre, vous Le Président: M. le premier ministre. avez la parole. M. Bourassa: M. le Président, tantôt, le M. Garon: M. le Président. ministre responsable des affaires canadiennes, celui qui représente le gouvernement à la Le Président: Vous avez une question de commission, a dit que nous étions pour respecter règlement? l'échéancier de la loi. Si le député de Lac-Saint- Jean veut me poser une question, je n'ai pas Une voix: En vertu du règlement. d'objection. Alors, on a dit qu'on était pour respecter l'échéancier de la loi 150. Il me semble Le Président: Question de règlement. Je que c'est clair. On l'a dit. On rapporte que le vous écoute. chef de l'Opposition a dit: On pourrait attendre 274 un an ou deux ans. Je ne sais pas si c'est vrai. s'assoient à une table, qu'ils négocient avec Il pourra probablement rectifier ça tantôt, mais nous. le ministre a dit que nous étions pour respecter Quant à la nomination de M. Billy Diamond, la loi 150. Donc, ça devrait le rassurer là-dessus. il y a l'alternance qui se fait. Si le leader de Le ministre vient de le dire. l'Opposition vérifiait un peu comment fonction- nent les tables sur les audiences publiques, il Le Président: En question principale, M. le verrait qu'il y a des alternances qui se font dans leader de l'Opposition. les présidences. Je suis certaine que mon col- lègue, le ministre de l'Environnement, se fera un Nomination de M. Billy Diamond à titre plaisir de compléter ma réponse et de lui expli- de représentant du gouvernement au comité quer en long et en large le pourquoi de la d'évaluation environnementale de Grande-Baleine nomination de M. Diamond, M. le Président.

M. Chevrette: M. le Président, on sait que M. Chevrette: M. le Président... la ministre de l'Énergie, avec le caractère et la fougue qu'on lui connaît, n'a pas mâché ses Le Président: Je vais reconnaître une mots, hier, à l'endroit des Américains et de leur question additionnelle à ce moment-ci. M. le attitude par rapport aux contrats d'exportation leader de l'Opposition. d'Hydro-Québec. Elle s'en est prise plus par- ticulièrement au lobby amérindien auquel elle M. Chevrette: ...je pensais que ça ferait impute la responsabilité de cette nouvelle tuile plaisir à Mme la ministre que de lui dire qu'elle sur la tête d'Hydro-Québec. Elle a dit, et je la avait du caractère et de la fougue, mais je les cite, M. le Président: «Assez, c'est assez. C'est retire, je pense. Voyant que ça lui déplaît, je les inacceptable, pour des Québécois, de voir leur retire. C'étaient des compliments que je lui situation économique être mise en danger par les faisais, M. le Président. autochtones.» Et elle continue: «Nous ne pouvons pas accepter que les autochtones continuent à Des voix: Ha, ha, ha! dénigrer le Québec et aux États-Unis et en Europe.» M. Chevrette: Donc, M. le Président, je Je voudrais demander à la vice-première voudrais demander à Mme la ministre de l'Éner- ministre et à Mme la ministre de l'Énergie, qui gie s'il n'est pas exact qu'en vertu de l'article incarne le même personnage, comment elle peut 22.5.8 de la Convention de la Baie James il y a concilier ses propos d'hier - je suppose qu'elle alternance effectivement et c'est parce qu'on sait reflète l'idée du Conseil des ministres - avec la qu'il y a alternance et que M. Billy Diamond décision en douce, la semaine dernière, de finissait son mandat à la présidence que, pour nommer M. Billy Diamond non seulement comme contourner l'alternance, vous avez décidé de président du comité, mais comme représentant du faire de M. Billy Diamond un représentant du gouvernement du Québec au sein du comité gouvernement du Québec alors que M. Diamond d'évaluation environnementale de Grande-Baleine? siège sur ce comité à titre de représentant de la communauté des Cris? Le Président: Mme la ministre de l'Énergie et des Ressources. Le Président: Mme la ministre.

Mme Bacon: D'abord, M. le Président, Mme Bacon: M. le Président, je voudrais j'aimerais dire au leader de l'Opposition que les dire au leader de l'Opposition que les ponts ne qualificatifs qu'il m'accorde aujourd'hui, il ne les sont pas rompus avec les Cris. Nous avons au dirait pas à des collègues masculins. Peut-être cours de cette année continué à négocier avec que le double standard, on pourrait s'en passer eux certaines ententes et nous en avons une qui dans cette Chambre, M. le Président, et, une fois est sur le point de se terminer avec un chef de pour toutes, nous accepter tels que nous sommes. bande et les gens de son village, M. le Président. M. le Président, c'est vrai, hier, j'ai sonné Quant à la nomination de M. Billy Diamond, c'est la fin de la récréation. Et c'était ça mon but, un objectif de continuité qui a fait en sorte hier, M. le Président. Nous avions eu des négo- qu'on a nommé M. Diamond et je suis certaine ciations en juin dernier avec le Grand Conseil que mon collègue de l'Environnement va se faire des Cris, les chefs de bande du Grand Conseil et un plaisir de continuer et de compléter ma le chef du Grand Conseil, et nous avons aussi réponse, M. le Président. depuis essayé et multiplié les tentatives de reprendre les négociations avec eux puisqu'ils Le Président: M. le ministre de l'Environ- n'avaient pas donné suite à notre demande. Il y nement. a eu des échanges de lettres avec eux depuis. (14 h 30) Nous tentons de les ramener. C'est pour ça que M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le j'ai sonné la fin de la récréation. Qu'ils cessent Président, dans le but d'ajouter aux propos de de se promener à travers le monde, qu'ils Mme la ministre de l'Énergie et des Ressources 275 et d'éclairer le député de Joliette et cette Le Président: Un instant, s'il vous plaît. Je Chambre, le processus d'évaluation environnemen- vais demander à tout le monde, s'il vous plaît, tale au sud du 55e parallèle, en territoire cri, de collaborer. À l'ordre! Mmes, MM. les députés, est commencé depuis plus de quatre mois main- s'il vous plaît. Alors, M. le ministre. tenant. Le 1er avril est une date où l'alternance doit jouer sur les présidences de comités, vous M. Savoie: Merci, M. le Président. Effec- avez raison de le souligner. Le gouvernement du tivement, pour s'assurer qu'il n'y ait pas eu Québec avait le choix de prendre le risque de d'erreurs en 1990, chacune des déclarations changer le président au milieu du processus, d'impôt utilisant la grille B a été vérifiée et, en donnant ouverture à de possibles attaques devant conséquence, là où il y avait prise de déduction, les tribunaux ou, possiblement, ralentissant le c'a été ratifié et où il y a eu erreur, c'a été processus d'évaluation environnementale. Ce que corrigé de façon à ce que, pour les contribuables le gouvernement du Québec a décidé de faire, québécois, il n'y art aucune perte de déduction c'est de ne pas prendre de chances sur le plan admissible. Et, en conséquence, pour le revenu juridique et de continuer à maintenir un rythme du gouvernement du Québec les pertes sont de accéléré d'évaluation environnementale. Pour ce zéro sou. faire, il a convenu avec les Cris que le chef M. le Président, je pense qu'il faudrait Billy Diamond continuerait à présider le comité tenir compte du fait que, pour ce qui est de comme représentant du gouvernement du Québec l'ensemble de cette déclaration, il y avait, comme et que les Cris accepteraient, en contrepartie, de nous l'avons mentionné hier, une entrée de ligne, nommer un fonctionnaire du gouvernement du la ligne 374, qui permettait d'aller chercher la Québec comme représentant des Cris. M. le déduction. Troisièmement, je pense que ce qui Président, cela résume la position du gouverne- est plus significatif, M. le Président, c'est qu'en ment du Québec dans ce dossier. tout temps nous cherchons...

Le Président: En question principale, M. le Le Président: En conclusion, M. le ministre, député de Salaberry-Soulanges. s'il vous plaît.

Changements dans les formulaires M. Savoie: ...à nous assurer, au ministère du d'impôt du Québec Revenu, chaque fois qu'il y a modification à un formulaire ou à une grille, que le ministère du M. Mardi: M. le Président, ma question Revenu fasse ses vérifications pour s'assurer que porte sur la déclaration de revenus pour l'impôt. tous les contribuables puissent aller chercher Or, certaines allusions ont été faites récemment leur déduction. en cette Chambre à l'effet que des personnes de moins de 60 ans ne pouvaient réclamer, à titre Le Président: En question complémentaire. de revenu de retraite, leur déduction de 1000 $ puisqu'il n'y aurait aucun renseignement à cet M. Mardi: Merci, M. le Président. Est-ce égard dans le guide d'impôt ou dans le formulaire que le ministre du Revenu peut nous dire quel de 1990. Ma question, M. le Président, s'adresse contribuable québécois aurait pu se tromper en au ministre du Revenu: Est-ce qu'il peut nous utilisant par erreur la déclaration simplifiée et, dire si la disparition, dans les guides de 1990 et s'il avait le droit de réclamer des déductions 1991, de la grille de calcul C pour les montants pour le remboursement à l'égard des allocations de revenus de retraite peut effectivement avoir familiales fédérales, que peut-il faire si c'est le fait perdre des centaines de milliers de dollars cas? aux contribuables québécois? Le Président: M. le ministre. Le Président: M. le ministre du Revenu. M. Savoie: Au niveau... M. Savoie: Merci, M. le député. Effective- ment, suite à des déclarations hier soir, après Le Président: Un instant. Je vais demander 18 h 30, ici, il pourrait y avoir certains con- encore une fois la collaboration des deux côtés tribuables qui sentent une certaine confusion au de la Chambre. Ceux et celles qui sont intéressés sujet de certaines allégations et il faut faire le à discuter, je vous invite simplement à le faire à point pour éviter toute confusion, M. le Prési- l'extérieur de l'Assemblée. S'il vous plaît. Ça dent. En 1989, effectivement, il y avait trois inclut tout le monde. M. le ministre. grilles: la grille A, la grille B et la grille C. En 1990, la grille B et la grille C ont été fusionnées M. Savoie: M. le Président, il s'agit de pour ne faire qu'une grille, la grille B. Le moins de la moitié de 1 % de la population du ministère du Revenu, afin de s'assurer que tous Québec qui avait droit à la déduction à la ligne les contribuables puissent bénéficier pleinement 222, c'est pour ça qu'elle ne se trouvait pas dans de la déduction, a vérifié chacune des déclara- le formulaire simplifié et c'est pour ça que ça se tions d'impôt... trouvait dans le formulaire détaillé. Si, effec- 276 tivement, on n'a pas pu lire le guide avant décret du verre plat, tel que le demandent à d'utiliser le formulaire simplifié, à ce moment-là, l'unanimité les entrepreneurs et les syndiqués? il ne s'agit que d'appeler au ministère du Revenu et d'aller chercher les formulaires permettant un Le Président: M. le ministre du Travail. amendement à son rapport d'impôt. À cet effet, M. le Président, j'aimerais déposer les documents M. Cherry: Merci, M. le Président. Je qui pourraient clarifier les deux questions qui remercie ma collègue de sa question, c'est m'ont été soumises. d'actualité. J'ai reçu une délégation, ce matin, qui est venue me remettre une pétition concer- Le Président: Est-ce qu'il y a consente- nant le sujet qui est traité. Dans un premier ment? Il y a consentement au dépôt des docu- temps, et je pense qu'il est important de repla- ments... cer les choses dans leur contexte, le 9 octobre 1991, il y a eu prépublication. Le délai légal, M. Chevrette: Oui. comme le veut la loi, 45 jours, se terminait le 25 novembre 1991. Il y a eu des objections, les Le Président: M. le leader de l'Opposition. objections viennent de gens qui s'occupent des unités scellées à l'intérieur de la fenêtre, dans le M. Chevrette: J'aurais une question: Est-ce domaine de la fenestration. Et je tiens à rappeler que vous pourriez déposer également ce que vous à la députée de Chicoutimi, dans un premier vous étiez engagé, hier, à déposer, pour clarifier temps, que, comme dans le décret du verre plat, le tout? On a relevé les textes, nous autres, et ils sont syndiqués pour au-delà de 90 % et la il a bel et bien dit ce qui... signature du décret ne modifierait en rien leurs conditions salariales puisqu'ils gagnent tous Le Président: Alors, est-ce que vous... M. le au-delà de ce qui est inscrit dans le décret. Ça, ministre, oui. c'est dans un premier temps. Dans un deuxième temps, et pour l'informa- M. Savoie: Oui. On a vérifié. Effectivement, tion toujours de la députée de Chicoutimi, durant on a pris contact avec le président et on ne l'intersession, j'ai visité une douzaine d'indus- peut pas déposer des galées à l'Assemblée tries, tant du verre plat que du bois ouvré, pour nationale puisque c'est déjà une matière publique. me familiariser avec l'ensemble du problème de ce secteur. J'ai convoqué les parties à une Le Président: Est-ce qu'il y a consentement première réunion au mois de février dernier et au dépôt de ces documents? on s'apprête prochainement à les reconvoquer pour chercher une solution permanente dans le Des voix: Oui. secteur de la fenestration pour le mieux-être de l'ensemble de ce secteur d'activité économique Le Président: Consentement. Les documents extrêmement important au Québec. sont donc déposés. En question principale, Mme la députée de Chicoutimi. Le Président: En question complémentaire.

Reconduction du décret des travailleurs Mme Blackburn: Oui, M. le Président. Je de l'industrie du verre plat veux bien reconnaître le zèle du ministre du Travail; cependant, ça fait trois ans que le Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. dossier traîne. C'est une industrie, comme le le Président, depuis trois ans, le Comité paritaire reconnaît le ministre, qui va bien. Alors, veut-il du verre plat réclame la réouverture du décret me dire quel intérêt il défend quand il est en et l'application des deux conventions collectives train de la saboter? depuis lors signées. Dans le contexte économique actuel difficile pour certaines industries qui Des voix: Oh! Ohl Oh! attendent toujours du gouvernement un plan de relance économique, certaines d'entre elles Le Président: M. le ministre. connaissent malgré tout, et malgré vous, je dirais, une croissance qui rassure. L'industrie du M. Cherry: M. le Président, pour aider ma verre plat, c'est 8000 travailleurs, c'est près de collègue de Chicoutimi à bien comprendre 1000 entreprises, c'est une industrie compétitive l'ensemble de ce problème-là, comme c'est la qui a accru sa part du marché canadien de première fois qu'elle me pose une question dans quelque 10 % depuis 1981 et, chose étonnante, ce dossier, je veux simplement, pour l'aider, lui cette industrie n'a pas connu de conflit de décrire le comportement des individus dans ce travail depuis 15 ans. L'inertie des trois minis- dossier, pour qui, parfois, il est plus important tres du Travail qui se sont succédé menace la de faire de la personnalité que de se préoccuper stabilité de cette industrie. Ma question s'adresse du mieux-être de l'ensemble de l'industrie. au ministre du Travail: Qu'est-ce que le ministre Lorsque j'ai convoqué les parties en février et du Travail attend pour signer et reconduire le qu'elles sont arrivées quelques minutes avant 277 l'heure prévue de la réunion, elles demandaient Le Président: Une question complémentaire. des salles d'attente séparées, tellement elles ne voulaient même pas se saluer de façon accessible, M. Cameron: Will the Minister recognize the civilisée entre elles. Et ça, c'est la dimension du possibility that a rejection of this first recom- problème que j'ai, mais je passe au-delà de ça mendation will be regarded as as great an pour me préoccuper de l'ensemble du secteur de injustice by the Anglophone community as the l'activité économique et on va trouver ensemble, rejection of bilingual signs? avec les vrais intervenants, au-delà des person- nalités, une solution permanente dans un secteur Le Président: M. le ministre. extrêmement important pour l'économie québécoi- se. M. Ryan: Well, we are headed for an open debate on these matters before the end of 1993 Le Président: En question principale, M. le and we will have ample time to express our député de Jacques-Cartier. views on these two themes.

Position du ministre de l'Éducation face Le Président: En question principale, M. le aux recommandations du rapport Chambers député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.

M. Cameron: M. le Président, ma question Subvention à l'institut est pour le ministre responsable de l'application Nazareth et Louis-Braille de la Charte de la langue française. I would like to draw the attention of the Government, M. Boulerice: M. le Président, est-ce que la and the Assembly, to an article in today's Le ministre des Affaires culturelles pourrait nous Devoir and I cite: «L'école anglaise crie au dire à qui elle a confirmé la subvention de secours. La clientèle scolaire diminue et les 80 000 $ à la bibliothèque Nazareth et Louis- écoles ferment.» It begins: «Les diplômés de Braille qu'elle promettait le 26 février dernier, langue anglaise quittent le Québec, les écoles lors de l'étude des engagements financiers de son primaires et secondaires anglophones ferment, les ministère, sous quelle forme et à quelles fins? ressources allouées à ce réseau se sont amoin- dries et dispersées au fil des ans, l'immigration Le Président: Mme la ministre des Affaires ne comble plus, du côté anglophone, le vide culturelles. laissé par la baisse des natalités.» (14 h 40) Mme Frulla-Hébert: M. le Président, je vais M. le Président, the task force on English profiter de la question, d'ailleurs, pour faire education has provided a report, a report that certaines mises au point. C'est une question que gained our support and that of all the groups j'attendais depuis un mois, depuis la fameuse that presented recommendations to it, to do démonstration ou parade que l'institut Nazareth something for the unhappy situation of the et Louis-Braille avait organisée - évidemment, Anglophone community in Québec, especially in c'était devant les caméras. Alors, la question the education sector. The other recommendations devait être imperative et demandée tout de suite; are the particular concern of the Minister of ça fait un mois de ça. Nous, ce qu'on a fait, Education, but the crucial recommendation is the c'est qu'on a pris les devants. Le 20 mars, nous first one which argues that all children of avons rencontré les gens de l'institut Nazareth English mother tongue should be allowed educa- et Louis-Braille parce qu'il faut quand même tion in the English language. Will the Minister savoir qu'il n'y a aucun projet qui nous a été responsible for the administration of the Charter soumis formellement, seulement un projet soumis of the French language be willing to act to sous forme de pétition le 4 décembre dernier. support such a motion, since it will be absolutely Nous les avons rencontrés, nous leur avons dit necessary as a mere minimum for the preserva- qu'il y aurait des mesures financières mises de tion of the Anglophone community in Québec? côté dans le prochain exercice financier, mais qu'il fallait un projet. On s'est assis ensemble et Le Président: M. le ministre responsable de nous allons les aider à formuler ce projet de l'application de la Charte de la langue française. telle sorte qu'il puisse y avoir bonification à ce qu'ils reçoivent déjà. M. Ryan: Mr. Chairman, according to my reading of the law, it would be incumbent upon Le Président: En question complémentaire. the Minister of Education to submit a recommen- dation to Cabinet upon this first recommendation M. Boulerice: Est-ce que la ministre recon- of the Chambers task force. The Member will naît, puisqu'elle leur a parlé, que l'aide en understand that I would wish to reserve my fonctionnement de 80 000 $ qu'elle annonçait le views for expression before Cabinet in the 26 ne répond pas aux besoins en équipement, que eventuality that my colleague submit a recom- la bibliothèque a besoin de 250 000 $ et non pas mendation before I make them here. de 500 000 $, comme elle le disait le 26 février? 278

Le Président: Mme la ministre. Services sociaux, avec ma collègue, pour faire en sorte qu'on trouve une solution à ce problème. Mme Frulla-Hébert: Premièrement, je veux quand même le répéter, au niveau du financement Le Président: Alors, en question principale, de l'institut Nazareth et Louis-Braille, l'aide Mme la députée de Taillon. financière totale allouée par le ministère de la Santé, c'est une aide de 7 600 000 $. De ces Accessibilité aux concours de 7 600 000 $, il y a 250 000 $ qui sont affectés l'Office des ressources humaines par l'administration de l'institut pour financer la bibliothèque. Est-ce qu'ils ont des besoins Mme Marois: Merci, M. le Président. Dans supplémentaires? Oui. Est-ce qu'il y aura bonifi- la foulée du rapport Poulin qui proposait de cation? Oui. Mais il faut quand même avoir un fermer les écoles en janvier, il semble qu'une projet. nouvelle méthode de gestion veuille s'instaurer à Nous avons offert de nous asseoir avec eux l'Office des ressources humaines. En effet, on justement pour avoir ce projet écrit et complété, semblerait vouloir limiter l'accessibilité aux con- et, en attendant, évidemment, j'ai des sommes cours visant à pourvoir, évidemment, les rares allouées pour l'an prochain justement pour les postes qui s'ouvrent à la fonction publique aider. C'est un dossier qui est complexe, c'est québécoise. On veut implanter un ticket modéra- certain. Évidemment, nous voulons assurer le teur et on songe même à une nouvelle méthode meilleur service à ces gens qui ont une par- de sélection qui serait une «loto-emploi», à ticularité qui n'est pas drôle. toutes fins pratiques. Pis encore, on constate que la qualité semble coûter cher, selon ce que dit Le Président: Pour une question complémen- l'Office, et, au moment où toute l'action gouver- taire, M. le député de La Prairie. nementale devrait porter justement sur la qualité totale dont fait tant état le gouvernement, c'est M. Lazure: Oui, M. le Président. Au minis- un peu inquiétant d'entendre de tels propos. tre responsable de l'Office des personnes handi- Alors, j'aimerais savoir, M. le Président, du capées: Qu'est-ce qu'il compte faire pour aider sa ministre responsable de l'Office et de l'admi- collègue des Affaires culturelles à ramasser le nistration, s'il est prêt à désapprouver dès plein montant auquel les personnes qui ont un maintenant ce type de propos et ce type d'action handicap visuel ont droit pour faire fonctionner qui est proposé par l'Office des ressources la bibliothèque Louis-Braille? Lui, qui peut humaines? ramasser facilement 600 000 $ pour lancer une politique de santé dans son comté, est-ce qu'il Le Président: M. le ministre délégué à pourrait trouver le tiers de ce montant-là pour l'Administration et à la Fonction publique. aider les personnes handicapées visuellement? M. Johnson: Oui, M. le Président. Je déplore Le Président: M. le ministre de la Santé et le pâté chinois que vient de nous servir la des Services sociaux. députée, au titre des engagements que nous avons à respecter. M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je passerai sous silence la partie partisane du Des voix:... député. Qu'il vive avec, comme moi, je vivrai avec les miennes. C'est le genre de choses dont M.Johnson: Ah! on n'a pas besoin dans un débat aussi noble que celui-là. Le Président: S'il vous plaît! S'il vous plaît! M. le Président, oui, effectivement, j'ai Bon! Je cède la parole à M. le ministre délégué à même eu l'opportunité de visiter l'institut Naza- l'Administration et à la Fonction publique. reth et Louis-Braille il y a quelque temps et, à (14 h 50) mon grand étonnement, lorsque ce débat est allé M. Johnson: M. le Président, ce que la sur la place publique, personne, au moment de députée nous rapporte est un ramassis d'impres- ma visite, ne m'avait parié de ces problèmes sions, d'une part, et de mauvaises interprétations particuliers. On m'a parié d'autres sortes de de ce que j'ai moi-même entendu, d'autre part. problèmes que nous avons réglés en collaboration Ce que nous visons à faire, c'est nous assurer avec l'institut Nazareth et Louis-Braille, mais que, pour des emplois qui sont à vocation qu'on personne, pendant toute la demi-journée que j'ai appelle interministérielle, qui ne requièrent pas passée là-bas, ne m'a fait mention de ces diffi- des spécialités pointues, nous puissions, comme cultés. gouvernement administrant les fonds publics, En ce qui concerne l'avenir, M. le Prési- trouver une formule qui soit équitable, donc qui dent, nous avons formé un comité conjoint avec donne la même chance à tous les Québécois ma collègue; nous travaillons sur le dossier et d'accéder à un emploi comme le requiert la Loi bien sûr que le ministre responsable de l'OPHQ sur la fonction publique et qui, en même va aussi parier au ministre de la Santé et des temps, ne nous condamne pas à dépenser - corn- 279

me nous l'avons fait pour 130 postes récem- qui est en cause, c'est la suggestion qui est faite ment - 600 000 $, 4300 $ par poste, au titre de et à l'égard de laquelle j'ai demandé qu'on l'examen exhaustif de 32 000 candidatures à des s'assure de l'équité, respecter afin que tout le postes de contrôleur routier, lorsqu'on cherchait monde ait la même chance d'accéder à des 130 candidats. emplois dans la fonction publique. C'est la L'Office des ressources humaines, M. le constitution de façon scientifique, acceptée par Président, est en train d'élaborer un projet qui la Commission de la fonction publique, d'un vise à respecter la règle d'équité d'accès à la échantillonnage qui permet de répartir de façon fonction publique et qui permet incidemment au correcte la source des candidatures afin, notam- ministre ou à l'Office des ressources humai- ment - et je le répète parce que c'est impor- nes - éventuellement, il ne s'agit que d'un tant - de s'assurer qu'il y ait une représentation projet - de déterminer dans l'échantillonnage une des groupes cibles de nos programmes d'accès à surreprésentation de groupes cibles, comme les l'égalité qui véritablement reproduit leur propor- femmes ou les handicapés, afin de leur donner tion dans la population et nous permet d'at- une meilleure chance d'accès à certains emplois. teindre des niveaux d'embauché de ces groupes Il m'apparaît qu'il n'y a pas que des désavanta- cibles, comme les femmes, les handicapés et les ges, il y a beaucoup d'avantages à considérer un communautés culturelles, qui sont les cibles projet comme celui-là, mais la décision reste à gouvernementales et des programmes que nous venir. avons l'intention d'atteindre.

Le Président: Pour une question addition- Le Président: C'est la fin de la période nelle, Mme la députée de Taillon. régulière de questions. Maintenant, Mme la ministre de l'Énergie et des Ressources m'avise Mme Marois: D'abord, est-ce que le ministre qu'elle pourrait donner les réponses en différé ne conviendra pas avec moi, s'il a entendu le aux questions posées par le leader de l'Opposi- même reportage que, moi, j'ai entendu, qu'effec- tion, hier. Puisque je n'ai pas reçu d'avis écrit tivement on parlait de la question de la qualité en ce sens-là, est-ce qu'il y a consentement à sur laquelle on croyait qu'il y avait trop d'inves- une réponse différée? tissements qui étaient faits? Donc, à cet égard- là, il ne s'agit pas d'un salmigondis, M. le M. Chevrette: Consentement. Président. Est-ce que le ministre est en train de nous dire qu'il serait d'accord avec les politiques Le Président: Consentement? de l'Office, soit en matière de ticket modérateur ou, effectivement en matière de choix, au hasard, M. Chevrette: Oui. essentiellement, M. le Président? Parce que c'est ça dont on parie quand on parle d'une loto, à Le Président: Donc, vous avez la parole, moins que je ne comprenne pas les principes Mme la ministre. d'une loto, M. le Président. Alors, il me dit qu'il est d'accord avec cela, M. le Président. C'est ce Réponse différée qu'il me dit. Projet de loi américain pour empêcher Le Président: En réponse, s'il vous plaît. des obligations d'Hydro-Québec

M. Johnson: M. le Président... Mme Bacon: Merci, M. le Président. Tel que je l'avais dit, hier, au leader de l'Opposition, je Le Président: Un instant! S'il vous plaît! m'apprête à lui donner quatre réponses à autant Alors, pour la réponse, M. le ministre. de questions qu'il avait. La première, il deman- dait, par rapport au projet de loi du Massachu- M. Johnson: M. le Président, on a évoqué setts, si le projet de loi nommait Hydro-Québec. deux éléments de la part de l'Office des ressour- Le texte du projet de loi mentionne nommément ces humaines. D'abord, on a mentionné les mots Hydro-Québec, et je peux peut-être juste vous «ticket modérateur» et on a ajouté les mots lire l'endroit où c'est mentionné. On dit: «After «c'est inacceptable». Je souscris à cette appro- January 11, 1992, no public pension funds under che. Il n'a jamais été question de ticket modéra- the subsection shall remain invested in the stock teur et la députée fait de la démagogie à vouloir securities or other obligations of Hydro-Québec, ressortir... James Bay Development Corporation, James Bay Energy Corporation, or any other subsidiaries or Des voix: Bravo! affiliates». Dans la deuxième question, le député me M. Johnson: Deuxièmement, s'il s'agissait demandait si nous avions pris toutes les précau- d'une loterie, on pigerait au hasard dans les tions nécessaires ou si nous devions rencontrer bottins téléphoniques le nom de candidats le gouverneur de l'État du Massachusetts. Je éventuels. Ce n'est pas ce qui est en cause. Ce complète en disant que M. Guy Leblanc, qui est 280 notre délégué intérimaire à Boston, a écrit une ou des projets d'Hydro-Québec et de son plan de lettre en date du 18 mars, qui était adressée aux développement? parlementaires de l'État du Massachusetts, et je dois dire aussi qu'Hydro-Québec a recours, en ce Le Président: Mme la ministre. moment, aux services d'une firme américaine de lobbying qui fait le suivi des projets de loi et Mme Bacon: Oui, c'est évident, M. le qui conseille Hydro-Québec à ce sujet. Hydro- Président, que nous allons compléter l'informa- Québec était présente le 24 mars dernier lors des tion s'il y a des gens qui en ont encore besoin. audiences publiques sur les quatre projets de loi On avait l'impression que nous avions suffisam- relativement à l'hydroélectricité. ment informé les différents États américains qui La troisième question. Le député me deman- sont plus près de nous. Je dois dire que ce dépôt dait si j'avais fait des démarches élémentaires de projets de loi ressemble de plus en plus peut- pour vérifier la portion de la dette d'Hydro- être à un épisode - on en a connu plusieurs au Québec qui est détenue par les fonds de pension. cours des derniers mois - d'un vaste processus Alors, le volume des titres d'Hydro-Québec qui est bien planifié, qui est bien organisé et qui détenus dans le Massachusetts est très faible et est un épisode de plus dans le dénigrement du se situe autour de 20 000 000 $, et pas plus que Québec. Et c'est dans ce sens-là que notre ça. action va être suivie. Dans la quatrième question, le député me demandait si nous avions un plan d'action pour Le Président: Alors, c'est la fin de la que ça cesse, pour éviter de se faire charrier, période de questions. comme il le disait lui-même. Alors, Hydro-Québec Il n'y a pas de votes reportés. maintient des liens très étroits au niveau de Aux motions sans préavis, M. le ministre l'information des maisons de courtage qui des Affaires internationales. Un instant, M. le traitent des obligations. Et, en ce moment, il n'y ministre. Je vais requérir la collaboration de tous a aucune fluctuation des prix et du volume des les collègues. obligations d'Hydro-Québec. Donc, il ne doit pas S'il vous plaît! Pour une motion sans y en avoir non plus. C'est pourquoi, oui, nous préavis, M. le ministre des Affaires internatio- avons un plan d'action, mais nous avons, avant nales. tout, un souci d'efficacité dans ce plan d'action. Et pour cette raison, je pense que révéler toute Motions sans préavis notre stratégie sur la place publique ferait en sorte de nous empêcher de mettre ce plan Souligner la victoire du président d'action en marche et ne servirait certainement Frederik De Klerk pour mettre fin pas les intérêts du Québec. à l'apartheid en Afrique du Sud Dans cet objectif d'efficacité, nous sommes donc en mesure d'assurer le député et la popula- M. Ciaccia: M. le Président, je propose que tion, par son intermédiaire, de notre détermina- l'Assemblée nationale souligne la victoire du tion à défendre l'image du Québec d'une façon président Frederik De Klerk et félicite la calme, sereine et efficace. population pour l'appui accordé au processus de réforme devant conduire à l'abolition effective de Une voix: Bravo! l'apartheid en Afrique du Sud.

Le Président: Tel que le prévoit le règle- Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce ment, pour une question complémentaire. qu'il y a consentement pour débattre cette motion? M. Chevrette: M. le Président, dans un premier temps, vous me permettrez de remer- Une voix: Consentement. cier... J'ai reçu effectivement les projets de loi ce matin. Je voudrais demander à la ministre la Le Vice-Président (M. Lefebvre): Consente- question additionnelle suivante: Étant donné que ment. Allez-y, M. le ministre. ça se situe maintenant au niveau politique, (15 heures) parce que les projets de loi qui sont ainsi déposés constituent un message politique de la M. John Ciaccia part des Américains, indépendamment du fait que ces projets de loi soient pilotés par des députés M. Ciaccia: M. le Président, les travaux qui seront en élection, d'après ce que j'ai pu parlementaires, la semaine dernière, ne m'ont pas comprendre, en novembre prochain, et qui permis de présenter cette motion. Cependant, cherchent certaines tribunes pour répondre à l'événement mérite d'être souligné et je la certains courants, à partir de ce moment-là, est- présente aujourd'hui. ce qu'au niveau du plan d'action, sans en révéler M. le Président, en obtenant un vote les grandes lignes, il y a une action d'informa- fortement majoritaire de 68,7 % à son référendum tion soutenue et directe en regard des contrats du 17 mars dernier, le président De Klerk a 281 obtenu un mandat net de son électorat blanc plusieurs d'Europe et de l'Est, ont rétabli leurs pour, comme il l'a si bien dit lui-même, mettre relations diplomatiques avec l'Afrique du Sud fin à l'apartheid dans son pays et ouvrir ainsi alors que plusieurs grandes puissances industriel- les portes du pouvoir aux Noirs de l'Afrique du les, dont les États-Unis et le Japon, ont décidé Sud. de lever les sanctions économiques qu'elles Le Québec souligne ces résultats spec- avaient imposées à l'Afrique du Sud, il y a taculaires et est heureux de constater que le quelques années. processus démocratique en Afrique du Sud est Le Canada, pour sa part, a adopté une engagé de façon définitive. Je demande aujour- politique de retrait graduel des sanctions. En d'hui à l'Assemblée nationale de souligner cet novembre 1991, afin de favoriser le resserrement acte courageux de M. De Klerk et le leadership des liens culturels, universitaires et scientifiques qu'il a su exercer dans le processus de réforme avec l'Afrique du Sud, Ottawa levait les sanc- politique en Afrique du Sud. La victoire du tions touchant directement la population et président De Klerk n'est pas sans nous rappeler autorisait les contacts entre fonctionnaires cana- la lutte de tous les instants que nous devons diens et sud-africains à l'exclusion des contacts mener, ici comme ailleurs, pour que la démocra- avec les organismes militaires, de police et de tie, les droits et les libertés des peuples soient renseignements. respectés. Le 9 janvier dernier, il levait, par ailleurs, Le Québec, tout comme le Canada, avait certaines restrictions à l'exportation de produits adopté, en 1986, un certain nombre de mesures relevant de technologies de pointe - ordinateurs, politiques et économiques pour sanctionner la logiciels, avions, hélicoptères, matériel de télé- politique d'apartheid de l'Afrique du Sud. Tout communications, etc. - à la condition que les comme nous avons vigoureusement réagi alors ventes soient d'abord approuvées et que les mar- pour dénoncer cette politique, nous devons chandises ne soient pas destinées aux forces aujourd'hui nous réjouir des résultats historiques armées, à la police ou aux services spéciaux enregistrés par le président De Klerk au dernier d'Afrique du Sud. La levée des autres sanctions référendum. J'aimerais souligner le courage devrait normalement s'effectuer au fur et à politique du président qui, malgré une opposition mesure que les réformes politiques et constitu- des plus vives, a toujours maintenu la voie des tionnelles seront adoptées par le gouvernement réformes et des changements démocratiques qu'il du président De Klerk. Je souligne que la récente avait lui-même dictée à la population de l'Afrique victoire du président est une victoire historique du Sud. Or, l'histoire a démontré à maintes des valeurs fondamentales que sont la démocratie reprises que c'est justement le genre de courage et les droits et libertés de la personne. politique dont a fait preuve le président De C'est pourquoi nous devons persévérer à Klerk qui élève un homme public au statut promouvoir ces valeurs fondamentales auprès des d'homme d'État. différents membres de la communauté interna- L'arrivée au pouvoir du président Frederik tionale. Je rappelle que le gouvernement du De Klerk, en septembre 1989, a marqué la fin Québec a depuis toujours âprement défendu les d'une époque, l'apartheid pur et dur, et le début valeurs démocratiques et le respect de la dignité d'un temps nouveau pour la majorité noire de humaine. Il a ainsi été solidaire des positions l'Afrique du Sud. Elle a marqué la libération de adoptées par Ottawa et visant à condamner certains des prisonniers politiques, dont Nelson l'apartheid en Afrique du Sud. Je signale que le Mandela, aujourd'hui président du Congrès gouvernement du Québec donne son appui au national africain, l'ANC, la reconnaissance de gouvernement du président De Klerk et exprime partis politiques jusque-là interdits, l'abolition, le souhait que la démocratisation et les change- en juin 1991, des grandes lois de l'apartheid, le ments politiques amorcés par les résultats début des négociations entre le gouvernement de référendaires s'effectuent sans violence et en Pretoria et les dirigeants de la majorité noire accord avec la volonté de la population de devant conduire à l'abolition effective de l'apar- l'Afrique du Sud, tel que clairement exprimé lors theid et à l'entrée des Noirs au gouvernement. du récent référendum. La politique d'ouverture du président De Je souligne que le gouvernement du Québec Klerk à l'égard de la majorité noire a eu des a offert trois bourses d'excellence à des ressor- conséquences immédiates. À l'interne, les partis tissants de la majorité noire d'Afrique du Sud et d'extrême droite, dont le Parti conservateur, souhaite participer à son mieux-être. Je formule s'opposent farouchement à tout changement le voeu que la population blanche d'Afrique du politique et entretiennent, par leurs actions, les Sud continue d'appuyer le président De Klerk violences qui frappent l'Afrique du Sud. Ils ont dans ses efforts de démocratisation pour que les mené et ils ont même réussi à forcer le prési- conditions politiques soient bientôt réunies pour dent à organiser, le 17 mars, un référendum permettre à l'Afrique du Sud de rétablir com- réservé à la population blanche sur sa politique plètement ses liens politiques, économiques et de démocratisation. Presque 70 % d'entre eux ont socioculturels avec le Canada et le Québec et appuyé le président et rejeté l'apartheid. avec l'ensemble des membres de la communauté Au plan international, nombre de pays, dont internationale, et ce, pour le bien-être de la 282 population de l'Afrique du Sud. Merci, M. le l'Afrique. À lui seul le Québec absorbe 65 % de Président. l'ensemble des exportations sud-africaines au Canada. Parmi les principaux secteurs concernés, Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. on retrouve les aciéries qui, comme vous le le ministre des Affaires internationales. Sur cette savez, traversent une période difficile. même motion du ministre, je cède la parole à M. (15 h 10) le député de Bertrand. De son côté, l'Afrique du Sud vient d'indi- quer son intérêt d'intensifier ses échanges avec M. François Beaulne le Québec en élevant sa représentation à Mont- réal au rang de consulat général. Soyons cons- M. Beaulne: Merci, M. le Président. C'est cients qu'il ne suffit pas d'applaudir la victoire avec espoir et satisfaction que nous apprenions du président De Klerk pour que le processus de la victoire du président De Klerk dans un démocratisation suive son cours normal, comme référendum où 68 % des gens, c'est-à-dire plus par enchantement. des deux tiers de la population blanche d'Afrique La ségrégation raciale a laissé, en Afrique du Sud, donnaient à son président le mandat du Sud, des séquelles que seuls le temps et d'amorcer le démantèlement du régime de ségré- plusieurs générations de bonne volonté réussiront gation raciale érigé en politique officielle depuis à atténuer. Elle a également creusé un fossé plus d'un siècle. Cette victoire mérite d'être économique béant entre Blancs et Noirs, fossé soulignée, d'autant plus qu'elle traduit la volonté que le gouvernement sud-africain devra entre- des Sud-Africains de réintégrer la communauté prendre de combler dans les meilleurs délais. Les internationale sur une base de normalité et de sanctions commerciales ont réussi à faire plier la respect des droits élémentaires enchâssés dans la population blanche. Elles ont eu également un Charte des droits humains des Nations unies. effet dévastateur auprès de la population noire Cette victoire s'inscrit également dans la où, par endroit, le taux de chômage atteint plus mouvance de vent de libéralisation qui souffle de 60 %. Comme vous le savez, la stabilité présentement sur tous les continents, entraînant politique est intimement liée à la stabilité sur son passage l'effondrement de régimes économique. Il s'avère d'autant plus opportun, autoritaires et dictatoriaux. Comme l'ont démon- par conséquent, de mettre à la disposition du tré les événements des deux dernières années en président De Klerk les moyens qui lui permet- Europe de l'Est et en URSS, toute période de tront d'établir l'équité et l'égalité de fait entre transition vers la démocratie authentique, res- Sud-Africains, Noirs ou Blancs. pectueuse des droits individuels et collectifs, se Pour ces raisons, M. le Président, l'Opposi- déroule généralement dans un climat d'incer- tion officielle est d'avis que le gouvernement titude, d'attente et de remise en question des canadien devrait, à court terme, poursuivre la structures traditionnelles qui la rendent vul- levée partielle des sanctions commerciales, comme nérable au moindre soubresaut de mécontente- l'ont fait en particulier les États-Unis, étant ment ou de déception. bien entendu qu'advenant un blocage du proces- Conscients de la fragilité du processus de sus de démantèlement de l'apartheid, il sera transition en profondeur dans lequel vient de toujours possible de rétablir les sanctions s'engager de façon irréversible, nous l'espérons, appropriées. Merci. le gouvernement d'Afrique du Sud, conscients également que l'ampleur de la majorité obtenue Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. par le président De Klerk reflète la volonté de le député de Bertrand. Sur cette même motion, je la population blanche de rétablir des liens cède la parole à M. le député de Jacques-Cartier. politiques et commerciaux normaux avec les pays industrialisés, tous les pays de la Communauté M. Neil Cameron économique européenne ainsi que les États-Unis ont levé l'embargo commercial qu'ils avaient M. Cameron: Merci, M. le Président. We imposé à l'Afrique du Sud sur la plupart des also join in celebrating the large and decisive produits pour la forcer à mettre un terme à sa referendum result that recently took place in politique d'apartheid. South Africa and look forward to its consequen- Le message a été reçu par la population ces in bringing about an end to an unjust, blanche eligible à voter. Les sanctions commer- inequitable and increasingly unworkable political ciales ont produit leur effet. Il importe qu'à system. notre tour nous recevions le message de cette It is the end of a long and complicated population qui demande à rétablir des liens historical process in an immensely complicated normaux avec nous. Les enjeux pour le Québec society. The South Africans were a State created sont importants. L'Afrique du Sud est notre out of Dutch Calvinist settlers, English colonists, principal partenaire commercial sur tout le Zulu, Xhosa, East Indians, European Jews, racial continent africain, suivi de l'Algérie. Nos échan- intermixtures of all of these, disproportions ges avec l'Afrique du Sud, et ce, malgré l'embar- between them, radically different religions, go, représentent 45 % de tous nos échanges avec cultures, political habits and behaviour. In a way, 283 a State that calls on rather remarkable qualities then no matter what the outcome is, if there of statesmanship, no matter what system of are, let us say, some 40 % on the other side, government it uses. whether it happens to be in this group or in this Apartheid was an attempt to provide one of group, I do not think that that will bode too those solutions. It should be remembered that, well for a comfortable political future for contrary to what many people might imagine, it Québec or for Canada. But in our case, as in the is not something that goes right back to the case of Canada as a whole and as in the case of foundations of the South African State. It did South Africa, a referendum is sometimes the only not exist, for example, in the era of Jan Chris- method by which effective political leaders can tiaan Smuts. It was actually brought in after the get past an immense tangle of institutional Second World War in its full form, only around constraints, existing prejudices and fashionable 1948 or 1949. That is the full system of pass hogwash that prevent all of us from doing what cards, restrictive labour codes and all the rest of we believe to be sensible and right. Merci, M. le that hateful apparatus that grew worse and Président. worse every year. That it could be gradually brought down is Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. certainly due partly to the statesmanship of Mr. le député de Jacques-Cartier. Sur cette même De Klerk, who deserves all due credit, but it is motion, je cède la parole à M. le député de perhaps important to remember some of the Pointe-aux-Trembles. other reasons why apartheid came to an end. One of them is that the existing South African M. Michel Bourdon State, however politically unjust and however socially inequitable, was economically successful M. Bourdon: M. le Président, l'Opposition enough to provide a higher standard of living officielle va évidemment souscrire avec plaisir à and a higher standard of education for the Black la résolution qui est devant nous parce que nous population of Africa than existed in any of the pensons que le référendum tenu en Afrique du other Black African States and, in fact, to build Sud a une grande importance historique pour ce up a large, solid, stable Black middle-class pays, puisque l'apartheid représentait l'expression which, in turn, helped give the White population étatique d'une forme de racisme patent. Il the confidence that a major political change faudrait rappeler, M. le Président, que sous le could be engineered without chaos. régime d'apartheid, la majorité noire d'Afrique du In addition to that, the collapse of the Sud n'a pas le droit de vote, a des restrictions world communist system outside China had very quant à ses déplacements dans le pays; que, dans large implications for Africa because, before that sa forme la plus virulente, la loi d'apartheid took place, most of the members of White interdisait même les mariages interraciaux et African society looked at the African National divisait les gens sur un modèle de ségrégation. Council not merely as an alternative political Quand je dis que cette forme de discrimina- leadership, or the representative voice of the tion raciale était intégrée aux pratiques d'un Black people of South Africa, but essentially as État et était érigée en loi, je veux dire par là the possibility of being one more communist que c'est fondamentalement différent de nos dictatorship bringing all the wonderful treats voisins des États-Unis où il y a eu des formes that that usually brings and, therefore, even if de ségrégation raciale. Il y a eu des expressions they were lacking in racial prejudice, somewhat de discrimination à l'endroit de la minorité noire slowing down their enthusiasm for a new regime. aux États-Unis, mais ce ne sont pas des choses With the collapse of support from the que l'État a jamais approuvées et intégrées à ses Soviet Union for communist movements around lois fondamentales. the world and with the increasing disintegration M. le Président, ce référendum fait suite à of similar status governments in the rest of une longue lutte des Noirs d'Afrique du Sud pour Africa, it became more and more clear to the la reconnaissance de leurs droits civiques. Et ça most sensible elements in both the White and a impliqué notamment l'emprisonnement pendant Black population that a new set of alternatives plus d'un quart de siècle de Nelson Mandela, du was possible. And we all hope this can be Congrès national africain, dont nous avons salué achieved peacefully, successfully and rapidly. ici, en Chambre, il y a deux ans, la libération de It is worth remembering otherwise, I think, prison, ce qui a permis l'ouverture d'un dialogue that referenda, anywhere, are political devices entre les représentants de la majorité noire et best used only when there is no other alterna- les représentants du gouvernement actuel d'Afri- tive. They are not, in fact, a very good means que du Sud qui, on le sait, est porté au pouvoir of conducting the institutions of democratic exclusivement par le vote des Blancs. C'est un government, and I believe this can be said with paradoxe de l'histoire, M. le Président, qu'une some neutrality because, for instance, if we take minorité jouissant d'un statut inéquitable vis-à- the case of our own society of Québec and if, vis de la majorité... Dans cette Chambre, comme for the sake of argument, we have a referendum dans tous les parlements démocratiquement élus on the date that we have much discussed it, du monde, bien sûr que nous favorisons l'idée 284 d'une personne, un vote, et que les gens qui afférentes à l'accession du Québec à la souverai- doivent conduire les affaires de l'État doivent neté se réunira en séance de travail. être élus au suffrage universel. En Afrique du Renseignements sur les travaux de l'As- Sud, on parlait d'un gouvernement élu par un semblée. suffrage restreint, restreint sur la base de la race, sur la base de la couleur au lieu d'appli- M. Bélisle: Aucun. quer le principe fondamental d'une personne, un vote. Affaires du jour (15 h 20) Alors, M. le Président, je pense que c'est Affaires prioritaires un pas en avant qui est franchi en Afrique du Sud, parce que le paradoxe, c'est que la minorité Le Vice-Président (M. Lefebvre): Nous en jouissant d'une emprise démesurée sur les arrivons à l'étape des affaires du jour et aux affaires de la collectivité d'Afrique du Sud a affaires prioritaires. Nous reprenons le débat sur accepté d'elle-même, par son seul vote, de le discours d'ouverture prononcé par M. le changer ce système. Maintenant, l'apartheid n'est premier ministre le 19 mars 1992 et sur les pas complètement démantelé. M. Mandela et les motions de censure de M. le chef de l'Opposition autres dirigeants du Congrès national africain officielle, de M. le député D'Arcy-McGee, de M. ont émis des réserves d'enlever complètement le le député de Jonquière, de Mme la députée de boycott dont l'Afrique du Sud faisait l'objet. Je Taillon et de M. le whip de l'Opposition offi- suis d'accord avec mon collègue de Bertrand pour cielle. Je cède immédiatement la parole à M. le dire que, comme un pas a été fait par la minori- député de Lévis, et je lui rappelle qu'il dispose té blanche d'Afrique du Sud, le Canada, comme d'une période maximale de 20 minutes. d'autres pays, devrait faire un pas pour ce qui est de l'embargo économique, mais un pas. La fin Reprise du débat sur le discours totale de l'embargo devrait venir avec la fin de d'ouverture et sur les motions de censure l'apartheid, avec la fin de ce régime de gouver- nement qui est inéquitable pour les 27 000 000 M. Jean Garon ou 28 000 000 de Noirs qui forment l'immense majorité de la population de l'Afrique du Sud. M. Garon: Je vous remercie, M. le Prési- Donc, M. le Président, nous allons voter dent. J'ai lu et relu le discours inaugural du avec plaisir pour la résolution et notez que, dans premier ministre, et en le lisant, j'ai eu l'im- les affaires du monde, il y a parfois des bonnes pression de la politique du perce-oreille: beau- choses qui arrivent et que ce référendum est une coup de petits trous qui ne servent à rien, mais bonne nouvelle pour l'ensemble; d'abord, pour les quand il y en a assez, la bûche est pourrie. M. intéressés, la majorité noire de l'Afrique du Sud, le Président, quand on lit le discours inaugural, mais aussi pour l'ensemble des démocrates du on se rend compte qu'il n'y a pas d'orientation monde entier. et qu'il n'y a pas de politique. Quand on voit, comme cet après-midi, le président du Conseil du Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. trésor qui est président d'un organisme respon- le député de Pointe-aux-Trembles. Est-ce que la sable de la fonction publique et qui vous dit que motion du ministre des Affaires internationales c'est épouvantable. Il y a eu un concours pour le qui se lit comme suit: «Que l'Assemblée nationale poste de contrôleur routier - il y avait 130 souligne la victoire du président Frederik De postes à combler - et il y a eu 32 000 appli- Klerk et félicite la population pour l'appui cants. Ça donne une idée à quel point il y a des accordé au processus de réforme devant conduire gens qui n'ont pas d'ouvrage qui sont intéressés à l'abolition effective de l'apartheid en Afrique à travailler, mais qu'il n'y a pas d'emploi pour du Sud», est adoptée? que 32 000 personnes appliquent sur 130 pos- tes. M. Bélisle: Adopté. On disait également aux nouvelles aujour- d'hui que le gouvernement veut faire une nou- Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. Il velle loterie apparemment, la «loto job», pour n'y a pas d'autres motions sans préavis. voir ceux qui vont avoir le droit d'appliquer sur des concours. Pourquoi pas un «gratteux», ça va Avis touchant les travaux des commissions être meilleur marché? Vous pourrez avoir un «gratteux», 32 000 applicants, à chacun son Avis touchant les travaux des commissions, «gratteux». On gratte, tu appliques ou tu n'ap- M. le leader adjoint du gouvernement. Pas pliques pas. On est rendus dans des drôles de d'avis? politiques quand on est rendus à dire, aujour- Alors, j'ai l'avis suivant à vous fournir: d'hui, que dans la politique de concurrence dans Demain, le jeudi 2 avril 1992, de 9 h 30 à laquelle on est en train de se demander si on ne 12 h 30 à la salle 1.38 de l'édifice Pamphie-Le fera pas des loteries ou des façons de faire en May, la Commission d'étude des questions sorte de choisir des candidats par échantillon- 285 nage plutôt que de trouver les meilleurs. D'au- Tu n'en as pas beaucoup, serre-toi-la encore tant plus qu'en 1991, on a perdu 24 % des plus. Hydro-Québec devrait être la première à emplois industriels du Québec; dans une seule donner l'exemple. Je pense qu'il ne devrait même année, 24 % des emplois industriels du Québec. pas y avoir d'augmentation de l'inflation. Ça Je me rappelle quand le président du devrait être 0 % d'augmentation à Hydro-Québec Conseil du trésor vous parlait des emplois sur les 5,8 % qu'elle demande... Pourquoi? Parce temporaires lors de la crise de 1981-1982, mais que c'est à elle à donner l'exemple. Actuelle- jamais on n'a vu une année où le Québec a ment, les gens n'en peuvent plus au point de vue perdu le quart des emplois industriels qu'on fiscal, au point de vue des taxes, parce que, que trouve dans l'ensemble du Québec. C'est une ce soit au niveau des taxes scolaires qui ont plus situation épouvantable. On se retrouve dans une que doublé, il y a deux ans, que ce soit les taxes période comme dans la période des années trente. municipales qui augmentent partout cette année, On se retrouve devant un discours inaugural où que ce soit au niveau provincial, que ce soit au il n'y a rien, M. le Président. plan fédéral, ces augmentations assomment les Mais, en même temps, au lieu d'avoir un citoyens. gouvernement qui aide à la reprise économique, Il n'y aura pas de reprise économique si on on a un gouvernement qui essaie de tuer la ne fait pas des correctifs. Je rencontrais quel- reprise économique avec des taxes comme on qu'un tantôt qui lisait, dans la revue Fortune... n'en a jamais eues dans l'histoire du Québec; on pas tantôt, mais il y a quelques jours, qui me n'a jamais eu autant de taxes. C'est pour ça qu'il disait: C'est fantastique. À Atlanta, il y a y a des comités de citoyens, de bord en bord du seulement 6 % d'impôt, 6 % de taxes pour Québec, qui se lèvent... et ils doivent se lever, quelqu'un qui reste à Atlanta. Il y a un dévelop- parce que dans un régime démocratique, c'est le pement fulgurant à Atlanta. Pourquoi? Les seul langage que n'importe quel gouvernement développements se font dans des endroits où les comprend. Des citoyens qui disent: On en a gens ont le choix d'aller. Les gens ne sont pas assez: TPS, TVQ. condamnés à rester à tel et tel endroit. Le 1er juillet, il y aura sans doute une taxe Je vois passer le député de Chauveau qui de 8 % sur les services. On a commencé à taxer aurait voulu couper les dépenses, mais les les vêtements qu'on avait détaxés sous l'ancien dépenses ne sont pas coupées davantage. On a gouvernement, taxer les appareils ménagers, taxer l'impression au gouvernement qu'actuellement, on les meubles, comme si c'étaient des objets de a beau ouvrir la champlure des taxes à tour de luxe, M. le Président. Ah! évidemment, apparem- bras, le tuyau qui est dans le fond du bain, ment, on dit que, par ailleurs, la TPS fédérale ne quand on ne met pas le bouchon, il peut en s'applique pas sur le caviar. prendre autant que la champlure peut couler. Je M. le Président, la reprise économique est ne connais pas un seul bain, M. le Président, où tuée parce que les gens n'ont pas d'argent. Les même la champlure au bout, le tuyau dans le gens sont inquiets, sont insécures. Les gens qui fond du bain n'est pas capable de le prendre. sont inquiets et qui voient leur voisin qui a (15 h 30) perdu son emploi, qui voient le nombre d'emplois Aujourd'hui, quand on veut commencer à qui disparaissent, qui voient ce qui était jusqu'à mettre du ménage dans la cabane, il faut com- maintenant les piliers de l'économie québécoise, mencer, d'abord, par mettre le bouchon dans le comme les compagnies de papiers ou encore bain. Et là, à ce moment-là, on va pouvoir Hydro-Québec, se retrouver en difficulté, ils se remplir le bain, même en réduisant la champlure, disent: Peut-être mon tour peut arriver. Dans mais il faut commencer, d'abord, par mettre le l'insécurité, les gens se protègent; ils remettent bouchon dans le fond du bain. Je ne connais pas la carapace. Ils essaient de tenir le temps quelqu'un qui va régler le problème de perte pendant que la tempête passe, sauf que, pendant d'eau s'il ne met pas, d'abord, le bouchon. On va ce temps-là, l'économie ne peut pas reprendre. me dire: Oui, mais le gouvernement fait atten- La principale cause de l'absence de reprise tion. Voyons donc! Vous n'avez qu'à regarder la de l'économie, c'est le gouvernement lui-même, le nomination du nouveau président-directeur géné- gouvernement de Québec et le gouvernement ral à la Société de l'assurance automobile du d'Ottawa, les deux qui, actuellement, imposent Québec. Conditions de travail, conditions salaria- des taxes de façon démesurée. Aussi, le navire les. Regardez ça pour le fun. En plus de lui amiral de l'inflation au Québec qu'est Hydro- fournir l'automobile, les dépenses d'automobile Québec, qui aura augmenté, s'il y a l'augmenta- plus 800 $ par mois pour le transport, frais de tion de 5,8 % qui est demandée pour cette année, séjour. Regardez le contrat. C'est le contrat le les tarifs, dans l'espace de deux ans, de 32,9 %, plus chromé que j'ai vu dans toute l'histoire du 32,9 % dans l'espace de deux ans, est-ce qu'on Québec. Le contrat d'engagement d'un haut trouve ça normal? Si l'augmentation demandée, fonctionnaire le plus chromé. Pas en 1950, pas en au lieu de 5,8 %, il y a seulement 2,9 %, bien, 1975, pas en 1986 ou 1987. En 1992, M. le l'augmentation aura été de 30 % sur deux ans. Président. Pourquoi? Pas parce que ça marchait Pendant ce temps-là, on va dire aux gens: au ministère des Transports. On n'a jamais eu Serrez-vous la ceinture; serrez-vous la ceinture. tant de routes pleines de craques et pleines de 286 trous. Pendant ce temps-là, on nous parle de la gnement supérieur qui dit: Moi, je n'ai aucune qualité totale et on n'a jamais eu des routes responsabilité en termes de développement aussi épouvantables. Promenez-vous ce soir. Vous économique régional. Ça ne fait pas partie de ne verrez même pas les barres blanches, il n'y mes préoccupations. Je m'en fous. C'est écrit en a plus. Il y a des trous, il y a des craques et dans une lettre, M. le Président, que j'ai eue. M. il n'y a même plus de barres blanches, de sorte le Président, c'est là, la source du problème. que vous ne savez plus si vous êtes sur une C'est là, la source du problème, parce que route à deux voies ou à trois voies, à moins de dans le monde dans lequel on vit actuellement, la passer souvent. C'est quelque chose, M. le formation technique, la formation professionnelle, Président. c'est ce qu'il y a de plus important. Quand on Là, les gens nous font de l'inflation ver- est rendu à 40 % de décrochage dans nos écoles bale: De la qualité totale, mon cher ou ma chère! secondaires, entre 35 % et 40 % de décrochage, La qualité totale! Au ministère des Transports, ça nous en prend combien pour constater qu'il y c'est un concept inconnu, impossible, ridicule a un problème? Est-ce qu'il faut qu'ils décro- même. On est rendu au quatrième projet de loi chent tous? Cette année, on va accorder un sur l'affichage le long des routes, depuis 1986. budget, 407 000 000 $ pour le transport scolaire. Quatrième projet de loi, deux tournées du député On bâtit... On manque d'argent pour les écoles, de Rousseau. Dans une de ses tournées, il a fait on a 407 000 000 $ pour les promener. Sur 10 22 villes pour savoir comment les panneaux ans, sans doute 5 000 000 000 $. Si on bâtissait devaient être faits. Et n'oubliez pas, dans la les écoles moins grosses. Si, au lieu de faire des quatrième version, dans le quatrième projet de universités à 40 000 comme si on était loi, ils ont oublié que le panneau devait avoir 300 000 000 au Québec, si, au lieu de faire des une hauteur et pas seulement une largeur. Je cégeps à 4000 ou faire des polyvalentes à 3000 vous dis qu'on est dans le règne de la qualité étudiants, on décidait d'avoir des écoles plus totale. petites... La plupart d'entre nous ont fait leur On est dans le règne de l'insignifiance cours classique dans une école où on faisait 8 totale, de l'incompétence totale, M. le Président. ans et on était 500. Est-ce qu'on trouvait qu'on Et on nous dit qu'on va faire une reprise avec n'était pas assez à 500? On faisait 8 ans, M. le ça, un gouvernement comme ça! M. le Président, Président. on s'en va chez le diable, puis sur un temps Aujourd'hui, non. L'inflation verbale, l'in- riche à part de ça. On s'en va chez le diable flation bureaucratique, l'inflation administrative. comme on n'a jamais été. Jamais, dans toute Et on dit au citoyen: Paie, mon cave! Paie, mon l'histoire du Québec, on n'a eu un tel ensemble cave! Aligne, puis on va te fournir des plumes si d'incompétences. Tantôt, je voyais la ministre tu n'as pas de crayon. C'est comme dans toutes responsable de l'Enseignement supérieur. Ça fait les réunions, on fournit les plumes, puis tout le partie du problème. Je l'ai vue récemment, quand monde les laisse là; c'est un gaspillage épouvan- quelqu'un demandait une antenne de cégep, ré- table. On va te fournir les plumes pour faire des pondre: Nous, nous n'avons pas, comme ministère chèques. Paie, mon cave! Mais, en attendant, M. de l'Éducation, quelque mandat que ce soit en le Président, on se retrouve avec une absence matière de développement régional. Bien, je vais totale de politique. vous dire une chose: Elle n'a pas lu le rapport Ce qu'on affronte actuellement, trompons- de son Conseil supérieur qui disait que la prin- nous pas, on affronte une culture différente. Les cipale chose... Il y a deux ans, la publication du Japonais qui ont misé sur la formation profes- rapport du Conseil de l'enseignement supérieur, sionnelle, qui ont misé sur la compétence techni- le Conseil de l'éducation disait quoi? Que la que... Rappelez-vous, il y a 40 ans, quand principale chose que devrait faire les ministères quelqu'un achetait un petit appareil, un petit de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de Kodak, une petite caméra japonaise, vous disiez: la Science, c'est de se connecter sur le dévelop- Ne prends pas trop de photos, elle ne durera pas pement régional, d'avoir des perspectives de longtemps. Ce n'était pas reconnu comme un développement régional. Comme si l'éducation, produit de qualité. Aujourd'hui, les automobiles c'était quelque chose de désincarné, comme si on qui se vendent le plus dans le monde, ce sont les envoyait seulement des missionnaires. automobiles japonaises, qui ont pris le marché M. le Président, au Japon, ils ne se conten- américain. L'automobile la plus vendue aux États- tent pas de chanson. Au Japon, il n'y a pas Unis maintenant, c'est la Honda Accord qui est d'électricité, il n'y a pas de pétrole, il n'y a pas en train de pénétrer le marché européen. On se de forêts, à toutes fins pratiques, il n'y a pas de rend compte que les télévisions, les appareils terres agricoles, il n'y a pas de métaux, il n'y a électroniques, de plus en plus, les ordinateurs, ils pas de céréales. Les Japonais sont les premiers sont faits où? Au Japon. Pas parce qu'ils ont les au monde. Il y a une ressource importante au ressources naturelles, mais parce qu'ils ont misé Japon: il y a des Japonais. Et le Japon investit sur leur compétence technique. Nous, nous avons dans sa principale ressource naturelle: les quatre les ressources, puis on a les chômeurs. pouces que les Japonais ont au-dessus des M. le Président, pourquoi? Parce qu'on s'est sourcils. Et vous avez une ministre de l'Ensei- embarqué dans un rapport Parent, qu'on ne l'a 287

pas critiqué. On a décidé de faire la formation qui se garrochent le plus vite possible pour aller des maîtres à l'université. On a fermé les écoles acheter là parce que c'est meilleur marché; il y normales. Les écoles techniques, ce n'était pas a moins de taxes. C'est ça, le résultat. bon. Aujourd'hui, on a moins d'étudiants à la (15 h 40) formation professionnelle qu'on en avait en 1960. La, on voit tranquillement les discours. On a de plus en plus de chômeurs instruits. On a Même le président du Mouvement Desjardins est de plus en plus de gens qui ont des diplômes qui rendu obligé de faire des discours dans les ne servent a rien, puis qui ne sont pas adaptés églises pour faire appel à quoi? À ces vertus aux besoins du marché. Pendant ce temps-là, la qu'on a traitées avec tellement de mépris lors du ministre responsable de l'Enseignement supérieur débat sur le libre-échange. Il nous disait: L'ef- dit: Moi, mon mandat n'est pas en matière de ficacité, c'est la grande vertu théologale: la Foi, développement régional. Il faut le faire, M. le l'Espérance et l'Efficacité. C'est ça qu'on nous Président! Il faut le faire! disait. Mais quel est le plan de l'efficacité? Puis on brise des solidarités. Hier, je suis Aucun plan. allé à une assemblée où le ministre responsable Quand je regarde... J'étais à New York du Développement régional faisait son discours, récemment. J'ai pris la route 15 au sud de un discours qui était assez long: une heure et Montréal, et je dois vous dire que, comme route, demie. J'ai remarqué que son programme, il en a pleine de craques et pleine de trous, on ne peut parlé dans les derniers cinq minutes. Le reste, pas faire mieux. Si on est pour être dans le c'était un peu un discours charismatique; il libre-échange avec les États-Unis, on pourrait essayait de donner la foi aux gens. Pourquoi? bien avoir des routes qui ont du bon sens pour y Parce qu'il n'y a pas beaucoup de gens qui ont aller. Quand je suis revenu, je suis revenu par la la foi. Là, j'ai remarqué qu'il a commencé à dire: route en arrière de Sherbrooke; là, M. le Prési- «Si on buvait du jus de pomme plutôt que du jus dent, entre la frontière puis Sherbrooke, c'était d'orange. On produit des pommes puis on ne la planche à laver. Ce n'était pas des trous puis produit pas d'oranges.» Je lui disais: Ah bien! Il des craques. Non, c'étaient des planches à laver. reprend le discours que je faisais il y a 15 ans, On s'en allait... J'étais avec mon épouse, et on après avoir craché dessus pendant 15 ans. Ils ont disait: II reste juste à nous acheter un cheval; craché sur le discours que j'ai fait sur l'autosuf- on a le «swing» maintenant. On avait fait 30 fisance alimentaire, sur la capacité du Québec de milles de planche à laver. se nourrir, alors qu'on avait monté le taux Là, on nous dit: On est dans le libre-échan- d'autosuffisance alimentaire de 47 %, en 1976, à ge, dans la qualité totale, il faut être efficace. 75 % en 1985. On se nourrissait à 75 %, en On n'est même pas capable de faire des routes 1985, ils ont dit: L'autosuffisance alimentaire, qui ont du bon sens pour aller vendre nos pro- c'est bon à rien. Ça ne vaut rien. Il faut mettre duits sur notre marché le plus près, et on fait ça de côté. Maintenant, on change tous nos de grands débats avec Ghislain Dufour. Avez- programmes. On y est revenu après six ans, là, vous remarqué Ghislain Dufour, Claude Caston- 1992. C'a pris sept ans, même six ans, au début guay? Avez-vous remarqué? Ils ne parlent plus de l'année: «On devrait peut-être bien boire du du libre-échange, ils nous parlent de la Constitu- jus de pomme.» Grosse découverte! C'est comme tion, ces esthètes du fédéralisme. Ils nous par- si, aujourd'hui, il y avait un ministre qui se lent de la Constitution. Moi, Ghislain Dufour, je levait pour dire: «Peut-être bien qu'on devrait ne lui connais aucune compétence dans la Cons- découvrir le feu.» Il a été découvert, le feu, il y titution, mais il dit qu'il est un représentant a quelques milliers d'années, vous savez. des hommes d'affaires. Comment vont-ils faire, Puis, on a brisé nos solidarités. Rappelez- les hommes d'affaires? Qu'ils nous disent donc vous du débat sur le libre-échange. Qu'est-ce comment ils vont vendre tous ces produits qu'ils qu'on nous disait: Tu n'es pas bon. C'est bien de devaient vendre au moment du libre-échange, valeur, il faut que tu sois bon. On nous contait qu'ils devaient vendre aux États-Unis? Plus un de la broue. Il fallait être efficace. On écoutait mot. Claude Beauchamp, plus un mot! Tous ces les discours de nos chambres de commerce, de spécialistes de la vente aux États-Unis, ils sont notre gouvernement, puis on avait l'impression tous déguisés en courant d'air, M. le Président. qu'on était en train d'envahir les États-Unis. Nos On ne les voit plus nulle part. Comme le gouver- hommes d'affaires devenaient des Napoléon de la nement! conquête économique des États-Unis. J'étais un M. le Président, je comprends que les gens de ceux qui doutaient. Je doutais parce que je soient inquiets. Les gens sont inquiets parce me disais: On est en train de briser des mécanis- qu'ils ne sont pas fous. Ils écoutent ça et ils mes importants de solidarité. On est en train de disent: Ce n'est pas cohérent, ça n'a pas de bon dire: Ce qui est important, ce n'est pas la sens, on a mis de côté... Vous savez, Desjardins, solidarité, c'est l'efficacité. Je ne dis pas qu'il Alphonse Desjardins, il n'aurait jamais fondé une ne faut pas être efficace, mais on brisait un caisse populaire si on avait été dans le temps mécanisme important. On a vu le résultat. Ce des discours qu'on vient de faire ou qu'on entend n'est pas nos gens d'affaires qui vendent à tour au Québec depuis quatre ou cinq ans. Jamais il de bras aux États-Unis, c'est nos consommateurs n'y en aurait eu! Il a fondé une caisse populaire 288 avec des dix cents, en disant aux gens: Si on se M. Serge Mardi met ensemble - il faisait ses réunions dans les cuisines et dans les soubassements d'église parce M. Marcil: Merci beaucoup, M. le Président. que les salles étaient gratis - si on se met Vous savez, M. le Président, plus on écoute le ensemble et on met des dix cents, un jour, on député de Lévis, plus on entend toujours la prendra la place des institutions financières qui répétition des six dernières années. Je n'ai pas nous écrasent et qui nous prêtent de l'argent à vu de changement, je n'ai pas vu d'évolution trop cher. Et comme Desjardins, lui, travaillait dans son discours de 1985 à 1992. C'est toujours au Parlement fédéral comme traducteur, celle la même chose. On parle des routes, on parle de qui tenait la caisse pendant la semaine, c'était l'éducation, on parle du développement régional, Dorimène. Comme je vais vous dire, dans le on parle de l'investissement dans le domaine de temps, c'était la voiture à cheval, l'hiver, il la formation de la main-d'oeuvre, ça a toujours venait en train et il ne venait pas à toutes les été ça. Et là, aujourd'hui, il a ajouté un élément semaines. Ceux qui voient sa vie, aujourd'hui, nouveau dans son discours, il parle des autobus voient qu'il était souvent des semaines sans scolaires. Imaginez-vous donc! Je ne vois pas ce venir. La caisse populaire, au fond, c'était que ça vient faire dans notre discours aujour- Dorimène, dans la cuisine, qui ramassait les dix d'hui. Et là, il commence à parler également cents. Imaginez-vous si on avait été dans les d'écoles, de commencer à construire plus d'éco- discours infatués qu'on entend aujourd'hui, des les, mais les faire plus petites. Ce qui est discours grandiloquents sur la qualité totale, sur bizarre, dans le fond, dans son intervention, l'efficacité à tour de bras. Des dix cents à c'est que, de 1976 à 1985... Ah! il est certain que Alphonse et à Dorimène, je vais vous dire que le les gens de l'Opposition disent: Bien, c'est vous monde aurait dit: Voyons donc, ça n'a pas de autres maintenant qui êtes au pouvoir, qu'est-ce bon sens. Pourtant, aujourd'hui, basé sur une que vous faites? Mais il y a une histoire à tout seule valeur, la solidarité des gens, ces dix ça, M. le Président, au Québec. Il y a une cents-là ont fait en sorte que plus de 50 % des histoire qui est rattachée au système d'éducation, épargnes des Québécois sont dans des institutions au Québec. Lorsque M. le député de Lévis parle qui leur appartiennent et que personne au monde du 40 % de décrochage au Québec, il me semble ne peut acheter. «C'est-u» assez fort! Parce que que de 1976 à 1985, il y a des gens, il y a des la valeur fondamentale sur laquelle il a misé, grands manitous dans ce gouvernement - qui c'est la solidarité humaine. étaient au pouvoir à l'époque et qui ont pensé à M. le Président, je pense qu'au Québec on quelque chose. Ils ont pensé à certaines réformes est mûr pour un vrai débat de société, un vrai dans le système d'éducation, dont les résul- discours de débat de société parce que, actuelle- tats - de ces réformes - on les a aujourd'hui. ment, les gens sont découragés et ils ont raison C'est 40 % de décrochage. Est-ce qu'on peut de l'être. On entend les nouvelles, c'est une s'imaginer, surtout quand on est prof à l'univer- catastrophe à tous les soirs. On peut dire: Ce sité, qu'on puisse dire, tout bêtement, comme ça, soir, bien, écoutons quelle usine ferme. Il en en public, à l'Assemblée nationale, que parce ferme à tous les jours. C'est le marasme et, en qu'il y a eu un changement de gouvernement on même temps, les gens ne voient rien. On a a augmenté le décrochage scolaire au Québec? l'impression, au gouvernement du Québec, d'être Mais c'est tout à fait abominable d'entendre dans un navire sans capitaine, ou un capitaine ça, plus particulièrement d'un professeur d'uni- qui dort, ou un capitaine qui est en vacances versité qui occupe un poste à l'Assemblée sur une mer démontée sur le plan économique nationale. J'aimerais bien ça, moi, qu'il se alors que ça prend quelqu'un qui a la pogne questionne sur ce que M. Laurin a fait de notre solide pour tenir la barre de la roue, pour système scolaire de 1976 à 1985. Je ne sais pas maintenir le cap dans la tempête. On a l'impres- s'ils sont déjà allés dans les écoles. Il y a une sion d'avoir un navire actuellement qui s'en va raison au décrochage présentement, et les raisons au gré des flots avec un capitaine totalement découlent de décisions que l'ancien ministre de absent, qui n'a aucune orientation, aucune l'Education du gouvernement péquiste a prises direction, qui flaire le vent et qui se laisse dans les années 1976 à 1985. On a décidé de aller dedans. modifier les régimes pédagogiques dans les écoles M. le Président, les Québécois ont besoin secondaires. D'abord, on a mis fin à plusieurs d'autre chose et c'est pourquoi le discours programmes. On a instauré le principe des inaugural que nous avons entendu la semaine programmes-cadres où n'importe qui, à partir de dernière ne répond aucunement à leurs préoc- grandes lignes, de grands objectifs, n'importe cupations et à leurs besoins. Je vous remercie. quelle école, pour ne pas dire n'importe quel enseignant dans une école, pouvait bâtir son Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. propre programme. Puis, à l'intérieur de la même le député de Lévis. Sur le même sujet, je cède la école, deux ou trois professeurs de français du parole à M. le député de Salaberry-Soulanges. Je même niveau, français, programme 210, ensei- vous rappelle que vous disposez d'une période de gnaient souvent trois programmes différents puis 20 minutes. avaient eux-mêmes le contrôle de leur propre 289

évaluation. Donc, on évaluait les élèves de façon moment donné, ils se tannent d'être à l'école différente, puis on arrivait à la fin de l'année, parce qu'ils n'ont plus d'intérêt à y être. Mais mais les gens ne correspondaient plus du tout pourtant, avant, on n'avait pas de décrochage. aux grands objectifs qu'on s'était fixés au début. (15 h 50) Cet ancien gouvernement a formé un Aujourd'hui, ça s'amplifie, puis 40 % des système d'éducation au secondaire, plus par- jeunes du secondaire ne terminent pas leur ticulièrement l'ancien ministre Laurin. On a fait secondaire V. C'est dramatique! Mais ça, ce n'est en sorte qu'à l'école secondaire au Québec, dans pas apparu, puis ça ne s'est pas créé... Ce les écoles francophones, on puisse faire la problème-là n'est pas apparu en une journée. Un différence entre les étudiants de l'école secon- bon matin, on s'est réveillés puis on a commencé daire Vaudreuil par rapport aux étudiants de à compter les étudiants dans les écoles, puis on l'école polyvalente Baie-Saint-François, à Val- s'est dit: II en manque. Où sont-ils? Ça, c'est leyfield, et entre n'importe quelle polyvalente au une culture qu'on a développée. Puis on a les Québec. Chacune de ces polyvalentes produisait résultats aujourd'hui. Puis au niveau de la des étudiants évalués de façon différente. C'a formation professionnelle, c'a été la même chose. posé un problème lorsque ces étudiants sont On n'a jamais été capable de faire l'arrimage entrés au collège. On recevait des étudiants de entre la formation professionnelle au niveau fin d'études, de secondaire V, et puis on s'aper- secondaire avec les besoins du marché du travail. cevait qu'ils n'étaient pas rendus du tout au On ne l'a jamais fait. même endroit. Pourquoi? Ils ont décidé d'abolir Là, les gens... Bien oui, 40 % de décrochage. les voies au niveau secondaire. On a décidé de Mais c'est ça qu'on a dit, tantôt, dans le dis- faire en sorte que les étudiants qui avaient plus cours inaugural, quelles orientations, qu'est-ce de potentiel et qui pouvaient apprendre plus qu'on va faire, nous autres, comme gouverne- rapidement que d'autres, on les empêche d'évo- ment, pour essayer de ramener les jeunes à luer. On a nivelé par la base. On a maintenu des l'école, créer des intérêts, leur faire connaître programmes faibles au niveau du français, des l'importance de terminer un secondaire V, mathématiques et de l'anglais pour faire en l'importance d'avoir une base pour pouvoir être sorte que les plus faibles dans l'école puissent capables de s'adapter facilement au marché du réussir. Mais on savait que les moyens et les travail. Donc, c'est pour ça qu'on a pris le plus forts, eux autres, réussiraient bien trop virage au niveau de la formation professionnelle. rapidement. Au niveau de la formation de la main-d'oeuvre, Je serais curieux de connaître, dans les c'est la même chose. On a sorti, dans les budgets 40 % de décrocheurs au niveau secondaire, quelle précédents, des dizaines et des dizaines de est la catégorie d'étudiants qui décroche le plus. millions en recherche et développement pour Je serais curieux de savoir si ce ne sont pas des inciter les entreprises, parce que c'est vrai que... étudiants qui ont un potentiel plus fort qu'on Ça, je suis d'accord avec le député de Lévis retrouverait en grande majorité dans les décro- lorsqu'il dit qu'au Japon, on investit dans la cheurs, plus ceux qui étaient très faibles, qui matière grise. Ce n'est pas nécessairement le avaient des programmes adaptés. On appelait gouvernement qui investit dans la matière grise, cette formation le professionnel court. c'est les entrepreneurs, c'est les investisseurs. Le député de Gaspé, un ancien directeur Parce qu'eux, ils savent une chose, c'est que d'école, sait de quoi je parle quand je parle de pour pouvoir produire un produit de qualité, il formation professionnelle courte. On a aboli ça faut absolument qu'il y ait une main-d'oeuvre également dans nos écoles. Vous aussi, le député compétente, qualifiée. Donc, eux, ça fait long- de Laviolette. J'ai été 17 ans dans une école temps qu'ils le font. Chez nous, on n'avait pas secondaire. J'ai été directeur d'une polyvalente développé cette culture-là. On commence à le de 1800 étudiants, puis c'est le drame qu'on a faire. En recherche et développement, des vécu pendant toutes ces années-là. On a cherché, dizaines et des dizaines de millions. Plus que ça, à tous les ans, à savoir comment on était pour on a même annoncé, dans notre budget de se restructurer. On a enlevé le professionnel l'année passée, pour les individus qui veulent court. Tantôt, on disait: Ah, il y a beaucoup de sortir de l'usine pour aller en formation person- décrocheurs. Mais ces gens-là, ces étudiants-là, nelle, un congé sabbatique presque financé à on les accroche à quoi? Quel intérêt on a créé 90 %. dans les écoles? Quel intérêt on crée présente- On veut faire encore un pas supplémentaire. ment dans les écoles secondaires pour les On parle de créer une Société québécoise de maintenir à l'école? Il n'y en a pas. Il n'y a pas développement de la main-d'oeuvre rattachée aux de programmes qui sont faits pour ces gens-là. régions. C'est là qu'on se rattache au développe- On a dévalué la formation professionnelle courte ment régional du Québec. On a lancé notre dans les écoles polyvalentes, à cause d'eux politique de développement régional: structures autres. On a aboli les voies également dans les régionales. On parle de développer une société de programmes de français, de mathématiques et formation de la main-d'oeuvre au Québec: d'anglais, à cause d'eux autres. Puis, là, nos structures régionales. On fait la même chose au jeunes qui sont trop rapides, eux autres, à un niveau de la santé et des services de santé: 290 structures régionales. On s'est aperçu que c'est années, qui est toujours répétitif, ce n'est pas vers les régions que l'action se produit. Donc, il encourageant. faut restructurer nos régions pour que les gens Lorsqu'il citait tantôt le Mouvement Desjar- de la place puissent se prendre en main et se dins, oui, c'est un mouvement communautaire, développer. C'est dans ce sens-là. C'est ça, notre mais c'est cette pensée-là qu'il faut développer discours, présentement. On n'invente rien, sauf chez nous, une pensée communautaire. Il va qu'après avoir analysé pendant des années le falloir qu'on cesse de se battre sur la place problème québécois, parce que ce n'était pas un publique pour des idées souvent futiles. Il va problème facile à cerner, aujourd'hui, on s'aper- falloir que les gens commencent à travailler çoit que parler de formation de main-d'oeuvre, ensemble. Si on a un message positif à transmet- parler d'adaption de main-d'oeuvre, seulement en tre à notre population, bien, le message positif, parler, on ne changera pas le problème, on va le il va falloir qu'il vienne de l'Assemblée nationale, perpétuer. On agit, on pose des actions con- des gens qui sont élus par la population, de crètes. l'élite québécoise, dans le fond, M. le Président, Lorsque le député de Lévis parlait tantôt de de nos leaders, des gens qui viennent représenter ses routes, lorsqu'il faisait son «swingage», leur population. Mais, au lieu de passer leur comme il dit, de Québec-Montréal ou de Mont- temps à jouer un rôle qui est ingrat, probable- réal-Québec, ce qu'il a oublié de dire, c'est que ment pour eux autres, ils devraient essayer de de 1976... C'est vrai que c'est plate de revenir commencer à développer un message positif au sur le passé, je comprends, d'essayer de mettre Québec. le blâme sur l'ancien gouvernement, mais c'est C'est vrai qu'on peut devenir aussi bon que ça, M. le Président. On ne peut pas s'en sortir. les Japonais si on se donne la peine de le faire. Pas un sou, pas un demi-kilomètre d'autoroute C'est vrai qu'on peut devenir aussi bon que qui a été construit au Québec de 1976 à 1985. n'importe quel peuple sur terre, à une seule Mais ce n'est pas des farces! On n'a pas investi condition, à la condition qu'on se décide de dans ce domaine-là. On a essayé de maintenir ce travailler ensemble, à la condition qu'on se qu'on avait. On a investi dans d'autres choses. libéralise au niveau intellectuel également. Qu'on On a pris l'argent pour l'investir dans d'autres n'essaie pas de toujours, comment je pourrais choses, dans les communications. dire, s'encarcaner, d'empêcher les gens de On se ramasse dans les ministères, aujour- s'exprimer au Québec. C'est un petit peu ça. d'hui, avec des services de communications de On parle de l'enseignement de l'anglais, M. 50, 60, 70 personnes. Ça n'existait pas, ça, en le Président. Durant leur règne, on a diminué je 1976, mais eux, dans leur objectif d'atteindre ne sais pas combien de minutes d'enseignement l'indépendance du Québec, il fallait absolument de l'anglais. On passe une loi 101 et on dit: Vous faire en sorte qu'on puisse contrôler chacun des n'avez plus le droit de parler anglais au Québec. ministères, développer un plan, une stratégie et Oui, mais il dit: Comment on va faire, nous un message. Bien, là, ils ont paqueté les minis- autres, les francophones, pour que nos enfants tères, ils ont développé des services de com- apprennent l'anglais? Dans le fond, la loi 101 munications. C'est là qu'ils ont mis l'argent. Là, encourageait les anglophones parce qu'un anglo- on parle de dizaines et de dizaines de millions de phone, une famille anglaise au Québec, lui, dollars. On ne parle pas de milliers de dollars; pouvait envoyer son enfant à l'école française. on parle de dizaines et de dizaines de millions de Donc, on lui donnait la chance de devenir dollars pendant neuf ans. Quand on se demande bilingue. Moi, parce que mes parents ne sont pas où va l'argent, ils l'ont mis là, dans leurs allés dans une école anglophone, moi, je n'ai propres intérêts partisans. Ils ont voulu essayer pas le droit d'envoyer mes enfants dans une de noyer l'information au Québec pour essayer de école anglophone. gagner les gens, leur faire accroire qu'un Québec Mais c'est tout à fait stupide, M. le Prési- indépendant, c'est le paradis sur terre. C'est ça dent, une politique comme ça. On a fait en sorte qu'ils ont fait. C'est des dizaines et des dizaines que nos Québécois... Là, on s'est dit: Ce n'est de millions qu'on a pris dans la poche des gens pas grave, on va améliorer l'enseignement de pour faire ça. l'anglais au secondaire. Allez donc voir dans les M. le Président, Hydro-Québec, ça a été la écoles secondaires comment on enseigne l'anglais même chose. Ils ont dévalisé la caisse d'Hydro- aujourd'hui. Même dans le dernier régime qu'ils Québec par une loi que leur chef présentement, ont aménagé, on leur enlevait une heure par à l'époque où il était ministre des Finances, au semaine en plus de ça d'enseignement de l'an- Québec... Ils ont passé une loi pour aller cher- glais. Mais c'est ça. C'est ces gens-là qui veulent cher la caisse d'Hydro-Québec, de l'argent qu'ils gouverner le pays! On vous a vus pendant neuf avaient pour du développement hydroélectrique. ans, je pense que c'a été neuf ans de trop. Bien non. Ça n'a pas paru. Ça n'a pas paru parce Dans le fond, c'a été bon pour l'ensemble qu'ils manquaient d'argent eux aussi. Ils se sont des Québécois que vous ayez été au pouvoir au dit: La mine d'or, c'est Hydro-Québec. M. le moins pendant neuf ans. On a vu exactement ce Président, du moins pour ceux qui nous écoutent que vous étiez, ce que vous pouvez faire. Vous et qui écoutent ce discours-là qui dure des avez pris une dette de 5 000 000 000 $ en 1976, 291

vous l'avez montée à une trentaine de milliards virage qui va faire en sorte que le Québec va en 1985. Dans l'espace de neuf ans, ce n'est pas reprendre la place qu'il était en train de perdre, grave ça. «The sky is the limit!». II n'y a rien malheureusement, parce qu'il a été mal guidé là. On augmente les impôts, les taxes, et ils nous pendant un certain nombre d'années. Et ceux qui accusent d'augmenter les taxes et les impôts. l'ont mal guidé, ce ne sont pas les gens qui sont Mais, s'il y a quelqu'un, M. le Président, s'il y a de ce côté-ci de cette salle, M. le Président. un gouvernement dans ce Québec qui a été à Parlons de la Constitution maintenant. À l'origine de ce pouvoir - de cette noyade, si on l'automne, c'est-à-dire à la session intensive peut dire - de taxation, c'a été eux autres. d'automne, j'étais intervenu, justement, sur la Aujourd'hui, on est obligé de réparer ces cohérence de ce parti-là. À tout bout de champ, erreurs-là, tout en faisant en sorte de contrer le en Chambre, ils nous disent: Vous logez où sur déficit parce qu'augmenter un déficit, si peu le point de vue constitutionnel? C'est drôle, soit-il, c'est de prévoir des taxes pour ceux qui parce que le Parti libéral du Québec n'a jamais vont nous suivre. C'est ça qu'ils ont fait. Nous, changé sa position constitutionnelle. On s'est il faut en même temps maintenir une qualité de toujours déclarés, et on l'est encore, un parti services, faire en sorte qu'on puisse maintenir libéral du Québec dont l'option, c'est le fédéra- nos routes en bon état, faire en sorte de per- lisme renouvelé. C'est ça, notre option, et ça n'a mettre à l'ensemble des Québécois et des Québé- pas changé. coises d'avoir accès à une foule de services, Eux autres, ça a été la souveraineté-asso- maintenir ça, il faut absolument, en même temps, ciation avec, je ne sais pas comment il s'appelle, contrer notre déficit. Ça, c'est un exercice qui l'ancien qui... Je ne parle pas de l'ancien premier n'est pas facile à réussir. Mais on réussit quand ministre, mais celui qui a contribué à la mise sur même, malgré tous les problèmes qu'on peut pied de ce mouvement-là... M. Gilles Grégoire. vivre, malgré la récession. Comme gouvernement, Après ce mouvement, souveraineté-association, ça je crois qu'on a réussi à concentrer nos efforts a été la souveraineté association, sans trait sur le maintien d'une dette quand même assez d'union, avec trait d'union. Là, ils ont pris le basse. Mais, chaque fois qu'on va augmenter le pouvoir. Les Conservateurs sont arrivés sur la déficit de 100 000 000 $, de 200 000 000 $, de place publique, puis là ça a été «le beau risque.» 1 000 000 000 $, de 2 000 000 000 $, il y a des Tout d'un coup, ils sont devenus fédéralistes. gens qui vont nous suivre et qui vont le payer. Mais là, ils se sont aperçus que ça n'allait pas Ce n'est pas nous autres qui allons payer ça trop bien. Ils ont fait toutes les démarches parce qu'on ne sera plus ici. Ce sont nos jeunes nécessaires pour faire en sorte d'évincer le de tantôt qui vont travailler et c'est eux autres premier ministre du temps, M. Lévesque. C'est qui vont être taxés. eux autres qui l'ont mis dehors. N'oubliez pas ça. Ce gouvernement-là du temps a oublié de Là, on a amené l'affirmation nationale, penser à ça. Il pensait... Mais c'est vrai que, comme chef du parti. Tout le monde de l'autre dans leur philosophie, dans leur plan machiavé- côté l'applaudissait. L'affirmation nationale, ça a lique, ils pensaient même imprimer de l'argent été tellement fort qu'ils l'ont congédié lui aussi. parce qu'ils voulaient faire la piastre québécoise. Ça a été ça. Et là, aujourd'hui, on arrive avec C'est facile. C'est le style à Caouette. On va un autre. C'est la souveraineté, pas la souverai- imprimer de l'argent et on va payer nos dettes, neté, l'indépendance du Québec. Mais là, dans sans connaître la valeur que le dollar canadien l'indépendance du Québec, c'est avec le dollar ou québécois aurait pu avoir à ce moment-là. québécois. Pas le dollar canadien. Bien, je ne le Tout ça, M. le Président, pour dire que les sais plus. Ça va probablement être l'écu, on ne orientations, elles sont connues de la part de le sait pas. l'ensemble des Québécois. Autant au niveau du développement régional, il y a une politique qui Une voix: Union monétaire. est avancée, autant au niveau du développement de la main-d'oeuvre au Québec, il y a un énoncé M. Marcil: Union monétaire. Ensuite, ça a de politique qui a été mis sur table, il y a eu été la citoyenneté québécoise. une consultation publique, le projet de loi va suivre son cours. Autant au niveau du dévelop- Une voix:... pement ou de la restructuration des services de la santé et des services sociaux au Québec, on a M. Marcil: Non, non, on va garder notre créé, M. le Président, par cette réforme, une passeport canadien. On veut être indépendant. société régionale également. Comme disait mon collègue qui est intervenu ce (16 heures) matin, on veut être indépendant, mais avoir tous Le comité Poulin qui a été formé également les avantages de la Fédération et avoir tous les d'un ensemble de députés: 17 députés du parti avantages d'être indépendant. Là, on ne sait plus ministériel. On a fait un exercice en concertation sur quel bord... Tu sais, c'est comme celui et avec nos collègues ministres. Je crois qu'avec les celle qui décident de se marier. Ils veulent être années - quand on parie d'années, on prend ça à ensemble uniquement pour faire des enfants, mais très court terme - on va réussir à prendre le pour les élever, il y en a un qui décide: Bon, 292 moi, je ne veux pas être là. Je suis le père ou je understood clearly that we would never have suis la mère, mais je ne veux pas participer à power; we understood clearly that we would not l'éducation de mes enfants. C'est un petit peu constitute a political formation attempting to do ça. C'est tout à fait loufoque, dans le fond, leur the same thing as either the Liberals or the démarche. Parti québécois. But we also believed, not only Ça fait que dans le domaine constitutionnel, on issues touching on Anglophones, or on Bill M. le Président, on met une commission, une 101, or matters of that kind, but on a great super-commission sur pied. On accouche des number of other matters, that the situation had recommandations, on dépose une loi avec un now arisen where almost anyone who stood for échéancier, la loi 150, octobre 1992. Ils votent the established political parties was boxed into a contre. Ils s'en vont sur la place publique avec position of having to defend certain arguments, des pétitions pour nous obliger à faire le réfé- almost as if they were canonical doctrines of his rendum. Comprenez-vous ça, là? Ils sont contre Church, rather than in terms of their correspon- la loi 150 et ils s'en vont avec des petits papiers dence to the social and economic realities of faire signer tout le monde en disant: Aïe! il faut Québec today. dire au gouvernement qu'il respecte la loi 150, I would say, as an example of this, that we mais ils ont voté contre, M. le Président. can all see now that the present Québec Govern- Donc, en conclusion, M. le Président, c'est ment is clearly one that has certain very capable décourageant de voir comme ça des élus qui people in it. After all, the senior Members of peuvent faire des discours, si enflammés soient- the Cabinet have between them probably more ils, faire en sorte qu'on rend confus à peu près years of governmental experience than you can tout ce qui est possible au Québec. On n'est pas generally find in most governments at either the capable d'essayer de développer ensemble un provincial or federal level. We all know that discours avec une unité de pensée, avec une they are, as are their leading critics on the unité d'action. Moi, je crois que l'avenir du other side of the House, men and women of Québec et l'avenir du Canada - et on le voit, ce character and capacity and intelligence; their qui se passe entre les provinces également - ce ability to direct their Ministry is not really as sera une réussite totale la journée où les Québé- much up to question as the Official Opposition cois et les Québécoises et toutes les communau- must pretend. tés qui composent cette société québécoise But we also know that the province today décideront de développer ensemble une unité de has very serious problems, some of them touch- pensée et une unité d'action. Merci, M. le ing on the constitutional issue, but some of them Président. long-term problems, which have been evolving over the whole last half century and are only Des voix: Bravo! Bravo! tangentially connected with relations between Anglophones and Francophones and with the Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. relationship between Québec and the rest of le député de Salaberry-Soulanges. Sur le même Canada. For example, it is surely clear by now sujet, je cède la parole à M. le député de that the prosperity and success of Québec, and Jacques-Cartier. of Canada as a whole to some extent, was tied closely to a particular stage in the development M. Neil Cameron of a capitalist and industrial economy from the late 19th Century to about the 1960s. M. Cameron: Merci, M. le Président. To It is no longer possible for Canadians as a begin with, I must say as usual, I listen always whole, or for Quebeckers, to assume that we will with astonishment and admiration at the sheer be guaranteed that kind of prosperity in the enthusiasm with which the Member for Lévis future, that we will occupy the same role in makes his case. On the other hand, I think my terms of power, influence, wealth, comfort, colleague from Salaberry-Soulanges had more social justice, what have you, in the future that common sense in his argument. My own position we did in the past unless we make intelligent and that of my political grouping, of course, is decisions, that we are facing types of competi- one that allows rather more latitude than either tion and types of economic change that were of the speakers for the Official Opposition or never a really serious concern for Québec or for the Government can take in looking closely Canada in the past and that, furthermore, we all at just what are the real problems of 's suspect that we are not responding to these society and Government right now. pressure very well. So, rather than trying to make the largest Let us consider seriously some of the number of partisan points I can, I will try to reasons why the Government of Québec is not deal with some of those issues. I will do so with responding too well or too successfully but, to a hope, perhaps forlorn, but I hope not entirely be frank, I am very skeptical as to whether a so, that in at least a small way I can contribute Parti québécois government would constitute an to changing the climate of opinion. That is the improvement on many of these questions either. real reason that we ran in the last election. We One of them is the increasing importance 293

of what an American social thinker named Daniel because the rules are so different on readmitting Bell called «the cultural contradictions of students to school, college, cegep or something capitalism», that is to say: we are living in a of the sort. What constitutes a dropout is so society where capitalism has given us more hard to define in terms of whether people come wealth and comfort than ever before in history back or are taking only a course or two, and but, also, is annihilating our traditional social because of the heterogeneous mixture of reasons institutions at almost the same rate. So, things they leave. I know since I teach young people tike families, communities, churches, neighbor- every year. I check them out all the time as to hoods, ethnic groupings, all kind of things that which ones are dropping out and what reasons provided strength and assurance for individual they have. They are all over the house, they citizens in their lives are boiled away by the are not a consistent pattern. sheer homogenizing force of things like world- I do not know that the greatest successes wide capitalist products and services, the Cable in improving the situation for our young people News Network and all the rest of it. will come through a greater expenditure and the (16 h 10) creation of new bureaucrats to study the pro- That is difficult for all Western societies blems of dropping out. I think it is more impor- today. The Member for Lévis held up the Japa- tant to look at things like the quality of ins- nese as an interesting model for emulation with truction in the French and English languages their celebrated social solidarity. The Japanese right at the outset in the school system, and to can be interesting beings to us, but let us face move resources, if there is only a set amount of it, neither Québécois nor North Americans in resources available, especially to the lower level general are very much like the Japanese. Frank- of the educational sector. In my experience as ly, I suspect that we could head into far worse someone who has generally taught in the secon- economic circumstances than we are in now, dary and postsecondary sector, if children are more disastrous problems with our Government, given a good foundation in their language and more disastrous problems with our industry, and are given confidence in it, they can survive a it would not lead to the ordinary man or woman really disastrous educational system later on, of modern Québec, Anglophone or Francophone, whereas if they are poorly founded at the Québécois «de souche» or immigrants suddenly outset, even if you put them in a good college transforming themselves into people something or university, all they do is panic and disappear. like the executives of the Honda Motor Works. I So, I hope that will be kept in mind. find this no more likely, offhand, than their On the issue of economy, the greatest converting themselves into a collection of concern we obviously have is the level of debt. Marxist-Leninist revolutionaries, or Latin Ameri- It seems to me that on this particular issue, can priests, or whatever you wish to choose as both the Government and the Opposition spokes- your analogy. We are stuck with the kind of men are required to be a bit disingenuous and people we are. And if we want to function highly hypocritical. Surely, it is the case that efficiently in the economy of the 21st Century, the overall level of public debt today and the we have to deal with the potentialities of our deficits with which the Ministers have to deal actual Government and our actual people. with each year now are to some extent because What can we actually do anything about of large errors made in the expansion of the and what can the Government do something public sector in the 1970s and in 1980s that were about? Well, the first thing that I think the made by both the Liberals and the Parti québé- Government can have a genuine influence on is cois. I should also say, to be fair, those mistakes in education. It cannot necessarily do the things were to no small extent made by society at large that are as grand as we often hear said in this as well. That is, we all underestimated how much Assembly or in other public meetings, but it is we were going to get ourselves into trouble true that it is possible, within the contraints when we thought, only a decade or two ago, even of a restricted budget or high deficits, for that we could simply keep spending more money good decisions to be made on how the educa- to provide more generous services in health, tional system will work. I hope that the Commis- more generous services in education, more sion on Education, all of its members, including generous services in welfare without really myself and members of both parties, are going to recognizing the full terrifying economic implica- find instrumentalities to do this, but I would tions. point out that the issues that are often made Now, I do not believe that any democrati- most of, in terms of public relations or fashiona- cally elected government really wants to face the ble interest, are not necessarily the most vital implications, because one of the implica- ones for the future. tions - let us be blunt; I am perhaps the only For instance, the central focus of attention person in the House who can mention this - is right now is on the dropout rate in Québec. The that you have to break union contracts, you dropout rate is a serious problem, but it can be have to fight the unions, you have to take the exaggerated. In the first place, it is hard to unions on, and you have to get into a head-on compare statistics from one place to another battle with all of them. 294

Nobody talks about this in politics anymore, lism maintained, we would like to see this but if we do not... And I grant the fact that the country maintained. If that involves a federalism unions can quite honestly say: Well, there were as it is so often put "profondément renouvelé", undertakings made, word was given, contracts then, so be it. were signed, our expectations are reasonable, I have a suspicion that a federalism "pro- they are fair and, as a matter of fact, we are fondément renouvelé" may turn out to be a not even doing very well, we are getting no nightmare to actually administer. I wonder, for salary increases, we are getting no improvement example, how many people, in the current in conditions, and so on down the line. But, as arguments about the Constitution, when they we all know, unfortunately, no matter how good start talking about the Senate, have really their arguments are, this society - and it is not contemplated what a horrifying idea it is to have just Québec, the same situation is true for the Senate doing anything, except what it does Ontario and the other provinces - does not now. That is, a genuinely ineffective Senate, I know how to pay the amount of money necessary think, is a splendid idea. I wish people would to maintain those contracts with all the built-in remember Sir John A. Macdonald's own view of escalators they have for things like seniority and the Senate. He once said: «You have to have so on down the line. At some point, there will charities for everyone, including the rich.» be a crack. So, it is a good idea at least for it So, if we move instead into areas like a to be mentioned in this House now. massive reconstruction of our entire system of Then, on other issues to do with the government, in many cases, note, probably economy, perhaps I should say something about providing no special advantages for Québec or James Bay. Despite the fact that I was one of for French culture or for the French language or those who raised a number of protests, com- for many of the things that were supposed to plaints and questions about James Bay II from have started this whole tangle in the first place, when I first arrived here, particularly on the it is quite possible we will simply get a more financing, the timetable, the advisability and so misgoverned Canada. So, I think I would prefer on, I wll admit I have an occasional bout of just a little "renouvelé", not "profondément re- sympathy for the Government and even for the nouvelé". Minister of Resources in what is a ministry However, if we get it, I would certainly which now, I think, has to deal with an agoniz- support it and I believe all the Members of our ing situation. political formation would, because I am less The problem is not, even though it gets the interested in the exact technical details by which most publicity in the media, the relationship with this process is done than in the preservation of the Crée. The problem is partly that all genuine- an economically, socially strong, united and free ly ambitious projects of this kind to develop Canada of which Québec is a major and vital power in modern North America are far scarier component. Merci, M. le Président. than they used to be by the combination of the fact that the technological advance gets more Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, je and more rapid, and so does the ability of suis prêt à reconnaître le prochain intervenant. protest groups of all kinds, veto groups, if you En vertu des règles de l'alternance, Mme la like, to oppose almost any kind of power ministre responsable des Affaires culturelles, throughout North America. The result is that if allez-y. you set up anything with a long timetable plan, (16 h 20) unless you have extremely low interest rates, in other words, unless the cost of money gets down Mme Uza Frulla-Hébert below 6%, then, you are going to face some kind of danger even if you can make a very good Mme Frulla-Hébert: Merci, M. le Président. case for your power project. Je suis fière aujourd'hui de participer à ce débat I hope the Government will recognize the sur le discours inaugural, précisément aussi fact that James Bay may be a hopeless case, no après ce que j'ai entendu, notamment du député matter how many impressive arguments Mr. de Lévis, le député de Lévis, qui parlait d'infla- Drouin and others can make for it. I think its tion verbale, en parlant de ceux qui essaient day is gone, I think it was gone several years d'apporter des éléments neufs et des éléments de ago. And I think that is true despite the fact solution qui sont aussi créateurs et qui sont là that in the eyes of God, hydroelectric is in many pour affronter les grands débats des années ways a very good system of producing power. quatre-vingt-dix. Ce que j'ai entendu du député On the constitutional issue, I do not know de Lévis, c'est plutôt une purge verbale, c'est-à- whether I should really add anything to what has dire critiquer, critiquer, critiquer et ne pas been said by so many people already. I think the apporter de solution neuve. Dans certains most important thing that I could say about it domaines, on a parlé des routes, oui, on a parlé here is, of course, that in many respects, our d'éducation, on a critiqué le système d'éducation, position is not very far different from Members mais je n'ai pas entendu certaines solutions qui of the Government. We would like to see federa- pourraient faire en sorte que nos jeunes puissent 295

être intéressés à demeurer à l'école. d'ailleurs sans cesse notre identité, nous rappeler Une de ces solutions-là, M. le Président, qui on était, une identité culturelle qui, à nous, c'est évidemment la culture. Vous me voyez nous est propre, une culture qui rayonne ici venir, M. le Président. On peut bien parler de comme à l'étranger. Quand on pense à des culture, on peut bien avoir un très beau dis- Gratien Gélinas, Marie-Claire Biais, Robert cours, mais il faut aussi agir. Le gouvernement Lepage, Edouard Lock, Louise Lecavalier, Michel d'en face, à ce que je sache, a parlé de culture, Rivard, Borduas, et je vais aussi ajouter, M. le mais, quand on reprend les dossiers, on s'aper- Président, quand on pense à Roch Voisine, en çoit qu'il n'y a pas grand-chose qui a été fait, France, quand on pense à Céline Dion aussi, ces M. le Président. Alors, nous, nous avons décidé artistes ont et continuent de nous représenter de prendre certaines initiatives, c'est-à-dire chez nous et, maintenant, avec énormément de de - et ce n'est pas facile, M. le Prési- succès à l'étranger. Donc, notre culture, M. le dent - développer une politique culturelle, pour Président, s'inscrit dans les grands courants la première fois au Québec, une politique qui se internationaux. doit d'être définie et applicable. On est d'ail- Quand on pense aussi aux Grands Ballets leurs, actuellement, à la rédaction de cette canadiens, au musée des Beaux-Arts, à l'Orches- politique, une rédaction qui va s'inspirer des 264 tre symphonique de Québec, à celui de Montréal, mémoires qui ont été déposés en commission au musée McCord, au Théâtre du Rideau vert, du parlementaire l'automne dernier. C'est d'ailleurs Nouveau Monde, du Trident, au Cirque du Soleil, un nombre record d'intervenants qui se sont fait aux Opéras de Montréal et de Québec, on pense entendre. à nos industries culturelles qui ont su canaliser Ce qui est encourageant, M. le Président, l'énergie créatrice, administrer des budgets, c'est que tous étaient au rendez-vous et tous se petits et grands, avec une compétence que le sont prononcés sur la question, autant le milieu secteur économique pourrait facilement leur des arts et de la culture, autant le milieu des envier. affaires, le milieu des municipalités et le milieu D'hier à demain, c'est la culture qui nous de l'éducation, le milieu syndical, le milieu permet de communiquer dans l'espace et dans le ethnoculturel, pour ne nommer que ceux-là, M. le temps, avec nos ancêtres comme aussi avec nos Président. Il s'agissait, et c'est encourageant de contemporains. Elle nous permet, à nous, de nous le voir, d'une véritable mobilisation. C'est définir face à nous-mêmes et aussi face aux pourquoi, M. le Président, j'invite aujourd'hui autres. Elle nous permet aussi de nous définir tous mes collègues, autant ceux de ce côté-ci de avec les autres, avec toutes les cultures qui la Chambre que ceux d'en face, à s'associer à la viennent enrichir la nôtre. M. le Président, réalisation d'un grand projet de société. lorsque son unicité est forte, lorsque son identité On parle de projet de société, M. le est solide, la culture reçoit et la culture donne. Président, on parle de manque d'imagination; on Si on la respecte dans son originalité, dans ce accuse et on s'accuse de part et d'autre, alors qui la distingue, elle s'ouvre d'autant plus à ce moi, je fais une invitation toute grande ouverte, qui se distingue d'elle. M. le Président, à tous, à un projet de société La culture, M. le Président, c'est aussi puisque cette politique culturelle nous concerne notre langue. Elle est aussi le témoin de notre tous. Elle concerne les créateurs, elle concerne identité. Sans elle, nous ne sommes plus ce que les industries culturelles, elle concerne la nous sommes. Sans la culture québécoise, la population et elle concerne ceux qui forment le société québécoise n'a plus d'empreintes digitales. gouvernement, c'est-à-dire un projet qui, telle la Ça me surprend, M. le Président, qu'on n'en ait commission parlementaire, est un projet qui fait pas entendu parler plus, parce que c'est un appel à une mobilisation générale. secteur qui est si important pour ce que nous Maintenant, M. le Président, avant de parler sommes et pour notre essence même. de culture, avant même de parler d'industrie Vous savez, M. le Président, notre culture a culturelle, avant même de parler de politique su transformer ses handicaps - parce qu'on n'est culturelle, il faut, d'abord et avant tout, parler pas beaucoup - contre des atouts et, depuis le de la matière première, M. le Président, et, nous, premier jour, le pouls culturel du Québec n'a notre matière première, ce n'est pas les forêts, jamais cessé de battre. L'État aussi a misé sur ce n'est pas les mines, ce n'est pas les routes, cette vitalité. Dans un premier temps, à l'égard c'est la création, M. le Président. Ce sont les du patrimoine, ce patrimoine qui trace notre créateurs qui disent, chantent, interprètent et histoire, véritable fil d'Ariane de notre mémoire. illustrent ce que nous avons été, ce que nous C'est ainsi que, M. le Président, nous avons, au sommes profondément, ce par quoi nous nous Québec - ce n'est pas le fédéral, M. le Prési- reconnaissons et sommes reconnus distincts, M. dent, c'est ici, au Québec - rédigé les premières le Président: notre culture. lois. En 1922, on assiste à la création de la Nos créateurs, eux, ont évolué à pas de Commission des monuments historiques; en 1933, géant. On se rappelle ce qu'il y avait il y a 30 à l'ouverture du Musée du Québec. L'État ans; il n'y avait rien, M. le Président, et, s'engage aussi dans la formation de nos jeunes maintenant, nos créateurs ont su réaffirmer créateurs. En 1942, la fondation du Conservatoire 296 de musique de Montréal; en 1954, la fondation du À ce titre, le gouvernement du Québec, M. Conservatoire d'art dramatique de Montréal. le Président, et on s'en souvient - ce que le L'État se préoccupe aussi de l'accessibilité de la député de Lévis appelait «inflation verba- culture en créant, en 1959, un premier service de le» - dévoilait, en décembre dernier, sa stratégie bibliothèques publiques. de développement industriel. 14 secteurs clés ont Fin des années cinquante, début des années été identifiés de grappes industrielles. De ces 14 soixante, là, il y a un courant mondial. Les grappes, 5 sont perçues comme ayant déjà les sociétés démocratiques reconnaissent le besoin reins assez solides pour être concurrentielles sur d'intervention de l'État en matière de culture. la scène mondiale. Les autres sont considérées Évidemment, le Québec suit aussi le courant. comme stratégiques, c'est-à-dire qu'elles jouent C'est sous un gouvernement libéral, en 1961, déjà un rôle important dans le développement qu'il y a la création du ministère des Affaires économique du Québec. Les industries culturelles culturelles. constituent l'une de ces grappes, M. le Président, Comme vous le voyez, M. le Président, on et nous en sommes fiers. C'est la première fois est bien loin de l'Acte constitutionnel de 1867 où qu'un gouvernement reconnaît la véritable place on ne retrouve aucune mention, même brève, sur de la culture au sein de l'économie. Voilà un la culture, ce qui ne facilite pas non plus notre constat que j'entends désormais rappeler haut et débat constitutionnel. C'est à pas de géant que fort, dans un langage inspiré par la passion de l'évolution s'est faite et c'est à pas de géant nos artistes et par la certitude de nos gains qu'elle continue de se faire. En 1962, création de économiques réels. l'Office de la langue française; 1963, inauguration (16 h 30) de la Place des Arts; 1964, création du musée L'industrie culturelle représente une activité d'Art contemporain; 1967, création de la Biblio- économique de l'ordre de 3 500 000 000 $ par thèque nationale du Québec; 1971, ouverture du année. En fait, si on le compare à nos Grand Théâtre de Québec; 1988, ouverture du 22 secteurs manufacturiers, le secteur culturel musée de la Civilisation. arrive au neuvième rang quant à la valeur C'est aussi en 1987-1988 que notre gouver- des livraisons. On estime qu'en 1990 les Québé- nement, M. le Président, adopte les lois 90 et 78 cois ont acheté des disques pour 345 000 000 $. par lesquelles on reconnaît un statut profession- Ils ont aussi assisté à des spectacles pour nel à nos artistes. Ces lois, M. le Président, 105 000 000 $. Ils se sont procuré des livres étaient uniques au monde, elles étaient progres- pour 470 000 000 $. Pour cette même année, les sistes. C'est notre gouvernement, M. le Président, bibliothèques publiques ont acheté, à elles seules, qui posait ce geste concret. Elles répondaient pour environ 20 000 000 $ de livres. Les gens aux besoins réels des artistes d'être considérés ont dépensé 215 000 000 $ dans l'achat de films comme des travailleurs autonomes et d'avoir aussi ou la location de vidéocassettes et 85 000 000 $ un statut professionnel. Ces lois ont été rendues au cinéma. possibles parce qu'il y avait déjà une collabora- En termes d'emplois, on retrouve plus de tion entre le gouvernement et les milieux 25 000 emplois dans ce qu'on définit comme culturels. À ce jour, on peut se vanter de dire industries culturelles, c'est-à-dire des gens que 11 associations ont été reconnues, dont provenant des entreprises privées oeuvrant en l'Union des artistes, la Guilde des musiciens, la production et en diffusion de films, émissions de Société des auteurs, l'Union des écrivains, le télévision, vidéocassettes, disques, spectacles et Conseil des métiers d'art et ce, pour n'en livres. Si on ajoute à ça les autres emplois nommer que quelques-unes. Elles regroupent associés au secteur culturel global, c'est-à-dire aussi et représentent plus de 15 000 membres. musées et bibliothèques, on parle de 75 000 Elles sont le coeur de 100 organismes, corpora- emplois. Et ces industries culturelles comptent tions, troupes et autres structures qui, depuis sur plus de 2500 PME, et ce, réparties à travers maintenant des années - c'est-à-dire depuis toute les régions du Québec. Voilà les chiffres, 1985 - constituent la coalition du monde des arts M. le Président, dont on ne parle pas souvent, et de la culture. dont on n'a jamais parlé, mais qui, eux, parlent C'est sous le signe de la transparence, M. d'eux-mêmes. le Président, que mon ministère a développé ses Les produits culturels québécois peuvent relations avec le milieu des arts, des lettres et non seulement véhiculer l'identité des Québécois, de la culture. C'est encore sous le signe de la mais ils peuvent également jouer un rôle impor- transparence que nous développons notre politi- tant, très important, au sein de l'économie. En que culturelle, notre projet de société. Un projet 1991, le rapport Arpin nous proposait de faire de société où le soutien des arts mène à l'excel- une nouvelle synthèse et d'énoncer de nouvelles lence de la création, où la seule élévation de orientations en matière de culture. Vous vous l'esprit devient un dividende pour la société. Il rappelez, M. le Président, je vous disais tout à est d'autant plus légitime d'en parler dans ces l'heure que nous avions invité tous les milieux à termes, M. le Président, que le secteur culturel se prononcer en commission parlementaire. En connaît aujourd'hui un véritable impact sur le effet, nous avons entendu, en plus des inter- plan économique. venants du milieu culturel, des représentants de 297 tous les autres milieux. Il y avait Alcan, Bell, çant, j'ai la conviction profonce qu'elle marquera Québécor, la ville de Montréal, la ville de une étape fondamentale du développement Québec, l'Union des municipalités, l'Université culturel de notre société, du rayonnement aussi Laval, l'Université du Québec, la Fédération des de notre société à l'heure où on parle de cégeps. Et je n'en nomme que quelques-uns, globalisation et d'internationalisation. puisqu'on avait 264 mémoires et représentations. M. le Président, nous avons ici, au Québec, C'est une des commissions les plus importantes un atout que personne n'a en Amérique du Nord, que le Québec n'ait jamais tenues. Et tous, sur c'est-à-dire notre culture distincte. C'est un les 264 représentations, sont arrivés à un défi, c'est vrai, un grand défi, mais le Québec a consensus sur le fait que la culture doit être tout le talent pour le relever et c'est pour ça considérée au même palier que le social et que j'appelle cette politique culturelle un projet l'économique, et qu'elle doit aussi se trouver des de société. Merci, M. le Président. partenaires pour atteindre l'excellence. La politique culturelle, c'est un projet si Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, important pour notre société que plus de la Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys et moitié des ministères sont et seront concernés ministre des Affaires culturelles. Sur le même par elle. Plus de la moitié des ministères par- sujet, je cède la parole à M. le député de ticipent présentement à son développement et Pointe-aux-Trembles. plus de la moitié des ministères deviendront des partenaires de la culture. Parmi nos partenaires, M. Michel Bourdon parmi nos alliés naturels... J'en parlais tantôt, M. le Président, et le député de Lévis y a fait M. Bourdon: M. le Président, le discours référence, et d'autres députés y ont fait référen- inaugural auquel nous avons eu droit récemment ce: on interpelle le milieu de l'éducation. Il faut était ce qu'il est convenu d'appeler une mer de accorder une plus grande place à la culture et à paroles dans un désert d'idées. On a beau le lire l'enseignement des arts dans les écoles. Pour- et le relire, on ne trouve pas, dans ce discours, quoi? Parce que c'est là que la notion de société des idées susceptibles de mobiliser la population commence à prendre son sens. C'est là prin- vers des objectifs qui soient attrayants. cipalement que l'avenir se projette. À l'école, on M. le Président, c'est un gouvernement enseigne, on éduque et on forme. On peut former essoufflé, fatigué, divisé, partagé, dont la à écouter, à voir, à reconnaître le beau et le population est fatiguée, d'ailleurs. Il n'y a qu'à vrai. La littérature, la musique, le théâtre et la aller rencontrer les gens dans nos circonscrip- danse doivent prendre une place de premier plan tions pour s'en convaincre. Il ne nous propose dans les écoles. Il faut les ramener dans les rien qui puisse pallier à ce que, moi, j'appelle, écoles. au Québec, un déficit d'espoir. Il y a trop de Lorsqu'on éduque le goût des enfants, on personnes, il y a trop de groupes dans la société stimule aussi leur curiosité. Et, en effet, M. le québécoise qui ne trouvent plus de motifs d'aller Président, l'habitude de la lecture et les pro- de l'avant parce qu'on a un gouvernement qui grammes scolaires axés aussi sur les arts n'a pas de leadership. On a un gouvernement qui entraînent - et c'est prouvé - une plus grande se comporte en comptable et qui n'inspire pas la capacité de concentration qui transpire sur population. toutes les autres matières scolaires. Elle entraîne La ministre des Affaires culturelles a fait aussi une fréquentation plus assidue des salles de un plaidoyer vibrant en faveur de la culture concert, de théâtre, de cinéma et des musées. québécoise et je suis tout prêt à croire, M. le Elle prévient aussi - et c'est prouvé, il y a des Président, qu'elle a la foi, mais il manque les projets-pilotes - le décrochage. Elle répond à oeuvres. Les oeuvres, ce serait une politique du certains besoins sociaux dans des secteurs gouvernement du Québec qui encourage la culture défavorisés. La culture et l'éducation sont des alors que, dans le passé récent, la seule chose vases communicants, M. le Président, où le par- que ce gouvernement ait trouvé à faire au sujet tenariat - et c'est prouvé maintenant - profite à de la culture, c'est de la taxer à compter du 1er tous. juillet en appliquant les 8 % de la TVQ à tous En guise de conclusion, M. le Président, les concerts, à tous les spectacles, à toutes les lorsqu'on examine la question dans son ensemble, pièces de théâtre, même aux films qu'on va voir on se doit de conclure à la nécessité d'une et qui vont s'ajouter à deux autres taxes, M. le politique culturelle définie, développée et appli- Président. cable. À l'aube de l'an 2000, nous devons nous Je veux bien qu'on fasse un discours pour tourner résolument vers l'avenir en misant sur dire la fierté qu'on éprouve quand Roch Voisine notre atout exceptionnel. Il n'appartient qu'à chante en France ou quand Céline Dion chante à nous, M. le Président, notre dynamisme culturel. la cérémonie des Oscar, mais il faudrait qu'il n'y Notre culture doit prendre sa place parmi les ait pas juste la foi, qu'il y ait les oeuvres, et plus grandes cultures des plus grandes sociétés qu'à compter du 1er juillet on ne dissuade pas du monde. Cette politique culturelle survient à les Québécois d'aller écouter Roch Voisine, un moment crucial de notre histoire. En l'annon- Céline Dion ou d'autres de notre monde culturel 298 en ayant trois taxes: une de 10 % qui est la l'organisme fédéral qui réglemente la radio et la vieille taxe d'amusement que les municipalités télévision, pour passer de 21 à 10 heures. Donc, ont depuis des décennies et avec laquelle Mont- en à peine cinq, six années, une programmation réal finançait ses investissements dans la culture, régionale pour et par les gens de Québec passe plus les 7 % de la sempiternelle TPS que ce de 30 à 21 heures, puis à 10 heures. gouvernement imite et a l'intention d'administrer, M. le Président, il n'y a pas que le réseau parce qu'il est à genoux devant les fédéraux, et, TVA qui est en cause dans la région de Québec. finalement, à compter du 1er juillet, on veut Radio-Canada diffuse un maigre 12 heures par appliquer les 8 % de la TVQ au monde culturel. semaine dans la région de Québec. De son côté, C'est donc dire, M. le Président, 10 % plus 7 % télévision Quatre-Saisons a le championnat à la plus 8 % composés, parce que les 8 % vont baisse avec à peine 9 heures par semaine de s'ajouter par-dessus les 7 %, lesquels s'ajoutent télévision dans la région de Québec. C'est dire, par-dessus les 10 %, on va arriver à 26,5 %. M. le Président, que la région de Québec, qui (16 h 40) recouvre un bassin de presque 1 000 000 de Alors, si la ministre est si fière des spec- population, quand on regarde les régions avoisi- tacles, des pièces de théâtre, des concerts qu'on nantes desservies par les mêmes stations de peut entendre, pourquoi son gouvernement fait- télévision, se trouve privée d'une production il en sorte qu'il y ait de moins en moins de gens régionale qui est essentielle notamment en qui y aillent parce qu'il y a des taxes prohibi- matière d'information, que ce soit les nouvelles tives dessus? Et ça, M. le Président, je pense ou que ce soit les affaires publiques. que c'est le vieux problème de la foi versus les Donc, en plus du maire de Québec, de oeuvres. Il y a le dogme qu'on met de l'avant, l'Université Laval et de bien d'autres groupes de mais au plan des oeuvres... Vous avez vu, M. le la région de Québec, il y a la Fédération profes- Président, ce que ce gouvernement a dit récem- sionnelle des journalistes du Québec, qui regrou- ment. Il est prêt à renoncer à la taxe d'amu- pe 1100 journalistes, et qui se préoccupe d'éthi- sement parce qu'elle n'est pas à lui. Voilà un bel que professionnelle, de déontologie et également exemple d'abnégation, un gouvernement qui dit: du droit du public à l'information, qui disait, et La culture est trop taxée, on va enlever la taxe je cite, M. le Président: «La région de Québec où des municipalités. C'est généreux de faire un siège pourtant le gouvernement du Québec vit don à même le butin des autres, en ayant une actuellement une situation désastreuse en matière petite compensation insuffisante pendant quelques d'information locale, particulièrement, du côté de années. Donc, M. le Président, c'est un gouver- la presse télévisuelle.» Un peu plus loin, dans le nement qui a de la misère à avoir non pas seu- même communiqué, la Fédération professionnelle lement la foi, mais aussi les oeuvres. des journalistes disait: «La FPJQ tient à rappeler Et puisque la ministre a parlé de la culture, qu'à chaque recul de l'information locale, c'est la je voudrais parler, M. le Président, des com- capacité des citoyens d'exercer leurs droits munications, puisque la radio et la télévision, au démocratiques qui s'érode». Fin de la citation. Québec comme ailleurs, sont le principal moyen Or, M. le Président, le gouvernement fé- de divertissement, d'information et de culture de déral est au coeur du dépérissement de la té- la population. Or, au plan des communications, lévision en région, au Québec. Il n'y a pas que M. le Président, ça va très mal. On l'a vu encore la région de Québec qui soit touchée. On se récemment ici, dans la capitale, à Québec, quand rappelle, il y a à peine un an et demi, la fer- on a vu le maire de Québec, M. Jean-Paul meture, par Radio-Canada, de ses stations ré- L'Allier, à la tête d'un groupe important d'orga- gionales à Rimouski, Matane et Sept-îles. Cela nisations de la capitale, un regroupement qui en a eu un impact sur la télévision de Radio-Canada plus du maire de Québec comprend 11 organisa- à Québec puisqu'on lui a donné le mandat de tions comme l'Université Laval, le ConseH de couvrir l'ensemble de l'Est du Québec, ce qui a concertation et de développement de Québec, la réduit l'information pour la région de Québec Communauté urbaine de Québec, et le Conseil de proprement dite. la culture de la région de Québec, s'opposer à la M. le Président, on se rappelle, il y a un demande de Télé-Métropole, tête de pont du an et quelques mois, que les gens des régions réseau TVA, de réduire la programmation de la comme la Côte-Nord, le Bas-Saint-Laurent-Gas- région de Québec via la station de Québec, pésie et le Bas-du-Fleuve voyaient un soir, à la CFCM, qui est affiliée à TVA. télévision de Québec de Radio-Canada, un M. le Président, je comprends le maire de reportage sur les canons à neige au mont Sainte- Québec et on comprend aussi les autres organis- Anne et, en même temps, pas un mot de la mes d'être inquiets quand on voit qu'en 1986 le tempête de neige qui leur donnait presque un gouvernement actuel a aboli la présence de mètre de neige sur la Côte-Nord, le Bas-Saint- Radio-Québec dans la capitale nationale à Québec Laurent-Gaspésie et le Bas-du-Fleuve. Et ce et que la même année, CFCM, qui appartient au n'est pas la faute des artisans de Radio-Canada à réseau TVA, donc, à Télé-Métropole, a diminué Québec, M. le Président. Leur syndicat des sa programmation dans la région de Québec de 30 journalistes en tête, ils ont vertement, fréquem- à 21 heures, et maintenant est devant le CRTC, ment protesté contre la fermeture des stations 299

de Radio-Canada à Matane, Rimouski et Sept- ce n'est malheureusement pas Radio-Canada de îfes. Mais Québec, l'Est du Québec et la Côte- langue anglaise, CBC, que les Canadiens anglais Nord en particulier dépérissent au plan de la regardent le plus massivement. télévision, pour quelle raison? C'est que le À cet égard, M. le Président, le fédéral a, gouvernement fédéral, M. le Président, a coupé en télévision, une politique qui est absolument le financement de Radio-Canada et a dit à néfaste pour le Québec, qui vise à ajouter Radio-Canada: Fermez des stations de télévision, continuellement des réseaux de télévision, des ça va vous épargner quelques sous. canaux spécialisés sur le câble, alors qu'au Mais ce n'est pas la seule chose néfaste Canada anglais, c'est peut-être plus faisable, que le fédéral ait fait en matière de télévision. pour deux raisons: premièrement, c'est la télévi- Le fédéral, par son CRTC, a mis la télévision sion américaine qui est regardée massivement au francophone du Québec en crise, M. le Président. Canada anglais et, deuxièmement, le marché, au Et ça, ça s'est fait de la façon suivante: alors Canada anglais, est de 21 000 000 d'habitants et, qu'en 1987 il y avait de disponible, pour l'en- au Québec, il est de 7 000 000 d'habitants. semble de la télévision francophone du Québec, Donc, on a donné des coups à notre télévi- 21 minutes de commerciaux à l'heure, on est sion qui ont eu des conséquences. Les réseaux rendus, 5 ans plus tard, à 70 minutes de com- centralisés à Montréal, c'est vrai, ont eu ten- merciaux disponibles à l'heure. Qu'est-ce que ça dance à couper la production régionale pour a fait, M. le Président? Les réseaux, les stations récupérer de l'argent. Ils ont aussi coupé dans de télévision ont perdu des revenus publicitaires les frais de production, donc dans la qualité des parce que ce n'est pas magique, la publicité. On émissions qu'on regarde. À cet égard, le fédéral ne triple pas les budgets publicitaires d'entrepri- n'a pas l'air repentant. Le ministre des Com- ses parce qu'on a triplé l'offre de publicité munications du Québec a eu raison de dénoncer télévisée. Ça a eu comme conséquence, M. le la loi C-62 qui, en télécommunications, établit Président, de mettre notre télévision en crise, la encore plus que c'est le fédéral qui donne le ton, télévision francophone, au Québec. Et je ne suis que c'est le fédéral qui dirige. C'est un autre pas le seul à le dire. Le ministre des Communi- exemple de ce que le premier ministre a appelé cations dit la même chose, que les interventions récemment le fédéralisme autoritaire qui prévaut du fédéral ont fait qu'on a un problème pour au Canada. notre télévision, au Québec. À cet égard, je peux dire que, si on veut M. le Président, la déréglementation de la une télévision régionale vigoureuse au Québec, il publicité télévisée a permis, par exemple, à des va falloir rapatrier au Québec les pouvoirs pour canaux à péage, sur le câble, d'avoir, en plus se donner des politiques sensées en télévision qui du péage payé par les abonnés, de la publicité. reconnaissent que, d'une part, le marché publici- Ça a fait que Télé-Métropole, par exemple, qui taire n'est pas illimité, qu'un marché, ça ne se avait toujours été une machine à produire des décrète pas par décision d'un organisme comme profits, a perdu 50 000 000 $ dans les trois le CRTC, peut-être revoir la concentration des dernières années. Et il faut voir dans ces pertes stations de télévision entre quelques mains la raison qui fait que Télé-Métropole, vis-à-vis seulement et revoir aussi la réglementation de la de CFCM-TV de Québec, propose de réduire la publicité télévisée pour permettre que notre programmation locale. Je ne suis pas en train de télévision se porte mieux. dire que ça se justifie, M. le Président, mais ça À cet égard, M. le Président, le discours s'explique, parce que le fédéral a mis l'ensemble inaugural nous disait une phrase laconique que je de notre télévision, au Québec, en difficulté. cite textuellement: «Le gouvernement entend Et ce n'est pas la seule chose que le compléter l'élaboration d'une politique intégrée fédéral ait fait, M. le Président. En plus, il a des communications.» J'espère que le ministre des réduit le budget de Radio-Canada en disant: Communications va être enfin autorisé à faire Bien, vendez plus de publicité, ça compensera des demandes, enfin autorisé à dire que le pour le financement qu'on ne vous procure pas. Québec en a assez qu'Ottawa, en télévision, fasse Ce n'est pas dit souvent, M. le Président, mais il du gâchis. y a un problème politique, au Québec et au À cet égard, on ne dit pas assez à quel Canada, au sujet de Radio-Canada, qui est le point c'est méprisant pour nous, Québécois fran- suivant: au Québec, en français, Radio-Canada cophones, le fait que, depuis quatre ans, Radio- rejoint 40 % de l'écoute de télévision; 40 % de la Canada anglais, la CBC, opère sur le câble un population, en moyenne, qui regarde la télévision, réseau d'information continue, un équivalent ca- regarde Radio-Canada, alors qu'au Canada nadien de CNN; mais, c'est exclusivement en an- anglais, la proportion passe de 40 % à 10 %. glais, ce réseau. Il n'y a pas d'émissions pour (16 h 50) les francophones du Canada ou la majorité qué- C'est dire, M. le Président, qu'encore une bécoise francophone. Les gens ne s'en rendent fois les deux peuples s'opposent parce que les peut-être pas compte, mais toutes les personnes hommes politiques du Canada anglais et, notoire- abonnées au câble contribuent 0,10 $ par mois ment, les députés d'arrière-ban conservateurs à pour faire vivre News World qui n'est disponible Ottawa se soucient très peu de la CBC parce que qu'en anglais, mais payé par les francophones. Je 300 trouve ça une situation anormale. C'est un M. Bélisie: M. le Président, je comprends, francophone, M. Veilleux, de Radio-Canada, qui d'après ce qu'il vient de nous dire, qu'il est est allé au CRTC, à Toronto, il y a deux semai- opposé à la construction d'un hôpital dans l'est nes, dans un mémoire soumis uniquement en de Montréal. Alors, je me pose la question anglais au CRTC, demander que News World suivante: Est-ce que ce n'est pas égoïste, de la reçoive une cotisation à la source des Québécois part d'un député de l'est de Montréal, de penser francophones, de 0,15 $ par mois au lieu de et d'oublier les gens qui demeurent dans l'est de 0,10 $. Le service n'est pas disponible en fran- Laval, les gens qui demeurent à Terrebonne, à çais, mais on fait en sorte qu'il coûte 50 % plus Mascouche, à Lachenaie, dans toute la portion cher. Alors, là, la société distincte, à l'égard de est de Montréal, et qui n'ont pas d'hôpital? Est- News World... On est distinct dans le sens qu'on ce que ce n'est pas totalement non fondé et ne est bafoué dans notre langue et on est juste bon pas penser à ses propres électeurs et aux gens à payer. Alors, il faudrait, à un moment donné, des autres comtés environnants qui ont besoin que ça cesse. d'un hôpital dans le secteur de l'est de Mont- En terminant, M. le Président, sur un tout réal... autre sujet, je voudrais déplorer le fait que ce gouvernement fasse en sorte, en partant de Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, la fermer l'Hôtel-Dieu de Montréal sans rien mettre question est posée. La réponse... pour remplacer l'Hôtel-Dieu de Montréal, que le projet insensé du gouvernement retarde la M. Bélisle: ...et du Grand Montréal métropo- construction nécessaire d'un hôpital à Rivière- litain? des-Prairies, dans le nord-est de Montréal. M. le Président, le leader adjoint peut dire Le Vice-Président (M. Lefebvre): ...M. le ce qu'il voudra, le projet est insensé. Imaginez, député de Pointe-aux-Trembles. on va déménager l'hôpital que Jeanne Mance a fondé et on projette de construire à la place un M. Bourdon: M. le Président, je suis entiè- hôpital où il n'y aura ni obstétrique, ni pédiatrie, rement en faveur d'un hôpital dans le nord-est mais il y aura le centre québécois des grands de Montréal, à Rivière-des-Prairies, pour les brûlés qu'on déménagerait du centre-ville à besoins de la population de Montréal-Nord, de Rivière-des-Prairies. Or, il y a bien plus de Rivières-des-Prairies et du nord-est de Montréal. chances dans Pointe-aux-Trembles, dans Rivière- Je suis contre un projet qui leur donnerait un des-Prairies et dans Montréal-Nord, parce que ce centre des grands brûlés, mais pas d'obstétrique sont des jeunes familles qui sont dans ces pour les femmes qui accouchent et pas de quartiers, qu'une femme accouche dans l'année pédiatrie pour les enfants des familles dans ce que de devenir une grande brûlée. C'est ce coin-là. Oui, je suis pour un hôpital, mais pas projet que des députés libéraux d'arrière-ban votre projet de Mirabel hospitalier. poussent de l'avant au détriment, et de la population de Rivière-des-Prairies, et des gens du Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci. centre-ville de Montréal. Alors, Mme la députée de Mégantic-Compton, je Bref, M. le Président, je pense qu'on a vous rappelle que vous disposez d'une période assez vu ce gouvernement. On a hâte que maximale de 20 minutes. Allez-y. l'occasion soit donnée à la population de se prononcer sur l'avenir du Québec et de voir le Mme Bélanger: Merci, M. le Président. premier ministre respecter sa signature sur le rapport Bélanger-Campeau, respecter sa loi 150 Des voix: Bravo! et tenir le référendum. On a hâte aussi que l'occasion soit donnée aux Québécois de mettre à Mme Madeleine Bélanger la place un autre parti pour poursuivre une autre politique. Mme Bélanger: M. le Président, il est déconcertant d'entendre qualifier le discours Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. inaugural par le député de Pointe-aux-Trembles le député de Pointe-aux-Trembles. Sur le même d'une mer de paroles dans un désert d'idées, que sujet... Oui, M. le leader. le gouvernement est essouflé et divisé. À mon avis, le député de Pointe-aux-Trembles a sûre- M. Bélisle: En vertu de l'article 213, est-ce ment entendu le discours inaugural, mais il n'a que le député de Pointe-aux-Trembles me per- rien compris, et personne, du côté du gouverne- mettrait une courte question? ment, ne lui en tiendra rigueur. Les gens, devant le petit écran, ont sûrement compris, tout comme M. Bourdon: Sûrement. nous ici en Chambre, que la mer de paroles et le désert d'idées étaient ici incarnés et démontrés Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, dans l'intervention du député de Pointe-aux- courte question, courte réponse. Allez-y, M. le Trembles, qui n'a proposé aucune solution aux leader adjoint du gouvernement. problèmes auxquels sont confrontés les Québécois 301 et les Québécoises. activités de soutien de l'économie et aux priori- (17 heures) tés les plus urgentes. Ceci étant dit, il me fait grand plaisir L'objectif du gouvernement libéral en ma- d'intervenir aujourd'hui dans le cadre du discours tière de finances publiques demeure toujours de inaugural prononcé par le premier ministre le 19 maintenir un équilibre acceptable entre les coûts mars 1992. Rappelons-le, M. le Président, le des services publics et la capacité financière des discours inaugural est le discours qui détermine contribuables. La structure actuelle des program- l'orientation du gouvernement, l'orientation de mes de dépenses crée des pressions réelles sur le l'action politique, sociale et économique du niveau de déficit. De plus, il faut continuer à gouvernement. Il faut bien le dire, l'action de manifester toute la rigueur dans les efforts de notre gouvernement, pour la nouvelle session, se réduction des dépenses afin d'éviter le recours traduit en 98 mesures qui ne marquent aucune aux augmentations d'impôt et, à cet égard, la rupture avec les politiques prises par notre situation actuelle est problématique. gouvernement du Parti libéral depuis le 2 décem- M. le Président, il est essentiel, pour le bre 1985. gouvernement, d'adopter une attitude à la fois Je veux donc exprimer toute ma satisfac- prudente et dynamique en matière de gestion des tion, en tant que députée ministérielle, face au deniers publics. Ceci est primordial pour permet- contenu du discours inaugural. Le gouvernement tre au Québec de mieux supporter les conséquen- actuel fait preuve encore une fois, dans ses ces du ralentissement économique et pour lui énoncés de politique et dans ses orientations, permettre de bien se positionner dans un marché d'un réalisme qui traduit bien les préoccupations concurrentiel. Les progrès du Québec sont donc constantes de la population québécoise. substantiels, mais nous devons rester vigilants M. le Président, le Québec, comme toutes car le paysage économique mondial, le taux de les sociétés occidentales, a été frappé par un chômage encore trop élevé, le retard en matière ralentissement économique depuis maintenant plus de technologies de pointe de même que les de deux ans. Cela démontre aujourd'hui la disparités régionales constituent des préoccupa- pertinence d'une politique de gestion rigoureuse tions qui s'ajoutent aux défis que le Québec des dépenses pratiquée dans les années de devra relever avec succès. croissance économique. Notre gouvernement assu- M. le Président, l'effort soutenu du gouver- me ses responsabilités et prend les mesures les nement se poursuivra par la mise en place plus adéquates pour délimiter l'impact du ralen- d'outils stratégiques de développement économi- tissement économique. que. Comme premier outil, le gouvernement a Comme le disait le premier ministre du proposé une stratégie de développement indus- Québec dans le discours inaugural, nous avons triel, une stratégie économique axée sur le agi avec de nombreuses mesures. Une des me- relèvement de la compétitivité. Notre réussite sures, c'est le programme Mon taux, mon toit. collective passe aujourd'hui par la transition On le sait, au Québec, on dit que, quand le rapide d'une économie de production de masse à bâtiment va, tout va. Par la suite, le plan une économie à valeur ajoutée. Basée sur le d'accélération des investissements publics: 600 concept des grappes industrielles, elle vise à projets ont été devancés. Plusieurs centaines de accroître la compétitivité des industries québé- projets ont été facilités avec Relance PME de la coises et à renforcer le partenariat. Une grappe Société de développement industriel, le dévelop- industrielle, c'est l'expression consacrée qui re- pement d'une concertation économique entre présente un ensemble d'industries d'un même patrons, travailleurs et gouvernement. secteur d'activité qui interagissent, se regroupent M. le Président, l'application rigoureuse de et se concurrencent entre elles pour accroître la politique de contrôle des dépenses du gouver- leur compétitivité et accélérer leur croissance. nement de 1986-1987 à 1989-1990 a entraîné un Dans un monde de plus en plus compétitif, le redressement significatif des finances publiques succès ne sera jamais plus le fruit d'efforts du Québec. Il en est résulté virtuellement un individuels déployés pour atteindre des objectifs équilibre du solde des opérations courantes en à court terme, mais il découlera dorénavant de la 1989. Les contribuables québécois ont pu bénéfi- mise en commun de nos efforts. C'est sur cette cier d'une réduction de leur fardeau fiscal. prémisse que repose la stratégie des grappes Cependant, il ne faut pas oublier que la crois- industrielles. sance des dépenses peut difficilement être M. le Président, le maintien et l'améliora- contenue en période de ralentissement économi- tion de notre qualité de vie dépendent de notre que. Encore aujourd'hui, le Québec est tributaire volonté de changer les choses le plus rapidement d'une conjoncture économique difficile et le possible. Le gouvernement libéral compte sur la gouvernement doit faire face à une masse concertation économique, le partenariat, la paix considérable de dépenses incompressibles. Malgré industrielle qui s'est établie dans les relations ce contexte défavorable, le gouvernement a de travail pour faire accéder le Québec à une maintenu ses efforts de contrôle, a appliqué des économie de valeur ajoutée. mesures de réduction des dépenses très importan- Un deuxième outil pour accroître la produc- tes et les nouveaux crédits ont été limités aux tivité et la compétitivité de la main-d'oeuvre est 302 fondé sur une plus grande réussite scolaire et développer ses activités internationales autour de une formation accrue de la main-d'oeuvre. Le deux pôles majeurs: l'Amérique, qu'il faut gouvernement annoncera un plan d'action pour apprendre à considérer comme notre marché augmenter de 3 % par an pendant cinq ans le domestique, et l'Europe, avec laquelle il faut taux de diplomation au secondaire. Voilà, M. le privilégier l'établissement d'alliances dans tous Président, un autre indice d'un gouvernement les domaines. Également l'on visera à établir des empreint de réalisme et de responsabilité. Pour rapports plus substantiels et équilibrés avec mieux répondre à une économie en mutation, aux certains pays d'Asie. impératifs de la compétitivité, aux besoins (17 h 10) changeants du marché du travail, le développe- Par ailleurs, dans le cadre multilatéral, on ment des compétences devient une exigence accordera une priorité au développement de la incontournable. Pour continuer à prospérer, le francophonie qui représente des enjeux vitaux Québec n'a d'autre choix que d'investir davantage pour le Québec. M. le Président, ce que je dans le développement de la main-d'oeuvre. Le retiens également dans ce message inaugural, dépôt du projet de loi créant les sociétés c'est la vision, n'en déplaise au député de régionales de développement de la main-d'oeuvre Pointe-aux-Trembles, de notre premier ministre démontre la volonté gouvernementale de soutenir tout comme celle de notre parti qui supporte ses fermement le développement et l'essor économi- orientations. C'est cette vision qui vise a assurer que des régions. le maintien du dynamisme économique du Québec. Un troisième outil est basé sur une nouvelle Le Parti québécois a pris le pouvoir en stratégie en matière de développement régional. 1976. Il a quitté en 1985. Pendant cette période, Ainsi, cette nouvelle stratégie gouvernementale il a réussi à multiplier la dette par cinq. Un adoptée par le Conseil des ministres consiste à beau succès! Nous en sommes les héritiers. Nous appuyer et à accompagner le dynamisme des vivons aujourd'hui avec ce triste et lourd régions du Québec. Le gouvernement du Québec a héritage. Comme le disait le ministre délégué à choisi de devenir de plus en plus un État l'Administration et président du Conseil du accompagnateur s'appuyant davantage sur le trésor, dans le cadre du 48e congrès de l'Asso- dynamisme des milieux régionaux en matière de ciation des constructeurs de routes et grands développement économique. Cette nouvelle appro- travaux du Québec, le 16 janvier dernier, tous che vient consolider la prise en charge par le les lundis matin, M. le Président, le ministère milieu de son propre développement. Elle favori- des Finances règle une facture spéciale d'intérêts sera la régionalisation de certains budgets de l'ordre de 50 000 000 $, une facture d'intérêts sectoriels pouvant atteindre 500 000 000 $ par sur des emprunts contractés pour financer des année. Elle rendra la gestion plus sensible aux dépenses courantes. Une facture d'intérêts qui se véritables besoins régionaux. Rappelons-nous que finance à même les impôts de cette année pour le comité Bernier avait été chargé en février payer des services reçus dans les années anté- dernier d'élaborer des éléments de politique en rieures. C'est ça, la gestion du Parti québécois, matière de développement régional. C'est donc M. le Président. cette avenue qui a été retenue par le gouverne- M. le Président, s'il est exact d'affirmer, ment du Québec comme une démarche logique comme M. Johnson, que des déficits occasionnels pouvant mener, à plus ou moins long terme, à peuvent être de faible conséquence et s'avérer une plus grande autonomie des régions du appropriés pour soutenir l'économie en période de Québec. ralentissement économique, on voit maintenant Un quatrième outil repose sur une nouvelle combien néfaste peut s'avérer un recours sys- politique en matière d'affaires internationales. tématique au déficit pour financer des opérations Ainsi, afin de répondre aux défis nouveaux courantes tel que l'a pratiqué le gouvernement engendrés par des mutations profondes sur la péquiste. Ceux qui réclament aujourd'hui des scène mondiale, notre ministre des Affaires augmentations de dépenses sans hausses d'impôt internationales proposait en septembre dernier ou même avec des baisses d'impôt nous deman- une politique en matière d'affaires internationales dent d'emprunter un chemin qui ne mène nulle intitulée: Le Québec et l'interdépendance: le part. Comme le disait le premier ministre dans monde pour horizon. Tout cela pour dire, M. le son discours inaugural, ils prennent un risque Président, que tous les gouvernements sont de énorme avec leur crédibilité. plus en plus obligés de définir et d'adapter leur En terminant, M. le Président, permettez- politique interne en fonction de l'environnement moi de féliciter notre gouvernement qui a à international. Ils sont conduits à agir à la fois coeur de ne pas endetter le Québec pour les pour définir les règles qui encadrent ces échan- générations futures. L'avenir appartient davan- ges et pour développer différentes sortes de tage aux jeunes, et c'est en leur donnant les collaborations avec les pays étrangers. moyens de se réaliser pleinement qu'ils seront en La clé de l'avenir réside dans notre capaci- mesure de relever les défis de l'an 2000. Merci, té de nous adapter à ces nouvelles exigences et M. le Président. de saisir les opportunités immenses qu'offre l'ouverture sur le monde. Le Québec devra Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, 303

Mme la députée de Mégantic-Compton. Je cède la M. le Président? Des vieux discours, des vieux parafe à M. te député d'Anjou. Vous disposez projets de loi dont on nous parle depuis plusieurs d'une période maximale de 20 minutes. M. le années qui n'ont jamais abouti, qui n'ont jamais député, allez-y. vu le jour. On vit dans le passé. Ça serait peut-être le M. Pierre Bélanger qualificatif que je pourrais emprunter pour dépeindre ce discours inaugural. On parle de ce M. Bélanger (Anjou): Je vous remercie, M. qui a été fait au cours des années. J'ai entendu le Président. Alors, comme vous savez, M. le tout à l'heure la députée de Mégantic-Compton Président, je suis le dernier député à avoir été parler de ce qu'on aurait pu faire en 1976 ou en élu en cette Chambre, à l'issue de cette défaite 1980, c'est quand même bien. Elle remonte victorieuse du 20 janvier dernier du Parti libéral uniquement à 1976 ou 1980. J'ai entendu d'autres du Québec. Donc, depuis le 10 mars dernier, je députés qui remontaient jusqu'à 1960 et 1966, M. siège ici parmi vous. Donc, c'est un peu avec cet le Président. En 1960, je venais au monde, et, en esprit du citoyen ordinaire que j'attendais ce 1966, j'avais 6 ans. Alors, vous pouvez imaginer discours inaugural qui allait être prononcé. On l'effet que ça me fait quand on me sort des m'avait averti, on m'avait dit: Tu vas voir, c'est arguments comme ça. Ça ne me fait pas un grand des choses vraiment importantes, c'est l'orienta- effet. Je pense que ça fait à peu près le même tion du gouvernement qui va être annoncée dans effet à la population en général quand on sort ce discours qui est très important. des vieilles antiquités comme ça, de ce qui a pu Donc, je m'attendais à beaucoup. Je m'at- se faire en 1960. On dirait que ces gens cher- tendais à beaucoup, surtout que je sors, M. le chent à se féliciter pour ce qui aurait pu être Président, d'une élection qui m'a mis en contact fait dans le passé, comme un peu pour constater continu avec les électeurs, des électeurs qui leur impossibilité d'agir sur la situation présente. m'ont parlé, qui m'ont dit qu'ils étaient en C'est le temps d'agir, M. le Président. C'est colère, qu'ils étaient déçus de ce gouvernement. maintenant que les gens la vivent, la récession. Qu'est-ce qu'on ressentait aussi chez ces gens? Ce n'était pas il y a 10 ans, ce n'était pas il y a C'est un sentiment de morosité qui est à la fois 20 ans, c'est maintenant qu'ils la vivent, c'est causé par la situation économique et à la fois maintenant qu'ils s'attendent à quelque chose de par cette situation constitutionnelle dans laquelle ce gouvernement. Et qu'est-ce qu'on voit? Rien. on est embourbés présentement. Ce qu'on lisait Absolument rien! Au contraire, dans le discours aussi chez les gens, c'est ce désespoir. Ce du premier ministre, on cherche à expliquer désespoir, on a peine à voir la lumière au bout pourquoi on est dans une récession. Ça ne du tunnel. De plus, ces citoyens se sentent prenait pas un discours inaugural pour nous écrasés, écrasés par les taxes, écrasés par la apprendre que, tout simplement, les États-Unis dette, écrasés par cette incertitude aussi qui vivent une récession importante, qu'on est à une plane sur la situation présente. époque de globalisation des marchés. Ça, on le Donc, surtout après le message du 20 savait. Ça ne prend pas une tête à Papineau pour janvier par lequel les gens du comté d'Anjou vraiment comprendre ça, et encore moins un m'ont élu, je m'attendais à une réaction de la discours inaugural, M. le Président. part de ce gouvernement. J'ai dit: Ce n'est pas Alors, on assiste plutôt aux bases d'un possible. J'ai dit: Ils vont réagir, ils vont donner genre de gestion du laisser-aller. Le système va un coup de barre, ils vont annoncer quelque se remettre à fonctionner par lui-même, par chose pour tenter de répondre à ce cri, finale- l'opération du Saint-Esprit. Attendons que les ment, que les citoyens d'Anjou leur ont envoyé. forces extérieures cessent d'agir et l'étincelle va Je peux vous dire, M. le Président, qu'il y a bien jaillir, l'économie va se remettre à fonctionner, des électeurs du Québec qui auraient voulu être l'emploi va revenir. Ça me fait penser un peu à à la place des électeurs d'Anjou et qui auraient certaines politiques que le président Reagan avait voulu avoir une urne devant eux pour pouvoir essayées, dans les années quatre-vingt, et qui justement déposer un bulletin de vote et envoyer ont, je pense, montré qu'elles étaient tout à fait un message à ce gouvernement. inefficaces. On appelait ça les «Reaganomics», Donc, M. le Président, j'ai écouté atten- M. le Président. Autant, je pense, on a fait la tivement ce discours d'ouverture, j'ai pris des preuve que le communisme ne fonctionne pas notes. De prime abord, on annonce beaucoup de dans ce bas monde, autant on a fait la preuve choses: projet de loi de ci, projet de ci, projet que le capitalisme intelligent, c'est-à-dire celui de ça. J'ai été impressionné, j'ai pris des notes. qui règle tout uniquement par ses forces, sans Alors, la première chose que j'ai faite, M. le aucune intervention de l'État, n'existe pas. Le Président, après avoir entendu ce discours, je gouvernement se doit d'agir avec leadership et suis, évidemment, allé voir les recherchistes pour de donner des directions à cette économie s'il comparer ce qui était annoncé par rapport à ce veut que la situation s'améliore et s'il veut qui avait été annoncé lors des précédents donner un changement à cette situation. discours, puisque je n'avais pas entendu ces J'entendais aussi des gens qui accusaient précédents discours. Qu'est-ce que je constate, systématiquement notre parti de demander des 304 augmentations d'impôt ou d'accumuler le déficit dire quelque chose: Ça va être très difficile tout simplement pour financer des projets. Ce d'attirer des nouveaux investisseurs et de n'est pas ça qu'on demande. Je pense que les continuer vraiment un développement durable de gens d'en face, ou ils entendent mal, ou ils l'économie d'Anjou et de son parc industriel. Le écoutent mal, ou ils ne veulent pas comprendre. prolongement de la 25, ce serait facile. Le Nous, ce qu'on leur dit, c'est que, souvent, prolongement de Henri-Bourassa, ce serait très uniquement le fait de mieux gérer ce qu'ils ont facile. On en parte, on en parle et, là, on nous pourrait donner des résultats. Gérons donc mieux l'annonce. Tant mieux! Tant mieux, mais j'ai hâte ce qu'on a et, une fois que ça sera mieux fait, de la voir. Les gens d'Anjou ont hâte de la eh bien, à ce moment-là, peut-être qu'on aura vivre. des résultats et on n'en sera pas tout simplement On attendait aussi une politique de décon- à faire des constats, des constats d'échec, des tamination des terrains. Vous savez, l'est de constats d'immobilisme. Montréal est tributaire un peu de son passé de Je peux vous dire, M. le Président, que l'industrie lourde. Il a des terrains contaminés dans le comté d'Anjou il y a des choses qui qui font en sorte que c'est très difficile de auraient pu être faites et qui n'ont pas été prévoir un développement rapide de certaines faites. Le comté d'Anjou fait partie de l'est de zones de l'est de Montréal. Alors, on s'attendait Montréal et vit cette récession d'une façon, je à un plan de décontamination ou, au moins, à dirais, peut-être deux fois plus difficile encore une politique gouvernementale, avec des échéan- que les autres régions du Québec, et je m'expli- ciers clairs, précis, vérifiables. Absolument rien que. C'est-à-dire qu'au moment où l'est de dans le discours inaugural, M. le Président. Montréal sortait de cette récession économique Un autre dossier qui me tient à coeur, M. elle avait encore peine à se remettre d'un genre le Président, c'est celui de l'aide juridique. J'ai de transition de son économie, car elle passait pu pratiquer le droit pendant les neuf dernières d'une économie basée sur l'industrie lourde à une années et, durant les cinq premières années de nouvelle industrie de haute technologie. Donc, ma pratique, au moins, j'ai participé régulière- juste comme on sortait de cette première réces- ment au régime de l'aide juridique. Je pense que sion, M. le Président, la deuxième vint nous le régime de l'aide juridique est un peu la pierre frapper de plein fouet. angulaire de tout le principe d'accessibilité de la (17 h 20) justice aux citoyens. Alors, j'ai cherché dans le Donc, on peut comprendre que l'impact de discours un message ou, pour reprendre une cette deuxième récession soit d'autant plus grand expression de la députée de Mégantic-Compton, pour les gens d'Anjou. On a un parc industriel une orientation du gouvernement. J'ai trouvé qui a une certaine vigueur et qui, je pourrais cette phrase qui, vous allez le constater avec même dire, par rapport à certains parcs indus- moi, est magnifique: «L'admissibilité à l'aide triels, se comporte très bien, mais on a quand juridique des Québécois économiquement défavo- même de sérieux problèmes avec le parc indus- risés fera l'objet de modifications.» Bravo! Bravo! triel si on veut le développer. En effet, il y a le Avec ça, on est servis. On est vraiment servis, prolongement de l'autoroute 25 qu'on demande mais il n'y a aucune annonce là-dedans. Où est depuis longtemps. Et, là, je vois le leader adjoint l'orientation? Est-ce qu'on va vers une plus qui réagit suite à ces propos. grande accessibilité? Va-t-on restreindre l'acces- sibilité? Va-t-on baisser, hausser les seuils Une voix: Bientôt, bientôt. d'admissibilité? Questions sans réponse. Au moins, le ministre de la Justice avait eu M. Bélanger (Anjou): Le prolongement de la le courage, lors du dernier sommet de la justice, 25 qu'on nous annonce pour bientôt, enfin. de présenter des paramètres d'un nouveau régime d'aide juridique. Il faut dire que tous les inter- Une voix: Bientôt. venants se sont mis à lever les boucliers quand ils ont vu ce nouveau régime d'aide juridique M. Bélanger (Anjou): Enfin! On le demande. proposé, mais, au moins, il avait le courage de On nous l'a promis en 1985, on nous l'a promis présenter quelque chose. Il va falloir retourner en 1989 et, là, ça a l'air qu'en 1993, 1994, 1995 au travail. Il va falloir travailler ce nouveau ou 1996 - en tout cas, avant l'an 2000, j'espè- régime, mais, au moins, c'est une orientation. On re - on va l'avoir. Tant mieux! J'entendais un ne peut pas en dire autant du discours inaugural ministre qui nous disait: On ne relance pas du premier ministre. Il n'y a rien là-dedans, l'économie en construisant des routes. Ah non? absolument rien qui puisse me permettre d'espé- Bien, je pense que ce ministre oublie quelque rer ou d'entrevoir ce qui va arriver du système chose. Un des critères primordiaux pour une de l'aide juridique. Pourtant, c'est depuis 1985 entreprise pour s'installer dans un parc industriel qu'il ne s'est rien passé dans le dossier de l'aide est la facilité de pouvoir faire transiter matériel juridique. Il y a eu une petite modification des et main-d'oeuvre. Or, si on a des voies rapides, barèmes en 1985, mais, globalement, c'est depuis proches du parc industriel, mais qu'on a peine à 1982 qu'il n'y a pas eu de modification du régime avoir accès à ces voies rapides, je peux vous de l'aide juridique. Il y a des gens qui attendent, 305 et c'est les gens les plus démunis de la société celui de la souveraineté du Québec. C'est la qui sont touchés par ça. souveraineté du Québec qui nous tient à coeur; Alors, dans ce discours, c'est toute la c'est la souveraineté du Québec pour laquelle on volonté d'un gouvernement responsable qui est va travailler. Et ce discours a toujours été tenu absente. Aucune audace qui pourrait se traduire par notre parti et par notre chef, c'est pourquoi par des projets concrets de relance; aucune je m'y sens bien. Puis je me sens bien parmi mes vision qui pourrait orienter les gens vers un collègues députés parce que, dès le début, ils avenir optimiste; aucun courage qui pourrait se m'ont épaulé, ils m'ont impliqué dans les dossiers traduire par des prises de position dans des qui touchaient l'avenir du Québec. Et ils ont fait dossiers. en sorte que je me suis senti tout de suite Peut-être que l'aspect le plus décevant de partie intégrante de cette équipe de députés. ce discours, M. le Président, ça a été le long et Mais ce qui m'embête le plus, comme je vibrant plaidoyer du premier ministre en faveur vous le disais, dans ce discours, M. le Président, du fédéralisme. Au moins, un bon aspect de ce ce n'est pas nécessairement ce genre de credo discours a été de nous révéler le vrai visage de du fédéralisme, c'est peut-être le moment choisi notre premier ministre. Il y en a dans mon pour faire un tel discours. On est à une étape comté qui pensaient que le premier ministre cruciale des relations fédérales-provinciales, ou pourrait être celui qui mènerait le Québec à la un genre de négociation de la dernière chance, souveraineté. Bien, maintenant, ils ont leur comme pourraient l'appeler mes collègues fédéra- réponse: La souveraineté, non merci. C'est le listes. Alors que, normalement, on devrait fédéralisme! Le fédéralisme à genoux, debout, on montrer notre force derrière une position ferme ne le sait pas encore, mais un fédéralisme, de quand on veut négocier, le premier ministre toute façon. On y est condamné. Et, dans le expose sa faiblesse et celle du Québec, laissant discours inaugural, de toute façon, on a eu droit entendre un peu que la position du Québec est à une belle démonstration. On est enclavé, on un genre de bluff, qu'on est prêt à..., que ce n'a pas le choix, on est condamné. C'est ça. n'est pas dans le ciment; il n'y a rien dans le Alors, là-dessus, il n'y a plus d'ambiguïté ciment; la loi 150, ce n'est pas dans le ciment. possible, et je vois mal maintenant comment le Et, on supplie, finalement, le Canada de nous premier ministre, une fois acculé au pied du mur, faire des offres. S'il vous plaît, faites-moi des en attendant toujours ces offres qui tardent à offres, je suis mal pris. C'est un peu le message venir, pourrait changer d'orientation et essayer qu'on fait. Et je peux vous dire quelque chose, de nous montrer un visage souverainiste. Il n'en dans le Canada anglais, c'a été perçu comme ça. a pas, de visage souverainiste. Il en a eu un C'a été perçu comme si on laissait tomber les uniquement quand il était mal pris, il était dans gants. Est-ce qu'on s'attend, avec une telle une position délicate. Mais son vrai visage et son attitude, vraiment, qu'on va avoir des offres coeur, ils sont fédéralistes. bonifiées du fédéral? Est-ce qu'on s'attend Moi, je respecte ça, M. le Président. Je réellement à ça? Je pense que c'est vraiment respecte ça qu'il soit fédéraliste. Moi, après tout, faire preuve d'un manque de clarté que d'ima- je suis un souverainiste. Alors, quand j'entends, giner ça. des fois, certaines personnes qui vont nous Mais, il y a un peu de tout. Il y en a un traiter, ici, de séparatistes ou de souverainistes, petit peu pour tout le monde dans ce discours, moi, ça ne m'insulte pas. Je suis souverainiste. Je M. le Président. On voit, à un moment donné, suis séparatiste. Et ça me fait un peu penser, M. peut-être pour plaire à certains souverainistes le Président, à une certaine remarque qu'avait qu'il pourrait encore y avoir dans le parti, le faite le premier ministre lors de mon entrée à Parti libéral, s'il y en a: «La fierté du peuple cette Assemblée nationale. Il me disait que je me québécois ainsi que sa dignité ne sont pas sentirais peut-être mal à l'aise de me retrouver négociables». Ah! Beau principe! Beau principe, parmi certains de mes collègues dans ce parti mais, maintenant, il va falloir voir de quelle après un recul, une absence, après avoir quitté façon on va pouvoir appliquer ce principe après mon parti. Mais je pense que le premier ministre avoir laissé tomber la défensive, après avoir est assez mal placé pour pouvoir me faire un abandonné notre position. reproche là-dessus. En effet, je regarde dans les (17 h 30) notes biographiques des députés; en 1976, on voit En terminant, M. le Président, j'espère que M. Bourassa, le premier ministre, a amorcé sincèrement que le Québec va sortir le plus une période d'étude et de réflexion. On peut rapidement possible de cette récession qui maintenant comprendre que le premier ministre l'étouffé et qui l'empêche de progresser. J'espère est revenu à son parti après cette période aussi qu'il va sortir de ce marasme constitution- d'étude et de réflexion. Alors, je vois mal nel pour prendre une option claire vers la comment on pourrait essayer de me faire un souveraineté. Mais si le Québec sort de cette reproche là-dessus, ou essayer de porter un récession, je peux vous dire quelque chose, ce ne blâme là-dessus. sera certainement pas grâce aux mesures annon- M. le Président, je me sens bien dans ce cées dans le discours inaugural de ce gouverne- parti parce qu'on a toujours eu un seul discours, ment. Je vous remercie. 306

Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. pont, on arrivera au pont. le député d'Anjou. M. le leader adjoint du gouvernement. Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le député. Sur le même sujet, je cède maintenant M. Bélisle: Est-ce que le député d'Anjou me la parole à M. le député de Fabre. Vous disposez permettrait une courte question, en vertu de de 20 minutes, M. le député. l'article 213? M. Jean A. Joly Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le député d'Anjou, en vertu de l'article 213, vous M. Joly: Merci, M. le Président. J'ai écouté pouvez ou non consentir à répondre à une avec beaucoup d'intérêt, je pourrais dire, un des question que veut vous poser le leader adjoint du premiers discours de notre jeune député d'Anjou. gouvernement. Est-ce que vous y consentez? À le voir arriver ici, en Chambre, cet après-midi, armé de sa liste d'épicerie, nous disant, en M. Bélanger (Anjou): Si elle porte sur mon contrepartie, qu'il comprend que la capacité de discours, oui. payer d'un gouvernement est quand même limitée, à ce moment-là, je me suis demandé qui avait pu Le Vice-Président (M. Lefebvre): Elle doit l'influencer dans le choix de son discours ou nécessairement porter sur votre discours. Courte dans les déclarations qu'il nous a faites. Mais ça question, courte réponse. Allez-y, M. le leader. se doit de commencer quelque part. Souvent, on est influencé, comme je le disais, par certains M. Bélisle: Comment, M. le Président, le modèles. J'espère qu'il n'a pas été influencé par député d'Anjou peut-il concilier sa position le député de Lévis, le postier de la couronne, qui favorable au prolongement de la 25 et du pont a toujours prêché la transparence mais qui, lui, dans l'est de Montréal avec la position exprimée pendant quand même une certaine période, s'est par tous les députés péquistes de l'est de Mont- promené avec un chèque du gouvernement, qu'il réal - Pointe-aux-Trembles, Hochelaga-Maison- devait remettre à ses commettants qui atten- neuve, Mercier - qui s'y opposent? Est-il la daient le chèque. Et, durant ce temps-là, les seule exception à la ligne de parti du régiment intérêts couraient, mais pas au bénéfice des péquiste, énoncée lors d'une conférence de récipiendaires. Alors, si c'est les modèles qui presse à Montréal en 1991? l'inspirent, je pense qu'il fait déjà fausse route. Je tiens à lui dire aussi que, des fois, dans Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le Anjou comme ailleurs, des erreurs de parcours, député d'Anjou, votre réponse, s'il vous plaît. ça arrive. Alors, peut-être que, dans son cas, c'est justement le reliquat d'une erreur de M. Bélanger (Anjou): Je pense que le député parcours. de Mille-Îles aurait eu intérêt à lire ma plate- Il faudrait aussi qu'il pense et qu'il réalise forme électorale et à lire les déclarations que qu'on vit actuellement un climat économique qui j'ai faites pendant ma campagne électorale; je n'est pas propre au Québec, qui est quand même, pense que ça aurait mis toute la lumière sur je dirais, passé la frontière, même nord-améri- cette question. Quand j'ai parlé du prolongement caine, et que, la situation étant conjoncturelle, il de la 25, jamais vous ne m'avez entendu parler n'y a pas tellement autre chose à faire que, tout du pont. La priorité, pour le comté d'Anjou, ce comme lui, espérer que la récession se termine. n'est pas un pont vers Laval. Le pont pour Parce que, quand c'est conjoncturel, des fois, on Laval, je crois que c'est un des enjeux ou une n'a pas beaucoup de contrôle sur ça. Si c'est des priorités pour les gens de Laval, qui l'ont structurel, là, c'est différent. Et c'est là que le demandé. gouvernement libéral embarque. La preuve, c'est Ce que j'ai toujours demandé - parce que que vous avez eu, tout dernièrement, un rapport je suis conscient, justement, des limites de payer qui a été déposé, qui est le rapport Poulin, qui de ce gouvernement, des limites budgétai- nous parle justement de structures et qui nous res - c'est un prolongement, par étapes, de parle d'implications gouvernementales. l'autoroute 25 jusqu'au boulevard Henri-Bourassa. Alors, M. le Président, il me fait plaisir, C'est ça que j'ai demandé. Alors, ne me deman- moi aussi, à mon tour, aujourd'hui, d'intervenir dez pas ma position par rapport au pont. Le sur le discours inaugural prononcé par notre pont, ce n'est pas un dossier d'Anjou. Moi, le premier ministre, M. Bourassa, le premier minis- dossier que j'ai défendu dans ma campagne tre du Québec, homme de grande valeur - je électorale, que je continue à défendre, c'est le pense que je n'ai pas à le dire, c'est déjà prolongement de la 25 au moins jusqu'à Henri- confirmé, et confirmé depuis de nombreuses Bourassa. années - qui nous a livré un discours inaugural, qui, d'après l'Opposition, ne dénote pas ou ne Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci... démontre pas, d'une façon claire, les orientations de notre formation, de notre gouvernement. Eh M. Bélanger (Anjou): Quand on arrivera au bien, je pense, autant pour le député d'Anjou 307

que pour le député de Lévis qui nous disent que formation du PQ. c'est vide de sens, qu'il y a sûrement des choses (17 h 40) qu'ils n'ont pas comprises. Ils n'ont pas compris Donc, des promesses, des attentes qu'on notre orientation, qui n'est pas une orientation à crée, des engagements qu'on prend à gauche et à la pièce, mais plutôt une orientation globale qui droite et qu'on ne respecte pas. vise à favoriser des mesures qui, nécessairement, M. le Président, j'écoutais le jeune député demandent ce qu'on appelle un investissement d'Anjou qui disait: Pourquoi revenir aux années dans le temps et non pas une dépense dans le soixante? Pourquoi revenir à l'année 1966? C'est temps. Ce n'est pas un gouvernement de cata- facile à comprendre quand on veut y voir clair plasme, comme on disait. Ce n'est pas un gou- et qu'on veut voir qu'en cours de route on se vernement de ruban sur une jambe de bois. doit de se comparer avec des modèles. Et le C'est un gouvernement qui a une vision beaucoup modèle du temps, c'était le Parti libéral. Le parti plus étendue et qui pense, en retour, à aller des grandes réalisations. On a commencé avec ce dans ce qu'on appelle des politiques qui vont qu'on peut appeler «la Révolution tranquille». nous rapporter autant à moyen qu'à long terme. M. Lesage est arrivé et a dit: On fait un D'ailleurs, dans le discours inaugural, M. le ménage. On s'attelle en avant de la charrue et Président, on a quand même soumis 98 points ou on va faire arriver des choses. Vous savez, M. le 98 mesures qui démontrent, sans équivoque, sans Président, au risque de me répéter, je dis ambiguïté d'aucune façon, que dans notre gou- toujours qu'il y a trois sortes ou trois catégories vernement il y a ce qu'on appelle une continuité. d'individus ou de gens: ceux qui font arriver des Pourquoi? En 1985, on a fait l'inventaire de choses; ceux qui regardent arriver les choses, et l'héritage qu'on prenait. On pensait qu'on avait ceux qui se demandent ce qui arrive. Alors, on a une marge de manoeuvre. On pensait vraiment connu ça trop longtemps, des gens qui se qu'on avait une marge de manoeuvre, mais, par demandaient ce qui arrivait et qui venaient en contre, il y avait eu des petites cachettes. réaction. Donc, gouvernement des grandes Nécessairement, quand on a levé ou soulevé le réalisations en débutant avec l'ère de M. Lesage, couvercle, on s'est aperçu que la vérité n'était c'est pour ça qu'on y revient, M. le Président. peut-être pas tout à fait ce qu'on pensait et on Tout le système d'éducation, c'a commencé a réalisé que la marge de manoeuvre avait été où? Pour avoir nécessairement été hypothéqué en estompée par le déficit. On l'a soulevée plusieurs chemin par le fait qu'on a pris de mauvaises fois, la question du déficit, mais il faut quand décisions et qu'aujourd'hui on récolte, néces- même se le rappeler. Il faut quand même ne pas sairement, ce que j'appelle la formation de oublier qu'en 1976 le déficit de l'année était de transit, qui s'est accrochée en cours de route 750 000 000 $ - le déficit de l'année, en 1976. un peu par accident, par erreur, qui a néces- En 1985, 9 années après, près de 4 000 000 000$, sairement changé le système, aujourd'hui on M. le Président. 4 000 000 000 $! Si on addi- récolte au-delà de 35 % de décrocheurs. Alors, tionne ces 4 000 000 000 $ pour l'année 1985 et l'ère de M. Lesage, l'éducation, un système de les déficits des années antérieures, on s'est santé, c'est encore un gouvernement libéral. ramassé avec un budget de 35 000 000 000 $, Quand on regarde la Société générale de passant de 5 000 000 000$ à 35 000 000 000$. financement, quand on regarde la Caisse de Ça veut dire quoi, ça, dans le concret, dans dépôt, quand on regarde l'hydroélectricité, vous le quotidien? Ça a été dit, M. le Président. Ça, êtes allés là pour couper des rubans. La seule ça veut dire qu'à tous les jours de la semaine, idée qu'ils ont eue en neuf ans, et qui semble le gouvernement actuellement en poste se doit de leur coller à la peau, c'est la séparation, la payer 7 000 000 $ d'intérêts sur la dette accu- souveraineté. Des idées neuves, des idées nouvel- mulée. Dieu merci! M. le Président. En 1985, la les, on n'en voit pas. C'est une formation qui est population a vu clair et a dit: C'est fini! C'est à la remorque. Comme on dit, M. le Président, en fini la mascarade! Ce n'était pas une récréation, termes un peu loufoques: Ils aiment ça, accrocher c'était une mascarade. On avait un masque. On leurs grelots en arrière de quelqu'un qui a des marchait sur un nuage et on créait des attentes idées, ils vont chercher les crédits, mais l'action, pour cette population qui ne demandait pas mieux ce n'est pas eux autres qui la mettent de l'avant. que de se faire dire une forme de vérité. Mais Alors, vous savez, M. le Président, je ne quand on n'est pas là, quand on n'est pas en veux pas qu'on se glorifie avec toutes ces arrière du rideau et qu'on ne sait pas ce qui se mesures qu'on a mises de l'avant et tous ces passe, bien, c'est exactement ça qui est la succès que le Parti libéral a mis de l'avant avec situation d'aujourd'hui qui fait que le gouverne- toutes ses grandes réalisations et ses grandes ment, depuis 1985, s'évertue à rembourser une idées. Oui, je pense, M. le Président, que la dette qui a été créée par des gens qu'on peut population réalise qu'actuellement, c'est une appeler «des rêveurs». Vous savez, des fois, on situation difficile. On a fait appel plusieurs fois qualifie certaines gens d'hommes et de femmes à sa bonne foi, à sa bonne volonté et à sa de lettres. Il en faut, mais ça prend aussi des compréhension. Ce n'est pas sorcier à com- hommes et des femmes de chiffres. Alors, ça, ça prendre, quand vous avez un budget de n'existe pas, du moins, semble-t-il, avec la 37 000 000 000 $ et qu'il y a 41 000 000 000 $ 308 de dépenses, et qu'on ramène ça à une propor- une autre province, bien, à ce moment-là, notre tion plus terre à terre, c'est un peu comme main-d'oeuvre qualifiée peut peut-être avoir quelqu'un qui a 37 $ dans ses poches et qui en intérêt à s'en aller ailleurs parce qu'elle va dépense 41 $. Alors, c'est bien sûr qu'il y a un payer moins d'impôts. Ça, c'est la logique. manque à gagner quelque part. Mais, là, on parle Le PQ, le parti de l'Opposition, voudrait de plusieurs zéros. Alors, c'est ce qui fait nécessairement qu'on baisse les taxes, qu'on qu'étant dans une situation un petit peu plus fasse des investissements, qu'on crée des emplois, difficile, avec un chômage qui a pris la vedette, qu'on baisse le déficit, qu'on n'augmente pas les il ne faut quand même pas se le cacher, mais, impôts, mais ils vont la prendre où, la piastre? comme je dis, qui n'est pas propre au Québec... Je commence à croire qu'ils ont été influencés Ça a transféré de l'autre côté de la frontière et dans le temps du régime Caouette et que, partant même on pourrait dire que c'est une situation de là, ils y ont assez cru que tout ce qu'ils ont quasi mondiale. fait, c'est qu'ils ont changé le nom de leur On parle du négatif, M. le Président. formation puis ils ont mis une étiquette de plus: J'écoutais un député de l'autre formation de «péquiste», «indépendantiste», «séparatiste», par- l'autre côté qui parlait de la fermeture d'usines. ce qu'au Québec on n'est pas bien. C'est l'anar- Il parlait nécessairement de chômage. C'est bien chie; il n'y a pas de paix, il n'y a pas, disons, sûr, mais c'est l'aspect négatif d'une mauvaise de liberté d'action, il n'y a pas de respect. nouvelle qui se doit quand même d'être publiée, Alors, c'est ça qu'ils se sont dit. À n'im- qui se doit d'être dite. Ce qu'on oublie de dire, porte quel prix, on coupe les liens parce que c'est qu'il s'en ouvre des usines, c'est qu'il s'en nous autres, on l'a, la vérité. Ils l'avaient, la ouvre des industries un peu partout à travers la vérité, quand ils avaient Quebecair qui était dans province. Je parlais dans la région de la Mauri- les airs, M. le Président. 110 000 000 $ de perte, cie... dans la région, disons, du Cap-de-la- même pas un emploi de créé. Alors, si c'est ça Madeleine. On me faisait mention, par exemple, qu'on veut avoir comme leaders pour diriger le de Le Culottier, 250 emplois. C'est fait, c'est Québec et administrer pratiquement ou au-delà de réglé. Ça, on n'en parle pas. On ne parle pas 40 000 000 000 $ par année, M. le Président, je non plus des 1100 emplois, M. le Président, sous suis drôlement inquiet. la responsabilité de CP, encore là dans la grande Je ne pense pas qu'on puisse élire un région de la Mauricie. Encore ce matin, on gouvernement strictement sur une option, sur une voyait que Honda vient investir au Québec. orientation ou simplement sur une idée qu'ils Alors, ça, ça fait souvent la petite manchette, font la leur, bien sûr, mais ils ne disent pas mais ce qui fait la grosse manchette, c'est toute la vérité à la population. Quand ils disent toujours l'aspect négatif. C'est pour ça que M. que ça ne coûte rien, quand ils disent que ça va Bourassa, à travers sa déclaration ou, si on peut être facile, plus facile de rapatrier tout ce dire, son discours comme tel, nous a amenés à monde-là et de les replacer, ça me fait penser à réaliser que, dans le quotidien, il y a un paquet Dukakis, dans l'État du Massachusetts. Pour bien de choses qui peuvent se dire, il y a un paquet paraître, ce qu'il avait fait, M. le Président, il y de choses qui peuvent se faire, mais si on n'a avait un taux de chômage de 2 %, il avait mis pas une vision globale de ce qu'on a comme tout le monde sur le «payroll» de l'État. Bien, objectifs, bien, c'est certain qu'en cours de route aujourd'hui, le Massachusetts, ils sont dans la on va aussi être jugé à la pièce comme gouver- misère. Ils sont dans la misère puis dans la nement, et ce n'est pas notre lot parce que c'est misère noire. justement cette vision globale qui a été établie Vous savez, il y a deux sortes de gouver- depuis 1985. nements, M. le Président: être et paraître. Bien, M. le Président, de façon à ne pas manquer moi, j'aime mieux qu'on soit moins flamboyant, à ce qui a été dit par M. le premier ministre, qu'on soit moins à spectacle, parce que je me j'aimerais quand même vous lire quelques-uns des souviens très bien qu'il y a quelques années, afin objectifs et quelques-unes des façons, disons, d'être à spectacle et d'être publicise, on se d'en arriver à régler ces objectifs pour les servait des fonds de l'État. On a été obligé, M. prochaines années, objectifs qui ont été quand le Président - peut-être que vous n'en croirez même concertés via toute la deputation du côté pas vos oreilles - de passer une loi au cas où ministériel. Ceci est le fruit, M. le Président, quelqu'un d'autre aurait les mêmes idées en cours d'une consultation à travers chacun des comtés de route, puis que ça passe inaperçu, puis qu'on de la province. Alors, si la population nous dit dépense l'argent de l'État pour publiciser ses clairement c'est quoi les besoins, c'est quoi les orientations politiques. Ça, je pense que c'était problèmes, eh bien, maintenant, c'est a nous absolument aberrant et indécent. d'imaginer les solutions et de faire ensemble (17 h 50) qu'on puisse y travailler. Vous savez, quand on parle de transparence, Alors, M. Bourassa disait: «Favoriser l'in- on pourrait en parler longtemps. Puis le député vestissement par une fiscalité concurrentielle». de Lévis, ça, c'est un député à spectacle, un Ça veut dire quoi, ça? Ça, ça veut dire que si député dans la tradition, la bonne vieille tradi- ici, au Québec, il se paie plus d'impôts que dans tion des premières années du gouvernement du 309

temps. Puis c'est lui qui va servir de modèle au 1985? Juste pour vous mettre un peu dans le jeune député d'Anjou. Ça m'inquiète, M. le contexte de ce qui se vit chez nous, M. le Président! Ça m'inquiète vraiment. Vous savez, Président, chez nous, nous avons réussi à avoir des fois, ce n'est pas parce qu'on diverge une association touristique régionale; nous avons d'opinion au niveau des formations politiques... réussi à avoir la SDI, Société de développement Des fois, on a de la bonne semence dans notre industriel; nous avons réussi à avoir la Régie jeunesse. Et, avant de la mettre en terre, on est régionale de la santé, la Justice; nous avons, en en train de la pourrir. Puis, ça, c'est inquiétant. fait, ce qu'on appelle l'OPDQ, l'Office de plani- C'est inquiétant. Puis on ne peut pas blâmer un fication et de développement du Québec, régio- jeune qui arrive, parce qu'il croit que c'est la nal, qui s'en vient chez nous, comme dans les vérité absolue, parce que ça vient d'un grand autres régions. Donc, ce qui est propre à Laval maître qui sait comment faire, qui sait comment est propre à toutes les régions. dire, qui a le verbe facile, M. le Président. Sauf C'est la vision de notre gouvernement, M. que, je vais lui faire la même recommandation le Président. C'est ce à quoi on travaille, c'est que j'ai déjà faite à quelqu'un d'autre: à la ce à quoi on s'applique, c'est ce que nous allons vitesse qu'il parle, son maître, il ne peut pas réussir. Et nous n'avons pas besoin de nous penser à tout ce qu'il dit. Ça, c'est important. «enrichir d'un pays». Nous sommes déjà riches, Alors, compte tenu de tout ça, M. le nous avons déjà notre pays. C'est à nous de Président, je vous ai juste parlé d'un des élé- développer ensemble cette concertation et qu'on ments qui ont été cités par M. Bourassa. Vous puisse, dans l'unité, dans l'unisson, faire en sorte me faites mention qu'il me reste trois minutes; il que nos objectifs soient réalisables et réalisés. Je me semble que je viens à peine de commencer, vous remercie, M. le Président. M. le Président. On parle de réduire les dépenses publiques Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. en augmentant l'efficacité de la fonction publi- le député de Fabre. Sur le même sujet, je cède que; le rapport Poulin, c'est ça que ça veut dire. la parole à M. le député d'Ungava. Faire en sorte que ceux qui, nécessairement, vont prendre leur retraite ne soient pas rempla- M. Christian Claveau cés dans la fonction publique, et demander à tout le monde de se serrer les coudes un peu M. Claveau: Oui, M. le Président, c'est avec plus, et de donner encore un plus grand rende- un peu de nostalgie que je viens de perdre 20 ment, tout ceci parce qu'on est au service de la minutes de ma journée en écoutant le député de population et que c'est la population qui paie, M. Fabre nous parler de ce que son gouvernement le Président. Oeuvrer à l'amélioration de la n'a pas fait, ou de ce que son gouvernement productivité, bien, ça, c'est faire en sorte qu'on aurait peut-être dû faire. puisse investir un petit peu partout dans ce M. le Président, je comprends que le député qu'on peut appeler les aspects techniques, et de Fabre soit très intéressé par son fonds de ainsi de suite. Alors, ça aussi, il faut en parler. pension parce que, au rythme où ça va là, il va Développer la formation professionnelle et en avoir besoin avant longtemps. Ce n'est pas procéder à des ajustements dans notre système avec des gens qui ont une vision semblable qu'on d'éducation afin d'améliorer la compétence. Ça, va gouverner le Québec bien longtemps, et puis, on en a parlé. On en a largement parlé. Le étant à l'image de son parti, j'ai l'impression député de Salaberry-Soulanges a fait un très qu'il va disparaître aussi vite que les siens aux beau plaidoyer dans ce sens-là pour démontrer ce prochaines élections. qui s'était passé. Mais quand on parle de déve- M. le Président, on aura beau dire ce qu'on lopper la formation professionnelle, c'est faire en voudra dans la salle, dans cette Assemblée, il y a sorte qu'aujourd'hui on redonne à notre popula- des choses qui doivent être dites clairement, tion, on redonne à nos jeunes le goût de s'iden- comme elles sont. Et puis on va arrêter de jouer tifier au travail. Ça, je pense aussi que c'est avec des beaux mots, et puis le verbe facile, et important. puis de la démagogie à trente sous pour essayer Développer le partenariat. Le gouvernement de faire accroire au monde ce qui n'est pas en ne peut pas agir tout seul. Le gouvernement se réalité, M. le Président. doit de s'associer, s'associer avec le patronat, J'écoutais le député de Fabre parler pendant s'associer avec les syndicats. Ça, je pense que 20 minutes de mon collègue d'Anjou. Il faut c'est un défi de taille, c'est un défi qu'on est en croire que leur défaite dans Anjou leur a fait train de relever. Alors, ça, je pense que c'est drôlement mal pour qu'il s'acharne pendant la important aussi de le dire. moitié de son discours à parler de notre nouveau M. le Président, lorsqu'on parle aussi de collègue élu dans Anjou. C'est un signe des régions, chez nous, Laval, c'est une région; c'est temps, M. le Président, l'élection dans Anjou. Ça une grande région, comme Montréal est une leur fait mal. Bien, ils vont avoir à vivre avec. grande région, comme d'autres régions ont Et puis, ils vont avoir à vivre avec encore bien chacune leur particularité. Qu'est-ce que le plus de malheurs que ça dans les semaines et les gouvernement libéral s'est appliqué à faire depuis mois qui viennent s'ils continuent sur leur lancée 310 de ne rien faire, et avec des discours vagues faires, Leblanc et compagnie, y compris le frère comme celui qu'on a eu au moment du discours du ministre là, député de Beauce-Sud, qui ont inaugural du premier ministre. Tout ce qu'il a mis la patte sur Quebecair. Pour faire quoi? Ils réussi à faire, c'est d'essayer de se moquer un ont vendu les meilleurs avions de Quebecair dès peu du chef de l'Opposition, sans jamais amener le départ pour se rembourser sur ce que ça leur quelque mesure que ce soit qui soit neuve, avait coûté pour l'achat, puis, après ça, ils ont positive, constructive, innovatrice pour le peuple opéré tant bien que mal, cahin-caha pendant une du Québec, M. le Président. couple d'années. Ils sont revenus au gouverne- Ce n'est pas avec ça qu'on va bâtir le ment pour demander une subvention. Ça leur a Québec, ce n'est pas vrai. Puis des discours, de été refusé. Ils ont liquidé Quebecair. la démagogie à 25 cents, on en a soupe au Puis, aujourd'hui, vous vous promenez dans Québec. Le député de Fabre vient de nous en les régions du Québec... Ça coûte une fortune faire encore une des plus belles démonstrations pour vous promener dans les régions du Québec. du genre de démagogie dont ces gens-là sont Pourquoi? Parce qu'on s'était donné, ou on capables. Je le comprends d'ailleurs, parce que, voulait se donner, au Québec, un outil de dans le fond, il n'a qu'à suivre l'exemple de son développement régional qui permettrait aux gens premier ministre alors qu'il répond aux questions des régions de pouvoir voyager à un coût en cette Chambre. Il ne peut pas faire mieux que raisonnable, pour avoir accès aux grands centres ce qu'il a fait là. Ça, c'est clair, M. le Président. du Québec. On avait formé la société Quebecair M. le Président, parlons-en, des outils de dans cette idée-là. Bien non. Il y avait trois ou développement économique du Québec. Depuis quatre gars là, peut-être un peu plus fins fins 1985, qu'est-ce qui s'est passé? Souvenons-nous, que les autres au Québec, qui voulaient mettre la M. le Président, du premier mandat, du début du patte sur leur propre petite compagnie d'aviation. premier mandat 1985-1986, 1986-1987. On a Puis, finalement, ils se sont arrangés avec le démantelé, au nom du sacro-saint principe que gouvernement, ils ont racheté Quebecair sous c'était la libre entreprise qui devait contrôler prétexte que ça coûtait cher au gouvernement. l'économie et que le gouvernement ne devait pas Aujourd'hui, ça ne coûte peut-être plus rien au intervenir dans l'économie, on a démantelé, ce gouvernement, mais Quebecair n'existe plus! Puis, gouvernement, y compris le député de Fabre qui les gens des régions du Québec sont dépendants a voté pour ces lois, on a démantelé tout ce de grosses compagnies comme Canadian et Air qu'on avait comme structures de base de déve- Canada pour se voyager. On en paie le coût, je loppement économique dans les régions du vous en passe un papier. Ceux qui n'ont pas à Québec. Je n'en donnerai que quelques petits prendre l'avion dans les régions, ils s'en sacrent exemples, M. le Président. bien, ce n'est pas leur problème à eux. Mais, Rappelons-nous SOQUEM. On a vendu, à un nous, qui vivons dans les régions éloignées et prix minable, on a donné pratiquement les puis qui avons à voyager en avion, on sait ce meilleurs actifs de SOQUEM pour former une que c'est que de payer des billets d'avion. C'est société qui s'appelle Cambior qui, aujourd'hui, ça. investit à l'étranger, a investi aux États-Unis, a Madelipêche. Rappelons-nous Madelipêche. investi en Alaska, a investi dans les Guyanes. Ah oui! Ça coûtait cher d'avoir des usines de Elle investit partout à l'étranger mais, au pêche aux îles-de-la-Madeleine pour relancer Québec, bien, on fait bien attention pour ne pas l'économie des Îles-de-la-Madeleine. Ça, ça trop investir parce que c'est payant à l'étranger coûtait cher. Ah! Madelipêche, ça ne va pas pire! plus qu'ici au Québec. C'est ça qu'on a fait avec On va vendre ça à l'entreprise privée. Main- les actifs de SOQUEM, M. le Président. Aujour- tenant, l'entreprise privée est capable de l'opé- d'hui, SOQUEM doit se référer au Conseil du rer. Ça a donné quoi, vous^ pensez? Allez voir le trésor à toutes les fois qu'elle veut faire un taux de chômage aux Îles-de-la-Madeleine au petit projet. SOQUEM n'est qu'un paravent dans moment où on se parle. Allez voir où on en est nos milieux, elle n'a plus de marge de manoeuvre rendu dans les négociations des quotas de pêche. pour opérer comme telle parce que tous ses Allons voir où en sont les usines de pêche au actifs ont été, à toutes fins pratiques, donnés, Québec actuellement, depuis que le gouvernement, des actifs importants, intéressants. Les actifs toujours à partir du sacro-saint principe qu'on rentables ont été donnés pour former une ne devait pas intervenir dans l'économie pour compagnie comme Cambior qui, à mon sens, ne laisser l'entreprise privée fonctionner à sa guise, joue pas le rôle qu'elle devrait jouer dans le eh bien! on a détruit l'industrie de la pêche au développement minier au Québec au moment où Québec. Allons nous promener dans les villages on se parle, M. le Président. de pêcheurs. Qu'est-ce qui leur reste au-delà du On a vendu Quebecair. Ah ouil Quebecair chômage et du B.S. pour pouvoir vivre? Vous avait 2 000 000 $ de déficit; ça, c'était grave. pensez que c'est comme ça qu'on va monter une 300 000 000 $ de déficit avec le métro à Mont- économie au Québec? Ce n'est pas comme ça. réal, ça, ce n'est pas grave, mais 2 000 000 $ de (18 heures) déficit chez Quebecair, ça, c'est grave. Qui a On a démoli, on a enlevé le programme des acheté Quebecair? Un groupe d'hommes d'af- actions accréditives. On a fait croire que ce 311 n'était pas bon. Aujourd'hui, où on en est dans Imaginez-vous! Le ministre des Forêts a fait sa l'industrie minière, M. le Président? Je vais vous campagne électorale en 1985, et encore en 1989, en donner juste un petit exemple, moi. On parle en promettant une troisième machine à papier à de création d'emplois. Je vais vous donner des Rivière-du-Loup, dans son propre comté. Il y en chiffres précis de ce qui se passe chez nous. avait deux quand il a été élu en 1985; il en Vous m'excuserez des noms anglais, M. le promettait une troisième. Aujourd'hui, il y en a Président; c'étaient des compagnies étrangères une. Ça valait la peine de l'élire. Au lieu d'aug- qui avaient les mines et les noms des puits sont menter la capacité, il l'a coupée en deux. Il n'en tous en anglais. Mais je vais tous vous les reste plus rien qu'une, dans son propre comté de nommer un par un, des puits qui étaient opéra- Rivière-du-Loup, M. le Président. tionnels quand ce gouvernement a pris le pou- Ils ont fait rêver les gens de la Gaspésie voir, M. le Président, juste dans la région de avec la papeterie de Matane. On n'a pas le droit, Chibougamau et de Chapais. Juste à Chibougamau M. le Président, de se moquer du monde comme et Chapais, on avait le puits Springer 1, le puits ces gens-là l'ont fait avec la papeterie de Perry, le puits Cook, à Chapais; on avait le puits Matane, où ils ont laissé croire à la population Anderson 1, Anderson 2, le projet S-3 qui a de la Gaspésie qu'il y avait de la place pour une ouvert un petit peu après; il n'a pas été très autre papeterie au Québec. On a obligé l'inves- long, vous me direz. Il y a Cedar Bay, à Chibou- tissement de Matane. Ça a coûté des centaines gamau; la mine Bachelor, à Desmaraisville; la de millions aux contribuables de tout le Québec mine du lac Short, qui relevait de la mine pour bâtir une papeterie à Matane, qui était liée Opemiska de Chapais. C'étaient toutes des mines à toute la question de la vente - voyons, la qui étaient en opération quand ce gouvernement- papetière, vous devez vous en souvenir - de là est arrivé au pouvoir, et qui avaient toutes Donahue. On a obligé la construction d'une au-delà de 100 à 150 employés chacune, sinon papeterie à Matane. On a fait rêver la population 200 et 300 dans certains cas. C'est tout fermé de Matane. Ça n'a même pas opéré pendant un aujourd'hui; il n'y en a plus. Il reste trois mines, an, c'est fermé. Et je suis prêt à vous passer un trois puits en opération dans toute la belle papier que ça n'ouvrira pas demain matin. région minière de Chibougamau et Chapais. Je On a fait rêver, avec l'argent de tous les vais vous les nommer, pour être bien sûr que Québécois, la population de cette région-là qui, tout le monde comprend. Il reste le puits aujourd'hui, se retrouve dans une situation pire Copper-Rand et le puits Portage qui appartien- que ce qui était avant, parce que, à la suite de nent tous les deux à la compagnie Westminer et ce beau rêve, les gens ont dit: On bâtit une il reste le puits Meston qui appartient à la com- papeterie chez nous, on va avoir de l'ouvrage pagnie Meston, qui est une mine d'or. C'est les pendant de nombreuses années. On s'endette, trois seuls puits qui restent dans toute cette finalement; on a une marge de crédit, on rénove région-là. Toute la liste que je vous ai donnée nos maisons, on se bâtit des maisons neuves, on avant, tout est fermé. Il n'y en a plus. Et on s'achète des voitures neuves, on repart, quoi. Le nous parle de création d'emplois, et on nous gouvernement vient de nous bâtir notre papeterie parle de relance de l'économie. qu'on attendait depuis si longtemps. Donc, on n'a Qu'est-ce que j'ai entendu, moi, dans le pas de raison de croire que ça ne marchera pas. discours du premier ministre, au moment de faire Les gens se sont endettés, ils ont cru dans la son discours inaugural, pour nous montrer qu'il parole de ce gouvernement qui leur disait: allait faire quelque chose pour les pauvres Endettez-vous, allez, il n'y a pas de problème, diables, pour tous les gens qui travaillaient dans on relance l'économie, on vous bâtit une papete- cette industrie minière et qui se retrouvent, rie; ça va être beau. Ça n'a même pas marche un comme on dit - vous me passerez l'expression, an. Mais, par exemple, les gens qui se sont j'espère qu'elle est parlementaire - le cul sur la acheté des maisons, les gens qui se sont acheté paille, M. le Président. C'est deux mots qui se des voitures, les gens qui se sont rééquipés de trouvent dans le dictionnaire. Ces gens-là, ils toutes sortes de façons sur la base que la ont le cul sur la paille à cause de ce gouverne- promesse du gouvernement allait tenir, eux, ils ment qui n'est pas capable de prendre ses sont encore pris avec leurs problèmes, par responsabilités et qui n'a rien fait pour la exemple, et il n'y a personne pour les aider. population du Québec, pour ces gens-là et pour Eux, ils sont pris avec leurs problèmes. nombre d'autres. M. le Président, c'est inacceptable. C'est Regardons dans l'industrie forestière, M. le des façons de faire qu'un gouvernement honnête, Président. Comptons les moulins à scie, les un gouvernement correct n'a pas le droit d'avoir, scieries qui sont fermées depuis 1985. Ça n'a pas M. le Président. Et c'est ça, la base de la de sacré bon sens, ça n'a pas d'allure! relance économique des régions que ces gens-là nous promettent. Comment voulez-vous aller plus Une voix: Du bran de scie! loin? Regardez ce qui s'est passé au Lac-Saint- Jean avec l'investissement de Normick-Perron M. Claveau: Ils peuvent bien nous parler de dans l'usine de panneaux-particules de Chambord. bran de scie, oui, ils connaissent ça, eux autres. La même affaire, le même scheme de pensée, la 312

même structure! On a fait rêver le monde, là- une facture de 442 000 000 $ que les municipa- bas. On a bâti une usine de panneaux qui a lités devront aller chercher via les taxes fon- coûté des dizaines de millions. On a dit au cières, sous prétexte qu'on ne peut plus payer, monde: C'est beau, c'est parfait. Du jour au pour diminuer le déficit, soit dit en passant, de lendemain, ça n'a même pas opéré un an encore, plus de 4 000 000 000 $, cette année, et ça, avec dans ce cas-là, que c'est refermé; la clé dans la les nouvelles formules comptables que ce gouver- porte, dans la boule-à-mites, et on se prépare à nement s'est bien empressé de rentrer dans ses démolir l'usine. On a fait encore rêver le monde livres en 1985, incluant les bénéfices d'Hydro- de ce beau coin de pays et, aujourd'hui, les gens Québec, de Loto-Québec, de la Société des sont pris avec leurs problèmes économiques. alcools, enfin, de tout le monde. On met tous les Le gouvernement a une attitude de je-m'en- bénéfices de toutes les sociétés d'État et on a foutisme. Il s'en sacre bien; ce n'est plus son encore 4 000 000 000 $ de déficit. On en avait problème. Ce n'est tellement plus son problème peut-être 4 000 000 000 $ en 1985, mais on ne qu'il n'est même pas capable de payer ses comptait pas les bénéfices des sociétés d'État. comptes lui-même: 442 167 584 $ de transferts de On avait au moins ça de louable, d'honnête, de factures aux municipalités, à toutes les municipa- correct, c'est qu'on ne comptabilisait pas les lités du Québec. Parce que, après avoir mis le chiffres des sociétés d'État pour diminuer notre monde dans une situation invivable, après avoir déficit. Ce n'est pas 4 000 000 000 $ qu'il y fait du Québec un vaste champ d'assistés sociaux aurait, c'est autour de 6 000 000 000 $, si ce et de chômeurs qui pataugent tant bien que mal gouvernement avait la même comptabilité qu'on pour essayer de se trouver de l'ouvrage, sans avait en 1985. aucune norme, sans aucune orientation, sans Ça fait que ne jouons pas trop sur les aucune vision de leur gouvernement pour les mots. Mettons les chiffres tels qu'ils sont et aider, eh bien, on leur dit: On n'en a pas assez comparons les oranges avec les oranges. Le de vous avoir mis le cul sur la paille, on va aller premier ministre aime bien ça. Il faisait des vous enlever la paille qui reste avec... farces, cet après-midi, à l'Assemblée, en disant: On parle du dollar américain et ils parlent du Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le dollar canadien. Bien, parions des mêmes mesu- député d'Ungava, je m'excuse! res, des mêmes normes comptables que ce que nous, on avait en 1985, comparé à ce qu'il y a Une voix:... aujourd'hui. À partir des mêmes normes, ce n'est pas 4 000 000 000 $, c'est à 6 000 000 000 $ et Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je m'excu- plus que serait le déficit du gouvernement du se! M. le député d'Ungava! Québec, au moment où on se parle. De fins gestionnaires, M. le Président! Aussi Une voix: Oui. fins gestionnaires que bons négociateurs, d'ail- leurs! Moi, je m'en souviens. Si eux, ils ont de Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je veux l'amnésie générale, moi, je m'en souviens, en vous rappeler les dispositions des paragraphes de 1985, ils ont fait leur campagne électorale en l'article 35, particulièrement le paragraphe 8, qui disant: Nous, vous savez, négocier avec le se lit comme suit: «Les députés ne peuvent... Le fédéral, on connaît ça. Les péquistes ne sont pas député qui a la parole ne peut employer un bons là-dedans, les péquistes ne savent rien langage grossier ou irrespectueux envers l'As- faire. Bien, nous, on va aller négocier avec le semblée.» Alors, que je le laisse passer une fois, fédéral et vous allez voir qu'on va vous montrer à partir du moment où vous m'indiquez même que qu'on est de fins négociateurs. vous croyez que c'est plus ou moins parlemen- De fins négociateurs, oui! Le cul-de-sac taire... Je vous rappelle que c'est une expression dans lequel on se trouve - «cul-de-sac» étant qui, selon les prescriptions de l'article 35.8 que une expression, j'imagine, très bien connue et je viens de vous lire, n'est pas acceptable à non vulgaire utilisée partout par le ministère des l'Assemblée nationale. Transports - sur le plan constitutionnel, ce n'est pas le PQ qui l'a fait, c'est eux, de fins négocia- M. Claveau: M. le Président, avec tout le teurs! Fins négociateurs! Ils connaissaient ça. Ils respect que je vous dois, ce n'est pas contre allaient diminuer, ils allaient anéantir, annuler, l'Assemblée que j'en ai et ce n'est surtout pas à réduire, faire disparaître, faire passer aux l'Assemblée nationale que je donnerais ce oubliettes le déficit du Québec, M. le Président. qualificatif, mais à certains membres de cette Avec eux, il n'y en aurait plus de déficit. Assemblée qui forment le supposé gouvernement (18 h 10) qui, normalement, devrait administrer le Québec Ils nous ont parié de marge de manoeuvre. et qui, malheureusement, siègent avec nous et Oui, la marge de manoeuvre, parions-en! Le donnent l'image que l'on connaît du Québec député de Fabre, encore, tantôt, se gargarisait actuel. avec ça. Ça a été encore un coup monté, aux Donc, ceci étant dit, on enlève la paille en élections de 1985, pour montrer qu'eux, s'ils dessous du c... et on refile à tout ce beau monde arrivaient au gouvernement, ils étaient capables 313 d'opérer, ils avaient une marge de manoeuvre. ne voudrais pas commenter ou me mettre à Voyons donc! Il y a deux raisons pour lesquelles commenter ce genre de discours parce que je ils nous ont dit qu'ils avaient une marge de pense que je perdrais mes 20 minutes, moi aussi. manoeuvre aux élections de 1985. La première, M. le Président, le dernier discours inau- c'est qu'ils mentaient carrément à la population gural a visé à définir les grandes orientations du en sachant qu'il n'y en avait pas, mais ils gouvernement au cours des prochains mois. Les faisaient accroire qu'ils en avaient. La deuxième, priorités sont d'ordre économique, social, culturel c'était qu'ils n'avaient pas fait leur job dans et éducationnel. C'est ce qu'on appelle, M. le l'Opposition. S'ils avaient fait leur job comme Président, avoir une vision globale du développe- députés de l'Opposition au lieu de compter leur ment d'un Québec moderne, qui devra affronter fonds de pension, probablement qu'ils se seraient les défis à la fois économiques, techniques et rendu compte que la situation financière du humains à l'aube de l'an 2000. Québec ne dégageait pas de marge de manoeuvre. L'Opposition officielle se dit déçue de ce Alors, ils ont fait accroire à la population du discours. On n'en attendait pas moins d'une Québec, en 1985, durant toute la campagne formation politique qui a fait preuve d'une électorale, qu'eux, ils avaient une marge de mauvaise gestion des fonds publics entre 1976 et manoeuvre et qu'ils pourraient appliquer des 1985. M. le Président, je sais que nous dirigeons programmes. Soit qu'ils ont menti à la population les destinées du Québec et que le Parti québécois ou qu'ils n'ont pas fait leur job dans l'Opposi- n'aime pas qu'on revienne en arrière, surtout tion, il n'y a pas d'autres raisons. pour critiquer sa gestion, mais vous comprendrez Aujourd'hui, le député de Fabre vient nous que nous avons, à titre de contribuables, à payer dire: On ne connaissait pas l'état de l'économie. 50 000 000 $ par semaine pour assumer l'hypo- Ils nous en avaient caché. Voyons donc! Il y a thèque qu'il nous a léguée. Non seulement le une chose que je sais, moi, par exemple, c'est gouvernement du Parti québécois n'avait-il pas que ces gens-là nous ont promis, en 1985, vu venir la crise économique qui allait poindre qu'avec eux il n'y aurait plus de déficit, au au début des années quatre-vingt, mais il s'en Québec. À partir des mêmes normes comptables trouva fort dépourvu, puisqu'il n'avait plus cette qu'on avait en 1985, le déficit, aujourd'hui, serait marge de manoeuvre suffisante pour venir en au-delà de 6 000 000 000 $. Ah! ils connaissent aide à ceux et celles qui en avaient le plus ça. De fins gestionnaires, parlons-en! besoin. M. le Président, on a refilé 442 000 000 $ D'ailleurs, les effets se sont vite fait là-dessus. Ce n'est pas assez d'avoir comptabilisé sentir, puisqu'on comptait par milliers le nombre les bénéficies des sociétés d'État comme Hydro- des chômeurs dans toutes les régions du Québec. Québec, etc., mais on a refilé, en plus, Dans certaines d'entre elles, on dépassait les 500 000 000 $ de factures aux municipalités et 20 %. M. le Président, qui ne se souvient de on a encore au-delà de 4 000 000 000 $ de l'aventure du trou de 500 000 000 $ dans le déficit. Parlons-en de la gérance de ces gens-là! secteur de l'éducation? C'est le Vérificateur Parlons-en de leurs connaissances techniques! Ils général qui en a découvert l'ampleur et constaté peuvent bien se moquer du PQ. Je comprends, ça les écarts de coûts considérables en raison de leur fait mal. D'ailleurs, M. le Président, quand il l'inexactitude des données disponibles au minis- ne nous reste plus rien qu'à se moquer des tère de l'Éducation, comme la clientèle et les autres pour se défendre, on ne vaut pas cher. effectifs enseignants. J'aurais bien mieux aimé entendre le premier L'ancien ministre québécois des Finances et ministre nous annoncer des vraies mesures actuel chef de l'Opposition officielle n'avait concrètes dans son discours inaugural plutôt que découvert ce trou qu'en fin de mandat. On se de faire de la démagogie à 25 cents, à l'exemple demandait alors comment un grand maître comme de ce que vient de nous faire le député de Fabre l'ancien ministre québécois des Finances pouvait tout à l'heure. prétendre n'avoir décelé en aucun moment Vous me dites que mon temps est fini? l'anarchie dans les méthodes de calcul du nombre d'enseignants ou d'élèves au Québec. Méthodes Une voix: Oui. qui ont résulté en un trou de 500 000 000 $. M. le Président, en ce qui a trait aux M. Claveau: Merci, M. le Président. éventuels changements politiques qui pourraient survenir au niveau constitutionnel, j'aimerais Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. rappeler aux membres de cette Chambre que la le député d'Ungava. Sur le même sujet, je région de l'Outaouais serait la plus affectée au reconnais maintenant M. le député de Gatineau. Québec. On a souvent dit par le passé que l'Outaouais était une région choyée par le M. Réjean Lafrenière gouvernement fédéral et qu'en définitive on s'y plaignait le ventre plein. C'est une fausse vérité, M. Lafrenière: M. le Président, pour de la M. le Président. Il convient de rappeler que tous démagogie, le député d'Ungava et le député de les gouvernements, de quelque formation politique Lévis se partageraient la palme aujourd'hui. Je que ce soit, qui se sont succédé à Québec ont 314

incité les gens de l'Outaouais à se battre pour rappeler ici que la participation du fédéral à ces obtenir ce qu'il convenait d'appeler la juste part travaux est versée au fonds consolidé de la des emplois du gouvernement fédéral. Nous y province et que ce n'est pas son ministère avons cru et nous nous sommes battus pour directement qui en profite, et il aurait raison. prendre cette part. Effectivement, ces sommes ont servi jusqu'à C'est une situation qui a bien sûr joué à maintenant à financer toutes sortes de program- notre avantage sous certains aspects, mais qui mes à la grandeur de la province. On pourrait s'est aussi révélée un handicap en d'autres dès lors penser que l'Outaouais dispose d'un domaines. M. le Président, quelle que soit meilleur réseau routier qu'ailleurs en province. l'ampleur du rapatriement des pouvoirs qui Mais c'est loin d'être le cas. Même avec 50 % découlera des négociations actuelles, c'est des défrayés par le fédéral, pour la majorité des milliers d'emplois qui sont en jeu chez nous. M. grands travaux routiers, l'Outaouais a le triste le Président, nous ne croyons pas, en Outaouais, record du plus mauvais réseau routier de la que notre région ait à payer pour avoir suivi le province. Ce n'est pas moi qui le dis, M. le mot d'ordre que nous lançait l'ensemble des Président, mais une étude faite par le ministère leaders francophones du Québec et du Canada. des Transports, et qui en arrive à ces con- Le gouvernement libéral dont je fais partie clusions. En 1992, il nous faut encore passer par s'est d'ailleurs montré sensible à cette question l'Ontario pour nous rendre par autoroute à en créant un comité chargé d'étudier les impacts, Montréal ou à Québec. M. le Président, l'auto- sur la région de l'Outaouais, d'un éventuel route 50 devra faire partie des incitatifs spéciaux transfert de pouvoirs. L'une des recommandations que le gouvernement devra inscrire au cahier de du comité en question vise à permettre à l'Ou- charge afin que nous ayons tous les outils taouais de diversifier son économie dans dif- nécessaires à la diversification de notre écono- férents domaines, que ce soit le domaine manu- mie. facturier, le secteur des forêts ou la haute M. le Président, de 1976 à 1985, le précé- technologie. Pour ce faire, M. le Président, le dent gouvernement a complètement fermé les gouvernement du Québec sera appelé à jouer un yeux sur cette entente, pourtant avantageuse rôle majeur en Outaouais avec des programmes pour le Québec. Fort heureusement, notre gou- spéciaux et exclusifs à cette région, que ce soit vernement a remis cette entente en vigueur dès sous forme d'avantages fiscaux auprès des son arrivée, en 1985, mais il faudra aller plus promoteurs ou d'autres incitatifs destinés à loin, parce que l'Outaouais est aussi purement attirer des promoteurs majeurs en région. Ces québécoise que les autres régions du Québec. Il y mesures spéciales devront prévaloir jusqu'à ce va non seulement de la qualité de vie d'une que la région de l'Outaouais ait récupéré l'équi- génération de Québécoises et de Québécois mais valent des emplois perdus dans la fonction d'un départ pour un Québec meilleur qui aura à publique. Au niveau des programmes gouver- affronter des défis importants à l'aube des nementaux incitatifs, il est de notoriété publique années deux mille. qu'on a longtemps considéré que l'Outaouais ne Voici, M. le Président, l'essentiel de mes constituait pas un choix intéressant pour l'im- remarques en regard du dernier discours inau- plantation d'industries majeures. Cela était d'au- gural qui m'apparaît encourageant sur les plans tant plus vrai lorsque cette industrie générait économique, social et culturel, pour une meilleure des salaires qui se situaient au-dessus de la maîtrise de notre avenir. Merci, M. le Président. moyenne. Le Québec affichait alors un écart d'environ Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. 10 % avec l'Ontario au niveau de l'impôt person- le député de Gatineau. Je suis prêt à reconnaître nel, si bien que plusieurs élisaient tout simple- le prochain intervenant. M. le député de Ber- ment domicile chez nos voisins d'Ottawa. Grâce trand. au gouvernement libéral, cette différence n'existe pratiquement plus. Comme je l'indiquais précé- Une voix: Je demanderais un ajournement. demment, M. le Président, certains estiment que l'Outaouais a profité d'une situation privilégiée. Le Vice-Président (M. Lefebvre): Vous Dans les faits, c'est souvent le reste du Québec demandez l'ajournement du débat? Alors, est-ce qui a profité de ce que pouvait sembler une que cette motion d'ajournement du débat est situation privilégiée. Qu'il suffise de rappeler, à adoptée? La motion d'ajournement du débat est titre d'exemple, que le gouvernement du Québec adoptée. Il est 18 h 22. Dans les circonstances, dispose d'une entente avec la Commission de la j'ajourne les travaux de l'Assemblée à demain capitale nationale dont le territoire couvre une matin, 10 heures. bonne partie de l'Outaouais québécois. Cette entente prévoit que le gouvernement fédéral (Fin de la séance à 18 h 22) participera, et participe, à 50 % des coûts pour la construction du réseau routier. Je suis certain, M. le Président, que le ministre des Transports aurait envie de me