Capacités d’adaptation des exploitations laitières des hautes terres de la province du à : impacts de la crise de 2009

Eric Penot 1 * Gaelle Duba 2 Paulo Salgado 3 Patrick Dugué 1

Mots-clés Résumé Bovin laitier, crise économique, L’objectif de l’étude a été de comprendre les pratiques des exploitants laitiers évaluation de l’impact, alimentation malgaches après la crise économique (et politique) de 2009, ainsi que d’évaluer des animaux, résilience aux crises, son impact sur les revenus des exploitations. L’analyse a été centrée sur les straté- SYSTÈMES D’ÉLEVAGE ET FILIÈRES ■ SYSTÈMES D’ÉLEVAGE Madagascar gies d’adaptation des éleveurs laitiers pour maintenir le revenu de leurs exploita- tions face cette période de crise. Elle s’est basée sur des enquêtes réalisées entre Accepted: 26 January 2016 2008 et 2010. Les données ont porté sur trois zones représentant la diversité du Published: 4 July 2016 triangle laitier des hautes terres, principale région productrice de lait de Mada- gascar. Une typologie a été réalisée dans un premier temps sur un échantillon de 59 exploitations pour comprendre la rationalité des pratiques d’élevage, en particulier l’alimentation des animaux. Dans un second temps, une modélisation économique avec le logiciel Olympe s’est appuyée sur 21 d’entre elles pour esti- mer l’impact de la crise sur les revenus des producteurs laitiers. Des scénarios prospectifs rendant compte de l’efficience et des risques des choix techniques par les exploitants ont permis d’explorer l’évolution de la situation avant et après la crise, et de montrer une certaine résilience des exploitations.

■ Pour citer cet article : Penot E., Duba G., Salgado P., Dugué P., 2016. Adaptability of dairy farms in the highlands of the Vakinankaratra province of Madagascar: Impacts of the 2009 crisis [in French]. Rev. Elev. Med. Vet. Pays Trop., 69 (1): 19-31

■ INTRODUCTION de couverture qui peuvent aussi être valorisées comme plantes fourra- gères. Progressivement le principal projet de développement régional – La région des Hautes Terres à Madagascar, située entre 1300 et 2000 BVPI-SE/HP 4 pour qui cette étude a été réalisée – a alors réorienté mètres d’altitude, est constituée de collines (tanety) et de bas-fonds irri- ses activités vers le renforcement de l’élevage laitier, clé de voute du gués qui permettent la culture du riz, souvent prioritaire. L’accroisse- développement économique régional avec le riz irrigué et le riz pluvial. ment démographique et la saturation des terres irriguées impliquent la Les données collectées et leur traitement proposent, sur la base d’une mise en culture des zones exondées moins fertiles et une augmenta- typologie des élevages laitiers et d’une modélisation des perfor- tion de la production de cultures pluviales dont le riz pluvial (Ahmim- mances des exploitations agricoles laitières de la région des hautes Richard et al., 2011). Dans ce contexte, une des priorités des projets de terres, d’évaluer les impacts de la crise économique de 2009 sur l’évo- développement agricole à partir des années 2000 a été la gestion de lution des pratiques et les revenus des éleveurs. Cette crise écono- la fertilité des terres de tanety et l’accroissement de leur productivité mique a fait suite au coup d’état civil de février 2009 aboutissant à une par la vulgarisation des systèmes de culture sur couverture végétale. grave crise politique et aux sanctions économiques des bailleurs de Pour cela ces projets ont vulgarisé à grande échelle diverses plantes fonds ayant pour effet immédiat la disparition de la principale société agro-industrielle d’achat du lait aux éleveurs qui achetait 50 % du lait 1. Cirad, UMR Innovation, TA C-85/15, 73 rue Jean-François Breton, 34398 Montpellier Cedex 5, France. frais de la région (la société TIKO qui appartenait au président déchu, 2. Université de Montpelier, Epsed, Montpellier, France. Ravalomanana). L’analyse a été centrée sur les stratégies d’adaptation 3. Cirad, UMR Selmet, , Madagascar. des éleveurs laitiers face à cette crise pour maintenir le revenu de leur * Auteur pour la correspondance exploitation dans un contexte d’évolution rapide du marché (baisse de Tél. : +33 (0)4 67 61 71 05 la demande et des prix, puis forte remontée). Des scénarios prospectifs, Email : [email protected] 4. Projet de développement « Bassin versant, périmètres irrigués, Sud-Est, hauts

https://creativecommons.org/licenses/by/4.0/ plateaux », financé par l’Agence française de développement tropicaux, 2016, 69 (1) : 19-31 des pays et de médecine vétérinaire Revue d’élevage 19 Dairy farmsfollowingthe2009crisisinMadagascar

20 Revue d’élevage et de médecine vétérinaire des pays tropicaux, 2016, 69 (1) : 19-31 ■ SYSTÈMES D’ÉLEVAGE ET FILIÈRES tion des stratégies paysannestion stratégies des possibles : soit l’agriculteur privilégie / d’adapta situation compromis une de ainsi créant bovins laitiers la fabrication la de provende pour productions vivrières des tie des fourragères, soit les cultures l’utilisation pour suffisant d’une par saison.en contre diversification La laitière implique soit foncier un face cultivable exploitation, par seulement est cultivée dont partie une ayant producteurs des en moyennepartie moins d’un sur de hectare la majeure pour prioritaire reste foncière alimentaire où la sécurité contexteLe production de est agricole celui d’une saturation forte (absence fanage pratiques de de et d’ensilage). en vert distribuée était fourrages des àla ferme. produits puis totalité La coopératives ou aux avant collecteurs achetés aux principalement 2009, pluies. étaient des ; ils compléments Des animaux aux sont distribués ou les bas-fonds en saison le riz produisant les zones irriguées dans d’une (saison saison contre de production fourragère àpartir sèche)lisé L’affouragement 0,5 à3hectares. de allant superficie bovins des est réa exploitations des polyculture de élevage dans intégrés familiales d’une vaches) (généralement cinq de moins en troupeaux majorité petits de (2008b).recherche appliquée Fifamanor production provient laitière La de du actions centre aux rouge norvégiennegrâce ou PRN), notamment noire, Bretonne et Gasconne, 1840), depuis (Pie améliorée et race de génétiques et locaux zébus diversentre Normande, Pie races de apports cheptelun vaches bovin de locale, composé race (croisement de la Rana région par principalement (Rabefenomanantsoa, ; elle 2009) est assurée provient Plus la % de Madagascar production de laitière 80 de cette de l’île de les villes donttaillent la laitiers. capitale, en produits notamment ravi animaux, et légumes produits de de duction céréales, de fruits, de 2008). exploitations Les la de région, agricoles vers orientées la pro et al., (Randrianasolo région et zone agro-industrielle agricole une cette autres) entre Ecofruit, légumes de ont qui fait de exportatrice société Madagascar, de la STAR, Kobama/Moulins brasserie (la la minoterie laitier en du dehors secteur d’industries ancienne tation alimentaires (figure 1)ratra et et la bénéficie capitale Antananarivo, l’implan de inclut laitier »qui du la «triangle province duau Vakinanka cœur production bassin de rizicole, un constitue régionLa du Vakinankaratra Production laitièredanslesexploitationsagricoles majeure. crise cette de ou affaiblies renforcées sitégies les et ont finalement exploitations adoptées été sont sorties 2009, de quelles crise quelles pratiques ontà cette stra modifiées, été l’article les comment exploitants comprendre de aété ont laitiers réagi tion la de situation avant (depuis et la après crise 2008). L’objectif de peuvent les éleveurs, par adoptés d’explorer être ont permis l’évolu l’efficience de compte rendant qui choix des techniques et risques des Vakinankaratra àMadagascar. (enrouge) Figure 1 : localisation des trois zoneslocalisation des trois du d’étudedans larégion ------mun. pers. auprès des opérateurs locaux) 2009).mun. pers. auprès opérateurs des (Andriamirija, la production (avec laitière le non-remboursement crédits) des (com les investissementsindirectement, les exploitants par effectués dans lait, de globale la l’atelier litre de rentabilité par marges d’élevage et, février 2009,entre et avril soit a0,06 0,24 de €, les en danger mettant d’achat du prix momentanée à150 Ar/L 600 de du lait au producteur lade moitié la région. du effet lait produit dans aeu pour la Ceci chute près de la de Société collecte TIKO et donc l’arrêt et brutal immédiat la de lait la avec fermeture la filière sur en particulier importantes ultra haute température. àla réservé productionlait de à était et lait de concentré. lait frais Le massives la productionfromages, de pour yaourts de lait de en poudre quantités des ont industriels importé les groupes deux lait de frais, rie collecte, dont 11 2009). (Rabemananbola, réfrigérés Pendant la pénu lait de avec producteurs groupe, TIKO, de 23 centres 4000 intégrait sement principal la en génétique de base PRN). Le troupeaux des relativement élevages laitières des rapide performances des (accrois- amélioration une ainsi permettant l’inséminationpour artificielle (ONG),mentale en plus paillettes des fournit du technique conseil Fifamanor,ment sécurisé. projet devenu non-gouverne organisation exemple par comme les formules provende, de système et un paie de techniques, conseils des producteurs, de groupements àlait aux tanks manor, 2008a). des en fournissant sociétés ont la Ces filière intégré cipalement les TIKO entre sociétés (47 %) et Socolait (14 %) (Fifa prin 70 la % de production, à80 fournissaient qui industriels répartis les exploitations petites par représentés et b) familiales, les acteurs le marché, sur % du à30 lait cru 20 fournissaient traditionnels, qui d’acteurs regroupaient types circuits deux trois Ces : a) les acteurs laitières. la capitale industries ou vers pour les grandes laitde frais locales. troisième la le de vente Le circuit était artisanales mageries la de régionmagasins les ou la fro de province. concernait second Le et locaux aux consommateurs aux et lait de locale frais vente directe s’appuyait premier circuits. Le les principaux trois sur basée la sur l’exportationpour hors province. L’organisation était la de filière à 110 dont litres de seulement 17 millions collectés étaient millions avant estimée laitier était la crise du triangle production annuelle La le et le les fromage lait frais, yaourts. pour Antananarivo sur culier jusqu’en augmenté progressivement ademande La 2008. en parti (Ar) et Socolait), (0,24(TIKO litre €) par ariary stable 600 de autour principaux les contrôlé opérateurs deux avec par marché prix un L’offre lait de aaugmenté en régulièrement suivant du la demande Acteurs delafilièreavantcrise sa famille. de alimentaires les besoins sécuriser pour nourriture de diversification l’exploitation de laitière, la monétarisation et l’achat l’autoconsommation soit privilégie la il alimentaire, et la sécurité (0,33 s’est la monnaie car €/L dévaluée temps, entre de passant 2013,En et 1100 lait de situait 1000 se entre du litre le prix l’offreentre les collecteurs. par et la contrôle demande, sans du prix nouvel (600 Ar/L) un montrant àla crise au niveau équilibre antérieur la situation s’est 2009 juillet de sont revenus prix Les partir stabilisée. l’année coûts production de leurs pour 2009.chant A à minimiser 2010 et les exploitations ont production leur fortement en cher baissé du cheptel rapidement aété et vendue partie Ainsi, une 2009 entre politique crise La de lafilière Crise de2009, évolutiondesprixetrestructuration arrêtée aveclesélections présidentiellesdedécembre2013. formes d’aideéconomiqueetuneprofonde récession.Cettecrisepolitiques’est a débouchésurdessanctionséconomiques internationalesavecl’arrêtdetoutes 5. Coup d’état civil avec départ du président élu. Cette profonde crise politique 5 et économique de 2009 aeu répercussions des et 2009 de économique Ar/L Ar/L ------

Elevages laitiers après la crise de 2009 à Madagascar

2500 ariary pour un euro en 2009 à 3000 en 2013) correspondant au ■ MATERIEL ET METHODES maintien d’une forte demande (Penot et Razanakoto, 2012). La filière a poursuivi son effort de restructuration depuis 2009 avec la création Trois zones d’étude de nouveaux débouchés (augmentation très nette de la transforma- Nous avons retenu trois zones différentes du point de vue de la filière tion en fromages et yaourts) et l’apparition de petits collecteurs privés laitière (production -commercialisation) (tableau I). Le village de remplaçant la collecte par TIKO, avec cependant moins de moyens , situé sur une route nationale, est représentatif de la (absence de tank à lait réfrigéré pour la collecte locale). Durant cette zone proche de la ville d’Antsirabe (à 10 km ) et de la bonne acces- période, les ONG, coopératives et autres structures d’appui ont été sibilité à son marché. La région de représente la zone la plus très dynamiques dans la reconstruction de la filière (réseau de col- riche (terres volcaniques fertiles, disponibilité toute l’année en eau lecte, transformation, extension de la production laitière sur Antana- pour l’irrigation ou autre usage), proche d’Antsirabe (environ 20 km) narivo et production de provende locale). La production de lait du et avec la possibilité de production fourragère en saison sèche. La triangle laitier en 2012 a été estimée à 80 % de celle de 2008 (Penot et région d’Antsapanimahazo a été choisie pour représenter al., 2012), avec une certaine atomisation des collecteurs et une montée la situation des zones enclavées (72 km au nord-ouest d’Antsirabe), à en puissance de la seconde principale compagnie privée restant sur le une altitude de 1700 m (figure 1 ; tableau I). marché (Socolait), devenue la première après 2009. Les exploitations ont modifié leurs pratiques et leurs coûts de production pour s’adapter à ces nouvelles conditions de marché. Enquêtes et modélisation L’étude a été centrée sur les stratégies d’adaptation des éleveurs lai- Pratiques d’alimentation du cheptel laitier tiers pour maintenir le revenu de l’exploitation dans un contexte de avant la crise fortes turbulences politiques et économiques, et basée sur des don- nées d’enquêtes. Trois enquêtes ont été réalisées entre 2008 et 2010. La majorité des exploitants régulaient l’alimentation des vaches lai- Les deux premières ont permis d’acquérir des informations sur les tières en fonction des saisons sur la base d’aliments frais. Durant structures des exploitations laitières et les modes d’alimentation des la saison des pluies (novembre à avril) le bétail (vaches laitières et animaux. zébus de trait) était alimenté exclusivement sur pâturage naturel ou La première enquête a été réalisée sur 30 exploitations dans la zone Aristida rufes- cultivé, qui présentait des plantes fourragères comme de Betafo en 2008 (Kasprzyk et al., 2008) et sur 29 exploitations dans cens Pennisetum Brachiaria ruziziensis , maïs fourrager, cv. Kizozi, ( , les zones de Vinaninkarena et d’Antsapanimahazo en 2009 (Rarivoa- decumbens brizantha Chloris gayana ou ) et . En saison sèche (mai- rimanana, 2010), soit 59 exploitations au total. Cette enquête a débou- octobre), la production de biomasse était limitée en raison des tempé- ché, entre autres, sur une typologie des exploitations laitières et une ratures basses (saison hivernale). A cette période les vaches laitières typologie des modes d’alimentation. étaient essentiellement alimentées avec les résidus de culture (pailles de riz et d’orge) et avec les graminées des zones tempérées cultivées La seconde enquête a été menée en 2010 pour caractériser plus en (avoine) sur tanety (cultures sur collines pluviales par opposition aux détail 21 exploitations laitières issues de la première enquête (Duba, cultures irriguées sur rizières avec maîtrise de l’eau), et en contre- 2010) afin de modéliser des fermes représentatives de chaque type à saison dans les rizières (avoine, ray-grass ; Fifamanor et al., 2008). l’aide d’Olympe (créé par Attonaty, INRA, 2000), logiciel de simu- Les techniques de conservation de fourrages (par exemple foin, lation technico-économique du fonctionnement de l’exploitation ensilage) et les méthodes de valorisation des pailles (traitement de la agricole et du ménage associé au sein d’un système d’activité (Penot, paille de riz à l’urée) étaient presque inexistantes chez les éleveurs. 2012). Les 21 exploitations enquêtées ont permis de construire les Comme compléments, les éleveurs utilisaient les drèches de brasserie scénarios présentés ci-dessous. Les résultats ont été validés lors de toute l’année dans la région d’Antsirabe et de Betafo en raison de la séances de restitution de groupe aux paysans des trois zones et avec proximité avec la brasserie STAR. L’utilisation de concentrés était l’équipe du projet BVPI-SE/HP. très variable en quantité et qualité d’une exploitation à l’autre : entre La troisième enquête, appelée « réaction face à la crise », a été 72 000 et 3 millions d’ariary (30–1200 €) par exploitation par an, avec conduite sur 45 exploitations en 2010 (soit un an après la crise majeure une à six vaches selon les exploitations. Elle dépendait des revenus, de février 2009), 15 exploitations dans chacune des trois zones parmi de la disponibilité économique et du niveau de formation des exploi- l’échantillon initial de 59 exploitations enquêtées en 2008–2010, afin tants (encadrés ou non par les organismes d’appui ou les coopéra- d’identifier les changements de pratiques et de préciser des itinéraires tives). Chez tous les éleveurs, les fumures organiques étaient utilisées techniques pour chaque type d’exploitation, tant pour les systèmes pour la fertilisation des rizières irriguées et des parcelles vivrières de culture que pour les systèmes d’élevage qui ont ensuite été utili- sur zones exondées (tanety), particulièrement pour les cultures à forte sés dans la modélisation. L’objectif de cette dernière enquête a été valeur ajoutée (pomme de terre, riz pluvial). Suite aux activités de de comprendre la perception de la crise par les exploitants, et les rai- formation et de vulgarisation de Fifamanor, les modes d’alimentation sons et les motivations qui ont encouragé les exploitants à prendre du troupeau laitier sont basés depuis le début des années 2000 sur certaines décisions tactiques (modes d’alimentation) et stratégiques l’utilisation des aliments suivants : (vente, puis rachat d’animaux). Des scénarios ont été faits en recons- – l’herbe en saison des pluies ; les cultures fourragères sur tanety truisant pas à pas les années 2008 à 2010, pour identifier l’évolution (Kizozi, Relaza, Brachiaria, Setaria, Desmodium) ; les cultures four- des coûts et des sources de revenus et identifier l’impact économique ragères sur rizières (avoine, ray-grass) ; les herbes ramassées (herbes des pratiques en évolution. sauvages) ; et les résidus de culture (pailles de riz, d’orge ou de maïs) ; Nous disposions ainsi de deux bases de données : « exploitation/ – différents types de concentrés (Kasprzyk et al., 2008) ; des pro- données générales et systèmes d’alimentation » dans Excel pour 89 vendes fermières à faible valeur alimentaire (son de riz, excédents exploitations, et « exploitations complètes modélisées » dans Olympe vivriers comme la patate douce, pomme de terre, manioc en vrac) ; pour 21 exploitations. des provendes fermières à forte valeur alimentaire (maïs broyé, son de riz, soja, manioc, son de riz) ; et des provendes fermières ou com- L’utilisation d’Olympe (Penot, 2012) pour cette étude a été condition- merciales complètes à bonne valeur alimentaire (fabrication selon née par plusieurs critères : la grande facilité d’utilisation du logiciel, la formule, à partir de tourteau, de maïs, de soja, de son de riz, de son adaptation à la question posée, et la possibilité de simuler diffé- coquillages, ou autre). rents scénarios permettant de quantifier le risque et les indicateurs tropicaux, 2016, 69 (1) : 19-31 des pays et de médecine vétérinaire Revue d’élevage 21 Dairy farmsfollowingthe2009crisisinMadagascar

22 Revue d’élevage et de médecine vétérinaire des pays tropicaux, 2016, 69 (1) : 19-31 ■ SYSTÈMES D’ÉLEVAGE ET FILIÈRES dant, ledant, concept système de production de n’a les àdécrire suffit pas production àtravers le d’exploitation compte (CEG). général Cepen systèmes des miques et d’élevage, culture de celui puis du système de du logiciel d’étudier Olympe structure permet La écono les résultats ou productions végétales, de privé). /compte entreprise, et famille modules (atelier en trois ont séparées été données de base d’élevage la constituant paysannes.majeurs stratégies des informations Les Source :Rarivoarimananaetal.,2010 Sources desdonnées Caractéristiques desexploitations agricoles Caractéristiques biophysiques Antsapanimahazo Caractéristiques del’élevage laitier monte naturelle Reproduction des vaches laitières : 450–500 Ar/L Prix dulait2010danslazone : fromagerie) Débouchés devente faibles (épicerieou 650 000 L/an exploitation) production agricole(peudehors Revenus essentiellementdela Pression foncièrefaible Pluviométrie importante(1900 mm/an) à basseenhiver, risquedegel Altitude 1700 m,température moyenne 2009–2010 Données d’enquêtes,Rarivoarimanana Vakinankaratra, 2008 Monographie delarégiondu maïs, riz,manioc pomme deterre,haricot,patatedouce, Productions agricolesprincipales : et argileux-quartzique Bonne fertilité,solsvolcaniques calcaire enclavée, 72 kmd’Antsirabe Accès difficileaumarché, zone Production totaledelazone : Production laitièreparvache faible Potentiel génétiquefaible production qu’une àdeuxvaches laitièresen La majoritédesexploitationsnepossède Nb. vaches laitières :1053 Nb. exploitationslaitières :617 Comparaison des caractéristiques desdifférenteszonesd’étudesurleshautesterresàMadagsacar

Vinaninkarena artificielle monte naturelle ;22 %insémination Reproduction desvaches laitières :78 % 600 Ar/L Prix dulait2010danslazone : (Antsirabe) Débouchés devente importants 217 000 L/an sein del’exploitation Revenus horsexploitationimportantsau Pression foncièreforte Production totaledelazone : Production laitièreparvache moyenne Potentiel génétiquemoyen possèdent deuxoutrois une vache enproductionet44 % 43 % desexploitationspossèdent Nb. vaches laitières :186 Nb. exploitationslaitières :74 maraîchères (tomate,ail) pomme deterre,manioc,maïs,cultures Productions agricolesprincipales :riz, Pluviométrie moyenne (1100 mm/an) (zéro enjuin) Altitude 1500 m,température moyenne l’eau pourl’irrigationdesrizières fluviolacustre, difficultésdemaîtrise Fertilité moyenne, solferralitique/ par laRN7 Bon accèsaumarché, 10 kmd’Antsirabe 2009–2010 Données d’enquêtes,Rarivoarimanana PCD CR Vinaninkarena, 2008 Tableau I - - mais aussi la de production mais les activités extra-agricoles et la part (incluant le choix la de cultures des famille tion et consommation de en l’ensemble compte ont àprendre amenés décisions des produc de l’exploitation entre fortes très ractions et le agricole ménage, nous qui et àcelle d’accumulation. consommation de existait donc inte des Il malgaches, s’est l’unité familiale production de àl’unité superposée exploitations agricoles. les Pour exploitations familiales agricoles

1500 mm/an) Pluviométrie bonne (entre1000et Altitude 1500 m,température moyenne insémination artificielleenmajorité Reproduction desvaches laitières : 600 Ar/L Prix dulait2010danslazone : ou Antsirabe) local Débouchés devente importants(marché 2 860 000 L/an Betafo Production totaledelazone : Production laitièreparvache bonne Potentiel génétiquebon production plus detroisvaches laitièresen La majoritédesexploitationspossède Nb. vaches laitières :1793 Nb. exploitationslaitières :478 sein del’exploitation Revenus horsexploitationimportantsau Pression foncièreforte importante les culturesderentetiennentuneplace maïs, manioc,pommedeterre,haricot ; Productions agricolesprincipales :riz, Bonne fertilité,solsbrunsvolcaniques d’Antsirabe Assez bonaccèsaumarché, 22 km Fifamanor 2009 Données CirdrBetafo2007–2008et CSA Iavoko Betafo,2010

- - Elevages laitiers après la crise de 2009 à Madagascar autoconsommée). Ceci nous a conduits à étudier le revenu total de l’exploitation, composé des revenus agricoles et des revenus non-agri- de culture). Les systèmes de type S3 intégraient des pâturages culti- coles. Le revenu net agricole est issu de la somme des marges nettes vés (incluant les surfaces fourragères de tous types). Les systèmes par système de culture et d’élevage dans l’exploitation. En l’absence de type S4 étaient les plus intensifs en capital ou en intrants, avec de crédit (depuis 2009) et donc de charges financières, la marge brute des vaches laitières tenues en stabulation permanente et l’utilisa- est égale à la marge nette. Le revenu net agricole est donc égal au tion de provende permettant une production de lait plus importante résultat issu du CEG, équivalent à la somme des marges brutes par (tableau II). activité, moins les charges fixes de l’exploitation (très faibles voire inexistantes dans la plupart des cas dans le contexte malgache de la ■ RESULTATS ET DISCUSSION petite agriculture familiale). Olympe est un logiciel de type tableau avec une interface spécifique, Evolutions des systèmes d’alimentation des tableaux de sortie automatisés, personnalisables à volonté (par suite à la crise de 2009 exemple variables calculées, nouveaux tableaux, construction des Si en 2008 de nombreux éleveurs utilisaient les provendes vendues aléas). L’analyse est faite pas à pas : il n’y a pas de module d’opti- par TIKO ou les coopératives, en 2012 la grande majorité des exploi- misation (type solveur) ni de module de programmation linéaire. Le tants fabriquaient eux-mêmes leurs provendes fermières ou ont trouvé logiciel est adapté par sa robustesse et sa simplicité à une analyse de de nouveaux distributeurs (coopératives locales ou vendeurs privés) gestion sur les coûts et revenus de l’exploitation agricole et du ménage de qualité hétérogène et de valeur nutritive très différente. associé (système d’activité). Antsapanimahazo Typologie d’exploitation Cette zone était caractérisée majoritairement par des exploitants (19 La typologie des exploitations laitières a été obtenue sur la base de enquêtés et 7 modélisés) du type S1 (alimentation sur ressources natu- deux critères distincts (enquête n° 1) : a) le niveau de diversification relles) qui possédaient peu de surface fourragère cultivée et avaient la des revenus dans l’exploitation (revenus d’origine agricoles et non- possibilité d’utiliser des ressources naturelles au pâturage (figure 2). agricoles ou hors exploitation) et b) la nature du système d’alimen- Une seule exploitation sur 19 de type S3 (association d’une part tation combinant la surface fourragère disponible par tête de bovin importante de fourrages cultivés et de pâturage) a été trouvée. Enfin, laitier (SFDB 6) et l’accès aux concentrés et aux drèches de brasserie. 20 % des exploitants de cette zone, encadrés par des techniciens, ont L’origine des revenus du ménage était importante car une partie des mis en place des cultures fourragères diversifiées leur permettant revenus issus des activités non-agricoles était souvent réinvestie dans d’alimenter leurs vaches laitières de façon plus intensive (S4). l’élevage. Trois catégories de provende (A, B, C) ont été considérées en fonc- 9000 tion de leur valeur nutritive en énergie et en protéines. Par ailleurs, Pâturage 8000 les éleveurs de type S1 utilisaient très peu de fourrages cultivés et Herbes ramassées 7000 Fourrages cultivés basaient l’alimentation sur les ressources naturelles ; ils se différen- Résidus de culture ciaient des autres types qui utilisaient des concentrés et des pâturages 6000 cultivés. Il s’agissait de systèmes très peu intensifiés demandant un 5000 faible investissement monétaire (pas ou peu de concentrés). Générale- 4000 kg/MB/an ment, ces exploitants élevaient seulement une vache laitière. Les sys- 3000 tèmes intermédiaires de type S2 valorisaient de façon importante les 2000 résidus de récolte issus des cultures de l’exploitation. Il s’agissait de 1000 systèmes peu intensifiés en intrants mais dont les besoins en surface 0 vivrière et en travail étaient importants (stocks importants de résidus Ants 1 Ants 2 Ants 3 Ants 4 Ants 5 Ants 6 Ants 7 S1 S3 S4 Système d'alimentation 6 La SFDB par exploitation a été déterminée selon la formule suivante : surface fourragère sur tanety + surface fourragère sur rizière / (nombre de vaches laitières Figure 2 : ration fourragère annuelle distribuée par les exploi- + [(nombre de génisses + nombre de veaux et velles + nombre de taurillons)*0,25] tants d’Antsapanimahazo dans la province du Vakinankaratra à + nombre de taureaux ; indicateur synthétique « surface » utilisé par Fifamanor. Madagascar en 2010 ; MB : matière brute.

Tableau II Typologie d’exploitation basée sur les systèmes d’alimentation (S1–S4) des vaches laitières sur les hautes terres à Madagsacar

Type Base du système d’alimentation distribué Valeur nutritive (part de la ration annuelle) du complément et type

FC Conduite HR RC Faible Moyen Complet

S1 Peu de FC < 20 % de la ration Pâturage (P) HR + P > 50 % RC < 20 % S1 A S1 B S2 Stabulation HR > 50 % RC > 20 % S2 A S2 B

S3 FC > 20 % de la ration Pâturage HR + P < 50 % RC < 20 % S3 B S4 Stabulation HR < 50 % RC < 20 % S4 B S4 C

FC : fourrages cultivés ; HR : herbes ramassées ; RC : résidus de culture tropicaux, 2016, 69 (1) : 19-31 des pays et de médecine vétérinaire Revue d’élevage 23 Dairy farmsfollowingthe2009crisisinMadagascar

24 Revue d’élevage et de médecine vétérinaire des pays tropicaux, 2016, 69 (1) : 19-31 ■ SYSTÈMES D’ÉLEVAGE ET FILIÈRES vement 295 légal et 815 minimum €) le salaire comparaison, ; pour (respecti Ar 000 et 2200 000 faible 800 entre annuelle comprise (S1 d’intrantspeu alimentaires A et S1 B) avaient nette marge une les vaches façon laitièresde extensive alimentant tions agricoles avec (figure 5) proviennent résultats Ces l’enquête de n° exploita 2. Les des exploitants Systèmes d’alimentationetmargebrute (type S1). naturels parcours sur le pâturage par bétail leur nationale et du marché, alimentaient qui tation. parallèle, En trouvaient se exploitants des éloignés la de route revenu de source vage la et principale fort constituait l’exploi était de s’agissait systèmes de plus dont intensifiés l’investissement l’éle dans (figure 4). le producteur pour productionlaitière de économique Il l’optimum de et rapprocher se les animaux correctement alimenter l’activité pour fourragères en laitière. place cultures des mettaient Ils (fourrages S4 20) cultivés du type et stabulation), dans spécialisés exploitants des par majoritairement (n = caractérisée zone était Cette Betafo et contenter se de faibles de productions laitières.mentation animale l’ali investir ne de pas dans permettant leurs non-agricoles importants n’était l’élevage. pas exploitants Les souvent possédaient revenus des s’agissaitsentés ; il d’exploitants en particulier dont l’activité principale S2 (figure 3).type exploitants Des S1 type de également étaient repré de majoritairement la ration fourragère dans importants riz) très étaient les de vaches en (paille stabulation. résidus Les culture de maintenir pression de à une étaienten foncière majorité contraints importante, cultivés S220) fourrages (peu de du type et stabulation) qui, soumis exploitants des par majoritairement (n = caractérisée zone était Cette Vinaninkarena kg/MB/an car en2010 ; MB : brute. matière danslaprovince deBetafo du tants Vakinankaratra- àMadagas : Figure 4 en2010 ;Madagascar MB : brute. matière de tants danslaprovinceVinaninkarena du Vakinankaratra à annuelledistribuéeparlesexploi :rationfourragère - Figure 3 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 9000 kg/MB/an 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 9000 0 0 Betaf Vin

Vin 1

Betaf 1 ration fourragère annuelle distribuée par les exploiration fourragère - S1 S1

Vin 2

Betaf 2

Résidus Fourrages Herbes Pâturage Résidus Fourrages Herbes Pâturage Vin 3 Systèmes Système

ramassées

de ramassées

de

cultivés

Betaf 3

culture cultivés

culture

Vin 4

d'alimentation d'alimentation S2

Vin 5

Betaf 4 S4

Vin 6

Betaf 5

Vin 7 S4

6

8 ------marge brute (revenu brute marge agricole) brut plus large. de différenciées, paysannes gamme stratégies aboutissant àune très foncière àla divers ressource accès des très et, d’autrepart, des part, ont les S4 montré, différences animaux), le d’une type que alors pour (réduction la de ration et la de production et vente d’une des partie exploitations entre les différences avec identiques comportements des d’alimentationgement type de afortement diminué suite àla crise changements S1 techniques. Pour les types et S2 l’impact du chan l’impactmesurer global, au niveau du revenu l’exploitation, de des L’analyse d’exploitation brute la de marge faite a été à partir pour l’un important, était d’eux ayant en place fromagerie. une mis têtes)cinq situées àBetafo, dont l’investissement l’élevage dans laitier à la moyenne. s’agissait Il exploitations grosses de plus (possédant de (sur revenu et un marge 20) une possédaient d’exploitation supérieurs S1celles types de et S2. Toutefois que exploitants trois on remarque que plus nettes marges des importantes possédaient S4 coles type de les la exploitations lesaprès récolte résidus sur culture. de Enfin agri notamment important, pâturage un lui permettant possédées terres de S3 élevés étaient type (1,7 superficie Ar) la de grande en raison million revenusLes l’unique de agricoles exploitant enquêté en système de sèche. en saison riz de plus distribuer de paille de permettait leur qui en rizière cultures laitier, de plutôt plus mais àla importante surface Ar/an (1290 000 €).3 500 n’était Ceci àl’atelier lié directement pas légèrement marge une avecpossédaient supérieure moyenne une de les résidus l’alimentation récolte de pour vaches des (S2 Aet S2 B) est 720 de (266 k.Ar/an €). exploitants Les essentiellement valorisant alimentaire (tableau à les liées dépenses dans et les III), différences alimentaire charges des l’élevage de part plusLa grande provenait du complément autoconsommés. n’étaient agricoles produits des autres part vendus pas étaient ils car s’agissaitIl d’éleveurs la production laitière. dans plu La spécialisés la plus significative revenus aux l’exploitation de (34 c’étaitCependant, que àBetafo l’élevage façon de contribuait laitier (20 revenus). % des à Vinaninkarena avait place une importante n’était avant agricole pas retraite.leur L’élevage vaches de laitières provenaient dont pensions de l’activité producteurs des principale revenus des la plupart dernière, bien cette que pour non-agricoles d’Antsirabe. la de ville lade proximité même de àBetafo, en était Il revenus la de présence par exploitation) non-agricoles (hors du fait l’ordre marquée très était 10 de zone Vinaninkarena de La % du total. qu’unreprésentait complément les revenus dans l’exploitation, de de dues àl’extérieur L’élevage autoconsommées. et en partie laitier ne ven (figure en 6) partie vivrières issu cultures des principalement la régionDans d’Antsapanimahazo, le revenu exploitations des était de l’exploitationagricole Place del’élevagelaitierausein

financiers etdefraisfixes : nette. bruteannuelle =marge marge desvaches (S1 à S4).mentation laitières Enl’absence defrais province du Vakinankaratra selonlesystème àMadagascar d’ali- brute des exploitants enquêtés en 2010 dans la Figure marge 5 : Marge brute des exploitations (k.ariary/an) 10000 15000 20000 5000 0 012345 Systèmes d'alimentation (S1, S2, S3, S4) % des revenus).% des - - - -

Elevages laitiers après la crise de 2009 à Madagascar

Antsapanimahazo Vinaninkarena Betafo Revenus Revenus Revenus off Revenus Revenus VL off farm VL farm off farm 20 % 22 % 5 % 10 % Revenus 19 % Revenus Revenus VL porcs porcs 34 % 12 % 3 % Petits Petits élevages élevages Revenus 5 % Revenus 2 % cultures Revenus cultures 28 % Revenus porcs cultures 56 % Petits élevages 14 % 68 % 2 %

Figure 6 : composition des revenus des exploitants laitiers au sein des différentes zones d’étude dans la province du Vakinankaratra à Madagascar en 2010 ; VL : vache laitière.

Tableau III Coûts de production et marges brutes issus de l’élevage laitier sur les hautes terres à Madagsacar pour l’année 2010

Expl Sys TC Dépenses (ariary/an) Dépense Prod lait Marge Coût totale (L/an) brute prod Cultures Complément Soins (Ar/an) (Ar/an) 1 L (Ar) fourragères alimentaire vétérinaires

Ants 3 S1 A 183 750 265 500 17 400 466 650 2 160 88 350 216 Ants 4 S1 B 167 800 376 500 13 200 557 500 1 434 132 500 389 Vin 3 S2 A 205 420 105 000 6 600 317 020 1 680 450 980 189 Vin 2 S2 B 177 500 227 250 17 200 421 950 1 900 718 050 222 Ants 5 S3 B 195 500 240 000 27 120 462 620 1 468 -136 420 315 Bet 3 S4 C 782 100 1 146 000 43 200 1 971 300 4 305 566 700 458 Bet 5 S4 C 2 006 000 2 406 000 47 600 4 459 600 13 304 1 360 400 335

Expl : exploitant ; Sys : système d’alimentation ; TC : type de complément ; Prod lait : production laitière ; Coût prod 1 L : coût de production d’un litre de lait Ants : Antsapanimahazo ; Vin : Vinaninkarena ; Bet : Betafo l’élevage étaient fonction des systèmes d’alimentation utilisés et donc derniers à fabriquer leur propre provende, conseillés pour cela par les du type d’exploitation. En particulier, après la crise de 2009 la pro- coopératives et Fifamanor qui ont rapidement mis à disposition des duction de provende par les éleveurs a représenté une stratégie priori- formules de provende basées sur des ressources locales (Carimen- taire pour limiter les coûts de production, et assurer une alimentation trand, 2011). de qualité et la rentabilité de l’atelier lait. Ainsi, la production laitière annuelle a dépendu directement de la qualité et de la quantité de la Stratégies de réaction des producteurs provende distribuée. Les scénarios modélisés par Olympe représentaient une simulation Le coût de production d’un litre de lait (vendu en moyenne autour de des pratiques des 21 exploitants illustrant leurs réactions face au rétré- 600 Ar/L) a été faible dans les systèmes associant le pâturage avec cissement du marché, à l’évolution des prix du lait et des intrants, et un apport faible en aliments concentrés (Ants 3 et 5 ; Vin 3 et 2 ; à la nécessité de fabriquer à la ferme la provende. Ces scénarios ont tableau III) et une marge brute de l’élevage basse du fait d’une quan- été reconstitués sur la base des dires d’acteurs sur les trois années de tité de lait produit relativement faible en 2010 (année charnière dans l’étude (2008–2010) et ont permis de visualiser et de comparer les la crise). Pour les systèmes d’alimentation associant le pâturage et évolutions. L’analyse de ces scénarios a permis de décrire les quatre un concentré à valeur nutritive moyenne (type B), le coût de produc- grandes stratégies adoptées par les éleveurs (figure 7). Puis des scé- tion du lait a été plus important (Ants 4) à cause du coût élevé de la narios complémentaires prospectifs ont été réalisés pour tester dif- provende. Les exploitations pouvant distribuer de la paille de riz de férentes formules de provende et de rationnement des animaux par manière importante au cours de la saison sèche (type S2) et qui distri- rapport aux objectifs de production choisis ou possibles afin d’identi- buaient également une provende de qualité nutritive moyenne ont eu fier les meilleures provendes potentielles (le résultat de ces scénarios un faible coût de production et une marge brute intéressante en raison prospectifs n’est pas présenté dans cet article). d’une production laitière moyenne et d’une vente de lait à 600 Ar/L. Concernant l’alimentation des vaches laitières, les éleveurs ont pré- Dans les systèmes intensifiés (S4), le coût de production du litre de lait élevé a été compensé par une production de lait maximisée. féré arrêter l’achat de concentrés alimentaires dès février 2009 afin de limiter les charges opérationnelles, ce qui les a conduit aussi à limiter la production laitière pour s’accorder avec une demande Conséquences de l’arrêt de la société TIKO réduite de 50 % en quelques semaines (février–mai 2009). Par ail- La fermeture de TIKO et donc l’arrêt de l’approvisionnement en leurs, les concentrés sont devenus introuvables en quelques mois. Ils provende des éleveurs en contrat avec cette société ont contraint ces ont alors choisi de mieux valoriser les résidus de culture ainsi que les tropicaux, 2016, 69 (1) : 19-31 des pays et de médecine vétérinaire Revue d’élevage 25 Dairy farmsfollowingthe2009crisisinMadagascar

26 Revue d’élevage et de médecine vétérinaire des pays tropicaux, 2016, 69 (1) : 19-31 ■ SYSTÈMES D’ÉLEVAGE ET FILIÈRES Ants : Antsapanimahazo ; Vin : Vinaninkarena ; Bet:Betafo vendu desvaches 2 1 l’atelier sur les pertes partiellement compenser de lait ou du la baisse moindre. revenusLes l’élevage de àl’exploitation ont permis porcin investissement sur retour a un plus rapide investissement et un initial réinvesti l’achat dans cultivables terres l’élevage de ou dans qui porcin % àBetafo).et 20 vente de cas En vaches, de l’argent obtenu aété % àVinaninkarena 60 ration (87 concentré de % àAntsapanimahazo, la distribution en diminuant mais vendre dernières ces laitières sans (tableau leur production laitière en ont vendu karena ainsi diminuer pour plusieurssédant vaches laitières, % àVinanin % àBetafo et 80 40 les éleveurs- pos laitiers Parmi du Ar/L. lait est à1000 passé prix exemple)par avec 2011–2012 de d’animaux rachat àpartir le quand éleveurs des majeure (passage partie vaches à deux trois de laitières vente par d’animaux décapitalisation La effective aété la pour 2009–2010. la période tion pour laitière la produc et réduire troupeaux leurs nourrir pour ramassées herbes Nb.moyendevachesdéclaréesavoirété venduesparlesexploitationsayant Eleveursdéclarantavoirvenduaumoins unevachelaitièreentre2009et2010 Eleveurs Ants Vin Bet IA : ; insémination artificielle MN: montenaturelle. Figure 7 : stratégiespossiblesmisesenplaceparleséleveurs laitiersdelaprovince du Vakinankaratra lacrisede 2009. après àMadagascar Vente desvaches laitières surleshautesterres

IV). éleveurs autres la Les production vaches des ont limité (%) 13 40 80 à Madagascarentre2009et2010 Décapitalisation Décapitalisation Vente (partielle (partielle Vente

ou totale)ou des (réduction du 1 animaux cheptel) Vaches Combien ? Combien Tableau IV 1,0 1,3 2,6

2

alimentaire enquêtés exploitation Eleveurs La ration (nb.) distribution de 15 15 15 Réduction de provende concentrés d’achat de Réduction Réduction artisanale provende fourrages Achat de opérationnelles Diminution des Diminution charges charges (nb. moyen) - Vaches/

>

1 à2 2 à3 > 3

Stratégies face à à face Stratégies La reproduction La (hypothèses)

la crisela

reproduction - - IA IA Aucune - cas de peste porcine africaine (prévalence %). 20 de africaine porcine peste de cas en importantes àavantrevenu 2009, rapport pertes de par au risque vité l’atelier de (- en 2009 % 46 laitier a également importante été d’acti la baisse Vinaninkarena, de du lait. la zone périurbaine Dans en moyenne exploitation par 49 moins qu’en % de la vente sur 2008 qu’en moindre laitier aété lier 2009, les exploitants mais ont gagné àl’annéeport 2010 En 2008. àBetafo, d’activité la baisse l’ate de rap par revenu de baisse Ceux-ci une ont en connu 2009 importante (plus vaches quatre de laitières). cheptel un important possédant ceux (tableau Betafo de exploitants VI), où les principaux touchés ont été la zone dans ont plus été 2009 de importants la de crise impacts Les opérationnelles. charges leurs de du niveau vache production de par et laitière structurelle la de baisse du fait la de conjonction d’un vente l’amélioration de de attractif, prix ont retrouvé positives marges des du Vakinankaratra les producteurs sont se développés périurbains laitiers 2011. depuis Mécaniquement, où les élevages Antananarivo, sur croissante restait qui la demande début 2014),Ar/L que l’offre montrant n’avait toujours rattrapé pas 1200 puis du lait Ar/L, mentation (de significative à1000 du prix 600 tion s’est en 2011 nettement améliorée en 2012, puis avec aug une (tableaux bas du lait très débouchésde V et prix VI). et situa àun La et 2010 suite au manque à2008, en 2009 nette rapport par perte une Au niveau l’atelier de laitier, toutes les exploitations enquêtées ont subi spécialisés. collecteurs des par Antananarivo sur ventes lait de frais retrouvé en 2012 marques ses avec accroissement un du volume des globale fromages). des la de qualité détriment a finalement filière La et 2010 2009 les années (auplus TIKO, pour par achetées en particulier l’absence n’étaient et les qui vente absorber de quantités lait de frais s’esten et fromages yaourts rapidement développée compenser pour les éleveurs. pour locale la transformation moins performants Enfin, la monte classique, pouvant moins chère mais générer des animaux l’abandon au profit de avec l’insémination de paillettes artificielle L’objectif aaussi réduction charges des de opérationnelles à abouti > MN

des débouchés de production Modification Modification valorisation par Marché local ? local Marché

Pertepar non Collecteur Collecteur Socolait Socolait vente / / vente privé ? privé porcs

?

Modification du produit final transformation transformation fromage yaourt Lait Lait Lait

- - - - -

Elevages laitiers après la crise de 2009 à Madagascar

Tableau V Recettes et pertes nettes de l’atelier laitier en fonction des systèmes d’alimentation sur les hautes terres à Madagsacar entre 2008 et 2010

Expl Sys TC Recette de l’élevage Baisse des revenus nets Baisse des revenus nets laitier (k.ariary) par rapport à année de par rapport à année de référence 2008 (k.ariary) référence 2008 (%)

2008 2009 2010 2009 2010 2009 2010

Ants 2 S1 A 1 780 1 400 555 - 380 - 1 225 - 21 - 68 Ants 4 S1 B 2 016 1 314 690 - 702 - 1 326 - 34 - 65 Vin 3 S2 A 1 656 702 768 - 954 - 888 - 57 - 53 Vin 6 S2 B 1 098 864 1 140 - 234 42 - 21 3 Bet 3 S4 C 4 093 1 965 2 538 - 2 128 - 1 555 - 51 - 37 Bet 5 S4 C 12 312 3 566 5 820 - 8 746 - 6 492 - 71 - 52

Expl : exploitant ; Sys : système d’alimentation ; TC : type de complément Ants : Antsapanimahazo ; Vin : Vinaninkarena ; Bet : Betafo des revenus nets par rapport à 2008). Dans cette zone, le marché est baisse des revenus laitiers en 2009 a été plus faible que dans les autres aujourd’hui partiellement restauré mais reste fragile et peu sécurisé : zones. En 2010, la baisse s’est accrue avec 47 % de revenus nets de beaucoup de paysans se plaignent de ne pas recevoir l’intégralité moins qu’en 2008 sur l’atelier laitier. Ceci était dû à la forte diminu- de leurs paiements au retour du collecteur. A Antsapanimahazo, la tion de l’alimentation des vaches laitières, qui a eu pour conséquence de diminuer drastiquement leur production, ainsi qu’à la difficulté encore importante de trouver des débouchés pour la vente de lait fin Tableau VI 2009. Le marché du lait a depuis 2010 fortement augmenté, d’où une augmentation des prix. Revenus nets moyens de l’atelier laitier entre 2008 et 2010 selon les zones d’étude (n’incluent pas les ventes Conséquences de l’arrêt de la distribution d’une provende d’animaux pour rester dans le comparatif avant et après commerciale de qualité la crise) sur les hautes terres à Madagsacar Les exploitants qui alimentaient leur cheptel avec de la provende com- merciale (produite par la société TIKO en particulier) ont dû changer Baisse des revenus nets Baisse des revenus nets de complément alimentaire avec la disparition des distributeurs après par rapport à l’année par rapport à l’année la crise de 2009. Plusieurs cas ont ainsi été observés : a) les éleveurs de référence 2008 (Ar) de référence 2008 (%) qui ont fabriqué une provende à faible valeur nutritive de type A ; b) les éleveurs qui ont distribué une provende de qualité moyenne 2009 2010 2009 2010 de type B, souvent à base d’excédents vivriers issus de l’exploitation (grains de maïs et de soja, son de riz) ; et c) les éleveurs qui ont voulu Ants - 451 000 - 694 000 - 36 - 47 maintenir une production laitière suffisante et ont suivi les formules Vin - 1 031 000 - 976 000 - 46 - 35 préconisées par les techniciens associant des composés plus énergé- Bet - 3 250 000 - 1 050 000 - 63 - 49 tiques et protéiques (notamment farine de maïs + tourteau) de type C. N.B. : les ventes d’animaux ont servi principalement dans un premier temps à com- Le tableau VII montre les exploitants ayant changé la provende com- penser la mévente du lait pendant la première année après la crise et à investir dans des cycles de production animale plus courts (porc). merciale pour une provende de type A (de moindre qualité) et une Ants : Antsapanimahazo ; Vin : Vinaninkarena ; Bet : Betafo diminution de la production laitière annuelle de l’ordre en moyenne

Tableau VII Dépenses et rentabilité des exploitants laitiers distribuant une provende à faible valeur alimentaire sur les hautes terres à Madagsacar entre 2008 et 2010

Expl Sys TC Dép compléments Production lait Marge brute de Coût production (k.Ar/an) totale (L/an) l’élevage (k.Ar/an) pour 1 L de lait (Ar)

2008 2009 2010 2008 2009 2010 2008 2009 2010 2008 2009 2010

Ants 1 S1 A 51 41 41 735 735 740 94 50 81 411 377 310 Ants 2 S1 A 354 354 265 3 560 3 400 2 160 1 157 777 208 216 183 173 Vin 1 S1 A 252 184 152 1 500 800 1 000 342 107 339 452 466 361 Vin 3 S2 A 942 105 105 2 760 1 720 1 680 435 355 451 442 201 188 Vin 2 S1 A 852 143 143 2 400 1 020 1 100 212 64 74 511 357 330

Expl : exploitant ; Sys : système d’alimentation ; TC : type de complément ; Dép compléments : dépenses en compléments

Ants : Antsapanimahazo ; Vin : Vinaninkarena tropicaux, 2016, 69 (1) : 19-31 des pays et de médecine vétérinaire Revue d’élevage 27 Dairy farmsfollowingthe2009crisisinMadagascar

28 Revue d’élevage et de médecine vétérinaire des pays tropicaux, 2016, 69 (1) : 19-31 ■ SYSTÈMES D’ÉLEVAGE ET FILIÈRES balement retrouvé courant 2012 un dynamisme important, avecbalement 2012 retrouvé une important, courant dynamisme un d’adaptation phase Après une aglo et réorganisation, de la filière la diversification (porc) (fromage/yaourt). et la transformation (des locaux). producteurs Trois 39 ces de éleveurs sont par se adaptés d’Antsirabele marché et l’émergence nouveaux de privés collecteurs d’acheminer afin en taxi-brousse le lait sur navettesde journalières vendrequotidiens la de gargotes ville, lait leur aux pour l’organisation moyensveaux différents débouchés par déplacements des comme cheptel. leur vendant partiellement ont Ils également cherché nou de en lait, de production leur temporairement provende, réduisant en – 39 exploitants (87 %) la composition la de ont en modifiant réagi ; en 2009 local du marché du lait et àla saturation du prix dû momentanée àla baisse L’impact observé économique chez exploitants ces uniquement aété avec provendes des et vendaient achetées local. le lait leur marché sur avant la Ceux-ci crise. marginale n’alimentaient animaux leurs pas pratiques chez des fication les exploitants dont l’activité était laitière du lait n’a du prix tiques temporaire ; la baisse modi induit de pas – 6exploitants 45 sur enquêtés (13 %) n’ont changé pas pra leurs : nous typologie avons comportements des une pu définir ou encore trouver nouveaux de débouchés. enquêtes ces la de Sur base s’adapter les pertes, : minimiser au marché bienobjectifs spécifiques exploitantsLes et avec àla crise ont façons de différenciées des réagi Typologie decomportementdeséleveurs 30 de ou la surface des cultures fourragères. cultures des ou la surface (15 l’échantillon) % de la ration fourragère en parallèle ont diminué fortement les charges opérationnelles. Peu diminuer de d’exploitants tion provende de avec fermière les de produits l’exploitation apermis (provende A), type de fabrica seules La les ont quantités diminué. n’a Il 2008. changé pas formule de provende de et 2010 2008 entre n’achetait il car moins importante provende de pas en commerciale la de l’exploitant production de laitière que la diminution 1 aété Ants faible vente de du fait et du du difficultés lait. des faible Notons prix l’élevage sur la marge mais du lait amélioré aété plus laitier aété duction et laitière coût charges des opérationnelles. production de Le la de pro (typenutritionnelle A) importante ont subi diminution une remplacé àfaible la provende concentré un valeur par commerciale 67 % pourS4. pourS2, 37et etentre pourS1, 71et90 % entre 32 et43 % lescoefficients devariation delamoyenne varient entre Note : vince du Vakinankaratra 2008et2012. entre àMadagascar ; S3 est composé d’une seule personne) dans la pro S1 à S4 d’exploitation(de compte d’exploitation laitière généralpartype évolutionFigure (revenu desrésultats agricolenet), 8 : issusdu Résultat = revenu agricole net x 1000 AR 10000 12000 14000

% sur les six premiers mois exploitants les la de % sur premiers six crise. Les ayant 2000 4000 6000 8000 0 0820 0021 2012 2011 2010 2009 2008 moyenne S1 moyenne moyenne S4 moyenne S3 moyenne S2 moyenne ------d’où (enquêtes résilience 2 et 3). certaine une même solde qu’en et sont donc revenus 2008 àla situation antérieure, clairement ont renforcés la en de autres crise, et 2012 deux récupéré le variés, dont résultats aux ont deux augmenté solde leur et sont sortis la après crise, et c) éleveurs à2008 quatre de groupe un similaire éleveurs, trois de b) moyen groupe un résilient aretrouvé qui solde un l’activitécilement dans à l’exception la aréussi crise mais à surmonter (figure 9) groupes mêmes trois :a) s’est qui groupe un diffi maintenu cole, l’amélioration soit dans conditions des vie de du ménage – les d’annéefin soit l’investissement dans utilisée ou non-agri agricole à la capacitérespondant d’investissement réelle l’exploitation de en l’analyse retrouveOn dans l’évolution de soldes des revenu de – cor son revenuamélioré (enquêtes 2et 3). sus 7,5 de d’ariary/an millions qui, adaptation, aglobalement après son revenu,et apu maintenir et c) éleveurs cinq de groupe - un au-des d’ariary/an 5millions de s’adapter adû qui nécessairement àla crise et apotentiellement la qui de tière crise, b) souffert autour groupe un d’ariary/an, millions généralement2,5 fragile, très avec vache une lai netagricole en 2010 (résultat issu du CEG) : a) de autour groupe un figure La locales). maladies aux laitde (sans animaux des la résistance sur impact et ateliers des la production globale lesnégatif sur performances impact un années prochaines les cinq aucun douteauront sans dans avec semences des qualité de l’arrêt artificielles inséminations des ou l’érosion et la àla perte montele retour naturelle génétique due à plus et résilientes (2002). au Gunderson Holling sens de Cependant, ont renforcé les exploitations et les agricoles ont rendues globalement du lait cation la de partielle production àtravers la transformation et la diversifi des animaux alimentaires des besoins connaissance provende, coûts des la cette de baisse probablement meilleure une éleveurs des vis-à-visdiminuée la provende, privées sociétés des pour cela le avant était cas comme lesur marché 2009. dépendance La d’unegie/protéine, non dépendante mais privée société majoritaire son éner ratio dans nutritif,pauvre ou du déséquilibrée vue de point provende de source moins chère bien que, beaucoup cas, de plus dans système d’alimentation plus une diversifiée et surtout animaux des 2011.de revanche, En du les arenforcés, la crise avec structure une éleveurs avaient qui vendu en ont vaches des à partir racheté en 2009 en 2011 Ar/L 1000 encoûtant 2013. Ar/L et 1200 des plupart La du lait avec le prix demande impact pour cette àsatisfaire a peiné au développement L’offre d’une Antananarivo. sur demande forte très qu’enproduction au moins aussi importante avant grâce 2008 la crise

2008 et2012. dansla provincelaitières du Vakinankaratra entre àMadagascar capacité potentielled’investissement) d’exploitations pargroupe : évolution (assimilablesàla dessoldesdetrésorerie Figure 9 Résultat = revenu agricole net x 1000 AR 10000 12000 14000 -2000 2000 4000 6000 8000 0 8 montre trois groupes d’exploitations groupes 8 trois montre le revenu concernant 2008 2009 2010 2011 moyenne groupe 2 moyenne groupe 1 moyenne groupe 3 2012 ------

Elevages laitiers après la crise de 2009 à Madagascar La situation malgache est elle spécifique ou similaire producteur dans la mesure où il est capable de s’adapter rapidement aux tendances relevées en Afrique ? aux évolutions de son environnement économique. En Afrique de l’Ouest et du Centre, la priorité en termes d’intégration Dans d’autres pays (Inde, Brésil et Maroc par exemple) les produc- agriculture-élevage a été donnée à la mécanisation avec la traction teurs laitiers bénéficient d’infrastructures (routes, électricité, sys- attelée et, dans quelques situations, le ranching pour la production tèmes de tank à froid pour la collecte, laiteries, et autres), de systèmes de viande (Dugué et al., 2004). Cependant, les états ouest-africains d’appui-conseil et de crédit, d’un environnement industriel four- doivent aujourd’hui faire face à l’explosion de la demande urbaine en nissant les intrants (par exemple aliments, produits vétérinaires) et lait et importent massivement de la poudre de lait (Corniaux et al., surtout d’un réel marché solvable en croissance, ce qui manque dans 2012). Pour réduire leur dépendance alimentaire, les gouvernements plusieurs pays du continent africain, alors qu’à Madagascar le mar- cherchent alors à développer le secteur laitier. Une multitude de pro- ché est en pleine expansion. Dans ces pays émergents, l’ensemble des jets de développement sont apparus depuis les années 1970 (Vatin, services et infrastructures appuyant la filière laitière a permis aux 1996), des minilaiteries gérées par des coopératives ou des opérateurs éleveurs d’accroître rapidement les performances de leurs élevages privés ont émergé au début des années 2000 au Sénégal, au Mali, au et de concurrencer ainsi les importations de lait en poudre des pays Burkina Faso et au Niger. développés (ou éventuellement de bénéficier d’une politique de régu- lation et de protection des marchés intérieurs). Cela s’est cependant Une typologie des exploitations laitières a été réalisée dans trois pays, parfois accompagné d’une spécialisation des exploitations et d’une au Sénégal, en Mauritanie et au Mali, sur la base de 307 exploita- dépendance vis-à-vis du crédit, des intrants (parfois importés) et sur- tions enquêtées entre 1999 et 2006 avec des critères basées sur les tout des agro-industriels qui tendent à tirer les prix vers le bas (Sraïri structures de production, les performances laitières et les orientations et al., 2007), sauf en Inde où la production laitière est principalement productives (Corniaux et al., 2012). A l’exception d’une poignée de issue d’exploitations paysannes mixtes polyculture-élevage. fermes périurbaines spécialisées (Duteurtre, 2007), très peu d’exploi- tations font du lait le pivot économique de leur système de production, Les stratégies agricoles des producteurs des pays sahéliens sont en général fort diversifié. Corniaux et al. (2012) écrivent : « … stra- centrées sur l’autoconsommation et la sécurité alimentaire, et elles tégie dominante est une stratégie sécuritaire, dans le cadre d’exploi- se caractérisent par une faible monétarisation de leur système de tations familiales regroupant plusieurs ménages relativement pauvres production et donc une meilleure durabilité face aux crises. Les qui privilégient la production de céréales ou d’animaux sur pieds ». produits piliers des systèmes ruraux sahéliens sont les céréales et la Mais diversification ne s’oppose pas à intensification de la produc- viande, comme le sont le riz et le zébu pour Madagascar. Pour le lait, tion laitière. Ainsi au Sénégal, Sow et al. (2007) sur 96 éleveurs, 50 l’Afrique de l’Ouest semble moins bien armée pour relever le défi commerçants en produits laitiers et 120 consommateurs montrent que de l’autonomie alimentaire alors qu’au contraire Madagascar peut « les modes de production animale tendaient vers l’intensification, intensifier la production dans la zone traditionnelle du triangle laitier avec une réduction des effectifs du fait de la restriction de l’espace mais aussi développer son offre dans les zones proches des grandes pastoral » et un recours plus important aux résidus de culture et aux villes (la capitale en particulier) et dans la zone du moyen ouest, zone aliments achetés que par le passé. d’émigration à forte vocation agricole et potentiellement d’élevage. Si la demande globale de Madagascar est en hausse, elle reste cependant Nous retrouvons dans le triangle laitier à Madagascar cette tendance limitée par un pouvoir d’achat restreint de la population. Le secteur forte à l’intensification avec en général de petits effectifs d’animaux productif a montré une remarquable adaptation à la crise et une apti- (inférieurs à cinq) mais un développement important des cultures tude certaine à l’innovation et à répondre à la demande. Le lait frais et fourragères comme moyen majeur de l’intensification, ce que l’on ne ses dérivés ont un bel avenir dans l’île rouge. constate pas encore en Afrique de l’Ouest. Le cas malgache est donc original au sens d’une spécialisation des exploitations sur le laitier. La La principale différence entre le cas du triangle laitier malgache et situation d’après crise montre également une très forte résilience sur celui de l’Afrique de l’Ouest est culturelle et technique. Le lait en cette activité laitière, ce qui renforce localement les stratégies d’in- Afrique de l’Ouest est le fait d’éleveurs peuls traditionnels qui déve- tensification, de diversification et de spécialisation (monétarisation loppent un élevage sur des ressources naturelles gratuites (parcours et au détriment de la sécurité alimentaire par l’autoconsommation du vaine pâture). Ils ont tardivement commencé à intensifier. Il y a peu vivrier produit). de cultures fourragères, même dans la zone ou le lait est collecté ; les éleveurs préfèrent dépendre de provende achetée ou ne pas ou peu Les dynamiques de développement du secteur laitier ouest-africain intensifier. Les cultures fourragères sont bien plus présentes à Mada- sont donc assez proches de celles de Madagascar, basées sur une gascar sur les hautes terres ou les éleveurs sont tous agriculteurs. La demande croissante en lait et produits laitiers dans les villes, même culture fourragère leur permet de gagner du temps et d’accroître nota- si les contextes sont différents (à l’exclusion de la culture fourragère) blement leurs capacités d’affouragement ce qui a clairement été mon- et l’intérêt des complémentarités agriculture-élevage, essentielles tré par Andriarimalala et al. (2013). La situation de Madagascar est en pour les pays tropicaux (énergie, transfert de fertilité et diversifi- cela plus proche de celle de l’Afrique de l’Est (hauts plateaux et climat cation des revenus), réapparaît dans l’agenda de la recherche et du moins aride permettant la production fourragère, et des conditions de développement de régions à climat tempéré comme l’Europe (Dugué vie plus favorables pour les animaux au regard de la température par et al., 2013). La production laitière est une activité complémentaire exemple). pour améliorer le revenu total et la trésorerie de l’exploitation, valo- riser les résidus de récoltes et fournir une fumure organique à faible ■ coût (souvent la seule source de fumure disponible dans les fermes). CONCLUSION Dans le triangle laitier à Madagascar, malgré un foncier cultivable sursaturé et des exploitations très petites centrées sur la satisfaction Deux situations de production laitière sont apparues nettement dans en priorité de la sécurité alimentaire, le passage à la production lai- le triangle laitier malgache. Dans la première se trouvaient les petites tière est généralement considéré comme un levier pour entrer dans et moyennes exploitations laitières des hautes terres du Vakinanka- le cercle vertueux du développement. Notre étude dans trois zones ratra, très hétérogènes tant au niveau technique (niveau d’intensi- du triangle laitier malgache montre aussi que l’intensification de la fication) que structurel (niveau de diversification des activités) ; la production laitière, quand elle est raisonnée dans un système de poly- plupart disposait de revenus diversifiés, associant l’agriculture et culture élevage diversifié, ne constitue pas une prise de risque pour le l’élevage, constituant un élément de forte capacité d’évolution et une tropicaux, 2016, 69 (1) : 19-31 des pays et de médecine vétérinaire Revue d’élevage 29 Dairy farmsfollowingthe2009crisisinMadagascar

30 Revue d’élevage et de médecine vétérinaire des pays tropicaux, 2016, 69 (1) : 19-31 ■ SYSTÈMES D’ÉLEVAGE ET FILIÈRES pourrait à terme limiter le vers déplacementlaitier actuel du limiter triangle àterme pourrait développement la de d’Antananarivo production autour récent laitière exemple et trajectoires. Par les tendances et enregistrer demande le l’offre adapter mieux pour national dulution marché à la à terme l’évo de estimation une réaliser de également nécessaire apparaît Il avec techniques. conseils plus de appui un en poussé termes la composition provendesanimaux, des et l’utilisation pâturages, des le rationnement sur des techniques informations des diffusion large d’assurer afin pérennes, plus une coopératives structures et autres déjà essentiel paysannes, locaux organisations des techniciens des d’alimentation et d’hygiène. renforcer le de souhaitable rôle serait Il la sensibilisation tion vaches sur pratiques des aux comme laitières avoir le négatif potentiel sur produc impact de cela un terme, pourrait nor (et l’arrêt du projet BVPI-SE/HP en novembre 2012). le Sur long le long sur terme) suite d’activité àla baisse importante Fifama de (très d’insémination artificielle paillettes de nique, la de fourniture 2009, réduction depuis tech du conseil Cependant, forte y aeu une il importants. filière la de changements àdes structurels d’une familiale agriculture petite exemple un ainsi montrant possibilité de d’adaptation et souplesse de les hautes sur terres, intensif et particulièrement réputé fragile tant pour agricole milieu arenforcéun crise voir cette que finalement (nouveauxfilière et transformateurs). de est paradoxal opérateurs Il renforcer exploitations des la résilience et globale la résilience la de de permis aainsi locaux. crise La les producteurs pour ché garanti débou un années lesdémographique, prochaines pour assure qui ce ment augmenté 2010, depuis l’augmentation de en raison notamment laitde ne satisfaisait en encore 2014 pas la demande avait qui forte que la celui TIKO société avant prôné par la crise). Toutefois l’offre (système les prix sur potentielles moins futures intégré crises àdes tés avec crise production de plus modes des cette souples adap et mieux exploitations deLes renforcées laitier sortent du laitières triangle l’absence minérale. fertilisation de bien souvent (organique) le engrais seul en les hautes sur terres utilisé est qui animale provendesdes la fertilisation et pour du commerce l’alimentationtion dans ne plus de vaches des dépendre laitières afin l’importance l’exploita de la de agricoles valorisation produits des tré clé point un du développement Nous avons du Vakinankaratra. mon nouvellede du lait. chute L’intégration du prix est agriculture-élevage porcs, élevages, en autres les cas risques fromages) minimiser de afin lité, tout en développant d’autres activités (notamment élevage de autonomie si elles fabriquent provendes des qua bonne de fermières l’élevageduits pour l’exploitation). de exploitations Ces gagnent en coût (valorisation rations des résidus des et sous-pro des optimale la diversification provende de sources des et l’amélioration àmoindre globale résilience chocs aux potentiels meilleure par une en assurant d’une le maintien tout actuellement dans activité importante, laitière vages. les exploitations Dans les plus les intensifiées, enjeux résident sont clés les points éle des deux et la la de de rentabilité durabilité l’amélioration le du génétique long capital sur troupeaux des terme (complément terme et àcourt le niveau alimentaire) de alimentaire Pour les exploitations petites laitières, l’amélioration la de ration l’insémination de faiblede et nutritionnelle artificielle). arrêt qualité lecas niveau d’intensification élevage leur de (provende adiminué eux-mêmes la provende variable. dont était certains la qualité Dans vaches coût leur production en de fabricant ou laitières en réduisant changerde système leur d’exploitation le nombre de en diminuant lait ont dû s’adapter le et risque ont pris plus crise radicalement àcette et dont les revenus2009 essentiellement étaient la vente sur basés du lesdeuxième exploitants ayant production lait leur de avant intensifié TIKO. du groupe et àla disparition la politique Dans 2009 de crise suite àla commercialisées, quantités des et la réduction importante l’adaptation, dans flexibilité avec ducertaine lait du la prix baisse ------Fifamanor, TAFA, GSDM,Cirad, URP, Sicalait,2008.Conduite des Fifamanor, 2008.Rapportannuel 2007. Fifamanor, Antsirabe, Duteurtre G.,2007. Trade anddevelopment ofdairyproductionin West Dugué P., Vall E.,LecomteP., KleinH.D., RollinD., 2004.Evolution des Dugué P., Andrieu N.,Blanchard M.,Havard M.,LeGalP.-Y., Penot Duba G.,2010.Modélisationdesexploitationsagricolesintégrant une Corniaux C., Alary V., GautierD., DuteurtreH.,2012.Producteurlaitier :unefilièreenrecomposition après Carimentrand A., 2011.Lelait Andriarimalala J.,Rakotozandriny J.D.N., Andriamandroso A.L.H., Andriamirija M.H.,2009. Analyse desfacteursdéterminants de la Ahmim-Richard A., Bodoy A., Penot E.,Rahaison A., 2011.Modélisation REFERENCES artisanal. globalement resté secteur TIKO un relancer ou Socolait nécessitécomme une reste pour et d’en les ou bien acteurs, industriels si gros de la présence définir avec mais pouvoirencore un saturé d’achat globalement en baisse) peut développer se la d’un base sur ou (non national local marché savoir de laitière si la filière important serait il 2009. de Enfin, crise lors cette de effectuées adaptations des à longconséquences terme l’activité partie grande globale économique du pays) les et déterminer exploitantsdes face àl’évolution politique du pays en (qui détermine observerduit. à moyen ultérieurement faudrait Il la trajectoire terme d’un % du 50 lait la représentait pro perte compenser qui acheteur exemple)par pour sont se qui développées années dernières deux ces locales (fromagesrobustesse filières et gargotiers,petites des yaourts, privés poids de et d’observerla opérateurs réémergence ces de la conséquences (au niveau du marché, l’évolution de les sur prix) de la région, d’évaluer sur intéressant serait il laitde frais les àterme en 2012–2013marré et que la Socolait société aaugmenté la collecte redé TIKO de ont partiellement structures que lesAlors anciennes importations. ces a appliqué la politique production de selon locale aussirait concurrencer le type (Socolait) industriels lement les gros pour du lait en poudre pour qui éga importe la capitale et avoir Madagascar les prix. sur impact un Réunion, France, 92 p. vaches laitières.Guidepour les Hautes Terres deMadagascar. 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Summary Resumen Penot E., Duba G., Salgado P., Dugué P. Adaptability of dairy Penot E., Duba G., Salgado P., Dugué P. Capacidad de adap- farms in the highlands of the Vakinankaratra province of Mad- tación de las explotaciones lecheras de las tierras altas de la agascar: Impacts of the 2009 crisis provincia Vakinankaratra en Madagascar: impacto de la crisis de 2009 The objective of the study was to understand the practices of Malagasy dairy farmers after the 2009 economic (and polit- El objetivo del estudio era el de comprender la racionalidad ical) crisis, and to assess its impact on farm incomes. The de las prácticas de los productores de leche de Madagascar analysis focused on the coping strategies of dairy farmers to después de la crisis económica (y política) de 2009, así como maintain the income of their farms in the face of this crisis. la evaluación de su impacto sobre los ingresos agrícolas. El It was based on surveys conducted between 2008 and 2010. análisis se centro en las estrategias de adaptación de los pro- The data covered three areas representing the diversity of the ductores de leche para mantener los ingresos agrícolas frente dairy triangle in the highlands, main milk producing region of a esta crisis. Se basan en encuestas realizadas entre 2008 y Madagascar. A typology was firstly carried out on a sample of 2010. Los datos cubren tres áreas, que representan la diver- 59 farms to understand the rationality of farming practices, in sidad de las tierras altas del triángulo lechero, principal zona particular animal feeding. Secondly, the economic modeling productora de leche de Madagascar. Primeramente se llevó a of 21 of them was performed with Olympe software to esti- cabo una tipología en una muestra de 59 granjas, con el fin mate the impact of the crisis on the income of dairy farmers. de entender la racionalidad de las prácticas agrícolas, espe- Prospective scenarios reflecting the efficiency and risk of tech- cialmente la alimentación animal. En segundo lugar, una nical choices by the farmers served to explore the evolution modelización económica con el programa Olympe se apoyó of the situation before and after the crisis, and to show some sobre 21 de estas para estimar el impacto de la crisis sobre los resilience of farms. ingresos de los productores lecheros. Posibles escenarios pros- pectivos, mostrando la eficiencia y los riesgos de las escogen- Keywords: dairy cattle, economic crisis, impact assessment, cias técnicas por los productores, permiten explorar la evolu- animal feeding, resilience, Madagascar ción de la situación antes y después de la crisis, y mostrar una cierta resistencia de las explotaciones.

Palabras clave: ganado lechero, crisis económica, evaluación del impacto, alimentación de los animales, resiliencia frente a una crisis, Madagascar Revue d’élevage et de médecine vétérinaire des pays tropicaux, 2016, 69 (1) : 19-31 des pays et de médecine vétérinaire Revue d’élevage 31