Cittadinanza, Nazionalità Et Italianità Parmi Les Italo-Descendants En Argentine Et Au Brésil
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Université de Sorbonne Nouvelle – Paris 3 ED 122 – Europe Latine-Amérique Latine EA 3979 – Les cultures de l’Europe Méditerranéenne Occidentale (LECEMO) Mélanie FUSARO UNE IDENTITÉ PROBLÉMATIQUE : CITTADINANZA, NAZIONALITÀ ET ITALIANITÀ PARMI LES ITALO-DESCENDANTS EN ARGENTINE ET AU BRÉSIL Thèse de Doctorat en Études Italiennes Sous la direction de M. Jean-Charles Vegliante Soutenue le 13 décembre 2014 Devant un jury composé de : Mme. Isabelle Felici (Université Paul Valéry Montpellier 3) M. Hervé Le Corre (Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3) M. Jean-Charles Vegliante (Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3) M. Gérard Vittori (Université Rennes 2) 1 Une identité problématique : cittadinanza, nazionalità et italianità parmi les Italo-descendants en Argentine et au Brésil RÉSUMÉ Selon la législation italienne, est Italien le fils ou la fille d’un citoyen italien. Cette transmission de la cittadinanza par droit du sang remonte à l’aube de l’Unité italienne, dans les années 1860, et à un contexte d’émigration massive, en particulier vers l’Amérique Latine. En légiférant de la sorte, les parlementaires du tout jeune Royaume d’Italie souhaitaient maintenir un lien fort avec la population émigrée dans le monde entier, pour l’intégrer, sur le principe de la nazionalità, à la construction de la nation italienne. Depuis, la loi n’a que très peu changé, tandis que l’Italie s’est transformée de pays d’émigration en pays d’immigration. Entre-temps, les émigrés italiens se sont intégrés à leurs pays d’accueil et leurs descendants, qui sont donc légalement aussi des citoyens italiens, sont encore considérés par les parlementaires italiens comme une véritable ressource pour l’Italie : ils joueraient ainsi le rôle d’ambassadeurs d’italianità, contribuant au prestige de l’Italie à travers la diffusion de la langue, de la culture, et des produits de consommation italiens. Mais est-ce bien le cas et la législation est-elle encore adaptée à la réalité contemporaine ? À partir d’un corpus inédit de données statistiques et d’entretiens enregistrés ou filmés avec des parlementaires italiens, des représentants d’institutions italiennes à l’étranger et des Italo-descendants lors d’une recherche de terrain réalisée en Italie, en Argentine et au Brésil, nous vérifions dans quelle mesure ces derniers constituent (ou non) une ressource pour l’Italie et maintiennent un lien avec le pays d’origine de leurs ancêtres. Pour cela, nous conjuguons méthode quantitative et méthode qualitative, et pour cette dernière, nous recourons à l’analyse de discours, traquant chez les Italo-descendants les indices d’italianità et la manière qu’ils ont de l’exprimer dans leur langage et leur gestuelle. Nous abordons différents thèmes (économiques, démographiques, linguistiques, culturels, civiques) qui nous permettent de montrer que ces Italo-descendants ne constituent pas des ambassadeurs d’italianità, mais des individus aux appartenances multiples et aux identités complexes, dont le lien avec l’Italie est, à quelques exceptions près, ténu. Plus qu’un élément fédérateur unissant les Italo-descendants à leurs prétendus compatriotes d’Italie, la cittadinanza est ainsi envisagée de manière tantôt pragmatique, comme un laisser-passer permettant de voyager librement ; tantôt de manière symbolique, comme un vecteur de distinction au sein des sociétés argentine et brésilienne. Loin de se confondre, la cittadinanza, la nazionalità et l’italianità tendent en réalité à se distinguer de plus en plus dans le nouveau contexte globalisé, et invitent à réfléchir à une autre manière de préserver, entretenir ou créer un lien entre les Italo-descendants et l'Italie. Mots clés : cittadinanza, nazionalità, italianità, identité, migrations, Italo-descendants, Argentine, Brésil. 3 A problematic identity: cittadinanza, nazionalità and italianità among Italian descendants in Argentina and Brazil ABSTRACT According to the Italian legislation, to be Italian one must be the son or daughter of an Italian citizen. The transmission of the cittadinanza by right of blood dates back to the dawn of the Italian Unity, in the 1860s, and to a context of massive emigration, especially towards Latin America. By legislating in such a way, the parliamentarians of the young Italian Kingdom expected to keep a strong link with their migrants across the world, in order to integrate them, under the principle of nazionalità, to the construction of the Italian Nation. Ever since, the law has seen only minor changes, in tandem with the transformation of Italy from a country of emigration to one of immigration. Meanwhile, Italian migrants have integrated to their host countries and their descendants–who are accordingly Italian citizens– are still considered by the Italian legislators as a true resource for Italy: they would thus play the role of ambassadors of italianità, contributing to the prestige of Italy by diffusing the Italian language, culture, and products. But is this actually the case and is the legislation adapted to today’s reality? Using a novel corpus of quantitative data and interviews audio or video-taped with members of the Italian parliament, representatives of Italian institutions in foreign countries and Italian descendants during fieldwork undertaken in Italy, Argentina and Brazil, I investigate to what extent Italian descendants do (or do not) constitute a resource for Italy and whether they maintain a link with the country of origin of their ancestors. To that end, I conjugate quantitative and qualitative methods. For the latter, I use discourse analysis to track down the clues of italianità among Italian descendants as well as the ways in which they express it both language and gesture-wise. I cover different domains (economic, demographic, linguistic, cultural, civic) that permit to show that Italian descendants do not constitute ambassadors of italianità, but rather individuals with multiple and complex identities for whom the link with Italy is, with rare exceptions, tenuous. More than a unifying element joining together Italian descendants and their pretended compatriots in Italy, the cittadinanza is thus at times conceived in a pragmatic manner, as a free-pass allowing for unimpeded travelling; and at times in a symbolic way, as a driver of distinction within the Argentinian and Brazilian societies. Far from being the same thing, cittadinanza, nazionalità and italianità tend in reality to become increasingly divergent in the new context of globalization, which calls for a reflection on different ways of preserving, maintaining or creating a link between Italian descendants and Italy. Keywords: cittadinanza, nazionalità, italianità, identity, migrations, Italian descendants, Argentina, Brazil. 4 5 « Je ne crois pas plus aux solutions simplistes qu’aux identités simplistes. Le monde est une machine complexe qui ne se démonte pas avec un tournevis. Ce qui ne doit pas nous interdire d’observer, de chercher à comprendre, de spéculer, de discuter, et de suggérer parfois telle ou telle voie de réflexion » Amin Maalouf, Les identités meurtrières 7 REMERCIEMENTS Je tiens tout d’abord à remercier mon directeur de recherches, M. Jean-Charles Vegliante, pour sa relecture patiente et attentive, sa disponibilité à toute heure, ses remarques judicieuses, ses critiques pertinentes et la confiance qu’il a placée en moi tout au long de mon apprentissage de chercheuse, du master au doctorat. J’adresse ma sincère reconnaissance à tous les représentants des institutions italiennes qui m’ont accordé, malgré leurs agendas très chargés, un peu de leur temps et de leur attention si précieux. Ma profonde gratitude va à tous les Italo-descendants qui ont accepté de répondre à mes questions, et plus particulièrement à ceux qui m’ont ouvert, à travers les entretiens, leurs maisons, leurs pensées, et leurs cœurs. Je tiens à adresser mes remerciements aux chercheurs ‒ en particulier Luigi Biondi, Antonio Canovi, Giulio Mattiazzi et Giovanni Graziano Tassello ‒ qui m’ont accompagnée dans mon parcours et mes réflexions, ainsi qu’à Elvira Federici, dont la rencontre a été très stimulante. Je sais gré à mes amies et collègues, en particulier Élise Montel et Noémie Castagné, de leur relecture rapide, de leurs critiques constructives, de leur sincérité, et de leurs encouragements. Je suis extrêmement reconnaissante envers mes grands-parents, Janine et Bernard Chapuis, qui m’ont offert sous leur toit les conditions idylliques pour la rédaction de cette thèse et m’ont aidée avec grande efficacité et méticulosité dans la relecture de ce travail. J’adresse une pensée particulière en mémoire de mon nonno, Alphonse Fusaro, et à ma nonna, Raphaëlle Fusaro, qui m’ont transmis leurs origines italiennes. Merci à mes parents, à ma sœur et à mes frères, qui n’ont cessé de croire en moi, pour leur amour inconditionnel. Je ne remercierai jamais assez Petterson Molina Vale pour son soutien indéfectible, ses conseils avisés, son expérience de chercheur, sa foi en mes capacités, sa complicité et sa tendresse. Merci enfin à Tomas d’être venu au monde et de m’avoir aidée à donner corps à cette thèse. 9 TABLE DES MATIÈRES Conventions adoptées 15 Introduction 19 PREMIÈRE PARTIE. LA CITTADINANZA ITALIENNE 39 CHAPITRE 1. Le ius sanguinis 41 1.1. Le Codice Civile de 1865 41 1.2. Le débat sur l’émigration 44 CHAPITRE 2. Le nationalisme d’émigration 47 2.1. Une ressource économique 47 2.2. Une ressource géo-politique 52 2.3. Une ressource culturelle et linguistique 56 2.4. Une ressource civique 59 CHAPITRE 3. Les lois de cittadinanza (1901, 1912, 1992) 63 3.1. La loi n. 23 de 1901 63 3.2. La loi n. 555 de 1912 66 3.3. La loi n. 91 de 1992 70 CHAPITRE 4. Le voto all’estero 75 4.1. Un long cheminement 75 4.2. Un questionnement multiple 78 CHAPITRE 5. Aujourd’hui, quels enjeux ? 89 5.1. Résistances 89 5.2. Réformes 94 5.3. Rémanences 104 5.4. Résurgences 107 DEUXIÈME PARTIE. UNE RESSOURCE ÉCONOMIQUE 113 CHAPITRE 6. Investisseurs 115 6.1.