Boris Kochno Diaghilev Et Les Ballets Russes
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DIAGHILEV ET LES BALLETS RUSSES BORIS KOCHNO DIAGHILEV ET LES BALLETS RUSSES FAYARD Cet ouvrage a été publié dans son édition originale par Harpers and ROkl, N ek' York- Les passages des lettres de Diaghilev à Stravinski sont extraits de Memoirs and Commentaries et reproduits avec l'autorisation d'Alfred A. Knopf Inc. t / p 6 0 by Robert Craft and Igor Stravinsk). La maquette française de ce livre a été effectuée d'après la maquette américaine de Bea Feitler, et les photographies des documents, de la collection de Boris Kochno, sont dues à Niki Ekstrom. Tous droits de reproduction réservés pour tous pays. C 1970 ry Boris Kochno. C Librairie Arthème Fayard, 1973. Dessin de Picasso, pour le programme des Ballets Russes, en 1923. Dédicace de Diaghilev à Boris Kochno sur le programme de la saison des Ballets Russes à Paris en 1923. Pour mon cher Borinka, ce début d'une œuvre qui, grâce à sa sollicitude et son travail, laissera enfin une trace sûre de mes longs efforts. Serge Diaghilev ier décembre IY23 Paris SOMMAIRE DES BALLETS RUSSES LES PARORIGINES ALEXANDRE BENOIS 2 NOTE DE L'AUTEUR 22 LE PAVILLON D'ARMIDE 24 SCÈNES ET DANSES POLOVTSIENNES DE L'OPÉRA LE PRINCE IGOR 26 LE FESTIN 29 LES SYLPHIDES 32 CLÉOPATRE 32 LE CARNAVAL 38 SCHÉHÉRAZADE 42 GISELLE 48 L'OISEAU DE FEU LES ORIENTALES j6 LE SPECTRE DE LA ROSE Óo NARCISSE Ó3 S AD KO 64 PETROUCHKA 66 LE LAC DES CYGNES 73 LE DIEU BLEU 74 THAMAR 79 L'APRÈS-MIDI D'UN FAUNE 80 DAPHNIS ET CHLOE 83 JEUX 84 LE SACRE DU PRINTEMPS 87 SALOMÉ pi LES PAPILLONS 92 LA LÉGENDE DE JOSEPH gf LE COQ D'OR 99 MIDAS 9 9 LITURGIE 101 LE SOLEIL DE NUIT 102 LAS MENINAS 70 j TILL EULENSPIEGEL 106 LES FEMMES DE BONNE HUMEUR 108 LES CONTES RUSSES 112 PARADE 7 16 LA BOUTIQUE FANTASQUE 126 LE TRICORNE 132 LE CHANT DU ROSSIGNOL 138 PULCINELLA 147 LE ASTUZIE FEMMINILI 150 CIMAROSIANA 150 MA PREMIÈRE RENCONTRE AVEC DIAGHILEV //^ CHOUT (LE BOUFFON) ij6 CUADRO FLAMENCO 162 LA BELLE AU BOIS DORMANT 168 RENARD 176 LE MARIAGE D'AURORE 180 MAVRA 182 NOCES 186 PICASSO IMPROMPTU 192 LES TENTATIONS DE LA BERGÈRE LE MÉDECIN MALGRÉ LUI 1,98 LES BICHES 200 PHILEMON ET BAUCIS 208 LES FACHEUX 210 LE TRAIN BLEU 214 ZÉPHYR ET FLORE 220 LES MATELOTS 228 BARABAU 230 ROMEO AND JULIET 234 LA PASTORALE 238 JACK IN THE BOX 240 LE TRIOMPHE DE NEPTUNE 244 1.95 LA CHATTE 248 ŒDIPUS REX 2 MERCURE LE PAS D'ACIER 258 ODE 262 APOLLON MUSAGÈTE 266 LES DIEUX MENDIANTS 268 LE BAL 270 LE FILS PRODIGUE 272 19 AOÛT 1929 2j6 NOTES AUTOBIOGRAPHIQUES DE SERGE DIAGHILEV 280 DIAGHILEV PARLE DE LA DANSE CLASSIQUE 286 INDEX 29o Le nom du créateur des Ballets Russes s'écrivait à l'origine avec w : Serge de Diaghilew. On trouvera dans cet ouvrage une orthographe différente, mais unanimement adoptée aujourd hui, le v a remplacé le w : Serge de Diaghilev. B.K. DIAGHILEV ET LES BALLETS RUSSES L'ORIGINE DES BALLETS RUSSES par ALEXANDRE BENOIS Texte inédit écrit à la demande de Boris Kochno. LESdérés Ballets comme Russes faisant peuvent partie être deconsi- la fameuse campagne d'exportation qu'entreprit Serge Pavlowitch de Diaghilev — une des plus curieuses et marquantes figures du début du XXe siècle —, entièrement à ses risques et périls. Bien avant 1909 (année de la première saison de ses ballets), il avait donné des preuves de ses qualités d'organisateur doué d'une énergie et d'un talent excep- tionnels. C'est lui qui avait réussi à souder en un groupe homogène notre Compagnie de jeunes peintres, c'est lui qui organisa leurs premières expositions; c'est lui qui fonda à Saint-Pétersbourg la revue d'art Mir Iskoustva (Le Monde de VArt), qui joua un rôle prépondérant et bouleversa entièrement l'esthétique de la société russe; et c'est encore lui qui organisa la grandiose exposition de portraits russes qui occupa en entier l'immense Palais de Tauride. Mais toute cette activité de Diaghilev se passait en Russie et avait pour but d'élever le niveau de la compréhension artistique de ses compatriotes. Ce n'est qu'en igo6 pourtant, qu'il inaugura ce que j'ai appelé « sa campagne d'exportation ». COMMENT définir les raisons qui pous- sèrent Diaghilev vers cette entreprise? Je crois ne pas me tromper en les cherchant dans un sentiment de profond patriotisme qui l'animait, lui, aussi bien que ses proches amis. Seulement, ce sentiment ne trouvait pas son expression dans des théories, des formules et des slogans. Peut-être même n'en avions-nous pas entièrement conscience et certainement nous nous montrions hostiles et pleins d'ironie à l'égard de tout patriotisme officiel. Nous trouvions mainte chose à redire dans les conditions de la vie russe, et, volontiers, nous en faisions une critique impitoyable. Mais, malgré cela, nous ne pouvions pas ne pas aimer notre pays, subir le charme étrange de son âme, et toute notre activité avait pour but de glorifier l'art russe, tout ce qui autour de nous, en Russie, contenait de la beauté et une grande signification spirituelle. Mais Diaghilev avait aussi des raisons toutes personnelles pour transporter son activité à l'étranger et pour s'adonner entièrement à une « exportation » de l'art russe. C'est qu'à un moment donné il ne trouva plus dans sa patrie un champ assez vaste et suffisamment libre pour y appliquer tout ce que comportait sa nature, de tempérament et d'ambitions. A l'exemple de tous les jeunes gens de sa classe, Diaghilev commença par entrer (en 1899) au service de l'Etat, et ses débuts furent des plus brillants. Il fut nommé « fonctionnaire pour missions spéciales » auprès du nouveau directeur des théâtres impériaux, le prince Wolkonsky, avec lequel d'ailleurs il était Hé d'amitié. Et, tout de suite, Diaghilev s'acquitta merveilleusement de la première mission spéciale qu'il reçut. C'était la rédaction de Y Annuaire des théâtres impériaux pour l'année révolue de 1898-1899. Jusqu'alors c'était une publication tout à fait offi- cielle et privée de tout caractère artistique. Diaghilev, utilisant les forces intellec- tuelles qui se groupaient autour de lui, fit paraître un livre d'un luxe et d'un goût exceptionnels, rempli de documents d'art et d'histoire extrêmement précieux. On fit à cette publication un grand succès; toute la société cultivée de Saint-Pétersbourg y prit intérêt, et même le tsar exprima au prince Wolkonsky sa grande satisfaction. Un avenir des plus brillants s'ouvrait devant Diaghilev; mais malheureusement ce même succès lui fut fatal ! Immédiatement il fit un de ces faux pas qui ne sont guère pardonnés de la part d'un subordonné. Fort de son succès, Diaghilev posait de telles conditions à son directeur (février 1901) que celui-ci ne put y consentir malgré toute son amitié et toute son estime. Le malentendu entre lui et Wolkonsky prit un caractère aigu et, au bout d'une semaine, Diaghilev se voyait « mis en disponibilité », ce qui équivalait à l'exclusion dans l'avenir de tout poste d'Etat. Tous ses espoirs, et les nôtres avec, semblaient s'écrouler irrémédiablement 1. Chose plus grave, Diaghilev ne jouissait pas de la sympathie du tsar lui- même. Nicolas II se méfiait des natures trop douées et volontaires. Cette attitude du monarque ne changea pas, même à la suite de l'exposition mentionnée des portraits historiques, qui pourtant révélait en Diaghilev un homme d'une culture hors ligne, capable des plus grandes entreprises, et témoignant d'un désir ardent de servir son pays. Diaghilev, à trente ans, se vit condamné à une inactivité presque complète; il étouf- fait dans ce milieu, et se mit naturellement à la recherche d'un champ d'action plus vaste. 1. Grâce à ses relations, Diaghilev réussit à réaliser une exception à la règle, et un an après cette catastrophe, il se trouva attaché à la Chancellerie de Sa Majesté. Pourtant, ce poste très honorifique, mais terne et effacé, ne pouvait le consoler de son éloignement des théâtres pour lesquels il se sentait avoir une authentique vocation. Couverture d'un programme de ballets par Constantin Somov. Frappé par le fait que les noms mêmes de nos meilleurs peintres anciens et modernes fussent inconnus en dehors de la Russie, Diaghilev résolut de transporter plusieurs de leurs oeuvres à Paris — ce centre de la vie mondiale — et c'est ainsi que Paris put voir (pendant une durée trop brève de cinq semaines) un ensemble des plus caractéristiques de l'art russe, depuis les icônes des xvie et XVIIe siècles jusqu'aux oeuvres des artistes contemporains. Cet ensemble était présenté dans les salles du Grand Palais, spécialement décorées à cette occasion d'après les dessins de notre ami Bakst; quant à moi, Diaghilev me confia la composition du catalogue illustré et me força, malgré mon aversion pour toute manifestation publique, à faire une conférence d'inauguration. LA deuxième « campagne d'exportation » de Diaghilev fut constituée par les concerts de musique russe à l'Opéra de Paris, où prirent part nos plus célèbres artistes et virtuoses. Malheureusement, le succès de ces très beaux concerts fut plutôt médiocre. Nous-mêmes, bien qu'étant leurs organi- sateurs et inspirateurs, nous n'en étions pas satisfaits; toute notre Compagnie aimait passionnément la musique, mais nous la comprenions davantage comme partie inté- grante d'un spectacle — opéra ou ballet —, toute notre activité étant d'ailleurs jus- qu'alors consacrée aux arts plastiques, dans la rédaction de nos deux revues d'art (la deuxième, Les Trésors de l'Art russe, fut créée par moi en 19° 1), les expositions, les éditions et les mises en scène pour le théâtre.