LE MONDE DES LIVRES

VENDREDI 6 AVRIL 2001

PORTRAIT DE GROUPE MAIGRET ENVOYÉ SPÉCIAL SÉLECTION LE MONDE DES POCHES AVEC TOUCHES DE BRUN Les reportages autour du monde, dans La liste des livres Tableau d’une petite bourgade allemande les années 1930 et 1940, de Georges Simenon : de poche parus pendant la guerre, par Siegfried Lenz p. III le moment présent sur le vif p. X en mars p. XIII à XVI a Maurice Agulhon, Philippe Sollers a L’Inde

à Villeneuve-sur-Lot SUPPLÉMENT AU MONDE DU VENDREDI 6 AVRIL. N˚ 17480 - DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : JEAN-MARIE COLOMBANI - IMPRIMERIE LE MONDE www.lemonde.fr 57e ANNÉE – Nº 17480 – 7,50 F - 1,14 EURO MÉTROPOLITAINE VENDREDI 6 AVRIL 2001 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI

Plans sociaux Collège : les enfants choisiront b a Après 25 ans d’uniformité, Jack Lang introduit des enseignements en option pour « lutter Lionel Jospin e e s’associe contre l’ennui » et l’échec scolaire b Des matières plus attractives seront offertes de la 5 àla3 aux protestations b Au programme : nature et corps humain, arts, langues, sciences expérimentales, technologie CONSERVER le principe du collè- ment professionnel. Le projet de contre ge unique tout en y introduisant Jack Lang prévoit aussi des évalua- une diversité suffisante pour « lut- tions répétées et une revalorisation les suppressions ter contre l’ennui ou l’absence de du brevet, considéré comme un motivation » : Jack Lang a affiché « élément déterminant » pour le pas- NADIA BENCHALLAL/CONTACT PRESS IMAGES brutales d’emplois cette ambition, jeudi 5 avril, en pré- sage au lycée. sentant la réforme qui doit changer La récente polémique entre REPORTAGE a le visage du premier cycle de l’ensei- M. Lang et le ministre délégué à Les appels gnement secondaire. l’enseignement professionnel, Jean- Dès la rentrée 2002, les collégiens Luc Mélenchon, est tranchée en Printemps au boycottage e e de 5 et de 4 choisiront au moins faveur du premier : le palier d’orien- de Danone deux des quatre « itinéraires de tation ne sera pas rétabli à la fin de découverte » proposés : « nature et la 5e et tous les élèves resteront rat- d’Algérie se multiplient corps humain », « art et humani- tachés à un collège jusqu’en fin de tés », « langues et civilisations » et 3e. M. Mélenchon, qui accompagne Un air de liberté souffle sur Alger et « initiation à la création et aux tech- M. Jospin dans son voyage au Bré- Oran. Les jeunes tentent d’oublier les a Marks & Spencer : niques ». Ces enseignements com- sil, n’assistait d’ailleurs pas à la bombes et les assassinats. La terreur isla- plémentaires seront fondés sur une conférence de presse de présenta- miste, toujours présente dans certaines l’inspection approche pluridisciplinaire et l’auto- tion de la réforme. zones rurales, ne frappe plus au cœur nomie des élèves. En 3e, de nou- René Haby, ministre de l’éduca- du travail veaux choix seront offerts : pen- tion entre 1974 et 1978, explique des villes, l’espoir renaît. On parle dant quatre heures par semaine, les dans un entretien au Monde com- d’amour, on crée des entreprises. L’ar- confirme collégiens suivront des cours ment sa réforme du collège unique mée est toujours au pouvoir, avec son optionnels : langues et culture de s’était heurtée à l’opposition con- cortège d’abus et de corruption, mais qu’il y a bien eu l’Antiquité, langues et culture du jointe de la droite et de la gauche. des signes indiquent un timide renou- monde, arts, sciences expérimenta- veau. Reportage. p. 16 « délit d’entrave » les, technologie ou découverte pro- Lire pages 10 et 11 fessionnelle, ce dernier choix prépa- Lire pages 6 et 7 rant une orientation vers l’enseigne- f www.lemonde.fr/education f www.lemonde.fr/algerie Executive Life face Dans le train de Mantes-la-Jolie : « De vrais bestiaux, qu’on est ! » MANTES-LA-JOLIE te-Honorine. Il faudra compter environ une très amère. Elle est venue d’Evreux en voiture. à la justice française de notre envoyé spécial heure et demie pour arriver à . Sauf si, « Si je continuais, je serais prise dans les embou- Six heures du matin : la gare de Mantes-la- comme hier, le train s’arrête en rase campa- teillages et, en plus, il est impossible de se garer à LA JUSTICE américaine n’est Jolie commence à se remplir. On se rassemble gne. Montrant ses tennis blanches maculées Paris dans le quartier où je travaille. » Elle ajou- a plus la seule à enquêter sur l’af- par petits groupes pour mettre au point la stra- du goudron de la voie ferrée, Manuel s’en te : « Je connais beaucoup de vendeuses comme faire Executive Life et sur le rôle joué tégie à adopter en vue de rejoindre Paris le prend aux conducteurs de train. Sur ce regis- moi qui ont été licenciées à cause des transports CHARLIN E. RICE par Altus Finance, ancienne filiale du moins lentement possible. Mercredi, les bus tre, ils sont tous intarissables : « Eux, ces con- défectueux. On arrive toujours en retard, il faut Crédit lyonnais, lors du rachat en reliant Mantes-La-Jolie à la Défense par l’auto- ducteurs, ils peuvent travailler en costume ! » s’excuser, toujours demander à partir plus tôt si SCIENCES 1991 de cette compagnie d’assuran- route A 14 ont été pris d’assaut, et les passa- Jean-Pierre, le plus truculent du groupe, ironi- l’on veut avoir la chance de rentrer chez nous. ces californienne en faillite. Le par- gers en sont venus aux mains. Ce matin, la se avec son accent du Nord : « Maintenant, ils C’est vraiment plus une vie. » quet de Paris a délivré en juin 2000 situation est plus calme. Dès qu’un bus se rem- vont demander la préretraite à trente ans. » Et Sur le quai, le ton monte, les visages se creu- La stratégie au juge d’instruction Philippe plit, le chauffeur ferme les portes et s’en va, lais- tous d’affirmer : « C’est toujours les mêmes qui sent. « Marre, on en a marre ! » « A la SNCF, ils Courroye, chargé de plusieurs dos- sant les moins chanceux et les moins costauds trinquent ! » Ils calculent le nombre de jour- ne savent pas ce que c’est qu’un patron. Je me des plantes siers relatifs au passé du Crédit lyon- sur le carreau. Problème : le bus a toutes les nées de travail « foutues en l’air » par les grèves suis levé à 5 heures du matin et je ne serai pas Quand les plantes sont attaquées par des nais, un réquisitoire supplétif à la sui- chances d’être englué dans les bouchons d’ici ou le mauvais fonctionnement des transports chez moi, ce soir, avant 9 heures. » Une seule insectes herbivores, comme les chenilles, te d’informations transmises par le quelques minutes. Une étudiante, Jacqueline, dans la région. « Grève ou pas grève, c’est tou- satisfaction, dérisoire, personne ne prend de elles élaborent une subtile tactique pour CDR (Consortium de réalisation). ne compte pas arriver à la faculté avant 9 heu- jours galère pour nous. » Un nouveau groupe se billet. « Le contrôleur qui passerait aujourd’hui, L’organisme public met en cause res du matin. forme. Chacun y va de son anecdote. « Hier, le il jouerait avec sa vie. » En fait, la solution était résister en émettant des signaux chimi- Altus et son directeur général, Jean- Un train direct est prévu pour 7 h 20. Une wagon où nous étions avait les fenêtres cassées. de passer par Poissy. Un train de sénateur, cer- ques pour attirer des prédateurs qui vont François Hénin, pour avoir acheté, aubaine ? Manuel, ouvrier du bâtiment, rit de Ils nous ont virés ailleurs ! » Un autre évoque les tes, mais l’essentiel était de débarquer à Saint- dévorer leurs assaillants. Cette aptitude en 1991, deux sociétés appartenant à votre candeur de néophyte : « Ce train, il arrive trains avec les banquettes en bois. « De vrais Lazare. Lever 5 h 30, arrivée à Paris 9 heures. pourrait ouvrir des voies nouvelles pour la MAAF, devenue l’alliée d’Altus de Rouen, alors il va être complètement bourré et bestiaux, qu’on est ! » la protection des cultures. Explications dans la reprise d’Executive Life. il sera sans doute impossible de monter Au bistrot, devant la gare, quatre femmes José-Alain Fralon dedans. » Avec ses camarades de combat, il a semblent prendre leur mal en patience. Chris- dans notre page Sciences réalisée avec Lire page 20 opté pour le « semi-direct » via Conflans-Sain- tiane, qui travaille dans un magasin à Paris, est Lire aussi notre éditorial page 18 Nature et El Pais. p. 27 Droits de l’homme POINT DE VUE en Tunisie L’UE se battra pour sauver Kyoto par Romano Prodi AFP Washington, cette se- ment que son incidence serait maine, le gouvernement probablement plus importante CHINE/ÉTATS-UNIS américain a confirmé que ce qui avait été prévu initia- Aaux représentants de lement. Certaines incertitudes L’avion-espion l’Union européenne, dont Margot demeurent sur la manière exacte SLAHEDDINE MAÂOUI Wallström, la commissaire respon- dont le processus se déroule, mais sable de l’environnement, que les nous avons plus de preuves qu’il cloué au sol FACE AUX VIOLENTES critiques Etats-Unis avaient effectivement n’en faut pour nous convaincre La Chine a accepté, jeudi 5 avril, com- sur les atteintes aux libertés dans changé d’avis sur l’accord de Kyoto d’agir rapidement. son pays, Slaheddine Maâoui, le nou- sur le réchauffement de la planète. C’est clairement aux pays in- me « un pas dans la bonne direction » veau ministre des droits de l’homme La délégation de l’UE a clairement dustrialisés qu’il appartient de les « regrets » du chef de la diplomatie et de la communication de Tunisie, indiqué que, pour sa part, l’Europe montrer la voie en réduisant les américaine, le général Colin Powell, à explique au Monde être « contre tou- reste résolue à faire de l’accord de émissions de gaz à effet de serre. propos de la mort présumée d’un pilo- te forme de harcèlement des militants Kyoto un succès et qu’elle poursui- Les pays les plus riches, soit 20 % te chinois dans l’incident aérien du des droits de l’homme ». vra ses efforts en ce sens – sans les de la population mondiale, sont dimanche 1er avril. Les Etats-Unis cher- Etats-Unis s’il le faut. responsables de près de 60 % des chent à obtenir une nouvelle rencontre Lire page 4 Nous ne pouvons pas permettre émissions de CO2. que la nouvelle attitude améri- La population des Etats- de leurs diplomates avec l’équipage de Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 10 F ; Autriche, caine conduise à une impasse, car, Unis – qui ne représente qu’à pei- l’avion-espion Aries-2 retenu dans l’île 25 ATS ; Belgique, 48 FB ; Canada, 2,50 $ CAN ; Côte d'Ivoire, 900 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; dans les discussions sur le change- ne 5 % de l’humanité – compte de Hainan p. 2 Espagne, 225 PTA ; Gabon, 900 F CFA ; Grande-Breta- ment climatique, il y a toujours un pour un quart dans le total des gne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3000 L ; partenaire avec lequel nous ne pou- émissions de CO . Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; 2 International...... 2 Tableau de bord ...... 24 Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 270 PTE ; Réunion, 10 F ; vons pas négocier : le climat lui- Sénégal, 900 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,20 FS ; France...... 6 Aujourd’hui ...... 27 même. Lire la suite page 17 Tunisie, 1,4 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. Société...... 10 Météorologie-Jeux...... 30 L’écrasante majorité des scien- Carnet...... 14 Culture ...... 31 tifiques considèrent que le ré- M 0147 - 406 - 7,50 F Régions ...... 15 Guide culturel ...... 33 chauffement de la planète est un est président Romano Prodi Horizons ...... 16 Kiosque ...... 34 problème grave. Le groupe inter- de la Commission européenne. Entreprises...... 20 Abonnements ...... 34 gouvernemental sur le change- 3:HJKLOH=UU\ZUV:?k@o@a@g@a; f www.lemonde.fr/climat Communication...... 23 Radio-Télévision ...... 35 ment climatique a conclu récem- 2 INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001

ESPIONNAGE La Chine a accep- Powell, à propos de la mort présu- de insistante de Pékin que Washing- matin, et l’on ignorait quand les pour l’essentiel, détruites par l’équi- té, jeudi 5 avril, comme « un pas mée d’un pilote chinois dans l’inci- ton présente des « excuses ». diplomates américains seraient à page au cours de sa descente. b LE dans la bonne direction » les dent aérien du dimanche 1er avril. b L’ÉQUIPAGE de l’avion américain nouveau autorisés à le rencontrer. JAPON est inquiet de cette nouvelle « regrets » exprimés la veille par le M. Powell avait utilisé ce terme en parvenu dans l’île de Hainan était b LES DONNÉES SENSIBLES de l’avi- poussée de tension entre la Chine et secrétaire d’Etat américain, Colin geste de conciliation face à la deman- toujours retenu au secret, jeudi on auraient, selon le Pentagone, été, son allié américain. Pékin accepte les « regrets » américains pour la mort d’un pilote chinois La Chine somme toutefois les Etats-Unis de reconnaître leur entière responsabilité dans l’incident de l’avion-espion retenu dans l’île de Hainan. Les secrets électroniques de l’appareil auraient pu être préventivement détruits avant qu’il ne tombe entre les mains de l’armée chinoise

WASHINGTON refusant encore à employer le ter- la plus favorisée au profit de la Chi- mener cette affaire à son terme (…) président George Bush, père de ment sensibles à la question des ota- de notre correspondant me d’otages. Mais si l’attente devait ne. Et que le lobby favorable aux Nous explorons les moyens de permet- « W », a également été évoqué. ges - on se souvient des otages amé- Tandis que les familles des militai- se prolonger encore une semaine ventes d’armes à Taïwan continue tre au dialogue de se poursuivre afin Il paraît exclu que M. Bush Jr. pré- ricains détenus en Iran en 1980 – et res américains détenus à Hainan ou plus, la pression risquerait de de se renforcer. que les deux parties puissent présen- sente des excuses à un régime George W. Bush ne dispose que de ont attaché de symboliques rubans monter parmi les familles et d’at- ter leurs explications ». Mais, a-t-il envers lequel il cache mal son anti- quelques jours pour ramener les jaunes sur les arbres en signe de teindre le Congrès. « POURSUIVRE LE DIALOGUE » ajouté, les Etats-Unis ne pourront pathie. Vendre des armements militaires à la maison. Faute de quoi pensées envers leurs proches, la cri- Pour le moment, représentants et Mercredi 4 avril, le secrétaire savoir véritablement ce qui s’est pas- sophistiqués à Taïwan serait déli- sa nouvelle diplomatie cassante, à se causée par l’accrochage aérien sénateurs américains sont plus pré- d’Etat, Colin Powell, a reçu le nou- sé tant qu’ils n’auront pu écouter la cat, Pékin risquant de très mal réa- la texane, en souffrirait. Mais, entre avions américain et chinois occupés par la discussion budgétai- vel ambassadeur chinois, qui a version de leur équipage, toujours gir. Des sanctions commerciales remarque Gary Milhollin, expert était en vitesse de croisière. Jusqu’à re et les républicains – les plus hosti- renouvelé, en privé comme à la télé- maintenu au secret. sont difficilement envisageables, des questions stratégiques, les Chi- l’annonce, jeudi, que la Chine avait les à Pékin – ne veulent pas embar- vision, l’exigence de son gouverne- Les Chinois, pour leur part, exi- les milieux industriels y sont hosti- nois ont souvent l’habitude de par- pris en compte les « regrets » améri- rasser le président qu’ils ont eu tant ment d’excuses de la part de Wash- geaient des excuses publiques. La les et elles risqueraient de frapper ler très fort au début d’une crise, cains (lire ci-dessous), les propos des de peine à élire. Mais si la Chine ne ington, qui « doit accepter une entiè- situation semblait donc bloquée. Se également les Etats-Unis, comme pour voir jusqu’où leur adversaire dirigeants des deux pays ne lais- libérait pas d’ici là ceux qu’elle re responsabilité » pour l’incident. contenterait-elle du geste du géné- n’a pas manqué de le rappeler l’am- est prêt à céder, avant d’adopter un saient pas présager d’issue rapide. détient – officiellement pour les Tout en refusant de se soumettre à ral Powell ? La Maison Blanche s’est bassadeur chinois. Ne vient-on pas ton plus mesuré. Reste que la mar- Le départ pour une tournée en Amé- besoins de l’enquête – l’atmosphère cette exigence, le général Powell a refusée à tout commentaire sur les d’apprendre que les nouveaux ge de manœuvre est étroite et l’en- rique latine du président chinois, pourrait se charger. D’autant que le fait un geste en exprimant ses rumeurs d’une possible médiation bérets noirs de l’armée de terre jeu politique et économique consi- Jiang Zemin, rendait plus improba- Congrès devra se prononcer d’ici au « regrets après la mort d’un aviateur d’une tierce partie - on a cité le nom américaine avaient été comman- dérable pour les deux pays. ble un retour immédiat des vingt- début du mois de juin sur le renou- chinois. Mais il faut maintenant de Singapour - ou de l’envoi à Pékin dés… en Chine ? quatre prisonniers, Washington se vellement de la clause de la nation repartir de l’avant et nous devons d’un envoyé spécial : le nom de l’ex- Les Américains sont extrême- Patrice de Beer

« Un pas dans la bonne direction », selon Pékin Détruire les données, un souci prioritaire en cas d’immobilisation accidentelle ENTRE LE MOMENT où l’avion-espion ou n’a pas pu faire pour préserver les informatiques, de mémoires, de films élec- autres équipements externes – disposés en Pékin a reconnu, jeudi 5 avril, Aries-2 (Airborne Reconnaissance Integra- secrets technologiques de la mission. Des troniques, de disques durs ou de supports bout d’aile, à l’avant ou sur le dos de l’avi- que les « regrets » exprimés par ted Electronics System) est entré en colli- responsables du Pentagone ont fait savoir stockés sur des cassettes qui peuvent être on – qui ne sont pas directement accessi- Washington à propos de la dispa- sion avec deux F-8 chinois et le moment où qu’il était parvenu à détruire toutes les don- « écrasés », comme disent les experts, bles à l’équipage. A partir des informations rition d’un pilote chinois consti- il a dû atterrir sur la base de l’île Hainan, il nées sensibles, sans plus de précision. c’est-à-dire détruits ou effacés automatique- que ces matériels recèlent, des intrus, à con- tuaient « un pas dans la bonne se serait écoulé de 35 à 40 minutes, compte ment en quelques minutes. Le hardwa- dition qu’ils aient été formés au préalable à direction en vue d’un règlement de tenu du temps mis par l’équipage une fois « MÂCHOIRES » ET EXPLOSIFS SPÉCIAUX re – consoles, pupitres, boîtiers, écrans, sys- la cryptologie, peuvent reconstituer les don- cette question ». Le ministère chi- au sol à s’extraire de l’appareil. C’est suffi- En règle générale, il existe peu d’indices tèmes de codage classifiés (les plus sensibles nées enregistrées et, donc, déduire tout ou nois des affaires étrangères a réi- sant, selon certains experts, pour que les matériels – sous forme de documents impri- sur le plan du secret) et autres capteurs ou partie des objectifs de la mission. C’est ce téré l’exigence de voir Washing- occupants de l’avion se soient employés en més – à bord de ces avions, à l’exception ordinateurs embarqués – est couplé à des que les Britanniques, assistés par des Fran- ton « endosser l’entière responsa- priorité à exécuter les manipulations des cartes de navigation aérienne classi- explosifs spéciaux ou à des « mâchoires » çais, ont reconstitué, durant la seconde bilité » de la collision aérienne, vouées à neutraliser tout ou partie des équi- ques ou des recueils permettant d’identifier qui broient le matériel sur commande. Cer- guerre mondiale, quand ils ont réussi à se mais a ajouté que Pékin « ne sou- pements sensibles à bord. Mais c’est aussi les menaces adverses qui pourraient surgir tains équipements peuvent aussi être jetés à saisir de la machine à coder Enigma utilisée haite pas voir les relations sino- un temps relativement court pour faire dis- à l’improviste. Mais, même pour ces docu- la mer pour échapper à toute récupération. par les armées allemandes. américaines affectées par cet inci- paraître tout ce qui peut, à première vue, ments papier, des poubelles hermétiques à Comme la plupart de ces avions-espions Si les Chinois sont parvenus à percer cer- dent ». Mercredi, le ministre chi- compromettre la mission. bord les feraient disparaître sous l’effet opèrent en temps réel, via des relais satellitai- tains des mystères de l’Aries, la crainte, sou- nois des affaires étrangères Pendant que le poste de pilotage était d’un produit chimique spécial. res, ils communiquent, en même temps qu’ils vent avancée par les services occidentaux, avait reproché aux Etats-Unis soucieux de maintenir le cap, le reste de Le travail de ces appareils de surveillan- les recueillent en vol, leurs observations à des est qu’ils les monnaient en direction de d’avoir « adopté un air arrogant, l’équipage était probablement chargé de ce – la France déploie des Transall-Gabriel analystes des services du renseignement au pays étrangers, tels Israël ou l’Afrique du (…), confondu le vrai et le faux et s’occuper du sort des matériels les plus sen- ou des Atlantique-2 comparables aux Aries sol. De la sorte, la mission n’est pas définitive- Sud, intéressés par la détention de technolo- porté des accusations sans fonde- sibles. Pour l’instant, le mystère demeure américains pour de telles missions – est ment perdue pour tout le monde. gies militaires de pointe. ment contre la Chine ». – (AFP, en bonne partie, faute de disposer de son essentiellement immatériel, à partir d’un Un problème concerne cependant la sécu- AP, Reuters.) témoignage, sur ce que cet équipage a pu software composé de bases de données rité des antennes, scanners, capteurs et Jacques Isnard A Hainan, attentisme et guerre des nerfs, sur fond de paradis tropical PÉKIN taire de Lingshui situé au sud de américains n’ont donc pas pu vrai- nois assez remonté contre les Amé- ont éconduit quelques protestatai- caines à Taïwan, voire même le de notre correspondant l’île, là même où s’est posé en ment savoir dans quelle mesure ricains que les « regrets » offerts res isolés. De toute évidence, le projet de Washington d’un bou- Plages de sable blond, corniches catastrophe l’avion endommagé, l’équipage avait réussi à détruire par Colin Powell valent les « excu- débat fait rage au sein de la direc- clier antimissile, les seules ques- de cocotiers et volées de papillons museau sectionné et hélices à la les équipements électroniques de ses » demandées. tion du Parti sur l’amplitude qu’il tions qui intéressent vraiment aux ailes stylisées : Hainan exha- pointe déchiquetée. Tel un tro- l’avion espion. En attendant une convient de donner à cette crise. Pékin. Dans l’immédiat, le calen- lait plus jusqu’à présent les par- phée de guerre, le cliché de l’appa- nouvelle rencontre, le général Sea- POSTURE DE VICTIME Bien que l’on en ait aucune indica- drier de sortie de crise est lié aux fums de l’hédonisme tropical - au reil s’étale dans la presse chinoise. lock et son adjoint, le sergent Dans l’attente, le gouvernement tion claire, on peut supposer que recherches engagées pour retrou- point d’être le plus sulfureux point Les membres de l’équipage se Robert Milterse, ont fait mercredi de Pékin avait instruit à sa presse la période est propice à l’agitation ver le pilote chinois disparu en de ralliement des courtisanes de portent bien. Ils sont bien traités, leurs courses dans un magasin de de broder sur « l’arrogance améri- de faucons désireux de laver l’af- mer : 48 avions et 29 bateaux y par- Chine - que des relents de guerre si l’on en croit les Américains eux- Haikou, emplissant leur panier de caine » et la posture de « victime » front de la défection récente d’un ticipent au large de Hainan. Wang froide. C’est pourtant là, sur cette mêmes. Une équipe d’émissaires provisions, sous-vêtements et pro- que la Chine affecte dans cette cri- colonel de l’Armée populaire de Wei, dont la photo s’étale à la île de l’extrême sud chinois - et conduite par le général Neal Sea- duits de toilettes pour l’équipage se mais sans en rajouter dans l’exci- libération (APL) passé dans le « une » de la presse jeudi, fait déjà non loin du Vietnam ! - qu’est en lock, attaché de défense à l’ambas- sous l’œil des caméras de la presse tation nationaliste - comme en camp américain. figure de martyr de « l’hégémonis- train de se jouer la partie de bras sade américaine à Pékin, a pu les internationale. Mais on ignorait si témoigne la promptitude avec Le véritable enjeu reste toute- me » américain. de fer sino-américaine autour de rencontrer mardi 3 avril mais dans un nouveau rendez-vous leur laquelle les soldats en faction fois un probable marchandage l’avion espion EP-3 immobilisé sur des circonstances quelque peu serait prochainement accordé. devant l’ambassade américaine autour des ventes d’armes améri- Frédéric Bobin place depuis sa collision du 1er avril frustrantes. L’entretien s’est dérou- En ayant réclamé mercredi avec deux chasseurs chinois. lé au chef-lieu de Haikou, situé 4 avril des « excuses » américaines, Les vingt-quatre membres de dans le nord de l’île. La rencontre le président chinois avait placé la l’équipage - vingt et un hommes et n’a duré que quarante minutes et barre assez haut, et il faudra quel- Le Japon pris au piège de son ambivalence trois femmes - y sont retenus dans en présence d’officiels chinois, ce ques contorsions sémantiques un endroit secret, vraisemblable- qui réduit les conversations au - dont le régime est coutumier - EN TERMES stratégiques, l’affai- l’ambiguïté dans laquelle il tentait dence Bush concernant la mise en ment aux abords de l’aéroport mili- strict minimum. Les diplomates pour faire admettre à un public chi- re de l’avion-espion EP-3 a déjà de maintenir sa politique extérieu- place du bouclier antimissiles « de fait une victime : Tokyo, qui re face à une rivalité sino-américai- théâtre » (TMD) pour les alliés de depuis vingt ans affiche sa volonté ne qui ne date pas d’hier. La pre- Washington (en Extrême-Orient, le de ne pas s’impliquer directement mière véritable crise à lui poser ce Japon et la Corée du Sud), rend la dans l’équilibre des forces sur le problème avait été, en 1996, les position nippone encore plus incon- tirs de missiles à blancs de l’armée fortable. L’initiative est officielle- ANALYSE de Pékin en direction de ment présentée par Washington Taïwan – laquelle avait provoqué comme destinée à prévenir une Tokyo coincé entre en riposte américaine la sortie, éventuelle attaque nord-coréenne, son alliance avec les autour de l’île, de deux porte-avi- mais il ne fait guère de doute qu’el- Etats-Unis et sa volonté ons et leurs escadres. Alors s’était le vise aussi – et même surtout – à de ne pas s’impliquer déjà profilée la question sous- contrecarrer la puissance militaire jacente à l’alliance américano-nip- émergente qu’est la Chine. pone : quelle attitude Tokyo adop- C’est en partie en réponse à cette théâtre d’Extrême-Orient. Depuis terait si les Etats-Unis lui deman- initiative que les militaires chinois qu’il a conclu, en 1978, la paix avec daient d’ouvrir leurs bases locales patrouillant autour de l’espace la Chine, le Japon se berçait de l’il- pour des opérations de maintenan- aérien et maritime que Pékin reven- lusion qu’il n’était pas concerné au ce et de logistique au service d’uni- dique se sont montrés, ces derniers premier chef par les risques crois- tés navales engagées dans une con- temps, de plus en plus énergiques sants d’antagonisme entre Pékin frontation avec la Chine ? envers les opérations de « sur- et les Etats-Unis, alors que Tokyo veillance » américaines, selon les est lié à Washington par un traité LE PRÉTEXTE CORÉEN dires de nombreux analystes militai- de défense et que 47 000 soldats La redéfinition, en 1998, sous pré- res américains. L’incident du américains sont stationnés sur son sidence Clinton, des rapports de EP-3 résulte directement de cette territoire. C’est de la base américai- sécurité américano-japonais pous- montée de la tension. L’affaire ne d’Okinawa (peuplée à elle seule sait Tokyo un peu plus loin dans ses devrait contraindre le Japon à pren- de 26 000 militaires) qu’est parti retranchements. Il était alors ques- dre position plus nettement que par l’avion immobilisé à Hainan. A ce tion que les forces nippones soient le commentaire formulé par son titre, la Chine aurait beau jeu d’ac- appelées à participer à des opéra- ministre des affaires étrangères, cuser le Japon de se prêter – com- tions américaines de maintien de la Yohei Kono, qui a souhaité « avec me au plus fort de la guerre froide, paix dans la région. Taïwan n’était force que la Chine va assurer la sécu- dans les années 60 – à des opéra- pas explicitement mentionné com- rité de l’équipage (américain) et que tions d’espionnage menées par les me un théâtre probable de telles les deux parties vont résoudre leur dif- Etats-Unis à son encontre. opérations, mais Pékin y avait vu férend rapidement et sans heurt ». De fait, l’incident place le Japon un message de défi évident. devant la nécessité de sortir de Les plans annoncés par la prési- Francis Deron INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001 / 3

La Grande-Bretagne commence à voir Le chômage s’accroît le bout de la crise de la fièvre aphteuse de nouveau en Allemagne Les autorités vétérinaires renoncent à la vaccination et prônent la poursuite des abattages massifs L’opposition reproche au chancelier Avec un ralentissement du nombre de nouveaux bout du tunnel. Ses services vétérinaires main- pagne, a appelé les communes à réouvrir les che- d’avoir tout misé sur une bonne conjoncture cas de fièvre aphteuse, le gouvernement britan- tiennent l’abattage systématique des troupeaux mins aux promeneurs dans les zones non mena- nique commence à voir poindre une lumière au atteints. Tony Blair, qui continue à battre la cam- cées pour soulager le tourisme. qui connaît aujourd’hui un ralentissement brutal

LONDRES les sentiers de randonnée qui ne gleterre, il ne l’est pas toujours. ayant donné son feu vert mercredi BERLIN depuis le pic de l’automne 1997 et de notre correspondant traversent pas de pâturages. Invi- « Essentiellement parce que beau- soir. Avec une trentaine de foyers de notre correspondant a créé depuis 1,3 million d’em- La bataille n’est pas gagnée mais tant directement les Britanniques à coup de fermiers voisins d’exploita- supplémentaires détectés mercredi, Le chômage remonte en Allema- plois, explique la Dresdner Bank. l’invisible ennemi semble s’essouf- se montrer solidaires avec le mon- tions infectées refusent de laisser le nombre de foyers prouvés a gne. C’est la conséquence du ralen- La moitié de ces créations sont fler. Pour la première fois depuis la de rural en passant leurs vacances abattre leurs bêtes saines et font usa- désormais franchi le cap du millier, tissement brutal de la conjoncture, dû aux petits boulots payés moins détection du premier cas de fièvre à la campagne, la secrétaire d’Etat ge de leur droit d’appel aux autori- « ce qui représente à peine 0,5 % des intervenu dès la mi 2000. En mars, de 2000 francs par mois. Non assu- aphteuse le 19 février, les scientifi- au tourisme, Janet Anderson, a tés », a précisé un porte parole du fermes », soulignait un porte parole le nombre des demandeurs d’em- jettis à cotisations sociales jusqu’à ques qui conseillent Tony Blair ont même promis sur les ondes de la premier ministre. Au bout du comp- du ministère de l’agriculture. Nick plois a augmenté de 12 000 person- l’arrivée de la gauche au pouvoir, noté, mercredi 4 avril, que la politi- BBC que Tony Blair lui-même pour- te, ces derniers perdent toujours, Brown, son titulaire, se tait. Nul ne nes pour s’établir à 3,797 millions ils n’apparaissaient pas dans les que d’abattage rapide et massive rait suivre cet exemple et renoncer mais « cela ralentit l’effort général ». doute plus qu’après les élections, en données corrigées des variations statistiques. Leur nombre est plus qu’ils ont préconisée « commence à à son précieux séjour annuel en Au quarante-cinquième jour de désormais prévues le 7 juin, et quel- saisonnières (CVS). C’est le troisiè- élevé que prévu : 4 millions, dont mordre » sur le virus. Le professeur Toscane. Au bureau du premier l’épizootie, plus d’un million de qu’en soit le vainqueur, son admi- me mois de hausse consécutif : en 70 % de femmes, a annoncé David King, chef des experts du ministre, on se montrait « surpris » bêtes ont d’ores et déjà été abat- nistration sera abolie et ses divers janvier et février, le nombre des M. Jagoda, signe que l’Allemagne gouvernement, a relevé que depuis de cet engagement pris sans consul- tues ou sont en passe de l’être à tra- départements répartis dans un nou- chômeurs avait progressé de 7 000 a su trouver une certaine flexibili- une petite semaine, le nombre de tation avec l’intéressé. vers le royaume, ce qui représente veau ministère des affaires rurales et 3 000, contrairement aux atten- té. Le pays a cependant des problè- foyers d’infection détectés com- environ 2 % du cheptel national. qui, espère-t-on, deviendra un peu tes des analystes. mes structurels. L’offre et la mence à piquer du nez : une qua- 2 % DU CHEPTEL PERDU Bien entendu, quoique le pays ait plus que le relais du lobby agricole. Selon le président de l’Office fédé- demande de travail ne semblent rantaine par jour contre 60 à 70 pré- Quoiqu’il en soit, comme disait obtenu la semaine dernière des Mercredi, les soldats qui sont ral du travail de Bernhard Jagoda, pas en adéquation, comme en cédemment. Si tout va bien et si Ian Gardiner, le numéro deux du experts de la commission européen- désormais 1 750 à pied d’œuvre sur le nombre des emplois croît depuis témoignent les 400 000 offres « surtout, nous poursuivons vigoureu- principal syndicat agricole, la NFU, ne l’autorisation de vacciner au le terrain ont dû déterrer près de le début de l’année de manière insi- d’emplois non pourvues et la pénu- sement la politique que nous sui- « on aperçoit enfin une petite lumiè- moins 180 000 vaches laitières, il 900 bêtes ensevelies par les services gnifiante. « On ne peut encore déter- rie de main-d’œuvre dans l’infor- vons », a ajouté l’un des auteurs de re au bout du tunnel ». La clé du suc- est moins question que jamais, au du ministère dans le comté de miner si la faiblesse récente n’est matique. L’affaiblissement de la la dernière étude, le docteur Neil cès, a martelé le professeur King, grand dam des Verts et des agricul- Durham pour aller les enterrer qu’un ralentissement temporaire », conjoncture relance le débat sur la Ferguson de l’Imperial College de c’est la poursuite des abattages de teurs bios, de recourir à cette ailleurs. Nul ne s’était avisé que le a-t-il déclaré mercredi 4 avril. Le nécessité de libéraliser le marché Londres, « d’ici à la mi-mai nous ne masse et la réduction, à moins de méthode. « Nous ne l’excluons pas charnier était situé entre deux villa- chancelier Schröder veut faire preu- du travail. devrions plus détecter qu’une poi- vingt-quatre heures pour les trou- totalement, a précisé le professeur ges, juste au dessus d’une source ve d’optimisme : « il n’y a aucune Après avoir bénéficié d’une crois- gnée de nouveaux foyers chaque peaux touchés et quarante-huit King, nous gardons cette arme en qui les alimente. « Après l’épizootie raison de peindre un tableau en noir sance de 3,1 % en 2000, deux fois jour ». heures pour les troupeaux conti- réserve, mais si la tactique que nous de 1967, rappelait le président de de l’économie », a-t-il dit. Pourtant, supérieure à la moyenne de la der- Tony Blair qui a effectué mardi gus, du délai à respecter entre un poursuivons continue à payer, nous l’association nationale des les uns après les autres, les écono- nière décennie, le chancelier esti- sa septième visite dans les zones diagnostic positif et la mise à mort. pourrons nous en passer ». pêcheurs, certaines rivières ont mis mistes revoient leurs prévisions à la mait que la tendance allait se pour- infectées, a pris garde de ne pas Le gouvernement affirme que ces Seuls quelques milliers d’ani- des années à se remettre ». baisse. En publiant le 10 avril leur suivre et lui permettre de ménager crier victoire. Mais, devant les Com- délais sont aujourd’hui respectés maux rares ou appartenant à des prochain avis, Les six grands insti- les syndicats et l’aile gauche de munes, il a invité mercredi les auto- dans « la majorité des régions tou- espèces menacées, comme les élé- Patrice Claude tuts de conjoncture allemands pour- son parti. « Le roi Gerhard est nu », rités locales des régions non affec- chées ». Dans le Cumbria, la zone la phants et les okapis des zoos pour- raient réviser à 2,1 % leur pronos- commente le quotidien libéral de tées à rouvrir immédiatement tous plus dévastée dans le nord de l’An- raient être vaccinés, Bruxelles f www.lemonde.fr/epizootie tics de croissance pour 2001 contre gauche Süddeutsche Zeitung, « le 2,7 % jusqu’à présent, seul le gou- chancelier doit abandonner l’illu- vernement continuant de tabler sur sion que la bonne conjoncture suffi- un taux de 2,75 %. rait à vaincre le chômage » ; en élar- Bruxelles prolonge d’un mois l’embargo britannique gissant le champ de la cogestion et PROBLÈMES STRUCTURELS en réglementant le travail à temps BRUXELLES Marne, Seine-Saint-Denis et Val prendre toutes mesures utiles belge, que le zoo d’Anvers et le Sur le front de l’emploi, la perfor- partiel, « le gouvernement resserre de notre bureau européen d’Oise, et ce jusqu’au 12 avril. Si, à pour protéger cette population parc animalier de Planckendael, mance passée de l’Allemagne est le corset étroit du marché du tra- Agissant sur proposition de la cette date, aucun nouveau foyer animale à risque (interdiction de ne bénéficieront pas de cette pro- moins mauvaise que sa réputa- vail, alors que seule plus de flexibili- Commission européenne, n’est signalé, l’exportation d’ani- tous contacts avec les visiteurs, tection. Les experts ont pris soin tion. Le taux harmonisé par Euros- té permettrait de créer de nouveaux c’est-à-dire en fonction de consi- maux vivants, valable pour l’en- etc.), dont la plus significative est de souligner que ce dispositif tat s’établit à 7,8 % outre-Rhin con- emplois ». L’opposition tente d’en- dérations à la fois politiques et semble du territoire, sera levée. la « vaccination d’urgence » des exceptionnel doit être appliqué tre 8,6 % en France. Le pays est foncer le clou. « C’est la note à sanitaires, le Comité vétérinaire Aux Pays-Bas, où des mesures animaux dûment répertoriées sur sans que les Etats concernés per- pénalisé par les régions de l’ex- payer pour avoir parlé au lieu permanent (CVP) de l’Union, réu- sanitaires sont en place jusqu’au la « liste rouge » internationale dent leur statut de pays « indemne RDA, où le chômage reste plus de d’agir », a accusé Laurenz Meyer, ni, mercredi 4 avril, a confirmé 25 avril, certains allégements sont des espèces menacées. de fièvre aphteuse » : la Commis- deux fois plus élevé qu’à l’ouest. secrétaire général de l’union chré- son approche circonspecte et prag- accordés pour différentes régions. La vaccination est cependant sion a l’intention de faire préva- Les riches régions de Bavière et tienne-démocrate (CDU), qui esti- matique de la crise de la fièvre bUNION EUROPÉENNE. Le limitée aux zoos situés dans un loir cette approche auprès de l’Of- Bade-Wurtemberg connaissent le me que le gouvernement « s’est aphteuse. Ses décisions concer- CVP a consenti quelques assou- rayon de 25 kilomètres d’un foyer fice international des épizooties plein emploi, avec un chômage reposé depuis deux ans sur la bonne nent à la fois les embargos en plissements concernant les mouve- de fièvre aphteuse, ce qui signifie (OIE). inférieur à 6 % (statistiques alle- conjoncture ». vigueur contre le Royaume-Uni, ments d’animaux à risque (bovins, par exemple, comme le constatait mandes). Le pays a réduit le nom- l’Irlande, la France et les Pays- ovins, caprins et porcins), même amèrement, mercredi, la presse Laurent Zecchini bre des chômeurs de 700 000 Arnaud Leparmentier Bas, et le fait d’autoriser la vacci- si, pour l’ensemble de l’Union, les nation pour protéger les espèces restrictions en place sont prolon- animales menacées des zoos, une gées du 12 avril au 18 mai. Doréna- demande de plusieurs Etats-mem- vant, il sera possible de rassem- Pour qui « roule » réellement Ted Turner en Russie ? bres devenue pressante. bler les animaux de différentes fer- b ROYAUME-UNI. La décision mes pour les transporter dans un MOSCOU d’expression »… Les nouveaux « propriétai- parle de 220 millions de dollars pour 30 % de des experts vétérinaires est sans lieu de regroupement, cette opéra- de notre correspondant res » – Boris Jordan, directeur général, et celles-ci. M. Goussinski a refusé de détailler ce surprise, à l’aune de l’ampleur de tion devant cependant être effec- Politique, argent, suspense, révolte et traîtri- Alfred Kokh, patron de Gazprom-Media – ne protocole, signé, a-t-il dit, pour assurer « l’in- l’épizootie outre-Manche : l’em- tuée avec l’autorisation des autori- se : un formidable « reality show » se joue à sont pas apparus mercredi dans les locaux de dépendance » de la chaîne. Pourtant le monta- bargo est prolongé d’un mois, du tés compétentes. Les experts vété- Moscou, tenant en haleine une partie du pays. NTV, écartant l’idée d’un recours à la force. ge, comme le rôle exact de M. Turner, appa- 19 avril au 18 mai, mais l’Irlande rinaires ont enfin prolongé le gel L’enjeu, outre l’avenir de la chaîne de télévi- raissent autrement plus complexes. Le fonda- du Nord bénéficie d’un régime des importations de viande en pro- sion NTV, est la liberté de la presse dans la Rus- LE JOKER GORBATCHEV teur de CNN négocie depuis quatre mois avec plus favorable : si aucun nouveau venance d’Argentine, une mission sie de Vladimir Poutine. Mais M. Kissilev parlait de « provocations » Gazprom et M. Goussinski, sans exposer claire- cas n’y est déclaré d’ici au 19 avril, d’évaluation communautaire Jeudi 5 avril, les journalistes de NTV, retran- qui se préparent… Seuls des libéraux de Iablo- ment ses buts. Le pré-accord avec M. Goussins- le régime applicable à la province devant se rendre prochainement chés depuis mardi dans les studios d’Ostan- ko et Union des droites ont rendu visite à NTV. ki ne vaut, a-t-il fait savoir, que s’il est validé britannique sera allégé, l’interdic- sur place. kino, continuaient leur « action » contre la pri- Le Parlement a refusé de se saisir de la ques- par Gazprom. Et les observateurs de se deman- tion d’exporter restant valable La question des animaux des se de contrôle de leur chaîne par le groupe Gaz- tion. M. Kisselev a alors abattu un joker, der : pour qui roule réellement M. Turner ? pour la seule Grande-Bretagne. zoos posait un problème spécifi- prom, contrôlé par l’Etat. « Négocier avec des Mikhaïl Gorbatchev – président du conseil de Autre mystère : Capital Renaissance Mana- Pour l’Irlande, les mesures restric- que, dans la mesure où certaines racketteurs est aussi inacceptable que discuter NTV, organe groupant des personnalités – qui gement, fonds d’investissement basé à Los- tives en place seront levées si espèces menacées de biongulés avec des terroristes », prévenait Evgueni Kisse- a jugé « indispensable l’intervention de Vladimir Angeles détenant 4,5 % de NTV, qui a brusque- aucun nouveau cas n’est signalé (susceptibles d’être atteints par lev, journaliste vedette et directeur général Poutine [qui s’est tu jusqu’alors] au moment où ment changé d’alliance, le 3 avril, « lâchant » et si tous les tests se révèlent néga- l’épizootie) risquent de disparaî- débarqué, le 3 avril, par Gazprom. Ses journalis- la liberté est menacée ». M. Goussinski pour Gazprom. L’opacité finan- tifs d’ici au 19 avril. tre des zoos européens, faute tes intensifiaient la guerre des ondes : jeudi, Mais cette bataille politique se double de tor- cière de la chaîne, l’avancée d’actionnaires b FRANCE ET PAYS-BAS. En d’être protégées. seuls étaient diffusés des bulletins d’informa- tueuses négociations financières. Un nouvel masqués, les annonces depuis six mois d’ac- France, le régime restrictif applica- La Commission et les experts tion, complétés de reportages dans les régions, acteur, le magnat américain Ted Turner, a con- cords aussitôt démentis : sur tout cela, les jour- ble aux produits laitiers et de vian- vétérinaires ont autorisé les res- sur les manifestations de soutien à NTV. Avec, fimé mercredi avoir passé un protocole d’ac- nalistes de NTV n’ont aucune prise. de est limité, depuis mardi, aux ponsables des jardins zoologiques en surimpression, des messages d’internautes : cord avec M. Goussinski, fondateur de NTV, trois départements de Seine-et- abritant des espèces menacées à « Tenez bon », « Battons-nous pour la liberté pour le rachat d’une partie de ses parts. On François Bonnet Les contacts israélo-palestiniens se multiplient dans l’espoir d’une reprise du dialogue JÉRUSALEM contré Yasser Arafat à Ramallah. Mais c’est la rencontre, mercredi, mum de confiance et reprendre les surveillée par un comité ad hoc. Si nière livraison de l’étude mensuelle de notre correspondant « La conversation a été franche et dif- entre le ministre israélien des affai- négociations de paix interrompues ce début de désescalade se passe du Centre Tami Steinmetz pour la Sur le devant de la scène le verbe ficile », a commenté Colette Avital, res étrangères, Shimon Pérès et depuis janvier. bien, suggère le texte égypto-jorda- paix, de l’université de Tel-Aviv. demeure haut, chacun roulant des en précisant que le président pales- deux émissaires palestiniens, Saëb Il propose dans l’immédiat le gel nien, les négociations pourraient Conduite fin mars, l’étude indique épaules en menaçant son adversai- tinien n’avait pas caché l’inquiétu- Erakat et Nabil Chaath, qui retient de tous les travaux de colonisation, reprendre avec pour perspective qu’une majorité de la population re de représailles. Mais en coulisses, de que lui inspirait la situation. Lun- le plus l’attention. La réunion s’est y compris à Jérusalem-Est, des d’aboutir six mois plus tard. Elles croit que l’Autorité palestinienne le ton est plus modeste, comme si di, un autre député, le travailliste tenue à Athènes, sous le couvert devraient viser un accord final en cherche, par l’Intifada, avant tout à l’on comprenait que les relations Yossi Katz, qui préside la commis- d’une conférence économique prenant en compte « les résultats gommer Israël de la carte, et non israélo-palestiniennes cheminaient sion des affaires parlementaires à la régionale à laquelle participaient Tandis que M. Pérès atteints durant la période allant de pas à améliorer sa position dans la au bord du gouffre, à la merci d’un Knesset, avait également rencontré les trois hommes. A la sortie, l’Israé- novembre 1999 à janvier 2001 », négociation. Les quatre cinquièmes dérapage susceptible de mettre le M. Arafat à Ramallah, s’attirant les lien, discret, a simplement indiqué s’entretenait c’est-à-dire intégrer le résultat des des personnes interrogées sont feu à toute la région. « Un attentat foudres de ses collègues de droite. qu’il avait procédé à des « échanges discussions tenues au sommet de opposées à toute reprise des négo- plus sanglant que d’autres ou un mis- Enfin, les services du premier minis- d’idées » avec ses interlocuteurs, ce avec des négociateurs Camp David, en juillet 2000, et à la ciations avant que cessent les vio- sile qui se trompe de cible et fait des tre ont confirmé, mercredi, que le qui, compte tenu des divergences rencontre de Taba, en janvier 2001. lences. dizaines de morts, et personne ne sait fils d’Ariel Sharon, Omri, avait lui qui séparent les uns et les autres, ne palestiniens, Ariel Sharon a déjà officiellement La conséquence de ces angoisses ce qui adviendra ensuite », commen- aussi vu le président palestinien, doit pas être loin de la vérité. rejeté ces propositions, réaffirmant est immédiate : pour les personnes te un diplomate, au diapason de dimanche, pour lui remettre un Mais, à en juger par le bref com- M. Arafat rencontrait qu’il ne négocierait rien tant que les interrogées, toute concession ne tous les spécialistes du dossier. message de son père. muniqué du ministère israélien des violences continuent. Mais tout constitue pas un compromis néces- Ces craintes sont pour partie à Des responsables israéliens et affaires étrangères, il est vraisem- des députés israéliens indique que sa position est moins saire pour favoriser la signature l’origine de récentes, quoique palestiniens chargés des problèmes blable que les deux parties aient rigide qu’il n’y paraît, soulevant d’un accord de paix, mais une preu- modestes, initiatives prises pour de sécurité se sont aussi rencontrés, également abordé le contenu de d’ailleurs l’inquiétude du Conseil ve de faiblesse qui accroît l’appétit tenter de sortir de la dangereuse mercredi soir, en présence d’un propositions égypto-jordaniennes mesures de protection de tous les des colons que la rencontre d’Athè- de l’adversaire. Un raidissement impasse où se sont mis Israéliens et haut fonctionnaire du département rédigées en collaboration avec les Lieux saints, la reprise de la coopé- nes a particulièrement troublé. aujourd’hui patent en Israël, dans Palestiniens. Mercredi 4 avril, trois d’Etat. L’entrevue fait suite à plu- Palestiniens. En termes parfois ration bilatérale antiterroriste, avec Cependant toute reprise de dis- toutes les familles politiques. députées israéliennes, Colette Avi- sieurs autres, auxquelles participait volontairement ambigus, afin de ne échanges d’informations et arresta- cussions se heurte aux traditionnels tal, du Parti travailliste, Zehava notamment Mohamad Dahlan, le bloquer aucune possibilité, ce texte tion de tout suspect, l’interdiction obstacles politiques et, aussi, aux Georges Marion Galon et Naommi Hazan, du parti chef de la sécurité préventive pales- détaille les mesures à prendre pour des discours de provocation et de réticences de la population israé- Meretz (laïque de gauche), ont ren- tinienne dans la bande de Gaza. arrêter la crise, rétablir un mini- haine, dont la mise en œuvre serait lienne, comme en témoigne la der- f www.lemonde.fr/israel 4 / LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001 INTERNATIONAL La contestation s’élargit lentement mais sûrement en Tunisie Le président Ben Ali serait partagé entre désir d’ouverture et gestion du statu quo. Au sein du régime, deux clans s’affrontent sur la stratégie à mener. L’opposition estime qu’il y a urgence à mettre la vie politique au diapason de la société civile. Désabusés, les jeunes rêvent d’émigrer Les militants tunisiens des droits de l’hom- ne, mais ils croient de moins en moins au son espace de liberté. Dans un entretien au Tunisie. Il condamne le harcèlement dont contrer tout responsable d’une association me poursuivent leur combat en solitaires, discours officiel, et leur frustration gran- Monde, Slaheddine Maâoui, le nouveau sont la cible les militants en faveur des de défense des droits de l’homme. Il mani- dans l’incertitude totale du lendemain. dit. Journaliste au quotidien Es-Sabah, ministre chargé des droits de l’homme et libertés, en particulier l’agression commise feste la volonté de libérer la presse de son Leurs compatriotes sont davantage préoc- Mohamed Guelbi écrit chaque jour un de la communication, annonce son inten- par un policier sur une figure de la société carcan, mandat qu’il a reçu du président cupés par les problèmes de la vie quotidien- billet d’humeur, essayant ainsi d’élargir tion de ne plus taire les problèmes de la civile, Mme Khédija Chérif. Il se dit prêt à ren- Ben Ali.

TUNIS que le ciel est bleu, le soleil excep- pouvoir exercer leurs droits de tration est en passe de gangrener Nasraoui, Moncef Marzouki, ne plus y revenir ! Il se produit ici de notre envoyée spéciale tionnellement chaud ces temps-ci, citoyens ? Pas plus de quelques tout le pays. Sihem Bensedrine, ou Nejib Hosni, un phénomène que l’on aurait pu Le voudraient-ils, les touristes et la qualité de vie en Tunisie dizaines. Mais ceux-là sont les por- Quand une poignée d’intellec- figures de l’opposition connues à croire propre à l’Algérie : l’envie de passage à Tunis seraient bien meilleure qu’ailleurs. Soumis à l’ar- te-voix d’une population sans dou- tuels réclament une presse indépen- l’étranger, l’homme de la rue sait de plus en plus obsessionnelle de en peine de sentir une quelconque bitraire d’un régime qui entend les te beaucoup plus importante, bien dante ainsi que la liberté d’associa- peu de chose, ce qui ne l’empêche la jeune génération – des garçons tension. La capitale est fidèle à elle- faire plier, ils mènent leur combat que difficile à évaluer, la peur tion, l’immense majorité des Tuni- pas d’être de mieux en mieux infor- surtout – de « brûler », c’est-à-dire même, avec ses larges avenues bor- en solitaires, dans l’incertitude étant encore très présente dans les siens se montrent surtout préoccu- mé. Il a intégré la culture du zap- de profiter de la première occasion dées de palmiers, ses rues embou- totale du lendemain. esprits. Ce qui est sûr, c’est que la pés par les problèmes de leur vie ping et délaisse les deux chaînes de offerte (voyage d’études à l’étran- teillées, ses taxis jaunes et ses pié- contestation s’élargit, lentement quotidienne : le chômage, la haus- télévision nationale pour puiser ses ger, compétition sportive dans un tons qui déambulent en bavardant PRÉOCCUPATIONS QUOTIDIENNES mais sûrement – le récent rallie- se du coût de la vie, le surendette- références ailleurs. Il n’est plus pays voisin) pour prendre la pou- gaiement. Seul changement nota- Vont-ils se faire rouer de coups ment à l’opposition de Mohamed ment, l’éducation des enfants, les dupe du discours officiel. dre d’escampette. ble : l’avenue Bourguiba, en pleine ou injurier, d’un moment à l’autre, Charfi, ministre du président Ben dépenses de santé, la sécheresse Destination idéale ? Le Canada, réfection, pour accueillir en beau- en pleine rue ? Auront-ils encore Ali pendant cinq ans, en est un qui menace cette année encore les L’ENVIE DE « BRÛLER » mais aussi les Etats-Unis ou l’Ita- té les jeux méditerranéens en sep- leur emploi la semaine prochaine ? signe – et qu’un sentiment de frus- récoltes, etc. De la lutte des Radhia Ceux qui ont la parabole suivent lie, la France, elle, paraissant hors tembre. Seront-ils traduits en justice sous avec admiration et envie les infor- de portée. Là-bas, croient-ils, ils La célèbre artère centrale n’est n’importe quel prétexte ? Homme mations diffusées par la « CNN du pourront s’amuser, réussir sans plus qu’un vaste chantier à ciel ou femme, tout militant engagé en Plainte pour torture monde arabe », Al-Jazirah, basée à « épaules » (piston) et sans bak- ouvert, et pour déambuler de la faveur des libertés a la vie dure en Qatar. C’est ainsi qu’ils ont appris, chich. Ils se retrouveront sur un pâtisserie Champs-Elysées au Café Tunisie. Les techniques de harcèle- contre un ancien ministre de l’intérieur en février, que leur ministre de l’in- pied d’égalité avec tout le monde, de Paris, on doit enjamber des ment sont multiples, et toujours térieur, Abdallah Kallel, venait de tandis qu’en Tunisie, affirment-ils tranchées et des monceaux de gra- sournoises. S’il s’avise, par exem- Ministre de l’intérieur jusqu’au remaniement du 23 janvier, quitter précipitamment la Suisse avec dépit, « on n’a aucune chance vats. Il a fallu déraciner provisoire- ple, de déposer une demande M. Abdallah Kallel fait l’objet d’une plainte devant la justice pénale (voir ci-contre) pour échapper à la de bien vivre » si on n’appartient ment plus de la moitié des ficus d’agrément, comme l’exige la loi, déposée à Genève le 14 février, et jugée recevable. Cette plainte éma- justice helvétique. pas à l’une des familles proches du centenaires, et se priver du con- pour lancer un nouveau parti poli- ne d’un réfugié tunisien résidant en Suisse, Abdennacer Naït-Liman, La politique ? « Ce n’est pas pouvoir. Sont-ils malheureux ? cert assourdissant de leurs milliers tique ou une association, il ne trou- qui dit avoir été torturé au ministère de l’intérieur, en 1992. Appre- notre affaire ! » répondent la quasi- Non, désabusés. d’oiseaux, chaque fin de journée, à vera pas un seul fonctionnaire nant que M. Kallel se faisait soigner à l’hôpital de Genève, il a alerté totalité des gens en souriant, tout Cette crise de confiance, le pou- la tombée de la nuit. pour enregistrer sa démarche et la justice helvétique, avec plusieurs de ses compatriotes. Quand la en reconnaissant qu’ils ne souf- voir la perçoit-il ? Certains, dans A quelques encablures de là, cer- lui délivrer un récépissé. police a commencé ses recherches, le ministre avait déjà quitté le frent pas de ce manque. Le rêve l’entourage du président Ben Ali, tains se désespèrent. Ils ont beau Combien sont-ils à redresser la pays. Quelques jours plus tard, la presse tunisienne annonçait la des jeunes ? S’amuser, draguer, n’ignorent pas l’urgence qu’il y sortir, ils n’ont plus conscience tête et à exiger ouvertement de nomination de M. Kallel comme conseiller du président Ben Ali. boire, et puis… quitter le pays pour aurait à mettre la vie politique au diapason de la société civile. Les propos de M. Slaheddine Maaôui, le nouveau ministre des droits de Mohamed Guelbi, l’« honneur » d’un journalisme en quête d’indépendance l’homme (lire ci-dessous), indi- quant son désir d’un changement, TUNIS il, même s’il est probable que ses billets indépendant se contente d’évoquer des tomber sous le coup de la loi, pas au second. étonnent par leur franchise et leur de notre envoyée spéciale – écrits en arabe et en prose rimée, truffés petits faits de la vie quotidienne en Tuni- Il n’empêche que mes messages sont très liberté. De lui, certains n’hésitent pas à dire qu’il de jeux de mots – valent de temps à autre à sie, sur le mode de l’interpellation et de clairs, parfois même très osés, mais ils pas- A l’inverse, d’autres s’entêtent est « l’honneur du journalisme » en Tunisie. la direction de son journal de sérieuses l’humour. sent ! » Il dit avoir à de nombreuses repri- dans l’irréel et tiennent au chef de De taille moyenne, très mince, le visage remontrances de la part des « orthodo- Le 8 mars, Journée internationale des ses « atteint, et même dépassé, la ligne rou- l’Etat un discours archaïque. Ils mangé par des lunettes fumées et une peti- xes » du pouvoir, ceux qui restent opposés femmes, il s’est adressé directement aux ge » qui entrave la presse en Tunisie, mais, l’assurent qu’il peut prétendre en te barbe, Mohamed Guelbi passerait ina- à l’avènement d’une presse tunisienne Tunisiennes, pour souhaiter à chacune précise-t-il, « on ne m’a pas sanctionné. » toute quiétude à un quatrième perçu s’il n’y avait son regard. L’homme, libre et de qualité. d’entre elles de trouver « un homme, un Entre le tout ou rien – déserter le journa- mandat et que son « front inté- âgé d’une cinquantaine d’années, est mali- vrai ! », sous-entendu « aussi courageux » lisme ou collaborer – Mohamed Guelbi est rieur » (le peuple) est solide, alors cieux. Tout sourit en permanence chez lui, « GRIGNOTER UN ESPACE CHAQUE JOUR » qu’elles. Fin mars, Mohamed Guelbi s’est l’un des rares à avoir trouvé un moyen ter- qu’il se fissure. Pour eux, les con- ses yeux autant que sa bouche. Son billet « C’est la lecture des écrits de Robert Escar- étonné de la décision de la municipalité de me : chaque jour il apporte une pierre à la testataires ne sont que des « traî- quotidien dans les colonnes d’Es-Sabah, pit [célèbre billettiste du Monde du début Tunis de pourchasser les petits marchands construction de l’édifice liberté en Tunisie. tres à la nation », des « beaux- l’un des rares journaux tunisiens d’expres- des années 1950 jusqu’à la fin des années ambulants – officiellement pour lutter con- « Est-ce que j’ai peur ? Parfois, oui, un peu, matins » (bourgeois), avides de sion arabe qui ne soient pas portés sur les 1970] qui m’a inspiré autrefois. J’ai appris de tre le commerce parallèle – tout en épar- mais j’ai aussi un immense plaisir : celui de récupérer le pouvoir qu’ils avaient scandales et les calomnies, a fait de lui un lui à travailler la chute, le dernier mot. Que gnant les gros bonnets qui inondent le pays grignoter quotidiennement un espace, et monopolisé du temps de Bourgui- modèle en Tunisie. ce soit toujours une surprise. J’écris à l’en- de leur contrebande en toute impunité. puis de lutter pour le conserver. Ces acquis, ba au détriment des plus démunis. Quand il cesse d’écrire, les ventes d’Es- vers, d’ailleurs ! Je choisis le sujet, il faut qu’il A ceux qui le félicitent, le journaliste d’Es- j’y tiens et je les garde précieusement. Ce Entre ces deux discours, il semble Sabah chutent. Et ses confrères de se répan- se prête à un peu d’humour. Et puis, je cher- Sabah répond qu’il n’a pas plus de courage sont des butins que j’emporte avec moi pour que le président Ben Ali n’ait pas dre aussitôt en rumeurs : « on » a muselé che la chute. Et enfin, j’écris le billet !», que les autres, mais qu’il dispose d’un repartir chaque fois un peu plus loin… » encore vraiment tranché. Mohamed Guelbi, « on » a décidé de le fai- raconte-t-il. Ni dénonciateur ni donneur atout : la capacité d’écrire au second degré. re taire… Rien de tout cela n’est vrai, paraît- de leçons, ce journaliste farouchement « Au premier degré, mes écrits pourraient Fl. B. Florence Beaugé Slaheddine Maâoui, nouveau ministre chargé des droits de l’homme et de la communication « On ne se taira plus sur quoi que ce soit. Nous parlerons ouvertement de nos problèmes » TUNIS droits de l’homme en Tunisie, je contre toute forme de harcèlement de sécurité et les militants des très rassuré par la composition du rencontrerait aucun problème de notre envoyée spéciale pense que ce pays souffre de malen- des militants des droits de l’hom- droits de l’homme, déclenchée par nouveau comité directeur de la Li- pour obtenir sa légalisation. Juriste de formation, journaliste tendus, dus à un manque de com- me, et ce qui s’est passé avec Khédi- une insulte. gue, dominé par une tendance d’ex- – Pourquoi certains sites Inter- pendant vingt ans, conseiller du pré- munication de notre part. Nous ja Chérif est absolument intoléra- – Si un Patrick Baudoin, l’ex- trême gauche. Mais si un congrès net restent-ils interdits d’accès sident Ben Ali, récemment ministre devons davantage clarifier les cho- ble. Comment pourrait-on accep- président de la Fédération inter- de la Ligue était appelé à se réunir en Tunisie, alors que tout le mon- du tourisme, Slaheddine Maâoui a ses, si nous voulons éviter que cer- ter que cette figure intellectuelle de nationale des droits de l’hom- à nouveau et à élire une deuxième de peut contourner cette censu- été nommé en février à la tête du tains dossiers prennent une la société civile soit brutalisée com- me, ou Donatella Rovera, d’Am- fois son comité directeur, je pense re ? ministère des droits de l’homme et ampleur démesurée et fassent me elle l’a été ? Il s’agit d’une bavu- nesty international, arrivaient qu’il désignerait pratiquement le – Mis à part certains sites subver- de la communication. Il s’agit de oublier tout ce qu’il y a de positif re, qui a été sanctionnée. Elle est le aujourd’hui à Tunis, seraient-ils même comité, les militants de la sifs – islamistes, par exemple – et l’un des postes les plus difficiles, la fait d’un agent de police qui a été renvoyés par le premier avion Ligue paraissant décidés à consa- les sites pornographiques, il ne doit Tunisie étant la cible de multiples suspendu de ses fonctions et sera en France, comme cela s’est pro- crer leur premier choix. y avoir aucune censure sur Internet critiques sur la scène internationa- « Mis à part certains déféré devant le conseil de discipli- duit l’été dernier ? – Croyez-vous réellement que en Tunisie. C’est absurde et, de le, des organisations non gouverne- ne. Le président Ben Ali est indigné – Je les rencontrerais, l’un et certaines figures de l’opposition, plus, c’est contre-productif ! S’il y a mentales (ONG) en particulier, sites subversifs – par cette affaire, et il m’a dit : “J’ai l’autre, comme je le ferais avec particulièrement contestées par des entraves de ce genre, je considè- pour ses atteintes aux libertés. fait du respect des droits des fem- tout responsable d’une associa- le pouvoir, seraient tolérées au re qu’elles doivent disparaître. « Pourquoi avez-vous accepté islamistes, par mes un des credos de ma politique. tion de défense des droits de sein du comité directeur ? – Outre le dossier des droits de de prendre la tête d’un ministère Je ne peux pas tolérer qu’on puisse l’homme. Je leur ferais part de ce – Faire croire qu’il y a un veto du l’homme, vous êtes chargé de la si exposé ? exemple – et les sites brutaliser une femme, de surcroît que nous pourrions avoir, ici en presse en Tunisie. Que comptez- – Sans chercher à nier qu’il y ait une universitaire respectable.” Tunisie, à leur reprocher. Mais vous faire dans ce domaine ? des problèmes en matière des pornographiques, » Pour ce qui est des filatures, je nous n’avons rien à cacher, et je « Nous devons libérer – L’information véhiculée par suis convaincu que ce genre de parlerais avec eux. les médias tunisiens est médiocre, il ne doit y avoir mesure est inutile et contre-pro- – Quelles chances y a-t-il de l’information on ne peut plus accepter cela. Elle ductive. Et qu’on impute au pou- voir réapparaître prochaine- devrait être sacrée et ne jamais aucune censure voir l’initiative et la responsabilité ment une Ligue tunisienne des de son carcan être occultée. Nous devons libérer d’un système de harcèlement et de droits de l’homme, indépendan- l’information de son carcan, pour sur Internet » répression en Tunisie nous révol- te et crédible ? pour qu’elle cesse qu’elle cesse d’être insipide. Il te, car ce qui se produit n’est pas le – Personne ne veut nous croire nous faut nous ouvrir aux inter- fait d’un système, mais d’initiati- mais l’Etat n’est pas partie prenan- d’être insipide » views, aux opinions différentes, au dans le pays : stabilité, progrès éco- ves isolées. te dans cette affaire. Il y a eu une débat d’idées. nomiques, et solidarité sociale. – Le pouvoir est donc débordé plainte déposée par quatre mem- – Les journalistes tunisiens Nous recevons 5 millions de touris- par des initiatives individuel- bres de la Ligue. Un premier juge- gouvernement sur tel ou tel nom redoutent de payer les consé- tes par an, on ne peut tout de les ? ment leur a donné partiellement relève du procès d’intention. Le quences de cette audace, de per- même pas dire que nous soyons un – Non, certainement pas. Je ne raison. On est maintenant dans l’at- pouvoir a suivi de près les récentes dre leur travail, par exemple. goulag ! Au lieu de taire nos problè- veux pas ajouter à la polémique, tente de l’appel. Sur le plan politi- démêlées au sein de la Ligue, mais – Je veillerai personnellement à mes, nous en parlerons ouverte- mais dans certains cas, il y a une que, je dois reconnaître que c’est il n’a pas l’intention d’interférer ce que ce genre de choses ne se ment, à l’avenir, et nous en discute- escalade verbale entre les forces vrai, le gouvernement n’a pas été pour imposer ses préférences, en produise pas, à ce que les journalis- rons. On ne se taira plus sur quoi dehors du contexte électoral. tes puissent faire leur travail, dans que ce soit. Nous aimerions que, en – Pourquoi une association le cadre que je viens de vous défi- contrepartie, il y ait une approche telle que le Conseil national des nir, et dans le respect de la loi. plus nuancée de la réalité tunisien- libertés (CNLT) ou un parti C’est le mandat que j’ai reçu du ne. modéré comme le Forum démo- président. – Tous les militants des droits cratique, n’ont-ils toujours pas – Est-ce que cela veut dire de l’homme et des libertés en obtenu leur légalisation ? qu’un journaliste comme Taou- Tunisie se plaignent d’être sou- – Le CNLT s’est présenté en fik Ben Brik sera autorisé à écri- mis à un harcèlement policier 1999 comme une association, alors re dans les colonnes de la presse quasi constant. Ces procédés ont que ses objectifs sont plutôt ceux tunisienne ? pris, ces derniers temps, une tour- d’un parti politique. Il a donc – Est-ce que Taoufik Ben Brik nure inquiétante. La sociologue essuyé un refus justifié. Quant au est capable de faire du journalisme Khédija Chérif, par exemple, a Forum démocratique, il n’y a pas selon les règles du métier, sans été agressée physiquement à eu, à ma connaissance, de dossier être insultant ou surréaliste ? » deux reprises le mois dernier, en présenté pour la constitution de ce pleine rue, et devant témoins. parti. Si ce dossier était déposé, et Propos recueillis par – Nous sommes absolument qu’il était conforme à la loi, il ne Florence Beaugé INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001 / 5 Washington confirme son refus Le commandant Massoud estime que sans l’aide de ratifier le protocole de Kyoto WASHINGTON. La troïka dépêchée par les Quinze à Washington du Pakistan les talibans « ne pourraient pas tenir » pour s’inquiéter des intentions de la nouvelle administration américai- ne en matière d’environnement s’est vue officiellement confirmée qu’« il n’y a aucune chance » que les Etats-Unis ratifient le protocole Dans un entretien au « Monde », le chef afghan, en visite à Paris, se dit « sûr du chemin » qu’il a suivi de Kyoto sur la limitation des émissions de gaz à effet de serre, a indi- qué, mercredi 4 avril, la porte-parole de la commissaire européenne à Lors de son premier séjour en Europe, Ahmad encore reconnu par l’ONU, a rencontré, mercredi Sénat. Dans un entretien au Monde, il appelle l’environnement, la suédoise Margot Wallström. Selon son communi- Shah Massoud, ministre de la défense et vice-pré- 4 avril à Paris, le ministre des affaires étrangères les Occidentaux à soutenir ses efforts de « recon- qué, publié à Bruxelles, les Américains ont toutefois indiqué qu’ils sident du seul gouvernement d’Afghanistan et les présidents de l’Assemblée nationale et du quête » de son pays aux mains des talibans. comptaient venir à Bonn en juillet pour la reprise de la conférence sur l’application du protocole de Kyoto. La troïka a insisté à Washington « A PARIS, je ne me sens pas sa vallée du Panshir. Mais pour- le pouvoir, explique-t-il ; quand [le rant « accepter toute aide que l’on qu’« un seul pays ne peut pas déclarer mort un processus international étranger », sourit Ahmad Shah quoi avoir tant tardé à venir en régime post-communiste] de pourrait nous donner pour recon- qui concerne un problème mondial majeur ».–(AFP.) Massoud, l’ancien étudiant du Occident ? « J’ai toujours été très Kaboul est tombé entre nos mains, quérir notre pays ». Mais que reti- lycée français de Kaboul, au soir occupé », répond-il avec une lueur c’est-à-dire aux mains des moudja- re-t-il de ses échanges avec les res- de son premier séjour en Europe. malicieuse dans le regard. Mas- hidins, en 1992, j’ai mis à la disposi- ponsables français, en particulier Soudan : mort du vice-ministre Saharienne beige, bottines de cuir soud joue de son charme, élude tion des autres chefs tout le pouvoir avec Hubert Védrine ? « J’ai noir, coiffé de son éternel pakul,le les questions qui fâchent, assène possible afin d’éviter le conflit inter- demandé au ministre que la France bonnet de laine roulée qu’il porte son programme, argumente ses ne. Mais cela n’a pas pu être évité, prenne des initiatives pour œuvrer de la défense dans un accident d’avion rejeté en arrière et fait partie de sa obsessions. « Le Pakistan et ses ser- finalement, et cela m’a conduit à ne pour le retour de la paix en Afgha- légende, le Lion du Panshir vices secrets, l’ISI, a une influence devoir compter que sur mes propres nistan. Notamment en exerçant des KHARTOUM. Quinze officiers soudanais dont le vice-ministre de la répond aux questions du Monde, déterminante sur les talibans ; sans forces. » Il concède : « C’est vrai, je pressions sur le Pakistan. » défense, le colonel Ibrahim Chamsédine, qui dirigeait les combats contre tard mercredi 4 avril, dans la suite cette aide militaire et économique, ne nie pas [qu’il y avait de la cor- Infatigable Massoud qui, en dif- les rebelles sudistes, ont été tués, mercredi 4 avril, dans l’accident d’un avi- d’un grand hôtel parisien proche les talibans ne pourraient pas ruption parmi certains de ses ficulté militaire sur le terrain, ne on militaire. Celui-ci « est dû aux mauvaises conditions atmosphériques qui des Champs-Elysées. Le jeune tenir. » hommes] ; mais il n’y avait pas que songe pas une seconde à renoncer ont fait que l’avion a dévié de la piste et a percuté un bâtiment », a indiqué « vieux guerrier », qui frise aujour- mon parti au pouvoir ! Il y avait un à son combat. Mais conserve-t-il un communiqué de la présidence soudanaise diffusé par la télévision d’hui la cinquantaine, a eu une UN « ISLAMISME MODÉRÉ » grand nombre d’organisations poli- la nostalgie des années enfuies, d’Etat. L’Armée de libération des peuples du Soudan (SPLA) a rejeté tou- journée chargée. Pour le chef militaire afghan, tiques et militaires différentes ! » songe-t-il parfois à l’infinie tristes- te responsabilité dans l’accident, qui a eu lieu à l’aéroport d’Adaryel, une Le matin, il a pris son petit qui cumule les fonctions de minis- Sa définition de l’Etat futur se des choses ? « Je vais vous dire petite localité au sud-est de Malakal, la capitale de la province du Haut- déjeuner avec le ministre français tre de la défense et de vice-prési- d’Afghanistan – quand, un jour, mon sentiment, affirme-t-il en se Nil, à environ 700 kilomètres au sud de Khartoum. Le vice-ministre de la des affaires étrangères, Hubert dent du gouvernement de l’Etat les talibans auront disparu empor- redressant sur sa chaise alors que défense était également membre du Conseil de commandement de la Védrine, puis a répondu aux ques- islamique d’Afghanistan, seule ins- tés par une « rébellion du peuple » son visage s’éclaire d’un sourire révolution (CCR), qui a mené le putsch militaire de 1989 à l’issue duquel tions des journalistes durant une tance reconnue par les Nations qu’il appelle de ses vœux et pro- bonhomme, la vie, que ça se passe le général Omar El Béchir a pris le pouvoir. – (AFP.) longue conférence de presse fré- unies, la politique pakistanaise est met pour bientôt – est simple, clai- dans la joie ou sans joie, ça se pas- quemment interrompue par les bien la cause de tous les malheurs re : « Je répète que je suis un islamis- se. Chaque homme qui, en réfléchis- DÉPÊCHES applaudissements de ses parti- de son pays en guerre, endeuillé te modéré, partisan d’un gouverne- sant sur son passé, a l’impression a ÉTATS-UNIS : George W. Bush aurait remporté l’élection présiden- sans, rencontré la communauté par un conflit de vingt ans qui a ment modéré qui peut se dresser d’avoir été utile, n’a rien à regret- tielle en Floride s’il avait accepté le décompte manuel des 61 195 bulle- afghane de France sous les lam- coûté la vie à plus d’un million de face à l’islamisme extrémiste. Nous ter. Moi, grâce à Dieu, je suis sûr du tins de vote litigieux dans plusieurs comtés de l’Etat, comme le deman- bris de la vieille ambassade déca- personnes. sommes attachés au principe d’élec- choix que j’ai fait, du chemin que dait le candidat démocrate Al Gore, selon une étude rendue publique, tie du 16e arrondissement, s’est Mais qu’a-t-il à proposer, lui tions où hommes et femmes joue- j’ai suivi, j’en ai la certitude abso- mercredi 4 avril, menée à la demande des quotidiens USA Today et Mia- entretenu avec les présidents de qui, lorsque son gouvernement ront un rôle dans le respect des lue. Je n’ai pas de regrets. Oui, le mi Herald et de l’agence Knight Ridder. M. Bush l’aurait emporté par l’Assemblée nationale et du Sénat. était encore au pouvoir, avait par- droits des personnes. Et ce gouverne- temps s’enfuit, la vie passe mais 1 665 voix, soit trois fois plus que sa marge officielle (537). C’est le Pas mal pour un homme qui fois donné de son personnage ment modéré en paix avec ses voi- qu’importe quand c’est au nom de deuxième recompte qui donne M. Bush vainqueur, alors qu’on attend n’était quasiment jamais sorti l’image ambiguë d’un chef de sins se lèvera contre le terrorisme et la justice… » encore la publication de l’enquête de huit grands journaux américains d’Afghanistan et reste confiné, guerre prestigieux flanqué trop le trafic de drogue. » et CNN réunis en consortium aux fins de vérification. – (AFP.) depuis la prise de Kaboul par ses souvent d’officiers corrompus et Plus tôt dans la journée, le com- Bruno Philip a BRÉSIL : Lionel Jospin est arrivé, mercredi 4 avril au soir, à Brasilia ennemis talibans, à l’automne d’alliés peu recommandables ? mandant Massoud avait lancé un pour une visite de quatre jours au Brésil à l’invitation du président Fer- 1996, dans son Nord-Est natal et « Je n’ai jamais essayé d’accaparer appel aux pays occidentaux, décla- f www.lemonde.fr/afghanistan nando Henrique Cardoso, qu’il devait rencontrer jeudi. Le premier ministre français devrait notamment plaider pendant sa visite en faveur d’une mondialisation « humanisée » et « maîtrisée » et d’un par- tenariat entre l’Union européenne et le Mercosur, auquel appartient le Kaboul voit comme une injustice l’accueil réservé au chef tadjik Brésil. – (Reuters.) a PHILIPPINES : l’ancien président Joseph Estrada a été officielle- NEW DELHI d’un noyau dur de 5 000 à 6 000 Récemment rentré d’Iran, le chiite problèmes du pays et les contradic- ment inculpé, mercredi 4 avril, de corruption, de détournement de de notre correspondante hommes, le chef tadjik a de plus en Karim Khalili a mené, seul, sa tions apparaîtraient. » En jouant fonds publics, de pillage économique et de manipulations financières. en Asie du Sud plus de problèmes de recrutement bataille dans le Hazarajat, et l’on dit un gouvernement désuni, qui con- La veille, la Cour suprême avait confirmé que M. Estrada, déposé en Les talibans au pouvoir à Kaboul et l’aide qu’il reçoit aujourd’hui des aujourd’hui que l’ancien homme trôle à peine 10 % du territoire, janvier, avait perdu son immunité présidentielle. – (Corresp.) ont vivement critiqué la visite à Russes, en termes d’armes et de con- fort d’Hérat, à l’ouest de l’Afghanis- l’Europe ne fait certes pas avancer a UNION EUROPÉENNE : devant les députés européens réunis à Paris et au Conseil de l’Europe à seillers militaires, le dessert sur le tan, Ismaïl Khan, voudrait, lui aussi, des perspectives de paix déjà très Strasbourg, le président allemand Johannès Rau a plaidé, mercredi Strasbourg de leur opposant, le plan intérieur, où il n’est pas bon tenter quelque chose avec ses pro- éloignées. 4 avril, pour la future Constitution européenne. Le Parlement et le con- commandant Ahmad Shah Mas- d’être vu comme l’ami de la Russie. pres troupes. Paradoxalement, alors que les seil des ministres devraient, à son avis, devenir un « véritable Parle- soud. Leur ministre des affaires Depuis plusieurs mois, et sous la Fondamentaliste extrémiste, allié nouvelles sanctions onusiennes ment bicaméral », qui prendrait les décisions « sur un pied d’égalité étrangères, le maulawi Wakil direction d’anciens généraux de l’ar- de Massoud, Abdul Rasul Sayyaf ont été prises sous la pression des dans tous les domaines ». Il s’est prononcé pour l’élection du président Ahmad Mutawakil, a affirmé que mée afghane qui avait combattu monterait aussi son propre groupe. Etats-Unis, ceux-ci n’ont pas rom- de la Commission soit directement par les Européens, soit par les cette visite allait « revigorer l’oppo- avec les Soviétiques, des volontai- Or de telles divisions sont redoutées pu les liens avec les talibans et une deux chambres. – (Corresp.) sition, isolée par la nation, pour con- res s’entraînent pour venir renfor- par tous les Afghans : ils gardent en petite poignée de responsables de tinuer sa résistance. Cette invitation cer son camp. Selon un observa- mémoire la période la plus noire de moyenne importance sont allés à est injuste vis-à-vis du peuple teur, ils sont d’ailleurs plus attirés leur histoire récente, les quatre Washington. « Nous avons reçu Moldavie : le chef du PC, afghan. Ils [les pays européens] par le maigre salaire versé que par années (1992-1996) de pouvoir par- quelques signes fugitifs positifs de la auraient mieux fait d’envoyer de la tâche à accomplir. tagé des Moudjahidines, qui avaient nouvelle administration Bush », l’aide humanitaire aux Afghans mis le pays en coupe réglé et détruit déclarait récemment à Islamabad, Vladimir Voronine, élu à la tête de l’Etat appauvris ». CONTRADICTIONS DE LA PAIX Kaboul. S’il reste extrêmement le chef de la diplomatie des tali- Survenant après l’embargo unila- Les talibans disposent, eux, d’un populaire et respecté dans son fief bans, interrogé sur d’éventuelles CHISINAU. Le chef du Parti communiste de Moldavie, Vladimir Voro- téral de l’ONU sur les armes à des- réservoir beaucoup plus impor- de la vallée du Panchir, au nord est nouvelles propositions pour trou- nine, a été élu à la présidence de son pays, mercredi 4 avril, par les tination des seuls talibans, le péri- tant. La sécheresse, ainsi que l’éra- de Kaboul, le commandant Mas- ver une solution au cas de l’islamis- communistes majoritaires au Parlement moldave. Premier communis- ple européen du commandant dication de la culture de l’opium, soud est très loin de faire l’unanimi- te d’origine saoudienne, Oussama te en titre à prendre la tête d’un pays de l’ex-URSS, ce général de cin- Massoud ne peut que souligner le qui a appauvri des régions entiè- té dans le reste de l’Afghanistan, où ben Laden, dont les Etats-Unis exi- quante-neuf ans fut un apparatchik modèle : premier secrétaire du choix de la communauté interna- res, attirent des combattants à la il est considéré comme un chef de gent l’extradition. parti de la ville militaro-industrielle de Bendery, puis ministre de l’inté- tionale dans la guerre d’Afghanis- recherche d’argent. Les talibans guerre comme un autre. Pour l’instant aucun espoir de rieur (1989-90), il n’a pas ordonné de tirer sur les manifestants anti- tan et conforter les talibans dans peuvent aussi compter sur des mil- « La plus grande chose que pour- paix ne se profile à l’horizon et les communistes en novembre 1989. Après la victoire du Front populaire l’idée qu’ils ne seront jamais accep- liers de jeunes des écoles corani- rait faire la communauté internatio- Afghans s’attendent plutôt à une aux élections (1990), M. Voronine a étudié à l’académie du ministère tés, quoi qu’ils fassent. ques pakistanaises et sur une nale pour affaiblir les talibans est la reprise des combats à grande de l’intérieur à Moscou, puis a fondé le Parti des communistes de Mol- Coup diplomatique, la tournée légion de 3 000 à 5 000 Arabes. paix », nous disait récemment à échelle, non sans critiquer toutes davie. Echouant à la présidentielle de 1996, il a pris sa revanche avec la du commandant Massoud ne suffi- Le commandant Massoud doit Kaboul un bon observateur. «La les interventions extérieures, qu’el- majorité absolue obtenue par son parti en février. Jusqu’à son élec- ra pas toutefois à le faire sortir aussi affronter les divisions d’une guerre renforce le pouvoir des com- les soient pakistanaises, russes, ira- tion, M. Voronine, père du directeur de l’une des plus puissantes ban- d’une position militaire difficile opposition qui se bat majoritaire- mandants, des durs alliés aux Ara- niennes ou tadjiks. ques privées de Moldavie, s’est montré un farouche opposant au gou- alors que le temps des grandes ment sur des lignes ethniques ou bes. S’il y avait la paix, les talibans vernement réformateur et au chef de l’Etat Lucinschi, dont il a exigé la offensives va revenir. Disposant pour des ambitions personnelles. devraient s’attaquer aux véritables Françoise Chipaux démission en janvier 1999. – (AFP.) Fanfare pour les casques bleus sénégalais au cœur du Congo KANANGA (centre de la RDC) due à l’obstruction des parties en conflit, le général est de notre envoyé spécial heureux de voir, enfin, la cause de la paix avancer. La La fanfare à l’accueil battait un peu la breloque. Les semaine dernière, il a déjà accueilli, côté rebelle, un tambours étaient rafistolés de bouts de sparadrap. contingent de 260 casques bleus. D’ici à la fin mai, il Mais, lorsque la centaine de casques bleus sénégalais compte déployer d’autres contingents aux quatre coins est arrivée, mercredi 4 avril, le cœur y était. Du côté du Congo, grand comme toute l’Europe de l’Ouest. des Diambars (les « guerriers » en wolof, la langue la Au total, 1 900 casques bleus légèrement armés plus parlée au Sénégal) mais aussi du côté des Forces assureront la sécurité de 376 observateurs militaires armées congolaises (FAC), venues rendre les hon- et des installations de l’ONU. « Il n’est pas question neurs au premier contingent des Nations unies à être d’interposition entre les belligérants », répète inlassa- déployé en zone gouvernementale. blement le général Diallo. Accompagné du chef d’état- Malgré un jour de retard, quelques habitants de major de l’armée de terre des FAC, le général Luka- Kananga avaient refait à pied la dizaine de kilomè- ma, il s’est rendu à Kananga pour inspecter les sites tres jusqu’à l’aéroport. « Qu’ils soient les bienvenus ! d’installation de ses troupes. Son convoi de 4 X 4 flam- Ce sont les messagers de la paix », murmurait dans la bant neuf a traversé une ville d’un demi-million d’ha- foule Thérèse Buambavi, une quinquagénaire, digne- bitants aux façades lépreuses, sans électricité ni eau ment endimanchée. « On a toujours craint que la courante. Aux bâtisses coloniales à moitié tombées en guerre arrive jusqu’à chez nous. Maintenant on sait ruines, seuls des taudis se sont ajoutés depuis que l’ex- qu’elle est finie ». Et de raconter comment sa famille Congo belge comptait, dans les années 1950, déména- nombreuse en est arrivée au « gong unique » –un ger sa capitale de Kinshasa à Kananga, idéalement seul repas par jour – puisque l’agriculture « ne mar- situé au centre géographique du pays. Aujourd’hui, le che plus », les paysans ayant peur de se rendre aux goudron n’y relie qu’une succession de nids de poule. champs « infiltrés par les rebelles ». Certes, la ligne Dans ce secteur, c’est à partir du 12 avril que de front se situe à cent kilomètres, mais elle est mal l’ONU devra trancher, grâce à ses observateurs sur définie. Il faut donc bien du courage pour la franchir le terrain, si les gouvernementaux, d’un côté, et les pour aller chercher plus loin ce qui manque ici. rebelles soutenus par le Rwanda, de l’autre, ont bien Les casques bleus sénégalais ont été salués par un retiré leurs troupes de 15 kilomètres. « Vous allez ren- compatriote, le général Mountaga Diallo, comman- contrer des difficultés, a prévenu, mardi, le vice-gou- dant en chef de la Mission d’observation de l’ONU au verneur de la province, Aimé Bisélélé. Fermez les Congo (Monuc). Il leur a rappelé qu’après bien yeux et travaillez avec le cœur. » d’autres missions de paix, ils avaient une excellente réputation à défendre. Il les a exhortés à la vigilance, à Stephen Smith la discipline mais, aussi, au « respect des populations, de leurs us et coutumes ». Après dix longs mois d’attente, f www.lemonde.fr/rdc 6 FRANCE LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001

SOCIAL Le mot d’ordre de boycot- par quatre-vingt-dix députés de la gie de « condamnation morale » à par le gouvernement, a déjà permis déposé par la CGT, FO et le Sycopa. tage des produits Danone, lancé par majorité et des maires, mercredi l’encontre des directions de Danone de recenser plusieurs éléments cons- b UNE « PRIME de performance » les salariés des usines du groupe de 4 avril. b LIONEL JOSPIN, qui a ren- et de Marks & Spencer. b L’ENQUÊ- titutifs du délit d’entrave. Le tribu- d’un million d’euros pourrait être Ris-Orangis et de Calais, a été relayé contré une délégation des salariés TE de l’inspection du travail, diligen- nal de grande instance de Paris attribuée au PDG de M & S, selon le par la CGT et, à l’initiative d’Attac, de LU, mercredi, a choisi une straté- tée contre l’enseigne britannique devait statuer jeudi sur le référé quotidien britannique The Guardian. La gauche se mobilise contre la brutalité des licenciements Lionel Jospin a rencontré, mercredi 4 avril, une délégation des salariés de LU de l’usine de Ris-Orangis. Quatre-vingt-dix députés de la majorité, ainsi que des maires, ont signé l’appel au boycottage des produits Danone lancé par l’association Attac

LANCÉE par les salariés des usi- Cette démarche, inédite jus- solidarité avec les salariés de Dano- le ». Pressé par la gauche d’interve- tré son discours en englobant énorme », a pour sa part déclaré nes de Ris-Orangis et de Calais, qu’ici, a remporté un joli petit suc- ne menacés de licenciement, la con- nir, critiqué pour une politique qui davange le « fond » et, donc, Elisabeth Guigou, en recevant le reprise par les politiques, soute- cès si l’on en croit ses initiateurs. sommation des produits de la mar- se réduirait, selon la gauche criti- Danone. « Il n’a pas voulu mélan- matin même une délégation des nue par la CGT et le Groupe des Plus de quatre-vingt-dix députés que est suspendue jusqu’à nouvel que, à simplement « accompa- ger les deux cas où le comportement syndicats de l’enseigne. La minis- Dix, la mesure de rétorsion contre de gauche ont en effet signé l’ap- ordre dans les écoles. Il faut refuser gner » la mondialisation, le chef a été différent, mais les deux nous tre de l’emploi a de nouveau exhor- le groupe Danone s’amplifie. Boy- pel, parmi lesquels le socialiste le cynisme de cette logique de préda- du gouvernement pointe du doigt posent problème », justifie l’un de té les représentants du personnel à cottage : le mot d’ordre s’accompa- Henri Emmanuelli, président de la teur financier qui joue au Monopo- aujourd’hui la responsabilité des ses conseillers. Et ce, d’autant demander des comptes à leur gne désormais d’une image commission des finances, le secré- ly», écrit le député du Rhône, mai- entreprises « privées », adjectif mieux que la droite, par la voix de employeur. Jeudi, saisi par trois – « Licencions Danone de nos Cad- taire général du PCF Robert Hue, re de Vénissieux, André Gerin qu’il souligne à l’envi. « Ce qui Patrick Devedjian (RPR) n’a pas d’entre eux, FO, la CGT et le Syco- die ! » – et, pour être plus concret, le président du Mouvement des (PCF). Dans l’Essonne, départe- m’est resté, c’est qu’il a dit que manqué de rappeler que Danone, pa, le tribunal de grande instance de la liste des produits du groupe. citoyens Jean-Pierre Chevène- ment où est implantée l’une des Danone avait fait proprement les dirigée par la famille Riboud, avait de Paris devait statuer en référé deux usines menacées de fermetu- choses, mais que c’était inadmissi- été une « entreprise emblématique sur le recours déposé pour non-res- re, le maire de Montgeron, Gérald ble vu les bénéfices réalisés par le de la gauche »… pect des procédures d’information L’enquête de l’inspection du travail avance Hérault (PS), tout comme celui groupe. Il l’a répété : ‘‘Ce n’est pas Les élus socialistes et les mem- des salariés. Une première con- d’Evry, Manuel Valls (PS), ancien bien’’ », racontait, après la rencon- bres du gouvernement sont mon- damnation en justice accréditerait L’inspectrice du travail Hélène Steinberg, chargée par le ministère conseiller de Lionel Jospin, ont fait tre avec le premier ministre (lire tés au créneau sur le registre de la sans doute le caractère « immo- de l’emploi de mener une enquête administrative, accumule les de même. Paradoxalement, c’est ci-dessous), Christine Mouco, « condamnation morale ». « Pas ral » des restructurations annon- « preuves » quant au non-respect de la procédure d’information des donc au moment où les magasins employée depuis onze ans sur le admissible ! », a martelé Laurent cées… salariés par Marks & Spencer. Après avoir rencontré une première de Marks & Spencer connaissent site LU de Ris-Orangis, comme Fabius lors des questions d’actuali- Mme Guigou partie en congé fois les représentants du personnel et la direction de l’entreprise, elle une affluence record de clients avant elle, pendant vingt-cinq ans, té à l’Assemblée nationale. «Le pour quelques jours, M. Jospin en a ainsi reconstitué, dans une note remise à Elisabeth Guigou, le solidaires ou préoccupés de ne sa mère. gouvernement est au soutien de la déplacement au Brésil, cette ligne déroulement des événements. plus trouver bientôt leurs produits position des syndicats et des salariés de conduite ne sera pas modifiée. En réponse au droit d’alerte exercé par les syndicats, inquiets des favoris que le boycottage contre « EMBLÉMATIQUE DE LA GAUCHE» non seulement pour une question de Alors que de grosses inquiétudes rumeurs qui commençaient à se propager, la direction appelle à une Danone s’étend, avant la manifes- « J’approuve la décision de la forme mais aussi pour une question pèsent sur d’autres entreprises, réunion extraordinaire du comité d’entreprise (CE), le 27 mars. «On tation nationale prévue le 21 avril ministre de l’emploi de lancer un de fond. Nous estimons inqualifible, notamment sur le groupe aérien nous a dit qu’il n’y avait pas de sujet », affirment les syndicats. Le 28, à Calais. débat avec ces grands groupes pour inacceptable – c’est-à-dire qui ne AOM-Air Liberté Air Littoral, le un nouveau CE est convoqué pour le lendemain – « sans respect des Interrogé sur la question, lors de leur demander : “Mais ça signifie doit pas être acceptée – la décision gouvernement, frustré de ne pas délais et sans ordre du jour précis ». Le 29, à 7 h 50, dix minutes avant la rencontre « informelle » organi- quoi, ces restructurations ?” »,a de Marks & Spencer de supprimer pouvoir afficher davantage son que la Bourse ne l’apprenne, la fermeture des 38 sites européens de sée mercredi avec des représen- renchéri M. Jospin. Ce faisant, le ses installations en France », a souli- bilan sur l’emploi, tente de renver- l’enseigne, dont 18 en France, est annoncée… tants de LU, M. Jospin a prudem- premier ministre, qui s’était sur- gné le ministre de l’économie, tout ser la pression dans l’opinion publi- ment refusé d’entrer dans «le tout élevé, le 31 mars, temps con- en refusant le rétablissement de que. débat ». « Je le laisse aux organisa- tre la forme des fermetures annon- l’autorisation préalable de licencie- Aux portes du Palais-Bourbon, ment et Noël Mamère, candidat à tions syndicales », a-t-il déclaré, en cés par Marks & Spencer, a recen- ment. « Il y a un préjudice moral Isabelle Mandraud mercredi 4 avril, l’association anti- la candidature des Verts à l’élec- faisant mine de s’interroger si «ce mondialisation Attac a distribué tion présidentielle. Au même signal, ce message fort » est – « jus- un appel au boycottage signé par moment, après les maires de qu’à quel point et combien de cinq députés de la majorité mem- Calais, Nevers, Givors et Saint- temps ? » – une « bonne métho- « Nous sommes bien attentifs au fait que le chômage baisse... » bres de la coordination Attac de Denis, qui ont décidé de suspen- de ». Réservé sur le procédé, le pre- l’Assemblée nationale, Yves dre les commandes de produits mier ministre s’est bien gardé, en MARCOUSSIS (Essonne) salariés comme il l’a fait depuis plusieurs jours », a Cochet (Verts), Yann Galut (PS), Danone pour les cantines scolai- effet, de porter un jugement criti- de notre envoyée spéciale commenté M. Jospin. « Ces grands groupes prospè- Jean-Claude Lefort (PCF), Geor- res et les établissements de person- que sur une méthode qui, au fond, Rendez-vous avait été pris à midi dans une bara- res, qui prennent parfois des décisions alors que les ges Sarre (MDC) et Chantal Robin- nes âgées, de nouvelles municipali- sert sa stratégie, clairement affi- que de chantier. Au pas de course, mercredi 4 avril, taux de rentabilité de certaines branches sont bons, Rodrigo (PRG). tés ont rejoint le mouvement. «En chée, de « condamnation mora- Lionel Jospin s’y est engouffré pour « discuter ». parce qu’il s’agit de faire plus de profits, il faut que Entre averses et éclaircies, à deux pas du futur cen- cela soit limité, contrôlé », a-t-il lancé, sans exclure tre technique national de rugby de Marcoussis, d’éventuels amendements au projet de loi de dont il était venu poser la première pierre, M. Jos- modernisation sociale. L’intersyndicale du site de pin, accompagné de la ministre de la jeunesse et Danone, « réconfortée », mais déçue de ne pas avoir des sports, Marie-George Buffet, a ainsi passé une obtenu de « réponses précises », s’est cramponnée à demi-heure avec les syndicalistes de LU, dont le tout autre chose. « Il a dit qu’on ne rentre pas dans site, tout proche, de Ris-Orangis est de fermeture. A la logique du plan social », a souligné son porte- la dernière minute, des représentants d’Exel Texti- parole, Patrick Régnier (CFTC). le, fournisseur français exclusif de Marks & Spencer (178 salariés), ont été conviés à cette réunion, UNE FORTE TRADITION COMBATIVE « informelle » avait pris soin de souligner Mati- « Quand je suis entré, je ne m’attendais à pas gnon. grand-chose. Depuis que je suis sorti, je m’attends à Par crainte d’images chahutées dans les journaux encore moins », confiait, un peu plus tard, Philippe télévisés, M. Jospin n’est pas allé beaucoup au con- Aoun, le délégué de FO, premier syndicat. « Raison tact des quelque cent cinquante « LU » en blouses de plus pour se battre ! Les murs, ici, nous appartien- blanches qui l’attendaient sagement à l’extérieur. Il nent plus à nous qu’à Riboud et à ses actionnaires », a pris bonne note des « sept questions » qu’avaient ajoute ce cariste, employé ici depuis vingt-quatre soigneusement rédigées à son intention la déléga- ans et candidat de la LCR aux élections municipales tion. La numéro cinq, par exemple : « Les salariés de à Evry. Depuis une semaine, le site de Ris tourne au LU-Danone sont mobilisés pour défendre leur emploi. ralenti. Chaque jour, à tour de rôle, un atelier s’arrê- Comment comptez-vous concrètement nous aider te dans cette usine à forte tradition combative, qui dans cette démarche ? » Ou bien la septième : «Ce a connu les comités de grève en 1995. De là à pen- mode de production [basé sur le plan de restructura- ser que le site a été désigné pour cette raison en tion industriel] convient-il à la société que vous nous tête de liste des fermetures… Les syndicalistes le proposez ? » Et encore ce reproche explicite, glissé soupçonnent très fortement. Sans renoncer : le par les représentants d’Exel : « Nous sommes bien 7 avril, en fin de matinée, ils manifesteront de nou- attentifs au fait que le chômage baisse depuis votre veau en partant de la mairie d’Evry, désormais diri- arrivée à Matignon, mais jamais vous ne ferez d’un gée par Manuel Valls (PS), ancien conseiller de préparateur de commande un ingénieur du Géné- M. Jospin. thon. » « Le gouvernement continuera d’agir aux côtés des I. M. Une « prime de performance » d’un million d’euros pourrait être attribuée au PDG de Marks & Spencer LA RÉVÉLATION par le journal &S» a aussi accepté de lui attri- touché 2,5 millions de livres lors britannique The Guardian de buer des stock-options pour un du rachat de NatWest début 2000, l’éventuelle attribution à Luc Van- montant estimé à 10 millions de et prôné l’absention lors du vote develde, le PDG belge de Marks livres (plus de 15 millions d’euros). d’une prime de 10 millions de & Spencer, d’une « prime de perfor- La polémique autour de la rému- livres à Chris Gent, le patron de mance » de 650 000 livres (près nération des dirigeants n’est pas Vodafone, pour son raid réussi sur d’un million d’euros) a envenimé nouvelle outre-Manche. Les 2 mil- l’allemand Mannesmann – dont la polémique autour de la fermetu- lions de livres empochés par John l’ancien patron Klaus Esser fait re des trente-huit magasins euro- Bryant et Fokko van Duyne, les l’objet d’une plainte en Allemagne péens. Votée par le comité de deux co-dirigeants du sidérurgiste contre son indemnité de départ de rémunération du groupe, cette pri- anglo-néerlandais Corus (ex-Bri- 59 millions de deutschemarks me, liée à « la réalisation de cer- tish Steel), lors de leur démission, (près de 30 millions d’euros). tains objectifs stratégiques et quali- en décembre 2000, après l’annon- En France, depuis l’« affaire Jaf- tatifs », devait être versée après ce de pertes d’un milliard de livres fré », du nom de l’ex-PDG d’Elf, treize mois de présence. Or, le et d’un plan de 6 000 suppressions les actionnaires sont devenus plus plan de restructuration a été d’emplois, avaient déjà fait scan- vigilants. Certains n’hésitent plus à annoncé précisément au treizième dale. saisir les tribunaux. Les anciens Le dernier roman inédit mois du mandat de M. Van- co-présidents d’Eurotunnel, André develde… NON-RENOUVELLEMENT Bénard et Alastair Morton, et l’ac- Le fait que ce plan vise ouverte- La NAPF, association des tuel Patrick Ponsolle, démissionnai- de Frédéric Dard ment à « rendre 2 milliards de gérants de fonds de pension britan- re, ont été mis en examen, en livres aux actionnaires d’ici à la fin niques, dont les membres gèrent mai 2000, pour abus de biens Publié en quatre épisodes chaque vendredi mars 2002 » (Le Monde du un quart des fonds de la Bourse de sociaux du fait d’un niveau de 31 mars) ne devrait pas empêcher Londres, mène campagne contre rémunération « jugé exorbitant par 0123 certains actionnaires de protester les primes qu’elle juge abusive- rapport aux résultats de l’entre- avec daté samedi contre cette prime, qui représente ment élevées. Elle a ainsi appelé, prise ». environ un an de salaire supplé- fin mars, à voter contre le renou- A PARTIR DU VENDREDI 6 AVRIL mentaire pour le PDG. D’autant, vellement de deux dirigeants de la Adrien de Tricornot souligne The Guardian, que « M Royal Bank of Scotland, qui ont et Pascal Galinier FRANCE LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001 / 7 Les agents de l’ANPE s’estiment démunis pour accompagner la recherche d’emploi Les huit syndicats de l’Agence appelaient à faire grève, jeudi 5 avril L’activité économique et les créations d’emplois (ANPE). Celle-ci est au contraire sollicitée par les du plan d’aide au retour à l’emploi (PARE) va aus- qu’elle entraîne ne réduisent pas la charge de tra- demandeurs d’emploi, chômeurs ou en fin de si alourdir la tâche des vingt mille agents, appe- vail de l’Agence nationale pour l’emploi contrat à durée déterminée. La mise en œuvre lés par leurs syndicats à la grève, jeudi 5 avril.

LA BAISSE du taux de chômage les horaires d’ouverture, les con- re un agent, qui supervise notam- et ses voisins, indique la direction ne réduit pas – au contraire ! – la tractuels de l’ANPE redoutent la ment les sociétés extérieures de l’Agence, qui rappelle que cha- charge de travail des 850 centres de dégradation de leurs conditions de payées 4 500 francs pour assurer cun de ses agents s’occupait, en l’Agence nationale pour l’emploi travail, jugée inévitable si la RTT se sept contacts en trois mois à un 1996, de 189 chômeurs en moyen- (ANPE). Or le climat social n’est fait « à effectifs constants », comme chômeur longue durée. « Pour ne, contre 133 en Allemagne ou pas bon dans cet établissement le souhaite la direction. Cet objectif l’Agence, c’est plus facile à gérer, et 58 en Suède. L’activité économique public administratif en sous-effec- leur semble d’autant plus difficile à ça évite de créer des emplois ! », a en effet pour conséquence que tif chronique dont les accepter que leur charge de travail détaille le jeune agent. « le flux des inscriptions reste stable 20 000 agents étaient appelés à fai- n’a cessé d’augmenter au cours des Les 35 heures « ne sont qu’un pré- à 5 millions par an ». Les salariés re grève et à manifester, jeudi texte dont se saisissent les agents ont le sentiment de gérer, « comme L’embarras du premier ministre entre 5 avril, pour protester contre les pour montrer leur mécontente- des gendarmes au milieu de la circu- conditions de mise en œuvre de la « On fait déjà tout ment », analyse le directeur d’une lation », précise l’un d’eux, la nou- réduction du temps de travail agence du Nord-Pas-de-Calais. velle réalité du marché du travail. plans sociaux et politique économique (RTT). dans l’urgence, « Le personnel subit depuis des « L’ANPE s’occupe maintenant Cette grève n’a « rien d’idéologi- années la pression des sous-effectifs d’une partie du salariat qui se retrou- IL Y A le verbe, la gesticulation et « de modernisation sociale », qui que », explique Noël Daucé, res- on sous-traite et des postes vacants qui tardent à ve régulièrement au chômage avec la la réalité. Au lendemain de l’annon- était une réponse à ses propos ponsable du SNU-ANPE, l’un des être pourvus », ajoute-t-il, alors que multiplication des contrats à durée ce de plans sociaux chez Danone et désastreux sur l’impuissance de huit syndicats qui ont appelé à la au maximum », l’ANPE se prépare à mettre en déterminée, du travail à temps par- Marks & Spencer, le premier minis- l’Etat face aux vagues de licencie- grève. Il s’agit de défendre la œuvre au 1er juillet le plan d’aide au tiel ou de l’intérim », explique un tre a mobilisé les ressources des ments, n’a toujours pas achevé un « reconnaissance professionnelle » déplore un employé retour à l’emploi (PARE), qui pré- conseiller de Seine-Saint-Denis, qui marathon parlementaire entamé il du personnel de l’ANPE, préci- voit des mesures personnalisées à chiffre à 4 millions le nombre de ANALYSE y a un an. Pas plus que le projet de se-t-il, en refusant la mise en cause destination de l’ensemble des demandeurs d’emploi, toutes caté- loi sur les « nouvelles régulations d’avantages acquis, en l’occurrence dernières années avec la mise en demandeurs d’emploi. Un millier gories confondues. Dans ces condi- Lionel Jospin a fait économiques », qui doit mettre un sept jours de congé, accordés aux place, en 1998, de l’accompagne- d’agents, en formation, viendront tions, le suivi individualisé, le traite- le choix d’une peu d’ordre dans les règles du mar- agents depuis 1968 en contrepartie ment personnalisé des chômeurs alors renforcer les équipes, après ment « sur mesure », que le PARE économie ouverte ché et renforcer à la marge les de l’absence d’augmentation sala- de longue durée, ou encore par l’ap- les 1 400 personnes recrutées dans a pour objet d’accorder à tous les et souvent cruelle droits des salariés (notamment en riale et que la direction entend parition des chartes de qualité sur le cadre du contrat de progrès chômeurs, « demandent des moyens cas d’OPA). On n’a pas senti une déduire des vingt-trois jours supplé- l’accueil, l’information ou l’orienta- 1999-2003. que l’on n’a pas », estime un con- véritable volonté d’aboutir sur ces mentaires attribués dans le cadre tion des demandeurs d’emploi. Ces augmentations d’effectifs seiller de Seine-Saint-Denis. mots, de l’émotion et des effets deux textes. de la RTT. « On fait déjà tout dans l’urgence, « n’ont pas permis de rattraper les d’annonce pour conjurer une Car au-delà de l’émotion il y a l’en- Avec la crainte de voir s’allonger on sous-traite au maximum », déplo- écarts » enregistrés entre la France Alexandre Garcia embarrassante réalité et préserver vironnement économique, qui inci- ce qu’il lui reste de son crédit d’hom- te sans doute M. Jospin à la pruden- me de gauche dans une partie de ce. Peut-il engager un nouveau bras l’électorat populaire. Le « syndro- de fer avec le patronat alors qu’à la me Michelin » est passé par là : on fin de l’année les entreprises ne reprendra plus Lionel Jospin à devront passer en même temps aux déclarer qu’« il ne faut pas tout atten- 35 heures (pour les PME) et à l’euro dre de l’Etat » et que « ce n’est pas dans un contexte de ralentissement par la loi qu’on va réguler l’écono- économique ? Peut-il se montrer mie », comme il l’avait fait lors de trop interventionniste en matière l’annonce simultanée par la firme sociale quand les dernières données clermontoise, en septembre 1999, de la Délégation à l’aménagement de gros profits et de 7 500 suppres- du territoire et à l’action régionale sions d’emplois. Même si, au fond, il (DATAR) indiquent que la France reste persuadé que le gouverne- reste une terre d’accueil prisée des ment n’a pas toutes les cartes en investissements extérieurs (30 % main. des emplois en France) contredi- A l’issue du séminaire gouverne- sant au passage ceux qui assurent mental réuni samedi 31 mars à que le droit social et les 35 heures Paris, M. Jospin s’est donc posé en ont un effet repoussoir sur les défenseur d’un « prolétariat » et patrons étrangers ? d’une « classe ouvrière » victimes de la « brutalité » de ces deux entrepri- UN PACTE UN PEU HONTEUX ses. Et particulièrement de la gran- Et puis M. Jospin a fait le choix de enseigne britannique, qui s’est d’une économie ouverte, compétiti- montrée peu regardante sur les ve et souvent cruelle. Ce pacte un moyens de se débarrasser de sala- peu honteux avec le marché lie riés au nom de la sacro-sainte share- davantage M. Jospin que les engage- holder value, cette règle de la recher- ments pris vis-à-vis de ses partenai- che du profit maximal pour les res de la gauche plurielle, même si actionnaires. Le recours à ce vieux son discours semble toujours don- fonds de vocabulaire marxiste, ner la primauté au politique sur même assorti de précautions oratoi- l’économique. Il lui interdit, en tout res, n’a guère trompé ses partenai- cas, d’instituer un « moratoire » sur res communistes et Verts, qui récla- les licenciements, comme l’a, une ment « des actes plutôt que des nouvelle fois, réclamé le Parti com- mots ». muniste dès l’annonce des plans Ces mots ne sont que la première sociaux chez Danone et Marks forme d’une gesticulation qui s’est & Spencer. « On ne va pas faire la poursuivie avec la rencontre « infor- politique que demande le PC alors melle » organisée, mercredi 4 avril, qu’il baisse », confiait sans aménité avec des représentants des salariés Laurent Fabius, il y a quelques jours, de Danone lors d’un déplacement quand Robert Hue commençait à du premier ministre dans l’Essonne. réclamer un « coup de barre à gau- La ministre de l’emploi, Elisabeth che ». Guigou, avait convoqué des préfets Dans cette affaire, le premier des départements d’implantation ministre est contraint de naviguer des établissements Danone con- entre émotion et raison, condamna- damnés à la fermeture (Essonne et tion politique et pragmatisme écono- Pas-de-Calais) et saisi la justice mique. Les licenciements sont repar- pour « délit d’entrave » au comité tis à la hausse en février, et il risque d’entreprise dans le cas de l’entrepri- de devoir encore barrer serré si se britannique. Mercredi, elle d’autres plans sociaux sont annon- annonçait son intention de télépho- cés ou confirmés dans les prochains ner à l’ambassadeur de Grande-Bre- mois (Moulinex, AOM-Air Liberté, tagne en France pour lui faire part, Bull, Usinor, Giat Industries, équipe- en toute diplomatie, de son mécon- mentiers automobiles…). Il pourra tentement à un homme qui n’en toujours dire que la plupart d’entre peut mais. eux se justifient par une situation dif- ficile et parfois catastrophique de MANQUE DE VOLONTÉ l’entreprise et rappeler que le solde Le gouvernement est condamné créations-destructions d’emplois est à exiger le respect de l’« ordre très positif depuis son arrivée à Mati- public social » inscrit dans le code gnon. du travail, et c’est bien le moins que Il n’aura pas de mal, non plus, à les « Danone » et les « Marks montrer que, de tous ses homolo- & Spencer », comme les « Miche- gues européens, c’est lui qui mène lin » naguère, attendent de lui. Pour « la politique la plus à gau- autant, il limite son action à de la che » – 35 heures, emplois-jeunes, « régulation judiciaire » et à un couverture maladie universelle, com- « simple accompagnement de la mon- me il le répète volontiers – et qu’il dialisation libérale », selon les mots n’y a pas photo avec Tony Blair et acerbes de Jean-Pierre Chevène- Gerhard Schröder. De toutes les poli- ment, président du Mouvement des tiques menées aujourd’hui en Euro- citoyens (MDC), alors que sa gau- pe, la sienne est sans doute celle qui che le presse de faire de la politique. garde le plus de distance avec le cre- Comment ? En durcissant la législa- do libéral. Celle qui fait encore une tion, voire en interdisant toute sup- part belle au service public, comme pression d’emplois aux entreprises en témoigne la volonté de M. Jospin distribuant de gros dividendes. de lâcher du lest aux cheminots en Sans aller jusqu’à réintroduire grève. C’est une maigre consolation l’autorisation administrative de pour ceux qui sont déjà montés licenciement, supprimée par la droi- dans la charrette des licenciements. te en 1986, M. Jospin s’y est essayé. Timidement. Car le projet de loi Jean-Michel Bezat 8 / LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001 FRANCE

Les partisans de l’union de l’opposition Rencontre sous tension se donnent rendez-vous en province entre le Parti socialiste et les Verts Lors de la convention d’Alternance 2002, rebaptisée Les deux partis commencent à préparer les législatives dans la mésentente « l’Union en mouvement », Alain Juppé a averti que les prochaines étapes Des délégations du Parti socialiste et des Verts devai- revendications formulées par les Verts après leurs bons ent se rencontrer, jeudi 5 avril, pour commencer à pré- résultats aux élections municipales et aux cantonales, pour rassembler la droite seront « plus difficiles » parer les échéances de 2002. Le PS juge exagérées les et brandissent la menace de la division de la majorité.

« ALTERNANCE 2002, cela va reuse » d’être là. « Nous en avons M. Juppé est en fait convaincu « SOUVENEZ-VOUS de ce qui peu plus le climat. « Il n’y a pas de mettant en avant l’objectif de être aussi brillant que la dissolu- assez de voir des querelles stériles, qu’il faut passer par la province s’est passé en Italie lorsqu’ils ont lais- podium dans la gauche plurielle », « voir comment on travaille sur le tion », ironisait Jean-Louis Borloo, des ambitions personnelles suicidai- pour faire avancer l’union de l’op- sé se défaire l’Olivier. » Lionel Jos- répète M. Hollande, pour qui c’est programme et de commencer le porte-parole de l’UDF, dans un res, des divisions sclérosantes »,a position. Ce sentiment est partagé pin ne cesse d’agiter le contre- « toute la gauche plurielle » qui débroussaillage pour les législati- entretien publié, mercredi 4 avril, déclaré la présidente du RPR, par M. Gaudin, qui s’inquiète des exemple italien, où les divisions doit gagner les élections de 2002. ves ». En début de rencontre, l’ex- dans La Croix. « Les absents auront selon laquelle « l’union de l’opposi- freins mis par les états-majors des ont fait éclater la coalition au pou- Jeudi, le PS va marteler son refus plication sur les municipales, à tort », répliquait le RPR François tion est un combat quotidien ». partis, comme par M. Fillon, qui voir, pour mieux conjurer les de discuter de circonscriptions laquelle prendra part Bruno Le Fillon, sur . De fait, à l’ex- Quelques-uns des nouveaux vient précisément de quitter la menaces qui pèsent sur la majorité réservées pour 2002 avant d’avoir Roux, chargé des élections au PS et ception de François Bayrou et élus de la « vague bleue », Fabien- direction du RPR. « Notre force est plurielle après les élections munici- préalablement engagé une battu à Epinay par le maintien des d’Alain Madelin, hostiles à ce ne Keller, maire de Strasbourg, ou en province, là où le dialogue est, pales. A la veille de la rencontre, réflexion programmatique commu- Verts, risque d’être aussi franche regroupement de l’opposition, à Nicolas Perruchot, maire de Blois, semble-t-il, plus clair et plus net »,a jeudi 5 avril, entre le Parti socialis- ne. D’abord le projet, ensuite les que rude. « Je vais quand même gen- l’exception aussi de Christian Pon- tous deux UDF, avaient toutefois affirmé le président du conseil te et les Verts, le premier ministre places. Ce n’est que dans une timent dire au PS que, sur les soixan- celet, d’Edouard Balladur et de choisi de se tenir sur la réserve. régional des Pays de la Loire, a multiplié les avertissements à sa seconde étape que le PS négocie- te-sept villes qu’il nous avait propo- Philippe Séguin, boudeur, il y a eu Bien qu’il ait enlevé la mairie avant d’annoncer la réunion de majorité, allant même jusqu’à pré- ra, avec toute la majorité, les cir- sées, il n’y en a que sept de gagnées, beaucoup, beaucoup de monde à d’Evreux au Parti communiste, prochaines conventions décentrali- venir qu’il peut « très bien ne pas conscriptions. Cela suppose des dont quatre par des Verts », ajoute la « convention du renouveau » Jean-Louis Debré a été carrément sées à Toulouse, chez Philippe être candidat » à l’élection prési- règles de « loyauté ». « Il ne peut M. Bennahmias. Mais sa vraie organisée, mercredi, à la Mutualité oublié. Il est vrai que l’ancien Douste-Blazy, à Bordeaux, Mar- dentielle. Les mises en garde être question d’attribuer des circons- obsession, c’est le groupe parle- (Le Monde du 5 avril). ministre ne cache pas ses réticen- seille et Nantes. La veille, en effet, visent surtout les Verts. La déclara- criptions à des partenaires, a préve- mentaire : « Notre intérêt c’est d’en Une heure avant le début de la ces vis-à-vis de la méthode suivie. les groupes parlementaires avaient tion de Dominique Voynet, affir- nu M. Hollande le 27 mars, sans avoir un, trente députés, tout doit se réunion, trois cars arrivaient de fait la démonstration de leur inca- mant devant son conseil national, être sûrs de la manière avec laquelle jouer là-dessus », dit-il. l’Aisne, le département de Renaud « ÇA VA TROP VITE » pacité à s’unir. Cet épisode a été le 1er avril, que son parti avait ils appelleront à voter pour nous au Le problème est que les Verts ne Dutreil, président d’Alternance La publication d’un avant-pro- passé par pertes et profits. «On « vocation à être majoritaire »,a second tour des élections législati- sont pas tous d’accord sur ce qu’il 2002. Alain Juppé délaissait la pla- gramme détaillé a suscité, en effet, n’a pas avancé », regrettait seule- été particulièrement peu goûtée, ves ». Le PS souligne aussi que si le convient de faire de leur victoire. ce qui lui était réservée pour aller l’exaspération de quelques parle- ment Bernard Deflesselles, député François Hollande comparant iro- calendrier électoral de 2002 est « Lionel Jospin ne représente plus le rejoindre au balcon une soixantai- mentaires, s’estimant mis devant des Bouches-du-Rhône, qui était niquement cette ambition à celle « rétabli », malgré le vote hostile centre de gravité de la gauche plu- ne de Bordelais. « Aujourd’hui, le fait accompli. « Ça va trop vite », favorable, comme la majorité de de Génération écologie qui, en des Verts, la majorité ne peut se rielle, alors qu’il en était le point c’est jour de fête », se réjouissait estime ainsi Renaud Muselier, ses collègues du groupe DL, à la 1992, voulait « enterrer le vieux déchirer à la présidentielle et pré- d’équilibre », analyse Stéphane l’ancien premier ministre. L’ancien député (RPR) des Bouches-du- constitution d’un groupe unique. PS ». tendre se retrouver unie aux légis- Pocrain. Pour Noël Mamère, «il président de l’UDF, François Léo- Rhône. Le retour, via Alternance Dans ce contexte, peu de déci- Les retrouvailles post-municipa- latives… n’y a pas de proportionnelle, pas de tard, affichait la même satisfac- 2002, de quelques anciens minis- sions concrètes sont sorties de la les s’annoncent donc tendues. «Si ministre supplémentaire en vue, pas tion : « A sa manière, cette conven- tres qui n’ont plus leur place dans convention. Les principes d’organi- les Verts veulent nous faire perdre GROUPE PARLEMENTAIRE de changement de cap sur la politi- tion est un petit Epinay. Et sans les leurs partis respectifs, au premier sation, parmi lesquels la non-ingé- les élections législatives de 2002, Jean-Luc Bennahmias réplique que menée. La seule issue, c’est de états-majors, ce qui est un gage de rang desquels M. Juppé, provoque rence dans l’élection présidentiel- qu’ils le disent, mais ils n’auront pas qu’il a bien entendu les rappels au montrer notre différence ». Procla- succès. » aussi inquiétude et suspicion. Le le, ont simplement été ratifiés à un seul député ! », entend-on rue règlement de la gauche plurielle de mant sa fidélité à la gauche pluriel- Devant quelque mille cinq cents maire de Bordeaux s’applique l’unanimité, et le collège des vingt- de Solférino. « La gauche plurielle M. Jospin. Le secrétaire national le, le candidat putatif des Verts à la participants et pendant plus de pourtant à n’être qu’« un militant quatre fondateurs reconnu com- n’est pas une mangeoire individuel- des Verts a jaugé la montée de la présidentielle défend une stratégie quatre heures, près de quarante comme un autre ». « Je n’ai rien ins- me la direction provisoire de la le », dit-on encore. Au lendemain tension au nombre de membres de d’autonomie pour les législatives : nouveaux élus RPR, UDF et DL piré du tout », s’est-il défendu nouvelle organisation jusqu’à la des municipales, le PS tirait du la délégation socialiste – une dizai- « Le principe c’est les primaires, l’ex- ont célébré, en effet, les vertus de devant la presse. Toutefois, alors prochaine convention, prévue à déclin confirmé du PCF et de la ne – alors que lui-même ne devrait ception, ce sont les accords, notam- « l’union »,dela« proximité »,du qu’il hésitait à s’exprimer dans la l’automne. Par 447 voix contre bonne tenue des Verts la conclu- être accompagné que des quatre ment sur les sortants ». Quant à « terra in ». « La machine à gagner, salle, l’ancien premier a finale- 425 à l’Union en marche et 252 au sion qu’il fallait, selon la formule porte-parole des Verts et, peut- Mme Aubert, elle observe que la c’est l’union, le mécanicien de la ment lancé cet avertissement : Mouvement de l’union, les partici- de Jean-Christophe Cambadélis, être, de Marie-Hélène Aubert, déclaration du sommet de la gau- machine, c’est Alternance 2002 »,a « Rien n’est gagné. Aujourd’hui, pants ont enfin choisi de rebapti- « revaloriser les Verts sans dévalori- députée d’Eure-et-Loir. Optimiste, che plurielle du 7 novembre 2000 affirmé le M. Loyal de la rencon- nous avons franchi une étape, mais ser Alternance 2002 l’Union en ser le PC ». Mais les récents hausse- M. Bennahmias estime que «le s’est réduite à « un chiffon de tre, Jean-Claude Gaudin (DL), mai- tous les obstacles n’ont pas disparu. mouvement. ments de ton des Verts ont fait soufflé va très vite redescendre, puis- papier ». re de Marseille. Seul chef de parti Les prochaines haies seront plus dif- renaître les critiques sur leur man- que les deux partis sont condamnés présent, Michèle Alliot-Marie est ficiles à franchir. Il faut maintenir la Jean-Baptiste de Montvalon que de « cohérence ». Les tensions à s’entendre ». « Le PS a beaucoup Béatrice Gurrey venue dire combien elle était « heu- pression ». et Jean-Louis Saux parisiennes ont empoisonné un à perdre, pas nous », assure-t-il, en et Michel Noblecourt FRANCE LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001 / 9

Dominique Strauss-Kahn a été interrogé par le juge Le projet de loi sur la Corse qui enquête sur la cassette de Jean-Claude Méry sera examiné par l’Assemblée L’ancien ministre affirme que, même s’il l’avait regardée, il n’aurait pas remis la bande à la justice nationale à partir du 2 mai Le juge d’instruction parisien Marc Brisset-Fou- ge de Jean-Claude Méry, avant sa mort, en 1999, té », l’ancien ministre, élu député (PS) du Val- cault, chargé de l’enquête sur les conditions a interrogé Dominique Strauss-Kahn, mercredi d’Oise, n’a pas été mis en examen. Il a répété dans lesquelles avait été enregistré le témoigna- 4 avril. Convoqué en qualité de « témoin assis- n’avoir pas visionné la cassette et l’avoir égarée. François Fillon sera l’orateur du groupe RPR

L’ANCIEN ministre de l’écono- tembre 2000, l’ancien ministre a son ancien associé, Allain Guilloux, cassette à la justice. « La première LES TEMPS changent. « Je vois républicains de progrès pourront se mie et des finances Dominique maintenu qu’il ne l’avait « pas qui avait détenu une copie de la raison est politique, a-t-il dit. La remi- que je n’attire pas la foule des dépu- retrouver. » Le rapporteur, Bruno Strauss-Kahn a fait une nouvelle visionnée ». « Si je l’avais regardée, bande ; tous deux ont été mis en se par moi de la cassette au procu- tés », a constaté, dépité, Jean le Roux, devrait amender l’article 7 visite, mercredi matin 4 avril, au je n’aurais pas eu besoin d’appeler examen, de même que le journa- reur aurait entraîné un scandale poli- Baggioni en découvrant la petite en s’inspirant de la loi de 1996 sur pôle financier du tribunal de Paris. M. Belot [après la publication de la liste Arnaud Hamelin, qui avait fil- tique majeur et risqué de porter dizaine de parlementaires qui la Polynésie. Dans un entretien à Déjà poursuivi dans un volet de cassette] pour lui demander si mé M. Méry (Le Monde du 19 octo- atteinte à la dignité de la fonction du étaient présents, mercredi 4 avril, France-Soir (30 mars), M. Talamo- l’enquête sur l’ex-Mutuelle nationa- c’était la même que celle que bre 2000). président de la République. Dans un pour l’entendre, lui et les prési- ni expliquait : « Nous pensons que le des étudiants de France (MNEF) publiait Le Monde », a-t-il assuré. Il régime de cohabitation, quand on est dents de conseils généraux, devant le gouvernement aurait dû se conten- ainsi que dans l’affaire Elf, le nou- s’est souvenu que M. Belot, qu’il « RÉGIME DE COHABITATION » ministre, on ne peut pas attaquer le la commission des lois. « Ce désinté- ter de reprendre la rédaction qui a veau député (PS) du Val-d’Oise a avait rencontré le lendemain au M. Strauss-Kahn a expliqué au président. La deuxième raison est rêt me choque. Ah ! si quelqu’un été retenue pour la langue tahitien- été interrogé, durant quatre heu- conseil régional d’Ile-de-France, juge n’avoir pas soupçonné que son morale, car la dénonciation de faits avait posé une bombe, il y en aurait, ne. Celle-là fait l’objet d’une jurispru- res, par le juge d’instruction Marc s’était montré « inquiet » d’une ancien collaborateur, spécialisé dont je n’ai pas été témoin, dans un du monde ! », s’est indigné le prési- dence favorable du Conseil constitu- Brisset-Foucault, chargé de l’infor- éventuelle convocation par la poli- dans les procédures fiscales, aurait but qui pourrait apparaître person- dent (RPR) du conseil exécutif de tionnel et n’encourt donc pas beau- mation judiciaire sur les conditions ce. M. Strauss-Kahn dit l’avoir ras- pu détenir la cassette dans le cadre nel, fût-il politique, me révulse. » Corse, avant de dénoncer « l’océan coup de risques. » Le leader natio- dans lesquelles le témoignage suré en lui indiquant qu’il ne voyait de ses activités d’avocat. Il a par Enfin, M. Strauss-Kahn s’est expli- qui existe désormais entre les naliste proposait donc de suppri- enregistré de Jean-Claude Méry, « pas pourquoi » il serait convoqué. ailleurs précisé n’avoir appris que qué sur le conditions dans lesquel- accords de Matignon et la loi » sur mer « la petite phrase [« sauf avis financier occulte du RPR, avait été M. Strauss-Kahn a contesté avoir plus tard que M. Belot était le les l’administration fiscale avait con- la Corse, et des « transferts de com- contraire des parents »] que le gou- recueilli, conservé puis rendu eu conscience d’« une violation du conseil de Jean-Claude Méry. senti au couturier Karl Lagerfeld, en pétences en trompe-l’œil »,enrai- vernement a voulu rajouter (…), public. Convoqué en qualité de secret professionnel » lors de la remi- L’ancien ministre a par ailleurs 1990, une remise sur le redresse- son des résistances des administra- sans doute pour rassurer les oppo- « témoin assisté », M. Strauss-Kahn se de la cassette par M. Belot. Cette affirmé que même s’il avait eu con- ment qui lui était infligé, de 83 à 41 tions. Il n’y avait pas foule non sants à un enseignement généralisé n’a pas été mis en examen au terme qualification a été retenue par le naissance du contenu de l’enregis- millions de francs. « J’avais deman- plus, la semaine précédente, pour de la langue corse, et que nous n’avi- de son audition. juge à l’encontre de ce dernier et de trement, il n’aurait « pas donné » la dé à mes services de rechercher une venir écouter Jean-Guy Talamoni ons pas souhaitée ». L’enquête avait été ouverte, le solution qui ne serait pas contesta- et Paul Quastana, leaders de Cor- Dernière inconnue : l’attitude de 26 septembre 2000, des chefs de ble », a-t-il indiqué, précisant avoir sica Nazione. Et personne pour la droite. Le RPR se contentera-t-il « soustraction de document et trafic Pas de conflit d’intérêts pour Jérôme Monod suivi l’avis donné par la direction s’indigner de leur présence salle d’« attendre Godot », comme on d’influence » contre M. Strauss- générale des impôts sur ce dossier Lamartine, à l’Assemblée nationa- dit à Matignon, c’est-à-dire l’avis Kahn « et tous autres » – selon les Le Conseil d’Etat ne remet pas en cause la nomination de Jérôme et assurant que les mentions appo- le, comme cela avait été le cas, en du Conseil constitutionnel, après termes du réquisitoire introductif Monod auprès du président de la République. Il a rejeté, mercredi sées par lui sur certaines notes inter- décembre 1999, lorsqu’ils avaient s’être réjoui, derrière Jacques Chi- du parquet. Peu après la révélation 4 avril, le recours présenté par l’écologiste Raymond Avrillier, nes étaient conformes au « modè- été reçus à Matignon. rac, des critiques du Conseil de la fameuse cassette et de son conseiller municipal de Grenoble, contre la nomination, le 1er juin le » qui lui avait été présenté par d’Etat ? Mardi, le groupe RPR a contenu – dans Le Monde des 22 et 2000, de M. Monod comme conseiller du président de la République. ses services fiscaux. L’enquête mon- LUXE DE PRÉCAUTIONS décidé que le président de la 23 septembre 2000 –, l’ancien avo- M. Avrillier, « tombeur » il y a quelques années de l’ancien maire tre par ailleurs qu’avant M. Strauss- L’agitation qui avait secoué la région Pays de la Loire, François cat fiscaliste de Jean-Claude Méry, RPR de la ville, Alain Carignon, estimait qu’il y avait conflit entre Kahn, Alain Lamassoure (UDF) France, au cœur de l’été 2000, Fillon, qui n’a jamais caché son Alain Belot, avait indiqué avoir l’intérêt public de M. Monod en tant que conseiller du chef de l’Etat avait lui-même ramené la dette fis- après la signature des « accords de opposition au projet de loi, serait remis, le 6 avril 1999, l’original de et ses intérêts privés en tant que président d’honneur du conseil de cale de M. Lagerfeld de 60 à 10 mil- Matignon » et avant la démission l’orateur du groupe, et l’a chargé l’enregistrement à M. Strauss- surveillance de Suez-Lyonnaise des Eaux. Le Conseil d’Etat a jugé lions de francs, après avoir reçu une de Jean-Pierre Chevènement, sem- de « faire l’union de l’opposition ». Kahn, dont il avait été le collabora- que rien, dans la situation et les différentes fonctions exercées par lettre d’intervention de Bernadette ble bien loin. Mais luxe de précau- Pas étonnant que M. Baggioni – teur. Confirmant avoir « accepté » M. Avrillier, ne donnait à celui-ci qualité pour demander l’annula- Chirac, l’épouse du chef de l’Etat. tions ne saurait nuire. Le projet de qui n’a jamais été reçu par le cette cassette, ainsi qu’il l’avait déjà tion de la nomination de M. Monod. Il a condamné le requérant à loi sur la Corse sera examiné entre bureau du RPR – se soit senti bien déclaré aux enquêteurs le 25 sep- payer la somme de 10 000 francs à M. Monod. Hervé Gattegno les deux « ponts » du mois de mai seul. Comme le disait Robert Pan- (les 2 et 3 et, si nécessaire, les 8 et draud en s’éclipsant de l’audition 9 mai). Mardi, Daniel Vaillant était de son confrère RPR corse : «On auditionné par le groupe socialiste. n’est pas sortis de la bergerie. Il y Jean Tiberi se porte garant du président de la République Le président de la commission des aura peut-être un consensus sur les lois, Bernard Roman, a de nouveau pensées, mais aucun sur les arrière- L’AIR ABSORBÉ, pendant la séance de ques- du RPR, Patrick Devedjian. Témoin de morali- re Chevènement (MDC, Belfort) temporisait : rassuré les députés socialistes, pensées. » tions à l’Assemblée nationale, mercredi 4 avril, té, Jean Tiberi, député de Paris toujours inscrit « C’est au chef de l’Etat de juger ce qu’il doit fai- inquiets que l’offre généralisée de Jean-Louis Debré (RPR, Eure) lisait et relisait au groupe RPR, déclarait en marge de la con- re au mieux de ses intérêts. Je suis pour la sépara- la langue corse ne ressemble à une Ariane Chemin Le Monde. L’article consacré au témoignage de vention d’Alternance 2002, à la Mutualité : tion des pouvoirs. Le moment venu, les citoyens obligation : « Nous trouverons une l’ancien directeur général adjoint de l’OPAC « Je connais assez le président pour savoir qu’il jugeront. » Député de la Nièvre, Gaëtan Gorce formulation dans laquelle tous les f www.lemonde.fr/corse de Paris, François Ciolina, désignant l’ancien n’est pas mêlé à cette affaire. » (PS) reprenait la formule de Vincent Peillon maire de Paris, Jacques Chirac, comme ayant A gauche, chacun retrouve ses postures habi- (PS, Somme) dénonçant « un déni de justice ». été l’inspirateur et le bénéficiaire principal tuelles : les Verts s’emballent, et le reste de la Invité de France-Inter, le président de d’un « système » de fraude sur les marchés majorité fait des contorsions. Montrant la l’UDF, François Bayrou, a dit qu’il ne critique- Les députés adoptent publics, destiné à « financer le RPR » (Le Mon- « une » du Monde, dans les couloirs du Palais- ra «enrien»le chef de l’Etat dans cette affai- de du 5 avril), retenait toute l’attention du pré- Bourbon, Noël Mamère (Verts, Gironde) s’est re. Interrogé sur la démarche d’Arnaud Monte- sident du groupe RPR. exclamé : « Il ne faut pas prendre les Français bourg (PS, Saône-et-Loire), qui cherche les le nouveau statut de Mayotte Quelques minutes plus tard, alors qu’elle pré- pour des imbéciles, monsieur le président ! » signatures de députés pour mettre en accusa- sentait à la presse la nouvelle équipe dirigean- Pour le maire de Bègles, candidat à la candida- tion M. Chirac devant la Haute Cour, M. Bay- L’ASSEMBLÉE NATIONALE a adopté en première lecture, mercredi te du RPR, Michèle Alliot-Marie faisait mine ture des Verts pour la présidentielle, ces infor- rou a déclaré que signer serait de sa part « une 4 avril, le projet de loi qui vise à transformer la collectivité territoriale de de ne pas être au courant. Soulignant qu’il est mations sont « la preuve que M. Chirac, en tant manœuvre blessante, offensante, inutile ». Mayotte en une « collectivité départementale ». Traduction de l’accord « très facile d’accuser quelqu’un qui est en vue que maire de Paris, a beaucoup de choses à se A la veille des vacances parlementaires, de Paris de janvier 2000 sur l’avenir de Mayotte, approuvé en juillet par de n’importe quoi », rappelant que d’autres reprocher » et qu’il « ne pourra pas tenir long- M. Montebourg est « serein ». Le 3 avril, dans 73 % des Mahorais, ce texte prévoit de rapprocher les institutions de « accusations » ont été « formulées et lancées temps cette posture de refus » d’être entendu l’hémicycle, il a reçu des « mots de soutien » et cette île musulmane de l’archipel des Comores, dans l’océan Indien, de via le réseau médiatique » avant d’être « jugées comme témoin par le juge Halphen. « deux nouvelles signatures ». Suite à la ren- celles de la métropole. Tous les groupes ont apporté leur soutien au tex- sans fondement », la présidente du RPR a con- A quelques pas, Yves Cochet (Verts, Val- trée, le 17 avril. te. Seul le député UDF de Mayotte, Henry Jean-Baptiste, s’est abstenu, clu : « Je pense qu’il s’agit sans doute du même d’Oise) assurait que le témoignage de M. Cioli- regrettant que le « cap de la départementalisation » ne soit pas plus claire- genre de procédé. » Circulez, y’a rien à voir ! na « justifie la procédure judiciaire du juge Eric Elie Barth et Clarisse Fabre ment affirmé. « Toutes les options sont laissées ouvertes », a répondu le « Ce qui est frappant, c’est le feuilleton », a Halphen » « J’espère que l’instruction ira jus- secrétaire d’Etat à l’outre-mer, Christian Paul, qui a souligné que le projet souligné, dans le même esprit, le porte-parole qu’au bout », ajoutait-il, tandis que Jean-Pier- f www.lemonde.fr/chirac-affaires de loi constituait « la réponse à vingt-cinq ans d’attente » des Mahorais. Les adhérents du CREF ont constitué une association de défense Croissance soutenue en 2001 Quatre cent mille fonctionnaires souscrivent à ce complément de retraite, qui a diminué ses prestations et 2002, selon l’OFCE SELON L’OBSERVATOIRE français des conjonctures économiques ON LEUR a « menti »,onlesa Paris pour obtenir la condamnation Or, les prestations du CREF sont Ce n’est pas l’avis de la Commis- (OFCE), qui présentait, jeudi 5 avril, ses perspectives 2001-2002 pour « spoliés ». Touchés au porte- du CREF et l’obliger à respecter ses financées par deux caisses autono- sion de contrôle des mutuelles et l’économie française, la croissance serait de 3 % en 2001 et de 3,3 % en feuille, ils refusent le fait accompli engagements », prévient Me Lecoq- mes, l’une de capitalisation, entiè- des institutions de prévoyance 2002. Tout comme l’Insee ou le gouvernement, qui tablent sur les mêmes et tentent de s’organiser en créant Vallon. rement provisionnée, l’autre repo- (CCMIP), organisme de contrôle rythmes de croissance pour l’année en cours, l’OFCE estime que la crois- des associations de défense ou des « Nous nous sommes faits escro- sant sur un régime facultatif de indépendant qui a invité, en décem- sance serait, en 2001, exclusivement alimentée par la demande intérieure collectifs départementaux, pour quer sur des promesses non tenues répartition, « provisionné à 75 % », bre, la MRFP à provisionner inté- – consommation des ménages et investissements des entreprises – tan- sortir de l’isolement. De l’Allier aux d’engagements garantis », s’étran- avance Norbert Attali, vice-prési- gralement sa caisse de répartition, dis que la demande extérieure subirait le contrecoup du ralentissement Yvelines, de Charleville-Mézières à gle Eddy Czarny, vice-président du dent du CREF. En clair, « le régime voire à l’abandonner au profit de américain. En 2002, le scénario serait à peu près le même, avec une Bastia, tous réclament justice, tan- CIDS. Selon le contrat choisi, les a besoin de trouver sans cesse de la seule capitalisation, rien ne per- demande extérieure qui se redresserait légèrement. L’OFCE note que «le dis que les plus hardis ont déjà adhérents du CREF ont vu leurs nouveaux adhérents pour fonction- mettant de garantir le niveau des ralentissement prévu aux Etats-Unis peut se révéler être une crise plus engagé des avocats. prestations diminuer de 43 francs à ner », explique Philippe Marini, recrutements futurs. Ces sugges- grave », ce qui ne manquerait pas de peser sur la croissance française. Trois mois après la baisse bruta- 383 francs par mois, soit un man- sénateur (RPR) de l’Oise, qui avait tions ont été aussitôt battues en le de 16 % du CREF, le principal que à gagner pouvant aller jusqu’à souligné dès 1997, dans un rapport brèche par la direction de la DÉPÊCHES complément retraite de la fonction 8 000 francs par an pour un couple sur l’épargne salariale des fonction- mutuelle, qui a déposé un recours a NOUVELLE-CALÉDONIE : le député RPR Pierre Frogier a été élu, publique, auquel souscrivent plus de fonctionnaires affiliés, tandis naires, les « risques » de ce système au Conseil d’Etat pour « excès de jeudi 5 avril, président du nouveau gouvernement collégial de Nouvelle- de 400 000 agents de l’Etat et des que les cotisations enregistraient reposant sur « le libre choix des coti- pouvoir », jugeant qu’elle avait Calédonie, où il succède à Jean Lèques (RPCR), qui avait démissionné de collectivités locales (Le Monde du une nouvelle hausse. « En dix ans, sants ». M. Czarny le sait bien : «Si déjà fait « les efforts nécessaires » cette fonction après sa réélection à la mairie de Nouméa. La vice-prési- 30 décembre), plusieurs dizaines ma cotisation est passée de on ne recrute plus, tout s’arrête. » pour garantir la pérennité du systè- dence du gouvernement est revenue à une indépendantiste du FLNKS, d’anciens instituteurs et de profes- 14 753 francs à 24 725 francs », me. La balle est désormais dans le Déwé Gorodey. M. Frogier et Mme Gorodey ont recueilli chacun dix des seurs à la retraite se sont lancés s’alarme une fonctionnaire du RECOURS AU CONSEIL D’ÉTAT camp des pouvoirs publics, ajoute onze voix des membres du gouvernement (7 anti-indépendantistes, dans une croisade contre la Mutuel- ministère de la culture, furieuse A quelques jours de l’assemblée M. Attali, qui fustige l’« irresponsa- 4 indépendantistes). le retraite de la fonction publique que « personne ne soit sanctionné générale de Biarritz, la direction du bilité » de ceux qui ont laissé son a SONDAGE : la cote de confiance de Jacques Chirac a progressé de (MRFP), l’organisme qui gère le dans cette affaire ! » CREF se veut rassurante. Au cours organisation « en apesanteur, sans 2 points, selon la dernière enquête de CSA, réalisée le 29 mars pour La CREF. La MRFP doit réunir, les En octobre, la mutuelle avait jus- des dernières semaines, les assem- législation ». Vie et France Info. Le président de la République est crédité de 57 % de 11 et 12 avril, une assemblée géné- tifié la baisse des prestations ser- blées départementales, parfois très Depuis février, un groupe de tra- bonnes opinions, contre 35 % de mauvaises. Lionel Jospin recueille 52 % rale extraordinaire de ses délégués vies à ses 67 000 allocataires et houleuses, ont approuvé « entre vail interministériel cherche une de bonnes opinions (en baisse de 5 points), contre 40 % de mauvaises. à Biarritz. l’augmentation des cotisations 60 % et 80 % » les rapports moraux solution réglementaire à l’impasse a ÉCONOMIE : Pierre-Alain Muet, élu dans le 4e arrondissement de « Il va y avoir du sport ! », annon- payées par ses 370 000 cotisants des présidents, précise M. Attali. juridique dans laquelle se trouvera Lyon et devenu adjoint à l’économie du nouveau maire PS, Gérard Col- ce Andrée Rouffet-Pinon, présiden- par la nécessité d’inscrire le CREF « Les gens sont, certes, mécontents, le produit phare de la MRFP, dès lomb, cède sa place à Jean Pisani-Ferry à la tête du conseil d’analyse éco- te du CIDS, le Comité national d’in- dans le nouveau code de la mutuali- mais ils se sont fait une raison en con- l’entrée en vigueur du nouveau nomique rattaché à Matignon. Auteur d’un récent rapport sur le formation et de défense des socié- té, qui doit être adopté par ordon- sidérant que c’était le prix à payer code de la mutualité. La seule cho- « Le plein-emploi » remis au premier ministre, M. Pisani-Ferry est mem- taires de la MRFP, récemment nance dans quelques semaines. pour s’adapter aux nouvelles règles », se que les pouvoirs publics peu- bre de cette instance depuis sa création. créé. L’association compte déjà Afin de se mettre en conformité estime M. Attali. « Je mentirais si je vent donner au CREF, c’est du a CUMUL : Michel Sapin, ministre de la fonction publique, a déclaré une centaine de membres retraités, avec les directives européennes sur disais que tout est réglé et qu’il n’y a temps pour se réformer, indi- hier qu’il abandonnait, à regret, son poste de maire d’Argenton-sur- qui se sont cotisés pour s’offrir les l’assurance, il impose désormais pas de danger », mais le régime est que-t-on au ministère de l’emploi Creuse (Indre). Il restera maire adjoint et président de la communauté services d’un avocat. « Nous allons aux régimes de retraites le provi- « suffisamment solide pour se permet- et de la solidarité. de communes. Il demeurera conseiller général du canton d’Argenton, engager une procédure civile devant sionnement intégral de leurs enga- tre quelques années de recrutement mais abandonnera son poste de vice-président de la région Centre. le tribunal de grande instance de gements. plus difficile », avance-t-il. Alexandre Garcia 10 SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001

ÉDUCATION Le ministre de chacun ». L’essentiel des mesures ques pour mieux gérer la diversité sont destinés à « lutter contre l’en- b RENÉ HABY, ancien ministre de l’éducation nationale a annoncé, jeu- doit entrer en vigueur à la rentrée des élèves et lutter contre l’échec. nui » et préparer leur orientation. l’éducation, rappelle comment sa di 5 avril, ses orientations destinées 2002. b SANS MODIFIER LES STRUC- b DES « ITINÉRAIRES DE DÉCOUVER- b DES PROFESSEURS de collège réforme du collège unique a essuyé, à«bâtir un collège pour tous qui TURES du collège, Jack Lang veut TE », de la 5e àla3e, puis des ensei- témoignent des difficultés liées à en 1975-1977, l’opposition conjointe soit en même temps un collège pour changer les approches pédagogi- gnements choisis par les collégiens l’hétérogénéité de leurs élèves. de la droite et de la gauche. Jack Lang introduit des enseignements diversifiés au sein du collège unique Le ministre de l’éducation nationale a annoncé, jeudi 5 avril, ses orientations pour la réforme du premier cycle de l’enseignement secondaire. Pour « lutter contre l’ennui », les élèves de 5e et de 4e suivront des « itinéraires de découverte » deux heures par semaine ; en 3e, ils choisiront 15 % de leurs cours

APRÈS de longs mois de très controversée de « collège uni- (deux pôles différents par an), sans cre les chefs d’établissement d’orga- aux élèves, empilées au fil des d’organiser le transport des élèves réflexion, Jack Lang a présenté, jeu- que », le ministre affirme « en pré- que cela soit une obligation. De fait, niser des emplois du temps qui ris- réformes, seront rationalisées. de quartiers difficiles vers les collè- di 5 avril, ses orientations « pour server l’idéal en le métamorpho- ils pourront se contenter d’appro- quent d’être fort complexes, à la Désormais, les collèges dispose- ges plus favorisés ou de redessiner un collège républicain ». Son ambi- sant ». « J’ai souhaité donner aux fondir deux des domaines propo- fois pour les enseignants et pour ront d’une enveloppe d’heures, les secteurs scolaires. tion : « bâtir un collège pour tous équipes des leviers de changement », sés. Les risques d’orientation préco- les élèves. Par ailleurs, l’apprentis- qu’ils utiliseront à leur guise pour b Le sens du collège. Censé qui soit en même temps un collège explique-t-il. Les mesures annon- ce ne sont donc pas exclus. sage de deux langues vivantes con- mettre en place des dispositifs de répondre à la question : « Que doi- pour chacun ». De la gauche plu- cées modifient avant tout les appro- b La classe de 3e. Elle est censée cernera tous les élèves de 3e. prise en charge des élèves en diffi- vent apprendre les élèves ? », un rielle à une partie de la droite, cha- ches pédagogiques et éducatives, « préparer aux premiers choix Même s’il affirme qu’à partir de culté. Les sections d’enseigne- cahier des exigences, fixant « l’idéal cun, ou presque, pourra effective- afin de tenir compte de la diversité d’orientation ». A partir de la ren- 2003 « il y aura au collège une seule ment général professionnel adap- éducatif du collégien », sera préparé ment trouver un motif de satisfac- des collégiens. L’hétérogénéité des trée 2003, 15 % environ des 29 heu- classe de 3e », le ministre entérine té (Segpa) sont confortées. par le conseil national des program- tion au fil des quelques grands élèves, tant redoutée par les ensei- res hebdomadaires seront consa- néanmoins l’existence des « 3e d’in- b Les élèves en grande difficulté. mes pour la rentrée 2001. Ces «exi- principes réaffirmés par le minis- gnants, devrait donc être mieux crés à des enseignements « choisis sertion ». « Mais, nuance le cabinet C’est le principe de « l’inclusion » et gences » seront contrôlées tout au tre de l’éducation nationale. « gérée » ; qu’il s’agisse de « l’hété- par l’élève » (vraisemblablement du ministre, qui récuse tout retour non de l’exclusion qui prévaut. Sorti long du collège afin de donner « des Ainsi, Jack Lang défend « une rogénéité normale, sociale et intellec- conseillés par leurs professeurs et aux filières, le passage par ces classes de sa classe, l’élève perturbateur repères de progression » aux élèves. ambition commune pour tous les élè- tuelle, qui est source de richesse, ou leurs parents) dans des domaines pourra désormais être temporaire. » demeure au collège, pris en charge Une nouvelle évaluation intervien- ves », proposant « un parcours de celle induite par la présence d’élèves complétant les enseignements com- Autre point de la réforme âprement par une équipe réduite – une propo- dra à l’entrée en 5e , à l’issue de la 4e, formation qui concilie les exigences qui peuvent compromettre grave- muns : langues et cultures de l’Anti- discuté entre le ministre et son sition défendue par le SNES. Des les itinéraires de découverte donne- pour tous et la pluralité des itinérai- ment par leur comportement, par quité, langues et cultures du mon- ministre délégué, la disparition des solutions au cas par cas devront être ront lieu à une épreuve anticipée du res pour les atteindre ». Pour couper leurs très graves retards scolaires, les de, arts, sciences expérimentales, classes de 4e et de 3e technologiques proposées, sachant que « les prati- brevet qui s’appellera désormais, court aux polémiques de ces derniè- acquisitions fondamentales ». technologie, découverte profession- en lycée professionnel (LP). Désor- ques pédagogiques, même les plus « brevet d’études fondamentales » res semaines sur l’orientation préco- b La classe de 6e. Dès la rentrée nelle. L’élève pourra suivre deux mais, un LP ne pourra accueillir un innovantes, trouvent ici leurs limi- (BEF). L’obtention ou non de ce BEF ce, le ministre affirme qu’« il ne sau- 2001, les collèges devront inscrire heures dans chacun des domaines collégien que lorsqu’une conven- tes ». Les 3e d’insertion, le passage en sera « un élément déterminant » au rait être réintroduit, sous quelque for- dans les emplois du temps une ou de deux à quatre heures dans le tion aura été signée entre le collège LP, les classes-relais, un court séjour moment de la décision du conseil de me que ce soit, un palier d’orienta- période d’intégration, nécessaire dernier, qui est censé préparer et le LP, l’élève restant « sous la plei- dans un autre établissement seront classe mais, « pour l’heure », ne con- tion en fin de 5e ». Les pressions exer- aux élèves arrivant du primaire. A « une orientation positive vers l’ensei- ne responsabilité » du collège. aussi proposés aux 10 % à 15 % d’élè- ditionnera pas la poursuite d’études. cées en ce sens par Jean-Luc Mélen- titre expérimental, des professeurs gnement professionnel ». Reste à éla- b L’échec scolaire. Les nom- ves concernés. Enfin, pour rétablir la Il comportera des épreuves commu- chon, le ministre délégué à l’ensei- enseigneront deux disciplines dans borer des programmes et à convain- breuses mesures d’aides destinées mixité sociale, le ministre envisage nes et d’autres liées aux options gnement professionnel, soutenu certaines classes afin de réduire la choisies dotées d’un fort coefficient. par une partie des enseignants, taille de l’équipe pédagogique. b Les moyens. Les collèges n’auront donc pas suffi. Ce dernier b Le cycle central. L’horaire des Plus de 3 millions d’élèves concernés Le taux d’accès d’une génération au verront leur dotation horaire n’était d’ailleurs pas présent à la classes de 5e et de 4e est de nouveau niveau du baccalauréat est passé de globalisée et modulée en fonction conférence de presse, jeudi matin, défini nationalement et non plus b Les élèves. 3 159 500 élèves leur suppression au collège, 10 % à la fin des années 50 à 30 % à des difficultés des élèves et de la dont la date, confirmée au dernier décidé en fonction de fourchettes sont scolarisés de la 6e àla3e en 1998. la fin des années 70. Il est de 69 % qualité de leur projet d’établisse- moment par M. Lang, coïncidait horaires. Les élèves bénéficieront dans 6 750 collèges publics et b La scolarité. Le taux de actuellement si l’on prend en ment, remis au goût du jour. Les avec un déplacement de M. Mélen- d’une demi-heure de cours supplé- privés sous contrat. Ils étaient redoublement en 6e est de 10 %. Il compte les diplômes agricoles et les moyens seront contractualisés sur chon, de plusieurs autres ministres mentaire. Deux heures par semai- 2,3 millions en 1960. est de 5,2 % en 5e, de 8,9 % en 4e et brevets professionnels. 34,1 % d’une trois ou quatre ans. et de Lionel Jospin au Brésil. ne, ils suivront des « itinéraires de Parmi ces élèves, 103 000 sont de 8 % en 3e. A l’issue de la 3e,le génération accède au bac général, b Le coût de la réforme. La demi- Les classes de 5e et de 4e, qui com- découverte » – nature et corps accueillis en section taux de passage en second cycle 21,7 % au bac technologique, 13,7 % heure d’enseignement supplémen- posent le « cycle central » du collè- humain, arts et humanités, langues d’enseignement général et professionnel (préparation au CAP au bac professionnel. taire en 5e,4e et 3e représente, selon ge depuis 1995, formeront donc et civilisations, initiation à la créa- professionnel adapté (Segpa), et au BEP) s’élève à 23 %, le taux de b L’origine sociale. En 6e, le ministère, la mesure la plus coû- « un tout indissociable », insiste tion et aux techniques –, fondés sur 5 000 dans des classes passage en seconde générale et 2,2 % des élèves sont des enfants teuse : environ 1 800 nouveaux pos- M. Lang. Il reconnaît vouloir s’ex- une approche pluridisciplinaire et préparatoires à l’apprentissage technologique à 61 %. Le taux de d’agriculteurs (2 % en seconde tes d’enseignants répartis sur trois traire des « faux débats qui, sous cou- l’autonomie des élèves. Cette inno- (CPA), des classes d’initiation sortie du système éducatif (vers des générale et technologique), 7,5 % ans. Plusieurs milliers d’heures sup- vert de modernité, viseraient à orga- vation majeure, prévue pour la ren- préprofessionnelle en alternance formations dispensées par d’autres d’artisans commerçants (8,1 %), plémentaires seront transformées niser des filières de ségrégation et à trée 2002, doit permettre « de lutter (Clipa), des unités pédagogiques ministères, vers des formations en 14,5 % de professions libérales ou en emplois. Des postes pourraient transformer le collège en une sorte contre l’ennui ou l’absence de motiva- d’intégration (UPI) destinées aux alternance, etc.) à l’issue de la 3e de cadres (23,1 %), être transférés des lycées vers les col- de gare de triage ». Ses décisions ne tion » des élèves. Après de longues handicapés. En outre, 95 000 jeunes générale est de 8 %. Au total, 15,6 % de professions intermédiaires lèges. Pour le reste, les moyens touchent donc quasiment pas aux discussions, il a finalement été déci- sont scolarisés en classes de 4e et 57 000 jeunes par an sortent du (19,7 %), 16,5 % d’employés « seront pris dans la masse ». structures du collège. Toutefois, dé qu’ils pourraient s’initier à ces 3e technologiques, hébergées dans système éducatif sans aucune (16,7 %), 31 % d’ouvriers (21,4 %), sans jamais prononcer l’expression quatre pôles durant les deux années les lycées professionnels depuis qualification. 9,4 % d’inactifs (5,7 %). Stéphanie Le Bars « Parfois, on sort de sa classe avec la frustration de ne pas pouvoir faire réussir les élèves » b Maud Cauchois, 50 ans, pro- efficace, on ne donne plus le même comme ils manipulent mal l’expres- semblés dans un même lieu, le ne correspond à personne. Avec vée perdue parce que tout ce qu’on fesseur de sciences de la vie et exercice à tout le monde en même sion écrite, ils ont systématique- « collège pour tous », mais avec des l’objectif des 80 % au bac, on a des m’avait enseigné était de la belle de la terre (collège Les Vignes du temps, on ne demande pas à tous ment de mauvaises notes, l’évalua- rythmes différenciés et – pourquoi jeunes adultes, passés de classe en théorie, que je n’arrivais pas à faire Crey, Prauthoy, Haute-Marne). de le finir au même moment, et on tion passant à 90 % par l’écrit. pas ? – des contenus allégés. Car classe “à l’âge”, qui n’ont pas été passer aux enfants. « Le collège unique ne l’est pas : essaie de rendre positif ce que fait » Il revient aux enseignants tous n’acquièrent pas à la même habitués au travail et ont déjà des » Le collège unique est louable, chacun. Nous travaillons beaucoup d’essayer d’approcher davantage vitesse et tous ne sont pas réceptifs exigences légitimes sur le plan per- mais avec des moyens, ce qui ne TÉMOIGNAGES plus sur les relations dans la classe, ces difficultés. Souvent, il est plus en même temps aux mêmes conte- sonnel ou social. Ils sont très veut pas dire seulement de l’ar- et moins sur le travail personnel… facile pour nous de dire que c’est nus. Il ne faut pas raisonner en ter- demandeurs et donnent peu ; le sys- gent. J’ai recherché de nouvelles Quatre professeurs font » Tous les élèves ont leur place “la faute au système”. Cela fait des mes d’exclusion, même si on en est tème a fini par pervertir leurs quali- pédagogies, des trucs, des ficelles. part de leurs difficultés au collège. Il est vrai qu’il faudrait années qu’on nous parle de réfor- parfois tenté, quand on sort de sa tés personnelles. Je ne remets pas Je me suis débrouillée toute seule. et de leur « étroite pouvoir s’occuper davantage de me : on les tente un an ou deux, classe avec la frustration de ne pas en cause le fait de les mener le plus Une collègue m’a fait connaître la marge de manœuvre » ceux qui sont en difficulté, pouvoir puis on nous dit d’essayer autre pouvoir faire réussir les élèves. loin possible. Mais la marge de pédagogie institutionnelle : en les accueillir dans des classes allé- chose. J’enseigne depuis trente ans Quand j’ai une classe de 25 avec manœuvre me paraît très étroite. » donnant la parole aux élèves en gées, les sortir de temps en temps et je ne sais encore pas à quoi sert 15 faibles, je n’ai aucune heure b Karine Clinkemaillie, début de cours, ils évacuent leurs cela sous-entendrait qu’on peut fai- de la classe pour résoudre leurs pro- le collège. Doit-il préparer au lycée pour les prendre en petit groupe. Il 28 ans, professeur de technolo- problèmes immédiats et sont re les mêmes choses dans tous les blèmes, avant de les réintégrer au – et lequel ? – ou bien finir l’école est trop facile de dire aux profs de gie (collège Jean-Jaurès, Vieux- davantage prêts à travailler. établissements, et que les élèves groupe. De même, il faudrait pou- primaire ? Quand on le saura, le s’adapter, on a déjà beaucoup Condé, Nord). » J’ai la chance d’avoir des grou- pourraient avoir les mêmes choix à voir répondre suffisamment à ceux reste sera plus facile. » adapté les programmes et l’ensei- « J’ai passé quatre ans en zone pes d’environ 15 élèves. Soit je la sortie, ce qui n’est pas le cas. qui ont une intelligence concrète, b Florian Lascroux, 26 ans, gnement, le mal est plus profond. » violence et je n’étais pas prévenue mets les plus à l’aise d’un côté, les Nous n’avons plus affaire aux élè- ce que ne nous permet pas l’organi- professeur de mathématiques b Jenny Seigneur, 54 ans, pro- que ce type d’élèves existait : insul- plus en difficulté de l’autre, ou un ves que nous étions. Nous avons sation actuelle des classes. Certains (collège Saint-Exupéry, Forges- fesseur de français (collège tes, coups, on prenait la violence en fort avec un faible pour l’entraide, dû changer notre façon d’ensei- élèves sont très performants dès les-Eaux, Seine-Maritime). Maryse-Bastié, Vélizy, Yvelines). pleine gueule, et un vécu familial l’émulation. Mais, parfois, je me dis gner. Le cours magistral n’est plus qu’ils font des réalisations, mais, « C’est ma première année « Mes classes cette année sont très lourd, d’enfants battus, voire que je pourrais avancer plus vite d’exercice. J’ai dans mes classes des un peu plus homogènes : il existe victimes d’inceste. Leur tête n’était avec certains. Je ne veux pas laisser élèves pour qui dire les choses une une très forte pression des parents pas libérée du tout pour apprendre tomber les autres, il faut de la soli- seule fois suffit, et d’autres qui ont de bons élèves pour qu’ils tra- quoi que ce soit. Je ne savais pas darité. C’est un dilemme pour moi. des problèmes à maîtriser le voca- vaillent dans de bonnes conditions, comment les gérer, j’ai fait une On pourrait proposer plus à ceux bulaire de base. J’exerce auprès qu’ils soient protégés. Sur quatre dépression. Il ne faut pas lâcher de qui veulent aller plus loin, et du rat- d’enfants de milieux culturellement classes, j’en ai trois avec lesquelles jeunes enseignants là-dedans. trapage pour les faibles dans peu favorisés. Chez les meilleurs, il on fonctionne « normalement », J’aurais aimé qu’à l’Institut universi- d’autres cadres, comme l’école existe une soif d’apprendre, et, comme par le passé, et une dans taire de formation des maîtres, on ouverte pendant les vacances. » chez les autres, une passivité énor- laquelle les élèves sont sans repè- me dise : “Face à telle situation, il me, de l’apathie. Ils semblent être res, viennent pour s’amuser. Ces existe telle solution”. Je me suis trou- Nathalie Guibert au collège en subissant à 100 %. Cer- enfants en difficulté ont un ou deux tains ne portent aucune attention à ans de retard, des parents démunis mon message, quelle que soit la qui demandent à l’école de tout manière dont j’essaie de le faire pas- résoudre. Ils se disent : “Personne ser. Ils sont affectés par leurs mau- ne peut plus rien pour nous.” Je dialo- vais résultats scolaires, mais n’ont gue beaucoup avec eux, j’ai tenté pas de combativité. J’ai expliqué de leur faire étudier des textes plus quelles attitudes ils devaient adop- courts, plus actuels. Quand ils leur ter pour progresser, en vain. Un élè- paraissent concerner davantage ve qui n’avait pas fait son devoir leur vie, ça marche, et cela me per- m’a dit un jour qu’il avait dû ramas- met de faire passer dans la foulée la ser les pommes : dans les secteurs poésie lyrique ; mais c’est toujours ruraux, il est classique, pour ces provisoire. enfants de 11-12 ans, que ces » J’ai l’impression d’un gâchis tâches passent avant les devoirs. humain. On rend résignés ou rebel- » Leur attitude s’explique aussi les des enfants qui ont les mêmes par leurs sources de distraction possibilités que les autres mais qui externes – la télévision, les jeux ont été ballottés par les circonstan- vidéo… Et peut-être se disent-ils ces de la vie. J’ai regretté que dispa- qu’études ou pas il y a du chômage raissent les classes technologiques, pour tout le monde. Quand je sors qui proposaient un projet clair, con- de mon cours, je ne suis pas satis- cret ou professionnel, et non le fait. Je verrais bien ces élèves ras- rythme flottant du plus moyen, qui SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001 / 11 Des similitudes frappantes entre les positions du RPR et le projet ministériel DIRE qu’il n’y a pas la place l’éducation du RPR, suggère de sont capables d’acquérir un « baga- pour une feuille de papier à ciga- « respecter la singularité de chaque ge minimum », constitué de rette entre les positions du gouver- enfant » en visant « un but uni- « savoirs, comportements et savoir- nement et du RPR sur le collège que : transmettre un bagage com- faire » ; et affirme que les patrons serait exagéré. Les similitudes mun humaniste à tous ». Et, lors- eux-mêmes demandent que l’édu- pourtant sont frappantes, alors que les initiateurs d’Alternance cation nationale fournisse aux jeu- que l’éducation devrait être, de 2002, proches de Jacques Chirac, nes un socle commun de connais- l’avis de tous, un thème central proposent de « diversifier les sances, acquis pendant la scolarité dans la campagne pour l’élection parcours et les rythmes », Jack Lang obligatoire. présidentielle de 2002. Là où le place au cœur de sa réforme du ministre de l’éducation nationale, collège « la pluralité des itinérai- L’ÉLYSÉE CONSULTE Jack Lang, parle de « reconnaître res ». Enfin, si le ministre défend Contrairement au choix de la diversité des projets, des goûts et désormais un « collège républi- M. Lang, le RPR souhaite que la des talents » des élèves, tout en cain », le RPR a concocté les définition de ce « bagage » soit leur fournissant « des enseigne- contours du « nouveau collège », arrêtée par la représentation natio- ments communs », Pierre-André fondé sur « des principes » tout nale. Une autre proposition du Périssol, secrétaire national à aussi « républicains ». RPR varie sensiblement des Faut-il en déduire que les cliva- options retenues par le ministre en ges idéologiques, traditionnelle- place. « Chaque élève pourra, à son René Haby, ancien ministre de l’éducation de 1974 à 1978 ment prégnants sur les sujets édu- rythme, passer le temps nécessaire à catifs entre la droite et la gauche, l’acquisition du bagage commun. sont – tout au moins sur le collè- Ainsi, les plus rapides pourront béné- ge – largement dépassés ? « On est ficier d’options complémentaires « La gauche a mené une politique de droite sortis des guerres de tranchées, pour développer leurs potentiali- constate-t-on dans l’entourage du tés. » Enfin, le RPR va plus loin président de la République. La nou- que la gauche dans la certification veauté, c’est que la gauche critique des années-collège. « Le “nouveau en supprimant du collège tout ce qui n’est pas élitiste » ouvertement le collège unique. » collège” devrait délivrer un diplôme Mais, d’un côté comme de l’autre, national, conditionnant les poursui- la prudence est de mise avant de tes d’études. » « Quel souvenir gardez-vous l’intégration. On sentait le besoin mesure coûtait cher – environ l’école primaire il y a un peu plus remettre en cause l’ambition du Mais, reconnaît-on à droite, la du débat sur le collège unique de resserrer les liens entre les diffé- 20 milliards de francs. Elle n’a d’un siècle – former tous les collège unique, symbole de l’égali- voie est étroite entre la création de dans les années 1974-1977 ? rentes catégories sociales et jamais été réalisée. enfants à des enseignements de té des chances. filières et l’individualisation des – J’étais passionné par cette ethniques. – Vous avez été également cri- base –, je ne vois pas pourquoi, à Pour M. Périssol « la différence parcours. D’autant que cette solu- question, notamment parce que – Qui s’opposait à ce projet ? tiqué, notamment par les syndi- l’entrée du troisième millénaire, fondamentale entre le RPR et tion « privilégiée par la demande j’étais à l’origine de la situation – D’une part, l’intelligentsia cats d’enseignants, pour votre on ne pourrait pas le faire entre M. Lang, c’est que nous, nous met- sociale » est « techniquement diffi- antérieure. En 1962, alors que pour qui le collège unique corres- volonté d’introduire une prépa- 11 et 16 ans. Ce n’est pas une tons fin au collège unique ». Il est en cile à mettre en œuvre ». Aussi, sur j’étais directeur de la pédagogie au pondait à l’impossibilité de déve- ration à la vie quotidienne. utopie, pas plus que d’offrir un con- effet convaincu que « le collège tel l’éducation en général et le collège ministère de l’éducation nationale, lopper le niveau culturel tradition- – J’ai souhaité introduire l’initia- tenu diversifié. Or, depuis vingt- qu’il est aujourd’hui est source en particulier, l’Elysée consulte. j’avais « inventé » l’organisation nel, à la pression de la masse pour tion économique pratique, englo- cinq ans, on a supprimé cette diver- d’échec et d’inégalités pour une gran- « Ce genre d’invitations est assez des CES (collèges d’enseignement tirer l’enseignement vers le bas. bée dans les sciences économi- sité au lieu de la renforcer. C’est à de partie des jeunes ». « Mélenchon, inhabituel », juge un syndicaliste, secondaire) en trois filières : la sec- Raymond Aron, par exemple, a été ques et humaines. Cela a été un travers une diversité interne au qui défendait des solutions proches qui prête au président de la Répu- tion I, dite « lycées », conduisant extrêmement dur, il parlait même tollé alors qu’il s’agissait, pour collège, et non pas entre des éta- de celles d’Alain Juppé, a eu le méri- blique l’idée de vouloir décliner le au cycle long, la section II type col- de « complot marxiste ». Cette intel- moi, de compléter la culture de blissements différents, comme le te de soulever avec justesse et franchi- thème de la « fracture sociale » sur lège conduisant au cycle court et ligentsia, qui considérait qu’on base du citoyen moderne. voudrait Jean-Luc Mélenchon, que se ce principe de réalité », entend- le terrain de la « fracture scolai- la III appelée « de transition ».Au diminuait l’exigence conceptuelle » J’ai voulu également introdui- se trouve la solution. on à l’Elysée. Pourtant, s’il souhaite re ». Au-delà du collège, le parti du début des années 70, j’avais écrit à et abstraite de ce qui était l’ancien re des savoir-faire : rédiger un – Comment expliquez-vous conserver « l’enseignement spéciali- président de la République pour- Joseph Fontanet, alors ministre de premier cycle des lycées, était compte-rendu, comprendre et que l’on ait si peu progressé sur sé », M. Périssol ne fait plus claire- rait « aller plus loin » sur l’autono- l’éducation, que je ne voyais pas appuyée par les enseignants qui exprimer dans une langue étran- les éternelles questions de ment allusion au palier d’orienta- mie des établissements, leur articu- comment son projet de supprimer avaient eux-mêmes été formés gère des énoncés courts se l’échec scolaire, de l’hétéro- tion à l’issue de la 5e. lation avec les collectivités locales les filières pouvait être mis en dans ce moule et s’y trouvaient rapportant à une situation vécue, généité des élèves, du soutien En quelques années, la droite a ou le traitement de la violence. œuvre. bien. Quand un élève ne faisait pas rechercher des informations dans scolaire ? fait du chemin : elle est désormais » En même temps, je m’étais assez d’efforts pour comprendre une encyclopédie ou un recueil – En primaire aussi, il y a une convaincue que 100 % des jeunes S. L. B. rendu compte à quel point cela ne très grande hétérogénéité des élè- marchait plus. Non pas pour des ves et personne n’en parle parce raisons pédagogiques mais parce « Le collège unique que les instituteurs ont été formés que dans le collège lui-même, il y pour la gérer. Quant à la notion de avait une ségrégation extraordi- n’est pas une utopie, soutien, il faut se souvenir qu’elle naire. On mettait littéralement le était à l’époque rejetée par le cycle III dans des baraques. On ne pas plus que d’offrir SNES. Reste que la société actuel- pouvait pas continuer comme le n’a rien à voir avec celle de cela. Valéry Giscard-d’Estaing un contenu diversifié. 1975. A l’époque, les notions avait notamment pour objectif de d’autorité, d’influence parentale mener une politique sociale relati- Or, on a supprimé existaient. vement avancée pour l’époque. – Finalement, le collège C’était la période de la loi sur cette diversité au lieu unique est un sujet initié par la l’avortement, du vote à 18 ans et droite qui pose aujourd’hui ques- Giscard croyait vraiment à cette RENÉ HABY de la renforcer » tion à la gauche ? idée d’une formation commune – Quand j’ai quitté le ministère, pour les jeunes entre 11-12 ans et le repli a commencé et on a tout 15-16 ans. C’est d’ailleurs Giscard un professeur, on estimait qu’il statistique, tracer un plan... Cela supprimé. Qu’est-ce qui peut inté- qui a le premier utilisé l’expression devait être orienté. bousculait la tradition de l’ensei- resser un élève peu conceptuel de « collège unique », pour bien » L’autre opposition – et c’était gnement secondaire. Pourtant, à dans le collège actuel ? Vraiment montrer qu’on avait supprimé les d’ailleurs le paradoxe de l’épo- partir du moment où on conçoit peu de choses. Tout ce versant con- filières. que – était celle de gauche. Mais un enseignement pour tous et cret, pré-professionnel, a été reti- – Le collège unique a-t-il été elle avait du mal à se formaliser. non plus pour le tiers des élèves ré. Si on voulait faire un enseigne- créé au nom de l’égalité des Lorsque j’ai présenté ma loi, un qui réussissent l’examen d’entrée ment de masse, il fallait tenir chances ? sénateur communiste avait dit : en sixième, on ne peut pas leur compte des caractéristiques de l’en- – L’égalité des chances, c’était « Il y a nécessité pour le collège donner à « brouter la même semble des élèves. La gauche a héri- un refrain à l’époque. En réalité, la d’éliminer toute différence entre herbe ». té d’un projet qu’elle aurait pu notion de collège unique répon- section ou filière de niveau inégal. – Vingt-cinq ans plus tard, le réaliser. Elle ne l’a pas formelle- dait à deux objectifs précis : un Le tronc commun s’entend avec les collège unique est considéré ment abandonné mais elle a mené besoin de développement culturel mêmes programmes fondamentaux comme le maillon faible du systè- une politique de droite en suppri- de la nation, d’élévation du niveau pour tous les élèves au sein de me éducatif. Est-ce parce qu’il mant dans le collège tout ce qui de connaissances. Le bagage de classe commune ». L’opposition est utopique ? n’était pas élitiste. » l’école primaire – lire, écrire, comp- de gauche essayait de montrer – C’est un maillon faible qui ter – n’était plus suffisant. De plus, que je n’allais pas assez loin mais, tient quand même depuis vingt- Propos recueillis par il fallait résoudre le problème de en même temps, récusait toutes cinq ans ! Ce qu’on a fait pour Sandrine Blanchard mes propositions pour des raisons purement politiques. Voir un Quatre années ministre de Giscard faire une réforme qui aurait pu convenir à tumultueuses la gauche, ça n’allait pas dans la compétition présidentielle de En nommant, en 1974, René l’époque. Ces deux oppositions se Haby ministre de l’éducation, sont conjuguées. Résultat, je n’ai Valéry Giscard d’Estaing avait guère été soutenu. fait le choix du « technicien » plu- – Au-delà de la réforme des tôt que du politique. Le président structures, il y avait aussi la ques- de la République reconnaissait tion des contenus d’enseigne- qu’il l’avait désigné pour sa ment et du savoir minimal défen- connaissance de la « maison ». du par M. Giscard d’Estaing… Instituteur, professeur de lycée, – Le contenu, c’est finalement le proviseur, inspecteur général, rec- problème qui n’a jamais été réso- teur : René Haby, docteur ès let- lu, non pas par la loi et les décrets tres, agrégé de philosophie, né en mais par l’application qui en a été 1919, a connu tous les niveaux du faite. Je savais qu’il ne fallait sur- système éducatif. En 1978, après tout pas négliger tout ce qui s’ap- quatre années tumultueuses pen- puie sur l’intelligence concrète. dant lesquelles la « loi Haby » a C’était une solution pour concilier rencontré de multiples opposi- la masse des élèves et le program- tions syndicales, il fut remplacé me : il fallait absolument introdui- par Christian Beullac. Depuis, la re dans le tronc commun des élé- plupart des ministres de l’éduca- ments qui ne s’y étaient jamais tion nationale ont tenté de réfor- trouvés jusque-là. Les textes pré- mer le collège. D’Alain Savary à voyaient dès la sixième des exerci- Ségolène Royal, en passant par ces spécifiques d’intelligence con- Jean-Pierre Chevènement et Fran- crète avec une forme de travail çois Bayrou, tous ont tenté d’amé- manuel. En quatrième, j’avais créé, liorer le « maillon faible » du systè- sur le papier, un atelier pour tous me éducatif, butant, à chaque les élèves dans chaque collège fois, sur la difficulté de gérer l’hé- comportant des travaux du bâti- térogénéité des élèves sous un ment, des montages automobiles, même toit (Le Monde du 30 mars). des installations électriques. Cette 12 / LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001 SOCIÉTÉ

Réclusion criminelle à perpétuité et période Le prétendu inspirateur de sûreté maximale requises contre Guy Georges de David Oberdorf nie L’avocate générale a évoqué l’« inhumanité » et la « malédiction » de l’accusé son influence Evelyne Gosnave-Lesieur, avocate générale, a assortie d’une période de sûreté de vingt-deux la représentante du parquet a estimé l’accusé requis, mercredi 4 avril devant la cour d’assises ans, le maximum légal, à l’encontre de Guy Geor- coupable de sept assassinats et de trois agres- de Paris, la réclusion criminelle à perpétuité ges. Ecartant toutes circonstances atténuantes, sions sur les quatre qui lui étaient reprochées. Le « manipulateur sataniste » se dit « bouc émissaire »

L’AVOCATE générale Evelyne a-t-elle indiqué. Qui pouvait être autre Guy Georges. Avec ses aveux, Il s’est de lui-même placé en dehors COLMAR re ». « Dans ma mouvance, on culti- Gosnave-Lesieur a requis, mercre- dupe un seul instant dans ce prétoi- il joue la carte de la sincérité, mais de l’humain, alors comment lui ren- de notre envoyé spécial ve la haine des autres, juifs, chré- di 4 avril devant la cour d’assises re de cette mise en scène ? Qui allait c’est une nouvelle manipulation. Il dre des sentiments qu’il ne connaît « En tuant le curé de Kingersheim, tiens, arabes, mais aussi ceux qui ont de Paris, la réclusion criminelle à douter de sa culpabilité, alors que le ne reconnaît pas l’agression contre pas ? » Me Benoît Chabert, avocat David a voulu faire mieux que moi, un autre look, aiment une musique perpétuité assortie d’une période dossier est confondant ? » Annie F. parce que c’est l’incarna- de la famille de Magali Sirotti, c’est-à-dire pire. Mais s’il fait croire différente ». C’est pour venger les de sûreté de L’avocate générale a refusé tou- tion de son échec et qu’il est trop s’était employé, pour sa part, à que j’ai armé son bras, en gros que persécutions infligées aux païens vingt-deux tes circonstances atténuantes à fier pour reconnaître ce qui lui évoquer d’une image la douleur je le possédais, il cherche à se décul- de l’Antiquité, « adorateurs de la ans – le maxi- Guy Georges, « l’homme qui a don- échappe. » des parents : « C’est comme un pabiliser. C’est quelqu’un d’irrespon- nature et de la fécondité », qu’il dit mum légal en né des leçons à l’enfer », « l’incarna- Avocate de la famille d’Agnès puzzle en bois de quatre pièces, un sable, qui a peut-être des problèmes combattre les religions. la matière – à tion du mal absolu ». Poursuivant Nijkamp, Me Marianne Bine-Fis- jour il en manque une, on la cher- psychopathologiques. Il veut se faire Une même passion pour la musi- l’encontre de dans la même veine, elle a qualifié cher a elle aussi insisté sur les tergi- che, on ne la trouve pas. Voilà, c’est passer pour schizophrène, sans con- que « death metal » et les groupes Guy Geor- l’accusé de « diabolique » et évo- versations de l’accusé. « Le pre- ça l’absence, simplement dans la naître le mot… » En accablant ainsi « déicides » scandinaves l’a rappro- ges, le présu- qué son « inhumanité »,sa« malé- mier jour du procès, il nous a dit souffrance, au-delà de tous les David Oberdorf, assassin présumé ché de David Oberdorf, dont il pen- PROCÈS mé « tueur en diction » et sa « damnation ». Affir- qu’il n’était pas coupable, avait-elle mots. » du Père Jean Uhl, mercredi 5 avril se être devenu, malgré lui, «le série de l’Est parisien ». La repré- mant qu’il n’avait eu qu’« indiffé- indiqué. Puis, compte tenu de la Pour laisser « un petit signe d’es- devant la cour d’assises du Haut- héros », « l’idéal ». S’il évoquait sentante du ministère public a esti- rence » pour ses victimes, elle a pression qui régnait dans cette salle poir et de vie »,Me William Bour- Rhin, Anthony Mignoni (Le Monde devant l’adolescent si mal dans sa mé que l’accusé est responsable mis en cause la sincérité de ses d’audience, il a réalisé qu’il ne pou- don, avocat d’Elisabeth O., la du 5 avril) a retourné la situation. peau la possibilité d’incendier l’égli- de sept assassinats précédés de aveux. « Ce fut un nouveau coup de vait plus rester dans cette impasse, « miraculée » du « tueur en série », Condamné à trois ans de prison fer- viols et de trois agressions commis théâtre, a-t-elle soutenu. Il sait tel- alors, il nous a fait du cinéma, une avait pris la parole en dernier pour me pour avoir profané des sépultu- à l’encontre de jeunes femmes lement bien s’adapter ! » Car mascarade. Une fois de plus il s’est parler de sa cliente, dont le témoi- res à Toulon, en 1996, ce jeune « Satan, c’est une entre 1991 et 1997. En revanche, Mme Gosnave-Lesieur ne veut pas moqué des familles. » gnage très attendu a précédé de homme aux cheveux longs serrés elle a demandé l’acquittement de être dupe : si l’accusé a avoué, mar- peu les aveux de l’accusé : «Je dans un catogan, considéré depuis façade. On n’aurait Guy Georges pour l’agression d’Es- di 27 mars, c’est uniquement, « AU-DELÀ DE TOUS LES MOTS » vous aime Elisabeth, je vous dis l’im- le début du procès comme le grand telle F., « puisque la victime elle- selon elle, parce qu’il allait être « Guy Georges est un lâche », mensité du respect que j’ai pour manipulateur « sataniste » s’est pré- pas égorgé des même n’a jamais reconnu en l’accu- confronté à l’une de ses victimes avait estimé pour sa part Me Solan- vous, comme vous avez été une senté comme un « bouc émis- sé son agresseur ». survivantes et aux expertises d’em- ge Doumic, avocate de la famille leçon de modestie, de courage et de saire ». poulets le samedi Moins volcanique que lors des preintes génétiques qui démon- de Pascale Esarfail, première victi- vie dans ce procès. » Me Bourdon S’il rejette, dans un torrent ver- deux premières semaines du pro- trent que son ADN a été retrouvé me du « tueur en série ». « Il a vou- avait également rendu hommage bal, l’influence maléfique qu’on lui soir », assure cès, l’avocate générale a longue- sur les lieux de quatre agressions. lu posséder, humilier Pascale. Il a au juge d’instruction Gilbert Thiel, prête sur David Oberdorf – « Lors- ment critiqué les revirements de La veille déjà, certains des avo- échoué, mais il l’a martyrisée en qui depuis le début du procès assis- que je suis allé dans sa chambre, la Anthony Mignoni Guy Georges qui, à l’audience, cats des parties civiles avaient mis choisissant volontairement l’extrê- te régulièrement aux audiences première fois, il y avait déjà un pos- avait d’abord nié les faits, avant de en doute l’authenticité des aveux me mal. L’acte qu’il a commis est debout au fond de la salle. « Sans ter de Hitler au-dessus de son lit, des ne plus vouloir parler puis de Guy Georges. « Le mensonge fou, mais l’assassin, lui, ne l’est lui il y aurait eu d’autres victimes, fascicules sur le Front national ; et se Sainte-Barbe, ou encourageait d’avouer, enfin, l’essentiel des cri- est une constante chez lui, il s’y com- pas. » Pour les familles de Catheri- car rien n’aurait arrêté la course fol- c’est David qui, devant moi, a spon- son harcèlement téléphonique des mes qui lui étaient reprochés. plaît, avait assuré Me Olivier ne Rocher et d’Hélène Frinking, le de Guy Georges », avait dit l’avo- tanément renversé une croix dans le curés du secteur – lui faisant leur « Confronté à la dignité des familles Michel, conseil d’Annie F., l’une Me Florence Rault s’était interro- cat avant de demander aux jurés cimetière de Wittelsheim » –, Antho- demander, par exemple, «Si le des suppliciées, il a multiplié à l’infi- des jeunes femmes agressées, gée sur la personnalité de l’accusé. de rendre une décision « qui ait un ny Magnoni assume sa fascination Christ était juif, pourquoi on ne l’a ni l’arrogance, les insultes, les outra- pour laquelle Guy Georges nie tou- « Il est la concentration des forces parfum d’éternité ». active pour « le morbide » et ses pas mis dans un four ? » –, cela cor- ges et le déni, prolongeant l’intermi- te responsabilité. Aujourd’hui, il du mal dans une enveloppe d’appa- « impulsions malsaines », nourries respondait pour lui à «unjeu». nable chemin de croix des victimes, voudrait nous faire croire à un rence humaine, avait-elle soutenu. Acacio Pereira depuis ses quatorze ans par la lectu- « Satan, c’est une façade. On re d’ouvrages historiques sur la sor- n’aurait pas égorgé des poulets le cellerie, les templiers, le satanisme samedi soir », assure-t-il. et tous les extrémismes. Les rapports ambigus d’Anthony Une première plaidoirie pour « défendre l’indéfendable » Auto-analysant sa « quête cultu- et de David se sont encore compli- relle et identitaire », il prend du qués par l’entremise d’une jeune LA MEILLEURE DÉFENSE, c’est que l’avocat est également le « con- de son état civil, assure-t-elle. te garde le regard fixé sur l’accusé. recul sur ses « dérives ». « Lorsque « junkie », Myriam, petite amie du l’attaque. Me Frédérique Pons, con- fident » de son client, « celui qui Depuis, il reste l’enfant dont person- « Aujourd’hui, dans notre pays, il n’y j’ai planté un crucifix dans un cada- premier devenue amoureuse du seil de Guy Georges, a bien compris peut amener la parole ». « Il a avoué ne n’a voulu. » Me Pons fait alors a aucune solution pour les psychopa- vre momifié alors que je cherchais second. C’est elle qui a fini par le sens de cet adage. Au moment de parce qu’il savait que sa position part de son « trouble » : « Dans ce thes, alors il ne reste que la prison, juste à voler un crâne, je ne voulais dénoncer David aux gendarmes. A prendre la parole, mercredi 4 avril, n’était plus tenable, il avait quelque dossier les victimes sont des femmes, regrette-t-elle. Raccrochez-vous à pas porter atteinte au défunt ; il la barre, Myriam, tatouage « gothi- l’avocate s’est d’abord adressée à chose à dire, clame-t-elle. Notre posi- mais à l’origine de cette chaîne, il y a cet epsilon d’espoir évoqué par un s’agissait d’une surenchère macabre que » dépassant d’un T-shirt frap- ceux – accusation et avocats des tion était difficile, douloureuse, mais une femme, une mère, et ce dialogue expert, à cette psychothérapie dont il [...] C’était débile, comme de me pé d’un immense point d’interroga- parties civiles – qui avaient critiqué il fallait y arriver car nous sommes impossible entre elle et lui. » « Vous a dit qu’elle pouvait permettre d’évi- taillader le bras, mais ça m’amusait tion rouge, s’était effondrée en lar- la « stratégie de défense » de l’accu- aussi des passeurs. A ce moment-là, auriez sans doute des comptes à ter la récidive. Votre demain sera de lire ça dans les journaux. » Avec mes en voyant « celui-ci dans le sé. Au cours de la première semai- il est revenu dans le monde des demander », lance-t-elle à Guy nouveau. Votre demain c’est à vous la même effarante lucidité, celui box, alors que c’est l’autre qui l’a ne du procès, les conseils de Guy humains, et ça n’était pas du théâtre. Georges. Sur le banc des parties de l’inventer. » qui s’affirme « plutôt cartésien, ne manipulé ». Georges avaient fait feu de tout Le fait de passer d’une défense dure civiles, des familles de victimes réa- croyant ni à Dieu ni au diable » se bois pour tenter de convaincre de à un rôle d’accompagnateurs, ne gissent discrètement, mais l’avoca- A. Pe. revendique « xénophobe et sectai- Robert Belleret son innocence dans les crimes qui s’est pas fait pour nous sans interro- lui étaient reprochés. Ils avaient cri- gations, ça ne se fait pas dans le jeu, tiqué les enquêtes policières et mis mais dans l’humanité. » en cause la qualité des expertises Les pneus crevés ont disparu des statistiques au commissariat de Saumur génétiques. Les avocats des parties DIALOGUE IMPOSSIBLE civiles étaient intervenus à plu- Après avoir tenté de démontrer LA MAIN POLICIÈRE était sans doute bien Saumur a été le cancre du département de Mai- Au commissariat de Saumur, le chef de sieurs reprises pour dénoncer les que l’accusé est, comme il l’affirme, intentionnée. Il n’empêche que les mots écrits ne-et-Loire, avec une hausse des infractions service prend l’affaire avec le sourire. Pour « insinuations » et les « méthodes » innocent de trois des quatre agres- noir sur blanc sur le registre des consignes du constatées de 22,4 %, alors que, pour toute la expliquer ces « révélations », il évoque des défenseurs de l’accusé. sions qui lui sont imputées, Me Pons commissariat de Saumur (Maine-et-Loire) France, elle était de 5,72 %. Pour le SGP-FO, l’atmosphère de compétition électorale qui a « Je le dis et je le répète, j’ai l’hon- se tourne vers Guy Georges et lui sont à l’origine d’une petite polémique. Le cette pratique n’est pas une découverte. D’habi- opposé les différentes organisations syndi- neur de défendre Guy Georges, de demande « pardon ». « L’avocate 17 janvier, un gardien de la paix gradé a cru tude, les consignes étaient orales, seule la cales jusqu’au scrutin qui s’est tenu à la fin du défendre l’indéfendable, commence générale vous a accusé d’être un bon de donner l’ordre à ses subordonnés de ne maladresse du gradé qui les a couchées par mois de février. « En réalité, précise-t-il, nous Me Pons. De l’autre côté de la barre, homme qui a donné des leçons à l’en- plus enregistrer les plaintes concernant les écrit a permis la constatation matérielle de avons passé un accord en concertation avec les on nous a demandé d’assurer notre fer, lui dit-elle. Elle a parlé de malé- pneus crevés et les vols d’enjoliveurs. Ces deux cette liberté prise avec les chiffres, et avec la loi. assureurs. Nous nous contentons d’une simple rôle du bout des lèvres. Je suis diction, mais vous avez été diagnosti- infractions – des dégradations de véhicule – mention sur la main courante du commissariat navrée, mais un avocat se doit de ne qué psychopathe et c’est un mal sont pourtant considérées comme des délits, et « LE DROIT À LA VÉRITÉ DES CHIFFRES » des petites dégradations de véhicules, telles les pas trahir son client. Nous sommes insupportable car il vient aux hom- doivent être enregistrées comme tels, afin d’ali- Comme l’indique le syndicat, ces ordres ont griffures sur la peinture de la carrosserie. » son seul lien avec le reste du monde, mes par les hommes. Vous n’êtes pas menter les statistiques de la délinquance. Dans pour conséquence de substituer la police à la jus- Pourtant, le registre des consignes mention- nous sommes son rempart, son bou- né psychopathe, vous l’êtes devenu. » sa consigne manuscrite, le policier spécifiait tice ; seul le procureur de la République est en ne les pneus crevés et les vols d’enjoliveurs. clier. » L’avocate soutient que l’ac- A cet instant, l’accusé, qui, depuis qu’ un accusé de réception devait être remis au effet habilité à classer sans suite une plainte. « Si tel est le cas, reprend le commissaire, cela cusé avait « le droit » de nier les deux jours, affichait un air hébété, plaignant, mais qu’ il ne fallait pas établir de Rien, dans le code de procédure pénale, n’y auto- a été exceptionnel. Cela doit représenter quatre faits qui lui sont reprochés. « Notre essuie une larme. « compte rendu initial des faits ». Conséquen- rise les policiers. « Cette pratique était connue de ou cinq faits au maximum cette année. » Pour devoir était donc de reprendre le dos- Abandonné à la naissance par sa ce : ces derniers ne sont pas comptabilisés. tous, et pas seulement à Saumur, souligne Philippe prouver sa bonne volonté, il cite l’exemple du sier et de poser des questions, expli- mère biologique, Guy Georges L’affaire a suscité la colère du Syndicat géné- Boussion, responsable SGP-FO de la région Pays jour : « Quelqu’un est venu nous voir parce que que-t-elle. Ces questions étaient aurait subi, selon l’avocate, «la ral de la police-Force ouvrière (SGP-FO), majo- de la Loire. Cette fois, nous en avons la preuve. les lapins de son voisin étaient venus manger d’ailleurs celles que les parties civiles plus profonde des violences ». « Non ritaire en Maine-et-Loire, qui y voit une maniè- L’opinion et les élus ont le droit à la vérité des chif- des légumes chez lui ! Nous avons enregistré la posaient encore un mois avant l’ar- seulement cette femme l’a abandon- re subreptice de « truquer les chiffres ». fres. Et, pour cela, il faudrait recouper avec d’autres plainte. » restation de Guy Georges. » né, mais elle a aussi menti aux autori- D’autant que l’année 2000 a été mauvaise en éléments que les indicateurs policiers, comme cela Me Pons poursuit en indiquant tés, ce qui a conduit au changement matière de statistiques : la circonscription de est déjà fait dans plusieurs pays », ajoute-t-il. Pascal Ceaux Cinquante ans après, « les prêtres-ouvriers sont toujours là ! » DEPUIS vingt-cinq ans, Jean- pas du tout du côté des curés, plu- « Les prêtres-ouvriers sont tou- CGT (48 %) et à la CFDT (42 %), Claude Auguin travaille chez Fran- tôt anticlérical. Mais les prêtres- jours là ! », affirme avec vigueur mais peu engagés politiquement ce Télécom. Entré sur concours ouvriers étaient toujours bien Pierre Niobey, leur secrétaire natio- (8,5 % au PCF, moins de 2 % au PS). « aux PTT », il a vécu tous les épiso- accueillis à la maison. Ma mère, nal. Cinquante ans après les pre- On trouve parmi eux un chauffeur des de la privatisation du service c’était le contraire. Elle était très mières expériences de prêtres au de taxi, un employé d’hypermarché, public. « J’ai commencé comme croyante et rêvait de voir son fils travail, les « PO » exposent dans un infirmier, un médecin, des électromécanicien dans un central curé dans une grande paroisse pari- une petite brochure leur profes- ouvriers agricoles, ou encore un d’appel. Puis mon emploi a disparu, sienne. Finalement, je crois que je sion de foi. « Contrairement à secrétaire de mairie. Mais les PO et j’ai dû me reconvertir. Avec mes tiens plutôt de mon père ! » Aujour- d’autres mouvements d’Eglise, nous vieillissent : les deux tiers d’entre eux camarades, j’ai vécu les change- d’hui, Patrick est chauffeur-méca- ne cherchons pas à atteindre les éli- sont à la retraite ou en cessation d’ac- ments imposés par la modernisa- nicien chez Disneyland Paris. C’est tes pour peser dans les décisions, tivité ; et ils attirent chaque année à tion, les humiliations pour les plus lui qui conduit le petit train de Mic- commente le Père Niobey. Nous peine deux nouveaux prêtres. anciens. Mais j’ai assisté également key au royaume du rêve. « Quand sommes tolérés par l’Eglise catholi- Parfois même, ils se demandent à une défense de la dignité des tra- le parc d’attractions a ouvert ses por- que, mais guère plus… » entre eux si le mot « ouvrier » a vailleurs, qui se construisait au jour tes, mon évêque m’a demandé de encore un sens. « Il y a une le jour. » Jean-Claude milite à la me porter candidat. Pendant l’entre- « SOLIDARITÉ DANS LES COMBATS » conscience ouvrière qui se perd, CGT. Il a été permanent syndical tien d’embauche, je n’ai pas dit que Une enquête menée auprès des soupire le Père Niobey. Pourtant, pendant trois ans. Il est aussi prê- j’étais prêtre. On m’avait demandé 500 prêtres-ouvriers, membres du l’exploitation a changé de forme, tre-ouvrier. de “faire la taupe”… » Patrick Ros- « collectif » national, permet de mais pas de degré. Etre ouvrier, Patrick Rosset, qui a quitté le set s’est vite fait remarquer de ses dégager quelques éléments statisti- c’est vivre une solidarité dans les lycée après des études techniques, nouveaux employeurs : militant à ques. Ils gagnent pour la plupart combats, c’est avoir le sentiment est lui aussi prêtre-ouvrier. Il se la CGT, il a participé en 1999 à la entre 3 000 et 6 000 francs par mois d’appartenir à un même peuple. » souvient des discussions sous le première grève dans l’histoire du et habitent en logements sociaux. Ils toit paternel : « Mon père n’était parc de Marne-la-Vallée. sont majoritairement syndiqués, à la Xavier Ternisien SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001 / 13 Manifestation de soutien Mis en examen, Paul Barril a refusé de répondre aux sans-papiers de Lyon CINQ HOMMES et deux femmes se sont enchaînés plus d’une heure au juge sur l’affaire des « Irlandais de Vincennes » aux grilles de l’hôtel de ville de Lyon, mercredi 4 avril, par solidarité avec sept sans-papiers en grève de la faim depuis le 26 février. Les manifestants, dont le père d’un gréviste, portaient chacun un écri- La première instruction sur cette manipulation a été ouverte en 1982 teau sur lequel était inscrit le nom d’un des sans-papiers. Ils s’étaient déjà enchaînés le 30 mars aux grilles de la préfecture du Rhône. Une Le juge d’instruction de Versailles Yves Madre a ne de gendarmerie Paul Barril dans l’affaire dite sier, ouvert en 1992, dix ans après la première ins- délégation du comité de soutien a été reçue à l’hôtel de ville par le signifié formellement sa mise en examen pour des « Irlandais de Vincennes ». Il s’agit de la pre- truction sur cette manipulation d’Etat. M. Barril a chef de cabinet du nouveau maire (PS) de Lyon, Gérard Collomb. « atteinte à la liberté individuelle » à l’ex-capitai- mière mise en examen prononcée dans ce dos- refusé de répondre aux questions du magistrat. Les grévistes, qui ont durci leur mouvement en supprimant le sel et le sucre, ne sont pas convaincus par la nomination par le ministre de L’EX-CAPITAINE de gendarme- de la lutte antiterroriste, sous le détail comment Paul Barril avait nes à distance, alors qu’il était en l’intérieur d’un médiateur « pour examiner très rapidement » leur rie Paul Barril s’est vu notifier sa contrôle et les ordres de leur hiérar- caché l’explosif dans les toilettes de congé chez ses parents, en Vendée. situation. Les sans-papiers, trois Algériens, deux Marocains, un Tuni- mise en examen pour « atteinte à la chie, il appartenait à la justice de sai- l’appartement des Irlandais. Or Paul « Barril ne m’avait pas du tout repar- sien et une Chilienne, sont tous âgés d’une trentaine d’années. L’un liberté individuelle », mercredi sir le commandement pour avoir son Barril a certifié au Monde que lé de ces Irlandais. Je sais seulement d’eux a été brièvement hospitalisé lundi 2 avril, avant un second, mer- 4 avril, par le juge de Versailles (Yve- avis », a déclaré M. Barril. Il fait allu- M. Pineau n’avait pas assisté à la qu’il avait cherché à trouver [leur] credi 4 avril. lines) Yves Madre, chargé de l’ins- sion à l’article 698-1 du code de pro- perquisition contestée. Sur ce point, planque », a-t-il indiqué. « Le jour truction sur l’affaire des Irlandais de cédure pénale, qui traite des crimes il est rejoint par Jean-Michel Beau, de l’arrestation des Irlandais, il m’a DÉPÊCHES Vincennes. M. Barril a été placé et délits commis par des militaires à l’époque commandant de la briga- téléphoné pour me dire qu’il avait a JUSTICE : le terroriste vénézuélien Ilich Ramirez Sanchez, dit sous contrôle judiciaire à l’issue de dans l’exercice de leurs fonctions. de de recherches de Vincennes, qui trouvé une planque », a ajouté Carlos, qui poursuivait le juge Jean-Louis Bruguière pour « viola- cet interrogatoire de première com- Ce texte dispose que « le procureur soutient également que le comman- M. Prouteau. « Il tenait à ce que je tion du secret de l’instruction », a été débouté, mercredi 4 avril, par la parution qui a tourné court. L’an- de la République doit demander préa- dant de gendarmerie était, au prévienne le président. […] Pour moi, cour d’appel de Paris. Carlos soutenait que le magistrat, chargé d’ins- cien chef-adjoint du groupe d’inter- lablement à tout acte de poursuite, moment des faits, en permission. il voulait que j’obtienne une autorisa- truire tous les actes terroristes qui lui sont reprochés, a violé le secret vention de la gendarmerie nationa- sauf en cas de crime ou de délit fla- Entendu au titre de témoin, le tion des supérieurs pour déclencher de l’instruction en se faisant accompagner par un journaliste lors le (GIGN) a refusé de répondre aux grant, l’avis du ministre chargé de la 5 décembre 2 000, l’ancien responsa- cette opération. J’ai donc contacté d’un voyage en Roumanie en 1998, au cours duquel il a été photogra- questions du magistrat, à qui il s’est défense ou de l’autorité militaire habi- ble de la cellule antiterroriste de Hernu, ministre de la défense de l’épo- phié. contenté de lire une courte déclara- litée par lui ». « Si, comme nous le l’Elysée, Christian Prouteau, a rejeté que, qui m’a déclaré qu’il était d’ac- a POLICE : deux policiers, qui étaient poursuivis pour avoir volé tion. pensons, le procureur n’a pas deman- sur son ancien adjoint la paternité cord pour que la gendarmerie fasse de l’héroïne placée sous scellés alors qu’ils étaient de garde à la pré- Ouverte – dix ans après la premiè- dé, dès le début de l’information judi- de l’opération contestée. « J’ai en- l’opération ». Prévenu « à 18 h 30- fecture de police de Paris, ont été condamnés, mercredi 4 avril, par le re instruction – au cabinet du juge ciaire, l’aval du ministère de la défen- tendu parler pour la première fois de 19 heures » de la réussite de l’opéra- tribunal correctionnel de Paris, à huit et dix mois d’emprisonnement, Madre en août 1992 pour « atteinte se, alors cette procédure devra être ces Irlandais quelques jours après ma tion par Jean-Michel Beau – qui dont deux mois ferme, peine couverte par la durée de leur détention à la liberté », à la suite d’une plainte annulée », a déclaré Me Vergès au nomination comme conseiller [à sera le premier à dénoncer le truca- provisoire. Le tribunal a précisé que la condamnation de David Jacq déposée par Me Antoine Comte, Monde. De son côté, le parquet de l’Elysée] », a indiqué M. Prouteau. ge de la perquisition –, Christian et de Lionel Dreano ne figurerait pas sur leur casier judiciaire, ce qui l’avocat des nationalistes irlandais Versailles, interrogé par Le Monde, « Avant que Barril ne me parle de ces Prouteau se souvient toutefois que leur permet de rester dans la police alors qu’ils sont actuellement sus- arrêtés le 28 août 1982 dans leur estime que « la procédure a été Irlandais, j’ignorais totalement l’ex- « Beau était déçu parce que Barril lui pendus de leurs fonctions. appartement de Vincennes, où des respectée ». istence de [leur] mouvement », avait dit qu’ils tomberaient sur un a FAIT DIVERS : la petite Cindy, âgée de quatre ans, dont le armes et des explosifs avaient été l’INLA. stock d’armes ». M. Prouteau a certi- corps a été retrouvé le 6 mars dans un ruisseau près de dissimulés afin de les confondre, DE « DANGEREUX TERRORISTES », Christian Prouteau, qui a affirmé fié n’avoir eu connaissance de la Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle), se serait noyée accidentelle- l’instruction aura longtemps végété La responsabilité directe de Paul qu’à l’époque il se méfiait de M. Bar- manipulation – à laquelle il ss dit ment le 26 janvier, trois jours avant que sa mère ne déclare sa dispari- avant d’aboutir à cette première Barril dans la manipulation orches- ril, qu’il soupçonnait de préparer totalement étranger – qu’en 1983. tion. « La mère avait caché la disparition de l’enfant, car elle craignait mise en examen. trée en août 1982 afin de légitimer « un attentat contre Mitterrand », la réaction de son mari », a indiqué, mercredi 4 avril, le procureur. La M. Barril, qui avait annoncé qu’il l’interpellation de trois personnes aurait suivi l’opération de Vincen- Fabrice Lhomme mère de l’enfant est actuellement placée en hôpital psychiatrique. ferait « des révélations » lors de cet- présentées comme de « dangereux te audition (Le Monde du 30 mars, a terroristes » avait été établie par une pourtant indiqué au juge qu’il ne décision du tribunal correctionnel s’exprimerait pas sur le fond de l’af- de Paris, confirmée en novembre faire tant que son avocat, Me Jac- 1995 par la Cour de cassation, ques Vergès, ne disposerait pas «de relaxant Le Monde des poursuites la copie de l’intégralité du dossier ». engagées par l’ancien gendarme de « Dix-neuf ans après les faits, des l’Elysée. années après la mort des témoins et Avérée, l’implication de M. Barril la disparition des archives, cela me dans le « montage » opéré au détri- semble être une exigence normale », ment de Mary Reid, Stephen King et a-t-il expliqué. Paul Barril s’est dit Michael Plunkett a été renforcée « scandalisé d’être mis en examen dix- par les témoignages recueillis par le neuf ans après les faits qui [lui] sont juge Madre. Plusieurs gendarmes reprochés ». « Aux Jeux olympiques lui ont déclaré que Paul Barril avait de l’anti-justice, c’est un record. » dissimulé lui-même, dans l’apparte- L’ancien gendarme, qui se réserve le ment des Irlandais, les armes et le droit de saisir la Cour européenne pain de plastic destinés à les confon- des droits de l’homme en raison du dre (Le Monde daté 15-16 octobre délai « irraisonnable pour rendre la 2000). Le témoignage de l’un d’eux justice », a également soulevé un semble toutefois sujet à caution. Le point de nullité. 4 février 1998, l’ancien comman- « S’agissant, au moment des faits, dant de la compagnie de Vincennes, de militaires agissant dans le cadre Jean Pineau, avait raconté dans le Une affaire orchestrée au plus haut niveau de l’Etat, selon plusieurs témoins DE NOMBREUX témoins enten- fasse pour que je sache que cela dus par le juge Yves Madre s’accor- émanait de l’Elysée et que je le dent sur un point : le « montage » présente comme tel à la presse. » de Vincennes, destiné à rassurer Selon lui, cette conversation avec l’opinion publique dans une pério- François Mitterrand constitue «la de de menaces terroristes, a été seule fois où le président de la Répu- orchestré au plus haut niveau de blique [lui] a téléphoné ». l’Etat. M. Cléré a par ailleurs confié Interrogé à titre de témoin en avoir « reçu plusieurs coups de télé- début d’année, Jean-François phone de Christian Prouteau dans Cléré, alors membre de l’état- la nuit, qui [lui] demandait de trans- major particulier du président de mettre des informations à Bianco ». la République, a raconté au juge « Je servais d’intermédiaire entre comment l’Elysée avait géré la eux », a-t-il ajouté. En revanche, il soirée de l’arrestation des Irlan- a certifié n’avoir « reçu aucun coup dais. « J’étais la personnalité de de téléphone ni de Beau ni de permanence en août 1982, a-t-il Barril. J’ignorais même leur déclaré. J’ai reçu un coup de télé- existence jusqu’à cette époque. » phone de François Mitterrand, qui m’a demandé de me rapprocher de « AUX ORDRES DE L’ÉLYSÉE » Jean-Louis Bianco [secrétaire gé- Le 5 février 1998, Albert Clémen- néral de l’Elysée] pour mettre au ceau, chef de corps de la gendar- point la diffusion d’une information merie d’Ile-de-France en 1982, concernant une action antiterro- s’était souvenu que, le jour de la riste importante. Je ne pourrais pas perquisition, le commandant Jean- vous dire où se trouvait à ce Michel Beau, alors chef de la bri- moment-là le président de la Répu- gade de recherches de Paris, avait blique, (…) mais, vraisemblable- « déclaré que Prouteau suivait ment, il était à Latche [résidence l’affaire, ainsi que la cellule ély- landaise de François Mitter- séenne ». Selon M. Clémenceau, rand] », a expliqué M. Cléré. M. Beau aurait affirmé que « les Invité à rédiger un texte destiné ordres venaient de l’Elysée ou de à présenter aux médias l’arresta- Latche ». tion des trois Irlandais, M. Cléré Un autre gendarme, Auguste affirme qu’« à ce moment-là, [il] Simonet, avait livré une version n’avai[t] aucun élément, même similaire au juge Madre : « J’ai pour faire un projet de rédaction ». parfaitement entendu Beau dire « Je suppose que c’est Jean-Louis qu’il était aux ordres de l’Elysée ». Bianco qui m’a dicté la teneur de ce Interrogé le 6 février 1998, Gilles communiqué », avance-t-il. En- Ménage, directeur adjoint du suite, M. Cléré aurait contacté lui- cabinet de François Mitterrand à même les chaînes de télévision : l’époque, avait qualifié de « tout à « J’ai eu comme mission de deman- fait inexacte » la thèse selon der aux rédacteurs [en chef] de fai- laquelle « le président de la Répu- re passer immédiatement le commu- blique et ses collaborateurs vou- niqué dans les journaux télévisés qui laient que l’affaire “tienne” ». étaient en cours de diffusion. » Le Selon M. Ménage, le chef de l’Etat témoin a tenu à préciser au juge « n’avait pas demandé qu’on ar- que « le président de la République rête les Irlandais de Vincennes. Au n’ [avait] pas besoin de [lui] télépho- départ, c’était une affaire entre ner personnellement pour [qu’il] Prouteau, Barril et Beau. » fasse passer ce communiqué ». «Il aurait suffi que Jean-Louis Bianco le F. Lh. 14 / LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001 CARNET

DISPARITIONS AU CARNET DU « MONDE » – Gilles, – Ses enfants, – Jean-Michel Belorgey, – Un an déjà que son conjoint, Ses petits-enfants, président, Emy, Romain et Katia, Les membres du conseil d'orientation, Pierre a SUZANNE ALLEN, romanciè- Naissances Et ses arrière-petits-enfants, ses enfants, Ainsi que Jacqueline, L'équipe de la mission inter- re et poète, née à Chaillac Les familles Audry, Hori et Cottet- Et tous ses parents et amis, ministérielle pour la célébration du nous a quittés. – Paris-13e. Dumoulin, centenaire de la loi du 1er juillet 1901, (Indre) en 1920, est morte, ont la douleur mais aussi la joie dimanche 1er avril, à Paris. Son ont la tristesse de faire part de la relative au contrat d'association, Il est toujours présent dans nos cœurs. disparition de d'annoncer que premier poème, publié par Matthieu, Oïhan DUPRAT associés à Ses amis « Comoedia » en 1942, commen- Miyuki Jean DINTILHAC Mme Séverine Merlet, ne l'oublient pas et m'entourent de leur çait par ce vers : « Cette avrile est né le lundi 2 avril 2001. COTTET-DUMOULIN, son épouse, affection. Je les en remercie. journée où le trèfle était roi »…A née HORI, est entré dans la vie éternelle, ce lundi Sa famille, Marie DARRIEUSSECQ 2 avril 2001, à 15 heures, dans sa quatre- Et ses amis, Mathilde Pierre-Rondot, la Maison des lettres, dès cette et survenue le 1er avril 2001, à Toulouse, à vingt-dix-neuvième année. 16, rue Auguste-Payant, époque, avec Roland Dubillard, Jean DUPRAT. l'âge de quarante-cinq ans, des suites ont la douleur de faire part du décès de 69007 Lyon. Jean Laude, Jeanne Deguy, René d'une longue maladie. Les obsèques auront lieu dans sa terre Passeron, Suzanne Allen avait Jean-François MERLET, Anniversaires de naissance natale de Mirandol-Bourgnounac, dans le manifesté son talent de poète et mél : [email protected] docteur d'Etat, Souvenir Charles et Henri Tarn, le jeudi 5 avril, à 16 heures. son goût fervent de la liberté. souhaitent à leur –Mme Jean Daunat, survenu le 25 mars 2001, à l'âge de – Il y a quatre ans, le 6 avril 1997, Remarquée par Raymond Que- née Christiane Lauzier, Une messe sera dite à son intention le vingt-sept ans. neau et Jean Paulhan, elle a Manou, Ses enfants, jeudi 26 avril, à 19 heures, en l'église Denise LAPLACE publié chez Gallimard tous ses Sa petite-fille, Saint-Médard, sa paroisse, et le samedi « L'année 2001 restera pour tous ceux un très joyeux anniversaire et me était assassinée à son travail d'infirmière M Anne Daunat, 5 mai, à 11 h 30, en l'église Notre-Dame- qui l'ont connu autant celle romans, dont le premier, La Mau- l'embrassent de tout leur cœur. du foyer Danglade de Rénovation, à Et toute la famille, des-Victoires, dont il a été un fidèle d'un départ scandaleusement vaise Conscience (1955), a passé, ont le regret de faire part du décès de prématuré que celle d'une célébration Pessac (Gironde). en son temps, pour audacieux : Papillon, Philippe, Marc et Anne. pendant plus de vingt ans. pour toujours inséparable elle y faisait un portrait au vitriol M. Jean DAUNAT, de son nom. » Sa famille, – A Moscou, 6 avril 2001. 55, rue Geoffroy-Saint-Hilaire, Ses amis, de son père, un percepteur de ancien administrateur MSA, Jean-Michel Belorgey. 75005 Paris. Les membres de l'« association province. Joyeux anniversaire à survenu à Neuilly-sur-Seine, le Mission interministérielle pour la Denise-Laplace », 80, rue Mathieu, à Membre du « groupe surréaliste 31 mars 2001, dans sa soixante-troisième – Le 28 mars 2001, célébration du centenaire de la loi du Bordeaux (Gironde), révolutionnaire » en 1946, avec Monique, année. 1er juillet 1901, relative au contrat remercient tous ceux qui l'ont connue et Noël Arnaud, Christian Dotre- Serge GREFFET d'association, dans l'attente de nos retrouvailles. Selon ses dernières volontés, 35, rue Saint-Dominique, aimée de se souvenir d'elle et de faire mont, Queneau, Tzara, Césaire, savoir que, quatre ans plus tard, justice l'incinération a eu lieu dans l'intimité nous a quittés. 75007 Paris. etc., elle publie Feu de tout bois familiale, au crématorium du Mont- n'est toujours pas rendue. chez Seghers (1951), puis Le Pour – 6 avril 1921- 6 avril 2001, Valérien à Nanterre (Hauts-de-Seine). – François Norvez, Aura-t-on « un meurtre sans Annie Stoppelaere, et le Contre, poèmes, chez Galli- son fils, responsable » (journal Sud-Ouest, Joyeux anniversaire, sa compagne, juin 1999) ? mard, en 1966. Délaissant la poé- 19, rue du Cirque, Toute sa famille, 75008 Paris. Claudine, Georges et Jean Greffet, Et ses amis, sie pour des romans autobiogra- Papa, sa sœur et ses frères, ont la douleur de faire part du décès de phiques comme L’Ile du dedans – Le président du CNRS, Toute sa famille, Colloques Cribrian' Claol + 13 + 1/9e. (1960) et Le Lieu commun (1966), La directrice générale du CNRS, Et ses amis, Alain NORVEZ, 19 mai 2001, de 8 h 45 à 18 heures ou L’Espace d’un livre (1971), elle Le directeur de l'Institut national des sont si tristes. professeur des universités - IDUP, Grand amphithéâtre université Paris-I - Panthéon-Sorbonne, s’oriente ensuite vers des recher- Décès sciences de l'Univers et du département du Palais des congrès des sciences de l'Univers du CNRS, de la porte Maillot ches sémiotiques et philosophi- – Renée Auger, Il a été incinéré le 4 avril dans survenu le 2 avril 2001, dans sa ont le regret de faire part du décès de l'intimité. Colloque ouvert au public ques, marquées par des articles son épouse, cinquante-septième année. « La Dignité humaine, dans la Revue d’esthétique, mais Odile et Henri Jollès, Jean DELHAYE, Il est bien difficile d'aller sans savoir un droit inaliénable » Sarah et Simon, astronome, La cérémonie religieuse sera célébrée Organisé à l'initiative des cinq dont l’ensemble reste inédit. le samedi 7 avril, à 11 heures, en l'église Bernadette et Yves Romero, ni où, ni pourquoi, ni comment. Il n'y a principales obédiences maçonniques Suzanne Allen donne le double ancien directeur de l'Observatoire du Mesnil-Saint-Denis (Yvelines), suivie Clément et Camille, rien à ajouter. GLDF, GODF, FFDH, GLFF, GLTSO exemple d’une femme libertaire ses enfants et petits-enfants, de Paris, de l'inhumation au cimetière de cette Accueil handicapés et traductions Pierre Auger, ancien directeur de l'Institut national me commune. et créatrice, dont les recherches –M Renée Le Naëlou, en langage des signes Madeleine et André Plançonneau, d'astronomie et de géophysique, sont allées du charme de la poé- Ses enfants et ses petites-filles Entrée 50 francs Ainsi que toute sa famille, ancien directeur du département Terre- Les fleurs peuvent être remplacées par ont la profonde tristesse de faire part du Renseignements et réservation sie vers une nécessité philosophi- ont la tristesse de faire part de la Océan-Atmosphère-Espace du CNRS, des dons en faveur de décès de au 01-53-42-41-46 que de connaissance critique que disparition de Association Céline-Stéphane, ou www.colloque2001.org le roman n’avait pu satisfaire. survenu le 2 avril 2001 Leucémie-Espoir, Jean AUGER, M. Simon LE NAËLOU, 14, rue de Glasgow, a ancien syndicaliste, et s'associent à la peine de sa famille et 29200 Brest. Conférences NICHOLAS GEORGIADIS, journaliste et historien, de ses proches. survenu en son domicile d'Antony, le décorateur et costumier grec, sur- (« Le Monde » du 5 avril) 2 avril 2001. Association CCFD, – La Maison française de tout pour le ballet, est mort le survenue, à Angers, à l'âge de soixante- 4, rue Jean-Lantier, l'ambassade de France à Washington 15 mars, à Londres, des suites dix-neuf ans. 18, allée des Quatre-Vents, 75001 Paris. organise, en date du 12 avril prochain, à d’une opération du cœur. Né à CARNET DU MONDE 92160 Antony. 20 heures, une conférence, par Edouard La cérémonie religieuse sera célébrée « Heureux les doux, car ils recevront Athènes le 14 septembre 1923, Fax : 01-42-17-21-36 Valdman, autour de son livre : Les Juifs le samedi 7 avril 2001, à 10 h 30, en – Agathe et Renaud Crespin la terre en héritage. » et l'Argent, pour une métaphysique de après des études d’architecture à Matt. 5,4. l'église Saint-Maurille des Ponts-de-Cé ont la douleur de faire part du décès de l'argent, édité en langue anglaise, aux Athènes et à New York, Nicholas (Maine-et-Loire). Téléphone : éditions Schreiber Inc., à Rockville MD. Georgiadis vient à Londres en 18, rue Saint-Médéric, 01-42-17-39-80 Margot, 78000 Versailles. 1953 suivre les cours de la Slade Nos abonnés et nos actionnaires, 4101 Reservoir Road NW, Washington DC 20007. School of Fine Arts dans laquelle bénéficiant d’une réduction sur les 01-42-17-38-42 survenu à l'hôpital Necker, le – La directrice de l'Institut il enseigna ensuite la scénogra- insertions du « Carnet du Monde », er démographique de l'université Paris-I - 01-42-17-29-96 1 avril 2001, juste avant ses neuf mois. Vendredi 6 avril, de 20 h 15 à 21 h 30 : phie. Dès la fin des années 1950, sont priés de bien vouloir nous com- Panthéon-Sorbonne, Les enseignants, « Y a-t-il un bonheur sans compassion il se fait remarquer par ses multi- muniquer leur numéro de référence. e-mail:[email protected] 24, rue de Saint-Pétersbourg, Le personnel administratif, ni sagesse ? » ples collaborations avec le choré- 75008 Paris. Et les étudiants, Loge Unie des Théosophes, graphe britannique Kenneth ont la tristesse de faire part du décès de 11 bis, rue Kepler, Paris-16e. Mac Millan. A Paris, les balleto- Entrée libre et gratuite. Tél. : 01-47-20-42-87 manes le connaissent surtout à Alain NORVEZ, professeur des universités, www.theosophie.asso.fr travers ses nombreuses collabo- rations avec Rudolf Noureev survenu le 2 avril 2001, dont il partageait le goût pour Formations l’excès. et s'associent à la douleur de sa famille. L'EPHE-Formation continue propose sept séances sur : Un costume Georgiadis était – Le président du conseil signé : le point ultime où la flam- Le bouddhisme dans l'histoire d'administration, le jeudi, de 19 heures à 20 h 30, boyance n’oublie cependant pas Et le directeur de l'Ecole du 26 avril au 14 juin. les lignes de fond. Du grand art. d'architecture de Paris - La Villette UP6 Renseignements/inscriptions L’homme de théâtre maniait aus- ont le regret de faire part du décès de au 01-45-87-02-27 (le matin). si les couleurs en maître, osant Pierre STETTEN, les rapprochements improbables architecte DPLG, Communications diverses et les réussissant. Dans ses diplômé du CESHCMA, décors, on retrouvait sa patte. ancien enseignant de l'Ecole, Prix Robert-Guillain Ne craignant pas une certaine reporter au Japon 2001 survenu le samedi 31 mars 2001. L'Association de presse France- lourdeur dans les structures, il Japon attribue en 2001, avec le soutien savait tout aussi bien, d’un acces- d'Air France, Japan Air Lines, Japan soire, d’un objet simple, signifier Anniversaires de décès Railways Group, Osaka House une ambiance. Pour le cinéma, il – Le 5 avril 1987, Foundation, ambassade du Japon et Maison de la culture du Japon à Paris, créa en 1979 les décors et les cos- Philippe AYDALOT deux bourses (titres de transport et aide tumes du Nijinsky de l’Américain pécuniaire) à de jeunes journalistes et des Herbert Ross ; il avait aussi tra- nous quittait. étudiants d'écoles de journalisme. vaillé pour le film Les Troyennes Clôture des candidatures : de son compatriote Michel Une pensée est demandée à ceux qui 6 juin 2001. l'ont connu et aimé. Renseignements : APFJ, Cacoyannis qu’il retrouva au Fes- 101 bis, quai Branly, tival d’Aix-en-Provence pour La Madeleine, sa mère, 75740 Paris Cedex 15. Clémence de Titus de Mozart. Laïli, son épouse, Tél. : 01-44-37-95-39 Marion, sa fille. e-mail : [email protected]

NOMINATION AVRIL 2001 OPÉRA NATIONAL DE PARIS LE MONDE Luc Allaire a été nommé adjoint au directeur de l’Opéra national de Paris, Hugues Gall, en diplomatique remplacement de Philippe Agid qui occupait ces fonctions depuis juillet 1995. [Né en février 1958, diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, Luc Allaire a été SOMMET DE QUÉBEC affecté au ministère de la culture à sa sortie de l’ENA, en 1987. Il a été successivement ● délégué adjoint à la danse (1987-1988), char- De l’Alaska à la Terre de feu, gé de mission auprès du directeur de la musi- que et de la danse (1988-1991), chef du dépar- le tout-commerce à l’œuvre tement de l’enseignement et de la formation à la direction de la musique et de la danse ● (1991-1992), avant de rejoindre, en 1992, la Vers un nouveau Seattle ? direction du budget au ministère du budget. Depuis octobre 1998, Luc Allaire était direc- teur administratif et financier de l’Opéra –––––––––––––––––––––––– et aussi : ––––––––––––––––––––––– national de Paris.] Eternelle récupération de la contestation (Serge Halimi) ; En France, plus de deux siècles d’exception républicaine JOURNAL OFFICIEL (Claude Nicolet) ; Fastes années pour l’économie israé- Au Journal officiel du jeudi lienne (Marwan Bishara) ; Du bon et du mauvais usage 5 avril sont publiés : de la mémoire (Tzvetan Todorov) ; Changement de cap b Gouvernement : un décret pour l’agriculture allemande (Pascal Thibaut) ; Montée relatif aux attributions déléguées à des pouvoirs locaux en Europe (Bruno Rémond) ; Islam la secrétaire d’Etat au logement, Marie-Noëlle Lienemann. américain, islam européen (Jocelyne Césari) ; etc. b Education : un décret portant règlement général de la mention e complémentaire. En vente chez votre marchand de journaux - 25 F - 3,81 15 RÉGIONS LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001 L’irrésistible poussée démographique des grandes agglomérations L’Insee a publié, jeudi 5 avril, le nouveau « zonage urbain » issu du recensement de 1999. La concentration urbaine continue et entraîne une multiplication de migrations quotidiennes de plus en plus longues. La majeure partie des habitants des communes rurales sont désormais dans l’orbite des villes

LA CONCENTRATION de la fois la concentration, toujours plus Le dynamisme des villes s'affirme sans partage vailler. Si les habitants de centre-vil- population dans les zones urbaines forte, de la population dans un le sont moins mobiles – seul un a continué de façon apparemment nombre restreint d’agglomérations LA POPULATION DANS LES DANS LES tiers de ces actifs travaille dans une irrésistible, en France métropolitai- (l’Insee note qu’« à elles seules », COMMUNES RURALES UNITÉS URBAINES TOTAL autre commune –, leur mobilité ne, entre le recensement de 1990 et onze grandes aires urbaines totali- part part part s’accroît plus que celle des actifs de en milliers d'habitants celui de 1999. Après avoir présenté sent la moitié de l’accroissement 1999 en % 1999 en % 1999 en % banlieue. L’augmentation de l’acti- les premières données chiffrées qui démographique du pays) ; et l’étale- Tendance Tendance Tendance vité féminine, et donc du nombre attestent de cette évolution, l’Insti- ment du tissu lié à l’activité urbaine - PÔLES URBAINS 0 0 35 708 80,8 35 708 61 de ménages bi-actifs, contribue à tut national de la statistique et des sur le territoire. rappel 1990* 0 0 34 372 82 34 372 60,7 grossir le flux des déplacements études économiques (Insee) a affi- Cet étalement se retrouve aussi domicile-travail. né ses résultats pour publier, jeudi dans le dynamisme des zones - COURONNES PÉRIURBAINES 5 809 40,6 3 536 8 9345 16 5 avril, une batterie supplémentaire périurbaines, qui contraste avec « POLARISATION DES EMPLOIS » rappel 1990* 4 648 31,6 2 258 5,4 6906 12,2 d’analyses, qui donne le nouveau l’évolution de l’espace à dominante Enfin, par rapport à 1990, les visage de la France urbaine : des rurale : désormais, 21 % de la popu- - COMMUNES actifs des communes de l’espace à « migrants alternants » de plus en lation totale des aires urbaines rési- MULTIPOLARISÉES 1 852 12,9 1 060 2,4 2912 5 dominante rurale « sont eux aussi plus nombreux, sur des distances dent dans les couronnes périurbai- rappel 1990* 1 288 8,7 674 1,6 1961 3,5 contraints à la mobilité par la polari- toujours plus longues, un espace nes (contre 17 % en 1990). 30 % des sation des emplois ». urbain de plus en plus dense débor- communes métropolitaines font ESPACE À L’Ile-de-France représente, à elle dant sur le monde rural, qui recule. partie de ces couronnes périurbai- DOMINANTE URBAINE 7 661 53,5 40 304 91,2 47 965 82 seule, près d’un quart des déplace- Depuis 1997, l’Insee étudie les vil- nes, qui rassemblent aujourd’hui rappel 1990* 5 935 40,3 37 304 89 43 239 76,4 ments domicile-travail intercommu- les et leurs territoires d’influence à 9 millions d’habitants, contre 7 en naux. L’influence parisienne travers une nomenclature spatiale 1990. Les pôles urbains, qui for- ESPACE À s’étend aux régions Centre, Haute- connue sous le nom de zonage en ment le cœur du dispositif, se carac- DOMINANTE RURALE 6 661 46,5 3 892 8,8 10 553 18 Normandie, Champagne-Ardenne aires urbaines (ZAU). Ce zonage térisent, souligne l’Insee, par une rappel 1990* 8 782 59,7 4 593 11 13 380 23,6 et Bourgogne. Le voisinage franci- décline le territoire par catégories : population « plus stable ». lien, ainsi que celui de l’espace les aires urbaines, elles-mêmes for- Le nouveau zonage de l’Insee FRANCE urbain du Nord, font des actifs mées de pôles urbains et de couron- fournit également une sorte de MÉTROPOLITAINE 14 322 100 44 197 100 58 518 100 migrants picards ceux dont les tra- nes périurbaines ; un espace à domi- cartographie du dynamisme rappel 1990* 14 717 100 41 898 100 56 615 100 jets moyens sont les plus longs. La nante urbaine, plus important que urbain. Ainsi, des aires urbaines dis- * Les rappels des chiffres de 1990 correspondent aux délimitations spatiales de ce recensement proportion de « migrants alter- les seules aires urbaines ; enfin, un paraissent de la nomenclature par- Pour la facilité de la lecture, certains chiffres ont été arrondis Source : Insee/Infographie Le Monde nants » dans le Nord-Pas-de-Calais espace à dominante rurale (lire ce qu’elles perdent des emplois, ayant un emploi (14 043 000 sur est presque aussi forte qu’en Ile-de- ci-contre). d’autres apparaissent soit par exten- 23 055 000), contre 46,1 % en 1982 14 millions de « migrants-alternants » France. Suivent la Lorraine, l’Alsa- sion territoriale, soit par une aug- et 52,3 % en 1990. 3 551 000 se ren- POPULATION ACTIVE TRAVAILLANT HORS DE SA COMMUNE ce, la Picardie et la Haute-Norman- COURONNES PÉRIURBAINES mentation des emplois offerts, soit dent dans un autre département, en millions d'actifs die. A l’inverse, Corse, Provence- 3,0 Si l’on se réfère à la catégorie par combinaison des deux phéno- 720 000 dans une autre région. Alpes-Côtes d’Azur et Limousin Insee la plus large, celle de l’espace mènes, dans le seul cas de Belley 281 000 actifs travaillent dans un sont les régions pour lesquelles la 2,5 HORS ÎLE-DE 1999 à dominante urbaine, les Français (Ain). pays frontalier. Les actifs vivant FRANCE 1982 proportion d’actifs ayant un emploi « urbanisés » sont, en 1999, 48 mil- Conséquence logique du phéno- dans les couronnes périurbaines dans leur commune est la plus for- 2,0 lions (sur une population métropoli- mène de concentration-extension sont les plus mobiles : 79,1 % d’en- EN ÎLE-DE 1999 te. Cependant, ces écarts ont ten- taine totale de 58,5 millions). Quant des aires urbaines, non seulement tre eux changent de commune dance à se réduire. 1,5 FRANCE 1982 aux aires urbaines, elles ont gagné les déplacements domicile-travail pour aller travailler. Or, pendant la 3,8 millions d’habitants par rapport se multiplient, mais ils ne cessent période étudiée, « les actifs qui 1,0 Dominique Buffier à 1990 : 45 millions de personnes de s’allonger, avec une moyenne de déménagent vont le plus souvent s’ins- e (soit 77 % de la population de 15,1 km, au lieu de 13,1 km en taller dans les zones périurbaines et 0,5 Résultats publiés dans trois numé- métropole) vivent en 1999 dans 354 1982 et de 14,1 en 1990. Ceux que vont grossir les rangs des migrants ros d’Insee Première : « 4 millions aires urbaines, contre 41 millions, l’Insee appelle les « migrants alter- alternants ». Dans les banlieues 0 d’habitants en plus dans les aires mais dans 361 aires urbaines, en nants » – chaque matin ou presque, (plus près de la ville-centre que la urbaines » (n˚ 765) ; « Les grandes 0,8 1990. ils quittent la commune où ils couronne périurbaine), 76,4 % de la 8-10 villes françaises étendent leur 10-15 15-20 20-25 25-30 30-35 35-40 40-45 45-50 50-55 55-60 60-65 65-70 L’ensemble de ces chiffres témoi- vivent pour se rendre à leur tra- population active quittent leur com- en kilomètres influence » (n˚ 766) ; « Les déplace- gne d’un double phénomène : à la vail – représentent 60,9 % des actifs mune de résidence pour aller tra- Source : Inse ments domicile-travail » (n˚ 767). L’espace urbain et rural vu par l’Insee Le monde rural à la recherche d’une nouvelle identité Les approches de l’Insee se Communes rurales et unités basent sur de nombreuses urbaines hors des aires urbaines, POUR la première fois, la majorité de la popu- pe Julien, Mesurer un univers urbain en expan- mars), intitulé « Campagnes : l’urbain gagne », définitions de l’espace urbain et dont au moins 40 % lation des communes rurales vit dans l’espace à sion, in Economie et statistique n˚ 336, 2000). De le géographe Jacques Levy affirme : « La vision rural. de la population résidente ayant dominante… urbaine. Ce paradoxe apparent fait, une « ville » de 2 000 habitants s’apparente traditionnelle qui représente l’espace français b Unité urbaine. Une ou un emploi travaillent dans confirme la difficulté à mesurer l’urbanisation : plus souvent à un village qu’à une grande cité… comme un emboîtement hiérarchisé de territoires plusieurs communes présentant plusieurs aires urbaines, sans on peut vivre dans une aire urbaine, selon les Quoi qu’il en soit, selon les définitions de (…) ne correspond plus à la réalité (…), le rural une continuité du tissu bâti (pas atteindre l’Insee, la population des communes rurales a n’existe plus. » Cela ne signifie évidemment pas de coupure de plus de 200 mètres ce seuil avec une seule d’entre ANALYSE diminué de 395 000 personnes en dix ans. Mais que la campagne aurait disparu ! Mais pour les entre deux constructions) et elles, et qui forment avec elles l’évolution la plus marquante est l’intégration tenants de cette analyse l’idée de ruralité est comptant au moins un ensemble d’un seul tenant. L’évolution la plus marquante de 1,7 million d’habitants de ces communes liée à la prédominance de l’agriculture dans l’es- 2 000 habitants. b Espace urbain multipolaire. est l’intégration de 1,7 million dans l’espace à dominante urbaine. pace hors la ville. Dès lors que les agriculteurs b Pôle urbain. Unité urbaine Ensemble d’un seul tenant d’habitants dans l’espace ne représentent plus que 4 % de la population offrant 5 000 emplois ou plus. de plusieurs aires urbaines et des à dominante urbaine « LE RURAL N’EXISTE PLUS » active, les données changent radicalement. b Aire urbaine. Ensemble communes multipolaires qui Autrement dit – tandis que le « rural isolé » Ce débat rappelle celui qui a lieu en Grande- de communes d’un seul tenant et s’y rattachent. 37 espaces urbains se vide toujours –, de nombreux villages sont Bretagne, dans des conditions plus brutales : sans enclave constitué par un multipolaires en 1999 (44 en critères de l’Insee, tout en habitant à la campa- désormais passés dans l’orbite, plus ou moins face à la fièvre aphteuse, les paysans ressentent pôle urbain et par des communes 1990). Un espace urbain composé gne. La couronne périurbaine des aggloméra- lointaine, d’une grande ville. Ce transfert est, l’hostilité d’un monde citadin qui, parfois, n’hési- rurales ou unités urbaines – la d’une seule aire urbaine est dit tions se compose en partie de villages, souvent d’une certaine façon, la traduction chiffrée du te pas à évoquer une campagne débarrassée de couronne périurbaine —, dont au monopolaire (59 en 1999 poussés en graine avec leurs zones pavillonnai- phénomène, perçu de façon intuitive, d’interdé- toute agriculture. La France n’en est pas là. Mais moins 40 % de la population contre 113 en 1990). res, mais restés dans un cadre rural : chant du pendance croissante rural-urbain, avec la fluidi- l’appel de Luc Guyau à la solidarité afin de sau- résidente ayant b Espace à dominante urbaine. coq et rosée sur l’herbe du jardin au menu du té grandissante des activités, la banalisation de ver l’élevage, et, au-delà, l’espace rural, exprime, un emploi travaille dans le pôle, Ensemble des aires urbaines petit déjeuner, avant d’aller travailler en ville l’habitat à la campagne et du travail en ville (les pour une part, la crainte d’une évolution similai- ou dans les communes qu’il et des communes dans une tour de verre et d’acier… rurbains) facilités par le développement des re. Les bouleversements démographiques, les attire. multipolarisées. L’autre zonage de l’Insee, qui définit les uni- transports ; le tout aboutissant à une homogé- crises agricoles, posent la même question : celle b Couronne périurbaine b Espace à dominante rurale. tés urbaines, par opposition aux communes néité partielle des modes de vie, jusque dans le de l’avenir de plus des deux tiers du territoire (d’un pôle urbain). Ensemble Comprend des petites unités rurales, à partir d’un seuil de 2 000 habitants, type de délinquance (Le Monde du 4 avril). qui, parce qu’il pose des problèmes moins aigus des communes de l’aire urbaine urbaines et des communes peut lui aussi être discuté. Ce seuil « apparaît C’est pourquoi certains spécialistes recher- que la ville, est en passe de devenir indéfini. à l’exclusion de son pôle urbain. rurales n’appartenant pas à bien souvent trop faible (…) de nombreux pays chent d’autres définitions. Dans un dossier de b Communes multipolarisées. l’espace à dominante urbaine. retiennent le chiffre de 10 000 habitants » (Philip- la revue trimestrielle Pouvoirs locaux (n˚ 48, Jean-Louis Andreani Au congrès des Sables-d’Olonne, la FNSEA lance un appel unitaire pour sauver l’élevage LES SABLES-D’OLONNE que, Assemblée permanente des ducteurs de lait – ne se sont teurs de produits laitiers, refuse de me et sans faille ». Il les presse de un autre porte-parole de la confédé- de notre envoyé spécial chambres d’agriculture (APCA), d’ailleurs pas privés d’entamer leur « mettre en opposition les petits et « faire front commun pour soutenir ration, a expliqué à l’AFP que, Le conseil d’administration sur- n’a qu’à moitié réussi. campagne. les gros, les territoires et les produits, les éleveurs, leurs partenaires écono- « dans la mesure où il [M. Guyau] prise que Luc Guyau avait convo- A une large majorité, il a été déci- Le premier, qui participe à son l’économie rentable et les préoccupa- miques et les forces vives de l’agricul- n’a pas formulé pour le moment de qué mardi 3 avril peu avant l’ouver- dé de faire l’économie d’un con- trente-troisième congrès, a appelé tions sociales, la politique des filières ture et de la ruralité ». Des rassem- revendications précises, nous ne pou- ture du congrès de la FNSEA avait grès électif extraordinaire, avant « à un débat ouvert et des réponses interprofessionnelles et la récupéra- blements devraient être organisés vons pas soutenir ce type d’actions ». pour but de « déminer » les débats celui fixé statutairement au prin- à la mesure de la gravité du tion par les paysans de la valeur ajou- dans tous les départements le M. Louail attend que M. Guyau se ultérieurs, en évacuant la question temps 2002, avec une campagne tée qui leur est due ». samedi 21 avril. rende compte qu’« il a fait erreur (qui taraude les dirigeants du syndi- électorale tendue et risquée. Les Usant de la recette classique qui La Confédération paysanne de dans la politique qu’il a cogérée pen- cat) de sa succession à la présiden- dirigeants ont préféré renouveler Dans bien consiste, quand l’unité syndicale José Bové, principal syndicat rival dant des décennies », pour se met- ce. Mais la démarche de M. Guyau, leurs instances et leur président est tiraillée, à trouver une issue con- de la FNSEA, a décliné l’appel de tre autour d’une même table. désormais à la tête de la très hono- lors d’une réunion « normale » du des régions, l’élevage sensuelle, Luc Guyau, qui ne veut M. Guyau. M. Bové l’a même quali- rable, pour ne pas dire honorifi- conseil d’administration, le 17 mai pas partir dans la confusion, a fait fié de « pathétique ». René Louail, François Grosrichard à Paris. M. Guyau et d’autres diri- bovin de races adopter « un appel unitaire pour geants, qui siègent désormais aussi sauver l’élevage. » Dans bien des au bureau de l’APCA, devraient à viande nourries régions, l’élevage bovin de races à céder la place à une équipe plus viande nourries à l’herbe, sorte de représentative de l’ensemble des à l’herbe est déjà mono-industrie fragile, est déjà au composantes de l’agriculture. bord du gouffre. « Nous ne tenons Mais la nouvelle donne, le virage au bord du gouffre plus sur le terrain (…), il faut que nos qu’en attendent beaucoup d’agri- instances dirigeantes de la FNSEA le culteurs sur le terrain, étaient au comprennent », a lancé sous les cœur de toutes les conversations moment, sans céder aux mirages applaudissements Raymond Vial, mardi et mercredi, en dépit des con- d’un plan social qui n’apporte pas trente-huit ans, patron de la fédéra- signes officielles de silence. Les de solution véritable. » Il a été bien tion de la Loire. deux candidats officieux à la succes- compris, notamment par les éle- L’« appel » des Sables-d’Olonne, sion de Luc Guyau – Dominique veurs bovins qui attendent davanta- qui vise aussi les adhérents des Chardon, agriculteur biologique ge de solidarité des autres paysans. autres syndicats, demande « aux dans le Gard, et le Breton Jean- Le second, efficace négociateur politiques de tous bords, français et Michel Lemétayer, patron des pro- avec les industriels et les distribu- européens, un soutien moral unani- 16 / LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001 HORIZONS REPORTAGE

Des étudiants dans un café devant l’université Bab Azzouar d’Alger : « L’amour, c’est à la portée de tout le monde, c’est ce qu’il y a de plus beau, ça devrait être gratuit. Dans ce pays, non. Il n’y a pas de sexualité avant le mariage. Et, pour se marier, il faut avoir l’appartement, la voiture, de l’argent sur un compte. »

Ghania, une journaliste indépen- dante, estime que les gens ont d’eux-mêmes emprunté la voie de la démocratie. « Ce sont les Algé- riens qui ont empêché l’Algérie d’éclater. Ils ont résisté en se tenant à distance de l’armée et des terros. Ils ont pu survivre en composant avec eux. Mais le peuple résiste, avec une forme de sagesse, il refuse la dic- tature. » Elle voit d’un mauvais œil les pressions pour que s’ouvre une enquête internationale. « Nous avons besoin de vivre un grand psy- chodrame, mais entre Algériens. Il faudrait juger tout le monde : les militaires, mais d’abord les terroris- tes. » Elle pense que les militaires doi- vent regagner leur caserne. En même temps, pour elle, c’est la seule institution qui n’a pas encore implosé : « Elle garde une cohé- rence, on ne peut pas dire qu’elle nous protège, mais si elle implosait ce serait une catastrophe dans un pays où se développent des mafias un peu partout. » La guerre civile et la mutation économique ont vu apparaître de nouveaux monopo- les, des fortunes privées qui ne NADIA BENCHALLAL / CONTACT PRESS IMAGES sont pas « complètement liées aux militaires ». « Ce sont des nouveaux riches qui importent légalement. A eux d’éliminer les concurrents et pour ça, il y a dix mille manières de mettre l’administration sur le coup pour leur créer des blocages. » Un printemps en Algérie ES massacres continuent, mais ils sont limités à des Lrégions rurales dans une par- OUR elle, l’écono- morts. » Ils aimeraient compren- mée n’a pas bougé à Bentalha, tie de la Kabylie, autour de Médéa mie administrée, la La terreur islamiste dre, savoir. « On n’a pas de preuves un massacre à 100 mètres d’une et de Chlef. Farid, l’imprimeur, est bureaucratie sont concrètes. Ils ont des châteaux, ils caserne. Le terrorisme, « c’est soulagé de voir que les islamistes insupportables. Le se relâche. Mais ont réservé les deux plus belles pla- l’anarchie qui permet toutes les com- ont perdu leur pari – prendre le matin quand elle ges pour eux, c’est un pays dans un bines ». Ils disent avoir été « hyp- pouvoir. « Ils se sont trompés de peu- se lève, elle se dit la démocratie pays. » notisés » au début par Bouteflika. ple. Les gens n’étaient pas prêts à la qu’elle n’est plus A la différence de la guerre d’in- « Maintenant il est en train de nous violence, ils n’avaient pas envie de une femme mais se fait attendre. Jeunes dépendance, qui avait renforcé les berner. » Ils ont mal digéré ses der- recommencer une guerre, comme la une chef d’entre- solidarités, celle-ci a accru les nières déclarations demandant aux guerre d’indépendance. L’expérien- prise. A ses collègues masculins qui et moins jeunes, tous égoïsmes, la course à l’argent. «On femmes d’arrêter de fumer et de ce iranienne, qui, dans la révolution, Plui font comprendre que sa place nie la valeur des gens, ce qui compte s’habiller convenablement pour ne a évacué tous les démocrates par la est à la maison, elle répond qu’elle les Algériens ont l’impression c’est ce qu’ils ont dans leur poche. » pas choquer les islamistes repentis. suite, a fait réfléchir. » Pour lui, les les dépasse doublement. Le soir, Résultat : « On a tué l’amour », Tout comme sa décision d’envoyer islamistes continueront à consti- après le travail, elle s’occupe de ses d’avoir perdu vingt ans. disent-ils. les policiers interpeller une vingtai- tuer une force politique importan- enfants. Question chiffre d’affaires Nassima, une étudiante, est effa- ne de couples non mariés en train te qui essaiera d’islamiser la socié- – qu’elle veut tenir se- cret –, ils Pourtant, il souffle rée de voir le nombre « de minettes de se bécoter dans des jardins té par le bas. peuvent toujours s’aligner : elle est qui passent à la casserole du ma- publics. « Ça nous ramène dix ans Il pense que les militaires sont à loin devant. Elle exècre cette men- ces temps-ci sur Alger riage avec des mecs qu’elles en arrière, quand les islamistes nous un tournant. « Bouteflika n’est pas talité d’assistés qui règne en Algé- n’aiment pas, en général beaucoup demandaient de ne pas provoquer le forcément une potiche. Il peut être rie, cette manière de travailler dans ou sur Oran plus âgés qu’elles, tout ça parce regard des autres, s’indigne Fatima. un homme d’Etat capable d’imposer les grandes entreprises publiques qu’ils ont une situation, ça rassure la Il veut jouer sur les deux tableaux : aux militaires une délégation de pou- où, quand surgit une erreur, on un vague air de liberté famille ». Pour les rappeurs de les modernes et les anciens. » Medi voir. Les militaires sont partagés. Ils attend, on ne prend aucune initiati- K-Libre, pour survivre, il faut deve- peste contre l’hypocrisie dont il se lâchent la manne du pouvoir absolu, ve pour la réparer, on attend l’or- qui annonce peut-être nir des James Bond de l’amour, sent lui-même pris au piège : il une manne financière. » Mais ce dre du contremaître. Elle n’a aucu- déjouer la surveillance des frères, habite dans un quartier populaire. n’est pas la corruption qui caracté- ne nostalgie pour cet « âge d’or », le renouveau des sœurs, de la mère, des voisins. Dans la rue, il se surprend à dire à rise à ses yeux l’Algérie, « c’est sa le temps où les frontières étaient « L’amour c’est à la portée de tout le ses voisins que lui aussi, il est folie à exclure les compétences, les fermées : elle était presque seule à monde, c’est ce qu’il y a de plus d’avis que les femmes restent à la solidarités tribales qui font que tu inonder le marché. Son entreprise, beau, ça devrait être gratuit. Dans maison. « Pourtant, j’adore les fem- mets n’importe qui à n’importe quel Kiwi, fabrique des vêtements pour peur. » Nachida remet en route peut pas pardonner. » L’avenir ? ce pays, non. Il n’y a pas de sexualité mes, j’ai participé à plusieurs mani- poste. Le paradoxe c’est qu’à force enfants. Elle s’appelle Nachida. son entreprise, convaincue que cer- « C’est un passage sans issue. On avant le mariage. Et pour se marier, festations pour leur émancipation. d’exclure, les gens les plus brillants, Son angoisse serait d’être en tains de ses ouvriers « avaient des nous y pousse, y a pas d’issue. » Ils il faut avoir l’appartement, la voi- Voilà, c’est comme ça : on ne s’expri- les plus compétents n’ont qu’un ave- retard. Elle guette : la mondialisa- parents terroristes ». ne croient pas aux politiques. ture, de l’argent sur un compte. » me pas comme on veut. » nir : dans l’armée, et celle-ci est tion, les nouvelles technologies, la Ils la protègent, elle, tout autant « C’est du bla-bla, c’est le même L’un n’a pas vécu d’histoire depuis Idriss a l’impression d’avoir vraiment la colonne vertébrale de libéralisation de l’économie. que leur outil de travail : « Je leur désastre. On parle d’évolution alors deux ans. L’autre en vit une en gâché les vingt premières années ce pays ». Son usine compte vingt-cinq en suis éternellement reconnais- que c’est de la démolition. » Avoir cachette. L’un demande à l’autre : de sa vie. Il s’est acheté une voiture Un autre observateur pense lui salariés, mais elle a équipé à domi- sante. Je n’arrêtais pas de leur dire : 20 ans en Algérie, c’est « passer « Combien de temps tu as vécu en neuve, sort en boîte : « C’est com- aussi que l’armée cherche à se cile quatre unités sous-traitantes c’est grâce à vous que je suis là. Il fal- son temps à passer le temps ».65% vingt-quatre ans ? me si on avait retenu, retenu les désengager du champ politique, qui emploient chacune dix person- lait leur montrer que j’étais contre de la population a moins de – Trois minutes ! » gens. Maintenant, ils explosent, cer- « une partie d’entre elle ne voit pas nes. Ses ouvriers, illettrés, vivent l’Etat. Ils voyaient que j’étais révol- 25 ans. « Si un mec n’a pas un l’intérêt à payer pour toutes les déri- encore sous le poids des traditions. tée contre le système, ils étaient appui, un cousin dans l’armée ou à ves et les incompétences de la classe Elle leur impose la mixité dans les contents. » la mairie, il n’a rien. » Personne « C’est comme si on avait retenu, politique, qui a toujours voulu se ser- ateliers. Au début, ça n’a pas été Dans leur quartier de Birkhadem n’est à sa place : « Un docteur en vir d’elle ». Pour Hadj, l’universi- simple. Les femmes portent en- à Alger, Mohammed, Merdi, Yassi- physique nucléaire est balayeur, et retenu les gens. Maintenant, ils explosent, taire, « mettre fin au copinage, au core le foulard. Elle apprend à ses ne, âgés de 20 à 24 ans, tuent un mec qui ne sait pas écrire son clientélisme, ça nécessite de recycler « filles » à être indépendantes, à ne l’ennui en regardant la télé, se nom est à la tête d’une grosse for- certains sauvagement. » beaucoup de monde ». Les civils pas s’accrocher au portefeuille de retrouvent devant le hall du ci- tune. » Qui tire les ficelles ? «On sont-ils en mesure de proposer un leur mari. Elle est convaincue que néma fermé. Le soir, ils composent ne sait pas. Dans nos chansons, on Idriss, 20 ans, informaticien projet de société ? Il en doute. l’Algérie changera grâce aux fem- des morceaux de rap. Leur groupe dit que c’est agent X, la mafia. Rem- « S’ils sont prédateurs comme les mes. D’ailleurs « ce sont des fem- s’appelle K-libre, et ils racontent plir sa caisse et fuir. » autres, ça ne changera rien. » Son mes qui ouvrent des PME aujour- comment ils vivent entre « le feu et Dans un restaurant, Idriss, tains sauvagement. » Il a eu de l’es- seul espoir, c’est que la société d’hui ». Aux pires heures du terro- l’acide : pourchassés par le terroris- LS ont vu des policiers arrêter 20 ans, informaticien, et ses amis, poir quand Boudiaf est venu. Il ins- fasse sa mue. De plus en plus d’as- risme, entre 1996 et 1998, Nachida me, ignorés par l’Etat ». Pas de sou- n’importe qui. « T’étais dans la Fatima et Medi, étudiants, s’en- pirait confiance, il avait une allure sociations se créent. « Les gens pas- prend elle-même sa voiture pour venirs, pas d’avenir, répètent-ils. Irue, t’étais embarqué. Un voisin, flamment sur l’implication des mili- de sage, il voulait s’attaquer à la sent d’une mentalité d’assisté à celle aller chercher du tissu à Tizi Il faut oublier la bombe qui a un joueur de foot, on l’a abattu, il taires dans les massacres. «Jene corruption. Après son assassinat, d’acteur. On se met à croire à l’ac- Ouzou. Son chauffeur a trop peur. explosé et tué des enfants qui passait à la mauvaise heure. » Pour suis pas pour la peine de mort. « on nous a désigné un coupable, tion de proximité : se battre pour « Le terrorisme était partout, devant jouaient par là, oublier la vision du eux, les policiers, les militaires com- Aujourd’hui, sous prétexte qu’un personne n’y a cru. Le véritable avoir une crèche, un meilleur régime notre porte. J’y suis allée en me premier policier assassiné, une me les islamistes se sont attaqués à père est terroriste, on assassine sa meurtrier, on ne sait pas s’il est en de santé, pour l’éducation, pour la disant : c’est le destin. » Elle s’est autre fois, une tête égorgée plan- des gens « pour se faire du fric ». femme et ses enfants. taule ou s’il bronze à Hawaï ». Medi réhabilitation des cités. Il se consti- exilée quelques mois en France, où tée sur un panneau de circulation, Des villas se sont vendues à moitié – Je ne suis pas d’accord, moi, si ne supporte pas le petit pouvoir tue une forme de société civile. » Il elle a réalisé qu’il était beaucoup oublier ces nuits de veille à se fabri- prix après une campagne d’atten- mon père était terroriste, je le flin- des policiers : « A un barrage, ils te espère que les islamistes vont plus facile de créer une entreprise ; quer des épées et des cocktails tats. Ils sont persuadés que l’Algé- guerais.. Pour tuer un serpent, il faut font une réflexion parce que ta sœur désormais accepter d’entrer dans « Les banques demandent moins de Molotov, à installer des sirènes, à rie a les moyens d’exterminer le ter- couper la tête. Laisser les enfants en fume devant toi. Ou ils s’en prennent la légalité. Il veut s’en convaincre : garanties qu’en Algérie, il suffit organiser des tours de garde, à rorisme : « Ils laissent faire, c’est vie ? Ils auraient rejoint le maquis. un jour à un vendeur de cigarettes « Il y a un ferment démocratique, d’avoir un compte bien garni. » Elle vivre et à attendre sa mort. «Onne pour mieux détourner l’attention sur C’est la guerre. » dans la rue et, le lendemain, ils lui j’espère qu’il va prospérer. » hésite, puis revient, elle ne veut sent pas nos 20 ans, j’ai l’impression les trafics. Le port, l’aéroport, ce sont Pour eux, au nom du terrorisme, achètent un paquet. » Medi veut pas lâcher ce pays. Abdiquer d’en avoir 55. » les généraux qui font de l’import et des familles se sont livrées à des partir. Idriss, lui, rêve d’une révolu- Dominique Le Guilledoux devant ces gens-là : « Il ne fallait Ils ne comprennent pas l’amnis- ils exportent les gens. » Ils n’ont pas règlements de comptes privés. Ils tion démocratique, « sinon, on ne surtout pas montrer qu’on avait tie avec les islamistes : «Onne peur de parler : « On est déjà ne comprennent pas pourquoi l’ar- va jamais s’en sortir ». f www.lemonde.fr/algerie HORIZONS-DÉBATS LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001 / 17 Jacques Chirac témoin ? La leçon américaine par Vincent Tournier

OURQUOI la convoca- un organe judiciaire pour veiller au dissolution pour l’exécutif, par la une décision du 27 mai 1997 quasi- faits qui n’ont rien à voir avec ses Révolution, les élus se sont vus tion du chef de l’Etat par respect de la loi et sanctionner les censure pour le législatif). ment passée inaperçue en France. fonctions officielles (Bill Clinton investis d’une mission quasi mysti- un juge d’instruction, a éventuelles infractions. Il faut ajouter – cela ne manque Cette décision faisait suite à une bénéficiera finalement d’un non- que. Ils incarnent la volonté généra- fortiori comme simple Pour Locke ou pour Montes- pas de piquant dans le débat requête déposée par Bill Clinton lieu). le et aucun pouvoir, aucune norme P e témoin, constitue-t-elle un événe- quieu, il n’a jamais été question, actuel – que la V République a dans le cadre du procès que lui Il est important de noter que cet- ne sauraient leur être supérieurs. ment politique et médiatique dans la théorie de la séparation des poussé très loin cette collaboration intentait Paula Jones. Pour Clinton te décision a été adoptée à l’unani- Rares sont les observateurs qui ont majeur ? De toute évidence, quel- pouvoirs, d’interdire à la justice de entre les pouvoirs, au point que et ses avocats, il s’agissait d’obtenir mité par les neuf juges constitution- remarqué que le terme utilisé par que chose de très important se demander des comptes à qui que l’on peut même se demander s’il un gel de la procédure judiciaire jus- nels américains, ce qui montre bien l’entourage de Jacques Chirac pour joue ici, qui relève de notre culture ce soit, bien au contraire. est encore possible de parler de qu’à la fin du mandat présidentiel que ce jugement n’est pas de natu- dénoncer l’initiative du juge Hal- politique, et il n’est pas sûr que cela Allons plus loin dans la réflexion. séparation. en arguant du fait, d’une part, que re idéologique. Ainsi, contraire- phen : « forfaiture », est justement soit à notre avantage. Une comparaison entre les démo- Si l’on regarde le statut réservé le président ne pouvait pas être ment à ce que donne à croire une celui qui apparaît dans la loi du S’il n’est pas question de se pro- craties française et américaine se au président, il est clair que la détourné de ses « devoirs constitu- imagerie produite par le cinéma, le 16-24 août 1790, fondement de noncer sur le bien-fondé de la déci- révèle ici particulièrement éclairan- démocratie française a entouré le tionnels » et, d’autre part, que le ris- président n’est nullement considé- notre système juridique actuel, loi sion du magistrat, il est en revan- te. Ces deux régimes se présentent président d’une immunité juridique que était grand de voir se multi- ré comme un personnage à part, qui interdit précisément aux juges che permis de faire quelques remar- comme deux modèles très diffé- comme une sorte de héros ou de de demander des comptes aux ques sur un argument souvent rents, pour ne pas dire opposés, superman auquel le peuple confie- corps administratifs. Qu’on le avancé : celui de la séparation des dans leur manière d’organiser la Les Français ne comprennent plus rait tous les pouvoirs le temps de veuille ou non, notre Etat de droit a pouvoirs. Invoquée de façon incan- séparation des pouvoirs et le statut son mandat. On peut même faire davantage développé une culture tatoire chaque fois qu’un responsa- du président. Les Etats-Unis con- cette impunité dont semblent jouir l’hypothèse inverse : le cinéma aristocratique qu’une culture démo- ble politique a des ennuis avec la naissent un régime dit de « sépara- nous donne moins à voir la réalité cratique, une culture de l’Etat justice, cette expression reste finale- tion rigide » : les pouvoirs sont indé- nos dirigeants. L’actuel chef de l’Etat politique elle-même que les crain- qu’une culture du droit. ment assez obscure. pendants les uns par rapport aux tes qu’inspire le pouvoir personnel Il n’est toutefois pas impossible Lancée par l’Anglais John Locke, autres ; aucun n’a la possibilité sera-t-il le premier à faire les frais et le souci constant d’empêcher que cette culture politique, portée la réflexion sur la séparation des d’agir sur l’autre ; en particulier, le toute déviation. C’est ce qui expli- à son paroxysme par la Ve Républi- pouvoirs a été reprise au XVIIIe siè- président ne peut pas dissoudre le de ce retournement historique ? que, par exemple, qu’après le long que, arrive aujourd’hui à son ter- cle par Montesquieu qui lui a don- Congrès, qui lui-même ne peut pas règne de Roosevelt, le Congrès ait me. Les sondages nous montrent né sa physionomie et sa grandeur renverser le président. décidé de voter un amendement que les Français ne comprennent modernes. Le raisonnement s’ap- Contrairement à une idée reçue, qui n’a pas d’équivalent aux Etats- plier des affaires plus ou moins inté- constitutionnel qui limite à deux le plus cette impunité dont semblent puie sur un constat simple : « tout les pouvoirs du président améri- Unis. Cette différence a été très clai- ressées contre le président. nombre des mandats du président. jouir nos dirigeants, et il n’est pas homme qui a du pouvoir est porté à cain sont beaucoup moins impor- rement démontrée à l’occasion des La Cour suprême n’a pas retenu C’est aussi cette crainte qui expli- sûr que l’idée, réaffirmée récem- en abuser » ; il faut donc que «le tants que ceux du président de la affaires politico-sexuelles qui ont cette argumentation. Rejoignant que la création de l’institution du ment par Jacques Chirac sur TF1 et pouvoir arrête le pouvoir » (Montes- République française, du moins en défrayé la chronique sous la prési- les arguments des avocats de Paula procureur indépendant, destinée à visiblement acceptée par le Conseil quieu, De l’esprit des lois). La tyran- dehors des périodes de cohabita- dence Clinton. A l’époque, il était Jones, qui estimaient que les Pères placer le pouvoir exécutif sous la constitutionnel, selon laquelle le nie ne peut être évitée qu’à partir tion. En France, plusieurs régimes de bon ton de se gausser des déboi- de la Constitution n’avaient jamais surveillance étroite du pouvoir président « n’est pas un citoyen tout du moment où le pouvoir, ont tenté d’instaurer une sépara- res du président et de la première voulu attribuer au président les pri- législatif après l’affaire du Waterga- à fait comme les autres », jouisse c’est-à-dire la fabrication de la loi, tion rigide des pouvoirs, souvent puissance mondiale. Pourtant, si vilèges d’un monarque, elle a repris te et la révocation par Nixon du encore de beaucoup de crédit. L’ac- n’est pas confié à un seul organe, sur le modèle américain, mais tous l’on accepte de quitter le terrain à son compte les explications d’un procureur chargé de l’enquête. tuel chef de l’Etat sera-t-il le pre- homme ou groupe. Pour limiter les ont échoué. Une autre voie a donc des mœurs pour se placer sur celui juge d’appel qui avait estimé que Pour en revenir à la France, force mier à faire les frais de ce retourne- risques du despotisme, il est donc été suivie depuis la IIIe République, des institutions, on peut voir que « le président, comme toutes les per- est de reconnaître que notre ment historique ? nécessaire que chacune des étapes celle des régimes parlementaires. cette affaire a été l’occasion d’affir- sonnes en charge d’une fonction offi- culture politique est très différente. qui concourent à l’élaboration de Le principe est ici celui de la sépara- mer un principe fondamental : cielle, est soumis aux mêmes lois que L’origine de cette différence doit la loi soit confiée à des organes dis- tion « souple » : les pouvoirs législa- aucun citoyen ne peut se soustraire celles qui s’appliquent à tous les être recherchée dans la sacralisa- Vincent Tournier est maître tincts : un organe législatif pour fai- tif et exécutif collaborent davanta- à la loi, fût-il le président lui-même. citoyens ». Citoyen comme les tion qui a longtemps entouré l’Etat de conférences de science politique re la règle, un organe exécutif pour ge entre eux et ont la possibilité de Ce principe a été rappelé par la autres, le président pouvait donc et les représentants du peuple. à l’Institut d’études politiques de en assurer la mise en application, se révoquer mutuellement (par la Cour suprême des Etats-Unis dans parfaitement être jugé pour des Dans la tradition ouverte par la Grenoble.

les des pays en voie de développe- ment ? Dire que les Etats-Unis ne L’UE se battra feront pas d’efforts si d’autres – beaucoup plus démunis – n’en par Jean Glavany font pas autant choque les oreilles Il faut réorienter la PAC européennes. ÉORIENTER la politique la question de la légitimité de ces me ma collègue allemande, déve- ons bien prévu qu’un certain nom- pour sauver Kyoto Bien entendu, la lutte contre l’ef- agricole commune ? La soutiens. lopper encore l’agriculture biologi- bre d’aléas pourraient intervenir, fet de serre nécessite la participa- reconstruire ? La refon- Mais, aujourd’hui, le problème que, sans pour autant en faire mais nous n’avions pas prévu les Suite de la première page tion de tous les pays. Personne ne Rder ou… la défendre à est encore ailleurs. Nous n’avons « la » solution miracle. Sur tout crises sanitaires que nous subis- conteste que les pays en voie de tout prix ? Sur fond de crises suc- pas répondu à la critique de fond cela nous devons travailler dès sons depuis plusieurs mois. Les pays les plus pauvres sont développement devront respecter cessives, le débat est lancé. Je adressée à notre politique agrico- maintenant, sans éviter la ques- Tirons-en la leçon. Sans toucher déjà les plus durement frappés par leurs engagements. C’est une ques- veux y prendre ma part. le. Le projet initial est démodé. tion difficile : qui, des au cadre fixé à Berlin, certes, sans les effets du changement climati- tion de calendrier. Le protocole de D’abord, ne tirons pas sur la C’est en profondeur qu’il faut consommateurs ou du contribua- changer les règles du jeu en cours que et ils sont les plus vulnérables Kyoto n’est qu’un premier pas. S’en PAC. Au début des années 1960, refondre le contrat entre la socié- ble, devra porter le coût de cet de partie, afin de ne pas désorien- aux changements à venir : les pluies écarter maintenant ne ferait guère on a construit l’Europe autour de té européenne et ses agriculteurs. effort supplémentaire ? ter les agriculteurs : oui, je crois tomberont plus abondamment avancer et ne contribuerait pas à l’agriculture, avec un objectif « Produire toujours plus » a-t-il « Produire mieux », c’est aussi qu’il est possible de réorienter la dans les régions déjà exposées aux trouver une solution. essentiel : assurer l’indépendance encore un sens ? Il faut rompre encourager l’agriculture extensi- PAC dans le cadre, notamment inondations et elles se raréfieront Le protocole de Kyoto est-il alimentaire de l’Europe. C’est ce avec cette course folle à la produc- ve. C’est sur ce sujet, certaine- budgétaire, fixé à Berlin. dans les régions déjà frappées par notre seule option ? J’estime qu’il qui a été demandé aux agricul- tivité à tout prix, conduite au ment, que le tournant sera le plus L’Agenda 2000 laissait aux Etats la sécheresse. Les approvisionne- est la meilleure dont nous dispo- teurs. Personne ne peut dire mépris de l’emploi, de l’environne- difficile à prendre, l’impact sur les membres la possibilité de « modu- ments en nourriture et en eau sont sions et nous nous sommes enga- aujourd’hui qu’ils n’ont pas hono- ment, de la qualité et de la sécuri- agriculteurs le plus fort, et les dif- ler » les aides de marché pour menacés. Une montée de 50 centi- gés à l’appliquer à partir de 2002. ré ce contrat. Grâce à eux, nous té des aliments. Il faut rompre férences d’approche entre Etats abonder les crédits destinés au mètres du niveau de la mer frappe- L’accord de Kyoto est le résultat de avons aujourd’hui une agriculture avec les dérives de nouveaux membres les plus grandes. Mais, développement rural. Le mécanis- rait les centaines de millions de per- plusieurs années de négociations solide, diversifiée, exportatrice, modes de production que nous dans ce grand débat européen qui me de cette « modulation » est sonnes qui vivent dans les zones internationales intenses. C’est un une richesse que le monde entier maîtrisons mal. Mais « produire doit s’ouvrir, nous ne sommes pas simple : il consiste à plafonner les côtières basses, situées surtout compromis qui tient compte des dif- nous envie. moins » serait tout aussi absurde ! en position de faiblesse, car l’inco- aides directes, les aides de mar- dans des pays pauvres. C’est aussi l’une des plus belles ché, celles qui sont proportionnel- Le climat est déjà en train de réussites de l’Europe. Il serait les à la quantité produite, et donc changer, et des mesures doivent Si certains éléments absurde que, faute de savoir la Il me paraît indispensable, inéluctable, celles qui profitent plus aux gros être prises dès maintenant pour transformer, nous nous conten- producteurs, pour réorienter les réduire les émissions de gaz à effet de l’accord empêchent tions de la critiquer. C’est toute incontournable, d’inventer crédits ainsi dégagés vers le de serre. Plus nous attendrons, plus notre conception de la construc- deuxième pilier de la PAC, celui il sera difficile et coûteux d’agir. Les sa ratification par les tion de l’Europe qui en serait affai- un nouveau contrat entre l’Europe qui, justement, symbolise le « pro- belles paroles sur le développement blie. A ceux qui, aujourd’hui, sont duire mieux ». Cette réorienta- durable sont vides de sens si nous Etats-Unis, parlons-en. tentés de faire porter la responsa- et ses agriculteurs, fondé sur un objectif tion, c’est le sens de l’histoire ; ne sommes pas prêts à prendre nos bilité de la crise sur les agricul- elle sera incontournable. Le responsabilités sans délai. Mais nous ne pouvons teurs européens, je dis qu’il faut y nouveau : produire mieux Royaume-Uni et la France sont Certes, l’administration Bush a regarder à deux fois. Avant de les seuls à avoir pris cette déci- assuré à la délégation de l’UE en pas perdre ainsi un chercher des boucs émissaires, sion. Si un tel dispositif était élar- visite cette semaine qu’elle recon- demandons-nous pourquoi nous L’agriculture peut et doit être pro- hérence n’est pas chez nous. Les gi à l’ensemble de l’Union, nous naissait la gravité du problème et la accord essentiel qui est n’avons pas su, ensemble, pren- ductive sans tomber dans l’excès tenants du modèle libéral, qui aurions fait un pas important. nécessité de trouver une solution. dre à temps les bons tournants. du productivisme, c’est-à-dire, je invoquent systématiquement les C’est le meilleur signal que nous Tant mieux, d’autant plus que beau- encore appuyé par la Ne négligeons pas non plus le répète, dans cette recherche de crises actuelles pour attaquer la pourrions donner, ensemble, de coup d’Américains sont aussi préoc- trop vite les amorces de réforme la productivité à tout prix. C’est PAC et plus précisément détruire notre volonté de progresser vers cupés que nous le sommes en Euro- plupart des autres pays commencées depuis 1992. La bais- simple à comprendre : oui à la pro- ses mécanismes de régulation, une PAC différente, qui réponde pe de constater que leur nouvelle se des prix dans laquelle nous som- ductivité, règle de base de l’écono- savent bien que leur vision de mieux aux attentes de la société et administration semble tourner le mes engagés a sûrement beau- mie de marché ; non au producti- l’avenir se traduirait en réalité par des agriculteurs. dos à la seule mesure concrète férentes situations et préoccupa- coup de défauts mais elle permet visme, c’est-à-dire aux excès une agriculture plus intensive. adoptée jusqu’à présent pour s’atta- tions des diverses régions du globe, de corriger quelques-uns des dys- d’une société de marché. Mais je crois vraiment que, sur cet- quer au changement climatique, et une réalisation qu’on ne peut pas fonctionnements les plus criants C’est pourquoi il me paraît indis- te voie du « produire mieux », l’Eu- Jean Glavany est ministre de par conséquent se dérober à ses écarter à la légère. Le déchirer pour de la PAC, en résorbant les excé- pensable, inéluctable, incontour- rope devrait, sans attendre 2006, l’agriculture et de la pêche. obligations internationales. repartir de zéro serait une erreur dents de production qui mena- nable, d’inventer un nouveau con- donner un signal clair. L’interdic- Il ne saurait y avoir de véritable tragique. Si certains éléments de çaient la légitimité de l’ensemble trat entre l’Europe et ses agricul- tion des farines animales pour les leadership sans responsabilité. Cer- l’accord empêchent sa ratification de l’édifice et en permettant à la teurs, fondé sur un objectif nou- bovins est probablement la mesu- AU COURRIER DU « MONDE » tains prétendent que l’application par les Etats-Unis, parlons-en. Mais négociation à l’OMC de progres- veau : produire mieux. Produire re la plus symbolique que nous de l’accord de Kyoto est trop coû- nous ne pouvons pas perdre ainsi ser, en commençant à gommer mieux en termes d’emplois, de ayons prise au cours des derniers FILS DE… teuse pour l’industrie américaine. un accord essentiel qui est encore nos barrières protectionnistes les pratiques environnementales, de mois. Tirons-en les conséquences Le sociologue Pierre Bourdieu a Mais Kyoto permet une certaine appuyé par la plupart des autres plus choquantes, notamment qualité et de sécurité sanitaire des et aidons nos éleveurs à donner à du pain sur la planche. Il a du tra- souplesse dont les Etats-Unis peu- pays. vis-à-vis des pays les plus pauvres. aliments. leur bétail de l’herbe et des protéi- vail jusque bien au-delà de sa vent tirer parti pour réduire les Après être allée à Washington, la Parallèlement, nous avons mis « Produire mieux », cela com- nes végétales. retraite. En effet, les récentes nomi- coûts. Si l’administration Bush trou- délégation de l’Union européenne en place, en 1999, à Berlin, une mence par une redéfinition des Seulement voilà : la PAC est un nations au Conseil constitutionnel ve les objectifs acceptés par les se rendra dans les prochaines semai- véritable politique de développe- liens entre l’agriculture et les lourd paquebot qui ne se manœu- confirment, de manière éclatante, Américains à Kyoto trop ambitieux, nes en Russie, au Japon et en Chine ment rural – trop timide, cer- consommateurs. Les signes de vre pas comme un frêle esquif. les vieilles thèses du chercheur sur ce n’est pas une raison pour rejeter – autres gros producteurs de gaz à tes ! –, mais c’est un premier pas. qualité se multiplient dans le dés- Nous avons convenu en 1999, à la « reproduction » sociale. L’un, l’ensemble de l’accord. effet de serre –, ainsi qu’en Iran, Il est vrai que les réformes succes- ordre et sans relais européen. Cha- Berlin, d’un cadre pour six ans. ancien ministre, est fils d’un minis- Certains prétendent que l’accord pays qui préside l’importante délé- sives ont apporté de nouvelles dif- que mesure prise en matière d’éti- Les agriculteurs sont aussi des tre du général de Gaulle, l’autre de Kyoto « n’est pas équitable » par- gation des pays en voie de dévelop- ficultés : les soutiens directs desti- quetage ou de traçabilité fait l’ob- acteurs économiques, ils ont est la fille de Raymond Aron, le ce qu’il exclut les pays en voie de pement dans les négociations sur le nés à compenser les baisses de jet de discussions difficiles avec besoin de visibilité pour agir, troisième est conseiller d’Etat, fils développement. Mais c’est nous, climat. La délégation apportera le prix garantis sont coûteux pour le nos partenaires ; nous accumu- investir, s’endetter… Il faut en de conseiller d’Etat. Bref, il faut les pays industrialisés, qui avons le message suivant : l’UE ne voit aucu- budget communautaire. Surtout, lons, par conséquent, les retards tenir compte. être bien né pour veiller sur la loi plus contribué à créer le problème, ne solution alternative au problème la situation de dépendance à dans ce domaine. La défiance des Alors, que faire ? Faut-il atten- commune. L’hérédité des charges et c’est donc nous qui devrions être climatique en dehors du protocole l’égard des primes est difficile à consommateurs vis-à-vis de la dre, pour amorcer cette réorienta- est un acquis social des élites. La les premiers à contribuer à sa solu- de Kyoto et elle reste résolue à l’ap- accepter pour les agriculteurs, qui viande bovine ou les difficultés à tion, d’être arrivé au terme de cet- mobilité sociale reste un concept tion. Est-il « équitable » que les pliquer, avec ou sans les Etats-Unis. refusent d’être des assistés et pré- endiguer l’épidémie de fièvre aph- te période fixée il y a un an ? Sin- plus que jamais révolutionnaire. émissions américaines soient, par fèrent être rémunérés par les teuse en sont les conséquences cèrement, l’opinion ne le com- Christian de Maussion personne, dix fois supérieures à cel- Romano Prodi prix ; auprès de l’opinion elle pose directes. Moi aussi je veux, com- prendrait pas. A Berlin, nous avi- Paris 18 / LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001 HORIZONS-ANALYSES 0 123 Les mouvements régionalistes, leur mémoire et l’Europe 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD – 75242 PARIS CEDEX 05 Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 202 806 F AU VU DE LEURS RÉSULTATS C’est à ce moment aussi que la lisme régional est son intense inves- dent enfin beaucoup d’espoir sur les Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 en voix et de leurs gains modestes en région en tant qu’institution va pren- tissement du domaine culturel. En la progrès de la construction européen- Changement d’adresse et suspension : 0-803-022-021 (0,99 F la minute). e Internet : http: // www.lemonde.fr sièges, on pourrait conclure des der- dre un sens administratif et bientôt matière, depuis les débuts du XX siè- ne, dans l’idée que cette structure niers scrutins que les partis régiona- politique, après un long purgatoire cle, ces mouvements ne se limitent sera plus accueillante à l’« Europe ÉDITORIAL listes (breton, corse, basque, alsa- où son acception n’était qu’économi- pas au souci patrimonial de redécou- des régions » qu’ils appellent de cien, savoisien) stagnent voire régres- que. Aujourd’hui, selon une enquête verte et de défense des langages et leurs vœux. Souvent plus comme sent. Cependant, l’influence de cette réalisée en septembre 1999 auprès des cultures menacées par une une machine de guerre contre l’Etat- mouvance, qualifiée tantôt d’« ethno- de quelque 13 000 personnes par modernité ravageuse pour les parti- nation, voire comme un masque de Moderniser la SNCF régionaliste » tantôt de « nationalis- l’Observatoire interrégional du politi- cularismes. Souvent engagés dans leurs aspirations autonomistes ou me régional » par les spécialistes, ne que (OIP), sous la direction d’Elisa- un véritable Kulturkampf, ils s’effor- séparatistes que par une réelle U centre du conflit qui directives de Bruxelles, de ce saurait se mesurer dans les seuls ter- beth Dupoirier, 54 % de l’échantillon cent de reconstruire cette culture à « europhilie ». Au Parlement euro- paralyse depuis quel- point de vue, leur apparaissent mes électoraux. Si l’on considère le interrogé souhaitait que la région se des fins politiques, d’autant plus que péen, le Parti démocratique des peu- ques jours la SNCF figu- comme une menace lancinante, phénomène dans son contexte euro- transforme en unité administrative ce versant culturel permet d’obtenir ples d’Europe-Alliance libre euro- Arent l’avenir du service tandis que les malheurs de la pri- péen et dans sa dimension histori- et politique de l’avenir (contre 42 % certains succès auprès des jeunes. Au péenne (ALE), regroupant 18 forma- public et les craintes, réelles ou vatisation britannique servent que, on constate que le régionalis- pour le département). 69 % pronosti- risque de sacrifier à cette modernisa- tions plus ou moins autonomistes, non, d’une éventuelle privatisa- d’épouvantail. me, loin d’être résiduel ou folklori- quaient qu’il en serait bien ainsi. tion du patrimoine une partie du plu- constitue avec les Verts le quatrième tion. Tous les ingrédients sont Dans ce contexte, Cap Clients, que, loin d’être le spasme ultime ralisme culturel régional lui-même, groupe en importance de l’Assem- réunis pour que le malaise expri- le projet de réorganisation par d’une société traditionnelle en INVESTIR LA CULTURE ainsi que la richesse des terroirs et blée de Strasbourg (Verts/ALE). Il est mé par la grève débouche ainsi activités, s’interprète comme décomposition, constitue une dimen- Un autre facteur propice à l’oubli a des parlers. clair qu’une telle structure sert de sur une longue crise identitaire, une nouvelle étape. Certains veu- sion émergente, bien qu’encore été mis en évidence par les derniers Une exposition itinérante consa- base logistique et d’agence de diffu- quelles que soient les réponses lent y voir un découpage en cen- latente, installée sans doute durable- scrutins : le régionalisme politique crée par le Musée de Bretagne aux Ar sion pour les partis régionalistes les apportées aux revendica- tres de profit qui annoncerait un ment dans la vie publique, qui attire recrute désormais aussi dans les vil- Seiz Breur « Les Sept Frères » plus faibles. tions – divergentes – des chemi- démantèlement ou l’abandon de même à lui des publics nouveaux. les et dans des secteurs de popula- (1923-1947) a récemment illustré Mais sauf pour quelques fonda- nots. Le souvenir du grand con- toute référence à la notion de En Europe, d’après Lieven de Win- tions qui n’ont pas forcément de lien comment un groupe d’artistes réso- tions privées comme le Centre euro- flit de l’hiver 1995 contribue à service public. Pour une entrepri- ter, de l’Université catholique de Lou- familial avec l’histoire locale, même lus à promouvoir un art chargé péen des questions de minorité, sous embarrasser le gouvernement et se de ce type, qui s’est longtemps vain (Belgique), lors d’une conféren- la plus contemporaine. A la base d’idéologie nationaliste a vu quel- l’égide duquel se sont noués les pre- sans doute la direction de l’entre- cimentée autour d’un défi tech- ce, lundi 2 avril, au Centre d’étude d’un vote « néo-breton » ou « néo- ques-uns de ses tenants céder à la miers contacts entre des représen- prise nationale. Lionel Jospin a nologique (le TGV), il est sans de la vie politique française (Cevi- basque » pour les partis régionalis- tentation du fascisme (Le Monde du tants de l’Etat français et les nationa- recommandé, le 4 avril, que des doute difficile d’opérer un trans- pof), on compterait désormais une tes, on peut supposer une volonté 3 novembre 2000). C’est aussi contre listes corses, l’ambiance intellectuel- efforts soient faits lors de la fert de ses capacités de mobilisa- trentaine de formations dotées d’affirmation ou d’enracinement de la société traditionnelle ou clanique, le est plutôt à bâtir l’Union européen- négociation. tion sur un défi économique ou d’une « pertinence » politique, la part du nouveau venu. Le « taux autant que contre l’Etat centralisa- ne en laissant en place les cadres En réalité, la SNCF se trouve commercial. Il y manque un c’est-à-dire capables d’obtenir des de sédentarité » de la région Breta- teur, que se cristallise le régionalisme nationaux. Très loin de l’utopie de prise au piège d’un soupçon enjeu clairement établi, à la dif- élus dans leur propre pays ou au Par- gne – c’est-à-dire le pourcentage réveillé dans les années 1970 et 1980, « l’Europe des régions » chère à déstabilisant pour l’une des der- férence de France Télécom, et, lement européen. Dans le cas de la d’habitants de souche – n’était plus, comme le remarque Wanda Dressler Denis de Rougemont. Et plus loin nières communautés de travail dans une moindre mesure, France, une des raisons de cette évo- en 1998, que de 66 %, de 63 % pour la de l’université Paris-X à propos de la encore de « l’Europe aux cent dra- qui aient su entretenir son corpo- d’EDF, qui sont dans la même lution tient assurément au passage Corse (contre 75 % pour la région Corse, dans un recueil collectif intitu- peaux ». ratisme : celui de la modernisa- situation. du temps. Le discrédit longtemps Nord-Pas-de-Calais), selon l’OIP. lé Cultures politiques (PUF). tion rampante, lui-même prélu- La CGT de Bernard Thibau- attaché aux mouvements autonomis- Un des autres aliments du nationa- Les mouvements régionalistes fon- Nicolas Weill de à la privatisation rampante. lt – lui aussi ancien cheminot – a tes – breton et alsacien et aussi, dans En dépit des dénégations de compris que la modernisation de une moindre mesure, corse – du fait Louis Gallois, président de l’en- la SNCF était la seule chance de de l’engagement de quelques-unes treprise publique et des propos survie du service public. Mais de leurs figures dans la collaboration apaisants du ministre de l’équi- elle se heurte à des luttes de pou- avec les occupants allemand ou ita- Les saynètes par Glen Baxter pement et des transports, Jean- voir entre les syndicats qui ris- lien s’efface et, avec lui, s’assèchent Claude Gayssot, lui-même quent, à terme, de conduire à les sources de l’impopularité du ancien cheminot, rien n’y fait. l’inverse du résultat recherché : régionalisme politique dans ses pro- Le gouvernement a plus d’une en montrant à l’opinion que tou- pres terreaux après 1945. fois donné l’assurance qu’il te réforme est décidément Les compromissions d’un Olivier entendait préserver les services impossible, les syndicats contes- Mordrelle, d’un François Debauvais publics. Mais cette politique s’ac- tataires vont finir par la convain- pour l’Emsav (le mouvement bre- compagne, à juste titre, d’une cre qu’il faudra en venir à la solu- ton), de l’autonomiste alsacien Her- volonté de les moderniser. Les tion la plus radicale, celle de la mann Bickler ou du maître à penser agents de la SNCF sont convain- privatisation, qu’ils prétendent de la « corsitude » Petru Rocca, ne cus qu’on leur dissimule l’objec- combattre. signifient plus grand-chose – même tif final et que le premier signal Comme à chaque fois, ce sont s’il est permis de penser que l’« eth- tangible de la privatisation à les usagers – pardon, les nisme » et la xénophobie qui avaient venir a été la séparation avec clients – qui font les frais de cet- gagné les milieux régionalistes n’ont Réseau ferré de France. Les te bataille indécise. pas toujours fait de la rencontre avec l’« Ordre nouveau » une simple affaire de circonstances ni d’itinérai- 0123 est édité par la SA LE MONDE Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani res individuels. Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; Mai 68, tout comme la conquête Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint de la gauche à l’idée régionale dans Directeur de la rédaction : Edwy Plenel les années 1970, a contribué à cette Directeurs adjoints de la rédaction : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau Directeur artistique : Dominique Roynette « déculpabilisation ». Sans que cet Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment effet s’accompagne forcément de Rédacteurs en chef : Alain Frachon (Éditoriaux et analyses) ; l’aggiornamento requis en matière Laurent Greilsamer (Suppléments et cahiers spéciaux) ; Michel Kajman (Débats) ; Eric Fottorino (Enquêtes) ; de mémoire. A cette époque, des con- Éric Le Boucher (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Anne Chemin (Société) ; Claire Blandin (Entreprises) ; flits sociaux à forte signification loca- Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Christian Massol (Secrétariat de rédaction) Rédacteur en chef technique : Eric Azan le, comme la grève du Joint français à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), ont Médiateur : Robert Solé fourni un ancrage à gauche au natio-

Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg nalisme régional renaissant. Bien que Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ; tardivement, les « paysans tra- partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre vailleurs » de l’Union démocratique

Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président bretonne soutinrent le mouvement.

Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994)

Le Monde est édité par la SA LE MONDE Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. Capital social : 166 859 ¤. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, Les armées françaises ont le cafard Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le Monde Europe, Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations. LES ARMÉES traversent une cri- la quête, par la communauté de mêmes normes mises en avant par n’est pas rien. A ce titre, la hiérar- se de confiance, à l’approche de la défense, de son identité et le besoin le monde qui l’entoure. chie est sensible aux inflexions du fin de la mise en place de la profes- de reconnaissance. Ainsi, pour s’en tenir à quelques pouvoir, qui a vocation à la contrô- ILYA50 ANS, DANS 0123 sionnalisation en 2002. Les rapports Il s’agit moins de la nécessité d’ins- cas précis, cités dans ces rapports ler, et, sauf au moment des rapports sur le moral, que les chefs militaires taurer, comme c’est la tradition, des sur leur moral, les armées sont-elles sur le moral, qui reste exceptionnel, rédigent chaque année à l’adresse liens nouveaux entre la nation et taillables et corvéables à merci, tel elle peine à répercuter les ressenti- Le plan de numérotage de la RATP du ministre de la défense, à partir son armée professionnelle, de façon un service public, au motif qu’elles ments ou les aspirations venus d’en des remarques de leurs subordon- à éviter que celle-ci se ghettoïse et sont constamment disponibles ? bas. COMMENT vont être choisis les réserver le 0 et le 1 aux lignes qui nés, en témoignent. Le rapport se replie sur elle-même. A en juger Comment, par exemple, faire admet- D’où ce sentiment diffus mais numéros des nouvelles lignes n’avaient pas de « terminus péri- annuel de la direction de la protec- par des synthèses de ces rapports, la tre à une unité militaire, mobilisée répandu, dans la troupe, selon d’autobus ? On peut, d’après les phérique » (par exemple, 21 : gare tion et de la sécurité de la défense priorité est plutôt de situer la place pour nettoyer des côtes souillées lequel l’« entreprise-armées » souf- chiffres inscrits à l’avant, détermi- Saint-Lazare-place Saint-Michel). (DPSD), l’ex-Sécurité militaire, don- de cette armée dans la société dont par du pétrole, qu’elle doit conti- fre d’un déficit de représentativité ner les quartiers qu’ils desservent. Les autres chiffres furent attri- ne le même son de cloche : les elle doit garantir la sécurité. En nuer coûte que coûte à œuvrer, de ses organes de concertation, mal- Après la Libération il fut décidé par bués aux quartiers excentriques de armées françaises ont le cafard. Les d’autres termes, un militaire d’active quand d’autres dépollueurs, décou- gré les conseils de la fonction militai- souci d’unification de remplacer la capitale. C’est ainsi qu’en par- rapports sur le moral sont un travail peut-il vivre comme n’importe quel ragés, ont préféré abandonner les re propres à chaque armée, à leurs par des chiffres les lettres attri- tant de la Seine à la porte de Saint- d’introspection qui consiste à tradui- citoyen, en s’identifiant à lui, ou lieux ? Difficile de l’exiger. Com- services communs et à la gendarme- buées naguère aux différentes Cloud et en tournant dans le sens re, sans trop farder une réalité com- demeure-t-il un corps étranger, en ment un officier marinier – l’équiva- rie. Le ministre de la défense, amené lignes d’autobus. Des ingénieurs des aiguilles d’une montre le 2 fut plexe à cerner, les états d’âme de la divorce avec le reste de la société ? lent d’un sous-officier dans la mari- à les présider, peut croire que le mes- étudièrent et mirent au point un l’indicatif du sud-ouest de Paris ; le troupe sur le terrain. C’est en quel- Voilà bien ce à quoi tiennent, aujour- ne – peut-il être requis au-delà des sage passe entre les membres – hau- système cohérent de numérotage : 3, de l’ouest ; le 4, du nord-ouest, que sorte le baromètre de l’institu- d’hui, les interrogations majeures 35 heures par semaine, pour entrete- te hiérarchie et représentants dési- de 0 à 19, métro ; de 20 à 99, auto- et ainsi de suite. tion militaire. des cadres sous l’uniforme. nir son bateau, quand, à ses côtés, le gnés de la « base » – de ces conseils bus de Paris ; à partir de 100, auto- Mais la création de lignes nouvel- Au fur et à mesure qu’on s’élève technicien civil de l’arsenal a quitté quand ils sont invités à donner leur bus de banlieue. les contraignit à prendre des liber- au sein de la hiérarchie, ces rapports QUÊTE D’IDENTITÉ son travail après les horaires légale- avis sur des textes d’intérêt secondai- Pour les lignes intra-muros, le tés avec la règle : la ligne gare destinés, à chaque fois, à informer Cette quête d’identité et cette ment prescrits ? L’esprit de disponi- re. Aujourd’hui, les rapports sur le chiffre des dizaines devait détermi- Montparnasse-porte de Champer- l’échelon supérieur de ce que res- reconnaissance publique passent bilité connaît des limites. Pour les moral incitent à nuancer ce juge- ner le point de départ. 2 : gare ret fut baptisée 92, alors qu’ayant sent la « base » ont plutôt tendance par des comparaisons avec les avoir franchies et dépassées, la gen- ment. La professionnalisation est en Saint-Lazare ; 3 : gare de l’Est ; 4 : un terminus commun avec le 83 à s’affadir. Sans pratiquer ce qui, autres catégories de la population. darmerie a rué dans les brancards marche et, dans son sillage, un élan, gare du Nord ; 5 : République ; 6 : elle aurait dû s’appeler 93. Les d’une certaine façon, pourrait res- C’est, n’en déplaise aux plus anciens par le biais de tracts anonymes ou au sein des armées, pour plus de un point quelconque de la rive droi- lignes qui vont être mises en ser- sembler à de l’autocensure, ils ont de la corporation militaire attachés par la voix des épouses. considération et d’ouverture – on te ; 7 : Louvre et Hôtel de Ville ; 8 : vice ont encore compliqué le pro- souvent livré, dans le passé, à leurs au concept de la spécificité du On est là au cœur du sujet. La n’en est pas encore à exprimer des un point quelconque de la rive gau- blème. Le 22 ne partira pas de la destinataires, une version édulcorée métier des armes, un fait nouveau. « base » invoque un manque de con- objectifs à caractère syndical – en che ; 9 : gare Montparnasse. Pour gare Saint-Lazare, mais de l’Opéra. de la situation, voire une formula- Le jeune officier ou sous-officier ne fiance envers la haute hiérarchie. direction de la société civile. le chiffre des unités on prit soin de (6 avril 1951.) tion volontiers dégagée de toute raisonne plus comme ses prédéces- Elle voit dans ses supérieurs, pro- aspérité. seurs. Davantage que ses aînés, il ches des décideurs politiques, une Jacques Isnard Pourtant, les choses ont évolué s’est frotté aux « filières » universi- instance d’appel, susceptible de 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS cette fois-ci. Progressivement. Sans taires durant une formation qu’il a, communiquer à qui de droit ses doute parce qu’une armée formée au départ, partagée avec des civils interrogations, ses rancœurs et ses RECTIFICATIF Adresse Internet : http: // www.lemonde.fr de professionnels a moins de rai- de son âge, et il a une conjointe ou aspirations. A tort ou à raison, elle sons de tricher qu’une autre ou de un conjoint qui, dans la plupart des observe que le courant ne passe pas RUSSIE Télématique : 3615 code LEMONDE Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC (5,57 F/mn) se mentir à elle-même : il y va de sa cas, travaille. Dès lors, il ne s’enfer- ou mal. En réalité, l’institution mili- Dans nos premières éditions du ou 08-36-29-04-56 (9,21 F/mn) cohésion et, du même coup, de sa me plus dans des préventions, pro- taire, société pyramidale et peu jeudi 5 avril, le portrait de page capacité à tenir ses engagements pres à son métier, qui lui feraient transparente, est loin de former cet- « une » n’était pas celui de Vladi- Le Monde sur CD-ROM : 01-44–88-46-60 opérationnels vis-à-vis des responsa- revendiquer des valeurs radicale- te communauté lisse et unie qui se mir Goussinski mais de Evgueni Index du Monde : 01-42-17-29-89. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 bles politiques. Et, précisément, ce ment différentes de celles des civils. contenterait de relayer les insatisfac- Kissilev, directeur limogé de la Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 qui semble en cause dans les der- C’est un changement par rapport au tions ou les aigreurs de chacun. Elle chaîne de télévision indépendante niers rapports sur le moral, ce sont passé : désormais, il se réfère aux « produit » de la sécurité. Ce qui russe NTV. 20 ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001

FINANCE La justice américaine pagnie d’assurances californienne. d’instruction Philippe Courroye, char- tium de réalisation). b LE CDR met se d’Executive Life. b LE JUGE COUR- n’est plus la seule à enquêter sur Exe- b LA JUSTICE FRANÇAISE est saisie gé de plusieurs dossiers relatifs au en cause Jean-François Hénin, ancien ROYE, qui enquête sur les possibles cutive Life et le rôle joué, en 1991, d’une partie de cette affaire depuis passé du Crédit lyonnais, un réquisi- directeur général d’Altus, pour avoir faux bilans du Lyonnais, a par par Altus, ancienne filiale du Crédit près d’un an. b LE 15 JUIN 2000, le toire supplétif à la suite d’informa- repris deux sociétés appartenant à ailleurs élargi son investigation au lyonnais, lors du rachat de cette com- parquet de Paris a délivré au juge tions transmises par le CDR (Consor- la MAAF, alliée d’Altus dans la repri- deuxième semestre de 1993. La justice française se penche à son tour sur l’affaire Executive Life Le juge d’instruction Philippe Courroye, chargé de plusieurs dossiers liés au passé du Crédit lyonnais, a été saisi d’un réquisitoire supplétif à la suite de la dénonciation par le CDR (Consortium de réalisation) de l’acquisition par Altus en 1991 de deux filiales de la MAAF

LA JUSTICE américaine n’est Le volet français de l’affaire Exe- té d’assurances. En contrepartie, CDR à la justice détaillent les accu- de M. Hénin, depuis 1986, et M. Seys devant les policiers, indi- pas la seule à enquêter sur le rôle cutive Life n’a pas d’existence judi- indique le réquisitoire supplétif, sations visant Altus et son direc- « d’autres groupes de sociétés, indi- quant que « le prix payé correspond joué, en 1991, par Altus, ancienne ciaire propre. Il a été versé à la pro- reprenant à son compte l’argumen- teur. La FBUM, rachetée le que le CDR, ont bénéficié d’une par- à une part fiscale déficitaire ». L’ab- filiale du Crédit lyonnais, lors du cédure visant l’homme d’affaires tation du CDR, Altus aurait suréva- 31 décembre 1991, dont l’activité tie des profits tirés des “junk bonds” sence d’audit approfondi serait dû rachat de la compagnie d’assuran- Jean-François Marland ouverte lué le prix d’achat de la FBUM et de prêt pour les artisans boulan- alors qu’Altus a supporté seul le sur- au manque de temps dont dispo- ces californienne Executive Life et après la déconfiture de son groupe de l’Immobilière Port Royal per- gers et les petits commerçants croît des acquisitions et l’ensemble sait Altus qui était alors engagé de son portefeuille de « junk de distribution qui a bénéficié d’un mettant à la MAAF de réaliser une paraissait peu viable, semblait pro- des risques ». Les dividendes per- dans une recherche tous azimuts bonds » (obligations à hauts ris- soutien financier hors norme d’Al- opération financière salvatrice. mise à la faillite sans l’intervention çus sur les obligations les plus ren- de crédit d’impôts. Une modifica- ques). Selon nos informations, la tus. Les enquêteurs ont débuté Selon le CDR, ces deux opérations de la MAAF. Pourtant, « Altus n’a tables auraient permis à Pacifico tion réglementaire moins avanta- justice française est saisie d’une leurs investigations sur le rachat, auraient causé « un préjudice procédé à aucun audit préalable de gagner plusieurs dizaines de mil- geuse en matière de crédit d’impôt partie de cette affaire depuis près en 1991, par une filiale d’Altus, la immédiat d’au moins 500 millions approfondi et a conclu cette acquisi- lions de dollars. Trois partenaires intervenant au 1er janvier 1992, la d’un an. Le 15 juin 2000, le parquet SBT batif, de deux sociétés appar- de francs » à Altus. Son directeur, tion sans véritable garantie d’actif de M. Hénin, « MM. Naouri, Mal- banque devait conclure cette affai- de Paris a délivré au juge d’instruc- tenant à la MAAF, la Financière de M. Hénin, personnellement visé net », affirme le CDR qui ajoute lart et Ladreit de Lacharrière » re au plus tard le 31 décembre tion Philippe Courroye, chargé de banque et de l’Union meunière dans le réquisitoire pour des faits que la filiale du Crédit lyonnais a auraient encaissé, pour leur part, 1991. La MAAF dispose, par plusieurs dossiers liés au passé du (FBUM) et la société Immobilière de « faux bilans, recel et abus de « valorisé les déficits fiscaux sans ailleurs, d’un rapport de la commis- Crédit lyonnais, un réquisitoire de Port Royal. biens sociaux » n’a, à ce jour, pas appliquer une quelconque décote et sion bancaire sur la FBUM, daté supplétif lui permettant d’exami- Le CDR estime que la MAAF, tra- été entendu par le juge. Seul Jean- s’est porté acquéreur d’une banque Une opération du 9 janvier 1992, qui fait état ner les informations transmises versant une mauvaise passe, aurait Claude Seys, directeur général de dénuée d’un véritable fonds de com- d’une situation assainie après un par le Consortium de réalisation été complice d’une opération de la MAAF, depuis 1990, a été inter- merce ». « Altus a subi un préjudice financière plan de redressement drastique. (CDR). « portage » permettant à Altus de rogé, au mois d’octobre, par les direct de l’ordre de 285 à 385 mil- « La perte fiscale, précise le rap- Le CDR, organisme public créé racheter Executive Life alors que la policiers, en qualité de témoin. lions au minimum », assure le salvatrice port, et les pertes précédentes en 1995 pour gérer les actifs com- législation américaine interdit à Les notes du 15 juin et du CDR. L’achat, par Altus, de la socié- devraient rendre la FBUM, ainsi promis du Crédit lyonnais, a livré une banque de contrôler une socié- 22 décembre 2000 adressées par le té immobilière de Port Royal, pro- pour la MAAF rénovée, attirante pour un acheteur au juge, entre juin 2000 et janvier priété de la MAAF, aurait égale- éventuel. » 2001, une série de notes et de docu- ment fait l’objet d’une surévalua- Enfin, selon M. Hénin, les gains ments destinés à étayer ses accusa- L’état calamiteux de la FBUM tion estimée, quant à elle, à près « une somme totale de l’ordre de obtenus sur la vente des « junk tions visant personnellement Jean- de 234 millions de francs par les 200 millions de dollars en trois ans bonds » les plus rentables auraient François Hénin, directeur général Altus a repris, en 1991, à la MAAF l’Immobilière Port Royal et la experts sollicités par le CDR. L’uni- pour une mise initiale de 56 millions été réalisés en toute transparence. d’Altus à l’époque des faits, et Financière de banque et de l’Union meunière (FBUM). La banque que actif de cette société, un de dollars ». Ces gains ont été obte- « C’est bien parce que l’opération impliquant la Mutuelle d’assuran- FBUM a été créée en 1941. Sa clientèle était essentiellement compo- immeuble, situé rue Broca, qui nus, affirme le CDR, au détriment Apollo était considérée comme éco- ces artisanale de France (MAAF), sée de commerçants, d’artisans boulangers et de petites entreprises. héberge aujourd’hui le siège du des intérêts d’Altus qui « n’a réali- nomiquement à haut risque que, partenaire d’Altus lors du rachat Les comptes consolidés de la FBUM, au 31 décembre 1990, affichent Monde, a été vendu 487 millions sé aucune plus-value lors des opéra- pour montrer ma confiance dans ce de la compagnie d’assurances amé- une perte de 80 millions de francs, mais la FBUM aurait accusé, selon de francs. tions de cession ». projet, j’y ai moi-même investi. Cet ricaine. Le juge Courroye a réuni, le CDR, une perte de 345 millions de francs sans la vente de son siège Parmi les griefs formulés figu- M. Hénin a vivement démenti investissement a été réalisé avec l’ac- au mois de mars, les avocats du social à la MAAF. Cet achat a permis à la FBUM de dégager une plus- rent aussi les profits réalisés par ces accusations dans deux cour- cord écrit et explicite de Jean-Yves CDR, en leur qualité de partie civi- value exceptionnelle de 147 millions de francs. Pour le CDR, « Altus se M. Hénin et trois investisseurs lors riers adressés le 9 novembre et le Haberer [alors président du Crédit le, et des experts judiciaires afin porte acquéreur d’une banque dénuée d’un véritable fonds de commer- de l’achat du portefeuille de « junk 7 décembre au juge d’instruction. lyonnais] ». d’examiner les faits dont dispose ce… qui était un véritable foyer de pertes… Cette opération est injustifiée bonds » d’Executive Life. La socié- Au sujet du rachat de la FBUM, il désormais la justice. d’un point de vue économique ». té Pacifico, propriété personnelle corrobore les déclarations de Jacques Follorou

Dix ans d’imbroglio d’affaires français « impliqué dans l’opération Executive Life » L’enquête sur les comptes du Lyonnais est élargie à la fin 1993 b Avril 1991 : faillite de la New California Life Holding. dénonce le montage au nouveau Compagnie d’assurance Executive b Décembre : la justice commissaire californien aux LE JUGE d’instruction parisien Philippe Courroye, par un fax de Matignon. » Cette déclaration Life, reprise par l’Etat de Californie. californienne entérine le choix de assurances, le républicain Chuck saisi de plusieurs dossiers du Crédit lyonnais, a éten- conduit la justice à se demander si les résultats de b Novembre : l’offre de reprise M. Garamendi. Quackenbush. du, fin février, son enquête sur les comptes de l’an- la banque n’ont pas été établis en concertation d’Executive Life faite b Décembre 1992 : Artémis, la b Février 1999 : Chuck cienne banque publique à l’époque où Jean Peyrele- entre le gouvernement et la direction du Lyonnais. conjointement par Altus et la holding patrimoniale de François Quackenbush entame une vade dirigeait l’établissement. Après avoir enquêté L’affaire des comptes du Crédit Lyonnais a Maaf est retenue par le Pinault achète à Altus la majeure procédure contre Altus, le Crédit sur l’exercice 1992 et le premier semestre 1993 aux notamment conduit aux mises en examen du direc- commissaire californien aux partie du portefeuille de « junk lyonnais, la Maaf, le CDR… En côtés de son collègue Jean-Pierre Zanoto, parti teur du Trésor de l’époque, Jean-Claude Trichet, et assurances, John Garamendi. Altus bonds ». Artémis obtient par parallèle, le parquet de Los depuis à l’inspection des services judiciaires, le magis- de l’ancien gouverneur de la Banque de France, paye 3,25 milliards de dollars le ailleurs une option pour Angeles (pénal) et la Réserve trat a délivré une commission rogatoire sur le deuxiè- Jacques de Larosière. Le 26 juillet 2000, M. Habe- portefeuille de « junk bonds » l’acquisition d’Aurora. fédérale (contrôle des banques) me semestre 1993, dont les comptes ont été arrêtés rer avait déclaré avoir reçu, au mois de mars 1993, (obligations à hauts risques) Jean-François Hénin quitte la entament ensemble une enquête. en avril 1994. M. Peyrelevade a été nommé à la prési- un appel téléphonique du gouverneur de la Ban- d’Executive Life, et un ensemble direction générale d’Altus et b Janvier 2000 : Chuck dence du Crédit lyonnais au mois d’octobre 1993. que de France qui lui aurait signifié l’existence d’actionnaires mené par la Maaf rejoint Artémis pour gérer les Quackenbush inclut dans les Les comptes de la banque n’auraient pas reflété la d’« instructions » relatives à l’arrêté des comptes assure la poursuite de l’activité de « junk bonds ». poursuites engagées François réalité de la situation financière de l’établissement. 1992 du Crédit lyonnais. Cette conversation a été la compagnie rebaptisée Aurora b Septembre 1993 : New Pinault. Interrogé par les juges, le 26 juillet 2000, Jean-Yves démentie par M. de Larosière. via une holding appelée New California Life Holding prend b Juillet : Chuck Quackenbush Haberer, prédécesseur de M. Peyrelevade à la tête de Ministre des finances jusqu’en avril 1993, Michel California Life Holding. effectivement le contrôle démissionne à la suite la banque et mis en examen pour « présentation de Sapin, actuel ministre de la fonction publique, doit Signature d’un accord secret entre d’Aurora. d’accusations de corruption. comptes inexacts », avait déclaré que, en avril 1994, le de son côté être entendu par la commission d’ins- Altus et la Maaf assurant cette b Août 1994 et juin 1995 : b Février 2001 : Jean Peyrelevade, conseil d’administration du Crédit lyonnais, lors de truction de la Cour de justice de la République dernière de la reprise à tout Artémis rachète en deux étapes président du Crédit lyonnais, est l’examen des comptes de 1993, avait été « suspendu (CJR) au sujet des dividendes servis par la banque moment et à des conditions fixées New California Life Holding. entendu par la Réserve fédérale d’une heure, car l’Etat actionnaire n’avait pas encore pour son exercice de 1992. à l’avance de sa participation dans b Juillet 1998 : un homme américaine. fixé sa position, qui fut notifiée d’une manière insolite, J. Fo. Les trous de mémoire du Crédit lyonnais et des autorités californiennes L’AFFAIRE Executive Life s’ap- une banque de prendre plus de veut mettre la main sur le porte- tion serait postérieure à l’arrivée mis a exprimé le souhait d’acquérir nir des garanties identiques du Cré- parente aujourd’hui à une partie 25 % d’un groupe industriel ou de feuille de 3 milliards de dollars de de Jean Peyrelevade, en octo- les actions détenues par différents dit lyonnais. La banque finalement de cache-cache entre d’un côté la services. Mais la filiale du Crédit « junk bonds » (obligations à haut bre 1993, à la tête de la banque, et investisseurs… », plus question de refuse, mais les correspondances justice américaine et de l’autre le lyonnais a monté son opération au risque) d’Executive Life. Des titres surtout à la reprise d’Executive Life portage et d’engagement formel ! échangées suffisent à démontrer sa CDR (Consortium de réalisation) vu et au su de sa maison-mère et à l’origine de la faillite de la compa- intervenue finalement en septem- Plus gênant encore, d’autres parfaite connaissance de l’opéra- et le Crédit lyonnais. Les accusa- plus encore des autorités califor- gnie, mais qui deviendront une bre 1993. Cette position vise à mon- documents montrent que le Lyon- tion. teurs américains feignent d’ignorer niennes. Depuis, comme l’attes- mine de plus-values pour la filiale trer que le Lyonnais n’a jamais été nais a eu connaissance de l’opéra- l’omniprésence dans cette opéra- tent des documents judiciaires con- du Lyonnais et plus encore pour complice des agissements de sa tion bien avant 1993. Deux lettres FAIRE PAYER LES FRANÇAIS tion des autorités de l’Etat de Cali- sultés par Le monde, les uns et les François Pinault dont la holding filiale. Une démonstration fragile. envoyées les 19 avril et 6 mai 1991 Enfin, il existe une dernière preu- fornie et de l’autre le CDR et le autres ont perdu la mémoire. Artémis en reprendra en décem- Elle a été une première fois remi- par Jean-Yves Haberer, président ve qu’Altus contrôlait les condi- Lyonnais remodèlent le passé pour En avril 1991, lorsque la compa- bre 1992 la majeure partie. Ces se en cause par les révélations de de la banque française jusqu’en tions de la reprise d’Executive Life se disculper. Ce jeu de rôle prête- gnie Executive Life fait faillite, « junk bonds », M. Garamendi est l’hebdomadaire The Economist sur octobre 1993, à M. Garamendi sont et que les autorités californiennes rait à sourire si l’enjeu n’était pas John Garamendi, le commissaire disposé à les céder à condition de l’existence d’un fax de 17 pages assez explicites. M. Haberer assure étaient parfaitement au courant : des amendes de dizaines ou de cen- californien aux assurances décide trouver un repreneur pour poursui- envoyé le 13 décembre 1993 par le commissaire aux assurances que l’entrée à la demande de M. Gara- taines de millions de dollars à la de la nationaliser pour éviter le vre l’activité de la compagnie. Altus au secrétariat de Jean Peyrele- le Crédit lyonnais fournira 300 mil- mendi dans le tour de table peu charge du contribuable français. dépôt de bilan et une catastrophe Altus ne pouvant l’acheter directe- vade. L’opération est décrite dans lions de dollars dans la première avant la reprise en septembre 1993 En trouvant des actionnaires pour pour ses 340 000 clients. M. Gara- ment constitue en catastrophe à une annexe en page 10 du docu- missive puis 3 milliards dans la de l’assureur américain d’un nou- reprendre la Compagnie d’assuran- mendi n’a ensuite qu’une hâte… l’automne 1991 un groupe d’inves- ment. « Ni le Crédit lyonnais ni nous- seconde aux repreneurs des actifs vel actionnaire, Sun America. Ce ces californienne Executive Life, en trouver une issue à ce dossier tisseurs « présentables » autour de même ne pouvons être titulaires de d’Executive Life. Il s’agit pour l’es- dernier a acheté finalement 33 % les finançant et en les garantissant encombrant. Ancienne vedette de la Maaf pour récupérer Executive cette participation. En conséquence, sentiel de garantir le financement d’Executive Life, rebaptisé Aurora, contre les risques, Altus Finance a football américain, il nourrit des Life, quitte à leur fournir toutes les cette participation est/sera portée de la reprise des « junk bonds », et Altus lui a trouvé une place dans sans doute violé la loi bancaire ambitions politiques dans le camp garanties imaginables. avec engagement de reprise et facul- mais M. Haberer ajoute le 6 mai : le groupe d’investisseurs sans le américaine. Elle interdisait alors à démocrate. Coïncidence, Altus té de substitution par la Maaf « Nous comprenons qu’une telle moindre problème… en réduisant DEUX LETTRES ASSEZ EXPLICITES (25 %), Alain Mallart (17 %), Fima- réhabilitation [d’Executive Life] la part des autres. La justice civile et pénale améri- lac (15 %) et Omnium de Genève implique l’achat de certains actifs et Dans cette affaire, la justice caine et la Réserve fédérale, char- (10 %). » M. Peyrelevade nie avoir la restructuration d’une partie du américaine et plus particulière- gée du contrôle des banques, repro- pris connaissance de ce texte. passif d’Executive Life aussi bien que ment le procureur fédéral Jeffrey chent à Altus, à ses alliés au Crédit A ce moment-là, Artémis, qui a l’injection de capital dans l’entité Isaacs poursuivent un seul objec- lyonnais et au CDR, l’organisme récupéré en décembre 1992 les reconstituée… ». tif : faire payer les Français. public chargé d’assumer le passé « junk bonds » d’Altus, s’est aussi La Maaf détient une preuve plus M. Isaacs cherche à impliquer de la banque, d’avoir dissimulé les engagé à reprendre la compagnie. flagrante de l’implication du Crédit dans l’opération des « poches plei- véritables conditions de la reprise Deux documents de Clinvest (la lyonnais. La mutuelle d’assurance, nes » : le Crédit lyonnais, l’Etat d’Executive Life afin de s’emparer banque d’affaires du Crédit lyon- chef de file des repreneurs de la français et François Pinault. Mais des « junk bonds ». La stratégie de nais) des 13 et 21 janvier 1994 l’at- compagnie, a bénéficié d’accords en fermant les yeux sur le rôle défense du Lyonnais et du CDR testent. Seul problème, ils se con- secrets signés en novembre 1991 essentiel joué par les autorités cali- consiste depuis le début des pour- tredisent. Dans le premier, Artémis avec Altus lui permettant à tout forniennes – qui elles aussi suites il y a deux ans à nier avoir s’engage à reprendre des actifs moment de céder sa participation savaient tout –, les accusateurs connaissance dans le détail du « portés par différents investisseurs et assimilés à un portage par les soulignent leur partialité. montage réalisé par Altus. La com- pour le compte d’Altus Finance… » accusateurs américains. Elle cher- préhension de la nature de l’opéra- et dans le second, définitif, « Arté- che à la fin de l’année 1991 à obte- Eric Leser 22 / LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001 ENTREPRISES Effondrement au premier trimestre des fusions-acquisitions L’évolution incertaine des télécommunications LE MONTANT des opérations de fusions-acquisitions dans le mon- de est en chute libre au premier trimestre, indique une étude du grou- aggrave les difficultés de l’américain Lucent pe d’informations financières Thomson Financial. Les transactions totalisent 455 milliards de dollars, soit une chute de 62 % par rapport au premier trimestre 2000, et le plus faible niveau enregistré depuis Des rumeurs de dépôt de bilan ont circulé mercredi 4 avril à la Bourse de New York le troisième trimestre de 1997. La chute des valeurs boursières paraît avoir gelé le marché, notamment dans le secteur des télécommunica- L’action Lucent a perdu 30 % avant de se repren- des leaders du secteur sur le marché de l’équipe- tent aujourd’hui la conjoncture morose de l’in- tions, qui animait le marché des mariages et des OPA. dre, mercredi 4 avril, en raison de rumeurs de ment en télécommunications. Aux erreurs straté- dustrie high-tech. Le groupe s’est engagé dans En France, les opérations de fusions-acquisitions se sont effondrées faillite, démenties par le groupe. Lucent est l’un giques et aux problèmes de management s’ajou- un programme de 16 000 supressions d’emplois. de 92 % au premier trimestre 2001. En effet, la valeur des opérations réalisées sur cette période se limite à 5,6 milliards d’euros, contre LE GÉANT américain Lucent a C’est aujourd’hui le principal sou- « Soyons clairs, nos lignes de crédit ments optiques laissant un vérita- 72,3 milliards au premier trimestre 2000. Néanmoins, quelque vécu une journée noire, mercredi ci de l’équipementier. Lucent a clos de 6,5 milliards de dollars nous four- ble boulevard dans lequel le cana- 22,6 milliards d’euros d’opérations annoncées (rachat de participa- 4 avril. A l’ouverture des marchés, le premier trimestre de son exerci- nissent les ressources et la flexibilité dien Nortel s’est engouffré. Le tions Vodafone-France Télécom, fusion Schneider-Legrand, rachat des rumeurs de faillite ont circulé, ce fiscal 2001, au 31 décembre, financières pour réaliser notre plan géant américain s’est donc donné de Sidel par Tetra Pak) mais pas encore réalisées, devraient permet- faisant plonger le titre de l’entrepri- avec une perte de 1,7 milliard de de redressement ». comme priorité de revenir en force tre un rebond au second trimestre, estime Thomson Financial. se de 30 %. L’action Lucent se négo- dollars et des revenus en baisse de Le géant américain s’est en effet sur les marchés des équipements ciait alors à 5,50 dollars, son plus 26 %. Pire. Les comptes de l’exerci- engagé dans un plan de restructura- optiques, de la téléphonie mobile, bas niveau depuis cinq ans. La réac- des réseaux Internet, et de réduire Visa lance un plan antifraude tion de Lucent ne s’est pas fait la voilure sur les marchés plus tradi- attendre. Dans un communiqué, Cisco confirme les craintes des marchés financiers tionnels. Il s’est d’ailleurs félicité LE GROUPEMENT Visa Union européenne va investir 168 millions son directeur financier, Deborah d’avoir remporté fin mars un con- d’euros sur cinq ans pour inciter les banques européennes à équiper Hopkins, a démenti formellement Cisco Systems, qui fut l’une des stars de la nouvelle économie en trat de 5 milliards de dollars pour leurs cartes bancaires d’une puce électronique, a indiqué mercredi ces rumeurs, « sans fondement et tant que premier fournisseur industriel des opérateurs Internet, a vu construire le réseau de téléphonie 4 avril Visa Union européenne, lors de la présentation de ses résul- irresponsables ». L’action s’est alors sa valeur boursière passer en dessous de 100 milliards de dollars, à mobile du futur de l’opérateur amé- tats 2000. Ce plan devrait permettre d’enrayer la délinquance finan- reprise et limitait ses pertes à la clô- 99,4 milliards, mercredi 4 avril. Au plus haut, en mars 2000, sa valorisa- ricain Verizon. cière d’ici à 2005. La fraude en Europe a augmenté de 50 % en 2000, ture à 13,6 %. tion avait dépassé 555 milliards de dollars. Le cours de l’action Cisco a générant des pertes de 400 millions d’euros pour Visa. Elle devrait Ces spéculations illustrent les dif- diminué de 64 %, à 13,69 dollars, depuis le début de l’année 2001. CESSION D’ACTIVITÉS bondir également de 50 % en 2001, a indiqué au Monde Hans Van ficultés financières dans lesquelles Malmené en raison d’un environnement économique et technologi- Pour accompagner son effort, der Velde, président du groupe en Europe, ce qui représente 0,07 % se débat cette entreprise embléma- que défavorable, Cisco a confirmé mercredi les craintes des marchés Lucent cède des pans entiers d’acti- du total des ventes dans le Vieux Continent. tique de l’économie américaine. financiers en retirant de la vente l’un de ses produits vedettes, un rou- vité. En 2000, il a cédé sa filiale spé- La France reste la mieux placée, avec un taux de fraude de 0,03 %. Le Né en 1996 d’une scission de l’opé- teur qui pilote les communications sur un réseau de fibre optique. Cet cialisée dans les réseaux d’entrepri- volume des transactions dans l’Union européenne effectuées en rateur historique AT & T, cet équi- équipement, vendu 1 million de dollars, était tombé dans l’escarcelle ses, qui est devenue, sous le nom 2000 a progressé de 20 %, à 597,8 milliards d’euros. Le nombre de car- pementier de télécommunications de Cisco après l’acquisition, en 1999, de Monterey Networks, pour d’Avaya, une entreprise autonome. tes Visa en circulation a augmenté de 14 % en 2000, avec 177,2 mil- a longtemps revendiqué la place de 500 millions de dollars. « Le marché ne s’est pas développé », a expliqué Fin mars, il a placé en Bourse Age- lions de cartes, contre 155,4 millions en 1999. numéro un mondial. Mais depuis un vice-président de Cisco, Carl Russo, à l’agence Bloomberg. re, sa division de composants, lors plus d’un an le géant souffre. La d’une introduction très mouvemen- concurrence très agressive de Cisco tée. Elle n’a rapporté finalement Un conseiller de Lionel Jospin ou du canadien Nortel Networks ce 2000 ont dû être plusieurs fois tion massif qui devrait se solder que 4,1 milliards de dollars, loin de ont mis en lumière ses faiblesses de révisés à la baisse. Dans ce contex- par une suppression de l’objectif initial de 7 milliards. Lucent. Au fil de la publication de te, les agences de notation – dont 16 000 emplois cette année et lui L’équipementier envisagerait égale- au FMI et à la Banque mondiale ses résultats trimestriels, ses contre- les jugements ont un impact sur le coûter la bagatelle de 1,6 milliard ment de céder son activité de fibres performances sont apparues au taux auquel empruntent les entre- de dollars. L’enjeu de cette réorga- optiques, dont la valeur serait com- ANCIEN DIRECTEUR GÉNÉRAL de l’Insee, Jean-Claude Milleron grand jour. La chute de la valeur prises – ont dégradé Lucent. Selon nisation est de modifier son centre prise entre 5 milliards et 6 milliards va abandonner, avant l’été, à sa demande, les fonctions qu’il occupe boursière de 60 % en 2000, a entraî- Moody’s, le groupe n’est plus qu’à de gravité et de se repositionner de dollars, mais ne souhaite évi- à Washington de conseiller financier et administrateur pour la Fran- né l’éviction du PDG, Richard un point des « junk bonds » ou sur des marchés porteurs. Les diffi- demment pas brader cet actif. ce du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondia- McGinn, et le départ d’un certain « obligations à risques », une zone cultés actuelles s’expliquent en par- La tâche de Lucent est loin d’être le. Plusieurs hauts fonctionnaires se sont mis sur les rangs pour lui nombre d’autres dirigeants. Henry qui correspond aux entreprises peu tie par le fait que Lucent n’a pas aisée, car à ses difficultés propres succéder, dont Jean-Paul Champsaur, l’actuel patron de l’Insee, Jac- Schacht, ancien PDG de Lucent de fiables. Toutefois, fin février, le comme ses concurrents anticipé la s’ajoutent les incertitudes qui ques Mistral, conseiller économique au cabinet de Laurent Fabius et 1995 à 1997, a été rappelé « en inte- groupe américain a réussi à obtenir baisse du marché des équipements pèsent sur le marché des télécom- Pierre Duquesne, conseiller économique à Matignon. Déjà en lice rim ». Deborah Hopkins, ex-direc- une ligne de crédit de 6,5 milliards téléphoniques traditionnels, vérita- munications et touchent tous les pour décrocher le poste de directeur du Trésor, finalement obtenu trice financière de Boeing, a été de dollars, une bouffée d’oxygène. ble rente de situation. Il a dans le concurrents. par Jean-Pierre Jouyet, M. Duquesne a de bonnes chances, cette fois, recrutée pour redresser les comp- Dans le communiqué publié par même temps raté une étape techno- d’obtenir le poste qu’il convoite. tes. Lucent, Deborah Hopkins, précise : logique sur le marché des équipe- Laurence Girard Jean-Marie Messier organise Des avions d’Air Liberté, AOM et Air Littoral mis en vente sur Internet son installation à New York MONTPELLIER On se demande ce qui va nous rester si on nous pour l’exercice 2000 d’un montant de 1,89 mil- de notre correspondant retire nos avions. » A AOM et Air Liberté, la ques- liard d’euros pour l’ensemble du groupe. Il a VIVENDI UNIVERSAL a acquis un appartement de 530 mètres car- Au départ, les salariés des trois compagnies tion a été posée en comité d’entreprise. Les syn- décidé de couper les vivres d’Air Littoral. rés sur Park Avenue, à proximité de son siège social new-yorkais, que contrôle le suisse SAirGroup n’ont pas vou- dicats n’ont reçu aucune réponse officielle. La M. Rochet s’apprêtait, jeudi 5 avril, à saisir, à l’is- pour son patron, Jean-Marie Messier. Selon l’hebdomadaire New lu y croire. Sur le site Internet de la société direction leur a simplement expliqué que la liste sue d’un comité d’entreprise extraordinaire, le York Observer du mercredi 4 avril, le duplex a été acheté pour Flightlease, elle aussi filiale du géant helvéti- allait être retirée, ce qui n’a toujours pas été tribunal de commerce de Montpellier pour 17,5 millions de dollars (126,8 millions de francs) le 31 mars. Cet que, s’affichait bien une flotte de quarante fait ; seuls les numéros d’immatriculation des demander la nomination d’un mandataire. achat s’imposait pour « des raisons pratiques et les obligations de appareils à vendre ou à louer. « Ce n’est qu’en appareils ont, depuis, disparu du site Internet. L’avenir des deux autres compagnies sera arrêté représentation du président d’un groupe comme Vivendi Universal », a cliquant sur les noms des avions que l’on s’est le 25 avril. Les syndicats s’attendent à l’annonce déclaré un porte-parole du groupe. aperçu, il y a une quinzaine de jours, que les VOLONTÉ DE DÉPEÇAGE d’un « énorme plan social ». La révélation de cette acquisition intervient au moment où le grou- numéros de série correspondaient à ceux de nos Marc Rochet, président du directoire des trois Dans ce contexte, la vente de ces 28 appareils pe, depuis plusieurs semaines, ne manque pas de faire savoir que appareils », explique Thierry Bruneteau, prési- compagnies, a été plus bavard à Montpellier. sur Internet est loin d’être anecdotique. Pour Jean-Marie Messier passe la moitié de son temps à New York afin dent de la section du Syndicat national des pilo- « Ces avions, d’après ce qu’il nous a dit, ont été beaucoup, elle apparaît comme une volonté de d’organiser la fusion entre Vivendi et Seagram. De l’avis d’observa- tes de ligne (SNPL) d’Air Littoral. Dans la vitri- mis en vente en août 2000, précise M. Bruneteau. dépeçage, qui s’ajoute aux surfacturations que teurs, ces indiscrétions semblent un moyen pour préparer les esprits ne électronique, où aucun prix n’est placardé, A l’époque, on devait vendre tous nos turbopropul- la holding suisse impose systématiquement aux au déménagement du siège social de Vivendi aux Etats-Unis. M. Mes- les syndicats ont pu identifier dix ATR 42 appar- seurs et passer au tout-réacteur [avec des Airbus trois compagnies françaises, au risque d’alour- sier reconnaît lui-même qu’il souhaite renforcer la base américaine tenant à la flotte de 39 appareils de la compa- de la famille A-319]. Le projet est tombé à l’eau dir leurs pertes. A priori, aucun avion n’a été du groupe. Celui-ci ne compte que 25 % d’actionnaires américains, gnie montpelliéraine, huit DC 10 d’AOM et dix en janvier et les avions sont restés sur le site, la vendu par Flightlease. « Mais, précise Paul Four- son PDG vise les 50 %. Fokker 100 de TAT, compagnie liée par un con- direction espérant qu’ils trouveraient acquéreurs. rier, responsable CGT d’Air Littoral, un Fokker trat de location-gérance à Air Liberté. Tous ces Marc Rochet affirme que s’ils sont vendus, il nous pourrait bien être sorti de notre flotte sans que avions, qui ont en moyenne entre cinq et dix fournira d’autres avions, comme des ATR 42-300, l’on s’en aperçoive. » La direction d’Air Liberté André supprime ans, sont disponibles immédiatement, est-il pré- moins chers à l’exploitation. » « Le problème est ne souhaite apporter aucun commentaire. Un cisé sur le site flightlease.com. qu’on peut difficilement le croire, poursuit Domi- silence que peut expliquer une note signée de « Voir les appareils sur lesquels on travaille nique Lambert, président de l’intersyndicale M. Corti, le 2 avril, interdisant, selon M. Simon, une centaine de magasins tous les jours, le patrimoine de son entreprise mis d’Air Littoral, car la situation, maintenant, n’est à tout salarié de transmettre des informations à en vente par une filiale suisse avec qui on n’a stric- plus du tout la même. » la presse, sous peine de sanction disciplinaire. LE GROUPE André devait présenter, jeudi 5 avril, un plan social por- tement aucun contact, cela fait mal au ventre, Le nouveau président de SAirGroup, Mario tant sur la suppression de 100 magasins à l’enseigne André, sur un assure Gilles Simon, responsable CGT d’AOM. Corti, a annoncé, le 2 avril, des pertes nettes Richard Benguigui réseau qui en compte 230. Au total, 450 salariés seraient concernés par ce projet, la direction promettant de leur proposer des mesures de reclassement interne. Les ventes de la marque de chaussures André ne représentent aujour- Les conditions de travail se dégradent en Europe d’hui plus que 6 % du chiffre d’affaires du groupe qui porte le même nom, mais cette activité a contribué à plus de la moitié des pertes de DUBLIN ont été questionnées) sur leur per- enquêtes menées en France par neur d’ordre. Pour 67 % d’entre l’exercice 1999-2000, soit 100 millions sur un total de 195 millions de de notre envoyé spécial ception de leurs conditions de tra- des médecins du travail (Le Monde eux, le rythme de travail dépend francs. Alors que les responsables politi- vail. du 13 juin 2000), l’accroissement directement du client. Viennent ques européens tentent d’harmo- Les résultats n’incitent guère à de l’intensité du travail explique ensuite les collègues (48 %) et seu- niser leurs politiques de l’emploi, l’optimisme : 29 % des salariés s’es- en grande partie ce sentiment de lement en troisième position le une étude réalisée par la Fonda- timent désormais exposés à un pénibilité. Plus d’un salarié sur contrôle du supérieur hiérarchi- tion de Dublin, une des douze bruit intense (27 % en 1990), 47 % deux (56 %) déclare désormais tra- que (38 %). agences de la Commission euro- jugent leurs positions de travail vailler « à très grande vitesse ».En Si cette enquête ne bouleverse péenne, montre que les Euro- pénibles (43 % en 1990) et 37 % dix ans, la progression est de 8 %. pas les connaissances en matière péens ont le sentiment que leurs disent devoir porter de lourdes De même, 60 % se disent soumis à d’organisation du travail, elle tord conditions de travail se dégradent. charges (31 % dix ans plus tôt). des délais serrés, soit 10 % de plus le cou à une idée reçue : loin de dis- Pour la troisième fois en dix ans, Selon les responsables de la Fonda- qu’en 1990. Ces conditions de tra- paraître, les conditions de travail cet organisme a interrogé tion, ces chiffres ne sont peut-être vail ont des conséquences directes traditionnelles – taylorien- 21 500 Européens (1 500 dans cha- pas scientifiquement exacts, mais sur la santé des personnes, en par- nes – cohabitent avec de nouvelles que pays, exception faite du révèlent des tendances lourdes. ticulier sur le mal de dos (33 % des contraintes. De plus, comme on Luxembourg, où 500 personnes Comme l’ont déjà montré des salariés disent en souffrir), le pouvait s’y attendre, les Euro- stress (28 %), les troubles musculo- péens ne sont pas égaux face au squelettiques (23 %), l’épuisement travail. Plus le contrat est précaire, Une étude de la Fondation de Dublin (23 %). plus le travail est pénible. Si 32 % des salariés en contrat à durée Créée en 1975, la Fondation de Dublin pour l’amélioration des con- CONTRAT PRÉCAIRE indéterminée ne contrôlent pas le ditions de vie et de travail, qui vient de rendre publiques son étude, Pour les auteurs de l’étude, Pas- rythme de leur travail, ce pourcen- est une des douze agences mises en place par la Commission euro- cal Paoli et Damien Merllié, « l’ex- tage monte à 35 % pour les salariés péenne. Forte d’une centaine de chercheurs et d’un budget de 15 mil- position à des risques physiques à durée déterminée, et même à lions d’euros, son originalité réside dans la composition de son con- (bruits, vibrations, substances dan- 51 % pour les intérimaires. De seil d’administration, où siègent des représentants des Etats et de la gereuses, chaleur, froid…) et à une même, les femmes sont défavori- Commission, des responsables patronaux et syndicaux. mauvaise conception du poste de sées « non seulement parce que les Jusqu’ici très discrète, la Fondation, désormais dirigée par Ray- travail (port de charges lourdes et hommes et les femmes n’ont pas les mond-Pierre Bodin (ancien directeur des ressources humaines de positions pénibles) reste répandue mêmes métiers, mais parce qu’à l’in- Rhône-Poulenc Rorer et actuel président de l’Agence nationale pour même si la nature du travail est en térieur des mêmes catégories d’em- l’emploi) a décidé de faire publiquement part de ses observations sur train de changer, davantage soumi- plois les hommes sont généralement les domaines relevant de sa compétence. Mais la Fondation doit gérer se aux exigences du client et orien- dans une position hiérarchique plus une délicate cohabitation avec trois autres agences européennes : cel- tée vers les technologies de l’informa- élevée », conclut l’étude. le de Bilbao sur les qualifications professionnelles, celle de Salonique tion ». Pour nombre de salariés, le sur la formation et celle de Turin sur les relations industrielles. client est devenu le véritable don- Frédéric Lemaître 23 COMMUNICATION LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001

DÉPÊCHES a AUDIOVISUEL : dans une Les organismes de mesure d’audience s’intéressent à Internet lettre ouverte au premier minis- tre, Lionel Jospin, le personnel de la Société française de production Médiamétrie, Jupiter MMXI et NetValue tentent de mettre au point la méthode qui fera autorité sur la Toile. (SFP) proteste contre le projet de privatisation et estime qu’il «ne La multiplicité des sites et l’évolution rapide de la population des internautes rendent délicate la recherche d’un instrument fiable peut accepter cette mort annoncée par un communiqué laconique, vide MYSTÉRIEUSES, les données sites, soucieux de leur succès, mais est une invention encore récente, commencer par la mesure de nautes évolue très vite », observe de toute proposition sérieuse concer- codées défilent de haut en bas sur aussi pour les annonceurs publici- basée sur une technique assez poin- l’audience. Deux écoles se distin- Emmanuel Fraysse, directeur géné- nant son avenir ». l’écran blanchâtre. Tout est là pour taires. Ceux-ci investiront naturelle- tue ». En d’autres termes, ce n’est guent, et peuvent se compléter. ral du Centre d’étude des supports a La société de production retracer l’historique d’une con- ment là où l’audience est la plus pas comme avec la télévision, dont D’un côté, les tenants de la métho- de publicité (CESP), qui est chargé Expand a réalisé, en 2000, un chif- nexion sur Internet, depuis son importante et la mieux ciblée. L’en- l’audience est plus captive que sur de baptisée site centric (axée sur le de l’audit et du contrôle des étu- fre d’affaires de 1,249 milliard de déclenchement jusqu’à son expira- jeu est donc d’importance. la Toile, et sur laquelle le choix de site), qui se contente d’évaluer de des d’audience des médias. Par francs (190,4 millions d’euros) et tion. Combien de temps a-t-elle chaînes est nettement moins varié manière quantitative le trafic sur un ailleurs, ajoute-t-il, même avec de un résultat net de 8 millions de duré, quel cheminement technique UN MANQUE D’HOMOGÉNÉITÉ que celui des sites. site, mesuré par le nombre de visi- francs (1,2 million d’euros). a-t-elle suivi, quel est le profil de Force est de constater, toutefois, « La situation se complique du fait teurs ou de pages vues. De l’autre, a Jean-Pierre Cottet, directeur l’internaute l’ayant initié, sur quel que le marché de la mesure que nous ne sommes pas toujours l’outil dit user centric (axé sur l’utili- A domicile, général de La Cinquième, a été site s’est-il rendu, qu’a-t-il consulté d’audience sur Internet manque d’accord sur la façon d’appeler les sateur) qui, suivant le principe des nommé, mardi 3 avril, président de dessus ? Ces questions, et beau- encore de clarté et d’uniformité, choses et qu’il est possible de mesurer sondages, se fonde sur des panels mais pas au bureau l’Association internationale des coup d’autres, trouvent une répon- pour satisfaire tout le monde. beaucoup de données de façon diffé- représentatifs de la population d’in- télévisions d’éducation et de se au fil des lignes absconses qui « C’est un peu le Far West », consta- rente », renchérit François Blum, ternautes, qui ont accepté l’installa- Les mesures d’audience effec- découverte (AITED). peuplent l’écran. C’est la partie te Patrick Bartement, directeur directeur général du département tion d’un « mouchard » sur leurs tuées à partir de panels ne a PRESSE : les deux quotidiens, immergée du système mis en place général de Diffusion-Contrôle, l’or- Internet et nouveaux médias de ordinateurs. Les propriétaires de portent que sur la consultation l’International Herald Tribune et par la société française NetValue, ganisme français qui mesure notam- Médiamétrie, l’un des principaux grands sites s’offrent généralement d’Internet à domicile, ce qui faus- l’Asahi Shimbun, ont lancé, lundi mais aussi par ses rivales, pour ment l’audience de la presse. Il acteurs de ce marché. Curieuse- des études réalisées selon les deux se en partie leur signification. 2 avril, IHT/Asahi (Le Monde du mesurer l’audience sur le Web. n’est pas rare, d’ailleurs, d’entendre ment, il a fallu un certain temps techniques, pour en recouper les Pour combler cette lacune, il fau- 6 janvier). Rédigé en anglais, ce Les données ainsi décortiquées un publicitaire ou un patron de avant qu’un consensus ne se déga- résultats. drait constituer des échantillons journal contient des informations dans les bureaux du groupe, à presse s’en plaindre. ge autour du terme même d’inter- qui, pour être représentatifs, internationales rédigées à Paris et l’ouest de Paris, servent à détermi- « Je comprends qu’ils s’interrogent naute. Il s’agit, estime-t-on aujour- LA QUESTION DES CRITÈRES devraient « prendre en compte des nouvelles sur le Japon, où il ner de façon précise le comporte- face à ce manque d’homogénéité, d’hui, d’une personne qui surfe sur Au sein de chaque camp, la con- toutes sortes d’entreprises et res- sera diffusé six jours par semaine. ment d’un internaute. Des informa- reconnaît Hervé Le Jouan, direc- le Web au moins une fois par mois. fusion a tendance à régner, plu- pecter une typologie des fonctions a PUBLICITÉ : le groupe tions qui sont d’une grande valeur, teur général adjoint de NetValue. A partir de là, on a pu s’attaquer sieurs entreprises cherchant à exercées par les membres du panel, JCDecaux a annoncé, mercredi non seulement pour les éditeurs de Mais il faut comprendre qu’Internet à des notions plus complexes. A imposer chacune sa méthode. Ain- ce qui n’est pas possible aujour- 4 avril, la signature d’un partena- si, du côté « site centric », se pose d’hui », objecte Hervé Le Jouan, riat avec la société Gewista, leader notamment la question des critè- directeur général adjoint de de l’affichage et du mobilier urbain res à retenir pour déterminer NetValue. en Autriche, également implantée Diffusion-Contrôle et le CESP dans la course à la certification qu’une page d’un site a effective- Au-delà de cet écueil, rien n’in- dans neuf pays d’Europe centrale. ment été visitée. En France, une dique que les patrons, pour des Au terme de cet accord, qui donne APRÈS avoir instauré une norme respectée pour le Autre tentative de normalisation en cours, celle à mesure s’est imposée, celle du raisons de sécurité, autorise- à JCDecaux le contrôle de Gewista contrôle du tirage et de la diffusion de la presse en laquelle se livre le Centre d’étude des supports de « marquage en bas de page » : raient de bon cœur l’installation par échange et apport d’actions, le France, avec l’OJD, Diffusion-Contrôle veut faire de publicité (CESP). Son champ d’application concerne n’est comptabilisée par les logi- de « mouchards » sur les ordina- groupe français devient numéro même avec les sites Internet. Non pas en mesurant l’autre genre de mesure d’audience, celle dite user cen- ciels appartenant aux sites que la teurs de leurs employés. Ni que un européen de l’affichage grand directement l’audience, mais en la certifiant pour en tric (axée sur l’utilisateur), se fondant sur les panels page s’étant affichée complète- ceux-ci, suivis de près dans leurs format. garantir la qualité, indique son directeur général, d’internautes. Depuis septembre 2000, cet organisme ment. pratiques en ligne, ne surfent a INTERNET : T-Online, premier Patrick Bartement. Aux différentes sociétés spéciali- a lancé des audits sur les méthodologies utilisées par Du côté de la méthode user cen- comme ils l’auraient souhaité. fournisseur d’accès européen à sées dans ce domaine de se conformer aux normes Jupiter MMXI, Médiamétrie et NetValue, et en parti- tric, la bataille entre les trois Jupiter MMXI a néanmoins déjà Internet et filiale de Deutsche que Diffusion-Contrôle compte imposer. Regroupant culier sur les échantillons d’internautes. « Rien qu’au grands du secteur en France – Jupi- investi dans ce domaine, notam- Telekom, a acquis 37 % de Bild.de, notamment éditeurs, annonceurs et publicitaires, cet niveau de leur recrutement, les méthodes diffèrent entre ter MMXI, Médiamétrie et NetVa- ment aux Etats-Unis et en Suède. un portail d’informations et de organisme a décidé de se concentrer sur la mesure les trois », relève Emmanuel Fraysse, directeur général lue, qui collaborent chacun avec divertissement du groupe de pres- dite site centric, quantitative, par opposition à la tech- du CESP, sans vouloir dévoiler les résultats de ces tra- un institut de sondage – tourne en se Axel Springer. nique des panels (lire ci-dessus). vaux, qui seront publiés fin avril. particulier autour de la validité des larges panels, « on ne peut espérer a En février, 17 % des internau- Début mars, Diffusion-Contrôle a accordé son label à panels d’étude. La constitution de saisir qu’un comportement général tes français ont visité les sites de sept outils développés par autant d’entreprises privées. RÉTICENCE DE MÉDIAMÉTRIE tels groupes, variant entre quatre des internautes, et l’on aura peu ou distribution de biens culturels, L’idée est qu’ils déterminent, avec des critères aussi sem- Il remarque néanmoins une certaine réticence des mille et neuf mille personnes, a pas d’indications précises sur la con- selon MédiamétrieRatings. com. blables que possible, le nombre exact de visiteurs. Dans trois sociétés à livrer tous les éléments souhaités, beau être coûteuse, les résultats sultation des petits sites ». Fnac.com, Alapage.com et Ama- un souci de crédibilité, Diffusion-Contrôle s’est donné notamment de la part de Médiamétrie. « Cette société qui en découlent ne font pas l’una- zon.fr. sont les trois sites les plus la possibilité de contrôler lui-même, « de façon imprévi- ne se conçoit pas comme les autres, en raison de son nimité. « La population des inter- Antoine Jacob consultés. sible », la façon dont fonctionne le marquage des pages expérience dans la mesure d’audience dans la radio-télé- sur les sites qui acceptent de travailler avec lui. vision. » Est-ce au nom de son passé que cette entrepri- Car – et c’est bien là sa limite – cette solution ne se a pris l’initiative de réunir, de son côté, un « comité peut être imposée à ceux qui n’en veulent pas. C’est le Internet » dans un futur proche ? En souhaitant défi- cas notamment de TF 1 et de la branche française de nir des « indicateurs » dans le domaine de la mesure, Yahoo !, premier portail Internet mondial, qui « s’esti- en compagnie de certains éditeurs, annonceurs, opéra- me au-dessus des autres, avec sa mentalité de grand teurs de télécommunications, régies publicitaires et défricheur de l’Ouest », regrette M. Bartement. S’il ne fournisseurs d’accès à Internet, la société affirme vou- désespère pas de rallier les absents à son initiative, loir « combler un vrai manque ». Et ne se cache pas de ces défections fausseront, au départ, le classement du chercher, de la sorte, à marginaliser ses concurrents. trafic enregistré que Diffusion-Contrôle a l’intention de publier tous les mois. A. J. Nouvelle crise financière à « France-Soir » POUR ANNONCER la parution Diffusion en chute libre Poligrafici Editoriale. L’ancien de son nouveau guide quotidien patron de France-Soir, toujours lié de loisirs de huit pages sur Paris, « FRANCE SOIR » : DIFFUSION TOTALE PAYÉE à la nouvelle équipe par un con- France-Soir a choisi, dans son édi- échelle en milliers trat de consultant de 2,2 millions 200 tion du jeudi 5 avril, une « une » 184 012 de francs sur deux ans, s’insurge énigmatique couverte d’interroga- devant ces accusations, en évo- tions : Où ? Quand ? Comment ? quant une « situation fantasmagori- Quoi ? Ces questions pourraient 175 que » et un « saccage du titre ». fort bien se retourner contre les Selon lui, le groupe italien qui est propriétaires du titre, le groupe 156 106 entré au capital de Presse Alliance italien Poligrafici Editoriale, à pro- au printemps 2000 était « parfaite- pos de l’avenir du journal. Depuis 150 135 682 ment informé de la situation et des le rachat du quotidien à Georges problèmes de trésorerie ». Ghosn, pour un franc symbolique à la fin du mois de décembre 2000 « DÉCISION SUICIDAIRE » (Le Monde du 23 décembre), ses 125 Alors que la rédaction multiplie dirigeants ont multiplié les décla- les interrogations sur « les incohé- rations contradictoires. Et France- rences du groupe » et estime Soir est, une nouvelle fois, entré « qu’il est difficile de croire que le dans une période de crise à l’issue 100 troisième groupe de presse italien incertaine. 1995 96 97 98 99 99/00* n’ait pas les moyens nécessaires à *de juillet à juin En à peine plus de trois mois, les Source : Diffusion contrôle/Le Monde une relance crédible », la crise ventes se sont effondrées au point s’est étendue aux ouvriers du Les changements de propriétaires de descendre sous la barre des n'ont pas enrayé l'érosion des ventes. Livre. Après que ces derniers se 100 000 exemplaires. Les supplé- sont opposés à la fabrication sous- ments acquis par M. Ghosn (L’Evé- traitée du nouveau cahier guide nément, Science illustrée, Cuisiner, laissé par Georges Ghosn. Devant de 8 pages, la direction n’a pas etc.) ont été supprimés. L’équipe le comité d’entreprise, réuni mer- hésité à dénoncer, à la « une » du commerciale et publicitaire a été credi 4 avril, ils ont même laissé quotidien, mercredi 4 avril, « une dissoute. Profitant de la clause de entendre qu’ils pourraient se décision inacceptable et suicidai- cession, près d’une quarantaine retourner contre l’ancien proprié- re ». de journalistes ont quitté la rédac- taire en raison de la découverte de Dans ce climat de crise aggra- tion, réduite à une cinquantaine « comptes apparaissant plus mau- vée, les dirigeants de France-Soir de personnes avec le renfort de vais qu’escompté ». Sur la base semblent s’acheminer vers une jeunes stagiaires. Annoncé pour la d’un audit financier qui devrait nouvelle réduction des effectifs, mi-mars, puis au début du mois être confirmé par une nouvelle sans exclure pour autant la nouvel- d’avril, le projet d’un supplément expertise, le déficit actuel est le version d’un projet de relance Paris de 32 pages, dont l’élabora- évalué à 112 millions de francs sur Paris qui devrait être annoncé tion avait été confiée au concep- (17 millions d’euros). dans une dizaine de jours. Paral- teur artistique Claude Maggiori, a Si une plainte était déposée, le lèlement, ils cherchent de nou- été ajourné sine die, tandis que syndicat CGT des journalistes a veaux clients pour l’imprimerie Dominique Pouchin, nommé aussitôt annoncé qu’il pourrait s’y d’Aubervilliers « afin de faire ren- directeur de la rédaction le 31 jan- associer. Une façon pour lui de trer de l’argent frais ». Dans cette vier, a remis sa démission. tenter de percer le mystère des perspective, l’hypothèse de trans- Pour justifier ce radical change- rachats successifs du journal, de la former France-Soir en quotidien ment de cap, les représentants suc- Socpresse (groupe Hersant) qui gratuit, rival ou associé des pro- cessifs d’Andrea Riffeser Monti, avait revendu le quotidien, en jets des groupes suédois Metro ou PDG de Poligrafici, nommés à la mars 1999, à Georges Ghosn pour norvégien Schibsted ne semble- tête de Presse Alliance, société édi- un franc symbolique après avoir rait pas totalement exclue. trice de France-Soir, en sont épongé près de 500 millions de réduits à invoquer « l’héritage » francs de pertes, avant l’arrivée de Michel Delberghe 24 / LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001 FINANCES ET MARCHÉS

EUROPE

TABLEAU DE BORD ÉCONOMIE

FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT100 PARIS CAC 40

STVVDPH SIIPDHV

SSWVDVH que de France sur le comporte-

TUUR SWWV

AFFAIRES mercredi. Preussag a racheté les TQPP L’euro se reprend ment des entreprises. Ainsi, la

TRWV SUTQ 50 % détenus par la famille TIPH prévision d’augmentation de chif-

TPPQ SSPW Bracks. SWIW dans l’espoir fres d’affaires (6 %) est inférieure

aux 10 % observés en 2000, les SWRU SPWR INDUSTRIES SUIU

b CAP GEMINI ERNST & d’une baisse exportations seraient moins

STUP SHSW

b VISTEON : l’équipementier YOUNG : le groupe français de SSIT soutenues et les investissements

SQWT RVPR

automobile américain a services informatiques a confié [[[SQIR [[[ [[[des taux de la BCE productifs ne croîtraient que de

StF PHpF SeF StF PHpF SeF annoncé, mercredi 4 avril, la le cœur de son réseau ATM StF PHpF SeF 4 % en valeur, contre 6 % en 2000. suppression de 1 800 emplois (acheminement de trafic à haut L’EURO se maintenait, jeudi 5 avril Les prévisions d’augmentation des Indices cours Var. % Var. % dans le monde, dont 950 aux débit permettant le transport Europe 9h57 f se´lection 05/04 04/04 31/12 en début de matinée, au-dessus effectifs des entreprises industriel-

Etats-Unis. La réduction de indifférencié de la voix et des des 0,90 dollar, soutenu par l’es- les sont favorables puisque c’est la ± HDWT IRDHU EUROPE EURO STOXX 50 RIHIDIH

950 emplois aux Etats-Unis, soit données) à l’opérateur France ± poir d’une baisse des taux de la première fois depuis que cette QWHSDIW HDVS IRDQI EUROPE ƒ„yˆˆ SH

12 % de l’effectif, est effective Télécom, pour une trentaine de ± Banque centrale européenne question est posée, c’est-à-dire QRHDPP HDVH IQDIT EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ QPR

± HDTP IPDWV immédiatement, a indiqué le millions d’euros sur trois ans, a EUROPE STOXX 653 QIQDHW (BCE) la semaine prochaine. depuis 1996, qu’elles sont

± SIIPDHV HDUW IQDUR groupe dans un communiqué. annoncé ce dernier, mercredi. PARIS geg RH La décision prise mercredi 4 avril positives. Les effectifs progres-

FFFF FFFF FFFF PARIS wshgeg par le Japon de reporter de deux seraient de 1,1 % dans l’industrie,

b b

± QRVRDTW HDUU IQDQU DACIA : l’assemblée THESTREET.COM : la société PARIS ƒfp IPH jours son plan de mesures de relan- dont 1,2 % dans le secteur manu-

FFFF FFFF FFFF générale des actionnaires américaine d’informations PARIS ƒfp PSH ce de l’économie a accentué la glis- facturier.

 FFFF FFFF FFFF du constructeur automobile financières sur Internet a PARIS ƒigyxh we‚gri sade du yen contre l’euro, la devise

a ± SRTDVV IDUR IRDPQ roumain a voté mercredi en annoncé mercredi une réduction AMSTERDAM eiˆ nippone touchant son plus bas ITALIE : les commandes à l’in-

± PVTIDHR IDQP SDRH Roumanie l’augmentation de de 20 % de ses effectifs, qui BRUXELLES fiv PH niveau depuis dix-sept mois contre dustrie, corrigées des variations

±

STVVDPH IDTP IIDSW capital de 212 millions d’euros comptaient 190 personnes après FRANCFORT heˆ QH la monnaie européenne avant de saisonnières, ont diminué de

±

SSWVDVH IDIR IHDHP proposée par Renault, a annoncé une première vague de LONDRES p„ƒi IHH rebondir légèrement. La force de 11,5 % en janvier 2001 par rapport

WPTQDVH I IDTW le groupe à Paris. Avec cette licenciements en novembre 2000. MADRID ƒ„ygu iˆgrexqi l’euro par rapport au yen a à décembre 2000. Il s’agit de la

± QWHIPDHH IDHV IHDUU opération, Renault portera sa part MILAN wsf„iv QH également contribué à l’apprécia- baisse mensuelle la plus importan-

±

TWRIDWH IDUI IRDTU à90%. FINANCES ZURICH ƒ€s tion de la devise européenne face te depuis le début de l’établisse- au dollar. Après avoir touché son ment de la statistique, en 1990, b AUVERLAND : le seul b AMERICAN INTERNATIONAL ´ plus bas niveau depuis trois mois annonce, jeudi 5 avril, l’Institut fabricant français de véhicules GENERAL : le PDG d’AIG, AMERIQUES et demi face au billet vert, lundi, à national de la statistique (Istat). 4X4basé à Saint-Germain-Laval Maurice Greenberg, a estimé 0,8750 dollar, elle a rebondi pour Les ventes de l’industrie ont, quant

(Loire) a été placé en mercredi qu’une fusion avec NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq EURO / DOLLAR remonter à son plus haut niveau à elles, baissé de 2,6 % pendant le

WSISDRP ITQVDVH redressement judiciaire, mercredi, American General (Le Monde du HDWHQ depuis deux semaines avant de mois de janvier. En glissement

IHWVQ PVSW par le tribunal de commerce de 5 avril) lui offrirait une meilleure HDWSS reperdre du terrain. L’euro s’échan- annuel et en données brutes, les

Roanne (Loire). Auverland doit plate-forme aux Etats-Unis pour geait jeudi matin à 0,9064 dollar, commandes progressent toutefois IHTTR PTIS

faire face à un passif de l’assurance-vie et conduirait à des HDWRH contre 0,9023 dollar mercredi soir de 15,5 % et les ventes de 15,7 %.

IHQRS PQUI

47 millions de francs, selon économies « d’au moins HDWPS à New York. La monnaie européen-

IHHPU PIPT

une source judiciaire. 200 millions » de dollars. HDWIH ne se traitait à 113,04 yens contre a ALLEMAGNE : le nombre de

WUHV IVVP HDVWR 113,28 yens mercredi soir à New demandeurs d’emploi a augmen-

b b WQVW ITQV DEGUSSA : le groupe DEUTSCHE BANK : Deutsche HDVUW York. té de douze mille en mars, en

chimique allemand a vendu Bank 24, la filiale de banque [[[ [[[ [[[a ZONE EURO : « S’assurer de la données corrigées des variations StF PHpF ReF StF PHpF ReF sa filiale Phenolchemie, premier directe et de détail de la banque StF PHpF SeF stabilité des prix reste l’objectif saisonnières, passant à 3,797 mil- fabricant mondial de phénols allemande, est ouverte à des Indices cours Var. % Var. % prioritaire souvent oublié, particu- lions, a annoncé mercredi 4 avril Ame´rique 9h57 f se´lection 04/04 03/04 31/12

et d’acétone, au groupe coopérations avec de nouveaux lièrement ces derniers temps »,a l’Office fédéral du travail. En

± WSISDRP HDQI IIDUW E´TATS-UNIS hy‡ tyxiƒ

britannique Ienos, pour partenaires après la fin des déclaré, mercredi 4 avril, Wim Dui- données brutes, le nombre des

± ± IIHQDPS HDPW ITDRR E´TATS-UNIS ƒ8€ SHH

422 millions d’euros, a-t-il discussions entre la maison mère senberg, président de la Banque chômeurs s’élève à 4 millions pour

± ± ITQVDVH PDHR QQDTU E´TATS-UNIS xeƒhe gyw€yƒs„i

annoncé mercredi. et Allianz, a indiqué, mercredi, un centrale européenne (BCE). «La le mois de mars, donnant un taux

± ± URISDRS HDQW ITDWW TORONTO „ƒi sxhiˆ

membre du directoire de pression sur les prix intérieurs peut de chômage brut de 9,8 %.

± IQVSRDUT FFFF WDPH SAO PAULO fy†iƒ€e

b ÉNERGIE : des syndicats du Deutsche Bank, Hermann Jose s’atténuer si la croissance ralentit. ± ± QHWDSU HDPP PDHQ MEXICO fyvƒe

norvégien Statoil et du français Lamberti, précisant que le projet Mais compte tenu du risque d’une a JAPON : les dépenses des ± RQIDHQ HDQU QDRP BUENOS AIRES wi‚†ev

Gaz de France (GDF) ont appelé à d’introduire cette filiale en Bourse hausse ultérieure des prix, comme ménages japonais, la composan- WUDHV HDHP IDIP SANTIAGO s€ƒe qixi‚ev

un débrayage simultané, mercredi reste d’actualité. conséquence de la montée des cours te la plus importante de l’écono- UPIHDHS HDPS SDTR CARACAS ge€s„ev qixi‚ev 11 avril, de midi à minuit, pour pétroliers l’an dernier, la BCE sur- mie nippone, ont augmenté de protester contre l’ouverture du bAUDIT : la revue La Profession veillera de très près la progression 0,1 % sur un an, en monnaie capital des deux compagnies comptable de mars 2001 a établi ASIE - PACIFIQUE des salaires », a-t-il ajouté. La BCE constante en février, a annoncé, publiques, a-t-on appris, un classement par taille des 40 a justifié une nouvelle fois, par la jeudi, le gouvernement. Après mercredi, auprès de Statoil. premiers cabinets d’audit en TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng EURO / YEN voix de plusieurs de ses dirigeants, correction des variations saisonniè-

France. PriceWaterhouseCoopers son attentisme en matière de taux res, les dépenses ont augmenté de IQQVIDQV IIPDPI

SERVICES se hisse en tête avec un chiffre IPHTQDUI d’intérêt et rappelé qu’elle n’avait 2,3 % en monnaie constante par IRHQP IIPDV

d’affaires en 2000 de 4,7 milliards ITITQ pas pour mission de soutenir la rapport au mois précédent.

IQSVW IIIDI

b EURALAIR : les voyagistes de francs ( +19,9 % par rapport à ISQRQ croissance.

IQIRU IHWDS français GO Voyages et Fram 1999), suivi par KPMG, Arthur IRSPQ a Les prix à la production indus- a ÉTATS-UNIS : le président de

IPUHR IHUDW ainsi que la compagnie aérienne Andersen, Deloitte Touche IQUHQ trielle ont augmenté de 0,2 % dans la Réserve fédérale américaine,

Royal Air Maroc sont candidats Tohmatsu, Fiducial, Ernst & la zone euro en février par rapport Alan Greenspan, a prononcé, mer- IPPTP IHTDQ

à une entrée au capital de la Young, Mazars & Guérard, IPVVQ à janvier, et de 0,1 % dans l’ensem- credi, au Sénat un vibrant plaidoyer IIVIW IHRDU

compagnie présidée par Salustro Reydel, Constantin et [[[IPHTQ [[[ [[[ble de l’Union européenne, selon sur le sujet du libre-échange, tout

StF PHpF SeF StF PHpF SeF Alexandre Couvelaire, selon La BDO Gendrat. StF PHpF SeF les estimations publiées mercredi en restant muet sur l’évolution Tribune du jeudi 5 avril. Indices cours Var. % Var. % par Eurostat. Par rapport à prochaine de la politique monétai- Zone Asie 9h57 f

RÉSULTATS se´lection 05/04 04/04 31/12 février 2000, les prix ont augmenté re. Il a réitéré sa conviction que le

± IQQVIDQV IDHS PDWQ b PREUSSAG : le groupe TOKYO xsuuis PPS de 4,4 % dans la zone euro, et de libre-échange des biens et des

± ± IPHTQDUI RDIR PHDHV allemand, numéro un européen a LIBERTY SURF : le fournisseur HONGKONG rexq ƒixq 3,9 % dans l’ensemble de l’Union marchandises contribue à élever le

±

ITTQDHU PDSQ IQDTW du tourisme, a porté de 50 % d’accès à Internet a accusé une SINGAPOUR ƒ„‚es„ƒ „swiƒ européenne. niveau de vie des populations alors

± ±

TIDRP IDWP QDHS

à 100 % sa participation dans sa perte nette de 229,9 millions SE´OUL gyw€yƒs„i sxhiˆ qu’au contraire le protectionnisme,

QITRDIH HDVH HDQH

holding TUI Belgique, dans le d’euros en 2000, après une perte SYDNEY evv y‚hsxe‚siƒ a FRANCE : la croissance de l’ac- au nom de la sauvegarde de

IWDIH FFFF PDSP

cadre de sa stratégie de 25,6 millions d’euros en 1999, BANGKOK ƒi„ tivité industrielle devrait être en l’emploi, est une attitude défaitiste

± ± QSTSDTS IDHW IHDPQ

de recentrage sur les activités qui ne comportait que huit mois BOMBAY ƒixƒs„s†i sxhiˆ 2001 « un peu moindre que l’an der- qui engendre des effets contraires à

PHSWDWV HDUV VDQQ touristiques, a-t-il indiqué d’exercice, a-t-il indiqué jeudi. WELLINGTON xƒiERH nier », selon l’enquête de la Ban- son but d’origine.

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone Euro Hors zone Euro

Euro contre f Taux contre franc f Taux Euro contre f 04/04

HDISPRS UDRTSV FRANC ...... TDSSWSU EURO ...... COURONNE DANOISE.

´ QDQSQVS VDIVIS

Action EM.TV PARIS NEW YORK DEUTSCHEMARK ...... IDWSSVQ DEUTSCHEMARK ...... COUR. NORVEGIENNE

QDQVUUR WDPPUH

L’action d’EM. TV LIRE ITALIENNE (1000) . IDWQTPU LIRE ITAL. (1000) ...... COUR. SUE´DOISE ......

` QDWRPQV QRDTTQH

en euro au Neuer Markt de Francfort L’INDICE CAC 40 était en hausse LA CHUTE du Nasdaq américain, PESETA ESPAG. (100) .... IDTTQVT PESETA ESPAG. (100) .... COURONNE TCHEQUE

QDPUIWH IDVSRW ESCUDO PORT. (100).... PDHHRVP ESCUDO PORT. (100) .... DOLLAR AUSTRALIEN .

RDUTUHQ IDRPHV

en dérapage incontrôlé 70 de 1,17 %, jeudi 5 avril, dans les pre- le principal marché international SCHILLING AUTR. (10) . IDQUTHQ SCHILLING AUTR. (10).. DOLLAR CANADIEN ....

VDQPVWR UDHRQT

miers échanges, à 5 130,97 points. des valeurs technologiques, a conti- PUNT IRLANDAISE...... HDUVUST PUNT IRLANDAISE...... DOLLAR HONGKONG .

´ ´ ´ ´ PDWUTTH PDPQIP

LA CONFUSION règne dans le Mercredi, cet indicateur avait nué mercredi 4 avril. L’indice FLORIN NEERLANDAIS PDPHQUI FLORIN NEERLANDAIS DOLLAR NEO-ZELAND IDTPTHU PTTDURHH

60 5 FRANC BELGE (10) ...... RDHQQWW FRANC BELGE (10) ...... FORINT HONGROIS ....

IDIHQPR PRWRP

petit monde de la formule 1 et cela le 4 avril gagné 1,36 %, à 5 071,82 points. Nasdaq a reculé de 2,04 %, à MARKKA FINLAND...... SDWRSUQ MARKKA FINLAND...... LEU ROUMAIN......

IDWPSHQ QDTSQP DRACHME GREC. (100). QDRHUSH DRACHME CREC. (100). ZLOTY POLONAIS ...... se répercute très nettement sur le 50 L’indice du nouveau marché, repré- 1 638,80 points, en baisse pour la cours de l’action d’EM. TV, la socié- sentatif des petites valeurs techno- troisième séance consécutive, té allemande qui contrôle partielle- 40 logiques, avait, lui, perdu 1,15 %, à atteignant son plus bas niveau de Coursdechangecroise´s ment les droits audiovisuels de la 1 517,02 points. clôture depuis la mi-octobre 1998. Cours Cours Cours Cours Cours Cours retransmission du championnat L’indice Dow Jones, principal 05/04 9h57 f

30 DOLLAR YEN(100) EURO FRANC LIVRE FR. S.

du monde. Mercredi 4 avril, le titre FRANCFORT indicateur de Wall Street, a fini DOLLAR ...... FFFFF HDVHRWW HDWHQQS HDIQUUP IDRQRRS HDSWHSV

de l’entreprise cotée au Neuer en hausse de 0,31 %, à YEN ...... IPRDPPSHH FFFFF IIPDPIHHH IUDHVSHH IUVDITHHH UQDQPSHH

Markt (nouveau marché) de Franc- 20 BAROMÈTRE de la Bourse alle- 9 515,42 points. L’indice large Stan- EURO...... IDIHTWW HDVWIIW FFFFF HDISPRS IDSVVIS HDTSQRH FRANC...... UDPTIHH SDVRSSH TDSSWSU FFFFF IHDRIRIH RDPVTUS

fort a perdu jusqu’à 20 % en cours mande, l’indice Dax s’adjugeait dard & Poor’s 500 a cédé 0,29 %, à LIVRE ...... HDTWUIQ HDSTIQH HDTPWTS HDHWTHH FFFFF HDRIITH

10 de séance, pour remonter à 1,37 %, à 5 674,54 points, jeudi en 1 103,25 points, à son plus bas FRANC SUISSE ...... IDTWQPS IDQTQIS IDSQHRS HDPQQPS PDRPWUS FFFFF 5 euros à la clôture, soit une baisse début de matinée. Le DAX avait niveau depuis l’automne 1998. Sur de 5,66 % par rapport à la veille. 0 progressé de 0,80 %, la veille, mer- 1 080 sociétés qui ont émis des pré- Taux d’inte´reˆt(%) Matif Jeudi, l’action valait 4,90 euros en O N DJ F M A credi, à 5 597,66 points. L’indice visions de résultats pour le premier début de matinée. A l’origine de 2000 2001 Nemax 50 des valeurs technologi- trimestre, 756 sociétés – soit 70 % Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier Taux 04/04 f j. j. 3 mois 10 ans 30 ans Cours 9h57 f 05/04 prix prix

ces déconvenues, le projet qu’ont Source : Bloomberg ques avait gagné 1,03 %, à de l’échantillon – ont fait savoir

Notionnel 5,5 RDRV RDVW SDSH

FRANCE ...... RDUU

´ VWDWP WHDIH

les constructeurs automobiles de 1 323,16 points. que leurs résultats seraient moins DECEMBRE 2001 QHQRI RDST RDUS SDRH ALLEMAGNE .. RDUS

SDRH RDVS RDTW créer une nouvelle compétition, tie de sa substance. D’où l’inquiétu- élevés que prévu, indique le grou- GDE-BRETAG. TDUS Euribor 3 mois

xg xg xg RDSR SDIV SDVT

rivale de celle qui existe. de des marchés, qui n’ont cessé de pe d’informations financières ITALIE...... RDUS JANVIER 2001 ....

HDHS IDQI PDHI LONDRES JAPON ...... HDIQ

S’il est difficile d’évaluer la volonté sanctionner cette société depuis Thomson Financial First Call. RDIS RDWT SDSI E´TATS-UNIS... SDHW

QDPI QDPS QDWV

réelle de l’Association des construc- l’automne 2000. L’action du ges- COMPOSÉ des principales capitali- SUISSE ...... Q Pe´trole

RDSR RDWP SDRT teurs européens de l’automobile tionnaire de droits audiovisuels est sations britanniques, l’indice Foot- PAYS-BAS...... RDUH TAUX Cours Var. % (ACEA) d’aller jusqu’au bout de ce en chute libre depuis, alors qu’elle sie progressait de 0,70 %, à En dollars f 04/04 03/04

projet très coûteux, son annonce a avait atteint, à son plus-haut, 5 574,50 points, jeudi matin. Le LE RENDEMENT des emprunts ` ` FFFF Matieres premieres BRENT (LONDRES) ...... PSDQP

fragilisé un peu plus EM. TV, empê- 96 euros, en mai 2000. Footsie avait terminé sur un gain d’Etat européens se stabilisait, jeu- C HDII WTI (NEW YORK) ...... HDPU

Cours Var. % C IDWI LIGHT SWEET CRUDE.... PUDIT trée depuis 2000 dans de graves dif- Afin de rassurer les investisseurs, de 1,33 %, mercredi, à di 5 avril, dans les premiers échan- En dollars f 04/04 03/04

ficultés financières. C’est pour ten- Kirch a rappelé mercredi que les 5 535,7 points. L’indice techmark ges, le marché obligataire ayant ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE

C

HDIS ter d’en sortir que cette société constructeurs étaient liés à l’organi- des principaux titres de la technolo- été affecté, mercredi, par des CUIVRE 3 MOIS...... ITVWDSH

C Or

HDPR

lourdement endettée avait conclu, sation de la compétition actuelle gie avait cédé 0,37 %, à prises de bénéfice. L’obligation ALUMINIUM 3 MOIS...... IRWPDSH

± HDIH PLOMB 3 MOIS ...... RVWDSH

à la mi-février, une alliance avec jusqu’en 2007. Tout comme EM. 1 764,44 points. assimilable du Trésor (OAT) fran- Cours Var %

± HDPH

ETAIN 3 MOIS...... SHTS En euros f 04/04 03/04

FFFF

Kirch, l’un des principaux groupes TV, le géant allemand ne désespè- çaise à dix ans affichait un taux de ZINC 3 MOIS...... WWH

±

IDPV

OR FIN KILO BARRE ...... WPSH C

HDWQ

NICKEL 3 MOIS...... SWSS

allemands des médias. Ensemble, re pas de reprendre les négocia- 4,90 %, jeudi matin, et le Bund ± HDRQ

OR FIN LINGOT...... WQIH

TOKYO ME´TAUX (NEW YORK) $/ONCE

FFFF

ils détiennent 75 % de la SLEC, la tions avec les fabricants automobi- allemand, un taux de 4,75 %. ONCE D’OR (LO) $ ...... PTTDRH

±

HDRT

ARGENT A TERME ...... RDQR

±

IDVS PIE`CE FRANCE 20 F ...... SQ

C

IDPU société britannique qui gère les les. Ces derniers craignent que LES VALEURS NIPPONES ont ter- PLATINE A TERME ...... IRUWWHDSH C IDIP PIE`CE SUISSE 20 F ...... SRDIH

´

FFFF

droits télévisés des grands prix jus- Kirch ne réserve les retransmis- miné en hausse de 1,05 %, jeudi MONNAIES GRAINES DENREES $/BOISSEAU PIE`CE UNION LAT. 20 .... SQDSH

C

HDTT ´ PTU FFFF

qu’en 2010. sions des grands prix à ses chaînes 5 avril, l’indice Nikkei s’établissant BLE (CHICAGO)...... PIE`CE 10 DOLLARS US ... IWH

C PIPDSH HDQS FFFF ` QTW

L’éventuelle organisation d’une payantes, ce qui procurerait moins à 13 381,38 points. Le marché L’EURO restait ferme face au billet MAIS (CHICAGO) ...... PIECE 20 DOLLARS US ... C C ISQDSH HDIQ IDQV SOJA TOURTEAU (CHG.) PIE`CE 50 PESOS MEX. .... QRW

compétition organisée par les de visibilité aux voitures engagées attend l’adoption, prévue pour ven- vert, à 0,9070 dollar, jeudi matin. SOFTS $/TONNE

± IDRV BMW, Renault, Fiat, Ford, Merce- à grands frais. dredi, du programme Le yen progressait nettement face CACAO (NEW YORK) ...... IHHH

Cotations, graphiques et indices en temps

FFFF

des et Toyota, ne manquerait pas gouvernemental d’urgence de sou- à la devise américaine, s’affichant CAFE´ (LONDRES) ...... FFFF

FFFF SUCRE BL. (LONDRES)... FFFF re´elsurlesiteWebdu«Monde». de vider EM. TV d’une grande par- Antoine Jacob (avec AFP) tien à la Bourse et aux banques. à 124,10 yens pour 1 dollar. www.lemonde.fr/bourse FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001 / 25

STOXX 653 sur 1 an sur 5 jours EURO STOXX50 sur 1an sur 5 jours

RIHIDIH

VALEURS EUROPE´ENNES QIQDHW

RHR SRQR

SIPT VALEURS EUROPÉENNES QVQ QPIDUR RIWUDWR

RIHIDIH

b RIVSDQQ QPHDQP RVIV L’action Deutsche Telekom a agricoles et engins de construc- QTP

gagné 4,18 %, mercredi 4 avril, à tion). QIQDHW RSIH QRP RHTPDUQ

26,14 euros. L’opérateur a bénéficié b Le titre de l’assureur Prudential QIIDQR

QIHDPW

RPHP

de rumeurs selon lesquelles la SEC, a progressé, mercredi, de 7,12 %, à QPI RHQIDHT

QVWR le gendarme de la Bourse américai- 797 pence. Le groupe américain QHH

[[[[[[[[ [[[[[[[[

†vwwt S e†‚sv S yg„F S e†‚sv †vwwt ne, n’approuverait pas la fusion de AIG a annoncé le lancement d’une S e†‚sv S yg„F S e†‚sv

l’opérateur allemand avec Voice- contre-offre sur American General.

C stream. Un échec de cette transac- Prudential avait perdu du terrain C e e ± PRHQDHR R hi IU UDPT iƒ ISDSS IDVW RICHEMONT UNITS gr SINGULUS TECHNO CC CARREFOUR

C C e C ALIMENTATION ET BOISSON PWDRS RDUQ ƒi ITDHR IDUP gr IIVDSV HDPV tion permettrait de réduire l’endet- depuis le lancement de son offre à ROY.PHILIPS ELE xv SKF -B- CHARLES VOEGELE

C

C e si IHDUS VDVI qf IIDWQ IDQS iƒ IWDHP FFFF

RYANAIR HLDGS C SMITHS GROUP CONTINENTE TDVR HDUH

tement de Deutsche Telekom. 26,5 milliards de dollars, jugée trop ALLIED DOMECQ qf

C e ±

gr WUDIP PDWS hu PTDWP FFFF fi PHS HDPR

SAIRGROUP N ± SOPHUS BEREND - D’IETEREN SA UDIR HDPP

b ASSOCIAT BRIT F qf

C C

Le titre Fiat a reculé de 3,47 %, à chère par les investisseurs. ± IIDQW HDSV qf SDRU IDIV qf TDQT PDQH

hu e SAS DANMARK A/S ± SPIRENT DEBENHAMS RPDUS HDPQ

BBAG OE BRAU-BE e„

e C ±

SWDRH HDHV qf TDRT FFFF qf RDPV IDIQ

b SEB p‚ e T.I.GROUP PLC DIXONS GROUP RPDRI FFFF

22,78 euros, mercredi, après Mercredi, l’action de la BRAU-UNION e„

C e C e

± p‚ SIDWS PDIU gr VWHDWW HDUR p‚ ITWDSH IDHU

SODEXHO ALLIANC C TECAN GROUP N GAL LAFAYETTE UDIU HDPP

l’annonce par l’agence de notation compagnie aérienne espagnole CADBURY SCHWEPP qf

e e C e ±

PDTS FFFF iƒ SDHV IDTH hi RH HDSH

TELE PIZZA iƒ TPI GEHE AG SHDPQ FFFF

CARLSBERG -B- hu

C C e ±

IISQDHR PDHQ p‚ RRDWI PDQU qf UDPS PDRU financière Standard & Poor’s d’une Iberia, a regagné 1,71 %, à THE SWATCH GRP gr THALES GREAT UNIV STOR RUDSS FFFF

CARLSBERG AS -A hu

C C e

gr PQVDRU HDVQ xy IUDRV FFFF xv VWDUH HDST

THE SWATCH GRP C TOMRA SYSTEMS GUCCI GROUP IRDWV IDRW mise sous surveillance, avec implica- 1,19 euro, soit le prix de lancement COCA COLA HBC q‚

C C C

€e QRDHP IDQR qf QDUS HDRQ ƒi ITDRP PDUI

THOMSON MULTIME C TRAFFICMASTER HENNES & MAURIT QPDTV IDTU

tion négative, de sa note à court de ses actions lors de sa privatisa- DANISCO hu

C C e ±

qf SDVH IDQS gr ITWDHQ RDHQ hi QR IDRW

J D WETHERSPOON e C UNAXIS HLDG N KARSTADT QUELLE IQUDUH PDPQ

DANONE p‚

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IPDIP FFFF e„ RIDUS HDQT qf UDHI HDTV terme A2, en raison d’une « sévère tion. L’action avait terminé dans le qf WILSON BOWDEN C VA TECHNOLOGIE KINGFISHER WDVH IDTT

DELTA HOLDINGS q‚

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ƒi QDVS IDQW xv IHDTH HDRU qf RDIH FFFF

WM-DATA -B- C VEDIOR NV MARKS & SPENCER IIDRT HDRP

détérioration des perspectives » de rouge après sa première journée de DIAGEO qf

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e„ IUDWH FFFF hu RPDHT PDWS qf TDTS HDPR

WOLFORD AG C VESTAS WIND SYS MATALAN PPDRR HDHW

sa filiale CNH Global (équipements cotation, la veille. ELAIS OLEAGINOU q‚

C e e C e

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WW/WW UK UNITS e C VINCI METRO WPDPH HDPP ERID.BEGH.SAY p‚

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05/04 10 h 05 f e

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ITDWH IDRT pays en euros 04/04 xv e C

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VALEO MYTILINEOS q‚ NYCOMED AMERSHA ERGO VERSICHERU

C

SDIP FFFF e qf e C q‚ IIDVR IDSR ± ps PP HDHS

C RWDRS HDWP hi BAE SYSTEMS ITWDHQ RDHQ

VOLKSWAGEN UNAXIS HLDG N gr ORION B ETHNIKI GEN INS

e C

e C hi TDVH WDVS C C p‚ SPDQH PDSS

qf ISDVP UDSU C HDVV

PPPDHS BROKAT IWDRQ HDTQ

f DJ E STOXX AUTO P ORKLA xy OXFORD GLYCOSCI BIENS D’E´QUIPEMENT EULER e C

C

p‚ PDTU HDUS C hu VIDUI HDVQ QPQQDIH IDPS

e gr BULL IDHU FFFF

SONAE SGPS €„ PHONAK HLDG N CODAN

e C

e C p‚ QHDPT HDVU C e C fi PWDUH PDHQ PPDPW TDIR gr UPDHT PDQQ

xv BUSINESS OBJECT

f DJ E STOXX CONG P QPWDWV FFFF QIAGEN NV ABB N FORTIS (B)

e C e C p‚ IPRDRH PDWV C C

s„ QSDRH HDUI VTVHDST IDWP gr SRUDHR HDTH BANQUES ROCHE HOLDING gr ADECCO N GENERALI ASS CAP GEMINI

e C

e C

ps UDSR R C e

e„ PHQ PDHI UVTRDWI HDUI s„ WDIR FFFF

ROCHE HOLDING G gr AEROPORTIDIRO GENERALI HLD VI COMPTEL

C

IUDWU HDPU

ABBEY NATIONAL qf

e C

p‚ RUDWH PDTT e C

± qf PDQP FFFF

TR HDIT qf TDPT IDUS

TE´LE´COMMUNICATIONS SANOFI SYNTHELA p‚ AGGREKO INDEPENDENT INS DASSAULT SYST.

e C

PHDUR IDVP

ABN AMRO HOLDIN xv

C

qf VUDRS FFFF e e C ± q‚ IR QDUH SRDPH HDIV p‚ QHDVH HDTS

SCHERING AG hi ALSTOM INTERAM HELLEN DIALOG SEMICOND

±

qf IPDPT HDIQ ±

HDSI SDVV

ALL & LEICS ATLANTIC TELECO qf

C

ƒi SDVS QDVS C e ± qf IPDPH FFFF VVSDHW HDRS p‚ SWDSS HDUS

SERONO -B- gr ALTRAN TECHNO IRISH LIFE & PE ERICSSON -B-

±

C

qf IUDUT HDPU

VDRT QDSH

ALLIED IRISH BA BRITISH TELECOM qf

e C

e C

ps HDVH PDST s„ SDWR IDUI ±

ITDIP IDSS gr TPVDWQ FFFF

SHIRE PHARMA GR qf ALUSUISSE GRP N FONDIARIA ASS F-SECURE

C

C

q‚ PWDQR HDSS

UDVU RDVU

ALPHA BANK CABLE & WIRELES qf

C

qf PDQP IDQW ± C ± qf PDST IDPQ SDPS HDTH ƒi ISDUU IDUS

e SMITH & NEPHEW qf ASSA ABLOY-B- LEGAL & GENERAL FILTRONIC

C

s„ IVDWH FFFF

IHDPW QDHQ

B.P.SONDRIO COLT TELECOM NE qf

e C

e C

s„ PRDTU PDUW C s„ IIDIW HDTQ ± UDSS PDHT qf TDPP IDHQ

SSL INTL qf ASSOC BR PORTS MEDIOLANUM FINMATICA

e C

e C

s„ IIDVR HDQR

PTDWS PDHV

B.P.VERONA E S. DEUTSCHE TELEKO hi

e C

e C

xv RDWT VDUU C ± hi QQIDPH IDPV TWIDVP HDHW ƒi IWDRS QDUT

e SULZER AG 100N gr ATLAS COPCO -A- MUENCH RUECKVER GETRONICS

e C e„ TP FFFF

VSDPH QDSP

BA HOLDING AG E.BISCOM s„

e C

± hu IHDTS QDWP C C ps RI IDIV

SSPDWR PDIV ƒi IVDQP IDVI

SYNTHES-STRATEC gr ATLAS COPCO -B- POHJOLA GRP.B GN GREAT NORDIC

C

e C

qf IRDSH HDPP

PDQU PDIT

BANK OF IRELAND EIRCOM s‚

e C

hi RIDPH PDPQ ± C e C qf IPDRS IDTQ QTDUS IDTH q‚ UDWH HDUU

UCB fi ATTICA ENTR SA PRUDENTIAL INFINEON TECHNO

C

C

q‚ IPDUT HDTQ

IRDWH IDQT

BANK OF PIRAEUS ELISA COMMUNICA si

e C

e C

p‚ IUDQU IDHS C C s„ IQDVS QDQT QRDVQ R qf WDWW HDQP

WILLIAM DEMANT hu BAA RAS INFOGRAMES ENTE

e C

C

iƒ QVDVI HDHQ

RDIH IDSU

BANKINTER R ENERGIS qf

C

C

q‚ IWDPH QDUV

± qf UDUR HDVQ IIDIV FFFF qf QDWH P

WS ATKINS qf BBA GROUP PLC ROYAL SUN ALLIA INTRACOM R

C e qf QQDPH HDIR ±

PSDSH QDUU

BARCLAYS PLC EQUANT NV hi

C

e C

qf IDVV PRDPI e C s„ IUDHR PDHR ±

IHDUU P qf RDUI TDHW

ZELTIA iƒ BOOKHAM TECHNOL SAI KEWILL SYSTEMS

e C

C

hi SWDWH HDSH

VDQS PDTU

BAYR.HYPO-U.VER EUROPOLITAN HLD ƒi

e C

± qf IQDRR PDRP

C C ps SP HDRV PPDUU HDSW qf IRDWI RDPP

NOVOZYMES -B- hu BTG SAMPO-LEONIA -A LOGICA

e C

e C

iƒ ISDPI IDHT

UIDHS QDUP

BBVA R FRANCE TELECOM p‚

C

C

gr PSHDWP QDPQ e C gr PPSVDWI IDRI ± IIDWW HDSQ s„ IDVU IDHV

e GALEN HOLDINGS qf CIR SWISS RE N LOGITECH INTL N

±

C

s„ WDSR IDRS

IS HDTU

BCA AG.MANTOVAN HELLENIC TELE ( q‚

C

e C

qf SDRS PDHV

p‚ RVDHI IDSH ± ± HDPV qf TDWS PDVW

f DJ E STOXX HEAL SQIDPP CAPITA GRP SCOR MARCONI

e C e s„ IIDHQ HDTR IHPDTH FFFF

BCA FIDEURAM HELS.TELEPH E ps

e C

C

ps PTDIS RDIV WDVT IDTV

SKANDIA INSURAN ƒi NOKIA

e C

Â

@€u˜li™iteA C

s„ RDPU HDWS PDIV IWDIQ

BCA INTESA KINGSTON COM qf

e C

C

xv IRDWS IDQT SDUW IDII

ST JAMES’S PLAC qf OCE

e C

e C

s„ IHDVP IDIP IHDVS PDHU

BCA LOMBARDA KONINKLIJKE KPN xv

e C

C

s„ PDPW IDUV TDVR HDWH

STOREBRAND xy OLIVETTI

e C

e C

s„ PHDRQ IDIR IHDWR QDQI

BCA P.BERG.-C.V KPNQWEST NV -C- xv

C

C

qf IDRP IDIR USIDRR HDTI

SWISS LIFE REG gr PSION

e C

e C s„ SDIQ HDUW WDSH IDHT

BCA P.MILANO LIBERTEL NV xv

C

qf QDUV RDQW PSDRS FFFF

e TOPDANMARK hu SAGE GRP

e C

s„ QTDSS FFFF IIQ HDRR

B.P.EMILIA ROMA MANNESMANN N hi

e C

C

p‚ VRDIH IDTW QTPDWS RDSQ

ZURICH FINL SVC gr SAGEM

e C

e C s„ TDVV QDIS IS IDRW

B.P.NOVARA MOBILCOM hi

e C

C

hi IPIDSH RDUR IDRW

e f DJ E STOXX INSU P QUWDIQ SAP AG

± À NOS ABONNÉS C s„ IPDHQ HDSH TDHV QDRH

B.P.LODI PANAFON HELLENI q‚

e C

IPPDQH R

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± e s„ IDIT HDVS

WDUS FFFF

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VDVR FFFF

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e C iƒ QTDTR HDHS VDRR QDHS

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UDSH IDTQ

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QDUH FFFF

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e C C

p‚ QDVW IDHR C qf IIDHU PDVI

PDUI PDHR

BK OF SCOTLAND TELE 1 EUROPE ƒi CANAL PLUS

C

SDRU IDIV

SPIRENT qf

C e C

qf IIDSH QDIR C s„ QDST HDPV

RIDTP PDHS

BNL TELE DANMARK -B hu CAPITAL RADIO

e C

QTDVH HDPU

STMICROELEC SIC p‚

e C

TDIP FFFF ou suspensions d’abonnement qf C p‚ WQDWH HDRQ

QPDUQ RDIR

ƒi CAPITAL SHOPPIN

BNP PARIBAS TELE2 -B- e

PDVQ FFFF

TECNOST s„

C e C

SDUU HDPV e qf iƒ IHDQH IDIV

IIDRS FFFF

BSCH R TELECEL €„ CARLTON COMMUNI

C

QV RDSH

THINK TOOLS gr

qf IHDWW FFFF e C xy SDWT FFFF

IIDWI HDUT

CHRISTIANIA BK TELECOM ITALIA s„ DLY MAIL & GEN

C

HDUS WDQH

THUS qf

e C e C

xv IRDPT PDPP e C s„ TDPR HDTS

TDTI PDHI

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e C

PTDSH IDWP

TIETOENATOR ps

C C qf IIDII IDTH

C q‚ SHDRT HDPH

TDIP PDUQ

COMM.BANK OF GR TELIA ƒi EMAP PLC

C

QDPQ

f DJ E STOXX TECH P SPRDHP

e C e C xv VDSH HDSW e C hi QHDIS HDIU IRDQT IDST COMMERZBANK TISCALI s„ FOX KIDS EUROPE

e ±

qf IDQV FFFF e C p‚ RHDQV IDWU RDRI RDSH CREDIT LYONNAIS VERSATEL TELECO xv FUTURE NETWORK

C

± qf PDQR IDQV

C hu IUDIR IDIT QDPI QDHT

DANSKE BANK VODAFONE GROUP qf GRANADA SERVICES COLLECTIFS

e C e C s„ SDWR IDQU C

hi VIDVH HDRW IDTV

DEUTSCHE BANK N f DJ E STOXX TCOM P THUDTQ GRUPPO L’ESPRES

e C

s„ IHDTQ HDPV

± e C qf TDQI PDUH ITVDIH PDRR DEXIA fi un seul numéro GWR GROUP ACEA

e C

s„ PDTQ IDIS e C

± p‚ IPDWR PDPW SDPU HDTW DNB HOLDING -A- xy HAVAS ADVERTISI AEM

qf WDTH FFFF e C e C

s‚ PDSH HDVI RWDRH IDPQ

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C

qf RDSV HDUH C qf VDHQ IDRI

IUDQH FFFF

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EFG EUROBK ERGA e INFORMA GROUP

±

QUDUT HDRP

ACCIONA iƒ

C

qf QDVP HDVR e C e C p‚ SWDPH PDQQ SVDIH HDVW e„ CENTRICA

ERSTE BANK e LAGARDERE SCA N

±

PWDUS IDHT

ACS iƒ e

±

s„ IHDQS HDSV e C

q‚ IPDVH IDII ITDRS FFFF

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IDPI FFFF

AGGREGATE IND qf

e C

fi PRTDUH HDWV e C

C p‚ PRDWH HDRH IPDUQ HDRQ

FOERENINGSSB A ƒi M6 METROPOLE TV ELECTRABEL

C

VDTR HDWQ

AKTOR SA q‚ e

€„ QDIH FFFF e C

± s„ IHDQP PDIV

IIDSV HDSS

HALIFAX GROUP qf MEDIASET ELECTRIC PORTUG

±

TDTV HDRU

AMEY qf

e C

iƒ IWDPU HDTQ C C

ƒi PSDQT VDVR IQDHP HDIP qf ENDESA

HSBC HLDG e MODERN TIMES GR

±

IS IDQP

UPONOR -A- ps

e C

s„ QDVU HDSP

e e C s„ WDTR IDWH ISDUH FFFF

IKB hi MONDADORI ENEL

e C

IWDVW HDPH

AUREA R iƒ e C e ±

e„ QQDSH IDIP e C s„ TDTQ HDRS e C p‚ PI IDPS RRDQI HDUH fi CDB WEB TECH IN EVN

KBC BANCASSURAN e ´ NRJ GROUP IIDRH FFFF

ACESA R iƒ ENERGIE e

± e C

ps RDPS RDUI C

p‚ RRDPT HDSW C qf IWDIH IDTI IIDIW HDVT

LLOYDS TSB qf CGIP PEARSON FORTUM

UDRI FFFF

BLUE CIRCLE IND qf e ±

iƒ IUDVR HDVW

e C

qf TPDTS FFFF e C iƒ IQDRT HDHU QDVW HDUV s„ GAS NATURAL SDG

C CMG PRISA RDRR HDQT

MONTE PASCHI SI BG GROUP qf

e C

QW IDWW

BOUYGUES p‚ e

± C

PTDWI HDRI

e iƒ ± C

qf PDIV HDUR

hi IU HDSV QVDWR IDVQ q‚ HIDRO CANTABRIC

C COOKSON GROUP P PROSIEBEN SAT.1 WDHT IDHT

NAT BANK GREECE BP AMOCO qf C

QDUH HDRQ

BPB qf

e C

ITDIP HDIP

e e iƒ hu UVQSDUQ FFFF €„ ITDQR FFFF

IHHDSH FFFF

p‚ IBERDROLA

e C DAMPSKIBS -A- PT MULTIMEDIA R

IPDSW PDVT

NATEXIS BQ POP. e CEPSA iƒ

IHDSV FFFF

BRISA AUTO-ESTR €„

±

qf QDRP PDPU C

e C

hu WHRIDPQ IDHS p‚ QPDVP HDWV TDTU FFFF ƒi INNOGY HOLDINGS

e C DAMPSKIBS -B- PUBLICIS GROUPE

ISP PDPW

NORDEA COFLEXIP p‚ e C

WDUH HDSP

BUZZI UNICEM s„ e

s„ SDPT FFFF

C C

e C

hu IPHSRDWU IDIP gr RPPDST VDWS IWDRT HDIS

s„ e DAMSKIBS SVEND PUBLIGROUPE N ITALGAS SUDVH FFFF

ROLO BANCA 1473 DORDTSCHE PETRO xv C

PDTW HDTH

NOVAR qf

±

qf SDSU IDTW

C e C C

qf IHDHU QDHW hi SQDRH HDST PSDIP HDVW

qf KELDA

e C E.ON AG REED INTERNATIO UDQW IDHW

ROYAL BK SCOTL ENI s„

±

PVDIR IDIP

CRH PLC qf

C

qf VDWV IDVH

e C C

± qf IPDQI HDSP

p‚ PHDIW IDHQ IHDQH IDHT

ƒi NATIONAL GRID G

C REUTERS GROUP

VDUV HDUQ

S-E-BANKEN -A- e ENTERPRISE OIL qf EADS SICO.

QS FFFF

CIMPOR R €„

±

qf RDTH HDTW

e C C

e C v SV QDSU

qf VDTU RDRI IS IDPV s„ INTERNATIONAL P

C RTL GROUP

VDUV IDTP

SAN PAOLO IMI HELLENIC PETROL q‚ ELECTROCOMPONEN

e C

TIDWH IDRV

COLAS p‚

e C

e„ IPRDHR HDVS

C

e C

qf QDHU FFFF qf IQDUR HDSV TPDSH IDWT

hi SMG OESTERR ELEKTR PDVT FFFF

STANDARD CHARTE e LASMO qf EPCOS ±

IQDRP HDSW

GRUPO DRAGADOS iƒ

C

qf WDRV HDSI

e C

e C e

iƒ PHDTU PDHU p‚ TVDRS HDQU

IDIU FFFF p‚ PENNON GROUP

± SOGECABLE R PDPI IDRP

STE GENERAL-A- e LATTICE GROUP qf EUROTUNNEL

±

PPDVU HDWI

FCC iƒ

C

qf IIDPW HDRP

C

C qf QDUR FFFF

ITDPT PDUR

ƒi POWERGEN qf IPDVV HDIP

e C TAYLOR NELSON S

WHDHT HDTQ

SV HANDBK -A- e OMV AG e„ EXEL ±

IUDTW IDIU

GRUPO FERROVIAL iƒ

C

qf UDRT HDRQ

e C

iƒ IVDIH IDRH ±

± RDTT HDPQ

ƒi SCOTTISH POWER

SDIP PDRP qf TELEFONICA

WDPW FFFF

SWEDISH MATCH PETROLEUM GEO-S xy F.I. GROUP C

TDPQ HDPT

HANSON PLC qf

±

qf IIDQS IDQV

C

C

C qf IDTS SDHS ISRDRS IDRH gr SEVERN TRENT

e C IIIDWT HDII

hu TELEWEST COMM. PHDQV HDVW

UBS N REPSOL YPF iƒ GROUP 4 FALCK

e C

THDRH SDHR

HEIDELBERGER ZE hi

e C

p‚ ITTDSH IDHQ

e C

e C

p‚ QUDSR QDHV e C RDWH HDTP

s„ SUEZ LYON EAUX

e C IDII IDVQ

s„ TF1 THDVH HDVS

UNICREDITO ITAL ROYAL DUTCH CO xv FINMECCANICA ±

TDUR HDSW

HELL.TECHNODO.R q‚

ƒi PSDUW FFFF

C

UDRI HDVU

e qf VSDUP FFFF

hu SYDKRAFT -A-

e C PPDIH FFFF ps TRINITY MIRROR

TDUI HDUS

UNIDANMARK -A- SAIPEM s„ FINNLINES C

IQDUR IDHQ

HERACLES GENL R q‚

±

ƒi PIDRH HDPS

e C C

xv SDST TDWP

HDUW

QIHDVS SYDKRAFT -C-

C ±

QDHI IDHS f qf UNITED PAN-EURO

VDTU HDWQ

DJ E STOXX BANK P SHELL TRANSP qf FKI e C

PR IDHS

HOCHTIEF ESSEN hi

qf IWDRH FFFF

C

IHDHV HDTQ qf THAMES WATER

C e ± IQDQW HDWW

hu UTD BUSINESS ME ISSDUH HDUV

TOTAL FINA ELF p‚ FLS IND.B

C

IIRQDVU HDRH

HOLDERBANK FINA gr

e C

iƒ PHDHS HDPS

e C

TSDUH HDIS

p‚ FENOSA

e e C ± QVDIH HDPT

e„ VIVENDI UNIVERS SHDUH QDRQ

IHC CALAND xv FLUGHAFEN WIEN e C

IHVDTH HDST

IMERYS p‚

±

qf WDVI PDVQ e C

QVDSR HDUT

xv UNITED UTILITIE

C

C e VNU iƒ PPDWW PDTQ

HDVP

PRODUITS DE BASE f QRHDHT GAMESA

e C DJ E STOXX ENGY P

VDWW IDRU

ITALCEMENTI s„

C

qf WDWS HDTR

e C

PVDUV IDQH

xv VIRIDIAN GROUP

C WOLTERS KLUWER

IIDRP HDPV

e GKN qf e C ± iƒ IPDVW HDUU

IHP IDHW

ACERALIA LAFARGE p‚

C

QHSDVW HDQI

C

IHDWP IDQQ

e qf f DJ E STOXX PO SUP P

± WPP GROUP xv PRDQQ HDTS

e C C HAGEMEYER NV iƒ QPDIQ HDVV

QDRP TDPI

ACERINOX R MICHANIKI REG. q‚

C

QTIDIW HDWR

C f DJ E STOXX MEDIA P q‚ RDPV IDWH

C

C HALKOR q‚ RHDIH HDQH IDSW PDHR

ALUMINIUM GREEC PILKINGTON PLC qf

±

qf RDST HDQS

C ± HAYS qf SVDTU HDVT IHDQR HDQI

ANGLO AMERICAN RMC GROUP PLC qf

e C

TQDUH IDII e SERVICES FINANCIERS hi ± HEIDELBERGER DR ƒi PIDRT HDSH ISW FFFF

ASSIDOMAEN AB SAINT GOBAIN p‚

e BIENS DE CONSOMMATION

ps PTDSH FFFF

e C

C HUHTAMAEKI VAN fi RS RDHS RHDHS HDIR

BEKAERT SKANSKA -B- ƒi

C

IUDUT IDUQ

3I GROUP qf e ±

s„ TDUT HDIS e C C

xv QSDHW HDWV

SDIP PDPP qf IFIL

QDIH FFFF

BILLITON TAYLOR WOODROW qf AHOLD EURO

e C

RIDVH HDVR

ALMANIJ fi

QDUV FFFF e qf e

± e C ± iƒ IQDUU HDHU RQ HDRT e„ IMI PLC ITS HDHT

BOEHLER-UDDEHOL p‚ ALTADIS ______TECHNIP

QVDQV FFFF

ALPHA FINANCE q‚ e

iƒ PRDSH FFFF e C C

C iƒ TDUH QDHV

TDTS HDRV qf INDRA SISTEMAS QUDVT IDRS

BUNZL PLC TITAN CEMENT RE q‚ AMADEUS GLOBAL

C

ITDPS QDUT

AMVESCAP qf

ƒi IUDVV FFFF C C

e C

q‚ TDPP PDWV qf HDWW IDTR

TUDVH HDQH

p‚ IND.VAERDEN -A- NOUVEAU

CORUS GROUP VINCI e ATHENS MEDICAL

±

PW HDTV

BHW HOLDING AG hi

C

C IPDUQ HDVT ƒi e C

e C e„ TVDPH HDPW

q‚ RDIH PDSH

PPDUP IDPH

ELVAL WIENERB BAUSTOF e„ e INVESTOR -A- AUSTRIA TABAK A

QDIH FFFF

BPI R €„

C

IPDTV IDQH ƒi ´ C

C

qf PDSR FFFF ƒi IVDVT IDUS HDPW

HOLMEN -B- f DJ E STOXX CNST P PQIDVH INVESTOR -B- AVIS EUROPE

C MARCHE

UDSU HDPI

BRITISH LAND CO qf

C e C SWDTI PDHT e hu

hi IIU FFFF QDIS TDUV

ISPAT INTERNATI xv ISS BEIERSDORF AG

VDII FFFF

CANARY WHARF GR qf

e C e ± ps IDIU IDUR

± p‚ RQDHT HDSS IRDTQ IDTH

JOHNSON MATTHEY qf JOT AUTOMATION BIC Cours % Var.

TDIP FFFF

CAPITAL SHOPPIN qf 05/04 10 h 05

C f C

e C

ƒi PIDIQ PDTQ qf VDRW IDIR SHDRI HDPP

MAYR-MELNHOF KA e„ CONSOMMATION CYCLIQUE KINNEVIK -B- BRIT AMER TOBAC en euros 04/04 ±

RDRR HDUI

CATTLES ORD. qf

e e

± hu WVDRS FFFF ± p‚ WSDUH IDRR

UDPH HDTW

METSAE-SERLA -B ps COPENHAGEN AIRP CASINO GP

e C ±

RQDVH IDUR qf IQDHP HDRW

ACCOR p‚ CLOSE BROS GRP

e e C

e C

ps TW FFFF p‚ VHDVS IDHT VDQH HDTI

OUTOKUMPU ps KONE B CLARINS AMSTERDAM e C e

SVDVH PDPT fi TRDPH FFFF

ADIDAS-SALOMON hi COBEPA

e e

e ± ±

p‚ PIHDPH IDWT fi SWDPS HDQR

RT FFFF

PECHINEY-A- p‚ LEGRAND DELHAIZE ±

C HDSR IVDSH e C e

hi QPDPP UDRH PHDIW IDRT

AGFA-GEVAERT fi CONSORS DISC-BR AIRSPRAY NV

C e C e e C

fi RQDUP HDSI

hi RUDUH HDRP

QDVW PDQU

RAUTARUUKKI K ps LINDE AG COLRUYT ±

HDQW RDVV e C e ±

IVDQH IDQW iƒ PQDVQ HDUI

AIR FRANCE p‚ CORP FIN ALBA ANTONOV

C C e

± qf RDTR QDQI hi PUDRH PDRQ

IVDUQ HDWR

RIO TINTO qf MAN AG FIRSTGROUP

QDQH FFFF C C

RDQU HDQT gr IWIDQH IDHR

AIRTOURS PLC qf CS GROUP N C/TAC

C e ± qf IDSI FFFF

q‚ QDTV IDTT

IIDVH HDRP

SIDENOR MG TECHNOLOGIES hi FREESERVE

C C FFFF e e PDRS

IDTR IDVT hi UW HDSI

ALITALIA s„ DEPFA-BANK CARDIO CONTROL

C

C e qf UDPS HDPP

q‚ PV HDQT

PHDPH FFFF

SILVER & BARYTE WARTSILA CORP A ps GALLAHER GRP

C FFFF e e PQDWH ±

hi IRDUS IHDWH

IPDSP HDHV

AUSTRIAN AIRLIN e„ DIREKT ANLAGE B CSS

e C

e C fi RQDPP HDSI

qf IDVW FFFF

WDWH IDSR

SMURFIT JEFFERS METSO ps GIB

SDVS FFFF e C

±

IP HDHV ƒi IPDHQ IDQQ

AUTOGRILL s„ DROTT -B- HITT NV

C e C

C gr PVSDTR HDRT

ps IHDPH HDRW

RDSP IDRQ

STORA ENSO -A- MORGAN CRUCIBLE qf GIVAUDAN N

IWDRH FFFF C C e

QH IDVP p‚ TUDWS IDPU

BANG & OLUFSEN hu EURAFRANCE INNOCONCEPTS NV

e C e C

C

hi TTDRH HDIS

ps IHDUH IDWH

QPDUQ RDIR

STORA ENSO -R- TELE2 -B- ƒi HENKEL KGAA VZ

FFFF e WDTH

±

IIDSH HDPV p‚ IHWDVH FFFF

BASS qf FINAXA NEDGRAPHICS HOLD

C C

C qf IIDRS HDWV ƒi PPDSR IDWT

ISRDUI HDRQ

SVENSKA CELLULO NKT HOLDING hu IMPERIAL TOBACC C FFFF e e IDPS

fi PWDUH PDHQ IDTI FFFF

BENETTON GROUP s„ FORTIS (B) SOPHEON

e e C

€„ UDSV FFFF C

hi ISDUH HDQP

IPDVV HDIP

THYSSENKRUPP EXEL qf JERONIMO MARTIN WR FFFF e C ±

IPDHP HDRH xv PWDSV IDHT

BERKELEY GROUP qf FORTIS (NL) PROLION HOLDING

e e C

± ps IIDPH IDQP

fi RR HDII

SDRW FFFF

UNION MINIERE PACE MICRO TECH qf KESKO -B-

C FFFF e IDQR ±

SDHR IDPV p‚ IHHDWH HDQW

BRITISH AIRWAYS qf GECINA RING ROSA

e C e C

p‚ UTDHS PDUU

ps QIDVH PDIS

e C

IHDSI HDWT

UPM-KYMMENE COR PARTEK ps L’OREAL C C FFFF e e HDHP

IIDPU IDHV fi RR HDTW

BULGARI s„ GIMV RING ROSA WT

e e

± xv SDUH FFFF

p‚ IQDPH HDUS

C

RDPI HDUT

USINOR qf LAURUS NV

S FFFF e C PENINS.ORIENT.S

qf RDPW FFFF QWDQH PDHV

CHRISTIAN DIOR p‚ GREAT PORTLAND UCC GROEP NV

C

C

qf QDPH HDSH IHDTP HDWS

q‚ e ±

IHDIS IDIU

VIOHALCO ps MORRISON SUPERM

e C PERLOS

UPDRH HDST qf UDWU FFFF

CLUB MED. p‚ HAMMERSON

e C

± qf IRDTT HDUU e„ PWDUH HDUU

C

RDWV QDTR

VOEST-ALPINE ST qf RECKITT BENCKIS C C e PREMIER FARNELL

VDQQ HDUU xv USDIS IDWV

COMPASS GROUP qf ING GROEP

e ±

± qf SDHR IDSS p‚ PHDSH PDQQ

C SAFEWAY UDSU TDPS

WORMS N e RAILTRACK qf ± ±

IWDUH HDSI qf IQDWW HDII

DT.LUFTHANSA N hi LAND SECURITIES BRUXELLES

C ±

qf TDQH HDUS HDWR

ITUDUU e

f ± SAINSBURY J. PL

IQDQH HDUS DJ E STOXX BASI P xv

C

± RANDSTAD HOLDIN qf VDIT HDQW ISDIP PDSU

ELECTROLUX -B- ƒi LIBERTY INTL

FFFF

ARTHUR TDPS

qf HDWR FFFF

C STAGECOACH HLDG

qf QDIH IDST

e C

± RENTOKIL INITIA RDVR QDPH qf IRDRR IDRS

EM.TV & MERCHAN hi MAN GROUP

FFFF

e ENVIPCO HLD CT HDRQ

hi IQDHS FFFF

C T-ONLINE INT

qf QDWI HDRI

e C

± REXAM RDQT qf TDUQ hi IIH

EMI GROUP HDRU MARSCHOLLEK LAU

FFFF

FARDIS B ITDSH

e C

WDSV IDQV

e TERRA LYCOS iƒ

CHIMIE ± p‚ VHDUH HDVH

e e C

± REXEL HDUS IDQP s„ IHDTS IDWI

EURO DISNEY p‚ MEDIOBANCA

FFFF

INTERNOC HLD HDTS

C

RDIQ HDQW

e TESCO PLC qf

e„ PIDSH FFFF

e e e C

± ±

iƒ IWDIP IDPU ISTDQH IDQW p‚ IQV HDUP

AIR LIQUIDE p‚ HERMES INTL METROVACESA RHI AG

FFFF

e INTL BRACHYTHER B UDVH ±

PQDTQ HDQV

TNT POST GROEP xv

gr PWIDPI FFFF

e C e

±

RTDHS IDUW qf QDPQ FFFF s„ PDUI HDUQ

AKZO NOBEL NV xv HILTON GROUP MONTEDISON RIETER HLDG N

FFFF

LINK SOFTWARE B RDPS

e C

SDVW PDRQ

WANADOO p‚

± qf QDQW IDVR C e C e

RRDTH IDQT s„ QDUU PDRS qf TIDSH FFFF

BASF AG hi HDP PERPETUAL PLC ROLLS ROYCE

e

UDVH FFFF

WORLD ONLINE IN xv

C ƒi PIDUV IDHI

C e C e

RTDSS IDPH xv PVDRS HDIV qf IPDWT FFFF

BAYER AG hi HUNTER DOUGLAS PROVIDENT FIN SANDVIK

C

IDIQ

f DJ E STOXX N CY G P QWSDTW ±

gr RUUDSW HDIR C C e hu UHDWW FFFF ISDQV IDQT xv IWDTS HDSI

BOC GROUP PLC qf KLM REALDANMARK SAURER ARBON N e CODES PAYS ZONE EURO

e ± p‚ TPDWH HDUW e e C e ± ± PHDRS HDPR p‚ STDRS HDVH xv RQDSS HDQR CELANESE N hi LVMH RODAMCO CONT. E SCHNEIDER ELECT

e FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne C C e e s„ IDPU FFFF ± TTDVP IDPR hi VI UDQT xv RQ HDRT gr SEAT PAGINE GIA

CIBA SPEC CHIMI MEDION RODAMCO NORTH A COMMERCE DISTRIBUTION IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande C C e qf PDSH HDTR ± ± PWSDUW IDRT p‚ RDSS IDWR qf ITDPU HDUV

gr SECURICOR

CLARIANT N MOULINEX SCHRODERS LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche

C e e e C ƒi IWDIQ PDWP ± ± p‚ USDQH HDQQ QUDTH FFFF iƒ IQDWV HDVS qf WDPP HDIU

DEGUSSA-HUELS hi NH HOTELES SIMCO N SECURITAS -B- ALLIANCE UNICHE

FI : Finlande - BE : Belgique - GR : Gre`ce.

C

C C e C e ± qf TDSP IDUR QVDUS HDSP qf RDRS SDTT qf TDHT HDPT hi QT IDQP DSM xv NXT SLOUGH ESTATES SERCO GROUP AVA ALLG HAND.G

e C C e C ± ± hi QPDVS IDHV RSSQDPH HDUI qf RDIQ HDQV p‚ IUSDIH HDTQ qf WDVT HDIT

EMS-CHEM HOLD A gr P & O PRINCESS UNIBAIL SGL CARBON BOOTS CO PLC CODES PAYS HORS ZONE EURO

C C

C e e qf PDTP FFFF TDPT HDPS qf SDQT HDTH iƒ VDIT FFFF xv PVDTP HDWP

ICI qf PERSIMMON PLC VALLEHERMOSO SHANKS GROUP BUHRMANN NV CH : Suisse - NO : Norve`ge - SE : Sue`de

C e C e C e e e

± p‚ RIDPQ FFFF HDUW hi IWDPS ps SDWS hi QSDWS p‚ THDPS IDHU HDPV

KEMIRA HDSI PREUSSAG AG WCM BETEILIGUNG SIDEL CARREFOUR GB : Grande-Bretagne - DK : Danemark.

C e C e ± ± PRDWS IDHI qf PDUQ IDUI PUTDWP IDTS qf PDHV HDUT p‚ PSS FFFF KON. VOPAK NV xv RANK GROUP f DJ E STOXX FINS P INVENSYS CASTO.DUBOIS

26 / LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001 FINANCES ET MARCHÉS

C C PIQDVR PDIW QIDWH TUDWS RRSDUP IDPU TUDIH QQDRI PIWDIT FFF QQDRI ALCATEL...... w QPDTH EURAFRANCE...... w REMY COINTRE..... w

C C Compen- IUQDIU IH FFF HDUT RDWW FFF HDUT STDSH QUHDTP HDWV SSDWS PTDRH w w

ALCATEL O ...... EURO DISNEY ...... RENAULT ...... Cours Cours % Var.

sation C International ± f PHPDRW HDVV QHDTH IDIU UDTU FFF IDIU VHDUH SPWDQT HDVH VIDQS

ALSTOM ...... w QHDVU EUROTUNNEL ...... w REXEL...... w en euros en francs veille

 le™tion

ne se (1)

C ± ± QWIDTI HDSH THDHH STDQS QTWDTQ HDTQ STDHH IQDQS VUDSU IDHR IQDRW VALEURS FRANCE ALTRAN TECHN .... w SWDUH FAURECIA...... w RHODIA ...... w

C C C SIVDPI SDRU URDWH QRDWH PPVDWQ HDSV QRDUH TDUH RQDWS FFF FFF SRQ QSTIDVS PDIT FFF ATOS ORIGIN...... w UW FIMALAC SA C ...... w ROCHETTE (LA ...... ADECCO ......

C C C ± SIDVP IDWR FFF IHRDWH TVVDIH HDIH FFF IHHDWH TTIDVT PDIV WVDUS RHDPH PTQDTW HDSH FFF ARBEL...... UDWH F.F.P. (NY)...... ROYAL CANIN...... w AMERICAN EXP......

abc ± SURDPW HDVS VVDQH FFF FFF FFF FFF TQDRH RISDVV FFF FFF FFF FFF FFF FFF w VUDSS

b AVENTIS ...... FINAXA ...... ROUGIER #...... AMVESCAP EXP......

C C UWQDHS IDWR IIVDTH FFF FFF FFF FFF FFF FFF FFF FFF QQDTS PPHDUQ PDSW FFF L’action Alcatel était en hausse de AXA ...... w IPHDWH FIVES-LILLE ...... RUE IMPERIAL...... ANGLOGOLD LT ....

C

± RVRDRP FFF UQDVS QI PHQDQS HDQP FFF FFF FFF FFF FFF PPDHV IRRDVR PDHR FFF

2,16 %, atteignant 32,59 euros, jeudi 5 avril AZEO(EXG.ET ...... w UQDVS FONC.LYON.#...... SADE (NY) ...... A.T.T. #......

C C C C VSTDHP HDQV IQHDHH UHDWS RTSDRH QDSV TVDSH VRDVH SSTDPS PDSR VPDUH ITDTH IHVDVW HDQH FFF w IQHDSH w w

dans les premiers échanges. Le groupe pour- BAIL INVESTI...... FRANCE TELEC ..... SAGEM S.A...... BARRICK GOLD......

C ± FFF FFF FFF SHP QPWPDWH FFF FFF SQ QRUDTT IDUT FFF THDUH QWVDIU IDIU FFF BAZAR HOT. V...... FFF FROMAGERIES...... SAGEM ADP...... COLGATE PAL......

C C

± PVRDTP HDPI RQDQH ITWDSH IIIIDVS IDHU ITUDUH ISVDWH IHRPDQP HDHT ISWDHH FFF FFF FFF FFF rait prendre d’autres mesures de restructu- BIC...... w RQDQW GALERIES LAF ...... w SAINT-GOBAIN...... w CROWN CORK O....

C

± ± FFF FFF FFF RS PWSDIV IDIH FFF TIDSH RHQDRI HDVP FFF RHDHS PTPDUI IDWV FFF

ration, après les 1 100 suppressions d’em- BIS ...... FFF GAUMONT # ...... SALVEPAR (NY ...... DE BEERS #......

C C ± ± TIQDTS HDHS WQDSH IHI TTPDSP HDQH IHIDQH TR RIWDVI HDIT TQDWH IIDPH UQDRU HDVV FFF BNPPARIBAS...... w WQDSS GECINA...... w SANOFI SYNTH...... w DIAGO PLC......

C ± plois annoncées aux Etats-Unis, selon des ± IQWHDTQ IDVS PITDHH TTDQH RQRDWH HDRS TTDHH TPDTH RIHDTQ IDPT TQDRH FFF FFF FFF FFF BOLLORE...... w PIP GEOPHYSIQUE...... w SCHNEIDER EL...... w DOW CHEMICAL....

C C C C QQRDSR IDSW FFF PT IUHDSS QDUW PSDHS RVDHI QIRDWP IDSH RUDQH RSDVH QHHDRQ IDVW FFF

déclarations à LCI de son PDG Serge Tchu- BOLLORE INV...... SI GFI INFORMAT ..... w SCOR ...... w DU PONT NEMO ...

C ± ±

PSSDVP HDPT FFF IWDIH IPSDPW HDUV IWDPS SWDRH QVWDTR HDHV SWDRS HDUS RDWP FFF FFF

ruk, mercredi après la fermeture du marché. BONGRAIN ...... QW GRANDVISION...... w S.E.B...... w ECHO BAY MIN ......

C ± ± PSSDVW PDHI QVDPR IPU VQQDHU HDQW FFF RSDTH PWWDIP HDPR RSDUI FFF FFF FFF FFF w QWDHI w

b BOUYGUES ...... GROUPE ANDRE... SEITA...... ELECTROLUX ......

C C ± QRTDQS FFF SPDVH VT STRDIP IDIV FFF IUDIW IIPDUT IDRP FFF ITWDSH IIIIDVS HDSW FFF L’action Groupe André cédait 0,39 %, BOUYGUES OFF..... w SPDVH GROUPE GASCO ... SELECTIBAIL(...... ELF GABON......

C C C IUDSI HDUS PDTS VUDTH SURDTP IDVT FFF FFF FFF FFF RIDPQ SDWI QVDUU RDRP SDUH

jeudi matin, à 127 euros. La société va fer- BULL# ...... w PDTU GR.ZANNIER ( ...... SIDEL...... w ERICSSON #...... aw

C C C C IWVDUS I QHDHH TW RSPDTI HDPW FFF ITS IHVPDQQ IDUQ FFF QIDUS PHVDPU PDRP FFF w QHDQH

mer plus de 100 magasins employant BUSINESS OBJ ...... GROUPE PARTO.... SILIC CA ...... FORD MOTOR #.....

C C ± FFF FFF FFF VVDWH SVQDIS PDIV VUDHH USDQH RWQDWR HDQQ USDSS RRDRV PWIDUU HDUU FFF B T P (LA CI...... FFF GUYENNE GASC ... w SIMCO...... w GENERAL ELEC ......

C C C C RRVDTU PDRH FFF IPDWR VRDVV PDPW IPDTS ISDSH IHIDTU IDQI FFF SUDSH QUUDIV HDWU FFF 450 salariés et devait présenter jeudi son BURELLE (LY) ...... TVDRH HAVAS ADVERT ..... w SKIS ROSSIGN ...... GENERAL MOTO....

C C ±

PRDWW IDHR QDVS IHVDSH UIIDUI HDRT IHVDHH TVDRS RRW HDQU TVDPH RDTS QHDSH FFF FFF

plan social. CANAL + ...... w QDVI IMERYS ...... w SOCIETE GENE ...... w GOLD FIELDS......

C C

± VIUDQP QDIS IPHDVH FFF FFF FFF FFF SIDPH QQSDVS QDSV SQDIH SDTQ QTDWQ SDPQ FFF

b CAP GEMINI...... w IPRDTH IMMOBANQUE ..... SODEXHO ALLI ...... w HARMONY GOLD ..

C L’action L’Oréal était en hausse de C ± ± QHWDWR IDIS RUDVH PIDRS IRHDUH TDTT FFF VWDIS SVRDUW QDHT FFF WDPR THDTI IDPH FFF CARBONE-LORR.... w RUDPS IMMEUBLES DE .... SOGEPARC (FI ...... HITACHI # ......

C C ± ±

QWRDST IDPQ THDWH IUDQW IIRDHU IDIT IUDIW SQDUS QSPDSV HDPV FFF IPDWW VSDPI HDRT IQDHS 2,91 %, jeudi matin, à 76,15 euros. Son chif- CARREFOUR ...... w THDIS INFOGRAMES E .... w SOMMER-ALLIB .... HSBC HOLDING .... w

± ± ± ± TPVDRI IDQR WUDIH QQHS PITUWDQV PDPP FFF QPDVH PISDIS HDIS QPDVS IHQDSH TUVDWP HDIW IHQDUH

fre d’affaires consolidé a atteint 3,404 mil- CASINO GUICH...... w WSDVH IM.MARSEILLA ...... SOPHIA ...... w I.B.M...... w

C C ± RHVDTT IDSH FFF IWDUS IPWDSS QDIQ IWDIS TP RHTDTW TDQS SVDQH TDRH RIDWV FFF FFF CASINO GUICH...... TPDQH INGENICO ...... w SOPRA # ...... w I.C.I......

C C C ISHVDUH FFF PQHDHH IHQDIH TUTDPW HDIH IHQDHH VH SPRDUU IDPU UWDHH SS QTHDUV QDHW FFF liards d’euros au premier trimestre, en haus- CASTORAMA DU ... w PQH ISIS...... w SPIR COMMUNI .... w ITO YOKADO # ......

C C C ± IISHDSS HDTP FFF IWDWV IQIDHT IDVQ IWDTP PHDWS IQUDRP IDPI PHDUH RQDVH PVUDQI QDHT FFF

se de 12,7 %. CEA INDUSTRI...... IUSDRH KAUFMAN ET B..... w SR TELEPERFO ...... w I.T.T. INDUS ......

C C ± ± SQPDQI RDSQ FFF IHHDPH TSUDPU IDUT IHPDHH IHDWH UIDSH RDVI FFF UDPH RUDPQ HDUH UDIS VIDIS w w

b Le titre Orange gagnait 4,49 %, jeudi CEGID (LY) ...... KLEPIERRE ...... STUDIOCANAL ...... KINGFISHER P ......

C C PVRDTW HDWQ FFF IHPDPH TUHDQW IDPW IHHDWH FFF FFF FFF FFF FFF FFF FFF FFF CFF.RECYCLIN ...... RQDRH LAFARGE ...... w SUCR.PITHIVI ...... MATSUSHITA......

C C C C PWHDQQ HDSW RRDHH SWDIS QVV PDPS SUDVS ITTDRH IHWIDSI HDWU ITRDVH PVDTS IVUDWQ IDST FFF matin, pour coter 10,24 euros. A partir du CGIP ...... w RRDPT LAGARDERE ...... w SUEZ LYON.DE ...... w MC DONALD’S......

C C C

± SSI IDPH FFF SS QTHDUV IDHV SSDTH UTH RWVSDPU IDQQ FFF VPDUH SRPDRV HDVS FFF

4 mai, la filiale de téléphonie mobile de CHARGEURS...... VR LAPEYRE ...... w TAITTINGER ...... MERK AND CO......

C ± ± ± SSUDST HDUH FFF STDSH QUHDTP QDTU FFF RRDVT PWRDPT PDRV RTDHH UDUH SHDSI WDTW FFF VS w

France Télécom va remplacer l’opérateur CHRISTIAN DA ...... LEBON (CIE) ...... THALES (EX.T...... MITSUBISHI C......

C C C ± PSVDUV PDRU QVDSH PIHDQH IQUWDRV IDWI PIRDRH QUDTH PRTDTR QDPR QTDRP PQHU ISIQPDWQ IDIV PPVHDHH CHRISTIAN DI...... w QWDRS LEGRAND ...... w TF1...... w NESTLE SA #...... w

C C

± FFF FFF FFF IPWDSH VRWDRT IDWU FFF ITS IHVPDQQ HDHT ITRDWH RRDHP PVVDUS PDIV FFF Equant – en cours de rachat par France Télé- CIC -ACTIONS ...... FFF LEGRAND ADP...... TECHNIP...... w NORSK HYDRO......

C C

± ± QSRDPP IDSH SQDPH SPDTH QRSDHQ HDQV SPDVH QRDHP PPQDIT IDQR QQDSU RR PVVDTP HDHP FFF

com – dans l’indice CAC 40. CIMENTS FRAN ..... w SR LEGRIS INDUS ...... w THOMSON MULT . w PFIZER INC......

C C C C

SQHDQR IDHT VHDHH UDPH RUDPQ HDUH UDIS ISSDTH IHPHDTU HDUI ISRDSH SHDHS QPVDQI P FFF

b CLARINS...... w VHDVS LIBERTY SURF...... w TOTAL FINA E ...... w PHILIP MORRI ......

C C Le titre Sidel reste suspendu jusqu’à la ± RUSDPR HDTQ UPDHH IPUDPH VQRDQV IDHW FFF RVDWH QPHDUT VDTU RSDHH FFF FFF FFF FFF CLUB MEDITER ..... w UPDRS LOCINDUS...... TRANSICIEL # ...... w PROCTER GAMB ....

C C ± PRWDPT HDHS QVDHP UTDHS RWVDVT PDUU URDHH QQDQU PIVDVW HDQH QQDPU FFF FFF FFF FFF

publication de la note d’information sur l’of- CNP ASSURANC .... w QV L’OREAL...... w UBI SOFT ENT ...... w RIO TINTO PL......

C

± ± SPQDRS FFF UWDVH UWDSH SPIDRW HDTQ FFF IUSDIH IIRVDSV HDTQ IURDHH THDRS QWTDSQ PDSH FFF

fre publique d’achat (OPA) lancée par Tetra COFACE...... w UWDVH LOUVRE #...... UNIBAIL ...... w SCHLUMBERGER...

C C C ± WWUDHS PDPW IRVDTH STDQS QTWDTQ HDTQ STDHH VTDIS STSDII TDPQ VIDIH IWDHP IPRDUT TDUT FFF COFLEXIP ...... w ISP LVMH MOET HE.... w UNILOG ...... w SEGA ENTERPR......

C ± ± QWUDVR HDSU TIDHH USDWH RWUDVU QDTW UQDPH IQDIP VTDHT IDQS IQDQH VDUV SUDSW FFF VDUV Laval. Le Conseil des marchés financiers a COLAS...... w THDTS MARINE WENDE... w USINOR...... w SEMA GROUP #...... w

C C ± FFF FFF FFF IHDVV UIDQU QDUP FFF RWDIH QPPDHU HDQI RVDWS VDSV STDPV QDQU FFF

jugé recevable l’offre du groupe suédois sur CONTIN.ENTRE..... FFF MAUREL ET PR...... VALEO ...... w SHELL TRANSP ......

C C C QVHDRT FFF FFF SDQI QRDVQ HDIW FFF TIDRS RHQDHW PDHV THDPH UUDWH SIHDWW PDRQ UTDHS SV w w

le leader mondial des machines d’embou- CPR...... METALEUROP ...... VALLOUREC ...... SONY CORP. # ......

C C ± VSDQR HDHV FFF QSDRU PQPDTU IDPH QSDWH FFF FFF FFF FFF TVDIH RRTDUI IQDQI FFF CRED.FON.FRA...... IQDHI MICHELIN ...... w VIA BANQUE ...... T.D.K. # ......

C ± PTRDPP PDPI RIDIW IVDSH IPIDQS FFF FFF FFF FFF FFF FFF TDSU RQDIH PDIV FFF teillage. CREDIT LYONN ..... w RHDPV MONTUPET SA...... VICAT...... TOSHIBA #......

C C ± ± UVDUI QDQT FFF RDSS PWDVS IDWR FFF TUDRH RRPDIP HDQH TUDTH UVDWH SIUDSS HDWT FFF CS COM.ET SY...... IP MOULINEX ...... VINCI...... w UNITED TECHO.....

± RWIDWU FFF FFF IHHDSH TSWDPR FFF IHHDSH SH QPUDWV HDRH SHDPH HDSS QDTI FFF FFF DAMART ...... US NATEXIS BQ P ...... w VIVENDI ENVI...... w ZAMBIA COPPE......

C C ± WHQDPS PDPQ IQRDUH PQDUT ISSDVT VDTP PTDHH TSDTS RQHDTR HDHV TSDTH DANONE...... w IQUDUH NEOPOST ...... w VIVENDI UNIV ...... w

C C

± ISIHDTU IDHI FFF PIDSH IRIDHQ PDPU FFF SDVW QVDTR PDRQ SDUS

´ DASSAULT-AVI...... PQHDQH NORBERT DENT ... WANADOO...... w ABRE´VIATIONS

PREMIER MARCHE C ± QIRDVT PDVU RTDTT FFF FFF FFF FFF PHDSH IQRDRU PDQQ FFF

DASSAULT SYS...... w RV NORD-EST...... WORMS (EX.SO......

B = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ; Ny = Nancy ; Ns = Nantes.

C C C RSWDIU WDSS FFF PIDIH IQVDRI IDUR PHDUR PQIDUH ISIWDVS IDRH PPVDSH ______UH w w DE DIETRICH...... NRJ GROUP...... ZODIAC......

C ± SUUDPR IDUQ FFF WDWH TRDWR IH IIDHH FFF FFF FFF FFF DEVEAUX(LY)# ...... VV OBERTHUR CAR.... w ...... SYMBOLES

ti hs S e†‚sv ± WSDII FFF FFF VDPI SQDVS RDSQ FFF FFF FFF FFF FFF

Cours a` 9h57 DEV.R.N-P.CA...... IRDSH OLIPAR...... 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ;

C C

WQDVH HDST FFF IHDPQ TUDIH RDQW WDVH FFF FFF FFF FFF

DMC (DOLLFUS..... IRDQH ORANGE ...... w ...... a coupon de´tache´ ; b droit de´tache´ ; # contrat d’animation ; hernier jour de ne go™i—tion des yƒ‚h X PR —vril

C FFF FFF FFF QVS PSPSDRQ QDUU FFF FFF FFF FFF FFF

DYNACTION ...... FFF OXYG.EXT-ORI...... o = offert ; d = demande´ ; x offre re´duite ; y demande re´duite ;

C RUPDPW IDTW UHDVH RT QHIDUR FFF RTDHH FFF FFF FFF FFF w UP w

EIFFAGE ...... PECHINEY ACT...... d cours pre´ce´dent ; wValeur pouvant be´ne´ficier du service

Compen- WIDVQ FFF IRDHH FFF FFF FFF FFF FFF FFF FFF FFF w IR

Cours Cours % Var. ELIOR ...... PECHINEY B P ......

France f sation de re`glement diffe´re´. FFF FFF FFF TQDHS RIQDSV FFF TQDHS FFF FFF FFF FFF en euros en francs veille ELEC.MADAGAS..... FFF PENAUILLE PO...... w ......

(1) ` ´ ± FFF FFF FFF URDPH RVTDUP IDWV USDUH FFF FFF FFF FFF ENTENIAL(EX...... FFF PERNOD-RICAR .... w ...... DERNIERE COLONNE PREMIER MARCHE (1) :

C C

± PVSDVU IDPQ RQDHS RIDUW PURDIP QDRR RHDRH PURDSH IVHHDTH HDQQ PUSDRH FFF FFF FFF FFF ACCOR ...... w RQDSV ERAMET ...... w PEUGEOT ...... w ...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi :

C C C

RRIDIQ HDSP TTDWH WQ TIHDHR IDHW WPDHH IWIDPH IPSRDIW IDHT IVWDPH FFF FFF FFF FFF AGF ...... w TUDPS ERIDANIA BEG...... w PINAULT-PRIN...... w ...... montant du coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement

C C ± PTIDHI PDHQ FFF QIUDPH PHVHDUH HDVV QPHDHH WPDSH THTDUT HDWQ WIDTS FFF FFF FFF FFF

AFFINE(EXIMM ..... QWDUW ESSILOR INTL ...... w PLASTIC OMN...... w ...... dernier coupon ; Jeudi date´ vendredi : compensation ;

C C C IIWDQV HDVQ IVDHS UTDSH SHIDVI TDWW FFF VH SPRDUU PDST FFF FFF FFF FFF FFF

AIR FRANCE G ...... w IVDPH ESSO ...... PSB INDUSTRI ...... Vendredi date´ samedi : nominal.

C C ± IHPQDPW IDSV ISVDSH SPDQH QRQDHU PDSS SIDHH QPDVP PISDPW HDWV QPDSH FFF FFF FFF FFF AIR LIQUIDE ...... w IST EULER...... w PUBLICIS GR...... w ......

C ± ± IHSDHP PDWU HDPQ IDSI FFF IRDPH WQDIS HDTQ QWDWS PTPDHS QDQT CMT MEDICAL ..... ITDHI GUYANOR ACTI .... NET2S # ...... GEODIS......

C C ± ± IPQDWV QDSU SSDSH QTRDHT HDWI UDUS SHDVR QDQQ PWDTH IWRDIT IDPU COALA # ...... IVDWH HF COMPANY ...... NETGEM...... w GFI INDUSTRI......

C C

NOUVEAU C IQHDVH VDTT WWDWH TSSDQH IDUQ PDPU IRDVW WDTT UHWWDSH RTSTWDTU FFF COHERIS ATIX...... IWDWR HIGH CO.#...... NETVALUE # ...... SECOND GRAND MARNIE .. d

± ± VIDWW FFF SDRH QSDRP QDRH QDPH PHDWW IDSR RSDSI PWVDSQ FFF

COIL...... IPDSH HIGH BON DE ...... NEURONES #...... ______GROUPE BOURB... d

C ± ±

IRDUT FFF QVDWU PSSDTQ IDQR TW RSPDTI HDSV PH IQIDIW QDVS

´ CION ET SYS...... PDPS HIGHWAVE OPT ... w NICOX #...... GROUPE CRIT ...... C C C ±

IQIDIW PDST UDQW RVDRV ISDRU IVDWW IPRDSU PDTS IPW VRTDIV QDQU

MARCHE CONSODATA # ..... PH HIMALAYA ...... OLITEC...... MARCHE´ GROUPE J.C.D......

C ± IPUDWI FFF IDRV WDUI IDQU R PTDPR FFF IQUDWH WHRDST HDUW CONSODATA NO . d IWDSH HI MEDIA ...... OPTIMA DIREC..... d HERMES INTL...... w

C ± ± QPDRU FFF TDWH RSDPT WDUH PDVS IVDTW S PVDRW IVTDVV HDHR

CONSORS FRAN .. RDWS HOLOGRAM IND.. OPTIMS # ...... HYPARLO #(LY ......

wi‚g‚ihs R e†‚sv

C C ± ± PWDIW WDIV TDPH RHDTU PDTS HDSH QDPV PS VDQW SSDHQ HDIP CROSS SYSTEM.... RDRS HUBWOO.COM ..... OXIS INTL RG ...... IMS(INT.META ...... ti hs S e†‚sv

C

± ± ±

RQDIT HDWH IHDRW TVDVI PDUR IWDWH IQHDSR PDWQ TS RPTDQU HDPQ

CRYO # ...... TDSV IB GROUP.COM .... PERFECT TECH .... INTER PARFUM ....

 le™tionF

ne se Cours releve´sa` 18 h 11

ne se le™tionF

C ± ´ ` RI FFF IDUQ IIDQS QHDSP IDRV WDUI FFF RVDVH QPHDII HDTP CRYO ACT.NOU.... d TDPS IDP ...... PERF.TECHNO...... Cours relevesa9h57 JET MULTIMED ....

C ISDUR QDWH IDHU UDHP FFF IV IIVDHU FFF IQRDRH VVIDTI FFF CRYONETWORKS. PDRH IDP BON 98 (...... d PHARMAGEST I.... LABOR.ARKOPH....

Cours Cours % Var. Cours Cours % Var. C C TDUT RDHR HDIS HDWV FFF PDII IQDVR FFF PWDUS IWSDIS HDUI

CYBERDECK # ...... IDHQ INTERACTIF B...... d PHONE SYS.NE..... LAURENT-PERR ....

Valeurs f en euros en francs veille Valeurs f en euros en francs veille

± ± ± UWDRR WDWT HDQH IDWU FFF ISDWH IHRDQH IIDTP IRH WIVDQR HDHU CYBER PRES.P ...... IPDII INTERACTIF B...... d PICOGIGA...... LDC ......

C C ± ± ± UVDUI R PDUH IUDUI TDWH WDWH TRDWR UDTI SPDIH QRIDUS PDPS QU PRPDUH FFF RDSS PWDVS UDQI ABEL GUILLEM..... IP CYBERSEARCH ..... IGE +XAO ...... PROSODIE #...... AB GROUPE ...... LECTRA SYST......

C C C ± ± QSDRP ITDIQ IDVS IPDIR QDTS IPDSS VPDQP TDQR IS WVDQW FFF TDTH RQDPW PDQQ WDSW TPDWI IDIT AB SOFT ...... SDRH CYRANO #...... ILOG #...... PROSODIE BS ...... d ACTIELEC REG ..... LOUIS DREYFU .....

C ± ± ± ± STDHV IDUW QDQV PPDIU WDVU PDHT IQDSI IHDRQ TDIR RHDPV SDQW IHH TSSDWT FFF THDIH QWRDPQ PDIP ACCESS COMME .. VDSS DALET # ...... IMECOM GROUP.. PROLOGUE SOF ... ALGECO #...... d LVL MEDICAL......

C C C C ± ± IHVDST HDWI QDIS PHDTT RDPT HDSR QDSR IDVW IDQR VDUW PDPW QWDPS PSUDRT PDRI PRDWH ITQDQQ HDRH ADL PARTNER ...... ITDSS DATATRONIC ...... INFOSOURCES...... PROXIDIS ...... ALTEDIA...... M6-METR.TV A...... w

C C ± ± ± RPDTR SDVH IDVS IPDIR IRDUS IDWR IPDUQ FFF RDUW QIDRP IDWI IPHDSH UWHDRQ PDPI TU RQWDRW HDTU ALGORIEL #...... TDSH DESK #...... INFOSOURCE B .... d QBIOGENE ...... ALTEN (SVN) ...... w MANITOU #......

C ± ± ± TDVW IHDPT RVDUH QIWDRS UDHQ QIDWH PHWDPS HDWQ PH IQIDIW HDWW PHH IQIIDWI FFF TRDSH RPQDHW FFF ALPHAMEDIA ...... IDHS DEVOTEAM #...... w INFOTEL # ...... QUALIFLOW ...... APRIL S.A.#( ...... MANUTAN INTE...

C ± ± ± ± QWDQT IDVH IIDQS URDRS QDVI UDVW SIDUT IVDRW RDIH PTDVW VDRV STDSH QUHDTP HDVW IPV VQWDTP FFF ALPHA MOS #...... T DMS #...... INFO VISTA ...... QUANTEL ...... ASSYSTEM # ...... MARIONNAUD P ..

C C ± ± SDPS PDRR U RSDWP PDTR PDSP ITDSQ TDQP UDWW SPDRI FFF WDPH THDQS PDRS IIU UTUDRU FFF ALPHA MOS BO.... HDVH D INTERACTIV ..... INTEGRA NET...... w R2I SANTE...... AUBAY ...... PARCDESEXPOS.... d

C ± ± ± VQVDWU HDHV UDPH RUDPQ FFF FFF FFF FFF PPDWW ISHDVH RDPI WWDSH TSPDTV PDRU PRDTT ITIDUT HDPV ALTAMIR & CI ...... IPUDWH D INTERACTIV ..... d INTEGRA ACT...... RECIF # ...... BENETEAU CA# .... PCAS #......

C C ± ± PTDPR HDPS IIDVH UUDRH HDTH PDRT ITDIR FFF QH IWTDUW TDPS VQDVS SSHDHP FFF RQ PVPDHT HDRU ALDETA ...... R DIREKT ANLAG .... INTERCALL #...... d REPONSE # ...... BOIRON (LY)#...... PETIT FOREST......

C C ± ± SSDIH HDQT IHDTH TWDSQ PDIP UTDRS SHIDRV SDTP UDWS SPDIS FFF QS PPWDSV HDIR SR QSRDPP FFF ALTI #...... VDRH DIREKT ANLAG .... IPSOS # ...... w REGINA RUBEN ... d BONDUELLE...... PIERRE VACAN...... d

C C ± ± VIDHI FFF I TDST UDSQ RDPS PUDVV SDST VDVH SUDUP W WV TRPDVR FFF PQ ISHDVU IDSS ALTI ACT.NOU...... d IPDQS DURAND ALLIZ.... IPSOS BS00...... RIBER #...... BQUE TARNEAU... d PINGUELY HAU .... w

C C C ± ± IHRWDSQ HDHT ISDSH IHIDTU PDSP TDUW RRDSR PDUP IRW WUUDQV RDRW TH QWQDSU PDUR WS TPQDIT FFF A NOVO # ...... w ITH DURAN DUBOI .... ITESOFT...... RIGIFLEX INT...... BRICORAMA # ...... POCHET...... d

C ± ± ± ± UVDQW HDRP HDIS HDWV FFF RDIP PUDHQ SDHU TDWS RSDSW HDIR IRRDUH WRWDIU HDTW VWDSH SVUDHV PDIU ARTPRICE COM.... IIDWS DURAN BS 00 ...... d IT LINK...... RISC TECHNOL .... BRIOCHE PASQ .... RADIALL # ......

C ± ± ± ± SDIV FFF IPDSH VIDWW ITDII IDHQ TDUT IHDRQ SDSV QTDTH U IHDPH TTDWI HDUV SRDIS QSSDPH HDPV ASTRA ...... HDUW EFFIK # ...... IXO...... SAVEURS DE F...... BUFFALO GRIL..... RALLYE (LY)...... w

C ± ± PQDQS PDRU PSW ITWVDWQ IIDTR IDPH UDVU FFF IRDVH WUDHV IDPU WPDIS THRDRT FFF PUR IUWUDQP FFF AUFEMININ.CO.... QDST EGIDE #...... JOLIEZ REGOL...... GUILLEMOT BS .... C.A. OISE CC ...... d RODRIGUEZ GR ...

C C ± ± ± SIDIT HDSI IHDTU TWDWW HDTS HDVH SDPS SDPT SDQS QSDHW FFF PSPDWH ITSVDWP HDQT QRDVH PPVDPU IDIR AUTOMA TECH .... UDVH EMME(JCE 1/1...... KALISTO ENTE...... SELF TRADE...... C.A. PARIS I...... a SABATE SA #......

C C ± ± PWDIP SDUI QVDSH PSPDSR IDPV IHDWW UPDHW FFF QSDIR PQHDSH IPDIS IQVDSH WHVDSH FFF WVDUH TRUDRQ HDPH AVENIR TELEC...... w RDRR ESI GROUP ...... KALISTO ACT...... d SILICOMP #...... C.A.PAS CAL...... SECHE ENVIRO .....

C C ± IHDIU FFF SDHW QQDQW RDSP IDWV IPDWW PDWR PPDIH IRRDWU R RQDRH PVRDTW FFF IWDSH IPUDWI FFF AVENIR TELEC...... d IDSS ESKER...... KEYRUS PROGI ..... SITICOM GROU.... CDA-CIE DES...... d SINOP.ASSET...... d

C C C ± SHDIV HDTT PIDSH IRIDHQ PDUI HDWR TDIU IRDTQ WDTH TPDWU FFF RSDWW QHIDTU FFF QHDTH PHHDUP HDWW BAC MAJESTIC...... UDTS EUROFINS SCI...... KAZIBAO ...... SODITECH ING .... CEGEDIM #...... d SIPAREX CROI ......

C ± WVDPT FFF WDSH TPDQP FFF TDSV RQDIT IDHV U RSDWP UDVW IPQDWH VIPDUQ FFF PTRDVH IUQTDWU FFF BARBARA BUI ...... IRDWV EURO.CARGO S.... LACIE GROUP ...... SOFT COMPUTI.... CIE FIN.ST-H ...... d SOLERI ...... d

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C C ± TPDTR VDIU RDPH PUDSS IWDTT PH IQIDIW FFF II UPDIT FFF SV QVHDRT FFF RQDWH PVUDWU QDSR BELVEDERE...... WDSS FI SYSTEM # ...... w LEXIBOOK ACT...... d SOI TEC BS 0...... d COFITEM-COFI..... d STEF-TFE # ......

C C ± ± ± PHDPH RDHS HDTH QDWR FFF PRDQH ISWDRH HDRI PDWT IWDRP SDRQ QDUQ PRDRU TDUS IPQDWH VIPDUQ PDRH BOURSE DIREC .... QDHV FI SYSTEM BS...... d LINEDATA SER...... SQLI ...... DANE-ELEC ME.... STERIA GROUP .....

C C ± ± ± PVWDWQ QDUH WDPH THDQS HDPP IDQS VDVT HDUR RDQU PVDTU IHDVP RVDSH QIVDIR HDVQ RQDSU PVSDVH FFF BRIME TECHNO... RRDPH FLOREANE MED .. LYCOS EUROPE..... STACI # ...... ENTRELEC CB ...... SYLEA ...... d

C C ± ± ± IQDRS FFF QDIH PHDQQ ITDPP SDWH QVDUH VDTT HDPU IDUU QUDPI WDTH TPDWU WDHW PRDPS ISWDHU RDWH BRIME TECHN...... d PDHS GAMELOFT COM . MEDCOST #...... STELAX...... ETAM DEVELOP ... SYLIS # ......

C ± ± ± ± WWDVR IDIU PWDWW IWTDUP HDHQ WTDVH TQRDWU IDHP IQDWW WIDUU QDSP WV TRPDVR HDIH QV PRWDPT FFF BUSINESS ET ...... ISDPP GAUDRIOT #...... MEDIDEP #...... SYNELEC # ...... EUROPEENNE C... SYNERGIE (EX ...... d

C ± ± ± ± QIDRW IDHQ ISDSH IHIDTU QDIQ SDSH QTDHV VDIV IW IPRDTQ HDSP SUDWH QUWDVH HDVU PH IQIDIW FFF BUSINESS INT ...... RDVH GENERIX # ...... MEMSCAP ...... SYSTAR # ...... EXPAND S.A...... TEAM PARTNER ...

C C ± ± ± ± ISQDVP IDWT PHDTI IQSDIW IRDHS TSDSH RPWDTS PDIU QDUS PRDTH VDUT IQDTH VWDPI RDHW RQDIS PVQDHS HDSV BVRP ACT.DIV...... w PQDRS GENESYS #...... METROLOGIC G ... SYSTRAN ...... FINACOR...... TRIGANO ...... w

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C C C ± QWDPQ RDWI QDVP PSDHT FFF SDHU QQDPT HDPH RDVH QIDRW TDPS QTDWV PRPDSU PDRI VH SPRDUU FFF CALL CENTER...... SDWV GENESYS BS00 ..... d MONDIAL PECH ... TELECOM CITY..... FININFO...... VILMOR.CLAUS .....

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C C C ± SQUDVV IDRP PUDWH IVQDHI VDQI IP UVDUI R PDHU IQDSV FFF TSDRS RPWDQP HDTW FFF FFF FFF CEREP...... VP GL TRADE #...... NATUREX...... TETE DS LES ...... d FOCAL (GROUP......

C ± ± ± IDVR TDTU PW IWHDPQ QDIU HDPT IDUI FFF PR ISUDRQ QDHU IIQ URIDPQ HDHW FFF FFF FFF CHEMUNEX # ...... HDPV GUILLEMOT # ...... NATUREX DT D .... d THERMATECH I.... GENERALE LOC......

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PPPDHR HQGHR

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´ PSDPV ITSDVQ HRGHR RQUDHP PVTTDTT HRGHR

PUSQDHS HRGHR

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e ECUREUIL VITALITE C ...... RPDUU

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Euros francs ee cours

QSDVU PQSDPW HQGHR RSRDRU PWVIDIQ HRGHR IWRRDQP HRGHR SLIVAFRANCE ...... PWTDRI AMPLITUDE EUROPE C...... SOGENFRANCE D......

´ QRDVP PPVDRH HQGHR

UPHDWH HRGHR CREDIT AGRICOLE IHWDWH PTRDHP HRGHR AGIPI SLIVARENTE...... RHDPS AMPLITUDE EUROPE D...... SOGEOBLIG C......

PRPDUH ISWPDHI HQGHR

PWTDIH HRGHR ´ RSDIR IHIQDUV HRGHR

08 36 68 56 55 (2,21 F/mn) SLIVINTER ...... ISRDSS AMPLITUDE MONDE C ...... SOGEPARGNE D......

IUWDPU HRGHR

AGIPI AMBITION (AXA) ...... PUDQQ

PIWDTT IRRHDVV HQGHR

PQWDUR ISUPDSW HRGHR

RVTU HRGHR

TRILION...... URIDWU AMPLITUDE MONDE D...... SOGEPEA EUROPE......

PPSQDVH HRGHR

ATOUT FONCIER D...... QRQDSW

IUTDSV HRGHR

AGIPI ACTIONS (AXA)...... PTDWP

IVDRP IPHDVQ HQGHR

QWRDVP HRGHR

AMPLITUDE PACIFIQUE C.... SOGINTER C...... THDIW

SSTDSI HRGHR

ATOUT FRANCE ASIE D ...... VRDVR Fonds communs de placements

IIUDPP HQGHR

AMPLITUDE PACIFIQUE D ... IUDVU

IPRSDPH HRGHR

3615 BNP ATOUTFRANCEEUROPED.. IVWDVQ

IPSIDUT HRGHR

ACTILION DYNAMIQUE C * . IWHDVQ ´ Fonds communs de placements PWHDVS HRGHR

ELANCIEL FRANCE D PEA .... RRDQR

QIPDQU HRGHR

RUDTP ´ IIPDWT HQGHR

08 36 68 17 17 (2,21 F/mn) ATOUT FRANCE MONDE D .. IUDPP IPHTDPR HRGHR

ACTILION DYNAMIQUE D * . IVQDVW ´ DECLIC ACTIONS EURO ...... UPVDHS HQGHR

ELANCIEL EURO D PEA ...... IIHDWW

PIHDSP IQVHDWP HRGHR

QUWDPU HQGHR

ATOUT FUTUR C ...... ´ SUDVP

RVUDQI HRGHR

´ ACTILION PEA DYNAMIQUE URDPW DECLIC ACTIONS FRANC ..... ISWUPDTP QHGHQ

PRQSDHI ´ PPRDIR HQGHR

BNP MONE COURT TERME.. EMERGENCE E.POST.D PEA . QRDIU

IWHDUT IPSIDQH HRGHR

PPRDRH HRGHR

ATOUT FUTUR D...... ´ ´ QRDPI IIVHDRT HRGHR

ACTILION EQUILIBRE C *..... IUWDWT DECLIC ACTIONS INTER...... VUTQUDSH PIGHQ ´ IQQTHDPS

UURDPQ HQGHR

BNP MONE PLACEMENT C .. GE´OBILYS C ...... IIVDHQ

URQDRH HRGHR ´ IIQDQQ

QTRDUV HQGHR

ATOUT SELECTION D ...... ´ ´ SSDTI IIPVDSI HRGHR

ACTILION EQUILIBRE D * .... IUPDHR DECLIC BOURSE PEA...... UTSITDHI PIGHQ ´ IITTRDUW

UIPDIU HQGHR

BNP MONE PLACEMENT D.. ` GE´OBILYS D...... IHVDSU RSIDHP PWSVDSH HRGHR

IIPDIH HQGHR

DIEZE C...... ´ ´ IUDHW

IIPRDQV HRGHR

ACTILION PRUDENCE C *.... IUIDRI DECLIC BOURSE EQUILIBRE WWSTPQDRU IRGHQ ´ ´ ISIUVIDVP

IQPDPR HQGHR

BNP MONE TRESORERIE ..... INTENSYS C ...... PHDIT

SRRDPU QSUHDIV HRGHR

IIIDIP HQGHR

EURODYN C ...... ´ ITDWR

IHUPDUS HRGHR ITQDSR DECLIC OBLIG. EUROPE......

IIHRDQU HQGHR ITVDQT ACTILION PRUDENCE D * ...

IIRDVT HQGHR

BNP OBLIG. CT ...... INTENSYS D...... IUDSI

IIWDPQ UVPDIH HQGHR

IUUDUT HQGHR

INDICIA EUROLAND D ...... ´ PUDIH

IRWRDPH HRGHR

PPUDUW DECLIC PEA EUROPE......

PIVDVQ HQGHR QQDQT INTERLION ......

IRWWDSP HQGHR

BNP OBLIG. LT...... KALEIS DYNAMISME C...... PPVDTH

RHIDTR PTQRDSW HQGHR

RRIDVS HQGHR

INDICIA FRANCE D ...... ´ TUDQT

TQWDHQ HRGHR

WUDRP DECLIC SOGENFR. TEMPO...

WVPDRW HQGHR IRWDUV LION ACTION EURO ......

IRSVDQW HQGHR

BNP OBLIG. MT C ...... ´ KALEIS DYNAMISME D ...... PPPDQQ RHDIV PTQDST HRGHR

PPWWDTS HRGHR INDOCAM AMERIQUE C...... QSHDSV

TRPDQV HRGHR

WUDWQ FAVOR ......

WHIDQS HQGHR

BNP OBLIG. MT D...... IQUDRI LION PEA EURO...... STIDPR HQGHR

KALEIS DYNAMISME FR C.... VSDST

IQHDHI HRGHR

INDOCAM ASIE C ...... IWDVP QQSDVS HQGHR

SOGESTION C...... SIDPH

IIWHDST HQGHR

BNP OBLIG. SPREADS ...... IVIDSH ´ IQQSDVT HQGHR

KALEIS EQUILIBRE C...... PHQDTS

PQVRDHI HRGHR

INDOCAM FRANCE C ...... QTQDRR QUWSDHR HQGHR

´ SOGINDEX FRANCE C ...... SUVDSS IPSVPDVQ HQGHR

BNP OBLIG. TRESOR...... IWIVDPR ´ IPWRDIR HQGHR

KALEIS EQUILIBRE D...... IWUDPW

IWSWDTI HRGHR

INDOCAM FRANCE D...... PWVDUR FFFF FFFF

...... FFFF

IPRPDUI HQGHR

Fonds communs de placements KALEIS SE´RE´NITE´ C...... IVWDRS IITVDTS HRGHR

INDOCAM MULTI OBLIG. C.. IUVDIT

FFFF FFFF FFFF

ISUDTW HQGHR

CM EURO PEA...... PRDHR ......

IPHIDPS HQGHR

´ KALEIS SE´RE´NITE´ D ...... IVQDIQ IUVSDVI IIUIRDIS HQGHR

TRTDVR HRGHR

BNP MONE ASSOCIATIONS.. OBLIFUTUR C...... WVDTI

FFFF FFFF FFFF

QUDPT HQGHR

CM EUROPE TECHNOL...... SDTV ......

SIHDQQ HQGHR

KALEIS TONUS C...... UUDVH

SQQDTP HRGHR

OBLIFUTUR D...... VIDQS

FFFF FFFF FFFF

PSRDPS HQGHR

CM FRANCE ACTIONS ...... QVDUT ......

UPRDQU HQGHR

OBLITYS C...... IIHDRQ

IIQTDWU HRGHR

BANQUE POPULAIRE ASSET MANAGEMENT REVENU-VERT D...... IUQDQQ

FFFF FFFF FFFF

PQWDWS HQGHR

CM MID. ACT. FRANCE...... QTDSV ......

UPRDQU HQGHR

OBLITYS D ...... IIHDRQ

QUPDUI HRGHR

UNIVERS ACTIONS C...... STDVP

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www.bpam.fr 01 58 19 40 00 FFFF

PIVUDHQ HQGHR

CM MONDE ACTIONS...... QQQDRI ......

QHQDIP HQGHR

PLE´NITUDE D PEA ...... RTDPI

PVRDPW HRGHR

UNIVERS-OBLIGATIONS C.... RQDQR

FFFF FFFF FFFF

PWUDVI IWSQDSI HQGHR

TWIDQI HQGHR

BP OBLI CONVERTIBLES ...... CM OBLIG. LONG TERME .... IHSDQW ......

ITUSTDTP HQGHR

POSTE GESTION C ...... PSSRDSQ

FFFF FFFF FFFF

IHWDVH UPHDPR HQGHR

PITDWP HQGHR

BP OBLI HAUT REND...... Fonds communs de placements CM OPTION DYNAM...... QQDHU ......

ISQSSDTW HQGHR

POSTE GESTION D...... PQRHDWT

FFFF FFFF FFFF

RTHDPP HQGHR ´ ´ UHDIT

SSTDTS HQGHR VRDVT ´ QSS HQGHR

BP MEDITERRANEEDEV...... ATOUT VALEUR D...... CM OPTION EQUIL...... SRDIP ` ...... RSSRVDQR HRGHR

POSTE PREMIERE...... TWRQDVH

FFFF FFFF FFFF

UVHDIQ HQGHR ´ IIVDWQ

PVSDIT IVUHDSQ HQGHR IHSQDPH HQGHR

BP NOUVELLE ECONOMIE ... INDOCAM VAL. RESTR. C ..... CM OBLIG. COURT TERME .. ITHDST ......

PUHRPSDRW HQGHR

POSTE PREMIE`RE 1 AN...... RIPPTDIH

SHDUV QQQDHW HRGHR FFFF FFFF FFFF

RTDHT QHPDIQ HPGHR

PIUWDTI HQGHR BP OBLIG. EUROPE ...... MASTER ACTIONS C...... CM OBLIG. MOYEN TERME . QQPDPV ......

SVQPSDTH HQGHR ` VVWIDTV

´ ´ POSTE PREMIERE 2-3...... IHHRWPDRT TSWIVUDQQ HRGHR FFFF FFFF FFFF

IWVDTW HPGHR

BP SECURITE...... QHDPW ......

IHUVDPH HQGHR

MASTER OBLIGATIONS C ..... CM OBLIG. QUATRE...... ITRDQU

RRTDIV HQGHR

PRIMIEL EUROPE C...... TVDHP

IQSDUI VWHDPH HRGHR

FFFF FFFF FFFF

IPWDIT HQGHR

EUROACTION MIDCAP...... OPTALIS DYNAMIQ. C ...... IWDTW ......

SISRDWU HQGHR

Fonds communs de placements REVENUS TRIMESTRIELS ..... UVSDVU

IHWDSH UIVDPU HRGHR

FFFF FFFF FFFF

IPQDVR HQGHR

FRUCTI EURO 50 ...... OPTALIS DYNAMIQ. D...... IVDVV ......

IIWWDQS HQGHR

´ THE´SORA C...... IVPDVR IPSDSS HQGHR

CM OPTION MODERATION . IWDIR

WPDQH THSDRS HQGHR

FFFF FFFF FFFF IPSDQS HQGHR

FRUCTIFRANCE C ...... OPTALIS E´QUILIB. C ...... IWDII ......

IHISDTV HQGHR

THE´SORA D...... ISRDVR

PRRDRR ITHQDRP HQGHR

FFFF FFFF

´ FFFF IIUDPW HQGHR

FRUCTIFONDS FRANCE NM OPTALIS EQUILIB. D...... IUDVV ´ ...... QHQPTPDUH HQGHR

ASSET MANAGEMENT TRESORYS C...... RTPQPDIH

FFFF FFFF FFFF IHVDVW HQGHR

OPTALIS EXPANSION C ...... ITDTH ......

PQTHDHU HQGHR

www.cdcixis-am.fr SOLSTICE D...... QSWDUW FFFF FFFF FFFF IHVDIH HQGHR

OPTALIS EXPANSION D...... ITDRV ´ ...... WHHDQU HQGHR

AMERIQUE 2000...... IQUDPT Fonds communs de placements

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IITDIU HQGHR

OPTALIS SE´RE´NITE´ C ...... IUDUI ......

RTHDRP HQGHR

ASIE 2000 ...... UHDIW

STUDSQ HRGHR

DE´DIALYS FINANCE...... VTDSP FFFF FFFF FFFF

IHSDHP HQGHR

OPTALIS SE´RE´NITE´ D ...... ITDHI ......

ISPUDWW HQGHR

NOUVELLE EUROPE...... PQPDWR

RTHDHP HQGHR

DE´DIALYS MULTI-SECT...... UHDIQ FFFF FFFF FFFF SHRDWT HQGHR

MULTI-PROMOTEURS PACTE SOL. LOGEM...... UTDWV ´ ...... PQIHHDQV HQGHR

SAINT-HONORE CAPITAL C . QSPIDTQ ´ ´ TPHDIR HRGHR

DEDIALYS SANTE ...... WRDSR FFFF FFFF FFFF

SQUDHQ HQGHR

´ VIDVU QQPIDUU HQGHR

NORD SUD DEVELOP. C...... SHTDRH PACTE SOL.TIERS MONDE......

PIUHRDVQ HQGHR

SAINT-HONORE´ CAPITAL D. QQHVDVV ´ PRUDHQ HRGHR

DEDIALYS TECHNOLOGIES.. QUDTT FFFF FFFF FFFF

IVUDWT IPQPDWR HTGHR

PTWTDIV HQGHR

NORD SUD DE´VELOP. D ...... RIIDHQ UNIVAR C ......

PIVWDUV HQGHR

ST-HONORE´ CONVERTIBLES QQQDVQ ´ QUHDRP HRGHR

DEDIALYS TELECOM...... STDRU FFFF FFFF FFFF IPIRDWT HTGHR

UNIVAR D...... IVSDPP ´ ...... RHHDUW HQGHR

Sicav en ligne : ST-HONORE FRANCE...... TIDIH

SVWDQV HQGHR

POSTE EUROPE C...... VWDVS FFFF FFFF

...... FFFF

UPPDPI HQGHR

08 36 68 09 00 (2,21 F/mn) ST-HONORE´ PACIFIQUE ...... IIHDIH STSDTQ HQGHR

POSTE EUROPE D ...... VTDPQ FFFF FFFF

...... FFFF

UWIDRI HQGHR

ST-HONORE´ TECH. MEDIA .. IPHDTS

IPUIDQI HQGHR

´ POSTE PREMIE`RE 8 ANS C... IWQDVI SSDTT QTSDII HQGHR FFFF FFFF

ECUR. 1,2,3... FUTUR ...... ´ ´ ...... FFFF PRVRDVQ HQGHR

ST-HONORE VIE SANTE ...... QUVDVI

IITUDHV HQGHR

´ ` IUUDWP

RUWDRR HQGHR UQDHW POSTE PREMIERE 8 ANS D... FFFF FFFF

ECUR. ACT. FUT.D PEA...... FFFF

IUIDRW IIPRDWH HRGHR

TUQDQR HQGHR

CIC FINUNION ...... ST-HONORE´ WORLD LEAD. . IHPDTS

IHHDVI TTIDPU HQGHR

IPTDWQ HQGHR ´ IWDQS REMUNYS PLUS ...... FFFF FFFF

ECUR. ACTIONS EUROP. C ...... FFFF

WVDSW HRGHR

CIC OBLI LONG TERME C..... ISDHQ

PVPDSW HQGHR ´ RQDHV FFFF FFFF

ECUR. CAPITALISATION C.... Fonds communs de placements ...... FFFF

WVDSW HRGHR

CIC OBLI LONG TERME D .... ISDHQ SG ASSET MANAGEMENT

QISDRS HQGHR ´ RVDHW PVDPT IVSDQU HQGHR FFFF FFFF

ECUR. DYNAMIQUE+ DPEA. WEB INTERNATIONAL ...... FFFF

PQIDSS HQGHR

´ ´ CIC PIERRE...... QSDQH Serveur vocal : RUDVI QIQDTI HQGHR FFFF FFFF

ECUR. ENERGIE D PEA...... FFFF

PVSPDVP HQGHR

EUROCIC LEADERS...... RQRDWI 08 36 68 36 62 (2,21 F/mn)

WRQPVDTS HQGHR ´ IRQVHDQI

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ECUR. EXPANSION C...... LEGAL & GENERAL BANK ...... FFFF WQWIDPI HQGHR

MENSUELCIC...... IRQIDTV

ISUDTT IHQRDIV HRGHR PUHDIP HQGHR

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ISIDHU HQGHR

RENTACIC ...... PQDHQ

ISSDSS IHPHDQR HRGHR QVHDPT HQGHR

E´CUR. INVESTIS. D PEA...... SUDWU CADENCE 2 D ......

IRHQDTV HQGHR ´ ´ PIQDWW PWRTDQH HQGHR

UNION AMERIQUE...... RRWDIT STRATEGIE IND. EUROPE .... ´

IHIHDQH HRGHR ´ ´ ISRDHP LEGENDE IRQUDSQ HQGHR EC. MONET.C ...... PIWDIS CADENCE 3 D ......

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ISSHDSS HRGHR ´ ´ PQTDQV IPQWDTQ HQGHR EC. MONET.D...... IVVDWV Fonds communs de placements Fonds communs de placements CONVERTIS C...... Hors frais. A titre indicatif. * Part div. par 10 au 5/5/99.

IIRPDRI HQGHR SVSDPR QVQVDWP HQGHR TRUPDQS RPRSSDVQ HQGHR SUDPV QUSDUQ HRGHR E´CUR. OBLIG. INTERNAT. .... IURDIT CIC EURO OPPORT...... STRATE´GIE CAC...... INTEROBLIG C ...... 27 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001

SCIENCES Lorsqu’ils sont atta- les prédateurs de ces mêmes herbi- dialogue entre plantes et insectes ronnement que les pesticides chimi- terrain vont dans ce sens. Mais beau- qués par des insectes herbivores, tel- vores qui agissent pour les plantes pour protéger les cultures de la ques, implique une solide connais- coup reste à faire pour saisir tous les les les chenilles, les végétaux élabo- comme des gardes du corps en tuant menace de certains ravageurs. sance des écosystèmes dans lesquels avantages et les inconvénients que rent spontanément des substances ce qui les dévore. b LES CHER- b CETTE APPROCHE, moins dange- elle s’exerce. b LES ÉTUDES qui présente, pour les plantes, ce sys- chimiques volatiles. Celles-ci attirent CHEURS tentent de s’inspirer de ce reuse pour l’homme et pour l’envi- commencent à se développer sur le tème naturel de défense. Les subtiles leçons de lutte biologique des végétaux contre les prédateurs Lorsqu’une plante est attaquée, elle émet des signaux pour recruter des prédateurs qui dévoreront ses assaillants. L’exploitation de ces messages chimiques pourrait ouvrir des voies nouvelles à la protection des cultures

LES VÉGÉTAUX – c’est leur fai- ville (Floride). De plus, la manipula- très nombreuses sous les tropiques. blesse – ne peuvent pas fuir pour tion des interactions entre espèces En Afrique, de 20 % à 80 % des den- échapper aux agresseurs. Mais ils requiert un certain flair écologique. rées de base que sont le maïs et le ne se laissent pas faire pour autant. Supprimer un insecte nuisible, par sorgho sont livrées aux chenilles Pour se défendre et tuer ce qui les exemple, peut donner des ailes à un perceuses de tiges. Ce qui veut dire, dévore, ils engagent des gardes du autre. « On ne veut pas faire l’erreur aussi, que les parasitoïdes disposent corps, qui se situent plus haut dans d’attirer un parasitoïde sans hôte », de réserves de nourriture constan- la chaîne alimentaire. Ils prévien- précise Consuelo De Moraes. Les tes. Dans ce contexte, les cher- nent ces gardes du corps en émet- parasitoïdes, qui sont des insectes cheurs ont choisi d’associer des tant des signaux chimiques, dont les parasitant d’autres insectes, appren- plants variés, qu’ils ont baptisés chercheurs espèrent aujourd’hui nent en effet à associer les signaux « push-pull » (pousser-tirer) parce s’inspirer pour protéger les cultures chimiques des végétaux à leurs qu’ils exercent un pouvoir d’attiran- de la menace de certains insectes hôtes. Si ce lien est rompu, il se ce-répulsion. Autour des champs de nuisibles. Une approche qui serait pourrait bien qu’ils cessent de maïs et de sorgho ont été plantées moins dangereuse, pour l’homme répondre aux signaux. des espèces prisées par les acariens, et l’environnement, que les pestici- qui se trouvent ainsi détournés des des chimiques. DE MULTIPLES EXPÉRIENCES cultures. Quant à ces dernières, L’intérêt de l’industrie se limite Il n’empêche : même si la elles ont été sélectionnées parmi les souvent au présent. Et il est difficile connaissance des défenses naturel- variétés qui repoussent les insectes de faire de l’écologie un produit. les des végétaux reste incomplète, ou qui attirent leurs prédateurs – tel- « Ce n’est pas une denrée commercia- elle a déjà donné lieu, depuis une le la mélisse Melinis minutiflora, qui lisable », souligne Consuelo De dizaine d’années, à de multiples libère en permanence des substan- Moraes, qui travaille au Centre d’en- expériences en laboratoire. Et ces appréciées des parasitoïdes. On tomologie médicale, agricole et même si elle doit, sur le terrain, être atteint l’idéal lorsque les espèces vétérinaire du ministère américain maniée avec une extrême précau- plantées entre les cultures sont uti- de l’agriculture (CMAVE) à Gaines- tion, elle a déjà été utilisée pour con- les, comme peuvent l’être les ali- cevoir des écosystèmes agricoles ments pour le bétail ou les légumes qui résistent aux insectes dans les qui restituent l’azote aux sols. pays en voie de développement. Depuis qu’ont débuté les essais CHARLIN E. RICE Le principe de cette lutte biologi- kényans, les plantations en push- que est simple. Lorsqu’ils sont atta- Papillons de nuit et chenilles perceuses de tiges, prédateurs du maïs. pull ont progressé « brillamment », qués par des insectes herbivores, les des variétés de cultures dont la réac- ce qu’ils ignoraient l’existence de sément ce qu’a permis en Afrique estime John Pickett, de l’Institut de végétaux élaborent des substances tion aux herbivores soit plus puissan- ces substances, les sélectionneurs de l’Est, avec un réel succès, une col- Rothamsted. Le gouvernement chimiques volatiles naturelles. Cel- te. Nous n’en sommes pas encore là, ont ainsi participé sans le vouloir, laboration entre le Centre interna- ougandais est prêt à se lancer dans le les-ci attirent les prédateurs de ces mais c’est la direction dans laquelle tout au long du siècle dernier, au tional de la physiologie de l’insecte l’aventure, le Malawi est intéressé, mêmes herbivores, des parasitoïdes nous allons pour les années à venir », déclin de cette faculté qu’avait natu- et de l’écologie de Mbita Point et les agriculteurs éthiopiens prati- qui tuent leurs insectes-hôtes en affirme James Tumlinson, égale- rellement le coton d’appeler à (Kenya) et l’Institut pour la recher- quent eux-mêmes ces cultures. Un déposant leurs œufs dans leur orga- ment membre du CMAVE. Pour le l’aide. che sur les cultures de Rothamsted intérêt se manifeste aussi en Améri- nisme. Une première solution pour coton, les premiers jalons de cette Plutôt que d’attendre que les (Royaume-Uni). L’agriculture afri- que du Sud, en Chine et en Inde. se débarrasser des insectes nuisi- voie de recherche sont déjà posés. insectes posent problème, et de caine est en effet particulièrement à bles consiste donc à accentuer cette L’équipe du CMAVE a en effet chercher alors la solution dans une même d’adopter des solutions éco- UNE « STRATÉGIE TRÈS FINE » réaction, soit en augmentant le volu- découvert une espèce sauvage qui pulvérisation chimique, ne serait-il logiques, dans la mesure où les agri- Dans les régions tempérées où me des signaux, soit en abaissant le pousse en Floride et qui produit, pas plus sage, se disent un nombre culteurs n’ont que peu, ou pas l’apparition des insectes est sporadi- seuil à partir duquel la plante les par rapport aux variétés domesti- croissant de chercheurs, de conce- du tout, accès aux pesticides chimi- que, les choses sont plus com- La preuve produit. ques, de cinq à dix fois plus de subs- voir des écosystèmes agricoles qui ques. plexes, et la gestion des parasitoïdes « Il est possible de mettre au point tances attirant les parasitoïdes. Par- résistent d’eux-mêmes ? C’est préci- Les populations d’insectes sont requiert une « stratégie très fine ». sur le terrain Par exemple, précise John Pickett, les populations sauvages de parasi- Jusqu’à présent, l’essentiel toïdes maîtrisent très bien les puce- des recherches sur les interac- Des stratégies pour la nuit et le jour rons en temps ordinaire ; mais, tions des végétaux et de leurs quand le nombre de ces derniers prédateurs ont été menées en SI LES SIGNAUX chimiques émis par les plan- par le ver du bourgeon Heliothis virescens. Pour communications chimiques qui s’échangent explose, elles se révèlent souvent laboratoire. « Si j’étais sélection- tes sont des spots publicitaires, ils ont pour être sûr que les papillons de nuit ne repèrent entre insectes et végétaux. Il y a trois ans, la trop lentes à réagir pour empêcher neur de semences, je demanderais cible, semble-t-il, des marchés très précis. Une pas les plants en question de visu, l’équipe a tes- même équipe avait déjà décrit comment le que des dégâts ne soient causés à à voir si ça marche dans les étude, tout juste publiée par la revue Nature té la façon dont les insectes réagissent à des mélange de substances chimiques libérées par l’agriculture. champs », estime Ian Baldwin, (datée du 29 mars), montre en effet qu’en cas mélanges synthétiques de ces substances chimi- les végétaux – mélange qui attire les insectes Pour pallier ces inconvénients, le de l’Institut Max-Planck pour d’attaque de chenilles les plants de tabac ques, lorsqu’elles sont émises dans le noir. Ils tueurs de papillons – variait selon l’espèce herbi- chercheur suggère que les parasitoï- l’écologie chimique (Iéna, Alle- envoient le signal chimique « occupé », afin de ont observé le même effet de répulsion. vore résidente. des soient placés dans des lieux à magne). C’est désormais chose dissuader d’autres femelles de papillon de nuit De telles substances sont notamment appré- l’écart, de façon à ce qu’ils puissent, faite, puisque ce chercheur de venir se poser. Ainsi que l’ont découvert Con- SUBTILITÉ SUPPLÉMENTAIRE ciées des parasitoïdes, ces insectes qui déposent le cas échéant, stopper une invasion vient de publier dans la revue suelo De Moræs et son équipe, du Centre d’en- Ces substances chimiques pourraient-elles leurs œufs à l’intérieur d’autres insectes que de pucerons qu’on attirerait dans Science (datée du 16 mars) la pre- tomologie médicale, agricole et vétérinaire du être utilisées pour éloigner les papillons de nuit dévorent ensuite les larves. Les parasitoïdes ont les champs par des substances chi- mière preuve que les signaux ministère américain de l’agriculture (CMAVE) à des cultures ? Les chercheurs en doutent. « Les des goûts très sélectifs : ils ne déposent généra- miques. Mais les parasitoïdes, com- chimiques émis par les plantes Gainsville (Floride), les végétaux, en effet, répulsifs n’agissent que si les papillons ont un lement leurs œufs que dans une seule espèce- me les prédateurs des insectes herbi- attaquées jouent un rôle dans la n’émettent ces signaux que dans l’obscurité, endroit où aller », indique James Tumlinson, chi- hôte. Les messages propres à telle ou telle plan- vores, prospèrent dans des écosystè- nature. Menés dans la région du quand les femelles volent alentour en cher- miste au CMAVE. Les agriculteurs, tout comme te réduisent donc leur temps de recherche. De mes agricoles variés, comportant Grand Bassin, dans l’Utah (Etats- chant un lieu où pondre. Le jour, ils diffusent ceux qui ont pour métier la lutte contre les ce dialogue incessant, quelques grands princi- des haies, des bords de champs non Unis), sur des plants de tabac un cocktail chimique très différent. insectes, doivent considérer l’ensemble du pay- pes commencent à se dégager. plantés et des mélanges de cultures. sauvage, ces travaux suggèrent Quel est l’intérêt, pour les insectes, de cette sage : un mélange varié d’espèces végétales éloi- Ainsi, on sait que les substances chimiques Ce type de méthode exige donc des que les parasitoïdes les plus dan- signalisation ? Le repérage d’une plante qui gnera les papillons de nuit des cultures, tout en qui attirent les parasitoïdes sont libérées de agriculteurs qu’ils gèrent l’ensemble gereux sont ceux qui ont les grouille de chenilles a, pour la femelle du offrant un habitat à leurs ennemis naturels. jour, lorsque ces insectes chassent. La nuit tom- du paysage. On est aujourd’hui loin goûts alimentaires les plus papillon de nuit, plusieurs avantages. Cela lui Mais, confrontée à l’odeur qui l’éloigne d’un bée, les végétaux passent à la dissuasion. Mais du compte. variés. Une bonne nouvelle pour permet d’éviter la rivalité pour sa progéniture. champ de tabac de 50 hectares, une femelle ris- pour Consuelo De Moræs, nous sommes loin les scientifiques : grâce à cet Et également de se tenir à l’écart de végétaux que aussi d’être désensibilisée au signal, et d’al- d’être au bout de nos surprises. « Il est fasci- John Whitfield éclectisme, il n’est peut-être pas assiégés qui ont déjà mobilisé leurs défenses ler pondre n’importe où. nant, dit-elle, de voir tout ce que peuvent révéler nécessaire de saisir toutes les chimiques, ce qui les rend moins agréables au C’est pourquoi, selon James Tumlinson, les ces relations entre plantes et insectes. Y compris e Page réalisée par les rédactions finesses de l’écologie pour uti- goût et attire les ennemis naturels des herbivo- substances répulsives « ne sont pas à long terme des aspects auxquels on ne s’attendait absolu- du Monde, d’El Pais et de la revue liser la transmission des mes- res. Pour étayer leurs travaux, les chercheurs un bon moyen de contrôle ». Quoi qu’il en soit, ment pas.» scientifique internationale Nature. sages entre la plante et ses ont recueilli et identifié les substances chimi- cette nouvelle découverte vient ajouter une sub- Traduction de l’anglais par Syl- défenseurs. ques libérées par des plants de tabac infestés tilité supplémentaire au réseau complexe des J. W. vette Gleize. Des interactions complexes en milieu naturel DANS LE RÔLE de la plante, pre- biologique, on se sert d’un parasite « L’adulte du staphylin Aleochara années, dont les résultats sont en qu’à présent suggèrent que ces service aux plantes qui les émet- nons la plus connue des crucifères : venant d’une autre région : l’intro- est prédateur. Il s’alimente des œufs cours d’évaluation. « composés chimiques informatifs » tent ? « Après tout, les signaux vola- le chou, à la culture duquel sont duction du parasitoïde pour lutter de mouche et peut s’attaquer aux lar- « Les étapes suivantes concerne- pourraient intervenir de diverses tils chimiques provoqués par la pré- consacrés, rien qu’en Bretagne, contre un ravageur est une gageure ves. Les femelles déposent leurs œufs ront la poursuite des travaux de manières. « Les plantes pourraient sence d’herbivores peuvent non seule- quelque 40 000 hectares. Dans le qui consiste à estimer que celui-ci dans le sol ; à l’éclosion, les jeunes lar- recherche sur l’interaction compétiti- utiliser des signaux chimiques volatils ment appâter les prédateurs, mais rôle de l’insecte herbivore : précisé- sera capable de s’adapter dans le ves recherchent des pupes pour y ve entre le staphylin et sa proie, sur pour alerter d’autres herbivores affa- également attirer des herbivores com- ment la mouche du chou (Delia radi- nouveau milieu, et on fait l’impasse pénétrer », précise le zoologue. l’écologie comportementale pour més qu’elles sont déjà attaquées, et pétitivement supérieurs, des préda- cum), ravageur principal des crucifè- sur l’impact qu’aura cette introduc- L’adulte peut donc être utilisé pour comprendre les modalités de ponte qu’il leur faudrait affronter la concur- teurs qui mangent également des res des régions légumières de tion sur les équilibres en place », rap- une action curative, puisqu’en man- des femelles et sur la détermination rence s’ils décidaient de s’en mêler », plantes, des superprédateurs ou l’ouest de la France. Les parasitoï- pelle Etienne Brunel, chercheur au geant les œufs de mouche il en des capacités prédatrices de chaque suggèrent-ils, en ajoutant que « les même des superparasites », esti- des, eux, sont au nombre de trois : laboratoire de zoologie de l’INRA réduira les attaques. De plus, son espèce », ajoute Etienne Brunel. signaux pourraient également infor- ment les trois chercheurs d’Amster- une petite guêpe (Trybliographa (Le Rheu, Ille-et-Vilaine) qui, grâce action ne s’arrêtera pas là : les œufs Sur le plan fondamental, il reste mer les herbivores que les défenses dam. Pour découvrir pourquoi la rapae) et deux petits coléoptères au aux moyens accordés par le conseil pondus à proximité permettront également à la science un défi d’im- directes de la plante sont activées sélection naturelle favorise des plan- corps allongé, des staphylins (Aleo- régional de Bretagne dans le cadre aux jeunes larves de parasiter les portance : comprendre dans le pour repousser les assaillants ». Les tes qui émettent des signaux lors- chara bilineata et A. bipustulata). du GIS « Lutte biologique et inté- pupes qui auront pu se former, ce détail les conséquences – la « rai- plantes pourraient aussi utiliser ces qu’elles sont attaquées, les scientifi- Tels sont les acteurs de l’écosystè- grée dans l’Ouest », travaille sur le qui, chez la mouche, réduira son d’être », si l’on ose dire – que signaux pour appâter les préda- ques devront déterminer au plus me breton qui permettent aux cher- même projet. Ainsi que l’exposait le d’autant la génération suivante. peut avoir pour les plantes l’émis- teurs des herbivores. De même, la près les avantages et les inconvé- cheurs de l’université Rennes-I mensuel Réus- sir fruits et légumes sion de ces signaux chimiques de présence même de leurs ennemis nients de ce dispositif, « en analy- (laboratoire d’écobiologie des insec- (numéro d’avril 1999), on a ici adop- « UN DÉFI INTÉRESSANT » détresse. Une réflexion à laquelle pourrait signifier aux herbivores sant le réseau alimentaire tout tes parasitoïdes) de parfaire leurs té le parti pris selon lequel la nature Cette double action pour un s’est récemment livrée la revue que les végétaux qu’ils convoitent entier ». Autant dire qu’il faut connaissances sur la lutte biologi- faisait bien les choses. Plutôt qu’al- même auxiliaire n’a jusqu’alors été scientifique américaine Science (da- sont des forteresses bien gardées. mener des études à long terme, que appliquée aux crucifères. Et, ler les chercher ailleurs, on a donc que peu utilisée. Selon Etienne Bru- tée du 16 mars), dans un commen- Enfin, concluent les chercheurs, il dans des zones de végétation plus surtout, de tenter d’accroître les privilégié des parasitoïdes locaux nel, elle constitue donc « un défi taire signé de trois chercheurs de est tout à fait possible que « ces qua- denses et plus variées que celles défenses naturelles du chou contre de la mouche du chou – précisé- intéressant à relever ». Des essais en l’université d’Amsterdam. Selon tre possibilités agissent de concert ». retenues aujourd’hui. son principal prédateur. ment la guêpe et les deux staphy- conditions naturelles ont été mis en M. W. Sabelis, A. Janssen et M. Mais au fait : est-on bien certain « Dans de nombreux cas de lutte lins. œuvre au cours de ces dernières R. Kant, les expériences menées jus- que ces messages rendent vraiment Catherine Vincent 28 / LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001 AUJOURD’HUI-SPORTS Golf : au Masters, Tiger Woods espère Carton rouge aux porteurs de faux passeports Le Colombien Faryd Mondragon, le Chilien Pablo Contreras et l’Argentin Emiliano Romay conclure ont été condamnés à deux ans d’interdiction du territoire français et à de fortes amendes La 16e chambre correctionnelle du tribunal de de l’OGC Nice à l’époque des faits) à deux ans faux passeports qui a secoué tout le football de suspension. Les recours des clubs qui s’esti- un grand chelem Paris a condamné, mercredi 4 avril, Faryd d’interdiction du territoire français et à des français. La justice sportive, elle, s’était mon- ment lésés par la présence de ces joueurs lors Mondragon (gardien de but du FC Metz), amendes de respectivement 300 000 francs, trée bien moins sévère, prononçant à l’encon- des rencontres livrées face aux équipes aux- Pablo Contreras (joueur à l’AS Monaco à 200 000 francs et 150 000 francs pour « usa- tre des trois footballeurs professionnels des quelles ils appartenaient sont en suspens historique l’époque des faits) et Emiliano Romay (joueur ge de faux documents » dans l’affaire des sanctions qui ne dépassaient pas quatre mois devant les instances sportives. PLUS QUE JAMAIS, Tiger LA JUSTICE PÉNALE et la jus- re français et, respectivement, à Une initiative qui s’avéra d’ailleurs de conserver son joueur et qu’il que aux trois parties civiles : la Woods se retrouvera seul contre tice sportive sont deux mondes à des amendes de 300 000 francs, onéreuse, vu que Monaco avait cherchera à le transférer sitôt la sai- Fédération française de football tous lors du Masters de golf, qui part. Démonstration en a été faite, 200 000 francs et 150 000 francs acquis le joueur en échange de son terminée. Le club lorrain, en (FFF), la LNF et le Stade rennais, débute jeudi 5 avril à Augusta mercredi 4 avril, devant la pour « usage de faux docu- 15 millions de francs, mais qui fut outre, alignera-t-il son gardien qui contestait le score de son (Géorgie). L’enjeu est de taille puis- 16e chambre correctionnelle du tri- ments ». Lors de l’audience du appréciée par la commission d’ap- pour les cinq derniers matches de match de championnat disputé que, pour la première fois, le cham- bunal de 14 mars, les trois joueurs avaient pel et d’éthique de la LNF puisque championnat sachant que, si l’ap- contre Metz (2-2), le 13 janvier. pion américain aura la possibilité Paris où eu bien des difficultés à expliquer celle-ci ne sanctionna pas le club pel confirme le jugement de pre- Cette décision de justice est une de réaliser l’exploit que tout le étaient jugés comment ils s’étaient procurés, présidé par Jean-Louis Campora, mière instance, Metz s’exposerait aubaine pour le club breton qui, monde attend : gagner les quatre trois footbal- sans s’en douter, des faux passe- également numéro 2 de la LNF. à un effet rétroactif de la peine ? devant les deux commissions de la tournois majeurs d’affilée, ce que leurs profes- ports grec (pour Farid Mondra- Emilano Romay, enfin, joue désor- Pablo Contreras devrait égale- LNF, avait vu sa demande de personne n’a encore jamais réussi. sionnels dans gon) et italiens (pour Pablo Contre- mais dans le club chilien de Santia- ment faire appel même s’il est points rejetée. Dans cette affaire, Vainqueur en 2000 de l’US Open, le cadre de ras et Emiliano Romay). go Wanderers après avoir porté les dans une situation moins comple- le Stade rennais a saisi la commis- du British Open et de l’USPGA, l’affaires des Des trois footballeurs, le cas de couleurs de l’OGC Nice (D 2). xe. Le fait de ne pas pouvoir se ren- sion de conciliation du Comité Tiger Woods se retrouve en posi- FOOTBALL faux passe- Faryd Mondragon est celui qui dre en France pendant deux ans ne national olympique et sportif tion d’enlever le grand chelem. ports. Alors qu’ils avaient été relati- apparaît le plus sensible. Présent LA PROCÉDURE N’EST PAS CLOSE causerait un préjudice à sa carrière (CNOSF) et la commission d’appel Les écoles divergent sur la vali- vement épargnés par les juridic- mercredi au tribunal, le gardien de Faryd Mondragon ayant interje- que dans l’hypothèse où le défen- de la FFF. Les audiences auront dité à accorder à cette possible tions internes de la Ligue nationa- but du FC Metz est le seul à ne pas té appel, l’exécution de sa peine a seur signerait dans un club euro- lieu les 6 et 13 avril. Toulouse est prouesse. Doit-on ou non tenir le de football (LNF), qui avaient avoir quitté la France. Pablo Con- été suspendue. L’international péen appelé à rencontrer un adver- dans le même cas et doit repasser compte du fait que l’exploit aurait prononcé à leur encontre des sanc- treras, qui fut champion de France colombien pourra donc terminer saire français en Coupe d’Europe. devant la commission juridique de lieu à cheval sur deux saisons ? Le tions ne dépassant pas quatre avec Monaco en 2000, a rejoint le la saison avec son club mais la Ce scénario ne concerne pas Emila- la LNF le 17 avril pour son match débat ne sera probablement jamais mois de suspension, le Colombien Racing Club de Buenos Aires sans menace d’une expulsion du terri- no Romay, dont le profil est celui du 25 novembre 2000 contre Metz tranché, et on en sera peut-être Faryd Mondragon, le Chilien qu’aucune transaction financière toire français pèsera sur lui lors- d’un joueur de deuxième division. (1-1). L’affaire des faux passeports dans quelques mois à parler de Pablo Contreras et l’Argentin Emi- n’ait eu lieu, étant donné que le que l’affaire sera rejugée, d’ici fin Dans son jugement, le tribunal a est donc loin d’être terminée. quinte flush ou de suite impériale lano Romay ont été condamnés à club de la Principauté avait choisi 2001. On peut penser que le également condamné Faryd Mon- si Tiger Woods continue sur sa lan- deux ans d’interdiction du territoi- de résilier le contrat de son joueur. FC Metz ne prendra pas le risque dragon à verser un franc symboli- Frédéric Potet cée. L’année avait pourtant mal commencé pour lui. Pas une seule victoire à la mi-mars pour six tour- Soirée anglaise nois disputés. Au mieux deuxième, Le retour de Bernard Tapie à l’OM provoque rumeurs et supputations au pis treizième… Mais deux tour- en Ligue des champions nois du circuit américain rempor- LA DÉCISION de Bernard Tapie de repren- Enfin, le président de la Fédération française de cernant l’avenir de l’Olympique de Marseille ne tés coup sur coup depuis ont cloué dre la direction de l’Olympique de Marseille, six football, Claude Simonet, n’a pas trahi sa répu- sont que pures supputations », a fait savoir Ber- Les clubs anglais de Leeds et le bec à ceux qui s’étaient empres- ans après avoir quitté le club phocéen, a donné tation d’homme prudent en commentant l’évé- nard Tapie dans un communiqué à l’AFP. L’an- Arsenal ont fait oublier, mercre- sés d’enterrer le prodige. lieu, mercredi 4 avril, à de nombreuses réac- nement : « Il appartient à Bernard Tapie de cien ministre de la ville devrait dévoiler son di 4 avril, le faux pas enregistré, Rien de tel pour effriter la con- tions, notamment dans la classe politique. L’an- démontrer que son retour est un retour pour le plan pour l’OM lundi 9 avril, jour de son entrée la veille, en quarts de finale aller fiance des autres concurrents. A cien ministre François d’Aubert, qui appartient bien du football de Marseille d’abord, pour le en fonctions. de la Ligue des champions, par leur tête, Vijay Singh, vainqueur au même parti, Démocratie libérale, que le mai- bien du football français et qu’on peut lui faire Il est cependant acquis que la première per- Manchester United (battu à l’an dernier, Davis Love III et Phil re de Marseille, Jean-Claude Gaudin, a été le confiance à nouveau. » sonne à faire les frais du retour de Bernard domicile 0-1 par le Bayern Mickelson, qui se battent presque plus virulent : « Compte tenu de ce que représen- Tapie sera l’actuel entraîneur, l’Espagnol Javier Munich). Intraitable depuis le pour reconnaître la supériorité de te Bernard Tapie, son retour à l’OM est une honte RENDEZ-VOUS LUNDI Clemente. Mercredi, il a confirmé qu’il ne serait début de la compétition dans Tiger Woods et sa capacité à sortir pour le football professionnel. Où sont passées A Marseille, vingt-quatre heures après l’an- pas étonné que ce soit « terminé pour [lui] la son stade d’Ellan Road, Leeds a le très grand jeu au moment précis nos exigences élémentaires d’éthique et de trans- nonce de sa nomination à l’OM, les rumeurs semaine prochaine ». « Il va y avoir du change- dominé (3-0) la formation espa- où il le souhaite. Leur manœuvre parence ? » La ministre de la jeunesse et des sont allées bon train. De l’arrivée de Jean-Pier- ment », annonçait mardi le site Internet animé gnole de La Corogne, finaliste en est limpide : transférer un peu de la sports, Marie-George Buffet, a indiqué, de son re Papin au poste de manager général au retour par le fils de Bernard Tapie, jugeant « improba- 2000 de la Ligue des champions. pression qu’ils ressentent sur les côté, qu’il fallait « faire en sorte que l’éthique de Didier Deschamps sur le terrain, en passant ble que Clemente conserve sa place d’entraî- Les « Gunners » se sont montrés épaules de Tiger Woods. C’est sans demeure dans le football ». « Je ne vais pas com- par l’hypothèse selon laquelle Bernard Tapie neur », et estimant que l’actuel coordinateur moins à l’aise dans leur antre de doute leur seule chance d’empê- menter la nomination d’un adjoint dans un club bénéficierait d’un don gratuit d’actions de la sportif, Jean-Christophe Cano, « sera aimable- Highbury. Mené au score avant cher l’insolent de les distancer irré- de foot professionnel », a-t-elle ajouté. part de Robert Louis-Dreyfus, l’actionnaire ment invité à se retirer ». L’effectif phocéen, la pause, Arsenal s’est remis en médiablement. Un autre membre du gouvernement, Claude majoritaire du club, tous les scénarios possibles composé de quarante joueurs (dont douze ont selle grâce à une action de son Bartolone, a également réagi à la nouvelle. ont été entendus en ville. « Toutes les rumeurs été prêtés à d’autres clubs), devrait être large- quatuor français (Patrick Vieira, L’ÉLITE DE L’ÉLITE « Tapie a payé, maintenant il est dans une phase et suppositions évoquées dans différents quoti- ment dégraissé. Deux joueurs qui avaient Sylvain Wiltord, Robert Pires, Ils ne seront que quatre-vingt- de réinsertion. Je souhaite bonne chance en tant diens de ce jour au sujet de montages juridiques récemment annoncé leur souhait de quitter Thierry Henry), avant de repren- quatorze à tenter de lui faire mor- que responsable sportif à Tapie et bonne chance et financiers, d’investisseurs contactés, de trans- l’OM, Jérôme Leroy et George Weah, sont reve- dre le commandement (2-1) à dre la poussière puisque, à Augus- à l’OM », a souligné le ministre de la ville. ferts de joueurs envisagés et d’autres sujets con- nus sur leurs déclarations. – (Avec AFP.) l’heure de jeu et de s’imposer. ta, on ne fait pas les choses comme dans les autres tournois, où envi- ron cent quarante joueurs sont 3 acceptés. Ce n’est pas que les mem- L’écurie française Tech 3 s’aventure dans le championnat du monde moto des 500 cm bres de ce club, qu’on considère comme un des plus fermés du mon- TOULON d’autres. Vainqueur du guidon minuscule équipe et des trésors de monde 1992, les Varois obtiennent terminera en 1999, quand Tech 3 de, craignent de voir leur parcours de notre correspondant ACO en 1982, le jeune pilote alors passion, il crée Tech 3, une petite les douzième et quinzième places. quitte Honda pour Yamaha. transformé en champ de bataille. Hervé Poncharal voulait devenir âgé de vingt-cinq ans renonce structure au sein de laquelle il pré- « C’était modeste. Mais avec la « Nous avons eu alors à développer Augusta se doit simplement de pré- champion du monde. Ce patron pourtant à prendre le guidon pour pare fiévreusement la saison 1990. venue de John Kocinsky, l’année sui- une machine qui n’avait pas évolué server son rang de tournoi des maî- d’écurie a concrétisé ce rêve en devenir responsable de la compéti- En vain. Dominique Sarron termi- vante, j’espérais un podium. » Her- en championnat du monde depuis tres et n’accepte donc que l’élite de 250 cm3 et veut maintenant le réali- tion chez Honda France. Il retrou- ne dixième du championnat du vé Poncharal va à nouveau déchan- 1996. Lourd pari. » l’élite. ser dans la catégorie reine des 500. ve les grands prix au côté de Domi- monde et décide de se retirer des ter. Le très capricieux pilote améri- Ce pari est gagné avec le tandem Sont invités en priorité – et à Depuis une semaine, il passe l’es- nique Sarron en 250 cm3 en 1986, grands prix. Hervé Poncharal, cain se fait limoger par Suzuki à Olivier Jacque et Shinya Nakano vie – les anciens vainqueurs, qui sentiel de son temps sur la piste de et le suit lorsqu’il passe à la cylin- « incapable de s’installer dans le mi-saison. Un appel de détresse sur 250 YZR, une moto dont Hervé seront au nombre de vingt-quatre. Suzuka (Japon), où le champion- drée supérieure. Trois ans plus doute », donne sa chance à Jean- est lancé à Simon Crafar mais le Poncharal reconnaît que « ses per- Parmi eux, le Fidjien Singh, l’Espa- nat du monde 2001 doit débuter tard, il décide de rouler pour son Pierre Jeandat, le meilleur espoir constructeur japonais se retire des formances n’ont pas égalé celles des gnol José Maria Olazabal, vain- dimanche 8 avril, à tester et à amé- championnats du monde et Tech 3 Honda et des Aprilia. Mais son queur en 1999, l’Américain Mark liorer les performances de la se retrouve au paddock. homogénéité a fait la différence. En O’Meara et, forcément, Tiger Yamaha préparée dans ses ateliers France Télévision retransmettra les grands prix 1999, j’ai réalisé un de mes plus Woods, qui remportait à Augusta, de Tech 3 à Bormes-les-Mimosas STRATÉGIE EN DEUX TEMPS beaux rêves avec la victoire de Naka- en 1997, son premier tournoi (Var) où, avec une équipe de quin- Olivier Jacque a remporté en 2000 le championnat du monde de L’inoxydable Hervé Poncharal no au Grand Prix du Japon. En majeur, à l’âge de vingt et un ans. ze préparateurs, il a mis au point vitesse moto en 250 cm3. Pour accompagner l’ascension du Français se remet aux manettes et prépare 2000, quand nos deux pilotes ont Suivent, dans cet ordre du mérite son bolide. dans la catégorie reine des 500 cm3, France Télévision a choisi de deux 250 Honda RS pour Noël pris les deux premières places, j’ai particulier, les seize premiers du Cet ancien pilote de quarante- retransmettre en direct l’ensemble des grands prix de ce cercle très Ferro et Frédéric Protat. L’espoir compris que le rêve, quand il se réa- dernier Masters, les cinq derniers trois ans sait qu’il va « jouer dans fermé où brillent de nombreuses stars de la compétition motocyclis- revient avec l’arrivée de Chester- lise deux fois, impose encore plus de vainqueurs des trois autres tour- la cour des grands après avoir fait te : Kenny Robert Jr, Valentino Rossi, Max Biaggi, Alex Barros, Gary field, « un sponsor sans lequel nous travail et de cohésion au sein de tou- nois majeurs et les joueurs les ses classes ». Tout est mécanique- Mc Coy ou Loris Capirossi. La programmation comprend seize rendez- n’aurions pas pu engager une 250 te l’équipe ». mieux classés de leur dernière édi- ment au point pour se classer vous dominicaux, la plupart du temps en début d’après-midi sur Fran- Honda officielle confiée à Jean-Phi- Avec un groupe qui est passé de tion, les lauréats des quatre princi- honorablement, mais Hervé Pon- ce 3, à partir du Grand Prix du Japon, dimanche 8 avril à 7 heures lippe Ruggia, notre philosophie douze à quinze personnes, un bud- pales compétitions amateurs, puis, charal cache mal ses inquiétudes à (heure française). Le journaliste Christian Choupin commentera ces ayant toujours été d’aider les jeunes get qui a triplé pour atteindre en fonction des places restantes, propos d’Olivier Jacque. Victime épreuves au côté de Jean-François Baldé, un ancien pilote moto qui a pilotes ». C’est ainsi qu’Olivier Jac- 45 millions de francs, Hervé Pon- les cinquante premiers du classe- d’une chute en Malaisie, le 30 jan- couru deux cents grands prix et remporté cinq victoires). Selon Fran- que fait ses débuts chez Tech 3 et charal s’est fixé une stratégie pro- ment mondial de 2000 ou de ce vier, le pilote français, dernier ce Télévision, cette expérience a déjà été menée avec succès en Italie s’impose rapidement. D’abord gressive : « Une machine perfor- même classement arrêté un mois champion du monde de vitesse et en Espagne, où les niveaux d’audience talonnent ceux du football. comme meilleur débutant et mante et bien calée la première moi- avant le Masters. Malgré une très moto en 250 cm3 a dû garder le meilleur pilote privé en 250, puis tié de saison pour observer, la secon- honorable dix-neuvième place en bras plâtré jusqu’à récemment et en dixième position au classement de pour s’imposer. » Il ne desespè- 2000, ce qui le situait au premier n’a pu effectuer les essais de l’inter- propre compte et, avec ses compli- français d’alors, qui termine à la général, avant de gagner sur le cir- re pas non plus de brûler les éta- rang des Européens, le Français saison avec la même assiduité que ces Bernard Martignac et Guy Cou- douzième place du championnat cuit de Rio. pes, même si Olivier Jacque n’est Jean Van de Velde ne rentre dans son coéquipier, le Japonais Shinya lon, il crée son écurie. La 500 le ten- du monde. Mais le pilote lorrain se blesse pas au mieux de sa forme : Shinya aucune de ces catégories et ne Nakano. « Nous ne sommes pas au te mais les déboires et les acci- Ce résultat est suffisant pour lors des essais du Grand Prix d’Ita- Nakano est chez lui au Japon et il participera donc pas cette année mieux, mais nous pouvons créer la dents de Dominique Sarron que Tech 3 signe un contrat avec lie 1997 et doit céder sa place en pourrait bien créer un nouveau à son deuxième Masters. surprise », s’enhardit un des mem- émoussent son enthousiasme. Suzuki, qui recherche une équipe milieu de saison au jeune Mat- miracle. bres de l’équipe technique. Retour à la catégorie des pour prendre en charge des 250 thieu Lagrive : un moment de Jean-Louis Aragon De fait, Hervé Poncharal en a vu 250 cm3. Avec peu de moyens, une officielles. Au championnat du « flou et de remise en cause » qui se José Lenzini

Au sommaire du numéro d’avril b Dossier : l’oral mal aimé.

a Entretien exclusif : b Grand entretien : Marc Augé, JACK LANG ethnologue du présent. b Enseigner à deux, c’est deux fois mieux. Un an après Allègre. Chez votre Le magazine marchand b Les maths, reine déchue. de journaux des enseignants qui avancent 30 F - 4,57 e b Pénurie de profs en Allemagne. AUJOURD’HUI - MODES DE VIE LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001 / 29 Les tribus urbaines Pansements adoptent le talkie en or Depuis le temps qu’on se rete- nait de craquer sur les panse- Chez les adeptes du roller comme ments rose-vert-jaune-bleu des mouflets pour se faire une déco chez les jeunes noctambules, le talkie-walkie de sale gamine castagneuse, on peut enfin se laisser aller à son devient un instrument de communication penchant régressif avec les créa- tions en fils d’or ou d’argent de incontournable. Mais ce succès témoigne Pierre Micquel. Presque un bijou, on le pose d’un certain malaise relationnel selon ses fantasmes sur la joue, au poignet, le genou. Un signe IL A L’ALLURE d’un téléphone le génération de talkies-walkies est mignon comme tout pour parfaire mobile. Pèse le poids (moins de d’abord apparue, ce sont les une esthétique de rescapée et la 200 grammes) et a la taille du familles qui sont les plus gros utili- jouer ingénue pleine de bobos pla- mobile ; permet de communiquer sateurs (51 % des ventes). En visite qués or. Bref, c’est le détail à distance, et pourtant ce n’est pas dans un parc de loisirs, un hyper- piquant qui attire le regard d’une un téléphone. D’abord à vocation marché ou bien lors d’une balade façon oblique et drôle. Le hic, militaire – avec la carabine US M1, en forêt, l’appareil permet de gar- deux pansements (l’un doré, ce fut un des fétiches des films de der un contact permanent avec une l’autre argenté) coûtent la bagatel- guerre dans les années 1940 et progéniture turbulente. Et, selon le de 150 F (22,86 ¤). Cher, pour 1950 –, puis utilisé professionnelle- Danielle Azerraf, directrice généra- un bobo ! Second hic, le stock de ERIC GIRIAT ment autant par les spécialistes de le de SD Marine, l’entreprise qui la boutique Colette a été dévalisé. la sécurité que sur les chantiers, le distribue la marque Cobra, deuxiè- A croire que l’élégance « coups et talkie-walkie revient dans une ver- me sur le marché américain du talk- nications. » Simplicité d’utilisation canaux du MT 220 de Cobra ne met- ie témoignerait, comme le télépho- blessures » sied à l’époque. On sion allégée, un design et des cou- ie, « la cible principale, en France, et faible coût (le premier modèle tent pas pour autant l’utilisateur à ne mobile, l’Internet et les autres attend le réapprovisionnement. leurs qui en font un objet fun et est la même ». Pourtant, il semble de Cobra est proposé 890 F, l’abri d’écoutes et d’interventions « prothèses » high-tech, d’un nou- Urgence ! trendy (« amusant et tendance »), que dans l’Hexagone les premiers 135,67 ¤, la paire) constituent les indiscrètes. Les conversations peu- veau malaise dans la civilisation. selon l’un des grands diffuseurs de utilisateurs soient un peu diffé- grands arguments de vente des pro- vent être entendues et polluées par Instruit par son expérience théra- e Colette, 213, rue Saint-Honoré, l’engin. rents. fessionnels. « Le talkie-walkie ne n’importe quel « pirate » indélicat peutique, il remarque que, si, à 75001 Paris. En France, la nouvelle race de tal- Dans les randonnées roller du remplace pas le téléphone mobile dans la zone de portée des appa- l’époque de Freud, l’essentiel des kies-walkies a été commercialisée vendredi soir, à Paris, les staffers, mais peut s’y ajouter pour rester en reils. Pour le psychanalyste Serge psychopathologies référaient à une pour la première fois en 2000 par c’est-à-dire les accompagnateurs contact avec sa tribu dans de multi- Tisseron, auteur de Petites mytholo- crise du lien œdipien (se traduisant Les jeux Motorola, après que la réglementa- bénévoles, tout comme de nom- ples situations », précise Yann Gaul- gies d’aujourd’hui (Aubier), cette par des névroses), dans les années tion des radio communications a breux participants, ont adopté le tier, chef de marché pour Cobra en occasion ne manquera pas de créer 1970-1980 les troubles dépressifs été simplifiée. L’apparition d’une Micro Talk PMR de Cobra, dont la France. des vocations. D’autant plus, préci- occupent le devant du divan, révé- font la fête nouvelle norme, RPS (radio-com- gamme est moins onéreuse que les Adeptes de la glisse urbaine, se-t-il, qu’il y a eu depuis l’appari- lant une « pathologie du narcissis- munications professionnelles sim- appareils Motorola, pour rester en skieurs, snowboarders, randon- tion du téléphone mobile une trans- me ». Grand rendez-vous familial, le plifiées) en 1997, puis PMR 446 (pri- liaison tout au long du parcours. neurs VTT ou pédestres sont actuel- formation de la notion d’intimité : Aujourd’hui, note-t-il, « la mobili- 11e Festival du jeu qui anime Saint- vate mobile radio, définissant les fré- Selon Eric, vingt-quatre ans, accro lement les principaux utilisateurs té familiale et professionnelle tant Ouen (quartiers, écoles, crèches, quences autorisées) en 1999, per- du patin en ligne, le talkie offre du talkie light en France (aux Etats- vantée provoque de l’angoisse chez maison de retraite…) depuis le met un usage complètement libre, bien des avantages : « Contraire- Unis ils représentent 38 % des ache- « Ces objets tentent les plus faibles, enfants de familles 14 mars, va déborder d’activité sans démarche administrative, taxe ment au téléphone mobile, il suffit teurs). Ils lui donnent ainsi une recomposées, femmes ou hommes samedi 7 et dimanche 8 avril. ni licence de cet appareil qui per- d’appuyer sur un bouton pour join- réputation d’objet jeune, à la en permanence abandonnés, salariés licenciés. La Durant ce week-end, toute la vil- met de communiquer jusqu’à 3 kilo- dre les autres et, surtout, on peut être mode. D’autant plus que des fonc- vogue des nouveaux moyens de com- le s’animera pour faire jouer mètres de distance en terrain déga- nombreux à communiquer. En plus, tions inédites, imprévues par les de restaurer munication corrobore l’existence petits et grands. Jeux d’adresse, gé (2 kilomètres en ville). une fois l’appareil acheté, on n’a pas fabricants et les diffuseurs, appa- d’une pathologie du lien, familial ou de stratégie, de lettres, de Aux Etats-Unis, où cette nouvel- à payer d’abonnement ni les commu- raissent. Ainsi, les nightclubbers une liaison social. Ces objets tentent en perma- connaissances, de hasard, d’équili- comme les assidus des soirées rave nence de restaurer une liaison mena- bre, d’imitation de construction, se munissent de talkies-walkies menacée » cée ». Si l’hypothèse n’est pas de vertige seront mis à la disposi- Choisir son appareil pour rester en contact avec leurs absurde, les responsables de Moto- tion du public sur l’immense pla- partenaires, leur bande. « Nous ne rola ont raison de dire que leur Tal- teau de la Nef – le complexe spor- Vendus en France depuis un peu plus d’un an, les talkies-walkies sommes pas au bout de nos surpri- « Avec les portables, les utilisateurs, kabout 200 « concerne tout le mon- tif de l’Ile-des-Vannes (métro : RPS ou PMR 446 (du nom des normes légales) sont encore peu connus ses. De nouvelles utilisations, aux- en parlant publiquement à leur cor- de ». Le marché du talkie-walkie a Mairie-de-Saint-Ouen, bus 137 et du public. Si le principal fabricant, Motorola, leader sur le marché quelles nous n’avions pas pensé, vont respondant, décidaient d’exposer alors de l’avenir, comme en témoi- 166). américain avec 37 % de parts, est assez bien diffusé (on trouve son Tal- apparaître », admet Danielle Azer- l’intime, tout ce qui, auparavant ne gnent les courbes de vente. Aux Une quarantaine d’animateurs kabout TA 288, vendu 2 000 F, 304,89 ¤, la paire, à la Fnac, dans les raf. se disait ou s’écrivait que sous le Etats-Unis, 10 millions d’appareils seront là pour expliquer les règles, grands magasins de sport et de loisirs ou dans les boutiques à son Reste que ce nouvel instrument sceau de la confidentialité. Avec le ont été vendus en 2000 et les fabri- prodiguer aide et conseils. A l’exté- enseigne), son principal rival, Cobra – 31 % des parts de marché aux de communication, à mi-chemin talkie-walkie, on passe encore à un cants envisagent d’en placé 16 mil- rieur, jeux de plein-air : initiation Etats-Unis –, n’est actuellement disponible que dans les magasins entre le téléphone mobile et le déjà autre stade : je sais que quelqu’un lions en 2001. Le marché fait rêver et découverte de sports de glisse, Decathlon. L’avantage de sa gamme Micro Talk est d’être moins oné- antique Tam-Tam de France Télé- peut s’immiscer volontairement dans les distributeurs français alors que, de fresbee, de boomerang, de golf reuse, de 890 F, 135,67 ¤, la paire pour le « modèle d’entrée », le MT 110, com, peut susciter bien des interro- la conversation que j’ai et je cours ce sans publicité, depuis décem- et d’escalade. A mi-chemin du jusqu’à 899 F, 137,05 ¤, l’unité pour le MT 305, muni d’une fonction de gations. Alors qu’il est présenté risque sciemment. » bre 2000, dans les magasins Décath- Salon (puisqu’elle réunit l’actuali- cryptage qui permet d’éviter les écoutes indiscrètes. Il convient d’ajou- comme un objet nomade, destiné à Faudrait-il pour autant renoncer lon, seuls actuellement à commer- té du jeu) et de l’exposition (sont ter à ces prix le coût de la batterie et de son chargeur et des accessoi- une utilisation « tribale », ses limi- à un instrument de communica- cialiser sa gamme, Cobra a déjà présentés des modèles anciens, res (non indispensables) : micro à commande d’émission manuelle, tes technologiques risquent de con- tion, commode et peu onéreux ? écoulé 2 000 Micro Talk. originaux, populaires ou savants), haut-parleur et micro de boutonnière ou encore la housse de ceinture tredire ses promesses. Par exem- Véritable « cordon ombilical », cette manifestation s’adresse à qui, décidément, donne au talkie l’allure d’un téléphone mobile. ple, les huit canaux et 38 sous- selon Serge Tisseron, le talkie-walk- Marc Coutty tous. Surprises garanties. 30 / LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001 AUJOURD’HUI ------Le vent s’ajoute à la pluie 06 AVRIL 2001 Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé VENDREDI. Une perturbation début de journée est gris avec quel- vers 12h00 DU VOYAGEUR active sur le nord du pays traverse ques gouttes. Quelques trouées la France. Elle sera accompagnée percent ensuite mais la pluie soute- Peu a de vents assez forts l’après-midi. nue arrive dans l’après-midi. Des Belfast nuageux NORVÈGE. A la suite d’un nou- Les températures seront douces le coups de tonnerre peuvent se faire Liverpool veau règlement de Schengen, les Dublin matin et de saison l’après-midi. entendre. Les températures sont Varsovie Kiev ressortissants européens doivent Bretagne, pays de Loire, Basse- comprises entre 12 et 14 degrés. se munir de leur passeport lors- Amsterdam Berlin Brèves Normandie. La matinée sera plu- Poitou-Charentes, Aquitaine, éclaircies qu’ils visitent le Spitzberg. vieuse. Le reste de la journée sera Midi-Pyrénées. Grisaille en début Londres a BRÉSIL. Ouverture de trois 50 o Bruxelles agité avec des éclaircies entrecou- de journée. La pluie devient par Prague nouveaux hôtels Marriott. Les pées d’averses. Le vent de sud- moment plus soutenue, surtout au Couvert deux premiers sont situés à Costa ouest restera soutenu toute la jour- pied des Pyrénées. Quelques ora- Paris Strasbourg Vienne do Sauipe, à 50 km de Salvador Budapest née avec des rafales voisines de ges peuvent éclater le soir sur la Brume de Bahia, sur la côte nord-est. 80 km/h, voire 90 km/h sur les chaine pyrénéenne. Il fait doux, Nantes Précisément, d’une capacité com- Berne brouillard côtes. Les températures de l’après- avec des températures comprises Bucarest parable, le Costa do Sauipe Mar- midi vont de 13 à 14 degrés. entre 16 et 18 degrés. Lyon Milan riott Resort and Spa possède Nord-Picardie, Ile-de-France, Limousin, Auvergne, Rhône- Belgrade Sofia Averses 256 chambres, 17 suites, et Le Centre, Haute-Normandie, Arden- Alpes. Les nuages sont nombreux Toulouse Istanbul Renaissance 237 chambres, nes. La matinée sera nuageuse et et donnent un peu de pluie l’après- 11 suites. Tous deux offrent à la pluie assez soutenue arrivera midi. Il fait doux l’après-midi. Rome Pluie leur résidents piscine, sauna, cen- avant midi. Des éclaircies entre- Languedoc-Roussillon, Proven- Barcelone Naples tre de fitness ainsi qu’un espace coupées d’averses reviendront par ce-Alpes-Côte d’Azur, Corse. Le 40 o Madrid consacré aux conférences et l’ouest en fin de journée. Le vent temps est plutôt ensoleillé en mati- Lisbonne Athènes Orages réceptions. Il s’agit de la premiè- de sud-ouest souffle à 70 km/h née sauf sur le Languedoc-Rous- re étape d’un complexe de loisirs dans l’intérieur et jusqu’à 90 km/h sillon. Les nuages envahissent Séville comprenant golf, tennis, centre sur les côtes. Le thermomètre indi- ensuite le pourtour méditerra- Tunis Neige équestre, restaurants et bouti- que entre 11 et 13 degrés. néen. La Corse reste à l’écart avec Alger ques. Le troisième hôtel, à Rio, Champagne, Lorraine, Alsace, un temps agréable. Les températu- est tout juste inauguré. Réserva- Bourgogne, Franche-Comté. Le res sont voisines de 20 degrés. Rabat 0o 10o 20o Vent fort tion au 0800-908-333.

PRÉVISIONS POUR LE 06 AVRIL 2001 PAPEETE 25/32 S KIEV 7/14 S VENISE 8/15 S LE CAIRE 14/23 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 23/31 S LISBONNE 14/20 C VIENNE 5/11 C NAIROBI 18/24 C et l’état du ciel. S : ensoleillé; N : nuageux; ST-DENIS-RÉ. 23/29 S LIVERPOOL 6/12 P AMÉRIQUES PRETORIA 14/24 S EUROPE LONDRES 6/12 P BRASILIA 21/29 S RABAT 13/22 S C : couvert; P : pluie; * : neige. AMSTERDAM 6/8 C LUXEMBOURG 6/9 C BUENOS AIR. 13/23 S TUNIS 12/22 S FRANCE métropole NANCY 6/13 P ATHENES 13/18 S MADRID 9/22 S CARACAS 23/28 S ASIE-OCÉANIE AJACCIO 7/18 S NANTES 11/14 N BARCELONE 14/21 S MILAN 6/21 S CHICAGO 11/16 C BANGKOK 27/35 S BIARRITZ 12/19 P NICE 10/18 S BELFAST 3/9 P MOSCOU 5/14 C LIMA 18/24 P BEYROUTH 16/20 S BORDEAUX 11/16 P PARIS 8/15 P BELGRADE 6/16 S MUNICH 5/11 P LOS ANGELES 9/13 S BOMBAY 23/35 S BOURGES 9/15 P PAU 10/17 P BERLIN 4/7 P NAPLES 10/19 S MEXICO 9/29 S DJAKARTA 28/31 S BREST 9/13 N PERPIGNAN 11/19 N BERNE 5/12 C OSLO -5/8 S MONTREAL -5/2 S DUBAI 23/36 S CAEN 10/14 P RENNES 10/15 N BRUXELLES 8/10 P PALMA DE M. 12/24 S NEW YORK 3/10 S HANOI 24/27 C CHERBOURG 9/13 N ST-ETIENNE 7/16 P BUCAREST 3/18 S PRAGUE 3/9 P SAN FRANCIS. 7/11 C HONGKONG 21/25 S CLERMONT-F. 8/16 P STRASBOURG 6/14 P BUDAPEST 3/14 C ROME 8/19 S SANTIAGO/CHI 13/25 S JERUSALEM 12/20 S DIJON 6/14 P TOULOUSE 11/17 P COPENHAGUE 2/7 C SEVILLE 16/27 S TORONTO 0/4 P NEW DEHLI 16/34 S GRENOBLE 9/18 N TOURS 10/15 P DUBLIN 3/10 P SOFIA 6/15 C WASHINGTON 6/18 C PEKIN 8/14 S LILLE 7/14 P FRANCE outre-mer FRANCFORT 5/10 P ST-PETERSB. 3/9 C AFRIQUE SEOUL 7/12 C LIMOGES 8/13 P CAYENNE 24/29 P GENEVE 9/15 P STOCKHOLM 2/7 S ALGER 9/25 S SINGAPOUR 26/30 P LYON 8/17 P FORT-DE-FR. 23/29 S HELSINKI 2/6 S TENERIFE 18/21 S DAKAR 19/26 S SYDNEY 18/25 S MARSEILLE 9/19 N NOUMEA 22/26 P ISTANBUL 11/15 S VARSOVIE 2/11 C KINSHASA 22/32 S TOKYO 11/18 S Situation le 5 avril à 0 heure TU Prévisions pour le 7 avril 0 heure TU

PÂQUES VENTES Offices de la Semaine sainte à Paris Des photoreportages du XIXe siècle à Drouot Voici les horaires des offices de Germain-des-Prés (6e) : jeudi 12, rue Lecourbe (15e) : jeudi 12, ENTRE 1890 et 1920, la Maison finit en prison (600 à 800 F, 91 à rience de laboratoire, usine, etc.) la Semaine sainte, dans quelques- 19 heures ; vendredi 13, 19 heures ; 19 h 30 ; vendredi 13, 19 h 30 ; de la Bonne Presse, rue Bayard à 122 ¤). (1 000 à 1 500 F, 152 à 229 ¤). uns des principaux lieux de culte du samedi 14, 21 heures ; dimanche samedi 14, 20 h 30 ; dimanche 15, Paris, agence et société d’édition La partie historique propose Le centre de Paris. Pour plus de rensei- 15, 9 heures, 10 h 30 et 17 heures. 10 heures et 11 h 15. Saint-Honoré photographique, réalise des mil- Protectorat français au Maroc, Catherine Bedel gnements, on se reportera au cen- Saint-Sulpice, 50, rue de Vaugi- d’Eylau, 71, rue Boissière (16e) : jeu- liers de photographies sur les 38 photos illustrant la vie des tre d’information du diocèse de rard (6e) : jeudi 12, 19 heures ; ven- di 12, 19 h 15 ; vendredi 13, 19 h 15 ; sujets divers. Une partie de ses troupes françaises, campements, e Exposition samedi 7 avril de Paris : 01-56-56-44-24 et au site dredi 13, 19 heures ; samedi 14, samedi 14, 21 heures ; dimanche archives, 4 500 images, sera mise manœuvres, officiers, etc. (2 000 11 heures à 18 heures, lundi 9, jour www.catholique-paris.com. 21 h 30 ; dimanche 15, 9 heures, 15, 11 heures et 12 h 20. Sacré- en vente à Drouot lundi 9 avril. à 3 000 F, 305 à 458 ¤). Les Martyrs de la vente, de 11 heures à 12 heu- 10 h 30 et 18 h 45. Saint-François- Cœur de Montmartre, 35, rue du Il s’agit de tirages argentiques du Mexique, quarante-six scènes res. Etude Chambelland-Giafferi- b Culte catholique Xavier, 12, place du Pdt-Mithouard Chevalier-de-la-Barre (18e) : jeudi d’époque montés sur des cartons, d’exécution et portraits de con- Doutrebente, tél. : 01-45-22-30-13. Notre-Dame de Paris (4e arron- (7e) : jeudi 12, 19 heures ; vendredi 12, 19 heures ; vendredi 13, 19 heu- dont certains portent le nom et damnés, pris lors de la répression Expert Christophe Gœury, tél. : dissement) : jeudi saint 12 avril, 13, 19 heures ; samedi 14, 21 heu- res ; samedi 14, 21 heures ; diman- l’adresse du fabricant, les légen- anticléricale dans les années 01-42-54-16-83. célébration de la Cène à 18 h 30 ; res ; dimanche 15, 9 heures, che 15, 11 heures. des ou les titres ajoutés à la main. 1926-1929 (2 000 à 3 000 F, 305 à vendredi saint 13 avril, célébration 10 h 15, 11 h 30 et 18 h 30. Saint- Fournisseur de photos du journal 458 ¤). Les photographies des b ANTIQUITÉS-BROCANTE : de la Passion à 18 h 30 ; samedi Augustin, 8, avenue César-Caire b Culte réformé La Croix, la Maison de la Bonne pays lointains mettent en avant le Marseille (Bouches-du-Rhône), du saint 14 avril, vigile pascale à (8e) : jeudi 12, 19 h 30 ; vendredi 13, Temple de l’Annonciation, 19, Presse fait aussi exécuter des rôle des missionnaires : Afrique, vendredi 6 avril au dimanche 8 avril, 21 heures ; dimanche de Pâques 19 h 30 ; samedi 14, 21 heures ; rue Cortambert (16e) : jeudi, culte à plaques de projection d’après les rôle social comprend quatre- tél. : 04-91-78-10-69. Trouville (Cal- 15 avril, messes à 8 heures, 8 h 45, dimanche 15, 11 heures. Sainte- 19 heures ; vendredi, 19 heures ; images papier, distribuées à des vingts photos, dont une titrée vados), du vendredi 6 avril au lundi 10 heures, 11 h 30 et 18 h 30. Madeleine, 14, rue de Surène (8e): dimanche, Sainte-Cène à 10 h 30. fins éducatives dans des écoles Groupe d’enfants pris pour l’escla- 9 avril, tél. : 02-33-36-83-98. Mou- Saint-Eustache, 2, impasse Saint- jeudi 12, 19 heures ; vendredi 13, Etoile, 54-56, avenue de la Grande- catholiques. vage (2 000 à 3 000 F, 305 à 458 ¤), lins (Allier), samedi 7 et dimanche Eustache (1er) : jeudi saint 12, 19 heures ; samedi 14, 21 heures ; Armée (17e) : vendredi, 19 h 30 ; Centrées autour d’un thème, Au Kikouyou, cinquante-cinq pho- 8 avril, tél. : 04-70-44-24-08. Antibes 19 heures ; vendredi 13, 19 heures ; dimanche 15, 9 h 30, 11 heures, dimanche, 10 h 30. Luxembourg, ces photographies forment des tos avec des scènes de la vie quoti- (Alpes-Maritimes), du samedi samedi 14, 21 heures ; dimanche 12 h 30 et 18 heures. Notre-Dame 58, rue Madame (6e) : jeudi, séries de 10 à 100 pièces, qui dienne (4 000 à 6 000 F, 610 à 7 avril au lundi 23 avril, tél. : 15, 11 heures. Saint-Gervais, 13, de la Gare, 8, rue Xaintrailles (13e): 20 h 30 ; vendredi, 20 h 30 ; diman- constituent de véritables repor- 916 ¤). 04-93-34-80-82. Illiers-Combray rue des Barres (4e) : jeudi 12, 18 heu- jeudi 12, 20 h 30 ; vendredi 13, che, 10 h 30. Oratoire du Louvre, tages, certaines mises en scène Les suites sur les sciences et les (Eure-et-Loir), samedi 7 et diman- res ; vendredi 13, 18 heures ; same- 20 h 30 ; samedi 14, 21 heures ; 145, rue Saint-Honoré (1er) : jeudi, comme des romans-photos. Con- techniques montrent dans le che 8 avril, tél. : 02-54-80-75-81. Rau- di 14, 21 h 30 ; dimanche 15, 11 heu- dimanche 15, 9 h 30 et 11 heures. 20 heures ; vendredi, 20 heures ; çues pour l’éducation des éco- détail la fabrication d’un produit : zan (Gironde), samedi 7 et diman- res. Saint-Jacques du Haut-Pas, Saint-Lambert de Vaugirard, 2, dimanche, 10 h 30. Port-Royal, 18, liers, quelques-unes de ces suites Alcool illustre l’élaboration de che 8 avril, tél. : 05-57-84-01-22. Vil- 252, rue Saint-Jacques (5e) : jeudi rue Gerbert (15e) : jeudi 12, 17 heu- boulevard Arago (13e) : jeudi, se révèlent des leçons de morale : l’absinthe, de la culture à la mise lefranche-sur-Saône (Rhône), same- 12, 20 heures ; vendredi 13, 20 heu- res et 19 h 30 ; vendredi 13, 19 heures ; dimanche, 10 h 30. Les Mauvaises Fréquentations en bouteille (800 à 1 000 F, 122 à di 7 et dimanche 8 avril, tél. : res ; samedi 14, 21 heures ; diman- 19 h 30 ; samedi 14, 21 heures ; Saint-Esprit, 5, rue Roquépine (8e): montrent en quatorze vues la chu- 152 ¤), Travail du bois (600 à 04-74-69-79-04. Paris, stade Charlé- che 15, 10 heures et 11 h 15. Saint- dimanche 15, 10 h 15 et 11 h 45. jeudi, 19 heures ; vendredi, 12 h 15 te d’un jeune garçon qui, se lais- 800 F, 91 à 122 ¤), Fabrication du ty, samedi 7 et dimanche 8 avril, Germain-des-Prés, 3, place Saint- Notre-Dame de Nazareth, 349, et 19 heures ; dimanche, 10 h 30. sant entraîner par des voyous, papier (même prix), Radium (expé- tél. : 01-37-24- 51-60.

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123456789101112 de façon stable. - 7. Accompagne parfois la solution. Plus de cinq I cents mètres à Pékin. - 8. Vient de « Mille e tre » la campagne. Laisse de bons DEPUIS ses dessins d’adolescent II souvenirs quand on grandit. - 9. jusqu’à ses dernières peintures, en Ductile et malléable. Colonisé par passant par des milliers de gravures III les mormons en 1847. - 10. Imposées et de sculptures, Picasso a rendu Picasso lourdement. - 11. Donné pour tout au long de sa vie un hommage (1881-1973), IV détendre. Personnel. Amateur de magnifique aux femmes qu’il a ren- « Nu assis sang. - 12. Sont souvent de la fête. contrées, aimées, séduites, épou- se coiffant », V sées ou abandonnées. Son art se le 7 mars 1954. Philippe Dupuis nourrit de deux sujets, l’amour et la Crayon graphique VI sexualité, et la création chez lui pro- et estompage, SOLUTION DU N° 01 - 081 cède toujours de la pulsion sexuelle. 31,5 × 23,5 cm. VII Les notes, les dessins et les aqua- Paris, Musée Horizontalement relles saisis dans les bordels de Bar- Picasso. VIII I. Appréciation. - II. Méli-mélo. celone aboutiront aux célèbres Actuellement Lia. - III. Praticien. Eu. - IV. Hit. Ni. Demoiselles d’Avignon. Plus tard, à la Galerie IX IUT. - V. Imite. Muselé. - VI. avec les amours passionnées et nationale Gênante. Noé. - VII. Ecce homo. - tumultueuses de l’âge mûr, Picasso du Jeu de paume X VIII. US. Lé. Ahuris. - IX. Rave. met en scène une sorte de double, pour l’exposition Arioste. - X. Irisation. Es. le Minotaure, qui s’accouple aussi « Picasso érotique » bien avec Marie-Thérèse, divinité jusqu’au 20 mai. HORIZONTALEMENT deux siècles. Espiègle batave. Fait Verticalement de la Lune et du Soleil, qu’avec tache au soleil. - X. Plus ou moins 1. Amphigouri. - 2. Périmé. Sar. Dora Maar, la déesse furieuse. En I. Change l’atmosphère ambiante. forte elle crée l’émotion. Dans nos - 3. Platine. VI. - 4. Rit. Tacles. - 5. 1968, dans la suite des 347 gravures - II. Souvent imprévisible dans ses habitudes. Eminence. - 6. Ceci. Té. At (ta). - 7.

de Raphaël et la Fornarina, les RMN/B. HATALA/SUCCESSION PICASSO changements. Points. - III. Ne Ili. Méhari. - 8. Aoeiu. Ohio. - 9. voyeurs se précipitent pour assister protège que si l’on est d’accord avec VERTICALEMENT Nus. Muon. - 10. Il. Ténors. - 11. à l’embrasement de l’amour, à la la police. Voie prise à contresens. - Oie. Lô. Ite. - 12. Nauséeuses. libération du plaisir, dans une atmo- sphère ludique et irrévérencieuse. Réponse du jeu no 215 paru IV. Change au jour le jour. Protègent 1. Des mots qui n’ont pas leur Pour cette suite de gravures, Pi- dans Le Monde du 30 mars. des regards extérieurs. - V. Vaudra place ici. - 2. Grossier et brutal. Une casso s’inspire d’un tableau intitulé toujours mieux que l’ombre. forme appréciée de Pindare. - 3. Raphaël et la Fornarina. Qui en est Des similitudes ont été notées Finalement, il est là - VI. Feras appel. Précèdent les autres. Gave l’auteur : entre l’œuvre de Kusama et d’An- Sa réputation… c’est pour des pyrénéen. - 4. Une fois récoltés il b Delacroix ? dy Warhol, comme en témoignent prunes. - VII. Livré en barres. Nuit faut éviter de s’endormir. - 5. Pas b Ingres ? ses collages de 1962, qui peuvent gravement à la santé. - VIII. loin de l’enclume et du marteau. La b Vélasquez ? être rapprochés des sérigraphies Fournisseurs d’ivoire. Décoration au septième chez les Grecs. - 6. Donne Réponse dans Le Monde du réalisées par Warhol la même sommet du toit. - IX. Tokyo il y a toute sa mesure en coulisse. Etablit 13 avril. année. 31 CULTURE LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001

ARTS Le Centre Pompidou rend b LA GALERIE de Denise René fut me, avant de faire faillite en 1978. comme Vasarely, Dewasne, Calder et missaire de l’exposition. Mais ce hommage à Denise René, dont la parmi les premières en France à b EN TRENTE-NEUF ARTISTES et cent Tinguely b « IL EST INHABITUEL mélange des genres, entre artiste, galerie est devenue, à partir de 1944, défendre l’abstraction géométrique. vingt œuvres, l’exposition du Centre pour un musée de consacrer une marché et musée, se fait en perma- un des hauts lieux de l’art abstrait et Puis, en réponse à l’abstraction infor- Pompidou montre le rôle joué par la exposition à une galerie en activité, nence, plus ou moins discrètement. le centre de l’avant-garde parisienne. melle, elle fut le catalyseur du cinétis- galerie dans la défense d’artistes reconnaît Jean-Paul Ameline, com- Ici, au moins, c’est franc. » Denise René, un demi-siècle de militantisme en faveur de l’art neuf Le Centre Pompidou rend hommage à une femme dont la galerie fut au cœur de l’avant-garde au cours de la seconde moitié du XXe siècle. « Papesse de l’art abstrait », au centre du cinétisme, elle sut défendre Vasarely, Dewasne, Mondrian, Calder, Tinguely ou Schöffer

LE REGISTRE du commerce de tres. Du Danemark débarquent Peu importe également que les artis- la préfecture de Paris porte, à la Jacobsen et Mortensen. Elle les tes présentés aient exposé aupara- date du 1er février 1944, l’enregistre- expose. Ils lui rendent la politesse, vant, chez Jean Robert Arnaud, ment de la galerie Denise-René. Le et l’aident à introduire les artistes de chez Craven. La trouvaille fut de les pseudonyme est la contraction des la galerie dans leur pays. Cette pre- regrouper, de donner à une idée qui prénoms de deux sœurs, Denise et mière excursion hors des frontières, était dans l’air la force d’un effet de Renée-Lucienne Bleibtreu. Elles diri- en 1948, est un succès. Denise René masse. gent depuis 1939 un atelier de comprend, avant tout le monde, mode, installé dans un apparte- que la clé se trouve là. En 1951, elle « UN SUCCÈS UNIVERSEL » ment de la rue La Boétie. Leur père, réitère l’expérience à une plus gran- La petite exposition parisienne qui préside une soierie lyonnaise, a de échelle, avec l’exposition Klar eut des répercussions remarqua- pensé ainsi assurer l’avenir de ses Form, qui va circuler en Scandina- bles. Elle attira tout d’abord Nicolas filles. vie, avant de terminer son périple Schöffer dans le giron de Denise Hélas ! il était de gauche : les au musée de Liège. Ce lien institu- René. Une recrue de poids. Artiste gamines accueilleront, en octo- tionnel donne à ses artistes une visi- révolutionnaire, Schöffer est le pré- bre 1943, quelques figures de la bilité nouvelle. Denise René curseur de toutes les applications de Résistance, dont Rol Tanguy, d’As- n’oubliera pas la leçon et multiplie- la cybernétique dans l’art. Avec lui tier de La Vigerie ou Georges ra ce type d’opérations, tant avec les et quelques autres, attirés par la ri- Bidault, pour une réunion dans l’ap- galeries qu’avec les musées étran- gueur et la cohérence de ses choix, partement. Hélas ! il aimait aussi gers. la galerie redevient le centre de l’art moderne, et collectionnait. Elle sait aussi que l’art qu’elle l’avant-garde parisienne, drainant C’est ce virus qu’il transmet à ses défend ne reçoit que peu d’écho en vers Paris des artistes venus de l’Eu- enfants. Hélas ! il aimait la philoso- France. Il faut le faire connaître, à rope du Nord comme de l’Amérique phie, les discussions entre amis : travers des expositions des premiers latine. Selon le joli mot du critique comme son père, Denise fréquente maîtres, ceux qui l’inventèrent dans Pierre Descargues, « le cinétisme, les artistes, ceux de la bande à Pré- l’entre-deux-guerres. C’est ainsi que parce qu’il offrait au regard la possibi- vert, le groupe Octobre où elle croi- Hans Arp, Magnelli, Calder, Herbin, lité de douter de soi, fut un succès uni- se Roger Blin, Mouloudji, Raymond Albers seront montrés rue La Boé- versel ». Bussières, et les surréalistes que la tie. Et, consécration, c’est Denise Après une exposition au Museum guerre n’a pas encore éparpillés. René qui organise, en 1957, la pre- of Modern Art de New York en mière exposition de Mondrian en 1964, intitulée « The Responsive TOUR DE CHAUFFE France. Elle lui fut prêtée par Wil- Eye », on crut même un instant qu’il Les cafés sont, pour beaucoup, helm Sandberg, le directeur du Ste- allait remplacer le pop art, qu’un des lieux de perdition. C’est au Flo- delijk Museum d’Amsterdam, qui mouvement d’origine européenne re, en 1939, qu’elle rencontre Victor l’avait proposée trois fois aux con- pouvait à nouveau concurrencer Vasarely. Il est graphiste, a étudié servateurs des musées français, en l’école de New York. Sentiment ren- en Hongrie avec un élève du Bau- essuyant trois refus. forcé par l’attribution du Grand Prix haus, et rêve de recréer à Paris un Les empoignades sont vives alors. de la Biennale de Venise à Julio Le équivalent de la célèbre école. De Et commence à souffler la querelle Parc en 1966, et à Nicolas Schöffer l’aveu des deux protagonistes, c’est du chaud et du froid, c’est-à-dire de lors de l’édition suivante. lui qui permettra à Denise René de l’abstraction lyrique, ou informelle, Denise René ouvre une galerie à s’affranchir d’un destin bourgeoise- qui se présentait comme une alter- New York, installe une copie à ment tracé. La première exposition GÉRARD RONDEAU POUR « LE MONDE » native plus moderne, plus individuel- l’échelle de son local parisien du de la galerie date de juillet 1944. Elle Denise René, « papesse de l’art abstrait », au milieu des œuvres qui ont jalonné sa vie. le, plus ludique, à la ligne dure défen- boulevard Saint-Germain dans les est consacrée à Vasarely. Pendant due par Vasarely et Denise René. Le grands magasins Bloomingdale, un peu plus d’un an, et une demi- démarre réellement en février 1946, mais elle est tracée. Et la trajectoire bases entièrement nouvelles. Deni- couple sent le danger. Il y réplique pour vendre ses multiples et ses édi- douzaine d’expositions, Denise avec un titre qui reste, aujourd’hui sera de moins en moins courbe. se René, elle, ne veut pas se conten- en organisant, avec un tout jeune cri- tions, qui entendaient mettre l’art à René se cherche : elle montre Max encore, au programme : « Peintures C’est le temps de l’engagement, ter d’acheter et de vendre des tique nommé Pontus Hulten, qui la portée du plus grand nombre. Ernst, Vuilliamy, Ubac ou Atlan, abstraites ». La ligne est encore un au sens intellectuel et financier du tableaux : elle signe ses premiers deviendra le premier gourou du Cen- Trop d’énergie, trop de dépenses : la organise une exposition de dessins peu floue, qui mêle Dewasne, Dey- terme. Vasarely croit à une possible contrats en 1946. Ils la lient à Deyrol- tre Pompidou, une exposition char- crise de 1978 lui sera fatale, la con- crânement intitulée « D’Ingres à rolle, abstraits géométriques, à Har- synthèse des arts plastiques et de le et Dewasne, qui recevront dès nière dans l’histoire de la gale- duisant à la faillite. La situation s’est nos jours ». tung, Schneider puis Picabia, abs- l’architecture, veut reconstruire le lors une mensualité de la galerie. rie – et dans l’histoire de l’art : « Le depuis redressée, et Denise René Après ce tour de chauffe, elle traits pas géométriques du tout, monde détruit par la guerre sur des C’est aussi le temps des rencon- Mouvement ». Elle regroupe des expose toujours, après presque œuvres de Jacobsen et de Calder, de soixante ans d’activité, de l’art abs- Tinguely et de Duchamp, d’Agam et trait. Elle s’en justifie en rappelant de Bury, de Soto et de Vasarely. Tou- son véritable nom, Bleibtreu. Il signi- De l’abstraction géométrique à l’art cinétique, une vie et cent vingt œuvres tes sont mobiles. Le mouvement fie « reste fidèle ». peut être manuel, optique ou méca- ce par une jeune architecte, Yasmine Oeczebi. Une seconde partie, consacrée à l’art cinéti- nique, qu’importe… Elles bougent. Ha. B. DENISE RENÉ, L’INTRÉPIDE. UNE GALERIE Le visiteur est accueilli par deux des premiers que, s’ouvre par une curiosité : un film de l’Amé- DANS L’AVENTURE DE L’ART ABSTRAIT, piliers de la galerie et de l’abstraction géométri- ricain Robert Breer montre l’exposition du Mou- 1944-1978. Centre Pompidou, Galerie d’art gra- que d’après-guerre : une anti-sculpture de vement, en 1955. On comparera, là aussi, les phique et galerie du musée, place Georges- Dewasne, et les tableaux de Vasarely. Il passe images en noir et blanc aux œuvres dans la Pompidou, Paris-4e.Mo Rambuteau. Tél. : ensuite dans la première salle consacrée à l’art salle. Plus loin, une chambre noire, agitée de fré- 01-44-78-12-33. Tous les jours (sauf mardi), de construit, de 1945 à 1965, et reçoit un nouveau missements et de couleurs fugaces, est réservée 11 heures à 21 heures. Jusqu’au 4 juin. Catalo- choc : les œuvres sont accrochées sur deux aux travaux lumino-cinétiques des années 1960. gue : sous la direction de Jean-Paul Ameline niveaux. La pratique, aujourd’hui inhabituelle, Mouvements encore, parfois provoqués par le et Véronique Wiesinger, 200 p., 180 F (27,44 ¤). était pourtant de mise à la galerie, comme en spectateur lui-même, avec la dernière salle, con- témoignent des photos d’archives. Ces derniè- sacrée au Groupe de recherche d’art visuel Il y a des accrochages qui rendent heureux. res sont le plus souvent reproduites sous le (GRAV) et aux œuvres manipulables (avec pré- Celui consacré à Denise René par Jean-Paul tableau qu’elles représentent, offrant ainsi une caution, vu leur âge) d’Agam, Cruz-Diez, Mack Ameline est exemplaire, sans doute parce qu’il surprenante plongée dans le temps. Car, à l’ex- ou Tomasello, fruits d’une époque qui croyait à est né d’une contrainte : faire tenir une vie, tren- ception d’une grande sculpture d’Arp, toutes l’interaction de l’art et du spectateur. te-neuf artistes et cent vingt œuvres dans les œuvres exposées ont été montrées par De- 450 mètres carrés, intelligemment mis en espa- nise René. Ha. B. Jean-Paul Ameline, commissaire de l’exposition au Centre Pompidou « Ici, au moins, le mélange entre artistes, marché et musée est franc » « Il est rare qu’une institution que, mais elle a aussi, à travers les – Que leurs travaux sont dans Par définition, les galeries vivent consacre ainsi un marchand. collectionneurs, les galeries et les l’exposition, qu’ils sont l’exposi- sur le dos des artistes. Cependant, Pourquoi l’avoir fait avec Denise musées étrangers, su constituer un tion. Mais il ne faut pas oublier elle aurait pu se contenter d’aller René ? véritable réseau. En négliger l’étude que, dès 1948, les journaux présen- dans les ateliers, de choisir et – Je ne pense pas que les artistes ferait passer à côté d’une part tent Denise René comme la d’acheter les meilleures œuvres. soient hors du monde, des mona- importante de l’art de la seconde “papesse de l’art abstrait”. Elle sus- Non : elle fait des contrats aux artis- des parfaites isolées du temps et de moitié du XXe siècle. Certes, il est cite des rapports passionnels, un tes, leur verse des mensualités, qui l’espace. Les artistes existeraient-ils inhabituel pour un musée de consa- mélange de sympathie et d’agressi- pèseront très lourd dans son bud- sans un milieu composé d’autres crer une exposition à une galerie en vité. Peut-être parce que, dès l’ori- get. Elle veut réellement constituer artistes, de collectionneurs, de criti- activité. On nous reprochera de valo- gine, elle a eu la volonté d’incarner “son” groupe. ques, de marchands ? Ces derniers riser un commerce en utilisant l’ins- ce mouvement, ce qu’elle fait – Quels critères avez-vous rete- ont un rôle primordial dans le déve- titution. Mais nous interrompons mieux, en termes d’image, que tel nus pour le choix des artistes ? loppement des mouvements artisti- l’exposition en 1978, date de la failli- ou tel de ses artistes. Ses exposi- – Le choix n’a pas été simple. ques. Leurs noms sont souvent peu te de ses galeries, dont elle s’est heu- tions sont toujours introduites par Denise René pense avoir travaillé connus du public, mais il est néces- reusement relevée. D’autre part, ce le titre “Denise René présente”. avec plus de cent cinquante artis- saire de reconstituer leur histoire. mélange des genres, entre artiste, Elle admire Kahnweiler ou Maeght, tes. En fait, en comptant toutes les Celle de Denise René débute en marché et musée, se fait en perma- les galeristes qui écrivent l’histoire expositions collectives dans ses dif- 1944, et elle est encore active nence, plus ou moins discrètement. de l’art. férentes galeries, on est sans doute aujourd’hui. Depuis 1946, elle se Ici, au moins, c’est franc. Ce serait » Le titre est ce qu’il est, avec son plus près de quatre cents. Compte consacre exclusivement à l’abstrac- faire preuve de fausse naïveté que qualificatif d’“intrépide”, qui a tenu de l’espace dont nous dispo- tion géométrique, un art très peu d’imaginer faire une histoire de l’art déplu. Mais une des définitions d’in- sons, 450 mètres carrés, nous avons défendu et mal connu lorsqu’elle a sans parler d’argent : l’artiste doit trépide, c’est “qui ne se laisse pas retenu trente-neuf noms, ceux qui commencé. Il y a donc une conti- montrer et vendre ses œuvres. C’est rebuter par les obstacles”. Denise ont le plus compté dans l’histoire nuité remarquable, mais aussi une le travail de la galerie. René est un bulldozer d’un mètre de la galerie. Une centaine d’œu- évolution régulière. – Des artistes vous ont repro- cinquante-cinq. Elle a des défauts, vres en tout, qui toutes ont été – Comment décririez-vous sa ché de mettre en avant la figure probablement, mais elle a survécu exposées par Denise René. » singularité ? de Denise René au détriment de à toutes les crises. Et comme elle – Son rôle est incomparable : elle leurs travaux. Que répondez- n’a pas de fortune personnelle, elle Propos recueillis par a focalisé tout un courant artisti- vous ? met les mains dans le cambouis. Harry Bellet 32 / LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001 CULTURE

Le Chaînon manquant, réservoir de jeunes talents L’Assemblée nationale vote pour irriguer les salles de l’Hexagone une loi sur la protection La 11e édition du festival a rassemblé artistes, public et programmateurs à Cahors, du 27 mars au 1er avril du patrimoine mobilier Organisé depuis 1987 par le réseau Chaînon, qui mettre à de jeunes artistes de se faire connaître riche de soixante et onze spectacles, a notam- regroupe cent quarante petites salles de specta- et à des programmateurs de « faire leur mar- ment révélé la chanteuse et pianiste Jeanne cles en France, Le Chaînon manquant veut per- ché » à des tarifs intéressants. Cette 11e édition, Cherhal et le groupe marseillais Watcha Clan. Murs et meubles pourront être classés ensemble

CAHORS magazine La Scène, était de « repé- naient sur beaucoup de lèvres. Jean- Si les rumeurs d’après-concert UNE LOI de 1913 organisait jus- culturelles et familiales, ainsi que de notre envoyé spécial rer des artistes en devenir, les exposer ne Cherhal, qui, seule au piano, met semblaient très favorables, tout qu’à aujourd’hui la protection du Marcel Rogemont, député d’Ille- Petits diffuseurs unis dans un sur scène aux programmateurs pen- en scène avec espièglerie sexe, dépendra pour Watcha Clan des patrimoine immobilier. Elle avait et-Vilaine. L’Assemblée a finale- grand réseau, c’est la logique du fes- dant un festival d’une semaine et orga- enfance et spleen ; l’univers acous- résultats recueillis par Bernard Gui- créé pour ce dernier la notion de ment voté la possibilité de classer tival, réuni à Cahors du 27 mars au niser la saison suivante des tournées tico-ludique de Nicolas Reggiani ; le nard et Serge Borras, l’administra- classement et d’inscription à l’in- un ensemble mixte composé d’im- 1er avril, dont le modeste impact dans les salles adhérentes au conteur québécois Michel Faubert ; teur du réseau, lors de leur tour de ventaire supplémentaire des meubles par nature (un bâti- médiatique est inversement propor- réseau ». L’objectif était d’obtenir le chanteur-acteur Thierry Gill et le France des adhérents, qui suit le fes- monuments historiques. La loi ment), d’immeubles par destina- tionnel à son importance nationale. des tarifs intéressants en regroupant guitariste Frantz Magloire pour leur tival. C’est là qu’ils rempliront ou Lequiller – du nom de son rappor- tion (une cheminée, un escalier) La 11e édition du Chaînon man- les achats de spectacles et d’aider les fusion des textes paysans de Gaston non les calendriers des soixante-dix teur – organise celle du patrimoi- et des objets mobiliers qui lui quant a accueilli, dans quatorze petites salles à se professionnaliser. Couté et du blues du Mississippi. artistes programmés. Sur tout spec- ne mobilier, oublié par le premier sont rattachés par des liens histo- lieux, soixante et onze spectacles Déménagés de Tours à Cahors, Des concerts ont aussi démontré tacle vendu, l’association touche législateur. Cette proposition a riques, artistiques, scientifiques – pour moitié musicaux, le reste réseau et festival ont fini par se fon- que le festival (11 000 entrées payan- une marge de 6 % à 10 %. Cette posi- été votée par l’Assemblée nationa- ou techniques. réparti entre spectacles « jeune dre juridiquement. Cette année, la tes cette année) n’oubliait pas le tion intermédiaire entre producteur le le 3 avril à l’unanimité. Son but Le classement ne se fera public », arts de la rue, théâtre et quasi-totalité des cent quarante public adolescent. Particulièrement et diffuseur a longtemps été repro- est d’empêcher qu’un mobilier lié qu’après l’accord du propriétaire danse. A l’affût de jeunes talents, les membres du réseau, mais aussi des remarqués cette année : le cocktail chée au réseau Chaînon. à un bâtiment historique ne soit et de l’Etat. En cas de désaccord, programmateurs et responsables de centaines d’autres professionnels polyglotte et stylistique des Pari- Michel Vautrot, tourneur d’artis- dispersé et vendu. le juge judiciaire pourra être saisi plus d’une centaine de petites salles venus en observateurs, ont à nou- siens de Rezerv et le reggae mutant tes africains au sein de la société Pierre Lequiller, député (DL) pour arbitrage. Le propriétaire, vont irriguer le spectacle vivant veau été en quête de révélations. La des Marseillais de Watcha Clan. Blue Line, le rappelle : « Nous avons des Yvelines, a été confronté à un précise la loi, pourra obtenir une dans les semaines qui suivent l’évé- programmation de Bernard Gui- longtemps pensé que le réseau nous tel problème lorsqu’il était maire indemnité en fonction de la nement. nard, le directeur du Chaînon, sait « CONCURRENCE DÉLOYALE » faisait une concurrence déloyale.» de Louveciennes. En 1996, le valeur de l’ensemble ainsi immo- Historiquement, le réseau Chaî- s’adapter aux demandes du réseau, Repérés par une des dix fédéra- Avec la pratique, les rapports ont décor intérieur du château (clas- bilisé. Les contraintes créées par non a précédé le festival du Chaînon où dominent des villes de 3 000 à tions régionales qui composent le évolué : « Même si nous ne touchons sé) de la comtesse du Barry, ache- le classement devraient, en outre, manquant. Créé il y a près de dix- 30 000 habitants. Chaînon, ces derniers espèrent beau- pratiquement pas d’argent sur les con- té par la société japonaise Nip- être compensées par un système huit ans, à Tours, sous le nom d’Or- Par goût et pour tenir compte des coup du festival : « Il est difficile, certs trouvés par le réseau, si les artis- pon Sangyoo Kabushiki Kaisha d’exonérations fiscales qui reste à ques Idées, cette fédération rassem- capacités financières, priorité est avec nos moyens, d’avoir un rayonne- tes doivent baisser leur cachet, nous (NSKK), était en train d’être préciser. Ces meubles protégés blait des structures surtout intéres- donnée aux jeunes talents. Cela ne ment national et d’obtenir suffisam- sommes conscients de l’impact que démonté, boiseries comprises, seront récolés régulièrement lors sées par la chanson et par le café- garantit pas le culot esthétique. On ment de cachets pour devenir inter- peuvent avoir ces concerts. Il faut dans la légalité la plus complète. d’inventaires. Ils ne pourront être théâtre. Devenu association, et croise beaucoup de spectacles à mittent du spectacle. On espère con- mesurer les retombées du Chaînon Le propriétaire d’un immeuble vendus qu’après une autorisation rebaptisé « Chaînon », le réseau lan- vocation consensuelle. Ce qui n’em- vaincre ici assez de gens pour rendre sur le long terme. » classé a effectivement le droit de délivrée par les pouvoirs publics. ça en 1987 le festival du Chaînon pêche pas les belles découvertes. A le groupe viable », explique leur vendre, jusqu’au dernier bouton manquant. L’idée, résumée dans le la fin de la semaine, des noms reve- chanteur, Soupa Ju. Stéphane Davet de porte, tous ses éléments mobi- AMENDEMENTS « ANNEXES » liers. Quitte à ce que l’immeuble Le ministère de la culture, qui désossé ne soit plus qu’une carcas- n’est pas à l’origine de cette loi, a se vide. A l’époque, le maire avait néanmoins salué, par la bouche pu intervenir grâce à une plainte du secrétaire d’Etat au patrimoi- pour escroquerie qui se greffait ne, Michel Duffour, « l’interven- sur cette histoire, connue sous le tion très opportune du législateur nom d’« affaire des châteaux japo- pour empêcher que le patrimoine nais ». parte à vau-l’eau ». Il est néan- Car si, dès 1913, un meuble pou- moins intervenu, par l’intermé- vait être classé par l’Etat et, à ce diaire de M. Rogemont, pour fai- titre, interdit d’exportation, rien re passer un certain nombre n’avait été fait pour que les d’amendements « annexes ». ensembles mobiliers liés à une La Rue de Valois a profité de la construction ne soient démem- loi Lequiller pour renforcer le con- brés. Les successions étaient bien trôle de l’Etat sur les travaux des souvent l’occasion d’un inévita- monuments inscrits au moment ble et irrémédiable saccage. Cette où, par le biais de la décentralisa- mésaventure s’est produite au tion, les collectivités territoriales château de La Roche-Guyon (Val- s’impliquent de plus en plus, en d’Oise) : l’édifice fut entièrement termes financiers, dans la protec- vidé de ses meubles. Il fallut une tion du patrimoine. décision judiciaire pour mainte- La Demeure historique, une des nir, in extremis, des bas-reliefs principales associations profes- inclus dans les murs : le magistrat sionnelles de propriétaires de estima qu’ils étaient immeubles monuments historiques classés et par destination. Aujourd’hui, le inscrits, se félicite du vote de cet- département, propriétaire de la te loi « antidépeçage ». Son prési- demeure, dépense des fortunes dent, Jean de Lambertye, regrette pour retrouver quelques élé- néanmoins que les chapitres du ments de ce décor. Il vient à vol et des assurances, une plaie grand-peine de raccrocher la sui- qui empoisonne les détenteurs te des tapisseries d’Esther com- d’un patrimoine mobilier, n’aient mandées et exécutées pour un pas été abordés : « Les installa- des salons du château. tions de surveillance sont toujours La loi de Pierre Lequiller tente assimilées à du simple matériel de pallier ces lacunes juridiques électrique, et les compagnies d’as- sans pénaliser les propriétaires surances rechignent à nous assurer qui seraient lésés si ce patrimoine ou le font au prix fort. » La Demeu- mobilier était gelé in situ, sans re historique réclame une déducti- contrepartie. Le député des Yveli- bilité des primes d’assurance sous nes a d’ailleurs trouvé deux alliés le contrôle de la direction régio- actifs dans le groupe socialiste : nale des affaires culturelles. Jean Le Garrec, président de la commission des affaires sociales, Emmanuel de Roux Au Louvre, « La Joconde » a déménagé de quelques mètres POUR DEUX ANS, le temps que la salle des Etats soit réaménagée, le tableau de Léonard de Vinci, qui attire les visiteurs par millions au Musée du Louvre, est visible dans une salle voisine. La Joconde a été installée dans la salle Rosa, au premier étage de l’aile Denon. Choisi à l’issue d’un concours, l’architecte Lorenzo Piqueras va réaliser des tra- vaux dans la salle des Etats, qui sera séparée en deux espaces, l’un consacré aux peintres vénitiens du XVIe siècle, dont Véronèse et son monumental Noces de Cana, l’autre aux œuvres de Léonard de Vinci. Le coût de ce projet est de 25 millions de francs (3,81 millions d’euros) et il est pris en charge par la société Nippon Television. DÉPÊCHES a CINÉMA : Julien Seri et Philippe Lyon, coscénaristes de Yama- kasi, film produit par Luc Besson, sorti sur les écrans le 4 avril, ont été à nouveau déboutés, mardi 3 avril, d’une action qu’ils avaient engagée contre la maison de production, qui a licencié Julien Seri en cours de tournage (Le Monde daté 1er-2 avril). La première chambre de la cour d’appel de Paris les a en outre condamnés à payer 23 000 francs au titre des frais de justice des personnes attaquées. a PATRIMOINE : les autorités chinoises ont annoncé le début d’une campagne de restauration concernant la statue géante d’un bouddha sculptée dans le roc qui domine la ville de Leshan, dans la province du Sichuan (sud-ouest de la Chine). Cette effigie, haute de 72 mètres – plus élevée que celle de Bamyian, détruite par les tali- bans –, achevée au IXe siècle, est inscrite au patrimoine de l’humanité par l’Unesco depuis 1996. a MUSÉES : en un an, 600 000 personnes ont découvert les arts dits primitifs exposés au Louvre. La moitié des ces visiteurs sont venus spécialement, entre juillet et décembre 2000, pour la collection de quelque 140 pièces venues d’Afrique, d’Océanie, d’Asie et des deux Amériques. Cette exposition préfigure le futur musée du quai Branly, qui devrait ouvrir ses portes en 2004. CULTURE LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001 / 33 « Les Danseurs de la pluie », SORTIR PARIS Embrasés, Brumachon et Lamarche se retrouvent autour de la figure de Souad Massi Pasolini tandis que, dans Rebelles, sarabande familiale hantée par la sécheresse S’il fallait à tout prix établir une le chorégraphe s’appuie sur six comparaison, on pourrait dire que danseurs (trois femmes et trois cette jeune chanteuse algérienne hommes) pour rendre hommage Un superbe trio d’actrices fait vivre l’étonnante pièce de l’Australienne Karin Mainwaring se situerait quelque part entre Joan à Boris Vian. Baez et Tracy Chapman pour Sceaux (92). Les Gémeaux, qui dit le passage, qui dit le temps, la vie, trois phénomènes inévita- « dépoter ses boyaux ». Impossible sa voix claire et ses penchants 49, avenue Georges-Clemenceau. LES DANSEURS DE LA PLUIE, de « temps qui n’est pas visible et qui bles. Un au-delà ici et maintenant. de rendre compte de cette pièce affirmés vers le folk-song. Ce serait RER Bourg-la-Reine. 20 h 45, Karin Mainwaring. Traduction : tourne et tourne dans le cœur et qui Muriel Mayette et Jacques Vincey, sans donner une bribe de ce qu’est passer à côté de la singularité de le 6 avril. Tél. : 01-46-61-36-67. Jean-Pierre Richard. Mise en scè- nous change de l’intérieur et de l’exté- qui ont mis en scène ces trois fem- le dialogue. Mémé, la grand-mère, cet auteur-compositeur dont les De 50 F à 145 F. ne : Muriel Mayette et Jacques rieur, patiemment, et nous rend tels mes, ont des mains de diables dans est assise sur les toilettes. DAN : ballades rêveuses, le registre dans Vincey. Avec Catherine Samie, que nous serons au dernier jour » des mitaines de fées. Comment « Putain, ce que ça pue ! » MÉMÉ : lequel elle est la plus convaincante, COMBS-LA-VILLE Catherine Ferran, Julie Pilod, (Mercè Rodoreda, La Place du Dia- Bruno Raffaelli, excellent comé- « Je te chierais des billets, si je pou- cachent une personnalité forte Moissons d’avril Bruno Raffaelli. mant). dien, aussi ouvert que délicat se vais. » DAN : « Qu’est-ce qui se pas- et rebelle (CD Raoui/Island). C’est le titre de ce premier COMÉDIE-FRANÇAISE, 2, rue de Dans la maison, trois femmes. retrouve-t-il, en plein naufrage, à se ? » MÉMÉ : « J’ai l’utérus qu’est La Cigale, 120, boulevard rendez-vous proposé par Richelieu, Paris-1er. Tél. : 01-44- Une mère, Rita. Sa fille, jeune, Kat. gueuler (il n’y a pas d’autre mot) sorti ! » DAN : « Maman ! C’est Rochechouart, Paris-18e.Mo Pigalle. La Coupole, scène nationale de 58-15-15. 70 F (10,67 ¤) à 190 F Et sa belle-mère, bien âgée, Mémé. son texte, comme ivre mort ? La dégueulasse ! » MÉMÉ : « J’espère Tél. : 01-49-25-89-99. 20 h 30, le 5. Sénart, et Act’Art (Action artistique (28,97 ¤). Mo Palais-Royal. En Le mari de Rita, fils de Mémé, Dan, mise en scène a-t-elle voulu nous que tu t’en souviendras le jour où tu 110 F. en Seine-et-Marne) destiné à alternance. Durée : 2 heures. est parti, il y a vingt-cinq ans. Il va dévoiler que les hommes sont des seras aux chiottes, le cul à te pendre Arthur H promouvoir et soutenir les jeunes revenir, dès le premier acte. Le rac- sauvages et les femmes des pous- par-derrière et personne pour te le Voix rauque, voix de bluesman un compagnies théâtrales du La première chose qui se présen- commodement ne se trouve pas, sins bleus ? refourrer dans le trou », etc. peu cassée, Arthur H est de retour département. Entre une ouverture te, quand la lumière vient, c’est – c’est l’un des axes de la pièce. Rita Henri Michaux écrivait, dans Pas- à La Cigale, où il avait amené, en fanfare (Uranus Bruyant) et rien de nouveau ! – le décor. L’ima- va tuer Dan avec une hache. « PUTAIN, CE QUE ÇA PUE ! » sages : « Les gens pauvres sont début décembre 2000, son trio un bal de clôture, les cinq ge d’une maison, aussi simple Plus fort que la pièce même, plus Décor d’Hervé Boutard, musique craints des riches par leur langage renforcé d’une puissante section de compagnies élues, Charmey qu’un dessin d’enfant, la grande boî- fort que les faits et gestes simulés, de Ghédalia Tazartès, trois actrices facilement ordurier qui évoque l’in- cuivres (Le Monde du 12 décembre (Pontault-Combault), Phénix te et le chapeau dessus, juste la vous saisit l’intensité de la présence superbes, que demander de plus ? fect et le misérable de leur condition, 2000) pour dévoiler les chansons (Meaux), L’Œuf à trois poules surface, comme découpée dans du des trois actrices, Catherine Samie, Ah ! si : une pièce ! L’auteur, Austra- et cette pauvre animalité humaine de son nouvel album Pour Madame (Moissy-Cramayel), Babylone carton, et toute noire. Autour et Catherine Ferran, Julie Pilot. Présen- lienne de mère alsacienne, ne dit dont ceux-là détournent leur pensée X... (Polydor). Arthur H chante des (Mitry-Mory), Théâtre du confluent derrière : le vide. Désert, retraite ce on ne peut plus retenue, réser- rien du théâtre, dans le program- tant qu’ils peuvent, voilà qu’une paro- histoires aux allures de faits divers, (Montereau-Fault-Yonne) maudite, antre de parias. La façade vée, mais c’est justement ! Il ne me. Elle nous apprend qu’en moto- le malheureuse réussit à la leur impo- des romances mélancoliques, se présenteront leurs travaux. noire s’ouvrira en deux. Un tripty- peut pas ne pas y avoir eu une vie cyclette elle a parcouru six mille ser. » Et Karin Mainwaring – est-ce met au piano pour une dérive vers L’ensemble des spectacles sera vu que du dedans, du même noir, avec commune, prolongée, profonde, kilomètres sur une piste qu’un délu- particulier à l’Australie ? – alterne, le jazz, relance sa machine à swing par un groupe de jeunes un rien d’objets restreints à l’essen- intime, entre chacune de ces actri- ge changeait en torrent de boue. Sa sur les mêmes lèvres des femmes vers le rhythm’n’blues. Le tout avec spectateurs, « le regard du public tiel, presque des concepts de verre, ces et chacune de ces femmes imagi- pièce, Les Danseurs de la pluie, serre ou de l’homme, les mots crus et des une vraie présence, une générosité, de demain sur un théâtre en de chaise, de matelas. naires qu’elles allaient interpréter, de près une malédiction de l’Austra- réflexions que vous diriez dites par une honnêteté et même des devenir », qui choisira l’un d’entre Souffles de silence, un susurre- après quoi elles ont coupé le cor- lie : la sécheresse. La famille que Barthes ou Deleuze. C’est l’une des maladresses qui sont sa marque. eux : le spectacle sélectionné sera ment de la nature, de la respiration don, elles se sont avancées dans le nous voyons vivre est hantée par raretés de ce théâtre des antipodes, La Cigale, 120, boulevard repris à La Coupole au cours de du sol, de l’air qui tremble à peine, vide entre mémoire et intuition, et cette sécheresse. A la longue, les qui nous étonne et nous étreint. Rochechouart, Paris-18e.Mo Pigalle. la saison 2001-2002. Un débat sous souffle aussi de la conscience, les nous voyons trois apparences, nerfs craquent. Les mots violents 20 heures, les 6, 7, 8 et 9 avril. la direction de Robert Abirached, chimères qui défilent : une musique sobres, d’une autre substance que leur échappent. Accoucher se dit Michel Cournot Tél. : 01-49-25-89-99. 150 F. directeur du théâtre et des Nuit du pansori spectacles au ministère de la Le Festival de l’imaginaire culture de 1981 à 1988, et s’achève sur une nuit une exposition de photos signées Mozart, terrible révélateur du pianiste Grigori Sokolov exceptionnelle dédiée au pansori, Anna Malagrida, complètent et art vocal et dramatique coréen accompagnent l’événement. intempestives qui viennent briser une ligne mélo- tes nuances affectées, un petit retard par-ci, un d’un raffinement extrême qui se Combs-la-Ville (77). La Coupole, COUPERIN : treizième et dix-huitième dique surexposée. Surtout, manquent à Sokolov petit décalage par-là, la musique de Mozart perd developpa dans les milieux lettrés scène nationale de Sénart, Ordres des pièces pour clavecin. MOZART : tenue rythmique, tension harmonique et sens de toute force dramatique. Et on hésite entre le fou et aristocratiques, puis à la cour rue Jean-François Millet. Fantaisie KV 475 et Sonate KV 457. FRANCK : l’instantané pour convaincre dans une musique rire et la rage d’être ainsi pris en otage, bloqué au au XVIIIe siècle. Un événement rare RER D : Combs-La-Ville. Prélude, choral et fugue en si mineur. Grigori que des pianistes comme Marcelle Meyer, Gyorgy milieu d’un parterre que l’on voudrait fuir. puisque le pansori n’avait plus Tél. : 01-60-34-53-60. 61 F et 86 F ; Sokolov (piano). Théâtre des Champs-Ely- Cziffra, Albert Levêque jouaient avec la sveltesse, Il n’y a que le piano qui génère un tel malaise été présenté à Paris depuis 122 F (pass pour les deux journées). sées, le 3 avril. le rebond et la nonchalance idéales. chez l’auditeur, car il est le médium privilégié des la représentation organisée On revient donc un peu décontenancé pour la personnalités dérangeantes et parfois captivan- également à l’initiative de la AJACCIO Le pianiste Grigori Sokolov salue à peine le seconde mi-temps. Sokolov est-il un pianiste tes. Pour ne parler que des Russes, n’oublions pas Maison des cultures du monde en Danse en Corse public, s’assied et commence à jouer : sonorité exceptionnel, comme certains le pensent, ou est- combien un Sviatoslav Richter, une Maria Yudina 1982. Deux récits seront proposés En collaboration avec l’Ecole magnifique, ronde, pulpeuse, ballet des mains qui il l’une de ces personnalités qui forcent la musi- ont pu révéler des sentiments insoupçonnés, en dans leur intégralité, interprétés nationale de musique et de danse soulignent les phrases microscopiques de Coupe- que, qui s’en emparent pour laisser libre cours à prenant le contrepied des textes, mais ces deux par Jeon Jeong Min, membre de (ENMD) de Gap et le rin, pédale un peu envahissante qui nimbe le trei- un égotisme chaotique ? Mozart est un révéla- artistes avaient du génie, une sévérité sans com- la Compagnie nationale de théâtre Conservatoire national de région zième Ordre des pièces pour clavecin d’un sfumato teur. Impossible de tricher avec lui. Et Sokolov plaisance qui donnaient du sens à leurs prises de chanté, accompagnée au tambour de Grenoble, l’ENMD de Corse quasi chopinien. Sokolov ornemente à ravir, trop coule, montrant les ficelles d’une conception pré- risques. Pour finir, Prélude, choral et fugue, de « puk » par Jeon Kyung Chun. (Ajaccio et Bastia) propose presque, car son Steinway n’est pas un clavecin, la tentieuse, enflée à force de vouloir passer pour César Franck, génial triptyque qui sent l’encens. Maison des cultures du monde, Terpsicore, un programme qui mécanique en est lourde à manier et ces trilles, ces géniale. Prise dans des tempos aberrants de len- C’est au bordel que nous entraîne Sokolov. 101, boulevard Raspail, Paris-6e. mobilise tous les élèves de ces battements d’être ainsi systématiquement articu- teur, privée d’articulation, d’accents, de rudesse, Tél. : 01-45-44-72-30. structures. Fruit d’un échange lés finissent par évoquer quelques sonneries noyée dans un legato généralisé, truffée de peti- Alain Lompech De 20 h 30 à 3 heures du matin, interrégional qui vise à désenclaver le 6. De 60 F à 130 F. les pratiques, ce spectacle prolonge Claude Brumachon les premières représentations Pour clôturer les Rendez-Vous données en février à Grenoble et à Au Casino de Paris, Dany Boon chorégraphiques de Sceaux, c’est Gap. Outre la portée pédagogique au tour de Claude Brumachon, de la confrontation, cette rencontre codirecteur avec Benjamin permet à la toute jeune ENMD de joue sur plusieurs tons Lamarche du Centre Corse d’attester de sa fraîcheur et chorégraphique de Nantes, d’une précieuse envie d’innover. comme des excroissances du comi- de monter sur le plateau des Ajaccio (Corse-du-Sud). Théâtre EN PARFAIT ÉTAT, de et par que, c’est-à-dire des individus à Gémeaux avec deux pièces aux Kallisté, le 7 à 20 h 30 ; à bord du Dany Boon. Mise en scène : Judith l’imaginaire tellement débridé titres évocateurs, reflets de sa « Napoléon Bonaparte » à quai, le 8 Godrèche. CASINO DE PARIS, 16, qu’ils en deviennent des spécimens danse expressive et puissante. Pour à 17 heures. Tél. : 04-95-23-02-48. rue de Clichy, Paris-9e.Mo Trinité. dignes de la plus grande attention : Tél : 01-49-95-99-99. Du mardi au un adolescent de vingt-huit ans samedi, à 20 h 30. De 140 F qui vit encore chez sa mère et rêve GUIDE (21,37 ¤) à 240 F (36,64 ¤). Durée : de devenir chanteur ; son meilleur 2 heures. Jusqu’au 14 avril. copain qui ne pourra pas l’accom- pagner en tournée aux Etats-Unis Pantin (93). Salle Jacques-Brel, 42, ave- FESTIVALS CINÉMA o La grande salle du Casino de à cause d’une épidémie de furon- nue Edouard-Vaillant. M Aubervilliers- Roberto Rossellini Quatre-Chemins. 20 h 30, les 6 et 7. Paris est largement remplie par cles au visage ; une folle du bronza- Tél. : 01-49-15-41-70. 80 F. Dany Boon dont le corps filiforme, ge avec des lèvres gonflées au colla- L’auditorium du Louvre présente une rétrospective intégrale de l’œuvre de Compagnie Montalvo-Hervieu les gestes appuyés, les fronce- gène qui teste absolument tous les Roberto Gastone Zeffiro Rossellini. Un nioc de paradis. ments de sourcils et les oreilles produits possibles ; une patiente L’occasion de voir ou de revoir des Rueil-Malmaison (92). Théâtre André- décollées prennent dans ce lieu qui va rendre visite à l’hôpital à chefs-d’œuvre tels que Rome, ville Malraux, place des Arts. 20 h 45, le 6. Tél. : 01-47-32-24-42. 60 F. une réelle présence : l’acteur comi- son médecin mourant pour mieux ouverte (1945), Stromboli (1945-1950) ou Voyage en Italie (1953-1954)… Mais Tomoko Makuuchi (soprano), que parvient indéniablement à constater sa fin prochaine ; un aussi, celle de découvrir rassemblés Takayuki Ezawa (piano) imposer sa silhouette à la faveur garagiste qui explique la relation pour la première fois les films réalisés Œuvres de Debussy, Poulenc, Strauss. Théâtre musical de Paris, 1, place de ce nouveau spectacle très réus- très forte qu’il entretient avec pour la télévision : La Lutte de l’hom- er o si. Il n’y a presque rien sur la gran- Mozart, même s’il regrette que le me pour sa survie (1967-1971), L’Age du Châtelet, Paris-1 .MChâtelet. 12 h 45, le 6. Tél. : 01-40-28-28-40. 55 F. de scène, si ce n’est un miroir, puis musicien « s’habille comme une du fer (1964-1965)… « Education inté- grale », c’est le titre du colloque clôtu- Marc Antonio e Cleopatra un peu plus tard un piano et enfin tapette ». rant la manifestation (15 et 16 juin) de Hasse. Concerto Köln, René Jacobs une corde à laquelle l’artiste sera sous la direction d’Alain Bergala. (direction). Théâtre des Champs-Elysées, 15, ave- attaché, puis se balancera dans EXEMPT DE TOUTE VULGARITÉ Auditorium du Louvre, accès par la e o Pyramide, le passage Richelieu ou les nue Montaigne, Paris-8 .MAlma- tous les coins. Le spectacle de Dany Boon repo- Marceau. 20 heures, le 6. Tél. : 01-49- Le spectacle de Dany Boon repo- se le plus souvent sur rien. Le comi- galeries du Carrousel. Jusqu’au 17 juin. Tél. : 01-40-20-84-00. 22 F (tarif réduit) 52-50-50. De 50 F à 350 F. se d’abord sur une utilisation que peut ainsi tenir plusieurs minu- et 30 F. Saint-Germain savante de son corps – un pianiste tes en répétant de toutes les maniè- Olympia, 28, boulevard des Capucines, Histoires d’amours e o éloigné du clavier de son piano par res possibles, sur tous les tons, le La Leçon sibérienne, de Wojciech Sta- Paris-9 .M Opéra. 20 heures, le 6. Tél. : ron (Pologne, 1998) ; Séparées de So- 01-47-42-25-49. De 170 F à 210 F. exemple, incapable de jouer mot « Evian » avant d’ajouter qu’il Ardag correctement, et contraint à de touche deux centimes de royalties phie Bredier et Myriam Aziza (France, 2000) ; Loin, de Nathalie Sarles (inédit, Le chanteur-auteur-compositeur d’ori- savantes contorsions – qui enrichit à chaque fois qu’il prononce sur France, 2001). Projections en présence gine arménienne invite à un voyage en ses talents de conteur. La veine scène le nom de la célèbre marque des cinéastes. chansons à travers l’Amérique Latine, satirique n’est pas le point fort de d’eau minérale. Saint-Denis (93). L’Ecran, 14, passage la France, l’Orient et l’Amérique du de l’Aqueduc. Mo Saint-Denis Basilique. Nord. Dany Boon. Mais elle ne représen- Certaines séquences ne tiennent New Morning, 7-9, rue des Petites- 17 heures, 18 heures et 20 h 30, le 7. e o te qu’une partie ténue de son qu’à une intonation, à un geste Tél. : 01-49-33-66-88. Réservation in- Ecuries, Paris-10 .MChâteau-d’Eau. spectacle. reproduit mécaniquement ou à dispensable. 20 F, la séance ; 40 F, les Tél. : 01-45-23-51-41. 60 F. On repère cette satire dans un une image qui doit tout à l’absur- trois. Rokia Traore sketch plaisant, mais sans surprise, de. Comme celle de cette obsédée Massy (91). Centre culturel Paul- TROUVER SON FILM Bailliart, 6, allée du Québec. 21 heures, consacré aux hommes politiques du bronzage qui peut ouvrir la por- le 6. Tél. : 01-69-20-57-04. De 70 F à et à leur relation particulière à la te de son frigo et prétendre voir le Tous les films Paris et régions sur le 90 F. prison avec, en point d’orgue, cet- patineur Philippe Candeloro s’en- Minitel, 3615 LEMONDE, ou tél. : te réflexion d’un prisonnier qui esti- traîner sur la glace de son freezer. 08-36-68-03-78 (2,23 F/min). RÉGIONS me, après quarante ans de déten- Dany Boon affirme puiser, entre ENTRÉES IMMÉDIATES L’Opéra de quat’sous tion, posséder l’expérience néces- autres, son inspiration chez Ray- de Weill. Théâtre dramatique russe aca- saire pour se lancer dans la politi- mond Devos. Une comparaison Le Kiosque Théâtre : les places de cer- démique de Kazan, Alexandre Slavout- que… Satire encore dans une diatri- acceptable et, somme toute, heu- tains des spectacles vendues le jour sky (mise en scène), Sergueï Sentiabov même à moitié prix (+ 16 F de commis- (chorégraphie). be féroce, mais attendue, sur la reuse. Tout ce qui semblerait à pre- sion par place). Marseille (13). Théâtre Toursky, 16, pas- malbouffe, et en particulier cette mière vue éparpillé et désordonné Place de la Madeleine et parvis de la sage Léo-Ferré. 21 heures, le 7. Tél. : boîte de raviolis infectés qu’il vaut dans ce one-man-show forme un gare Montparnasse. De 12 h 30 à 04-91-58-54-54. 160 F. mieux terminer vu qu’il est déjà tout cohérent orchestré par un 20 heures, du mardi au samedi ; de Ballet national de Marseille 12 h 30 à 16 heures, le dimanche. Marie-Claude Pietragalla : Sakountala. bien trop tard pour se soigner. artiste exempt de toute vulgarité. Compagnie Yann Lheureux, La Rochelle (17). La Coursive, 4, rue Les différents personnages incar- Compagnie Enfin le jour Saint-Jean-du-Perot. 20 h 30, le 7. Tél. : nés par Dany Boon apparaissent Samuel Blumenfeld Histoire d’un et Déjà si loin. 05-46-51-54-02. 175 F. 34 KIOSQUE LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001 EN VUE a « Ce mec-là, c’est con à dire, Lorsque George W. Bush se moque – un peu trop – de lui-même mais il est atrocement beau », déclarait Cécilia en jouant des coudes dans la file d’attente pour Devant un parterre de journalistes, le président américain a sacrifié au traditionnel exercice d’autodérision assister au procès, mercredi 4 avril, de Guy Georges, meurtrier de en assumant sans complexes ses déjà célèbres « bushismes ». Morceaux choisis dans le « New York Times » femmes en série. ALORS QUE CERTAINES des fonder notre décision sur des bases « l’esprit et la sagesse accidentels de a La condamnation de David Jacq dernières décisions de l’administra- scientifiques, les experts nous ont notre 43e président ». « Je suis assez et Lionel Dreano, policiers tion Bush ne provoquent pas une recommandé de tester les verres fier de ce que mes propos paraissent parisiens qui prélevaient franche hilarité en Europe, l’am- d’eau de quelque 3 000 personnes », déjà sous forme de livre », a-t-il régulièrement des stupéfiants sous biance est à la bonne humeur à la indique le président. Qui poursuit : expliqué. « Tenez ; voilà un extrait. scellés pour les consommer avec Maison Blanche, si on en croit le « Merci de votre participation »… Et c’est vrai, a-t-il ajouté, lui-même leur copain Mehdi, artiste peintre, New York Times. Dans sa rubrique Son porte-parole laisse-t-il incrédule : j’ai vraiment dit cela. » ne figurera pas à leur casier hebdomadaire « Mot à mot », qui et livrer quelques blagues. Si Bill De fait, il est clairement apparu entendre que le président redoute Il lit : « Je sais que les êtres humains judiciaire. donne à lire des verbatim entiers Clinton excellait dans l’exercice, la que le 43e président des Etats-Unis les conférences de presse « formel- et les poissons peuvent coexister en sur des sujets variés, le quotidien prestation de son successeur a est une bonne nature qui sait les », et que d’ailleurs il n’en tien- paix. » a Carmen Lozada, parlementaire reproduit le texte de l’intervention plongé plus d’un observateur dans s’amuser de tout. Son administra- dra pas ? Sans fausse honte, Le livre des « bushismes » péruvienne, a déposé un projet de de George W. Bush au dîner la perplexité. Pour faire rire, tion vient-elle de revenir en arrière M. Bush assume. Il assume tout. Sa n’avait donc pas exagéré. M. Bush, loi « anti-dopage » pour tous les annuel de l’Association des corres- M. Bush n’a pas eu besoin de recou- sur le taux d’arsenic autorisé dans langue qui fourche. Ses erreurs il le confirme, a bien fait remar- candidats à l’élection pondants de radio et de télévision, rir au registre comique. Il lui a suffi l’eau de boisson, une décision qui grammaticales. Ses fautes de syn- quer, pendant la campagne électo- présidentielle, depuis qu’une jeudi 29 mars, au Hilton de Wash- de livrer quelques pensées profon- fait froid dans le dos des profes- taxe. Au dîner, raconte le journal, rale, que : « De plus en plus, nos analyse a révélé la présence de ington. des. Comme titre le New York sionnels de la santé publique ? Il il a même lu des extraits du petit importations viennent de l’étran- cocaïne dans le sang du favori, Traditionnellement, ce genre de Times, en paraphrasant un « néolo- ne craint pas d’en plaisanter. livre bleu qui figure en bonne pla- ger. » Oui, il a bien expliqué que, Alejandro Toledo, rival de soirée donne lieu à un exercice gisme » déjà célèbre de M. Bush, « Comme vous le savez, nous som- ce depuis janvier dans les librairies de son temps, la politique étrangè- Fernando Oliveira, chef de file du d’autodérision qui voit le président « le sens de l’humour du président, mes en train d’étudier le niveau d’ar- américaines : le recueil des re était plus simple : « C’était nous Front indépendant, soupçonné de déroger au sérieux de la fonction aussi, a été mal sous-estimé ». senic acceptable dans l’eau. Pour « bushismes » de George W, ou contre eux. Et il était clair de savoir se droguer. qui était “eux”. Aujourd’hui, nous ne sommes plus très sûrs de qui ils a Jamile Peress, suspendu du DANS LA PRESSE tions hostiles à la défense européen- fait qui dure depuis si longtemps. 300 000 retraités. Nul n’a oublié sont. Mais nous savons qu’ils sont droit d’exercer pour cinq ans, ne ont soudé la Grande-Bretagne, la Est-ce pourtant si difficile d’instau- que, en 1995, c’est d’elle qu’est là »… chirurgien en mal d’argent attaché FRANCE INTER France et l’Allemagne dans un front rer le service minimum, qui signifie venu le choc social. Le malaise Nonobstant, M. Bush estime à la Leben Home, établissement Bernard Guetta commun qui fait plier Washington. d’abord la considération due à tient aujourd’hui à la menace qu’il n’a pas que des torts. «Dela privé du quartier du Queen’s à a Il reste à George Bush quelques Le problème des Etats-Unis est l’autre. Encore le serpent de mer pesant sur le statut de service manière dont je vois les choses, je New York, retirait leur prostate à pays avec lesquels il a toujours à qu’ils n’ont plus de véritable concur- du service minimum n’est-il agité public de l’entreprise. La volonté rends service à la langue anglaise. des handicapés mentaux sains de froisser, brouiller ou fâcher les Etats- rent, qu’ils croient pouvoir ne plus qu’à l’occasion des conflits, ce qui d’adapter la SNCF aux normes J’ai forgé de nouvelles expressions corps. Unis. En moins de trois mois, le nou- se soucier des autres, oublient sim- lui enlève toute chance d’aboutir. européennes, c’est-à-dire à la déré- comme “hispaniquement”. J’ai éten- veau président américain n’a pas plement de le faire, ne savent plus Il faut au contraire s’en saisir par glementation souhaitée par Bruxel- du la définition de mots, utilisant a Elle Phan Thi Hien, marâtre du encore eu le temps de s’aliéner le que, même moins riches et moins temps calme, accepter que la les, ainsi que le légitime souci de Gréciens quand je voulais dire village de Hoa Dinh au Vietnam, monde entier mais, à ce rythme, ce armés en technologie, il y a d’autres démarche soit longue et entamer rentabilité ont conduit Louis Gal- Grecs. » Au lieu du morne barriè- poursuivie pour mauvais sera bientôt fait, car, continent par forces, d’autres pays, d’autres conti- résolument la négociation. Bref, lois à proposer une réorganisation res et tarifs (douaniers), M. Bush traitements, a cousu la bouche de continent, c’est bien parti. La dénon- nents dont aucune hyperpuissance définir un objectif, le faire connaî- de la société qui, de fait, pourrait se félicite d’avoir lancé les « tarriè- son beau-fils, âgé de dix ans, qui ciation du protocole de Kyoto a ne saurait faire abstraction car, sauf tre et s’y tenir. Cette méthode si ouvrir la voie ultérieurement à la res et barifs ». « Et vous savez avait mal surveillé un canard. exaspéré la planète entière et à faire la guerre au monde entier, il simple qu’elle paraît évidente est le filialisation de certaines activités et quoi ?, a conclu le président des notamment l’Europe. La dégrada- faut bien tenir compte des autres. seul moyen d’obtenir l’accord de la à leur privatisation partielle. Les Etats-Unis. La vie continue. Ma fem- a Christophe Coïc, spécialiste des tion des relations avec la Russie a corporation des transports agrip- organisations syndicales ne s’y me et mes enfants m’aiment tou- batraciens, lance un cri d’alarme suscité un rapprochement immé- pés au passé par peur de l’avenir. sont pas trompées. Le premier jours. Nos militaires continuent de contre la prolifération des diat entre l’Union européenne et la Michel Schifres ministre a donc invité la direction protéger nos côtes. Et les Américains grenouilles-taureaux « meuglant Russie. La décision d’aller forer en a De la grève qui paralyse et qui LCI de la SNCF à faire preuve de larges- continuent à se lever et à aller tra- comme des vaches », pesant Alaska révulse le Canada, comme le écœure, on a tout dit. Ce qui éton- Pierre-Luc Séguillon se salariale et à promettre de nou- vailler. » jusqu’à 2 kilos, capables de bonds projet de bouclier antimissile irrite ne, en fait, c’est que rien ne soit a La SNCF demeure un Etat dans velles embauches pour calmer les de 3 mètres, sautant sur tout ce tout le monde, comme les déclara- tenté pour mettre fin à un état de l’Etat avec ses 180 000 agents et ses esprits. Corinne Lesnes qui bouge, reines des étangs girondins. SUR LA TOILE a D’après Myriam et Jean-Luc www.getzenews.fr Gueguen, entrepreneurs de MUSIQUE pompes funèbres en Gironde, a Real Networks, société américai- futurs responsables à Un répertoire thématique de « newsletters électroniques » couplé à un système d’abonnement direct ne éditrice du logiciel audiovisuel le Saint-Quentin-de-Baron du plus utilisé sur Internet, va créer un « Refuge aux étoiles », LES LISTES de diffusion (mailing tables, car leurs publicités ciblées sont service payant de diffusion de musi- crématorium dernier cri, le lists ou listserv) sont des systèmes plus efficaces que les bandeaux affi- que baptisé Musicnet, en partena- « sublimatorium», four géant dont automatisés d’envoi de courriers chés sur les sites web. » riat avec AOL Time Warner, EMI et la température avoisinera les électroniques à des groupes d’abon- En deux mois, une centaine de Bertelsmann. D’autres grandes mai- 2 900 degrés, devrait assurer «un nés, pouvant compter des milliers sites médias et de webmagazines sons de disques pourraient bientôt confort certain pour les familles qui de membres. Jusqu’à une date ont passé un accord avec getZE- rejoindre MusicNet. – (AP.) n’auront plus à attendre des heures récente, elles étaient assez peu utili- news. M. Karsenty travaille à étoffer douloureuses ». sées en France, mais elles se déve- son offre, sans pour autant accepter EMPLOI loppent rapidement, car de nom- n’importe quoi : « Tout le monde a Le Centre d’information et de a Un plongeur a déposé par breux sites à contenu journalistique peut mettre du contenu sur Internet, documentation jeunesse (CIDJ) et 30 mètres de fond l’urne contenant s’en servent pour fidéliser leurs lec- mais cela ne veut pas dire que tout l’ANPE ont mis en ligne 17 000 offres les cendres de Dorothy Golding, teurs, en leur envoyant régulière- contenu a une valeur. Pour garantir de « jobs d’été ». Les secteurs d’acti- dans l’épave du cuirassé HMS ment le sommaire de leurs derniè- la qualité des titres référencés, nous vité les plus représentés sont l’hôtelle- Royal Oak torpillé en 1939 au large res éditions, des extraits d’articles avons créé un comité de sélection pré- rie-restauration, les assurances, la de l’Ecosse, cercueil de son mari. ou des alertes sur les nouveautés. sidé par un professionnel reconnu, sécurité, la vente et l’accueil. Entre-temps, les sites médias et Daniel Bilalian (ancien présentateur www.cidj.asso.fr a Trois cent cinquante vétérans webmagazines professionnels ont du journal de France 2). Il faut être www.anpe.fr des Malouines poursuivent le rebaptisé ces listes « newsletters élec- vigilant. En matière de médecine, par gouvernement britannique qui n’a troniques », pour marquer la diffé- exemple, nous avons été sollicités par ABONNEMENTS INDIVIDUELS pas prévu de « soutien rence avec les listes créées par des des sites sans intérêt, et aussi par des a Selon l’Association française des psychologique » pour les aider à particuliers et des amateurs. gens à la limite de la secte. » fournisseurs d’accès, la France comp- surmonter leur stress sur le terrain. L’étape suivante a été franchie en Comme ses clients, getZEnews tait 5,6 millions d’abonnements janvier dernier, avec l’apparition de dant à ses centres d’intérêt. Il suffit sociétés éditrices pour chaque abon- aura besoin pour prospérer de fidé- Internet individuels au 1er janvier a « Je me déguise pour travailler, getZEnews, un « kiosque en ligne » ensuite d’inscrire son adresse élec- nement effectué par son intermé- liser ses visiteurs. Elle a donc créé 2001, ce qui représente une progres- c’est normal », déclare Patrick spécialisé dans les newsletters en tronique pour être automatique- diaire : « Comparée aux autres sa propre liste de diffusion, pour sion de 73 % en un an. Le nombre Rosset, prêtre ouvrier, mécanicien langue française. Il propose tout ment abonné à un ou plusieurs méthodes de démarchage, notre pro- les tenir au courant de l’arrivée global d’heures de connexion a aug- à bord du petit train à vapeur de d’abord un répertoire thématique titres. position est simple et bon marché dans son répertoire de nouvelles menté de 116 % pendant la même Disneyland à Marne-la-Vallée. doté d’un moteur de recherche par Bien que toutes ces newsletters pour les éditeurs, affirme Philippe newsletters… période. Par ailleurs, les membres de mots-clés, permettant au visiteur de soient gratuites, getZEnews compte Karsenty, fondateur de getZEnews ; l’AFA hébergent au total 1,66 million Christian Colombani découvrir les newsletters correspon- se rémunérer en faisant payer les les newsletters les plus lues seront ren- Yves Eudes de pages personnelles. – (Reuters.)

F par Abonnez-vous au pour seulement 173 mois Bulletin à compléter et renvoyer accompagné de votre relevé d’identité bancaire ou postal à : LE MONDE, Service Abonnements - 60646 Chantilly Cedex par Dominique Dhombres F Le métier de reine Oui, je souhaite recevoir Le Monde pour 173 (26,37a) par mois par prélèvement automatique. ❑ M. ❑ Mme Prénom : Nom : ELLE A DES DONS extraordi- sion d’éprouver des sentiments prince Philippe de Grèce, grand Adresse : naires d’imitatrice et elle est plus vifs à l’égard de ses chevaux spécialiste des courses de chevaux Code postal : Localité : même capable de rendre le bruit que de ses enfants. Elle se précipi- attelés, totalement désargenté, Offre valable jusqu’au 31/12/2001 en France métropolitaine pour un abonnement postal. 101MQPA1 assourdissant d’un Concorde au te, jumelles à la main, pour assis- qui, selon Arte, l’aurait trompée moment de l’atterrissage. Le por- ter à l’arrivée d’une course dans aux quatre coins du monde et Autorisation de prélèvements N° NATIONAL D'ÉMETTEUR ORGANISME CRÉANCIER : LE MONDE trait consacré mercredi soir par laquelle un de ses chevaux est en n’aurait pas été un père très atten- N° 134031 21 bis, rue Claude-Bernard 75242 Paris Cedex 05 J'autorise l'établissement teneur de Arte à la reine Elizabeth II, qui compétition. Elle était infiniment tif, sauf pour sa fille Anne. mon compte à effectuer sur ce dernier TITULAIRE DU COMPTE A DÉBITER aura soixante-quinze ans ce mois- moins démonstrative jadis lors- La monarchie avait bien failli les prélèvements pour mon abonnement Nom ...... ci, ne comportait malheureuse- qu’elle retrouvait son jeune fils sombrer en 1936 avec l’abdication au journal Le Monde. Prénom ...... ment aucune démonstration pra- Charles au retour d’un long voya- d’Edouard VIII. L’institution a été N° ...... rue ...... tique des talents de société de la ge officiel. Dans un document sauvée par la guerre. Les Anglais Je resterai libre de suspendre provisoire- Code postal Ville ...... …...... souveraine. Celle-ci est restée d’archives qu’Arte n’a pas utilisé, ont aimé George VI, cet homme ment ou d’interrompre mon abonnement à impassible devant un Maori à mais qui a été souvent diffusé par timide, en proie à un bégaiement tout moment. NOM ET ADRESSE DE L’ÉTABLISSEMENT DU COMPTE A DÉBITER (votre banque, CCP ou Caisse d’épargne) moitié nu qui lui tirait fort céré- la télévision britannique, le tout tenace, qui est resté à Londres Date :...... monieusement la langue à la fin jeune garçon, un peu désemparé, sous les bombes. Elizabeth II a Signature : ...... d’une danse rituelle après avoir ne semblait même pas reconnaî- hérité de son père le sens du N° ...... rue ...... longuement agité un javelot tre sa mère. devoir. Elle avait de l’allure, au Code postal Ville ...... devant son nez. La reine a du Elle n’est pas une intellectuelle, dîner du Guildhall, à la fin de la métier. Ses conseillers aussi, appa- dit un de ses biographes. Elle catastrophique année 1992. Une IMPORTANT : merci de joindre un relevé DÉSIGNATION DU COMPTE A DÉBITER Code Etablissement Code Guichet N°de compte Clé RIB remment. Ils ont réussi à persua- aurait aimé avoir une vie simple et aile entière du château de Wind- d’identité bancaire ou postal, à votre autorisa- der Gerd Helbig, le réalisateur vivre à la campagne, entourée de sor avait brûlé, trois de ses tion. Il y en a un dans votre chéquier. allemand de ce documentaire, chevaux et de chiens. Elle aurait enfants avaient divorcé. «Jene Pour tout renseignement concernant le portage à domicile, le prélèvement automatique, les tarifs d’abonnement, etc : qu’Elizabeth II était secrètement épousé un fermier. Elle aurait pu peux pas dire que j’aurais un plaisir Téléphonez au 01.42.17.32.90 de 8h30 à 18h du lundi au vendredi. germanophile. Nul doute qu’ils s’occuper de la vie de la paroisse, sans mélange à me rappeler cette Pour un changement d’adresse ou une suspension vacances, un numéro exclusif : 0 803 022 021 (0,99FTTC/min) l’auraient présentée comme fran- ou même prendre quelques res- année », concluait la souveraine “Le Monde” (USPS=0009729) is published daily for $ 892 per year “Le Monde” 21, bis, rue Claude-Bernard 75242 Paris Cedex 05, France, periodicals postage paid at cophile à un réalisateur français. ponsabilités politiques locales. En avec un sens très britannique de la Champlain N.Y. US, and additionnal mailing offices, POSTMASTER : Send address changes to IMS of N.Y. Box 15-18, Champlain N.Y. 129191518 Pour les abonnements souscrits aux USA : INTERNATIONAL MEDIA SERVICE, Inc. 3330 Pacific Avenue Suite 404 Virginia Beach VA 23-451-2983 USA-Tél. : 800-428-30-03 La reine donne parfois l’impres- guise de fermier, elle a épousé le litote. RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001 / 35 JEUDI 5 AVRIL GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 20.15 Reportage. Schumann. MUSIQUE 14.00 La Truite aa TÉLÉVISION ARTE Un homme en or. Arte Joseph Losey (France, 1982, 105 min) %. Ciné Cinémas 2 21.00 Fertiliser les déserts. Forum 20.25 Notre siècle. 14-18, le prix 19.55 Mozart. Concerto pour violon 19.00 Voyages, voyages. L'Île Maurice. 15.25 Les Désaxés aa 22.00 Conchyliculture, de la victoire. La Chaîne Histoire et orchestre n˚1. Enregistré en 1984. TF 1 19.45 Météo, Arte info. Avec Gidon Kremer, violon. Par John Huston (Etats-Unis, 1961, 20.30 Missions aériennes au Vietnam. 120 min) &. Cinétoile 17.35 Sunset Beach. 20.15 Reportage. Schumann. faire oublier l'Erika. Forum l'Orchestre philharmonique de Vienne, Un homme en or. Reconnaissance aérienne. Planète 16.35 Little Buddha aa 22.55 La Violence à l'école. Treize débats dir. Nikolaus Harnoncourt. Mezzo 18.25 et 1.30 Exclusif. 20.45 Thema. 20.46 Thema. Afrique du Sud, sur la voie Bernardo Bertolucci (Fr. - GB, 1993, 19.05 Le Bigdil. régionaux en simultané. France 3 22.50 Bach. Suite pour violoncelle n˚4 140 min) &. Ciné Cinémas 1 Afrique du Sud, de la réconciliation. Le Long Chemin sur la voie de la réconciliation. 23.00 Muhammad Ali, en mi bémol majeur, BWV 1010. 17.25 La Chatte 20.00 Journal, Tiercé, Météo. pour sortir de la nuit. Arte Enregistré en 1994. 20.40 Du côté de chez vous. 20.46 Le Long Chemin pour sortir Forum aa de la nuit. il était le plus grand. 22.25 Laurent Bourgnon. Planète Avec Mstislav Rostropovitch. Mezzo sur un toit brûlant a Richard Brooks (Etats-Unis, 1958, 20.55 Les Cordier, juge et flic. 22.20 Le Cri de la liberté 23.20 W.E.B. DuBois, le premier 23.45 Stiffelio. Opéra de Verdi. v.o., 110 min) &. Cinétoile Série. Menace sur la ville. Film. Richard Attenborough %. MAGAZINES Par l'Orchestre et les Chœurs aaa 22.45 Made in America 0.55 Corpus Christi. Jean le Baptiste. activiste noir américain. du Royal Opera de Covent Garden, 18.20 La Guerre du feu Fenêtre sur cour. 16.35 Les Écrans du savoir. [1/2]. Planète dir. sir Edward Downes. Jean-Jacques Annaud Téléfilm. Jeff Bleckner. Vive la République ! Solistes : Gwynne Howell, (France - Canada, 23.30 Les Mystères de la grotte 1981, 100 min) %. Ciné Cinémas 3 0.30 Histoires naturelles. M6 Simone Veil, 1971, la loi Veil. José Carreras. Mezzo Histoire de comprendre : 1934, la Nuit aux dauphins. Odyssée 19.15 Reflets dans un œil d'or aaa 17.25 Rintintin junior &. John Huston (Etats-Unis, 1967, & des longs couteaux. La Cinquième 23.45 Histoire de l'esclavage TÉLÉFILMS & FRANCE 2 17.55 Highlander . 105 min) . Cinétoile 18.55 Buffy contre les vampires %. 19.00 Nulle part ailleurs. aux Etats-Unis. [2/2]. 19.30 Beau fixe aa 17.35 Viper. Invitée : Julia Chanel. Canal + Une aube couleur de sang. Histoire 22.05 Dans la gueule du loup. 19.50 I minute. Didier Grousset. Festival Christian Vincent (France, 1992, 18.25 Tutti frutti. 20.50 Envoyé spécial. 0.55 Corpus Christi. 90 min) &. Cinéstar 2 19.54 Le Six Minutes, Météo. 22.45 Fenêtre sur cour. 19.15 Qui est qui ? & Les peines de la honte. Les dégazages Jean le Baptiste. Arte 20.45 Gallipoli aa 19.50 Un gars, une fille. 20.05 Une nounou d'enfer . en mer. Post-scriptum : La femme Jeff Bleckner. TF 1 Peter Weir (Australie, 1981, 20.40 Passé simple. du président. France 2 110 min) &. Cinéfaz 20.00 Journal, Météo, Point route. SPORTS EN DIRECT 23.40 Le Dernier Eté. Invité du journal 20.50 Flag me & 23.00 Comme au cinéma. Claude Goretta. Festival 20.50 La Valse des truands aa M Dominique Voynet. Film. Jacques Santi . Paul Bogart (Etats-Unis, 1969, Invités : Thierry Lhermitte ; Anémone ; 21.05 Football. Coupe de l'UEFA. ème 20.50 Envoyé spécial. 22.50 Carnosaur II Gérard Jugnot. France 2 SÉRIES 100 min). 13 Rue Film. Louis Morneau ?. Demi-finale aller : aaa Les peines de la honte. 0.20 Fréquenstar. Garou. M6 Barcelone - Liverpool. Canal + vert 20.50 Adieu ma concubine Les dégazages en mer. 0.20 Fréquenstar. Garou. 19.20 Hill Street Blues. Il faut savoir Chen Kaige (Chine - Hongkong, 1993, Post-scriptum : 23.15 Golf. Tournoi du Grand Chelem. tout faire &. Monte-Carlo TMC 170 min) &. Téva La femme du président. DOCUMENTAIRES Masters d'Augusta. Canal + vert aaa 20.30 Action. Devine qui vient bosser 21.00 Manhattan 23.00 Comme au cinéma. RADIO % Woody Allen (Etats-Unis, 1979, 1.05 Journal, Météo. 18.30 Le Bourreau DANSE avec nous ? (v.o.). . Canal Jimmy v.o., 95 min) &. Cinétoile 20.40 Buffy contre les vampires. aa de Nuremberg. Planète % 22.05 La Valse de l'empereur FRANCE-CULTURE 18.00 Roméo et Juliette. Billy (v.o.). . Série Club Billy Wilder (Etats-Unis, 1948, FRANCE 3 19.00 Voyages, voyages. Chorégraphie de Kenneth MacMillan. v.o., 105 min) &. Ciné Cinémas 1 20.30 Jacques Lacan : lire les Ecrits. L'Ile Maurice. Arte 20.45 MacGyver. 16.30 MNK, A toi l'actu@. Musique de Serge Prokofiev. Le Chemin de l'enfer. TF 6 21.00 Le Gai Savoir. 19.00 Muhammad Ali, Par le Corps de ballet du théâtre 17.50 C'est pas sorcier. Invité : Gilles Brougière. de la Scala. Avec Alessandra Ferri 22.15 Anne Le Guen. 18.20 Questions pour un champion. au-delà du ring. Planète Du fil à retordre. TV 5 22.12 Multipistes. (Juliette), Angel Corella (Roméo)... 18.50 Le 19-20 de l'information, Météo. 22.30 Surpris par la nuit. 20.00 Les Rues des autres villes. Par l'Orchestre de la Scala, 4.55 Les Soprano. Redécouverte Christian Guez Ricord. Le musicien de Kinshasa. Planète dir. David Garforth. Mezzo La nouvelle ère (v.o.). %. Canal Jimmy 20.15 Tout le sport. 20.25 Tous égaux. 0.05 Du jour au lendemain. Jacques Réda (Le Lit de la reine et 20.55 Soirée spéciale. Accidents de la circulation). La Violence à l'école. 0.40 Chansons dans la nuit. Un prof en enfer (187, code meurtre) Film. Kevin Reynolds %. 22.55 Treize débats régionaux FRANCE-MUSIQUES en simultané. France-Culture France 3 Histoire 23.50 Météo, Soir 3. 20.00 Festival Banlieues bleues. 0.20 Texto. Par le Lee Konitz Quartet, saxophone a alto, avec Ted Brown, saxophone 17.30 A voix nue 22.55 Soirée spéciale : 21.00 Raspoutine et sa cour 0.55 Espace francophone. ténor, Marc Johnson, contrebasse, Nelly Kaplan est, depuis lundi et la violence à l’école Diffusé dans le cadre d’une pro- Joey Baron, batterie, et le Quartette de Patricia Barber, piano et voix, jusqu’à vendredi, l’invitée d’Anice Après la diffusion du film améri- grammation consacrée aux rap- CANAL + avec Michael Arnopol, contrebasse Clément. Scénariste, réalisatrice cain de Kevin Reynolds Un prof en ports Etats-Unis-URSS, Histoire 16.30 La Fausse Suivante a et Tom Hipskind, batterie. & 22.00 Jazz, suivez le thème. (La Fiancée du pirate est son film enfer, France 3 propose une soirée nous fait redécouvrir un film pro- 23.00 Une femme dangereuse aa Film. Benoît Jacquot . Raoul Walsh. Avec George Raft, f 23.00 Le Conversatoire. étendard), romancière, poète, criti- spéciale sur la violence en milieu duit par la MGM en 1932 sur la fin En clair jusqu'à 19.00 Ann Sheridan, Humphrey Bogart 18.00 Les Griffin &. 0.00 Tapage nocturne. que, cette femme aux talents multi- scolaire. Treize débats, accompa- des Romanov et jamais revu (EU, 1940, v.o., 100 min). TCM 23.05 La Grande Bouffe aa 18.30 Nulle part ailleurs. ples, trempés dans l’humour noir, gnés de reportages, seront organi- depuis sa sortie. Le scénario de Marco Ferreri (France, 1973, 20.35 Comportements troublants RADIO CLASSIQUE % ? la subversion et l’amour du langa- sés dans les différentes régions Charles McArthur prenait, certes, 130 min) . Ciné Cinémas 3 Film. David Nutter . 20.40 Les Rendez-vous du soir. 23.50 Cours privé aa 21.55 Football. Coupe de L’UEFA. Interprété par le Quatuor Prazak, ge, égrène quelques-uns de ses selon un système de décrochage pas mal de libertés avec la vérité Pierre Granier-Deferre (France, 1986, Barcelone - Liverpool. Alain Planès, piano. exploits de « flibustière ». Sa paro- déjà utilisé sur les thèmes de la historique. Commencé par Charles 90 min) %. Ciné Cinémas 1 23.40 Sexe intentions Œuvres de Beethoven, Dvorák. % le est nette et son énergie à l’aune sécurité routière ou de la vache Brabin, il fut repris et achevé par 0.40 Aventures en Birmanie aa Film. Roger Kumble (v.o.) . 22.20 Les Rendez-vous du soir (suite). Raoul Walsh (Etats-Unis, 1945, 1.15 Golf. Tournoi du Grand Chelem. Œuvres de Dukas, Ravel, Caplet, de son destin royal. folle. Richard Boleslavsky. 140 min). TCM Master d’Augusta. Debussy.

VENDREDI 6 AVRIL GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 22.00 Italie, la terre tremble. Planète dir. Paul Kletzki. Mezzo 13.10 Petits arrangements TÉLÉVISION LA CINQUIÈME/ARTE 22.00 Les Grandes Batailles. La guerre 21.00 Charles Lloyd and Friends. avec les morts aa 21.00 Astrologie, faut-il y croire ? Forum franco-prussienne. La Chaîne Histoire Jazz à Vienne 1999. Muzzik Pascale Ferran (France, 1994, 13.45 et 18.35 Le Journal de la santé. & 22.00 Savoir et nouvelles 22.25 Rafting dans 22.30 Kenny Werner Trio. 105 min) . Cinéstar 1 TF 1 14.05 La Maladie n˚9. Jazz à Vienne 1998. Muzzik 13.40 Le Chagrin et la Pitié : 14.35 Questions d'enfants. technologies. Forum le Grand Canyon. Odyssée 13.55 Les Feux de l'amour. 23.45 Rigoletto. Opéra de Verdi. Le Choix aaa 15.30 Jangal. Pour l'amour de l'Annapurna. 23.00 Faisons vivre 14.50 Crashs en série. 22.30 Des astres dans l'histoire. Planète Par l'Orchestre philharmonique Marcel Ophüls (Fr.-Sui.-All., Téléfilm. Mario Azzopardi. 16.00 Consommateurs, si vous saviez. et le Chœur de l'Opéra de Vienne, les natures mortes. Forum 22.30 Dossiers classés. 1971, 135 min). Festival 16.40 Les Dessous de Palm Beach. 16.35 Les Ecrans du savoir. ème dir. Riccardo Chailly. Mezzo aa e Lizzie Borden. 13 RUE 14.35 Land and Freedom 17.35 Sunset Beach. 17.35 100 % question 2 génération. MAGAZINES 0.05 Tribute to Tom Jobim. Ken Loach (GB - Esp. - All., 1994, 23.05 Les Secrets de la Méditerranée. Enregistré en octobre 1993. % 18.25 et 1.45 Exclusif. 18.05 Le Monde des animaux. [2/9]. Les îles Medes. Odyssée 110 min) . Ciné Cinémas 2 16.35 Les Écrans du savoir. La Cinquième Avec Herbie Hancock ; Ron Carter ; 19.05 Le Bigdil. 18.55 Météo. 23.20 Les Rues des autres villes. [1/3]. Shirley Horn ; Jon Hendricks ; 20.00 Journal, Météo, Trafic infos. 19.00 Tracks. 17.00 Les Lumières du music-hall. Le musicien de Kinshasa. Planète Alex Acuna ; Gonzalo Rubalcaba ; Colette Renard. Dave. Paris Première Gal Costa ; Joe Henderson. Muzzik 20.55 Drôles de petits champions. 19.45 Météo, Arte info. 23.45 Les Créatures 23.15 Sans aucun doute. 20.15 Reportage. 19.00 Tracks. Dream : Tuxedomoon. Bucarest livrée aux chiens. Backstage : Ruski hip-hop. de l'Amazonie. Odyssée TÉLÉFILMS 1.00 Les Coups d'humour. Vibrations : Bangalore. Arte 20.45 Maria la maléfique. 23.55 Missions aériennes au Vietnam. Téléfilm. Tom Tykwer. 19.00 Nulle part ailleurs. Reconnaissance aérienne. Planète 17.55 Dans la gueule du loup. FRANCE 2 Didier Grousset. Festival 22.30 Grand format. Invités : Virginie Ledoyen ; 0.15 Les Brûlures de l'Histoire. & Inventaire d'amour. Nick Cave. Canal + 13 mai 1958. La Chaîne Histoire 18.15 La Marche de Radetzky. 13.50 Derrick . Axel Corti [2/2]. &. Histoire 15.55 Planque et caméra. 23.59 Gaston's War 20.40 Thalassa. A Bombay. France 3 0.35 Le Musée d'Orsay. & Film. Robbe De Hert (v.o.). [3/6]. L'art et la ville. Histoire 19.00 Changement de cap. 16.05 En quête de preuves . 21.00 Recto Verso. Patrick Malakian. &. CinéCinémas 17.00 Des chiffres et des lettres. Virginie Ledoyen. Paris Première M6 SPORTS EN DIRECT 19.00 D'étranges voisins. 17.35 Viper. 21.00 Lucy, Ramsès et Cie. Rusty Cundieff. Disney Channel 18.25 Tutti frutti. 13.35 Séduction rapprochée. Repère : l'archétype néandertalien. 15.00 et 20.30 Curling. 20.45 Maria la maléfique. 19.15 Qui est qui ? Téléfilm. Roger Spottiswoode &. Focus : le lac de Chalain, dans le Jura. & Le dossier du mois : le cheval. Championnats du monde Tom Tykwer. Arte 19.50 Un gars, une fille. 15.20 Les Routes du paradis . Focus : les mastodontes de Simorre. (demi-finales dames). Eurosport 20.45 Amour piégé. 20.00 Journal, Météo, Point route. 16.20 M comme musique. & Patrimoine sans frontière. Histoire 15.00 Tennis. Coupe Davis. Jeffrey Woolnaugh. RTL 9 20.50 Maigret. 17.25 Rintintin junior . 22.35 Bouillon de culture. Quart de finale : Suisse - France 15.35 Paris nous appartient aa L'Inspecteur Cadavre &. 17.55 Highlander &. (les deux premiers simples). France 3 21.05 La Course en fête. Moralement incorrect. Daniel Losset. Festival Jacques Rivette. 22.30 Bouche à oreille. 18.55 Buffy contre les vampires %. Avec Betty Schneider, Invités : Christine Arnothy ; 20.45 Football. Championnat D 1 : 22.40 La Taupe. 22.35 Bouillon de culture. 19.50 I-minute. Jacques Henric ; Catherine Millet ; Lille - Bordeaux. Canal + Gianni Esposito (France, 1958, Moralement incorrect. Siné ; Bernard Dufour. France 2 Françoise Decaux-Thomelet. Festival 130 min) &. Ciné Classics 19.54 Le Six Minutes, Météo. 22.10 Golf. Tournoi du Grand Chelem. 23.55 Journal, Météo. & 23.40 Top model pour cible. 16.15 La Guerre du feu aaa 20.05 Une nounou d'enfer . 23.15 Sans aucun doute. Masters d'Augusta. Canal + vert ? 0.25 Histoires courtes. Les violences conjugales. TF 1 Ellen Earnshaw. . TF 6 Jean-Jacques Annaud (Fr.- Can., & 20.40 Cinésix. 1981, 100 min) %. Ciné Cinémas 1 Le Mal du pays. Laurent Bachet . 20.50 Stargate SG-1. 23.20 On ne peut pas plaire DANSE 0.10 Les Compagnons de Baal. 0.55 Mezzo l'info. Pierre Prévert. [1/3]. Festival 16.30 The Snapper aa Expérimentation hasardeuse &. 1.05 Envoyé spécial. 21.45 Destins croisés &. à tout le monde. France 3 21.00 Casse-Noisette Circus. Stephen Frears (GB, 1992, 23.30 Si j'ose écrire. 95 min) &. Cinéfaz 22.35 Sliders, les mondes parallèles. Chorégraphie de J.-C. Maillot. SÉRIES Un monde endetté &. Avec Thomas Gunzig ; Corinne Hoex ; Musique de Tchaïkovski. FRANCE 3 23.25 Un monde de stress &. Michel Lambert. RTBF 1 Par les ballets de Monte-Carlo. 17.35 Viper. Patate chaude. France 2 Avec Nathalie Léger (Marie), 13.55 C'est mon choix. 0.15 The Practice, Donnell & associés. 18.55 Buffy contre les vampires. Serment &. Francesco Nappa (Fritz). Mezzo % 15.00 Tennis. Coupe Davis. DOCUMENTAIRES [1/2]. Acathla . M6 1.00 M comme musique. 22.30 Coppélia. Suissse - France. 19.20 Hill Street Blues. On n'y voit 16.35 MNK, A toi l'actu@. 17.00 Le Grand Livre Chorégraphie de Maguy Marin. que du bleu &. Monte-Carlo TMC de l'Histoire de France. Musique de Léo Delibes. 17.50 C'est pas sorcier. Avec Maria Brown (Coppélia), 20.00 La Vie à cinq. 18.20 Questions pour un champion. RADIO Napoléon III. La Chaîne Histoire Les cicatrices du passé. &. Téva 17.15 Grands voyages du passé. Nerses Boyadjian (Coppélius)... 18.50 Le 19-20 de l'information, Météo. Par l'Orchestre de l'Opéra de Lyon, 20.40 Farscape. 20.20 Mezrahi et ses amis. FRANCE-CULTURE Le voyage de Sindbad. Planète dir. Kent Nagano. Mezzo Le pouvoir de la pierre. Série Club 20.40 Thalassa. 17.25 Les Enquêtes 20.50 Stargate SG-1. 20.30 Black & Blue. A Bombay. Le Royal Yacht Club. Les dix commandements. 6. du National Geographic. MUSIQUE Expérimentation hasardeuse &. Sassoon Dock. Le port du coton. Voyage au fond Destins croisés. &. M6 Capitaine Appoo. Un dimanche 21.30 Cultures d'islam. de la terre. Monte-Carlo TMC 17.00 Marie Devellereau, soprano, 20.50 New York District. à Juhu Beach. Le festival de Ganesh. Invité : Gérard-Georges Lemaire. 18.00 La Grande Dépression. et Alexandre Tharaud, piano. Déclaration de guerre. 22.00 Faut pas rêver. 22.12 Multipistes. ème Le raz de marée. La Chaîne Histoire Louvre, 3 juin 1999. Muzzik Don d'organe. 13 RUE 23.00 Météo, Soir 3. 22.30 Surpris par la nuit. L'œil menacé. 18.05 Le Monde des animaux. 17.30 Liszt. Méphisto-Valse. 20.50 Maigret. 23.20 On ne peut pas plaire 0.05 Du jour au lendemain. L'Inspecteur Cadavre. &. France 2 Lorand Gaspar Les Guerriers Enregistré à La Villette, en 1999. à tout le monde. (Patmos et autres poèmes). Avec Alain Marinaro, piano. Mezzo 20.30 Les Hors-la-loi du mariage aa de l'arc-en-ciel. La Cinquième 22.15 Alien Nation. 1.10 La Vipère noire. 0.40 Chansons dans la nuit. 18.00 Une soirée avec Placido Domingo. The Takeover &. Série Club Valentino Orsini, Paolo Taviani La chasse aux sorcières. 18.30 L'Actors Studio. et Vittorio Taviani. Sharon Stone. Paris Première Wembley, le 21 juin 1987. 22.25 Dharma & Greg. Avec Annie Girardot, FRANCE-MUSIQUES 18.35 Le Cinéma des effets spéciaux. Avec Placido Domingo ; Marta Senn ; Love, Honor & Ole ! (v.o.). &. Téva Ugo Tognazzi (It., 1963, CANAL + Eduard Tomagian. Par the English v.o., 100 min) &. Ciné Classics [7/13]. CinéCinémas Chamber Orchestra, 22.50 Ally McBeal. 20.05 Concert franco-allemand. & aaa 13.45 Mon ami Joe Par l'Orchestre symphonique 19.00 Biographie. dir. Eugene Kohn. Muzzik Two's a Crowd (v.o.). . Téva 21.00 African Queen Film. Ron Underwood &. John Huston (Etats-Unis, 1951, de la Radio de Francfort, Ramsès le Grand. La Chaîne Histoire 23.35 Tekwar. La musique 15.40 Sexe intentions 19.30 Gil Evans and His Orchestra. ème v.o., 105 min) &. Cinétoile dir. Paavo Järvi. Œuvres de Sumera, 20.15 Reportage. Enregistré en 1983. Muzzik adoucit les mœurs. 13 RUE Film. Roger Kumble %. Chostakovitch, Prokofiev. Bucarest livrée aux chiens. Arte 0.15 The Practice. Serment. &. M6 21.00 Elle court, elle court, 17.15 Mickro ciné. 19.30 Classic Archive. aa 22.30 Alla breve. Œuvre de Donato. 20.35 Les Mystères de la Bible. [1/3]. Enregistré à Paris, en 1964 et 1958. 1.45 Two Fat Ladies. la banlieue f En clair jusqu'à 20.15 22.45 Jazz-club. Le quintette de Zool Gérard Pirès (France, 1972, Qui a écrit la Bible ? Chaîne Histoire Par l'Orchestre national de la RTF, Les avocats (v.o.). &. Canal Jimmy & 18.00 Downtown &. Fleischer, piano, avec Denis Leloup, 95 min) . Cinéfaz trombone, Olivier Ker Ourio, 22.35 Mac aa 18.30 Nulle part ailleurs. harmonica, Stéphane Kerecki, John Turturro (Etats-Unis, 1992, 20.15 Football. contrebasse et Daniel 115 min) &. Cinéfaz Championnat de France D 1. Garcia-Bruno, batterie. aa Lille - Bordeaux. 22.45 Cours privé 20.45 Coup d’envoi. Pierre Granier-Deferre (France, 1986, RADIO CLASSIQUE % En direct du stade 90 min) . Ciné Cinémas 2 de Grimonprez - Jooris. Arte France 3 Arte aa a 20.40 Les Rendez-vous du soir. 23.20 La Rivière 22.50 Le Treizième Guerrier Jean-Sébastien Bach à Weimar. Mark Rydell (Etats-Unis, 1984, Film. John McTiernan ?. % Œuvres de Bach, Walther, Pisendel, 20.45 Maria la maléfique 20.40 Thalassa 22.30 Inventaire d’amour v.o., 120 min) . Ciné Cinémas 3 0.30 Stick. Spécial Fespaco. Klagen, Sorgen, Bonporti, Vivaldi, Après Les Rêveurs et Epilogue,un Le magazine de Georges Pernoud Le décès de leur père, immigré rou- 23.30 Poil de Carotte aaa A travers le miroir. Bach, Telemann. ! court-métrage, Arte programme se rend ce soir à Bombay, offrant main rescapé de la Shoah, pousse Julien Duvivier (France, 1932, Mohamed Ulad-Mohand . 22.45 Les Rendez-vous du soir (suite). 90 min) &. Cinétoile 1.00 Golf. Tournoi du Grand Chelem. Œuvres de Rubinstein, un troisième film du jeune réalisa- une série de reportages sur cette une famille de Tel-Aviv à replon- 23.30 Les Nerfs à vif a Masters d’Augusta. Tchaïkovski, Prokofiev. teur allemand Tom Tykwer. Ils doi- mégalopole aux grandes dimen- ger dans son passé, à se mettre en Martin Scorsese (EU, 1991, v.o., 125 min) ?. Ciné Cinémas 1 vent tous beaucoup à Simenon et sions culturelles et économiques : quête d’une sœur décédée à la 0.30 Les Trois Visages SIGNIFICATION DES SYMBOLES à Maupassant, la réalisation ner- le Royal Yacht-Club, legs des Bri- naissance, l’incitant à aller très de la peur aa Les codes du CSA Les cotes des films veuse et le suspense en plus. Pre- tanniques, les activités cotonniè- loin sur les rails de son aventure Mario Bava (It. - Fr., 1963, & Tous publics aaa On peut voir mier de ses longs-métrages, Maria res – et séculaires – de la ville, les familiale. Malentendus, manques, v.o., 90 min) ?. Cinéfaz % Accord parental souhaitable a aa A ne pas manquer aa ? aaa la maléfique a, quant à lui, été pri- loisirs à la plage des habitants (à fragilités surgissent parallèlement 0.45 La lumière qui s'éteint Accord parental indispensable Chef-d’œuvre ou classique William A Wellman (EU, 1939, ? Les symboles spéciaux de Canal + & ou interdit aux moins de 12 ans mé plusieurs fois en Allemagne et Juhu Beach) et le Festival de à l’investigation de ce clan. Ce v.o., 100 min) . Ciné Classics ! Public adulte DD Dernière diffusion a notamment reçu le Prix de la criti- Ganesh, qui dure dix jours en sep- documentaire a reçu le Grand Prix 1.45 Les Keufs aa ? Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour Josiane Balasko (France, # Interdit aux moins de 18 ans les sourds et malentendants que au Festival de Berlin. tembre. du Festival de Jérusalem 2000. 1987, 90 min) &. Cinéstar 2 36

VENDREDI 6 AVRIL 2001 Le gouvernement signe un accord tarifaire Nouvelle journée D’amour tendre ! de grève sur fond par Pierre Georges pour réduire la tension dans les cliniques AU PETIT BONHEUR des statues. Ah qui dira jamais la de négociations trouvailles. Très pigeon vole ce passion dévorante du pigeon matin. Parlons justement de ce pour la statuaire et les perchoirs 150 milliards pour les honoraires des professions de santé en 2001 à la SNCF volatile, cet infâme volatile, rou- de bronze ! coulant, polluant, fientant, et Bref, en banlieue, comme LES PROFESSIONNELS de san- allure sans que le gouvernement dication du secteur : l’accueil des POUR la huitième journée postillonnant ses virus comme ailleurs, il fallut faire quelque té s’interrogeaient depuis plu- – pris dans l’euphorie de la crois- urgences. L’accord prévoit l’ouver- consécutive, la circulation était per- aphteux ! chose. Mais quoi ? L’éradication sieurs semaines avec une impatien- sance – prenne de mesures correc- ture d’un centre d’urgences classi- turbée, jeudi 5 avril, en début de Ah les sales bêtes ! Revendi- par le poison, petit, petit, petit ? ce mêlée d’inquiétude : de quelle trices. En installant une mission de que, de 9 centres spécialisés et de matinée sur le réseau SNCF. Ce quant ici le droit absolu et unila- Impensable ! Par le plomb et le enveloppe bénéficieraient-ils, en concertation sur la médecine de vil- 85 centres de proximité dans des nouvel arrêt de travail devrait être téral à haïr cette engeance feu, le feu du plomb ? Inimagina- 2001, pour leurs honoraires ? La le, début février, Elisabeth Guigou établissements qui avaient reçu encore plus pénalisant que les pré- columbiforme, ce n’est pas sans ble et dangereux ! Par une sour- réponse est tombée, mercredi a pris acte de l’échec des sanctions l’agrément l’an dernier (207 mil- cédents pour les usagers, car la une manière de hoquet furibard noise strangulation, suivie d’une 4 avril, du ministère de l’emploi et financières collectives mises en pla- lions). CGT et la CFDT, les deux premiè- et indigné qu’on a lu ce qu’on a cuisson à l’étouffée, façon lar- de la solidarité. Ce sera 149,9 mil- ce par Alain Juppé, et reprises par Mme Guigou souhaite que ces res organisations syndicales de l’en- lu ce matin. A savoir, dans dons et petits pois vert anglais ? liards de francs, soit 9,5 milliards Lionel Jospin. augmentations débloquent des treprise, ont déposé des préavis de l’AFP, cette information, essen- Immangeable ! de plus qu’en 2000. C’est dans ce négociations salariales dans l’im- grève nationaux, ce qui n’était pas tielle pour la proximité, d’une C’est que le pigeon des villes a cadre financier que la Caisse natio- JOURNÉE D’ACTION LE 9 AVRIL passe. S’il reconnaît que le gouver- le cas les jours précédents. Jeudi vaste et coûteuse opération sté- une double armure. Un, il est nale d’assurance-maladie (CNAM) La ministre de la solidarité a sou- nement a fait un geste, le prési- matin, l’ensemble des syndicats rilisation de ladite engeance imbouffable. Deux, il a des amis, devra négocier des accords tarifai- ligné, mercredi, sa « volonté dent de la FIEHP, Max Ponseiller, devaient rencontrer la direction au dans les banlieues. dont le cœur saignerait à la res profession par profession d’aboutir à un système de régula- juge qu’il n’est « pas à la hauteur cours d’une nouvelle table ronde. Car, à ce qu’il paraît, l’espèce moindre tentative de nettoyage (généralistes, spécialistes, infirmiè- tion plus efficace et mieux accep- des enjeux » et que l’écart reste Quatre sujets principaux devaient y prospère, y embellit, y prolifè- par le vide, façon Tontons flin- res libérales, etc.). La CNAM doit té ». En attendant, Mme Guigou et « considérable » entre les tarifs du être abordés : les salaires, les effec- re. Normal. A ce que l’on croit gueurs. Une seule solution se prononcer, le 10 avril, sur cet Bernard Kouchner, ministre délé- public et ceux du privé. Ces 2,3 % tifs, la réorganisation de l’entrepri- savoir, les pigeons s’aiment donc, le contrôle chirurgical de « objectif de dépense délégué » gué à la santé, ont signé le même ne permettront sans doute pas de se et les moyens matériels. d’amour tendre. Et cela ne va l’espèce par stérilisation. (ODD). jour un accord avec les fédérations répondre aux revendications des Compte tenu de ces appels natio- pas sans conséquences. Si l’on Donc avec l’aide de la SPA, L’« ODD » ne constitue qu’une de cliniques (FIEHP, UHP, infirmières des 3 000 cliniques. Cer- naux, la SNCF prévoit une situa- osait cette métaphore, nourrie l’opération castration du pigeon partie de l’objectif national des FEHAP). Cet accord prévoit une taines ont annoncé, pour le 9 avril, tion difficile en Ile-de-France ainsi par l’insomnie consécutive aux a débuté. Rien de plus simple. Il dépenses d’assurance-maladie, revalorisation générale de 2,3 % le une journée « cliniques mortes » que sur le TGV, les grandes lignes, roucoulades-bêlements sous les faut attraper l’oiseau. L’endor- fixé par le gouvernement et le Par- 1er mai (+ 600 millions de francs afin de protester contre l’écart de et les trains régionaux. toits, le pigeon nous paraît mir. L’opérer, dix minutes à pei- lement à 693,3 milliards de francs par rapport à 2000), à laquelle rémunération de 10 à 20 % (jus- Lire aussi notre éditorial page 18 même un assez chaud lapin. ne. Le baguer pour dire son état pour 2001 (34,9 milliards de plus s’ajoutent des mesures ciblées. Au qu’à 2 000 francs) en faveur de Donc, il se multiplie au falla- désormais, ou plutôt son hors- qu’en 2000). L’essentiel des dépen- moment où le mouvement des leurs collègues du public, qui expli- e Renseignements : 08-36-67-68-69, cieux prétexte que sa séduction état d’engendrer. Et le relâcher. ses (hôpitaux, cliniques, médica- sages-femmes se durçit, l’obstétri- que le départ de nombre d’entre 3615 SNCF (www.sncf.com). est immense. Sa fidélité digne Le tout pour la modique somme ments, médico-social) est, en que bénéficiera de 100 millions elles vers l’hôpital. Pour l’Ile-de-France : 08-00-15-24-24 d’éloges. Et son décolleté, gorge- de 20 francs pièce ! effet, directement géré par l’Etat. supplémentaires (+ 8 %). Il prend (http ://idf.sncf.fr). de-pigeon, irrésistible. Maire 20 francs par pigeon, 20 francs Depuis trois ans, elles filent à vive aussi en compte une vieille reven- Jean-Michel Bezat nouveau ou maire ancien, d’en jetés littéralement par les fenê- bas comme d’en haut, tout édile tres et les toits ! Ah la fureur urbain a eu ou aura un jour à nous submerge, l’indignation affronter cet insoluble problè- nous emporte. Tout cela pour me de la prolifération de l’espè- cette engeance et tout ce que ce. Cela fait partie de la gran- l’on pourrait faire, au même deur et servitude du mandat. prix, pour des pigeons humains, Car le pigeon du genre urbain affamés et malades. n’a pas d’autre parti que celui Halte à la stérilisation des du haut. Il aime les édifices pigeons ! Halte aux émois somp- publics. Tout monument lui est tuaires et dispendieux des amis perchoir. Toute église bénédic- des roucouleurs ! Les pigeons tion. Toute mairie, perchoir. Il comme les autres. Décimés ! Au pollue, conchie et constitue l’ad- bûcher. A la fosse commune. versaire et en même temps l’al- Bon d’accord moutons, vaches, lié absolu, l’agent des ravaleurs porcs ne volent pas. Et alors ! de façades et de clochers et de Est-ce leur faute ? Aung San Suu Kyi a pu rencontrer l’envoyé de l’ONU en Birmanie LE RAPPORTEUR SPÉCIAL DE L’ONU sur les droits de l’homme en Bir- manie, le Brésilien Paulo Sergio Pinheiro, a pu rencontrer jeudi matin 5 avril, à Rangoun, la figure de proue de l’opposition démocratique à la junte militaire birmane, Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la paix 1991, assignée à résidence depuis septembre. La veille, le rapporteur avait vu des cadres du parti de Mme Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocra- tie. Du côté du régime militaire, il s’est notamment entretenu avec le chef de la diplomatie, Win Aung, et avec le numéro trois du régime, le général Khin Nyunt. La rencontre avec Mme Suu Kyi signale l’améliora- tion des relations entre Rangoun et la communauté internationale, dans un contexte marqué depuis six mois par la reprise d’un dialogue entre la junte et la dirigeante du mouvement démocratique. –(AFP.) DÉPÊCHES a DIPLOMATIE : la question de l’établissement de relations diplo- matiques entre la France et la Corée du Nord a été abordée, mercredi 4 avril au Quai d’Orsay, lors d’entretiens avec le vice-ministre nord- coréen des affaires étrangères, Choe Su-Hon. Toute réponse à ce sujet est pour l’heure prématurée, a précisé un porte-parole du ministère fran- çais des affaires étrangères. Les échanges ont aussi porté sur le program- me nucléaire de Pyongyang, la situation des droits de l’homme et la poli- tique de réconciliation des deux Corées. « Cette rencontre s’inscrit dans le cadre du dialogue politique établi en novembre 2000, lors de la visite à Pyongyang du directeur Asie du ministère des affaires étrangères, alors chef de la troïka européenne », a-t-on commenté au Quai d’Orsay. – (Reuters.) a ÉTATS-UNIS : le président George W. Bush a subi un revers au Sénat sur son projet de baisse des impôts de 1 600 milliards de dollars sur dix ans, trois sénateurs républicains se joignant aux démocrates lors d’un vote qui visait à en redistribuer une partie (447 milliards de dollars). Un vote était attendu à la fin de la semaine sur cette résolution, qui n’a pas de caractère contraignant mais fixe les priorités économiques de l’ad- ministration.– (AFP.) a GRÈCE : deux engins de fabrication artisanale ont explosé dans la nuit du mercredi 4 au jeudi 5 avril devant deux succursales de banques étrangères faisant seulement des dégâts matériels. Ces deux attentats ont été revendiqués jeudi à l’aube dans un appel téléphonique anonyme à un quotidien grec par les « groupes anarchiques d’attaque » qui appar- tiendraient, selon la police, à la nébuleuse anarchisante.– (AFP.) a BASKET-BALL : il n’y aura qu’une seule Ligue européenne des champions lors de la saison 2001-2002, ont annoncé, mercredi 4 avril, à Munich, la Fédération internationale de basket-ball et l’Union des ligues européennes de basket-ball (ULEB). Cette dernière avait organisé, cette année, une compétition dissidente, l’Euroligue, qui rassemblait la plu- part des grands clubs espagnols, italiens et grecs. a LOTO : résultats des tirages no 27 effectués mercredi 4 avril. Pre- mier tirage : 16, 23, 33, 39, 40, 47 ; numéro complémentaire : 3. Pas de gagnant pour 6 numéros. Rapports pour 5 numéros et le complémentai- re : 554 160 F (84 481 ¤) ; 5 numéros : 7 490 F (1 141 ¤) ; 4 numéros et le complémentaire : 358 F (54,57 ¤) ; 4 numéros : 179 F (27,28 ¤) ; 3 numé- ros et le complémentaire : 36 F (5,48 ¤) ; 3 numéros : 18 F (2,74 ¤). Second tirage : 2, 9, 16, 42, 43, 49 ; numéro complémentaire : 39. Rap- ports pour 6 numéros : 15 048 850 F (2 294 182 ¤) ; 5 numéros et le com- plémentaire : 192 165 F (29 295 ¤) ; 5 numéros : 6 580 F (1 003 ¤) ; 4 numéros et le complémentaire : 316 F (48,17 ¤) ; 4 numéros : 158 F (24,08 ¤) ; 3 numéros et le complémentaire : 30 F (4,57 ¤) ; 3 numéros : 15 F (2,28 ¤).

Tirage du Monde daté jeudi 5 avril 2001 : 521 603 exemplaires. 1-3 VENDREDI 6 AVRIL 2001

CORPS ET ÂGE, « TOUT ENTIER ART » INÉLUCTABLEMENT VENDREDI 6 AVRIL 2001 Philippe Sollers continue PORTRAIT DE GROUPE MAIGRET ENVOYÉ SPÉCIAL SÉLECTION AVEC TOUCHES DE BRUN Les reportages autour du monde, dans La liste des livres Tableau d’une petite bourgade allemande les années 1930 et 1940, de Georges Simenon : de poche parus La chronique de Roger-Pol Droit sa « guerre du goût » au pendant la guerre, par Siegfried Lenz p. III le moment présent sur le vif p. X en mars p. XIII à XVI page VI moment même où paraît un premier essai biographique PIERRE MERTENS L’INDE qui permet de (re)lire sous un Le Feuilleton VÉRONIQUE OLMI À VILLENEUVE-SUR-LOT nouveau jour l’odyssée LE MONDE DES POCHES de Pierre Lepape page II page III pages IV et V sollersienne page VII Un supplément de 16 pages Les infortunes de Marianne

révolutionnaire, puis patriotique ou affadi le message, retrouva ainsi à la de l’adresse fiscale du top model hiératisme des statues érigées par la républicain, est enfin devenu aussi Libération une faveur éphémère, Maurice Agulhon illustra presque aussitôt la fragilité IIIe République triomphante… simplement national. que l’historien Maurice Agulhon ana- du procédé, déjà dénoncé lorsque Enjeu symbolique qui divisa l’opi- La contre-révolution menée par lyse aujourd’hui. achève sa trilogie Brigitte Bardot fut poursuivie devant nion, autorisa toutes les héroïsations Vichy, qui visa expressément à abolir Apportant cette dernière contribu- les tribunaux pour des propos sus- comme tous les détournements, la la République et à abattre ses symbo- tion à un chantier qu’il a ouvert dès sur l’« imagerie pectés de racisme et de xénophobie figure de Marianne semble désor- les, ne l’a pas emporté. Aisément éra- 1973 par un article paru dans Anna- – ce qui est pour le moins fâcheux mais usée. Et si le dessin ou la carica- veuglée par la lumière diquée sur les émissions philatéli- les ESC (1), et dont les deux volets et la symbolique quand on incarne la République… ture de presse (d’Effel à Faizant ou retrouvée, elle tient son bras droit ques et monétaires, où l’allégorie précédents, Marianne au combat républicaines » Mais la dérive vers cette starisa- Plantu) lui conservent une authenti- Areplié, la main sur le front, silhouette anonyme et abstraite d’un Etat répu- (1979) et Marianne au pouvoir (1989) tion ambiguë est-elle fortuite ? Agul- que popularité, l’Etat républicain pâle et fragile qui porte les stigmates blicain s’accommodait d’un visage que Flammarion s’apprête à rééditer hon pointe justement le recul de semble s’en détacher. des années de malheur. Cette France de déesse tutélaire – elle est rempla- (2), ont été complétés depuis, bicen- en retraçant la lente Marianne depuis l’origine de la Il était nécessaire que l’historien qui s’éveille, telle que la voit l’affichis- tenaire du régime obli- Ve République, analysant les choix, en évalue les conséquences. Et qui, te Paul Colin, le 17 août 1944, c’est ge, par un judicieux usure d’une allégorie tous inédits, du médaillier présiden- mieux que Maurice Agulhon, dont la aussi Marianne, incarnation de la Philippe-Jean Catinchi volume illustré (3), Mau- tiel depuis l’avènement de Charles conscience républicaine est exem- République, comme le trahit le rou- rice Agulhon a promise au musée de Gaulle. Le primat donné à l’Etat, plaire, aurait pu donner à compren- ge du bonnet phrygien, éclat vif cée par l’effigie du Maréchal, qui conscience d’écrire là une « histoire la dimension particulière conférée dre sur la longue durée l’idée qui d’une palette sobre. rejoue la confiscation qu’opéra en au second degré ». S’attachant à se clore », l’auteur privilégie l’exposé par le nouveau régime au président symbolisa un pays sans armoiries ? Telle une revenante, elle s’impose 1851 le prince-président Louis-Napo- l’« idée » que l’on se fit de la Républi- pédagogique. Aussi ouvre-t-il l’ulti- – et renforcée par l’adoption de son à l’heure de la restauration démo- léon Bonaparte, bourreau de la que française à travers ses représen- me volet de cette passionnante élection au suffrage universel dès (1) « Esquisse pour une archéologie de cratique, portée par une ferveur IIe République –, Marianne a mieux tations plutôt qu’à ses batailles ou à enquête sur « l’imagerie et la symboli- 1962 – ont fait reculer la figure de la République. L’allégorie civique fémi- nouvelle, comme régénérée par résisté dans les mairies, voire sur les ses œuvres, l’historien connaît les que républicaines » par une sorte de Marianne, jusqu’à l’infantiliser lors- nine » (janvier-février1973, pp. 5-34) l’épreuve. Il est vrai que l’allégorie places publiques, où le prétexte de la limites d’une entreprise où le résumé des chapitres précédents, qu’elle prend, vision recomposée (2) En librairie le 17 avril. symbolique, qui divisa tout au long « récupération de métaux non fer- dépouillement systématique de la reconnaissant, avec une lucidité qui d’une Bardot gamine, les traits d’une (3) Marianne. Les visages de la Républi- du XIXe siècle les milieux politiques, reux » servit à épurer l’imagerie documentation est sinon impossi- sied à sa modestie, la relative confi- fillette de sept ans qui cherche la pro- que, cosigné par Maurice Agulhon et avait fini par s’assoupir, vieillissant nationale. Il est vrai que la présence ble, au moins loin d’être achevé. dentialité de la réception des deux tection paternelle d’un général hors Pierre Bonte (Gallimard, « Découver- tranquillement depuis que gens de du buste n’ayant rien d’obligatoire, Qu’importe ! C’est la démarche intel- premiers volets. Il importait pour- champ, mais dont la main galonnée tes », 1992). droite comme de gauche la récupè- l’interdire n’aurait guère eu de sens. lectuelle qui compte et la leçon criti- tant d’établir un premier bilan d’un donne l’échelle gigantesque. Cette rent sans dommage, chacun à sa Déplacée, sinon brisée, l’effigie, dont que qui l’accompagne. Convaincu chantier naturellement toujours affiche de Mmes Lefor et Openo, réali- LES MÉTAMORPHOSES façon, dans une optique où l’idéal la longue pratique républicaine avait qu’ « un cycle d’histoire est en train de ouvert. sée pour la campagne présidentielle DE MARIANNE L’image de Marianne a récem- de 1965, joue aussi de l’ambivalence L’imagerie et la symbolique ment connu de si nombreuses méta- du V, symbole d’une victoire qui républicaines de 1914 morphoses qu’elle s’est inexorable- recoupe la majuscule latine qui dési- à nos jours ment affaiblie. Au risque de ne plus gne la « Cinquième ». On cherche en de Maurice Agulhon. paraître porter la force allégorique vain la majesté de déesse de l’allégo- Flammarion, 320 p., qui fit sa légitimité. rie figurant le sceau de l’Etat ou le 159 F (24,24 ¤). Déjà le recours toujours plus fré- quent à l’affranchissement par machine comme l’émission de tim- bres commémoratifs au tarif usuel battaient en brèche l’autorité d’une Marianne péniblement restaurée après la parenthèse de la Sabine de David, adoptée sous Giscard d’Es- taing, et la Liberté, reprise de Delacroix, qui la remplaça sous Mit- terrand. Le prochain passage à l’euro s’apprête à l’exclure des représenta- tions monétaires, où les frappes com- mémoratives contestent depuis deux décennies son hégémonie, pour ne rien dire de l’élection mascu- line du Génie de la liberté, adopté sur la pièce de 10 F. Il n’est guère que dans les mairies que l’allégorie civi- que se maintient, familière, aimable et consensuelle. Trop peut-être, puis- que, en devenant un emblème mieux inscrit dans le paysage local que dans celui de l’Etat souverain, elle perd de cette légitimité qui échappe aux transferts, sympathi- ques mais contestables, donc dange- reux en terme de symbole, sur les « héroïnes » du moment. Maurice Agulhon concluait son étude lorsque éclata l’« affaire Laeti- tia Casta ». Désignée par l’Associa- tion des maires de France comme modèle de la « Marianne de l’an 2000 », la jeune mannequin n’était que la nouvelle illustration d’une ten- dance apparue avec la Ve Républi- que, où le charme et la dimension jugée représentative d’actrices ou de chanteuses (Brigitte Bardot, avant Mireille Mathieu ou Catherine Deneuve) les désignaient pour don- ner leurs traits à une Marianne trop usée. Forcément éphémère, l’image séduisante d’une jeunesse rayonnan- te n’est pas sans danger. Comment garantir que le modèle ne « faillira » pas face à la mission d’exemplarité qui lui incombe ? Le vif débat autour ALAIN GESGON/CIRIP II / LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001 le feuilleton

de Pierre Lepape b au verbe. Il ne vit rien qu’il ne verbalise. Et il n’éprouve PERASMA ni retenue ni honte à devenir verbeux. Rien ne lui arri- de Pierre Mertens. ve qu’il ne nomme ; même le silence, même le vide Seuil, 584 p., 147 F (22,41 ¤). n’existent que par les discours qui les cernent. Un lec- teur pressé (cela ne devrait pas exister) pourra repro- crire un roman d’amour est forcément une cher à Pierre Mertens d’avoir écrit un livre si gros pour gageure. Entendez : un vrai roman d’amour une histoire si courte en péripéties, fussent-elles psy- sans piège ni double fond. Un homme, une L’amour chologiques. C’est simplement qu’il fallait ce flot femme, leur rencontre, leur passion, leur rup- bavard, cette parole qui revient sans cesse sur elle- Eture, le tout sur près de six cents pages, et rien d’autre. même, se sonde et s’explore pour obtenir cette qualité- L’amour, sa vie, son œuvre. Ou, comme le précise le là de tumulte, de va-et-vient d’espérance et de narrateur, comment c’était avant nous, entre nous et détresse, de jeunesse et d’épuisement, de conquête et après nous. Et si l’on objecte à l’auteur que cette his- sans qualités de perte de soi. toire a été dix mille fois racontée dans toutes les lan- gues de la planète, il répond que l’amour est destiné à ierrot ne fait pas le tri, il dit tout de sa traver- être redit, comme il doit être sans cesse refait. Même sée amoureuse. Il a la folie de ne pas vouloir lorsqu’il semble se répéter, c’est toujours une autre his- en perdre une miette. Dans la partition de son toire. Une naissance, une vie, une mort. opéra, il fait se côtoyer l’harmonie et la disso- Cette histoire-là est celle d’un sexagénaire passable- Pnance, la mélodie et les hurlements, les raffinements ment usé et d’une jeune femme. Il pourrait être son de l’érudition et de la sensibilité et les manifestations père ; il a l’impression d’aimer pour la première fois, de les plus criardes du mauvais goût. La caricature, la cru- vivre sa vie à l’envers, le premier amour arrivant après dité, le sublime, la tendresse, la sauvagerie, la gran- les autres : « Tu n’étais survenue que pour combler une prochain livret au sujet le plus démodé qui soit – donc le deur, le ridicule, la beauté, la dérision. Racine aussi immense lacune dans mon curriculum amoris. Pour me plus original – : l’amour, bien sûr ? Cette vieille chose Ecrivain de livrets d’opéra, bien que Feydeau, tant il est vrai que « le drame de la faire connaître ce que j’avais oublié, omis de vivre. (…) d’autrefois, en mal de résurrection. Mais pour corser l’af- folie amoureuse, c’est que tôt ou tard, elle s’épargne rare- On ne retombe pas en enfance, on y tombe enfin. On va faire, il s’agirait d’un amour venu d’on ne sait où, allant Pierrot Saturnin, sexagénaire usé, ment de verser dans des situations de vaudeville ». enfin vivre d’elle sa part inassouvie. » Elle est grecque, on ne sait où, dans le désordre d’une existence dont la Est-ce cet impétueux mélange des genres ? Ou enco- belle, ardente, mais aussi pourvue d’un mari et d’en- chronologie serait brouillée. Un amour d’enfance qui retrouve une seconde vie dans re un effet des nombreuses références à la musique fants qu’elle n’envisage pas de quitter pour son nouvel adviendrait non au début d’une vie mais presque à son hongroise de l’entre-deux-guerres, à Bartok, à amant. Elle oscille voluptueusement entre les vertiges terme. » les bras d’une jeune femme. Pierre Kodaly ? Perasma sonne, étrangement, comme un du remords et de la crainte et les brûlures de la jouis- Cette déclaration étant faite dès les premières pages roman de la Mittel Europa. Il n’est pas jusqu’à l’évoca- sance. Pour ne pas la perdre, son amant est bien obligé du livre, le soupçon nous vient que tout ce qui suit, les Mertens invente une histoire où tion de la Belgique actuelle, de ses meurtres d’enfants de la suivre sur ce scenic-railway des passions contra- amours de Pierrot et de Perasma, n’est que le pré- et de ses blanches manifestations de fantômes muets dictoires. Il accepte tout, avale toutes les couleuvres texte du fameux livret, une sorte de canevas enrichi, le héros s’agite autant qu’il est agi, qui ne nous fasse glisser vers le château de Barbe- contre la promesse de quelques heures, d’une couche- une histoire en trois actes – avant, pendant, après Bleue, cet opéra expressionniste que Bartok composa rie éblouissante et furtive : il sait qu’il vit, enfin. Perasma – offrant à un musicien potentiel une palette vivant par procuration amoureuse en 1911 sur un texte de Belà Balazs. Pierrot Saturnin, D’autant plus fort qu’il sait aussi que ça ne durera pas, d’événements, de sentiments et de coloris assez vaste qui nomme tout, appelle la Belgique l’Innommie. On que la fin de l’aventure peut survenir à chaque instant. pour que s’y déploient toutes les facettes de son talent. une fiction de jeunesse songe évidemment à la Cacanie de Robert Musil. Le Ce n’est pas encore dans la litanie des facéties cruel- Avec des solos, des duos, des décors multiples – narrateur de Perasma s’imagine assez bien dans la les du démon de midi qu’on trouvera l’originalité et la Venise, Rome, Budapest, la caverne d’une chambre, ve, ce qu’il ressent, ce qu’il souffre, ce qui l’exalte. Enco- peau d’Ulrich, l’homme sans qualités. Il est celui que la puissance du roman de Pierre Mertens. Même si le un vieux mas en Provence, Israël et son Mémorial –, re qu’il avoue cette manie au détour d’une phrase : vie a dépouillé de toutes les illusions sur lui-même et romancier des Eblouissements est parvenu à donner à des danses, des chœurs, des vieilles chansons, des inter- « Dans la bagnole qui m’éloignait de toi, je jetais encore sur les autres ; trop intelligent, trop lucide pour ne pas cette figure classique du ballet des passions une cou- mèdes comiques. des notes te concernant sur mon calepin. » Mais plus être désabusé et persuadé de son impuissance à agir leur inédite : un mélange entêtant de lyrisme et de luci- spontanément, chez ce professionnel des mots, la vie sur la réalité. L’amour avec Perasma lui-même n’est dité brutale, de miel et de fiel, d’élans primitifs et de etour de la figure, désormais traditionnelle se coule en phrases et les phrases ressemblent à la vie. pas réel : Pierrot n’agit pas, il s’agite, il est agi ; il vit par langueurs crépusculaires, de rose et de noir ou, plus dans le roman contemporain, de l’écriture Pierrot n’a pas son pareil pour faire de la langue un iné- procuration amoureuse une fiction de jeunesse, un exactement, de rose dans le noir. Douceur et violence, dédoublée et du roman racontant l’histoire puisable réservoir de sens, jouant avec les mots, retour- semblant de passion auquel il feint de croire, désespé- parfum d’enfance et saveur de la mort, jouissance, cris d’un roman en train de s’écrire ? La mise en nant les phrases comme un gant, se lançant dans de rément. et larmes, exaltation des corps et dérive des esprits. Rscène de Mertens est à la fois beaucoup plus subtile et fort lacaniennes acrobaties linguistiques, mais utilisant Quand l’illusion se dissipe, quand le corps réel Mertens a des pages magnifiques pour parler de l’atten- beaucoup plus charnelle que ces postures théoriques. aussi les ressources de la poésie, du choc des sons, des – celui du sexagénaire fatigué – reprend brutalement te et de l’absence, du chagrin, de l’absolu amoureux : Dans Perdre, publié en 1983, Mertens avait poussé loin rencontres incongrues. Même la rencontre des corps ses droits, il ne lui reste rien de ce qu’a été ce temps « Je n’étais rien à mes propres yeux si tu n’étais pas la volonté d’ancrer la fiction au cœur même du vécu et des sexes est inséparable du langage qui les chante : brûlé. Rien que le souvenir d’« une belle expérience », tout. » On se souviendra aussi que le narrateur du (1). Il s’agissait déjà de l’histoire d’une dérive amoureu- « Observe alors ceci, que nos goûts sexuels, mêmes, tels rien que les pages d’un livret d’opéra pour lequel roman, l’amoureux fou de Perasma, a l’âge de l’auteur se qui construisait et déconstruisait le roman au fur et que nous les avons annoncés, décrits, exposés, ne concor- l’auteur cherche une épigraphe. Une citation de Mon- et qu’on l’appelle Pierrot. à mesure qu’elle s’exacerbait. C’est la manière qu’a daient, ne correspondaient guère. (…) Ce qui nous taigne, par exemple : « Je ne peins pas l’être, je peins le Plus encore : il est écrivain. Pierrot Saturnin écrit des Mertens de concevoir l’engagement littéraire que de se requiert si violemment passe entre le sexe et l’intelligence, passage. » Ou encore ces vers d’Yves Bonnefoy : «Je livrets d’opéra ; c’est un écrivain sans musique, qui se jeter dans ses propres fictions, de coller sa peau à ses entre la peau et la parole. Il circule alors une langue, nommerai désert ce château que tu fus,/Nuit cette voix, sent au bout du rouleau. Il est devenu une sommité mots. Avec Perasma – qui signifie « passage » en grec, entre nous, qui n’épelle qu’un lexique minimaliste mais absence ton visage, / Et quand tu tomberas dans la terre internationale dans sa spécialité qu’il connaît sur le « traversée » –, Mertens invente une forme où l’écritu- fondamental, un babil secret qui expliquerait tout. » stérile/ Je nommerai néant l’éclair qui l’a porté. » bout du doigt ; son corps l’abandonne ainsi que ses re et le réel, la fiction et le vécu parviennent à passer Si la belle Perasma vit ses amours sur le mode de la maîtresses, il cherche le tremplin qui va lui donner sans cesse de l’un à l’autre. Ce n’est pas tant que Pier- musique, de la chanson sans parole, de la note pré- (1) Perdre, Fayard, 1984, Seuil, « Points roman », l’élan d’un nouveau saut : «Etsi(…) je consacrais mon rot Saturnin, le héros-narrateur, écrive ce qu’il lui arri- sente qui chasse l’autre et l’oublie, Pierrot est en proie nº P 443.

d’épée et le thème science-fictif du cataclysme planétaire. Le tout dominé SCIENCE-FICTION par une belle figure de femme, élevée à Saint-Cyr et cachant soigneuse- b par Jacques Baudou ment son goût dépravé pour les sciences : c’est elle la figure centrale de cet- Dire, voilà le scandale te épopée échevelée et caracolante qui laisse le lecteur cul par-dessus tête ! (traduit de l’anglais – Etats-Unis – par Olivier Deparis, Flammarion, « Imagi- ne », 360 p., 120 F [18,29 ¤]). Dans un livre intense et lucide, Diane de Margerie Merveilleux Calvo b L’INVASION de Kristine Kathryn Rusch poursuit sa quête autobiographique Révélée en France par Patrice Duvic dans son anthologie « Futurs, mode d’emploi » avec une nouvelle saisissante sur la guerre de Sécession, « La de détachement, une distance apai- WONDERFUL galerie de ses rêves », Kristine Kathryn Rusch est, à divers titres, l’une des MAINTENANT sée… » de David Calvo. personnalités les plus importantes de la science-fiction américaine contem- de Diane de Margerie. L’écrivain recrée l’itinéraire de Ed. Bragelonne, 298 p., 110 F (16,76 ¤). poraine : écrivain, rédacteur en chef de revue, éditeur. Nous ne connais- Mercure de France, 134 p., sa rédemption. Les non-dits d’une sions son travail de romancière qu’à travers des novelisations ou des ouvra- 78 F (11,89 ¤). famille bourgeoise pour laquelle près un premier roman plus que prometteur (Delius, une chanson ges de la série Star Trek. Ce qui ne lui rend pas vraiment justice. Rivages « ce que l’on ne dit pas n’existe pas d’été, Mnémos) et une poignée de nouvelles ensorcelantes fai- vient d’entamer avec L’Invasion la publication de son œuvre majeure, un quel choix souverain vraiment » explosent en mots libé- sant la preuve d’une inspiration d’une extrême singularité, c’est cycle de cinq romans de « fantasy » intitulé The Fey, qui met en scène un obéissent les événe- rateurs : « Dire, voilà le scandale. » peu dire que l’on attendait avec intérêt ce nouvel opus de David peuple guerrier et conquérant dont l’auteur dit que, « pour eux, être implaca- ments du passé qui résis- Assujettie au père qui ne lui ren- ACalvo, et, de surcroît, avec l’espoir secret d’y voir à l’œuvre une imagination ble est une vertu » (1). L’Invasion est la traduction de la première moitié du tent à l’oubli ? Dans son dait pas son amour et à une mère tout aussi originale, aussi décalée, tout autant hors norme. La lecture de roman qui ouvre le cycle « The Sacrifice ». Pour s’emparer du dernier conti- Adernier livre autobiographique, frustrée qui redoutait que sa fille Wonderful fait mieux que combler cette attente et le commentaire qui vient nent qui n’est pas tombé sous leur coupe, les Fey doivent tout d’abord Maintenant, Diane de Margerie satisfît des désirs qu’elle-même aussitôt à l’esprit ou sous la plume n’est rien d’autre que la réitération du conquérir l’île Bleue qui peut seule servir de tête de pont. Comment le peu- interroge ses souvenirs, cette exis- s’était refusés, Diane de Margerie titre sur le mode le plus admiratif : « Wonderful ! », autrement dit « Mer- ple plutôt pacifique de ce carrefour commerçant pourrait-il résister aux tence parallèle et secrète qui refu- se sauve par la création littéraire veilleux ! ». Merveilleux, c’est aussi le qualificatif qui convient le mieux à Fey, qui ne sont pas seulement une forte puissance militaire, mais dispo- se la chronologie mais dévoile, et la méditation. Ses années de jeu- cette fiction d’une tonalité plutôt hivernale et nostalgique, qui développe sent aussi de la maîtrise de diverses formes de magie ? C’est pourquoi le sous les apparences, la vérité nesse en Chine lui ouvrent ses méandres sous la menace d’un cataclysme définitif, mais que l’auteur a prince Rugar se lance à l’assaut de l’île, sans savoir que ses impitoyables Fey d’une vie. Sélective, étale, gorgée d’autres horizons sur le bonheur délibérément placée sous l’invocation d’Alice au pays des merveilles et de vont affronter des périls auxquels rien ne les avait préparés. Ce qui frappe d’images et de fureur, d’obses- d’exister. Elle se détache de la reli- Peter Pan. dans L’Invasion (titre qui nous remémore le personnage inquiétant du fou sions parfois, la mémoire souligne gion chrétienne qui lui inspirait D’où ce mélange, dans une ambiance déboussolée de fin du monde et de Yegoff), c’est l’originalité de l’univers décrit, loin des canons habituels de la cruellement la fuite du temps mais une façon d’aimer dans le sacrifice folie douce, d’aventures débridées et « nonsensiques » qui ne sont pas sans « fantasy » ; c’est sa noirceur, toute de bruit, de fureur et de cruauté ; c’est paradoxalement l’annule. Passé et et la glorification de l’être désiré, évoquer le Un nommé Jeudi de Chesterton, de carnaval dantesque hanté par sa description des effets corrupteurs du pouvoir ou des pouvoirs ; c’est avenir n’ont de signification que s’intéresse au confucianisme et au des silhouettes maléfiques et d’errances dans un Londres néo-victorien où paradoxalement son « inhumanité ». Si ces 300 pages ne permettent pas de « maintenant » (selon le titre bouddhisme qui transforment, l’on s’étonne presque de ne pas croiser la haute silhouette du locataire du juger pleinement de la qualité des intrigues conçues par l’auteur, elles suffi- admirable de Diane de Margerie), sans la nier, sa recherche d’absolu. 221 B Baker Street. A la collision de deux époques historiques qui procure sent toutefois à appâter un lecteur aussi dérouté qu’intrigué par le caractè- dans l’intensité du présent. Récon- Diane de Margerie s’est nourrie au lecteur une sensation très insolite d’embrouillamini temporel s’ajoute re vénéneux de cette fiction décapante (traduit de l’anglais – Etats-Unis – ciliées à la tombée du soir, l’enfant de « la relecture, essentielle… de un sentiment très fort d’extravagance provenant de ce que certains des per- par Jean-Pierre Pugi, « Rivages/Fantasy », 308 p., 135 F [20,58¤]). et l’écrivain regardent l’adolescen- l’œuvre de Marcel Proust », des sonnages de l’action sont des planètes de notre système solaire qui jouent te et l’adulte rebelles qui échappè- poètes chinois, des écrivains japo- ici le rôle des « hommes en noir ». Autant dire que David Calvo n’a pas choi- b OMALE, de Laurent Genefort rent à la fatalité sociale : « Se déve- nais, de la condensation lumineu- si la facilité, que l’artificialité de son univers romanesque est d’emblée plei- On connaissait le goût de Laurent Genefort pour le space opera, ses talents loppèrent en moi un sens de la ré- se et foudroyante des haïkus. A tra- nement affichée, assumée. Mais si le lecteur accepte de passer de l’autre incontestables de créateur de mondes, d’explorateur planétaire, d’aventu- volte bien plus fort que celui de la vers les siècles, elle cherche un côté du miroir, s’il se laisse emporter dans la danse – celle du marathon ou rier cosmique. On rêvait de le voir s’exprimer dans des conditions qui lui peur (qui pourrait plus tard aller jus- écho fraternel à ses angoisses et à celle de la symphonie des planètes de Gustav Holst –, s’il s’attache aux bas- permettraient d’exploiter ses talents au mieux de leurs possibilités. Bref qu’à la dureté) et un sens aigu de la ses désirs dans l’autobiographie ques du Majordome ou de Loom, il traversera l’un des plus beaux paysages d’effectuer le saut qualitatif dont il paraissait avoir les moyens. Omale le pitié qui allait durement dénaturer de l’écrivaine britannique Kath- de fiction qu’on ait jamais composé pour lui… Wonderful, décidément ! prouve. Rarement début d’un roman de science-fiction français n’aura été chez moi le sentiment amoureux, leen Raine ou les poèmes de Sor aussi conquérant, aussi époustouflant que celui d’Omale. Rarement écri- devenant à la longue, avec sa culpa- Juana Inès de la Cruz, toutes deux, b LES DÉMONS DU ROI-SOLEIL, de J. Gregory Keyes vain de S-F nous aura aussi remarquablement immergé dans un univers de bilité, une composante tortueuse et comme elle, passionnées et rebel- Pour rendre compte de ce roman qui jongle avec l’Histoire non sans brio et sa composition que Laurent Genefort dans les premiers chapitres extraordi- louche du désir. » les. Elle lit avec avidité John Cow- dilettantisme, le terme « steampunk » ne convient certes pas. Il faudrait nairement dépaysants de ce roman maîtrisé et ambitieux dans sa construc- Diane de Margerie désamorce per Powys, le jumeau hanté par bien plutôt utiliser la formule forgée par René Réouven lors d’une conféren- tion romanesque (qui n’est pas sans rappeler, toutes proportions gardées, les pièges sur son chemin de peti- les mêmes mystères : « Toute écri- ce des Galaxiales à Nancy de « sailpunk », puisque l’intrigue du roman se celle du Hyperion de Dan Simmons : ici, chacun des possesseurs d’un frag- te fille bien née, déchirée entre ture qui n’est pas dangereuse ne situe au temps de la marine à voile. On aurait pu écrire au temps du Roi- ment d’œuf raconte l’itinéraire personnel qui l’a conduit à la rencontre des morale catholique et sensualité, remue que du vent ou de l’anecdo- Soleil, si l’auteur, nouveau venu talentueux et iconoclaste, n’avait pris avec autres). Après un début tonitruant où s’organise la convergence rassem- étouffée entre « la violence de [sa] tique. » l’Histoire quelques libertés, justifiées il est vrai par les démons du titre, qui bleuse des « élus », Laurent Genefort narre une longue errance en dirigea- mère [et] la façon dont [son] père Maintenant se lit dans la jubila- se présentent, eux, dans le cours du récit comme des anges. Premier tome ble qui permet l’empilement schéhérézadien des récits individuels, avant l’a sacrifiée à elle pour vivre de son tion. L’écriture est dense, rapide, d’une trilogie intitulée L’Age de la déraison, le livre de J. Gregory Keyes est que l’énigme de l’œuf ne reçoive solution. Cette dernière partie est sans côté… » Elle enchaîne les ruptures parfaitement dégraissée, immédia- un ouvrage d’une totale singularité, résultant de l’hybridation tératogène doute la moins réussie, la moins percutante, mais pas au point d’entamer nécessaires, se réveille des lassitu- tement lisible. Livre grave, sans du roman historique à la Dumas (il ne manque même pas un d’Artagnan, l’impression flatteuse qui se dégage de l’ensemble. Laurent Genefort a l’in- des et des deuils. Ecrivain célèbre, concessions, Maintenant est fils certes, mais mousquetaire quand même, des complots de palais, des tention de poursuivre l’exploration de ce curieux système planétaire. On l’y elle affronte la mort de son der- empreint d’« une sérénité lucide espions anglais et des secrets d’alcôve) et du roman de science-fiction par le suivra sans hésitations… (J’ai Lu, « Millénaires », 408 p., 99 F [15,09 ¤].) nier et jeune amant bisexuel. Le qui exige une certaine solitude »et biais généreusement déformant du thème d’un univers parallèle vague- passé trouve « maintenant » sa n’admet pas le leurre : « Seule- ment uchronique. Cela permet à l’auteur de chevaucher les continents, l’an- (1) Voir l’entretien avec Kristine Kathryn Rusch qui figure dans le bon dossier que cohérence. La quête de la liberté ment ce qui compte, après tout ce cien et le nouveau, de mêler dans une même intrigue délirante – mais d’un la revue Faeries lui consacre dans son no 3. Mais comment diable la publication est au cœur d’une réflexion qui qui a compté (…) nous ne saurons délire cohérent – le jeune Benjamin Franklin et le vieil Isaac Newton, l’inno- française de La Galerie de ses rêves a-t-elle pu échapper à ceux qui ont dressé sa entraîne le lecteur vers le bonheur toujours rien sur la mort. » vation technologique et la phraséologie alchimique, le roman de cape et bibliographie ? de la vie intérieure, «… une sorte Hugo Marsan littératures LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001 / III b Mortel vague à l’âme Désir de littérature Sans raison, sans un sou, une mère et ses deux fils partent quelques jours au bord de la mer. Bertrand Poirot-Delpech raconte sa découverte de Véronique Olmi dépeint le désespoir d’une femme que la misère et la solitude poussent à l’irrémédiable « Paludes » de Gide. L’enchantement agit encore

sait que « la tristesse est jamais bel- pouvait le croiser non loin de la rue BORD DE MER le à voir » : elle la fait entendre, J’ÉCRIS PALUDES Vaneau. Un livre n’est jamais seul. Sa de Véronique Olmi. comme un chant, digne et pathéti- de Bertrand Poirot-Delpech. lecture est inscrite dans le cours de Actes Sud, 122 p., 79 F (12,04 ¤). que. Elle pousse un cri, comme Gallimard, « L’un et l’autre », l’existence, des amitiés. C’est à un son héroïne, cette « machine dis- 114 p., 95 F (14,48 ¤). moment précis, dans une conjonc- ès les premiers mots, la jonctée » qui se noie, qui rumine tion d’humeur et de pensées, que confession n’est pas culpabilité et révolte d’être abon- ertaines œuvres littéraires l’échange s’accomplit. Poirot-Del- très catholique : «On née à la misère. « J’aimerais mieux jouent dans notre vie un pech rend compte d’un tel moment avait pris le car, le der- être un chien… Y’a des fois comme rôle central, secrètement auquel Paludes a, pour lui, donné sa nierD car du soir, pour que personne ça où tout me fout le cafard, je sais fondateur. En général, la couleur définitive. Ce qui est émou- nous voie. » Aveux ? Déposition ? plus quoi faire de moi, dans quelle rencontreC a lieu à l’adolescence. A vant dans ce J’écris Paludes, ce sont, Testament ? Rien n’indique que la direction envoyer mes rêves. » La chaque relecture, on vérifie que l’en- bien sûr, les retrouvailles avec ces ins- narratrice ait des comptes à ren- voix de cette femme malmenée, à chantement agit toujours, que l’on tants perdus. Mais ce qui est le plus dre. Rien n’assure non plus qu’elle bout de forces, évoque la honte tient une sorte de texte-source, d’ex- beau, c’est la fraîcheur de cette cou- soit encore vivante. On ne sait pas. (« J’ai l’impression d’avoir fait ça plication de soi. Il s’agit rarement des leur, son actualité en quelque sorte : On sent que plane quelque chose toute ma vie, me faufiler »), la res- « grandes » œuvres : telle nouvelle ainsi, Paludes ne cesse de s’écrire. On d’irrémédiable, que les protagonis- ponsabilité (« C’est dur d’être à la de James occupera cette place plutôt lit avec ce qu’on est. Plus encore, tes s’embarquent pour un voyage hauteur des espoirs d’un gosse »), la que ses romans ; le Bartleby de Mel- avec ce qu’on voudrait être. Le sans retour, que l’on plonge dans tendresse à l’agonie. ville et non Moby Dick ;leJournal ou roman de Gide reste, pour Poirot- un poignant drame social, sans La pluie tombe toujours : « Pour- les lettres de Kafka de préférence au Delpech, cette paradoxale déclara- avoir eu le temps de prendre notre quoi est-ce qu’on nous crachait des- Château… Et le moment vient où l’on tion de désir adressée à la littérature. respiration. Une femme raconte. sus ? » Les trois paumés rentrent éprouve le besoin de raconter cette Et dans ces quelques pages de souve- C’est une mère, peu diserte sur un soir dans l’hôtel comme dans rencontre, de se répéter les raisons raine ironie, est formulée la recon- elle-même. Les événements qui une église. Cette « salle d’attente » de cet enchantement. naissance d’une orgueilleuse, pres- l’ont poussée au désespoir restent projette sur les murs les épisodes Paludes, pour Bertrand Poirot-Del- que inavouable vocation : être tus. On devine qu’elle est issue d’un rejet : « J’étais plus accueillie pech, est le motif d’un tel bonheur. écrivain. d’un milieu modeste, sans le sou, nulle part, j’étais balancée comme Gide écrivit ce court roman – une Les commencements trop positifs seule avec ses deux fils, Stan FRANCK CHRISTEN POUR « LE MONDE » une petite chose mauvaise ». Flash- sotie –, au cours d’un rude hiver dans et les vanités juvéniles ont toujours, (9 ans) et Kevin (5 ans). Comme b back obsessionnel du film d’un le Jura en 1894 ; il avait vingt-cinq en littérature, quelque chose de ridi- l’une de ces mères en difficulté, extrait échec : « Ces choses-là me disent ans. Il le publia l’année suivante avec cule. Avec l’âge, ces mêmes vanités assistante sociale sur le dos, qui « Moi je suis jamais récompensée et mon sommeil est un couteau qui toujours que ça va pas du tout, que un insuccès retentissant. Le sous- prennent un caractère pathétique. hantaient le film de Bertrand cisaille les fils auxquels je me raccroche en plein jour. Je suis tout est raté et que ça peut devenir titre était alors : « Traité de la contin- Gide, en cet hiver 1894, sut admira- Tavernier sur le quotidien d’un ins- lâchée. Larguée. Et ça a recommencé. Au lieu de retrouver la nuit pire, quelque chose d’effrayant m’at- gence ». Dans ce livre sur rien, moro- blement placer en équilibre l’ironie et tit au pays des corons, Ça commen- d’avant je suis allée loin, profond, dans mes pensées noires et glacées. tend et c’est de ma faute, je m’y suis se et pourtant réjouissant grâce à sa la mélancolie, le sérieux et le rire : «Il ce aujourd’hui. Elle dit : « Au fond Je les connais. Je voulais pas y rester, baigner là-dedans et me noyer. mal prise et il est trop tard pour magnifique (et économe) fantaisie, ne faut rire que de soi », disait-il avec de moi j’avais hâte d’en finir. Mais J’entendais encore les garçons, je me suis accrochée à leur voix...Je moi. ». La chambre devient un Narrateur cherche de bons motifs une profonde lucidité. En cela, Palu- je savais que les enfants devaient savais plus bien où j’étais, mais je savais qu’il fallait que je reste. Ici. caveau. Les enfants grelottent. pour écrire. A son ami Hubert qui l’in- des constitue le témoignage d’une voir la mer. » Dans cette chambre. J’ai vu les mômes, ils parlaient tout bas en regar- Quand ils seront endormis, la terroge avec cette savoureuse ques- jeunesse que les années ne peuvent Les voilà partis. Elle a décidé ça dant par la fenêtre, ils se disputaient sans bruit. » (p. 37) mère posera l’oreiller sur leur visa- tion : « Tiens ! tu travailles ? »,il affadir. En codicille, Poirot-Delpech d’un coup, sans prévenir, sans ge et appuiera de toutes ses for- répond : « J’écris Paludes.»Il fera la a signé un essai sur le « secret des pre- attendre les vacances, et les ces. Elle les embrassera. Et verra : même réponse à Angèle, dont il est mières amours » et « des identifica- enfants sont inquiets, « que va dire « Le visage de Kevin était tourné très vaguement amoureux. La phrase tions inexplicables ». Ecrire, c’est lire la maîtresse ? ». Elle paye trois pla- garçon qui me traite aussi bien », plage « dans tous les sens comme vers le mur, celui de Stanley était deviendra un signe de connivence encore ; les livres réussis sont ceux ces dans le car avec le dernier dit-elle. Le trio s’installe à l’hôtel, s’il était poursuivi. On aurait dit tourné vers la fenêtre. Ils se tour- entre les amateurs. Première expéri- qui consonnent avec leur objet. billet de banque qui lui reste, il la chambre est glacée, les draps éli- qu’il voulait échapper à quelque naient le dos. Ils n’étaient pas mentation de la mise en abyme J’écris Paludes a trouvé l’exacte cor- pleut, il fait nuit, il fait froid, ils més. Le lendemain, il pleut encore. chose. Il s’est mis à marcher sur le ensemble, non, chacun était parti gidienne, Paludes est le contrepoint respondance, la sonorité juste. sont tous les trois paralysés par Les mômes ont faim. On racle les sable, il avait l’air tellement seul ». seul de son côté. Ils s’étaient pas gris – Claudel y voyait les « échan- Patrick Kéchichian l’angoisse, pas envie de parler, pas poches, « tout ce que j’avais mis de Bord de mer est un texte terri- rejoints dans la mort, ils s’y étaient tillons de toutes les variétés de envie de penser, elle au fond du côté pour faire la fête un jour, toutes fiant, une gifle, un démenti cin- perdus. J’ai hurlé. » brouillards » – des solaires et contem- Bertrand Poirot-Delpech est gouffre, Kevin contrarié d’avoir mes petites économies grappillées glant pour ceux qui doutent de la Jean-Luc Douin poraines Nourritures terrestres. chroniqueur au Monde oublié son lolo, Stan silencieux. sur la monnaie du pain et celle du jeune littérature française. Comé- Bertrand Poirot-Delpech a lu Palu- « Stan il ressemblait à l’aîné avant Super-U parfois ». On va voir la dienne puis auteur dramatique (1), (1) Le Passage, Chaos debout, Les Nuits des à la fin de l’adolescence. Il prépa- e Signalons aussi l’essai de Peter même que Kevin soit né. » Un mer, qui a perdu ses couleurs : animatrice d’un atelier d’écriture sans lune, Point à la ligne, La Puissance rait Normale à Louis-le-Grand. Schnyder, Pré-textes. André Gide et la grand seigneur, soucieux pour sa « un torrent de boue ». On cherche au lycée Jacques-Prévert de Boulo- du scorpion (éd. de l’Arche), Le Jardin C’était l’immédiat après-guerre et tentation critique (L’Harmattan, mère et son petit frère : « Le seul des coquillages. Stan court sur la gne-Billancourt, Véronique Olmi des apparences (Actes Sud). André Gide était encore vivant : on 246 p., 130 F [19,82 ¤]).

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b REPORTAGES PAS VRAIMENT RATÉS, de Gébé Méditations sur « l’auteur » Confessions Dessinateur, de presse et de BD, Gébé sait qu’un petit croquis vaut un long discours. Qu’il note et croque ou croque et note, tout va vite, le trait comme le mot. Pour toutes ces choses de la vie qui Une petite comédie noire de Jacques-Pierre Amette et une promenade joyeuse valent une enquête approfondie, sur la location d’une « bicyclette sans pédales », la fin des mines de charbon, une catastrophe écolo- de Jean-François Bory. Deux manières d’espérer en la littérature d’un malpoli gique à Rio de Janeiro, la découverte du carnet d’un « évadé repris » et cette essentielle question : « Une deux-chevaux n’est pas Icare écrit. Mais tout se déglingue. et lire « ce sublime début » : « Dès une soucoupe volante, mais une fois posée, quelle différence ? »Il MA VIE, SON ŒUVRE L’éditeur veut renouer avec le suc- le matin, la tête encore tournée JE MARIE FRANÇOISE est, dans ce recueil, d’autres interrogations aussi importantes aux- de Jacques-Pierre Amette. cès mais n’aime pas le nouveau contre le mur, et avant d’avoir vu, de Paul Zu. quelles l’auteur apporte d’intéressantes réponses tout en nous fai- Seuil, 140 p., 79 F (12,04 ¤). manuscrit d’Icare, Donjon : pas au-dessus des grands rideaux de Denoël, 304 p., 130 F (19,82 ¤) sant toucher, à la fois la dure condition du reporter et bien des assez de sang, de sexe, une histoi- la fenêtre, de quelle nuance était faits de la vie du monde qui sans lui resteraient cachés (éd. Le L’AUTEUR, UNE re qui ne « va nulle part ». Il faut la raie du jour, je savais déjà le ort, drôle et roboratif, Dilettante, 224 p., 99 F [15,09 ¤]). P. R. L. AUTOBIOGRAPHIE refaire. Donjon, deuxième manière temps qu’il faisait… » Ou bien par- pourrait-on dire de ce pre- de Jean-François Bory. sera publié pour « la rentrée ». tir en promenade avec un con- mier roman qui commen- Ed. de l’Olivier, 158 p., « Donjon sortit en librairie le 3 sep- temporain d’Amette, Jean-Fran- ce ainsi : « Moi, Paul Zu, je 90 F (13,72 ¤). tembre. Il y eu alors un calme terri- çois Bory, qui, lui aussi, parle faisF partie des cons. » Narcissique ble. » Pas une ligne dans la presse, d’une vie et d’une œuvre conscient de l’être, atteint d’une acques-Pierre Amette est une émission de télévision ratée. –«Quand l’œuvre est puissante, misogynie qu’il qualifie d’archaï- volontiers mélancolique et Pas de prix littéraire. En un mot, le elle nous protège, se dit que, Paul Zu, 88 ans, parle de lui à J délicieusement nostalgique. quotidien de beaucoup de ceux l’Auteur – il avait des moments la troisième personne. Dans ce qui Mais, pour ce livre bref, qui écrivent et publient. Amette, d’euphorie » –, mais par frag- ressemble fort à une longue « let- concentré, Ma vie, son œuvre,ila en quelques répliques, fait le point ments, éclats de mémoire. Paris, tre confessionnelle », Paul Zu bro- choisi un autre ton, un autre ryth- sur les angoisses, les faux espoirs, Rome, des souvenirs, des blessu- carde, pêle-mêle et jeux de mots à me. Une petite comédie noire pla- l’appui, la psychanalyse, les zoophi- cée sous le signe de Brecht – en extrait les et les propriétaires de 4 x 4. Et épigraphe figurent quelques phra- « Comprenez-moi ; le public veut du sang. Il fait ainsi entendre sa « colère méta- ses de Maître Puntila et son valet veut voir le dompteur mangé par le lion. Le physique contre l’humanité tout Matti. Vingt-cinq courts chapitres, public ne s’identifie jamais au dompteur, à son entière ». Sauf les exploités qui ont comme autant de scènes d’un théâ- travail, à sa discipline de fer, à sa patience inlas- la sympathie de ce vieux malpoli. tre grinçant, et un épilogue, qui sable. Le public est le lion. Il veut bouffer le Né en région parisienne mais élevé permettent de dire quelques véri- dompteur, et il bouffe l’auteur, l’auteur… Vous dans les montagnes savoyardes, tés « pas bonnes à dire » et de me suivez ?… (…) Ne vous perdez pas à décrire Paul Zu s’inscrit ensuite aux Beaux- régler quelques comptes avec… sa un monde édénique, chaste, élégiaque, un Arts et en sociologie. A l’heure où vie, son œuvre, la société. royaume dont vous êtes le roi seul et découron- il ne peut plus vivre les histoires La première scène est l’enterre- né. Un peu d’abus sexuel n’a jamais fait de mal mais seulement les raconter, à ment d’Icare, le personnage princi- à un roman. Si je vous publie tel quel, on va l’heure où il souffre d’ennui et que pal, écrivain, mort dans le couloir vous crier dessus et moi avec. Et ces phrases son corps vieillissant est devenu d’une Fnac, avant une conférence. interminables… » (Ma vie, son œuvre, de Jac- cette « prison, qui n’obéit plus et Hémorragie cérébrale. Icare et son ques-Pierre Amette, p. 89-90). n’en fait qu’à sa tête », Paul Zu meilleur ami, le narrateur, Paul, regrette que l’on ait remplacé la ont été jeunes dans les le ridicule aussi : « Tu diras que res, des amours, de la musique… peur de la mort par une angoisse années 1960, ils ont rêvé de littéra- j’étais meilleur que Le Clézio, Une autobiographie peu conven- existentielle qu’il juge beaucoup ture et de gloire. Paul a vite renon- meilleur qu’Echenoz, meilleur que… tionnelle, mystérieuse, où il est plus pernicieuse. Il s’insurge cé, préférant écrire des spectacles que… » suggéré que tout est possible, contre le cynisme marchand, s’in- pour enfants. Icare a commencé sa Des liens bizarres se tissent qu’on est en mesure de tout terrogeant : « Jusqu’à quand pren- carrière par un succès. Lorsqu’il entre Sarah et Icare. Le narrateur vivre si l’on peut l’écrire, le racon- drons-nous la vessie de Bill Gates eut atteint 170 000 exemplaires, perd son travail. Le trio se sépare. ter : « Ce n’est pas seulement pour une lanterne ? » Poujadiste ? son éditeur se mit à le tutoyer. Paul vit dans la maison d’Icare, les l’autobiographie de l’Auteur que Un peu. Cinglant ? Peut-être pas Mais le succès s’efface vite. Ensui- années passent et il croit le Lecteur lit, c’est la sienne pro- autant que ne l’est sa charge te il faut « tenir », faire son comprendre pourquoi son ami a pre et aussi celle d’autres enco- contre l’institution, qu’il semble œuvre… Icare, dans sa belle mai- désespéré de la littérature : «Etle re. » détester plus que tout. Double de son de Saint-Vigor-d’Azide, où il a silence qui avait accueilli son livre La pièce d’humour sombre de l’auteur (mais plus âgé), Paul Zu invité son ami Paul et l’épouse de avait mis en évidence le fait qu’un Jacques-Pierre Amette et la bala- est-il ce « révolté-contrarié » ou, celui-ci, Sarah, à passer l’hiver, livre n’est jamais qu’un tombeau de joyeusement imprévisible de comme il le dit lui-même avec une puis le printemps, « s’enlisait dans provisoire d’une joie intime. » La Jean-François Bory, tout en sem- bonne dose d’autodérision, «un les débuts de roman vaseux ». « pièce » continue, mais elle pour- blant se contredire, affirment idéaliste à quatre sous suffisamment Curieux trio, que Jacques-Pierre rait s’arrêter là. On n’a plus envie peut-être, au fond, la même cho- suffisant pour penser qu’il écrit de Amette met en scène avec une iro- de rire. se : on aurait tort de désespérer manière prosaïque et géniale » ? nique cruauté : Sarah, comédien- Pour se rasséréner, on pourra de la littérature, puisqu’elle peut Peu importe, puisque c’est avec ne, joue un Pinter, Trahison, à Tou- suivre le conseil du narrateur, combattre même ce désespoir-là. brio que l’auteur illustre sa rage. louse ; Paul fait rire les enfants ; ouvrir La Prisonnière, de Proust Josyane Savigneau Emilie Grangeray IV / LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001 littératures b Créé en 1995 à Villeneuve-sur-Lot, le Salon Richesse des lettres indiennes Livres aipaul, Anita Desai, vain indien, mis sur le marché pour mieux les accompagner. Les fantastique dans la cohérence d’Ellora, qui créèrent par excava- Salman Rushdie, international, décroche des avan- éditrices de Kali for Women sou- linéaire du temps et celle de la tion tout un sanctuaire, y du Sud rend Vikram Seth, Amitav ces substantielles, toujours exor- tiennent de front combat féminis- matière visible et retourne au auraient, eux, reconnu leur Ghosh, Shashi Tha- bitantes une fois converties en te et cause littéraire, découvrent passage le héros épique comme démarche. cette année roor...N Le temps n’est pas loin où roupies. Manjula Padmanabhan (son der- un gant, c’est pour servir un pro- D’ailleurs, le terme de seuls s’imposaient en France les L’Equilibre du monde (Albin nier roman, Getting there, est pos grave. En ramenant au jour « roman » occulte souvent la hommage écrivains indiens séjournant dans Michel), de Rohinton Mistry, qui publié par Picador) et Bulbul ceux que les grands noms et les position des écrivains indiens un pays anglophone, parfois vit au Canada, avait déjà obtenu Sharma (La Colère des aubergi- grands axes de l’histoire ont igno- quant à la forme et à l’emprunt. à la littérature dans l’Hexagone, comme Raja le Commonwealth Writers Prize nes, éd. Philippe Picquier). Ravi rés, Kesavan pose une question Allan Sealy a tenu à se prémunir Rao et Lokenath Bhattacharya, en 1996 ; L’Interprète des mala- Dayal publie Amitav Ghosh, toujours brûlante : La Partition de cet accaparement en sous- de l’Inde. qui vient de nous quitter. dies, de Jhumpa Lahiri (Mercure Mukul Kesavan, Khushwant Sin- était-elle inévitable ? titrant A Calendar son dernier Seul après Rabindranath Tago- de France), qui habite aux Etats- gh, Rukun Advani, mais aussi un Amitav Ghosh (Les Feux du Ben- livre (Everest Hotel, éd. Philippe Du 6 au 8 avril, re, R.K. Narayan, qui vit en per- Unis, remporta le Pulitzer 2000. magazine de textes courts, Civil gale, Le Chromosome de Calcutta, Picquier) et en déroulant son manence à Mysore, faisait excep- Mais l’intérêt des éditeurs pro- Seuil), excelle à exhu- récit selon un cycle de saisons, trois débats animés tion. Le créateur de la petite ville gresse irréversiblement vers le mer de l’histoire colo- sur le modèle du Ritusamhara de imaginaire de Malgudi écrit cer- grand triangle de l’Inde. Les édi- Dominique Vitalyos niale un épisode con- Kalidasa, qui appartient au patri- par Martine Silber tes en anglais – médium ambigu, tions Philippe Picquier ont fit dans l’exotisme ou moine littéraire sanscrit de l’In- passeport sans rival –, mais la rai- publié en quelques années une Lines, à la périodicité imprévisi- occulté, qu’il écrive la chronique de. et Bruno Philip, son de son succès lui est propre : dizaine de titres indiens, sans ble, véritable pépinière de de la visite à Marseille, en 1906, Mahasweta Devi, dans toute en inventant un microcosme compter Les Cinq Livres de la talents. Parmi ceux-ci, beaucoup du roi du Cambodge et de son son œuvre écrite en bengali, s’élè- du « Monde », indien et son peuple, qu’il remet- sagesse, une nouvelle traduction, ont gravi les échelons de la noto- ballet royal (Dancing in Cambo- ve contre les iniquités sociales. tait chaque fois en scène, ô combien heureuse, du plus que riété, d’autres publient un pre- dia, At Large in Burma), ou fasse Les nouvelles en tamoul, la vie et avec les auteurs invités Narayan a fait œuvre d’institu- millénaire Panchatantra sanskrit mier livre prometteur : Raj surgir de l’oubli, dans The Glass l’action d’Ambai (« La Truie », teur ludique. De livre en livre, il dont s’est nourri La Fontaine ! Kamal Jha, par exemple, qui avec Palace (à paraître au Seuil), la cas- revue Europe de ce mois), sont (au rang desquels nous a installés, consentants, au En France, depuis 1997, plus de The Blue Bedspread (à paraître cade de bouleversements provo- autant de plaidoyers pour la luci- cœur de son monde, avec juste vingt-cinq sont parus ou en voie chez Gallimard) a écrit un râga, qués en Birmanie, en Malaisie, dité et la justice sociale. U. R. Amitav Ghosh, assez d’ironie pour nous garder de publication, dont près de la une ode à la profondeur de l’ex- par l’administration britannique Ananthamurthy (Samskara, rites en éveil. moitié des auteurs habitent leur périence affective exprimée sans de l’Inde et la deuxième guerre pour un homme mort, L’Harmat- président d’honneur), pays d’origine. On a cessé d’igno- détours, ou Ruchir Joshi, dont le mondiale. Le carrousel des per- tan), expose les impasses d’une REGAIN D’INTÉRÊT rer que l’activité littéraire y bat très attendu The Last Jet-Engine sonnages de ce livre est animé structure sociale hiérarchique interrogeront Les quatre dernières années son plein et que ce grand chan- Laugh sort en Grande-Bretagne par une maîtrise des perspectives figée et le danger des pétrifica- ont bouleversé cette situation. tier dynamique existait avant que ce mois-ci. réfléchissantes propre aux tions idéologiques inverses. la manière dont Habiter son pays d’origine ne les regards extérieurs ne se tour- Sur ce chantier, certains déca- meilleurs romans classiques. condamne plus à la confidentiali- nent vers lui. A Delhi, les auteurs pent l’histoire d’opacités entrete- Là où Kesavan et Ghosh s’atta- DIX-HUIT LANGUES les romanciers indiens té l’auteur indien, pour peu qu’il travaillent sous l’œil attentif de nues en haut lieu. Retour sur ima- quent au temps figé, Arundathi Comme ces derniers, bon nom- écrive en anglais. Tout semble découvreurs au désintéresse- ge, de Mukul Kesavan (éd. Philip- Roy creuse l’espace pétrifié. On bre d’écrivains majeurs s’expri- racontent être arrivé subitement, en 1997, ment remarquable, qui accom- pe Picquier), est un roman s’est beaucoup interrogé sur la ment dans une des dix-huit lan- quand Le Dieu des petits riens plissent leur travail d’éditeur d’aventures pétri d’humour, au structure du Dieu des petits riens, gues constitutionnelles de l’Inde. l’histoire (Gallimard), lancé au bon avec un soin scrupuleux. rythme rapide, littéraire dans son sur son mépris du temps et du Pour convaincre les éditeurs fran- moment avec les bons moyens, a IndiaInk (Arundathi Roy, Allan style, sa structure et ses référen- suspense, qui ne compromettent çais de nous les faire découvrir de leur pays, été acheté par un nombre impres- Sealy) ne s’engage que sur de ces. Mais si l’auteur enjambe la en rien une cohérence dense et eux aussi, il reste beaucoup de sionnant d’éditeurs étrangers, rares titres, mûrement choisis, brèche ouverte par le réalisme légère. Les architectes du temple chemin à parcourir (d’autant que adoptent une langue avant de se voir décerner le Boo- de bonnes traductions anglaises ker Prize. L’Anglais d’Arundathi font souvent défaut). Les édi- plutôt qu’une autre, Roy, plus plastique que jamais tions Actes Sud ont donné le d’avoir poussé des racines en coup d’envoi en créant la collec- et quelle image Inde, a dû enchanter Desani le tion « Lettres indiennes », avec précurseur (All About H. Hatter, deux premiers titres : Un bonheur Occidentaux 1948), mort récemment. Ecrit en lambeaux, de Nirmal Verma, dans un style somptueux de créa- écrivain majeur de langue hindi, ou Indiens ont-ils tivité, il marque l’ascension, en et La Mère du 1084, de Maha- Inde, d’une sensibilité individuel- sweta Devi (bengali). La revue de l’Inde… le arrachée au réseau des confor- Europe d’avril, elle, nous ouvre mités aliénantes et meurtrières, accès à un vaste éventail de tex- enfin libérée de la peur de l’ostra- tes courts et de poèmes de toute cisme. Arundathi Roy habite Del- l’Inde. Le vivier littéraire du siè- hi. cle écoulé, de celui qui commen- L’univers de Malgudi se tein- ce, attend son heure. Il faut accor- tait déjà de la nostalgie du passé der aux textes de Shivaram quand Pankaj Mishra, un jeune Karanth, Girish Karnad (kanna- auteur, donna des petites villes da) G. Mohanty (oriya), Prem- indiennes, dans Butter Chicken in chand (hindi), Ismat Chugtai, Ludhiana (Penguin India), une Qurattulain Hyder (ourdou), vision actualisée et beaucoup Kiran Nagarkar (marathi), O. moins joyeuse que celle de V. Vijayan, Zacharia, Basheer Narayan. Sa capacité rare à son- (malayalam) la visibilité qu’ils der le regard de l’étranger sur l’In- méritent. De la diversité des cul- de a conduit nombre de critiques tures qui font l’identité et la indiens à accuser son dernier richesse de l’Inde, on ne com- roman The Romantics (à paraître prendra le génie et l’importance chez Calmann-Lévy) d’avoir été planétaire qu’à ce prix. écrit « pour l’Occident ». Mais cette critique resurgit chaque e Dominique Vitalyos est fois que le manuscrit d’un écri- traductrice RAGHUBIR SINGH/ANA L’empreinte indienne sur l’Angleterre Depuis Kipling et Scott, depuis les frères Naipaul jusqu’à Salman Rushie ou Anita Desai, en passant par Vikram Seth, Hanif Kureishi, l’ancien « joyau de la Couronne » continue d’imprimer sa marque sur la littérature anglaise

ême déchaînement tan, du Bangladesh au Sri Lanka, a générosité. Je ne dis pas que tout d’eux un coefficient de singularité pression que ce texte avait été écrit des classiques, depuis les textes sans- d’enthousiasme même imprimé sa marque indélébile dans roman indien reflète cela. Mais c’est très grand. » en hindi ou en ourdou et qu’il avait krits jusqu’à Molière ou Gogol, dont flambée d’enchères. les lettres britanniques. l’idée que les Anglais s’en font. » Fêlures de la société britanni- été traduit ensuite. En tout cas, il a je transposais l’argument en Inde. Ce qui s’est passé cette « Les littératures en anglais ont Comme le remarque l’agent litté- que, incompréhension en miroir fait avancer la littérature britanni- J’ai ainsi transporté Tartuffe à la Mannée à la Foire de Londres autour gardé cette empreinte qui est à la raire Michèle Lapautre, il suffit de entre l’Orient et l’Occident : il y a que, de la même manière que, aux cour d’Aurangzeb, l’empereur de Hari Kunzru rappelle la façon mesure de l’importance des liens regarder les parutions récentes, certes des thèmes communs que XVIIe et XVIIIe siècles, les Irlandais moghol contemporain de Louis XIV, dont fut fêtée, en 1997, la décou- coloniaux dans la constitution de comme le très dur et très minima- l’on peut entendre comme des bas- l’avaient à leur façon régénérée. » pour montrer que l’intrigue y fonc- verte d’Arundhati Roy et de son l’identité nationale et impériale du liste livre de Kamal Ja, The Blue ses continues chez les uns et les tionne parfaitement. La commedia Dieu des petits riens, un premier Royaume-Uni », écrit Emilienne Bedspread (à paraître chez Galli- autres. « J’ai décrit l’immigration « BENGLISH THEATER » avait son équivalent dans le théâtre roman immédiatement salué dans L. Baneth-Nouailhetas dans un mard), ou l’histoire tragique et dans presque tous mes livres, remar- C’est dans cet esprit que Jatinder populaire indien, de même que dans le monde anglophone comme un essai sur la spécificité poétique du dépouillée d’Akil Sharma, The Obe- que Kureishi. La race, voilà le grand Verma a créé ce qu’il appelle le le bhavai d’Inde occidentale par événement littéraire et d’emblée lau- roman anglo-indien (Presses de la dient Father (en traduction aux Edi- sujet ! Tenaillant, dramatique ! « Benglish Theater », un théâtre où exemple. » réat du Booker Prize. Hari Kunzru Sorbonne nouvelle, 1999). L’édi- tions de l’Olivier), pour se convain- Allez en Australie, à Dublin, en Afri- pointent des réminiscences d’hindi, Peu à peu, l’audace de Jatinder – un inconnu dont le manuscrit s’est teur Olivier Cohen va plus loin : cre que, loin de tout exotisme, le que du Sud. Partout, c’est ce qui fait d’ourdou, de penjabi… «Nousne Verma s’est accrue. Aujourd’hui, il arraché en trois jours pour 2,1 mil- « C’est tout de même curieux que des roman anglo-indien ne se laisse en peur, donc ce qui obsède. Presque cherchons pas à créer une langue, prépare 2001, A Ramayan Odyssey, lions d’euros – est né de père cache- écrivains qui semblaient voués à res- rien enfermer dans ces catégories. tous mes romans en parlent, sauf le insiste-t-il pourtant. Notre situation un spectacle qui croise le Ramaya- miri et de mère anglaise. The Impres- ter périphériques par rapport à la C’est pourquoi on serait bien en tout dernier Gabriel’s Gift [à paraî- est différente de celle des Créoles. Les na et L’Odyssée. Quête du père, figu- sionnist raconte l’épopée d’un Indien culture londonienne aient pris une peine d’en définir les caractéristi- tre chez Christian Bourgois]. Mais Indiens sont multilingues par essen- res féminines légendaires de Péné- chassé par sa famille parce qu’il est le telle importance. C’est aussi un peu ques. Les Indiens anglophones j’y reviendrai, c’est essentiel. » ce. Ils ont été parachutés dans un uni- lope et de Sita : l’auteur joue des fils illégitime d’un Anglais, ce qui per- ce qui se passe avec les Ecossais et les – dont beaucoup vivent aux Etats- En réalité, le grand apport des vers où la seule chose à faire était de points communs entre les grands met à l’auteur d’aborder de façon Gallois. Qu’en déduire ? Certaine- Unis ou au Canada – ne forment ni Anglo-Indiens est surtout formel. repousser les frontières de la langue mythes indo-européens. Sa pièce, satirique la question du métissage. ment que l’Angleterre, en tant que une école littéraire ni une véritable « Prenez Vikram Seth, note le met- dominante lorsque c’était possible. qui sera montée mi-juin au Riversi- Cette histoire illustre sans doute noyau dur, a perdu en partie le communauté. « Ce n’est pas parce teur en scène Jatinder Verma. Seth Quand je suis arrivé en Angleterre, de Studios de Londres, jette un ce que Paul Morand nommait monopole de la littérature. » qu’Anita Desai est indienne que j’ai s’est emparé du roman victorien, presque tous les immeubles étaient pont original entre ces deux imagi- « l’appel de l’Orient ». Dans La Rou- avec elle des relations différentes dont il a déplacé les codes dans l’In- fissurés. C’est une image qui m’est naires. « Les acteurs sont moitié te des Indes, ce dernier écrivait en DIVERSITÉ d’avec Michael Frayn », résume le de des années 1950. Plus frappant restée : j’ai toujours pensé que nous anglais, moitié asiatiques, note Jatin- effet que l’Angleterre était capable Pour autant, comment expliquer Pakistanais Hanif Kureishi, encore, Salman Rushdie. Dans Les devions nous couler dans ces intersti- der Verma. Le public est lui aussi tou- de s’enflammer pour l’Inde « com- cet « appel de l’Orient » ? «Ilfaut l’auteur d’Intimité, adapté au ciné- Enfants de minuit, Rushdie crée ces, comme du ciment, en élargis- jours mélangé, et la langue, composi- me pour une femme ». Pour son remonter aux Enfants de minuit ma par Patrice Chéreau. Par une syntaxe venue tout droit de sant les brèches, en jouant avec les te, comprend même des plaisante- thé, ses essences et… sa littérature. pour en avoir une idée, suggère Gra- ailleurs, remarque Olivier Cohen, l’imaginaire indien, et qui semble élasticités incroyables de l’anglais ries en penjabi ! Cependant, elle Car Kunzru et Roy ne sont évidem- ham Swift, l’auteur de Waterland. on établit souvent des comparai- née de la prose et de la chanson. En pour trouver notre place. » n’est jamais excluante. Elle est là ment pas les seuls exemples de cet La réception de ce roman, il y a exac- sons erronées avec les francopho- hindi, il y a un mot étrange, kull, qui Tara Arts, la compagnie de théâ- pour enrichir le texte. Je crois beau- amour – ou amour-haine. Depuis tement vingt ans, a été un événe- nes, : « Les Français ont exporté un veut dire à la fois hier et demain. tre fondée à Londres par Jatinder coup à cette conception anglaise du Kipling et Scott, depuis les frères ment. A cause de l’énergie qui se modèle politique et culturel. Pour les Pour moi, ce mot symbolise certai- Verma, a trouvé la sienne. Collabo- multiculturalisme. Elle consiste non Naipaul jusqu’à Salman Rushdie dégageait du livre, laquelle reflétait Britanniques, c’est différent. On ne nes pages de Rushdie, cette fluidité rant à l’occasion avec Ariane Mnou- à niveler les savoirs, mais à accepter ou Anita Desai, en passant par bien sûr celle de l’écrivain, mais, peut pas dire que ces écrivains où passé et futur se mêlent, comme chkine ou Peter Brook, Jatinder de ne pas tout comprendre, tout en Vikram Seth, Michael Ondaatje, au-delà, celle de son pays tout soient porteurs des valeurs de la Cou- lorsqu’on se promène à Delhi et que Verma a fait évoluer son travail ayant le sentiment de partager une Hanif Kureishi, Amitav Ghosh, ou entier. Car, dans l’imaginaire britan- ronne. Ni qu’ils soient en révolte con- l’on passe de la ville du Mahabhara- dans un sens qui intéresse aussi expérience commune. C’est peut-être Jhumpa Lahiri…, l’ancien « joyau nique, l’Inde est associée aux tre elles. Ainsi, il est très difficile de ta à la cité coloniale. Quand j’ai lu bien la société anglaise que ses cela le multiculturalisme. Le vrai. » de la couronne », de l’Inde au Pakis- notions d’abondance, de fertilité, de les réunir tous. Il y a en chacun Les Enfants de minuit, j’ai eu l’im- minorités. « Au début, j’adaptais Florence Noiville littératures LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001 / V b

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b UN SI LONG VOYAGE, de Rohinton Mistry L’Inde, la mère et la déesse Ecrit avant L’Equilibre du monde (Albin Michel), le roman qui fit connaître Rohinton Mistry, Un si long voyage paraît seulement maintenant en français. Mais l’histoire de Gustad Noble, employé L’essai de Jackie Assayag appréhende, au fil de son histoire, le « désir de nation » du pays de Gandhi de banque pris dans une succession de catastrophes historiques et personnelles, révèle déjà le talent de conteur qui fera le succès de son créateur par la suite. Né à Bombay en 1952, cet auteur qui a L’INDE, DÉSIR DE NATION commencé par des études de mathématiques et d’économie, puis de Jackie Assayag. exercé diverses activités (entre autres, guitariste dans un night- Odile Jacob, 348 p., 165 F club), met en scène de manière à la fois vivante et tragique les sou- (25,15 ¤). cis de Gustad Noble, dans le Bombay de 1971, à la veille de la guerre contre le Pakistan (traduit de l’anglais par Françoise Adels- oilà un livre touffu, riche tain, Albin Michel, 412 p., 135 F [20,58 ¤]). R. R. et complexe, qui s’inscrit b LA MÈRE DU 1084, de Mahasweta Devi dans l’actualité indienne Immensément populaire en Inde, Mahasweta Devi s’intéresse en ces temps où les natio- depuis longtemps au sort des opprimés de ce pays. Ses romans Vnalistes hindous sont au pouvoir à mettent en scène les injustices, les violences et la corruption qui New Delhi : Ce « désir de nation » minent l’immense contrée où elle est née, en 1926. La Mère du du pays de Gandhi s’enracine, expli- 1084 brosse le portrait d’une femme de la bourgeoisie bengalie qui que Jackie Assayag, directeur de cherche à comprendre pourquoi son fils s’est détaché d’elle et de recherche au CNRS, dans une his- sa famille pour lutter contre ces injustices. Abattu par la police, ce toire ancienne et contradictoire où, fils appartenait à la race « de ceux qui continuent à écrire des slo- peu à peu, à travers notamment gans alors même qu’ils savent que l’on en meurt » (traduit du benga- l’emprise des Moghols musulmans, li par Marielle Morin, Actes Sud, 170 p., 99 F [15,09 ¤]). R. R. celle de la colonisation britannique b LA COULEUR DU PÉCHÉ, de Sunetra Gupta de « Mother India » et, enfin, les C’est sur le mode d’une enquête policière que Sunetra Gupta bâtit soubresauts du mouvement indé- l’histoire de Debendranath Roy, fou d’amour pour sa belle-sœur. pendantiste, l’Inde va finir par Vingt ans après, sa nièce quitte Calcutta pour tenter de percer le émerger sous la forme que l’on con- mystère d’une disparition « à l’anglaise ». Née en 1965 à Calcutta, naît aujourd’hui. Long périple Sunetra Gupta a déjà publié trois romans. Cette romancière au sty- plein de bruit et de fureur où la le délicat est établie à Oxford, où elle est microbiologiste (traduit nation fantasmée contredit sou- de l’anglais par Guillaume Villeneuve, Robert Laffont, 252 p., vent le pays réel, l’essence plurielle 129 F [19,67 ¤]). R. R. de sa culture et de son ethnicité, b EVEREST HÔTEL, de I. Allan Sealy pour finalement déboucher sur le La première qualité de ce roman, et sa traductrice Dominique Vita- JEAN-PIERRE FAVREAU succès du nationalisme hindou. lyos a réussi a la faire transparaître, c’est une prose à la fois langui- Jackie Assayag propose diffé- L’enjeu est de taille, donc, puis- est l’aile politique du mouvement Mais, remarque Assayag, même de et lyrique, douce, précise, sensuelle, particulièrement dans les rentes entrées pour faire un large que la droite nationale hindoue est pour l’« hindouité » (hindutva)– l’Inde du Pandit Nehru, celle qui descriptions de la nature, du temps qu’il fait, des paysages, de la tour d’horizon de l’histoire de ce aux commandes. Mais il serait trop ont prouvé, malgré tout, que l’Inde prône l’« unité dans la diversité », pluie, des plantes. Comme le livre se déroule sur une année, d’un nationalisme qui fut indien avant rapide, comme on l’a fait parfois se sent désormais plus hindoue et n’a pas toujours pu échapper au été à un autre, chaque chapitre est installé par l’atmosphère du de devenir hindou : la « patrie », en occident, d’identifier cette der- que les thuriféraires du Sangh poids du monde hindou (sur un mil- mois ou plutôt de la saison, comme dans le poème de Kalidasa, représentant la quête identitaire nière à certaines de ses consœurs Pariwar – la famille du militantis- liard d’habitants, l’Inde compte Ritusamhara – l’héroïne se nomme d’ailleurs Ritu, ce qui signifie des peuples de l’Inde, ne serait-ce occidentales avec lesquelles, idéolo- me hindoue – ont mis à mal le plus de 80 % d’hindous) : « A vou- saison. Elle vient rejoindre les quatre nonnes qui dirigent cet Eve- qu’au niveau régional ; la « carte », giquement, elle partage tout de concept de laïcité de Nehru et de loir faire coïncider les perspectives rest Hôtel transformé en asile pour des personnes âgées, des alcoo- c’est-à-dire la façon dont, par même certaines dérives. Pas plus, Gandhi, dont le nationalisme était nationalistes avec une construction liques, des orphelins, des malades mentaux dans une ville au pied exemple, les Britanniques ont défi- encore une fois, qu’elle pourrait se bien loin de la revanche identitaire communautaire plutôt hindoue de l’Himalaya, Drummondganj. Sur le toit, se meurt doucement ni les contours de ce qui fut comparer avec les évolutions inté- caractérisant aujourd’hui le com- qu’indienne, et à favoriser le senti- l’ancien propriétaire, Immanuel Jed, ancien alpiniste et collecteur l’« empire des Indes », et qui a été gristes chrétiennes, musulmanes portement du « national-hindouis- ment d’appartenance au sein d’une de graines, 90 ans, qui perd la mémoire, le contrôle de ses sphinc- fondatrice d’une idée émergente ou juives : l’hindouisme n’a pas de me ». L’émergence de ce mouve- forme agressive de patriotisme, le ters, et rêve de sa sexualité évanouie, et de sa femme, morte de nation ; « la vache », symbole « fondement » au sens où le possè- ment, qui consiste souvent à bran- pouvoir politique consolida l’idée jeune. Il règne sur le cimetière, l’Ever-Rest, qui jouxte le bâtiment. originel qui a cristallisé les passions dent les religions dites du dir la menace de l’islam, les influen- d’unité culturelle de la nation au Les mois passent, les événements baroques, tragiques, mysté- communalistes, terme anglais pour « Livre » : la Bible, le Coran, la ces « négatives » de l’Occident et détriment du fonctionnement démo- rieux, étranges se succèdent, l’amour frôle Ritu, le livre s’achève définir l’antagonisme entre majori- Torah. Il n’y a donc pas « fonda- celles de la mondialisation, n’a cratique. » Car, poursuit l’auteur, sur une fuite, un renoncement qui est aussi un espoir (traduit de té hindoue et minorité musulmane mentalisme hindou ». Disons que cependant pas donné lieu à des « la volonté de renforcer l’harmonie l’anglais par Dominique Vitalyos, éd. Philippe Picquier, 278 p., (les hindous respectent le bovin, son radicalisme s’articule plutôt pogroms anti-musulmans depuis communautaire ne s’effaça donc 128 F [19,51 ¤]). M. Si. les musulmans le sacrifient et le sur une idée moderne de la nation l’arrivée au pouvoir du BJP. Les jamais tout à fait devant la mise en b UN BONHEUR EN LAMBEAUX, de Nirmal Verma mangent) ; la « mère et la déesse », et se sert, pour aller vite, de l’hin- impératifs du « village mondial » avant de références hindoues (…) » Il faut rendre grâces à Actes Sud d’avoir fait traduire Nirmal Ver- enfin, qui servent de « métaphores douisme – qui est plus une culture, ont également fini par faire préva- mises au service « d’un plébiscite ma directement de l’hindi, même si le texte français est parfois un organiques (…) grâce auxquelles un mode de vie qu’une religion – loir les idées d’ouverture économi- religieux continu, conférant un peu lourd ou imprécis. Munnu est un jeune garçon malade. Il a furent imaginées et conçues la pour forger une identité nationale. que et tempérer les ardeurs des par- caractère de plus en plus théologico- quitté sa ville natale, Allahabad, son père et les douloureux souve- région ou la nation, en continuité Rappelons que les victoires électo- tisans du swadeshi, notion indi- politique au régime démocratique et nirs de la mort de sa mère pour tenir compagnie à sa cousine, plus avec une tradition réinterprétée rales du Bharatiya janata party, quant la volonté de repli sur des parlementaire »… âgée, Bitti, comédienne à Dehli. Le jeune garçon plongé au milieu périodiquement ». (BJP) – parti du peuple indien, qui valeurs « indigènes »… Bruno Philip d’une bande de plus ou moins jeunes gens, idéalistes, passionnés, amoureux, va faire son éducation sentimentale, romantique et même un peu politique mais il va décourir aussi les difficultés des uns et des autres à vivre en Inde, qu’ils y soient nés ou qu’ils vien- nent d’ailleurs, et même parfois à vivre, simplement (traduit de Leçons de désir « Ni homme ni femme » l’hindi par Annie Montaur, Actes Sud, 192 p., 119 F [18,14 ¤]). M. Si. b LES DÉSHÉRITÉS, de Bharati Mukherjee Autour du « Kama Sutra », Sudhir Kakar offre un roman Zia Jaffrey a tenté de cerner l’histoire singulière Née à Calcutta, Bharati Mukherjee a fait ses études aux Etats- Unis, où elle réside. Les Déshérités font plus figure de roman améri- chatoyant doublé d’une méditation sur le plaisir des eunuques, monde hybride toléré et pourtant rejeté cain que de roman indien, retraçant la quête d’une jeune femme, née en Inde d’un couple de hippies qui l’ont abandonnée, et qui les femmes et désireux de s’initier que chapitre) qu’aux bribes d’infor- adoptée et élevée à Schenectady ira jusqu’à San Francisco sur les L’ASCÈTE DU DÉSIR aux mystères du sexe et le récit que LES DERNIERS EUNUQUES mation qu’elle parvient à arracher à traces de sa « maman bio ». Tout cela mené d’un bon pas comme (The Ascetic of Desire) lui fait de sa vie Vatsyayana, l’auteur En Inde avec les hijras ses différents interlocuteurs. Les celui de l’héroïne. A lire du même pas, comme un thriller dévasta- de Sudhir Kakar. du Kama Sutra, qu’il est venu consul- de Zia Jaffrey. hijras (terme qui en ourdou signifie teur et humoristique (traduit de l’anglais – Etats-Unis – par Claude Traduit de l’anglais (Inde) ter dans son ermitage des Sept- Traduit de l’anglais (Etats-Unis) « ni homme, ni femme ») vivent en Demanuelli, Gallimard, 292 p., 110 F [16,77 ¤]). M. Si. par Bernard Turle, Feuilles. par Françoise Thau-Baret, marge de la société indienne, dans Seuil, 332 p., 140 F (21,34 ¤). Vatsyayana aurait vécu au IVe siècle, Payot, « Voyageurs », 334 p., les principales villes, au sein de mai- b SALON « LIVRES DU SUD » À VILLENEUVE-SUR-LOT, à l’ère des rois Gupta, où l’on s’ac- 135 F (20,58 ¤). sons communautaires dirigées par rens. : 05-53-70-19-38. e Kama Sutra, raconté, corde à voir l’âge d’or de l’histoire de l’un d’entre eux, qui a rang de « gou- commenté, décrit par un l’Inde. L’apprenti décide d’aller ren- ée dans une famille rou ». Jusqu’au début du XXe siècle, maître à son disciple, et cela dre visite à ce sage célèbre, un indienne émigrée aux les eunuques avaient un rôle de pre- sous la forme d’un roman homme quelque peu scandaleux, qui Etats-Unis, Zia Jaffrey mière importance. Conseillers des indienL aux couleurs chatoyantes et aurait tenu des propos étranges sur veut renouer avec ses princes, ils étaient non seulement plein de péripéties, voilà une aubaine la sexualité féminine : « Il n’existe pas racinesN en allant étudier la philoso- gardiens des harems, mais parfois dont il faut se féliciter par ces temps de différence entre les hommes et les phie ancienne à New Delhi, projet gouverneurs de province ou chefs de disette : l’érotisme y est traité femmes. » Appris par cœur par le dis- que les réticences de l’université militaires, propriétaires de vastes comme un art complexe et raffiné et ciple, les sûtras font l’objet de vis-à-vis de « l’Américaine »lui domaines. Leur prestigieuse histoire non plus laissé à l’inspiration person- commentaires et de discussions, tan- feront vite abandonner. La jeune est ancrée aussi bien dans la tradi- nelle, plutôt fruste et simplette, si dis que se déroule l’histoire de Vat- femme, hébergée par une parentèle tion hindoue que musulmane. L’abo- l’on en juge par les livres « éroti- syayana : son enfance dans un lupa- qui appartient à une caste privilé- lition des systèmes féodaux a signé ques », d’une consternante pauvreté, nar de luxe, entre sa mère que rend giée, est confrontée au poids des cou- leur déchéance, sans entraîner leur dont on est inondé depuis quelque morose l’approche de la vieillesse et tumes : elle assiste à un « mariage disparition : on estime qu’il y a temps (en quatrième de couverture : sa tante, la merveilleuse Chandrika, arrangé » entre les enfants de deux aujourd’hui entre 500 000 et 1,5 mil- « Henry ne redoutait plus de s’enfon- la courtisane la plus savante et la plus riches familles delhiennes. La céré- lion d’eunuques en Inde. cer dans sa gorge hospitalière… Lui- adulée de l’époque, dont il observe le monie est interrompue par un étran- Ils vivent de mendicité et de prostitu- même la bouffait à pleine bouche, com- corps pendant la toilette : ces détails ge cortège d’hommes, « vêtus de tion. De sombres rumeurs leur sont me une tranche de pastèque » (1) – de fascinants de son anatomie par le saris en lambeaux », qui haranguent associées : ils sont soupçonnés de se quoi faire rêver). biais desquels il espère voir transpa- l’assistance en proférant des paroles « reproduire » par l’enlèvement Que la réflexion et la théorie, l’ap- raître son âme. obscènes, jusqu’à ce qu’on leur fasse d’enfants des classes les plus pau- prentissage – la connaissance du Pointe déjà l’idée qui est le centre l’aumône. Ce sont les hijras, les eunu- vres, qu’ils émasculeraient au cours corps et de ses nerfs –, de la psycholo- caché du roman, le but de la quête de ques, qui surviennent, sans que per- de rituels initiatiques. Mais leur survi- gie et de ses arcanes soient nécessai- l’ascète et l’objet de la révélation qui sonne ne les ait invités, lors de la célé- vance est surtout due au fait qu’ils res à l’obtention du maximum de lui est faite : le lien existant entre le bration des naissances et des maria- accueillent les enfants sexuellement plaisir sexuel et, par-delà ce plaisir, à plaisir des sens et certaine expérience ges. Zia Jaffrey décide de mener une mal formés, que les familles aban- des secrets plus mystérieux encore, ultime de l’esprit. « Ce que désire le recherche sur ces parias, à la fois tolé- donnent, voire les adolescents homo- telle est l’idée que s’applique à illus- dieu Kama n’est pas le plaisir mais l’an- rés et rejetés. sexuels (catégorie occidentale, qui, trer Sudhir Kakar, un psychanalyste nihilation du moi. » Le père, un chef En s’attachant à un sujet tabou, comme la transsexualité, échappe freudien, également spécialiste de la de caravane, apparaît brièvement, l’auteur règle des comptes avec sa aux représentations culturelles civilisation indienne. Il existe un lien puis repart pour ses traversées du propre quête identitaire : « Ceci est indiennes). Au terme de son enquê- unissant la nourriture et le sexe : désert, un jour il emmène l’enfant… un livre hybride sur un sujet hybride, te, l’auteur ne peut qu’effleurer la vie après tout, l’art de la cuisine joue sur Devenu adulte, Vatsyayana a de forme hybride et écrit par un être des hijras, sans parvenir à distinguer une gamme de sept mille papilles gus- enfreint une loi sacrée avant d’épou- hybride. » Considérée comme « une mythes et réalité. Elle s’est sans ces- tatives, rien de moins, et requiert une ser la belle Malavika : il a commis étrangère » par sa propre famille, Zia se heurtée aux réticences des autori- longue préparation. Que dire alors « l’inceste avec l’épouse de son gou- Jaffrey s’intéresse aux eunuques par- tés, mais surtout des hijras eux- de la sexualité ? « Tout comme un rou », faute d’où lui est venu le plaisir ce que, comme elle, ils sont « diffé- mêmes, qui, au cours de longs entre- nouveau cuisinier détruira la saveur le plus intense en même temps que la rents ». Dès lors, son récit – et c’est tiens, parviennent à éluder les ques- des meilleurs ingrédients, de même un certitude de sa vocation d’ascète. Cet- ce qui lui donne une résonance parti- tions trop précises. Mais c’est précisé- homme qui ignorera l’art érotique te même faute sera répétée par son culièrement émouvante – échappe ment l’intérêt de ce récit que de mon- transformera toute excitation en cen- disciple, tandis que se rejoignent les aux critères de l’enquête journalisti- trer l’extraordinaire capacité des pro- dres. » destinées des deux hommes et que que pour laisser apparaître le malai- tagonistes (toutes classes sociales Partant de ce constat non dénué se clôt cette méditation sur le plaisir, se de l’auteur face à un monde qui confondues) à résister au mode d’in- d’humour, L’Ascète du désir est le en forme de roman d’aventures. l’accueille sans aller jusqu’à vouloir vestigation occidental pour préser- roman d’un double apprentissage. Y Christine Jordis la comprendre. ver leurs traditions vitales, quels sont présentés, habilement entremê- Pour cerner la vie des hijras, Jaffrey qu’en soient les aspects dérangeants lés, les découvertes et la vie amoureu- (1) La Jouissance et l’Extase, de Fran- se réfère autant aux textes anciens pour un regard extérieur. se d’un jeune garçon effarouché par çoise Rey (Calmann-Lévy). (dont des extraits introduisent cha- Eric Lamien VI / LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001 La chronique

de Roger - Pol Droit b de noble. Aucun éloge du chenu, L’ARCHIPEL DES COMÈTES C’est avec lui qu’on nulle considération pour sa tempé- Journal hédoniste III rance et ses vertus. Au contraire : de Michel Onfray. pense. Par lui qu’on Sgalambro insiste pour qu’on Grasset, 430 p., 138 F (21,04 ¤). crée. Il s’effondre échappe à l’espérance. Pour qu’on Corps et âge, inéluctablement sache combien le corps se défait, ÉLOGE DE L’ÂGE comment il se déforme et se détra- de Christian Combaz. toutefois de manière que sous l’effet des heures innom- Fayard, 198 p., 95 F (14,48 ¤). brables. lente et imparable. Ce regard sur le ravage du temps TRAITÉ DE L’ÂGE est précisément ce qui fait passer Une leçon de métaphysique Le corps serait-il glorieux au-delà, qui permet d’atteindre de Manlio Sgalambro. « cette obscure racine commune au Traduit de l’italien dans la décrépitude ? fond du monde et à l’âge ». C’est par Dominique Férault. pourquoi le philosophe entend ici Manuels Payot, 172 p., Plus proche du vrai le vieillissement comme « état 79 F (12,04 ¤). suprême de la connaissance, où le en se délitant ? monde se livre de lui-même à la n puissant maître, un vision ». Inattendu et excessif, cet inconnu montreur de rou- submergent ou le transportent. éloge paradoxal n’a pas peur de la te », tel est pour Zara- Parce que la pensée et l’écriture provocation. Il ne craindra pas de U thoustra le corps lui- n’ont à ses yeux pas d’autre lieu de se voir accusé de vieillisme : « J’ex- même. Contre ceux qui le mépri- naissance, ni d’autre espace pour clus absolument que ce qui se passe sent, le prophète de Nietzsche rap- se déployer, il faut « réinvestir le entre deux jeunes gens puisse s’appe- pelle que le corps est pour chacun corps, le rappeler, lui donner une ler “amour”. » Et il prend – ou feint « une grande raison, une pluralité dignité que, depuis les matérialistes de prendre – à la lettre le lien du avec un sens unique, une guerre et grecs – Leucippe et Démocrite –, il corps et de la pensée : « Voulez- une paix, un troupeau et un pas- n’a plus jamais eue, le restaurer dans vous savoir si quelqu’un est philoso- teur ». Personne sans doute n’a été ses prérogatives d’avant le judéo- phe ? Attendez-le au tournant de aussi loin que Nietzsche dans cet christianisme, l’installer au centre, l’âge. S’il est philosophe, sa philoso- ancrage de toute pensée dans les au cœur de chaque phrase, le placer phie se verra sur son visage. » sensations, émotions, com- derrière chaque mot écrit, chaque Sans tout approuver de ces diver- plexions, humeurs, maladies et page publiée. Une idée se forge dans ses affirmations, on retiendra la extases, convalescences et appé- l’ombre et les plis du corps, elle se nécessité de prêter à l’âge une autre tits de l’organisme. Il ne fut évi- nourrit de lui, de ses forces, de ses fai- forme d’attention que celle aujour- demment pas le premier à scuter blesses, de ses énergies, de ses d’hui si chichement accordée. Ce cette connexion. défaillances ». Le troisième volume fut toujours un art lent et décisif, et Schopenhauer, l’éducateur qu’il du « Journal hédoniste » est fidèle une occupation majeure, que de affectionne et repousse constam- à ce choix. Il explore avec ferveur et vraiment vieillir. En tout cas, dans ment, l’avait souligné clairement : attention l’arrière-goût mental, si les civilisations d’avant, d’ailleurs, « La connaissance a pour condition l’on ose dire, de toutes sortes de de partout. Il en est d’innombrables nécessaire l’existence d’un corps, rencontres, de Klimt à Kafka, de témoignages sous toutes les latitu- dont les modifications sont le point Lulu à Vélikovic, ou de Richard pages superbes, notamment sur ce la prière mis à part. Des lieux solitai- estomper est une grave erreur. Ce des. Nous sommes à l’évidence de départ de l’entendement pour Wagner à Claude Lanzmann. Le qu’un penseur doit aux ravisse- res, du froid qui vient, et le temps que la vieillesse apporte n’est pas devenus en la matière insuffisants, l’intuition de ce monde. » Ces anti- résultat est plus ou moins heureux, ments de son enfance à la campa- qui fige. Rien à fuir ni à masquer : simplement à combattre ou à effa- dangereusement faibles. S’il fallait ques évidences, il semble bien selon la loi du genre. A mon avis, ce gne (« toute philosophie infidèle aux là se tient la gravité de l’âge, peut- cer, mais aussi à endurer, à méditer. être pratique, on conseillerait volon- qu’on les ait trop laissées de côté, n’est pas quand Onfray joue les tei- enfances radieuses mérite l’indiffé- être la vérité du corps. Tout un pan Parce qu’elle est « antichambre tiers de la réflexion à côté des cos- considérant que le corps n’avait gneux qu’il est le meilleur. rence »), ou sur une odyssée en voi- de notre époque a entrepris d’en de la mort », dit Combaz, elle doit métiques. De la vie en plus des qu’à être utilisé, entretenu, exhibé. Lorsqu’il s’en prend à la frime ture à la recherche d’Aristippe de détourner le regard. être vécue entièrement, comme apparences. De la lucidité plutôt Comme si des chairs à montrer, médiatique des intellectuels fran- Cyrène. Autorisé par le pouvoir Christian Combaz fustige avec une école de détachement ou de que des manèges. Et peut-être bodybuildées à point et hâlées çais, et affirme que « l’engagement libyen à se rendre en Cyrénaïque verve cette fausse légèreté qui n’ad- sérénité. Toute autre tactique est d’autant plus d’aérienne légèreté comme il sied, pouvaient rempla- tient lieu d’œuvre aux essoufflés et sur les traces du philosophe qui for- met plus que des manières de mou- aveugle et perdante. Sur cette voie, que l’heure sera dite grave. Car le cer le corps réel vivant et pensant. aux indigents de la création », c’est mula l’une des premières pensées rir en plein vol, d’un coup sec, sans Manlio Sgalambro fait quelques pathos n’est pas indispensable. Heureusement, quelques textes y de l’infra-Bourdieu, pis, du sous- du plaisir, Michel Onfray parcourt voir venir. Il se souvient d’une péré- pas de plus. En direction d’une Qu’on se souvienne du constat de prennent encore racine et disent Debray. Quand il considère cer- le territoire de la Grande Jamahirya grination chez les nouveaux jeunes- métaphysique de l’âge, qui donne Tristan Bernard : « A 650 ans, son insistance. Michel Onfray a tains critiques comme « une socialiste et populaire lybienne vieux de Floride. Vitaminées, allé- toute primauté au vieillard. Lui Mathusalem était si bien conservé parcouru sous de multiples formes engeance de rats et de chiens »,ou pour aboutir sur une agora décrépi- gées, liftées, bronzées, les chairs seul, à proprement parler, connaît qu’il n’en paraissait guère plus de ces états du corps générateurs juge « imbécile et sentencieux » te, battue de vents froids et humi- continûment s’exercent à perdre et l’âge. Qu’on ne s’attende pas, sous 375. » d’idées. Au fil d’une quinzaine de celui qui n’apprécie pas toutes ses des, où résonne l’appel du muez- le sens des ans et celui de l’ex- la plume de ce descendant de Scho- livres, il a composé avec jubilation affirmations, voilà de petites har- zin. Il se pourrait que tout le voya- istence. C’est ignorer que le cours penhauer et des maîtres en désillu- e Signalons de Christian Combaz : de belles pages sur les mille sensa- gnes sans grandeur. ge du corps, au cours de du temps et le terme de la vie ne sion, à quelque traité de benoîte Egaux et nigauds (éd. du Rocher, tions qui envahissent le corps, le On leur préférera nombre de l’existence, se termine ainsi, appel à sont pas seulement des maux… Les sagesse. Rien de geignard ni même 48p., 39F [5,94¤]). Une décennie sanglante Une femme contre Castro Rwanda, Palestine, Balkans... Evoquant ces conflits de la fin du XXe siècle, En 1989, le colonel Antonio de la Guardia, apparatchik du régime cubain, ce livre collectif esquisse quelques pistes pour un retour à la paix était fusillé. Sa fille rouvre le dossier pour réhabiliter sa mémoire

mais après avoir achevé la lecture passe au crible les erreurs et les groupe d’officiers qu’il accusa de tra- Non sans courage, elle ouvre les dos- APRÈS-GUERRE(S) de la première partie d’Après- dévoiements des acteurs internatio- LE NOM DE MON PÈRE fic de drogue et d’abus de pouvoir, siers, publie les photos. Genève, Années 90, chaos guerre(s), il est bien difficile de voir naux. La communauté internationa- d’Ileana de la Guardia. afin, pense-t-on, de couper l’herbe juin 1975 : Tony est venu déposer la et fragiles espoirs une issue à la haine et à l’incompré- le n’a-t-elle pas été trop passive et Avec la collaboration sous le pied des services antinarcoti- rançon de 60 millions de dollars extor- sous la direction hension qui séparent Tutsis et complaisante ? Plusieurs textes de Philippe Delaroche, ques américains qui s’apprêtaient à quée par les Montoneros après l’enlè- de Rémy Ourdan. Hutus, Serbes et Kosovars, Palesti- nous apportent un regard très criti- Denoël, 308 p., 125 F (19,06¤). mettre en cause les maîtres de Cuba. vement de deux hommes d’affaires Ed. Autrement, « Mutations », niens et Israéliens. Chacun de ces que sur l’action de l’Organisation Parmi les quatorze accusés figuraient argentins. Beyrouth, 1975-1976 : no 199-200, 340 p., 149 F articles, qui se lisent comme des des Nations unies, humiliée, incom- e n’est qu’à l’âge de vingt- le général de division Arnaldo Tony est chargé d’évacuer le butin (22,71¤). nouvelles, nous montre sans com- pétente, manipulée et incapable de quatre ans qu’Ileana de la Ochoa, ancien de la Sierra Maestra et des hold-up du FDPLP de Nayef plaisance la réalité de ces conflits, faire appliquer ses décisions. A Guardia a pris conscience « héros de la Révolution », soupçon- Hawatmé (or, pierres précieuses, e 24 mai 2000, Kurt Schork, leurs causes autant que leurs consé- côté de l’ONU, les organisations C que les « flots bleus » qui né d’être partisan d’une perestroïka objets d’art) vers Prague. Angola, grand reporter pour l’agen- quences. Ainsi, Jean Hatzfeld nous humanitaires sont prises au piège entouraient Cuba « encerclaient » façon Gorbatchev, ainsi que les frè- années 1980 : trafic d’ivoire et de dia- ce de presse Reuters, est fau- parle du génocide rwandais à tra- de la militarisation des interven- l’île au lieu de la « bercer ». Jusque-là, res la Guardia, Tony et son frère mants… Les états d’âme sont L ché par une rafale de vers l’histoire d’une équipe de foot- tions et de leur instrumentalisa- elle avait grandi dans une atmo- jumeau Patricio. Arrestation, procès, enfouis, au détour d’une précision. mitraillette tirée par un jeune rebel- ball où les joueurs hutus ont massa- tion, notamment pendant l’inter- sphère privilégiée, dans les beaux peloton d’exécution : en trente jours, Agent des missions illégales, oui. Tor- le du Front révolutionnaire uni, sur cré leurs coéquipiers tutsis. Henrik vention de l’OTAN au Kosovo. quartiers de La Havane. La famille une piste en Sierra Leone. Rares Häggström décrit l’étendue du trau- Pour contrebalancer ces critiques, avait une voiture, n’avait pas été obli- Ileana de la Guardia sont ceux qui connaissaient le nom matisme vécu par les enfants palesti- Sergio Vieira de Mello, haut fonc- gée de partager la grande villa blan- Ileana de la Guardia est née le 1er novembre 1964 à de ce journaliste, même si des mil- niens de l’Intifada. Avec des chiffres tionnaire de l’ONU, fait son mea che. Le père d’Ileana, le colonel Anto- La Havane. Sa mère, Lucila, enseigne l’histoire de lions de personnes à travers le terribles : au début des années 1990, culpa et propose des pistes intéres- nio de la Guardia, se permettait l’art à l’université ; son père, Antonio, est chargé monde ont eu connaissance d’infor- 42 % des enfants de la bande de santes quant au rôle futur de l’orga- d’écouter de la musique américaine. par Fidel Castro de mettre sur pied les troupes spé- mations qu’il avait recueillies à Sara- Gaza avaient été tabassés par des nisation. Claire Tréan, correspon- Il était souvent à l’étranger et diri- ciales en compagnie de son frère jumeau, Patricio. jevo, au Kosovo ou encore en Tché- soldats israéliens. dante diplomatique du Monde, geait le département « monnaies con- Le 13 juillet 1989, le colonel Antonio de la Guardia tchénie. Rémy Ourdan, correspon- nous incite, en épilogue, à un opti- vertibles » du ministère de l’intérieur, est fusillé en compagnie de trois autres militaires, dant de guerre du Monde, architecte SPIRALE DE LA VIOLENCE misme mesuré : « Le monde est en une officine chargée de contourner dont le général Arnaldo Ochoa. Dix autres accusés de cet Après-guerre(s), avait, bien Les textes s’articulent autour quête de règles nouvelles. N’opposer l’embargo américain et de procurer sont condamnés à de lourdes peines de prison, entendu, croisé sur les champs de d’une même question : quelle paix à cette quête que pessimisme et scep- des dollars au régime castriste. dont Patricio (aujourd’hui autorisé à se rendre batailles des années 1990 ce journa- après la guerre ? Silence ou vérité ? ticisme, c’est récuser toute idée de Pour la jeune femme, la mer n’ap- dans sa famille le week-end). En 1990, Ileana par- liste américain méthodique et coura- Justice ou impunité ? Développe- progrès dans le système des relations paraissait pas infranchissable. Elle vient à quitter Cuba. geux. ment ou pauvreté ? D’autres ques- internationales. » En effet, plu- avait fait quelques voyages (Moscou, Kurt Schork, comme la majorité tions viennent à nous. Comment la sieurs auteurs esquissent des pistes l’Angola) et avait épousé un Argen- l’affaire fut expédiée. Tony était psy- tionnaire, non. Tony a servi un régi- des auteurs de ce livre, a connu la communauté internationale pour un retour de la paix. Selon tin, Jorge Masetti, qui ressemblait, chologiquement cassé. On l’avait me « autoritaire et tyrannique », mais plupart des conflits qui ont marqué a-t-elle pu imaginer que les crimes eux, elle passe par la justice. Juger somme toute, à son père : aventurier empêché de dormir pendant toute la il n’a pas traqué la dissidence intérieu- les dix dernières années du XXe siè- en Sierra Leone pourraient rester les criminels et soutenir les victi- de la révolution, chargé d’œuvres détention. La veille du procès, Fidel re, souligne-t-elle. cle. Dans cet ouvrage, autant des- impunis ? Qui pouvait croire que le mes deviennent alors les mots d’or- plus ou moins avouables au ministè- en personne vint lui signifier d’une Au-delà de l’affaire Ochoa, racon- criptif que revendicatif, des journa- Cambodge sortirait de la spirale de dre de l’ouvrage. Ainsi le juge amé- re cubain de l’intérieur (Minint). Ado- bonne bourrade dans le dos que s’il tée maintes fois (Le Monde du listes, des responsables d’organisa- la violence, aujourd’hui plus socia- ricain qui a prononcé l’accusation lescente au moment de l’exode de acceptait de passer aux aveux, et de 15 juillet 1989, du 12 août 1991, du tions non gouvernementales et des le que politique, sans que le procès contre Jean-Paul Akayesu, un mai- Mariel, en 1980, elle était parmi les ne pas nuire à l’image de la révolu- 29 juin 1999), le livre apporte le fonctionnaires internationaux se des dirigeants khmers rouges ait eu re rwandais, premier condamné manifestants que le régime avait con- tion, tout s’arrangerait « en témoignage, de l’intérieur, d’une vie penchent sur cette décennie. On res- lieu ? Qui peut penser que la paix pour « génocide » depuis l’accepta- voqués pour faire honte aux milliers famille »… dans la nomenklatura. Il fait le por- sort de cette lecture indigné et aba- se fera entre la Palestine et Israël tion du terme en 1948, nous fournit de candidats à l’exil. Obligée de sacri- Ex-enfant privilégiée, Ileana dut trait d’une famille aristocrate qui ne sourdi par la rengaine de la violence tant que la colonisation se poursui- un véritable plaidoyer pour une jus- fier, avec sa mère, au rituel de la mar- subitement encaisser l’arbitraire judi- s’effraya pas du changement de et des haines. Comme le suggère le vra au même rythme ? tice internationale. Et cela, alors che du « peuple combattant », elle ciaire, le procès retransmis sur les 1959. Mais rapidement chacun choi- sous-titre, le lecteur est plongé dans Pour mieux expliciter ces déchiru- même que le nombre de pays ayant n’adhérait pas mais se conformait. deux chaînes de la télévision d’Etat sit son chemin. Le frère aîné partit un monde chaotique. On nous livre res, quatre reportages photographi- ratifié l’acte de création de la Cour En attendant de se retrouver, à Mira- soir après soir, la visite du « psycholo- vers les Etats-Unis dès 1962. Les là une description précise et sans ques de grande qualité, à Sarajevo, pénale internationale ne cesse mar, dans l’intimité d’une maison où gue » du Minint chargé de préparer jumeaux étaient un peu bohèmes, faux-semblants de la folie génocidai- au Rwanda, au Cambodge, au d’augmenter. la pensée était libre, où les lectures la famille à accepter le verdict de la quelque peu dandys, ils mirent le re, du nettoyage ethnique, de la Kosovo, s’intercalent entre les tex- L’espoir est donc possible, et l’on allaient au-delà « du sinistre Alejo Car- « révolution ». Sur la tombe de yacht familial à la disposition du culture de l’impunité, des traumatis- tes. Les corps mutilés du Cambod- se met à rêver que les bourreaux et pentier » et où Graciela, la grand- Tony, matricule 46427, il fut interdit corps naissant des garde-côtes. Tony mes collectifs et des désirs de ven- ge, les victimes et les bourreaux les commanditaires de ces crimes mère, disait son rosaire en toute tran- de mentionner « le nom de mon de la Guardia choisit de « faire con- geance qui font de la Palestine, des rwandais, les ruines de Bosnie, les seront jugés. quillité. père », s’indigne-t-elle. Ce sera le fiance à la révolution », quand une Balkans ou du Rwanda des volcans charniers du Kosovo, sont autant Reporters sans frontières Pour Ileana de la Guardia, la mer titre de son livre, son procès à elle, partie de sa génération préférait s’en en ébullition. Il va de soi que les mar- de traces de ces atteintes aux droits prit une tout autre signification en mais en réhabilitation. aller, écrit sa fille. « Je respecte sa déci- ques d’un génocide ou d’une guerre humains. Afin de révéler une autre Rémy Ourdan est journaliste au juin 1989, lorsque Fidel Castro décida Pour écrire, Ileana a dû se pencher sion. » ne s’effacent pas en une décennie, face de ce chaos, Après-guerre(s) Monde de se débarrasser froidement d’un sur le passé clandestin de son père. Corine Lesnes essais LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001 / VII b Une résurrection perpétuelle Philippe Sollers continue sa guerre du goût. Avec « Eloge de l’infini », il célèbre la volupté créatrice, la permanence des œuvres, leurs résistances aux chronologies de la mort, leur nature impérissable

de fraîcheur et d’urgence » et se mé, en effet, nous parle de la vie que ÉLOGE DE L’INFINI demandant « ce qu’il est venu faire nous croyons mener comme d’un de Philippe Sollers. ici, à travers sa naissance biologi- “clapotis quelconque”. Oublions Gallimard, 1 096 p., que », de Hui-Zong, l’empereur chi- donc cet emmerdeur : c’est trop 195 F (29,72 ¤). nois qui avait tout compris et vrai. » « rêvait de faire de la politique une Trop vrai ! Voilà l’excès insoute- uelle luminosité ! Ici, rien dépendance de la poésie » (propos nable, tabou. L’adversaire des bel- n’est escamoté, masqué, si rude et non pas mièvre) ou de les âmes et des grands vertueux, rien n’est confisqué Wei Jingsheng, le dissident contem- férus et dispensateurs de consola- Q d’une réalité exaltante, porain « né dans un tourbillon d’in- tions, de compensations immédia- mais tenue pour des plus solence ». Qu’il s’agisse de Cézan- tes. Pourtant ce sont les impitoya- subversives. On le sait, défense ne, se tenant à l’écart, édifiant « ces bles détecteurs de vérité, si souvent nous est faite d’exulter, d’échapper cathédrales de corps libres au bord sacrifiés, qui rédiment les siècles. à l’ennui, à la résignation, de nous de l’eau, en pleine nature immobi- Ce sont eux les vrais politiques, soustraire aux inerties de l’ignoran- le », Cézanne, saluant « la beauté l’empereur Hui-zong avait raison. ce. Ici, danger : fête de l’intelligen- sans âge » et « projeté, instinctive- C’est cette guerre menée par eux, ce, c’est dire de l’émotion. Philippe ment immémorial, dans un autre rap- dont Philippe Sollers, lui-même Sollers nous convie à l’exploration port à l’être, unique, inhabituel », combattant majeur, tient la chroni- des merveilles proches, tout alen- tandis que « sa peinture est aussi, que. Une guerre où il faut savoir res- tour, et de leur éternité ; l’Eloge de bien entendu, polémique et politi- ter attentif, cependant, à la plénitu- l’infini célèbre la présence perma- que. Comment ne le serait-elle pas de des jours et des heures : « La vio- nente des œuvres, la rémanence de quand elle a tout le XIXe siècle ligué lence guette, la lutte, le sang, mais ce leurs auteurs, leur résistance aux contre elle ? ». n’est pas une raison pour détourner chronologies de la mort, leur natu- Qu’il s’agisse encore, entre autres son attention du temps qu’il fait, re impérissable. L’enjeu ? Une résur- créateurs, de Proust utilisant « son d’un feuillage qui bouge, d’un rection perpétuelle. corps de plus en plus fatigué… deve- reflet. » Mais oui ! La simplicité. Le Liés autour d’une pensée tou- nu une graphie vivante » et dont calme de l’exactitude. « L’essentiel jours plus cohérente, en extension, l’œuvre est « une offensive, une fati- est là, tout proche, extrêmement sim- les textes de cette suite à La Guerre gue, une règle, une église, un régime, ple : un tintement, un souffle, un du goût (1) s’insèrent dans les straté- un obstacle, une amitié, un enfant, goût, presque rien. C’est pourtant là gies poursuivies par Sollers de livre un monde », ou qu’il s’agisse de que se tient le plus vaste, le plus en livre, de romans en essais, et Picasso, Bataille, Bacon, Twombly, riche, ce nous-même dont nous ne dans la dynamique d’une vaste c’est chaque fois l’élan, la capacité voulons pas, ignoré de nous-même. D.R. réflexion, inexorablement fidèle à Philippe Sollers devant « L’Amour en platre » de Cézanne de faire irruption au cœur même de Plutôt des tonnes de bruit que ce pres- la liberté, la mobilité, au refus des l’œuvre et d’en faire surgir à vif que rien. » limites, à l’affrontement aux impos- teur) dans un ensemble passion- la vie, happée à même son activité, leurs ruses brutales, à ce qu’advien- l’auteur, mais aussi, chaque fois, le Autant d’armes : la fraîcheur tures et leurs faits accomplis. Si ces nant, vif, d’une gravité allègre. Sol- sa passion, non pas béate et niant nent les œuvres, à ce qu’elles soient monde qu’il suscite, inaugure et retrouvée des mots fatigués, la pein- textes ont été publiés déjà (certains lers y respire à même ses tempos, l’horreur, l’infamie ou même en conçues, reçues, perçues, à ce que celui qu’il transcende. Qu’il s’agisse ture, « acte du corps » ; la pensée, d’entre eux dans Le Monde et « Le son rire et sa voix. Il danse, ironise, consolant, mais incluant, au s’accomplisse la véritable histoire de la Chine ou de « l’usage de Veni- dangereuse – les régimes totalitai- Monde des livres »), leur ensemble il émeut. Et puis il admire. Il ose contraire, la détresse, le tragique de l’Histoire, à ce que soient propa- se », d’une princesse brisée ou de res en sont les premiers conscients. n’en a pas moins pleine qualité admirer et sans réticence, apte à tra- pour en extraire l’énergie et les réta- gés les dons de la vie, ceux qui tien- Face aux aberrations d’inédit, chacun des essais ayant duire avec fougue ses jubilations. blir au sein des dignités âpres de la nent en alerte les vivants. de l’Histoire et, aujour- été « conçu dans la perspective d’un Cadeau ! Question : combien de beauté et de sa puissance insurrec- Qu’il s’agisse, par exemple, de Viviane Forrester d’hui, à l’absurde et livre qui n’aurait pas de fin » et « pré- créateurs assez sûrs de leur territoi- tionnelle. Pouvoir de Sollers, sans Blaise Pascal, « composant et décom- cruel saccage de cette vu pour jouer avec d’autres dans un re pour se laisser ravir ainsi, sans cesse dressé contre les forces sour- posant l’aventure humaine »,de Nietzsche, de l’impossible maîtrise planète, de ses habitants, par les ensemble ouvert ultérieur ». Ils pren- limite, et le communiquer ? noises, qui nous veulent aveugles, saint Augustin, « qui nous parle à par l’homme de sa domination de « marchés financiers », demeure et nent chacun un sens neuf (et nova- Eloge de l’infini ? Célébration de sourds et s’opposent, de toutes l’oreille », éveillant « une sensation l’humain ou de l’obscénité d’une résiste ce monde habité d’œuvres mode antisémite bien tempérée, de et de consciences. Un monde inex- la volupté créatrice ou de la peintu- pugnable, voluptueux, jalonné de re – « La peinture n’arrête pas signes, et de ceux d’un passé dont d’avoir lieu » –, de ses pratiquants la vivacité, les traces, nous sont tou- Philippe Sollers ou l’enfance à l’œuvre – « Quelle étrange vie ont les pein- jours contemporaines. Une collec- tres ! Quelle idée de faire de l’espace tion de dissidents, « perdu(s) pour avec du temps » –, qu’il s’agisse le temps perdu en commun »,pour Brillant, stimulant, provocant en ce qu’il révèle d’un passé trop longtemps occulté, l’essai biographique d’une multiplicité d’autres thèmes, la docilité au sein des minauderies nous sommes chaque fois au plus criminelles, pour les écoles « de sou- de Gérard de Cortanze – premier du genre – invite à relire sous un jour nouveau l’odyssée sollersienne précis, au noyau, à la pulpe de la mission, de reptation » et, surtout, question, mais entraînés dans les « très renseigné », très savant quant connaissance de la douleur « sans éclats, les détours, les souplesses au sens de l’autre. Quant au sens du PHILIPPE SOLLERS laquelle, explique Sollers, la question les plus inattendus d’une chorégra- corps, des corps. Dissidents dont ou la volonté de bonheur, du plaisir n’aurait aucun sens ». phie savante. les travaux, à l’instar de l’œuvre de roman Quand, à l’adolescence, cessent les Orchestration qui fait face à la Proust ou de Joyce, sont «un de Gérard de Cortanze. maladies, cette « question » se cristal- mobilisation générale et permanen- immense message de triomphe », qui Ed. du Chêne, « Vérité lise et se fixe sur une passion clandes- te des « agités du bouillon social », s’attache à chacun. Reste, pour cha- et légendes », 274 p., tine nommée E.S.M. ou Concha (Une des « fonctionnaires surveillants de cun, de devenir, demeurer sans 183 F (27,89 ¤). curieuse solitude), ou encore Maria l’art », affairés à contrôler, anéantir repos « celui qui, tel un plongeur qui (En librairie le 18 avril.) (Studio)… La belle exilée espagnole, tout ce et tous ceux qui risque- sonde, a une chance, dans la solitude anarchiste, qui entre au service de la raient de « mettre le spectacle en et le silence, de s’emparer du vrai ’Une curieuse solitude à famille Joyaux, devient « la femme péril ». Sollers convoque les rangs récit ». Passion fixe (1), elle est là, fondamentale, le souvenir sexuel princi- étincelants de ces « étranges présente, écrite, visible. pal (…). Elle lui indique, relève Cortan- humains », si souvent réprouvés, (1) Gallimard, « Folio », nº 2880. Lisible. Et pourtant, étran- ze, de façon extrêmement nette (…) abattus. Artaud, bafoué au Vieux- D e gement, elle est occultée, annulée, que sa boussole insistante, directe, pré- Colombier : « Enfin, Monsieur Signalons également, de Philippe censurée. Elle, c’est une histoire sin- cise, discrète sera à jamais le sexe. Elle Artaud, on ne s’exprime pas ainsi, Sollers, les rééditions de Lois (Galli- gulière, celle d’un certain Philippe modèle une certaine image de la fem- mettez-y les formes, dites-nous ça de mard, « L’Imaginaire », no 431), Nom- Joyaux dit Philippe Sollers. Atypique me : généreuse et perverse, transmettri- loin, soyez poétique. » Rimbaud, bres (« L’Imaginaire », no 425), Francis à plus d’un titre : une petite enfance ce magnifique d’expériences ; souvent sommé : « Disparaissez, Rimbaud… Ponge, ou la Raison à plus haut prix à Bordeaux (il y est né en 1936) pen- étrangère, porteuse de dissemblan- Laissez-nous faire nos comptes, et (Seghers, « Poète d’aujourd’hui » voir dant la deuxième guerre mondiale, ce ». allez vous faire pendre ailleurs. Ou sur cette collection « le Monde des au sein d’une famille de grande bour- alors soyez poète comme tout le mon- poches » p. II), et en mai : Une curieuse geoisie, anglophile ; une jeunesse « TOUT ENTIER ART » de. » Il convoque Mallarmé, tenant solitude (Seuil, « Points », P 852), marquée d’abord par les maladies et Philippe Joyaux a alors quinze ans « les comptes d’une société qui a Entretien de Francis Ponge avec Philip- se terminant par les séjours dans les et vient d’ailleurs de s’inventer un per- liquidé Baudelaire » et lisant au pe Sollers (Gallimard/Seuil, « Points hôpitaux militaires lors de la guerre sonnage répondant au nom de Sol- jeune Valéry « en chuchotant,Un Essais », P 455), Le Parc (Seuil, d’Algérie. Et, toujours, des amours lers, du latin sollus et ars, « tout entier coup de dé jamais n’abolira le « Points », P 878), et Paradis (Seuil, peu conventionnelles. Or c’est juste- art », qui signifie aussi habile, adroit, hasard. Son auditeur ne s’en remet- « Points », P 879). ment cette biographie cachée que intelligent, ingénieux, rusé. Deux ans tra jamais ». Claudel, lui, « n’aura Gérard de Cortanze a choisi de met- plus tard, en compagnie de son dou- pas trop de toute la Bible pour tenir Philippe Sollers est éditorialiste tre en lumière dans Philippe Sollers ou ble, ce nouvel Ulysse largue les amar- le choc. De là où il se trouve, Mallar- associé au Monde la volonté de bonheur, roman. Ce der- res pour Paris. Après un accostage nier terme étant à entendre non com- difficile mais formateur à Versailles, me une liberté prise par l’essayiste, les jésuites refoulent le navigateur mais bien comme moyen de « dévoi- aux lectures illicites. Retour à Bor- ler l’envers des apparences » pour deaux puis nouveau départ pour la D.R. approcher au plus près la vérité de La mère de Philippe Sollers à l’époque où elle n’était encore que la capitale. son sujet. Et ainsi faire sienne cette jeune mademoiselle Molinié. « A-t-elle eu sa vie volée, Mother ? Oui Sept années s’ensuivent, de déam- proposition de Sollers s’inspirant de et non, comme tout le monde. » (Le Secret) bulations, « de chambres, de saoule- Pascal : « Le préjugé veut sans cesse rie et de drame », comme le résume trouver un homme derrière un auteur ; toutes convergent vers un homme donc, écrit Cortanze, la conjonction : Sollers. Sept années où l’écriture s’im- LITTERAIRES dans mon cas, il faudra s’habituer au pudique et secret à sa manière, fidèle les deux couples vivent dans deux mai- pose comme une nécessité absolue. e contraire. » à sa devise : « Pour vivre caché, vivons sons mitoyennes, symétriques. Avec, En 1957, Philippe Joyaux, selon la Certains s’y refuseront, une fois heureux. » Il y a, bien sûr, le passé dans la généalogie, deux axes : mater- volonté maternelle, passe la barre à encore, et par là même rejetteront ce occulté et cette « sauvagerie de l’en- nel (fantaisie, aristocratie, pratique du son double turbulent pour publier « roman » brillant, stimulant, nourri fance », comme la nomme Sollers. jeu, des armes et des chevaux), pater- un premier texte, Le Défi, puis Une Chateaubriand 1,98 / F 13 avant tout d’une lecture minutieuse C’est Vichy, l’occupation allemande nelle (dur travail de l’usine, gestion, dis- curieuse solitude, immédiatement de l’œuvre, mais aussi d’entretiens de la demeure familiale, la destruc- cipline, problèmes concrets). » Au pre- célébrés, à la fois par Mauriac et par Une personnalité double et complexe. (avec Sollers lui-même), de témoigna- tion de la maison maternelle de l’île mier plan, les femmes et un terrain Aragon… A peine est-il salué par ces Chateaubriand, nageur entre deux rives, ges – en particulier celui de Domini- de Ré… Et aussi les aviateurs anglais d’investigation majeur pour un gar- « pères » que le jeune homme vire à redécouvrir dans ce dossier spécial. que Rolin, que Sollers rencontra dès cachés dans la cave, les messages çon précoce, curieux, sensible, en vent contraire. L’odyssée soller- 1958, après la parution d’Une curieu- sibyllins de Radio Londres, l’interdic- autour duquel gravitent une mère, sienne vient de débuter. Cap sur Tel se solitude – et riche de nombreuses tion faite par les parents de chanter à indépendante, drôle et douée pour Quel, en pleine tourmente algé- b photographies, souvent inédites l’école Maréchal, nous voilà. Un pas l’imitation, une tante séduisante, rienne. Ensuite, mai 68, la Chine, (notamment de Julia Kristeva, que de côté, hors du rang… (des meur- intelligente (sorte de double mater- New York, Venise et toujours Ré… Sollers épousa en 1967, et de leur fils, triers), déjà ! Le refus, donc. Comme nel plus sévère), et deux sœurs La route est encombrée de rencon- L‘art de l’éloquence David), qui s’imbriquent au récit. Un plus tard, celui d’aller se battre en aînées. Acteur et spectateur de son tres, de conflits, de joutes sociales et livre dérangeant, donc, par ce qu’il Algérie, ou encore celui, toujours, milieu, le jeune Philippe le devient d’incompréhension. Mais l’odyssée L’art de parler n’est plus un art à la mode. révèle d’un malentendu historique et d’accepter « l’amnésie générale ». aussi très tôt de son corps. Autre demeure solitaire – celle d’un « hom- Pourtant il a joué tout au long de l’histoire social et du déni d’une personne ; Il y a surtout, dans ce « roman champ d’exploration essentiel, fonda- me-écrivain » que Gérard de passionnant surtout par sa manière familial », une étonnante géographie teur, qui s’éprouve par les maladies Cortanze, par le prisme de l’enfance, un rôle considérable dans la formation CHEZ de saisir une enfance à l’œuvre et de humaine au climat incestueux : deux et aiguise les sens. C’est l’asthme et invite à lire enfin, autrement. 2VOTRE de l’esprit et de l’intelligence. remonter aux origines de l’écriture. frères, Maurice et Octave Joyaux (le les otites, le souffle et l’oreille, la voix, Christine Rousseau MARCHAND DE Que rapporte-t-on de cette traver- père), ont épousé deux sœurs, Laure le rythme (le jazz), le chant (l’opéra). JOURNAUX sée ? Plusieurs pistes essentielles qui et Marcelle Molinié (la mère). « Voilà La voie de l’écriture. C’est aussi la (1) Seuil, 1958, et Gallimard, 2000. VIII / LE MONDE / VENDREDI 6 AVRIL 2001 actualités b

L’EDITION Mobilisation FRANÇAISE Les incertitudes du Grand Livre du mois b Dominique Lecourt, président Dans un contexte difficile pour les clubs de livres, les libraires ont gagné un procès des libraires du conseil de surveillance des PUF. Le philosophe Dominique contre le GLM et veulent attaquer France Loisirs Lecourt a été élu président du d’Ile-de-France conseil de surveillance des Presses i l’année 2000 a été excep- Michel en est l’actionnaire majori- et Francis Esménard. « Il faut et le GLM 750 000. Vivendi Univer- universitaires de France, jeudi tionnelle pour l’édition taire depuis 1991, tandis qu’Alain retrouver un mode de sal vient de céder sa participation 29 mars. Il remplace Stéphane dans son ensemble et pour Aubry, qui dirige le CFL et l’Ency- communication avec les adhérents dans France Loisirs à Bertels- e Syndicat de la librairie Rials, qui a démissionné pour rai- Albin Michel en particu- clopaedia Universalis, en est l’opé- plus adapté à l’environnement dans mann, qui était l’opérateur du française (SLF) appelle sons de santé. Professeur à Paris II, Slier, elle a été bien sombre pour sa rateur. Tout allait pour le mieux. lequel on vit », explique-t-il. club et qui est à la fois le premier les libraires d’Ile-de- Stéphane Rials dirige les collections filiale Le Grand Livre du mois. Le Le groupe a même développé un Francis Esménard dédramatise l’af- éditeur du monde et le principal France à se mobiliser « Droit fondamental », « Lévia- club de livres a affiché des pertes lucratif club de vins. faire des points-cadeaux : « On opérateur de clubs de livres. Marc- Lpour protester contre les condi- than » et « Béhémoth ». Il avait suc- de 7 millions de francs et perdu en L’entreprise marchait bien, était dans le ronron des points- Olivier Sommer a entrepris une tions dans lesquelles le conseil cédé à Pierre Angoulvent, parti en appel un procès intenté par le Syn- Albin Michel empochait de subs- cadeaux, on va devoir faire preuve cure de rajeunissement de France régional veut appliquer un systè- conflit avec le président du direc- dicat de la librairie française (SLF) tantiels bénéfices et avait la satis- d’imagination. » Loisirs, en proposant des livres en me de gratuité des livres scolaires toire, Michel Prigent, alors que les pour infraction à la loi Lang. L’an- faction de voir que ses livres exclusivité. C’est ainsi que la dans les lycées. Dans un tract dis- PUF traversaient une grave crise née 2001 a également mal com- n’étaient pas maltraités par le BOYCOTTAGE meilleure vente de fiction de l’an- tribué jeudi 5 avril aux conseillers financière. Stéphane Rials et Domi- mencé, puisque la Cour de cassa- club. Puis la situation financière On ne le dit pas officiellement, née 2000 a été Feux de glace,de régionaux, ils avertissent : «Sile nique Lecourt ont soutenu M. Pri- tion a confirmé l’arrêt de la cour s’est dégradée. Le club de vidéos, mais la mission de Bertrand Nicci French, avec 487 000 exem- choix de la gratuité est considéré gent dans la récente restructuration d’appel, tandis que les rumeurs de qui perdait de l’argent, a été ven- Favreul est bien de « rendre plus plaires vendus chez France Loisirs, par les libraires comme une mesu- des PUF (« Le Monde des livres » ventes du club vont bon train. Ces du. Tandis qu’une cession du GLM belle la mariée ». Il prévoit un avant la sortie en librairies chez re sociale et un choix politique, du 5 janvier). Professeur à Paris VII, contrecoups interviennent dans a été envisagée. Une rumeur retour aux bénéfices dès 2001. Flammarion avec beaucoup moins vous ignorez certainement les con- Dominique Lecourt dirige aux PUF un contexte mondial difficile pour annonçait même qu’il avait été Après, tout est possible. Soit Le de succès. Cette opération n’a pas séquences qu’entraînera pour leur les collections « Science, histoire et les clubs de livres depuis plusieurs vendu à France Loisirs. Le dossier Grand Livre du mois trouvera en du tout plu aux libraires, qui, pour réseau sa mise en application ». société » et « Pratiques théori- années, confrontés qu’ils sont à un a été étudié par la filiale de Bertels- lui-même et chez ses actionnaires certains, ont directement renvoyé Pour le SLF, cela « aboutira à ques ». Il est l’auteur de L’Amérique vieillissement de leur concept. mann, mais son PDG, Marc-Oli- les moyens de se développer, soit le livre à l’éditeur, sans le mettre exclure les libraires indépendants entre la Bible et Darwin (PUF, 1992) Le Grand Livre du mois (GLM) vier Sommer, précise qu’« aucune il cherchera d’autres cieux. Mais en vente. Cela s’est fait assez dis- et de centre-ville du marché du et des Piètres-Penseurs (Flamma- propose une sélection de nouveau- négociation n’est en cours ». rien ne peut se faire dans l’urgen- crètement, mais ils entendent livre scolaire », et cela contribue- rion, 1999) Il a coordonné le Diction- tés vendues en même temps que « On savait, à la fin des ce et dans une situation difficile. désormais lancer un mot d’ordre ra à « les fragiliser, voire à les faire naire d’histoire et de philosophie des leur parution en librairie au même années 90, qu’on entrait dans une Le PDG d’Albin Michel a peu de boycottage des livres sortis disparaître », car « le manuel sco- sciences (PUF, 2000). prix mais avec une couverture car- zone de turbulences, le temps de apprécié le procès des libraires et d’abord chez France Loisirs. laire représente souvent de 30 % à b La CFDT et la CFTC attaquent tonnée. Pour fidéliser ses abonnés, s’adapter à Internet, explique Alain a alerté les autres éditeurs sur les Ils envisagent enfin d’attaquer 50 % du chiffre d’affaires d’un Hachette. L’intersyndicale CFDT- le club offre des points-cadeaux à Aubry. Il est logique qu’on se pose dangers d’un monopole de France France Loisirs sur un autre plan. libraire ». De plus, la rentrée est CFTC d’Hachette Livre a assigné en chaque achat, lesquels donnent des questions sur notre organisation Loisirs : « Les éditeurs sont La loi Lang autorise la vente en parfois l’une des rares occasions justice la direction après la signa- droit à des livres gratuits. Cela future et sur la structure de notre conscients que Le Grand Livre du clubs à un prix réduit « neuf mois pour des élèves de fréquenter ture par la CGC d’un accord sur les était valable pour des nouveautés. actionnariat pour le club de vins, mois leur apporte beaucoup d’ar- après la mise en vente de la premiè- une librairie. 35 heures. Les syndicats deman- C’est sur cette disposition que le d’une part, et les livres, d’autre part. gent, surtout que sa position un peu re édition », tandis que des inter- Les libraires protestent contre dent la réouverture des négocia- GLM a été attaqué par les librai- Mais nous cherchons à redéployer le plus élitiste par rapport à France prétations parlent de dépôt légal. la volonté de procéder à des tions après « ce que l’on peut consi- res, qui estimaient que ce système club de livres, qui se transforme en Loisirs permet de publier des tirages Certains romans de la rentrée appels d’offres qui les pénalise- dérer comme le plus mauvais accord contribuait à une baisse du prix du club de livres spécialisés », dans plus modestes. S’il ne devait rester paraissent fin août avec un dépôt ront et favoriseront les grossistes sur la RTT conclu aussi bien au sein livre, en infraction avec la loi Lang. l’Histoire ou dans le bien-être et la qu’un seul club en France, ce serait légal imprimé sur le livre en juin, du livre, alors que le ministère de du monde de l’édition qu’à celui du L’arrêt de cet avantage a pénali- psychologie. un problème. » et France Loisirs les sort dès son la culture essaie dans un autre groupe Lagardère », dans un sé le club, d’autant qu’il est interve- Bertrand Favreul a pris en jan- Encouragés par leur succès judi- catalogue de mars, moins de neuf dossier de plafonner les rabais communiqué qui dénonce « un cli- nu au moment où sa situation se vier la direction du Grand Livre du ciaire, les libraires se tournent aus- mois après la mise en vente. L’af- aux collectivités pour permettre mat délétère dans l’entreprise ». dégradait. Le GLM, créé en 1969 mois pour redresser l’entreprise. si vers France Loisirs, qui traverse faire est à l’étude, mais les librai- aux libraires indépendants de b Naissance de « Premières par le Club français du livre (CFL), Ancien dirigeant de Robert Laf- la même crise : il a perdu près d’un res n’ont pas envie d’offrir des regagner des marchés face aux impressions ». Pascal Jourdana, Robert Laffont et Claude Tchou, a font, il a dirigé plusieurs filiales de million de membres depuis la fin points-cadeaux aux clubs de livres. mêmes grossistes. ancien attaché de presse chez Actes déjà une longue histoire. Albin Havas et connaît bien Alain Aubry des années 80 – il en a 3,7 millions Alain Salles A. S. Sud, a créé, avec trois associés (Fabrice Lanfranchi, Cédric Fabre et Jean-Bernard Gallois), Premières impressions, une Société basée à Marseille qui se présente comme un intermédiaire entre auteurs et A L’ETRANGER éditeurs. « On a d’un côté des Ingrid Betancourt, le juge et l’ancien président b auteurs qui manquent de plus en plus LIVRES VOLÉS de réels partenaires et de l’autre des En Espagne, un prêtre et un professeur ont été condamnés chacun éditeurs de plus en plus pris par le e livre n’a pas été saisi et cela suffit au bon- festement des atteintes à son honneur et à sa considéra- à un an de prison pour avoir, entre 1994 et 1996, dérobé à la biblio- temps et les contraintes. Je crois qu’il heur d’Ingrid Betancourt et de Bernard tion et non, comme le soutient la défense, la simple thèque du diocèse de Zamora 466 livres anciens – dont dix incuna- y a un besoin pour une structure qui Fixot, le PDG des éditions XO. Au 1er avril, expression d’une opinion politique », écrit le juge pari- bles –, qu’ils revendaient à des collectionneurs ou à des institutions serve de liens entre les gens », expli- La Rage au cœur, récit autobiographique sien, Jean-Yves Monfort, dans son ordonnance de publiques à San Francisco, Milan, Bogota ou Paris. 40 % des ouvra- que-t-il. Pour Pascal Jourdana, le Ldes aventures politiques de la jeune sénatrice colom- référé. ges ont été récupérés à ce jour. En Italie, à Mantoue, ce sont au rôle de Premières impressions est bienne, s’est vendu à plus de 75 000 exemplaires, « J’ai attaqué Ingrid Betancourt parce que je ne peux moins 500 livres anciens qui ont disparu de la bibliothèque histori- plus large que celui d’un agent litté- depuis sa mise en librairie le 26 février. Ce véritable pas laisser sans réponse les accusations qu’elle porte que Teresiana, fermée au public depuis deux ans pour travaux de raire, car elle réalise aussi « un tra- succès d’édition ne lasse pas d’étonner, tant les tribu- contre moi. En revanche, quand son livre sera publié restructuration. vail éditorial préparatoire » sur le lations d’une jeune femme BCBG, pur produit de l’éli- en Colombie, je ne ferai rien, car les Colombiens con- b PRIX LITTÉRAIRES ET AUTRES manuscrit. Le coût pour l’auteur te d’un pays aussi lointain qu’inconnu, la Colombie, naissent, eux, la réalité », a déclaré au Monde Ernesto L’écrivain uruguayen Marco Benedetti a reçu le Prix Iberoamerica- varie de 2 à 5000 francs, en partie avaient dans l’absolu peu de chances de retenir l’at- Samper, encouragé par les réactions de la presse no de la Fondation José-Marti doté de 6 millions de pesetas (30 000 remboursable, si la recherche d’un tention des lecteurs français. colombienne, qui s’est gaussée de l’engouement des euros) La romancière Doris Lessing, née en Perse, élevée en Rhodé- éditeur est infructueuse. Premières Dans un style et une argumentation sommaires, la médias français, qui ignorent tout de la Colombie, sie et installée en Angleterre depuis 1949, a reçu le Prix David- impressions se rémunérera aussi jeune parlementaire colombienne a peint son pays pour cette nouvelle Jeanne d’Arc (Le Monde du Cohen de littérature britannique, décerné tous les deux ans par par un pourcentage sur les ventes. dans des termes manichéens, d’où il ressort qu’elle 24 mars). L’avocat de l’ancien président, José Michel The Arts Council. Le prix « Sofie », créé en 1997, à l’initiative de Pascal Jourdana veut se limiter à est la seule et l’unique à combattre la corruption et la Garcia, a confirmé mercredi 4 avril qu’il allait pour- l’écrivain norvégien Jostein Gaarder et de sa femme, Siri Dannevig, une dizaine de contrats par an. décomposition en place. Pour accentuer le trait, celle suivre « la procédure au fond pour obtenir la condam- et doté de 100 000 dollars, pour honorer des individus ou des orga- (9, traverse de la Roseraie, qui a déclaré son intention d’être candidate à la pro- nation d’Ingrid Betancourt, l’obtention de dommages nisations ayant suggéré ou mis en œuvre des alternatives à l’évolu- 13007 Marseille ; chaine élection présidentielle a lancé de graves accu- et intérêts et l’insertion de droits de réponse dans les tion actuelle des sociétés sera remis à l’Association pour la taxa- [email protected]) sations contre des hommes politiques colombiens, principaux médias français ». tion des transactions financières pour l’aide aux citoyens (Attac). b Cinéma chez Pauvert. Pauvert, dont l’ancien président, Ernesto Samper (1994-1998), Le PDG des éditions XO se dit serein et certain de b ALLEMAGNE : FOIRE DE LEIPZIG filiale de Fayard (Hachette), crée la qui a demandé réparation devant les tribunaux fran- la solidité des affirmations de Mme Betancourt, dont Quelques jours après la fin du Salon du livre de Paris, une bonne collection « Un cinéaste, un çais. le succès éditorial doit tout, selon lui, « à la qualité partie des écrivains allemands se sont rendus à la Foire du livre de roman », dirigée par Benoît Si le juge n’a pas ordonné la saisie du livre, il a du livre, à la capacité lumineuse de son auteur ». Leipzig, qui voudrait devenir une fenêtre vers l’Est et un contre- Delmas, inspirée de la phrase de accordé à M. Samper un droit de réponse sous la for- Devant le juge, Ingrid Betancourt avait expliqué point à Francfort. Mais les éditeurs des pays de l’Est jusqu’à pré- François Truffaut : « Littérature et me de l’insertion d’un encart dans le livre pour faire qu’« en Colombie, si on n’est pas des deux partis, libé- sent manquent de moyens… cinéma ont toujours été intimement état de sa protestation concernant les passages qu’il ral ou conservateur, on prend les armes ou on part » liés. » Elle propose à un réalisateur juge diffamatoires. Par ailleurs, l’ancien président est alors qu’au premier tour de l’élection présidentielle, d’écrire un roman. Le premier titre encouragé à poursuivre son action au fond par les en mai 1998, une candidate indépendante, Noémi à paraître en mai est : Des brutes et termes mêmes du jugement du tribunal, rendu Sanin, arrivait nationalement en troisième position des méchants, de Guillaume public vendredi 30 avril. « Les propos publiés qui pré- avec 27 % des suffrages et en tête dans la capitale, Nicloux. sentent M. Samper comme l’auteur ou le complice de Bogota, avec 41,47 %. Elle prouve avec son mouve- crimes d’assassinats, de corruption et de manipula- ment Option vie qu’une alternative réelle, dans la vie Rectificatif tions politiques diverses, grâce auxquelles il aurait pu politique des 40 millions de Colombiens, existe. b Le roman de Walker Percy Lance- accéder au pouvoir et s’y maintenir, constituent mani- Alain Abellard lot (« Le Monde des livres du 23 mars ») a été traduit par Sabine Porte et non par Patrice Hoffmann. b DU 11 AVRIL AU 21 MAI. LIVRE AGENDA D’ARTISTE. A Paris, dans le cadre de la saison culturelle Région b LE 6 AVRIL. AFGHANISTAN. Limousin/Centre Pompidou, la BPI Aux Lilas (Hauts-de-Seine) dans le expose une quarantaine de livres cadre des « Rencontres pour Dire » d’artiste provenant des collections est organisé un débat sur « Afgha- des éditeurs du Limousin (de nistan : littérature et exil », avec 12 heures à 22 heures, sauf le mar- Atiq Rahimi et Spôjmaï Zariâb (à di, Bibliothèque publique d’infor- 20 h 30, Le Triton, 11 bis, rue du mation, Centre Pompidou, rue Coq-Français, 93260 Les Lilas ; Saint-Martin, 75004 Paris, rens : rens. : 01-49-72-83-13). 01-44-78-12-33). b LES 7 ET 8 AVRIL. FOLIVRES. A b JUSQU’AU 13 AVRIL. GARAN- Grillon (Vaucluse), l’association JOUD. A Grenoble, se tient une Majuscules propose des animations exposition du peintre Claude autour de l’écrit et un débat : « Quel- Garanjoud sur ses « Livres avec les le école pour le XXIe siècle ? Quelle poètes 1990-2000 ». Bibliothèque société à travers les technologies municipale d’étude et d’informa- nouvelles ? » (Ecole élementaire de tion, 12, bd Maréchal-Lyautey, Grillon, avenue du Comtat, 84600 38000 Grenoble ; rens. : Grillon ; rens. : 04-90-35-51-09 ou 04-76-86-21-00). 04-90-35-20-59). b JUSQU’AU 28 AVRIL. BLIXEN. b LUNDI 9 AVRIL. DIDEROT. A A Condé-sur-Noireau (Calvados), Arles, l’association du Mejan le Centre régional des Lettres de propose une lecture des lettres à Basse-Normandie organise, dans le Sophie Volland de Diderot par cadre des « Boréales », une exposi- Denise Gence et Claude Santelli tion sur Karen Blixen (Média- qui seront accompagnés au pia- thèque, 9, rue Saint-Martin, no par Jean-Marie Sénia (à 14110 Condé-sur-Noireau, rens. : 20 h 30, Chapelle Saint-Martin 02-31-69-41-16). Cette exposition du Méjan, 13200 Arles, rens. : se poursuivra dans la région (rens. : 04-90-49-56-78). 02-31-15-36-40). VENDREDI 6 AVRIL 2001

PORTRAIT DE GROUPE MAIGRET ENVOYÉ SPÉCIAL SÉLECTION AVEC TOUCHES DE BRUN Les reportages autour du monde, dans La liste des livres Tableau d’une petite bourgade allemande les années 1930 et 1940, de Georges Simenon : de poche parus pendant la guerre, par Siegfried Lenz p. III le moment présent sur le vif p. X en mars p. XIII à XVI

SUPPLÉMENT AU MONDE DU VENDREDI 6 AVRIL. N˚ 17480 - DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : JEAN-MARIE COLOMBANI - IMPRIMERIE LE MONDE actualités bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb sommaire Le premier galop b Montaigne, l’éternel Essai ? b LITTÉRATURES La Leçon d’allemand L’édition de La Pochothèque réhabilite l’idée d’une œuvre achevée du Cavalier bleu de Siegfried Lenz (p. III) Comptez vos jours omme d’autres « textes-cultes », qu’il emprunte à Montaigne. n peut lancer une maison d’édi- d’Alice Rivaz (p. IV) les Essais de Montaigne produi- Mais voici des voix dissonantes, et non tion sans moyens, avec juste des Le Tournant et Speed sent « des habitudes de lecture » des moindres, avec la nouvelle édition des rêves un peu fous dans la tête et de Klaus Mann (p. IV) difficiles à modifier, selon Hu- Essais dans La Pochothèque, sous la direc- le sentiment confus qu’on va Le Quai de Wigan guesC Pradier, directeur éditorial de « La tion de Jean Céard. Cette très sérieuse édi- Orévolutionner l’édition et la littérature. Le et Dans la dèche Pléiade », chez Gallimard. tion bouleverse les acquis éditoriaux sur Cavalier bleu, lui, a les pieds sur terre. à Paris et à Londres Résumons. D’un côté l’édition posthume Montaigne, comme le montre la préface d’I- L’Hommage à Kandinsky est presque la seule de George Orwell (p. IV) des Essais, établie en 1595 par la « fille d’al- sabelle Pantin : elle réhabilite le texte sans fantaisie que les trois fondatrices de cette Little liance » de Montaigne, Marie de Gournay. « problèmes de raccord » que donnait l’édi- nouvelle maison, qui se spécialise dans l’édi- de David Treuer (p. V) De l’autre, le fameux exemplaire de Bor- tion de 1595, contre le « semi-brouillon » de tion pratique, se sont permise. Alouette deaux, une copie imprimée de l’édition des l’exemplaire de Bordeaux, fait sauter les Marie-Laurence Dubray et Catherine de Dezsö Kosztolanyi (p. V) Essais de 1588 que Montaigne a annotée jus- sacro-saintes couches philologiques dans le Boulud pensent à créer leur maison depuis De joyeuses funérailles qu’à sa mort, en 1592. Pendant trois siècles, texte, donne les tables des matières ajou- leurs diplômes de management de l’édition. de Ludmila Oulitskaïa (p. V) on s’habitue à lire Montaigne dans l’édition tées au XVIIe siècle, bref modifie à nouveau Elles font leurs gammes, la première comme Livraisons (p. IX) de 1595. Mais dès le XIXe siècle, le renou- nos habitudes de lecture en refusant «ce directrice marketing chez l’éditeur pratique veau de l’histoire littéraire fait sortir l’ex- préjugé moderne qui nous fait aimer dans le li- Prat, la deuxième chez Hachette, la Sofres b ROMANS emplaire de Bordeaux de l’ombre. Déchiffré vre de Montaigne le type même d’une œuvre ou la Fnac. Quand Reed-Elsevier rachète POLICIERS et édité de 1906 à 1920, cet imbroglio d’« al- en mouvement, à l’achèvement impossible ». Prat, Marie-Laurence Dubray relance le pro- La Cinquième Affaire longeails » et de repentirs devient la nou- Or ce point de vue n’est pas isolé. L’équipe jet. Elles ont été rejointes par Sophie Behr, de Thomas Ribe velle « vulgate » des Essais, à lire la préface qui prépare l’édition des œuvres complètes responsable éditoriale de la maison. d’Oystein Lonn (p. VI) de « La Pléiade » en 1962. Des repères philo- de Montaigne dans « La Pléiade » l’a aussi Elles ont soigneusement défini un pre- Livraisons (p. VI) logiques insérés dans le texte même, les fa- adopté pour les Essais. Et pour cause : le pro- mier concept de collection, « Idées reçues », meux (a), (b) et (c) adoptés par la plupart jet avait été confié à Michel Simonin, aujour- qui veut faire le tour d’un sujet à partir des b SCIENCE-FICTION des éditeurs, indiquent l’enchevêtrement d’hui décédé, dont les dernières recherches clichés qui l’environnent. Marie-Laurence L’Etoile de ceux des couches de rédaction. L’image d’une œu- sur Montaigne justifient ces choix. Dubray fait le pari que « quand on part des qui ne sont pas nés vre labile, fragmentaire, discontinue et insai- Dans la réception de Montaigne, une nou- idées reçues on a toutes les chances de ne pas de Franz Werfel (p. VII) sissable, voire indécidable, a pris forme. velle étape est certainement franchie. Au lec- y revenir ». Sept titres viennent de sortir : Limbo Cette vision aura parfois des conséquences teur de cheminer dans les Essais comme il le L’Ecole, Les Fonctionnaires, Les Corses, Napo- de Bernard Wolfe (p. VII) étonnantes, par exemple l’édition des Essais souhaite, que se profile à l’horizon le mirage léon, Les Francs-maçons, La Mémoire, Le Can- Livraisons (p. VII) préparée par André Tournon pour l’Impri- d’un texte déconstruit ou l’architecture cer. Vingt-quatre ouvrages au total de- merie nationale en 1998, qui va jusqu’à inté- d’une œuvre achevée. vraient paraître dans l’année. Chaque vo- b POÉSIE grer les ultimes corrections autographes de Fabienne Dumontet lume fait 128 pages, il est vendu 49 francs Le retour des « Poètes l’exemplaire de Bordeaux, largement omi- (7,47 ¤), avec un tirage de 8 000 exemplai- d’aujourd’hui » (p. VIII) ses dans l’édition de 1595. André Tournon e Les Essais de Michel de Montaigne : Le Livre res. La diffusion et la distribution sont assu- Ridiculum Vitae présente ainsi des Essais « qui dérèglent le de poche, « La Pochothèque », 154 p., 139 F rées par Harmonia Mundi. Les auteurs sont de Jean-Pierre Verheggen jeu des rhétoriques traditionnelles », une œu- (21,19 ¤) jusqu’au 30 avril, 155 F (23,63 ¤) en- des spécialistes qu’il a fallu convaincre de (p. VIII) vre au « langage coupé », selon la formule suite. « prendre les choses par le petit bout de la lor- Art poétique gnette ». Parmi eux : Thierry Lentz, Philippe de Guillevic (p. VIII) Franchini, Jean Cambier, Paul Balta. Le Cavalier bleu a prévu deux autres col- b ESSAIS lections en 2002. « Versus » se proposera Mes apprentissages d’aborder des sujets sous deux angles oppo- de Georges Simenon (p. X) sés, en jouant l’opposition sur chaque dou- Le Livre noir. Totalement lyrique ble page. L’idée est venue d’une série d’été Sur l’extermination du Monde, qui interrogeait : « Etes-vous des juifs en URSS Larousse ou Robert ? », etc. Le Cavalier bleu et en Pologne (1941-1945) La collection « Opéras » de Bleu nuit éditeur veut aussi se diriger vers des horizons plus de Vassili Grossman lointains, avec une collection de littératures et Ilya Ehrenbourg (p. XI) ’aventure est singulière : à la ren- autres en octobre (signalons les méritoi- étrangères, « Autres mondes », « tournée Et si je suis désespéré, trée 2000, une toute jeune mai- res Parables for Church Performance de vers les minorités linguistiques et économi- que voulez-vous son, Bleu nuit éditeur (30, rue Britten, ou Die Gespenstersonate de ques, pour faire émerger des pays qui n’ont que j’y fasse ? Grégoire-de-Tours, 75006 Paris), Reimann), dont certains (The Beggar’s pas voix au chapitre ». La maison a bien sûr de Günther Anders (p. XI) Lqu’on avait découverte à l’occasion de la Opera de Britten encore ou, plus prévisi- son site Internet (www.lecavalierbleu.com), L’Art d’accommoder parution d’un Guide des CD signé par les ble, Tristan et Isolde, de Wagner) virent qui permet un dialogue avec les auteurs et les bébés deux créateurs de la maison, Jean-Phi- leur tirage rapidement épuisé. propose de constituer un Nouveau diction- de Geneviève Delaisi lippe Biojout et Pascal Fardet (256 p., Depuis le début 2001, cinq nouveaux naire des idées reçues. de Parceval et 98 F [14,94 ¤]), lançait une collection titres sont venus enrichir la toute jeune A. S. Suzanne Lallemand (p. XI) « Opéras » en partenariat avec l’Opéra collection : Sainte Jeanne des Abattoirs,de Questions générales national du Rhin. Elle proposait des Brecht, Aleksis Kivi, de Rautavaara, de littérature monographies lyriques accompagnant la L’Amico Fritz, de Mascagni, Peter Grimes, en bref d’Emmanuel Fraisse publication du livret, substitut de ce de Britten, et Héloïse et Abélard, d’Ahmed b et Bernard Mouralis (p.XII) qu’offrent le plus souvent les program- Essyad, créé à Mulhouse en octobre 2000. Cours de médiologie mes vendus lors des représentations, des Un pari audacieux puisque l’œuvre ne b Mondes imaginaires. Bayard Jeu- générale commentaires utiles sur l’œuvre, le sera donnée à Paris, au Théâtre du Châte- nesse lance une nouvelle collection vouée à de Régis Debray (p.XII) compositeur, le contexte de la création, let, que les 16, 19 et 22 mai. la science-fiction et à la « Fantasy » : « Les Requiem pour les figures des mythes mises en jeu quand Il faut saluer l’engagement novateur Mondes imaginaires ». Quatre titres ont une avant-garde le cas s’en présente… d’une entreprise qui ne privilégie pas le présidé à sa naissance. Deux relèvent de la de Benoît Duteurtre (p.XII) Onze titres parurent en septembre confort des affiches convenues, préférant science-fiction et sont l’œuvre d’auteurs Livraisons (p. IX) 2000, consacrés à des œuvres classiques – l’audace des exhumations, voire des révé- maison : Marie-Hélène Delval et Philippe Don Giovanni de Mozart, La Cenerentola lations. Une aventure à suivre. Andrieu. Deux appartiennent au domaine b SÉLECTION de Rossini ou La Bohème de Puccini – ou Ph.-J.C. de la « Fantasy » et sont signés par un des La liste des livres plus rares – Hary Janos de Kodaly, Ariane experts français du genre : Pierre Grimbert. de poche parus de Martinu ou Barbe Bleue d’Offenbach, e Collection « Opéras » : 60 F ou 40 F Les quatre proposent un voyage vers en mars (p. XIII à XVI) malheureusement sans le livret. Douze (9,14 ¤ou 6,10 ¤), selon la taille du volume. l’ailleurs joliment présenté en or et argent. II - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 6 AVRIL 2001 littératures bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Portrait de groupe avec touches de brun

LA LEÇON D’ALLEMAND tres, à montrer les beautés et les horreurs (Deutschstunde) du monde, à dire qu’il y a autre chose. Qu’il de Siegfried Lenz. y a toujours autre chose. Qu’il faut appren- Traduit de l’allemand par Bernard Kreiss. dre à voir – et à être vu. La relation que les 10/18, « Domaine étranger », 514 p., trois enfants Jepsen, et surtout Siggi, vont 55 F (8,38 ¤). entretenir avec Max Ludwig Nansen donne (Première édition : Robert Laffont, 1971.) lieu à certaines des plus belles pages du livre : Siegfried Lenz, à qui Emil Nolde a l est de bon ton aujourd’hui, en Alle- servi de modèle pour le personnage du pein- magne comme en France (où l’on n’a tre, parle de la peinture comme peu d’écri- jamais fait preuve, cela dit, d’une vains savent le faire. Et les prophètes jau- grande empathie ni d’une immense nes, les usuriers et les kobolds, les acroba- Icuriosité pour la littérature d’outre-Rhin), tes au manteau rouge, les paysans courbés de considérer les grands auteurs allemands par le vent et les marchands des quatre-sai- des années 1960 et 1970, ceux qui se sont sons verts et matois nous regardent, au fil colletés avec l’histoire de leur pays et donc des pages, et nous les voyons. avec sa responsabilité collective face au na- Il faudrait pouvoir parler, encore, de dizai- zisme, comme dépassés. Une génération nes de scènes d’anthologie, un goûter d’an- s’inscrit contre la précédente, et, comme niversaire, l’abattage d’une bête malade, celle de l’après-guerre avait affronté ses pè- une leçon de sciences naturelles sous les res et leur complaisance ou leur indiffé- bombes, une projection de photos où l’on rence devant la montée de l’hitlérisme, les est la proie de « doubles vues »… Et des di- jeunes auteurs d’aujourd’hui semblent las- zaines de personnages secondaires, tous sés de ce passé dont ils ne se sentent pas parfaitement esquissés, d’une incroyable comptables (« Le Monde des livres » du densité. Et puis il y a la guerre. A hauteur 16 mars). Trop ressassé, dépassé ? A voir. Il d’hommes. On est loin de Berlin. Mais, sans serait dommage, en tout cas, de se laisser elle, bien sûr, rien de tout cela ne serait emporter par l’air du temps et de passer à arrivé. La guerre qui a tout exacerbé : les ILLUSTRATION (COUVERTURE ET DÉTAIL INTÉRIEUR) : LORENZO MATTOTTI côté de la réédition en poche du meilleur ro- mesquineries, les jalousies, les frustrations, man d’un des trois grands représentants de arrivé là. Siggi Jepsen, en effet, a été puni les haines. Et « les joies du devoir », notam- cette tradition historique et politique alle- Le grand roman parce qu’il avait rendu copie blanche à son ment chez ceux qui étaient le dernier mande, Siegfried Lenz. Avec Heinrich Böll professeur d’allemand sur le sujet de rédac- maillon de l’autorité… Au lecteur qui vou- et Günter Grass, l’auteur de La Leçon d’alle- de l’Allemand tion suivant : « Les joies du devoir ». Ce drait mieux comprendre, on conseillera, mand, qui est né en 1926 en Poméranie et n’est pas qu’il n’ait rien à dire, pourtant, comme Siggi dans sa rédaction, de « lire fut en 1943 déserteur de l’armée du Reich, a Siegfried Lenz, Siggi. Ce serait même plutôt l’inverse. Trop d’autres écrits concernant, par exemple, les été l’écrivain de l’après-guerre le plus célè- à dire, et il lui faudra un an de punition formations nuageuses ou la migration des ci- bre et le plus lu dans son pays. Il n’a pour- magnifique volontaire pour mettre en ordre ses souve- gognes, la qualité de notre mémoire et de nos tant jamais été vraiment reconnu en nirs de petit garçon pendant la guerre, là- ressentiments, nos fêtes et nos hivers ». Bref, France, malgré ses qualités romanesques et tableau d’une bas, dans ce plat pays battu par le vent et la de ne pas bouder La Leçon d’allemand. son envergure intellectuelle. petite bourgade mer du Nord, et en arriver aux ravages que Fabienne Darge Certes, à l’époque de sa première paru- peuvent faire « les joies du devoir ». b tion déjà, en 1971, le sujet traité par Siegfried Lenz n’était pas d’une originalité pendant la guerre Au fil de sa rédaction-confession, Siggi va extrait fracassante : la description de la vie quoti- tenter de comprendre. Comprendre com- dienne des petites bourgades sous la dicta- et réflexion ment, pourquoi son père, Ole Jepsen, l’offi- Ma mère s’arrêta de manger. Elle fixa la ture brune, le conflit de générations entre cier de police de Rugbüll, dernier poste raie impeccable de mon père et, comme de les pères et les fils, la honte de ceux-ci, la sur la peinture avancé avant la frontière danoise, s’est juste, elle dit : Parfois, je pense que Max de- bonne conscience de ceux-là, l’impossible acharné, pendant et après la guerre, sur le vrait se réjouir de cette interdiction. Quand dialogue et la rupture inévitable ont inspiré et la vision, peintre Max Ludwig Nansen, l’ami de la fa- on voit le genre d’humanité qu’il peint : ces également Böll et Grass, bien sûr, mais mille que les nazis, un jour de 1943, ont qua- visages verts, ces yeux mongols, ces corps aussi Martin Walser, Alfred Andersch ou la responsabilité lifié de « dégénéré ». Comment et pour- difformes, toutes ces choses qui viennent Christian Geissler. Mais La Leçon d’alle- quoi, mandaté par les autorités pour faire d’ailleurs : on sent qu’il est malade. Un mand est d’abord un excellent roman, et le sens du devoir respecter l’interdiction de peindre imposée visage allemand, on n’en rencontre pas chez touffu et limpide à la fois, rempli d’histoi- par Berlin à Nansen, l’officier de police de lui. Autrefois, oui. Mais maintenant ? – Mais res, fourmillant de personnages, réels (dans Rugbüll va non seulement « faire son à l’étranger, il est très connu, dit mon père, la fiction) ou légendaires, de détails, de devoir » sans états d’âme, sans se poser de on l’apprécie beaucoup. – Parce qu’ils sont couleurs, un roman où souffle en perma- questions, mais faire plus que son devoir, eux-mêmes malades, dit ma mère ; c’est nence le vent venu de la mer du Nord, ce c’est-à-dire surveiller, traquer, menacer, ten- pour ça qu’ils s’entourent d’images mala- vent qui emporte tout sur son passage, vide ter d’annihiler le peintre et son art de ma- des. Regarde un peu les bouches des gens les plaines et fait se courber les hommes, ce nière peu à peu obsessionnelle et maladive. qu’il peint. Noires et de travers. Soit qu’elles vent qui fait de ce coin d’Allemagne où tout Et encore pourquoi les trois enfants Jepsen, crient, soit qu’elles bégayent, un mot sensé se passe « un pays qui ne comprend pas la Klaas, Hilke et Siggi, vont, chacun à sa ma- ne peut pas sortir de ces bouches-là ; et sur- plaisanterie », comme le dira l’un des per- nière, résister aux diktats de leur père et à tout pas un mot allemand. Je me demande sonnages, « toujours profondément grave, tout ce que représente cette autorité, et quelle langue peuvent bien parler ces gens. même quand il y a du soleil, toujours cette prendre le parti du peintre, celui de l’art, de – Pas l’allemand, en tout cas, dit mon père, sévérité ». la liberté et du désir de vivre. là tu as raison. – C’est Busbeck qui a dû ame- Au commencement, il y a un jeune Car on ne vit pas vraiment chez les Jep- ner Max là où il est, dit ma mère : pour homme. Il est enfermé dans une maison de sen, entre la mère, névrosée et frustrée, les plaire à l’étranger, il a dû le convaincre de redressement « modèle » sur une île en face lèvres pincées et le chignon serré (ou représenter toutes ces choses étrangères et de Hambourg, et l’on ne saura pas avant la l’inverse), et le père, éternellement sanglé malades, ces visages verts, ces bouches toute fin du roman pourquoi il est là. On ne dans son uniforme, pétri de bonne béantes, ces corps bizarres. Max devrait se le saura pas parce qu’il aura fallu qu’il dé- conscience et qui « n’a que le mot devoir à la réjouir de cette interdiction parce qu’elle le roule tout le fil de son histoire pour com- bouche ». Le peintre est le seul, dans cette ramène à lui-même. Aux gens de notre race. prendre, et nous avec lui, comment il en est atmosphère étouffante, à ouvrir les fenê- La Leçon d’allemand, pages 199 et 200. VENDREDI 6 AVRIL 2001 - LE MONDE DES POCHES - III littératures bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Les rivages La lucidité du fils du magicien de Rivaz Des Mémoires et des nouvelles pour retrouver la subtilité et le sens de la vérité de Klaus Mann

COMPTEZ VOS JOURS LE TOURNANT Avec la complicité de sa sœur Erika, qui posthume, « Speed ». Un seul de ces brefs d’Alice Rivaz. (Der Wendepunkt) demeurera son amie la plus intime, il finit récits fut, du reste, publié de son vivant, et Ed. L’Aire bleue (rue de Klaus Mann. par fuir une Europe qu’il aura parcourue en ce n’est pas le meilleur (« Le dernier cri »). de l’union 15 CH, Traduit de l’allemand tous sens pour s’installer aux Etats-Unis, où « Le cinquième enfant », qui ouvre cette an- 1800 Vevey, Suisse), par Nicole et Henri Roche. il poursuit son travail de directeur de revue thologie, fut écrit à vingt ans, l’âge du prota- 72 p., 49 F (7,47 ¤). 10/18, 690 p., 65 F (9,91 ¤). antinazie et d’écrivain à la fois intimiste et goniste. Jeune intellectuel en visite dans la (Première édition : (Première édition : Solin, 1984.) politique. Ne supportant pas l’éloignement maison d’un philosophe disparu (un peu sur José Corti, 1966.) inerte en période de tumulte guerrier, il s’en- le modèle des Papiers d’Aspern, d’Henry SPEED gage (non sans difficulté, car il n’est plus as- James), Till séduit involontairement sa omptez vos jours (Maskenscherz, Speed) sez jeune) dans l’armée américaine et sera, à jeune veuve, mère de quatre enfants, chez est un magnifi- de Klaus Mann. la fin de la guerre, un témoin exceptionnel lesquels il suscite le même engouement. que et surpre- Traduit de l’allemand de la victoire alliée, en Italie et en Allema- Cette passion troublante est décrite avec un nant récit par Dominique Miermont. gne. Une lettre sublime à son père est in- art admirable de la demi-teinte. d’AliceC Rivaz, écrivain Livre de poche, « Biblio », cluse dans Le Tournant, qui contient égale- Mais si telle ou telle nouvelle permet d’ap- suisse née en 1901 et décé- 290 p., 40 F (6,1 ¤). ment des documents sans prix : une rencon- profondir des épisodes de la vie de l’écrivain dée en 1998, admirée chez (Première édition : Denoël, 1999.) tre avec l’affligeant Richard Strauss, pous- (son malaise dans l’armée américaine, sa fré- elle, mais ignorée ailleurs, sant jusqu’au bout le jeu de l’inconscience quentation d’un monde interlope...), c’est féministe discrète dans ce a beauté nonchalante du visage politique, et une interview de Goering. surtout dans « Speed » que l’on peut appré- pays à ses yeux privé d’ho- est trompeuse : si Klaus Mann eut Mais outre les portraits passionnants que cier son talent. Le narrateur ramasse une rizon dégagé. « Mais il sa période mondaine dans sa jeu- trace Klaus Mann de personnalités apparte- nuit un jeune homme ivre. Il le suit à travers n’est pas nécessaire, préci- nesse, il ne tarda guère à exercer nant aux mondes littéraire, artistique et poli- Manhattan, feint de croire à ses mensonges sait-elle, de naître au bord Lson intelligence lucide et dépourvue de tique (Garbo, Bruno Walter, René Crevel, et, du reste, se ment à lui-même. Cette pas- de l’océan pour compren- toute complaisance dans l’observation de Anna Magnani, Hitler...), ce sont les analy- sion chaste le conduit à devenir le complice dre peu à peu que tout n’est son entourage immédiat et du chaos politi- ses psychologiques qui révèlent l’extraor- de ce petit délinquant mythomane qui l’hu- que rive, corniche, passage que des années 1930. Ses Mémoires, rédi- dinaire envergure de l’auteur de Méphisto et milie, l’utilise, le fuit, l’allume, l’abandonne. étroit guetté par les eaux... » gés tout d’abord en anglais aux Etats-Unis, du Volcan. De Gide, auquel il consacrera un Récit d’une dépendance amoureuse, ce Ces quelques courts cha- puis traduits par lui-même en allemand et essai (1), il retient un principe : « Etre fidèle à texte intense, où s’entremêlent la lucidité et pitres d’inspiration auto- augmentés, sont écrasants de culture, de soi-même. C’est cela seul qui importe. Celui l’illusion, est à placer parmi les grands classi- biographique, rédigés en subtilité, de profondeur. Commencé sur un qui se trahit lui-même ne pourra pas non plus ques de la nouvelle. Sans doute, Klaus Mann 1966, sont centrés sur des ton assez léger de critique mordante, ce servir la communauté, l’ensemble de la so- se surpassa ailleurs, c’est-à-dire essentielle- points précis de mémoire, Tournant est d’abord consacré au Magicien, ciété. » Pudique sur sa propre vie sentimen- ment dans son autobiographie et son jour- quelques souvenirs d’une Thomas, le père : à son génie, mais aussi à tale et sexuelle, sans cacher la nature de ses nal (qui reparaît dans le Livre de poche), femme qui a brûlé plus de son égoïsme monstrueux et à son irrespon- penchants homosexuels (que révèlent da- mais il atteignait là aussi la vérité, sa vérité. la moitié de sa vie : des chu- sabilité politique. Plus proche de l’oncle vantage ses nouvelles), il préfère s’étendre René de Ceccatty tes, pourrait-on penser, du Heinrich, l’auteur de L’Ange bleu, Klaus sem- sur ses amitiés, plus conformes à ses idéaux. livre plus imposant Jette ble hésiter entre une vie nocturne d’artiste C’est en anglais que Klaus Mann rédigea (1) André Gide et la crise de la conscience mo- ton pain, qu’elle publiera et un véritable militantisme politique. la nouvelle qui donne son titre au recueil derne (Grasset). treize ans plus tard. C’est justement par cette briè- veté que Comptez vos jours se distingue. Alice Rivaz y atteint un degré étonnant d’exigence sensible et Descente aux enfers de la misère d’empathie : « Les souches demeurent enfoncées dans le sol longtemps après que Nord de l’Angleterre, Paris, Londres : George Orwell plonge dans les bas-fonds. Et raconte l’arbre a été abattu. C’est pourquoi je suis parcourue LE QUAI DE WIGAN vagues, les terrils. Il cite les notes prises cisme : sous les discours, il suspecte les de racines, écrit-elle, de George Orwell. chez les ouvriers : « Les châssis des fenê- intérêts, les rancœurs, les effets de man- comme un sol forestier où Traduit de l’anglais par Michel Pétris. tres tombent en morceaux et ont dû être ches. Sous les principes généraux, il les bûcherons ont beaucoup 10/18, 270 p., 47 F (7,17 ¤). comblés avec du bois. La pluie pénètre en reconnaît les ambitions et les envies pri- travaillé. » (Première édition : éd. Ivréa, 1982.) plusieurs endroits. » Saleté, maladies, pro- vées. Kipling, Lawrence, Wells subissent Chaque révolution in- miscuité – il écoute et il transcrit. Après sa critique non moins que les idéologues time compte, et libère un DANS LA DÈCHE À PARIS peu de pages, le lecteur est pris d’un senti- de la gauche britannique, qui méconnais- sentiment de réalité avec ET À LONDRES ment d’accablement irrésistible, sembla- sent la réalité du fascisme et ses mécani- une intensité hors du com- de George Orwell. ble à celui qu’Orwell avoue dans ce ques de fascination. En 1936, avant même mun, comme chez Proust Traduit de l’anglais par Michel Pétris. monde de brique, de houille, d’eau crou- d’aller se battre en Espagne, Orwell a ou Virginia Woolf qu’elle 10/18, 300 p., 47 F (7,17 ¤). pie et de boue. compris : « L’heure est grave, très grave. » admirait. Sa phrase ne (Première édition, sous le titre La deuxième partie commence abrupte- Dans la dèche à Paris et à Londres n’a lâche pas prise, elle semble La Vache enragée : Gallimard, 1935.) ment : « C’est un long chemin que celui de pas cette ampleur. Orwell y dépeint quel- ne jamais finir son travail Mandalay à Wigan et les raisons de l’em- ques mois, durant lesquels il est plongeur d’exploration, comme si le e n’est pas le livre le plus ré- prunter ne sautent pas forcément aux dans un hôtel parisien et vagabond dans langage, ainsi qu’elle l’écrit puté d’Orwell. Le Quai de yeux. » Suit un monologue autobiographi- les asiles anglais. Il rencontre un monde de la souffrance, « avait le Wigan n’a du reste été traduit que, puis politique. Orwell raconte briève- de chômeurs, d’émigrés clandestins, de pouvoir de créer en nous en français qu’en 1982. Il gêne : ment sa jeunesse en Inde, dans une petits méfaits, de grands abandons. Son des organes et des sens nou- Cce n’est ni une autobiographie, ni un famille petite-bourgeoise convention- écriture n’a pas encore la sobriété qui fait veaux ». Avec cette prose roman, ni une fable, mais un collage. La nelle. Puis il en vient à l’essentiel, les anta- la force du Quai de Wigan et d’Hommage tendre et rigoureuse, première partie est un reportage dans le gonismes sociaux, les haines de classe, les à la Catalogne. Elle est encore tentée par exacte dans le laconisme nord de l’Angleterre, dans le pays des rhétoriques idéologiques. Toutes lui répu- le pittoresque, misérabiliste ou picares- comme dans le lyrisme, mines de charbon et du plus misérable gnent, celle qui proclame la supériorité que. Le héros a des mésaventures, mais l’auteur s’est inventé un su- prolétariat. Orwell décrit la descente dans du bourgeois comme celle qui caricature elles ne peuvent que bien finir. Les perbe outil pour « ressem- les puits, le travail sur le front de taille, les ce dernier. Mythologie du progrès et my- mineurs de Wigan, eux, endurent un mal- bler à sa vie ». machines, le vacarme, la poussière noire thologie de l’âge d’or, terreur et adula- heur qui ne peut pas finir. F.Du. opaque ; et les cités lépreuses, les terrains tion de la machine, communisme et fas- Philippe Dagen IV - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 6 AVRIL 2001 littératures bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Les mots en réserve Folle veillée Le déracinement d’une petite communauté d’Indiens aux Etats-Unis, par David Treuer DE JOYEUSES LITTLE ailleurs mais sans doute plus présent que La même leçon a été apprise par Jean- FUNÉRAILLES de David Treuer. les autres, a disparu. nette après des années passées au service (Vesselye Pokhorony) Traduit de l’anglais (Etats-Unis) Tour à tour, les membres du clan disent et aux sévices de dames très dignes, par de Ludmila Oulitskaïa. par Marie-Claire Pasquier. leurs pensées, leur histoire, au cours de cha- Stan qu’un séjour au Vietnam a rendu or- Traduit du russe par 10/18, « Domaine étranger », pitres datés de 1966 à 1980. Trois généra- phelin de son meilleur ami et dépouillé Sophie Benech. 326 p., 55 F (8,38 ¤). tions d’Indiens dont on pourrait croire d’une main, par tous les autres qui, à des Gallimard, « Folio », (Première édition : Albin Michel, 1998.) qu’ils ne font que survivre, mais qui trou- degrés divers, ont été confrontés à la néga- 220 p., 29,50 F (4,50 ¤). vent pourtant le moyen d’exister, avec la fa- tion de leur être, aux entreprises diaboli- (Première édition : ela se passe dans une petite ville rouche volonté de préserver ce qui peut en- ques des « représentants de Dieu ». Mais, Gallimard, 1999.) du Minnesota, au nord des Etats- core l’être : « J’essayais de penser à mon tra- pas plus dans les propos des personnages Unis. Plus exactement, dans un vail dans notre langue, en ojibwé. Bêcher, pis- que dans le ton du livre, aucune plainte lik se meurt, lotissement que ses habitants, senlits, ver de terre, gentiane. J’en avais tant n’est formulée. Inutile. Qui accuser, sinon Alik est mort. Sa desC Indiens Ojibwés, ont baptisé Pauvreté. oublié (…). De toute façon, il y a des mots que soi-même : « Vous croyez que si on était ma- femme, ses Très réservés, ils ne parlent pas beaucoup, nous ne disons plus, des tournures qui nous lins on vivrait sur les réserves ? » Tel est amis, ses maî- certains ne parlent même pas du tout, ancraient à nos arbres et à notre rivière et l’état des choses et le monde ne s’arrête Atresses et Tee-Shirt, une mais ils laissent entendre. Il faut lire ce ro- que nous avons cessé d’employer. (…) Nous pas là. adolescente lucide et bou- man comme si l’on contemplait un pay- étions à la dérive, nous n’étions plus amarrés Au cours de pages surprenantes dans un deuse, l’entourent, vont et sage, pas forcément beau, qui accepte de à nos mots, ces mots si beaux, si doux, et en tel contexte, le regard de l’auteur se porte viennent, se chamaillent, dévoiler sa véritable nature : « Il est quel- même temps si compliqués, si retors. » avec la même acuité et la même finesse sur boivent, écoutent de la mu- quefois difficile de comprendre ce que le Refermés sur eux-mêmes, ils coupent les alentours de la réserve ; sur ces fermes sique, la leur ou celle inévi- monde cherche à vous dire. Ce que vous court à toute relation inutile. Qu’iraient-ils et ces terres dont les propriétaires criblés table des voisins latino- auriez dû remarquer depuis longtemps, qui chercher ailleurs ? Le seul lien qui ait ja- de dettes sont à leur tour chassés ; sur la américains, et chacun et est là devant vous, qui murmure votre nom, mais compté, malgré la grande expropria- vie absurde de ce marchand de voitures, chacune se souvient des qui vous avertit. » tion, les exploitations forestières, les barra- de cette serveuse de bar, de Paul, jeune sé- moments passés ensem- C’est celui qui en dit le moins qui donne ges, la pisciculture, est celui, fondamental, minariste fils de paysans originaires d’Eu- ble. Ce sont presque tous son nom au livre : « Little ne parlait pas. qui les rattache à leur terre mère, qu’ils ne rope du Nord, tous dépossédés de leur his- des émigrés russes, arrivés Non qu’il en fût incapable. Tout ce qu’il peuvent plus entretenir que par bribes : toire et de leurs traditions. à Manhattan il y a plus ou avait jamais dit c’était : “Toi.” Il était contre- « C’était un sentier de forêt, silencieux, et De mère ojibwé et de père autrichien, moins longtemps, juifs ou fait, pas arriéré. C’était un choix. […] Il préfé- nous nous sommes souvenus l’un de l’autre David Treuer, né en 1972, est l’auteur de orthodoxes. C’est la moi- rait ne pas dire ce qu’il savait. » C’est aussi quand j’ai posé le pied sur le bas-côté de la deux romans. Little, son premier livre, est à teur étouffante d’une de avec lui que s’ouvre le livre, sur la béance route. Nous nous sommes reconnus et là est l’image de ces lieux, « à mi-chemin entre ces vagues de chaleur qui de sa tombe que personne ne se résout à le secret de ce qui m’a ramené chez moi à l’aller et le venir, entre le connu et le deviné, s’abattent sur Manhattan, refermer. Pas plus Celia, sa vraie mère, que Pauvreté. » Cette même fidélité pousse les entre la voix haute et la voix murmurée »,où l’été, en 1993, au moment ses autres mères, ses pères, ses sœurs, ses jumeaux Duke et Ellis à dormir dans leur ses personnages tentent de ranimer le sens de la tentative de coup frères qui, plus que par le sang, sont réunis vieille voiture plutôt que dans ces baraque- d’un mot que leurs ancêtres ont donné au d’Etat à Moscou. par des liens d’adoption, de cooptation ré- ments fabriqués par les Blancs, dont ils sa- monde, totem. Il y a Irina, ancienne ciproque. Little, l’enfant autiste, toujours vent qu’on ne peut rien en attendre. Jean-Louis Aragon acrobate de cirque recon- vertie en juriste, la tendre et dodue Valentina, Fima le médecin, qui n’a pas re- passé ses examens et qui est devenu laborantin, Ber- Les malheurs de la gentille Alouette man qui a réussi en méde- cine nucléaire, Faïka qui fait des photos, Maria Igna- Le roman culte, aux accents flaubertiens, du Hongrois Dezsö Kosztolanyi tievna qui prépare des on- guents, Libine qui essaye ALOUETTE tants du gros bourg de leur morne quié- voyage, de lamentations, de cris, de lar- d’installer un climatiseur, (Paosirta) tude. Ces existences consternantes de bana- mes. Pourtant, la villégiature de mademoi- et, bien sûr, Nina, la folle, de Dezsö Kosztolanyi. lité inspirèrent à Dezsö Kosztolanyi selle Vajkay va procurer à ses parents leurs la belle, l’impossible Traduit du hongrois (1885-1936) un livre aux accents flauber- premières vraies vacances. A tel point que épouse du mourant qui par Adam Peter tiens, l’un des plus singuliers et subtils de la ce n’est qu’après cinq jours de sorties souhaite qu’avant de mou- et Maurice Regnaut. littérature européenne d’entre les deux joyeuses qu’ils en viennent à évoquer l’ab- rir, il se convertisse. Mais Viviane Hamy, « Bis », 250 p., guerres, livre culte pour les intellectuels de sence de la fille aimée et son proche retour. Alik ne veut pas, et décide 59 F (8,99 ¤). Hongrie. L’auraient-ils oubliée ? Certes pas, même de ne recevoir le prêtre or- (Première édition : Viviane Hamy, 1991.) Parmi les personnalités de Sarszeg, les s’ils portent, à l’instar de la plupart des ha- thodoxe que s’il peut aussi Vajkay, issus de la petite noblesse – lui est bitants du bourg magyar, un masque les voir un rabbin. Le père Vic- arszeg, petite ville poussiéreuse, archiviste retraité, elle femme au foyer –, protégeant d’une peine trop lourde pour tor et le rabbin Ménaché sommeillait autrefois aux confins vivaient isolés, soignés par leur fille que être avouée. La veille du retour d’Alouette, vont se retrouver ensem- méridionaux de l’Autriche-Hon- rien ne distinguait des autres femmes du au terme d’une cuite monumentale avec ble au chevet du mourant grie. En cet automne de la dernière même âge (35 ans) de cette province ses vieux camarades, les Guépards, le père le temps d’une scène Sannée du XIXe siècle, alors que le journal oubliée, si ce n’est sa laideur et son célibat hurlera la vérité terrible, la souffrance re- pleine de drôlerie. local annonçait l’ouverture à Rennes de la prolongé. Un oncle, gentilhomme campa- foulée qu’inflige le manque absolu de D’ailleurs cette veillée n’a deuxième audience du procès Dreyfus, la gnard, l’invite à passer une petite semaine grâce, bien qu’assorti de gentillesse, de rien de funèbre, elle dé- visite en Alsace-Lorraine de Guillaume, dans sa ferme. Elle n’a pratiquement ja- leur enfant. borde au contraire de vie, Kaiser des Allemands, et le combat des mais quitté ses parents, c’est dire l’impor- Le lendemain tout rentrera dans l’ordre : de folie, de tendresse, de savants contre la tuberculose, rien ne se tance considérable de l’événement. l’attente désespérée sur le quai du train en cocasserie. passait en apparence à Sarszeg. Seuls le Pendant des années, la mère et le père retard, la joie si conventionnelle des Vaj- Ludmila Oulitskaïa vit à passage quotidien de l’express en prove- avaient proclamé, avec des poncifs dignes kay quand ils retrouvent Alouette, mais Moscou et a obtenu le prix nance de Budapest, les commérages du de Bouvard et de Pécuchet, leur amour aussi la prise de conscience de la vacuité de Médicis étranger pour son café du commerce ou bien la débauche heb- pour Alouette, la chère enfant si atta- sa vie et la résignation de la vieille fille, lors- précédent roman, Soniet- domadaire des Guépards (les notables qui chante malgré ses imperfections ; son ab- qu’elle regagne son foyer, sont de vérita- chka (également en « Fo- gueuletonnent tous les jeudis « entre hom- sence prend donc la dimension d’une tragé- bles pages d’anthologie. lio »). mes ») arrivaient parfois à sortir les habi- die accompagnée, lors des préparatifs du Edgar Reichmann Martine Silber VENDREDI 6 AVRIL 2001 - LE MONDE DES POCHES - V romans policiers bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb

livraisons b Quête et enquête b PANDORE ET L’OUVRE-BOÎTE, de Postel & Duchâtel L’immortalité n’est plus ce qu’elle était depuis que des académi- ciens se font assassiner. Et de belle manière puisque Georges Ver- Un roman étrange et envoûtant du Norvégien Oystein Lonn det a été retrouvé embroché par sa propre épée et amputé de ses oreilles. Offrir un ouvre-boîte en même temps que la boîte de Pan- LA CINQUIÈME AFFAIRE L’affaire se corse lorsqu’on apprend dore, c’est carrément pousser au crime puisque celle-ci renfermait, DE THOMAS RIBE que le cinquième notable attaqué n’était on le sait, tous les maux de l’humanité, avec tout de même, en (Thomas Ribes Femte Sak) pas juge mais médecin. Tout le monde guise de consolation, l’espérance. Les deux auteurs, qui sont déjà De Oystein Lonn. peut se tromper et on peut ne voir là complices dans la conception de jeux de société, offrent ici un livre- Traduit du norvégien par Alain Gnaedig. qu’une simple erreur sur la personne. jeu composé de deux récits jumeaux. Le premier, « Smalt ou l’his- Gallimard, « Série noire », 250 p., Sauf que le médecin en question est origi- toire vraie », tourne autour du meurtre de l’académicien, le se- 50 F (7,62 ¤). naire du même village que Thomas, qu’il cond, « Vitellus ou la vraie histoire », raconte les tribulations d’un (Inédit.) y a exercé toute sa carrière et qu’il n’est jeune Vendéen qui monte à Paris pour répondre à une annonce autre que son demi-frère. Pour les be- proposant de devenir personnage de roman. Les deux histoires près le syndrome de Stoc- soins de l’enquête, Thomas est donc peuvent se lire dans l’ordre que l’on veut. Elles sont évidemment kholm, qui amène des otages, amené à retourner sur les lieux de son en- complémentaires et contradictoires. A ce jeu de miroir entre la réa- au bout d’un certain temps, à fance et à collaborer avec l’agent Iversen, lité et la fiction se greffe toute une série d’inventions loufoques sympathiser avec leurs ravis- un de ses anciens camarades de classe. (de la grille de mots croisés à la recette du pavé de l’ours au miel, Aseurs, il faudra peut-être parler d’un syn- Un homme se penche sur son passé et réalisable mais probablement indigeste) qui entraînent le lecteur drome d’Oslo pour désigner une implica- finit par s’y engloutir. La cinquième af- dans un parcours ludique tenant autant du jeu de piste que du ro- tion étroite entre les criminels et les en- faire de Thomas Ribe tient à la fois de l’en- man policier. C’est à la fois drôle et iconoclaste, et stimulant pour quêteurs lancés sur leurs traces. Il est quête, du pèlerinage aux sources et du les cellules grises puisque c’est bien sûr au lecteur de découvrir normal dans les romans policiers que les saut dans le vide. Thomas est parti vivre cette vérité qu’on lui promet sans jamais la lui donner. (Gallimard, problèmes personnels de l’enquêteur en ville ; son village, ses souvenirs d’en- « Folio », 294 p., 45 F [6,86 ¤]. Première édition : Denoël, 1999.) viennent se mêler au récit de la procé- fance il les a abandonnés, tout comme la dure, c’est ce qui donne de l’épaisseur vieille maison familiale et les quelques b ROGER-LA-HONTE et LA POCHARDE, de Jules Mary au personnage. Mais chez Oystein Lonn, hectares de bois qu’il possède au bord Né en 1851 dans les Ardennes, Jules Mary, qui rencontra Arthur il est tout simplement impossible de dis- d’un lac. Son retour est diversement vécu Rimbaud au collège de Charleville, s’est fait une spécialité des ro- tinguer l’introspection du narrateur de par ses anciens compatriotes. Il est à la mans-feuilletons sur le thème de l’erreur judiciaire. La Pocharde, l’intrigue criminelle, ce qui entretient fois le fils prodigue, celui qui a réussi, parue dans Le Petit Journal en 1897-1898, raconte l’histoire d’une une gêne mystérieuse et contribue au dont on voit de temps en temps la photo pauvre jeune femme qui vit seule avec ses deux filles en Touraine suspense, puisque le lecteur est constam- dans les magazines, et le traître qui a re- pendant que son mari est allé chercher fortune en Australie. L’hé- ment amené à se demander si l’enquê- nié un certain mode de vie traditionnel roïne tombe malade et souffre de malaises étranges qui ressem- teur ne serait pas en même temps le cou- pour les mirages de la ville et les attraits blent à s’y méprendre aux effets de l’alcool. Au cours d’une de ses pable et la (prochaine) victime. de la modernité. fréquentes syncopes, elle est violée et va donner le jour à un Thomas Ribe est un ancien magistrat enfant qui meurt précisément le jour où le mari revient à la mai- norvégien qui travaille pour la police ju- Le pays natal apparaît comme le centre son. Celle que tous surnomment la pocharde se retrouve donc diciaire. Sa collaboration est d’ailleurs d’une énergie dont on ne s’éloigne jamais accusée d’ivrognerie, d’adultère et d’infanticide. Pour faire bonne assez curieuse puisque l’essentiel de son sans dommage. Toutes les sensations mesure, on l’accuse même d’avoir assassiné le médecin qui la soup- travail consiste à rédiger des rapports. d’autrefois affluent et la mémoire affec- çonne d’avoir empoisonné son fils. Tout ça à cause des émana- Thomas Ribe n’est pas un homme de ter- tive recompose une histoire engloutie. tions d’oxyde de carbone d’un four à chaux voisin ! Les ficelles rain, et c’est essentiellement dans son Lorsque Thomas déguste une soupe à sont grosses mais ne gâtent pas le plaisir de la lecture. Le roman a bureau qu’il résout les affaires. Séparé l’élan, c’est toute son enfance qui revient d’ailleurs connu de très nombreuses rééditions et plusieurs adapta- de sa femme, qui a un sérieux problème en force. La nature occupe une place as- tions cinématographiques dont une, en 1952, avec Pierre Brasseur, d’alcoolisme, il ne voit guère que sa fille, sez singulière chez Oystein Lonn, comme Odette Laure, Gabriello et Pauline Carton. Entre le feuilleton du Eva, et la petite fille qu’elle vient si tous les personnages entretenaient avec XIXe siècle et le roman noir, La Pocharde est un cas singulier dans d’avoir. C’est un homme d’ordre et d’ha- elle un rapport quasi animal. « Il était en- lequel on pourrait même voir les prémices du roman policier écolo- bitudes, les habitudes étant « un bon an- core très tôt et nous ne cessions de traverser giste ! (Robert Laffont, « Bouquins », 1 088 p., 179 F [27,29 ¤].) tidote contre les souffrances », et un bour- des bancs de brouillard le long des lacs et reau de travail, parce c’est le dernier re- des rivières et, sur un promontoire, un élan b VOUS QUI ENTREZ ICI, de Ross Macdonald mède désespéré pour empêcher le se tenait immobile, avancé dans l’eau. Il Il n’y a pas lieu de se plaindre de l’abondance de cadavres dans chaos. nous a regardés. Il ressemblait à une sculp- une chronique policière mais tout de même, quelle hécatombe ! Quatre juges ont été victimes de tenta- ture, majestueux mais dégoûté. Quelque Après l’inspecteur Morse de Colin Dexter, c’est un autre grand dé- tives d’assassinat. Dans un petit pays chose dans la manière dont il se tenait, seul tective qui tire sa révérence. Voici donc le dernier épisode des comme la Norvège, l’affaire fait grand sur un promontoire dans la lumière bru- aventures de Lew Archer, le privé de Ross Macdonald (mort, lui, bruit. La police patauge et parle d’extré- meuse, m’a fait penser à l’agent Iversen. » en 1983). Incarné à l’écran par Paul Newman, Lew Archer est ap- mistes sans privilégier pour autant une Les méandres de l’enquête, dans un mi- paru en 1949 et figure dans dix-huit romans (plus une dizaine de piste politique. On fait appel à Thomas crocosme où tout le monde se connaît et nouvelles) de Macdonald. S’il s’est placé au départ sous l’invoca- Ribe, qui a rédigé plusieurs rapports sur où chacun a quelque chose à se reprocher tion de Raymond Chandler, qui pourtant ne l’appréciait guère, les précédentes affaires, pour tenter de (ne serait-ce qu’un peu de distillation Macdonald n’a cessé de faire évoluer son héros, qui tend à devenir jeter quelque lumière sur un cinquième clandestine d’alcool), s’imbriquent étroi- au fil de ses enquêtes un observateur de la société qui tient autant attentat. Un autre notable a été agressé, tement dans les replis d’une histoire fami- du psychanalyste que du privé classique. Dans Vous qui entrez ici, le jour même où un certain Abel sortait liale tortueuse. Il arrive par moments que Archer ramasse au bord d’une route de Californie un auto- de prison après avoir purgé une peine le lecteur y perde un peu le nord, mais stoppeur mal en point. Il a reçu une balle dans la poitrine et de deux ans pour avoir rossé un juge. cela fait partie du charme de ce roman bi- mourra avant d’arriver à l’hôpital. Pour avoir voulu jouer au Bon Abel n’a pas l’air bien dangereux, c’est zarre et envoûtant. L’exaltation des super- Samaritain, Lew Archer sera contraint de s’attarder dans le comté plutôt une sorte d’idéaliste qui rêve de bes paysages norvégiens ne va jamais de Las Cruces, le temps de faire connaissance avec le shériff changer le monde. Mais il y a plus trou- sans une sorte de désenchantement te- Church et sa bien étrange famille. (Traduit de l’anglais – Etats-Unis blant. Thomas découvre rapidement nace. Le retour aux sources n’est pas une – par Igor B. Maslowski, 10/18, « Grands Détectives », 224 p., 44 F qu’Abel est également le compagnon de résurrection, loin s’en faut. Thomas Ribe [6,71 ¤]. Inédit.) sa fille et le père de sa petite-fille. Com- tombe dans son passé comme une pierre ment se fait-il que l’on confie à Thomas dans un lac. Et le récit de son enquête b CRIMES EN SÉRIE, de James Ellroy une enquête où il est à la fois juge et par- n’est pas celui d’une course poursuite à En marge de ses romans policiers mais les éclairant singulière- tie, où il doit découvrir l’agresseur de la travers des paysages sublimes, mais plu- ment, six articles de l’auteur du Dahlia noir parus dans un maga- cinquième victime et disculper son gen- tôt celui d’une quête intérieure, d’un ef- zine américain. Du plus intime sur l’assassin de sa mère au plus dre ? Il faut croire que la Norvège man- fort désespéré pour retrouver un pivot à médiatique sur l’affaire O. J. Simpson. (Traduit de l’anglais que cruellement d’enquêteurs ou que sa vie, tentative piégée d’avance et qui ne – Etats-Unis – par Jean-Paul Gratias, Rivages/Noir, 260 p., 55 F les qualités professionnelles de Thomas peut aboutir qu’à l’implosion. [8,38 ¤]. Première édition : Rivages, 1998.) G.Ma. Ribe sont exceptionnelles. Gérard Meudal VI - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 6 AVRIL 2001 science-fiction bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb

livraisons Visions prophétiques b b PASSERELLES POUR L’INFINI, de John Barnes Deux classiques singuliers de Franz Werfel et Bernard Wolfe De John Barnes, nous ne connaissions jusqu’à présent qu’un pâteux thriller météorologique, La Mère des tempêtes, une sorte de pudding L’ÉTOILE DE CEUX QUI NE SONT PAS NÉS Mais L’Etoile de ceux qui ne sont pas nés mé- un tantinet indigeste qui ne donnait guère envie de fréquenter à nou- de Franz Werfel. rite lecture, tant c’est un objet insolite : on veau l’auteur. Or celui-ci, ô miracle !, est capable de cuisiner des Traduit de l’allemand ne peut que convier le lecteur à plonger mets autrement raffinés. C’est peu de dire qu’avec Passerelles pour par Gilberte Marchegay. dans la Neutralité grise, à explorer le Dje- l’infini, John Barnes met nos palais en joie : il les fait tout bonne- Le Livre de poche, « SF », 764 p., bel, à flâner dans le Jardin d’hiver ou à dia- ment exulter, avec un thème qui pourtant n’est pas particulièrement 58 F (8,84 ¤). loguer avec le Survolant… propice à une telle fête : celui du choc des cultures. Dans un futur (Première édition : Laffont, 1977.) Bernard Wolfe, tout comme Franz Wer- lointain où l’homme a essaimé sur de nombreuses planètes et a dé- fel, est un auteur de littérature générale veloppé des civilisations d’une belle diversité, un pur produit de la LIMBO qui n’a que très exceptionnellement in- culture « Nou occitan », un troubadour macho, adolescent pro- de Bernard Wolfe. vesti le champ de la science-fiction ; mais, longé vivant dans le culte surfait du « fin amor », débarque sur une Traduit de l’anglais (Etats-Unis) quand il l’a fait, ce fut pour donner une planète austère où le puritanisme le plus étroit est de mise. Le cen- par Alex Grall. œuvre décapante et dérangeante dont les tre culturel occitan dont il va être le concepteur et l’animateur va de- Le Livre de poche, « SF », 448 p., années n’entament pas la force boulever- venir rapidement le fief d’une contestation qui amènera de grands 46 F (7,01 ¤). sante. Lire ou relire Limbo, c’est à chaque bouleversements politiques ; mais la plus belle des révolutions, c’est (Première édition : Laffont, 1955.) fois une expérience déboussolante et fasci- celle que le troubadour effectuera en lui et qui le révélera pleine- nante ; c’est éprouver le sentiment méta- ment à lui-même. Ce plaidoyer vibrant pour le métissage culturel a ne idée reçue, c’est, par exem- phorique d’ouvrir la boîte de Pandore… un charme fou… (Traduit de l’anglais – Etats-Unis – par Michel De- ple, que la science-fiction est C’est un choc, une découverte, un saisisse- muth, Le Livre de poche, « SF », 384 p., 39 F [5,95 ¤]. Première édi- un genre qui n’est fréquenté ment… Il y a quelque chose d’électrifiant tion : Payot/Rivages, 1999.) que par des auteurs très spécia- dans la manière dont Bernard Wolfe lisésU – ou alors par des écrivains proches brasse, presque mine de rien, des thèmes b L’ÉTERNEL ADAM, de Jules Verne des paralittératures. Mais écrire sur le fu- aussi divers et aussi fondamentaux. Jules Verne, on le sait, a écrit de nombreuses robinsonnades, de tur de l’homme, sur l’avenir de la civilisa- L’Ile mystérieuse à Deux ans de vacances. Dans cette nouvelle pu- tion humaine, a tenté aussi quelques Si l’on voit bien que la source primor- bliée à titre posthume, il aborde de nouveau ce thème, mais d’une auteurs de littérature générale, fort rares diale de l’intrigue est le questionnement manière très différente de son habitude : le groupe de « naufra- il est vrai tant l’exercice est périlleux, tant sur la cybernétique – avec cette vision dan- gés » ne tente pas de reconstruire une civilisation, il s’essaie seule- il nécessite des qualités d’imagination vi- tesque de deux intelligences artificielles ment à la survie… Il est vrai qu’il s’agit des seuls rescapés d’un cata- sionnaire, d’invention, de liberté, engagées dans une partie d’échecs aux clysme ayant affecté la Terre entière, et qui a englouti toutes les d’audace, bref des qualités qui ne sont pas conséquences dramatiques, et celle, non masses continentales dans les océans en éliminant de façon radi- d’ordinaire l’apanage des littérateurs œu- moins cauchemardesque, d’une société cale de nombreuses formes de vie. Il est déjà fort intéressant que vrant dans ce que les Anglo-Saxons appel- d’amputés volontaires, revitalisée à la pro- Jules Verne, chantre inspiré des révolutions technologiques, se soit, lent le « mainstream ». Pourtant, il y a là thèse performante –, on ne prend pas for- au soir de sa vie, confronté au thème de la fin du monde. Il l’est un vrai pari d’écriture, un défi qui mérite cément conscience de l’extrême diversité encore plus qu’il fasse, dans son texte, retrouver par un terrien d’être relevé, sans avoir nécessairement re- des lectures que nous propose Bernard d’une civilisation ultérieure le récit de la catastrophe, enterré cours aux outils forgés par les auteurs de Wolfe. Ni de l’étonnante virtuosité dialec- comme un trésor par l’un de ses témoins, et qu’il lui permette ainsi SF et exploités au sein de cette littérature tique dont il fait preuve tout au long de ce une réflexion sur « l’ascension cyclique de l’homme vers la lumière » collective. singulier ouvrage où l’humanisme, la poli- et sur « l’éternel recommencement des choses ». Avec L’Eternel C’est peut-être là l’intérêt principal du tique, la sexualité, les rapports hommes- Adam, Jules Verne, l’anticipateur mesuré, a écrit une véritable roman de Franz Werfel, achevé deux jours femmes, le conflit Est-Ouest, le pacifisme, nouvelle de science-fiction qu’auraient bien dû lire les quelques im- avant la mort subite de l’écrivain, ce qui les hiérarchies sociales, le savoir tradition- béciles qui se sont livrés, sous le couvert d’une anthologie, à son lui confère une valeur de testament litté- nel sont passés à la moulinette d’un esprit meurtre rituel. (Mille et une nuits, 80 p., 10 F [1,52 ¤].) raire, d’aura vaguement prophétique… Gé- acéré et doté d’une belle énergie démysti- rard Klein, son courageux rééditeur, dit de ficatrice. b LES ABÎMES D’AUTREMER, de Danielle Martinigol ce long roman d’anticipation qu’il est Ce qui frappe aujourd’hui avec cette re- Quand elle ne collabore pas avec Alain Grousset pour les séries « l’un des plus audacieux qui aient été lecture de Limbo – on pourrait écrire : « Kerri et Mégane » ou « Lumina », Danielle Martinigol poursuit écrits ». On ne peut qu’acquiescer, ne se- LIMBO = DICK + BALLARD –, c’est la place une œuvre personnelle marquée par son intérêt pour l’écologie. rait-ce que parce que l’ouvrage se situe qu’y occupent l’humour et l’amour ; une Encore faut-il comprendre le terme écologie non pas dans son dans un avenir lointain « à six chiffres » et place d’apparence certes discrète : on peut sens scientifique étroit, mais plutôt dans un sens politique qui lui que cela représente un saut temporel fort se laisser hypnotiser par le spectacle grand- confère un caractère d’éthique et une coloration d’éthologie. inhabituel, même pour un amateur de SF. guignolesque que Wolfe déroule sous nos Dans Les Abîmes d’Autremer, elle ébauche une réflexion qui n’est Il n’est pas sûr d’ailleurs que ce même ama- yeux, de lobotomies en conflits mondiaux. pas manichéenne sur le pouvoir médiatique, ses vertiges et ses ex- teur de SF ait le sentiment, à la lecture de Mais il s’agit au bout du compte d’une cès ; mais surtout elle imagine une très belle relation symbiotique cet ouvrage qui ne ressemble vraiment à place essentielle : les rencontres détermi- entre les humains et une espèce extraterrestre habitant la planète- rien de ce qu’il peut connaître, d’être sur nantes que fait Martine dans son odyssée océan Autremer, espèce capable de sillonner des mers de nature son territoire de prédilection. Le monde hinterlandaise, ce ne sont ni Helder, ni très différente… Et elle enrobe le tout en relatant l’itinéraire d’une décrit par Franz Werfel a beau être extrê- Théo, ni Vishnu, mais Don Thurman et pa- jeune fille de seize ans un peu trop sûre d’elle qui, en tentant de mement différent de celui dans lequel radoxalement son ex-femme Irene et son percer un secret, va tout bonnement changer sa vie. La nouvelle nous vivons, ses référents sont trop ceux fils Tom… Du roman de celui qui fut le collection pour la jeunesse dirigée par Denis Guiot confirme avec d’une culture passée, de philosophies, de garde du corps de Trotski, nous pouvons ce titre son intérêt. (Mango Jeunesse, « Autres mondes », 216 p., théologies ou de mythologies datées, pour retenir une leçon – mais pas une morale – 59 F [8,99 ¤].) qu’il n’y décèle pas une sorte d’artifice. qui s’apparente à l’aphorisme rimbaldien Le préfacier et directeur de collection a (« Ne soyez pas une victime ») dont Mar- b UNE HISTOIRE DE LA SCIENCE-FICTION 4 : 1982-2000, pris soin d’ouvrir la présente édition avec tine, le formidable antihéros de Limbo (1) de Jacques Sadoul un article sur « La tradition allemande du a fait un principe de vie : « Attention au rou- L’intérêt de cette série ne réside pas seulement dans le choix de nou- roman utopique », qui convoque Thomas leau compresseur. » L’avertissement vaut velles proposé par Jacques Sadoul (on retrouve ici William Gibson, Mann et Hermann Hesse et donne sa véri- plus que jamais… Kim Stanley Robinson, Connie Willis, Ian McDonald et Dan Sim- table dimension à un texte certes inspiré Jacques Baudou mons : du bien beau monde !), mais aussi dans ses préfaces volon- et très remarquablement écrit, mais à qui tiers provocatrices, où Sadoul retrace à grands traits l’histoire du on accordera plus volontiers le statut de (1) A la question de Thurman, « Comment genre. On partage nombre de ses opinions : sur les « cyberpunks », fable – avec tout ce que cela peut avoir de était-il ? », Martine, incognito, se décrit de la sur l’importance de l’émergence de Dan Simmons et de ce qu’il re- démonstratif, d’appuyé, de noblement di- manière suivante : « Troublé ! Ni ange, ni Mes- présente, sur la qualité d’auteurs comme Connie Willis, Octavia But- dactique – que de véritable roman de sie, ni Sauveur. Un homme troublé qui trébu- ler et Kim Stanley Robinson. Mais comment ne pas regretter l’oubli science-fiction (c’est-à-dire un roman qui chait. Ce n’était en tout cas pas un perfection- de Greg Bear et d’« outsiders » comme Howard Waldrop ou Terry entache ses spéculations d’innovation !)… niste. Il avait trop le sens de l’humour pour ça. » Bisson ? (Librio, 126 p., 10 F [1,52 ¤].) J.Ba. VENDREDI 6 AVRIL 2001 - LE MONDE DES POCHES - VII poésie bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb L’air Le bel aujourd’hui de Guillevic Alain Veinstein relance la collection mythique de Pierre Seghers

ART POÉTIQUE audelaire bleu, Rimbaud vert, Pierre Seghers expliquait au Monde : 17 mars), paru en 1951, est sans doute un précédé de Paroi, suivi Apollinaire jaune, Ponge rouge. « Les trois quarts des lecteurs de mes peu daté. Le Rimbaud de Lionel Ray, pu- de Le Chant Alain Veinstein fait une relance “Poètes d’aujourd’hui” ont moins de vingt- blié en 1976, suit le parcours de l’œuvre, à de Guillevic. multicolore de la célèbre collec- cinq ans. » La collection a été poursuivie l’écoute des textes, sans se préoccuper Préface de Serge Gaubert. Btion lancée par Pierre Seghers pendant la par Bernard Delvaille, avant de s’éteindre outre-mesure du mythe Rimbaud et de sa Poésie/Gallimard, 408 p., guerre, « Poètes d’aujourd’hui ». Il re- au début des années 1990, victime des di- vie après la poésie, pour en faire une lec- 55 F (8,38 ¤). nonce aux portraits des poètes en couver- verses restructuration du Groupe de la ture à la fois pédagogique et subjective. ture : « Pour voir les livres, il faut enlever Cité. Le texte de Daniel Oster est une sorte de a poésie de Guille- les images. Il y en a trop aujourd’hui. » En arrivant à la tête de Seghers – que laboratoire critique sur Apollinaire, dans vic respire. «Le Mais conserve le principe pédagogique Leonello Brandolini, PDG de Robert Laf- lequel il émet des hypothèses, lance des poème est là./ Où d’un essai et d’une anthologie illustrée. font, a décidé de relancer –, Alain Vein- pistes de recherche pour appréhender le celui qui s’y love/ La collection est mythique. « Tout le stein s’est plongé dans le fonds de la mai- poète à la recherche d’un « nouveau lan- LEn arrive presque/ A toucher monde a découvert la poésie grâce à son et en tout premier lieu dans sa plus cé- gage ». l’espace. » En quelques “Poètes d’aujourd’hui” », explique le nou- lèbre collection (« Le Monde des livres » Le Ponge de Sollers est un texte de com- mots, en quelques lignes, il veau directeur de Seghers. Pour lui, du 23 juin 2000). Sur plus de 250 titres, il bat et de soutien. Le poète a encouragé le crée un mouvement natu- c’était le no 7 sur Garcia Lorca. Le premier trouve des textes magnifiques, d’autres jeune écrivain dès 1956. Ponge est dé- rel : « Je suis à Paris,/ Dans volume (Paul Eluard de Louis Parrot) pa- moins bons – en raison de l’auteur ou du fendu par Tel quel. A la fin des années mon appartement,/ Et la mer raît le 10 mai 1944 . Aragon et Max Jacob poète choisi, déjà tombé dans l’oubli –, 1960, les deux écrivains vont se brouiller. me berce. » La mer, tou- viennent ensuite. « Paul Eluard m’aida alors qu’il y a des manques énormes : Bec- Avant cela, en 1963, alors que le poète de jours présente chez ce personnellement à mettre au point la for- kett, Butor, Celan, Des Forêts, Grosjean, La Rage de l’expression peine à se faire pu- poète né à Carnac en 1907 mule d’édition qui était nouvelle, mais qu’il Jabès, Depestre, Glissant, Adonis, sans blier, Sollers décrit l’originalité de sa dé- (« On ne s’ennuie jamais,/ sut à merveille améliorer », écrit Pierre Se- parler de poètes plus récents. marche : « Table rase. Départ à zéro. Créa- Tous les deux./ On a telle- ghers dans le volume 164 de la collection, Pour reconstruire la collection, Alain tion du monde. Recherche d’un langage ab- ment de choses/ A ne pas se qu’il se consacre à lui-même. « Je voulais Veinstein a choisi quatre poètes qui repré- solu. » Son texte est un véritable exercice dire/ C’est comme la mer/ Et donner toutes ses chances à l’ouvrage, à sa sentent « les quatre grandes étapes de la d’admiration : « Quel écrivain, quel poète, la marée »). Il n’y a pas de formule, à la collection. Je mis ce numéro modernité poétique ». La nouvelle for- tenant un compte aussi lucide des boulever- frontières entre le poème 1 au point afin qu’il rendît service au lec- mule met en valeur les auteurs des textes. sements de la littérature, nous propose et l’espace. Guillevic parle teur. Il fallait lui présenter le poète, l’entraî- Dans le choix des futurs inédits comme mieux une nouvelle rhétorique et démontre du nuage comme des raci- ner à sa suite, le faire “entrer en poésie”, le dans celui des rééditions, il entend « privi- plus clairement la nécessité de s’y plier ? » nes des arbres. Il les écoute, conduire le plus honnêtement, le plus sim- légier des écrivains et des poètes, plutôt que Parmi les trésors du catalogue, Alain il les vit. Il a souvent parlé plement possible à travers les différentes des universitaires, une lecture chaude plu- Veinstein annonce pour l’automne un de communion pour évo- étapes de l’œuvre », ajoute-t-il. tôt qu’un lecture froide ». Musset par Philippe Soupault... quer sa poésie. Ce « premier livre de poche à prix mo- Les livres marquent des étapes dans la Alain Salles Cette évidence poétique deste » bénéficie de l’engouement que collection. Le Baudelaire de Luc Decau- est le fruit d’un long mûris- suscite la poésie après la guerre. En 1967, nes, récemment disparu (Le Monde du e Chaque volume 80 F (12,2 ¤). sement, avant l’apparition, en 1942, de Terraqué (1). Jusqu’à sa mort, en 1997, il continuera à ciseler ses poè- mes, en se méfiant des ad- jectifs et des mots en trop. L’« hard poétique » de Verheggen Mais derrière cette forme aboutie, après le jaillisse- ment poétique, il y a un Un orfèvre de l’outrance, verbale et comique, qui rend hommage à « Artaud le motmot » long et lent travail : « Je suis un ruminant./ Je broute des RIDICULUM VITAE laids et lourds, lapsus, approximations, mort pornographiques de Madame Mao mots » ; « Un travail : créer/ précédé d’Artaud Rimbur. déformations, glissements et dérapages (POL, 1981) ; Ninietzsche Peau d’Chien de la tension/ Entre les de Jean-Pierre Verheggen. avec ou sans contrôles, néologismes, ar- (Ed. TXT/Limage, 1983) ; Les Folies-Bel- mots ». Avec Paroi, publié Préface de Marcel Moreau. chéologismes. La langue emporte tout gère et Orthographe Ier, Roi sans fautes, en 1970, le poète dialogue Poésie/Gallimard, sur son passage, dans une logorrhée as- une grammaire où « un kiwi devient au avec cette mystérieuse « pa- 214 p., 47 F (7,17 ¤). phyxiante et hilarante. « Voilà le bouffon, pluriel des Kipleurent et un tournedos Ros- roi » qui s’interpose entre (Première édition : pensera-t-on. Le bouffon nimbé, non pas sini des tourne-disques Tino Rossi » (Seuil, l’espace et lui. Dans Art poé- La Différence, 1990 et 1994.) de sa gloria in excelsis etcaetera, mais de « Points », 1990). tique (1989) – l’un de ses sa ridicule gloriole de trop excessif idiot. La langue en tout cas n’est pas une af- plus beaux recueils, écrit à u déluge verbal avant toute Voilà l’excès homo ! L’excès en personne. faire ridicule. Artaud Rimbur prend aux plus de 80 ans et dédié à La chose. Et pour cela préfère Le Bouffon-Roi qui nous vient décliner son tripes. Verheggen prévient que cet hom- Fontaine – et Le Chant tous les impairs, perméables ridiculum vitae. » mage à « Artaud le motmot » est dur à (1990), la paroi a éclaté, ou ou non. Verheggen n’est pas Ce joyeux poète belge peut décliner avaler : « C’est l’prix qu’il faut casquer il l’a intégrée. Il donne une DVerlaine. Il veut un « art poétique vio- plusieurs « RV ». Né en 1942, ancien pour tenter d’comprendre qu’c’est impression de sérénité. lent », « un hard poétique ». Jean-Pierre élève de Raoul Vaneigem, ancien pro- comme du vomi, la langue ! y compris du L’humour est de plus en Verheggen ne se refuse rien. « Tout dire ! fesseur et animateur radiophonique. vomi en attente – du dégueulis – qu’on a plus présent. Mais l’inquié- Tout parler ! Oser ! Tout écrire ! Tout sem- Membre du Conseil supérieur de la lan- encore à rendre ! » Les estomacs plus tude n’est jamais loin : «Si bler réussir pour mieux finir par tout ra- gue française (« la Belgique est vrai- sensibles auront donc intérêt à com- tu écris,/ C’est aussi pour te ter ! Tout échouer et en rire ! Tout oser ! » ment un pays surréaliste »). Il aime mencer plutôt par les réjouissantes « zu- protéger –/ De quoi ?/ De Aux jeunes poètes, il conseille d’être aussi se décrire à travers des « Por- teries » d’On n’est pas sérieux quand on quoi as-tu peur/ Quand tu « ironiques et iroquois » : « Ayez toutes les traits de l’artiste » : « en Hercouille de a 117 ans, sous-titrées « Portrait de l’ar- n’as pas peur ? » audaces ! Ayez tous les Horaces ! Ayez tous Foire », « en gros Trav’lo des mots », tiste en Vieilheggen », qui paraissent A. S. les Désespoirs et toutes les Vieillesses enne- « en Al Bacino du Bassin », « en Casta- chez L’Arbalète/Gallimard (182 p., 89 F mies, à vos basques ! Ayez tous les Curia- fiore catastrophique ». [13,57 ¤]) : « Mon pauvre corps, mon (1) Les éditions Fischbacher pu- ces, à vos baskets ! Ayez le bon réflexe ! Pra- Le deuxième RV est plus bibliographi- cher ami,/mon vieil amas./Tout est plis et blient Proses, ou Boire dans le tiquez toujours la Langue d’escampette ! » que : Le Degré Zorro de l’écriture (Chris- dépit, n’est-ce pas ? » secret des grottes (1935-1943) : Rien ne l’arrête. La langue est un flot tian Bourgois, 1978), suivi un an plus Et tout le reste n’est que « Littérar- 5, rue Barbette, 75003 Paris, qui charrie tous les mots, tous les sons, tard de Divan le Terrible, sous-titré « Les taud » ou « Littérarthur » ! 64 p., 52 F (7,93 ¤). tous les sens. Calembours, jeux de mots aventures de Freud Astaire » ; Vie et A. S. VIII - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 6 AVRIL 2001 livraisons bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb

l’enfant adopté, troubles d’identité des jumeaux – avec une subtilité et une in- littératures telligence que l’image accompagne d’une formidable prévenance. Ainsi, Mar- b guerite s’interroge-t-elle sur l’absence de son père disparu avant même sa nais- sance. Sans sensiblerie ni moralisme, les auteurs font au plus juste pour ne ja- b LE CANICHE NOIR DE LA DIVA, de Helmut Krausser mais mentir ni éluder la question centrale que les livres de jeunesse peinent à Helmut Krausser, jeune écrivain allemand de la nouvelle génération (« Le aborder. Héros des autres titres, Léopoldine, Jean, Noël et Léon méritent Monde des livres » du 16 mars), est tellement passionné de musique que c’est autant d’attention (Albin Michel, « La vie comme elle est », 40 p., 45 F [6,86 ¤] elle qui l’inspire pour ses romans, comme dans Mélodies (Seuil) ou dans ce chacun). A partir de 5 ans. Ph.-J. C. Caniche noir. La diva, ici, c’est Maria Callas, dont a été amoureux fou Stanis- laus Nagy, le patient de la célèbre psychiatre Cora Dulz. Il ne parle que d’elle, b UNE MAISON POUR GRAND-PÈRE, de Grassa Toro et Isidro Ferrer et le médecin, d’abord un peu distraite, finit par se laisser prendre, bien au-delà D’avantage de tendresse dans les nouveautés de Thierry Magnier pour les plus de ce qu’autorise une psychanalyse normale, par le discours de son patient. Au petits. Tandis que les Baisers de papier de Raùl promettent à la petite Rebecca point d’enfreindre toutes les règles de sa profession et même celles, morales un monde d’amour où les tensions, rivalités et indifférence se résolvent en bai- ou autres, d’une personne douée de simple bon sens. C’est drôle, mais aussi ex- sers de paix, Toro et Ferrer nous content l’histoire d’une famille partie cher- trêmement malin, car le diable s’en mêle, paraît-il… (Traduit de l’allemand par cher l’endroit idéal pour inhumer le grand-père et vivre pleinement avec lui. François Mathieu, Seuil, « Points », 182 p., 39 F [5,95 ¤]). M. Si. L’invention graphique (dessin, collage, photo…) est parfaitement maîtrisée et le message d’une force peu commune. (Ed. Thierry Magnier, « Tête de lard », b ASMARA ET LES CAUSES PERDUES, de Jean-Christophe Rufin 24 p., 39 F [5,95 ¤] chacun.) A partir de 2 ans. Ph.-J. C. Paru en 1999 sous le titre Les Causes perdues, ce roman qui a reçu le prix Interal- lié est à la fois celui de l’engagement et du désenchantement. Jean-Christophe b TRAQUENARD À POMPÉI, d’Alix Clémence Rufin est un ancien de Médecins sans frontières. Un groupe de jeunes, hommes Les ruines antiques perdent de leur pittoresque convenu et de leur vertu péda- et femmes, font l’expérience de l’humanitaire qu’ils vivent comme une sorte de gogique quand on y rencontre un parrain de la Camorra et qu’on assiste à un passion amoureuse avant de se rendre compte que c’est une activité nécessaire règlement de comptes entre maffiosi. Sur fond de trafic de drogue et de racket, mais insatisfaisante, qui ne tient pas toutes ses promesses. Par exemple, l’idée Alix Clémence conte aussi une éducation sentimentale où l’ombre des parents qu’il y a d’un côté les victimes, de l’autre les sauveteurs, vole en éclats sous la et le secours de l’amitié préservent encore des leçons trop cuisantes… (Syros, pression des manipulations politiques. Tous sont « dans » l’humanitaire et font « Souris noire », 132 p., 32 F [4,88 ¤]). A partir de 11 ans. Ph.-J. C. « le bien faute de mieux » parce qu’ils fuient ou sont en quête de quelque chose. La postface de cette édition permet à l’auteur de citer de nombreuses sources qui lui ont été utiles pour son roman (Gallimard, « Folio », 304 p., 36 F [5,49 ¤]). Parallèlement est réédité en « Découvertes Gallimard » L’Aventure humani- essais taire, signé du même Jean-Christophe Rufin (176 p., 89 F [13,57 ¤]). M. Si. b

b LES OISEAUX DE FRA ANGELICO, d’Antonio Tabucchi b MASSACRES COLONIAUX, 1944-1950 : la IVe République et la mise Ce savoureux petit livre rassemble treize textes allant du genre épistolaire à la au pas des colonies françaises, d’Yves Benot fable, et dans lesquels l’écrivain italien se plaît à triturer les repères temporels. 1944 : la France célèbre dans l’euphorie la libération du territoire national. Tantôt en se donnant pour mission de libérer des personnages coincés dans les Dans les mois qui précèdent ou suivent immédiatement cette libération, l’em- replis du temps où les ont laissés l’histoire et l’oubli, tantôt en mettant en pire colonial français est le théâtre de massacres en chaîne : Rabat-Salé, en jan- scène des créatures se chargeant elles-mêmes de rectifier la chronologie. Ca- vier-février 1944, Sétif-Guelma en mai-juin 1945, Haïphong en novembre lypso écrit à son cher Ulysse, Dom Pedro célèbre ses noces avec sa maîtresse 1946, Madagascar en 1947-1948, Côte d’Ivoire en janvier 1950. Si Yves Benot re- morte plusieurs années auparavant, Fra Giovanni rencontre de drôles vient sur autant d’épisodes qui ont été largement étudiés ailleurs, c’est moins d’oiseaux. Le recueil se termine pour un éloge de Lisbonne, aussi inattendu pour en parfaire la connaissance que pour engager une « réflexion » sur que risqué. (10/18, « Domaine étranger », 90 p., 25 F [3,81 ¤\].) J.-L. Ar. « l’idéologie colonialiste » qui fut, alors, celle de la classe politique. Une idéolo- gie qui n’a peut-être pas totalement disparu, écrit-il en 1994, tant aura été grand « l’effort d’atténuation des crimes commis ». Dans une postface inédite, jeunesse Yves Benot souligne que, pour salutaire qu’il soit, le récent débat sur la torture b en Algérie n’aura de sens que s’il fait apparaître « la perversité nécessaire de tout le système colonial et son lien intrinsèque avec la pire brutalité ». C’est préci- b DANS PARIS, IL Y A…, de Paul Eluard sément le principal mérite que l’on doit reconnaître à son travail. (La Pour prolonger le printemps des poètes, un texte seulement « renversant » Découverte/Poche, préface de François Maspero, 204 p., 49 F [7,47 ¤].) A. My de Paul Eluard, où un oiseau bouleverse à lui seul l’ordre du monde. Cette fa- ble expresse est servie par le trait impertinent d’Antonin Louchard, qui signe b AVERROÈS, les ambitions d’un intellectuel musulman, parallèlement avec Katy Couprie, dans sa collection « Tête de lard » chez de Dominique Urvoy Thierry Magnier, un Dodo tout onirique. (Ed. Rue du monde, « Petits Comment le qualifier sans le trahir ? Ibn Rushd (qui ne deviendra Averroès que géants », 20 p., 39 F [5,95 ¤], et éd. Thierry Magnier, 24 p., 39 F [9,95 ¤]). A par le jeu répété de prononciations approximatives) est né à Cordoue en 1126 partir de 2 ans. Ph.-J. C. et mort à Marrakech en 1198. Et tout a été dit sur son compte. Pour vanter des mérites qu’il n’eut pas – la redécouverte d’Aristote, par exemple, quand il n’en b 36 CHANTS D’ARBRES, de Joël Sadeler fut que le commentateur éclairé –, ou pour tout lui contester, jusqu’à ses origi- Tout récemment disparu, Joël Sadeler aura offert à l’enfance une générosité nes arabes et musulmanes. Parce qu’il s’est intéressé à l’ensemble des savoirs poétique faite de simplicité, de tendresse et d’imagerie subtile. Ce voyage au profanes et religieux de son temps et parce que, patriote andalou, il sut s’enga- pays des arbres, où les cyprès sont des « curés en soutanes vertes » parcourant ger quand la révolution almohade mit fin au fragile équilibre que les Almoravi- un « chemin de croix d’ombre et de lumière », où le bambou fournit des cannes des avaient établi dans la province, Dominique Urvoy voit en lui un « intellec- aux rudes coups de massue, et où les feuilles tombées, « long chapelet de perles tuel », au sens très moderne du terme. Il s’applique, ici, à restituer l’itinéraire de laine » détricoté, picorent l’automne sur les pelouses, est illustré avec une intellectuel et spirituel de cette « figure mythique et méconnue » du Moyen Age, sobre délicatesse par Roger Blaquière (Lo Païs d’Enfance, 64 p., 79 F [12,05 ¤]). tout autant victime de ses hagiographes que de ses détracteurs. (Flammarion, A partir de 6 ans. Ph.-J. C. « Champs », 258 p., 51 F [7,76 ¤].) A. My

b HAROLD ET LE CRAYON ROSE, de Crockett Johnson b TRACTATUS LOGICO-PHILOSOPHICUS, de Ludwig Wittgenstein Pocket a récemment entrepris de nous faire redécouvrir Harold, héros plein de Fallait-il accompagner d’une préface cette traduction du Tractatus, s’interroge fantaisie fêté outre-Atlantique dès l’âge de la maternelle. Le petit bonhomme très malicieusement Gilles-Gaston Granger dans son « préambule » du traduc- à la bouille toute ronde est, dans ce troisième volet, au meilleur de sa forme : teur. Non, bien sûr, si on se réfère à l’exemple du malheureux Bertrand Russell, grâce à un crayon magique, il redéfinit les contours du réel, inventant une fo- qui s’était risqué à une « introduction » pour la première parution (1922) de rêt et le dragon qui en garde le trésor, la mer et le bateau qui assure son salut… l’œuvre majeure de son ami autrichien. C’est Wittgenstein lui-même qui refu- jusqu’à ce que la lune l’aide à retrouver son lit. Un dessin tendre pour une fa- sera le texte de Russell. Avec élégance et un soupçon d’hypocrisie : « La finesse ble douce et inventive à lire avant l’âge des lettres (traduit de l’anglais – Etats- de ton style anglais s’était (…) perdue dans la traduction [en allemand] et ce qui Unis – par Anne-Laure Fournier Le Ray, Pocket, 64 p., 30 F [4,57 ¤]). A partir restait n’était que superficialité et incompréhension ». On peut au moins en dé- de 3 ans. Ph.-J. C. duire que Wittgenstein (1889-1951), le premier, était bien conscient de la te- neur révolutionnaire de son travail. Révisant les conceptions admises sur l’im- b MARGUERITE VEUT UN PAPA, de Clara Le Picard et Julie Baschet portance des lois de la logique dans l’organisation de la pensée, le Tractatus Excellente surprise que la nouvelle collection « La vie comme elle est » ! Clara sera à l’origine du Cercle de Vienne et orientera la philosophie analytique vers Le Picard pour le texte et Julie Baschet pour l’illustration proposent en effet le langage. Il est ici présenté… avec l’introduction de Bertrand Russell. (Galli- d’aborder les thèmes les plus forts – violence familiale, quête de l’origine de mard, « Tel », 130 p., 46 F [7,01 ¤].) A. My VENDREDI 6 AVRIL 2001 - LE MONDE DES POCHES - IX essais bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Maigret envoyé spécial

MES APPRENTISSAGES Un administrateur, prévenu, s’en vient dire un mot, tout se passe comme si, de Georges Simenon. Dans les années voir ce qui se passe : il trouve l’époux et le après avoir mis le point final à son repor- Omnibus, père en train de manger la jeune femme. tage, il revenait en arrière. Et là il écrit, 1 054 p., 137,75 F (21 ¤). 1930 et 1940, Jusqu’en Russie, Simenon traque le canni- très bref, très sec, sans aucun (Inédit.) bale. Il est à Odessa : « On aperçoit un commentaire : « Il y a des autobus Georges Simenon chien fuyant avec un os. On l’observe. On spéciaux, il y a, dans les usines, dans les ate- u Congo belge, le chemin de fer de constate qu’il s’agit d’un tibia d’enfant. On liers, dans les garages, des W.C. qui leur Matadi à Léopoldville a coûté la effectue des suit le chien. Et on découvre qu’une petite sont réservés. Ils ne pénètrent pas dans les population d’une province. Aujour- reportages fille a été mangée par des paysans affa- mêmes bars, dans les mêmes restaurants, A d’hui, dans l’Afrique équatoriale, més. » Il faut dire qu’à l’Union soviétique et, la plupart du temps, ils ont leurs égli- le Congo-Océan tue en moyenne un nègre Simenon ne fait aucun cadeau : «A ses. » Et Simenon, aux dernières lignes, par traverse et un Blanc par kilomètre ». en Europe, Odessa, on ramasse en moyenne cinquante précise : « Il y a une chose qui ne ment pas : Dixit Georges Simenon, dans son repor- morts par jour sur la voie publique. Morts c’est la statue de la Liberté. » Et il nous dit tage « L’Heure du nègre » que publie, en en Afrique noire, de dénuement, bien entendu ! » que, d’où qu’ils viennent, les immigrés se 1932, l’hebdomadaire Voilà créé par Gas- déclarent avec fierté « Américains », ton Gallimard. Simenon a vingt-neuf ans. en Polynésie et Un seul pays trouve grâce, mais grâce parce qu’« ils ont goûté à un genre de vie Quatre ans plus tard, l’été 1936, il se re- entière, dans ces reportages, ce sont les qui, quoi qu’on en dise, tient compte plus pose à Porquerolles avant de prendre le en Amérique. Etats-Unis d’Amérique. Inodores, les Uni- qu’aucun autre de la dignité de l’homme ». bateau pour aller revoir son Afrique. Une ted States ? Simenon y a vécu des années, En même temps que ce passionnant main se pose sur son épaule. C’est le Sans point de vue y a parcouru des dizaines de milliers de ki- recueil de reportages, le même éditeur, ministre de l’intérieur, Pierre Cot : il est lomètres, et, chaque matin, il a été réveillé Omnibus, publie un excellent livre de venu l’avertir que ce reportage ne se fera politique bien par « l’ail, le basilic, le thym, la sauge, le ro- Claude Gauteur sur Simenon et le cinéma pas. marin, toutes les herbes méditerranéen- (D’après Simenon, 85 F [12,96 ¤]). Vous y li- Le président du Conseil est alors Léon défini : il est nes » s’échappant de la charrette d’un ma- rez que Simenon aimait, plus que les Blum, que Simenon va retrouver à Bruxel- raîcher italien, qui propose « aubergines, autres, les films de Bunuel et de Fellini. les, prononçant, dans une usine, « des l’homme du artichauts, pêches et raisins ». Partout ! A Que le meilleur Maigret du cinéma fut se- allusions élégantes à une Révolution mal si- Miami, c’est l’extase : « Rien n’est encore lon lui Pierre Renoir, dans la toute pre- tuée dans des avenirs incertains ». Les moment présent, terni. Tout est moderne. Le décor n’est pas mière adaptation d’un Maigret, La Nuit du ouvriers belges, qui viennent de s’opposer gâté, comme à Nice ou à Ostende, par des carrefour, qui fut tournée par Jean Renoir, à des forces de l’ordre armées de il observe, il voit, villas style 1900. » le frère de Pierre. Que la meilleure Mme mitrailleuses, l’écoutent, déconcertés. Et Le plus surprenant, à coup sûr, c’est le Maigret aura été pour lui l’actrice des Simenon gagne un cinéma qui donne Le il enregistre, peu d’attention accordé par Simenon à ce adaptations de la télévision nippone. Que Cuirassé Potemkine alors interdit en qui frappe tout visiteur du Sud : la ségré- Simenon aurait aimé réaliser lui-même France. il note. Et parfois gation. Il note « les plantations du Sud aux des films, sur des scénarios originaux de Anticolonialiste et amateur d’Eisen- nègres nonchalants », « une ménagère du lui, mais cela lui fut refusé. Il ne reconnais- stein, Simenon n’en a pas pour autant des il oublie de voir. plus beau noir dans sa robe de coton à sait pas ses livres dans les films tournés positions politiques définies. Ses projets fleurs », mais cette démarcation, où que par autrui : « En écrivant un roman, je vois de reportage, il les négocie aussi bien avec Passionnant, ce soit, entre les Noirs et les Blancs (c’est mes personnages, et je les connais dans L’Humanité qu’avec un quotidien on ne en 1946), qui est pour Simenon une chose leurs moindres détails, y compris ceux que peut plus de droite comme Le Jour. Grand autant sur lui que toute nouvelle, et qui fait plus qu’étonner je ne décris pas. Comment un metteur en reporter, il est l’homme du moment pré- tout voyageur, il ne s’y arrête pas, il n’en scène, un acteur, pourraient-ils donner sent, sans opinion préconçue. Il dit fuir le sur les pays visités décrit pas les chocs, les nuances. Et cette image qui n’existe qu’en moi ? » pittoresque, et c’est vrai, il a tendance à comme tout de même il ne peut pas en Michel Cournot ne voir, en Afrique, en Asie, que la tôle on- dulée ou les motocyclettes (au pôle Nord, b c’est une Harley-Davidson, et non des chiens ou des rennes, qui l’emmène sur extrait son traîneau), il met presque son point d’honneur à refuser l’exotisme, mais, che- C’était l’an dernier, quelque part au Gabon. J’étais à Ces gens-là n’avaient jamais vu la mer. Ils n’avaient ja- min faisant, il ne cache pas un goût spé- bord d’un cargo, comme seul passager, quand le capi- mais vu une maison en briques, ni une auto. Peureux cial pour les poitrine nues des Tahitiennes taine m’annonça que nous allions, à Port-Gentil, charger comme des bêtes, tassés sur eux-mêmes, ils regardaient ou, un peu partout, les anthropophages. du bois d’ébène. avec de grands yeux étonnés. Débarquant aux îles, il n’est pas Je ne compris qu’une fois au port. Des chalands des- Il fallut les mettre dans des barques pour les amener content : les jeunes filles portent des cendaient la rivière. Ils avaient navigué deux ou trois en rade. Il y avait de la houle, et ce fut un nouveau spec- robes strictes, en coton, et s’abritent sous jours à travers la forêt vierge et sur chacun d’eux il y tacle de les voir monter à quatre pattes l’échelle de cou- des parapluies – les seuls seins visibles avait, pêle-mêle, des douzaines de nègres et de né- pée. Les voyez-vous, nus et nues, des vieilles femmes sont ceux d’une touriste américaine (occa- gresses. aux seins pendants, des hommes plus effrayés que leur sion de rappeler que Murnau, quand il a Je me hâte de préciser qu’il ne s’agit pas de traite des compagne, tous chargés d’objets hétéroclites, s’enga- tourné Tabou, avait engagé des Sud-Amé- Noirs. Quand un employeur a besoin de main-d’œuvre, geant avec méfiance sur ce monstre que devait être pour ricaines pour tenir les rôles des « Cana- il s’enfonce dans la forêt, avise un chef indigène et lui de- eux notre cargo ? ques » (sic), en qui il n’avait pas mande par exemple deux cents travailleurs. On les descendit dans la cale, en vrac. Ils se couchèrent confiance, pour les panos et les travel- Tout se passe régulièrement. Il y a un tarif et on signe à même les planches et le soir, le bateau partit. lings). Et les anthropophages, il les cher- un contrat de travail de un à trois ans. C’est ici que l’histoire commence. Il y a de beaux che partout. Il raconte l’histoire d’un Maintenant ne me demandez pas si le chef indigène nègres et il y en a de laids, cela dépend des races. Les jeune Noir, dans la brousse, qui vient de- n’empoche pas le plus clair de l’argent et s’il n’oblige pas nôtres appartenaient à une des plus vilaines races de la mander la main de sa bien-aimée à son à embaucher certains de ses sujets qui préféreraient la forêt. père. Il la paie une chèvre et deux haches vie au village. C’est son affaire n’est-ce pas ? de fer. Il l’emmène chez lui. Le lendemain, Revenons à notre histoire. Ils étaient environ deux Peut-être y avait-il dans le tas, une ou deux filles un elle reparaît chez son père. L’époux re- cents hommes et femmes, aussi laids les uns que les peu moins repoussantes ? vient la chercher. Non, elle regagne la autres, aussi sales, aussi nus. On en fit un tas sur le quai La nuit était chaude. Le capitaine et moi étions instal- case paternelle. Cela à plusieurs reprises, en attendant l’heure de les embarquer sur le cargo, et je lés sur la passerelle de commandement et nous n’avions jusqu’au jour où elle ne reparaît plus. In- me souviens de certains d’entre eux qui, en guise de pas envie de nous coucher. Deux ou trois fois nous en- quiétude des voisins. Le père va chez les pipe, avaient planté un roseau dans une vieille boîte à tendîmes des bruits suspects, mais sans y prendre garde. jeunes mariés. Lui aussi ne reparaît plus. conserves. Mes apprentissages, pages 373 et 374. X - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 6 AVRIL 2001 essais bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Ce passé qui ne doit pas lasser Les bébés et Témoignages de l’extermination des juifs en URSS et en Pologne : indispensable les gourous

LE LIVRE NOIR 1948, du Comité antifasciste juif créé en noir (du communisme), en 1997, ont sans L’ART D’ACCOMMODER Sur l’extermination des juifs en URSS 1941, et sur la disparition des épreuves doute contribué à une nouvelle mise à dis- LES BÉBÉS et en Pologne (1941-1945), 2 tomes dans le regain de terreur stalinienne de tance. Le malaise provoqué par la ques- de Geneviève Delaisi (Tchernaïa Kniga) l’après-guerre, tout a été dit ou presque. tion des spoliations et les revendications de Parceval et de Vassili Grossman et Ilya Ehrenbourg. Des versions incomplètes firent quand des survivants ainsi que de leurs héritiers Suzanne Lallemand. Traduit du russe par Yves Gauthier, même leur chemin à travers le monde, jus- (malaise qui n’a pu s’exprimer, en Odile Jacob Poches, 322 p., Luba Jurgenson, Michèle Kahn, qu’à ce que le manuscrit complet, qu’on contournant le tabou de l’antisémitisme, 55 F (8,38 ¤). Paul Lequesne et Carole Moroz sous croyait perdu depuis 1947, soit retrouvé qu’à travers l’incroyable couverture mé- (Première édition : la direction de Michel Parfenov. en 1992. Tout a été dit aussi sur les limites diatique accompagnant de par le monde Seuil, 1980.) Le Livre de poche, « Références Histoire », d’un texte composé dans l’atmosphère de le pamphlet de fort mauvaise facture de 638 p. et 736 p., 48 F (7,32 ¤) le volume. censure et d’autocensure pesant sur les l’Américain Norman Finkelstein sur la soi- e livre semble avoir, (Première édition : Solin/Actes sud, 1995.) maîtres d’œuvre. Les deux grands écri- disant « industrie de l’Holocauste ») joue tel un bon vin, plu- vains qu’étaient Ilya Ehrenbourg et Vas- également son rôle dans cette nouvelle tôt bien vieilli »,se omment lire aujourd’hui ce sili Grossman surent toutefois faire pas- inattention au témoignage. Tout comme L réjouissaient Gene- monumental recueil de témoi- ser au travers du filtre de la « grande l’« affaire Wilkomirski » – l’auteur de viève Delaisi de Parceval et gnages de première main sur l’as- guerre patriotique » quelques bribes Fragments (Calmann-Lévy, 1997), récit Suzanne Lallemand dans C sassinat systématique des juifs d’une vérité plus complexe que la version prétendument autobiographique d’une leur postface à la réédition par les troupes allemandes et leurs alliés officielle et léchée. Par exemple en n’hési- enfance dans les camps qui s’est avérée le en « Opus » de 1998. Vingt dans les territoires conquis sur les zones tant pas à publier des lettres évoquant la fruit de l’imagination d’un clarinettiste et un ans après sa pre- soviétiques de 1941 à 1945 ? D’abord collaboration des populations ukrai- suisse. Incontestablement, le « pacte de mière parution, cette comme un ensemble de récits immédiats nienne, russe ou balte à l’extermination lecture » entre le public d’aujourd’hui et charge contre la puéricul- qui confère à ces textes leur statut excep- de leurs concitoyens juifs sur une terre so- les témoins d’hier est, sinon rompu, du ture, ses modes et ses tionnel, par rapport aux témoignages plus cialiste où l’antisémitisme était censé moins altéré. contradictions n’a rien tardifs ou à l’historiographie. C’est une avoir disparu. Pourtant l’apparition subite en français, perdu, en effet, de son mor- pièce maîtresse de la bibliothèque de la C’est pourtant à un autre niveau que au milieu des années 1990, d’un ouvrage dant et de sa drôlerie. Gou- Shoah, à laquelle manquent encore, pour l’actualité de ce texte est devenue problé- longtemps porté disparu vient aussi rappe- rous de l’obstétrique et prê- le lecteur francophone, quelques ouvra- matique. Et dans des termes fort diffé- ler qu’après tout ces textes, à la lecture tresses de l’accouchement ges de base : la version intégrale du Jour- rents que lors de la première parution en parfois à la limite du supportable dans en prennent pour leur nal de l’historien du ghetto de Varsovie, français de l’ouvrage, alors unanimement leur monotone atrocité, ne « nous » ac- grade. Qu’il s’agisse de l’ali- Emmanuel Ringelblum (seule une version salué (« Le Monde des livres » du 17 no- compagnent pas depuis si longtemps. mentation de la femme abrégée est disponible), ou le Cartea nea- vembre 1995). La demande publique de té- Est-ce un trop-plein de récits sur la Shoah enceinte, des mérites com- gra de Mathatias Carp, un « Livre noir » moignages sur la Shoah s’essouffle. La ou plutôt notre résistance à les compulser parés de l’allaitement au consacré aux exactions commises par les contestation récurrente de la thèse de qui engendre l’illusion de la saturation ? sein et au biberon ou de troupes roumaines, alors alliées de l’Axe, l’unicité du génocide contre les juifs, ainsi Quoi qu’il en soit, il faut la surmonter, l’art de nettoyer les oreilles contre les juifs. que les tentatives de mettre sur le même ouvrir et rouvrir ce livre. Malgré les nou- et le nez du bébé, les pres- Sur la sortie avortée du Livre noir sovié- plan les massacres communistes et la veaux obstacles qui nous en dissuadent. criptions varient d’un livre tique, empêchée par la dissolution, en Shoah lors de la parution d’un autre Livre Nicolas Weill à l’autre, d’une époque à l’autre, sans jamais enta- mer la docte assurance des spécialistes. Cette sévère dénoncia- tion se voulait pourtant Günther Anders, toujours autrement constructive, et les auteurs n’hésitaient pas à dessiner les lignes de force d’une Conversations avec un philosophe engagé dans tous les combats antifascistes puériculture éclairée et tolérante. Avec le recul, le ET SI JE SUIS DÉSESPÉRÉ, QUE qu’elle était « une ontologie de cordon- times. Mais la nuit tombe sur Vienne et le rythme de l’argumentation VOULEZ-VOUS QUE J’Y FASSE ? nier » – et aussi de Brecht qui lui conseilla vieil homme est fatigué. s’impose au lecteur : l’eth- de Günther Anders. de prendre un pseudonyme pour ne pas Alors, pour ne pas le quitter trop vite, nographie enseigne la Entretiens avec Matthias Greffrath. lasser ses lecteurs. Il choisit ce nom : An- on se replonge dans sa confrontation très diversité des principes édu- Traduit de l’allemand par ders, qui en allemand signifie « autre- surprenante avec Kafka (1). Il explique catifs et bouscule l’empha- Christophe David. ment » et qui lui va comme un gant. Il fit pourquoi à sa fascination se mêlait «un tique prétention à l’univer- Ed. Allia, 96 p., 40 F (6,10 ¤). tout autrement. Ainsi, après avoir rompu grain de mépris » : l’obsession de la faute, salité des préceptes fran- avec Hannah Arendt, il émigra en la volupté de l’humilité, une certaine çais, puis la psychanalyse – ienne, 1977. Un vieil homme se 1936 aux Etats-Unis où il refusa de colla- forme de « narcissisme négatif » lui au nom de l’inconscient souvient. Il est né à Breslau en borer à l’Office for information, qu’il ju- étaient étrangers. A partir de là, un dialo- qui, « lui, reste le même 1902 ; il a soutenu sa thèse avec geait fasciste, préférant encore travailler gue se noua qui avait pour Anders quel- pour toutes les cultures » – V Husserl ; il a fait le poirier chez les en usine, ce qui l’amena à rédiger par la que chose de vital, comme s’il importait ouvre la voie aux solutions Heidegger ; il a été parrainé dans la suite un ouvrage sur les ravages de la tech- de « comprendre Kafka à mort » pour de bon sens. Antérieur à la presse berlinoise par Brecht ; il a aimé nique. Le principe de toute dictature, il qu’il lui vienne en aide. Mais l’épidémie banalisation de l’échogra- Hannah Arendt ; il a côtoyé tous les l’énonçait en une phrase : « Si tu veux un de kafkaïte qui se propagea dans les an- phie et de l’anesthésie péri- grands noms de l’émigration ; il a écrit un esclave, offre-lui un sous-esclave. » nées 1950 l’agaça et il songea ironique- durale, au dosage de l’hor- des premiers essais sur Kafka ; il a Quand le journaliste lui demande de ment à la nouvelle que Kafka aurait pu mone de grossesse comme échangé une correspondance avec le pi- quoi se nourrit son espoir et où il trouve écrire sur cette gloire qui le poursuivait à l’hyperstimulation de lote américain qui lâcha une bombe ato- le courage pour continuer, Anders ré- dans l’au-delà incertain où il avait trouvé l’ovulation pour traiter la mique sur Hiroshima ; il a participé au tri- pond qu’il ne sait rien du courage et que refuge. N’est-ce pas en idolâtrant Kafka, stérilité, l’ouvrage vaut bunal Russell sur la guerre du Vietnam. Il l’espoir, par principe, il ne connaît pas. se demandait enfin Anders, qu’on effa- maintenant à titre de docu- se nomme Günther Anders et il répond L’humour, en revanche, oui. « Et si je suis çait l’acte d’avoir assassiné des millions ment. Il témoigne de la aux questions d’un journaliste. désespéré, que voulez-vous que j’y fasse ? » de membres de sa famille ? force d’un courant ethno- Alors, il parle de l’inculture philosophi- Ce sera le titre de cette conversation im- Roland Jaccard psychanalytique en puéri- que de Husserl, du charme « démonia- promptue avec un homme qu’on écoute- culture au début des que » de Heidegger – il donne raison à rait encore pendant des heures et auquel (1) Kafka. Pour et contre, éd. Circé, 150 p., années 1980. Max Scheler qui disait de sa philosophie on rêverait de poser des questions plus in- 115 F (17,53 ¤). Jean-Paul Thomas VENDREDI 6 AVRIL 2001 - LE MONDE DES POCHES - XI essais bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb En cours Ce que transmet le médiologue de lettres Il y a dix ans, Régis Debray publiait un livre fondateur, selon lui, d’une nouvelle discipline. Bilan

QUESTIONS COURS DE MÉDIOLOGIE GÉNÉRALE vidéosphère (audiovisuel), et sur la façon cours d’un récent colloque de Cerisy sur GÉNÉRALES de Régis Debray. dont elles s’articulent ou s’emboîtent. « Communiquer/transmettre », les ques- DE LITTÉRATURE Gallimard, « Folio Essais », 556 p., On aimerait ainsi lire Debray sur le phé- tions de médiologie du pouvoir étaient d’Emmanuel Fraisse 65 F (9,91 ¤). nomène d’Internet, où ces trois sphères se abordées sous des rubriques comme et Bernard Mouralis. (Première édition : Gallimard, 1991.) mêlent et entrent en synergie. Tant que la « influencer/ faire croire », « mondialiser/ Seuil, « Points/Essais », loi, et donc les pouvoirs institutionnels normaliser », « sauvegarder/diffuser », 300 p., 50 F (7,62 ¤). ix ans déjà. Rendant compte qu’elle fonde, n’en aura pas saisi entière- « organiser/ convaincre », « instruire/ édu- (Inédit.) dans « Le Monde des livres » du ment le contrôle, Internet reste un moyen quer », « promouvoir/ innover ». Ce qui Cours de médiologie générale, de transmission qui semble étendre la li- confirme que la question centrale pour Ré- aura-t-on un jour D Jean-Louis Missika disait qu’on berté de chacun à l’infini. La revue Les Ca- gis Debray philosophe reste celle du pou- où commence et saurait dans vingt ans si le mot avait fait for- hiers de médiologie a déjà accumulé un bon voir, envisagé non plus dans la perspective où finit la littéra- tune. A mi-course, on peut affirmer que le nombre d’études parcellaires sur des pro- de son renversement révolutionnaire, S ture ? Le débat em- mot, certes, est admis, mais que la disci- blèmes de transmission aussi variés que la comme à ses débuts castristes, ni non plus barrasse – on le compren- pline n’a pas encore pris place, dans l’Uni- bibliothèque, la télévision, la bicyclette, les dans la perspective de son exercice dans dra – nombre d’universi- versité, au rang de celles qu’elle a voulu monuments, la route, le papier, la lumière. l’ombre des présidents élus (Allende, Mit- taires chargés d’enseigner concurrencer : la sociologie (des médias), Ces différents supports montrent bien que terrand), ni plus davantage dans l’exercice la seule discipline qui, à l’anthropologie, l’histoire. C’est qu’une dis- la médiologie n’a pas pour objet les médias de sa critique (Le Pouvoir intellectuel en leurs yeux, « ne soit pas dé- cipline met du temps à s’imposer, et il faut en tant que tels, au sens aujourd’hui cou- France date de 1988), mais de son analyse finie dans sa spécificité ». pour cela une recomposition des hiérar- rant de ce terme, mais bien le phénomène « scientifique ». Emmanuel Fraisse et Ber- chies académiques, qui sont l’enjeu de lut- même de la transmission, envisagé aussi Le problème de Régis Debray aujour- nard Mouralis, qui ensei- tes féroces, et non dénuées de sens. bien dans son histoire que dans ses diffé- d’hui, en tant qu’intellectuel autant que phi- gnent à l’université de A l’époque, Régis Debray, agrégé de phi- rentes techniques, ses transformations losophe médiologue (et médiatique aussi Cergy-Pontoise, en ont losophie, était un auteur hors université. technologiques et ses composantes symbo- bien) est bien celui de l’histoire et de l’ac- conclu que la meilleure Aujourd’hui, il est professeur (à Lyon-III), liques. tion, de la rétrospection et de la prospec- manière de répondre aux mais non de médiologie : de philosophie. Régis Debray s’est clairement expliqué tive. Son abstention sur Internet paraît indi- interrogations de leurs Et son cours de 1991 est bien un cours de sur sa volonté de dépasser l’horizon du quer qu’il est, pour le moment, bloqué sur étudiants était de rame- philosophie, se rapprochant d’ailleurs plus « communiquer », en soulignant que la l’histoire faite (lieu de malédiction) et le ner le fait littéraire à ce de l’essai qui se donnerait presque ludique- communication est le fragment d’un en- présent sur lequel il ne peut se retenir d’in- qu’il est « avant tout » : ment la forme d’un cours. C’est un ouvrage semble plus vaste qu’il propose d’appeler tervenir, fût-ce avec la plus confondante « Une pratique et une insti- plus récent de lui, Introduction à la médiolo- « transmission ». Relève de la transmission maladresse (le Kosovo) ou une très feinte tution. » gie (PUF, 2000) qui, à l’heure actuelle, sert tout ce qui a trait à la dynamique de la mé- modestie (I.F., suite et fin).LeCours de mé- En avant donc, pour un plutôt d’abrégé à un traité qui reste à moire collective, donc de l’histoire ; alors diologie générale, plutôt que les fonde- premier (et pesant) chapi- écrire. Un tel traité ne sera sans doute possi- que la circulation des messages dans un mo- ments d’une discipline, posait en fait une tre sur la « communica- ble qu’après qu’un nombre suffisant, et pro- ment donné relève, elle, de la communica- borne kilométrique dans un parcours d’in- tion littéraire » où bant, d’études spécialisées aura été fait sur tion. Pour prendre un exemple, la médiolo- tellectuel français (« IF », selon le sigle de- l’auteur, rebaptisé (après les trois sphères que le médiologue a distin- gie telle que la conçoit Régis Debray subor- brayen) non achevé. Heureusement, Roman Jakobson) « desti- guées dans la médiasphère, la logosphère donne l’église au culte, l’école à l’enseigne- peut-on ajouter. nateur », et le lecteur, dit (écriture), la graphosphère (imprimerie), la ment, la bibliothèque à la lecture. Ainsi, au Michel Contat « destinataire », ne se dis- tinguent guère des autres intervenants dans ladite communication : édi- teurs, imprimeurs, distri- buteurs, voire censeurs… Un requiem plein de fausses notes Suit un long développe- ment sur « littérature et savoir », où Le Tour de la Cinq ans après, retour sur le brûlot anti-avant-gardes artistiques de Benoît Duteurtre France par deux enfants tient plus de place que REQUIEM POUR UNE AVANT-GARDE teurtre dans les cordes, sur un ton chaleu- le brio d’une vraie plume. Est-ce une Flaubert, Defoe et Valéry de Benoît Duteurtre. reux qui ne peut masquer son effarement étude ? Duteurtre a trop de trous dans sa réunis… Pocket, « Agora », 318 p., 4 F (6,25 ¤). devant le confusionnisme généralisé du connaissance du milieu musical français des Deux chapitres sauvent (Première édition : Robert Laffont, 1995.) jeune auteur. années 1950 au milieu des années 1970, et la mise. Et de belle ma- Ecrivain, publiciste, directeur de festival, des nombreux contre-pouvoirs qui se sont nière. L’un (« L’œuvre et ors de sa première publication, en patron d’institution, homme de radio, exercés, pour être pris au sérieux. A moins ses limites ») en s’interro- 1995, Requiem pour une avant- Benoît Duteurtre n’a pas son pareil pour ali- qu’il n’élimine volontairement tout ce qui geant notamment sur le garde avait provoqué un certain menter la polémique en mélangeant de gêne sa thèse. Nous avons publié les pre- bien-fondé des « œuvres L émoi. Il y avait les conquis d’avance temps à autres ses fonctions et en refusant miers articles anti-avant-garde musicale et complètes » qui, faute de et les autres, qui se partagèrent entre rejet trop souvent le débat contradictoire en di- anti-Boulez de Duteurtre dans les colonnes discernement, sacralisent violent et déconstruction minutieuse de ce rect. Tout récemment, il publiait, sur la réé- du Monde de la musique, au milieu des an- l’écrivain et rendent évi- brûlot lancé contre les avant-gardes musica- dition de son livre, un article dans Ma- nées 1980. Nous en avons longuement parlé dente « l’impossible clô- les et, au-delà, artistiques. rianne, où il écrit régulièrement. Il y racon- avec l’auteur, dont nous connaissons bien ture de l’œuvre ». L’autre L’auteur réunit quelques critiques de tait par le menu la façon dont il aurait été les idées fixes et la propension à ne pas vou- (« Lire, lire l’autre ») en sa- l’époque en annexe à la réédition de son médiatiquement lynché, dans les semaines loir analyser plus finement le mouvement luant la « créativité » du ouvrage. Constatons que le degré d’insatis- qui ont suivi la première publication de Re- historique et musical qu’il décrit. Et dans le lecteur. De la lecture allé- faction des auteurs croît avec leur compé- quiem. Et en gros faisait la critique de son même temps, Duteurtre est sincère. Ce livre gorique des Grecs à l’her- tence dans le domaine artistique abordé. propre livre. La figure de victime sied mal à pose des questions, dont certaines sont bon- méneutique contempo- Seuls quatre journalistes faisaient autorité Duteurtre, qui a accompli son ascension nes. Il leur apporte des réponses fausses. El- raine, via Spinoza et Mon- pour s’exprimer sur l’aspect musical : Harry professionnelle autour d’une idée sans les sont crédibles car elles mettent les rieurs taigne. Un livre inégal, Halbreich, Anne Rey, Jean Roy et Claude Sa- cesse déclinée (contre l’avant-garde musi- et ceux qui n’aiment pas l’art contemporain donc. Ou alors ne s’agit-il muel. Aucun d’eux n’a partagé les vues de cale et Boulez ; pour la musique tonale) et de son côté, en sorte que ce livre n’ouvre que d’une suite de cours… Duteurtre. Anti-avant-garde autoproclamé, au côté de Marcel Landowski. Ce dernier l’a toujours malheureusement aucun débat et Avec des jours de pleine exemple même d’ouverture d’esprit, le mu- aidé de tout son pouvoir, qui était grand. que Duteurtre invente une histoire qui at- forme ; et des jours sans… sicologue et ancien directeur de festivals Que dire cinq ans plus tard de ce Re- tend encore son mémorialiste impartial. André Meury Harry Halbreich envoie quand même Du- quiem ? Est-ce un pamphlet ? Il lui manque Alain Lompech XII - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 6 AVRIL 2001 eLved oh,n poche, de Livre Le femmes de Complot Christine ARNOTHY ¤). (5,95 F 39 ce u,Bbl n Babel, Sud, Actes création la de Journal Nancy HUSTON ¤). (4,88 F 32 ei,Pit,n Points, Seuil, rousse Diane La Patrick GRAINVILLE ¤). (4,42 F 29 p., 320 n Folio, Gallimard, Demande La Michèle DESBORDES ¤). (1,52 F p., 10 64 nuits, une et Mille ! départ au Attention Collectif ¤). (3,51 F 23 p., 160 n Folio, Gallimard, nuit la de Sens Le Nicolas BREHAL ¤). (6,40 F 42 p., 416 n poche, de Livre Le songe le par Guidée Béatrix BECK ¤). (4,57 F 30 p., 224 n L'imaginaire, Gallimard, société la de suicide le ou Gogh, Van Antonin ARTAUD ¤). (5,49 F 36 p., 416 7 . 1F(,7¤). (7,77 F 51 p., 372 n poche, de Livre Le tournesols aux Petite La Noëlle CHATELET ¤). (5,95 F 39 p., 192 n Babel, Sud, Actes Silex de Daniel BRUYCKER ¤). (7,01 F 46 p., 448 'il,n lu, J'ai pauvres des Planète La Louis HARENGER ¤). (6,86 F 45 n Points, Seuil, noires Forteresses Les Patrick GRAINVILLE ¤). (6,86 F 45 n Points, Seuil, cache me monde, femme du une fin la de jour Le Patrick GRAINVILLE ¤). (6,40 F 42 n poche, de Livre Le Dominique Eugène FROMENTIN ¤). (6,71 F 44 p., 466 GF, Flammarion, Séginger. Gisèle par Présentation Salammbô Gustave FLAUBERT ¤). (5,34 F 35 n Points, Seuil, Reporter Petit Le Pierre DESPROGES ¤). (3,96 F 26 p., 144 n Pauvert, Jean-Jacques de amoureuses Lectures Musardine, La demi-mondaines et monde du dames : Prostituées, 3 tome secrète, vie Ma Anonyme FRANÇAISE b eLved oh,n poche, de Livre Le menteur du Femme La Jacques ATTALI ¤). (7,62 F 50 p., 250 Arcanes, Losfeld, Joëlle Corcoran capitaine du Aventures Les Alfred ASSOLANT o 3,9 . 2F(,0¤). (6,40 F 42 p., 96 432, LITTÉRATURE o 80 2 p., 224 5800, o 7 1 p., 316 47, o o o o 3,28p., 288 839, p., 304 837, p., 256 838, p., 192 836, o o o o 3484, 3482, o o o o o 470, 469, 16076, 15023, 15021, 15035, 15019, J iro n Librio, EJL ce u,Bbl n Babel, Sud, Actes femme de Parole Annie LECLERC ¤). (8,99 F 59 p., 256 Libretto, Phébus, Pirates Les Gilles LAPOUGE ¤). (6,10 F 40 p., 352 n poche, de Livre Le ciel du Fille La Isabelle LACAMP ¤). (5,49 F 36 n lu, J'ai Savannah Michèle KAHN ¤). (5,49 F 36 6 . 9F(,2¤). (4,42 F 29 p., 160 n poche, de Livre Le Ferraille Pascale ROZE ¤). (5,49 F 36 p., 384 n Folio, Gallimard, l'autre pour L'Un Nathalie RHEIMS ¤) (4,42 F 29 p., 160 n poche, de Livre Le désolation Une Yasmina REZA ¤). (4,42 F 29 n lu, J'ai étrangers contes Treize Vincent RAVALEC ¤). (4,57 F 30 p., 256 n poche, de Livre Le espoir bel si Un Michel RAGON ¤). (4,57 F 30 p., 224 n Folio, Gallimard, Dakota du Piste La Pierre PELOT ¤). (4,57 F 30 p., 256 XIX au poésie La française. littérature la de histoire autre Une d' Jean ORMESSON ¤). (4,42 F 29 p., 224 n Points, Seuil, silencieuse et verte rivière Une Hubert MINGARELLI ¤). (5,03 F 33 p., 288 n poche, de Livre Le Corrompus Les Gilles MARTIN-CHAUFFIER ¤). (4,42 F 29 p., 256 n poche, de Livre Le d'exil et D'amour Eduardo MANET ¤). (5,95 F 39 p., 320 eLved oh,n poche, de Livre Le Gabriel L'Ange Bernard LENTREC ¤). (6,86 F 45 p., 208 eLved oh,n poche, de Livre Le monde du cher moins le pornographique Film Le Fred ROMANO ¤). (2,90 F 19 p., 96 n poche, de Livre Le oiseaux aux L'Ame Gisèle PINEAU ¤). (4,57 F 30 p., 208 n poche, de Livre Le avant là J'étais Katherine PANCOL ¤). (1,52 F 10 n poche, de Livre Le Horsita Lorette NOBECOURT ¤). (4,88 F 32 'il,n lu, J'ai mourants des Soleil Le Jean-Claude IZZO o o o 88 8 p., 288 5858, p., 256 5801, 79 2 p., 224 5799, o 5,16p., 126 453, o 4,18p., 128 840, e siècle o o o 3491, 3490, o o o o o o o o o o o 473, 14716, 15028, 15021, 15020, 15029, 15034, 15022, 15024, 15032, 15030, 15025, 2 . 9F(,2¤). (4,42 F 29 p., 224 n Points, Seuil, Amargier. Nathalie par russe du Traduit Pingouin Le Andreï KOURKOV ¤). (4,57 F 30 p., 224 n étranger, Domaine 10/18, Mina. Pierre par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit Glamorama Easton Bret ELLIS ¤). (10,52 F 69 p., 416 Libretto, Phébus, Latour. Robert par l'anglais de Traduit blanche Compagnie La Arthur DOYLE CONAN ¤). (10,67 F 70 p., 720 Stock, Guiloineau. Jean par Sud) du (Afrique l'anglais de Traduit silence turbulent Un André BRINK ¤). (6,86 F 45 n Points, Lalène. Seuil, de G. et S. par l'allemand de Traduit Sacrements Deux Les Heinrich BÖLL ¤). (7,16 F 47 p., 272 n L'imaginaire, Gallimard, Lois Philippe SOLLERS ¤). (5,64 F 37 p., 304 eLved oh,n poche, de Livre Le Leroy. Hughes par (Australie) l'anglais de Traduit nuit la de Images Rod JONES ¤). (5,95 F 39 p., 144 Bis, Hamy, Viviane Delacroix. Marie-Aude par l'allemand de Traduit Eté Dernier Le Ricarda HUCH ¤). (7,62 F 50 p., 448 n Points, Seuil, Lortholary. Bernard et Porcell Claude par l'allemand de Traduit siècle Mon Günter GRASS ¤). (5,64 F 37 p., 220 n étranger, Domaine 10/18, Damour. Anne par l'anglais de Traduit William cher très Ce Beryl BAINBRIDGE ÉTRANGÈRE b n Folio, Gallimard, perdues causes les et Asmara Jean-Christophe RUFIN eLved oh,n poche, de Livre Le ironiques Nouvelles Henri VINCENOT oan tagr n étranger, Domaine 10/18, Giorgis. de Hugues par l'anglais de Traduit mur le derrière Ville La Philip HENSHER n plumes, à Serpent Le Modigliani. Denise par l'allemand de Traduit maudite roche la Ellernklipp, Theodor FONTANE n L'imaginaire, Gallimard, Cœuroy. André par l'allemand de Traduit Briest Effi Theodor FONTANE o o o o o 3,14p,4 64 ¤). (6,40 F 42 p., 154 431, 4,28p,4 64 ¤). (6,40 F 42 p., 288 842, ¤). (6,86 F 45 p., 368 843, ¤). (8,84 F 58 p., 350 436, ¤). (8,38 F 55 p., 544 3292, LITTÉRATURE o 4,32p., 352 844, o 3492, o o o o 15027, 15033, 3329, 3273, o 126, ei,Pit,n Points, Seuil, Mathieu. François par l'allemand de diva Traduit la de noir Caniche Le Helmut KRAUSSER n Babel, Sud, Actes Touchard. Olivier et Michel-Claude Reumaux, Patrick par l'anglais de Traduit imaginaires lieux des Dictionnaire Gianni GUADALUPPI Alberto MANGUEL n Pauvert, Jean-Jacques de amoureuses Lectures Musardine, La Defossé. Alain par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit nouvelles autres et Alice Anaïs NIN ¤). (7,47 49 p., 192 Bis, Hamy, Viviane Marks. René et Sephord Jocelyne par l'italien de Traduit Rose la et Myrte Le Annie MESSINA ¤). (8,38 F 55 p., 272 Stock, Tournier. J. par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit triste café du Ballade La Carson McCULLERS ¤). (5,95 F 39 p., 220 n poche, de Livre Le Maugé. André par l'italien de Traduit miroir de Fabricant Le Primo LEVI ¤). (5,95 F 39 n Points, Seuil, Pressmann. Frédérique par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit Suckerman King p. George PELECANOS ¤). (1,52 F 10 p., 96 eSretàpue,n plumes, à Serpent Le Pauline. Georges par l'allemand de Traduit Nouvelles Malentendu. Le Monika MARON 1,3¤). (11,43 F 75 p., 480 Libretto, Phébus, l'auteur. par l'arabe de traduit et Préfacé . inhumains 2 Cœurs T Les nuits. une et Mille Les René KHAWAM R. ¤). (10,52 F 69 p., 416 Libretto, Phébus, l'auteur. par l'arabe de traduit et Préfacé galants serviteurs et 1. insignes T Dames Nuits. Une et Mille Les René KHAWAM R. n poche, de Livre Le Capèle. Jean-Claude par (Autriche) l'allemand de Traduit dernier Jugement du Maître Le Leo PERUTZ n Librio, EJL Schmidt. Julia et Wespieser Sabine par (Irlande) l'anglais de Traduit Maggie de L'Histoire Sheila O'FLANAGAN n Babel, Sud, Actes Prouteau. Hélène par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit trouble eau en Reflets Carol Joyce OATES o o o o o o 12 2 . 9F(,5¤). (5,95 F 39 p., 224 3142, 7,62p,7 1,3¤). (11,43 F 75 p., 672 471, 07,10p,3 50 ¤). (5,03 F 33 p., 160 30173, ¤). (6,86 F 45 p., 336 847, ¤). (5,95 F 39 p., 160 472, ¤). (5,95 F 39 p., 126 48, EDEI6ARL20 EMNEDSPCE XIII - POCHES DES MONDE LE - 2001 AVRIL 6 VENDREDI o 4,12p., 192 841, o o 441, 125, 8 . 2F(,0¤). (6,40 F 42 p., 288 n poche, de Livre Le l'Apocalypse de Cavalier Premier Le John CASE ¤). (5,03 F 33 p., 288 eLved oh,n poche, de Livre Le indienne Chambre La Serge BRUSSOLO ¤). (5,95 F 39 p., 170 Poulpe, Le Baleine, cocos de nid d'un au-dessus Vol Antoine BLOCIER ¤). (5,95 F 39 p., 189 Masque, Le Littératures, Hachette pendu du Crypte La Ewan BLACKSHORE POLICIERS b ¤). (3,20 F 21 p., 208 n Folio, Gallimard, Forestier. Georges de Edition Athalie Jean RACINE ¤). (5,79 F 38 p., 224 GF, Flammarion, Escola. Marc par Présenté royale Place La CORNEILLE b ¤). (7,93 F 52 p., 176 Stock, Bournac. Olivier et Hella Alzir par l'allemand de Traduit sentiments des Confusion La Stefan ZWEIG ¤). (9,15 F 60 p., 304 Stock, Lance-Otterbein. Renate et Lance Alain par l'allemand de Traduit Médée Christa WOLF ¤). (1,52 F 10 p., 64 nuits, une et Mille Pierre. Catherine par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit d'herbe Feuilles à introduction américain, Poète Le Walt WITHMAN ¤). (8,38 F p., 55 240 Stock, Lack. Leo par l'anglais de Traduit profundis De Oscar WILDE ¤). (6,71 F 44 p., 256 oan tagr n étranger, Domaine 10/18, Hinsch. Luce par norvégien du Traduit T3 Dina. de Livre Le moi. à est bien-aimé Mon Herbjorg WASSMO n Babel, Sud, Actes Krauss. Peter et Chambon Jacqueline par l'allemand de Traduit sud Versant Eduard KEYSERLING VON n Babel, Sud, Actes Krauss. Peter et Chambon Jacqueline par l'allemand de Traduit brûlant Eté Eduard KEYSERLING VON n lu, J'ai Hervien. Hélène par norvégien du Traduit m'endormes tu que Avant Linn ULLMANN n poche, de Livre Le Hamel. Annie par l'anglais de Traduit Pacha Lady Ahdaf SOUEIF o o o o 7,12p,3 50 ¤). (5,03 F 33 p., 102 476, ¤). (5,03 F 33 p., 78 482, ¤). (5,49 F 36 p., 288 5841, ¤). (7,62 F 50 p., 608 15036, ROMANS THÉÂTRE o 57, o o o 17172, 17174, 3293,

0123 Cette liste est une sélection des livres de poche parus dans le courant du b mois de mars 2001. Elle a été élaborée avec la collaboration des éditeurs. I EMNEDSPCE EDEI6ARL2001 AVRIL 6 VENDREDI - POCHES DES MONDE LE - XIV 0123 Cette liste est une sélection des livres de poche parus dans le courant du b mois de mars 2001. Elle a été élaborée avec la collaboration des éditeurs. n détectives, Grands 10/18, grain du l'appât et Sauve-du-mal Dominique MULLER ¤). (4,88 F 32 n poche, de Livre Le labo au Crimes Gini HARTZMARK ¤). (6,86 F 45 p., 200 Labyrinthe, Littératures, Hachette Daruma du L'Œil Charles HAQUET ¤). (6,71 F 44 p., 160 noir, Granit brume, de Terre Galway sur Neige Maurice GOLDRING ¤). (6,25 F 41 p., 154 polar, de Instantanés Baleine, Pilier Septième Le Pierre FILOCHE ¤). (4,42 F 29 p., 96 grise, Série Baleine, Lavabeau Monsieur Olivier DOUYÈRE ¤). (5,18 F 34 p., 256 n poche, de Livre Le marron complet au L'Homme Agatha CHRISTIE ¤). (5,18 F 34 p., 224 2 . 2F(,8¤). (4,88 F 32 p., 224 n poche, de Livre Le bourreau du Mémoire La Maud TABACHNIK ¤). (4,57 F 30 p., 192 n poche, de Livre Le banc du l'homme et Maigret Georges SIMENON ¤). (6,86 F 45 p., 255 Labyrinthe, Littératures, Hachette pourpre splendeur la de Palais Le Taiping SHANGDI ¤). (5,49 F 36 p., 352 n détectives, Grands 10/18, Blancs-Manteaux des L'Enigme Jean-François PAROT ¤). (6,40 F 42 p., 480 n Folio, Gallimard, rabbin du Secret Le Thierry JONQUET ¤). (5,49 F 36 p., 352 eLved oh,n poche, de Livre Le l'hôpital à meurtres Petits Claire RAYNER ¤). (5,95 F 39 p., 126 grise, Série Baleine, coin le dans Poignée La Patrick RAYNAL ¤). (5,95 F 39 p., 382 Masque, Le Littératures, Hachette Mactar. Jean par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit nuit la dans maison Une Ellery QUEEN ¤). (3,96 F 26 p., 224 n lu, J'ai Plaisance Petite à Meurtre Estelle MONTBRUN ¤). (8,23 F 54 p., 288 noir, Granit brume, de Terre génétique Empreinte Yannick LETTY ¤). (7,62 F 50 p., 288 n poche, de Livre Le tables sur Cartes Agatha CHRISTIE eLved oh,n poche, de Livre Le silencieux témoin Un Richard PATTERSON NORTH almr,Flo n Folio, Gallimard, 5632 Larchmûtz Jean-Bernard POUY o o 21 2 . 7F(,6¤). (7,16 F 47 p., 320 3291, 20 8 . 7F(,6¤). (7,16 F 47 p., 384 3260, o 82 2 p., 224 5812, o o 193, 199, o o o o o o o 5374, 1999, 18203, 14234, 18202, 17173, 17171, almr,Flo n Folio, Gallimard, ! ploucs les urnes Aux Charles WILLIAMS ¤). (4,88 F 32 2 . 9F(,2¤). (4,42 F 29 p., 224 Vertige, Jeunesse, Hachette Heliot. Eric par illustrée Guinot.Couverture Valérie par l'anglais de Traduit cabane en détective Un Dominic BARKER ¤). (6,55 F 43 p., 136 fantastiques, Les Magnard, Yanor de L'Evasion Philippe BARBEAU ¤). (4,88 F 32 p., 128 noire, Souris Syros, bouchère Cruelle Claudine AUBRUN ¤). (5,03 F 33 p., 196 junior, Folio Jeunesse, Gallimard Rubio. Vanessa par l'anglais de Traduit dieux des Montagne La K.A. APPLEGATE ¤). (3,66 F 24 p., 80 ¤). (7,01 F 46 p., 448 n Folio, Gallimard, Bonneby. Jean par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit V Fondation de Cycle Le Fondation. et Terre Isaac ASIMOV b ¤). (5,03 F 33 p., 256 ia,Pcejno,n junior, Poche Milan, z'animots des animal, Un Jean-Pierre ANDREVON ¤). (4,88 F 32 p., 128 noire, Souris Syros, chien d'un Mort La Charlotte AMSTRONG ¤). (4,42 F 29 p., 128 Castor, Père Flammarion, 7) (tome noire L'Alliance Dan ALPAC b n lu, J'ai saluent te mourir vont qui Ceux Fred VARGAS eLved oh,n poche, de Livre Le Limbo Bernard WOLFE n lu, J'ai Dariot. Valérie par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit loup du Regard Le R.L. STINE n lu, J'ai Godoc. Maud par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit mortelle Danse R.L. STINE n lu, J'ai Guilleaud. Valérie par l'anglais de Traduit Féerie J. Paul McAULEY n lu, J'ai Ribes. Antoine par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit l'apprenti Pug, : 1 Krondor de Chroniques Les E. Raymond FEIST n Folio, Gallimard, Bonneby. Jean par l'anglais de Traduit III galactique Guide reste. Le le et l'Univers Vie, La Adam DOUGLAS o o o o o o 86 6 . 6F(,6¤). (3,96 F 26 p., 160 5816, ¤). (3,96 F 26 p., 160 5815, ¤). (6,86 F 45 p., 480 5631, ¤). (7,93 F 52 p., 512 5823, ¤). (7,93 F 52 p., 340 52, ¤). (6,25 F 41 p., 512 51, SCIENCE-FICTION JEUNESSE o 81 9 p., 192 5811, o 208, o 7230, o 45, 64 ¤). (6,40 F 42 p., 128 Casterman, Rouil. Christophe par Illustré sommeil de Marchands Stéphane DANIEL ¤). (5,49 F 36 p., 238 junior, Folio Jeunesse, Gallimard Krief. Anne par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit l'océan de Voix Les Sharon CREECH ¤). (5,49 F 36 p., 48 Chanteloup, Castor, Père Flammarion, Fouillet. Pierre par Illustré déguise se Ti-Croco Jean-Loup CRAIPEAU ¤). (4,27 F 28 p., 144 n Junior, Milan Essentiels France la de Géographie La Collectif ¤). (5,49 F 36 p., 48 garou, Loup Castor, Père Flammarion, Zaü. par Illustré moi qu'à rien papa Mon Claire CLEMENT ¤). (5,49 F 36 p., 56 Casterman, Place. François par Illustré d'or Trèfle Jean-François CHABAS ¤). (6,40 F 42 p., 112 Casterman, Lemaître Pascal par Illustré Mars sur Week-end Claude CARRE ¤). (4,27 F 28 p., 144 ia oh ejmn n Benjamin, Poche Milan Richard. Laurent par Illustré l'espace de Course La Marc CANTIN ¤). (5,03 F 33 p., 224 junior, Folio Jeunesse, Gallimard Haute-Terre de Chevalier Le Evelyne BRISOU-PELLEN ¤). (2,90 F 19 p., 32 Mini-Syros, Syros, pépé de Couteau Le François BRAUD ¤). (5,03 F 33 p., 176 cadet, Folio Jeunesse, Gallimard Harker. Leley par Illustré Mouriaux. Valérie par l'anglais de Traduit poison le et Avril Henrietta BRADFORD ¤). (4,27 F 28 p., 126 junior, Folio Jeunesse, Gallimard cage en ours un Comme du Paule BOUCHET ¤). (4,27 F 28 p., 96 Jeunesse, Hachette Dalle. Sophie par l'anglais de Traduit soucis des a Paddington Michael BOND ¤). (4,12 F 27 p., 96 poche, de Livre Le Jeunesse, Hachette Alloing. Louis par Illustré Mortimer. Florence par l'anglais de Traduit privé détective Quête, Jean Coleen BARTON n Benjamin, Poche Milan Lefebvre. Gabriel par Illustré chat au langue Ma Collectif ¤). (4,27 F 28 p., 32 ia,Pcejno,n junior, Poche Milan, Holmes Sherlock de Aventures Les Arthur DOYLE CONAN ia,Pcejno,n junior, Poche Milan, nom sans fille la de Mystère Le Marc CANTIN ¤). (3,66 F 24 p., 24 o 3 4p,2 36 ¤). (3,66 F 24 p., 24 23, o o 47, 46, o o 21, 12, setesMlnJno,n Junior, Milan Essentiels disparition leur et Dinosaures Les Stéphane FRATTINI ¤). (3,05 F 20 p., 96 poche, Castor Castor, Père ! Flammarion, papa bras, les pas Baisse Christine FERET-FLEURY ¤). (4,88 F 32 p., 192 6p,2 30 ¤). (3,05 F 20 p., 96 Castor, Père Flammarion, l'impasse dans Rendez-vous KOCHKA ¤). (5,95 F 39 p., 64 loup, de Faim Castor, Père Flammarion, Edith. par Illustré noires lunettes et Batterie Christian JOLIBOIS ¤). (3,66 F 24 p., 96 n Benjamin, Poche Milan Chollat. Emilie par Illustré chatouillent qui Comptines François DAVID ia,Pcejno,n junior, Poche Milan, l'ours de Jean Louis ESPINASSOUS ¤). (4,27 F 28 p., 32 ia,Pcejno,n junior, Poche Milan, Hugo premier Mon Victor HUGO ¤). (4,42 F 29 p., 224 Vertige, Jeunesse, Hachette Nicollet. Jean-Michel par illustrée Couverture nuit la mange Nobody Michel HONAKER ¤). (4,88 F 32 p., 192 poche, Castor Castor, Père Flammarion, M@cha à S@cha De Yaël et Doueib HASSAN et Rachel HAUSFATER ¤). (2,90 F 19 p., 32 Mini-Syros, Syros, monde du Rédaction Longue Plus La Achmy HALLEY ¤). (4,27 F 28 p., 80 cadet, Folio Jeunesse, Gallimard Davis. E. Jack par Illustré Rubio. Vanessa par l'anglais de Traduit leçons trois en dauphin parler Comment Dan GREENBURG ¤). (4,27 F 28 p., 32 ia oh ejmn n Benjamin, Poche Milan Ruillier. Jérôme par Illustré bébé un j'attends Moi, Didier DUFRESNE ¤). (2,90 F 19 p., 32 Mini-Syros, Syros, tortues des Gardienne La Martine DORRA ¤). (6,40 F 42 p., 128 Casterman, Hié. Vanessa par Illustré salon de chat Jackson, Minou par Vie, Ma Sophie DIEUAIDE ¤). (6,55 F 43 p., 80 fantastiques, Les Magnard, K L'Onde Jacques DELVAL setesMlnJno,n Junior, Milan Essentiels corps du signaux les rots… poule, de chair Hoquets, Marie-Rose LEFEVRE et Marie-Christine ERLINGER ¤). (3,66 F 24 p., 24 o 2 4p,2 36 ¤). (3,66 F 24 p., 24 22, o o 44, 48, o o o 19, 13, 11, setesMlnJno,n Junior, ? Milan sert Essentiels ça quoi à Politique, La Madeleine MICHAUX ¤). (3,66 F 24 p., 24 ia,Pcejno,n junior, Poche Milan, jaune l'étoile à Enfant L' Armand TOUPET ¤). (6,55 F 43 p., 168 fantastiques, Les Magnard, destin de Voleur Le Arthur TENOR ¤) (3,05 F 49 p., 480 Castor, Père Flammarion, d'Egypte pharaon premier le Ménès, Alain SURGET ¤). (6,55 F 43 p., 168 fantastiques, Les Magnard, baleines des sacré Chant Le Eric SIMARD ¤). (6,55 F 43 p., 160 fantastiques, Les Magnard, pas n'existe qui Minute La Maryvonne RIPPERT ¤). (4,27 F 28 p., 160 poche, de Livre Le Jeunesse, Hachette Bay. Isabelle par illustrée Couverture Bay. Marie-Pierre par l'anglais de Traduit moi et Goody Ruppert Barbara O'CONNOR ¤). (4,27 F p., 28 160 poche, de Livre Le Jeunesse, Hachette Brasseur. Jérôme par Illustré gagnant Cheval Jean-Paul NOZIÈRE ¤). (5,49 F 36 p., 160 junior, Folio Jeunesse, Gallimard Pracontal. de Mona par l'anglais de Traduit damnées âmes des Château Le Yve NEWNHAM et Dave MORRIS ¤). (4,27 F p., 28 160 poche, de Livre Le Jeunesse, Hachette Rébéna. Frédéric par Illustré tête la pas Perds de Christian MONTELLA ¤). (3,05 F 20 p., 96 Castor, Père Flammarion, Jalouses de Christian MONTELLA ¤). (3,66 F 24 9F(,0¤). (2,90 F 19 p., 32 Mini-Syros, Syros, bicyclette de Voleur Le Leny WERNECK ¤). (4,88 F 32 p., 192 ia oh ejmn n Benjamin, Poche Milan Pillot. Frédéric par Illustré Patatrac Cirque Le MELI-MARLO ¤). (4,12 F 27 p., 128 poche, de Livre Le Jeunesse, Hachette Monfort. Josette par l'italien de Traduit botanique Panique Béatrice MASINI ¤). (4,57 F 30 p., 154 junior, Folio Jeunesse, Gallimard Munch. Philippe par Illustré Simon. Nouannipha par l'anglais de Traduit ! Mallory Pauve M. Ann MARTIN ejmn n Benjamin, Poche Milan Merlin. Christophe par Illustré panthère slip du Mystère Le Gérard MONCOMBLE ¤). (4,27 F 28 p., 32 o 4 4p., 24 24, o 43, o o 20, 14, almr,Flo n Folio, Gallimard, Picasso Ruiz Pablo Patrick O'BRIAN ¤). (5,34 F 35 p., 256 almr,Flo n Folio, Gallimard, l'auteur. de inédite Préface 1945-1955 retouches sans Portraits Françoise GIROUD ¤) (6,86 F 45 p., 160 vermillon, petite La ronde, Table La Socrate André-Jean FESTUGIÈRE ¤). (1,52 F 10 n Librio, EJL Ferré Léo Stan CUESTA ¤). (1,52 F 10 1 . 9F(,9¤). (8,99 F 59 p., 416 n actuel, Folio Gallimard, l'eau vers Ruée La Roger CANS ¤). (5,34 F 35 n Points, Seuil, sexes des Politique Sylviane AGACINSKI b ¤). (5,95 F 39 p., 128 bibliothèque, petite La cinéma, du Cahiers printemps le ça… appelle On Hervé ROUX LE ¤). (7,47 F 49 p., 48 Gallimard, Découvertes pop Années Les Christophe DOMINO ¤). (5,95 F 39 p., 96 bibliothèque, petite La cinéma, du Cahiers Amasœur! Catherine BREILLAT b ¤). (11,74 F 77 p., 832 n lu, J'ai Triesweiler. Denis et Daugat Emmanuel Pierre par l'anglais de Traduit vie d'une secrets les Frank, Anne Ann Carol LEE ¤). (6,25 F 41 p., 432 n Librio, EJL Springsteen Bruce Mikael OLLIVIER et Hugues BARRIER b orl XXI le pour philosophie Quelle Collectif ¤). (1,52 F 10 p., 80 libres/Attac, petits Les nuits, une et Mille Cassen. Bernard de direction la Sous Attac Collectif ¤). (6,10 F 40 p., 64 Allia, Esquié. Héloïse par l'anglais de Traduit d'Albuquerque Conférence La Noam CHOMSKY ¤). (7,01 F 46 p., 224 n poche, de Livre Le J6m.com Jean-Marie MESSIER almr,Flo n Folio, Gallimard, o 80 1 . 5F(,6¤). (6,86 F 45 p., 416 5820, SASCRITIQUES ESSAIS ARTS BIOGRAPHIES e ice? siècle o o 4,9 p., 96 446, p., 96 433, o 4,24p., 224 846, o o o 380, 3488, 3486, o 15054, o 84, U,Qesi-e? n ?, sais-je Que PUF, Provence la de Histoire Noël COULET et Maurice AGULHON ¤). (6,40 F 42 p., 128 0 . 0F(06 ¤). (10,67 F 70 p., 300 Pluriel, Littératures, Hachette XVI l'Espagne, de Temps Le Bernard VINCENT et Bartolomé BENNASSAR ¤). (9,15 F 60 p., 400 Pluriel, Littératures, Hachette espagnole L'Inquisition Bartolomé BENNASSAR ¤). (8,69 F 57 p., 391 Champs, sacré Flammarion, le et terre la Israël, Esther BENBASSA et Jean-Christophe ATTIAS ¤). (6,40 F 42 p., 128 ¤). (5,49 F 36 p., 192 U,Qesi-e? n ?, sais-je Que PUF, Communisme Le Alexandre ADLER GÉOGRAPHIE ET b ¤). (6,40 F 42 p., 128 Philosophies, PUF, biologie la et Nietzsche Barbara STIEGLER ¤). (1,52 F 10 p., 72 une nuits, et Mille Rizet. Karin par l'allemand de Traduit perpétuelle paix de Projet Emmanuel KANT ¤). (7,47 F 49 p., 128 Philosophies, PUF, succès et Vérités Ramsey. Pascal ENGEL et Jérôme DOKIC b n poche, de Livre Le Gayrard. Julien par l'italien de Traduit l'ornithorynque et Kant Umberto ECO ¤). (10,52 F 69 p., 120 L'attrape-corps, Musardine, La l'atelier à nues Femmes modèles Mes eLved oh,n poche, de Livre Le libéralisme du sortir Comment Alain TOURAINE ¤). (7,62 F 50 p., 240 n actuel, Folio Gallimard, ? l'homme de droit nouveau : professionnelle Formation La Paul SANTELMANN ¤). (7,93 F 52 p., 300 essais, Série Poches, Découverte, La violence la contre autrement Agir ensemble. vivre Savoir Charles ROJZMAN ¤). (1,52 F p., 10 80 nuits, une et Mille menacée laïque L'Emancipation Henri PENA-RUIZ ¤). (1,52 F 10 p., 80 petits libres, Les nuits, une et Mille planétaire utopie une Internet, Paul SORIANO et Alain FINKIELKRAUT DUF o 52,60p,4 68 ¤). (6,86 F 45 p., 640 15026, HISTOIRE PHILOSOPHIE e -XVII O RBernar UR e siècle d o o o 4308, 3594, 149, o 85, e rgnsa I au origines Des romain. L'Homme Michel MESLIN ¤). (8,99 F 59 p., 224 Complexe, médiéval. l'islam dans politique et Terrorisme Assassins. Les Bernard LEWIS ¤). (8,99 F 59 p., 176 Complexe, poisons des L'Affaire 1679-1682. Arlette LEBIGRE ¤). (8,99 F 59 p., 192 Complexe, empoisonnée Victoire jours. La six des Guerre La 1967. Pierre HAZAN ¤). (6,40 F 42 p., 128 2 . 2F(,0¤). (6,40 F 42 p., 128 n ?, sais-je Que PUF, humaines relations des Psychologie La Raymond CHAPPUIS ¤). (6,40 F 42 p., 128 ¤). (6,40 F 42 p., 96 histoire, Synthèse Colin, Armand romaine et grecque Religions Les Odile WATTEL ¤). (6,40 F 42 p., 128 n ?, sais-je Que PUF, l'Espagne de Histoire Pierre VILAR ¤). (6,40 F 42 p., 174 essais, Série Poches, Découverte, La française l'armée de Crimes Les Pierre VIDAL-NAQUET ¤). (9,91 F 65 p., 160 Complexe, mythes ses et Œdipe Pierre VIDAL-NAQUET et Jean-Pierre VERNANT ¤). (6,25 F 41 p., 128 Dominos, Flammarion, Tchétchénie Géorgie, Daghestan, Azerbaïdjan, Arménie, Caucase. Le François THUAL ¤). (6,40 F 42 p., 128 U,Qesi-e? n ?, sais-je Que PUF, ancienne Chine La Jacques GERNET ¤). (8,54 F 56 p., 288 Complexe, Croisade Première La Jean FLORI ¤). (6,71 F 44 p., 240 Champs, Flammarion, Golan du géopolitique Une paix. et guerre entre Moyen-Orient Le U,Qesi-e? n ?, sais-je Que PUF, Maroc Le Jean-Louis MIEGE ¤). (9,91 F 65 p., 220 Complexe, ère notre de U,Qesi-e? n ?, sais-je Que PUF, L'Euthanasie Bernard BEIGNIER HUMAINES b EN SCIENCES C LFré EL d ér i c er siècle o o o o o 1113, 2287, 3595, 275, 439, n Repères, Découverte, La l'information de société la de Histoire Armand MATTELART ¤). (6,40 F 42 p., 128 n ?, sais-je Que PUF, France en Chômage Le Jean-Michel FAHY ¤). (6,40 F 42 p., 128 n ?, sais-je Que PUF, précaution de Principe Le François EWALD ¤). (6,40 F 42 p., 128 n ?, sais-je Que PUF, international Droit Le René-Jean DUPUY ¤). (6,40 F 42 p., 128 n Folio, Gallimard, 1986. printemps n Folio, Gallimard, 1972. printemps n Repères, Découverte, La inégalités des L'Economie Thomas PIKETTY ¤). (6,40 F 42 p., 128 U,Qesi-e? n ?, sais-je Que PUF, continue Formation La Bernard LIETARD et Pierre BESNARD SOCIALES b ¤). (9,30 F 61 p., 514 n psychanalyse de Revue Nouvelle la de Reprise rêve du L'Espace Collectif ¤). (9,30 F 61 p., 528 n psychanalyse de Revue Nouvelle la de Reprise haine la de L'Amour C 2 . 9F(,0¤). (2,90 F 19 p., 121 classiques, Etonnants GF, Flammarion, Kleff. Patrice par dossier et Présentation Guerre Grande la et écrivains Les Verdun. de Ceux Collectif ¤). (2,90 F 19 p., 128 classiques, Etonnants GF, Flammarion, Jacq-Mioche. Sylvie par dossier et Présentation sceaux des Bal Le BALZAC ¤). (4,88 F 32 p., 64 Ellipses, Arendt Hannah Anne AMIEL b n Repères, Découverte, La Simmel Georg de Sociologie La Frédéric VANDENBERGHE ¤). (7,62 F 50 p., 320 Pluriel, Littératures, Hachette jours nos à 1830 de France en Vacances André RAUCH ¤). (7,62 F 50 p., 304 Pluriel, Littératures, Hachette 1789-1914 masculine, l'identité de Crise André RAUCH n ?, sais-je Que PUF, Net-économie La Andrée MULLER o o o o 1,18p,5 79 ¤). (7,93 F 52 p., 128 311, ¤). (7,93 F 52 p., 128 216, ¤). (7,93 F 52 p., 128 312, ll SCIENCES ENSEIGNEMENT ect if EDEI6ARL20 EMNEDSPCE XV - POCHES DES MONDE LE - 2001 AVRIL 6 VENDREDI o o o o 33, 5, 383, 382, o o o o o 349, 3596, 1060, 1655, 3597, U,Qesi-e? n ?, sais-je Que PUF, familiales Thérapies Les Léon MÉTAYER et Jean MAISONDIEU ¤). (1,52 F 10 p., 160 Librio, EJL bonne… chère ma Sévigné de Madame Sébastien LAPAQUE ¤). (4,88 F 32 p., 64 Ellipses, Eckhart maître de Vocabulaire Le Pierre-Jean LABARRIERE et Gwendoline JARCZYK ¤). (8,38 F 55 p., 144 Major, PUF, journalisme du Métiers Les Sophie JANVIER ¤). (7,47 F 49 p., 288 liss 4p,3 48 ¤). (4,88 F 32 p., 64 Ellipses, Marx de Vocabulaire Le Emmanuel RENAULT ¤). (9,15 F 60 p., 144 Ellipses, Nietzsche chez maladie et Vie Pierre MONTEBELLO ¤). (6,40 F 42 p., 128 eLved oh,n poche, de Livre Le Baudelaire John JACKSON ¤). (2,90 F 19 p., 160 classiques, Etonnants GF, Flammarion, Garcia. Sandrine par dossier et Présentation L'Odyssée HOMERE ¤). (7,47 F 49 p., 96 Ellipses, Oxydo-réduction 6. Michèle POLISSET et Marie GRUIA ¤). (7,47 F 49 p., 96 Ellipses, (PH) acido-basiques Equilibres 5. Michèle POLISSET et Marie GRUIA ¤). (7,47 F 49 p., 96 Ellipses, chimique Cinétique 4. Michèle POLISSET et Marie GRUIA ¤). (7,47 F 49 p., 96 Ellipses, chimiques Equilibres 3. Michèle POLISSET et Marie GRUIA ¤). (7,47 F 49 p., 96 Ellipses, chimique Thermodynamique 2. Michèle POLISSET et Marie GRUIA ¤). (7,47 F 49 p., 96 Ellipses, chimiques liaisons et Atomistique 1. Michèle POLISSET et Marie GRUIA ¤). (6,10 F 40 p., 128 Ellipses, » Illuminations « ». enfer en saison Une « Rimbaud. Pierre GROUIX ¤). (4,88 F 32 p., 64 Ellipses, Merleau-Ponty de Vocabulaire Le Pascal DUPOND ¤). (7,47 F 49 p., 128 vivre Ellipses, de art Un Sourire. Le DUPEYR A T G érar d o o 579, 2286,

0123 Cette liste est une sélection des livres de poche parus dans le courant du b mois de mars 2001. Elle a été élaborée avec la collaboration des éditeurs. V EMNEDSPCE EDEI6ARL2001 AVRIL 6 VENDREDI - POCHES DES MONDE LE - XVI

Chez votre àpartir du 13avril - marchand dejournaux Cette liste est une sélection des livres de poche parus dans le courant du mois de mars 2001. Elle a été élaborée avec la collaboration des éditeurs. 2 . 2F(,0¤). (6,40 F 42 p., 128 n Milan, Essentiels Les naturelles catastrophes les Prévenir Caroline TOUTAIN ¤). (6,40 F 42 p., 128 U,Qesi-e? n ?, sais-je Que PUF, biotechnologique Rêve Le Lucien SFEZ ¤). (6,71 F 44 p., 172 Champs, Flammarion, demain de Légende La Albert JACQUARD ¤). (1,52 F 10 94 ¤). (9,45 F 62 p., 350 Application, Micro Lafarge. Danielle par l'allemand de Traduit 2001 Works Poche PC Christian Johann HANKE ¤). (9,45 F 62 p., 350 Application, Micro d'entreprise création la de guide E-Poche Collectif ¤). (9,45 F 62 p., 300 Application, Micro P2P E-Poche Olivier ABOU b n Librio, EJL climatiques dérèglements Les planète. la sur chaud de Coup Collectif b U,Qesi-e? n ?, sais-je Que PUF, L'Environnement Jacques VERNIER ¤). (3,81 F 25 p., 64 ou Napoléon, lesavatars delafigure héroïque. d’Ulysse auBardamu deCélineenpassantpar Jeanned’Arc De l’épopéeantique aunihilismecontemporain, L’héroïsme et l’intellectuelengagédanstous lescombats. Vingt etunansaprèssamort,retoursurl’hommedemots En a-t-onfiniavecSartre ? INFORMATIQUE SCIENCES o LITTERAIRES 4,9 p., 96 449, o o 2667, 3598, o 196, 1F(,7¤). (7,77 F 51 p., 290 Champs, Flammarion, Converti le et Pèlerin Le Danielle HERVIEU-LÉGER ¤). (6,25 F 41 p., 128 Dominos, Flammarion, zen Bouddhisme Le Dominique DUSSAUSSOY ¤). (5,95 F 39 ¤). (9,45 F 62 p., 300 Application, Micro Wanadoo E-Poche Pierre WANADOO ¤). (9,45 F 62 p., 320 Application, Micro ligne en Formation la de Guide E-Poche Patrick LENORMAND ¤). (10,98 F 72 p., 180 Application, Micro Boutayeb. Samy par l'allemand de Traduit 4 Dreamweaver Guidexpress Olivier KUERTEN ¤). (9,45 F 62 p., 180 Application, Micro Liger. F. et Wolf M. Pierre par l'allemand de Traduit TCP/IP Poche PC M. PFLUGMANN et um,9 . 9F(,7¤). (7,47 F 49 p., 96 Zulma, de prénoms Les Zulma, Salomé Elizabeth ANTEBI PRATIQUE VIE b n lu, J'ai Bouddha Le Jacques BROSSE SPIRITUALITÉ b H O SANTÉ RELIGIONS ZRJ. LZER o 84 2 p., 320 5804, AU SOMMAIREDUNUMÉROD’AVRIL : 8 . 0F(,0¤). (6,10 F 40 p., 384 A eLved oh,n poche, de Livre Le psy médicaments des Guide Le Alain GÉRARD et Christian GAY ¤). (7,47 F 49 p., 96 Zulma, de prénoms Les Zulma, Anne Carole GAMIN ¤). (7,47 F 49 p., 96 Zulma, de prénoms Les Zulma, Clément Corinne DUPUY-MAGNE ¤). (7,47 F 49 p., 96 Zulma, de prénoms Les Zulma, Catherine Alain DAG'NAUD ¤). (3,81 F 25 p., 64 e setesMln n Milan, Essentiels Les cancer le sur Questions Collectif ¤). (7,47 F 49 p., 96 Zulma, de prénoms Les Zulma, Claire Olivier CARIGUEL ¤). (7,47 F 49 p., 96 Zulma, de prénoms Les Zulma, Bernard Olivier CALON ¤). (7,47 F 49 p., 96 Zulma, de prénoms Les Zulma, Olivier Oscar CADET ¤). (7,47 F 49 p., 96 Zulma, de prénoms Les Zulma, Mathieu Oscar CADET ¤). (7,47 F 49 p., 96 Zulma, de prénoms Les Zulma, Sylvie RMEL Ali ette o 16558, o 193, 'il,n lu, J'ai légumes Des Jean-Marie PELT ¤). (7,47 F 49 p., 96 Zulma, de prénoms Les Zulma, Juliette Thierry PEGUET ¤). (7,32 F 48 p., 448 n Milan, Essentiels Les Internet sur Bourse La Eric NICOLIER ¤). (5,49 F 36 p., 352 e setesMln n Milan, Essentiels Les ? OGM des règne le : demain de L'Alimentation Olivier RELEVANT ¤). (4,88 n poche, de Livre Le grossesse la de Guide Emile PAPIERNIK ¤). (6,86 HE eLved oh,n poche, de Livre Le vie la de Jours Premiers Mille Les Thierry JOLY et Michel MASSONNAUD ¤). (7,47 F 49 p., 96 Zulma, de prénoms Les Zulma, Emma 2 . 1F(,5¤). (6,25 F 41 p., 128 Dominos, Flammarion, dépendances et Drogues Denis RICHARD ¤). (3,81 F 25 p., 64 n lu, J'ai dico le Toxic-bouffe, Lionelle NUGON-BAUDIN ¤). (3,81 F 25 p., 64 A UME o o 27 9 . 2F 32 p., 192 7217, F 45 p., 352 7216, S tép h ane o o 16559, 16560, o o 194, 195, 13 F 2 . 9F(,9¤). (8,99 F 59 p., 128 société, et Médecine PUF, d'organes Don Le Renée WAISMANN ¤). (7,47 F 49 p., 96 Zulma, de prénoms Les Zulma, Arthur Vincent VITAL ¤). (7,47 F 49 p., 96 Zulma, de prénoms Les Zulma, Joseph Paule VINCENT ¤). (7,47 F 49 p., 96 Zulma, de prénoms Les Zulma, Alice Paule VINCENT ¤). (3,81 F 25 p., 64 n Milan, Essentiels Les bonheur du philosophie Petite Bertrand VERGELY ¤). (7,47 F 49 p., 96 Zulma, de prénoms Les Zulma, Tristan Stéphane VALLET ¤). (7,47 F 49 p., 96 Zulma, de prénoms Les Zulma, Nicolas Stéphane VALLET ¤). (3,81 F 25 p., 64 1,2¤). F (10,52 69 p., 222 Musardine, La 2001-2002 sexy Paris du Guide Collectif b e setesMln n Milan, Essentiels Les lycéenne Vie La R OG LOISIRS ET - 1,98 h omas e o o 197, 198,