Licences d’entrepreneur despectacles :1-10617351-10617362-10617373-1061738 La ScènenationaledeBesançonremercie sespartenaires du Doubs.IlbénéficiesoutienCNC,del’Onda et de laSacem. Bourgogne-Franche-Comté, larégion Bourgogne-Franche-Comté et ledépartement de laCulture et delaCommunication de coopération culturelle, subventionné parlaVilledeBesançon,leministère Les 2Scènes,ScènenationaledeBesançon,estun établissementpublic ou encorenoussuivresurlesréseauxsociaux ! vous rendresurnotreblogwww.les2scenes.fr Vous pouvezvousinscrireànosnewsletters, ET SUIVEZAUPLUSPRÈSLES2SCÈNES ! RESTEZ INFORMÉS – Direction régionale desaffaires culturelles

orphée et eurydice Orfée orphée et eurydice Anders J. Dahlin mardi 17 janvier À 20H / jeudi 19 à 20h Eurydice théâtre ledoux Élodie Fonnard 1H40 environ sans entracte Amour Sara Gouzy En français surtitré Danseurs Théo-Mogan Gidon, Tragédie en trois actes Rosabel Huguet, Alice Kinh Créé le 2 août 1774, au Théâtre Réalisation des décors du Palais Royal à Paris & des costumes

Atelier de l’Opéra de Dijon Livret Créateur des surtitres Pierre Louis Moline, d’après le Richard Neel livret italien de Ranieri Éditeur des partitions de’ Calzabigi Bärenreiter Musique Paniste répétiteur des Christoph Willibald Gluck chœurs Maurizio Prosperi Chœur de l’Opéra de Dijon Production Direction musicale Opéra de Dijon Jean-François Verdier Avec le soutien du Cercle Mise en scène d’entreprises de l’Opéra de Maëlle Poésy Dijon Scénographie Orchestre Victor Hugo Damien Caille-Perret Franche-Comté Chorégraphie Mikel Aristegui Violons 1 Costumes Szuhwa WU Camille Vallat Christina Dimbodus Isabelle Chabrier Lumières Éléonore Denarie Joël Hourbeigt Christelle Marion Maquillage Caroline Sampaix Marion Bidaud Cécile Mille Olga Hunzinger Chef de chant

Philip Richardson Violons 2 Chef de chœur Ariadna Teyssier Anass Ismat Caroline Lamboley Assistanat à la mise en scène Marjolaine Bonvalot Sophie Petit Beng Bakalli Camille Coullet Assistanat aux costumes Dona Borel Juliette Gaudel Hasan Bakalli Altos Dominique Miton Cyril Pasquier Anna Simerey Loïc Abdhelfettah Hélène Hadjiyiassemis Orphée & Violoncelles Sophie Paul Magnien Georges Denoix Emmanuelle Miton Sébastien Robert eurydice Le mythe d’Orphée a inspiré les Contrebasses tout premiers opéras, dont L’Orfeo, Émilie Legrand de Monteverdi, créé en 1607. Baptiste Masson Pouvait-il y avoir une histoire plus Bastien Roger emblématique du pouvoir de la Flûtes musique et du chant que celle d’un Pierre-Jean Yeme homme qui, par sa voix, s’ouvre les Cédric Imbert portes de l’enfer ? En mettant la

Hautbois musique au service du drame, Gluck Fabrice Ferez a tout simplement révolutionné

Hervé Laurent l’opéra. La mise en scène de la talentueuse Maëlle Poésy souligne Clarinettes la construction théâtrale de la Éric Belleudy partition, qui alterne solistes et

Christian Georgy chœurs majestueux.

Bassons Gluck sublime cette histoire, en se Benoit Tainturier dégageant de toutes digressions Michel Bochet baroques. Son œuvre éblouit Cors par sa partition théâtrale et ses Sylvain Guillon chœurs imposants. À propos de Mathieu Anguenot son approche, il écrivit : « je me suis efforcé de limiter la musique à sa Trompettes véritable fonction, qui est de servir Pierre Kumor la poésie avec expression ». Toute Bruno Blanc vouée à la tragédie, la partition est Trombones interprétée par l’Orchestre Victor Mathieu Naegelen Hugo Franche-Comté, sous la Cédric Martinez baguette de Jean-François Verdier. Philippe Garcia Timbales Joël Lorcerie Harpe Dominique Alauzet Argument

ACTE I

Orphée et les bergers et nymphes de sa suite sont réunis autour de la tombe d’Eurydice pour une cérémonie funèbre. Bergers et Nymphes entonnent un chant de déploration, entrecoupé par les lamentations d’Orphée qui pleure sa bien-aimée, tuée par la mor- sure d’un serpent le jour de leurs noces. Orphée ordonne à sa suite de couvrir de fleurs le tombeau puis de le laisser seul à sa peine et à ses larmes (Ballet-pantomime). Prenant la nature à témoin de ses souffrances et de son deuil, Orphée, dans un accès de révolte, s’en prend aux dieux des enfers et décide d’aller leur reprendre son épouse. Amour paraît alors pour lui annoncer que les dieux, tou- chés par sa douleur, ont tranché en sa faveur : il peut descendre aux enfers, et si son art sait apaiser les divinités qui y règnent, il pourra en repartir avec Eurydice. Jupiter y met cependant une condition impérieuse : il ne devra porter aucun regard sur sa bien-aimée, à laquelle il devra taire cet arrêt divin, tant qu’ils n’auront pas quitté le monde souterrain. S’il sait ainsi contraindre son désir et se montrer un amant discret et fidèle, Eurydice sera à nouveau sienne. D’abord interdit par cette épreuve, Orphée se laisse bientôt aller à l’espoir de retrouver sa bien-aimée et s’engage sur le chemin des enfers. ACTE II

Arrivé à la porte des enfers, Orphée fait entendre les sons de sa lyre, tandis que Spectres et Furies tentent de l’épouvanter (Ballet et Chœur des Spectres et des Furies). À leur fureur, Orphée oppose l’expression par son chant de la douleur que lui cause la perte d’Eu- rydice (« L’Enfer n’a point de tourments / Pareils à ceux que je res- sens. ») et du tendre amour qui le guide en ce lieu. Peu à peu atten- dris, désarmés et charmés, Spectres et Furies lui laissent le passage. Orphée pénètre alors aux Champs-Élysées, partie des enfers réser- vée aux héros et aux vertueux. Au milieu de ce paysage idyllique, il aperçoit les Ombres Heureuses, et parmi elles, Eurydice (Ballet et Air des Ombres Heureuses, Danse des Héros et Héroïnes). Mais la vue de ce séjour calme et heureux ne détourne pas Orphée de sa douleur et de son désir. Les Ombres Heureuses lui rendent alors Eurydice.

ACTE III

Sur le chemin qui conduit hors des enfers, Orphée mène Eurydice par la main, sans jamais se retourner vers elle. D’abord réjouie de se savoir réchappée des morts, Eurydice s’inquiète peu à peu de voir Orphée fuir son regard et ses transports. L’aime-t-il encore ? Est-ce un Orphée froid et distant qu’elle aura désormais pour époux ? De plus en plus tourmentée, elle le supplie de répondre à sa tendresse, tandis qu’Orphée, tenu au silence par les dieux, est incapable de lui donner une raison à sa froideur apparente. Désespérée, Eurydice se voit bientôt incapable d’avancer et s’effondre. Ne pouvant plus résis- ter, Orphée se retourne pour lui porter secours. Eurydice meurt une nouvelle fois immédiatement. Sur le corps de son épouse, Orphée s’apprête à mettre fin à ses jours pour la rejoindre. Amour paraît alors à nouveau et arrête son bras : par son geste, Orphée a prouvé sa foi en l’amour ! Eurydice se ranime. Les deux amants, cette fois définitivement réunis, chantent la gloire du dieu qui les a sauvés. note d’intention

Les métamorphoses subies par les Le chœur comme témoin de l’illusion hommes dans les contes d’Ovide, le Le spectateur a accès à l’espace bouleversement de leur réalité grâce de fiction d’Orphée à travers son à l’intrusion du fantastique, révèlent regard, mais aussi à travers les per- le côté sacré de l’homme. Il s’agit sonnages qui façonnent son his- pour nous de traiter ce basculement toire. Le chœur est à la place des qui interroge notre propre rapport dieux, parfois actif sur les péripé- au réel, au visible et à l’invisible, à ties, parfois observant celles-ci se la transgression et aux règles du dérouler. À l’image du spectateur, monde. il est donc conscient que tout ceci n’est qu’un jeu orchestré par la La vision subjective d’Orphée volonté divine, dont Orphée est Une des questions centrales dans finalement la victime. l’opéra de Gluck est celle du regard. Le chœur est donc un et multiple. Il Que voit-on ? Que ne peut-on pas agit sur l’espace de la fiction en le voir ? Qui est le jouet de qui sans le modifiant, ou en le mettant en place. savoir ? Qui a le droit de voir et qui Il agit aussi sur les deux héros, en les est aveuglé ? Qu’est-ce que voir ce guidant et en les influençant dans qu’on ne doit pas voir, quelle règle les chemins à prendre. Son appa- cela transgresse-t-il ? Je souhaite rence, comme celle des dieux chez que nous traversions l’opéra à tra- Ovide, est aussi sujette à métamor- vers les yeux d’Orphée. L’espace phoses au gré de ce qu’il doit incar- de jeu dans lequel il circule est à ner. Sa première identité (celle des l’image de sa perception de la réalité invités conviés au mariage) évolue, peu à peu envahie par son cauche- devenant, tour à tour adjuvant du mar. C’est un espace clos, dont il ne héros ou opposant en fonction des peut pas sortir, comme son destin étapes de l’histoire. auquel il ne peut échapper, un lieu de fiction construit autour du héros L’espace : image de la transgression pour écrire son histoire. Un espace, à l’image du « fatum » de la perte L’espace de la fiction, au début réa- d’Eurydice, qu’il tente de renverser liste, est celui du mariage d’Orphée mais sur lequel finalement il n’a pas et Eurydice. La mort cueille la jeune de pouvoir. Le chœur est présent femme le jour de ses noces. Je choi- tout le long de l’œuvre, placé de sis de commencer par cette version chaque côté, il forme la frontière de du mythe qui scelle, pour moi, leur cet espace. Il est aussi à la frontière union dans la mort. Et qui rend de la fiction, à la fois acteur et spec- d’autant plus traumatique la perte tateur de celle-ci. Au fil de l’œuvre, de l’autre quand tout est fait pour le spectateur fait l’expérience phy- être une promesse d’avenir et de sique de la sensation subjective du bonheur. L’irruption du personnage héros et de son monde qui s’écroule. d’Amour, comme un messager un peu étrange, mi-humain mi-dieu, arrière « interdit » dans la mytholo- à la fois masculin et féminin dans gie grecque et qui sera sa perte. son accoutrement, correspond au basculement de l’histoire dans le La métamorphose comme fantastique. Une ouverture vers un métaphore du cycle de la vie ailleurs possible qu’on ne voit habi- tuellement pas. L’idée de dépasser Cette métamorphose constante de les frontières de notre monde. Le l’espace et des protagonistes est passage aux enfers est à l’image une métaphore du cycle de la vie. du renversement de l’ordre éta- C’est une lente exploration du ren- bli, qui se met en place. Orphée versement de la logique du monde transgresse les lois qui régissent le auquel nous assistons à travers les monde, pour aller voir ce que l’on ne yeux d’Orphée. À l’image du cercle doit et ne peut pas habituellement de vie de la matière qui passe sans voir. Comme l’évoque Jean-Pierre cesse de l’inanimé à l’animé, cette Vernant, cette injonction de ne pas constante évolution évoque notre se retourner peut évoquer l’idée du rapport à l’infini porté par l’œuvre. retour sur le passé, c’est une inter- C’est un conte où l’amour et la mort diction que l’on retrouve souvent sont intimement liés. Où la douleur comme consigne chez les Grecs. de la perte se fige dans le temps, Orphée bouscule les règles établies comme un traumatisme vécu, qui se et entre dans un monde inconnu à la rejoue comme une boucle infinie. logique unique. À l’image de ce ren- Grâce au travail chorégraphique, versement, le haut devient le bas, l’épuisement des corps nous les racines remplacent peu à peu le donne à voir le chemin parcouru, plafond. La symbolique de l’arbre et les marques du voyage. Dans cette de ses racines est multiple : arbre de boîte aux murs clairs, délimitée par vie, arbre de la connaissance, mais l’espace du chœur, l’architecture aussi arbre de l’immortalité présent des rapports est construite par les dans le livre de la Genèse dans le corps en mouvement. Travailler sur second récit de la création. Orphée un aspect organique de l’œuvre me retrouve Eurydice dans une sorte semble essentiel pour évoquer la « d’entre deux sols », entre « la terre question de la perte physique, de et la terre » en dessous de la surface l’absence de l’autre, du désir infini de ce qui nous est connu. de le retrouver. L’impossibilité Chez les Grecs, l’image des Champs- d’être à nouveau réunis dans la vie, Élysées, où les âmes valeureuses et ne pas se résoudre à cette fata- errent, est un « espace-temps » lité, est le cœur même de l’œuvre. parallèle au nôtre où le temps semble suspendu. On y échappe au passage du temps et à l’alternance des saisons, on s’alimente dans des Maëlle Poésy, metteure en scène. banquets perpétuels, la nature y est luxuriante. Il s’agit pour nous de créer une sensation d’irréalité : l’image d’une sensation de déjà-vu, ou de rêve. Cet « espace souvenir » est une métaphore du regard en Entretien avec Maëlle Poésy

Quand vous avez commencé à tra- infinie où tout recommence, parce vailler sur cette mise en scène, quels que le deuil lui-même ne finit jamais sont les éléments qui vous sont appa- vraiment, il ressasse sans cesse les rus comme les plus problématiques mêmes événements. Amour a ce rôle d’un point de vue scénique ? génial de faire commencer le voyage initiatique d’Orphée, c’est quelque Dans cette version de Gluck, la ques- chose d’émotionnellement et intel- tion des ballets et des airs dansés. Ce lectuellement très fort. Mais qu’elle sont des moments musicaux magni- revienne à la fin, au moment le plus fiques, qui font intégralement partie terrible, pour résoudre la situation et de l’œuvre, mais il fallait aussi leur nous priver ainsi de l’accès à la com- trouver un sens dramaturgique dans plexité de cette deuxième perte pour la construction globale du spectacle. Orphée, me semblait trop simplifier Je me suis donc interrogée sur ce le sens que l’œuvre pouvait porter que j’allais pouvoir construire scé- pour nous. C’est une convention qui niquement sur ces moments musi- me paraissait datée, alors qu’on tend caux. C’est ce qui m’est apparu au toujours en tant que metteur en premier abord le plus difficile. Et de scène à aller vers quelque chose de voir comment, avec un travail choré- plus universel et intemporel. D’où graphique qui ne fait pas appel à un le choix d’une fin plus ouverte en grand nombre de danseurs, on allait terme d’interprétations... pouvoir faire vivre ces moments-là, leur donner un sens pour qu’ils n’ap- paraissent pas uniquement comme À l’inverse, quels sont les éléments une sorte d’ornement, mais qu’ils de l’œuvre qui ont immédiatement fassent pleinement partie de l’his- fait sens pour vous ? toire qu’on raconte. La notion de voyage est quelque Très honnêtement, je préfère la chose que j’ai déjà beaucoup traité version originelle du mythe, dans dans les mises en scène que j’ai laquelle Orphée perd définitivement faites, comme l’adaptation de Eurydice, qui me semble pousser Candide ou Funérailles d’Hiver de plus loin encore la question de la Hanokh Levin. Suivre le voyage d’un perte et du deuil qui sont à l’œuvre personnage, sa quête, les évolutions dans toute la partition. C’est pour- et conséquences que ce parcours quoi nous avons eu l’idée de cette fin produit sur lui... Ce sont des théma- qui vient créer une sorte de boucle tiques que j’aime traiter au théâtre. C’est donc un aspect de l’œuvre qui Quand je prépare le spectacle, je m’a immédiatement séduite. J’ai été fais toujours le travail préalable qui aussi très sensible à cette sorte d’ab- consiste à trouver comment telle solu qu’il y a dans l’œuvre : ne pas se ou telle motivation du personnage résoudre aux tragédies de la vie mais va pouvoir s’inscrire et se traduire tenter de les transcender pour en dans les corps et dans l’espace. Si faire autre chose. Orphée, en traver- l’on observe la réalité, que des gens sant la frontière entre le monde des se parlent très loin ou très proche, vivants et des morts, transgresse fort ou à voix basse, raconte déjà les l’impossible. Rien que cela, c’est déjà rapports qu’ils ont entre eux. Ce qui très beau ! m’intéresse dans le travail avec les chanteurs ou les comédiens, c’est Un des thèmes qui est souvent revenu comment la silhouette, le rapport au cours des différentes phases de physique dans l’espace raconte déjà travail, c’est celui du deuil... un abattement, un enthousiasme, un désir, une contrainte, une panique. Une de mes sources d’inspiration Ma préoccupation majeure, c’est a été le Journal du Deuil de Roland que toutes ces émotions passent de Barthes, dans lequel il note au jour manière organique dans le corps, ce le jour, parfois une simple phrase, qui ne veut pas dire que cette émo- les étapes du deuil, et son voyage tion ne soit pas motivée dramaturgi- intérieur au sein de celui-ci. Il y a quement. Je discute évidement avec dans Orphée un chemin physique, les chanteurs de la motivation de ces une vraie traversée des espaces et gestes et mouvements. La forme est des temps, qui rend compte de ces toujours motivée par la dramaturgie étapes : le fait d’aller au royaume pensée en amont, soit par ce qui est des morts, aux Champs-Élysées, de dit dans le texte, soit par ce qui est remonter. Ces espaces physiques créé comme sous-texte à partir du sont des métaphores du chemin texte. émotionnel et mental, qui est fon- damental quand on doit faire face Quant à la psychologie, je pense que au deuil. Ce parcours personnel, plus beaucoup de nos actions naissent de intérieur, est d’ailleurs tout aussi façon très inconsciente. Notre lan- complexe, avec ses phases et ses gage physique nous échappe bien vagues. Ce sont ces deux aspects souvent, et pourtant il dit beau- que j’avais envie de traiter théâtra- coup de notre psychologie, de ce lement ici. que nous sommes. J’essaie donc de trouver quelle forme donner à l’in- conscient des personnages pour que Quand on vous regarde sur le plateau, les gestes, les rapports scéniques on a le sentiment que vous travaillez soient une sorte de traduction de surtout sur les gestes, l’énergie, l’ins- cet inconscient. Trouver comment le cription des corps dans l’espace, de corps peut agir contre ou avec l’émo- manière très concrète. Vous donnez tion de la musique pour créer une relativement peu d’indications « psy- complexité de lecture de la séquence. chologiques » aux chanteurs sur leurs personnages... Vous traitez Amour d’une façon un l’arrière-plan pose évidemment peu décalée, comment voyez-vous ce la question du déterminisme : personnage ? qu’est-ce qui dans nos choix et nos actions vient vraiment de nous, C’est une gageure, se poser la quand sait-on vraiment pour quelle question de comment on incarne raison on a décidé quelque chose ? l’Amour, quel corps peut incarner Nous travaillons en permanence cette idée ou ce sentiment ! Quel dans l’idée qu’il y a chez Orphée une corps a l’Amour ? J’avais envie part de décision et une part de totale qu’elle soit comme une messagère manipulation des Dieux. des Dieux, plus proche d’un Hermès que d’un Cupidon, une messagère qu’on dépêche dans les moments Concernant le retournement d’Or- de grande urgence et qu’on fait tra- phée, il y a chez Gluck une particula- verser rapidement la frontière des rité : il semble motivé par l’attitude mondes, du Ciel et de la Terre, pour d’Eurydice, qui ne comprend pas le rétablir une situation. C’est pour comportement d’Orphée, qui ne la moi la voyageuse par excellence, regarde pas, ne la touche pas, ne lui non seulement elle donne les clés parle presque pas... du voyage à Orphée, mais elle-même Je voulais à tout prix éviter cette passe son temps à voyager entre les lecture au premier degré qui dirait mondes, les espaces et le temps. Elle qu’Orphée se retourne parce qu’Eu- ne connaît pas de frontière. Nous rydice lui fait une crise de jalousie. avons donc cherché à lui donner Je traite les Champs-Élysées comme un statut spécial dans l’espace scé- une sorte d’espace-temps suspendu, nique : comment elle y entre, com- où la gravité n’existe plus, où il y a ment elle en sort, comment elle s’y une sorte de légèreté du corps, une déplace. C’est en fait un personnage apesanteur. J’ai donc construit la pour lequel j’ai pensé à Patti Smith remontée d’Eurydice comme une pour son aspect androgyne, pour sensation physique de retour de la son côté ange et démon... Quelqu’un gravité, de la pesanteur du corps, qui est à la fois très inspiré par un de la sensibilité corporelle... C’est- romantisme littéraire et poétique à-dire aussi comme une sorte de ancien, et en même temps qui souffrance physique, pour que cette incarne la violence de notre société. imploration qu’elle fait à Orphée de Amour allie pour moi complètement se retourner ne soit pas seulement ces deux choses-là, de même qu’elle une question de doute et de jalousie, allie le masculin et le féminin, l’hu- mais aussi un appel à l’aide né d’une main et l’animal. Là aussi, les fron- véritable détresse physique, d’un tières pour elle n’existent pas, ou état d’urgence lorsqu’elle se rap- plus exactement, elle est elle-même proche de la frontière entre le monde à la frontière de tout. Je voulais en des vivants. Comme si la remontée fait en faire un personnage plus vers la vie était en fait, déjà, une punk et plus malin que ce qu’on en seconde mort, un état de douleur fait d’habitude, moins naïf et plus physique. C’est ce sentiment d’une manipulateur. Qu’elle ait une totale urgence vitale chez Eurydice qui fait emprise sur Orphée, qu’elle ne soit monter la panique à l’intérieur d’Or- pas seulement celle qui livre un phée et le force à se retourner. Et message et s’en va : elle l’aveugle sans doute les Dieux n’y sont-ils pas littéralement. Cette présence des totalement étrangers... Dieux qui agissent et provoquent à Pouvez-vous nous dire quelques mots entièrement altérée. Et tout l’enjeu sur l’usage que vous faites du chœur, pour moi est de traduire scénique- toujours présent sur scène ? ment, et avec tous les chanteurs sur le plateau, cette sensation que Cela vient de la prise de conscience le monde bascule, et qu’il faut faire de l’importance du regard dans le face à une nouvelle logique, à une texte. Ce que ne cesse de deman- forme d’inconnu total, un nouveau der Orphée, inlassablement, c’est de fonctionnement de la vie. revoir Eurydice. C’est pourquoi l’in- terdit porté par Amour sur le regard Et pour nous, spectateurs, voir au moment de pouvoir la ramener quelqu’un faire face à un boulever- est une telle épreuve pour lui. Nous sement aussi énorme, le traverser, sommes dans la salle, témoins de le transcender... C’est forcément ce voyage, de cette transformation une catharsis. Pouvoir rêver aussi initiatique. Je trouvais intéressant grâce à cet opéra de ce qui ne peut d’avoir sur scène, avec le chœur arriver dans la vie, de ce qui n’est incarnant les dieux, qui regarde lui possible qu’au théâtre, de revoir et aussi l’action et les conséquences de retrouver la personne perdue, c’est leurs manipulations. Il est comme le but même du spectacle. une extension de ce regard du spec- tateur, et intervient sur scène pour continuer à construire le destin d’Orphée en agissant sur l’espace Propos recueillis par Stephen Sazio, et en prenant tour à tour d’innom- dramaturge de l’Opéra de Dijon brables formes et figures. Il y a tou- jours chez les Grecs ces trois ins- tances : le pouvoir, les vivants et les morts. Je trouvais intéressant de les avoir tous les trois présents sur scène.

Quelle est pour vous la chose essen- tielle que vous voudriez faire passer à travers la mise en scène de cette œuvre ? C’est une question complexe et dif- ficile ! J’aimerais avoir pu traduire avec cette mise en scène, méta- phoriquement et poétiquement, la question de la perte, de ce que la perte déclenche. Je crois que c’est ce qui est le plus important à mes yeux. C’est que nous avons cherché à faire Damien Caille-Perret et moi avec cette scénographie. La sensa- tion de cet espace qui se dérobe sous les pieds. Lorsqu’on doit faire face à une épreuve aussi terrible que la perte d’un être cher, c’est comme si notre perception du monde en était bios Gluck Elle joue dans les spectacles de Stéphane Braunschweig, Julie Christoph Willibald von Gluck (né à Brochen, Alain Ollivier, Gildas Erasbache en Bavière en 1714 - mort Milin, Pierre-Alain Chapuis, Joël à Vienne, en 1787), figure parmis les Jouanneau, et le collectif des plus grands compositeurs classiques. Sfumatos, ainsi que sous la direction Après avoir digéré tous les styles en de Paul Desveaux, dans La Cerisaie vogue, il jeta les bases de l’opéra de Tchekhov, de Kevin Keiss dans moderne dans son : Ritsos song, de Nikolai Koliada dans refus de la pure virtuosité au profit La Noce de Tchekhov, de Gerold du sujet et de la couleur orchestrale. Schumann dans Mère Courage de Il voyagea dans toute l’Europe : Brecht. En 2014, elle met en scène Vienne, Milan, Londres. Arrivé à Candide, Si c’est ça le meilleur des Paris en 1774, il présente les ver- mondes, d’après Voltaire et participe sions françaises d’Orfeo et d’Alceste. au Director’s lab international du En rupture avec le style italien et Lincoln Center à New York. En 2016, français de l’art lyrique, il trans- Maëlle Poésy présente deux courtes forma l’opéra avec sa célèbre pièces de Tchekhov au Studio de la « réforme » visant à introduire le Comédie-Française : L’Ours et Le naturel et la vérité dramatique. Chant du cygne. La même année, Cette dernière a notamment occa- elle met en scène Ceux qui errent ne sionné la querelle des Gluckistes se trompent pas à l’Espace des Arts, et des Piccinnistes (Niccolò Vito Scène nationale Chalon-sur-Saône Piccinni), sans jamais toutefois où elle est artiste associée. Le spec- e déclencher une quelconque rivalité. tacle est présenté lors de la 70 édi- Il retourna à Vienne en 1779 et ouvrit tion du Festival d’Avignon. la porte au classicisme viennois dont il est le pionnier. Élodie fonnard Soprano, Eurydice

Maëlle Poésy Révélée par le Jardin des Voix, de Comédienne et metteure en scène, William Christie en 2011, Élodie Maëlle Poésy se forme à l’art drama- Fonnard se produit sur la scène tique au Conservatoire du 6e arron- baroque internationale. Elle chante dissement de Paris, et en danse avec ainsi à la Philharmonie de Paris, les chorégraphes Hofesh Shechter, au Festival d’Aix-en Provence, au Damien Jalet et Koen Augustijnen. Bolchoï à Moscou, au Lincoln Center En 2007, elle est admise à la London de New York, au Forbidden City Hall academy of drama and music de Pékin, et sur les plus grandes (LAMDA) et à l’École supé-rieure scènes d’Europe et d’Amérique d’art dramatique du Théâtre natio- Latine. Elle se produit également nal de Strasbourg. en récital avec William Christie au clavecin et a l’opportunité de SARA GOUZY travailler avec des metteurs en Soprano, Amour scène tels que Robert Carsen, Denis Podalydès ou Sophie Daneman. Pianiste de formation, Élodie a étu- Née en 1991, Sara Gouzy pratique la dié le chant au conservatoire de musique depuis son plus jeune âge. Caen avec Luc Coadou puis auprès Elle étudie le piano au Conservatoire d’Alain Buet. Elle est diplômée du de Toulouse et obtient en 2007 CRR de Paris en musique ancienne. un diplôme de cycle supérieur. En En 2015, Élodie était la marraine 2010, elle intègre la Hochschule für de « Tous à l’Opéra » au Théâtre de Musik « Hanns Eisler » à Berlin et Caen. Elle a récemment enregistré y étudie le chant auprès de Janet les Chansons de Prévert & Kosma Williams et de Michail Lanskoi. Elle (Anima Records), ainsi qu’un opéra travaille l’art du Lied avec Wolfram de Destouches et Delalande : Les Rieger, Semion Skigin, Graham Éléments (Ambronay Éditions) avec Johnson et le répertoire d’opéra l’ensemble Les Surprises (Louis- avec Julia Varady. En 2010, elle Nöel Bestion de Camboulas). débute à l’opéra de Weimar dans le rôle de Clotilde (Pollicino, de H.W Henze), puis Cléopâtre (Giulio ANDERS J. DAHLIN Cesare, de Händel) en 2012. En Ténor, Orphée 2013, elle incarne Amore (Orfeo ed Euridice, de Gluck) à Berlin. Depuis Considéré comme l’un des haute- septembre 2014, elle est soliste contres français de sa génération, au Berliner Residenz Konzerte du le ténor suédois Anders J. Dahlin a château Charlottenburg à Berlin. commencé ses études au conserva- Sara Gouzy se consacre aussi au toire de musique de Falun en Suède récital, elle se produit en Autriche, et au conservatoire royal de musique Allemagne, France, Russie et aux de Copenhague au Danemark, où il a Émirats arabes unis. Depuis le obtenu un diplôme d’études supé- mois de février 2013, elle est lau- rieures de la classe soliste, avec le réate et boursière de la Fondation professeur Kirsten Buhl Möller. Yehudi Menuhin live music now, à Il a joué Jason dans Medée, de Berlin. En juillet 2014, elle a obtenu Charpentier au TCE à Paris, David le premier prix du 7e Concours dans David et Jonathas, au Pinchgut International de mélodies, « Trois Opera à Sydney, en Australie, et Siècles de Romances Classiques », à plusieurs rôles parmi les œuvres Saint-Petersburg. de Monteverdi, Lully, Demarest et Campra à travers l’Europe. Anders J. Dahlin chante régulièrement avec les plus grands orchestres et dans les plus belles salles d’Europe. Anders J. Dahlin est le bénéficiaire du prestigieux prix Jussi Björling en 2014.

à programmer des concertos pour Jean-François Verdier marimba, glass harmonica ou même cordes Alpes et propose des créa- Directeur artistique et musicale de tions avec les écrivains Bernard l’Orchestre Victor Hugo Franche- Friot et Vincent Cuvellier, le peintre Comté, Jean-François Verdier Charles Belle, la chorégraphe mène une carrière aux multiples Nathalie Pernette… Depuis 2010, facettes. Super-soliste de l’Opéra Jean-François Verdier, le directeur de Paris, considéré comme l’un des artistique et musical de cet ensemble, meilleurs clarinettistes européens, choisit au fil des saisons, le meilleur Chevalier des Arts et des Lettres, des solistes et chefs pour accompa- il est lauréat des concours inter- gner cette aventure musicale. Des nationaux de Tokyo, Wien, Anvers, artistes français qui parcourent le Colmar, et Lugano, dans plusieurs monde : François Leleux, Ludovic disciplines. En 2001, il remporte Tézier, Anne Queffélec, Karine notamment le prix Bruno Walter du Deshayes, David Guerrier, Jean- Concours international de diretion François Heisser, Nicolas Baldeyrou, d’orchestre de Lugano. Chef Nemaja Radulovic, Romain Guyot, résident de l’Orchestre National de Adrien La Marca, Quatuor Debussy... entre 2008 et 2010, il de jeunes femmes chefs-d’orchestre : devient directeur artistique de Sofi Jeannin, Debora Waldmann, l’Orchestre Victor Hugo en 2010. Alexandra Cravero... des spécialistes Il enregistre plusieurs disques renommés d’un répertoire : Sigiswald avec différents orchestres : Das Kuijken, Reinhardt Goebel, Timothy Lied von der Erde, de Malher ; Brock, Erik Truffaz, Yvan Robilliard, Debussy / Zemlinsky avec Isabelle Juan José Mosalini, Arie van Beek... Druet ; Weber avec David Guerrier ; et le top niveau des jeunes solistes : Les Quatre Saisons, de Nicolas Isabelle Faust, Alexei Ogrintchouk, Bacri avec François Leleux… Isabelle Druet, Alexandra Soumm, Il compose également des contes Valeriy Sokolov... musicaux, comme Le canard est toujours vivant ! (suite pour Pierre Cet orchestre se définit avant tout et le loup, avec Jacques Gamblin, éd. comme un collectif de musiciens au Milan) et Anna, Léo et le gros ours service du public et de la musique. de l’armoire joué à la Philharmonie Très impliqué dans la vie sociale de de Paris. sa région, il tend la main à tous les publics, en particulier les plus jeunes, avec des projets artistiques spécia- Orchestre Victor Hugo lement conçus pour eux, en ouvrant les portes du plateau, des répétitions, Franche-Comté en décloisonnant les répertoires, en jouant dans les bibliothèques, les L’Orchestre Victor Hugo Franche- préaux d’écoles, les hangars d’usines Comté est un orchestre dont le et bien sûr, les salles de concert. répertoire s’étend de Bach au Sacre L’Orchestre Victor Hugo Franche- du Printemps, de Bacri à Berio, de Comté est formation associée aux 2 Glass à Léopold Mozart, de Mahler Scènes, Scène nationale de Besançon. à Debussy, du jazz-rock au roman- tisme. Cet orchestre n’hésite pas lyrique aux 2 scènes

MIROIRS BRÛLANTS MUSIQUE Guillaume Coppola / Marc Mauillon / Didier Sandre mardi 31 janvier à 20h - théâtre ledoux 1h / tarif II

Entre Cinq Poèmes, de Paul Eluard, en 1935, et Une Chanson de porcelaine, en 1958, Francis Poulenc aura posé trente-quatre mélodies sur les textes du poète à l’orange bleue. Avec leur concert-lecture Miroirs brûlants, le baryton Marc Mauillon, le récitant Sandre et le pianiste Guillaume Coppola rendent autant hommage à cette œuvre commune qu’à une belle complicité.

les chevaliers de la table ronde OPÉRA-BOUFFE Hervé / Christophe Grapperon / Les Brigands samedi 4 février à 19h / dimanche 5 à 16h - théâtre ledoux 2h / tarif iii

La compagnie Les Brigands ressuscite l’esprit léger de l’opérette en s’appuyant sur des œuvres à l’inventivité exceptionnelle. On y retrouve tous les piliers du comique en musique : la parodie des genres sérieux, l’énergie rythmique, la virtuosité décalée et la mélodie populaire. Un feu d’artifice d’humour et d’insolence.

gianni schicchi OPÉRA Puccini / Emmanuel Olivier / Benoît Lambert mercredi 5 avril à 19h / jeudi 6 à 20h - THÉÂTRE LEDOUX 1h15 environ / tarif IiI Production Les 2 Scènes - La Co[opéra]tive

Le riche Donati vient de mourir. Sa famille apprend qu’il a tout légué à un monastère ! L’ingénieux Gianni Schicchi, sous les traits d’un Donati agonisant, dicte un nouveau testament. Mais tout ne se déroule pas comme prévu... Gianni Schicchi est une comédie, mais une comédie féroce où l’on joue avec les cadavres et la moralité. RESTEZ INFORMÉS ET SUIVEZ AU PLUS PRÈS LES 2 SCÈNES ! Vous pouvez vous inscrire à nos newsletters, vous rendre sur notre blog sur www.les2scenes.fr ou encore nous suivre sur les réseaux sociaux !

Les 2 Scènes, Scène nationale de Besançon, est un établissement public de coopération culturelle, subventionné par la Ville de Besançon, le ministère de la Culture et de la Communication – Direction régionale des affaires culturelles Bourgogne-Franche-Comté, la région Bourgogne-Franche-Comté et le département du Doubs. Il bénéficie du soutien du CNC, de l’Onda et de la Sacem. La Scène nationale de Besançon remercie ses partenaires

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