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dossier de presse juin 2018

Yokainoshima esprits du Japon

Exposition, Lyon yokainoshima.fr 07.07.2018 – 25.08.2019 Yokainoshima, esprits du Japon | 1 Communiqués, dossiers et iconographie : identifiants sur demande auprès du service presse www.museedesconfluences.fr/fr/espace_presse

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Yokainoshima, esprits du Japon | 2 Communiqué de presse

Entre 2013 et 2015, l’artiste français Charles Fréger photographie des figures masquées rituelles japonaises. Cette série intitulée “Yokainoshima” peut se traduire par “l’île aux esprits et aux monstres”. Les yôkai désignent les entités surnaturelles vivant parmi les Japonais et générant des phénomènes mystérieux.

Les divinités sont invoquées dans le cadre de fêtes et de cérémonies religieuses, puis souvent incarnées grâce aux costumes. La variété de ces rites costumés laisse entrevoir la nécessité pour les Japonais d’établir, à certains moments de l’année, un lien avec les esprits et les forces naturelles environnantes.

L’exposition est née du rapprochement des photographies contemporaines de Charles Fréger, sa série “Yokainoshima”, et des objets issus des collections du musée des Confluences, collectés pour la plupart au 19e siècle au cours de la période du “Japonisme”. Elle illustre de manière implicite l’histoire de la fascination des Européens pour le Japon.

Aujourd’hui, les esprits japonais nourrissent la culture contemporaine sans que nous en comprenions parfaitement les références, les origines et les valeurs. Yôkai et constituent le socle d’histoires et de légendes qui ne seront bientôt plus exclusivement japonaises. Il en va de même pour les figures masquées photographiées par Charles Fréger. Elles font désormais parties de son répertoire de formes et de fonds, et sont détachées de leur origine culturelle.

Cette exposition s’inscrit dans le cadre des commémorations franco-japonaises et du programme associé “Japonismes 2018”.

Yokainoshima, esprits du Japon Du 7 juillet 2018 au 25 août 2019 Salle 12 – 710 m2

Sagi (Yamaguchi, préfecture de Yamaguchi - entre 2013 et 2015) Photo Charles Fréger

Yokainoshima, esprits du Japon | 3 L’exposition en chiffres

83 photographies de Charles Fréger exposées 230 objets présentés Plus de 40 divinités et êtres fantastiques à découvrir

Statue de Kannon (Japon - époque Edo 1603-1868) Photo Olivier Garcin - musée des Confluences

Yokainoshima, esprits du Japon | 4 Le parcours de l’exposition Les photographies de Charles Fréger —12 Les spiritualités japonaises —16 Invoquer —18 Incarner —20 Interpréter —22

Autour de l’exposition La collection japonaise du musée des Confluences —26 Le musée des Confluences —30 Au même moment —31

Yokainoshima, esprits du Japon | 5 Nous tenons à remercier chaleureusement les responsables des collections publiques et les collectionneurs privés pour les prêts consentis.

Musée national des arts asiatiques – Guimet, Paris Musées d’Angers Musée du quai Branly – Jacques Chirac, Paris Musée des beaux-arts de Nancy Musée international du Carnaval et du Masque, Binche, Belgique Laura Cesto Jean-Christophe Charbonnier Christelle Duchêne Fabienne Fauvin Charles Fréger Manoly Vauris

EN RÉSONANCE À l’occasion de l’événement “Japonismes 2018”, le musée des Confluences s’associe au Musée dauphinois pour proposer une programmation commune autour du Japon. Dans le cadre de ce partenariat, près de soixante-dix pièces issues des collections asiatiques du musée des Confluences seront présentées à Grenoble, pour une exposition qui ouvre le 26 octobre 2018 sur les relations tissées entre le Japon et l’Occident, du 16e siècle à nos jours. Au-delà, c’est toute une année culturelle japonaise qui se dessine en Isère avec une centaine d’événements organisés dans tout le département (expositions, spectacles, projections de film, etc.) jusqu’au mois de juin 2019.

Yokainoshima, esprits du Japon | 6 Faire dialoguer le Japon d’hier et d’aujourd’hui

Le japonisme, comme l’orientalisme avant lui, est une mode qui marqua la seconde moitié du 19e siècle, comme en témoigne la richesse des collections japonaises rassemblées par Émile Guimet. Industriel et amateur éclairé, ce dernier n’a aucune formation en études asiatiques lorsqu’il part au Japon en 1876. Sans doute est-ce la même curiosité qui anime Charles Fréger aujourd’hui, un même désir de découvrir une spiritualité dont les rites nous échappent.

C’est fort de ce constat, que nous avons souhaité faire dialoguer Japon d’hier et d’aujourd’hui, en confrontant nos collections issues pour l’essentiel des pérégrinations d’Émile Guimet aux images de Charles Fréger.

Dans le cadre des célébrations franco-japonaises en même temps que du 150e anniversaire du début de l’ère Meiji, je suis fière que l’exposition Yokainoshima, esprits du Japon soit inscrite au sein du programme associé “Japonismes 2018 : les âmes en résonnance”. Elle montrera, j’en suis sûre, à l’image des événements qui ponctueront cette année, la permanence que les traditions japonaises et les formes qu’elles empruntent d’un siècle à l’autre, exercent sur nos imaginaires.

Hélène Lafont-Couturier Directrice du musée des Confluences

▲ Photo Henri Grandjean ◄ Détail d’un autel portatif zushi (Japon - fin du 19e siècle) dépôt des Œuvres pontificales missionnaires Photo Olivier Garcin - musée des Confluences Yokainoshima, esprits du Japon | 7 Signatures de l’exposition

Charles Fréger, photographe Diplômé de l’École des beaux-arts de Rouen, Charles Fréger travaille à travers le monde, depuis le début des années 2000, sur des séries de portraits au sein de communautés et de groupes : légionnaires à Djibouti, écoliers anglais ou indiens, lutteurs de sumo japonais, acteurs de l’Opéra chinois, majorettes du Nord de la France, mascarades de l’homme “sauvage” d’Europe, danseuses de cercles celtiques en Bretagne. En 2013, son travail a été exposé au Mac/Val dans l’exposition monographique Wilder Mann. Le musée Nicéphore Niepce de Chalon-sur-Saône a également présenté la même année une rétrospective de son œuvre sous le titre Uniforme(s). Il a publié une vingtaine d’ouvrages, parmi lesquels Portraits photographiques et uniformes, Majorettes, Légionnaires, Rikishi, Empire, Wilder Mann, Bretonnes, Parade et Yokainoshima.

Héléna Ter Ovanessian, chef de projet Héléna Ter Ovanessian est chargée d’exposition au musée des Confluences et chef de projet de l’exposition Yokainoshima, esprits du Japon. Elle a coordonné l’ensemble du projet, de la conception à la production. À l’aide de spécialistes, elle a conçu le propos de l’exposition, en rapprochant les photographies contemporaines de Charles Fréger et les collections japonaises du musée des Confluences. Précédemment, elle a produit les expositions temporaires Lumière, le cinéma inventé ! (2017/2018) et Carnets de Collections (2017/2018).

Deirdre Emmons, référente collections Deirdre Emmons est chargée des collections d’Asie au musée des Confluences. Elle a accompagné le projet Yokainoshima, esprits du Japon en valorisant au sein de l’exposition un ensemble de pièces des collections japonaises du musée. Elle a documenté ces œuvres et piloté un chantier de restauration des collections sélectionnées. Au cours du projet elle a ainsi redécouvert un autel familial, butsudan, et l’a reconstitué avec l’ensemble des accessoires qu’il contenait à l’origine et qui avaient été dispersés au cours du temps. Elle participe en parallèle à la préparation de l’exposition Des samouraïs au kawaii présentée à partir du 26 octobre 2018 au musée dauphinois de Grenoble.

Yokainoshima, esprits du Japon | 8 Matthias Hayek, expert associé Matthias Hayek est historien et sociologue, maître de conférences en études japonaises à l’université Paris Diderot, et directeur adjoint du centre de recherche sur les civilisations de l’Asie orientale (CRCAO-CNRS, UPD, EPHE, Collège de France). Ses recherches portent sur les techniques et les savoirs “pré-modernes” du Japon, en particulier sur la divination, et leurs liens avec les croyances populaires. Il s’intéresse par ailleurs aux encyclopédies et aux dictionnaires, notamment à la façon dont les phénomènes et créatures étranges y sont traités. Il a co-dirigé plusieurs publications, dont Listen, Copy, Read: Popular Learning in Early Modern Japan (avec Annick Horiuchi, Brill, 2014).

Cédric Lesec, expert associé Ancien chargé d’études et de recherche à l’Institut national d’histoire de l’art à Paris, Cédric Lesec est historien de l’art et spécialiste de photographie. Il est l’auteur de plusieurs articles portant essentiellement sur la représentation des artistes (Les ateliers d’artistes, Éditions courtes et longues, 2017) et les relations qu’entretiennent texte et photographie dans le livre, à travers notamment l’histoire des éditions Zodiaque (Zodiaque, le monument-livre, 2012). Après avoir défini la politique éditoriale du musée des Confluences lors de son ouverture, il est aujourd’hui directeur des relations extérieures et de la diffusion.

Gilles Mugnier, scénographe Gilles Mugnier est scénographe et responsable du service technique culturel au musée des Confluences. Pour l’exposition Yokainoshima, esprits du Japon, il a organisé les différents éléments scénographiques en jouant sur les effets de perspectives entre les objets de collection et les photographies de Charles Fréger. Précédemment, il a réalisé la scénographie des expositions : Le musée des Confluences dévoile ses réserves au musée gallo-romain de Lyon (2011), Potières d’Afrique (2016/2017), Carnets de collections (2017/2018), Touaregs (2017/2018) et Hugo Pratt, lignes d’horizons (2018/2019).

Yokainoshima, esprits du Japon | 9 Le parcours de l’exposition

Accueilli par le son puissant du tambour taiko, le visiteur pénètre dans un univers rêvé, inspiré du théâtre japonais. Au centre de la salle, un temple rougeoyant domine l’exposition. Des contes japonais mis en musique résonnent tout autour.

Le regard du visiteur est focalisé sur les photographies contemporaines de Charles Fréger : elles s’imposent le long des murs aux couleurs éclatantes, dans des formats immersifs accentuant l’impression de réalité. Au gré d’un parcours guidé mais ouvert, les objets de collection sont mis en scène dans des vitrines de façon théâtralisée.

Les figures masquées illustrées par le studio Golden Cosmos sont issues de l’ouvrage de Charles Fréger Yokainoshima, célébration d’un bestiaire nippon (2016). ► Dans l’œuvre du photographe, les personnages sont isolés dans des décors de plage, de neige, de montagne ou de rizières, à l’image de l’extraordinaire diversité des paysages japonais. Pour les besoins de l’exposition, ces figures ont été rassemblées sur la carte de l’archipel (ill.) : d’un regard, le visiteur les situe dans leur géographie, tout en mesurant l’omniprésence de la nature dans sa beauté comme dans sa puissance destructrice.

Yokainoshima, esprits du Japon | 10 Graphisme : Golden Cosmos Yokainoshima, esprits du Japon | 11 1. Les photographies de Charles Fréger

Plus de 80 photographies de Charles Fréger sont présentées dans l’exposition, certaines en très grands formats, parfois à taille réelle. Sa série de photographies se déploie sur les murs, telle une mascarade aux couleurs vives.

Sa démarche En 2013, son tour d’Europe des mascarades hivernales (Wilder Mann) tout juste achevé, Charles Fréger entreprend une campagne photographique explorant les figures masquées rituelles du Japon. S’il connaissait déjà le pays pour avoir notamment photographié ses lutteurs de sumo (Rikishi, 2002- 2003), il ignorait tout de son monde rural. C’est là le sujet de Yokainoshima : par l’inventaire de ces figures masquées, peindre le visage des campagnes japonaises, des traditions qui rythment la vie des habitants et de la terre qu’ils foulent et travaillent.

Au cours de ses cinq voyages, le photographe parcourt de nombreuses régions et fait l’expérience du relief si particulier du Japon, de son étendue et des phénomènes naturels qui le secouent à échéance régulière. Cette exploration de l’archipel lui permet d’appréhender la relation des Japonais à leur environnement et leur extrême conscience de la vitalité de la nature. Yôkai, , , kami et , que l’on pourrait définir comme spectres et monstres, ogres, dieux et farfadets sont incarnés lors de festivals et cérémonies pour tenter d’apprivoiser les éléments et de donner un sens aux événements naturels.

Charles Fréger ne recherche pas plus le réalisme des situations qu’il ne vise à l’exhaustivité. Le portrait réalisé de son sujet est évidemment partial. Les figures masquées, pour la plupart issues des communautés rurales, constituent pour l’artiste un répertoire de formes esthétiques et de postures. Hérons, cerfs, ogres, démons et divinités sont photographiés hors des festivités : portraits en pied posés dans un environnement naturel choisi par le photographe. Le sujet photographié est une personne habilitée à porter le costume, et la prise de vue est toujours réalisée pendant la saison du rituel.

Yokainoshima, esprits du Japon | 12 Fâmâ (île d’Ishigaki, préfecture d’Okinawa, Japon – entre 2013 et 2015) Photo Charles Fréger Yokainoshima,Yokainoshima, esprits esprits du du Japon Japon | |13 13 Entretien avec Charles Fréger

L’ensemble des entretiens est à retrouver dans l’album de l’exposition Esprits du Japon – Charles Fréger et la collection japonaise du musée des Confluences. Telle une collection d’images étonnantes, l’ouvrage confronte passé et présent, interrogeant le lecteur sur l’évolution des figures rituelles dans nos sociétés.

Cédric Lesec : Pourquoi ne pas prendre ces clichés lors des cérémonies rituelles ? Charles Fréger : Je suis moins intéressé par le rituel en lui-même que par la personne qui y participe. J’aime vraiment le rapport de tension entre l’individu et son costume ou son vêtement. Pour moi, c’est déjà un sujet en soi : comment il s’accoutre, comment il porte le costume, comment il va avec plus ou moins de théâtralité devenir son personnage, jouer son rôle.

C. L. : Faut-il comprendre qu’il n’y a pas d’exhaustivité dans cette série, qui pourtant le laisse croire, mais juste votre instinct à saisir ce qui vous plaît ? C.F. : En inventoriant des mascarades, même de façon succincte, je les rends existantes. On est allé dans le Nord-Est du Japon, dans la région d’Iwate qui a été fortement touchée par le tsunami et le tremblement de terre. On s’est arrêté dans une petite ville de pêcheurs où la mascarade n’avait plus lieu depuis ces évènements. Ils ressortaient leurs costumes pour la première fois pour la photographie. Et quelques mois après la parution du livre, ils ont repris leur mascarade. Ils ont été filmés lors de la fête et ils ont dits que c’était le livre qui les avait fait recommencer.

C. L. : Aujourd’hui, vous exposez au musée des Confluences, un musée dont le projet raconte l’histoire des hommes, de la nature et des rapports de l’un à l’autre. Cette ambition me semble aussi la vôtre. Que cela a-t-il impliqué pour vous ? C.F. : Dans le cadre de l’exposition au musée des Confluences, j’ai vraiment eu plaisir à découvrir ce qui allait être présenté et comment cela allait communiquer et même parfois entrer en friction. Par rapport aux collections du musée Guimet, déposées au musée des Confluences, je me pose aussi la question de la réalité d’une collection, de la connexion d’une collection à son époque. Je veux dire, qu’est-ce qui intéresse quelqu’un qui collecte ? Que va ramener le collectionneur ? Quelle place ces objets vont prendre au sein d’un musée, au sein de la culture d’un pays ? Le public, en voyant ces objets, notamment la collection d’Émile Guimet au 19e siècle, a interprété, imaginé le Japon par le biais de ceux-ci et d’une imagerie. Et, cette imagerie

Yokainoshima, esprits du Japon | 14 a formé des stéréotypes, des clichés sur le Japon. En fait, il y a toujours une limite de représentation d’une collection. Le réel est vraiment dehors, le musée fait écho au réel mais le musée n’est jamais vraiment le réel, c’est un prélèvement ciblé dans une réalité. De ce point de vue, je pense en effet qu’il y a une connexion évidente entre ma photographie et les collections du musée.

C. L. : Pouvez-vous décrire votre protocole photographique ? C.F. : En général, on voyage avec 40 à 60 kilos de matériel. […] L’appareil photo est également sur trépied, signifiant un cadrage précis, droit. Une fois que les choses sont placées dans une équerre, l’éclairage vient en réponse à une lumière ambiante. L’autre principe de ce dispositif photographique, c’est de me contraindre moi- même. Je me suis obligé à photographier avec ce dispositif quel que soit le projet, quel que soit le lieu. Si je fais respecter une méthode à mes modèles je la respecte moi-même, je me mets dans une certaine condition. Mes voyages ne sont pas un moment jovial ou de liberté, je m’embarque un peu comme au 19e siècle, avec ma caravane de matériel et d’organisation. Ce n’est pas une photographie qui s’improvise c’est une photographie faite sur rendez-vous, une photographie protocolaire.

58 pages Parution 7 juillet 2018 Coédition musée des Confluences – Éditions Bernard Chauveau En vente au musée des Confluences et en librairie, 18 € TTC

◄ De haut en bas— (Ashiwaza, péninsule d'Oga, préfecture d' - entre 2013 et 2015) Oneone-No-Odoriko (Karitate, île de Fuku-e, archipel Gotô, préfecture de Nagasaki - entre 2013 et 2015) Photos Charles Fréger Yokainoshima, esprits du Japon | 15

2. Les spiritualités japonaises

Avant d’évoquer les rites et fêtes qui ponctuent la vie des Japonais, l’exposition dresse tout d’abord le portrait de la spiritualité nippone, où divinités et esprits sont issus du shintô, du bouddhisme, et du rapprochement progressif de ces deux religions.

Les kami du shintô Dans la tradition shintô, les phénomènes naturels mais également les objets fabriqués par les hommes sont animés par des forces ou des esprits appelés kami. Parmi eux, citons les deux déesses Amaterasu (du Soleil) et Ame no Uzume (de la Gaieté). Pour se protéger de son frère violent, Amaterasu se réfugie dans une grotte, plongeant le monde dans l’obscurité. Par une danse qui provoque l’hilarité de tous les kami présents, Ame no Uzume parvient à la faire sortir, redonnant ainsi la lumière au monde.

Le bouddhisme La philosophie bouddhiste s’est progressivement implantée au Japon depuis le 6e siècle. Son apparition est liée à une controverse politique et religieuse entre deux familles rivales très influentes, poussant l’Empereur à accueillir cette nouvelle religion pour s’assurer pouvoir et profits. Le bouddhisme honore les bouddhas et bodhisattvas (sortes de saints protecteurs). Parmi ces personnages, trois sont particulièrement vénérés aujourd’hui au Japon : Amida, Kannon et Jizô. Kannon est célébré pour sa compassion universelle. Il protège les êtres vivants, notamment les enfants, les défunts et les femmes en couches.

Dans l’imagerie bouddhique figure également le moine indien Bodhidharma, Daruma en japonais. Devenues très populaires au Japon, les effigies de ce moine sont considérées comme des porte-bonheur ou des talismans. Il aurait introduit les techniques de méditation Dhyâna à l’origine du bouddhisme zen. En pratiquant cette méditation durant 9 ans, il en aurait perdu l’usage de ses jambes et de ses bras.

Le syncrétisme shintô-bouddhiste Le rapprochement du bouddhisme et du shintô fut le fruit d’un long processus qui s’étala de la fin du e6 au 8e siècle. Le bouddhisme s’adapta aux croyances shintô, et inversement, donnant naissance à de nouveaux esprits et rituels. Le syncrétisme de ces deux spiritualités a ainsi vu se développer les circuits de dévotion dans les montagnes. Si la pratique du pèlerinage est à l’origine bouddhique, les montagnes ont toujours été considérées comme sacrées par les croyants shintô, car c’est par elles que descendent les kami.

Le taoïsme chinois et les divinités d’origine indienne ont également laissé son empreinte sur la spiritualité japonaise. Certaines divinités taoïstes sont entrées dans le panthéon japonais et ont rejoint le groupe des sept divinités du bonheur. Illustrant un certain pragmatisme, elles peuvent être vénérées individuellement ou ensemble pour demander toutes les formes de bonheur en une seule fois.

Yokainoshima, esprits du Japon | 16 LES KAMI SHINTÔ

Amaterasu, tiré de Cent vues du mont Fuji, volume 1 Composition : kami devant un autel shintô domestique (Japon - fin du 19e siècle) de Katsushika Hokusai Le kamidana est un petit sanctuaire domestique shintô. Posé sur une étagère, il est utilisé lors (Japon - 2e moitié du 19e siècle) des rituels quotidiens. Musée des Confluences Les kami sont rarement figurés car leur corps est invisible aux yeux des humains. Ici, les petites figurines en argile représentent Izanagi et Izanami, Ame no Uzume et Sarutahiko. Dépôt des Œuvres pontificales missionnaires. Photo Olivier Garcin - musée des Confluences LE BOUDDHISME

◄ Daruma (Japon - 2018) À l’achat, les yeux des figurines sont blancs. C’est à l’acheteur de peindre un œil en faisant un vœu, puis le second quand celui-ci est exaucé. Photo Crisco - Creative Commons

Statue de Kannon ▲ (Japon - époque Edo 1603-1868) photo Olivier Garcin - musée des Confluences

Chemise de pèlerin byakue ► (Japon) Les pèlerins visitant les 33 temples de LE SYNCRÉTISME SHINTÔ-BOUDDHISTE LE SYNCRÉTISME Kannon dans le Kansai peuvent faire tamponner leur chemise blanche dans chacun des sites sacrés traversés. Musée d’ethnographie de Genève Photo Johnathan Watts – MEG Yokainoshima, esprits du Japon | 17 3. Invoquer

Pour obtenir la guérison, la prospérité ou la protection face aux forces négatives, les Japonais font appel quotidiennement à la multitude de divinités et d’esprits qui peuplent leurs traditions. L’exposition montre qu’ils sont invoqués par des offrandes (ex-voto, amulettes, bâtons de prières) et au cours de rites, réalisés chez soi ou par des visites aux temples et aux sanctuaires.

Faire des vœux pour demander la prospérité Les demandes de prospérité concernent souvent la production agricole, la réussite professionnelle et la chance. Dans les temples, les Japonais notent leur souhait au dos de planchettes en bois peint appelées ema et les offrent aux divinités. Elles peuvent être illustrées par différents motifs : parmi eux, le chat qui invite (maneki neko) assure la réussite financière et commerciale.

Se protéger Les demandes faites aux divinités mettent en évidence les peurs de la population. Les Japonais vont chercher à se protéger de la maladie, de la mort, du feu et des démons. Les rites et offrandes peuvent avoir pour fonction d’apaiser leur colère et d’éviter des catastrophes, comme les tsunamis ou les incendies.

Considérés comme des forces mystérieuses et néfastes, les figures démoniaques sont craintes car pouvant engendrer divers tourments : une mort violente, la guerre ou la maladie. Lors de la nuit de Setsubun le 3 février, les démons oni, sorte d’ogres dotés de cornes et de crocs, descendent parmi les hommes pour les dévorer et les rendre malades. Pour les faire fuir, les Japonais jettent des haricots et pratiquent des rites d’exorcisme.

Vivre avec ses ancêtres Dans la conception traditionnelle japonaise de la vie après la mort, les défunts peuvent voyager entre leur monde et celui des Hommes. Les familles japonaises leur vouent un culte quotidien, et plus particulièrement au moment de la fête d’Obon. À cette occasion, les Japonais leur adressent des prières et déposent des offrandes dans le butsudan. Cet autel situé au cœur du foyer contient les tablettes funéraires familiales, gardiennes de l’âme de leurs ancêtres pendant leur passage sur terre.

LES YÔKAI DANS LA CULTURE CONTEMPORAINE La série animée contemporaine “Yo-kai Watch” réalisée par Shinji Ushiro s’adresse à un public de jeunes adolescents. Elle met en scène des yôkai, ces créatures typiques du folklore japonais. Les monstres ou esprits présentés dans cette série animée font la synthèse de toutes les formes de yôkai. Ils sont à la fois des êtres fantastiques issus d’êtres ou d’objets du quotidien, des fantômes invisibles à l’œil nu, ou d’esprits d’animaux défunts. Ils peuvent être négatifs et sont par exemple capable d’influencer l’humeur et le comportement des humains.

Yokainoshima, esprits du Japon | 18 SE PROTÉGER

Masque de nô de type kobeshimi Le feu sur les toits (Cartouche de Tenka-ichi Yamato (auteur inconnu, date inconnue) De la maison Omi Iseki-ke, Omiya Yamato Edo est l’ancien nom de Tokyo. Devenue capitale du shogunat en 1603, Edo a été au centre de plusieurs Sanemori (d. 1672) - Japon, 17e siècle -18e siècle) catastrophes et de redoutables incendies. Le plus célèbre date de 1657 ; il fit 100 000 victimes. photo Olivier Garcin - musée des Confluences Dessin coloré tiré d’un rouleau illustrant un incendie à Edo, musée ethnographique de Neuchâtel. VIVRE AVEC SES ANCÊTRES VIVRE AVEC

Tablette funéraire, ihai Dessin représentant des yûrei, tiré de “La Manga d’Hokusai volume 10” de Hokusai Katsushika, (Japon - fin 19e siècle) (Japon - 2e moitié du 19e siècle) Dépôt des Œuvres Pontificales Si les rites funéraires ne sont pas effectués par la famille, si les circonstances du décès sont violentes ou Missionnaires de Lyon s’ils sont emplis d’un sentiment de haine ou d’amour au moment de leur mort, les esprits deviennent des yûrei, des fantômes vengeurs souvent maléfiques. Musée des Confluences LES YÔKAI

La procession nocturne des cent démons de Yukihide Tosa (Japon - 1866) La procession nocturne des cent démons Hyakki yagyô, donne à voir un cortège de créatures fantastiques nommées de manière généraliste yôkai. Certaines de ces créatures sont la personnification d’objets usuels devenus des esprits après 99 ans d’existence. Nancy, musée des beaux-arts - Collection Cartier-Bresson. Photo Ville de Nancy - P. Buren

Yokainoshima, esprits du Japon | 19 4. Incarner

Au cours de nombreux spectacles et cérémonies traditionnelles, les divinités invoquées sont invitées à s’incarner dans des êtres humains ou dans des objets qui les représentent. Les masques et les costumes sont essentiels au bon déroulement de ces rites de possession. Ils permettent aux interprètes de se transformer en l’esprit incarné – divinité ou démon-, mimant ses gestes selon des codes bien définis par la communauté. Ces rituels masqués sont offerts aux divinités pour assurer leur bienveillance.

Les figures masquées célébrant le passage des saisons Aussi fréquentes dans les campagnes que dans les villes, les matsuri célèbrent le passage des saisons. Lors de ces fêtes populaires et religieuses, les personnalités incarnées sont nombreuses : elles apportent la gaieté, la protection, mais surtout l’abondance des récoltes et le renforcement du lien social. Parmi les plus célèbres matsuri : la fête de Namahage. Le 31 décembre dans la région d’Akita, les dieux namahage descendent des montagnes pour réprimander les paresseux et les enfants qui ne seraient pas sages. Ils sont munis d’un seau et d’un grand couteau pour retirer symboliquement les marques rouges laissées sur les mains par la chaleur du feu dans l’âtre.

La danse kagura Souvent jouées dans les matsuri, les danses kagura reproduisent des scènes mythologiques dans lesquelles interviennent les kami. Elles ont lieu dans un espace sacré. Le costume des danseurs les transforme en kami, et le masque est le signe de la possession de l’acteur.

Le bestiaire magique Le folklore japonais attribue des pouvoirs à plusieurs animaux mystérieux. Ils ont des vertus protectrices, apportent la bonne fortune et le bonheur, et certains possèdent même la capacité de se transformer. Au cœur de ce bestiaire fantastique se côtoient le renard kitsune, le chien viverrin tanuki, le cerf shika et le lion shishi. Les masques et les costumes permettent aux Japonais d’imiter leurs transformations et de s’attribuer leurs pouvoirs. Lors des fêtes célébrant la fin de l’année et le retour du printemps, deux jeunes danseurs disparaissent pour laisser place au shishi, sorte de lion extraordinaire. Il s’approche des enfants et les mord de façon symbolique pour les protéger de la maladie.

LE COSPLAY Le cosplay représente aujourd’hui une autre forme d’incarnation. Très populaire en France, cette pratique est née aux États-Unis et s’est particulièrement développée au Japon. Les pratiquants imitent les postures et le caractère des personnages incarnés. Le costume ainsi réalisé met en évidence le goût de son créateur pour un manga ou un jeu vidéo particulier et permet la réunion de fans. Outre la possibilité de s’essayer à une autre personnalité le temps d’un concours ou d’une convention, le cosplay peut être perçu comme un moyen de socialisation.

Yokainoshima, esprits du Japon | 20 LES FIGURES MASQUÉES

De gauche à droite, Masque d’Okame, Masque d’Hyottoko (Japon- 2e moitié du 20e siècle) ▲ Hyottoko et Okame sont des personnages emblématiques des fêtes matsuri. Ils forment un Masque de kagura (Japon - fin du 19e siècle) couple comique. Musée international du Carnaval et du Masque, Binche, Belgique musée du quai Branly - Jacques Chirac, Paris Photo Olivier Desart pour le MiCM Photo Claude Germain Netsuke représentant un tanuki lisant (Japon - fin du 19e siècle) ▼ Symbole de bonne fortune, le tanuki désigne un esprit de la forêt. Sa caractéristique la plus surprenante consiste en la possibilité de grossir ses testicules (jusqu’à 13m2 ou 8 tatamis) afin de les utiliser de diverses manières. Photo Olivier Garcin - musée des Confluences LE BESTIAIRE MAGIQUE

Shishi-No-Kaïsha ▲ (Tonorisho, île d’Ishigaki, préfecture d’Okinawa - entre 2013 et 2015) Photo Charles Fréger Ensemble de vases avec décor de procession de renards, renard déguisé en homme et tanuki assis sous la pleine lune ► (Japon - fin de l’époque Edo 1603-1868), dépôt du musée national des arts asiatiques - Guimet, Paris, photo musée des Confluences LE COSPLAY

Yokainoshima, esprits du Japon | 21 5. Interpréter

L’interprétation de l’acteur dans l’art du nô se distingue des incarnations de divinités au cours des fêtes et rituels masqués traditionnels. Si la pratique du nô découle de ces événements spirituels, le jeu de l’acteur dépasse l’imitation des gestes d’un esprit, établis par la communauté : il raconte une histoire de façon personnelle et créative. Cette forme théâtrale vient apaiser les morts et divertir les divinités.

L’art du théâtre nô Le nô est un art scénique traditionnel mêlant théâtre, danse et musique. Une pièce de nô se structure en deux actes distincts : le premier raconte des événements passés et douloureux vécus par l’acteur principal, le shite, et le second les lui fait revivre.

Sur la scène du mugen nô, le Nô d’apparition, le masque joue un rôle fondamental dans l’interprétation de l’acteur ; il le métamorphose. Les traits et les expressions sculptés sur le masque donnent vie aux personnages. En dissimulant son visage sous un masque, l’acteur quitte sa personnalité. Il se transforme en être surnaturel et se fait colérique ou menaçant. Les masques de femmes ont, quant à eux, pour caractéristique de présenter des traits neutres mais de pouvoir exprimer diverses émotions en fonction de leur inclinaison.

Le gigaku, un art disparu Le gigaku était l’un des arts de la scène masqués les plus anciens du Japon. Introduit au 7e siècle par un moine bouddhiste coréen, le gigaku a disparu au 13e siècle. Ces spectacles populaires et religieux étaient composés de danses burlesques et de pantomimes, où les masques représentaient de nombreux personnages, comme le lion, shishi.

L’AVATAR NUMÉRIQUE, ÊTRE PARTIE PRENANTE DE L’HISTOIRE Dans nos pratiques contemporaines, l’avatar numérique du jeu vidéo permet au joueur d’interpréter un personnage, et d’être ainsi partie prenante de l’histoire.

Yokainoshima, esprits du Japon | 22 ▲ Tambour de type Kakko, tambour à hanche, otsuzumi (Japon - fin de l’époque Edo 1603-1868) dépôt du musée national des arts asiatiques - Guimet , Paris photo Olivier Garcin - musée des Confluences ◄ Masque de type Kurohige (Japon - 18e siècle) Photo Olivier Garcin - musée des Confluences ▼(gauche) Représentation de Kyogen. Tarô Kaja (le valet) Photo : Maejima ▼(droite) Restauration d’un masque Gigaku pour l’exposition Yokainoshima, esprits du Japon Photo musée des Confluences

Yokainoshima, esprits du Japon | 23 Autour de l’exposition

Aizen Myô-ô, roi des passions (Japon - époque Edo 1603-1868) dépôt du musée national des arts asiatiques Guimet, Paris photo Olivier Garcin - musée des Confluences

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La collection japonaise du musée des Confluences

Riche de plus d’un millier de pièces, la collection japonaise du musée des Confluences a été constituée par des collectionneurs et des voyageurs fascinés par la culture japonaise depuis le 19e siècle.

Aux origines : le voyage d’Émile Guimet Entre la fin du 19e et le début du 20e siècle, l’art japonais exerce une vraie fascination sur les artistes français. A cette époque, le lyonnaisÉmile Guimet (1836-1918) réalise en 1876 un voyage de presque 3 mois au Japon, dans le cadre d’une mission scientifique portant sur l’étude des religions, soutenue par le ministère de l’Instruction publique. Il en rapporte une importante collection d’art bouddhique : trois cents peintures, six cents sculptures et mille livres datant des 18e et 19e siècles. Ces pièces constituent l’une des racines historiques des collections.

20e siècle : une histoire de donateurs De nombreux donateurs participent à l’enrichissement des collections tout au long du 20e siècle. Parmi eux, des notables et personnalités telles qu’Édouard Herriot alors Maire de Lyon et Sénateur du Rhône, Marie de Grèce, fille du prince Roland Bonaparte, etJacques Guimet, petit-fils d’Émile Guimet. Ce dernier fait don au musée en 1954 d’un ensemble de laques et de céramiques de Chine et du Japon.

Les professionnels de l’art vont également enrichir les collections du musée, dont deux femmes antiquaires. Entre 1912 et 1931, Mme Yché-Roubin, établie à Lyon, offre à la Ville près de 380 pièces comprenant des meubles et des céramiques. Antiquaire parisienne, Florine Langweil vend plus de 200 pièces, suite à la fin de son activité en 1914. Elle était considérée alors comme l’une des références dans le monde des arts asiatiques. Par ailleurs, trois armures de samouraïs ont rejoint les collections entre 1918 et 1928 grâce au don d’Henri Focillon, historien de l’art et conservateur du musée des beaux-arts de Lyon.

D’autres donations viennent compléter la collection, comme la série d’ivoires de Victor Bain transférée du musée Saint Pierre au musée Guimet en 1952, ou encore quelques objets du legs de Marthe Joullié dont le père fut Résident Supérieur, représentant officiel de la France au Cambodge de 1890 à 1910.

En 1979, les Œuvres de la Propagation de la Foi déposent un ensemble de plusieurs milliers d’objets, dont près de 200 pièces japonaises. Ces pères missionnaires ont rapporté au cours de leurs voyages tout un ensemble d’objets usuels – chapeaux, chaussures – ou religieux parfois acquis suite à une conversion religieuse au Japon.

Yokainoshima, esprits du Japon | 26 De haut en bas, de gauche à droite— Portrait d’Émile Guimet (vers 1918), photo Collection Particulière | Chien ou lion gardien de temple, (Japon, sanctuaire d’Ushijima - 1844), dépôt du musée national des arts asiatiques - Guimet, Paris, photo Olivier Garcin - musée des Confluences | Kariteimo (ou Kishimojin) dans un autel portatif, zushi (Japon - fin du 19e siècle), dépôt des Œuvres pontificales missionnaires, photo Olivier Garcin - musée des Confluences | Registre funéraire Kakochô (Japon – fin du 19e siècle), dépôt des Œuvres pontificales missionnaires, photo Olivier Garcin - musée des Confluences | Horloge lanterne (Japon – début du 19e siècle), photo Pierre-Olivier Deschamps/Agence VU’

Yokainoshima, esprits du Japon | 27 Des ensembles remarquables Parmi ces collections, certains pièces sont particulièrement remarquables tel l’ensemble d’armures de samouraïs et d’armes - carquois et flèches, éventails de guerre, casques, gardes de sabres - ainsi qu’une armure de cheval complète, rare dans les collections françaises.

Les laques - boîte à médicaments (inrôs), écritoires (suzuribako), boîtes à papier (chikishibako), boite à pique-nique (sagejubako), peignes (kushi), etc. -, les netsuke et okimono, les vanneries représentent autour de 200 pièces pour l’essentiel issues de l’acquisition faite auprès de Florine Langweil en 1914.

La statuaire représente aussi une part importante des collections, comprenant notamment quatre statues de grande taille qui sont une réplique du Mandala de Tôji, et un ensemble de six statues représentent les “Ronins”, ces quarante-sept samouraïs qui vengèrent leur chef et furent ensuite condamnés à s’ouvrir le ventre sur la tombe de leur défunt maître.

Quelques masques de nô mais surtout un ensemble de portraits de moines, des représentations du Bouddha et de Kannon complètent la collection.

Enfin lacéramique , première production artistique japonaise à émerveiller l’Europe dès le 17e siècle, représente près de 400 œuvres de différents ateliers parmi lesquels des grès de Bizen, de Satsuma, de Kutani, de Soma qui furent acquis par Émile Guimet, grand amateur de la technique de l’art de la céramique.

Yokainoshima, esprits du Japon | 28 Masque d’une armure en laque d’argent (Japon – 16e-17e siècle), Pierre-Olivier Deschamps/Agence VU’ | Tête d’une armure de cheval (Japon – 16e-17e siècle), dépôt du musée national des arts asiatiques- Guimet, Paris, photo Pierre-Olivier Deschamps/Agence VU’ | Okimono représentant un personnage menaçant un tengu (Japon - début du 20e siècle), photo Olivier Garcin - musée des Confluences | Garde de sabre tsuba (École “Ko-Hagi”, Kyoto, Japon – vers 1600), issu de la collection de Florine Langweil, photo Pierre-Olivier Deschamps/Agence VU’

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Le musée des Confluences

Inédit dans l'univers des musées européens, le musée des Confluences met en dialogue les sciences pour comprendre l'histoire de l'humanité. Situé au confluent du Rhône et de la Saône, au cœur d'une architecture conçue pour être un lieu de rencontres et d'interrogations, le musée des Confluences aborde de grandes questions universelles : l'origine et le devenir de l'humanité, la diversité des cultures et des sociétés mais aussi la place de l'humain au sein du vivant. Soit un parcours permanent de 4 expositions dont la démarche inédite est de proposer au visiteur une approche interdisciplinaire. Décloisonnées, les sciences sont mises en dialogue pour comprendre et dénouer la complexité de notre monde. Par l'émotion et l'émerveillement, le musée des Confluences nous invite au savoir. Avec près de 725 000 visiteurs en 2017, le musée des Confluences est le musée le plus visité de France (hors Paris).

Informations pratiques

Ouverture du musée Du mardi au vendredi de 11 h à 19 h Samedi et dimanche de 10 h à 19 h Jeudi nocturne jusqu’à 22 h

Accès www.museedesconfluences.fr/ fr/informations-pratiques

Tarifs Entrée 9 euros pour l’ensemble des expositions, gratuité enfants moins de 18 ans et étudiants moins de 26 ans. www.museedesconfluences.fr/ fr/tarifs-expositions

Réservation et informations 04 28 38 12 12 Du lundi au vendredi de 10 h à 17 h Billetterie en ligne : www.museedesconfluences.fr/ fr/billetterie-reservation

Photo Maxime Brochier

Yokainoshima, esprits du Japon | 30 Au même moment

TOUAREGS Jusqu’au 4 novembre 2018 L’exposition propose de découvrir l’univers esthétique de la population touarègue à travers les parures, les objets d’artisanat et la poésie, qui jouent un rôle important dans la construction de l’individu et dans les rapports sociaux. L’exposition montre comment ces objets sont les supports privilégiés de l’expression et de la transmission du style touareg, mais aussi comment ils témoignent du dynamisme d’une société en constante évolution.

HUGO PRATT, LIGNES D’HORIZONS Jusqu’au 24 mars 2019 En consacrant une exposition à Hugo Pratt, le musée des Confluences souhaite rendre hommage à l’un des plus grands créateurs de bande dessinée en mettant en résonnance son œuvre avec les cultures et les civilisations qui l’ont inspiré. Voyage immersif, l’exposition propose d’embarquer vers les territoires chers à Pratt : le Grand Océan, les Amazonies, les Peuples du Soleil, l’Afrique des Masques et guerriers, le temps des Indiens et le Grand Nord. Certains de ses dessins sont reproduits à très grande échelle : de gigantesques cases de bande dessinée d’où s’échappent des objets ethnographiques (armes, bijoux, parures, statues…).

FÊTES HIMALAYENNES, LES DERNIERS KALASH À partir du 23 octobre 2018 Vivant dans des villages perchés à flanc de montagne au nord-ouest du Pakistan, la population Kalash forme l’ultime société polythéiste de l’arc himalayen. Elle entretient un rapport sacré à la nature, qu’elle célèbre à travers des fêtes et des rituels, du solstice d’été au solstice d’hiver. Fascinés par ce peuple, le couple d’ethnologues Viviane Lièvre et Jean-Yves Loude, et le photographe Hervé Nègre, ont séjourné parmi eux, rassemblant un fonds exceptionnel qu’ils ont choisi de confier au musée des Confluences. Cette donation permet, pour la première fois, à un musée de mettre en lumière cette population vivant à rebours des codes culturels de nos sociétés de consommation.

COLÉOPTÈRES, INSECTES EXTRAORDINAIRES À partir du 22 décembre 2018 Le saviez-vous ? 1 espèce animale sur 4 est un coléoptère. De la coccinelle au scarabée atlas en passant par la cétoine dorée, le doryphore et la luciole, les coléoptères représentent plus de 387 000 espèces réparties sur tous les continents à l’exception du Pôle Sud, et sont présents sur Terre depuis plusieurs centaines de millions d’années. A la croisée des sciences naturelles, de l’ethnologie et de l’esthétique, l’exposition propose de découvrir ces insectes si communs, aux caractéristiques pourtant extraordinaires.

Yokainoshima, esprits du Japon | 31 “Si j’étais à la place du spectateur, je me retrouverai face à ces silhouettes comme devant une collection de

papillons.” Charles Fréger

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