Tout Memoire
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Table des matières Introduction p.3 PREMIERE PARTIE : LE GROUPE ET SON FONCTIONNEMENT p.10 I – La structuration de la communauté artistique p.10 A – Mouvements et avant-gardes p.11 B – L’intérêt du groupe p.13 C – La survie du mouvement surréaliste p.16 II – Le groupe après la Seconde Guerre Mondiale : les Peintres de tradition française p.19 A – Naissance d’un groupe : entre tradition et modernité p.19 B – Fin du groupe et individualités p.22 C – Impact et postérité : l’Ecole de Paris p.26 III – Institutions et avant-gardes p.37 A – La réhabilitation des figures modernes p.37 B – Ambivalence du Salon des Réalités nouvelles p.43 C – Abstraction géométrique : entre dogmatisme et invention p.47 DEUXIEME PARTIE : DU COLLECTIF A L’INDIVIDUEL p.53 I – Les tendances p.53 A – Tendances et sens p.54 B – Implications et valeurs p.58 II – Les réseaux : l’exemple de l’abstraction lyrique p.60 A – Rencontres et prémisses p.61 B – La création des valeurs commerciales : marchand et critique p.66 III – L’association comme tremplin ? p.73 A – Retour au sommet p.74 B – Un exemple de stratégie individuelle p.83 1 TROISIEME PARTIE : PROLIFERATION DE LA MARGINALITE p.91 I – La marginalité : origines et descendances p.91 A – La marginalité et le stéréotype de l’artiste maudit p.91 B – Les nouveaux artistes maudits p.95 II – La valeur de la marginalité p.103 A – Marginalité et revendication p.103 B – Dubuffet et le marginalisme p.109 III – Art et société p.121 A – Normalisation de la marginalité p.121 B – Les questions d’identité et de statut p.124 Conclusion p.128 Liste des illustrations p.131 Sources p.134 Bibliographie p.135 2 Art et public : L’artiste et sa visibilité en France après la Seconde Guerre Mondiale (1944-1960) On a l’habitude de partager le XXè siècle en deux parties, la seconde débutant tout juste à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, en 1945. Cette date marque l’entrée du monde dans l’ère atomique, révèle de profonds bouleversements internationaux – l’importance des Etats-Unis sur le plan mondial, avec la diffusion de l’American way of life dans les pays occidentaux à travers les supports culturels de masse - et annonce de manière latente les années de Guerre Froide. Cette distinction – pratique du point de vue de l’historiographie – prend alors valeur de véritable scission, scission que l’on a tendance à appliquer systématiquement et peut-être inconsciemment aux différents domaines d’étude. La rupture historique reflète-t-elle dans le cas présent des changements artistiques majeurs ? La période suivant la Seconde Guerre Mondiale est le théâtre de mutations économiques, sociales, culturelles ; du reste, New York est en passe de devenir la capitale artistique mondiale, incontournable, fonctionnant de manière offensive et douée d’une organisation redoutable des mondes de l’art1. Tout cela ne saurait pour autant signifier que la première partie du siècle ait été effacée en un temps record, balayée par le souffle d’Hiroshima. En matière de culture, la France et Paris bénéficient toujours de leur aura, personnifiée par les figures phares de l’art moderne (résidentes, pour la plupart, du continent Américain pendant la guerre) – véhicules du prestige national –, politiquement rehaussée par le 1 Serge Guilbaut, à ce sujet, met en avant la corrélation entre l’apparition de cette avant-garde américaine et la politique offensive du gouvernement de Truman dès 1945. L’idéologie américaine est à cette époque à la recherche d’une union nationale qui sera parfois symbolisée – de manière ambiguë - par le front commun des expressionnistes abstraits, on assiste alors au développement d’une politique culturelle volontaire (institutions, presse). Serge Guilbaut (dir.), Reconstructing modernism : art in New York, Paris and Montreal, 1945-1964, MIT Press, Cambridge, 1990. 3 courage des résistants, et surtout par le grand héros, le Général De Gaulle. Bien entendu, le pays est ruiné, mais il est aussi en liesse, libéré de l’occupant, bénéficiant même de sa propre zone d’occupation au sein de l’Allemagne vaincue ; l’espoir des classes ouvrières est bientôt satisfait par la participation communiste au gouvernement de De Gaulle. Nous ne pouvons cependant parler de rupture radicale, encore moins de l’avènement d’un monde nouveau : la Libération n’a pas fait disparaître les tickets de rationnement, les esprits sont meurtris, et malgré un désir général de renouveau, le pays doit faire face aux conséquences du désastre. Pour ce qui est de la France, et en particulier de la scène artistique, la guerre ne fut ni une fin ni un commencement, mais une période tampon, principalement marquée par l’Occupation allemande. En effet, cette période, certes difficile pour les Français en général et pour les artistes en particulier, ne fut pas le désert culturel que l’on imagine parfois. Les expositions et autres évènements furent moins nombreux qu’avant et après guerre, à l’image de l’activité générale du pays : les choses ont sans doute été extrêmement ralenties, le climat culturel rendu moins dense par l’Occupation, mais en aucun cas inexistant2. La censure nazie en France fut beaucoup moins sévère qu’en Allemagne et certaines revues continuèrent à paraître3 ; il est indéniable que les acteurs culturels se montrèrent plus prudents qu’à la normale, certains furent arrêtés et déportés voire même exécutés, d’autres partirent en exil à l’étranger. Cette période ne fut pas favorable aux manifestations ou aux découvertes artistiques – quoiqu’il existe des exceptions4 – mais constituera pour certains artistes, qui formeront la jeune génération d’après-guerre, une phase d’apprentissage ou de maturation. C’est sans doute la raison pour laquelle nous avons souvent l’impression d’une soudaine éclosion de la création en 1945, et même dès 1944 : l’Occupation fut ainsi le moment pendant lequel les jeunes travaillèrent en silence avant de se montrer au grand jour lors de la Libération. En ce qui concerne les artistes de la génération précédente, très peu furent réellement censurés, nombreux sont ceux qui continuèrent à travailler et à affirmer leur langage dans la zone libre ou bien à l’étranger – principalement aux Etats-Unis. Ce sont certaines de ces figures déjà bien affirmées qui firent parfois un retour fracassant en France à partir de 19445. L’Occupation ne fut pas une rupture, mais une période tampon dans le sens où nombreux furent les jeunes artistes qui prirent le temps d’assimiler et de digérer les innovations défendues par leurs aînés dans la première moitié du siècle. 2 Les autorités nazies organisèrent tout de même le pillage d’une partie des collections Françaises, et Paris fut également une des places européennes du trafic des biens des juifs. Pour de plus amples informations sur ce point, se référer à Laurence Bertrand-Dorléac, Histoire de l’art. Paris. 1940-1944, publications de la Sorbonne, Paris, 1986 ; ou bien L’Art de la défaite, 1940-1944, Seuil, Paris, 1993. 3 Les surréalistes poursuivirent leurs activités pendant l’Occupation avec la parution de la revue La Main à plume, avec notamment les animateurs Jean-François Chabrun et Noël Arnaud, avec la participation de personnalités littéraires comme Paul Eluard à partir d’octobre 1941 (et exclu en mai 1943). La prudence était tout de même de mise et la publication respectait l’anonymat des intervenants. La revue Messages, animée par Jean Lescure et surréalisante également, parut quant à elle à partir du 16 mars 1942, entrant d’une certaine manière en conflit avec la première. Malgré la censure Allemande, et les arrestations, le milieu littéraire resta actif et fut même alimenté de conflits d’intérêts. 4 Notons, bien entendu, l’exposition des Vingt jeunes peintres de tradition française (Bazaine, Berçot, Beaudin, Bertholles, Borès, Coutaud, Desnoyer, Estève, Gischia, Lapicque, Lasne, Lautrec, Le Moal, Manessier, Marchand, Pignon, Suzanne Roger, Tal Coat, Walch), organisée à l’initiative de l’association Jeune France et inaugurée à la galerie Braun, à Paris, en main 1941. Cette manifestation fait figure d’événement d’importance pendant la période tampon. La galerie Berri-Raspail fut aussi le lieu où plusieurs expositions furent présentées pendant l’Occupation. La galerie Jeanne Bucher proposait quant à elle une programmation extrêmement risquée, en s’exposant à la censure nazie, à travers les présentations répétées de la peinture dite dégénérée. 5 Le Salon d’Automne 1944, rebaptisé Salon de la Libération fut marqué par un hommage à Picasso très controversé. Parmi les grands maîtres modernes, Fernand Léger, exilé aux Etats-Unis, fit un retour triomphal en France en 1946 avec une exposition à la galerie Louis Carré, Fernand Léger, œuvres d’Amérique, 1940-1945, événement abondamment relayé par la presse. 4 Prenons en exemple le cas des Peintres de tradition française qui se servent de l’enseignement de leurs aînés, Matisse, Picasso et Bonnard. En outre, les tendances présentes en France en 1945, non encore marquées par les distinctions des années cinquante, sont sensiblement les mêmes qu’avant-guerre : nous retrouvons par exemple l’art abstrait géométrique, développé entre les deux guerres, ainsi qu’une forme d’expressionnisme, comparable à première vue à l’expressionnisme allemand qui a émergé dans les années 19106. Cette peinture dite informelle, visuellement proche de l’expressionnisme de la première moitié du siècle, puise selon les enseignements de Kandinsky et Klee, au plus profond de la subjectivité et de l’individualité de l’artiste. L’intention de ces peintres informels est pourtant de faire table rase du passé et surtout d’oublier les éprouvantes années de guerre – le discours est parfois paradoxal puisque certains peintres peignent le chaos ; mais le monde et le discours sur l’art est loin d’être unilatéral, et il faut bien souligner que cet art informel et gestuel constitue une minorité peu visible du monde de l’art.