FILOZOFICKÁ FAKULTA MASARYKOVY UNIVERZITY Ústav románských jazyků a literatur

Pavlína Závodská

Vulgarismes dans un corpus de chansons de rap : étude lexicométrique en synchronie dynamique

Magisterská diplomová práce

Vedoucí práce PhDr. Alena Polická, Ph.D.

Brno 2010

Prohlašuji, že jsem diplomovou práci vypracovala samostatně s využitím uvedené literatury, a že se tištěná verze shoduje s verzí elektronickou.

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Předem mé diplomové práce bych ráda poděkovala paní doktorce Aleně Polické, za podnětné vedení při zpracování této práce, za její neocenitelnou pomoc při hledání pramenů, ze kterých jsem čerpala, a především za její velikou vstřícnost a trpělivost. Mé poděkování patří také paní Anne-Caroline Fiévet, za její ochotu a pomoc při poslechu a opravách textů rapových písní.

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Table des matières

Introduction 6 I. Vulgarisme 8 I.1 Origine et définitions lexicographiques de vulgarisme 8 I.2 Définition du vulgarisme 10 I.3 Vulgarisme, gros mot, injure ou insulte ? 12 I.4 Classement des vulgarismes 14 I.5 Procédés de création des vulgarismes 17 I.5.1 Composition 17 I.5.2 Dérivation 18 I.5.3 Emprunts 21 I.5.4 D’autres procédés 22 II. Rap 23 II.1 Rap en tant que mouvement culturel 23 II.2 Rap en France des années 1990-1994 26 II.3 Rap en France des années 2005-2009 30 II.4 Violence verbale dans les chansons de rap 34 III. Linguistique de corpus 37 III.1 Qu’est-ce qu’une linguistique de corpus ? 37 III.2 Définition du corpus 38 III.3 Dès le début jusqu’à nos jours – quelques données historiques 39 III.4 Divers types de corpus 40 III.5 Corpus de rap le RapCor 42 IV. Méthodologie du travail 46 IV.1 Corpus de chansons de rap 46 IV.1.1 Choix des chansons de rap pour le corpus 46 IV.1.2 Construction de corpus 50 IV.2 Recherche sur le corpus 53 IV.2.1 Identification des vulgarismes 53 IV.2.2 Établissement des hypothèses 54 V. Représentations lexicographiques des vulgarismes de corpus 55 VI. Analyse lexicométrique 69

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VI.1 Vulgarité des rappeurs 69 VI.1.1 Vulgarité des rappeurs dans les années 1990-1994 70 VI.1.2 Vulgarité des rappeurs dans les années 2005-2009 75 VI.1.3 Vulgarité des rappeurs – confrontation des résultats partiels 79 VI.2 Vulgarismes formés par composition ou par dérivation 82 VI.2.1 Vulgarismes formés par composition ou par dérivation dans les années 1990-1994 87 VI.2.2 Vulgarismes formés par composition ou par dérivation dans les années 2005-2009 90 VI.2.3 Vulgarismes formés par composition ou par dérivation – confrontation des résultats partiels 94 VI.3 Emprunts vulgaires 100 VI.3.1 Emprunts vulgaires dans les années 1990-1994 108 VI.3.2 Emprunts vulgaires dans les années 2005-2009 110 VI.3.3 Emprunts vulgaires – confrontation des résultats partiels 114 Conclusion 116 Bibliographie 120 Annexes 125 Annexe 1 Corpus français, corpus parallèles et multilingues 125 Annexe 2 Vulgarismes des années 1990-1994 130 Annexe 3 Vulgarismes des années 2005-2009 142 Annexe 4 Emploi obligé des vulgarismes 154 Annexe 5 Vulgarismes formés par composition et dérivation 157 Annexe 6 Emprunts vulgaires 165

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Introduction

« Celui qui lança une injure à son ennemi au lieu d’un javelot, celui-là fut le créateur de la civilisation » S. Freud

Le présent mémoire concerne les vulgarismes dans le rap français, un genre musical moderne, qui est considéré par certaines personnes comme « le cri de ces jeunes vulgaires ». Nous devons admettre que la vulgarité et la grossièreté représentent une partie indissociable du rap français. Néanmoins, en examinant les paroles de chansons de rap français, nous arrivons à une conclusion un peu surprenante - celle que la vulgarité du rap français n’est pas le reflet de la non-éducation de ses interprètes ni de l’école de rue. Au contraire, la vulgarité représente une manière d’agir calculée et suivant un but concret – celui de choquer l’auditeur et d’attirer son attention sur les problèmes sociaux divers. De ce point de vue, « les jeunes vulgaires » deviennent des personnes qui luttent pour des pensées assez nobles – en extrapolant un peu, on peut parler de pensées de liberté, égalité et fraternité – d’une manière civilisée, c’est-à-dire non-violente, car les rappeurs français n’utilisent pas de javelots pour attaquer les politiciens et d’autres représentants, mais seulement les vulgarismes. Le but du présent mémoire est de décrire les vulgarismes employés dans les paroles de chansons de rap français et de les comparer pendant deux périodes, celle des années 1990-1994 et celle des années 2005-2009. Nous avons choisi ces deux périodes de telle façon que la distance chronologique soit la plus grande possible. Les années 1990-1994 représentent le début du rap français, tandis que les années 2005-2009 reflètent la création actuelle. Pour effectuer cette recherche, nous avons créé un corpus de paroles de chansons de rap, qui est traité informatiquement à l’aide du logiciel Bonito. Une description assez détaillée de la construction de notre corpus est présente dans le chapitre IV de ce mémoire, intitulé Méthodologie du travail. Nous pouvons diviser ce mémoire en deux parties – théorique et analytique. Dans la partie théorique, nous allons aborder trois domaines différents. Dans le premier chapitre, intitulé Vulgarisme, nous allons présenter l’origine du mot et ses définitions tirées de divers dictionnaires. Ensuite, nous allons nous-même définir le vulgarisme et déterminer la distinction entre vulgarisme, gros mot, injure et insulte. Nous présenterons les classifications des vulgarismes du point de vue formel et du point de vue

6 sémantique, en adoptant les classements de certains linguistes francophones, tels que Catherine Rouyarenc, Henri Bauche, Marty Laforest et Diane Vincent. Les lignes suivantes de ce chapitre seront consacrées aux procédés de la création de mots nouveaux par rapport aux vulgarismes. Dans le chapitre suivant, intitulé Rap, nous allons présenter ce genre musical, son origine américaine et sa forme française en nous concentrant sur les deux périodes concernées. Le rap est devenu un objet d’intérêt pour des personnes très diverses, telles que des sociologues, des linguistes, des musicologues, etc., et c’est pourquoi nous allons présenter un bref aperçu des ouvrages concernant la thématique du rap publiés pendant les deux périodes. Puis, nous allons parler de la violence verbale dans les chansons de rap français en tentant de trouver son origine et les raisons diverses qui la provoquent, parce que nous sommes persuadée que la violence et la vulgarité des rappeurs n’est pas le reflet de leur non-éducation. Le dernier chapitre théorique est consacré à la linguistique de corpus. Nous allons présenter l’origine de cette discipline dont l’objet sont les corpus traités informatiquement et un bref aperçu de divers corpus de langue française. Nous nous intéresserons au corpus RapCor, un corpus de chansons de rap qui est élaboré à la Faculté de Lettres de l’Université Masaryk, et dont le corpus de notre mémoire représente un sub-corpus. La partie analytique de notre mémoire, plus précisément l’étude lexicométrique, a pour le but de décrire les vulgarismes et de présenter un panorama complet. Nous allons examiner l’emploi de vulgarismes pendant les deux périodes ainsi que leur variabilité lexicale. Nous prêterons attention aux procédés de création des vulgarismes, précisément ceux formés par composition et dérivation, et aux emprunts vulgaires aux langues étrangères. Nous allons examiner les rapports mutuels entre les procédés mentionnés et la vulgarité. Pour ce mémoire, nous avons fixé trois hypothèses. La première concerne la vulgarité : Les rappeurs des années 2005-2009 sont plus vulgaires, du point de vue de la fréquence des vulgarismes et aussi du point de vue de leur variabilité lexicale, que les rappeurs des années 1990-1994. La deuxième porte sur les procédés de création : Les vulgarismes créés par dérivation ou par composition sont utilisés plus fréquemment dans les années 2005-2009 que dans les années 1990-1994. La troisième concerne les emprunts : Les rappeurs utilisent les vulgarismes sous forme d’emprunts aux langues étrangères, parmi lesquelles la langue prédominante est lʹanglais.

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I. Vulgarisme

Dans ce chapitre, nous allons présenter le vulgarisme, l’origine étymologique de ce mot, les définitions tirées des dictionnaires de linguistique et notre propre définition. Ensuite, nous allons expliquer ce que nous comprenons sous les termes de vulgarisme, gros mot, injure et insulte et nous allons présenter le classement des vulgarismes de divers points de vue. Finalement, nous allons aborder les procédés de création des mots nouveaux par rapport aux vulgarismes.

I.1 Origine et définitions lexicographiques du vulgarisme Le vulgarisme est un mot d’origine anglaise, plus précisément du mot anglais vulgarism du mot latin vulgaris, qui était introduit en langue française vers l’année 1801. Il faut mentionner que le mot vulgarisme comporte deux significations assez antagonistes : il peut désigner soit une expression commune et populaire soit une expression grossière et offensive. Mais le vulgarisme, en tant que mot grossier et offensif, n’est pas très ancré ni dans l’usage commun des gens ni dans le contexte de la linguistique française. Nous avons étudié le sens du mot vulgarisme dans plusieurs dictionnaires dont quatre sont les dictionnaires explicatifs universels et deux sont les dictionnaires étymologiques. D’après Le Petit Robert le vulgarisme est une « expression, tour propre aux personnes peu instruites »1, il s’agit alors de la première signification de ce mot. Le dictionnaire Quillet présente la famille de mots du mot vulgaire « vulgairement, vulgarité, vulgariser, vulgarisateur, vulgarisation, vulgate, vulgo, divulguer, divulgation, divulgateur »2, mais nous pouvons voir que le mot vulgarisme n’y est pas présent et, en plus, tous les mots de cette famille de mots ont le sens de ce qui est commun des hommes, c’est-à-dire de nouveau la première signification du mot vulgarisme. Le Petit Larousse3 ne connaît pas le mot vulgarisme tandis que dans le Larousse Lexis le répertorie en le définissant ainsi : « expression, tour employé communément et qui n’est pas littéraire »4, mais il s’agit de nouveau de la première signification de ce mot. Il faut mentionner qu’il y est présent l’adjectif vulgaire en sens

1 Le Nouveau Petit Robert de la langue française 2009. Dictionnaire aplhabétique et analogique de la langue française. Version CD-ROM. 2 Dictionnaire Quillet de la langue française, Librairie aristide Quillet, Paris, 1959. 3 Le Petit Larousse 2010. Dictionnaire multimédia. Version CD-ROM. 4 Dictionnaire de la langue française - lexis, Larousse, Paris, 1986, ISBN 2-03-320211-9. 8 de « ordinaire ou grossier »5 et sa famille de mots comportant la même signification (vulgairement, vulgarité, vulgariser), mais le mot vulgarisme n’y est pas présent. En ce qui concerne l’étymologie du mot vulgarisme, nous pouvons trouver en feuilletant dans Le dictionnaire étymologique6, les mots vulgaire, vulgarité, vulgariser, vulgarisateur et vulgarisation, mais pas le mot vulgarisme. Néanmoins, Le Nouveau dictionnaire étymologique7 le contient et indique que le mot vulgarisme a été employé pour la première fois en année 1801 par Mercier. Nous avons consulté aussi les dictionnaires de linguistique, précisément trois dictionnaires de linguistique français et un dictionnaire de linguistique tchèque. Les deux éditions de Dictionnaire de linguistique8 et Le dictionnaire des sciences de langage9 ne contiennent ni le terme de vulgarisme ni la notion de vulgarité. Par contre, nous avons trouvé le mot vulgarisme dans Encyklopedický slovník češtiny10 qui le définit comme « [...] lexikální prostředek soukromé konverzace [...], který je nositelem expresivního odstínu obhroublosti a dostává se tak [...] do rozporu s jazykovou etiketou »11. Pour résumer, nous avons effectué une recherche dans les dictionnaires français, précisément dans six dictionnaires de langue, dont quatre sont les dictionnaires de langue universels et deux sont les dictionnaires étymologiques, et dans quatre dictionnaires de linguistique, dont trois sont les dictionnaires de la linguistique française et un de la linguistique tchèque. Mais nous n’avons pas réussi à trouver ce mot, en tant que mot grossier et offensif, que dans le dictionnaire de la linguistique tchèque. C’est pourquoi nous croyons que le mot vulgarisme représente un néologisme sémantique, formé sous l’influence de la linguistique anglaise. Nous avons décidé d’employer le terme vulgarisme dans notre mémoire, même s’il s’agit d’un néologisme dans la linguistique française, parce que nous croyons qu’il s’agit d’un terme univoque par rapport aux termes gros mots, insultes, etc. qui sont employés par linguistique française et dont les significations varient d’un œuvre à

5 Dictionnaire de la langue française - lexis, Larousse, Paris, 1986, ISBN 2-03-320211-9. 6 Bloch, O., Wartburg W. von : Dictionnaire étymologique de la langue française, PUF, Paris, 1964. 7 Dauzat, Albert : Nouveau dictionnaire étymologique et historique, Larousse, Paris, 1964. 8 Dubois, Georges : Dictionnaire de linguistique, Larousse, Paris, 1973. ; Dubois, Georges : Dictionnaire de linguistique, Larousse, Paris, 2002. 9 Ducrot, Oswald, Todorov, Tzvetan : Encyclopedic Dictionary of the Sciences of Language, Oxford, 1979, (traduction de version française de 1972), ISBN 0-631-12793-3. 10 Encyklopedický slovník češtiny [Le dictionnaire encyclopédique de la langue tchèque], Nakladatelství Lidové noviny, Praha, 2002, ISBN 80-7106-484-X. 11 Nous traduisons : « un moyen lexical de la conversation privée [...] qui est le porteur d’une nuance expressive de la grossièreté et tombe ainsi [...] dans la contradiction avec l’étiquette de la langue ». 9 l’autre. De plus, nous croyons que le terme vulgarisme est un terme général qui englobe le sens des termes mentionnés ci-dessous (pour une distinction plus détaillée voir le chapitre I.3 de notre mémoire, intitulé Vulgarisme, gros mot, injure ou insulte ?).

I.2 Définition du vulgarisme Comme nous avons déjà mentionné ci-dessus, le vulgarisme est un mot grossier et offensif. Mais il faut se poser une question : si un mot est désigné comme un vulgarisme, s’agit-il d’un vulgarisme dans toutes les situations dans lesquelles il est employé ? Ou bien y-a-t-il une différence par rapport aux divers sujets parlants et aux divers niveaux stylistiques ? La distinction entre un vulgarisme et un non-vulgarisme est un peu arbitraire. Elle dépend non seulement du niveau stylistique (le langage littéraire et le langage populaire), mais aussi du milieu social (un homme de quartier aisé, un banlieusard ou un campagnard) et même de l’âge du sujet parlant (un jeune et son parent ou bien son grand-parent). En ce qui concerne la stratification de la langue, il est nécessaire de distinguer la langue standard ou littéraire qui est caractéristique pour les couches sociales élevées et la langue non standard ou populaire qui est caractéristique pour les couches sociales plus basses, parce qu’il n’est rien d’exceptionnel qu’un mot qui a une connotation vulgaire dans la langue littéraire perd cette connotation dans la langue populaire. Un exemple typique est l’interjection merde qui étant prononcée par un homme élevé prend une connotation vulgaire, tandis que au cas où elle est prononcée par un jeune parmi ses amis, elle n’a pas de connotation vulgaire. En général, la langue des gens de couches sociales plus basses est désignée comme une langue plus grossière. Il faut aussi mentionner que la plupart des vulgarismes est issue de la langue populaire et non de la langue littéraire. Mais que fait d’un vulgarisme un vulgarisme ? Quel aspect du vulgarisme est vulgaire ? Tous les mots ont deux fonctions : premièrement, ils désignent des choses dont le sujet parlant parle et, deuxièmement, ils expriment l’attitude du sujet parlant par rapport à ces mots. Ces deux aspects sont inséparables, au moins au cas des vulgarismes, parce qu’il n’existe pas de réalité extra-linguistique qui ne peut être désignée que par un vulgarisme, autrement dit, chaque vulgarisme désignant une réalité extra-linguistique a son équivalent littéraire (p.ex. le mot vulgaire une merde a son

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équivalent littéraire l’excrément, de même que les mots une putain (vulg.) – une prostituée (lit.), baiser (vulg.) – faire l’amour (lit.), un négro (vulg.) – un noir (lit.), un cul (vulg.) – un postérieur (lit.) etc.). De ce point de vue, ce qui fait d’un vulgarisme un vulgarisme est toujours l’attitude du sujet parlant et c’est pourquoi la distinction entre ce que est considéré comme vulgaire ou non est assez individuelle et subjective. Rappelons le cas des dozens12, c’est-à-dire des insultes rituelles dans le rap, et l’exemple de l’expression nique ta mère, qui ne porte pas de connotation violente et vulgaire, typique pour tous les autres emplois de cette expression. La subjectivité de cette distinction est reflétée aussi dans diverses marques appropriées aux certains mots par dictionnaires différents (p.ex. le mot con (en tant que sexe féminin) est désigné comme vulgaire d’après le Petit Larousse13, tandis que d’après le Petit Robert14 il n’a pas de connotation, de même que le mot cul est désigné comme vulgaire d’après le Petit Larousse15 et comme familier d’après le Petit Robert16). Le vulgarisme, reflétant l’attitude du sujet parlant, a deux fonctions : expressive et stylistique. La fonction expressive signifie qu’en utilisant le vulgarisme le sujet parlant exprime ses sentiments par rapport à l’objet ou l’être désigné. Ces sentiments sont le plus souvent négatifs (la colère, le mépris, la peur) et servent à diminuer la valeur des objets et des êtres désignés, c’est-à-dire à leur associer une valeur péjorative. C’est pourquoi les vulgarismes sont souvent utilisés comme insultes ou injures. Mais les vulgarismes peuvent exprimer aussi des sentiments positifs (la joie) ou neutres (la surprise). Il faut encore ajouter que les vulgarismes ne sont pas différenciés d’après le type de sentiment qu’ils expriment et qu’un seul vulgarisme peut exprimer un sentiment négatif, neutre et même positif (p.ex. le mot merde). Pour conclure, le vulgarisme est un mot grossier et offensif reflétant l’attitude et les sentiments du sujet parlant, qui sont le plus souvent négatifs, par rapport aux objets et êtres désignés. Sa vulgarité varie selon l’emploi individuel, selon le milieu social du sujet parlant et selon l’appartenance aux niveaux stylistiques différents.

12 Pour les informations plus détaillées voir le chapitre II.4 de notre mémoire, intitulé Violence verbale dans les chansons de rap. 13 Le Petit Larousse 2010. Dictionnaire multimédia. Version CD-ROM. 14 Le Nouveau Petit Robert de la langue française 2009. Dictionnaire aplhabétique et analogique de la langue française. Version CD-ROM. 15 Le Petit Larousse 2010. Dictionnaire multimédia. Version CD-ROM. 16 Le Nouveau Petit Robert de la langue française 2009. Dictionnaire aplhabétique et analogique de la langue française. Version CD-ROM. 11

I.3 Vulgarisme, gros mot, injure ou insulte ? Quelle est la différence entre un vulgarisme et un gros mot, ou bien entre une injure et une insulte ? Y-a-t-il une différence ou s’agit-il des termes synonymes ? Ce sont les questions auxquelles nous tentons de répondre dans ce sous-chapitre. Un gros mot est d’après le Petit Robert « un mot grossier, qui manque de raffinement, de finesse, de délicatesse »17. Les gros mots se réfèrent généralement aux sujets de sexualité et scatologie et sont associés au langage de couches sociales plus basses. Nous pouvons définir les gros mots aussi en tant que « […] unités lexicales, placées à la charnière entre la langue standard et les parlers argotiques, semblent être à l’origine d’une confusion théorique entre les notions de vulgarité, grossièreté et obscénité […] »18. La vulgarité, autrement dit « caractère vulgaire, absence totale de distinction et de délicatesse »19, rattache les gros mots aux couches sociales plus basses même par étymologie (du latin vulgaris – ce qui signifie commun, populaire). L’obscénité est rattachée aux sujets de sexualité (obscène est « qui blesse la délicatesse par des représentations ou des manifestations grossières de la sexualité »20) et la grossièreté est « caractère de ce qui offense la pudeur, les bienséances »21. Une injure est « une parole offensante »22. Le but d’utilisation d’une injure est de blesser (en sens métaphorique) l’ennemi, de lui prendre de la force et de la confiance en soi. Les injures reflètent les sentiments et c’est pourquoi leur étendue sémantique est très grande. Pierre Guiraud distingue plusieurs sortes d’injures : « affronts, insultes, outrages, invectives, reproches, railleries, sarcasmes, défis, blasphèmes, jurons, etc. »23 et ajoute que la plupart des injures se rattache aux trois images principales : la sexualité, la défécation et la puanteur de la pourriture24.

17 Le Nouveau Petit Robert de la langue française 2009. Dictionnaire aplhabétique et analogique de la langue française. Version CD-ROM. 18 Arana Bustamante, Raúl : « Agression et transgression: les tabous brisés du langage, Gros mots et vulgarité dans l’espagnol du Mexique » in Revue d’Études Françaises, nº11, L’argot : un universel du langage ?, Budapest, 2006, p. 11-26, [en ligne : http://cief.elte.hu/Espace_recherche/Budapest/REF11_ sommaire.htm]. 19 Le Nouveau Petit Robert de la langue française 2009. Dictionnaire aplhabétique et analogique de la langue française. Version CD-ROM. 20 Ibid. 21 Ibid. 22 Ibid. 23 Guiraud, Pierre : Les gros mots, PUF, Paris, 1991, ISBN 2-13-044009-6, p. 32. 24 Ibid., p. 39. 12

Une insulte est un « acte ou parole qui vise à outrager ou constitue un outrage »25. L’insulte doit avoir son destinataire, un être ou une chose, auquel elle est adressée et auquel elle attribue, en même temps, une qualité qui diminue sa valeur, c’est-à-dire que l’insulte apporte une qualité péjorative. Pour conclure, nous constatons que premièrement, les insultes représentent une partie des injures. Deuxièmement, une partie des injures (une partie des insultes y comprise) sont en même temps les gros mots, mais nous voulons souligner que tous les injures ne sont pas les gros mots, de même que tous les gros mots ne sont pas des injures. Et troisièmement, nous considérons tous les gros mots comme les vulgarismes, de même que tous les injures. Nous croyons que le terme de vulgarisme englobe le sens des gros mots et des injures (voir schéma nº1)26.

Schéma nº1 : Relations entre vulgarisme, gros mot, injure et insulte

25 Le Nouveau Petit Robert de la langue française 2009. Dictionnaire aplhabétique et analogique de la langue française. Version CD-ROM. 26 Il faut mentionner que nous parlons toujours du niveau officiel de la langue (p.ex. le mot bébé employé pour démontrer une personne avec qui le sujet parlant est en relation officielle (instituteur, chef, politicien, etc.) est vulgaire, tandis que le mot bébé employé pour démontrer une personne de la famille (ayant des bonnes relations réciproques) n’est pas vulgaire, mais tendre et doux). 13

I.4 Classement des vulgarismes Les vulgarismes peuvent être classés de divers points de vue. Nous pouvons distinguer deux groupes principaux de critères de classification des vulgarismes, ce sont les critères formels et les critères sémantiques. Nous voulons encore mentionner que tous les exemples des classifications sont tirés de notre corpus de chansons de rap, à l’exception de ceux qui sont marqués par un astérisque. Aux critères formels appartiennent les classifications d’après: 1. Parties du discours a) substantif (p.ex. un idiot, une merde, une putain) b) adjectif (p.ex. con/conne, débile, enfoiré) c) verbe (p.ex. baiser, emmerder, sucer) d) adverbe (p.ex. à la con) Il est évident que les vulgarismes ne peuvent être que les mots lexicaux, autrement dit, les mots qui portent un sens lexical et se réfèrent à une réalité extra- linguistique. Les mots grammaticaux, tant que pronoms, déterminants ou prépositions ne peuvent pas avoir de connotation vulgaire à l’état isolé, dont il est question, mais ils peuvent néanmoins devenir une partie d’une locution vulgaire, soit nominale (p.ex. fils de pute) soit verbale (p.ex. mettre en cloque). Un autre critère de classification formelle des vulgarismes est celui de procédé de création du vulgarisme en tant que mot nouveau : 2. Procédé de création a) mot simple (résultat de l’évolution phonétique et morphologique, p.ex. une merde) b) mot formé par composition (p.ex. un fils de pute, une salope, de merde) c) mot formé par dérivation (p.ex. déconner, dégueulasse, un niqueur) d) mot formé par troncation (p.ex. un pédé, une tasse) e) mot formé par verlanisation (p.ex. une taspèche, un teub) f) emprunt . aux langues étrangères (p.ex. une boule, un hijo de puta, une shit) . aux régionalismes (p.ex. une shnek)

Il faut mentionner que les vulgarismes peuvent être aussi les résultats de combinaison de plusieurs types de création des mots nouveaux – p.ex. le mot taspé est

14 formé par troncation, plus précisément par apocope du mot taspèche qui est le résultat de la verlanisation du mot pétasse. De plus, les classes particulières de vulgarismes peuvent être divisées en plusieurs sous-classes, mais nous en allons parler dans le sous- chapitre suivant (I.5 de notre mémoire, intitulé Procédés de création des vulgarismes). Nous avons présenté deux types de classification des vulgarismes, selon les critères formels, que nous trouvons les plus importants. Néanmoins, il existe bien plus d’autres critères possibles de classification, nommons par exemple une classification selon l’emploi syntaxique et phraséologique du vulgarisme. Les classifications des vulgarismes d’après les critères sémantiques sont employées plus fréquemment. Le point central de cette classification est le thème du vulgarisme, c’est-à-dire la réalité extra-linguistique que le vulgarisme désigne. Mais nous pouvons trouver aussi des classifications où le point central est le thème provoquant l’utilisation du vulgarisme, qui ne doit pas s’accorder avec le thème du vulgarisme même. En ce qui concerne la classification des vulgarismes du point de vue du thème du vulgarisme, Catherine Rouyarenc27 distingue trois domaines : 1. La sexualité a) le sexe de la femme (p.ex. une chatte, une chnek, un con) b) le sexe de l’homme . les testicules (p.ex. des balloches, des couilles) . le pénis (p.ex. une bite, une queue, un zguegue) c) l’acte sexuel (p.ex. baiser, lécher, niquer) d) le sperme (p.ex. un jute, un blanc)* e) l’homosexuel (p.ex. un enfoiré, un pédé / un pd) f) la prostituée (p.ex. une garce, une putain, une salope) 2. La fonction excrémentielle a) la défécation . l’anus (p.ex. un cul, un trou de balle, un trou du cul) . les excréments (p.ex. une demer, une merde) b) la miction (p.ex. chier) 3. La religion a) le Dieu (p.ex. un ventrebleu, un parbieu)*

27 Rouyarenc, Catherine : Les Gros mots, PUF, Paris, 1998, ISBN 2-13-047798-4. 15

b) le Diable (p.ex. un bédiable, un diantre)* Nous croyons que cette classification est assez détaillée et exhaustive du point de vue de trois domaines mentionnés et aussi que ces domaines couvrent la plupart des vulgarismes. Mais comment classer les mots, tels qu’un négro, un facho, ou bien un porc et un pantin ? Il est évident que ces mots n’appartiennent ni dans le domaine de sexualité ni dans le domaine de fonction excrémentielle. Il faut aussi ajouter que les mots mentionnés sont employés en tant qu’insultes. C’est pourquoi nous adoptons la distinction de Henri Bauche28 qui distingue quatre catégories d’insultes : a) noms désignant une particularité physique ou mentale (p.ex. un idiot, un négro) b) noms venus des métiers ou états, des opinions politiques, des aventures passées (p.ex. un bourge, un facho) c) noms pris dans les romans (p.ex. un don Juan)* d) surnoms particuliers à la classe des malfaiteurs (p.ex. un mac)* De plus, Marty Laforest et Diane Vincent29 ont créé une classification très détaillée des insultes référant à une particularité mentale ou morale. Leur classification est établie sur le principe du manque d’une qualité : a) manque de force ou de courage (p.ex. une mauviette, un peureux)* b) manque d’expérience ou de maturité (p.ex. un bébé) c) manque d’intelligence (p.ex. un débile, un idiot) d) manque d’égard ou de respect envers autrui (p.ex. un chien, un facho) e) manque de respectabilité (p.ex. un guignol, un pantin) Nous avons présenté une classification des vulgarismes du point de vue du thème du vulgarisme, complétée par deux classifications des insultes. Mais il faut mentionner qu’au cas des classifications des insultes, certaines catégories ne désignent plus exactement le thème du vulgarisme, mais plutôt le thème qui provoque l’utilisation du vulgarisme – p.ex. le mot facho, utilisé pour désigner le manque d’égard ou de respect envers autrui, ne désigne pas le thème de ce vulgarisme, c’est-à-dire le fasciste, mais il est employé comme une métaphore. En ce qui concerne la classification des vulgarismes du point de vue du thème qui provoque leurs utilisations, nous croyons que leur nombre est immense. C’est

28 Bauche, Henri : Le Langage populaire – Français tel qu’on parle, Payot & Cie, Paris, 1920. 29 Laforest, Marty, Vincent, Diane : La qualification péjorative dans tous ses états, in Les insultes: approches sémantiques et pragmatiques, Langue Française, Nº144, Larousse, 2004, ISBN 203-577069-6. 16 pourquoi nous voulons modifier un peu le terme de « thème » qui provoque l’emploi du vulgarisme en terme de « sentiment » qui provoque l’emploi du vulgarisme. Comme nous avons déjà mentionné ci-dessus, le vulgarisme reflète l’attitude du sujet parlant et sa fonction principale est la fonction expressive, autrement dit, le vulgarisme reflète les sentiments du sujet parlants. Les trois groupes fondamentaux sont : a) les sentiments positives (p.ex. l’affection, l’enthousiasme, la joie, etc.) b) les sentiments neutres (p.ex. l’indifférence, la surprise, etc.) c) les sentiments négatives (p.ex. la colère, la haine, le mépris, la peur, etc.)

Pour résumer, les classifications des vulgarismes sont diverses. Elles suivent soit les critères formels, tels que parties du discours ou procédés de création, soit sémantiques, réflétant le thème du vulgarisme ou les sentiments du sujet parlant.

I.5 Procédés de création des vulgarismes Les vulgarismes sont les mots comme tous les autres de la langue française qui sont créés par des procédés linguistiques divers, mais identiques aux ceux de la langue littéraire. Nous voulons prêter notre attention dans ce sous-chapitre aux procédés formels de création des mots, concentrée sur les vulgarismes. Les exemples indiqués sont tirés de notre corpus de chansons de rap, à l’exception de ceux qui sont désignés par un astérisque.

I.5.1 Composition La composition est un procédé de formation des mots nouveaux à partir de deux ou plusieurs mots, plus précisément à partir de plusieurs racines différentes, qui sont composés en un ensemble. Les mots composés représentent une unité lexicale et phonétique. La linguistique française distingue en général trois types de mots composés: a) mot composé soudé (p.ex. une salope) Le mot composé soudé représente un mot formé à partir de deux mots, qui est écrit comme un ensemble. Ex. Salope – un mot formé à partir de l’adjectif sale et du nom hoppe, qui est une forme dialectale de huppe (un oiseau connu pour sa saleté).30 b) mot composé en trait d’union (p.ex. un sans-couilles)*

30 Source: Le Nouveau Petit Robert de la langue française 2009. Dictionnaire aplhabétique et analogique de la langue française. Version CD-ROM. 17

Le mot composé en trait d’union représente un mot formé à partir de deux ou trois mots qui sont reliés par un trait d’union. Ex. Sans-couilles* – un mot formé à partir de l’adverbe sans et du nom couilles. c) mot composé par préposition (p.ex. un fils de pute) Le mot composé par préposition représente un mot formé à partir de trois mots dont celui du milieu est une préposition. Ex. Fils de pute – un mot formé à partir du nom fils, de la préposition de et du nom pute. Il faut aussi mentionner que certains mots composés par préposition sont de plus reliés par traits d’union, ce qui est un phénomène qui renforce l’unité graphique du mot (p.ex. un trou du cul / un trou-du-cul). Une autre distinction31 de mots composés est effectuée selon diverses parties du discours qui participent à la composition. a) nom + nom (p.ex. un espace bonbons)* b) nom + préposition + nom (p.ex. un trou de balle) c) nom + adjectif (p.ex. une balayette infernale)* d) verbe + nom (p.ex. un peigne-cul)* e) préposition + nom (p.ex. un sans-couilles)* f) adverbe + nom (p.ex. une mal-baissée)* Nous allons aborder le procédé de composition aussi dans l’analyse lexicométrique des vulgarismes de notre corpus (voir chapitre VI.2 de notre mémoire).

I.5.2 Dérivation La dérivation est un procédé de formation des mots nouveaux qui est effectuée à partir d’un mot, autrement dit d’une racine, auquel sont ajoutés une ou plusieurs affixes. Ce procédé de formation est un procédé le plus fréquent en langue française. La linguistique française distingue en général quatre types de dérivation : a) dérivation propre La dérivation propre consiste en adjonction d’un affixe à une racine. L’affixe ajouté peut être soit le préfixe soit le suffixe. Les mots formés par ce type de dérivation peuvent être substantifs, adjectifs, verbes et adverbes.

31 Distinction effectuée par Catherine Rouayrenc (Rouayrenc, Catherine : Les gros mots, PUF, Paris, ISBN 2-13-047798-4, p. 83.). 18

. préfixation (l’adjonction du préfixe) La préfixation n’est pas très fréquente. Il n’existe qu’un préfixe portant une connotation péjorative : mé- / més-. Ex. Enfoiré – mot dérivé du nom foire à l’aide du préfixe en-. Ex. Néo-facho – mot dérivé du nom facho à l’aide du préfixe néo-. Ex. Surbaiser – verbe dérivé du verbe baiser à l’aide du préfixe sur-. . suffixation (l’adjonction du suffixe) La suffixation est plus fréquente que la préfixation. De plus, il existe plusieurs suffixes portant une connotation : péjorative :-asse (p.ex. une pétasse – nom dérivé du verbe péter) -aud (p.ex. un salaud – nom dérivé de l’adjectif sale) -ard (p.ex. un connard – nom dérivé du nom con) diminutive et péjorative : -ette (p.ex. une lopette – nom dérivé du nom lope)* -ot (p.ex. un bourricot – nom dérivé du nom borrico)* -on (p.ex. un couillon – nom dérivé du nom coleus)* augmentative et péjorative : -ouse (p.ex. une tantouse – nom dérivé du nom tante)* -ouille (p.ex.une merdouille – nom dérivé du nom merde)* -aille (p.ex. une racaille – nom dérivé du verbe rasicare) b) dérivation parasynthétique La dérivation parasynthétique consiste en adjonction simultanée du préfixe et du suffixe à la racine. Les mots formés par ce type de dérivation peuvent être les adjectifs ou les verbes. Ex. Déconner – verbe dérivé du nom con à l’aide du préfixe dé- et du suffixe -er. Ex. Emmerder – verbe dérivé du nom merde à l’aide du préfixe em- et du suffixe –er. Ex. Enculer – verbe dérivé du nom cul à l’aide du préfixe en- et du suffixe - er. c) dérivation régressive La dérivation régressive consiste en enlèvement du suffixe de la racine. Les mots formés par ce type de dérivation sont les substantifs. La dérivation régressive n’est pas très fréquente (surtout par rapport aux vulgarismes).

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Ex. Démerde* – nom dérivé du verbe démerder. Ex. Nique* – nom dérivé du verbe niquer. d) dérivation impropre La dérivation impropre, autrement dit la conversion, consiste en changement de la partie du discours du mot sans l’utilisation des affixes. Les mots formés par ce type de dérivation peuvent être les substantifs (à partir de l’adjectif, participe passé, verbe à l’infinitif, verbe à l’impératif, adverbe), les adjectifs (à partir du substantif, participe présent ou passé, adverbe) et les adverbes (à partir de l’adjectif). Ex. Abruti – nom dérivé du participe passé du verbe abrutir. Ex. Démerde* – adjectif dérivé du nom démerde. Ex. Enculé – nom dérivé du participe passé du verbe enculer. Comme nous avons déjà mentionné, la dérivation est un procédé de création des mots nouveaux très fréquent et toujours vivant, ce qui montre les néologismes formés par ce type de procédé qui sont présents même dans notre corpus – p.ex. demmerder – verbe dérivé du verbe emmerder ; niqueur – nom dérivé du verbe niquer ; pineur – nom dérivé du verbe piner. Les familles de mots, formées par dérivation à partir d’un seul mot, peuvent compter même des dizaines de mots. Nommons une des plus fréquentes parmi les vulgarismes, celle du mot merde32 : merdeux, euse, adj. ; merdique, adj. ; merdaille, n.f. ; merdaillon, n.m. ; merdoie, adj. ; merdier, n.m. ; merder, v.intr. ; merdouiller, v.intr ; merdoyer, v.intr. ; démerder (se), v.tr. ; démerdard, e, n.et.adj. ; démerdeur, euse, adj. ; emmerder, v.tr ; s’emmerder, v.tr. ; emmerdant, e, adj. ; emmerdement, n.m. ; emmerdeur, euse, n.. Néanmoins, il faut ajouter que dans les travaux spécialisés, p.ex. celui de Pierre Guiraud33, le nombre indiqué de membres de la famille du mot merde monte à soixante et un mots.

32 L’énnumération faite grâce aux dictionnaires Dictionnaire de la langue française - lexis, Larousse, Paris, 1986, ISBN 2-03-320211-9 et Dauzat, Albert : Nouveau dictionnaire étymologique et historique, Larousse, Paris, 1964. 33 Guiraud, Pierre : Les gros mots, PUF, Paris, 1991, ISBN 2-13-044009-6, p. 94-95 ; merde : merdaille, merdailler, merdailleur, merdaillerie, merdaillon, merdaillonner, merdard, merdasse, merdasser, merdâtre, merde, merder, merderie, merdeur, merdensement, merdeux, merdicole, merdier, merdigue, merdissime, merdoir, merdophage, merdophile, merdophobe, merdouillage, merdouillard, merdouille, merdouiller, merdouilleur, merdous, merdoyer, merdre, emmerdable, emmerdablement, emmerdage, emmerdailler, emmerdailleur, emmerdant, emmerdasser, emmerdasserie, emmerdation, emmerdé, emmerdement, emmerder, emmerdeur, emmerdouillable, emmerdouillage, emmerdouillé, emmerdouiller, emmerdouilleur, emmerdoyer, démerdable, démerdage, démerdailler, démerdant, démerdard, démerde, démerder (se), démerdeur, démerdise, démerdouiller. 20

I.5.3 Emprunts Les emprunts sont les mots d’origine d’une autre langue qui sont introduits et fixés dans la langue emprunteuse. Les emprunts sont assez fréquents en français, représentant à peu près 14% en langue courante et à peu près 10% en argot français. D’après le niveau de la transplantation de l’emprunt en français nous distinguons34 trois phases : a) « xénisme » - mot étranger cité, non acclimaté, intégré dans la phrase française avec sa graphie d’origine ou transcrit phonétiquement Ex. Hijo de puta – emprunt au mot espagnol hijo de puta. b) l’adaptation de sa prononciation au système phonologique du français Ex. Biatch – emprunt au mot anglais bitch. c) naturalisation des emprunts par transformations plus ou moins considérables Ex. Métèque – emprunt au mot grec metoikos. Une autre distinction est effectuée selon les langues sources d’emprunts. En ce qui concerne ce type de distinction, nous pouvons constater que les linguistes français ne s’accordent pas en ce point. Certains ne distinguent que les langues étrangères, certains distinguent, en plus, les langues étrangères modernes et anciennes, d’autres parlent des emprunts aux divers niveaux de la langue, etc. Nous avons tenté d’effectuer une distinction reflétant ces divers points de vue, mais concentrée particulièrement sur les vulgarismes : a) emprunts aux langues étrangères . anglais (p.ex. fuck, un motherfucker, une shit) . espagnol (p.ex. un hijo de puta) . romani (p.ex. une boule) . etc. b) emprunts aux dialectes . dialecte alsacien (p.ex. une chnek) . etc. c) emprunts aux divers niveaux stylistiques . vieil argot (p.ex. un crouille) . etc.

34 Distinction fait par Jacqueline Picoche (Picoche, Jacqueline : Marchello-Nizia, Christiane, Histoire de la langue française, Nathan, Paris, 1998, ISBN 2-09-191243-3, p. 340-341.). 21

I.5.4 D’autres procédés Nous voulons encore mentionner d’autres procédés de création des mots nouveaux qui sont présents dans notre corpus. Les procédés sont rangés par l’ordre alphabétique et tous les exemples des vulgarismes sont tirés de notre corpus. Les locutions sont les groupes des mots figés dont la distinction par rapport aux mots composés est parfois ambigu. Nous distinguons : a) locution nominale Ex. une bête noire, un rôti chaud b) locution verbale Ex. bouffer la queue, mettre en cloque c) locution interjective Ex. Ta gueule ! Le redoublement est un procédé qui consiste à reprendre une syllabe du mot (p.ex. Féfesse – nom formé par redoublement à partir du nom fesse). La troncation est un procédé qui consiste à abréger les mots, plus précisément à la chute d’un ou de plusieurs phonèmes. Nous distinguons deux types de troncation : a) aphérèse – chute du phonème en début de mot Ex. Tasse – aphérèse du nom pétasse. b) apocope – chute du phonème en fin de mot Ex. Pédé – apocope du nom pédéraste. La verlanisation, ou autrement dit le verlan, est un procédé qui consiste à inverser les syllabes des mots dans le cas de plurisyllabes ou bien les phonème dans le cas de monosyllabes. Les parties du discours restent les mêmes. Ex. Ken – forme verlanisée du verbe niquer. Ex. Taspèche – forme verlanisée du nom pétasse. Ex. Teub – forme verlanisée du nom bite. Il faut ajouter qu’au cas du verbe ken et du nom taspèche il ne s’agit pas d’une simple verlanisation, mais que d’autres procédés ont pris part à la création de ces mots - l’apocope au cas du verbe ken et la ressufixation au cas du nom taspèche.

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II. Rap

Dans ce chapitre, nous allons présenter le rap en tant que genre musical par égard à son interprète assez spécifique, c’est-à-dire le personnage de rappeur. Nous allons nous concentrer sur le rap français et ses formes pendant la période des années 1990-1994 et celle des années 2005-2009. Les dernières lignes de ce chapitre seront consacrées à la violence verbale dans les chansons de rap.

II.1 Rap en tant que mouvement culturel Qu’est-ce que c’est au fait le rap et quelle est origine de ce mot ? Le mot rap est d’origine anglo-américaine, dérivé du verbe anglais to rap qui signifie « bavarder »35 ou « donner des coups secs »36. D’après les définitions tirées des dictionnaires, le rap est un « style de musique disco dont les paroles, hachées, sont récitées sur un fond musical très rythmé »37 ou autrement dit un « style de musique, apparu dans les ghettos noirs américains dans les années 1970, fondé sur la récitation chantée de textes souvent révoltés et radicaux [...] »38. Il est nécessaire de mentionner que le rap en tant que tel n’est qu’une partie de la culture hip hop. La culture hip hop (en anglais le hip signifie un « parler » et le hop signifie « danser »)39 est une culture urbaine, une culture de la rue, qui observe strictement ses règles établis, concernant par exemple le langage, le vêtement et l’état d’esprit. La culture hip hop a trois domaines principaux de son expression : musical (rap, djing, ragga, beat-box), corporel (break-dance, smurf, hype, double-dutch) et graphique (tag, graffiti).40 Le rap est alors une expression musicale de la culture hip hop. Nous pouvons trouver l’origine de la musique rap dans la musique noire américaine et dans les rythmes jamaïcains. Le premier pays où le rap s’est présenté, autrement dit le berceau et la patrie de la musique de rap, ce sont les États-Unies, plus précisément les rues de la ville de New York. Pendant les années 1970, les rues de la

35 Le Petit Larousse 2010. Dictionnaire multimédia. Version CD-ROM 36 Le Nouveau Petit Robert de la langue française 2009. Dictionnaire aplhabétique et analogique de la langue française. Version CD-ROM. 37 Ibid. 38 Le Petit Larousse 2010. Dictionnaire multimédia. Version CD-ROM 39 Bazin, Hugues : La Culture Hip-hop, Declée de Brouwer, 2008, ISBN 2220059669, p. 17. 40 Ibid., p. 9. 23 ville de New York étaient dominées par gangs et par violence. Le changement arrive avec Afrika Bambaataa, une personne qui refuse la violence omniprésent des rues. Il se consacre à la musique et il devient le premier disquejockey, c’est-à-dire « personne qui crée des effets musicaux, des rythmes en manipulant des sons enregistrés »41. Mais il ne s’adonne pas seulement à la musique. Il constitue des codes moraux, fondés sur des aspects positifs et contraires à la violence des rues. Il est le fondateur du mouvement appelé The Zulu Nation. La musique n’est plus simplement une musique, elle devient un outil pour la propagation d’une culture, elle lie l’aspect artistique et l’aspect politique et, en même temps, elle devient un engagement social. Le rap se répand dans le monde et il trouve sa seconde patrie – la France. Nous pouvons nous demander pourquoi justement la France ? La raison est la tradition française de la chanson populaire depuis le Moyen Âge. Alain Milon croit que « [...] il suffit de remonter à la tradition troubadour pour voir comment les trouvères et troubadours improvisaient leurs chansons sur des thèmes de la vie quotidienne [...] pour interpeller les habitants. Le rappeur fait exactement le même travail ».42 Le rap arrive en France au début des années 1990. La musique rap se diffuse grâce aux radios libres (Radio 7, Carbonne 14 et RDH), qui introduisent la musique noire américaine. Le rap entre en connaissance des gens et il devient à la mode. Cette période entre les années 1982 et 1984 est en général appelée la première génération du rap français. Après un court moment de silence, la deuxième vague arrive entre les années 1987 et 1988 où le rap fait un grand succès. Divers groupes de rap apparaissent, la maison d’édition Label Noire, concentrée strictement sur la musique de rap, est fondée. Le rap entre dans la période de son développement constant. À partir de la fin des années 1990, le rap devient de plus en plus à la mode, les rappeurs deviennent les vedettes du show-business qui ne sont plus refusées par des grandes maisons d’éditions, mais au contraire. Le rap n’est plus une culture réservée à la rue, « [...] le rap soit entré, complètement, dans la société de consommation avec tout ce que cela entraîne par rapport au monde des médias et de l’argent »43. Pour conclure l’évolution du rap en France, nous adoptons la terminologie de Hugues Bazin, qui distingue trois phases dans l’évolution du rap français, ce sont premièrement la phase de l’effervescence juvénile,

41 Définition tirée de Le Nouveau Petit Robert de la langue française 2009. Dictionnaire aplhabétique et analogique de la langue française. Version CD-ROM. 42 Milon, Alain : « Pourquoi le rappeur chante? Le rap comme expression de la relégation urbaine », in Cités, nº19, 2004/3, PUF, Paris, [en ligne : www.hal.archives-ouvertes.fr]. 43 Boucher, Manuel : Rap : Expression des lascars (Signification et enjeux du Rap dans la société française), L’Harmattan, Paris, 1998, ISBN 2-7384-7380-6, p. 68. 24 deuxièmement la phase de la professionnalisation et troisièmement la phase de la maturité artistique et économique.44 Un des aspects communs du rap américain et du rap français est le fait que le rap est un « porte-parole des minorités »45, représenté par afro-américains aux États-Unies et par immigrés et leurs descendants en France, ce qui nous amène à la question importante – qui fait le rap ? Qui se cache sous la dénomination d’un rappeur ? Un rappeur est un messager, un porte-parole ou un haut-parleur, autrement dit « [...] celui qui a l’occasion de porter haut la parole de ceux qui ne le peuvent »46. Il représente alors la parole d’un collectif, même si « [...] le rappeur ne participe d’aucune institution d’où il aurait pu recevoir cette délégation de parole »47. C’est-à-dire que c’est lui-même qui se place dans la position d’un porte-parole, il n’est ni choisi ni élu et n’importe qui peut devenir ce porte-parole de la même manière. Le rappeur est l’auteur, l’interprète et le protagoniste en une personne. La parole d’un rappeur reflète sa propre identité, concentrée surtout sur sa situation sociale. Il aborde non seulement les questions de la vie dans les banlieues, de l’immigration, des minorités et leur intégration, de l’apparence beur et l’accent idoine, mais aussi les questions de la violence, de la révolte et, non en dernier lieu, les questions de l’argent, de la télé et du succès médiatique.48 Mais il ne s’agit pas d’une simple description de sa situation sociale, en utilisant les pratiques langagières spécifiques (dont nous allons parler dans le sous-chapitre II.4. de notre mémoire, intitulé Violence verbale dans les chansons de rap) il présente une critique de la société de l’autre côté, c’est-à-dire de la société de consommation. Pour faire sa parole plus urgente, frappante et agressive et aussi parce qu’il veut que son public lui croie, le rappeur parle sous forme de dialogue, qui renforce l’impression de l’authenticité. Et quel est le but d’un rappeur ? « [...] il rappelle avant tout le rôle des générations futures appelées à prendre leurs responsabilités »49.

44 Bazin, Hugues : La Culture Hip-hop, Declée de Brouwer, 2008, ISBN 2220059669, p. 10. 45 Expression tirée de Cyril Trimaille (Trimaille, Cyril : « Rap français, humour et identité(s) », in Écarts d’identité, nº97, 2001, p. 52-54). 46 Pecqueux, Anthony : « Un témoinage adressé: parole du rap et parole collective », in Cahiers de Psychologie potilique, nº7, 2005, [en ligne : http://a.dorna.free.fr/RevueNo7/Rubrique4/R4SR2-8D.htm]. 47 Ibid. 48 Informations tirées de Antoine Hennion (Hennion, Antoine : « Musiques, présentez-vous! Une comparaison entre le rap et la techno », in French Cultural Studies, 16/2, 2005, p. 121-134, [en ligne www.hal.archives-ouvertes.fr]). 49 Bazin, Hugues : La Culture Hip-hop, Desclée de Brouwer, 2008, ISBN 2220059669, p. 230. 25

Comme nous avons déjà mentionné, un rappeur était à l’origine un homme issue de l’immigration (ou un descendant d’un immigré), provenant d’une classe sociale plus basse et pauvre. Cette description est toujours valable pour la plupart des rappeurs français, mais il faut ajouter qu’aujourd’hui il existe aussi un « rap blanc », un « rap des classes moyennes » et aussi un « rap féminin » qui reflète souvent le côté féminin de la situation sociale en parlant de la grossesse des mineures ou des sévices des femmes. Il n’existe aucune discrimination dans le rap, c’est-à-dire que n’importe qui peut devenir un rappeur en remplissant une condition, celle de prouver qu’il sait faire du rap. En parlant du rap et des rappeurs, il faut distinguer « le rap underground » et « le rap commercial ». Le rap underground représente l’origine du rap, c’est-à-dire une culture de rue et reste toujours la base et l’esprit de ce mouvement. Tandis que le rap commercial quitte la rue et sous l’influence de la médiatisation devient seulement un des genres de la musique : « [...] en devenant un phénomène musical médiatisé il change d’espace, d’échelle et de mesure, mais il perd par la même occasion ses vertus d’improvisation et de proximité »50.

II.2 Rap en France des années 1990-1994 Le début des années 1990 représente, en même temps, le début de la musique de rap en France telle que nous la connaissons aujourd’hui. Il s’agit de la période de la commercialisation du rap en France - les premiers groupes de rap sont fondés et les premiers disques sont publiés. Le rap est en train de se développer et de gagner de plus en plus l’intérêt du public. Et même s’il est une « cicatrice »51 de la musique française pour la plupart de la population, la jeunesse trouve dans le rap son genre de la musique préféré. C’est en année 1990 qu’apparaît la première compilation de la musique rap français intitulée Rapattitude52. L’auteur de l’idée d’une compilation du rap français est Benny Malapa, qui veut réunir tous les rappeurs jeunes et prometteurs sur un disque. Rapattitude marque un grand succès et devient un disque d’or53. « La sortie de la

50 Milon, Alain : « Pourquoi le rappeur chante? Le rap comme expression de la relégation urbaine », in Cités, nº19, 2004/3, PUF, Paris, [en ligne : www.hal.archives-ouvertes.fr]. 51 Expression utilisée par Pierre-Antoine Marti (Marti, Pierre-Antoine : Rap 2 France (Les mots d’une rupture identitaire), L’Harmattan, Paris, 2005, ISBN 2-7475-9576-5). 52 Rapattitude: Assassin – La Formule secrète, Tonton David – Peuples du monde, Saliha – Enfants du ghetto, Saï Saï – Rouleurs à l’heure, Dee Nasty – Funk a size, A.L.A.R.M.E. – Paris black night, Suprême NTM – Je rap, Sodi-Daddy Yod – Rock en zonzon, EJM – Élément dangereux, New Génération MC – Toutes les mêmes. 53 Disque d’or est une disque qui compte plus de 100 000 exemplaires vendus. 26 compilation Rapattitude [...] marque véritablement l’arrivée du rap dans l’univers discographique français »54. Pendant les années suivantes les rappeurs qui ont participé à Rapattitude sortent leurs premiers albums solos et c’est en année 1992 qu’apparaît Rapattitude 255. Le rap est en ascension. Un programme de télévision intitulé Rapline (émet sur la station M6 entre les années 1991 et 1993) se concentre sur la création des rappeurs français, présentée par eux-mêmes. La diffusion du rap est aussi élevée par la loi du 1er février 1994, qui fixe le quotient minimal pour les émissions de radio des artistes d’expression française, dont les nouveaux talents doivent représenter 20%.

Rap en tant que objet d’intérêt des années 1990-1994 Dès son début le rap attire l’attention des divers chercheurs – sociologues, sociolinguistes, linguistes, musicologues, mais aussi psychologues et ethnologues. Les premiers ouvrages concernant le rap et ses divers aspects sont publiés dans les années 1980. Nous tentons de présenter un aperçu des ouvrages les plus importants traitant le rap français (les ouvrages dont l’objet est le rap américain ou le rap d’un autre pays sont exclus), écrits par des auteurs d’expression française et publiés entre les années 1990 et 1994. Mais avant de passer aux ouvrages particuliers de cette période, il faut se poser une question générale : Comment classer ces ouvrages ? Quels critères choisir pour cette classification ? Nous croyons que le critère le plus important de classification des ouvrages traitant le rap est celui de la profession de son auteur. Nous distinguons : 1. un spécialiste (une personne avec une éducation par rapport à un des aspects concernant le rap) a) un sociologue b) un sociolinguiste c) un linguiste d) un musicologue e) etc.

54 Vicherat, Mathias : Pour une analyse textuelle du rap français, L’Harmattan, Paris, 2001, ISBN 2- 7475-1089-1. 55 Rapattitude 2: Daddy Nuttea – DJ parmi des millions de DJ, Daddy Nuttea – 1992 l’année des jeunes en bizness, B Love – Lucy, Keas 2 – Roi du micro, MCM 90 – MCM syndrome, Côté obscur – Le côté obscur de la planète, MC Janik – Natty princess, Createurs unique – Blonde ou brune, IAM – Rien n’est plus comme avant, Don Lick Shot – Realité, Prophètes du vacarme – Kameleon, Siria Khan – La main de fatma. 27

2. un non-spécialiste (une personne avec un intérêt pour le rap, mais sans une éducation spéciale) a) un journaliste b) un écrivain (belles-lettres) c) un rappeur d) etc. La profession de l’auteur influence non seulement le côté formel de l’ouvrage concerné, mais aussi son contenu. Les ouvrages des spécialistes offrent des études spécialisées, concentrés sur un aspect de la problématique concernée. Par contre, les ouvrages des auteurs non-spécialistes offrent des biographies des rappeurs ou des entretiens avec eux et ils sont généralement plus faciles à lire et à comprendre pour un lecteur. Un autre critère de la distinction des ouvrages est celui de son étendue, entendu son caractère officiel et non le nombre de pages ou de mots. Nous distinguons : 1. un livre 2. une publication (une thèse, un mémoire de diplôme) 3. un article Le troisième et le dernier critère que nous avons établi pour la classification des ouvrages est celui de son contenu. Nous distinguons : 1. le contenu théorétique (p.ex. l’histoire, les biographies, etc.) 2. le contenu analytique et critique (p.ex. les analyses spécialisées) 3. le contenu mélangé (théorétique et analytique)

En ce qui concerne les ouvrages des années 1990-1994, nous pouvons constater que d’après le critère de profession de l’auteur, les ouvrages de cette période traitant le rap français sont pour la plupart les ouvrages des spécialistes. Il s’agit des sociologues, comme par exemple Antoine Hennion (un sociologue français, orienté vers la sociologie de la culture, surtout sociologie de la musique et de son innovation)56 ou bien Georges Lapassade (un sociologue et philosophe étant le premier sociologue français qui a travaillé sur le rap et la culture hip hop)57. Mais nous pouvons trouver aussi des

56 Source : [en ligne : www.wikipedia.org], [page consultée le 27 février 2010]. 57 Source : [en ligne : http://musique.arabe.over-blog.com/article-georges-lapassade-43339793.html], [page consultée le 27 février 2010]. 28 ouvrages écrits par des non-spécialistes, comme par exemple celui du journaliste David Dufresne. D’après le deuxième critère, celui de l’étendue d’ouvrage, nous pouvons constater que la plupart des ouvrages de cette période sont des livres. Nous avons réussi à trouver seulement un mémoire de sociologie de Xavier Bodson de l’Université catholique de Louvain. Néanmoins, il faut préciser que nous avons exclus de notre recherche les articles traitant le rap, à cause de leur recherche difficile sur l’internet, qui était notre seul outil. Quant au critère de contenu des ouvrages, presque tous les ouvrages de cette période ont un contenu mélangé, c’est-à-dire qu’ils contiennent quelques données théorétiques, concernant le plus souvent l’histoire du rap, mais aussi les parties analytiques, concernant divers aspects du rap. Nommons par exemple Le Rap ou la Fureur de dire : essai de Georges Lapassade et Philippe Rousselot, qui traite l’histoire du rap et les thèmes divers par rapport au message politique, ou bien Yo ! Révolution rap : l’histoire, les groupes, le mouvement de David Dufresne, qui traite l’histoire du mouvement et du rap, ses formes aux États-Unies, en Angleterre et en France et qui est complété par les analyses critiques concernant les rapports rap - médias, rap - politique ou rap - sexisme, de même que par les entretiens avec des rappeurs.

Tableau nº1 : Ouvrages traitant le rap, publiés pendant les années 1990-1994

ANNÉE TITRE AUTEUR

1990 Le Rap ou la Fureur de dire : essai Georges Lapassade, Philippe Rousselot

1991 Yo ! Révolution rap : l’histoire, les groupes, le mouvement David Dufresne

1992 Rap en Nord Sylvère-Henry Cissé, Jean Callens

1993 Freestyle Desse

1993 La Passion musicale. Une sosiologie de la médiation Antoine Hennion

1994 L’éducation entre rap et tag Patrick Chauvet

1994 Le Rap : paroles des galériens Xavier Bodson

1994 Par rapport au rap. Études sur les pratiques artistiques des André Videau, Sandy Chamaillard jeunes liées au hip-hop

1994 Rap : histoire d’une contre culture : les origines, les influences, col. des auteurs les différentes tendances, le devenir du mouvement

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Pour conclure, nous pouvons constater que le nombre d’ouvrages publiés entre les années 1990 et 1994 n’est pas très grand. La plupart de ces ouvrages sont des livres, le rap en tant que objet d’étude des thèses n’est pas fréquent58. En ce qui concerne les auteurs des ouvrages, la thématique du rap est un domaine des sociologues.

II.3 Rap en France des années 2005-2009 La position du rap sur la scène musicale française a bien changée. « En l’espace de vingt années, il est devenu une composante essentielle et incontournable du paysage culturel national »59. Le nombre de groupes de rap ou bien d’interprètes du rap monte constamment (le nombre de groupes de rap en France est aujourd’hui sept cents treize)60, de la même manière que le nombre d’albums de rap publiés chaque année. Graphe nº1 : Production des disques de rap en France61

100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 1990 - 1994 2005 - 2009

Nous pouvons voir que la différence dans la production de disques de rap en France est très considérable. Tandis que dans la période des années 1990 et 1994 elle ne dépasse pas cinq disques par année (plus précisément, trois disques en année 1990, quatre disques en années 1991 et 1994, cinq disques en années 1992 et 1993), dans la période des années 2005 et 2009 elle ne descend pas sous cinquante disques par année

58 Néanmoins, il faut mentionner que le nombre restreint de thèses peut être provoqué par la période des années 1990-1994, pendant laquelle le traitement informatique des thèses n’était pas une affaire ordinaire, mais plutôt exceptionnelle, ce qui est une condition qui a pu influencer notre recherche effectuée exclusivement à l’aide de divers sites d’internet. 59 Marti, Pierre-Antoine : Rap 2 France (Les mots d’une rupture identitaire), L’Harmattan, Paris, 2005, ISBN 2-7475-9576-5, p. 17. 60 Information tirée du site d’internet www.rap2k.com, [page consultée le 20 février 2010]. 61 Graphe créé grâce aux informations tirées du site d’internet www.rap2france.com pour les années 1990-2007 [page consultée le 21 février 2010] et du site d’internet www.rap2k.com pour les années 2008- 2009 [page consultée le 21 février 2010]. 30

(plus précisément, cinquante-sept disques en année 2005, soixante-deux disques en année 2006, quatre-vingt-douze disques en année 2007 et soixante-trois en année 2008) à l’exception de l’année 2009.62 Les rappeurs de la période des les années 1990 et 1994, ces jeunes, qui ont établi les fondements du rap français, sont aujourd’hui des quadragénaires, dont la plupart est toujours active du point de vue de la création musicale. Ils sont appelés généralement old school, c’est-à-dire « la vieille école » . Par contre, new school, c’est- à-dire « la nouvelle école » désigne les rappeurs de la période de l’année 2005 jusqu’à nos jours, pour qui sont caractéristiques les nouvelles techniques et innovations. Le rap n’est pas seulement un courant musical, mais il est devenu aussi un style de vie. Des nombreux sites d’internet sont consacrés au rap, de même que la radio Skyrock ou des magazines spécialisés, comme par exemple Groove, RER ou Real. Il existe aussi des marques de vêtements Cumpaz et Wrüng et Bullrot destinés aux rappeurs. Le rap est omniprésent en France.

Rap en tant que objet d’intérêt des années 2005-2009 Comme nous avons déjà mentionnée, le rap a subi un grand développement. Ce développement concerne aussi le côté des ouvrages publiés traitant le rap, dont le nombre augmente constamment. Mais il ne s’agit pas seulement du nombre d’ouvrages, mais aussi de leur diversité de tous les points de vue. En ce qui concerne la profession des auteurs, nous pouvons trouver parmi eux des spécialistes, comme par exemple Julien Barret (un linguiste, consacré aux jeux de mots)63, Stéphanie Molinero (une sociologue, dont la thèse de doctorat de sociologie de la musique est le premier ouvrage consacré aux publics du rap)64 et Anthony Pecqueux (un sociologue, dont les travaux concernent les expériences culturelles urbaines)65. La plupart des auteurs de cette période sont des non-spécialistes, plus précisément les journalistes, comme par exemple Olivier Cachin (un journaliste et animateur de la télé –

62 Nous croyons que la différence dans la production en année 2009 est plutôt causée par un travail inachevé des supporteurs du rap, qui s’occupent des sites d’internet d’où nous avons tiré des informations, que par diminution dans la production elle-même; mais nous ne pouvons pas prouver cette hypothèse parce que nous n’avons pas réussi à trouver une source officielle de la production des disques de rap en France. 63 Source : [en ligne : www.fabula.org/actualites/article26530.php], [page consultée le 27 février 2010]. 64 Source : [en ligne : http://afiavi.free.fr/e_magazine/spip.php?article864], [page consultée le 27 février 2010]. 65 Source : [en ligne : www.ethnographiques.org/Pecqueux_Anthony], [page consultée le 27 février 2010]. 31

Rapline et de radio - Mouv’Generation)66, Jean-Claude Perrier (un journaliste dont le domaine est la musique)67 et Jean-Éric Perrin (un journaliste qui a créé et dirigé le magazine RER, spécialiste des musiques actuelles et des mouvements sociaux associés)68, les rappeurs, comme par exemple Diam’s, Rost et Joey Starr, et les écrivains, comme par exemple Stéphane Frattini et Jean-Paul Nozière. Nous considérons qu’à la limite entre les spécialistes et les non-spécialistes se trouve Antoine Garnier (un journaliste et sociologue, rédacteur en chef de la revue Radical)69. Le rap est devenu le thème des ouvrages variés. En comparant cette période avec la période des années 1990-1994, nous pouvons voir qu’un phénomène nouveau est que les rappeurs sont devenus les auteurs de plusieurs ouvrages, de même que les premiers écrivains choisissent la thématique du rap pour leurs livres. Quant aux étendues des ouvrages, la plupart sont toujours les livres, mais il faut ajouter que le nombre de thèses traitant le rap augmente constamment et que le rap attire de plus en plus l’attention des jeunes chercheurs. Nommons par exemple les thèses L’expérience musicale du rap. Ce que le rap fait (faire) à ses auditeurs de Benoît Mychak, Le rap à Marseille de Béatrice Sberna et Les publics du rap : enquête sociologique de Stéphanie Molinero. D’après le critère de contenu des ouvrages, nous pouvons trouver les ouvrages de chaque catégorie, c’est-à-dire les ouvrages purement théorique, comme par exemple les biographies des rappeurs (Suprême NTM : on est encore là ! de Richard Aujard ou Diam’s de A à Z de Arnaud de Vaubicour) et même les dictionnaires du rap (Le dictionnaire du rap et Le dico du DJ de Olivier Cachin), mais aussi les ouvrages analytiques et critiques (les thèses). Une nouvelle catégorie, qui devrait être intitulée « le contenu artistique », représentent les romans (p.ex. Le rap des cavernes de Stéphane Frattini).

Tableau nº2 : Ouvrages traitant le rap, publiés pendant les années 2005-2009

ANNÉE TITRE AUTEUR

2005 Gangsta-rap Pierre Evil

66 Source : [en ligne : www.wikipedia.org], [page consultée le 27 février 2010]. 67 Source : [en ligne : www.decitre.fr/livres/Le-rap-francais.aspx/9782710330394], [page consultée le 27 février 2010]. 68 Source : [en ligne : www.amazon.fr], [page consultée le 27 février 2010]. 69 Sources : [en ligne : www.grioo.com/info3054.html] et [en ligne : http://generationsfm.com/news/cultu re-et-societe/u/antoine-wave-garnier-est-mort/player/qt], [pages consultées le 27 février 2010]. 32

2005 Le guide des albums de 1964 à 2004 : une discographie sélective d’albums Christophe Brault pop, rock, électro, rap, etc.

2005 L’expérience musicale du rap. Ce que le rap fait (faire) à ses auditeurs. Benoît Mychak

2005 Le rap à Marseille. Doctorat de socio-anthropologie du fait musical. Béatrice Sberna

2005 Rap 2 France : les mots d’une rupture identitaire Pierre-Antoine Marti

2005 Rap rap rom Catherine Di Martino

2006 Les 100 albums essentiels du rap Olivier Cachin

2006 Les 50 superstars du rap Jean-Éric Perrin

2006 Les légendes du rap Franz Miceli

2006 Mauvaise réputation Joey Starr

2006 Rap, techno, électro : le musicien entre travail artistique et critique sociale Morgan Jouvenet

2006 Solaar : quinze ans de ma vie dans les banlieus du monde... Philippe Bordas

2006 Souffle, au cœur de la génération hip hop, entre New York et Paris, tome 2 : Antoine Garnier Paris 1996-2003

2007 Diam’s : de A à Z Arnaud de Vaubicourt

2007 Échec et rap Jean-Paul Nozière

2007 Explicit lyrics : toute la culture rap ou presque David O’Neill

2007 Hip hop connexion Karim Madani

2007 Hip hop. [Tome 1] : l’authentique histoire en 101 disques essentiels Olivier Cachin

2007 Le dictionnaire du rap Olivier Cachin

2007 Rebelle attitude Diam’s

2007 Voix du rap : essai de sociologie de l’action musicale Anthony Pecqueux

2008 Enfants des lieux bannis Rost

2008 Le dico du DJ Olivier Cachin

2008 Le rap ou L’artisanat de la rime : stylistique de l’egotrip Julien Barret

2008 Rap stories Olivier Cachin

2009 Le rap Anthony Pecqueux

2009 Le rap des cavernes Stéphane Frattini

2009 Le rap français : dix ans après : anthologie Jean-Claude Perrier

2009 Les publics du rap : enquête sociologique Stéphanie Molinero

2009 Suprême NTM : on est encore là ! Richard Aujard

Pour conclure, nous pouvons constater que la production des ouvrages portant sur le rap français est très élevée et assez variée (surtout par rapport aux années 1990- 1994). Le rap est l’objet d’intérêt des spécialistes et même des non-spécialistes. Il faut

33 souligner que certains de ces auteurs sont concentrés strictement sur la thématique du rap et en tant que tels ils sont devenus des vraies spécialistes du rap français, nommons par exemple Olivier Cachin, Antoine Garnier ou Anthony Pecqueux. Il faut aussi souligner les ouvrages écrits par les rappeurs eux-mêmes qui offrent une vue authentique sur le cœur du phénomène et, non en dernier lieu, les romans qui manifestent la présence du rap en France.

II.4 Violence verbale dans les chansons de rap La violence verbale ou autrement dit « le vandalisme verbal », « l’arme des mots », « le combat des mots » ou bien « la balistique linguistique » représente un aspect sociolinguistique indissociable du rap français qui est l’objet de l’intérêt de diverses recherches.70 La violence verbale est-elle une démarche culturelle, artistique ou stylistique ? Nous pouvons chercher l’origine de la violence verbale directement dans l’origine de la culture hip hop elle-même. Comme nous avons déjà mentionné, la culture hip hop a pris naissance dans les rues, plus précisément, elle est née comme l’opposition de la violence de gangs des rues. Le rap se profile comme un mouvement positif et non- violent et c’est pourquoi il transforme la violence physique en violence verbale (une des formes sont soi-disants dozens, c’est-à-dire rituels d’insultes, pratiqués dans le rap américain), qui aujourd’hui reste un trait caractérisant le milieu social. Mais qu’est-ce que la violence verbale reflète ? Reflète-t-elle seulement son origine de rue ou aussi son interprète : un artiste, un banlieusard ou un jeune ? Un artiste-rappeur l’utilise comme un moyen de stylisation qui est inséparable du rap. Un banlieusard-rappeur utilise la violence verbale non seulement comme le moyen de stylisation, mais aussi comme un moyen reflétant le côté social et linguistique du groupe dont il est le messager. Dit plus précisément, le langage des gens de banlieue diffère du langage des gens de quartier aisé, de même que la réalité quotidienne n’est pas la même. La violence verbale est un « [...] combat des mots comme il existe des combats de rue »71. Un jeune-rappeur utilise la violence verbale pour les mêmes raisons que l’artiste-rappeur ou le banlieusard-rappeur, mais la jeunesse, joue aussi son rôle

70 Première étude concernant la violence verbale dans le rap était publiée en année 1985 (Bachman & Basier), « Junior s’entraîne très fort : ou le smurf comme mobilisation symbolique », in Langage et sociétés, nº34, 1985, p. 57-68. 71 Milon, Alain : « Pourquoi le rappeur chante? Le rap comme expression de la relégation urbaine », in Cités, nº19, 2004/3, PUF, Paris, [en ligne : www.hal.archives-ouvertes.fr]. 34 important. « Si le rap est violent c’est parce que c’est une musique de jeunes, liée à la transgression constitutive de cet âge de la vie »72. La violence verbale est en tout cas une partie inséparable d’un langage assez spécifique des rappeurs. L’utilisation des mots incongrus, c’est-à-dire des gros mots, des insultes, des injures et des vulgarismes, n’est qu’une des transgressions des règles de langue, qui sont typiques pour les rappeurs (aussi par exemple le non-respect de la syntaxe ou de la ponctuation). Mais il faut souligner que ces transgressions ne sont pas provoquées par le manque de connaissances concernant la langue, au contraire, il s’agit d’une intention. Il est nécessaire de se rendre compte que « le rappeur est d’abord celui qui est relégué dans l’usage standard de la langue [...] »73 et surtout que le langage des rappeurs est un langage codé qui perd parfois sa face vulgaire et provocante après le décodage (par exemple l’expression « nique ta mère » ne représente pas une provocation vulgaire, mais il s’agit d’une insulte rituelle, de même que le verbe anglais to kill ne veut pas dire « tuer »)74. Nous pouvons nous poser la question : pourquoi le rappeur utilise-t-il la violence verbale dans ses paroles ? Le but est de choquer, de frapper sur les oreilles de l’auditeur de telle façon que celui-ci s’arrête pour réfléchir de quoi le rappeur parle au fait et quelles sont raisons pour un langage aussi violent, parce que la violence verbale ne concerne pas tous les thèmes des chansons de rap. Les thèmes concernés sont surtout la violence physique, le racisme, le sexisme et, non en dernier lieu, l’attitude par rapport aux représentants de diverses institutions, plus précisément les policiers, les instituteurs et les politiciens. Mais la violence verbale ne représente pas une violence réelle (au moins pour la plupart des chansons de rap), « [...] l’objectif est d’émouvoir l’auditeur, elle renvoie à des techniques travaillées en vue de produire cette émotion »75. Les rappeurs veulent ouvrir les yeux aux auditeurs, parce qu’ils parlent des choses sérieuses et parce qu’ils lancent une critique de société. Ils sont fâchés et ils sont en colère, ce qui peut aussi provoquer leur violence verbale, mais surtout, leur langage doit être

72 Pecqueux, Anthony, « „J’te chante un rap!“. Entre rap et chanson française, vers une continuité des (âges d’)écoutes » in Vous avez dit “ Âges de la vie ” ? Actes des journées d’études des 24 et 25 novembre 2004, Champlitte, 2005, [en ligne : www.hal.archives-ouvertes.fr]. 73 Milon, Alain : « Pourquoi le rappeur chante? Le rap comme expression de la relégation urbaine », in Cités, nº19, 2004/3, PUF, Paris, [en ligne : www.hal.archives-ouvertes.fr]. 74 Exemples tirés de Anthony Pecqueux (Pecqueux, Anthony, « La violence du rap comme katharsis: vers une interprétation politique », in Copyright volume ! Autour des musiques populaires, nº3, 2004, p. 55-70, [en ligne : www.hal.archives-ouvertes.fr]. 75 Hammou, Karim, « La vérité au risque de la violence (Remarques sur la stylisation du rap en français) », in La violence verbale, tome 1 – Espace politique et médiatique, L’Harmattan, Paris, 2008. 35 authentique et doit refléter leur position sociale. C’est la question de l’authenticité, intensifiée par la présence des intros et outros qui retiennent les rappeurs dans les situations de la vie quotidienne, qui aussi éclarcit la raison de l’utilisation des mots incongrus. Si un rappeur parlait d’un langage soutenu et affiné, pourrait-il être pris au sérieux ? Ou donnerait-il plutôt une impression d’une parodie de lui-même ? Pour conclure, la violence verbale dans les chansons de rap est une démarche culturelle, artistique et stylistique. Elle reflète non seulement le fond de la culture hip hop, mais aussi le côté social et linguistique des rappeurs, pour servir comme un outil artistique exprimant l’authenticité des rappeurs et l’urgence de leurs messages.

36

III. Linguistique de corpus

Dans ce chapitre, nous allons présenter une discipline de la linguistique appliquée qui est en train de se développer constamment et qui, en même temps, représente le fond de notre récherche. Nous allons prêter l’attention à différents types de corpus, en présentant un bref aperçu de divers corpus de langue française ainsi que nous allons présenter le corpus RapCor dont le corpus de notre mémoire fait partie.

III.1 Qu’est-ce qu’une linguistique de corpus ? Le 20ème siècle était le siècle qui a subi une grande révolution technique, le siècle pour lequel sont caractéristiques les surnoms comme par exemple le siècle des technologies modernes ou bien le siècle des informations. Et c’est justement grâce aux technologies modernes que les informations peuvent circuler. L’évolution technique accélère et la technique entre dans toutes les sphères de la société et de la vie humaine, y comprise la linguistique. La linguistique de corpus est une discipline de la linguistique appliquée, qui naît dans les années 1950 et qui est toujours en train de se développer et d’acquérir de plus en plus l’intérêt des linguistes. Son origine est étroitement liée à l’invention de l’ordinateur et son développement à l’évolution des technologies informatiques. Ce sont surtout les deux dernières décennies du 20ème siècle et la première décennie du 21ème siècle qui se présentent comme son époque d’or. Mais quel est en fait l’objet de la linguistique de corpus ? Elle utilise une grande base de données, un soi-disant corpus, qui est traitée informatiquement, pour en déduire les règles générales de langue. C’est-à-dire que son objet ne se diffère pas foncièrement de l’objet de la linguistique générale. La différence consiste en nombre de données, parce que les ordinateurs avec leurs mémoires presque illimitées rendent possible d’examiner une grande quantité d’informations, ce qu’avant n’était pas imaginable. La linguistique de corpus représente l’avenir de la linguistique, parce que « […] celá minulost lingvistiky a kvalita jejích soudů se jeví dnes jako problematická a zastaralá; nikdy totiž neměla dat dostatek ».76

76 Nous traduisons de Čermák, František : Korpus, informace a lingvistika [Corpus, information et linguistique], (à paraître), p. 1 [en ligne : www.ucnk.ff.cuni.cz], « […] tout le passé de la linguistique et la qualité de ses jugements se montrent aujourd’hui comme problématiques et vieillies, en effet, elle n’avait jamais assez de données ». 37

III.2 Définition du corpus Le mot corpus est issu du mot latin corpus, -oris qui signifie « corps, chair », « corps, objet », « bosse » ou « petite bosse »77. En français, le mot corpus comporte plusieurs significations. Dans la didactique il désigne : « Ensemble des textes, de documents fournis par une tradition ou rassemblés pour une étude, en particulier pour une étude linguistique »78. Dans la langue de droit il désigne : « Recueil de pièces, de documents concernant une même discipline »79 et dans la linguistique il désigne : « Ensemble fini d'énoncés réels réuni en vue de l'étude d'un phénomène linguistique »80. Le sens du mot corpus s’est changé ou plutôt modifié dans la linguistique même, en rapport avec le changement de la réalité extra-linguistique. Au début des années 1960, le corpus linguistique était l’ensemble de textes créé par un dépouillement manuel, tandis que depuis les années 1980 la linguistique comprend sous le terme de corpus linguistique un ensemble de textes traités informatiquement. Comme nous avons déjà mentionné, l’ordinateur et le traitement informatique avaient une grande influence sur le développement de la linguistique de corpus. Les plus grands avantages sont non seulement le grand nombre de textes traités, mais aussi la vitesse du travail et l’élimination des fautes causées par gens. Pour conclure, la définition du corpus est la suivante : « Dnes se jím obvykle míní velmi rozsáhlý, strukturovaný soubor textů různého druhu (obvykle i s vnesenou anotací), obhospodařovaný počítačem »81. Il faut aussi mentionner que le corpus n’est pas destiné seulement à la linguistique, parce que le corpus est une grande base d’informations. « Slouží jako zdroj materiálu nejen lingvistům, ale i širokému spektru zájemců z jiných oborů k mnohostrannému poznání jazyka, zákonitostí lidského myšlení a kultury »82.

77 Source : [en ligne : www.latinsky-slovnik.latinsky.cz]. 78 Le Petit Larousse 2010. Dictionnaire multimédia. Version CD-ROM. 79 Le Nouveau Petit Robert de la langue française 2009. Dictionnaire aplhabétique et analogique de la langue française. Version CD-ROM. 80 Ibid. 81 Nous traduisons de Čermák, František : Korpus, informace a lingvistika [Corpus, information et linguistique], (à paraître), p. 2 [en ligne : www.ucnk.ff.cuni.cz], « Aujourd’hui on le comprend comme un ensemble structuré de textes de divers genres (d’ordinaire aussi avec une annotation insérée) qui est ordinairement très étendu et exploité par ordinateur ». 82 Nous traduisons de Šulc, Michal : Korpusová lingvistika – První vstup [Linguistique de corpus – premier accès], Karolinium, Praha, 1999, p. 11, « Il sert en tant que source du matériel non seulement aux linguistes, mais aussi aux personnes intéressées d’autres disciplines, pour faire une connaissance multiple de la langue, des règles de la pensée humaine et de la culture. ». 38

III.3 Dès le début jusqu’à nos jours – quelques données historiques Les débuts de la linguistique de corpus sont liés aux pays anglophones qui restent toujours son centre fondamental de la recherche. Le premier corpus électronique était le Brown Corpus (BC), plus précisément Brown University Standard Corpus of Present-Day Edited American English, élaboré par Henry Kučera et Nelson Francis en année 1961. Son but était de contenir un million de mots, provenant des textes écrits et publiés aux États-Unies en année 1961. En ce qui concerne les pays anglophones, d’autres corpus que nous voulons mentionner à cause de leur importance par rapport à cette discipline sont London-Lund Corpus (LLC) - un corpus de l’anglais parlé, Helsinki Corpus of English Texts : Diachronic Part - un corpus diachronique, American Heritage Intermediate (AHI) Corpus – un corpus spécialisé qui est formé par des citations et Corpus of London Teenager Language (COLT) – un corpus du parler des jeunes. Dans les années 1990 apparaissent les soi-disants « méga-corpus » qui contiennent des millions d’occurrences. Nommons par exemple COBUILD Corpus qui compte vingt millions d’occurrences ou bien British National Corpus qui compte cent millions d’occurrences. Le français est aussi une langue importante des corpus linguistiques. Certains corpus français sont élaborés en France, certains même dans les pays anglophones. En guise d’exemples, nous avons élaboré un aperçu des corpus français les plus importants (pour les informations plus détaillées concernant les corpus nommés voir Annexe 1 de notre mémoire).

Tableau nº3 : Corpus français

NOM DU CORPUS ACCÈS AU CORPUS

ARTFL (American and French Research on the http://humanities.uschicago.edu/forms/ARTFL.form.html Treasury of the French Language)

FRANTEXT http://www.atilf.fr/frantext.htm

ABU (Association des Bibliophiles Universels) http://abu.cnam.fr/

ATHENA http://un2sg4.unige.ch/athena/html/athome.html

BFM (Base de Français Médieval) http://www.bfm.ens-lsh.fr http://www.classiques-garnier.com/numerique/index.php? Classiques Garnier option=comcontent&view=article&id=95&Itemid=30

CORFRANS (Corpus de référence annoté pour la http://www.rali.iro.umonrtreal.ca/corfrans/ syntaxe en français)

Corpus journalistique de l’Est Républicain http://www.cnrtl.fr/corpus/estrepublicain/

39

TALANA http://www.talana.linguist.jussieu.fr/Presentation/corpus.html

Tableau nº4 : Corpus parallèles et multilingues (comprenant la langue française)

NOM DU CORPUS ACCÈS AU CORPUS

ATALA http://www.atala.org/

CONTRAGRAM (Contrastive Grammar Research http://bank.rug.ac.be/contragram Group)

CRATER Corpus http://www.comp.lancs.ac.uk/linguistics/crater/corpus.html

Corpus oral de référence intégrés pour les http://sites.univ-provence.fr/delic/corpus/index.html langues romanes (C-ORAL-ROM)

. Hansard http://www.ldc.upenn.edu/Catalog/CatalogEntry.jsp?catalogId =LDC9 5T20

. INTERCORP http://www.korpus.cz/intercorp/

LINGUA http://www.itcst.demon.co.uk/Lingua/project/index.html

MULTEXT (Multilingual Tools and Corpora) http://www.lpl.univ-aix.fr/projects/multext/

. Corpus OPUS http://urd.let.rug.nl/tiedeman/OPUS/

. PAROLE (PARallèle, Oral, en Langue Étrangère) http://www.elda.org/catalogue/fr/text/doc/parole.html

Nous avons présenté neuf corpus de langue française et dix corpus parallèles et multilingues qui comprennent la langue française. Mais comme nous avons déjà mentionné, il s’agit seulement d’un aperçu des corpus les plus importants (p.ex. Frantext) et les plus grands (p.ex. Classiques Garnier, ARTFL). La présentation de tous les corpus de langue française, y compris les corpus parallèles et multilingues, représente une problématique digne d’une étude indépendante.

III.4 Divers types de corpus Les corpus linguistiques peuvent être repartis selon divers critères, soit quantitatifs soit qualitatifs. Nous adoptons la division de Michal Šulc83 qui se concentre sur les critères se reliant étroitement à la langue. Il divise les corpus d’après les critères suivants : 1. Le nombre de langues a) corpus unilingue – un corpus formé par des textes d’une seule langue

83 Šulc, Michal : Korpusová lingvistika - První vstup [Linguistique de corpus – premier accès], Karolinium, Praha, 1999, p. 12-13. 40

b) corpus parallèle – un corpus formé par des textes réciproquemment correspondants (généralement il s’agit de l’original et de sa traduction), provenant de deux ou plusieurs langues 2. Le temps a) corpus diachronique – un corpus qui est formé par des textes qui reflètent la langue dans une période plus longue b) corpus synchronique – un corpus qui est formé par des textes provenant d’une période si courte que les transformations de l’évolution de la langue ne jouent aucun rôle 3. Le contenu et le but de la recherche a) corpus général / fondamental – un corpus qui n’est pas établi pour une recherche spécifique, dans lequel ni le niveau de la langue ni le style ne jouent aucun rôle et qui s’efforce d’être bien équilibré (c’est-à-dire de contenir divers genres, la langue parlée et écrite, divers niveaux du caractère formel) b) corpus spécialisé – un corpus qui est établi pour une recherche spécifique (les variantes régionales de la langue, la langue non-standard, le développement de la langue chez les enfants) 4. La communication quotidienne commune a) corpus de langue parlée b) corpus de langue écrite 5. La façon dont le corpus représente la langue a) corpus formé par toute l’entité / par des textes entiers – un corpus qui est formé par l’ensemble d’oeuvres d’un auteur b) corpus formé par des extraits – un corpus qui ordinairement traite la langue d’une manière générale, dont les extraits doivent être bien choisis du point de vue qualitatif, de même que du point de vue quantitatif 6. Les informations complémentaires ajoutées par linguistes a) tagging – le marquage des classes de mots et parfois même des catégories morphologiques b) parsing – le marquage syntaxique c) alignement – le procédé utilisé auprès des corpus parallèles, où l’unité de texte (le plus souvent la phrase) provenant d’une langue et coordonnée avec une unité correspondante provenant d’une autre langue

41

7. Le caractère fermé ou ouvert a) corpus fermé – un corpus limité par son financement et par le temps de sa création (il est créé pendant un temps restreint) b) corpus ouvert / dynamique / suivi – un corpus illimité par son financement, qui est créé pendant des années (parfois même pendant des dizaines d’années)

III.5 Corpus de rap le RapCor Le RapCor est un corpus de paroles des chansons de rap français, qui est créé depuis 2009 à l’Institut des Langues et Littératures romanes de la Faculté des Lettres de l’Université Masaryk à Brno, sous l’égide de Alena Podhorná-Polická. Pour l’instant, le projet de la création du corpus compte dix-huit collaborateurs qui sont, pour la plupart, des étudiants de l’Institut des Langues et Littératures romanes. Le projet collabore avec Anne-Caroline Fiévet de l’Université Paris 5 – René Descartes. Le but de ce projet est de créer un corpus qui « [...] permettra d’observer la circulation du lexique connoté générationnellement, les tombées en désuétude ou, au contraire, les lexicalisations des néologismes et d’autres phénomènes socio- lexicaux »84. À la différence de la plupart des corpus, qui se concentrent surtout sur la langue littéraire ou sur le langage journalistique, c’est-à-dire sur le français standard, le corpus RapCor permet s’approcher plus vers le langage parlé, sur l’argot des jeunes, qui est pleine de néologismes, d’emprunts et de mots verlanisés. On pourrait soulever une objection que le rap n’est pas un langage spontanément parlé à cause de la stylisation rythmique des rappeurs et à cause de leur volonté d’attirer l’attention de l’auditeur, de le choquer ou de l’impressionner. Or, que le rap n’est plus une affaire de la rue, ayant une étendue limitée, mais qu’il devient de plus en plus médiatisé et populaire et en tant que tel il influence le langage de ceux qui l’écoutent. Le corpus RapCor se compose de deux parties. La première et la principale est formée par des paroles des chansons tirées des pochettes d’albums et compte pour le moment plus de trois cents chansons couvrant une période d’une vingtaine d’années, plus précisément entre l’année 1990 et l’année 2009.

84 Fiévet, Anne-Caroline, Podhorná-Polická, Alena : « De la subjectivité dans la recherche des marques identitaires pour les jeunes », in Actes de l’école post-doctorale de Brno, 26-28 septembre 2009 ; Echo des études romanes, České Budějovice (à paraître). 42

Graphe nº2 : Fréquence des chansons du corpus RapCor85

Fréquence des chansons du corpus RapCor 60

50

40

30

20

10

0

En ce qui concerne l’équilibre du corpus RapCor, nous pouvons constater que pour le moment le corpus n’est pas bien équilibré, ce qui se montre surtout sur la fréquence des chansons des années 1993 et 1994 qui est nulle, puis sur la fréquence des chansons des années 1992, 2000 et 2009 qui est presque nulle et aussi sur la fréquence de l’année 2006 qui est, au contraire, plus de trois fois plus élevée que la fréquence moyenne, qui représente 17,4 chansons par année. La deuxième partie, un subcorpus, est formée par des paroles tirées de divers sites d’internet et compte, pour le moment, plus de mille chansons. Toutes les paroles, c’est-à-dire les paroles de corpus, de même que les paroles de subcorpus, sont tout d’abord récopiées, corrigées et complétées d’après les réécoutes (surtout pour les parties intro et outro qui manquent souvent dans les paroles), puis lemmatisées (à l’aide du logiciel TreeTagger) et finalement annotées de tags.86 Le corpus RapCor est d’après les critères de Michal Šulc un corpus unilingue, synchronique, spécialisé, un corpus de langue parlée87, formé par des extraits88 et contenant des tags. La seule question que nous ne sommes pas capable de répondre est

85 Le graphe est créé grâce aux informations tirées de googledocs, [en ligne : http://spreadsheets.google.com/ccc?key=0AvI5IYi1-nudHViVHlkMHAzSnNfZmxHQnRmRXd1SUE&h l=en], [page consultée le 24 février 2010]. 86 Une description plus détaillée de la construction de corpus se trouve dans le chapitre IV. de notre mémoire, intitulé Méthodologie du travail. 87 Nous considérons le RapCor comme un corpus parlé, même si le corpus est formé par des paroles de chansons de rap, parce que l’intention d’un rappeur n’est pas d’écrire un texte, mais de chanter et c’est pourquoi les paroles de chansons ne représentent qu’un enregistrement écrit de la langue parlée. 88 Même si les paroles entières sont enregistrées dans le corpus, le corpus ne comprend pas (au moins pour le moment) la totalité de paroles des chansons de rap français. 43 celle du caractère du corpus, parce que, pour l’instant, nous ne pouvons pas savoir si le RapCor deviendra un corpus fermé ou bien ouvert et dynamique. Le RapCor est un corpus assez spécifique qui se trouve à la limite du français parlé et français écrit, de même que du français standard et français non standard. En ce qui concerne la distinction du français parlé et écrit, nous avons déjà mentionné que nous considérons le RapCor comme un corpus parlé, à cause de l’intention des rappeurs de chanter et pas d’écrire. C’est aussi pourquoi la parole chantée est préférée à la parole écrite dans la construction de corpus. Mais il faut mentionner que la langue parlée apporte plusieurs inconvénients. Les rappeurs utilisent les mots composés et dérivés, souvent sous forme de néologisme, de même que les emprunts aux diverses langues, ce qui peut provoquer des problèmes avec l’identification des mots prononcés. D’un autre point de vue le RapCor est situé à la limite du français standard et français non standard, reflétant d’une part le langage poétique des rappeurs, c’est-à-dire les stylisations thématiques et rythmiques, d’autre part il reflète l’argot des jeunes et tous les attributs qui y appartiennent (p.ex. la verlanisation).

Corpus des chansons de rap de notre mémoire Dans notre mémoire nous travaillons avec un subcorpus du corpus RapCor. Notre subcorpus est formé par une centaine de paroles des chansons de rap89, dont certaines font partie de la partie principale du RapCor, c’est-à-dire qu’il s’agit des paroles tirées des pochettes, d’autres paroles font partie du subcorpus de RapCor, c’est- à-dire qu’ils sont tirés de divers sites d’internet. Graphe nº3 : Sources des paroles des chansons de rap

Paroles des chansons En ce qui concerne les sources des de rap paroles (voir graphe nº3), nous pouvons constater que notre corpus des chansons de rap est formé de 30% par des paroles version pochette des chansons tirées des pochettes version d’albums et de 70% par des paroles des internet chansons tirées de sites d’internet.

89 Le choix des chansons de rap pour notre subcorpus est décrit dans le chapitre IV. de notre mémoire, intitulé Méthodologie du travail. 44

Notre corpus couvre la période de dix ans, divisée en deux parties, dont la première est formée par les années 1990-1994 et la deuxième par les années 2005-2009. Il est bien équilibré du point de vue de la fréquence des chansons de corpus, laquelle est identique pour toutes les années, plus précisément elle représente dix chansons pour chaque année. Notre but était de créer un corpus synchronique de paroles des chansons de rap, pour effectuer une recherche concernant les vulgarismes dans le rap français. Néanmoins, il faut préciser que les deux périodes étaient choisies en fonction de l’éloignement réciproque temporel le plus grand possible. Nous pouvons parler d’une « diachronie relative » en ajoutant qu’au cas du rap français, il n’est pas encore possible d’effectuer une recherche diachronique véritable à cause de la jeunesse de ce genre musical.

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IV. Méthodologie du travail

Dans ce chapitre, nous allons présenter la méthodologie de notre travail, divisée en deux parties. Dans la première partie, nous allons présenter la construction de corpus de chansons de rap de notre mémoire, plus précisément le choix des chansons employées et leur traitement informatique. Dans la seconde partie, nous allons présenter le procédé de recherche sur le corpus.

IV.1 Corpus de chansons de rap Pour notre travail, nous avons besoin d’une centaine de chansons de rap français. Nous voulons que notre corpus soit bien équilibré, c’est pourquoi il se compose de deux moitiés, dont chacune compte une cinquantaine de chansons. La première moitié sont des chansons publiées entre les années 1990 et 1994, y comprises, et la deuxième moitié sont des chansons publiées entre les années 2005 et 2009, y comprises.

IV.1.1 Choix des chansons de rap pour le corpus Tout d’abord, nous avons étudié la liste des chansons de rap du corpus RapCor90, élaboré par des étudiants de l’Institut des Langues et Littératures romanes de la Faculté des lettres de l’Université Masaryk. Nous en avons sélectionné les albums des années 2005-2009 pour notre corpus. Nous avons obtenu la liste de huit albums (Ali – Chaos & Harmonie ; Disiz – Les Histoires Extra-Ordinaires D’Un Jeune de Banlieu ; Akhenaton – Soldats de fortune ; Diam’s – Dans ma bulle ; Sinik – Sang froid ; – Trait pour trait ; Beni Snassen – Spleen Et Idéal ; Sefyu – Suis-je le gardien de mon frère ?). Ensuite nous avons établi la liste des artistes du rap français par le moyen de sites d’internet www.rap2k.com91 et sa rubrique Artistes : TOP des TOPS, et www.rap2france.com92 et sa rubrique Discographie complète du rap français. Nous avons effectué une recherche sur la création des artistes (par le moyen de sites d’internet www.wikipedia.org93 et www.amazon.fr94) et nous avons constitué la liste des artistes et des albums pour les années 1990-1994. Malheureusement certains artistes apparaissent

90 Informations tirées de googledocs, [en ligne : http://spreadsheets.google.com/ccc?key=0AvI5IYi1-nu- dHViVHlk MHAzSnNfZmxHQnRmRXd1SUE&hl=en], [page consultée le 19 octobre 2009]. 91 [page consultée le 19 octobre 2009 et le 20 octobre 2009]. 92 [page consultée le 20 octobre 2009]. 93 [page consultée le 21 octobre 2009, le 22 octobre 2009 et le 23 octobre 2009]. 94 [page consultée le 21 octobre 2009, le 22 octobre 2009 et le 23 octobre 2009]. 46 plusieurs fois sur la liste en raison du nombre restreint d’albums de rap publiés pendant les années 1990-1994. Puis nous avons éliminé les artistes qui sont présents sur la liste des années 1990-1994, pour qu’ils ne figurent pas sur la liste des artistes des années 2005-2009 dans le but d’atteindre la diversité des interprètes la plus grande possible. Finalement nous avons effectué une recherche sur la création des artistes de la liste des années 2005-2009, de nouveau par le moyen de sites d’internet www.wikipedia.org95 et www.amazon.fr96, et nous avons choisi un album pour chaque artiste. En ce qui concerne le choix des chansons, nous avons choisi deux chansons de chaque album, la deuxième et la septième, pour que le choix des chansons reste objectif. Au cas où la deuxième ou la septième chanson n’étaient pas utilisables pour notre corpus (il s’agissait d’une version instrumentale, d’un remix, etc.) ou au cas où nous avons eu besoin de plusieurs chansons (le cas du nombre restreint d’albums des années 1990-1994), nous avons utilisé la première ou la cinquième. Quant au maxi, à cause de sa volume limitée, nous avons utilisé la première et la deuxième chanson. La liste des chansons des années1990-1994, de même que la liste des chansons des années 2005-2009, comprend dix chansons pour chaque année, pour que notre corpus soit bien équilibré.

Tableau nº5 : Chansons de rap pour les années 1990-1994

Artiste Album Chanson Année

A.L.A.R.M.E. Rapattitude Paris Black Night 1990 Assassin Rapattitude La Formule Secrète 1990 EJM Rapattitude Élément Dangereux 1990 New Génération MC Rapattitude Toutes les Mêmes 1990 Saï Saï Rapattitude Rouleurs A L'Heure 1990 Saliha Rapattitude Enfants Du Ghetto 1990 Sodi-Daddy Yod Rapattitude Rock en Zonzon 1990 Suprême NTM Rapattitude Je Rap 1990 Tonton David Rapattitude Peuples du monde 1990 IAM Concept IAM 1990

Assassin Note mon nom sur ta liste Note mon nom sur ta liste 1991 Esclave de votre société 1991 IAM …de la planète Mars Planète Mars 1991

95 [page consultée le 23 octobre 2009 et le 24 octobre 2009]. 96 [page consultée le 23 octobre 2009 et le 24 octobre 2009]. 47

Attentat 1991 Le nouveau président 1991 MC Solaar Qui sème le vent récolte le tempo Qui sème le vent récolte le tempo 1991 Quartier nord 1991 L'histoire de l'art 1991 Suprême NTM Authentik Authentik 1991 Freestyle 1991

Assassin Le Futur que nous réserve-t′il ? (vol.1) La formule secrete 2 : le retour 1992 L´éducation à travers les médias 1992 Assassin Le Futur que nous réserve-t′il ? (vol.2) Kique ta merde 1992 Peur D'Une Race 1992 Daddy Nuttea Rapattitude 2 1992, L'année des jeunes en bizness 1992 MCM 90 Rapattitude 2 MCM Syndrome 1992 Côté obscur Rapattitude 2 Le Côté obscur de la planète 1992 MC Janik Rapattitude 2 Natty Princess 1992 Ministère A.M.E.R. Pourquoi tant de haine ? Brigitte femme de flic 1992 Damnés 1992

Assassin Non à cette éducation A Qui l´Histoire (Le Systeme Scolaire) 1993 L'histoire suit son cours 1993 IAM Ombre est lumière Cosmos 1993 Contrat de conscience 1993 J’aurai pu croire 1993 Le soldat 1993 Suprême NTM 1993... J'appuie sur la gâchette Pour un nouveau massacre 1993 Plus rien ne va 1993 Sur 24 pistes 1993 Police 1993

Fabe Befa surprend ses frères Qui vivra, verra 1994 Ça fait partie de mon passé 1994 Lentement mais sûrement 1994 MC Solaar Prose combat Obsolète 1994 Dévotion 1994 Superstarr 1994 Concubine de l'Hémoglobine 1994 Ministère A.M.E.R. 95200 Plus vite que les balles 1994 J'ai fait un rêve 1994 Les Rates aiment les lascars 1994

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Tableau nº6 : Chansons de rap pour les années 2005-2009

Artiste Album Chanson Année

Ali Chaos & Harmonie Génération Scarface 2005 La Vérité Reste La Vérité 2005 Disiz Les Histoires Extra-Ordinaires D'Un Jeune De Une Histoire Extraordinaire 2005 Banlieue Melissa 2005 Ma Vérité Les Miens 2005 Jusqu′Au Bout 2005 Medine Jihad : Le Plus grand combat est contre Médine 2005 soi-même Combat de femme 2005 Rohff Au delà de mes limites Le Cauchemar du rap français 2005 Génération Mac Gyver: La Débrouille 2005

Akhenaton Soldats de fortune Alamo 2006 L′Ecole de samba 2006 Ouest side Garde la pêche 2006 92Izi 2006 Diam′s Dans ma bulle La Boulette 2006 Marine 2006 Sinik Sang froid Autodestruction 2006 Ne dis jamais 2006 Sniper Trait pour trait Dans mon monde 2006 Donne tout 2006

Alibi Montana Inspiration Guerrière Inspiration GuerrièRe 2007 Street fight 2007 L′Algerino Mentalité pirate Fleur fanée 2007 Petit bateau 2007 Aller-Retour Qui Peut Me Stopper ? 2007 C’est Pas La Peine 2007 Patate de Forain Les Fils de Jacques Mess. 2007 On nique tout là 2007 Soprano Puisqu′il faut vivre Le Divan 2007 Moi J′ai Pas 2007

Beni Snassen Spleen Et Idéal O combien 2008 Mauvaises Graines 2008 Keny Arkana Désobéissance Réveillez-vous 2008 Terre Mère n′est pas à vendre 2008 Nessbeal Rois sans couronne Le loup dans la bergerie 2008 Légende d′hiver 2008 Psy4 de la Rime Les Cités d'Or Les Cités d'Or 2008 Un choix 2008 Sefyu Suis-je le gardien de mon frère ? Suis-je le gardien de mon frère ? 2008 3ème Guerre 2008

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Alpha 5.20 4025 Original gangster 2009 Crête jaune 2009 Kamelancien Le 2ème Frisson de la Vérité La joie de survivre 2009 Le Cri De Ma Communauté 2009 Perdu D′Avance Changement 2009 Perdu D′Avance 2009 Oxmo Puccino L′Arme de Paix Tirer des traits 2009 L'arme de paix 2009 Rockin′Squat Confessions D′Un Enfant Du Siècle vol.II Mr Cassel 2009 La Lute du siècle 2009

IV.1.2 Construction de corpus Pour notre corpus, nous avons utilisé des paroles des chansons de rap tirées des sites d’internet suivants (en ordre alphabétique): www.13or-du-hiphop.fr, www.onemic.net, www.greatsong.net, www.parolesmania.com, www.lavi2rue.com, www.rap1pulsif.com, www.lyricsera.com, www.rap2france.com, www.lyricstime.com, www.rap2k.com. Nous avons réussi à obtenir presque toutes les paroles des chansons. Pour le reste, premièrement nous avons échangé les chansons de notre liste, dont les paroles nous n’avons pas trouvé, pour les chansons, dont les paroles nous avons trouvé. C’était le cas d’Alpha 5.20 par exemple. Nous n’avons pas réussi à trouver les paroles des chansons Ennemi à terre et Repenti, mais nous avons trouvé les paroles des chansons Original gangster et Crête jaune, qui proviennent de même album. Deuxièmement nous avons cherché des pochettes d’albums, pour lesquels nous n’avons pas trouvé aucunes paroles des chansons. Mais nous n’avons pas réussi à obtenir toutes les pochettes nécessaires. C’est pourquoi nous avons dû complètement éliminer certains albums. C’était par exemple le cas de Timide & Sans Complexe – Le Feu dans le ghetto, Daddy Nuttea – Paris Kingston Paris ou Suprême NTM – Le Monde de demain. Après ces modifications nous avons obtenu la liste des chansons finale. Ensuite nous avons corrigé les paroles des chansons d’après les réécoutes. Nous avons utilisé diverses couleurs pour marquer les divergences. La couleur jaune des caractères marque une faute grammaticale, la couleur rouge marque les mots qui étaient absents dans les paroles, la couleur violette marque des mots incompréhensibles et la couleur bleue marque les mots qui sont présents dans les paroles de la pochette, mais ne

50 sont pas chantés. Les passages totalement incompréhensibles sont marqués par le signe « XXX ». Le But de ces corrections était de constituer un texte qui correnspond le plus possible au son de la chanson.

Image nº1 : Correction des paroles

Finalement nous avons lemmatisé les paroles des chansons à l’aide du logiciel de segmentation TreeTagger, qui « ...est un instrument pour marquer les parties-du- discours et les lemmes »97. Nous avons effectué le contrôle et nous avons complété ou corrigé certaines expressions, surtout sub-standards, que le programme ne connaît pas. Après la lemmatisation des paroles, nous avons annoté certaines expressions de tags, que nous avons établi. Ce sont les suivants (on ordre alphabétique) : AC – pour marquer un mot d’alternance codique, ANGL – pour marquer un anglicisme, APHE – pour marquer une aphérèse, APO – pour marquer une apocope, ARAB – pour marquer un emprunt à l’arabe, ARG – pour marquer un mot d’argot, CREO – pour marquer un mot

97 Nous traduisons de « The TreeTagger is a tool for annotating text with part-of-speech and lemma information. », source : [en ligne : www.ims.uni-stuttgart.de/projekte/corplex/TreeTagger/], [page consultée le 16 janvier 2010]. 51 créole, EMP IC – pour marquer un emprunt inconnu, EPEL – pour marquer un mot épelé, ESP – pour marquer un emprunt à l’espagnol, ITAL – pour marquer un emprunt à l’italien, LAT – pour marquer un emprunt au latin, SIGL – pour marquer une siglaison, VERL – pour marquer un mot verlanisé et VULG – pour marquer un vulgarisme.

Image nº2 : Lemmatisation des paroles

La lemmatisation et l’annotation des paroles sont nécessaires pour que les paroles des chansons puissent être traitées automatiquement et insérées dans le programme informatique Bonito. Bonito est un dirigeant de corpus qui permet d’effectuer une recherche en facilitant se concentrer sur les expressions choisies sans passer les textes entiers. Le mot recherché est montré dans toutes ses occurrences présentes dans le corpus, il est désigné par la couleur rouge et, de plus, nous pouvons consulter le contexte, dans lequel le mot est employé (voir image nº3).

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Image nº3 : Recherche dans Bonito (exemple du mot merde)

IV.2 Recherche sur le corpus IV.2.1 Identification des vulgarismes Après la correction et le traitement des paroles des chansons de rap, nous avons abordé l’essentiel de notre travail, c’est-à-dire les vulgarismes. Tour d’abord nous avons dû identifier les vulgarimes dans les paroles des chansons. Pour cette raison, nous avons établi des critères de choix. Ce sont les suivantes : le vulgarisme est a) un mot incongru et indécent du point de vue de la société, b) un mot exprimant les émotions du locuteur, c) un mot dont la signification est le plus souvent négative, mais elle peut être aussi neutre (la surprise) ou positive (la joie) d) un mot utilisé souvent comme insulte Ensuite nous avons identifié les vulgarismes dans les paroles des chansons et nous avons établi la liste des vulgarismes pour les années 1990-1994 et la liste des vulgarismes pour les années 2005-2009. Nous avons marqué non seulement les divers vulgarismes, mais aussi leurs fréquences en distinquant les fréquences dans les couplets

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(les parties intros et outros y comprises) et dans les refrains. Au cas où nous n’avons pas été sûre s’il s’agit d’un vulgarisme ou non, nous avons consulté les dictionnaires, plus précisément le Petit Robert, le Petit Larousse, Comment tu tchatches ! et le Dictionnaire de la zone . Après l’identification des vulgarismes, nous les avons annotés par le tag VULG pour notre corpus. Il faut aussi mentionner les cas où nous avons identifié un mot comme le vulgarisme, même si d’après les dictionnaires mentionnés ci-dessous ce mot n’est pas un vulgarisme. Nous en allons parler plus dans le chapitre V. de notre mémoire, intitulé Représentations lexicographiques des vulgarismes de corpus.

IV.2.2 Établissement des hypothèses Pour notre recherche, nous avons établi les hypothèses suivantes : 1. Les rappeurs des années 2005-2009 sont plus vulgaires, du point de vue de la fréquence absolue des vulgarismes et aussi du point de vue de leur variabilité lexicale, que les rappeurs des années 1990-1994. 2. Les vulgarismes créés par dérivation ou par composition sont utilisés plus fréquemment dans les années 2005-2009 que dans les années 1990-1994. 3. Les rappeurs utilisent les vulgarismes sous forme d’emprunts aux langues étrangères, parmi lesquelles la langue prédominante est lʹanglais.

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V. Représentations lexicographiques des vulgarismes de notre corpus

Nous avons défini le vulgarisme comme « [...] un mot grossier et offensif, reflétant l’attitude et les sentiments du sujet parlant, qui sont le plus souvent négatifs, par rapport aux objets et êtres désignés »98 et nous avons précisé que son emploi varie selon le milieu social, selon l’emploi individuel et selon le niveau stylistique. Mais il faut ajouter que la conscience de ce que quel mot est un vulgarisme ou non est aussi une décision individuelle. Nous pouvons le démontrer même grâce aux dictionnaires divers, qui ne s’accordent pas dans certains cas. Par exemple le mot salaud – le Petit Robert le définit comme « homme méprisable, moralement répugnant »99 et il est doté de la marque « familier », tandis que le Petit Larousse le définit comme « homme méprisable, qui agit de manière déloyale »100, doté des marques « vulgaire » et « injurieux ». Même si les définitions tirées de dictionnaires sont presque identiques, les connotations attribuées ne le sont pas. De la même manière nous pouvons répartir les vulgarismes de notre corpus de chansons de rap en six groupes, d’après les marques qui leur sont attribuées par les dictionnaires101 : 1. vulgaire (p.ex. une pétasse – vulg., un enfoiré – vulg., un trou de balle – vulg.) 2. vulgaire + péjoratif (p.ex. une putain – vulg.péj., une pute – péj.vulg.,) 3. vulgaire + injurieux (p.ex. une salope – vulg.injur., une pouf – vulg.injur.) 4. péjoratif (p.ex. un fils à papa – péj., une populace – péj., un gosse de riche – péj.) 5. péjoratif + injurieux (p.ex. un négro - péj.injur., un crouille – péj.injur., un youpin – péj.injur.) 6. injurieux (p.ex. un fils de pute – injur., une chienne – injur., un pédé – injur.)

98 Chapitre I. de notre mémoire, intitulé Vulgarisme. 99 Le Nouveau Petit Robert de la langue française 2009. Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française. Version CD-ROM. 100 Le Petit Larousse 2010. Dictionnaire multimédia. Version CD-ROM. 101 À cause du désaccord entre les dictionnaires par rapport aux marques attribuées, nous choisissons seulement un – le Petit Robert – pour démontrer des exemples. 55

Dans ce chapitre nous voulons prêter l’attention à ceux vulgarismes de notre corpus qui n’appartiennent pas à ces groupes, autrement dit, les vulgarismes qui n’ont pas de marques « vulg. », « péj. » ou « injur. » attribuées par les dictionnaires, mais que nous considérons quand même comme vulgaires. Premièrement nous présentons le vulgarisme dans son contexte, qui est un indice le plus sûr par rapport à la vulgarité d’un mot. Deuxièmement nous tentons d’expliquer pourquoi nous le considérons comme vulgaire et troisièmement nous présentons les définitions du mot en question, tirées de dictionnaires. Nous avons utilisé les dictionnaires le Petit Robert102, le Petit Larousse103 et Comment tu tchatches !104. Au cas où le vulgarisme n’est pas présent dans un des dictionnaires utilisés, nous ne le mentionnons pas.

BÉBÉ, n.m. « ...J'arrive même à aimer les gens que j'devrais détester Viens bébé on va tester mes nouvelles MST... »105

Le mot bébé généralement désigne un enfant et ne porte aucune connotation péjorative ou vulgaire. Mais il peut aussi comporter un autre sens, il peut désigner un adulte, comme nous pouvons voir d’après la définition de PL. Dans ce cas-là, nous croyons que le mot bébé prend une connotation péjorative et vulgaire, parce qu’en désignant un adulte comme un bébé, on diminue non seulement ses qualités corporelles, mais surtout mentales. Définition d’après les dictionnaires :

→ Jeune enfant; enfant en bas âge PR

→ Enfant ou adulte dont la conduite est puérile, qui manque de maturité PL

BÊTE NOIRE, n.f., adj.f. « ...Médine, aux mélodies des minarets Une bête noire qui vit trop près d’une maison d’arrêt... »106

102 Le Nouveau Petit Robert de la langue française 2009. Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française. Version CD-ROM. 103 Le Petit Larousse 2010. Dictionnaire multimédia. Version CD-ROM. 104 Goudaillier, Jaen-Pierre : Comment tu tchatches! Dictionnaire du français contemporain des cités, Maisonneuve & Larose, Paris, 2001, ISBN 2-7068-1476-4. 105 Orelsan (Perdu d’avance, 2009), Perdu d’avance. 106 Médine (Jihad: le plus grand combat est contre soi-même, 2005), Médine. 56

Le groupe nominal bête noire désigne un animal, plus précisément un « sanglier ». Mais nous avons deux possibilités comment interpréter ce groupe nominal. Premièrement, l’auteur compare un homme avec un porc sauvage, un animal qui est perçu comme sale et dégoûtant. Deuxièmement, l’auteur compare un homme avec n’importe quelle bête. Par cette comparaison il diminue la valeur d’un homme, qui est pris pour quelqu’un meilleur, quelqu’un supérieur aux animaux et, en plus, il apporte une connotation raciste en utilisant l’adjectif noire. Alors, non seulement qu’il diminue la valeur d’un homme en le désignant comme une bête, mais, en plus, il aborde la question de la couleur. La bête, est-elle une bête seulement parce qu’elle est noire ? Pour conclure, dans tous les deux cas il s’agit d’un terme péjoratif et vulgaire, dont la deuxième interprétation est beaucoup plus forte. Définition de bête noire d’après les dictionnaires :

→ Sanglier PL

Définition de bête d’après les dictionnaires :

→ Tout animal, l'homme excepté. PR

→ Manque d'intelligence

→ Tout animal autre que l’homme PL

BOULE, n.f. « ...plus je te flanque, plus avec mes boules tu joues à la pétanque, plus ton compte en Banque est en manque... »107

Le mot boule désigne n’importe quel objet sphérique de divers matériaux, destiné à rouler et ne porte aucune connotation péjorative ou vulgaire. Dans l’emploi familier le mot boule peut designer aussi une tête. Mais nous croyons que dans ce cas- là la locution mes boules désigne les testicules d’un homme, qui sont dans un sens métaphorique comparées aux boules de pétanque. C’est pourquoi nous trouvons ce mot vulgaire. Définition d’après les dictionnaires :

→ Corps sphérique PR

→ Tête

107 Ministère A.M.E.R. (Pourquoi tant de haine?, 1992), Brigitte femme de flic. 57

→ Objet sphérique PL

→ Tête

CANAILLE, n.f. « ...Prends garde à la tentation, car grands sont les pouvoirs du mal Tous les politicos ne sont que des canailles... »108

Le mot canaille désigne un homme méprisable et malhônnete et ne porte pas de connotation vulgaire. Dans ce cas-là il est employé pour désigner les politiciens, plus précisément pour diminuer leur position sociale, généralement considérée comme une des plus prestigieuses, mais aussi pour diminuer leur honneur. C’est pourquoi nous trouvons ce mot, en liaison avec les politiciens, péjoratif et injurieux et en tant que tel vulgaire. Définitions d’après les dictionnaires :

→ Personne digne de mépris, malhônette, nuisible PR

→ Individu méprisable, malhônette PL

CHÉCRA, v.intr. « ...on étudiera le Kamasoudrap, alors vite, Brigitte, prépare-toi, je vais chécra... »109

Le verbe chécra est une forme verlanisée du verbe cracher. Le verbe chécra n’est pas présent dans les dictionnaires, mais nous supposons que son sens ne se change pas considérablement. Le verbe cracher signifie « projeter » ou « lancer » et ne porte pas de connotation péjorative ni vulgaire. Mais nous croyons que dans ce cas-là le verbe chécra est employé pour signifier éjaculer, ce que nous déduisons du néologisme Kamasoudrap, qui est d’après nous un mot composé de trois mots – kamasutra + sous + drap. C’est pourquoi nous le considérons comme vulgaire. Définitions de cracher d’après les dictionnaires :

→ Émettre en lancant PR

→ Projeter, lancer PL

108 David Tonton (Rapattitude, 1990), Peuples du monde. 109 Ministère A.M.E.R. (Pourquoi tant de haine?, 1992), Brigitte femme de flic. 58

COSTARD, n.m. « ...Et tu vas danser comme ça ? J’te l’avais dit Pas d’panache tue la magie eh franco, ça craint ce costard... »110

Le mot costard désigne une sorte d’habillement, c’est-à-dire une chose et non un homme. Mais dans ce cas-là, nous comprenons que le terme costard désigne un homme. Seulement le dictionnaire CCT apporte une définition du mot costard-cravate, qui désigne un homme. Nous pouvons déduire que le sens du mot costard est le même que le sens du mot costard-cravate ou bien que le mot costard est une apocope du mot costard-cravate. Il s’agit quand même d’une intolérance et d’une critique par rapport au niveau social et aussi au métier exercé. Nous trouvons ce terme péjoratif et vulgaire. Définition de costard d’après les dictionnaires :

→ Costume d'homme PR

→ Costume d’homme ; complet PL Définition de costard-cravatte d’après les dictionnaires :

→ Toute personne (habitant généralement en dehors d’une cité) qui a un métier lui CCT permettant de vivre et qui est arrivée socialement ; de ce fait elle porte un costume et une cravatte

CRASSEUX, n.m. ; CRASSEUSE, n.f. « ...rap interdit aux crasseuses et aux crasseux vendeur de CC je m’en tape que tu brasse... »111

Le mot crasseux désigne quelqu’un qui est physiquement sale et ne porte aucune connotation vulgaire, il désigne seulement une réalité impure. Mais dans ce cas-là, nous trouvons que l’auteur n’a pas employé le mot crasseux dans le sens propre du mot, mais dans le sens figuré. C’est-à-dire que ce qui est sale, ce n’est pas le côté physique, mais il s’agit plutôt de la conduite d’une personne. C’est pourquoi nous trouvons cette utilisation du sens figuré du mot crasseux injurieux et vulgaire. Définition d’après les dictionnaires :

→ Qui est couvert de crasse, très sale PR

→ Couvert de crasse ; sale, malpropre PL

110 Akhenaton (Soldats de fortune, 2006), École de samba. 111 Kamelancien (Le 2ème Frisson de la Vérité, 2009), La Joie de survivre. 59

CRÉTIN, n.m. « ...Un peu partout dans les villes du globe, les crétins tissent leurs cordes... »112

Le mot crétin désigne une personne frappée d’une maladie mentale et ne porte aucune connotation péjorative et vulgaire. Mais l’auteur l’utilise pour désigner un homme, dont la santé mentale est en bon ordre du point de vue de la médecine. Il diminue les qualités mentales d’un homme en l’intitulant de crétin, pour mettre en relief son caractère ou bien sa conduite peu raisonnable et stupide, ce que nous trouvons péjoratif et vulgaire. Définition d’après les dictionnaires :

→ Personne atteinte de crétinisme, par insuffisance thyroïdienne PR

→ Personne stupide

→ Personne stupide, sotte PL

DÉBILE, adj. « ...Le concept c'est dans ma vie j'fais des trucs débiles Comme ça j'peux rapper, en parler et ramasser des billes... »113

L’adjectif débile est dérivé du mot débile qui est un terme d’origine savante désignant quelqu’un qui est atteint d’une inintelligence mentale et en tant que tel il ne porte aucune connotation vulgaire. L’auteur parle « des trucs débiles » et nous pouvons constater qu’il ne pense pas les choses typiques pour les débiles ou destinées aux débiles, mais plutôt les choses sottes et peu raisonnables. Alors, il diminue la valeur de ces « trucs » en les désignant comme « débiles » et en plus, en utilisant le mot débile pour une qualification négative, il humilie les gens atteints d’un handicap mental, ce que nous trouvons péjoratif et vulgaire. Définition d’après les dictionnaires :

→ Qui manque de force physique, d'une manière permanente PR

→ Faible de constitution, qui manque de vigueur PL

→ Stupide

112 MC Solaar (Prose combat, 1994), Concubine de l’Hémoglobine. 113 Orelsan (Perdu d’avance, 2009), Perdu d’avance. 60

DÉMENCE, n.f. « ...Les puissants te persécutent, comme ils nous persécutent, Tombés dans la démence, et charmés par Belzebuth... »114

Le mot démence est un terme savante, qui désigne une maladie mentale. Il est aussi utilisé dans le sens figuré pour désigner une conduite atypique. Nous croyons que dans ce cas-là l’auteur a pensé au sens propre du mot, c’est-à-dire à la maladie. De même qu’au cas du mot débile nous trouvons que la diminution du niveau mental d’une personne est péjorative et vulgaire. Définition d’après les dictionnaires :

→ Ensemble des troubles mentaux graves. PR

→ Conduite extravagante

→ Trouble mental grave, caractérisé par un affaiblissement progressif des fonctions PL intellectuelles, irréversible en l’absence de traitement.

→ Conduite insensée, bizarre

FACHO, n.m. ; FAF, n.m. ; NÉO-FACHO, n.m. « ...Tel est le béaba de l'A B C du jeune Facho C'est la horde aux ordres d'un nouvel ordre... »115

Le mot facho est une abréviation du mot fasciste. Nous ne sommes pas sur si l’auteur connaît la différence entre le fascisme et le nazisme, parce que les deux termes sont souvent échangés ou considérés comme deux termes désignant la même réalité. Nous croyons que l’auteur veut plutôt démontrer l’oppression de la classe gouvernante par rapport au groupe des gens qui leur sont inconfortables, que démontrer le système politique de l’Italie des années trente. Ce qui est assez choquant, c’est le fait qu’il utilise une majuscule au début du mot, qui reflète son respect et l’importance qu’il garde pour cette idéologie. Nous trouvons le mot facho très péjorative, parce qu’il signifie quelqu’un qui a pris part à ces régimes, à leurs atrocités et aux crimes contre l’humanité. Définition d’après les dictionnaires :

→ Fasciste PR

→ Fasciste PL

114 Kery Arkana (Désobéissance, 2008), Terre Mère n’est pas à vendre. 115 MC Solaar (Prose combat, 1994), Concubine de l’Hémoglobine. 61

FILS À GRATIS, n.m. « ...Arrivés à l'entrée, le mec nous dit c'est 70 Dis moi, t'es pas un peu le fils à gratis?... »116

Le groupe nominal fils à gratis se compose de deux mots, du mot fils et du mot gratis, dont ni l’un ni l’autre ne porte pas une connotation vulgaire en tant qu’ils sont utilisés indépendamment. Mais nous croyons que la locution fils à gratis perd sa connotation neutre, parce qu’elle désigne une personne qui n’a pas de valeur, plus précisément qui diminue sa valeur pour l’argent, ce qui est un phénomène lié à la prostitution. C’est pourquoi nous trouvons cette locution vulgaire. Définition de fils d’après les dictionnaires :

→ Personne du sexe masculin, considérée par rapport à son père et à sa mère ou à l'un des PR deux seulement

→ Personne du sexe masculin considérée par rapport à son père ou à sa mère PL Définition de gratis d’après les dictionnaires :

→ Sans qu'il en coûte rien au bénéficiaire PR

→ Sans qu'il en coûte rien ; gratuitement PL

GUIGNOL, n.m. « ...Ils tirent des conclusions, mais ils n'ont pas eu de bol J'ai pas le temps de jouer avec ces guignols... »117

Le mot guignol désigne une sorte de marionnette et ne porte pas de connotation vulgaire. Mais nous croyons que si le mot guignol est employé pour désigner un homme et pas une chose, il prend une connotation péjorative, parce que l’auteur diminue le niveau et les qualités d’un homme en le qualifiant de marionnette. Il fait d’un homme doté de la volonté une chose sans propre volonté, en plus, dirigée par quelqu’un d’autre. Définition d’après les dictionnaires :

→ Marionnette sans fils, animée par les doigts de l'opérateur. PR

→ Personne involontairement comique ou ridicule

→ Théâtre de marionnettes où l’on joue le répertoire de Guignol PL

→ Personne peu sérieuse, en qui on ne peut avoir confiance

116 IAM (…de la planète Mars, 1991), Attentat. 117 MC Solaar (Qui sème le vent récolte le tempo, 1991), L’Histoire de l’art. 62

IDIOT, adj.m. « ...J’rends sa noblesse au zig au zag, aux tigres, aux braves En prise aux caves idiots qui crient aux armes... »118

Le mot idiot est d’origine savante et de même que le mot débile, mentionné ci- dessous, désigne une personne atteinte d’une inintelligence mentale. L’auteur diminue les qualités mentales des « caves » en utilisant l’adjectif idiot, parce que nous pouvons constater qu’avec certitude, il ne s’agit pas d’un groupe de gens frappés d’idiotie et c’est pourquoi nous trouvons cet adjectif péjoratif et vulgaire. Définition d’après les dictionnaires :

→ Personne dénuée d'intelligence, de bon sens PR

→ Personne atteinte d'idiotie

→ Dépourvu d’intelligence, de bon sens PL

→ Étourdi, irréfléchi

LÉCHER, v.t. « ...Bébé si tu veux qu'l'un d'eux t'lèche la chnek, épiles tes jambes ce sont des têtes à têtes... »119

Le verbe lécher désigne un mouvement de la langue et ne porte pas une connotation vulgaire à condition qu’il ne soit pas utilisé dans un contexte sexuel, ce qui est ce cas d’utilisation. Nous ne pouvons pas interpréter la locution « lécher la chnek120 » autrement que dans le contexte sexuel et c’est pourquoi nous trouvons ce verbe vulgaire. Définition d’après les dictionnaires :

→ Passer la langue sur (qqch.). PR

→ Enlever avec la langue ; passer la langue sur PL

118 Akhenaton (Soldats de fortune, 2006), École de samba. 119 Seth Gueko (Patate de Forain, 2007), Les Fils de Jacques Mess. 120 « chnek ou schneck, n.f. De l’alsacien schneck (escargot). 1.Vulve 2.Femme 3.Chance. Syn.chatte », définition tirée de Dictionnaire de la zone [en ligne : www.dictionnairedelazone.fr]. 63

LEVRETTE, n.f. « ...Si t'as une sale teté, on t'prend en levrette Par contre si t'as une belle tête t'as l'droit au menu bucket... »121

Le mot levrette désigne un animal et ne porte aucune connotation péjorative ou vulgaire. Mais la locution en levrette désigne une position sexuelle et l’auteur l’utilise en s’adressant à une femme, en lui disant « on t’prend en levrette », ce que nous trouvons très vulgaire. Définition d’après les dictionnaires :

→ Femelle du lévrier PR

→ En levrette, se dit d'une position sexuelle où l'homme se place derrière sa (ou son) partenaire.

→ Femelle du lévrier PL

MULE, n.f. « ...Non. Est-ce qu'elle accumule, gesticule comme une mule... »122

Le mot mule désigne une femelle d’un animal et dans le sens propre ne porte pas de connotation vulgaire. Mais il peut aussi désigner une personne, plus précisément une femme. Nous croyons que la comparaison d’une femme avec un animal, en plus dans le contexte sexuel de la chanson, diminue la valeur d’une femme, ce que nous trouvons dégradant et en tant que tel péjoratif. Définition d’après les dictionnaires :

→ Hybride femelle de l'âne et de la jument (ou du cheval et de l'ânesse), généralement PR stérile

→ Hydride femelle d’un âne et d’une jument, presque toujours stérile PL

PANTIN, n.m. « ...A mon échelle, trop baratinent, les pantins pensent tirer les ficelles, Veulent les cimes, le sommet, l’estime, sans passer par la pente... »123

121 Seth Gieko (Patate de Forain, 2007), Les Fils de Jacques Mess. 122 Ministère A.M.E.R. (Pourquoi tant de haine?, 1992), Brigitte femme de flic. 123 Ali (Chaos & Harmonie, 2005), Génération Scarface. 64

Le mot pantin désigne un jouet d’enfant et ne porte pas une connotation vulgaire. Mais dans le sens figuré du mot, il désigne un homme, plus précisément un jouet personnifié. C’est-à-dire qu’il désigne quelqu’un qui n’a pas sa propre volonté, qui ne peut même pas décider de ses actions et qui est dirigé par des ficelles tirées par quelqu’un d’autre. Nous trouvons que cette diminution de l’homme en une chose est péjorative et vulgaire. Définition d’après les dictionnaires :

→ Jouet d'enfant, figurine burlesque dont on agite les membres au moyen d'un fil. PR

→ Personne comique ou ridicule par ses gesticulations excessives.

→ Personne influençable et versatile PL

PORC, n.m. ; ANTI-PORC, n.m. « ...ok j'ai juré le porc bord silence brolic à bord anti-contrôle de keuf anti-juge anti-porc... »124

Le mot porc désigne un animal ainsi qu’un homme sale ou débauché. De même qu’aux cas des mots bœuf et bête, dont nous avons déjà parlé ci-dessous, nous trouvons que la dégradation d’un homme en un animal, surtout si celui-ci est perçu comme sale et dégoûtant, est péjorative et vulgaire. Définition d’après les dictionnaires :

→ Homme débauché, grossier PR

→ Homme sale, débauché ou glouton PL

RACAILLE, n.f. « ...Alors un seul conseil suivre le bon rail Pour ne pas faire partie des gens que l'on appelle racaille... »125

Le mot racaille désigne l’ensemble des hommes qui appartiennent à une couche sociale basse et méprisable. Nous croyons que ce mot démontre une intolérance et, en même temps, une condamnation morale, surtout quand il est utilisé par un membre d’une couche sociale plus haute placée. C’est pourquoi nous trouvons ce terme très péjoratif.

124 La Fouine (Aller-Retour, 2007), C’est pas la peine. 125 MC Solaar (Qui sème le vent récolte le tempo, 1991), L’Histoire de l’art. 65

Définition d’après les dictionnaires :

→ Ensemble de fripouilles PR

→ Ensemble d'individus peu recommandables, délinquants en puissance d'une communauté (banlieues, cités).

→ Couche la plus basse de la société, considérée comme la plus méprisable ; populace PL

→ Ensemble d’individus méprisables

→ Terme utilisé par les jeunes des cités pour se désigner eux-mêmes CCT

RÔTI CHAUD, n.m., adj.m. « ...Mais hop je fomente un complot contre un nouveau rôti chaud 1,2,3, c'est parti, let's go... »126

Le groupe nominal rôti chaud désigne une sorte de repas et ne porte aucune connotation vulgaire. Mais dans ce cas l’auteur l’utilise pour désigner un homme et pas un repas. Nous croyons qu’il y a deux possibilités de l’interprétation de cette locution. Premièrement il s’agit d’une dégradation d’un homme en un simple morceau de viande, qui est, en plus, préparé à être mangé. Deuxièmement l’auteur veut dégrader un homme en un animal et l’adjectif chaud ne désigne pas sa température, mais son caractère. Dans les deux cas nous trouvons cette dégradation péjorative et vulgaire. Définition de rôti d’après les dictionnaires :

→ Morceau de viande de boucherie (bœuf, porc, veau), bardé et ficelé, cuit à sec peu de PR temps et à feu vif

→ Pièce de viande, de volaille ou de gibier, cuite à la broche ou au four PL Définition de chaud d’après les dictionnaires :

→ Qui est à une température plus élevée que celle du corps PR

→ Qui a ou donne de la chaleur ; qui produit une sensation de chaleur ; qui est d’une PL température élevée par rapport à celle du corps humain

→ Rude, dur , violent CCT

SAUTER, v.t. « ...tous les jeunes de la cité pour la sauter, Lui quand il rentre vient se vanter d'attraper... »127

126 IAM (…de la planète Mars, 1991), Attentat. 127 Ministère A.M.E.R. (Pourquoi tant de haine?, 1992), Brigitte femme de flic.

66

Le verbe sauter désigne un mouvement et ne porte pas de connotation vulgaire. Mais dans ce cas-là il est employé dans un sens figuré et, plus précisément, dans un contexte sexuel, pour désigner une action sexuelle. C’est pourquoi nous le considérons comme vulgaire. Définition d’après les dictionnaires :

→ Avoir des relations sexuelles avec qqn. PR

→ Franchir en faisant un saut PL

→ Passer quelque chose pour aller directement à ce qui suit

SUCER, v.t. « ...2007 on s'ra tous riches À s'faire sucer l'sexe dans les coulisses par les pouliches!... »128

Le verbe sucer désigne une action de succion et ne porte pas une connotation vulgaire tant qu’il ne s’agit pas d’un contexte sexuel, de même qu’au cas du verbe lécher. Nous croyons que la locution « se faire sucer le sexe » ne peut pas être interprétée autrement que dans le contexte sexuel et c’est pourquoi nous trouvons ce verbe vulgaire dans ce contexte. Définition d’après les dictionnaires :

→ Exercer une succion sur (un corps que l'on a dans la bouche, que l'on porte à la bouche). PR

→ Porter, garder un objet, une partie du corps à la bouche et y exercer une succion PL

TAFFER, v.tr. « ...En somme, on pense qu'à vider nos teubs Taffer dans un vidéo-club... »129

Le verbe taffer, dérivé du substantif argotique taf, désigne soit travailler soit fumer et dans les deux cas ne porte pas de connotation vulgaire. Mais nous croyons que dans le contexte sexuel, ce que nous déduisons de locution « vider nos teubs », il prend une connotation vulgaire, de la même manière que les verbes lécher, sauter et sucer. Définitions d’après les dictionnaires :

128 Seth Gueko (Patate de Forain, 2007), Les Fils de Jacques Mess. 129 Ibid. 67

→ Travailler CCT

→ Fumer

TÊTE DE ROUMAIN, n.f., prép., adj. « ...J'arrive, tête de roumain, zguegue de poulain... Tu peux pas faire plus masculin... »130

Nous n’avons pas réussi à trouver la locution nominale tête de roumain dans les dictionnaires, mais nous croyons qu’il y a trois possibilités comment l’interpréter. Premièrement, l’auteur peut montrer son origine. Deuxièmement, l’auteur peut démontrer une qualité physique typique pour les Roumains et troisièmement il peut démontrer une qualité mentale typique pour les Roumains. Mais parce que Seth Gueko est d’origine russo-sicilienne131, nous croyons qu’il veut plutôt démontrer une qualité, que nous trouvons négative d’après le contexte. De plus, caractériser quelqu’un d’après son appartenance à une nationalité est intolérant et c’est pourquoi nous trouvons cette locution péjorative et vulgaire. Définition de tête d’après les dictionnaires :

→ Partie supérieure du corps de l'être humain contenant le cerveau et les principaux PR organes des sens, qui est de forme arrondie et tient au tronc par le cou

→ Le siège des idées, de la mémoire, du jugement

→ Le siège des états psychologiques

→ Extrémité supérieure du corps de l’homme et extrémité antérieuredu corps de nombreux PL animaux, qui contient la bouche, le cerveau et les principaux organes sensoriels

→ Ensemble des facultés mentales

→ Personne, individue

Définition de roumain d’après les dictionnaires :

→ De la Roumanie, relatif à la Roumanie PR

→ De la Roumanie, de ses habitants PL

130 Seth Gueko (Patate de Forain, 2007), Les Fils de Jacques Mess. 131 Source: [en ligne : www.wikipedia.com]. 68

VI. Analyse lexicométrique

VI.1 Vulgarité des rappeurs Dans ce sous-chapitre nous voulons prouver que les rappeurs français des années 2005-2009 sont plus vulgaires que les rappeurs français des années 1990-1994. Nous fondons cette hypothèse sur deux suppositions. Premièrement, nous supposons que les rappeurs français des années 1990-1994 sont moins vulgaires que ceux des années 2005-2009 à cause de la nouveauté de ce genre de musique, qui au début des années 90 venait d’apparaître en France et de se développer. Pendant les années 1990-1994 le rap en France était un courant musical nouveau, sans les auditeurs permanents et fidèles, qui ne pouvait pas savoir s’il va résister en concurrence musicale ou non. Par contre, pendant les années 2005-2009 le statut du rap en France est complètement différent. Le rap est devenu un courant musical typique de la France, qui a pris ses racines et qui a son public constant. Nous supposons que ces statuts différents du rap peuvent influencer les rappeurs en utilisation des vulgarismes. Deuxièmement, nous supposons que la vulgarité des rappeurs peut être influencée aussi par le changement de la société par rapport au relâchement relative de l’empêchement d’utilisation des mots vulgaires, parce que c’est pendant les années dernières que nous pouvons entendre les vulgarismes prononcés par des enfants de plus en plus jeunes, ou bien par des hommes de politique et même par des représentants de l’État. Mais avant de passer à l’évaluation de notre hypothèse, nous devons nous poser une question : Qui est plus vulgaire ? Celui qui utilise un vulgarisme dix fois ou bien celui qui utilise une fois six vulgarismes différents ? Nous croyons que la réponse à cette question est assez subjective et arbitraire, reflétant divers points de vue et c’est pourquoi nous allons vérifier non seulement les fréquences absolues des vulgarismes utilisés par les rappeurs, mais aussi leurs variabilités lexicales.

Il faut encore mentionner que nous comprenons sous le terme de vulgarisme aussi les locutions nominales (p.ex. une bête noire, une tête de roumain, un zguegue de poulain), les locutions verbales (p.ex. mettre en cloque, fermer la gueule, bouffer la queue) et les interjections (p.ex. ta gueule !) que nous comptons en tant qu’un vulgarisme.

69

VI.1.1 Vulgarité des rappeurs dans les années 1990-1994 La fréquence absolue des vulgarismes des années 1990-1994 est 201. Les fréquences absolues particulières des vulgarismes dans les paroles vont de 0 vulgarismes à 20 vulgarismes (voir tableaux nº22-26). Nous avons déterminé les fréquences relatives des vulgarismes de chaque interprète réparties d’après les années (voir graphe nº4). C’est-à-dire que les interprètes, dont les paroles figurent en plusieurs années, sont déterminés une fois pour chaque année (p.ex. Ministère A.M.E.R. en années 1992 et 1994 ou Assassin en années 1990, 1991, 1992 et 1993). Il faut que nous mentionnions qu’au cas des interprètes qui n’ont que des paroles d’une seule chanson dans notre corpus, il s’agit des fréquences absolues (abréviation utilisée pour le graphe – abs.). Graphe nº4

Fréquence relative des vulgarismes 1990-1994

Ministère A.M.E.R. (1994) MC Solaar (1994) Fabe (1994) Suprême N.T.M. (1993) IAM (1993) Assassin (1993) Ministère A.M.E.R. (1992) MCM 90 (1992), abs. MC Janik (1992), abs. Daddy Nuttea (1992), abs. Côté obscur (1992), abs. Assassin (1992) Suprême N.T.M. (1991) MC Solaar (1991) IAM (1991) Assassin (1991) IAM (1990), abs. Tonton David (1990), abs. Suprême N.T.M. (1990), abs. Daddy Yod (1990), abs. Saliha (1990), abs. Saï Saï (1990), abs. New Génération MC (1990), abs. EJM (1990), abs. Assassin (1990), abs. A.L.A.R.M.E. (1990), abs.

0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20

70

Nous pouvons voir que l’interprète le plus vulgaire du point de vue de la fréquence des vulgarismes employés est Ministère A.M.E.R. en année 1992 avec la fréquence relative de dix-huit vulgarismes. Le deuxième le plus vulgaire interprète est Côté obscur avec la fréquence relative de neuf vulgarismes et le troisième le plus vulgaire interprète est de nouveau Ministère A.M.E.R., mais en année 1994, avec la fréquence relative de presque huit vulgarismes (précisément 7,7). Nous pouvons constater, que la différence entre le premier et le deuxième interprète est assez remarquable, parce que la première fréquence représente le double de la deuxième. Un autre aspect considérable est celui qu’un interprète figure deux fois parmi trois interprètes les plus vulgaires. C’est pourquoi nous considérons comme intéressant, pour la comparaison, de faire une autre énumération du point de vue des interprètes et sans égard pour les années. Graphe nº5 Comme nous pouvons voir au Fréquence relative des graphe nº5, la fréquence relative vulgarismes (interprètes de Ministère A.M.E.R. est 12,85 figurant dans plusieurs vulgarismes, ce qui fait de lui années) toujours l’interprète le plus 14 vulgaire des années 1990-1994. 12 10 Le deuxième le plus vulgaire 8 6 interprète est Côté obscur et le 4 troisième est Assassin avec la 2 0 fréquence relative de plus de Assassin IAM MC Solaar Ministère Suprême quatre vulgarismes (précisément A.M.E.R. N.T.M. 4,2). En comparant les deux résultats, nous pouvons constater que le changement du point de vue n’a pas changé la place ni du premier ni du deuxième le plus vulgaire interprète. Le changement se passe jusqu’à la position du troisième le plus vulgaire interprète qui devient Assassin.

Néanmoins, un autre aspect qui joue un rôle important par rapport à la vulgarité des rappeurs est celui de l’emploi intentionnel d’un vulgarisme et de l’emploi obligé d’un vulgarisme. Quelle est la différence ? Nous comprenons sous le terme d’emploi intentionnel un emploi volontaire et voulu, au cas où le rappeur décide d’utiliser un

71 vulgarisme pour exprimer son idée (p.ex. le rappeur veut exprimer son opinion par rapport aux conditions de vie et il utilise un vulgarisme qui reflète ses sentiments – « [...] élevé dans la violence (ouais) - dans ma vie des putes, des flics, du shit [...] »132). Par contre, sous le terme d’emploi obligé nous comprenons un emploi qui est forcé, plus ou moins, par des contraintes extra-linguistiques. Dans ce cas-là il peut s’agir du besoin du rappeur de rimer, ce que peut influencer son choix du mot, autrement dit, il utilise un vulgarisme à cause de ses qualités de rimer, même s’il n’a pas besoin d’exprimer une idée avec tant d’expressivité et violence (p.ex. « [...] Et l’on dort et l’on flippe dans le métro, hmm - Les taxis ne prennent pas les négros - Et l’on n’accepte pas les métèques - Dans certaines discothèques [...] »133). Mais il faut ajouter que l’emploi d’un vulgarisme dans une rime ne doit pas forcément représenter un emploi obligé. Nous ne sommes pas capable, comme des simples auditeurs, de décider si c’est le vulgarisme qui est employé pour rimer avec un autre mot ou bien si c’est un autre mot qui est employé pour rimer avec le vulgarisme. Quel mot était le premier ? Le vulgarisme ou le non- vulgarisme ? Ce sont les questions qui ne peuvent être répondues que par le rappeur. Néanmoins, nous supposons qu’un bon nombre de vulgarismes employés dans les rimes peut être influencé par ces contraintes extra-linguistique et c’est pourquoi nous avons réparti les vulgarismes de la période des années 1990-1994 en deux catégories d’après leurs emplois (voir tableau nº7). Tableau nº7 : Emploi intentionnel et obligé des vulgarismes des années 1990-1994

1990 1991 1992 1993 1994 TOTAL

EMPLOI INTENTIONNEL 6 31 45 26 23 131

EMPLOI OBLIGÉ134 5 10 32 11 12 70135

TOTAL 11 41 77 37 35 201

Nous pouvons constater que la fréquence relative des emplois intentionnels des vulgarismes est 65%, tandis que celle des emplois obligés des vulgarismes est 35%. La plupart des vulgarismes était employée intentionnellement. Il faut encore ajouter que seulement un interprète (A.L.A.R.M.E.) a employé tous les vulgarismes dans les rimes, par contre, dans les paroles de douze chansons des années 1990-1994 il s’agissait uniquement de l’emploi intentionnel.

132 Alibi Montana (Inspiration guerrière, 2007), Inspiration guerrière. 133 A.L.A.R.M.E. (Rapattitude, 1990), Paris Black Night. 134 Pour consulter la liste des mots employés dans les rimes avec les vulgarismes, voir Annexe 4. 135 Le vulgarisme le plus fréquemment employé dans les rimes est le mot négro (9 fois). 72

En ce qui concerne la variabilité lexicale des vulgarismes, les rappeurs des années 1990-1994 ont utilisé en somme 80 vulgarismes différents. La fréquence absolue des nombres de vulgarismes différents va de 0 vulgarismes (au cas où l’interprète n’a pas utilisé de vulgarismes) à 17 vulgarismes. Nous avons aussi déterminé les fréquences relatives des variabilités lexicales des vulgarismes, de nouveau de chaque interprète et d’après les années particulières (voir graphe nº6). C’est-à-dire que la variabilité lexicale n’est pas énumérée pour chaque chanson, mais pour un interprète. Graphe nº6

Variabilité lexicale relative des vulgarismes 1990-1994

Ministère A.M.E.R. (1994) MC Solaar (1994) Fabe (1994) Suprême N.T.M. (1993) IAM (1993) Assassin (1993) Ministère A.M.E.R. (1992) MCM 90 (1992), abs. MC Janik (1992), abs. Daddy Nuttea (1992), abs. Côté obscur (1992), abs. Assassin (1992) Suprême N.T.M. (1991) MC Solaar (1991) IAM (1991) Assassin (1991) IAM (1990), abs. Tonton David (1990), abs. Suprême N.T.M. (1990), abs. Daddy Yod (1990), abs. Saliha (1990), abs. Saï Saï (1990), abs. New Génération MC (1990), abs. EJM (1990), abs. Assassin (1990), abs. A.L.A.R.M.E. (1990), abs.

0 2 4 6 8 10 12 14

Nous pouvons voir que l’interprète qui a utilisé le plus grand nombre de divers vulgarismes est Ministère A.M.E.R. en année 1992 avec treize vulgarismes différents. Le deuxième est Côté obscur avec neuf vulgarismes différents et le troisième est de

73 nouveau Ministère A.M.E.R. en année 1994 avec plus de cinq vulgarismes différents (précisément 5,3). Il est intéressant que les interprètes qui figuraient parmi les plus vulgaires du point de vue de la fréquence des vulgarismes, figurent de nouveau parmi les plus vulgaires inteprètes du point de vue de la variabilité lexicale des vulgarismes. De même qu’au cas de la fréquence des vulgarismes, nous avons fait l’énumération du point de vue des interprètes et sans égard pour les années. Graphe nº7 Nous pouvons voir au graphe Variabilité lexicale relative nº7 que l’interprète le plus des vulgarismes vulgaire du point de vue de la (interprètes figurant dans variabilité lexicale des plusieurs années) vulgarismes est Ministère 10 A.M.E.R. avec plus de neuf 8 vulgarismes différents 6 (précisément 9,2). Le deuxième, 4 avec une différence minimale 2 0 par rapport au premier, est Côté Assassin IAM MC Solaar Ministère Suprême obscur avec neuf vulgarismes A.M.E.R. N.T.M. différents. Le troisième est IAM avec plus de trois vulgarismes différents (précisément 3,3). Après la confrontation de deux résultats, nous pouvons constater que du point de vue de la variabilité lexicale des vulgarismes l’interprète le plus vulgaire est Ministère A.M.E.R. et le deuxième est Côté obscur, mais la position du troisième le plus vulgaire interprète n’est pas stable – sans égard pour les diverses années le troisième le plus vulgaire inteprète est IAM. Pour conclure, le plus vulgaire interprète des années 1990-1994 du point de vue de la fréquence absolue des vulgarismes, de même que du point de vue de la variabilité lexicale des vulgarismes est Ministère A.M.E.R..

74

VI.1.2 Vulgarité des rapeurs dans les années 2005-2009 La fréquence absolue des vulgarismes des années 2005-2009 est 345. Les fréquences absolues des vulgarismes vont de 0 vulgarismes à 52 vulgarismes dans les paroles d’une chanson. Nous avons déterminé les fréquences relatives des vulgarismes pour chaque interprète (voir graphe nº8). Les années diverses ne jouent aucun rôle dans cette période, parce que chaque interprète n’apparaît qu’une seule fois136. Graphe nº8

Fréquence relative des vulgarismes 2005-2009

Rockin’Squat (2009) Oxmo Puccino (2009) Orelsan (2009) Kamelancien (2009) Alpha 5.20 (2009) Sefyu (2008) Psy4 de la rime (2008) Nessbeal (2008) Keny Arkana (2008) Beni Snassen (2008) Soprano (2007) Seth Gueko (2007) La Fouine (2007) L’Algérino (2007) Alibi Montana (2007) Sniper (2006) Sinik (2006) Diam’s (2006) Booba (2006) Akhenaton (2006) Rohff (2005) Médine (2005) Kery James (2005) Disiz (2005) Ali (2005)

0 5 10 15 20 25 30 35

Nous pouvons voir que la position du plus vulgaire interprète des années 2005- 2009 est occupée par Diam’s qui a une fréquence relative de trente-deux vulgarismes. Le deuxième le plus vulgaire interprète, avec une différence minimale, est Seth Gueko avec plus de trente et un vulgarismes (précisément 31,5). Le troisième le plus vulgaire interprète est Rockin’Squat avec plus de quatorze vulgarismes (précisément 14,5).

136 Pour une description plus détaillée de choix des interprètes et des chansons de notre corpus, voir chapitre IV, intitulée Méthodologie du travail. 75

Quant à l’emploi intentionnel et l’emploi obligé des vulgarismes de cette période, nous pouvons constater (voir tableau nº8) que la fréquence relative des emplois intentionnels est 83% et celle des emplois obligés n’est que 17%. La plupart des vulgarismes était alors employée sans aucune contrainte extra-linguistique, ce qu’est d’après nous un phénomène qui nous montre bien que les rappeurs de cette période ont une intention d’être vulgaires et ils emploient les vulgarismes de leurs propres volontés et non sous une influence extra-linguistique. Tableau nº8 : Emploi intentionnel et obligé des vulgarismes des années 2005-2009

2005 2006 2007 2008 2009 TOTAL

EMPLOI INTENTIONNEL 27 88 81 29 62 287

EMPLOI OBLIGÉ137 8 16 18 2 14 58138

TOTAL 35 104 99 31 76 345

Néanmoins, la période des années 2005-2009 nous propose une autre objection. Y-a-t-il une différence dans la perception des vulgarismes par auditeur par rapport à leur emploi dans un couplet ou dans un refrain ? Généralement les refrains sont répétés plusieurs fois, alors la présence dans un refrain assure la répétition du vulgarisme. De plus, ce sont les refrains qui représentent un point principal d’une chanson et ce sont, de nouveau, les refrains qui sont fixés dans l’esprit de l’auditeur et chantés par celui-ci. Pouvons nous donc constater que la chanson qui comporte un ou plusieurs vulgarismes dans un refrain est plus vulgaire que celle qui ne les comporte pas ? Ou bien s’agit-il seulement d’une impression que la chanson avec un vulgarisme dans le refrain est plus vulgaire ? Nous avons détaché les chansons de notre corpus, lesquelles comportent un ou plusieurs vulgarismes dans le refrain (voir tableau nº9). Nous indiquons aussi le nombre de vulgarismes employés dans les couplets (les parties intro, interlude et outro y comprises). Le but de ce détachement était de pouvoir comparer le nombre de vulgarismes dans les refrains avec le nombre de vulgarismes dans les couplets. Nous espérons que, grâce à cette comparaison, nous serons capable de déterminer si un interprète fait une distinction dans l’emploi d’un vulgarisme dans le refrain et dans le couplet ou non, autrement dit s’il est vraiment vulgaire ou bien si sa vulgarité n’est qu’un moyen de donner une impression aux auditeurs.

137 Pour consulter la liste des mots employés dans les rimes avec les vulgarismes, voir Annexe 4. 138 Le vulgarisme le plus fréquemment employé dans les rimes est le mot con (5 fois). 76

Tableau nº9 : Fréquence des vulgarismes dans les refrains (2005-2009)

CHANSON (INTERPRÈTE) ANNÉE COUPLET REFRAIN139 RAPPORT

La Boulette (Diam’s) 2006 4 1x8 (déconner, v.tr.) 1 : 2

Marine (Diam’s) 2006 1 9x5 + 6x1 (emmerder, v.tr.) 1 : 51

Fleur Fanné (L’Algérino) 2007 1 1x3 (putain, n.f.) 1 : 3

Les Fils de Jacques Mess (Seth 2007 23 1x6 (hass*, n.f.) 3,8 : 1 Gueko)

On nique tout là (Seth Gueko) 2007 11 6x3 (niquer, v.tr.) 1 : 1,6

2x3 (hijo de puta, n.m.) 1,8 : 1

Moi j’ai pas (Soprano) 2007 2 2x3 (baba, n.m.) 1 : 3

Suis-je le gradien de nom frère ? 2008 3 1x4 (déconner, v.tr.) 1 : 1,3 (Sefyu) 1x4 (merde, n.f.) 1 : 1,3

Changement (Orelsan) 2009 13 1x2 (shit, n.m.) 7,5 : 1

La lutte du siècle (Rockin’Squat) 2009 7 6x3 (niquer, v.tr.) 1 : 2,6

Nous pouvons constater qu’un ou plusieurs vulgarismes étaient employés dans le refrain par sept interprètes, dont deux interprètes (Diam’s et Seth Gueko) les ont employés dans les deux chansons. Le rapport mutuel entre le nombre de vulgarismes dans les couplets et dans les refrains et le plus grand chez Diam’s et sa chanson Marine, précisément cinquante et un vulgarismes employés dans le refrain et seulement un vulgarisme employé dans le couplet. Nous croyons que cet exemple montre bien que l’interprète utilise le vulgarisme non parce qu’elle est vraiment vulgaire, ce que démontre petit nombre de vulgarismes dans les couplets, mais parce qu’elle veut donner une forte impression aux auditeurs. De l’autre côté, Orelsan a employé quinze vulgarismes dans sa chanson Changement, dont seulement deux étaient employés dans le refrain. Dans ce cas-là nous considérons l’interprète plutôt comme vulgaire que comme quelqu’un qui veut donner l’impression de la vulgarité.

En ce qui concerne la variabilité lexicale des vulgarismes des années 2005-2009, la fréquence absolue des vulgarismes différents que les rappeurs de cette période ont utilisé est en somme quatre-vingt-seize vulgarismes. Nous avons aussi déterminé les fréquences relatives (voir graphe nº9). L’interprète le plus vulgaire du point de vue de la

139 Légende : AxB (nombre d’emploi du vulgarisme dans le refrain x nombre de répétition du refrain), AxB + CxD (AxB représente refrain A, CxD représente refrain B au cas où la chanson comporte plusieurs refrains). 77 variabilité lexicale des vulgarismes est Seth Gueko, avec plus de dix vulgarismes divers (précisément 10,5). Le deuxième est Orelsan avec plus de neuf vulgarismes divers (précisément 9,5) et le troisième est Booba avec six vulgarismes divers. Graphe nº9

Variabilité lexicale relative des vulgarismes 2005-2009

Rockin’Squat (2009) Oxmo Puccino (2009) Orelsan (2009) Kamelancien (2009) Alpha 5.20 (2009) Sefyu (2008) Psy4 de la rime (2008) Nessbeal (2008) Keny Arkana (2008) Beni Snassen (2008) Soprano (2007) Seth Gueko (2007) La Fouine (2007) L’Algérino (2007) Alibi Montana (2007) Sniper (2006) Sinik (2006) Diam’s (2006) Booba (2006) Akhenaton (2006) Rohff (2005) Médine (2005) Kery James (2005) Disiz (2005) Ali (2005)

0 2 4 6 8 10 12

Après la confrontation de deux résultats, nous pouvons constater que du point de vue de la fréquence des vulgarismes l’interprète le plus vulgaire est Diam’s, très près suit par Seth Gueko. Tandis que du point de vue de la variabilité lexicale des vulgarismes l’interprète le plus vulgaire est Seth Gueko et il faut mentionner que dans ce cas-là Diam’s est classée parmi les interprètes moins vulgaires. Quant aux positions du deuxième et du troisième le plus vulgaire interprète, ces positions varient et il n’y a aucune correspondance. Nous croyons que nous pouvons donc constater que le plus vulgaire interprète des années 2005-2009 est Seth Gueko.

78

VI.1.3 Vulgarité des rappeurs – confrontation des résultats partiels La fréquence absolue des vulgarismes des années 1990-1994 est 201, tandis que celle des années 2005-2009 est 345. Nous croyons qu’il s’agit d’une différence assez considérable et que nous pouvons donc constater que du point de vue de la fréquence absolue, les rappeurs des années 2005-2009 sont plus vulgaires que ceux des années 1990-1994. En ce qui concerne la distinction des fréquences absolues et relatives des vulgarismes d’après les années, nous pouvons voir (voir graphe nº10) que la plus grande fréquence des vulgarismes est en année 2006, la deuxième la plus grande est en année 2007 et la troisième la plus grande fréquence est en année 1992. Nous avons effectué cette distinction annuelle pour pouvoir observer, si la fréquence absolue des vulgarismes des années 2005-2009 n’est pas influencée par une année exceptionnelle, riche en vulgarismes, mais nous pouvons constater que les fréquences de trois années ont dépassées la ligne de soixante-dix vulgarismes, tandis que dans la période des années 1990-1994 cette ligne n’est dépassée que par une année. De plus, d’autres fréquences annuelles sont à peu près identiques, allant de trente et un à trente-sept vulgarismes. La plus petite fréquence des vulgarismes est celle de onze vulgarismes en année 1990. Nous croyons qu’il est assez évident que, même d’après la distinction des fréquences des vulgarismes d’après les années, les rappeurs des années 2005-2009 sont plus vulgaires que ceux des années 1990-1994. Graphe nº10 : Fréquences absolues et relatives des vulgarismes

120

100

80

60 absolue relative 40

20

0 1990 1991 1992 1993 1994 2005 2006 2007 2008 2009

79

Quant aux emplois intentionnels et emplois obligés des vulgarismes, nous avons mentionné que dans la période des années 1990-1994 l’emploi intentionnel des vulgarismes représente 65% et dans la période des années 2005-2009 l’emploi intentionnel représente 83%. Nous croyons qu’il est possible que l’emploi intentionnel des vulgarismes dans la première période est plus petit à cause de l’effort des rappeurs de masquer leur vulgarité derrière les rimes, ce qui est un fait provoqué par la nouveauté de ce genre musical, de même que par le caractère général de cette période. En guise de récapitulation, nous pouvons constater que du point de vue de l’emploi intentionnel et l’emploi obligé des vulgarismes les rappeurs des années 2005-2009 sont plus vulgaires. Nous avons aussi confronté les emplois des vulgarismes des deux périodes concernées dans les couplets et dans les refrains (voir tableau nº10) et nous pouvons constater que la différence est très considérable. Tandis que dans les années 1990-1994 le vulgarisme n’était employé dans un refrain qu’une seule fois (son emploi représente 1,5%), dans les années 2005-2009 l’emploi dans le refrain représente 37%. Nous croyons que la raison de cette grande différence peut être la même qu’au cas des emplois intentionnels et obligées, c’est-à-dire celle de l’effort de masquer la vulgarité. Tableau nº10 : Fréquence des vulgarismes dans les refrains

1990-1994 2005-2009

couplet refrain couplet refrain

198 1x3 219 1x8 ; 9x5 + 6x1 ; 1x3 ; 1x6 ; 6x3 ; 2x3 ; 2x3 ; 1x4 ;1x4 ; 1x2 ; 6x3

198 3 219 126

La variabilité lexicale des vulgarismes est un autre point de vue de la qualification des vulgarismes que nous avons bien considérée. La fréquence absolue des années 1990-1994 est 80, tandis que celle des années 2005-2009 est 96. Nous croyons que la différence est assez remarquable et démontre bien pendant quelle période les rappeurs utilisent plus de vulgarismes divers. Nous avons aussi effectué une distinction des variabilités lexicales d’après les années particulières (voir graphe nº11). Nous pouvons voir la plus grande variabilité lexicale des vulgarismes est partagée par les années 1992 et 2007 et fait quarante et un vulgarismes différents. La deuxième la plus grande variabilité lexicale est celle de trente-cinq vulgarismes différents en année 2009 et la troisième est celle de trente-trois

80 vulgarismes différents en année 2006. D’autres fréquences sont à peu près identiques, allant de vingt-neuf à vingt-quatre vulgarismes différents. Les plus petites fréquences sont celles de l’année 1990, qui ne fait que dix vulgarismes différents et de l’année 2008 qui fait seize vulgarismes différents. Graphe nº11 : Fréquences absolues et relatives des variabilités lexicales des vulgarismes

45

40

35

30

25 absolue 20 relative 15

10

5

0 1990 1991 1992 1993 1994 2005 2006 2007 2008 2009

Nous croyons que la différence entre deux périodes concernées n’est pas si évidente qu’au cas de la fréquence des vulgarismes, mais, au contraire, nous constatons que la variabilité lexicale des vulgarismes de deux périodes est, plus ou moins, équilibrée. Nous concluons que du point de vue de la variabilité lexicale des vulgarismes les rappeurs des années 2005-2009 sont plus vulgaires que ceux des années 1990-1994.

Pour conclure, nous pouvons dire que du point de vue de la fréquence des vulgarismes les rappeurs des années 2005-2009 sont plus vulgaires que les rappeurs des années 1990-1994. Du point de vue de la variabilité lexicale des vulgarismes les rappeurs des années 2005-2009 sont plus vulgaires que les rappeurs des années 1990- 1994. Nous pouvons constater que nos suppositions étaient vraies et, en somme, que notre première hypothèse est vraie, autrement dit, les rappeurs des années 2005-2009 sont plus vulgaires, du point de vue de la fréquence des vulgarismes et aussi du point de vue de leur variabilité lexicale, que les rappeurs des années 1990-1994.

81

VI.2 Vulgarismes formés par composition ou par dérivation

Dans ce sous-chapitre nous voulons prouver que les vulgarismes qui sont formés soit par composition soit par dérivation sont employés par les rappeurs français et qu’il y a une différence considérable dans leurs fréquences d’utilisation entre les deux périodes concernées. Nous voulons aussi aborder la question du rapport mutuel entre la composition et la vulgarité, de même qu’entre la dérivation et la vulgarité. Y-a-t-il un rapport direct ? S’agit-il des procédés appropriés de la création des vulgarismes ? Ce sont les questions auxquelles nous tentons de répondre. Nous avons étudié l’étymologie des vulgarismes de notre corpus de chansons de rap pour pouvoir identifier quels vulgarismes sont formés par composition et quels sont formés par dérivation. Nous avons utilisé quatre dictionnaires de la langue française, dont deux sont les dictionnaires de langue généraux (Le Petit Robert, Le Petit Larousse) et deux sont les dictionnaires spécialisés de l’argot français (Commet tu tchatches !, Dictionnaire de la zone). Légende140 :

DICTIONNAIRE ABRÉVIATION UTILISÉE

Le Nouveau Petit Robert de la langue française 2009 PR

Le Petit Larousse 2010, Dictionnaire multimédia PL

Comment tu tchatches ! CCT

Le Dictionnaire de la zone DDZ

Nous comprenons sous le terme de mot composé un mot, autrement dit un ensemble sémantique inséparable qui peut être formé par plusieurs unités lexicales, qui est formé par composition de deux racines différentes. Les emprunts aux langues étrangères formés par composition (p.ex. l’emprunt à l’anglais motherfucker ou bien l’emprunt à l’espagnol hijo de puta) sont exclus. Nous avons exclus aussi certaines expressions, c’est-à-dire des locutions nominales et verbales, qui forment une unité sémantique, néanmoins, elles peuvent être séparées sans changer considérablement leurs sens (p.ex. la locution nominale une bête noire ou bien la locution verbale mettre en cloque).

140 Pour les références bibliographiques de dictionnaires mentionnés, voir Bibliographie.

82

Ensuite, nous avons établi une liste des vulgarismes de notre corpus de chansons de rap qui sont formés par composition (voir tableau nº11). Nous indiquons le type de composition, les éléments particuliers qui participent à la composition et la source.

Tableau nº11 : Vulgarismes formés par composition

VULGARISME TYPE DE ÉTYMOLOGIE SOURCE COMPOSITION de con, adj.m. mot composé par de, prép. + con, n.m. PR ; PL préposition de merde, adj.m. mot composé par de, prép. + merde, n.f. PR ; PL préposition de pute, adj.m. mot composé par de, prép. + pute, n.f. PR ; PL préposition fils à gratis, n.m. mot composé par fils, n.m. + à, prép. + gratis, adv. PR ; PL préposition fils à papa, n.m. mot composé par fils, n.m. + à, prép. + papa, n.m. PR ; PL préposition fils de putain, n.m. mot composé par fils, n.m. + de, prép. + putain, n.f. PR ; PL préposition fils de pute, n.m. mot composé par fils, n.m. + de, prép. + pute, n.f. PR ; PL préposition fils de salope, n.m. mot composé par fils, n.m. + de, prép. + salope, n.f. (voir ci-dessous) PR ; PL préposition gosse de riche, n.m. mot composé par gosse, n.m. + de, prép. + riche, n.m. PR ; PL préposition nick ta mère, n.m. mot composé niquer, v.tr. + ton, adj.poss. + mère, n.f. PR ; PL (juxtaposition) salope, n.f. mot composé soudé sale, adj. + hoppe, n.m. (forme dialectale de PR huppe) tête de roumain, n.f. mot composé par tête, n.f. + de, prép. + roumain, n.m. PR ; PL préposition trou de balle, n.m. mot composé par trou, n.m. + de, prép. + balle, n.f. PR ; PL préposition trou du cul, n.m. mot composé par trou, n.m. + de, prép. + cul, n.m. PR ; PL préposition zguegue de poulain, mot composé par zguegue, n.m. + de, prép. + poulain, n.m. PR ; PL ; n.m. préposition DDZ

83

Quant au rapport entre la composition et la vulgarité, le but de notre recherche est de pouvoir analyser de quelle façon la vulgarité d’un mot est conditionnée par ses formants particuliers vulgaires et si les formants non-vulgaires peuvent devenir un vulgarisme par le procédé de composition. D’après la distinction des formants vulgaires et non-vulgaires nous distinguons plusieurs types de mots composés : 1. mot composé soudé / en trait d’union

a) formant vulgaire + formant vulgaire (FV + FV)

b) formant vulgaire + formant non-vulgaire (ou vice-versa) (FV + FN)

c) formant non-vulgaire + formant non-vulgaire (FN + FN) 2. mot composé par préposition

a) formant vulgaire + terme de liaison + formant vulgaire (FV + tdl + FV) b) formant vulgaire + terme de liaison + formant non-vulgaire (ou vice-

versa) (FV + tdl + FN)

c) formant non-vulgaire + terme de liaison + formant non-vulgaire (FN + tdl

+ FN)

d) terme de liaison + formant vulgaire (tdl + FV) Nous ne distinguons pas la vulgarité des termes de liaison, autrement dit des prépositions, parce que ceux-ci, en tant que mots grammaticaux, ne peuvent pas prendre de connotation. Le cas de 2d concerne les adjectifs composés vulgaires. Nous n’indiquons pas la possibilité de la composition d’un terme de liaison avec un formant non-vulgaire, parce que nous croyons que le terme composé de cette manière ne peut jamais prendre une connotation vulgaire.

Par contre, sous le terme de mot dérivé nous comprenons un mot qui est formé par une racine et un ou plusieurs affixes. Les emprunts aux langues étrangères formés par dérivation (p.ex. l’emprunt à l’anglais shooter) sont exclus, de même que les mots qui ont subi une évolution morphologique régulière, dont la partie intégrale est le changement des suffixes (p.ex. la régularisation de désinences des verbes latins). Nous avons aussi exclus les éléments particuliers des locutions verbale vulgaires (p.ex. le verbe bouffer, dérivé à partir de l’onomatopée buff et à l’aide de suffixe –er, qui est un des éléments de la locution verbale bouffer la queue). Il faut aussi mentionner que nous n’avons pas malheureusement réussi à identifier l’origine de tous les vulgarismes de

84 notre corpus et dans ces cas-là nous ne pouvons pas constater s’il s’agit d’un mot formé par dérivation ou non (p.ex. le mot zguegue dont l’origine nous n’avons pas identifié). Nous avons établi une liste des vulgarismes de notre corpus de chansons de rap qui sont formés par dérivation (voir tableau nº12) et nous indiquons le type de dérivation, les éléments particuliers de la dérivation de chaque mot et la source. Au cas où nous n’indiquons pas la source il s’agit d’un néologisme, dont l’étymologie nous avons tenté d’indiquer nous-même.

Tableau nº12 : Vulgarismes formés par dérivation

VULGARISME TYPE DE DÉRIVATION ÉTYMOLOGIE SOURCE abruti, n.m. dérivation impropre part.passé de abrutir, v.tr. PR ; PL anti-porc, n.m. dérivation propre préfixe anti- + porc, n.m. PR ; PL (préfixation) chiotte, n.f. dérivation propre chier, v.tr. + suffixe -otte PR ; PL (suffixation) connard, n.m. dérivation propre con, n.m. + suffixe -ard PR ; PL (suffixation) conasse, n.f. dérivation propre con, n.m. + suffixe -asse PR ; PL (suffixation) connerie, n.f. dérivation propre con, n.m. + suffixe -erie PR ; PL (suffixation) costard. n.m. dérivation propre costume, n.m. + suffixe -ard PR ; PL (suffixation) crasseux, n.m. dérivation propre crasse, adj.m. + suffixe -eux PR ; PL (suffixation) déconner, v.tr. dérivation parasynthétique préfixe dé- + con, n.m. + suffixe -er PR (préfixation et suffixation) dégueulasse, adj.f. dérivation propre dégueuler, v.tr. + suffixe -asse PR ; PL (suffixation) demmerder, v.tr. dérivation propre préfixe de- + emmerder, v.tr. - (préfixation) emmerde, n.f. dérivation impropre présent de emmerder, v.tr. PR ; PL emmerder, v.tr. dérivation parasynthétique préfixe en- + merde, n.f. + suffixe -er PR ; PL (préfixation et suffixation) enculé, adj.m. dérivation impropre part.passé de enculer, v.tr. PR enculé, n.m. dérivation impropre part.passé de enculer, v.tr. PR enculer, v.tr. dérivation parasynthétique préfixe en- + cul, n.m. + suffixe -er PR (préfixation et suffixation)

85 enfoiré, adj.m. dérivation propre préfixe en- + foire, n.f. PR ; PL (préfixation) enfoiré, n.m. dérivation propre préfixe en- + foire, n.f. PR ; PL (préfixation) merdeux, n.m. dérivation propre merde, n.f. + suffixe -eux PR ; PL (suffixation) néo-facho, n.m. dérivation propre préfixe néo- + facho, n.m. PR ; PL (préfixation) niqueur, n.m. dérivation propre niquer, v.tr. + suffixe -eur - (suffixation) pétasse, n.f. dérivation propre péter, v.tr. + suffixe -asse PR (suffixation) pineur, n.m. dérivation propre piner, v.tr. + suffixe -eur - (suffixation) pouffiasse, n.f. dérivation propre pouff, n.m. + suffixe -asse PR (suffixation) racaille, n.f. dérivation propre rasicare, v.tr. + suffixe -aille PR ; PL (suffixation) rebaiser, v.tr. dérivation propre préfixe re- + baiser, v.tr. - (préfixation) salaud, n.m. dérivation propre sale, adj.m. + suffixe -aud PR ; PL (suffixation) surbaiser, v.tr. dérivation propre préfixe sur- + baiser, v.tr. - (préfixation) taffer, v.tr. dérivation propre taf, n.m. + suffixe -er CCT (suffixation)

Quant au rapport entre la vulgarité et la dérivation, nous tentons d’indiquer de quelle façon la vulgarité de la racine influence la vulgarité du mot dérivé de cette racine et aussi de quelle façon les suffixes péjoratifs conditionnent la vulgarité des mots. Du point de vue de la vulgarité des formants particuliers nous distinguons quatre types de mots dérivés : 1. racine vulgaire + affixe péjoratif (RV + AP)

2. racine vulgaire + affixe neutre (RV + AN)

3. racine non-vulgaire + affixe péjoratif (RN + AP)

4. racine non-vulgaire + affixe neutre (RN + AN) Il faut encore mentionner que nous comprenons sous le terme d’un affixe péjoratif précisément le suffixe péjoratif, parce que nous n’avons pas identifié un préfixe péjoratif dans notre corpus de chansons de rap.

86

VI.2.1 Vulgarismes formés par composition ou par dérivation dans les années 1990-1994 La fréquence absolue des vulgarismes des années 1990-1994 est 201. Une partie intégrale de ce nombre représentent les vulgarismes formés par composition, dont la fréquence absolue est 17. Graphe nº12 Comme nous pouvons voir au graphe Fréquence relative des nº12, les vulgarismes formés par vulgarismes composés composition représentent 8% de tous 1990-1994 les vulgarismes des années 1990-1994. Un ou plusieurs vulgarismes formés 8% par composition étaient utilisés dans vulgarisme les paroles de douze chansons sur composé vulgarisme cinquante (c’est-à-dire en 24% de paroles) et, d’un autre point de vue, 92% par cinq interprètes sur dix-sept de cette période (c’est-à-dire par 29% d’interprètes). Nous croyons que cette fréquence des vulgarismes formés par composition est assez valable et représentatif. Quant aux formants vulgaires et non-vulgaires participant à la composition, nous avons identifié quatre types différents de combinaison possible des formants. Le nom salope est un mot composé soudé qui se compose de deux formants non- vulgaires, c’est-à-dire qu’il s’agit du type FN + FN. Ensuite, nous avons identifié quatre noms composés par préposition qui se composent d’un fomant non-vulgaires et d’un formant vulgaire, c’est-à-dire le type FV + tdl + FN. Il s’agit des noms fils de putain, fils de pute, nick ta mère et trou du cul. Mais il faut mentionner que le nom nick ta mère n’est pas un mot composé par préposition, mais par juxtaposition. Néanmoins, nous le classons, du point de vue des fomants participant à la composition, parmi les mots composés par préposition. Puis, nous avons identifié trois noms composés par préposition qui se composent des formants non-vulgaires. Ce sont les noms fils à gratis, fils à papa et trou de balle. Et finalement nous avons identifié deux adjectifs qui se composent d’un formant vulgaire, c’est-à-dire le type tdl + FV. Il s’agit d’adjectifs de con et de pute.

87

En guise de récapitulation, nous pouvons constater que de dix vulgarismes de la période des années 1990-1994 formés par composition, six vulgarismes contiennent un formant vulgaire, tandis que quatre vulgarismes ne contiennent que des formants non- vulgaires. Le procédé de composition rend possible de changer la connotation des formants non-vulgaires en connotation vulgaire du mot nouveau.

Tableau nº13 : Vulgarismes formés par composition 1990-1994

VULGARISME 1990 1991 1992 1993 1994 TOTAL de con, adj.m. - - - 1 - 1 de pute, adj.m. - - 1 1 - 2 fils à gratis, n.m. - 1 - - - 1 fils à papa, n.m. - 1 - - - 1 fils de putain, n.m. - - 1 - - 1 fils de pute, n.m. - 1 1 1 - 3 nick ta mère, n.m. - 1 - 1 - 2 salope, n.f. - - 1 1 2 4 trou de balle, n.m. - 1 - - - 1 trou du cul, n.m. - - - 1 - 1

TOTAL 0 5 4 6 2 17

En ce qui concerne les vulgarismes formés par dérivation, leur fréquence absolue des années 1990-1994 monte à 26. Graphe nº13 Comme nous pouvons voir au graphe Fréquence relative des nº13, les vulgarismes formés par vulgarismes dérivés dérivation représentent 13% de tous 1990-1994 les vulgarismes des années 1990-1994. Un ou plusieurs vulgarismes formés

13% par dérivation étaient utilisés dans les vulgarisme paroles de dix-huit chansons sur dérivé vulgarisme cinquante (c’est-à-dire en 34% de paroles) et, d’un autre point de vue, 87% par neuf interprètes sur dix-sept (c’est-

88

à-dire par 53% d’interprètes). Nous pouvons constater que les vulgarismes formés par dérivation sont utilisés par la plupart des interprètes et aussi qu’ils sont employés plus fréquemment (du point de vue de la fréquence absolue, de même que du point de vue de nombre de paroles dans lesquelles ils sont employés et aussi de nombre d’interprètes qui les emploient) que les vulgarismes formés par composition. Quant à la question de la vulgarité de la racine du dérivé et la vulgarité des affixes, nous avons identifié trois types de combinaison possible de la vulgarité de la racine et des affixes. Nous avons identifié deux noms dont la racine est vulgaire et les suffixes sont péjoratifs, c’est-à-dire le type RV + AP. Il s’agit de noms chiottes et connard. Ensuite, nous avons identifié sept mots dont la racine est vulgaire et les affixes sont neutres, c’est-à-dire le type RV + AN. Il s’agit de deux noms dérivés à l’aide des suffixes (connerie, merdeux), deux noms dérivés à l’aide des préfixes (enfoiré, néo-facho) et de trois verbes dérivés parasynthétiquemment (déconner, emmerder, enculer). Puis, nous avons identifié cinq noms dont la racine n’est pas vulgaire et les suffixes sont péjoratifs, c’est-à-dire le type RN + AP. Ce sont les noms costard, pétasse, pouffiasse, racaille et salaud. Il faut aussi mentionner que nous avons identifié deux noms qui sont le résultat de la dérivation impropre. Il s’agit de noms emmerde et enculé, dérivés de verbes emmerder et enculer, qui conserve la connotation vulgaire des mots de base. En guise de récapitulation nous pouvons constater que tous les vulgarismes de cette période qui sont formés par dérivation contiennent soit la racine vulgaire soit l’affixe péjoratif. Nous n’avons pas identifié un mot vulgaire dérivé à partir d’un mot non-vulgaire et, en même temps, à l’aide d’un affixe neutre.

Tableau nº14 : Vulgarismes formés par dérivation 1990-1994

VULGARISME 1990 1991 1992 1993 1994 TOTAL chiotte, n.f. - 1 - - - 1 connard, n.m. 1 - - - - 1 connerie, n.f. - - 1 - - 1 costard, n.m. - - - - 1 1 déconner, v.tr. - - 1 1 - 2 emmerde, n.f. - - - 1 - 1

89 emmerder, v.tr. - - - - 2 2 enculé, n.m. - - 2 - 1 3 enculer, v.tr. - 1 1 1 - 3 enfoiré, n.m. - 1 - 1 - 2 merdeux, n.m. - - 1 - - 1 néo-facho, n.m. - - - - 1 1 pétasse, n.f. - - - - 1 1 pouffiasse, n.f. - - - - 1 1 racaille, n.f. - 1 2 - - 3 salaud, n.m. - 2 - - - 2

TOTAL 1 6 8 4 7 26

VI.2.2 Vulgarismes formés par composition ou par dérivation dans les années 2005-2009 La fréquence absolue des vulgarismes des années 2005-2009 est 345 et celle des vulgarismes formés par composition est 14. Graphe nº14 Comme nous pouvons voir au graphe Fréquence relative des nº14, les vulgarismes formés par vulgarismes composés composition représentent 6% de tous 2005-2009 les vulgarismes des années 2005-2009. Un ou plusieurs vulgarismes étaient 6% employés dans douze sur cinquante vulgarisme paroles de chansons (c’est-à-dire en composé vulgarisme 24% de paroles) et, d’un autre point de vue, par dix interprètes sur vingt-cinq 94% (c’est-à-dire par 40% d’interprètes). Nous pouvons voir que la fréquence relative des vulgarismes formés par composition n’est pas très élevée, par contre, nous croyons que la fréquence des paroles de chansons dans lesquels les vulgarismes composés étaient utilisés, de même que la fréquence des interprètes qui les ont employés, est assez élevée et considérable.

90

Quant aux formants vulgaires et non-vulgaires qui participent à la composition des mots de cette période, nous avons identifié quatre types de combinaison possible des formants particuliers. Nous avons identifié un mot composé soudé qui se compose de deux formants non-vulgaires, c’est-à-dire le type FN + FN. Il s’agit du nom salope. Ensuite, nous avons identifié trois noms qui se composent d’un formant vulgaire et un formant non- vulgaires, c’est-à-dire le type FV + tdl + FN. Ce sont les noms fils de pute, fils de salope et zguegue de poulain. Puis, nous avons identifié deux noms qui se composent de formants non-vulgaires, c’est-à-dire le type FN + tdl + FN. Il s’agit de noms gosse de riche et tête de roumain. Finalement nous avons identifié trois adjectifs qui contiennent un formant vulgaire, c’est-à-dire le type tdl + FV. Ce sont les adjectifs de con, de merde et de pute. En guise de récapitulation nous pouvons constater que six vulgarismes de cette période formés par composition contiennent un formant vulgaire qui assure la connotation vulgaire du mot nouveau. Par contre, trois vulgarismes de cette période ne contiennent que les formants non-vulgaires et ils prennent une connotation vulgaire par le procédé de composition.

Tableau nº15 : Vulgarismes formés par composition 2005-2009

VULGARISME 2005 2006 2007 2008 2009 TOTAL de con,adj.m. - - 1 - - 1 de merde, adj.m. - - - - 1 1 de pute, adj.m. - - 1 1 - 2 fils de pute, n.m. 1 1 1 - 2 5 fils de salope, n.m. - - - 1 - 1 gosse de riche, n.m. - 1 - - - 1 salope, n.f. - - 1 - - 1 tête de roumain, n.f. - - 1 - - 1 zguegue de poulain, n.m. - - 1 - - 1

TOTAL 1 2 6 2 3 14

91

En ce qui concerne les vulgarismes formés par dérivation, leur fréquence absolue des années 2005-2009 est 90. Graphe nº15 Nous pouvons voir au graphe nº15 que Fréquence relative des les vulgarismes formés par dérivation vulgarismes dérivés représentent 26% de tous les 2005-2009 vulgarismes des années 2005-2009. Un ou plusieurs vulgarismes étaient employés dans dix-neuf paroles sur 26% vulgarisme cinquante (c’est-à-dire en 38% de dérivé vulgarisme paroles) et, d’un autre point de vue, 74% par quatorze interprètes sur vingt-cinq (c’est-à-dire par 56% d’interprètes).

Nous pouvons constater que les vulgarismes formés par dérivation sont employés assez fréquemment dans les années 2005-2009, autrement dit, plus qu’un vulgarisme sur quatre est un vulgarisme formé par dérivation. De plus, nous pouvons voir que les vulgarismes formés par dérivation sont employés plus souvent que les vulgarismes de la même période formés par composition. Quant à la question de la vulgarité de la racine du mot dérivé et le caractère péjoratif des affixes, nous avons identifié toutes les combinaisons possibles. Nous avons identifié deux noms qui sont dérivés à partir d’une racine vulgaire et

à l’aide d’un suffixe péjoratif, c’est-à-dire le type (RV + AP). Il s’agit de noms connasse et dégueulasse. Ensuite, nous avons identifié douze mots dérivés à partir d’une racine vulgaire et à l’aide d’un affixe neutre, c’est-à-dire le type (RV + AN), dont six sont formés par préfixation (ce sont les noms anti-porc et enfoiré, l’adjectif enfoiré et les verbes demmerder, rebaiser et surbaiser), trois sont formés par suffixation (ce sont les noms connerie, niqueur et pineur) et trois sont formés par dérivation parasynthétique (ce sont les verbes déconner, enculer et emmerder). Puis, nous avons identifié un nom qui est dérivé à partir d’une racine non-vulgaire et à l’aide d’un suffixe péjoratif, c’est-

à-dire le type (RN + AP), c’est le nom costard et finalement un verbe dérivé à partir d’une racine non-vulgaire et à l’aide d’un suffixe neutre, c’est-à-dire le type (RN + AN), c’est le cas du verbe taffer. Un type particulier représente le nom abruti qui est formé par dérivation impropre à partir du verbe non-vulgaire.

92

En guise de récapitulation nous pouvons constater que la plupart des vulgarismes de cette période qui sont formés par dérivation sont soit dérivés à partir d’une racine ayant une connotation vulgaire, soit à l’aide d’un affixe ayant une connotation péjorative. Autrement dit, la vulgarité du mot nouveau n’est que transmise du terme de base ou bien de l’affixe. Mais il faut souligner que nous avons identifié aussi deux vulgarismes qui ne sont pas dérivés à partir d’une racine vulgaire ni à l’aide d’un suffixe péjoratif. Cela signifie que le procédé de dérivation, de même que le procédé de composition, peut attribuer une connotation vulgaire à un mot nouveau-formé.

Tableau nº16 : Vulgarismes formés par dérivation 2005-2009

VULGARISME 2005 2006 2007 2008 2009 TOTAL abruti, n.m. - - - - 1 1 anti-porc, n.m. - - 1 - - 1 connasse, n.f. - - - - 1 1 connerie, n.f. - 1 - - - 1 costard, n.m. - 1 - - - 1 crasseux, n.m.. - - - - 2 2 déconner, v.tr. - 2 + 1x8 - 0 + 1x4 - 14 dégueulasse, adj.m. - - - 1 - 1 demmerder, v.tr. - 1 - - - 1 enculé, adj.m. - - - - 1 1 enculer, v.tr. - 2 - - 1 3 enfoiré, adj.m. - - 1 - - 1 enfoiré, n.m. - 1 1 - 1 3 emmerder, v.tr. 1 1 + 9x5 + - 1 - 54 6x1 niqueur, n.m. - - - - 1 1 pineur, n.m. - 1 - - - 1 rebaiser, v.tr. - - - - 1 1 surbaiser, v.tr. - - - - 1 1 taffer, v.tr. - - 1 - - 1

TOTAL 1 69 4 6 10 90

93

VI.2.3 Vulgarismes formés par composition ou par dérivation – confrontation de résultats partiels Les vulgarismes créés soit par composition soit par dérivation forment une partie importante des vulgarismes. Premièrement nous allons confronter les résultats de deux périodes concernées du point de vue des vulgarismes formés par composition et deuxièmement du point de vue des vulgarismes formés par dérivation. En ce qui concerne les vulgarismes formés par composition, nous confrontons non seulement la fréquence des vulgarismes composés par rapport à la fréquence de tous les vulgarismes de la période, mais aussi la fréquence des paroles dans lesquels les vulgarismes composés étaient utilisés et même la fréquence des interprètes qui les ont utilisés. Nous travaillons avec les fréquences relatives. Graphe nº16 : Confrontation des résultats - composition

45 Nous pouvons voir que la

40 fréquence relative des

35 vulgarismes formés par

30 composition est plus

25 grande dans les années 1990-1994 20 1990-1994 que dans les 2005-2009 15 années 2005-2009. Mais il

10 faut constater que la

5 différence, qui fait 3%,

0 n’est pas très grande. vulgarismes paroles interprètes En ce qui concerne les fréquences relatives des paroles dans lesquels les vulgarismes composés étaient employés, nous pouvons voir qu’elles sont identiques. Par contre, la fréquence relative des interprètes qui ont utilisé les vulgarismes formés par composition est plus grande dans les années 2005-2009 que dans les années 1990-1994 et, en plus, nous pouvons constater que la différence entre ces deux fréquences, qui fait 11%, est assez grande et considérable. En somme, nous avons trois catégories à confronter pour décider pendant quelle période les vulgarismes composés sont plus fréquents. La première période prédomine la première catégorie, la seconde période prédomine la troisième catégorie et la deuxième catégorie contient les résultats identiques. Il est assez difficile pour nous de décider pendant quelle période les vulgarismes composés sont employés plus fréquemment, autrement dit, quel critère est

94 le plus déterminant. Mais finalement, nous choisissons le critère de fréquence relative des vulgarismes composés et c’est pourquoi nous constatons que les vulgarismes composés sont employé plus fréquemment dans les années 1990-1994 que dans les années 2005-2009. Avant de passer aux vulgarismes formés par dérivation, nous voulons encore nous occuper de la question des formants particuliers de la composition. Autrement dit, sont les vulgarismes formés par composition vulgaires à cause des formants dont ils se composent ou bien c’est le procédé même de composition qui les fait vulgaires ? Les vulgarismes composés sont formés par seize formants différents dans les années 1990-1994 (voir tableau nº17), dont cinq formants ont une connotation vulgaire. Tandis que dans les années 2005-2009 les vulgarismes composés sont formés par treize formants différents (voir tableau nº17), dont seulement quatre ont une connotation vulgaire. Nous pouvons constater que les formants vulgaires représentent presque un tiers dans les deux périodes. D’un autre point de vue, nous avons identifié un vulgarisme composé du type FN + FN (salope), six vulgarismes composés du type FV + tdl + FN (fils de putain, fils de pute, fils de salope, nick ta mère, trou du cul et zguegue de poulain), cinq vulgarismes composés du type FN + tdl + FN (fils à gratis, fils à papa, gosse de riche, tête de roumain et trou de balle) et trois vulgarismes composés du type tdl + FV (de con, de merde et de pute). Nous n’avons pas identifié de vulgarisme composé du type FV + tdl + FV. Dit plus en général, nous avons identifié quinze vulgarismes formés par composition, dont neuf vulgarismes contiennent un formant vulgaire, tandis que six vulgarismes ne contiennent que de formants non-vulgaires. Le formant le plus fréquemment employé dans la composition est le mot fils qui participe à la composition de cinq vulgarismes (fils à gratis, fils à papa, fils de putain, fils de pute et fils de salope). Nous croyons qu’un aspect intéressant est que, tandis que le mot fils est très fréquemment employé, le mot fille n’est pas employé ni une seule fois dans la composition des vulgarismes de notre corpus. Cela d’après nous réflète le fait que le français a assez de termes désignant une femme facile et dévergondée, mais n’a pas assez d’équivalents masculins et c’est pourquoi il est employé un mot composé, qui contient un formant vulgaire désignant une femme en tant que mère, pour désigner un homme sans valeur. Pour conclure, nous pouvons constater que, pour la plupart de cas, les vulgarismes formés par composition sont vulgaires, parce qu’ils contiennent un formant vulgaire, c’est-à-dire que le formant vulgaire transmet sa connotation au vulgarisme

95 nouveau-composé. Mais il faut mentionner qu’il existe aussi des vulgarismes formés par composition qui se composent des formants non-vulgaires (et dont le nombre n’est pas du tout négligeable) qui prennent la connotation vulgaire par le procédé de composition.

Tableau nº17 : Formants vulgaires et non-vulgaires de la composition

alle

b con(vulg.) cul(vulg.) fils gosse gratis hoppe (vulg.) merde mère nick(vulg.) papa poulain putain(vulg.) (vulg.) pute riche roumain sale tête trou zguegue(vulg.)

1990- 1 1 1 4 1 1 1 1 1 1 2 1 2 1994

2005- 1 2 1 2 1 1 2 1 1 2 1 1 2009

En ce qui concerne les vulgarismes formés par dérivation, nous confrontons les deux périodes concernées du point de vue de la fréquence des vulgarismes formés par dérivation, de la fréquence des paroles dans lesquels ils sont employés et aussi de la fréquence des interprètes qui les utilisent. Nous travaillons avec les fréquences relatives. Graphe nº17 : Confrontation des résultats - dérivation

60 Comme nous pouvons voir au graphe nº17, la 50 fréquence des vulgarismes

40 formés par dérivation est plus grande dans les 30 1990-1994 années 2005-2009 que 2005-2009 20 dans les années 1990- 1994. La différence, 10 montant à 13%, est assez remarquable. La fréquence 0 vulgarismes paroles interprètes des paroles dans lesquels les vulgarismes formés par dérivation étaient employés est de nouveau plus grande dans les années 2005-2009 que dans les années 1990-1994, mais il faut constater que dans ce cas-là la différence, qui fait 4%, n’est pas très importante. La fréquence des interprètes qui ont utilisé un ou

96 plusieurs mots formés par dérivation est plus grande dans les années 2005-2009 que dans les années 1990-1994. En somme, nous avons trois catégories différentes à confronter les résultats partiels et dans tous les trois catégories prédomine la seconde période concernée, c’est-à-dire les années 2005-2009. C’est pourquoi nous pouvons constater que les vulgarismes formés par dérivation sont utilisés plus fréquemment dans les années 2005-2009 que dans les années 1990-1994. Quant à la question de la vulgarité de la racine et le caractère péjoratif des affixes, nous pouvons nous poser la question est-ce que les vulgarismes formés par dérivation sont vulgaires à cause de leurs formants ou bien c’est le procédé même qui apporte une connotation vulgaire ? Nous avons identifié vingt-neuf vulgarismes dans notre corpus qui sont formés par dérivation (voir tableau nº12), dont trois sont les vulgarismes dérivés du type RV + AP (chiottes, connard et conasse), quatorze sont les vulgarismes dérivés du type RV + AN, y compris les vulgarismes formés par dérivation parasynthétique (anti-porc, connerie, déconner, demmerder, emmerder, enculer, enfoiré (adj.), enfoiré (n.), merdeux, néo-facho, niqueur, pineur, rebaiser et surbaiser), six sont les vulgarismes dérivés du type RN + AP (costard, dégueulasse, pétasse, pouffiasse, racaille et salaud) et deux sont les vulgarismes dérivés du type RN + AN (crasseux et taffer). De quatre vulgarismes formés par dérivation impropre sont trois formés à partir une racine vulgaire (emmerde, enculé (adj.) et enculé (n.)) et un à partir une racine non- vulgaire (abruti).

Schéma nº2 : Dérivés de con La dérivation est un des procédé le plus fréquemment utilisé pour la création des mots nouveaux et elle garde le même statut aussi pour la création des vulgarismes. Nous voulons présenter deux familles de vulgarismes (dérivés à partir d’une racine vulgaire) qui sont le plus répandues dans notre corpus de chansons de rap – celle du vulgarisme con (voir schéma nº2) et celle du vulgarisme

97 merde (voir schéma nº3). Nous pouvons voir qu’à partir de la racine con trois vulgarismes (connard, conasse et connerie) sont formés par suffixation et un vulgarisme est formé par dérivation parasynthétique (déconner).

Schéma nº3 : Dérivés de merde

Tandis qu’à partir de la racine merde un vulgarisme est formé par suffixation (merdeux) et un par dérivation parasynthétique (emmerder). De plus, le dérivé parasynthétique emmerder devient une nouvelle racine à partir de laquelle sont formés un vulgarisme par préfixation (demmerder) et un vulgarisme par dérivation impropre (emmerde). Nous croyons que le cas de la famille du vulgarisme merde nous démontre bien que la dérivation est un procédé vif (il faut mentionner que le verbe demmerder est un néologisme) et employé pour la création des vulgarismes nouveaux. En guise de récapitulation nous pouvons constater que vingt-six vulgarismes sur vingt-neuf qui sont formés par dérivation ont une connotation vulgaire transmise soit de sa racine soit de l’affixe péjoratif. Néanmoins, il faut mentionner que nous avons identifié aussi les vulgarismes qui sont formés par dérivation et dont ni la racine ni l’affixe ne porte pas de connotation vulgaire ou péjorative. C’est-à-dire que le procédé de dérivation n’est pas seulement le procédé qui facilite la transmission de la connotation, mais qui peut soi-même attribuer une connotation nouvelle.

Les vulgarismes formés soit par composition soit par dérivation représentent une partie assez remarquable des vulgarismes de notre corpus de chansons de rap. En ce qui concerne les types particuliers de procédés utilisés, la composition la plus fréquemment

98 utilisée est la composition par préposition (voir graphe nº18) et la dérivation la plus fréquemment utilisée est la dérivation parasynthétique (voir graphe nº19). Nous avons travaillé avec les fréquences absolues des vulgarismes. Graphe nº18 Graphe nº19

Type de Type de composition dérivation 7% 5% par impropre 16% juxtaposition 28% par parasynthétique préposition 77% soudé 67% propre

Pour conclure, nous pouvons constater que notre deuxième hypothèse est à moitié vraie. Il est vrai que les vulgarismes créés par dérivation sont utilisés plus fréquemment dans les années 2005-2009 que dans les années 1990-1994. Par contre, il n’est pas vrai que les vulgarismes créés par composition sont utilisés plus fréquemment dans les années 2005-2009 que dans les années 1990-1994, c’est-à-dire que les vulgarismes créés par composition sont utilisés plus fréquemment dans les années 1990- 1994.

Les procédés de composition et de dérivation sont les procédés employés pour la création des vulgarismes et nous pouvons constater qu’il y a un rapport direct entre la vulgarité et les procédés mentionnés. Autrement dit, si un vulgarisme entre dans le procédé de composition ou bien de dérivation, il ne perd pas sa connotation vulgaire. De plus, les procédés mentionnés, surtout la composition, facilitent la création d’un nouveau vulgarisme à partir des formants non-vulgaires.

99

VI.3 Emprunts vulgaires

Nous voulons prouver dans notre troisième hypothèse que les emprunts vulgaires représentent une partie des vulgarismes du rap français, qui ne peut pas être omise. Nous allons aussi examiner le changement possible de la connotation du mot vulgaire en transmission de la langue source vers la langue cible et l’influence des contraintes extra-linguistique sur l’emploi des emprunts vulgaires. Tout d’abord, nous avons créé un registre des emprunts vulgaires. Nous comprenons sous le terme d’emprunt un emprunt à une langue étrangère, c’est-à-dire que les emprunts aux dialectes (p.ex. le mot schnek d’origine alsacienne) ou bien aux registres de la langue différents (p.ex. le mot crouille est un emprunt au vieil argot) sont exclus. Nous avons éliminé aussi les termes qui sont d’origine d’une langue étrangère, mais qui ont déjà été transplantés dans le français et ont subi une évolution morphologique (p.ex. le mot bébé du mot anglais baby, ou métèque de mots grecs meta et oikos). De plus, nous avons exclus les termes français, dont la forme est influencée par une langue étrangère (p.ex. la locution nick ta mère dans laquelle la forme du verbe français niquer est influencée par l’anglais). Ensuite, nous avons effectué une recherche dans les dictionnaires des langues d’origine des emprunts vulgaires, mais malheureusement nous n’avons pas réussi à trouver un dictionnaire explicatif de la langue romani. Légende141 :

LANGUE DICTIONNAIRE ABRÉVIATION UTILISÉE l’allemand Deutsches Wörterbuch : mit einem "Lexikon der deutschen DW Sprachlehre" l’anglais Cambridge Advanced Learner’s Dictionary CALD l’anglais The Shorter Oxford English Dictionary on historical principles SOED l’espagnol Grand Diccionario de uso del espaðol actual GDUEA le français Le Nouveau Petit Robert de la langue française 2009 PR le français Le Petit Larousse 2010. Dictionnaire multimédia PL le français Comment tu tchatches! CCT le français Dictionnaire de la zone DDZ

141 Pour les références bibliographiques des dictionnaires mentionnés, voir Bibliographie. 100

Le but de cette recherche était d’analyser la vulgarité du mot en question dans la langue source et dans la langue cible. D’après les rapports mutuels nous distinguons trois types principaux d’emprunts vulgaires : 1. Vulgarisme dans la langue source → vulgarisme dans la langue cible

(VS → VC) 2. Non-vulgarisme dans la langue source → vulgarisme dans la langue cible

(NS → VC) 3. Vulgarisme dans la langue sources → non-vulgarisme dans la langue cible

(VS → NC)

Nous avons réparti les emprunts vulgaires de notre corpus d’après ce critère, c’est-à-dire d’après les rapports mutuels entre la langue source et la langue cible. Premièrement nous présentons l’emprunt dans le contexte, plus précisément dans un extrait de paroles de la chanson. Deuxièmement nous présentons une définition d’après un dictionnaire de sa langue source. Troisièmement nous présentons une définition d’après les dictionnaires français – nous avons utilisé quatre dictionnaires français, dont deux sont les dictionnaires de langue généraux (PR et PL) et deux sont les dictionnaires spécialisés de la langue des cités (CCT et DDZ).

Vulgarismes dans la langue source → vulgarismes dans la langue cible :

BIATCH, n.f. « Contrôle d'identité montre-montre nous tes fafs mal à la chatte à ta grand-mère la la la grosse biatch »142

Le mot biatch est un emprunt à l’anglais, plus précisément il s’agit d’une transcription phonétique du mot anglais bitch. Le CALD le définit comme « an unkind or unpleasant women »143, ayant une connotation vulgaire. En ce qui concerne les dictionnaires français, le mot biatch est présent dans le CTT qui le définit comme « prostituée, putain » ou bien « fille, femme (petite amie dans certains cas) » et dans le DDZ qui le définit aussi comme « prostituée ».

142 Booba (Ouest side, 2006), 92Izi. 143 Nous traduisons : « une femme impassible et antipathique ». 101

BOULE, n.m. « Les sites de boules, c'est comme la vraie vie T'attrapes des virus »144

Le mot boule est un emprunt au romani, au dialecte kalderash, du mot bul qui signifie « fondement, postérieur, cul »145. Par analogie avec le mot cul, qui a une connotation vulgaire, et avec les traductions du romani en tchèque146, qui ont aussi une connotation vulgaire, nous trouvons le mot boule vulgaire. En ce qui concerne les dictionnaires français, le mot boule est présent dans le CCT, qui le définit comme « fondement, postérieur, cul » et dans le DDZ, qui le définit aussi comme « cul, derrière, postérieur ».

BULLSHIT, n.f. « Toutes les bullshits qui gravitent dans vos hits. L'éducation avec de la merde facilite la récupération politique. »147

Le mot bullshit est un emprunt à l’anglais. Le CALD le définit comme « a complete nonsense or something that is not true »148, ayant une connotation vulgaire. En ce qui concerne les dictionnaires français, le mot bullshit n’y est pas présent.

FUCK, v. tr. « Parce que personne n'entend les appels au secours, fuck them all. Sans détour, sans détour, car jour après jour, »149

Le verbe fuck est un emprunt à l’anglais. Le CALD le définit comme « to have sex with someone »150 ou bien « used when expressing extreme anger or annoyance, or to add force to what is being said »151, ayant une connotation vulgaire dans les deux cas.

144 Orelsan (Perdu d’avance, 2009), Changement. 145 Source: le CCT. 146 Hübschmannová, Milena a kol. : Romsko-český a česko-romský kapesní slovník, Fortuna, Praha, 1998. 147 Assassin (Le Futur que nous réserve-t-il? vol.1, 1992), La Formule secrète 2: Le retour !. 148 Nous traduisons : « un non-sens absolu ou quelque chose qui n’est pas vraie ». 149 Suprême N.T.M. (1993…J’appuie sur la gâchette, 1993), Plus rien ne va. 150 Nous traduisons : « coucher avec quelqu’un ». 151 Nous traduisons: « utilisé pour exprimer une colère extrême ou une furie, ou bien pour renforcer ce qu’on dit ». 102

En ce qui concerne les dictionnaires français, le verbe fuck est présent dans le CTT qui le définit comme « posséder sexuellement, baiser » et « tromper, arnaquer qqn ».

HIJO DE PUTA, n.m. « Sors les bécanes péta on nique tout là Arrête de lepar sur moi hijo de puta »152

Le mot hijo de puta est un emprunt à l’espagnol. Le GDEA le définit comme « expresión insultante que se aplica a la persona despreciable por su actitud, comportamiento, etc. »153, ayant une connotation vulgaire. En ce qui concerne les dictionnaires français, le mot hijo de puta n’y est pas présent.

MOTHERFUCKER, n.m. « alpha 25 mother fucker Gunz Popin aigle du désert »154

Le mot motherfucker est un emprunt à l’anglais. Le CALD le définit comme « an extremely insulting name for someone you hate or for someone who has made you angry »155 ou bien « an extremely unpleasant thing »156, ayant une connotation vulgaire dans les deux cas. En ce qui concerne les dictionnaires français, le mot motherfucker n’y est pas présent.

NEGRO, n.m. « c'est ça la Fouine focus, focus my negros, la Fouine, itʹs better to forget about it, yeah »157

152 Seth Gueko (Patate de Forain, 2007), On nique tout là. 153 Nous traduisons : « une expression insultante, qui est utilisé pour une personne damnable pour son attitude, comportement, etc. ». 154 Alpha 5.20 (4025, 2009), Original gangster. 155 Nous traduisons : « un terme extrêmement injurieux utilisé pour quelqu’un que nous détestez ou bien pour quelqu’un qui vous a mis en colère ». 156 Nous traduisons : « une chose extrêmement déplaisante ». 157 La Fouine (Aller-Retour, 2007), C’est pas la peine. 103

Le mot negro est un emprunt à l’anglais (nous déduisons qu’il s’agit d’un emprunt anglais et non espagnol, dont la forme est identique, d’après la prononciation et son utilisation dans une phrase anglaise). Le CALD le définit comme « a black person »158, ayant une connotation vulgaire. Les dictionnaires français comprennent le mot négro, qui est son équivalent français, mais le mot anglais negro n’y est pas présent.

SAMBO, n.m. « Place une technique inédite Entre la samba et le sambo »159

Le mot sambo est un emprunt à l’anglais. Il n’est pas présent dans le CALD, mais il est présent dans le SOED qui le définit comme « applied in America and Asia to persons of various degrees of mixed negro and Indian or European blood »160 ou bien « a nickname for a negro ».161 De même que le mot anglais negro, le mot sambo porte une connotation vulgaire. En ce qui concerne les dictionnaires français, le mot sambo en sens d’une personne n’y est pas présent. (Le PL comprend le mot sambo, mais en sens de « sport de combat »).

SHIT, n.m. « élevé dans la violence (ouais) dans ma vie des putes, des flics, du shit »162

Le mot shit est un emprunt à l’anglais. Le CALD le définit comme « the solid waste which is released from the bowels of a person or animal »163, « someone or something you do not like, especially because they are unpleasant or of low quality »164,

158 Nous traduisons : « une personne noire ». 159 Akhenaton (Soldats de fortune, 2006), École de samba. 160 Nous traduisons : « utilisé en Amérique et en Asie pour désigner les personnes de divers niveaux du mélange des sangs noirs et indiens ou européen ». 161 Nous traduisons : « un surnom pour un négro ». 162 Alibi Montana (Inspiration Guerrière, 2007), Inspiration GuerrièRe. 163 Nous traduisons : « le déchet solide qui est secrété d’entrailles d’une personne ou d’un animal ». 164 Nous traduisons : « quelqu’un ou quelque chose que vous n’aimez pas, surtout parce qu’ils sont déplaisants ou au niveau bas ». 104

« insults, criticism or unkind or unfair treatment »165 ou bien « used in negatives to mean ʹanythingʹ »166. Le mot shit est dans tous les cas vulgaire. En ce qui concerne les dictionnaires français, le PR, le PL et le DDZ le définissent comme « haschisch ». Le CTT le définit comme « haschisch » et dans certains cas « drogue ».

SHIT, n.f. « Te rappelles-tu de "J'ai la Formule secrète" ? Hit sur hit, je glisse sur la politic shit. »167

Le mot shit est un emprunt à l’anglais. Pour la définition voir ci-dessus. En ce qui concerne les dictionnaires français, le mot shit du genre féminin n’y est pas présent. Nous croyons que le sens de ce mot correspond au sens anglais de CALD « the solid waste which is released from the bowels of a person or animal »168 et en même temps à son équivalent français, c’est-à-dire une merde169, ce qui est démontré par l’adoption du genre féminin.

Non-vulgarismes dans la langue source → vulgarismes dans la langue cible :

HASS*, n.f. « Dans chaque tiex c'est la hass Mais c'est plus fort que nous on peut pas quitter la tess »170

Le mot hass est un emprunt à l’allemand. Le DW le définit comme « feindl. Gesinnung, heftige, leidenschaftl. Abneigung »171 ou bien « Ggs Liebe »172 , sans une connotation vulgaire. En ce qui concerne les dictionnaires français, le mot hass n’y est pas présent. Mais nous avons trouvé une explication173 du sens de ce mot dans le contexte du rap

165 Nous traduisons : « insultes, critique ou comportement impassible ou injuste ». 166 Nous traduisons : « utilisé en sens négative pour désigner n’importe quoi ». 167 Assassin (Note mon nom sur ta liste, 1991), Note mon nom sur ta liste. 168 Nous traduisons : « le déchet solide qui est secrété d’entrailles d’une personne ou d’un animal ». 169 PR le définit comme : « matière fécale (de l'homme et de certains animaux) ». 170 Seth Gueko (Patate de Forain, 2007), Les Fils de Jacques Mess. 171 Nous traduisons : « un sentiment hostile, une aversion jaune et acharnée ». 172 Nous traduisons : « le contraire de l’amour ». 105 français, qui est définie comme « bordel », « haine, honte », ou bien « avoir les boules ». C’est pourquoi nous le trouvons vulgaire, mais parce qu’il ne s’agit pas d’une source officielle, nous marquons ce mot d’un astérisque.

PIMP, n.m. « Ou sous la forme de glaciers, un peu à la Iceberg Slim. Ici le plus gros pimp est à la tête de l’Etat, escroque légalement »174

Le mot pimp est un emprunt à l’anglais. Le CALD le définit comme « a man who controls prostitutes, especially by finding customers for them, and takes some of the money that they earn »175. Le mot pimp n’est pas marqué comme vulgaire, mais nous croyons qu’il prend une connotation vulgaire en désignant le président de France. En ce qui concerne les dictionnaires français, le mot pimp n’y est pas présent.

SHOOTER, v. tr. « j'ai shooté la fille du shérif, j'ai usé toute ma boîte de préservatifs »176

Le verbe shooter est un emprunt à l’anglais, plus précisément il s’agit du verbe formé à partir du verbe anglais to shoot. Le CALD le définit dans plusieurs contextes « weapon / sport / move quickly / film / play / drug »177. Nous croyons que dans le contexte de cette chansons de rap, il s’agit d’un mouvement rapide que le CALD définit comme « to move in a particular direction very quickly and directly »178 ou bien « to move through or past something quickly »179. En ce qui concerne les dictionnaires français, le PR le définit comme « exécuter un shoot, un tir » ou bien « injecter un stupéfiant à (qqn) ». Le PL le définit comme « tirer, au football » et le DDZ le définit comme « donner un coup de pied », « tuer qqn par arme à feu » et « battre, frapper ». Mais nous croyons que dans ce cas le verbe est

173 Source : [en ligne : http://qc.answers.yahoo.com/question/index?qid=20091118102032AA53wxO], [page consultée le 12 janvier 2010]. 174 Ali (Chaos & Harmonie, 2005), Génération Scarface. 175 Nous traduisons : « un homme qui contrôle les prostituées, surtout en cherchant des clients pour elles et prend certain argent qu’elles gagnent ». 176 Ministère A.M.E.R. (Pourquoi tant de haine?, 1992), Brigitte, femme de flic. 177 Nous traduisons : « arme / sport / mouvement rapide / film / jeu / drogue ». 178 Nous traduisons : « aller très vite et directement dans une direction précise ». 179 Nous traduisons : « aller vite à travers quelque chose ou autour de quelque chose ». 106 utilisé dans un sens nouveau, plus précisément dans le sens de posséder sexuellement, et c’est pourquoi nous le trouvons vulgaire.

Nous pouvons constater (voir graphe nº20) que les emprunts vulgaires de notre corpus sont pour la plupart les vulgarismes dans la langue source et même dans la langue cible (VS → VC), précisément il s’agit de dix vulgarismes qui représentent 77% de tous les emprunts vulgaires. Graphe nº20 Les non-vulgarismes dans la langue source Rapports mutuels et, en même temps, les vulgarismes dans

la langue cible (NS → VC) représentent 23% de tous les emprunts vulgaires, 23% précisément il s’agit de trois vulgarismes. VS → VC Néanmoins, il faut mentionner que nous NS → VC n’avons pas identifié dans notre corpus les 77% vulgarismes dans la langue source qui deviennent les non-vulgarismes dans la

langue cible (VS → NC). En guise de conclusion, nous pouvons dire que la vulgarité de mots ne se change pas pendant la transmission du mot de la langue source vers la langue cible, autrement dit, les mots ayant une connotation vulgaire dans la langue source gardent cette connotation dans la langue cible. De plus, certains mots prennent une connotation vulgaire justement après la transmission vers la langue cible. Nous croyons que ce phénomène est provoqué par un effort de ceux qui utilisent cette sorte de vulgarismes, un effort de déguiser sa vulgarité devant les personnes non-initiées.

Nous avons réparti l’évaluation de notre troisième hypothèse en trois parties. Dans la première partie nous évaluons les résultats des années 1990-1994 et dans la deuxième partie les résultats des années 2005-2009. La troisième partie est consacré à la confrontation des résultats de deux périodes concernées, ce qui nous permet de vérifier notre hypothèse.

107

VI.3.1 Emprunts vulgaires dans les années 1990-1994 Le nombre total, autrement dit la fréquence absolue des vulgarismes des années 1990-1994 est 201 et celui des emprunts aux langues étrangères est 14. Graphe nº21 Nous pouvons constater que les Fréquence relative des emprunts aux langues étrangères emprunts vulgaires représentent 7% des vulgarismes des 1990-1994 années 1990-1994 (voir graphe nº21). En ce qui concerne les langues des 7% emprunts, il n’est utilisé que la langue emprunt anglaise. vulgarisme Nous trouvons ce pourcentage assez représentatif et de valeur, surtout par 93% rapport au pourcentage des emprunts général qui est plus ou moins 10%. C’est pourquoi nous pouvons constater que les rappeurs des années 1990-1994 utilisent les vulgarismes sous forme d’emprunts aux langues étrangères. Un autre aspect important qui concerne les emprunts vulgaires est la question du nombre absolu d’emprunts mis en relation avec le nombre d’interprètes, qui les ont utilisés. Ces données (voir graphe nº22) nous permettent de constater si un emprunt est vraiment utilisé ou s’il s’agit d’un emploi unique. Graphe nº22 : Fréquence absolue des emprunts vulgaires des années 1990-1994 en relation avec le nombre d’interprètes

7 Nous pouvons voir

6 que les interprètes

5 des années 1990-

4 1994 ont utilisé cinq

3 emprunts différents. fréquence absolue 2 Le mot bullshit était nombre d’interprètes 1 utilisé deux fois et

0 par deux interprètes, le verbe fuck était utilisé quatre fois et

108 par deux interprètes et le mot shit, n.f. était utilisé six fois et par deux interprètes. Nous pouvons alors constater que dans ces cas-là, il ne s’agit pas d’un emploi exceptionnel, mais d’un emploi courant des emprunts. Tandis que dans les cas du mot shit, n.m. qui n’était utilisé qu’une fois par un interprète, de même que le verbe shooter, il s’agit d’un emploi unique.

Tableau nº18 : Emprunts vulgaires des années 1990-1994

EMPRUNT 1990 1991 1992 1993 1994 TOTAL bullshit, n.m. - - 2 - - 2 fuck, v.tr. - 1 1 2 - 4 shit., n.m. - - - 1 - 1 shit, n.f. - 3 2 - 1 6 shooter, v.tr. - - 1 - - 1

TOTAL 0 4 6 3 1 14

Quant à l’emploi des emprunts vulgaires, nous croyons qu’il est possible de distinguer deux types d’emploi : emploi intentionnel et emploi obligé. Sous le terme d’emploi intentionnel nous comprenons le choix du rappeur et sa volonté d’utiliser un emprunt vulgaire. Mais l’emploi des emprunts vulgaires peut être influencé par les contraintes extra-linguistiques, c’est-à-dire par le besoin du rappeur de rimer, dans ce cas-là il s’agit d’un emploi obligé.

Tableau nº19 : Emploi des emprunts vulgaires 1990-1994

EMPRUNT EMPLOI EMPLOI OBLIGÉ RIMES UTILISÉES TOTAL INTENTIONNEL bullshit, n.m. 1 1 bullshits - hits 2 fuck, v.tr. 4 0 - 4 shit, n.m. 1 0 - 1 shit, n.f. 3 3 shit – débite ; shit – vite ; shit - l’élite 6 shooter, v.tr. 0 1 shooté - usé 1

TOTAL 9 5 - 14

Nous pouvons constater (voir tableau nº19) que neuf emprunts vulgaires sur quatorze sont employés intentionnellement et que seulement cinq emprunts vulgaires

109 sont employés dans une rime. Mais il faut ajouter qu’au cas du verbe anglais fuck son non-emploi dans les rimes peut être causé par sa forme, qui nous semble difficile à rimer. Pour conclure, les emprunts vulgaires des années 1990-1994 représentent une partie importante des vulgarismes de cette période, même si la diversité des langues d’origine est nulle, parce que tous les emprunts sont les emprunts à l’anglais. De plus, nous pouvons constater que la plupart des emprunts de cette période sont des emprunts couramment utilisés, autrement dit qu’il ne s’agit pas des emplois uniques et ce qui est plus important, c’est que la fréquence des emprunts n’est pas influencée par l’idiolecte d’un interprète. Quant à l’emploi intentionnel et l’emploi obligé des emprunts vulgaires de cette période, la plupart des vulgarismes est employée intentionnellement sans une contrainte extra-linguistique.

VI.3.2 Emprunts vulgaires dans les années 2005-2009 La fréquence absolue des vulgarismes des années 2005-2009 est 345 et celle des emprunts vulgaires aux langues étrangères est 32. Graphe nº23 Nous pouvons constater que les Fréquence relative des emprunts aux langues étrangères emprunts vulgaires représentent 9% de tous les 2005-2009 vulgarismes de la période concernée (voir graphe nº23). 9% Nous trouvons ce pourcentage bien représentatif et de valeur, parce qu’il vulgarisme correspond au pourcentage des emprunt emprunts en général et nous 91% constatons que les rapeurs des années 2005-2009 utilisent les emprunts vulgaires aux langues étrangères. En ce qui concerne les langues d’origines des emprunts, nous pouvons constater que les interprètes des années 2005-2009 ont utilisé des langues étrangères différentes (voir graphe nº24).

110

Graphe nº24 Nous pouvons voir que les interprètes Langue des emprunts ont utilisé quatre langues étrangères. vulgaires 2005-2009 La langue le plus fréquemment utilisée est l’anglais, qui représente 10% 10% 70%. D’autres langues, plus 10% allemand précisément l’allemand, l’espagnol et anglais le romani, représentent en commun espagnol 30%, dont chacune occupe 10%. Il romani 70% faut mentionner, que pour créer ce graphe nous n’avons pas utilisé la fréquence des emprunts (absolue ni relative), mais le nombre de divers emprunts vulgaires (c’est-à-dire un emprunt n’est compté qu’une fois sans égard pour sa fréquence). Nous pouvons constater que les rappeurs ont utilisé dix emprunts différents et que la langue prédominante pour cette période est l’anglais. En ce qui concerne la relation entre l’utilisation des emprunts vulgaires et le nombre d’interprètes qui les utilisent (voir graphe nº25), nous distinguons trois catégories d’utilisation : a) l’utilisation courante, b) l’utilisation unique et c) l’utilisation multipliée par un seul interprète. Graphe nº25 : Fréquence absolue des emprunts vulgaires des années 2005- 2009 en relation avec le nombre d’interprètes

9 8 7 6 5 4 3 fréquence absolue 2 nombre d ’interprètes 1 0

111

Nous pouvons voir qu’à la catégorie de l’utilisation courante appartiennent le mot boule, le verbe fuck et le mot shit qui étaient utilisés plus qu’une fois et par plus qu’un interprète. À la catégorie de l’utilisation unique appartiennent les mots biatch, motherfucker, negro, pimp et sambo qui étaient utilisés seulement une fois. À la catégorie de l’utilisation multipliée par un seul interprète appartiennent les mots hass et hijo de puta. Il s’agit des mots qui étaient utilisés plusieurs fois (avec précision huit fois au cas du mot hass et sept fois au cas du mot hijo de puta), mais par un seul interprète et c’est pourquoi leurs utilisations ne peuvent pas être considérées comme courantes, parce que ces mots peuvent représenter seulement un idiolecte d’une personne, de même qu’elles ne peuvent pas être considérées comme uniques, parce qu’ils sont répétés plusieurs fois. Les emprunts vulgaires des années 2005-2009 sont présents non seulement dans les paroles des chansons, c’est-à-dire dans les couplets (intros et outros y compris), mais aussi dans les refrains. Nous croyons qu’il faut faire cette distinction par rapport à la position de l’emprunt vulgaire dans les paroles, parce que les mots qui sont présents dans les refrains entrent plus facilement dans la conscience des auditeurs à cause de la répétition de refrains, de même qu’à cause de la présence même du mot dans les refrains. Les emprunts vulgaires présents dans les refrains sont les mots hasse, hijo de puta et shit. Tableau nº20 : Emprunts vulgaires des années 2005-2009180

EMPRUNT 2005 2006 2007 2008 2009 TOTAL biatch, n.f. - 1 - - - 1 boule, n.m. - 1 - - 1 2 fuck, v.tr. 1 - 2 - - 3 hasse*, n.f. - - 2 + 1x6 - - 8 hijo de puta, n.m. - - 1 + 2x3 - - 7 motherfucker, n.m. - - - - 1 1 negro, n.m. - - 1 - - 1 pimp, n.m. 1 - - - - 1 sambo, n.m. - 1 - - - 1 shit, n.m. 1 - 1 2 1 + 1x2 7

TOTAL 3 3 19 2 5 32

180 Légende : A + BxC (A - nombre de présence du vulgarisme dans couplets, intos et outros, B – nombre de présence du vulgarisme dans le refrain, C – nombre de répétition du refrain). 112

Quant à l’emploi des emprunts vulgaires des années 2005-2009, nous pouvons constater (voir tableau nº21) que 78% d’emprunts vulgaires, précisément vingt-cinq emprunts vulgaires, sont employés intentionnellement et que seulement 22%, précisément sept emprunts vulgaires, représente un emploi obligé. Le non-emploi des emprunts vulgaires dans les rimes peut être causé par les formes des mots qui nous semblent difficiles à rimer (p.ex. le mot biatch, le verbe fuck, le mot motherfucker et le mot pimp). Mais nous croyons que le nombre assez élevé d’emplois intentionnels reflète plutôt l’intention des rappeurs d’employer les emprunts vulgaires que les difficultés de rimer.

Tableau nº21 : Emploi des emprunts vulgaires 2005-2009

EMPRUNT EMPLOI EMPLOI RIMES UTILISÉES TOTAL INTENTIONNEL OBLIGÉ biatch, n.f. 1 0 - 1 boule, n.m. 2 0 - 2 fuck, v.tr. 3 0 - 3 hasse*, n.f. 2 + 1x6 0 - 8 hijo de puta, n.m. 0 1 + 2x3 là – hijo de puta 7 motherfucker, n.m. 1 0 - 1 negro, n.m. 1 0 - 1 pimp, n.m. 1 0 - 1 sambo, n.m. 1 0 - 1 shit, n.m. 7 0 - 7

TOTAL 25 7 - 32

Pour conclure, les emprunts vulgaires des années 2005-2009 représentent un ensemble important, qui ne peut pas être omis. La diversité des langues d’origine est assez large, mais la majorité est représentée par les emprunts à l’anglais. En ce qui concerne l’utilisation des emprunts, dans la plupart de cas il s’agit des emplois uniques. D’un autre point de vue la plupart des emprunts vulgaires de cette période sont les emprunts vulgaires employés intentionnellement et sans contraintes extra-linguistiques.

113

VI.3.3 Emprunts vulgaires – confrontation des résultats partiels Comme nous avons déjà mentionné ci-dessus, les emprunts vulgaires constituent une partie inséparable des vulgarismes, qui ne peut pas être omise ni oubliée. Les emprunts vulgaires représentent 7% des vulgarismes des années 1990-1994 et 9% des vulgarismes des années 2005-2009. Nous pouvons alors constater que les vulgarismes représentent une partie intégrale de la langue, correspondante aux régularités générales. En ce qui concerne la distinction de l’utilisation des emprunts vulgaires d’après les années (voir graphe nº26), nous pouvons constater qu’il n’y a pas de grandes différences. En 1990 les emprunts représentent 0% des vulgarismes (la fréquence absolue est aussi nulle), en 1991 ça fait 11%, en 1992 ça fait 9%, en 1993 ça fait 9% et en 1994 ça fait 3%. Pour la seconde période, en 2005 les emprunts représentent 9% des vulgarismes, en 2006 ça fait 3%, en 2007 ça fait 24%, en 2008 ça fait 7% et en 2009 ça fait de nouveau 7%. Les exceptions à la moyenne sont les années 1990 pendant laquelle les interprètes n’ont pas utilisé d’emprunts vulgaires et l’année 2007 pendant laquelle, au contraire, la fréquence relative des emprunts vulgaires est assez élevée (mais il faut mentionner que les deux emprunts vulgaires de l’utilisation multipliée par un seul interprète en font partie).

Graphe nº26 : Participation des emprunts vulgaires aux vulgarimes

120

100

80

60 emprunt vulgarisme 40

20

0 1990 1991 1992 1993 1994 2005 2006 2007 2008 2009

114

Les emprunts vulgaires sont de langues d’origines diverses. Nous avons identifié l’allemand (le mot hass), l’anglais (les mots biatch, bullshit, motherfucker, negro, pimp, sambo, shit, n.m., shit, n.f. et les verbes fuck et shooter), l’espagnol (le mot hijo de puta) et le romani (le mot boule). En somme, nous avons identifié un mot provenant de l’allemand, de l’espagnol et du romani et dix mots provenant de l’anglais. De plus, l’anglais est la seule langue des emprunts des années 1990-1994 et la langue prédominante des emprunts des années 2005-2009. Nous pouvons alors constater que l’anglais est, sans aucun doute, la langue prédominante des emprunts vulgaires. Quant aux positions des emprunts vulgaires dans les paroles des chansons, tous les emprunts vulgaires des années 1990-1994 étaient employés dans les couplets (les parties intros et outros y comprises). Par contre, les emprunts vulgaires des années 2005-2009 étaient employés non seulement dans les couplets (dix-huit emplois, c’est-à- dire 56%), mais aussi dans les refrains (quatorze emplois, c’est-à-dire 44%). Nous croyons que l’emploi des emprunts vulgaires dans les refrains est causé par l’intention des rappeurs de mettre en relief le terme (le cas des emprunts vulgaires une hasse et un hijo de puta) qui n’est pas encore si fréquent dans le français. Par contre, un autre emprunt employé dans les refrains était le mot shit, autrement dit, un des emprunts les plus fréquemment utilisées dans les deux périodes. Nous pouvons en déduire que les rappeurs utilisent dans les refrains soit des emprunts vulgaires très peu fréquents soit des emprunts vulgaires très fréquents. D’un autre point de vue, l’influence des contraintes extra-linguistiques sur l’emploi des emprunts vulgaires représente 36% dans la période des années 1990-1994 et 22% dans la période des années 2005-2009. Nous croyons qu’il s’agit d’une influence assez considérable, mais, de l’autre côté, il faut élever une objection que nous ne sommes pas capable de déterminer quel mot influence quel mot dans les rimes. Par exemple, la rime shit – élite, le mot shit est l’influencé et le mot élite est l’influenceur ou vice-versa ? Cette question ne pourrait être répondue que par l’auteur lui-même.

Pour conclure, nous pouvons constater que notre troisième hypothèse est vraie. Les rappeurs utilisent les vulgarismes sous forme d’emprunts aux langues étrangères, parmi lesquelles la langue prédominante est l’anglais.

115

Conclusion

Le but de présent mémoire était de décrire et d’analyser les vulgarismes dans les chansons de rap français, un genre musical qui est généralement associé à la vulgarité de ses interprètes. Pourquoi les rappeurs français emploient-ils des vulgarismes ? S’agit- il d’un reflet de leur non-éducation ou bien d’une intention délibérée ? Ce sont quelques-unes des questions auxquelles ce mémoire tente de répondre. Dans le premier chapitre, nous avons présenté l’origine du mot vulgarisme et ses différentes définitions tirées de dictionnaires. Le mot vulgarisme comporte deux significations en français, il peut désigner soit un terme populaire et commun soit un terme choquant et grossier. Nous avons constaté que le vulgarisme, en tant que terme choquant et grossier, est un néologisme sémantique qui n’est pas encore ancré ni dans l’usage commun des gens ni dans la linguistique française. Néanmoins, nous avons décidé d’employer ce terme dans ce mémoire à cause de son étendue sémantique et de son univocité, car la linguistique française n’est pas très homogène en ce qui concerne la distinction entre les termes grossier, vulgaire ou injurieux. Certains linguistes français emploient le terme de gros mots, d’autres le terme d’insulte pour désigner la connotation du même mot. Nous pensons que le terme « vulgarisme » englobe le sens des termes « gros mot », « injure » et même « insulte » et c’est pour cette raison que nous l’avons employé. Dans le deuxième chapitre, nous avons présenté l’origine américaine de la culture hip hop et du rap ainsi que l’introduction et la naissance du rap en France, en se concentrant sur les deux périodes concernées. Nous avons aussi tenté de répondre à la question : pourquoi les rappeurs sont-ils vulgaires ? Nous croyons que la vulgarité représente le résultat complexe de plusieurs influences. Premièrement, la vulgarité des rappeurs reflète l’origine du rap, plus précisément l’origine de la culture de rue, de la culture mise en opposition avec la violence physique qui s’est transformée en violence verbale. Les rappeurs ne veulent plus utiliser les armes pour lutter, leur intention est de lutter d’une manière civilisée et c’est pourquoi ils emploient les vulgarismes, autrement dit, les armes verbales. Deuxièmement la vulgarité reflète la nature de ses interprètes – les artistes, qui emploient les vulgarismes en tant que moyens de stylisation artistique, les banlieusards, chez qui la vulgarité reflète le milieu social, et les jeunes, représentants d’un âge de la vie où ils sont révoltés. Mais la vulgarité n’est pas le simple résultat de

116 plusieurs influences. Nous croyons que les rappeurs emploient les vulgarismes intentionnellement en suivant un but – celui de choquer l’auditeur et d’attirer leur attention sur leurs messages, messages qui portent sur des problèmes sociaux assez graves, tels que drogues, prostitution, racisme, violence physique, etc. Notre première hypothèse concerne la vulgarité des rappeurs. Les rappeurs de quelle période sont-ils plus vulgaires ? Tout d’abord, nous avons dû nous poser une question : que détermine la vulgarité ? La fréquence des vulgarismes ou bien la variabilité lexicale des vulgarismes ? De plus, faut-il distinguer l’emploi du vulgarisme dans un couplet et dans un refrain ou bien l’emploi dans une rime ? Puisque nous croyons que la réponse à cette question est assez arbitraire, nous avons examiné tous les aspects mentionnés. Quant aux fréquences des vulgarismes employés dans les périodes concernées, nous avons constaté que les rappeurs des années 2005-2009 sont plus vulgaires que ceux des années 1990-1994. Nous avons obtenu le même résultat, - c’est- à-dire que les rappeurs des années 2005-2009 sont plus vulgaires -, également pour le critère de la variabilité lexicale des vulgarismes. D’un autre point de vue, si ce que fait un rappeur plus vulgaire par rapport aux autres est l’emploi de vulgarismes dans les refrains, nous pouvons constater que les rappeurs des années 2005-2009 sont plus vulgaires. Le quatrième et le dernier critère de la vulgarité que nous avons considéré est celui de l’emploi intentionnel et de l’emploi obligé de vulgarismes, autrement dit, si le rappeur emploi les vulgarismes dans les rimes, est-il moins vulgaires que ceux qui les emploient hors des rimes ? Nous avons déterminé que les rappeurs des années 1990- 1994 ont employé plus de vulgarismes dans les rimes que les rappeurs des années 2005- 2009, autrement dit, les rappeurs des années 1990-1994 sont moins vulgaires que ceux des années 2005-2009. Pour résumer, nous avons examiné quatre critères différents pour pouvoir décider pendant quelle période les rappeurs sont plus vulgaires et la réponse était toujours identique – sans aucun doute, les rappeurs des années 2005-2009 sont plus vulgaires que ceux des années 1990-1994. Les objectifs de notre deuxième et troisième hypothèse sont plus ou moins identiques. Nous avons tenté de décrire les vulgarismes employés pendant les deux périodes du point de vue des procédés de la création des mots nouveaux. Nous les avons examinés de deux points de vue – les procédés de la création de mots nouveaux sont-ils employés aussi pour la création de vulgarismes ? Y-a-t-il un rapport direct entre la vulgarité et les procédés mentionnés, c’est-à-dire la composition, la dérivation et les emprunts ?

117

En ce qui concerne la composition, nous avons constaté que les vulgarismes formés par ce procédé sont employés par les rappeurs français et aussi qu’ils sont employés plus fréquemment pendant les années 1990-1994 que pendant les années 2005-2009. Quant au rapport entre la vulgarité et la composition, nous avons déterminé sept types différents de combinaison possible de formants vulgaires et non-vulgaires participant à la composition et nous avons constaté que, pour la plupart, les vulgarismes formés par composition sont vulgaires, parce qu’ils contiennent un formant vulgaire. Néanmoins, il faut ajouter que le procédé de composition peut aussi doter d’une connotation vulgaire les mots qui sont formés exclusivement à partir de formants non- vulgaires. Un autre procédé de création de mots nouveaux dont nous nous sommes occupée est celui de la dérivation. Nous avons constaté que les rappeurs emploient les vulgarismes formés par dérivation et que ces vulgarismes sont employés plus fréquemment pendant les années 2005-2009 que pendant les années 1990-1994. Quant au rapport entre la vulgarité et la dérivation, nous avons déterminé quatre types de combinaison possible d’une racine avec un affixe en considérant la vulgarité ou la non- vulgarité de la racine et le caractère péjoratif ou non-péjoratif des affixes. Nous avons constaté que la majorité absolue de vulgarismes formés par dérivation porte une connotation vulgaire à cause de la transmission de la vulgarité, soit de la racine soit de l’affixe. Dans notre troisième hypothèse, portant sur les emprunts vulgaires, notre but était de prouver non seulement que les rappeurs emploient des emprunts vulgaires aux langues étrangères, mais aussi de tirer une conclusion portant sur la transmission de la vulgarité de la langue source vers la langue cible. Nous avons constaté que les rappeurs français emploient les emprunts aux langues étrangères, dont le nombre relatif d’occurrence correspond au nombre relatif d’emprunts dans la langue courante, et que la langue étrangère de la majorité absolue d’emprunts est l’anglais. Quant à la transmission de la vulgarité des emprunts, nous avons constaté que la connotation vulgaire est toujours conservée pendant la transmission de la langue source vers la langue cible et, de plus, que certains emprunts prennent la connotation vulgaire directement pendant la transmission de la langue source vers la langue cible. Pour conclure, revenons à la citation de S. Freud. Même si cela peut être considéré comme absurde, le vulgarisme, précisément l’insulte, est une expression de la civilisation, autrement dit la forme d’une révolte civilisée. Il ne faut pas donc

118 condamner les rappeurs pour leur vulgarité, parce qu’un mot d’insulte est sans aucun doute plus tolérable qu’un javelot.

119

Bibliographie

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120

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Rap : . Barrio, Sébastien : Sociologie du rap français : État des lieux (2000/2006), Université Paris 8 – Vincennes/Saint Denis, École doctorale sciences humaines, 2007. . Bazin, Hugues : La Culture Hip-hop, Declée de Brouwer, 2008, ISBN 2220059669. . Béthune, Christian : Le Rap : une esthétique hors la loi, Éditions Autrement, Paris, 2003, ISBN 2-7467-0384-X. . Blondeau, Thomas, Hanak, Fred : Combat Rap II : 25 ans de hip hop en France (entretiens). Le Castor Astral, Bordeaux, 2008, ISBN 978-85920-760-1.

122

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Sources multimédias : . Le Petit Larousse 2010. Dictionnaire multimédia. Version CD-ROM. . Le Nouveau Petit Robert de la langue française 2009. Dictionnaire aplhabétique et analogique de la langue française. Version CD-ROM.

123

. www.dictionnairedelazone.fr . www.latinsky-slovnik.latinsky.cz – Le dictionnaire latin-tchèque . http://afiavi.free.fr/e_magazine/spip.php?article864 – Stephanie Molinero . http://generationsfm.com/news/culture-et-societe/u/antoine-wave-garnier-est- mort/player/qt – Antoine Garnier . http://musique.arabe.over-blog.com/article-georges-lapassade-43339793.html – Georges Lapassade . http://qc.answers.yahoo.com/question/index?qid=20091118102032AA53wxO – La définition du mot hass . http://spreadsheets.google.com/ccc?key=0AvI5IYi1-nudHViVHlkMHAzSnN fZmxHQnRmRXd1SUE&h l=en – Les documents de google . www.amazon.fr . www.decitre.fr/livres/Le-rap-francais.aspx/9782710330394 – Jean-Claude Perrier . www.ethnographiques.org/Pecqueux_Anthony – Anthony Pecqueux . www.fabula.org/actualites/article26530.php – Julien Barret . www.grioo.com/info3054.html – Antoine Garnier . www.ims.uni-stuttgart.de/projekte/corplex/TreeTagger/ - le logiciel TreeTagger . www.rap2france.com . www.rap2k.com . www.ucnk.ff.cuni.cz – Le corpus national tchèque . www.wikipedia.org

124

Annexes

Annexe 1 : Corpus français, corpus parallèles et multilingues (comprenant le français)

Les corpus français : . ARTFL (American and French Research on the Treasury of the French Language) Le projet ARTFL était fondé en 1982 à l’Université de Chicago. Aujourd’hui il offre plusieurs corpus qui sont accessibles gratuitement, nommons par exemple : Dictionnaires d’autrefois – un dictionnaire qui se compose de plusieurs dictionnaires de français du 17ème, 18ème, 19ème et 20ème siècle. Encyclopédie d’ARTFL – une encyclopédie complète de Diderot et d’Alembert Projet Montaigne – l’ensemble des essais de Montaigne Balzac. La Comédie humaine – l’ensemble des textes d’une version critique CRL Pamflets et journaux de la Révolution française de 1848 Projet de Bible - un corpus parallèle de latin, français, allemand et anglais. Accès : http://humanities.uschicago.edu/forms/ARTFL.form.html

. FRANTEXT Le projet FRANTEXT était fondé en 1992 et il s’agit d’un corpus qui compte plus de 200 millions d’occurrences, qui sont pour la plupart des cas formées par les textes littéraires. Sa création se relie étroitement à l’idée de l’accessibilité du TLF181 sous forme électronique. Un sub-corpus qui en fait partie est Frantext Moyen Français. Accès : http://www.atilf.fr/frantext.htm

. ABU (Association des Bibliophiles Universels) Un corpus formé par l’ensemble des textes littéraires qui sont accessible gratuitement. Accès : http://abu.cnam.fr/

181 Trésor de la langue française. 125

. ATHENA Le corpus ATHENA, créé à l’Université de Genève, se compose de plusieurs sub-corpus, ce sont par exemple : Littérature française – corpus formé par plus de deux milles de textes d’auteurs d’expressions française E-textes - l’ensemble des textes et documents des auteurs français et suisses Maupassant ou Jean-Jacques Rousseau - l’ensemble des textes de ces auteur Accès : http://un2sg4.unige.ch/athena/html/athome.html

. BFM (Base de Français Médieval) Le projet était fondé en 1989 à l’École Normale Supérieure Lettres et Sciences humaines à Lyon. Il est formé par les textes de l’ancien français et du français médiéval. Accès : http://www.bfm.ens-lsh.fr

. Classiques Garnier Le corpus Classiques Garnier est réparti en deux groupes, dont le premier est intitulé Dictionnaires et encyclopédies et le deuxième porte le titre Littérature française et francophone. Chaque groupe contient plusieurs corpus. Du groupe Dictionnaires et encyclopédies nous nommons par exemple : Grand corpus des dictionnaires – il s’agit d’un corpus formé par vingt-quatre dictionnaires du français (du 9ème au 20ème siècle), qui représente la plus grande collection accessible. Dictionnaires de l’Académie française – il s’agit d’un corpus formé par l’ensemble de tous les dictionnaires publiés. Larousse, Grand dictionnaire universel du 19ème siècle Du groupe Littérature française et francophone nous nommons par exemple : Grand corpus des littératures – il s’agit d’un corpus qui se compose de quatre corpus (qui peuvent être traités indépendamment), ce sont Corpus de la littérature médiévale, Corpus de la littérature narrative, Littérature de l’Afrique noire et Littérature de l’Océan Indien, lesquels contiennent en tout plus de 14 milles de textes. Accès : http://www.classiques-garnier.com/numerique/index.php?option=com_ content&view=article&id=95&Itemid=30

126

. CORFRANS (Corpus de référence annoté pour la syntaxe en français) Accès : http://www.rali.iro.umonrtreal.ca/corfrans/

. Corpus journalistique de l’Est Républicain Accès : http://www.cnrtl.fr/corpus/estrepublicain/

. TALANA Il s’agit des corpus électroniques linguistiquement annotés. Accès : http://www.talana.linguist.jussieu.fr/Presentation/corpus.html

Les corpus parallèles et multilingues (comprenant la langue française): . ATALA L’ATALA est une association savante qui se consacre au développement du Traitement informatique des langues. Les recherches effectuées par cette association relient la linguistique, l’informatique est la statistique. Son domaine principal est la traduction automatique. Accès : http://www.atala.org/

. CONTRAGRAM (Contrastive Grammar Research Group) L’association COTRAGRAM était fondé en 1995 à l’Université de Gent par la coopération des Départements de la linguistique anglaise, française et danoise. Le corpus est utilisé pour les recherches dans le domaine de la grammaire de confrontation. Les projet achevés sont par exemple : La grammaire de confrontation danois-français-anglais pour l’enseignement des langues étrangères Le dictionnaire danois-français-anglais des valences des verbes Accès : http://bank.rug.ac.be/contragram

. CRATER Corpus Le CRATER corpus représente une extension d’un Corpus de l’association des télécommunications internationales anglais-français, comprenant de plus l’espagnol. Il s’agit alors d’un corpus parallèle anglais-français-espagnol, portant des annotations morphosyntaxiques. Accès : http://www.comp.lancs.ac.uk/linguistics/crater/corpus.html

127

. Corpus oral de référence intégrés pour les langues romanes (C-ORAL- ROM) Le Corpus C-ORAL-ROM est un corpus multilingue de la langue parlée, qui se compose de quatre langues principales romanes, c’est-à-dire du français, de l’italien, de l’espagnol et du portugais. CRFP (Corpus de Réference du Français Parlé) est la partie française du corpus, qui est élaborée par l’Université de Provence et qui contient plus de 400 milles de mots. Accès : http://sites.univ-provence.fr/delic/corpus/index.html

. Hansard Le Hansard corpus est un corpus anglais-français, plus précisément français canadien, qui est formé par des textes provenant des enregistrements officiels des négociations du Parlement du Canada. Accès : http://www.ldc.upenn.edu/Catalog/CatalogEntry.jsp?catalogId=LDC9 5T20

. INTERCORP Le projet INTRECORP était fondé en 2008 et son but est de créer un corpus parallèle de vingt-deux langues, y compris le français, qui est basé sur les textes littéraires. Au centre est la langue tchèque, mais le corpus est consultable sans elle. Accès : http://www.korpus.cz/intercorp/

. LINGUA Le projet LINGUA est un projet pédagogique, dont le but est de faciliter l’enseignement des langues. Il s’agit d’un corpus multilingue anglais-français- allemand-italien-grec-danois, qui contiendra bientôt aussi l’espagnol et le portugais. Accès : http://www.itcst.demon.co.uk/Lingua/project/index.html

128

. MULTEXT (Multilingual Tools and Corpora) L’association MULTEXT s’occupe du développement des corpus et des outils pour leur traitement informatique. Elle a élaboré des corpus de diverses langues, en somme dix-huit langues, y compris le français. Accès : http://www.lpl.univ-aix.fr/projects/multext/

. Corpus OPUS Le corpus OPUS est un corpus mulitilingue, qui est formé par une soixantaine de langues, y compris le français et qui est basé sur les documents et leurs traductions. Accès : http://urd.let.rug.nl/tiedeman/OPUS/

. PAROLE (PARallèle, Oral, en Langue Étrangère) Le corpus PAROLE est basé sur la production orale transcrite des langues de l’Union européenne. Il s’agit des corpus indépendants, qui ne peuvent pas être traités parallèlement, mais qui sont élaborés de la même façon. Chaque corpus est formé par plus de 20 millions des mots. Le Corpus français PAROLE Accès : http://www.elda.org/catalogue/fr/text/doc/parole.html

129

Annexe 2 : Vulgarismes des années 1990-1994

Tableau nº22 : Vulgarismes des années 1990-1994 (a – déc)

CHANSON année VULGARISME total

n.m.

la à con, adv. baiser,v.tr. balloche,n.f. bitebitte, / n.f. bordel, boule,n.f. boxon,n.m. bullshit,n.m. canaille,n.f. con,adj.m. con,n.m. connard,n.m. connerie,n.f. costard,n.m. couille,n.m. crétin,n.m. cul,n.m. con, de adj.m. adj.m. pute, de débile,adj.m. déconner,v.tr.

Paris Black Night 1990 ------0 La Formule secrète 1990 ------1 ------1 Élément dangereux 1990 ------1 - 1 Toutes les mêmes 1990 ------0 Rouleurs à l’heure 1990 ------0 Enfants du ghetto 1990 ------0 Rock en zonzon 1990 ------1 ------1 Je rap 1990 ------0 Peuples du monde 1990 ------1 ------1 IAM 1990 ------1 - - - - 1 Esclave de votre société 1991 ------0 Note mon nom sur ta liste 1991 ------1 ------1 Attentat 1991 ------1 - - - - 1 Le Nouveau président 1991 ------1 - - - - - 1 - - - - 2 Planète Mars 1991 ------0 L’Histoire de l’art 1991 ------0

130

Quartier nord 1991 ------0 Qui sème le vent récolte le 1991 ------0 tempo Authentik 1991 ------0 Freestyle 1991 - - - 1 ------1 - - - - 2 Kique ta merde 1992 ------1 - - - - 1 L’Éducation à travers les 1992 ------0 médias La formule secrète 2 : Le retour 1992 ------1 ------1 Peur d’une race 1992 ------0 Le Côté obscur de la planète 1992 ------1 ------1 - - - - 2 1992, l’année des jeunes en 1992 ------1 ------1 bizness Natty Princess 1992 ------0 MCM Syndrome 1992 ------1 - 1 ------2 Brigitte femme de flic 1992 - - - 1 - 1 - - - - 1 - - - 1 - - - 1 - - 5 Damnés 1992 1 ------1 ------1 1 4 À qui l’histoire (le système 1993 ------0 scolaire) L’Histoire suit son cours 1993 ------1 1 Contrat de conscience 1993 - - - - 1 ------1 - - 1 - - 3 Cosmos 1993 ------0 J’aurai pu croire 1993 ------0 Le Soldat 1993 ------0 Plus rien ne va 1993 ------1 ------1 Police 1993 - - 1 ------1 - - - 2 Pour un nouveau massacre 1993 ------2 - - - - 2 Sur 24 pistes 1993 ------1 - 1 - - - - 2

131

Ça fait partie de mon passé 1994 ------0 Lentement mais sûrement 1994 ------0 Qui vivra, verra 1994 ------1 ------1 Dévotion 1994 ------0 La Concubine de l’hémoglobine 1994 ------1 - - - - - 1 Obsolète 1994 ------0 Superstarr 1994 ------0 J’ai fait un rêre 1994 - 1 ------1 ------2 Les Rates aiment les lascars 1994 ------0 Plus vite que les balles 1994 - 1 ------1 - - - - 2

TOTAL 1 2 1 2 1 1 1 2 1 2 4 1 1 1 4 2 10 1 2 2 2 44

Tableau nº23 : Vulgarismes des années 1990-1994 (dem – chien)

CHANSON année VULGARISME total

n.m.

n.f. demer, emmerde,n.m. emmerder,v.tr. enculé,n.m. enculer,v.tr. enfoiré,n.m. facho,n.m. fairequeue, la v.tr. fairecon, le v.tr. gueule, la fermer v.tr. filsgratis, à n.m. filsn.m. papa, à filsputain, de n.m. filsn.m. pute, de fuck,v.tr. garce, n.f. guignol,n.m. chatte,n.f. chécra,v.tr. chien, chienne,n.f.

Paris Black Night 1990 ------0 La Formule secrète 1990 ------0 Élément dangereux 1990 ------0 Toutes les mêmes 1990 ------0 Rouleurs à l’heure 1990 ------0 Enfants du ghetto 1990 ------0

132

Rock en zonzon 1990 ------0 Je rap 1990 ------0 Peuples du monde 1990 ------0 IAM 1990 ------0 Esclave de votre société 1991 - - - - 1 ------1 ------2 Note mon nom sur ta liste 1991 - - - - - 1 ------1 ------2 Attentat 1991 ------1 - 1 1 ------3 Le Nouveau président 1991 ------0 Planète Mars 1991 ------1 - - - - - 1 L’Histoire de l’art 1991 ------1 - - - - 1 Quartier nord 1991 ------0 Qui sème le vent récolte le 1991 ------0 tempo Authentik 1991 ------0 Freestyle 1991 ------1 1 Kique ta merde 1992 ------1 ------1 L’Éducation à travers les 1992 - - - 1 ------1 ------2 médias La formule secrète 2 : Le retour 1992 ------1 ------1 Peur d’une race 1992 ------0 Le Côté obscur de la planète 1992 - - - 1 - - 1 ------2 1992, l’année des jeunes en 1992 ------0 bizness Natty Princess 1992 ------0 MCM Syndrome 1992 ------0 Brigitte femme de flic 1992 - - - - 1 ------1 - 1 3 Damnés 1992 1 - - 1 ------2 À qui l’histoire (le système 1993 ------0

133 scolaire) L’Histoire suit son cours 1993 ------0 Contrat de conscience 1993 - - - - - 1 ------1 Cosmos 1993 ------0 J’aurai pu croire 1993 ------1 - 1 Le Soldat 1993 ------0 Plus rien ne va 1993 ------1 ------1 Police 1993 - 1 ------1 ------2 Pour un nouveau massacre 1993 ------0 Sur 24 pistes 1993 - - - - 1 ------1 ------2 Ça fait partie de mon passé 1994 ------0 Lentement mais sûrement 1994 ------0 Qui vivra, verra 1994 - - 1 ------1 Dévotion 1994 ------0 La Concubine de l’hémoglobine 1994 ------1 ------1 Obsolète 1994 ------0 Superstarr 1994 ------1 ------1 J’ai fait un rêre 1994 - - 1 1 ------1 3 Les Rates aiment les lascars 1994 ------1 ------1 - - - 2 Plus vite que les balles 1994 ------1 - - - 1

TOTAL 1 1 2 4 3 2 2 1 1 1 1 1 1 3 4 1 1 2 1 1 3 37

134

Tableau nº24 : Vulgarismes des années 1990-1994 (chier – p)

CHANSON année VULGARISME total

v.tr.

facho,n.m.

-

chier,v.tr. chierv.tr. se, chiotte,n.f. idiot,n.m. ken, n.f. merde, merdeux,n.m. métèque,n.m. mule,n.f. n.m. négro, néo nickn.m. mère, ta niquer,v.tr. n.m. PD, / pédé pétasse,n.f. populace,n.f. pouffiasse,n.f. putain,adj.m. putain,n.m. putain,n.f. n.f. pute,

Paris Black Night 1990 ------1 - 1 ------1 - - - 3 La Formule secrète 1990 ------1 - 1 Élément dangereux 1990 ------0 Toutes les mêmes 1990 - - - 1 ------1 Rouleurs à l’heure 1990 ------0 Enfants du ghetto 1990 ------0 Rock en zonzon 1990 ------0 Je rap 1990 ------0 Peuples du monde 1990 ------0 IAM 1990 - - - 1 ------1 Esclave de votre société 1991 - - - - 1 ------1 Note mon nom sur ta liste 1991 ------1 - 1 Attentat 1991 - - 1 - - 1 ------1 - 3 Le Nouveau président 1991 1 ------1 ------2 Planète Mars 1991 ------1 - 1 L’Histoire de l’art 1991 ------0 Quartier nord 1991 ------0 Qui sème le vent récolte le 1991 ------0 tempo

135

Authentik 1991 ------1 ------1 Freestyle 1991 - - - - 1 ------3 - - - - - 2 1 - 7 Kique ta merde 1992 - - - - - 2 + ------1 1 - 7 1x3 L’Éducation à travers les 1992 - - - - - 1 ------1 ------2 1 5 médias La formule secrète 2 : Le retour 1992 - - - - - 2 ------3 - 5 Peur d’une race 1992 ------0 Le Côté obscur de la planète 1992 - - - - 1 1 - - - 1 ------1 - 4 1992, l’année des jeunes en 1992 ------0 bizness Natty Princess 1992 ------0 MCM Syndrome 1992 - - - - - 1 ------1 Brigitte femme de flic 1992 ------1 1 - - 1 ------2 - 5 Damnés 1992 - - - - - 1 1 - - 5 - - - 1 - - - - 1 1 - 10 À qui l’histoire (le système 1993 ------1 - - - - - 1 2 - 4 scolaire) L’Histoire suit son cours 1993 - - - - 1 ------1 - 2 Contrat de conscience 1993 - 1 - 1 ------1 ------3 Cosmos 1993 - - - - - 1 ------1 J’aurai pu croire 1993 ------0 Le Soldat 1993 ------0 Plus rien ne va 1993 ------0 Police 1993 ------1 1 - - 1 - - - - - 3 Pour un nouveau massacre 1993 ------0 Sur 24 pistes 1993 1 - - - - 2 ------3 Ça fait partie de mon passé 1994 - - - - - 1 ------1 Lentement mais sûrement 1994 ------0

136

Qui vivra, verra 1994 ------0 Dévotion 1994 ------0 La Concubine de l’hémoglobine 1994 ------1 - 1 ------2 Obsolète 1994 ------0 Superstarr 1994 ------0 J’ai fait un rêre 1994 ------1 - 1 - - 2 Les Rates aiment les lascars 1994 ------1 - - - - 1 - 2 Plus vite que les balles 1994 ------3 - - 3 ------6

TOTAL 2 1 1 3 4 16 1 1 1 11 1 2 11 3 1 1 1 1 6 19 1 88

Tableau nº25 : Vulgarismes des années 1990-1994 (q – t)

CHANSON année VULGARISME total

n.f.

n.f. queue, racaille,n.f. chaud, rôti n.m. salaud,n.m. salope, sauter,v.tr. shit,n.m. shit,n.f. shooter,v.tr. sucer,v.tr. gueule, ta n.f. se, taper v.tr. taspé,n.f. taspèche,n.f. teusch,n.f. balle, de trou n.m. cul, du trou n.m.

Paris Black Night 1990 ------0 La Formule secrète 1990 ------0 Élément dangereux 1990 ------0 Toutes les mêmes 1990 ------0 Rouleurs à l’heure 1990 ------0 Enfants du ghetto 1990 ------0 Rock en zonzon 1990 ------0 Je rap 1990 ------0 Peuples du monde 1990 ------0

137

IAM 1990 ------0 Esclave de votre société 1991 ------1 ------1 Note mon nom sur ta liste 1991 ------2 ------2 Attentat 1991 - - 1 ------1 Le Nouveau président 1991 ------0 Planète Mars 1991 ------0 L’Histoire de l’art 1991 - 1 - 2 ------3 Quartier nord 1991 ------0 Qui sème le vent récolte le 1991 ------0 tempo Authentik 1991 ------0 Freestyle 1991 ------1 - - - - - 1 - 2 Kique ta merde 1992 - - - - 1 - - 1 ------2 L’Éducation à travers les 1992 ------0 médias La formule secrète 2 : Le retour 1992 ------1 ------1 Peur d’une race 1992 ------0 Le Côté obscur de la planète 1992 ------1 ------1 1992, l’année des jeunes en 1992 - 2 ------2 bizness Natty Princess 1992 ------0 MCM Syndrome 1992 ------0 Brigitte femme de flic 1992 1 - - - - 1 - - 1 3 - - - - 1 - - 7 Damnés 1992 ------0 À qui l’histoire (le système 1993 ------0 scolaire) L’Histoire suit son cours 1993 ------0 Contrat de conscience 1993 ------1 1

138

Cosmos 1993 ------0 J’aurai pu croire 1993 ------1 ------1 Le Soldat 1993 ------0 Plus rien ne va 1993 ------0 Police 1993 ------0 Pour un nouveau massacre 1993 ------0 Sur 24 pistes 1993 - - - - 1 ------1 Ça fait partie de mon passé 1994 ------1 - - - - - 1 Lentement mais sûrement 1994 ------0 Qui vivra, verra 1994 - - - - 1 ------1 Dévotion 1994 ------0 La Concubine de l’hémoglobine 1994 ------0 Obsolète 1994 ------1 ------1 Superstarr 1994 ------0 J’ai fait un rêre 1994 ------0 Les Rates aiment les lascars 1994 - - - - 1 ------1 2 - - - 4 Plus vite que les balles 1994 ------0

TOTAL 1 3 1 2 4 1 1 6 1 4 1 1 1 2 1 1 1 32

139

Tableau nº26 : Vulgarismes des années 1990-1994 (en somme)

CHANSON année VULGARISME total

a – déc dem – chien chier – p q – t

Paris Black Night 1990 0 0 3 0 3 La Formule secrète 1990 1 0 1 0 2 Élément dangereux 1990 1 0 0 0 1 Toutes les mêmes 1990 0 0 1 0 1 Rouleurs à l’heure 1990 0 0 0 0 0 Enfants du ghetto 1990 0 0 0 0 0 Rock en zonzon 1990 1 0 0 0 1 Je rap 1990 0 0 0 0 0 Peuples du monde 1990 1 0 0 0 1 IAM 1990 1 0 1 0 2

Esclave de votre société 1991 0 2 1 1 4 Note mon nom sur ta liste 1991 1 2 1 2 6 Attentat 1991 1 3 3 1 8 Le Nouveau président 1991 2 0 2 0 4 Planète Mars 1991 0 1 1 0 2 L’Histoire de l’art 1991 0 1 0 3 4 Quartier nord 1991 0 0 0 0 0 Qui sème le vent récolte le tempo 1991 0 0 0 0 0 Authentik 1991 0 0 1 0 1 Freestyle 1991 2 1 7 2 12

Kique ta merde 1992 1 1 7 2 11 L’Éducation à travers les médias 1992 0 2 5 0 7 La formule secrète 2 : Le retour 1992 1 1 5 1 8 Peur d’une race 1992 0 0 0 0 0 Le Côté obscur de la planète 1992 2 2 4 1 9 1992, l’année des jeunes en bizness 1992 1 0 0 2 3 Natty Princess 1992 0 0 0 0 0 MCM Syndrome 1992 2 0 1 0 3 Brigitte femme de flic 1992 5 3 5 7 20 Damnés 1992 4 2 10 0 16

À qui l’histoire (le système scolaire) 1993 0 0 4 0 4 L’Histoire suit son cours 1993 1 0 2 0 3 Contrat de conscience 1993 3 1 3 1 8 Cosmos 1993 0 0 1 0 1 J’aurai pu croire 1993 0 1 0 1 2 Le Soldat 1993 0 0 0 0 0 Plus rien ne va 1993 1 1 0 0 2 Police 1993 2 2 3 0 7 Pour un nouveau massacre 1993 2 0 0 0 2 Sur 24 pistes 1993 2 2 3 1 8

140

Ça fait partie de mon passé 1994 0 0 1 1 2 Lentement mais sûrement 1994 0 0 0 0 0 Qui vivra, verra 1994 1 1 0 1 3 Dévotion 1994 0 0 0 0 0 La Concubine de l’hémoglobine 1994 1 1 2 0 4 Obsolète 1994 0 0 0 1 1 Superstarr 1994 0 1 0 0 1 J’ai fait un rêre 1994 2 3 2 0 7 Les Rates aiment les lascars 1994 0 2 2 4 8 Plus vite que les balles 1994 2 1 6 0 9

total 44 37 88 32 201

141

Annexe 3 : Vulgarismes des années 2005-2009

Tableau nº27 : Vulgarismes des années 2005-2009 (a - cra)

CHANSON année VULGARISME total

n.f.

porc, n.m. porc,

-

la à con, adv. abruti, n.m. anti n.m. baba, baiser,v.tr. n.m. bébé, n.f., noire, bête adj.f. biatch,n.f. bitte, bœuf,n.m. bordel,n.m. la bouffer queue, v.tr. n.m. bouffon, n.f. bouffonne, boule,n.m. n.m. bourge, con,adj.m. con,n.m. connasse,n.f. conne,n.f. connerie,n.f. costard,n.m. couille,n.f. crasseuse,n.f.

Génération Scarface 2005 ------0 La vérité reste la vérité 2005 ------0 Mélissa 2005 ------1 1 ------2 Une Histoire extraordinaire 2005 - - - - 1 ------1 - - - - 2 Jusqu’au bout 2005 ------0 Les Miens 2005 ------0 Combat de femme 2005 ------0 Médine 2005 ------2 ------2 Génération Mac Gyver 2005 ------0 Cauchemar du rap français 2005 - - - - 1 ------1 ------2 - 4 Alamo 2006 - - - - 1 ------1 École de samba 2006 ------1 - - - 1 - - 2 92Izi 2006 - - - - 2 - - 1 ------1 ------1 - 5 Garde la pêche 2006 - - - - 1 ------1 ------2 La Boulette 2006 ------1 - 1

142

Marine 2006 ------1 - - - 1 Autodestruction 2006 ------0 Ne Dis jamais 2006 ------0 Dans mon monde 2006 ------0 Donne tout 2006 ------1 ------1 Street fight 2007 ------0 Inspiration guerrière 2007 ------0 Fleur fanée 2007 ------0 Petit bateau 2007 1 ------2 ------3 C’est pas la peine 2007 - - 1 ------1 Qui peut me stopper 2007 ------0 Les Fils de Jacques Mess 2007 - - - - 1 ------1 On nique tout là 2007 - - - - 1 - - - 1 ------1 ------3 Le Divan 2007 ------0 Moi j’ai pas 2007 - - - 1 + ------7 2.3 Mauvaises graines 2008 ------0 O combien 2008 ------0 Terre Mère n’est pas à 2008 ------0 vendre Réveillez-vous 2008 ------0 Le loup dans la bergerie 2008 ------0 Légende d’hiver 2008 ------0 Un choix 2008 ------1 - 1 Les Cités d’or 2008 ------0 3ème guerre 2008 ------1 ------1 Suis-je le gardien de mon 2008 ------1 - 1 frère ?

143

Crête jaune 2009 - - - - 1 ------1 ------2 Original gangster 2009 ------0 La joie de survivre 2009 ------1 1 Le Cri de ma communauté 2009 ------1 ------1 - - - - - 2 Changement 2009 ------1 - 1 ------2 Perdu d’avance 2009 - - - - 1 1 ------2 L’Arme de paix 2009 ------0 Tirer des traits 2009 ------0 La Lutte du siècle 2009 - - - - 1 ------1 Mr Cassel 2009 - 1 ------1

total 1 1 1 7 11 1 2 1 1 1 1 1 1 1 2 1 4 3 1 1 1 1 6 1 52

Tableau nº28 : Vulgarismes des années 2005-2009 (cra - f)

CHANSON année VULGARISME total

m.

crasseux,n.m. crouille,n.f. cul,n.m. con, de adj. adj. merde, de adj. pute, de débile,adj. déconner,v.tr. dégueulasse,adj. démence,n.f. demmerder,v.tr. emmerder,v.tr. enculé,adj. enculer,v.tr. enfoirén.m. de..., enfoiré,adj. enfoiré,n.m. n.m. faf, fairequeue, la v.tr. féfesse,n.f. gueule, la fermer v.tr. filsn. pute, de filssalope, de n.m. fuck,v.tr.

Génération Scarface 2005 - 1 ------1 La vérité reste la vérité 2005 ------0 Mélissa 2005 ------1 ------2 - - 3 Une Histoire extraordinaire 2005 - - 1 ------1

144

Jusqu’au bout 2005 ------0 Les Miens 2005 ------0 Combat de femme 2005 ------0 Médine 2005 ------0 Génération Mac Gyver 2005 - - 1 ------1 2 Cauchemar du rap français 2005 ------0 Alamo 2006 ------1 - - - 1 - - 2 École de samba 2006 ------0 92Izi 2006 - - 1 ------2 ------3 Garde la pêche 2006 - - 1 ------1 La Boulette 2006 ------2 + - - - 1 ------11 1.8 Marine 2006 ------9.5 ------51 + 6.1 Autodestruction 2006 ------0 Ne Dis jamais 2006 ------0 Dans mon monde 2006 ------0 Donne tout 2006 ------1 - - - 1 - - - 1 1 - - - - 4 Street fight 2007 ------1 - - - 1 Inspiration guerrière 2007 ------0 Fleur fanée 2007 ------0 Petit bateau 2007 ------0 C’est pas la peine 2007 ------1 ------1 Qui peut me stopper 2007 ------1 ------1 Les Fils de Jacques Mess 2007 ------2 2 On nique tout là 2007 ------1 - - 1 Le Divan 2007 - - - - - 1 ------1

145

Moi j’ai pas 2007 - - - 1 ------1 Mauvaises graines 2008 ------1 ------1 O combien 2008 ------0 Terre Mère n’est pas à 2008 ------1 1 ------2 vendre Réveillez-vous 2008 ------0 Le loup dans la bergerie 2008 ------1 - 1 Légende d’hiver 2008 - - 1 ------1 Un choix 2008 ------0 Les Cités d’or 2008 ------0 3ème guerre 2008 - 1 ------1 Suis-je le gardien de mon 2008 - - - - - 1 - 0 + ------5 frère ? 1.4 Crête jaune 2009 ------2 - - 2 Original gangster 2009 ------1 ------1 La joie de survivre 2009 1 ------1 Le Cri de ma communauté 2009 ------1 ------1 Changement 2009 ------0 Perdu d’avance 2009 - - - - 1 - 1 ------1 - - - - 1 - - 4 L’Arme de paix 2009 ------0 Tirer des traits 2009 ------0 La Lutte du siècle 2009 ------0 Mr Cassel 2009 ------0

total 1 2 5 1 1 2 1 14 1 1 1 54 1 3 1 1 2 1 1 1 1 7 1 3 107

146

Tableau nº29 : Vulgarismes des années 2005-2009 (g - pop)

CHANSON année VULGARISME total

n.m.

gosseriche, de n.m. hass,n.f. hijoputa, de n.m. chatte,n.f. chienne,n.f. chier,v.tr. chnek(/shnek), n.f. idiot,adj. idiot,n.m. lécher,v.tr. gueule,n.f. adj. merde, n.f. merde, cloque, en mettre v.tr. motherfucker,n.m. n.m. negro, n.m. négro, niquer,v.tr. niqueur, pantin,n.m. (/pd), pédé n.m. pimp,n.m. pineur,n.m. populace,n.f.

Génération Scarface 2005 ------1 - - 1 - 1 - - 3 La vérité reste la vérité 2005 ------0 Mélissa 2005 ------5 - - - 1 ------6 Une Histoire extraordinaire 2005 ------0 Jusqu’au bout 2005 ------0 Les Miens 2005 ------0 Combat de femme 2005 ------0 Médine 2005 ------0 Génération Mac Gyver 2005 ------1 - - - - - 2 ------3 Cauchemar du rap français 2005 ------1 ------1 Alamo 2006 ------3 ------3 École de samba 2006 ------1 ------1 92Izi 2006 - - - 1 ------1 ------2 Garde la pêche 2006 ------1 ------1 La Boulette 2006 ------0 Marine 2006 ------0 Autodestruction 2006 1 ------1 Ne Dis jamais 2006 ------0

147

Dans mon monde 2006 - - - - 1 ------1 - 2 Donne tout 2006 ------1 ------1 Street fight 2007 ------0 Inspiration guerrière 2007 ------2 - - - - 1 ------3 Fleur fanée 2007 ------0 Petit bateau 2007 ------0 C’est pas la peine 2007 - - - - 2 ------1 - - 1 ------4 Qui peut me stopper 2007 ------0 Les Fils de Jacques Mess 2007 - 2 + - 1 - - 1 - - 1 ------4 - - - - - 15 1.6 On nique tout là 2007 - - 1 + ------2 + ------27 2.3 6.3 Le Divan 2007 ------0 Moi j’ai pas 2007 ------0 Mauvaises graines 2008 ------1 ------1 - - - - 2 O combien 2008 ------0 Terre Mère n’est pas à 2008 ------0 vendre Réveillez-vous 2008 ------2 - - - - - 1 3 Le loup dans la bergerie 2008 ------1 ------1 Légende d’hiver 2008 ------0 Un choix 2008 ------0 Les Cités d’or 2008 ------0 3ème guerre 2008 ------1 - - - - 2 ------3 Suis-je le gardien de mon 2008 ------0 + - - - - 1 ------5 frère ? 1.4 Crête jaune 2009 ------2 ------2 Original gangster 2009 ------1 - 1 1 1 - 2 - - - 6

148

La joie de survivre 2009 ------0 Le Cri de ma communauté 2009 ------1 ------1 Changement 2009 - - - - 1 ------2 - - - 3 Perdu d’avance 2009 ------1 1 ------2 L’Arme de paix 2009 ------0 Tirer des traits 2009 - - - - - 1 ------1 La Lutte du siècle 2009 - - - - 1 ------3 + ------22 6.3 Mr Cassel 2009 ------1 ------1

total 1 8 7 2 5 1 2 1 2 1 1 1 16 1 1 1 6 58 1 2 4 1 1 1 125

Tableau nº30 : Vulgarismes des années 2005-2009 (por - z)

CHANSON année VULGARISME total

v.tr.

n.m. porc, n.f. pouf, prendrelevrette, en v.tr. putainn.m. de..., putainn.f. de..., putain,n.f. n.f. pute, n.f. queue, rebaiser,v.tr. salope de..., n.f. salope,n.f. sambo, n.m. sev.tr. qqu, taper setorcher, shit,n.m. sucer,v.tr. surbaiser,v.tr. v.tr. taffer, tarlouse,n.f. tasse,n.f. roumain, de tête n.f. n.m. teub, youpin,n.m. zgueguede poulain, n.m.

Génération Scarface 2005 ------0 La vérité reste la vérité 2005 ------0 Mélissa 2005 ------1 ------1 Une Histoire extraordinaire 2005 ------0 Jusqu’au bout 2005 ------1 ------1

149

Les Miens 2005 ------0 Combat de femme 2005 ------0 Médine 2005 ------0 Génération Mac Gyver 2005 ------1 - - - - 1 - 1 - - 3 Cauchemar du rap français 2005 ------0 Alamo 2006 - 1 - 1 ------2 École de samba 2006 ------1 ------1 92Izi 2006 - - - - 1 ------1 Garde la pêche 2006 ------2 ------1 ------3 La Boulette 2006 ------0 Marine 2006 ------0 Autodestruction 2006 ------1 ------1 Ne Dis jamais 2006 ------0 Dans mon monde 2006 ------0 Donne tout 2006 ------0 Street fight 2007 ------1 ------1 Inspiration guerrière 2007 - - - - - 1 1 ------1 ------3 Fleur fanée 2007 - - - - 1 + ------4 1.3 Petit bateau 2007 ------0 C’est pas la peine 2007 1 - - - - 2 ------1 - - - - 4 Qui peut me stopper 2007 - - - 1 ------1 Les Fils de Jacques Mess 2007 - - 1 - 1 ------1 - 1 1 1 2 1 - 2 11 On nique tout là 2007 - - - 1 - 1 - 1 ------3 Le Divan 2007 ------0 Moi j’ai pas 2007 ------0 Mauvaises graines 2008 ------1 2 ------3

150

O combien 2008 ------0 Terre Mère n’est pas à 2008 ------0 vendre Réveillez-vous 2008 ------0 Le loup dans la bergerie 2008 ------0 Légende d’hiver 2008 ------0 Un choix 2008 ------0 Les Cités d’or 2008 ------0 3ème guerre 2008 ------0 Suis-je le gardien de mon 2008 ------0 frère ? Crête jaune 2009 ------1 - - - - 1 Original gangster 2009 ------0 La joie de survivre 2009 ------0 Le Cri de ma communauté 2009 ------1 - 1 Changement 2009 - - - 1 - 3 1 - - 1 - - - 1 0 + 1 ------10 1.2 Perdu d’avance 2009 - - - - - 1 ------1 ------2 L’Arme de paix 2009 ------0 Tirer des traits 2009 ------0 La Lutte du siècle 2009 ------1 ------1 ------2 Mr Cassel 2009 - - - - - 2 ------2

total 1 1 1 4 6 10 6 1 1 1 1 1 1 2 7 3 1 1 1 4 2 2 1 2 61

151

Tableau nº31 : Vulgarismes des années 2005-2009 (en somme)

CHANSON année VULGARISME total

a – cra cra – f g – pop por-z

Génération Scarface 2005 0 1 3 0 4 La vérité reste la vérité 2005 0 0 0 0 0 Mélissa 2005 2 3 6 1 12 Une Histoire extraordinaire 2005 2 1 0 0 3 Jusqu’au bout 2005 0 0 0 1 1 Les Miens 2005 0 0 0 0 0 Combat de femme 2005 0 0 0 0 0 Médine 2005 2 0 0 0 2 Génération Mac Gyver 2005 0 2 3 3 8 Cauchemar du rap français 2005 4 0 1 0 5

Alamo 2006 1 2 3 2 8 École de samba 2006 2 0 1 1 4 92Izi 2006 5 3 2 1 11 Garde la pêche 2006 2 1 1 3 7 La Boulette 2006 1 11 0 0 12 Marine 2006 1 51 0 0 52 Autodestruction 2006 0 0 1 1 2 Ne Dis jamais 2006 0 0 0 0 0 Dans mon monde 2006 0 0 2 0 2 Donne tout 2006 1 4 1 0 6

Street fight 2007 0 1 0 1 2 Inspiration guerrière 2007 0 0 3 3 6 Fleur fanée 2007 0 0 0 4 4 Petit bateau 2007 3 0 0 0 3 C’est pas la peine 2007 1 1 4 4 10

Qui peut me stopper 2007 0 1 0 1 2 Les Fils de Jacques Mess 2007 1 2 15 11 29 On nique tout là 2007 3 1 27 3 34 Le Divan 2007 0 1 0 0 1 Moi j’ai pas 2007 7 1 0 0 8

Mauvaises graines 2008 0 1 2 3 6 O combien 2008 0 0 0 0 0 Terre Mère n’est pas à vendre 2008 0 2 0 0 2 Réveillez-vous 2008 0 0 3 0 3 Le loup dans la bergerie 2008 0 1 1 0 2 Légende d’hiver 2008 0 1 0 0 1 Un choix 2008 1 0 0 0 1 Les Cités d’or 2008 0 0 0 0 0 3ème guerre 2008 1 1 3 0 5 Suis-je le gardien de mon frère ? 2008 1 5 5 0 11

152

Crête jaune 2009 2 2 2 1 7 Original gangster 2009 0 1 6 0 7 La joie de survivre 2009 1 1 0 0 2 Le Cri de ma communauté 2009 2 1 1 1 5 Changement 2009 2 0 3 10 15 Perdu d’avance 2009 2 4 2 2 10 L’Arme de paix 2009 0 0 0 0 0 Tirer des traits 2009 0 0 1 0 1 La Lutte du siècle 2009 1 0 22 2 25 Mr Cassel 2009 1 0 1 2 4

total 52 107 125 61 345

153

Annexe 4 : Emploi obligé des vulgarismes

Tableau nº32 : Les mots employés dans les rimes avec les vulgarismes (1990-1994)

1990 1991 1992 1993 1994 TOTAL balloche, n.f. poches 1 boxon, n.m. voulions 1 bullshit, n.m. hit 1 chatte, n.f. grattent ; 2 matent chécra Kamasoudrap 1 chier, v.tr. enterrer 1 con, n.m. jambon intention ; hommes 5 blond ; maton conne, adj.f. pardonne 1 costard, n.m. cauchemar 1 couille, n.m. patrouille magouilles 2 crétin, n.m. main 1 débile style 1 déconner, v.tr. déconne - 1 fonctionne demer, n.f. revolvers 1 enculé, n.m. déracinés monté 2 enculer, v.tr. encule - 1 formule enfoiré changé 1 garce, n.f. Mars 1 gueule, n.f. seule seul 2 facho, n.m. Bordeux chaud 2 fils à gratis, n.m. soixante-dix 1 fils de putain, n.m. Assassin 1 fils de pute, n.m. but 1 guignol, n.m. bol 1 idiot, n.m. zéro 1 ken P.E.N. again 2

154 merde, n.f. perde 1 merdeux, n.m. nombreux 1 métèque, n.m. discothèque 1 mule, n.f. accumule 1 négro, n.m. métro trémolo ; peau ; peau ; 9 haut ; stéréo ; autoradio chaud ; K.O. nick ta mère, n.m. clair 1 niquer, v.tr. niquent – niqua - 3 économique ; Guernica journée putain, n.f. gratin Pétain 2 pute, n.f. lutte ; rut lutte 3 queue, n.f. nerveux 1 racaille, n.f. rail 1 rôti chaud, n.m. go 1 salope, n.f. hip hop stop 2 sauter attraper 1 shit, n.f. débite élite ; vite 3 shooter shooté - usé 1 taspèche, n.f. pêche 1 trou de balle, n.m. verbale 1

Tableau nº33 : Les mots employés dans les rimes avec les vulgarismes (2005-2009)

2005 2006 2007 2008 2009 TOTAL abruti, n.m. Mary 1 baiser, v.tr. baise - treize baise – rebaiser ; 4 seize surbaiser bébé, n.m. MST 1 bordel, n.m. mortel 1 bouffer la queue queue 1 bouffonne, n.f. phone 1 chienne, n.f. hyènes lesbienne ; 3 palestinienne con, n.m. répond non information ; bon 5

155

Vuitton couille, n.f. citrouille ; 2 douille crouille, n.m. débrouille 1 débile, adj.m. billes 1 déconner, v.tr. déconne – 1 étonne enculer, v.tr. encule - 1 calcul enfoiré, n.m. bossé 1 faire la queue queue 1 fils de pute, n.m. pute 1 hijo de puta, n.m. là 1 idiot, n.m. b2o 1 levrette, n.f. bucket 1 négro, n.m. hey yo ; 2 intellos niquer, v.tr. niqué - sait 1 pantin, n.m. tapin 1 pédé, n.m. CC 1 putain, n.f. main 1 pute, n.f. fils de pute 1 tasse, n.f. tasse 1 tête de roumain, n.f. poulain 1 teub, n.m. club club 2 se torcher Porsche 1 zguegue de poulain, n.m. masculin 1

156

Annexe 5 : Vulgarismes formés par composition et dérivation

Tableau nº34 : Vulgarismes formés par composition 1990-1994

CHANSON année VULGARISME total

pute, n.m. pute,

salope,n.f.

de con, de adj.m.

de pute, adj.m. pute, de

filsn.m. papa, à

trou du cul, du trou n.m.

filsgratis, à n.m.

fils de

nickn.m. mère, ta

trou de balle, de trou n.m. filsputain, de n.m.

Paris Black Night 1990 ------0 La Formule secrète 1990 ------0 Élément dangereux 1990 ------0 Toutes les mêmes 1990 ------0 Rouleurs à l’heure 1990 ------0 Enfants du ghetto 1990 ------0 Rock en zonzon 1990 ------0 Je rap 1990 ------0 Peuples du monde 1990 ------0 IAM 1990 ------0 Esclave de votre société 1991 - - - - - 1 - - - - 1 Note mon nom sur ta liste 1991 ------0 Attentat 1991 - - 1 1 ------2 Le Nouveau président 1991 ------0 Planète Mars 1991 ------0 L’Histoire de l’art 1991 ------0 Quartier nord 1991 ------0 Qui sème le vent récolte le tempo 1991 ------0 Authentik 1991 ------1 - - - 1 Freestyle 1991 ------1 - 1 Kique ta merde 1992 - - - - - 1 - 1 - - 2 L’Éducation à travers les médias 1992 ------0 La formule secrète 2 : Le retour 1992 - - - - 1 - - - - - 1 Peur d’une race 1992 ------0 Le Côté obscur de la planète 1992 ------0 1992, l’année des jeunes en bizness 1992 ------0 Natty Princess 1992 ------0 MCM Syndrome 1992 ------0 Brigitte femme de flic 1992 - 1 ------1 Damnés 1992 ------0 À qui l’histoire (le système scolaire) 1993 ------0 L’Histoire suit son cours 1993 ------0 Contrat de conscience 1993 - 1 ------1 2 Cosmos 1993 ------0

157

J’aurai pu croire 1993 ------0 Le Soldat 1993 ------0 Plus rien ne va 1993 ------0 Police 1993 1 - - - - - 1 - - - 2 Pour un nouveau massacre 1993 ------0 Sur 24 pistes 1993 - - - - - 1 - 1 - - 2 Ça fait partie de mon passé 1994 ------0 Lentement mais sûrement 1994 ------0 Qui vivra, verra 1994 ------1 - - 1 Dévotion 1994 ------0 La Concubine de l’hémoglobine 1994 ------0 Obsolète 1994 ------0 Superstarr 1994 ------0 J’ai fait un rêre 1994 ------0 Les Rates aiment les lascars 1994 ------1 - - 1 Plus vite que les balles 1994 ------0

TOTAL 1 2 1 1 1 3 2 4 1 1 17

Tableau nº35 : Vulgarismes formés par composition 2005-2009

CHANSON année VULGARISME total

con,adj.m.

salope,n.f.

de de

de pute, adj.m. pute, de

filsn.m. pute, de

de merde, adj.m. merde, de

filssalope, de n.m.

têre de de têre roumain, n.f.

gosseriche, de n.m. zgueguede poulain, n.m.

Génération Scarface 2005 ------0 La vérité reste la vérité 2005 ------0 Mélissa 2005 - - - 1 - - - - - 1 Une Histoire extraordinaire 2005 ------0 Jusqu’au bout 2005 ------0 Les Miens 2005 ------0 Combat de femme 2005 ------0 Médine 2005 ------0 Génération Mac Gyver 2005 ------0 Cauchemar du rap français 2005 ------0 Alamo 2006 - - - 1 - - - - - 1 École de samba 2006 ------0 92Izi 2006 ------0 Garde la pêche 2006 ------0 La Boulette 2006 ------0

158

Marine 2006 ------0 Autodestruction 2006 - - - - - 1 - - - 1 Ne Dis jamais 2006 ------0 Dans mon monde 2006 ------0 Donne tout 2006 ------0 Street fight 2007 ------1 - - 1 Inspiration guerrière 2007 ------0 Fleur fanée 2007 ------0 Petit bateau 2007 ------0 C’est pas la peine 2007 ------0 Qui peut me stopper 2007 ------0 Les Fils de Jacques Mess 2007 ------1 1 2 On nique tout là 2007 - - - 1 - - - - - 1 Le Divan 2007 - - 1 ------1 Moi j’ai pas 2007 1 ------1 Mauvaises graines 2008 ------0 O combien 2008 ------0 Terre Mère n’est pas à 2008 ------0 vendre- Réveillez-vous 2008 ------0 Le loup dans la bergerie 2008 - - - - 1 - - - - 1 Légende d’hiver 2008 ------0 Un choix 2008 ------0 Les Cités d’or 2008 ------0 3ème guerre 2008 ------0 Suis-je le gardien de mon 2008 - - 1 ------1 frère ? Crête jaune 2009 - - - 1 - - - - - 1 Original gangster 2009 ------0 La joie de survivre 2009 ------0 Le Cri de ma communauté 2009 ------0 Changement 2009 ------0 Perdu d’avance 2009 - 1 - 1 - - - - - 2 L’Arme de paix 2009 ------0 Tirer des traits 2009 ------0 La Lutte du siècle 2009 ------0 Mr Cassel 2009 ------0

total 1 1 2 5 1 1 1 1 1 14

159

Tableau nº36 : Vulgarismes formés par dérivation 1990-1994

CHANSON année VULGARISME total

n.m.

facho,n.m.

-

chiotte,n.f.

racaille,n.f.

enculé,n.m. pétasse,n.f. salaud,n.m.

enculer,v.tr.

enfoiré,n.m.

connerie,n.f. costard,n.m.

connard,n.m.

emmerde,n.f.

déconner,v.tr. merdeux,

pouffiasse,n.f.

emmerder,v.tr. néo

Paris Black Night 1990 ------0 La Formule secrète 1990 - 1 ------1 Élément dangereux 1990 ------0 Toutes les mêmes 1990 ------0 Rouleurs à l’heure 1990 ------0 Enfants du ghetto 1990 ------0 Rock en zonzon 1990 ------0 Je rap 1990 ------0 Peuples du monde 1990 ------0 IAM 1990 ------0 Esclave de votre société 1991 ------1 ------1 Note mon nom sur ta 1991 ------1 ------1 liste Attentat 1991 1 ------1 Le Nouveau président 1991 ------0 Planète Mars 1991 ------0 L’Histoire de l’art 1991 ------1 2 3 Quartier nord 1991 ------0 Qui sème le vent récolte 1991 ------0 le tempo Authentik 1991 ------0 Freestyle 1991 ------0 Kique ta merde 1992 ------0 L’Éducation à travers 1992 ------0 les médias La formule secrète 2 : 1992 ------0 Le retour Peur d’une race 1992 ------0 Le Côté obscur de la 1992 ------1 ------1 planète 1992, l’année des 1992 ------2 - 2 jeunes en bizness Natty Princess 1992 ------0 MCM Syndrome 1992 - - 1 ------1 Brigitte femme de flic 1992 ------1 ------1 Damnés 1992 - - - - 1 - - 1 - - 1 - - - - - 3 À qui l’histoire (le 1993 ------0 système scolaire) L’Histoire suit son cours 1993 - - - - 1 ------1 Contrat de conscience 1993 ------1 ------1

160

Cosmos 1993 ------0 J’aurai pu croire 1993 ------0 Le Soldat 1993 ------0 Plus rien ne va 1993 ------0 Police 1993 - - - - - 1 ------1 Pour un nouveau 1993 ------0 massacre Sur 24 pistes 1993 ------1 ------1 Ça fait partie de mon 1994 ------0 passé Lentement mais 1994 ------0 sûrement Qui vivra, verra 1994 ------1 ------1 Dévotion 1994 ------0 La Concubine de 1994 ------1 - - - - 1 l’hémoglobine Obsolète 1994 ------0 Superstarr 1994 ------0 J’ai fait un rêre 1994 - - - 1 - - 1 1 - - - - - 1 - - 4 Les Rates aiment les 1994 ------1 - - - 1 lascars Plus vite que les balles 1994 ------0

TOTAL 1 1 1 1 2 1 2 3 3 2 1 1 1 1 3 2 26

161

Tableau nº37 : Vulgarismes formés par dérivation 2005-2009

CHANSON année VULGARISME total

n.m.

porc, n.m. porc,

-

abruti, n.m. anti connasse,n.f. connerie,n.f. costard, crasseux,n.m. déconner,v.tr. dégueulasse,adj. m. demmerder,v.tr. enculé,adj.m. enculer,v.tr. enfoiréadj.m. , enfoirén.m. , emmerder,v.tr. niqueur,n.m. pineur,n.m. rebaiser,v.tr. surbaiser,v.tr. v.tr. taffer,

Génération Scarface 2005 ------0 La vérité reste la vérité 2005 ------0 Mélissa 2005 ------1 - - - - - 1 Une Histoire extraordinaire 2005 ------0 Jusqu’au bout 2005 ------0 Les Miens 2005 ------0 Combat de femme 2005 ------0 Médine 2005 ------0 Génération Mac Gyver 2005 ------0 Cauchemar du rap français 2005 ------0 Alamo 2006 ------0 École de samba 2006 - - - - 1 ------1 92Izi 2006 ------2 ------2 Garde la pêche 2006 ------0 La Boulette 2006 ------2 + ------1 - - - - - 11 1x8 Marine 2006 - - - 1 ------9x5 - - - - - 52 + 6x1

162

Autodestruction 2006 ------0 Ne Dis jamais 2006 ------0 Dans mon monde 2006 ------1 - - - 1 Donne tout 2006 ------1 - - - 1 ------2 Street fight 2007 ------0 Inspiration guerrière 2007 ------0 Fleur fanée 2007 ------0 Petit bateau 2007 ------0 C’est pas la peine 2007 - 1 ------1 ------2 Qui peut me stopper 2007 ------1 ------1 Les Fils de Jacques Mess 2007 ------1 1 On nique tout là 2007 ------0 Le Divan 2007 ------0 Moi j’ai pas 2007 ------0 Mauvaises graines 2008 ------1 - - - - - 1 O combien 2008 ------0 Terre Mère n’est pas à vendre 2008 ------1 ------1 Réveillez-vous 2008 ------0 Le loup dans la bergerie 2008 ------0 Légende d’hiver 2008 ------0 Un choix 2008 ------0 Les Cités d’or 2008 ------0 3ème guerre 2008 ------0 Suis-je le gardien de mon frère ? 2008 ------0 + ------4 1x4 Crête jaune 2009 ------0 Original gangster 2009 ------1 - - - 1 - - - - 2

163

La joie de survivre 2009 - - - - - 2 ------2 Le Cri de ma communauté 2009 - - 1 ------1 ------2 Changement 2009 ------0 Perdu d’avance 2009 ------1 ------1 L’Arme de paix 2009 ------0 Tirer des traits 2009 ------0 La Lutte du siècle 2009 ------1 1 - 2 Mr Cassel 2009 1 ------1

total 1 1 1 1 1 2 14 1 1 1 3 1 3 54 1 1 1 1 1 90

164

Annexe 6 : Emprunts vulgaires

Tableau nº38 : Emprunts vulgaires des années 1990-1994

CHANSON année EMPRUNT total bullshit, fuck, v. shit, n.m. shit, n.f. shooter, n.m. v.

Paris Black Night 1990 - - - - - 0 La Formule secrète 1990 - - - - - 0 Élément dangereux 1990 - - - - - 0 Toutes les mêmes 1990 - - - - - 0 Rouleurs à l’heure 1990 - - - - - 0 Enfants du ghetto 1990 - - - - - 0 Rock en zonzon 1990 - - - - - 0 Je rap 1990 - - - - - 0 Peuples du monde 1990 - - - - - 0 IAM 1990 - - - - - 0 Esclave de votre société 1991 - - - 1 - 1 Note mon nom sur ta liste 1991 - 1 - 2 - 3 Attentat 1991 - - - - - 0 Le Nouveau président 1991 - - - - - 0 Planète Mars 1991 - - - - - 0 L’Histoire de l’art 1991 - - - - - 0 Quartier nord 1991 - - - - - 0 Qui sème le vent récolte le tempo 1991 - - - - - 0 Authentik 1991 - - - - - 0 Freestyle 1991 - - - - - 0 Kique ta merde 1992 - - - 1 - 1 L’Éducation à travers les médias 1992 - 1 - - - 1 La formule secrète 2 : Le retour 1992 1 - - 1 - 2 Peur d’une race 1992 - - - - - 0 Le Côté obscur de la planète 1992 1 - - - - 1 1992, l’année des jeunes en bizness 1992 - - - - - 0 Natty Princess 1992 - - - - - 0 MCM Syndrome 1992 - - - - - 0 Brigitte femme de flic 1992 - - - - 1 1 Damnés 1992 - - - - - 0 À qui l’histoire (le système scolaire) 1993 - - - - - 0 L’Histoire suit son cours 1993 - - - - - 0 Contrat de conscience 1993 - - - - - 0 Cosmos 1993 - - - - - 0 J’aurai pu croire 1993 - - 1 - - 1 Le Soldat 1993 - - - - - 0 Plus rien ne va 1993 - 1 - - - 1

165

Police 1993 - 1 - - - 1 Pour un nouveau massacre 1993 - - - - - 0 Sur 24 pistes 1993 - - - - - 0 Ça fait partie de mon passé 1994 - - - - - 0 Lentement mais sûrement 1994 - - - - - 0 Qui vivra, verra 1994 - - - - - 0 Dévotion 1994 - - - - - 0 La Concubine de l’hémoglobine 1994 - - - - - 0 Obsolète 1994 - - - 1 - 1 Superstarr 1994 - - - - - 0 J’ai fait un rêre 1994 - - - - - 0 Les Rates aiment les lascars 1994 - - - - - 0 Plus vite que les balles 1994 - - - - - 0

TOTAL 2 4 1 6 1 14

Tableau nº39 : Emprunts vulgaires des années 2005-2009

CHANSON année EMPRUNT total

fuck,v.tr. shit,n.m.

hass*,n.f.

biatch,n.f.

pimp,n.m.

boule,n.m.

negro, n.m. negro,

sambo, n.m.

hijoputa, de n.m. motherfucker,n.m.

Génération Scarface 2005 ------1 - - 1 La vérité reste la vérité 2005 ------0 Mélissa 2005 ------0 Une Histoire extraordinaire 2005 ------0 Jusqu’au bout 2005 ------0 Les Miens 2005 ------0 Combat de femme 2005 ------0 Médine 2005 ------0 Cauchemar du rap français 2005 ------0 Génération Mac Gyver 2005 - - 1 ------1 2 Alamo 2006 ------0 École de samba 2006 ------1 - 1 92Izi 2006 1 1 ------2 Garde la pêche 2006 ------0 La Boulette 2006 ------0 Marine 2006 ------0 Autodestruction 2006 ------0 Ne Dis jamais 2006 ------0 Dans mon monde 2006 ------0 Donne tout 2006 ------0 Inspiration guerrière 2007 ------1 1

166

Street fight 2007 ------0 Fleur fanée 2007 ------0 Petit bateau 2007 ------0 C’est pas la peine 2007 ------1 - - - 1 Qui peut me stopper 2007 ------0 Les Fils de Jacques Mess 2007 - - 2 2+ ------10 1x6 On nique tout là 2007 - - - - 1 + - - - - - 7 2x3 Le Divan 2007 ------0 Moi j’ai pas 2007 ------0 Mauvaises graines 2008 ------2 2 O combien 2008 ------0 Réveillez-vous 2008 ------0 Terre Mère n’est pas à 2008 ------0 vendre Légende d’hiver 2008 ------0 Le loup dans la bergerie 2008 ------0 Les Cités d’or 2008 ------0 Un choix 2008 ------0 3ème guerre 2008 ------0 Suis-je le gardien de mon 2008 ------0 frère ? Crête jaune 2009 ------0 Original gangster 2009 - - - - - 1 - - - - 1 La joie de survivre 2009 ------0 Le Cri de ma communauté 2009 ------0 Changement 2009 - 1 ------0 + 3 1x2 Perdu d’avance 2009 ------1 1 L’Arme de paix 2009 ------0 Tirer des traits 2009 ------0 La Lutte du siècle 2009 ------0 Mr Cassel 2009 ------0

TOTAL 1 2 3 8 7 1 1 1 1 7 32

167