La Plaine, La Poésie Bulletin #6 De L’Association Des Amis De Gustave Roud
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— la plaine, la poésie bulletin #6 de l’Association des amis de Gustave Roud Entretien avec Jean Lecoultre 3 Les Œuvres complètes de Gustave Roud 7 Portfolio : arbres 13 Hommages 19 Sur une photographie de Gustave Roud 24 — — la plaine, la poésie #6, octobre 2017 1 actualités actualités — éditorial Rappelons la Les Éditions our sa sixième livraison, le bulle- parution, à la fin Limmat à Zurich tin de l’Association des amis de de 2016, du Cahier publient Lied der PGustave Roud fait peau neuve. Une Gustave Roud 16, Einsamkeit, tra- ligne graphique redessinée et un format qui rassemble la duction allemande légèrement plus grand nous permettent correspondance du recueil Air de la de mettre en valeur quelques-unes des échangée, de 1928 à solitude et autres nombreuses images, notamment celles 1947, entre Gustave écrits, paru en 2002 en couleur, du fonds photographique Roud et C. F. Ramuz, notamment au chez Gallimard de la BCUL, et de mesurer une nouvelle cours des années où les deux écrivains avec une introduc- fois avec délice l’étendue et la beauté de ont été à la tête de l’hebdomadaire tion de Philippe Jaccottet. Dans une ver- l’œuvre de Gustave Roud – ici tout par- Aujourd’hui (1929-1931). Réalisé en 2015 sion due à Gabriela Zehnder, le public ticulièrement son goût prononcé pour dans le cadre de l’Année Gustave Roud, germanophone pourra redécouvrir les arbres et l’atmosphère des futaies. ce volume est édité par Ivana Bogicevic quelques-uns des plus beaux textes de En témoignent la page de couverture de sous la direction de Daniel Maggetti. Roud – la dernière traduction allemande ce numéro ainsi que l’élégant portfolio Le prochain cahier, prévu pour 2018, datait des années 1990 –, ainsi que son réalisé par Iréna Pandazis. sera consacré à la correspondance – et travail photographique : l’ouvrage com- Dans ses nouveaux atours, plus largement à la relation – entre porte de nombreuses images. Gageons La Plaine, la poésie reste fidèle à ses Gustave Roud et le peintre Gérard que ce volume permettra de mieux aspirations : rendre compte des travaux de Palézieux. diffuser l’œuvre de Roud outre-Sarine, publiés ou en cours dans le champ des › http ://www.gustave-roud.ch/ auprès d’un public pour qui il est sans études roudiennes, se faire l’écho des évé- doute encore trop méconnu. nements artistiques et culturels dédiés au › http ://www.limmatverlag.ch/ poète, mais aussi évoquer sa mémoire sur un ton plus personnel, voire intime. Gustave Roud a S’inspirant des Dans le dossier consacré aux accordé au cours textes de Roud, Œuvres complètes en cours d’édition, de sa vie de nom- le compositeur nous avons souhaité donner la parole aux breux entretiens, à Jürg Frey a créé artisans de cet important projet édito- la presse écrite ou des pièces inti- rial qu’est le « chantier Roud » mené au à la radio, particu- mistes pour petit CRLR, pour un état des lieux six mois lièrement dans ses ensemble (prin- après son lancement. Le peintre Jean dernières années cipalement : clarinette, violon, vio- Lecoultre, dans un entretien qui retrace lorsque la reconnaissance de son œuvre loncelle et piano), intitulées « Paysage l’histoire de leur amitié, évoque pour sa s’élargit. Les Éditions Fario, à Paris, pour Gustave Roud », « Haut-Jorat », part sa relation, passée et présente, avec ont recueilli ce printemps douze de ces « La présence, les silences », « Farblose Gustave Roud et nous donne au passage Entretiens, donnés entre 1948 et 1975 : Wolken, Glück, Wind » et « Ombre si fra- un aperçu de sa conception des arts poé- Roud y évoque le milieu paysan, ses gile ». Ces créations paraissent en deux tique et pictural. Enfin, les écrivains ne lectures, ses admirations, ses rencontres, disques sous le label Another Timbre sont pas en reste dans ce numéro ; en plus et sa démarche poétique. Avec pudeur, (Sheffield, Royaume-Uni). Les membres des désormais traditionnels hommages élégance mais aussi avec tact, Roud de l’Association des amis de Gustave rendus à Roud par des figures des lettres contribue là à construire son image de Roud peuvent les acheter en souscrip- romandes, le romancier Jean-François poète, tenant des propos qui marque- tion auprès de notre secrétariat (info@ Haas s’aventure pour nous sur les rives de ront plusieurs générations littéraires en gustave-roud.ch), au prix de chf 30.–, la poésie dans le bel « Adieu » qui clôt ce Suisse romande. Édition établie, préfa- l’auteur offrant à notre Association le numéro, où l’on retrouve, par un heureux cée et annotée par Émilien Sermier. revenu de cette vente. hasard, un arbre, ou plutôt son ombre, › http ://www.editionsfario.fr/ › http ://www.anothertimbre.com/ agitée d’un « innombrable bruissement › http ://www.gustave-roud.ch/ d’ailes et de feuilles… ». Eva Baehler — la plaine, la poésie #6, octobre 2017, bulletin de l’Association des amis de Gustave Roud Coordinateurs de la publication : Eva Baehler, Stéphane Pétermann Rubrique « hommages » : Mary-Laure Zoss Ont participé à ce numéro : Eva Baehler, Julien Burri, Alessio Christen, Claudine Gaetzi, Jean-François Haas, Claire Jaquier, Claire Krähenbühl, Jean Lecoultre, Daniel Maggetti, Denise Mützenberg, Iréna Pandazis, Bruno Pellegrino, Stéphane Pétermann, Guy Poitry, Elena Spadini, Sylvain Thévoz. Mise en page : matière grise, Philippe Weissbrodt Relecture : Émilien Sermier, Livia Lüthi Photolithographie : Datatype, Roger Emmenegger Impression : Genoud Arts graphiques S.A. Image de couverture : fonds photographique Gustave Roud, BCUL, © Charles-Antoine Subilia — — www.gustave-roud.ch [email protected] plaine, la poésie #6, octobre 2017 ISSN2 2234-9812 / version électronique : ISSN 2234-9820 entretien entretien — Entretien avec Jean Lecoultre Propos recueillis par Eva Baehler, le 30 juin 2017 à Pully « Je n’oublie pas l’attention, la bienveillance qu’il m’a accordées. » Pendant trente ans, en dépit de divergences se creusant au fil du temps, Jean Lecoultre a entretenu une profonde amitié avec Gustave Roud, comme l’atteste leur correspondance 1 évoquée à plusieurs reprises dans cet entretien. Face au scepticisme discret du poète, Lecoultre a défendu avec constance le vers libre, le surréalisme ou l’œuvre de Klee, affirmant une sensibilité artistique fort différente. Né en 1930 à Lausanne, il s’intéresse très tôt à la littérature et compose des poèmes d’inspiration surréaliste. Après des études de commerce, il décide de se consacrer à la peinture et part en Espagne, en 1951, sur un coup de tête. Il y restera jusqu’en 1957 et y débutera sa carrière de peintre, en autodidacte, puisant son inspiration chez Paul Klee et les peintres cubistes, puis chez Zurbaran, Goya ou encore Velasquez. Il explore par la suite l’aérographe et le collage, et se consacre à la représentation de la modernité dans ce qu’elle a de plus inquiétant, voire de violent, avec la volonté constante d’interpeler le spectateur. Il expose aujourd’hui principalement en Suisse, en France et en Espagne. En 2002, la Fondation Pierre Gianadda lui a consacré une importante 2 rétrospective . © Claude Bornand Jean Lecoultre, vous êtes un artiste Pourquoi vous être adressé à Roud d’un chien fou, avec mon enthousiasme, aujourd’hui bien établi, vous avez en particulier ? très volubile… j’ai mis un moment à épousé la carrière de peintre il y a À l’époque venait de paraître Air réaliser que Breton, Éluard, Benjamin plus de soixante ans… mais vous de la solitude chez Mermod, qui m’avait Péret surtout… ça ne le concernait pas. auriez aussi bien pu devenir écrivain ; profondément marqué. J’ai pensé recon- Roud était à part, à la fois des autres c’est d’ailleurs votre premier amour, naître des références communes… écrivains romands et de ce qu’on com- la poésie, qui vous a poussé à entrer en Rimbaud bien sûr. Quelques-uns des mençait à percevoir du monde extérieur, contact avec Gustave Roud en 1946… textes y sont « serrés », j’y ai retrouvé une il était différent de tout ça, mais il me ui. J’ai relu les lettres que j’ai autre référence, Mallarmé. Beaucoup de parlait. Presque tout de suite les jeunes écrites à Roud et je dois dire jeunes gens de mon âge s’intéressaient à écrivains se sont adressés à lui particu- Oque je les trouve souvent un ce qui se passait, on « consommait » un lièrement. Ne parlons pas de Jaccottet, peu maladroites, elles sont le fait d’un peu de tout. Dès 1945, la guerre étant ter- qui est devenu presque un frère, mais jeune homme de dix-sept, dix-huit minée, les frontières se sont rouvertes, et d’autres aussi, comme Chessex, Velan… ans…. La première lettre m’a fait rire, je tout nous est arrivé en même temps. On a on allait voir Roud, il y en a qui allaient lui donne du « Cher Maître… » alors que découvert un cinéma qu’on ne connais- voir Ramuz peut-être… moi je n’aurais Roud détestait ça ! Lorsque je l’ai vu pour sait pas, un théâtre qu’on ne connaissait jamais été chez Ramuz. Roud avait une la première fois, au café du Théâtre de pas, le surréalisme… les éditeurs français espèce d’aura… En même temps c’était Lausanne, lors de la journée des Écrivains avaient repris leurs activités… Alors, avec un homme discret et ouvert. Ceci dit, vaudois, cette lettre venait justement de l’appétit qu’on avait ! Moi c’était surtout avant de le rencontrer j’ignorais tout lui parvenir… Je me rends à son stand et le surréalisme, déjà historique il est vrai, naturellement de sa personnalité, je me je lui dis : « Bonjour, Maître ». Et lui de auquel Roud n’adhérait pas du tout, ni suis adressé à lui de manière instinctive. me répondre : « Ah, c’est vous ! Je vous les autres écrivains romands d’ailleurs – en prie, ne me dites plus jamais Maître ! » je me suis toujours demandé pourquoi.