L'image De L'albanie À Partir Des Récits De Voyage Des XIX
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UNIVERSITÉ NICE SOPHIA ANTIPOLIS C. T. E. L. Thèse de Doctorat en Cotutelle Internationale Discipline : Littérature Comparée L’image de l’Albanie à partir des récits de voyage des XIXe et XXe siècles, notamment à travers les œuvres de Mary Edith Durham (High Albania, 1909), Alexandre Degrand (Souvenirs de la Haute-Albanie, 1901), Ugo Ojetti (L’Albania, 1902) présentée par Olimpia Gargano Directeur de thèse : Odile Gannier Codirecteur : Paolo Amalfitano Soutenue à Nice le 27 février 2015 Jury Paolo Amalfitano Professeur de Littérature Anglaise Università « L’Orientale », Naples Sylvie Ballestra-Puech Professeur de Littérature Comparée Université Nice Sophia Antipolis Odile Gannier Professeur de Littérature Comparée Université Nice Sophia Antipolis Monica Genesin Professeur de Langue et Littérature Albanaise Università del Salento, Lecce (Rapporteur) Donatella Izzo Professeur de Littérature Nord-Américaine Università « L’Orientale », Naples Philippe Marty Professeur de Littérature Comparée Université Montpellier III (Rapporteur) a G., per sempre 2 Résumé en français Tout en étant au beau milieu de la mer Méditerranée, l’Albanie est demeurée longtemps l’un des pays européens les plus méconnus. Aux yeux des autres Européens, ce pays qui depuis la fin du XVe siècle était resté pendant presque cinq cents ans sous la domination ottomane était un mystérieux avant-poste de l’Islam au cœur de l’Europe. Ce fut seulement au tout début des années 1800 qu’on commença à l’inclure parmi les destinations du « Grand Tour ». Cette recherche a visé à dégager les typologies de la représentation par lesquelles des voyageurs, des écrivains et des artistes européens virent le pays, ses coutumes et ses gens, en en donnant celles qui allaient devenir les « images » par lesquelles l’Albanie était conçue par les étrangers. Les sources abordées vont du début du XIXe siècle (quand le pays fit son entrée dans le panthéon de la littérature européenne grâce au Pèlerinage de Childe Harold de Lord Byron) aux années 1940. À partir d’un corpus primaire comprenant les Souvenirs de la Haute-Albanie du consul français Alexandre Degrand, L’Albania de l’écrivain-journaliste italien Ugo Ojetti, et High Albania de l’Anglaise Mary Edith Durham, dont le complexe travail ethno-anthropologique a fait l’objet d’une analyse spécifique, le champ d’observation s’est élargi jusqu’à inclure un large éventail de textes allant des récits diplomatiques aux journaux de voyage, des œuvres fictionnelles aux articles de presse. En outre, dans la conviction que, dans le processus de la création de l’image de l’Autre, une place éminente revient au corpus iconologique, une attention particulière a été portée au côté proprement figuratif des œuvres littéraires, consistant en des gravures, des croquis et d’autres formes de la visualisation par lesquelles on illustrait des sujets albanais ; leur observation a constitué un outil complémentaire aux fins de l’identification du réseau historico-conceptuel où prit forme l’image de l’Albanie. Enfin, une étude à part entière a été consacrée à un cas assez particulier de la représentation, consistant en des ouvrages se déroulant dans de pays fictionnels inspirés de l’Albanie ; rédigés entre la fin du XIXe et nos jours, ils montrent une concentration de clichés et de stéréotypes, constituant ainsi un test réactif pour détecter certaines des sources de l’image de l’Albanie dans le courant dominant contemporain. MOTS-CLÉS : LORD BYRON, ALEXANDRE DEGRAND, MARY EDITH DURHAM, GÉOCRITIQUE, LITTÉRATURE DE VOYAGE, UGO OJETTI GÉOGRAPHIQUE : ALBANIA, BALKANS, TURQUIE OTTOMANE e e CHRONOLOGIQUE : XIX SIÈCLE, XX SIÈCLE 3 Abstract in English Although being in the middle of the Mediterranean Sea, Albania has long been one of the less known European countries. In the view of other Europeans, this country which had remained for nearly five hundred years under Ottoman rule, was a mysterious outpost of Islam in the heart of Europe. It was only in the early 1800s which it began to be considered worthwhile to include among the Grand Tour destinations. This research has been aimed at detecting and identifying representation patterns through which travellers, writers and European artists saw this country, its customs and its people, thereby shaping those who were to become the « images » by which Albania was conceived by foreigners. The sources range from early XIXth (when Albania entered the pantheon of European literature through Byron’s Childe Harold’s Pilgrimage) to the 1940s. Starting from a primary corpus consisting of Souvenirs de la Haute-Albanie by the French consul Alexandre Degrand, L’Albania by the Italian writer and journalist Ugo Ojetti, and High Albania by the English Mary Edith Durham, whose innovative ethno-anthropological work has been subjected to a specific analysis, our observation field widened to include a broader survey of works ranging from diplomatic accounts to travel diaries, from fictional novels to newspaper articles. Moreover, in the belief that, in the processus of creating the image of the Other, a prominent place belongs to the iconological corpus, a particular attention has been paid to the visual side of the literary works, namely to the engravings, sketches and other representational forms through which European literature illustrated Albanian subjects. Observing them has been a complementary tool for identifying the historical and conceptual framework in which the image of Albania took shape. Finally, a specific study has been devoted to a rather particular case of representation, consisting of works taking place in fictional countries inspired by Albania. Written from the late XIXth century to the present day, they show a rather high concentration of clichés and stereotypes scattered throughout European literature, thus acting as a reactive test to detect some of the sources of the current image of Albania. KEYWORDS: LORD BYRON, ALEXANDRE DEGRAND, MARY EDITH DURHAM, GEOCRITICISM, TRAVEL LITERATURE, UGO OJETTI GEOGRAPHIC: ALBANIA, BALKANS, OTTOMAN EMPIRE CHRONOLOGICAL: XIXTH CENTURY, XXTH CENTURY 4 Riassunto in italiano Pur essendo nel cuore del Mediterraneo, l’Albania è stata a lungo uno dei Paesi europei meno conosciuti. Agli occhi del resto d’Europa, questo Paese rimasto per quasi 500 anni sotto la dominazione ottomana rappresentava un misterioso avamposto dell’Islam di fronte alle coste italiane; fu soltanto agli inizi del 1800 che cominciò a essere considerato una meta da inserire fra le tappe del Grand Tour. Questa ricerca ha mirato a identificare i modelli di rappresentazione attraverso cui viaggiatori, scrittori e artisti europei hanno visto l’Albania, le sue tradizioni e il suo popolo, dando così origine a quelle che sarebbero diventate le sue «immagini» nella percezione collettiva. Le fonti vanno dai primi del XIX secolo, quando il Paese entrò nel pantheon della letteratura internazionale grazie al Childe Harold di Lord Byron, al 1940. Il corpus originario, costituito dai Souvenirs de la Haute-Albanie del console francese Alexandre Degrand, da L’Albania dello scrittore-giornalista italiano Ugo Ojetti, e da High Albania dell’inglese Mary Edith Durham, la cui complessa e innovativa opera etno-antropologica è stata oggetto di analisi specifica, si è ampliato fino a comprendere un campo d’indagine che va dai diari di viaggio ai resoconti diplomatici, dalla narrativa alla stampa periodica. Inoltre, nella convinzione che nella creazione dell’immagine dell’Altro un posto rilevante spetta alla rappresentazione visuale in se stessa, è stata dedicata particolare attenzione al versante figurativo dell’opera letteraria, consistente in dipinti, schizzi e altre forme della visualizzazione attraverso cui la letteratura europea ha rappresentato temi e motivi albanesi. La loro osservazione ha fornito ulteriori strumenti di analisi del quadro storico e concettuale in cui ha preso forma l’immagine dell’Albania. Infine, uno studio specifico è stato dedicato a una tipologia di rappresentazione alquanto particolare, fatta di testi narrativi ambientati in paesi immaginari ispirati all’Albania. Scritti tra la fine del XIX secolo e i giorni nostri, essi offrono un’elevata concentrazione di cliché e stereotipi sparsi nella letteratura di viaggio, fornendo un repertorio utile a individuare alcune delle fonti dei più diffusi modelli di rappresentazione dell’Albania. PAROLE CHIAVE: LORD BYRON, ALEXANDRE DEGRAND, MARY EDITH DURHAM, GEOCRITICA, LETTERATURA DI VIAGGIO, UGO OJETTI GEOGRAFICO: ALBANIA, BALCANI, IMPERO OTTOMANO CRONOLOGICO: XIX SECOLO, XX SECOLO 5 INTRODUCTION 6 Au cours du dernier quart de siècle, l’Albanie, qui est en Europe et pourtant n’en fait pas partie, a été à peine touchée par les voyageurs, qui sont allés plus loin, en Asie et en Afrique, mais ont ignoré les rivages orientaux de l’Adriatique. [...] En Europe, les employés des postes avaient eux aussi de vagues notions concernant notre localisation. Une fois, une lettre visiblement adressée en « Albanie » fut envoyée en Amérique et retournée d’Albany, NY, avec l’inscription : « Essayez en Europe ». D’un colis, qui avait été envoyé d’Angleterre, on n’avait plus entendu parler pendant des mois, jusqu’à ce que, un beau jour, apparût un postier turc nous le ramenant sain et sauf1. Wadham Peacock, Albanie, l’enfant trouvé des États d’Europe (1914) Ainsi écrivait il y a cent ans le secrétaire du Consul britannique en mission dans la ville de Shkodra ; dans ces mois-là, l’Albanie attirait l’attention internationale du fait qu’elle était le plus jeune État européen, ayant déclaré son indépendance le 28 novembre 1912. De ces quelques lignes tirées du livre de Peacock se dégagent deux des marqueurs les plus puissants de l’Albanie dans la perception des voyageurs étrangers, à savoir son « altérité » par rapport à l’Europe, ainsi que le — pratiquement éternel — manque de connaissance à son égard. Pourtant, au début du XXe siècle le pays avait désormais été parcouru, photographié, peint et décrit d’un bout à l’autre de ses rivages ioniens et adriatiques jusqu’à ses puissantes chaînes montagneuses, coffres-forts longtemps inexpugnables de traditions millénaires. Il restait que, selon un bizarre phénomène observé par Bertrand Westphal, il venait immanquablement d’être découvert.