Étude originale

Le technicien propose, le paysan dispose. Le cas de l'adoption des systèmes de culture sous couverture végétale au lac Alaotra,

Éric Penot1 2 Résumé Raphaël Domas ` ´ ` ´ ´ 3 A Madagascar, dans la region du lac Alaotra, les systemes de culture sous couvert vegetal Joana Fabre (SCV) ont e´te´ promus par un projet de de´veloppement pour mettre en place une agriculture 4 Sarra Poletti pluviale durable. Des enqueˆtes sur l’e´volution des pratiques agricoles et l’adoption des SCV 5 Colomban Macdowall ont montre´ l’existence d’un « cœur d’innovation » ou groupe de paysans ayant adopte´ les SCV 1 Patrick Dugue (environ 600 paysans pour 420 ha de SCV en 2010) avec un fort investissement du projet en Pierre-Yves Le Gal1 information et formation technique pendant plus de 5 ans. On observe e´galement un 1 processus de conception paysanne spontane´ que nous avons appele´ «syste`mes de culture CIRAD UMR Innovation innovants » (SCI), ne reprenant que certaines parties des e´le´ments constitutifs des SCV, pour TA C-85/15 ame´liorer les syste`mes de culture conventionnels paysans. Ainsi, la pratique de la rotation 73, rue Jean-Franc¸ois Breton raisonne´e, relativement re´cente dans cette re´gion, est la plus prise´e, suivie de l’utilisation des 34398 Montpellier Cedex 5 plantes de couverture pour le couvert du sol, mais aussi comme fourrages ou engrais vert. Par France ´ ´ < > contre, le labour reste partiellement present dans la majorite des successions SCV ou SCI, [email protected] mais pas avant tous les semis. Les obstacles majeurs a` l’adoption du paquet technique SCV recommande´ sont (i) la complexite´ d’un ensemble de pratiques, avec en particulier l’abandon total du labour, et (ii) le changement de paradigme pour l’agriculteur d’une vision 2   Societe Meilland a` court terme vers une vision a` long terme. Face a` telles contraintes, les paysans innovent et 42240 Unieux Rhône-Alpes cre´ent des syste`mes techniques plus souples (SCI). France Mots cle´s:adaptation ; agriculture de conservation ; innovation ; Madagascar ; semis direct sous couverture ve´ge´tale ; vulgarisation agricole. 3 INRA Laboratoire de recherche sur le The`mes : productions ve´ge´tales. developpement de l'elevage (LRDE) Quartier Grossetti 20250 Corte Abstract Corse The technician proposes, the farmer disposes. The adoption of Conservation France Agriculture (CA) in the lake Alaotra region, Madagascar 4 CIRAD Conservation agriculture (CA) has been promoted in the Lake Alaotra region, Madagascar, UPR HORTSYS to implement upland rainfed diversified cropping systems, locally adapted for regular and Station de Bassin Plat sustainable production. Surveys on the evolution of agricultural practices and the impact of BP 180 CA adoption show the existence of a ‘‘heart’’ or group of farmers who have adopted CA 97455 Saint-Pierre Cedex (600 for 420 ha in 2010) and a large dissemination of intermediate practices or ICS La Reunion France (‘‘Innovative Cropping Systems’’ as we qualify them). If CA stricto sensu is actually adopted by a limited number of farmers in the project area, with a strong investment in information and extension for over 3 years, the majority of farmers adopt some techniques from CA (but 5 Traffic International (Conservation program) not the whole package) to improve their conventional cropping systems, creating a 12, Birch Close continuum between CA and conventional systems. Hence, among the three principles of Cambridge CA, the practice of rational crop rotation (a relatively new practice locally) is the most CD4 1XN popular, followed by the use of cover crops as fodder or green manure. Tillage remains Royaume-Uni partially used. The major obstacles for CA adoption seem to be a complex technical < > [email protected] pathway and the paradigm shift from a short-term to a long-term vision of agriculture. Facing such constraints, farmers innovate and create more flexible cropping patterns (ICS).

Pour citer cet article : Penot É, Domas R, Fabre J, Poletti S, Macdowall C, Dugué P, Le Gal PY,2015. Tirés à part : &. Penot Le technicien propose, le paysan dispose. Le cas de l'adoption des systèmes de culture sous couverture végétale au lac Alaotra, Madagascar. Cah Agric 24 : 84-92. doi : 10.1684/agr.2015.0745 doi: 10.1684/agr.2015.0745

84 Cah Agric, vol. 24, n8 2, mars-avril 2015 Key words: adaptation; conservation agriculture; direct sowing under mulch; Madagascar; agricultural extension; innovation. Subjects: vegetal productions.

accroissement de la production place qu’ils occupent dans les diffe´- ensuite. A` partir de 2007, une appro- 'agricole pluviale et le maintien rents types d’exploitations, ainsi qu’aux che « exploitation » a e´te´ mise en L des capacite´s productives des strate´gies et aux pratiques des agricul- œuvre. Elle repose sur l’e´tablissement agrosyste`mes constituent les grands teurs vis-a`-vis de cette innovation. d’un plan pre´visionnel annuel d’adop- enjeux des agricultures familiales tion des innovations par l’agriculteur d’Afrique et de Madagascar et la prise en compte par le vulgari- (Coughenour et al., 2000). Ces objectifs Contexte sateur de la diversite´ des parcelles pourraient eˆtre atteints par la mise en selon les unite´s de paysage et les œuvre a` grande e´chelle des principes La re´gion du lac Alaotra est l’une des strate´gies des producteurs. Le dou- de l’agriculture de conservation (AC) principales zones rizicoles exce´den- blement du prix des engrais en 2008 a tels que de´finis par la FAO1,etdont taires de Madagascar avec plus de quasiment stoppe´ le de´veloppement e´manent les syste`mes de culture sous 110 000 ha de rizie`res (dont 40 000 ha de SCV semi-intensifs avec utilisation couvert ve´ge´tal (SCV) (Tittonell et al., bien irrigue´s et 70 000 ha a` maıˆtrise d’engrais. Depuis cette date, tous les 2012). Ces syste`mes combinent les partielle de l’eau) et plus de 30 000 ha syste`mes pre´conise´s ou adopte´sne effets du non-labour, de l’usage de de tanety, zones de colline en agri- recourent quasiment plus a` l’engrais. plantes de couverture et de la rotation culture pluviale (riz pluvial, maı¨s, Par contre, les herbicides peu chers a` des cultures. Ils requie`rent un investis- arachide, manioc, etc.) (Deve`ze, base de 2-4-D sont utilise´s par la sement a` moyen terme dans le capital 2007). Un doublement de la popula- majorite´ des paysans encadre´s par le sol, du fait du recours aux fertilisants et tion tous les 18 ans conduit a` une projet sur leurs parcelles de ce´re´ales aux herbicides en quantite´ importante, saturation foncie`re importante sur les SCV, comme ils le sont par ailleurs au moins les premie`res anne´es. Compa- zones irrigables et a` une forte pression aussi sur les syste`mes conventionnels re´sa` la culture pluviale conventionnelle sur les ressources naturelles. Les depuis les anne´es 1990. base´e sur le travail du sol, l’adoption des meilleures terres, rizie`res et baiboho SCV correspond pour l’agriculteur a` un (zones colluviales exonde´es au pied changement de paradigme important et des tanety) sont de´ja` totalement mises a` une nouvelle fac¸on de concevoir son en culture. L’expansion des surfaces Méthodologie me´tier (Penot et Andriatsitohaina, cultive´es se fait donc en agriculture 2011). Le labour et la mobilisation des pluviale, sur les tanety tre`s sensibles a` L’e´tude concerne la zone Nord-Est (NE) attelages permettent a` l’agriculteur de l’e´rosion, aux sols peu fertiles et et les valle´es du Sud-Est (VSE) autour montrer qu’il est capable de disposer de soumis aux ale´as pluviome´triques – du lac Alaotra (figure 1), du fait de champs propres avant semis, et d’inves- entre 460 et 1 600 mm/an ces vingt l’adoption diffe´rencie´e des syste`mes tir et d’entretenir du mate´riel et des dernie`res anne´es (Domas et al., 2009). SCV dans ces zones. Elle est base´esur animaux de trait (Bourrigaud et Sigaut, Dans un tel contexte de de´gradation trois enqueˆtes successives. L’enqueˆte 2006). Par leurs caracte´ristiques de des sols de tanety (Blanc Pamard et n8 1, re´alise´e en 2010, concerne l’e´va- base, les SCV constituent une innova- Rakoto Ramiarantsoa, 2003), des pro- luation technico-e´conomique de tion complexe, dont l’adoption requiert grammes de recherche et un projet de l’adoption des SCV dans 60 exploita- des formes de vulgarisation base´es sur de´veloppement (projet pilote BV-Lac tions encadre´es par le projet, et plus le partenariat et le renforcement des finance´ par l’Agence franc¸aise de particulie`rement la place occupe´e par compe´tences des producteurs, combi- de´veloppement - AFD) ont promu les SCV depuis 2008 (109 parcelles). ne´sa` d’autres services agricoles adapte´s les SCV dans un contexte ou` la mise en L’enqueˆte n8 2ae´te´ re´alise´een2011sur comme l’approvisionnement et le cre´dit culture des tanety ae´te´ progressive. La 30 exploitations ge´ographiquement pro- (Faure et al., 2013). vulgarisation a` large e´chelle des SCV, ches de celles de l’e´chantillon pre´ce´dent, Les objectifs des SCV ont e´te´ maintes commence´e en 2003 avec BV-Lac, dont quelques-unes jamais encadre´es fois re´pertorie´s(Scopel et al., 2012), de repose sur une large gamme de par le projet et d’autres, devenues auto- meˆme que les contraintes a` leur syste`mes adapte´s aux diffe´rentes uni- nomes, qui n’entretiennent plus de adoption dans diffe´rents pays d’Afrique te´s de paysage (tableau 1). Ces relations avec les vulgarisateurs. Elle subsaharienne (Giller et al., 2009 ; syste`mes sont base´s sur diverses s’appuie sur 53 parcelles de cultures Serpantie´, 2009). Cet article vise a` plantes de couverture, l’utilisation pluviales, pour estimer l’adoption des caracte´riser les processus d’adoption d’herbicides et une fertilisation mine´- SCV in extenso et les divergences entre et d’adaptation des SCV vulgarise´s rale standard (150 kg d’ure´e + NPK/ les diffe´rents syste`mes mis en place par depuis 16 ans, en s’inte´ressant a` la ha). Les SCV ont d’abord e´te´ vulgarise´s ces 30 agriculteurs et ceux qui avaient e´te´ selon une approche « descendante » pre´conise´s par le projet (dans l’enqueˆte normative et techniciste, peu efficace n8 1). Les pratiques culturales (rotations, 1 Food and Agricultural Organization of the au vu du fort taux d’abandon : 60 % en gestion de la couverture du sol et travail United Nations. premie`re anne´e, entre 20 et 40 % du sol) ont e´te´ analyse´es sur 109

Cah Agric, vol. 24, n8 2, mars-avril 2015 85 Tableau 1. Synthèse des différents systèmes de culture observés selon la toposéquence et les zones NE et VSE. Table 1. Synthesis of various types of cropping systems according to position and zone, NE and VSE.

Unité de paysage SCV préconisés SCI « paysans SCI spontanés SC Traditionnels par le projet encadrés » (enquête 1) ou « paysans non (enquête 3) encadrés (enquête 2)

Tanety Maïs + leg* // Riz Maïs + leg // Maïs + Maïs // Maïs // Monoculture suivie leg (NE) Arachide (NE) d'une longue jachère : Arachide, Maïs + leg // Riz // Maïs + leg // Riz // Maïs // Maïs // Manioc, Maïs + leg // Arachide Arachide Arachide // Maïs, Manioc (VSE) Haricot, Tabac Manioc // Stylosanthes Stylosanthes ou Brachiaria Maïs // Maïs // (NE) ou Brachiaria (> 2 ans) en culture pure leg et engrais vert fourragère(> 2 ans)

Riz // Stylosanthes Haricot/Vesce

Tanety en bas Maïs + leg // Riz // Maïs + leg // Riz // Riz // Maïs // Monoculture suivie de pente Maïs + leg // Arachide Arachide Arachide (NE) d'une longue jachère : Arachide, Maïs + leg // Riz Brachiaria pur Arachide // Manioc, et fourrager > 2 ans Manioc // Maïs, (VSE) Haricot (VSE) Haricot, Tabac (NE)

Baiboho Riz + Vesce / Riz + Vesce Riz / Maraîchage maraîchage paille (enfouissement de CS de CS vesce en engrais vert)

// : succession entre deux années agricoles. / : succession intra-annuelle entre la saison pluvieuse et la contre saison (CS). + : association de cultures. SCV : système de culture sous couvert végétal ; SCI : système de culture innovant ; SC : système de culture. * lég = légumineuses = Lablab purpureus (dolique), Vigna unguiculata (niébé) et Vigna umbellata (ricebean). (NE) : Nord-Est ; (VSE) : Vallées du Sud-Est. Tous les itinéraires techniques SCV proposés sont en semis direct sans labour. parcelles en culture pluviale des deux de pratiques enregistre´es entre les sensu ont e´te´ recense´s en 2010 chez enqueˆtes (dont les 80 parcelles les plus enqueˆtes n8 2 et 3 permettent de pre´ciser environ 600 paysans. Un « cœur anciennes en SCV dans ces zones et 29 en les options techniques innovantes rete- d’innovation » a donc e´te´ cre´e´, mais culture conventionnelle non SCV). Cette nues par les paysans n’e´tant plus ou pas il demeure restreint par rapport aux e´tude a e´te´ re´alise´e chez des exploitants en contact avec le projet BV-Lac. 3 000 ha et 2 500 paysans encadre´s encadre´s par le projet ayant au moins par le projet pendant 10 ans. Ce uneparcelle«de´clare´e » en SCV (enqueˆ- re´sultat refle`te les forts taux d’abandon tes n8 1et2soit86%del’e´chantillon) et Résultats du SCV les 3 premie`res anne´es, de chez leurs voisins non encadre´s(14%de l’ordre de 60 % entre A0 et A1 et de l’e´chantillon, enqueˆte n8 2). Les itine´rai- 45 % entre A1 et A2, pe´riode pendant res techniques ont e´te´ reconstitue´s Un début d'adoption des laquelle les agriculteurs expe´rimen- sur cinq anne´es (2005-2010). Enfin, SCV tent ce syste`me. l’enqueˆte n8 3aporte´ sur l’identification Les raisons d’abandon sont diverses. des syste`mes de culture traditionnels ou En 2010, le projet de´nombrait Au total, 36 % des paysans conside`rent conventionnels pratique´s actuellement 1 080 ha de SCV en inte´grant les que les SCV sont mal adapte´sau dans la re´gion et leurs e´volutions sur les surfaces en anne´e d’installation du syste`me agraire local, le be´tail diva- dix dernie`res anne´es.Pourcela,des syste`me (A0), visant a` produire la gant consommant les biomasses de enqueˆtes ont e´te´ re´alise´es dans 20 biomasse de couverture pour le semis couverture en saison se`che, tandis que exploitations non encadre´es par le projet direct l’anne´e suivante (A1). Si l’on 13 % mettent en avant des raisons et n’ayant pas adopte´ des e´le´ments des exclut les surfaces A0 ou` le labour est d’inse´curite´ foncie`re, et 32 % des syste`mes SCV vulgarise´s. Les diffe´rences souvent pre´sent, 420 ha en SCV stricto raisons financie`res. De fait, les couˆts

86 Cah Agric, vol. 24, n8 2, mars-avril 2015 N Miarinarivo

Antanimenabaka Zone Nord-Est COMOROS (Imerimandrosso) Antisiranana

MAYOTTE (FR)

Amboavory

Ambodimanga Mahajanga Andilana Avaratra Andrebakely Nor Mananara Avaratra Vohisara Soanierana Ivongo Antanandava Anorora Vavatenina Amparafaravola Toamasina Ambatomainty Antananarivo Soavinandriana Faratsiho Morarano Atsimo Antanifotsy Mahanoro Feramanga Antsirabe Ampitatsim Ambatondrazaka Morondava Nosy Varika Manakambahiny Quest Ranamainty

Andilanatoby Fianarantsoa

Manakara-Atsimo RN44 Chef-lieu de district Zone Sud-Est Chef-lieu de commune Toliara (Vallées du Sud-Est) Route nationale Autre route

Plan d’eau

Tôlanaro Périmètre irrigué Ambovombe 200 km Limite communale

100 mi Limite des districts © d-maps.com

Système de projection Laborde projet BV Lac, jan 2009

0 10 20 30 40 50 Kilometers

Figure 1. Localisation des zones d'étude dans la région du lac Alaotra, Madagascar.

Figure 1. Localization of study areas in the Lake Alaotra region, Madagascar. de production en SCV, dont 80 % sont syste`mes a` base de Stylosantes guia- mieux e´gaux en A1 du fait d’une dus a` la main-d’œuvre temporaire, nensis ou de Brachiaria spp. Ces maıˆtrise technique encore partielle du de´passent ceux en culture conven- plantes produisent la biomasse de semis direct dans la couverture. A` partir tionnelle. Or, la tre´sorerie des exploi- couverture mais ne permettent pas d’A2, ils atteignent le meˆme niveau tations en de´but de campagne est tre`s d’obtenir un produit marchand ou qu’en conventionnel pour augmenter limite´e (pe´riode de soudure alimen- alimentaire, alors que les paysans ensuite de 10 a` 15 % a` partir d’A3 taire), l’acce`s au cre´dit est difficile et cherchent a` produire des cultures (Penot et al., 2011). Le taux d’abandon les retours e´conomiques dus aux SCV vivrie`res tous les ans sur toutes leurs des SCV baisse alors significativement, ne sont pas ceux escompte´s par les parcelles cultivables. a` environ 10 a` 20 % par an. paysans. Des conside´rations techni- Enfin, les effets positifs des SCV sur les La nature des syste`mes adopte´s est ques sont aussi mises en avant, telles rendements ne sont pas imme´diats. Si fonction de l’importance spatiale des que la complexite´ de ces syste`mes de les rendements en A0 sont globalement tanety et baiboho dans les deux zones culture, ou la ne´cessite´ de mettre la e´quivalents a` ceux des cultures en d’e´tude, NE et VSE (figures 1 et 2). parcelle SCV en jache`re « ame´liore´e» syste`me conventionnel avec labour, ils Dans la zone NE, ou` les parcelles sur pendant 2 ou 3 ans dans le cas des leur sont souvent infe´rieurs ou au tanety sont pre´ponde´rantes, le SCV

Cah Agric, vol. 24, n8 2, mars-avril 2015 87 // le´gumineuse fonctionne a` l’inverse 30 de celle propose´e avec les SCV, ou` le riz suit le maı¨s+le´gumineuses afin de 25 respecter le principe de couverture du sol permanente. Cela e´tant, ces suc- 20 cessions de cultures, avec ou sans 15 couverture du sol, sont adapte´es par les paysans en fonction des opportu- 10 nite´se´conomiques qui s’offrent a` eux. 5 Ainsi, certains peuvent de´cider d’accroıˆtre leur surface en arachide, 0 culture qui produit peu de couverture mais qui rapporte autant qu’un riz

Brachiaria pluvial a` 2,5 t/ha, tout en demandant se de vesce ou moins de travail. ïs+légumineuses Stylo Syst. Ba Syst. Couverture morte Syst. Syst. Ma La jachère dans les systèmes de culture pluviaux en 2015 NE VSE Dans les deux zones d'etude, la NE et VSE correspondent aux deux zones d'études. pratique de la jachère en agriculture pluviale a continuellement regress e Figure 2. Distribution des différents systèmes rencontrés en fonction du nombre d'adoptants en 2009. avec l'accroissement de la popula- Figure 2. Distribution of different types of cropping systems according to number of adoptive farmers. tion. Elle a quasiment disparu sur baiboho du fait de la bonne fertilitede ces terres. Aujourd'hui, on observe le passage d'une culture continue en base´ sur la rotation maı¨s + dolique // agriculteurs non encadre´s ont aussi saison des pluies à deux cultures par riz pluvial sur mulch de re´sidus innove´ en de´veloppant des syste`mes an avec, en contre-saison, l'adoption domine largement. Le signe « / » de culture s’inspirant pour partie des delavesceetledeveloppement des indique une association de plantes principes des SCV observe´s chez leurs cultures maraîchères. Sur les parcel- dans la meˆme anne´e. Le sigle « // » voisins (tableau 1). Ces adaptations, les de tanety de bas de pente, moins indique le passage d’une anne´ea` que nous avons de´nomme´es syste`mes affecteesparless echeresses, la l’autre (succession). Le dolique est de culture innovants (SCI), ont e´te´ jachère tend aussi à disparaître. Enfin, parfois remplace´ par le Mucuna spp. caracte´rise´es en fonction de leur type sur les tanety des glacis et les ou Vigna spp. Dans la zone VSE riche de rotation, de leurs modes de gestion plateaux sommitaux, les agriculteurs en baiboho, le SCV riz pluvial / vesce du couvert ve´ge´tal et du travail du sol selectionnent les meilleures terres // maraıˆchage est le plus fre´quent, applique´ (labour versus semis direct). (les moins pauvres et les plus pro- ainsi que les cultures maraıˆche`res Alors que la monoculture de manioc fondes) pour y installer leurs cultures. implante´es sur une simple couverture ou d’arachide suivie d’une jache`re Dans ces situations, la jachère natu- de paille de riz, sans labour pre´alable. longue sur tanety e´tait la re`gle dans relle de courte duree (1 à 3 ans) Enfin, l’association manioc + Brachia- les anne´es 1960-1970, la rotation des subsiste quand l'agriculteur dispose ria, ou manioc + Stylosanthes se cultures avec ou sans labour est d'une surface cultivable qui depasse rencontre de plus en plus rarement, maintenant tre`s courante (82 % des ses capacites de travail et lorsqu'il toujours sur des parcelles de tanety cas), que les parcelles soient ou non refusedelouercetypedeterreàdes peu fertiles et plutoˆt en zone NE. Le encadre´es par le projet. La pratique de paysans ayant peu ou pas de terres. Stylosanthes est en ge´ne´ral pre´fe´re´ au la jache`re naturelle est de moins en La majeure partie de ces deux unites Brachiaria car il peut eˆtre controˆle´ moins fre´quente du fait de l’accroisse- de paysage est reserv ee aux parcours manuellement apre`s 1 ou 2 anne´es de ment de´mographique (encadre´). De naturels jamais mis en culture. de´veloppement, sans recourir aux ce fait, elle ne figure pas dans les herbicides couˆteux a` base de glypho- successions en SCI et en SCV sate, ne´cessaires pour controˆler le (tableau 1). Les paysans ont d’abord Brachiaria. inse´re´ une ou deux cultures (arachide, manioc) apre`s deux anne´es successi- L’association d’une plante de couver- ves de maı¨s. Certains ont ensuite ture avec une culture d’inte´reˆt Une dynamique d'adaptation introduit le riz pluvial, culture forte- (consommation familiale et/ou mar- des systèmes proposés ment encourage´e par le projet pour chande), ou le recours a` la paille faire face aux besoins de leur famille. comme mulch de couverture, est le Durant la pe´riode d’expe´rimentation Ainsi, le riz pluvial vient en teˆte de deuxie`me principe de l’agriculture de des SCV (A0-A3), la plupart des rotation et laisse ensuite la place au conservation le plus adopte´ par les paysans encadre´s se sont e´carte´sdu maı¨s, puis a` une le´gumineuse moins agriculteurs (39 % des parcelles obser- mode`le promu par le projet. Les exigeante. Cette succession riz // maı¨s ve´es (figure 3), pour diverses raisons :

88 Cah Agric, vol. 24, n8 2, mars-avril 2015 entre la 4e et la 7e anne´e est souvent 16 constate´, pour diverses raisons selon 14 les agriculteurs : compaction des sols, 12 couverture trop partielle du sol et donc 10 difficulte´sa` controˆler les adventices, 8 besoin d’inse´rer une culture e´conomi- 6 quement inte´ressante (arachide ou 4 nie´be´), mais qui ne produit alors pas 2 de couverture. Apre`s ce labour, la 0 parcelle peut repasser pour plusieurs anne´es en SCV stricto sensu.

de vesce Brachiaria gumineuses ou Influence du type ïs+lé ylo St Syst. à base d'exploitation sur l'adoption base se de ma Syst. sur couverture morte st. des SCV ou des SCI Sy

Syst. à ba Entre 2008 et 2010, les exploitations

NE VSE encadre´es par le projet et ayant expe´rimente´ les SCV ont cultive´ en NE et VSE correspondent aux deux zones d'études. moyenne 25 % de leur surface totale en SCV ou SCI (figure 4). Les exploi- Figure 3. Distribution des systèmes rencontrés en fonction des surfaces en hectares en 2009. tations conside´re´es comme « adoptan- Figure 3. Distribution of cropping systems according to 2009 area. tes de SCV ou SCI » cultivent au moins une parcelle sous cette forme depuis 5 ans (environ 600 exploitations pour les deux zones NE et VSE en 2010), – Les couvertures issues des associa- fourrage`re. Dans ce cas, les plantes pour 50 a` 75 % de leur assolement tions maı¨s+le´gumineuses (Vigna de couverture peuvent eˆtre exploite´es pluvial. Ce sont principalement des spp., dolique) et haricot + vesce don- de deux fac¸ons diffe´rentes : comme exploitations disposant de peu de nent globalement de bons re´sultats culture pure, fourrage`re stricte, si toute capital, ayant peu de rizie`res irrigue´es pour les deux cultures en association la biomasse est re´colte´epourl’e´levage, et a` forte proportion de terre cultivable avec une production de grain pour les ou, dans quelques cas, comme une en tanety. En particulier, les exploita- plantes de couverture comme les culture de couverture d’un SCV si le tions sans ze´bu de trait, qui rencon- Vigna et le dolique et du fourrage paysan ne pre´le`ve qu’une partie de la trent des difficulte´s pour la re´alisation avec la vesce. biomasse (20 a` 30 % maximum) et du labour manuel sur tanety, ope´ra- – La couverture du sol par la paille de conserve le reste pour couvrir le sol tion tre`s couˆteuse en temps, trouvent riz pour le maraıˆchage de contre- (Andriarimalala et al., 2013). un inte´reˆt aux syste`mes sans labour saison sur baiboho est courante dans Enfin, le labour reste utilise´ dans les syste´matique, qui permettent de toute la re´gion du lac Alaotra et est parcelles de´clare´es en SCV par les re´duire les charges de travail et les pratique´e depuis des de´cennies. Cette paysans. Un total de 87 % des parcel- couˆts d’installation des cultures. pratique traditionnelle du paillage du les de l’enqueˆte « pratiques agricoles » Les exploitations me´canise´es tourne´es sol a certainement facilite´ l’adoption recouraient au moins a` un labour vers la riziculture irrigue´e, pour laquelle du mulch de couverture dans les durant la rotation, mais sa fre´quence le projet ne pre´conise pas de SCV, ont autres SCV ou SCI. diminue dans les rotations en SCI adopte´ les syste`mes SCV ou SCI pluviaux – Plus rarement, les plantes de cou- (figure 3). Par exemple, dans le cas des sur 15 % a` 25 % de leur surface cultive´e verture en culture pure sont utilise´es SCI maı¨s+le´gumineuses // maı¨s totale, sous une forme extensive avec comme engrais vert, enfoui apre`s +le´gumineuses ou maı¨s+ le´gumineu- peu d’intrants. Les grandes exploitations quelques mois pour be´ne´ficier a` la ses // riz pluvial // arachide, le labour rizicoles posse´dant aussi une grande culture suivante, sans fournir de mulch n’est pas syste´matiquement re´alise´ surface en tanety ont cultive´ 50 a` 75 % de (concerne surtout la vesce). apre`s l’association maı¨s+le´gumineu- leur surface totale en SCV ou SCI en Les associations de culture a` base ses venant en teˆte de rotation. Quand pratiquant les syste`mes maı¨s+le´gumi- d’espe`ces a` cycle court sont faciles a` la biomasse de couverture issue de neuses // riz pluvial sur tanety, et re´aliser et fournissent une biomasse cette association est encore abondante riz // maraıˆchage paille´ de contre saison abondante si la divagation du be´tail est apre`s la saison se`che, la culture (ou (qui remplace la vesce) localement sur bien controˆle´e. Les SCV ou SCI a` base l’association de cultures) suivante peut baiboho. Quelques exploitations rizico- de couverture de Stylosanthes ou de eˆtre implante´e par semis direct. C’est les dote´es d’une main-d’œuvre familiale Brachiaria sont moins fre´quents car le cas pour 50 a` 70 % des parcelles importante ont maintenu des parcelles leur gestion demande beaucoup de avec ce syste`me de culture. en SCV pendant 4 a` 6ans,mais travail ou d’herbicides. Par contre, ils Meˆme sur les parcelles en SCV condui- ge´ne´ralement sur de petites surfaces. ont e´te´ adopte´s par les agro-e´leveurs tes sans travail du sol pendant plusieurs La faible place occupe´eparlesSCVou pour leur fourniture de biomasse anne´es de suite, un retour du labour les SCI dans l’assolement de ces

Cah Agric, vol. 24, n8 2, mars-avril 2015 89 Couvert végétal 67 % SCV stricto n = 6 sensu

Rotation 90 % n = 9 Sans couvert végétal 33 % SCI Non-labour n = 3 pendant toute la rotation 13 % n = 10

Couvert végétal 100 % SCI proche n = 1 SCV Monoculture 10 % n = 1 Sans couvert végétal 0 %

Couvert végétal 42 % SCI Rotation 81 % n = 24 n = 57

Sans couvert végétal 58 % SCI proche du n = 33 Labour Conventionnel au moins une fois dans la rotation 87 % n = 70 Couvert végétal 0 % Monoculture 19 % n = 13

Sans couvert végétal Conventionnel/ 100 % traditionnel n = 13

SCV : système de culture sous couvert végétal ; SCI : système de culture innovant.

Figure 4. Fréquence des pratiques selon les systèmes de culture considérés en système de culture sous couvert végétal (SCV) par les producteurs.

Figure 4. Frequency of technical practices in cropping systems considered as CA by farmers. exploitations impacte en effet peu leurs nicien), de services d’approvisionne- d’une innovation telle que les SCV, performances e´conomiques, lie´es prin- ment ou de possibilite´ de vendre des touchant a` diffe´rentes composantes cipalement au riz irrigue´. semences de plantes de couverture. des syste`mes de production a` l’e´chelle Enfin, des exploitations qualifie´es individuelle et des syste`mes agraires a` d’« opportunistes » ont adopte´ les l’e´chelle collective, peuvent prendre SCV sur moins du quart de leur des voies diverses, rendant l’e´valua- assolement, mais jamais dans la dure´e. Discussion tion des re´sultats obtenus plus Leur inte´reˆt pour ces syste`mes est complexe que la mesure d’un simple fonction des apports du projet en L’exemple du lac Alaotra souligne taux d’adoption. Tout d’abord, les termes d’information (acce`s au tech- combien les processus d’adoption agriculteurs encadre´s par le projet et

90 Cah Agric, vol. 24, n8 2, mars-avril 2015 conside´re´s comme « adoptants » ont duction en place. Des SCI inte´grant SCV. De meˆme, les approches de une bonne appre´ciation des SCV, qui des espe`ces a` cycle court, demandant vulgarisation et de conseil expe´rimen- recoupe celle de leurs promoteurs, peu de travail et a` valeur fourrage`re, te´es dans cette re´gion pourraient s’enri- illustre´e par les propos suivants rele- telles que la vesce, pre´sentent ainsi un chir de dispositifs porte´s par des leaders ve´s durant nos enqueˆtes : « les cou- inte´reˆt plus e´leve´ que des syste`mes paysans ou des producteurs expe´rimen- vertures prote`gent les sols et limitent pluri-annuels a` base de Brachiaria ou tateurs, constitue´sdanslecadred’uni- l’e´rosion, la terre est vivante »;«si la Stylosanthes. Les producteurs ne sont versite´s paysannes, facilitant les couverture est e´paisse, elle permet de pas re´fractaires au changement mais, changements techniques a` moyen re´duire le temps d’entretien des cultu- au contraire, se situent dans une terme dont ces agricultures ont besoin res »; « la couverture constitue une dynamique d’innovation et savent (Sabourin et al., 2004). protection contre les ale´as pluviome´- faire le tri entre ce qui re´pond a` leurs triques en de´but de cycle et les besoins du moment et ce qui leur rendements sont plus stables ». De paraıˆt inadapte´ a` leur contexte (Garin plus, « la re´duction du temps de et Penot, 2011). De ce point de vue, jache`re ou sa suppression permise des projets limite´s dans le temps, avec Conclusion par l’adoption des SCV sur tanety nous des contenus de´cide´s sans une re´elle permet d’augmenter la surface culti- participation de leurs « be´ne´ficiaires », Le bilan de l’adoption des SCV dans la ve´e quand on posse`de peu de terre et prennent le risque de rencontrer un re´gion du lac Alaotra demeure mitige´ : donc d’augmenter la production ali- taux important d’e´chec par rapport a` les 420 ha concerne´s en 2010 peuvent mentaire ». Mais malgre´ ces de´clara- leurs objectifs quantitatifs affiche´s paraıˆtre conse´quents au vu de la tions, le nombre de producteurs et les (Penot et al., 2014). complexite´ du syste`me technique, mais surfaces concerne´s par les SCV stricto Cette relation e´troite entre les carac- faibles par rapport aux moyens investis sensu stagnent a` un niveau bien en te´ristiques d’un syste`me technique pour la vulgarisation de ce syste`me. Les dec¸a` des objectifs du projet. innovant et le contexte dans lequel il effets attendus des SCV concernant la Ce premier constat pourrait de´cevoir. s’inse`re, fait que l’inte´reˆt du premier stabilite´, voire l’augmentation des ren- Pour autant, nos observations montrent de´pend de l’e´volution du second. Des dements, ne sont perceptibles qu’a` l’existence d’une dynamique d’innova- facteurs socio-e´conomiques tels que la moyen terme et ne compensent pas tions en lien avec les SCV, dont pression de´mographique et la dispo- les efforts ne´cessaires a` leur gestion, certaines composantes (rotation, cou- nibilite´ en terre, peuvent pousser les dans un environnement instable tant au verture du sol) ont e´te´ reprises tant par producteurs a` intensifier ou a` coloni- plan climatique qu’e´conomique. Mais des agriculteurs en relation fre´quente ser des terres de tanety de moins en si l’on conside`re plus largement la avec le projet que par des exploitants moins fertiles. L’ame´lioration re´cente dynamique d’e´volution des syste`mes non encadre´s. Cette dynamique ren- de l’acce`s aux services de cre´dit a` de culture sur tanety et baiboho,le voie a` l’ade´quation entre les contextes caution solidaire (Wampfler et Penot, bilan apparaıˆt plutoˆt positif. En effet, la propres a` chaque exploitation et les 2010), ainsi que la baisse re´cente des forte diffusion, sans encadrement des re´ponses qu’apportent ces composan- prix des engrais, pourraient a` l’avenir projets, d’une partie des composants tes techniques aux objectifs et aux modifier la capacite´ d’investissement du SCV a` travers les SCI (l’adoption de contraintes des producteurs. Ce cons- des agriculteurs, et donc leurs choix plantes de couverture comme cultures tat, courant en matie`re de diffusion des techniques. fourrage`res en particulier), souligne la innovations (Faure et al., 2013), Enfin, la conception et la diffusion d’un capacite´ d’innovation et d’adaptation explique pourquoi les exploitations syste`me agricole innovant de´pendent des producteurs de cette re´gion. La avec une forte proportion de tanety, d’un ensemble d’acteurs, dont la per- rotation des cultures comme l’insertion ne posse´dant pas de ze´bus de trait ou tinence des actions et des me´thodes par des plantes de couverture ou fourra- ayant besoin de fourrage dans le cadre rapport au contexte d’intervention ge`res a` cycle court et l’utilisation de d’une plus forte inte´gration agriculture- conditionne l’efficacite´ (Meynard et al., re´sidus de culture comme paillage se e´levage, ont e´te´ inte´resse´es par les SCV 2012). L’expe´rience du lac Aloatra se sont en effet largement diffuse´es. Mais ou par diverses adaptations en SCI caracte´rise de ce point de vue par un fort le labour ponctuel demeure par contre qu’ils ont effectue´es. poids de la recherche et d’un projet de une pratique courante dans les exploi- Par ailleurs, la gestion et les impacts de´veloppement pre´sent pendant dix tations ayant adopte´ les SCV ou les SCI pluriannuels des SCV se confrontent ans, avec un sche´ma line´aire descendant et pratiquant re´gulie`rement le semis aux horizons de temps choisis par les dont les limites sont pourtant bien direct. Le labour permet de de´compac- producteurs dans leurs de´cisions. En connues (Le Gal et al., 2011). Les choix ter les sols et de controˆler les adventi- ce sens, des objectifs tels que la me´thodologiques des actuels projets de ces. Il est encore trop toˆt pour juger de re´duction des investissements en tra- recherche-action dans la zone visent a` la durabilite´ e´conomique et e´cologique vail et en intrants, la recherche de inte´grer les producteurs dans la concep- des SCI, d’autant que ces syste`mes re´sultats rapides, ou plus ge´ne´rale- tion des syste`mes innovants (Tittonell n’ont pas e´te´ e´value´s au plan agrono- ment des strate´gies anti-risques, s’ave`- et al.,2012). Des plateformes d’innova- mique, et de l’adoption pe´renne des rent de´favorables a` l’adoption des SCV tion base´es sur le partenariat et les SCV sur le long terme, en l’absence (qui demandent du temps pour re´ve´- re´seaux socio-techniques existants d’une structure d’appui fournissant des ler leurs effets), mais peuvent favoriser (Latour, 1989) ont ainsi e´te´ mises en services susceptibles d’encourager ce l’e´mergence d’adaptations plus faciles place plutoˆtquedecre´er ex nihilo des processus (intrants, cre´dit, conseil). Les a` inte´grer dans les syste`mes de pro- structures paysannes de promotion des me´thodes d’interaction avec et entre les

Cah Agric, vol. 24, n8 2, mars-avril 2015 91 agriculteurs e´voluent vers une plus Faure G, Penot E, Rakotondravelo JC, Ramahato- Penot E, Fabre J, Domas R, 2011. The real adoption of raka HA, Dugué P, Toillier A, 2013. Which advisory conservation agriculture (CA) in the lake Alaotra area grande autonomie avec la mise en system to support innovation in conservation after 10 years of diffusion. In: 5th World Congress of place re´cente de plateformes d’innova- agriculture? The case of Madagascar's Lake Alao- Conservation Agriculture (WCCA) incorporating 3rd tion, dont l’efficacite´ devra e´galement tra. Journal of Agricultural Education and Extension Farming System Design Conference, Brisbane, & 19:257-70. Australia, 26-29 september, 2011. Resilient food eˆtre e´value´e sur le moyen terme. systems for a changing world. http://aciar.gov.au/ Garin P, Penot E, 2011. Charrue et variétés de riz. files/node/13991/the_real_adoption_of_ca_in_the_la- Maîtrise sociale des savoir-faire techniques au lac ke_alaotra_57682.pdf Références Alaotra, Madagascar. Revue d'anthropologie des connaissances 5:573-98. http://www.cairn.info/ revue-anthropologie-des-connaissances-2011-3 Sabourin E, Da Silveira LM, Sidersky P, 2004. Andriarimalala J, Rakotozandriny JDN, Andriaman- Production d'innovation en partenariat et agricul- droso ALH, Penot E, Naudin K, Dugué P, et al., Giller K, Witter E, Corbeels M, Tittonell P, 2009. teurs-expérimentateurs au Nordeste du Brésil. 2013. Creating synergies between conservation Conservation agriculture and smallholder farming in Cahiers Agricultures 13:203-10. agriculture and cattle production in crop-livestock Africa: the heretics' view. Field Crops Research farms: a study case in the lake Alaotra region of 114:23-34. Madagascar. Experimental agriculture 49:352-65. Scopel E, Triomphe B, Affholder F, Da Silva FA, Corbeels M, Valadares Xavier JH, et al., 2012. Bourrigaud R, Sigaut F, 2006. Nous labourons. Latour B, 1989. La science en action. Paris: La Découverte. Conservation agriculture cropping systems in Actes du colloque Techniques du travail de la terre, temperate and tropical conditions, performances hier et aujourd'hui, ici et là-bas. Nantes: Éditions du Le Gal PY, Dugué P, Faure G, Novak S, 2011. How and impacts. A review. Agronomy for Sustainable Centre d'histoire du travail. does research address the design of innovative Development 33:113-30. Blanc Pamard C, Rakoto Ramiarantsoa H, 2003. agricultural production systems at the farm level? A Madagascar : les enjeux environnementaux. In: review. Agricultural Systems 104:714-28. Serpantié G, 2009. L'agriculture de conservation à Lesourd M, coord. L'Afrique, vulnérabilité et défis. la croisée des chemins. Vertigo 9:21. Meynard JM, Dedieu B, Bram Bos AP, 2012. Re- Nantes: Éditions du temps: 354-76. design and co-design of farming systems. An Coughenour CM, Chamala S, 2000. Conservation overview of methods and practices. In : Darnhofer Tittonell P, Scopel E, Andrieu N, Posthumus H, tillage and cropping innovation. Constructing the I, Gibson D, Dedieu B, eds. Farming systems Mapfumo P, Corbeels M, et al., 2012. Agroecology- new culture of agriculture. Ames (USA): Iowa State research into the 21st century: The new dynamic. based aggradation-conservation agriculture University Press. New York: Springer;407-32. (ABACO): targeting innovations to combat soil degradation and food insecurity in semi-arid Africa. Deveze JC, 2007. Évolutions des agricultures Penot E, Andriatsitohaina T, 2011. Savoirs, prati- Field Crops Research 132:168-74. familiales du lac Alaotra (Madagascar). Défis ques, innovations et changement de paradigme de agricoles africains. Paris: Karthala. l'agriculture dans la région du lac Alaotra (Mada- gascar). Géoconfluences.(Dossier Afrique subsa- Wampfler B, Penot E, Oustry M, 2010. Financer Domas R, Penot E, Andriamalala H, Chabierski S, harienne, territoires et conflits). l'innovation en agriculture familiale. Le cas des 2009. Quand les tanety rejoignent les rizières au lac cultures en SCV à Madagascar. In: Coudel E, Alaotra : diversification et innovation sur les zones Penot E, Dabat MH, Andriatsitohaina T, Grandjean Devautour H, Soulard CT, Hubert B, eds. Procee- exondées dans un contexte foncier de plus en plus P, 2014. Lac Alaotra : les méandres du développe- dings of the symposium innovation and sustainable saturé. Regional workshop on conservation agri- ment agricole au lac Alaotra, Madagascar. Entre development in agriculture and food - ISDA 2010. culture, CIRAD/AFD, Phonsavan Xieng Khouang inconstance politique et innovation technique. Montpellier, June 28-July 1, 2010. Montpellier: Laos PDR. http://hal.archives-ouvertes.fr/cirad- Biotechnologie, Agronomie, Société et Environne- Cirad, Inra, SupAgro. http://hal.archives-ouvertes. 00768202/ ment 18:329-38. fr/cirad-00771191/.

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