DU CONSEIL EXÉCUTIF SÉANCE DU 9 DÉCEMBRE 1993 a 18H30 SOUS LA PRÉSIDENCE DU PREMIER MINISTRE MONSIEUR ROBERT BOURASSA
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MÉMOIRE DES DÉLIBÉRATIONS DU CONSEIL EXÉCUTIF SÉANCE DU 9 DÉCEMBRE 1993 A 18h30 SOUS LA PRÉSIDENCE DU PREMIER MINISTRE MONSIEUR ROBERT BOURASSA Membres du Conseil exécutif présents: Monsieur Robert Bourassa, Premier ministre Monsieur André Bourbeau, Ministre de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle Monsieur Normand Cherry, Ministre du Travail; ministre délégué aux Communautés culturelles Madame Monique Gagnon-Tremblay, Ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration et ministre des Finances Monsieur Daniel Johnson, Ministre délégué à l'Administration et à la Fonction publique, Président du Conseil du trésor Monsieur Pierre Paradis, Ministre de l'Environnement Monsieur Gil Rémillard, Ministre de la Justice; ministre délégué aux Affaires intergouver nementales canadiennes Monsieur Claude Ryan, Ministre des Affaires municipales; ministre de la Sécurité publique M~MOIRE DES D~liB~RATIONS LE 9 DÉCEMBRE 1993 LOI CONCERNANT L'INDUSTRIE DE lA CONSTRUCTION (Réf.: 3-0271) Le Premier ministre explique que ce projet de loi spéciale comporte deux nouveautés par rapport aux autres projets de loi du même genre: la suspension du certificat de compétence des travailleurs trouvés coupables et celle du précompte syndical. Monsieur Bourbeau trouve curieux que le texte du projet de loi fasse état de 1a notion de "travailleurs en nombre suffi sant". Il craint que le caractère vague de cette expression n'engendre des difficultés de preuve en Cour. Monsieur Cherry répond que 1a présence des travailleurs sur les chantiers est variable. Dans le cas des chantiers qui seront fermés, le s~ndicat se verra privé du précompte syndical au prorata de sa représentativité dans sa région. Monsieur Bourbeau demande comment on fera pour punir ceux qui font 1a grève, s' i 1 y a par ailleurs suffisamment de travailleurs qui se conforment à la loi. Monsieur Benoît Morin, secrétaire général du gouvernement, fait remarquer que les gens qui travaillent sur les chantiers sont d'allégeances diverses. Monsieur Bourbeau comprend que si le nombre de travailleurs demeure insuffisant, tous 1es ouvriers de 1a construction de ce chantier écoperont. Monsieur Cherry indique qu'il s'agit là de la seule façon de pénaliser les travailleurs et les syndicats dans le secteur de la construction. Sans cela, la sévérité de la loi ne sera pas suffisante pour convaincre les travailleurs de retourner au travail. Monsieur Bourbeau demande comment fonctionnera la perte du certificat de compétence. Monsieur Morin lui répond que l'ouvrier devra avoir été déclaré coupable d'une infraction. le Premier ministre fait remarquer que la loi 160 comportait des dispositions analogues qui entraient en vigueur par décret. Dans ce cas-ci, il ignore comment vont réagir les syndicats. Il demande si cette loi spéciale a été réclamée par les employeurs. Monsieur Cherry lui répond que non, sauf que ceux-ci seront heureux de la teneur de ce projet de loi puisque ce sont les policiers qui seront appelés à témoigner contre les travailleurs et les représen tants syndicaux et non pas les employeurs ou leurs représentants. le Premier ministre juge nécessaire que les employeurs expédient un télégramme au gouvernement pour réclamer le dépôt de cette loi spéciale. Monsieur Cherry croit la chose possible. Monsieur Paradis demande quel impact aura ce projet de loi sur le Conseil provincial des métiers de la construction. Monsieur Cherry lui répond que ces syndicats ont des membres qui travaillent dans le secteur rés·i;dentiel, tout comme la Fédération des travailleurs du Québec. Monsieur Bourbeau fait remarquer que les chantiers doivent fermer de toute façon le 19 décembre prochain pour le congé de Noël. Il serait alors possible de ne pas agir d'ici janvier. Monsieur Cherry répond qu'il y a déjà des employeurs qui ont décidé de fermer leur chantier jusqu'en janvier. Cependant, ceux-ci veulent connaître dès maintenant à quoi s'attendre au retour de 1a péri ode des Fêtes. Mais, ce dont i 1 est surtout question dans ce dossier, c'est du seuil de to 1érance du gouvernement. le Premier mi ni stre évoque 1e risque que cette 1oi très sévère ne soit pas respectée et le fait que le gouvernement serait alors placé dans une très fâcheuse situation. Monsieur Cherry précise que les chantiers fermeront le 19 décembre pour redémarrer le 3 janvier. Madame Gagnon Trembl ay suggère que 1 'Assemblée nationale adopte cette loi dont l'application serait temporairement suspendue tant que la bonne volonté des syndicats et des travailleurs de ce secteur subsisterait. le Premier ministre évoque la possibilité de suspendre l'application des dispositions les plus sévères jusqu'au 4 janvier prochain. Il craint que les syndicats défient la loi pour trois jours. Monsieur Cherry fait remarquer qu'il faut également considérer les travailleurs de la construction qui sont sans travail et qui ont comme résolution d'empêcher tout le monde de travailler puisqu'eux-mêmes ne travaillent pas. le Premier ministre demande quelles sont les méthodes de ces radicaux. Monsieur Cherry lui répond que les commandos des travailleurs de la construction ont été chauffés à bloc par les syndicats et qu'ils sont maintenant difficiles à encadrer. Monsieur Paradis croit au contraire que ces gens sont quant même assez encadrés et sensibles aux 2 consignes syndicales. Monsieur Ryan souligne qu'il faut également se demander de quelle façon les policiers seront en mesure de faire appliquer cette loi. Monsieur Rémillard croit qu'il sera difficile de recueillir des preuves adéquates. Monsieur Ryan indique que c'est justement là que la période est importante. Il faut mettre cette loi en application dès son adoption et il craint que cela ne puisse être fait. Monsieur Cherry considère que seule une poignée de radicaux créent des ennuis. Dès que ceux-ci seront arrêtés par les policiers, la situation redeviendra calme. Monsieur Rémillard demande si le thème 11 action concertée .. est une formulation courante pour ce type de projet de loi. Monsieur Paradis demande ce qu'il adviendra si la loi 142 est adoptée sans qu'on ait le secours de la présente loi spéciale. Monsieur Johnson est d'avis que le gouvernement n'a pas fait beaucoup de concessions en matière d'exclusivité d'emploi. le Premier ministre rappelle qu'il y a également le problème des barrières commerciales entre les provinces. Monsieur Johnson croit que si la loi 142 ne portait que sur le problème des barrières interprovinciales, le gouvernement n'aurait pas de difficulté. le Premier ministre indique que c'est cette question qui a déclenché le dépôt de la loi 142. Monsieur Ryan demande si c'est 1 'intention du gouvernement de déposer cette loi dès demain matin. Monsieur Paradis souligne que le gouvernement a aussi le problème de la prolongation des décrets de la construction le 14 décembre prochain. Il faut considérer toutes les dimensions du problème et régler le dossier de la construction pour mardi soir prochain. le Premier ministre demande s'il existe un moyen de ne pas prolonger les décrets de la construction. Monsieur Cherry lui répond que c'est par l'effet de la loi 142 que ces décrets sont prolongés automatiquement pour une période d'un an. Il s'agit d'une période qui est nécessaire pour permettre 1 'implantation du nouveau mode de négociation par secteur dans le domaine de la construction. Madame Gagnon-Tremblay demande si le gouvernement aura 1e temps et 1 'occasion de passer d'autres 1ois. Monsieur Paradis lui répond que si le gouvernement va de l'avant avec les projets de lai concernant la construction, il n'y aura pas possibilité d'entente avec l'Opposition et il sera nécessaire de suspendre les règles de l'Assemblée nationale pour faire adopter beaucoup de projets de loi. le Premier ministre croit possible d'adopter une seule résolution omnibus pour faire adopter bon nombre de projets de loi. Monsieur Paradis reconnaît que le gouvernement doit faire adopter la loi 142, mais se demande si on a besoin de la loi spéciale et surtout si cette loi serait respectée. le Premier ministre croit préférable de déposer ce projet de loi lundi prochain seulement. On indiquera publiquement qu'il est nécessaire d'effectuer certaines consultations auprès des dirigeants de la police. le projet de loi pourrait être discuté à l'Assemblée nationale lundi et mardi prochains. Monsieur Paradis est d'avis que cela donnera la possibilité de conserver le contact avec les parties d'ici là, lesquelles parties s'essoufflent en ce moment. Mais, le gouvernement doit être assuré que les chantiers seront réouverts après le congé de:s .f-êtes. Monsieur Cherry indique que le Premier ministre a ouvert la pos·s·ibilité que des rencontres aient lieu avec les syndicats. le Premier ministre conclut que ce projet de loi sera déposé lundi plutôt que demain. Monsieur Paradis croit qu'il faudrait réunir le caucus des députés ministériels dimanche soir. le Premier ministre indique que le gouvernement aura une minute de vérité avec les députés ministériels afin que ceux-ci soient bien conscients de ce que fait le gouvernement. Monsieur Ryan signale qu'un tel délai lui donnera l'occasion de rencontrer Monsieur lavigne, le directeur général de la SQreté du Québec qui pourra consulter ses troupes. Il faut aussi assurer la coordination de nos actions avec les dirigeants des corps de police municipaux. le Premier ministre indique qu'entre-temps, le ministère du Travail devra examiner des solutions de rechange du côté des avantages sociaux des travailleurs de la construction. 3 Monsieur Bourbeau se demande de quelle façon gérer les problèmes pathétiques qui se présenteront. Monsieur Paradis se souvient qu'il était question qu'on ne retranche aucun des avantages sociaux des travailleurs du secteur résidentiel durant une période d'un an.